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GUIDE
HYGIENIQUE amp;. CHIRURGICAL POUIl
LA CASTRATION
Et
LE BISTOURNAGE
DU CHEVAL, DU TAUREAU, DE LA.VACHE, DU BEUER DU VERRAT, ETC., ETC.
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BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
2856 723 2
Typographie Jean 1'radel cl lihmr, place de la Trinilc, 12.
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.GUIDE
HYGIEMQUE amp; GIIIRURGICAL
POUR
LA CASTRATION
ET
LE BISTOUMAGE
Dt) CHEVAL, DU TAUREAU, DE LA VACHE, DU BELIEB Du VKiiRAT, ETC., ETC.;
M. E. SEKRES
Chef de service de Pathologie mijdico-ciiirur^icale eL deClinique
lt;i ['Ecole impiiriale ViHerinaire de Toulouse, membre de In HociiHe imp^rialc
d'Agricullure de la llaute^amp;Muijne, membre corrcspobdant
,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de la ^ünJJjSrfi'iifHSrüJe ft Cfnlriro4.£ -Mödccinc
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Libraire de la Socielc [inperialc el Gcnlralc de Medccine völcrinalre
PLACE OE LECOLE 1)E MEDECINK
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ERRATA.
Page 188, ligne 17, au lieu de: male, tisez: coq.
Page 19ö, ligne 20, au lieu de: constate, lisez: constates.
Page 262, ligne 15, au Heu de: cette membrane, lisez: ces membranes.
Page 264, ligne 10, au Heu de: varie, Ikez: varient.
Page 278, ligne 2, au Heu de: le genou droit ä terre... lajambe gauche placfe derriere la croupe, lisez.- le genou gauche ii terre... la jambe droite placee en arriere de la cuisse.
Page 325, ligne 14, au Heu de .- permet assez de sen faire une idee, lisez: permet de s'en faire une idäe.
Page 342, ligne 18, au Heu de: de nombreux, lisez.- des nom-breux.
Page 344, ligne 10, la parenthöse, au licu d'ötre placke aprts emasculation, doit etre mise apres eleves.
Page 376, ligne 6, au Heu de: fournit, lisez .- decele.
Page 399, ligne 22, ou Heu de: la castration de l'espöce ca­prine , lisez: la castration des animaux de l'espöce caprine.
Page 488, ligne 19, au Heu de .- un peu mieux elaborte, lisez .-un pus mieux elabore.
M6me page, dernifere ligne, la virgule placee apres le mot m4me, doit l'ötre avant.
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AVANT-PROPOS.
La castration merke, au plus haut degre, de fixer l'allention des veterinaires et des agronornes; son but n'est pas purement chi-rurgical; eile se rattaclie d'une maniere di-recte ä reconomie agiicole en concourant ii faire developper, chez les individus des espe-ces animales, des aptitudes diverses utilisees pour les besoins sociaux. C'est meine la son point le plus eleve.
Si du nombre des travaux produits sur une question, il etait permis de conclure ä son importance, la castration devrait etre placee au premier rang des operations chi-rurgicales.
Des veterinaires consciencieux , et dont les noms font autorite, out aborde les divers points relatifs ä Temasculalion des animaux males et femelles.
Malgre lous ces travaux, marques du ca­chet d'une saine pratique, il est encore bou nombre de points litigieux a la solution des-quels la Sociele cenlrale de Medecine veteri-naire a naguere encore convie nos confreres.
Occupant depuis longtemps une position qui nous a permis de nous livrer ä de nom-
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^inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ÄVANTI'llOPflS
breuses experimentations et de suivre dans leurs diverses phases, laut sous le rapport hygienique que chirurgical, les effets de la castration chez les individus des especes ani-males domestiqiies, nous apportons notre iribut pour la solution des noinbreux pro-blemes qu'oflre cette vaste question.
Nul doute que nos observations n'eussent ä elles seules ete impuissantes pour atteindre le but qne nous nous sonuues propose, si nous n'avions puise largement dans lesecrits de nos confreres.
L'ordre suivi dans nötre Iralaquo; ail etait natu-reilement trace par la nature du sujet:
!1 comprend deux parlies principales, i'une hygienique, Vaulrechinirgicale. Gelte derniere est divisee en deux chapilres, savoir : la Chi­rurgie proprement dite el les accidents qui penvent en etre la suite.
Chaque partie el chaque cbapilre est sub-divise en plusieurs sections.
Le developpement accorde ;i chacune d'el-les est en rapport avec son importance.
Pour apprecier la part d'inlluence que pouvait avoir la castration dans les modi­fications organiques et physiologiques ob-servees dans I'economie animale apres Femas-culation, il a ete utiie de tracer tout d'abord ,un tableau fldele dti developpement de Tor-
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AVANT-PI'iOPOSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ut
ganisme cliez raniaia) entier, el des princi-paux actes qui en resultent; celte donnee obtenue, de cliercher ä saisir et ä faire con-nailre les perturbations eprouvees par I'or-ganisine, selon les phases de la vie auxquel-les etait pratiqnee remascnlation.
Une question importante, et qui depuis longtemps nous occupe, c'est de determiner si ]e bistournage, tout en annihilant la fonc-tion de la generation, laisse aux animaux plus de force et d'energie , et rend leur en-graissement plus difficile que les autres mo­des de castration.
De nombreuses experimentations el obser­vations nous autorisent a exprimerhardiment notre opinion ä ce sujet.
La castration des vaches, question econo-mique d'une grande importance, a ete envi-sagee sous toutes ses phases; aussi a-t-il etc necessaire de consacrer ä cetle partie de notre travail une grande etendue.
Pour la partie chirurgicale, les conditions les plus favorables an succes de Toperation, les soins hygieniques a donner aux operes, ont ete examines avec detail. Nous avons in-siste particulierement sur les precedes de castration dont la valeur a ete sanction nee par I'experience.
Le bislournage a ete etudie avec un soin mi-
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itnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; AVAYI-PROPOS
nutieux'; des figures representant les princi-paux temps de l'operation, soit chez les soli-pedes, soit chez les ruminants, aident a rintelligence du texte. Les motifs surlesquels est basee la preference a accorder ä tel pro-cede pi u tot qu'a tel autre, out ete discutes.
Nous avons iaisse presque entierement de cote l'historique de chaque mode operatoire. Nous nenions pas, toulefois, I'importance de cette etude; mais il nous a semble qu'au point de vue pratique, nos lecteurs auraient pen gagne ä im etalage d'erudition.
Le raeme motif nous a guide pom- ne pas aborder, dans sou ensemble, l'historique de la castration.
Les accidents de la castration, etudies dans l'ordre de leur frequence, n'ont pas re^u tons les developpemenls qu'ils pouvaient com-porter.
L'etiologie, les caracteres principaux de l'affection , les indications et les principaux moyens de les remplir, tels sent les points qui nousont paru les plus utiles a examiner.
E. SERRES.
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PREMIERE PARTIE
DE LA CASTRATION SOUS IE RAPPORT HYGIMQUE
Les males des cspeces animales domestiques ne peuvent, le plus souvent, etre avantageusement uti­lises que tout autant qu'ils sont prives de la faculte de se reproduire, au moyen de l'operation connue sous le nom de Castration.
En perdant Tun des plus nobles attributs de l'espece, les animaux eprouvenl , tant au moral qu'au physique, de nombreuses modifications que l'homme sait approprier ä ses besoins. Ces modifi­cations dependent des conditions hygieniques oü on les place.
Le moule nous etant donne, nous pouvons, pres-que ä notre guise, en modifier la forme, le volume, les aptitudes. Le choix des reproducteurs, la nature
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#9632;1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPEDES
des aliments, l'habitation, le pansage, etc., sont les moyens principaux que nous possedons.
Nous ne disposons pas toutefois de la machine animale en maitres absolus; il est des limites impo-sees par la nature k la puissance humaine et que nous ne pouvons francliir. II ne faut pas perdre de vue que les facteurs dont nous disposons pour faire et ameliorer les races , doivent tendre tons vers un meme but; c'est de la connaissance de ces fac­teurs , de la juste appreciation de leurs effets, que doit decouler Tamelioration que Ton se propose d'obtenir.
En dehors de ces grands modificateurs de l'orga-nisme, il est une operation, la castration , qui, pratiquee a un certain äge de la vie, a une influence manifeste sur les aptitudes des animaux; par eile, on peut modifier le mode de nutrition des regions du corps et changer la direction des forces nutritives.
Etudions cette nouvelle impulsion donnee aux materiaux d'assimilation, et, pour la suivre le mieux possible, envisageons-la successivement chez les principales especes animales que nous posse­dons.
Parmi elles, les unes n'ont qu'un seul but : fournir du travail ou des aliments. Les autres resument ces deux conditions : travail et aliments, d'oü but simple ou complexe.
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SOUS LE RAPPORT HYGlfiNIQUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3
CHAP1TRE PREMIER
SOLIP^DES
Sommaire : Apercu du developpement chez les solipedcs non chätres. — Modifications apportees par la castration dans le developpement general du corps, la conformation, I'ardeur, la force, la resistance ä la fatigue , le caractere des solipedes. — Age auquel on doit les chätrer. — Influence de la castration sur l'araelioration des races che-valines.
Nous croyons utile de donner one idee du deve­loppement du poulain, de voir les modifications que sa conformation subit, que son caractere eprouve.
Ce n'est qu'a la condition de bien nous penetrer de ces evolutions organiques, qu'il nous sera pos­sible de nous rendre compte des effets de la cas­tration.
Au moment de la naissance, le poulain ne pre-sente pas entre les parties anterieures et les poste-rieures une difference bien sensible. Get equilibre se maintient pendant les premiers mois de la vie , durant tout le temps oü les organes de la generation ncsortent pas de leur etat d'assoupissement.
Vers Tage de douze mois, le poulain devient inquiet, turbulent; une excitation toute particuliere semble s'etre developpee en lui : c'est l'eveil de l'action genesique. Bientöt l'individu ne vivra plus
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laquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPEDES
en lui seul, son regard prendra de la fierte, sa de­marche de la noblesse; un desir irresistible le pous-sera a la recherche de la femelle ; pour la posseder, il saura tout braver : courses rapides, impetueuses a travers les espaces les plus accidentes, iuttes acharnees et terribles.
A cette phase de la vie, des modifications orga -niques profondes s'operent peu a peu chez I'individu ; les organes de la generation acquierent du volume; les articulations s'elargissent; les systemes osseux et musculaire se developpent rapidement; la caisse thoracique devient large et profonde ; la trachee , le larynx et les cavites nasales prennent de fortes dimensions ; I'encolure devient forte et epaisse; la tete grande; les crins poussent avec vigueur. Nous serions porte a croire que les masses nerveuses acquierent aussi plus de developpement; nous n'avons, il est vrai, pour appuyer notre pensee que ia deduction logique des faits : n'est-il pas rationnel d'admettre que du moment ou un organe ou Systeme organique accroit son activite fonc-tionnelle, tout en restant dans les limites compati­bles a\ec l'etat de sante, il doit y avoir, et il y a, augmentation de son volume et de sa masse. Pour-quoi le Systeme nerveux ferait-il exception? Rien ne le prouve. Des faits recueillis ä d'autres points de vue viendraient, au besoin, confirmer, pour le sysleme novveux, ce principe physiologique.
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SOUS LE RAPPORT HYGIEN1QÜEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5
Dans les parties anlerieures du corps se dece-ient les preuves ies plus irrecusables, d'une nutri­tion active et puissante; c'est I'inverse que nous trouvons pour le train posterieur; les reins et les lombes sont etroits, la croupe est effilee; la cuisse plate, amaigrie, les muscles de ces regions sont pen developpes.
L'activite fonctionnelle pouvant rationnellement se deduire de la conformation, on trouvera, ce que I'observation confirme d'ailleurs, un vaste foyer d'hematose; un sang genereux lance par un coeur energique; les muqueuses rosees; une grande puissance musculaire, surtoutvers les regions an-terieures du corps; le train posterieur denote un peu de faiblesse; le regard a un reflet de fierte et d'independance, arrive pai fois a un assez haut degre pour rendre les animaux vicieux a un point tel qu'ils n'obeissent plus que par contrainte a la voix de leur maitre.
Le cheval entier a une grande puissance; si sa fougue ne le portait a en abuser, nul doute qu'il ne resistät parfaitement a de penibles et longs tra-vaux. Cette impetuosite quile fait admirer, devient la cause d'une depense de force non- utilisee et le rend peu sobre, oblige qu'il est do recuperer vite les deperditions produites par le travail.
Vers l'äge de cinq ans la conformation a atteint son plus haut degre de developpement; jusqu'a ce
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enbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRA'HON DES- SOLIPfiDES
moment, I'assimilation I'emporte sur la desassimf-lation ; bientöt l'inverse se produrra.
Les modifications organiques que nous venons de passer sommairement en revue, sont susceptibleraquo;, com me bien on le pense, d'offrir dans leurs evolu­tions , par rapport a Tage oü elles commencent et a leur duree, des differences assez nombreuses, selon l'individu et les conditions hygreniques oü il se trouve.
La race, le climal, Vhabitation, Yexercice, Valimentation, le pansage peuvent faire varier beaucoup cetle evolution et sa duree.
L'eveil de l'instinct genesique est en rapport direct avec la purele du, sang. II sera d'autant plus rapproche de la naissance que l'individu aura plus de sang. Alors aussi revolution signalee sera plus hative et plus prompte, a la condition, bien entendu, que les elements d'assimilation ne manqueront pasgt;
Un climat chaud et sec, une habitation saine , exposee au midi, bien aeree; un exercice modere, des aliments riches en principes alibiles, un pan-sage bien fait, concourent au meme but que la purete du sang.
Plus les individus s'eloignent des conditions que nous venons de signaler, plus revolution organique dont nous nous occupons est longue et tardive.
Plus tard, nous aurons a faire ressortir toute rimportance de ces donnees.
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SOUS LE RAPPORT HYG1EN1QUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 7
Les organes essentiels de ia generation ont-ils urie action dirccte ou indirecte sur le developpement que nous avons signale?
Rendons plus saisissable notre pensee en expli-quant ce que nous en tendons par action directe ou indirecte. Par la premiere, nous comprenons la correlation organique, loi si bien etablie par Tim-mortel Cuvier, et qui nous rend un compte tres exact des rapports de developpement et de fonc-don existant entre certains organes et appareils organiques.
II n'est pas douteux que le developpement que prennent certaines regions, lorsqu'arrive Tage de la puberte, soit sous l'influence de la fonction des organes essentiels de la generation.
Ce fait est trop bien etabli par les observations journalieres recueillies en medecine veterinaire, pour que nous jugions utile d'insister sur ce snjet. Nous y reviendrons, d'ailleurs.
Ce n'est pas seulement sur les animaux qu'on a pu constater les effets de la castration. Nous trou-vons dans le Dictionnaire des Sciences medicates, en soixante volumes, tome iv, page 266 , article Castration , les details suivants extraits des Elements de Therapeutique, du docteur Alibert:
laquo; On s'apergoit bien mieux, dit ce medecin , du röle important que jouent les organes genitaux, quand on considere les effets terribles de la castra-
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8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPftDES
tion sur Torganisation animale. M. B. Mojon, mede-cin de Genes, a publie sur ce point des observations tres propres a nous eclairer. II a demontre, par oxemple, que le squelette des mutiles est totalement altere dans sa configuration , et qu'il se rapproche de celui de la femme ; que la contractilite fibrillaire de leur tissu muqueux s'affaiblit, en sorte que les cellules de ce tissu admettent une quantite tres abondante de graisse; que leurs glandes et leurs vaisseaux lymphatiques tendent a s'engorger ; que les capsules des articulations des membres s'abreu-vent aisement de synovie, etc. Mais, parmi les changements extraordinaires que la castration fait eprouver au corps humain, les plus frappants sont, sans contredit, l'absence des poils de la barbe et les dimensions du larynx considerablement diminuees ; ce qui donne a ces hommes fletris la physionomie et la voix du sexe feminin. M. Dupuytren en a fait la dissection tres exacte , chez un homme donl les parties de !a generation avaient ete mutilees depuis sa premiere jeunesse. II remarqua effectivement que le larynx de cet individu avait un tiers de volume de moins qu'ä I'ordinaire; que la glotte n'avait qu'unc tres petite circonference, et qu'enfin les cartilages laryngiens avaient tres peu de deve -loppemenl. raquo;
R serait inutile, d'apres ce simple expose, de diercher a etablir Faction indirecte que peuvent
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SOUS LE RAPPORT HYGI1?NIQUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;9
avoir, sar ce developpement, les organes essenliels de la generation; avant de leur nier toute influence, voyons, neanmoins, en quoi consiste cette action indirecle.
Les mouvements impetueux, desordonnes , aux-quels se livrent les poulains ; I'etat general d'exci -tation oü ils se trouvent presque continuellement, ne peuveni se produire qu'avec le concours d'une contraction musculaire tres forte et longtemps sou-tenue, d'oä resulte une depense considerable de sang et d'influx nerveux, et la necessite de l'accele-ration des fonctions de la respiration et de la circu­lation pour suffire aux besoins de rhematose et de l'activite de la circulation.
Ces phenomenes se reproduisant souvent, nous verrons se realiser ce principe de physiologic : Plus un organe fonclionne, plus ü se developpe. Les appareiis de la respiration, de la circulation, le Systeme musculaire, acquerront done plus de volume et plus de masse. 11 n'y aura eu lä, cependant, si nous ne nous abusons, qu'une action indirecte de la part des organes essentiels de la generation.
II nous serait done possible de conclure, sans entrer dans de plus longs details , que ces organes ont, dans revolution organique que nous avons suivie , une action directe incontestable et aussi, mais ä un moindre degre, une action indirecte:
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10nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION BES SOLIPfeDES
II nous a ete impossible de suivre pas a pas le developpement des animaux non castres, d'indi-qufer qu'ä tel ou tel age correspond une conforma­tion don nee; ceia par la raison bien simple que les conditions du sujet et celles dans lesquelles il se trouve variant a I'infini, la conformation doit for-cement en subir les influences.
Ce que nous connaissons mieux, c'est I'ordre dans lequel revolution de la modification organique se produit; Tage auquel eile commence etfinit gene-raiement. Ce seront, d'abord, les grands et impor-lants appareils de la respiration et de la circulation; puis, le Systeme osseux et musculaire, les arti­culations des membres, I'encolure, la tete, les crins.
C'est vers les dernieres phases de cette evolution que la fierte , I'energie , la force , I'independance, prelude parfois de la mechancete, se decelent au plus haut degre.
Quanl am vices de caraclere, ils sont bien plus souvent le resultal de l'elevage et de l'education que de cette fiere independance dont est anime le cheval entier.
Sensible aux caresses, a I'attachement reel de j'homme , le cheval le plus fougueux est docile a la voix du maitre qui lui prodigue des soins affec-tueux : il lui obeit en esclave soumis , partage ses
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SOUS LE RAPPORT HYGflENIQlEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;II
travaux et ses dangers, et ne semble plus vivre que pour lui etre utile.
Une basse cupidite ne fait-elle estimer ce noble compagnon de Thomme que pour les services qu'il rend et les revenus qu'il produit? le cheval craint alors son maitre plutöt qu'il ne I'aime; il est toujours en garde centre les mauvais traitements qu'il subit; son caractere s'aigrit; il devient indocile, s'habitue a la defense; sa demarche, son facies indiquent la contrainte; ce n'est qu'en rongeant son frein qu'il supporte l'esclavage; aussi le voit-on se revolter pour se soustraire a Faction de la main pen amie qui le guide, et ce n'est qu'en le mutilant qu'on parvient parfois ä le dompter.
Les transformations organiques commencent vers un an et finissent vers cinq. Nous savons, d'ailleurs, quelles sont les conditions qui peuvent faire varier beaucoup ces epoques. Chez les individus abätardis, mal loges, mal nourris, soumis a de penibles travaux, les transformations sont insaisissables; le premier age, ou d'accroissement, est marque chez euxparle cachet d'une debilite profonde ; les autres phases de l'existence refletent toujours la penurie dans laquelle s'est ecoulee la premiere.
Connaissant les modifications organiques produi-tes par l'eveil de la fonction de la generation , nous pouvons, avec plus d'assurance, aborder I'etude
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12nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPKDES
des modifications opporlees par la castration dans le developpement, la conformation, Vardeur, la force, la resistance ä la fatigue et le caractere des soli-pedes.
La taille , le volume du corps, se rattachent essentiellement ä Finfluence des ascendants et sur-tout au regime.
Les nombreuses observations que nous avons recueillies; les fails signales par les auteurs qui se sont occupes de cette question , tendraient nean-moins k elablir que la castration hätive favorise la croissance, la taille, le volume du corps. Ils de-inontrent aussi que, ä origine et conditions hygie-niques identiques, les chevaux chätres tres jeu-nes ont les masses musculeuses moins accusees, les vaisseaux sous-cutanes moins bien dessines; le tissu cellulaire plus abondant, la peau plus (ipaisse.
Pratiquee ä des epoques plus eloignees de la naissance, eile n'arrete pas le developpement gene­ral du corps.
II nous est done permis d'admettre que la cas­tration hätive a une action sur la precociie, la taille el le volume du corps de l'animal, et qu'elle tend a faire developper le temperament lymphatique.
La conformation est fortement influencee par cette operation ; eile empeche revolution organique
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SOUS LE RAPPOUT HYGlfiNIQUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;13
que nous avons signalee de se produire, ou eile I'arrete dans son developpement.
Faite avant l'eveil des organes generateurs, la castration detruit cette puissance qui allait presider ä la repartition des materiaux d'assimilalion.
La nutrition se fera egalement dans toutes les regions ; le train anterieur n'acquerra pas le deve­loppement qu'il aurait pris; la poitrine manquera d'ampleur: I'encolure sera mince; le train poste-rieur deviendra plus etoffe ;#9632; la cuisse plus musclee ; la croupe moins effilee et amaigrie; les reins seront plus larges ; les formes moins achevees , mais plus harmonieuses.
Pratique-t-on I'operation a une epoque plus eloi-gnee de la naissance, quinze a trente mois, I'activite nutritive des regions anterieures est tout-a-coup arretee; I'assimilation n'y etantplus surexcitee par des rapports organiques, va desormais s'effectuer regulierement clans toutes les parties.
Notons, comme fait important et definitivement acquis, l'augmentation du volume et de I'activite fonctionnelle des appareils de la respiration, de la circulation et, sans doute aussi, du Systeme nerveux.
L'encolure, la tete , n'ayant pas encore des pro­portions considerables, reviennent vite dans de justes limites; elles reprennent la souplesse, la legerete qu'elles ont chez les poulains chätres a la
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14nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES S0L1PEDES
premiere phase de la vie; la cuisse , la croupe, les lombes se fournissent; les reliefs des masses mus-culaires accusent I'energie; la respiration , la cir­culation sont actives et puissantes; la grace des allures, la fierte du regard, partage du cheval entier, ne squot;eteignent pas entierement.
Lorsque les formes sont deflnitivement fixees, la castration ne pent agir que sur les matieres (tissu cellulaire, muscles), dontles mutations cedent facilement au mouvement vital. Aussi voyons-nous chez ces animaux I'encolure s'amincir, la tete, oü predomine le tissu osseux , conserver son volume; le train posterieur rester mince, amaigri. Nous ne trouvons plus ces formes harmonieuses qui constituent le beau type du cheval. Avec elles se sont evanouies aussi cette brillante fierte, cette energie factice que I'homme se plait a admirer.
11 ne faudrait pas croire , toutefois, que ces ani­maux sont impropres a tout service. Ce serait nier les fails qui s'offrent journellement ä nous, et que Lacoste a si judicieusement consignes dans son important travail sur la Castration : ils prouvent d'une maniere incontestable que ces animaux peuvent rendre de bons et longs services, a la condition toutefois qu'on n'abusera pas de la force qui leur reste et qu'on les placera dans de bonnes conditions hygieniques.
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SOUS LE RAPPORT HYGIEMQUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;15-
Les considerations auxquelles nous nous sommes livre ä propos de Tinfluence des organes de la generation sur la conformation , nous rendent facile la question de savoir quelle modifieation eprouve la vigueur da cheval par suite de la-castration.
C'est avec raison , semble-t-il, que M. H. Bouley dit (art. Castration, p. 95 du Dictionnairepratique de Medecine, de Chirurgie et d'Hygiine veterinaires): laquo; Lorsque l'organisme est prive des glandes testi-culaires avantl'heure oü leur fonction a commence, avant l'epoque , consequemment, oü le produit de leur secretion a exerce sur la nutrition generale cette sorte d'action fecondante qui imprime a tous les systemes une puissante impulsion et les eleve ä leur plus haut developpement, alors il peut acquerir des conditions propres de vigueur et de force, independantes de Faction des testicules et proportionnelles, d'une part, aux qualites des ascendants d'ou il precede et, d'autre part, a la sufflsanco des elements formateurs et reparateurs fournis ä son activite. Mais si l'organisme est arrive a son complet achevement, sous I'influence vivi-flante du testicule, dont l'action Interieure a ete com-paree a une sorte de generation , veluti generalio quaedam, on vient tout-ä-coup, par une mutila­tion trop tardive , a tarir cette source vive de son activite, toutes les facultes de l'animal re?oivent une profonde atteinte, ses forces diminuent, et en
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16nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOUPfiDES
meme emps s'eteignent l'energie et la vigueur qui le caracterisent dans son etat d'integrite. raquo;
Cette opinion est aussi celle qu'a exprimee M. Goux dans son travail sur la Castration.
Nous ne pouvons nous ranger entierement a ces idees, nous nous rattacherions plutot a oelles emi-ses par Lacoste dans son memoire sur le meme sajet.
Apres avoir examine les modifications qua subit la conformation par l'effet de la castration, il s'ex-prime en ces termes : laquo; II ne pent y avoir des regies fixes dans la fixation de Tage que doivent avoir les chevaux pour etre chätres , puisque cette operation doit etre subordonnee a la conformation de chacun d'eux, a la race a laquelle ils appar-tiennent, et au service auqucl on les destine. Ce-pendant, en general, je pense que Tage de deux a trois ans est le plus convenable. raquo;
Nous avons , en effet, reconnu plus de vigueur chez les animaux chatres ä l'epoque oil les organes genesiques ont imprime une action salutaire ä revo­lution des parties anterieures du corps; lorsque les appareils respiratoire et circulatoire ont pris de belles dimensions; lorsque le Systeme nerveux a acquis plus d'activite, plus de masse peut-etre , et que cependant les autres parties de l'organisme, influencees par la presence des organes essentiels de la generation, ne sont pas suffisamment fixees
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pour ne pouvoir plus etre modifiees a la suite de la castration.
L'observation et ie raisonnement appuient done , si nous ne nous abusons, notre maniere de voir. Tous les auteurs etant unanimes pour considerer la castration faite chez I'animal adulte comme tres nuisible sous tous les rapports, nous ne dirons rien des effets de la castration pratiquee a cet age.
Plus un cheval est castre a une epoque rappro-chee de la vieillesse , plus sa vigueur I'abandonne vite. Les organes, arrives a une certaine epoque de la vie, semblent ne plus pouvoir se passer de ce stimulant de la fonction genesique; des qu'il manque, leurs actions se ralentissent, la prostration s'em-pare du sujet. Aussi peut-on dire que les vieux etalons n'ont qu'une vigueur factice.
Les opinions citees, les raisonnements auxquels nous venons de nous livrer par rapport a I'in-fluence de la castration sur la vigueur des solipedes, trouveraient, nous le pensons , leur application a propos de la force, de la resistance a la fatigue, envisagees dans les memes conditions.
Pour nous , done, les animaux qui auraient le plus de force, qui offriraient le plus de resistance a la fatigue, seraient ceux qu'on chätrerait dans les conditions que nous avons reconnues comme les plus propices ä conserver la vigueur.
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11 est compris, d'ailleurs , que dans ces diver­ses appreciations, on doit tenir un grand compte de l'origine du sujet, de sa maniere d'etre et des conditions hygieniques oü il se trouve place. A combien de mecomptes et d'erreurs l'oubli de ces principes ne conduirait-il pas ?
. #9632; .
Nous croyons avoir suffisamment etabli que les vices de caractdre ne se rattachent pas d'une ma­niere directs ä la presence des organes genera-teurs. Les fails abondent pour prouver que le caractere est entierement sous l'influence de l'edu-cation. Qui ne ne connait la vigueur, la male fierte du cheval africain ? et si quelque chose peut egaler ces nobles attributs, c'est la soumission qu'il a pour son maitre , l'abnegation de son existence pour se consacrer, sans reserve, aux desirs de celui dont il n'est pas I'esclave, mais I'ami.
Nous pouvons done dire, sans crainte d'etre dementi, que le caractere du cheval se modele presque toujours sur celui de son guide; il en est I'exacte , la fidele representation, a tel point qu'en voyant le cheval on pourrait juger le maitre.
Nous savons malheureusement trop, que ce fidele compagnon de l'homme n'est pas toujours pris pour ce qu'il vaut, ne recoit pas les soins que lui meritent les services qu'il rend , rattachement dont il est susceptible.
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N'est-ce pas souvent des mauvais traitements qu'onlui prodigue en echange de sa soumission, de raquo;on ärdeur au travail? Combien de fois ne le voyons-nous pas, ruisselänt de sueur, harasse de fatigue, se livrer encore a des efforts inouis pour trainer des fardeaux au-dessus de sa force !
D'autres fois, ne comprenant pas le desir du cavalier, ignorant Faction du mors et des aides , tremblant, il hesite et cherche ä saisir la- volonte de la main qui le guide; l'homme, jugeant mal cette indecision, se livre ä une impetueuse colere, et le pauvre animal recoit l'injuste chätiment d'une faute non commise.
La brutalite la plus incomprehensible ne vient-elle pas parfois troubler ses rares instants de repos? Ne dirait-on pas que rhomme a jure de ne lui lais-ser ni treve ni merci?
S'il recoit tout d'abord et en tremblant les mena­ces qui lui sont faites; si un brutal conducteur assouvitsur lui sa colere, il le Supporte en fremis-sant; mais bientöt sa noble fierte s'eveille, la docilite fait place ä l'independance, et l'homme n'est plus pour lui qu'un obstacle au desir qu'il eprouve de recouvrer sa liberte..
La lutte s'engage; eile est parfois longue et ter­rible.
Les mouvements desordonnes auxquels se livre ce fougueux animal, dans la defense ou l'attaque ,
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SOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPfeDES
indiquent la resistance qu'il opposera et la neces-site de recourir k des moyens extremes.
La castration est alors consideree comme le seul moyen de le dompter.
II est juste de reconnaitre que , le plus souvent, on atteint le but. L'animal, desormais enerve, devient docile , paisible, et peut, sans crainte, etre utilise.
Le cheval est-il arrive ou a-t-il depasse Tage adulte; la mechancete existe-t-elle depuis long-temps; est-elle parvenue a un tres haut degre? 1'operation est generalement impuissante a faire disparaitre entierement ce vice de caractere.
II faut aussi reconnaitre que les vices de carac­tere sont tres rares chez les animaux chätres avant l'eveil des organes generateurs; la cause reside,, sans nul doute, en ce qu'alors ils sont moins impres-sionnables , ont moins de flerte , et qu'au lieu de reagir, ils se courbent, en esclaves amollis , sous la brutalite et les coups.
Age auquel on doit chatrer le poulain.
Cette question tres importante peut etre envisa-gee sous le double point de vue de l'individu et de l'espice.
Bornons-nous, pour le moment, k developper les considerations se rattachant k l'individu.
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Notre opinion, on le comprend deja , decoulera forcement des observations que nous avons recueil-lies et des deductions auxquelles nous sommes arrive.
Nul doute que si on eüt suivi la marche que nous nous sommes depuis longtemps tracee , c'est-ä-dire, ne juger qua posteriori, nous n'aurions pas aujourd'hui a passer en revue les opinions emises surce sujet.
Pour mettre de l'ordre dans cette etude, admet-tons que la castration peut etre faite a trois epo-ques de la vie : la premiere, avant l'eveil des organes de la generation ; la deuxieme, lorsque la conformation semble deflnitivemcnt fixee; la troi-sieme, intermediaire a ces deux extremes.
Rattachons k chacune d'elles les principales idees emises , et voyons les arguments apportes a leur appui.
Premiere epoque. M. Brettargh s'exprime de la maniere suivante (deuxieme volume du Veterina­rian, 1829) : laquo; Depuis que j'ai quitte le college veterinaire , en 1811 , j'ai pratique la castration sur un grand nombre de poulains, depuis Tage de dix jours jusqu'a celui de quatre mois, et je suis convaincu que c'est l'epoque de la vie la meilleure pour la reussite de cette operation. Pratiquee a cet age, la castration a peu d'influence sur la sante du
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22nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOL1PEDES
poulain , et au bout de dix jours il ne s'en ressent plus. Les poulains chatres de bonne heure se deve-loppent dans de plus grandes proportions que ceux qui sent coupes tard. raquo;
Youatt, dans son traite On the horse, publie en 1846, dit : laquo; L'age auquel I'operation doit etre pratiquee depend de la race, de la forme du pou­lain et de l'usage auquel il est destine. Pour le cheval propre aux travaux agricoles, Tage de qua-tre ä cinq mois est le meilleur, ou , au moins, il ne faut pas attendre au-delä de l'epoque du sevrage. 11 est rare que Ton ait des pertes a regret-ter dans les chevaux coupes a cet age,
raquo; Si le cheval est jpropre au service du carrosse ou du gros trait, le formier ne doit pas penser ä le faire chätrer avantl'äge de douze mois au moins, et encore faut-il que le poulain soit scrupuleuse-ment etudie dans ses formes, S'il est mince et maigre d'encolure et d'epaules, et bas de reins , il y aura avantage materiel ä le laisser encore entier pendant six mois; mais si les quartiers anterieurs sont pleinement developpes ä Tage de douze mois, I'operation ne doit pas etre differee, de peur qu'il ne devienne lourd et massif du devant, et qu'il ne commence trop deeidement ä avoir une volonte propre. raquo;
laquo; En chätrant ä la mamelle, on ne derange , dit M. Goux, aueuri equilibre, on ne detruit aueune
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harmonie dans les fonctions vitales; dans les orga-nes qu'on enleve reside une force inerte et passive qu'on empeche de s'eveiller, voila tout; en chätrant tard, au contraire , on detruit subitement un equi-libre etabli, on apporte une perturbation grave dans la repartition harmonique des forces vitales sur les diverses fonctions, en supprimant tout-a-coup l'une des plus importantes.
raquo; ..... La legerete de la tete, l'elegance de
l'encolure , la finesse de la criniere, la souplesse des epaules, la hauteur du garrot, en un mot, la distinction des parties anterieures, la force et le developpement des parties posterieures, temoi-gnent des effets de la suppression des organes genitaux, presque immediatement apres la nais-sance. raquo;
M. Magne [Traile d'Hygiene appliquee, t. i,) dit : laquo; Le cheval chätre jeune a les formes regu-lieres, fines de la jument; tandis que; quand il subit I'operation apres avoir acquis son developpe­ment, il devient plus ou moins difforme, parce que le rapport cesse d'exister entre ses diverses parties. En general, il faut chatrer les chevaux jeunes. L'operation faite a quarante, cinquante jours, par l'ablation des testicules, est facile et sans inconvenient. L'administration de la guerre a pris une mesure sage en arretant que les etablisse-rnents de remonte ne recevront plus que des ehe-
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24nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOUPEDES
vaux qui auront ele castres avant Tage de deux ans. raquo;
D'apres M. H. Bouley (deja cite), laquo; la castration doit etre pratiquee de bonne heure sur le cheval : neutralise a cette epoque dans son sexe , il vit par ses ascendants et reproduit les qualites qu'ils lui ont transmises ; plus tard, il vit par lui-meme; un foyer propre d'activite s'est allunie en lui, et si on vient a I'eteindre, on eteint en meme temps les facultes qui n'en etaient que le rayonnement.
raquo; La castration doit toujours etre pratiquee, sur le cheval, dans les douze a quinze premiers mois de sa vie, jamais plus tard. raquo;
Deuxieme epoque. Pour Hartman [Traue des Ha­ras, 1788), laquo; Tage le plus propice pour la cas­tration est celui de trois ou quatre ans au plus. 11 s'etonne que quelques personnes aient conseüle de faire cette operation avant la premiere annee, parce que les testicules ne pendent pas encore dans les poulains de cet age; que Ton ne salt pas encore ce que les poulains pourront devenir par la suite , et qu'il est facile d'apercevoir que cette operation doit empecher leur developpement. [/experience a prouve, dit-il, que les poulains coupes si jeunes, restent toujours dans un certain degre d'imperfec-tion auquel ils ne se seraient pas arretes; ils ont un col mince, peu de courage, etc. raquo;
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a C'est a Tage de quatre a cinq ans, dit Fromage de Feugre [Cours complet d'Agr., 1809), que le cheval doit etre chätre, dans nos climats; avant Tage de trois ans, la croupe et l'encolure ne sont pas assez developpees, le temperament n'est pas suffisamment affermi, I'animal reste faible. raquo;
laquo; L'äge le plus convenable pour la castration est, d'apres Teissier [Cours complel d'Agriculture, article Castration, 1821), trois ou quatre ans; alors le cheval est bien conforme, il a du feu et de la force; il conserve, apres la castration , une partie de ces qualites qu'il n'aurait pas s'il etait chatrc plusjeune. raquo;
Hurtrel d'Ärboval [Dictionnaire de Medecine et de Chirurgie veterinaires], s'exprimede la maniere suivante : laquo; Si Ton ne veut pas que le poulain reste faible, et qu'il ait une conformation defectueuse , il faut attendre , pour le castrer, la quatrieme ou la cinquieme aunee.
raquo; Celui qui a ete hongre jeune, a Tencolure effilee , sa criniere est moins garnie et moins ondu-lee, sa croupe reste mince, ses poils sont plus longs et sa robe moins brillante, sa demarche est indiffe­rente et son regard moins noble. raquo;
Vatel, dans ses Elements de Chirurgie, emet une sembläble opinion.
Troisieme epoque. laquo; L'animal chätre, dit M. Re-
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20nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPEÜKS
naull [Maison Rustique du xixc siede, article Cas­tration), est generalement plus faible et moins propre ä de grandes fatigues que celui qui n'a pas ete opere. Cependant ce serait une erreur de eroire qu'on peul conserver une plus grande force ä ces animaux en ne les chätrant que lorsqu'ils sontadul-fes, que lorsque leurs formes ont pris leur deve-loppement complet. Non-seulement ces formes , si developpees soient-elles, se modifient apres la cas­tration , et les animaux deviennent moins robustes, mais encore, en chätrant ix une epoque oü les orga-nes genitaux sont en pleine activite fonctionnelle, on expose davantage les animaux aux suites fächeu-ses que peut avoir l'operation. raquo;
Plus loin, l'auteur ajoute : laquo; La castration , chez le cheval, doit etre pratiquee de deux ans et demi ä trois ans et demi. C'est parce que. en France et surtout en Normandie , on ne chätre la plupart des chevaux qu'ä quatre ou cinq ans, que Ton observe taut d'accidenls ou de maladies graves apres rope-ration. raquo;
M. Yvart nquot;exprime-t-il pas la meme idee que M. Renault, en disant, ä propos des vices des che­vaux normands [Maison Raslique du xixe siede) : laquo; Pratiquee dans un age avance, la castration ne peut influer, cotnme cela serait ä desirer, sur les formes des animaux, puisque dejä elles existent, et que celles qui dependent de la disposition du sque-
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SOUS LE RAPPORT HYGI^NIQUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;27
lette sont a jamais fixees. 11 resulte de la castration faite dans le jeune age, que la tete et l'encolure, le garrot et les epaules s'amincissent et s'allongent, et que I'avant-bras prend plus de legerete , condi­tions avantageuses ä tons les chevaux de luxe. Ces changements dans les formes ne peuvent s'operer dans les chevaux coupes a cinq ans , ou bien ils ne sont pas aussi complets, aussi suivis, et il pent en resulter plus de mal que de bien. La castration, dans tons les quadrupedes , tend a diminuer le volume de la tete et celui de l'encolure ; mais , faite k cinq ans , eile ne pent agir egalemcnt sur les os qui composent la tete et sont entoures de peu de parties molles , et sur l'encolure , dans la composi­tion de laquelle existent beaucoup de muscles et beaucoup de graisse, et dont les molecules se dcplacent par le mouvement vital plus facilement que celles des os. Alors il arrive , dans les chevaux chätres tard , que la tete reste grosse, tandis que le cou maigrit et s'amincit, et qu'en definitive I'animal pent avoir une grosse tete supporlce par un long cou , ce qui contrarie toutes les sages dis­positions de la nature. La castration faite alors que les organes generateurs sont tout-ä-fait developpes et jouissent de toute leur action, est plus dange-reuse que si eile etait faite plutot; cela n'a pas besoin de demonstration. raquo;
M. Huzard fils n'exprime-t-il pas la meme opi-
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28nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPEDKS
nion lorsqu'il dit [Haras domestique, article Cas­tration) : laquo; Les changements de forme que produit la castration sont moins prononces dans Tage avance que dans dans le jeune age; ce qui est un desavantage, puisque ces changements sont non-seulement avantageux pour les services auxquels nous employons les animaux , mais encore parce qu'ils donnent souvent a ces animaux plus de gen-tillesse. II est certain , en effet, que ceux qui sont cMtres de bonne heure acquierent une croupe plus forte, p!us large , des reins plus larges, plus mus-culeux; tandis que la tete et l'encolure diminuent d'ampleur d'unemaniere marquee, deviennentplus legeres , ce qui est tres agreable dans tous les che-vaux nobles, surtout dans les chevaux de luxe. raquo;
Dans le Dictionnaire usuel de Medecine et de Chirurgie veterinaires, nous trouvons le chapilre suivant : laquo; Plusieurs auteurs, et a leur exemple Hurirel, conseillent de ne chätrer le cheval que vers la quatrieme ou la cinquieme annee , parce que c'est seulement vers cet age qu'il a aquis la conformation qu'il doit avoir. Eh bien! quant a nous, nous n'hesitons pas a declarer que cette methode est excellente, quand on ne veut obtenir que des rosses... Le poulain doit etre chätre vers la fin de la premiere annee ou au moins dans le cou-rant de la deuxieme. raquo;
Lacoste, dans son remarquable memoire sur la
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SOL'S LE KAPPORT HYGIENIQUKnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 29
Castration , dit : laquo; Le changementqui s'opere dans les formes de l'animal, doit etre prisen grande con­sideration avant d'emasculer un poulain; on doit aussi considerer la race a laquelle il appartient, et le service auquel on destine l'animal.
raquo;.... 11 ne pent done pas y avoir de regies rigou-reusement fixes, dans la fixation de Tage que doi-vent avoir les chevaux pour etre chatres. Cepen #9632; dant, en general, je pense que Tage de deux a trois ans est le plus convenable. raquo;
Selon Cailleux , de Caen (Monileur des Cornices, 1838, t. iv,p. 178) , laquo;la castration , mise en usage dans les six premiers mois de la vie, guerit facile-ment, n'a pas de suites ficheuses pour la sante de l'animal; mais eile arrete le developpement du sujet et semble paralyser l'effort ordinaire et regu­lier de la nature. Si Ton veut en juger, que Yon compare, la seconde annee, les poulains ainsi cha­tres a ceux qui ont ete conserves entiers, el Ton verra quelle difference ilsoffriront! Les premiers se presenteront plus petits, moins etoffes ; les mem-bres plus greles , plus faibles. Chez quelques-uns , les aplombs seront moins corrects; la region dor-sale, legerement abaissee, fera paraitre le rein long et creux. Avec le temps, ces poulains prennent de la taille, mais peu de volume; ils ont toujours le poitrail etroit, la croupe mince, et annoncent peu d'energie. A Tage de quatre ans, ils sont generale-
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30nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPEDES
ment trop eleves; plusieurs ont la cöte plate; quelques-uns sont d'un temperament debile. raquo;
laquo; Pratiquee, continue Cailleux , sur les poulains d'un an , elie a les memes inconvenients; a dix-huit mois, eile est sans danger pour la sante et l'avenir de 1'animal. II vaut mieux, cependant, attendre le retour du printemps, a cause de la nature de l'ali-mentation qu on peut, a cette epoque, offrir ä l'opere. L'äge de deux ans serait done, pour cet auteur, le plus convenable. raquo; Nous devons ajouter que Cailleux se trouvait dans un pays d'e'eve, qu'il s'etait beaucoup occupe de cette question: ses eonseils doivent done etre pris en grandc conside­ration.
Ne pourrions-nous pas joindre M. Youatt k la liste des auteurs que nous venons de faire connaitre, comme etant partisans de la castration a un age intermediaire entre la castration hälive et la cas­tration tardive? Si, puisque dans le passage deja cite, il est sagement exprime que le cheval de carrosse ou do gros trait ne doit pas etre chätre avant Tage de douze mois au moins, et encore faut-il que le poulain soit scrupuleusement etudie dans ses formes; s'il est mince et maigrc d'enco-lure et d'epaules et bas de reins, il y aura avan-tage materiel a le laisser encore entier pendant six mois.
M. H. Bouley ne se rapproche-t-il pas un peu de
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cette derniere opinion, lorsqu'il dit que le cheval doit toujours etre chatre dans les douze a quinze premiers mois de la vie? Nous serious porte ä le oroire.
L'autorite des rioms qui se rattachent ä chacune des opinions que nous venons de faire connaitre , oommande la plus grande reserve el explique I'inde-cision dans laquelle on peut se trouver avant de se prononcer.
Quel que soit le respect que nous professions pour 1'esprit d'observation , le profond savoir des Hart­man, Fromage de Feugre, Tcissier, Hurtrel d'Ar-hoval, Vatel, les fails parlent irop haut contre leur manierede voir, pour que nous hesitions un instant a considerer la castration tardivecomme tres nuisible, sous tous les rapports, a I'individu qu'on y soumet. La castration tardive doit done etre abandonnee ; on n'y aura recours que dans des cas exceptionnels. C'est lä , d'ailleurs , Topinion de nos jours ; et il no s:eleve pas une seule voix pour la combattre.
Deux opinions restent; les parlisans de chacune d'elles ont des noms recommandables et qui font autorite ; ils arrivent avec des fails qui semblent egalement plausibles ; ils en deduisent des raison-neraenls logiques elseduisanls, que nous avons fait connaitre.
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Nous scrions entralne ä leur donner raison ä tous, si de nombreux faits n'avaient porte une conviction intime dans notre esprit et ne nous eussent permis de conclure : que la castration , au point de vue qui nous occupe , c'est-ä-dire de l'individu ,. pra-tiquee ä Tage de quinze ä trente mois, n'offre ge-neralement pas de gravite; que les appareils respiratoire, circulatoire ; les systemes nerveux et musculaire ont pris un developpement et une activite dont les effets se feront sentir durant tout le reste de la vie ; qu'ä cette epoque les formes du train posterieur, de l'encolure, de la tete, n'etant pas definitivement fixees, se modifieront assez, apres l'operation, pour permettre aux regions du corps de prendre cette belle harmonic qui constitue la beaute.
La vigueur, la force, la resistance ä la fatigue, decoulant, ä conditions hygieniques egales , de la puissance des appareils heureusement influences par l'action genesique, seront portees au summum d'intensite qu'on puisse esperer de leur faire attein-dre, en privant l'animal de l'excitant fourni par la fonction genera trice.
Quant aux vices de caractere, ils ne dateront pas d'assez loin pour enlever toute esperance de les voir disoaraitre par l'effet de la castration.
Tels sont les principaux motifs qui nous font rat-tacher ä l'opinion des auteurs qui conseillent la cas­tration ä la Iroisieme epoque de la vie.
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SOUS LE RAPPORT HYÜIENIQUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; aa
Mais, pourrait-on nous dire, Tespace de temp;-existant entre quinze et trente mois est bien long ? Sera-ce ä quinze, vingt, vingt-cinq , trente mois qu'on devra pratiquer I'operation ? Sur quelles bases nous guiderons-nous? La reponse a ces questions est bien simple.
II serait peu rationnel de determiner un age inva­riable, par la raison toute naturelle que la confor­mation , personne n'en doute, varie beaucoup pour son developpement, selon l'origine et les conditions hygieniques oü le sujet se trouve.
Ce sont lä des principes non contestes et sur les-quels il est inutile de disserter.
II decoule, comme consequence de ces principes, la necessite d'attendre, pour operer, que les parties anterieures du corps aient pris les proportions que nous avons reconnues comme les plus propices a agir favorablement sur I'organisme.
La conformation que Ton recherche variant d'apres les usages auxquels on destine le cheval, il faudra, dans les appreciations auxquelles on se livrera , en tenir un bon compte.
Pour les chevaux de seile, la legerete de la tete, son attache , la souplesse de l'encolure, sont des qualites precieuses ; il ne faudra done pas attendre, pour les chätrer, que ces regions aient pris trop de developpement.
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Pour le cheval de trait, il y aura ä distinguer celui de trait leger et celui do gros trait.
Pour le premier, il faut plus d'elegance et moins de masse ; plus de legerete dans I'avant-main.
N'oublions pas que, pour tons les services, la bonne et forte conformation du train posterieur a une grande valeur.
L'age auqucl on chätre le poulain a , pour attein-dre ce resultat, une grande portee.
Ne savons-nous, en effet, que la castration arrete le developpement des parties anterieures et active celui des parties posterieures ; que plusieurs d'entre elles, I'encolure, la tete, perdent du volume acquis sous rinfluence des organes generateurs.
II se pourrait, d'apres ces principes, que dans des cas donnes nous eussions recours k la castration avant Tage de quinze mois :
Ce serait si, avant cette epoque (quinze mois), le developpement des parties anterieures du corps avail de telles proportions, qu'un plus grand accrois-sement deviendrait nuisible pour obtenir la confor­mation que Ton a en vue.
Nous ne sommes done exclusif que conlre la mise en pratique de la castration tardive ou trop hätive.
Nous croyons etre, en cela , d'accord avec les donnees d'une saine pratique et d'une judicieuse theorie.
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SOUS LE RAPPORT HYGIEMQUF,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; SS
Influence de la Gastration sur l'amelioration des races chevalines.
Par race, on entend une reunion d'individus se distinguant de l'espece a laquelle ils appartiennent par quelques caracteres particuliers de forme, el assez fixes pour pouvoir se transmettre par la voie de la generation; ne se maintenant, toutefois, qua sous l'influence de conditions hygieniques donnees.
Une des premieres conditions de l'amelioration et de la conservation des races, se trouve dans la perfection des reproducteurs; nous f avons, en effet, que les qualites physiques et morales se transmettent par la voie de la generation.
Ce principe pose, il en decode, comme conse­quence , la necessite d'eloigner de la reproduction tous les individus qui n'ont pas les caracteres de la conformation qu'on desire obtenir, ou ceux qui ne sont pas de pure race. Nous savons , en effet, qu'un etalon, dont la souche est ancienne, transmet souvent les qualites qu'il n'a pas lui-meme.
Pour se conformer a ce principe, il n'est certai-nement rien de mieux que de recourir a la caslra-tion hdtive; aussi les administrations de la guerre et des haras ont-elles employe toute leur influence pour engager les eleveurs ä la mettre en pratique. Malheureusement, on se trouvait en face de nom-breux prejuges, difficiles a vaincre; il n'a fallu
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J6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPfeDES
rien moins, pour l|obtenir, qu'une ordonnance mi­nisterielle portant que la remonte n'acheterait que les chevaux chatres de un a deux ans.
Les eleveurs ayant, par lä, la main forcee, furent bien obliges de chätrer leurs animaux ä un age moins avance quecdui oü ils avaientl'habitude de le faire.
L'avenir ne tarda pas ä leur prouver la valeur du conseil auquel ils avaient longlemps resiste.
Avec la castration hätive, on n'a plus ä redou-ter ces saillies de hasard produisant des sujets decousus et sans valeur.
Avec la castration hätive, l'eleveur n'est plus tente, pour eviter des frais et des deplacements, de recourir au poulain qu'il a sous la main. Fecon-der sa jument, tel est le principal but du producteur qui ignore rimportance du choix de l'etalon. Par-venir ä faire chätrer les poulains ä un äge peu avance, c'est concourir k la conservation et ä l'ame-lioration de la race.
La castration hätive permettrait aussi de mettre plus suremcnt et plus tot les poulains en liberte; de les laisser aller avec les juments sans avoir ä redouter des accidents aussi nombreux que lorsque les animaux sont entiers; on aurait moins ä crain-dre les quereiles des males; on leur donnerait, enfin , cet exercice si salutaire ä leur developpe-ment et ä leur sante.
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A ce point de vue, nous coinprenons toute la valeur de la castration hätive et nous serious le premier a la propager. Des motifs d'un autre ordre, et que nous avons developpes, nous empechent neanmoins de la recommander; ce serait trop sacri-fler I'individu a la race ; et cela avec d'autant plus de raison, que nous ne voyons pas une grande dif-ficulte ä garder le poulain quatre ou cinq mois de plus.
Penetre de l'immense avantage, pour la conser­vation et l'amelioration de la race, de soustraire a la reproduction tous les males n'ayant pas les qua-lites voulues, Lacoste aurait desire qu'on format, par une loi, les proprietaires a faire chätrer leurs poulains a Tage de un a deux ans.
Pour justifier cette loi, il compare le cheval ä un terrain qu'on exproprie pour cause d'utilite pu-blique.
La castration, dans ce cas, serait done un fait d'utilite publique.
Des commissions cantonnales seraient chargees de visiter tous leschevaux males äges de un a deux ans, que les proprietaires seraient forces de leur conduire; ces commissions choisiraient ceux qui pourraient faire des etalons, les autres seraient chä-tres dans les premiers quinze jours qui suivraient la visite.
Nous comprenons qu'on donne des conseils aux
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38nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPEDES
eleveurs; nous admettons que l'administration de la guerre n'achete les chevaux chatres qu'ä tel ou tel age; c'est son droit; nous concevons encore qu'on empeche ies poulains non chätres , et pou-vant saillir les juments, d'entrer dans les vaines pätures.
Mais qu'on force un individu a mutiler son animal, ce serait trop peu respecter le droit de propriele. Aussi M. Husard fils s'est-il eleve , avec toute l'energie de son talent, contre cette proposi­tion formulee bien avant rapparidon de l'oeuvre de Lacoste
H n'a pas eu besoin , pour combattre avec avnn-tage cette opinion, d'admettre que par la castration hätive on pourrait priver la race de tres bons roproducteurs. II a le sens trop droit pour supposer que quelqu'un eüt jamais l'idee de proposer la castration hätive pour les animaux provenant de race pure ou de pur sang, sur lesquels on etait en droit d'esperer quelques bons etalons. II n'ignore pas non plus, quoi qu'en disent certains hippolo-gues , que les jeunes poulains se jugent plus süre-ment par leurs ascendants que par leur conforma tion.
Ce ne serait done pas la un grand inconvenient de la castration hätive.
Admettant qu'on voulüt passer par dessus I'odieux d'une teile mesure, les difficultes de l'execution
'#9632;#9632;
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SOUS LF, RAPPORT HYGIÖN1QUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;39
seraient un obstacle plus serieux. Ne pouvant le penser, nous ne nous arreterons pas plus longtemps a discuter cette question.
Nous nous sommes occupe, dans ce chapitre, des effets de la castration des males des animaux soli -pedcs. Nous avons pris pour type, ainsi qu'on a pu s'en convaincre, I'espece chevaline; pour les autres cspeces comprises dans cet ordre, nous aurions a faire l'application des principes qua nous avons poses, et nous arriverions aux memes deductions.
II faut cependant reconnaitre que , chez le ban­det et chez les hybrides, mulct, bardeau, ces prin­cipes trouveraient une application moins utile, et cela par un double motif : le premier, e'est que les modifications organiques, se developpant sous I'influence de l'activite de la fonction generatrice, ont ici beaucoup moins de valeur; ces especes n'etant que par exception employees an service de la seile, il importe pen que la tetc soit un peu plus ou un peu moins lourde, plus ou moins bien attachee, que I'encolure possede cette souplesse si necessaire au maniement du cheval.
Chez ces individus, le mulct principalement, utilises pour le bat, on devra surtout chercher a faire developper le train posterieur, qui, genera-lement manque d'ampleur.
II faudrait done les ehätrer ä un age moins
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40nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPEDES
avance que celui recommande pour le cheval. On ne devra cependant y proceder que iorsque les parlies anterieures auront acquis un volume süffi­sant.
L'un de ces animaux, le mulet, etant d'un earactere tres irritable et devenant souvent me­diant lorsqu'il reste trop longtemps entier, ce sera lä un motif de plus pour hater chez lui le moment de la castration.
Le deuxieme point, c'est que pour le mulet et le bardeau on n'a pas ä s'occuper de la castration sous le rapport de Tamelioration do la race.
Nous n'avons envisage les effets de la castration que chez les males, par la raison bien simple que les femelles solipedes ne sont jamais chätrees au point de vue de ramelioration de l'individu. On ne les chätre que dans !e but de remedier ä quelques etats morbides qui nuisent plus ou moins ä l'utili-sation de ces animaux.
Plus tard , nous aurons ä indiquer ces cas mor­bides et ä apprecier la valeur de la castration comme moyen therapeutique.
On pourrait utiliser la castration des juments pour concourir ä Famelioration de la race cheva-line.
II en est un grand nombre qu'on livre ä la repro­duction et qui devraient en etre entierement ban-
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SOUS LE RAPPORT HYGIENIQUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;41
nies , soit que leur origine , leur conformation, les tares dont elles sont atteintes, Tage auquel elles sent arrivees , puissent faire admettre , ä priori, que le produit, sans valeur aucune , ne soldera les depenses faites pour son elevage que par un defi­cit, et ne pourra, d'ailleurs, etre que fort mal uti­lise .
II est des juments qui, a l'epoque du rut, devien-nent inabordables et ne peuvent, pendant toute sa duree, etre employees avec assurance a aucun service.
Notons que chez ces femelles I'orgasme genital revient a des epoques tres rapprochees. II n'est certainement pas de moyen plus efficace que la castration pour faire cesser ce besoin factice, qui se rattache sans doute a un etat morbide.
Gelte operation n'etant pas, malgre les perfec-tionnements qu'elle a regus, sans gravite, on n'y a recours qu'ä la derniere extremite.
Pour ce qui est de determiner si la castration n'aurait pas une influence salutaire sur le deve-loppement, la conformation , !a vigueur, la force des individus, les quelques fails recueillis el les indications physiologiques, nous portent a penser que , quel que füt Tage des individus sur lesquels on la pratiquerait, eile serait plutöt nuisible qu'utile.
La castration des jeunes femelles tend a faire
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sn-
12nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES BfiTES BOVINES
predominer le temperament lymphatique, facilite l'engraissement, enerve les sujets, les rend moins vigoureux, moins forts , et eteint meme jusqu'a l'ardeur du regard.
Comme conclusion, on peut dire que, au point de vue hygienique, la castration ne doit pas etre employee chez les femelles solipedes.
CHAP1TRE II.
BETES BOVINES.
Sommaire : Influence de la castration sur la precocite , la taille, le volume du corps, la conformation , les aptitudes des beles bovines.— Age auquel on doit les chätrer.— Est-il, chez les mäles , un mode de castration qui favo-rise les aptitudes? — Influence de la castration de la vache sur la secretion lactee et l'engraissement.
Travail, tel est, pendant la vie, le but simple des especes animales sur lesquelles nous avons examine les effets de la castration.
Travail et aliments, tel est le but complexe que l'espece bovine est appelee ä atteindre; les uns , des animaux de cette espece, donnent du travail d'abord , et apres leur vie des aliments; les autres, des aliments seulement; ceux-ci peuvent etre four-nis apres la mort: animaux destines exclusivement ä laconsommation, ou pendant la vie, — vaches Laüieres ; —d'ou trois sortes d'aptitudes : travail, viande, lait.
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Les aptitudes sont, nous le savons , innees; ranimal apporte en naissant le moule d'une con­formation donnee, qui se developpera sous I'in-fluence des conditions hygieniques oü I'animal sera place.
Ces conditions sont-elles identiques ä celles qui ont concouru a former la race d'oü I'individu pro-vient? les aptitudes seront celles des ascendants; sont-elles modifiees ou entierement changees? les individus en porteront les traces evidentes et n'au-ront plus au meme degre les aptitudes que fesait espererl'origine.
Nous croyons inutile, au point de vue oü nous sommes place , de faire la demonstration de prin-cipes acceptes par tons les eleveurs.
Pendant que la conformation suit sa marche pro-gressivement ascendante , une operation peut tout-a-coup en entraver le cours , changer le mode de nutrition , devier les materiaux d'assimilation, et faire que teile region se developpe plus que teile autre, qu'un appareil fonctionnel acquiere plus d'activite, et que son produit de secretion soit aug-mente et favorablement modifie.
La castration peut done agir dans un sens direct ou indirect h I'aptitude.
Cette question d'economie rurale est d'un trop grand interet pour ne pas etre scrupuleusement (Hudiee.
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ilnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES BliTES BOVINES
Envisageons done les effets de la castration ehez les males et chez les femelles.
Prenons pour type de notre etude les males dont la destination est complexe, e'est-a-dire, appeles a fournir du travail pendant leur vie, et une riche et abondante alimentation apres leur mort.
Les considerations auxquelles nous nous serons livre, les conclusions que nous en aurons deduites, pourront facilement se rattacher aux animaux d'en-grais. Viendra apres l'examen de cette operation chez les vaches.
Avant d'aborder cette question, cherchons a bien etablir quelle peut etre l'influence de la castration sur la precocile, Ic developpement general du corps.
Des faits nombreux et que nous croyons inutile de rapporter, vu la facilite de les reproduire et de se convaincre ainsi de leur exactitude, nous ont prouve que la castration, faite dans les premiers quinze a trente jours de la vie, est favorable ä l'accroissement. Alors les veaux prennent plus de taille, plus de volume , plus de graisse que ceux qui, du meme age , ne sent pas chätres.
Ce fait est connu et bien apprecie de quelques eleveurs, surtout des laitiers, qui gardent les veaux le moins de temps possible; aussi ne man-quent-ils pas , dans nos contrees du moins , de les faire chätrer ä Tage de vingt ä trente jours.
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Les bouchers accordent une grande preference aux veaux chätres, qui, en outre, ont acquis, a Tage de trois mois, une plus value de IS a 20 fr.
D'apres M. Magne [Hygiene Velerinaire appli-quee, 18S7), laquo; la castration est toujours une ope­ration douloureuse , et, quoique sans danger, eile empeche pendant quelques jours les animaux de profiter leur nourriture: il ne faut la pratiquer que sur les veaux qu'on veut garder assez longtemps pour qu'ils gagnent, apres la guerison , plus que I'operation ne leur a fait perdre. raquo;
Plus loin , il ajoule : laquo; II est inutile de chätrer les veaux qui doivent etre tues k Tage de deux ou trois mois. raquo;
L'honorable professeur d'Alfort n'a pas , sans doute , vu employer le bistournage pour les jeunes veaux; pour nous, qui I'avons bien souvent pra­tique chez les veaux äges de quinze a trenle jours, nous pouvons assurer que cette operation ne porte pas la moindre atteinte aux fonctions du jeune sujet.
Nousavons meme remarque qu'ils gagnent piu-töt qu'ils ne perdent.
II nous est arrive assez frequemment, sur huit ä dix animaux du meme age , d'en cliatrer deux ou trois , quelquefois un plus grand nombre , et tou­jours nous avons reconnu que les operes prenaient plus de corps que les autres.
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46nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTKATION DES Bfil'ES BOVINES
Nous devons noter que les conditions hygieni-ques etaient les memes pour tons.
Avant l'operation , on ne saisissait pas de diffe­rence entre eux; quelques jours apres, eile etait manifeste ; rarement nous avons constate, meme dans les premiers jours du bistournage , un depe-rissement pouvant etre rapporte ä l'operation.
Nous ne pouvons done nous ranger a ropinion exprimee par M. Magne.
La precocite , l'accroissement de la taille , 1'aug-mentation de volume du corps, la tendance ä prendre de la graisse, qualites precieuses pour les animaux destines a la consommation , se conservent durant toutes les autres phases de la vie; mais e'est, il faut le reconnaitre, au detriment de la vigueur, de la force , de la resistance a la fatigue.
Nous avons admis que la castration avait, chez les solipedes , une influence marquee sur l'accrois­sement , la taille , le volume du corps.
Pour I'espece bovine, nos observations sontassez nombreuses et assez concluantes pour nous permet-tre de poser le principe suivant : la precocile, la taille j le volume, la facilile d'engraissemenl, sont dans un rapport direct avec I'age auquel la castra­tion esl pratiquee; le resultat qu'on ohtient est d'aulant plus marque, que l'operation est faite a une epoque moins eloignee de la naissance.
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SOUS LE RAPPORT HYGIEMQOE
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Des aptitudes.
Par aptitudes on designe , en zootechnie , la dis­position organique et fonctionnelle qui rend un animal plusapte qu'un autrea un usage determine.
S'il est vrai que la conformation accuse les apti­tudes, nous devons, pour resoudre la question que nous nous sommes posee, examiner les modifica­tions que l'eveil et la continuite d'action de la fonc-tion generatrice font eprouver a la conformation, et determiner ce que produit sur I'organisme I'annihi-lation de cette fonction a teile ou teile phase de l'existence de l'individu.
Pour proceder avec methode, nous diviserons la vie de l'individu en trois periodes ou phases : accroissement, dressage et Iravail, etigraissement.
Cette question, nous i'avons en partie traitee dans une monographie sur le bistournage des ruminants, publiee en 1853. Nous aurons peu de chose a ajouter a ce travail.
Premiere periode : Accroissement. Au moment de la naissance, les testicules sont descendus au fond des bourses, ou bien ils y parviennent dans les premiers jours de la vie.
Durant les premiers quarante ä cinquante jours, rien dans I'economie animale, envisagee d'une ma-niere generale, ne decele la presence des organes
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i8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES BfcTES BOVINES
de la generation; bientöt le jeune sujet exprime des desirs genesiques; il cherche a monter sur les animaux qui I'entourent, meme sur sa mere ; il est frequemment en erection et est plein de vigueur.
L'apparition de cette excitation, due bien certai-nement a la presence des testicules , varie avec les conditions oü les animaux se trouvent places. Chez les individus derivant des races qui se font remar-quer par beaucoup de vigueur et de force [races de monlagne on de haut cru), ils se montrent plus tot; rarement, d'apres nos observations, avant I'epoque indiquee.
Le meme fait s'observe chez les veaux bien nourris, et surtout chez ceux qui tetent a plusieurs vaches. L'inverse se voit pour les produits prives' du lait de leur mere, mal entretenus, manquant d'energie et de force, ou descendant de races (gene-ralement celles de la plaine) dont les individus ont un temperament lymphatique. Get etat, tout vital d'abord, est, vers le deuxieme mois, suivi de modi­fications organiques sensibles : le train anterieur prend du developpement; les masses musculaires augmentent; les epaules, l'encolure se chargent de tissu cellulaire; la tete acquiert du volume ; les cornes sortent; la vie semble se concentrer vers ces regions et fuir le train posterieur. Le developpe­ment de celui-ci est loin d'egaler Taccroissementde celui-lä : les cuisses s'aplatissent, la croupe s'amin-
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cit et s'effile, les reins et les lombes perdent de leur ampleur ou ne s'accroissent pas proportionnelle-ment au devant; il existe un balancement regional tout a l'avantage des parties anterieures; les unes gagnent ce que les autres perdent.
Ces modiflcadons, deja sensibles a truis mois, se prononcent de plus en plus; ä six mois, elles sont visibles pour tout le monde; les yeux les moins exerces ä comparer les regions exterieuresdu corps saisissent ce defaut de proportion.
De six mois ä un an, les cornes se detachent vigoureuses et fortes, surtout ä leur base; la nuque, le front sont bien developpes , celui-ci est souvent garni de polls longs et rudes ; le mufle est large, les naseaux sont dilates, le regard est fier, I'energie musculaire tres prononcee,
A Tetable, les bouvillons sont turbulents, inquiets; lorsqu'ils sortent, ils ne vont que par sauts et par bonds. Ils se plaisent dans les lüttes et attaquent hardiment les animaux de leur espece qn'ils ren-contrent; ih suivent les vaches avec une perseve­rance incroyable et se livrent, pour les couvrir, ä des mouvements desordonnes; lorsqu'ils ne peuvent y parvenir, ils frottentleur verge centre le dessous de la poitrine et ejaculent. Ces conditions qui, au premier abord, paraissent nuisibles, sont suivies d'un resultat tres important. Sous rinfluence de la grande excitation qui les domine, des depenses effec-
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50nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES BfiTES BOVINES
tuees par la contraction musculaire et la suractivile des glandes testiculaires, la circulation, la respira­tion acquierent une grande energie; d'oii resulte raugmenlatiön de volume des appareils qui remp'is-sent ces functions, tels que : cavites nasales, larynx, trachee, poumons, cceur, cavite thoracique. Aussi Irouvons-nous chez eux un vaste foyer d'hemalose pour donner au sang la richesse dont il a besoin, pour reparer les pertes continues que fait I'econo-mie, et un coeur imprimant une vigoureuse impul­sion ä l'ondee sanguine.
Le taureau a une membrure forte, des articula­tions larges , des formes anguleuses ; sa force mus­culaire est portee a son summum d'intensite; toutes ces conditions lui donnent une bonne conformation pour le travail et une grande aptitude ä le bien supporter.
Les organes digestifs ont de leur cöte , ne I'ou-blions pas, augmente leur action pour fournir au sang les elements reparateurs.
Le taureau est bon mangeur, peu recherche dans le choix des aliments qu'il digere tres bien.
La conformation que nous venous d'esquisser a longs traits va progressant; k deux ans, eile a presque toutledeveloppementqu'elle doitacquerir. Ce n'est que tres exceptionnellement que les animaux sont conserves entiers apres cet age; il n'y a guere que les taureaux destines ä la reproduction. Faut-il
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encore ajouter que de nombreux motifs, que nous n'avons pas a developper ici, commanderaient de ne pas livrer a la saillie lestaureaux qui ont depasse trois ans.
La castration, pratiquee a Tage de deux ans, produit dans la conformation les modifications sui-vantes : les parties anterieures se depouillent de la surabondance du tissu cellulaire, I'encolure devient mince, la tete plus seche; le regard perd sa vivacite d'expression; le train posterieur acquiert de l'am-pleur, il devient plus muscle, les formes s'arron-dissent un peu.
La grosseur de la base des cornes , la grandeur du tube aerien , du poumon et de la cavite qui le renferme, le volume, la force du coeur ne dimi-nuent pas. C'est la un fait important et que nous avons dejä constate chez les solipedes.
Nous avons k rechercher ce qui passe dans I'eco-nomie animale, lorsque la castration est pratiquee dans les premiers jours de la vie, vt a faire un rapprochement entre la conformation dont nous allons donner les caracteres et celle que nous avons decrite.
La castration pent etre pratiquee des les premiers jours de la naissance. Nous avons souvent employe un mode particulier de castration, le bistournage, cliez les animaux äges de, quinze ä vingt jours.
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Admettons que les veaux qu'on y soumet sont age.laquo; d'un mois :
A cette epoque de la vie, rien, dans I'individii envisage dans son ensemble, ne decele la pre­sence des organes de la generation ; aussi ne yer-rons-nous pas se produire les modifications vitales et organiques que nous avons signalees ; chez eux, pas de turbulence, pas de mouvements impetueux ; ils suivent tranquiltement leur mere dans les paca-ges; leurs mouvements denotent peu d'energie musculaire. Le developpement est uniforme : le derriere se iburnit, la cuisse est bien garnie, la croupe arrondie; les lombes, les reins sont larges, bien muscles ; ie regard est doux, la tete peu volu-mineuse.
Cette difference de conformation cntre les ani-maux chätres et ceux qui ne le sont pas, dejä evidente ä Tage de deux ou trois mois, s'accuse parfaitement du quatrieme au sixieme. On pent, ä cette epoque, ä la seule inspection de l'habitude exterieure, juger de l'integrite des organes de la generation
A un an , ces differences sont bien sensibles ; ce sont les suivantes : formes arrondies, tete allongee, peu volumineuse ; mufle etroit, naseaux resserres; cornes plus minces, moins fortes a leur base; absence de polls longs et rüdes ä la region frontale ; Jarvnx et trachee moins volumineux, encolure
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mince; poitrine moins etendue; train posterieur plus developpe ; membrure grele ; energie muscu-laire moins prononcee. Ces animaux sont sobres, delicats pour leurs aliments.
[/impulsion de cette modification organique se continue avec Tage.
Nous n'avons pas borne nos observations au sim­ple examen de l'exterieur de l'animal; nous avons aussi apprecie l'etat des organes et constate que, chez les baiufs qui ont etc chdtrcs laquo; I'dge de dix-huit ävingt mois, le Systeme nerveux cerebru-spinal est plus developpe, le coeur plus gros , son tissu plus ferme , le poumon plus vaste , la fibre musculaire plus serree , le tissu osseux plus volu-miueux que chez ceux qui ont subi l'operation ä Tage d'un mois.
Chez les animaux chulres ä I'dge d'un mois, les muscles de la region posterieure du corps sont beaucoup plus developpes; chez eux aussi, la viande est plus fine , plus delicate.
Tels sont les effets de la castration observes durant la premiere periode de la vie, I'accrolaquo;laquo;-semenl.
Deuxieme periode : Dressage, travail. Les ani­maux chätres jeunes sont faciles ä dresser. Ils courbent, sans contrainte , leur tete sous le joug, obeissent a la voix de leur conducteur; un seul
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54nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DKS BfiTES BOVINES
homme sufflt ä leur education , qui reclame peu de temps et n'offre aucun danger.
Pour ceux qui sont chätres tard, on rencontre plus de difficulte : il faut d'abord les joindre avec un boeuf qui, par sa force, puisse s'opposer ä leurs elans impetueux; ce n'est, le plus souvent, que lorsqu'iis sont ainsi dresses isolement qu'on peut atteler les deux jeunes animaux ensemble ; encore faut-il se servir pendant plusieurs jours du cordeau pour les conduire, et avoir meme un aide.
Pour I'education, I'avantage est done pour les animaux chätres jeunes.
II est loin d'en etre de meme pour le travail : les uns (ceux bistournes de dix-huit a vingt mois) sont robustes , tres forts, resistent a la fatigue , se nourrissent bien, se maintiennent dans un etat d'embonpoint satisfaisant, ils s'accommodent de tout aliment; les autres (ceux chätres ä un mois), sont promptement affaisses par le travail , ils ont moins de force , maigrissent, s'usent vite , sont dif-ficiles ponr leur nourriture, et plus maladifs.
Si des premiers on obtient aisement huit ä neuf heures de travail par jour, les autres en fourniront difficilement cinq k six. Ceux-la traineront sans paraitre fatigues , durant trois ä quatre heures, un poids do 40 ä 50 quintaux; ceux-ci pourront ä peine en faire suivre, durant le meme temps , de 30ä35.
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Ces differences se dessinent surtout durant les fortes chaleurs de l'ete. Inutile de dire que nous parlons d'animaux ayant le meme age , a peu pres la meme taille , le meine volume du corps , appar-tenant a la meme race, et soumis au meme regime et autres conditions hygieniques.
Troisieme Periode : bmpaissement. Chez les animaux chätres jeunes, la graisse s'accumule avec rapidite tant ä l'exterieur qu'a I'interieur; la ration de production donne chez eux un resultat vrai-ment remarquable.
Le fait suivant, pris parmi ceux assez nombreux que nous possedons, appuie ce que nous avangons :
Quatre boeufs de race gasconne, äges de quatre ans, d'un poids a pea pres egal et dans un etat general assez satisfaisant, deux chätres ä Tage de un mois et demi, les deux autres ä dix-huit mois , furent soumis äl'engraissement. Durant trois mois, ils mangerent la meme ration , consistant en four-rages sees, son , feves, ma'is, pommes de terre , tourteaux de lin.
Apres ce delai, ils furent vendus le meme jour et au meme boucher : les uns, ceux bistournes ä Tage de un mois et demi, 630 fr.; les autres, 525 fr. L'acquereur nous dit qu'il avait plus gagne sur ceux qui lui coütaient 650 fr. que sur les autres, attendu qu'ils avaient donne {toute proportion gar-
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.56nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES BliTES BOVINES
dee quant au prix) plus de rendement en suif et en viande; la viande etait aussi de meilleure qualite.
Nous regrettons beaucoup de n'avoir pu constater le poids differentiel qu'offrirent ces animaux, tant sous le rapport des issues que de la viande nette.
Les diverses modifications organiques que nous avons fait connaitre , ont ete constatees par de nombrenses experiences et observations que nous avons faites ct suivies ou recueillies nous-meme avec le plus grand soin.
Dans leur appreciation , nous avons ete degage de toute idee preconcue et avons tenu un compte exact des conditions oü se trouvaient places nos sujets d'observation , tant sous le rapport des qua-lites qu'üs pouvaient tenir de leurs ascendants, que des conditions climateriques et alimenlair.es.
Pour eviler, autant que possible, toute cause d'erreur, nous avons toujours pris nos sujets d'ex-perience dans la memc etable', parroi des animaux ayant la memo gencalogie, venant de meres de ineme age, donnant, a pen pres, la memo quantite et qualite dc lait, el soumisesaux memes conditions bygioniques.
Chez les animaux destines exclusivement a la consoinmation , ia fonction genesique a moins d'em-pire sur la conformation que chez ceux dont la des­tination est complexe (travail et aliments).
Chez les premiers, eh effet, I'origine , les con-
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SOUS LE RAPPORT HYGIENIQUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;57
dilionshygieniques tendent toujours ii combattre les effets de l'eveil de l'appareil generateur.
La conformation de la race de Durham, consideree comme le type des races d'engrais , nous servirait pour appuyer notre opinion. Nous n'aurions pour cela qu'a examiner los conditions hygieniques de l'elevage dans le comle de Durham, et nous ver-rions qu'un climat dous et humide, un sol bien arrose, de gras paturages, doi vent avoir une grande part dans la precocite , la facilite d'engraisscment, qualites precieuses de cette race, mais donnent aussi tons les autres caracteres du temperament lymphatique, d'oü resultera moins d'energie, moins de force, et une excitation genitale au minimum do son activite.
Ne savons-nous pas, d'ailleurs, ce que I'obser-vation de tons les jours xonllrme , que les ani-maux gras , a temperament lymphatique pur, sontnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; |
pen porles ä Taccouplement et sont sou vent infii-conds ?
Molesse, nonchalance, besoin de repos, tels sont les attributs des races destinees exclusivement ä la consommalion.
Ces atlributs, quelle que soit leur puissance, ne peuvent neanmoins eteindre la fonction genera-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I
trice : ils retardent son eveil, la rendent moins puissante ; mais ils ne sauraient annihiler entiere-ment ses effets sur Torganisme; ils se produisent
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58nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES BfiTES BOVINES
done, et dans I'ordre que nous avons deja signale; la conformation subit meme une modifieation assez marquee pour engager les eleveurs anglais a s'op-poser ä sa manifestation en chätrant les veaux, non destines a la reproduction, a l'äge d'un mois.
La castration agit ici dans le sens de l'origine et des conditions hygieniques oü l'animal nait et grandit. 11 n'est nullement besoin d'en suivre les effots.
11 nous sera facile, apres ces appreciations, de nous prononcer sur l'äge le plus convenable four pratiquer la castration.
A cette question : Que nous faut-il pour des boeufs de travail? nous repondrons : Des animaux ayant des jambes fortes, des muscles puissants; une res­piration grande pour fournir un vaste foyer d'he-matose; un coeur energique pour lancer un sang que l'activite de la digestion a fait tres nutritif et exci­tant; un solide et large point d'appui au joug ou au collier pour les animaux qu'on attelle ainsi; une grande resistance a la fatigue. Nous I'obtenons , en chatrant les taureaux ä l'äge de dix-huit ä vingt mois. 11 faut, c'est bien entendu, que les animaux soient places dans de bonnes conditions hygieni­ques.
Pour ceux d'engrais, nous devons conserver ou faire naifre en eux la douceur, la tranquillite, et faire developper les regions oü la viande est la
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plus abondante et la meilleure. Or, I'experience ne nous a-t-elle pas appris que la castration pratiquee des le tres jeune age concourait a ce resultat?
Nous concluons done, qu'en these generale, pour obtenir des boeufs de travail, la castration faite a l'äge de dix-huit ä vingt mois est une des regies a observer.
11 faut chatrer a Tage d'un mois environ les ani-maux qu'on destine a I'engraissement.
Cette maniere d'agir a fait ses preuves. Nous pourrions citer bon nombre d'eleveurs qui n'ont qu'ä se louer de faire chätrer ä cet äge les jeunes veaux qu'ils veulent livrer ä la boucherie ä deux ou trois mois ou plus tard. lls suivent en cela l'ha-bitude des Anglais.
Tous les auteurs qui se sont occupes de cetto question, se rangent ä notre maniere de voir aii-leurs exprimee.
Nous sommes ontraine aujourd'hui ä la modifier un peu.
La tendance raisonHee de notre epoque, c'est de chercher, par des accouplements bien compris, par une alimentation convenable, ä modifier im peu les caracteres des boeufs de travail.
Lorsque dans une exhibition d'animaux de l'es-pece bovine propres au travail, on rencontre un individu ayant les membres fins, les os peu deve-loppes, la queue fine, les formes arrondies, le
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60nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; GASTRATION DES BETES B0V1NES
train posterieur developpe, bien muscle; l'enco-lure mince', peu de fanon , la tete fine, le regard doux, temoignant neanmoinsdela vignenr;la peau fine et souple, capable toutefois de suffire ä d'assez longs et penibles travaux , voilä, se dit-on, un animal ameliore.
Compare ä ceux de la meme race , on trouve qu'il est plus precoce , a plus de tail'e, plus de volume , s'engraisse plus faeilement et ä moins de frais. Mais , ajoule-t-on, il a perdu un peu de son energie , de sa force, de sa resistance ä la fatigue.
Qu'importe, si les qualites acquises dedommagent grandement de celles qui ont diminue.
Ne pourrait-on pas y suppleer en entretenant un plus grand nombrede betesbovines, en exigeant d'elles moins de travail; toutes choses qui permet-tront de les engraisser plus aisement, ä meilleur marche et ä un äge moins avance de la vie ; d'oü resultera un renouvellement plus frequent de ces animaux, et la possibilite de livrer k la consomma-tion une quantite beaueoup plus considerable de viande et de meilleure qualite.
Ces ameliorations de nos grands ruminants se rattachent toujours ä une agriculture perfectionnee. C'est par lä , si Ton ne veut faire fausse route, qu'il faut commencer.
Nous n'ignorons pas qu'il n'est pas facile de rester dans de justes limites ; il ne faudrait pas , en
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effet, detruire entierement l'aplitude de nos bocufs pour le travail: ces animaux etant, dans de nom-breuses contrees, pour longtemps , sinon pour toujours , appeles, avant d'aller alimenter nos populations , a employer leurs forces aux travaux agricoles..
Du moment que cette amelioration pourra sans danger etre alteinte , n'oublions pas que la castra­tion hätive sera un moyen puissant d'arriver au but.
Nous poserons done en principe : que Page auquel on pradquera la castration devra etre deter­mine par les ameliorations agricoles obtenues , les effets qu'en auront ressenti les betes bovines sous le rapport de ieur conformation et du travail qu'on exige d'elles.
Comme conclusion : plus les animaux seront ameliores au point de vue de la precocite, de la facilite d'engraissement, tout en conservant a un degre assez eleve I'aptitude au travail, plus il fau-dra les chätrer jeunes. 11 pourra done arriver que la castration seit pratiqnee chez des animaux ages de six a douze mois seulement, au lieu de dix-huit
Est-il chez les males un mode de castration qui favorise les aptitudes?
Nous connaissons I'influence do I'appareil gene-
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62nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES BßTES BOV1NES
rateur sur les caracteres physiques et moraux des solipedes et des grands ruminants. Nous avons signale les modifications que la castration fesait subir a ces animaux et demontre qu'elles etaient dues a. l'abolition de la fonction de la generation.
Quel que soit !e moyen employe pour detruire la fonclion d'un organe , il semblc logique de recon-naitre que, du moment oü el!e cesse , son action sur I'economie doit aussi disparaitre.
Cette deduction nous parait juste; pour la con-tester, il faudrail admellre des effets sans cause.
La question que nous nous sommes posee nous paraitrait bien oiseuse, si des hommes autorises par leur position scientifique n'avaient soutenu que, par le bistournage , tout en detruisant la fonc­tion de la generation , on laissait aux animaux plus de force et d'energie que par les autres precedes d'emasculation ; on estmeme alle jusqu'ä soutenir que I'operateur pouvait, a son gre , augmenter ou diminuer la force et l'energie d'un individu.
Les opinions sur les effets du bistournage etant controversees, nous devons les examiner avec le plus grand soin; pour cela, il faut connaitre les principaux faits et arguments enonces pour et contre.
Des le xvie siecie, Olivier de Serres ecrivait que les boeufs bistournes avaientplus d'energie, plus de force que ceux que Ton chdtrait; cette opinion se
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propagea ; eile est partagee aujourd'hui encore par beaucoup de praticiens et d'eleveurs.
Elle a trouve, en M. Festal (Philippe), un zele defenseur, dans un Memoire public par cet auteur [Journal des Veterinaires du Midi, 1848). II y est exprime, d'une maniere tres precise, que le bis-tournage aneantit la fonction de la secretion sper-matique , mais laisse au testicule assez de vie pour agir sur l'economie et conserver a I'animal sa force, sa vigueur, son energie. laquo;Si le testicule etait prive de vie, continue I'auteur, comment comprendrait-on qu'il fut atteint de certaines lesions morbides un an apres le bistournage? Si Ton chatrait 1c boeuf comme le cheval, par Tablation complete des testi-cules, comme avec ce dernier on ferait une multi­tude de rosses. raquo;
M. Magne dit, dans son Traite d'HygUne, arti­cle Castration : laquo; Les effets de la castration dependent de la maniere dont eile est pratiquee; si eile est complete , que les testicules soient enleves ou com-pletement prives de la faculte de se nourrir par la torsion ou l'ecrasement du cordon qui les porte, eile produit tout son effet; mais si Ton se borne a ne paralyser qu'en partie ces glandes, par une torsion ou un ecrasement incomplet du cordon qui les porte, les animaux ne perdent jamais comple-tement les caracteres de leur sexe... raquo;
laquo; Dans les provinces oü Ton fait travailler les
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(itnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES BETES BOVINES
boeufs, on pratique generalement le bistournage. On prefere ce precede ä l'ablation des lesticules, parce qu'il est moins dangereus, qu'il n'occasionne aucune deperdition sanguine et qu'il laisso aux ani-maux plus de vigueur pour le travail. Les eleveurs de l'Auvergne , dont le betail esl si recherche, recommandent meme aux cbälreurs de laisser au taureau un peu d'amour, c'est-ä-dire de laisser un pen de vitalite aux teslicules. Ainsi traites, les ani-maux out toute I'energie oecessaire pour les plus rudes travaux. raquo;
Si, ajoute M.Magne, le bistournage est blame pour les animaux de boucherie, e'est qu'on le pra­tique trop tard on qu'il est incomplet ; les affran-chisseurs manquent souvent les animaux. laquo; Les testicules conservent en partie lour vitalite; ils ont encore , plusieurs annees apres le bistournage , le volume d'un ceuf de poule. Les bceufs suiventles vaches et les couvrent s'ils ne les fecondent pas ; ife sont durs ä prendre de la graisse et ne donnentpas de la bonne viande. raquo;
Nous trouvons, dans le Recueil de Medecine velerinairc, annee 1860, page 27 et suivantes, un remarquable rapport fait par M. Sanson au sujet d'un Memoire de M. Reboul pere, sur le bistour­nage du cheval. M. Reboul aborde, avec I'assurance que donne une longue pratique, la question sui-vante, posee par la Societe imperiale et centrale de
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Medefeine veterinaire : laquo; Est-il possible de graduer le bislournage el de le pratiquer sur les animaux solipedes, de maniire ä affaihlir I'instinct genesi-que qui les rend parfois dangereux, sans leur faire perdre compUlemenl I'energie qui distingue le eheval entier? raquo;
laquo; Loin de ressembler, dit M. Rcboul, ä la cas­tration ordinaire, qui enerve les animaux et les rend generalement indolents , mous, lymphatiques et sans vigueur, le bistournage, n'exigeant pour etre pratique aucune division prealable des tissus vivants, n'amenant ni perte dc sang , ni longue et epuisante suppuration , laisse au eheval toute sa force , en meme temps que sa grace , sa noblesse et sa fierte. raquo;
laquo; L'operateur, ajoute notre collegue, pent lais-ser k son gre plus ou moins d'energie au sujet, suivant qu'il intercepte, d'une maniere plus ou moins completej toute communication entre les vaisseaux spermatiques el les glandes de ce nom. raquo;
Les eleveurs du pays qu'habite M. Reboul, con-vaincus de la possibility de graduer le bistournage, en font la demande a M. Lamarche en ces termes :
laquo; Ce cheval-ci , disait Tun , est tres irritable , il est quinteux , trop violent; faites-lui un tour ou bien un tour et demi de plus. raquo;
Le desir du maitre etait aussitöt accompli, et i'evenement, suivant notre auteur, repondait ton-
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66 CASTRATION DES BATES BOVINES
jours h ses previsions. laquo; Le cheval, tout en conser-vant sa force, sa vigueur, son entiere aptitude au travail, devenait plus calme, plus docile et cessait d'etre inabordable. raquo;
laquo; Ce poulain , disait un second, est un peu fai-ble, sans ardeur et demande un demi tour ou un tour de moins que les autres. [/operation avait lieu de la maniere indiquee, et l'attente du proprietaire n'etait jamais trompee. Quelque temps apres, I'ani-mal se trouvait dans les conditions desirees. raquo;
laquo; On nous objectera , nous le savons , dit M. Reboul, que s'il en est ainsi, I'operation n'est faite que d'une maniere incomplete et qu'elle cesse d'etre avantageuse. A cela nous repondrons que l'experience et les fails pratiques sont loin d'etre toujours d'accord avec les donnees de la theorie , et que le bistournage a ete convenablement prati­que , I'operation est parfaite et le but qu'on se pro­pose bien atteint, puisque I'animal ne ressent plus de desirs genesiques. Elle est, en outre, disons-nous, plus favorable que les procedes traumatiques de castration, parce qu'elle laisse ä I'animal, par le seul fait de la non suppression des testicules, toute la plenitude de sa force et de sa vigueur. raquo;
De nombreuses autopsies, faites depuis seize ä dix-huit ans, ont permis a M. Reboul de constater laquo; que l'etat anatomique des testicules bistournes varie beaucoup suivant les sujets. Tandis que chez
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les uns il ne reste plus dans les bourses que deux petits corps, tout au plus de la grosseur d'une noix, constitues par un tissu blanchätre et criant sous le scalpel, chez d'autres , on trouve ces corps de la grosseur d'un ceuf ordinaire et quelquefois da vantage , formes par un tissu mou, colore et lais-sant apparaitre, sur quelques points de la surface incisee, un peude sang. raquo;
II resulte clairement de cette observation , dit M. le rapporteur, que les derniers avaient conserve un certain degre de vie vegetative.
M. Reboul se base done sur l'observation des faits, qui seraient en contradiction avec la theorie qu'on pourrait etablir k ce sujet.
[/honorable rapporteur du Memoire de M. Reboul fait remarquer laquo; que l'antagonisme, ou plutöt le desaccordque Signale M. Reboul, entre la theorie et ce qui parait, en effet, resulter de la pratique, au sujet de l'action du bistournage sur les animaux qui le subissent a divers degres, n'existe pas en realite ;
raquo; Quelle est la theorie sur ce point? continue le rapporteur ; est-ce que l'action de l'appareil lesti-culaire sur I'economie ne serait plus pour quelqu'un une action mysterieuse? Ce qu'on sait, e'est que dans les conditions oü se trouvent les testicules bistournes, ils ont perdu la faculte de fournir la liqueur fecondante et celle d'exciter les ardeurs
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68 CASTRATION DES BETES BOV1NES
genesiques; mais le reste nous echappe complete-' ment. Et, dans cat etat de la physiologie, le plus sage est de s'en tenir, au moins provisoirement, aux faits d'observations.
raquo; Nous ne connaissons pas d'observation con-traire a cette croyance, generalemcnt repandue, que les animaux bistournes demeurent plus vigou-reux que les animaux chatres, et que, parmi les premiers, ceux-la le sont davantage dont les cor­dons testiculaires ont subi un nombre moindre de torsions.
raquo; II ne peut done y avoir desaccord dans ce cas entre la theorie et la pratique , pour cette excellente raison que la theorie n'existe pas. raquo;
En terminant son interessant rapport, M. Sanson reste dans une prudente reserve : laquo; Votrc commis­sion , dit-il , n'a pas era devoir insister plus long-temps sur ce point (les effets du bistournage); eile a voulu seulement vous faire sentir Fimpor-tance que ne manquerait point d'avoir la verifica­tion experimentale rigoureuse des faits enonces par M. Reboul, et qui sont ä l'etat de conviction dans tons les pays oü Ton pratique le bistournage. Elle ne pense pas qu'il serait sage d'accepter pour vrai tout ce qui ne repose que sur de pareilles bases; mais il iui a semble qu'il y avait suffisamment lieu de i'examiner. raquo;
Les ecrivains dont nous venons de faire con-
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naitre les opinions, sont done unanimes pour resoudre par raffirmative la question que nous nous sommes posee.
Comme consequence des principes emis , on est en droit de conclure que , par le bistournage, on pent aussi, en lordant plus ou moins le cordon tes-ticulaire, augmenter ou diminuer l'aptitude des animaux pour I'engraissement.
Les auteurs qui, par leurs ccrits, ont soutenu une opinion opposee ä celles que nous avons signa-lees, sont peu nombreux.
M. H. Bouley est, nous le croyons, le premier qui se soit eleve, avec toute la force de la logique , centre eetle maniere de voir; il I'a fait a propos d'un travail de M. Festal, sur le bistournage du taureau, publie dans le Journal des Veterinaires du Midi, en 1840 , et analyse dans le Recueil de Medecine velerinaire pratique, an nee 184S, page 176 et suivantes. M. II. Bouley a reproduit, dans son article Bistournage, du dictionnaire qu'il publie avec M. Beynal, les idees qu'il emettait ä cette epoque :
laquo; Si la castration abätardit les animaux de la race chevaline, ce n'est pas par l'influence de tel ou tel modeoperatoire ; cela nous semble importer peu, du moment que I'organe est detruit ou ne fonc-tionne plus en taut qu'organe generateur ; mais e'est par la modification profonde qu'elle imprime
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a un organisme developpe pour une fin qu'il devient impuissant a remplir; c'est par la soustraction de Tinfluence energique et vivifiante d'un principe desormais necessaire aux manifestations do son activite. Voila pourquoi la castration amollit. Pra-tiquez-la alors que I'organe n'a pas encore des liaisons synergiques etroites avec les autres par­ties , I'individu mutile, desormais etre neutre, se developpera exclusivement sous l'influence des conditions que lui auront transmises ses ascendants et les agents hygieniques dont il sera entoure. De meme pour le taureau.
raquo; Les effets differents que produit la castration doivent done etre expliques par d'autres raisons que celles du mode operatoire. Comment, du reste, admettre Topinion de M. Festal, lorsque Ton a etu-die, par la dissection , les testicules; parlons plus vrai, ce qui reste des testicules dans un animal qui a subi le bistournage? Comment concevoir que ce tissu sans nom , qui vegete a peine , puisse fournir encore une certaine dose de ce stimulus interne, sans lequel la force et la vigueur seraient impossibles? Cela ne nous parait pas admissible; tous les bons effets supposes du bistournage ne doivent etre attribues qu'ä l'innocuite de l'opera-tion , a Tage ou on la pratique. raquo;
M. H. Bouley ajoute : laquo; L'opinion que nous sou-tenions en 1845, d'apres les indications toutes phy-
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siologiques auxquelles nous avions ete conduit par nos dissections; cette opinion , disons-nous, a i-ecu depuis la consecration des faits, M. Festal, eclaire par de nouvelles recherches, s'y est rallie coinpletement dans le Memoire qu'il a adresse a la Societe centrale veterinaire pour le concours de 1848. L'auleur signale les observations et les expe­rimentations que nous avons publiees dans notre monographie sur le bistournage des ruminants.
raquo; De deux choses Tune, continue-t-il, ou le bistournage est reussi ou il ne Test pas: dans le premier cas, les testicules n'existent plus comme glandes aptes a fonctionner, et consequemment leur influence est nulle de toute maniere ; dans le second , I'animal n'est pas chätre, et s'il presente le caractere comme les attributs des animaux entiers, cela depend de l'inefficacite du mode ope-ratoire et ne doit pas en etre considere comme un avantage , car le but est manque , les animaux qui se trouvent dans ces conditions etant souvent indo-ciles, mechants meme, difficiles a gouverner et inaptes a I'engraissement. raquo;
M. Goux (loc. cit.) dit : laquo; On ne chätre pas le cheval pour le rendre infecond; c'est pour le ren-dre docile et doux, pour calmer sa fougue et son impatience en calmant ses desirs. Si le bistournage a pour effet de lui laisser les attributs du sexe male, si alors il est moins chätre, le but n'est pas rempli.
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De deux choses Tune : le poulain est bien ou il est mal bistourne; s'il est bien bistourne, il ne doit rien conserver du cheval enlier ; s'il Test incom-pletement, on n'a pas atteint le resultat desire. raquo;
A propos de la castration comme disposanl a I'en-graissement, Grognier, dans son Cours d'ame-lioralion des animaux domcsiiques, reconnait que la castration favorise raccumulation de In graisse dans les vesicules adipeuses, en diminuant les inouvemenls excentriques : laquo; Ce but n'esl pas toujours atteint dans les taureaux et les beliei'S
qu'on chatre par bistournage..... et au moyen
duquel, sans enlever les principaux organes de la generation , on se propose de les frapper de mort. 11 arrive souvent que I'opcration elanl incomplete , ces males, parliculierement les taureaux, conser-vent trop de leur sexe pour prendre facilement la graisse. raquo;
Dans le Recueil de Medccine velerinaire, annee 1837, page '12o, M. Delorme s'exprime de la rna-niere suivante : laquo; Le cheval bistourne est tout aussi radicalement emascule que s'il avait ete opere par les precedes ordinaires de castration. Mais je n'afflrmerais pas ce qu'on croit generale-inent dans le pays, sans preuve süffisante a men avis, que le cheval, d'ailleurs aussi doux qu'un animal coupe, conserve cependant plus de vigueur que ce dernier. raquo;
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A notre tour, etudions cette question en nous pla^ant d'abord sur le terrain de la pratique ; nous verrons ensuite si les faits sont d'accord avec les donnees de la physiologie.
Nous abordons ce sujet avec d'autant plus de piaisir que, depuis plus de vingt ans, nous en faisons une etude toute particuliere, et que nous avons saisi avec empressement toutes les occa­sions capables de nous eclairer; nous nous sommes meme livre a d'assez nombreuses experimenta­tions.
D'apres les donnees que nous avons pu recueil-lir dans la contree que nous habitions, oü le bis-tournage est employe sur le cheval et surtout sur le mulct, mais moins souvent que la castration paries casseaux, on chätrerait environ un quin-zieme des poulains par le bistournage ; la propor­tion serait plus elevee pour le mulct.
L'age auquel on y soumet les animaux est 1c meme pour tons les procedes, et c'est celui que nous avons indique pour la castration ordinaire.
Les animaux de l'espece bovine et ovine sont generalement bistournes. II nous a done ele possi­ble de comparer, au point de vue qui nous occupe, les effets des divers modes de castration.
Pendant douze ans, nous avons donne nos soins ä une soixantaine de chevaux entretenus par M. Clergue, maitre de poste a Viviers.
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Parmi ces animaux, il y en avait toujours uii certain nombre de bistournes; ils etaient soumis au meme regime , fesaient le meme travail, etaient de la meme race, avaient le meme äge que ceux qui avaient ete chatres par excision des testicules; ils ne se sont jamais montres ni plus vigoureux ni plus forts; ils n'ont pas temoignc une plus grande resistance ä la fatigue ; rien, en dehors de la region des bourses, ne pouvait faire reconnaitre le mode operatoire mis en usage pour les chätrer.
Le volume qu'avait conserve le testicule (ces' residus organiques fixaient toujours notre attention) ne nous a pas paru avoir la moindre influence sur I'energieet la force des individus.
Ce n'est pas seulement chez ce proprietaire que nous avons constate ces faits, mais dans toutes les exploitations oü Ton utilise en meme temps et aux raemes travaux les solipedes bistournes et ceux operes par un autre precede.
Nous avons aussi pu nous assurer, chez des ani­maux pris isolement et compares a ceux qui se trouvaient a peu pres dans les memes conditions, que le resultat etait le meme. Dans ce dernier cas , cependant, on pourrait faire des objections qui ne peuvent exister pour les premiers.
independamment de ces observations , nous avons cru utile de nous livrer a quelques experi­mentations; e'etait chose facile chez les animaux de
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1'espece bovine. L'impossibilite oü nous nous som-mes trouve de bistourner certains taureaux, nous a fourni I'occasion d'etablir nos convictions sur des donnees incontestables.
Dans le cours de notre pratique, nous avons chätre, par excision des testicules, au moins une vingtaine de taureaux; toujours ils ont ete appa-reilles avec des animaux bistournes ayant le meme äge et etant de la meme race : nous avons constate qu'ils n'etaient ni moins forts, ni-moins vigoureux. En examinant l'ensemble des animaux, en les sui-vant au travail, bien certainement le plus grand connaisseur n'aurait pu reconnaitre ceux qui avaient ete bistournes.
Nous avons suivi la plupart des boeufs chätres par excision des testicules, jusqu'au moment de l'engraissement et pendant les diverses phases de cette operation, et jamais nous n'avons pu nous convaincre qu'ils fussent moins exigeants pour la nourriture et plus facilement engraisses; leur viande, au dire des bouchcrs, n'etait pas de meil-leure qualite, ni le suif plus abondant que chez les boeufs bistournes.
Chez les boeufs aussi, nous avons examine le residu des testicules, et il nous a ete facile de nous-convaincre que le volume de ces organes atrophies n'indiquait nullement la force et la vigueur.
Nous avons chätre par excision des testicules
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un bien plus grand nombre d'agneaux et de beliers que de taureaux : c'etait dans le but de determiner si le bistournage etait moins avantageux pour I'en-graissement, pour la quantite et la qualite de la laine, que le procede par excision ; ici encore nous avons reconnu que le mode operatoire n'avait pas la moindre influence.
Nous voulumes nous rendre compte des modifi­cations que subissaient, par le bistournage, les orga-nes essentiels de la generation , nous avons consi-gne le resultat de cette etude dans la Monographie sur le bistournage des ruminants , que nous fimes paraitre dans le Journal des Veterinaires du Midi, en 1853. Nos investigations s'etaient etendues aussi aux solipedes, dont les organes nous avaient fourni les memes modifications que ceux des ruminants.
Ce travail trouve naturellement sa place ici.
Pour bien juger de la profonde disorganisation apportee dans les organes de la generation, il faut en faire I'etude six mois apres le bistournage. A cette epoque, les modifications organiques, que nous allons successivement decrire , sont arrivees a leur dernier degre.
Le scrotum, uni au dartos, est de trois a quatre fois moins volumineux qu'au moment du bistour­nage; il offre une infinite de froncures. Le dartos est generalement separe de Terythroide par un tissu graisseux ou par des filaments celluleux tres
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longs et tres laches : cette disposition permet au testicule, entoure qu'il est des autres membranes, de monter et descendre dans l'espece de sac forme par le dartos.
Les membranes fibreuse, sereuse et albugi-nee, forment une seule tunique blanchatre, re-sistante, dont les diverses lames ne peuvent se separer, unies qu'elles sont par I'intermediaire d'un tissu cellulaire fin, serre, ayant les caracteres du tissu fibreux blanc; le testicule n'est done plus libre dans l'interieur de la poche formee, ä l'etat normal, par l'expansion membraneuse du muscle ilio-testiculaire; la surface externe de la membrane corticale n'offre plus les flexuosites veineuses exis-tant ä l'etat physiologique; entre la tunique albu-ginee et la premiere couche de substance testicu-laire, existe un reseau vasculaire tres fin, d'une epaisseur de 2 a 4 millimetres, provenant des ramifications arterielles des enveloppes testiculaires, ramifications fournies par la honteuse externe (1).
La substance du testicule, d'un aspect granu-leux, varie, quant a la couleur, du blanc grisätre au jaune ocre ; sa consistance est de beaucoup superieure a celle de l'etat physiologique; son
(1) Des injections que nous devonsä robligeauce de notre collfegue M. Gourdon, chef des travaux anatomiques, conflr-ment ces observations.
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volume est ä peu pres celui d'une noisette ou d'un petit oeuf de poule.
La substance propre du testicule , sans organisa­tion bien apparente, est traversee par de petits cordons blancs, resistants, provenant de la tuni-que albuginee et de l'obliteration des veines et des arteres spermatiques.
Le corps d'hygmore est aussi reduit ä l'etat d'un petit cordon blanchätre. A la peripherie de la subs­tance testiculaire ou aux parties correspondant ä Tepididyme, on rencontre souvent, surtout chez les vieux boeufs, une matiere areolaire, de couleur Jaunätre, ayant la densite du tissu osseux et se presentant sous forme de lames minces ou de petits corps arrondis.
Les organes constituant essentiellement le cor­don spermatique sont completement atrophies ; ils sent representes par de minces cordons fibreux, blancs ; les arteres et les veines testiculaires, ainsi que le canal efferent, n'offrent par consequent aucune trace de cavite interieure.
Le muscle ilio-testiculaire, quoique tordujusqu'ä l'anneau inguinal et un peu atrophie, conserve neanmoins des fibres musculaires assez energiques pour atlirer par leur contraction le testicule bis-tourne.
Pour mieux saisir les modifications imprimees ä
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la substance testiculaire, nous avons procede a l'examen microscopique des parties.
M. Herard, chef des travaux chimiques , a bien voulu se charger de cette etude, que j'ai moi-meme suivie avec !e plus grand soin.
En voici les resultats; ils sont fournis par un grossissement variant de 75 a 400 fois en dia-metre :
1deg; La trame celluleuse du testicule est conser-vee ; 2deg; les canaux seminiferes le sont egalement, mais au lieu de pouvoir se derouler en longs tube? comme dans le testicule sain , ils sont fortement unis entre eux par un tissu cellulaire tres resistant, de couleur nacree; leurs parois sont epaissies, tres denses; elles renferment des globules irregulier? d'un diametre variable depuis Oquot;quot;11 CIS jusqu'ä Qmm oos, sans noyaux apparents , insolubles dan? I'acide acetique et dans les autres acides, adherent? aux parois du vaisseau seminifere.
On sait qu'ä I'etat physiologique, les canaux seminiferes sont reunis entre eux par un tissu pres-que gelatineux, qui permet ä ces canaux de se developper dans le sens de leur longueur quand on vient a exercer une legere traction sur leurs extre-mites; leurs parois sont minces, transparentes, les vesicules renfermees dansleur interieursontlibres , bien limitees, spheriques, a circonference unie, contenant souvent une granule concentrique dont
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les developpements et l'usage ont encore ete peu observes.
3deg; De petits filaments blanchatres, les uns se dirigeant de la circonference au centre, ne sont que les prolongements de l'albuginee ; les autres se contournant sur eux-memes , sans cavite Inte­rieure , resultent de Tobliteration des vaisseaux.
La matiere areolaire, de couleur jaunätre , etc., dont nous avons parle, a presente a I'analyse la plus grande analogie avec les produits de la perios-tite ; a Texamen microscopique, on reconnait des granulations osseuses forroees par des lames super-posees irregulierement et ne presentant rien de remarquable dans leur disposition.
4deg; Dans le testicule sain , on rencontre presque toujours des animalcules spermatiques , ce qui n'arrive jamais pour les testicules des animaux bistournes depuis quelque temps.
Cette etude, faite sur des testicules ayant des volumes differents, mais toujours atrophies, a fourni le meme resultat anatomique.
Les observations que nous avons recueillies depuis cette epoque, confirment ce que nous avons constate en 1853.
Les indications physiologiques sont ici d'accord avec les faits.
Si les animaux bistournes ont plus de force que ceux qui sont chätres par excision des testicules,
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ils le doivent, non a I'action d'une fonction entie-rement detruite, mais bien au developpement d'une conformation particuliere acquise sous I'in-fluence des organes generateurs, alors qu'ils etaient dans toute leur integrite.
II n'est done pas exact de dire qu'en pratiquaut le bistournage, il est au pouvoir de l'operateur de donner a I'animal plus d'aptitude au travail ou a I'engraissement, et cela en faisant faire au cordon testiculaire un plus ou moins grand nombre de tours.
Nous ne saurions nous elever avec trop de force contre une teile maniere de voir, qui a le grave inconvenient de laisser les eleveurs dans une fausse securite.
Pour nous il n'y a pas, dans cette operation, de modifications graduelles possibles; le bistournage est ou non reussi. S'il est reussi, les testicules sont atrophies; leur texture, nous I'avons demontre, est entierement modifiee; leur fonction est annihilee; ils ne peuvent done pas fournir un stimulus d'oii dependent la force et l'energie. Non ! il n'en est pas ainsi, et nous dirons a ceux qui soutiennent le contraire : examinez avec soin, et sans idee pre-con^ue, les animaux bistournes, comparez leurs aptitudes avec ceux qui ont ete chätres par exci­sion, suivez-les dans leurs travaux, prenez d'exacts renseignements, et vous pourrez vous convaincre
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qu'a conditions egales, il n'y a pas de difference entre eux.
Vous arriverez au meme resultat en comparant parmi les animaux bistournes ceux qui ont les tes-ticules plus ou moins volumineux.
Soutenir le contraire, serait se rattacher ä l'opi-nion de Columelle, rappelee dans la Maison Rustique du xixe siecle : laquo; On coupe, dit-il, les iesticules de facon qu'on en laisse I'extremite par laquelle ils tiennent a ces nerfs; en suivaut cetle methode, le bouvillon n'est point si effemine qu'il le serait si on le privait de toute masculinite. raquo;
Nous n'ignorons pas que, parfois, un des tes-ticules et ä fortiori les deux conservant un tres gros volume, les animaux sont fiers, vigoureux, sautent sur les femelles de leur espece, les saillissent, mais rarement les fecondent. (Les taureaux qui offrent ces caracteres sont designes, dans le Midi, sous le nom de rangouils, c'est-a-dire mal bistournes). I!s sont difficiles a gouverner, sinon mechants, d'un engraissement lent, incomplet, etpeu estimes par les proprietaires.
Chez ces males, la torsion du cordon n'a pas ete operee (chez le taureau, le testicule reste souvent parallele au cordon), la texture intime de l'organe n'est pas modifiee; le testicule continue a secreter ; la fonction de la generation n'est pas detruite , el ninsi peuvent s'expliquer la force et l'energie plus
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grandes observees chez ces animaux; il faut ce-pendant que la secretion spermatique ait subi quel-ques modifications par suite des manipulations faites sur I'organe, puisque ces males fecondent plus rarement. Ce fait n'a pas eehappe aux recherches de M. Magne. (Voyez p. 64.)
Quant aux lesions dont on pretend que les testi-cules peuvent etre atteints un an apres le bistour-nage , nous contestons le fait, a moins que le bis-tournage ait ete manque, et nous prouverons, lorsque nous traiterons des accidents de cetie operation , qu'on a pris pour une alteration du tes-(icule une lesion existant autour de cet organe.
Influence de la castration des vaches sur la secretion lactee et sur I'engraissement.
Suivant I'ordre que nous avons adopte pour elu-cider les questions qui se rattachent aux males des solipedes et des grands ruminants, nous examine-rons les diverses conditions ou se trouvent les vaches.
Parmi les individus de cette espece , nous etabli-rons deux grandes categories :
Dans la premiere gt; nous placerons les vaches deslinees aux Iravaux agricoles el ä la reproduc­tion de l'espice ;
Dans la deuxieme, les vaches lailieres.
Les unes et les autres doivent, apres avoir rem-
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8tnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES VACHES
pH leur principale destination, concourir ä l'ali-mentation publique.
Les vaches de la premiere categorie fournissent, en general, de huit ä dix gestations.
On pent dire qu'a dater de deux ä trois ans jus-qu'a dix ä douze, quelquefois plus tard, elles sont toujours pleines ou nourrices, si elles ne sont Tun et l'autre en meme temps, ce qui est le plus ordi­naire. Les eleveurs estiment fort peu une vache qui ne produit que tous les deux ans; en cela ils ont parf'aitement raison, attendu que I'experience a prouve qu'une vache pleine peut, sans inconve­nient pour le produit qu'elle porte, allaiter son veau jusqu'a Tage de six a sept mois , epoque a laquelle on le sevre; il importe, neanmoins , de ne pas les soümettre a un trop fort travail, surtout dans les deuxou irois derniers mois de la gestation.
Les vaches dont la conformation accuse I'apti-tucte, au travail plutöt qu'a la production du lait et ä l'engraissement, ont a peine la quantite süffi­sante do lait pour alimenter leur produit; il en est meme qui n'en produisent pas assez pour fournir au jeune sujet les materiaux utiles ä son enlretien et a son developpement; aussi leurs fruits sont-ilschetifs, maigres, et ils ne constituent jamais que de mauvais eleves.
11 est bien compris que nous ne parlons pas des circonstances oü la diminution du lait resuhe d'une
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alimentation insuffisante et propre, tout au plus, a fournir la ration d'entretien; bien moins de celles oü un exces de travail prive les glandes mammai-res du sang qui serait necessaire a la secretion laiteuse.
Les veaux, surtout chez les vaches employees a des travaux agricoles presque continus, ne sont pas toujours gardes pour eleves; ils sont, a I'age de deux a trois mois, quatre au plus, livres a la consommation.
Des que la mere est privee de son produit, la secretion lactee se tarit vite.
II est d'observation que les vaches engraissent generalement bien pendant la periode de la gesta­tion , a moins qu'on ne les livre a un trop fort tra­vail ou qu'on ne sevre pas assez tot les veaux.
Les vaches sont livrees a la consommation apres qu'elles ont donne leur huitieme ou dixieme veau.
Pour les vendre avantageusement, il faut les mettre en bonne chair et les engraisser le mieux possible , ce qui n'est pas toujours facile.
Les conditions d'origine, de climat, d'alimenta-tion , de travail, l'äge, ont ä ce sujet une grande influence.
11 est des vaches qui se conservent toujours en tres bon elat, fournissent un travail convenable, sont assez bonnes laitieres et s'engraissent facile-ment. Ce sont lä des aptitudes mixtes qui temoi-
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gnent des progres agricoles, et que tout eleveur doit avoir a honneur d'obtenir.
II y en a qui ne peuvent etre avantageusement livrees a la consommation qu'ä la condition d'avoir ete saillies et d'etre en etat de gestation. Les faits nombreux que nous avons recueillis etablissent que le quatrieme ou cinquieme mois de la gesta­tion est le moment le plus opportun pour vendre les vaches. Apres cette epoque, le suif et I'em-bonpoint semblent diminuer, la viande est, en outre, de moins bonne qualite. Les besoins du foetus, a cette phase de la gestation , nous en ren-dent parfaitement compte.
Laissant toute explication theorique de cöte, nous preferons nous en rapporter a la pratique; or, il est d'observation que, toutes choses egales d'ail-leurs, les bouchers achetent de preference et a un meilleur prix les vaches qui sont a leur quatrieme ou cinquieme mois de la gestation, que celles qui arriventä leur terme.
Tel est le gouvernement des vaches destinees au travail et a la reproduction. Dans de bonnes condi­tions agricoles, elles acquerraient des aptitudes mixtes qui leur permettraient d'etre, tout a la fois, de bonnes betes de travail, d'excellentes laitieres et d'un engraissement assez facile. La est le plus haut degre de perfection que Ton puisse esperer d'atteindre. 11 n'entre pas dans notre sujet de faire
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une etude des moyens a I'aide desquels on pour-rait arriver k un tel but. On pent, toutefois, pre-voir qu'on n'y parviendra qu'en perfectionnant I'agriculture.
Dans un instant, nous aurons a examiner si la castration ne pourrait pas etre avantageusement utilisee a une certaine phase de la vie de l'indi-vidu. Avant d'agiter cette question , il nous faut etudier la maniere d'etre des vaches destinees k I'industrie laitiere, sans'perdre toutefois de vue qu'elles sont aussi employees k la reproduction et, en dernier lieu enfin, destinees k concourir aux besoins de Tali mentation de l'homme.
II y a deux manieres de se livrer .a rindustrie laitiere : dans Tune , on achete les vaches des qu'elles ont mis bas et on les conserve durant tout le temps qu'elles donnent une assez grande quan­tity de lait pour assurer un benefice net assez important; on les vend des que la secretion lactee commence a diminuer d'une maniere assez sensi­ble pour ne plus donner qu'un resultat insuffisant pour atteindre le but qu'on s'est propose.
Dans de telles conditions, on n'achete les vaches qu'ä l'epoque de leur vie oü la secretion lactee est parvenue a son maximum d'activite. En agissant ainsi, on est k pen pres assure que les vaches don-neront beaucoup de lait et le conserveront dans les limites les plus elevees du possible.
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Le cadre que nous avons adople ne nous permet pas de passer en revue les conditions d'habitation et d'alimentation qui peuventconcourir ä fournir, dans un temps donne, une plus grande quantite de lait. Ce point a ete parfaitement determine par les agro-nomes qui se sont occupes de cette question, a laquelle se rattache le choix de la race et les con­ditions hygieniques ou on la place.
Ce sont generalement les nourrisseurs des grands centres de population qui agissent ainsi ; ayant besoin de pouvoir, en tout temps, disposer d'une quantite determinee de lait, ils ne pourraient, avec profit, recourir a la deuxieme maniere de faire de l'industrie laitiere.
Dans celle-ci, que Ton trouve ordinairement sur les exploitations agricoles peu eloignees des gran-des villes , ou dans les pays oü Ton se livre a l'in­dustrie du fromage ou du beurre, on garde les vaches durant plusieurs annees, et on renouvelle le lait par la fecondation. Les vaches de cette catego­ric sont aussi, tres souvent, utilisees pour les tra-vaux agricoles.
Cinq a six jours apres que la vache a mis bas , on livre une partie de son lait a la consommation.
Chez les vaches destinees a l'industrie laitiere, la saillie est retardee le plus possible. 11 faut, tou-lefois, reconnaitre que cette epoque peut varier de
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un a trois mois, quelquefois plus , mais c'est I'ex-oeption.
Du troisieme au quatrieme mois de la gestation, la secretion lactee commence a tarir d'une maniere sensible; apres le septieme mois, on ne trait gene-ralement plus la vache. A cette epoque, le lait diminue beaucoup, et ce ne serait pas sans incon­venient pour le produit et la sante de la mere, que Ton prolongerait au-delä de ce terme la secretion lactee.
Lorsque les vaches sont arrivees a un age (dix a douze ans) oü la fonction mammaire perd beaucoup de son activite, on les dispose pour les livrer le plus avantageusement possible a la consommation , et pour cela on agit comme ä l'egard des vaches de travail: on les vend quelquefois en etat de gesta­tion .
Quant aux vaches entretenues essentiellement pour donner du lait destine k la consommation, les veaux sont d'une importance secondaire; aussi leur laisse-t-on prendre le moins de lait possible; par-fois meme its sont, peu de temps apres la nais-sance, entierement separes de leur mere et ils ne tetent plus.
11 est quelques races (celle de Lourdes) dont les betes ne livrent leur lait qu'autant qu'on les fait d'abord teter par leur veau. 11 y a alors obligation, si Ton ne veut pas s'exposer a voir tarir le lait, de
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90nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES VACHES
garder le produit pendant toute la duree de la lac­tation.
II est, enfin, des vaches laitieres qui sont desti-nees a perpetuer la race; une partie de leur lait est utilise a l'entretien du produit. On pourrait, nean-moins, le nourrir artificiellement; la maniere d'agir de l'eleveur est subordonnee ä la facilite qu'il a de se defaire du lait avec plus ou moins d'avan-tage ; il ne faut pas qu'il perde de vue, toutefois, que I'allaitement artificiel ne remplace jamais par-faitement I'allaitement naturel. L'avenir du produit pourrait s'en ressentir ; mais c'est lä, pour nous, une question secondaire.
Tel est, envisage dans son ensemble, le mode le plus generalement employe pour gouverner les vaches. II nous reste a determiner, le plus exac-tement possible, les inconvenients qui s'y ratta-chent et les moyens d'y remedier; pour cela, nous aurons a examiner separement les vaches des deux categories que nous ävons etablies, mais seulement au point de vue oü nous nous sommes place.
Pour celles de la premiere categoric, nous avons reconnu que I'aptitude au travail dominait celles de la secretion lactee et de l'engraissement. Get etat de la vache entraine generalement une moins grande precocite. Aux conditions hygieniques seu-les et a des accouplements et croisements judi-cieux, il appartient de remedier a ces inconve-
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nients; avec leur concours, on arrivera ä obtenir des aptitudes mixtes; nuisibles, il est vrai, au tra­vail qu'on pourrait exiger de ces animaux, mais bien avantageuses sous tous les autres rapports. Les progres agricoles devant, en outre, preceder ces ameliorations, on pourra entretenir, sur une quantite de terrain donne, un plus grand nombre de vaches et exiger d'elles moins de travail; leur renouvellement se fera plus frequemment, et on versera a la consommation publlque une plus grande quantite de viande.
La castration ne pent avoir aucune influence sur l'etat des vaches que nous venons d'examiner d'une facon tout-ä-fait sommaire; il ne peut meme pas etre question de cette operation durant tout le temps que ces animaux sont conserves pour la reproduction , et nous avons admis que c'etait apres leur huitieme ou dixieme fecondation que ces vaches etaient engraissees et livrees ä la consommation. Nous avons reconnu que dans ces conditions les vaches s'engraissaient difficilement durant tout le temps de la lactation. Nous savons aussi que la quantite de lait qu'une vache fournit est en raison inverse de son etat d'embonpoint. Une bonne nourrice est, dil-on, toujours maigre. Ce n'estdonc qu'apres la disparition du lait qu'on peut songer a engraisser convenablement une vache. La gestation est, nous le savons, un moyen employe par les eleveurs
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pour meitre les vaches en etat d'etre vendues. — On ne pourrait toutefois disconvenir que les aliments employes pour le developpement du foetus, le seraient bien plus utilement en concou-rant seulement ä la production du lait et de la viande. 11 s'agirait done de trouver un moyen qui, tout en conservant le lait de la vache arrivee a la derniere portee, put aussi favoriser I'engraisse-ment; de maniere que, les deux aptitudes lait et engraissement ayant re^u une impulsion favorable, le jeune sujet put tres bien se developper par la quantite et la qualite du lait que , pendant long-temps , il puiserait chez sa mere, et qu'au moment du sevrage la mere cut acquis un etat d'embon -point et de graisse qui permettrait de la livrer presque immediatement a la consommation, et cela avec un tres grand avantage. Par lä, on obtiendrait une economic tres grande rfe temps et de nourriture.
Quant ä l'economie de temps, e'est incontesta­ble , puisqu'on pent vendre la vache au boucher des que cesse la lactation. On pourrait nous objec­tor, il est vrai, qu'on arrive au meme resultat en faisant saillir la vache. Mais, dans ce dernier cas, on aurait ä se demander si la quantite et la qualite de lait ne subit pas des modifications plus defavo -rabies que par le moyen que nous aurons a pro­poser. Plus loin nous resoudrons cette question. Le
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foetus exige aussi pour se developper une assez grande quantite de nourriture, et sa viande n'en est pas moins perdue pour la consommation.
L'economie de nourriture varie d'apres la race sur laquelle on opere, les ameliorations obtenues , Tage des animaux, leur nature, leur etat d'em-bonpoint, etc. On sait, en effet, que la ration de production est d'autant plus forte que les animaux auxquels on la donne appartiennent a une race moins amelioree ; que I'assimilation est plus active chez les animaux adultes que chez les vieux; qu'il y a peu de profit a engraisser un bceuf maigre. Nous savons aussi que les bonnes laitieres sont ge-neralement tres maigres pendant toute la duree de la lactation, et qu'd fortiori il doit en etre ainsi au moment du sevrage.
Toutes ces conditions etant prises en considera­tion , nous croyons qu'approximativement on peut, comme moyenne, porter a 80 francs la valeur de la nourriture a faire consommer a une vache depuis le moment du sevrage de son veau jusqu'ä celui oü elleaacquis assez de viande et de graisse pour pouvoir etre livree a la consommation.
S'il etait constate qu'il existe un moyeu assure de faire cette economie , ce serait autant d'aliments a utiliser pour I'entretien d'un plus grand nombre d'animaux. On produirait, en outre, une plus grande quantite de viande et d'une meilleure qualite.
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11 ne serait meme pas temeraire d'avancer que, dans ces conditions, la viande de la vache devrait etre aussi eslimee que celle du boeuf et se vendre le meme prix; ce qui donnerait encore sur la quantite de la viande consommee une tres forte somme, ainsi que nous le determinerons approxi-mativement dans un instant.
Le moyen a proposer pour atteindre cet im­portant resultat serait la castration. Avant d'etu-dier les effets de cette operation, il nous faut examiner aussi chez les vaches de la deuxieme categoric, la question que nous venons de traiter.
Cette categoric comprend deux divisions : les vaches destinees exclusivement ä l'industrie lai-tUre et ä la boucherie, sans que l'on cherche ä renouveler le lail par une nouvelle gestation; et celles qui sont longlemps conservees dans les exploitations, et dont on renouvelle le lait par la fecondation. Parmi celles-ci, il en est dont les veaux sont conserves pour perpetuer la race, et d'autres dont les produits sont livres jeunes a la consommation.
Nous savons , enfin , que dans certaines races laitieres il est indispensable de conserver le jeune produit afin d'obtenir le lait de la mere, et que des qu'on le lui enleve son lait tarit.
Les inconvenients qui se rattachent aux vaches de la premiere division sont assez nombreux; ils
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decoulent du peu de duree de la secretion lactee et des modifications que subit le lait sous le rap­port de la quantite et de la qualite; de la necessite oü se trouve l'industriel de renouveler souvent ses vaches; de livrer generalement k la boucherie celles qui ne sont plus propices a son industrie ; et d'etre oblige , pour les vendre avantageusement, de les garder, apres que leur lait est tari, un temps plus ou moins long afin de leur faire acquerir assez de viande et de graisse. Ici, comme pour les vaches de travail, il y a un retard pour le moment de la vente et une depense considerable d'aliments; les meilleures laitieres etant aussi les plus maigres, le resultat sera pour elles plus coüteux a obtenir. La n'est pas le plus grand inconvenient; bien plus important est celui qui resulte de la diminution de la quantite du lait; c'est vers le troisieme ou qua-trieme mois, dans les conditions ordinaires, que le produit de la secretion lactee commence amp; di-minuer sensiblement. (D'apres M. Riedesel, Con-naissance generale du bccuf, par MM. L. Moll et Eugene Gayot, page 46, le lait commencerait a diminuer peu a peu apres les quatre premieres semaines qui suivent le sevrage , et tarirait tout-ä-fait six semaines ou deux mois avant la mise-bas.) Cette diminution est tres marquee du neuvieme au dixieme, et vers le douzieme ; la bete n'en fournit plus assez pour couvrir les depenses faites.
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La race a une grande influence sur la duree de la lactation. On pent poser, en principe, (/w'ttne vache conservera d'autanl plus longtemps son lait quelle en donnera davantage. Augmenter par des accouplements, descroisements judicieux et de bonnes conditions hygieniques, I'aptitude laitiere , c'est assurer aussi une lactation d'une longue duree. Cette deduction des faits recueillis merite de fixer l'attention des eleveurs des vaches lai-tieres.
La frequence des chaleurs, chez les vaches qu'on ne fait pas saillir, apporte aussi une perturbation de la secretion lactee sous le rapport de la quan-tite et de la qualite du lait. Ces modifications sont d'autant plus prononcees que le rut est plus fre­quent ; il est meme des vaches oü le desir du coit est presque permanent; cet etat, designe sous le nom de nymphomanie (vaches taurellieres), est non-seulement la cause que la secretion mammaire cesse, mais il porte de profondes atteintes a I'etat general du sujet.
II est des vaches chez lesquelles la privation du coit n'est pas suivie d'effets aussi fächeux; ce sont celles d'un temperament lymphatique , a organes genitaux calmes, ä excitation generale peu pro-noncee, comme les vaches de Durham , par exem-ple , qui pendant douze ä quinze mois donnent du bon lait et s'engraissent facilement; mais ce nom-
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bre est bien petit relativement a ce'ui qui souffre de la privation du male.
Tels sent, sommairemenl enonees , les inconve-nients qui se rattachent a I'industrii; laitiere. Ils ont une grande importance. 11 est incontestable que la secretion du lait commence generalement ä dimi-nuer vers le troisieme ou quatrieme mois. Nous avons cherche a evaluer cette diminution , et avons trouve que pour une vache qui donnait 12 li­tres de lait par jour, il y avait, trois mois apres ia mise-bas, une diminution d'un quart; a six mois, eile etait d'environ de moitie; dans !es der-niers trois mois de l'annee, des deux tiers (AI. Tis-serant, Guide des Vaches Laitieres, annee 1838, p. 100, a constate un resultat identique ä celni que nous signa'.ons); ce qui nous donne comme moyenne, en chiffre rond, 8 litres par jour pen­dant neuf mois, soit 2160, au lieu de 5240 que nous aurions si, pendant l'annee , le produit ne variait pas, d'oü une difference en moins, pendant neuf mois, de 1080 litres do lait. En portant la valcur du litre ä 0,10 c, nous obtenons la somme de 108 fr., representant la valeur de la diminution du lait eprouvee par chaque vache dans les dcr-niers neuf mois de l'annee.
En reunissant ä cette somme celle de 80 fr., valeur des aliments donnes a chaque bete pour pouvoir la li-vrerala boucherie. nous obtenons un total de 188 fr.
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pour chaque bete; ce qui constituerait pour I'indus-triel un benefice net, s'il lui etait possible de con-server a la vache pendant douze mois seulement la quantite de lait qu'elle donnait dans las premiers trois mois de la lactation, et de pouvoir, au bout de Tannee , la vendre tres avantageusement pour la consommation , sans avoir besoin de lui donner pendant longiemps une ration supplementaire. A cöte de ce grand avantage so trouverait encore celui de pouvoir, a moins d'accidents imprevus, compter sur une quantite donnee de lait; chose tres essentielle pour tenir les engagements qu'on pent avoir contractes et arriver au resultat sur lequel on compte.
Pour I'etude a iaquelle nous nous sommes livre atin d'apprecier la diminution da lait dans le cours d'une annee, nous avons choisi des vaches qui sont toujours, a peu pres, dans les memes condi­tions hygieniques; il Importe beaucoup , en effet, de tenir un grand compte de ces conditions dont les modifications peuvent faire varier beaucoup le produit de la secretion mammaire.
Les inconvenients inherents au gouvernement des vaches de la deuxieme division j decoulent de la cessation de la secretion lactee deux mois avant la misc-bas, et de Timpössibilite oü Ton est de livrer ce liquide au consommateur avanl les huit ä dix jours qui suivent le velagc. On pent admettre cepcndaiü
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que, dans ces cas, la valeur du produit dedom-mage un peu de la perte eprouvee par la dispa-rition du lait, ou de l'irnpossibilite de le vendre avant les dix premiers jours qui suivent la mise-bas; de ce qu'on exige d'elles un trop grand nombre de parturitions ; d'ou resultent , pour les dernieres gestations , la production d'une moindre quantite de lait, des veaux moins aptes a bien perpetuer la race , une plus grande difflculte pour I'engraisse-menldes meres, qui donnent, en outre, une viande de mediocre qualite.
Si Ton retarde trop la sailüe, si i'on laisse passer plusieurs fois le rut sans satisfaire ce besoin de la vache, eile ne conceit plus aussi facilement, et la est souvent la cause de sa sterilite.
Ces inconvenients sont d'autant plus prononces que la vache est gardee jusqu'ä un age plus avance.
Quant aux vaches dont les veaux sont destines a ' la consommation , il est incontestable que plus les meres seront vieilles et moins vaudront les pro-duits, sous les rapports de la quantite et de la qua-lite de la viande.
Atous les points de vue, il y a done un immense avantage de livrer les vaches a la consommation apres la quatrieme ou cinquieme gestation ; I'ele-veur et le consommateur y trouvent leur avantage.
Les moyens a employer pour atteindre ce resnl-
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100nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES VACHES
tal, se rattachant aux ameliorations agricoles et ä I'liygiene, nous n'avons pas a nous en occuper ici.
Du moment ou la vache n'est plus destinee a pcrpetuer la race, nous avons ä voir la quantite de lait qu'elle produit apres sa derniere gestation ; les modifications qu'il subit, avec le temps, dans sa quantite et ses qualites ; la duree de la lacta­tion ; les modifications qu'eprouve I'etat general de la vache pendant la lactation , celui ou eile se trouve au moment oü la secretion mammaire laril ou no donne plus un produit suffisamment remu-nerateur; le temps , enfin, qu'on est oblige de la garder, et la valeur de la nourriture consommee pour que la vache prenne assez de viande et de graisse pour etre livree avantageusement a la bou-, cherie.
Du moment que les vaohes ne sont plus desti-nees a la conservation de l'espece, elles rentrent tout-a-fait dans les conditions de celles de la pre­miere division de la deuxieme categorie, et les memes considerations doivent leur etre appliquces. Nous admettons que ces vaches conservent leur lait pendant un an et que leurs veaux n'etant plus gardes pour eleves sont, autant que possible, livres jeunes a la boucherie. Nous aurons done aussi, pour chacune d'elles, une perte de 188 fr., repre-sentanl la diminution que subit le lait dans les der-niers neuf mois de la lactation , et 'a valeur do la
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nourriture consommtse pour pouvoir lalivrer avan-tageusement ä la boucherie.
Restentlesvaches taurellieresqui, d'apresLoiset, MM. 0. Delafond, Griois pere (d'Amiens) etCharlier, s'elevent ä un dixieme, au moins ; ce qui fait, sur la totalite des vaches disseminees et entretenues sur le sol de la France, plus de 300,000 vaches qui, au lieu de donner du lait et de s'engraisser, consomment par jour plus de 1 franc de nourriture en pure perte , sans rien produire pour la consom-mation.
Dans cette appreciation, qui ne doit etre consi-deree que comme une donnee tres approximative de la verite , nous n'avons pas tenu compte des alterations morbides qui resultent des mauvaises conditions d'habitation oü on les place pour activer la secretion lactee; du temps inutilement perdu pour remettre la vache en etat; ni (pour les vaches dont le lait est renouvele par les gestations) des causes nombreuses qui peuvent, par l'effet de la gestation, de la mise-bas et de ses suites, compromettre I'inte-grite de la fonction mammaire et meme la vie de la mere et du produit.
D'apres les considerations generales que nous avons exposees au sujet du gouvernement des va­ches et des inconvenients qui s'y rattachent, nous pouvons diviser la vie des individus de chaque categorie en plusieurs phases.
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Pour la premiere categorie, noustrouvons deux phases : la premiere correspond au travail et a la reproduction; la deuxieme, a I'engraissement. Dans la deuxieme categorie, il y a deux subdivi­sions : la premiere offre aussi deux phases : I'une se rapporte a I'industrie laitiere, Vaulre a I'engrais­sement. 11 faut noter que les vaches de cette der-niere subdivision n'ayant ete achetees qu'apres leur troisieme ou quatrieme gestation , elles ont deja servi ä la reproduction.
Dans la deuxieme subdivision, nous trouvons encore deux phases dans la vie des individus : la premiere se rapporte a la reproduction et ä Indus­trie laitiere , la deuxieme k I'engraissement.
Les inconvenients que nous avons signales comme inherents a chacune des phases subies par les individus compris dans chaque categorie, peu-vent etre fortement attenues, sinon entierement detruits, par des ameliorations agricoles , des ac-couplements et croisements judicieux, et de bonnes conditions hygieniques.
Nous ne pouvons, au point de vue oil nous nous nous sommes place, aborder ces questions.
Pour les phases de la vie des vaches qui cor­respondent uniquement ä la seerelion lactee et ä I'engraissement, est-il, en dehors des conditions que nous venous d'enumerer, un moyen propre ä reguiariser la secretion lactee, a la maintenir, pen-
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dant line annee au moins, a son plus haut degre de developpement, et k favoriser I'embonpoint, voire meme I'engraissemenl? S'il existe, nous aurons la possibilitede combattre avantageusement les inconvenients qui affectent les dernieres phases de l'existence de la vache.
N'ayant pasdevers nous tous les elements neces-saires pour resoudre cette question , nous examine-rons sommairement les faits pour ou contre qui ont ete publies a ce sujet, et nous tächerons, aide des renseignements qu'on nous a fournis et des obser­vations que nous avons pu recueillir sur des points qui se rattachent a cette question , de formuler notre maniere de voir.
La castration des vaches cree, dit M. H. Bouley [Recueü de Medecine veterinaire pratique, annee 1848, p. 27), wie variete neulre de femelles domes-tiques, steriles pour I'espece, mais fecondes pour la production du lail, et de la viande de bouche-rie , ajoute M. Charlier.
Cette operation fournirait-elle le rnoyen d'attein-dre le resultat que nous cherchons? 11 appartient aux faits publies jusqu'ä ce jour de resoudre cette question. 11 est done utile de les passer sommai­rement en revue, tant sous les rapports de la se­cretion laiteuse que de I'engraissemenl.
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Influence de la Castration sur la secretion lactee.
Thomas Winn, de Natchez, ville de la Louisiane, en Amerique , eut le premier l'idee de chätrer les vaches pour leur conserver pendant plusieurs annees la quantite de lait qu'elles donnaienl au moment on I'operation etait faite. La castration fut |)ratiquee un mois apres la mise-bas. D'apres les renseignements fournis par un voyageur ame-ricain (Recueil de Medecine velerinaire pratique, annee 1838, p. 560), les deux vaches (ily en avait eu quatre d'operees) que lui montra , en 1832, Thomas Winn , etaient operees depuis trois ans , et elles fournissaient la meme quantite de lait qu'au moment de I'operation ; elles etaient dans un tres bon etat de sante et d'embonpoint. Le resultat de cette operation serait reste inconnu , si ce meme voyageur ne I'avait propage en Amerique d'abord, puis en Europe. Thomas Winn s'etait refuse a ren-dre sa decouverte publique, d'abord parce qu'il craign'ait qu'elle ne fut pas nouvellc., et ensuite parce qu'il pensait que !es doutes sur son utilite pourraienl le rendre ridicule aux yeux de ceux qui ne le connaissaient pas.
De nombreuses experimentations faites par M. Levrat, de Lauzanne (Suisse), lui ont permis de verifier l'exactitude des faits constates a Natchez. Les observations du veterinaire de Lauzanne , con-
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signees dans le Recueil de Medecine velerinairc pratique, annees 1834, p. 65; 1835, p. 308; el 1838, p. 357, ont ete fakes de concert avec M. Francillon-Michaud, agronome du canton de Vaud.
MM. Levrat et Francillon deduisent, des vingl-deux fails qu'ils ont cites, les conclusions suivan-tes : Relativement a la secretion du lall, les faeultes lactiferes sont en raison directe du peu d'influence de l'operation sur la sante de la bete ; moins eile en souffre, plus eile donne du lait et le soutient longtemps ; mais les faeultes lactiferes ne se main-tiennent pas , ainsi que le pensait Winn, pendant plusieurs annees, au meme degre oü elles se trou-vaient au moment de l'operation ; elles donnent annuellement, pendant les deux premieres annees, d'un quart a un tiers en sus de ce qu'elles don-naient les annees precedentes avant d'avoir subi l'operation ; lorsque le lait decline , I'engraissement etablit une compensation teile que, tout en donnant leur lait, elles sont au bout de douze a quinze mois assez grasses pour pouvoir etre livrees a la boucherie , et sans plus de sacrifices dans la nour-riture que ceux que reclame l'entretien des autres vaches. Le lait est plus cremeux qu'avant la cas­tration , et la quantite de creme augmente lorsque le lait diminue; la saison oil Ton opere , la nour-riture , le temperament, le plus ou moins d'irrita-
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bilite de la vache, peuvent faire varier beaucoup la quantite du lait fournie par la bete.
Depuis I'epoque ou ces faits ont ete signales , bon nombre d'observations sont venues non-seule-ment les confirmer, mais encore determiner d'une maniere assez precise Taugmentation du lait et les qualites qu'acquiert ce liquide chez les vaches chätrees.
En Angleterre, ou la castration est depuis long-temps pradquee pour favoriser I'engraissement, on a constate que la secretion lactee est plus abon-dante et se soutient plus longtemps chez les vaches d'un caractere doux et peu irritable que chez celles d'un caractere oppose; chez les annaliires (qui ne retiennent pas tons les ans), l'operation reussit encore mieux ; que les vaches chätrees , apres avoir produil pendant un temps variable une grande quantite de lait, s'engraissent facilement et ont une viande plus fine et plus succulente.
M. Regere, de Bordeaux, a conclu , des cinq observations qu'il a publiees dans le Recueil de Mcdecine velerinaire pratique, annee 18oS, p. 308, que les vaches chätrees donnaient sans interruption une quantite au moins double de la moyenne fournie avant qu'on cut pratique l'ope­ration. Les vaches chätrees par M. Regere furent prises parmi les meilleures laitieres.
D'apres M. Morin, de Langonet [Notice sur la
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Castration des vaches, publiee en 184S , a Pon-tivy), la vache chatree trente ou quarante jours apres la mise-bas, epoque oü la secretion du lait est a son plus haut degre, continue a donner, sinon pendant toute la duree de sa vie, au moins pendant plusieurs annees, la meme quantite de lait et quelquefois plus qu'au moment oü eile a subi I'operation; le lait est, en outre, plus butyreux , il a une belle couleur jaune , un goüt et une odeur aromatiques plus prononces que celui des vaches non chätrees.
Parmi les vaches , au nombre de cinq , operees par M. Rey [Journal de Medecine veterinaire pra­tique, annee 1847, p. 67), deux laitieres donnaient, six mois apres I'operation , une quantite de lait au moins egale ä celle qu'elles fournissaient aupara-vant.
Nous arrivons aux travaux les plus complets qui aient ete publies sur cette question ; ils sont dus ä M. Charlier qui, nous devons le dire a sa louange, n'a recule devant aucun sacriGce pour demontrer tous les avantages de cette operation.
En 1848, M. Charlier publiait, dans le/Jm(elaquo;7 de Medecine veterinaire pratique, p. 29, quatorze observations desquelles il concluait: que toutes les vaches chätrees, a I'exception d'une, avaientfourni, pendant quinze moisau moins, une quantite de lait egale a celle donnee au moment de I'operation.
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Le lait, pluscremeux, plus agreable au gout, invariable dans sa qualite, donnait un beurre de couleur jaunc dore et tres savoureux.
La commission nommee par I'Academiede Reims pour suivre les operations et les operees de M. Char-liera, en date dulerjuin 1849, par l'organe de son rapporteur M. Leuschenring, declare laquo; que la vache chätree donnait autant de lait pendant dix-huit mois qu'au moment de Toperation.
raquo; Qu'il y avail en faveur des vaches chätrees une difference de plus de 8S0 litres par an. raquo;
La commission a resume dans I'etat suivant le resultat de ses observations, faites sur six vaches appartenant ä M. Charlier :
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Ces six vaches ont, d'apres cet etat, donne comme moyenne 5,090 litres de lait par tete a par annee.
Ces six vaches furent vendues au bout de la deuxieme annee, en bon etat de graisse, sans qu'on eut augmente leur nourriture ; au moment de les livrer au boucher. chacune d'elles donnaitde quatre a cinq litres de lait par jour.
Depuis que M. Charlier choisit mieux ses vaches et qu'il les opere a une epoque plus rapprochee du velage, il obtient des resultats bien superieurs ä ceux que nous venons de signaler.
Les nombreuses observations qu'il a publiees dans le Recueä de Medecine veterinaire pratique ^ annee 1854, 1c lemoignenl d'unc maniere incontes­table. Cinq vaches chätrees ontfourni en moyenne, par tete et par annee, 5,727 litres cie lait. Ce chiffre a etc depasse de beaucoup chez quatre va­ches dont il est aussi fait mention dans le journal cite.
La moyenne du lait fourni par ces neuf vaches est, pour la premiere annee et par tete, de 4,029 litres.
M. Charlier pourrait citer bien d'autres faits qui prouvent que des vaches qui, en faisant veau, n'auraient donne que 1,650 litres par an, en ont fourni, pendant un a deux ans et plus apres la cas­tration et jusqu'au moment oil elles ont ete livrees
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a la boucherie, une moyenne de 8 litres par jour, ce qui fait 2,920 litres obtenus par annee.
laquo; La castration, ajoute M. Charlier, ne produit pas partout et toujours les memes resultats; il est des vaches chätrees qui donnent peu de lait et res-tent maigres; il faut en accuser les diverses con­ditions oil elles se trouvent et non I'operation. L'äge de la bete, sa conformation, son tempera­ment , sa sante, ses qualites lactiferes ou son apti­tude a s'engraisser ; les bons ou mauvais traite-ments qu'elle regoit, l'endroit oü eile est logee ; la nature, la qualite et la quantite des aliments qu'on lui donne, I'eau dont on Tabreuve ; les fati­gues , si eile travaille ; les intemperies atmosphe-riques, si eile va en pature; la maniere dont la traite est faite; la saison pendant laquelle on a opere ; le temps qui s'est ecoule entre le velage et la castration ; enfin, l'habilete de l'operateur et le plus ou moins de reussite dans I'operation, sont encore des causes qui influent evidemment sur les resultats de la castration, et dont il faut tenir compte pour I'apprecier a sa juste valeur. raquo;
La ne se bornent pas les observations de M. Char­lier; il en rapporte encore d'autres dans le Journal des Velerinaires du Midi, annee 1856, p. 379. Parmi ces dernieres , nous signalerons les fails ob­serves ohez M. Gustave Hamoir. Deux vaches hollandaises, chätrees par M. Charlier, donnerent.
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pendant vingt mois, Tune 19 litres delaitpar jour, I'autre 20 litres, et devinrent ensuile des betes fines de boucherie.
M. Menard, proprietaire a Huppemeau (Loir-et-Cher), fut si satisfail des resultats fournis par les vaches chatrees parM. Charlier, dont quatre don-nerent, quatorze mois apres la mise-bas, la meme quantite delaitqu'au moment de l'operation (elles fournissaient une moyenne double de celle donnee par les vaches de la meme etable), qu'il se decida u chätrer toutes ses vaches; au bout de trois ans (d'apres la note publiee par M. Conrad de Gourcy, dans le Moniteur des Cornices, annee 1857), il y avait chez M. Menard soixante-sept vaches cha­trees ; la moyenne du lait s'etait elevee de S li­tres 1/2 ä 8 litres ; trente vaches s'etaient engrais-sees au fur et ä mesure que la secretion du lait diminuait et sans depenses enormes de nourriture. Chaque annee, la seule castration des vaches lui donnait un excedant de receltes de 4,000 francs. Les 100 litres de lait lui donnaient soixante-cinq fro-mages, au lieu de cinquante qu'il avait obtenus avant la castration
Dans une lettre adressee ä M. Charlier [Journal des Velerinaires du Midi, annee 1836, p. 583), M. Menard s'exprime de la manieresuivante :laquo; Avec inespe:''.'js vaches, et avant la castration, j'obte-nais en moyenne de chaque bete 1,890 litres par
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an; depuis la castration, les vaches me donnent pendant la premiere annee en moyenne 3,300 litres de lait; pour la seconde annee, je ne puis vous donner de moyenne , parce que vous savez que je pousse mes vaches en graisse et que je ne les con­serve pas toujours deux ans apres l'operation.
laquo;Vous savez comment j'opere : toutesmes vaches sont soumises au meme regime; celles qui donnent du lait me rendent le maximum; celles dont le lait s'en va prennent de la graisse. Je cesse de traire lorsqu'elles sont descendues a 4 litres par jour; et un mois apres, queiquefois de suite, je les livre au boucher. J'ai eu des betes qui ont rendu en suif le quart du poids net de la viande. Vous avez fait chez moi soixante-sept castrations depuis le 31 mai 1854, et je n'ai pas perdu une senle bete.raquo;
Ces citations sembleraient süffisantes pour resou-dre par I'affirmative la question que nous nous sommes posee. II est cependant necessaire , avant de se prononcer, d'examiner avec soin, et degage de tonte idee precongue , s'il est possible d'obtenir les resultats que nous venons de signaler, sans augmenter la ration ; c'est ce que nous verrons plus loin.
En presence de faits aussi nombreux, aussi authentiques, serait-il possible de nier que la cas-iration a une influence incontestable pour conser-
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ver aux vaches, pendant un an au moins, le maximum de la quantite de lait qu'elles donnent un mois apres la mise-bas ? et que c'est le moyen le plus sür de s'opposer k l'apparition de la nym-phomanie, ou de faire cesser cet etat morbide, et de pouvoir ainsi conserver une abondante secre­tion de lait aux vaches chez lesquelles la frequence du rut aurait eu les fdcheux resultats que nous avons signalesquot;? Nous croyons qu'il serait difficile aujourd'hui de contester sous ce rapport la valeur de la castration. Plus loin , nous indiquerons nean-moins les faits et les objections qu'on a opposes ä la pratique de cette operation.
La castration n'a pas seulement pour resultat de faire fournir par la vache qu'on soumet a cette ope­ration une plus grande quantite de lait, mais de rendre encore ce liquide phis cremcux, plus caseeux, plus nourrissant, plus agreable au gout. A son aspect physique , a sa couleur toute particu-liere, a sa saveur agreable, on le reconnait parmi tons les autres laits; on a vu meme des enfants, habitues ä en faire usage , refuser opiniätrement le lait des vaches non chätrees.
Le beurre, qui pour la meme quantite de creme est plus abondant, est aussi plus jaune , plus onc-tueux et d'une saveur plus exquise.
Le caseum , en plus grande quantite , est plus savoureux , plus gras, de meilleure qualite.
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Teile est la maniere dont s'exprime M. Charlier dans le Recueil de Medecine veterinaire pratique, annee 18S4, p. 443. II ajoute que Thomas Winn, MM. Levrat, Regere, Morin, etc., et toutes les per-sonnes qui font usage du lait des vaches chätrees, sont unanimes sur ce point.
Les analyses faites par M. Maumene, professeur de chimie k Reims . et signalees dans le rapport de la commission de Reims, confirment les faits avan-ces par M. Charlier.
Ces analyses furent faites sur 1,000 portions de lait fourni par chacune des huit vaches soumises a I'experimentation.
Parmi ce nombre , deux n'etaient pas chätrees; elles donnaient, en caseum et beurre, Tune 66, I'autre 80,4; les six autres se placent, par rapport a la quantite de caseum et de beurre , dans I'ordre suivant: ISO, 140, 117,6, 116, 103 et 101.
Deux autres vaches, dont Tune non chatree, consideree comme tres bonne laitiere, I'autre ägee de treize ans et chätree depuis quinze mois , ont donne, en caseum et beurre , la premiere 85,8 , la deuxieme 114,2.
Les analyses faites parM. Grandval, professeur de chimie ä l'Ecole de Medecine de Reims , confir­ment celles deM. Maumene.
Gelles qui ont ete publiees dans le Monileur Agrioole du 4 decembre 1851 , ont donne des
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resultats ä peu pres identiques ä ceux que nous venons de faire connailre.
Le seul reproche qu'on puisse faire, d'apres M. Charlier, au lait des vaches chätrees, c'est d'etre quelquefois trop gras , trop epais , lorsque la vache estoperee depuis longtemps et qu'elle re^oit une alimentation tres succulente, du grain cuit, par exemple. On pent remedier a cet inconvenient en donnant des aliments plus aqueux, en ecremant plutöt le lait, et en le melangeant avec celui des vaches non chätrees, ce qui constituerait encore un lait de tres bonne qualite.
Influence de la Castration sur la production de la viande et l'engraissement.
Sous l'influence de la castration, la vie sexuelle disparait, les desirs genesiques s'eteignent, la sen-sibilite s'emousse, la circulation se ralentit, I'ener-gie musculaire diminue, les tissus se relachent, deviennent plus spongieux, plus permeables a la graisse, qui s'insinue dans les interstices muscu-laires et donne ä l'animal des formes plus arrondies.
Anciennement , la castration n'etait pratiquee qu'a ce seul point de vue; les Allemands, les Anglais (1), n'avaient pas d'autre but en operant
(1) D'apres les renseignements fournis ä M. H. Bouley, par
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ieurs vaches ; et, en cela, ils etaientguides par les resultats obtenus par la castration des males.
Aucun des auteurs qui se sont occupcs de cette question, ne nie l'influence de la castration sur le developpement de la graisse : ils constatent que la qualite de la viande est bien amelioree.
La viande et le suif des vaches chatrees , dit Grognier, sont abondants et de bonne qualite; ils ne peuvent plus se distinguer des memes substan­ces fournies par les boeufs, et le temoignage de tous les bouchers atteste ce fait.
Chez les vaches laitieres, comme chez celles qui ne donnent pas de lait , la castration , d'apres M. Levrat (loc. cit.), produit les effets suivants : les vaches s'engraissent p!us facilement avec la nour-riture ordinaire, el a plus forte raison avec celle de qualite superieure, donnee en quantite süffi­sante pour favoriser rengraissemenl; de plus , chez les vaches , la viande est mieux entremeleede graisse; eile est,commeledisent les bouchers, bien marbree ; la chair en est aussi plus delicate ; elles ont, comme celles qui n'ont pas subi cette opera­tion et qui ont ete engraissees , les rognons bien converts de graisse. Independamment de sa salu-
M. Percival, veterinaire anglais, la castration des vaches n'etait, en 1850, ni connue ni pratiquee en Angleterre.
L'opinion de Delabere-Blaine {Notions fondamentales de I'art veterinaire), est opposee a celle de M. Percival.
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taire influence sur la secretion lactee, sur l'etat des vaches taurellieres, la castration est tres avanta-geuse pour toutes les vaches qu'on destine h la boucherie.
M. Desbans a cite une observation relative ä une vache laurelliere , chez laquelle la castration con-courut ä produire une viande dont les qualites ega-laient celle du bceuf.
M. Charlier, qu'on a toujours a citer lorsqu'il s'agit de la castration des vaches, a rapporte (loc. cit.) douze fails relatifs a des vaches taurellieres en tres mauvais etat, et qu'on ne pouvait ni faire fc-conder, ni engraisser, et qui donnerent, apres la castration, une assez grande quantite de lait et arriverentä un bonetatdc graisse.
Contester l'infiuence de la castration sur I'en-graissement, c'est nier que le bceuf s'engraisse mieux et plus facilement que le laureau ; les va­ches chätrees, bien nourries , s'engraissenftout en donnant du lait; le lait ne diminue d'une maniere sensible que lorsque la secretion graisseuse I'em-porte sur la secretion lactee. Nous savons, en outre, qu'au moment oü le lait n'est plus en quantite süffi­sante pour offrir une bonne remuneration, la vache est ou sera bientöt dans un etat de chair et de graisse qui permettra de la livrer avantageuse-ment a la consornmation. II n'y aura done ni perle de temps, ni augmentation bien notable de hi ration ordinaire.
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Nous avons bien dit qu'on oblenait souvent ce resultat en vendant les vaches en etat de gestation. Non-seulement il doit repugner a l'eleveur de livrer a la boucherie une vache pleine, mais l'etat do gestation apporte de notables modifications dans la qualite et la quantite de lait que donne une vacbe pleine; la qualite de la viande est aussi inferieure #9632;a celle des betes qui ne sont pas plcines, et bien plus encore de celles qui ont ete chätrees. Les va­ches pleines sont peu rechercbees par les bouchers qui, toutes choses egales, en donnent un prix bien inferieur h celui des vaches qui ne sont pas en etat de gestation, et surtout de celles qui ont ete chätrees. Independnmment de ces inconvenients , Verelhisme general oil se trouvent les vaches, l'etat frequent de nymphomanie (d'apres certains calculs , il y aurait un dixienie des vaches livrees ä la consom-mation atteinles de cette maladie), les empechent d'etre fecondees ; on ne pent done pas toujours uti-liser ce moyen, si peu rationnel d'ailleurs, pour toutes les vaches qui sont d'un engraissement difficile.
Ne vaut-il pas mieux, d'ailleurs, employer ses fourrages a fabriquer du lait et de la viande, que de les faire servir a la formation et au developpe-ment d'un foetus et de ses annexes qui seront jetes ä la voirie '?
Enfin , ajoute M. Charlier (loc. cit.) : laquo; De meme
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que le boeuf est meilleur que le taureau , le mou-ton que le belier, la moutonne que la brebis, la coche que la truie , etc., la vache chatree est supe-rieure a la meilleure des vaches qui n'a point subi I'operation; sa chair est tendre, succulente ; les fibres musculaires sont entremelees de graisse, son grain est plus fin , eile contient, sous un meme poids , plus de materiaux nutritifs , plus d'os-mazome, plus de jus; sa saveur est toujours plus agreable et la digestion en est plus facile. raquo;
Les faits rapportes par MM. Morin, Roche-Lubin, Prange, etc., confirment, sous le rapport de l'en-graissement , les observations dont nous avons enonce le resume.
M. Rigal, veterinaire a Villefranche (Aveyron), nous a communique quelques faits inedits, desquels il resulte que trois vaches chätrees chez M. Murat, par le precede Levrat, perdirent rapidement leur lait, mais acquirent, en peu de temps, un engrais-sement remarquable , et cela avec la ration ordi­naire des vaches non soumises a TengraissemenL
Nous terminerons l'enonce des faits qui parlent en favour des avantages que fournit la castration pour rengraissement des vaches, par les appre­ciations judicieuses publiees dans la Revue d'eeo-nomie rurale, mois de juin et juillet 1860, par M. Jacques Valserres. 11 s'agit d'une vache hon-groise ugee dc sept ans , ayant fait son cinquiemu
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veau. M. Charlier la chätra le 5 juin 18S9, et eile fut abaltue apres le Concours national agricole de i860, c'est-a-dire un an apres I'operation; eile donna 62, 5 p. 0/0 de viande nette, rendement egal ä celui des meiileurs boeufs de boucherie.
M. Valserres s'est exprime, au sujet de cette vache , dans les termes suivants :
laquo; Aux formes anguleuses qui caracterisent la race hongroise, ontsuccede des formes plus arron-dies ; la chair s'est repandue dans tons les muscles , jusque-lä peu volumineux. Ces muscles se sont eux-memes entrelardes degraisse. De chaque cote des hanches et de la queue , il s'est forme des pelo-tes graisseuses comme il en existe chez le Durham. La castration a done change completement la nature de la vache engraissee.
raquo; Ce qui nous frappe le plus dans cette transfor­mation , e'est la presence inattendue des pelote? graisseuses vers les hanches et vers l'attache de la queue. Pourquoi ces protuberances, que Ton croyait etre l'apanage exclusif des races ameliorees de la Grande-Bretagne? Pourquoi, chez la boeu-vonne hongroise , retrouve-t-on. les memes signes que chez la vache Durham? C'est, sans doute, parce que les memes causes produisent les memes resultats. Chez la vache Durham , les pelotes grais­seuses sont la consequence d'une amelioration con-tre nature qui conduit a la sterilite. Chez la vache
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hongroise, les memes signes apparaissent apres la castration , c'est-a-dire lorsque le sujet est devenu sterile. N'y a-t-il pas, dans cette coincidence, un fait curieux qui ouvre de nouveaux horizons a la zootechnie, et qui pose a Tamelioration du betail des bornes qu'on ne saurait franchir? Notre hypo-these est d'autant plus digne d'examen , que cliez toutes les races bovines ameliorees, les pelotes graisseuscs sont presque toujours, pour les sujets qui les possedent, un signe certain de leurimpuis-sance comme reproducteurs. raquo;
M. Jacques Valserres a examine avec soin, apres l'abattage, les effets de la castration ; il les indique ainsi qu'il suit:
laquo; Le suif, au lieu de s'attacher autour des mus­cles , comme chez les vaches epuisees, les pene-tre dans tons les sens. La viande etait ainsi bien persillee , bien marbrec, exactement comme celle des boeufs de concours. La graisse etait d'un beau jaune, et les chairs etaient tres fermes. La degus-tation est encore venue confirmer les apparences. La viande de la vache hongroise, preparee sur le gril, a la breche et dans le pot-au-feu, a presente vine saveur et une delicatesse exceptionnelles; nous avons surtout remarque combien eile etait nourris-sante et d'une digestion facile. raquo;
Tels sont les fails recueillis et les considerations, auxquelles on s'est livre sur les resultats produits
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par la castration des vaches. Ils etablissent, ce nous semble , d'une maniere irrefutable , combien sont grands les avantages qu'on peut retirer de cette operation pour I'engraissement.
Ces avantages ressortent d'une maniere peut-etre plus evidente encore, lorsqu'on considere les effets de la castration chez les vaches affectees de nymphomanie. Cette affection porte une perturba­tion des plus profondes aux aptitudes, quelles qu'elles soient, dontles vaciies sont donees.—Non-seuiement les vaches deviennent impropres au tra­vail , ne donnent qüe fort peu de lait, encore tarit- il vite , ne peuvent s'engraisser, sont souvent me-chantes, mais I'etat general des malades subit, nous I'avons deja dit, de si profondes atteintes, que, en dehors de la castration , il n'est pas de moyen sur lequel on puisse compter pour obtcnir seulement une amelioration durable.
On est done oblige de les livrer au boucher.
II y a la une double perte; la premiere incombe au proprietaire, la deuxieme ä la consommation.
II est bien certain , en effet, qu'on ne vend qu'a de tres bas prix les animaux qui sont dans un tel etat; ils fournissent, en outre, moins de viande , d'une qualite tres inferieure, et ne donnent presque pas de suif.
D'apres M. Charlier, la castration faiteä temps sur ces betes, quand elles mangent bien encore et
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I2inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES VACHES
ne sont pas usees completement, les replace dans des conditions naturelles ; eile fait augmenter sou-vent leur lait ou le maintient a sa quantite; eile fait tout au raoins d'assez bonnes betes d'engrais.
C'est ainsi, ajoute-t-il, que des centaines de vaclies taurellieres que j'ai chätrees , ont pu etre engraissees et vendues avantageusement pour la houcherie.
Cette assertion n'est pas contestee. Elle est nppuyee par un veterinaire tres competent en cette mattere : laquo; La castration , dit M. Levrat, est I'uni-(|iK' moyen de prevenir les depenses onereuses occasionnees par les vaches qui deviennent taurel­lieres ; ce qui est tellement frequent dans certaines contrees , qu'il est rare de voir des vaches se con-server plus de deux ou trois ans sans devenir en eel etat. Et, par exemple, dans les environs de Lauzanne et de Lavaux, on est oblige, pour cette cause, de changer de vaches tous les deux ou trois ans ; ce qui est certainement ruineux pour les pro-prietaires de ces contrees. raquo; Nous avons done la un excellent moyen a opposer a cette grave affection. Par lui, il nous sera possible d'obvier aux incon-venients que nous avons signales comme inherents ä la nymphomanie.
Des betes sans presque aucune valeur, pour-ront, grace a la castration, acquerir un bon etat de viandc et de graisse, du suif en assez grande
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quanlite; la viande sera en outre d'une qualite superieure et vendue 50 centimes au moins de plus que si la vache n'eut pas ete chätree.
En tenant compte du poids acquis , de la qualite de la viande , et de sa plus-value par consequent, de la quantite de suifobtenu , nous pouvonsadmet-tre que chaque vache acquiert, en moyenne, par la castration , une plus-value de ISO fr. environ , dont profitent l'eleveur et le consommateur.
La regularisation de la secretion laileuse; le maintien du rendement fourni par cette secretion, pendant quinze a dix-huit mois et plus, au point oü il etait dans les premiers trois mois de la mise-bas; I'augmentation considerable de la rente annuelle du lait; les qualites superieures de ce liquide ; l'embonpoint; I'engraissement qu'acquie-rent les vaches, meme taurellieres, ne seraient pas les seuls avantages de la castration. Elle aurait encore pour resultat, d'apres M. Charlier, de modi­fier leur caractere, de les rendre moins impres-sionnables, d'eviter les excitations qui apparaissent a l'epoque du rut, et les maladies graves dont les organes genitaux et le poumon pcuvent devenir le siege a la suite de la frequence des besoins gene-siques non satisfaits, dus bien certainement au regime excitant auquel les vaches laitieres sent soumises. Le lait n'aurait plus les proprietes mal-
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faisantes qu'on peut lui supposer1 par suite des alterations qu'il subit sous rinfluence du rut (1), et de la phlhisie dont un si grand nombre de vaches laitieres des grands centres de population sent atteintes. L'auteur se demande enfin si un tel lait peut impunement servir a l'alimentation de I'liomme; ne peut-il pas concourir au developpe-ment de la phthisic pulmonaire? laquo; Cela n'est pas prouve , mais cela peut etre. laquo; Le brocantage des vaches atteintes de la peripneumonie ne s'effec-tuerait pas, puisque ces animaux, etanl toujours en bon etat, pourraient etre livres ä la boucherie des l'invasion de la maladie ; ces vaches, ainsi que trop souvent on I'a constate, ne seraient plus un foyer de dissemination de cette affection.
Penetre des grands avantages de la castration des vaches , M. Charlier ne s'est-il pas exagere un peu son importance? Nous ne serious pas e!oigne de le croire. Nous ne pouvons admettre , en effet, que cette operation ait sur la same touie Tinfluence que cet auteur lui accorde ; nous ne nierons pas cer-tainement les fächeux effets des desirs et besoins genesiques non satisfaits; mais en faire decouler presque toutes les affections dont les vaches laitieres
(I) On a quelquefois observe le rutchez les vaches chä-trees, mais ce phenotnene est alors de tres courte duree, ties pen frequent, et n'a pas les fächeux effets qui ont ete constates chez les vaches non chätrees.
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sont atteintes, surtout chez les nourrisseurs des grands centres de population , nous croyons que ce serait par trop meconnaitre rinfluence des mau-vaises conditions hygieniques oü elles se trouvent placees; mais M. Charlier le reconnait lui-meme, puis-qu'il dit: laquo; Chez le nourrisseur, la vache s'eloigne plus que partout ailleurs de son etat de nature; privee de sa liberte , souvent d'air et de lumiere, eile devient veritable machine a lait; et comme plus on alimente une machine industrielle , plus eile produit, on donne beaucoup a la vache pour qu'elle produise beaucoup.
raquo; La plupart des maladies qui affectent la vache laitiere resullent done , le plus souvent, du regime auquel nous la soumettons et des habitudes que nous la forcons de prendre. raquo;
M. Delafond n'exprime-t-il pas la meme pensee en disant : laquo; Le nourrisseur ne voit que !es bene­fices presents et futurs, sans jamais calculer les pertes qui seront la consequence de son impre-voyance , de son mauvais calcul. raquo;
11 nous est done possible d'admettre que si la castration a une heureuse influence sur la sante des vaches, I'habitation en a une plus grande encore. Malheureusement, le nourrisseur est oblige de placer ces machines ä lait dans des conditions hygieniques qui sont loin d'etre favorables ä la sante , mais qui sont utiles ä la production du lait.
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D'apres M. Tisserant [Guide des Vetches la'Uid-res, p. 119), les phenomenes respiratoires peuvent etre reduits, au point de vue de la lactation, au degre d'activite striclement necessaire au maintien de la vie : les elables doivent elre propres, medio-crement eclairees, I'air s'y renouveler lentement et uniforrnement et elre toujours maintenu ä une temperature douce et un peu humide; il faut enfin une alimentation surabondante, aqueuse et prepa-ree. Sous l'influence de ces conditions, la secretion laiteuse sera abondante, mais la pommeliere sera aussi tres frequente. Nous ne pensons pas qu'il soit venu a l'idee de personne d'admeltre que la castration suppleerait a ces conditions qui, de l'avis de tons les agronomes , sent utiles a la pro­duction du lait.
Ce sont done lä des etats inherents ä l'industrie ; on ne peut y remedier, d'apres nous, qu'en renou-velant plus souvent les animaux.
Les conditions de stabuiation que nous venons de signaler ne sont pas toujours cell es qui sont observees; le plus souvent, les pauvres vaches lailieres habitent des etables eiroites, obscures, ou I'air ne se renouvelle pas , oü le furnier et des sale-tesde toute nature sejournent; la vue de ces loge-inents est degoütante ; l'odeur qui en emane insup­portable. Dans de telles conditions, que pourrait l'influence de la castration sur la sante des ani-
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maux et les alterations du lait ? Bien peu de chose sans doute.
Les resultats que nous avons signales, et qui peuvent etre rapportes a la castration, ne sont-i!? pas d'une assez grande importance pour fixer I'at-tention des agronomes et meriter a M. Charlier, qui s'est le plus occupe de cette question, une bien juste reconnaissance?Personne, nousle pensons, n'oserait le contester. Les faits qui ont ete recueillis n'ont pas tons , il est vrai, ete favorables ä la castration; ils n'ont pas fourni tons les avantages qu'on en at-tendait. 11s n'ont pas ete, neanmoins, negatifs sous tous les rapports; tons sont venus confirmer I'heu-reuse influence de l'operation pour favoriser I'em-bonpoint et l'engraissement, et sa valeur curative dans lescas de nymphomanie. Ce qu'on a conteste, c'est son action sur la secretion laiteuse.
Voyons les faits et reflexions produits ä l'appui de cette opinion :
M. Charles Prevost [Notice sur la Castration de,s principaux animaux domestiques, etc., Geneve, 1837), se basant sur le resultat obtenu sur quatre vaches chätrees par le precede Levrat, nie les avantages de la castration relativement a la quan­tity et la qualite du lait. Le but bien evident de l'auteur, en emettant cette opinion, etait de com-battre les idees favorables emises a ce sujet par MM. Regere, Morin, etc., et de detourner les agri-
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culteurs de soumettre leurs animaux a une opera­tion qu'il n'approuvait pas.
M. Emile d'Extrane [Journal d'Agriculture pra­tique, annee 1841, 1re serie , tome in , page 469), a essaye la castration sur cinq vaches ; deux ont succombe aux suites de l'operation et une a ete manquee. 11 n'est reste que deux vaches : Tune etait vieille et maigre, l'autre tres grasse et ägee de sept ans ; elles furent chätrees quarante-quatre jours apres la mise-bas : la premiere conserva , pendant dix mois, la quantite de lait qu'elle donnaitau moment de l'operation ; chez la seconde , le lait diminua de 2 litres et 1/2 ; eile n-en donna plus que 5 litres par jour, au lieu de 7 et 1/2 qu'elle en four-nissait avant l'operation.
Roche-Lubin [Recueil de Medecine veterinaire pratique, annee 18S0, page 438, et Journal des Veterinaires du Midi, annee 1850, page 201), r'onclut des huit observations qu'il a publiees : laquo; que la castration des vaches ne produit pas (oujours une secretion plus abondante et plus constante de lait; que ce lait n'acquiert pas des qualites superieures sur celui des vaches non chä­trees ; que le seul avantage, demontre par cette operation , est une tres grande disposition ä l'en-graissement, en rendant la viande plus succulente ; que cet engraissement, arrive a une certaine pe-riode , fait larir la secretion laiteuse chez la vache
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chätree; que les suites fächeuses de la castration depassent les chances funestes du velage; qu'il est plus avantageux aux cultivateurs de plusieurs de-partements, de se livrer ä l'elevage des veanx; enfin , qu'il faut abandonner la pratique de la cas­tration des vaches aux agriculteurs opulents et k certains nourrisseurs des grandes villes. raquo;
M. Ringuet {Journal des Veterinaires du Midi, annee 1856, page 320), analysant le travail de M. Copeman sur la castration des vaches, s'exprimo de la maniere snivante : laquo; Ce veterinaire a chätre, le 7 et 8 juin 1849, cinquante vaches appartenant a M. Wilcox, de Winifield. Toutes etaient en bon etat, avaient toutes les apparences de la sante ; elles avaient allaite leurs produits pendant les deux moi? precedents; enfin , Tage variait entre quatre et douze ans.
raquo; Le seul avantage qu'on se proposait de retirer de cette operation , c'etait de conserver le lait pen­dant un laps de temps plus considerable a toutes ces femelles; or, voici les resultats oblenus : 1deg; une vieille vache nerveuse mourut le troisieme jour; une des meilleures maigrit sensiblement et creva quarante-deux jours apres I'operation ; 2deg; chez les autres, la quantite de lait fourni fut reduite a la moitie pendant les deux semaines qui suivirent; plusieurs finirent meme par ne plus donner du lait, tandis qu'un petit nombre en fournissait autant
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qu'avant la castration. Le 15 juillet, dix tie ces vaches ne donnant plus im lait süffisant pour payer la traite, furent vendues. Les vaches qui ne donnaient plus de lait prirent de l'embonpoint; mais Tengraissement ne fut pasaussi complet qu'on aurait du s'y attendre, ä cause de la richesse des päturages. En novembre, M. Wilcox en vendit trente autres qui ne donnaient plus de lait. En somme , dix de ces animaux purent seuls garder le lait, malgre tous les soins possibles; et encore, Fete suivant, les meiileures vaches, parmi ces dix, ne donnaient-elles que les deux tiers de la quantite recueillie avant la castration; neuf finirent meine par ne plus en donner et furent vendues pour la boucherie; une seule, sur cinquante, a garde le lait pendant deux ans. raquo;
En terminant son analyse, M. Ringuet croit, avec Roche-Lubin , que la secretion du lait est en rapport inverse de la secretion de la graisse; les vaches se trouvant, par la castration , predisposees ä l'engraissement , ne peuvent fournir, pendant quinze a dix-huit mois, plus de lait que dans les conditions ordinaires.
D'apres la communication orale faiteäM. Prange par M. Felizet, veterinaire a Elbeuf, le resultat de la castration de onze vaches laitieres serait le sui­vant [Recueü de Medecine veterinaire pratique, annee 1851 , Bulletin de la Societe, page 558) :
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La premiere, agee de quatre ans , a subi la cas­tration cinq mois apres le velage; a cette epo-que, eile donnait 17 litres de lait. Les premiers jours qui suivirent I'operation, le lait baissa de 5 litres; deux mois apres, eile ne donnait plus que 7 litres de lait. Au quatrieme mois, eile etait grasse , et la secretion des mamelles avait entiere-ment cesse.
La deuxieme et la troisieme avaient deja fait deux veaux. Elles furent operees quatre semaines apres la parturition. De 16 litres de lait que cha-cune donnait, elles descendirent graduellement ä 10, puis a 5; enfin, elles purent etre livrees a la boueherie au commencement du cinquieme mois qui suivit la castration. Chez ces deux betes, la diminution du lait avail suivi la marche progressive de l'engraissement.
La quatrieme, la cinquieme et la sixieme don-nerent, a tres peu de chose pres, des resultats analogues.
Chez la septieme, la meme quantite de lait se conserva pendant trois mois; mais , apres cette epoque, eile commen^a a diminuer comme chez les precedentes.
II en fut de meme pour la huitieme, la neuvieme et la dixieme vache.
La onzieme , phthisique , conserva pendant huit mois la quantite normale de lait, puis il cessa lout-
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ä-coup; la bete n'ayant pas pris d'embonpoint, fut vendue pour la basse boucherie.
M. Felizet conclut, de ces onze observations, que la castration pourrait peut-etre etre tentee avec profit sur les vaches taurellieres seulement, dans le but de les engraisser. 11 a, en outre , remarque que la viande des vaches chätrees etait plus belle , plus ferme et plus savoureuse. Le suif etait aussi plus dense et plus blanc.
M. Prange [Recueil de Medeeine velerinaire pra­tique, annee 1851, Bulletin de la Societe, p. 1005), conclut, en se basant sur l'appreciation des faits pro-duits jusque-la, laquo; que la sterilisation des vaches , lorsqu'elle reussit, dispose a I'engraissement; mais qu'il n'est pas encore prouve qu'elle favorise aussi avantageusement que M. Charlier le dit, la secre­tion du lait.
raquo; Qu'il est physiologiquement impossible d'obtenir simultanetnent du lait et de la viande ; I'observation ayant demontre que le lait diminue chez les vaches qui engrai.-sent, et que cette secretion est dans toute son activite, au contraire, chez celles qui sont dans un mediocre embonpoint; c'est aja nour-riture , uniquement, qu'il faut attribuer les varia­tions dans la lactation des vaches chätrees, et non point aux consequences de l'ablation des ovaires. Pourquoi done, alors, soumettre les vaches aux chances si douteuses et si incertaines de la caslra-
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tion, si, apres avoir subi cette dangereuse mutila­tion , elles ne doivent pas donner davantage de lait? raquo;
M. Magne (Recueil de Medecine veterinaire pra­tique , annee 1860 , Bulletin de la Societe cenlrale , page 1007), pense que, sous le rapport economi-que, il n'y a aucun avantage a pratiquer la castra­tion des vaches. II ne croit meme pas que les vaches chätrees s'engraissent mieux que les autres; cette operation doit etre exclusivement reservee pour les vaches taurellieres, encore doute-t-il qu'elle devienne jamais usuelle, en raison de la repu­gnance que les habitants des campagnes eprouvenl a faire chätrer les males, qui cependant ne cou-rent, pour ainsi dire, aucune chance de mort.
D'apres M. Tisserant(ouvrage dejä cite), laquo; la cas­tration de la vache est une operation serieuse , et quelques precautions que Ton prenne d'ailleurs , eile fait toujours courir des risques aux animaux qui la subissent; il est a craindre que 1'avenir ne reponde pas aux esperances qu'on avait fondees sur eile.
raquo; L'operalion doit etre reservee pour les vaches taurellieres, infecondesou difficiles a feconder; pour celles qui donnent peu de lait ou le perdent rapi-dement apres le velage; pour les betes dejä vieilles, autrefois bonnes, et qui vont cesser de produire abondamment; enfin, pour les excellenles laitieres,
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qaand le lait sera un produit capital et que Ton pourra operer a volonle un renouvellement d'ani-maux. raquo;
Les faits et reflexions dont nous venons de faire connaitre le resume, semblent peu favorables a I'idee qu'on pourrait avoir sur les bons effets de la castration sur la secretion laiteuse. La position scientiflque des auteurs qui les ont signales, est trop bien connue pour que nous doutions un seul instant de leur veracite.
En examinant quelques-unsdeces faits avecsoiiij nous pouvons , neanmoins, nous convaincre qu'ils ne sont pas, avec ceux qui semblent contraires, dans une opposition aussi marquee qu'on pourrait le penser. Dans les faits rapportes par Roche-Lubin, nous trouvons que deux vaches sur huit ont suc-combe aux suites de l'operation. Toutes les autres ont presente, apres 'a castration, une augmentation de la 6 litres de lait par jour; une I'a conserve, pen­dant onze mois , a 12 litres par jour, quantite egale ä celle qu'elle donnait au moment de l'operation.
Chez les aulres, la secretion laiteuse a disparu apres les sixieme , neuvieme et dixieme mois.
Nous devons signaler aussi que toutes les vaches furent, apres l'operation, atteintes d'une fievre de reaction assez intense et plusieurs offrirent des symptomes de peritonite.
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Pour ces observations nous avons a constater, comme suite de l'operation : deux mortalites, le peu de duree de la secretion laiteuse, mais une aug­mentation dans la quantite de lait fournie par jour, et un engraissement porte a un tres haut degre.
N'oublions pas que, dans les conditions ordinai-res du gouvernement des vaches, on n'aurait pas obtenu, pendant toute la periode de la secretion laiteuse, que nous portons a un an , la quantite de lait que les betes operees ont fournie durant le temps oü la fonction des glandes raammaires s'est maintenue. Sous ce rapport, ces faits sont plutöt favorables que contraires a l'operation, puisque en meme temps qu'on a obtenu une plus grande quan­tite de lait, Tengraissement s'est produit. Roche-Lubin ne semble-t-il pas le reconnaitre, en disant que la castration doit etre abandonnee a certains nour-risseurs des grandes villes ?
On aurait sans doute pu conserver plus long-temps la secretion laiteuse si, par un regime appro-prie, on eul retarde l'engraissement et favorise le produit de la secretion mammaire. M. Menard, d'Huppemeau , a quelquefois eu recours ä I'alimen-tation pour obtenir le resultat que nous signalons.
Ayant demande a cet agronome distingue quel-ques renseignements sur la question qui nous oc-cupe, je les transcris tels que je les trouve dans sa lettre : La castration ne fait pas augmenter la
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quantite du lail, mais la maintient au point oil eile elait au moment de l'operation et en ameliore la qualile; si bien qu'au lieu de faire cinquante fro-mages avec 100 litres de lait, j'en fesais cinquante-cinq et jusqu'a soixante. J'ai eu une vache chalree , qua j'ai gardee quatre ans, et qui m'a constam-ment donne 8 litres de lait par jour: c'etait une bete d'experience.
La seule cause qui amene la diminution du lait, c'est la predominance de la secretion adipeuse qui, si on n'y prend garde , tend a se produire chez les vaches vieilles chätrees; il est facile de maintenir cette tendance en donnant des aliments qui pous-sent au lait.
Nous devons ajouter que lui ayant demande aussi quelques details sur les effets de l'alimentation sur la secretion laiteuse, M. Menard nous repondit: Nul doute que la production du lait ne soit en rap­port direct avec l'alimentation. Je suis arrive, par des modifications de nourriture, a faire varier d'un jour ä Tautre de 50 O/q la quantite de lait.
Nous tenons bonne note de ce fait que nous rap-pellerons bientöt.
Revenant aux observations de Roche-Lubin, nous dirons que deux morts sur huit operes serait une proportion assez elevee pour faire renoncer a cette operation, alors memo qu'elie produirait tous les avantages que nous avons signales. Grace
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aux ameliorations apportees par M. Charlier au procede operaloire, les suites de la castration sont pen ä redouter. C'est done au modus faciendi employe par Roche-Lubin que nous devons attri-buer cette mortalite. Les phenomenes morbides constates sur les vaches qui n'ont pas succombe a I'operation , ne sont peut-etre pas tout-ä-fait etran-gers au peu de duree de la lactation observe chez les vaches chatrees par Roche-Lubin.
Quant aux assertions de M. Copeman, elles repo-sent sur des fails assez nombreux pour etre prises en grande consideration.
M. Charlier, pour combattre les conclusions resultant des observations du veterinaire anglais, commence par etablir ce qui se passe chez les vaches chätrees. La vache chätree, si eile est bien nourrie , prend , tout en fournissant la quantite de lait qui etait donneeau moment de I'operation, peu ä peu de la chair; ellese transforme, pourainsi dire, en une autre bete , en im animal neutre; se rap-proche du boeuf par ses formes, par ses habitudes, et s'engraisse a vue d'oeil quand la secretion du lait diminue ou qu'on I'a tarie ; ce qui arrive apres douze, quinze ou dix-huit mois, periode qui peut varier encore, suivant les dispositions de la bete , les soins qu'elle recoit, el surtout la nourriture qui lui est dislribuee.
Si ce resultat n'a pas ete obtenu chez les ein-
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quante vaches operees par M. Copeman , la cause ne pourrait-elle pas exister dans le mode opera-toire employe (procede Levrat) ? dans les soins apportes a i'operation ? M. Charlier ne pent croire qu'on puisse convenablement chätrer vingt-cinq vaches en un jour.
Dans les accidents nombreux qui ont suivi I'ope-ration ?
Ne pourrait-on pas admettre aussi que ces vaches avaient des aptitudes plus marquees pour I'engrais-sement que pour la secretion lactee? Ces fails doi-vent d'autant moins etonner, que M. Charlier a re-marque que lorsqu'il y a des accidents a la suite de la castration , c'est toujours la secretion du lait qui en recoit les premieres atteintes.
La meme argumentation pent etre opposee aux fails recueillis par M. Felizet.
Ce n'est pas seulement en interpretant les fails que nous venons de faire connaitre comme peu favorables a la pratique de la castration, relative-ment a la secretion laiteuse, qu'on peut esperer de convaincre , mais bien en opposant des fails con-traires , tout aussi nombreux et tout aussi authenti-ques. Certes, lä n'est pas la difficulte; aussi M. Charlier a-t-il pu accumuler une masse de fails, dont la signification a une teile importance qu'il serait difficile de les contester, et cela avec d'autant plus de raison que le mode operatoire recommande
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aujourd'hui par M. Charlier, n'esl pas celui qui a ete employe par les experimcntateurs qui ont obtenu des resultats souvent opposes a ceux qu'il a signales.
Quant aux considerations physiologiques aux-quelles on peut se livrer au sujet des effets de la castration , nul doute qu'il ne soil logique de recon-naitre que les aptitudes a la production du lait et a I'engraissement ne puissent etre longtemps main-tenues dans un juste equilibre : toujours Tune finit par I'emporter sur I'autre. 11 n'cst pas cependant entierement anti-physiologique d'admeltre que ces deux aptitudes peuvent, pendant quelque temps, marcher de front. Les faits journellement recueillis le prouvent d'ailleurssuffisamment, non-seulement pour les vaches chätrees , mais pour bon nombre de celles qui ne le sont pas.
line idee exprimee par M. Prange , et ä laquelle nous nous rattachons , c'est le role important qu'il fait jouer ä l'alimentation pour obtenir du lait et de la graisse.
La castration serait, en effet, impuissante si la ration de production n'etait pas toujours en rapport avec les produits obtenus.
L'un des torts de M. Charlier, c'est peut-etre d'avoir exagere un peu les effets de la castration et donne presque a entendre , dans certains passa­ges de ses nombreux ecrits sur cette question , que
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Hinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES VACHES
la vache chatree conservait la quantite de lait qu'elle donnait dans les premiers trois mois qui suivent la mise-bas, pendant quinze , dix-huitmois et plus , et que la bete prenait de l'embonpoint et de la graisse sans augmentation tres remarquable dans la quantite des aliments; la est, nous le croyons, Texageration deM. Charlier, qu'il partage d'ailleurs avec les auteurs qui, avant lui, se sont occupes de cette question.
Nous ne pouvons pas, d'un autre cöte, en pre­sence des faits que nous avons cites, ne pas recon-naitre les bons effets de la castration sur la secretion laiteuse pour les rapporter uniquement a la nourri-ture. Ce serait nier l'influence des aptitudes. Quel-qu'un oserait-il contester qu'une meme ration d'en-tretien donnee a plusieurs animaux, ne produira pas, bien s'en faut, les memes resultats? Au point de vue de la secretion du lait, deux vaches egale-ment nourries et placees dans les memes conditions hygieniques, donneront Tune 20 litres de lait, I'autre 3 seulement. A quoi rapporter cette diffe­rence, si ce n'est a I'aptitude variable chez ces deux vaches; nous savons aussi qu'ä aptitude egale, Fexcitation genesique non satisfaite apporte une perturbation notable dans la quantite et la qualite du lait.
Par la castration , on fait done cesser les causes de la perturbation de la secretion lactee et on favo-
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rise le developpement des aptitudes des vaches. Si I'aptitude a rengraissement predomine , c'est aussi eile qui sera heureusement influencee; ce sera Tin verse si I'aptitude de la secretion lactee domine II faut cependant reconnaitre que cette derniere est moins bien favorisee que la premiere. Aussi, est-on souvent oblige de les diriger, selon le but qu'on veut atteindre , en modifiant la nature de l'alimen-tation.
A aptitude egale , on pent, par la nourriture , augmenter ou diminuer la quantite de lait. Ne sa-vons-nous pas que M. Menard a pu faire varier, au moyen de la nourriture, la quantite de ce liquide , d'un jour a l'autre , de 50 O/q ; il a aussi reconnu que les qualites du lait diminuent dans un rapport direct avec la quantite , et vice versa. Cette obser­vation n'avait pas echappe a M. Prange.
A propos de l'influence de l'alimentation, nous ne devons pas passer sous silence les observations de M. Riedesel, rapportees par lui-meme et par plu-sieurs autres auteurs, et qui etablissent d'une ma-niere incontestable l'influence de l'alimentation sur la secretion laiteuse.
Ce cultivateur allemand avait confie a des suisses l'exploitation de ses vaches a lait.
11 etait convenu que M. Riedesel fournirait aux betes, toute I'annee, une nourriture reguliere , completement süffisante, et que les suisses, char-
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144nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES VACHES
ges de tous les soins a donner aux vaches, paie-raient, a un prix convenu par mesure , tout le lait prodoit par elles.
La quantite de nourriture exigee pour l-'alimen-tation des vaches fut si grande, que M. Riedesel se vit dans I'obligation, pour pouvoir la fournir, de vendre pres de la moitie de ses vaches. Cela I'eton-nait d'autant plus, qu'il avait depasse, pour nour-rir ces betes, le poids des aliments indique comme necessaire, par Thaer, pour I'entretien d'une vache de forte taille.
laquo; Mais, dit-il, si le changement opere dans le regime de mes vaches etait grand, celui qui en resultait pour la production du lait fut encore plus frappant.
raquo; La quantite de lait augmenta successivement, et eile parvint au plus haut point lorsque les betes eurent atteint cet etat de prosperite des vaches grasses revees par Pharaon. Alors la quantite de lait parvint au double, au triple , au quadruple , meme au-dela ; de sorte que si je comparais le produit actuel a celui precedemment obtenu , un quintal de foin, ou I'equivalent, me produirait trois fois plus de lait qu'il n'en avait produit avec mon ancienne methode de nourrir les vaches. raquo;
M. Reinhardt, praticien emerite du Vurtemberg, ne semble-t-il pas confirmer le fait signale par M. Riedesel, en disant : laquo; La meme quantite de
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fourrage consommee par dix vaches, produit plus de lait que si eile etait consommee par quinze et rneme par vingt vaches. raquo; Sans compter tous les avantages, I'auteur les enumere , qui resultent de l'entretien d'un moins grand nombre de vaches. On aura meme plus de fumier et de meilleure qualite.
N'a-t-on pas dit depuis longtemps : bien nourrir coiile, mal nourrir coiite encore davantage.
Ces principes j sur Valimentationgt; sont iVail-leurs IcUcmenl vrais et de connaissance si vieille , que la pratique les a Iraduils sous celle fbrmule un peu triviale:
Une vaehe est comme une armoire: on ne pent en tirer que ce qu'on y a mis.
L'influence de la nourriture est done incon­testable. Cela a ete pour nous un fait tellement positif, que cherchant a nous expliquer la plus grande quantite de lait fournie pendant les pre­miers mois qui suivent la mise-bas, alors que I'ali-mentation etait la meme durant tout le temps de la lactation, nous avons cru en trouver la cause prin-cipale dans un supplement d'aliments que la vache puisait en elle-meme. L'amaigrissement qui suit ordinairement la mise-bas, nous semble en etre la preuve evidente.
La graisse qui se produit durant la gestation constituerait done une reserve operee en vue de besoins futurs. Nous aurions ici des phenomencs
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U6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES VÄCHES
analogues ä ceux que Ton observe chez les am'* maux hivernants.
Quant aux accidents observes ä la suite de la castration, ils incombent entierement a I'ancien procede operatoire; cela resulte, du moins, des faits nombreux cites par M. Charlier. En nous en rapportanl ä cet auteur, on ne devrait done plus redouter les suites de cette operation. II n'y au-rait pas plus de motif pour ia proscrire, qu'il n'en existe pour le bistournage , par exemple.
Nous aimons a croire que la castration des vaches par le procede vaginal, est des plus simples et tres peu grave. Ilfaut cependant une certaine habi­tude de l'operation, et nous serions porte a admettre que tous les Operateurs ne seraient pas aussi heu-reux que M. Charlier, si nous en jugions, du moins, par les renseignements qui nous sont fournis par M. Menard: laquo; Depuis deux ans, nous ecrit cet agro-nome, je ne puis, ä mon grand regret, faire cha-trer mes vaches. M. Charlier ne pent plus se rendre chez moi, et mon veterinaire, qui a debute assez malheureusement dans l'operation, n'en veut plus faire, malgre mes pressantes sollicitations.
raquo; Des circonstances particulieres m'ayant fait meditier mon mode de speculation du betail, j'at du abandonner momentanement la castration. Mais ma conviction est restec la memo sur ses avantages au point de vue de la production du lait.
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raquo; Lorsque M. Charliervenait chez moi, la castra­tion lendait ä se propager en depit de la routine; il a fait, chez bon nombre de cultivateurs, beaucoup de castrations; mais, depuis deux ans, personne n'est la pour faire l'operation, et Ton est bien force de s'en passer. raquo;
Cette circonstance temoigne de la difficulte qu'on aura k propager cette operation ; c'est la le sort reserve generalement aux decouvertes les plus utiles.
II appartient aux amis sinceres du progres agri-cole, a tous ceux qui, par leurs exemples et leurs conseils, peuvent concourir a propager les bonnes pratiques, de redoubler de zele et de devouement pour les faire accepter. L'honneur qui leur en revient est en rapport avec les difflcultes qu'ils ont surmontees; mais il ne faut pas laisser ces honop-mes laborieux dans une fausse securite sur la nature des obstacles a vaincre, qui, pour la cas­tration des vaches, sont la crainte , la routine, les prejuges et l'interpretation trop absolue de certai-nesdonneesphysiologiques. Les leur indiquer, c'est encore concourir, pour une bien foible part il est vrai, au succes desire.
Comme nous ne proposons la castration qua pour les vaches arrivees a la derniere phase de la vie , nous n'aurons pas ä nous occuper de l'objection qu'on a faite en disant : laquo; que la castration des
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USnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES VACHES
vaches, si eile etait pratiquee en grand, pourrait nuire ä la societe tout entiere, en diminuant les vaches reproductrices, et partant le nombre des veaux livres a la consommation. raquo;
II ressort, nous le croyons , des faits et des con­siderations que nous, avons presente sur la cas­tration des vaches , que celle operation, faite par line main habile, esl rarement suivie d'accidents; ijiie c'est le seul moyen donl nous puissions dis­poser pour utiliser avantageusement les vaches laurellieres ; qua esl incontestable que, dans I'etat ordinaire des vaches, elle favorise la seerelion lacleeet I'engraissement; mais que I'augmentation de la ration de production est indispensable pour alteindre ces derniers resullals. 11 serait illogiquc (I'admeltre , ct contraire a toutes les lois de la phy­siologic , que, sans changer la ration de produc­tion, on conservät, pendant un an ouplus, la quan-tite de lait donnee dans les premiers trois mois du velage, et qu'on obtint, en meme temps, de l'embonpoint et de I'engTaissement. 11 faut recon-naitrc, toutefois, que chez la vache chätree la ration de produclion sera, pour un resultat donne , moins forte que chez celle qui ne Test pas; qu'il y aurail, enfin, un grand avantage pour I'eleveur et le consoinmateur ä chätrer les vaches apres lew qualricme on cinquieme gestation; que, pendant un
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an au moins, on obtiendrait une quantite supe-rieure de lau ä celle que Von aurail, si Von ne pratiquail pas cette operation, el qu'au moment oil le lait commence ä diminuer, la vache serait en assez bon etal de graisse pour elre immedia-tement, ou bientot, livree avanlagensement ä la consommation; d'oü economie de temps et de nourriture.
Quant a l'economie de nourriture, nous ne pou-vons done pas la coter a la somme de 80 francs.
Nous ferons la meme observation pour le mon--tant du prix du lait representant la quantite obtenue en plus pendant l'annee , et ccla par la raison bien simple que nous reconnaissons la necessite , pour atteindre le but, d'augmenter la ration de pro­duction.
Si nous avions a determiner, d'nne maniere pre­cise , la part d'influence de la castration dans le resultat obtenu, il nous faudrait des observations plus exactes que celles que nous possedons.
Cette appreciation ne pourrait resulter que d'une etude comparative , consistant a reunir un nombre determine de vaches qui seraient, sous les rapports de la race, de Tage, de la nature , du logement, de l'alimentation , du pansage , etc., dans des con­ditions aussi identiques que possible, et a former de tous cesanimaux trois lots egauxen nombre : le
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premier, se composerait de vaches chdtre'es; le deuxieme , de vaches non pi eines, mais ayant mis bas a la meme epoque que les vaches cha-trees; et le troisieme, de vaches pleines. On etablirait, pour chaque lot, un debet et un avoir. Les vaches pleines seraient vendues au boucher au moment le plus opportun. Leur poids, au moment de la vente , serait, deduction faite du foetus et des enveloppes, compare a celui des vaches chatreesquot;; il faudrait aussi tenir compte de la quanlite relative de lait qu'elles auraient fourni , ainsi que do la qualitede ce liquide. Paria on aurait une premiere donnee sur les effets de la castration. Resteraient les deux autres lots , dont les animaux, apres on an , seraient livres a la consommation. ;
La quantite de viande nette qu'ils donneraient; le suif, la qualite de la viande; la quantite et la qualite du lait obtenu; la valeur des veaux, se­raient appreciees, et les differences resultant de cette comparaison , temoigneraient de l'influence qu'a pu avoir la castration dans les produits.
Si ces experimentations , repetees plusieurs fois , indiquaient toujours des resultats identiques, il serait permis de poser des conclusions qui,difficile-ment, pourraient etre contestees.
Les reserves que nous venons de faire ne nous empeehent pas de reconnaitre toute la valeur que pent avoir la castration au point de vue de l'interet
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general et particulier, et de la considerer comme une decouverte d'une grande importance et bien digne d'etre propagee.
Si, en terminant, nous voulions etablir par des chiffres les avantages de la castration des vaches , nous ne pourrions guere, restant fidele aux regies que nous nous sommes posees, les determiner que pour les vaches atteintes de nymphomanie , qui, nous le savons, consomment beaucoup sans pro-duire, et dont on pourrait, par la castration, obtenir les resultats que nous avons signales. (V. p. 125.)
Nous sommes bien convaincu aussi que la cas­tration a une influence non douteuse sur les vaches des autres categories ; mais il nous serait si dif­ficile , avec les observations que nous ppsse-dons, d'en determiner, par des chiffres, la valeur meme approximative, que nous aimons mieuxlais-ser un desiderata de plus dans notre travail, que de nous prononcer d'apres des donnees trop incertaines.
Nous croyons, neanmoins, qu'on verserait a la eonsommation une bien plus grande quantite de lait (1), plus de viande et de meilleure qualite.
(I) M. Charlier porte la quantite de lait qu'on obtiendrait en plus, par annee, des 770,000 vaches laitieres que nous possedons en France, a 1,039,300,000 litres. II admet que les vaches chätrees seraient bien nourries , on aurait aussi plusdesuif, plus de viande, et de meilleure qualite, que
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Pour determiner par des chiffres les avantages generaux et particuliers qu'on pourrait relirer de la castration des vaches taurellieres, il faudrait d'abord preciser le nombre des vaches livrees tous les ans a la consommation.
D'apres la statislique de la population animale, dressee en 1840, nous possedions ä cette epoque, en France, 10,000,000 de betes bovines; sur ce nombre figuraient 5,300,000 vaches.
M. Block portait, en 1850, la population bovine a 12,000,000 de tetes. 11 est probable qu'aujour-d'hui ce nombre est depasse.
D'apres le releve de la statistique de 1840, on abattait, tous les ans, pour la consommation, 800,000 vaches.
On pent, sans exageration, admettre qu'il monte maintenant a 1 million.
Nous savons que les taurellieres s'elevent a un dixieme du nombre des vaches; ce serait done 100,000 vaches qui, lous les ans, seraient presque entierement perdues pour la consommation , ou qui
dans les conditions actuelles de l'entretien des vaches; on ne ferait plus consommer en pure perte les aliments exiges pour le developpetneut du foetus et de ses enveloppes qui sont jetes ä la voirie.
Pour qne le calcul de M. Charlier, relativement a I'aug-inentation du lait, put etre exact, il faudrait admettre qu'on '#9632;hätrerait toutes les vaches laitieres que nous possedons. Qui oserait le proposer?
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ne fourniraient que tres peu de viande et de tres mauvaise qualite. Cependant ces animaux consom-mentbeaucoup de nourriture et sans rien produire. II y a la ainsi une grande perte pour les posses-seurs de ces animaux.
Par la castration, pratiquee a temps, on pent ramener ces vaches aux conditions normales ; d'oü la possibilite d'obtenir, sans avoir besoin d'aug-menter de beaucoup la ration, l'engraissement et la prolongation du lait chez celles qui en fournis-sent.
Nous pouvons admettre que sous I'influence favorable de la castration, chaque vache acquer -rait, en moyenne, 100 kilog. de viande. Ce serait 10 millions de kilog. de viande do plus verses a la consommation qui, al fr. le kilog. seulement, donneraient aux producteurs 10 millions de francs.
Cette viande, ne laissant rien a envier a celle des meilleurs boeufs, serait vendue SO centimes le kilog. de plus qu'elle ne Teut ete. En portant le poids moyen d'une vache a 200 kilog. de viande nette, nous aurions encore, pour les producteurs, un boni de 10 millions de francs. Ce qui ferait, pour les eleveurs, 20 millions de francs qui au-raient ete entierement perdus.
Si Ton nous objectait que la tout n'est pas bene­fice , vu la necessite d'augmenter la ration de pro­duction , nous pourrions repondre que la valeur du
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15inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES VACHES
Iah. obtenu, la plus grande quantite de furnier, le surplus du suif produit, peuvent amplement payer le surcroit de la valeur du fourrage a faire consom-mer a ces betes.
Pour I'interet general, nous devons encore faire cntrer en ligne de compte la quantite de lait con­serve aux vaches laitieres et l'augmentation du suif.
Nous pouvons bien admettre que sur les 100,000 vaches taurellieres, il en est 70,000 aux-quelles on aurait conserve, pendant un an, une moyenne de 5 litres de lait par jour; ce qui fait 1,800 litres par tete, soit, pour les 70,000 T 126 millions de litres de lait.
Quant au suif, nous pouvons le porter, par tete, ä 2S kilog, au moins, en susde ce qu'elles auraient fourni, soit 2,500,000 kilog.
En resume, la castration des vaches taurellie­res produirait une augmentation de 10 millions de kilog. de viande d'une qualite superieure;
126 millions de litres de lait;
2 millions bOO kilog. de suif.
Pour le producteur, les revenus s'accroitraient de 20 millions de francs.
D'apres les calculs approximatifs que nous ve-nons d'etablir, nous n'avions done pas exagere en portant a 150 fr., pour chaque vache taurelliere, la plus value obtenue par la castration.
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La castration des vaches, envisagee sous ce seul point de vue, aurait une importance economique assez considerable pour meriter de fixer tres serieu-sement TaUention de tons les agronomes amis du progres.
Cette operation , faite dans des conditions conve-nables, est appelee , nous le croyons, a rendrc d'incontestables services a certaines branches de l'industrie agricole. S'il est fächeux d'exagerer l'importance des meilleures pratiques, il ne Test pas moins de proscrire ä priori toute innova­tion.
En presence des difficultes que rencontre, sur-tout en agriculture, la propagation des decouvertes utiies, nous ne devons pas etre etonnes des obsta­cles de toutes sortes qu'aura a surmonter la prati­que de la castration des vaches, pour etre adoptee comme operation fructueuse.
Les prejuges, les jugements ä priori devant succomber en presence de Tinterpretation rigou-reuse des faits, un bei avenir est toujours reserve aux bonnes choses. C'est done au champ de l'ex-perimentation que Ton doit appeler les incredules. La est la seule arene oil Ton puisse juger la ques­tion. Si les fails se produisent tels que nous les ont racontes et les ont observes, sans nul doute, les adeptes de cette operation, on ne pourra pas long-temps fermer les yeux a la verite.
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CASTRATION DES PETITS AMMAUX
CHAPITRE III.
PETITS ANIMAUX.
I
Sommaire : Influence de la castration sur les especes ovine , caprine, porcine , canine, volatile , etc., etc.
Les considerations exposees precedemment sur les effets de la castration , chez les solipedes et les betes bovines, simplifieront beaucoup ce qui nous reste a dire sur les animaux dont nous avons a nous occuper.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;v
Nous examinerons tres rapidement le developpe-ment physique et moral des males de ces especes n'ayant pas subi la castration, les modifications que la castration produit chez eux sur I'organisme; nous dirons aussi quelques mots au sujet des femelles qu'on est dans l'habitude de chätrer. Nous verrons, enfln, s'il y a interet pour ces especes a chätrer les femelles qui ne le sont pas ordinairement.
Espece ovine. Si de tous les animaux quadrupe-des ceux de l'espece ovine sont les plus stupides, s'ils ont le moins d'instinct, ils n'en fournissent pas moins a Thomme les produits les plus varies et les plus importants ; ils lui donnent de quoi se nourrir et se vetir; sans compter la peau, les boyaux, les os, le fumier. II Importe beaucoup de
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favoriser, au mieux possible , ceux de ces produits qui sont le plus avantageux.
Le belier, arrive ä Tage adulte, a la tete forte, les cornes (chez les races qui en ont) sont plus fortes; la laine est moins tassee, plus longue, moins fine que chez les animaux de la meme race et qui se trouvent dans les memes conditions hygieniques, mais qui ont ete chätres de bonne heure; le corps a assez de volume, les formes sont un peu anguleuses, les membres sont forts, le tissu osseux est tres developpe.
L'engraissement du belier est difficile. Le suif est peu abondant; la viande est coriace , d'une odeur qui rappelle celle qu'exhale la bergerie, eile a aussi un mauvais goüt; I'accroissement general du corps s'opere avec plus de lenteur que chez les animaux chätres.
Le belier est fort, vigoureux, sa demarche est Here; en presence de son ennemi, son regard de-vient menagant, son pied frappe le sol avec force ; c'estsurtout en presence d'un rival que sa force, son energie se manifestent. Aussi est-ce avecraison que Buffon a pu dire : laquo; L'amour, qui dans les animaux raquo; est le sentiment le plus vif et le plus general, est raquo; aussi le seul qui semble donner quelque viva-raquo; cite, quelque mouvement au belier; il devient raquo; petulant, il se bat, il s'elance centre les autres raquo; beliers,quelquefois meme ilattaque son berger. raquo;
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Le belier ressent, moins que le mouton, I'in^ fluence pernicieuse de rhumidite.
Les caracteres que nous venons d'assigner au belier sont susceptibles de varier beaucoup, selon la race a laquelle il appartient; quoi qu'il en soit, ce ne sont pas ceux que nous desirons rencon-trer chez les animaux de l'espece ovine en general.
II faut rechercher les caracteres qui decelent un accroissement rapide, une aptitude tres pro-noncee ä I'engraissement; a la production la plus elevee possible de la quantite et de la qualite de laine.
Ces qualites decoulent principalement des croi-sements, des accouplements judicieux et des con­ditions hygieniques ou on place les troupeaux.
C'est la une question non douteuse et donl nous n'avons pas a nous occuper.
Nous croyons , neanmoins , utile d'examiner quelle pent etre, dans une race donnee, I'in-fluence de la castration.
L'äge auquel on la pratique a une grande action sur la precocite, le volume du corps, la quantite et la qualite de laine, la facilite de I'engTaissement ; la force, l'energie et la resistance ä l'humidite, consideree comma agent pathogenique.
Pour resoudre ces questions, nous avons fait de nombreuses experimentations, dont nous donnons aujourd'hui le resultat. 11 serait trop long d'entrer
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SOUS LB RAPPORT HYGIENIQUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;159
dans tous les details qu'elles comporteraient; il suffira, nous le croyons, d'enoncer les bases de nos experiences.
Les sujets d'experimentation ont toujours ete pris parmi les races Lauraguaise, Ariegeoise et les metis merinos Lauraguaisgt; et sur des trou-peaux composes de cinqaante a soixante-dix males. Us etaient tous du meme äge et provenaient de brebis ägees de dix-huit mois a cinq ans. Sur un troupeau de ce nombre, nous prenions de six a douze individus, venant de meres ayant des äges differents; nous faisions a chacun des marques ineffacjables : des coches faites aux oreilles rem-plissent bien ce but.
Le minimum de Tage auqnel nous pratiquions la castration sur ces sujets, a ete de six semaines; le maximum, de quatre mois; le terme moyen, de deux mois. II est bon de noter que , dans nos con-trees , on est dans Thabitude de ne pratiquer la castration que chez les animaux äges de huit mois a un an.
Ces experimentations ont ete faites un assez bon nombre de fois. Nous avons toujours constate, a moins d'accidents survenus aux produits ou aux meres, que la castration hätive favorisait la pre-cocite, le volume general du corps et surtout des parties posterieures; la tete prenait un volume moindre; les comes etaient moins grosses, dans
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les individus ariegeois et les metis merinos; le tissu osseux moins developpe, les formes plus ar-rondies; la laine plus tassee , moins longue , mais plus fine. 11 a ete constate que la toison des animaux chätres de bonne heure pesait jusqu'a une livre et demie de plus que celle des autres; le surplus etait en moyenne d'une livre , et eile aurait ete vendue a un meilleur prix si on l'eüt separee de celle des autres animaux.
La viande est meilleure, plus tendre; eile perd I'odeur particuliere que nous avons constatee chez le belier; I'engraissement est plus facile ; les bou-chers, comme le dit M. Magne, les trouvent plus natures, moins verts; ils les preferent et en don-nent un meilleur prix. Achetes ä 3 ou 4 francs de plus que les moutons du meme troupeau et du meme age , ils ont donne , vu la plus grande quantite de viande et de suif, un plus grand benefice.
La force, la vigueur, sont beaucoup moins pro-noncees ; I'animal est mou, paisible , plutot enclin au repos qu'au mouvement; le courage a fait place i la crainte; le moindre objet l'etonne et le fait fuir. Nous avons remarque que les agneaux issus des meres les plus agees se developpaient, chätres ou non, plus lentement que ceux provenant des plus jeunes betes. Nous avons tenu compte du fait, afin de ne pas rapporter aux effets de la castration ce qui pourrait n'etre du qu'a Tage des meres.
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Aussi avions-nous eu le soin de prendre, pour nos experimentations, des agneaux issus de brebis de differents ages.
Chätres a un an, ces animaux n'ont pas encore acquis tons les caracteres qu'offrent les beliers de trois a quatre ans ; le train posterieur se fournit assez bien ; I'engraissement se produit facilement; la chair est de bonne qualite, eile perd vite son odeur do belier; mais les os sont plus volumineux, la tete plus grosse ; I'animal conserve toujours un peu plus de force et de vigueur; si Ton garde ces betes assez de temps pour operer une deuxieme tonte , on pent se convaincre que la laine a gagne en quantite et en qualite. 11s resistent mieux, que ceux qui ont ete chätres jeunes, ä l'influence de l'humidite; ils sont moins recherches dans leur nourriture, ils peuvent, sans fatigue, aller la cher-cher au loin ; ce qui n'a pas lieu pour ceux qui sont chätres tres jeunes.
Chez les beliers qu'on garde jusqu'ä Tage de trois ou quatre ans et plus , la castration est sans influence aucune sur leur conformation. Nous Sa­vons seulement qu'elle est un des moyens de faci-liter leur engraissement et de faire disparaitre l'odeur penetrante et le mauvais goüt de leur viande.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
Les resultats fournis par nos experimentations nous autorisent neanmoins a poser en principe, que
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chez I'agneau la castration doit etrepratiquee le pluspres possible de la naissance.
11 n'y a d'exception que pour les troupeaux qui vont paitre sur des terrains assez humides pour faire developper la cachexie aqueuse; ou bien lors-que le pays est tres aride , qu'on a peu d'aliments a donner a la bergerie, et que, pour nourrir les animaux, on est oblige de les conduire sur des pacages tres eloignes de la ferme , ou de les faire courir longtemps afin de leur faire trouver une süffisante quantite de nourriture. C'est surtout pen­dant les temps chauds et humides que les individus chätres jeunes souffrent plus que ceux qui ont ete operes a Tage d'un an.
Pour les animaux de l'espece ovine, on ä pre-tendu aussi que le mode operatoife avait une grande influence sur les effets de la castration.
Chätres par le bistournage, les animaux per-draient moins les attributs de leur sexe que s'ils etaient operes par l'excision des testicules; ils auraient plus de force, plus de vigueur; pren-draient difficilement la graisse, donneraient une viande dure et de mediocre qualite.
C'est lä une erreur des plus grandes et que nous avons demontre, en envisageant cette question chez les solipedes et les ruminants.
Nous I'avons etudiee aussi chez les ovines ; les faits que nous avons observes sont meme plus nom-
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breux que ceux qui ont trait aux solipedes et aux grands ruminants.
Nous avons opere sur un bien grand nombre d'in-dividus se trouvant dans les memes conditions, par les divers procedes de castration appliquables aux agneaux : foueltage, excision simple du cordon, bistomnage, arraehement.
Nous avons suivi avec le plus grand soin les individus operes par les diverses methodes, et jamais nous n'avons pu saisir, entre les animaux operes, la moindre modification pouvant etre rap-portee au mode operatoire employe, ä moins toute-fois qu'iis n'eussent ete mal bistournes; dans ce cas, I'accusation portee centre le bistournage recevait sa confirmation la plus etendue.
L'exactitude de ce fait n'a pas echappe a I'es-prit observateur de M. Magne; il I'a consigne dans son Hygiene appliquee, art. Castration des betes a laine, page 286, dans les termes suivants : laquo; Les raquo; inconvenients reproches au bistournage depen-raquo; dent de ce qu'on ne tord pas suffisamment le a cordon testiculaire, de ce que les testicules con-raquo; servent en partie leur vitalite. Mais si I'operation raquo; est bien pratiquee, eile est süffisante, produit raquo; tous les effets desirables, et se recommande sur­ft tout en raison du peu de gravite relative qu'elle raquo; offre; eile est beaucoup moins dangereuse que raquo; tous les autres procedes de castration. raquo;
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164nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES PETITS ANIMAÜX
Les observations que nous avons recueillies chez chez les males de l'espece ovine sont, comme on le voit, tout-a-fait identiques a celles que nous avons fait connaitre a propos de la meme question , envi-sagee chez les solipedes et les betes bovines.
En chatrant la brebis on peut se proposer de rendre Tengraissement plus facile, d'augmenter la quantite et la qualite de la toison. On pourrait encore , en se basant sur ce qui se passe chez la vache, avoir en vue, pour les betes entretenues pour produire du lait, de maintenir, pendant plus longtemps, la secretion laiteuse, d'augmenter la quantite de ce produit, et de le rendre de meilleure qualite.
Sans chercher a nier I'influence que pourrait avoir la castration pratiquee chez les brebis en vue de ce but complexe, nous croyons qu'il est plus sur de chercher, par des croisements, des appareil-lements judicieux et de bonnes conditions hygieni-ques, a obtenir ce resultat, plutöt que de le deman-der ä une operation.
Plusieurs raisons militent en faveur de cette opi­nion :
La premiere, c'est que les ovinees femelles ressentent avec peu d'energie les desirs genesi-ques; I'observation prouve, en effet, que pour faire apparaitre le rut chez ces animaux , il faut, le
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plus souvent, les soumettre a une alimentation excitante et les mettre en rapport avec le belier ; c'estsurloutlorsqu'elles se trouvenl en contact avec le male que le desir de la copulation apparait. Nous devons memeajouterqu'il estpeu manifeste etd'une tres courte duree: de douze ä trente heures; lors-qu'il n'est pas satisfait, rien, dans I'organisme, n'en decele la privation, du moins d'une maniere assez prononcee pour porter une atteinte profonde a la nutrition. Lorsque le rut n'est pas satisfait, il reap-parait plusieurs fois a quinze a vingt jours d'inter-valle; mais il est toujours de tres courte duree, n'a que tres rarement des effets fächeux, et ne se produit generalement qu'en presence du male.
La deuxiime, c'est que pendant toute la duree de Fallaitement ou de la traite, les chaleurs ne se produisant pas, le lait ne pent en eprouver aucune alteration.
La troisieme raison , et c'est la plus importante , c'est qu'il est si facile d'obtenir, en peu de temps, par des croisements, des appareillements judi-cieux et de conditions hygieniques appropriees, des aptitudes transmissibies, que ce serait un non sens de les demander a une operation qui ne peut en donner que de viageres. Si Ton objectait que le meme resultat pouvant etre obtenu chez les males, on ne comprend pas que nous approuvions cette operation pour les males et que nous la repoussions
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pour les femelles, notre reponse serait toute sim­ple : nous ne nions pas que la castration ne puisse avoir une certaine influence sur l'engraissement et la production d'une toison plus tassee et plus fine; mais cette influence doit etre beaucoup moins mar­quee que chez les beliers, et ces motifs se trouvent dans la difference d'excitation genesique existant chez Tun et chez I'autre. Nous savons, en effel, qu'en dehors de la presence du male , la femelle de l'espece ovine est un etre presque neutre : laquo; La raquo; brebis, dit Buffon , quoiqu'en en chaleur, n'en o parait pas plus animee , pas plus emue ; eile n'a raquo; qu'autant d'instinct qu'il en faut pour ne pas raquo; refuser les approches du male, pour choisir sa raquo; nourriture et pour reconnaitre son agneau. raquo; La fonction de la generation ne pent done pas avoir, chez eile, une influence bien manifeste sur I'orga-nisme. Chez le belier, la puissance genitale est portee ä un degre tres eleve : laquo; M. Ayraud, de Fontenay, raquo; a cite un belier qui, dans une nuit, a engen-raquo; dre soixante-trois agneaux. raquo;
Ce fait suffirait ä lui seul pour etablir la grande difference existant entre I'excitation genitale du male et celle de la femelle, et par suite la diversite d'influence que doit avoir l'appareil de la generation sur la conformation et la nutrition, d'oü naissentdes indications differentes. Chez Tun, en effet, il fau-dra aneantir une fonction qui nuit a I'assimilation ;
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chez I'autre, on pourra la laisser sans trop d'incon* venients.
Si nous ajoutons ä ces motifs la difflculte plus grande qu'offre la castration chez la femelle, et les accidents plus nombreux auxquels cette operation I'expose , nous aurons motive sufflsamment, nous le croyons, I'opinion que nous avons emise, et qui consiste a reconnaitre, pour les ovines, I'uti-lite de la castration des males et non celle des fe-melles.
Espece caprine. Les males de cette espfecenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;h
offrent, sous le rapport du developpement du Sys­teme osseux, les memes considerations que celles qui ont ete signalees a propos des beliefs; ils ont le poil grossier et tres long; le duvet, chez les races qui en ont, est peu abondant et tres fin, Les comes prennent un volume considerable. L'en-graissement est difficile , et il Test d'autant plus que les boucs sent plus ages; la viande est coriace, a une odeur tres penetrante et un mauvais gout; le suif est peu abondant. Ces animaux sont tres vigou-reux, tres energiques , leur excitation genitale est tres prononcee.
La castration praliquee chez les chevreaux, produit les memes effets que chez le belier : leur ossature, leurs cornes se developpent moins; le poil est plus fin , le duvet plus abondant; la viande plus
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168nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES PETITS ANIMAÜX
tendre, eile a perdu l'odeur forte qui rappelle celle du bouc; il y a aussi plus de suif.
La castration pratiquee chez des boucs äges de quatreä cinq ans, favoriseencore I'engraissement; la viande devient tendre, son odeur et son mauvais goüt disparaissent, a la condition, toutefois, de ne les livrer a la consommation que trois ou quatre mois apres I'operation.
On ne saurait done trop conseiller de faire cha-trer ces animaux, soit qu'on les livre jeunes a la boucherie, ou bien apres qu'ils ont servi a la pro­pagation de l'espece. Ces betes, convenablement engraissees , donnenl une viande aussi bonne que celle de betes ovines. Les peuples de l'Asie la pre-ferent.
Contrairement ä ce qui s'observe chez les bre-bis, les chevres ont des chaleurs tres ardentes, le desir de raccoupiement est tres prononce, le rut dure deuna quatre jours; pendant ce temps, les mamelles se gonflent et cependant le lait dimi-nue beaucoup; si Ton ne les fait pas saillir, les cha­leurs reviennent tous les quinze a vingt jours, les betes no mangentpas, deviennent tristes, maigrls-sent, finissent meme par tomber dans le roarasme et meurent.
L'engraissement de la chevre s'obtient tres diffi-cilement; eile ne fournit presque pas de suif, la viande est dure, filandreuse el tres peu estimee. La
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vaieur de la chevre diminue tellement avec Tage, que si eile a coute, etant jeune, 30 fr., eile sera vendue, apres six ä sept ans de service, ß a 7 fr.
11 n'est pas douteux qu'au moyen de la castration on ne put modifier tres avantageusement les apti­tude de la chevre et qu'il füt possible ainsi d'ob-tenir un engraissement facile, une assez grande quantite de lait et une viande de bonne qualite. Les resultats de Toperation seront d'autant plus assures que Ton y aura recours a un age moins avance; au lieu de garder les chevres neuf a dix ans , on pourrait les renouveler tous les cinq a six ans. On verserait ainsi une plus grande quantite d'aliments a la consommation, on obtiendrait plus de suif, etTindustriel aurait un benefice plus con­siderable.
Nous avons en France, d'apres la statistique publiee en 184.0, 964,300 chevres, representant une vaieur de 8,831,451 fr., soit de 9 fr. 16 cent-times par chevre; le revenu moyen en est evalue a 5,448,301 fr., soit a 5 fr. 55 c. par chevre.
Dans un travail publie par M. Martegoute dans les Annales de la Societe d'Agriculture de Lyon, (1850-51, p. 246), cet auteur estime que les che­vres valent 24 fr. a Tage de deux ans, et 6 fr. apres huit annees de service; il etablit, par un cal-cul qui parait tres exact, que chaque ch^vre pro-duit un revenu net de 4-2 fr. 48 c. par annee.
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HOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES PET1TS AN'LMAUX
Admeltons que nous possedons en France 1)00,000 chevres, en les renouvelant tons les six ans, nous aurons 130,000 chevres a verser par an a la consommation. Si chacune donne 50 kilos, poids net, de viande , cela fait 4,300,000 kilos de viande de bonne qualite qui sera livree au con-sommateur.
En portant a S kilos le suif fourni par chaque chevre , nous obtenons 750,000 kilos de suif.
Si au lieu de la vendre 7 fr. nous en retirions It prix qu'elle a coüte a deux ans, 24 fr., ce serait one plus value de 17 fr. pour chaque bete, soit 2,330,000 fr. pour le nombre livre tons les ans a la consommation.
Cette somme ne serait sans doute pas toute de benefice, attendu qu'il est rationnel d'admettre qu'on serait oblige d'augmenter, dans ce cas , la ration de production. II faut reconnaitre aussi qu'en chatrant les chevres un mois apres la mise-bas , on eviterait les modifications que subit le lait dans ses qualites et sa quantite, et qu'il serait pos­sible , a en juger du moins par ce qui se passe chez la vache, que la secretion laiteuse prit une plus grande activite. S'il en etait ainsi, on trouve-rait lä une compensation a l'augmentation de la ration de production.
Quoi qu'il en soit de ces calculs ä -priori, que nous donnons sous toute reserve, attendu que nous
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n'avons pu les verißer par l'observation et l'expe-rimentation, nous croyons que , vu le peu de valeur qu'ont les chevres apres avoir ete utilisees pendant sept ä huit ans, on n'a qu'a gagner ä recourir ä la castration pour rendre I'engraisse-ment facile et modifier favorablement la viande qu'elle fournit.
En Afrique et dons quelques localites des Pyre­nees, on n'a qu'ä se louer des resultats de la cas­tration ; pourquoi n'agirait-on pas de meme dans toutes les contrees oü on se livre a l'eleve de la chevre ?
Une circonstance qui a fait que cette espece , precieuse a cause des services qu'elle peut rendre par sa viande, son lait et sa fourrure, n'a pas attire l'attention des agronomes, c'est que , ainsi que I'exprime M. Magne, laquo; la chevre, justement appeleo vaclie dupauvre, a ete trop exclusivement consideree au point de vue de la petite culture; les degäts qu'elle occasionne ont aussi trop detourne les agriculteurs des nombreux avantages que peut offrir son eleve. raquo;
Une etude plus approfondie des ressources que peut offrir cette espece , la feront , sans doute , estimer a sa juste valeur, et alors la castration prendra aussi la place que lui meritent les amelio­rations qu'elle concourt puissamment a produire et dont nous avons donne un apenju.
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Espece porcine. Malgre toutes les modifications imprimeesä la conformation par les croisements, les appareillements et les conditions hygieniques oü on a place cette espece, la mise en jeu de l'appareilde la generation n'en exerce pas moins des effets puis-santssur I'organisme, moins prononces, sans doute. que chez les individus qu'on n'a pas cherche a ameliorer, sous les rapports de la precocite, de !a production de la viande et de la graisse.
Le pore n'est entretenu que pour sa viande, sa graisse et ses debris ; ce n'est done qu'apres sa mort que les produits qu'il donne vont a la con-sommation et a I'industrie.
II est incontestable que I'excitation genitale a, chez ces animaux, la meme influence que chez ceux dont il a ete deja parle. Elle favorise le deve-loppement du Systeme osseux et des productions epidermiques , au detriment de la chair et surtout de la graisse.
Le verrat et la truie sont d'un engraissement tres difficile. Leur chair est d'autant plus dure et d'une odeur forte qu'ilssont plus ages. La graisse estpeu abondante, le lard pen developpe.
Le verrat est tres prolifique; le rut developpe en lui une excitation toute particuliere; il est har-gneux. ilgrogne, ilsecoue ses mächoires; sa bou-che est remplie de salive ecumeuse; il refuse de manger, cherche la femelle, el parfois devient
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mechant si non furieux. Chez les femelles, les cha-leurs se manifestent par des signes ä peu pres sem-blables a ceux qu'on observe chez les males; la truie est, dans cet etat, moins mechante ; mais eile se tourmente plus que le verrat, eile cherche le male, reste a cöle de lui. Si le desir genital n'est pas satisfait, les phenomenes qui I'indiquent dispa-raissent pour revenir au bout de douze a quinze jours. Les saisons, la temperature, Talimentation ont, a ce sujet, une grande influence; la race elle-meme a aussi son action. Chez les animaux perfec-tionnes, ce desir est moins prononce et moins frequent.
Les effets de la castration sont si bien connus chez cette espece, que ses avantages ne sont contestes par personne; aussi, a moins qu'on ne garde les produits pour la reproduction, chatre-t-on ces ani­maux, males ou femelles, a Tage de un mois et derni ä trois mois. On n'attend pas, pour pratiquer cette operation, que I'appareil genital soit entre en action.
Dans ces cas, les productions epidermiques perdent de leur activite; les dents canines ne prennent pas les dimensions qu'elles acquierent chez le verrat; le tissu osseux est a son minimum de developpement; la formation de la viande et de la graisse est influencee favorablement; Tassirnilation est tres prononcee pour toutes les substances variees
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mnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES PETITS AN1MAÜX
dont on nourrit les pores; les excitations generales, tres frequentes chez les individus non chatres, ne s'observent pas : I'accroissement general du corps est favorise, I'engraissement plus facile; la chair, de meilleure qualite , a perdu son odeur.
Deux animaux de meme race, du meme age, dont Tun aura subi la castration tout jeune et l'autre non , offriront a Tage d'un an , et quoique soumis aux memes conditions hygieniques, one difference tres sensible sous les rapports du poids, du rende-ment de la viande et de la graisse.
Ces elats sent plus marques chez les males que chez les femelles. D'apres Viborg [Memoire sur le Pore, 1823), le lard est plus forme et plus consis-tant chez les animaux qui n'ont ete chätres qu'ä Tage de six inois. Les observations que nous avons recueillies ne nous ont pas permis de verifier I'exac-titude de ce fait. Nous pouvons assurer que les verrats ou les truies chätres ä l'äge d'un an ou plus tard, n'ont jamais, quoique soumis a I'engrais­sement , le lard ni aussi fin, ni aussi epais, que les animaux chätres ä deux ou trois mois. Ils ont aussi moins de graisse.
Toujours est-il qu'on doit chätrer les verrats et les truies, quel que seit leur äge, avant de les sou-inettre ä I'engraissement. Par cette operation, il sera encore possible d'obtenir un resultat satisfai-
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sant sous les rapports de la graisse, de la quantite et de la qualile de la viande.
Pour I'espece porcine, les bons effets de la castra­tion est une question jugee. La preuve incontes­table ressort de l'emploi qu'on fait generalement de cette operation pour tous les individus males ou femelles indistinctement.
Quant a Tage que doivent avoir les animaux sur lesquels on la pratique, nous n'hesitons pas a admettrc que celui de un mois et demi a trois mois est le plus avantageux.
Pour ceux que Ton a employes a la reproduc­tion , nous croyons qu'il importe de les soumettre a I'engraissement avant qu'ils aient atteint un age trop avance; le verrat devrait etre conserve jus-qu'a deux a trois ans, et la truie jusqu'ä quatre a cinq au plus.
Espece canine. L'instinct genital est precoce chez les individus de cette espece. Son eveil a une influence analogue a celle qui a ete indiquee pour les autres especes animales. Les effets en sont aussi tres manifestes chez les males.
Si le jeune chien exerce trop frequemment I'ac-tion genitale, son train posterieur reste amaigri ; ses lombes sont etroites, sa croupe est effilee, ses cuisscs sont minces; les parties anterieures du corps prennent un developpement normal; il y a de la
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faiblesse dans le train posterieur; le moindre exer-cice le fatigue.
Nous avons en ce moment un chien de chasse d'une tres belle race, qui porte les marques incon-testables de Tabus premature de cette fonction.
Les desirs genesiques sont des plus prononces; le male suit facilement a la piste unc chienne en chaleur. Une fois en sa presence, il devient inat-tentif a tout ce qui n'est pas la femelle ; il mecon-nait la voix de son maitre ; quitte pendant plusieurs jours son habitation. Si la chienne est enfermee, il rode autour de sa demeure, fait entendre un aboiement d'un caractere tout particulier, qui consiste en des sons aiguset prolonges; il supporte patiemment la faim , ou plutot ce besoin semble faire place a un desir plus puissant. Les males se livrent des combats terribles, et apres plusieurs jours de lüttes et de souffrances, ils rentrent au logis epuises par la fatigue el l'abstinence, et sou-vent cribles de blessures.
Pendant tout le temps que dure le rut de la femelle, les males qui I'entourent semb'entrevenus a l'etat sauvage; ils ont perdu leurs habitudes ordi-naires, leurs penchants les plus prononces.
Le chien braque, le plus soumis, le plus ardent a la chasse, devient, en presence dune chienne en chaleur, sourd a la voix du chasseur, inattentif äce qu'il fait; le gibier se leve devant lui sans qu'il y
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fasse la moindre attenlion ; avant de le faire lever, il n'a pas donne le moindre coup de nez, marque ie moindre temps d'arret (expression de chasse).
Le chien de berger abandonne son troupeau; le chien de garde, la demeure qui lui est confiee; il n'esl pas jusqu'au chien de salon qui ne delaisse les douces caresses de sa maitresse, les tapis moel-leux qui l'entourent, les gäteaux et les mets delicats dont on le nourrit, pour aller, ä la suite d'une chienne, trotiiler dans une boue noire et infecte; heureux encore si, dans sa course vagabonde, il n'est pas roule par quelque gros mätin, ce qui ne lui fait pas regagner plus vite son gite.
11 faut done que l'instinct genital arrive ä un point bien eleve, pour faire reprendre tout ä coup la nature sauvage au plus fidele compagnon de l'homme.
En dehors de ces instants d'amour, il n'est pas d'animal qui se fagonne mieux ä nos volonles : atten-tif ä nos regards , il sail en saisir toutes les indica­tions ; e'est par des caresses , des cajolleries, qu'il se venge de nos brutalites ; il est fier, vigoureux , resiste aux plus rüdes fatigues ; il semble heureux des satisfactions et des services qu'il nous rend.
II est vraiment fächeux que cette exaltation du desir genesique lui fasse perdre, meme momenta-nement, toutes ces precieuses qualites, et que nous nous trouvions ainsi, de temps en temps, privesdes
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nombreux services qu'il nous rend ou des plaisirs qu'il nous procure.
Ces ecarts dans les habitudes du male de l'espece canine, s'observent aussi chez lafemelle : les ardeurs genitales lui font quitter la maison et faire de lon-gues excursions. Si le male la recherche, eile ne le recherche pas moins a son tour; aussi la voit-on aller vivement a sa rencontre et souvent I'agacer.
Les inconvenients qui viennent d'etre signales et qui se ratlachent aux fächeuses conditions oü se trouvent, a l'cpoque du rut, les animaux de l'es­pece canine , ne sont pas les seuls ; il en est d'une autre nature qui meritent de fixer serieusement I'atlention. iN'est-il pas ä craindre, en effet, que les chiens, qui quittent pendant assez longtemps leur habitation , ne soient mordus par des chiens enrages , morsures d'autant plus dangereuses que presque toujours elles sont ignorees?
Est-on bien certain aussi que la privation d'ali-ments, les combats que se livrent les chiens, les fatigues de toutes sortes qu'ils eprouvent, la priva­tion du coit, n'aient aucune influence sur le deve-loppement de la rage spontanee ? C'est la une question que nous nous sommes posee , il y a dejii longtemps, en analysant le Journal de Medecine vrlerinairc, publie ä l'Ecole de Lyon. II ressort de quelques observations que nous avons recueillies et des faits qui nous ont ete fournis par des obser-
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SOUS LE RAPPORT HYGIENIQUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;li9
vateurs consciencieux, au nombre desquels nous citerons un agronome distingue, M. Niel,d'Au-terive , il ressort de ces observations, disons-nous, que lors de l'apparition de la rage sur un animal de l'espece canine, on a souvent trouve, en recher-chant les conditions ou avail pu se trouver le cliien devenu enrage, que quelques jours avant il y avait eu dans le voisinage du possesseur de cet animal, une chienne en rut, et on n'avait pas su qu'avam cette epoque il füt passe un chien enrage dans le pays. Ne se pourrait-il done pas que ce chien se fii( trouve, en suivant cette chienne en rut, sous I'in-fluence de causes propres a faire developper la rage ? Nous ne resoudrons pas la question, trop d'elements nous manqueraient pour cela ; mais nous croyons que , vu i'ignorance oil Ton est des cause.laquo; de la rage spontanee, les circonstances que nous venons de signaler sont dignes d'attention.
Nousrappellerons, äcesujet, cequeditM. H. Bou-ley (loc. cit.) a propos de la castration de la chienne :
laquo; 11 serait curieux de rechercher, par des expe-raquo; riences nombreuses et longtemps continuees, si raquo; la castration ne serait pas un moyen de prevenir raquo; le developpement spontane de cette effrayante raquo; affection , (lent la manifestation semble se ratta-raquo; eher frequemment au defaut de satisfaction des* raquo; besoins genesiques. raquo;
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Si M. H. Bouley reconnalt utile de faire des recherches, sous ce point de vue, par rapport a la femelle de l'espece canine, nous sommes autorise , nous le pensons, ä poser la meme question pour le male de la meme espece qui, independamment d'un desir souvent non satisfait, se trouve, plus que la femelle, sous l'influence de causes pouvant agir d'une maniere toute particuliere sur son organisme, et concourir au developpement de la rage spon-tanee.
Si, pourrefuter I'action pathogenique possible des diverses conditions oü l'animal se trouve place, on nous opposait que, dans certains pays, l'espece canine est tres nombreuse et vit presque a I'elat sauvage, et pent ainsi se trouver sous l'influence des causes que nous venons de signaler, et que cependant la rage y est peu commune, nous repon-drions quo les conditions oü so trouvent places dans l'une et l'autre contree les individus de cette espece n'etanl pas les memes, il n'y a rien d'etonnant que les effets varient.
Cette question de la rage interessant k un tres haut degre I'humanite entiere, nous avons cru utile d'insister un peu longuementsur des conditions qui pourraient ne pas etre tout-a-fait etrangeres au developpement spontane de cette redoutable ma~ ladie.
Si nos presomptions etaient un'jour reconnues
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fondees, un moyen efflcace pourrait etre propose comme tres propre ä concourir ä diminuer le nom-bre des cas de rage spontanee, et, par suite, de celle qui resulte de la contagion.
Danscette occurence, la castration aurait, comme bien on le pense , un role important.
Jusqu'a ce jour, la castration des irdividus de l'espece canine n'a pas ete pratiquee dans ce but; il est memo tres probable que de longtemps encore eile n'aura pas une teile destination.
On n'a, en effet, recours a cette operation chez ces animaux, que dans de tres rares exceptions, et ce n'est peut-etre pas sans raison qu'il repugne de l'employer. C'est bien le cas de dire que le remede est pire que le mal. Pour nous en convaincre, nous n'avons qu'ä examiner les effets de cette operation sur le physique et le moral des animaux de cette espece.
Les nombreux fails que nous possedons nous pcrmettent d'etablir que la castration varie, quant aux effets qu'elle produit, scion Tage des animaux sur lesquels on la pratique el suivant le sexe. Elle a chez les femelies des resultats beaucoup moins fächeux que chez les males. C'est done de ces der-niers que nous allons principalement nous occuper.
La castration, effectuee chez les males äges de deux k trois mois, s'oppose au developpement des parties anterieures du corps. Chez le chien d'arret,
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182nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES PETITS ANIMAUX
race sur laquelle nous avons recueilli nos observa­tions, le volume de la tete ne prend pas les dimen­sions qu'elle acquiert chez les animaux enliers ; les cavites nasales, les sinus frontaux et maxillaires sent moins developpes ; la pituitaire a , par suite, moins d'etendue. Nous ne doutons pas que le cer-veau n'ait aussi moins de volume (1). L'appareil respiratoire acquiert des dimensions beaucoup moins considerables ; les parties posterieures sont beau-coup mieux fournies ; Tensemble de la conformation a plus de regularite; mais il y a moins d'energie, moins de force. La voix a un timbre plus faible; l'intelligence est ä son minimum de developpement; i'animal est plus docile, ses aspirations de liberte sont a jamais eteintes ; il ne temoigne plus de son attachement par des caresses nombrcuses, par des mouvements vifs et impetueux. C'est en esclave soumis qu'il suit paisiblement son maitre. Son odorat est bien moins prononce , son'education beaucoup plus difficile; il semble enclin au repos
(I) J\ous ne formulons qu'iine opinion sur le developpe­ment de la masse nerveuse, attendu que nous n'avons ni pese, ni mesure le cerveau d'un chien cMtre, comparative-ment ä celui qui ne I'etait pas; tandis que pour les au-tres modifications signalees , tant physiques qua morales , nous avons pu en juger, puisque nous avons experimente comparativement sur des chiens de la memo portee et qui ont ete eleves dans des conditions aussi identiques que possible.
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et au sommeil. L'assimilation est chez lui dominante et l'obesite peu rare.
La castration est-elle pratiquee lorsque la confor­mation a pris tout son developpement, c'est surlout sur le moral que les effets de cette operation se font principalement sentir. Le chien chätre aban-donnc volontiers ses habitudes et ses instincts les plus prononces ; il est indifferent pour la chasse, la garde ; il recoit les caresses sans en temoigner une grande satisfaction; son odorat s'affaiblit, sa resistance a la fatigue, son energie musculaire baissent sensiblement, mais sont toujours pluspro-noncees , ä conditions egales, que s'il avait ete chätre tres jeune. La voix perd beaucoup de son volume, c'est surtout tres sensible chez les chiens courants.
D'apres la destination reservee ä l'espece canine et d'apres les effets produits par la castration sur le physique et le moral, on comprend aisement pour-quoi on n'a recours ä cette operation que dans des cas tres exceptionnels. Agir autrement, serait renoncer au but principal qu'on se propose en conservant ces animaux. 11 faudrail done des motifs aussi puissants que ceux qui pourraient resulter d'observations propres a etablir que les conditions oü se trouvent passagerement ces animaux peuvent faire develop-per en eux la rage spontanee, pour decider les proprietaires de ces animaux ä les faire chätrer. II
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18inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES PETITS ANIMADX
est probable meme qu'ils prefereraient les soumettre a une surveillance tres active, ä une sequestration provisoire, que de les mutiler et leur faire ainsi perdre leurs precieuses qualites.
Nous sommes porte a penser que la castration de la chienne ne produirait pas , sur son physique et sur son moral, les effets que nous avons cons­tate chez les males de cette espece. Pour eile , il y aurait done en cette operation le moyen d'eviter les inconvenients qui s'offrent ä l'epoque du rut, au nombre desquels nous ajouterons encore , pour celies destinees ä habiler les salons, les ecoulements sanguins observes assez souvent durant cette epo-que. Nous dirons , en terminant, que , pour ce qui concerne les femellesde I'espece canine, nos obser­vations ne sont ni assez nombreuses , ni assez pre­cises , pour nous permettre de nous prononcer sur les effets de la castration.
Espece feline. Nous ne nous etendrons pas lon-guement sur les caracteres physiques et moraux du chat entier. Les soins de l'homme n'ont pas eu, sur les individus de cette espece, une action aussi puis-sante que celle qui a ete constatee chez les autres animaux.
Les instincts de l'etat sauvage sont, chez le matou, a peine modifies. Les individus qui sem-blent entierement soumis ä l'etat de domesticite s'en
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SOUS LE RAPPORT HYGlMQOEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;185
ecartent facilement; aussi ne peut-on jamais se fier a la docilite apparente de ce trompeur animal. Sa patte de velours cache toujours des armes meurtrie-res et pretes ä vous atteindre. Le chat entier a une vigueur, une agilite, un courage portes a un tres haut degre; son instinct genital est des plus pro-nonces. Pendant la periode du rut, le male recher­che avec instance la femelle, qui, de son cote , cherche aussi a se rapprocher du male. Ils s'ap-pellent mutuellement; la voix du matou acquiert, en ce moment, un timbre qui decele son impetueux desir. Les males se livrent entre eux des combats a outrance; au plus vigoureux et au plus fort est reservee , pour quelques instants, la possession de la femelle; il est rare que les vaincus ne revien-nent pas tourmenter le vainqueur et engager de nouveau une lutte d'ou ils sortent parfois triom-phants, mais plus souvent encore atteinls de gra­ves blessures.
II est bon de reconnailre que les instincts belli-queux sont beaucoup plus prononces chez les chats destines a la destruction des rats et des souris, que chez ceux que Ton garde comme animaux d'agre-ment.
Chez les uns et les autres , les matieres excre-mentilielles et les urines out une odeur penetrante et mauvaise.
La castration change entierement la conformation
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186nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES PETITS ANIMAUX
et le moral du chat; on peut dire que cette opera­tion le rend tout-ä-fait a l'etat de domesticite ; eile lui fait perdre ses instincts belliqueux; il ne quitte presque plus sa demeure; il semble plonge conti-nuellement dans un etat de lorpeur; rarement il conserve ses instincts de chasseur; on ne le voit plus rester pendant des heures a l'affüt de la souris. Les endroits chauds semblent seuls lui convenir ; aussi le voit-on souvent mollement allonge aupres du foyer, la tete et les pattes dans les cendres chaudes. Son corps prend plus de developpement, sa four-rure devient plus soyeuse et plus tassee; I'obesite la plus prononcee s'empare de lui. Les matieres excrementitielles et les urines perdent leur tenace et repoussante odeur. Leur chair a un meilleur goüt, eile est plus tendre. Quoique la viande du chat ne soit pas destinee ä la consommation, nous avons eu occasion dc constater plusieurs fois les modifications en bien qu'apporte la castration a la qualite de la viande.
Nous avons connu un individu qui etait tres amateur de la viande du chat; mais il preferait de beaucoup celle qui provenait des animaux qui etaient chätres depuis quatre k cinq mois. Aussi ne manquait-il pas, toutes les fois qu'il le pouvait, de chätrer les matous qu'il destinait a etre manges.
Si Ton chätre les chats avant leur enlier deve­loppement, la tete est moins volumineuse; les
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SOUS LE RAPPORT HYGIENIQUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;187
crins places a la levre superieure et au-dessus des cils, sont moins longs, moins forts ; il en est de meme pour les ongles; la fourrure est plus fine , plus touffue.
Quant aux effets de la castration chez la chatte , ne l'ayant jamais pratiquee et n'ayant aucune indi­cation a ce sujet, nous ne pouvons les connaitre. Jugeant par analogic , nous croyons que la castra­tion doit avoir, vu la moins grande influence de l'appareil generateur de cette femelle , sur le phy­sique et le moral, des resultats beaucoup moins appreciables, et par suite son emploi etre de peu d'utilite.
D'apres les considerations auxquelles nous nous sommes livre sur les modifications que produit dans Torganisme du chat la castration , nous pou­vons conclure qu'ä moins d'indications exception-nelles, cette operation ne pent trouver son oppor-tunite que chez le chat conserve comme animal d'agrement, et nullement pour celui qu'on destine a la destruction des rats et des souris.
Chez les lupins males, la castration produit une fourrure plus touffue ; eile favorise le developpe-ment et l'engraissement. La chair des lapins cha-tres est plus tendre que celle des lapins non cha-ires; eile a aussi perdu cette odeur forte qu'elle possede , surtout a l'epoque du rut.
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188nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES PETITS AOTMAUX
Les males ne se battent plus entr'eux ; ne tour-mentant pas les femelles, ils peuvent, sans incon­venient , etre loges avec elles, ce qui facilite Tele-vage et le rend moins eouteux.
Les lapins chätres, ayant perdu leur force, leur vigueur, se trouvent sans defense; ils sont devenus tres craintifs et sont battus par les la-pins entiers. II importe done , pour eviter ces inconvenients , de ne pas les melanger a ces der-niers.
Les femelles de ces especes ne sont pas chätrees. Les motifs que nous avons signales comme ren-dant cette operation inutile pour les femelles d'au-tres especes, trouvent encore ici leur place.
Espdces volatiles. Parmi les oiseaux de basse-cour, nous ne nous occuperons que des gallina-ces, et parmi eux, du male seulement. L'instinct generateur de la poule n'arrive pas a un degre assez eleve pour avoir une action assez marquee sur son organisation et nuire a son developpement, a la qualite de sa chair et a son engraissement. Les Ones et grasses poulardes de la Bresse , du Mans et de la Fleche, n'ont pas subi cette operation.
Sans nier la possibilite de la castration de la poule , nous croyons que cette operation est tres rarement pratiquee. La castration consiste dans {'ex­tirpation des ovaires ou de l'ovaire, l'ovaire du
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SOUS LE RAPPORT HYGIENIQUEnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;189
cöte droit etantrudimentaire chez la poule. Nous ne pouvons considerer comme castration les divers procedes operatoires qui ont ete signales et qui laissent Tovaire intact.
L'eveil de l'instinct genital se fait peu attendre chez le jeune poulet. A trois mois, il commence a poursuivre la poule, il se bat avec ses nombreux rivaux. Le coq, en dominateur absolu, garde pour lui seul ses nombreuses femelles; il chasse sans pitie ses faibles et trop jeunes rivaux. Tout, chez le coq, annonce la fierte et la force; il n'est pas jus-qu'a sa demarche qui n'offre de la noblesse; sa crete est rouge , tres developpee ; son bee fort et volumineux; ses membres abdominaux sont pour-vus de puissants ergots , armes dont I'animal sait se servir avec beaucoup d'adresse; son plumage reflete de brillantes couleurs; les plumes dont sa queue est garnie forment de beaux panaches. Son tissu osseux est tres volumineux ; ses muscles sont puissants; sa chair est dure , filandreuse. L'animal est toujours plutöt maigre que gras. Aussi a-t-on dit avec raison : un bon coq n'est Jamals gras.
Sa voix est forte et se fait entendre a de tres grandes distances, et semble avoir, pour se pro-duire, des heures de predilection; eile est souvent l'unique horloge de l'habitant des campagnes.
La castration apporte de notables modifications dans la conformation des males des gallinaces. Pra-
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190nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES PETITS ANIMAUX
tiquee a l'äge de quatre a cinq mois, eile arrete le developpement de la crete, des barbillons et des ergots; ces appendices semblent se fletrir; le bee , le tissu osseux, prennent moins de volume ; le plu­mage perd de son lustre. L'appareil digestif, I'as-similation , acquierent un surcroit d'activite. Les materiaux utilises pour la secretion seminale, tour-nent au profit de la chair et de la graisse , produc­tions encore favorisees par la tendance au repos qui s'empare de ces animaux. La voix du coq s'eteint; son courage, sa vigueur I'abandonnent, et la plus grande timidite leur succede; le chapon acquiert les instincts de la femelle, meine de ramour maternel. On pent le faire couver et lui faire conduire les jeunes poussins.
Les difficultes et les dangers de la castration des poissons nous porlant a penser que celte operation n'aura jamais une grande influence sur la piscicul­ture , nous ne chercherons pas a determiner quels en seraient les effets sur l'organisme de ces ani­maux.
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DEUXIEME PARTIE
DE LA CASTRATI0J1 SOUS LE RAPPORT CHIRÜRfilCAL
Cette deuxieme partie sera divisee en deux cha-pitres. Dans le premier, il sera question de la castration sous le rapport chirurgical; dans le second, des accidents qui peuvent survenir a la suite de cette operation. Chaque chapitre sera en outre subdivise en sections.
CHAPITRE PREMIER
DIVISION DES PBOCEDES OPERATOIRES
On peut diviser en deux categories les precedes de castration applicables aux animauxdomestiques.
Dans la premiere il y a, sans excision ni mortifica­tion de tissu, atrophie des glandes spermatiques, du cordon testiculaire et abolition de la fonction de la generation ; eile comprend : le bistournage, le mar-telage, I'ecrasemenl de la substance testiculaire.
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192nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOL1PEDES
la ligature sous-cutanee du cordon testiculaire. Nous designons tous ces procedes sous le nom col-lectif de castration non sanglante.
Dans la seconde, il y a perte do substance; tes organes generntcurs sont separes des centres vasculaires et narveux ; eile comprend les metho-des : par les casseaux, la ligature, la torsion, t'excision simple, le ratissage, l'ecrasemen t lineaire, la cauterisation et Varrachement. Tous ces proce­des sont designes sous !e no;n collectif de castration
SANGLANTE.
Nous n'ajoutons pas une grande importance äces divisions, dont chacune comprend des subdivi­sions; mais comme il importe d'apporter de la methode dans un travail, il est utile de signaler tout d'abord I'ordre qui sera suivi pour la descrip-lion des divers procedes de castration qui ont ete employes. Le rang dans lequel sont places les mo­des operatoires, n'impliquent done pas que nous accordions plus de valeur aux premiers qu'aux der-niers.
Cette distinction de la castration en sanglante et non sanglante, a peut-etre l'avantage de rappeler immediatement a l'esprit des accidents qui peu-vent seproduire dans les methodes comprises dans Tune des divisions et non dans celles de l'autre. N'a-t-elle pas l'inconvenient de declasser certaines methodes de castration ? Ainsi, la ligature sous-
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SOUS LE RAPPORT CHIRURGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 193
cutanee ne devrait-elle pas elre comprise dans la seconde categoric, et le fouettage dans la pre­miere? II devrait en etreainsi, si la division n'etait basee que sur rhemorrhagie, si petite soit-elle, qui se produit ou non pendant I'operation; mais eile repose surtout sur l'atrophie des teslicules dans un cas et leur excision ou mortification dans I'autre.
SECTION PREMIERE.
CASTRATION DES SOLIPEDES.
Sommaire : Apergu auatomique de la region testiculaire. — Examen des conditions les plus favorables a I'operation. — Fixation de I'animal a operer. — Inspection de la region oü Ton doit operer, et de celles dont il Importe de con naitre I'etat.— Preparation de la region. — l^nonce des procedös de castration employes; leur description. —Phenome-nes consecutifs ä I'operation. —Hygiene des operes.— Examen comparatif desdifferentes methodes de castration.
Apercu anatomique de la region testiculaire.
II importe , avant d'aborder les diverses metho­des operatoires employees pour la castration , de rappeler, le plus succinctement, possible, la disposi­tion anatomique de l'appareil de la generation , en n'insistant, toutefois, que surce qu'il est necessaire de connaitre pour l'execution intelligente de I'ope­ration.
Plusieurs membranes superposees, variant par leur texture et leur vitalite , ferment aux testicules un sac complexe designe sous le nom de bourses ou
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enveloppestesticulaires. Ces enveloppes, au nombre de six, sont en procedant de dehors en dedans : le scrotum, le dartos, les tuniques enjlrhdide, fibreuse et sereuse.
Le scrotum est cette portion de peau qui forme urie bourse complete aux deux testicules; la peau du scrotum, mince, vasculaire et nerveuse, est divisee en deux moities egales par une crete mediane, prolongement du raphe ; eile est extensi­ble et retractile, et peut ainsi se preter aux divers mouvements d'ascension et de descente des testicu­les ; la face externe, de couleur generalement noi-rätre , est recouverte d'un duvet fin et court , eile est douce et onctueuse au toucher, la face interne est si adherente au dartos, que ce n'est que tres difficilement qu'on Ten isole.
Le dartos, intermediaire par sa nature au tissu cellulaire et a la fibre musculaire organique, four-nit a chaque testicule une'poche designee sous le nom de poche dartoique ; ces deux poches, inde-pendantes Tune de l'autre s'adossent sur la ligne mediane et ferment un septum median ; vers hi par-tie superieure, les deux lames se separent pour livrer passage a la verge. Par sa face externe , le dartos adhere intimement au scrotum ; sa face interne est separee des tuniques fibreuse et erytrhoide par un tissu cellulaire abondant, lamelleux, k couches mul­tiples et ties lache ; vers la queue de l'epididymc
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Seulement, le tissu cellulaire est tres condense et forme un cordon qui se porte de la tunique fibreuse au dartos, en adherant fortement a Tun et a I'autre. Pour diviser ce cordon, il faut un grand effort d'arrachement ou le secours d'un instrument tran-chant. Cette resistance est d'autanl plus prononcee que les animaux sont plus ages.
M. H. Bouley a considere ces couches celluleuses comme formant une enveloppe testiculaire.
Le dartos joint k une elasticite et a une conlrac-tilite tres remarquables , une tenacite tres grande. Separe du scrotum, on ne parvient que tres diffi-cilement a le transpercer au moyen de pressions exercees par les doigts ; s'il est uni au scrotum, lee pressions exercees sur ces deux tuniques par les doigts des hommes les plus vigoureux, ne peuvent pas le transpercer: il cede, mais ne se dechire pas, la peau se diviserait plutöt que lui. Ce sont la des fäits importants a un certain point de vue, et que nous avons constate en presence de M. Lafosse et des eleves de noire ecole.
La tunique erylrhoide precede du muscle cremas-ter ou Uio-testiculaire. Elle forme au testicule une enveloppe incomplete ; sa face superficielle est, cela a ete dejä indique, unie au dartos par un tissu cel­lulaire tres lache. Le cöte externe du cremaster est parcouru par un cordon nerveux fourni par la troisieme pairs lombaire.
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Sa face profonde est unie, parl'intermediaire d'un tissu cellulaire abondant, a la tunique fibreuse , ä laquelle eile adhere intimement par ses fibres ter-minales.
C'est a ce muscle que sont dus les mouvemenls d'ascension du tesiicule.
Tunique fibreuse. Cette membrane, mince, trans­parente , formee par du tissu fibreux blanc, fournit une enveloppe au testicule, entoure le cordon, se continue au pourtour de l'anneau inguinal supe-rieur, avec le fascia transversalis dont eile n'est qu'une dependance.
Sa face externe est en rapport avec le cremas-ter et le dartos; sa face interne adhere d'unc maniere intime a la tunique sereuse.
Loilunique sereuse, fournie par une expensiondu peritoine entraine par la migration du testicule, forme la gaine vaginale, dont Yexlremile inferieure renflee loge le testicule et l'epididyme ; la partie moyenne constitue un conduit au cordon, et Yextre-mile siiperieure, ou Venlree de la gaine vaginale, communique avec la cavite abdominale.
Le feuillet parietal adhere par sa face externe a !a tunique fibreuse.
Le feuillet visceral forme au testicule et ä son cordon une enveloppe complete.
laquo; Ces deux feuillets sont contigus Tun a I'autre par une sorte de mecliastin ou septum, qui divise
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dans toute sa longueur, en deux compartiments egaux, la partie posterieure de la gaine et etablit une solide adherence entre la queue de l'epididyme et le fond du sac vaginal, en sorte qu'il n'est pas possible, lorsque Ton a penetre dans ce sac, de faire decrire au doigt, autour du testicule, un cer-cle complet.
raquo; On peut concevoir la formation de ce septum , en admettant que le feuillel parietal de la tunique sereuse, apres avoir tapisse la face interne de la tunique fibreuse qui la double , la quitle en arriere pour se replier d'arriere en avant, en dedans de la gaine vaginale, s'adosser a lui-meme par sa face externe et former, par cet adossement, la cloison de separation de la gaine vaginale, sorte de pont qui etablit la continuite entre les deux feuillets. Ainsi s'explique la formation de cette espece de frein qui attache le testicule, par la queue de l'epididyme, au fond de la gaine vaginale et s'oppose a ce qu'il soit retracte jusque dans la cavite abdominale, par le faisceau musculaire blanc qui entre dans la composition de son cordon. raquo; (H. Bouley, art. Cas­tration.)
Teslicules. Ces organes, destines a la secretion du sperme , ont une forme ovoide comprimee d'un cöte äl'autre; chacun d'eux est loge dans le cul-de-sac de la gaine vaginale, ou il est libre, mais oü il ne peut, vu l'etroilesse de l'espace qui le ren-
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ferme, executer que de petits deplacements ; le gauche est generalement plus volumineux et plus pendant que le droit. Paralleles par leur grand axe, ils affectent une direction legerement oblique de haut en has et d'avant en arriere , la partie pos-terieure etant situee sur un niveau plus bas que I'anterieure, par laquelle I'organe est appendu.
Vepididyme, constitue par la premiere partie du canal efferent, replie sur lui-rneme, est couche en long du bord superieur du testicule, et place entre les deux lames de la (unique sereuse. On y distingue une partie moyenne et deux extremites : ia premiere est attachee au bord superieur du tes­ticule par une lame sereuse tres courte. Les extre­mites sont renflees et adherent au testicule. Vante-rieur [tele de Vefididyme, globus major), est contigu a la glande testiculaire au moyen des canaux seminiferes et des vaisseaux sanguins ; le posterieur [queue de l'epididyme, globus minor), est adherent a la partie posterieure et inferieure de la gaine vaginale par le septum posterieur.
De cette disposition , ilresulte qu'on pent sepa-rer facilement du testicule la partie moyenne et l'extremile posterieure de l'epididyme.
Cordon testiculaire. On peut le diviser en deux parties longitudinales : Tune, anterieure, constituee par les vaisseaux testiculaires ; I'autre, posterieure, par le canal efferent et Tariere petite testiculaire.
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laquo; Entre les deux lames du feuillet visceral, ados-sees Tune a I'autre pour constituer le septum pos-terieur, se remarquent des vaisseaux considerablc-ment developpes, de fibres museulaires grises, de la nature des muscles de la vie organique. Ces fais-ceaux qui, par leur reunion , constituent un veri­table muscle propre au cordon testiculaire, prennent leur origine, par douze k quinze digitations, a la face externe du peritoine , au niveau de l'orifice de la gaine vaginale, puis ils s'irradient entre les deux lames du septum posterieur jusqu'ä I'epidi-dyme. La, de verticaux qu'ils etaient, les princi-paux de ces faisceaux charnus se dirigent oblique-ment en arriere vers la queue de l'epididyme , oil ils s'intriquent, se condensent et constituent une sorte de ligament musculaire qui etablit un moyen d'union tres intime entre la queue de Tepididyme et le feuillet parietal de la gaine vaginale. C'est a la contraction tres puissante de ce muscle blanc, pro­pre au cordon testiculaire , qu'est due la retraction si energique du testicule vers I'anneau inguinal, lorsque Ton met cet organe a nu et qu'on s'efforce de le saisir. raquo; (H. Bouley, loc. cit.)
Teiles sontles donneesanatomiques qu'il importe le plus de connaitre , afin de pratiquer avec assu­rance et precision les differents precedes de castra­tion, de prevoir ou de remedier a certains accidents qui precedent ou suivent I'operation.
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Examen des conditions les plus favorables 4 1'opiSration.
Avant de pratiquer l'operation, l'attention du veterinaire doit se porter sur l'etal du sujet et les conditions hygieniques qui I'entourent.
Le jeune age est tres favorable , Ton peut meme poser en pnncipe que les chances de succes sont d'autant plus grandes que les animaux sont moins ages.
Lorsque les desirs genitaux ne se sont pas encore liveilies, on agit sur des organes presque entiere-ment independants del'organisme. Iln'estdonc pas (itonnantque celui-ci ressente peu les effets de cette suppression ; il ne saurait en etre da meme lorsque leur mise en jeu a dejä produit an retentissement profond sur l'economie animale et surtout si les indi-vidus ont ete , durant plusieurs annees, employes a la reproduction.
11 faudra toujours se garder d'operer un animal qui n'est pas reconnu dans un parfait etat de sante; le moindre derangement fonctionnel, I'imminence de l'invasion de la gourme , doivent faire ajourner Toperation , par la raison bien simple que la fievre de reaction , si peu intense soit-elle, determinee par la castration , peut apporter des modifications ä la marche ordinaire des maladies preexistantes, feire eclater celles qui se trouvent a la periode d'incubation ; celles-ci peu vent, a leur tour, influen-
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ner d'une maniere fächeuse les suites naturelles de roperation. II n'est pas rare , en effet, de voir des phlegmons, des suppurations abondantes se pro-duire lorsque les animaux ont ete operes a I'epo-que de leur gourme. Aussi peut-on , dans ce cas, dire avec raison : ce poulain a jete ses gourmes par les bourses.
Lacoste a pretendu que, laquo; etique on plethorique, gras ou maigre, le jeune animal supporte la castra­tion avec la meme impunite. raquo; Cette opinion est en opposition aux faits journellement recueillis dans la pratique, surtout lorsqu'on opere par Tun des pro -cedes de la castration sanglante. Chez les chevaux trop gras, l'engorgement tend a devenir volumi-neux, la gangrene a se produire par suite d'un manque de reaction locale et de la promptitude aveclaquelle disparait la force de resistance qu'ont les animaux.
Chez les animaux trop maigres ou cliques, les engorgements inflammatoires sont peu prononces; il n'y a pas de fievre de reaction; les plaies sont atoniques, ont un aspect blafard, et leur cicatrisa­tion s'opere avec lenteur. Chez les individus oü la plethore est portee a un degre tres eleve, la fievre traumatique est tres intense; Tinflammation locale ne reste pas toujours dans de justes limites. Les animaux qui ont un embonpoint moyen sont ceux
qui se trouvenl, pour subir I'operation, dans leraquo;
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meilleures conditions qu'il soil possible de desirer.
Les conditions hygieniques oil se trouve place le sujet a operer, sont d'une grande importance pour ic succes de Toperation.
Le deplacement des animaux influe beaucoup sur le resultat de la castration. Cette influence sera d'autant plus fächeuse que les conditions oü ils se trouveront places seront plus opposees a celles oü ils avaientl'liabitude de vivre.
11s n'ont plus, dans leur nouvelle position, les memes soins, le meme regime , la meme aeration ; tout, jusqu'a la voix de leurs gardiens, les emeut, les excite , les tourmente ; il n'est meme pas rare de leur voir refuser les aliments et devenir tristes. Ces effets sont surtout tres marques chez les pou-lains de pur sang.
II importe done que les solipedes qu'on deplace pour leur faire subir la castration , soient mis dans des conditions qui se rapprochent le plus possible de celles oü ils etaient chez leurs proprietaires, a moins que chez ces derniers ces conditions ne s'eloi-gnassent trop des regies d'une bonne hygiene.
II faut aussi se bien rappeler que , pendant le trajet parcouru , le sujet a pu se trouver sous I'in-fluence de causes pathogeniques. La prudence com-mande done, dans ces cas, d'attendre, avant d'ope-rcr, que I'animal se soil habitue a sa nouvelle
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position, et on doit s'assurer qu'il n'est pas sous le coup de l'invasion d'un etat morbide. L'experience demontre que les deplacements des jeunes solipe-des sont frequemment suivis de l'apparition de la gourme; et Ton sait que tout etat morbide, pour-si leger qu'il soit, contr'indique I'operation.
De ces simples considerations, on peut conclurc qu'il est toujours preferable d'operer les animaux chez les proprietaires, alors surtout qu'on est assure des soins intelligents que les operes y rece-vront. Dans le cas contraire, il vaudrait certaine-ment mieux que le velerinaire les prit chez lui, ce qui lui permettrait de bien diriger l'hygiene des operes et de combattre immediatement les acci­dents qui pourraient se presenter.
L'entassemcnt des animaux, meme a l'etat de sante , est nuisible ä toute operation ; ä fortiori, si ce sont des animaux malades.
1! est des epoques oü les maladies ont une mar-che anormale et se compliquent de phenomenes putrides; les plaies prennent un mauvais aspect, le pus qu'elles fournissent est sanieux, exhale une mauvaise odeur; les engorgements, suite de lesions traumatiques, augmentent avec rapidite ; bientöt la vie semble abandonner ces tissus , la putrefaction s'en empare, et la mort en est presque la termi-naison inevitable.
Les causes de ces etats morbides sont sou vent
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inherentes aux habitations : I'aeration peut etre insuffisante , mal etablie; les malades qu'elles ren-ferment fournissent one abondante suppuration ou des exhalations morbides dont la nature est in-connue, mais non les effets. Dans ces circonstan-ces , qui se rencontrent principalement dans les infirmeries veterinaires, le seul changement des animaux dansune ecurie salubre regularise la mar-che des affections; les engorgements non encore gangrenes diminuent, marchent vers la resolu­tion ; les plaies gangrenees prennent un bei aspect, le pus devient louable. D'autres fois, les causes echappent entierement a nos investigations; il existe une modiflcation dans 1'etat atmospherique que nos moyens d'investigalion ne peuvent devoiler et qui imprime a toules les affections traumaliques ou non un cachet particulier de gravite. (Test la une constitution medicale pen favorable ä la castration.
II faut done bien se garder d'operer durant tout le temps qu'elle existe; peu de considerations peu­vent y obliger. Dans une operation de conve-nance, mieux vaut attendre que de courir de grandes chances de morlalite.
Dans les cas oil Ton a beaucoup d'animaux a operer, il importe de sonder la constitution medi­cale ; on pourrait, ainsi que le recommande fort judicieusement M. H. Bouley, placer des setons pour eprouver I'etat constitulionnel des chevaux et
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celui de Tatmosphere; il serait sage aussi de ne chätrer que peu d'animaux ä la fois.
Ces epreuves dicteraient la conduite a tenir par le veterinaire et lui permettraient d'eviter ces mor-talites ruineuses pour l'eleveur et compromettantes pour la reputation des Operateurs.
Une temperature moyenne, une atmosphdre mn agitee par les vents, plutot seche qa'humide; I'ab-sence de variations almospheriques brusques , telles sont les conditions les plus favorables a la castration. Sousleur influence, I'engorgement, trau-matique ou non , la fievre de reaction , sont main-tenus dans de justes limites ; les plaies marchent regulierement vers une prompte cicatrisation. On n'a pas a redouter les refroidissements si frequents par les basses temperatures , ni I'action deprimante d'une chaleur humide.
Le printemps , le commencement de l'ete , I'au-tomne , nous offrent generalement ces etats favo­rables de l'atmosphere. (Test done de preference pour ces epoques de l'annee que doivent etre reservees les castrations. Ävec des precautions, on peut, neanmoins, les pratiquer en tout temps ; les habitants de la Normandie , qui font chätrer leurs chevaux en novembre et decembre, nous en four-nissent des exemples.
II faut bien se garder d'operer pendant que
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le vent du Midi (sud) souffle, surlout s'il est tres fort et humide.
Le sud-ouesl est plus pernicieux que le sud ou le sud-est. II produit des engorgements a marche tres rapide, et qui ont une tendance ä se terminer par la gangrene.
II tarit les suppurations ou change la nature du pus qui, de louable qu'il etait, devient sereux, parfois sanieux ; les forces se depriment, la pros­tration s'empare vite ^es malades.
11 est si habituel, dans nos campagnes, de ne jamais preparer les animaux a subir la castration , qu'il est bien permis de se demander si cette prepa­ration est bien necessaire? Si nous ne consultions que le resultat de nos observations personnelles , nous repondrions par la negative. Nous reconnai-trions, neanmoins, la necessite de reparer, avant d'operer, les forces des animaux epuises , et de soumettre , pendant quelques jours, les animaux plethoriques a un regime delayant.
II est toujours prudent, et pour plusieurs motifs, que le jour de l'operation les animaux soient a jeun.
Fixation de I'animal ä operer.
11 est indispensable, quel que soit le mode opera-toire auquel on ait recours, de bien assujettir les
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animaux. Pour les monodactyles, il n'est pas de meilleur moyen que de les fixer dans la position de-cubitale. Par lä, l'opere et l'operateur se trouvent a l'abri des accidents qui pourraientresulter desmou-vements desordonnes auxquels se livrent les ani­maux, I'operation s'execute avec plus de facilite et d'assurance; ce qui ne peut avoir lieu en laissant les animaux dans la position debout; malgre que quelques veterinaires (M. Bouillard en est un exem-ple), et quelques chatreurs, entre autres celui que Ton designe sous le nom de Polonais, y aient re-cours, nous n'oserions recommander a nos confreres de l'employer.
La maniere de coucher les animaux , les precau­tions a prendre pour eviter les accidents, ne peu-vent trouver leur place ici; nous supposons que les precedes sont assez connus de nos confreres qui , alors meme qu'ils n'auraient pas a leur disposition tous les appareils necessaires a cet effet, ne sont pas embarrassfe. Ne savons-nous pas, d'ailleurs , que la necessite rend industrieux.
Une fois I'animal couche, il s'agit de le fixer de maniere a mettre les organes a manipuler dans la position la plus favorable a I'operation.
On peut le placer dans deux positions. L\me se rapporte au precede par bistournage; Yaulre a tons les autres modes operatoires.
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Pour le bislournage. L'animal etant abattu par Tun des procedes connus , on forme sur le lit de paille une rigole assez profonde pour y maintenir le sujet en position dorsale ; le derriere un pen plus eleve que le devant; les quatre membres flechis sont maintenus rapproches du ventre au moyen du lacs qui a servi a reunir les quatre exlremites et qui, apres avoir passe sous le dos, est ramene a son point de depart. Une plate-longepeut faire le meme effet que le lacs. Pour cela, on la fixe vers la partie centrale de la corde ou des entraves qui maintien-nent reunis les quatre pieds, el on la dirige et la fixe absolument comme on I'aurait faitavec le lacs. Deux aides, un de chaque cöte de l'animal, le maintiennent dans la position donnee et portent au besoin les membres posterieurs en avant et en de-hors.
Si le sujet ä operer etait tres fort et tres vigou-reux, I'operateur, pour se soustraire a toute possi-bilite d'accident, pourrait, au moyen d'une plate-ionge, maintenir d'une maniere ties solide les membres posterieurs en avant; pour cela, il place-rait d'abord la plate-ionge a Tun des jarrets sur la corde du bifemoro-calcaneen, la ferait passer a la face interne du membre anterieur correspondant, lui ferait contourner le bord posterieur de l'enco-lure , le plus pres possible du garrot, et la porte-rait, en lui faisant suivre une direction parallele au
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premier trajet, au jarret oppose oü il la fixerait solidement.
Pour les autres precedes , le membre posterieur oppose a celui sur lequel Tanimal est couche , est souleve par une plate-longe qui, fixee au canon de ce membre, va passer sur le bord superieur de l'en-colure, le plus pres possible du garrot, glisse sur la face de cette region qui louche la litiere, passe sur la face superieure de l'avant-bras superficiel, croise en X la premiere direction de la plate-longe, con-tourne le jarret d'avant en arriere et de dedans en dehors, et est dirigee vers la region dorsale oü eile est confiee a un aide ; le membre, ainsi maintenu, est desentrave et entraine insensiblement en avant et en haut, vers les regions abdominale et thoraci-que. Lorsque le sabot est arrive a la hauteur de l'articulation scapulo-humerale, on fait glisser insensiblement la plate-longe jusqu'a ce qu'elle arrive sur le canon oü eile est dejä fixee ; alors on lui fait contourner le canon de bas en haut et de dessus en dessous, et lorsqu'elle est arrivee vers la partie inferieure du canon , on la dirige en avant, puis d'avant en arriere; on la fait passer pardessus la plate-longe fixee au canon, d'oü eile va con­tourner une ou deux fois cette meme region pour revenir autour du jarret, et de lä vers la region dorso-lombaire oü eile est maintenue par un aide.
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Inspection de la region oii Ton doit op^rer et de celles dent il Importe de connaitre I'dtat.
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Get examen doit porter sur les testicules ; ces or-ganes peuvent avoir contracte des adherences avec leurs enveloppes, offrir des etats morbides, tels qu'hypertrophie, atrophie, indurations, etc., ou bien ne pas etre descendus dans les bourses, se trouver dans le conduit inguinal ou dans I'abdomen ; un seul testicule peut etre descendu et l'autre etre raste dans Tabdomen ou dans le trajet de la gaine vaginale ; les bourses peuvent etre distenducs par de la serosite, une anse intestinale ou quelque por­tion de mesentere ; le volume, la longueur des cor­dons testiculaires doivent etre examines avec soin ; il faut aussi juger de la plus ou moins grande dis­tension des anneaux inguinaux; la constatation d'une hernie ombilicale , ou des traces indiquant qu'ellea existe, peut fournir de precieuses indications, en ce sens que ces lesions peuvent faire craindre les her-nies inguinales.
L'interieur du fourreau doit etre aussi visite avec soin.
II est inutile d'entrer dans des developpements pour faire connaitre toute I'importance qui se ratta-che a cette exploration d'oü peuvent decoder des modiflcations dans le mode operatoire qu'on voulait employer.
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Aussi est-il prudent de ne pas attendre que le sujet soil abattu pour faire, s'il est possible, cet examen qui reclame parfois la fouille rectale, lors-qu'il s'agit de juger d'une maniere precise de la dilatation des anneaux inguinaux, dela position et du volume des testicules ou du testicule , qui ne sont pas encore descendus dans les bourses.
L'appreciation du volume des anneaux est utile pour savoir si les hernies de castration sont a redou-ter. C'est la une question qui ne fait pour per-sonne le sujet d'un doute.
Quant au volume et a la position des testicules ou du testicule, il importe de les bien determiner, afin d'avoir quelques donneespourprevoir si, plus tard, ces organes descendront dans les bourses.
On comprend, en effet, que si ces organes sont restes dans l'abdomen et non engages dans les anneaux, et que leur volume soit plus considerable que I'ouverture par oil ils devraient passer, on ne pent esperer leur migration dans les bourses; mais si Tun de ces organes est dejä parvenu dans le fond de la gaine vaginale , et que l'autre soit engage dans I'anneau ou arrive dans un point plus ou moins etendu de son trajet, on pent presumer qu'il par-viendra plus tard au fond de la gaine. Le moment se fera beaucoup moins attendre , si Ton enleve ou que Ton detruise la vie de celui qui est dejä descendu.
C'est sur cette donnee clinique que nous nous
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Hinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOUPfeDES
sommes bien souvent base pour assurer le proprie-taire, qui nous fesait chäirer uncheval monorchide (expression peu convenable, attendu qu'il existe deux testicules, dont Tun n'est pas apparent), que bientöt I'autre organe descendrait. Rarement nous avons ete trompe dans notre attente. Mais si le tes-ticule etait reste dans l'abdomen et avail un volume superieur a celui de l'anneau, nous pouvions assurer le contraire et conclure a I'inutilite d'aneantir I'organe apparent. L'experience ayant, en effet, prouve que, dans ce cas, le but que se proposait le proprietaire (c'est-a-dire de rendre son animal docile, maniable, non excite par la pre­sence de la jument), n'etait pas atteint.
Preparation de la region.
11 faut se rappeler qu'une matiere sebacee , onc-tueuse, s'accumule parfois en tres grande quantite dans l'interieur du fourreau , surtout chez les che-vaux ages, a temperament lymphatique et mal pauses. La presence de cette matiere determine meme une destruction partielle de l'epiderme de cette region et souvent une inflammation ulcerative; accidents qui seraient aggraves par I'infiltration se-reuse que la castration produit. II est done utile, avant l'operation , de bien nettoyer cette region au moyen d'eau tiede savonneuse.
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Enonc* des prociiiraquo; de castration; leur description.
Les precedes de castration qui ont ete signales ä propos des divisions de cette operation, ne sont pas tons utilises chez les solipedes.
Parmi ceux de la premiere categorie, il n'y a guere que le bistournage qui soit employe dans certaines contrees; les autres sont generalement reserves pour les grands ou les petits ruminants.
Ceux de la seconde categorie ont tons ete es-sayes. Quelques-uns sont tombes dans I'oubli, il en est qui sont restes en grande favour. II Importe de faire connaitre les uns et les autres, en ayantle soin, toutefois, d'insister davantage sur les plus usites.
Castration noh sanglante. Du bistournage.Par bistournage, on desigae un procede non san-glant de castration, qui consiste en une torsion sous-cutanee des cordons testiculaires, ayant pour but l'obliteration des vaisseaux spermatiques et par suite l'atrophie des testicules.
II est lout-ä-fait inutile de rechercher l'origine de cette operation, a peine signalee par quelques hippiatres; nous n'y puiserions, d'ailleurs, aucune donnee propre a eclairer le manuel operatoire. Ce qu'il y a de positif, e'est que le bistournage a ete et est encore exerce exclusivement par les chä-treurs de profession, hommes tres habiles a faire l'operation, mais bien certainement incapables de
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i ;
814nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPftDES
transmettre, autrement que par la pratique, le precede dont ils se servent; la plupart ne se ren-dent nieme pas compte de ce qu'ils font; n'allez done pas leur demander de decrire leur methode , qu'ils tiennent de leurs ancetres. Cette operation est, dans certaines families, comme un espece d'heritage, se transmettant de pere en fils, depuis une epoque qui echappe a toute investigation. Si vous interrogez, ä ce sujet, les chätreurs, ils vous repondent : de tout temps, il y a eu des chätreurs dans notre famille. Chacun d'eux se juge superieur aux autres. II en est qui croient ou disent avoir des precedes operatoires particuliers. D'autres , plus modestes, n'hesitent pas a declarer qu'ils operent par les memes procedes que leurs compatriotes bearnais.
Le Beam, en effet, fournit le plus grand nombre de chätreurs de profession; les Bearnais, apres avoir parcouru la contree qu'ils exploitent annuel-lement (Provence, sud-ouest, centre de la France), rentrent dans leurs foyers; il en est qui restent plusieurs annees sans revoir leur famille ; d'autres, e'est I'exception , out quitte ä tout jamais leur pays pour rester au centre de leur clientele. II est, enfin, quelques chätreurs indigenes qui pratiquenl aussi le bistournage du cheval avec beaucoup d'adresse.
Les veterinaires semblaient tout-ä-fait etrangers
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ä ce mode operatoire. Le silence complet qu'ils ont garde pendant longtemps sur cette question, le donne du moins a penser. Quelques-uns meme considerent le bistournage chez le oheval comme une pratique barbare.
II ne faut pas remonter a une epoque tres eloi-gnee de nous, puur trouver I'honorable veterinaire qui le premier chercha a fixer l'attention de ses confreres sur ce mode de castration.
En 1846, le regrettable Miquel, de Beziers, exprima, dans le Journal des Veterinaires du Midi, a propos de la ligature sous-cutanee appli-quee ä la castration, son opinion sur le bistour­nage des solipedes : laquo; Le bistournage, applique a la castration, est la methode sous-cutanee par excellence; I'empirique qui I'execute fait, sans s'en douter, une des plus difficiles et des plus savantes operations de la Chirurgie moderne.
raquo; Cette operation est la plus rationnelle et la plus eminemment conservatrice, en tant qu'elle n'occa-sionne pas la mort des bestiaux qui la subissent. raquo;
L'auteur exprime aussi le desir que le veteri­naire se mette en meme d'employer ce mode ope-ratoire, et, pour son compte, il regrette de ne pas le connaitre.
En 1846, M. Geraud, veterinaire, altira aussi l'attention des veterinaires sur cette question; il
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ilCnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPftDES
considere le bistournage, chez le cheval, comme le mode de castration le plus avantageux.
La description du manuel de Toperalion' (voir les Annales de la Sociele veterinaire de Libourne, an-nee 1846, et le Journal des Velerinaires du Midi, annee 1847, page 69), ne peut donner qu'une idee tres fausse des manoeuvres necessaires a I'opera-tion. Les manipulations que I'auteur signale sont identiques ä celles employees pour le bistournage des ruminants. Voici, en effet, ce que dit M. Ge-raud. Apres avoir indique la maniere de fixer I'animal, I'auteur continue : laquo; On saisit un testi-cule, et, par un fort mouvement de bas en haut sur le cordon , on le pousse afin de detruire les adhe-rences qui existent entre lui et les enveloppes. Lorsque toutes les adherences sont detruites , on fait executer au testicule un mouvement de bascule, de maniere a changer les rapports ; ensuite on lui fait faire deux mouvements de rotation autour du cordon; on le pousse de nouveau en haut. On suit le memo manuel pour I'autre testicule. On les assu-jettit tons les deux pres de l'anneau inguinal, au moyen d'une corde de laine, grosse comme le petii doigt, placee sur les enveloppes, et l'operation esi terminee. raquo;
M. Goux, veterinaire , a , dans son travail sur la castration , couronne par la Societe imperiale el eentrale veterinaire, decrit le mode operatoire
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du bistournage du cheval. D'apres cet auteur, les premieres manipulations auroient pour but de rom-pre, avec le pouce ou le bout d'un baton , les adherences qui existent entre le testicule et l'epidi-dyme; le testicule devient perpendicnlaire au cor­don , comme chez le taureau; alors commence la torsion , qui s'opere sans faire basculer le testi­cule, et se produit seulement k lajonction du tes­ticule et de l'epididyme; l'operateur, tenant la glande au bout du doigt, lui fait faire, avec beau-coup d'adresse et de dexterite , plusieurs tours; puis il la bascule et la fait remonter. L'operation etant faite sur ces deux organes, on met une liga­ture sur les bourses pour les maintenir en place.
L'auteur passe en revue les difficultes de l'ope­ration, les accidents consecutifs , et repousse ce mode de castration.
Ce n'est qu'incidemment que M. Goux a aborde cette question dans son excellent Memoire sur la castration des solipedes. 11 ne faut pas etre etonne du peu de developpement qu'il donne au manuel operatoire et des erreurs qui semblent s'etre glis-sees dans la description. 11 n'ignore pas les diffi­cultes qu'il y a a decrire une operation qu'on ne pratique pas par soi-meme et dont la demonstra­tion ne pent etre faite par Toperateur. Aussi a-t-il 1c sein de dire : laquo; ils (les Operateurs) ne disent, ni n'expliquent ce qu'ils font; ils ne le saveht
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21Snbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPÜDES
pas eux-memes; ü faut les saisir au passage. Voici ce que nous avons compris , si nous avons bienvu.....raquo;
Ne blämons pas trop M. Goux de la severite qu'il montre ä l'egard du bistournage des solipedes. Nous ne lui avons pas ete plus favorable lorsque , a propos de notre monographie sur le bislournage lies ruminants, nous avons eu occasion de dire un mot de cette operation. A cetle question : le bis­tournage doit-il etre employe ehez laus les ani-maux? nous repondions, en nous basant sur les difficultes de l'operation et les accidents qui peu-vent en etre la suite : le bistournage doit elre usite pour les ruminants el proscrit pour les aulres animaux.
Tout en persistant u reconnaitre les difficultes que presenle le bistournage des solipedes et les accidents dont il est quelquefois aecompagne, nous n'hesitons pas ä declarer que nous etions alle trop loin en proscrivant, pour ces animaux, cette me-tiiode de castration.
L'appel fait ä leurs collegues, par les veterinai-res plus haut cites , n'eut pas d'echo. Le plus pro-fond silence fut garde sur le bistournage du cheval. Cela tiendrait-il ä Topinion exprimee par M. Goux , et dont la valeur est rarement contestee ? ou bien ä l'aversion qu'ont generalement les veterinaires pour ce mode de castration , qui demande plus de
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temps, est plus fatigant, plus difficile que tous ceux dont ils ont l'habitude de se servir, et n'est pas exempt d'accidents ?
Nous penchons pour cette derniere supposition.
Une note, de M. Tapp, commandant d'un regi­ment de cavalerie dans les Indes, publiee dans le The Veterinarian et reproduite dans le Journal de Medecine velerinaire (annee 18S5, p 312), a etc I'occasion d'un nouvel appel fait aux veterinaires, en faveur du bistournage; il y est question d'un mode de castration employe sur le cheval dans les Indes, et qui, malgre le pen de clarte et la concision de la description, semble se rap-porter au bistournage. C'est aussi l'opinion de M. P. Delorme, veterinaire ä Aries, qui, dans une lettre en date du 16 aoüt 1855, adressee au redac-teur du Journal de Medecine velerinaire de Lyon , cherche a etablir que le procede indou ne pent etre que le bistournage; pour cela , il cite la partie essentielle du texte de la note du commandant Tapp, ainsi con^ue. Apres quelques details accessoires , I'auteur ajoute : laquo; Un autre aide, avec les mains enduites de beurre et de curcuma pulverise, serre fortement les cordons testiculaires. Quand, au bout de cinq minutes, les cordons sont devenus mous, on place une espece de casseau en bambou qu'on enleve apres quelques heures. Les testicules sont bientöt resorbes, et Ton ne voit pas de difference
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mnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPEDES
entre les chevaux hongres de cette maniere et ceux venant de l'Europe. raquo; M. Tapp cite, enfin, tous les a vantages qui se rattachent a cette operation.
Une fois le texte reproduit, M. Delorme se livre a des considerations pour prouver que cette des­cription , ne pouvant se rapporter an fnarteläge, puisque I'operateur n'emploie dlautre appareil que les mains , doit avoir trait au bistournage , dont les manipulations employees pour le pratiquer auront ete mal saisies.
Pour appuyer son opinion , M. Delorme compare le procede indou avec celui du bistournage ; ce qui conduit Tauteur a decrire le manuel de cette ope­ration de la maniere suivante : laquo; L'animal etant place sur le dos , I'operateur promene la main , pendant plusieurs minutes, sur la longueur du cor­don en le pressant fortement et aussi en 1'etirant; il manipule egalement le tcsticule pendant quelques instants ; il le malaxe, en quelque sorte, afin de le rendrc plus mobile dans ses enveloppes et de rom-prelesadherencesqui existent parfois. Ces manipu­lations, pendant lesquelles I'operateur crache plu­sieurs fois dans la main , sent assez longues a pratiquer et attirent toujours l'attention des specta-teurs.
raquo; Lorsqu'elles sont terminees, I'operateur saisit l'un des testicules avec la main droite et le fait toumer sur lui-meme en le soutenant de la main
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gauche qui lui sert, en meme temps, a embrasser le cordon. Apres le premier tour, il en fait un second et enün un troisieme. Ces derniers temps sont executes par h seule pression du pouce de la main droite et un leger mouvement de l'ensemble de la main. En general, ils echappent complete-ment a l'attention des spectateurs. raquo;
L'honorable M. Delorme n'a pas eu l'intention de dormer une idee precise du bistournage du che-val, mais plulöt de fixer de nouveau {'attention de ses confreres sur un mode operatoire qui ne merite pas le dedain que les veterinaires en ont eu jusqa'a ce jour. Aussi, dans une lettre, en date du 50 decem-bre 1836, adressee au redacteur du Recaeil de Medecine velerinaire, il n'hesite pas a regarder le bistournage comme un moyen d'emasculation pre­ferable a tons les precedes conn us.
M. Prange, dans le Recueil de Medecine veleri­naire, annee 1857, page 206, fait connailre le manuel operatoire dans les termes suivants : laquo; L'animal etant abattu et convenablement lixe , I'operateur exerce , sur les organes renfermes dans leurs enveloppes, des manipulations plus ou nioins longues, suivant que les animaux sont jeunes, adultes, ou deja avances en age; elles sont tou-jours tres douloureuses. Ces manipulations , sorte de petrissage, se font dans le but de dormer ä la peau plus de souplesse et aux tissus plus de laxite ;
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iiinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPEDES
de faciliter , par des tractions legeres sur les cor­dons , l'elongation de ces organes en detruisant Faction musculaire des cremasters, et de rendre ainsi la torsion plus certaine et plus facile a lafois ; en meme temps, on rompt les adherences, squot;il en existe. Cette preparation prealable etant terminee, l'operateur saisit de la main droite le testicule coiffe de son enveloppe, maintient de la main gauche le cordon testiculaire, puis il execute un mouvement de torsion qui ne se fait pas sans quelque difficulte, le scrotum ne permettant de tordre ce cordon que par des demi-torsions tout au plus. Mais comme la main gauche tient le cordon fixe au fur et a mesure qu'il se tord, par une pression legere, a chaque demi-tour, il empeche ainsi le cordon de se de-tordre. Quand iljuge , par le nombre de tours qu'il a faits, que la torsion est süffisante, il serre alors le testicule dans la main droite , et avec le pouce de la main gauche il presse fortement sur le cor­don qui, devenu plus faible par le fait de la tor­sion , se dilacere, se rompt en plusieurs points de sa continuite, en faisant entendre distinctement le bruit d'un tissu qui se dechire. raquo;
Apres la lecture de cette description, on reste convaincu que M. Prange, ainsi qu'il a le soin de ledire, n'a decrit le manuel du bistournage des solipedes que d'apres les renseignements qui lui etaient fournis par M. Marc Clamour, ancien habi-
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SOUS LE RAPPORT CHIRURG1CAL
tant de la Camargue. S'il eut vu l'operateur k I'oeuvre, M. Prange aurait eu certainement une idee plus precise des manipulations a effecluer pour pratiquer l'e bistournage et des modification? que subit le cordon. On doit toujours lui etre re-connaissant d'avoir cherche a eclairer une question que la Societe imperiale et centrale de Medecine veterinaire venait de meltre au concours.
M. Pinaud, veterinaire ä Carcassonne, a [Recueil de Medecine veterinaire, annee 1859, page 651] apporte son tribut pour elucider cette question. II va ajouter, dit I'auteur, quelques details a ceux fournis par MM. Goux et Prange. Voici ces details : laquo; Le cheval couche sur le dos , les jambes flechies, l'operateur jette un peu d'eau sur les bourses, les tire a lui fortement et les froisse vivement pour leur donner de l'elasticite; puis il prend le testi-cule gauche de la main droite, et par une mani­pulation bardie il va detruire I'adherence qui le lie a la partie superieure et posterieure du cordon. Une fois que le pouce a penetre a I'endroit oil I'expansion fibreuse a le moins de resistance, il continue le debridement jusqu'a la queue de l'epi-didyme. M. Goux decrit tres bien ce temps de Tope-ration. Le testicule , devenu libre , se trouve sus-pendu dans le sens de la longueur; il n'y a plus de lesions k produire; par de nouvelles manipula-äions, on le tord sur lui-meme, de facjon k ce que
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le cordon presente une spirale sur laquelle on reconnait, par le tact, les deux ou trois tours qu'on lui a fait eprouver. On le repousse vers I'anneau inguinal, dans une position inverse de celle qu'il occupait naturellement, et sans le faire hasculer ; meme manipulation pour le testicule droit, et avec la main gauche. Les deux testicules remontes vers les aines, I'operateur tire a lui les bourses, les serre fortoment avec une ligature tres pres de ces organes , de maniere a les fixer et a les empecher de se detordre. raquo;
11 n'y a pas, ajoute I'auteur, rupture du cordon, et la preiive, c'est que, dix heures apres I'opera-tion, on peut remettre les choses en place, et le clieval ne perd pas la faculte de se reproduire.
II n'est pas douteux que M. Pinaud n'ait vu pra-tiquer le bislournage ; il signale, sans doute, ce qu'il a pu saisir du manuel operatoire; mais il n'indlque pas avec assez de details la maniere d'agir, pour qu'un Operateur puisse se guider sur la description qu'il en donne.
M. le professeur Lafosse a public, dans le Jour­nal, des Velerinaires du Midi, annee 1859, p. 474, un travail qu'on peut, ä juste litre, considerer comme ce qu'il y a eu jusqu'alors de plus complet sur le bistournage des monodactyles; pour le prou-ver, il n'est besoin que de reproduire ce qu'a dit rauteur sur le modus faciendi de cetlc operation :
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laquo; Ier Temps. Savonnage. — L'operateur, place ä genoux pres de la queue, jette un verre de vinaigre sur les bourses, les saisit, les porte en haut avec force, les malaxe en les faisant rouler entre les deux mains. La matiere sebacee est ainsi enlevee ; la peau, devenue moins grasse, est moins glissante et se prete mieux desormais aux diverse? manipulations.
raquo; 2e Temps. Rupture des bdliments. — Les bis-tourneurs designent ainsi l'action de dechirer les lames du tissu cellulaire compris entre le dartos et la tunique erythroi'de, non-seulement autour du testicule, mais encore autour du col de la gaine vaginale, de maniere a constituer, pour ainsi dire, une grande gaine celluleuse autour de toute i'eten-due de la precedente. II faut, en d'autres termes , dans ce second temps, isoler, mais ä travers le scrotum et le dartos, le testicule et son cordon , comme on le fait avant de placer le casseau dans la castration dite ä testicule couvert. Pour cela, l'operateur tire d'abord fortement de bas en haut sur les testicules, de maniere cependant ä ne pas rompre les cordons, puis il tire seulement sur les enveloppes et toujours dans la precedente direc­tion. — Lorsque les parties sont bien assouplies et sensiblement allongees, commence le coup de pouce, c'est-a-dire la manipulation speciale la plus
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mnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPfiDES
delicate et qui demande le plus d'habilete et de force. Voici comment on y precede :
raquo; Le scrotum est tire en arriere, plaque sur le perinee et les fesses; puis, si e'est sur le testicule droit que Ton agit, le pouce de la main gauche, inferieur par rapport aux autres doigts replies sur la paume de la main , est applique pres de l'extre-mite des bourses aplaties, a une ligne du raphe , cöte gauche de l'operateur, droit de l'animal, puis il est porte vivement en avant en cötoyant la verge, jusqu'ä ce qu'il depassele bord anterieur du cordon en poussant les enveloppes devant lui. Arrive en avant du cordon, au-dessous (1) des amourettes (epididymes), il se porte en dehors; e'est en ce point qu'il rencontre la resistance des lames du tissu cellulaire, qu'il faut briser par un effort vigoureux. L'operateur, afin de ne pas glisser sur la litiere, est en ce moment oblige d'etayer ses piedscontre une resistance quelconque, soit centre le pied d'un homme fendu comme pour faire des armes. Lorsque le pouce a traverse ces lames, il se replie en crochet pour les saisir et, par un mou-vement de la main , vivement ramenee en arriere, acheve de les dechirer.
raquo; On recommence cette manoeuvre tant que la
(1) Nous disons au-dessous, parce que la position de l'animal est renversee; ce serait au-dessus de l'epididyme, si Tanimal etait debout.
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gaine artificielle n'est pas creusee; ce dont on est averti lorsque le pouce ne sent plus aucune bride autour du cordon et du testicule, et lorsque ce dernier ne suit plus les bourses tirees en haut, ou bien retombe comme abandonne dans I'espace , lorsque, tire d'abord en haut avec les bourses, celles-ci seules sont pincees a leur extremite par les doigts.
raquo; Chaque coup de pouce nouveau doit etre donne comme il vient d'etre dit, c'est-ädire que le scrotum est ramene en arriere et plaque sur les fesses et le perinee ; que le pouce est replace a son point primitif d'application, marque par une em-preinte que I'ongle a laisse sur la peau des bour­ses , et qu'il accomplit ensuite, en tons points, les efforts et les mouvements precedemment decrits.
raquo; Comme la main gauche pent finir par se fati-guer, lorsque Vanimal est dur, c'est-a-dire pourvu d'un tissu cellulaire peri-erythroidien ou circum-vaginal tres resistant, on agit alors avec le pouce de la main droite. Mais, dans ce cas , on le glisse sur le cöte externe au lieu du cöte interne du cor­don, et lorsqu'i! a franchi ce dernier, on le porte fortement de dehors en dedans.
raquo; 5e Temps. Torsiondu cordon.— fl consisteäfaire pivoter le testicule sur son cordon comme sur un axe, de maniere a faire executer a ce dernier deux
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2ä8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLlPfeDES
ou irois tours de spire. Chez les animaux tres durs, le cordon est assez tendu lorsqu'il a execute deux tours; chez les animaux dont les tissus sont mous, nu contraire, ou dont le cordon est long, trois tours sont indispensables. 11 n'est pas necessaire, pour opener cette torsion , de faire basculer le testicule, de maniere ä rendre superieure son extremite pos-terieure , et ä le placer a cöte du cordon et paralle-lement ä cet organe : il reste toujours place au bout du cordon; seulement, les mouvements qu'on lui imprime deplacent les rapports de ses extremi-tes , de teile sorte qu'elles deviennent d'anterieure posterieure, et ainsi successivement, jusqu'ä tor­sion süffisante.
raquo; Voici comment s'cxecute la manoeuvre : raquo; Les bourses sont ramenees sur le perinee ; le pouce , engage com me pour la dechirure des bati-ments , e'est-a-dire en dedans et en avant du cor­don , est recourbe en crochet et ramene sur la face externe du cordon, puis a la face interne et a I'ex-Iremite posterieure du testicule. Le cordon et le testicule une fois saisis de la sorte, on ramene la main en arriere , en meme temps que le poignet, qui a pivote sur lui-meme et a decrit un tour, pendant que le pouce allait saisir le testicule comme ii a ete dit, fait tourner, en revenant en position naturelle, I'extremite posterieure du testicule de dedans en dehors et d'orriere en avant, ce qui fait
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tin demi-tour, et, finalement, de dehors en dedans et d'avant en arriere, ce qui fait le tour complet. — An moment oü ce tour est acheve par une retraite rapide de la main, celle-ci est tout-a-fait degagee ; alors on doit recommencer pour un second, pour un troisieme tour, et, dans tons ses details, la ineme manoeuvre qui vient d'etre decrite.
raquo; Lorsque tout est termine, la position que garde le teslicule n'a rien de tres fixe ; neanmoins, d'apres ce que nous avons vu chez les animaux bistournes qui nous sent amenes en assez grand nombre, I'extremite posterieure est ordinairement clevenue anterieure et un pen relevee.
raquo; L'opefation sur le testicule oppose est en tout semblable a celle qui vient d'etre decrite; eile s'execute seulement avec la main opposee qui, dans la premiere operation , est restee inactive ou n'a servi qu'en guise d'auxiliaire.
raquo; 4e Temps. Ligature des enveloppes. — Le lien est un bon fil plie en huit doubles; I'operateur le tient a cheval sur son cou. Lorsqu'il veut le placer, it saisit d'une main les enveloppes, les tire en haut, tandisque, de I'autre , il maintient les testicules fixes dans le fond de l'aine. Lorsqu'il est sür que les enveloppes sont assez tendues et les testicules #9632;issez enfonces pour ne pouvoir plus executeraucun monvcment dans leur gaine, apres l'applicalion de
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-2iOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIP^DES
la ligature, il fait tenir les enveloppes par un aide, au point oü il les a placees, on bicn il les prend lui-meme entre ses dents, et de la main libra, il enroule le lien sur les enveloppes aussi pres que possible des testicules. Dans cette manoeuvre, il attache Tun des bouts du lien sur l'index de la main qui tient les testicules, circonscrit quatre ou cinq fois les enveloppes k l'aide de la main qui a toute sa liberte, et en serrant fortement cbaque tour; il termine en faisant un noeud auquel il laisse une anse, et que Ton defait facilement en tirant sur un des bouts. Le lien reste en place de vingt-quatre ä quarante-huit heures , suivant que I'engorgement des bourses, süffisant pour maintenir les testicules en place, est plus ou moins prompt ä se mani­fester.
raquo; Le gardien de l'animal est ordinairement charge de l'enlevement du lien ; ce qui n'offre aucune dif-ficulte. raquo;
Malgre les details minutieux dans lesquels est entre l'auteur, et qui temoignent de l'exactitude des renseignements qu'il avait recueillis et du soin qu'il a mis a saisir les diverses manipulations .de I'operateur, il y a cependant, dans la description, quelque chose a desirer. Ainsi , dans le deuxieme temps, au moment du coup de pouce, la position qu'occupe le cordon par rapport aux doigts de la
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main qui agit, le mouvement opere par le pouce pour dechirer le tissu cellulaire peri-erythroidien, nous semblent n'avoir pas ete indiques avec assez de precision.
Dans le troisidme temps, certainement le plus difficile ä decrire, la position du pouce, celle du testicule par rapporl a la main au moment et pen­dant que cet organe (le testicule) opere son mouve­ment de rotation, manquent par l'exactitude et ne se comprennent pas parfaitement.
Ce sont la, si nous ne nous trompons, les seuls points un peu obscurs de l'important travail de M. La fosse.
Dans son rapport sur le bistournage du cheval, M. Sanson (Recueil de Medecine velerinaire, Bulle­tin de la Societe, annee 1860, page 233) fait con-naitre le manuel operatoire du bistournage du cheval, decrit par M. Reboul. L'operation com-porte deux temps principaux : dans le premier, on rompt les adherences etablies autour de la glande spermatique ; dans le second, on fait tourner cette memo glande un certain nombre de- fois sur elle-meme. Le premier temps comprend les deux pre­miers temps indiques par M. Lafosse; le second correspond au troisieme du meme auteur. Les de­tails dans lesquels est enlre M. Reboul differant de ceux indiques par M. Lafosse , il est utile de les faire connaitre textuellement. La position a donner
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ä l'animal, celle des aides, les premieres manoeu­vres effectuees sur les bourses n'offrant rien de particulier, peuvent, sans inconvenient, etre pas-sees sous silence.
Apres avoir decrit les manipulations n^cessaires pour l'assouplissement des bourses, M. Reboul continue sa description de la maniere suivante :
laquo; Prenant ensuite le testicule gauche dans la main droite etendue, on promene le pouce d'ar-riere en avant, et en suivant le bord superieur de i'epididyme, afin de s'assurer de la position du canal efferent. Celle-ci une fois bien reconnue, I'operateur devra placer l'extremite du doigt pre-cite (le pouce) un peu en arriere de cet organe, et pousser alors avec force, obliquement en avant et de dedans en dehors , dans la direction de l'aine, comme s'il s'agissait de percer les premieres enve-loppes testiculaires et de penetrer dans I'interieur des bourses. Apres quelques efforts bien soutenus, le pouce, qui, tout d'abord , avait rencontre une assez forte resistance , ne tarde pas a se frayer un passage, ou, pour mieux dire, a rompre d'une ma­niere plus ou moins brusque le tissu des deux tuni-ques erythroide et vaginale. La dechirure se pro-duit ordinairement a l'endroit oü l'expansion des fibres charnues du cremaster offre le moins de resistance.
raquo; II ne resle plus, pour completer cette pre-
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SOUS LE RAPPORT CHIRURG1CALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 233
miere partie de roperation , qu'ä separer du bord superieur et particulierement de la queue de l'epi-didyme, la portion repliee de la tunique sereuse dite septum poatMeur de la tunique vaginale. Pour cela faire, et tout en maintenant le pouce dans I'ouverture sus-indiquee, on doitlaisser echap-per la glande, sur laquelle il convient de n'exercer jamaisque de bien faibles et bien legeres pressions. La position de la main etant ensuite subitement renversee, on pratique d'une maniere continue, et d'avanten arriere, une traction plus ou moins forte, suivant les cas, et Ton agrandit ainsi facilement la voie dejä tracee dans l'interieur des membranes precitees. Un petit bruit sec, ressemblant assez au leger craquement d'une etoffe qu'on dechire, an-nonce dans tous les cas que le but est atteint. raquo;
Apres ces manipulations, qui constituent le pre­mier temps de l'operation, le testicule devenu libre ä sa partie posterieure, est alors flottant dans les bourses, et son cordon peut etre facilement tordu.
laquo; Süffisantes le plus souvent pour constituer ä elles seules ce que nous^appellerons une operation heureuse ou bien reussie, les diverses manipula­tions que nous venons d'indiquer ne permettent pas toujours, neanmoins, a celui qui les a exactement employees , de faire execu(er au testicule le nom-bre detours qui aura ete reeonnu necessaire. Quel-(|ues adherences , quelques obstacles , dont Tope-
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#9632;23inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPEDES
rateur exerce reconnaitra bientot la nature et la gravite, peuvent exister encore; et Ton comprendra aisement qu'en semblable occasion, l'usage et I'habitude doivent faciliter, beaucoup plus que toutes les indications theoriques, la juste appre­ciation des circonstances exceptionnelles qui peu­vent se presenter.
raquo; Deuxieme temps. — Contrairement a ce qui concerne la meme operation chez le laureau, il n'est pas necessaire ici de faire basculer le testicule sur lui-meme; la glande doit operer ses revolu­tions dans la situation oü eile se trouve apres les manipulations dont I'ensemble constitue le premier temps de l'operation.
raquo; Pour effectuer la torsion, ilfaut, dit M.Reboul, placer la main comme au commencement de ce premier temps. laquo; On ramene d'abord le testicule un peu en arriere, de facon a ce qu'il soit appuye sur le perinee, et il est en quelque sorte abrite sous la main, qui le comprime juste assez pour le main-tenir en place. A l'aide de l'index legerement re-courbe, on saisit ensuitele cordon testiculaire, qui sert ainsi de point d'appui; puis le pouce est porte vers la queue ou globus minor de l'epididyme, et Ton imprime au testicule un mouvement en avant, en suivant toujours les muscles de ia region interne de la cuisse. Quand on est arrive dans le fond de
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SOUS LE RAPPORT CHIRÜRGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 235
1'aine , on donne a la glande, ä l'aide de la paume de la main, une petite secousse en avant, et, avec I'index, on tire subitement le cordon en arriere , de maniere ä ce que ce dernier se rapproche le plus possible de la position que nous venons d'in-diquer. Le mouvement de semi-rotation de dehors en dedans est alors opere, et il n'y a plus qu'a continuer la meme manoeuvre autant de fois que le demande l'etat de l'animal a emasculer. raquo;
raquo; Sur le testicule droit, on execute les memes manoeuvres a l'aide de la main gauche; et il ne reste plus ensuite qu'ä appliquer un lien quelcon-que sur le scrotum. Ce dernier temps de l'opera-tion s'execute en saisissant le scrotum des deux mains , dans le sens de sa plus grande largeur, et en le distendant legerement, avant de le remettre, ainsi distendu, ä la main d'un aide qui le main-tient en exergant dessus une traction moderee. Le lien est ensuite applique par I'operateur. raquo;
Cette description rend, d'une maniere assez sai-sissable, les manipulations effectuees pour pene-trer, non dans la gaine sereuse, ainsi que nous le prouverons plus loin, mais bien dans le tissu cellulaire peri-erythroi'dien. Quant au mouvement imprime au pouce ä partir du moment ou il est engage entre le dartos et la tunique erythroide, on ne le con^oit pas parfaitement. Ce defaut de clarte dans le modus faciendi ne tiendrait-il pas ä ce que
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236nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOUPfeDES
M. Reboul, trop penetre de la necessite d'aller separer du bord superieur du testicule le septum fosterietir de la tunique vaginale, ne s'est pas bien rendu compte de la direction que I'operateur imprime au pouce qui est engage dans le tissu cellulaire? Nous sommes porte a I'admettre. 11 faul reconnaitre, neanmoins, que lorsqu'on n'opere pas soi-meme, il est tres difficile de se rendre un compte exact des manipulations ä effectuer, attendu qu'on ne voit pas parfaitement les mouvements executes par la main et les doigts de I'operateur. Les manoeuvres du deuxieme temps se compren-nent assez bien ; la position de la main et des doigts est nettement indiquee; on peut suivre par la pen-see les mouvements de la main et l'impulsion don-nee a la glande ; la petite seeousse imprimee ä la ylande ä l'aide de la paume de la main, le mou-vement de l'index qui lire subilement le cordon en arriere, tout cela se concoit; mais pour que le testi­cule opere le mouvement de semi-rotation de dehors en dedans, et pour qu'il revienne a la position qu'il avail avant de commencer la torsion du cordon , ces deux prompts mouvements de la paume de la main et de l'index suffisent-ils ? Ne faut-il pas en­core que la main qui imprime la petite seeousse a la glande Taccompagne dans le mouvement qu'elle execute? Sans cette precaution , n'y aurait-il pas ä craindre que le testicule, au liou de continuer la
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rotation , ne revint sur lui-meme et que le cordon ne se tordit pas? Quoique le mouvement du testi-cule soil indique comme ayant lieu de dehors en dedans, on pent se demander si la torsion du cor­don s'effectue de droite ä gauche ou de gauche ä ilroite.
Si la glande est poussee en avani et qu'en meme temps le cordon soil porle en arriöre, quoique le testicule ne soil pas bascule, n'est-on pas porte a admettre que cet organe passe, pour operer son mouvement de rotation , pardessus le cordon testi-
culaire? Cette derniere supposition est d'autant plus fon-
dee, que dans le precede de castration que nous
avons vu employer et que nous-meme avons mis
en usage, les choses se passent ainsi.
Teiles sent les reflexions que suscite la lecture
du travail de M. Reboul, lorsque Ton cherche ä se
faire une idee tres precise du manuel du bistour-
nage du cheval.
Tout cela prouve la difflculte qu'il y a a rendre
(res clair et tres comprehensible le manuel opera-
toire du bistournage des solipedes.
En entreprenant de donner une description de cette operation, nous n'oserions assurer d'etre plus heurcux que les auteurs qui nous ont precede.
Notre position est cependant plus avantageuse :
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d'abord parce que nous meltons a profit leurs tra-vaux, et qu'en comparant, sur le sujet, les manipulations qu'ils ont indiquees avec celles que nous voyons pratiquer ou que nous pratiquons nous-meme, il nous a ete possible de verifier avec soin si les descriptions donnees jusqu'alors etaient exactes et completes. Une fois bien penetre de notrc sujet, nous avons cherche ä rendre par des figures les temps principaux de roperation.
Nous n'hesitons pas a reconnaitre, toutefois, que ces figures, quoique prises sur le fait (1), ne don-neront pas toujours une idee bien nette de certaines manoeuvres. Pour le deuxieme temps, par exemple, nous n'avons pu qu'indiquer, et meme tres impar-faitement, la position el la direction de la main qui agit.
Quelle que soil i'imperfection de ces figures, elles aideront, nous le croyons, ä faire compren-dre la position des mains par rapport aux organes a manipuler, et permettront de se faire une idee plus juste du manuel operatoire.
C'est k tort que Ton a pretendu que les solipedes ne pouvaient etre bistournes avant Tage d'un an.
(1) Un baudet äge de quatre ans a servi ä la demonstra­tion du manuel de l'operation que nous avons faite en pre­sence des eleves de troisieme etquatrieme annee. M. Paillou, eleve de quatrieme annee, avail bien voulu se charger de dessiner chacun des temps de l'operation. Ce sontcesdessins que nous donnons.
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Cette operation peut s'effectuer des que les glandes spermatiques sont parvenues au fond des bourses. Nous l'avons vue pratiquer chez des poulains ages de cinq ä six mois ; mais il est alors quelques pre­cautions a prendre qui seront indiquees ä propos des difficultes que peut offrir le bistournage.
11 faut, toutefois, reconnaitre que ce n'estqu'ex-ceptionnellement qu'on bistourne les solipedes avant Tage de quinze a dix-huit mois.
Les chätreurs de profession s'occupent generale-ment fort peu du regime auquel sont soumis les animaux qu'ils vont operer; ils ne tiennent pas compte de leur etat de maigreur ou d'embonpoint; il Importe meme peu , a plusieurs, qu'ils soient ou non a jeun. Bien moins prendraient-ils en conside­ration une constitution medicale regnante : Us bis-tournenl en toule saison, en tout lemfs et en tout lieu. II est vrai de dire, cependant, que le prin-temps et l'automne sont les epoques oü ils operent le plus.
Les observations assez nombreuses que nous avons recueiilies sur ce sujet, nous autorisent a poser en principe :
Que Tage oü l'operation se fait le plus facilement, est celui de vingt a trente mois;
Qu'une constitution atmospherique chaude et humide, le souffle du vent du sud et surtout du sud-auest, ont une influence non douteuse sur le
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iWnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPfiDES
volume de l'engorgement qui envahit la region operee : ces faits etant connus portent avec eux leur indication ;
Que les extremes de temperature, quoique etant beaucoup moins a redouter que dans les procedes de castration sanylanle, doivent etre pris en con­sideration ;
Qu'enfin la prudence commande , ne serait-ce qu'en vue des accidents qui peuvent se produiro pendant l'abattage, de laisser, le jour de l'opera-tion, les animaux ä jeun. C'est lä une regie quo les chätreurs intelligents observent; les veterinai-res ne pourront done jamais I'enfreindre.
Position a donner aux aides et au sujet ä opörer. — Appareil.
La maniere de fixer l'animal, lä position ä don­ner aux aides, ont ete indiquees ä la page 208. Quant aux objets necessaires ä l'operation , ils con #9632; sistent en une ligature d'un metre de long environ, faite avec des fils de lin , de chanvre, de laine ; on peut aussi se servir de la filasse ou d'une corde.
Avec la ligature de filasse ou de laine, on a moins ä craindre d'excorier la peau des bourses; ces deux derniers liens, glissant plus facilement que les autres, doivent etre plus serres. De i'eau, du vin ou du vinaigre sont aussi mis ä la portee de l'operateur. On peut tres bien se passer de ces liquides; les motifs en seront indiques plus loin.
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Manuel operatoire. Les manipulations a effec-tuer pour bistourner les solipedes sont nombreuses, difficiles et parfois fatigantes; elles consistent : 1deg; ä separer entierement le dartos de la tuniquc erythroide, de maniere a former une poche ou le testicule, suspendu par son cordon et entoure des membranes fibreuse et erythroide laissees intactes, es( libre de toute adherence; on y parvient en dilacerant le tissu cellulaire peri-erythroidien ;
2deg; A tordre suffisamment le cordon pour obtenir l'obliteralion des vaisSeaux de la glande sperma-tique et I'atrophie complete de cet organe ;
3deg; A remonter les testicules vers les anneaux inguinaux, a eviter qu'ils ne tombent au fond des bourses et que les cordons se detordent.
D'apres cet enonce, I'operation cornprendrait trois temps principaux. 11 faut, toutefois, recon-naitre que la plupart des chätreurs ont pour habi­tude, avant de rompre les adherences, de faire ce qu'ils appellent le savonnage, Vassouplissement des bourses. On ne peut nier que cette precaution ne rende les manoeuvres ulterieures plus faciles, sur-tout si Ton a affaire a un animal dont le scrotum offre beaucoup de rigidite ; mais eile n'est pas indis­pensable. Puisque cette espece de preparation des enveloppes est employee et peut etre utile , nous la decrirons et la compterons meme comme le premier temps de I'operation ; d'oü la division du
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Hinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLlPfiDES
manuel de l'operation en quatre temps au lieu de trois.
Ier Temps. Savonnage. Assowplissemenl des bourses. — L'operateur, place a genoux pres de la queue du sujet ä operer, saisit les bourses avec ses deux mains, pousse les testicules vers I'abdo-men, de raaniere ä faire former au scrotum une espece de godet ou il verse Tun des liquides sus-mentionnes; lorsque le scrotum est bien imbibe, il le frotte, le malaxe entreies deux mains , pour lo bien debarrasser de la matiere sebacee ; puis il elargit les bourses, les etend dans tous les sens , en ayant toujours la precaution de ne jaraais com-prendre les testicules dans ces frottements. Les glandes testiculaires sont entraineos au fond des bourses , puis dirigees vers les anneaux ingui-naux. Alors l'operateur saisit, ä la ligne du raphe, le fond du scrotum, ie tire perpendiculairement en haut; la main gauche embrasse les bourses et refoule , le plus possible et sans trop les corn-primer, les testicules vers I'abdomen. La paome de la main droite, fortement appuyee sur la por­tion des enveloppes qui depasse la main gauche, execute un mouvement rapide de rotation sur le scrotum compris entre les deux mains. (Fig. lre.
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SOUS IF. RAPPORT CHIRURGICAL
Position de ranimal pour I'operation. (Figure iquot;.)
2W
I-a position des mains indique que I'operateur est place plus ä gauche qu'il ne Test reellement; c'est pour inettre bien ä decouvert la region qu'on les a ainsi disposees : dans la position reelle, Je bras droit la cachait. — ]i. Main gauche embrassant entierement le fond des bourses et refou-lant les testicules vers les anneaux inguinaux. — C. Main droite appuyant sur les enveloppes qui depassent la main gauche. — Entre les deux mains se voit une partie du scro­ll! in.
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244nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLlPEDES
Ainsi se termine le premier temps, dont la duree est ä peine d'une minute, et a donne plus de souplesse au scrotum et sans doute commence la dechirure du tissu cellulaire sous-dartosien.
2C Temps. Separation du dar los de la tunique eri/throide ; rupture des häliments. — Les tes-ticules etant attires au fond de leur poche dartoi-que , l'operateur (supposons qu'il commence ä agir sur le testicule gauche), place un peu plus ä gau­che (cote droit de l'animal) que dans le premier temps, saisit le fond du scrotum avec sa main gauche, le tire en arriere et l'applique sur le peri-nee (1). La ligne mediane , raphe , qui separe les testicules , est ainsi bien determinee; il faut alors placer le pouce de la main droite, l'ongle en con­tact avec la peau, ä l'extremite des bourses , ä droite de la ligne du raphe. Les autres doigts, un pen releves, sont dans l'extension et se dirigent vers la glande spermatique gauche; la main gau­che abandonne les bourses , et le pouce de la main droite est dirige en avant, en suivant le cöte droit
(1) Si Ton a Thabitude de l'operatioii, on pent omettre de placer ainsi le scrotum. L'essentiel est de determiner le raphe. afm de placer le pouce sur l'extremite du scrotum corres­pondent au testicule autour duquel on va agir ; de pousser en avant les enveloppes , de teile sorte que le point du scrotum oü a ete applique le pouce soit entraine jusqu'au-dessoua de l'epididyme (au-dessus si l'animal etait debout). Ce deplacement de la peau est necessaire pour facilitcr les manoeuvres ulterieures.
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SOUS LE RAPPORT CHIBURGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;245
de la verge, par rapport a la position de l'opera-teur, et arrive ainsi, en poussant le scrotum devant luijusqu'a la partie inferieuredel'epididyme, supe-rieure si I'animal etait debout; alors le pouce, qui n'a pas change de place par rapport a la partie du scrotum oü il s'est d'abord applique , se trouve inferieur etposterieur au cordon ; l'indicateur de la memo main est superieur et anlerieur ä ce meme cordon; le testicule se trouve place sous la face palmaire, qui le maintient sans le comprimer. Une fois ces positions respectives etablies, le pouce doit etre dirige, avec force, un peu obliquement de dedans en dehors, d'arriere en avant et de haut en bas , comme si on voulait le faire penetrer dans I'aine. Pendant ce mouvement d'impulsion , le pouce, reconvert de la peau et du dartos qui s'invaginent, et lui fournissent une espece de doigt de gant, cötoie, sans I'aUeindre, I'ilio-testiculaire, surmonte la resistance plus ou moins grande offerte par le tissu cellulaire qui unit le dartos ä la tunique erythroi'de , et ainsi se trouve execute ce fameux coup de pouce des bistourneurs.
Certains Operateurs se servant, pour vaincre cette premiere resistance , du bout, bien arrondi, d'un petit baton qui fait l'office du doigt. C'est la une mauvaise pratique , en ce que, ne pouvanl pas bien juger le moment oü le tissu cellulaire a cede, on est expose a aller plus loin qu'on ne le vou -
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2i6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOL1PEDES
drail ; mieux vaut done se fatiguer un peu plus , et ne pas produire des lesions inutiles et graves parfois. Lebätonnet, dirige par une main peu habile, ne pourrait-il pas penetrer dans I'abdomen ?
Au fur et a rnesure que le pouce s'engage dans le tissu cellulaire peri-erythro'idien, le cordon s'en-fonce de plus en plus dans I'espace existant entre le pouce et l'index ; le tcsticule tend a s'echapper en partie de la face palmaire pour gagner la face dor-sale , et vient former un relief entre le poignet de l'operateur et la cuisse de l'opere. (Fig. 2.)
Une fois le pouce engage dans le tissu cellulaire, on trouve qu'il est entoure de resistances plus for­tes du cöte du testicule que du cöte du cordon. C'est cette resistance qu'il faut surmontcr pour ter­miner ledeuxieme temps de l'operation. Acet effet, le pouce, toujours maintenu dans la position sus-indiquee, se flechit, de dehors en dedans, comme s'il voulait embrasser le cordon ; puis il se dirige vivement de bas en haut et d'avant en arriere, se porte du cöte de la tete de l'epididyme , qu'il con-tourne; a l'instant oü ce mouvernent du pouce s'ac-complit, la main se souleve , abandonne le testi­cule , et tend a se renverser de dehors en dedans , de sorte que la face dorsale devient presque infe-rieure, et la palmaire superieure. Le bras de l'ope­rateur s'incline aussi de dehors en dedans et de drohe ä gauche. Des que le pouce a contourne l'ex-
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SOUS LE RAPPORT C111RÜRGICA1, (Fig. S.)
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Elle Signale la position du bras D au moment du coup de pouce. On voit aussi le relief que forme le testicule, entre le poignet de l'operateur et la cuisse de l'opere, lorsque le tissu cellulaire a ete traverse et que le cordon s'est enga,se entre le pouce et I'index.
tremite anterieure du testicule, la main reprend la position qu'elle avaitavant de serenverser , avec cette differencequ'aulieu d'abriter le testicule, eile est placee en arriere et en dessous de cette glande..
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2i8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPfiDES
Le doigt , continuant son mouvement , cotoie la face externe du testicule , en remontant vers son bord superieur, et se dirige , a son extremite pos-terieure, vers la queue de l'epidydime. C'est en ce point que le tissu cellulaire offre le plus de den-site et de resistance. Unefois I'extremite posterieure du testicule contournee, le pouce glisse le long de son bordinferieur et se porte de nouveau a I'extre­mite anterieure de eel organe.
Dans ces diverses manoeuvres , le pouce , pour separer la membrane erythroide du dartos, doit contourner entierementle testicule et la partie infe-rieure du cordon, superieure dans la position oil est le sujet.
La main gauche est parfois obligee de faire un conlre-appui au pouce, en appuyant legerement sur la partie opposee oü il agit.
Si ces manoeuvres ont sufQ a detruire (outes les adherences sous-dartosiennes , le testicule est par-faitement libre dans la poche constitute par le dar-tos. On s'en assure en tirant les bourses en haut ; alors, le testicule droit est enlraine, et non le gau­che ; si on pousse celui-ci au fond de la poche, il tombe des qu'on I'abandonne. II n'en est pas ainsi lorsque des brides oelluleuses le retiennent encore.
Dans ce cas, il faut recommencer les memes manipulations jusqu'a ce que toutes les adherences soient detruites, en ayant la precaution de replacer
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SOUS LE RAPPORT CH1RURGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ai'J
loujours le pouce sur la partie du scrotum oü il s'etait primitivement appuye. L'empreinte qu'y a laissee Tongle Tindiqufe d'une maniere precise.
3e Temps. Torsion du cordon. — Pour operer celte torsion , on ne fait pas basculer le testicule , comme cela a lieu chez les ruminants , ct I'action d'une seule main sufflt ordinairement.
Pour faire bien comprendre les diverses manoeu­vres que necessite ce troisieme temps, il faut indi-quer, d'une maniere aussi precise que possible, les positions relatives existant entre la main et les organes a manipuler, soil avant soit pendant les manoeuvres.
Position de la main (figure 3). — Le testicule sur lequel on doit operer est ramene au fond des bourses, et la ligne du raphe bien determinee. La paume et les doigts de la main droite sont appuyes sur le testicule, qu'ils recouvrent presque entiere-ment. Le cordon est place entre le pouce et l'index, le pouce en dessous et en arriere , l'index en des-sus et en avant. Le pouce , allonge centre I'epidi-dyme, immediatement au-dessousde lui (au-dessus si I'animaletaitdebout), est dirige vers la partie an-terieure^du testicule.
Ces positions une fois bien etablies , on com­mence la torsion. Pour cela, le pouce se releve et tire le cordon d'avant en arriere et de droite a
11.
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CASTRATION DES S0L1PEDES (Flg. 3.)
E Position de la mam droite avant de commencer la tor­sion.— Le testicule F est presque entierement abrite sous cette main.—Le cordon est engage entre le police et I'index.
gauche; le testicule se trouve ainsi souleve; la main qui I'abrite glisse vers le bord inferieur ou libre de cet organs, le leve et le pousse doucement en avant , puis le dirige de dehors en dedans , ou de droite ä gauche, et le fait parvenir au-dessus
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SOUS LE RAPPORT CHIRURG1CALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; iäl
du cordon. Pendant ce mouvement, rextremite posterieure du testicule est devenue peu ä pen anterieure , puis posterieure, et passe la premiere pardessus le cordon.
Lorsque le testicule se trouve superpose sur rex­tremite inferieure du cordon, mais sans lui etre pa­rallele , puisque les deux extremites du testicule ne le franchissent que Tune apres I'autre , le cordon a eprouve un tour ; alorslepouce abandonne sa posi­tion, etpar une petite traction, d'avant en arriere et de haut en bas, exercee sur la glande, on remet les extremites de cet organe dans leurs rapports nor-maux. Pour produire cet effet, on a vu quel mouve­ment devait operer le pouce ; la main, qui d'abord a glisse vers le bord libre de la glande , se renverse insensiblement d'avant en arriere et de bas en haut, puis eile se dirige, en maintenant toujours le testi­cule et lui imprimant I'impulsion qui a ete indiquee, d'arriere en avant et de dehors en dedans (figure 4). Les doigts de la main droite, en agissant sur I'extre-mite posterieure de la glande devenue anterieure, ont, dans cette manoeuvre, la principale action.
Les Operateurs dontnous avons suivi les manoeu­vres (nous agissons de meme), ne font pas, sans discontinuer les manipulations, un seul tour au cor­don , mais bien un tour et demi. Pour cela, au lieu d'exercer, lorsque le tour est complet , une trac­tion sur le testicule afin de le replacer dans sa posi-
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CASTRATION DES SOL1PEDES (Flj. i.)
H, position de la mam au moment ou le testicule G va Ätre place siir le cordon. — On voit la direction du pouce qui souleve le cordon et l'entraine d'avant en arriere et de dehors en dedans.
tion naturelle, la main droite, qui ne I'a jamais abandonne, le presse de droite a gauche et de haut en has , et lui fait ainsi franchir le cordon. A ce moment, le pouce , qui a quitte sa premiere posi­tion, sans cela le mouvement de torsion ne pourrait
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se continuer, appuie sur rextremite de la glande, qui est redevenue posterieure, et la dirige de dedans en dehors, ou de gauche a droite, pendant que les autres doigts de la meme main (droite) poussent son extremite opposee dans un sens inverse, et le testi-oule revient naturellement a sa position normale, avec cetle difference que I'extremite anterieure est devenue posterieure, et que le cordon a par conse­quent eprouveun tour et demi; le testicule selrouve de nouveau abrite sous la main, et le poucereprend sa premiere position.
II ne reste plus pour terminer roperation de ce cöte qu'ä recommencer les memes manoeuvres jus-qu'ä ce que le cordon ait acquis une assez grande rigidite. Trois ä quatre tours ou quatre tours et demi suffisentraquo; en moyenne, pour obtenir ce resul-tal. Leur nombre est d'ailleurs en rapport direct avec la longueur et le volume du cordon. 11 est par-fois difficile et meme impossible, chez les animaux dont le cordon est court et gros, d'en faire au-delä de deux ä trois; tandis que , dans des conditions opposees, on pent arriver jusqu'a cinq ä six et plus. La moyenne est de quatre et demi. C'est le cas le plus frequent.
Lorsque I'operation est finie, les tours imprimes au cordon ne sont pas toojours complets. La preuve, c'est que, le plus souvent, lorsque se termine le mouvement de rotation de la glande spermatique ,
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254nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOlLPfeDES
l'extremite anterieure de cet organe est devenue poslerieure.
Pour le testicule gauche, ce sont les memes manoeuvres qu'on emploie, avec cette difference qu'on les effectue avec la main gauche. Ce n'est qu'a litre d'auxiliaire qu'on se sert quelquefois de la main qui reste generalement inactive.
Les manoeuvres du troisieme temps qui viennent d'etre decrites ne ressemblent pas ä celles qu'on a fait connaitre jusqu'ici. Est-ce ädireque la descrip­tion que nous venons de donner de ce temps de l'ope-ration soit la seule exacte et la seule employee ? Nous n'avons pas cette pretention, attendu que nous comprenons fort bien qu'on puisso arriver au meme resultat par tout autre moyen ; mais nous croyons avoir donne une idee assez precise de ce que nous avons vu faire et de ce que nous avons fait pour operer la torsion du cordon.
Les rapports des extremites de la glande varient selon que les tours faits au cordon sont complets ou incomplets. Dans le premier cas , les extremites sont dans leur position naturelle; dans le deuxieme, c'est-ä-dire lorsqu'il y a un tour et demi, deux tours et demi , ainsi de suite , l'extremite posterieure est devenue anterieure. Cette derniere position est la plus ordinaire. C'estdu moins ceque I'examen d'un grand nombre d'animaux a deraontre. Quelquefois le testicule est perpendiculaire ä son cordon.
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4.c Temps. Ligature des enveloppes. — Pour pla­cer le lien, roperateur prend d'une main (la droite) les enveloppes, les tire en haut. Cette seule tension des bourses fait parvenir les testicules vers les an-neaux : d'ailleurs, la main gauche les y dirige; puis eile saisit les bourses a pleine main, comme dans le premier temps de l'operation (figure 1), les comprimeavec force, et maintient ainsi les testicules dans les regions oüilsontete places. L'un des bouts de la ligature est attache au poig.net gauche ou a Tun des doigts de la main qui tient les enveloppes, et on circonscrit, avcc la main restee libre, quatre a cinq fois les bourses, entre la main gauche et les testicules, en ayant soin de serrer fortement cha-que tour. On termine en faisant un noeud auquel on laisse une anse pour pouvoir enlever la ligature avec facilite.
Les manoeuvres de ce quatrieme temps n'ont rien de fixe ; I'operateur pent done agir selon sa plus grande commodite. 11 pent meme faire tenir les en­veloppes par un aide , et se servir des deux mains pour fixer le lien.
11 est neanmoins preferable de s'habituerä se pas­ser d'aide , attendu que , dans les mouvements vio-lentsauxquels peut se livrer I'animal, il devient un embarras.
II importebeaucoup, durant les manoeuvres faites dans tousles temps del'operalion, de presser le moins
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fort possible sur les testicules, et de ne pas tirailler les cordons. C'est avec raison qu'on dit: la douceur de la main est une qualite precieuse de l'operateur.
Le lien est enleve des que l'engorgement des bourses parait süffisant pour maintenir les testicules en place; le temps necessaire a cet effet varie entre vingt-quatre et trente heures.
Le gardien de l'animal est charge de ce soin , qui n'offre aucune difficulte.
11 est des Operateurs qui, jugeant le lien inutile, n'en appliquent pas. Si, en l'absence du lien , on n'avait pas a redouter la descente des testicules dans les bourses et la detorsion des cordons, ce se-rait lä une bonne pratique, surtout pour les che-vaux qui vivent en liberte.
II est prudent, toutefois, d'employer la ligature jusqu'a ce qu'on seit convaincu de son inutilite.
Quelle que soit l'elendue et l'exactitude des details fournis sur le manueldu bistournage, ils ne seront jamais suffisants pour qu'on puisse esperer de par-venir, a leur aide, a effectuer les manoeuvres dif-ficiles et nombreuses que reclame cette operation. Ils donneront certainement une idee exacte de ce qu'il y a a faire , de la position a donner au sujet ä operer et ä la main de l'operateur, choses qui ont bien leur importance. Mais ce qu'il faut par-dessus tout, c'est de voir agir un homme capable
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de demontrer ce qu'il fait, et bien dispose a I'en-seigner ; il faut enfin qu'il dirige les premiers essais, qu'il guide, pour ainsidire, la main decelui qui veut apprendre.
Quant au nombre des lecons qui sont necessaires pour pouvoir operer seul, il serait difficile de le de­terminer, attendu qu'il peut beaucoup varier. C'est en rapport avec l'adresse de l'individu , la dexte-rite de sa main, son degre d'aptitude, en un mot, pour le bistournage.
Quoiqu'on puisse poser en principe qu'il faut plus d'adresse que de force, il faut toutefois reconnaitre que souvent les deux sont tres utiles.
II ne doutera pas de la necessite d'une grande force et d'une grande energie, celui qui, une seule fois, aura assiste a I'operation effectuee sur un ani­mal tres dur. La sueur, la fatigue del'operateur, le temps qu'a dure I'operation, lui seront une preuve de tout ce qu'il a deploye de puissance et d'energie.
Difncult6 et impossibility de I'operation.
L'integrite du cordon, celle du testicule et de ses enveloppes , la longueur du cordon , son volume non trop considerable , la forme normale du testi­cule et ses dimensions ordinaires , sont autanl de conditions qui, unies ä un äge de dix-buit k trente mois et a un temperament plutot lymphatique que sanguin, rendent I'operation facile. D'apresce sim-
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pie enonce, il est aise de se faire une idee juste de la nature des difficultes qu'on pourra rencontrer. On comprend , en effet, que si les enveloppes ont perdu de leur souplesse , par suite d'inflammations dont elles ont pu etre le siege , il sera tres difficile de dilacerer ie tissu cellulaire peri-erythroidien. La densite de ce tissu peut meme etre arrivee k un degre assez eleve pour resister ä toutes les manoeu­vres de Foperateur.
Plus le testicule est petit, sa forme arrondie et sa densite diminuee , plus il sera difficile de le main-tenir dans la main et de lui faire operer les mou-vements de rotation. Les etats opposes que peut offrir cet organe sont tout aussi fächeux, parce qu'il est alors pen facile de lui communiquer les mouve-ments necessaires pour effectuer la torsion' du co rdon.
Si ie cordon est tres court et a un gros volume, on ne parvient qu'avec peine k le tordre ; il se peut meme que sa torsion soil impossible ; cela s'observe surtoutlorsque le testicule n'est pas arrive dans le fond de la gaine. La densite du tissu cellu­laire qui entoure le cordon peut rendre le deuxieme temps de l'operation impossible ; laquo; fortiori si ce tissu est indure.
Les extremes d'dye sont egalement nuisibles. Avant quatre a cinq mois , le testicule est genera-lement trop petit, trop mou, pour etre aisement
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manipule. Dans la vieillesse, les membranes ont perdu de leur souplesse, le tissu cellulaire sous-dartosien a acquis une tenacite qui rend difficile sa dilaceration. Les animaux a temperament sanguin ou sanguin-nerveux, d'une grande energie, qui ont les tissus denses, tres resistants, sent, comme le disent les chatreurs , plus durs que ceux a tem­perament lymphatique. Aussi I'operalion est-elle, chez les baudets et les mulets, generalement plus lon-gue et plus fatigante pour l'operateur, et plus dou-loureuse pour Topere, que chez les poulains. 11 est aussi d'observation que les animaux ä region dorso-lombaire courte , large et forte , dont la croupe et les cuisses sont bien musclees, offrent plus de resis­tance aux manoeuvres que ceux a formes moins developpees. Les hernies inguinales non adherentes doivent etre reduites avant I'operation. Quant aux adherentes, elles contre-indiquent le bistournage. On conceit, en effet, que si elles etaient constitutes par I'intestin, cette operation serait mortelle ; tan-dis que pour les hernies non adherentes, le bistour­nage peut devenir un tres bon moyen de guerison. Teiles sont les principales circonstances qui rendent le bistournage difficile ou impossible.
II est, pour quelques-uns de ces cas, des pre­cautions ä prendre, des moyens a employer, a I'aide desquels on evitedes accidents et on triomphe parfois des difficultes.
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CASTRATION DES SOLIPEDES
La difßculte provienl-elle du jeune äge de l'ani-mal? de ce que le cordon et le testicule sontmous? de la forme arrondie de la glande spermatique ? il ne faut exercer, ni de fortes tractions sur le cor­don , ni comprimer le testicule, et surtout ne pas faire de trop nombreux tours au cordon.
L'oubli de ces precautions peut etre la cause de rinflammation du testicule ou du cordon , quelque-fois de ces deux organes en meme temps, et parfois de larupturedu cordon etd'unehemorrhagie grave.
Lorsque le testicule est trop gros, Faction des deux mains est, ä un instant donne, indispensable. C'est au moment oü le testicule arrive sur le cor­don, que la main, inactive jusqu'alors, devient d'un puissant secours pour aider ä conlinuer la torsion. La main qui a commence ä faire effectuer les mouvements au testicule, ne pouvant pas saisir sufflsamment cet organe pour lui faire terminer la rotation , la main qui lui vient en aide remplit Toffice devolu aux doigts de la main qui, dans les conditions ordinaires, seule agit.
Si la densite du tissu cellulaire sous-dartosien rend impossible la separation du dartos de la tuni-que erythroide , on peut esperer de voir, ä la suite des manipulations effectuees pour la rupture des bdliments, diminuer la cohesion du tissu cellulaire qui unit ces deux membranes. II faut done, dans eel espoir, reprendre i'operalion sept ä huit heures
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apres ou le lendemain du premier essai. A cette epoque , rinflammation qui commence ä envahir la region des bourses, amoindril la densite du tissu cellulaire sous-dartosien , el il n'est pas rare d'arri-ver au resultat qu'on avail vainement cherche ä obtenir quelques heures avanl ou la veille.
Examen anatomique.
Les opinions qu'on s'esl failes sur les resultals analomiques peuvent se reduire k trois. D'apres la premiere, l'epididyme serail separede laglande, el la lorsion s'opererail dansl'interieur de la mem­brane fibreuse. 11 y aurail torsion du cordon, non compris l'ilio-lesliculaire. C'elail lä I'opinion la plus anciennemenl admise.
D'apres la deuxieme, enoncee dans le Memoire de'M. Reboul, on separeraitdu bord superieur, el particulierement de la queue de Tepididyme, la por­tion repliee de latunique sereuse, dile septum pos-terieur, de la tunique vaginale. Ilyaurait, en outre, rupture des luniques erythroide el fibreuse; le les-ticule serait depouille comme dans la caslration a teslicules decouverts. Ce serail done en dehors des membranes erylhroi'de et fibreuse que s'opererail la lorsion.
D'apres la troisieme, il nquot;y aurail ruplure d'au-cune membrane ni du seplum, et l'epididyme res-lerait inlact; il y aurailseulemcnt separation enliere,
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complete , des membranes darloi'que et erythroi'de. Le dartos, laisse intact, constituerait une poche oü le testicule effectueraitses mouvements de rotation.
Le raisonnement seul pourrait conduire ä admet-tre quelle est de ces opinions la seule fondee, si les etudes anatomiques n'en avaient fourni la preuvo irrecusable.
Au point de vue du raisonnement, la premiere opinion a contre eile la difficulte qu'il y aurait a de­tacher I'epididy me du bord superieur du testicule. On ne pourrait y parvenir qu'en penetrant dans la gaine sereuse, ce qui necessiterait la dechirure des tuniques erythroide et fibreuse , ä moins que Ton admit que cette separation de l'epididyme s'opere ä travers cette membrane , ce qui rendrait encore la difficulte plus grande. En supposant que cela fiit possible , il resterait a faire operer au testicule les mouvements de rotation, ce qui serait tres difficile, pour ne pas dire materiellement impossible. La gaine fournie ä la glande par la tunique fibreuse , n'offrirait pas assez d'espace pour permettre cette rotation. Ne sait-on pas que le testicule ne peut y effectuer que des mouvements tres pen etendus, et que cette membrane est peu extensible ? II n'y a pas d'ailleurs de manoeuvres qui semblent indi-quer qu'on cherche a Tobtenir. Le raisonnemen permet done de conclure que la premiere opinioi n'est pas fondee.
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La deuxieme parait plus probable. On compren-drait, en effet, la possibilite de dechirer les tuni-ques erythroi'de et fibreuse dans une etendue assez considerable pour laisser le testicule s'echapper de la poche fournie par la tunique fibreuse; on pourrait meme admettre la possibilite de dechirer le septum posterieur de la gaine vaginale.
Tous ces resultats anatomiques, certainement trcs difficiles a produire, seraient Insuffisants pour faire operer des mouvements de rotation au testicule ; il faudrait encore dilacerer, dans une assez grande etendue , 1c tissu cellulaire sous-dartosien , a 1'effet de produire un espace assez grand pour que I'or-gane püt y executer des mouvements de rotation. En l'absence de ce resultat, la glande serait enopri-sonnee par les brides celluleuses qui, sans adhe­rer a sa substance, n'empecheraient pas moins ses evolutions.
Tous ceux qui se sont occupes du bistournage ont reconnu la necessite de ne commencer le troisieme temps que lorsque le deuxieme serait bien ter-niine, c'est-a-dire, apres avoir constitue une gaine assez grande oü le testicule serait libre et pourrait facilement se mouvoir. C'est done la une condition indispensable a Fexecution du troisieme temps; et on ne comprend pas que, dans les manoeuvres signa-lees par M. Reboul, on cherche ä l'obtenir. La dechirure des tuniques erythroide et fibreuse, la
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i6inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPEDES
destruction du septum posterieur, ne sauraient suf-fire. Le raisonnement conduit done a ne pas admet-tre comme fondee la deuxieme opinion. Avec ce seul element nous hesiterions, neanmoins, a nous prononcer.
Quant ä la troisieme opinion, le raisonnement lui est en tout favorable. N'est-il pas naturel d'ad-mettre que si une pression s'exerce sur des mem­branes unies par un lissu dont la densite et la quantite varie beaucoup, la separation se produise entre celles qui sont le moins intimement adheren-tes. Or, I'anatomie demontrequee'est entre le dar-tos et la tunique erythroide quele tissu cellulaire est le plus lache etle plus abondant. II est doncration-nel de reconnaitre que e'est entre ces deux tuni-ques que le pouce, qui exerce la pression dont nous parlous, doit penetrer.
Nous savons aussi qu'il est impossible, par I'ac-tion la plus puissante, que I'homme puisse arriver, au moyen de ses doigts, alors surtout qu'il agit ä travers la peau, a dechirer le dartos et, bien plus encore, a le separer du scrotum. Nous con-naissons aussi la grande tenacite des membranes erythroide et fibreuse, et l'intensite de la force necessaire pour les dechirer. Par le raisonnement seul on est done conduit a admettre que les manoeu­vres du deuxieme temps ont pour resultat la dila-ceration du tissu cellulaire sous-dartosien el la
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formation d'une gaine entre le dartos et l'ery-throide oü le testicule est flottant.
L'examen anatomique de la region fournira des donnees bien autrement importantes que le raison-nement.
Voyons ce qu'il demontre : D'abord, les par­tisans de la premiere opinion ne fournissent aucun fait anatomique a l'appui de leur moniere de voir ; ils n'ont done pour eux que le raisonnement. qui ne leur est pas favorable. II est inutile, d'ailleurs, de discuter plusau long une opinion qui ne parait plus avoir de partisans.
M. Reboul fils a fait connaitre, dans le Journal den Velerinaires du Midi, annee 1860, page 181 , un fait anatomique qu'il considere comme concluant en favour de la deuxieme opinion.
Cette observation a, en effet, une grande impor­tance ; mais eile est loin de permettre de conclure en favour de l'opinion de M. Reboul fils. Voyons plutöt :
Apres quelques details qu'il est inutile de faire connaitre , l'auteur continue ainsi : laquo; Le mode ope-ratoire employe sur ce sujet a ete le memo que celui que nous connaissons mon pere et moi.
raquo; Quelques instants ont suffi a M. Lamarche pour mettre la glande tesliculaire dans les conditions voulues pour que la torsion fut complete ; et puis,
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2laquo;(inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOL1PEDES
aiors qu'il ne restait plus qu'ä placer le lien, une incision faite avec la plus extreme circonspection , a ele pratiquee sur le milieu du testicule ; le scro­tum et le dartos ont ete successivement divises , a l'aide del'instrumenttranchant; et des-lors j'ai vu , de mes propres yeux vu , sortir par I'ouverture beantc, la glande spermatique revetue seulement de la tunique albuginee.
raquo; Le septum posterieur de la gaine vaginale etait rompu et retombait le long du cordon trois fois tordu sur lui-meme; les tuniques fibreuses et sereuses entrainees par le crernaster, formaient, un peu au-dessousde l'organe secreteur du sperme, une sorte de collerette enroulee autour de ce meme cordon. raquo;
Ce fait n'est nullement en favour de l'opinion soutenue parM. Reboul. II sorait, en effet, difficile, en prenant pour base cette opinion , de s'expliquer comment la tunique fibreuse se trouve enroulee autour du cordon. On est done logiqucment force do conclure que si la tunique est tordue, e'est que le testicule ne s'est pas echappe de la gaine qu'elle lui forme, et que I'ilio-lcsticulaire participe aussi a la torsion. Quant au septum posterieur de la gaine vaginale qui retombait le long du cordon, et ä la tunique sereuse, on est bien force d'admettrc que ce n'etaitque des lames dilacerees du tissu cel-lulnire peri-erythroidien.
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Dans les conditions ou cette etude a ete faite , on comprend parfaitement la possibility d'une sembla-ble erreur.
N'avons-nous pas vu , avec M. Lafosse, laquo; con-fondre au premier coup d'oeil, non sur le vivant, mais sur le mort, cette gaine artificielle, tant eile est lisse, avec la gaine vaginale : un coup de bis-touri de plus a suffl pour dissiper I'erreur. raquo;
Lorsque la tuniquc fibreuse est bien depouillee du tissu cellulaire qui l'entoure, eile est si lisse qu'on pent bien croire , a premiere vue, que le testicule n'est plus entoure par cette membrane.
M. Reboul fils ne semble-t-il pas pressentir la possibilite de cette erreur, lorsqu'il dit : laquo; Je suis cependant bien loin , j'en conviens , d'accorder au fait que je viens de citer, la merne importance que s'il s'agissait d'un examen anatomique pratique avec lenteur et circonspection sur un cadavre. raquo;
On op^rait sur un cheval de prix, et la prudence commandait, dit M. Reboul, de s'abstenir de toute manipulation qui eut, peut-etre, mis en danger la vie de cet animal.
Cette etude sur laquelle est basee, quant aux resultats anatomiques, l'opinion de M. Reboul. est done bien incomplete, puisqu'on n'a pas porte la main sur les tissus incises, afin de bien juger de l'etat dans lequel se trouvait la glande. II faut cependant reconnaitre qu'ici le toucher etait au
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moins aussi important que !a vue pour juger de l'etat des parties operees, et il est plus que pro­bable que si ce moyen d'exploration, le toucher, eüt ete employe , on aurait evite I'erreur qui, d'apres nous, a ete commise. On est done autorise a admettre que les etudes anatomiques sont encore moins que le raisonnement, en favour de la Ueuxieme opinion.
Quant a la troisieme opinion, Texamen minu-tieux des resultats anatomiques de Toperation , a , depuis longtemps, confirme le bien fonde du rai­sonnement. Nous croyons avoir ete le premier a le demontrer d'une maniere incontestable. Pour le prouver, nous n'avons qu'ä reproduire ce que nous disions en 18S5 [Journal des Velerinaires du Midi, p. 58), dans notre monographie sur le bistournage des ruminants :
laquo; En 1851 , un poulain, äge de deux ans, fut bistourne par un empirique ayant, sur ce point, une grande reputation. Pendant I'operation, I'ani-mal se fractura le femur. Conduit a notre Ecole, M. le professeur de clinique declara Tanimal incu­rable. L'autopsie faite par M. Lafosse, et a laquelle j'assistais, nous permit d'etudier avec sein l'etat des testicules : le testicule gauche, perpendiculaire ä son cordon, est renferme dans sa tunique ery-thro'ide ; cellc-ci est separee enlierementdu darlos ; le cordon testiculaire, y compris le muscle ilio-
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lesticulaire , offre huit, ä dix tours ; les fibres mus-culaires du cremaster, celles de la tunique ery-throide , sont fortement tiraillees ; le cordon lesti­culaire est aussi tres allonge. Ayant examine les rapports du testicule et de l'epididyme, nous ne les trouvames nullement changes, si ce n'est que les organes, au lieu d'etre superposes, etoient paral­leles. raquo;
De nouvelles etudes anatomiques , faites depuis cette epoque , nous ont permis de verifier I'exacli-tude de notre premiere observation.
M. Lafosse cite aussi, dans son Memoire sur le bistournage des solipedes {loc. eit.], un examen anatomique qui lui a permis de se convaincre , encore une fois, que les mouvements imprimes aux testicules se passent en dehors de la tunique ery-throi'de et du cremaster, qui est tordu lui-meme, ainsi que les vaisseaux et nerfs testiculaires et le canal deferent.
J'assistais incidemment ä cette etude anatomique (M. Gourdon avait disseque lui-meme les organes de la region oü Ton avait opere), et je pus me convaincre que le resultat anatomique etait con forme k celui que j'avais constate en 18S1 , avec cette difference, neanmoins, quo les fibres muscu-laires du cremaster et celles de la tunique ery-throide ne paraissaient pas eraillees (reraiilement est l'indice des fortes tractions exercees sur ces
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CASTRATION DES SOLIPßDES
organes), et que le testicule et l'epididyme etaient dans leur position normale, c'est-ä-dire superposes. Voulant faire une nouvelle etude des resultats anatomiques du bistournage, nous avons pratique sur un jeune baudet, en presence de plusieurs eleves du cours de quatrieme annee, le deuxieme temps du bistournage sur Tun des testicules, le gauche; l'autre fut laisse intact. L'operation fut pratiquee ä dix heures du matin; l'animal abattu trois heures apres , l'autopsie faite ä quatre heures etdemiedu soir, toujours en presence des eleves. La dissection de la region testiculaire demontre que le testicule, enveloppe des tuniques erythroide et fibreuse, et la partie inferieure du cordon , sont libres de tome adherence. 11 existe, entre le dartos et les tuniques fibreuse et erythroide , une poche oü le testicule est flottant. Le tissu cellulaire peri-erythroidien est dilacere et d'une couleur rouge tres prononcee , qui contraste d'une maniere frap­pante avec la couleur päle du tissu cellulaire sous-dartosien du testicule droit. Dans le tissu cellulaire qui correspond ä la partie posterieure du muscle ilio-testiculaire, ä 5 ou 4 centimetres au-dessus du point oü ce muscle s'etale en forme d'epervier pour aller embrasser, par ces digitations, la glande testiculaire, existe une ecchymose de 7 ä 8 centi­metres de circonference. Cette ecchymose corres­pond au point oü le pouce a d'abord exerce son
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action , pour penetrer dans le tissu cellulaire peri-erythro'idien et operer la rupture desbälimenls.hes rapports du testicule et de l'epididyme etaient dans leur position normale et n'avaient pas subi de lesions; les fibres musculaires de l'ilio-testicu-laire, celles de la membrane erythroide ii'etaient pas eraillees; I'examen le plus minutieux ne put faire constater, entre le scrotum et 1c dartos, la plus petite separation ; le dartos etait intact, il n'offrait pas la moindre dechirure.
Ces fails sont suffisants pour permettre de con-clure que, dans le bistournage, il n'y a rupture d'aucune membrane, ni du septum; que l'epididyme n'est nullement detache du testicule; qu'il y a se­paration complete entre la membrane dartoique et les tuniques erythroide et fibreuse ; que le dartos, laisse intact, constitue une poche ou le testicule, libre de toute adherence, effectue ses mouvements.
S'il arrive que de fortes tractions soient exercees intempestivement sur le cordon, les fibres du mus­cle ilio-testiculaire s'allongem , celles des tuniques erythroide et fibreuse peuvent aussi eprouver des eraillements; dans ce cas, le testicule devient per-pendiculaire au cordon ; le testicule el l'epididyme deviennent paralleles, de superposes qu'ils etaient. Ce sont la les seules modifications anatomiques qu'offre le bistournage, et on pent les presumer du vivant de l'animal par la position plus ou moins
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perpendiculaire au cordon qu'offre le testicule. II faut reconnaitre que ce resultat est rare et temoi-gne generalement de l'emploi de manoeuvres peu intelligentes.
Castration sanglante. Castration au moyen des casseaux. — Ce mode operatoire, tres ancien-nement connu et le plus usite de tous les procedes de castration , consiste ä comprimer le cordon tes-ticulairc entre deux pieces de bois unies entre elles au moyen d'une ficelle, etdont le but est de deter­miner la mortification du testicule.
Ce precede de castration offre deux distinctions, basees sur le nombre des enveloppes testiculaires incisees. Laisse-t-on le testicule entoure des tuni-ques fibreuse et erythroide? I'operation est dite ä testicule convert. Pousse-t-on l'incision jusque dans la cavite sereuse du testicule? eile est dite ä testicule decouvert.
Pour Tun et l'autre precede, l'appareil neces-saire ä I'operation consiste : en un bislouri convexe bien tranchant et bien poli, dont !a pointe doit etre legerement emoussee ; une paire de ciseaux cour-bes; trois ou quatre bouts de ßcelle ciree de 60 cen­timetres environ de long et d'une grosseurmoyenne, la ficelle de fouet est celle qui est generalement usitee; onfera blende placer, afin demieux serrer, un petit bätonnet ä chaeune des extremites de la
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ficelle; des pinces : les plus commodes ont leurs mors contournes, de maniere k embrasser le casseau pour en rapprocher les branches. La manoeuvre de cet instrument est confiee a un aide , ou bien c'est I'operateur lui-meme qui le fait agir. Confiees a un aide peu intelligent, on a ä craindre que de trop fortes tractions soicnt excrcees sur le cordon , lors-que les animaux se livrent ä de violents mouve-ments, ou qu elles soicnt abandonnees par la main qui les tient, cc qui prolonge roperation et les dou-leurs du sujet.
Pour obvier a ccs inconvenients , il est des vete-rinaires qui se servent, depuis longtemps, d'un petit appareil de compression , compose de deux mors egaux de forme et de volume : Tun , consti-tue. par la reunion do deux branches de fer soudees entr'elles, a la forme d'une voüte placee ä l'extre-mite de deux liges en fer ; I'autre , glissant sur ces memes tiges qui le traversent a ses deux extremi-tes , est mis en mouvement par une vis qui se meut dans un ecrou existant au milieu de la tra­verse qui reunit, a l'oppose du mors fixe, les deux tiges de l'instrument, et le rapproche du pre­mier. Son poids est de 107 grammes; sa longoeur, non compris la vis, de 8 centimetres ; sa largeur, de 4 centimetres 1/2 (figure a). Les branches du cas­seau placees entre ces deux mors, sont facilement mises en contact, et main.tenues jusqu'a ce que la
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ficelle soit appliquee en position fixe. L'instrument represents par la figure S, nous a etedonne, depuis plusieurs annees, par M. Sainte-Colombe, veterinaire a Foix. Sa confection n'offre, ainsi qu'on peut en juger, aucune difficulte. M. H. Bouley dit qu'il y a dans la collection de l'ecole d'Alfort, un instrument qui, d'apres la description qu'il en donne, a la plus grande analogic avcc celui-lä.
(Fig. 6.)
(Fig 5.)
La figure 6 represente le meme instrument mo-difie par M. Ferras, coutelier ä Toulouse; son poids est de 232 grammes ; sa longueur, non com-pris la vis, de H cent.; sa largeur, de 6 cent. On ne peut disconvenir que la forme des mors s'adapte mieux a celle des casseaux. Mais le poids beaucoup moindre du modele , doit lui faire accorder la pre­ference. Cette diminution du poids de l'instrument
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esl tres facile a obtenir, et M. Ferras a deja atteint ce resultat. Les pinces ä cremailleres, mi-lisees par quelques veterinaires , ne peuvent offrir les avantages de l'espece d'etau dent il vient d'etre donne une description sommaire.
Toutes les varietes de pinces et d'etaux peuvent etre remplaces, d'une maniere imparfaite il est vrai, par des tricoises ou des tenailles. L'essentiel est de pouvoir comprimer suffisamment.
Viennent enfin, pour terminer la serie des ins­truments necessaires ä l'operation : les casseaux ou billots, qui consistent en un morceau de bois cylin-drique, d'une longueur moyenne de 16 centimetres et de 10 centimetres de circonference, divise lon~ gitudinalement en deux parties egales , s'affrontant exactement par une surface plane; celle-ci offre generalement dans son milieu une rainurelongitudi-nale large et profonde d'un demi centimetre envi­ron. Cette rainure recoit les caustiques destines ä aider I'action mortifiante produite par la compres­sion. La rainure esl inutile , si on n'emploie pas des caustiques. Les extremites du casseau quot;sont arrondies, afin que leur contact irrite le moins possible les plaies. A chaque bout est creusee, circulairement sur leur surface externe, une rai­nure assez large et assez profonde pour pou­voir loger deux tours de ficelle. Pour faciliter l'ecartement des deux pieces formant le casseau, et
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qui sont maintenues ensemble, avanl I'operation, par l'un de leurs bouts; on fait a cette extremite, a la surface plane de chaque piece, un biseau qui s'etend depuis les rainures circulaires jusqu'ä I'ex-tremite du casseau.
Pour faire des casseaux, il faut un bois sec et resistant; Tonne, le noisetier, le chene ou le sureau, sontceux que Ton ernploie le plus souvent. f^e sureau est, de tons, celui que les veterinaires preferent. vu la facilite de se !e procurer, la promp­titude de l'execution de Tinstrumcnt, sa legerete et sa resistance.
11 n'y a plus , pour se servir de l'appareil ainsi confectionne, qn'ä le preparer. Pourcela, si i'on utilise les caustiques, on remplit les rainures d'une päte faite avec dc la farine ou d'une graisse assez compacte pour qu'elle ne coule pas au-dehors du casseau, ct on la saupoudre avec un caustique pul­verise tres fin; le sublime corrosif est le plus sou-vent employe; on se sert aussi de l'arsenic , ou du vitriol bleu, ou bien de la päte caustique dite de canqnoin. 11 ne reste plus qu'a reunir solidement, par le bout oü existe le glacis , les deux pieces qui forment le casseau.
Manuel de l'operation.Methode ä leslicules cou-verls. —Avant d'abattre I'animal, I'operateur doit examiner avec le plus grand soin l'appareil destine a
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roperalion, surtout s'il nel'a pas prepare lui-meme. II ne doit pas oublier qu'une ficelle peut se rompre, un casseaa se fendre ou se briser sous la pression des pinces, un bistouri s'emousser ; il lui faut done desinslruments supplementaires. Get examen fait, il place l'appareil ä sa portee et indique aux aidesle role qu'ils auront a remplir; il est surlout important que celui qui I'aide dans les manoeuvres de l'operalion, ait bien compris ce qu'il doit faire. On doit lui indi-quer de se placer en face de i'operateur, un peu en arriere de la cuisse de l'animal; de vous presenter le casseau largement ouvert, ou bien d'engager lui-meme le cordon, apres que le teslicule est depouille, enlre les deux pieces decet appareil; de tenir au besoin , avec les deux mains, le testicule tendu sur son cordon ; d'etaler le cordon entre les branches du casseau ; de faire le noeud et de tirer sur les bouts des ficelles pour fixer definitivemem lescasamp;eaux, ou de maintenir et serrer les pinces ä castration ; lui recommandcr surtout de ne pas exercer des tractions sur le cordon, et de ne pas se laisser emouvoir par les mouvements violents aux-quels peut se livrer l'animal.
Toutes ces precautions etant prises, on abat l'ani­mal sur le cöte gauche si I'operateur tient le bis-bouri de la main droite ; du cote oppose, s'il le tient de la main gauche. Le membre est fixe ainsi que cela a ete indique a la page 209. L'operateur, place
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conimodement, un pen en arriere de l'animal, le genou droit a terre (admettant que le cheval est couche sur le cöte gauche), la jambe gauche placee derriere la croupe, I'operateur, disons-nous, ayant la queue de ranimal entre ses deux jambes, ex­plore la region sur laquelle il doit agir (voir page 210); puis , il commence l'operation de la maniere suivante :
Dans les conditions ordinaires, les testicules se trouvant au fond des bourses, I'operateur saisit avec la main droite, le pouce en dessus, les quatre doigts en dessous, le testicule gauche, I'attire dou-cement en dehors en ayant la precaution de depla-cer, le moins possible, les rapports existant entre les enveloppcs et la glands. Alors la main gau­che, dirigee d'avant en arriere, vient saisir I'or-gane vers son bord superieur, qui se trouve place entre Tindex et le pouce de cette main , le premier en dessous le dernier en dessus. Dans cette position, la grandecourbure do l'organe, parallele a la ligne du raphe, fait une forte saillie ; les doigts compri-ment l'organe de maniere a le projeter au dehors; le scrotum se trouve ainsi parfaitement tendu sur cette grande courbure. Alors I'operateur saisit de la main droite, devenue libre, le bistouri convexe qui est tenu a la maniere d'un archet ou a pleine main , afin de prendre , avec le pouce , un point d'appui sur le testicule pour eviter les echappes.
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et il incise sur la grande courbure, depuis la tete jusqu'ä la queue de l'epididyme, le scrotum, le dartos et les lames celluleuses sous-dartosiennes. 11 Importe , pour faciliter recoulement. des liquides exhales ou secretes, que I'incision corresponde au fond du sac scrotal. Au fur et ä mesure que I'inci­sion se complete, les levres de la plaie s'ecartent et le testicule, de plus en plus comprime par le pouce et l'index, tend a s'echapper de sa gangue cellu-leuse; enfin apparait, sous une mince couche cel-luleuse, la teinte nacrce de la membrane fibreuse. Ces dernieres lames celluleuses sont detruites au moyen du pouce et de l'index de la main droite, qui a abandonne le bistouri. A cet effet, le pouce et l'index , rapproches Tun de l'autre, sont portes sur la grande courbure du testicule et dans une direc­tion transversale a cetorgane ; ils exercent sur cette glande une pression süffisante pour penetrer dans les dernieres couches celluleuses qui entourent la tunique fibreuse; une fois que les doigts les ont traversees, ils s'ecartent et se portent vers le bord superieur de cet organe qu'ils maintiennent, afin de permettreäia main gauche, qui a glisse insensi-blement sur les faces du testicule, d'abandonner sa position pour saisir I'organe par ses deux faces, I'attirer legerement en dehors et permettre a I'in-dicateur de la main droite de contourner entiere-ment la glande et la parlie inferieure du cordon ,
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pour detruire les dernieres lames du lissu cellulairer sous-dartosien et rendre le testicule , entoure de ses tuniques erylhroide et fibreuse, libre de toutes adherences.
C'est vers la queue de l'epididyme que le tissu cellulaire offre le plus de resistance ; chez les che-vaux avances en age il faut, parfois, pour la vain-cre , l'a.ction du doigt etant insuffisante , recourir au bistoari ou aux ciseaux.
Jusqu'a oe moment, I'operateur a agi seu!; le secours de l'aide est utile pour rapplication du casseau. A cet effet, I'operateur saisit avec la main droite le testicule par ses deux faces et le maintient tendu sur son cordon; avec la main gau­che il refoule les levres de l'incision vers I'abdo-men et met a nu la partie inferieure du cordon, dans une etendue seulement assez grande pour permettre de placer le casseau a 1 ä 3 centime­tres , selon la longueur du cordon, au-dessus do l'epididyme. L'aide ouvre le casseau et, le diri-geant d'avant en arriere, il place le cordon entre les branches de cet instrument. L'operateur aban-donne le testicule qu'il confie a l'aide; celui-ci, avec ses deux mains, etale le cordon autant qu'il le peut , afin que la compression soit aussi exacte et aussi forte que possible. L'operateur s'oc-cupe de mettre le casseau sur la portion voulue du cordon , evite de prendre la peau des bourses , rap-
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proche les branches du casseau et les maintient avec les doigts en position fixe. La main gauche remplit ici le role le plus important : les doigts de cette main compriment seuls les branches de l'ins-trument; le pouce est place en dessus et l'index et le medius en dessous; I'annulaire ou le medius peut meme arc - bouter contre le casseau pour l'empecher de glisser. L'aide fait a la ficelle le nceud de la saignee, le passe dans la rainure du casseau ou en dehors(l), pour le rapprocher le plus possible de la partie oü finit de s'etaler le cordon. L'operateur embrasse les branches du casseau avec les pinces qu'il tient de la main droite, et les presse graduellement jusqu'a ce que leur surface plane soit, dans les parties oü il n'y a pas de cordon , en contact parfait; c'estalorsque l'aide fixe definitive-ment la ficelle et l'arrete par un noeud droit. Si les bouts du casseau cntrebaillaient, il faudrait, avec la meme ficelle, faire un nouveau noeud. Pour eviter, dans l'action de serrer, de tiraiiler le cordon, il faut que la main qui s'eloigne du corps de l'opere main-tienne seulemenl, et que I'autre exerce la traction. Au lieu de se servir des pinces ä castration , qu'on est oblige de maintcnir, on peut utiliser, surtout si Ton n'a pas un aide intelligent, les pinces ä cremail-
(1) Lorsque la ficelle est placee en dehors de la rainure, eile est, lorsqu'on enlöve les casseaux, plus facile ä couper,
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lere, et bien mieux encore l'etau portatif, dont l'application est trop simple pour qu'il soit neces-saire d'entrer dans les moindres details sur la ma-niere de s'en servir.
Le testicule droit est opere par des manoeuvres identiques ä celles employees pour le gauche.
Avant de faire relever l'animal, on examine avec soin la region operee, afin de s'assurer que les noeuds n'ont pas lache, que les casseaux ne se sont pas rompus, que les levres des plaies ne sont pas pincees par les branches des casseaux, qu'il n'y a pas d'hemorrhagie capillaire; s'il y en avait, on l'arreterait par un petit filet d'eau projete sur le point qui en est le siege. Cette petite douche est toujours favorable ; non-seulement eile orrete l'he-morrhagie, a une action sedative, mais eile debar-rasse aussi les plaies des petits caillots de sang qui peuvent s'y elre formes et dont le sejour peut avoir, dans des conditions donnees, des resulta Is tres graves.
Enfin, on coupe la ficelle ä 3 ou 6 cent, du noeud, on seche les regions qui ont ete mouillees par la dou­che , et il ne reste plus qu'ä faire relever l'animal.
Le lendemain de l'operation on excise les cordons en dessous des casseaux.
II est des positions offenes par les testicules et certaines dispositions des cordons , qui apportent des modifications aux manoeuvres qui viennent d'etre indiquees.
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Positions des testicules. Ces organes peuvent etre remonles temporairement vers les anneaux in-guinaux, ne pouvant attendre qu'ils descendent naturellement dans les bourses ; on dirige les deux mains, Tune en avant, I'autre en arriere, dans la profondeur de la region inguinale, el on cherche ä entourer le cordon entre le pouce et l'index avec Tune ou I'autre main, et on entraine insensible-ment I'organe au fond de sa bourse. La main gau­che, mise en position convenable , dent fortement I'organe pour eviter une nouvelle retraction. Quel-ques petits coups donnes sur le nez de l'animal, ou des piqüres faites avec une epingle sur les levres , produisent une revulsion douloureuse qui determine le relächement des cordons. Si la retraction des cor­dons etait tres puissante, on pourrait la faire cesser par quelques inhalations etherees. C'est meme lä , ditM. H. Bouley, un moyen qu'on devrait plus sou-vent employer chez les sujets tres irritables et doues d'une grande puissance musculaire.
Si les testicules restent en permanence dans les regions des aines , qu'ils noccupent jamais le fond des bourses et qu'il soit impossible de les y faire parvenir; que ces organes soient petits, de forme arrondie, et tres retractes vers les anneaux ; ou que les cordons soient tres courts, on ne peut recourir, pour faire I'operation, aux manoeuvres qui viennent d'etre indiquees.
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La castration ä testicules couverts est ou parail, dans ces cas, impossible. On peul neanmoins I'es-sayer. Pour cela , on tend la peau du scrotum sur le testicule retracte; le secours d'un aide est tres utile. On incise le scrotum et le dartos dans toute I'etendue occupee par I'organe. Apr^scette premiere incision , un aide maintient les levres de la plaie ecartees; on incise le tissu celluiaire sous-dartosien. Arrive aux dernieres lames qui recouvrent la tuni-que fibreuse, on fait avec le pouce et l'index de la maindroite, l'enucleation du testicule. On voit alors s'il y a possibilite d'entrainer assez la glande en dehors des levres de la plaie, pour pouvoir placer le casseau. Si c'est impossible, on opere a testicu­les decouverts. Si le cordon est encore trop court pour l'application libre du casseau , on a recours au precede par ligature.
Castration ä testicules decouverts. Li serie des manoeuvres indiquees pour la castration a tes­ticule couverl, trouve ici son application. Inutile done de repeter ce qui a ete dit. 11 est bon, nean­moins , de rappeler quelques particularites qui se rattachent a ce precede de castration.
On peut, d'un meme coup de bistouri, inciser toutes les membranes testiculaires et penelrer d'emblee dans rinterieur de la gaine vaginale. II ne faut pas interesser la substance testiculaire, afin
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de ne pas augmenter la douleur et la quantite de sang fournie par Tincision.
Sitöt Tincision des tuniques testiculaires operee, la glande s'echappe de la plaie. Presque instanta-nement, il y a un mouvement de retrait de pen de duree, etqui est du a la contraction du muscle, blanc qui fait partie du cordon.
L'operateur saisit avec la main droite le testicule par ses faces laterales et l'attire legerement au dehors. Avec la main gauche il remonte un peu les enveloppes, et le casseau est place sur le cordon mis a nu, et immediatement au-dessus de l'epididyme. La position des casseaux pent varier avec la longueur du cordon. II ne faut jamais les trop remonter vers les regions inguinales, la pression qu'ils exerceraient dans ces points excorierait la peau et concourrait a augmenter les phenomenes inflammatoires locaux. C'est en s'appuyant sur des fausses donnees phy-siologiques, qu'autrefois on plagait les casseaux au-dessous de l'epididyme; on croyait par la con-server plus de force aux animaux.
11 est des Operateurs qui, avant d'appliquer le casseau, detruisent le septum posterieur, les fibres musculaires blanches comprises entre le feuillet replie qui constitue le septum, I'artere petite testi-culaire et le canal efferent; le casseau se trouve place seuiement sur les vaisseaux propres de l'or-gane.
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Ce procede rend difficile, apres l'enlevement des casseaux, le retrait des cordons dans I'abdomen; la compression des cordons est mieux assuree ; et dans le cas oü apres l'enlevement des casseaux il y aurait hemorrhagie, il n'y a pas de difficulte a aller saisir les cordons pour en faire la ligature. Les cas­seaux n'etant pas attires vers les anneaux ingui-naux , ne peuvent concourir a augmenter l'inflam-mation locale.
Ce moyen n'aurait-il pas I'inconvenient, en de-truisant les fibres musculaires blanches comprises entre les lames du septum posterieur, d'annihiler une action qui contrebalancgrait l'effort continu de traction , si petit soit-il, produit par les casseaux sur les cordons, et, par suite , Telongation des cor­dons? Le sejonr, apres renlevcment des casseaux, d'une portion des cordons en dehors des plaies, ne favoriserait-il pas la formation du champignon? Enfin, la traction exercee par les casseaux sur les cordons ne pourrait-elle pas produire leur inflam­mation ?
Ce sont lä des raisonnements ä priori, que nous donnons sous toute reserve. Nous n'avons pas , en effet, employe assez souvent ce moyen pour en connaitre toutes les suites.
Les teslicules sont immediatement excises, afin d'cviter la traction qu'ils exerceraient sur les cor­dons. II est des Operateurs qui les laissent jusqu'au
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lendemain, dans la crainte, sans doute, de quelque accident resultant de la chute des casseaux. Ce qui n'est pas a redouter s'ils ont ete bien appliques et qu'on ait pratique Texcision au-dessous de l'epidi-dyme.
C'est surtoutlorsque les casseaux ont ete mis seu-lement sur les parties anterieuresdes cordons, qu'il importe d'enlever immediatement les testicules : les efforts de traction n'elant plus alors contreba-lances par les fibres musculaires qui font partie intrinseque du cordon.
Avant de faire relever l'animal, il faut, pour les memes motifs que dans la castration ä testicules converts, examiner la region ou Ton a opere. C'est dans ce procede qu'il faut pratiquer une bonne douche, en vue de remplir les memes indications que dans la castration ä testicules converts ; ici elles sont plus imperieuses, attendu que I'hemorrhagie est toujours plus abondante et que les caillots peu-vent plus facilement sejourner dans les plaies. II importe d'exprimer avec soin les caillots cmprison-nes dans le tissu cellulaire, et s'il etait necessaire , on exciserait menie les lames qui les contiennent.
M. Bouillard , veterinaire ä Pont-de-Vaux (Ain), a apporte quelques modifications au procede de castration qui vient d'etre decrit; illes a faites con-naitre dans le Journal de Medecine veterinaire, annee 1846, page 577.
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Ces modifications portent principalement sur la maniere de fixer l'animal. M. Bouillard ne craint pas d'operer l'animal etant debout. Pour les chevaux mechants seulemenl, il emploie le serre-nez, la capote , et fait lever un pied de devant : il opere a testicules decouverts ; fait sortir les deux testicules avant de placer les casseaux, qui sont diriges dquot;ar-riere en avant, serres au moyen d'une pince a cre-maillere, etdefinitivement fixes par un moyen d'at-tache particulier.
Ce procede serait plus expeditif que celui ordi-nairement employe. 11 eviterait les accidents qui peuvent se produire par l'abattage et la fixation des animaux.
Nous ne decrivons pas minutieusement la me-thode de castration de M. Bouillard, parce que nous ne pensons pas, quoiqu'il assure que I'operateur ne court aucun danger, que ce veterinaire trouve beaucoup d'imitateurs. Le courage , l'adresse et la force ne sont pas suffisants pour utiliser ce mode operatoire, il faut encore de l'audace.
Enlevement des casseaux. — L'epoque a laquelie on doit enlever les casseaux ne pent etre determi-nee d'une maniere precise. Les praticiens sent loin de s'entendre. Les uns les enlevent le lende-main de l'operation , ils placent alors une ligature sur le cordon et dans le point comprime par les
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casseaux : c'est alors seulement que les testicules sont excises; les antres attendent qu'ils tombent avec l'elimination du tissu raortifie; pour le plus grand riombre, c'esl du troisieme au cinquieme jour.
Enlever les casseaux pour placer une ligature , c'est faire une double operation ; il faut meme coucher une scconde fois les animaux. On doit done repousser celte maniere de faire. Ne pas placer de ligature, une hemorrhagie est a craindre.
Laisser !es casseaux jusqu'ä ce qu'ils tombent d'eux-memes, c'est s'exposer ä voir apparaitre des accidents plus graves et plus nombreux que dans le premier cas. L'un des bouts du casseau peut s'introduire dans la plaie, le casseau y etre entraine en entier, et sa presence augmenter l'inflammation locale et produire dans la plaie des diverticulums oh le pus s'accumule. Les efforts de traction sur les cordons , trop longtemps continues, tiraillent, allongent ces organes, les enflamment, les font saillir en debors des plaies, oil ils vegetent avec force ct constituent le champignon.
Les tiraillements exerces sur les cordons peu-vent etre augraentes par I'infiltration qui envahit la region et tend ä repousser les casseaux , et etre assez puissants pour dechirer, rupturer meme, a l'endroit des casseaux, entierement le cordon. Vers le troisieme ou quatrieme jour, Toedeme se mani­feste d'unc maniere bien evidente.
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Les casseaux eux-memes deviennent, par la pression qu'ils exercent, une cause d'aggravation de rinflammation locale. Ce contact continu finif par produire des excoriations, des mortifications de la peau.
On est enfin oblige de surveiller longtemps (dix a quinze jours), les animaux, ou deles fixer de maniere ä ce qu'ils ne puissent aller, avec leurs dents, enlever les billots; les crins de la queue, en s'attachant aux casseaux, peuvent encore exercer sur les cordons des tiraillements douloureux.
Tous ces motifs s'opposent k ce qu'on laisse leg casseaux tomber d'eux-memes.
I! y a indication d'enlever les casseaux , des qu'on ost assure que la compression a ete süffisante pour produire la mortification des tissus qu'ils ctreigncnt, et la formation dans les arteres testicu-laires d'un solide caillot obturateur.
Le temps necessaire a cet effet, varie selon que Ton chätre a testicule couvert ou a decouvert; selon que Ton comprime tout le cordon ou seulement sa partie anterieure , selon , enfin , le volume de ce meme cordon. Moins , en un mot, il y aura de tissu place entre les branches des casseaux, et pins prompte sera la mortification. Aussi doit-on laisser les casseaux plus longtemps en place lorsqu'on opere k testicule couvert, que si Ton emploie la metliode opposce. Dans le premier cas, on les
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enlöve le quatrieme jour; dans le second, 1c deuxieme ou le troisieme; teile est la regie gene-rale. On est certain qu'apres ce temps, les par­ties des cordons comprimees par les casseaux sont parfaitement parcheminees ; le resultat est d'autant mieux assure, que la compression a ete secondee par les caustiques.
Nous nous sommes convaincu experimentalement du fait que nous signalons : pour cela, la com­pression seule a ete employee sur Tun des cor­dons ; et sur I'autre, la compression et les caus­tiques; il y avait une bien grande difference dans le degrc de dessiccation des deux parties, et chose importante et qui merite une grande attention, c'est que sous l'influence de l'humidite fournie par les plaies, la portion de cordon qui n'avait pas subi l'action du caustique, s'imbibait avec une grande facilite , se ramollissait et parfois se putre-fiait; ce qui n'arrivait pas pour I'autre partie : celle-ci conservait toujours son aspect parchemine, Cette putrefaction n'est peut-etre pas sans avoir une influence sur quelques etats morbides qui seront signales plus tard. La connaissance de ce fait conduit naturellement a cette consequence, que si Ton emploie la compression seule, il faut plus retarder l'enlevement des casseaux que si Ton avait aussi recours aux caustiques.
II est des phenomenes morbides dont rapparition
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oblige ä enlever les casseaux avant I'epoque deter-minee ; de ce nombre sont; une forte retraction des cordons qui applique fortement les casseaux dans la region des aines ; {'introduction de Tun des bouts des casseaux ou les casseaux en entier dans I'in-terieurdes plaies; une infiltration oedematcuso con­siderable de la region des bourses ; la mauvaise odeur des plaies de la castration et leur aspect bla-fard. Si, dans ces cas, on craiiitl'hemorrhagie, on doit licr la parlie anterieure du cordon.
Pour enlever les casseaux, il faut se munir d'une bonne paire de ciseaux, d'une feuille de sauge et d'une aiguille munie d'un fil double. A moins de cas exceptionnels, il ne I'aut jamais coucher les animaux pour proceder a cette ope­ration; on les assujettit debout ; on place un lord-nez, quelquefois une capote ; on fait lever le rnembre posterieur droit comme pour le fcrrer, en recommandant de ne pas trop le soulever et de le tenir logeremcnt endehors ; alors I'operateur, place derriere le rnembre posterieur gauche, pent com-mencer par exciser avec les ciseaux toute la portion mortifiee du cordon qui append en dessous des cas­seaux ; il agit ainsi lorsque, craignant une heinor-rhagie, il n'est pas dans rinlention d'exciser sur la partie tompiimee ; dans le cas conlraire, il ne doit pas toucher ii cctte partie du cordon. Avec la feuille
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de sauge, il coupe le lien qui entoure le bout posterieur du casseau; pour operer avec plus d'assurance, il peut faire maintenir par un aide le bout anterieur du casseau. Lorsque la ligature est enlevee , il ecarte d'abord avec la feuille de sauge , puis avec ies doigls, les branches du casseau, qui s'ouvre cotnme le ferait un compas, et le cordon s'echappe.
II est assez ordinaire , surtout dans la castration a testicule couverl ou lorsqu'on n'a pas detruit le septum posterieur, que le cordon remonte vers I'an-neau , en entrainant toute la portion moitiliee du cordon, parfois recouverte encore d'une assez grande quantite de caustiquc.
II est preferable de couper les ligatures qui maintiennent rnpprochees les brandies du casseau a ses deux cxtremites. Alors Tappareil s'enleve facilement el sans produire de tiraillements sur le cordon, ce qu'on n'evite pas toujours par le pre­mier precede. Une fois les ligatures detrurtes, on enleve Tune des branches du casseau , on passe une boulette d'etoupes sur la partie comprimee du cordon, ä l'effet de faire tomber le caustrque qui la recouvre. Avec une main, on doit mainte­nir, sans exercer de traction, la portion mortifiee du cordon ; on fait tomber l'autre brauche du casseau, qui reste presque toujours juxtaposee sur le cordon; on enleve le caustique qui peut
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29*nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPÜDES
aussi se trouver sur cette surface mortifiee. Alors apparait la portion parcheminee du cordon, sa cou-leur est jaunätre, sa longueur mesure celle du dia-metre du casseau ; eile est ordinairement separee, dans le sens de sa largeur et dans son milieu, par une espece de bourrelet correspondant aux rainu-res des branches du casseau et en ayant les dimen­sions.
Cette espece de boursoufflement du cordon, parfaitement mortifie, forme un relief qui guide pour le lieu oil Ton doit exciser la portion parche­minee ; c'est en dessous du relief qu'elle doit etre pratiquee. Pour cela, la main gauche maintient le cordon leg^rement tendu ; la main droile, armee des ciseaux , excise, sur le point indique, le cordon d'arriere en avant; lorsqu'on est parvenu sur la partie anterieure de cet organe, dans le point cor­respondant a I'artere grande testiculaire , on coupe avec precaution el on attend meme un moment avant de terminer l'excision, afin de s'assurer qu'il ne s'echappe pas, par l'ouverture de I'artere, quelques gouttes de sang bienlöt suivies d'un jet (1). Dans ce cas, on lie I'artere en la compri-mant, au moyen de l'aiguille, dans une anse de
(1) Le gonflement etla couleur brune de I'artere, qui se dessineut dans le trajet que parcourt ce vaisseau dans la portion parcheminee du cordon , peuvent faire prevoir 1'he-morrhagie. Alors on lie Tariere avant d'exciser le cordon..
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fil; pour cela, on passe le fil en arriere de Tariere, on ramene les deux bouts en avant du cordon et on fait un noeud que Ton serre sufflsamment. Des qu'on abandonnele cordon, il remontegeneralement un peu dans sa gaine.
C'est sur la connaissance de ce fait qu'est basee I'indication d'enlever le caustique qui recouvre le cordon eld'exciser la plus grande quantite possible des tissus mortifies.
Dans le cas de castration a testicules couverts surtout, on voit souvent, apres cette excision, s'ecouler de la gaine vaginale un liquide sereux de couleur blanchätre ou blanc jaunätre.
La se terminent generalement les diverses manoeuvres de la castration par les casseaux. II est neanmoins quelques circonstances qui en recla-ment d'autres, dont Tapplication evite la formation des champignons, comme dans les vegetations cel-luleuses trop actives, ou la cicatrisation trop rapide des levres des plaies avant l'elimination des parties mortifiees des cordons.
II arrive quelquefois qu'apres l'enlevement des casseaux, lapartie inferieure du cordon a dejäcon-Iracte des adherences avec les levres de la plaie, et qu'une certaine portion de cet organe non mor-tifie les depasse; il est alors d'une bonne pratique de detruire avec les doigts ces adherences encore tres faibles, et de faire rentrer le cordon en exer-
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296nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOL1PEDES
cant de legeres tractions sur les levres dc la plaie.
Au lieu du cordon, c'estquelquefoisdcgros bour­geons cellulo-vasculaires qui depassent les levres de Tincision at qui, comprimes par eiles, forment de volumineuses vegetations. Dans ce cas encore , on en arrete les progres en detruisant les adheren-ces qu'ils ont contracte avec les bordsde I'incisioii . en tiraillant ces memes levres et rentrant un peu ces bourgeons; par ces moyens, on fait cesser la compression exercee sur ces vegetations , on les soustrait a l'action directe de l'air, et leur resorp-tion se produit avec une etonnanle rapidite. Si Ton ne pouvait y parvenir, — il faudrait les exciser, — rhemorrhagie qui se produit alors est peu in-quietante.
Les caillots sanguins decouverts dans les plaies seront enleves avec soin ; les lieux qu'ils occu-paient, cauterises avec l'eau de Rabel. La serosite qui peut se trouver renfermee dans le col de la gaine, s'ecoule generalement au moment oü on enleve les casseaux. S'il n'en etait pas ainsi et qu'elle fut en grande quantite, il serait d'une bonne pratique, ainsi que le recommande M. La-fosse [Journal des Velerinaires dn Midi, annee 1855, page 306), de lui procurer une issue au dehors.
II est prudent de traverser par quelques scarifi­cations ['infiltration dos bourses ow du fourreau.
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Aulant il Importe de ne pas porter les doigts dans les plaies qm marchent naturellement vers la cicatrisation, autant il est utile de s'opposer ä la reunion de celles renfermant des matieres qui doi-vent etre eliminees. C'est dans ce but qu'il faut, jusqu'ä complete elimination des tissus mortifies , maintenir beantes les plaies de la castration.
Cette operation doit etre pratiquec avec le plus de celerite possible , afln d'abreger la duree des douleurs qu'elle foil eprouver ä l'animal; il ne faudrait pas neanmoins que le desir d'aller vite fit oublier les precautions qui ont ete recommandees, et d'oü decoule, en grande partie, le succes de I'operation.
Quant a la duree de la castration par les cas-seaux, une infinite de circonstances inherentes au sujet, a I'habitude plus ou moins grande de I'ope-rateur, a l'intelligence de l'aide , peuvent la faire varier beaucoup. II faut toutefois reconnaitre que la castration ä teslicttles decouverts est plus expc-ditive que celle ä leslicules converts ; la difference est peu sensible; ici, encore, I'habitude rend maitre.
Teiles sont les considerations relatives au jnanuel operatoire dc In castration par les casseaux et ses deux modes.
Castration par ligature. — Ce precede consiste a comprendre dans un noeud , soit le cordon en
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entier, y compris ou non le muscle cremaster, soit la partieanterieuredu cordon, ou seulementTariere testiculaire. On pent encore comprendre dans le nceud, le scrotum (c'est le fouettage utilise chez les petits animaux). La mortification des testicules est le but qu'on se propose.
Cette methode comprend : 1deg; la ligature du cor­don en masse, qui peut se faire ä testicule convert ou ä decouvert; 2deg; la ligature de la partie ante-rieure du cordon ; Squot; la ligature del'artere testicu­laire.
Ligature du cordon en masse, ä testicule cou-verl. — Ce precede comprend deux temps princi-paux :
Dans le premier, on met le testicule ä decouvert comme pour la castration du meme nom par les casseaux.
Dans le deuxiime, l'aide passe autour du cor­don , un peu au-dessus de l'epididyme, l'anse dou­ble d'une ficelle (noeud de la saignee). L'operateur, ayant confie le testicule ä l'aide qui le tient tendu sur son cordon, serre graduellement le nceud de la ficelle et etreint assez le cordon pour que le testicule soit prive de tons les elements de sa nutri­tion , et il arrete la ligature par un noeud droit.
De crainte que le noeud ne soit pas assez serre et que la circulation ne soit pas entierement inter-
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rompue, on a conseille de n'exciser les testicules que le lendemain. 11 est alors factle de s'assurer, par I'aspect livide qu'offre la glande, l'absence de chaleur et de sensibilite, que toule communication entre eile et les centres vasculaires et nerveux a cesse. S'il n'en etait pas ainsi, il faudrait etpeihdre le cordon par un autre noeud.
Si Ton excisait de suite le cordon , on aurait a craindre que sa retraction ne fit glisser la ligature. C'est pour obvier a cet inconvenient que M. Goux (d'Agen), a modifie ce procede. II comprend aussi haut que possible, dans un noeud simple, le cordon entoure de sa tunique erythroide; puis , au moyen d'une aiguille, il passe Tun des bouts de la ficelle ä travers le cordon, au-dessous du noeud, autbur duquel ii en fait plusieurs autres.
11 est encore preferable de faire passer immedia-lement au-dessus de I'epididyme, au moyen d'une aiguille, une ficelle double, ou du fil de Flandrc cire assez resistant, entre les faisceaux anterieur et posterieur du cordon , de comprendre, d'abord iso-lement, chaque faisceau dans un noeud que Ton serre autant qu'on le pent, puis de reunir les bouts anterieur et posterieur de la ficelle ou du fil, et de les contourner autour du cordon, pour etreindre cet organe en bloc.
On termine I'operation en excisant le cordon entre Tepididyme et le noeud. Aussitöt, le cordon
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SOOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPEDES
se retracte, rentre dans la plaie , mais remonte ä peine vers l'anneau. On coupe lä ligature au niveau des levres de la plaie, et on termine par une douche.
Ce procede permet de faire une compression tres exacle, d'exciser de suite les testicules, de juger si la ligature est assez serree pour n'avoir pas ä craindre I'liemorrhagie, d'avoir fort peu de tissu au-dessous du noeud et de ne pas redouter la chute du lien.
Ligature ä testicules decouverts. — Cette me-thode comprend aussi deux temps. Dans le premier, on agit comme dans la castration par les casseaux ä testicules decouverts; une fois le cordon mis ä nu , il est lie en masse par le noeud do la saignee.
Ici, encore , on pourrait placer une ligature dou­ble entre les deux faisceaux du cordon, et lier comme lorsqu'on opere ä testicules converts.
Ligature de la partic anterieure du cordon. — On dispose les parties comme si on voulait embras-ser tout le cordon. Mais avant d'appliquer la liga­ture, on coupe le canal efferent, I'artere petite testiculaire et les faisceaux principaux du muscle intrinseque du cordon , et on lie seulement la par-tie anterieure du cordon; ou bien encore on cir-conscrit, a I'aide d'une aiguille courbe, une ligature
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autour de la partie anlerieure du cordon, on serre assez fort pour intercepler la circulation dans Tar­iere grande testiculaire. On peut, sans inconve­nient, exciser immediatement les testicules. Dans la plupart de ces procedes par ligature , on a ä redou-ter la retraction des cordons jusque dans I'abdomen, et le developpement d'une peritonite grave. Pour I'eviter, on doit, dit M. H. Bouley, lier ensemble les deux ligatures pardessus le lambeau du scrotum, intermediaires aux incisions pratiquees de cheque cöte du raphe.
C'est la, sans nul doute , uno bonne precaution. Mais ce moyen ne peut-il pas aussi favoriser le glis-sement de la ligature, lorsqu'on a compris le cordon en bloc dans lenoeuddela saignee, et surtoutsi Ton a coupe le cordon tout pres du noeud? II est bien certain que si on laisse tout Tepididyme au-dessous du noeud, on n'aura pas a craindre que le cordon s'echappe; cetle masse de cordon peut, en sejour-nant dans la plaie jusqa'a mortification et elimina­tion , entrainer de graves inconvenients dont il sera question plus loin. II faut done en laisser, au-des­sous de la ligature , le moins possible.
Lorsqu'on lie la partie anterieure du cordon, en ayant la precaution d'inciser le muscle intrinseque, on a pen a craindre que le troncon du cordon remonte dans I'abdomen. On peut done se dispen­ser de lier les ligatures entre les deux plaies.
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Ligature de l'artere tesliculaire. — On dispose la region comme pour la ligature a testicule decou-vert; le faisceau anterieur du cordon est isole, en coupant au-dessus de la queue de l'epididyme le canal efferent, le muscle intrinseque et Tariere petite testiculaire ; ainsi se trouve evitee la retrac­tion du cordon. Le feuillet sereux qui recouvre le faisceau anterieur du cordon , est incise dans une etendue de 2 a 3 centimetres, et les flexuosites de l'artere testiculaire sont mises a nu ; on lies circons-cril, d'avant en arriere, en bloc, au moyen d'une aiguille munie d'un lil cire, el on noue Tariere assez solidement pour y intercepter la circulation. M. H. Bouley fait remarquer (loc. cit.) avec raison , que si Ton ne plagait la ligature que sur une cir-convolution ascendante, il y aurail, apres Texcision de Tariere , au-dessous, une hemorrhagie, absolu-ment comme s'il n'y avail pas eu de ligature.
Le testicule est immediatement enleve el on recommande de reunir, entre les deux plaies, les deux fils qui ont servi a lier les cordons. La retrac­tion des cordons etant peu a craindre, on peut ne pas prendre celte precaution.
Quel que soil le mode de ligature employe, on fera bien, avant de faire relever Tanimal, de jeter un filet d'eau sur les plaies, pour les debarrasser des caillots qu'elles pourraient renfermer el arreter Themorrhagie capillaire.
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Castration par torsion. — Cette methode con-siste a tordre suffisamment le cordon, mis ä nu, pour produire sa rupture.
Elle a pour but de separer entierement le lesticule de son appareil vasculaire et d'eviter Themorrhagie sans recourir a une attrition du cordon.
Son origine est tres ancienne, et l'idee de son emploi a du etre suscitee par la connaissance de ce fait, que les plaies par dechirure, quoique com-prenant de grosses divisions arterielles, donnent rarement lieu a une hemorrhagie.
La torsion produisant un effet d'autant plus prompt et facile, que les tissus sur lesquels eile agit sont moins developpes, moins resistants, c'est, sans doute, sur les jeunes et les petits animaux qu'elle a d'abord ete essayee.
Dans le principe, les mains seules etaient em­ployees pour effectuer la torsion , et la rupture du cordon se produisait dans un point non determine. II y ävait la un double inconvenient, en ce sens qu'il fallait un grand nombre de tours. Nous en avons plusieurs fois pratique, chez des chiens ages de un a deux ans, jusqu'ä trente, sans produire cette rupture, qui a generalement lieu dans la par-tie superieure du cordon (portion abdominale). Si quelques gouttes de sang s'echappaient de l'artere, elles s'epancheraient dans l'abdomen et pourraient
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304nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOL1PEDES
etre suivies de resultats ires grave?. Enfin^rope-ration est longue et Ires douloureusc.
On a done du chercher ä limiter la torsion , afln de häter la rupture et de la produirc dans un point determine du cordon. Pour atteindre ce but, on s'est d'abord servi des doigts pour comprimer le cordon. Ce moyen ayant ete reconnu insuffisant, vu la difficulte de comprimer assez le cordon pour limiter la torsion au point voulu; eel urgane pou-vant aussi, lors des mouvements desordonnes aux-quels se livre I'opere, echapper aux doigts qui le pressent; vu enfin la necessite de deplacer ä cha-que tour la main qui tient le testicule , il imporiait de remedier a ces inconvenients el de rendre ce procede d'une execution facile.
MM. Renault et Delafond (Compte - rendu de l'Ecole d'Alfort, 1853) eurent les premiers I'idee de surmonter les difficultes qu'offrait la torsion bornee, executee par les mains seules, en lesarmant de deux pinces, dont Tune fixe, maintenue par un aide, etreint fortement le cordon ; I'autre mobile, placee sur le cordon, a 1 centimetre au-dessous de la premiere, voir la fig. 7, est mue par I'operateur.
M. Molyneux, veterinaire a Londres , eut, vers la meme epoque (1834), recours pour cette opera­tion a un casseau, afin de fixer le cordon testicu-laire, et ä une pince qu'il appelle torsion-forceps, [Velerinarian, nquot; d'avril 1855.;
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MM. Riciiardson , Simonds et Daws, utiliserent le precede Molyneux et en tirent connnitrc, dans le Veterinarianj les heureux resullats.
Cette methode decaslralion bornee semblait eire, en France, tombee dans I'oubli; ii n'en etait ricn cependant, puisque deux veterinaires, MM. Benja­min et Dillon , out communique , en 1848 et 1849, ä la Societe imperiale et centrale de Medecine vete-rinaire, les avantages qu'ils ont retires de Fappli-eation, sur unc grande echeile, de ce procede de castration.
La torsion peut s'appliquer au-dessus et au-dessous de l'epididyme; eile peut comprendre le cordon en bloc ou une partie seulement de cet organs; ellc peut ctre ou non bornee; etre execu-tee avec les mains seules ou armees d'instrumenis speciaux.
Torsion non bornee. — Un bisiouri est !e seul instrument qui soil necessaire. Le testicule etant mis ä nu, comme pour la castration a testicules decouverts, Toperateur saisit ce testicule avec la main droite et le fait pivoter rapidement autour de son cordon. Pour eviter que le testicule no lui echoppe pendant les mouvements de torsion , I'ope-raleur peut implanter le doigt indicateur replie en crochet entre l'epididyme et le testicule. II pour-rait aussi se servird'unepince pour saisir le cordon.
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306nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLlPfiDES
Trente a quarante lours sont necessaires pour faire rompre le cordon.
Les inconvenients qu'offre ce procede (voir page 305) le recommandent peu. Pour plus de celerite dans l'operation et diminuer la duree des douleurs, on ne doit exercer la torsion que sur le faisceau anterieur du cordon qui, par une incision, a ete isole du faisceau posterieur.
Torsion au-dessus de l'epididyme. Torsion bornde avec les mains seules. — Le manuel opera-toire est analogue ä celui de la torsion non bornee, avec cette difference qu'aprös avoir isole le faisceau anterieur du cordon , I'operateur le comprime for-tement avec le pouce et l'index de la main gauche, a 2 ou 5 centimötres au-dessus de la tete de l'epi-didyme, et que ce n'est qu'alors que commence le mouvement de rotation, de gauche a droite, du tes-ticule. Apres une vingtaine de tours, il y a rupture du cordon.
Lorsque les doigts lächent le cordon, il re-monte un peu dans le trajet inguinal, mais rare-ment il franchit son orifice superieur. Plus le septum posterieur de la gaine a ete coupe pres de l'epididyme, plus l'ascension du cordon est bornee.
C'estle mode operatoire qu'employait le chatreur designe sous le nom de Polonais.
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Torsion bor nee ä I'aide des pinces. Manuel operaloire. — L'appareil de l'operation consiste en un bistouri convexe et des pinces, Tune fixe, 1'au-tre mobile. II n'est pas necessaire de faire connaitre toutes les varietes de pinces qui ont ete confection-nees en vue de cette operation ; encore moins est-il utile d'en reproduire les dessins. On pent facilement se faire une idee des modifications qu'ont et que peuvent subir ces instruments. La figure 7 donne, d'ailleurs, un aper^u assez exact de leur confection. Ce mode de castration comprend deux temps principaux : Dans le premier, on agit comme pour la castration par les casseaux a testicules decou-verts.
Dans le deuxidme, on place les pinces et on tord le cordon. Les pinces peuvent comprendre tout le cordon ou seulement le faisceau anterieur de cet organe. C'esl par crainte d'une hemorrhagie four-nie par I'artere petite testiculaire, que certains pra-ticiens prennent le cordon en bloc (figure 7). 11 est de beaucoup preferable de ne comprendre dans les pinces que le faisceau anterieur. Pour cela, on incise le septum posterieur et les parties comprises entre ses lames, canal efferent, muscle intrinseque et artere petite testiculaire ; le faisceau anterieur est embrasse. d'avant en arriere, entre les branches ouvertes de la pince limitative et fortement corn-prime par elles; on a le soin de n'y pas compren-
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308nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPEDES
dre les levres du scrotum. Les pinces, ainsi fixees, sont confiees a un aide.
Fig. 7.)
Cette figure represenle la position des pinces an moment d'operer la torsion.
La pince fixe, ernbrassant tout le cordon mis ä nu, est conflee a un aide, qui la tient fortement serree avec la main droite.
La pince mobile, la plus rapprochee du testicule, est maintenue et raise en mouvement par I'operateur.
Entre les deux pinces , se voit la portion do cordon ou va se produire la torsion et la rupture.
Au-dessous des mors de la pince mobile , on apergoit le testicule depouille de ses enveloppes.
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L'operateur saisit 1c cordon entre les mors de la pince mobile, immediatement au-dessousde la pince fixe, surre fortementTinstrument, et commence, de gauche a droite, les mouvements de torsion, pour I'execution desquels les deux mains sont utiles. La main gauche maintient Tinstrument fixe, et la main droite, placee a l'extiemite des branches de la pince, le fait tourner dans la main gauche qui s'ou-vre assez pour permettre le mouvement.
Apres dix a quinze tours complets , le cordon se rompt. L'anere , qui par sa disposition peut facile-ment s'allonger, cede la derniere. Alors l'aide lache la pince et le bout du cordon rentre dans sa gaine. Meines manoeuvres pour le testicule droit.
En f'aisant sortir, avant de commencer la torsion , les testicuies de leurs gaines et en isolant les fais-ceaux anterieurs des cordons, on rend I'operation plus expeditive Dans ,ce cas, il faut commencer la torsion par le testicule droit, attendu qu'il generait les manoeuvres a elTectuer sur le gauche.
Le temps qu'on pourrait gagner en agissant ainsi, n'est pas assez important pour qu'on laisse le tes­ticule, sur lequel on n'opere pas immediatement, pendant en dehors des bourses et tiraillant le cor­don; pour qu'on n'expose pas, enfin , la region mise a nu a etre, durant ies mouvements desor-donnes auxquels peut sc livrer I'animal, meurtrie et salie par la paille el peut-etre aussi par les pin-
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ces; on n'a pas toujours un aide intelligent, et l'ope-rateur lui-meme pent ne pas avoir cette dexterite de la main, ce coup d'oeil exerce qui previennent et evitent tout accident; il est plus prudent de ne mettre le deuxieme testicule a decouvert qu'au moment d'opererla torsion.
Torsion au-dessous de Vepididyme. — On peut y proceder avec les mains seules ou munies de la pince fixe.
Ce mode de castration, decrit par M. Chevrier, veterinaire, dans le Recueil veterinaire (annee 1839, p. 132), consiste h mettre le testicule a nu comme pour les autres procedes de torsion ; a appliquer les doigts de la main gauche sur l'epididyme et ceux de la main droite sur le testicule, et a separer ces deux organes Tun de Tautre, au moyen des ongles des pouces, depuis la queue jusqu'ä la tete de l'epi­didyme , que Ton isole de la sereuse qui I'en-toure. Si les adherences, entre le cordon et l'epidi­dyme, etaient trop resistantes, on les detruirait avec le bistouri.
Lorsque le testicule ne tient plus a la tete de l'epididyme que par les faisceaux des canaux san-guins et efferents qui se prolongent de l'un dans l'autre, l'operateur comprime l'epididyme entre le pouce et l'index de la main gauche, et avec la main droite il imprime au testicule des mouvements de
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rotation de gauche a droite, et en huit ou dix tours la rupture est complete.
L'epididyme, rentre dans sa gaine, est main-tenu par un point de suture applique sur les levres du scrotum , a distance egale de leurs commis­sures.
Au lieu de comprimer le cordon avec les doigts de la main gauche, on peut I'etreindre avec la pince limitative. La pince mobile n'est pas necessaire, vu le peu de resistance qu'offre la partie du cordon qui soutient la glande spermatique.
Torsion de l'artere. — Dans ce mode de castra­tion , le cordon est mis a decouvert, son faisceau posterieur separe de l'anterieur par une incision transversale faite au-dessus de l'epidyme. Par une incision longitudinale de 2 a 3 centimetres d'eten-due, on met ä decouvert une des circonvolu-tions de l'artere testiculaire, qu'on isole et allonge en exer^ant sur eile une legere traction; cela etant ainsi, Tariere est saisie et serree au moyen d'une petite pince limitative, puis incisee au-dessous du point comprime, ei le tron^on inferieur est pris avec une pince anatomique a laquelle on imprime une vingtaine de tours complets. Une fois celte torsion terminee on lache l'artere, et s'il n'y a pas d'he-morrhagie, la portion de cordon qui reste est coupee transversalement au-dessous du point tordu.
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II est des Operateurs qui indiquent de couper Tariere avanl de la saisir avec la pince limitative. C'est s'exposer a avoir un econloment de sang, et il laut autant que possible operer ä sec ; le premier moyen est done preferable. II est necessaire, comme d'ailleurs , seit dit encore une fois, clans toutes les methodes de castration sanglante, de deterger, au moyen d'une douche, les plaies des caillots san-guins qu'elles pourraient contenir. L'eau froide pent aussi activer la formation du caillotdans Tariere et avoir une action sedative.
Castration par excision simple. — Ce precede, preconise surtout par La fosse pere , consiste dans Texcision , avec le Iranchant du bistouri, du cor­don testiculaire, sans Temploi d'autres moyens pro­pres a arreter Tbemorrbagie. Cctte methode est basee sur ce fait que les hemorrhagies, meme des grosses arteres, s'arretent par le retrait des vais-seaux sur eux-memes et par la formation d'un caülot sanguin ä leurs extremites et dans le tissu cellulaire qui les environne.
Lc manuel de Toperation comprend deux temps ; dans le premier, on dispose !e cordon conime pour la castration a tesdeuie decouvert.
Dans le denxicnte, Toporateur, sans se deplacer, tend le cordon en tirant le testicule avec la main gauche, et de la droite , armee d'un bistouri con-
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vexe, il coupe transversalement le cordon, d'avant en arriere, au-dessus de l'epididyme. Aussitöt le cordon, en vertu de sa propriete retractile, remonle dans la gaine vaginale.
L'autre teslicule est opere par le meme mode. Les mouvements augmentant I'hemorrhagie, Tanimal doit etre laisse immobile dans sa place a I'ecurie.
On a conseille de disposer la partie comma dans la castration a testicules couverts; puis de se placer en face de la region inguinale et d'exciser les cor­dons d'arriere en avant.
La maniere d'agir importe ici fort peu. Le pre mier procede semble neanmoins plus expeditif.
Castration par ratissage. — Ce procede, desi-gne sous les noms de räclement, ratissement, consiste a racier le cordon mis a nu , de maniere a le diviser peu a peu , et former de petits filaments inegaux qui, en se retractant, obstrueront I'orifice des vaisseaux.
Ce procede, generalement usite [Memoires de Gohier, i.w, 1816), dans les Indes orientales , aurait ete importe en France en 1812, par MM. Beugnot pere et Bernard, veterinaires mili-taires.
Le procede de l'operation est des plus simples. On agit d'abord comme pour la castration par cas-seaux a testicules decouverts. Une fois le cordon
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314nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPßDES
mis ä nu, l'operateur saisit de la main gauche le testicule et tend, par une traction süffisante, le cor­don. La main droite promene legerement et de bas en haut, le tranchant d'un bistouri convexe sur le cordon , dans une direction transversale ä cet Or­gane, et sur une etcndue de o centimetres environ.
Ce ratissage produit peu ä peu la rupture du cordon ; apres la section , l'extremite tronquee du cordon est rougeätre, boursouflee et offre une infi­nite de petits filaments retractes et agglutines entre eux.
Pour häter l'execution de l'operation , on pent n'agir, et c'est preferable, que sur le faisceau anterieur du cordon, qui a ete separe du posterieur par une incision.
Castration par l'ecrasemenl lincaire. — C'est ä M. le docteur Chassaignac qu'est du ce mode d'ex-cision des tissus sans effusion de sang, au moyen d'une chaine metallique mue par un mecanisme puissant. Ce precede est base sur la tenacite diffe-rente qu'offrent les luniques arterielles, dont la division se produit comme dans la torsion.
Un bistouri convexe et l'ecraseur lineaire de Chas­saignac , tel est Yappareil d'instruments necessai-res it l'operation.
Vecraseur limkäre est forme de petites pieces ovalaires articuiees entrc elles. Cette chaine , dont
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la longueur est de 16 centimetres, est fixee, a ses deux extremites , a deux branches de fer paralleles et verticales qui glissent dans une canule plate et sont mises en mouvement a I'aide d'un levier a deux bras, dispose sur les extremites opposees des bran­ches oü la chaine est fixee. Un cliquet, maintenu abaisse par un ressort, s'engrene dans les dente-lures de chaque branche et s'oppose au retrait de la chaine. En comprimant les ressorts, on donne toute liberte a la chaine.
Pour faire agir rinstrument, on enroule le tissu a exciser avecla diainette; la main gauche soutient la canule, et la droite, appuyee sur les deux bras du levier, presse alternativement sur Tun et sur I'aulre. Les mouvements imprimes aux bras du levier, font engager la chaine dans la gaine et retrecissent Tanse qu'elle forme : d'oü la compres­sion d'abord, puisla division du tissu qu'elle entoure.
L'absence de rhemorrhagie est d'autant mieux assuree, qu'on a opere avec plus de lenteur.
Ces simples details donnent une idee du manuel operatoirc de la castration au moyen de l'ecraseur. lei encore nous trouvons deux temps : dans le pre­mier, on agit comme pour la castration a testicules decouverts ; dans le dcuxieme, le cordon en bloc est enroule avecla chaine, et on fait mouvoir les leviers jusqu'a ce que la division soit complete.
Cette operation doit se faire avec beaucoup de
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lenteur. D'apres M. H. Bouley (loc. cit.), o il faut laisser ecouler de quinze ä trente secondes enlre chaque mouvement imprime alternativement aux deux bras du levier; ce qui n'exige pas moins de dix minutes pour la section de chaque cordon. Quand on divise les tissus trop rapidement, la section de Tariere est trop nette et Ton doit redouter les hemorrhagies. raquo;
C'est avec raison que M. H. Bouley ajoute que cette lenteur necessaire s'opposera a la pratique usuelle de cette methode.
Castration par la naulerisalion. — Ce mode de castration consiste , en vue d'eviter I'hemorrhagie , a cauteriser, au moyen d'un cautere chauffe a blanc, l'extremite du cordon, soit qu'on I'incise avec le bistouri ou avec le cautere.
Ce precede, ires anciennement connu, etait, d'apres Garsault, employe en France par les chä-treurs. II fut abandonne, et dans ces dernieres annees il a trouve quelques partisans, parmi les-queis on pent citer M. Carriere , les freres Cheret, M. Petit Clerc.
D'apres Delabere-Biaine et Perciwal, il esi usuellement employe en Angleterre. 11 en est de raeme en Amerique et dans tons les pays tropicaux, ou I'experience a demontre tons les avantages de ce mode operatoire.
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Un bistouri convexe , des pinces et des cauleres, sont les instruments necessaires a I'operation.
Les pinces peuvent etre simples ou doubles ; des pinces en bois dont les branches sont articulees ensemble par une charniere superieure, maintenues fermees au moyen d'une corde ä l'extremite des branches, et d'une longueur de 50 centimetres, sont ce qu'il y a de plus simple et de plus commode. Les parties des branches qui elreignent le cordon pourraient etre garnies d'une lame de fer, pour eviter que le bois ne soil brule par le cautere.
On pourrait aussi utiliser un casseau un pen long.
Les pinces en fer (elles ressemblent assez k des moraillesä charniere et ä cremaillere), la pince fixe dont on se sert pour la torsion, peuvent aussi etre employees.
Le bois , mauvais conducteur du calorique, est neanmoins preferable.
II y a aussi une pince double, qui est formee par trois branches, l'une centrale fixe et deux late-rales mobiles , et venant chacune se mettre en con­tact avec les faces de la brauche centrale. Ces branches sont reunies par charniere a une de leurs extremites et a I'autre comme la pince simple.
Cette pince double dont, d'apres M. Huart, les freres Cheret, chätreurs tres renommes dans le departement du Nord, se servaient, a la plus grande
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analogic avec la moraille double de Garsault (iVow-veau par fait Mareschal, edit, de 1740, plan-che xxii, fig. 4) qui est en bois; ce qui la rend pre­ferable a celle des freres Cheret.
On pent d'aiileurs varier beaucoup la disposition de ces pinces; rimportant, c'est qu'elles saisissent et compriment bien le cordon , qu'on puisse les appliquer et les enlever facilement, et que I'extre-mite des branches soil maintenue rapprochee sans le secours des mains de I'aide qui n'aura qu'a les soutenir.
La forme du cautere peut varier; I'essentiel, c'est qu'il soit assez volumineux afin de conserver , le temps voulu, le calorique necessaire ä la pro­duction d'une eschare assez resistante pour s'oppo-ser ä l'hemorrhagie ; le cautere cutellaire a lame courte, epaisse et droite sur sa tige , est prefera­ble ä tons les autres.
On peut rendre I'eschare plus solide en brillant sur l'extremite du cordon , de la colopbane ou tout autre espece de resine. On peut aussi disposer de la toiie qu'on imbibe d'eau froide, pour eviter les effets fäcbeux du rayonnement du calorique sur les parties voisines.
Manuel opehatoire. — Le manuel de l'operation se divise en deux temps. Dans le premier, on agit comme pour la castration a testicuies decouverts.
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Si Ton avait l'intention de se servir des pinces doubles, il faudrait commencer par mettre les deux cordons a decouvert.
Deuxiamp;me temps. — Si Ton empioie les pinces doubles, on comprime les deux cordons en meme temps en les plagant isolement entre les mors de la moraille, ou bien on ne comprime qu'un seul cor­don ä la fois, en se servant de la pince simple. La compression doit se faire immediatement au-dessus de l'epididyme.
Le cordon peut etre comprime en entier en I'ela-lant dans les mors de la pince ; ou bien , ainsi que 1c recommande M. Petit Clerc [Recueil Velerlnaire, 18bS, p. 647), en former un faisceau ramasse et lui faire meme, avant de le comprimer, cprouver deux ou trois torsions.
Au lieu de comprendre tout le cordon dans les mors de la pince; il est preferable, ainsi qu'on le fait dans Tun des modes de la castration a testicules de-couverts, d'agir seulement sur le faisceau anterieur du cordon qui a ete isole. Cette pratique, recom-mandee par Garsault, est preferable a la premiere.
Une fois que le cordon est place entre les bran­ches de la pince, cet instrument est confie ä un aide et maintenu serre soit par les mains, soit par I'appareil mecanique dont il peut etre muni; on excise le cordon et on cauterise le tron^on de cet organe qui est place en dehors de l'instrument.
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11 est des praticiens qui divisent le cordon avec le cautere cutellaire chauffe a blanc. Pour cela, I'operateur tient le testicule avec la main gauche, et avec la droite, il exerce avec le cautere un mou-vement de scie sur le cordon.
Pour operer la cauterisation, le cautere est porte au rouge blanc et mainlenu en contact avec le trongon du cordon , jusqu'a ce que I'eschare qu'il a formee offre assez de resistance pour ne pas ceder a l'effort impulsif du sang de Tariere grande testiculaire. II importe de ne pas laisser refroidir le cautere sur le tissu carbonise, a fin d'eviter son adherence ä I'eschare.
M. Petit Clerc chauffe le cautere au rouge obscur ; c'est, dit-il, le moyen d'empecher I'es­chare de se detacher facilement. L'inverse se pro-duit : un cautere peu chaud adhere a I'eschare qu'il determine, et le plus souvent I'entraine avec lui.
Si, avant de faire l'excision et la cauterisation , les cordons avaient ete places dans une pince dou­ble , on commencerait I'operation par le tesiicule droit.
II estd'unebonne pratique, poureviler les fächeux effetsdu rayonnementducalorique, de placer, avant la cauterisation, un linge imbibe d'eau froide sur les levres du scrotum et ä la face interne des cuisses.
11 est des Operateurs qui, pour augmenter la tena-
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cite de l'eschare, appliquent apres une premiere cauterisation une couche de poudre de resine sur le trongon du cordon et la font fondre au moyen du cautere chauffe au rouge.
Les freres Cheret remplacent la resine par un melange de populeum et de suifate de cuivre. Us agissent comme avec la premiere substance.
Lorsque les deux cordons sont cauterises, il faut s'assurer que l'eschare resiste a l'effort du sang ; pour cela , on desserre les pinces , mais on ne lache entierement les cordons qu'apres s'etre convaincu que Faction hemostatique de la cauterisation est süffisante.
Un filet d'eau fraiche projete pendant quelques minutes sur la plaie , teroiine I'operation.
Si Themorrhagie apparaissait, il faudrait saisir le cordon qui la fournit et faire une nouvelle cau­terisation .
Castration par arrachement. — Ce mode de castration a la plus grande analogic avec les prece­des par torsion. II comprend les memes manoeu­vres , les memes divisions; la seule difference qui existe entre ces deux methodes , e'est que dans Tune la rupture du cordon est determin6e par la torsion seule, et que dans I'autre on a recours, apres quelques torsions, a une traction assez forte pour produire cette rupture.
U.
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SUnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOUPEDES
L'effet de la traction exercee sur I'artere commer rnoyen hemostalique, s'explique par la difference de resistance qu'offrent les luniques arterielles. L'externe ou cellulaire plus extensible, se rompt la derniere, et son prolongemenl efflle, constitue par des fibres aglutinees entre elles, forme un bouchon a rorifice beant du vaisseau.
Ce precede de castration n'est guere utilise que chez les petits et jeunes animaux.
Phenümiine;; consäcutlfs ä l'operation.
Quel que soit le mode de castration employe, on voit se produire deux ordres de phenomenes : les primitifs sont la consequence immediate de l'ope­ration , lea secondaires accompagnenl le travail inflammatoire sous I'influence duquel s'effectue la cicatrisation.
Phenomenes primitifs. — Quelle que soit la melhode operatoire employee, i'animal eprouve de la douleur, et dans les precedes de castration san-glante, il y a une hemorrhagie dont I'intensite varie seion les moyens employes pour la prevenir.
La douleur est due aux manipulations exercees sur les organes de la generation, dont les nerfs du Systeme ganglionnaire et de l'appareil cerebro-spinal qu'ils recoivent, eprouvent des lesions par-fois assez violentes pour provoquer des coliques plus ou moins vivts.
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On concoit, d'ailleurs, que l'intensite des dou-leurs est en rapport direct avec la duree de rope-ration , le mode de castration employe. Dans les precedes de castration non sanglante, les douleurs sent generalement tres fortes et d'assez longue iluree. Dans ceux de castration sanglante, la dou-leur est en rapport direct avec la quantite de tissu compris dans les appareils de striction et la promp­titude avec laquelle la sensibilite de la partie icsee est abolie; d'ou resulte sa separation complete d'avec les centres nerveux.
L'age, rirritabilite du sujet, le temperament, la race, ont une grande influence sur le degre de la douleur ressentie par I'opere ; eile sera d'autant moins vive que I'animal sera plus jeune (chez les poulains chätres avant l'eveil de l'instinct genesi-que, la douleur est a son minimum d'intensite), moins irritable, d'un temperament lympbatique et de race commune.
Les douleurs disparaisscnt vite; il est tres rare, ä moins de complication , qu'elles persistent au-dela des deux a trois premieres heures qui suivent roperation. Reste, neanmoins, cette souffrnnce locale qui se decele par quelques legers trepigne-ments des membres posterieurs et l'air etonne qu'offre le facies de I'animal.
\j hemorrhagie, qui accompftgne toujours les methodes de castration sanglante, peut provenir
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324nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLlPftDES
seulement de l'incision des enveloppes testiculaires, et alors eile varie d'apres le nombre de celles qui onteteexcisees. Cetecouiementsanguin n'esljamais a redouter, et l'operateur n'a ä s'en occuper que pour ne pas laisser le sang, qui pourrait se putre-fier, en contact avec la plaie.
Si l'ecoulement du sang est fourni par I'artere petite testiculaire, on ne doit pas non plus avoir la moindre crainte, cette bemorrhagie s'arretant d'elle-meme et assez vite.
L'hemorrhagie qui a lieu par Tariere grande tes­ticulaire ne pent se produire , a moins d'accidents , que dans certains procedes de castration , tels que : la torsion j la cauterisalion, I'ecrasement lineaire, I'arrachemenl, le ralissage et l'excision simple. Les deux derniers procedes sont ceux qui sont suivis des hemorrhagies les plus abondantes.
D'apres les experiences de Gohier et de M. H. Uouley, le ratissage pent fournir un ecoulement de sang de l^ a 14 livres et meme au-dela. Moins le sang est plastique et plus Themorrhagie est abondante. La plasticite du sang, chez les animaux qui habitent les pays cbauds, expliquerait chez eux la valeur du ratissage comme moyen hcmos-tatique.
L'excision simple est, de tons les procedes de castration, celui qui fournit la plus grande perte de sang. I! s'en ecoule meme assez, ainsi que nous
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SOUS LE RAPPORT CHIRURGICAL 385^
avons pu nous en assurer experimentalement, pour faire perir les animaux.
C'est tres exceptionnellement que les precedes par les casseaux et la ligature donnent lieu a un ecoulement de sang.
Get ecoulement est plus frequent dans les metho­despar torsion, cauterisation et arrachement. lei encore est-il peu k redouter, surtout si les animaux ne sent ni ages, ni faibles.
Les hemorrhagies s'arretent d'elles-memes, ou avec le secours de quelques affusions froides.
Nous ne dirons rien de l'aspect physique qu'of-frent les parties operees. La description qui a ete donnee des divers modes operatoires, permet assez de s'en faire une idee assez exacte.
Phenomenes secondaires. — Ces phenomenes consistent, pour les methodes de castration san-glante , dans !e travail de cicatrisation des plaies, dans I'engorgement da scrotum, du fourreau, et dans la fievre tramnatique.
Pour la methode de castration non sanglante, il a ete seulement parle du bistournage comme la seule employee, lei se produisent des phenomenes locaux et generaux. Ces phenomenes ayant la plus grande analogic avec ceux observes dans la meme operation pratiquee chez les betes bovines, nous ne croyons pas deplace de renvoyer aux details qui soront fournis a ce snjet.
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326nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPEDES
Cicatrisation des plates. — En examinant avec soin le travail de la lt; icatrisalion des plaies de la castration, il est facile de se convaincre que la cicatrisation s'y opere selon deux modes :
Au-dessus du point oil le cordon a ete coupe, c'est-a-dire k la partie superieure de la goine , eile a lieu par premiere intention. Nous ne decrirons pas les phenomenes qui la caracteriscnt, attendu que cette cicatrisation n'offre rien de particulier;
Au-dessous du point oil le cordon a ete coupe, c'est-ä-dire dans la partie inferieure de la gaine et dans les plaies cellulaire el scrotale, la cicatrisa­tion a lieu par deaxieme intention, ou suppuration.
La diversite de texture des tissus qui constituent la plaie, les corps etrangers qui y sejournent, tels que la ligature, les caillots sanguins, les eschares produites par la compression , les caustiques ou les cauteres , sont autant de circonstnnces qui s'oppo-sent ä la cicatrisation immediate.
L'etendue qu'offre la cicatrisation par suppura­tion varie avec les dilacerations du tissu cellulaire produites autour du cordon et la retraction plus ou moins grande de cet organe dans sa gaine. La sup­puration est d'autant plus abondante et de longue duree, que le cordon offre une plus grande surface de tissu mortifie a eliminer.
D'apres ces donnees generales, on se rend faci-iement compte des Varietes qu'offrent les divers
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procedes de castration sanglante, sous le rapport de l'etendue de la surface de suppuration, de la quantite de ce produit morbide, et de sa duree.
Engorgement sereux du scrotum et du fourreau. — Pendant que le travail inflammatoire, indispen­sable ä la cicatrisation , se produit, une infiltration sereuse envahit la region operee, limitee d'abord aux levres des plaies, qu'elle tend k rapprocher parfois assez pour les faire adherer entre elles par une espece d'agglutination qui s'oppose ä l'ecoule-ment des fluides exhales par les plaies et la sereuse vaginale.
Cette infiltration gagne le scrotum el le four­reau ; eile est reguliere, oedemateuse, pen chaude et peu douioureuse. Parfois eile s'etend jusqu'ä la partie antcrieure et les faces laterales du fourreau. Elle peut, enfin, envahir une etendue plus ou moins considerable de rabdomen. Tant qu'elle ne remonte pas le long du raphe, aux aines et n'enva-hit pas la face interne des cuisses, qu'elle conserve ses caracteres primitifs et que la suppuration per-siste, cette infiltration n'offre aucune gravite; quel-ques scarifications la font vite disparaitre ou plutot diminuer, aitendu que cet engorgement se resout au fur et a mesure que la cicatrisation s'accomplit.
La cicatrice des plaies n'elant complete qu'apres une (rentaine de jours, il en resulie que ce n'esl
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328nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPÜIDES
qu'alors que les parties onl repris leur premiers souplesse.
L'engorgement du cordon ne disparait que plus tard ; la resorption s'effectue avec lenteur, et sou-vent ce n'est qu'apres plusieurs mois qu'elle est terminee.
Des circonstances mherenles äVindividu, ä la eonstilulion atmospherique et mix proccdes opera-toires employes,, ont une grande action sur les dimensions qu'acquiert l'engorgement.
L'inßltration est plus volumineuse chez les indi-vidus a (emperament lymphatique , chez ceux qui sont tres gras; eile Test moins chez les animaux de sang, chez lesquels le temperament sanguin ou sanguin-nerveux predomine.
Nous noterons romme uno particularite digne de remarque, que chez les animaux croises l'engor­gement est beaucoup plus considerable que chez les animaux de race commune ou de pur sang.
L'elat maladif sous Tinfluence desquels les ani­maux peuvent se trouver au moment oü ils subis-sent I'operation, rend parfois I'infiltration plus considerable. Les animaux chätres etanten gourme ou sous l'influence de l'invasion do celte maladie , en offrent souvent un exemple.
Une constitution atmospherique humide, le regne du vent du Midi, des habitations froides, humides, oü. I'aeration est insuffisante, I'agglomeration d'un
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SOUS LE RAPPORT CHIRÜR6ICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3iraquo;
trop grand nombre d'animaux, surtout s'ils sont malades, favorisent le developpement des engorge­ments. 11 sufflt quelquefois de changer les operes d'ecurie pour arreter les progres de ces infiltrations sereuses.
Fiävre traumatique. — Les phenom^nes gene-raux qui caracterisent la fievre de reaction sont parfois si pen prononces, qu'ils passent inaperQus, II est meme des animaux de race commune, chez lesquels rien nedecele I'existencede la fievre trau­matique.
Elle arrive, au contraire, a un degre assez eleve, chez les animaux pur sang et surtout chez les sujets croises.
La fievre de reaction se montre generalement du deuxieme au troisieme jour. Elle precede la suppu­ration et disparait lorsque ce produit morbide est bien etabli. Alors aussi la turgescence des tissus leses a diminue.
Hygiene des opörea.
Äyant dejä examine, page 202 et suivantes, les conditions hygieniques qui sont les plus favorables a la marche de l'operation , il ne sera question que des soins a donner aux operes.
Quel que soit le mode de castration employe, il faut bouchonner a fond les animaux qui viennent d,c subir roperalion , les secher entierement de la
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3S0nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPEDES
sueur qui recouvre leur corps. Cast la one pre­caution qui evile beaucoup de complications. Com-bien de gourmes, de peritonites, etc., ne reconnais-sent d'autres causes que l'oubli ou l'imperfection de cette operation.
D6s que les animaux sont bien seches, il faut les revetir de couvertures et de carnails et les rentrer dans leurs ecuries, oü ils doivent etre surveilles avecle plus grand soin. S'ils sont laisses en liberte, on leur fait une bonne litiere , on leur met un cha-pelet ou un baton ä surfaix, pour eviter qu'ils n'aillent se mordre la region operee et n'enlevent avec leurs dents les ligatures et surtout les casseaux.
II est preferable de les attacher solidement a deux longes et assez court, pour qu'ils ne puissent porter leurs dents sur les appareils mis sur les cordons.
II a ete recommande de soumettre, immediate-ment apres la castration, les operes a une longue promenade, dont le resultat est de diminuer I'in-tensite des coliques, d'eviter les mouvements desor-donnes auxquels se livrent les animaux, les efforts expulsifs et les hernies qui pourraient en etre la suite; elledelendrait, enfin, le Systeme musculaire; favoriserait la circulation excentrique et eviterait ainsi les congestions sur I'appareil digestif abdominal.
On ne doit memo pas craindre de fatiguer les animaux qui viennenl de subir la castration.
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SOUS LE RAPPORT CHIRÜRG1CÄLnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 331
Ce n'est que dans les cas oil les procedes opera-toires employes feraient craindre une hemorrhagie a la suite de la locomotion . qu'on s'abstient de pro-mener les animaux; alors on a recours aux affu­sions d'eau froidesur les tissusdi vises. Encore est-il reconnu utile de promener les animaux des qu'on ne craint plus I'hemorrhagie.
Cette recommandalion, faite par M. H. Bouley, de promener les animaux jusqu'ä la fatigue, pent, dans des cas donnes, etre d'une grande importance; mais nous ne croyons pas qu'on doive toujours en faire l'application. La promenade est utile, lorsque les douieurs sont assez vives pour provo-quer, chez les animaux, des mouvements desordon-nes et des coliques plus ou moins violenles ; mais si les sujets se tourmentent peu, que les coliques soient ä peine saisissables, ou que rien ne decele I'existence des douieurs, nous jugeons la promenade tom-a-fait inutile.
Teile est la regle de conduite suivie par M. La-fosse, et dont nous ne nous sommesjamaisdeparti.
Les promenades ont I'inconvenient d'exposer les animaux a des refroidissements; de provoquer, dans la castration par les casseaux, des tiraille-ments sur les cordons, surtout si Ton laisse les testicules, dont les ballottements peuvent avoir des effets fächeux.
La promenade est-elle nuisible, pourra-t-ondire,
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332nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES SOLIPEDES
lorsqu'aprös l'operation on laisse les animaux ea liberte dans les päturages? C'est la une necessite du mode d'elevage. Ici, d'aiileurs, on se conforme au principe que nous avons pose, et d'apres lequel les animaux chatres doivent etre laisses ou mis dans les conditions les plus rapprochees de celles oü ils sont habitues a vivre.
La fievre traumatique rendant leur impression-nabilite plus grande que dans I'etat normal, il y a necessite de les abriter des perturbations atmosphe-riques. II est en outre prudent, si Ton chätre par les casseaux, de ne lächer les animaux dans les päturages, qu'apres avoir retire ces appareils.
D6s que les animaux sont dans leurs ecuries, il arrive souvent que la transpiration cutanee prend un surcroit d'activite, et que tout le corps est bien-töt ruisselant de sueur. On ne doit pas les laisser en cet etat; aussi faut-il s'empresser d'enlever leurs couvertures, de secher entierement les ani­maux, et de les recouvrir avec des couvertures plutöt chaudes que froides. On fera meme bien de placer sous les couvertures une legere couche de paille.
S'il y a dans la meme ecurie plusieurs operes, il faut les separer avec soin , pour qu'ils ne se tour-mentenl pas entre eux.
II faut laisser les animaux tranquilles , eviter qu'ils soient tour men tes par les mouches. Les ecu-
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ries devront etre plutot obscures que trop eclairees. L'air y sera d'un renouvellement facile; mais il faut eviter que les animaux soient exposes ä des courants d'air, dont I'influence est tres pernicieuse.
On n'aura recours a la saignee que chez les sujets plethoriques, tres irritables , ou lorsque les coliques n'auront pas cede a la promenade et aux bouchonnements.
Barbottages de farine d'orge et paille , teile est I'alimentation a donner pendant les premiers jours qui suivent I'operation.
Le regime sera moins severe pour les animaux faib'es ou d'un temperament lymphatique.
Lorsque la suppuration est bien etablie, que I'in-filtration sereuse du fourreau diminue, on augmente pen a pen la ration. Apres une quinzaine de jours, I'animal est a sa nourriture ordinaire et il pent etre livre a quelques legers travaux , en evitant soi-gneusement tout ce qui pourrait provoqu^r des refroidissements.
Quant aux plaies, elles ne reclament aucun soin , si ce n'est d'eviter l'agglutination de leurs levres, afin de faciliter l'ecoulement des produite sereux ou purulents qu'elles fournissent. Ce resultat s'ob-ticnt, soil en les ecartant au moyen des doigts, soil en pla^ant un peu d'axonge sur leurs bords ou une legere boulette dans l'interieur de la plaie.
Toutes ces precautions sont le plus souvent inu-
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tiles, surtout si Ton a eu le soin d'inciser largement les enveloppes.
Les injections dans Tinterieur desplaies sontindi-quees dans les seuls cas oü elles renferment du sang ou autres matieres putrescibles, dont la decom­position pourrait donner lieu a la gangrene trau-matique.
II est des Operateurs qui recommandent une pro­menade journaliere de une ä deux heures; d'autres ne craignent pas de faire prendre des bains d'une demi-lieure ou une heure, une ou deux fois par jour. On ne saurait trop repousser cette derniere pratique, dont le simple enonce signale les nom-breux accidents qui peuvent en etre la suite.
Quant ä la promenade, nous la croyons inutile , ä moins d'indications particulieres , telles que I'en-gorgementdes membres, I'infiltration trop conside­rable de la region oü Ton a opere : faut-il encore, pour y soumettre les animaux , une temperature douce; une atmosphere non agitee par des vents trop forts ; et en rentrantä Fecurie, avoir le soin de bien bouchonner les malades.
Les refroidissements, les arrets de transpiration , sont generalementsuivis de complications, parfois si facheuses, qu'on doit toujourschercherales eviter.
Toutes les precautions et les soins qui viennent d'etre signales, concernent les sujets operes par les precedes de castration sanglante.
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Pour ceux chatres par bistournage, aucune des conditions de leur hygiene n'est changee.
Les animaux qui travaillent sent seulement lais-ses au repos pendant une douzaine de jours environ. Une demi-diete, surlout pour les animaux vigou-reux, en bon etat et tres irritables, est neanmoins mile pendant les cinq ä six premiers jours qui sui-vent I'operation.
Examen comparatif des differentes methodes de castration.
Pour qu'il ressortit, de l'examen des differents modes de castration decrits, des donnees sores, incontestables, il faudrait que chaeun de ces modes eut ete pratique, un egal et assez grand nom-bre de fois , sur des sujets etant du meme age , de meme race, nes et eleves dans la meme contree, et soumis aux memes influences hygieniques ; que I'operation fut, cbez tous, pratiquee avec Tattention recommandee pour chaque precede ; que les condi­tions bygieniques des operes fussent les memes, et les suites de reparation surveillees avec un egal soin.
C'est ä ces conditions seulement qu'on pourrait se prononcer, avec assurance, sur la methode de cas­tration ä preferer. Les opinions formnlees en dehors de ces regies, ne nous semblentpas offrir une garan-tie süffisante pour elre acceptees comme etant I'ex-pression rigoureuse des fails.
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3S6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPfeDES
Les considerations qu'ont fait valoir les auleurs en faveur de tel ou tel mode de castration, ne prou-vent qu'une seule chose : la valeur du procede en lui-meme et nullement la valeur relative.
11 faut aussi reconnaitre que I'operateur qui uti­lise, presque exclusivement, une methode de cas­tration , devient habile dans son execution, la perfectionne dans une infinite de menus details , rarement indiques dans les descriptions, ne pa-raissant au premier abord avoir aucune impor­tance, et desquels, neanmoins, dependent, le plus sou vent, les succes obtenus. La est peut-etre la raison qui fait accorder a un procede donne la su-periorite sur ceux essayes quelquetbis comparati-vement.
Partant des principes sus-enonc6s et n'ayant pas de statistique faite dans les conditions desirables, nous ne passerons pas minutieusement en revue les procedes de castration employes chez les solipedes, a l'effet de determiner les avantages et les inconve-nients de chacun d'eux, pour arriver a une conclu­sion dont la theorie constituerait seule la base. Elle ne pourrait, en effet, d'apres les donnees acquises, s'etayer d'une judicieuse pratique.
Ces considerations s'appliquent essentiellement aux methodes de castration le plus generalement usitees et qui semblent sanctionnees par la pratique ; tels sont les procedes par le bistournage, les cas-
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seauxj la torsion bornee a l'aide des pinces , le feu et la ligature.
Parmi les autres methodes : Vexcision simple du cordon doit etre proscrite, ä cause de 1'hemorrha-gie qui est assez forte pour compromettre la vie de l'animal.
Le ratissage est une operation lente et dont The-morrhagie qui en resulte donnedescraintes serieu-ses; on ne pent done pas le recommander.
L'ecrasemenl lincaire estd'une trop longue exe­cution , pour qu'il deviennc jamais un mode usuel de castration.
La torsion non hoi-nee et la torsion bornee avec les mains seules, sont deux precedes entierement abandonnes, ä cause de la duree de l'operation , des douleurs vives qu'ils provoquent, et de l'hemor-rhagie grave dont ils peuvent etre suivis.
Des precedes d'emasculation dont la pratique a sanctionne les heureux resultats, il en est quel-ques-uns qui semblentgeneralement moins utilises, tels sont la ligature :
Faite a testicules converts et en comprenant tout le cordon dans un seul noeud, la compression pent ne pas etre assez exacte pour s'opposer k I'hemor-rhagie; les douleurs sont tres vives. Elle oblige aussi, pour eviter la chute de la ligature, a lais-ser une trop grande quantite de tissu en dessous du
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338nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES SOLIPEDES
noeud. La putrefaction des tissus appendus en des-sous de la ligature, la non occlusion des vaisseaux , produisent de volumineux engorgements, parfois la gangrene; l'engorgement du cordon, son indu­ration, et la peritonite ne sont pas rares.
Ccs motifs parlent peu en faveur de cette opera­tion , qui n'a pas pris rang parmi les melhodes usuelles.
M. Goux, d'Agen, I'a cependant employee avec beaucoup de succes, en y apportant la modifica­tion quo nous avons fait connaitre.
Mais les conditions dans lesquelles il opere (ani-maux ages de quinzc jours a un mois, d'oü facilite do compression et peu de tissu compris dans la ligature], expliquent rimmunile du precede.
La ligature ä teslicuJes decouverls rend possible la retraction du cordon dans Tabdomen ; I'eviterait-on par les modifications apportees au procede , on n'en aurait pas moins a craindre la chute du lien , nne compression insuffisante, ou la rupture du cor­don par I'attrition operee par la ligature; enfin Fapparition de volumineux engorgements.
La ligature exclusive de Vartere, essayee par Coleman Perciwall, M. Thomson, M. H. Bouley, a donne des resultats peu satisfaisants.
La torsion exclusive de Vartere a ete pratiquee en Angleterre avec un succes qui milite en faveur de ce procede, dont les avantages, d'apres MM. Moly-
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neux, Richardson, Simonds, Daws et Wordle, seraient d'etre un excellent raoyen hemostatique, de determiner peu de douleur, de produire un engor­gement pen volumineux et une plaie d'une cicatri­sation rapide. Ces resultats. non contestables, doi-vent etre accueillis avec reserve; ils meritent, neanmoins, de fixer Tattention des Operateurs.
La ligature a testicules converts, en y apportant les modifications signalees a la page 299, merite , par les motifs que nous avons fait connaitre, d'etre essayee.
De tous ces precedes de ligature , aucun n'a reylaquo; de la pratique une sanction süffisante pour etre considere comme un mode de castration a recom-mander.
La castration par le feu, employee avec avan-tage dans les pays chauds, en Allemagne et en Angleterre, a peu de faveur en France. Cela tien-drait-il a ce que I'operation est longue, doulou-reuse; que le calorique ne borne pas ses effets k I'organe cauterise; que I'hemorrhagie est a crain-dre? ou bien a une fausse appreciation de cette methode ? Nous ne pencherions pas en faveur de cette derniere opinion.
D'apres Fromage de, Feugre, et les observations de M. Petit Clerc, la cauterisation jouirait d'une complete immunite a l'egard du tetanos.
Si ce fait etait confirme par des observations
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recueillies dans les pays oil ce procede est genera-lement usite, il compenserait les imperfections de cette methode, et il serait a desirer qu'elle entrat dans la pratique usuelle.
Aueun des procedes dont nous venons de faire connaitre sommairement les imperfections, nquot;a pris un rang egal a ceux qui nous restent ä examiner.
La torsion bornee, ä l'aide des pinces ; la cas-Iration par les casseaux et le hislournarie, sonl les meihodesleplusgeneralcment employees en France. Nous croyons, neanmoins, que si Ton dressait des statistiques, le mode par les casseaux I'emporterait sur les deux autres.
Ce sont lä des fails non indifferents el qui elablis-ieiit, d'une maniere pen conlestable, Tavanlagedcs melhodes qui sonl restees dans le domaine de la pratique.
Les avantages ofl'erts par la torsion ne peuvent etre conlesios; la väleur de celle operation , ires rationnelle, est confirmee par les nombreux fails recueillis par MM. Dillon et Benjamin. Ces veleri-naires n'ont-ils pas depasso los limiles du possible, en pretendant qu'avec la torsion bornee on n'a ä redouter aucun des accidents [gangrine, lelanos, peritonile, enlerite, amaurose, champujnons, fis-tnles) qui sonl le cortege de la castration par les rasseaux? Pour toulhomme non prevenu, la reponse
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n'est pas douteuse. La castration est toujours une operation grave, dont les suites ne peuvent etre prevues d'une maniere certaine ; on a des probabi-lites, mais non des certitudes. H y a plus quo de la temerite a avancer que, par tel mode operatoire, il n'y a pas d'accidents a redooter. M. H. Bouley (loc. cit.) a eu occasion de constater, a la suite de la torsion hornee, ä peu pres tous les accidents qui sont la consequence possible d'une action traumati-que sur I'appareil testiculaire : bemorrhagie, abces, gangrene, induration du cordon testiculaire, tetanos, peritonite mortelle.
La castration par les casseaax est, sans conteste, le mode operatoire le plus generalcment repandu ; cela seal suffiraitpour etablirrefficacitede cetteme-thode. Ses defenseurs les plus autorises, ä la tete desquels on doit citer Lacoste, sont loin de la consi-derer commejouissant d'une immunite complete. La statistique de Lacoste, etablie sur pres de 10,000 chevaux, porte.la mortalite a 1,25 pour 100.
On s'est demande a quel des deux modes de cas­tration par les casseaux devait etre accordee la preference? Les donnees, on en connait les motifs, manquent pour resoudre cette question.
On a pretendu que la castration a testicules decon-verts est d'une execution plus facile, moins doulou-reuse que la methode opposee (c'est l'opinion de M. Crepin, exprimeedansle Journal pratique, 1827).
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On peut ajouter que la compression s'exenjant sur une moins grande masse de tissus, est plus exacte et la mortification des tissus a eliminer plus prompte, et que les casseaux restent moins longtemps en place ; mais eile donne lieu a une plus grande hemorrhagie de la part des enveloppes; le sang peut plus facilement stagner dans la plaie ; il y a possibilite d'une hernie inguinale; accident toujours tres grave et non ä redouter par le procede a testi-cules converts. D'apres M. Rey, le procede a testi-cules decouverts rendrait le champignon plus fre­quent, ainsi que la peritonite.
Nous ne disons rien de la possibilite de l'intro-duction de l'air dans I'abdomen, par le motif qu'elle ne semble offrir aucune gravite.
Nous avons pratique on vu pratiquer, sur une grande echelle, ces deux methodes de castration. II resulte pour nous de nombreux faits recueillis, que toutes deux sont egalement bonnes. Nous accor-dons neanmoins la preference a la castration a tex-licules converts, par les motifs qu'il y a moins d'ecoulement de sang ; que la sortie de l'intestin , par la plaie de la castration, est evitee, et qu'il est toujours possible, en prenant les precautions con-venables, d'etablir une compression süffisante.
Quant aux douleurs plus intenses qui en seraient la suite, elles sont seulement un peu plus pronon-cees au moment de l'operation , a cause de la pres-
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sion exercee sur le nerf de Ja quatrieme paire lom-baire qui rampe sur le cremaster.
Nous recommanderons surtout cc dernier mode operatoire, pour les animaux mous, a temperament iymphatique, et les etalons; il en sera de meme pour les sujets ayant une hernie ombilicale ou des traces decelant qu'elle a existe ; pour ceux dont les anneaux inguinaux sont dilates ; ä fortiori, si Ton constate une hernie inguinale.
La castration ä testicules decouverts est done moins sujette a des accidents chez les animaux du Midi que chez ceux du Nord.
D'apres Lacoste, bon juge en pareilie matiere, ia castration a testicules converts aurait le seul avantage de permettre ä l'operateur d'avoir ies mains toujours seches; chose importante si Ton a beaucoup de chevaux a chätrer.
Le bistournage est une operation chirurgicale des plus rationnelles. Pratiquee par une main habile, eile est rarement suivie d'accidents graves ; reus-sie, eile a les avantages des precedes de la castra­tion sanglante sans en offrir tons les inconvenients. Elle ne jouit pas cependant d'une immunite aussi grande que certains auteurs I'ont pretendu. Tou­jours est-il que ce precede d'emasculation ayant fait ses preuves, merite , sous plusieurs rapports, d'attirer l'attention des veterinaires.
Ce mode a centre lui ia difficulte de rexecution ,
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sa duree tres longue chez certains sujets , quel-quefois son impossibilite ; la necessite de deployer parfois , pour faire l'operation, tine tres grande force, cequi pourrait mettre, assez souvent, I'ope-rateur, non pourvu d'une grande puissance muscu-lairc, dans l'impossibiüte de bistourner, sansdesem-parer et dans un temps donne, un grand nombre de sujets. (Ce serait lä un inconvenient serieux dans les pays d'eleves, l'incertitude du succes complet au point de vue de l'emasculation.)
Tous ces motifs donnent lieu de penser que de longtemps le bistournage ne prendra rang parmi les methodes de castration employees par les vete-rinaires pour les monodactyles. Pour appuyer cette maniere de voir, il suffirait de rappcler ce qui se passe pour le bistournage des ruminants, qui, quoi-que plus facile et dont le manuel operaloire est depuis longtemps connu, n'est pas en grande fa-veur parmi nos confreres ; il n'incombe aux veteri-naires que dans les seules contrees oü de temps immemorial cette operation leur est confiee, comme nous pourrions en citer des exemples pour les de-partements du Lot-et-Garonne et de la Gironde. Ailleurs , il est fait par des chätreurs qui, comme on le salt, en font leur specialile.
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SECTION DEUXIEME. CASTRATION DES BETES BOVINES.
Sommaire : Enonce des modes de castration utilises chez les betes bovines. — Apergu anatomique de la region tes-ticulaire du taureau.—Castration non sanglante; du bis-tournage. — Historique. — Epoques les plus convenables pour pratiquer cette operation —Preparation du sujet. — Aides, appareil. — Methodes employees pour fixer les animaux. — Manuel operatoire. — Circonstances qui obli-gent de modifier le manuel operatoire. — Phenomenes consecutifs a I'operation.— Martelage. — Ecrasement de la substance testiculaire.—Castration ä l'aiguille.—Castration sanglante. — Hygiene des operes. — Modifications que subissent les organes de la generation apres les procecles de castration non sanglante. — Examen comparatif des dift'erentes methodes de castration.
Enonce des modes de castration utilises chez les betes bovines.
Parmi les modes de castration employes chez les betes bovines, nous trouvons :
1deg; Les methodes par castration non sanfitante, telles que, le bistournarje, le martelage, Vecra-sement de la substance testiculaire, la castration ä l'aiguille;
2deg; Les methodes par castration sanglante , com-prenant toutes celles qui out etc decrites chez les solipedes , mais dont I'emploi est beaucoop moins frequent chez les ruminants.
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CASTRATION DES BETES BOVINES
Apercu anatomique de la region testiculaire du taureau
Les enveloppes sont generalement grandes, le cordon est long : le testicule a une forme ovo'ide, son grand axe est perpendiculaire au cordon; I'epi-didyme, peu developpe, est parallele au grand axe du testicule, auquel il est fixe par un repli tres etroit de la sereuse peritoneale ; les membranes qui en-veloppent les testicules sont en meme nombre et disposees comme chez les monodactyles.
Les tuniques erythroide et fibreuse adherent, par leurs faces superficielles, au dartos, au moyen d'un tissu cellulaire lache, facile a dechirer; le scrotum et le dartos sont unis par un tissu cellu­laire fin et tres serre ; le scrotum forme de nom-breux petits plis qui s'effacent lorsque les testicules descendent au fond des bourses.
II resulte de ces details anatomiques que, chez les ruminants, les organes de la generation sont on ne peut mieux disposes pour pratiquer aisement le bistournage et assurer le succes de cette operation ; que, des membranes testiculaires, le dartos est celle qui peut le plus facilement se separer des tuni­ques erythroide et fibreuse, et c'est, en effet, ce qui arrive dans le premier temps de l'operation.
Castration non sanglante; du bistournage.
Cette operation consisle en la torsion sous-cutanee
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du cordon spermatique apres avoir rendu le lesti-cule parallele a son cordon; eile determine I'atro-phie des glandes spermatiques et l'abolition com­plete de leurs functions.
Historique.
La castration des ruminants est pratiquee depuis bien des siecles; il paraitrait, d'apres nos recher-ches, que durant des siecles aussi le mode opera-toire ordinairement employe consistnit dans I'abla-tion des testicules. II est inutile de rapporter ce qu'ont dit sur ce sujet les auteurs qui ont pre­cede Olivier de Serres, qui, le premier, a signale le bistournage comme un des precedes de castra­tion connus et usites.
Voici comment s'expliquait, au xvie siecle , I'au-teur du Theatre d'Agriculture (tome i, page b34.). — laquo; Deux famous de chastrer les taureaux sont en usage, e'est assavoir en leur coupant et ostant entierement les genitoires par incision, a la mode des autres bestes , et l'autre en les leur estordans avec des tenailles, ce qui leur amortit les nerfs auxquels ils sont attaches, et apres les fourrans dans le ventre. raquo;
II est aise de comprendre que l'auteur veut par­ier du bistournage, et lorsqu'il dit qu'il faut four-rer les testicules dans le venire, il entend, sans nul doute, les remonter le plus possible vers les
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regions inguinales, et non las faire entrer dans le venire, ainsi que le pense l'auteur des noles sur l'ouvrage de cet agronome.
Depuis l'epoque oü ecrivait Olivier de Serres, il a ete fait mention dans plusieurs ouvrages du bistournage, comme procede de castration applica­ble aux betes bovines; mais il n'est donne aucune description de Toperalion meritant d'etre repro-duite ; il faut ai river jusqu'en 1826, pour trouver quelques notions sur ce procede d'emasculation.
M. Leblanc : Journal de medecine velerinaire el comparee, 3e annee, |)ago 234, indique la ma-niere de fixer I'animal : un seul aide lui suffit; les membres sont laisses fibres; le manuel operatoire est assez bien decrit, surtout le deuxieme temps de Toperation, qui consiste a faire basculer le testi-cule; on remarque neanmoins que l'auteur n'a pas suffisamment indique les diverses manipulations a executer dans tons les temps de l'operation.
Cilons un exemple qui se rapporte au deuxieme temps :
laquo; Pour faire faire la culbute au testicule , I'ope-raquo; rateur saisit avec le pouce, l'index et le medius raquo; le cordon a son origine, pres de l'epididyme, etc. raquo; Pour rendre la demonstration complete, l'auteur aurait dii ajouter : au moment oü le testicule va devenir, pour qu'il devienne meme parallele au cordon, il faut necessairement que I'operatcur cesse
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la compression exercee sur le cordon, et quo le pouce, place d'abord sur le cordon, vienne appuyer sur la pointe inferieure du testicule devenue supe-rieure; de teile sorte qu'en ce moment la meme main embrasseetmaintienttout ä lafois le cordon et le testicule, pendant que I'autre main continue son mouvement d'impulsion de bas en haut. Ce sont lä des details que I'auteur a cru pouvoir se dispen­ser d'indiquer, et qui sont, d'apres nous, d'une tres grande importance pour la facilite et la promptitude de l'operation. Si on ne cessait pas la compression exercee sur le cordon , le testicule ne pourrait ja-mais s'appliquer centre cet organe. Cost meme ceite necessite qui a du faire passer sous silence les minutieux details que nous venons de faire con-naitre.
Toujours esl-il qu'en lisant l'article de M. Leblanc il est facile de se convaincre que ce savant vete-rinaire a souvent praiique cctle operation , et qu'il en a donne le premier une bonne description.
Hortrel-d'Arboval (l'e edition) : Diclionnairede mcdeeinc cl de Chirurgie, article bislournage. Vatel : Elements de Pathologie voterinaire, etc., tome ii, page 436. — Les descriptions donnees par ces auteurs peuvent etre considerees comme une reproduction incomplete de l'article de M. Leblanc.
Maison ruslique du xixe sidcle, 1844, tome ii, liv. 3. De la castration du taureau; par M. Renault.
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— laquo; On ne chatre guere les taureaux avant Tage de deux ans ä deux ans et demi, quelquefois meme plus tard. Apres avoir fait monter et descendre les testicules pour detruire les adherences qui pour-raient exister, on fait basculer Tun de ces organes de maniere ä rendre le grand axe de cet organe parallele ä la longueur du cordon , c'est le premier temps; pour le deuxieme, on manoeuvre de maniere ä faire tourner deux ou trois fois le testicule autour de l'espece de pivot que represente le cordon. raquo;
M. Festal (Philippe), Journal des Veterinaires du Midi, tome vin, page 5. —Le bistournage ne se pratique guere que sur les animaux qui ont les tes­ticules et les cordons longs; Tage le plus convena-ble est de quinze ä dix-huit mois ; l'epoque, le printemps ou rautomne. I! signale une bonne me-thode pour fixer les animax.
La description du manuel operatoire laisse un peu ä desirer, surtout lorsque l'auteur indique la maniere de s'y prendre pour faire tourner le tes­ticule autour du cordon. S'il manque de clarte sur ce point, on doit lui savoir gre d'avoir mentionne une manipulation tres importante ä nos yeux, celle qui a pour but de faire remonter le testicule, des qu'il est culbute, vers la region de l'aine; l'oubli de cette precaution doit etre souvent la cause des nombreuses difficultes que rencontre I'operateur.
En resume, notre honorable confrere est tres
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familiarise avec ce precede operatoire, et si sa des­cription manque de details, e'est du plutot a I'ab-sence des difficultes qua pour lui la pratique du bistournage qu'a la possibilite oü il etait de ies fournir.
Depuis 1844 jusqu'ä nos jours, il a ete souvent question , soit dans les dictionnaires de medecine veterinaire, soit dans nos journaux veterinaires , du bistournage des betes bovines. Quelques-uns de ces articles sont tres interessants; nous aurons occasion de les rappeler, mais il est inutile de faire connaitre, en ce moment, ce qu'ont dit !es auteurs de ces divers articles , par le motif qu'ils n'offrent, en general, rien d'original.
En 1853, nous avons donne sur cette question des details assez etendus, que nous reproduisons presque en entier.
II resulte des recherches faites sur cette question, que, jusqu'a Olivier de Serres, on ne trouve, dans les auteurs qui se sont occupes de medecine veteri­naire ou d'agriculture, rien qui indique que le bis­tournage etait connu avant l'epoque oü vivait ce savant agronome; a moins de considerer comme synonyme do bislournage, les mots froisse, foule dont se sert Moise;
QueM. Leblanc est le premier qui ait donne une description assez exacte du manne! operatoire.
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CASTRATION DES BfiTES BOVINES
Epoques les plus convenables pour pratiquer cette operation.
II:
Ces epoques sont, comme pour toutes les ope-ralions d'election, le prinlemps et l'automne. Sous I'influence d'unc douce temperature, les pheno-menes inflammatoires sont moins prononces, et ceux qui se produisent disparaissent plus facile-ment. II est vrai que, pour le bistournage, nous n'avons pas a redouter, comme pour les operations sunglantes, les fächeux effets, tels que prompte suppression de la suppuration, gangrene, etc., des temperatures extremes. On pent done, sans de grandes craintes , bistourner en toute saison , surtoutsi Ton pratique cette operation sur lesveaux.
Si, dans ce cas, nous ne reconnaissons pas aux saisons one influence facheuse, il n'en est pas de memo de i'action de quelques meteores, comme l'existence de certains vents. L'experience journa-liere a appris que le vent du sud produit sur les animaux bistournes un engorgement des bourses et du fourreau tres volumineux, etpresque toujours des phenomenes febriles. Si on ne lient pas toujours comple des saisons pour pratiquer le bistournage, il faut, autant que possible , ne pas operer lorsque regne le vent du sud ou ses varietes.
Est-ce seulement parco qu'au printemps la tem­perature est douce ct qu'une excitation generate favorisant le libre exercice de toutes les fonctions,
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SOUS LE RAPPORT CH1RUR6ICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 353
les phenomenes morbides acquierent moins d'in-tensite , leur resolution est mieux assuree et plus rapide, qu'on choisitcette epoque pour I'operation? Tout en reconnaissant I'heureuse influence de telles conditions, nous pensons que souvent on est guide par d'autres motifs.
Ce n'est pas toujours des les premiers jours du printemps , alors que sa douce chaleur echauffe et excite , qu'on pratique le bistournage, mais bien lorsque la vigueur de la vegetation a fourni aux animaux une alimentation süffisante pour faire ces-ser, chez beaucoup d'entre eux, l'etat de maigreur oü lesavait laisses I'hiver.
On a done un double but en choisissant cette epoque : refaire les animaux qui, durant la saison des frimas, ont eu beaucoup a souffrir de la penu-rie des aliments, et profiter de la favorable stimula­tion que donne le printemps.
Y a-t-il des inconvenients a bistourner des ani­maux maigres? L'operation est plus facile; mais nous avons constate qu'alors la mue etait retardee, I'embonpoint long a se produire, la region operee souvent le siege d'une infiltration sereuse tres con­siderable, dont !a resolution se faisait difficilement et parfois incompletement. II y a done avantage ä ajourner, chez les sujets maigres, l'operation jus-qu'au moment oü ils seront un peu remis.
La saison de l'automne est favorable par sa
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temperature moyenne, et ä cette epoque, les taureaux destines au travail ont generalement acquis Tage oü ils doivent etre operes.
En resume: rien de fixe pour les animaux des­tines exclusivement a la boucherie , puisqu'ils doi­vent etre bistournes peu de temps apres la nais-sance.
Pour les boeufs de travail, on pent les bislourner en toute saison; on fera bien cependant, vu les motifs que nous avons donnes, de choisir le prin-temps at I'automne.
Präparation du sujet.
Le bistournage provoquant rarementla fievre de reaction, il est inutile de preparer les animaux a I'operation; il est neanmoins prudent que le jour du bistournage les animaux soient a jeun , surtout s'ils ont atteint leur dix-buitieme mois et si lour conformation- fait pressentir que les manipulations seront longues et penibles.
Dans beaucoup de contrees, les proprietaires ont pour habitude de bien faire manger les animaux le jour de I'operation; l'oubli de cette precaution rend a jamais, disent-ils, les boeufs efflanques, et puis ils resistent mieux a la fievre.
Signaler ces prejuges, c'est indiquer assez I'ab-surde d'une teile habitude, malhcureusemont main-tenue et propagee par la plupart des empiriques, et
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dont le moindre des inconvenienls peut etre de produire une indigestion.
Lorsque nous disons qu'il importe generalemenl peu de preparer les animaux au bistournage, nous entendons parier de l'inutilite de les soumettre, plusieurs jours a I'avance, au regime d'un animal ayant a supporter une operation grave.
Aides, Appareil.
Pour les veaux, un seul aide sufflt; pour les tau-reaux, il en fautau moins deux. Pour tout appareil, deux bons lacs pour fixer les animaux au besom; un lien d'un metre environ de longueur et ayant assez de resistance pour ne pas ceder aux tractions exercees sur lui. Ce lien doit etre fait avec des fils de lin, chanvre ou mieux de laine; ce dernier a l'avantage de ne jamais scier les bourses pour st fort qu'on les comprime.
Ces objets, on les trouve dans Unites les fermes.
Möthodes employees pour fixer les animaux.
11 Importe beaucoup de ne pas changer le veau ou le taureau de place, il ne faut en venir la que lors-qu'il est dans un lieu tellement etroit qu'il est impos­sible d'operer, ou bien qu'etant dans la necessite de fixer solidement la tete, il n'y a, dans la place qu'il occupe, rien de convenable pour cela; nous avons observe que toujours, lorsqu'on deplace les ani-
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maux , ils se lourmentent beaucoup ; il ne faut pas non plus sortir ceux qui sont a cöte d'eux, ä moins qu'ils ne soient mechants; agir aulrement, c'est tracasser inutilement [es sujels et rendre 1'operalion longue et fatigante.
Pour les fixer, beaucoup de procedes sont mis en usage par les chätreurs; nous indiquerons les principaux : les uns, laissant a Tanimal assez de liberte pour qu'il puisse aller un peu ä droite ou ä gauche et en avant, attachent la tete de l'opere aux barreaux du rätelier au moyen d'un lacs embras-sant la base des cornes ; l'une des extremites pos-terieures est maintenue fortement soulevee par un ou plusieurs aides, au moyen d'une corde qui en-toure le jarret et va prendre son point d'appui sur l'une des poutres qu'on trouve dans presque toutes les etables.
Ce procede est mauvais, par le double motif que les cornes sont exposees a s'ebranler et k se fractu-rer en frappant contre les barreaux du rätelier, et que l'animal, se laissant tomber tout-ä-coup , peut eprouver des tiraillements dans les muscles, dans les ligaments articuiaires, des luxations, meme des fractures; il y a des exemples de ces divers acci­dents.
D'autres font tenir la tete par un aide vigou-reux; la meilleure maniere de la saisir et de la maintenir, consiste a pincer vivement, avec les
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doigts d'une main , la cloison nasale, et de l'autre ä tenir la come. Alors on agit de fa^on ä courber la tete sur I'encolure, tout en la renversant. Ainsi, en supposant que I'aide se mette sur !e cöte gauche de I'encolure, il placera le genou droit sous la tete de l'animal, la main droite saisira la.corne gauche et la poussera de gauche a droite et de haut en has, la main gauche s'emparera du mufle et le dirigera de droite ä gauche et de has en haut.
Lorsque le taureau est fort, un aide seul ne peut saisir et maintenir la tete, et moins encore lorsqu'il est en meme temps mechant. Ce moyen ne peut done etre utilement employe que pour des sujets docües et peu vigoureux.
Un membra posterieur est porte et maintenu en avant au moyen d'un lacs qui, entourant le canon, passe entre les jambes anterieures, contourne I'en­colure et forme , en se reunissant a lui-meme , un espece de collier ; il en est qui fixent le lacs aux cornes. Cette methode n'a pas les inconvenients de la premiere ; il nous a scmble neanmoins que la compression exercee sur I'encolure par le lacs por-tait les animaux a se tourmenter.
Nous n'utilisons aueun de ces moyens. Notre precede , employe , sans nul doute , par beaucoup de nos confreres, consiste, lorsque l'animal est me­diant, a le fixer solidement par les cornes, soil au rätelier, soil a un poteau. Nous faisons maintenir le
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lacs qui tient les comes de maniere a pouvoir lais-ser, dans le cas oü Tanimal viendrait a s'abattre , la tete rapidement libre.
Pour flxer le membre posterieur, on entoure d'abord au moyen d'un noeud coolant, existantau lacs dispose a cet effet, la partie inferieure de la jambe drohe ou gauche, de fagon a comprimer fortement la corde du bifemoro-calcaneen , puis on rapproche insensiblement le membre, oü est placee la corde , de l'extremite anterieure du meme cote , et lorsque le pied est porte assez en avant pour que I'animal ne puisse y prendre un solide appui , on arrete, par une double-clef, le lacs au-dessus du genou du membre correspondant
L'aide auquel est confle le lacs , doit aussi tenir la queue de I'animal tiree de cöte.
Ainsi maintenus, les animaux se tourmentent peu, et les accidents sont, autant que possible, evites.
On n'a recours a cette methode que lorsque les animaux sont turbulents, mediants, etc.; dans les cas contraires, la tete est saisie par un ou deux aides, et les jambes reslent libres.
Les animaux cherchant toujours a frapper avec le pied correspondant au testicule qu'on touche, l'operateur est presque sür de se garantir de ces accidents en se plagant du cöte oppose au testicule qu'il manipule.
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L'animal qu'on opere se laisse plutot tomber si les jambes sent assujetties que si elles sent libres ; il en est de meme si on cherche a le soutenir; il faut done bien se garder de l'appuyer. Dans tons les cas, i! est ntilede confier ä un aide un aiguillon pour piquer l'animal au moment oü il se couche-rait; car une fois qu'il s'est laisse tomber, il y revient ä ebaque douleur que lui fait eprouver I'operateur; souvent on est oblige d'avoir recours, pour terminer le bistournage, ä des appareils de soutien qu'on ne se procure pas aisement dans ton-tes les fermes.
Une fois l'animai fixe, et quelquefois avant , I'operateur cherche a reconnaitre si le bistournage sera facile.
L'operation se fera aisement chez les animaux jeunes, a robe claire, a jambes minces, ä peau fine , et qui ont les testicules allonges et d'un vo­lume ordinaire, les bourses amples et souples.
Manuel operatoire.
Le manuel operatoire peut etre divise en quatre temps : Dans le premier, on dechire le tissu cel-lulaire unissant le dartos aux tuniques erythroide et fibreuse; on assouplit la peau des bourses ; dans le deuxieme, on fait basculer les testicules ; dans le Iroisieme, on opere la torsion des cordons; dans le quatrieme, on monte les testicules le plus pres
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possible de I'anneau inguinal, et on fixe le lien au-tour des bourses pour empecher les teslicules de descendre et de se renverser.
Premier temps. — L'operateur, place derriere les jarrets de l'animal et flechi sur ses genoux, saisit avec les deux mains les teslicules et les entraine rapidement au fond des bourses ; la main droite seule les tient dans cette position; la main gauche prend la partie inferieure du scrotum et la tire fortement de haut en has et legerement d'avant en arriere; la main droite, portee ä son tour au-dessus de la main gauche, embrasse les enve-loppes et pousse les teslicules de has en haut, de maniereä les faire remonier vers I'anneau inguinal.
Pendant que cette manipulation s'effectue, on entend un petit craquement, ou mieux Ton sent que quelque chose se rompt, et c'est, en effel, le lissu cellulairc, unissant le dartos aux luniques ery-lliroide et fibreuse , qui se dechire.
Ces adherences rompues, la moindre impulsion donnee par la main fail monier el descendre facile-ment les teslicules , et sans entrainer avec eux le scrotum. Si les adherences ne sont pas bien detrui-tes , les teslicules , en remontant, font suivre les bourses.
Inutile d'ajouter que cette union du dartos aux luniques erythroide el fibreuse est d'autant plus
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facile a delruire, que ranimal est plus jeune el le tissu cellulaire plus lache. Ainsi une seule impul­sion suffit sou vent pour cela, tandis que d'autres fois on n'y parvient qu'apres beaucoup de temps et de fatigue.
II importe, pour la facilile des manipulations ulterieures, que ce premier temps de Toperation soil complet : d'oü il resulte qu'il faut faire monter et descendre les testicules jusqu'ä ce qu'ils execu-tentce mouvement sans le moindre obstacle.
Deuxieme temps. — Les testicules ayant ete re-montes, la main gauche ramene le testicule gauche
(Fig. 8.)
Elle represeute la position de la main gauche au moment de faire basculer le testicule. a —Cordon testiculaire place entre le pouce ct I'index.
au fond des bourses, et saisit ensuile le cordon testi­culaire a son point d'union avec Tepididyme; cette
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:!
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main est dirigec de maniere a appliquer le pouce sur la partie posterieure du cordon , et l'index et le medius sur la partie anterieure ; de teile sorte que le cordon se trouve place dans I'espace qui separe le pouce de l'index (flg. 8).
La partie inferieure du scrotum correspondant au lesticule gauche, est pincee avec la main droite, les doigts etant diriges en bas et en arriere.
Ces positions prises, il s'agit de faire basculer le lesticule (flg. 9); pour cela, la main gauche pousse le cordon de haut en bas et d'avant en arriere, de facon ä imprimer ä la partie inferieure du lesticule un mouvement d'avant en arriere , et de bas en haut; la main droite tire sur les enveloppes et, en meme temps, la face externe des doigts de cette main, ä l'exception du pouce, appuyant fortement contre la face anterieure du testicule, tendantä devenir pos­terieure, continue le mouvement d'impulsion donne tout d'abord au testicule; le scrotum uni au dar-tos, entraine de haut en bas, glisse sur la pointe, et la face anterieure du testicule devient poste­rieure ; au moment oü le testicule forme avec le cordon un angle aigu , 1c pouce de la main gauche qui comprimait le cordon , se deplace et vient appuyer sur la face externe et pres de l'extremile inferieure du testicule , devenue superieure , pour aider ä terminer la eulbute de cet organe (le .tes­ticule) .
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SOUS LE RAPPORT CHIRURGICAL
(Figure 9.)
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b — Main droite tenant le fond des bourses et tirant de haut en bas.
c— Face externe des doigts appuyant centre la face pos-terieure du testicule pour le faire culbuter.
d— Testicule formant, avee le cordon e, un angle aigu.
f— Position de la main gauche.
g — Pouce abandonnant le cordon et allant appuyer sur la face posterieure du testicule, pour aider ä terminer la cul-bute de cet organe.
Les manipulations de ce deuxieme temps de l'ope-ration etant finies, le testicule se trouve place paral-lelement et en arriere du cordon. Reste, pour terminer, a faire remonter le testicule vers I'an-neau , afin de detruire, s'il en existe , les filaments
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celluleux qui pourraient rendre difficile la torsion du cordon.
Troisieme temps. — Le testicule est ramene ä la place qu'il occupait apres avoir ete bascule; les deux mains saisissent alorsle teslicule et le cordon ; les doigtsde la main droite (fig. 10), allonges le long du grand axe du testicule, lui impriment un mouve-ment de gauche ä droite et de dehors en dedans, en
(Fig. 10.) /
h — Cordou testiculaire place en avant du testicule.
t — Testicule.
j — Position des doigts de la main droite pour faire tour­ner le testicule de gauche a droite.
/, — Position de la main gauche, dont les doigts impriment ail cordon i;n inouvement de droite a gauche.
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ayant le sein d'incliner un peu sa pointe de haut en bas. Les doigts de l'antre main (ä Texception du pouce) attirent le cordon de droite ä gauche et de dedans en dehors ; ces manipulations sufflsent pour faire executer au testicule un demi-tour, alors le cordon se trouve posterieur au testicule ; dans cette position, le röle des mains change (fig. H); le pouce de la main droite appuie sur le cordon et le pousse de gauche a droite et de dehors en dedans, I'index et le medius de la meme main viennent bien-tot le remplacer pour continuer I'impulsion. Les doigts de la main gauche entrainent le testicule de droite a gauche et de dedans en dehors; le pouce de la main droite qui a abandonne le cordon, devient ici (en agissant pour le testicule comme il I'a fait pour le cordon) d'un utile secours pour aider ä completer le mouvement de torsion que le testicule doit effectuer autour de son cordon.
Les autres tours se font de la meme maniere et plus facilement; leur nombre varie; en general, plus le cordon sera long et plus ils seront nombreux; on ne doit pas cependant en faire moins de deux (e'est le nombre ordinaire), ni plus de qualre a cinq.
II est d'une bonne pratique de remonter a chaque tour le testicule a la place qu'il doit definitivement occuper, si Ton ne veut pas s'exposer a y parvenir difficilement, lorsque tous les tours, juges neces-saires, seront fa its.
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Lorsque le cordon lesticulaire est fortement tendu et offre beaucoup de resistance ä la pression , on est assure que les tours sont assez nombreux.
Le testicule droit est opere par des manipulations
(Fig. U.)
#9632; ' v -J l
te testicule a fait un demi-tour.
I — Testicule place anterieurement au cordon m.
n — Position de la main droite.
o — Pouce appuyant sur le cordon, et le dirigeant de gau­che ä droite.
p — Main gauche dont les doigts, a l'exception du pouce, entrainent le testicule de droite a gauche.
C'est le pouce, o, qui doit, lorsqu'il a abandonne le cor­don , se porter sur le testicule pour aider a terminer les mouvements circulaires qu'il doit (le testicule) effectuer autour de son cordon.
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en tout semblables ä celles exercees sur le testicule gauche, avec cetle difference que le röle des mains est change , c'est-ä~dire que les manipulations fai-tes dans le premier cas par la main gauche, le sont ici par la droite, et celles de la droite par la gauche.
Quatrieme temps. —On fait remonter les testi-cules aussi haut que possible dans le sac scrotal. Pour y parvenir, on embrasse avec les deux mains le scrotum, immediatement au-dessous des testicu-les, et de maniere a ce que le pouce et l'index de chaque main, appuyant sur la partie inferieure des testicules, et les poussant de has en haut, les fas-sent arriver oü ils doivent definitivement rester. 11 Importe de bien mettre les testicules de niveau; si Tun descendait plus que Tautre, il serait a redou-ter que le plus remonte ne se renversat, par les motifs que la ligature ne serait pas placee imme­diatement au-dessous de lui.
Les testicules etant bien regularises, reste ä attacher la ligature; pour cela le scrotum est saisi avec la main gauche , Tune des extremites du lien est tenue avec les dents, et la main droite contourne trois ou quatre fois ce meme lien autour du scrotum et immediatement au-dessous des testicules. On serre suffisamment pour qu'il ne puisse glisser, et deux ou trois noeuds terminent I'operation,
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Tel est, dans la general! te des cas , le manuel operatoire du bistournage.
Girconstancea qui obligent de modifier la mäthode operatoire.
Les sujets ä operer ne se trouvant pas toujours dans les conditions qui rendent le bistournage facile, il faut signaler les circonstances qui le rendent dif­ficile ou impossible et indiquer les modifications que doit alors subir le manuel operatoire.
Le bistournage est difficile, fatiguant pour I'ope-raleur, tres douloureux pour l'opere, et parfois impossible, chez les animaux äges, vigoureux, ä temperament sanguin ; chez ceux qui ont des testi-cules volumineux, remplissant presque entierement les bourses , ou bien des testicules petits, arrondis, les bourses tres epaisses, !e cordon spermatique gros et court.
Lorsque les animaux sont ages, le tissu cellulaire est dense, resistant, la separation du dartos d'avec les tuniques erythroide et fibreuse difficile a ob-tenir; il en est de meme des suites de quelques lesions des enveloppes testiculaires, resultant de coups, de pkjures , qui ont determine une inflam­mation de ces parties et quelquefois des phlegmons arrives a la periode de suppuration.
Dans ces cas, le premier temps de l'operation est tres penible, l'operateur fera done bien de menager ses forces et de se faire aider par un homme sir-
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goureux, qui, bien guide, pourra delruire seul les adherences, ou du moins concourir a ce but. Ainsi, on pent lui .faire tenir le scrotum fortement tire en bas, pendant que I'operateur pousse, avec ses deux mains, les testicules dans un sens oppose.
On triomphe mieux de la resistance lorsque les efforts se concentrent d'abord sur un testicule, puis sur I'autre.
II ne faut pas se laisser decourager par I'insuc-ces des premieres tentatives; ce n'est souvent qu'a-pres demi-heure et plus qu'on parvient a faire ceder ces adherences : ce resultat est du, en partie, a ce que les manipulations out determine dans la region une infiltration sero-sanguinolente qui a diminue la cohesion , la densite du tissu cellulaire.
Chez des beliers sur lesquels nous avions expe-rimentalement, pendant le bistournage, froisse for­tement les bourses , nous avons trouve, par la dis­section faite immediatement apres I'operation , le lissu cellulaire unissant le dartos aux tuniques erythroide et fibreuse, infiltre de serosite a 1a-quelle etaient melanges quelques globules san-guins.
C'est cette infiltration qui donne de h lasite au tissu cellulaire; aussi, arrive-t-il souvent, ainsi que I'a tres judicieusement observe M. Phi­lippe Festal [Journal des V4terinair.es du Midi, page 14, tome vm), que rinfiltration produite par
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les manipulations, permet de faire le bistournage r alors qu'avant il etait impossible.
Si les bourses sont etroites, le testicule long, volumineux , le cordon court et gros, il existe une grande difficulte pour culbuter le testicule ettordre le cordon spermatique.
On pent souvent la surmonter en tordant, apres le premier temps de l'operation , les bourses, le testicule et le cordon ; le tout etant retabli dans la situation normale , on dirige le testicule, pour lui faire operer la culbute, un peu obliquement a la direction de son cordon.
Une fois le testicule bascule, si Ton eprouve de la resistance pour operer la torsion du cordon , il faut encore tordre tout a la fois, comme on I'a fait tout d'abord, envoloppes, testicule et cordon. Pour cela, on saisit le testicule avec les deux mains, une a chaque exlremite de cet organe , et le ren-dant presque horizontal au cordon , on lui imprime un mouvement de rotation ; mais les enveloppes ayant suivi le mouvement du testicule, il faut ra-mener le tout dans sa premiere position, et agir alors comme dans les cas oil le bistournage est facile.
11 est rare que ces manipulations, executees deux ou trois fois, ne permcttent pas de terminer une operation qui cut ete impossible sans le secours des modifications apportees au manuel operatoire ordi­naire.
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Enfin, il est des circonstances ou le testicule est petit, presque rond, et avec cela les enveloppes sont tres larges, le cordon est generalement peu volumineux. Si cette disposition organique ne fail eprouver, ä un Operateur un peu exerce, de grandes difficultes, il est quelquefois difficile de fixer d'une maniere solide le testicule vers I'anneau inguinal; a peine I'operation est-elle terminee, que le testicule revient a sa premiere position, et I'operation est manquee.
Deux moyens sont a notre disposition pour eviter cet accident.
Le premier consiste, une fois le testicule culbute, a ne pas le faire monier, ni avanl, ni apres la tor­sion, vers I'anneau inguinal, ainsi que nous I'avons recommande pour les cas oü cet organe est nor-malemenl conforme, attendu qu'en lui imprimant le mouvemenl d'ascension , il redevient perpen-diculaire au cordon, et le but propose n'est pas atteint.
Le deuxieme, je l'ai indique dans le Journal des VdtMnair.es du Midi (annee 1842, page 17G). Je disais : laquo; Toulcs les fois que je rencontre celte der-niere disposition, j'ai la precaution de melire sur les enveloppes une seconde ligature que je place au-dessusde la premiere; je lortille les deux bouts, je leur fais suivre le milieu et la face posterieure des testicules; vers la partie superieure de ces
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organes, je les separe et les conduits anterieure-ment; la, je les reunis par un noeud. raquo;
II est des cas oü le bistournage semble materiel-ment impossible , vu la conformation des organes a manipuler; cependant, a la suite de compres­sions , de tiraillements exerces sur les bourses, ces organes deviennent, apres douze ä vingt-quatre heures, le siege d'une infiltration ayant pour resul-lat de dilater fortement les bourses, et d'assouplir le tissu cellulaire. C'est ce moment qu'il faut saisir, pour reprendre l'operation, et sou vent on est assez heureux pour voir ses efforts couronnes de succes. C'est encore ce moment qu'il faut saisir, lorsque les testicules , malgre les precautions indiquees, ne peuvent rester paralleles aux cordons. L'infiltralion fait ici I'effet d'un bandage contentif et maintient les testicules mieux que ne pourraient le faire les ligatures ; ce qui ne doit pas neanmoins empecher d'en placer une.
Les dispositions organiques qui viennent d'etre signalees existent quelquefois a un degre tel, que, malgre toutes les modifications apportees au manuel operatoire, le bistournage est impossible; force est alors d'avoir recours a un des autres moyens de castration.
Phenomenes consdcutifs ä reparation.
Les phenomenes consecutifsä l'operation sontge-
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neralement en rapport avec l'irritabilite du sujet, 1'age anquel on pratique le bistournage, et les diffi-cultes qu'on a rencomrees ; aussi les symptömes seront-ils d'autant moins intenses que le sujet sera moins irritable, plus jeune, et que Toperation aura ele facile.
11 est neanmoins d'observation que, chez ties in-dividus maigres, peu energiques, ou ä tempera­ment lymphatique, Finfiltration des bourses est ordinairemont plus considerable que chez les ani-maux se trouvant dans des conditions opposees.
Quoi qu'il en soit, immedialement apres Tope­ration, on voit se produire les symptömes suivants: mouvements ondulatoires et flexion du train poste-rieur, trepignements des pieds de derriere; parfois des erections ont lieu , la verge sort et rentre avec rapidite du fourreau ; decubitus lateral durant le-quel les membres sont raides, et les pieds posle-rieurs frappent le sol avec force; I'encolure est tendue , la tete portee en arriere; les yeux sont parfois agiles,de mouvements convulsifs; on dirait I'animal en proie ä un acces tetanique.
Le taureau se releve bientöt, se poi te a droite, ä gauche, en avant, mais le plus souvent en arriere; il se recouche, et les phenomenes dejä signales se reproduisent; il n'est pas rare d'entendre les ani-maux pousser des plaintes; le pouls est frequent, vite , les muqueuses sont legerement injectees , la
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respiration est acceleree; des sueurs generales ap-paraissent aussi parfois.
Ce trouble general, ces coliques sont tres varia­bles quant k l'intensite et a la duree ; les coliques, tres vives, vont s'affaiblissant graduellement et oni generalement disparu au bout de 2 a 6 heures ; le trouble general suit la marche decroissante des coli­ques.
Alors les animaux appetent les aliments, la rumi­nation se retablit; la surexcitation k laquelle ils ont ete en proie laisse I'economie dans un affaissement, une lassitude d'autant plus prononces que le trou­ble general a ete lui-meme plus intense.
Les phenomenes qui viennent d'etre signales ne sont pas le cortege oblige du bistournage : chez quelques animaux, I'operation ne produit aucun trouble , pas la moindre colique.
Le lendemain de I'operation rien dans I'economie n'atteste la fievre qui existait la veille.
A cette epoque , I'mfiltration qui commence ä se produire durant les manipulations, est tres evi­dente ; les bourses sontluisantes, tendues, chaudes, douloureuses, et ont acquis un assez gros volume ; elles conservent l'impression des doigts qui les compriment.
Si le bistournage a ete tres penible, on observe ca et lä, sur le scrotum, des ecchymoses.
Ces pbenomenes inilammatoires sont beaucoup
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plus prononces au-dessus qu'au-dessous de la liga­ture.
Le degre d'intensite de I'infiUratioD des bourses indique le momenl oil il est convenable d'enlever la ligature appliquee au-dessous des testicules.
Cette petite operation se fait aisement et sans avoir recours aux moyens contentifs.
C'est generalement apres quarante-huit heures qu'on doit delier les bourses. Le but propose en appliquant la ligature, c'est-a-dire empecher les testicules de se renverser, indique suffisamment que I'epoque doit necessairement varier selon que I'inflammation est plus ou moins longue a se pro-duire.
On peut done poser en regie generale que le moment opportun est celui oü Finfiltration est assez volumineuse pour distendre les bourses et exercer une contention capable d'empecher les testicules de se renverser.
Lorsque la ligature es( enlevee, rinfiltration, peu developpee jusques-lä en dessous d'elle , se pro-page avec rapidite jusqu'au fond des bourses, qui ont bientöt la forme d'une masse cylindrique.
La rapidite avec laquelle ce pbenomene se pro-duit, fait souvent croire aux proprietaires que les testicules sent descendus et que le bistournage est manque. II n'est pas rare meme que I'operateur ne soit prie d'aller y remedier.
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Le toucher permet aisement de distinguer Tin-filtration d'avec la presence du testicule ou des ies-ticules au fond des bourses.
Nous aurons toutefois le soin d'indiquer, en par-lant des accidents du bistournage , les symptomes differents que fournit, dans Tun et l'autre cas , la palpation.
Cette inflammation des bourses est generalement toute locale, at malgre que souvent ces organes aient acquis trois ou quatre fois leur volume ordi­naire , I'appetit, la rumination se maintiennent; la circulation , la respiration ne sont pas sensi-blement modifiees; la locomotion est parfois em-barrassee, les membres posterieurs sont ecartes, I'animal marche avec precaution pour eviter les douleurs determinees par le ballottement des bourses.
En quatre a six jours les phenomenes inflamma-toires sont ordinairement parvenus a leur summum d'intensite ; a dater de ce moment, la resolution va graduellement s'operant, et en quinze a vingt jours e!le est complete.
Martelage.
Cette operation consiste en une contusion süffi­sante du cordon pour produire la disorganisation de l'artere nourriciere du testicule et par suite l'atrophie de cet organe.
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M. Chanel, veterinaire en Bourg-en-Bresse, a le premier [Journal pratique, 1826, p. 86), decrit le martelage. M. Rey a aussi fait mention de ce precede [Journal de Medecine veterinaire, annee 1848, page 2b5), et il croit qu'on pourra I'appli-quer ä d'autres animaux que le taureau, entre autres le belier et le poulain.
M. H. Bouley I'a aussi decrit dans son article sur la castration.
Voici, d'apres ce dernier auteur, la maniere d'y proceder :
Vappareil d'instruments consiste en deux batons de bois dur, de forme cylindrique , ayant 1 metre de longueur sur J) centimetres de diametre , et en un marteau a bouche large , fait avec la racine de buis, dans lequel on a coule du plomb pour le rendre plus pesant. Le marteau a panne da mare-chal, le brochoir pourraient ?ervir a cet usage.
Procede operatoire. — LTanimal est assujetti en position debout, la tete solidement fixee par les cornes, k la creche , a un pilier ou a un arbre; deux barres sent placees en croix sous son ventre , pour l'empecher de tomber, et les membres poste-rieurs entraves.
L'operateur, place derriere le taureau , s'assure de l'etat sain des cordons spermatiques et des testi-cules; puis il dispose les deux batons, Tun en avant, I'autre en arriere du scrotum, ä 4 ou 5 cen-
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Le toucher permet aisement de distinguer Tin-filtration d'avec la presence du testicule ou des ies-ticules au fond des bourses.
Nous aurons toutefois le soin d'indiquer, en par-lant des accidents du bistournage , les symptomes differents que fournit, dans Tun et l'autre cas, la palpation.
Cette inflammation des bourses est generalement toute locale, et malgre que souvent ces organes aient acquis trois ou quatre fois leur volume ordi­naire , I'appetit, la rumination se maintiennent; la circulation , la respiration ne sont pas sensi-blement modifiees; la locomotion est parfois em-barrassee , les membres posterieurs sont ecartes, I'animal marche avec precaution pour eviter les douleurs determinees par le ballottement des bourses.
En quatre a six jours les phenomenes inflamma-toires sont ordinairement parvenus a leur summum d'intensite ; ä daler de ce moment, la resolution va graduellement s'operant, et en quinze a vingt jours eile est complete.
Martelage.
Cette operation consiste en une contusion süffi­sante du cordon pour produire la desorganisation de l'artere nourriciere du testicule et par suite l'atrophie de cet organe..
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M. Chanel, veterinaire en Bourg-en-Bresse, a le premier [Journal pratique, 1826, p. 86), decrit le martelage. M. Bey a aussi fait mention de ce procede [Journal de Medecine veterinaire, annee 1848, page 255), et il croit qu'on pourra I'appli-quer ä d'autres animaux que le taureau, entre autres le belier et le poulain,
M. H. Bouley I'a aussi decrit dans son article sur la castration.
Voici, d'apres ce dernier auteur, la maniere d'y proceder :
L'appareil d'inslritments consiste en deux batons de bois dur, de forme cylindrique , ayant 1 metre de longueur sur 5 centimetres de diametre , et en un marteau a bouche large, fait avec la racine de buis, dans lequel on a coule du plomb pour le rendre plus pesant. Le marteau a panne du mare-chal, le brochoir pourraient servir a cet usage.
Procede operatoire. — L'animal est assujetti en position debout, la tete solidement fixee par les cornes, a la creche , k un pilier ou a un arbre; deux barres sont placees en croix sous son ventre , pour l'empecher de tomber, et les membres poste-rieurs entraves.
L'operateur, place derriere le taureau , s'assure de l'etat sain des cordons spermatiques et des testi-cules; puis il dispose les deux batons, Tun en avant, I'autre en arriere du scrotum, ä 4 ou 5 cen-
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timetres au-dessus des testicules, et les fait ensuite rapprocher par deux aides places Tun a droite , I'autre a gauche de Tanimal, de maniere k serrer fortement les cordons interposes entre eux deux. Ces batons etant reunis par des cordes , Toperateur leur fait imprimer un mouvement de rotation sur leur axe, qui a pour resultat de les superposer Tun a Tautre, l'anterieur devenant superieur et le pos-terieur inferieur. Dans cette position, les cordons fortement tendus, decrivent la double courbe d'une S, en se moulant sur les contours des cylindres de bois qui les compriment. L'operateur commande alors ä ses aides d'en appuyer les extremites sur leurs genoux pour les rendre immobiles , puis, il s'inflechit en arriere de l'animal, saisit les testicu­les de la main gauche, de maniere a les fixer ; de la droite armee du marteau , il frappe Tun apres I'au­tre chaque cordon , au point oil il s'appuie sur le baton inferieur, c'est-a-dire immediatement au-des­sus des testicules.
D'apres M. Chanel, le nombre de coups neces-saires varie selon la force du sujet et l'habitude de l'operateur; mais ils doivent toujours etre don-nes bien a plat et sans precipitation. afin de prevenir le derangement du cordon. Lorsqu'il le juge assez ecrase, il passe au cordon oppose et precede de la meme maniere ; il applique ensuite une ligature peu serree au-dessus des testicules^
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pour les empecher de remonter (on peut negliger cette precaution), et graisse bien tout le scrotum avec de l'axonge ou du beurre, pour diminuer rinflammation trop vive qui succederait aux contusions.
M. Rey porte a une minute la duree de l'opera-tion.
Ecraaement de la substance testicnlalre.
Cette methode, entierement abandonnee et dont le seul enonce inspire de l'horreur, consistait, d'aprös Fromage de Feugre, a comprimer forte-ment les testicules entre des tenailles a mors larges et plats, ou a les contondre entre deux morceaux de bois.
Castration ä l'aiguille.
Cette methode de castration, frequemment em­ployee chez les taureaux qui ont ete manques, ou qui n'ont pu etre bistournes, consiste a compren-dre, par le precede sous-cutane , le cordon sper-matique dans I'anse d'une ligature, de maniere a le serrer assez pour determiner l'obliteration des vaisseaux testiculaires, d'oü resulte l'atrophie des glandes spermatiques.
Vatel a decrit ce mode de castration employe chez le poulain.
En 1842, nous avons fait connaitre (Journal des Veterinaires du Midi, page 178), l'applicatipn du
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380nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES BfiTES BOVINES
precede de Vatel chez le taureau. Plus tard, nous modiBames ce precede , que M. Chicot-Fontenilie modifia ä son tour [Journal des Veterinaires du Midi, annee 1847, page 262).
M. Festal (Philippe) a aussi decrit ce precede dans le Journal des Veterinaires du Midi, 1845, page 18. M. H. Bouley en a fait aussi mention dans son arti­cle sur la castration.
Teus ces auteurs sent d'accord pour reconnaltre teus les avantages qu'on peut retirer de ce mode operateire, principalement pour les taureaux qui ent ete manques.
La castration ä l'aiguille a aussi ete essayee chez les solipedes; mais comme ce precede est loin d'avoir, chez ces animaux, re^u de l'experience une sanction favorable , il n'en a pas ete question a prepes des modes d'emasculation des solipedes.
On doit done, jusqu'a plus ample informe, reser­ver ce precede pour les taureaux et dans certains cas.
La castration ä l'aiguille peut se pratiquer ftapres trois procedes.
Pour le premier (nous I'avons decrit en 1842), il faut, comme appareil d'instruments, une aiguille courbe de fort calibre, munie de fll de flandre cire, de 80 centimetres de longueur, de deux petits bätonnets de 10 a 12 centimetres, et d'une paire de ciseaux.
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Manuel operaloirc. — Le taureau etant assujetli comme pour le bistournage ou place dans un tra­vail , le membre correspondant au testicule sur lequel on doit operer, est maintenu en avant a I'aide d'une plate-longe. L'operatcur, place en arriere de l'animal, et flechi sur ses genoux, fait tenir par un aide le testicule, sur lequel il va agir, au fond des bourses; admettant qu'il opere sur le cöte gauche, il saisit, aussi haut que possible , le cordon entre le pouce et l'index de la main gauche , le tire en arriere et plonge I'aiguille dans la peau , au niveau du point oü le pouce est applique. Une fois que la pointe de I'aiguille est parvenue dans le sac vaginal, il lui fait oirconscrire le cordon et la fait sortir par I'ouverture qu'elle s'est frayee en entrant.
On met lesdeuxbatonnets auxextremitesdu lien. Alors le cordon est etreint dans un premier noeud consolide par un second.
Meme maniere d'agir pour le cordon oppose; seu-lement les mains changent de röle.
Au lieu de faire penetrer I'aiguille dans le sac va­ginal, certains Operateurs (je l'ai fait el vu faire par des empiriques), entourent tout le cordon , y com-pris I'ilio-testiculaire. J'ai aussi essaye de ce mode, il n'offre pas plus de facilite que le premier; la com­pression etant moins exacte, le succes moins cer­tain el les douleurs plus vives, j'ai du y renoncer.
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Le deuxieme procede est celui de M. Chicot-Fonte-nille. La difference qu'offre ce procede d'avec celui dont il vient d'etre question, c'est que l'operateur place en dehors du sac scrotal, dans l'anse du fil qui enlace le cordon, un billot de bois de 9 centi­metres de long sur 1 de diametre, dont il se sert, comme d'un tourniquet, pour serrer le cordon avec une puissance difficile ä obtenir par le premier procede. Le bätonnet est maintenu fixe sur le scro­tum, au moyen des extremites flottantes des ligatu­res , que Ton enroule autour des bourses deux ou trois fois, afin de fixer le billot, le tout sans trop serrer. L'habitude seule peut indiquer le degre de constriction ä exercer. Apres trente heures environ l'effet de la ligature estproduit, et on peut enlever le billot.
11 n'est pas dit si l'aiguille, pour entourer le cor­don , penetre dans le sac vaginal ou seulement sous la peau.
Nous pensons que c'est sous la peau ; on ne com-prendrait pasautrement la necessite du tourniquet, dont l'utilite n'est pas contestable, vu la necessite d'une forte compression , lorsque tout le cordon est compris dans la ligature.
Le troisieme procede est celui de Vatel applique au taureau. 11 consiste, l'animal etant fixe comme dans le premier procede, ä traverser, au moyen d'une aiguille droite munie d'une ficelle assez Ion-
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gue, d'outre en outre , la peau correspondant au cordon lesticulaire, ä pousser le cordon dans I'anse formee par la corde, a repasser I'aiguille par les inemes ouvertures, et a serrer fortement. La com­pression doit etre exercee avec d'autant plus de force, que le cordon est compris en entier dans le noeud. Le tourniquet serait ici tres utile.
Ce dernier procede est d'une tres prompte exe­cution , il s'agit seulement d'avoir un lien assez resistant et d'etreindre fortement le cordon.
Castration sanglante.
Toutes les methodes qui ont ete decrites pour les solipedes, peuvent etre employees chez le taureau; les modifications, motivees par la disposition de l'ap-pareil lesticulaire, que subissent ces precedes sont si pen importantes , qu'il est inutile de s'y arreter, il n'y a d'ailleurs de generalement usiteque la tor­sion pour les animaux jeunes, el les casseaux pour les adultes.
Toutes ces methodes ayant ete decrites , il n'y a qu'ä signaler une des modifications de la castration par les casseaux, designee sous le nom de castra­tion ä testicules converts par la peau. Ce mode d'emasculation consiste a placer entre les branches d'un casseau assez long, les cordons spermatiques y compris la peau , el a serrer sufflsammenl pour determiner la mortification de toutes les parties placees en dessous de l'appareil de compression.
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Cette methode a ete decrite et recommandee par MM. Mangin (Memoire envoye a la Societe centrale d'Agriculture pour le concoursde 1835); Dehan, de Luneville (Mem. ined. de la Soc. d'agric, 1838) ; Villeroy [J. d'Agric. pratique, mai 1851); Cluzet (/. de med. vet., 1852 , p. 114); el Vialard, pro-fesseur ä TEcole de la Saulsaie (De la race bovine de Salers, 1857).
Appareil d'instrumenls : 11 consiste en deux pieces de bois de 20 a 25 centimetres de longueur sur 2 a 3 chacune d'epaisseur et de largeur, reunies ä Tune de leurs extremites par une forte charniere , dont les montants se prolongent et sont solidement fixes sur toute leur face exterieure; a Tautre, par une vis que Ton serreä I'aided'un ecrou.
Les faces internes de ces pieces sont, pour limi­ter la surface de compression , (ailiees en biseau obtus. Get appareil, on le comprend, est suscepti­ble de plusieurs modifications, ayant toutes pour but d'augmenter la pression.
Manuel operaloire. — Le taureau etant conve-nablement assujetti debout, l'operateur refoule les testicules au fond des bourses et place les cordons entre les branches de l'inätrument, dont l'une est anterieure et Tautre posterieure au sac scrotal.
11 ne reste plus qu'ärapprocher les branches avec les doigts d'abord, puis avec la vis.
Pendant les premiers cinq k six jours qui suivent
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['operation, on augmente la pression en serrant I'ecrou.
Si la pression est süffisante, la masse scrolale est, d'apres M. Dehan , froide au bout de 8 ä 10 minutes.
Pour eviter l'adherenee des casseaux a 1'eschare, les bouviers de la Meurthe les enduisent d'un corps gras.
Apres huit ä dix jours, on fait l'excision de la masse scrotale en dessous du oasseau que Ton de-tache immediatement apres.
Ce mode operatoire ne serait, au dire des auteurs qui en ont parle, jamais suivi d'accidents, et serait applicable chez les animaux de tout äge et a toutes les epoques del'annee.
Carlo Corradi [Giornale di Velcrinaria, numero d'aoüt 1855), signale un mode d'emasculation employe par Rocco, veterinaire Italien , et qui n'est autre que le bistournage , suivi d'une forte traction exercee sur les cordons, afin de produire leur rupture.
Nous comprenons la possibilite de cette rupture chez les veaux. Mais nous avons vainement essaye de la produire chez des taureaux äges de 15 a 18 mois seulement.
Ce procede, que! que soitses avantages, ne pour-rait done etre d'une application generale. Pourquoi,
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386nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES BETES BOV1NES
d'ailleurs, augmenler les douleurs, lorsque la tor­sion suffit. Son emploi serait utile dans les seuls cas oil, les testicules ne pouvanl etre maintenus bascules, Ton aurait a craindre la detorsion du cordon.
M. Festal (Memoires de la Societe veterinaire du Calvados ctde la Manche, IG' annee) decrit un pro-cede d'emasculation dont I'application serait facile chez 'es jeunes animaux et conviendrait pour les taureaux manques.
11 consiste a meltre le testicule ä decouvert, ä in-ciser, dans toute l'etendue de sa grande courbure , la membrane albuginee, et a faire sortir par la pres-sion le parenchyma testiculaire.
La membrane corticaie demeurcfixce au bout du cordon ct simule un testicule emacie par le bistour-n age.
Par cette methode, on evite les hemorrhagies, et les douleurs ressenties par I'opere sent pen vives.
Les fnits nous manquent pour juger ce mode operaloire. D'apres nos essais, il ne serait pas fa­cile de vider, par la seulc pression, la tuniqne cor­ticaie ; rnais on y parvieat en passant le doigt entre cetlc membrane et le parenchyme testiculaire.
Hygiene des operds.
Doll-on somneltre ä un trailement les animaux hislournis? Non, dans les conditions ordinaires. De
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meme que nous avons reconnu , d'une maniere generale, Tinutilite de preparer les animaux a l'operalion, de meme aussi nous ne voyons aucune necessite de saigner les animaux, de les soumettre au regime, etc.
Pourquoi ces precautions alors qu'il s'agit de phenomenes parcourant leurs phases avec regula-rite? Ainsi, poser en principe.qu'on doit, apres le bistournage, pratiquer des emissions sanguines, n'est pas notre avis.
Dans quel but la phlebotomie ? Est-ce pour pre-venir la fievre de reaction? Ordinairement il ne s'en montre pas (1). Est-ce pour s'opposer au deve-loppement des symptömes locaux ou obtenir leur prompte resolution? Mais ces symptömes sont indis­pensables, et ils doivent meme avoir une certaine duree afin de fixer definitivement les testicules dans la position qu'on leur a donnee.
La saignee est done sans aueun avantage, et eile peut, appliquee chezles animaux maigres, affaiblis, avoir, ainsi que I'a signale notre honore confrere, M. Philippe Festal [Journal des Vcterinaires du Midi, t. vni, p. 15), des inconvenients, tant sous le rapport de la sanle de l'individu que pour le resultat de l'operation.
(1) On ne pent considercr comnae flevre de reaction, I'etat passager de surexcitation apparaissant immediatement apres le bistournage.
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On coiiQoit qu'il est tout-a-fait irrationnel d'en-lever du sang ä un animal en ayant a peine suffi-samment ponr le libre exercice de ses fonctions.
Un certain degre d'inflammation etant reconnu indispensable au succes de l'operation, pourquoi s'opposer au developpement de ce phenomene pa-thologique? pourquoi, une fois produit, chercher ä eh obtenir une trop1 prompte resolution? Ce serait, ce nous semble, agir bien inconsiclerement.
Nous n'ignorons pas quo, dans certains cas , la saignee est utile, et notre intention n'est certes pas de la proscrire sans exception ; mais pour saigner, faut-il encore qu'il y ait indication ; ces indications, nous les ferons connaitre en leur lieu.
Si nous sommes pen partisan de la saignee employee sans motifs, nous no tiendrons pas non plus, ä moins de circonstances particiilieres, a sou-mettrc les animaux bistournes au regime.
D'apres nous, il est done tout-ä-fait inutile, sinon nuisible, s'il n'y a pas indication, de changer en Hen les conditions hygieniques oü so trouvent pla­ces les individus operes.
C'est encore la un des bons cötes du bistournage et qui, sans nul doute , sera bien apprecic par les veterinaires ayant ete en meme de juger combien il est difficile d'obtenir, des personncs chargees dans nos campagnes de soigner les animaux , des
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SOUS LE RAPPORT CHIRURG1CAI.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 389
modifications dans les conditions hygieniques des sujets operes.
La seuie recommandation mile ä faire , c'est de ne pas laisser courir les animaux, alors que I'engor-gement des bourses est arrive a la periode d'etat; le ballottement de cette partie enflammee, les chocs qn'elle eprouve contre les cuisses sont susceptibles de la faire augmenter beaucoup et de provoquer meme une fievre de reaction assez intense.
Les considerations relatives a l'hygiene des ani­maux bistournes trouvent leur application pour les autres precedes de castration non sangiante.
Quant a Thygiene des animaux operes par les methodes de castration sangiante, on doit prendre les precautions recommandees pour les solipedes qui ont subi ces memes operations.
Modificalions que subissenl les organes de la generation apres le bistournage. — Nous I'avons dit : les manipulations necessitees pour roperation produisent la separation complete du dartos d'avec les tuniques erythroide et fibreuse. Apres le premjer temps de l'operation, le dartos forme une espece de bourse oil le testicule, enveloppe des tuniques erythroide et fibreuse, est libre.
Bientot apres le bistournage, on pourrait meme dire pendant, une exsudation sero-sanguinolente se produit dans le tissu cellulaire qui unissait le dartos
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a la tunique erythroide; toutes les enveloppes tes-ticulaires deviennent aussi le siege d'une congestion active tres energique. C'estce que nous ont pvouve les dissections faites iramediatement apres le bis-tournage.
Ces phenomenes pathologiques, qui, en s'aggra-vant, constituent les engorgements inflammatoires dejä signales, ne sont pas oeux qui doivent le plus nous occuper; nous n'aurions, en effet, rien h ajou-tor aux importants travaux fails de nos jours sur la congestion et l'inflammation au point de vue de l'anatomie pathologique.
Quant aux modifications survenues, quelque temps apres le bistournage , dans les organes de la generation, elies ont ete examinees a la page 76. Les autres methodes de castration non sanglante produisent les memes modifications organiques.
Examen oomparatif des diflerentes methodes de castration.
Chez les ruminants, la forme des organes ä ma-nipuler se prete, on ne pent mieux, ä l'operation : le lesticule de ces animaux est allonge et place pcrpendiculairement au cordon; celui-ci est long. Toutes ces dispositions rendent l'operation tres facile.
Ce premier point etabli , meUons en parallele le bistournage du laureau uvec les autres methodes de castration; et, d'abord, toutes celles qui consis-
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tent ä enlever les testicules, reclament un grand appareil : il faut abattre les animaux, produire une plaie, placer des casseaux ou des ligatures, ou bien cauteriser, toutes choses qui, si elles n'ont pas I'in-convenient d'etre longues ä executer, sent quelque-fois suivies d'hemorrhagies morlelles, tie peritonite, de gangrene, de telanos, d'inflammation du cordon testiculaire. De tels accidents se montrent-ils par le premier procede? Nous pouvons certifier le con-traire, car, sur plus de 20,000 animaux que nous avons bistournes, nous n'avons, ä part quelques cas d'engorgement du cordon, de non reussite de l'ope-ration et de la suppuration du lesticule, jamais constate aueun de ces accidents, et nous n'avons pas eu de mortalite. Or, je le demande, peut-on , par les autres procedes, se promettre un lei re-sultat?
Quant au temps que reclame I'operation, il est en general de 5 a 10 minutes pour les taureaux, d'une minute pour les beliers. L'appareil est des plus simples : quelques brins de fil ou de laine et les instruments naturels; aides moins nombreux, ayant plutöt besoin de force que d'intelligence.
11 n'y a done pas, pour tout homme non pre-venu, a hesiter un seul instant pour le choix du mode operatoire; le bistournage ne reunit-il pas tous les avantages des autres procedes, sans en avoir les inconvenients? Le seul reproche a lui
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adresser, c'est d'etre quelquefois en defaut; mais hatons-nous d'ajouter que si les animaux sont man-ques, c'est plutot la faute de I'operateur que du pro-cede. En parlant des difficultes du bistournage , nous avons indique les rhoyens propres a rendre les insucces excessivement rares.
Resterait a mettre ce procede en parallele avec le mortelage; M. Leblanc, Journal de Medecine velerinaire et comparee, annee 182G, page 234, soutient avec raison, selon nous, que le martelage est moins avantageux que le bistournage, par les motifs qu'il faut un appareil d'instruments plus compliqne et plus d'aides que pourle bistournage; le succes de l'operation est aussi moins certain. Ce mode pent cependant trouver son application dans les cas ou le bistournage est impossible. Nous avons cssaye, et sans effet, le martelage sur plusieurs animaux : est-ce ä dire que nous meltions en doute les resultats obtenus par M. Chanel et ä l'Ecole de Lyon ? nous aimons mieux penser que nous n'avons pas suffisammenl marlele, redoutant peut-etre de produire sur la peau de trop fortes ecchymoses, la mortification de ce tissu, des abces. (Nous regret-tons de ne pas etre fixe sur le nombre de coups a frapper et la force a imprimer a cbacim d'eux.) Ne serait-il pas possible de trouver un moyen de mesurer rintensite de chaque coup, la force de pression, en un mot, ä exercer sur le cordon pour que l'operalion füt complete?
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Pour le bistournage, nous savons, en effet, que deux a trois tours fails au cordon, au moins chez le taureau, suffisent pour obliterer les vais-seaux et etre sur -(a moins d'accidents forts rares) que I'operation sera suivie du resultatqu'on se pro­pose.
La castration ä l'aiguille pent etre utile dans quel-ques cas particuliers; eile ne deviendra pas unc pratique usuelle, attendu que I'operation est plus longue, que le succes cst moins certain que par le bistournage, que la mortiflcation des testicules est a redouter et dans quelques cas la gangrene trauma-tique.
Ainsi, d'apres nous, le bistournage est, pour les ruminants, le precede de castration le plus simple, le plus expeditif et le plus sur; et jusqu'a ce que I'experience nous ait fait connaitre une methode plus avantageuse, nous ne discontinuerons pas a le mettre en pratique et a le recommander.
Ajoutons que si nous voulions employer unautre precede, il nous serait difficile d'y parvenir, dans les contrees du sud-ouest de la France surtout, tant les proprietaires sont convaincus des immenses avantages qu'il offre.
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CASTRATION DES PETITS AN1MADX
SECTION TR01S1EME.
CASTRATION DES PETITS ANIMAUX.
Sommaire : Procedes de castration usites pour les petits ruminants. — Le verrat, le chien , le maton , le lapin, le coq, les poissons.
Les details fournis sur les procedes de castration utilises chez les animaux de la premiere et de la deuxieme section, nous permettront d'enoncer seu-lement, ä moins d'avoir a signaler quelques parti-cularites, les modes operatoires decrits et qui trouvent leur application chez les animaux de la troisieme section.
Quant aux methodes de castration specialement employees chez ces especes, et dont il n'a encore ete rien dit, nous consacrerons a leur description tout le temps necessaire; les modifications anatomi-ques offenes parl'appareil testiculaire seront aussi indiquees.
Petits ruminants.
Espece ovine. — Les procedes de castration employes chez les males de cette espece sont , pour les modes de castralion non sanglanle, les memes que pour le taureau. Le histournage est neanmoins le plus generalement usite.
Pour ceux de castralion sanglanle : le fouel-
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SOUS LE RAPPOSS^HIRURGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;S95
tage (!)„ Yarrachement, la torsion, la ligature, \excision simple, plus rarement les casseaux.
L'age des animaux soumis ä la castration, decide du precede operatoire ä employer. Chez les agneaux qui n'ont pas atteint leur quatrieme ou cinquieme mols, on emploie generalement les procedes decalaquo;-tration sanglante.
La maniere d'assujettir le sujet n'offre rien de particulier; l'important est de meltre bien ä decou-vert la region testiculaire.
Si Ton a recours aux modes aulres que le fouet-tage, le premier temps de l'operation pent \arier, ou bien on excise le fond des bourses, ou Ton pra­tique une excision transversale sur le scrotum tendu et qui Interesse toutes les enveloppes. Dans les deux cas , les testicules s'echappent de leurs gaines vaginales mises a decouvert : c'est chiitrer en agneau.
Si, au lieu d'une seule incision, on en pratique une pour chaque testicule , l'operation est dite : chalrer en veau.
Dans le second temps , on divise le cordon , soil par excision simple, soit par la torsion bornee ; les mains seules, vu le peu de resistance offerte par le cordon, suffisent a cet effet. L'emploi des pinces est
(I) Les motifs enonces ä la page 192, a propos de la cas­tration a Vaiguille, nous font places' le fouettage dans la cas­tration sanglante.
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396nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES PET1TS AN1MAUX
tres rationnel, mais le temps pris pour les placer soffit a I'operation; comme on a generalement beaucoup d'animaux a operer, il faut se hater le plus possible, ä la condition, toutefois, de bien faire.
II est des bergers chätreurs qui, pour rompre le cordon , saisissent le testicule, depouille de ses en-veloppes, avec leurs dents, appliquent une main de chaque cöte de celte glande et relevent fortement la tete.
C'est la un precede ä bannir de la pratique.
Chez les sujets qui ont depasse Tage de cinq mois, on peut encore recourir ä la torsion bornee. Mais les methodes les plus usitees sontle bistournage et le fouetlage. Chez les vieux beliers, on emploie quelquefois la castration par les casseaux, la ligature.
Bistournage. Le manuel operatoire etant le meme que pour le taureau, nous signalerons seulement quelques particularites.
C'est generalement au printemps, quelque temps avant ou apres la premiere tonte, qu'on pratique cette operation.
Si Ton a un grand nombre d'agneaux ä bistour-ner, il Importe, pour l'economie du temps, de diviser la bergerie en deux compartiments, afin de separer les animaux operes de ceux qui ne le sont pas.
Deux aides sont utiles , Tun pour aller chercher les agneaux et l'autre pour les tenir.
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Pour fixer I'anirnal, I'aide le saisit par les jam-bes de devant et le renverse ; dans cetle position, I'agneau a sa tete situee entre ses membres de devant et son dos place entre les jambes de I'aide.
L'operateur, assis et faisant face au ventre de Fanimal, retient et ecarle avec ses pieds les mem­bres posterieurs du sujet a operer.
Deuxieme temps. — Le pouce de la main gau­che est applique sur la partie anterieure du cordon ; l'index et le medius le sont sur la partie posterieure; le cordon est tire d'arriere en avant, et la culbute du testicule se fait d'avant en arriere ; lorsque le testicule est renverse, le cordon est posterieur a cet organe.
Troisiime temps. — Le nombre do tours fails au cordon est en general de quatre a cinq.
La position donnee ä l'animal oblige ä faire subir au manuel operatoire ces simples modifications. Pour fixer la ligature, dont la longueur doit etre de 40 a 50 centimetres environ, on n'a qu'ä main-tenir, avec le pouce ou l'index d'une main. Tune de ses extremites, pendant que I'autre main la contourne autour des bourses.
Apres l'operation , l'animal sautille sur son der-riöre et va a reculons , quelquefois il se laisse tout-ä-coup lumber et raidit convulsivement son corps. Ces phenomenes sont de peu duree.
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398nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES PETITS ANIMAUX
Surviennent apres la serie des syraptömes indi-ques ä propos du taureau.
Foueltage. — Gelte methode de castration a la plusgrande analogic avec celle laquo; teslicules couverts par la peau; la seulc difference existant entre elles,c'est qu'on emploie une ligature au lieu d'unc espöee de casseau , et qu'on exerce, en une seule fois , une etreinte süffisante pour produire la mor­tification des parties liees.
Les epoques propices ä l'operation, sont les memes que pour le bistournage : le foueltage se pratique ordinairement le matin, les animoux etant a jeun.
Pour tout appareil d'instruments , il faut un bout de ficelle et deux petits bätonnets, Tun ä chaque bout du lien , pour serrer le noeud avec plus de force.
I/animal est assujetti en position dorsale, les membres posterieurs sont maintenus rapproches de ceux de devant. Alors I'operateur, ayant arrache la laine qui pent exister sur le point des bourses ä etreindre , enlace le sac scrotal dans le double cer-cle d'un noeud de saignec fait avec la cordc ; puis Tun des bätonnets est confie a un aide place a l'oppose de I'operateur; celui-ci s'empare de l'aatre bätonnet, et lous deux operent, sans secousse et graduellement, une traction süffisante , sans faire
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penetrer la corde dans la peau; puis on lermine par un noeud simple et droit.
Apres trois ou qualre jours, on excise tous les tissus places en dessous du noeud.
L'habitude apprend le degre a donner a la cons­triction. On a recommande de passer, apres I'opera-tion , les doigts entre les mächoires , .pour detruire la contraction tetanique de leurs muscles , et de faire sortir mecaniquement la verge de son four-reau. Ces precautions ne sent pas necessaires, par les motifs que les contractions tetaniques ne passent pas plus vite lorsqu'on y a recours, et que les ma­nipulations exercees sur :1a verge sont tout aussi inutiles.
Ces memes phenomenes se produisant apr^s le bistournage, nous avons essaye, bien souvent, de ces moyens, et n'y avons reconnu aucun avantage.
Les phenomenes secondaires qui accompagnent le fouettage , sont ceux qui caracterisent 1'inflam-mation disjonclive. Les plaies se cicatrisent par deuxieme intention.
La castration de l'espece caprine offre les memes considerations que celles enoncees pour l'espece ovine. II est done inutile de s'y arreter.
Espece porcine. — Chez les animaux males de cette espece, les testicules sont places dans la
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100nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES PETITS AN1MAÜX
region perineale, au-dessous de l'anus. Ils ont unc forme oblongue , leurs enveloppes n'ont ni la sou-plesse ni l'ampleur observees chez les solipedes et les ruminants; les cordons etant tres courts,, les testicules ressemblent a une tumeur sessile appli-quee sur le perinee.
Les precedes de castration varient selon Tage des animaux. Chez ceux qui n'ont pas depasse Tage de trois mois (les gorets), on a recours a Yexcision simple, au ralissagc, a la torsion bornde.
Pour les verrats, on emploie la ligature, la tor­sion bornee et quelquefois les casseaux.
Ces methodes de castration n'offrent rien de par-ticulier; nous renvoyons ä ce qui a eteditä propos de ieur description chez les solipedes.
11 Importe de bien assujcttir les verrats, afin d'eviter les accidents qui pourraient resulter de la fureur dans laquelle entrent quelques-uns d'entre eux. Pour cela I'animal, bien muscle, est abattu sur le cöte gauche ou droit, selon la plus grandc commodite de l'operateur; un aide tient la tete, et l'autre porte les membres posterieurs en avant. II est des Operateurs qui laissent I'animal debout.
La seule preparation ä faire subir au sujet a ope-rer, c'est de le laisser a jeun le matin de l'emas-culation.
Les soins consecutifs sent d'aulant moins utiles,
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quu rariimal est plus jeune; on peut neanmoins les laisser au regime pendant les trois a qirötre pre­miers jours qui suivent la castration.
Le chien est chälre, selon son age, par excision, raussage, torsion on ligature.
Les precedes de castration utilises pour le chien , le sont aussi pour le mutou; la disposition anato-raique de l'appareil testiculaire du matou , ressem-ble a celle du pore. II est inutile de decrire de nou-veau ces modes operatoires.
II y a plusieurs manures d'assujettir cet animal, pour se garantir de ses griffes et de ses dents.
La plus sure consiste a placer le chat dans un panier k deux ouvrants, d'attirer le train posterieur en dehorsde Tun d'eux, et d'appuyer assez le cou-vercle de ce cöte du panier sur la region lombaire, pour empecher l'animal de se retourner. Un aide tient les membres postcrieurs de l'animal ecartes et Toperation se fait facilement. On peut aussi placer la tete et les extremites anterieures dans nn sac et confler les membres posterieurs k un aide.
Si Ton dispose d'un aide non craintif, on peut lui faire saisir la peau du cou et les oreilles d'une main, et de I'autre les quatre pattes reunies deux a deux, les anterieures avec les posterieures.
Chez le lapin, la castration esl pratiquee par excision. L'hemorrhagie n'est pas ä craindre. Ces animaux sont facilesä assujettir.
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iOänbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES PET1TS AN1MÄUX
Castration du coq. — Le coq est le seul male des especes volatiles sur lequel on pratique la castra­tion. II ne sera done question que de lui.
Les considerations qui se rattachent a cette ope­ration trouveraient, au besoin , leurs applications aux autres especes. 11 est cependant un grand nom-bre ie gallinaces s tels que les oies, les canards, les dindons, chez lesquels la castration offrirait une grande difficulte , a cause de la situation profonde des organes k enlever. Les doigts de l'operateur ne seraient pas assez longs pour les atteindre.
C'est a Tage de trois a quatre mois que le coq est chätre ; plus (ard I'operation est dangereuse.
Un temps frais, une temperature un peu humide, doit etre prefere a une grande chaleur et a un temps sec. La fin du printemps, le commencement de l'automne, sont les epoques les plus convenables pour leur faire subir I'operation.
Si on a un grand nombre de.jeunes poulets a chätrer, il faut les reunir tous sous une mue , afin de choisir ceux a conserver pour la reproduction.
Chez les vieux coqs, la castration doit se faire, aprös l'epoque du rut, vers la fin de l'automne. Pendant le rut, les testicules prennenl un gros volume et I'operation serait tres grave.
Disposition analomique. — Les testicules sont situes dans la cavite abdominale, a la region lom-baire, en arriere des poumons, et sous I'extremile
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anterieure des reins qui, dans ces animaux, for-ment des languettes aplaties, irregulieres, prolon-gees de cbaque cöte de la colonne vertebrale, depuis les poumons jusque dans la cavite pelvienne. Cette disposition ne permet pas de confondre les reins avec les testicules.
Exterieurement, leur position est indiquee par Tarticulation des deux dernieres cötes avec la colonne vertebrale.
Les testicules, de forme ovoide, sont soutenus par un tres mince repli du peritoine, et des vaisseaux extremement tenus.
Chez les jeunes poulets, la distance existantentre l'anus et les testicules, est de 8 a 9 centimetres; eile n'esl que de 6 a 7 depuis le flanc a ces memes organes. Ces mesures varient selon les races.
L'appareil d'instruments consiste en un bistouri, une paire de ciseaux, une aiguille munie d'un fil. Un aide est utile pour tenir le coq.
Manuel operatoire. — La position a donner au jeune poulet, varie selon lieu de l'abdomen oü I'in-cision est pratiquee. Elle peut se faire entre l'anus et le bord posterieur du sternum , ou dans le flanc droit ou gauche. Le cöte droit est preferable, ä cause de la position du gesier ä gauche, et dont la presence nuit äl'exploration.
Dans le premier cas, le coq, maintenu par 1'aide
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sur les genoux de l'operateur, est place sür le dos, la tete en has, rabdomen un peu releve, tourne du cöte de la personne qui doit chaponner.
Dans le second eas, le jeune poulet est mis aussi sur les genoux de l'operateur, on pent le placer sur une table ou un banc ; le croupion est tourne vers l'operateur, la cuisse gauche fixee le long du corps, et la droite portee en arriere , afin de met-tre bien a decouvert le flanc droit.
II est beaucoup de menageres (le chaponnage est generalement reserve aux femmes de la ferme), qui se passent d'aide : elles maintiennent le jeune pou­let entre leurs genoux ou sous leur bras gauche.
Les plumes etant arrachees sur la surface a ope-rer, on pratique a la peau une incision assez grande pour y passer I'index.
Si Ton opere par le flanc, Fincision doit avoir une forme oblique de dedans en dehors et d'avant en arriere, on la continue a travers les muscles. Parvenu sur le peritoine, on le divise au moyen du doigt; mieux vaudrait le soulever a I'aide depinces et le ponctionner avec le bistouri.
L'incision est-elle faite entre l'anus et le bord posterieur du sternum, on lui donne une direction transversale au corps de l'animal, et les precau­tions recommandees pour la premiere incision sont observees.
Pour extirper les lesticules, l'operateur intro-
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duit i'indcx de la main droite par la plaie , le glisse sous la mussü intestinale , et le dirige, en cotoyant la region lombaire , dans le point oü sont situes les testieules. Le taxis ayant fait reconnoitre ces orga-nes, I'index, porte en avant de Tun d'eux , se replie en crochet et l'ongle dechire les faibles liga­ments et los vaisseauxqui les fixent. Lorsque le tes-ticule est detache , le doigt le maintien et l'entraine au dehors. II importe beaucoup que, pendant tout ce temps, le sujet execute le moins de mouvements possibles. Ce n'est qu'au moment oü le testicule arrive a l'ouverture de Tabdomen, qu'on doit favo-riser sa sortie, en inclinant le corps de l'animal du cole de l'ouverture.
L'autre testicule est extrail de la meme maniere.
Les levres cutanees de la plaie sont rapprochees par la suture en surget, et le chaponnage est ter-mine.
S'il arrive que Tun des testieules ou les deux, une fois detaches , echappent au doigt de l'opera-tetir et seperdentdans l'abdomen, oü ils se greffent, e'est la un fait peu grave et la castration n'en est pas moins complete.
Apres I'operation, on excise la crete ras de la tete : e'est eviter qu'clle devienne flasque, se deco-lore, et marquer le chapon d'un signe distinctif, a la veritc quelquefois trompeur. Les cretes el les testieules constituent un mets delicat.
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#9632;Wf.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES PET1TS ANIMAUX
On s'amuse parfois a greffer les ergots sur ce qui reste de la crele.
Apres I'operation le poulet est un peu triste, il se couche sur son ventre , recherche la fraicheur du sol. Son appetit se conserve.
La plaie s'inßltre et ses pourtours revetent les couleurs caracteristiques des ecchymoscs. Toutes ces lesions disparaissent en une quinzaine de jours.
Les soins conseculifs consistent ä placer les operes dans un endroit tranquille, oü il n'y ait pas de perchoir, nesoient pastourmentos paries autres volaüles. Pendant trois ou quatre jours , leur nour-riture se compose de son et farine ; vers le cinquieme ou sixieme jour, on leur rend leur liberte.
Nous avons vu pratiquer les deux modes d'inci-sion de Tabdomcn , nous les avons meme essayes. II en est resulte, pour nous, la conviction intime que le precede d'incision en avanlde I'anus, est, pour les races communes , preferable h celui du flanc.
Chez les individas des races Crevecmir, Houdan, Cochinchinoise, Brahma-Poutra, il faut employer I'autre mode, vu la plus grande distance existant entre les lieux d'election des incisions et les testi-cules.
II resulterait, des renseignements que nous avons recueillis, quo le chaponnage est, chez les poulets des races etrangöres importees en France , d'unc
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SOUS LE RAPPORT CH1RURGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 407
execution plus difficile (on le comprend pour celles qui ont un grand developpement du corps, il paraitrait aussi queles testicules sont plus petits que chez les races communes), et l'operation beaucoup plus dangereuse que chez les individus de la race dite du pays.
Castration des poissons. — On connait notre opi­nion (voir page 190), sur Tinfluence que pent avoir la castration des poissons sur la pisciculture ; nous croyons done peu utile d'insister longuement sur les details de la castration de ces animaux.
Disposition anatomique, — Les appareils gene-rateurs du male et de la femelle ont entre eux la plus grande analogie. Tons deux occupentia meme position dans la cavite abdominale, le long de la region dorsale.
A l'epoque du frai, les testicules, designes sous le nom do lake ou laitance, acquierent leur plus grand developpement; cesorganes, de couleur blanchatre, peu reguliers de forme, sont places un de chaque cöte de la region dorsale.
Les ovaires, occupant la meme position que les testicules chez les males, constituent deux sacs dans les replis internes desquels sont loges les oeufs.
Un bistouri convexe, deux erignes, dont une plate, et une aiguille courbe munie d'un fil, tel est Tappareil d'instrumenls.
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mnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES PETITS ANIMAUX
Voici le procede de M. Mariot-Didieux :
Les poissons a operer sont mis dans un baquet rempli d'eau.
Un aide prend le poisson , le place sur le dos, et Toperateur enleve une rangee d'ecailles sur le cöte gauche, depuis I'anus (al centimetre de cette Ou­vertüre), jusques entre la nageoire pectorale et la nageoire ventrale du meme cöte.
Puis unc incision est pratiquee dans toute cette etendue ; pour cela on soulevelapeau au moyen de Terigne, on fait unc premiere incision qu'on con­tinue en guidant le bistouri au moyen d'une sonde. Cette incision doit etre dirigee entre les aretes et la ligne mediane.
Alors on passe I'erigne plate sous I'extremite posterieure de la laite ou de l'ovaire, puis avec le doigt huile on souleve un peu Torgane, ct, diri-geant ce meme doigt d'arriere en avant, le long des cotes, on arrive jusqu'a I'extremite anterieure de la laitance ou de l'ovaire.
II faut prendre garde de ne pas dechirer l'ovaire par crainte quo les ocufs s'epanchent dans I'abdo-men. Si cct accident arrivait, i! faudrait entrainer les oeufs au dehors par quelques douches d'eau fraiche.
Une fois un de ces organes enleve, on procede dc la meme rnaniere pour I'autre, mais il faut preala-blement pousser l'intestin du cöte opere.
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On termine par une suture ä surjet celte opera­tion , dont la duree est de cinq a six minutes. Les poissons marques a. la queue, au moyen d'un em-porle-piece, sonl remis immediatement dans I'eau.
La castration se pratique chez les poissons pro-prement dits (maiacopterygiens, acantoptery-giens), tels que la carpe, le barheau, la lanche, la perche, le brocket, etc.
SECTION QUATRIEME.
DE LA CRYPTORCHIDIE.
On designe sous le nom de cryplorchides, les animaux chez lesquels Tun ou les deux testiculcs sont restes dans la cavite abdominale, ou n'ont pas franchi le canal inguinal; ils reQoivent encore dans le langage vulgaire, les denominations de riles, rots, pifs, etc.
Cette anomaliea ete designee aussi sous les noms de monorchidie, enorchidic, anorchidie.
Les expressions de cryp tore hide, enorehide, sont seules convenables et doivent seules etre con-servees, par les motifs que les testicules sont ca­ches, mais ne manquent pas.
Cette anomalie est assez frequente chez les ani­maux des espece porcine, ovine, chez les solipe-des; eile est tres rare dans les especes bovine et canine.
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HOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CRYPTORCHIDIK
MM. Goubaux et Follin ont communique ä ia Societe de Biologie, le 8 mars 1836, un Memoire assez complet sur la cryptorchidie , envisagee sous les rapports anatomique et physiologique.
Äu point de vue de la Chirurgie velerinaire, des faits de cryptorchidie chez les solipedes ont ete foürnis par MM. Vanhaelst, veterinaire beige [Recueilj 1846, page 799) ; Goubaux [Kecueü de med. vet., 1847, page 151); Marrel, veterinaire ä Valreas (Vaucluse) [Reeueil, 1847, page 1002) ; Brogniez a aussi entretenu, en 1845, la Societe de Medecine veterinaire de Belgique , de la castration des poulains cryptorchides.
MM. Labory (CorrespondancedeFromage de Feu-gre, t. i, p. 72), Festal (ÄecMeii de Med. vet., 1851, page 359); Anceze [Journal des Vet. du Midi, 1840, page 551), ont parle de la cryptorchidie chez les individus des especes porcine et ovine.
Les documents fournis par ces auteurs, les faits recueillis ä l'Ecole veterinaire de Toulouse , et nos observations personnelles, nous permettront de resumer tres succinctement cette question.
Les causes de cette anomalie ne sont pas con-nues: Est-ce un defaut de rapport entro le volume de l'organe et la dilatation du canal inguinal? ou bien un defaut de puissance de l'agent qui produit le deplacement?
Ce sont des questions posees et non resolues.
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SOUS LE KAPPORT CHIRÜRÜICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; iti
D'apres un assez grand nombre de fails, unedes causes les plus evidentes serait I'heredite.
Les observalions recueillies dans ces derniers temps ne laissent pas le moindre doute sur cette question. L'etalon La Clöture fournit la preuve evi­dente de cette infecondite.
Get animal, chez lequel la cryptorchidie double avait ete bien constaiee, fut envoye a Pompadour; il a sailli, dans l'espace de deux ans, quarante jumenls el aucune ria ete fecondee.
Le testicule droit offrirait-il, ainsi que I'admet M. Vanhaelst, plus souvent cette anomalie que le gauche? Non, d'apres les fails recueillispar M. Gou-baux. Nos observations concordent avec celles de ce dernier auteur.
Divisions ä etablir. On distingue la cryptorchi­die en simple, lorsque I'anomalie n'existe que d'un seul cole ; et double, si elle a lieu des deux cotes.
Position des testicules : M. Vanhaelst reconnait les quatre positions suivantes :
1deg; Le testiculen'a pas franchi I'anneau inguinal;
2deg; II esl engage en partie dans I'anneau inguinal;
5deg; II a franchi I'anneau inguinal et se trouve applique centre son ouverture;
4deg; II esl eloigne dans I'anneau inguinal, maispas assez pour faire hernie dans sa bourse.
M. Goubaux reduit a deux ces quatre positions.
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i!snbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CRYPTORCHIDIE
Dans la premidre, le testicule est flottant dans la
cavile abdominale ; dans la seconde, il est un peu
engage dans le canal inguinal, parce qu'une partie
de l'organe a franchi l'orifice superieur du canal.
Cette distinction est tres importante au point de vue
chirurgical.
Les testicules qui restent flotlanls et suspendus dans la cavite abdominale , y sont fixes ä l'extre-mite d'un repli du peritoine, de la meme maniere que l'intestin grele ä Textremite du mesentere 11s sont plus mous, plus petits, ont moins de poids que ceux qui dcscendent dans les bourses ; leur texture est modifiee , et la matiere qu'ils secre-tent ne renferme pas de spermalozöides. Aussi les individus affectes de cryptorchidie double , sont-ils inteconds.
A part l'infecondite , les chevaux cryplorchides offrentpresque tousles caracteres des chevaux en-tiers. Quant au moral, ils sont plus inquiets , plus uirbulents, plusdifflcilesamaitriser, üsrecherchent et saillissent la j ument; et c'est avec raison que Sion Rochas a dit qu'ils etaient, dans les agglomerations d'aniraaux, toujours exposes ä beaucoup d'accidents et un grand embarras. Les formes ne sont pas tou­jours celles des chevaux entiers non enorchides; les parties anterieures du corps , surtout l'encolure et la tete, ont generaiement moins de volume. Chez les animaux destines ä la consommation,
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SOUS LE RAPPORT CHIRDRG1CALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; H3
ihdependamment des vices de caractere, celle ano-malie a l'inconvenient de rendre rengraissement difficile et souvent impossible, de nuire beaucoup aux qualites de la viande.
Independamment des signes fournis par la con­formation , par le moral de l'animal, on a, pour reconnaitre la cryptorchidie simple ou double, Tex-ploration directe de la region testiculaire. Parmi les moyensä employer, on doit placer en premiere ligne la fouille rectale, qui a aussi l'avantage de fixer sur la situation du testicule.
11 importait de chercher a utiliser les individus qui se trouvent dans ces conditions; le meilleur moyen d'y parvenir, etait d'avoir recours a la cas­tration.
11 est incontestable que, par la castration , on obtiendraitle but; mais cetteoperation est-elle pra-licable dans tons les cas et chez toutes les especes? Non, pour les solipedes, lorsque le testicule n'a pas franchi l'orifice superieur du canal, repondent avec raison MM. Vanahelst etGoubaux.
Le motif de repousser roperaiion, ^e trouve, pour le premier auteur, dans la necessite oü Ton est de debrider lanneau. Le' deuxieme y ajoute, vu l'absence de gaine vaginale dans le trajet inguinal, l'incision du peritoine pour atteindre le testicule. Ce n'est done que comme moyen experimental qu'on pourrait essayer la castration chez ces animaux..
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Hinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CRYPTORCHIDIK
D'opres M. Hering {Annales de med. vet. de Bruxelles, 1857), les veterinaires danois n'hesi-tent pas , dans ce cas, ä dilater suffisamment l'an-neau pour y introduire la main , traverser le peri-toine, aller chercher le testicule, l'amener au dehors , et placer un casseau ou une ligature sur le cordon.
Si le testicule est tres eloigne de l'anneau (la Ibuille rectale decele la position), ils ne redoutent pas de faire une incision au flanc pour aller saisir le testicule.
En 1840, nous refusämes de chätrer un cheval de race commune, age de quatre ans, atteint de cryptorchidie simple. Le testicule gauche etait flot-lantdans l'abdomen. Le droit avait ete opere par le casseau.
Un chatreur, M. Gineste pere, de Grepiac (Haute-Garonne) , fit l'operation avec succes. Pour cela, il pratiqua une incision ä la partie superieure et posterieure du flanc gauche , introduisit la main dans la cavite abdominale , saisit le testicule , I'en-traina au deliors sans crainted'exercer vine forte trac­tion sur le cordon (1), liale cordon, I'excisa, maintint
(1) Les details de l'operation , ä laquelle je n'assistais pas, m'ont ete fournis par I'un des aides du chatreur. J'ai vu l'animal avant rentiere cicatrisation de la plaie , et je pus m'assurer, par la fouille rectale, qne le testicule avait ete raquo;.n'eve.
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son trongon pendant 5 ä 6 minutes en dehors de la plaie, puis le laissa rentrer dans Tabdomen ei fit deux sutures. Tune aux muscles l'autre k la peau.
Ce succes ne nous engage pas a entreprendre ni a conseiller une operation qui pent etre consideree comme tres dangereuse.
M. Marrel a opereaussi, avec un succes vraiment etonnant, deux animaux, un poulain äge de trois ans et un baudet äge de quatre ans, atteint de cryplorchidie double. Voici comment s'exprime I'au-teur sur son precede chirurgical: laquo; L'animal etanl convenablement fixe, je fis une incision laterale au bas-ventre, au-dessus du scrotum ; et pendant qu'un aide maintenait les intestins, qui se presente-rent d'abord, j'allais chercher les testicules. Je reconnus que l'anneau du grand oblique etait ferine par une eminence solide., correspondant a celle qui etait exterieure. Le testicule gauche etait dans I'etat normal et de grosseur ordinaire , tandis que le droit etait d'un tiers plus petit et son cordon raccourci. Je fis la ligature des deux cordons testi-culaires, ä 6 centimetres environ de leurs insertions aux testicules, et j'incisai ces derniers.
Je pratiquai aussitöt une suture entortillee sur la plaie du bas-ventre; des bandelettes agglutinatives, un bandage approprie furent aussitöt places , et la guerison des deux sujets fat obtenue en trente ou, quarante jours. raquo;
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U6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CRYPTORCHIDIE
Ces fails n'ebranlent nullement notre conviction au sujet dela gravite de cette operation.
II nous reste d faire connailre le procede opera-loire ä mettre en usage chez les solipcdes, lorsque le testicule a franchi roriüce superieur du canal. M. Vanhaelst l'ayant decrit d'une maniere assez complete, nous reproduisons ce qu'il en a dit.
Avant d'operer, il faut s'assurer, par une explo­ration minutieuse, de la position exacte du testicule. La fouille rectale est un des moyens les plus sürs pour bien determiner la situation de l'organe.
Cet examen fixe d'abord sur la possibiliteou non de l'operation et sur les difficultes plus ou moins grandes que Ton eprouvera. Plus l'organe sera en­gage dans le canal inguinal, plus facile sera l'ope­ration.
L'appareil d'instruments (bistouris , ciseaux , ligatures, pinces, etc.), etant convenablement dispose, et l'animal abattu et fixe comme pour la castration ordinaire , voici comment procede M. Vanhaelst [RecueildeMed.vet.,Wamp;, page 801): laquo; Sur les parties laterales du fourreau , a I'endroit oil, dans I'etat normal, le testicule aurait du faire hernie, je pratique a la peau une incision longitu-dinale teile qu'elle puisse livrer passage a la main. Cette premiere incision pratiquee , je divise , dans une longueur analogue , la couche epaisse de tissu tibreux jaune qui se presente lorsque la peau a ete
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SOUS LE RAPPORT CHmURGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ill
dlvisee. J'introduis alors la main dans cette ouver-ture, en reunissant les doigts comme lorsqu'on les introduit dans le vagin ou le rectum, et je les dirige vers I'anneau inguinal, en dechirant le tissu cellu-laire qui se presente. Arrive ä cetle ouverture, je passe I'index entre le testicule et la circonference de I'anneau ; etlorsque, par une manoeuvre circu-laire, j'ai prive le testicule de ses points d'union , je Tattire au dehors en faisant une traction lente et graduee sur le cordon testiculaire. Je continue cette traction jusqu'a ce qu'il me soit possible de jeter une ligature sur le cordon testiculaire. Lorsque la ligature esl appliquee , je reunis, au moyen d'une suture de pelletier, les bords de la peau divisee, de sorte que le testicule est a I'interieur; les deux chefs de la ligature sent cependaiu assez longs pour passer k I'exterieur.
L'animal s'etant releve, est entoure de couver-tures et conduit dans son ecurie; la place qu'il occupe est inclinee d'arriere en avant, afih de reporter les masses intestinales versle diaphragme.
Apres le quatrieme jour, on coupe les fils de la
suture. Le testicule et la ligature s'echappent par
i'ouverture , la suppuration s'etablit, et la gueri-
son a lieu piesque aussi rapidement que si I'opera-
tion eut ete faite sur un individu chez lequel il n'y
a point d'anomalie. Les soins a donner aux malades
sont ceux donnes dans la castration ordinaire.
18.
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418'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CRYPTORCHIDIE
En quatre jours, surtout par une temperature chaude et humide, n'a-t-on pas ä redouter les accidents de gangrene , soil par le sang qui sta-gne dans la plaie, soil par la putrefaction du testi-cule?
La modification que nous apportons ä ce mode de castration consiste , apres avoir dilate le canal inguinal jusqu'au point oü est le testicule, ä saisir cet organe au moyen d'une pince ä dents de rat ou d'une erigne, ä detruire l'union existant entre le testicule et sa gaine, avec une sonde ä spatule hui-lee , et ä attirer le testicule au dehors; il faut agir de maniere ä nedilater le canal que dans les limites strictement necessaires ; lorsque le cordon est assez long, ä exercer la compression au moyen d'un casseau courbe, et d'agir ensuite comme dans la castration ordinaire.
S'il y a impossibilite de placer 1c casseau , la ligature est appliquee en suivant la modification que nous avons apportee a ce mode de castration par ligature (voyez page 299), et le testicule est immediatement excise.
Si le canal inguinal etait dilate au point qu'une hernie füt imminente , malgre la position donnee a I'opere, il serait preferable d'empecher, par un point de suture , le cordon de remonter dans sa gaine et de placer dans la plaie, apres I'avoir cauterisee avec l'eau de Rabel ou recouverte de perchlorure de fer,
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SOUS LE RAPPORT CHIRURGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 41 fl
un pansement legerement compressif, maintenu par la suture a bourdonnets.
Le pansement est renouvele le deuxiemeou troi-sieme jour; plus tard, si l'engorgement de la region est dans les limites voulues, et que le pan­sement soitsec etn'exhale pas une mauvaise odeur.
Pour les autres pansements, on se guide d'apres les indications fournies par la plaie.
D'apres M. Vanhaelst, on ne devrait pas chätrer les poulains affectes de cryptorchidie double ou simple, avant qu'ils n'aient atteint l'age de trois ans, par le motif que jusqu'a cette phase de la vie les testicules peuvent descendre dans les bourses.
D'apres M. Goubaux, on pourrait s'assurer bien avant cette epoque (trois ans), de l'existence ou de la non-existence de cette anomalie.
L'opinion de M. Goubaux n'est pas contestable ; mais lä n'est pas la question. 11 s'agit de savoir si cette anomalie sera ou non permanente. Les faits parlent en faveur de la maniere de voir de M. Van­haelst. Nous avons, chez des animaux äges de deux a (rois ans et plus , constate plusieurs fois la des-cenle d'un testicule qui, jusqu'ä cette epoque, etait reste engage dans le canal inguinal (voir a la page 211, ce qui a ete dit a ce sujet).
Chez les animaux des especes porcine et ovine atteints de cryptorchidie double ou simple, les tes­ticules ou le testicule occupent dans la region abdo-
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420nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CRTfPTORCHlDIE
minale une position tres variable : il pjuvent elre appliques sur les anneaux, places sous la region sous-lombaire ou reposer sur la paroi inferieure de Tabdomen.
Cette varietede position rend Toperation difficile.
Espece porcine. — Avant de pratiquer l'opera-tion , il faul s'assurer si I'anomalie est double ou simple; dans ce dernier cas ii faut, si le testicule qui etait descendu a ete enleve , chercher a recon-naitre quel est celui qui est reste dans Tabdomen.
On pourrait se guider sur la cicatrice , si I'inci-sion etait toujours pratiquee sur le point du scrotum correspondant au testicule; comme il n'en est pas toujours ainsi, cette donnee n'oflre pas une entiere certitude. D'apres M. Festal, la peau aurait sur le cöte correspondant au testicule, une couleur de rouille.
Pour pratiquer I'operation , on a d'abord dispose une paire de ciseaux courbes, un bistouri convexe et une aiguille munie d'un fil cire ; puis on couche I'animal sur le cote oppose ix celui oü cxiste le tes­ticule, et deux aides le maintiennentsolidement. Les soies sont coupees dans le milieu du flanc compris entrc Tangle de la hanche et la deuxieme tetine abdominale, une incision perpendiculaire au corps, de 19 centimetres environ d'etendue, est pratiquee sur la peau de cette region ; les muscles et le peri-
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toine sont traverses avecl'index de la main droite; puis les deux index sont introduits dans I'interieur de la plaie, et par une traction exercee en sens inverse, ils dechirent les muscles et le peritoine jusqu'a ce que la plaie a atteint l'etendue de l'inei-sion faite a la peau, dent les dimensions doivent etre assez grandes pour permetlre le passage d'un organe qui a parfois le volume du poing.
L'incision pratiquee, I'index est introduil dans I'abdomen, les anses intestinales sont refoulees en en avant, et on va a la recherche de l'organe , en explorant d'abord la region sous-lombaire, oil le testicule est ordinairement place. Une fois cette glande trouvee, le cordon est bride avec le bout du doigt replie en crochet, et on attire le testicule au dehors : alors, une ligature bien serree est ap-pliquee au-dessous del'epididyme , le testicule ex­cise, le cordon rentre et une suture faite ä la peau.
Lorsque le testicule est place trop profondement pour etre alteint par I'index, on souieve le flanc au moyen d'un botillon de paille.
Si le testicule est embarrasse au milieu de quelque anse inteslinale, il faut le degager doucement. Tou-tes ces manipulations exigent, pour etre faites avec celerite , une grande habitude de l'operation.
Les individus atteints de cryptorchidie double , sontoperes en deux fois, ädixädouze jours d'inter-valle.
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i22nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CRYPTORCHIDIE
Les malades sont tenus ä la diete pendant quelques jours.
Chez les animaux de l'espene ovine, le manuel operatoire est le meme que celui employe chez les Verrats.
M. Anceze , qui a opere un grand nombre d'a-gneaux ; n'a jamais eu de mortalite ni de complica­tions, les seuls symptömes qu'ils ont presentes sont les suivants : marche penible, difficile, decubitus continuel, plaintes, diminution de l'appetit et de la rumination.
Pour tous soins, les malades recevaient, plusieurs fois lejour, de l'eau blanchie pardela farined'orge, et des onctions d'axonges etaient pratiquees sur la plaie du flanc.
Le sixieme jour, tous les symptömes avaient dis-paru.
SECTION CINQUIEME.
CASTRATION DES FEMELLES.
Castration de la vache. —Cette operation con-siste ä aller, au moyen d'une incision pratiquee aux parois abdominales ou au plafond du vagin, cher-cher les ovaires pour en faire l'extirpation dans un but complexe, et qui a ete etudie avee detail dans le chapitre de la castration des vaches sous le rap­port hygienique (page 83 et suivantes.)
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Les modifications apportees au manuel operatoire ne seront pas minutieusement decrites. La pratique aurait peu a gagner ä ces details et a cet historique; il suffira de faire connaitre les procedes Levrat, Charlier, et d'enoncer les modifications faites par M. Colin a la derniere de ces methodes.
M. Charlier a publie sur cette question [Diclion-naire de MM. H. Bouley et Reynal, art. Castration), un travail remarquable que nous prendrons pour guide, et auquel nous emprunterons textuellement de nombreux passages.
11 est utile, avant d'aborder la description, de faire connaitre sommairement la disposition ana-tomique de la region ovarienne de la vachCj et de dire un mot des autres organes de l'appareil de la generation.
Le vagin, situe dans la cavite pelvienne, entre le rectum et la vessie, presente a sa face interne de nombreux plis longitudinaux, qui permettent la dilatation de cet organe; dilatation d'autant plus facile a produire au moyen de l'introduction de la main, que la vache a mis bas un plus grand nom-bre de fois. Chez la genisse ou la vache qui n'a pas porte, son expansion est difficile ct peu etendue. Dans le fond du vagin existe la saillie du col ute-rin, designee sous le nom de ßeur cpanouie.
Sous l'impulsion de la main introduite dans son
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iUnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES FEMELLES
Interieur, le vagin peut facilement elre deplaee ä' droite et ä gauche et porte en avant.
L'uierus fait suite au vagin; il est situe dans la cavite abdominale, a la region sous-lombaire; son extremite posterieure est engagee dans la cavite pelvienne.
Sa partie anterieurese prolonge jusqu'au uiveau de la quatrieme ou cinquieme vertebre lombaire. La courbure concave des cornes regarde en bas (c'est I'inverse chez la jument), et leurs extremites sont tordues en dehors et en baut.
Get organe acquiert, sous rinfluence de la gesta­tion, de grandes dimensions. 11 est flottant dans I'abdomen , oü il est fixe au moyen de vastes replis du peritoine, comprenanl entre leurs feuillets des fibres musculaires grises , tres visibles pendant la gestation.
Les liens dc la matrice , au nombre de deux, et designes sous les noms de ligaments suspenseurs de l'uierus ou ligaments larges, sont plus deve-loppes en avant qu'en arriere ; ils vont en s'ecar-tant d'arriere en avant, ce qui leur donne la forme d'un V. 11s partent de la paroi sous-lombaire et descendent vers I'uterus pour se fixer sur les cötes de la face superieure du corps de cet organe et sur la petite courbure des cornes. Leur bord anterieur est libre; il soutient les oviductes et les ovaires.
Vovaire place en dedans de ce ligament, revolt
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une lamelle detachee de la lame principale , ce qui lui constitue une espece de ligament qui, deploye, a la forme d'une demi-cupule. Entre les lames de ce ligament se trouvent des fibres musculaires grises, Tariere et les veines de l'ovaire.
Les fibres musculaires rassemblees en faisceau ferment, a chaque extremite de l'ovaire, un renfle-ment d'apparence ftmiculaire, tres tenace et offrant, pour l'extirpation de l'ovaire, la plus grande resis­tance a vaincre.
Les dimensions tres variables qu'offrent les liga­ments larges et les cornes uterines, font varier beaucoup la situation de l'ovaire dans la cavite abdominale.
En dehors des periodes des chaleurs , l'ovaire est lisse a sa surface, päle, de petit volume.
A l'epoque du rut, les vesicules de Graaf, ou les corps jaunes qui marquent la place que ces vesi­cules occupaient, sent, souvent, tellement volumi-neux, qu'ils depassent les dimensions de l'ovaire dont on les detache facilement par la pression des doigts. C'est la un fait important au point de vue de la castration , attendu que si Ton borne I'operation a l'exlirpalion de ces corps, le stroma reste intact el I'individu fecond.
MANUEL OPERATOIRE.
Procede Lew at. [Recueil de Medecine velerinaire
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426nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES FEMFXLES
pratique, 1834, page 69.) — C'est une trentaine de jours apresle velage qu'on doit pratiquerla cas­tration. Le matin de l'operation, la vache , qui n'a regu la veille qu'une demi-ration , est laissee ä jeun.
Les objets necessaires pour pratiquer l'operation sont : des cordes, une planche ou barre de bois, deux bistouris, Tun convexe, l'autre boutonne et droit; deux aiguilles a sutures enfilees de gros fil retors bien cire; deux chevilles de bois sec, de 20 centimetres de longueur sur un diametre de 1 centimetre environ.
Pour fixer la vache on la place contre un mur, le cote gauche tourne vers I'operateur. Ce mur doit avoir trois boucles fixees a des anneaux solides : Tune pour la corde de la tete , l'autre au niveau de la partie inferieure de l'epaule, et la troisieme de la poinle du grasset.
La tete etant fixee par un tour de corde, ou tenue par un aide vigoureux, on passe la corde devant le poitrail, on la dirige sur le cöte gauche du corps de la vache , eile passe derriere les fesses et on la fixe ä la boucle qui est au niveau du grasset; puis on place la barre ou la planche obliquement en avant des membres posterieurs, et on la confie ä un aide.
Une forte palissade , une barriere solide; des ar-bres convenablement espaces, pourraient aussi etre utilises.
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SOUS LE RAPPORT CHIRURGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;42T
L'animal etant fixe , l'operateur, arme d'un bis-touri convexe qu'il tient de la main droite, se place pres de l'epaule gauche de la vache, la main gau­che appliquee sur le dos de l'animal, afin d'y pren-dre un point d'appui; puis il porte le tranchant du bistouri au milieu et a peu pres a la partie supe-rieure du flanc gauche, et d'un seul coup il incise verticalement la peau , les muscles et le peritoine. Le bistouri boutonne sert a agrandir assez I'ouver-ture pour pouvoir y passer le bras.
Pour I'ablation de l'ovaire, l'operateur introduit la main dans I'abdomen , la dirige centre le bassin , derriere le cul-de-sac de la pause ou se trouvent les cornes de l'uterus. Des qu'il a reconnu cet Or­gane, il porte la main un peu au-dessus de sa bifur-calion , oü sont situes les ovaires ; il saisit Tun ; d'eux, le detache a sa partie posterieure avec le pouce et I'index ; il passe celui-ci sur la convexite de l'ovaire pour le separer completement du liga­ment peritoneal qui le soutient. Pour cela , il sai­sit l'ovaire dans sa main , le tire legercment, et avec l'ongle du. pouce il ratisse , tout en exer-gant de legeres tractions, les vaisseaux et la trompe de Fallope sur I'index qui lui sert de poin( d'appui. Ces manipulations sufflsent pour enlever l'ovaire.
L'ablation de l'autre organe se fait par des ma­noeuvres en tout semblables aux premieres.
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428nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES FEMELLES
L'operation est terminee par la suture enche-villee.
On pourrait, dit M. Levrat, pour faire l'ablation des ovaires, les amener en dehors de la plaie. Les tiraillements exerces sur les ligaments ont des in^ convenients qui font rejeter ce procede.
L'animal ramene a sa place regoit des soins con-venables; en une quinzaine de jours il est gueri.
M. Levrat a apporte quelques modifications k son procede; elles sont consignees dans le Recueil, annee 1858, page 565. Voici en quoi elles consis­tent : Les extremites posterieures sont maintcnues unies au moyen d'une corde (la barre ou la planche devait gener Foperateur). Pour l'enlevement des ovaires, avec le pouce d'un cöte et le medius do I'autre, il perce les lames des ligaments de l'ovaire immediatement au-dessus de cet organe, et par un mouvement du pouce de droite a gauche ou d'avant en arriere, dans le sens de l'ovaire, il de-tache celui-ci en majeure partie, de maniere a ce qu'il ne tient plus que par deux pedoncules, Tun anterieur, I'autre posterieur. Ces deux pedoncules sont rompus Tun apres I'autre par le ratissage de l'ongle du pouce sur I'index, en ayant soin de tor-dre fortement sur lui-meme le dernier pedoncule avant d'en operer la separation par l'action de l'ongle.
La plaie est reunie par la suture du pelletier. II.
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faut iaisser la plaie ouverte le moinrf longtemps possible. Les hemorrhagies fournies par les arte-rioles des muscles sont arretees par la torsion. Le sang epanche est absorbe avec soin.
Dans le meme journal, meme annee , page 36b, M. Levrat decrit un nouveau mode de castration dont il a eu a se loner. C'est un espece de bistour-nage.
Les manoeuvres sont les memes que dans le pro-cede qui vient d'etre decrit; mais au lieu d'enlever I'ovaire on le tord deux fois sur lui-meme en le faisant passer dans I'ouverture faite au ligament de I'ovaire ; puis I'organe est introduit dans un trou pratique dans le ligament large , ä trois travers de doigt au-dessus du ligament de I'ovaire , ou il reste maintenu par son propre poids.
Les modifications qu'a subi le precede Levrat ont consiste dans la maniere d'assujettir I'animal et dans l'incision du ßanc.
L'incision, faite de preference dans le flancdroit, a etc pratiquee couche par couche, et le peritoine n'etait ouvert que lorsque Themorrhagie etait arre-tee et le sang bien etanche.
En operant ä gauche on pent, dit M. Charlier, interesser le rumen (cc serait pen grave et c'est facile a eviter). L'operntion est plus difficile, vu I'obstaclc apporte par le rumen a la recherche des ovaires. En outre , ajoule-t-il, la pause contracte
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430nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTKATION DES FEMELLES
toujours avec la plaie des adherences nuisibles ä sa fonction.
I! est en outre preferable, dit M. CharJier, de faire une incision assez grande pour introduire les deux mains dans Tabdomen : 1'une fixe ie ligament de l'ovaire et Taulre effeetue les manoeuvres (ratis-sage et torsion) necessaires pour l'isoler et le rompre.
Phenovienes consecutifs ä I'operation. — Nous n'insisterons pas sur ce sujet, dont on pent facile-ment se rendre compte; ils peuvent se rattacher ä la fievre de reaction , suite inevitable de celte ope­ration , et a la cicatrisation de la plaie,
Sous le premier rapport, les phenomenes mor­bides varient par leur intensite et leur duree. Les modifications qu'ils presentent dependent de la du­ree de l'operation , du precede employe et de l'irri-fabilite du sujet. Dans les conditions ordinaires, quatre ä cinq jours suffisent pour apaiser la fievre, et en dix ä quinze la bete est revenue k son etat normal. La duree de la cicatrisation est en rapport avec le mode d'adhesion.
Procede Charlier (ou par incision du plafond vaginal). — Les instruments necessaires a l'opera­tion sont un dilatateur vaginal (voir fig. 16), espece de speculum compose de trois parties principa-!es, qui, outre le manche, dont la seule panicula-
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SOUS LE RAPPORT CHIRURG1CAI,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ist
rile est d'avoir son exlremite libre mobile, sont : 1deg; Deux bandesen acier poll, arrondies surleurs bords, longues de 50 centimetres, langes de 2 cen­timetres, epaissesdel millimetre au plus et recour-bees vers leur milieu jusqu'ä leur extremite supe-rieure reunie par un axe rotateur.
Ces deux bandes sont pourvues a leur base cha-cune d'une virole roulant Tune sur I'autre, pour ouvrir et fermer l'instrument ä l'aide d'un bouton fixe perpendiculairement sur la virole de la tige mobile.
Deux autres bandes en acier trempe, moulees sur les premieres, aussi larges mais beaucoup moins epaisses, recouvrent celles-ci dans toute leur longueur. Ces bandes, au moyen d'une vis ä filet large, longue de 12 centimetres, placee dans le manche et en rapport avec elles , peuvent, par un mouvement de rotation imprime de gauche a droite sur l'extremite du manche, s'eloigner des bandes qu'elles recouvrent et donner ainsi ä l'instrument un developpement proportionne ä l'ampleur du vagin.
Un ressort d'arret placti dans le manche empe-che l'instrument de se fermer lorsqu'il est ouvert. 2deg; Une plaque ovale, aussi en acier, courbeesur plat vers sa base, bien arrondie sur ses bords, ayant une certaine elasticite , longue de 18 centimetres , large de 6 centimetres vers son milieu , percee
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d'une fenetre egalement ovale de 8 cenlimetres 5 millimetres de longueur sur 3 centimetres o milli­metres de largeur k son point le plus large, et s'etendant depuis l'extremite libre jusqu'a 6 centi­metres S millimetres de diametre du trou qui sert a reunir cette plaque avec les bandes , pour former la tete ou l'extremite uterine de 1'instrument.
La fenetre de cette plaque est garnie interieure-ment, jusqu'aux deux tiers de sa longueur, d'un rebord en forme de col de chemise qui a son milieu n'a que 1 centimetre de hauteur, sur les cötes en­viron 2 centimetres, et va en diminuant graduel-lement jusqu'a sa terminaison.
Ce rebord bien evase sert de guide et de point d'appui ä l'operateur pour pratiquer 1'incision.
Un petit mamelon, fixe a l'extremite de la face interne de la plaque, au-dessous de Taxe rotateur, et ne depassant pas l'epaisseur des bandes, arrete celles-ci quand I'instrument est ouvert.
5raquo; Un prolongement, long de 4 ä S centimetres, bien arrondi, servant d'axe rotateur aux bandes qu'il soutient avec la plaque fenetree, et destine a fixer le dilalatcur dans le col uterin.
M. Charlier a fait subir plusieurs modifications ä cet instrument, ayant toutes pour but de faciliter son. introduction dans le vagin , le mouvement des branches qui le composent et enfin l'incision du plafond du vagin.
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SOUS LE RAPPORT CHIRURG1CÄLnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 433
Fig. 12.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Fig. 13.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Fig. 14.
Une pince a torsion (tig. 1:2) ä aiineaux ovales, termines par des mächoires en forme de V, el assez longue pour arriver jusqu'au fond du vagin ;
Un bistouri (fig. 13) ä serpette dont la lame, bien (ranchante, longue de 4 ä 5 centimetres, rentre dans son manche ;
On poucier d'acier (fig. 14) creuse a mi-epais-seur, ayant sur sa face inferieure de petites dents (piadrangulaires servant, au besoin , a augmenter la force des doigts ;
Une longue pairs de ciseaux (fig. IS) ä lames
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iUnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES FEMKLLES
Flg. 15.
courtes et courbees sur plat, pour
couper le bord de la duplicalure pe-ritoneale qui unit l'ovaire au liga­ment large.
Tons ces instruments doivent etre places k la portee de l'operateur. On doit disposer de l'eau chaude, des linges propres et de l'huile d'o-live.
La vacliCj placeedans un lieu con-venable et sur un sol un peu incline
d'arriere en avant, est maintenue
debout par trois aides, un ä la tete et un de cha-
que cote des hanches.
Manuel operatoire. Premier Temps. Dila­tation du vagin. — L'operateur, les bras nus et huiles, introduit une main dans le vagin, et, par un mouvement leger de va-et-vient, dilate ce con­duit; puis il y introduit le dilatateur ferme, tenu par son manche dans la main droite et a sa tete par la main gauche, dont les doigts, serres et allonges autour, favorisent I'introduchon.
Une fois parvenu dans le fond du vagin , il intro­duit avec soin , dans la fleur epanouie, le prolon-gement de la tete de rinstrument; le dos de la plaque fenetree doit se trouver centre la paroi laterale droite du vagin , position de rigueur pour
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SOUS LE RAPPORT CHIRÜRGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i3i
quo la fenetre de la plaque seit, lorsque I'instru-ment sera ouvert, juste au milieu de la paroi supe-rieure du vagin.
La main droite maintienl le dilatateur dans sa po­sition ; la main gauche devenue libre, pose le poucc sur le cöte droit du bouton adapte ä la base de la bände mobile, I'index allonge en dessous et autoui de la virole; la main droite, serrant le manche, ouvre Tinstrument en executant un mouvement rotatoire de droite a gauche ; la main gauche le tiem fixe dans cette position.
Le dilatateur, place et tenu ouvert par son ressort d'arret, est pousse, en ligne droite de haut en bas, doucement vers le fond du vagin, pour tendre celni-ci, l'abaisser, l'eloigner du rectum et appli-quer sa paroi superieure sur la plaque fenetree qui va servir de guide pour faire l'incision. Si la ten­sion du vagin n'elait pas assez forte, on pourrait I'augmenter en tendant le vagin dans le sens late­ral , au moyen des deux bandes-ressorts adaptees ä Tinstrument pour cet usage, et qu'on fait mou-voir en tournant de gauche a droite I'extremite mobile du manche.
Deuxieme lemps. Excision du vagin. — La main gauche maintient le dilatateur dans la position donnee. La main droite, tenant le bistouri k serpette ferme entre le pouce et les doigts reunis et allonges en cone, est introduite dans le fond du vagin et sous
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i5f,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DKS FEMEUES
la fenetre de rinstrumcnt. L'operateur, apres s'etrc assure de la position du dilatateur et de la tension du vagin dans la region qui y correspond, fait, par un mouvement du pouce place sur le bou-ton du talon de la serpette, sortir celle-ci de son manche, laisse le pouce appuye sur le bouton et allonge I'index sur lecöte du talon de la lame, pour I'accompagner, borncr son action , diriger sa pointe vers la base de la fenetre, sur les bords de laquelle il prend un point d'appui avec I'index et le pouce, I'applique sur la face interne dc la paroi supe-rieure du vagin, et, par un mouvement de bascule imprime de bas en haut, attaque cellc-ci, la trnnsperce, puis I'incise longitudinalement d'avant en arriere dans toute rötendue de cette fenetre (tig. 16).
Cette incision , de b a 6 centimetres, est süffisante pour livrer passage aux ovaires.
La lame de rinstrumcnt est renlree dans son manche.
La main gauche comprime la vulve pour s'oppo-ser ä Vintroduction de l'air dans l'abdomen , et la main droite donne ä rinsfrument la forme primi­tive, et on le sort du vagin tout doucement.
Troisieme lemps. Extirpation des ovaires. — L'index et 1c medius de la main gauche, flechis en crochets, sont introduits dans le bassin , a travers l'incision du vagin ; ils vont ä la recherche de Tun
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SOUS LE RAPPORT CHIRÜRG1CAI.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;M7
ou de l'aulre des oVaires flottants ä rexlremitc de
leur ligament, versl'entree du bassin, au-dessousde
chaque cöte et a une petite distance de rincision,
entre la base des cornes uterines, en dedans du bord
libre des ligaments larges, presde leur insertion au
Fig. 16.
corps del'uterus, un peu au-
dessus du bord anterieur
du pubis. Lorsqu'ils Tont
rencontre , ils le saisissent
au-delä de son collet, surf
son ligament propre. Fame- |
nent dans le vagin en le
tiranl avec precaution a tra-
vers l'incision.
üne fois l'ovaire dans le vagin, Toperateur V\ main-tient sur plat, puis ii intro-duit les ciseaux, enles glis-laquo;ant le longderavant-bras, pour couper le bord renfle du ligament ulero-ovarien , pres de l'ovaire, pendant queles doigts le serrent et
bornent l'action des ciseaux, afin que le ligament ne seit pas coupe trop pres des vaisseaux ; ensuite il retourne l'ovaire , coupe egalement, pres du bout des doigts qui le pincent et le tendent, le bord de la duplicatureperitoneale. L'organe et son ligament
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138nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES FEMELLES
se trouvent ainsi degages de toü(e adherence et le ligament a plus de longueur.
Les ciseaux sortis du vagin, la pince introduite a leur place, I'operateur ouvre celle-ci en tirant le tube a lui, place I'ovairede dessus en dessous et ä plat dans I'anneau inferieur, par un mouvement du pouce et des doigts de la main qui le tient, le tire legerement pour lui faire faire hernie complete dans I'anneau et placer son ligament et ses vais-seaux entre les mors de la pince, oü ils sont serres a l'aide du tube repousse en avant et fixe par sa vis depression.
Fig-. 17.
Alors le pouce, muni ou non
'du poucier, et l'index serrent Ibrtement le ligament pour limi-lerla torsion (fig. 17), elun mou­vement de rotation de gauche a droite est, par la main droite , doucement et regulierement im-prime h la pince, afin d'obtenir une rupture graduelle qui pro-duit une obliteration complete des vaisseaux.
La torsion determine de la dou-
leur, qui se decele par les mou-
vements brusques auxquels se l.ivre la vache.
L'operateur, afin d'eviter une rupture trop prompte
de l'ovaire, doit suivre tous ses mouvements.
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SOUS LE RAPPORT CHIRURG1CALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;43S
ll est bon aussi d'eviler rintroduclion de Tair dans T abdomen.
Le second ovaire est operepar le memeprocede, Sitöt Toperation terminee, les ligaments se retrac-ient et les levres de rincision se rapprochent.
II est des cas particuliers qui obligent ä modiliei le manuel operatoire. Tels sent la trop grande am-pleur du vagin, qui ne peut etre tendu sufflsam-ment. Alors on agit ä l'aide des deux mains. La gauche distend et abaisse autant qu'elle le peut le vagin ; le medius et l'annulaire sont places dans la fleur epanouie , le dos de la main est tourne vers le plafond de l'organe. La main droite, armee du bis-touri a serpette, prend un point d'appui sur le do? de la main gauche, et le vagin est incise, avec pre­caution , d'avant en arriere. Si la membrane peri-toneale estdetachee du vagin, on ne I'incise qu'avec difficulie. Pour y parvenir, il faut la pincer avec le bout des doigs, I'attirer dans le vagin et la diviser avec la serpette.
Le vagin peut renfermer une quantitede pus plus ou moins considerable. 11 faut Ten debarrasser avanl de commencer I'operation.
Parfois cet organe est si peu developpe, qu'on ne peut y introduire le dilatateur : il faut le placer sans I'ouvrir : il sert de point d'appui, abaisse Yor-gane et le porte en avant.
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HOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES FEMELLES-
Le col uterin peut etre d6vie en divers sens : il faut le placer en position normale, en le repoussant en avant.
11 peut aussi etre oblitere ou resserre spasmodi-quement : on ne peut alorsqu'appuyer Tinstrument sur la fleur epanouie.
L'uterm peut etre rempli de collections purulen-tes, dont le poids I'eutraine dans Tabdomen, tend le vagin , le devie et le retrecit.
II devient dans ce cas difficile de placer le dila-tateur, et pour saisir I'ovaire il faut parfois passer tonte la main dans I'incision.
La gestation offre les memes difficultes. Si Ton est certain de l'etat de plenitude , on doit ajourner I'operation.
Les ovaires peuvent etre le siege d'alterations morbides qui leur donncnt un volume considerable ct obligent a agrandir I'incision du vagin et ä pren-dre beaucoup de precautions pour ne pas crever les kystes qu'ils renferment.
Lorsque le volume des ovaires est du a des corps jaunes qui cedent a la moindre traction, il faut, pour eviter de les arracher , saisir I'ovaire au-delä de son collet.
L'ovaire peut aussi adherer aux ligaments larges, au corps de I'uterus ou a la corne uterine, et il est quelquefois confondu avec tous ces organes.
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SOUS LE RAPPORT CH1RURGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ill
II faut le detacher avec beaucoup de precautions et l'entrainer insensiblement dans le vagin.
Lcs ligamenls el vaisseaux ovariques offrent, chez les vieilles vaches usees, phthisiques ou affec-tees de metrites chroniques, des alterations qui ren-dent ces organes sees , friables, cassants et impro-pres a subir la torsion. Lcs vaisseaux se rupturent et restent beants, d'oü resulte une bemorrhagie tres grave sinon mortcllc.
On ne doit pas operer des sujetsdans cet etat, et si la lesion etait meconnue avant l'operation et qu'elle fül suivie d'une forte bemorrhagie , on de-vrait livrer de suite la bete a la basse boucherie.
Phenomenes consecutifs ä l'operation. — De legeres coliques, la frequence de la respiration, quclques plaintes, la voussure en contre-haut de la colonne vertebrale , du meteorismc, du ä la pene­tration de l'air dans I'abdomen; quelques efforts cxpulsil's, comme une vache qui vient d'etre saillie ; un peu do tristesse et de diminution de Tappetit, la rumination moins active, teile est la serie des symptömes generalemont observes et qui sont de si courte duree, que le letidemain de l'operation ils ont souvent disparu.
La plaiedu vagin se cicatrise par premiere inten­tion.
La secretion lactce, qui a diminue dans les pre­miers jours, reviont vite a son etat normal.
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442nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES FEMELLES
Soins hygieniques. — Laisser les animaux a I'etable, les maintenir sous I'action d'une douce temperature, eviter les refroidissemenls; aussi ne doit-on pas operer pendant I'hiver ou les temps froids.
Pour regime , le tiers de la ration ordinaire pen­dant quatre a cinq jours; eau tiede blanchie par la farine d'orge.
Apres le cinquierne jour, les animaux reQoivent, a moins de complications, leur ration ordinaire; apres une douzaine de jours, ils peuvent etre remis au pacage.
Pfocede Colin (Recueil, 1838 , p. 967). — Les modifications apportees par M. Colin au procede Charlier, consistent ä praliquer l'incision du vagin sans recourir au dilatateur et a limiter la torsion au moyen d'une pince.
Nous n'insisterons , dans la description qui va suivre, que sur les points les plus importants de ce nouveau mode operatoire.
Les instruments employes sont : un bislouri a lame fixe (fig. 18) , dont le tranchant convexe se masque a I'aide d'un croissant mobile que le pouce fait jöuer sur une des faces de cette lame;
Une pince ä torsion (fig. 19), ressemblant ä celle dont se sert M. Charlier, se divisant en deux pieces articulees comme une aiguille a seton et separees
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SOUS LE RAPPORT CHIRURGICÄLnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;tit
du tube; eile est peu embarrassante et facile ä nettoyer;
Une pelile pince (fig. 20), deslinee a borner la torsion et formee de deux branches longues de 8 centimetres , arliculees par charniere a Tune de leurs extremites, et ayant sur leurs branches deux anneaux pour passer les doigts.
Fig. 18.
Fig. 19.
Fig. 20.
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Ces trois instruments peuvent eutrer dans une boite ayant les dimensions d'un volume in-80 ordi­naire.
Vincision du vagin se pratique a 2 ou 5 centi­metres au-dessus du col uterin et sur la ligne me-
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Hinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES FEMELLES
diane ou ä peu pres. A ce point les parois du vagin sont (endues el les membranes adherent entre elles. II n'y a pas de vaisseaux volumineux; le rectum est bien au-dessus du point incise et non en avant; le rumen est encore fort eloigne ; les circonvolu-tions flasques do rintestin fuiraient sous I'instru-ment, si la lame courte du bistouri pouvail s'en approcher a travers l'ouverture vaginale; la vessie est separeo de la plaie par toute l'epaisseur du corps de la matrice ; i'aorte est trop elevee, et les arteres iliaques sont sur un plan trop en dehors de la lignc mediane pour qu'ii soit possible d'alier a leur rencontre.
Si Ton s'ecartait trop dc la ligne mediane, on pourrait aUeindre les veines et les arteres flexueuses qui se joignent ä celles des ligaments larges. On pourrait ne pas diviser le peritoine avec I'instru-ment trnnchant, et les doigts le desunisslaquo;nt, creu-seraient une poche oü ils pourraient s'egarer. II convient done de ne pas trop s'eloigner de la ligne mediane.
Le point d'election etanl bien etabli, on pratique 1'incision. Pour cela , rinstrument est tenu de la main droite, qui refoule en avant le fond du vagin, sufflsammenl dilate paries manipulations effectuees dans son Interieur; le pouce , par une legere trac­tion exercee sur le renflement du croissant, rend lie Iranchanl de la lame tout-ä-fait libre; un leger
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SOUS LE RAPPORT CHIRURG1CAL 445
mouvemenl de bascule, communique au bistouri de haut en bas et d'arriere en avant, determine la division des trois (uniques du vagin ; puis le pouce refoule le croissant sur la lame du bistouri , qui est ramene vers la vulve et retire par la main gauche. La main droite, devenue libre , agrandit au besoin rinclsion , qui ne doit jamais depasscr Saß centi­metres , en y engageant deux cloigts qu'on ecarte avec force. Si I'incision est incomplete, on dechire sans difficulte le feuillet sereux dont on sent bienlot la surfiice interne lisse et humide de serosile.
Pour recheroher l'ovaire et l'entrainer dans le vagin , on precede comme l'indique M. Charlier.
line fois l'ovaire saisi avec la pince a torsion , quo In main gauche maintient fermee, la main droite, abandonnant sa position, prend la petite pince par ses anneaux ei. va la placer sur le liga­ment ovarien legerement distendu , a 1 centimetre environ en avant de la premiere. II serrc assez fort, et la main gauche fait tourner la pince a torsion. Ce soin pent etre confie ä un aide.
Apres dix ä quinze tours, surtout si la torsion est accompagnee vers la fin d'une legere traction, les vaisseaux s'effilent et se rompent. Alors on retire les deux pinces et avec elles l'ovaire.
Meines manipulations pour la seconde glande. Trois ä quatre minutes suffisent a I'operation.
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416nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES FEMELLES
Si rexperience constalail l'innocuite de ce pro-cede , il est permis de le penser d'apres les asser­tions de M. Colin, il offrirait les aväntages de pouvoir etre applique chez les vaches dont les grandes et' les petites dimensions du vagin empechent d'utiliser convenablement le dilatateur. Ce mode operaloire est, en outre, d'une plus grande simplicite, et les instruments dont on se sert sont moins embarrassants et moins chers.
Tous ces motifs doivenl fixer l'attention des vete-rinaires et les engager a essayer ce procede.
M. Prange a decrit dans le Recueil de Medecine velerinaire praiique (annee 1850, p. 1004) le pro-cede par ligature. Voici comment il s'exprime :
laquo; Le choix de l'etreiote etant fait, on ouvre le vagin en refoulant I'uterus , soit avec la main , soil avec I'lnstroinent designe sous le nom de fixaleur vaginal, seul instrument desormais ä employer, les autres devant disparaitre de cette operation non-seulemenl comme inutiles, mais encore comme dangereux. Un des bouts de la ligature est termine par une boucle; cette boucle est passec dans le doigt annulaire de la main droite , si c'est I'ovaire droit qu'on veut enlever; on faitle nceud de la sai-gnee , qu'on porte sur les cinq doigts rapproches en cone; I'autre extremite est tenue tendue par la main gauche. Un aide maintient en place le fixa-
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SOUS LE RAPPORT CHIBURGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; HI
teur. De cette maniere on va saisir I'ovaire, on fait glisser le noeud et on l'etreirit ä son collet. Ensuite on I'excise. On pent alors serrer le noeud d'une maniere convenable , car, comme je viens de le dire, les extremites du lien sont tenues chacune par une main. Quant aux ligatures, on peut les reunir et les fixer en dehors de la vulve, ou les laisser dans le vagin atlachees a uneboule de liege preparee a cet effet. raquo;
Cette methode, d'une application assez difficile , n'a pas re?u la sanction de l'experience.
Castration de la jument.— Les conditions par-ticulieres oü peuvent se trouver les femelies des solipedes, et pour lesquelles la castration a ete pro-posee comme le seul moyen propre a les ramener a I'etat normal, ont ete enoncees a la page 40. Nous n*insisterons done sur ce point que pour reconnaitre I'utiiite de cette operation dans des cas tout-a-fait particuliers. Nous n'admettons pas avec M. Charlier [fiecueil, annee 1837, page 401) I'utiiite de la cas­tration des juments nondestinees a la reproduction. Les motifs en ont ete exprimes a la page 41.
Les precautions prealables, leprocedeoperatoire, les soins consecutifs, sont a peu pres les memes que pour les vaches.
La jument etant plus irritable que la vache, il faul l'assujettir avec plus de soin. Les inhalations
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4*8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; GASTRATION DKS FEMELLES
anesthesiques Irouveraient ici leur application. Le regime doit etre plus rigoureux.
Le peu de dilatation du vagin , la position plus pvofonde des ovaires appendus ä la region sous-lombaire , le peu d'etendue des ligaments larges , obligent a se servir dquot;un dilatateur moins grand , des pinces a torsion et dos ciseaux plus longs; ä faire une incision plus etendue au vagin, vu la ne-cessitc d'y porter toute la main pour aller saisir I'ovaire ; a pratiquer la torsion du ligament ova-rien dans l'interieur de l'abdomen; toutes circons-tances qui rendont Toperntion plus difficile et beau-coup plus grave que chez la vache.
Pendant les premieres heures qui suivent Tope-ration, i! faut, pour eviter une hernie intestinale ä travers la plaiedu vagin, empeclier la jument de se coucher, soit en la promenant si la temperature le permet; soit en Tattaciiant court au rätelier.
Castration de la truie — Viborg donna, en i 805, une idee assez exacte du manuel operatoire. Un travail tres complet sur cette question a ete public par M. Festal, dans le Journal des Velerinaires du Midi (annee 1845, pageo). M. H. Bouley, s'inspi-rant principalement du memoire de M. Festal ct des renseignements que lui a fournis M. Percbcron, veterinaire ä Orleans, a traite ce sujet avec lous les details desirables.
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SOUS LE RAPPORT CHIRÜRGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i49
Depuis trös longtemps nous pratiquons ou voyons pratiquer la castration de la truie, et nous nous empressons de reconnaitre que lous les details du manuel operatoire ont ete indiques avec un soin scrupuleux.
Les truies sont chatrees depuis Tage de six se-maines jusqu'a I'epoque la plus reculee de la vie. [/operation est d'autnnt moins grave que Tanimal est plus jeune.
Le printemps et l'automne sont les epoques les plus favorables ä l'operation.
La preparation a roperation consiste ä laisser ä jeun,le matin de l'operation, la jeune truie, et lors-qu'elle a porte, a la mettre ä 'ine demi-diete depuis la veille. Faire fienter et uriner les animaux avant l'operation , en les faisant promener pendant one demi-heure , est une bonne pratique.
Apercu anatomiqae de l'appareil genital. — La malrice a un corps tres court et des cornes tres longues, qui s'etendent jusque dans les circonvo-lutions de I'intestin grcle, duquel elles se distin-guent par un moindre volume , des parois plus resistantes, cedant moins facilement a la pression exercee par les doigts.
Les ligaments su^penseurs de la matrice ont des dimensions en hauteur qui permettenl la sortie totale de l'organe par une ouverture faite a I'ab-domen.
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450nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES FEMELLES
Les ovaires, dont le volume varie selon Tage et: le nombre des gestations, ont un aspect irregu-liörement bossele et sont places en dedans des ligaments suspenseurs, a 2, 3 ou 4 centimetres de l'extremite des cornes.
Appareü d'inslrumenls. — Un bistouri dont la forme pent varier beaucoup : I'essentiel c'est qu'il soit convexe;
line aiguille a suture munie d'un fil cire;
Des ciseaux courbes et quelques bouts de fil. Si Ton voulait pratiquer la torsion limitee , il faudrait des pinces anatomiques.
Un ou deux aides sont necessaires.
Manuel operatoire. — Les manoeuvres a effec-tuer varient selon Tage de la bete.
La jeune truie est assujettie sur le cole droit; pour cela I'operateur, place derriere le dos de l'animal, maintient la tete avec son pied droit mis sur I'encolure ; le pied gauche est engage sous le flanc droit. Un aide tient les membres posterieurs legerement tendus en arriere. Les soies sont cou-pees sur la region du flanc oil doit se faire l'inci-sion ; puis Ton precede a cette incision , dont la direction perpendiculaire, d'apres M. Festal, est ä peu pres au milieu d'une ligne qui partirait de Tangle externe de l'ilium pour aller tomber sur la deuxieme mamelle abdominale. Vibord I'indique comme devant etre parallele ä la ligne vertebrale.
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SOUS LE RAPPORT CH1RURGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 45t
Le premier mode est preferable, surtout chez les truies agees, dont les cornes de la matrice sent moins rapprochees de la region lombaire. Le sang qui s'ecoule de la plaie s'echappe aussi plus facile-menl au dehors.
L'incision, de 4 a 5 centimetres d'etendue et faite d'un seul temps, peut seulement porter sur la peau, ou interesser aussi les muscles, mais ne pas les traverser entterement, a moins d'etre bien sur de sa main; mieux vaut ne faire cette division des muscles qu'en un second temps, en ayant soin de ne pas interesser le peritoine , de crainte de leser l'intestin. Le peritoine doit aussi etre ponctionne avec le bistouri, en le soulevant avec des pinces, le pingant avec les doigts, et mieux au moment oil commence l'expiration. Sa trame une fois rompue , le doigt le traverse faciie-ment.
II est des Operateurs qui divisent les muscles et le peritoine au moyen du doigt, e'est facile si I'on-gle est pointu. La division est moins nette , la cica­trisation plus longue et on s'expose a separer le peritoine des parois abdominales dans une vaste etendue, et avoir une hernie, resultant du passage d'une anse intestinale a travers l'ouverture du peri­toine qui, en se cicatrisant, peut etrangler l'intes­tin hernie.
Pour la recherche et Vextirpalion des ovaires,
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löinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES FEMELLES
l'operateur passe l'index de la main droite, dont la' pulpe est tournee an haut et un peu en arriere, entre la colonne venebrale et les intestins qu'il re­foule du cöte des parois inferieures de l'abdomen , et cherche l'ovaire ä la region sous-lombaire. Cet organe a une forme lenticulaire, il est dur et tres mobile. Lorsqu'il l'a trouve, il le saisit en repliant le doigt en crochet, l'applique contre les parois abdominales, et l'amene en dehors en le faisant glisser contre ces memes parois (l'habitude seule rend cettemanipulation facile); unefois l'ovaire gau­che dehors, on l'y maintienl avec les doigts ou en l'appuyant en dehors des bords anterieurs de l'in-cision , on attire avec management la corne qui lui correspond ; arrive ä la bifurcation , on saisit la corne droite qu'on amene ainsi que Tovaire au de­hors. Alors on peul exciser toute la matrice, c'esi sans inconvenient chez les jeunes animaux, ou seu-lemeni les ovaires, ce qui est preferable, et on rentre la matrice dans l'abdomen, en refoulant avec le doigt lescornes de cet organe.
S'il etait difficile de trouver l'ovaire ä cause de son petit volume ou de sa situation , on devrait sai-sir la corne avec le doigt replie en crochet, et une fois amenee a l'orifice de la plaie, l'operateur la prend avecle pouce et l'index de la main , s'assure que ce n'est pas une anse intestinale, et I'entraine au dehors; puis il la devide jusqu'ä son extremite
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SOUS LE RAPPORT CHIRURGICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;*53
'terminale oil se trouve Tovaire. Les manoeuvres ulterieures sont celles deja indiquees.
Deux ou trois points de suture sont fails aux levres cutanees de la plaie (suture du pelletier, ä points passes ou enlrecoupes); en pratiquant la suture , il faut prendre garde de ne pas traverser les anses intestinales qui pourraient se glisser dans la plaie.
Pour eviter, pendant les efforts expulsifs fails par i'animal, la sortie de l'intestin, I'operateur doit toujours tenir I'index dans I'abdomen.
Pour les truies ägees de plus d'un an ou qui out porle, les seules modifications qu'offre le procede operatoire consistent a ne pas laisser en meme temps en dehors de la plaie , les deux cornes de la matrice et ä ne pas se bonier a la simple incision des ova ires.
11 faut done , une fois I'ovaire gauche dehors, proceder immediatement ä son ablation, soil au moyen du ratissage ou de la torsion simple ou bornee. On pent aussi employer la ligature. Puis on devide la matrice; pour cela les doigts dc la main gauche entrainent au dehors la corne gauche et ceux de la main droite la rcntrent. Arrive ä la bifur­cation , on saisit la corne droite et on continue les memes manoeuvres jusqu'a ce que Ton arrive ä I'ovaire droit, parfois entortille au milieu des nom-
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'454nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES FEMELLES
breuses circonvolutions de la matrice ; dans ce cas, on le degage doucement avec I'index, on I'entraine au dehors et on I'enleve en prenant ]es memes pre­cautions que pour le gauche.
M. Festal recommande d'employer pour cet ovaire I'excision simple, afin d'avoir une hemor-rhagie qui previenne rinflammation de la matrice.
Si le sang coulait en assez grande quantite et qu'il s'epanchät dans I'abdomen, ne provoquerait-on pas une maladie plus grave que celle qu'on veut prevenir? Dans le doute, il est preferable d'eviter I'hemorrhagie.
Teiles sont les manoeuvres a I'aide desquelles on parvient generalement a enlever les ovaires. II est cependant quelques difficulles qu'il est utile de signaler.
Si la truie est en bon etat, le doigt pent etre trop court pour accrocher I'ovaire on la corne de la matrice; on y supplee en soulevant 1c flanc droit au moyen du pied place sous lui, ou d'un corps assez volumineux.
L'ovaire est-il hypertrophie? on agrandit I'inci-sion du flanc; si le volume de l'organe est du ä des kystes, on peutles ponctionner avec un trois-quart assez long pour conduire la matiere au dehors. A-t-il contracte desadherences? on les detruitavec les doigts ou a I'aide d'un bistouri, ou on abandonne Foperation.
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SOUS LE RAPPORT CHIRÜR8ICALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 455
A-t-on commence a operer une bete dont on igno-rait la plenitude? il faut suspendre toutes manoeu­vres et renvoyer la castration a une epoque plus opportune.
Soins ä dormer apres la castration. — 11 faut eviter que les animaux se vautrent, les tenir sous un toit bien acre et sur une bonne litiere, a la diete absolue le jour de l'operalion ; de la farine et du son en petite quantite, pendant les quatre ä cinq jours suivants. Apres ce temps, ils sont insensible-ment remis a leur ration ordinaire.
Une saignee, si I'operation a ete longue et dou-loureuse et si la bete est ägee , est indiquee.
On n'a pas a s'occuper de la plaie , k moins de complications.
Les jeunes truies se ressentent k peine de I'ope­ration ; aussi le regime est-il pour elles moins rigoureux. Pour celles qui tetent et prennent aussi d'aulres nourritures, on leur accorde, le jour de I'operation , le lait de la mere seulemcnt.
Castration des brebis. — Les motifs qui font que cctte operation est ires rarement employee chez ces animaux, et ne doit pas I'etre, ont ete expo­ses k la page 164. 11 est done inutile d'insister beaucoup sur les details de I'operation.
C'est apres l'äge de deux mois que I'agnelle pent etre cbatree.
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456nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES FEMELLES
La bete etant assujeltie sur le cote droit, on pra­tique avec precaution une incision de 4 a S centi­metres vers le milieu d'une ligne droite tiree du sommet de l'angle de rilium au nombril; le doigt indicateur cherche et saisit l'ovaire, rarnenc au dehors. Älors on devide les comes , on entraine l'autre ovaire au dehors de la plaie, et on enleve ces deux organes au moyen de la torsion. D'apres Daubenton [Instructions four les bergers, 1810), le lendemain de l'operation , si eile a ete bien faite , les betes reprennent leur gaite.
Castration de la chienne. La disposition ana-tomique de l'appareü genilul de la chienne offre des particularites qu'il importe de signaler, parce qu'elles apportent des modifications au precede usite chet les autres petites femelies.
Les ligaments larges ont un tres grand develop-pement en longueur; ils se prolongent jusqu'aux hypochondres, oil ils se dedoublent pour aller s'at-tacher, par un feuillet externe ou divergent, en dedans de la derniere cote, tandis que leur feuillet interne ou convergent va s'implanter ä la region sous-!ombaire, derriere le diaphragme. Entre ces deux feuillets, de chaque cote, se trouve compris le rein , comme flottant au milieu d'un tissu cellu-laire tres lache.
Les ligaments larges de la chienne diminuent de
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SOUS LE RAPPORT CH1RURG1CALnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;457
hauteur ä mesure qu'ils se prolongent en avant, en sorte que le bord anterieur du feuillet externe dans lequel se trouve compris 1'ovaire, plus court que leur partie mediane , donne une certaine fixite rela­tive a l'extremite anterieure des comes qu'il main-tient relevee dans chaque hypochondre.
Les ovaires, situes ä 2 centimetres environ au-dessous des comes, sont souvent caches par la graisse dont se chargent les ligaments larges.
Ces particularites obligent ä faire une incision do chaque cöte du flanc, tout pres de la derniere cote et vers le tiers inferieur de cette region.
Les considerations chirurgicales qui se rattachent aux femelles des petites especes , pcuvent trouver leur application chez la chatte, si quelques circons-tances, tres exceptionnelles, obligeaienl a chätrer cette femelle.
Nous passons sous silence le manuel de la castra­tion de la pouk'j par les motifs exprimes a la page 188.
Mmc Millet-Robinet declare, dans son ouvrage snr les oiseaux de basse-cour, pigeons ct lapins (1858, page 65), n'avoir jamais pu parvenir a faire cette operation , meme en utilisant le chloroforme.
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i.-)S
ACCIDENTS DE LA CASTRATION'
CHAPITRE II
DES ACCIDENTS DE LA CASTRATSON
Envisagee sous lo rapport palhologique, la cas­tration offre une grande importance. Pour si habile, en effet, que soit I'operateur, quel que soit le pro-cede cliirurgical employe, il ne pcut se promedre un succes complet. Combien norabreuse et variee est la nature des accidents qui peuvent accompa-gner la castration.
La texture, la diversite des tissus que I'instru-ment Interesse; leur situation aupres d'une cavite splanchnique (abdomen) avec laquelle ils commu-niquent directement, !eur correlation organique et fonclionnellc, leur susceptibilile morbide; I'etat si variable du sujet, la fächeuse influence des condi­tions hygieniques oil il pent se trouver place, nous expliquent la grnvite de cette operation et comman-dent au veterinaire de prendre, soit pendant, soit, apres ramp;nasculation, les precautions les plus minu-tieuses.
Bien operer est beaucoup, sansdoute; maispre-venir ou combattre ä temps les complications est bien plus. (Test par les soins nombreux dont il en-toure son malade quo le veterinaire se distingue de l'empirique; c'est par eux qu'il lui est permis de
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CHEZ LES SOLIPEDESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i59
compter sur l'innocuite de l'operation. Operes (les animaux] par des mains inhabiles, prives de tous soins, il n'est pas douteux que les accidents de la castration ne fussent plus frequents et que la mor-talilo ne depassat le chiffre de 1 a 2 pour 100, etabii par la statistique de Lacoste, qui est, nous le croyons, l'expression exacte des fails de la pra­tique generale. II est des cas exceplionnels, ainsi que i'a demontre Lacoste , oü la mortality equivaut ä celle procluite par une enzootie meurtriere.
Les accidents dont la castration pent etre sui\ ie sont, d'apres leur frequence, places dans I'ordre ci-apres : liemorrhagie, cedeme, gangramp;ne, in-flammation du cordon lesticulaire, abcös, fislules, perilonite, hernie, letanos, amaurosc.
II en est de particuliers ä quelques modes de castration; tels sont, pour le bistournage: la chute de la ligature, le retour du testicule dans sa posi­tion normale, la delorsion du cordon, la morti­fication d'unc partie ou de la lolalitc des bourses, Vinflammation des bourses, Vacrobustite, I'orchite.
Quelques-uns so rapportent ä la castration des femelles ; ils scront indiques en leur lieu.
II ne sera pas fait une etude approfondie, com­plete de chacun de ces accidents ; il suffira pour la plupart, et au point de vue oü nous nous sommes place, d'en faire connaitre sommairement : les cau­ses les plus evidentes, les symplomes essentiels; de
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iGOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ACCIDENTS DE LA CASTRATION
poser ks indications prophylactiques el therapeu-liques el d'indiquer quelques-uns des moyens pro­pres A les rcmplir.
SECTION PREMIERE.
ACCIDENTS DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPEDES.
Sommaire : Hemorrhagie. — CKdeme — Gangrene. — Inflammation du cordon testiculaire.— Abces.—Fistulös. — Peritonite. — Tetanos. —Araaurose.
Hemorrhagie.
L'hemorrhagie, distinguee, selon 1c moment od eile se produit, on primitive et en consecutive, pent etre assez forte pour compromettre la vie do
sujet.
Vhemorrhagie primitive se rattache d'une ma­nure directe au mode de castration employe. Pius faible est le moyen hemostatique, plus facile et plus actif estrecoulement sanguin. II a ete dejä question de ce sujet, ä propos des phenomenes consecutifs ä la castration , et indique quels etaient les modes operatoires qui favorisaient le plus cet accident. L'excision simple en offre le maximum de frequence et de gravite ; la ligature et les casseaux le mini­mum, et il resulte toujours, dans ce dernier cas, d'un defaut de compression du cordon.
L'hemorrhagie pent aussi se produire au-dessus
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CHFZ LES SOMPRÜKSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 461
de la ligature ou du casseau, lorsque , par des ma­noeuvres irrationnelles, les arteres ont the dechi-rees : ce qui est facile chez les sujets jeunes et de race distinguee oü les parois vasculaires sont d'une texture delicate.
L'incision des enveloppcs a, independamment du mode operatoire, une grande action sur la duree de riiemorrhagie , qu'elle soit primitive ou conse­cutive. Moins cette incision seraetendue, et plus faciiement s'arretera Fecoulement du sang. Une petite incision permet ä la plaie de so serrer par reffet de la tonicite et de la contraclilite des tissus; d'oii resulte un obstacle a l'ecoulement du sang au dehors, la coagulation de ce liquide dnns I'interieur de la plaie et, par suite d'un coagulum par couches successives, l'obstruction de l'orifice beant des vaisseaux.
L'liemorrliagie primitive pout se produire pen­dant que I'animal est encore abattu ou apres qu'il s'est releve.
Uhcmorrkagk consecutive se produit a une epo-que plus ou moins eloignee de l'operation, et re­sulte d'accidents ou de l'imperfection de la cicatrisa­tion. Elle se voit presque exclusivement ä la suite des modes de castration par les casseaux et la liga­ture. Dans les autres methodes operatoires , le cordon, en se retirant dans le sac vaginal , est
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i6i ACCIDENTS DE LA CASTRATION
soustrait a toute violence exlerieure, la relraciilile des parois vasculaires se fait librement, et l'exsu-dation plastique entoure rextremite du cordon. Toutes ces conditions rendent les hemorrhagies eonsecutives tres rares.
Le cordon, devenu friable par suite de Tinflam-mation , est dispose a se dechirer au moindre effort de traction exerce sur lui, comme peuvent le pro-duire : rengorgement volumineux qui pousse le casseau en bas ou maintient la ligature tendne si eile a ete fixee aux levres de la plaie pour eviler la retraction du cordon, pendant que la voussure des reins, la contraction du cremaster et des Obres mus-culaires grises du cordon agissent en sens oppose; les crins de la queue en s'attachant au casseau, ou les dents de l'opere. Ces dernieres causes peuvent, au lieu d'un simple tiraillemcnt, provoquerla chute de Tagent do compression.
C'est apres l'enlevement des casseaux que cet accident est le plus frequent, soil par Fablation trop hätive de ces appareils et le peu de resistance du caillot obturateur de Tariere , soit par des manipu­lations irrationnelles pour proceder ä cette abia-tion , ou de l'excision d'une trop grande etendue de la portion parcheminee du cordon.
Lorsqu'on laisse detacher les casseaux par I'ln-flammation disjonctive , le poids de ces appareils, les frottements exerces sur eux peuvent desunir
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CHEZ LES S0L1PEÜESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; *63
l'eschare des parties auxquelles eile adhere, avant que le travail de rinflammation eliininatrice soil acheve, et produire I'liemorrliagie.
Le sang fourni par le cordon testiculaire s'ecoule au dehors ou s'accumule dans rinterieur des en-veloppes.
Le jet varie d'intensite; il pent fournir jusqu'a un decilitre de sang par minute , tantöt fort, tantöt faible; il s'eehappe quelquefois goutte a goutte ou en pent filet; il cesse de couler pendant quelques instants, pour recommenccr aux moindres mouve-ments fails par I'animal; enfin il s'arrete definiti-vemcnt.
Si le sang s'accumule dans le sac vaginal, la region scrotale acquiertde grandes proportions; la tumeur, qui se forme avoc assez do rapidite, monte dans Faine en suivant le trajet du cordon : eile est de consistance päleuse . indoiore; une pression exercee sur eile avec les mains fait sorlir les cail-iots, et I'liemorrhagie recommence. L'introduction du doigt dans la gaine produit, pendant les pre­mieres vingt-quatre heures, le memeeffet. Passe ce temps il n'en est plus ainsi, parce que le vaisseau s'est retire sur lui-meme et qu'il renferme un caillot oljturateur.
L'ecoulement de serosite par la plaie annonce Tarret defmitif de rhemorrhagie.
11 ne faut pas confondre avec I'hemorrhagie
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mnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
rccoulement de la serosite sanguinolenle qui s'echappe souvenl de la plaie goutte ä goutte ou en jet continu, de suite apres l'operalion ou des (ju'on a enlcve Ics casseaux.
Le pronostic de cet accident est tres variable ; la gravite de rhemorrhagie primitive ressort des con­ditions oü eile se produit. Plus le mode operatoire est imparfait, comme moyen hcmostatique, et plus abondant et plus redoutable sera rccoulement du sang.
L'hemorrhagie consecutive est generalement plus fächeuse que la primitive, ä cause de l'elat mor­bide dent Tarterc et le cordon sont lo siege; ia rigi-dile, rinfiltration du tissu cellulaire entotirant Tar­iere, maintiennent beant l'orifice de ce vaisscau.
L'afllux sanguin dont la panic enflammee est le siege, active aussi rccoulement du sang.
Le temperament lymphatique, la debilite, I'ane-mie , Tage adulte , la dilatation anormale des ar-teres testiculaircs , rendent le pronostic des hemor-rhagies plus grave.
L'hemorrhagie de castration primitive ou consd-eulive, procedant de l'artere grande testiculaire, est inquietante; la mort peut meme s'en suivre. II Importe done A'ev'der ou A'arrcler I'dcoulement sanguin.
On cviteru les hemorrhagies primitives en n'em-
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CHEZ LES S0L1PEDESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 465
ployant pas les modes operatoires qui sont toujours suivis de ces phenomenes, et en apportant a I'exe-culion des autres les precautions recommandees ä propos de leurs descriptions.
Hn se conformant aux regies prescrites pour I'liygiene des operes (p. 550) et l'enlevement des casseaux (p. 295) , les hemorrhagies consecutives seront tres rares.
Si, malgre les precautions prises, 1'hemorrhagie se produit, il y a indication de l'arreter.
Plusieurs moyens peuvent etre employes ä cet effet.
Se trouve-t-on en presence d'une hemorrhagie primitive? le jet artericl cst-il peu fort, pen volu-mineux, le sujet energique et jeune? Les affusions froidessur la region scrotale, Timmobilite del'opere renduela plus complete possible, aident a la retrac-tilite des vaisseaux, et l'effusion du sang s'arrete.
Si la formation d'un caillot dans l'interieur de la plaie concourt ä Thematose , qu'il en soit meme I'agent le plus puissant, cst-il rationnel de laisscr ce coagulum sanguin faire l'office d'un pansement comprcssif? Oui, lorsqu'on n'a pas ä redouter la prompte decomposition du caillot et ses effets con-secutifs. Non , dans le cas contraire. L'operateur devra done se guider d'apres les donnees d'une saine pratique. Or, I'experience a constate que sous rinfluence d'une chaleur humide, lorsque, surlool,
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460nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ACCIDENTS DK LA CASTRATION
souffle le vent du sud, l'animal offre peu de reaction Vingt-quatre a quarante-huit heures, temps neces-saire au moins pour que le caillot produise son effet hemostatique definitif, sont süffisantes pour la putrefaction du caillot et le developpement de la gangrene. Dans des conditions opposees, ce pheno-mene morbide est peu ä redouter.
La variete de la constitution almospiierique oil se trouvent places les operes, explique la diversite des opinions existant sur ce moyen hemostatique , et pourquoi les uns le rcpoussent et les autres I'adoptent sans crainte.
Si ces moyens sont impuissants pour arreter Tecoulement du sang, ce qui n'est pas rare dans I'hemorrliagie consecutive ; si la force el !o volume du jet arteriel laissent peu a compter sur les agents hemostatiqucs ordinaircs, il faut proceder immediatement ä la compression on a la ligature de l'artere.
Les considerations relatives au caillot considere comme hemostatique, s'appliquent ä la compression utilisee dans ce but.
II faut reconnaitre, neanmoins , que la compres­sion methodiquement appliquee et ä laquclle on associe des liquides, eau de Rabel, solutions chlo-rurees. surtout le perchlorure de fer, agissant tout ä la fois comme hemostatiqucs et antiputrides, lais­sent peu a craindre Talteration putride des caillois.
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CHEZ LES SOLIPEDESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; laquo;7
Le tamponnement s'exerce ä l'aide d'une etou-pade inlroduite avec soin dans 1'interieur de la plaie et maintenuepar la suture ä bourdon nets.
Le pansement ne doit elre renouvele qu'apres quarante-huit heures.
M. Lafosse (Journal des VSldrinaires da Midi, 18S4, page 324), ne conseille pas ce moyen , par les motifs qu'il ne s'oppose pas surement a I'ecou-lement du sang; ce liquide, au lieu d'aboutir an dehors, peut tres bien parvenir dans la portion abdominale du peritoine; le sejour du sang dans la plaie, la forte irritation entretenue par les tam­pons, sont, en outre , des causes de gangrene, de peritonite , de phlegmons profonds, etc. Admettant qu'on y eut recours , on devrait tenter d'interposer entre le cordon et les parois de ia gaine une etou-pade assez tassee pour s'opposer nu reflux du sang dans le peritoine. 11 faudrait aussi, pour eviter la putrefaction du sang, lever le premier appareil a un court Intervalle.
Les motifs assigncs par M. Lafosse a l'appui de son opinion , doivent etre pris en consideration.
Nousavons constate, a la suite du tamponnement, presque toutes les com plica lions signalees par ce professeur : l'introduction du sang dans rabdomcn est une de celles qui n'a pas ete observee par nous; on en comprend neanmoins la possibilite et toute la. gravite qui en resulterait.
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Si le lamponnement est impuissant a arreter 1'hemorrhagie , il devient alors tres difficile de lier Tariere, ce vaisseau ayant etc refoule, par 1c pan-seraent, dans le haut de la gaine vaginale.
La ligature est, dans les conditions ordinaires, le moyen hemostatiquo le plus rationnel, et Ton ne doit recourir au tamponnement que dans les rares casoü le cordon se derobe eniierement aux atteintes de l'operateur.
M. H. Bouley repousse la ligature, parce que les tiraillements du cordon, la constriction exercee par le lien deviennent facilementle point de depart de l'inflammation diffuse de cet organe et d'unc peritonite consecutive; la compression serait, en outre, plus simple, d'une execution plus facile que la ligature.
Nous ne contesterons pas la valeur de l'argumen-tation de M. H. Bouley. Nous croyons neanmoins qu'en prenant, pour pratiquer la ligature, les pre­cautions indiquees (loc. cit.) par M. Lafosse, et qui seront mcntionnees plus loin , ces complications seront peu frequentes.
Les observations recueillies sur les effets de ces deux moyens hemostatiques , dans les conditions oil noussommes place, parlent beaucoup plus en faveur de la ligature qaedu tamponnement. Dans la gene-ralite des cas, la ligature est d'une application plus prompteetaussi facilequ'untnmponnementregulier.
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CHEZ LES SOUPEDESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i69
Pour Her le cordon, I'animal elant abattu et la gaine vaginale debarrassee des caillots qu'elie peut contenir, Toperateur saisit avcc les doigts ou une pince ä anneaux a mors plats , l'extremite du cor­don et l'amene graduellement, et sans secousse, assez bas pour placer la ligature.
S'il y a impossibilite de prendre le cordon par ces manoeuvres, on saisit le septum forme par les deux lames adossees de la sereusc . et dont le bord fixe longe la face posterieure du trajet inguinal ; on tire sur cette cloison, en gagnant de plus en plus la partie anterieure , jusqu'a ce qu'on soil arrive sur le cordon lui-meme.
Si l'ouverture des bourses est trop etroite pour agir facilemenl, on incise suffisamment les deux commissures de la plaie.
Si le troncon du cordon est remonte Ires haut dans la gaine, on I'atteinten incisant, sur le trajet du cor­don , la levre externe de la plaie, dans une etendue assez grandc pour arriver, s'il le faut, jusqu'aupres de l'orifice superieur du trajet inguinal.
Une fois le cordon saisi et entraine assez bas, on passe I'aiguille munie d'un fil dansle faisceau ante-rieur du cordon en arriere de l'artere, et on ramene les bouts du fil en avant du cordon et on les assu-jeltil par nn noeud suffisamment serre.
Si la retraction du cordon dans l'abdomen etait k redouler, !es fils qui etreignent le cordon seraient
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470nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
fixes au scrotum , en agissant comme oela a ete indique ä propos de la castration par ligature.
Qu'on ait recours au tamponnement ou ä la liga­ture, !es affusions d'eau froide continues sont un bon auxiliaire pour l'arret de l'ecoulement sanguin.
CEdöme.
A propos des phenomenes secondaires, page 527, consecutifs ä la castration , il a ete question de cettc infiltration sereuse, designee sous le nom d'mdeme, compagne obligee de rinflammation , et dont le volume qu'elle acquiert donne souvent la mesure de son intensite.
Le modo d'accroissement, les caracteres de cet ctat morbide ont ete signales , les circonstances qui peuvent favoriser son developpement indiquees , ainsi que les moyens propres ä le combattre.
Si roedeme , pour si volumineux qu'il soil, con­serve ses caracteres propres, sa physionomie parti-culiere qu'on pourrait appeler normale, il n'offre aueune gravite.
L'engorgement progresse-t-il tout-ä-coup vers les parties superieures, est-il irregulierdans sa forme; la douleur provoquee par la pression , sa tension , ne sont-elles pas les memes dans toute son etendue ; la suppuration fournie par la plaie de la castration tarit-elle ou se modifie-t-elle dans sa nature? il de-vient un accident grave et qui se ratlache, le plus
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CHEZ LES SOLlPfiDESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 471
souvent, ä la gangrene , dont il va etre ques­tion.
Si roademe n'opparait pas ou n'a qu'un petit volume ; si la suppuration est longue a s'elablir ou le pus sereux , ])eu abundant, et que I'etat genera! du sujet ne soit pas en rapport avec le peu d'inten-site de rindarnmation locale , ranimal est sous le coup d'une maladie interne grave , et doit etre surveille avec ie plus grand soin , afln d'attaquer ['affection qui se declarera des son debut.
Oansrine.
La gangrene, resultat immcdiat de l'action trau-malique oxercee sur le3 tissus, est un accident redoutable et frequent dans certaines conditions inhercntes au sujet, au climat et ä I'etat atmosphe-riquc ; e'le peut compliquer tons les modes de cas­tration sanglante; il sufflt d'une plaie, d'un tissu ou liquide putrescible, et de l'action de l'air, pour provoquer ce grave accident.
Iscs causes de la gangrene sont nombreuses ; elles se rattachent ä Vital genera! de Vindividu, ä celui de Valmospherc qui i'environne, a Vital de la re­gion oü I'on a opere.
Les individus faibles, c'nez lesquels les phenome-ncs de reaction sont au minimum de developpement; ceux qui au moment de I'operation se trouventsous l'influence de l'invasion de la gangrene; les anir-
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i7änbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
maux issus de croisements peujudieieux, sont pre­disposes ä cette affection.
La conslilution atmospheriquc oh se irouve place le sujet opere a une influence non contestable sur l'apparition de la gangrene : une temperature chaude et humide; le souffle du vent du sud; des ecu-ries insalubres , par defaut d'aeration , par l'en-tassement des animaux sains ou malades , d'ou i'emanation des miasmes simples ou morbides vi-ciant Tatmosphere, sont autant de circonstances qui favorisent cet accident.
II faut que le climat et l'etat atmospheriquc qui en ressort, ait une bien grande action sur le develop-pement de la gangrene , puisque Lacoste, qui ope-rait dans le nord de la France, n'a pas observe un seul cas de gangrene sur 9,885 animaux de tout äge qu'il a castres dans une periode de vingt-quatre annees.
Quant ä l'elal de la region oü l'on a opere, on peut poser en principe que Fintensite de l'inflam-mation , l'abondance des liquides qui affluent dans les parties, la pression exercee par !es casseaux, ia presence dans la plaie d'un tissu incompletement mortifie ou d!un liquide organique, et surtout du sang extravase , sont on ne peut plus favorables ä la manifestation de la gangrene.
Cet accident n'apparait qu'exceptionnellemeut avant le quatrieme jour et apres le huitieme.
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CHEZ LES SOLIl'EDESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; laquo;3
L'invasion de la gangrene se decele par Tengor-gement oedemateux qui, au lieu de suivre sa mar-che ordinaire , penetre profondement dans la region inguinale; par rodeur fetide de la plaie ; Fabsence de la suppuration remplacee par une serosite trou­ble, melangee de caillots d'un jaune fonce.
II arrive quelquelbis qu'au moment oh apparais-sent ces signes facheux , le pus fourni par la plaie n'offre pas encore de modifications appreciables.
A ces symptömes se joignent parfois un frisson de courte duree et de l'inappetence; bienlöt l'en-gorgement acquiert d'enormes proportions, il gagne le perinee, la face interne des cuisses, les flnncs, le dessous du ventre et meme le thorax ; d'abord brü-lant et tres douloureux, il devient froid , insensi­ble, sonore, crepitant au voisinage de la plaie, d'ou s'exhale une odeur insupportable qui se repand dans toute Fecurie.
Dans des ens exceptionnels, de vasles lambcaux de peau et de tissu cellulairc tombent en sphacele, eiimines avec une suppuration sanieuso, et laissant ä decouvert des plaies d'un aspect hideux.
Des que la gangrene est bien declaree , une soif ardente tourmente le malade ; Fappetit disparait; la bouche devient päteuse et fetide; les muqueuses prennent une teinte livide ; le pouls laquo;'efface et s'ac-celere en meme lemps que le coeur bat avec plus d'energie et de vitesse; la respiration devient de
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mnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ACCIDENTS DE LA CASTRATION
plus en plus frequente; les urines, sanguinolentes et troubles, sont rejctees frequemment avec une espece de tenesme; I'anus deviant beanl; les crins cedent a la moindre traction ; il y a resolution des forces, et, en cinq äsix jours, I'animal succombe. Tel est le tableau fidele donne par M. Lafosse (loc clt.), sur revolution symptomatique de cet etat morbide. La gangrene de castration ne differant • pas de la gangrene ordinaire, cette affection avait dejä trouve en M. Renault [Traue de la gangrene Iraumatique] un narrateur aussi exact qu'habile.
Les causes de la gangrene etant generalement connues, e'est a les eviter que roperateur doit, s'evertuer, dans les limues du possible. II y par-viendra en se conformant aux principes emisa pro-|)0S : de l'cxamen des conditions les pins favorables d I'operalion, da manael operaloire, des precau­tions ä prendre avanl. de faire relevcr les animau.v, de I'enlevemenl des casseaux, des soins ä dormer aux operes.
M. Lafosse, reconnaissant, avec raison, ia pos-sibilite de la putrefaction de la serosite accumulee souvent dans la gaine vaginale, recommande, en vue d'eloigner une des causes de la gangrene, de ponctionner cette gaine, pour faire evacuer le liquide qu'elle contient.
M. H. Bou'ey, niant l'existence de cette accumu-
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lalion de serosite, est naturellement conduit a desapprouver celte pratique.
Nous n'avons pas eu occasion de rattacher d'une maniere direcle les phenomenes de gangrene ä la putrefaction de la serosite renfermee dans la gaine vaginale; mais cette accumulation est un fait bien souvent constate et qui s'observe dans les conditions ordinaires de la castration.
Si la serosite existe , eile pent done , se trouvant dans les conditions voulues, eprouver, comme toutes les matieres organiques , la putrefaction et provo-quer la gangrene. Cela etant, il est rationnel de faire ecouler cette serosite , cause possible de cette affection.
Ramencr la vitalite dans les tissus oü eile com­mence ä s'eteindre; separer les parties mortes des parties vives ; eviler Tabsorpiion de richer gangre-neux, combattrc seseffets, tellessont les indications pressantes qu'offre cet accident.
Les frictions de liniment ammoniacal sur I'engor-gement, ou des poinies de feu ; l'excision de toutes les parties froides, insensibles, allant meine dans le vif; la cauterisation de la plaie avec un cautere chauffe a bianc , puis la saupoudrer d'un melange antiputride : poudre de Corne, dc quinquina, d'ecorce de chene, de chlorure de chaux, de charbon, un melange de quinquina et d'essence de
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terebenlhine; ä rinterieur, les infusions de camo-mille, de plantesaromaliques, additionnees de cam-phre, d'acelate , carbonate d'ammoniaque ; une bonne aeration de l'ecurie, tels sont les moyens propres ä remplir les indications posees , et sur refflcacite desquels on ne pent compter qu'au debut du mal. Plus tard ils sont impuissants ä arreter ses progres , et l'animal est irrevocablement perdn.
Inflammation du cordon testlculaire.
Cette affection , due ä des causes directes ou indi-rectes, ä marche lente ou rapide, ä terminaisons variables, consiste dans une augmentation, plus ou moins etendue, du volume du cordon, avec ou saus vegetations cellulo-vasculaires exträ-scrotales. Elle resulte d'une exsudalion plastique dans le lissu et autour du cordon, les veines peuvent aussi partici-per ä cette lesion et la compliquer d'une maniere fächeuse.
Cette maladie a ete designee sous les noms de champignon, d'induralion du cordon, de squirrhe, appellations tout-ä-fait impropres; la premiere ne peut se rapporter qu'ä l'une de ses formes :les ve­getations cellulo-vasculaires exträ-scrotales; la deuxieme ä l'une de ses phases, et la troisieme ä im etat general dont la lesion locale n'est que le reflet.
Ces motifs doivent faire donner a cet etat mor-
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hide, ia designation gencralo d'inflammation du cordon tesliculaire. 11 Importe, neanmoins, de con-server ä Tune de ses formes, les vtydlaliom ccl-lulo-vascnlaires exlra-scrotales, le nom de cham­pignon, qui donne une idee de l'aspect qu'offre d'ordinaire Falteration.
liest ulilede signalerque les vegetations eellulo-vasculaires qui se developpent en dehors du scro­tum , ne se ratlachent pas toujours a rinflammaiion du cordon , elles peuvent aussi exister aux levres de la plaie. Ne pourrait-on pas, pour etablir une distinction entre cesdeux alterations, designer cette derniere sous le nom de pseudo-champignon ?
Les manoeuvres necessitees par la castration con­sistent en une action traumatique ou en de simples manipulations; dansl'une et I'autreil en resulte tou­jours une inflammation du cordon qui, restant dans les limites voulues, est suivie de Tatropliie de cet organe et de celle du testicule, si cette glande n'a pas ete enlevee.
II est des cas oü cette inflammation depasse le degre d'intensite nccessaire a revolution des phe-nomenes d'atropliie ; alors apparait I'accident dont il est question.
L'inflammation peut etre limitee ä rextremite du troncon place en dehors des levres de la plaie, ou exister dans une elendue plus ou moins grande du
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78nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ACCIDENTS DE LA CASTRATION
cordon; dans ce dernier cas, il peut y avoir, en dehors du scrotum, une vegetation cellulo-vascu-laire (champignon), ou de simples bourgeons a l'orifice de la plaiequi ne se cicatrise pas; d'aulres fois, rinflammaüon persiste et la plaie se cicatrise. Ce dernier etat est ideiiliquo ä celui qui s'observe dans les modes de castration non sanglanle, suivi d'inflammation du cordon testiculaire.
Ces aspects offerts par la maladie ont donne lieu ä des divisions qu'il est important de signaler.
M. Lafosse [Journal, des Vdtertnaires da Midi, annee 1834, page 555), a distingue Ic champi­gnon en csseniiel et en symptontalique. liest inutile de faire ressortir rimportance de cette division au point de vue du pronostic et du traitement.
Sous lo nom de phlobite du cordon testiculaire, cet auteur a etudie , avec detail, l'inflammation inträ-scrotale du cordon , qu'il distingue en sus et soas-annulaire.
Nous avons pu nous convaincre souvent du role important joue par l'inflammation des veines (esti-culoires, duns les evolutions des symptomes de cette affection ; d'autres fois eile y etait entiere-ment etrangere. Les lesions existaient en dehors de ces vaisseaux, dans la trame du cordon , et au­teur de cet organe.
La phlebite du cordon testiculaire est appuyee #9632;sur un assez grand nombre d'observations, pour
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etre consideree comme un fait incontestable; niais il y a aussi, M. Lafosse ne le nie pas, inflammation du cordon sans phlebite.
M. H. Bouley [Dictionnaire dejä cito , art. Cham­pignon) a divise l'inflammation du cordon, qn'il designe, ä ton, dans tons les cas, sous le nom de champignon, en sous-scrolal et sous-culane, et ce dernier en cxlrü-inguinal, inträ-inguinal clinträ-abdominal.
Cette division , basee sur une judicieuse obser­vation , est l'expression exacte de la situation et de l'etendue de l'inflamniation du cordon; eile est d'une grande valeur sous le rapport du pronostic et du Iraitement.
En se basant sur I'aspecl varie offert par cette affection, on pent la diviser en exträ-scrotale essen­tielle on primitive, et en inträ-scrotale avec ou satis plaie.
Getto distinction permeltra de comprendre dans l'une des divisions, Vinträ-scrotale sans plaie, l'inflammation du cordon qui complique assez sou-vent les modes de castration non sanglante.
Les causes de cette inflammation sont direcles ou indirectes.
Les premieres se trouvent dans les manoeuvres effectuee? sur le cordon; les liraillements eprouves p;ir cet organc, soit par lo poids des casseaux , celui des tcsticules laisses appendus en dessous des
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.180nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS ÜE LA CASTRATION
appareils , surtout dans la castration ä testicules decouverts ; les divers frottements ; la forte retrac­tion du cordon; la tumefaction des bourses qui repousse les casseaux.
On a encore signale comme cause de cette in­flammation, la compression insuffisante du cordon ; le placement des casseaux sur ou au-dessous de l'epididyme, ou dans un point trop elevc ou trop bas du cordon. Cette dcrniere cause agil, soit en provoquant un tiraillement sur le cordon, soit en entrainant un pen le cordon en dehors des levres de la plaie; alors, dans la castration a testicules decouverts, le casseau n'est pas en contact avec le scrotum , le cordon depasse de '1 a 2 centimetres les levres do 1'incision; I'inilammation adhesive s'etablit entre les deux feuillets de la gaine et, lorsqu'on enleve les casseaux, eile est dejä assez forte pour s'opposer ä la retraction du cordon qui, restant preeminent en dehorsde la plaie, setrouve, par les effets de la cicatrisation des enveloppes, comprime assez, de jour en jour, pour que la cir­culation , la veineuse surtout, y soit genee, mais non pour determiner sa mortification.
L'excroissance cellulo-vasculaire qui se produit, pent acquerir des dimensions enormes. Teile est, dit avec raison M. Lafosse, la cause la plus gene-rale de rinflammation extra-scrotale du cordon et la manierc dont eile agit.
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II estdes vegetations cellulo-vasculaires apparais-sant entre ou en dehors des levres de Tincision et qui ne procedent pas du cordon. C'est cette lesion que nous proposons de designer sous le nom dc pseudo-champignon. Elle est produite principale-ment par Tinfiltralion du tissu cellulaire sous-darto-sien qui, apres Tincision des enveloppes teslicu-laires, fait souvent hernie en dehors de la plaie, et oü viennent se deposer les produits plastiques de 1'inflammation.
Lcs causes indirecles se rencontrent dans la dia-these gourmeuse; les arrets de transpiration sous l'influence de l'air froid. D'apr^s M. Schutt, col accident serait tres frequent en Russie , et en rap­port avec l'intcnsite du froid. Si dans les six a sept premiers jours qui suivent I'operation les animaux sont livres ä l'exercice en plein air, ils sont plus exposes a cette inflammation que s'ils sont prome-nes dans des maneges converts.
Le froid pent agir aussi par son action directe sur le cordon. Une alimentation substantielle donnee en abondance pendant !es premiers jours qui sui­vent la castration , a ete aussi consideree comme favorable ou developpementde cette maiadie.
Les symplömes de cet etat morbide varient selon la forme qu'il affecte; il faut doncetudier les signes qu'il presente dans ces diverses manifestations.
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Inflammation exträ-scrolale essentielle ou primi-live_ — Cette inflammation, bornee exclusivement ä l'extremite du cordon qui fnit hernie en dehors des enveloppes, merile seule ladenominalion de cham­pignon, et c'esl sous ce litre que M. Lafosse I'a etudiee en y joignant la qunliQcation d'essentiel, pour le distinguer de colui qui apparait apres I'in-tlammation inträ-scrotale du cordon , et qu'il quali-lie do symplomatique.
Le champignon apparait dans ies premiers jours qui suivent roperation , il n'est meme pas rare de voir avant renlevemcnl des casseaux, dans le mode a lesticules decouverts, une tumefaction double ou pimple, placee au-dcssus de ces appareils qu'elle repousse.
Si, an moment de l'enlevementdes casseaux, on laisse Ies ehoses en eel etat, cette vegetation , d'un rouge vifou brunälre, de forme irregulierement granulense, se retrecit a sa base par reffet de la cicatrice des levres de la plaie qui la compriment, et s'elargit a son sommet, ce qui Ini donne une res-semblance grossiere avec ie champignon. Cette forme particuliere lui a vain sa denomination.
A sa surface suinie une matiere purulente, claire, sonieuse, qui s'y desseche en croutes brunes, min­ces, fendillees, non adherentes; le moindre froisse-ment. exerce sur ce produit morbide, determine une hemorrhagie capillaire de courte duree.
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Ses dimensions yarient entre celles d'tine petilu ponime et la tete d'un homme. II pent meme acque-rir, exceptionnellement, un volume enorme et des-cendre jusqu'au niveau des jarrets.
Raremenl Ic champignon determine des phenu-menes generaux , a moins qu'il n'acc|uiere des di­mensions assez grandes et un poids assez eleve pour produire un embarras dans le jeu du train posterieur, et de tres vives sensations de douleur. Alors les polls se piquent, le dos et les lombes se voussent en contre-haut, l'appetit diminue et le sujet finit par tomber dans le marasme at mourir.
Les hemorrhagies capillaires intermittentes dont cette lesion est le siege, peuvent etre assez abon-dantes pour entrainer la perte du malade.
Ce sont lä des terminaisons tout-ä-fait exception-nellea. Le champignon est en general peu grave , son volume ne depasse guerc celui du poing d'un homme; mais il guerit peu souvent seul.
II est des vegetations qui simuient assez bien le champignon; elles s'en distinguent par une forme moins arrondie , par lour situation qui fait suite a Tune ou aux deux levres de la plaie ; par la possibilited'introduireledoigt, sunout des le debut, dans I'lnterieur des bourses, et d'y penetrcr meme assez profondement pour arriver jusqu'a la gaine vaginale ou au troncon du cordon ; elles peuvent
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IMnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
se resoudre ä la suite de la disparition de Tinflam-mation des parties lesees; d'autres fois la cicatrisa­tion de la plaie produit leur atrophie ; quelquefois elles oontinuent ä vegeter, s'opposent ä la cicatrisa­tion complete des plnies ; mais leur volume depasse rarement celui d'un oeuf de poule. Aiors seulement on leur donne le nom de champignon; plus petites. elles ont celui de cerises.
C'esi pour ne pas designer sous le meme nom deux lesions tres differentes, quecette derniere alte­ration est qualifiee de pseudo-champignon.
Inflammation inträ-scrotale avec plaie. — Cette inflammation pent occuper une etenduc plus ou moins grande de cordon, que la vue , la palpation et le toucher font parfaitement apprecier. Les mo­difications symptomatiques des Varietes de l'in-flammation sous-cutanee du cordon , elablies par M. Bouley, consistent principalement dnns l'in-tensite variable des symptömes locaux et generaux, et leur plus ou moins grande persistance ; toujours est-il que cette inflammation , envisagee d'une ma-niere generale , se decele par la persistance de l'oedeme du fourreau et des bourses. Gelte infiltra­tion acquiert plus de densite; un engorgement, variant de volume etd'etendue, dur et douloureux. se percoit sur le trajet d'un seul ou des deux cor­dons.
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La plaie est bourgeonneuse, les Vegetations acquierent parfois un volume aussi considerable que dans le champignon essentiel; ils out leur base moins etroite et offrcnt souvent dans leur centre des trajets fistuleux plus ou moins proforuis, d'oii s'echappe du pus variant par sa nature.
D'autres fois les bourgeons ont un si petit volume , que pour les apercevoir il est necessaire d'ecarter l'entree de 1'infundibulum renverse forme par les bourses relevees dans leur centre par le rnoi-gnon du cordon. Ces bourgeons peuvent etre aussi roriOce des fistules, d'oü s'ecoule une matiere purulente qui se concrete sur les levres de la plaie eta la face interne des cuisses.
II y a de la gene dans les mouvernents du train pos-terieur ; le membro qui correspond ä Tengorgement est porte dans I'abduction ; si les deux cordons sont atteints, les deux membres postcrieurs sont, pen­dant la progress'on, tres ecartes ; les reins, d'abord raides, se voussent en contre-haut; Tappetit dimi-nue , ia gaile disparait, le poll se pique , les flaues se creusent, I'animal se tient au bout de sa longe ; la fievre est plus ou moins vive.
Les terminaisons sont la resolution, la suppura­tion et Vinduration.
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La resolution, d'autant plus frequente que 1'in-flammation est plus limitee, se caracterise par la
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M6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
(iiminution el la disparition graduelles des symptö-mcs locaux et generaux.
Si on no remplit pas ä temps les indications qu'offre l'affection au debut, rinflammation pro-gresse avec assez de rapidite, envahit successive-ment les diverses regions du cordon.
La suppuration peut etre prevue lorsque, qninze ä vingt jonrs apres rapparition de rinflammation , les plienomemes locaux et generaux etant parve­nus ä leur plus haut degre d'intensite, la tumefac­tion de l'aine augrnente, s'etend ä la face interne de la cuisse, devientplus chaude, plus tendue, plus douloureuse , un cedeme so forme a son pourtour; la fluctuation apparait el le pus se fait jour au-dehors en quantite variable.
Le point oil apparail la fluctuation varie avec la region du cordon occupee par rinflammation. L'ab-ces qui se forme dans la portion abdominale du cordon est le plus grave. Le pus pent, neanmoins, se frnyer un passage au dehors et la guerison so produire (nous ravens vu quelquefois); mais le cas est mortel si I'abces s'ouvre dans i'abdomen.
L'exploration rectale permetdc suivre la marche progressive de I'abces qui so forme dans la portion abdominale du cordon et de juger de son volume.
Induration. La resolution et la suppuration ne sont pas, tout d'abord , les manifestations les plus
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ordinaiies de l'inflammaiion du cordon testiculaire.
Les pheiioinenes inflammatoires locaux, la fievre de reaction qui en resulte, parvenus ä certains degree d'intensite, dont il est impossible de deter­miner d'une maniere precise les caracteres, sem-blent arretes tout-a-coup dans leur marche ascen-dame ; l'oedeme des bourses et du fourreau diminue ; la chaleur, la douleur de ['engorgement sont iiioii^ prononcees; les mouvements du train posterieur sont plus faciles ; 'a fievre tombe ; ranimal recou-vre sa gaile ; ces signes favorables semblent pre-sager la resolution : il n'on est rien cependant . puisque rengorgemeul du cordon conserve son vo­lume, il acquiert plus de densite, l'oedeme ne dis-parait pas entieremcut; les bourgeons de Porifice de la plaie, los fistules, la secretion purulente qui s'y produit, persistent. Quelquefois, neanmoins, les bourgeons sc resolvent, les fistules se comblent, et les levrcs de la plaie se cicatrisent.
Get etat constitue l'inflammation da cordon .suns plaie, dout il sera bientot question.
L'indaralion du cordon peut, de meine que l'in-flammation dont eile resulte, occuper toute Feten-due du cordon ou etre bornee a Tun de ses points
Get elat morbide est d'autant plus benin qu'il esl plus limite. L'induration extra-inguinale peut per-sister des annees sans que 1'economie animale en ressente une fächeuse influence; les animaux qui
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i88nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
en soul alleints suffisent, sans peine, ä leurs tra-vaux; ils conservent leurgaite et leur embonpoint; rien , en dehorsde la region des bourses, ne decele la lesion. Si eile s'etend dans la portion inträ-ingui-nale ou inträ-abdominale du cordon , les phenome-nes morbides iocaux et generaux perdent moins de leur intensite ; les reins rcstent raides, I'appetit est moins vif; les excrements sont marronnes et expul-ses avec plaintes, ainsi que les urines; le membra correspondant ä ['induration a de la difficulte ä se porter en avanl; mais il n'opere pas ie mouvement d'abduction com me cela s'observe lors de la forma-(ion d'un abces.
La palpation et la fouille rectale permettent de determiner, d'une maniere precise, le siege et l'etendue de l'induration.
Si l'induration est recente, la resolution est pos­sible ; eile estannoncee par une secretion puruiente plus abondantc , un pen mieux elaboree ; puis les |)henomcnes Iocaux et generaux s'apaisent et se dissipent, et la cicatrisation de la plaie des bourses ^e produit; l'exploration directe permet de suivre les progies de la resolution.
Des abces peuvent aussi succeder ä l'indura­tion ; ils se decelent par des signes identiques a ceux qui s'observent dans la suppuration suite directe de rinflammation , comme dans celle-ci le pus peut aboutir au dehors meme , lorsqu'il se
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CHEZ LES SOLIPEDESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 489
forme dans la portion inträ-abdominole du cordon ou s'epancher dans Tabdomen. Cette derniere com­plication est indiquee par raffaissement, sans ecou-lemcnt de pus au dehors, de la tumeur interne, dont la fluctuation avail etc constatee par la fouille rec-tale ; puis, par I'anxiete extreme du malade, les iremblements, les coliques, les sueurs froides, I'ac-, oeleration ei la faiblessc du pouls, la frequence de la respiration , la prostration el une douleur plus ou moins prononcee produite par la pression du flanc. La mort est la fin inevitable de cette termi-naison.
Inflammation du cordon testiculaire sans plate. — Cette pbase de la maladie pent, ainsi que cela a ete signale , succeder a Tinflammation accompa-gnee de plaie; mais eile est plus frequemment la suite des modes de castration non sauglante.
Dans ce cas eile differe de I'inflammalion qui precede, par une marche plus lente, une intensite symptomatique moins prononcee; Tabsence primi­tive de plaies, de bourgeons, de fistules, d'ecoulc-ment de pus ; eile est souvent accompagnee de boiteries, dont la connaissance du siege pent echapper ä des investigations incompietes. A part ces particularites, ces deux varietes d'une meme affection ont enire elles la plus grande analogic, sous les rapports de l'etendue de l'inflammation .
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i'.ii.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; AfXfDOTS ßE LA CASTRATION'
los evolutions, les symptömes, les lerminaisons et In dnree; ilest done inutile d'insister plus longue-ment sur cctte forme de la maladie.
La phlebilc so confönd souvent avec rinflamma-tion du cordon, dont eile est une complication lachen so.
li est dos cas oü eile se fait nettomenlreconnaitre aux (mrartcres suivants : bourgeonnement cons-tant du moignon du cordon; nodosites plus ou moins rapprochees dans le trajct abdominal du cor­don , lorsque l'inüammation est parvenue jusqu'ä cette region ; fistnlc non precedee d'abces volumi-nenx an centre du moignon , les bourgeons en de-I'cbcnt l'entree; eile est persistante, clle se fermeet peut se ronvrir, tant cpie le cordon reste engorge (phlebile ulcerative); eile est plus douloureuse et ses reactions symptomatiques sent plus intenses.
Les veines du fourreau, de la cuisse, les divi­sions de l'artere pulmonaire peuvenl etre envahies par rinflammation.
L'infection purulente peut etre la suite des divers abces qui s'etablissent dans le cordon ou dans les vaisseoux. Ce n'est pas ici le lieu de faire connaitre les caracteres de cctte infection, dont la suite, pres-ipie inevitable, est la morl des animaux.
Los carnc.lercs analomo-palliologiques de cctte inflammation , varient selon l'epoque ä laquelle on Kenvisage et ses diverses lerminaisons.
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CHEZ LES SÜL1PEDKSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ü.i
Dans le debut, cette alterütion est constiluee par­ties produits plastiques accuniules dans le tissu cellulaire du cordon, oil ils s'organisent et consti­tuent im tissu homogene blanc, d'un aspect fibreux, irregulier, criant sous le tranchant du scalpel; les vaisseaux lymphatiques, les nerfs et les fibres rnusculaires blanches disparaissent; les arteres et les veines testiculaires sont pendant longtemps i'econnaissables : on n'y rencontre Jamals , a moins que la maladie ne soit un reflet dun dialhese can-cereuse, la cellule cancereuse. On y trouve aussi des foyers purulents isoles ou reunis, des trajets fistuleux , et quelquefois les traces incontestables de ['inflammation des veines.
Le pronoslic est en rapport avec les diverses modifications symptomatiques qui vieiineut d'etre indiquees. Pen grave dims le champiynon3 et moins encore dans le pseudo-champignon, il le devient dans les autres varietes, plus ou moins, selon l'etendue de la lesion ei ses terminaisons. ' Plus rinflammation du cordon sera limitee, plus il y aura de parlie saine du cordon , et plus aussi le pronostic sera favorable.
Les nioyens prophylacliques se deduisent natu-rellement de la connaissance des causes qui peu-vent produire cette inflammation ; il est done sou-vent facile, en prenant les precautionsrecomrnandees
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i9änbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
a propos des divers modes de castration, de rendre cette affection peu commune.
Les indications therapeutiques varient avcc les vurietes de cette maladie et ses diverses phases. Pour !e champignon ou le pseudo-champignon, il faut eviter quo le cordon deja enflamme fasse hernie en dehors de la plaie, et qua les bourgeons cellulo - vasculaires procedant du tissu cellulaire .sous-dartosicn , ne restent pas en dehors des enve-loppes : on y parvient en refoulant le cordon dans la gaine et les vegetations ceiluleuses dans I'inte-rieur de la plaie.
llsuffit,, le plussouvent, pour cela , de pincer les levres do la plaie et de les lirer en has ; si les adheronces etaient trop fortes, il ne faudrait pas craindre dc les detruire en portant meme , au be-soin , le doigt dans la gaine vaginale.
Si le volume acquis par la vegetation reudait cette manoeuvre impuissante, il faudrait essayer d'obtenir la resolution par Femploi des caustiques pulverulents. Si a leur tour ils etaient sans effets, il faudrait proceder ä 1 excision
Pour le pseudo-champignon,, I'excision simple au niveau du scrotum et parfois la cauterisation au moyen d'une pointe de feu suffisent.
Pour le champignon, on doit recourir au cas-seau ou a la ligature, en ayant le soin de placer Tappareil constricteur sur une partie saine du cor-
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don. Les manoeuvres necessaires pour isoler le cordon sont trop bien connues, pour qu'il soil utile de les decrire.
Pour combattre les deux autres varietes d'in-flammation du cordon, il fain, tout d'abord, cal­mer 1'inflammation et chercher a obtenir sa reso­lution : les medications emollientes, calmantes, appliquees sur la region malade; les boissons emollientes, laxatives, diureliques; les lavements adoucissants. Si I'inflammation est tres intense, le sujet irritable, la diete, les emissions sanguines, les revulsifs sur les membres trouvent leur appli­cation.
A ces agents therapeutiques succedent les vesi­cants, lorsque les phenomenes inflammatoires ont perdu de leur intensite etque i'mduration tend ä se produire.
L'induration du cordon reclame les fondants resolutifs : onguent de Lebas , de Girard; pomma-des mercurielles, iodees; teinture d'iode a I'inte-rieur.
Des promenades, le vert en liberte, une ali­mentation avec des racines et des farineux, sont d'utiles auxiiiaires.
Cette medication etantreconnue inefficace, on doit recourir aux pointes de feu penetrantes dans le centre de l'induration..
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19-4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
On peut aussi inciser le cordon crucialement et placer dans le fond de l'incision une substance caustique, a laquolle on donne la forme d'un cone, qui estmaintenue par nneetoupadc e( une suture ä bourdonnets.
Le caustique est laisse en place vingt-qualre ou quarante-liuit lieures.
Une suppuration abondanle elimine les eschares. Si la premiere cauterisation , acluelle ou poUndiellc, a ete impuissante ä detruire la tumeur, on la renou-velle jusqn'a c(! que ce resultat soit obtenu. Les plaies sont pansees avec des onguents suppuratifs. La gnerison peut etre ainsi obtenue.
Les cauterisations ne doivent etre employees que dans les cas oil rengorgement n'elani pas liniite, il y a impossibility de placer un agent constricteur sur une partie saine du cordon. Si rengorgement est limile, il est preferable de Her et d'exciser toute la partie induree, compliquee ou non de plaie, de champignon symptomalique et de tistuies.
Le casseau, droit ou courbe , la ligature, I'ecra-semenl Undaire, sont les precedes auxquels on peut recourir.
L'emploi tie ces trois moyens n'est pas indiffe-rcrnment indique. On a conseille de recourir au casseau, toutes les fois que cet appareil peut etre applique sans produire sur le cordon de trop forts tiraillements; la ligature, lorsqu'il y a imppssibilite
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de placer convenablement le casseau ; et, enfin, i'ecrasement lineaire, pour ne pas laisser, au con­tact de la plaie , une mattere dont la putrefaction peut determiner la gangrene.
Nous n'avons pu jugcr les effets de cette derniere methode ; eile est ralionnelle et merke d'etre ulili-seed:ms les circonstances, surtout, oü I'agent cons-tricteur est d'une application difficile.
Lorsqu'on operc avec I'ecrasear lineaire, il faul prendre les precautions recommandees a la page 515.
Quant aux deux autres melliodes , In preference doit etre accordec, dans tons les cas, a la ligature. Far ce dernier procede, le cordon n'est pas tiraille , retreinte est plus complete et l'operation est defi­nitive.
^'operation consiste, I'animal etant convenable­ment assujetti, a isoler. par une dissection, com-plelement le cordon, a arriver sur la partie saine de cet organe, et ä y placer la ligature.
Pour isoler le cordon , une large incision cruciale est faite sur les enveloppes, en prenantponr centre le moignon du cordon qui est traverse avec une ficelle, afin qu'un aide, agissant sur ellc , puisse diriger le cordon dans tous les sens.
Par la dissection , le cordon est reduit, autant que possible, aux seules parties renfermees dans le feuillet parietal. Cela etant, la ligature est appliquee
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496nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ACCIDENTS DE LA CASTRATION
en suivant les modifications apporlees an procede de castration par ligature , page 299.
Si le cordon etait trop volumineux , on devrait, pour obtenir une compression süffisante, le cliviser en trois ou quatre faisceaux, compris chacun isole-ment dans I'anse d'une ligature ; puis tous les bouts de fil sont reunis en deux paquets, qu'on contourne autour du cordon pour le lier en masse immedia-tement au-dessus des premieres ligatures.
La ligature en plomb, entourant le cordon et tordue en spirale , pent etre utilisee; par eile le cordon est journellement serre en faisant decrire a la spirale une demi-revolution ou une revolution en tie re.
11 est quelquefois indispensable, pour lier le cor­don , de recourir au labe de retivoi.
Ce tube , fait en bois ou en metal, et d'une lon­gueur süffisante, est assez large pour donner pas­sage a un lien double.
Lorsqu'on a place I'anse autour du cordon on tire, en sens inverse, sur les bouts de la ligature qui sortent du tube; puis on met un bätonnet sur le tube entre les deux faisceaux du lien , qu'on none pardessus le bätonnet. On augmentc l'etreinte du cordon, en faisant lourner le bätonnet. 11 est souvent tres utile de pouvoir, les jours qui suivent I'opera-lion, serrer la ligature, alin d'obtcnir une mortifica­tion complete des tissus situes en dessous du lien.
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Le tube reste facilement en place. On pourrait, d'aiileurs, le fixer au cordon contre lequel il s'ap-puie.
Une fois l'etreinte du cordon operee, on doit, dans les cas oü Ton n'a pas employe le tube de renvoi ou la ligature en plomb, exciser le tissu altere aussi pres que possible de la ligature. La partie qui reste au-dessousdu lien sera cauterisee par un caustique liquide.
Si le tube de renvoi ou la ligature en plomb ont ete utilises, il faut laisser une assez grande quan-titc de tissu au-dessous du lien, afin d'eviter le glissement de la ligature. C'est alors que la caute­risation de la partie a eliminer est faite avec soin.
La plaie sera detergee du sang qu'elle pourrait contenir; si eile est large, profonde, un pansement, dont les premiers plumasseaux seront imbibes d'eau de Rabe! etendue, est applique et maintenu avec la suture ä bourdonnets.
Le renouvellement du premier pansement doit se faire a un court interval;e ; les autres, selon les in­dications fournies par la plaie.
Apres Telimination du tissu altere, les plaies sont pansees avec des onguents suppuratifs.
L'excision partielle et la cauterisation profonde ont ete conseillees par M. Descötes [Recueil veteri-naire, 1829), dans l'induration abdominale.
M. Schutt, de Saint-Petersbourg (Recueil vcteri-
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498nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
naire, 18S7), a recommande l'exlirpation partielle
avec le bistouri. Pour cela düiix incisions sont pra-tiqnees sur (es ijourses : i'une inferieure . d'avant en arriero ; l'autre perpendiculaire ä cette derniere ei parallele ä la direction du cordon. Les lambeaux etant disseques ei le cordon mis ä nu , une inci­sion verticale est faite sur touto l'etendue de i'in-d lira lion , moins 2 ä 3 centimelres; chacnne des nioities de la tumeur est taillee en bec de flute. Une (iloupacle, maintenue par une suture, est placee dans le fond de la plaie , oü eile est laissee jusqu'ä ce que la suppuration seit bien elablie.
Cette methode , d'apres l'auteur, previent l'he-morrhagie et n'expose pas a la peritonite provoquee par le contact du fer rouge, lorsqu'on opcre par la cauterisation.
Le procede de M. Schutt pent etre applique lorsque I'indiirafion , cxtra-nbdominale , pent etre isolee des parties voisines; il est impralicable dans l'induration inlrä-abdominale. La cauterisation ac-tuelle ou potentielle offre seule quelques ressources.
Avant de proceder ä la cauterisation actuelle , il faut bien s'assorer de l'etendue et du volume de I'lnduration inträ-abdominale, afin d'avoir des cau-teres assez longs pour penetrer assez profondement dans Tinduration.
11 Importe de diriger le cautere dans le centre du cordon; la direction connue de l'induration , la re-
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sistance qu'eprouve le cautere, servent ä guider la main de 1'operateur. Pour plus d'assurance on peut, lorsqu'on pcnetre dans la partie inträ-abdominale del'induration, au moyen de la fouille rectale, juger, par le toucher du cordon , de la direction suivie par le cautere. 11 nous a ete possible, en ayant, pendant la cauterisation, la main gauche engagee dans I'ab-domen etportee sur I'induration , d'apprecier, d'une maniere tres exacte, la profondeur ä laquelle par-venait le cautere et la direction qu'il snivait; non-seulement on sent Timpression du corps qui pene-tre 1c cordon, mais encore l'augmentation de la temperature produite par le cautere incandescent.
Si la suppurulkm, succednnl directement ä 1'in-flammalion ou a I'induration (ramollissement), de-vient evidente, il faut hater la furmalion do I'abces parTcmploi des maturatifs, et des que la fluctuation apparait, donner ecoulernent an pus ; ne pas etre avare des larges incisions, et pariser jusqu'ä cica­trisation complete avec les onguents suppuralifs e( parfois les dctersifs.
Lorsque Tabces se forme dans la portion inträ-nbdomina'e du cordon , il y a urgence de frayer au pus ou ä la matierc ramollie, un passage audehors. Les vesicants dans la region de i'aine, les pointes de feu assez profondes pour atteindre le foyer, I'ul-ceration progressive au moyen des caustiques, tels
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oOOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DK LA CASTRATION
que la potasse causlique, la pale de Viemie, etc., peu-vent eire essayes lorsque la marche de cette phase de la maladie est lente ; ce qu'on juge d'apres le peu d'intensile des symptömeslocaux et generaux , et surtout par la fouille rectale.
Si Ton emploie le cautere, il fautprendre les pre­cautions recommandees a propos de la cauterisa­tion , de l'induration.
L'epanchement des produits du ramollissement dans Tabdonien, determine une peritonite contre laquelle echouent tous les moyens therapeutiques.
Teiles sont les indications, prophylactiques ou curatives et les moyens de les remplir, reclamees par les varietes et les diverses phases de I'inllam-mation du cordon testiculaire.
Les abces consecutifs ä l'inflammation du cordon ayant elesignaies, il sera dit quelques motsdeceux qui, apparaissant ä la region scrotale, s'observent principalement dans les methodes de castration par les casseaux et la ligature.
Quant k ceux qui se rattachent aux procedes de castration non sanglante , il en sera parle ä propos des accidents de la castration des betes bovines.
Les abces de la region scrotale sont dus ä la pre­sence do la ligature ou de la partic mortifieedu cor­don dans la plaie : une cicatrisation trop rapide deraquo;
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Ifrvres de l'incision s'estopposee ä leur elimination.
[/accumulation de produits purulents autour du cordon , non completement cicatrise , peut aussi les prod u ire.
Ils sont accuses par Taugrnentation de volume dans un point du scrotum; une chaleur, une dou-leur plus vive , une tension de la region ; I'appari-tion d'un oedeme au pourtour de la tumeur, et la fluctuation dans un ou plusieurs points.
On evite cet accident en incisant largement les enveloppes testicuiaires et en s'opposant a une ci­catrisation trop rapide des levres scrotales.
L'ouverture de l'abces par une incision assez grande, renlevement du corps etranger, suffisent pour obtenir la guerison.
Fistules.
Get accident de la castration, peut etre une des manifestations de l'inflammation du cordon ou d'un corps etranger arrete dans la plaie.
Les fistules se decelent par des petits bourgeons mous, saignant an moindre attouchement, an cen­tre desquels existe une ouverture se continuant par un conduit etroit plus ou moins direct, jus-qu'au fond du foyer oü se trouve le corps etranger ou la lesion qui l'entretient. Du pus s'echappe de a iistule el se concrete ä la fare interne de la cuisse et de la jambe.
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Vgt;ninbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DK LA CASTRATION
Une tumefaction, variant de densite et de vo­lume , selon l'anciennete de la lesion, entoure le trajet fistuleux.
Les fistules , surtout lorsqu'ellcs se rattachent a 1'inflammation du cordon , s'ouvrent et se refer-ment ä des epoques plus ou moins cloignces ; elles se cicalrisent pour reparaitre en un autre point de la tumefaction.
La gravite des fistules decoule des causes qui les entretiennent. Les plus graves so rattachent a I'in-flammation du cordon, les autres sont tout-a-fait benignes. On previenl ces dernieres en retardant la cicatrisation scrotale jusqu'ao moment oü Ton est assure de la cicatrisation complete du cordon et de relimination de la ligature ou de la partie parche-mineo du cordon.
On les guerit en les debridant, cauterisant leur trajet et faisant l'extraction des corps etrangers qui les entretiennent.
Le traitement des fistules symptomatiques so rapporte ä celui de la lesion d'oü elles decoulent.
La peritonite de castration est un des accidents les plus graves et les plus frequents de cette opera­tion. Son traitement laissant pen d'espoir de sau-ver le malade, on doit s'efforcer de la prevenir. L'examen des causes capahles de produire cette
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CHEZ LES SOI.IPKDKSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 50.'!
affection est, a notre point do vue , le plus impor-lant cie cette question.
Les causes de la peritonite peuvent etre distin-guees en direeles el en indirecles.
Les premieres se Irouvent dans tous les agents qui agissent d'tme maniere immediate snr la se-reuse extra ou intra-abdominale.
Les actions traumatiques exercees sur la gaine misc ä decouvert, telles que pressions , tiraille-ments , excision , ratissage , cauterisation , provo-quent, ä n'en pas douter, l'inflammation de la sereuse sur laquelle elles agissent. Cette inflam­mation se transmet-elie aisement jusqu'a la por­tion abdominale de cette membrane? 11 est per-mis d'en douter en presence de la rarete de cet accident, par rapport au grand nombredes chevaux qui sent emascules. Lacoste no signale (loc. cit) qu'un cas de peritonite sporadique sur 10,000 che­vaux chatres.
II faut done une predisposition particuliere , de-celee parfois par une accumulation insolite de sero-site dans la gaine vaginale ou par d'anciennes pseudo-membranes existanl sur cette sereuse et qui accusent quelque ancienne peritonite.
II y a done de l'incertitude sur I'agent trauma-tique agissant comme cause pathogenique sur la portion exträ-abdominale du peritoine.
II y a plus de certitude pour ceux qui portent
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504nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ACCIDENTS DE LA CASTRATION
directement leur action stir la portion inträ-abdo-minale de cette sereuse. De ce nombre sont : les procedes de castration par torsion non bornee on bornee, a l'aide des mains seulement, d'oü la con-timiite de la torsion jusqu'ä la region sous-lombaire; les tiraillements inconsideres du cordon mis k nu ; les retractions du cordon tronque, cntoure encore de la ligature ou entrainant avec lui la portion par-cheminee du cordon, surlout si eile est recouverte d'un caustique, jusqu'ä l'orißce superieur de la gaine et meme jusque dans rabdomen.
L'air, le sang, la serosite accnmules dans la gaine , ont ete consideres comme provoquant la peritonite par leur introduction dans I'abdomen.
Quant a Faction de l'air, nous avons si souvent entendu le bruit qui accompagne la penetration de ce gaz dans I'abdomen, sans qu'il en soit resulte d'accident, que nous sommes porte a nier, en cette circonstance, ses effets pathogeniques. La prudence commande neanmoins de cherchcr ä cviter cette introduction; il se pourrait, eneffet, que sur un organisme bien predispose, l'action excitante de ce fluide füt süffisante pour provoquer la peritonite.
S'il n'est pas possible de refuser a l'air, dans tons les cas, une action morbide ; ä fortiori, devra-t-on admettre les fächeux effets du contact du sang et de la serosite sur cette membrane.
Avant deja etabli l'existence de l'accumulation
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CHEZ LES S0L1PEDESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.V0.gt;
de In serosile dans la gainc vaginale, nous ne nous arrelerons pas ä la refutation qui en a ete faite.
II faut reconnaitre, neanrnoins, que pour pi o-voquer la pen(onite , celte serosite doit etre en grande quanlite, avoir commence ii se decomposer et que le sujet soil dans one position decubitale qui favorise l'introduction de ce liquide dans Tabdomen, ou qu'elle se repande, par i'effet du trop plein, dans le compartiment abdominal. Toutes ces circonstan-ces do!vent etre rares et, par suite , doit etre rare aussi la peritonitc qui s'y rattache.
Les secondes [causes indirectes), setrouvent dans tout ce qui pent apporter une perturbation ou une suppression de la transpiration cutanee. C'est imme-diatement apres la castration ou l'enlevement des casseaux, si Ton a la mauvaise habitude de coucher les animaux pour proceder ä cette derniere opera­tion, que les arrets de transpiration sont frequents et graves ; ils le sont aussi ä Tepoque oil la sup­puration est en pleine activite. Toutes les circons-tances capables de produire le refroidissement do la surface cutanee, sont trop connues pour qu'il soil meine utile de les enoncer.
Le peritonite de castration s'est, dans quelques cas, montree avec une teile frequence et sans qu'il füt possible d'en saisir les causes, que Lncosic Ta raitachee a une influence atmospherique qui echappe a nos moyens d'investigations.
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506nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ACCIDENTS DE LA CASTRATION
Ne se pourrait-il pasqne ces cnuses occultes eus-sent leur point de depart dnns un abaissement de la temperature et un etat hygrometrique plus pro-nonce de l'atmosphöre oü sonl plonges les operes? Ce ne serait pas impossible ; c'est meme lä une recherche ä faire. Jusqu'a demonstration on pent, deplorant l'impuissance do nos moyens d'cxplora-tion dans ces cas particuliers, partager Popinion de Lacoste.
La peritonite apparait generalement du deuxicme au huitiemc juur apres Toperation.
Le debut de la peritonite se decele souvent par des signcs tres manifestes , d'autres fois ils sent ä peine sensibles.
Cette difference dons Finvasion depend de Fir-ritabilite du sujet et de Fintensite de la cause.
Les refroidissements brusques , Fintroduction de corps etrangers dans la portion abdominale du peri-toine, donnent lieu a la peritonite intense et bien accuses.
Si Faffection se produit par la propagation de Finflammation primitivement developpee dans la gaine vaginale , ['invasion de la maladio a une marche lente; ses signes sent pen marques.
Dans le premier cas s'observent, tout d'abord , des tremblements generaux , le froid des extremi-tes,le rapprochement des quatre membres, la vous-sure des reins, la face grippee ; Fappetit diminuc.
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CHE2 LES SOLIPftDESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 507
le pouls est serre , frequent et irregulier; roedeme des bourses se developpe peu ä peu ou pas du tout.
Dans le second eas, les symptömes sont ä peine saisissablos ; 1'appetit se conserve ; I'oecleme scrota] augmente journellemont, malgre tous les moyens employes pour I'eviter.
Si la maladie fail des progres, on constate dans les deux cas les symptomes suivants qui vienneni s'ajouter ä eeux dejä signales : !eg6res coliques, douleurala pression du flaue, parfois limiiee a urn' des regions abdominales, mais susceptible de s'eten-dre avec les progres de la maladie ; decubitus rare et lateral; defecations, dejections d'urines peu fre-quentes et douloureuses; la respiration, petite ct courte, finit par s'accelerer et devient grande , elie est thoracique. L'exploration rcctaledemontrel'aug-mentation de la temperature normale de l'intestin; la suppuration des plaies de la castration diminue et finit par disparaitre, ou eile consiste en une hu-meur screuse peu abondante.
Au declin de la maladie, le decubitus est con-tinu ; la palpation et la fouille rectale decelent 1'epanchement; I'oedeme augmente; il y a inap-petence; le pouls s'efface et la gangrene envahit parfois la region scrotale ; la soif est alors vive et la mort se fait peu attendre.
A l'autopsie se trouvent des traces plus ou moins
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ÖOSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ACCIDENTS DE LA CASTRATION
prononcees d'inflammalion du periloine, et un epanchement variant de quantite et de couleur.
Cette att'ection etant tres grave et resistant gene-raiement ä tous les agents therapeutiques, c'est ä remplir les indications prophylactiques qu'il faut s'evertuer. On atteindra ce but en se conformant aux regies posees pour les diverses manoeuvres de {'operation et a Vhygiene des operes (page 529).
S'opposer aux progres de Tinflammation ; obte-nir la resolution ; retablir la transpiration cutanee ; prevenir l'invasion de la gangrene, ou I'entraver dans sa marche, telles sont les indications thera­peutiques.
Les saignees petites et repetees au besoin; les diaphoretiques, les lavements mucilagineux, les revulsifs ä action prompte , tels sont les moyens sur lesquels on peut fonder quelque espoir de guerison des le debut de la maladie.
Si la peritonite a debute avec lenteur, les emis­sions sanguines sont pen indiquees; les revulsifs, les diuretiques sont preferables. Des pointes de feu dans Tengorgemeiit, des frictions de liniment am-moniacal, peuvent prevenir la gangrene.
Si cette alteration apparait, tout espoir de sauver le malade est perdu.
La peritonite , arrivee a ses periodes d'etat et de declin , donne peu d'espoir de guerison.
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CHEZ LES SOUPEDES
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La hernie de castration peut etre forrnee par I'intestin ou ['epiploon ; eile est plus ou moins grave, suivant qu'elle est ou non compliquee d'engoue-ment. Quant a la hernie epiploique , eile doit pen occuper.
Les animaux jeunes, a temperament lymphati-que; les vieux etalons; ceux qui ont les anneaux inguinaux dilates, sont predispo3es.ä cet accident.
Les efforts violents pendant I'operation ; les ooli-ques apres que Tanimal est releve ; la position trop inclinee d'avant en arriere dc I'ecurie, en sont les causes determinanles. L'air, en s'introduisant dans I'abdomen , peut encore aider parsa puissance elas-tiquea chasser Tinlestin de I'ubdomen.
Le precede de castration employe peut aussi la favoriser : telles sont les methodesou la gaine vagi­nale est mise a nu ; e'est I'inverse pour les aulres modes operatoires, et surtout pour ie bistournage. qui pourrait etre avantagcusement utilise pour combattre la hernie anterieure a la castration.
Malgre que la castration a testicules converts soit un moyen ä opposer a la hernie et a la prevenir, eile peut neanmoins se produire; nous I'avons constatee ; dans ce cas eile constitue le bubonocele.
La hernie inguinale peut preceder ou suivre la castration.
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510nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ACCIDENTS DE LA CASTRATION
La premiere peut etre ou non adherente : fait tres important ä connaitre avant de proceder ä l'operation.
Nous avons surtoul ä nous oecuper de l'entero-cele ä la suite de l'ouverture de la gaine.
L'intestin grele, la portion flottante du colon , constituent la hernic. La longueur de l'intestin her-nie varie ; la couleur pent etre normale, rouge plus ou moins fonce et parfois noirätre ; il peut etre di­late par des gaz ou des matteres liquides et solides ; d'oü peut resultcr l'engouement et l'etranglement.
II peut arriver que l'intestin , n'ayant pu se re-duire, ait ete place sous la peau , oü des sutures faites aux levres de la plaie le maintiennent.
L'epiplocele est caracterisee par une masse mem-braneuse adherente oulibre, sillonnee de vnisseaux et de bandes de graisse de couleur violacee.
Le traitement prophylactiquede l'enterocelecon-siste, lorsque l'exploration de la region (page 210), fait craindre l'apparition d'une liernie, ä utiliser la castration ä testicules converts ou le bislournage.
Si Ton constatait l'existence de la hernie, la con-duite a tenir devrait varier selon qu'elle serait ou non adherente ; dans ce dernier cas, on doit s'abs-tenir d'operer. Dans le premier, on pourrait proce­der de suite ä la reduction de la hernie et operer ensuite par les casseaux ä testicules converts ou
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par le bistournage. Selon que Ton se sert de 1'un ou de l'autre precede, ies lesticules doiventetre refou-les , le plus possible, vers les anneaux on le cas-seau place tres haut sur le cordon entoure de la tunique erythrokle.
Quant au Irailcmenl curatif de renterocele, il varie selon qu'elle est simple, engouee ou elran-glie. Les indications sent de rednire la hernie , do la mainlenir reduite, de faire cesscr I'engoueinent et Petranglement.
On parvient ä reduire la hernie simple, en p!a-cant le malade dans line position qui favorise la rentree de i'intestin ; nuis en soulevant el en deployanl I'anse intcstinale, dont les deux extremi-tes s'engagent dans ranneau ; en portant le cordon di; cöte oppose a rintestin. Le? choscs etanten cet etat, I'intestin est refoule, avec ies doigls, dans la cavil/1, abdominale en agissant sur une seule des extremites de rorgane. Les manoeuvres s'effectuent en l'absence des efforts, pendani lesquels la hernie est seulement maintenue.
Pour reduire la hernie. encjouee ou elranglee, les manipulations doivenl eire precedees de I'evacua-tion des gaz, de recoulement des liquides ou de leur dispersion dans Tintestin. On etend aussi, dans un plus grand espace, les matieres que I'anse intcsti­nale horniee peut contenir. Ces resultats sont obte-nus en attirant au dehors une plus grande etendue
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512nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTP.AT1ÜM
du viscere, en ponctionnant, avec un instrument tres fin, l'intestin pour faire evacuer les gaz ou les liqui­des que renferme la portion herniee de cet organe.
Ces precautions prises, on opere la reduction en nyant rocours aux manipulations deja signalees. Leur action pourrait etre aidee par la main intro-duiie dans le rectum, qui saisirait, a travers les parois intcstinales, l'anse de l'organe liernie et I'aUirerait doucement dans Tabdomen.
Ces manipulations etant impuissantes pour operer la reduction , ce serait 1c cas d'essayer le precede indique par M. Renault, consistant en one incision an flanc pour aller saisir 1'intestin qui fait, suite a l'anse herniee, et I'attirer dans I'abdomen.
L'anesthesie , les emissions sanguines , peuvent etre trös miles, surtout lorsque les animaux se li-vrent ä de violents efforts expulsifs.
Si toutes ces manoeuvres n'aboutissent ä aucun resultat, il faul proceder au debridement de I'an-ncau inguinal.
Un bistouri boutonnedroit ouconvexe, unesomle cannelee, sont !es instruments a disposer ; on pent anssi se servir du bistouri droit.
L'animal, place sur le dos, le train posterieur plus elove que i'anterieur, le membre correspon-pondant a la liernie tenu en dehors, le doigt ou la sende est engage dans le trajet inguinal, jusqu'a son orifice superieur ou se trouve ordinairement la
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CHEZ LES S0L1PF.DESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 5l:{
resistance. Le bistouri , ainsi guide, est porle sur la levre externe de l'unneau pour y operer un leger debridement ; il faut rendre les incisions le moins profondes possibles et en pratiquer un plus grand nombre. L'experience a prouve que les incisions multiples et superficielles etaient preferables a I'in-cision unique et profonde.
Une fois que la compression de l'intestin a cesse, on renlre ret organc en agissant comme dans le premier cas.
Pour operer la reduction , le casseau pouvant gener les manipulations de ['operation , il est utile de l'enlever en le remplacant par une ligature ; on peut alors manoeuvrer avec plus d'aisance et porter le cordon dans la direction jugee convenable.
Si l'intestin, ne pouvant etre reduit, avait eteren-ferme dans le scrotum, il faudrait detruire imme-diatement les sutures et agir comme dans les cir-constance ordinaires.
Si I'animal etait debout lorsque se produit la hernie, il faudrait, ä l'exemple de M. Bouillard , operer la reduction en le laissant dans cette posi­tion; une fois Tinlestin rentre, la disposition forte-ment inclinee d'arriere en avant, donnee au soldo l'ecurie oü est place le rnalade, sufflt le plus sou-vent a la contention ; inutile de dire que la diete doit etre severe.
La conleniion s'obtient en plagant un cassoau
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Hinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
assez long sur les tuniques erythroide et fibreuse, prealablement dissequees, operation facile.
II faut remonter I'appareil le plus possible dans le haut du cordon, et pour eviter que le billot glisse. on passe au-dessous de lui de fortes epin-gles ou des brochettes , maintenues par une suture entrecroisee.
Apres I'operation, I'animal est laissc couche pendant un laps de temps variable, d'apres l'etat de I'anneau. Plus le retour de la hernie est ä redonter, plus longtemps sera conservee la position dorsale, ä moins que l'opere se tourmente trop. Des affusions d'eau froide sont faites sur la region operee.
Le malade, etant releve, est place sur une litiere inclinee d'arriere en avant, et fixe , durant le pre­mier jour, de maniere h ce qu'il ne puisse se coucher.
La saignee, les calmants, les lavements laxatifs, la diete, tels sont les soins ä donner a l'opere.
Le trailement de l'epiplocele consiste a exciser toute la portion de cette membrane herniee ; on pourrait aussi I'enlever par ratissage ou par torsion bornee. Le malade ne reclame aucun soin parti-culier.
Le tetanos, caracterise par la tension, la raideur des muscles, est un des accidents les plus redouta-
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!!
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bles de la castration; il entraine prepque toujours la mort des sujets chez lesquels il apparait.
Get accident est plus freqiicnt chez les animanx irritables et dans les pays cliauds.
On avail pense que les procedes operatoires avaientune influence sur son devcloppement. Aussi reprochait-on ä la methode de castration a testicu-les converts, de favoriser l'apparition de cette mala-die; lo precede d'emasculation par lo feu jouirait d'une complete immunite a l'egard du totanos ; c:est ce motif qui ferait preconiser ce mode opcratoire dans les payschauds. On a tenu le merneraisonne-menta l'egard de la torsion bornee.
L'absence d'une statislique rigourense met dans l'impossibilite de se prononcer ä ce sujet.
L'epoque ä laqnelle apparait raffection (quinze ä vingt jours ct plus apres roperation), permet dc donter de l'influence de tel on tel mode de cas­tration sanglanle sur son developpement. D'apres nos observations, le tetanosne compliquc jamais le bistournage ; etcependant, de suit3 afres ce(te ope­ration , il existe , parfois , une contraction si puis-sante des masseters, que l'ouverture de la bouche est difficile. Ce n'est la qu'un etat passager qui pourrait faire redoutcr Tappariiion du tetanos; il n'en est rien cependant.
L'existence d'une plaie serait done une des con-
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5IGnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
flitioiis essentielles du developpement de cette ma-ladie.
Les refroidissements subits de la peau sonl, avec juste raison, consideres comme la cause la plus evidente du tetanos de castration. De nombreux faits attestent la valeur de cette opinion.
II est rare, lorsque apparaiteet etat morbide, que de? renseignements precis ne viennent pas demon-trer que le malade a ete expose ä des refroidisse­ments.
Les variations brusques de ratinospliere sont des causes non contestables du tetanos. Des faits nom­breux, que nous ne reproduirons pas, le prouvenl siifflsamment.
Ne voit-on pas le tetanos apparaitre a l'cpoque oü les animaux operes commencent ä etre soumis au travail et sont exposes, par consequent, ä de nombreuses causes de refroidissement d'aulant plus redoutables, que la temperature du corps est plus eievee et celle de l'atmosphere plus basse.
Le tetanos, comme la peritonite, a revetu parfois la forme enzootique. Lacoste en cite des exemples fort remarquables.
Dans ces circonstances, les investigations les plus minutieuses ne pouvant faire decouvrir l'agent pa-thogeniqne, on admet une influence ahnospherique tlelriere, c'est-a-dii'e im inconnu. Lc röle du veteri-uoire est de recherclier cet inconnu. Dans nos con-
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CHEZ LES SOLIPfeDESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 517.
ditions actuelles, ce n'est pas chose facile a trouver. II faudraitdans ces cas, ä l'exemple de M. Mauclere, veterinaire a Reims [Journal de Medecine veleri-naire, '183S, |)age 392) , porter son attention sur les variations atmospheriques; lä, peut-etre , se trouverait rinconmi, qui ne serait aulre qu'un refroidissement subit de la peau.
Les fails cites par d'Arboval, a projios de la mor-talite survenue chez des chevaux chatres, auxquels on faisaitprcndrc quatre bains d'eau froide par jour, appuieraient cette manierede voir. Sur vingt-quatre chevaux chätres le meme jour, seize moururent du telanos , du dixieme au quinzieme jour.
bus caracteres du tetanos sont trop bien connus , pour qu'il soit utile d'en (racer le tableau.
II est d'autant moins grave que sa raarche est plus lonte et qu'il se localise avec moins d'intensite sur les muscles des mächoires. Le trismus, dit M. La fosse . est le regulateur du tetanos; plus ce Symptome est intense et rapide a se manifester, plus Tissue de la maladie est a craindre.
Les moyons prophylactiques de cette grave affec­tion consistent a operer aux epoques de I'annee oil les perturbations atmospheriques sont le moins pro-noncees et le moins frequentes ; ä ne pas operer les animaux nerveux , tres irritables, par la castration a tcsticules converts ; recourir, s'il se pent, au bis-
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518nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
tournage ; eviter, enfin , toutes les causes de refroi-dissements.
Quant au traitement caratif, l'indication pressante est d'obtenir !a detente musculairc.
Les moyens employes pour remplir eette indica­tion sont tres norabreux. Les medications les plus opposees comptent des succes. On peut dire que cette grave affection a ete guerie par tous les moyens et sans meme en employer aucun.
II est des epoques ou nous avons vu guerir pres-que lous les letaniqoes: d'autres oü ils succom-baicnt tous , et les memes agents therapeutiques etaient neanmoins employes.
Les sudoriliques, les opiaces doivent former la base du traitement; la plus grande Iranquillite et un demi-jour doivent regner autour du malade.
Les anesthesiques trouvent ici une application rationnelle. Les diverses voies offenes pour l'admi-nistration des medicaments doivent etre utiüsees.
Amaurose.
L'amaurose, caracterisee par une grande dilata­tion et rimmobilite de Touverture pupillaire avec conservation de la transparence du milieu de l'oeil, est un des accidents tres rares de ia castration ; il se rattache toujours ä une hemorrhagie considerable.
Le traitement prophylactique et curatif se dedui-
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CHEZ LES SOLIPEDESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;519
sent tout naturellement de la connaissance de la cause.
Eviterrheniorrhagie, c'esls'opposer a la maladie.
Les (oniques, une bonne alimentation et aeration ; quelques excitants locaux de Forgane malade, teile est la base du traitement curatif.
II n'a ete signale que les accidents resultant des precedes par caslralion sanglante.
Quant ä ceux qui peuvent etrc la suite du bis-tournage, senle raethode de caslralion non san­glante dont il ait ete parle, il en sera question ä pro-pos des accidents de meme nature observes chezles betes bovines, et qui ont, avee ceux constates chez les solipedes, la plus grande analogic.
Les details fournis sur ces questions peuvent done s'appliquer pour les memes cas aux solipedes.
Chez ces animaux ces complications sent : la de-lorsion du cordon, la irop forte compression des bourses par la ligature, l'injlanimation locale por-lee au-delä des limilcs ordinaircs, la fievre de reaction qui en re suite , I'orchite.
Quani ä I'engorgement du cordon testiculaire, tout ce qui concerne cet accident a ete indique ä propos de I'inflammation du cordon testiculaire sans plaie.
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ACCIDENTS DE I.A CASTRATION
SECTION DEUXIEME.
ACCIDENTS DE LA CASTRATION CHEZ LES BETES BOVINES.
Sommaire : Chute de la ligature. — Retour du testicule dans sa position normale; detorsion du cordon.—Circonstan-ces oü il n'est possible que d'operer an seul testicule. — Effets d'une trop forte compression produite sur les bour­ses par la ligature. — Inflammation portee au-delä des limites ordinaires ; fievre do reaction qui en resulte. — Acrobu^tite. — Orchite.
Chute de la ligature.
Elle peut survenir dans les premieres heures qui suivent I'operation, avanl ou apres ['infiltration
des bourses. Dans I'un el I'autre cas, le testicule peut se renversei' avec ou sans detorsion du cor­don. D'autres fois le testicule, tout en restant pa­rallele a son cordon, revient au fond des bourses. Enfin le cordon peut se detordre, sans que le tes­ticule se renverse.
Etudions ces divers etats.
Renversement du, testicule avec delurHlon du cor­don.— Les dispositions organiques qui rendent facile le renversement des tcsticules, ne sont pas les seules causes de cet accident : le lien peut axemen t giisser a la suite des mouvements, parfois desor-donnes, auxquels se livrent les animaux apres
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I'.l
CHEZ LES BfiTES BOVINESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;521
1'operation; les animaux peuvent le detacher avec leurs dents. Si la ligature tombe avant le develop-pement de {'inflammation, le testicule peut se ren-verser, et alors la detorsion du cordon se produit; le bistournage est manque. II est facile de remedier k cet accident tant que I'infiltration n'a pas acquis une densite capable de s'opposer aux divers mou-vements a faire eprouver aux testicules pour les bistourner. Lorsqu'il y a un peu d'infiltration des bourses, le renversement du testicule et la detor­sion du cordon ne sont plus a redouter.
Renversement da testicule suns detorsion da cordon. — L'infiltration peut faire glisser insensi-blement le lien place aux bourses et renverser le testicule sans procluire la detorsion du cordon. Cc nest souvent qu'un ou deux jours apres que la ligature est enlevee que le renversement est com-plet. Cet accident peut meme passer inapeicu ä des iiommes peu cxperimentes ou ä ceux qui se conten-tent de voir et non de palper.
La palpation permet de reconnaitre cet accident et meme de dislinguer la detorsion du cordon.
L'un des testicules est-il seul renverse, on per-goit une difference de volume entre les deux bour­ses ; la palpation fait aussi reconnaitre un corps dur, resistant, douloureux a la pression, et rappe-lant tout-a-fait la forme du testicule ; en suivant ce
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522nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACClßENTS DK LA CASTRATION
corps de bas un haut, on arrive sur un organe moins volumineux, mais offranl aussi beaucoup de resistance ; c'est le cordon.
Si Ton prend le fond des bourses et qu'on le tire de haut en bas, on peut faire remonter le testicule.
On reconnait que le cordon ne s'est pas detordu, ä la resistance, ä la durete qu'il offre ä la main qui lecomprime; tandis que le cordon non tordu est flasque, molasse, se laisse deprimer ; ce sont done lä des caracteres suffisants pour ne pas confondre le cordon tordu de celui qui ne Test pas, et aussi le simple oedeme des bourses de celui oü existe, en meme temps, le testicule renverse.
La palpation un peu exercee permet meme de distinguer le nombre de tours foits au cordon.
Get accident ne compromet pas !e succes de 1'operation ; il est facile d'y remedier, des le prin-cipe, en replacant le testicule dans la position paral­lele au cordon. Si les adherences etablies entre le testicule et ses enveloppes rendaientle replacement impossible, les vaisseaux de l'orgaiie ne s'en oblite-reraient pas moins et la fonetion de la glande serait annihilee; le testicule remonte meme peu ä peu vers l'anneau inguinal, mais ne parvient pas au point oü il avail, ete d'abord place.
L'inGltration qui entoure le testicule et le cordon est un obstacle ä la detorsion de ce der nie i* organe.
La matiere exsudee s'organise et forme autour
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CHEZ LES üIlTES BOViNESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 523
du cordon une espece de gaine dont la densite ac-quiert, en pen de jours, une teile consistance, qu'il est difficile de la separer du cordon; c'est surtout vers I'anneau inguinal que cette densite estremar-quable.
Lorsqae le cordon est long et que le lien place aux bourses glisse, le testicule pent, sans se ren-verser, rctomber au fond des bourses. Avec le temps, le cordon , en se retraclant, entraine le tes­ticule vers I'anneau. Prevenu a temps, il est prefe­rable de l'y replacer.
Le testicule pent enfin etre seulement renverse et le cordon non tordu. Nous I'avons plusieurs fois observe; mais toujours I'operation avait ete prali-quee par des mains inhabiles , et Ton avait cru tordre le cordon alors qu'il n'cn etaitricn. D'autres fois. la torsion a ete impossible, et le chatreur n'en a pas moins laisse le testicule bascule, tout en assu-rant cffrontement que I'operation etait terminee ; avouons qu'il n'y a guere que les chatreurs de pas­sage qui puissent agir ainsi.
La detorsion peut aussi se produire sans que le testicule se renverse; ce qui se voit surtout chez les veaux et les agncaux.
Si Ton est averti ä temps de ces accidents, on peut y obvier d'autant plus facilement, que le bis-tournage, d'abord impossible, le dcvient lors de
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524nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DR LA CASTRATION
Tapparition des phenomenes inflammatoires, qui s'opposent aussi ä la detorsion du cordon.
II Importe beaueoup de terminer roperationavant que des adherences trop fortes ne viennent y mettre un obstacle souvent insurmontable.
Ces accidents n'etant reconnaissables, dans le principe , que pour l'homme exerce , on n'est sou­vent prevenu que trop tard, et alors seulementque le proprietaire s'est apergu que !e testicule ne s'at-trophiait pas et que l'aniDial conservait loulaquo; les attributs de son sexe.
Apres la resolution des phenomenes inflamma­toires produits par l'operation , la peau des bourses est retractee, a perdu de sa souplesse et. est sensi-blement epaissie ; le testicule et le cordon ont leur volume ordinaire; la palpation fait reconnaitreque le cordon n'est pas tordu ; les manipulations les plus vigoureuses sont presque toujours impuissanles pour separer les tuniques erythroide et libreuse du dartos, el la torsion du cordon est, par consequent, impossible.
Les accidents qui viennent d'etre signales peu-vent s'observer sur Tun ou ies deux testicules. Nul doute que ie cas ne soil plus grave, si les deux tes­ticules se trouvent dans cette condition; il est vrai que, generalement, un seul testicule offre cet acci­dent. En nous en rapportant au reieve fourni par notre pratique, la proposition serait de l/50nquot;\ e'est-
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OHKZ LES BATES BO VINESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; -,25
a-dire que , sur trente accidents de ce genre, il y en aurait vingt-neuf oü un seul testicule le presen-terailaquo;.
Ces accidents du bistournage peuvont se pro-duire sans que la ligature des bourses glisse ou tombe; de nieme aussi la ligature des bourses pent glisser, tomber sans que ces accidents apparaissent.
Girconstances oil il n'est possible que d'operer un seul testicule (1).
Cela pent tenir ä ce que, I'animal etanl tres fort, on a epuise ses forces, fatigue ses mains, ou bien ä des modifications organiques ou morbides des parties a rnanipuler-
Dans le cas oü l'expioration de la region permet de prevoir cette difficulle, doit-on bistourner un seul testicule, ou mieux laisser I'animal tel qu'ii est?
Si la difficulle netientqu'a repuisement des for­ces de l'operateur, on lie les bourses pour empe-cher le testicule de se renverser, et pius tard Ton reprend I'operation. II ne faut jemals laisser passer vingt-quatre beures.
Si on a pu prevoir, comme e'est possible, cette impossibilite de terminer I'operation , il importe
(1) Malgn; que cene soil pas lii un accident du bistournage. il est utile de signaler cette particiiiarite a cause des conside­rations importantes qui s'y rattachent.
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526nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
d'en avcrtir le proprielaire, qui peut-etre ne vou-lant pas courir les chances d'un autre mode de cas­tration qne le bistournage, preferera vendre son animal tel qu'il est.
Dans le cas ou il se deciderait a faire pratiquer I'operation , a la condition toutefois do determiner i'alropiiic des testicules et non de les enlever, doit-on operer stir les deux testicules a la fois, en bistournant Tun et neutrallsant I'autre, ou bien renoncer an bistournage pour employer un autre mode de castration ? Oui, si Ton a recours au mar-telage; non, si e'est a la ligature sous-cutanee?
Les diverses observations quo nous avons re-cueillies sur la ligature sous-cutanee nous per-mettent d'avoir, ä ce sujef, une opinion bien arretee.
Nous ne conseillerons jamais d'operer en memo temps sur le meme animal un testicule par le bis­tournage ct I'autre par la castration a raiguille. La combinaison de ces deux causes d'inflammation etant souvent suivie d'accidents facheux, tels que iievre de reaction Ires intense, suppuration , gan­grene du testicule, on doit done commencer par bistourner le testicule qui pent I'etre, ct renvoyer a plus tard la deuxieme operation.
Quant a cette autre question : doit-on pratiquer la castration ä raiguille sur les deux testicules , alors qne Tun est dans I'elat normal et I'autre non?
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CHEZ LES BfiTES BOVLNESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;SST
nous repondrons, d'accord avec M. Miquel, de Beziers (V. Journal des Velerinaires du Midi, an-nee 1846, p. 20), qu'on a benucoup ä redouter, iorsqu'on opere stir un testicule sain, la suppuration ou la gangrene.
Si les deux lesticules ont ete manques et qu'ils aient contracte des adherencos avec leurs envelop-pes, on pent les operer en menoe temps, sans avoir trop a redouter ces complications.
La ligature sous-cutanee pratiquce sur un testi­cule sain, produit-elle infailiiblernent la gangrene ou la suppuration? Nos nombreuses experiences nous autorisent a repondre par la negative.
Resterait mainienant a se rendre compte de cette difference de resultats obtenus. Pourquoi, en effet, la castration ä Taiguille n'cst-elle pas toujours sui-viede 1'elimination du testicule, alors que danstous les cas la compression du cordon , par la ligature , est la ineme?
M. Miquel Fexplique en disant (voir l'arlicle de cet auleur deja cite), que iorsqu'il y a des adheren­cos , les vaisseaux qui les parcourent, alimentant les glandes spermatiques, les empechent de se gangrener ei de suppurer. Cette explication ne se-rait applicable qu'aux seuls cas oü il y a des adhe-rences du testicule avec ses enveloppes.
Nous pensons que la castration ä l'aiguile a, cornme le bistonrnagc, pour eiTet d'arreter la cir-
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S28nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
culation dans les arteres et les veines testiculai-res. Les enveloppes tesliculaires conservant la cir­culation, la vitalite qui leur est propre, s'opposent, tout d'abord, ä l'elimination du testiculc. Plus tard , des modifications particulieres , dejä signa-lees , se produisent dans ces memes membranes et deviennent, de meme que les fausses membra­nes , les tissns fibreux qui s'organisent antour d'un corps etranger, introduit ou developpe dansl'eco-nomie animale, des organes de protection, et s'op­posent ä l'elimination d'une maiiere ne faisant plus partie de la machine animale.
Vainement viendrait-on soutenir, pour detruire notre maniere de voir, que les tcsticules bien bis-tournes et depuis longtemps , presentant des alte­rations morbides, ces organes ne peuvent etre consideres comme entierement etrangers ä l'econo-mie animale.
Si dans ['appreciation de ces faits il n'y avait pas eu une erreur d'observation, notre maniere de voir perdrait de sa valeur ; il sera demontre plus loin que cette erreur a existe.
Nous attribuons done les accidents qui suivent la castration ä raiguilleplutöt ä un acces d'inflamma-tion , ou a la presence du sang epanche dans les tissus , par suite de roperation , au contact de ce fluide avec l'air, etc., toutes conditions favorisant, ainsi que l'a si bien demontre M. Renault, la gan-
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CHEZ LES BfiTES BOVINESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 529
grene traumatique, qu'aux effets de la ligature; sans nier toutefois rinfluence que peut avoir, dans la production de la gangrene traumatique , la dimi­nution de la vitalite d'un tissu.
C'est meme cette vitalite plus grande qui existc dansles enveloppes des taureaux manques , la den-site plus forte qu'ont acquis les tissus, qui permet-tent, jusqu'ä un certain point, de s'expliquer la rarete des accidents qui suivent, chez eux, la cas­tration ä Taiguille. II faut, toutefois, dans cette appreciation , tenir compte du sujet et des condi­tions dans lesquelles il'Se trouve.
Lorsque, par Tun des motifs enonces, le bis-tournagc est impossible , reste a mettre en usage Tun des autres precedes de castration.
Mortification d'une partie ou de la totalile des bourses. — L'experience seule peut appiendre ä connaitre !e degre de constriction a exercer sur les bourses pour que la compression , faite par la liga­ture, soit dans de justes limites.
Les accidents resultant d'une trop forte compres­sion sont plus rares et moins graves que ceux de­termines par un etat oppose ; il vaut done mieux pecher par exces que par dcfaut.
Les accidents resultant d'une trop forte compres­sion sont : la mortification complete de tous les tis­sus places au-dessous de la ligature , ou senlcment
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530nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ACCIDENTS DE LA CASTRATION
de la partie de la peau ou quelques-unes de ses couches comprimees par le lien.
Ces accidents offrent, dans leur developpement, trois degres : la mortification du tissu , son elimi­nation et la cicatrisation de la plaie qui en resulte ; chacun de ces degres a diverses phases qu'on pent, sans inconvenient, se dispenser de decrire.
Quant au traitement, les indications sont facilcs ä saisir, et les medications qu'elles reclament aisees a remplir ; aussi serons-nous tres brefa ce sujet.
II laut : l0s,opp08eräla mortification : on y par-vient en enlevant d'abord la cause et en employant ensuite des excitants, des irritants dont l'energie est en rapport avec les diverses phases que pre-sente la viudite des parlies dont on redoute la mor­tification.
2deg; Eliminer les tissusoü la vitalite est entierement eteinte ; on l'obtient en dirigeant et aidant l'inflam-mation eliminatrice qui s'etablit au pourtour de la par(ie mortifiee. Si cette inflammation languit, c'est encore a la classe des excitants ou des irritants qu'il faut recourir pour lui donner le degre d'intensite convenable; si eile depasse les limites voulues, c'est aux emollients, aux calmants qu'on doit s'adresser ; mais il ne faut pas oublier que , chez les animauxde l'espece bovine on ovine, il faut etre tres sobre de ces derniers moyens.
3deg; Placer la plaie dans los conditions les plus favo-
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OHEZ LES BtTES BOV1NESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;531
fables ä la cicatrisation ; les medications doiverit loujours etre en rapport avec la nature de la plaie, Les excitants au debut, les caustiques ensuite, forment la base du traitement. On aura presque toujours a. se louer de l'emploi des caustiques, plus ou moins energiqucs , jusqu'a entiere cicatrisation.
Inflammation des bourses. — Les causes de cet accident peuvent se diviser en deux categories ; 1deg; les causes inkerenles ä l'individu; 2deg; eellcs qui en sont independanles. Parmi les premieres , nous trouvons : l'äge, la force, I'energie, Tirritabilite du sujet; plus I'animal sera age, plus la force, I'energie , I'irritabilite seront pqrvenues a un haut degre, et plus aussi on aura ä redouter I'inten-site des phenomenes inflammatoires. Teile est la regie.
Parmi les deuxiemes, nous citerons : les extre­mes temperatures , le souffle du vent du sud, les ecarts de regime, les manipulations longtemps continuces , mal cxccutecs ou trop fortes , etc.
Si les animaux, maigres , pen energiqucs, on a temperament lympbatique , semblent, par suite du fort engorgement qui se produit souvent chez eux , faire de nombreuses exceptions, il est facile de so convaincre qu'ici il y plus d'apparence quo de rea-lite; chez eux il y a plutöt infiltration asthenique qu'inttammation franche. II Importe beaucoup, au
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rüinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DK LA CASTRATION
point de vue du iraitement, de distinguer ces deux etats.
Sympiömes. —Si ['inflammation doit depasser les ümites ordinaires, les phenomenes qui la caracte-risent se produisent avee rapidite , on( une grande intensity, et ne se borncnt pas, ainsi que nous Favons indique (page 574), aux bourses, mais ils s'etendent aux aines el ä !a partie superieure du fourreau : le trouble general, au lieu de disparaitre, persiste; l'animal est ramasse sur lui-meme , il y a de Tinappetenco ; la rumination est irreguliere ; les muqueuses sont injeetees; le pouls est plein , accelere; la respiration frequente. Ces symptömes se produisent dans les douze ou vingt-quaire heures qui suivent l'opöration.
Ces symptömes ne tardent pas ä s'aggraver : la partie des bourses situee au-dessousde la ligature, qui d'ordinairc ne s'infiltre que lorsqu'ou a enleve le lien , partieipe ä l'inflammation ; le lien semble enfonce dans le tissu cutane ; les bourses et la re­gion des cordons testiculaires jusqu'ä Faine forment une masse cyiindrique chaude, dure, douloureuse, et souvent parsemee de nombreuses ecehymoses ; l'inflammation se propage le long du fourreau , oü eile est loin d'avoir la meme intensite ; le deeubitus est presque continu, le membre posterieur oppose ä celui qui appuie sur le sol est fortement porte en avant, et l'animal le souleve souvent pour eviter la
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CHEZ LES BfiTES BOVINESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 53:!
douleurque son appui produit sur la partie malatle.
Pendant la marche, les membres posterieurs sont ecartes, et il y a de la raideur du train posle-rieur.
L'animal est triste, !e poil est (erne, la peau chaude et seche ; la region lombaire , voussee en contre-haut, est douloureuse ; le- mufle est sec , la beuche chaude , l'appetit et !a rumination sont ca-pricieux , les muqueuses ties injectees , le pouls est fort, accelere, la respiration frequenle , les secretions sont sensiblement diminuees.
C'est ordinairement du quatrieme au sixieme jour que la maladie a acquis le degre d'intensite que nous venons de faire connaitre. Souvent l'in-flammation progresse encore durant cinq a six jours; alors ['infiltration a gagne la face interne des cuisses, les bourses arrivent quelquefois jusqu'au niveau des jarrets , rengorgement occupe toute la partie inferieure de l'abdomen , envahit meme le dessous de la poitrine. Get engorgement, mou, pen chaud , pen douloureux , conserve i'impression du doigt; si on le scarifie, il s'en ecoule de la serosite d'unc couleur jaune legerement rougcatre.
L'animal se couche rarement, tient ses membres posterieurs fortement ecartes , la locomotion est dif-licilc et douloureuse , le flanc est retrousse ; la ru­mination , quoique rare, se conserve; l'appetit est peu prononce, la tievro dc reaction moins vivc ; a
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534nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ACCIDENTS DK LA CASTRATION
cette epoque les membres sont souvent engorges.
Marche, duree.— La marche est reguliere, continue ; la duree est en rapport avec les diverses terminaisons.
Terminaisons. — Les seules que nous ayons ob-servees sont : la resolution3 Vinduration, la sup­puration; nous n'avons jamais vu cette inflamma­tion se terminer par la gangrene.
Resolution. — Elle est annoncee par un amende-ment dans les symptömes locaux et generaux ; en quinze ä vingt jours la resorption est presque complete.
Induration. — Parfois la resolution de Tengorge-ment n'est pas complete, les bourses restent tume-fiees, dures ; la chaleur et la douleur diminuent. Apres un delai de vingt-cinq ix quaranle jours, il ne reste, desphenomenesinflammatoires, que la tume­faction et la durete. Cette tumefaction a quelquefois le volume d'un pain d'un kilogramme ; eile a une forme allongee, sa surface est lisse : pas le moindre trouble ne se decele dans Fetat general du sujet.
Plusieurs mois, des annees peuvent s'ecouler sans qu'on saisissc dans cette tumefaction des modifications bien appreciables. On voit seule-menl que la durete augmente et que la chaleur et la douleur, deja ä peino sensibles , vont toujours diminuant et finissent quelquefois par disparaitrc.
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CHEZ LES HßTES BOVINES #9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .Vi.quot;.
D'autres fois des foyers de suppuration, plus on moins nombreux, apparaissent; du pus non loua-ble s'en ecoule; les foyers communiquenl parfois entre eux.
Lorsque le bistournage a ete complet, I'indura-tion se passe enlierement dans le tissu cellulaire situe en dehors de la tunique corticale; le tesü-cule n'y participe en rien ; cette glande s'atrophie.
Les modifications qui surviennent d'ordinaire dans les enveloppes testiculaires et le cordon se pro-duisent (voir page 76quot;).
Sappuration. — La tumefaction persiste a la region testiculaire ; rinfiltration a presque disparu dans les autres points ; les phenomenes inflamma-toires locaux au lieu de diminuer augmentent; la region des bourses devient tendue, chaude, tres douloureuse; rinfiltration semble vouloir se propa-ger de nouveau , mais eile s'etend seulement un pen en avant des bourses.
L'animal est triste; Fappetit, la rumination se soutiennent; pas de fievre de reaction sensible, le decubitus est douloureux.
Ces symptomes augmentent journellement, mais ce n'est guere qu'au bout de vingt ä trente jours que la tumeur est saillante dans son centre, la fluc­tuation y apparait, la peau s'y aminci(, devient bicuatro , enfin un pus de bonne nature se fait jour. La suppuration so tarit vile et la piaie so fermc
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536nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ACCIDK.VrS DE LA CASTRATION
pour se rouvrir plus tard; une fistule peut persister.
Le testicule bistourne, detache ou non de son cor­don, peut se trouver au milieu du foyer purulent; il esl toujours entoure des membranes erythroide, fibreuse et corlicale.
Ce dernier accident est du a la destruction, par la suppuration, du reseau vasculaire conduisant les elements de nutrition aux membranes qui entourent immed,iatement le testicule.
L'induration peut succeder ä la suppuration.
Les symptomes caracteristiques de I'infiUration asthenique sont : une tumefaction peu chaude, peu douloureuse , conservant i'empreinte du doigt, qui entoure d'abord les bourses, mais ne parvient Ja­mals dans la region de l'aine; eile s'etend plutöt le long du fourreau et gagne insensiblement la region abdominale. Des scarifications s'ecoule un liquide sereux, clair, d'une couleur legerement jaunatre : il n'y a pas de fievre de reaction ; I'animal so cou-che sans crainle ; le decabitus est normal.
Cette infiltration sereuse se produil avec beau-coup de lenteur, et souvent eile ne commence meme ä envahir le fourreau que deux ou trois jours apres l'üperalion.
Sa terminaison la plus ordinaire est la resolution qui est longue a s'effectuer.
L'induration ost rare ; la suppuration, encore da van tage.
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CHEZ LES BETES BOVINESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;537
Trailement. — II doit etre en rapport avec les #9632;diverses phases de la maladie.
Au debut, on emploie les aspersions d'eau froide sur la partie engorgee, les emissions sanguines.
Si la maladie fait des progres, on pratique de nombreuses scariflcations sur les parties enflam-mees, et on insiste sur les refrigerants. Lorsque I'engorgement est tres douloureux, on peutessayer des lotions calmantes.
Si la maladie est a son etat, le trailement est ie meme que dans les autres periodes.. II Importe ce-pendant d'etre sobre des saignees generales; les emissions sanguines locales sont de beaucoup pre-ferables.
La resolution commence-t-elle ä s'operer? on la favorise par des lotions d'infusion de fleur de sureau d'abord , puis de plantes aromatiques qu'on peut avantageusement melanger a de l'eau-de-vie camphree.
Les pommades, les bandages suspensifs, sont plutot nuisibles qu'utiles.
Vinduration se traite par les resolutifs, des pointes de feu fines et profondes. S'il y a ramollis-sement, on ponctionne et on debride le foyer qui ie renferme ; la plaie est pansee selon les indications. Les caustiques conviennent parfaitement.
L'induration persistant, reste a pratiquer I'exci-
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5,18nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DK LA CASTBATION
sion du tissu indure el du testicule, s'il est compris dans l'induration.
Inutile de decrire le precede operatoire. L'essen-tiel, c'esl de faire de larges incisions, de cauteriser les tissus indures qu'on laisse dans la plaie, de faire un pansement compressif, precede d'une legere cauterisation avec eau de Rabel etendue ou per-chlorure de fer.
Vingt-quatre heures apres l'operation, il est bun de lever l'appareil; on devra meme devancer ce moment, si, apres le pansement, il y a eu de l'he-morrhagie, et que la temperature seit elevee et humide.
Ce premier pansement doit etre fait avec beau-coup de soin; on debarrasse la plaie de lous les caillols qui la recouvrent; on cauterise avec l'eau de Rabel, ou on pause avec un melange de quin­quina et d'essence de terebenthine , ou seulement avec de l'essence de terebenthine.
Les autres pansements sont faits selon les indi­cations.
A moins de contre-indications tres manifestes, les caustiques seront employes jusqu'ä complete cicatrisation.
Par ces moyens, on evite generalement la for­mation de gros bourgeons cellulo-vasculaires et le renversement, I'lnduration des levres de la plaie.
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CHEZ LE3 BATES BOVINESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;539
Pour la suppuration, on se conduit comme pour le ramollissement de rinduration.
Le traitement de Yinfiltration aslhenique con-sisle en des scarifications, des frictions excitantes, irritantes ; la compression produit d'heureux resul-tats; mais eile doit etre faite de maniere a no pas s'opposer ä recoulement des urines.
Le regime sera substantiei ; la diele , les emis­sions sanguines sont defavorables.
L'induralion survenant, le traitement que nous avons deja indique doit etre mis en usage.
Acrobustite.
L'inflammation s'etendant le long du fourreau, pout gagner la face interne de cet organe; alors des symptömes particuliers viennent sc joindre a ceux de l'inflammation parvenue au-delä des limites ordinaires; ces symptömes sont les suivants : dou-leurs vives lors de l'expulsion des urines ; ces douleurs sont accusees par les trepignements des membres posterieurs, le balancement de la queue, la flexion du train posterieur, l'arret subit du bond uretrai, puis le retoiir de ce phenomene , mais n'ayaDt jamais la force du bond uretrai de l'etat normal; recoulement des urines est pen abondant, la muqneuse du fourreau est injectee, seche, (res chaude. Si la maladie fait des progres, la nluqueuse s'epaissil, sc rcnversc et fait hernic au dehors;
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540nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
alors une tumefaction rouge, ombiliquee dans son centre et pouvant acquerir le volume du poing, apparait entre le bouquet de poils qui se trouve a rorifice du fourreau ; cette lesion n'aggrave pas la fievre de reaction.
La marche de cette affection est reguliere; sa duree de quatre ä huit jours. Le pronoatic n'est jamais facheux. La resolution est la terminaison ordinaire de cette lesion.
Le traitement est des plus simples; au debut, quelquesdouches d'eaufroide; lorsquela muqueuse fait hernie , des scarifications et la continuation des douches suffisent pour obtenir la guerison ; il faut aussi avoir le soin de couper les poils de l'orifice du fourreau et placer une toile sous rabdomen pour evitcr le contact de la muqueuse avecla litiere.
Orchite.
Les compressions exercees sur le testicule pen­dant I'operation, sont la cause evidente de cette maladie.
Chaleur, douleur, tumefaction du testicule , sans oedeme tres prononce des bourses; fievre de reaction variant d'intensite, membre correspondant au testicule porte en dehors, tels sont les phenome-nes observes durant les deux ä trois premiers jours de l'invasion de la maladie. Si I'affection n'est pas arretee dans sa marche progressive, elle fait pen­dant sept ä huit jours des progres rapides.
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CHEZ LES BfiTES BOVINKSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;oil
La chaleur, la douleur sont des plus vives; I'in-flammation se propage le long du cordon, I'infillra-tion des bourses augmente, lesmembresposterieurs sont ecartes, le decubilus est rare, la region dorso-lombaire est fortement voussee en contre-haut et tres douloureuse a la pression , le poil est terne ; il y a anorexic, inrumination , desir des boissons froides.
La maladie n'a pas toujours une marche aussi rapide et nc se decelc pas par des symptomes aussi caracteristiques; ce n'est meme que lorsque Tinfiltration des bourses a presque disparu qu'on pent reconnnitre Vorchite. Les symptomes sont : une legere augmentation dc volume du testicule, la pcrsistance de I'infiltration autour dc cette glande et la douleur. que temoigne I'animal lorsqu'on la comprime; le cordon est aussi un peu tumefie et douloureux, mais seulement aupres du testicule; il n'existe pas les moindres signes de fievre de reaction.
D'apres ce que nous savons de l'orchite, on pent admettre que cette affection offre deux types : I'un a marche rapide, avec des symptomes locaux et generaux ires intenses, c'esl I'aigu; l'autre ä marche lente, a symptomes locaux peu marques, sans troubles generaux , c'est le chro-nique.
Terminaisons: Type aigu. — La resolution ,
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uinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Accmi'.vrs uv. la castration
I'induration , la suppuration , son't les terminaisons ordinaires de l'orchito. Les coracteres qui les dece-lent sent ceux de toutes les inflammations. Les details fournis a propos des terminaisons de l'in-flammation des bourses trouvant ici leur appli­cation, il est imitile d'entrer dans des developpe-ments sous ce rapport. Notons neanmoins quo (dans les cas d'induration), les attributs du taureau dis-paraissent si le bistournage a ete reussi; squot;il a ote manque, ne serait-ce que d'un seul cöte, l'etat mor­bide sous rinfluence duquel se trouve le testiculc, ne detruit pas les desirs de i'accouplement. '
S'il y a un abces, au pus qui s'ecoulc sont me­langes des filaments do couteur blanc-jaunätre, residus des lissus de la glande et de la tunique ery-throide. iin explorant la plaie on s'assure de l'eten-due du foyer de suppuration , et on pent se con-vaincre quo rarement tonte la glando est tombee en suppuration; il en reste encore des debris fixes au cordon testiculaire, et que la suppuration finit, par entrainer. Pour eviter de nouveaux abces, il faul retarder la cicatrisation de la plaie jusqu'a complete elimination du residu du teslicule.
Si la cicatrisation de la plaie a etc mal dirigee, le tissu cellulaire et les portions de testicule non elimines peuvent devenir le siege de productions heterologues; il arrive meine qu'cllcs se forment malgre les soins les plus rationnels.
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CHEZ LES BfiTES BOVINKSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;543
Les lerminaisdhs da type chronique sont la reso­lution ot 1'induration , qui n'offrent rien de particu-lier ä signaler.
Les indurations, primitives ou conseciitives a la suppuration, peuvent, sous I'influence tie causes sonvent inappreciables , subir des modifications de texture et se transformer en tissu fibreux, fibro-plastique , tuberculeux, cancereux , etc. Ces pro-duits morbides peuvent exister isolement, on en rencontre aussi plusieurs reunis.
Lorsque I'emasculation, par les precedes de cas­tration non sanglante, a ete reussie et qu'il se forme des produits morbides dans la region testicnlaire, les glandes spermatiques ne participent jamais ä la lesion; il n'en est pas de meine lorsque l'operation a ete manquee; IMnflammation chronique dont le testicule peut etre le siege, le predispose a diverses transformations de texture.
Les indications que präsente l'orchite etant les meines que celles de Tinflammation des bourses, nous ne dirons rien de son traitement. II est nean-moins utile de faire observer que dans le cas d'abla-tion du testicule il faut, si cet organe a conserve sa vitalite, lier le cordon , precaution inutile si la glande spermatique est airophiec.
La plupart de ces complications se rattachent aussi aux autres modes dc castration non sanglante.
Quanta ceux qui surviennent 5 !a suite de la cas-
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54inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DK LA CASTRATION
tration sangiante , ils sont les memes que chez les solipedes. Les liernies de castration , I'amaurose , voire meine le tetanos, doivent etre des accidents tres rares chez les betes bovines; nous ne les avons jamais constates. Nous en diron? autant de Vacci-dentdu bistournagc que M. Nicouleau (Journal des Velerinaires du Midi, 18S9, page 288), designe sous le nom de rupture des enveloppes, et qui doit, semble-t-il, etre , en effet, rapporte a la dechirure du cremaster et de la tunique erythroide.
Cet accident, du a une trop forte torsion du cor­don, se caracleriserait par la disparition instantanee de la rigidite du cordon et la faciiite avec laquelle le testicule tournerait aulour de cot organe , et la possibilite , enfin, de le maintenir en position con-venable en augmentant le nombre de tours, jusqu a ce qu'on obtienne une nouvelle rigidite. La con-naissance de la cause indique le moyen d'eviler cette complication.
Les accidents qui se produisent chez les indivi-dus des troisieme, quatrieme et cinquieme sections, ont, pour lä plupart, une grande analogie aver ceux observes chez les animaux compris dans les premiere et deuxieme sections ; inutile done de les rappeler de nouveau et moins encore de les decrire. Ils ont generalement peu de gravite et moins d'im-portance, vu le peu de valeur [k Fexception des vaches) des sujets chez lesquels ils sevissent.
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CHEZ LES BfcTES BOVINESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;545
II est, cependant, quelques accidents particu -liers, peu frequents, tels que , la tremblanle, chez les animaux de l'espece ovine, nevrose tres grave et qui reclame l'emploi des antispasmodiques , des toniques et une alimentation tres nutritive.
Le tetanos a aussi ete signale comme une affec­tion frequente chez les individus de cette espece.
II faut croire que les auteurs qui ont observe ces deux maladies se son! trouves dans des conditions particulieres, attendu que sur plus de 10,000 betes ovines que nous avons chätrees, nous n'avons pas observe un seul cas de tremblante, ni de tetanos.
Les accidents de la castration de la vache sont excessivement rares depuis les perfectionnements apportes a cette operation par M. Charlier. C'est du troisieme au cinquieme jour qu'ils apparaissent; ils consistent en une irritation des organes genito-urinairesj en un ahces phlegmoneux dans le tissu cellulaire recto-vaginal ou le ligament large.
Vhemorrhagie, la peritonite peuvent aussi se declarer.
Les symptömes caracteristiques de ces accidents se deduisent si naturellement de leur simple enonce, que les faire connaitre serait perdre inutilement le temps, et cela avec d'autant plus de raison, que la plupart d'entre eux ont beaucoup d'analogie avec ceux de meme nature observes chez les solipedes ou les betes bovines.
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516nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ACCIDENTS DE LA CASTRATION
L'exploration rectale ou vaginale fournit le moyen direct de suivre les progres de l'abces du bassin, dont le traitement n'offre rien de particulier ä si­gnaler.
Le pus qu'il renferme peut se faire jour dans le vagin ou le rectum. Dans tous les cas, il faut evi-ter que l'abces s'ouvre dans l'abdonien , en ayant la precaution d'en faire la ponction ä travers les pa-rois du vagin. M. Charlier se sert, pour cela , d'un bistouri serpette ou d'un grand bistouri renferme dans une gaine et pourvu d'un dard avec tranchant en arriere; un bouton fait mouvoir la lame de l'ins-trument.
Chez les truies on peut observer Yhemorrhagie; eile est peu grav-e et facile ä prevenir, en operant par les moyens indiques.
Vapparition d'un abces, au Heu de ['Operation, s'accuse par des signes connus. Arrive ä la periode de suppuration, il s'ouvre de lui-meme et le pus s'echappe au dehors.
Si on le ponctionnait, il faudrait agir avec pre­caution , de crainte qu'il renfermät une anse intes-tinale.
La hernie, simple on elranglee, consiste dans la presence d'une anse intestinale en dehors du peri-toine, entre cette membrane et les parois abdomi­nales , ou entre la peau et les muscles abdominaux. L'inlestin peut aussi passer ä travers les points de
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CHEZ LES BßTES BO VINESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;517
suture et s'echapper au dehors. La hernie se carac-terise par une tumeur, sans chaleur ni douleur, d'un volume variable , se reduisant par la pression et laissant, parfois , entendre des borborygmes.
Les moyens prophylactiqnes se trouvent dans le soin scrupuleux que Ton apporte a prendre les pre­cautions recommandecs ä propos de l'operation.
Quant au traitement curatif; les indications sont les memes que pour les autres hernies de castra­tion. La maniere de les remplir differe.
La contention s'opere au moyen de sutures faites aux muscles et a. la peau.
Les lesions de la malrice, de Vinleslin ou de la vessie, sont, les deux dernieres, tres graves sinon mortelles.
Ces accidents elant du fait de l'operaleur, il est facile de les prevenir.
FIN.
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TABLE DES MAT1ERES.
Pages.
Avant-Propos..............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;v
PREMIERE PARTIE.
De la Castration sous le rapport hygienique.
Chap. Ier. — SolipEdes. ........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 3
Age auquel on doit chätrer le poulain......nbsp; nbsp; nbsp; 20
Influence de la castration sur 1'amelioration des races
chevalines..............nbsp; nbsp; nbsp; 35
Chap. II. — B£tes bovimes..........nbsp; nbsp; nbsp; 42
Des aptitudes.............nbsp; nbsp; nbsp; 47
Est-il chez les males un mode de castration qui favo-
rise les aptitudes............nbsp; nbsp; nbsp; 61
Influence de la castration des vaches sur la steötion
lactöe et sur l'engraissement........nbsp; nbsp; nbsp; 83
Influence de la castration sur la production de la
viande et l'engraissement.........nbsp; nbsp; 116
Chap. III.—Petits animaux. — Espece ovine. . . .nbsp; nbsp; 156
Espfece caprine.............nbsp; nbsp; 167
Espece canine.............nbsp; nbsp; 175
Espece feline..............nbsp; nbsp; 184
Esptes volatiles.............nbsp; nbsp; 188
DEUXIEME PARTIE. De la Castration sous le rapport chirurgical.
Chap. I01'.—Division des pbocedes operatoires. . . .'nbsp; nbsp; 191 Sect. Irc. — Castration des solipedes. — Apergu anato-
mique de la region testiculaire........nbsp; nbsp; 193
Examen des conditions les plus favorables ä l'opörationnbsp; nbsp; 200
Fixation de l'animal a operer.........nbsp; nbsp; 206
Inspection de la region oil Ton doit operer et de celles
dont il imports de connaitre I'^tat......nbsp; nbsp; 210
Preparation de la region..........nbsp; nbsp; 212
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550nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TABLE DES MATIERES
Pages, foioncö des procamp;lös de castration; leur description.
Castration non sanglante. — Du bistournage. . .nbsp; nbsp; 213 Position k donner aux aides et au sujet ä opörer. —
Appareil..............nbsp; nbsp; 240
Position de l'animal pour Topöration......nbsp; nbsp; 243
Difficult^ et impossibilite de l'operation. . . . .nbsp; nbsp; 257
Examen anatomique...........nbsp; nbsp; 261
Castration sanglante. —Castration au raoyen des cas-
seaux...............nbsp; nbsp; 272
Ph6nom6nes consecutifs k Topöration......nbsp; nbsp; 322
Hygiöne des operes............nbsp; nbsp; 329
Examen comparatif des difförentes methodes de castra­tion............... .nbsp; nbsp; 335
Sect. II. — Castration des bates bovines. — Enonce des
modes de castration chez les bfites bovines. . . .nbsp; nbsp; 345 Apenju anatomique de la rögion testiculaire du tau-
reau. — Castration non sanglante; du bistournage.nbsp; nbsp; 346
Historique..............nbsp; nbsp; 347
ftpoques les plus convenables pour pratiquer cette
Operation..............nbsp; nbsp; 352
Preparation du sujet...........nbsp; nbsp; 354
Aides, appareil. — IVKthodes employees pour fixer les
animaux..............nbsp; nbsp; 355
Manuel operatoire............nbsp; nbsp; 359
Circonstances qui obligent de modifier la mcthode
operatoire..............nbsp; nbsp; 368
Phenomenes consecutifs ii l'operation......nbsp; nbsp; 372
Martelage...............nbsp; nbsp; 376
ferasement de la substance testiculaire. — Castration
ä l'aiguille..............nbsp; nbsp; 379
Castration sanglante...........nbsp; nbsp; 383
Hygiene des operes............nbsp; nbsp; 386
Rxamen comparatif des diiferontcs mfthodes de cas­tration...............nbsp; nbsp; 390
Sect. III. — Castration des petits animaux. — Petits
ruminants. — Espece ovine.........nbsp; nbsp; 394
Esp^ces caprine et porcine.........nbsp; nbsp; 39Ö
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TABLE DES MAT1ERESnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;551
Castration des poissons..........nbsp; nbsp; 407
Sect. IV. —De la cryptorchidie........nbsp; nbsp; 409
Divisions ä 6tablir. — Positions des testieules. . . .nbsp; nbsp; 411
Procödö opöratoire chez las solipfedes. . . . (nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 416
Espfeee porcine.............nbsp; nbsp; 420
Sect. V. — Castration des femelles. — Castration de la
vache................nbsp; nbsp; 422
Procedö Levrat.............nbsp; nbsp; 420
Precede Charlier............nbsp; nbsp; 430
Proc(5d6 Colin..............nbsp; nbsp; 442
Castration de la jument..........nbsp; nbsp; 447
Castration de la truie...........nbsp; nbsp; 448
Castration des brebis...........nbsp; nbsp; 455
Castration de la chienne..........nbsp; nbsp; 456
Chap. II. — Des accidents de la castration.....nbsp; nbsp; 45S
Sect. I™. — Accidents de la castration chez hs solipedes.
Hömorrhagie..............nbsp; nbsp; 460
OEdfime...............nbsp; nbsp; 470
Gangröne...............nbsp; nbsp; 471
Inflammation du cordon testiculaire......nbsp; nbsp; 476
Abcfes.................nbsp; nbsp; 500
Fistules...............nbsp; nbsp; 501
Pamp;itonite..............nbsp; nbsp; 502
Hernie................nbsp; nbsp; 509
Tötanos...............nbsp; nbsp; 514
Amaurose..............nbsp; nbsp; 518
Sect. II. — Accidents de la castration chez les bStes bo-vines. — Chute de la ligature........nbsp; nbsp; 520
Circonstances oü il n'est possible que d'opörer un seul
testicule..............nbsp; nbsp; 525
Acrobustite..............nbsp; nbsp; 539
Orchite...............nbsp; nbsp; 540
FIN DE LA TABLE.
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Typographie Jean Pradel et Blanc, place de la TriniU, 12.
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