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LES .IllLADIES
VERS A SOIE
iMnseardiae, GnllinB, Pekine, Corpusouline, Morts-llals, Gtasserie, Hejione, etc.) CAUSES. MM ET 5I0TH DE IES PREVE.MR
on (Veil (liuiinucr consldOrnWoinoilt los ravages
L EXPOSE PRATIQUE DE NOUVELLES REGLES POI'R LA CL'LTURE DU MÜR1ER, LES MAGNANERIES, e'eDIT.ATIOX ET LE GRAINAGE
Jpcrjn bktoriqno sur Fail dclcvcr les \ors iisoiccn Franrf
DEPUIS LEUR INTRODUCTION JUSQU'A NOS JOURS
M. EGGUSS-iB-EASÜUARD
Ägriculleur, jneien litiUair iuAlais.ct auricn ßr.iiii^Bf an ilrianai? (Lninharilia), llleilllira (la Oivai'H'S sntialös d'ajjiaultlira (Mi (J'lm'lHjcnUura, ale., t'le.
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LIBBA1RIE AClUCOLK }ni f.X- 3IAISÖN BCSTIQUE
NIMES
CHEZ L'AUTEUR, RUE HEUVE-DES-ARENES, 19
OU A SAINT-CESAIBE-LF,S-SIMES.
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I
LES MALADIES DES VERS A SOIE
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BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
II
2913 043 6
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LES MALADIES
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VERS A SOIE
(Muscaräine, Battue, Kbrine, Corpseulim, Morts-ilals, Grasserit, Negrone, itc.)
CAUSES, SHORE ET HOTEJI DE LES PBEVEM
on rt'en ilimiauer considOrablemeDt les rayages,
L EXPOSE PRATIQUE DE NOL'VELLES REGLES POUR LA CDLTURE DÜ MURIER, LES MAGNANER1ES, L'eDUCATION ET LE GRAINAGE
ET PniXKUEES Igt;'DN
Apercu hisloriquc sur l'arl d'clever los vers ä soit en Fraoce,
DEPUIS LEUR INTRODUCTION JUSQt'A NOS JOURS
M. EUGENE DE HA8QUARD
Agricullcur, ancien ülaleur ii Aiais ot nncien graineur en Briancp (Lomiiardic), memhre dlaquo; lUrersei sotit-les d'aericulliire ou d'liürticulturi!, etr.,etc.
UBiuiniE J^cowoar i.ÄäiiA'soN quot;histique
1868
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AUX DAMES
AUX INSTITUTEURS PUBLICS
C'est aux dames et aux instituteurs publics que je dedie ce travail.
Aux dames, non parce que la sole sert principale-ment k confeotionner leurs elegantes toilettes, raais parce que l'education des vers ä sole est une occu­pation essentiellement feminine.
Pour les dames, assez rares, je l'avoue, qui n'ont la tete remplie que de colifichets, qui ne savent parier que pour medire, penser quo pour envier, le sdjour de la campagne est bien un peu triste, sans doute ; mais pour celles qui, mieux douees ou ayant repu une education plus solide, savent s'interesser a des lectures serieuses, faire un peu de botanique ou d'horticulture, de la musique ou du dessin, pour remplir les moments de loisir que leur luissent les soins du mönage, l'habi-tation aux champs a des jouissances sans nombre. Et puis, quoi de plus salutaire, pour la sante du corps, que fair pur des champs, et, pour la sante de l'esprit, )nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; que la vue continuelle des merveilles de la nature ?
Et, parmi ces merveilles, quoi de plus attachaut qu'une education de vers ii soie conduite avec intelli-
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genceet proprete ? Quelle joie, quel triomphe, lors-qu'elle reussit bien ! Quoi de comparable, en effet, a la vue d'une cbambree dont les bruyeres sont abon-damment garnies de cocons?
Cependant, quelques dames, quand on leur parle vers ä sole, repondent d'un air dedaigneux : Je ne nven occupe pas; c'est l'affaire de mon magnanier. C'est tres grand genre ! Cela rappelle ces preux cheva­liers du moyen age, qui, lorsque, par hasard, on leur demandait s'ils savaient ecrire ou seulement signer leur nom, repondaient: Fi done! c'est l'affaire de mon chapelain. 11s ignoraient, ces süperbes et na'ifs pala­dins, que les plus illustres guerriers de l'antiquite avaient autant d'instruction que de valeur : Alexandre etait eleve du philosophe Aristote; Cesar etait un excellent orateur et un ecrivain elegant.
Et vous, Mesdaraes, vous ignorez de meme que, dans des contrees civilisees depuis bien des siecles, tandis que notre Europe etait encore a demi sauvage, la culture de cette charmante chenille, que vous me-prisez si fort, a amp;1amp; de tout temps une occupation royale, elevee presque ä la hauteur d'un sacerdoce; vous ignorez aussi que c'est une femme, une impera-trice, qui a invente 1'art d'elever les vers k sole, ce qui lui a valu d'etre divinisee par la posterite recon-naissante.
On lit dans VHistoire gencrale de la Chine, du P. Mailla, Tan 2602 avant notre ere (il y a 4460 ans environ) :
laquo; Ce grand prince (Hoang-li) voulut aussi que Si-ling-chi, sa legitime epouse, contribuatau bonheur de ses peuples. 11 lachargea d'examiner les vers a soie
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et d'essayer ä utiliser leurs fils. Si-ling-chi fitramas-ser une grande quantite de ces insectes, qu'eüe vou-lut nourrir elle-meme dans un lieu qu'elle destina uniquement k eet usage. Elle trouva non seulement la faoon de les ölever, mais encore la maniere de devider leur soie et de l'employer pour faire des vetements. raquo;
C'est en reconnaissance d'un si grand bienfait, dit l'histoire intitulee Waiki, que la posterite a öleve Si-ling-clii au rang des Esprits et lui rend des hon-neurs particuliers sous le nom de Deesse des vers ä soie (Mcmoires sur les Chinois, tome xnr, page 240).
On lit dans le Li-ki ou Livre des Ceremonies (ouvrage redigö par Confucius dans le ve siecle avant J.-C.) :
o Dans le dernier mois du printemps, IMmperatrice jeüne, se purifie, et offre un sacrifice ä l'Esprit des vers ä soie : eile va dans les champs situes k l'Est, et cueille elle-meme des feuilles de mürier. Elle defend aux dames nobles et aux femmes des ministres de s'orner de leurs parures, et eile dispense ses suivahtes de leurs travaux de couture et de broderie, afin qu'el-les puissent donner tous leurs soins ä l'education des vers a soie. raquo;
laquo; On choisit, par le moyen des sorts (meme ouvrage), les dames des trois palais et les femmes nobles qui sont pures et entourees d'heureux presages, et on les envoie dans la maison des vers a soie pour les nourrir et s'occuper de tous les soins de leur education. raquo;
On lit dans le Chou-king, Tun des livres canoniques des Chinois :
laquo; Le premier jour de la lune du premier mois de printemps, la femme du prince lave la graine des vers a soie dans la riviere. raquo;
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On lit dans I'ouvrage intitule Nftfig sang-thong-kioue (1'an 48 avant J.-C.):
laquo; La mere de l'empereur Fouen-ii visitait la maison des cocons (ou des vers ä soie), et, suivie de l'impera-trice et des dames du paiais, eile allait cueillir des feuilles de mürier. raquo;
laquo; Sous la dynastie des Song (meme ouvrage, entre les annees 454 et 457 apres J.-C), l'empereur Hiao-wou-ti fit construire une maison pour les vers a soie. L'imperatrice cueillait eile-meme les feuilles de mürier, eonformement aux rites de la dynastie des Tsin. raquo;
L'auteur continue ä citer des tails analogues qu'il a rocueillis dans l'histoirc des empereurs suivantsjus-qu'aux annees 9G8 a 976 de la dynastie des Song, sous laquelle il vivait, afin de montrer que, depuis les temps les plus anciens, l'imperatrice elevait des vers a soie pour donner I'exemple a tout I'empire '.
Mais sans aller chercher des exemples aussi loin, je puis vous dire que, dansplusieurs parties del'Europe, et en Italie principalement, les plus grandes dames, les plus grands liommes d'Etat, se livrent avec ardeur li l'educalion des vers ä soie. En France meme, cesont les f'emmes les plus remarquables par leur instruction ou leur intelligence naturelle qui s'interessent le plus vivement ä cette culture. L'un de nos plus illustres generaux, 1c mareclial Vaillant, obtient en sericicul-ture des succes dont il est aussi fier, j'en suis sur, que de ses succes militaires; et il y a bien de quoi, car,
1 Resume des principatix traiies chinois sur la culture des müriers et sur Veducation des vers ä soie, tracluit par Stanislas Julien.
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par le temps qui court, et vu les perfectionnements inouis que Ton fait subir aux engins de destruction, il est plus facile et surtout plutöt fait de gagner des batailles que de reussir une education de vers ä soie.
Laissez done de cöte, Mesdaraes, ce dedaiu de mau-vais goüt pources precieux insectes, qui netravaülent que pour vous! Mais vous me direz sans doute que vous avez etc decouragees par des echoes successifs, et qu'il ne vous est plus possible de vous interesser ix une culture qui n'entraine que des mecotnptes. Eh bien! mesdames, je viens vous indiquer les moyens de faire cesser ces raecomptes : prenez la peine de jeter les yeux sur cet ouvrage, que vous trouverez peut-etre un peu long; mais passez rapidement sur la premiere et memo sur la deuxieme partie, attachez-vous seulement h la troisieme, la partie pratique : ne craignez pas de la relire plusieurs fois. Je ne vous demande pas de suivre mes indications h la lettre, mais d'en suivre seulement I'esprit, d'aller plus ou moins avant dans le sens que j'indique, et je puis vous affirmcr que vos echeos habituels cesserönt, et que vous reprendrez bientöt du goüt pour une des plus agreables occupations de la campagno.
Rendre l'education des vers a soie aussi simple, aussi facile, aussi assuree que celle des poulets, des lapins , des canards, tel est le probleme quej'etudie depuis plus de vingt ans et que j'espere resoudreavec votre aide.
Oui, Mesdames, je suis convaincu que sijepar-viens a vous interesser, a. vous persuader, ma cause est gagnee; car, comme dit le proverbe : ce que femme veut, Dieu le veut.
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En dödiant mon nouvel ouvrage aux dames, jai voulu non seulement m'assurer de puissants auxiliai-res, mais encore payer une dette de reconnaissance; car si, pendant mes longues etudes, j'ai regu quel-ques encouragements, c'est aux dames que je les dois, et mes premiers souscripteurs, et meme la majeure partie, sont des dames.
Apres les dames, c'cst sur vous, modestes apötres du progres, dont je me glorifie d'avoir partage quel-quesfois les labeurs', queje compte pour le succes de ma seconde campagne söricicole. Je ne viens pas vous demander de faire de la pratique, je sais que vous n'en avez guere le temps, mais je viens vous confier le sein de repandre mes theories, si, comme je l'cspere, vous les trouvez rationnelles.
On lit dans les Annales de la Chine seplentrionale :
laquo; Quand les travaux de l'agriculture sont termines, ou dans les jours ou la pluie ne permet pas de travail-ler aux champs, il faut enseigner aux hommes tout ce qui est relatif h la culture des müriers. raquo;
Suivez ce sage precepte autantque vos occupations ordinaires vous le permettront. Dans vos cours d'adul-tes, dans votre classe de chaque jour, dans vos con­versations particulieres , ne perdez aucune occasion de combattre les erreurs et les prejuges si nombreux en sericiculture. Au resle, inculquez a vos eleves le goüt de l'etude, diminuez le nombre des ignorants. et vous aurez puissamment aide non seulement a la mar-che du progres sericicole et agricole, mais de tousles progres, car ils sont tous solidaires.
' Voir document A.
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Malheureusement, dans notre bien-aimee France , deux choses tres importantes, l'agriculture et Tin s-truction publique, ne jouissent pas de toute la faveur dont elles sort dignes.
Nous n'avons des yeux et des millions que pour les travaux urbains : s'agit-il des besoins ruraux, les com­munes, surlout les grandes, sont trop pauvres pour y depenser quelques mille tranes ; aussi la police rurale en est-elie encore a I'etat embrionnaire et la voirie vicinale est-elle, en general, bien au dessous de ce qu'elle etait au moyen age '.
Et cependant I'kistoire est la pour nous apprendre que rembellissement exagere des grandes villas, des grandes capitales, entraine forcement la depopulation des campagnes 2, que la depopulation des catnpagnes
1 Si la commune de Nimes fait aujourd'hui exception a la regie, si sa voirie rurale est l'une des mieux entretenues, e'est parce que, sans aucune mission que le desir de donner l'exemple du devouement au bien public, et afm de seconder les bonnes intentions de Tad ministration municipale pour les interets agricoles, j'y ai consacre pres de deux annees de mon temps, pour dresser les cantonniers et vcillcr a la bonne execution des premiers travaux. (Voir I'enquete, la voirie et !a police rurale, au Courrier du Gard des i2, 23, 25, 26 aoüt, 20 septembrc, lquot; et6 decembre 1866.) II faut esperer que, grace aux sommes importantes que le Gouvernement vient d'allouer aux communes pour la voirie vicinale, une amelioration considerable so prcduira par toute la France dans cette utile partie.
' De 1851 a 1861, la population des campagnes a diminuo de 10 deg;/u, et ce sont surtout les hommes valides qui sont partis, laissant derriere eux les femmes, les enfants et les vieillards. (L. de Lavergne, .Rei'Me des deux mondes.]
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amene la decadence de l'agriculture, et que dela deca­dence de l'agriculture a toujours date la decadence des nations.
En 1853, en parlant de I'urgence d'ameliorer nos precedes sericicoles, je prononc-ais ces trop prophe-tiques paroles : laquo; 11 y va. je ne cesserai de le repeter, de I'avenir d'une Industrie quidevrait etre pour nous une source de richesse, et qui pourrait bien, grace k notre incurie puur les questions ogricoles et notre amour de la routine, en devenir une de juseue '. raquo;
Et aujourd'hui je dis : Poussons tous, et de toutes
NOS FORCES , VERS L'AGRICULTURE ; IL EN EST TOUT JUSTE TEMPS!
Si l'exageration del'industrie et des grands travaux publics urbains a de graves et nombreux dangers, celle de l'agriculture n'en a aucun.
L'exageration de Findustriec'est, apresune periode brillante, le trop plein de produits manufactures coincidantavec la raretedes produits agricoles, e'est-ä-dire le cbömage et la cherte des subsistances arri-vant en raeme temps ; l'exageration des grands tra­vaux publics, e'est la depopulation des campagnes, e'est-h-dire la diminution de l'armee de l'ordre et l'augmentation de Tarmee du desordre; c'estla revo­lution , c'est-ä-dire le deraillement de la locomotive du progres ; e'est, en un mot, la misere, le droit au travail, et point de travail. L'exageration de l'agricul­ture, au contraire, e'est l'abondance, e'est la vie a bon marche; e'est du bien-etre, de la santc et surtout du
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1 Des causes de la degenerescence des vers a soio. [Cour­tier du Gard du 21 fevrier 1853.)
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travail pour tous, car la terre est grande et eile est encore bien inegalement peuplee.
Mais laissons les extremes, et arretons-nous aux ac­cidents moyens et passagers. Voici : une revolution , une guerre chez un peuple voisin ou toute autre cause arrete les affaires; les produits manufactures ne s'ecou-lent plus , il faut necessairement s'arreter. En effet, on ne peut demander a l'industriel de se miner par Philanthropie, et nul nepeut le blämer, si, en pareil cas, ilrenvoie ses ouvriers , met la clef de son atelier dans sa poche et attend que forage passe.
En agriculture, rien de pareilii craindre pour 1'ou-vrier : que les temps soient favorables ou non, que les bles, les vins, les cocons, les foins se vendentk bönefice ou h perte , qu'importe ! il faut toujours la­bourer et ensemencer les terres, tailler et cultiver la vigne, elever les vers ä sole, röcolter les foins, faire la moisson, les vendanges, cueillir les olives, tailler les oliviers. lei, pas moyen de mettre la clef de l'atelier dans sa poche!
En deux mots, les crises, en Industrie, portent principalement sur I'ouvrier; en agriculture, elles portent surle patron. Difference immense, et qui, k eile seule, devrait suffire pour faire rendre ä Fagricul-turela place qui lui appartient!
Mais quoique plaider la cause do I'agriculture ne seit pas en dehors de mon sujet, puisque la rarete de la main-d'oeuvre a eu, on le salt, une influence tres grande sur f intensite denos malheurs sericicoles, et, plus que tout autre chose, pousse h la destruction des müriers, je m'arrete. Les agriculteurs ou les per-sonncs qui s'interessent äla propriete rurale, forment
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pres des trois quarts de la nation; c'est a eux a defen-
dre leurs interets; ils ont, je le leur ai d^jä dit ailleurs', un moyen infaillible de so faire rendre justice: le suf­frage universe!. Mais,helas! qu'est le suffrage univer-sel sans V ins I rue lion universelle'! Rien autre qu'un en­fant en has age, qui a encore grandement besoin de lisieres. Qu on le laisse done marcher seul, disentnos grands democrates (lisez ochlocrates -), si riches en belles theories et si pauvres en esprit pratique. N'ayez pas de souci, Messieurs, des quel'enfant se senlira les jambes solides, il saura bien se passer de lisieres.
1nbsp;L'enquöte, Courriei du Gardin. 22 aoüt 1867.
2nbsp;Le sens des mots : aristocratie, democratie et ochlocratie, s'est consideiablement allere en Fiance, suitout depuis la Revolution. Dans la Grece antique, on appelait oclilocraties, les gouvernements dans lesquels le peuple enticr avail droit de suffrage. Co genre de gouvcrnement ne s'etablit que dans quelqucs petits Etats qni eurent la chance d'ecbapper, en tout ou en partio, a la conquete dorienne et thessalienne. Tandis que dans les democraties, qui furent, au ccntraire, ties nom-breuses en Grece, le gouvcrnement appartonait ä la classe moyenne, et le peuple , c'est-:i-dire les artisans ct les labou-reuis, sous lesnoms do serfs de la G16be, de Pcnestes, d'llo-tes,Laconiens, Tetes ou Campagnards, ne jouissaitd'aucun droit politique et etait seul soumis ä l'impöt, lorsqu'il n'etait pas en-tierement csclave , ce qui etait le cas le plus habituel. Aux Etats-Unis, on donne avec raison le nom de dhnocrates aux esclavagistes du Sud, tandis qu'un abolitionnisle du Kord re-garderait comme une injure sanglante une teile denomination.
En France pourtant, lorsque nous avons prononce le mot democratie, nous crojons avoir tout dit; c'est que, probable-ment, en politique comme en sericiculture. nous avons quitte la bonne voie pour nous egarer ä la poursuite de theories aussi lausses que brillantes.
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Au reste, s'il doit en avoir besoin longtemps encore, a qui la faule , sinon ä ceux qui ont employe le forceps pour le faire naitre avant terms ?
C'est ä vous, inslituteursprimaires, qu'incombe la täche difficile de fortifier peu h pen les jambes de l'en-fant, afin qu'un jour il puisse marcher seul et mar­cher droit; c'est ä vous ä faire comprendre aux mas­ses que le perfectionnement de l'Etat n'est autre chose que le perfectionnement du citoyen, et que, laquo; pour l'homme qui veut grandir, il n'y a qu'un seul secret, le meme pour tous, le seul qui mene k la veritable ega-lili: c'est l'elevation intellectuelle et morale. raquo;
A l'ceuvre done, car c'est de la maniere dont vous saurez comprendre et remplir votre mission sacree que depend le salut de l'avenir.
laquo; S'il est une chose qui puisse nous faire croire ä une intelligence supärieure, c'est, sans contredit, l'in-telligence bornee dont nous sommes doues et qui est pourtant le present le plus precieux que nous ait fait le Createur. Laisser cette intelligence inculte, laisser envahir ce champ fertile par les ronces, la folle avoine et le chiendent, c'est meconnaitre, c'est renier la bonte divine'. raquo;
Alerte done, et bon courage; Dieu vous voit et vous soutient! Soyez dignes de votre apostolat, et, un jour, ainsi que le veut un des plus grands philosophes de noire epoque2, la profession d'instituteur sera la plus
' Discours d'ouvciture des cours publics faits i Saint-Cesaiic, en 1848, par M. Vieles, instituteur et l'auteur. (Voir document A.)
' Channing, QZuvres soeiales.
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honoree et la mieux pay6e, car eile est incontestable-ment la plus utile au bonheur de l'humanitö : laquo; Les pires erreurs, les doctrines les plus dangereuses ont 6te, on le salt, le produit des temps les plus obs-curs '. raquo;
A I'oeuvre done, car Tespece humaine est menaeöe ä son tour de la maladie des gattines (maladie de la pourriture). L'egoisme, la vanite, l'amour du luxe et des jouissances materielles, ces termiltes des nations, la rongent au coeur ; I'esprit civique, le devouement au bien public si vivant encore au moyen age dans nos vieilles cites du Midi de la Gaule2, disparait de plus en plus pour faire place ii cette maxime dissol-vante : Cltaeun pour soi, el I'Etat pour tons.
En v6rite, en vörite, je vous le dis, etj'ai bien peur d'etre uneseconde fois prophete : malheurä la France, si eile ne se hate d'inscrire resolument sur son dra-peau ces trois mots, symbole oblige des temps mo­dernes :
Agriculture, Instruction puruque, Vertu.
II ue nous suffit pas, veuillez le croire, de savoir labourer et semer d'apres les meilleures methodes, il faut encore que nous soyons assures de pouvoir tou-jours recoller; il ne nous suffit pas de penser que nous iaisserons ä nos enfanls des champs en bon etat, il faut encore que nous ayons la conviction -qu'ils pourronten jouir en paix. Et a quoi bon, enfin, cher-
1nbsp; Channing, (Euvres sociales.
2nbsp; nbsp;Menard, Histoire de Kimes. — Dom Veyssette, Hil-toire du Lanrjuedoc.
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eher ä perfectionner l'art (Meverles versk soie, sl le manque de bras doit nous obliger bienlot ärenon-cer entierement ä cette culture? En un mot, pour pou-voir faire de la bonne agriculture, il est tres impor­tant, on ne peut le nier, de faire de la bonne politique; par bonne politique, j'entends celle qui a pour prin-cipale et constante preoccupation de pousser les bras, les intelligences et les capitaux, non vers les villes, mais vers les champs. Si, l'esprit imbu des idees d'un autre öge, vous pretendez que la bonne politique est celle qui se preoecupe, avant tout, de la guerre, je vous dirai, avec Pline, Sully et bien d'autres, que de l'agri-culture sortent les vaillants soldats, et, sous forme de conclusion, je vous rappellerai que Rome agricole a conquisle monde, et que Rome monumentale, la Home des amphitheatres, des palais, des temples, des arcs de triomphe, la Rome des grands travaux publics, en un mot, ne sut que courber la tete devant une poignöe de barbares.
Saint-Cesaire-I63-Nimes, marä 1868.
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PREFACE
Je ne crois pas inutile et liors de propos de faire connaltre ä ceux qni peuvent I'ignorer que j'ai ete I'un des premiers, et peut-6tre le premier, en France, a ecrire sur la maladie des vers a soie, ä laquelle, a I'imitation des Italiens, je donnai, en 1853, le nom de gattine, qni fut generalement adopte. •
De 1852 ä 1857, je fis paraltre sur la sericiculture un grand nombre de publications, et, entre autres, une bro­chure intitulee : De /'education des vers ä soie, d'apres les principes suivis en Lombardie, que je fis repandre gratnitement, a plusieurs inilliers d'exemplaires, dans tous nos departemtnts sericicoles. J'inslituai en meine temps des primes, pour line valeur de 360 ä 400 francs, dcstinees aux educations les mieux reussies de chaque
' Quoique la maladie que les Italiens appellent gaftine (mal delleGattine), disais-je en fevrier on mars 1853, n'aitpas encore requ de num en France, eile n'est pas une maladie nouvelle, car eile exlste depuis qu'on y eleve des vers äsoie; mais depuis longtemps clle n'avait sevi d'une mantere aussi intense et aussi generale que dans ces dernteres annies. (Courner dtiGard, 1853].
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arrondissement du Card. Pendant le cours de l'educa-tion, je faisais paraitre, une ou deux fois par semaine , des conseils r.ux. educateni's, pour les guider salon les circonstances atmospbepiques qui survenaient. Ces arti­cles, qui elaient reproduils par presque tous les jour-naux du Midi, eurent, ainsi que ma brochure et mes primes, une influence Ires grande sur les educateurs.
En outre, je visilais cliaque saison un grand nombre de communes du Gard, alin de m'assurer par moi-meme si Ton metlait reellement en pratique les prcceptes que je voulais fairo adopter. Ma double qualile de graineur et de filateur me permetlait d'exercer une double pres-sion sur les magnaniers, el je ne m'en fls pas faute.
J'instituai aussi, vers la mime epoque, des primes pour les educations failcs specialement pour graines, educations dont j'avais donne la formule dans ma bro­chure.
Je crois avoir acquis le droit do le dire, car c'est ma seule recompense — et eile me sufiit, croyez-le — jamais personno, ni avant ni depuis lors, ne s'est livre indivi-duellemcnt, et sans le secours du Gouvernement ni d'ancune Societe d'agricullure, ne s'est livre, dis-je, ä une propagande aussi active, et surtoiit aussi ellicace. Eu effet, pendaui plusieurs annees, ceux, en tres grand nombre, qui suivirent mes prescriptions reussirent d'une manierc remarquable : des communes entieres me durent pendant quatre ou cinq ans une prosperite inouie et dont elles garderont longtemps le souvenir. • Je me
1 Dans le Gard, les communes qui mirent le mieux a profit mesinstmctions, sont, pourranondisscment d'AIais; Andme, la Grand'Combe, Saint-Piivat-dcs-Vienx, Besseges et scs en­virons, Saint-Ambroix, Genolhac, Saint-Hilaire-de-Brelhraas, Boucoiran, etc.; dans l'arrondissement du Vigan : Saint-Hip-
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croyais deja le glorieux reformateur de I'industrie seri-gene. et carles, que les circonstances cussent continue a m'etre favorables quelqnes anneesde plus, et ia chose aurait bien pu arrivei'; car les modifications survenues dans les procedes d'educalions avaient ete aussi rapides qii'importantes,
Malheureusement, ma sante ne se trouva pas ä la hauteur de ma bonne volonte : l'excitalion de corps et d'esprit a laquelle je me livrais depuis 1852 m'oc-casionna, en Janvier 1857, une maladie grave qni me cloua six. mois au lit. Ma convalescence I'm, tres longue;
polyte. Lasalle, Sauve et Quissac ; dans celuid'Uzes: Moussac, Remoulins, Roquemaure, Villeneuve-Ies-Avignon, Blauzac et Uzes ; dans rarromiissement de Nimes : Saint-Genies-de-Malgoires, Fons, Sauzet, Domessargues, Crespian, Caveyrac, Gajan etc. Les maiies et les principaux educateurs des dites communes m'envoyaient chaque annee dc nombreuses lettres de remerciements. II me sudira d'en citer deux ou trois pour faire juger quel elanj'etais parvenu ä donner ä la sericicul-ture:
Juin 1854-53-36.
Monsieur db Masquaed , Comme Maire, il est de mon dovoii' de faire connaitre au public la r^ussite extraordinaire que nous avons obtenue dans notre commune, grace a vos graines et grace a vos bons con-seils sur I'education. Pour moi, de six onces.j'ai obtenu 307 kilogrammes de cocons payables, etc.
Roucautte. Maire de Saint-Privat-des-Vieux, pres Alais.
Mon=ieur, Nous avuns sulvi de notre mieux vos prescriptions: nous avons donne dp I'sir le plus qu'il nous a etc possible ; aussi ai-je le plaisir de vous annoncer que nous avons obtenu une
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de plusieurs annees, il ne me fut pas possible de repren-dre mes travaux. Pendant ce temps, la maladie des vers ä soie, en envahissant l'Italie, puls la Turquie, vint de-router tous las esprits et detruire tres rapidement le Iruit de tons mes laquo;fforls. Ebranle moi-meme dans la conflance que j'avais en nies theories, je cms prudent de garder le silence et de me livrer ä de nouvelles etudes. Je crois le moment venu de reprendre ma täche, en t'aisant connaitre les resultats de mes nouvelles rc-cherches. Malgre les efforts louables, mais un peu tardifs, de la
reussite encore plus belle que celle de l'annee passee. Quant a moi, de quatre onces, j'ai eu Q77 kilogrammes de cocons. Je ne puis vous dire le chifire des autres, mais je sais qu'ils ont tous parfaitement reussi.
Adquiee , Maire de Cmeirac.
Monsieur, J'ai suivi de point en point les instructions ecrites que vous m'avez donnees contre la muscardine, et j'ai la satis­faction de vous annoncer que je n'ai pas vu un seul muscar-din, ni pendant le cours de l'educalion ni ä la montee.
J'ai une süperbe recolte, ce qui ne m'etait pas arrive depuis longlemps. Tous ceuxqui ont de votre graine dans ma com­mune et qui ont suivi \os conseils ont reussi admirable-ment etc.
Jäc, Maire de Boucoiran.
Nous, soussigne, maire de la commune de Gajan, certi-fions avoir, ä la requite des habitants de notre commune, qui d^siraient constater officiellement la reussite extraordinaire et generate qu'ils ont obtenue, grace aux graines et aux conseils
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science, la situation desesperee de I'industrie setifere ne fait que s'aggraver de plus en plus. Partout oü les mü-riers peuvent amp;tre remplaces par d'autres cultures, ils sont impiloyablement arraches : I'educateur, decourage et presque entierement ruine, n'espere plus qu'en la de-couverte de quelque panacea miraculeuse qui lui fasse obtenir d'abondantes recoltes, sans qu'il ait lien a chan­ger ä sa maniere de faire, que, plus que jamais, il con-sidere conune parfaite. Qu'on me donne de la bonne graine, ne cesse-t-il de dire, et Ton verra si je ne reussis pas ! Mais, voyons, unpeu de memoire : la bonne graine vous a-t-elle jamais manque? La France d'abord, puis I'Espagne, la Lombardie, la Toscane, la Romagne, la Grece, I'Anatolie, la Maccdoine, la Valachie, la Roume-lie, la Bulgarie, la Syrie, la Georgie et plusieurs autres contrees de la Turquie d'Europe ou d'Asie vous en ont fournitourä tour d'excellentes •, que sont-elles devenues
de M, de Masquard; certifions, disons-nous, avoir pese leuis cocons et avoir constate les resultats suivants:
Kouville (Jean)..... loncej26sr.) 59k.
Peloux (Louis)..... 5nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 260
Gory, maire....... 16nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 737
Hugues, adjoint.... 12nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 553
Hugues (Claude).... 10nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 455
Gory (Pierre)....... 5nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 255
(Suit le nom des autres habitants de la commune, avec des chiflres analogues.)
Goey (Isaac), Maire de Gajan.
Notez que ces reussites, qui ne paraissent pas croyables aujourd hid, etaient obtenuss sous l'influence de la maladie, et que des communes voisines de celles que j'ai citees n'avaient, i cette epoque, que des recoltes tr6s mediocres.
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Jans vos mains? Vous avez beau dire, ce n'est pas la bonne graine qui vous a manque, mais les moyens de la conserver bonne, mfime pour une seule reculte. Vous dites : Qu'on me donne de la bonne graine! D'abord, votre demande ne fait que prouver votre impuissance ; et puis, qui done a regu de la Providence la mission de vous pourvoir de graines ? Je crains fort que vous ne soyez bientöt reduits ü vous en passer, ou a la faire vous-mfimes, car le Japon, qui vous en fournit aujourd'hui au prix de 25 ä 30 francs le carton (pas meme une once de 25 grammes), pourrait bien avoir le sort des autres contrees qui vous en ont fourni precedemment. Mais, direz-vous, l'influence de la maladie nous empeche de faire notre graine nous-memes : rend la chose plus diflicile, oui, je I'avoue ; mais vous empeche, non !
An reste, si la maladie des vers a sole a commence en France plus tot que partout ailleurs, si elley a ele plus generale et plus intense, si eile y sera de plus longuc duree, e'est, ainsi que je l'ai dit et prouve depuis long-temps, qu'en France, depuis surtout trente ou quaranto ans, nous elevons les vers ä soie plus mal qu'en aucune autre contree du globe, par la raison que, pendant quo les autres avan^aient ou restaient plus ou moins dans It vrai, nous nous egarions ä la suite de fausses theories.
Quelles sont done les causes d'unc inferiorite anssi humilianle et aussi nuisible ä la prosperite nationale ?
Ces causes, je les ai dejä dites en grande partie dans mes precedentes publications, et on les trouvera com-pletees dans le coursde celle-ci; mais,parmi ces causes, il en est deux dont je n'ai pas encore parle, non que leur influence n'ait ete tres grande sur la decadence do I'art sericicole en France, mais parce qu'elles ne depen­dent nullement de la volonte de l'educateur ; ces deux causes sont :
Premieremeni :\e discredit dans lequel ont commence
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de tomber, depuis un demi siede environ, If s questions agricoleselsunout sericicoles. Olivier deSerres, dansla preface de son admirable ouvragc, le Theatre d'agri-cullure, dit : laquo; fl semble que la nature ait mis en nous une inclination ä honorer et faire cas de Tagriculture, pour ce qu'elle nous apporte liberalement de tout ce dont nous avons besoin pour notre nourriture et entre-tien. D'oii estvenu que comme on represenle soigneuse-ment par escrit ce qu'on aime, il n'y a eu escrits ni plus anciens ni en plus grand nombre que de l'agriculture ; ainsi qu'on peut voir par le long denombrement des autheurs qui, en tons siecles ct en toutes nations, ont travaille en cette matiere. raquo; Si le savant et pieux seigneur du Pradel revenait ä la vie, avec quel profond chagrin il verrait combien notre siecle et notre nation surtout font exception a sa regie. En effet,si Tonmettait d'un cole tons les onvrages publies en France, de nos jours, sur I'agricultiire, et d'un autre cote tous ceux publles sur d'autrcs sujcts, la difference des deux tas serait immense. Mais, hclas ! ce ne serait plus, comme dans les siecles passes, le tas de l'agriculture qui serait le plus grand. On se tromperait cependant, je crois, si Ton s'imaginait que la litterature agricole soit dans les autres nations de I'Europeaussidelaissee qu'en France. Allez en Italic, ä Milan, par exemple, entrez chez les principaux libraires ; chacun d'eux vous presentera un catalogue special contenant les publications nouvelles sur la sericiculture dont il est I'editeur. Or, chacun de ces catalogues conticnt une trentaine d'ouvrages. Les catalogues de tous les libraires de France reunis ne donneraient pas, j'en suis sür, un pareil chiffre de pu­blication sur le meme sujet. '
1 Un bacophile (ami du ver a soie], Italien tres cilebre en
HMHI
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La seconde des deux causes menlionnees plus haut est reloignemenl des edntrees sericoles de la capilale •, car avec nolre Systeme de centralisation exageree, tout ce qui n'interesse pas direclement la capitate a peu de chance, on le sait, d'occuper l'attenlion d'une maniere serieuse et suivie. En effet, il est certain que si Paris s'elait trouve au centre des departements qui se livrent a la production de la sole, 1c gouvernement n'aurait pas attendu dix ou quinze ans pour croire ä la realite de la maladie des vers ä sole. Et nos grands savants n'au-raient pas attendu, eux-memes, quinze ou vingt ans pour s'en occuper, au nombre de deux ou trois, et avec mission du gouvernement encore ; mais ils s'en seraient occupe presque teas des le debut, et sans autie mission quecelle que donne I'emulation pour une question d'in-teret public. Quant aux causes qui dependent des edu-cateurs, j'ai dejä fait beaucoup, ou I'a vu, pour les combattre, et je viens reprendre mon oeuvre avec courage ; et, certes, j'ai grandementbesoin de courage, car je n'ai plus cet elan, cette energie que donne la
France, a laisse une bibliotheque contenant plus de 2,000 ou-vrages sur les vers a sole. (Notice hislorique sur Malhieu Bonafous, par le baron d'Hombres-Firmas. — Memoires de l'Academie du Gai'd, 1852.)
On doit a M. de Bonafous un grand nombre d'ouvrages sur I'industrie sericicole ; le dernier qu'il a publie est lo Yo-san-fi-rock ou VArt d'elever les vers ä sole au Japan, traduit a ses trais par le docleur Hoffman, de Leyde. Cet in-quarlp, edite avec un soin remarquable, est enrichi de cinquantc planches sur papier de Chine. M. le baron d'Hombres, dont le pere avail requ, comnie souvenir, un exemplaire de cc cu-rieux et aujourd'hui ties rare ouvrage, a bien voulu me le confier. J'en donnerai quelques extraitä dans la troisieme partie de ce travail.
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conflance au succes. Je ne crois plus, comme les novi­ces en la partie, qiie je vais tout sauver du jour au lendemain Jo sais trop, par experience, combien le moindre progres, n'importe en quelle partie, demande du temps, du travail et do la perseverance pour etre realise.
J'ai la conviction pourtant que si Ton se mettait it suivre mes conseils avec aulant d'empressement qu'on le fit en 1863, une amelioration considerable se produi-rait cette annee memo, et beaucoup d'edncateurs par-viendraient ä faire de la graine passable, et peut-etre tres bonne, d'auUnt mieux que la saison me parait devoir etre, cette annee, plus favorable qu'elle n'a ete depuis bien longtemps. Mais, helas! je suis loin d'es-perer un resultat aussi immediat de mes nouveaux ef­forts.
Je n'ai plus d'autre ambition aujourd'hui que cello de faire, pour la sericiculture , ce que j'ai essaye, il n'y a guere plus d'un an, pour la voirie et la police rurale1, c'est-a-dire deblayer le terrain des prejuges et des fausses doctrines qui l'encombrent, et essayer de tracer les fondements de i'edifice que des mains plus habiles eleveront un jour.
Malgre tout le temps que j'ai consacre a l'etude de la question, je sens que la täche que j'entreprends est bien au dessus de mes forces, en presence surtout du scep-ticisme si decourageant dans lequel sont tombes tous les sericiculteurs, meme les plus eclaires. Mais qu'im-porte ! ayons bon espoir, et croyons, avec noire illustre maitre, que souvent la bonne volonte suffit pour faire
' Courrier du Gurd des 22, 23, 25 et 26 aoüt, 20 septem-bre, 1quot;, 6 et 17 d^cembre 1866. — On trouve la collection du Courrier du Gard ä la Bibliotheque de la ville de Nimes.
WM
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reussir dans les entreprises les plus difiiciles: laquo; Dieu benissanf, comme il le dit, le labeur et travail de ceux cjui empioient leur enlendement. non seulement pour eux. mais aussi pour Vutilite publique '. raquo;
1 Olivier de Serres, Theatre d'agriculiure, chap, v, p. 495.
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LES MALADIES
DES VERS A SOIE
PARTIE HISTORIQUE
De l'art d elever les vers ä sole en France, depuis leur introduction jusqu'ä nos jours.
laquo; C'eat une remarque aussi vraie que cu-ricuse, que prcsque lout prdjug^ r^paodu acluclieiDeiit dnns )es masses a iii.ä Vori-gine, une errcur des savants, des esprils CUllivAs, de ci'iii qiji avaient charge d'ensei-gncr le peuple. raquo;
Cli. Waddisgtos, Erreurs ct prejuges pnpvlaires.
INTRODDCTIOR I11SIÖRIÖDE
Origine et marche tie la sericicullure pour arriver jusqu'ä nous. — Le climat de la Chine — Les premiers ^ducaleurs francais et theoiie particulifere ä Uur sujet.
La chenille du mürier, appel^e vulgairernent ver äsoie, et en patois francisö magnan, est originaire de laparlie septentrionale de la Chine. II n'est plus permis de conserver aucun doute a cet egard; car non seulemenl les plus anciens auleurs chincis sont unanimes sur ce point, mais encore ce n'est que
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dans le nord de la Chine qu'on trouve le mörier k l'amp;at sauvage.
Pendant bien des siecles, on dutse contenter de ramasser les quelques cocons que I'onlrouvait dans les Lois. Les annales chinoises attribuent a Fempe-reur Fou-Hi, qui vivait 3400 ans avant notre ore, le m^rite d'avoir employe la sole pour faire les cor-des d'un instrument de musique de son invention.
Ce ne fut que vers I'an 2650 avant J.-C. que rimperatrice Si-ling-Chi crea I'art d'elever les vers ä soieetd'employerleur fil. Du Nord, celte Indus­trie, grace ä l'impulsion que lui donnörent tous les empereurs, gagna rapidement le centre et le midi du vasle empire des fils du Soleil; mais les Chinois, voulant se reserver le monopole d'une pa-reille source de richesses, dfifendirent sous peine de mort l'exportation des graines de murier et de ver äsoie. La surveillance fut sirigoureuse aux fron-tiferes que, pendant vingt siöcles, personne ne reussit a enfreindre les lois.
Mais, vers I'an 140 avant notre fere, une prin-cesse de la dynastie des Han, fiancee ä un roi de Khotan, apprenant que dans le pays qu'elle allait habiter il n'y avail ni mürier ni ver ä sole, at ne voulant pas renoncer a une occupation si chere h tous ceux qui ont coulume de s'y livrer, ne craignit pas, au peril de sa vie, de tromper la douane,en cachant dans ses cheveux des graines de mürierset de vers. Vous voyez combien la sericiculture doit aux fcmmes.
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De Khotan, province situäe vers le centre de l'Asie, dans la petite Boukharie, la sfiriciculture rayonna dans toute l'Asie centrale, maisavec une grande lenteur, ä cause des prohibitions dont la frappait successivement chaque Etat par oü eile passait. En 58'2 seulement, sous I'empereur Jus-tinien, eile fut introduite en Europe par deux reli-gieux qui remirent ä cet Empereur des graines de mürier blanc et des oeufs de vers äsoie qu'ils 6taient parvenus ä sousfraire aux douaniers asiatiques, en les cachant dans des roseaux qu'ils portaient ä la main, en guise de batons.
De Constantinople, les vers ä soie et les müriers se repandirenl trfes rapidement par toute la Gräce.
Au viue sifecle, les Arabes, laquo; ces grands civili-sateurs du monde raquo; importerent en Espagne les vers ä soie et le mürier noir. En 1446, Roger II introduisit lasericiculture en Sicile, d'oü eile serait passöe, dit-on , en France, du xm au xm sifecle. Mais si Ton remarque que des le xine sifecle il s'ex-portait des soies filees et qu'il se fabriquait des etoffes de soie dans plusieurs villes du midi de la France, on trouvera cette date beaucoup trop röcente, 11 me parait beaucoup plus probable de rapporter aux Sarrazins, qui resterent pendant trente-neuftans en possession de la Septimanie4, l'introduction du mürier noir dans le bas Langue-
De 720 ä 759.
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doc *, et aux premiers croisfe, I'introduction du mürier blanc en Provence et en Dauphine.
Ce qui donne un grand fondement äcette double Hypothese, c'est que jusqu'ä Olivier de Serres et meme longtemps apres, le mürier noir fut presque seul cultive en Languedoc, landis que le mürier blanc au contraire elait seul aussi cultive de l'autre cole du Rhone, en Provence et en Dauphine. Pen­dant le regne de Henri IV, Industrie de la soie, dejä tres importanle, mais dont I'essor avait et6 entrave par les discordes civiles, prit un develop-peraent tres rapide sous I'impulsion que lui donn6-rent les sages conseillers de ce grand prince at principalement Olivier de Serres.
Gelte marche du mürier et de sa chenille, allant du Nord au Sud, puis, aprös avoir traverse l'Asie centrale et atteint Naples, la Sicile et l'Espagne, remontant vers le Nord pour arriver chez nous, est tres digne de remarquc; car, ainsi qu'on le verra dans la suite, eile a jete les sericiculteurs dans une erreur qui leur a ete tr^s fuuesle. Ainsi,
' Outre le müric-r, nous devons aux Maures d'Espagne nos chevaux camargues, les moulins ä vent, le \M noir (lit Sar­razin, les epinardset plusieurs autresplantesutiles, et.bienfait inappreciable pour nos contrees du Midi, nous leur devons aussi rintroiluction despuits ä roues, Systeme d'arrosagebien superieur i tous ceux employes de nos jours dans toutes les autres parties de la France. Cette machine, dcpuis surtout qu'on a substitu^ dans sa construction le fer au bois, offre une puissance et une solidity dont rien n'approcbe.
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lorsque Ton a voulu rechercher l'origine du ver k soie pour savoir la temperature qui pouvait lui convenir, I'esprit s'est porte d'abord sur le midi de I'ltalie, puis sur l'Asie mineure et l'Asie centrale, c'est-ä-dire sur des contrees ä temperatures chau-des. Si quelques uns ont remontö jusqu'a la Chine, ils ont cru qu'il s'agissait de la Chine meridionale *, ou que la Chine, en general, avail une temperature douce et chaude, semblable ä celle des provinces centrales ou meridionales de l'Asie. Or, ouvrez le premier traite de climatologie ou le premier manuel de physique qui vous tombera sous la main, et vous y verrez que la Chine, loin de jouir d'un climat doux et uniforme, ayant des nuits presque aussi chaudes que les jours, des hivers aussi chauds que les dtes, comma I'ont cru la plupart des auteurs modernes qui ont ecrit en France sur les vers ä soie, a, au conlraire, un climat classe an nombre des excessifs; ainsi, ä Pekin, dont la temperature moyenne est la meme qu'en Bretagne, l'hiver est aussi froid qu'a Copenhague : le Ihermometre y reste trois mois au dessous de zöro, tandis que I'ete y est aussi chaud qu'ä Naples2. II est probable qu'en France, comme cela doit
1nbsp; C'est, au conlraire, le nord et le centre de la Chine qui produisent la soie ; la production du Midi est complÄtement nullp.
2nbsp;La temperature de I'ldvcr et celle de l'ete different beau-coup plus en Asie et en Amerique qu'en Europe et en Afrique,
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— 34 — avoir eu lieu partout, les premiers qui eieverent des vers a sole durent suivre des precedes simples et naturels, et 6tre par consequent beaucoup plus dans le vrai que nc lo sont les educateurs de nos jours. Gelte opinion paraitra peul-etre fort para-doxale, maisje puis lasoutenir par un grand nom-bre de raisoimemenb et de faits quo je ue crois pas sans valeur.
Prcmierement, jc dirai que, la verile existant par elle-meme, la plupart du temps riiomme n'a qu'ä tend re le bras pour la saisir, tandis que I'erreur demande du temps et des efforts d'imagination pour 6tre creee. Ainsi, pour ne ciler qu'un exem-plc cntre mille, les premiers Grecs, et, plus tard, Homere, qui iaisait parier les dieux a sa guise, eurent des notions plus precises sur la divinite que leurs descendants, meme au moment le. plus brillant de leur incomparable civilisation.
Secondement, void un fait, cite par la plupart des auteurs que j'ai cites moi-merao *, et qui est
et, ä latitude egalo, la temperature moyenne y cst beaucouii moins elevec.
L'equateur thermal, qui, dans 1'liemispliere occidental, s'eleve jusqu'ii 15deg; au dessus de l'equateur terrestre, descend, au contraire, jusqu'ii Squot; ou 10u au dessous de la ligne dans I'hemisphere occidental, et le point le plus bas est justement dans la longitude do la Chine ; aussi la limito des neiges, qui, en Europe et dans I'Asie mineure, s'arrele au 40'' degre, des­cend en Chine jusqu'au 20deg; degre. |Tous les geographes.)
1 Voir le document B, oü je donne la raison de ce fait.
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connu de tous les magnaniers : c'est que les per-sonnes qui elövent des vers k soie pour la premiere fois reussissent presque toujours mieux que celles qui en eleven t depuis tres longtemps.
De ce qui precede, faut-il conclure que la loi du progres n'existe pas; que nous devons laisser de cote notre raison et nous abandonner aveu-glement k rinstinct ? Non, certes ! car, nier le pro­gres, nier le perfectionnement moral deThomme, c'est nier Dieu, et notre raison, malgre tout ce que peuvent en dire certains theologians, est le seul avantage que le Createur nous ait donne sur les autres anirnaux, et notre seul et unique juge en premier commo en dernier ressort; mais juge fallible s'il en füt. Eh ! comprend-on qu'il put en etre autrement? Qu'on essaye de se figurer ce que serait un monde habite par des hommes k raison infaillible 1
De ce qui precede, dis-je, on doit conclure seule-ment que si les sericiculteurs out quitte le bon che-min pour segarer ä travers champs, c'est qu'ils se sontlaisse aller ä un penchant naturel ä l'homme, et qui le porte ä laisser de cote la verile, si vieille, si ridec, si maussade, si triste, si nue, pour courir apres i'erreur, toujours jeune, et si bril-lamment paree, et si souriante k son pere, k ses amis, ä ses protecleurs, auxquels eile fait esperer el procurer souvent honneur et fortune, tandis que la pauvre verite n'attire, la plupart du temps, que des horions ä ses rares adorateurs.
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Les moralistes auront beau dire, I'erreur aura toujours sur la v^rite un attrait irresistible : celui de la nouveaute.
Cependant, il peut arriver quelquefois que I'er­reur ait dejä vecu assez longtemps, pour que la verite paraisse presque une nouveaute : c'est, comme on le verra, un peu le cas de la s^rici-culture.
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CHAPITRE PREMIER
OLIVIER DE SBKBES. — CHBISTOFBLB IgMARD. — SOIBSICR DE SADVACBB. — POMIEB. — DDSET ET BürrEL.
Ce qui m'a beaucoup surpris dans les etudes historiques que j'ai du faire pour le present apergu , c'est le grand nombre d'ouvrages qui se sent publies sur la sericiculture, dans le cou-rant des xvn6 et xvnie siecles, et de retrouver, dans ceux que j'ai pu me procurer, surtout dans les plus anciens, des opinions que je croyais avoir ete le premier a emettre, tant elles diflSraient de celles regues de mon temps.
Nos anciens auteurs contiennent, il est vrai, bon nombre de prejuges, moins peut-etre que les mo­dernes ; mais, pour les questions fondamentales, ils sont beaucoup plus dans le vrai. Au reste, on va pouvoir en juger : je vais faire d^filer sous les yeux du lecteur, par rang de dates, nos plus celfebres
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Des müricrs
et de la feuillc.
(p.46ä.)
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auteurs, en les laissant, aulant que possible, parier eux-memes, et en commengant par le venerable patriarche de ragriculture fran^aise :
OLIVIER DE SERRES
De la cueillelle de la sole par la nourrilure des vers gui la font '.
Lafontaine, en parlant des anciens, dit qn'ils ne nous ont laisse que la gloire de les bien suivre ; on peut en dire autant d'Olivier de Serres, pour l'edu-cation des vers ä soie. En effet, on n'a pas ajoute une seule verite ä celles que contientson ouvrage; mais, en revanche, on a ajoute un grand nombre d'erreurs aux siennes, qui sont tres peu nombreu-ses d'ailleurs; mais, comme je l'ai dit, laissons-lui la parole:
laquo; Pour la quantite de feuille, est h souhaiter les arbres etre plantös en bon fond, mais non pour la qualite, pour ce que Jamals ne font la feuille tant fruetueuse des gras que de maigre terroir (ayant cela de commun avec les vins, dont les plus exquis s'aecroissent en terre legere), attendu que ce ter­roir lä rapporte la feuille grossiere et fade, et celui-ci, delicate et savoureuse. Aussi, de la nourriture de cette derniere feuille, le bestall communement fait bonne fin, ce qui avient tres rarement de l'autre ; encore est-ce far rencontre de bonne
1 Voii- le Theatre d'agriculture, livr* ve, chap. xv.
#9632;*
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— 39 — saison.... Joinct que touchant ce bestail-ci, Ton ne le peut abuseren lui donnant viande contre son na­ture), car ou il refusera de la manger, on, la man-geant, ne s'en portera jamais bien. Et cette sienne delicatesse tourne a profit au pore de faraille, qui craploieses terres maigres en meurieres...raquo;
Ces quelques lignes valent, selon moi, ä elles seules, tout ce qui s'est jamais ecrit sur les vers a soie; elles sont, a mos yeux, en un mot, la loi et les prophetes, le : Aime Urn prochain comme toi-mcmc, de la doctrine chretienne.
! I
laquo; La feuille des müriers noirs fait la soie gros-siere, forte et pesante; au contraire, celle des
La soic prcnd
la i]ualit6
do la fuuillc.
(p. 1163.}
blancs, fine, faible, legere.raquo; Plusieurs, dit I'au-teur, alternent, afin d'obtenir les quaiites des deux feuilles; il conseille la blanche, preferant la finesse de la soie: laquo; Gependant, ajoute-t-il, on ne doit pas rejeter la feuille desrauriers noirs, vu qu'il y a des contrees oü son emploi est tres profitable, comme en divers endroits de la Lombardie, et en France, en Anduze, en Alais et autres lieux des Gevennes, en Languedoc, oü grand trafic est fait de la soie provenant des müriers noirs. L'experience montre la feuille des vieux müriers etre plus profitable aux vers a soie que celle des jeunes. raquo;
II ne parait pas que la greife füt tres usitee du Emeriesarbrc,
iJ/tT ••itnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;-iinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i qui en ontbesoii
temps a (Javier; il la conseille, surtout pour le
sauvageon a feuille trop dechiquetee.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Esmondcr
laquo; Apres qu'aures depouille les arbres de leursnbsp; nbsp; nbsp;'quot;^.jquot;'8
feuilles , aussitol les ferez esmonder, en leur cou-nbsp; nbsp; '^^
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CucillirlafcuUlc ä l'avancc. (p. 408.)
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pant tout ce qui sera trouve de casse et estors de la tempeste de reffeuillement,etcouperezle bois mort et les ciraes de toutes les branches tant en haut que ös cotes pour contraindre les arbres k se re-feuiiier. raquo;
II y a loin de cet emondage a notre taille courte annuelle, ne laissant, comme pour la vigne, que deux ou trois yeux ä chaque brauche: taille qui, malheureusement, est devenue presque une ne-cessite par suite de la rarete de la main d'oeuvre, car eile rend la cueillette de la feuille moins one-reuse.
Olivier de Serres conseille bien de tailler court quelquefois, ou eteter les muriers, mais seulement comme on le fait pour les fruitiers, lorsqu'ils devien-nent trop rabougris ou paraissent malades.
laquo; Les pluies survenantes sur le cours de cette nourriture (education) importunent estrangement les magniaux, pour ce que la feuille mouillee leur cause de dangereuses maladies. Le plus commun remede a cela est de faire provision de feuille pour deux ou trois jours... d'autant que meilleure eile est un peu gardee, comme douze ou quinze heures, que donnee au bestail venant directement de l'arbre...
j Si, pour la capacite de votre maison, y pouvez commodement faire votre nourriture, ce vous sera grande aisance et vous epargnera les frais de bastir des logis k neuf.
raquo; Or, soit dehors ou dedanraquo;.la maison du sei-
Logis
des vers ä soic.
(p. laquo;i.)
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gneur qu'on desire nourrir ce bestail, est requis leurs chambres ou salles estre perches des deux cotösoppositesTun älautre,d'Orienten Occident, ou du Septentrion au Midi, afin qu'ayant l'aer et les vents libre passage ä travers d'icelles, y puissent rafraichir les vers...
ygt; Entre toutes les sentiences de magniaux dont nous avons connaissance , jusques ici avons-nous tenucelle d'Espagne pour la meilleure, fructifiant trks bien par toutes les provinces de ce royaume, oü Ton fait estat de cette nourriture. Gelle de Cala-bre, depuis quelques annees, y a acquis de la repu­tation..... Quand la graine qui d'Espagne est lä
(en Languedoc) directement portee, la premiere annee n'y fait si bien que les trois ou quatre sui-vantes : passees lesquelles, commence a deschoir
de sa bonte..... A quoi cat article est notable
qu'a l'imitation des bons laboureurs, est requis changer de graine de quatre en quatre ans, ou d'autreterme en autre, selon la raison des expe­riences. ygt;
Olivier desapprouve I'incubation sur le corps, at dit: laquo; Prenanl cost article de plus loin, est trfes requis garder curieusement la graine pendant toute I'annee, pour la preparer de bonne heure a facile-ment esclore en la saison; logerez la graine dans des boistes de bois, poserez ces boistes dans des coffres ou ailleurs parmi des hardes; est requis faire du feu durant I'hyver, en la chambre oü Ton tiendra les coffres, car estant plus chaude que froide,
Ls graine des ytis amp; sole.
Comment U couvcr. (p. 475.)
L
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Eu (|ulaquo;l Lumps
faire eclüii'. (p. 1176.)
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la graine s'y prepare cle longue main, comme desirez. raquo;
Le trop se hater a des inconvenients, mais le trop retardcr en a plus encore; car, dit-il: laquo; Ne sent tant importunes les restanles froidures de l'hyver au commencement de la vie des vers que les chaleurs ä la tin d'icelle.
raquo; Pour faire esclore la graine ä point nomme, faudra aider les vers ä esclore, en ajoutant a leur naturelle chaleur celle provenant de l'artifice. On tiendra continuellement les boistes dans un lit bien encourtine, enlrc deux coettes de plume, inodere-ment eschauffees avec la bassinoire de deux en deux heures sans y espargner la nuit, ou les visiter pour en retirer les vers a sole ii mesure qu'ils nai-tront.... Des boistes Ton sortira les nouveaux vers pour les arranger dans des cribles ou autres vases avec du papier au fond. La serontchaudement terms durant quelquos jours, pendant lesquels leur ac-coutumerez I'acr petit ä petit, afin que la violence du changement ne les fasse perir. Comme, au con-traire, periraient-ils par trop de chaleur, si on ne s'avisait de la temperer par raison allant de degrc en degre, pour crainte de les cuire ou estouffer , jusqu'ä ce que Tage decharge leur gouverneur do cette peine. raquo;
Pour eviter toute mauvaise odeur, il veut que leur logis soit tenu tres nettement balaye tous les jours et parfume quelquefois, les tables souvent nettoyces, laquo; ne souffrant que lt;c bestail sejourne
fioimncul faire eclorc. (p. M7.)
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longuement sur la litiere, laquelle on ostera de trois en trois ou de quatre en quatre jours, apres la se-conde mue.
raquo; Les extremites des froidures et chaleurs, letrop
Causes des
ou le trop peu manger; 1c paistre de mauvaise maladies des jlaquo;raquo;
feuille, sontles principales causes des maladies de
Icurs rcmctlcs. (p. 484.)
ce bestall. S'il est travaille de cause froide, on le secoura par la chaieur, si au contraire ces animaux sont travailles du chaud, faudra recourir a la frai-cheur, en ouvrant portes et fenotres, pour donner passage a l'aer et aux vents, passant ätravers des chambres et salles, esventant I'interieur, au con-tentement des vcrs se remettant en bon estat par ce seul et petit remede. N'estant le logis si bien dispose que de besoin, seront les vers porles par tables, dehors a l'aer, pour le leur faire humer demi-heure devant soleil levant.
raquo; La diete est le seul moyen de guerir ceux de ces animaux qui,partrop avoir mange, sont devenus malades.... Gomme aussi peu et souvent convient donner ämanger a ceux qui, par famine, sont deve­nus langoureux.....
raquo; Le mal est bien plus difficile k guerir de ceux qui ont este repeus de mauvaise feuille, comme de la jaune, maculae, ou trop nouvelle, car sou-ventes fois, de ceste-ci leur avient flux de ventrc qui les creve, et de celle-lä, la peste toute cerlaine. raquo;
Apres avoir choisi les plus beaux cocons, dit I'auteur, laquo; ils seront enfiles et en ibrmerez de pc-tites chaines, chacune composee d'autant de masles
tres dangcreux. (p.'185.)
La {;raitic
pour spmiMicc.
( p. 400.)
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Fsge 495,
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que de femelles. On las suspendra sur des che-villes, en chambre plus fresche que chaude, toutes fois sfeche, pour, a leur aise, les papillons sortir des plotons ou cocons, s'accoupler ensemble, mas-les et femelles, et, mourant de compagnie, faire leur graine, ainsi terminans leur vie. raquo;
Le desaccouplement, cette absurde pratique, n'etait pas encore invente.
Comme les vers laisses sur les cocons perdraient beaucoup de graines, il conseille de les poser, non sur du papier ou de la toile, parce que, la graine en etant trop difficile a detacher, on est obligö de laisser eclore dessus; on ne peut ainsi la faire passer par l'epreuve du vin, a laquelle il tient beaucoup; mais, dit-il, on doit preferer les feuilles de noyer sus-pendues en paquet, ou mieux encore le camelot ou la burate, vu que la graine s'en detache tres facile-ment.
laquo; G'est la maniere de cueillir la sole, la vraie science de gouverner ce bestail, qu'aujourd'hui on emploie avec aussi peu de hasard que les terres sont semees et les vignes plantees, pour avoir du bled et du vin. raquo;
CHRISTOPHLE ISNARD
Memoire el instruction pour le plant du mürier blanc et nourriture des rers ä soie, etc.
Get ouvrage, comme la plupart de ceux ecrits a cette epoque, n'est, engrande partie, que la repro­duction de celui d'Olivier de Serres.
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Pour Isnard, comme pour Serres, la mauvaise feuille, les extremes de froidure et surtout de cha-leur sont les choses les plus nuisibles aux vers. II pretend, comme tous les magnaniers da son epo-que, que la feuille da regain ou de seconde pousse est tres defavorable aux vers :
laquo; Bref, dit Isnard, un air chaud et estouffänt leur est plus nuisible qu'un air froid et ventueux.
raquo; Les vers etant bien et soigneusement nour-ris, feront leur soie en six semaines ou en qua-rante a cinquante jours, et s'ils sont negliges et pätissent de bonne feuille, ils dureront plus de deux mois.
raquo; Laisser accoupler les papillons dapuis le matin (heure ordinaire de la sortie) jusqu'au soir, que Ton otera les femelles depariees; celles qui n'auront pas deparie le soir bien tard, 11 faudra les d^parier avec adresse. raquo;
II y a loin encore de cetle methode de grainage a celle employee da nos jours, mais nous sommes en route pour y arriver.
Deja, du temps d'lsnard, les educateurs eom-mengaient a vouloir faire supporter aux marchands de graines les consequences de leur maladresse ; cet auteur se fait I'echo complaisant et un peu naif de leurs plain tes.
Pendant le cours du xvip siöcle, la pluparl des auteurs, sesont, comme Olivier de Sarras et Isnard, bornes ä rapporter les precedes usitös de leur temps, en y ajoutant quelques conseils dicies par
Temperature.
Ilurüf de r^ducalion,
Grainage.
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Auleurs du ITIU4 siÄcle.
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line parfaite connaissance des besoins pratiques de l'art.
Tous ceux que j'ai pu lire sont ä peu pres d'ae-cord pour recomraander d'eviter les exces de froidure et de chaleur; mais ils sont surtout una-nimes pour placer au premier rang la qualile de la feuille, que les auteurs du xvmc siecle pla-ceront au second, et que ceux du xixe laisseront un peu de cote, comme une chose assez indiffe­rente.
II paraitrail que pendant le courant du xvne sie­cle, les auteurs suivirenl assez lidelement la voie qui leur avail ete tracee par Olivier de Serres; mais, sur la fin du siecle, ils se partagerent en deux camps opposes, dont Tun, qui ne se prcoccupait que de raeralion, croyait que le ver ne peut se maintenir robuste qu'en faisant des educations en plein air ou sur les arbres, et l'autre qui, domine par I'idee fausse que la chenille du mürier est originaire des conlrees chaudes de l'Asie, regar-dait comme le beau ideal l'education faile au four. Les educateurs resterent d'abord indifferents entre les deux camps, el eurent le bon esprit de con-timier pendant longtemps leurs anciens usages; mais ils fmirent malheureusement par pencher du cote du four, vers lequel ils se laisserent entiere-inent entrainer au xixlaquo; siecle, par Dandolo et ses disciples.
L'auteur le plus remarquable du xvinc siecle est:nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;-s
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47 —
L'ABBE BOISSIER DE SAUVAGES
Memoires sur les vers ä sole et le mmier.
laquo; On ecrit depuis longtemps sur Teducation des vers k soie, dit Boissier de Sauvages; cependanl, ceux qui exercent cet art n'y reussissent guere mieux aujonrd'hui que dans les commencements oü il fut porte en Europe. raquo;
Voila une affirmation qui vient fortement corro-borer la theorie que j'ai emisc plus haut.
laquo; Ne serait-ce point que les artisans, seuls char­ges de la manoeuvre, observent peu et ecrivent encore moins, et que ceux qui ecrivent out ne­glige de s'instruiro par la pratique?... Les uns n'ont fait que compiler les anciens... ou bien ils ont re-cueilli la routine de nos magnagniers. J'ai vu de ces trailes sur les versa soie oü Ton pretend d'duire 1'Education entiöre dans douze ou quinze pages qui suffiraient ü peine pour degrossir le seul article de la couvee. raquo;
Boissier ne peche pas par une pareille concision, vu qu'il ne consacre pas moins de '132 pages au seul article de la couvee, qu'il regarde corame le point le plus important, et sur lequcl d'ailleurs il dit de fort bonnes choses.
II est le premier ä avoir conseille l'incubation ä l'etuve, c'est-a-dire faite dans une petite piece chauffee par deux loyers libres, places aux extre-mites opposees et dont la furaee s'echappe par le toit ä claire-voie.
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Lc murlcr
et sa Uillc.
(Itv. in, p. 88.)
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On greffe plus genöralement de son temps les müriers, inais la taille n'apas encore varie:
laquo; On taille les müriers dans leur jeune age, dit Bcissier de Sauvages, pour leur donner une cer-taine forme; on les emonde dans un age plus avance, en coupant les menues branches qui les deparent ou qui nuisent, et lorsqu'on a longtemps neglige de le faire, il faut quelquefois en venir ä ravaler les grosses branches en les raccourcissant simplement, ou bien ä en elaguer quelqu'une par le pied. On 6tete enfin ou Ton recepe les müriers qu'on ne pent retablir autrement.
Choix dc la feuille.
raquo; La feuille de Colomba est plus mince, plus lisse,
plus seche et trois ou quatre fois plus petite que les autres variamp;es du mürier blaue; eile est la plus saine, la plus delicate et celle dont les vers ä sole mangent le plus volontiers : on preföre celle qui vient sur les coteaux, dans les plaines sikhes et aeries, dans les terroirs de gres ou grave-leux, etc... raquo; sur hnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; On prefere, dit I'auteur; quant ä lui, il s'est
(p!so!n'praquo;r.ie) peu inquiete, parait-il, de faire des experiences k ce sujet, qui en valait bien la peine pourtant.
Boissier de Sauvages est un des premiers el des plus grands promoteurs de la chalmir, dontil recon-nail cependant tous les dangers. Malheureusement ceux qui suivirent son exeraple oublierent les sages precautions qu'il recommande :
laquo; Les vers ä soie, dit-il, ne s'en portent que mieux quand la saison est froide et que la bise
ii
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souffle; il faut cependant les mettre ä l'abri du froid qui leur est contraire dans leur jeunesse, mats il n'y a rien de determini sur le degre de chaleur qui leur est necessaire. J'ai vu donner plus ou moins de chaleur avec un succes egal : il y a mörne des magnaniers qui reussissent, pour ainsi dire, dans \eÞax extremes.
A ce sujet,il eile laquo; un raagnanier qui ne fai-sait une fois par jour, pour toute grace, qu'une legöre flamme dans lacheininee,et cette education, dit-il, venait ä bien, raquo; landis que lui-meme a tenu ses vers pendant les deux premiers ages a une haute temperature, et ils röussissent egalement.
II faut remarquer ici que lorsqu'il s'agit de don­ner des exemples d'educations faites ä une tempe­rature 61evee, I'auteur en est reduit a se citer lui-meme :
laquo; Les bons magnaniers liennent, dit-il, un juste milieu entre ces deux extremes.
raquo; II est done important, et e'est un des points les plus essentiels de toute l'education, de menager avec prudence l'action du leu, qui est d'ailleurs l'äme des fonctions vitales de nos insectes, mais qui en devienl le fleau, le plus terrible, s'il esl em­ploye sans precautions.
raquo; La principalequ'on doit apporter, e'est de me-surer la quantite du leu ou l'inlensite de la chaleur qu'on donne aux vers a sole sur la hauteur et sur les issues, ou les ouvertures s'il y en a, plus ou moins grandes: il faut Irks peu de chaleur sous un
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Kducation hülee
parlachaleur.
(p. 32.)
— 50 — plancher has, bien bouche et dans une petite chambre. raquo;
Voilä, certes, des recommandalions tres sages et qu'on ne saurait se lasser de mettre sous les yeux des magnaniers; mais voici qui est bien im­prudent et qui a eu une influence desaslreuse sur la sericiculture:
laquo; Une annee que j'etais presse par la poussee de la feuille, deja bien eclose, dbs les derniers jours d'avril, je donnai ä mes vers environ 30raquo; de chaleur aux deux premiers jours depuis la naissance, et environ 28o pendant le reste du premier et du second age; mes vers ne mirent que neuf jours depuis la naissance jusqu'a la se-conde mue inclusivement. Les personnesdu metier qui me venaient voir n'imaginaient pas que mes vers ä sole pussent resister a une chaleur qui, dans quelques minutes, les faisait suer eux-memes ä grosses gouttes; tout devait perir, disait-on, et etre brüle, et, k leur grand etonnement, j'eus une abon-dante recolte. raquo; S'il en fut ainsi, e'est, comme aurait dit Olivier de Serves, par rencontre de bonne saison. Sur cent educations ainsi conduites, je suis convaincu qu'il en echoucrait au moins quatre-vingts.
Plus loin, Boissier vanle les pretendus avantages des Educations halees et dit: laquo; C'est aux amateurs qui liront ces memoires a se decider pour Tun des deux extremes, on bien ils adopteront un terme moyen. raquo; Malheureusement, les amateurs qui, par
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la suite, lurent ces memoires, se decidörent pour I'extreme le moins sage, pour l'education hätee dont on leur avail fait si bien ressortir les avan-tages.sans leur parier des inconvönients que Ton ne prevoyait pas sans doute encore.
Si Boissier est partisan de la chaleur, il est l'ennemi de la chaleur etouffee et uniforme: laquo; li n'importe, dit-il, en parlant du choix du local pour la magnanerie, que les murs soient crevasses, que les portes, las fenetres joignent mal; bien loin de lä: les habitants des Cevennes reussissent bien pour la plupart dans leurs chaumieres ou dans leurs masures, qui nesontrien moins que calfeutr^es... et on allume impunement du feu sous un toit ä claire-voie, ou sous un plancher percö en cent endroits.raquo;
A propos de la dur6e de l'accouplement: laquo; II y a un terme moyen a prendre, dil Boissier de Sau­vages, que j'ai vu tenir aux personnes les plus ex-perimentees, et que je crois le meilleur ; c'est de ne separer les males des femelles que vers les cinq a six heures du soir, c'est-ä-dire apres neuf ii dix heures d'accouplement. raquo;II s'en faut, dit-il en note, laquo; qu'on y regarde de si pres dans les pontes considerables, oü Ton destine a la graine trois ou quatre cents livres de cocons, A mesure que les pa-pillons eclosent, on les jette sur un grand rideau de laine usee, oü ils s'accouplent et pondent comme ils I'entendent. raquo;
Les maladies connues du temps de l'auteur sont
Local
pour les
vers a soie.
(Illlaquo; M., p. 1raquo;)
Accouolement, grainage (p. 185.)
Maladies des vers amp; siie.
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La mtfimaille
ou passis
(IIIlaquo; H., p. 98.)
— 52 — absolument 'es mßmes que de nos jours ; voici ce qu'il en dit: laquo; C'est dans le second äge qu'on com­mence a voir de la menmille qui se succede dans les äges suivants ; plusieura de ces vers abandon-nenl, aprfes un certain lemps, la litifere et la feuille, et vont perir sur les bords de l'aire; la chambre se fond peu ä peu pur les fugards, ou par ceux qui
restent sous la litiere.....C'est la maladie que les
magnaniers redoutent le plus.... On prendrait cetle espece de marasme pour une epidemie, dans certaines annees. raquo;
II faudrait y meltre de la mauvaise volonte pour ne pas reconnaitre \h notre maladie actuelle.
D'apramp;s Boissier de Sau vages, la maladie des ärralaquo; ou des James prend son origine dans la couv6e, dans la qualite de la feuille, dans les touffes, etc.
La maladie des mort-blancs ou tripes (nos mort-flats): laquo;Dans les temps humides et pluvieux,ilya: dit Boissier de Sauvages, des vers qui meurent pour ainsi dire avec tout leur embompoint, en conservant leur taille et toute la blancheur de leur peau. J'ai vu des chambrees dont une bonne parlie fondait parlä... Serait-ceune indigestion qui tuerait les mort-blancs ? Leur cadavre, au reste, qui devient noir ä la longue en pourrissant, est appele vulgairement capelan raquo; (le negrone des Italiens). Ce que dit Boissier de Sauvages, au sujet de la muscardine, est tres digne de remarque : lt;c Les auleurs ne parlent point de la muscardine, et je n'ai point de peine ä croire (ju'elle fut inconnue
Gras ou jannes. [p. 109.)
Mori-Mancs ou tripcs. (p. 87.)
Capelans.
Muscanliiic.
(p- quot;•)
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m
— 53 —
autrefois dans nos ateliers, comme je l'ai oui dire ä un vieux magnanier qui avail vecn vers le milieu du dernier siecle. Cependant ce vieillard prßlendait qu'elie avail ete importee en France avec un envoi de graines du Piömont.
laquo; Je croirais plutot que la muscardine a pris, chez nous, son origine dans une difference qu'on a mise ä reducation des vers a sole. On avail, il y a quatre-vingts ans , peu de feuille de miirier, et Ton faisait de pelites educations dans de grands apparte-ments *; peut-elre aussiy allail-on plus bonueraent que nous, et qu'on ne s'etait pas avise de boucher les portes, les fenötres et toute communication avec I'air exterieur. raquo;
Vous voyez que je ne suis ni le seul ni le pre­mier ä dire que I'art d elever les vers a sole a mar-chfi a reculons.
Boissier de Sauvages a essaye d'^lever des vers ä sole sur les arbres; mais ce genre deducation, qui commengait a avoir de chauds partisans , lui a tres mal reussi. II a essaye, avec aussi peu de succes, les educations avec des rameaux de mü-rier (educations a la turque). II a egaleraent essaye les filets pour ddliter en usage en Chine, et im­ports depuis peu en Italic. II traile ce mode de delitement laquo;d'altirail coüteuxet erabarrassant dans
Originlaquo;.
Education sur les arbrts. (l'rM.,p. 70.)
1 L'auteur, n'oublions pas de le dire, est un tres grand par­tisan des petiles educations.
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Aeration el ventilateurs. (HIlaquo; M., p. 80.)
— 64 — la manoeuvre, et rendant I'operation plus longue et plus penible. raquo;
Comme moyen d'aeration pour eviter les touffes par les lemps orageux, il ne trouve rien de mieux, et il a parfaitement raison, que des feux de flam­me dans deux coins opposes de ra!oi;er:laquo; Get expe­dient est, dit-il, plus simple et plus a la portee de nos magnaniers que les ventilateurs, ou d'autres machines aussi ingenieuses qu'on a inventees pour faire circuler l'air et le renouveler dans un appar-tement;raquo; et qu'on devait dejä proposer sans doute pour les magnaneries.
En somme, les mamp;noires de Boissier de Sauvages contiennent beaucoup dc bons grains, mais aussi un peu d'ivraie ; malheureusement, I'ivraie seule devait germer.
Un tres grand nonibre d'ouvrages sur les vers a soie furent publies dans le courant du xvme siecle. Apres Boissier de Sauvages, on peut citer comme un des meilleurs auteurs de son temps:
Experiences
sur
la temperature.
(p. 150.)
POMIER, Ingenieur des ponts et chaussees
La culture du mürier hlanc et la maniere d'elever les vers ä soie, etc.
Get auteur n'a pas le brillant de Boissier de Sauvages, il n'a pas fait un aussi grand nombre d'expöriences et d'observations ; mais celles qu'il a faites sont quelquefois plus justes et plus pra­tiques :
laquo; Ayant fait couver par une 'dame, dit-il, trois
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'I
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onces de meme graine, j'en ai eleve vine au 12e degre, une au 15e et la derniere au 18e. La graine du 12e degre a retard e considerablement, et les vers ont et6 plus de trois semaines a entrer dans la seconds mue. Outre cela, vers la freze, il s'en trouva beau-de passis.
raquo; L'once elevee au 15e degre a fort bien reussi, et le temps que les vers ont mis ä passer d'une maladie a l'autre n'a ete que de huit ä neut jours, qui est le temps ordinaire ; de plus, ils n'ont essuye aucune des maladies auxquelles ils sont sujets. Celle que j'ai elevee au 'I8e degre a retarde sur celle du 15e, ce qui prouve que la trop grande chaleur leur est aussi nuisible que le froid. Ce n'est pas tout: ä la sortie de la seconde mue, une partie de ces vers peril par les gras, qui est une maladie qui en annonce une seconde qu'on appelle des jaunes, et qui emporta une partie de ce qui avait survecu aux gras.
raquo; J'ai reitere cette experience, et le succes a ete lememe, d'oü jeconclus qu'il faut garder un certain milieu entre le froid et le chaud. raquo; Pomier cite EipiVienen une experience assez curieuse sur les vers ä soie iMlaquo;rquot;raquo;rtiaqoamp; attaques de la maladie des gras : laquo; Nous avons dit quot;il^llquot;' que les gras viennent en partie de la trop grande '' *quot;' chaleur, partie du derangement dans les mues, et enfin des greils, et, jusqu'ici, personne n'avait pu trouver un reraede ä ce mal. C'est done au hasard qu'il etait reserve de nous apprendre ce secret, comme tant d'autres. Voici comment la chose s'est
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passee : une chambr^e ayant etd attaquee de la maladie des gras, on la jeta dans une basse-cour, par un temps pluvieux; on s'apergut, le lendemain, que las vers avaient repris de la vigueur, el en con­sequence on les ramassa avec soin; on les eleva ä l'ordinaire, et ils donnerent une bonne recolte de cocons. Depuis, quarul on s'apergoit que cette ma­ladie gagne les vers, on prend de l'eau fraiche avec laquelle on les arrose; on les laisse ainsi secher d'eux-memes dans leurs campaneges, apres quoi on les change et on les expose pendant quelques minutes aux rayons du soleil, et, les ayant retires, on leur donne a manger. Ce remede a toujours reussi, quand on I'a applique ä temps et ä propos. raquo;
Boissier conseille aussi les bains d'eau froide pour guerir la meme maladie. Ce precede etait encore en usage dans les Cevennes, il y a trente ou quarante ans, et a ete delaisse depuis.
Parmi les ouvrages qui parurent sur les vers k soie dans la seconde moitie du xviiie siöcle, je dois encore citer:
Educations
en plein air.
(p. 107.)
LA MURIOMETfUE par M. DÜBET
Dubet est un partisan a outrance de l'education en plein air, un ennemi de la greffe du mürier, et, en un mot, de toute civilisation da ver.
laquo; La nature nous invite, dit Dubet, a avoir con-fiance ä ses soins... On a tente en plusieurs pro­vinces de ce royaume I'educatfDn de vers ä soie a
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— 57 — I'air libre. Quand ces essais ont ete suivis avec sagesse , les recoltes, comparees au produit connu de notre regime artificiel, ont ete en faveur de ce nouveau genre d'education. raquo;
Et en parlant de la culture des soies en Alleraa-gne:
laquo; On n'a pas ä craindre que les vers ne reussis-sent pas dans les pays froids ; des qu'ils sent une
Lever
ne craint pas le froid. (p. 51.)
fois convenablement nourris, le froid le plus rigou-reux ne leur nuit point. G'est un prejuge d'imagi-ner que le ver ä soie demande une grande chaleur, ils sont eux-memes d'une nature fort froide.
raquo; Ce n'esl ni par legerete, ni par l'espoir du comre i. glaquo;raquo; titre de reformateur que je combats la greife des (pTäsquot;' müriers, dit plus loin l'auteur,... ce sera l'expö-rience ä la main que je prouverai: llaquo; que cette innovation est contraire ä la duree de nos plan­tations; 2deg; que les soies quiproviennentdu mürier greffe, sont d'une qualite inferieure ä celles du bon sauvageon; 3deg; que l'usage de ces dernieres feuilles rend nos recoltes plus certaines et plus abondan-tes ; 4deg; que c'est un objet deconomie mal enten-due qui porte uniquement sur les frais de cueil-letle....
raquo; Le choix qu'on doit faire de l'espece de mürier, c'est le sauvageon ä fruit blanc, dit Dubet, et tous les naturalistes eclair^s l'adopient. raquo;
Le systöme des educations en plein air, dont les partisans etaient, parait-il, plus nombreux ä cette epoque que ceux de l'exageration de la cha-
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Nouvelle online
du vcr ä soie.
(p. 10.)
— 58 — leur, ainsi que l'emploi exclusif du sauvageon, furent vivement critiques par
M. BÜFFEL, Inspecteur des manufactures du Languedoc.
Meßexions critiques sur la MUBIOMETEIE de Dnbet.
M. I'lnspecteur oppose quelquefois ä son adver-saire d'assez bonnes raisons pratiques, mais sou-vent il tombe dans i'extreme oppose, et quoiqu'il ne soil pas tout a fait un partisan des educations hätees par la chaleur , il vient fournir aux parti­sans des dites educations un argument qui fera fortune parmi eux:
laquo; Mais n'est-ce pas, dit Büffel, contredire les lois de la nature que de vouloir exposer aux pluies froides, aux gelees, aux vents froids du Nord , aux glaces et quelquefois neme aux neiges, des insec-tes originaires de l'ile de Sumatra, a 2 degres de la ligne (suivant que le pretendent les historiens), pays oü il ne gele jamais, et oü il pleut bien rare-ment dans le temps de leur education ? raquo;
M. I'lnspecteur des manufactures aurait bien fait, sur un point aussi important, de ciler ses auteurs, car jusque-la aucun de ses devanciers, qui, autant que lui,ont du lire les historiens, ne parle de l'ile de Sumatra comme berceau de la samp;'iciculture.
II parait que la plantation des müriers avait pris par toute la Franceune si graride extension, a cette
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epoque, que M. l'Inspecteur s'en effraie et s'attache ä faire ressortir les dangers que peut courir la pros-perite nationale, en sacrifiant la culture des denrees alimentaires a celle de la soie.
II pretend que laquo; si on parvient, comme M. Dubet et d'autres personnes le disent, a recolter assez de soie pour nous passer des dix mille quintaux que nous achetons encore cbez I'etranger, cela ne fera-t-il point baisser le prix de cette marcbandise de 20 h 25 o/o ? En ce cas, les prix de nos soies baisseront aussi ä proportion; nous ne serons done pas plus ricbes avec dix mille quintaux de soie de plus, nous serons au contraire plus pauvres de la diminution de notre recolte des denrees de pre­miere necessite, raquo; etc., etc.
Voila, on en conviendra, un curieux calcul; mais le plus curieux, e'est de voir un inspecteur de ma­nufactures craindre que la matiere premiere ne devienne trop abondante.
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CHAPITRE II
L'ABBE aOXIEB.— DAH3010. — CAMIIXB BADVAIS BT SOX BCOLB. ___ TKGIHIEHBS FDBUCATIOHI DB L'AIITBtJB.
Le celebre abbe Rozier, dans son Cours d'agri-culture, ouvre la s6rie des auteurs de notrc siöcle qui ont ecrit sur les vers a soie, et forme le trait d'union entre les anciens et les modernes, car s'il tient encore aux premiers par bien des points, il pent pourtant etre considere comme le pröcurseur de Dandolo et de son ecole.
Ainsi, par les passages suivants , il se rattache aux praticiens et aux auleurs des siäcles prece­dents :
laquo;On n'obtiendra jarnais, dit-il, de la soie de bonne qualile, lorsque les vers seront nourris avec la feuille d'un arbre plante dans un terrain gras et humide, et rarement une edncation reussit lors-qu'elle est faite avec cette sorte de feuille. La meil-
Bozier.
1801
QualiU-de la feuille
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Sut
la temperature.
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leure feuille eslcelle d'un terrain sec, pierreux, sablonneux et Slev^. Les arbres produisenl moins, toutes choses egales d'ailleurs, mais leurs feuilles sont plus savoureuses , et le principe nulritif n'est pas trop delaye dans l'eau de la v^gfitation.
raquo; Les feuilles des arbres jeunes sont trop aqueuses, les sues moins ölabores que celles des arbres fails et meme vieux. La differente qualite d'un vin fait avec le raisin d'une jeune ou vieille vigne confirme ce quej'avance. Les feuilles des coteaux l'emportent de beaucoup sur celles de la plaine. La feuille de sauvageon produit la soie la plus fine, mais eile est difficile ä cueillir, etl'arbre en produit peu. laquo;
Mais voici qui est tout a fait dans le goüt du xixe siecle, et a, sans aueun doute, servi ä l'inspirer:
laquo; On ne pent pas dire qüe le ver a soie ereigne tel ou tel degrö de chaleur dans nos climats, quel-que considerable qu'il soit. Originaire de l'Asie , il supporte dans son pays natal une chaleur cer-taineraent plus forte qu'il ne peut 1 eprouver en Eu­rope. raquo; Dire que la chenille du mürierest originaire de l'Asie, et conclure de lä quelle est originaire d'un pays chaud, c'est oublier ou ignorer que la Siberie fait aussi bien partie de l'Asie que l'Indoustan et l'Arabie: laquo; Mais 11 craint, continue l'auteur, le passage subit d'un faible degre de chaleur ä un plus fort. On peut dire en general que le change-ment trop rapide du froid au chaud et du chaud au froid lui est tres nuisible. Dans son pays, il n'est
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pas expose a ces sortes de vicissitudes, voila pour-quoi il y reussit trfes bien, sansexiger tous lessoins que nous sommes obliges de lui donner. raquo;
Ce passage, qui contientpresqueautantd'erreurs que de mots, peiit-Stre considere comrae la boite de Ptmdore de la sericiculture, car e'est sur lui que les modernes ont bäti leur doctrine.
laquo; Le passage du froid au chaud et du chaud au froid lui est träs nuisible,raquo; dit Rozier. Voilä un principe nouveau inconnu des anciens magnaniers, at meme tout a fait contraire ä leur maniere de voir. En effet, les vers souffrent-ils du froid, Olivier de Serres conseille de leur donner de la chaleur le plus promptement possible. Ont-ils eu au contraire ä souffrir par exces de chaleur, vite, qu'on ouvre portes et fenetres pour les soumettre ä un courant d'air frais, a leur grand conlente-ment, et ce simple et petit reraede sufflt, dit-il, pour les remettre en bon etat, et si le logis n'est pas bien dispose pour I'aeration, il veut qu'on les transporte en plein air.
Pour guerir le mal produit par l'exces de cha­leur et les toufles, Pomier et Boissier de Salva­ges conseillent les aspersions ou les bains d'eau froide, ce qui procure, sans contredit, aux vers un passage assez subit du chaud au froid *.
1 Rozier lui-mfime conseille, dans le meme cas, de tremper is vers dans i'eau par poign^es.
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Les poeles et U champ;leur ä peu de frais.
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Les trails de mödecine pour Vhomme, comme ceux pour les animaux, ne mentionnent, que je Sa­che, aucune maladie produile par le passage subit du froid au chaud : pourquoi aller supposer qu'il puisse eire nuisible au seul ver a sole? Quant au passage du chaud au froid, je ne nie pas qu'il ne produise souvent des desordres Iräs graves chez rhomme et chez tous les animaux pulmon^s; mais je crois que les insectes craignent träs peu les fluxions de poitrine, les bronchites, les laryngites, voire les rhumes de cerveau et les catarrhes.
Ce que je puis affirmer, e'est que, depuis plus de #9632;vingt ans, je m'amuse a faire passer, chaque annee, non pas quelques vers, mais ma chambree entiere par de tres brusques changements de temperature, et qu'elle a conslamment reussi. J'ai fait assez d ex­periences et d'observations a ce sujet pour etre convaineu et pouvoir prouver, dans la suite de ce travail, que les variations de temperature ne sent pas nuisibles aux vers, comme le croientlesauleurs modernes, mais qu'au contraire elles leur sout utiles, comme I'ont pretendu les anciens.
Du temps de Rozier, le moyen de chauffage le plus general etait encore les brasieres, dans les-quelles on tenait des charbons recouverts de cen-dres. II combat ce mode de chauffage, qu'il accuse, un peu a tort, de vieler l'air, et veut qu'on le rem-place par des poeles. Encore une invention mal-heureuse!
Rozier conseille les poeles, farce que, dit il, laquo; la
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chaleur douce elant une fois concentrde dans I'atelier, y est fixee, n'ayant pas d'issue pour s'echapper, el, quoiqu'elle altire un peu dair exte-rieur, on est toujours mailre de la tenir au degre convenable ä ires pe.u de frais. raquo; Voila qui devait grandement plaire dans la suile a nos economes magnaniers!
laquo; Pour fixer la chaleur dans I'atelier, continue I'auteur, on pourrail etabiir un tambour ä la porte exterieure, qu'on n'ouvrirait qu'autant que lautre serait fermee. raquo; Lä-dessus, vous allez croire, peut-6tre, que I'educalion au four a atteint son dernier degre de perfection. Vous vous tromperiez, conime vous le verrez.
Cependant, notre auteur n'est pas entterement ennemi de l'aöralion, vu qu'il pretend que la plu-part des maladies des vers sont causees par 1'air fixe ou mephilique:
laquo; La feuille en occasionne aussi, dit-il; mais elles seraient moins dangereuses si elles n'etaient precedees par celles que le mauvais air pro­cure. raquo;
Oui! mais temperature ilevee, constamment uniforme, produite ä peu de frais et aeration, ne peuvent guere marcher ensemble. Tel sera pourtant le probleme autour duquel rouleront tons les efforts des successeurs de Rozier.
Parmi les auteurs de notre siecle, celui qui a eu le plus de reputation, celui qui est encore aujour-d'hui regards, en France, comrne le grand-mallre,
Le nouveaii pruuleme sericicole.
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— 66 — l'oracle de la sericiculture, c'est un Italien, un sa­vant chimiste:
isionbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;LE GOMTE DANDOLO
L'art d!ileoer les vers ä sole '.
Cat auteur, quoique etranger, doit etre considere comme Fran^ais, car il ne ressemble par aucun point ä ses corapatriotes, parmi lesquels il n'a fait que tres peu de disciples, tandis que son influence sur nous a ete immense. En effet, nos autenrs mo­dernes n'ont su jurer que par lui, et, pour le vul-gaire, Dantlolo est Valplm et Yomega, le commen­cement et la fin de l'Art siricicole.
Avant de donner mon opinion sur cet illustre auteur, je dois faire connaitre les critiques que lui adresse un de ses compatriotes, et, qui plus est, un de ses admirateurs, le docteur A. Pitaro :
A.wtar..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; laquo; Les lacunes qu a notrc grande surprise nous
islaquo;8 avons decouvenes dans l'ouvrage de Dandolo, se renconlrent: dansle mode de preparer la semence adoptee par lui pour I'incnbalion, qui fait perdre un tiers environ des oeufs ; dans la maniere dont il dirige I'incubation meme, qui fait perdre un quart des vers nes ; dansl'hygienequ'il propose pour ces insectes; dans la preparation du feuillage, qui en
1 Traduit de 1'italien pax- le docteur Pbilibert Fontaneille, 1819.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; •laquo;
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— 67 ~ allfere et en degrade la substance nutritive au de­triment de l'elaboialion et du produit de la sole ; dans la distribution de la nourriture administree ä longs intervalles; dans la melhode dont il se sert pour changer les claies , qui est fastidieuse et qui ne peut que d^ranger les vers ; dans la disposition du ramage ; dans I'histoire peu precise des mala­dies accidentelles de la larve ; dans la conduite du papillon ; dans son accouplement; dans la stpnra-tion du male ; dans la ponte, et enfin dans la ma-niere de recueillir et de conserver les oeufs, qui est irreguläre et nuisible ä la posterite de l'insecte ä naitre *. raquo;
L'ouvrage de Dandolo contient, on ne peut le nier , bon nombre d'excellentes choses; ainsi, par exemple, quand il dit: laquo; G'est une erreur populaire de croire que la lumiere ne vivifie pas les vers k sole, comme cela a lieu pour tous les autres etres vivants. raquo; Ce qu'il dit sur les differenles qualites de feuille est aussi en general tramp;3 juste et tres utile ä connaitre, quoiqu'il ne partage pas entiferement, k ce sujet, la conviction de nos vieux magnaniers, comme le prouve le passage suivantj
laquo; Malgre tout cela, mes experiences prouvent p,,tM.
1 La Science de la sHifere, par le docteur A. Pitaio, des Cooles de Naples et Salerne, et medecin legiste de la cour im-pfiriale de Paris. Un fort volume in-80, publie en fran9ai3, en 1828, et contenant plusieurs lettres et un autographe de Dandolo.
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— 68 — qu'en dernifere analyse, toutes choses egales d'ail-lours , las qualites du terrain produisent une bien petite difference sur la qnalile de la feuille. raquo; Mais il croit beaucoup a rinfluence de i'äge et de la variete du plant. Une opinion sembiable, mais relative ä la vigne, rst soutenuede nosjourspar le celebre docleur Guyot.
Laplupart desauteurs Italiens, tantanciensque modernes, sont, comme Boissier de Sauvages le reproche ä nosvieux auteurs, auxquels ils ressem-blent sous tous les rapports, sont, dis-je , tres concis; ils ne s'occupent que des points impor-tants, etlaissent ä l'intelligence du magnanier le soin des menus details. Dandolo au contraire abonde en details minutieux; chez lui, tout estconi-passe, regle, pese, mesure, calcule ä l'heure, ä la minute- Son Systeme est, en unmot, le triomphe de la reglementation ä outrance.
Quant aux maladies des vers, il croit qu'elles proviennent toutes d'attractions, reactions ou combinaisons chimiques, produites par l'arröt de la transpiration cutanee, et que, par consequent, rien n'est plus nuisible ä ces insectes que les varia­tions de temperature. Or, comme il croit aussi ä l'influence pernicieuse de l'air fixe ou mephitique (acide carboninie) qui se degage de la fermenta­tion des litieres, 11 en est reduit ä assainir, ä huis-clos, l'air de son atelier; de la, l'inventiun de la bouteille, qui purilie l'air.
Dandolo, je l'ai dit, contient bqn nombre de
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details ufiles; mais en ce qui tourhe aux bases fondamentales de l'art du magnanier, il me parait bien souvent dans le faux, comrae le prouvent les lignes suivantes :
laquo; Nous avons vu que, malgre les guerres que p.g.2ä. font aux chenilles les hommes, les animaux et les saisons, elles savent se garantir de la destruction dont elles sont si souvent menacees.
raquo; II n'en est pas ainsi du ver a sole qui, dans nos climats, non seulement ne prospererait pas, mais ne vivrait merne pas pendant une saison, si rhomme ne lui donnait tous les soins qu'exigent son developpement, son accroissement et sou per-fectionnement: ce qui prouve evidemment que cet insecle est originaire de cliniats bien plus chauds que les notres.
raquo; Tel est, en effet, celui de la partie meridionale del'empirede la Chine,d'oüprovientie ver ä sole.raquo;
Or, tout le monde aujourd'hui peut se convain-cre de l'erreur dans laquelle est tombe Dandolo, et tous ses partisans avec lui. Interrogez un de nos soldats de la campagne de Chine, il vous affirmera qu'on n'eleve pas de vers a sole dans le midi de cet empire, mais seulement dans le nord et dans le centre, comrae je l'ai dii plus haut.
De plus, Dandolo a ete, on le sail, le premier en B^dom,,,. Europe et le seul en Italie ä preconiser les grands ateliers qu'il appelle ateliers de proprietaire, et qu'il alfirme devoir produire plus que les petits ateliers de paysans.
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Camilla Beaimis
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Rozier, Boissier de Sauvages, tous nos vieux auteurs et tous nos vieux raagnaniers, onl ete, au contraire, je crois l'avoir dit, de tres chauds par­tisans des peliles educations.
Les Italiens, apres quelques rares tentatives de grands ateliers, y renoncerent tres vite. En France, au contraire, ils furent adoptes avec une grande faveur, et aujourd'hui ils ont encore de Ires nom-breux partisans.
Lamagnanerie de Dandolo ne manque pas ce-pendant de fenetres, de trappes, desoupiraux, mais tout cela est trop bien jointe et trop rarement ouvert, crainte des variations atmospheriques.
Parmi les hommes de talent qui adopterent en France le Systeme de Dandolo et travaillerent a le perfectionner, les plus dignes d'etre cites sont, sans contredit:
Camille Beauvais, l'habile et regrettable direc-teur de la magnanerie experimentale des bergeries de Senart.
laquo; La France agricole etmanufacturiere, raquo; lit-on dans un ouvrage du temps, dont j'aurai occasion de citer quelques passages, laquo; n'oubliera jamais ce qu'elle doit au savant experiraentateur des berge­ries de Senart; c'est de l'fitablissement des berge­ries qu'esl parti le mouvement; c'est ä la voix et a l'exemple de M. Camille Beauvais qua nos vieux departements sericicoles, saisis d'une noble emu-
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lation, sont entres dans le progrös, et que, sur une foule de poials nouveaux, on s'est mis a planter desmüriers....
raquo; C'est en 1832 que M. Camille Beauvais a fait auxbergeries ds Senart ses premieres plantations ; c'est en 1835 qu'il a commence ses cours prati­ques, qui, depuis, ont eu tant de celebrile, et qui ont fourni ä la France un si grand nombre d'habiles et devoues sericiculteurs; enfin c'est en 1837 que, sous les auspices de l'illustre mailre, a ete fondee la Societe sericicole, \ äste association qui, corn-posee exdusivement d'hommes pratiques, plan-teurs de müriers, educateurs de vers a soie et fila-teurs de cocons, repandus dans toutes les parties de la France, devait bientot exercer, par ses tra-vaux et ses publications, une vaste influence sur les progres de la sericiculture *. s
F. de Boullenois, le savant et zele secretaire F.,ieBouiitnoiS, de la defunte Societe sericicole , auteur de : Con-seils aux nouveaux educateurs de vers a sole, ouvrage resumant avec aulant de talent que de clarte les theories et les pratiques de la nouvelle ecole.
M. Robinet, auteur de plusieurs ouvrages re- KoWnoi. marquables sur l'industrie sörigene.
1 F. de Boullenois, Conseilsaux nouveaux educateurs, p. 4.
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Guwn-Mineviiie Guerin-Meneville, auquel on doit, entre autres publications hors ligne, des eludes sur la muscar-dine, faites, avec M. Eugene Robert, a la magna-nerieexperimentalede Sainle-Tulle (Basses-Alpes)'.
DAree..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; D'Arcet : c'etait ä l'illustre et savant d'Arcet
qu'etait reservee la solution du grand probleme sericicole moderne: temperature elevee, mijorme, et aeration.
laquo; Le Systeme de magnanerie d'Arcet, ditM. de Boullenois, consisle ä forcer la ventilation, dans tous les cas et dans toutes les circonstances, de ma-niere a pouvoir toujours renouveler Fair de !a magnanerie, suivant qu'il est necessaire et autant qu'il est necessaire.
raquo; Ce Systeme a pour but, en outre, de regula-riser la temperature et la ventilation, en distribuant egalement et uniformement dans toutes les parties de l'alelier, soit Fair chaud, soit I'air froid. raquo;
La magnanerie d'Arcet ou magnanerie suhbre est munie : 1laquo; d'un calorifere place ä l'une des extremites et dont la chaleur est distribuee dans tout l'atelier, au moyen de gaines percees de trous;
' M. Guerin-Meneville, dont on ne faurait trop louer I'inal-terable devouement a la sericiculture , se livre aujourd'hui, avec une rare perseverance, ä des expei'iences sur I'educa-tion des chenilles de l'ailanthe et du ebene. ( Voir sa Revue de sericiculture comparee.)
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2deg; d'une chambre a air chaud; 3raquo; d'une chambre ä air froid ; 4deg; d'un tarare ou ventilateur m^cani-que; 5quot; d'une ou plusieurs chetninees d'appel, etc.
De ces ingenieuses dispositions, laquo; il resulte une egalite de repartition parfaite ; de sorte qu'il .n'est pas une parlie de l'atelier qui ne receive la meme chaleur et dontl'air ne soil renouvele avec la meme rapidite. raquo;
Bref, par ce Systeme, la temperature et l'aera-tion ötaient completement k la disposition du ma-gnanier. L'educalion des vers ä sole n'etait plus cet art empiiique, livre ä la seule routine, mais une science exacte, pour ainsi dire; cette recoltene risquerait plus maintenant de defaillir, comme les bles, les vius, les besliaux, laquo; par tempestes, seche-resses, humidites et autres exces de l'annee, raquo; at-tendu que le magnanier, grace au nouveau Systeme et aux instruments de physique mis a sa disposition, pourra faire, chez lui, la pluie ou le beau temps, le chaud ou le froid, le sec ou I'humide, selon son bon plaisir.
On comprend qu'apres de pareils perfectionne-ments, la sericiculture dut prendre un essor extraor­dinaire : c'est, en effet, ce qui arriva.
Les craintes de M. Buffet, l'inspecteur des ma­nufactures, vont se realiser cette fois; la France enfin va produire toute la soie dont eile a besoin et en exportera meme. C'est, dumoins, ce que Ton croit et ce que Ton dit. Ecoutez le secretaire de la Societe sericicole:
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laquo; Ainsi done, il ne peut plus y avoir le moindre doute a cet egard. La production de la soie grSge peut s'amp;endre largement en France auNord comma au Midi, et en continuant ä perfectionner les me-thodes d'educalion, a planter des müriers et ä disposer des magnaneries, nous sommes assures de pouvoir fournir ä tous les besoins de noire fabri-que et de nntre commerce de soieries, et peut etre merae de ceder d'importantes masses de soie grfege aux nations etrangeres',
raquo; Quelques nouveaux sericiculteurs qui, revant d'immenses fortunes, et croyanl que Ton laquo; pouvait faire des speculations de müriers ou de vers ä soie comme Ton fait des speculations de banque ou de bourse, raquo; se voyaient ddja laquo; äla tete d'educations fabuleuses de 5 ou 600 onces2. raquo;
laquo; Dans l'ardeur sericicole qui a entraine uu grand nombre de proprietaires du Centre et du Nord, nous avons vu, dit le meme auteur, quelques uns d'entre eux bätir de vastes magnaneries, saus avoir un seul kilogramme de feuille ä leur disposi­tion. raquo;
Et comment les nouveaux educateurs ne se seraient-ils pas laisse entrainer au delä des bornes, lorsqu'on leur prouvait, par des calculs tres clairs, qu'il n'y avait pas d'entreprise agricole qui püt
1 F. de Boullenois, Conseilsaw, nouveaux educateters, p. 12. 1 Mamp;ne ouvragc. Preface, p. 6.
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— 75 — donner un revenu plus avantageux qu'une planta­tion de müriers et une magnanerie, et, laquo; qu'on pou-vait raisonnablement espörer retirer ainsi de son argent 10 et meme i5 %, tout amortissement preleve pour l'entrelien des plantations et de la magnanerie'! raquo;
C'ätaitpresque la Californie en perspective, et ce ne fat, en realile, que la rue Quincampoix.
En effet, ce Systeme, si ingenieux, si savant, si rationnel meme, malgre quelques essais heureux, n'eut, dans la pratique, on le sait, d'autre resuhat que de causer la ruine plus ou moins prompte et plus ou moins complete de tons ceux qui I'adopte-rent.
Gertes, d'immenses efforts de talent et de de-vouement ä la cause sericicole furent faits ä celte epoque; mais qu'importentl'habilete de l'architecte et le zele des ouvriers! si I'ddifice repose sur I'ar-gile, il ne restera pas longtemps debout : ces theories si logiques en apparence pechaient com-pletement par la base.
Le nouveau systfeme, entre autres inconvenients, avait celui de trailer un etre vivant comme une matiere brute, comme un mineral.qui doit inva-riablement cuire en tant d'keures et ä tel dcgre. Nos anciens magnaniers avaient, de tout temps, fait durer l'education de quarante a cinquante jours.
1 Voir tome iv des Annales de Id Soeiete sericicole, p. 323.
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selon la saison. Dandolo en mettait encore trente a trente-deux. G'etail bien peu sans doute ; mais la nouvelle ecole trouva que vingt-sept ou vingt-huit jours devaient, dans tons les cas, suffire.
Dandolo poussait la temperature de l'incubation jusqu'a 22raquo; Reaumur, et descendaitgraduellement pendant les divers äges, de maniere a avoir 16deg; au cinquieme äge et a la montee.
Les nouveaux educaleurs pousserent la tempera-toe de l'incubation jusqu'au 24e degre, et firent l'education de 18 a 20deg;. Ce fut la la regle des plus sages; quant aux autres, ils ürent l'edu­cation a une temperature de 23 a 24laquo;,et la termi-nerenten dix-neuf ou vingt jours. C'elait, passez-moi le mot, de la sericiculture h la vapew.
Le vulgaire qui, quoi qu'on en dise, suit toujours de loin en loin la science, qu'elle erre ou soit dans le vrai, finit par adopter entierement le principe des educations rapides, quiavaient Tapparent avan-tage d'economiser la maind'oeuvre et la feuille, et par croire de plusen plus aux dangers des variations atmospheriques; aussi fit-il de plus en plus du feu, et ferma-t-il portes et fenetres avec plus d'exacti-tude que jamais. Ces vieux greniers ä foin, ces vieilles masures lezardees ouvertes a tous les vents, et dans lesquels Boissier de Sauvages pre-tendait que Ton reussissait si bien de son temps, furent peu ft peu abandonnes pour des constructions speciales faites ä grands frais et parfaitemenl closes.
Mais comment un animal originaire. de contrees
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— 77 — presque voisines de la Siberie aurait-il pu resister a un pareil traitement, äune temperature aussi ele-vee et surtout uniforme cav l'uniformite de tem­perature est, je le prouverai plus tard, le principe le plus vicieuxet le plus nuisible de la doctrine des modernes ?
Ce fut en vain que M. Stanislas Julien publia, en 4837, par l'ordre du ministre de l'agriculture, son resume desprincipaux traites chinois surl'edu-cation des versa sole, ouvrage qui, en donnant des notions precises sur l'origine de cet insecte et sur la lemperature de la Chine septenlrionale, aurait du complelement changer les croyances erronees qui avaient commence d'avoir cours de-puis le commencement du siecle.
Ce fut encore en vain que le meme Stanislas Julien laquo; remit a M. Camille Beauvais des graines de vers ä sole produites a Serang, capitale de la Mongolie, oil le thermometre descend sou vent, pendant l'hiver, ä 36deg; cenligrades au dessous de glace. raquo; Peines perdues ! on persista a traiter la chenille du mürier comme si eile etait originaire de l'ile de Sumatra.
(Mais admettons que la nouvelle ecole eut accepte la vörite des fjuelle se monlrait a ses yeux ; alors, plus d'inventions possibles, plus de talents a de-ployer, plus de gloireä acquerir, et raoi-merae, aujourd'hui, qu'aurais-je ä vous dire ? Rien ! Yous voyez combien la vie serait monotone, si I'homme etait doue d'une raison infaillible.)
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Si quelquefois les vers h soie parurent r^sister, ou m6me se bien trouver d'un syslfeme si contraire ä leur nature, ce fut, je le dirai avec Olivier de Serres encore, par rencontre de bonnes saisons; mais que les saisons defavorables arrivent, et alles n'arriverent malheureusement que trop, et Ton verra toute la valeur du Systeme.
Cependant, malgre des tehees successifs, quel-ques succös de plus en plus rares suffisaient pour entretenir la confiance aveugle de l'ecole dans ses theories. Vers 1848,1'horizon sericicole commence ä se couwir de nuages sans quelle s'en apergoive, et eile n'avait encore perdu pas une seule de ses premites illusions , iorsqu'cn fövrier 1853, je publiai, sur Sei'aatebquot; l'öducation des vers ä soie, une brochure dans laquelle je m'efforgai, en citant l'exemple des Lom­bards, de faire revenir nos educateurs ä des prin-cipes oublies depuis longtemps'.
Pour bien comprendre l'enchainement du Iravail que je public aujourd'hui, il est trbs important, avant d'aller plus loin, de lire ladite brochure, que Ton trouvera parmi les documents. (Voir le docu­ment B.)
Gelte publication, qui fut regne avec une grande faveur par les educateurs, eut I'heureuse chance d'etre critiqu^e par M. F. de Boullenois, secretaire
1 L'annee precedente, j'avais adresse aux Cornices agricoles de Nimes et d'Alais unBKmoire sur la s^riciculture de I'ltalie septentrionale.qui futins^re dansles Bulletins (iesdits Cornices.
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de la Socißte sericicole, dans une lettre adressße, le 26 avril 1853 au journal le Commerce sericicole de Valence. Je crois utile de donner les principaux passages de la dite lettre, car eile expose et resume avec beaucoup d'autorit^ l'ötat de la question äcette 6poque :
AU R^DACTEUR.
laquo; J'ai lu dans votre journal et M. Eugene de Masquard m'a fait l'honneur de m'adresser une suite d'articles qu'il a publies sur l'education des vers ä soie , d'apräs les principes suivis en Lom-bardie.
raquo; II y a, je m'empresse de le reconnaitre, de tr6s bonnes et de tres excellentes choses dans 6e travail. raquo;
Je passe sous silence les approbations, me r6-servant de m'enservir plus tard, et j'arrive aux cri­tiques. AprSs m'avoir reproche quelques expres­sions qu'il trouve un peu fortes, car il ignore sans doute combien nos magnaniers sont difficiles ä feiouvoir, l'auteur de la lettre ajoute :
laquo; Nos educateurs frangais, pris en, masse, meri-teni-ils autant de sövörite? Sont-ils done aussi rou-tiniers, aussi arriörfs, aussi barbares ? Cerlaine-ment, dans quelques localitös, il yz encore des pi'e-jugös, des pratiques condamnabies; mais, depuis vingt ans particuliferemeut, le progres ne tend-il pas ä pönötrer partout ? raquo;
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Et plus loin:
laquo; M. de Masquard ne fait-il pas trop bon mar­ch^ du froid, du vent, de l'orage, de la chaleur? Mais toutcela, ä un certain degre, pent etre tres dangereux pour les vers.....
j Que Ton s'eleve centre les prejug^s qui font enfermer les vers hermetiquement, de maniÄre ä les suffoquer, tres bien; que Ton bläm.quot; ceux qui font des educations trop rapides et qui ne laissent pas ä l'insacle le temps necessaire pour elaborer une bonne sole, tres bien encore; mais que, d'un trait dc plume, on veuille supprimer tous les prin-cipes qui ont öle consacres par la sagesse des temps, de l'experience et de la pratique, e'est trop fort, et nous ne pouvons suivre sur ce point les conseiLs de M. da Masquard. raquo;
Comment! une ecole, fille de Dandolo , et qui existe depuis vingt ans a peine, comme eile le dit elle-meme, representerait la sagesse des siecles passes, et je ne serais qu'un imprudent novateur, moi, qui, pour les besoins de ma cause, invemeiais Olivier de Serres, Isnard, Boissier de Sauvages et Dubet, s'ils n'existaient pas! Voila, dirai-je ä mon tour, qui me parait un peu fort.
Mais, on le sait, e'est l'histoire de toutes les orthodoxies, c'est-ä-dire de toutes les ecoles qui se croient en possession exclusive de la verite : elles viennent ä peine de naitre qu'elles se pretendent aussi vieilles que le monde.
laquo; Nous continuerons done de preserver nos
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chers magnans du froid qui les empäche de man­ger, qui les arräte dans leur döveloppement et prolonge I'Mucation au grand detriment de l'ddu-cateur.
i Nous 6viterons egalement les grandes chaleurs, qui sont la cause de toutes les maladies qu'elles döveloppent et propagent avee une rapidity ef Fray ante.
raquo; Nous chercherons ä maintenir une tempera­ture, la plus egale possible dans I'atelier, entre 18raquo; et 20deg; Reaumur, qui est la mesure sanctionnee par l'experience de tous les sifecles sericicoles. raquo;
Mais sur quels auteurs anciens, demanderai-je ä mon honorable contradicleur, pouvez-vous vous appuyer pour prouver cette pretendue sanction se-culaire ? Ce ne serapas, je l'espöre, sur les auteurs du xvne sifecle, quise contentent d'eviter les extre­mes, et qui, ne connaissant pas encore le thermo-mfetre, n'ont d'autre guide que leur fantaisie. Ce ne sera pas davantage sur ceux du xviiie: voyez Bois-sier de Sauvages, qui affirme qu'on reussit aussi bien dans un extreme que dans l'autre, et Pomier, qui choisit sagement le juste milieu et le fixe a 15raquo;, etDubet, le zele partisan des Educations en plein air. Serait-ce alors chez les praticiens que vous trouverez la sanction de vos doctrines? Aveceux, c'est bien pire. En effet, voici ce que vous avez dit vous-möme, en parlantde ce qu'Etait autrefois I'edu-calion des vers ä sole : laquo; Les ateliers n'etaient, la plupart du temps, que des hangars ou des greniers
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— 82 — ouverls ä tons les venls et dans lesquels pönetraient tour a tour le froid et le soleil, etc. '. raquo; •
laquo; Nous ne lerons pas, continue M. de Boullenois, des tours de force et des excentricites par des edu­cations en vingt ou vingt-deux jours; mais nous n'en meltrons pas plus de vingt-huit, trente ou trente-deux, parce que cet espace de temps est süffisant pour faire de bons cocons et de bonne soie. raquo;
Tel n'etait pas pourtant l'avis de nos vieux au-teurs; tous, y compris Rozier, sont d'accord pour fixer la duree de l'education entre quarante et cin-quante jours, comme je l'ai deja dit.
laquo; Nous ne fei ons pas de trop grandes magnane-ries, nous ne ferons pas des educations giganies-ques qui sont presque impossibles; mais, toutes les fois que nous en aurons la facilite et le moyen, nous eleverons 10 ou 12 onces. raquo; Certes, si vousprenez ce dernier cbifire comme maximum, je ne vouschi-canerai pas; je vous remercierai memo des conces­sions que vous paraissez dispose ä me faire.
laquo; Nous aurons bien sein de donner de l'air ii notre atelier, en ouvrant, quand ceia sera possible, les portes et les fenetres; mais nous ferons d'avance des cheminees a la Dandolo, ou une cheminöe d'appel ä la d'Arcet, pour forcer la ventilation dans les moments de touffe oü l'ouverture de toutes les
1 Conseils aux nouveaux educateurs, p. 5, note.
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portes et de toutes les fenetres n'a plus aucun effet. raquo; On renonce au ventilateur möcanique, et nous voilä presque d'accord.
laquo;Enfin, dit, en terminant, mon bienveillant critique, nous iraiterons MM. les Lombards dans ce qu'ils peuvent avoir de bon... Mais nous n'abaisse-rons pas pour cela le merite de nos sericiculteurs fran5ais,et, malgröladistribution degrainesd'Ilalie en primes, nousresterons convaincus qua Ton pent faire et que Ton fait en France tout ce qu'il y a de plus parfait en cocons et en graines de vers ä soie.
ygt; Frederic de Boullenois. raquo;
M. de Boullenois ne s'occupe plus aujourd'hui de l'industrie setifere, mais il lui porte toujours un grand inleret, et je dois le remercier ici des en­couragements qu'il a bien voulu me donner par sa lettre du ll junvier. Jem'estimerais tres heureux, si mes critiques retroaclives avaient le pouvoir de l'obliger ä rentrer dans la lice : la sericiculture, pour etre sortie de la triste situation oü eile se trouve, a autant besoin du coneours de ses vieux que de ses nouveaux amis, surtout lorsqueces vieux amis sont des homraes de coeur, de talent et d'ex-penencecommelui.
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CHAPITRE III
DE 185* A ises. — EXAMElaquo; DES PRIMCIPAUX SYBTEMEB EM13 SOB LA UAUDIE DITE ACTDELLE.
Les savants sericiculteurs du Nord, pleins, je l'ai dit, d'un zele tres louable, setaient imagine de bonne foi que, grace ä leurs ecrits, l'art d elever la chenille du bombix mori avail fait de grands pro-gres deimis une vinglaine d'annees. L'annonce d'une degenerescence, altribuee aux mauvais pro-cedfe d'education generalement en usage, devait done porter un coup bien sensible a leurs convic­tions , et recompenser bien tristement leurs gene-reux efforts:
laquo; G'est a tort, secrierent-ils, jqu'on accuse la race d'avoir degenere ; si les educateurs n'obtien-nent plus de bonnes r^coltes, e'esi que, par cupi-dite, ils vendent leurs bons cocons et gardent leurs plus mauvais pour faire grainer. raquo; Cette assertion etait, malheureusement dirai-je, entierement
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du murici'.
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fausse, car si etle eüt 6te vraie, la maladie aurait etö bien facile ä gußrir.
Pendant i'education de 1853, ä la suite d'une temperature tres humide, les feuilles du mürier furent marquees de nombreuses taches noires. Ce fait, qui se reproduisit plusieurs annees de suite, donna naissance ä la croyance que le mürier etait frappe d'une maladie analogue ä celle de la vigne et des pommes de terre, et que, par consequent, sa feuille etait un vrai poison pour le ver. Les par­tisans de cette opinion devinrent bientot tres nom-breux. M. Guerin-Meneville fut un des premiers et des plus ardents ä la soutenir.
Nous verrons dans la deuxieme partie de cet ouvrage (la partie theorique) quelle est la cause de cette pretendue maladie du mürier.
En '1856, M. de Chavannes, apres avoir par-couru le Midi, publia, dans le Journal ä'agriculture pratique, un article intitule : Campagne soricicole de 1856. Get honorable inspecteur d'agriculture se fit, parait-il, elrangement illusion sur la situation generale derindustrieserigene.Iln'admit paslaquo; cette pretendue degenerescence dont on s'etait tant oecupe. Sielle existait, disait-il, non seulementle produit en coconsserait partout moindre qu'il ne lötait anciennement, mais la qualite des cocons lendrait egalemenl ä s'afiaiblir. Or, ceci n'a pas lieu : parfaitement place, par suite des missions que je remplisdepuisdix-sept annees consöcutives, pour constater un fail de ce genre, s'il se produisait,
De Chavamicä.
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— 87 — j'ai remarque , au contraire , que le nombre des educations francheraent reussies augmente, aulieu de diminuer '.n
II est Ires 6tonnant de voir M. I'lnspecteur d'a-griculture ignorer ce que tout le monde savait, c'est-a dire que, depuis cinq a six ans, les races de pays avaient^tegeneralementabandonnees, et que si nous avions encorealors desrecoltes passables, c'etait gräte auxgraines d'ltalie.
M. Dumas, retnini'nt chimiste originaire d'Ala's, fut le premier savant qui ait admis l'existeace de la maladie des vers ä sole. Ce fut sur ses instances que l'Academie des sciences se decida, en 1858, a envoyer sur les lieux trois de ses merabres: MM. Decaisne, Peligotet de Quatrefages, pour etudier la maladie du mürier et celle des vers ä sole, ä la-quelle on commengait a croire enfin.
Ces illustres savants, laquo; apres avoir parcouru le Midi, apres avoir vu partout le mürier du plus bei aspect, la feuille de la plus belle venue, raquo; apres des analyses chimiques el des etudes microscopiques sur la feuille, conclurentraquo; que le mürier n'elait pas malade et qu'il n'y avait done pas de motif d'accu-ser la feuille 2. raquo;
Plus particulierement charg^ #9632;d'examiner les
Dumas 1857
'
Decaisne et I'öligot.
De Qualrcfjgos. 1859
' Cet article, dont le Cornice agricole d'Alais s'emut beau-coup, fut refute par M. de Reiz, president duüit Cornice. Bulletin du Cornice agricole d'Alais, decembre 1856.
' Rapport lu ä l'Academie, le 29 juillet 1868.
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vers ä soilaquo;, M. de Quatrefages, apres des experien­ces et des etudes de tous genres qu'il renouvela l'annee suivante, resuma dans un article paru dans la Revue des Beux-Mondes1 les considerations et les conseils contenus dans ses divers rapports. Ce celebre academician croit que la maladie des vers ä soie n'est pas une maladie, mais la reunion de plusieurs maladies confondues en une seule. Ce qui a surtout fixe son attention, ce sont les taches qu'il a remarquees sur un grand nombre de vers, et dont il a fait le caractere principal de la maladie
Lapcbrino. qu'il a appclee pebrine , du mot patois pebre (poivre).
laquo; Les chambrees atteintes seulement de la pe­brine, dit M. de Quatrefages, donnent, presque a coup sür, des recoltes remuneratrices. Ge sont les
Leraquo; maladies maladies inlercwrentes produites par nos mau-
intercurrentei.
vaises methodes d'elevage qui donnent le coup de massue aux educations affaiblies par la pebrine. raquo; Que ceux qui ont ecrit au debut de la maladie, alors qu'elle n'existait qu'en France, I'aient attri-buee,comme je l'ai fait moi-meme, et bien d'autres apres moi, I'aient atlribuee, dis-je, a nos mauvais precedes d'education, cela se comprend; mais depuis que non seulement I'ltalie, qui ne fait que de petites educations peu chauffees et tres aerees, mais aussi bien des localiles de la Turquie, oü
Revue des Deitx-Mondes, les vers a soie, lquot; mai 1860.
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I'Mucalion se fait sous des hangars, avaient 6t6 envahies parle fleau, I'opinion soulenue par I'ho-norable acadämicien avait perdu les Irois quarts de ses nombreux partisans.
laquo; Nos chenilles domestiques, dit encore M. de Quatrefages, ne sont pas les seules atteintes; leurs congeneres sauvages le sont aussi egalement *. raquo; Ce fait, dont je m'empresse de reconnaitre I'exaeti-lude, n'arriverait a rien moins, avec la dite Iheorie, et comme bien d'autres l'ont remarque deja, qu'ä faire supposer que le divin et universel Educateur est, lui aussi, tombe dans des procedes routiniers.
II est malheureux que M. de' Quatrefages ait cm avoir öpuise la matiere en deux saisons. Nul doute que s'il eüt continue des etudes si savamment et si pratiquement commencees, il ne füt bientöt arrive a trouver quelque chose de plus concluant que sa theorie, un peu vague, des maladies intercurrenles, se greffant stir la pebrine, maladie epidemique et heredilaire, et donnant le coup de massue: comme si cette derniere , avec le double caractere qu'il lui attribue, ne serait pas de force a donner le coup de massue toute seule !
Cependant, les diverses publications du savant academicien contiennent d'excellents conseils pra­tiques sur l'öducation. Ainsi, par exemple, tout ce qu'il dit sur l'hygiene, l'aeration et les petites 6du-
#9632; i #9632;il
1 Essai sur Vhistoire de la sericiculture, p, 39.
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Duscigncur.
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cations pour graines etant parfaitement conformes a ce que j'ai dit moi-meme dans le temps : je ne puis que I'approuver; mais ces conseils ne pouvaient avoir a cetle epoque aucune influence sur les amp;iu-cateurs, vu que ce qui i-e passait ä I'elranger leur damp;nontrait, d une maniere incontestable, l'insußi-sance de la doctrine sur laqnelle les dits conseils etaient bas^s. M. de Quatrefages elait, il est vrai, entreparla bonne porle, il avail pris la bonne voie; mais, je le repete, il eut le tort de sarreter k mi-chemin. Pourquoi ne continuerait-il pas, cette annee, ses eludes ? La question est-elle devenue indigne de sa haute science? II a vu combien s'etaient peu realisees les esperances optimistes qui termineni sa dermere publication. Le mal, au con-traire, n'a fail qu'empirer depuis lors, el est au-jourd'hui arrive ä son comble : e'en est fait de la sericiculture, si une 6re nouvelle ne s'ouvre pas bienlot pour eile. A I'oeuvre done! que la science et la pratique quittent leurs dedains reciproques, et, renoncjaut l'une et l'autre ä leurs pretemions ä rinfaillibilite, viennent se preter un fraternel appui, et la pauvre agonisante pourra peut-etre encore etre sauvee.
Parmi les ecrits, malheureusement trop rares, dus aux vrais praticiens, je dois men'.ionner les opuscules intitules Inveniaires, que public chaque annee, depuis 1857, M. Duseigneur, de Lyon.
Get intelligent et savant fdateur et educateur pent etre range aunombre desprecurseursdel'öcole
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#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; — 91 —
de l'avenir. Comme M. de Quatrefages, et möme avant lui et plus qua lui, il a desertö le principede la temperature uniforme, si eher anx Dandolistes, et, presque autant que Dubet, ilest l'ennemi de la civilisation du ver.
laquo; Au nombre des causes du mal, dit M. Dusei-gneur dans son inventaire de 1860 , j'ai (ainsi que d'autres avaient pu le faire avant moi) particuliere-ment signale l'accouplement interrompu, Tabus de la chaleur sans aeration, la propagation du mürier greffe, etc.
raquo; Je conseillerai, en outre, dit-il plus loin (contre Topinion generalement adoptee), s'il y a selection parmi les cocons, de ne jamais choisir pour repro-dueteurs ceux dont le grain est le plus fin. Ils re-presentent, selon moi, les sujets debiles. raquo;
M. Duseigneur, apres des eludes et des experien­ces sans nombre, est, comme tant d'autres, tombe dans le seepticisme, il ne croit plus ä la possibilite des progres pratiques de l'art sericieoie, parce qu'il desespere des educateurs.
Dans le meme ordre d'ecrits, je dois citer encore commission
di-s soics.
les rapports annuels präsentes ä la Societeimperiale d'agrlculture de Lyon par sa commission des soies sur ses travaux de chaque annee.
La commission des soies, presidee par M. Ma-thevon, a experiments, avec une rare perseverance, mais avec peu de succes, tous les systemes et toutes les medications proposes dans ces derniers temps pourguerir les vers ä sole.
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laquo; En resume (lit-on dans son rapport de 1867), nous n'attribuerüns pas la jaunisse de cette annee et autour de Lyon ä la presence de l'acide urique; nous ne pensons pas non plus a en accuser les cor-puscules de M Cornalia, et, apr ;s lui, les corpus-culesdeM. Pasteur, car, jusqu'a ce jour, on n'a donne que des assertions confuses et souvent con-tradictoires sur ce sujet. Nous nous en tiendrons done encore aux effets meteorologiques. raquo;
laquo; Resumant de nouveau l'ensemble de notre travail, dit le celebre docteur de Lausanne, nous disons: que les principales maladies des vers ä sole sont dues a une alteration du sang, qui contient des acides uriques et Inppuriques dont les cristalli-sations sont faciiement reconnaissables dans le sang desseche des papillons malades. L'action de ces acides deforme les globules sanguins, les rend etoi-les, les dissout en partie et met k nu leurs nom-breux nucleoles qui, nageant alors dans le sang, constituent les corpuscules oscillants. Geux-ci ne sont done qu'un e/fet, qu'un resullat de l'etal ma-ladif, et n'en sont pas la cause.
raquo; Le remede ou le moyen de mettre fin a ces mala­dies consiste ä elever sur l'arbre meme les vers desti­nes ä la reproduction. Get elevage est facile et d'une reussite certaine, en suivant la methode indiquee. raquo;
Ladite methode consiste a envelopper les vers d'un raanchon en gaze de coton ou en crepe, pour les deux premiers äges, ct en toile metallique pour les ages suivants.
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laquo; Nous affirmons que tout educateur qui prati-quera cet elevage pendant trois annees conseculives verra disparattre les maladies de ses ateliers et obtiendra des reussites supdrieures aux meilleures r^coltes d'autrefois4. raquo;
De tout temps, bien des educateurs ont cm que le vrai moyen de rendre au ver les conditions de l'etat de nature etait de lelever sur le mürier msect;me; malheureusement, ce procede n'est ration-nel qu'en apparence, ou du moins n'est qu'ä demi-rationnel, comme je le prouverai plus loin, en indiquant le parti qu'il serait possible d'en tirer en completant la th^orie sur laquelle il repose. Pour le moment, je me bornerai a dire que ce genre d'education, essaye a toutes les epoques, n'a jamais donnödesrösultals satisfaisants, sauf de rares excep­tions, sans portee ei sans continuite2.
Oertaines personnes plus ou moins competentes crain.ge
pretendent que le grainage industriel, le grainage
industriel et grainage domcstique.
en grand, ou,en d'autres termes, le commerce des graines, est l'une des causes les plus serieuses de la persistance et de la propagation du mal, et ne
' Les principales maladies des vers ä soie el lew guirison. Docteur Chavannes, 1862, p. 101.
1 Les essais d'education sur les arbres, faits I'an dernier dans le Gard, sous le patronage de 1'administration departe-mentale et du Conseil general, n'ontpas ete, on le sail, iris heureux. Ils seront continues, cette annee ; on ne pent que louer cette perseverance.
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voient de salut que dans le retour au grajnage do-meslique.
Une pareille croyance denote une connaissance bien peu appiofondie de la question. De tous temps et en tous pays, il y a eu et il y aura toujours des marchands de graines, et il s'est fail et se fera tou­jours du grainage industriel, parce que, en tous temps et en tous pays, il y aura toujouis des loca-lites, meme en temps normal, qui auronl le privi­lege de produire de meilleures graines que leurs voisines, comme il y en a qui produisent de meil-leurs vins et de meilleurs fruits. Or, de tout temps, on a crie contre les marchands de graines; cepen-dant nul commerce n'oblige a une plus grande pro-bite, car les ventes se faisant presque toujours ä credit, celui qui donnerait de la mauvaise grains en connaissance de cause serait sür non seulement de ne pas etre paye, mais encore de ruiner sa re­putation et son industrieä tout jamais. Au reste, pour que les accusations contre les marchands de graines puissent avoir quelque fondemenl, ilfau-draitadraettre qu'ils possedentun moyen infailiible de reconnaitre la bonne et la mauvaise graine. Enfm, quoi qu'on en veuille per.ser, il est incontes­table, comme le reconnait M. de Quatrefages, que le commerce des graines lt;c a rendu au pays un im­mense service : sans lui, la production des cocons eüt^le presque anßantie en France. raquo;
Mais vous ne nierez pas , me dira-t-on, quele grainage en grand n'empeche d'obtenir de bons
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produits ? Si, je le nierai! par la raison tres simple que lorsque I'insecte en est arrive ä l'etat de chry-salide et de päpillon, il a, comme on dit vulgaire-ment, son bien ou son mal, et l'homme ne peut plus guere !ui etre utile ou nuisible. Que Ton fasse done grainer les papillons en quanlitös plus ou moins grandes, ou par ponies isolees, ils donne-ront toujours de bons ou de mauvais produits, seien qu'ils seront sains ou malades.
Quant a espörer trouver le salut dans le grai-nage domeslique, e'est ignorer que ce grainage n'a jamais ete abandonne: chaque annee, depuisl'in-vasion de la maladie, presque tous les educateurs font des essais de grainage, soil avecleurs propres cocons, soit avec ceux de leurs voisins. J'ai vu meme souvent achetei-, dans ce but, des cocons au prix de 15 a 20 fr. le kilogramme.
Le grainage domeslique ou les petitesEducations Edwaiioni
pour grames.
faites specialemenl pour la reproduction, sont deux choses dislinctas el dont la porlfie est bien differente. Le gouvernenaent, en encourageanl par des primes ces educations, est enire dans la bonne voie, et on ne saurailtrop I'engager a y persev^rer.
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CHAPITRE IV
LEB MICROGRAPHBS ST 1* UAXADIB DBS CORVDSCDUU
Lorsqu'on examine, ä l'aide d'un microscope grossissant trois ou quatre cents fois, le sang ou les tissus d'un ver k sole, d'une chrysalide ou d'un papillon, on y apergoit quelquefois de petits corps ovoides, c'est-ä-dire ayant la forme d'un cocon tres regulier et un peu allonge.
Trouver la nature de ces petits corps anormaux qu'on nommacorpuscules, et surtout determiner I'influence qu'ils peuvent avoir sur-la santö du ver, tel est le problerne qui a fix6 depuis longtemps I'attention d'un grand nombre de savants.
M. Gudrin-M^neville, qui fut un des premiers k les observer, dit k ee sujet (rapport ä l'Academie, 1849): laquo; J'ai vu certains corpuscules, formant la
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— 98 — portion vivante et interne des globules du sang des vers a sole, devenir les racines du botrylis bas-siava, qui constitue la muscardine. raquo;
Le cel6bre Vittadini, dans ses belles expe­riences sur la muscardine (1852), combattil I'opi-nion de l'eminent sericiculteurfrangais. Plus tard, en 1859, Vittadini, et un aulre illustre savant Ita­lien , Cornalia, fonderent, sur la presence des (ftrpuscules dans l'interieur des oenfs de vers ä sole, une melhode qui devait permettrede recon-nailre la bonne graine de la mauvaise. On sait que celte mrthode n'a pas donne, dans la pratique, tous les resultats qu'en promettaient les inven-leurs; car si, comme le dit M. Pasteur, laquo; eile peut permettre l'elimination de beaucoup de lots de graines Ires defectueux, malheureusement, les lots qu'elle conserve sont souvent tres mauvais.raquo;
Plusieurs savants, et, entre autres, MM. Le-bert, Frey et Osino prelendirent que les corpus-cules se rencontraient toujours, et en nombre con­siderable, chez tous les vers ä soie malades. M. de Quatrefages, dans ses interessantes etudes sur la pebrine, trouva que des vers pouvaient etre tres malades et neanmoins etre totalement prives de corpuscules. Vint M. Ciccone, qui donna raisonä tout le monde, en affirmant que les corpuscules se rencontrent chez les vers a soie bien portants tout comme chez les vers malades ; seulement, chez ces derniers, ils se multiplient parfois enormement, sans que cette multiplication pujisse 6tre regardee
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— 99 — comme caractiristique (''aucune affection particu-liere. Cornalia lui mäme avait reconnu la presence des corpuscules dans le tissu et le sang des papil-lons tout ä fail sains avances en age; ce qui fitqu'il n'osa pas proposer d'apprecier la bonte de la graine sur l'examen du sang des papillons.
En 1865, M. Pasteur fut, on le salt, envoye en mission a Alais, par le gouvernement, pour y etu-dier la maladie des vers ä soie. Ge savant academi-cien adopta, de prime-abord, les idees de Vilta^ini, Cornalia et Lebert, et en fit, apres de nombreuses experiences, la base d'un nouveau Systeme de grai-nage.
M. Pasteur ne croit pas que les papillons de-viennent normalement corpusculeux, mais qu'au conlraire, la presence de ces petits corps, qu'il re-garde laquo; comme une production qui n'esi ni vege-tale, ni animale, incapable de reproduction et qu'il faudrait ranger, dit-il, dans la categoric de ces corps, reguliers deforme, que la physiologic distin­gue depuis quelques annees sous le nom d'orga-nites, tels que les globules du sang, les globules du pus, etc.;raquo; que la presence de ces petits corps, dis-je, denote une maladie particuliere qu'il nomme maladie des corpuscules, el qu'onne doit, par con­sequent, souroettre au grainage que les chambrees dont laquo; les papillons en grandemajorite, par exem-ple, dans la proportion de 90 a 95 raquo;/o, sont prives de corpuscules. raquo;
laquo; Considerons, en second lieu, dit M. Pasteur
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dans son rapport au ministre (juillet 4867), rap­port dont il a bien voulu me faire l'honneur de m'adresser un exemplaire; considerons, dit-il, la question de l'existence possible de ces chambr^es exemptes de la maladie des corpuscules. En d'au-tres termes, peut-on esperer trouver dans loutes les localites des chambrees rdussies, privies au degre que je viens d'indiquer de la maladie des corpus­cules ? raquo; Le celebre chimiste se prononce avec assu­rance pour I'afBrmative. Je crois qu'il se fait un peu illusion a ce sujet, car si les chambrees saines etaient aussi abondantes qu'il le croit, on ferait chaque annee, par le seul effel du hasard et dans toutes les lacalites, une assez grande quantite de bonne graine.
Pour soutenir son dire, M. Pasteur cite une chambröe de S^uve, une de Perpignan, une de Ninjes, une d'Alais et les grainages de M. Raybaud-Lange1.
laquo; Je pourrais prolonger cette enumeration, dit-il;: Jone le fais pas, crainte qu'on en abuse. raquo;
1 ^. Ijlaybmid-Lange, djrectq,ar d^ la, ferme-eqoje d^ ^ille-rpls (Basses-Alpes), mal^re une situation eminemment favo­rable, voyait, depuis 1852, tous ses vers perir de la gattine; en 1860, il se decida a faire ce que je conseillai en 1863 (voir dopument B) ä tous les proprtetairaä de grandes msgnane-ries : il divisa autour de lui ses educations ; de plus, cbaque annee il alia cboisir, pour reproducteura, de trte petites chambrees, faites dans les montagnes des environs, et les fit
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m -
Mais il etait Irks important, il me semble, de la prolonger; ce n'est pas quatre ou cinq chambrees qu'il suffisait de citer pour convaincre et rassurer les educateurs, mais une centaine au moins , car ilest assez raisonnabledesupposerqu'on a du sou-raettre au savant experimentateur quatre ou cinq cents lots de graines.
laquo; II existe, dit plus loin l'auteur du memoire, des circonstances encore mal determinees qui ame-nent, d'une maniere spontanee, l'apparilion de la
maladie des corpuscules.....raquo; Cependant la mala-
die, d'apres lui, ne se montrant sensible, pour la premiere, que dans les chrysalides et les papillons, il affirme que laquo; tout educateur qui partira d'une graine issue de papillons non corpusculeux, pent etre assure d'obtenir une chambree preservee, jusqu'au moment de la monlee, de la maladie des corpuscules. Si cette chambree echoue, ce sera, dit-il, sous rinfluence d'une affection intercur-rente, teile que celle des mort-flats, de la grasse-rie, de la muscardine, etc.
raquo; Quelques unes de mes observations, dit en ter-
grainer a la ferme-ecole. #9632;#9632; Six ann^es de reussite consecu­tive ont recompense cette manifire judicieuse d'operer. quot; La saison passee (1867), M. Raybaud-Lange a fait dans les me­ines conditions, mais en s'aidant de l'exanen microscopique, une assez grande quantite de graine, qu'il a livree aux edu­cateurs. (Rapport de M. V. Rendu, inspecteur general d'agri-culture, 1867.)
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minant M. Pasteur, conduisent a se demander si la maladie des corpuscules est bien tout le mal, comma on le croitgeneralement (commele croient quelques uns). Quand eile aura disparu, ou du moins que ses effets aurontete rendus insensibles, lasericiculture aura-t-elle recouvre completement sa situation prospere d'autrefois?...
raquo; Je pourrais soutenir, par de tres bonnes rai-sons, que I'ancienne prosperite sera non seulement reconquise, mais de beaucoup surpassee... Mais par des raisons non moins plausibles, je pourrais etablir que la maladie des corpuscules est associee ä une autre tres ancienne maladie qui entre pour une part dans lefleau actuel, la maladie dite des mort-flats (mais pourquoi la grasserie, le negi one (capelans), la maladie des fondus, la pebrine, etc., n'entreraient-elles pas dans I'asssociation ? Elles y ont les memes droits, ce me semble). En conside-rant sous celte face le probleme, des recherches nouvelles sont necessaires, mais I'aUernative que je souleve sera certainemeni r6solue,dansun sensou dans I'autre, par la grande öpreuve industrielle de Fan prochain sur les graines des chatnbrees dont j'ai parle dans ce rapport. raquo;
M. Pasteur, quoique ayant raison, pourrait bien elre trompe dans son attente, car il est bien rare, en sericiculture, que les epreuves industrielles don-nent des resultats tres concluants, et lors meme que cela arrive, il n'est pas toujours prudent de s'y fier. Combien de fois, en effet, ne voit-on pas
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— 103 — les fails prouver blanc, pendant un, deux, trois, quatre, cinq ans, etpuis, lout d'un coup, prouver mir, sans qu'aucune circonstance paraisse chan-gee? Aussi voit-on invariablement tous ceux qui commencent a s'occuper de la question sericicole elre tr6s affirmatifs les premieres annees, el puis, peu ä peu , le devenir beaucoup moins, el finir, la plupart du temps,par lomber dans ledecourage-ment el le scepticisme.
Au reste , le Systeme de grainage de M. Pasteur vient trop avanlageusement confirmer les resullals de mes propres Eludes pour que je veuille le deni-grer en rien'.Je me plais, au contraire, ärecon-nailre que ce serait rendre un immense service aux educaleurs que de leur apprendre a faire de la bonne graine a l'aide du microscope, avec les chambrees bien reussies quele hasard pourra mel-tre a leur portee; mais leur apprendre a obtenir des chambrees bien reussies , exemptes non seule-menl de la maladie des corpuscules, mais deloutes les autres maladies, me parail un service non moins grand el le point fondamenlal de la question.
M. Pasteur a loutes les qualiles requises pour Irouver, tot on lard, la solution complete du grand
1 A Monsieur de Masquard, ä Saini-Cemire-les-Nimes.
Alais, Ic 15 join 1S67.
Monsieur , Je rtponds ä votre lettre du 8 courant, dans laquelle vous
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et difficile problamp;ne qu'il Studie depuis trois ans avec une persistance et un devouement si dignes d'öloges; mais, pour une pareille täche, il ne suffit pas malheureusement de possöder une immense science, il faut encore 6tre un peu magnanier, etre un peu au couranl des routines et des öcueils du mutier.
Si, m'inspirant demon experience pratique, il m'ötait permis , dans l'interöt de la söriciculture, comme dans l'intöröt des Etudes de M. Pasteur, de lui donner quelques conseils, je l'engagerais, avant de commencer ses 6tudes de cette annee, ä se nourrir de la lecture de nos vieux auteurs, comme il s'est döjä nourri, un peu trop exclusive-ment peut-6tre , de la lecture des micrographes.
me priez d'examiner plusieurs lots de cocons portant les eti­quettes suivantes :
1.nbsp; Education specials pour graines, reproduction Japon.
2.nbsp; Reproduction industrielle Japon.
3.nbsp; Education industrielle d'importation directe du Japon.
4.nbsp; Education speciale pour graines, reproduction Portugal.
5.nbsp; Education industrielle, reproduction Portugal. Voici le resulfat de mon examen:
N0 1. Sur 13 papillons examines, un seul Uait atteint de la maladie des corpuscules.
Ndeg; 2. Sur 17 papillons examines, un seul etait atteint de cette maladie.
Nraquo; 4. Examen de 4 chrysalides et de 5 papillons, tous pri-ves de corpuscules.
Nraquo; 5. Examen de 6 chrysalides et de 5 papillons, tous pri-v^s de corpuscules.
En resume, si ees resultats se soutiennent dans une etude
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Et, une fois de retour ä Alais, je l'engagerais aussi ä sortir, un pen plus souvent, de son laboratoire pour courir la Kampagne, et suivre, en masse, les educations de deux ou trois villages places dans des situations assez variees. Une saison de pareilles courses lui en apprendrait plus peut-etre que trois ou quatre saisons de laboratoire. De plus, je lui conseillerais encore, au lieu de s'attacher, dans ses experiences particulieres, exclusivement ä la question des corpuscules, de s'occuper surtout de celle de l'alimentation du ver.
Determiner, d'une maniere scientifique, l'in-fluence que la nature du sol, le climat, la culture, la greffi', la variete du plant, son äge, etc., peuvent avoir sur la qualite nutritive de la feuille du mu-
portant sur un plus grand nombre de sujets, vous pourriez compler sur la graine de ces rinq sortes de cocons et ne pas craindre, l'an prochain, la maladie des corpuscules...
Le n0 3 seul permettra de formuler un jugement deflnitit: encore ne renferme-t-il que 32 cocons; mais il parait tres sain.
Agreez, etc.
L. Pasteüe.
Si de ces cinq lots de cocons on distrait le nraquo; 2, qui avait ete ä dessein soumis ä des conditions moins' avantageuses, et qui n'a pas 6t6 livrö au grainage, il rösulte que, sur 50 sujeta examines, deux seulement etaient corpusculeux. Je dois ajou-ter que l'exanv n microscopique que j'ai fail moi-meme, en le faisant porter sur un tres grand nombie de sujets a pleine-ment confirme les resultats trouves par M. Pasteur ; seule­ment, j'ai trouve les nquot;raquo; 1 et 4 superieurs.
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— 106 — rier, tel est le probleme sur lequel doit se porter, aujourd'hui, l'attenlion des savanis ; voilä assez longlemps qu'on discute surla temperature, I'aera-tion et les soins : questions utiles sans doute, mais secondaires, selon moi.
Que M. Pasleur veuille bien suivre la voie que lui indiqueront nos vieux magnaniers; qu'il veuille bien elre le chef de l'ecole de l'avenir, et moi, simple agriculteur, qui fais de la science comme les savants font de la sericiculture, c'esl-a-dire un peu a lätons.je m'enrölerai des premiers aunotn-bre de ses disciples.
Par le present apergu, que j'ai abrege autant qu'il ra'a ete possible, on voit que i'histoire de ['art d'elever les vers ä sole, comrae i'histoire generale, ou comme celle du christianisme, peut se rcsumer en trois pcriodes distincles :
ioLa periode ancienne, ou periode des evange-listes et des Peres de l'Eglise : Olivier de Serres et Boissier de Sauvages ;
2o Laperioie moyen äge ou des scolastiques : Damiolo et Camille Beauvais ;
'}o La Renaissance, ou periode moderne, ä peine en enfance, et dont je puls, avec quelques droits, reclamer d'avoir ete le Jean Huss *, par mes premieres publications.
' De Bonnechose, les Re/orma/eicrs avant la Reforme.
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Mainlenaiit le lecteur, suffisamment au couranl de la matiere, pourra juger, en connaissance de cause, de la valeur des theories contenues dans la seconde partiede cet ouvrage.
l-t.\ DE 1,1 I'KKiillilu: IMKTIK
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LES MALADIES
DES VERS A SOIE
IV DOCUMENTS
(A)
MAIRIE DE MIMES ----- CABINET DU MAIRE
Conrs pnbllc amp; Salnt-C^Hlre
Messieurs de Masqitard et Vieles, ä Saint-Cesaire.
Dimes , le quot; avril 1848. Messieurs ,
Le projet dont vous me faites part par votre lettre du 6 avril 1848, me parait inspire par une pensee louable, et je suis tres dispose a le sanctionner par mon appro­bation.
Initierles populations des campagnesaux grands eve-nements de l'histoire generale, aux secrets des sciences naturelles, propager les bonnes met bodes agricoles, c'est rendre un service signale aux habitants eloignes des foyers litteraires et scientifiques.
Je vous remercie , Messieurs , de 1'offre desinteressee que vous voulez bien me faire.
Veuillez m'adresser le programme des cours et m'in-
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diquer en mfime temps les heures et les jours consacres aux lemons.
J'en ferai I'objet d'un avis imprime qui sera afflche dans le hanieau de Saint-Cesaire.
Agi'eez , Messieurs, l'assurance de ma parfaite consi­deration.
Le president de la Commission municipale, E. Cacsse.
ACADEMIE DE MONTPELLIER ----- INSPECTION DU GARD
Ims.rut-tioD pnbllque
A Monsieur de Masquard.
Nimes, le 2 Kvrier 1866.
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous informer que vous etes autorise ä faire, deux, fois par semaine, un cours elementaire de droit rural aux adultes qui suivent la classe du soir de l'insliluteur public de Sainl-Cesaire-les-Nimes.
Recevez , Monsieur, l'assurance de ma consideration dislinguee.
Pour I'inspecteur d'Academie, empfiche : L'inspecieur primaire deligue,
GUIBERT.
En mettant sous les yeux du lecteur les deux lettres ci-dcssus, j'ai voulu lui prouver : premierement, que, pour I'instruction publique, comme pour les autres su-jels que j'ai eu l'occasion de trailer, avant de faire de la theorie , j'avais commence par faire de la pratique , et secondement, que mon eslime pour les instituteurs n'etait pas nee d'aujourd'hui et seulement pour le besoin de ma cause.
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(B)
DE L'EDUCATION DES VERS A SOIE
d'apres les piincipes suivis en Lomiardie.
De la bonne feuille et de l'air. NIJIES 185J
PREMIfiRE PARTIE
I. — Importance, de la qualite de la feuille. Culture et taille du tnürier pour en obienir de la bonne feuille.
Qu'OD eiöve des an'maiu pour en obtenir flu toil, de la viande, du Irnvail ou do In soio, le produit qu'ils dnnneront sera tun-Jours en raiaon Oe la qualite nulntive des aliments dont on les aura nourris.
(Axiome d'agriculture.)
Combien avons-nous, en France, d'educateurs qui s'inquietent suflisamment de la qualite de la feuille qu'ils donneront a leurs vers? Bien peu. La seule chose que cherclie a obtenir le plus grand nombre, c'est beaucoup de feuille, sans s'embarrasser si eile contiendra assez de princlpc nutritif pour que le ver y trouve une alimen­tation sullisante et assez de principe soyeux (resineux) pour qu'il puisse recueillir, dans la quantile qu'il en consommera pendant sa vie, de quoi' faire un bon cocon '.
1 On sait que la feuille du murier se compose de cinq substances diff^rentes ; 1deg; la substance fibreuse: c'est la par-tie coriace de la feuille ; eile ne sertque de vehicule aux par-
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Le proprietaire qui cultive le murier pour en vendre laleuille est excusable d'en agir ainsi: tant pis pour ceux qui la lui achetent; mais non celui qui veut la faire con-sommer. Que ce dernier so persuade bien qu'avec la meilleure graine possible, avec le meilleur Systeme d'e-ducation, il n'aura que des resultats mediocres, s'il n'a ä donner ä ses vers qu'une feuille aqueuse et coriace commecelle qu'on recolte surlesquatre cinquiemesdes müriers du departement, et qtie, s'il survient des pluies abondantes pendant I'education, sa feuille deviendra de si mauvaise qualile qu'il verra, au moment de la mon-tee, un grand nombre de vers, les reservoirs soyeux vides, se transformer en chrysalide sans avoir de quoi faire un cocon. D'autresqui, quoique ayant recueilli de quoi se faire une mince enveloppe, n'ayant pas assez de vigueur pour la construire, jetteront leur sole 9a et la surla litiere etse transformeront dessus. Etsi, en tout, il obtient de 15 ä 20 livres de mauvais cocons par once de graine, c'est le plus qu'il puisse esperer.
On aurait tort dc croire que la quanlite de l'aliment puisse jamais suppleer ä sa qualite. Si un nombre donne de müriers ne pent produire que 20 quintaux de bonne feuille, et que, soit en laillant court, soil en fumant for-
.
ties utiles, et joue a peu pres le meme role que le son dans le grain de ble ; 2deg; la matiere colorante : eile est sans effet, sur l'alimentation du ver ; 3raquo; I'eau, qui n'est ulile qu'en pe­tite proportion, car I'exeSs en est aussi nuisible ä la qualit6 de la feuille que I'exces dans le raisin en est nuisible ä la qualite du vin ; 4deg; la substance sucree, qui estseule nutritive ; 5deg; la substance resineuse, qui, recueillio peu ä peu et elabo-ree par le ver, forme le principe de la sole. Ainsi, plus la feuille contient de principe sucre et de principe resmeux, plus le ver devient robuste, croit rapidement et fait un cocon cbarnu.
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tement, vous In! en fassiez produire 30, ne comptez pas en obtenir davantage de eocons, au contraire, car vous avez detruit la qualite de votre feuille et rendu 1 educa­tion plus difficile. Vous n'avez auginente le poids et le volume de la feuille que par raugmentation de la partie fibreuse et de la partie aqueuse, c'est-ä-dire des parties inutiles; c'est — qu'on me passe la metaphore ä cause de sa justesse — du son que vous avez mis dans le pain du ver et de l'eau que vous avez mise dans son vin. Si done, avec 20 quiiiuuix de bonne feuille, vous aviez ob-tenu 100 livres de bons eocons, vous n'en obtiendrez que 80 livres, au plus, de mediocres , avec les 30 quin­tans de mauvaise feuille.
Ce'.a est aussi vrai qu'il est vrai que deux, chevaux nourris avec du bon foin et de l'avoine feront plus de travail que deux aulres, de memeäge et de meme taille, nourris avec de la paille et du mauvais foin, et quoique ayant consomme un plus grand volume de nourriture. Cela est encore aussi vrai qu'il est vrai qu'on retirera plus d'alcool de deux tonneaux de bon vin que de trois tonneaux de piquette.
La chose la plus importante ä l'education est done d'obtenir de la bonne feuille , c'est-ä-dire de la feuille contenant une forte proportion de matiere nutritive et de matiere soyeuse, et une faible proportion d'eau et de matiere fibreuse.
On y parviendra facilement par les moyens suivants :
En ne fumant que les arbres plantes dans un terrain maigre, ou ceux, tres vieux, qui, ayant öpuise le sol qui les entoure, commencent a deperir ;
En ne eultivant que la variete ä feuille moyenne, qui a l'avantage de moins craindre la gelee, de donner moins de innres, et de donner, ä culture egale, une bien meilleure feuille que la variete ä grande feuille ;
En se contentant d'elaguer l'arbre sans le raecourcir.
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les trois ou qualre premieres annees de la plantation, car non seuletnent la feuille en deviendra plus vite bonne, mals il aura une croissance bien plus rapide;
En tenant le milieu de l'arbre tres ouvert, afln que les rayons du soleil etl'air puissent y circuler librement;
En n'adoptant pas une taille uniforme, comme cells en usage, mais en la variant, au contraire, seien Tage, la vigueur de Tarbre, la qualitc du terrain dans lequel il est plante, et selon la secheresse ou l'humidite de la saison. L'arbre jeune, vigoureux et plante dans un sol gras et humide, doit etre taille tres long et tres rare-ment; l'arbre vieux, ou l'adulte plante dans un terrain maigre et sec, peuvent etre tallies plus court et plus sou-vent. ! uand le printcmps et l'ete sont tres pluvieux. on ne doit pas tailler cette annee lä, ou tailler tres long et laisser beaucoup de bois.
En resume, qu'on persevere dans la taille annuelle ou qu'on adopto l'assolement de quatre ans conseille par MM. G. de Labaume et F. Boyer, dans leur excellent traite sur le müder, on dolt avoir pour but, en taillant, d'oblenir plutöt de la bonne feuille que d'en obtenir beaucoup; car, comme je me suis efforce de le demon-trer, si la qualite de l'aliment est d'une importance ma-jeure dans l'eleve de tons les animaux, celte importance est double pour le ver a sole, puisqu'il doit trouver dans le sien non seulement la substance qui le fera vivre et croilre, mais encore celle qu'il doit elaborer et trans­former en soie.
Dans certaines localites de l'Italie, on ne taille jamais le murier; on le laisse croitre en liberte, et on I'elague de temps en temps, apres la cueillette. Ainsi conduit, il devient tres grand et tres vieux, et donne une grande quantite de feuille, difficile a ramasser, il est vrai; mais cet inconvenient est bien peu de chose aupres de la bonne qualite qu'acquiert la feuille.
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Dans d'autres localites, on le taille tons les six ä sept ans, en mars, et on l'elague dans l'intervalle ; l'annee de la taille, on ne ramasse pas la feuille, aulant dansl'inle-rdt de l'arbre que dans celui de la reussile de la cham-bree.
Dans quelques autres localil^s, on le taille tons les deux ans et rarement tous les ans; mais alors on taille tres long.
Aussi, quoique dans un sol qui lui convientmoins que le nötre, il vieillit presqueautant qu'ici, croit plus rapi-dement, et, chose, je ne cesserai de le repeter, la plus importanledetoutes! donneunefeuille bien plussoyeuse et bien plus nutritive que celle que nous lui faisons pro-duire ici par la taille courle.
DEUXlfiME PARTIE
Inbsp; lquot;. — Methode d'education suivie en Lombardie '.
IInbsp; n'existe plusen Lombardie de grandes magnaneries. On pourrait meine dire qu'il n'en existe pas du tout.
Tout local, quelle que soit son exposition, est trouve parfait pour l'education, s'il y a, au moins, deux fenetres vis-ä-vis l'une de Tautre et une cheminee. En abandon-nant les grandes magnaneries, on a abandonne l'usage des poeles et des fourneaux2.
On n'eleve que 1 ou 2 onces de ,graine dans le
1 Cette partie, sauf quelquea details nouveaux, est extraite du Memoire sur la sericiculfure de VItalie sepientrionale, que j'ai soumis ä la Societe d'agriculture du Gard et au Co­rnice agricole d'Alais, en aoüt 1852.
' Jusqu'en 1814, epoque a laquelle Dandolo falsait ses ex-
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m£me local. Sur la fin de l'education , les vers envahis-sent toute la maison. 11 serait diflicile , a cette epoque , de trouver dans un village, et meme dans la plupartdes petites villes, une maison dont une seule piece ne Cut pas occupee par des vers a soie. C'est ce qui explique comment on pent, sans se servir de grandes magnane-ries, recolter l'enornie quantite de cocons que produit ce pays.
Les proprietaires , en Lombardie , sont generalement tres riches; ceux qui font valoir eux-mfimes leurs pro-prietes sont inflniment rares: its les donnent ä demi-fruit, en petites parties, ä divers paysans. 11s exercent, malgre cela, une grande surveillance sur les cultures et surtout sur l'education des vers a soie. Ce sont eux qui font la graine , qui la soignent et la font eclore ; apres 'eclosion , ils distribuent les vers a leurs metayers.
L'incubation se fait dans une chambre appelee etuve , chauffee par un poele en brique. Ce procede, decrit par Dandolo, et qui depuis s'est peu modifle, est pratique avec beaucoup de discernement par quelques uns de nos educateurs eclaires; mais le plus grand nombre ne donne pas a Pair de l'etuve le degre d'humidite convc-nable '.
periences et ecrivait son ouvrage, on etait dans l'usage de ne faire, comme aujourd'hui, que de petites educations ; il fut im des premiers a en faire une de 5 onoes dans le mime local. Si Ton s'en otait tenu a cette quantite, le mal n'aurait pas ete grand ; mais des chambrees de 5 onces, on passa bienlot a celles de 10, de 20, de 30, etc., jusqu'a ce que, mraquo;lgr6 tous les moyens d'aeration et toutes les machines de ventilation qu'on put imaginer, la diminution rapide des recoltes prouva qu'on devait se häter de revenir aux petites educations.
' L'incubation dite naturelle, malgrö tous ses vices, a I'avan-tage de tenir les oeufs dans un millieu d'air constamment
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La graine est tenue, pendant le courant de l'annee, dans une piece froide et seche, situee au Nord. Quelques jours avant Tincubalion, on la transporte dans un en-droit pluschaud, et on I'y lient jusqu'äce qu'onla mette dans l'etuve, qui,autantque possible, est situee au Midi. Si on a ä faire eclore une grande quantite de graine, ce qui arrive le plus souvent en Italie, on etage l'etuve comme une magnanerie, en laissant libre, cependant, la partie basse et la parlie elevee , l'une parce qu'elle est trop chaude et l'autre trop froide.
Comme ici, on etend la graine sur des cadres dont le fond est en toile claire, ou bien on la met dans des sacs en gros papier gris tres poreux; on les pose ä plat sur les tables de l'etuve, et, quelques jours avant l'eclosion, on decoupe la parlie superieure du sac, afin de meltre la graine ä decouvert. Ce second precede , mis en usage dans la province de Brescia , est loin de valoir le pre­mier.
Les deux premiers jours de rincubation , on ne fait pas de feu, mais on laisse les fenelres ouvertes toute la journee, pour que la graine subisse l'influence de la cha-leur naturelle.
Le troisieme jour, on tient la temperature de l'etuve ä 12deg; Reaumur.On se dispense de faire du feu, si on ob-tient ce degre en tenant les feuetres ouvertes.
Le quatrieme jour, on eleve la temperature a 13deg;; le cinquieme jour, a 14deg;; le sixieme jour, a 15deg;; le septieme jour, ä 16deg;; le buitieme jour , ä 17deg;; le neu-vieme jour, a 17quot; 1/2 ; le dixieme jour, a'180. Si l'eclo­sion n'est pas terminee ce jour-lä, ce qui est rare, ou
humide, ce qui a lieu bien rarement dans I'incubation a l'etuve; aussi commence-t-il a s'elever centre cette dernifere de nombreuses plaintes.
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maintient la temperature a 18deg;, jusqu'a ce qu'elle le soit.
Pendant le cours du premier age , on descend de 17deg; a 16*. Pendant le deuxieme age, on descend de 16deg; a ISquot;. Le troisieme age se fait a la temperature naturelle qui , a cette epoque, est au moins ä 14quot;, une grandlaquo; partie de la journee ; on n'a recours au feu que si le temps de-vient tres froid. Pendant le quatrieme et le cinquieme age, le feu devient, dit-on , si dangereux qu'on n'en fait plus , quel temps qu'il fasse.
En general, on ne suit pas tres exactement les degres de chaleur enonces ci-dessus : on se tient presque tou-joursau dessous, surtout la nuit '. On rcgarde le feu non pas comme une chose indispensable, mais comme un accessoire dangereux dont lä privation totale estbien moins ptejudiciable quo Tabus.
On tient des vases pleins d'eau dans la magnanerie, et Ton arrose frequemment, si Ton fait du feu, afm deren-dre ;i fair I'humidite que la chaleur artificiclle Ini fait perdre. C'est surtout pendant 1'incubation qu'on est attentif a maintenir I'humidite de l'air. A mesure qu'on eleve la temperature de l'etuve, on redouble les arrose-ments.
Pendant toute l'education, et surtout pendant le cin­quieme äge et la montee, on aere le plus possible. On
1 Le refroidissement de la nuit, ne füt-il pas une chose toute naturelle, qu'il serait prudent de maintenir, la nuit, ;a temperature a un ou deux df gres au dessous de celle qu'on ä eue pendant le jour; par la raison que, la nuit, fair etant plus calme, I'aeration devient plus difficile, et que tel degre de chaleur qui serait sans danger, le jour, pourra produire une touffe la nuit, surtout avec Ihabitude que Ton a ici de fermer completement la nuit.
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donne au mot aerer une portee bien differente de celle qu'on lui donne en France. Je neveux pas parier deceux, qui tamponnentjusqu'aux fissures des portes, mais de ceux, plus avances, qui croient aerer sufflsamment une chambree de 15 a 20 ouces en ouvrant quelques soupi-raux ou le quart d'une croisee, que le magnanier s'em-presse defermerdesquelemaiire a tourneledos ; aussi, en entrant dans une de oes magnaneries, eprouve-t-on la memo suffocation, le mtjme malaise qu'on eprouve a I'approche d'un orage.
En Lombardie, par aerer, on entend ouvrir entiere-ment portes et fenetres. S'i! souffle un vent tres fort, on ferme du cöte du vent seulement. Lors menie que la tem­perature soil tres froide et que Ton fasse du feu, on ne ferme jamais completemenl. Du cöte du Midi, pour in-cepter les rayons du soleil sans avoir ä fermer les fenfi-tres, on suspend au devant desnattes en jonc, en paille ou en rameaux de chätaigniers; on les eloigne du mur par le bas avec de petites baguettes pour laisser libra acces a I'air. Au commencement de l'education, on laisse peu ouvert la nuit; un peu plus du deuxieme au qua-trieme äge , et duquatriemeäge ä la montee, etsurtout pendant la montee, on laisse les fenetres ä demi ouver-tes la nuit.
Les educateurs pretendent que rien n'est plus dange-reux que le manque d'air, lorsque le ver fait son cocon; que la muscardine et les diverses maladies qui le saisis-sent ce moment-lä n'ont, le plus souvent, d'autre cause. De leur cote, les filateurs pretendent qu'H leur est tres facile de reconnaitre les coconsformes dans des magna­neries fermees; que, outre que, sur ces cocons, il y ena toujours une plus grande quantile de faibles, ils font beaucoup plus de dechet ; que le brin, manquant de force et d'elaslicite, est beaucoup plus cassant, et que, de plus, la sole qui en provient n'a pas une aussi belle
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apparence que celle des cocons fails dans des magnane-ries ouvertes.
Dans le premier age seuleraent, on coupe la feuille. On donne alors un repas chaque heure, ou au moins toutes les deux heures ; plus tard, on les donne ä des intervalles plus eloignes, sans jamais les compter pour-tant. Sit6t que les vers ont fini de manger, on donne un nouveau repas : leur appetit seul sert de regle ; aussi, grace :'i cela et a la bonne qualite de la feuille, quoiquc l'education se fasse, comme on vient de le volr, a une temperature plus basse qu'en France, eile n'y dure guere plus longtemps.
On ^vite avec le plus grand soin de donner de la feuille mouillee ou seulement humide; aussi ramasse-t-on, cha­que jour, la provision du lendemain. SI le temps est in-certain , on fait provision pour deux ou trois jours. La feuille etant molns aqueuse que la notre se conserve bien plus longtemps fraiche.
On ne connait pas I'usage si commode des filets : on delite avec des feuilles; malgre cela, on delite tres sou-vent, silöt que la litiere est un pen epaisse. De la qua-trleme mue a la montee, on redouble les delitements. On ne laisse jamais les vers dormir sur la litiere ; des qu'on en volt quelques uns commencer a s'assoupir, on delite. On prefere deranger ces quelques uns que d'ex-posertoute la chambree ä perir, s'il survenait une touffe ou si un magnanier Imprudent en creait une (ce qui arrive blen souvent Id). Le proprietaire est, sur ce point, d'une tres grande severite; il ne confieralt plus un seul ver au paysan qu'll surprendrait laissant accomplirla mue sur la litiere. On comprend, en effet, que, dans ce moment de crlse, le ver alt besoin plus que jamais d'etre a I'alse et de respirer un air pur.
Les tables sont dlsposees a peu pres comme ici , mais on ne les appule Jamals au mur; elles ont un reborden
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planche: le fond en est forme de grosroseaux refendus, clones ä demi-pouce de distance les uns des autres, ce qni fait que le papier qu'on place dessus est en contact avec I'air.
Pour donner le bois, on se sert de bruyere que Ton place, comme dans les Cevennes, droite, appuyant d'une table a l'autre. Des que les vers sont montes sur la bruyere, on delite et on laisse la magnanerie ouverte jusqu'au moment de la vente, sans craindre que les co-cons diminuent de poids.
Ce n'est pas sans peine qu'on est parvenu, en Italic, a atteindre ce perfeclionnement dans I'education. Les proprietaires, voyant que, malgre leurs recommanda-tions, leurs exhortations, leurs menaces meme, leurs metayers, comme nos magnaniers, s'obstinaient aetouffer les vers, sous pretexlede les preserver du froid ', eurent recours a un moyen violent et qui paralt radical: ils de-chirerent les papiers qui sont tendus sur les chassis ä deux battants, seule fermeture des fenetres. Ce precede n'eut pas tout le succes qu'on pouvait en attendre : les proprietaires partis, les papiers furent recolles. Que firent alors ceux-ci, qui, n'ayant pas coutume, comme les proprietaires frangais, de se laisser faire la loi par leurs magnaniers, ne voulaient pas ceder dans cette lutte
' A-t-on jamais vu ou entendu dire qu'une chambr^e ait p6ri par le froid ? Personne n'a pu, ni en France, ni en Lom-bardie, ni en Pifimont, ni meme en Savoie, m'e.n citer un seul example.
J'ai vu dans les Cevennes quelques magnaneries bäties a pierres seches ; quoiqu'on y fasse du feu, le tbermom^tre y atteint a peine 11 ii 12deg; ; lorsque le temps est froid, et lors-qu'il fait le moindre vent, lou lun s'y amousso (la lumi^re s'y steint), me dit le propri^taire d'une de ces magnaneries. Et cependant on y reussit constamment!
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de la routine contre la raison ? Ils flrent enlever enliere-menl la boiscrie des fenfilres. Par ce dernier moyen, les paysans se virent forces, bieu a contre-cCEur sans doute, de laisser reussir leur chambree comma cela ne leur etait jamais arrive.
Depuis lors, I'augmentation considerable de la re-colte, la bonne qualite que les cocons acquirent, la dis-parilion des maladies qui enlevaient, chaque annee, un tiers ou un quart des chambrees, firent adopter le mode d'aeration generalement suivi aujourd'hui.
Ce qui prouve combien, grace a la meihode d'educa-tion qu'on vient de lire, les reussiles sont assurees et la bonne qualite des cocons certaine, c'est que les trois quarts des ventesse font quatre a cinq mois ä l'avance. et souvent d'une annee a l'autre. Les prix de pareilles ventes s'etablissent a 10, 15, 20 centimes, etc., au dessus de la moyenne des prix qui se pratiqueront a la recolte'.
Allez demander de pareilles conditions au fllateur fran^nis, vous verrez comme il vous recevia ! 11 s'es-time bienheureux, le pauvre homme ! lorsque, apres avoir fait choix d'une montre sur vingt a Irente donl il a palpe les cocons un ä un , on lui apporte une chambree passable.
II faiit dire aussi que le fllateur lombard s'inquiete beaucoup du succes de I'educallon. C'est lui qui decide la qualite de cocons qu'on doit garder pour graine, ou bien il donne la graine lui-meme ; il donne des conseils sur Teducation. Le proprielaire tienten Ires grande con­sideration les avis qu'il regoit de lui, s'y conforme en-
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1 Le prix des cocons est cote legalement ä chaque march^, comme ici le prix des eaux-de-vie. Cela evite bien des dis­cussions.
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ti^rement et s'en trouve toujours bien. Je n'ai jamais compris celte indifference, cet anlagonisme mamp;me, qui existent en France entre l'educaleur et le filateur. Ils devraient mieux comprendre , Tun et l'autre , que leurs interets sont etroitement lies.
g 11. — Education des chambrees pour la reproduction.
Faire de la bonne groine arec des cocons
S roTeoant de vcrs robnstet n'est pas plus iflkile, ii moo avis, que d'obleair de beaux cbevauz avec des 6laloDs pur sang.
iMtmoire sur la sericictilture de l'Halte septentrlonale.)
Le Systeme suivant, conseille par plusieurs auteurs italiens, n'est que rexageralion,ou mieux, le perfection-nement des piincipes qui president ä l'education ordi­naire. Los quelques proprietaires de la Briance qui ont commence a le meltre en pratique en ont obtenu d'ex-cellems resultats.
En void un court expose :
Choisir pour cette education la piece la plus exposee au Midi, et par consequent la plus chaude ;
IN'elever que 1 once d'oeufs dans un local oil on peut en meltre 2 ou 3, alia que les vers soient bien a I'aise ;
Faire eclore a une temperature Ires basse de 15 ä 16deg; au plus;
Deliler tres souvent, au inoins tons les deux jours, pendant le quatrieme el le cinquieme age;
Ne donner pendant toule l'education que de la feuille de vieux müriers non tallies et non lumes depuis plu­sieurs annees, et situes autant que possible sur des coleaux,ou au moins dans un terrain mediocre et sec;
Ne faire du feu que les deux ou trois premiers jours,
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si le temps est tres froid; passe cela', ne plus en faire, quel temps qu'il fasse -,
Laisser les fentitres ouvertes jour et nuit, depuis le commencement jusqu'a la fin de l'education.
On comprend facilement que des vers ainsi conduits puissent acquerir une grande robusticite , et il est cer­tain qu'en suivant cette inethode, nous arriverions bientöt ä produire de la graine aussi bonne que pos­sible.
Si on ne faisait pas la graine sur le lieu meme, et qu'on eüt a transporter les cocons, on devrait les placer sur des claions, sur une epaisseur d'un demi-plan au plus, afln qu'ils ne puissent pas s'echaulTer pendant le trajet.
Les personnes qui ne voudront faire de la graine que pour elles, pourront prendre , apres la premiere ou la seconde mue , les vers qui leur paraitront les plus vi-goureux et les soumettre au regime ci-dessus.
Quant a la maniere de faire la graine, je donnerai plus tard un extrait du memoire cite plus haut, dans lequel la maniere de la faire en Briance est rapportee avec beaucoup de details.
TROISlfeME PARTIE 11. — Conseils avx educateurs.
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Ce n'est, on I'a vu, ni une methode nouvelle d'educa-tion bätie sur de pompeuses theories, ni l'emploi de machines coüteuses et d'un effel plus ou moins proble-matique donl je viens proposer I'adoption, mais une me­thode simple, facile, et dont refficacite a ete demontree, non par I'esperience d'un seul homme —qu'est-ce que
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l'experience d'nn seul en pareille raatiere ? — mais par celle de tout un peuple qui est parvenu ä rendre chez lui la recolte descocons la plusabondante et la plus as-suree de toutes les reeoltes , a tel point que, le prix des cocons s'y maintint-il constamment de 2 fr. ä 2 fr. 50 le kilogramme , cette recolte y serait encore plus lucrative que toutes les aulres '.
Jamals peut-etre , en France , le moment n'avait ^te aussi favorable pour operer une reforme dans l'art d'ele­ver lesvers äsoie. L'educateur, decourage par des echecs successifs, n'a plus la confiance qu'il avait autrefois dans les mauvais precedes de la routine. II est aussi in-certain surlamaniere dontil doit conduiresa chambree que sur le choix de. la graine qu'il doit employer 1.
Qu'on lui prouve que tout ne git que dans la graine ; que la mauvaise graine n'est que la consequence d'une mauvaise methode d'educatiou ; qii'a l'edueation pro-chaine, il voit, chez lui ou chez Tun de ses voisins, qu'en employant des procedes plus simples et plus rationnels que ceux qu'il a suivis jusqu'ä present, on peut obtenir des resultats bien superieurs ä ceux auxquels il etait ha­bitue, meme dans ses plus beaux jours de succes, et Ton verra s'accomplir, avec beaueoup plus de facilite qu'on ne l'aurait cru , une reforme radicale qu'il aurait ete de
' En Briance, on obüent en moyenne 125 livres de cocons par once de graine de 25 grammes. Dans les autres localit^s de la Lombardle, la moyenne est un peu moindre, mais eile est cependant au dessus de 100 livres par once. Dans Tun et l'autre cas, la quanüKS de feuille consommee est environ de 14 ä 15 quintaux (725 k. en moyenne) par once de graine.
111 est des proprietaires qui mettront, cette annee, de la graine de cinq ä six provenances, d'Ilalie, d'Espagne, de Syrie, des Cevennes, etc.
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toute irnpossibilite d'atteindre, il y a quelques annees , nialgre les plus grands efforts '.
Teile est ma eonviclion ; tel est le but vers lequel ten-dent tous mes efforts !
Je crois en avoir assez dit sur Teducation pour que reducateur sache quels sent les points sur lesquels doit le plus se porter son attention. II ne me reste qu'a lui donner quelques conseds pour lui faciliter l'adoption de la methodc lombarde, et ä combattre les objections que la routine a dejä elevecs contre eile.
Voici quels soul les conseils que je crois utile d'ajou-ter; I'importance en sera comprise surtout par les per-sonnes qui, soit chez elles, soit d'une maniere generale, ont tente d'introduire quelques perfectionnements dans l'eleve des vers ä sole :
Autant qu'on le peut, ne faire que de petites educa­tions, ou vendre sa feuillc a ceux qui peuvent en faire, ou bien la donner, a demi-fruit, en petites parties Si on ne peut rien faire de cela ä cause de l'eloignement de tout centre de population , et qu'autour du domaine les pierres soient abondantes, circonstance tres frequente dans bien des localites du departement, on pourra faire construire des magnaneries de 4 ä 5 onces, ä pierres se-ches , ä ties peu de frais, en y employant les domesti-ques de la ferme pendant l'hiver, lorsque lestravaux des champs sont suspendus. On pourra, de plus, pour le quatrieme, le cinquieme äge et la montee , construire dans line situation abritee des hangars dont on fermera le cote nord par une cloison en briques ou en planches
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' II est certaines localites oü l'education des vers a soie a fait d'importants progrte clepuis quelques annöcs; mais j'iScris d'une maniere trop gönerale pour tenir compte des excep­tions.
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et les trois autres cotes par des toiles epaisses, qu'on tendra la nuit seulement ou lorsque la temperature sera plus basse qu'elle ne doit I'etre naturellemenl ä celle epoque; on pourra, sans le nieme danger qiie dans les magnaneries bien closes, y placerplusieurs poeles '.
Si on ne pent avoir recours aux moyens que je viens d'indiquer, et qu'on soit Jans Tabsolue necessite d'avoir de grandes magnaneries, on les construira ties etroites ; qu'elles contiennent deux rangs de tables au plus et pas plus elevees que nos appartements d'habitation ; qu'elles soient isolees an moins de trois cötes, et que les fene-tres en soient tres grandes et tres nombreuses.
De plus, on devra alors survoiller soi-meme l'educa-tion pendant line, annee ou deux, et Ton prendia, s'il est possible, un magnanier qui n'ait Jamals cleve des vers ä soie et qui ait toujours habite un pays oü l'on n'en eleve pas, par la raison qu'il est bien plus facile d'inslruire un ignorant que de deraciner les prejuges d'un fanalique. Le magnanier qui n'ama jamais vu de vers ä soie comprendra vos raisons, suivra vos avis avec exactitude, tandis que le vieux magnanier, fanatique de la routine, prefererait se faire renvoyer que d'y renon-cer, et, quoi que vous fassiez, quoi que vous disiez, il fera toujours ä sa tete 5 et si, comma cela arrive tou­jours, la chambree que vous lui avez confiee reussit mal.
' J'ai recueilli dans les Cevennes quelques faits qui prouvent de quelle utilite pourraient etre des hangars pour terminer l'education : il est arrive plusieurs fois que des personnes ayant trop de vers dans leur magnanerie, en ont place, sous la remise de leurs charrettes, une partie dont le sacrifice elait decide ; ä leur grand etonnemcnt, ces vers ont toujours mieux röussi et donne de meilleurs cocons que les vers conserves dans la magnanerie.
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ou pas du tout, il dira que c'est parce que vous, qui n'y entendez rien, avez vouluvous möler de lui donner des conseils: ce qui ne sera pas fait pour vous consoler de li perte que vous auront causee son incapaciie et son mauvais vouloir.
Si Ton ne pent ou si Ton n'ose pas se debarrasser de son magnanierhabiluel, on devra rendre la magnanerie difficile ä chauffer, en remplagant les poeles et les four-neaux par descheminees, etimpossiblea fermer comple-tement, soil en meltant le plafond ä claire-voie, s'il ne I'etait pas, soit en fermant au moins la moilie des fene-tres, si ce n'est toules, avec des persiennes senlement on avec de simples rideaux en teile claire ; car, je le re-pete, on ne peut recolter que des muscardins on des cocons tres mediocres dans une magnanerie facile ä fermer et facile ä chauffer, surtout si eile esttres grande, tres elevee et carree.
$11. — Objections de la routine. Conclusion.
Bien des personnes que, par leur savoir en d'autres parlies, on ne soupcjonnerail pas si disposees, pour celleci, :i sacrifier leur raison sur le vieil aulel de la la routine, m'ont dit: laquo; Nousne pouvonspas adopter le Systeme suivi en Lombardie, parce que notre climat est moins chaud, et que, si nous ne faisons que tres peu ou point do feu, I'education sera plus longue et il nous faudra davantage de feuille, et, les grandes chateurs arrivant avant qu'elle soittorminec, le succes en devien-dra plus incertain. raquo;
C'est justement ä cause de la consideration que j'ai pour les personnes qui m'ont fait ces objections que j'attache une plus grande importance ä les combattre.
iVolt;re climat n'est pas aussi chaud : C'est une grande
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erreur. Le climat de la Lom bardie est plus froid de 1 a 2deg; en raoyenne que cdui de notre departe-ment. Les variations atmospheriques, les orages, les grands vents y sont aussi frequents qu'ici. Le climal de la Briance, plus froid que celui des autres parties de la Lombardie, a une grande analogic avee celui des Ccvcn-nes ; l'air y est tres pur et tres vif.
Si nous ne faisons gue tres peu ou point de feu, I'educa-tion sera plus tongue: Elle sera plus longue, en effet, si, en ne faisant que peu ou point de feu, vous continuezä tenir lout ferme, car vous avezainsi dans votre magna-nerie l'air malsain et la temperature d'une cave ; mais eile ne le sera pas plus, si vous faites penetrer, aulant que possible, dans votre atelier, la chaleur natu­relle et la lumiere, qui donnent ä tout vigueur et vie. Jusqu'a ce jour, il n'y a que le champignon de couche qu'onaitpu cultiver avec succes dans l'obscurite des caves.
Et, lors memeque I'education dureraitquelques jours de plus, quel mal y aurait-il ? Sont-ce les fruits qui mu-rissent le plus vite qui sont les meilleurs ? Croyez-vous qu'une chambree pressee vaille mieux qu'un ble presse' ?
It nous faudra davantage de /älaquo;!(f/e ; C'est vrai, non pas parce que I'education sera plus longne, mais parce que les vers, plus robustes, auront meilleur appelit. Au lieu de chercher a economiser la feuille, tiichez, au con-traire, de leur en faire manger le plus possible; car, plus ils en mangeront, plusils vous donneront de cocons, et plus ces cocons seront bons. Si, comme eela parait
1 On dit qu'un ble est presse lorsque la maturite en a ete trop batee par de subites et fortes cfaaleurs; alors le grain en est retrait et peu farineux.
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suffisamment prouve, le ver n'est, pour ainsi dire, qu'une machine animee qui extrait, pourrelaborer et la transformer en soie, la matiere resineuse contenue dans la feuille du mürier, il y a avantage, pendant quo la ma­chine est en fonclion, de lui donner a extraire le plus de matiere possible. Ainsi celui qui, au moyen du feu, cherche ä häter sa chambree pour economiser quelques quintaux de feuille, celui-Iä agit contre son interet, car il cree non seulement des causes certaines d'insucces, mais il diminue la quantite de soie que ses vers auraient du lui produire. Quel est le laboureur qui abregcra la journee de ses attelages d'une heure ou deux, pour eco­nomise!-quelques livres de fom chaque jour ? On taxe-rait de folio celui qui agirait ainsi. Copendant, combien ne voit-on pas d'educateurs qui se rejouissent, qui se gloriflent memc d'avoir termine leur education quelques jours avant leurs voisins, et d'avoir ainsi economise quelques quintaux de feuille!
Et, les grandes chaleurs arrivant avant que Vcducation soit termince, le succes en deviendm plus incertain : Tout ä l'heure, c'etait lefroid que craignaitle ver; main-tenant, c'esl la chaleur. Si, en effet, la temperature de cette epoque pent lui faire courir ici de graves dangers, que serait-ce alors en Espagne, dans le midi de ITlalie, en Afrique, en Grece, en Syrie et dans les diverses autres parties de l'Asie centrale oil on en eleve ?
La chaleur naturelle ne pent etre un danger que pour les grandes magnaneries mal aerees etdans lesquelles tes vers sont entasses sur une liliere epaisse , tandis que , pour les magnaneries bien tcniics, eile est un puissant auxiliaire dont on doitse servir le plus possible.
Le ver ä soie esl un animal cree pour nattre, vivre et mourir dans le courant du printemps; il est done dans sa nature de supporter sans danger une chaleur plus forte vers la fin de sa vie qu'au commencement. Si nous
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Quelle fatalite etrange a done pese sur l'eleve de ce precieux insectc pour que , lorsqu'il s'est agi de lui, nous soyons loujours tombes dans I'absurde' ? Est-ce le gain que nous avons entrevu qu'il pouvait nous donner qui, en excitant en nous un appetit desordonne, afausse notre raison?
Pourquoi ne savons-nous pas lui appliquer les prin-cipes rationnels que liiomme le plus ignorant salt appli­quer a tous nos autres animaux domestiques?
Nous avons assezlongtempsjoueäson egardle röle de l'ours de la fable2 #9632;, cessons, pour 1c preserver de dangers imaginaircs, do I'entourerde toutesces precautions pue­riles ou absurdes qui sont pour lui aulant de causes de mort ou de maladie.
Ce n'est pas le froid, ce n'est pas la chaleur, ce n'est pas davantage I'electricite, ni le vent, ni I'orage, ni les variations brusques de la temperature que le ver redoute; c'est notre sottise et notre aveugle routine.
1 Quelle idee plus extraordinaire peut-on avoir que celle de croire que, pout obtenir des ceufs bien fecondes du pa-pillon du ver a sole, il soit indispensable d'interrompre son accouplement ? Sur quel raisonnement solide s'appuie-t-on pour soutenir I'utilite d'une pareille coutume ? D'ou vient que nous n'ayons jamais songS a I'appliquer a d'autres animaux ?
1 La Fontaine, liv. ill, fab. 10.
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Nourrissons-le avec de la bonne feuille; faisons-le vivre ä 1'aise dans un air pur et sans cesse renouvele , et nous le verrons se maintenir toujours robuste et don-ner constamment d'excellents produits, tant en graine qu'encocon.
Eugene de Masquabd. — 1853.
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(C) EDUCATION DES VERS A SOIE
EN CHINE
d'apräs les ienseignements foumis par un missionnaire cMnois.
LETTBE DE H. FORTH-ROUEN
Minislrf de France m Saxe, ancien minialre pltuiiiotentiaire en Cbine .
An moment oü je m'occunais d'ecrire dans I'imerieui' de la Chine pour faire venir les vers a soie dcmandes, .j'avais anpres de rooi un missionnaire chinois qiii a habile les provinces de la Chine oil Ton s'occupe le plus de l'eleve des vers ä soie. .Vai eu de longues conversa­tions avec ce brave eci'lesiaslique sur ce qui se passe ii ce su jet en Chine, ot ce qui suit est une analyse de ces conversations. Je la transmels, dans la pensee qu'il pourrait bien s'y trouver quelques details interessanls inconnus dans nos magnaneries.
C'est au commencement du mois d'avril, lorsque les leuilles du mürier commencent a sortir par bourgeons, que Ton s'occupe de l'eclosion des versa soie.
Dans la Tartarie mongole,aux environs de Geho, pays
1 Bulletin de la Societe imp^riale d'acclimatatiou, mai 1861.
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dont la temperature est plus froidc que celle de la France, il laut quelques precautions pour amener la graine ä un degre de clialeur süffisant pour pouvoirpro-voquer I'eclosion. On injecte avec la bouclie de l'eau sur cette graine jusqu'a ce qu'elle soit legeremeut liumec-tee ; cnsuitc on l'enveloppe avec du colon. On la met dans un endroit oil la chaleur est tcmperee, ct on la couvre avec un vase ; on la depose dans un creux pra­tique dans la terre, renfermant le meme degre de cha­leur. Dans l'espace de trois ou quatre jours, quelquefois cinq el six, la graine commence a eclore, el il sort de pel!Is vers, ayant l'apparence dc fourmis noires.
Ailleurs, les elevenrs de vers ä soie ont l'habitude de porter sous leur vetement la graine, afin de lui coinmu-niquer leur clialcur naturelle ; deux jours sudlsent pour determiner I'eclosion.
L'eclosion n'a pas lieu pour tons les vers en meme temps : il y en a qui naisscnt avant les autres ; on ne leur donnc pas a manger avant que I'eclosion soil com­plete : on aimc mieux perdre ceux qui, venus les pre­miers, nepourraient supporter celle privation de nour-rituro '.
Quand tous sont eclos, on les elend sur des feuilles do papier, en se servant d'nne plume pour eviler le con­tact de tout aulrc objct qui pourrail les blesser, el on leur donnc alors des feuilles de mürier Ires tendres et coupees en Ires pelils morccaux. 11 ne faut jamais don-ner de feuilles trempees de pluie ou mouillees de rosee;
1 Cette coutume est tres raauvaise ; on ne doit jamais lais-ser jeuner les vers lorsqu'ils viennent de naitre ; en tenant les retardataires dans la partie la plus chaude de l'atelier, et en leur donnant un ou deux repas de plus par jour, ils atteignont bientöt les premiers nes.
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on doit avoir prealablement le sein de bien laquo;ssuyer ces feuilles avec un linge sec ; autrement les vers niour-raient tous de dyssenterie. On leur donne six fois par jour des feuilles nouvelles, do quatre en qualre heures.
Cinq ou six jours apres qu'ils soul eclos, arrive 1'epo-quo de leur premiere nine. Des qu'ils out atteint la lon­gueur d'un demi-pouce, ils coumiencent a changer de peau, et, pendant cc changement, qui dure ä pen pres vingt-quatre heures, quelquefois davantage, ils demou-rent sans renuier et sans manger, dans un etat complel d'engourdissement. Lorsque cette espeee de sommeil se manifeste pour tons en meme temps, il y a espoir de les elever avec succes ; mais quelquefois il y en a qui sortent plus vite que les antres de cetle lethargie pour ehercher leur nourriturc: 11 ne faul pas leur en donner, ils pcuvent rosier ainsi un ou deux joins sans manger, el quoiqu'ils chcrchenl avidement cetle nourrilure, ils soul a memo d'eu supporter la privation pendant eel espaee de temps. Si on leur donnuil one lois ä manger, ils ne pourraient plus s'en abstenir ; il faudrait conti-nuer^ el la secoude mue s'opcrciait encore d'une nia-niere partielle. 11 est done preferable d'attendre pour les nourrir que tous soient sortis de leiir sommeil, afm qu'ils arrivent ensemble a l'epoquo de la seconde mue.
Cinq a six jeurs apres cc reveil, ils dorment une se­conde fois, et changent encore dc peau. Ce changement a lieu qualre fois. Apres leur quatrieme nine efTectuee, ils prennent une couleur luisanle ; leur corps, surtout la panic de la tele, devient en quelque sorte transpa-rant : alors ils no mangent plus, et ils cherchent ä faire leurs cocons.
On a prepare d'avance des rameaux d'arbres, ou des tiges de froment ou de riz liees en gerbes; on les met deboutsur quelque objeteleve de lerne, que lesfourmis ne puissent pas alteindre ; puis on prend les vers qui
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ont cette couleur luisante, et on les place sur des ra-meaux ou liges, en repandant autour d'eiix des feuilles de muricr, pour le cas oil ils eproiiveraient encore le besoin do quelque nourrilure.
Lorsque le temps est froid, il fant echauffer la cham-bre pour qu'ils aient plus de force pour faire leurs co-cons : cela dure ordinairement vingt-quatre heures ; faute de prendre ces precautions, ils pourraient ne fmir leurs cocons qu'au bout de deux jours, et ces cocons seraient alors beaucoup moins bons.
A Canton, au lieu de paquets de tiges, on se sert de machines de bambou dans lesquelles on met les vers pour qu'ils fassent leurs cocons, et au lieu d'echauffer I'endroit dans lequel ils se trouvent, on se contente d'exposer les machines et les vers a la chaleur du soleil,
Depuis l'epoque de l'eclosion jusqu'ä celle oil les vers font leurs cocons, il s'ecoule, si le temps est bon, envi­ron un mois ; quarante jours, si le temps est froid ou mauvais.
C'est dans la province de Hou-pe quo se trouvent les gens les plus habilcs dans la pratique du filage: un homme y peut filer, en un jour, deux ou trois livres' de fll de sole. Dans le district de Chun-te, le filage, par jour et par homme, n'excedc pas cinq onces 2. On no parvient pas ä enlcver entierement les fils des cocons; il y a toujours un residu, et l'envcloppe mince qui re-couvre le ver, tandis que daus le Hou-pe* on file le co-con de maniöro qu'il n'en reste rien, et le ver se trouve completemenl ii nu. La machine sur laquelle on attache les commencements des fils est fort grande, et en la fai-
La livie, ou kin, est de 602 giammes environ. L'once, ou liang, est de 37 grammes 1/2 environ.
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sant tourner vite par un mouvement du pied, on les devide jusqu'ä la fin.
Dans le district de Chun-ie, la machine dont on se sert est tres petite : celui qui la dirige la fait aller par un mouvement de la main droite, et arrange de l'autre main les Als des cocons qu'il a pies de lui; c'est pour eela que I'operation inarche plus lentement. Dans le Tche-kiany, on fait usage d'une machine tout a fait semblable pour la forme ä celle du Hou-pe, mais dont la dimension etant moindre, ne pent pas, dans son mou­vement de rotation, lirer les fils des cocons aussi bien qu'avec Tautre.
L'enorme difference en moins qui existe entre la quantite de sole produite, par jour et par homme, dans le Tche-kiang et dans le Cliun-le provient, sans aucun doute, bieu plus de I'inferiorite dos cocons que de rimperfectioa des outils ou des precedes de filage. Ce qui le prouve, c'est que, quoique le devidage soit beaucoup plus lent dans ces deux provinces, les co­cons nese depouillent pas entierement, comme dans le Hou-pe. En Europe, c'est aussi dans les contrees qui produisent les meilleurs cocons que se trouvent les plus habiles fileuses.
Dans la province de How-pi, pour avoir de la graine, on conserve quelques cocons; chaquo famille qui eleve des vers ä sole en garde quelques dizaines : cela suffit pour la reproduction. On choisit des cocons qui ont la forme ronde, et d'autres la forme conique, en nombre egal. An bout de sis ou sept jours, la chrysalide ren-fermee dans I'interieur se transforme en un papillon, qui s'ouvre un passage et s'echappe du cocon par le Iron qu'il y a pratique. Des que les papillons commencent a
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sortir, il faul avoir le soin de les accoupler. Les males et fenielles donieurent reunis pendant qualre heures, otau boiit de ce temps on les separe; on jette les males, et on met les fenielles sur un linge : elles y deposent aussitöt lems graincs. Si Ton n'avait la precaution de les separer, ces papillons rcsteraient le plus souvent unis, et moiirraient ensemble.
II n'y a pas d'autre preparation a faire, pour conser-ver la graine, que de rcnvelopper dans un linge ou dans du papier, et de la suspendre dans une chambre bien aeree. II lui laut une temperature conslaniment douce, pas trop chaude, sans quoi il y aurait eclosion trop rapide. Quelques eleveurs out I'habitude d'injcc-ter sur la graine, aussitöt qu'elle a ete deposee par la femelle, un pen do vin et de chaux, dans le but de la preserver des antics vers et des rats. Dans ce cas, apres I'hiver passe, on met la graine dans I'cau tiede melee de sei, pour lui onlever la couche de chaux qu'on y a appliquce ; on la lave ensuite avec de 1'eau douce, puis on la met secher au soleil, et on la suspend dc nouveau, en I'exposant au contact de l'air frais, jusqu'au com­mencement du mois d'avril, epoque de I'eclosion.
II est generalement d'usage d'elever une seule fois des vers a soie dans le cours de l'annee ; il y a fort pen d'eleveurs qui en nourrissent deux fois, les fils de la se-conde nutrition etant moins bons que ceux de la pre­miere. Dans la province de Tclie-Kiang, les families qui nourrissent le ver a soie, ne prennent pas le soin de conserver la graine.
En Chine, probablement, comma en France et en Italie, dans les contrees oil Ton n'est pas dans I'usage de faire grainer, ce n'est, de la part de l'educateur, ni indolence, ni ignorance de ses vrais interets, comme
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— al­le croient certains auteurs mal renseignes, imis parce que rexperience lui a demontr6 que la graine qu'il fabriquait avec ses propres cocons etait constamment inferieure k celle qu'il pouvait- se procurer dans les localitös voisines'.
Dans cette province, comme dans celle du Rou-pe, on distingue aussi deux especes de vers, que l'on designe parle nom de han, c'est-ä-dire sales, ils no font qu'une recolte , et de tan, insipides ou pen sales, qui donnent trois ou quatre recoltes par an. On nc cullive pas par­tout de la mome maniere le mürier, et celte difference a sans doute de rinfluence surlescocons qui produisent les vers, independamment peut-etre du climat, dans les diverses provinces oü l'on s'oecupe de l'education des vers a soie.
Dans In Hou-pe, les müriers ne sont pas greffes ; ils sent tons francs de pied et croissent en grands arbres ; ils fournisseut d'uno seulo fols quolqucs charges de fenilles. Dans le Tchi'-fciang, au cöntraire, Ions sont greffes et croissent a unc hauteur mediocre ; on ne peut cueiUird'un arbre •-#9632;u'iine seule charge de feuilles. Dans le district de Chunte, on plante les müriers dans les champs comme des choux et sans les greller. A l'hiver, on les coupe en iaissanl seulement des tiges de quatre a six ponces de hauteur ; au printemps, ces tiges pous-sent de nouveau, mais sans atteindre plus de cinq ä six pieds d'elevation. Les feuilles du murier les plus belles sont celles du Tche-kiang , olles sont plus grandes et plus epaisses que celles qu'on recolte dans le tlou-pe et le Chun-Ii : c'est ä la greife que l'on doitattribuer cette difference remarquable.
V. page 93, de la premiere partie, Grainage industrial.
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Au Tche-kiang, et surtout au Chun-te, on fertilise les terras oü croil le mürier en y mettant de la boue des etangs et des canaux autour du pied de ces arbres. Au Hou-pe, on n'a recoups ä uucun cngrais ; on laisse les müriers croltre et se developper naturellement.
En resume, par les int^ressants details qua l'on vient de lire, on voit:
1deg; Qua les precedes d'Education suivis an Chine n'auraient rien de bien different des nötres, sice n'est le salage de la graine que nous croyons ne pas avoir plus d'influence que le lavage au vin en usage chez nous ;
2raquo; Que dans le Tc'ie-ldang, oü le mürier est greift, tailleet fume, les cocons sent dune qualite inferieure et impropres au grainage ;
3deg; Que dans le Ckun-lc, oh le mürier n'est pas greife, mais oü il est plus fume el plus taille que dans le Tchd-kiang, les cocons sontaussi mediocres et pro-bablement aussi impropres au grainage ;
4deg; Que dans le ffou-pi, oh le mürier n'est ni greife, ni taille, ni fume, les cocons sont, tant pour la filature que pour le grainage, d'une superiorite si grande qu'elle parait, de prime abord, incroyable.
E. de Masqüard.
{Courrier du Gard, 16 juillet 1861.)
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quot;
(raquo;)
FRAGMENTS
extralis du
RESUME DES PRIKCIPAM TRAlTliS CHUVOIS
sur la Culture da mörier et TEducation des rers ü soie
Iraduit par
M, STANISLAS JULIEN
(1837J
CULTURE DES MURIERS
OBSERVATIONS GENKHALES
L'empfireiir donna ä chaque honnne vingt arpenls de terre, ä la condition de planter vingt-cinq pieds de muriers. {Annales de la dynastie des Wei. — Memoires sur les vivres et le commerce.)
Un decret imperial portait :
Si, parmi le pcuple, il so trouve des liommes qui defrichcnt des terres incultes et plantent unc grande quantite de muriers, on n'exigera d'eux que l'ancienne taxe. {Histoire de la dynastie des Song.)
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DES D1FPEBENTES ESPECES DE MÜHIEES
1deg; Les petits müriers (les müriers nains), qui ont dc longues branches, s'appcllcnt niu-sang (müriers dos femmes) Qti-sang. (Dictionnalre Eul-ya.)
2deg; Le yen-sang, on chan-sang, est le nuirier sauvage , le miirier de montagne.
3deg; Le tseu-sany ou mürier ä graines ; son fruit pousse avant ses feuilles.
4deg; Le miirierappele lihi-sang (c'est-ä-dire mürier des poules); ses feuilles sent vcinees dc rouge, elles out pen d'epaisseur; les vers ä soie qui s'en nourrissent donnent mi cocon mince qui fournit pen do soie.
5quot; Le mürier blanc; il donne des feuilles epaisses, qui sont larges comme la main ; les cocons des vors qui s'en nourrissent renferment unc soie forte et abon-danle, etc.
Les differentes especos de müriers sont fort nom-breuses; nous no pouvons les decriro toutes. Los plus estimes sont ceux du pays de Lou et du pays de Khing. Les feuilles do ces derniers sont minees, pointuos et partagecs en lobes ; les vers qui s'en nourrissent don­nent une soie ferme et forte.
Les feuilles du mürier de Lou sont arrondies, epaisses et remplies de sue; elles conviennent a la nourrituro des vers qui sont dejä grands '; celles du mftrier de Khing conviennent aux vers qui sont encore petits.
Les details sur la maniere de semer et planter le mü-
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' On a fait dans le temps, en France, des essais sur le
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rier sont assez nombreux; mais corame ils seraient peu utiles au lecteur, vu que les procedes employes en Chine pour ces operalions ne different guere, au fond, des procedes employes en Europe, je les laisse dc cote. Seulement, la reproduction du mürier par boutare, et aussi par marcotte, est assez usitee, surtout pour le mürier de Lou. (E. de M.)
MANIERE DE TAILLEll LES GHASDS MURlEliS
Dans la province de Chang-tong, au nord du fleuve Jaune, on suit la methode suivante :
Lorsque Ic mürier s'est eleve ä la hauteur de cinq ou sept pieds, depuis l'epoque de sa transplantation, on coupe les branches du sominet. Cornme on aura rotran-che les branches du centre, cellos qui restent croitront dans unc direction horizontale et croitront en dehors.
Lorsque I'arbre a atteint son maximum de force et de croissance, on doit couper dans 1c centre la tige et les branches.
11 y a trois sortes de branches qu'il faut necessaire-ment retrancher:
1deg; Les branches qui pendent vers les racines;
2deg; Cellos qui so jettent en dedans et penjent vers le tronc;
3deg; Celles qui croissent deux ä deux, on doit en cou­per une;
4deg; Celles qui, bien quo croissant dans une bonne direction, sont trop epaisses et trop touffues.
mürier Lou, qui avait cte grandement preconise ; mais les educations faites avec la feuille de cet arbre ne donncrcnt pas de bons riisultats, (E. de M.)
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Le dernier mois de l'annee (Janvier) est le plus favo­rable pour la taille ; le mois qui suit Test beaucoup moins.
GREFFE DU MCBIER
On lit ce qui suit dans I'ouvrage intitule Sie-nong-pi-yong :
II est avantageux de greffer des branches du miirier de Lon (grande cspece de mftrier) sur Je tronc du mü-rier de Khing (du mürier nain).
Lorsqu'on veut greffer de grands muriers, il convient de 1'aire usage de la (jrejj'c en fente ou de la gre/fepar insertion.
Quant aux petits müriers, les greffes les plus favora-bles sont celles en oreille de cheval (c'est-a-dire la greffe en flute) et par compression (c'est-ä-dire la greffe en ecusson).
EDUCATION DES VERS A SOIE
OBSEBVATIONS PRELIMINAIRES '
On lit dans I'ode intitulee Tche-lin:
laquo; Les müriers croisscnt sur les collines escarpees et le peuplier dans les vallees humides. raquo;
Ce passage montre qu'on pouvait elever des vers ä sole dans le royaume de Tlisin.
' J'ai donn6, dans ma Dedicace, plusieurs extralts IMs de cette partie du R6sum6. (Voyez pages vi et suiv.)
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Le pays de Thsin correspond a That-youan-fou, qai est aujourd'hui la capitals du Chan-si. Cette province est situee dans le noid da la Chine. (Stanislas Julien.)
On lit dans I'odo intitulee Hoang-i' :
a On peut cultiver et moissonner les cinq especes de graines dans les contrees les plus froides de la Chine ; on pent egalement cultiver les miiriers sous quelque temperature que ce soil. raquo;
BAI.VS Ql'E L ON DONNE A LA G1UIM. DE VERS A SOIE
II y a des personnes qui arrosent la graine avec de l'eau salee. Cette operation s'appelle sien-tsan, e'est i dire bain des vers ä sole. Cette graine ainsi lavee pro-duit les vers les plus cstimes. (Sin Kouamng-ki.)
l!n outre auteur dit :
En general, lorsqu'on veut conserver de la graine de versa soic, on etond les leuilles sur des planches de bambou, en faisant en sorte qu'elles no soient pas ex-posees au vent ni au soleil. De plus, on les couvre avec une etoffe de soic, de pcur que les papillons ou les insectes du colon ne les mangent.
On attend qu'il y ait beaucoup de neige, soit le pre­mier jour de la derniere lune, soit dans le courant de la derniere lune, et Ton etend au milieu de la neige les feuilles couvertes de graines -, au bout d'un jour, on les retire et on les etend de nouveau sur les planches de bambou, et on les couvre comme auparavant avec une etoffe de soie.
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ACTRE OUVRAQE
Au solstice d'hiver, et le huitieme jour de la derniere lune, il lie faut pas baigner la graine dans une eau trop profonde. Apres I'avoir fait tremper, on la retire. Le quinxieme jour de la lune (lorsqu'elle est dans son plein), on prend plusieurs feuilles couvertes de graines et on les roule ensemble ; on les lie solidement avec une corde d'ecorce de müriers (ou do colon); puis on les suspend devant le vestibule, au haut d'une perche, afin qu'elles recoivent le froid qui se fait sentir dans les derniers jours de l'annee. Apres le premier jour de l'an, on re-prend les rouleaux et on les met debout dans un vase de terre. Au bout d'une dizaine de jours, on observe le moment oü le soleil est clevo sur l'homon, et Ton retire les feuilles du vase. Chaque fois que le temps a ete sombre ou pluvieux, on les expose ainsi h la chaleur du soleil aussitöt qu'il vient ä paraitre.
.....Quand l'epoque de l'eclosion approche, vous
transportez les feuilles couvertes d'oeufs dans une cham-bre oil elles soient h l'abri du vent et du soleil; les vers ä sole naitront tons ensemble.
Le huitieme jour de la derniere lune, on fait tremper les feuilles couvertes d'ecufs clans de l'cau oü on a fait bouillir de la cendrc do branches de mürier, ou de la cendre d'herbes ; on les retire au bout d'un jour.....
Pour faire eclore la graine, on I'enveloppera dans du colon. Le soir, on la couvrira avec les vetements chauds qu'on a porles pendant le jour ; le matin, on I'envelop­pera dans la eouverlure du lit. Quand la graine est eclose, on doit echaufl'er les vers ä l'aide du feu ; mais, quand ils ne sent pas encore sortis de l'oeuf, il faut bien
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se garder de les faire eclore au moyen de la chaleur du feu. (Autre auteur, p. 99.)
Dans le district de Kia, on expose les feuilles de pa­pier couvertes d'oeiifs a la rosee du ciel, ou bien on les lave dans de l'eau de chaux ; dans le district de Hon, on se sert ordinairement d'eau de sei.....
Le douzieme jourdu dernier mois de l'annee, on inet tremper les feuilles jusqu'au vingt-quatrieme du mois, c'est-a-dire pendant douzc jours entiers, apres quoi on les retire et on les fait egoutler.....
Les personncs qui exposent los feuilles ä la rosee du uiel le font exactcment ä la meine epoquo. Elles niet-tent les feuilles sur des corbeilles d'osier qu'elles pla-cent aux quatre angles du toit, et les chargent chacune d'une petite pierre pour les rctenir. Elles les abandon-nent ainsi ä la gelee, ä la neige, au vent, ä la pluie, au tonnerre et aux eclairs. Elles les rclirent au bout de douze jours; ensuite elles les scrrent dans une boite jusqu'ä l'epoque appelec Thsing-ming (jusqu'au 5 avril). Trois jours apres (le 8 avril), les vers eclosent d'cux-inemes, sans avoir besoin de la chaleur des vetements ou des couverturcs du lit.
laquo;iOrniBITüRE DES VERS A SOIE
Thsi-min-yao-chot!.
Cliaque fois quo vous donncz ä manger aux vers ä soie, levez les stores des fenotros, et baissez-les des qu'ils ont fini de manger. La lumiere donne de l'appetit aux vers ä soie. Apres avoir beaucoup mange, ils crois-sent et grandissent.
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Nong-sang-tsi-yao.
Vers la fin de l'automnc, lorsque les feuilles de mü-rier ne sont pas encore jaunes, il faut en cueillir une grande quantitc. On les fait secher et on les brise do maniere ä les reduire presque en farine. II faut les con-server dans un lieu cliauffe par un feu qui ne produise aucune fumee. Elles serviront I'annee suivante pour nourrir les vers ä soic de priiitemps, apres cliacune do lours nines.
Saniere de nouppir les vers ä soio naissants.
II faut couper frequeimnent des feuilles de mürier en filaments trcs menus et les repandre legeremeut ä l'aide d'un tamis. On doit distribuer de la nonrriture sans interruption. Dans I'espace d'une heure (deux de nos heures), on leur donnera environ quatre rcpas, ce qui fail quarantc-huil repas dans I'espace d'un jour et d'une nuit.
Quelques personnes — dit un autre auleur — n'en donnent que trente-six dans le memo intervalle de temps. Voici lä dessus nion opinion : les vers naissants ne se nourrisseut que du sue des feuilles. Si leurs repas ne sont pas multiplies, ils ressemblenta de jeunes nour-rissons quon priverait de lait depuis leur plus tendre enfance ; dans la suite, ils ne manquent jamais d'etre faibles et chetifs et de tomber malades.
Le matin, si le temps est pur, on pent relever les stores des fenetres, situees an levant, et pendant la journee celles qui se trouvent dans line direction oppo-see au vent.
Lorsqu'on aura transporte les vers apres leur premier sommeil, on leur donnera six repas dans I'espace d'un jour et d'une nuit. Le second jour, on augmentera peu
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a peu la quantite des feuilles. On pourra ouvrir les fe­nfires ä moitie.
Apres chacun des repas, on doit faire le tour des eta-geres, et si Ton apeixioitsur une claie une place vide, il faut la couvrir de fenille quo Ton parsemera de farine de riz.....
La farine de feuilles (feuilles ciieillies en aulomne et sechees) qne I'on repand sur les feuilles fraiches remplit le corps des vers ä sole (c'est-ä-dire cst tres nourris-sante) et les dispose ä faire un cocon ferine et epais donl la sole est d'une force remarquable.
Quand on a coupe les feuilles, on y injectc une rosee d'eau fraiche dans une egale proportion ; puis on y re­pand, d'une maniere uniforme, de la farine de feuillc passee au tainis.
Apres le grand sonimcil des vers ä soie (le troisicnic soinineil), on leur donnora, ä certains intorvalles, de trois a cinq repas do cette especc.
Si, pendant que les retaidataires dorment, vous sus-pendez la nourriture de leurs devanciers, ceux-ci lau-guiront de faim et de faiblesso, el, en outre, vous serez oblige d'attendie, pour donner ä manger ä ceux-ci, que les retaidataires soient eveillcs. Un grand nombre d'en-tre eux conlracteront des maladies, et vous reeolterez tres peu de soie.
MEME OLVRAGE
Les feuilles qu'on donne aux vers ne doivent etre ni humides de rosee, ni sechees au vent ou au soleil, ni impregnees de mauvaises odeurs; car des qu'ils en auraient mange, ils contracteraient des maladies. Si Ton a soin de conserver d'avance une provision de
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feuille pour trois jours, on n'aura rien ä redouter des longues pluies; les vers ä soie ne mangeront jamais de feuilles humides, et en meme temps i!s ne souffriront jamais de la faim.
träniere de regier la temperature.
La mere des vers ä soie (la personne qui les soigne) doit porter un vetemcnt simple (c'est-ä-dire non double). Elle reglera la temperature de 1'atelier suivant la sensa­tion du froid et du cliaud qu'elle cprouvcra. Si clle sent du froid, eile jugera necessairement que les vors ä sole onl froid, etalors clle augmentera le feu; si eile sent de la dialeur, ellc conclura que los vers ä soie ont aussi tropchaud, ct alors eile ditnimiera convenablcment Ic feu. Si le vent est au midi, eile levera les stores des (e-nctres du nord, s'il ost au nord eile levera les stores du cöte du midi; 1'air qui cntre par un cote oppose ä la direction du vent ne pent nuiro aux vers ä soie (p. 132).
Hi
AliTKE AL'TEUR
#9632;
Voici un protede pour rechauffer I'atelier : On se sert d'un long fourncau muni de brancards pour qu'il puisse etre porte par deux hommes. Lorsqu'on a repandu les feuilles sur les vers ä soie, on attend qu'ils soient monies sur ces feuilles, et alors on commence ä entrer avec le fourneau, qu'on aura soin d'allumer an dehors de I'atelier. II faut quc 1c feu se compose d'un brasier ardent; on le rccouvre d'un lit de cendres pour empucher qu'il ne s'eleve line flamme rouge el brillante. Quand les vers a soie ont fini de manger, on remporte le fourneau. Lorsque ensuite on donne d'autres repas, on rapporte le fourneau a chaque fois. Alors les vers a soie
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echappent aux maladies que leur cause la chaleur; mais si on introduit le fourncau lorsquo les vers ä soic ont faim, ils gagnent aussitöt de rechauffement.
TRANSPORT DES VERS A SOIE
11 faut enlever frequcmment les crottes des vers a sole; si on no les enleve pas elles s'echauffent, en s'echauffant clles fermentcntet degagentdesmiasmes putrides. Dans la suite, un grand nombre de vers ä soie devienncnt blaues et meurent.
Chaque fois qu'on transpoite les vers ä soie, il faut les distribuer sur les claies de maniöi'c ä laisser de l'es-pace enti'c eux ; s'ils etaient trop rapproches, les plus forts mangeraicnt aux depens des plus faibles.
Les gens de la campagne disent vulgairement:laquo; Lors-que Ics crottes des vers ä soie sont scchees et eparpil-lees, c'est signe qu'ils se portent bien. Lorsque les crottes torment des plaques humides et d'un blanc lui-sant, cela annonce que les vers ä soie sont malades ; il faut les changer promptement de claies, raquo; etc.
Hoany-siny-lsing dit : n Quand on veut transporter les vers a soie, on repand d'avance sur d'autres claies de la balle de riz broyee au moulin ; cela les rend sains et dispos, et les preserve de maladie. Quelqnes personnes les changent ä l'aide d'un lilet qu'elles parsement de feuille de mürior.raquo;
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ENTREE DES VEKS A SOIE DANS LA COCONMERE
JSong-sang-thong-kioue.
Dans lespays du Midi (c'est le cenlre de la CLine qu'il faut entendre sans doute), on a coutume d'etablir les cp-conniercsdansla maison; dans le Nord, aucontraire,on les construit dehors. Dans le Midi, on les place dans la inaison, paice qu'on eleve peu de vers ä soie et qu'il est plus aise de les soigner; mais ccla n'est pas praticable quand on a une grandc quantite de vers ä soie. Dans le Midi et dans le Nord , lorsqu'on a peu de vers a soie , on ouvre les portes et les fcnetres de l'aieUer, et on y etablit les coconnicrcs. Getto methodc est bonne, mais il fauty renoncer, si Ton a une grando quantite de vers.
On construit au milieu d'une cour un long hangar convert d'herbes sechcs du printemps, on de nattcs et de paillassons (dit im aulre auteur), et Ton y ctablit les coconnieres Toutautourde ce hangar on place des eta-gercs en planches oü Ton etend de petites branches se-ches , puis ou y repand les vers ä soie en les espa^ant d'uno maniere convenable.Enfm quand 1c soir est venu, on entoureles etageres de ualtcs de jonc on de paillas­sons pour proteger les vers ä soie; on les ote le lende-inain, lorsque !e soleil est assez eleve sur I'horizon. An bout de trois jours, le travail des coques est acheve, et Ton n'a plus besoin do faire usage dD paillassons. De eclte maniere, aucune maladie ne se declare dans la cc-conniere. Cette methode parait exccllentc.
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(E)
FRAGMENTS
extraits du
YO -SAN - Fl - ROK
(I'Art d'elever les versa soie auJapon)
•par OUÜKAKI-MORIKOLM
(1802-3)
Annote et public par Mattiiieu Bonai'Ous
Ouvrage traduit du texte japonais par le docleur J. HOFFMANN, interpreia de S. M. le roi des Pays-Bas.
(1848) '
•laloux de travailler au bien-etre de ses concitoyens, l'auteur du Yo-san-fi-rol;, dit M. Bonafous dans le dis-cours preliminaire qu'il a place en tete de la traduction frangaise de cet ouvrage, maire ou adminlstrateur de Konrahabe, dans la province de Tatsima, alia resider plusieurs annees ä JJitsinökou, le pays du Japon qui excelle, comme les Cevennes et 1'ltalie, dans l'art de produirc et d'ouvrer la soie, et, ä peine y eut-il fait l'apprenlissage necessaire ä l'execution de ses vues genereuses qu'il etablit sa demenre ä Friyamoum, dans
Si, comme jfil'espfere, les educateurs qui liront lesextraita
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Tarrondissement de Kita, doni le climat et le sol of-fraient le plus d'analogic avcc ceux de Mitsinükou.
La, non content de planter partout le murier et de propager, par son exemplo et ses conseils, les methodes, les maximes, les usages qu'il avait rapportes de iUite-nüliou, l'habile educaleur redigea en langue vulgah'e le Yo-san-fi-roli, ä l'aide de ce qu'ont ecrit de plusins-tructif les auteurs seiicicoles de la Chine ou du Japon , et de ce qu'il avait observe et pratique lui-meme. II s'attacha ä demontrer avec simplicile et ä repeter sans cesse que lout l'art sc resume dans les soins continuels, la patience, la propretä, la pnrete do Pair, la tempera­ture reglee, l'espacenient des vers, leurparfaiteegalite, la frequence des repas et le choix de la feuillc nourri-ciere.....
CHAPITRE PREMIER
sect;1 Notions historiques sur l'inchistrie de la soie au Japon.
11 parait, d'apres les donnees precises du Nippon-ki', que ce fut a des emigrants du continent asiatique, c'est-ä-dire de la Chine et de la peninsule coreenne, que le Japon dut sinon les premieres idees, du moins les con-naissances positives sur l'art d'elever les vers ä soie.....
de ce pr^cieux et si rare ouvrage (il ne fut tW qu'ä 300 exemplaires) en rotirent quelques fruits, ils devront en etre reennnaissants ä M. le baren Ch. d'Hombres, d'Alais, qui, dans l'interet de la science s^ricicole, a bien voulu mettre ä ma disposition rexcmplaire dont M. Bonafous avait fait hom-niage ä M. lo baron d'Hombres-Firmas, son p6re. (E. de M.) 1 Le Nippon-ki, les annales les plus anciennes du Japon.
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11 parait, d'apres l'histoire des anliquites japonaises, que le prince Sjö-tok Dai-si, qui, sous le regne du mi­kado Yv-mci (586-587), dirigeait toutes les affaires de l'Etat, enseigna, par pitie pour le peuple, Tart d'elever les vers ä soio. Voici cc qu'il dit ä ce sujet:
laquo;. Ayez pour vos vers ä soie les memes attentions et la nieme tendresse qu'ont un pere et une mere pour I'enfant au berceau ; de memc que ceux-ci s'oceupent de leur enfant, occupez-vous de ces freies creatures. Que votre propre corps serve de mesure aux change-menls de la chalcur ou du froid : la rhaleur humide et le froid leur sont nuisibles. Veillez ä ce qu'il y alt dans vos inaisons une temperature uniforme et salutaire; faites circnlerl'air frais, et apportez-y continuellement, de jour et do nuit, tons vos soins. La sagesse des princes de l'antiquite a laisse cc bienfait en heritage ä laposte-rite, ct le peuple leur cst redevablc d'une brauche d'in-dustrie aussi precicusc. Des reines, des dames de la haute noblesse ont cueilli des feuilles de mürier, et ont prouve par la que reducation des vers a soie etait une occupation convenable aux femmes..... raquo;
Aspect des wufs. Rejef de la grains provenant des cocons doiibles.
La meilleure graine est celle qui cst rangee regulicre-ment et dont l'apparence est uniforme. Chaque oeuf doit avoir une petite cavite au centre et nc pas sc detacher facilement, lorsqu'on y touche, du papier auquel le pa-pillon I'a fixe. Plus les papillons sontvigoureux, plus la
graine est parfaite..... Les papillons vigoureux ont la
couleur dn riz blanc bouilli; ceux qui ont la teinte du riz bouilli couleur de froinent ne valent rien.....
On rencontre quelquefois de gros cocous formes par
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deux ou meine par trois vers. La graine obtenue des papillons provenant de ces cocons doubles se vend assez frequemment dans plusieure provinces de Tempire; mais ceux qui s'en servent n'obtiennent, I'annee suivante, que des vers inegaux, dont le developpement n'est pas uniforme; ils sont presque toujours de qualite mediocre et produisent ä lern- tour des cocons doubles '.
Pour obtenir de la graine de qualite parfaite, il 'faut d'abord qu'elle provienne de vers de la meilleure espece, nourrls, pendant toute leur vie, du meilleur feuillage, et ensuite qu'on ait observe toutes les regies d'une bonne education jusque dans les details les plus miuutieux.....
Conservation des cenfs.
Lorsque vous avez obtenu votre graine, placez-la dans un papier roule, et suspendez-la librement, depuis 1'ete jusqu'au printemps, dans un endroit frais; surtout qu'elle ne touche pas a une muraille. L'air de la mer lui est pernicieux. ainsi que les exhalaisons de l'huile, de la graisse, du the, du chenevis, du camphre. etc. Regie generale, il ne faut pas que la graine sc trouve ä proxi-mite de mauvaises odours.....
Le bain froid.
Le meilleur moyen d'eloigner les vapeurs qui peuvent nuire ä la graine , est de la plonger dans rcau froide. II
1 Le poids d'un cocon double, degage des chrysalides qu'il renferme, etant presque toujours inferieur a celui de deux co­cons simples egalement vides, il est evident que ce ne sont pas les vers les plus robustes qui s'assooient pour former un seul et mäme cocon.
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a ete dit ailleurs que les oeiifs naturellement faibles ne se developpent pas; les plus vigoureux seulement resis-tent, et peuvent, apres leur eclosion, reproduirc une race egalement vigoureuse.
Cependant, lorsque , durant le cinquieme niois(jiim-juillcl) de l'annee piecedente, le vent du nörd seid a souffle, et que ties peu de maladies ont regne parmi les vers, dans certaines provinces, on se dispense du bain; si pourtant on I'enroloie, il a lieü dans un baquet d'eau fraiche.
Suivant les districts et l'elevation de la temperature on donne le bain, tantöt le trentc-unieme jour de la periode de gelöe {le 4 fevrier), tantöt la nuit suivante ; fait-il tres froid le matin , on veille a ce que I'ean ne gele pas, en recouvrant soigneusement le baquet; vers midi, si le temps est favorable, on retire la graine de l'eau et on la suspend au soleil pour la faire serher.
Dans plusienrs endroits, on a l'habilude de suspendre la graine sous l'avant-toit dc la maison, et de l'y laisser en plein vent. Ceci a lieu depuis le sixieme on septieme mois, juillet-aoüt, jusqu'ä la periode de gelee, et müme suivant Tetal de la temperature jusqu'a la fin de cette periode (entree du soleil dans le 15™deg; degre du Verseau, en fevrier).
Touie negligence est funeste aux vers ä sole.
Les habitants de certain village nese sont-ilspas ima­gine de placer leurs vers dans un endroit eleve, et puis de faire du feu directement au dessous? C'etait en verite des gens bien senses! Aussi, une lieure apres, tout etait perdu. Souvenez-vous-en.
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Comme les vers ä soie scmt d'un temperament chaud et qu'ils sont tres voraces, vous verrez qu'en tres peu de temps il se fait chez ces insectes un tres grand change-ment; il faut done que tout le monde, vieillards et jeu-nes gens, y soient tres attentifs; occupez-\ous-en avec zele et exclusivement, pendant tout au plus quarante ou cinquanto jours; songez-y meme jour et nuit : le succes eouronnera tous vos soins.....
11 est cependant des gens stupides qui vont se grou­per ensemble et passent un temps precieux ä des propos insignifiants ; puis enfln, tout ebahis, ils se mettent sur pied et courent clierclicr des fcuilles. Malheur alors au mürier! ils arrachent le feuillage sans precaution, et, pour recouvrcr le temps perdu, ils accablent les vers de nourriture. Lorsque enfin, apres des soins si super-ficiels et si nonchalanls, dans la distribution de la feuille, les insectes ne reussissent pas, ces gens-lä s'e-crient : laquo; Les vers degenerent d'eux-memes! raquo; 0 triom-phe de 1'ignorance!
sect; 10
Precautions ä observer confre les influences miisibles anx vers ä soie.
L'odeur du tabac est essenticllement nuisible aux vers a soie, de meme que les feuilles de mürier ta-chees de fiente d'oiseau, l'odeur du fenouil, du furnier, celle de i'huile, l'air de lamer, etc. Toute impurete leur est contraire.....
Dans la premiere periode, lorsque les vers sont en­core petits et noirs, il survient quelquefois d'autres pe-tits insectes qui s'attachent a leurs corps, les sucent et les fontperir.....
Ces insectes abondent dans les annees remarquable-ment cliaudes,et surtout lorsqu'on a neglige de changer
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— al­ia liliere des vers ; mais comme il parait qu'ils doivent leur origine ä la poussiere qul s'accumule sous les che­vrons des toils, on ne pourra trop soigner le nettoie-ment des maisons avant Teclosion des vers.
sect;11 Construction de Vatelier et conditions requises.
Prevenirune trop grande chaleuret Thumidite est un des points les plus importants. Le local destine a I'edu-cation des vers ä soin doit done etre elcve, proportion-nellement spai'ieux, et suflisamment pourvu de fenetres et de venlilateurs qui communiquent librement par le toil avec Fair atmospherique. La facade de la maison doit etre a Vest, les portes au nord, et, vis-ä-vis celles-ci, on perce de pctites fenetres au midi. II faudra pou-voir ouvrir et fermer les fenetres et les portes ä vo-lonte.....
... A deux lieures, lorsque le soleil s'incline dejä du cöte de l'ouest, la chaleur solaire prend un caractere hostile, et devient d'anlant plus penetrante que la mai­son est plus exposeo an soleil de 1'apres-midi.
Or, comme cette chaleur excessive est insupportable aus vers, et qu'elle leur est extremement nuisible, il fant en garantir la maison en plantant de grands arbres au couchant.
Par contre, pour les preserver du froid, on entourera les etageres de paravents, ou, tout simplement, de ri-deaux de papier qui repondent au meine but. Dans tout autre cas, il est mal d'empecher la libre circulation de l'air, et de donner lieu a la formation d'une chaleur accablante.. .
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il
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Lorsquc le printcmps est dejä tres avance, les vents du Nord amenent quelquefois des journees froides qui ne manquent pas d'agir sur les vcrs; ceux qui sont cependant assez forts pour ne pas en souffrir momenta-nement, n'cn eprouveront, par la suite, aueune influence funestc. Les vers, an contrairc, qu'on a tenus trop chaudemcnt toiirneront mal, apres la quatrieme mue...
sect; 12
Tables ou etagercs.
L'arrangement des tables ou (itageres differe dans plusieurs contrees. Dans les provinces de Tanba, Tango et Tatsima, on se scrt des etageres figurees dans les planches 20, 21 et 29. On etablit solidement, vis-ä-vis Tun de l'autre, deux supports ou montants en forme d'cclielles, munis de bambous poses transversalemcnl, sur lesquels on elend des nattes.
On eleve ici les vers sur des nattes.
Au nord de notre empire, dans le pays de Montsou, ainsique dans celui de Omi, on se sort d'etageres sus-pendues. Au lieu de nattes, on se sert de plateaux de paille...
Elever les vers tout simplement sur des planches de bois, e'est commettre une erreur qui, surtout ä l'epoque de la menue nourriture ou pendantla premiere periode , pent avoir des suites funestes. L'luimidite des planches a une influence pernicieuse sur les vers ä sole, ct favorise la naissance d'autres insectes au fond de la litiere. On se servira, de preference, de tables formees de nattes.
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CHAPITRE II
sect; 14
Ce gu'il faut faire, lors de Veclosion des vers d soie.
A requinoxe du printemps, le joinquot; oü Ton celebrc dans les temples la fete Figan, soil la veille ou le lende-main, on rclire de son cnveloppe de papier la grainc qu'on veut faire eelore, et on la suspend librcment ä l'air dans un endroit eleve , inaccessible aux souris.
Cette besogne devra cependant etre commencee quel-quefois plus tot, quelquefois plus tard, suivant 1 eleva­tion dc la temperature de l'endroit et la inarchc de la vegetation.....
Generalement, on voit eelore la grainc avant ou apres la quatre-vingt-huitieme nuit de rannec solairo '. Si, a cette öpoque: les vermisseaux tardaient ä parailre, il
faudrait les exposer an soleil....., ou bien les enve-
lopper dans des couverturcs ou des naltes sur lesquelles on a passe la nuit, on enfin les approcher du feu. Dans tous les cas, qu'on se garde bien de les exposer a une chalenr trop vive, ainsi quo de les faire eelore d'une maniere trop rapide : de funestes resultats suivraient ce precede comme I'ombre suit le corps.
' L'annee solaire, partagee en vingt-quatre p^riodes formant les quatro saisons, commence par le printemps (fevrier). L'e-poque ci-dessus correspond a peu pres au 10 mai, celle vers laquelle commence I'ete.
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15
Premiere nourrilurc. Emploi des chatons du mutier
ä defaut de ses feuilles.
Dos le premier jour, on uourrit les vers de feuilles de mürier: c'est la regle generate; cependant, si, au prin-temps de certaines annees, le miirier n'etait pas encore en feuille, ce qui arrive dans les pays oil la temperature n'est pas assez douce, il faudrait s'emprcsser de cueillir les fleurs de cet arbrc (c'est-ä-dirc les cliatons. amenta) pour en nourrir la jeune couvee ',
Si, dans les premiers jours, la uourriture consiste en chatons, deux ou trois repas par jour sont sulfisants , mais si on se seit de feuilles fraiches, quatre ou cinq sont necessaires.
En outre, on prodiguera plus on moins la nourrilure. selon que le temps seraau beau on ä la pluie.....
On transporte alors la couvee nouvellement obtenuc dans un endroit tempere, oil se trouvent les tables, ct dont la temperature varie dans la memc proportion que I'atmosphere.....
Quant a la nourritnrc, si le mürier a sos feuilles, donnez-leur-en d'abord, et employez les tamis d'spres lagrosseur des vers.
ün proverbe dit : L'enfant du printemps s'eleve dans la firniee, l'enfant de l'ete se develuppe ä I'alr. Mais,
1 An lieu d'avoif rccours aux chatons du tnurier ou ä scs jeunes pousses, comme on I'a propose, il est mifux de culti-ver quelques piamp;ls dc cet arbre en espalier, sous un leger abri. On obtient par la une fenillaison assez pr^coce pour svibvenir auxbesoins naissants des jeunes vers,
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pour celui qui ne connait l'usage du feu que par oui-dife et n'est pas familicr avec toutes les precautions a prendre en pareil cas, il \aut mieux qu'il n'en fasse point usage.
De quelque maniere que Ton s'y prenne, il faut, comme je i'ai dejä fait observer, regier le degre de la chaleur d'apres Timpression qu'elle fait sur notre pro­pre corps.
Les gardiennes ou meres de vers ä sole ne s'eloigne-ront pas de leurs nourrissons jusqu'au quinzieme ou seizieme jour ; qu'elles ne negligent rien et veillent ä ce qu'il y ail une libro circulation d'air : c'est lä ce qu'il ya de plus necessaire. (| 16.)
sect; 17
flesurei ä prendre pour maintenir I'egalite parmi les vers ä soie.
Ce qui, le plus souvent, donne lieu au developpement inegal des vers a soie, et, par suite, ä leur mauvaise reussite, c'est leur trop grande agglomeration.
A mesure que la force vitale d'mi ver ex cede celle d'un autre, son developpement ost plus rapide; si ä cela so joint encore une nourriture grossiere et entassee, les plus forts linissent par oppresser les plus faibles en accaparant la feuille qu'ils devorcnt, tandis que ceux-ci, la tete penchee et souffrant de faim, attendant quo leurs devanciers s'eloignont pour no, plus trouver que des restes de feuillage souillcs d'ordures.
REFLEXIONS
On ditque la bonne ou la mauvaise reussite des edu­cations depend du naturel, bon ou mauvais, des educa-
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leuis. Que cette maxime soil fondee ou non, il n'est pas moins vrai que les premiers elements du succes resident dans la qualite de la graine et dans les bons ou mauvais soins quo Ton donne aux. vers.....
II est vrai aussi que, dans les annees favorables, les bonscommc les mauvais obtiennentde riches moissons, et que les uns comme les aulressont egalement victimes d'une saison contraire. Malgre cela, il existe assez de difference dans les recoltes pour qu'on puissc distinguer le champ qui aura etö travaille avec le plus de soin : le ciel favoriseles hommes qui le secondent de tons leurs efforts. C'est done en vain que ceux qui ne sont pas pe-netres de ce principe invoqucnt tanlöt Bond dim, tantot l'Esprit divin, et que, maudissant celui qui leur a pro­cure la graine, ils convoitent les tresors de tel voisin ou portent envie ;i tel autre.
Que Bouddha, ou loule aulre divinite, ecoule leurs invocations, a quoi cela leur servira-t-il, s'ils negligent les soins que reclament leurs vers ' ?
sect; 19 Les quatre crises, ou ce qui advint ati roi Lin-i.
(Allegorie.)
Dans I'ancien empire du centrede I'lnde, vivait au-trefois nn roi qui s'appelait Lin-i (haine de lapluie). I.a reine, son epouse, se nommait, an contraire, dame Kowang-U (pear des raijuns). Ils avaient une fdle unique
1 Trois religions principales regnent au Japon: le Sinto ou le Sin-siou, fonde sur le culte des esprits ou divinltes invi­sibles; le Sucdo oa la doctrine philosophique dc Confucius, introduite au IIIlaquo; si6cle do J. -C.; le Bouddhisme ou la reli­gion de Bouddha, qui passa de I'lnde au Japon, dans le VIlaquo;.
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que Ton noinmail la jeune fille aux checeux d'or. La mere vint ä mourir, et le roi son pere prit une seconde femme : cette niaräfre, poussee par la jalousie, consul une haine violente pour sa belle-fllle, et, par d'adroites flatteries, determina enfin !e roi ä 1'exposer dans un de­sert oil rugissaient des lions; mais le ciel la prolegeait, et bientot on la vit revenir dans I'enipire, assise sur un lion, sans que le moindre mal lui eüt ete fait.
La royalo enfant fut de nouveau enlevee ct transportee dans les monts aux faucons; mais les faucons s'empres-serent de rentourer , lui apportercnt des aliments et la nourrirent, jusqu'ä ce qu'un serviteur du roi, qui eut connaissance de cet evonement, alia en secret la trouver et la ramena ä la cour.
Furieuse de ce retour imprevu, la reine fit exiler la jeune fille aux cheveux d'or dans une ile qu'on nomme la Prunelle-des-mers.
Mais un pechour lui vint en aide, ct, I'ayant accueillie dans sa barque, il la ramena ä la cour de son pere.
La reine, dontla furouretait ä son comble, fit creuser dans la cour de son palais un trou profond, dans lequel eile ensevelit la jeune fille toute \ivante.
Quelquc temps apres, an grand etonnement de tout lemonde, on vit s'echapper du sein de la terre des rayons de lumiere, et le roi ayant fait creuser en cet endroit, on decouvrit— 6 prodige! — sa fille encore vivante, saus qu'elle eüt eprouve aueun mal.
Le roi la fit alors placer dans un trouc de mürier, et l'abandonna au sombre Ocean. Les Hots, en l'entrainant aux rives du Japon, la jeterent dans le port de TajAra, oü un habitant du golfe, aecouru au secours de la mal-heureuse fille, parvint a remporter dans ses bras.
Mais, arrivee ä terre, eile ne survecut que peu d'ins-tants; eile rendit bientöt le dernier soupir, eprouva une nouve'.le transformation et devint la chenille ä soie.
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Lorsque, au Japon, nous indiquons les quatre repos et les quatre revells des vers sous les litres du lion, du faucon, de la barque et de la cour, nous faisons allusion aux quatre perils (crises) dont la vierge royale des Indes a ete I'objet'.
sect;20
Emphi des filets pour reiablir Vegalite dans le developpement des vers ä soie.
C'est a cette epoque (premiere mue) quc se presentenl souvont des vers ä soic retardataires ou trainards. Tan-dis que les premiers eveiltes montent ä la surface de la nourriture de siege ct la devorent, les trainards ne font quc s'endormir. La distribution;raquo; dose redoublee devant etre cessee alors, les plus presses devorent alors plus dc la moitie des provisions ; de sorte que. dans tons les cas, les tardifs nc peuvent qu'y perdre.
Hefuser aussi la nourriture, en favcur des trainards, aux vers eveilles, qui sont excites par un appetit renais-sant, ce scrait leur faire un tort qni produirait des ine-galites et toutes sortes de maladies, si cela se repetaitii chacime des quatre crises.
Pour echapper ä ce danger, on a recours, dans quel-ques contrees, au filet ä vers.
Aussitot qu'on voit plus dc la moitie dos vers endor-mis, on elend le filet sur cux ; puis, au moyen du tamis, on leur distribuo unc couche de feuilles decoupees en lanieres qui nc puissc passer a travel's les mailles. Tan-dis quc les vers endormis restent dans la couche, les mnins avances, qui ne dorment pas encore, passcnt au
' Le roi laquo; Haine-de-la-pluieraquo; se nommc dans 1'original Lin-i. Lin signifie une plaie qui dure pendant plus de trois jours et qui esttres nuisible aux vers a soie.
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travers du filet et s'emparent des nouvelles provisions. Alois on prend le filet par les quatre coins, on I'enleve et 1'on transporte les vers sur une autre table, oü on les assieyc de nourriture. Les vers restes endormis au fond de la lilicre doivent otre places dans nn endroit moins chaud et moins eleve, pour nc pas haler leur reveil.
En suivant cetle methode, les versliätifs, ainsi que les relardataires, prendront un developpement uni­forme. Ce que j'indique ici etait un secret.
A cet instant, de meine que pendant tonte i'existence des vers ä sole, on aura sein de les tenir clair-semes. Par un procede contrairc , c'est-;i-dire en les tenant trop rapproclies, les vers vestent petits et no donnent, par consequent, qu'un produit mediocre, dont le fil est faible et, en general, trop fin. Ce ne sent que les vers largcment espaces qui donnent un produit abondant et un fil d'excellenle qualite.
sect; 21
Modification dc la chaleur solaire.
L'elevation ou rabaisscment de la chaleur solaire, dans rinterieur du bätiment oü Ton eleve les vers, doit fixer l'attention des l'instant de leur existence.....
.....Trouvcs-tu qu'il fasse trop froid par un vent
du nord, luite-toi do fermcr la pone (du cöte du nord); si, au contraire, il fait trop chaud par un vent du sud , ouvre de trois cotes (a Test, au nord et äl'ouest). Trouvcs-tu, d'apres tes propres sensations, que la cha­leur soit accablantc, ouvre alors de tons cötes, et veilie a ce que la ehaleur soil combattue par les ventilateurs, par le haut des fenetres, et que Fair frais penetre enfin dans tout le local.
Lorsque, au prinlemps, les vers eclosent chez nous, les monlagnes de la plupart des provinces de notre em-
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pire sont encore partiellement couvertes de neige, et, en ctö, lorsque les vers commencent a former leurs cocons, la chaleur est, d'ordinaire, si elevee qua le vfite-ment le plus mince semble encore trop chaud '.
sect;24
Mesures ä prendre contre le froid.
Anciennement, on perdait, dans tons les pays, plus de la moitie de chaque couveo, lorsque , depuis la nais-sance jusqu'a la denxieme crise, le temps etait defavo-rable, qu'il regnait un vent froid on qu'il tombait de la neige et de la giele. Mais un homme intelligent imaglna le moyen de prevenir le retour de tels accidents : il fit construire de forts rideaiix en papier qu'il attacha au plafond, de maniere ä pouvoir entourcr les etageres, et, la unit, il fit couchcr des gens de la maison dans I'en-ceinte des rideaux, afin d'y rechauffer I'air ; on y intro-duisit aussi quelquefois un feu de charbon tres doux. A midi, on ocartait les rideaux pour faire entrer Fair frais, afin que les vers ne fussent pas etouffes. En ou-vrant partiellement les ventilaleurs, il veillait ä ce qiril y eüt un changement indispensable d'air. II fit aussi faire du feu dans clivers endroits de la maison... Tandis que, dans toutes les conlrees environnantes, 1'ediication manqua ou ne reussitquc mediocrement, cet edticateur obtint les plus beaux resultats.... Cependant, il est aussi d'avis qu'un feu continu est nuisible ä ces insectes.
1 En general, le Japon presente un climat plus rude que les contrees occidentales do i'ancien monde. Un grand nombre de montagnes, presque toutes volcaniques, sont couvertes de neige toute l'annee.....
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Procede ü suivre avant et apres la derniere nine.
laquo; Au repos de la cour, craignez la pluie et rhumidite.
raquo; Donnez beaucoup d'espaclaquo; a la couvee, et autant de nourriture qu'elle en voudra.
raquo; Gardez-vous d'une chaleur excessive. raquo;
On distribuera la nourriture en plus grande quantite
et plus largement coupee.....On admettra maintenant
de tons les cotes la chaleur solaire. Ce ne sont que les chaleurs oxcessives qu'il faut eviter; dans ce cas, on ouvrira les fenetres de chaque cote, afln d'admettre l'air frais et de modifier la temperature autant qu'on le jiigera necessaire.
Lorsquc la chaleur est extraordinaire, ne laissez Ja­mals manquer les vcrs de feuille fraiche. De cette ma-niere, ils murissent rapidement et se mettent ä l'ou-vrage, lors meine que la chaleur est si forte que I'honime peut a peine y resister. Si, a cette epoque, vous laissez les vers manquer d'une nourriture abondante, sachez quo les cocons scront petits, que le tissu sera mince et quele fil enfln sera rarement d'une bonne qualite.
.....Selon que le degre de chaleur est plus ou moins
eleve, les distributions de nourriture seront plus rap-prochees ou plus eloignees.
1 Les sect; 22 et 23 contiennent les precedes a suivre pendant la deuxieme et la tvoisieme mue. L'auteur recommande, comme pendant tout le cours de l'education, des delitements presque journalieis, Tespacement comenable des vers, les d^doublages au moyen de filets ou autrement, avant et aprÄs chaque mue, etc. (E. DE M.)
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Differcntes manieres d'obtenir les cocons.
Nous voici done arrives au moment oil les vers clier-c.hent un eridioit pour se nicher et former leurs cocons, beaux comme le cristal.
La maniere de lour faire confectionner leurs cocons differe selon les lieux.
Dans les provinces de Tamba, Tantjo et Tatsima, on forme des faisccaux de broussailles on de ramilles, qu'on place les uns a cote des autres, sur les nattes des eta-geres. On met ensuite les vers entre ces faisceaux el on lesy laisse grimper et former lour cocon toutäleur aise.
sect;29 Maladie des vers ä soie.
Si, apres la troisieme mue , il se rencontre souvent des vers courts ou rapetisses, e'est qu'ils ont cte exposes ä trop de chaleur.....
11 arrive aussi, bien frequemment, que les vers grim-pent sur les bords de leur table; e'est qu'ils soulfrent d'une nourriture trop grossiere, ou qu'ils ont etc in­commodes par le vent ou lapluie,par la chaleur ou I'hu-midite. C'est dans les parlies basses de l'atelier que regnent principalement les maladies. II en resulte ce qu'on nomme ran-sjo, e'est-a-dire degeneration.
Enfin, de quelques maladies que puissent souffrir les vers, on en trouvera toujours la cause dans les mauvais precedes qui ont ete pratiques durant les diverses pliases de leur existence.
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CHAPITRE IV '
sect;32 Plantation du märier.
Le mürier, im des quatre arbres nommes arbresprin-cipai/x a, reussit meme dans le voisinage des habitations, sur les coteaux, et gcneralement dans les sites difficiles ä labourer au moyen de la charrue ou de la beche.....
Dans toutes les provinces oil, par ordre superieur, la culture des \ers ä soie fnt introduite, et oü on tit dos plantations de müriers sur des terres incultes, le long des ruisseaux ou sur des montagnes, partout cette cul­ture produisit des avantages immenses.
L'education des vers ä soie est une occupation de fenime, ä laquelle on ne doit point sacrifier le travail des hommes. Occuper ä des travaux secondaires, mais lucratifs, des forces que ne peut utiliser l'agriculture, c'est lä, sans contredit, rendre un service eminent aux campagnes, et enrichir a la fois les citoyens et l'Etat '.
sect;33 Maniere de traiter la graine et les plants de müriers.
1nbsp;Le ohapitre m traite du d^vidage des cocons et de la pre­paration de la ouate obtenue avec les mauvais cocons diffici­les ä devider. (E. de M.)
2nbsp;Les quatre arbres principaux sent: 1deg; le mürier, morus alba ; 2deg; le mürier ä papier ; 3deg; I'arbre ä vernis; 4quot; le th^.
3nbsp;Marc-Jeröme Vido ne fait intervenir les hommes que pour aller cueillir les feuilles, lorsque, pressees par les pluies d'o-rage, les femmes ne peuvent sufflre elles-mömes ä ce travail. (Poiime en latin sur les vers ä soie, 1537.)
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sect;34
Amelioration du mürier par la {/reffe.
On ameliore par la greffe tous les arbres qui ne seni-blent pas etre de bonne essence.....
sect;35 Uemres ä prendrt conire les gelces prinianieres.
II faut se lever de Ires bonne heure et arroser forte-ment le feuillage de l'arbre 5 on croil que par lä les bourgeons seront sauves.....
sect; 36
Multiplication des milrieis par marcotte.
Observation. — J'ai donne l'intitule üe tous les para-graphes du iv0 et dernier chapitre pour montrer qu'il n'y etait nullenicnt question de la taille du mürier. Ce qui doit faire supposer que cette operalion n'est pas en usage au Japon, ou du moins dans les provinces dont parle I'auteur. Ce qui me confirme dans cette opinion, c'est que les miiriers representes dans la planche 9 (recolte des chatons de mürier), ceux de la planche 12 (recolte des feuilles) et ceux de la planche 42 (recolte des müres) sont des arbres qu'on a laisse croitre librement.
E. de M.
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