-ocr page 1-
raquo;:•' 'quot;P
llaquo;iP^l,||iP
^^^^^cf^cjfl^cl^^lxlK^^l^fxl^^cll
soraquo;
i 1
TRAIT^
X
z
ejtjs
SDK LA
efts
i
MALADIE DE SAJVG
DES BfiTES A LAINE
z
laquo;Sa
SU1VI
t
=4=
DE l'ETUDE ipjlE DE CETTB AFfECM
, AVEC LA FliSVRE CHARBOIVNEUSE 7 L'EIHPOISONNEMENT PAR LES VEGETAUX VESEWEDX, ET LA IHALADIE ROUGE ,
Par O, MtMWjJLJFOiVn,
Professcur de palliologie, de tlierapculique, de police sanitaire ,
dc mcdecinc lega le et de Chirurgie pratique ä l'Ecole royale veterinaire d'Alfort;
membre correspondant de la Societe royale et centrale d'agriculture de la Seine;
membre honoraire des societes veterinaires du Calvados
et de la Manche, du Finistere, des departemenls de l'Ouest;
membre correspondant de la Societe d'emulation du Jura, de la Societe
d'agriculture de Rouen, etc., etc.
laquo;o.
soraquo;
Plus les yeux voient, plus PetprihToit aussil Ziiii.Kiiraquo;*KK, Trafle'ie I'R
laquo;a*
Z
PAHIS
ANCIENNE MAISON BEGHET JECNE,
LABE, SUCCr, L1BRAIRE DE LA FACDLTE DE MED PLACE DE L'fiCOLE DE HED£CINE,4
•ft
m
^^^jgjH^HgiMtfHfJH^^^^
amp;
-ocr page 2-
^^^^^m
//
#9632;x-J
/
ft
-ocr page 3-
-ocr page 4-
\/
-ocr page 5-
TRAITE
SDR
Li iamp;LÄDIE Dl Siili
B^TES A LAINE.
-ocr page 6-
s^BTggmraissBB^gsms^gmKmm
ERRATA.
page ligne 16 16 Au lieu de : J'ai vu cette grave lesion s'occuper, lisez
occuper. 33 25 — — J'airapporteplusieursechanlillonsdeterre et at prie mon estimable collegue, elc. lisez ayant rapporle, etc. fai prie mon estimable collegue.
37
1
43
7
55
23
76
3
14
8
—nbsp; nbsp; nbsp; et recouvrait, lisez recouvrait.
—nbsp; nbsp; nbsp; vesce d'hiver, lisez gesse cultivee.
—nbsp; nbsp; nbsp; grain d'ogre, lisez grain d'orge.
—nbsp; nbsp; nbsp; tFdehauffant, lisez echauffants.
—nbsp; nbsp; nbsp; vapems aite'reVs, lisez vapcurs dcZeierelaquo;.
^^^^A
-ocr page 7-
u
mm
djm
TRAIT^l
sun la
MALADIE DE SANG
DES BETES A LAINE
sum
DB L'ETUDE COMPAREB DB CETTE AFFECTION
AVEC LA FIEVRE GHARBOHNECSE,
l'EIHPOISONNEMENTPAR LESVEGETAUX V^NENEUX,
XT LA MAI. ADZE ROUGE ,
Par O. BEMjAWOBrn,
Professeur de pathologie, de therapeoliqae, de police sanilaire,
de midecine legate et de Chirurgie pratique a 1'fccole rojale v^terinaire d'AITort;
membre correspoudant de la Society royale et centrale (f agriculture de la Seine;
membre honoraire des SocieKis veKirinaires du Calrados
et de la Manche, du Finistere, des departements de l'Ouest;
membre correspondant de la Societc d'emulalion du Jura, de la Society
^'agriculture de Rouen, etc., etc.
I'lus les yeux roleni, pins I'esprit voit aussi.
ZiHHBfUMifN, Traut de PExperience.
gt;lt;mxraquo;-
quot;%amp;£
PARIS
#9632;^^o-'-ÜNCIESNE MAISON BECHET JECNE,
r
LABE, S(lCCr, LIRRAIRIi DE LA FACULTE Dl; MEOECINE, PLACE DK I.'ÜCOLK HE M K raquo; EC 1 N K , 4.
18 43.
-ocr page 8-
Imprimerie de Fiätix LOCQUIN, rue Nolre-Dame-lt;les-Vicloires, 16.
-ocr page 9-
PREFACE.
Les betes ä laine des pays de grande culture plus que celles des localites on Pagrieulture n'a pas en­core fait beaacoup de progres, sont atteintes annuel-lement d'une maladie gravlaquo;, presque toujours mor-telie, connue sous les noms de maladie de sang on de sang de rate. Depuis longtemps les troupeaux d'une des plus riches contrees de la France, la Beauce, sont ravages par cette redoutable affection; cette annee (1842), le chiffre de la mortalite a de-passe de beaucoup celui des annees precedentes.
M. le prefet de Loir-et-Cher, MM. les deputes des arrondisseraenls d'Orleans et de Pithiviers (Loiret),
-ocr page 10-
VI
vivement alarmes des pertes qu'eprouvaient les cul-tivateurs de la Beauce orleanaise, sont venus sollici-ter M. le Ministre de l'agriculture et du commerce d'envoyer surles lieux un professeur de TEcole royale velerinaire d'Alfort, pour faire l'etude de la maladie de sang et chercher les moyens de la prevenir.
M. Cunin-Gridaine, dont la constante sollicitude est bien connue pour tout ce qui se rattache aux in-terets de Fagriculture, apres avoir accueilli favo-rablementla demande deces Messieurs, a bien voulu me confier cette honorable |et importante mission. Je fus done charge par lettre officielle en date du 5 septembre 1842 , laquo; duller etudier la maladie raquo; dite de sang dans les departements du Loiret et raquo; de Loir-et-Cher, d'en rechercher les causes sur les raquo; lieux memes; d'examiner si elles ne resideraicnt raquo; pas dans le mode de culture usite dans le pays ; raquo; dMndiquer le traitement de cette affection aux cul-raquo; tivateurs, et de leur faire connaitre les moyens les D plus propres ä en prevenir le retour. gt;raquo;
Je me suis rendu aussitot sur le theatre oü la ma-
bi^r^;
-ocr page 11-
'#9632; m
VII
ladie exer^-ait encore de nombreux ravages, et par-tout, autant que je Fai pu, j'ai voulu voir, toucher, m'assurer et me convaincre.
MM. les prefets ayant donne Pordre aux veterinai-res des localites de m'accompagner chez les culti-vateurs, j'ai ainsi profile de leurs observations an-nuellcs et de leur experience.
Le traite que je public aujoiird'hu i sur la ma ladie de sang comprend Tetude de cette affection envisa-gee sous le rapport de ses symptomes, de sa nature, de son siege, de ses causes generales et particulieres, enfin et surtout de ses moyens preservatifs.
Pour appuyer mes recherches sur une maladie si grave et si frequenle, et notamment pour justifier Temploi des moyens que je conseille pour la preve-nir, j'ai cm convenable de joindre a mes observa­tions celles dejä faites sur le sang de rate par Dau-benton, Tessier, Barrier, MM. Huzard fils, Godine, Girard et Yvart, autorites puissantes dont les travaux sur les betes a laine meritent la plus entiere confiance.
La fievrecharbonneuse, qui attaque les betes ovi-
7.
-ocr page 12-
VIII
nes de certaines localites ma Isaines; l'cmpoisonne-ment des troupeaux par des plantes acres, des cry-ptogames veneneux, la maladie rouge, sont aussi des affections redoutables qui, jusqu'a cejour, n^ont point etc assez dislinguees de la maladie de sang due ä une alimentation succulente et longtempscontinuee. Jai done juge utile de faire connaitre aussi dans ce traite les causes, les symptömes, les lesions, les moyens pre-servatifs et curatifs de ces trois maladies, afm de pou-voir signaler les differences qui les distinguent de la maladie de sang des troupeaux de la Beauce.
Enfin pour faciliter les'recherches des veterinaires, desagriculteurs, sur ce qui a ete observe, tant sur la maladie de sang que sur la fievre charbonneuse, les empoisonnements paries plantes acres des päturages, les champignons veneneux qui vivent sur les four-rages, et la maladie rouge, j^ai indique, apres la des­cription dechacune de ces maladies, les ouvrages qui en ont traite.
\
-ocr page 13-
wmm^^^^m^r^m^**^*
TRAITE
SDR
Li IIÄIAÜI1Ü1 MM
DES
BfeTES A LAINE.
CHAPITRE Ier. Description de la maladle.
sect; 1quot;.
Preliminaires. — Lieux oü la maladie a 6te ctudiee. — Race, qua-litesdes bfitesälaine. — Leur nombre dans les arrondissements d'Orleans elde Pilhiviers.— Bfites que la maladie attaque plus particuliferement. — Mortalite pour I'annee 1842. — Pertes en ar­gent dans ces deux arrondissements. — Mortalite, perte en argent estimeesapproximativement pour toute la Beauce.
La maladie conaue sous les noms de maladie de sang, de sang de rate, est sans contredit, panni toutes les aliectioris graves des betes a laine, cellequi en fait perir le plus grand nombre. Annuelle et enzootique dans beaucoup de localites, frappant de raort presque
-ocr page 14-
H^WPraquo;
^F—
^^^mm
^-^^m^
tons les animaux qu'elle attaque, la maladie de sang sevit specialement sqr les betes ovjnes des deparle-ments oü la culture se fait en grand , et oü les trou-peaux sont particulierement alimentes soil par les fourrages des prairies artificielles, soit par les grains, comme I'orge etPavouie. Aussi est-ce clans les plaines ferliles du midi de la France, dans la Brie et dans la Beauce , localites riches d'ailleurs en beaux etnom-breux troupeaux de races distinguees, que la maladie de sang fait le plus de ravages.
Depuis dix ans, je me suis serieusement occupe de cette redoutable maladie. Je Tai etudiee dans les environs de Paris, dang la BHe aw voisinage d'Etam-pes et de Rambouillet, et c'est avec une vive satis­faction que je me suis vu charge par M. le ministre de l'agriculture et du commerce, d'en faire Tetude dans la Beauoe.
Je m'etais apercu U y a Ipngtemps que certains signes eloigneg qu prochains annoncaient Tappari-tion de la maladie de sang dans les troupeaux , et je me snis convaincu que par Pappreciation de ces signes et par Temploi de moyens hygieniques, chi-rurgicaux et medicamenleux, il etait possible, sinon de preserver entierement les betes ä laine de la mala­die, au moins de diminuer beaucoup le chiffre de la mortalite.
.
-ocr page 15-
3
Sa nature, son stege, qui ont ite, et qui sont en­core le sujet de vives discussions parmi les veteri-naires el les agriculteurs, avaient aussi fixe toule rnon attention. Apres avoir beaucoup observe, je me suis assure que sous le nom de maladie de sang, de sang de rate, on avail confondu Irois maladies qtti ont entre elles, il est vrai, beaucoup de ressemblance ; mais qu'un examen serieux des causes qui les occa-sionnent, des symplomes que presentent les animaux, des traces que TafFection laisse surlescadavres, donne la possibilile de pouvoir distinguer.
L'eliologie d'une maladie qui ne pardonne presque jamais aux betes ä laine qu'elle attaque, devait aussi etre Tobjet de tons rues soins dans un pays de plaine oü la culture des cereales annuelles, des prairies ar-tificielles, se fait en grand. Je devais trouver particu-lierement dans les departements duLoiret etdeLoir-et-Cher des localites qui pouvaient me fournir une etude variee et instructive. En effet, dans la Beauce oü Fair est vif, le sol sec, les plantes fines et succu-lentes,les troupeaux de race distinguee pour la plu-part, la maladie de sang devait etre suscitee par des causes particulieres, et je pouvais m'assurer, si dans le voisinage |de la foret d'Orleans , aux bords de la Loire, localites dont le sol est frais, la culture va-
.
-ocr page 16-
^——^^^^^
4
riee, cette maladie s'offrirait ä raes investigations avec la meme frequence et les meines caracteres.
Je vais done raconter dans ce memoire ce que sans idees preconcues, j'ai vu et consciencieusement ob­serve.
Parti de Pecole royale veterinaire d'Alfort au commencement de septembre et apres avoir pris les ordres de MM. les prefets de Loir-et-Cher et du Loiret, j'ai successivement parcouru cinquante-qualre communes appartenant aux arrondissements de Blois, d'Orleans el de Pithiviers, et j^i visite les troupeaux de cent vingt cultivateurs. Dans cette ex­cursion, ^ai examine les lieux oü la maladie avait oc-casionne de grandesmortalites, ceux oü eile en avait fait pen , enfin ceux oü eile est en quelque sorte in-connue. Cette elude comparative m'a done permis de reconnaitre et de pouvoir en constater les cau­ses annuelles, predisposantes et determinantes.
Bien qu'ä Tepoque de mon arrivee en Beauce, la morlalite ait ete moins considerable que dans les mois de juin, juillet et aoüt, j'ai pu encore voir un grand nombre de betes malades ou sur le point de le devenir et faire l'autopsie de beaucoup de cadavres. Toutefois, je dois le dire, bien que j'aie fail tout mon possible pour etudier les causes de la maladie , ses
m
.
-ocr page 17-
symptöraes et ses lesions, je ne considere point ceüe etude comme complete. II serait, Jamp;fle crois, fort utile de visiter la Beauce au moment de la pre­miere vegetation des plantes, ou dans le mois de mai, epoque oü la mortalite commence, et dans les mois de juiliet et aoüt, saison des chaleurs, de la re-colte des cereales , oü la maladie regne avec vio­lence.
La partie de la Beauce que j'ai parcourue, possede „^j-1**quot;5 de beaux et nombreux troupeaux melis-merinos, troi-sieme et quatrieme croisement. Les plus petits fer-miers n'ont pas moins de deux cents betes ä laines, la plupart ont quatre ä cinq cents betes, bon nombre encore comptent neuf cents ä onze cents merinos metis dans leur troupeau. Les brebis qui en forment la majeure partie sont fortes , bien corsees , d'une bonne conformation, d'une excellente constitution, et portent des toisons bien closes, mais formees d'une laine de moyenne finesse. Beaucoup de grands cul-tivateurs possedent de beaux troupeaux ameliores, dont la toison bien fermee constitue une laine fine assez longue , ayant de la souplesse et du brillant. Ces fermiers se livrent pour la plupart, ä feleve de beliers etalons qu'ils vendent ä Tage de quinze a vingt mois; ou qu'ils louent pour la lutte aux culti-vateurs voisins. Les croisements aoglo-merinos sont
.
-ocr page 18-
^MBS
mm
essayes depuis quelques annees; mais ces tentatives ne se fofit encore generalement que sur une petite echelle. Dans la partie de laBeauce que j'ai parcou-rue, les moutons anglo-merinos que j'ai rencontres sont nourris , leges, gouvernes comme les betes du pays, mais ils sont tous, quoique du meme age, plus gros que les metis merinos, s^ngraissent plus vite, donnent une laine plus longue, plus brillante, mais un pen moins tassee.
D'apres un recensement fait cette annee par M. le prefet du Loiret dans deux arrondissements de ce departement, apparlenant autrefois en partie ä l'an-cienne Beauce, il existail:
Dans celui dePithiviers.........107,324 betes a laine
Dans celui d'Orleans, comprenanl sculement les cantons dePalay, d'Anhenay et de Neu­ville ................. 66,337 raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;
Total . . . 163,661 raquo; raquo; Or, ces deux arrondissements ne forment que la huitteme partie, ä peu pres, de la Beauce; d'ou il re-sulte comme tres probable, que la Beauce possede 1,309,288 betes ä laine. Cette riche contree peut done etre consideree comme une des provinces de France qui produit le plus de belles betes ä laines, taut sous le rapport de la taille, des formes, du vo­lume des animaux, que sous celui de la finesse et du poids des toisons.
#9632;
-ocr page 19-
^m—mmmmimmm*
La maladie dite de sang fait annuellement beamp;u* ma^a^aeqiJ2 coup de victimes dans ces beaux troupeaux. Ge sotit rement. les plus belles, les plus jeunes bfebis , les agneaux qui donuent le plus d'esperances quelle fait perir. Ce n'est que plus tard quelle sevit sur les betes agees et de peu de valeur. Ce n^st aussi que par excep­tion qu'elle atlaque les jeunes comme les vieilles be­tes, les grasses comme les maigres; les agneaux ä la mamelle n'en sont pas (oujours exempts.
Annuellement et en moyenne, les pertes s'elevent ä vingl pour cent ^ souvent dans les localites dont le sol est sec et calcaire, la mortalite va jusqu'au quart) au tiers et depasse parfois la moitie du troupeau.
Cette terrible maladie occasionneauxcultivateurs Pertesqu'eiie
occasionne,
une perle reelle qüi s'eleve annuellement pour un troupeau de 400 betes ä 2^000 francs; detruit peu a pen la principäle source de son aisance ; le decourage et Tempeche de prendre part aux progres d^melio-ralion qui se manifeslent dans beaucoup de troupeaux des departements voisins. En outre eile porte atteinte au fcommet-ce de la boüeherie et prive Tindustrie manufacturiere de produits uliles ä la societeraquo;
Cette annee, d'apres les releves authentiques qui m'ont ete fournis par M. le prefet du Loiret, le sang de rate aurait fait mourir dans Tarrontlissement de
-ocr page 20-
8
Tgt;ithiviers................. 23,359 betes a laine
Dans celui d'Orleans, la meme
maladie en aurait fait perir -i 2,044
TOTAL .... 35,403
tuies dans loute la Beauce.
En estimant en moyenne chaque bete ä la somme
nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^
de 25 francs, la perte des 35,403 s'eleverait a 885,075 francs. Or, si la Beauce entiere possede 1,309,288 betes ovines , il es( probable que le sang de rate en a fait mourir 283,224 et que la perte en argent doit etre de 7,080,600 francs.
J'ai compris, en parcourant la Beauce Orleannaise, toute la haute importance de la mission dont M. le Minislrem'avaithonore. Aussi, mesuis-je minutieuse-ment occupe ä rechercher lescausesdu maletles signes qui ä l'avance annoncent sa manifestation. J'ai donne les conseils qui m'ontete suggeres par l'experience et l'observation, soit pour prevenir la maladie, soitpour la combattre aussitut son apparition. Je me suis enlendu avec les veterinaires de la localite pour re-pandre, ä Tavenir, les plus sages avis et prescrireles meilleures pratiques dans le regime et la conduite des troupeaux.
.
-ocr page 21-
*m
sect;2.
Synonymic. Description de la maladie.— Signes avant-coureurs. — Circonslances qui en exasperent la marche. — Signos mortals. — Differences dans l'invasion de la maladie. Duree. — Tcrminaisons.
L^flPection dont je vais donner la description, est connue sous les noms de chaleur, de sang, de mour-roy rouge , de fisse-sang , de coup de sang des toits , de coup de sang des champs, ePapoplexie sple'nique, de sple'norrhagie ; on lui accorde plus particulierement les noms de maladie de sang, de sang derate.
On dit, on repete, et les meilleurs auteurs de me- Description de
la maladie.
decine veterinaire ont publie (1) que la maladie de sang attaque les betes ä laine tout ä coup et les fait perir en quelques heures ; mais c'est une er-reur. Dans I'lmmense majorite des cas, des signes
(1) Voyez :
Description de la maladie de sang de la Beauce, par Fabbe Tessier,—HisloiredelaSociete royaledemedecine, an 1776, p.254;
Lullin, Observations sur les betes ä laine, 1804, p. 176;
BanieT yere, Sur la maladie rouge des moutons, — Cor-respondance de Fromage deFeugre, 1810, t. Ier, p. 188 ;
Tessier, Instruction sur les betes ä laine, 1810, p. 248 ;
G nil lame, Epizootie observee sur les troupeaux des betes ä laine, — Annales de la Societe d'agricullure frangaise, 2deg; Se­rie, t. Ill, p. 129;
Vatel, De Vapoplexie de la rate, — Elements de paihologie veterinaire, 1828, p. 73;
D'Arboval, Dictionmire de midecine et de Chirurgie vete-rtnoim, 1839, t. IV, p. 48.
-ocr page 22-
10
avant-coureurs font reconnaitre que la maladie va bienlot sevir sur les troupeaux. II i/nporte de faire connaitre ces preludes morbides qui precedent I'in-vasion du mal de piusieursjours, maisquinefrap-pent point des yeux pen exerces sur les maladies du menu betail, parce qu^l faut les constater en gou-vernant le troupeau ; dont les betes d'ailleurs parais-sent jouir d'une bonne sante. oureurl ni,1'quot; ^es tgt;^tes ^ laine qui vont prochainement elre at-teintes du sang, ont une vivacite et une excilabilite qui ne sont point ordinaires. Leur regard esi vif, on les voit quelquefois se dresser sur Faniinal le plus voisin comme pour se livrer au coit; la peau gene-ralement, mais surtout celle, fine et rose, qui forme les larmiers qui recouvre le bout du nez et les oreilles, pi'end une teinte rouge vif. Une inspection attentive des yeux montre que les nombreux vaisseaux capil-laires qui s'avancent de Tangle interne de Toeil dans Tepaisseur et Felendue de la conjonctive, sont par-courus et distendus par beaucoup de globules du sang. Le sang retire de la jugulaire de ces animaux est noir, se coagule dans le vase qui Vsl regu en trois a quatre minutes (six a sept minutes, etat de sante), et on s'apergoit plus tard qu'il est tres fiche en glo­bules, en albumine, et pauvre en elements aqueux. Lorsque le troupeau parcourt en libeite , on voit
..
-ocr page 23-
#9632;#9632;
mm
11
ordinairement les beles les plus belles, les plüsjeu-nes at les plus grasses , s'arreter quelques instants , allonger la tete , dilater lesnarines, ouvrirlabouche etrespirerpeniblement; mais cettedyspneedisparait bientöt. Beaucoup, dans rintervalle da la distribu­tion des aliments , lechent les murailles et recher-chent les terres salpeti'ees. Apres le repas, le ventre se ballonne, mais toujours cette indisposition est de courte duree. Ces signes acquierenl une haute im­portance lorsqu'en forcant les betes k uriner en ser-rant tout a la fois la bouche et les naseaux , on voit s'ecouler une urine roussälre deja sanguinolente, et qu'on s'apercoit au pare on ä la bergerie, que plu-sieurs toisons sont tachees de rouge par Furine de betes dejä malades. Enfin on a la certitude que le mal va altaquer plusieurs animaux, lorsqueindepen-damment de tons ces prodromes, on voit les excre­ments , ordinairement sees et moules sous forme de petites crottes, devenir mous, etre recouverts d'une matiere glaireuse , blanchatre, tres souvent sangui­nolente. Tousces symptdmes precurseurs se remar-quenlaussi dans les troupeaux dont quelques animaux meurent du sang , tous les deux ä trois jours. Ils in-diquent assuremem dans ce cas que la maladie existe deja dans les betes qni les presentent et que bientöt eile va peut-etre s'aggraver, s'exasperer tout a coup
-
-ocr page 24-
12
et faire perir l'aniraal rapidement. C'est ce qui arrive circonsiances en efFet s'il fait un repas tron substantial; s'il est ex-
qui 1'eiaspcreiUnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;l
pose ä Tinsolation; s'il eprouve Finfluence d'un air cliaud, charge d'electricite; s'il reste au pare pen­dant une pluie dWage; s'il ressent les effets d'un changement subit de temperature. Alors la bete a laine cesse de manger, reste en arriere du troupeau, respire vite et peniblement, sa vue s'egare, fait quel-ques pas en trebuchant, ebroue, räle, rejetteun sang sgnes morieis. ecumeux par les naseaux, tombe ä la renverse, agite convulsivement les quatre membres, expulse une petite quantite d'urine sanguinolente , rend parfois des matieres excrementitielles teintes par du sang et expire apres cinq , dix, quinze, vingt minutes, une heure, deux heures, trois heures au plus.
Differences La maladie n'est cependant pas touiours precedee
dans l'invasionnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; •raquo; .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i
de la maiadie. jg s;gnes avant-coureurs , Tinvasion en est brusque et la terminaison rapide. Daus ce cas , la bete quoi-que dans un etat plethorique est gaie, mange de grand appetit, etpresente generalement toutes les ap-parences d'une sante parfaite, quand tout ä coup eile cesse de prendre des aliments ou s'arrete en les ru­minant, s'allonge, se raecoureit, tournoie, tombe par lerre, se debat convulsivement, expulse avec violence dcl'ecume sanguinolente par les naseaux, urine quel-ques gouttes de sang et meurt en cinq ä dix minutes.
p- - ( :
-ocr page 25-
I-P
^3
C'est notamment lorsque les betes pr^disposees au sang sont exposees ä rinsolalion, a la poussiere et pendant les journees et les nuits orageuses, qu'elles meurent ainsi et presentent les syraptömes d'une asphyxie et d'une hemorrhagie interne.
S 3.
Lesions laissees par la maladiesur les cadavres.
Si on egorge Tanitnal au debut des prenaiers sym-ptomes de la maladie, pendant son cours, enfin si on ouvre les cadavres aussitot la mort, voici les le­sions nombreuses qui frappent Tobservateur:
1deg; Peau et tissu cellulaire sous-cutane.
Le cadavre se decompose proraptement. La peau est presque toujours rouge et vivement injectee. Ses vaisseaux capillaires sous-cutanes sont gorges de sangetlaissentecouler ce fluide en abondance lors-qu'on depouille les animaux. Exposee au contact de Tair, la face interne de la peau prend une teinte rouge vif. Le tissu cellulaire des environs de la gorge, des parotides, est souvent infiltre par un sang noir. Le tissu cellulaire inter-musculaire de toutes les parties du corps n'offre ordinairement rien de notable.
Les chairs sont toujours rouges et fermes.
-ocr page 26-
^#9632;v^^^^^^^^w
u
2deg; Organes digestifs.
A. /?ö/e.~ La rate dans Tetat de sante d'un rouge asse?. brun , forme, et du poids de 30 a 60 grammes (1 ä 2 onces) est, dans presque tons les cadavres, grosse, brune-noiratre, molle, facile ä dechirer, du poids de 230 ä 500 grammes (une derai-livre ä une livre) et plus; par la section il s'en ecoule un sang noir, boueux, qui teint fortement les mains en rouge fonce. Les cellules veineuses de ce viscere, conside-rabletnent agrandies, conliennent celte espece de bouillie sanguine dont on pent les debarrasser par le lavage.
Dans les animaux qui ont ete egorges au debut et pendant le cours de la maladie, la rate est generale-ment peu volumineuse; mais cependant dans plu-sieurs points de son et endue, et notamment a ses bords et ä sa base, se montrent des epanchements noirätres qui forment ecchymoses. Tandis que dans les ani­maux qui meurent des suites de la maladie, ceux surtout qui en sont frappes vivement lorsqu'ils sont exposes äTinsolalion, ou qui ont mange peu de temps avant de succomber, ont la rate grosse, noire, pe-sante et tres gorgee de sang.
Dans quelques cadavres j'ai vu cependant la rate ne presenter rien de parliculier.
-ocr page 27-
™^----------------
#9632;' quot;11 I #9632;
#9632;'4M
15
B. Tube digeatif. — Le rumen encore nomrae la #9632;panse, Vherbiere, le reseau ou bonnet, le feuillet, ou pseautir, renferment des matieres alimenlaires et n'offrent rien de notable. La caillette ou franche-mule contient toujours une petite quantite d'aliments et de liquides d'une odeur acide. La muqueuse qui tapisse !a faceinterne de ee viscfere est ordinairement dans sa moitie pylorique rouge, recouvertede mucus, et legferement epaissie.
Les deux tiers anterieurs des intestins greles plus rarement le tiers posterieur, sont ordinairement d'un rouge plus ou moins fouce. Les veines mesenteriques qui s'enelevent sont noires et remplies d'un sangnoir; de petits epanchements de sang (ecchymoses) se mon-trent souventdans les lames du mesentere an voisinage de ces vaisseaux.
Daus l'inlei'ieur de eel intestin se remarquent dif-ferentes alterations qui toules sont en rapport avee le debut, Tetat, la (emiinaison mortelle et la violence de la maladie.
Ici le tissu eapillaire, les villosiles de la muqueuse sont arborises en rouge vif, et 1raquo; surface de la mem­brane est recouverte d'une legere couche de mucus. Get etatest le premier degre d'une congestion.
La les viilosites et IVpaisseur de la muqueuse sont d'un rouge ires vif, ces parties sont le siege d'un ve-
-ocr page 28-
#9632;
16
ritable epanchcment sanguin. Ce deuxieme etat est le second degre d'une congestion avec comraence-ment d'hemorrhagie.
Ailleurs, les viliosites el le tissu muqueux sont d'un rouge noir, ramollis, gorges de sang. Ce liquide en nature associe a un peu de mucus, aux epitheliums des viliosites, ä un peu de matieres alimentaires, bai-gne la muqueuse et remplit parfois le calibre de Tin-testin. Ce dernier elat morbide caracterise Themor-rhagie.
Dans tons les cadavres que j'ai ouverts soil en Beauce, soit ailleurs, j'ai toujours note dans les pre­mieres portions des iutestins greles ces trois pha­ses de Talteralion de la muqueuse digestive que je viens de decrire.
J'ai vu cette grave lesion s'occuper depuis un metre (3 pieds) jusqu'ä i 5 metres (45 pieds) la muqueuse intestinale, et dans toute cette etendue le tissu mu­queux etre le siege d'une violente congestion avec hemorrhagie.
Les brebis, les moutons, resistant davantage ä la violence de la maladie, offrent, generalement des lesions inlestinales plus etendues, plus intenses que les agneauxdesept ä huit mois, un an, qui en men-rent moins promptement.
J'ai souvent constate dans les deux tiers anterieurs
I
-ocr page 29-
, 7,1
-17
des intestias greles, une bouillie glaireuse, noirätre, ou cTun vert fonce. Cette matiere se remarque toujours lorsque Pautopsie a ete faite de cinq ä dix heures apres lamort. Examinee aveclegrossissement du mi­croscope, je l'ai vue formee par Tepithelium gri-sätre ou noirätre des viliosites marbrees qui existent dans cette partie intestinale, de bile, de mucus mor­bide , et d'une petite quantite d'aliments. Cette ma­tiere qui a fixe particulierement Tattention de quel-ques veterinaires de la Beauce, n'est point le produit de la maladie de sang, mais le resultat d'un commen­cement d'alteration cadaverique.
Les gros intestins n'offrent que tres rarcment des traces maladives bien notables. Des rougeurs, des arborisations de forme, degrandeurvariable, se mon-trent dans lecoeuretle colon. La muqueusedes deux derniers tiers de ce dernier intestin et surtout le voi-sinage du rectum est ca et la rouge, arborisee et parfois ecchymosee. Les matieres excrementitielles qui occupent ces points malades sontrecouvertes d'un produit morbide, glaireux, epais, membraneux, souvent teint par du sang. Ce sont assurement ces points malades qui donnent Heu aux matieres excre­mentitielles, muqueuses et sanguinolentes, que ren-dent les animaux au debut et pendant le cours de la maladie. (fby. signes avant-coureurs.)
-ocr page 30-
18
Le foie est noiittee, fermlaquo; et salaquo;is alteration.
Organes urinmres. — Les reins sont constamment gros et d'un rouge noir a rexterieur. Coupes de la grande ä lapetitecourbnre, le tissu renal laisseecouler beaucoup de sang. La substance tubulee est toujours d'un noir tres fence. Les tubes urinaires abordant au bassinet, quidansretat naturelsont fins et delies, sont gros et tres visibl'es; en les pressant de la circon-ference renale au bassinet avec la lame d'un scalpel, on en fait suinter une quantite notable d'urine san-guinolente.
Le bassinet renal n'ofire rien de notable.
La vessie renferme souvent de Turine rougie par du sang, la muqueuse de cette poche est parfois in-Jectee et rougo.
Jeferai remarquer ici que les desordres de la rate, de Tintestin, peuvent parfois etre tres legers ou ne pas exister; mais les alterations des voies urinaires que je vien* de relater, ne manquent jamais.
3deg; Organes respiratoires,
Les gros vaisseaux veineux, les vaisseaux capillai-res des glandes parolides, des maxillaires, du tissu cellulaire, des muscles qui avoisinent le pharynx et 'e larynx, sont gorges d'un sang Ires noir, qui s'ecoule abondamment lorsqu'on coupe la gorge en (ravers
#9632;
-ocr page 31-
19
pour detacher la tamp;te du cou- Les globules, la serosite de ce sang, s'echappent merne des vaisseaux quelque temps apresla mort, et viennent former uoehypostase cadaverique sero-sanguinolente dans les parties de-clives.
Les Cavitds nasales sonl remplies d^cumesangui-nolente, la pituitaire est rouge noirätre et gorgee de sang.
La muqueuse dularynx est rouge noirätre, tres in-jectee, notamment aux bords de ia glotte.
Poumons. — Les poumons de couleur rose sont marquetes de petites taches brunes, miliaires ou lenticulaires, dues ä un petit epanchement sanguin circonscrit, occupant les plus petits lobules pulmo-naires. Ces petites hemorrhagies lt;jui paraissent avoir leur siege dans plusieurs vesicules pulmonaires, lorsqu'on les examine ä Faide d'an grossissement de deux cents fois, sont d'autant plus norabreuses et plus larges, que rheaiorrhagiebronchique a ele plus considerable, et queTanimal a rejete plus de sang par les naseaux pendant !es derniers moments de la vie.
Uarbre bronchique est rempli d'ecume sanguino-lente. La muqueuse de toutes les nombreuscs divi­sions des tuyaux aeriferes vivement injectee et d'un rougefoncedans les grosses divisions el les moyennes, est dW rouge noir dans les petites et les tres petites.
-ocr page 32-
20
Le thymus dans les agneaux est noir et rempli de sang. Les plevres ne presentent rien de notable.
Jf Organes circulatoires.
Le sang contenu dans la veine porte', les veines caves, les jugulaires et toutes les grosses veines est abondnnt, d'unnoirfonce, assezrarement coagule. Ce liquide ne tarde cependant pas ä prendre une cou-leur moins foncee, lorsqu'il est expose au contact de Fair. — La membrane interne des tubes arteriels ou veineux sur les betes ouverles aussilöt la mort, est blanche et ä l'etat normal.
Le ventricule droit du coeur est toujours distendu par beaucoup de sang noir. Le gauche n'en contient point ordinairement. Je n'ai vu que tres rarement des ecchymoses au dessous de la sereuse des ventri-cules.
Systeme lymphatique. — Les ganglions lyrapha-tiques du mesentere, de la region sous lombaire, des aines, de la region inferieure du flanc, des bronches, deTentree de la poitrine, des regions superieures et inferieures du pharynx, sont constamment rouges ou noirätres, soit generalement, soit dans quelques points de leur surface. Leur tissu est marbre par des points noirs ou rouges dus a de petits epancheraents
-ocr page 33-
21
de sang. Cependantla substance ganglionnaire con­serve encore la fermete qui la caracterise. Dansd'au-tres ganglions, les epanchements sont plus etendus, ont la largeur d'une lentille, et par Pincision , ces corps laissent suinter un liquide sanguinolent; ici la texture ganglionnaire est molle et commence ä s'e-craser facilement sous les doigts. Enfin dans beau-coup de ces ganglions et notamment dans ceux du mesentere, de l'entree de la poitrine, des environs du pharynx, tout le lissu ganglionnaire est noiralre ou marbre, ramolli et sereduit facilement sous les doigts en un deliquium brun.
Dans .les cadavres des animaux tues pendant le cours de la maladie et dont on fait immediatement Pautopsie avec soin, si on lie aussitot le canal ihora-cique dans la poitrine, on voit que la lymphe con-tenue dans les gros lymphatiques qui arrivent au reservoir sous-lombaire, quoique parfailement sains, charrient une lymphe rougeälre dans laquellebeau coup de globules du sang se trouvent associes auxnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;\
globules de lymphe.
Le reservoir lombaire , le canal thoracique, sont remplis egalement de lymphe rougie par du sang.
Les vaisseaux lymphatiques de Tencolurequi trans-portent la lymphe du cou, de la tete, des ganglions
-ocr page 34-
-laquo;quot;quot;^^^^Mlaquo;nBHBWaBHHHBHMaHHaOTBHaMM
22
pharyngiens, aux ganglions de la poitrine, condui-senf egalement une lymphe sanguinolente.
Cette derniere observation dont personne, que je sacbe, n^ fait encore mention, explique-t-elle pour-quoi les ulricules qui composent le tissu ganglion-naire lympathique, deviennent ecchymosees et gor-gees de sang ? Je le pense avec d'autantplusde fon-dement que, plus la lymphe est rosee et charrie de globules sanguins, plus les ganglions lympbatiques sontnoirs et gorges de sang.
Toulefois, j'observerai que ces lesions si remar-quables du Systeme lymphatique sont toujours en rapport avec les divers degres de congestion et d^e-morrhagie du tissu cutane, des muqueuses intesli-nales, des bronches, des reins, de la rate. Si les le­sions de ces parties sont recentes, legeres, l'alteration des ganglions est egalement recente et pen profunde; si au contraire, les alterations sont graves el s'accom-pagnent d'une violente hemorrhagie , les ganglions representent la gravite et Tetendue de ces lesions par leur couleur noire et leur texture facile a dechirer. Enfin j'ai constate aussi que dans les betes jeunes, vigourcuses, dejä grasses et riches de sante, les gan­glions etaientbeaucoup plus älteres que dans les be­tes placees dans des conditions opposees.
-ocr page 35-
23
5quot; Organes encepJialiques,
Les sinus veineux des meningessontreniplis, dans beaucoup de cadavres par beuucoup de sang. Les nombreux capillaires arteriels qui se divisent et se subdivisent ä la face inferieure du cerveau, les in-nombrables petites veines qui s^levent de la sur­face de ce viscere sont remplies par du sang.
Les plexus choroides du cerveau el du cervelet sont gros, noirätres et penetres de sang.
La substance cerebrale esl saine, ainsi que cellede la moelle epiniere.
Enfin je ferai remarquer en terminanl que les di­verses lesions que je viens de decrire n'existent pas loujours siinullanement. Ainsi sur un animal, cesont la rate et les reins qui les presentent; sur un autre la rale est peu malade, c'est la rnuqueuse inlestinale qui esl noire et les intestins remplis de sang. Chez celiii-la Tafflux se monlre a la peau, dans les capil­laires sous-culanes, et alors le sang ruisselle de toutes parts en separanlla peau destissus sousjacenls.Enlin dans celui-ci ce sont les bronches, le poumon, qui offrent les lesions les plus remarquable^,
Toujours aussi, et cette observation merite bien d'etre prise en consideration, les lesions de la mala-die de sang sont d'autant plus etendues, les desastres
-ocr page 36-
24
plus grands, Themorrhagie plus forte queles animaux sont äges de deux ä trois ans et dans un elat d'em-bonpoint notable; au contraire elles sont generale-ment moins repetees, plus superficielles, plus legfe-res sur les animaux maigres, les agneaux d'un an et les vieilles brebis.
Je chercherai ä expliquer plus loin, en traitant de Tetiologie de la maladie, pourquoi, selon les condi­tions qui les fontnaitre, les accumulations sanguines s'operent plutot sur tel Organe que sur tel autre Or­gane, et aussi pourquoi les lesions sont plus graves dans les animaux jeunes, vigoureux, sanguins, que dans ceux qui se trouvent places dans des conditions opposees.
Si maintenant je resume rapidement les nom-breuses lesions qui appartiennent ä la maladie de sang, je dirai : aiusraiiöus ca- 1deg; Le cadavre se decompose rapidement, du
dareriques.
sang s'ecoule paries cavites nasales, et le ventre se ballonne considerablement;
2deg; Tantot simultanement , tantöt isolement, la peau et le (issu cellulaire sous-cutane, la rate, leä' ganglions lymphatiques, les muqueuses intestinales, le poumon, les reins, le pancreas, le thymus dans les agneaux, les environs des parotides, le sinus du cerveau, les plexus choroides de ce viscere et du cer-
-ocr page 37-
25
velet, pr^sentent toutes les lesions successives qui accompagnent les congestions sanguines suivies cVhe-morrhagie.
3deg; Tons ces organes, toutes ces parties, oflrent leurs vaisseaux capillaires gorges de sang ou enor-mement distendus par ce liquide; ailleurs Forgane
i H
s'est epaissi, a augmente de volume par Tabord con­siderable du sang, mais a conserve encore toute son integrite.
4deg; Ici, le sang est sorli des vaisseaux, a ruissele
ä la surface des organes membraneux, comme dans les bronches, les rnuqueuses digestives, le bassinet renal, la vessie; tandis que dans les organes compoquot; ses de tissus mous ires vasculaires, entoures d'unc capsule propreou de tissucellulaireassezdensecomme la rate, les reins, le poumon, les ganglions lymphali-ques, le pancreas, lethymus, les plexus choroides, le sang nonseulement a distendu, en gorge les vaisseaux; mais encore s'est echappe peu ä pen de leur interieur pour former des tacheS brunes, lenticulaires (ecchy-moses), de petits epanchements sanguins circonscrits ou des bemorrhagies partielles, enfin pour donner lieu ä une bemorrhagie complete dans I'organe dont le tissu ne forme plus, avec le sang, qu'une partie mollasse, se dechirant faiblement et laissant ruisse-
(
I
-ocr page 38-
26
ler, par la plus petite dechirure ou par la plus le­gere pression, un sang noir et Ires epais.
5deg; Le cocur, les gros vaissea ix, n'offrent rien de notable, lesangqu'üs renferment est liquide et tres noir.
0deg; Enfin il cst digne de reraarque que ces lesions sent d'autant plus repandues, plus profondes et plus graves que les betes sent ägees de deux a trois ans , et dans un notable embonpoint; el d^utant moins etendues et plus legeres, qu'ellessontjeunes, vieilles et maigres.
S A.
Nature et siege do la maladie. / Je ne chercherai point dans ce traile a discuter
les diverses opinions des velerinaires, des auleurs,
des agriculleurs, sur la maladie dite de sang. Je di-
rai seulement que Fafiection que je viens de decrire,
telk quo je Tai observee depuis longtemps soit sur
les troupeaux de la Brie, soit sur ceux des environs de
Paris, et teile que je viens de la voir sur ceux de la
Beauce, a son siege dans le Systeme circulatoire, et
NaHire etsi^e Q116^6 est I* resultat d'une proportioti trap forle dans le
de la maladie.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;gt; i i i /w •
sang, despnncipesorgamqiies notnmesglobules,pbrtne etalhumine^ et d'unepetiteproporliond'eau. Eneffet si,
-ocr page 39-
27
sans idee precongue, on observe les phenomenes morbides qui se passant dans Torganisme , depuis
le commencement de la maladie jusqu'a la mort des
r) TTnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
remarqutt pen­dant le cours de
animaux, que remarque-t-on surtout: line lurges-la maladie cence sanguine se manifestant dans les petits vais-seaux de la peau et des muqueuses apparentes; un sang noir se coagulant rapidement, riebe en elements organiques et pauvre en serosite, congestionnant les capillaires ; puis on voit ce liquide s'ecbapper peu ä peu des vaisseaux et teindre en rouge les urines, les ex­crements ; circulerdifficilement dans le pouraon, et susciter d'abord de la difficulte dans Texecution de Tacte de la respiration, puis de la dyspnee; enfin sortir en nature des vaisseaux, s'etaler ä la surface des organes, couler par les orifices naturels ou s1^-pancber dans la trame des visceres. Or, ces diffe-rentes scenes morbides ne doivent-elles pas etre rattachees ä un exces de sang dans le torrent circu-latoire, a la distension des dernieres divisions des vaisseaux intermediaires , ä Telargissement de leur porosite dV.bord, de leur dechirure ensuite et ä Te-coulement des globules du sue vital, plus petit d'ail-leurs dans le mouton que dans tons les autres aui-maux domestiques?
Apres la mort one voit-on sur les cadavres ? Les ceqoei'on
1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;*nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;conslale apres
tissus, les organes composes de beaucoup de vais- ani0quot;
-ocr page 40-
m^m^mmm
28
seaux et recevant normalement une grande quantite de sang, baignes, gorges, impregnes, denatures, par ce liquide qui a abandonne les canaux ou il cir-culait.
II est done rationnel de conclure du siege et de la nature de ces lesions , que la cause qui les a susci-tees, existe dans les vaisseaux et resulte d'un trap plein, d'un exces de sang circulant dans leurinterieur, et surtout de la plus grande quantite de globules que ce fluide parait contenir. Or, sMl en est ainsi, e'est done ä tort qu'on a cherche ä localiser le siege de la inala-die de sang en lui donnant les noms de sang de rate ou düapoplexie de la rate, de pisse-sang ou hematu-rie, de chaleur ou ühemorrhagie des voies respira-toires, d'apople.rie des intestins ou d?enterorrhagie 5 puisque Tagent generateur de la maladie reside dans la constitution de la masse sanguine reparlie dans tons les nombreux vaisseaux de Pedifice animal.
II est important que les opinions medicales soient bien fixees sur la nature et le siege de la maladie de sang des moutons; aussi vais-je chercher encore ä baser Topinion que j'ai enoncee plus haut sur Tob-servation des causes du mal, d'oü decoulent les moyens preservatifs convenables pour I'eviter.
-ocr page 41-
29
CHAPITRE II. Causes de la maladie.
sect; Ier.
Situation topographiquc de la Beauce orlüanaise. — Constitution geo-logique de son sol. — Sa culture. — Envisagees comme causes pre-disposantes de la maladie.
I
La situation, la constitution geologique du sol de la Beauce, le Systeme de culture suivi dans ce beau et riche pays, ont fixe toute mon attention, dans l'etude des causes predisposantes de la maladie dont 11 s'agit. Je me suis attache ensuite ä la maniere de nourrir et de gouverner les troupeaux pour parve-nir ä la connaissance des causes occasionnelles et determinantes.
Je vais exposer le resultat de mes recherches.
Dans le departement du Loiret aussi bien que dans celui de Loir-et-Cher, on pent faire trois divi­sions bien distinctes sous les rapports de la situation topographiquc, la constitution geologique, la G 1-
-ocr page 42-
80
ture, Teducation des betes ä laine, la frequence et la rarete de la maladie de sang qui sevit sur les trou-peaux. deslaquo;en0^'Son- Dans le Loiret, la region de ce deparlement si-gi'que du soh0 0quot; tuee sur la rive droite de la Loire , comprend une partie de la Sologne, pays humide et plat, encore pen cultive, donl la surface est sablonneuse et le fond argileux. La habite la petite et rustique race ovine appelee solognote. La maladie de sang est inconnue dans cette localite. Une affection de na'ure tout op-posee, quoique ayant cepenoanl son siege dans le sang, sevit sur les troupeaux: c'est la pourriture on cachexie aqueuse.
La rive gauche de la Loire, comprenantles arron-dissements de Gien, de Montargis, une partie de ceux d'Orleans et de Pithiviers, est bocagee et cou-verte en grande partie par les forets d^rleans et de
Msntargis. Dans presque toule cette seconde partie du Loiret, le sol est maigre, sablonneux, la vegeta­tion pen active. Ici c'est encore la race solognote qui forme la majeure partie des troupeaux. Quelques grands proprietaires cultivateurs y possedent cepen-dant de beaux metis merinos a laine fine.
La maladie de sang est bien peu connue dans cette etendue de territoire qui forme les deux tiers du Loiret. Ce n^st que dans les exploitations ru-
-ocr page 43-
v
yr
31
i-ales tres ameliorees qo'on la voit se manifester apres la recolte des cereal es seulement.
La partie du Loiret oh regne annuellement la maladie de sang, comprend une petite pavtiede Pan-cienne Beauce, formee de la region nord-estdu Loi­ret, limitee par les departements de Loir-et-Cher, Eure-et-Loir et Seine-et-Oise. Je reviendrai plus loin sur cette partie da Loiret.
Dans le departement de Loir-et-Cher, la rive droite de la Loire, occöpee par Tarrondissement de Romorantinr appartient encore ä la Sologne. Ici la culture est amelioree, et cependant la maladie y est presque inconnue. Dans rarrondissement de Ven-dome, dans toute la partie de rarrondissement de Blois, situee en decä de la foret de Marchenoir, pays boccage, mais bien cultive, la maladie de sang fait encore peu de victimes. 11 faut franchir la foret deMarchenoir et arriver sur le plateau de la Beauce, dans le canton d1Ouzouer-le-jMarche, pour se trou-ver sur le theatre de la mortalite. Ainsi, dans les departements du Loiret et de Loir-et-Cher, c'est dans la petite portion de ces departements comprise dans la Beauce oü la maladie de sang sevit sur les troupeaux. Dans toutes les autres regions boisees, humides, sablonneuses et arides, pourvues de prai­ries naturelles, de friches, de pres arides, de landes,
\
#9632;
-ocr page 44-
32 Lamaiadic de la maladie n'exisle que peu ou point. Dans la So-
sang nest quenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;l rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i
?onnueUdanPsTs logne, je l'ai dejä dit, eile esl remplacee par la pour-
localiics oü le _
fes faules* a- riture* ^ esi- d'ailleurs digne de remarque que dans loutes les parties de la France oü les moutons pais-sent dans des localites arides, montagneuses, bocca-gees et humides, oü les plantes poussent naturelle-ment, et sent un peu aqueuses, la maladie dont il s'agit ne fait que peu ou point de victimes.
Les trailes d'agriculture, d'education des mou­tons, de pathologie ovine, publies en Angleterre, et que j'ai plaquo; consulter, se laisent sur la maladie de sang. M. de Gourcy, dans son excursion agrono-
nae eenStAngie- niique en Angleterre et en Ecosse, assure que celte
terre.
maladie est mconnue dans la Grande-Bretagne. M. Finspecteur general des ecoles veterinaires et des bergeries loyales, dans ses nombreuses courses en Angleterre, pour Tachat de betes bovines et ovines, m'a assure n'avoir jamais entendu parier de cette redoutable affection. JVi parcouru I1 Angleterre, et j'ai fait la meme remarque que Thonorable inspec-teur que je viens de citer.
En France, ce sont les departements oü la culture
est grande et perfectionnee, dans quelques plaines
ferliles du midi de la France, dans la Brie el surtout
Eiielaquo;*viidans dans la Beauce, que Von voit regner la maladie de
lespaysdegran-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;. .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;j,o
decuiiure. sang sur les troupeaux. Or, ne serais-je pas deja
*m
-ocr page 45-
33
autorise a penser que la constitution geologique da sol, la secheresse deTair, le pacage des troupeaux sur les planles cultivees pai* les soins de l'homme dans les pays de grantle culture, sent les causes pre-disposantes du sang de rate ?
En ce qui regarde la portion de la Beaucequc j'ai Bea0ttCceldeiie exploree, j'ai constate que dans toutes les parties deses departements de Loir-et-Cher et du Loiret, qui bor-dent ä une et meme ä deux lieues les forets de Marche-noir, de Bucy, d'Orleans, et qui forment les basses regions du plateau nord-est et nord-ouest de la Beauce dite orleanaise, localites oü la terre est om-bragee, sablonneuse et froide, ou les troupeaux d'ail-leurs, composes de deux cents ä trois cents betes, paissent au voisinage des bois, sur des friches, sur les grands chemins de communication traversant les forets; oü la culture ne se fait point encore en grand, la maladie de sang est rare; eile n'a meme fait que peu de victimes en 1842, malgre Textreme seche­resse de Tete. Au delä de ce rayon, l'aeration des lieux, la composition du sol, le Systeme de culture, Thygifene des troupeaux, sont differentset la maladie de sang tres frequente.
La constitution geologique du sol de la Beauce a - constitution
gamp;gt;logiquc du
fixe toute mon attention. J'ai rapporte plusieurs5olde,aBcauco
echantillons de terre et ai prie mon estimable col-
3
i I
ll
-ocr page 46-
(
34
legue M. Lassaigne, de vouloir bien les analyser. Ce travail a demon tre :
10 Que la terre cultivee, offrant generalement une couleurjaunatre, estessentiellement formee d'humus, d'argile sableuse coloree plus ou moins en jaune ou en rouge par de Phydrate de peroxyde de fer, et d'une petite proportion de carbonate de chaux.
2deg; Que le sous sol presente la meme composition que la terre cultivee, seulement il renferme une plus grande proportion de carbonate de chaux.
3deg; Que le tnf est compose de carbonate de chaux mele d'une petite quantite d'argile blanche.
4deg; Enfin que les pierres, assez abondamment re-pandues sur le sol et dans le sous sol, sont formees par un calcaire compacte, dur, luisant, compose de carbonate de chaux melange ä une petite propor­tion d'argile.
La couche de terre cultivee est d'une profondeur qui varie entre celle de 7 ä 8 ponces et celle de 10, '15 ä 24 pouces. Dans beaucoup de localites le sous-so! est forme presque entierement d'une petite quan­tite d'argile associee a du sable colore en rouge par l'hydrate de peroxyde de fer. C'est ce sous-sol que les cultivateurs nomment terre rouge, et qu'i's n'o-sent point mettre ä la surface de la terre en la-bourant parce qu'il est peu productif. Cette terre
\ amp;
-ocr page 47-
wmm.
35
rouge se rernarque la ou le tuf a une petite profon-deur et recouvre ordinairement un banc epais de calcaire compacte intorrompu parfois par de l'argile carbonate. Cette composition du sous-sol et du tuf se voit dans plusieurs communes du canton d'Arthe-nay, et notamment ä Sougy, dans certaines fermes de la commune de Trinay, et particulierement dans la localite occupee par la ferine d'Apilly, ainsi que dans quelques communes du canton d'Ouzouer-le-Marche, et surtout a Binas.
Dans la plus grande parlie des plateaux de la Beauce orleanaise, le sous-sol est forme par Fargile blanche et le carbonate de chaux. On le nomme terre blanche. Souvent cette couche marno-argileuse, parfois recouverte par un peu de sable rouge , est si peu profonde, que le soc de la charrue famene ä la surface du sol. Dans beaucoup d'endroits, et notamment entre les hauts plateaux et la marge de la Beauce, le sol cultive etle sous-sol renferment une grande quantite de pierres blanches plus ou moins volumineuses, formees, ainsi que je fai dit, de cal­caire compacte; tandis que, touchant les forets de Marchenoir et d'Orleans, le sol cultive est forme d'un peu d'argile, d'une petite quantite de sable rouge et de beaucoup de sable blanc.
On voit done que le sol dans les plaines de la
tm
-ocr page 48-
wmmmm
I
36
Beauce , renferme les principaux elements terreux qui concourent ä favoriser la vegetation des plantes. L'argile lui conserve de rhumidite et s'oppose ä la filtration profonde des sels solubles; le sous sol mar-neux lui donne de la chaleur; les engrais qu'on y deposent unis a la marne, au sulfate de chaux ou au plätre qu'on seme sur le sol cullive , au commence­ment de la vegetation , achevent de lui donner sa grande fertility.
Les plantes qui poussent sur un tel sol et au mi­lieu d'un air sec et vif, doivent assurement, sous un petit volume , renfermer une grande proportion de principesalibiles, etdonner par consequentbeaucoup d'elements fibrino-albumineux et globuleux au sang desanimaux.CTestcequiarriveeneffet; et on acquiert une certitude complete ä cet egard si Ton compare le sang rouge, plaslique, charge de globules et peu aqueux, du mouton de la Beauce, avec le sang rose, peu globuleux et charge d'eau, du mouton qui pä-ture dans les terres sablonneuses de la lisiere de ce pays, du val de la Loire, et surtout de la Sologne. La maiadie est Les relcves statistiqucs de la mortalite dans les di-
plus frequenle
squot;csleScaicaires vers lieux que j'quot; parcourus, m'ont demontre que toutes choses etant egales d'ailleurs, la mortalite etait annuellement plus considerable dans les com­munes , dans les fermes oü la terre cultivee etait
-ocr page 49-
#9632;#9632;
^m
^^
37
peu profonde et recouvrait immediatement le sable ferrugineux, et que le sol cultivable ne formait qu'une couche legere au dessus du tuf. Or, il est plus que pro­bable que les plantes qui vegetent sur ce sol sec etcal-caire, quoique moins vigoureuses, moins elevees, moins talees que celles qui croissent dans un sol cultive profond, frais et abondant en humus, contiennent sous un plus petit volume autant, sinon plus, de prin-cipes nutritifs et excitants. Je ne suis point eloigne de croire que ces plantes porapant par leurs racines une eau renfermant de l'hydrate de peroxyde de fer, fournissent au sang un principe ferrugineux qui doit concourir ä la formation de sa matiere colorante, ou de ses globules, corpuscules consideres aujour-d'bui comme la partie la plus animalisee du liquide nourricier.
L'analyse de ces plantes pourrait peut-etre de-montrer que cette presoraption est fondee. Ce qui est certain, c'est que la mortalite causee parle sang, est, toutes choses etant egales d'aillears, plus grande dans tous les lieux ou le sol cultive et le sous sol sont ferrugino-calcaires, que partout ailleurs.
Barrier pere, dans une note sur la maladie du yang desmoutons ('l)de la Beauce,disaiten 1810 : laquo; Les
(t) Correipondanclaquo; de Fromage de Feugre, 1.1quot;, p. 188.
/I
-ocr page 50-
7-r
WMl
tm
38
laquo; causes les plus frequentes de la maladie qui enleve laquo; souvent des troupeaux entiers , paraissent devoir laquo; etre attribuees au sol sur lequel on I'observe le laquo; plus frequemment, et ä la vivaclte des fourrages laquo; qui ycroissent. En effet, cette maladie estaussi fre-laquo; qiienle sur les sols lexers et calcatres, sur ceux qui laquo; produisent le sainfoin, qu'elle est rare sur tons les laquo; autres sols. Cette cause parait tellement evidente laquo; aux cultivateurs de ces terrains, qu'ils se privent laquo; de l'education des merinos pour cela seul. raquo;
M. Guillame , dans une note sur une epizoolie due a la maladie de sang, et observee dans le depar-tement de Plndre (I), en 1817, dit en parlant des causes de la maladie: laquo; Le sol oü paissait le trou-laquo; peau est d'unebonne nature et im peu ferrugineux.
M.Yvart,inspecteur general des ecolesveteriaaires et des bergeries royales, n^avait assure, avant mon depart pour ia Beauce, avoir remarque que dans les localites oü le sol etait calcaire, la maladie de sang sevissait avec plus de force que sur les sols de toute autre nature, et que les moyens preservatifs a mettre en pratique , consistaient dans remigration du troupeau.
(l) Annales de Vagriculture franQaise, 1818, a' seric, t. Ill, p. 129.
-ocr page 51-
39 Dans tout le plateau de la Beauce qua Tai visite, sysi*me de
1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; t jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ' cu|ture genera—
la culture se fait en grand. L'assolement triennal lemcnUdoptdeg;-est le plus generalement adopte. Cependant Passole-met quadriennal commence a se repandre dans les exploitations bienconduiles. Le ble, Torge, I'avoine, les prairies artificielles formees par les legumineuses, fournissent toule la recolte.
Les vesces, les gesses cultivees, les pois des champs, sont les plantes fourrageres intercalaires usitees dans la rotation de culture,
Les carottes, les navets, nVnlrent point dans les assolements. Je n'ai rencontre chez les cent vingt fermiers que j'ai visiles que quatre d'entre eux qui cultivassent la betterave et la pomme de terre pour leur troupeau.
La constitution et la qualite du sol, Finstruction agricole des cultivateurs, la durce plus ou moins prolongee des fermages, apportent des differences notables dans le Systeme de culture suivi en Beauce^ On peut cependant dire que generalement la culture du ble, de Tavoine et de Torge domine , que les prairies artificielles sont tres repandues, et qi^elles prennent chaque annee plus d'extension depuis vingt ans. Je dirai meme que dans les exploitations bien conduites, les prairies artificielles remportent sur la culture des cereales annuelles. On ne remarque de
!•
1
-ocr page 52-
^
40
prairies, de pacages naturels que dans quelques val-lees arrosees par de petits ruisseaux, quelques che-mins vicinaux peu frequentes, et au bord des forets. Dans ce systfeme de culture, les chevaux, les va-ches, les moutons, sont alimentes toute 1'annee par les pailles des cereales annuelles , les graines dWge et d'avoine , les prairies et les fourrages artificiels. Or, j'ai remarque que dans les exploitations, les com­munes, oü les troupeaux ne mangeaient exclusive-ment que les plantes cultivees par les soins de l'hom-me, la maladie de sang sevissait dans toute sa force. Sicependant, au milieu de ces lieux perfides pour les betes ä laine, se trouvent une commune, une ferme isolee oü le sol est frais, ombrage par des bois, des plantations formant avenues, arrose par un ruisseau, une riviere, pourvu de prairies naturelles, ou recon­vert de quelques hectares de friches, ces endroits sont generalement respectes par la maladie. coDciusion. Je pense done pouvoir conclure que la constitu­tion calcaire-marneuse, sablo-ferrugineuse et argi-leuse du sol de la Beauce; le Systeme de culture suivi dans ce pays ; les proprietes tres succulentes des plantes cereales et legumineuses qui y vegelent abon-damment; l'air vif, pur et sec qu'elles y respirentj le peu d'humidite qui les penetre; et peut-etre aussi le fer qu'elles pompent dans le sol, sont des causes qui
-ocr page 53-
41
influent laquo;Tune manifere remarquable pour predispo-ser les betes a laine ä la maladie de sang.
Dans la haute Beauce , la maladie qui nfoccupe existe depuis tres longtemps. Toute l'annee eile fait quelques victimes; mais c'est surlout ä la fin du re­gime d'hiver, au commencement du regime d'ete ou lors des mois d'avril, de mai, puis pendant la saison des chaleurs, ou durant les mois de juin et surtout de juillet, d'aoüt, et la premiere quinzaine de septembre, qu'elle occasionne de grandes mortalites.
II etait done indispensable que je cherchasse dans la maniere de nourrir, de loger les troupeaux pen­dant Fhiver et leprintemps, et de les gouverner pen­dant Tete et Pautomne, les causes predisposantes et occasionnelles de la maladie. Je vais resumer tou-tes les observations que j'ai faites a cet egard.
sect;2.
Hygiene des bStes h laine pendant Thivernage. — Regime alimen-taire. — Abus des aliments sees et succulents. — Inconvenients. — Fails demontrant qu'ils occasionnent la maladie.
Dans toute la haute Beauce , les troupeaux sont alimentes pendant Thivernage avec la paille, le tre- Regime dos
troupeaux pen-
fle, le sainfoin, la luzerne, les vesces, les gesses cul- laquo;Jauu'kiTlaquo;. tivees en pailie et en grain, Favoine, Torge etle son. La ration de ces matieres alimentaires n'est generale-ment point distribuee au poids, les fourrages n'etant
-ocr page 54-
raquo;
42
chez la plupaft des cültivateuts ni botfeles ni peses d'avance. Le berger prend souvent aufant quil veut dans le grenier ä fourrage et donne aux betes, selon son bon vouloir, pen ou beaucoup. S'il est instruit, s'il a de rexperience, il rationneconvenablement le frou-peau; s'il est ignorant, il connnet des efreurs preju-diciables ainsi que j'en airecueilli beaucoup d'eXem-ples. D'aulres bergers, jaloux d'avoir ä Conduire un troupeau dont les betes sönt dans un embonpoint notable, sacrifient par ignorance les interefs de leur maitre, et sont causes d'effrayantes niortalites. Quel-ques uns meme donnenf sciemment une trop grande quantite d'aliinents, et font perir les betes du sang par une r^voltante speculation.
Le cultivateuf beauceron s^ccupe bien des for­mes des animaux , du poids et de la finesse de leur toison; mais il neglige les söins particuliers de son troupeau qu'il confie an berger. Je reviendrai plus loin sur rinstraction que possedent les bergers de la Beauce, les habitudes qui sont suivies ä leur egard, et ferai ressortir tous les inconvenients qui se ratta-chent h la confiance quTon accord e amp; ces hommes.
Voici la moyenne de la ration donnee par bete et par jour dans les tfronpeaux damp; la Beauce, et calcu-lee sur les notes que j'ai recueillies chez les cent vingt cültivateurs que j'ai visites.
-ocr page 55-
A3
REGIME D'ENTRETIEN DES BREBIS.
1raquo; Paille de ble coup6 a la faux et
battuaufleau..........li'ii.,500Sr-äaquot;quot;-(3ä41iv.)
9deg; Luzerne de premiere coupe . . . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 500nbsp; nbsp; (1 livre)
ou de seconde coupe.....,lt; .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 750nbsp; nbsp; (llivrcl^)
oulrcfle............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 450nbsp; nbsp;(llonces)
3deg; Vcsce d'hiver en paille et en grain .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 450nbsp; nbsp;(14 onces)
ou vesced'hiver (poiscornu). . . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 360nbsp; nbsp; (12 onces)
Independarament de cette ration d'entretien, one quinzaine avant l'agnelage et pendant rallaitement des agneanx, on depuis le 23 decembre jusqu'au 25 mars , chaque brebis consomme tons les jours : une provende composee d^avoine, d'orge et de son de 250 ä 300 grammes, distribuee en deux repas.
Lescultivaleurs quispeculent surTelevede grosses betes, portent !e poids de provende jusqu'a 500 gram­mes. Cette ration de production du laitest diminuee peu ä peu pendant les mois de fevrier et de mars, et supprimeeä la fin de ce dernier mois, epoque du se-vrage. Avec celte alimentation , les betes , quoique nourrices, restent en parfait etal.
REGIME ET RATION DES AGNI'.AUX DESTIKKS A FAIRE DES BELIERS.
Ier mois...... Le lait de la mere.
|Le lait de la mere. 2' mois......lt; Regain de luzerne......250 grammes 'M lgt;v.)
I Provende, avoine el son. 250 raquo; (% liv,)
-ocr page 56-
gt;
:
#9632;
u
I Le kit de la mere. Regain de luzerne. 615grammes(l liv. eti^once) Provende........615 raquo; (lllv.etVionce)
{ Le lait de la mere. Regain de luzerne. S15 raquo; (1 llv. elVSonce) Provende........750 raquo; (1 liv. %)
5quot;mols....... Sevrage.
Quelques eleveurs donnent la provende ä discre­tion. Pendant les huit mois de beau temps, indepen-damment d'une forte ration de fourrage vert pris ä la bergerie, Vagneau belier mange toujours 750 gr. (1 livre 4/2) de provende. Le second hivernage, le belier antenais alors a pour ration.
Paille.'.-. . %'.......... 500 gr. (1 liv.)
Luzerne............. . 280 raquo; (9onces)
Provended'avoiue pure . . . SCO ä 620 raquo; (lliv.4onc.)
Cette nourriture est continuee jusqu'au moment de la vente qui se fait ordinairement en mai et juin.
REGIME ET RATION BBS AGNEAUX NON DESTINES A LA REPRODUCTION.
Ier mois;.....Le lait de la mere.
JPIH*.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 Le lait de la mere.
2 mois......J
I Regain fin de luzerne a discretion.
| Le lait de la mere.
3deg; mois......' Regain fin de luzerne a discretion.
(Provende, avoine,orgeet son 100a 120 gr. (4onces)
! Le lait de la mere. Regain fin de luzerne........950 gr. (!£ livre) Provende ci-dessus.....120 ä 150 raquo; (4 ä 5 onces) ouvescecultivee,pailleetgrain210 raquo; (7onces) 6emois....... Sevrage—nourriture verte.
;
-i'
-ocr page 57-
fp
45
RKGIME DES MOUTONS D'UN AN.
Novembre.... Paille.................SOraquo; grammes (1 livre)
Paille.
Decembre...
............. 500nbsp; nbsp; nbsp; raquo;nbsp; nbsp; nbsp; (llivre)
jailvier____lluzerne............... 500nbsp; nbsp; nbsp; raquo;nbsp; nbsp; nbsp; (llivre)
Fevriernbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I ou vescegt; Paille et Srain 250nbsp; nbsp; nbsp; raquo;nbsp; nbsp; nbsp; (V^ livre)
' iProvende,avoine et son..^210nbsp; nbsp; nbsp; raquo;nbsp; nbsp; nbsp; (7onces)
Mars___
I Paille.................. 1 kil. (2 lims)
Avril...,
REGIME DES MOüTONS ET BREBIS DE 9 A 3 ANS.
Novembre.... Paille.................500 grammes (1 livre)
Decembre----Paille............ 1 kil. (2 livres)
Janvier. Fevrier.
! Paille............ t raquo; (2 livres) Luzerne ou trelle........ 500 grammes (1 livre) ou vesce d'hiver.......250 raquo; (14 )livre)
Brebis, agneaux, rnoutons (Tun ou de deux ä trois ans, sont dans un embonpoint notable au printemps avec cette alimentation.
Je n'ai rencontre, je le repete, chez les cent vingt cultivateurs dont j'ai visite les troupeaux, que quatre d'entre eux qui aient l'habitude de faire entrer dans le regime alimentaire d'hivernage, la betterave et la pomme de terre pour rafraichir les animaux j et en­core ces aliments etaient-ils donnes en petite quan­tity et pendant pen de temps. Au contraire, tous ajoutentUn condiment excitant, le sei marin, a cette nourriture echauffante et nourrissante.
J'ai consulte beaucoup de cultivateurs et d'ele-veurs de rnoutons dans la Brie, dans les environs de
-ocr page 58-
wmr
)
A6
Paris, et je me suis assure qu'on ne donne point une ration aussi forte en poids aux moutons. Les brebis, agneaux et beliers du troupeau de Tecole d'Alfort ne recoivent point non plus nne ration ali-mentaire ni aussi forte ni aussi substantielle. J'ajou-terai que la constitution du sol de la Beauce, la force de la vegetation des plantes, fetnploi du plätre pour augmenter cette vegetation, Pair generalement sec et vif qui regne surles plaines immenses dece riche pays, sont encore des circonslances qui contribuent
.
ä donner une qualite tres nourrissante aux plantes mangees par les moutons; conditions qui ne se ren-contrent peut etre pas dans aucune autre localite de la France.
Bien que la ration de paille et de luzerne soit forte, ce n'est point assurement cette alimentation
:
qui donne trop de sang aux moutons. Quant aux
|nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; provendes d'avoine et d'orge, aux vesces et aux
gesses en paille et en grain, cette alimentation dis­tributee au poids et pendant le temps que j'ai relate
bnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ci-dessus, je vais chercher ä demontrer qu'elle est
une des principales causes predisposantes et deter-
minantes de la maladie de sang qui se declare soit
pendant, soit ä la fin de Tbiver.
Analyse des Les interessantes analyses qui ont ete faites dans
graines des ce-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;f i
rtaies.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ces derniers temps des graines des cereales, par
i1
di
-ocr page 59-
#9632; #9632;
47
MM. Dumas (1) et Liebig, (2) ont appris que ces ali­ments renfermaient de la fibrine, de ralbumine, de la caseine, de la glutine, des matieres grasses, de Tamidon, quelques traces de matieres sucrees et gommeuses, enfin de Teau.
Les rechercbes sur la composition da sang des as Analyses du
r •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; . . sang-
animaux taites par les savants chimistes que je viens
de nommer, ont fait connaitre ensuite que le iluidc qui nourrit et vivifie tout Torganisme, renferme de la fibrine, de Talbumine, de la caseine dans quel­ques circonstances, des matieres grasses, et enfin des corpuscules colores qui n'existent point dans les vegetaux, et qu'on a nommes globules, ou matiere
071nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; onbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Rapproche-
colorante(3). Or, les beaux travaux de MM. Dumas JSiS™'!! et Liebie ont demontre: 10 Oue la fibrine du ble, lani et du a^s
quot;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;vnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ' des animaux.
de Forge, de l'avoine, possede des caracteres physi­ques et chimiques qui la rapprochent de celle du sang des herbivores;
2deg; Que ralbumine vegetale ne differe en rien de ralbumine du sang.
3deg; Que la caseine est semblable ä celle du lait et
(1)nbsp; Annales de chimle et de physique. — dccembre 1842.
(2)nbsp; Mamp;mes annales, — fevrier 1842.
(3)nbsp;Le sang des beies ä laine bien portantes, d'apres les recherches que j'ai faites avec MM. Andral et Gavarret, est compose , sur 1000 parties, de 3 parties de fibrine, 86 parties d'alburalne, 101 par­ties de globules et 804 parlies d'eau.
-ocr page 60-
)
A8
peut etre celle du sang des herbivores. D'apres M.Dumas, celte substance possederait larafemecom­position elementaire que Talbumine, bien qua ces deux substances soient isomeres.
4deg; Que la graisse qui existe en petite quantite, il est vrai, dans les vegetaux, a la meme composition que la graisse du sang et des organes. Rapproche- Les analyses elementaires de ces principes oreani-
roent entre les
nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;o
äemems ga- ques föite? par MM ßoussingault, Marcet, Mulder, Dumas, Scherer et Josnes, ont fait voir que le carbone, I'azote, Thydrogene et Toxygene, ce dernier en pe­tite quantite, en etaient les elements constituants, et que, je le ferai remarquer, Tazote qui concourtes-sentiellement ä la formation des matieres animales, etait ici plus que dans toutautre principe organique des vegetaux de notre climat, en grande proportion. Consequences. Ainsi, en mangeant de l'orge, de Tavoine en pro-
inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; vende, du Me dans les pailles mal battues, les mou-
tons de la Beauce doivent done faire beaucoup de sang, puisqu'ils trouvent dans ces graines tons les
knbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; elements organiques qui composent ce liquide, sans
en excepter les globules. L'ecorce de ces graines leur fournit, en outre, un principe stimulant resinoide qui les excite beaucoup.
Quant au sacre, a la gomme, ä Pamidon, bien que ces principes organiques ne renfennent pas
-ocr page 61-
I
49
d'azote, ils servent cependant a la nutriiion, lors-qu'ils se trouvent daus certaines proportions, selon M. Dumas; et d'apres M. Liebig, ils forment de la graisse en perdant un peu d^au et d'oxygfene.
En resume, les graines des cereales, par les prin-cipes immediats qu'elles renferment, fournissent conclusion. done beaueoup de materiaux pour la constitution du sang, liquide charge, comme on le sail, de dis-tribuer ces materiaux ä tout I'organisme.
Lepois, les vesces, les gesses, en paille et en grain, donnent-ils autant de principes nourrissants au fluide pois, gessw et
vesces.
vital ? Dans le but de bien fixer mon opinion ä cet egard, M. Lassaigne, professeur de chimie ä Tecole d'Alfort, etM. Clement, son adjoint, out euTextreme obligeance d'analyser les graines provenant de pois, de gesses, de vesces, prises cbez des cultivateurs qui perdaient beaueoup de moutons du sang, dans le moment oü ils etaient nourris avec ces aliments en paille et en grain.
Ces interessantes analyses ont demontre que ces graines contiennent de la legumine et de Palbumine, de l'amidon, du sucre, de la gomme, qui en consti­tuent les matieres solubles ou nutritives; de l'eau et un residu qui en forment les matieres insolubles ou non alibiles , dans les proportions consignees dans le tableau suivant.
U
I
J.
-ocr page 62-
50
i
quot;3 O
5
gt;
gt;
GRA1NIS
o ed
s
gt;
9|
PS
•9
3
w
t-
M
D
s 1
gt;
7S
4
i ANALYSEEraquo;.
gt;
gt;
O
3
c
o
a
n
o
gt;#9632;
s
s 1
ä
SB.
es
a
s
tr.
pi
w
r
ogt;
Pois moisard .
3gr.
0,203
1.700
0,260
0,160
0,650
o.osraquo;
3,000
2,177
0,823
1 Gesse cultiree
: ou pois cornu
id.
0,161
1,630
0,350
0,170
0,(100
0,600
3,000
2,187
0,813
Vcsce d'ele ...
id.
0,087
1,550
0,453
0,U6
0,712
0,052
3,000
2,016
0,88'. 0,896
Vcscc d'hiver.
id.
0,097
1,496
0,436
0,150
0,670
0,151
3,000
2,104
Lögumine. La legumine, principe immediat qui existe parti-culierement dans ces graines, est, selon MM. Bra-connot, Duraas et Liebig, tine substance eminem-ment nourrissante, mais qui donne particulierement bcaucou p Je la it a ux femelles qui allaitent. L'amidon, la gomme, le Sucre, je Tai deja dit plus haut, sont egalement alibiles. Et, d'ailleurs, si on compare la colonne du tableau qui ran ferine lesquantitesdema-tieres solubles ou nutritives, avec celle qui contient
iUbkSaeUnsoTu- l'eau et les malieres insolubles ou non nutritives, on reste convamcu que Jes grames des pois, des gesses, des vesces, constituent des aliments tres nourrissants pour les moutons. Enfin, je ferai remar-
sichescualT5 quer que Je poids des malieres nutritives est, en moyenne, de 2 gr.,793,tandis que celui de Teau est de Ogr., 231. Les betes ä laine, en mangeant ces grai­nes succulentes, introduisent done peu d'eau dans
ConsöijQenceä. quot;wnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;*
leur sang. Aussi ce liquide, par Tusage prolonge, en
-ocr page 63-
mm*
quot;laquo;
54
paillc el en grain , ties legumineuses dont il s^agit, devient-il epais, poisseux aux mains, et les animaux sont-ils älteres, echauifes, excites; et ce n'est point sans fondement qu'on dit , en langage vulgaire , que ces aliments echauffent les moutons, brülent leur sang et les rendent fourbus.
Je peux done dire que la bete a laine de la Beauee, en prenant pendant six mois de Tannee une nonrriture seche composee de graines de cereales et d'aliments ä eosse, mange son sang pour me servir de Fexpressionde Liebig; ou en d'autres termes fait trop de sang, attendu que ces aliments etant digeres, don-nent un chyle blanc epais, lequel augmente la quantite normale du sue nourricier, fait predominer sesprin-cipes organiques et diminuer son eau. C'est d'ailleurs ce que Texaraen du sang dans I'hematometre demon-tre, et ce que 1'analyse quantitative prouve. En effet, ainsi que je l'ai experimente avec MM. Andral et Ga-varet, si on soumet les betes ä laine dont on a d'abord analyse le sang, a une alimentation tres nourrissante, on voit le chiffre des globules, de la fibrine et de l'al-bumine, augmenter, et la quantite d'eau diminuer.
Je me crois done fermement autorise a dire que les troupeaux de la Beauee qui mangent pendant tout Thiver etant en repos a la bergerie et sans faire de notables deperdilions, beaucoup d'opge, d'avoine,
-ocr page 64-
52
de vesces etde gesses, fontun sang trop richeen glo-buies, en fibrine , en albumine, et trop pauvre en serosite ou en eau; que c^st ce sang ainsi constitue et partant plus rouge, plus epais, plus coagulable, plus excitant, plus nourrissant qu'il ne doit Tetre, qui injecte les plus petits vaisseaux, rougit la peau, les conjonclives et generalement tons les organes, force la respiration ä s'accelerer, augmentela chaleur ani-male, determine de ia vivacite dans les mouvements, donne de Ueinbonpoint et predispose ainsi Tanimal aux congestions, aux hemorrhagiesou end'autrester-mes ä la maladie de sang, s^l ne la determine pas.
Vingt fai (s bien circonstancies, que je crois utile de rapporter ici, recueillis chez difFerents cultivateurs qui out perdu depuis cinquante jusqu'ä cent cin-quanle betes sur deux ou trois cents, soit en mars, soil en avril, apres avoir donne, eux ou les bergers, nne trop forte ration de grain, ou de vesce, ou de gesse en paille et en grain, ä leurs troupeaux pen­dant Phivernage, vont demontrer toute l'exactitude de Tassertion que je viens d'enoncer.
Premier fait. — En 1825 , M. Braquemont, fer-mier ä la Provencbere, commune deHuetre, a perdu de la maladie de sang, pendant le mois de fevrier, 150 betes sur 200 dont se composait son troupeau. II fut reconuu et constate que le berger volait du
-ocr page 65-
53
ble pour le donner aux moutons. Ce fait m'a ete rap|gt;orte par M. Braquemont e(. par M. Foucher sou veterinaire.
Deuxieme fait. — Pendant fbiver de 1839, M. Hi-viere, fermier a la Borde, commune de Brissy, nour-rissait ses brebis meres avec une forte ration de vesce d'hiver, en paille et en grain, et une provende com-posee dWge, d'avoine et de son. Les vesces furent continuees pendant (out l'hiver, et on ajouta une pro­vende pendant I'allailement jusqu'au moment du sevrage. Sur 200 brebis, 85 perirent pendant le mois de mars de la maladie de sang.
Troisieme fait. — Pendant le meme hiver, avant et apres le sevrage, les agneaux de M. Riviere furent alimentes avec des vesces et de la provende donnees ä forte ration, et sur 200 agneaux, 75 perirent dans le commencement d'avril et los premiers jours de mai. Ces agneaux etaient magnifiques.
Quatrieme fait. — En 1842, deux süperbes be-liers furent achetees par M. Riviere pour lutter avec ses belles et grosses brebis. Ces animaux furent nourris avant la lutte avec une forte ration de pro­vende. M. Riviere eut la douleur de voir mourir ses deux beliers de la maladie de sang avant de les avoir fait lutter. Ces animaux ont ete ouverts par M. Fou­cher veterinaire, et le sang de rale fut constate.
#9632; *
I
-ocr page 66-
\
54
Cinquüme fait. — M. Riviere, independamment de son exploitation principale, fait valoir unelaifre petite ferme situee ä un quart de lieue de la ferme de la Borde. La nature du sol est semblable et la culture est la meme; mais M. Riviere place dans cette ferme ses betes antenaises et de 2 ans (gandines), ainsi que ses vieilles brebis. Or , ces animaux non destines ä la reproduction sont pen nourrisrhiver et il iVen meurt point du sang de rate. Je ferai remar-quer ici en passant que les bergeries de la ferme de la Borde sont grandes, aerees etcureestrois fois I'biver; tandis que ceües de la petite ferme sont basses, sans air et curees seulement en novembre et en mars.
Sixieme fait. — En '1839, M. Verdureau, culti-vateur ä Cheviily, a perdu 60 brebis en quinze jours pendant le mois de fevrier. Gelle mortaijte a ete at-tribuee ä un exces de nourriture que ce cuitivateur donnait alors a ses brebis. Ce fait m'a ete commu­nique par M. Verdureau et M. Foucher veterinaire, qui a ouvert la plupart des animaux.
Seplieme fail. — En 1836, M. Lefebvre, cuitiva­teur et eleveur distingue a la ferme de Lagragne, commune d'Artbenay, tenta de nourrir tres abon-damment ses brebis avant et pendant Faliaitement dans Je but d'avoir de groraquo; agneaux. Eu mars et dans
\
-ocr page 67-
55
le commencement d'avril, ce cultivateur perdit 150 betes, brebis et agneaux.
Huitiime fait. — M. Barillon, cultivaleur a la ferme de Creuzy, commune de Creuzy, depuis douze ans ne perdait que pen de betes de k mnladie de sang. Cetle annee (4842), ä compter du 15 deeem-bre jusqu'au mois d'avril, M. Barillon a e(e force de donner de la paille et une provende composee d'orge et d'avoine au poids de 30 kilogrammes (60 livres) pour cent moutons ; en avri!, GO betes sonl morles sur 300 animaux composant le troupeau.
Neuvieme fait. — En 1841, M. Langet, cultiva-teur a la ferme de Creuzy, et voisin de M. Barillon avait ete force par une penurie de fourrage de nour-rjr son troupeau avec de la paille de ble et de Torge en grain dont la ration en poids pour Torge avait ete de 560 grammes (1 livre 2 onces par bete pen­dant tout I'biver. Ce cullivateur a vu mourir an com­mencement de Tete 80 betes sur 200.
Dirieme fait. — En 1842, M. Langet n'ayant point recolte de fourrage tenta une seconde fois de nourrir tout I'biver son troupeau compose de 180 betes, en ne donnant que 500 grammes (1 livre) de grain d'ogre par jour a chaque bete, et neanmoins il perdit an prinlemps 60 de sesplns beaux moutons. Ges deux faits, que j'ai recueiliis ehe/, ie proprietaire
-ocr page 68-
56
ont en outre ete constates par M. Foucher, veteri-naire ä Chevilly.
Onzieme fait. — En 1841 , M. Lelul, maitre de poste et cultivateur a Arthenay, ayant recolte beau-coup de vesces, de pois d'hiver en fourrage et en grain, fit manger ä son troupeau form4 de 470 beles, une forte ration de ces fourrage? pendant Thiver; au printemps, ce cultivateur perdit 40 betes. Cette an-nee (1842), M. Lelut n'a donne qu'une faible ration de ces aliments, et la perte ne s'est elevee qu'au nom-bre de 18 ä 20 betes pour toute Tannee.
Douzieme fait, — M. Duval, fermier ä Trinay, cultive les terres de la ferme de TArdoise depuis six ans. Chaque annee, ce cultivaleur perdait, ainsi que les fermiers ses voisins, de 25 a 30 betes. En 1841, M. Duval ayant donne pendant I'hiver une forte ra­tion d'avoine et d'orge ä ses animaux, a vu mourir 180 moutons auprintempssur400. Depuis cette mortaiite considerable, ce cultivateur ne donne qu'une faible ration de grains., et le chiffrede la mortaiite ne s'esl eleve qu'a 30 ä 40 betes malgre la secheresse dc l'etede1842.
Treiiieme fait. — Peu aise et peu soigneux, M. Ba-raillon, fermier a Apilly, commune de Trinay, pos-sfede un troupeau compose annuellement de 200 ä 250 betes. II le nourrit exclusivement, et depuis plus
-ocr page 69-
i
57
de dix ans, de paille, de vesce et de grains d'orgc oa d'avoine. D'ailleurs le sol de la ferme d'Äpilly est sec, calcaire , ferrugineux, et produit des plantes qui donnentbeaueoup de sang. En -1833, M. Barail-lon perdit de la maladie de sang 193 betes sur 200, vers le commencement du printemps. En 1842,1a mortalite s'est elevee ä 80 sur 270.
M. Boucher, veterinaire ä Arthenay, a ete lemoin des onzieme , douzieme et treizieme faits.
Quatorzieme fait. — M. Chantrereau, fermier ä Mauregard, commune de Thiey Saint-Benoisl, a ete force en 1842 d'alimenler son troupeau compose de brebis, d'agneaux et de moutons de dix-huit mois, avecune ration de grain plus forte que cellequ'il don-naithabituellement. Lesannees precedentes, la mor­talite se manifestait pendant les mois de juillet et aoüt; en 1842 eile s'est declaree au mois d'avril. La perte a ete de 93 betes sur 390. La mortalite or­dinaire etait de 25 ä 30 par an. M. Porchon, veteri­naire a Neuville, a constate ce fait sur les lieux.
Quinzieme fait. — M. Dupre, fermier ä Manche-cour, cultive une belle exploitation sur les terres de laquelle il recolte beaucoup de grains, de fourrages, et notammeut des vesces driver. II nourrit fortement son troupeau forme de 600 betes. Or, toujours dans celte exploitation la mortalite commence ä lafin de la
-ocr page 70-
58
mauvaise saison. Pendant l'hiver de i 840, M. Dupre ayant donne une forte ration de vesccs recueillies en maturite , eat la douleur de voir mourir 200 betes au mois d'avril dans son troupeau.
Seizieme fait. — En 18A0 , M. Chaumedru, a la inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ferme de Villers-Martin, commune de Manchecour,
tenta de distribuer une bonne ration de provende a ses agneaux, afin de its avoir plus gros; mais au mois d'avrililen perdit 175 sur 200. M. Gendrot, vetcri-naire ä Pilhiviers, a ete temoin de cette perte.
Dix-geptieme fait. — M. Poisson ä la ferine de De-nainvilliers pres Pithiviers, avail recolte en 1839 une tres grande quantite de frefle. Une forte ration de cette plante bienemmagasinee fut donnee tout Fhiver au troupeau pour remplacer le regain de lucerne 5 mais la ration de provende fut conservee en meme quantite. Sous Tinfluence de cette alimentation sub­stantielle, les animaux prirent un embonpoint remar-quabie; mais en mars, la maladie de sang se declara, et M. Poisson perdit 200 betes sur 250. Ce cultiva-teursV/npressa de conduire le reste du trouocau dans un pre humide au bord d'une riviere oü les animaux n'ont trouve ä manger que quelques plantes verles et tres aqueuses , et la mortalite cessa aussilot. M. Gendrot a ete temoin de ce fait.
Voici un exemple qui demontre peremptoiremueat
-ocr page 71-
59
que les vesces en tiges, en gousses et en grain sont des plantes qui nourrissent beaucoup les betes ovines et occasionnent promptement la maladie de sang.
Dix-huitieme fait. — En -1827, M. Popot, cultiva-teur ä la ferme de Cuny, commune de Gidy, avait achete ä Janville 300 betes, les unes agees de 2 ans, au nombre de 200, les autres äg6es de 4 ä 5 ans, au nombre de 100. Ces betes furenf amenees a Cuny au mois dejuillet.AlorsM.Popotvenait derecolter dela gesse cultivee (pois cornu) et de la vesce d'hiver dans 6 a 6 arpenls de terre, et ce eultivateur entendu et soigneux avait remarque que malgre l'attention qui avait ete prise pour recolter convenablement ces four-rages par un temps chaud, beaucoup de debris de ces plantes et particulierement des gousses remplies de grain, etaient restes sur le sol. M. Popot s'absen-tant pour quelques jours, avait severement defendu ä son berger de ne point conduire le troupeau sur le champ oü les vesces et les pois venaient d'etre recol-tes; mais le berger pensa devoir ne point teuir compte des ordres de son maitre, et mena le troupeau pendant trois jours sur le terrain dont le parcours lui avait ete interdit. Quatre jours apres, les animaux mouraient de la maladie de sang. 120 antenais sur 200 perirent. Les vieilles betes de 3 ä 4 uns furent epargnees en
-ocr page 72-
#9632;1
60
partie. M. Foucher, veterinaii'e, a ete temoin de ces pertes.
Dix-neuviemefait. — M. Camu, cultivateur a Vil-lerrnain, nourrissait depuis longtemps ses betes ä laine pendant Fhivernage avec de la paille , de la luzerne et une petite ration de provende. Ayant re-colte en 1840 une grande provision de vesce driver en paille et en grain, ce cultivateur sedecida ä don-ner de cefourrage ä son troupeau en remplacement de la luzerne. 560 grammes (1 livre 2 onces) de ce fourrage seulement furent distribues ä chaque bete pendant les mois de fevrier et mars. La maladie de sang se declara ä la fin de ce dernier mois, el 50 be­tes sur 300 enperirent.
Durant les hivers de 1841-4842, M. Camu ne donna point de ce fourrage perfide, et il ne perdit de la maladie de sang que quelques betes pendant les chaleurs.
Fingtiemefait. — M. Gaullier de la ferme de Se-ronville, commune de Prenouvelon, cultive une tres vaste exploitation. Son troupeau compose de 900 ä 1,000 betes metis merinos est nourri abondamment Thiver, aussi M. Gaullier de meme que tons les grands cultivateurs de la Beauce, perd-il annuellement beau-coup d'animaux du sang. En 1830 , M. Gaullier es-saya de donner a ses brebis une plus forte ration de
-ocr page 73-
quot;#9632;
61
provende et de vesce que les hivers precedents, afin de faire secreter plus de lait äses brebiset d'elever de plus gros agneaux ; mais le sang se declara au mois de mars, peu avant le sevrage, sur ses belles brebis, et il en perdit 90 sur 300.
Pour bien convaincre encore les agriculteurs que la nourriture seche et substantielle est bien reelle-ment la cause principale de la maladie de sang, je vais rapporter encore quelques faits qui ont ete re-cueillis par des personnes dignes de toute con-fiance.
Lullin, dans ses observations sur les betes ä laine(l) , distingue le coup de sang des moutons en coup de sang des toils el coups de sang des champs. laquo; Le premier, dit cet auteur, se declare a la bergerie laquo; lorsque les betes sont nourries d'aliments trop snc-laquo; culents, d'nne provende trop forte en.grain, et laquo; qu'on a laisse accumuler le furnier en trop grande laquo; quantite. raquo;
Tessier, qu'on consulte toujours avec fruit lors-qu'il s'agit de l'hygiene des troupeaux, dit dans son instruction sur les beles ä laine (2) : laquo; J'ai vu regner
(1)nbsp; Observations faites sur les betes ä laine pendant 90 ans, par Lullin; 1804, p. l^e.
(2)nbsp; Instruction sur les betes ä laine; Paris 1810, p. S50.
\
il
-ocr page 74-
1
62
laquo; la maladie de sang dans un pays oü les betes ä laquo; laine sont nourries pendant cinq mois de Tannee laquo; de fourrages et de grains sees et enfermes long-laquo; temps dans des bergeries echaufFees par le peu (i d'espace et par ramoncellement des fumiers. raquo;
M. Godine jeune, ancien professeur ä FEcole d'Al-forl, dit dans le compte-rendu de cette ecole pour Tannee 1812 : laquo;En combattant ce//laquo;Vcr la maladie laquo; du sang ou hemorrhagieactive qui causait de gran-laquo; des pertes dans un troupeau merinos, j'ai vu figu-laquo; rer comme cause essentielle de la maladie, Vusage laquo; de la paille de froment ires incompletement hattue. laquo; Trappe de la preference que les brebis montraient laquo; pour cette paille , je reconnus, dit M. Godine, laquo; qu'elle contenait une tresgrande quantitö de grains laquo; dans les e'pis. La maladie cessa ses ravages aussi-laquo; tot que la cause determinante fnt detruite. raquo;
M, Yvart, inspecfeur des ecoles veterinaires et des bergeries royales, dit dans une note sur la ma­ladie de sang(l) laquo;j'ai appris que M. Hedouin, laquo; maitre de poste ä Claye, etait parvenu ä faire cesser laquo; les ravages du sang de rate, en privant ses mou-(i tons du/om de vxinette doree ou luzei-ne lupuline quil laquo; leur donnait depuis longtemps, et qui etait en graine.
(l) Recueil de medecine veterinaire; 1828, t. V, p. 223.
-ocr page 75-
63
laquo; M. Hedonin a suivi dans cette pratique les conseils laquo; de M, Bocquart jeune, cultivaleur pres de Claye, laquo; qui avail fait la meme remarque relativement aux laquo; joins de Iwzerne et de trefle commun tous deux char-laquo; ges de laurs graines. raquo;
laquo; M. Girard, dit M. Yvart, qui a eu la bonte de a me communiquer les deux observations prece-laquo; denies , m'assure encore qu'en ordonnant de i-e-laquo; trancher dans le regime cTtm troupeau, du foin de laquo; vesce en graine, il croit avoir supprime la cause laquo; du sang de rate par le succes qu'il obtint de son laquo; indication. raquo;
M. Yvart n'hesite point a admettre que Tusage d'aliments trop succulents et donnes en (rop forte ration aux moutons, ne soit une des causes princi-pales de la maladie de sang (1).
D'Arboval classe parmi les causes quW regarde comme predisposantes a la maladie de sang une nourrilure trop abondante, comme les vesces, les pois, les feverolles et tout aulre graine de ce genre donnee en quantite (2).
•Paurais pu ajouter encore d'autres fails a ceux que je viens de rapporter, si je ne pensais pas qu'ils
(1)nbsp; Recueil deraedecine veterinairc; 1828, t. V, p. 323.
(2)nbsp; Dictionnaire demedecino et de Chirurgie velerinairej article Maladie de tang.
#9632;
-ocr page 76-
64
fussent suffisants pour prouver posilivement aux cul-tivateurs de la Beauce, raeme k ceux qui sont les plus incredules, que la maladie de sang des mou-lons, qui se declare soil en mars, soil en avril, est suscitee principalement par une nourriture seche et substantielle, dislribueeen trop grande quantite pen­dant Fhivernage.
En resume, je crois done pouvoir conclure:
1deg; Qu'en general les cultivateurs de la Beauce, et surtout cerix qui exploitent une grande culture, nourrissent trop leurs troupeaux pendant Thiver-nage.
2deg; Que les provendes faites avec Torge , Tavoine et le son , composent une alimentation succulente dont la ration en poids est generalement trop forte.
3deg; Que les vesces d'hiver, les gesses culdvees ou pois cornus, en pailie et en grain, constituent une nourriture tres nutritive, tres echauffante et tres sanguine, qui n'est pas distribuee avec assez de menagement aux troupeaux.
4deg; Enfin que cet exces d'alimentation est une des principales causes de la maladie de sang des mou-tons qui se decliire en Beauce pendant les mois de fevrier, mars et avrii.
-ocr page 77-
65
A cette cause predisposante de la maladie de sang vicnt s'ajouter une autre cause oceasionnelle qui con-court secondairement a la production du mal, c'est le logement des animaux.
S3.
Stabulation. — Bergeries, lenr construction. — Leur insalubrity. — Inconvenients.
Les bergeries de la Beauce sont generalement petites, etroites, basses, mal aerees, eneombrees par ramoncellement des fumiers, puisqu'elles ne sont curees que deux fois par an dans les pelites fermes.
Dans les exploitations qui possedent 4 a 500 betes alaine, les bergeries sont unpeu mieux aerees, mieux tenues et curees trois fois par an. Dans les grandes fermes, elles sont vastes, nettoyees quatre, cinq et meme six fois par annees, et reanissent toutes les conditions possibles de salubrite.
Beaucoup de veterinaires accusent Finsalubrite des i/toMtabnilaquo;
des bergeries
bergeries comme la cause principale de la maladie SsseSte'de u
jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;/-vnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; j-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ' - rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;maladie.
de sang. On a dit et on a repete que les gaz ammo-niacaux, les emanations septiques qui s'elevent des fumiers, etaient les elements qui, respires par les animaux, causaient tout le mal. C'est une grande erreur que de rattacher ä ces seules causes la mala­die de sang qui se declare pendant la stabulation.
m
-ocr page 78-
66
Dans la Beauce, l'observation m'a demontre que les petiles exploitations oü les troupeaux etaient hivernes dans desbergeriesmal tenucs, inais oü les animaux ne recevaient qu'une petite ration de fourrage, la mortalite causee par le sang etait ties rarej qu'au contraire dans toutes les fermes oü les bergeries etaient vastes, bkn aerees, et le furnier enleve quatre ä cinq fois Fhiver , mais oü les betes recevaient laquo;ne forte ration cfaliments alibiles, la mortalite etait armueöe et eonsiderabfe. J'ajotiterai ä cette obserra-tiorr que ebez totts les petits fermiers des environs de la foret d1 Orleans, de la Sologne, du Gatinais, de rarroodibssemeat de Vendome, ou.j'ai vu des berge­ries petiteraquo;,. bassesT tres mal aerees, encombrees par raruoncellenMiit des i'imiiers, la ma'atlie de sang y etre incoanlaquo;laquo;.,
Loin de moi V'idee de croire que l'insalubrite des bergeries ne soil pas- Cres-nuisible ä lasante des-betes ä laiue, settlement je veux ebercber ä combat Ire cette opinion generalement reciue que cette insalubrite dqilL etre placee en premiere ligne comme' la cause essentielle de la maladie de sang. Mais je m'em-presse de dire que Tair Lmpur des bergeries, reuni ä une alimentation abondante, ce sont deux causes qui agissant simultanement, delerrainent de grandes mor-talites par le sang. Places dans ces deux conditions,
-ocr page 79-
67
les animaux faisant (Tun cöte beaucoup de sang et un autre cote ne respirant qu un air dilate par la röunieauneaii-
*nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;menlation sub-
chaleur, charge de vapeur d'eau, de gaz malfaisants, doiSÄcachet
n ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; , nnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;seplique.
d emanations putrenantes, doivent contracter etcon-tractent en eiFet une alteration du sang, due tout a la fois ä une asphyxie lente etä Tintroduction par les poumons, d'elements septiques dans le sang. Alors, par Paclion de ces deux causes reunies, la maladie de sang se declare avec les caracteres des alterations septiques el cbarbonneuses. Pendant la vie, des pete-chies se montrent sur la peau, les muqueuses; des infiltrations se manifestent sous Ja ganache , quel-ques heures avant lamort; les cadavres deviennent bleuätres,Uvides, aussitötla mort, etsedecomposent avec une graude rapidite; enfin Tautopsie fait voir les solides et les liquides presenter toutes les lesions appartenant aux maladies putrides et gangreneuses. Aussi, dans ces cas, voit-on les personnes qui depouil-lent les animaux , qui en manipulent la peau , la chair, contracter la pustule maligne ou le charbon. Cependant ces sortes de transmissions sont rares dans la partie de la Beauce que j!ai exploree. J'ai pris beaucoup d'informationsäcet egard aupres des ber-gers, des cultivateurs, des veterinaires, et je n'ai re-cueilli aucan exemple de ces sortes d'accidents. Je crois done pouvoir affirmer :
-ocr page 80-
^^^Vi^^^^^^^B^HHHVHBHHHHl
G8
conclusion. 1quot; Que l'insalubrit^ des bergeries n'est point une cause efficientedela maladie de sang dans la Beauce.
2deg; Que celle insalubrite reunie ä Pusage prolonge d'une alimentation tres alibile, est une circonstance qui concourt essentiellen)ent ä faire naitre la mala­die et ä lui donner le cachet des affections putrides et gangreneuses, et partant aussi ä la rendre plus grave et plus rapidement mortelle.
Enfin comme conclusion generale, je crois pou-voir dire que la maladie de sang des betes a laine de la Beauce qui se declare vers la fin de Phivernage, dans les mois de fevrier, mars et avril, doit etre rat-tachee ä une nourriture trop substantielle donnee aux troupeaux et, dans quelques cas ä finsalubrite des bergeries, reunie a cette cause principale.
II me reste ä exposer maintenant fetiologie de la maladie pendant le printeraps, Fete et fautomne.
I)nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; sect; 4-
Regime du printemps et de I'etfi. — Tonte. — PiUurage sur les cliau-mes. — Parcage. — Insolation. — Boissons. — Resume. — Regime d'automne.
r
i),.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;La premiere verdure qu'on fait paturer aux trou-
peaux ä la sortie derhivernageouenmarsetenavril, sont les plantes qui commencent ä pousser sur les guerets, le seigle en vert, puis le trefle incarnat dans quelques exploitations. Les betas, apres avoir mange I
\\
-ocr page 81-
•'
6a
une ration de paille le matin, sont conduiles au pä-turage dans le milieu du jour et ramenees le soir ä la bergerie. II est tres rare que la mal adie de sang se manifeste pendant cette saison oü les animaux s'ali-mentent d'une herbe tendre et fraiche.
Pendant les mois de mai et juin, la luzerne lupu-line ou minette, plante dont les animaux sont friands; les trefles dejä vieux, le sainfoin, la luzerne, conti-nuent ralimentation. Les vesccs, les gesses d'hiver, melangees de seigle, sont päturees ä l'approche de la moisson. Alors les animaux ne sont plus affoures lema-tin ä la bergerie, ils vivent exclusiveraent sur les prai­ries artificielles. Le berger, dans cette saison aussi bien qifen hiver, est charge de regier Falimentation. Los agneaux beaucoup plus sanguins que les ani­maux plus ages, sont quelquefois parques sur les prairies artificielles. Les autres betes ne le sont jamais, si ce n'est quand ces prairies sont tres four-rees et dejä hautes.
C'est ä dater du moment ou les betes ä laine pais- ' La maiadie
1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; commence aus-
sentsur les prairies artificielles que la maiadie de sang fc^mmgem*^
rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;bondamment
commence a regner, soit sur les troupeaux qui ont f-g,. PJairies quot;' ete fortement alimentes pendant Thiver, soit sur ceux qui ont ete mal nourris, et qui surtout ont souffert la faim. Dans le premier cas, les animaux ayant, ainsi que
-ocr page 82-
70
je Tai dit, un sang riche dans les vaisseaux, font sur
ces succulentes prairies, un exces de sang et meu-
rent. Aussi, sont-ce les plus beaux agneaux d'un an
BSles qui en
som ies premie- et de deux ans, auxquels on a donne une bonne ra­res vicumes.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
tion de provende ou des vesces, des gesses en paille el en grain ; les brebis qui n'ont point fait agneau, et qui jouissenl d'une excellente sante, qui sont les premieres victimes. Ce ne sont que les brebis qui ont allaite, les betes de tout age, qui ont ete convenable-inent rationnees el dont les muqneuses des yeux, la peau, n'accusent ni trop, ni pas assez de sang; les animaux convenablement gouvernes par un berger intelligent, qui sont epargnes par le mal. Lesiroupcaux Dans le second cas, les trouneaux qui ont ete pau-
mal nourris ennbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i
1t1entriaCmnairaadCic vrement nourris pendant Thivernage, ceux qui vien-
au mois de mai.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;_. ,. , r • inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;• inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;iia
nent de localites froides et humides el dont les betes qui les composentsontmaigres, et ont les muqneuses pales, places sur ces prairies nourrissantes, font touta coup trop de sang, acquicrent bienlot un etat plethorique et meurent de la maladie. Cefait a frappe les cullivateurs, les marchands de moutons de la Beauce, et je puis affirmer I'avoir observe dans plu-sieurs grandes exploitations rurales des environs de Paris oü on engraisse des moutons. J'ai vu meme des animaux achetes avec les premiers signes de la ponrriture, mourir du sang apres un mois d^liraen-
-ocr page 83-
vm
71
tation tres substantielle. M. Magne, professeur ä Te-cole royale veterinaire de Lyon, cite de semblables observations dans son traite d'hygiene des animaux domesdques. Chaumontel (^), M. Hazard (2) fils, emettent la meme opinion.
Parmi les prairies artificielles mangees sur pied, celles composees par le trefle sont les plus perfides. Non seuiement cette plante meteorise les moutons, mais encore eile leur donne beaucoup de sang, sus-cite rhematurie, qui est souvent le prelude de la maladie qui va se declarer.
Les prairies formees par les vesces d'hiver unies au seigle sont egalement tres pernicieuses , ä cause de la grande quantite d'albumine et de caseine ve-getale que ces plantes renferment; il est rare qu'en les faisant päturer, si le berger n'a pas elabli le pare pour rationner convenablement le troupeau, plu-sieurs betes ne soient point atteintes de la maladie.
Ici done encore , dans cette saison de l'annee, ne peut-on pas, ne doit-on pas reconnailre que la ma­ladie de sang est due ä un exces d'alimenlation par les fourrages composant les prairies artificielles. Je suis d'autanl plus fonde a emettre cette opinion que
(1)nbsp; Corrcspondance deFroraagede Feugre; 1.1quot;, p. 119.
(2)nbsp; Nosographie veterinaire; p. 317.
-ocr page 84-
t ii
72
j'ai remarque constamment que lä oü les cultiva-teurs avaient des chemins, des landes, des friches, des päturages naturels a faire manger aux trou-peaux, les anirnaux conservaient une bonne sante.
B. Tonte des betes d laine. — La tonte des agneaux, desmoutons et des brebis, se fait en Beauce du 20 au 30 juin. Ce n'est que par exception qu'un petit nombre d'eleveurs font enlever la toison les premiers jours de cemois. hawÄ^qui La mauvaise habitude de renfermer les animaux n existent p us. ^^ ^ j^Jt jours ^ ia bergerie, d'en fermer les portes
et les fenetres pour augmenter le suint dans les toi-sons, dans le but d'en rencherir lavaleur, puis-qu'elles se vendent au poids, est generalement per­due en Beauce. Quelques cultivateurs ayant as-phyxie, dans une nuit, le quart, le tiers et meme la moitie de leur troupeau; les 'marchands ayant re­fuse d'acheter la laine, et celle-ci s'etant deterioree pendant I'emmagasinage, ces exemples, ces incon-venients, ont fait justice de ces pratiques absurdes. Aujourd'hui les cultivateurs rentrent les moutons ä la bergerie le jour de la tonte seulement.
On m'avait prevenu que les fermiers avaient la mauvaise habitude de faire baigner les troupeaux dans les mares, les rivieres, et de les mettre au pare nuit et jourle Icndemain de la tonte ; mais cette sin-
-ocr page 85-
73
guliere hygiene ne se rencontre plus en Beauce au-jourd'hui. Les cultivateurs m'ont generalement de­clare qulls avaient le soin de laisser les animaux a la bergerie, les sept ä huit jours qui suivaient la tonte, et d'attendre que la laine ait repousse un peu pour les mettre an pare.
On ne peut done plus aujourd'hui considerer , ainsi quW l'a dit et repete jusqu'a present, les ha­bitudes pernicieuses de laisser suer les betes ä laine, avant la tonte, de les baigner et de les conduire, aus-silot cette operation, au pare, comme des causes es­sentielles de la maladie de sang.
Ce que Ton peut reprocher aux cultivateurs en­core maintenant, e'est de londre trop tard. Je moti-verai plus loin men opinion ä cet egard, en traitant de l'etablissement du pare.
L'epoque de la plus grande mortalite en Beauce Epoqae lt;io
r ^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;r onbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ia piUs granl]e
est celledes chaleurs, des mois de juilletet d'aoüt. La In0rtallte• maladie diminue et cesse tout ä fait pendant les pluies du mois de septembre. Je vais en relater les causes.
C. Pdtttrages sur les chaumes. — C'est du 10 au \ 5 juillet, que commence la recolte des cereales en Beauce, et e'est aussi a cette meme epoque qu^on met les betes ä laine au pare. II elait done tres impor­tant de chercher ä ces epoques les causes de la ma-
.'i
-ocr page 86-
Glanage des ipisdeblö.
74
ladie, aussi mon attention s'eßt-elle particulierement fixee sur ce point.
Les bles etant semes sur un labour plat dans toute la Beauce, sont coupes avec la faux. Cette ope­ration marche vite, eviledesmoissonneurs; mais eile a rinconvenient de bouleverser le ble, de secouer brusquement la paille, d'ebranler fortement les epis, et de les briser pres de leur collet. En -1842, la paille a ete vivement dessechee par la grande cha-leur qui a existe pendant la moisson, beaucoup d'epis ont ete detaches de la paille qui etait tres cas-sante, soit pendant le fauchage, soit pendant Fac­tion delier et de ramasser les gerbes. Plus que les annees anterieures ä 18A2, un grand nombre d'epis etaient done repandus sur le sol, et malgre les nom-breuses glaneuses qui ont parcouru les champs, mal­gre les grands troupeaux d'oies venus de la So-logne pour etre conduits sur les chaumes, les betes ä laine ont encore trouve beaucoup d'epis qu'elles out manges avec avidite (1).
Le plus grand nombre des cultivateurs de la Beauce n'ignorent point que leble glane paries mou-
(1) L'avidile des betes ;t laine pour les epis de ble, lorsqu'ellcs pä-tureniles chaumes, n'availpoinl ecliappe ä Tcssier, car il en a fait la rcniaique dans soii Instrucliün sur les lueniics (p. 348).
,L
-ocr page 87-
75
tons pousse au sang, pour me servir de leur expres­sion ; mais un mercantile interet les engage ä s'em-presser ä l'envi les uns des autres, de conduire leurs troupeaux sur les päturages communaux aussitöt que les glaneuses ont quitte les champs. Ceux qui ne possedent que peu de päturages artificiels au moment de la moisson, croient bleu faire d'attendre sept ä huit jours apres l'enlevement des gerbes, pour conduire dans les chaumes ; mais bientöt ils eprou-ventde grandes mortalites. Quelques uns retardent jusqu'a ce que les pluies aient mouille les champs, pretendant que le ble gonfle par Thumidite est moms nuisible aux moulons, ceux-ci perdent moins d^animaux ; enfin des cultivateurs plus sages ne menent sur les chaumes, quW mois apres la re-colte, limilent le pacage, font en meme temps pä-turer sur des regains de luzerne et n'eprouvent que tres peu de pertes.
Les chaumes d'avoine, dWge, regardes avec juste raison par les cultivateurs comme moins dangereux que les chaumes de ble, n'en sonl pas moins tres nui-sibles aux troupeaux,
Le ble, Torge, Favoine, renferment beaucoup de gluten, de fibrine, d'albumine vegetale et d'amidon; l'orge et Tavoine contiennent en outre dans leur ecorce un principe resinoide excitant et echauffant.
-ocr page 88-
76
i
I
Les moutons en mangeant ces graines prennent done sous un petit, volume, beaucoup cTelements nour-rissants, echauffant meme , et unis a une tres faible proportion d'eau.
Aussi pendant cette saison des chauraes, si on ob­serve les animaux, voit-on la peau, les muqueuses se colorer d'un rouge vif, le sang retire de la veine etre epais, se coaguler avec promptitude et ne renfermer qu'une tres petite proportion d'eau. Beaucoup de be-Effeu du m. tes s'arretent, cessent de manger, allongent la tete, agitent peniblement leurs flaues, et parfois sortent la langue hors de la bouche. Get etat que les bergers qualifienl de Piper, et qui ne dure que quelques in-stans, annonce toutefois une dyspnee laborieuse due a un embarras dans la circulation pulmonaire, pro-venant de la grande quantite de globules que con-tient le sang. Quelques jours apres, la mortalite cau-see par le sang se declare et les betes meurent en grand nombre. Independamment des epis, les mou­tons trouvent encore dans ces pacages de jeunes trefles, de petites minettes et surtout de la renouee ou centinode {polygonum centinodium), plantes tres nourrissantes.
Enfin, je ferai remarquer que dans toutes les par­ties de la Beauce, oü le sol est sec et calcaire, les eilets produits par les chaumes sont encore plus tembles.
!
-ocr page 89-
#9632;^
77
Je considfere done le paturage sur les chaumes conclusion, apres la moisson, et surtout le glanage du grain, comme une des causes principales de la uialadie de sang dans la Beauce. J'ajouterai en outre que si en 1842 la mortalite a ete plus considerable que les an-nees precedentes, on doit Pattribuer entre autres cau­ses ä une plus grande quantite d'epis repandus sur les chaumes. A cette cause puissante vient s'en ajou-ter une autre non moins dangereuse determinee par le parcage.
D. Parcage, insolation,inconvenients.—J'ai dit que generalement la tonte des betes ä laine se faisait du 20 au 30 juin. Le plus grand nonobre des eultivateurs
etablissent le pare sept a huit jours aprfes la tonte.
Epoque da
parcage.
Quelques uns attendent quinze jours. Pendant toute la saison du pare qui dure l'ete et une partie de Tau-tomne, les troupeauxne sont rentresala bergerie que pendant les trop grandes chaleurs et lorsqu'on pre-voit une nuit orageuse.
Le parcage des moutons est assurement une prati- Avantageraquo;
rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; pout le culliva—
que excellente pour fumer les terres; mais il nuit es- w^eöts Inponr
les troupeaux.
sentiellementa la sante des moutons lorsqu on specule trop sur son emploi, ainsi qu'on le fait en Beauce. Bamassees en grand nombre dans un endroit cireon-scrit, exposees ä l'ardeur des rayons du soleii, forcees de se coucher sur un sol souvent brülant et de respi-
'
i gt;. - .
-ocr page 90-
laquo;pp
n
78
rer un air chaud , sec, avide d'humidite et souvent charge d'une poussiere fine, irritante, emportee des guerets par le vent; tourmentees par les attaques des mouches et des taons; les betes ä laine sont ainsi condamnees par Fhomme ä rester dans une position tres faligante pendant cinq a six heures. Aussi voit-on les betes se rassembler en tas dans un coin du pare, respirer vite et peniblement, baisser la tete, la cacher sous le corps de leurs voisines et se coucher le ventre ä plat sur le sol, pour y chercher nn peu de fraicheur qu'elJes n'y trouvent pas. Alors on voit la peau rougir, se dessecher, se fendre et des erjsi-peles, designes sous le nom de coups de soleil, se de­clarer ä la tete, sur le doset surlescotes. Enl842sur-lout, ä cause de la persistance des grandes chaleurs, aussi bien quedans les annees 1775(1 ),1780,1782(2), -1811 et 1835, les effets produits par Finsolalion ont ete lerribles. Les montons, dit Daubenton, resis-tent ä toutes les intemperies de l'air dans notre cli-mat, excepte a la grande chaleur du soleil (3). Effeispemi- U est evident que sous de telles conditions et mal-
cieux do I'inso- , -, , .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;\ r-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; • i lt; n
laiion.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;gre la resistance opposee par les rorces vitales a rac-
tion des causes qui tendent a detruire Torganisme, le
(i) ttisioirc do la Societe de inedecine; an 177P, p. 254.
(2)nbsp; Insiruclion veierinaire; 1.1quot;, pages 368 el suivantes.
(3)nbsp; Daubenlon, Instruction surles bergers; 3deg;edition,p. 208,
-ocr page 91-
''i
79
sang, d'unepart,par l'influence de la secheresse et du degre de temperature de Fair, ne doit-il pas perdre beaucoup de son eau naturelle et eirculer plus difficile-ment dans lesplus petits vaisseaux; et d'autre part, ce liquide si essentiel ä la vie mis en contact dans le pou-mon avecuraquo;air cbaud, dilate, charge parfois d'elec-tricite, souveat rempli de poussiere, ne doit-il pas etre impariai(ement transforme de sang veineux en sang arteriel pendant Tacte de la respiration, et eprouver des alterations donraquo; la qualite de ses principes glo-buleux cm fibrino-albumineux? Ces efFets me pa-raissent incontestables, D'ailleurs, ces causes determi-nantes s^joutant ä la predisposition suscitee par one nourritiäwe echaufFante et donnant beaucoup de glo­bules au sang, ne seraient-elles pas dejä süffisantes pour determiner le sang raquo;insi altere dans sa compo­sition, a stagner dans les organes qui en recoivent beaucoup et a susciter des congestions T des hemor-rhagies? Jek crois fermement. Mais ä ces deux causes qui out agi avee uae energie peu commune en 1842, vient s'en ajouter encore une troisieme non moins efficiente qu'elles, et que je vaisrelater.
E. Boisson pendant I'ete. —^ Usage de Peau salee. Inconvenienfs. — Dans la cour ou dans le voisinage de fermes de la Beauce, existe ordinairement une mare pour abreuver les troupeaux. L'ete cette mare
*2
-ocr page 92-
ssamm
wmm
mmmm
1
80
Eauvascuso: esl souvcnt dessechce et ne conlient qu'unc eau va-seuse, croupie,infecte,que beaucoup de cultivateurs laissent boire aux betes a laine. En 1812, surtout a cause de la persistance de la secheresse qui a existe, les troupeaux ont ete forces de s'abreuver avec ces eaux impures et malfaisantes. L'absence de mares, de ruis-seaux dans la plaine. Feioignement parfois du pare des habitations, forcent les fermiers ä conduire avec un tonneau Teau destinee aux moutons parques. Cette eau qui provient generalement de puits tres profonds, est
Eau fratcbe.
tres fraiche et souvent vaseuse, mais s'echaufle bien-
Eau saKe.
tot dans le tonneau, depose sa vase et acquiert ainsi une salubrite convenable. Ellene me paraitdonc pas avoir des qualiles nuisibles ä la sante des troupeaux. Mais pendant les chaleurs de l'ete, les eaux de puits etant basses et les animaux etant älteres, taut par la temperature que par une nourriture echaufiante , demandent une quantite d'eau qu'on ne peut pas tou-jours leur donner. Parfois deja malades ils refusent de boire, lechent les murailles, et les cultivateurs, ainsi que Tessier le recommande (1), s'empressent alors de faire dissoudre du sei marin dans l'eau qui sert de bois-son. La proportion est d'un kilo 500 gr, (1 livre 1/2) par i 00 litres d'eau pour cent betes et par jour.
(1) Hisloi re de rAcademie de medecine, 1776, p, 254 j #9632; struclion sur les merinos, p. 252.
et In-
-ocr page 93-
81
Les animaux boivent done de cette eau salee qui inconrenieiraquo;. les allere et les excite a boire davantage; aussi cul-tivateurs et bergers sont-ils satisfaits d'avoir trouve le moyen d'abreuver le troupeau. Mais cette boisson ex-citante reunie ä Fusage de grain dans les chaames, a Tinsolation au pare, aggrave Tetat des animaux qui sont predisposes a la maladie, et bientöt on la voit se manifester, ou bien si eile sevit dejä sur le troupeau, eile prend tout ä coup une exasperation terrible. Les cultivateurs qui pensent generalement que le sei est rafraichissant, salent alors Teau davantage, les animaux qui appetent Teau salee en boivent une plus grande quantite, et le mal va toujours en augmen-tant. J'ai note chez quarante-cinq cultivateurs, qui avaient ainsi l'habitude de donner de Feau salee pendant le päturage sur les chaumes et la saison du pare, que la mortalite, toutes choses etant egales d'ailleurs, avail ete plus considerable.
En resume, quatre causes puissantes contribuent, Resume dlaquo;s
causes de la ma-pendant les mois de juillet, aoüt et septembre, a pendanuw.quot;8
augmenter la mortalite due a la maladie de sang
dans la Beauce. Je les classerai selon Tenergie de
leurs effets morbides, ce sont:
1quot; La predisposition des animaux ä contracler cette maladie par Tusage des aliments qui donnent
i
-ocr page 94-
w*
!nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;82
Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;beaucoup cTelements organiques au sang soil durant
Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I'hivernage, soil pendant les mois de mai at juin;
2' Les grains de ble, d'orge, d'avoine etlesjeu-nes legumineuses tres nutritives qua les betes trou-vent ä manger dans les champs de chaunae en juillet et aoüt;
I
i
3deg; L'insolation, Tair chaud, poussiereux, charge d'electricite que les animaux respirent etant au pare, causes qui nuisent essentiellement ä Phematose;
4deg; L'insuffisance des boissons, leur insalubrite dans quelques circonstances, Teau salee dans d'au-tres ;
5deg; Enfin j'ajoutevai que si en 1842 la morta-lite causce par la maladie a ^te beaucoup plus con­siderable que les annees precedentes, on doit Taltri-buer au plus grand nombre d'epis que les animaux out glane dans les chaumes, ä la persistance des fortes chaleurs qui ont existe pendant Pete, a Tinsa-lubrite plus grande des eaux de mares, dont les ani­maux ont ete forces de s'abreuver pendant un temps plus long.
Les orages qui amenent tout ä coup des recrudes­cences dans la mortalite, doivent etre consideres coinme des circonstances aggravanles qui precipi­tant la marche et la terminaison mortelle de la ma-
| •
V
mm
-ocr page 95-
83
ladie soit sur les animaux qui y sont predisposes, soit sur ceux qui en sont dejä atteints.
F. Hygiene deVautomne. —Lorsque les pluies du commencement de septembre arrivent, que les re­gains de luzerne, de trefle, de sainfoin, poussent et deviennent aqueux, que les chaumes de ble, d'avoine, d'orge, se garnissent d'herbes, tju'enfin les trou-peaux trouvent dans les champs une nouiriture plus .. La morts)iW aqueuse et temperante, la mortalite diminue de jour se'enmitomge! en jour.
Quelques betes meurent cependant encore, lors-i que le mois de seplembre est beau, et que les ber-gers laissent päturer sans discernement, soit sur les chaumes de ble, d'avoine, ou vegele beaucoup alors la renouee ou hacliee, plante sanguine et tres nour-rissante, soit sur les regains succulents doo.t on a recolte les graines. Vers la mi-septembre, le com­mencement d'octobre, la maladie disparait tout a fait.
sect;5.
Instruction des cultivateurs et des bergers sur l'hygifene des bfttes it lainc. — Avantages que les bergers retirent de la mortalite. — In-convenieuts.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;quot;
Les bergers de la Beauce sont generalement peu instruils sur ce qui regarde Thygiene des troupeatix.
A
-ocr page 96-
mm—mmm
im
mph
T
S4
Leur maxime est que les betes ä laine doivent manger beaucoup afin qu?alles donnent le plus de profit possible, soil eu chair, soit en lait pour Vamp;~ leve de beaux agneaux , soit en laine. Presque tous les cultivateurs ont aussi cette opinion. Sans doute il est convenable de bien sustenter les betes ä laine pour obtenir de la taille, du volume dans le corps, et du poids dans la toison; mais il est nuisible
En donnant , ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;, .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; • i t t
une forie ration de les trop bien nournr au point de determiner une
aui;inmiaux,nnnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;*
laquo;g'ondpenrciCCde maladie qui fait perdre d'un cöte ce qu'on gagne de
I'aulrc.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,11nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;• •
lautre; or, cest malneureusemeut ce qui existe en Beauce; les cultivateurs perdent beaucoup parce qu'ils veulent trop gagner sur les tronpeaux. tes coiiiva- Maitres etbersers ne connaissent que peu ou point
teur.s ct les ber-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;anbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i
scmpoint'aMM 'a valeur alibile des aliments qu'ils donnent aux be-
la valeur alibilenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;laquo; i .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;, iv inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i m i i
des aliments, tes a lame, et c est la le mal. lei nerger par amour-propre desirera avoir des betes rondes et grasses, et pouratteindrece but donnera journellement une plus forte ration de grain. II volera meine de la pro-vende dans le grenier de son maitre , pour la faire manger ä son troupeau. J'ai recueilli beaucoup d'exemples de ces sortes de larcins. Tel autre berger est insouciant, ignorant, entete, et fera manger une forte ration, pretendant que ce ne sont point les ali­ments qui causent le mal. Or, dans ces circonstances, il est rare que la maladie ne ravage pas le troupeau
-ocr page 97-
85
du cul^vateur quipossede de tels servileurs. Au con-traire, dans toutes les exploitations ou j'ai rencontre des bergers äges, instruits sur Thygiene des trou-peaux, partout aussi, toutes choses etant egales d'ail-Icurs, la maladie faisait peu de victimes.
Des cultivateurs qui possedaient depuis lonff- Bons bergers.
1 rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;o Avantages.
temps de ces hommes rares et precieux, ne per-daient que peu ou point de betes; depuis leur mort, leur changement, ils perdent beaucoup. Et en effet, il suffit que le berger laisse manger des ali­ments tres nourrissants pendant quinze jours, un mois, souvent moins; qu'il laisse le troupeau au pare expose ä Tinsolation pendant quelques jours, pour voir se declarer la maladie ä laquelle les ani-maux sont predisposes.
Je n'ai rencontre dans tonte la Beauce que i'ai ex- tes bergers ne
1 quot;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;saignent point ä
ploree , q^un seul berger sachant saigner les betes lajusulaire-ä laine ä la jugulaire. Tons pratiquent cette ope­ration soit ä la veine angulaire , d'apres Dauben­ton et Tessier, soit ä la veine de l'ars, soit en coupant en travers une petite division de l'artere sous-pubienne. Ces saignees ne donnent Jamals assez de sang pour faire obtenir une depletion san­guine generale. En outre, pour les saignees ä Fars, ä l'artere sous-pubienne, incisant la peau en travers de la direction du vaisseau, dissequant le tissu cel-
-ocr page 98-
86
lulaire sous-cutane, ces hommes font une nlaie qui renfermant hienföt du sang altere par le contact de l'air, de la sanie purulente et des larves de mouches, se gangrene rapidement et aniene la mort.
En Beauce, lorsque la maladie de sang regne
dans un troupeau , assurement le proprietaire fait
des pertesj le berger fait des benefices. Voici com-
menl:
berquot;deg;quot;Tont del Dans les conditions de louage, il est convenu que
bencliccs pen- inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; • f. i i laquo;.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;! i
daniiaraoriaiiie le sun ues betes qui meureot est pour le bereer :
causee par lanbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; o
maladiedesang
et on se rappellera que ce sont les betes les plus belies, les plus grasses, qui sont les premieres vic-times dans le troupeau. Le berger depouille I'ani-mal, remet la peau au maitre et recueille avec soinle suif que le cadavre pent donner. Selon les rensei-gnements qui rn'ont ete fournis, une brebis, en bon etat, a toujours en moyenne deux kil. de graisse ; celle graisse appelee suif mort, se vend au prix de 65 centimes an mains le kil.; et celui des animaux tues dans les boucheries , nomme suif vivant, se vend ordinairement de 80 ä 90 centimes le kil. Or si dans un troupeau de 500 betes, il meurt en une annee 60 animaux, chiffrc tout ä fait ordinaire, le berger peut done recolter 100 kilog. de suif qui lui rapporteront 65 a TO francs; eh bien, je puis har-diment Tassurer, cette somme est 1c pis aller du gain
I gt;
.#9632;
-ocr page 99-
1quot;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
8T
du berger qui, ainsi, obtient une prime sur la mor-talite. Je dirai plus, des cultivateurs dignes de toute confiance, in'out assure que des bergers avaient fait la honteuse speculation de faire perir de la maladie de sang beaucoup de betes dansle troupeau qui leur etait confie, et certes celan'esl pas difficile, pour aug-menter ainsi le petit revenu qu'ils retiraient de la mortalite annuelle.
Je dirai done, en terminant, qu'independamment Conclusion, de fexistence de toutes les causes predisposantes et detenninanles de la maladie de sang, dont j'ai trace fhistoire, je dois encore r.jouler que le peu de con-naissances que possedent bun nombre de cultivateurs et de bergers de la Beauce, sur la valeur alibile des aliments et i'hygiene des troupeaux, que l'usage ge-neralement etabli de laisser profiter les bergers du suif des cadavres, sont des conditions qui contri-buent puissamment ä la naissance et a la pcrsis-tance de la mortalite annuelle due a la maladie de sang.
,m
-ocr page 100-
I
-ocr page 101-
89
CHAPITRE III.
Moycns cnratlfs et pr^servailfs de la maladle de sansect;r.
S 1quot;
Moyens cnratifs.
La bete ä laine qui presente tous les symptomes . Moyens cwa-qui caracterisent la maladie de sang, doit etre con-sideree comme perdue. Rien ne pent la sauver; la saignee hate la mort. Ce n'est qua tres raremeat qu'elle prolonge la vie de quelques heures ou de quelques jours. Les immersions dans I'eau froide sont aussi nuisibles qu'utiles, soit comme moyen curatif, soit comme moyen preservalif. Je ne m'oc-cuperai done point des moyens de guerir une mala­die qui par sa nature, l'etendue et la gravite des lesions qu'elle suscite en pen de temps, est inevita-blement mortelle.
-ocr page 102-
B
90
sect;2.
Mojens preservatifs,
MoyenspnS- Est-il possible de preserver les troupeaux de la Beauce, de la nudadie de sang? Cette question que je me suis posee bien des fois en parcourant ce fertile pays, bien des fois äussi m'a ete adressee par beau-coup de personnes instruites, et par un grand nom-bre de cultivateurs experimentes.
DifficuMs.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Assurement la nature du sol des plaines de la
Beauce, la qualile des plantes succulentes et san­guines qui y croissent, Fair almospherique, sec et yif qu'y respirent les plantes et les animaux, sont des conditions qui ne peuvent pas etre facilement modi-fiees. Je dois ajouter en outre que les cultivateurs ne derogeront que difficilement au Systeme de culture generalement adopte, et a rhvgiene qu'ils suivent pour leurs (roupeaux. Jedirai plus, les cultivateurs resteront tres longtemps incredules aux avertisse-ments, rebelles aux meilleurs conseils; les efforts de persuasion ne feront non plus que peu de chose sur leur esprit gineraleraent defiant. Je suis convaincu que ce sont la des difficultes a surmonter. Mais je dois declarer qu'a cöle de ces obstacles, se place un haut interet agricole, industriel et commercial^ qui doit engager a aviser aux moyens les plus propres,
-ocr page 103-
^
91
le moins dispendieux possible , afin de faire cesser des usages ruineux pour une des plus grandeset des plus fertiles contrees de la France.
J'ai etudie avec la plus serieuse attention les moyens preservatifs qu'il serait possible de rnettre en pratique, sinon pour empecher le mal, au moins pour le diniiqüer beaucoup, J'ai calcule les pertes de temps, les depenses en argent pour les mettre ä execution, et je crois pouvoir assurer qüe la plupart de ces moyens seront economiques pour les cultiva-teurs; que si le plus petit nombre d'entre eux neces-site quelques depenses, ces frais ne pourront jamais entrer en ligne de comple avec les pertes annuelles d animaux qui sont le sujet d'une des plus belles in­dustries du fermier beauceron.
Quelqües uns des moyens preservatifs que je vais conseiller, ont deja ete mis en pratique par plusieurs cultivateürs insfruits, et il serait ä desirer que ces exemples semultipliassent afin d'engager les fermiers, les bergers, encore sous l'empire de la routine, ä en profiler. J'indiquerai d'abord les conditions ä rem-plir par les cultivateürs , je classerai ensuite les moyens preservatifs en deux categories: les uns se rattacheront a Fhygiene des troupeaux pendant I'hi-vernage, les aulres s'appliqueront an regime et aux soins a leur donner pendant Fete et Tautomne.
-ocr page 104-
Vnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 92
\\
sect; 3.
Conditioas U remplir par les cultivateurs pour pr^venir la maladic.
Les premieres conditions ä remplir par les culti­vateurs pour prevenir la maladie de sang, sont:
1deg; De s'occuper du sein de leurs troupeaux conjointement avec les bergers.
2deg; De s'habituer ä examiner la peau, les yeux des
\
animaux, afin de s'assurer s'ils n'ont pas trop de
sang.
i
3deg; De s'exercer a pratiquer la saignee ä la jugu-laire afin d'avoir recours a celte operation en cas d'urgence, et de ne pas etre sous ce rapport ä la discretion du berger.
4deg; De calculer le poids des fourrages qu'ils auront recoltes, du grain qu^l devront faire manger pen­dant rhivernage, afin d'etablir la ration quotidienne de chaque bete pendant le regime d'hiver.
5deg; Ce calculetabli, si Temmagasinage est plus que süffisant pour la nourriture du troupeau, d'acheter des betes ä laine, des chevaux oudes vaches, plutot que de faire manger un supplement de ration aux animaux dans le but deleur donner plus d'embonpoint. Ainsi les cultivateurspourront entretenir pendant I'hiverna-ge, un plus grand nombre de betail, avoir plus defu-
-ocr page 105-
93
niier pour engraisser lesterres et retirerplusde bene­fice de leur industrie.
6deg; De priver las bergers des a vantages qu'ils re-tirent de la mortalite dans les troupeaux. Je revien-drai plus loin sur ce dernier objet avec plus de details.
S4.
Modilications a apporter dans le regime d'faiver.
J'ai dit que les troupeaux etaient generalement nourris trop substanliellement en Beauce pendant Thivernage; que les cullivateurs qui donnaient beau-coup d'aliments sans les rationner convenablement, etaient aussi ceux dont les troupeaux etaient ravages par la maladie; qu'au contraire les cultivateurs qui ne donnaient q^une faible ration de vesces, de gesses ou de grain, et qui surlout alternaient cette alimen­tation avec d'autres aliments aqueux et rafraichissants commela betterave, la pomme deterre, perdaient enormemenl moins.
Je chercherai done ä m^occuper de Tintroduction de racines, de tubercules rafraichissants dans le re­gime sec, donne exclusivement aux troupeaux; puis des modifications a apporter dans la ration des ali­ments.
-ocr page 106-
94
A. Culture de la betterave. Son empHrii Sea
avantages.
Les bons effets de la betterave donnee comme ali-menlation rafraichissante aux betes ä laine , sont trop bien connus aujourd^iui pour qu'ils fassent Tobjet d'un doute. Aqueuse et sucree, cette racine rafraichit les animaux, donne plus d'eau a leur sang, et concourt a la production du lait chez les brebis \nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nourrices. Distribuee convenablement pendant I'hi-
;
vernage, eile doit prevenir et previent en effet, la maladie de sang.
(t J'ai vu depuis dix ans, ditM, Yvart (-1), le sang laquo; de rate sevir plusieurs fois sur quatre troupeaux laquo; nombreux, appartenant ä des proprietaires de la laquo; commune de Maisons-Alfort, lorsque le troupeau laquo; de Tecole veterinaire, nourri ä ces epoques de mor-laquo; talitedans les mimes y dt umg es, rCeprouvait aucune laquo; ferte; et la cause decelte singularite, je Tattribuai laquo; ä une alimentation constamment uniforme pen-laquo; dant Thiver, avec une quantite süffisante tCaliments laquo; sees, associes d des racines comme les hetteraves, les laquo; pommes de terre. raquo;
(1) Note sm le sang de la, rate; Recueil de medecine veterinaire, t. V, 1828, p. 323.
*
-ocr page 107-
#9632;I
95
Depuis la publication de cetle note (1828), le troupeau de Vecole d'Alfort, toujours alimente de la meine maniere pendant Thiver, ne perd point de betes du sang. La ration ordinaire est de un kil. par grosse bete et par jour.
JVjouterai que deux cultivateurs de la Beauce, M. Darblay, ä Chevilly, M. Legendre, ä Bazoche-les-Galerandes, qui, depuis qu'ils donnent une ration de betteraves a leurs beaux troupeaux, n'ont que pen ou point de perles ä deplorer par le sang.
Que les fermiers de la Beauce ne rejettent done point, je les en conjure, sans examen, sans reflexion, la culture de la betterave pour leurs troupeaux. La defiance n'est point im mal, eile est une sauvegarde dans bien des circonstances; mais eile ne doit pas etre porlee trop loin.
Relativement ä la culture de cette raciue, les fer­miers objectent:
1deg; Quele sol meuble de la Beauce etant peu pro-fond, la betterave ne pent que difficilement y pousser.
2deg; Que cette plante necessite Temploi de beaucoup de furnier qu'on ne pent pas toujours se procurer en Beauce.
30Qu1elle detnande des binages qu'il est difficile de faire executer a temps, faute de bras.
A
-ocr page 108-
96
|nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 4deg; Qu'ils n'ont point de locaux convenables poui*
la conserver pendant Thiver.
Le peu de cultivateurs qui font venir la betterave ont leve toutes ces difficultes, parce que reellement ces objections ne sont point fondees. |Jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Je vais chercher ä le prouver par les renseigne-
I '
ments qui m'ont ete fournis par des cultivateurs de la Beauce, digues de meriter toute confiance.
vaneieae uei-tcrave qui doit
\lt;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;(ItecuUivei;.
A. Et d'abord la betterave qui doit etre cultivee
nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;A
de preference en Beauce, parce qu'elle est aqueuse, s'enfonce peu en terre et craint moins la secheresse, est celle appelee disette, betterave des champs (beta carapestris). Deux labours de la profondeur de sept pouces suffisent pour la vegetation de cette racine. Or quel est le fermier qui ne pourra trouver, dans les terres qu1!! cultive, une partie de sol qui ne puisse etre labouree ä sept pouces pour y cultiver la betterave ?
B. II est vrai que rensemencement de cette plante necessite Temploi de 50,000 kil. de furnier par hec­tare, et que cette racine est epuisante; mais ne sait-on pas aussi que sa culture est ameliorante parce qu'elle delruit les herbes et prepare la terre ä rensemence­ment de deux recoltes en cereales: Bina-'e facile ^quot; ^ans ^ouie ^ es,: difficile et souvent impossible, ühevau oue dans toute la haute Beauce eloignee du vignoble, de
*
-ocr page 109-
n
97
Irouver des ouvriers pour biner la betlerave en temps opportun. Cependant il est possible de remedier a cet inconvenient en semant la graine ä la main dans la troisieme raie de cbarrue, ce qui donne entre cha-que rangee de betterave Tespace de vingt-deuxa vingt-quatrepouces, espacequi permet de biner avecla hone ä cheval. Ce binage est expeditif et pen coüteux, seu-lement il doit etre execute aussitöt que la betterave est levee; plus tard, les herbes ayant grandi, il devien-drait difficile et meme impraticable. Une personne doit passer la main dans les rangees de betteraves pour les degarnir et enlever )es herbes que la houe a epargnees. Cette grande, cette capitale objection qu'on ne peut point biner les betteraves en Beauce, n'est done rien moins que fondee. Et d'ailleurs, quand meme la betlerave serait moins bien fumee, moins bien cultivee qu'ailleurs; que la recolte en serait moins abondante, est-ce une raison pour que cette racine n'entre point comme plante intercalaire dans un bon assoleraent, en raison de son indispen­sable utilite pour les ti-oupeaux ?
D. Quant aux movens de conservation de la provi- iraquo; betterave
rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;peut se conser-
sion dc betterave, qui effraie presque tons les eulti- vereüsil(quot;' vateurs, parce qu'ils ne possedent ni cave ni au-tres locaux pour eviter la gelee, on peut repondre que cette racine se conserve parfaiteraent en silos.
-ocr page 110-
98
I
Pratiquez, dans un endroit sain et au voisinage des habitations, une fosse de un metre (trois pieds) de profondeur sur qnatre de largeur; faites une rigole de la profondeur d'un pied el de la largeur de six ponces dans toute la longueur de cette fosse, placez les betteraves convenablement nettoyees en travers de cette rigole, tassez a deux pieds au dessus du sol, posez de distance en distance un tuyau d'aeration, Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; recouvrez avec une couche de paille, puis avec dix-
Imit ponces de terre, et vous aurez confectionne un silos dans lequel se conserveront les betteraves pen­dant Thiver. Quamiie de E. J'ai dit qu'une bete ä laine devait manger jonr-
betterave ä li-
betasr. pour 5C0 nelleraent un kilog. debetterave. Or, pour un trou-peau compose de 500 betes, ce seraitdonc 500 kilog. de betterave ä distribuer par jour et 15,000 kilog. par mois. En estimant que pendant les mois de de-cembre, Janvier, fevrier et mars, ou quatre mois, temps tres süffisant, la racine dont il s'agit soil dis-tribuee au poids ci-dessus indique aux BOO betes, ce serait done GO,000 kilog. que le cultivateur devrait recolter pour Fhivernage.
On estime en moyenne qu'un hectare donne, comme produit le plus faible, 30,000 kilog. de betterave, ce serait done deux hectares environ a culliver pour obtenir la provision de 60,000 kilog.
-ocr page 111-
99
de racine disette pour 500 betes et pendant quatre mois.
F. Quant ä la depense en argent pour le loyer de arge^t,,ense la terre, le furnier, les labours, le binage, Tarra-chage, Temniagasinage, on doit compter, si fin ele bien informe, 300 fr. Thectare, soit 600 fr. pour les deux hectares. Ainsi, pendant quatre mois d'hiver-nage, le troupeau depenserait pour 150 fr. de bette-rave par mois, cbaque bete en consommerait pour 30 cent, pendant ce mois, et cbaque jour eile en mangerait pour I centime. On remarquera que mon calcul ne porte ici que sur les grosses betes, et que sur cette somme il faudrait encore dejalquer les cleux recoltes epuisantes apres la betterave, les aliments qui remplacenl cette racine, le hon furnier qti'elle donne, etc., etc.
Je me crois done autorise a conclure que la cul­ture de la belterave peut elre mise en pratique comme tres avantageuse pour les troupeaux de la Beauce, sans necessiler, ainsi que le pensent les cul-tivateurs, beaueoup de depenses de temps et d'ar-gent.
B, Culture et emploi de la pomme de terre. Avantages.
Le lubercule qui conslilue la pomme de terre convient parfaitement, quoiqu'il ne puisse etre mis
*
-ocr page 112-
'
400
au meine rang que la betterave commc plante rafrai-chissanle pour les moulons. Les animaux dedai-gnent pendant quelques jours ce tubercule, ensuite ils s'y habituent pen ä peu. Les femelles nourrices donnent moius de lait d^bord, mais la secretion de ce liquide augmente ensuite.
Je n'hesite done point a conseiller la pomme de terre pendant l'hivernage, ä cause des avantages sui-vants :
Dispenses.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1deg; Bien que ce tubercule exige du furnier et qu'il
soir. plus epoisant que la betlerave, sa culture est cependant ameliorante; eile neftoye le sol et le pre­pare pour recevoir un trefle, apres lequel on obtient le plus beau froment. On pourrait ä la rigueur semer les pommes de terre sans fumer la terre; mais comme pour faire la seconde recolte, il faudrait meltre des engrais, il est preferable de fumer pour la recolte des tubercules.
2deg; La culture de la pomme de terre revient gene-ralement inoins eher que celle de la betterave. De meine que cette derniere on peut la conserver en silos.
3deg; D'apres des calculs bien etablis aujourd'hui, un hectare rapporte au minimum 270 a 280 hectolitres de pomme de terre de 80 kil. chaeun , ce qui donne
)
-ocr page 113-
101
pour deux hectares en calculant sur 80 kil. i'heclo-litre, 21,600 kil. par hectare.
3deg; Formee cTamidon et d'un parenchyme celluleux tres aqueux , la pomme de terreintroduit plus d'eau dans le sang du mouton que la betterave. On en don-nera done molns. 500 gr. (une livre) par jour pour une grosse bete, suffiront. Quelques cullivateiirs en
Ration.
out fait manger cette annee 250 gr. (1/2 livre) a cha-que brebis et ont ete satisfaits de cette nourritui-e.
Dans la supposition done oü Ton donnerait 500 gr. de pomme de terre crue ä chaque bete par jour dans un troupeau compose de 500 animaux, ce serail done pour quatre mois d'hivernage, 250 kil. par jour pour tout le troupeau, 7,500 kil. par mois et 30,000 kil. pour les quatre mois. Or, comme un heclare en rap-porte 21,600kil., il faudrait donccultiver un hectare et demi de pomme de terre, pour avoir au moius les 30,000 kil.
Je me suis bien assure qu'en Beauce, en comptaut le loyer de la terre, le fermage, lelabourage, le plan-tage, le binage, I'arrachage, I'emmagasinage, on peut cultiver un hectare de pomme de terre pour 300 fr., soit pour un hectare et demi 450 fr.
Le troupeau de 500 betes depensera done pour Depensesen
argent.
450 fr. de pomme de terre pendant l'hivernage de
-ocr page 114-
103
quatre mois; ce qui ne donne pas un centime de depenses par bete et par jour.
Mais comme il est possible d'oblenir une seconde recolte en cereales sans furnier, on voit ä quelle fäl­ble valeur revient la recolte en pom me de terre pour les troupeaux. Et quand meine, ce que je ne peux point supposer, la ration reviendrait a un prix plus eleve, ce ne serait pas une raison pour ne point cul-liver le tubercule dont il s^git.
En resume, je me crois done autorise a pouvoir conseiller la culture de la pomme de terre aux fer-miers de la Beauce pour les troupeaux, puisque cette culture ne necessite pas , comme on le pretend, de grandes depenses de temps et d^rgent.
sect;5.
Dimiiiulioii dans la ration des alimcnls ordiaaircs.
Panic.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1deg; Paille. — La paille de ble fauchee et battue au
fleau renferme encore beaucoup d'epis qui out echappe au baitage. Sa ration ne devra point s'ele-ver au dessus d'un kil. par bete et par jour. vesccs, gesscs. 2deg; Vesces, ffesses on pois cornu, ])ois Moisanl en faille et en grain. — Je voudrais voir supprimer en-tierement celte alimentation sanguine et echautfante, aux agneaux et aux moulons de la Beauce. Elle n'est rigoureusement ulile qu'aux brebis qui aiiaitent, et
-ocr page 115-
103
au poids de 120 gr. (4 onces) par bete et par jour. Ces fourrages recoltes pendant leur floraison, sont moins dangereux et peuvent etre donnes avec moins de danger; mais ils u'en sont pas moins tres ali-biles.
3deg; La provende n'est bonne et utile que pour les rrovendcs. agneaux, les beliers et les brebis qui allaitent. Une brebis nourrice, bien alimentee d'aillenrs, pent avoir une quantile süffisante de lait cn mangeant 250 gr. (1/2 livre) de provende.
Un agneau peut venir groset gras eu cousommant, independamment d'une bonne alimentation en regain de luzerne qui ne fait jamais trop de sang, 120 gr. (4 onces) de provende ä Tage de quatre mois.
Un agneau destine a devenir belier, pent acquerir de la taille et de belles formes en consommant le quatrieme mois 320 gr. (14 onces) de provende, et de-puiscet äge jusqu'a celui de quinze ä dix-buit mois, moment de sa vente, en mangeant tous les jours 500 gr. (1 livre) de cette alimentation.
Si le cuitivateur n'a que peu ou point recolte de fourrages en luzerne et en trefle, il fera beaucoap mieux de ne pas hiverner de troupeau que de 1'entre-' tenir, ainsi que plusieurs fermiers Pont fait, avec de la paille et de la provende. Inexperience a demontre
-ocr page 116-
104
r
Ttelle.
que dans ce cas les deux tiers du troupeau mour-raient du sang vers la fin de rhivernagc.
4deg; Le trefle de premiere coupe esl un aliment qui donne beaucoup de sang aux moutons. On ne doit le donner qu'avec une grande circonspection. Les re­gains en sont meme dangereux.
5deg; La luzerne de deuxieme et parfois de troisifeme coupe, est Tamie des moutons. Elle constitue le meil-leur fourrage qu'on puisse leur faire manger. Quand meme la ration de luzerne serait trop forte, ce four-rage n'occasionnerait point le sang.
6deg; Le sainfoin et surtout celui de seconde coupe, quoiqu'un peu plus succulent que la luzerne, con-vient egalement bien aux troupeaux.
7deg; Les melanges de sainfoin et de luzerne consti­tuent une excellente alimentation, dont il faut mo-derer Fusage.
8deg; Jamals on ne donnera du sei marin aux mou­tons. Cette matiere saline et excitante est utile aux troupeaux dans les localites fraiches ou il faut donner du ton aux organes 5 mais ne convient nullement aux betes ä laine d'un pays sec, qui ont toujours un sang tres riche en globules. Ce condiment les echaufFe, les altere et concourt ä la production du sang.
9deg; Si le troupeau, malgre la diminution de la ra­tion, montre encore trop de sang, il sera tres utile
Luzerne,
Sainfoin.
Sei marin.
Usage de sal-(ale de soude.
-ocr page 117-
105
de faire dissoudre dans Teau des baquets renfermant la boisson, 500 gr. (1 livre) de sulfate de soude ou sei de Glauber, dans 100 litres d'eau. Ce sei rafraichit le canal intestinal, fait couler les urines plus abondam-ment et, condition importante, la soude qu'il con-tient, agissant sur les principes organiques du sang, rend ce liquide moins fibrino-albumineux, plusfluide et plus facilement circulable dans les petits vaisseaux. Ce sei dont dejä beaucoup de cultivateurs des envi­rons d'Arthenay et de Pithiviers ont fait usage, est moins eher que le sei marin. II coüte 30 ä 35 centi­mes la livre chez les droguistes. Un mouton qui boit ordinairement par jour un litre et demi ä deux litres d'eau en hiver, depensera done en sulfate de soude, le tiers d'un centime.
10deg; Les bergeries devront etre enrees au moins Salubrit6 des
bergeries.
quatre fois pendant Thivernage. Ce n'est point la quantite de fumier amoncele dans la bergerie qui donne de la chaleur aux betes, et notamment aux agneaux lors de Pagnelage, mais seulement la cou-che d'un pied qui en forme la superficie. Le reste de la masse du fumier diminue la hauteur de la berge­rie et allere la quantite d'air pur que les betes doi-vent avoir pour respirer. L'accumulation du fumier n'est done utile que dans le moment de Tagnelage , pour donner de la chaleur aux petits agneaux. On
-ocr page 118-
106
laquo;Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ne devra point calfeutrer les portes et les fenetres
pendant Thiver, ainsi que beaucoup de cultivateurs ont rhabilude de le faire. Sol de laber- Le sol de la bergerie est souvent depuis tres long-
V
temps impregne, a un metre et plus, de matieres animates qui degagent des gax malfaisants. Ce sol noirätre et infect devra etre enleve tons les deux ans et remplace par une nouvelle couche de terre bat­tue. Cette terre forme un excellent engrais qui don-nera une recolle superbe.
Pour eviter le froid et pour entrainer au dehors de la bergerie Pair impur et les emanations malfai-santes qui s'elevent constamment des fumiers, il est indispensable de pratiquer une cbeminee d'aeration dans chaque bergerie. Ces cheminees sont faciles ä etablir et a peu de frais. On pratique, dans le milieu du plafond de la bergerie, ordinairement entre deux solives, une ouveriure de un ä deux pieds de dia-metre. Une semblable ouveriure doit etre egalement faite au toit vis ä vis celle-ci. On prepare avec plu-sieurs planches de sapin un conduit de 15 ä 20 pon­ces de diametre, et assez long pour, etant engage dans Touverture du plafond, aller gagner le toit et s'elever d'un pied au dessus. Ce simple appareil eta-blit un courant d'air de bas en bant, qui entraine au dessus I'air chaud, les vapeurs infectes,les gaz
ft*.
-ocr page 119-
107
irritants, tout en maintenant une temperature egale dans Tetable. Un seul venlilaleur sufTit pour aerer une bergerie conlenant 200 moutons. Toutefois on tiendra compte des ouvertures qui existeront aux murs.
sect; 6.
Moyens preservallfs applicables au regime du prinlemps el de l'ete , ä la tonte, au parcage et au päturage d'autonme.
Regime du printemps. — Le pare devra toujours etreetabli, aussibien pour les betes faites que pour les agneaux, surlesseigles, lelrefle incarnat, la mi-nelte, le sainfoin, la luzerne et le trefle cultive, si peu que ces plantes soient grandes et fortes. Le ber-ger certes aura un peu plus de mal pour etablir et changer son pare, mais le proprietaire y trouvera de Feconomie en ce qu'il evitera le gaspillage , et rationnant ainsi ses betes selon Tindication fournie par Fetat des yeux, de la peau, de Fembonpoint, il evitera la maladie de sang.
1deg; Les plantes d'especes diverses qui vegetent sur les jacheres en mars et avril, sont rafraichissantes et ties utiles a la sante des betes a laine; on fera done bien d'y conduirele plus possible les tronpeaux;
2deg; Les treues sont surtout ä craindre; il ne faut y faire päturer les moutons qu'avec beaucoup de cir-
-ocr page 120-
-108
laquo;'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; conspection. Cette verdure leur fait promptement
pisser le sang et les predispose a la maladie;
3deg; Les vesces d'hiver associees au seigle ne seront paturees qu'avec la plus grande moderation et tou-jours au pare;
4deg; Les animaux qui n'ont eu qu'une faible ration d1 aliments pendant Thiver, de meme que ceux qui ont ete abondamment nourris, devront principale-ment etre surveilles et parques avec tout le soin pos­sible ; attendu que ces animaux seront les premieres victimes de la maladie; jagSe!quot;a Ia 5deg; Le cultivateur soigneux qui s'apercoit que ses plus beaux et ses plus gros animaux ont les yeux rouges, injectes, la peau d^nrose vif et parfois bru-nätre, devra les faire saigner ä la jugulaire (veine du cou) et non ä l'oeil, aux ars et aux aines comme les bergers ont Thabitude de le faire en Beauce, L'ou -verture pratiquee ä la jugulaire permettra de laisser ecouler la quantite de sang que Ton croira convena-ble de soustraire des vaisseaux. On pourra sans incon­venient retirer ä cette veine 250 gr. 0/2 livre) jus-qu'a 500 gr. ('I livre) de sang ä un belier, ä une grosse brebis ou ä un mouton de deux ä trois ans, et 120 gr. (4 onces) ä un agneau de Tannee.
La saignee pourra etre repetee une , deux, meme trois fois, si l'etat du (roupeau reclame cette operation.
i
i'
-ocr page 121-
109 6deg; C'est en avril, mai et iuin que les beles ä laine Paiuragesna-
'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; tnrels.
ont surtout besoin de manger les plantes des prai­ries naturelles pour changer les proportions des prin-cipes organiques et aqueux du sang. Je me suis assure depuis longtemps que dans toutes les exploitations oü il etait possible de faire päturer les plantes qui croissent naturellement pendant les mois d'avril, mai et juin, le sang ne se declarait pas parmi les troupeaux on bien n'y faisait que tres pen de victi-mes. Les cultivateurs qui auront done des chemins, des allees, des avenues , des bois , des friches , des landes , des prairies naturelles, devront y mener le troupeau de temps en temps pendant plusieurs jours et meme plusieurs semaines.
Le ray-grass vegeterait, je le crois, en Beauce, lä Paiurases aveo
le ray-grass d'l-
surtout oü la terre est un peu fraiche. Cette plante a talle• Tavantage d'etre precoce et de pouvoir etre päturee des le commencement du printemps; elie ne s'eleve pas ties haut, forme un gazon touffu el constitue un excellent parcours pour les moutons. Cependant, pour donner plus de duree ä la prairie, le ray-grass etant bisannuel, on pent y associer I'ivraie vivace. Alors, selon Gilbert (1), il pent durer neuf, dix et quelquefois douze ans. Ces paturages, si abondam-
(1) Traite des prairies artilicielles, p. 102.;
-ocr page 122-
no
}
ment repandus en Angleterre, sont fort pr^cieux, je le repete , pour les troupeaux.
Tels sont les soins ä mettre en pratique pour pre-venir la ranladie de sang1 dans les mois de mars, avril, mai et juin.
ST.
Moyens preservalifs ä employer pendant les elialeurs de Tele.
Tome.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1deg; Tonte. — La tonte se fait generalement en
Beauce du 20 au 30 juin, et je me suis attache a en faire ressortir les inconvenients. II serait utile de faire
Avantages denbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; • •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;t t r
tondre les mou-cette operation du 15 au 20 mai pour les asfneaux
tons en mai.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;*nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; to
et les moutons, et du 1quot; au 11 juin pour les brebis qui out fait agneau, et dont la toison n'est pas encore assez. haute. En nourrissant ä cette epoque les ani-maux a la bergerie pendant huit jours pour eviter les premieres impressions du froid, il serait possible alors, dans le courant de juin, de les sortir toute la journee. Or, depuis le 20 mai jusqu'au 15 juillet, epoque ordinaire de l'etablissement du pare, la toi­son auiait le temps de repousser et d'abriter la peau de la temperature elevee de l'atmosphere, du rayon-nement de la chaleur du sol, de fhumidite de la terre et despluies d'orages. On pourra objecter que le mois de mai n'est pas Tepoque de la vente des lai-
#9632;#9632;
-ocr page 123-
Ill
nes, que les marchands pourront dedaigner de les acheter, parce qu'il ne fait point encore assez de cha-leur pour, apres les avoir lavees, les faire secher au soleil; mais ces considerations mercantiles nedevront point influencer les cultivateurs sur des interets plus chers, la conservation en sante de leurs troupeaux.
Dejä plusieurs cultivateurs ont mis cet usage en pratique et en ont recueilli les fruits. Les fermiers auront, il est vrai, une difference en inoins dans la poids de la toison, Tannee ou ils mettront en prati­que cette innovation; mais la difference en plus de Tannee suivante fera compensation.
2deg; Parcage. — L^tablissement du pare apres la parcage tonte, le päturage sur les chaumes apres la moisson, signalent l'epoque de la plus grande rnortalite en Beauce. II est done important que je m'atfache ä bien specifier les moyens preservatifs ä employer ä cette epoque qui coincide avec les plus grandes chaleurs de Tannee.
J'ai fait observer que generalement on forcait les troupeaux ä sejourner au pare nuit et jour trop peu de temps apres la tonte, et que cette mau-vaise pratique etait une des principales causes oc-casionnelles de la maladie de sang sur les animaux qui y etaient predisposes. Plusieurs fermiers intel-ligents m'ont assure avoir fait tondre leurs agneaux
-ocr page 124-
112
ä la fin de mai el avoir conserve ces animaux bien portants pendant les chaleurs, landis que leurs me­res depouillees de leur toison le 22 juin et raises au pare le 15 juillet, etaient mortes de la maladie. (Test done un motif ä ajouter a ceux que j'ai dejä fait va-loir en disant qu'il etait utile de laisser repousser la toison des betes avant de les exposer ä la chaleur du jour et ä la fraicheur des nuits pendant le sejour au pare.
Neanmoins les precautions suivantes seront prises. 1deg; On ne devra jamais laisser lestroupeaux au pare pendant les cbaleurs. Les cultivateurs n'ignorent point que pendant le milieu de la journee les betes a laine se ramassent dans un coin du pare, pour sV briter en commun des rayons du soleil, et qu'alors elles foment ties irregulierement le sol. Or, en evi-tant la chaleur de dix heures ä quatre heures, les cul­tivateurs previendront le mal cause par Tinsolation, et en outre les betes, se dispersant cä et lä dans le pare, fumeront le sol plus uniformement. Les ani­maux devront etre sortis le plus matin possible pour qu'ils mangent les herbes recouvertes encore de ro-see; iis seront rentres ä la bergerie des neuf heures du malin et n'en sortiront qu1;raquo; quatre heures du soir. Le sol de la bergerie devra etre reconvert d'un peu de furnier seulement, pour eviter les refroidissements
-ocr page 125-
113
du ventre sur un sol frais. Toutesles portes et lesfe-netres exposees au nord serontouvertespour donner acces ä l'air et evitor la chaleur. Je regarde comme une condition tres importante ä reraplir pendant le sejour ä la bergerie, de donner, si on le peut, une ration de fourrayes, et de tenir toujours les baquets remplis d'We boisson rafraichissante, com me il sera ci-apres indique.
Des hangards construits ä peu de frais, adosses aux murs des locaux de la ferme du cöte nord, pour y placer les troupeaux pendant les chaleurs, seraient des depenses bien faites. Les betes en s'y reposant respireraient un air pur et ne seraient point as-phyxiees par la poussiere emportee par le bale qui souffle sur les guerets.
Lors des nuits orageuses de Fete, des nuits frai-ches et humides de Tautomne, les betes devront etre rentrees ä la bergerie.
Les bains froids, I'immersion dans les mares, les rivieres, sont plus nuisibles qu'utiles.
3quot; Boisson des animaux. — La temperature, la Boisson des
animaux.
secheresse de l'air, Fusage du grain que les betes glanent dans les chaumes, excitenl la soif et portent les animaux ä boire beaucoup. L'eau fraiche sor(ant des puits profouds de toute la Beauce, peut occa-sionner et determine en effet des indigestions d'eau.
-ocr page 126-
i I
m
On pent eviter ces inconvenients en laissant sejour-ner Feau pendant quelques heures dans les tonneaux destines ä la conduire au pare.
Pendant les mois de juillet et aoüt, Feau devra etre rendue desalterante et rafraichissante. Or, le sei marin qu'on y fait dissoudre ne pent remplir ce but. Au contraire, cette eau salee, ainsi qua je Fai dit, echauffe les animaux et les altere beaucoup. Les culdvateurs observent que pendant les chaleurs les betes recherchent inslinctivement les matieres sali­nes, parce qu'ils les voient lecberles murailles, et e'est une raison pour eux que les betes ont besoin d'eau salee; maisle sei que les animaux recherchent alors n'est pas le sei marin : e'est le nitrate de potasse ou salpetre, sei tres rafraichissant. L'eau salee, je m'en suis assure, 1 orsqu'elleest hue duran t les chaleurs, pen­dant Fexistence de la maladie, augmente la mortalite. sei de dauber. Le sei qui devra etre dissous dans la boisson sera le sei de Glauber, dans les proportions que j'ai in-diquees page 105. Limonade L'acide sulfuriquc ou vitriol liquide uni ä Feau
mincrale tafraS-
chissame. constitue une excellente limonade minerale pour rafraichir le sang et temperer la soif. Get acidecoüte un franc lekilog., et en versant dans 200 litres d'eau 250 gr. (8 onces) de cet acide, etremuant le liquide, on coamp;fectionnera a bon marche une excellente hois-
-ocr page 127-
#9632;HWMH^W
115
son rafraichissante pour un Iroupeau compose de 100 a 130 betes.
Uacide acetique ou le vinaisre du commerce esl Boisson tem-
0nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;perame atec le
aussi tres precieux pour former avec Teau une bois- Vlnal6^e• son parfaite pour etancber la soif, faire couler la salive, les urines en plus grande quantite, temperer la chaleur de toutes les parties du corps, etendrele sang- d'une plus forte proportion d'eau et favoriser la transpiration cutanee insensible qui agit par Ve-vaporation comme refrigerante. 4 litres de bon vinai-gre du commerce dans 200 litres d'eau, sont sufli-sants pour procurer cette bienfaisante boisson a 100 ou 130 betes, et qu1!! est facile de confectionner par-tout et ä peu de frais.
Bon nombre de cultivateurs, ä l'epoque des cha-leurs et lorsque les betes päturent sur les chaumes, font casser de Forge au moulin, jettent ces matieres dans des baquets remplis d'eau et offrent ä boire cette espece de tisane aux troupeaux. Cette boisson est emolliente et lemperante, mais eile ne rafraichit pas aussi vite que Teau acidulee, et eile est plus coü-teuse. Cependant, je la considere comme fort utile.
sect; 8.
Päturages des chaumes aprfis la moisson. Je me suis attache ä demontrer que le glanage des cpis de ble dans les chaumes, l'usage des succulentes
-ocr page 128-
116
petites legumineuses qui y croissent, etaient des
causes efficienles de la maladie de sang.
cbau^esquot;6quot;^- ^ cultivateur ami de son troupeau ne doit point
res.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;le faire conduire sur les chaumes de ble, d^voine et
d'orge, avant le commencement de septembre, ou
avant que ces päturages n'aient ete corapletement
mouilles plusieurs fois par la pluie. Alors le ble est
penetred,humidite,ilestgermeparfbisetn1estquepeu
ou point nuisible aux moutons. Toutefois encore, ce
pacage ne doit etre tolere qu'aux conditions suivantes:
1quot; Le berger ne fera päturer que pendant deux
heures parjoursur les chaumesdeble, et troisheures
au plus sur ceux d'orge et d'avoine.
20Lerestedu parcours devra etre fait sur des guerets et notamment sur des luzernes, des herbes croissant naturellement au bord des chemins, des bois, si ces parcours il y a.
3deg; Si le cultivateur ne pent faire paturer que des trefles ou des sainfoins, il aura encore la precaution de ne point laisser manger a volonte les animaux sur ces prairies qui donnent le sang.
4deg; Enfin il est preferable dans cette saison si dan-gereuse pour les moutons, de laisser deperir le trou­peau, que de chercher a lui donner de l'etat ainsi que le font les fermiers qui calculentmal. II sera toujours possible el avec beaucoup moins de danger de faire
to
-ocr page 129-
-117
acquerir de I'embonpoirU aux animaux vers la fin de septembre et la premiere quinzaine d'octobre.
5deg; Si le berger s'apercoit que les animaux ont les yeux rouges et lechent les murailles; qu'ils s'arretent et respirent peniblement dans les champs : si en outre quelques betes ont une urine rougie par du sang, et rendent des excrements mous, glaireuxet sanguinolents, la saignee ä la jugulaire devra etre pratiquee sur toutes les betes les plus sanguines du troupeau. Une plusgrande quantite de sang sera re­tiree ä celles qui offrent dejä les signes avant-cou-reurs du mal.
Tout le troupeau devra etre mis ä la diete, aux boissons acidulees et ä päturer sur des luzernes sett­lement, si cela est possible, jusqu'a ce que les mu-queuses, la peau, aient repris une teinte d'un rose pale.
laquo;Tai employe, je l'assure, ces saignees, ces moyens preservatifs sur un grand nombre de troupeaux de la Brie, et j'ai pu prevenir ainsi ou arreter la maladie de sang.
sect; 9.
Päturages particuliers pour rafraichir les troupeaux pendant les chaleurs et apres la moisson.
Des cultivateurs distingues parmi lesquels je cite-rai MM. Lucereau äTripleville, Faucheux (Sebastien) ä Trogny, Penot ä Ecouy, etc. etc. ; font des pätura-
-ocr page 130-
Ml
-J18
ges frais et tetnporaires, pendant les chaleurs et la saison des chaumes, qui meritenl d'etre mentionnes ici tout particulierement.
En mai, en juin et ä diverses epoques de ces deux
mois, ces cultivateurs ensemencent sur un labour fait
sur des chaumes d'avoine ou d'orge, un melange d'a-
orRoetavoine voine et d'orge. Ces graines semees epais, poussent
cd vcn,
des planles serrees, tendres, aqueuses et excellentes a faire manger en vert pendant les mois de juin, juillet et aoüt. Palurees le matin et avant la vaporisation de la rosee pour qu'eiles soient plus aqueuses , ces gra-minees ne meteorisent point les animaux, les rafrai-chissent beaucoup et rendenf, chose importanle,leur sang plus aqueux. Ces pacages peuvent etre formes sans fumier, ils ne coütent au cultivateur que la peine de les faire en temps opportun. On ne doit point les regarder comme tres alterants pour le sol, puisqulls n'occupent la terre que fort peu de temps el quMls sont mangesavant lafloraison etla formation dugrain. Quelques cultivateurs objectent que ce paturage seche tres rapidement et n'est qu'ephemere: cela est vrai; mais je dirai avee les hommes intelligents qui les meltent en pratique , qu'il ne pent en etre ainsi lorsqu'on a l'altention de les semer ä diverses epo­ques de mai et de juin, de maniere a pouvoir les faire manger successivement pendant les chaleurs.
ML
-ocr page 131-
119
Les cultivateurs que j'ai cites, qui ont ainsi pris la peine de faire de ces päturages d'ete, font beaucoup moins de pertes dans leurs troupeaux.
Je les considere done comme eminemment uliles ^'y,'^quot;quot;™,1^
, ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;... .,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;pratique.
et ne saurais frop les louer et en conseiuer 1 usage pour les betes ä laine pendant ies chaleurs de fete.
Les prairies naturelles composees avec le ray-grass seraient aussi tres uliles ä cette menie epoque.
Je suis entierement persuade que si lous les culti­vateurs de la Beauce voulaient bien se dornief la peine de chercher ä faire plusieurs hectares de pätu­rages avec les graminees vivaces, ce qui ne me parait pas impossible, et ne point s'adonner autant a la cul­ture des cereales et des legumineuses en prairies arti-ficielles; de planter des bouquets d'arbres dans les champs pour donner de Tombre aux troupeaux pendant fete, ils perdraient considerablement moins de betes du sang.
sect; 10.
Soins a prendre pendant le pätnrage d'antomnc.
Pendant le mois de septembre, la mortalite dimi-nue, mais persiste cependant encore si ce mois est sec.
Les troupeaux a cette epoque päturent sur les chau-mes de ble, d'avoine, d'orge, el y trouvent les minet-
-ocr page 132-
120
tes, les trefles , les luzernes, les sainfoins de Tannt-e et surtout la renouee on hachee. II est necessaire de moderer encore beaucouplepacage sur ces chaumes, qui sontalors pourvus de plan tes succulentes et san­guines, et de conduire alternativement sur ces lieux, sur les luzernes, sur les chemins et sur les prairies naturelles.
A la fin de septembre et pendant la premiere quin-zaine d'octobre, les prairies artificielles deviennent perfides, parce quMles meteorisent dangereusement les animaux. On ne devra done les faire päturer qu'avec moderation, et seulement dansle milieu de la journee.
S H.
Ce qu'il conviendrait de faire a regard des borgers.
Pour prevenir tout abus de confiance de la part des bergers dans le regime des troupeaux, il serait ä desirer que les cultivateurs retirassent les benefices donnes par le suif recueilli ä l'autopsie des cada-vres. Mais il serait en meme temps tres essentiel pour les encourager a s'inslruire dans laconduite etl'hy-giene des troupeaux, de leur accorder, independam-ment de leur salaire, une prime basee sur le petit nombre de betes mortes du sang dans Pannee. Je vais expliquer ma pensee.
-ocr page 133-
121 La mortalite ordinaire dans tonte la Beauce est en wlaquo;w daccor-
der aux hergers
moyenne de 20 sur 100 par an. Or, je crois qu'il se- peudeMtM*1quot; rait fort sage d'accorder au berger qui, par un re­gime et des soins bienentendus, ne perdrait que 15, 10, 5, 2 pour 100, une prime dout le chiffre serait proportionnel au petit nombre de betes mortes dans Tannee. Cette prime pourrait s1 elever jusqu'ä 300 fr. Ainsi assure d'etre recompense de scs bons services, le berger serait interesse ä etudier les moyens d'hy-gienecapablesde prevenir la maladie; et le proprie-taire, tout en payantla prime, trouverait encore dans cet arrangement un grand benefice dans la conser­vation de son troupeau.
On pent alleffuer centre cette innovation que le M^irs con.lre
tonbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;n.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;cette innovation.
berger u'etant plus interesse ä la recolte du suif, pourra refuser de depouiller les animaux et d'ouvrir les cavites du corps pretendant qu'il y a danger de contracter la pustule maligne ? Gelte objection ne peut etre serieuse, la maladie de sang des moutons de la Beauce ne revet point le cachet du sang de rate charbonneux des marais. D'ailleurs les bergers out depouille !es animaux jusqu'alors sans crainte d'acci-dents, et j'ai dit que je n'avais pas , de moncöte, re-cueilli dans (oute mon excursion , un seul exemple de cette transmission.
Je crois done qu'aujourd'hui les bergers de la conclusion.
A
-ocr page 134-
I
122
Beauce tronvent un avantage dans la mortalite des troupeaux, par la maladie de sang, ce qui est un mal; que ce serait une heureuse innovation que celle qui consisterait a interesser les bergers ä s'instruire et a. concourir ä la conservation des troupeaux en leur accordant une prime proporlionnee sur le petit nombre de pertes, ce qui serait un bien.
sect; 12. .,
Moyens preservalifs ii ractlrccn pratique lorsqne la maladie sevil violumment dans un troupeau.
Lorsque la maladie debute dans un troupeau et qu'en peu de temps eile fait de nombreuses victimes, que 10, 15, 20 betes a laine meurentjournellement, des moyens preservatifs doivent etre mis aussitöt en pratique pour chercher a arreter ces grandes mor­tal! tes.
Ces moyens sontla saignee ä la jugalaire, la diete severe, le regime temperant, enfin l'emigration de tout le troupeau dans des päturages naturels, frais et meine humides. II ne faudrait cependant pas s'i-maginer que ces moyens preservatifs arretent le mal tout ä coup, rexperience a demontre le contraire. Ce n'est guere qu'apres huit, dix et meme quinze jours qu1!! est possible d'en apprecier les salutaires effets.
-ocr page 135-
123
1deg; Saign4es. — La quantite de sang a retirer des .^quot;laquo;m ä u vaisseaux devra varier salon l'äge, la taille, l1 embon­point des animaux, et surtout Tinjection des con-jonctives et de la peau.
Proprietaire et berger devront savoir que, toutes choses etant egales d'ailleurs, les agneaux de l'annee, les atitenais, les beliers, ont generalement les mu-queuses et la peau d'un rose plus v if que les brebis; et que les betes de quatre a cinq ans ont Toeil moins injecle.
Les agneaux et les antenais seront saignes moins fortement que les adultes; les brebis qui ont lutte de-puis peu de temps moins que les moutons de deux ä trois ans, les animaux gras moins que les maigres.
Les emissions sanguines ainenent loujours d^x-cellenls efFets sur la masse du troupeau. Dauben­ton (1), Tessier (2), Guillame (3), D'Arboval (4), les recommandent. L'experience d'ailleurs en a de-montre les bons effets un grand nombre de fois (5).
(1)nbsp; Instruciion citee, p. 300.
(2)nbsp; Tessier, Inslruciion cilee, p. 251, — el Histoire de 1'acade-mie, 1776, p. 254,
(3)nbsp; Guillame, Annales deragricullure Irangaläe , 2esürie, t. Ill, p. 139.
(4)nbsp; D'Arboval, Dictionnaire de medecine et de Chirurgie veteri-naire, 2quot; edition, t. IV, p. 57.
(5)nbsp; Iiislruciions velerinaires, t. Ier, p. 370,371 el 372.
-ocr page 136-
124
Quant ä moi, Pobservation m'a tout ä fäit edifie sur les avantages qui en resultent. li est vrai que cer-taines betes deja malades on fortement predisposees ä le devenir, meurent encore pendant quelques jours; quelquefois meme on voit perir des betes, le jour oü leur veine a ete ouverte; mais la mortalite s'arrete bientot pendant le regime dietetique qui doit suivre Temploi des saignees.
Kiste.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2deg; Diete. — Le Iroupeau devra etre rentre ä la
bergerie et soumis a une diete severe pendant trois ä quatre jours d'abord, mis ensuite ä une demi-diete pendant quinze jours, et enfin ramene a une ration d'entretien qui ne puisse pas faire recuperer aux be­tes le sang qu'elles ont perdu par la diete et la sai-guee.
Emigration. 3deg; Emigration. — ^emigration des troupeaux atteints de la maladie de sang, dans des päturages naturels, humides surtout, des bois, des vallees arro-sees par des rivieres ou des fleuves, est connue de-puis tres longtemps comme souverainement efficace pour arreter la maladie de sang. Les cultivateurs de la circonference de la Beauce, ceux surtout voi-sins des forets de Marchenoir, d'Orleans, de la Sologne, de la vallee de la Loire, peuvent seulement profiter des bienfaits de Temigration 5 mais dans tcus les hauls plateaux de la Beauce, cette transhu-
i
-ocr page 137-
125
mation etant lointaine et tres dispendieuse est, il faut le dire, impraticable.
Les cultivateurs de ces localites ne peuvent done avoir recours qu'a la saignee et au regime dietetique.
L'emigration, de naeme que la saignee generale , la diete severe, n'arrete pas la maladie incontinent. Si le lieu ou doit sejourner le troupeau necessite plusieurs jonrs de marche , bon nombre de betes meurent en route. Les premiers jours de parcours, dans les lieux humides , il en meurt encore; mais apres sept ä huit jours la mortalite dimiaue, s^rrete tout ä fait et ne reparait plus.
L'emigration est la derniere preuve qui me reste ä invoquer pour prouver definitivement que la ma­ladie de sang est due ä un exces d'alimentation, qui donne naissance a la predominance des elements fibrino-albumineux, et sartont globulaires du sang, puisque des conditions opposees font cesser la ma­ladie. J'ai recueilli donze faits en Beauce, qui rn'ont demontre positivement que Temigralion agissait en modißaut l'alleration du sang qui cause les morta­lities. Ces faits circonstancies confirment si bien la bonte de cette pratique , que je me fais un devoir de les consigner ici.
Premier fait. — En 1842, la maladie de sang s^st Faits. declaree d^une maniere effrayante dans le troupeau
.t
mm
-ocr page 138-
126
de M. Dubreuil, cultivateur ä Sercueux (Loir-et-Cher). Les aniniaux päturaient alors sur les chau-ines. On saigna toutes les betes, soit ä la veine de Tars, soit ä Tangulaire, et on fit emigrer le troupeau dans de mauvaises prairies situees au bord de la Loire. La maladie ful bienlöt arretee. Au mois de septembre, le troupeau fut ramene ä Sercueux, et lesang ne reparut plus.
Deuxieme fait, — En ISSö, M. Robillard, culti­vateur et maire de la commune de Binas (Loir-et-Cber), avail perdu, du -15 juillet au 15 aoüt, 100 belles betes sur ^iGO composant son troupeau, qui päturait alors sur les chaumes. M. Robillard s'em-pressa de conduire les 300 betes restantes dans un pätnrage frais et marecageux situe pres des bords de la Loire, aux environs de Beaugency, et la morta-lite s^rreta quelques jours apres. L'emigration dura un mois, et, rentre ä Binas, le troupeau ne se ressen-tit plus de Finfluence de la maladie.
Troisieme fait. — En -ISSS et dans le courant d^oüt, M. Gaullier, cultivateur a Seronville (Loir-el-Cher), perdait beaucoup de betes du sang. Tont le troupeau fut conduit dans la vallee de la commune de Mer, dans des päturages voisins de la Loire. Une bete mourut pendant le trajet. Quatre jours apres Tarrivee du troupeau, 27 betes perirent en quelques
-ocr page 139-
127
jours. Mais la mortalite s'arreta ä ce chiffre. Revenu apres trois semaines a la ferme de Seronville, le troupeau resta parfaitement bien portant.1quot;
Quatrieme fait, — Dans la premiere quinzaine du mois d'aout 1834, et peu de teraps apres avoir fait tondre son troupeau, M. Louis Faucheux, fermierä Trogny, perdait 10 ä 12 betes tous les jours. Toute la troupe fut conduite dans les allees d'un bois ap-partenant ä M. Darblay, mailre de poste ä Chevillj, et y resta pendant trois semaines. La mal a die s'ar-reta tout a coup dans ce nouveau paturage; mais le troupeau, ramene sur le parcours de Trogny, M. Faucheux perdit encore 4 ä 3 beles. La morta­lite s'arreta lä. Pendant cinq annees de suite, ä Te-poque des mois de juillet et d'aoüt, et aussitöt que la mortalite commencait dans le troupeau, M. Fau­cheux le faisait conduire, pendant quinze ä vingt jours, dans les allees du bois dont j'ai deja parle, et cette emigration preserva toujours chaque annee le troupeau delamaladie. Depuis 1830, que M. Dar­blay a retire Tautorisalion qu'il avait accordee a M. Faucheux de conduire son troupeau dans ses bois, la maladie de sang a occasionne de grandes pertes tous les ans.
Cinquieme fait. — Depuis longtemps les terres du chateau de Chevilly ne composaient que les de-
Wk
-ocr page 140-
#9632;i
128
pendances d'un seul domaine , etle cultivateur qui les avail affermees ne perdait que fort peu de betes de la maladie de sang. En 18^8, le domaine fut di-vise en deux fermes, dont Tune fut appelee la ferme du chateau, et Tautre la ferrae du petit Chevilly.
La premiere de ces fermes eut en partage beaucoup de terres humides, longeant la foret d'Orleans, ainsi que de longues et vasles allees plantees d'ormes magnifiques , ä Tombre desquels pousse pendant la chaleur un gazon tendre et frais. Cette ferme fut louee ä M. Verdureau.
La seconde ferme dite du petit Chevilly, dont les terres, siluees au loin de la foret d'Orleans, sont seches el calcaires, pourvues aussi de quelques belles allees, mais cultivees, fut louee ä M. Darnaud. Or, ä partir de Tannee oü cette division de la grande ferme de Chevilly en deux petites fermes fut operee, M. Verdureau, cultivateur de la ferme oü les terres sont humides, ombragees et voisines de la foret, ne perd que peu ou point de betes ä laine; tandis que M. Darnaud , cultivateur de la ferme du petit Che­villy , eprouve de grandes mortalites, notamment lorsqu'il conduit son troupeau sur les champs sees et calcaires qui s'eloignent des terres humides ap-partenant a son voisin. M. Verdureau pent con-duire son troupeau päturer soit au voisinage de la
-ocr page 141-
129
föret, soit a l'ombre des arbres des allees, pendant la chaleur, lasaison des chaumes,etsesmoutonsse con-servenl en bonne sante. M. Darnaud, an contraire, qui ne pent point changer son troupeau de localite, fait beaucoup de perles pendant toute la belle saison.
M. Foucher, veterinaire ä Chevilly, a ^te temoin de ces faits. laquo;Tal recueilli d'ailleurs surleslieux, des deux fermiers, les details interessants que je viens de rapporter. La visite des deux troupeaux m'a fait voir, dans les betes composant celui de M. Darnaud, les conjonctives et la peau rouges et injectees; et dans eel-les du troupeau de M. Verdureau, les memes parties d'iin rose fond blanc. II y avait done moins de sang dans le Systeme sanguin des betes de ce dernier trou­peau.
Ces observations demontrent done combien Tem-placement qn'occupent les terrains oü paissent les moutons, la nature du sol, la qualite des plantes qui y vegetent, peuvent predisposer les betes ä laine ä conlracter la maladie de sang et memela determiner.
Sixievie fait. — M. Darblay, maitre de poste ä
Cheviily, possede danssabelle exploitation, un beau
troupeau, compose de 285 betes. La ferme de ce
eultivateur distingue est formee comme celle du
chateau de Cheviily, d^ine partie de terres seches
dont le lufmarneux et calcaire(terre blanche) est ä
9
#9632; i
mm
-ocr page 142-
130
7 ou 8 pouces du sol, et d'une autre partie dont la terre estfraiche et Lordee par la foret d'Orleans.
En 1835 et 1836, M. Darblay s'aper^ut que lors-qu'il perdait des animaux de la rnaladie de sang, c'e-tait toujours lorsque son troupeau sejournait sur. la partie haute et seche de. la ferme, tandis qpe dans la partie voisine de la foret, les,betes n'en etaient qpe. tres rarement atteintes. Depuis cette epoqpe, le ber-ger recut Tordre de ne conduire son troupeau que dans la partie fnüche de la ferme, et des lors, M. Dar­blay ne perdit plus ou que fort peu de betes ä laine
Jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;du sanjj de rale!
Septiemefait. — II existe entre Arthenay et Jan-ville une commune qui porte lenom deDambron. Le sol de cette localite et particulierement celui de Poupris, un peu plus bns qua celui des terrains en-vironnants, sont argileux. L'eau sejpurnea la surface de la terre pendant une grande partie de fhiver, et
|jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;jnsqu'aux beaux jours. L'etendue de ces terrains hu-
mides est d'une.lieue de long , d'une lieue et quart
1
de large, et sepnree de distanre en distance par des ilots variables en elendue.. Toutle territoire envirou-nantestsec et eleve. Or, les troupeaux des environs de Dambron et de Poupris sont comme dans toute la grande Beauce, ravages par la maladie de sang, tan­dis que ceux de ces deux localites sent epargpes.: Au
-ocr page 143-
131
contraire, des precautions sont prises pour eviterThy-drohemie ou pounilure, maladie de nature lout op-])osee au sang de rate, et dans laquelle les elements aqueux du sang, en trop grande abondance, fil— trent par les porosiles vasculaires , et se deposent dans le tissu cellulaire de toutes les parties du corps. Aussi quand les troupeaux des environs sont atteints de la maladie de sang, s'empresse-t-on de les emigrer dans les flaques d'eau dessechees de Dambfon et Poupris , pour eviter la mortalite, et en eflet il est rare que des beles predisposees au sang , meurent apres une huitaine de sejour dans ces päturages. On observe meine que si les troupeaux mangent les planles aqueuses de ces lieux bumides au-dela de ce qui est mile pour modifier Tetat de leur sang, ils contractent bicnlöt la pourriture. M. Boucher, veterinaire a Arthenay, est temoin de ces faits tous les ans.
Huitieme fait. — Au commencement d'aout 18/(2, et alors que les betes a laine de M. Charrier, maire de la commune deBpuiHy ( Loiret), puturaient sur les chaumes, la maladie de sang se declara parmi le troupeau. M. Charrier s'empressa de laire emigrer ses moutons au rivage de la foret d'Orleans, et la mortalite diminua consid^rablement pendant trois semaines. Les betes ramenees ä la ferme de Bouilly
#9632;ri
-ocr page 144-
132-
furent reconduites sur les chaumes; la maladie re-parut apres 12 ä 15 jours: on retira tout ä fait les moutons de ce pacage mortel, et la maladie cessa.
Nciwieme fait. — M. Chambon, maire de la coin-mune de Rouvres (Loiret), perdait beaucoup de rnoulons de la maladie pendant le mois de juil-let 1841. Le troupeau fut conduit dans la for^t d'Or-leans pendant 12 a 15 jours. — Quelques betes pö-rirent encore, inais la mortalite fut bientot arretee. Le troupeau rainene ä Rouvres fut remis dans les memes paturages; la maladie reparut apres 10 ä 12 jours, et se continua jusqu'a la mi-septembre.
Dixieme fait. — Depuis une dixaine d'annees, M. 1'oisson, cullivateur a Denainvillers, pres Pithi-Tiers, a beaucoup ameliore sa ferme; et ses troupeaux ont ete alimentesplus abondamment Thiver et I'ele. Avant ces ameliorations, M. Poisson perdait dansun troupeau compose de 600 belles betes, trenteanimaux parannee. Aujourd'hui ce cultivateur en voit mourir 125 ä 130, Cette annee (1842), pendant les chaleurs etalors que la maladie frappait 10 ä 12 animaux par jour, on conduisit le troupeau dans des pres bas et humides de la riviere d'Essonne pres de Pithiviers. Pendant 14 jours que les betes päturerent dans ce nouveau pacage, la maladie, apres avoir fait pe-rir quelques betes les premiers jours, s'arreta : on
-ocr page 145-
133
ratnena des lors le troupeau dans les champs de chaume, et la maladie se manifesta au bout de 15 jours. Les animaux furent alors mis ä päturer dans d'autres pres de la meme localite, pourvus de beau-coup d'herbes aqueuses, et la mortalite cessa de nou-veau au bout de 15 jours. Trois semaines apres, tou-tes les betes furent reconduites ä la ferme de Denain-villiers, et la maladie ne reparut plus. M. Gendrot, veterinaire a Pithiviers, a eletemoin de ces faits.
Onzieme fai(. — M. Morise, cultivaleur ä la ferme de la Haie, commune de Saint-Sigismond, et posses-seur de 400 betes a laine, a pris le parti, pour eviter la maladie de sang qui decimait annuellement son troupeau, de louer, depuis 5 ans, le parcours de beaucoup de routes qui traversent la foret de Bucy. Les moutons antenais sont conduits sur ces routes pendant le mois de mars, et reviennent sur les (errcs de la ferme ä la Saint-Jean. A celte meme epoque, les brebis vont succeder aux antenais dans le pacage de la foret, pendant 3 semaines, epoque oü, ramentes ä la ferme, elles sont remplacees par les moutons de 2 ä 3 ans. Depuis cette innovation, M. Morize perd fort peu de betes du sang.
Douzieme fait. — Dans le courant de mai 1842, les betes ä laine ae M. Poisson, fermier ä Montcharville, furent atleintes de la maladie de sang. Ce cultivatclaquo;r
-ocr page 146-
134
emigra aussitöt son troupeau compose de 720 betes, dans des friches de la foret d'Orleans, ou il sejourna 15 jours. II futensuiteramene ä la ferme et la morta-lite ne se declara que versle ISjuillet. On s'empressa de reconduire les betes dans la foret; mais alors la secheresse etait tres grande et les plantes qui vege-taient sur les friches etaient brülees par le soleil, aussi les moutons perirent-ils comme ä la ferme pen­dant les 8 jours qu^ls sejournerent sur ces lieux de-pourvus detoute vegetation.
Je pourrais encore multiplier ces faits si je croyais n^voir pas suffisamment demontre que le sojour des moutons dans les chaumes, Pusage du grain, de plantes tres succulentes, etaient les veritables causes de la maladie, et qu'en placant les troupeaux dans des conditions opposees, on arretait ou on dimi-nuait les ravages determines par la maladie de sang.
Voici quelques faits rapportes par Tessier qui me-ritent d'etre menlionnes tout particulierement. En 1782, 1783, 1784, 1785 et 1786, beaucoup de fer-miers de la Beauce qui perdaient la moitie de leur menu betail de la maladie desang, demanderent avis ä Tessier sur les moyens ä mettre en pratique pour en preserver leurs troupeaux. Ce savant agriculteur conseiila de ne conserver pendant fbiver que les brebis meres et, au moment du pacage, de louer ou
i
1
I
-ocr page 147-
y
I
135nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;laquo;
d'acheter en Sologne, chez des proprietaires connus, des moutons pour päturer sur les chaumes pendant toutela belle saison. Tessier, qui savait fort bien que les troupeaux de la Sologne avaient un sang rose, aqueux et qu'ilsetaientpredisposes a la pomriture, pensait que ces animaax en reconstituant leur sang appauvri datis les champs fertiles de la Beauce, we mourrarent point delamaladiedesang. 3,SOG Mtes ä laine sotoghoies furent done de ^781 ä 1786 condnites en Beatice chez difförents fermiers qoi pcrdaicnt anntiellement beaucoup de betes du sang, et y resrterent jusqu'a rbivernage. Tous ces animaux se consertferent en parfaitesante. Mais ce qu'il ya de fort remarquablc dans cette experience faite en grand, e'est que beau-coup de troupeaux qui n'avaientete looesquepouT la saison du pare retourneren t passer Fhiver en Sologne, et, au lieu d'y contracter la pourriture, qui altaqua les betes qui n'avaient point emigre, ces troupeaux conserverent la brillante sante, la vigueur, et la bonne constitution qu'ils avaient acquises avec les epis dc
ble, les succulentes legumineuses et toutesles plantes
sanguines qu'ils avaient päturees dans les champs de la Beauce (1).
(r) Tessier, — Memoire sur les avantages de la nnlgrafion des troupeaux pour les preserver de maladies.-
Umoires de laSociW de Medecine, 1783, page 553.
-ocr page 148-
J
136
Peut-on trouver des exemples plus concluants que
ceux-ci pour demontrer positivement que la mala-die de sang des moutons de laBeauceestbien reel-lament due aux causes que je lui ai assignees?
Voici d'autres faits non moins importants a relaler ici. Les betes ä laine d'Espagne qui errent pendant Thiver dans les basses plaines de TEstramadure, de TAndalousie, de la Nouvelle-Castille, qui sontcon-duites en ete sur les montagnes septentrionales de ces provinces oü elles man gent des plantes de par-cours naturels , ne contractent jamais la mala die de sang.
La meme observation a ete faite en France sur les troupeaux du Roussillon, de la Provence, du Quercy,
etc., qui passent aussi les etes dans les montagnes et
les hivers dans la plaine.
M. Piazza medecin de Bastia en Corse, voyant
dans les plaines un tres grand nombre de betes a
iaine perir de la maladie de sang, crut ne pouvoir
mieux arreter cette mortalite qu'en envoyant les
inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; troupeaux dans les montagnes. Les sources et les
herbes fraiches que ces animaux y trouverent firent I
cesser le mal tout a coup.
Ces faits plus concluants les uns que les autres et observes dans diverses localites, me fortifient done
-ocr page 149-
r
137
encore dans Topinion que j'ai emise sur les causes de la maladie de sang qui sevit sur les Iroupeaux des plaines de la Beauce.
BIBLIOGRAPHIE SUR LA MALADIE Dli SANG.
Carlibr, —Trai'.c des bfites a laine, ouMt'Shotled'eleveret de goii-
verner les troupeaux; edition de 1770. t, II, p. 479. Tessieb,— Memoires de la Sociele de inedecine deParis; 1776,1quot; par-tie, p. 254. Instructions vetamp;rinaires, — Differentes notes inserees dans le tome Iquot;,
p. 370 et suivantes. Observations faites en 1'an 1780. Tessier, — Mömoire sur les avantages des migrations des troupeaux
pour les preserver de maladies; Memoires du la Societe de medecine,
1783, p. 553. Thorel , — Cours d'agriculture de Rosier, 1796, art. Maladie de sang. Lbixin, — Observations sur les bötes ä laine faites dans les environs
do Geniive pendant 20 ans, 1804. p. 176. Daubenton, —Instruction sur les bergers, S6 edition, 1804, p. 208, et
Blemoire sur lesremödes les plus necessaircs aux troupeaux, p. 300. Barrier pere,— Sur la maladie rougo des moutons de la Beauce;
Correspondance de Fromage deFeugre, 1.1quot;, p. 188. —1810. Tessjer, — Instruction sur les bates ä laine et particulierement la
race merinos; edition de 1810, p. 248. Goijink jeune, — Compte rendu de l'ecolc d'Alfort en 1812. Guiixame, — Epizootie observee sur un troupeau do bfitesa laiao en
1817 ; Annales de l'agriculture franlt;;aise, 2quot; serie, t. Ill, p. 129. Hdzard fils, — Esqnisse de nosographie velerinaire, 1820, p. 317. Db Gaspaiiin , — Des maladies contagieuses des bates a laine , 1821,
p. 07 et suivantes. Caünbs,— Sur la maladie nomm6e vulgairement pwse-aaMj; Journal
pratique de medecine velerinaire, t. II, p. 22. Yvart, — Note sur l'emploi du chlore propose parM. le marquis de
Sainte-Ferc comtne moyeu curatif de la maladie de sang; Recueil
de medecine velerinaire, t.IV, 1827, p. 61.
-ocr page 150-
!
138
Yvaht, — Note sur la maladie desmoutonsconnuesotislenomdeiong
de rate; Recueil de mödecine velörinaire, t. V, p. 323. Favre, — Critique d'une note sur line maladie des moutons par
M. Dupuy; Recueil de medccine velörinaire, t. VI, 1829. p, 702. Delafond, — Memoire sur les alterations essenlielles du sang des
animaux domesliques; Recueil de medecine velerinaire, t. XVI,
p. 345. D'Arboval, — Dictionnaire de mödecine el de Chirurgie velerinaire,
2'edition, t. IV, art. maladie desamj.
L
-ocr page 151-
'
139
CHAPITRE IV. Ftövre ctaarboimeiise des isöics ä laino.
Causes de la ßevre charbonneuse. — Symptömes. — Altöralions cada-veriques. — Nature et siöge. — Moyens preservatifs et curatifs.
Cette redoutable maladie encore connue sous les noms de charbon inlerieur, dfapoplexie charbonneuse de la rate, de maladie puiride, de splenitegangreneuse, de fievre intertnittente pemicieuse, a quelque ressem-blance avec la maladie de sang , sous le rapport de sa marche, de ses lerminaisons, de certaines altera­tions cadaveriques ; mais eile s'en eloigne sous le rapport de ses causes, de ses symptömes et de ses moyens preservatifs et curatifs.
A. Causes.
1deg; Emanations putddes. Les betes ä laine contrac-tent la fievre charbonneuse, lorsqu'elles päturent et sejournent nuit et jour , pendant les chaleurs des mois de juillet et aoüt, soit au Toisinage des marais,
-ocr page 152-
1
i -
140
des etangs, des lars formes d'eau stagnante, des fla-ques d'eau, des fosses de dessechement, soil sur des prairies qui ont ete submergees en avril, en mai ou en juin par le debordement des fleuves ou des rivieres. Eaux siagnan- Les eaux stagnantes, il est facile de s'en convain-cre, repandent une odeur infecte; la plupart sont troubles, nauseabondes, et ont une saveur salee et repoussante. Leur analyse demontre qu'elles tiennent en dissolution des substances salines, et surtoutune
matiere animale facilemenl putrescible, provenant de
la fermentation et de la decomposition putride des ve-inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; getaux et des nombreux insectes qui vivent et meurent
dans les marais. Or, ces eaux en se volatüisant par les chaleurs de fete donnent naissance ä des vapeurs infertes tenant en suspension des elements putrefiants, connus sous le nom ft emanations septiques. Des gaz inipropres ä la vie, tels que Tazote, Thydrogene car-bone, s'echappent de la vase qui forme le fond des marais, des lieux inondes, et viennent ajouter leur effet pernicieux ä fimpurete de ces emanations.
Ces vapeurs, ces gaz , se degagent avec d'autant plus d'abondance que les eaux stagnantes sont ä Te-tat de concentration, et que la vase ou le depot limon-neux vient a se dessecher par les grandes chaleurs de l'ete. L'airde ces lieux impregue de ces vapeurs
l_.
-ocr page 153-
wm
141
putrides les entraine et les disperse dans les environs, et les animaux, les hommes meme, qui respirent cet air malfaisant, conlractent des maladies putrides. Pendant la chaleur du jour, ces emanations plus le­geres que Fair, gagnent les regions elevees de Pat-mosphere, et alors la respiration desvapeursdesma-rais est moins dangereuse; mais pendant la nuit, ces vapeurs alter^es , s'approchant de la surface du sol par le refroidissernent terrestre, constituent des brumes, des brouillards infects, dont la respiration est ties perniciense. Larosee qui resulte de leur con­densation en eau et qui recouvre les plantes, recele surtout une grande proportion de ces elements pu-trefiants. Or les moutons qui jour et nuit respirent les emanations septiques, qui broutent les plantes re-couvertes de la rosee qui les tient en solution, ne tardent point ä contracter de veritables empoisonne-ments miasmatiques qui engendrent les maladies pu­trides et charbonneuses.
Les principales epizootics qai ont regne sur les dlles ^^otiei moutons a diverses epoques, dans les etatsRomains, nalionsPulquot;dlaquo; lesenvirons de laRochelle, lebasLanguedoc, locali-tes oü existent de vastes marais qui se dessechent pen­dant les chaleurs deTete, ont, de tout temps, ete at­tributes aux emanations putrides et marecageuses.
Les enzooties annuelles de fievre charbonneus^
-ocr page 154-
U2
qucles veterinaires obsement sui- les bctcs bovines et ovines daus le Bas-Poitou , la Basse Vendee , le pays Narbonnais, les communes de Saint-Jean de la Blaquiere, le Bosc, le Puech, Celles, Veron, Sarcel-les,La Roquet te,situees dans leBas-Languedoc,etc., sont toujours attribuees aux memes causes. Ces faits sont incontestables puisqu'ils reposent sur Texpe-rience et l'observalion (1).
Oriaraaladie de sang des betes a lainedelaBeauce, pays sec, caliive, oü Fair est vif, pur et les plantes succulentes, peut-elle etre consideree comme due a une maiadie putride et charbonneuse ? Je ne le pease pas.
opinions sur On a dit et quelques personnes instruites m'ont les emanations
m{ersdes ieB fu repete que les champs de la Beauce etant tres fumes, que beaucoup de prairies artificielles etant retour-ne.es etenfouies dansle sol pours'yputrefier, cesen-grais , pourraient, pendant les chaleurs , laisser
(1) Voyei:
Articift Äan(7, maiadie du, — Cours d'agriculturc dc Rosier,
t.'IX, p.79. Le reciscil des medecins de Geneve; Paulel, — Kisioire dos maladies opizootiqnes; Bailly, —Sur les (ievres inlcrmitientes pernicienses qui altu-
quent les honimes el les animaux; Archives generales de
medeciiie, l. IV, p. 214; et M. Dupuy,— Journal pratique de mamp;lecinev6terinaire,t. 11,
p. 67, ol t. Ill, p. 387.
ft
-ocr page 155-
U3
emaner du sein de la terre des matieres animalcs septiques capables de donner naissance a la maladie desangchez les troupeaux qui paissentsur las chau-mes de l'annee pendant les chaleurs de Fete. II me sera facile de combattre cetle opinion.
Et d'abord les fumiers qui sont enfouis dans le sol de la Beauce, soit avant Thiver, soit au moment du printemps, sont completetnent putrefies. La ma­uere animale transfbrmee en acide humique com­bine ä la soude, ä la chaux, a l'ammoniaque, consti-tue des humales solubles qui, servant ä la nutrition des plantes, ne peuvent plus donner naissance ä des emanations septiques. D'ailleurs, sMl en etait ainsi, les terres de la Beauce etant partout plus ou moins bien fumees, la maladie devail etre plus frequente, plus meurtriere dans les champs oü on a enfoui beaucoup d'engrais, qua dans ceux qni n'ont ete que mediocrement fumes. Or, c'est une remarque que je n'ait point faite; c'est aussi ce que personne, que je sache, n'a eu occasion de constater. Que voit-on au surplus dans les lieux malsains oü se degagent des matieres animales ou vegetales en putrefaction? Que les hommes, les animaux mal nourris et debiles, sont les premieres victimes de ces emanations, a cause de leur peu de resistance ä Faction de ces causes morbifiques. Or, dgns la Beauce, les homnaes
-ocr page 156-
m^
lt;
ne sont poitit aüeints de fievres intermittentes pu-trides ressemblant a celles des marais, et parmi les betes ovines ce sont, au contraire, les plus beaux troupeaüx, et dans la troupe, ce sont les bfites les plus belles, les plus vigoureuses, les plus sanguines, qui sont les premieres atteintes de la maladie. Je dirai en outre que le sang de rate qui regne au prin-temps dans les bergeries les mieux tenues et les mieux aerees, saison d'ailleurs ou les troupeaüx pä-furent sur les seigles, ies succulentes minettes, et se portent le mieux, ne peut etre determine par des emanations sepliques. J'ajouterai, enfin, quejecon-nais des fermiers qui, ayanl la possibilite de se pro­curer beaucoup d^ngrais dans la capitale fument bien plus fort leurs terres que dans la Beauce, ne perdent cependant que pen ou point de betes ä laine du sang.
On peut objecler que Targile marneuse, qui entre en proportion riofable dans le sol de la Beauce, re-tenant l'eau ä sa surface, peut conserver de l'humi-dite jusquau moment des grandes chaleurs, et qu'ä cette epoque de Tannee, les demises portions d'eau, tenant en solution des matieres solubles etant vapo-risees, causent IHufeclioin.
Je dirai, ä ce( egard, que Tobservation des fails est en desaccord avec cette explication. En effet, lä
-ocr page 157-
^
145
ou le sol, soit de la Beauce, soit de la Brie, soil de toute autre localite, est argileux, frais, et oü vege-tentdes plantes tant soit peu aqueuses, la maladie de sang ne fait presque pas de ravages. Au contraire, lä oü le sol est sec, marno-calcaire, sablo-ferrugi-neux, ainsi quW Tobserve dans certaines parties de la Beauce, de la Brie, duhaut Laaguedoc(l), cette maladie tue la moitie, les trois quarts des betes com-posant les troupeaux.
De ces remarques, de ces observations pratiques, conclusions
^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; sur les einana-
je me crojs done autorise a conclure que Penfouis- ij0B;[j™cedesde sement d: s engrais dans les terres des departements oü la cultare se fait en grand, comme dans la Beauce, dans la Brie, ou partout ailleurs, n'est pas une des causes, pendant les chaleurs, de la maladie de sang. 2deg; Eaux insalubres. — Les eaux vaseuses, trou­bles, jaunes, noirätres, infectes, des abreuvoirs qui recoivent Tegoutdes ecuries, des etables, desberge-ries, des fumiers ; les eaux stagnantes el impures des marais, des etangs, des mares, des fosses, des fla-ques ü1eau, ä moitie desseches par les chaleurs de l'ete, tenant en suspension des matieres salines et
(1) Voyez: Caunes, — Sur la maladie vulgairement nominee pisse-tang en Languedoc; Jouraai pratique de medecine veteri-naire, W ligt; Pgt; 22.
^0
-ocr page 158-
U6
putridesj-enintroduisant dans le tube digestif, et par suite dans le sang, des elements septiques, ont ete considerees par tous les auteurs veterinaires comme des causes efficientes des maladies putrides et char-bonneuses. Je suis tout ä fait de cet avis; et je le ferai remarquer, toutes les fois que ces causes agissent de concert avec les efflures des marais, des etangs, des prairies inondees, Tempoisonnement putriden'en est que plus prompt et plus terrible.
Ces causes maladives existent-elles en Beauce ? As-surement non. La Beauce est seche, aride, sans cours d'eau, sans marais, sans etangs, sans flaques d^au. Les animauxsontabreuves, ainsi que je Tai dit page 79, avec de l'eau de puils plutot qu'avec Teau des mares. Cette derniere est impure, infecte, il est vrai, dans quelque fermes pendant les chaleurs prolon-gees ; mais, le dessechement prompt de ces mares pendrfnt les secheresses un peu longues, leur eloi-gnement des lieux ou parquent les troupeaux, for-cent les cultivateurs ä conduire, dans des tonneaux, de Teau de puits aux troupeaux, et, je l'ai dit, ces eaux sont pures.
Ce ne sont done point les eaux impnres des mares qui occasionnent la maladie de sang en Beauce. Je ne les ai Jamals accusees non plus pour les betes a
I
^
-ocr page 159-
HI
laine de la Brie, du moins chez les cultivateurs dont j'ai visite les troupeaux aiteints du sang de rate.
3deg; Insalubrite des hergeries. — Dans toutes les localites de la France, et quelle que soit raliraenta-tion donnee aux moutons, Tair insalubre des berge-ries pent engendrer la maladie de sang de nature putride. Le sejour des troupeaux pendant Phiver dans des hergeries mal aerees, basses, etroites, en-combrees par du furnier, construites au voisinage de mares, de puisards, de fosses d'aisances, adossees ä des coteaux eleves, des montagnes, ou dont le sol est situe plus bas que celui des terrains environnants, pent, sans contredit, ßtre range parmi les causes qui occasionnent la maladie de sang de nature charbon-neuse. ^impregnation du sol des bergeries par des matieres animales provenant de la decomposition de l'urine, des excrements, et dans quelques cas ra­res, il estvrai, la putrefaction de cadavres d'animaux morts et enfouis dans ce sol, sent encore les causes ordinaires de la fievre charbonneuse, et celles aussi qui lui donnent le plus de raalignite (1). Dans ces
(1) Cerlains cuhivateurs, par une ignorance etpar une ridicule et coupable superstition, enterrent les cadavres dans le sol voisin de la portede la bergerie, esperam par oelte pratique absurde, empächer la maladie d'y entrer.—-Voyez: le möraoire de Gilbert sur les mala­dies charbonneuses, et Instructions veterioaires, t. Ier, p. 373.
rii
-ocr page 160-
w
148
bergerles infecles, ou les cliandelles allumeesbrulent avec une flamme pale, oü les hommes qui y pene-trent pendant la unit respirent peniblement, oü les betes ä laine les plus robustes eloignent les plus fai-bles du voisinage des ouvertwres qui communiquent avec Pair exlerieur, pour y trouver un air plus pur, est-il efonnant que les animaux qui les habitent, y contractent des maladies putrides ? Les trou-peaux des pays de montagnes, renfermes parfois tout Thiver dans les bergeries, alors que les vallees sont encombrees par les neiges, sont souvent attaques, et perissent en grand nombre de maladies putrides el charbonneuses, dues ä une semblable infection.
En Beauce, Fair malsain des bergeries n'est point , ainsi que je crois Tavoir prouve , la cause principale de la maladie de sang, puisque, comme je Tai fait remarquer, ce sont les localites ou les betes sont le plus mal logees que le sang ne les altaque pas; mais , je le repeterai encore, Fair im-pur est une condition qui, dans les bergeries oü les troupeaux sont nourris abondamment, donne un ca-raetere de septicite a la maladie.
Adeg; Contagion. — La fievre charbonneuse des betes ä laine est une maladie coatagieuse. Les ele­ments virulents ont pour vehicule Fair expire, la
#9632;
-ocr page 161-
149
transpiration cutanee, les emanations qui s^levent des matieres excrementitielles des betes malades, les produits vola(ils infects qui s'exhalent des cadavres . encore chauds qui sejournent sur le sol; les exha-laisons putrides qui s'en echappent pendant la putre­faction ; l'air des bergeries qui ont renferme des troupeaux malades, la terre qui en forme le sol, enfin les fourrages qui en constituent parfois le pla­fond. Cette contagion s'op^re, non seuiement par le contact immediat des betes malades ou des cada­vres dans les bergeries, mais encore par un air con-tagieux qui pent se repandre an loin et infecter des troupeaux päturant dans les memes lieux.
J'ai rapporte, dans mon traite sur la police sani-taire das maladies contagieuses des animaux , un grand nombre d'exemples qui metlent hors de doufe cette contagion pour les chevaux, les betes a comes
Contagion a
et les pores. Je possede aussi quelqaes fails de cette distance redoutable transmission par des troupeaux atleints de la fievre charbonneuse, ä des troupeaux bien por-tants paturant dans les memes lieux. laquo;Tai vu me me des troupeaux emigres ä une assez grande distance, dans des fermes oü la maladie de sang n'existait pas, y transporter le mal contagieux ä des troupeaux bien tenus, bien gouvernis, et päturant dans des lieux reunissant toutes les conditions possibles de salu-
#9632;
-ocr page 162-
wammmmm^mmm
450
conclusion, brite ('l). Je suis done fonde ä penser que le charbon des betes ä laine, de meme que le charbon du che-val, du boeuf, du pore, est susceptible de se trans-mettre des troupeaux malades a des troupeaux bien portants dans les memes lieux, et ^admets que les emanations qui s'echappent des cadavres qu'on laisse putrefier sur le sol, sont une des priucipales causes de cette contagion.
Contagion mix hinnwes. — Lorsqu'on saigne les betes malades, lesejour de leur sang sur la pealaquo; de rhomme, et particulierement sur la figure, la \rO\~ trine, les bras, comme aussi le contact du sang qui s'ecbappe des cadavres; les manipulations failes sur les debris cadaveriques aussitöt ou jieu de temps apres la mort, soit par les bergers qui depouillentles animaux el qui en relirent le suif, soil par les vete-rinaires pour etudier la maladie, soil par les (an-neurs, les corroyeurs, pourentravaillerlespeaux; les blessures faites en depouillant, dissequant les cada­vres, sont des conditions qui communiquent la pus­tule maligne ou le charbon a Tespece huraaine. J'ai consignedans mon trtwail sur les maladies contagieu-
(I) Voyez un exemple bien remarquable de contagion dans !e me-moire de M. Herpin, — AunaleS do I'agriculUire frangaise, 3quot; serie, p. 16, i
-ocr page 163-
T
45laquo;
ses, des faits qni ne prouvent malheoreusement qlaquo;e trop cette dangereuse communication (1).
Je n'ai observe aucun fait de contagion aux Non-contanion
1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;j ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;r •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Tnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;r , . maint; en Beau-
hommes pendant mon sejour en Beauce. Les Teteii- ce. naires que j'ai interroges sur ce point important, m'ont repondu negaliv€ment;elce|jen(3ant, ainsi qne j'ai pu m'en assurer, les bergers ne prennent aucune precaution pour depouiller les cadavres. Dans les champs ou aux pares, tres souvent ils n'ont point d'eau pour se laver les mains, el sont forces de se les nettoyer avec leur urine.
Je ne vois done rien sous le rapport de Vetiologie vConciusiou. de la maladie de sang de la Beauce qui puisse la faire considerer comme une maladie charbonncuse.
B. Symptomes.
Les distinctions que les auteurs veterinaires out faites du charbon, en fievre charbonncuse et en charbon symptomatique, me paraissent une con­vention scholastique, car la maladie, dans Pun comme dans Tautre cas, est de la meme nature , et derive des memes causes; eile n'offre de diffe­rences que dans la forme qui la traduit au sens de Tobservateur. Nous ne ferons done aucune distinc-
(1) Voyez: Traile sur la police sanilaire des maladies contagicuses des aniiuaux domesliques, p. 490 et suivames.
-ocr page 164-
mm^^
152
tion dans les symptomes de l'une ou de l'autre des deux formes que peut presenter la fievre charbon-neuse des betes a laine.
Debut, marche et terminaison de la maladie. —-Lorsque la fievre charbonneuse debute, la bete ä laine eprouve des frissons passagers, est triste, reste couchee ä la bergerie, ou marche en arriere du troupeau lorsqu'elle est au champ; la peau du nez, les larmiers, les ievres, les conjonctives , au lieu d'etre d'un rose vif, ont une teinte d'un noir bleuätre ou fonce. La bete est rapidemenf abattue, faible et chancelante. Bientöt de petites taches bru-nes se montrent sur la muqueuse lt;les yeux,, et ä la peau; souvent aussi des cedemes d'un rouge li-vide se declarent ä la tete, sous les mächoires, aux aines, aux mamelles; une crepitation particu-liere se fait entendre lorsqu'on presse la peau dans la region des reins. Si on ouvre la jugulaire ou toute autre veine, un sang noir epais s'ecoule du vaisseau. Le saner recueilli dans un vase reste souvent in-coagule, et se putrefie avec une grande rapidite. narche de u La marche de la maladie est prompte, durant son cours les animaux eprouvent de violents frissons ; parfois la bouche est chaude, seche, d'autres fois la muqueuse est froide, et une salive abondante s'e-coule par la commissure des Ievres. Quelques betes
-ocr page 165-
-153 eprouvent des coliques qui sont suivies du rejet de matieres excrementitieUes rougies par du sang. D'au-Ires rendent une urine sanguinolente , et rejelteat un sang ecumeux par les naseaux. Bientöt les taches noires de la peau, des conjonctives, se multiplient et s'elargissent; les tumeurs oedemateuses deviennent livides, noires, insensibles, et marchent vers la gan­grene ; un emphyseme general se manifeste, un sang noir incoagulable s'ecoule des vaisseaux veineux qi^on a ouverts, les tumeurs se fletrissent, se creu-sent, se gangrenent, et la mort termine bientöt cette scene morbide.
La duree totale de la maladie varie selon la I)ur,5e tota,e' violence de son debut et l'äge des animaux. Les jeunes betes meurent ordinairement apres un temps plus court que les adultes et les vieiiles. Toutefuis cette duree n'est pas moins d^une heure au moins, et de douze a vingt-quatre heurcs au plus.
Sympomes differentiels. — Les frissons, la couleur sympiames
, ,, , , -nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;caracterisliques.
des conjonctives et de la peau, les petechies des mu-queuses, les tacbes rouges livides et les engorgements charbonneux de la peau et du tissu cellulaire sous-cutane , la non coagulation, la couleur noire et la rapide decomposition putridedu sang, sont les prin-cipaux symotomes qui distinguent la fievre char-
-ocr page 166-
-154
bonneuse de la maladie de sang due ä une alimen­tation trop substantielle et de nature polyhemiqae.
C. Lesions cadaveriqties.
Les cadavres se decomposent avcc une grande promptitude, en repandant une odeur infecle et in­supportable. Un sang noir s'ecoulc de tous les gros vaisseaux veineux; des infiltralions jaunatresse mon-trentdansle tissu ceilu!airesous-cutane,dansrepais-seur des muscles, soil dans les regions correspondant aux tumeurs cedematenses, soit et principalement aux environs de la gorge. Les vaisseaux mesenteriques sont remplis d'un sang noir, des epanchements se-reux et sero-sanguinolents existent entre les lames du mesentere. Les intestins contiennent quelque-fois une bouillie noiralre infecte , due ä du sang epanche et decompose. La muqueuse est d'un rouge noir et infiltree par du sang, le tissu cellulaire sous-muqueux et sous-sereux est gorge de serosite roussä-tre. La rate est parfois grosse et remplie d'un sang noiratre et deja decompose ; d'aulres fois cet organe offre seulemeiU des laches noires plus ou moins lar-ges occupant sa superficie et son epaisseur. La sub­stance renale est ecchymosee, ainsi que la vessie; une infiltration sereuse existe souvent ä la region sous-lombaire. Le foie est jaunatre, des taches brunes ou
-ocr page 167-
155
livides se montrent dans l'epaisseur de son tissu. Les poumonspresententbeaucoupd'ecchymoses, les bronches n'offrent rien de notable. Les cavites du coeur droit, les grosses veinlaquo;s, sont remplies par un sangfluide, epais, Ires noir et temissanl les ins­truments polls. Les ganglions lymphatiques des di­verses parlies du corps sontnoirs, eccbyinoses et ra-mollis.
Les alterations que je viens de signaler ont ete indiquees par la plupart des auteurs qui ont decrit le charbon des betes ä laine, ce sont celles que les veterinaires observent annuellement, ce soul aussi celles que jW toujours remarquees depuis long-temps. Les principales dißerences qui distinguent les lesions de la fievre cliarbonneuse de la maladie de sang, consistent done dans la putrefaction tres rapide des cadavres, la presence d'un sang noir in-coagulc infecte dans les gros vaisseaux, etsurtoutles infiltrations sereuses gelatiniformes ou noiratres, existant dans le tissu cellulaire sous-lt;;ulane, les la­mes du inesentere.; enfin les eccbymoses nombreu-ses de tous les tissus, de tous les organes.
D. Nature et siege.
On pourra objecter que dans la fievre char-bonneuse, de menae que daas la maladie dile de
Distinctions.
-ocr page 168-
m
156
sang, les intestins, la rate, les ganglions lymphati-ques, les reins, presentent ä pen pres les meines le­sions, cela est vrai; que dans Fun comme dans Fau-tre cas, la maladie a son siege dans le sue vital, cela est encore vrai; mais dans le sang dc rate de la Beauce, de meme que dans celui de tons les pays sains et de grande culture, le sang est altere parce qu'il est trop riche en materiaux reparateurs et exci­tants et trop charge de globules; tandis que dans la fievre charbonneuse, les principes organiques de ce fluide sont älteres par un element putride etran-ger a sa composition normale qui en altere ses princi­pes organiques et en modifie ses proprietes excitantes et nutritives. Que si dans ce dernier cas le sang s'e-panche sous la forme d^cchymoses, dans le canal intestinal, dans les reins, dans la rate, dans les gan­glions et generalement dans tous les organes, cette circonstance insolite doit etre rattachee ä une alte-ratio i putride encore peu connue de ses globules, de ses elements fibrino-albumineux, alteration grave qui en facilite la sortie passive, e'est le mot, ä travers les porosites des vaisseaux capillaires intermediai-res.
E. Mot/ens preservatifs. Pour preserver les animaux de la maladie de sang charbonneuse, il est indispensable :
-ocr page 169-
157
1quot; De ne point conduire les betes ä laine aux environs des lieux oü se degagent des miasmes pu-trides, soit du sein de la terre, soit des eaux croupis-santes; d'eviter surtout le parcage au voisinage de ces lieux perfides et mortels pour les troupeaux. Ces attentions devront notamment etre remplies, le soir, le matin, les jours brumeux, et les journees de chaleur qui suiventles pluies d'orage;
2deg; D'eviter les abreuvoirs dont les eaux sont cor-rompues et impures; d'abreuver les animaux, soit au pare, soit ä la bergerie avec de l'eau de puits bien aeree, dans laquelle on ajoutera le vinaigre ou Tacide sulfurique dans les proportions que j'ai indi-quees page ^111;
3deg; De percer des jours dans les bergeries, dans le but de les aerer; d'eviter ramoncellement des fu-miers pour prevenir le degagement de gaz putrides et ammoniacaux qui engendrent la maladie ; d'enle-ver le sol impregne de matieres animales tons les ans ou tous les deux ans au moins, et de le rem-placer par une couche de terre vierge ;
4deg; De ne point conduire les troupeaux au voisi-nage des lieux oü d'autres troupeaux meurent de la maladie charbonneuse, afin de ne point s'exposer ä la contagion;
-ocr page 170-
aenp^MPanawi
458
5deg; De bannir les saignees presenatrices, parce qurel!es activent Fabsorption des elements septi-qaes qui causenl la fievre charbonneuse.
F. Moyens pre'servatifs d mettre en pratique lorsque la maladie est declaree dans un troupeau.
1deg; L'emisration des beles ä laine des lieux infec-lanls est le moyen le plus sür d'arreter le mal. Ce-pendant, si la contagion s^st repandue dans le trou­peau, si des animaux portant en eux les germes de celte contagion, sont de temps en temps atteinls de la fievre charbonneuse, et repandent de uouveaux germes de destruction, remigration devient souvent inutile, puisque sans cesse le mal se reproduit et se transmet.
2deg; L'enfouissement des cadavres est une mesure de risueur; les animaux seront done enterres dans des endroits isoles de maniere que, jetes dans la fosse, ils soient reconverts de 50 ä GO centimetres (un ä deux pieds) de terre bien battue pour pre-venir tout degagement d'eraanations contagieuses. Les peaax ne seront point exposees ä l'air, pour les faire secher, aux environs de la bergerie.
3deg; La saignee pour prevenir la maladie est en­core ici plus nuisible qu'ulile,
4deg; L'admiuistration de substances toniqucs et le-
-ocr page 171-
159
g^rement astringentes est d'un tres puissant se-cours pour prevenir la septicite du sang, tonifier l'organisme, et reudre les liquides et les sodides inoiiis impressionnables ä Taction putrefiante des elements septiques.
G. Moyens curalifs.
Si Palteration du sang est rapide, si la maladie a une marche foudroyante, si surtout eile s'accompa-gne de coliques, d'expulsion de matieres excremen-titielles rougies par du sang, si les urines sont san-guinolentes, il n'est guere possible d'en guerir les ani-maux. II vaut mieux les sacrifier et les enfouir sur le champ. Si la fievre charbonneuse parcourt une marche moins rapide; si surtout elle s'accompagne de depots sanguins dans le tissu cellulaire sous cu-tane, de taches erysipelateuses ä la peau, de pete-chies sur les conjoncfives; si les animaux n'expulsent point de sang par Tanus, si leur urine n^st point sanguinolente, il est possible quelquefois de sauver la vie ä eeux qui sont bien constitues et d'un bon temperament, en administrant la teinture, le vin de quinquina, le vin de gentiane, les decoctions con-centrees de petite centauree, d'aunee, d'ecorce de ebene, unies au vin, ä la biere oa an cidre. Un cen­tilitre d'eau de Ilabel dans deux decilitres d'eau, con-
-ocr page 172-
160
stitue un excellent breuvage tonique et antiseptique, neu eher, qui coavient beaucoup dans ces mala­dies.
Les scarifications, les mouchetures, lotionnees en-suite avec Tessence de terebenthine, la cauterisation avee le fer rouge des depots sanguinolents nommes cbarbon, qui se manifestentalapeau et dans le tissu cellulaire sous-cutane, les frictions avec le liniment ammoniacal aux environs des points cauterises, pro-curent bon nombre de guerisons. Independamment de tons ces moyens therapeutiques, une alimenta­tion succuleale prise en petite quantite, pour eviter les indigestion:;, est indispensable pour reconstituer le sanjj altere, nourrir et tonifier Torganisme. L'eau acidulee par I'acide sulfurique, constitue une excel-lente boisson antiseptique dont on abreuvera jour-nellement les animaux malades.
Le quinquina et ses preparations se placent eu premiere ligne pour faire atteindre ce but; mais ce precieux medicament ne pent etre donne qu'ä des animaux d'une grande valeur, ou a quelques betes de cboix, ä cause de son prix eleve. Les bales de genievre coucassees, la poudre de gentiane, ä la dose de A a 5 grammes (un gros) par jour et par bete, unies ä tne provende de son dans laquelle on ajoute en outre 8 a k grammes (un gros) de sei de
-ocr page 173-
461
cuisine; les feuilles de pin, de sapin unies aux four-rages, sont des moyens preservatifs moins coüteux, plus faciles ä se procurer que le quinquina, et qui donnent egalement de bons resuitats.
BIBLIOGRAPHIE.
Faulet,— Reeherclies siir les maladies epizootiques; t775, t. rr, p. 23,49, 54, 373, 375, — 1.11, p. 245, 260, 263, 457.
Cbabert. —Instructions velerinaires; 1790, 4e edition, t. Ier, p. 128.
Damoiseac, — Observations sur les causes probables d'une maladie contagieuse qui infecta tous les besliaux de la ferme du sieur Le Gouet; 1807. Annalesdel'Agriculturefranjaise, lre serie, t. XXX, p. 332.
Tscheülin, — Observations tlieoriques et pratiques sur I'inflanimation gangreneusc de la rate du clieval, du boeuf, du mouton, etc. Corres-pondance deFromage de Feugre; t.II, p. 74, 1810.
Tessier, — Instruction sur les merinos; 1810, p. 232.
De Gasparin, — Des maladies contagieuses des bßtes k laine; p. 67, 1821.
Barthelemt, — Notes surlafievrecharbonneuse desmoutons. Compte rendu de l'Ecole d'Alfort; 1823, p. 44.
Bailly, — Reeherclies sur les fifevres intermittentcs pernicieuses des hommes et des animaux; 1823. Archives generales de medecine, 1824, t.IV, p.214.
Düpcy, — Note sur une maladie des moutons. Journal pratique de medecine veterinaire; t.II, p. 57, 1827.
Dupctt, — Rapport quot;a M. le prefetdu departementdesPyrenees-Orien-talos. Journal pratique de medecine veterinaire; t. Ill, p. 287, 1828.
Cruzkl, — Observations de gastro-enterite miasmatique, M6me jour­nal; t. IV, p. 24,1829,
Gatot, — Memoire sur la fievre intermittente des moutons. Recueil de medecine v6terinaire; t. XIII, p. 364,183amp;.
11
-ocr page 174-
162
Hebpin, — Memoire sur une apoplexie charbnnneuse de la rate qui a regue iipizooliquement sur les bßles ä lainc dans les departements de rinüre eiduChcr, 1836;— et Annales de l'Agriculture fran^aise, 3' sferie, t. XVU, p. 5.
Dki.aposd, — Traiie sur la police sanitaire des maladies contagieusea des animaux domestiques; 1838, p. 486.
D'Arboval, — Didionnairc de medecine et de Chirurgie veleriuaire; art. Charbon.
*
-ocr page 175-
mmmm
d63
CHAPITRE V.
De rempolAonncment des b^tes a lalne par les plaates v^n^neaises.
Plantes qui empoisonnentles bfites ä laine dans les diverses Saisons de l'ann^e. — Lieux oü ces planlos vegelent. — Symptömes de l'empoi-sonnement. — Alterations cadaTcriqucs. — Moyens preservatifs et curatifs.
L'empoisonneraent des betes ä laine par les plan- SjnoDjmie. tes veneneuses, est encore connu sous les noms de Gastro-enterite aigue, de Gastro-enteritis, di1 entente sur-aifftte, decoliques sanguines, Aecolique des champs; son siege principal est dans la caillette (franche-mule) et les intestins; sa nature consisle dans une inflam­mation aigue de la muqueuse du tube digestif, par-fois compliquee d'alteration du sang. Cet empoison-nement se distingue de la maladie de sang par ses causes, ses symptömes, les lesions qu'il laisse sur les cadavres, ses moyens preservatifs et son trailement.
-ocr page 176-
mmm^-^mmmimm
164
ETIOLOGIE.
La maladie dont je vais tracer l'histoire, se mani­feste sur les troupeaux de certaines localites, dans diverses Saisons de Fannee.. II est done important .que j'en specific les causes au printemps, pendant Fete, Pautomne, et durant rhivernage.
A. Printemps.
Primemps. Les beles a laine s'empoisonnent au printemps ,
depuis la mi-mars jusqua la fin d'avril, par les re-
noncules, les adonides, les dauphinelles, les euphor-
bes et les acouits.
Les renoncuies A. Renoncules. —Les renoncules sont tres perni-
BOIll VeIl(MlC!ljC3
cieuses pour les betes a laine, et les desastres qu'el-les occasionnent sont ordinairement ignores des cul-tivateurs. Des que la pointe des herbes commence ä paraitre dans les prairies, dans les guerets, les jache­res, on se hate trop souvent d'y conduire les betes ä laine, etcomme les fourrages secsonteleleurprinci-pale nourriture pendant presque tout Thiver, elles sont tellement affamees d^erbes fraiches, qu'elles de-vorent indistinctement tout ce qu'elies rencontrent. Les agneaux qui n'ont point encore pris de fourrages verts, et dont Finslinct, le gout peut-etre, ne sont pas encore bien developpes pour pouvoir distin-guer les mauvaises plantes des bonnes, en sont gene-
i
i
-ocr page 177-
.165
ralement les premiferes victimes. Les renoncules reu- Epoques de ferment dans leurs feuilles, leurs tiges qui cominen-cent ä s'etaler ä la surface du sol, un sue verdatre, acre, irritant et meme caustique, possedant d'au-tant plus ces funestes proprietes, que ces plan-tes commencent a pousser; plus grandes et lorsqu'el-les sont en fleurs ou en graines, elles ont encore beaucoup d^crete; mais elles la perdent tout a fait pendant la dessiccation. Cest done particulierement au printemps que ces plantes causent des inflamma­tions d'entrailles qui font perir prompteraent les betes a laine qui les mangent. Voici quelles sont parmi les renoncules, celles que les moutons brou-tent parfois et qui occasionnent le plus souvent des accidents.
Renoncule des champs, ranunculus arvensis (L) R, Echinatus (C). — Cette plante veneneuse est une des premieres que I'on rencontre ä la fin de mars et dans tout le mois d'avril, dans les chaumes d'avoine Eiiepousse
danslesguercu.
et d'orge, les guerets, les jacheres, en un mot clans
les champs qu'on n'a pas semes I'automne precedent.
On la reconnait faulement ä ses deux ä trois feuilles ses caraciires.
seminales, vertes, lisses, larges et decoupees en trois
lobes ä leur bord superieur. Les autres feuilles sont
divisees en trois parties, elles-memes decoupees en
plusieurs'autres petites feuilles vertes et lisses. L'ori-
-ocr page 178-
1GG
gine de la tige est nu et d'un roseviolace. La tige en-tiere s^leve ä deux ou (rois decimetres, et ses divi­sions portent de petites fleurs jaune pale. II leur succede des semences comprimees et herissees late-ralement de pointes nombreuses assez grandes. Elle est annuelle. Endroitsoö Cette renonculc croit dans les bles, les seigles de
eile vigfeie ennbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;• i i t-inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;-n t.
Beauce.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; presque toutes les parties de la France. En Beauce
je Tai remarquee dans toutes les jacheres, dans les bles, les seigles, les luzernes, les sainfoins, les trefles de Tannee. On ne la voit point dans les prairies ar-tificielles deja anciennes. C'est surtout dans les lieux un peu humides et dont la terre est legferement argi-leuse, qu'elle croit en abondance. Elle est rare dans les champs sablonneux et calcai^es. Cette plante est tres repandue dans toute la Haute-Beauce Orlea-naise et dans les environs de la foret d^rleans, la oü la terre est plus argileuse que sablonneuse, comme dans les environs des communes de Mareau, de Chil-leurs, de Bouilly. Elle fleurit et fait sa semence en mai, laquelle est dejä mure au commencement de juin, et tombe dans le courant de ce mois; alors la plante se desseche de maniere qu*on en chercherait en vain les traces apres la moisson, parmi les chaumes du froment et du seiyle.
Cette renoncule, tres acre, tres veneneuse, est ce-
i
I
ll
-ocr page 179-
167
pendant man gee avec avidite paries betes a laine, ainsi que Ta tres bien observe Brugnone; aussi est-ce parmi les planles acres qui vegelent au printemps, celle qui occasionne le plus d'accidenCs. Le savant veterinaire Italien que je viens de ciler a constate une mortal ite prompte dans nn troupeau, causee par cette plante (1).
Le docleur Gnilo, Rocques (2), Gronier (3), M, le professeur veterinaire Magne (4), s'accordent ä re-garder la renoncule des champs comme tres dange-reuse pour les moutons. Dans la derniere excursion
Elle vegele en
que je viens de faire dans les champs de la Beauce donidlTeTiadau-
....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; phinclle.
(mai 1843), j ai vu cet(e plante, de concert avec Padonide et la dauphinelle, empoisonner des mou­tons et les faire mourir.
2deg; Renoncule scelerate [ranunculus sceleraiusy L). — Cette plante qui pousse vers la fin d'avril dans les pres frais, au bord des fosses humides on remplis d'eau, des mares, des etangs, eslacre, tres irrilanle, et tres veneneuse. Elle possede d^aulant plus ces per­fides proprietes, qu'elle est plus jeune. Quoique dedaignee generalement par les betes ä laine, ä cause
(1) Instructions veterinaires; t. Ill, p. 311. (9) Rorqties,— Phytographie medicale, p. 114.
(3)nbsp; Gronier,—EJements d'hygtenc veterinaire; loco citato.
(4)nbsp; Magne, — Principes d'bygiene veterinaire; toco citato.
-ocr page 180-
168
de son acrete, ces animaux la mangent cependant quelquefois volontairement les premiers jours qu'on les conduit au paturage. Daubenton a donne dans leratelierlascelerate ä des moutons qui Tont man-gee avec avidite (1). M. Leuret (2) a vu cette plante determiner une enzootie qui a disparu, lors-que le proprietaire du troupeau, suivant le conseil de ce medecin, a cesse de conduire les animaux dans le pre oü se trouvait cette renonculacee.
Crapf (3), Pauiet(4), Gronier (5), M. Magne (6), rangent cette plante parmi cellesqui sont douees de proprietes tres malfaisantes pour les betes ä laine. Je ne Tai point remarquee aux environs des mares, des flaques d'eau des plaines de la Haute-Beauce. Je ne Pai vue que tres rarement aux bords des fosses humides de la foret d'Orieans.
3deg; Renoncule acre (ranunculus acris, L). — Cette renoncule qui croit particulierement dans les prai-
(1) Daubenton,— Memoire sur le regime le plus necessaire aux troupeaux. Instructions sur les bergers, p. 319. (2j Hygiene de M. Magne citie, p. 195.
(3)nbsp; Crapf, Caroli, — Experimenta denonnulorum ramnculornm venenata qualitate; Viennae, 1766, iii-80.
(4)nbsp; Recherches sur les maladies epizootiques des animaux; t. II, p. 379.
(5)nbsp; Elements d'hygiene veUrinaire.
(6)nbsp; Loco citato, p. 195.
rlf__
-ocr page 181-
169
ries, dans les champs au bord des chemins, est en­core connue sous les noms de houton (for, de grenoull-lette. Ses feuilles qui sont souvent mangees par ies brebis dans les guerets, au bord des chemins et dans les prairies, oü eile abonde, sont tresirrilantes. Plu-sieurs accidents parmi les troupeauxont ete signales commeayant ete determines par cette renoncule(l). M. Orfila a fait avaler le sue de cette plante etendu d'ean, ä des chiens, qui en sont raorts en tres pen de temps (2). La grenouillette est rare dans les champs de la Beauce,
4deg; Renoncule flammule (ranunculus flammula, L). — Cette renoncule, encore nommee Petite Douve, vegete dans ies pres humides, les marais, et surtout dans les fosses peu remplis d^au ou nouvellement desseches. Elle est quelquefois mangee les premiers -beaux jours d'avril, lorsque les betes ä laine sont pressees par la faim. On pretend qu'elle donne la on prlaquo;end
rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;que cette plante
pourriture aux moutons en faisant riaitre dans le ?u0rnedeg;e la plt;quot;,m' foie des vers connus sous le nom de Douves, mais e'est une erreur grossiere. Cette plante est acre, brü-lante, et, d'apres Gmelin (3), eile occasionne des co-liques, suivies d'une mort prompte, aux betes ä laine
(1)nbsp; Uiibcuslreil, — De mrapascuorutn, 1752.
(2)nbsp; Orfila, — Medecine legale; t. Ill, p. 331.
(3)nbsp; Graelin, -De herbisvenenatisGermaniw.
-ocr page 182-
170
qui en mangent une notable quantite. La petite douve abonde dans les fosses humides qui bordent la foret d'Orleans, et surtout dans les environs de Marreau, de Bouilly, de Chiileurs.
5deg; Renoncule langue {ranunculus lingua, L), — Cette plante,7 nommee vulgairement Grande Douve, vit sur le bord des etangs et generalement dans les lieux aquatiques. Elle est acre, brulante, mais tres rarement mangee par les moutons.
6deg; Renoncule bulbeuse {ianunculus bulbosus, L). — Cette renoncule, remarquable par sa racine bul­beuse, vit dans les pres, le long des haies et dans les pacages un peu frais ; ses feuilles et ses tiges, avant la floraison , egalent en causticite, d'apres Roc-ques, celles de la renoncule scelerate. Elle est aussi souvent broutee par les moutons. Daubenton Pa donnee par experience, et il s'est assure qu'ils la mangeaient avec avidite (1). laquo;Tai vu cette plante occasionner une morl tres prompte ä des betes ä comes qui Tavaient broutee. En Beauce, on ne ren­contre cette renoncule qu'au bord des cheinins et des haies dans les lieux sees et calcaires.
B. Adonides, adonis. — Les adonides, plantes dc la meme famille que les renoncules, sont veneneu-
(I) Memoire etlnstruet. citee, p. 319.
-ocr page 183-
171
ses pour les moutons. De m^me que la renoncule des champs, elles cotamencent ä pousser ä la fin de mar s, la mi-avril, dans les chaumes d'avoine, d'orge, les guerets et les jachferes, epoques on les moulons af-fames de plantes verles, les mangent avee avidite. II est done important que je fasse connaitre les carac-teres de ces plantes. Les adonides ont une racine fu- ^J?^68 des siforme et grele. Toutes leurs feuilles sont (Tun veit tendre, tres decoupe'es, lineaires et quelquefois pour-vues de petits poils hlancs. La tige, parfois un peu rougealre, est simple on rameuse, et haute de 2 ä 4 decimetres. Les fleurs sont tantöt d'un rouge pour-pve, tantot d'un rouge de minium, tantöt couleur de feu, parfois un peu jaunalres. Le calice est a cinq folioles, les petales, au nombre de cinq ä huit, sont oblongs et marques a leur base cTun onqlet noir et luisant. Les capsules qui conliennent les grainessont nombreuses, ovoides, terminees par une pointe courte, droiteou courbe, d'ou resulte un epi ovale, oblong on cylindrique.
L'espece d^donide qui vegete dans les champs cultives au printemps, est Yadonide ctete, adonis ess- Adonide dw. iivalis (Linn.). Cette adonidese reconnait a ses feuil­les composees, d'un vert fonce ou d'un vert tendre, finement decoupees, et par sa fleur d'un rouge 6cla-tant tenninant les tiges. Cette plante renferme un sue
-ocr page 184-
172
acre, irritant, qui pique la langue et cause une im­pression desagreable dans la bouche lorsqu'cn la mäche, meine aussitot qu'elle commence ä pousser. giw*raquo;quot;™laquo; dti L'adonide d'ete vegele abondamment dans tous deidauphineiies les champs de la Beauce. On la voit cependant en plus grande quanlite dans les lieux un peu frais. Les sei-gles, les bles, les sainfoins, les trefles de fannee, en renferment beaucoup. Elle pousse ä cote de la re-noncule des champs et de la dauphinelle pied cCa-louette. Cette plante annueile et veneneuse, est, je m'en suis assure, mangee par les moutons.
C. Dauphinelle consoude, Delphinium consolida (Linn.), D. arvensis, D. segetum. — Gelte renoncu-lacee, connue de tous les cultivateurs sous le nom de pied d'alouette des champs, ainsi que la renoncule arvensis et l'adonide d'ete, commence ä pousser ä la fin de mars et dans la premiere quinzaine d'avril. On la remarque dans les memes lieux et souvent a cote de la renoncule et de fadonide. Facile a confondre iadauphineuedifl avec cette derniere, lorsqu'elle commence ä pousser, on Ten distingue cependant par ses premieres feuil-les radicales, assez larges, petiulees et decouples en irois divisions principaleS) plus tard sa tige cylindn— que et lisse devient rameuse et porfe des feuilles par-tagees en Irois divisions principales, elles-naemes decoupees en plusieurs lanieres lineaires. Ses lleurs,
-ocr page 185-
ITS
ordinairement d'un beau bleu, quelquefois rou-gealres, ou entierement blanches, sont pedonculees et portent un eperon. La capsule qui succede aux fleurs, s'ouvre longitudinalement, ei renferme des graines d'un beau noir.
La dauphineile est abondante dans les champs dan^eschamp sees ou irais de la ßeauce. De meine que la renon-cule des champs et Tadonide, eile est broutee par les betes ä laines. Je ra'en suis positivement assure dans ma derniere excursion en Beauce. Elle renferme un sue acre, piquant, qui excite la salivation et laisse une impression desagreahle dans la bouche lors-qu'on la mache. Cest cesuc qui empoisonne les mou-tons qui ont mange beaucoup de pieds-d'alouette.
La renoncule des champs, Padouide d'ete et la dauphinelle sont les tro^s planles veneneuses que j'ai frequemment rencontrees dans les champs de la Beauce. Ainsi que je Tai dil, elles vegetent dans les memes lieux et poussent ä la meme epoque. Dans les jacheres (avanris), les seigles oü Tune ou Fautre de ces trois plantes sont tres abondantes, elles cau-sent rempoisonnement des moutons qui les brou-tent. Dans ma derniere visite des champs et des trou- sionnte par ia
renoncule, I'.i—
peaux de la Beauce, j'ai pense devoir raltacher la SSSpblneile. la perte de plusieurs betes ä laine, chez certains culti-vateurs, ä l'usage de ces plantes. M. Rabier, cultiva-
-ocr page 186-
^mmsme^mmmmmmmm
174
tear distingue ä Ernerrille, a perdu 27 betes ä laine dans la premiere quiuzaine d'avril, alors queson trou-peau puturait sur des jacheres. J'ai visile ces parcours et me suis assure que Ics moutons y avaient päture beaucoup derenoncules des champs, d'adonides et de dauphinelles. Ces planles abondaienl dans un jeime sainfoin voisin de celte jachere. J'ai fait la meme re-marque k Tegard du troupeau de M. Jean-Louis, fermier a Sanlau, commune de Mareau, dont 15 a 20 betes sont mortes pour avoir päture dans des gue-rets oü poussaient beaucoup de renoncules et de dauphinelles. Je n'ai pu raltacher encore qu'a cette cause la mortalite que j'ai constatee dans le troupeau de M. Isidore Bonneau, fermier ä Trogny.
Anemone.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;D. Anemane pulsatille (anemone pulsatilla L). —
La pulsatille vegete dans les pres montagneux et sur le bord des hois; eile n'est que tres rarement man-gee par les moutons. Le gros betail la broute quel-quefois, et, d'apres Gleditsch, eile occasionne une violente inflammation du canal intestinal avec pis-sement de sang (1).
Buphorbes. E. Euphorhes. — Les euphorbes vegetent dans les terres inculles, les paturages sees ou humides, dans
(1) Paulet, — Recherches sur les maladies ^pizootiques, t. II, p. 391.
-ocr page 187-
175
les hies, et surtout au bord des hois et des chemins. Ces plantes renferment toutes un sue blanc laiteux qui jaunit un peu au contact de Pair et d'une grande acrele. Les betes ä laine mangent trfes rarement ces plantes. Daubenton les a donnees a des moutons pres­ses par la faim, qui les ont refusees (1). Je feral ce-pendant connaitre celles qui ont ete signalees comme ayant cause des accidents aux troupeaux.
1deg; Euphorbe peplis {euphorbia peplis, L).
2deg; Eupkorbe deiitee en scie {euphorbia serrata, L). — La premiere de ces deux plantes acres et träs ir-ritanles veg^te dans les päturages frais, la seconde vit sur les prairies seches des provinces meridionales. D'apres M. de Gasparin, ces deux euphorbes se-raient quelquefois mangees par les moutons affames, et determineraient une inflammation des intestins promptement mortelle, connue dans le Midi sous le nom de Bescle (2). On peut ajouter ä ces deux plantes malfaisantes, tewphorbe des bles {euphorbia segeta-lis L), et la petite euphorbe peplus {euphorbia pe— plus L). Je n'ai j.unais vu les moutons manger ces Ces plantes
1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;quot;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; sonl Iris rare-
quatre plantes dans les environs de Paris. Je n'en ai quot;arlesmouuna! rencontre que tres rarement dans la Beauce; mais
(1)nbsp; Daubenton, — Memoire et instruct, citee, p. 319.
(2)nbsp;Gasparin, — Tr;ut6 des maladies contagieuses des betes ä laine, p. 90.
-ocr page 188-
176
elles ne sont point rares dans la Brie, dans les lo-calites un pen seches.
F.nbsp; Jconits. — Dans les pays de montagnes, Gro-nier assure (1) quelesjeunespousses printannieres de Vaconit napel {aconitum napellus, L), de l'aconit tue loup {A. licoctonum, L), de Vaconit anthora (4. an-thora, L), plantes qui renferment un sue acre et bril­lant, empoisonnent les betes ä laine qui en mangent. Ces plantes ne croissent point dansles champs culli-ves. L'aconit napel vegete quelquefois dans les prai­ries, mais alors il es( mange par les chevaux et les grands ruminants (2).
G.nbsp;Bourgeons de chene, defrene, — Dans les localites boisees, montagoeuses, les moutons qui broutent, dans les premiers moments de la vegetation, le long des haies, des bois, des forets, les bourgeons de ebene, de freue, d'orme, dont ils sont ordi-nairement friands, sont frequemment atteints d'in-flammatiqn des intestins, lorsqu'ils en mangent une trop grande quantite. Ces bourgeons renferment un sue acerbe, astringent, qui, irritant le canal intes­tinal, suscite une constipation opiniätre, et donne
(1)nbsp; Gronier, — Ehhnenis d'hygiene; loco citato, p. 165.
(2)nbsp; Journal pratique de nnidcciiilaquo; vclcrinaire, t. II; p. 378.
-ocr page 189-
177
naissance ä uue inflammation des intestins connue sous les noms de mal debrou, de maladie des bois.
B. Eid.
M. de Gasparin admet, comme un fait d'obser- tu.
vation, que la maladie de sang qui regne dans les
troupeaux apres la moisson, est due ä des plantes
malfaisantes broutees par les moutons dans les chau-
mes, et il ajoute que le glanage des dpis de ble est
tine cause inadmissible (1). L'opinion d'un agricul-
.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; . ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Opinion de
leur aussi eclaire, dun observateur aussi conscien-?••de Gasparin
7nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;trop exchuiTe.
cieux que Pest M. de Gasparin , est trop exclusive. Je dirai d'abord si les plantes designees par ce savant agriculteur sont mangees par les moutons apres la moisson, et si reellement elles sont pourvus d'un sue acre et irritant, capable de determiner une inflam­mation du tube digestif.
laquo; A peine les bles sont-ils coupes, dit M. de Gas-laquo; parin, que les troupeaux entrent sur un terrain laquo; convert d'herbes venues et grandies ä Tabri des laquo; bles, alors commence la scene de ravage : Vivraie, t les adonides, les polentilles, les orobanches, etc., laquo; couvrent le sol et multiplient les victimes.
\ 0 Ivraie enivranteiLolium lemulentum, L). — Les I/imieenher;
gt;#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;' 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;be n est point
botanistes, les toxicologistes, les agriculteurs, s'ac- mquot; alsa,lle
(1) De Gasparin, — loco citato, p. 95.
12
-ocr page 190-
-178
cordlaquo;nt ä dire que dansTivraie, le grain seul dans toute la plante jouit de proprietes acres, irritantes et capables de determiner non pas la rnaladie de sang, mais bien des verliges, des etourdissements, de la stupeur. Or, Tivraie en grain ne se trouve point dans les chaumes des bles, mais seulement dans la paille des cereales, et surtout dans le grain; ii ne pent done point nuire ä la sante des moutons.
2deg; Potentilles (potentilla). — Les potentilles sont neseompointvä- tres rares dans les terrains cultives. Ces plantes se
nepeuses.
renconlrent particulierement au bord des chemins, des fosses, des hales, sur les pelouses des bois, et sont toujours dedaignees par les moutons. Le sue des potentilles n'est ni acre ni astringent, si ce nVst dans les especes Potentille qiiiniefeuille {P. rep-tans) et P, anserine (P. anserina), qui ne sont point mangees assurement par les moutons. D^illeurs, je n'ai lu dans aueun traile de bolanique, d'agricul-ture, d'hygiene veterinaire, que les potentilles fus-sent des plantes nuisiblesaux betes ä laine, si cen'est dans le livre de M. de Gasparin.
3deg; Orohanch.es. — Les Orohanches majeure (O. obe^'nT^mfl'/o/-)' vvhjaire (O. rulgarü), ä petites fleurs (O.
poiul acres.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^ . , *nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^ jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i i
nttnor), se rencontrenl tres rarement dans les chau­mes. Ces plantes vivent dans les bois, au bord des chemins, des haies, dans les genetieres, quelque-
-ocr page 191-
[i
179
fois parmi les legumineuses et surtout le trefle. Elles ne sont point mangees par les moulons, et ne recelent d'aifleurs aucun principe acre et veneneux.
Personne, que je sache, si ce n'est encore M. de Gasparin, n'a parle de la propriete malfaisante des orobanches pour les moulons.
Aquot; La Renoncnle des champs, VAdonide (Tete, la Dau~ phinelle, sont alors grandes, dessechees en partie, ou ont ete coupees et enlevees avec les cereales. Le pied de ces plantes prat, il est vrai, repousser des feuilles et des tiges; quelques graines dans les etes humides peuvent germer; mais toujours ces nouvelles plantes sont peu repandues et ne sont point, je le crois, la cause des murtalites qui regnent apres la moisson sur les troupeaux des pays oü la culture se fait en grand. Toutefois je me propose de visiter les champs de la Beauce et de la Brie, aussitot la moisson, pour faire de nouvelles recherches a cet egard.
II est done permis de croire que les plantes citees particulierement par M. de Gasparin, ne sont point les causes principales de la maladie de sang, lorsque les moutons pälurent sur les chaumes apres la mois­son. Je ne connais point non plus d'aulres plantes susceptibles d'occasionner des accidents a cette epo-que de Tannee. La renoncule acre ne pent etre accu-see, puisqu'elle est dessechee alors. Ce ne sont point
-ocr page 192-
w^^mmmm^m
)
180
non plus les autres especes de renoncules, puisqu'el-les y sont rares et qu'elles croissent en grande par-tie dans les lieux humides. L'euphorbe des mois-sons se rencontre assez souvent dans les chau-mes des terrains sees el un peu sablonneux; mais cette plante, je Tai dit, a cause du sue acre et caus-tique qu eile repand dans la bouche des moutons lorsqu'ils la broutent,est tout a fait dedaignee par ces animaux, notamment lorsqu'ils la rencontrent a cote d'autres plantes qu'ilsappetentet qu'ils trouvenl sou-vent en abondance dans les chaumes. Quant aux euphorbes peplus et peplis qui vegetent au bord des chemins et dans les lieux sees et en jacheres, ces plantes ne sont point broutees non plus dans cette saison par les betes ä laine. tatami et Certes, je suis loin derepousser completement Po-
c onclusion.
pinion emise par M. de Gasparin. Assurement des inflammations du canal intestinal peuvent etre de-terminees par les plantes acres qui poussent dans les cereales annuelles; mais je pense que ces mala­dies sont tres rares, et qu'elles ne doivent pas etre confondues avec la maladie de sang qui regne dans les pays de grande culture, oü la terre est remuee souvent, ensemencee de cereales, de prairies arti-ficielles et de plantes intercalaires. Je crois done feimement que dps rimmense majority des cas, si
-ocr page 193-
181
la maladie de sang fait de grands ravages dans les troupeaux apres la moisson et pendant les chaleurs de l'ete, cette maladie ne doit point etre attribuee exclusivement aux plantes acres et irritantes palu-rees par les moutons dans les chaumes, mais bien ä Tensemble des causes que j'ai fait connaitre. Et d'ailleurs les symptömes qui signalent Teinpoison-nement par les plantes acres, les lesions qne la ma­ladie laisse sur les cadavres, les moyens de traite-ment employes pour la combatlre, appuyeront encore mon opinion ä cet egard,
C. Automne.
Du 15 septembre au -15 octobre, alors que les Automna pluies d'automne ont ranime la vegetation des re-noncules vivaces, des adonides, des dauphinelles, des euphorbes, qui poussentdans les jacheres, les guerets, les prairies, les chaumes, ces plantes peuvent etro mangees par les moutons, mais alors elles sont pen acres, peu irritantes et ^occasionnenI que rarement des accidents.
D. Hiver.
Pendant l'hivernage, Pempoisonneinent des betes niver. ä laine pent etre suscite par les fourrages rouille's, moms, vaads ou terreux. II est important de bien
-ocr page 194-
#9632;^#9632;OT
182
fixer rattention des veterinaires, des agriculteurs sur ces maladies.
1deg; Fourrages rouilles. — Les pailles de ble, d'a-voine, d'orge, les planles diverses qui composeut le foiu des prairies naturelles et artificielles, lorsqu'el-les portent sur leurs feuilies, leurs tiges, leurs epis, des taches roussatres, rougeutres ou noires, recoi-vent le nom de fourrages rouilles.
La rouille, encore nominee nielle, qui se mcnlre sur ks graininees dans les annces humides et chau-des, pendant les mois de mai et de juin, est formee par de petils champignons acres, irritants e( vene-neux, dont les caracleres ont ete bien etudies par les botanistes. .Tindiquerai ici succinctementles carac-teres de ces crjptogames veneneux, ainsi que les vegetaux manges par les moutons, sur lesquels on les remarque le plus frequemtnent.
Genre uredo. — 1deg; Uredo des cereales ( uredo se~ uredos.1quot;68 des ^ww'' Lamarck et Decandole). Ce chainpignon nait sur les feuilies, les tiges des graminees, en ve-siculesintiniment petites el visibles seulement au mi­croscope, tresnombreuses, ovales, jaunätres ou blan-cbätres dans leur jeunesse, lesquelles finissent par se fendre longiludinalemeut pour laisser echapper one poussiere d'abord jaune, puis rousse, composee de sporules eparses, presque globuleuses. Get uredo se
-ocr page 195-
183
voll particulierement ä la face superieure des feuilles düble, de Torge, deTavoine et de presque toulesles graminees annuelles et vivaces, et ]es couvre d^n grand nombre de petils poinis, de petites tacbes rous-sütres.
2deg; Uredo carbo, vulgairement charhon des grami' nees. Ce champignon qui se developpe et vegele parli-culierement sur les glumes et lesovaires qui coiiipo-sent Tepi de Tavoine, se presenle sous la forme d'une poussiere noire, ties fine, s'allachant aux mains.
3J Uredo des renoncuies [utedo rammcularum^ De-candole). Get uredo qui s'otfle d-abord en taches jau-nätres dans sa jeunesse, forme plus tard des plaques noires , oblongues ou irregulieres proemiuentes, larges d'un pouce au moins, etalees et souvent con-fluentes. Toules ces laches sont constituees par une capsule renfermant une abondimte poussiere d'un brun fonce ou noir, formee des sporules ovoides brunes quelquefois monies d'un pedicelle. Ce cham­pignon vegetesur les feuilles des renoncules, et aug-mente par Tacretede sessemences la propriele vene-neuse de ces plantes. Puccinie (pucctnia.) — Lespuccinies sontdes chain- caraci^rcsdes
puccinics.
pignous egalemeut veneneux, qui se rapprocheot beaucoupdes uredos.Ellessepresenlentsousla forme de tubercules composes d'une base compacte et ge-
-ocr page 196-
^^^mmm^mmm
184
latineuse, de laquelle s'elfevent des pericarpes porte's sur un pedtcule roide, ordinairemenl divises en deux ou plusieurs loges par des cloisons transversales et qui emettent leurs graines par le sommet ou par le cote. Les puccinies naissent sur les feuilleset les jeu-nes pousses des plantes, soit sous I'epiderme qu'elles percent pour parvenir ä Tair libra, soit sur Tepiderme lui-meme, ainsi que I'a constate M. Decandole (4). Plusieurs puccinies tres veneneuses se montrent sur les plantes mangees par les moutons, jfe vais les in-diquer :
f0 Puccinie des graminees [puccinia gmminis). Ce champignon croit sous Tepiderme, entre les nervu-res des feuilles, et y forme des taches lineaires paral­leles, d'un jaune brun, qui deviennent ensuite noi-res. Les pericarpes ont ä peu pres la forme d'unequot; massue. Cette puccinie vit particulierement en au-tomne, sur les diverses graminees annuelles ou vi-vaces.
2deg; Puccinie des trifles (puccinia Irifolii). Elle al-taque les tiges, les petioles, les nervures et les deux surfaces des feuilles du trefle; eile boursouffle, defi-gure, conlourne souvent les organes sur lesquels eile croit, et empeche le trefle de fleurir. Ses taches sont
(1) Decandole, — Flore fran?aise; t. II, p. 218.
-ocr page 197-
185
laquo;
oblongues et irregulieres, bordees ou couvertes par les debris de l'epiderme dechire. La poussiere, d'un brun roux, est composee de globules ovoides portes sur un pedicelle tres court.
Les autres varietes de champignons qui vegetent sur les plantes dont se uourrissent les moutons, sont beaucoup nioins frequentes et surtout raoins vene-neuses que celles dont je viens de donner une des­cription succincte, je n'en traiterai pas.
La poussiere renfermee dans les capsules des cequiocca-
1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;sionnu I'cmpoi-
champignons qui vivent sur les plantes en constitue lasonne,neilt-partie veneneuse. Cette poussiere irrite le canal in­testinal, cause une inflammation et une intoxication generale qui determinent souvent la mort.
Dans les annees humides et surtout lorsque les mois de mai et de juin sont pluvieux, ces crypto-games se developpent en grand nombre sur les gra-minees; et la poussiere fine, rousse ou noirätre ren­fermee dans les capsules, qui en constitue les grai-nes, etant emportee par les vents, seine ces dangereux champignons, et les multiplie avec une incroyable rapidile.
Fourrages moists. Les fourrages moists, e'chauffes, earaches de
la moisissure.
poudreux, sont ainsi nommes parce qu ils sont re­converts par une moisissure blanchätre, verdatre ou neiratre qui se reduit facilement en une poussiere
-ocr page 198-
186
acre, irritante, parfois infecte. Cette moisissure est fournie par un champignon veneneux visible ä Poeil nu, que les botanistes ont nomme moisissure, mucor.
La moisissure la plus repandue sur les fourrages est la moisissure vulgaire, mucor mucedo (Decandole). Elle forme de larges touffes composees de pedicelles simples , greles, allonges, porlant a leur sommet un pericarpe globuleux , regulier, d^bord blanc et transparent, ensuite opaque et brunälre; ses graines sont nombreuses, rondes, verdätres, lorsqu'elles sont de Bui?iard.nces mures, el depourvues de filaments. Bulliard a montre par diverses experiences, que ces graines peuvent etre emporlees par l'air environoant et que deposees sur' des vegetaux places dans des condilions favorables ä leur developpemeat, elles ne tardent point ä ger-mer et ä se reproduire en abondance.
La moisissure est une alteration qui se voit tres frequemment sur les foins et surtoul les regains de luzerne, de trefle, de sainfoin qui out ete recoltes un peu huinides, et emmagasines dans cet etat. La fermentation, la cbaleur, I'humidite, font naitre ces nombreux cryptogames. Le fourrage, ä finterieur des bottes surtout, repand une mauvaise odeur; lors-qu'on le secoue il s'en eleve une poussiere blanchä-tre, brunätre, infecte, qui pique les yeux et excite la toux. Gelte poussiere, composee de la graine des
-ocr page 199-
187
champignons, est irritante et veneneuse ; deglutie avec les aliments quelle recouvre, eile occasionne Fempoisonnement-
Fourmges vases. On appelle de ce nom les four-rages dont les tiges et les feuilles sont encore recon­verts par un depot limonneux laisse sur les plantes par les eaux proven ant du debordement des rivieres ou des fleuves, pendant les mois de mai et de juin. Ce Union, forme de terre, de matieres animales, de-giuti avec les aliments, irrite le canal intestinal, et suscite son inflammation. Souvent a cette alteration du fourrage se joint la rouille et la moisissure. Dans le premier comme dans le second cas, ces aliments sont tres dangereux pour les moutons.
p^egetaux acres et astringents. Dans les localites montagneuses du midi de la France, dans les Ce-vennes notamment, et surtout dans la partie meri-dionale dite les ruffes, les moutons qui sont conduits en decembre, Janvier et fevrier dans les montagnes, et qui y broulent le genet d'Espagne, genista hispanica, contractent une inflammation des voies intestinaies, et des organes urinaires qui porte le nom de ge~ nestade (1).
Aliments acres
el asunigeuts.
(1) Tessier, — Instruction sur les betes a laine, p. 243; — et Meiuuire de raucieune societe d'agriculiure de Paris, anuee 1785.
-ocr page 200-
I
188
Comme on le voit, en hiver comme en ele, il est
done possible de reconnaitre par Finspecüon de la
matiere alimentaire les causes qui determinent I'eni-
MM.Numanntt poisonnemenl. MM. Numann , directeur de Tecole
Marchand.
veterinaire du rojaume desPays-Bas, et L. Marchand, veterinaire, eleve de celle ecole, dans un ouvrage ^remarquable sur les maladies causees par les cham­pignons veneneux qui croissenl sur les vegetaux, pensent que ces plant es parasites occasionnent les maladies connues sous les noms de charbon, de fie-vre charbonneuse: je ne partage pas entierement cette opinion. II est vrai que les maladies dont il s^git ne s'accompagnent point seulement d'une ir­ritation du cnnal intestinal, mais encore d'une alte­ration du sang par la matiere veneneuse des cham­pignons qui, je le crois fermement, penetre dans le sang, et altere ce liquide. Toutefois cette maladie n'est point semblable aux afteclions carbunculaires determinees par les agents infectieux des marais : aussi en diflere-t-elle par ses causes, ses symptömes, ses lesions, ses moyens preservatifs et curatifs, ainsi que je chercherai ä le prouver plus loin.
Les causes nombreuses d'empoisonnement des betes ä laine que je viens de passer en revue, peu-vent determiner, el occasionnent en effet, des en-zooties sur les troupeauz, dans diverses saisons de
-ocr page 201-
^m
189
Tannee, dr/is des localites, des paturages parfois
peueloigneslesunsdesautres, dontlesol,la culture,
la nature des plantes qui y vegetent, sont difFerents; observation
maiscommelobservejudicieusementM.detraspann, Gasparin.
laquo; les fails sont si varies, les circonstances si diverses,
laquo; les causes d'empoisonnernent si nombreuses, qu'il
laquo; faut examiner les faits dans chaque localite, les
laquo; analyser avec lenteur avant de se presser de ne
laquo; rien affirmer, et atlacher d'autant plus d'impor-
laquo; lancea saisir Tanalogie des maladies sur tout quand
laquo; il s'agit de medeciae veterinaire appliqiiee aux
laquo; tioupeaux, et que c'est sur les raethodes preserva-
laquo; lives que doit etre fondee cetle medecine (i). raquo;
SYMPTÖMES.
Que rempoisonneraent des betes ä laine soit de­termine par des plantes acres ou par des champi­gnons veneneux, parmi les symptomes que presen-tent les animaux, les uns sont communs ä loutes les especes d'empoisonnements, les autres sont particu-liers au genre de plantes qui les ont suscites. Je crois ulile de faire connaitre les uns et les autres.
Symptomes communs. Ce n'est point lorsque la bete a laine vient de man-
(1) Traitlaquo; des maladies contagienses des betes a laine, p, 96.
-ocr page 202-
M
#9632;
u
190
ger des plantos veneneuses qu'elle totnbe malade , mais bien lorsqu^lle les a ruminees, et que le sue ou le principe acre qu'ellesrenferment est parvenu dans la caillette et dans les intestins. Les auteurs qui ont • avance qu'aussifot la plante mangee la bele a laine tombait malade, se sont done trompes sous ee rap­port (1). Voiei ee que j'ai constate, symptomes La bete ä laine s'arrete, cesse de manger et de
communi.
ruminer. Sa bouehe est ehaude, rouge et remplie d'une salive filante qui s'echappe par la commissure des levres (2). Un mucus abundant et quelquefois verdatre s^ecoale par les naseaux. Le ventre est tu-mefie, douloureux a la pression, principalement au flane droit, region de Vabdomen occupee par Pin-testin grele. Bientot la bete eprouve des douleurs d'entrailles pendant lesquelles eile se eouche, s'al-longe, et seconlracte. Ses yeux sont rouges et injec-tes; le doigt introduit dans Tanus, et dans la vulva chez les femelles, y percoit beaucoup de chaleur. La respiration acceleree de temps en temps , s'accom-pagne d'un baltement de flanes particulier. Quel-ques betes se eampent frequemmeut pour expulser
(1)nbsp; DcGasparin,— loco citato, p. 90.
(2)nbsp; Cette inflammaiion buccale, celle salivation abondante, sont dues assurement h l'action irritante du sue acre des plaules sur la muqueuse ctrorifice des canaux salivaires.
M
-ocr page 203-
191
avec donleur une petite quantite cTurine rouss^tre ou sanguinolente.
Bienlot Tanimal eprouve des convulsions, s^gite, Marche. se debat, tourne quelquefois en rond pendant quel-ques instants. Ses pupilles se dilatent, ses levres, sa queae, eprouvent an tremblement convulsif, en-fin il se jelte ä terre, se debat, et meurt.
Quelques betes restent coustamment couchees, s'al-longent de temps en temps , regardent leur ventre, sont tres abattues et meurent sans convulsions.
Cette scene morbide est d'une duree variable se- Terminaison. Ion la quantile de plantes mangee par la bete et se-lon Pacrete de leur sue. Certains animaux goulus ou affames meurent en deux ou trois heures; d'autres vivent pendant 10 a 12 heures. Ptarement la maladie se prolonge au delä de trois ou quatre jours,
Symplomes particuliers.
1deg; Renoncules. Adonides. Dauphinelles. EupJior-bes. Ces quatre plantes determinent de violentes coli-ques. La bouche des animaux est toujours chaude, rempiie de salive, et rempoisonnement se termine ordinaiiement soit par une diarrhee striee de sang, seit par Texpulsion d'une urine roussätre, qui prece­dent la mort de peu de temps.
2deg; Aconits. Ces plantes independamment des dou-
\
-ocr page 204-
192
leurs intestinales occasionnent de la stupefaction, de rabattcment, dus aux principes narcotico-acres qu'elles renferraent.
3deg; Bourgeons de chene. Genet (tEspagne. La bouche est seche, brune ou noirätre. Les coliques sont pen violentes, la colonne vertebrale en arriere du gar-rot est tres sensible ; des frissons passagers se mani-festent. La constipation est opiniatre et les crottessont dures, luisantes, recouvertes d'une enveloppe blan-cbiitre. Dans certains cas et vers la fin de la maladie, la constipation est suivie de l'expulsion de matieres
/
#9632;
liquides, noiräires et infectes. Dans d'aulres circon-stances des oedemes se declarent parfois, soit aux extremites des membres, soit aux mamelles, soit ä la ganache, soit ä la vulve. La duree de la maladie est de 12 a 15 heures, rarement plus.
4deg; Champipwns veneneux. Coliques suivies de de diarrhee, bouche ecumeuse; parfois des taches I,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rouges, erysipelateuses, se montrent ä la peaur Les
conjonclives sont jaunätres et souvent elles portent de petiles ecchymoses. Le sang est noir et peu coa-gulable. Les urines sont ä 1'etat naturel; le coeur bat violetmuent, le pouls est toujours petit et vite, ra­battcment considerable; frissons passagers, point de convulsions.
La inarche de la maladie est assez rapide; les
laquo;-.
-ocr page 205-
193
anirnaux meurenten 24 ou 36 heures, et quelquefois beaucoup plus tot selon la quantile d1 aliments älteres dont ils se sont nourris.
Thaer (1)3 constate que le trefle moisi mange par les brebis qui allaitent, donne aux agneaux une para-lysie particuliere, s'accompagnantd'uneclaudication suivie d'un tetanos mortel, apres 3 ou 4 jours.
Alterations cadavdtiques generales.
Le rumen, lereseau, le feuillet, presentent au des-sous de leur epithelium des laches rouges ou noi-ratres; les villosiles,maigreleur fourreau epidermi-que, sont rouges et injectees.
La muqueuse de la caillette est toujours rouge ou A|lSra,ion de noirätre, et parsemee de taches nolres dues au con- mte,lquot;ls• tact de la matiere irritante. Les iutestins gieles sont brunätres ä Tinlerieur dans plusieurs points de leur etendue. Ouverts d'un bout a Pautre, leur muqueuse se montre rouge, injectee par plaques repandues ca et lä; parfois eile se montre noirälre, et facile ä dechirer; ses villosites fines et nombreuses sont, dans beaucoup de points, detruites par la violence de Tinflammation. Les gros intestins offrent egale-ment quelques traces d'irritation.
(1) Numann el Marchand,—Surles proprielesnuisibles que pcu-venl acquerir les fourrages; p. 71.
13
-ocr page 206-
194
Les reins sont souvent rouges, noirätres et gor­ges de sang; la vessie renferme une petite quantite dWine roussatre, parfois sa muqueuse est pointillee en rouge.
La rate est rarement alteree; quelquefois, cepea-dant des taches noires se montrent dans son epais-seur.
Le sang contenu dans le coeur et ies vaisseaux est toujours noir. Le poumon, les brooches, les cavites du coeur, ne presentent rien de notable. Le cerveau et les euveloppes n'off'rent rien de remarquable.
Les estomacs renferment des matieres molles et liquides comme dans Vetat ordinaire.
Alterations pariiculieres.
1deg; Renoncules, adontdes, dauphinelles, euphorbes, aconits, anemones. — Taches noiratres dans les esto­macs et surtout dans la caillette; memes taches dans toute la longueur des inlestins. Matieres excremen-litielles, liquides, et quelquefois sanguinolentes dans lecoficum, muqueuse de cet intestin ecchymosee et rouoe. Reins noiratres, vessie contenant de Turine roussatre et sanguinolente. Rate ä l'etat normal, rien de particulier dans les autres visceres.
2deg; Pousses de genet, bourgeons de ebene et defrene. __ Estoraacg renfermant des matteres alimentaires
*L
-ocr page 207-
195 dures, noirätres, atlachees a repithelium, surtout
Alterations des
dans le rumen et dans le feuillet. Taches noires ou Inteslins-marbrees dans la caillette et les intestins greles, mu-queuse de ces organes noirätre et recouverte d'une concha de mucus epais. Gros intestin renfermant tantot des matieres dures et noirätres, d'autres fois li­quides gt; brunes et infectes.
Reins noirs ou marbres, substance tubulee noi­rätre eccbymosee; vessie pointillee en rouge et ren­fermant une urine sanguinolente.
Infiltrations sereuses dans le tissu ceilulaire sous-cutane de la ganacbe, du cou, des aines.
Sang noir et coagule dans les vaisseaux.
Cadavre se decomposant rapidement.
3deg; Champignons veneneux. — Estomacs renfer­mant des plantes sur les parlies desquelles on pent reconnaitre tres bien au microscope, les champi­gnons veneneux. Taches rouges dans les villosites Alterations da
intestins.
du rumen et du feuillet. Rougeur interne de la cail­lette et des intestins. Taches noirätres repandues cä et la,ecchymosesdans lemesenlere, dans les reins, la rateetlefoie. Unpeud'urincjannätre dans la vessie. Rien de notable dans le coeur et dans les poumons. Sang contenu dans les vaisseaux noir et incoagule.
La description que je viens de donner des sym- i^sumlaquo;, ptömes sucsitespar les diverses especes d'empoison-
-ocr page 208-
mmmmmm
i I
196
ncments determines par les plantes acres et les cham­pignons veneneux, permet done de pouvoir constater ä quel genre d'empoisonnement les animaux sont soumis, et, Tautopsie cadaverique pent done aussi faire reconnaitre la nature de la maladie qui a deter­mine la mort. D'une autre part, si Tinspection des päturages a fait decouvrir des plantes irritantes, si, en inspectant les fourrages, on a constate qu'ils sont älteres par des cryptogaraes veneneux, on est alors certain et de la nature de la maladie et de la cause qui fa determinee. II ne resle plus qu'a mettre en prati­que les moyens qui peuvent prevenir le mal et les remedes propres ä le combattre.
A. Moyens preservatifs.
Eviter de conduire les betes ä laine päturer dans les lieu-i oü croissent les plantes veneneuses, retran-cher de la ration les fourrages alleres, modifier cette alteration pour rendre les aliments le moins nuisibles possible, telles sont les conditions qui doiventelrerem-piies pour prevenir l'empoisonnement des troupeaux.
Pour detourner les troupeaux des päturages malfai-sants, las bergers, les agriculteurs, devront connailre les plantes qui causent la mort aux animaux, les Sai­sons de Tannee oü elles vegetent et les lieux oü elles croissent (1).
(1) J'aurais vivement desire joim'lro a Co Iraile In description Je
L
-ocr page 209-
197
Au moment de la premiere vegetation, si ces plantes sont pen nombreuses et disseminees qa et lä dans les paturages, on devra toujours apaiser la faim des betes a iaine, en distribuant une ration d'alioients sees au troupeau, avant de le sortir.
Cette attention devra particulieremenl etre prise a Tegard des agneaus et des antenais, qui sont plus exposes ä s'empoisonner que les vieilles betes.
Les cultivateurs, les berffers soigneux et amis de , raquo;laquo;iruire lea
'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Onbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; plantes yeue-
leurs troupeaux, devront detruire, autant que faireIieu8e8quot; se pourra, les plantes nuisibles soil en labourant les chaumes, les guerets oü elles poussent au prin-temps, soit en les arrachant des bles, des seigles, des jeunes sainfoins, des minettes nouvelles, avant qu'elles aient donne des grain es.
Moyen de remedier d Falteration des fourrages par les champignons veneneux.
Aquot; Failles etfoins rouilles. — Les uredos, lespuc-cinies, vegfetent, ainsi que je Tai fait remarquer, au dessous de Tepiderrae des graminees, lorsqu'elles
toutes les plantes nuisibles dont j'ai parlä, et des planches coloriees representant ces plantes, afin que les cultivateurs fussent ä meine de les connaltre. Presse de faire imprimer ce travail par M, le mi-nistre du commerce et del'agriculiure, ie temps nem'a point permis de realiser ce projet, que je desire cependant mettre plus tard a execution.
-ocr page 210-
^mmmmmmmmmmmmm
,.
renferment encore les sporules qui causent Tempoi-sonnement et la mort. En battant, en secouant les fourrages, on detache bien les capsules, les recepta­cles situes en dehors de Fepiderme qui, pendant Foperalion, repandent une poussiere roussatre^ mais comme beaucoup de capsules situees dans le parenchyme de la planle, restent intactes, ainsi qu'il est facile de s'en convaincre, il vaut mieux, si les fourrages sont parsemes de beaucoup de laches de rouille, les ccnvertir en furnier. Certains proprie-taires s'en servent pour faire de la liliere, mais e'est toujours une tres mauvaise economic, parce que les animaux goulns peuvent manger cette liliere et s'empoisonner.
Les fourrages pea älteres par la rouille pourront etre batlus au fleau el bien secoues au grand air, pour les debarrasser du plus grand nombre possible de champignons veneneux; ils serontensuite asperges avec de Feau salee, et, s^l est possible, on les melan-gera avec d^utres fourrages de bonne qualite (1).
2deg; Fourrages moists. — Les fourrages reconverts de beaucoup de moisissure, et d'une odeur infecte, seront convertis en furnier. Ceux dont quelques par-
(1) SOOgTammes (1 livre)(le sei de o.uisine en solution dans cinq seaux d'eau suifisent pour arroser 50 kilogrammes ou lOOlivresde fourragraquo;.
-ocr page 211-
199
ties seulement sont pourvues de moisissures, seront battus, secoues, jusqu'ä ce qu^ls ne renandent plus de poussiere, etasperges d'eau salee.
3quot; Fourrages vase's. — Ces fonrrages devront etre battus, secoues et debarrasses le plus possible du limon infect qui y est attache; de meme que les fourrages moisis, ils seront en suite asperges avec de Teau salee.
B. Moyens curatifs.
1deg; RenonculeS) aflonides, dauphinelles, eupftorbes, aconits. — D'apres des experiences reiterees de Crapf, le vinaigre vante par les anciensagriculteurs, le sucre, le miel, Teau salee, developpent Tenergie du sue acre et irritant des renoncules(l). Brugnone, qui a eu ä combatlre rempoisonnement par la re-noncule des champs, dit, au contraire, avoir gueri des brebis en proie ä un empoisonnetncul rapide, par l'adtniniätration du vinaigre pur, qui fit cesser tout accident en tres peu de temps.
L'eau acidnlee legerement avee le vinaiffre fut or- Boissons aci-
dules.
donnee pour boisson au reste du Iroupeau par Bru­gnone, et loutes les betes guerirent (2).
laquo;Tai eu plusieurs fois a combaltre Fempoisonne-
(1)nbsp; Crapf, — loco citato.
(2)nbsp; Brugnone, #9632;— loco citato.
-ocr page 212-
i
200
ment determine par la renoncule acre, tres abon-dante dans ies pälurages, les guerets dudeparlement de la Nievre, on j'ai exerce la medecine veterinaire, et je me suis toujours lone d'avoir employe les breu-vages acidules conseilles par Brngnone.
Faire abreu- Avant, toutefois, de donner des breuvages aux
ver le troupeau.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; D
animaux malades, il est necessaire de faire abreuver tout le troupeau avec de Feau pure, tant pour etan-cher la soif des betes en proie ä l'irritation du canal intestinal cause par le sue des renoncules, que pour delayer le poison contenu dans les premiers esto-inacs, la caillette et les intestins.
Aux betes tres malades on pourra administrer des
lavements avec les decoctions de mauves, de guimau-
ves, de graine de lin, dans lesquels on ajoutera quel-
änoiiients et ques cuillerees d'huile, ou de beurre fondu, pour les
hatleux.
rendre legerement purgatifs. Le lait coupe avec de Teau, administre en breuvage, donne des resultats tressatisfaisants. Selon Gronier, les bergers qui con-duisent les moutons dans les montagnes oü vegetent les aconits, emportent, pour remedier aux accidents causes par ces plantes, des vases remplis de lait.
La thoriaque, ä la dose de 8 grammes (2 gros) dans deux verres de decoction de plantes aromatiques, at dont les bons effets ont ete constates sur les chevaux
_
-ocr page 213-
#9632;#9632;H
204
empoisonn^s par Paconit napel, par M. Hngues (1), pourrait et re essay ee sur les moutons.
Le sulfate de soude (sei de Glauber) a la dose de Sel ^Glauber. 16 grammes (1/2 once), dissous dans 2 verres d'eau, en purgeant promptement les moutons et evacuant le poison, donne de ties bons resultats.
2deg; Bourgeons de chene, de frene, tiges de genet. — Les decoctions emollientes de graines de lin, de mau-ves, unies a Thuile ou ä 8 grammes (2 gros)de creme de tartre soluble, et administrees alternativement avec des breuvages mielles, rendus temperants et Breuvages
laxalifs.
diuretiques avec de 4 ä 8 grammes (1 a 2 gros) de sei de nitre par litre d'eau, en faisant cesser la consti­pation, suscitant des con tractions du canal intestinal, changeant la nature des urines, produisent d^excel-lents effets.
Tessier conseille, contrela genestade, de donner en lavements quelques gouttes d'essence de terebenthine dans 1/2 litre d'eau. Ces lavements, dit ce savant agriculteur, rappellent les urines, qui sont toujours rares dans cette maladie. Je preföre le nitrate de po-tasse, qui agit moins violemment sur les reins pour obtenir cet eflet.
Champignons veneneux. — Apres avoir retire ou
(1) Journal pratique de medecine vetamp;rinaire; t, II, p. 598.
-ocr page 214-
202
modifie, ainsi que je Tai dit, le fourrage altere par les champignons, on donnera aux betes ä laine des boissons blanchies avec la farine dWge, dans les-quelles on ajoutera 90 ä 100 gr. (4 ouces) de nitrate de potasse. Les betteraves crues, les pommes de terre, les navels, distribues alternativeraent avec une petite ration (1/2 livre), de regain fin de bonne qualite, de teile sorte que les betes soient ä une demi-diele pen­dant quelques jours, arreteront la mortality. Brenrages Quant aux betes tres malades, il sera utile de leur
emollients avec
le *quot;#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; faire deglutir des breuvages d'eaude son, de graine
de lin, de mauves, dans lesqnels on ajoutera dn miel et une petite quantite de vinaigre. On passera beau-coup de lavements emollients. Le lait, le petit lait, sont encore ici tres utiles. Lorsque les auimaux sont tres faibles, Vadministration d^ane decoction vineuse de gentiane; la teinlnre de quinquina unie au vin, äla biere, ä la dose d'un deeilitre par bete, releve les forces de l'animal et procure quelquefois la gue-rison.
BIBLIOGRAPHIE.
PEANTES ACRES ET V^N^NEÜSES.
1753. IfaBlaquo;laquo;STraquo;EiT, —Deeumpasemmm; 4752. — On trauve dans ent ouvrage des exomplcs dempoisonnement par la renoncule acre.
L
5E
-ocr page 215-
#9632;
203
1766. Chapf, —- Experimenta de nmmulomm ranunculorum venenata qua*
litate, komm exlerno et inlerno usu; ViennE Austrise, 1766,
in-S*. 1775. Paclet, — Recheiches bistoriques et physiques surlesmaladies
cpizootiques; t. II. p. 377. 1780. Edlliabd, — Herbierde la France, contenanUa description des
planles venencuses; Paris 1780.
1788.nbsp; Giulio, — Dissertation sur les nieiüenres et los plus mauvaises
herbes des pres du Piemonl. Memoria delta realSocietaagraria di Torino,, 1788, p. 84, note E.
1789.nbsp; Gmelin, De berbis venenatis Germanics.
1789. Brbgnone, — Observations et experiences sur la qualilö vene-neuse et nit-ine meurtriere de ia rcnoncule deschsmps. — In­structions veterinaires, 3e edit., l. Ill, p. 31!, etMömoiresde Tacademie des sciences de Turin, 1G88-1789; avec planches. La plancho de cetle renoncule existe dans la iquot; edition des Instructions veterinaires, publiee en 1793.
1806. Delamarck et Decandolk, — Flore frangaise, ou Description succincle de toutes los plantes qui croissent naturellemenl en France; Paris 1805.
1821. De Gaspahin, — Des maladies conlagieuses des bßtes k laine; 1821, art. Charbon, p. 88.
1821, Joseph Roqües,— Phytographie medieale, ornee de figures colo-riees; Paris 1821.— On trouve dans ce beau travail la descrip­tion et le dessin colorie de presque toutes les plantes vene-neuses dont il a ete question dans ce traile.
1S23. Nouveau cours complet d'agriculture theorique et pratique; 1823; t. XIII, art. Renoncule, Adonide et Dauphinelle.
1827. Dictionnaire des sciences naturelles; 1827, t. XLV, art. Renon­cule, Adonide et Dauphinelle, p. 70.
1831. Rigot,— Elements de botanique medieale et hygienique; Paris
1831. 1833. Gronier ,— Precis d'un cours d'liygifene velerinaire; 1833,
p. 164. 1836. Orfila, — Traite de medecine legale: 3e edition, t. Ill, p. 321. 1838. De Gasparin, — Discussion de la loisur les vices redhibiloi-
res; art. Sang derate. — Recueil de medecine veterinaire;
l. XV, p. 204.
1842. AIagnk,— Principesd'hygiene veterinaire; 1842, p. 193.
jd
-ocr page 216-
204
PLANTES ASTRINGENTES.
1785. Tessier — Uemoires de l'ancienne societe d'agriculture de
Paris, 1785. 1793. Chabbrt.— Insiructions veterinaires; 3quot; Edition, t. IV, p. 102. 1810. Tessier,—Instruction surles merinos; p. 243 et 245.
#9632;
CHAMPIGNONS V^NiNEUX.
1783. Tessier, — Traile des maladies des grains; in-S*. — On trouve dans ce travail des dessins representant les alterations des graminees par les champignons veneneiix.
1801. GoniER, professeur veterinaire, — Expos6 des rapports, recher-cheset experiences sur les pailles affectees de rouille.
1804.nbsp; Gobies, — Memoire snr l'epizootie deschevatix du ZOquot; regiment
de chasseurs en garnison h Meti; Lyon 1804.
1805.nbsp; De Lamarck et Decandole, — Flore frangaise; t. II, p. 226 el
suivantes.
1826. Dictionnaire des sciences naturelles; t. XLIV, art. Puccinie, et t. LVI, art. Uredo.
1830. A. Ndmanh el L. Mari:iiand, — Sur les propriety nuisibles que les fourrages peuvent acq'jamp;rir par des productions cryploga-miques; traduitdii hollandais.— On trouve dans cet excel­lent travail les caractamp;res des plantes cryptogames nuisibles auxanimaux, et des dessins representant ces plantes v^n6-neuses.
SC
^
-ocr page 217-
mm
005
CHAPITRE VI. De la maladle rouge.
Opinions sur celte maladie. — Symptömes. — Lesions morbides. — Nature et siege. — Causes. — Moyens pröservatife et curatifs.
La maladie rouge des betes ä laine, ainsi nominee sjnonymie; parce qne les larmes, I'urine, le mucus intestinal et nasal, sont rougis par du sang, est encore jippelee maladie de Sologne, parce qu'elle se montre plus particulierement sur les troupeaux de la Sologne.
Des personnes instruites, des cultivateurs eclaires, opinions de
r . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; quelques per-
pendant mon sejour en lieauce, me taisaient obser- sonnes. ver que la maladie de sang ne pouvait etre attribuee a une alimentation trop succulente, ä la nature du sol, ä Fair sec et vif, puisque les betes a laine de la Sologne, localite oü les päturages sont maigres, frais, humides, Tair peu pur, et Falimentation tres
-ocr page 218-
^^^^^mmmmmmmmmmi
206
peu alibile, en hiver surtout, en sont egalement atteintes. On ajoutait ä cette raison que dans la description donnee par beaucoup d^uteurs, et de la maladie de sang, et de la maladie rouge, on re-connaissait les causes, les symptomes, les alterations et meine les moyens de traitement de ces deux mala­dies.
J'ai combattu cette opinion autant que j^ipu, et
je me crois oblige aujourd'hui de revenir sur cette
question iraportante dans ce traite, car il Importe
j'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;que les veterinaires, les cultivateurs, soient biea
eclaires sur ce point, s^Is veulent avoir confiance dans les moyens preservatifs que j'ai presents contre la maladie de sang des pays de grande culture. Je vais done faire connaitre succinctement les sympto­mes, les alterations morbides de la maladie rouge; j'en indiquerai les causes, les moyens preservatifs et curatifs, et je dirai quels sont les auteurs qui ont confondu, tant par les noms que par la nature et le siege, la maladie rouge et la maladie de sang.
A. Symptomes.
Sympiflmes. La bete ä lalne atteinte de la maladie rouge e;it triste et reste en arriere du trouoeau, sa laine est he-rissee et son oeil päle et lannoyant. Sa peau, ses genoives, sont plutöt pales que rosees. Son sang
-ocr page 219-
207
retire ä la jugulaire , est clair , et tache legfere-ment la main. Recueilli dans un vase, sa pesanteur specifique comparee ä celle de Feau, est diminuee; sa coagulation est lente et le caillot donne beaucoup de serosite. A ces signes precurseurs de la maladie, viennent bientot s'en joindre d'autres qui annoncent son debut et ses progres. Un jettage froid, mucoso-sereux, s'ecoule par les naseaux; la bouche est chaude; l'animal boit abondamment et parait toujours altere. Bientot des larmes roussatres s^chappent de ses yeux,un jettage tantot abondant et glaireux, d'autres foisrare, epais, strie de sang, s^coule par les deux naseaux. Les matieres excremenlitielles, d'abord recouvertes de grumeaux sanguinolents, sont bien­tot liquides, muqueuses et rougies par du sang pres-que pur. Les urines s'ecoulent d'abord roussatres, puis charrient des globules de sang. A cette periode ' de la maladie, le fiuidenourricier est rose, tache peu les mains et le linge, el ressemble ä de la lavure de^ chair; son caillot peu consistant laisse echapper une grande quantite de serosite.
Plustard des oedemes sedeclarentsous la ganache „ .
quot;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Mafche et proraquo;
et aux membres anteriears ; les animaux sont tres eiis' faibles, ils refusent duller aux champs, restent cou­ches, salivent beaucoup et boivent toujours abon­damment. Un grand nombre de betes eprouvent vers
-ocr page 220-
#9632;#9632;•
f
208
la fin de la maladie un flux immodere dWines, et
_ . . une diarrhee epuisante, et si la bete n'est pas conve-
Termmaisons.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; r
nablement traitee, la mort tertnine ordinairement
cette scene pathologique, dont la duree est de deux a
trois jours au moins, et de huit a quinzejours an plus.
B, Lesions morbides.
Les cadavres sont lents a se decomposer; les vais-
seaux sous-cutanes ne laissent ecouler, en detachant
t
la peau, quWe petite quantite de sang rose. Les
chairs sont plutol pales que rouges.
intestins et ^jes intestins presentent cä et lä des ecchymoses ;!nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; rate.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; x ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;, .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;• raquo; •
tanl a leur surrace exteneure que dans leurinteneur. Les intestins greles nerenfermentjaraais de sang. Les malieres alimentaires sont seulement rougies par un peu de mucus sanguinolent. Tessier qui a etudie cette maladie en grand dans laSologne, par ordre dugou-vernement, ne parle nullement des alterations de la rate, dans son instruction surles rneriaos. Flandrin
!
dit: laquo; La rate est plus volumineuse qu'elle ne 1'est ordinairemen!; e!le montre a sa surface jt surtout ä son Lord arrondi en dehors, des elevations vesicu-laires extmnerrent petites, pleines d'une liqueur epaisse et rougeätre; son parenchyme est plus epais qu'aTordinaire, et (Tun rouge moins fonce'. laquo; Je n'ai vu que quelques ecchymoses repandus cä et la dans Tepaisseur du tissu de la rate, dans tous les cadavres
i
-ocr page 221-
209
que pai eu occasion d'ouvrir. Les ganglions lympha-tiques du mesentere et de toutes les parties du corps, sont exempts d'alleration. Les reins sont a Tetat nor­mal ; la vessie renferme une petite quantite d'urine roussätre ou rougie par du sang.
Les cavites nasales sont obstruees par du mucus sanguiuolent. Les bronches renferment un mucus strie par du sang; les poumons sont parsemes de tres petites ecchymoses; le coeur offre parfois de petites laches brunes dans ses ventricules; le sang contenu dans les vaisseaux est en petite quantite, et forme un caillot retreci d'un rose clair.
Dans beaucoup de betes, le pericarde, la poi-trine, le peritoine, contiennent un liquide rougeä-tre, souvent aussi les chairs des parties declives sont infiltrees de serosite.
C. Nature et siege.
La maladie rouge offre done des differences frap­pantes avec la maladie de sang, dans ses signes pre-curseurs, son debut, sa marche, sa duree et les lesions qu'elle laisse sur les cadavres. Le seul point de resserablance qu'on puisse trouver entre Tune et l'autre affection, consiste dans Pecoulement parfois d'une urine sanguinolente pendant le cours
de la maladie, ou peu de temps avant la mort. Tou-
14
-ocr page 222-
^#9632;^
Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;A
210
tes les autres lesions cadaveriques ofFrent des dis­semblances frappantes. Te opinions de Tessier, qui le premier a decrit cette maladie, en 4770, dans les Memoires deVdcademie de me'decine, puis en quot;1782, dans son Traite sur plusieurs maladies des hestiaux, et enfin dans son Instruction sur les betes d laine, disait: laquo; Gelte maladie est-elle une af­fection particuliere ? doit-elle se rapporter au sang ou äla pourriture? ou bien est-elle une combinai-son des deux maladies ? Puis apres avoir compare les deux affections, il ajoute : laquo; Je suis cependant plus porte ä la rattacher ä la pourriture (1). Flandrin ne se prononce point sur la nature ni sur le siege de la maladie, mais, par la description qu'il en donne, on reconnait facilement une affection anhemique diffe-
Auleurs qni
raaMie'quot;8quot;''la rente ^e 'a maladie de sang. Thorel (2) ensuite, puis Lullin (3), Arthur-Joung (4), D'Arboval (5), ont parfaitement distingue ces deux maladies. Nous avons aussi insiste en 1839, sur cette distinction,
If i
n
i.i |
{^Tessier, — Inslruclioiisur les merinos; p. 263et264.
(2)nbsp;Tliorcl, — Cours d'agricullurede Rosier, 1796, art. mal rouge, l. VI, p. 380, ciNoiiveau Cours complel d'agriculture theorique et pratique, t. VIII, p. 138.
(3)nbsp; Lullin, — Observation sur les betes a laine; 167.
(4)nbsp;Aiibur Joung, — Voyage en France.
(5)nbsp;D'Ai boval, — Dictionnaire de ined. et de Chirurgie vet.; t. IV, p. 58,
^
Jl
-ocr page 223-
2H
dans un memoire sur les alterations essentielles du sang, que nous avons offert a TAcademie royale de medecine (1).
Les auteurs qui ont jele de la confusion sur la ma- en ^S,e^^
, ,.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^ ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i j- jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;dus la nature et
ladie rouge et la lualadie de sang, tant par las noms lesüge. qu'ils ont donnes indislinctement a l'une et a Tautre maladie, que par la description des symplömes, des lesions qu'ils en ont faite, sont : M. le docteur Guer-sent dans son Essai sur les epizooties, Desplas dans son article Maladie de sang, insere dans le Nonvean Cours d'agriculture. theorique et pratique, M. Hazard fils, dans sa Nosographie veterinaire, et surtout M, Dupuy, dans \e Journal pratique (2),
En effet, ces opinions et surtout celles de Desplas et de M. Huzard, publiees dans des ouvrages repan-dus parnai les agriculteurs, ont jete la plus grande confusion dans les idees vraies qu'on avait alors sur la maladie de sang.
La maladie rouge ou de Sologne, d'apres mes re-
-
DistinctiOD.
cherches, estdue ä une alteration du sang, dans la-quelle la matiere globuleuse ou colorante de ce li­quide est en petite quanlite dans les vaisseaux, et sa serosite abondantej sa nature est done toute diffe-
(1)nbsp;Recueil de med. vet.; 1839, p. 356.
(2)nbsp;Dupuy, — Journal de med. veter. pratique; t. II. p. 57, t. Ill, p.287.
1
-ocr page 224-
TS^^^-smm
212
rente de la maladie de sang de la Beauce, et de tous las pays de grande culture, puisque celle-ci est due a un exces de sang contenu dans les vaisseaux, et a la trop grande richesse des globules de ce fluide. Mim opinioo. Pour moi, si dans la maladie rouge, le sang s'e-chappe des vaisseaux, se mele aux urines, aux excre­ments, au mucus nasal, aux larmes meme, cette he-morrhagie est due ä la trop grande fluidite du sang, a son pen de plasticite, et ä la faiblesse des solides de tout Forganisme; tandis que dans le sang de rate de la Beauce, ainsi que j'ai cherche ä le prouver, le sang est en exces dans les vaisseaux, il est tres riche en globules, pauvre en eau, et s^chappe des plus
petits tubes vasculaires, en raison de sa trop grande
h
abondance. Cette comparaison serait deja süffi­sante pour faire sentir les caracteres maladifs op­poses des deux affections; mais les causes de la maladie rouge, ses moyens preservatifs et curatifs vont convaincre les plus incredules ä cat ögard.
Causes gdndrales.
Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Je consulterai ici particulierement les ouvrages de
Tessier et du professeur veterinaire Flandrin, qui, tousles deux,ont ete envoyesen Sologne par le gou-vernement, pour etudier les causes de la maladie rouge; je dirai aussi ce que j'ai vu.
[
'^
-ocr page 225-
213
Selon Flandria, les brebis, les beliers, ies moa-tons, les agneaux, sout egaleiuenl alleinls de la ma-ladie de Sologne; d'apres Tessier, eile exercerait. particulierement ses ravages sur les agneaux el sur les antenais. Elle attaque quelquefois la mere et Tagneau en meme temps, ou Tun ou Tautre sepa-rement.
Constitution du sol. — La Sologne, pays compris entre la Loire et le Cher, est presque perpetuelle-ment abreuvee d'eau. La surface du sol est sablon-neuse et le fond est argileux, ea sorte que la lerre reste constamment fraiche et humide. II n'y a peut-etre nulle part, en France, un aussi grand nombre dV;tangs que dans la Sologne.
Bergeries. — Les bergeries sont generalement humides, mal closes et sans litiere. Les betes a laine ysouffrentle froid pendant Fhiver; el les croupissenf en outre dans un furnier humide.
Regime d'hiver. — Au mois de novembre on forme, dans chaque metairie, deux troupeaux. Le premier est compose de brebis pleines et de jeunes femelles antenaises. Le second est forme d^agneaux nes au mois de mars precedent. Ces deux troupeaux, quelque temps qu'il fasse, excepte cependant par les neiges abondantes, sont conduits separement dans les champs. A la bergerie on leur distribue du chau-
-ocr page 226-
214
me, de la paille de seigle, des branches d'arbres avec leurs feuilles. Dans la Basse-Sologne qui touche le Berri, dans celles de Parrondissement de Romo-rantin, oü la culture a fait beaucoup de progres, les moutons sont cependantun peu raoins mal alimentes.
Certains proprietaires vont couper des genets ä balais, d'aulres elaguent les pins, les sapins, dont les plantations sont devenues nombreuses dans les terres steriles de la Sologne^ et distribuent de temps en temps de ces aliments aux troupeaux affames, qui les mangent volontiers.
Pendant les moins manvaises journees deliver le troupeau sort de la bergerie pour elre conduit dans les hautes bruyeres, les genelieres, le long des haies oü, assurement, il souffre la faim.
Les brebis qui ontfait agneau sont un peu mieux soignees. Les cultivateurs reservent les quelques herbes dessechees qu'ils possedent pour le moment de l'allaitement, mais ce n'est que tres rarement qu'on leur dislribue une ration de grain.
Regime du printemps. — Au mois d'avril, les fe-melles, ainsi que leurs agneaux, sont conduits dans quelques bons chaumes ou dans des palures qu'on leur a reservees, le reste du troupeau est mene sur les landes. L'babitude de traire les meres pour con-
A
-ocr page 227-
mm*
215
feclionner des fromages avec le lait, est rare aujour-cThui en Sologne.
Aumois de mai el dans la premiere quinzaine de juin, les moutons sont conduits aux puturages par des bergers, ou plutöt par des bergeres, des enfnnls, dans les endroits oü Fberbe tendre, fraiche et aqueuse, commence ä pousser. Les moutons appetent cette herbe, et s'en rassasient.
(Testa compter de fevrier, puisen mars, avril el mai, quela maladie rouge se declare et fait de nombreuses victimes, el plus, dit Thorel, lemois d'avril est plu-vieux, plus eile ravage les troupeaux. La morlalite qu'elle exerce, ajoule cet auteur recoinmjmdabie, est d'autant plus grande, que les päturages sont plus humides. Plus tot on fait naitre les agneaux, plus la maladie rouge en enleve. Dans ce cas, la saison n'etant pas encore assez avancee, les brebis ne trou-vent pas d'herbes aux champs, et ne peuvent four-nir assez de lait a leurs agneaux pour leur subsis-tance.
Or, les causes de la maladie rouge, comme on le voit, sont done tout ä fait de nature opposee a celles qui determinent la maladie de sang des trou­peaux de la Beauce.
Mauvaise habitation pendant I'hiver, respiration Resume des
causes.
d'un air charge d^umidite, nourriture insuffisanle
-ocr page 228-
#9632;VH
W
216
el peu nutritive, usage de plantes vertes et aqueuses au printemps, telles sont les conditions qui deter-sontled!ebmlwm- minent tout le mal. Or, je le demande, ces causes ne sont-elles pas debilitantes ? Ne doivent-elles pas ten-dre ä appauvrir le fluide nourricier et contribuer a sa sortie des vaisseaux, en raison de sa trop grande fluidite ? Ne doivent-elles pas aussi rendreles organes mous, faibles et frappes d^tonie ? La .nature de la maladie, son siege, s'accordent done avec les causes qui les suscitent, et cela est tellement vrai et d'accord avec Pobservation que lä oü la culture est amelioree, et oü on nourrit mieux les troupeaux, comme dans le val de la Loire, le voisinage du Berri, I'arrondis-semenl de Romorantin, la maladie rouge est plus rare; et que lä aussi, oü les cultivateurs donnent du genet, des feuilles de pins, de sapins, du genievre, du sei, ä leurs troupeaux, pour tonifier, stimuler les organes, la maladie fait beaucoup moins de victimes. lie'yime cfe'te. — Apres la recolte des seigles, des avoines, les troupeaux sont conduits dans les chau-mes; les plantes maintenues fraiches jusqu'a ce mo­ment par les cereales, sont abondantes etsucculentes, et les moutons en mangeraient au point d'en perir, si on les y laissait se rassasier; mais on a le soin de ne les faire paturer que pendant une demi-heure ou une heure les premiers jours. Dans ce moment la
-ocr page 229-
#9632;^
#9632;
2n
maladie rouge perd de sa violence et ne fait plus de maIadjees victimes. laquo; Get assertion est fondee sur one longue l^J™^
f ' j culenls.
experience, dit Flandrin, eile m'a ete confirmee de toutes parts dans la Sologne. raquo; Ainsi done, c^st la saison des chaumes, des päturages succulents, qui arrete la maladie rouge dans la Sologne, tandis que le contraire se remarque dans la Beauce. — Cepen-dant je dois m'empresser de dire que dans les par­ties du val de la Loire bien cultivees, dans quel-ques bonnes regions de la Sologne, la maladie de sang se declare quelquefois pendant les annees de seche-resse, alors, seulement, que les troupeaux sont conduits dans des chaumes pourvus de beaucoup de bonnes plantes nourrissantes, et lorsque surtout les bergers conduisent, sans discernement, dans ces pacages. Dans cette circonstance la transition su-bite d'un regime pauvre ä un regime abondant et succulent, donne rapidement un exces de sang au-quel Torganisation n'est point, en quelque sorte, accoutumee, et les animaux meurent de la veritable maladie de sang, due ä Texces de ce liquide; et e'est sans doute cette observation qui a fait dire ä Tessier, que la maladie rouge, affection que cet agriculteur a confondue dans cette saison de Pannee avec la mala­die de sang,etait dans toute sa force au mois de juin et au mois de juillet.
I
-ocr page 230-
Regime.
218
d'automne. — Pendant Pautomne les troupeaux continuant de palurer alternativement sur les chaumes et les landes, trouvent une nourri-ture assez abondante et assez suceulente pour arreter loute mortalite. Le mois de septembre, la premiere quinzaine d'octobre, sont les temps oü les moutons se portent le mieux en Sologne, et oü ils prennent un certain embonpoint.
Moyens preservatifs.
La nature dn sol de la Sologne, son etal inculte, on tres difficilement cultivable, Timpossibilite de se procurer de bons aliments, la misere des petits fer-miers on metayers, leur incurie, Tabsence de bons bergers, le pen de valeur des moutons dans beau-coup de parties de ce sterile pays, sont des obstacles si grands et si difficiles ä surmonter que je me crois oblige ä declarer quonne peut, qu'on ne doit point chercher ä prevenircompletement la maladie rouge, mais seulement aviser aux moyens d'en diminuer les ravages annuels. Voici done les conseils que je crois utile de donneraux cultivateurs.
1quot; On chercbera a se procurer le plus possible de fourrages sees, de branches d'arbres garnies de leurs feuilles. Si ces aliments sont de mauvaise qualite, on les aspergera d'eau salee.
-ocr page 231-
2^9
On fera consommer la provision de fourrage de maniere ä ne point laisser les betes soufirir la faim en fevrier, mars et avril.
Les branches de pins, de sapins, dont les feuilles sont pourvues d'une matiere resineuse tonique et excitante, les tiges, les feuilles de genet, de genie-vre, sont tres utiles aux tronpeaux. On en donnera une ration deux fois par semaine.
2deg; On cherchera ä clore les bergeries le mieux pos- Bergeries, sible, poureviter le froid et Thumidite. On pratiqueranbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; lt;
des jours aux toils, pour faciliter la sortie des ema­nations dues ä rencombrement des animaux.
3* On recoltera des chaumes, des feuilles, des her-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
bes seches, pour eviter le coucher sur le furnier.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;/
4deg; Au printemps, on ne sortira point, autant que Paturages. faire se pourra, les troupeaux aux champs, avant la chute de la rosee, et on les rentrera a la bergerie, une heure au moins avant la chute du jour.
5 On evi tera surtout les päturages humides et les brouillards du printemps.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; (
6deg; On ne traira point les meres lorsqu'elles allaitent les agneaux.
7deg; On evitera le passage brusque des aliments passage bms-
qued'un regime
aqueux et pen nourrissants du printemps, ä Fabon- #9632; ™ aulre '*-dance des plantes succulentes qui vegetent dans les chaumes.
#9632;;•
t i
-ocr page 232-
Mr
220
La saien^e, les remfedes rafraichissants, sont ce-SSsTbies!88quot;111* neralement nuisibles. Ces moyens ne peuvent etre utiles qu^au moment oü les moutons font trop de sang. Enfin, on cherchera ä louer de bons bergers, et toujours on fera bien de ne jamais confier le trou-peau ä des enfants.
Moyens curatifs.
On ne doit tenter la guerison des animanx qu'autant que la maladie ne fail que commencer; plus tard eile est difficile a combattre et reclame des soins et des depenses que les proprietaires ne peuvent point faire pour leurs moutons.
L'eau de vie camphree, unie au vin de quinquina, a tres bien reussi au professeur veterinaire Flandrin, dans le debut et meme l'etat de la maladie. Toniques ai- #9632;'-'es decoctions concentiees de plaotes aromati-
tringenls
ques, telles que celles de sauge, de thy in, de serpolet, d'ecorce d'orme, d'ecorce de ebene, de seconde ecorce de sureau, a la dose d^un a deux verres par jour, a chaque bete, et dans lesquelles on ajoute un peu de vin ou d'eau de vie; sont des remedes peu couteux, qu'oo pent se procurer partout, et qui sont forts utiles.
\\
-ocr page 233-
^#9632;Pquot;
221
.#9632;#9632; #9632; '#9632;
BIBLIOGRAPHIE.
#9632; #9632; #9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;C
1776. Tkssier, — Memoires de la faculte de m6decme; 1776, p. 335.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i
1782. Tessiek, — Memoire sur plnsieurs maladies des bestiaux. 1790. Flawdhin, —Instructions velerinaires; 4' edit., t.V, p. 328. 1796. Thokkl, — Cours complet d'agricullure de Rosier; art. Mai. rouge, t. VI, p. 380. — Arthur Young, — Voyage en France, art. Maladte de Sologne, 1804. I.uixin, — Observations sur les bfites quot;a laine; p. 167. 1810. Tessier, — Instruction sur les merinos; p. 260. 1815. Gdersent, — Essai sur les epizooties; p. 80. 1820. Uuzard Pils, — Esquisse de nosographie veteriaaire; p. 317.
1823. Oesplas, — Nouveau cours complet d'agrlculture; t. XIII, p. 396, art. Maladie de sang.
1839. Delafond. —Memoire sur les alterations essentielles da sang des animaux domestiques. Recueil de medecine veterinalre; t. XVI, p. 345.
1839. D'Arboval , — Dictionnaire de medecine et de Chirurgie vetamp;-rinairejaquot; 6dU., t. IV, p. 58.
-ocr page 234-
n
232
m
TABLE DES HATIERES.
page CHAPITRE PREMIER.
Description de la maladie de sang..............nbsp; nbsp; nbsp; 1
Lieus oil la maladie a 6te 6tudiee.............nbsp; nbsp; nbsp; 4
Race, qualites des bates ä laine en Beauce........nbsp; nbsp; nbsp; 5
/lt;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Nombre de bßics ä laine dans les arrondissements d'Orleans
et de Pilbiviers...................nbsp; nbsp; nbsp; 6
Bites que la maladie attaque plus particulierement....nbsp; nbsp; nbsp; 7
]• Mortalite pour I'annee 1842 . . . . ,..........nbsp; nbsp; nbsp; 8
Synonymie et description de la maladie.........nbsp; nbsp; nbsp; 9
Signes avant-coureurs................. .nbsp; nbsp; nbsp;10
' Circonstances qui en exasperent la marche........nbsp; nbsp; nbsp;12
i! Signes mortels, duree et terminaison.........:.inbsp; nbsp;12
Lesions laissees par la maladie sur les cadavres ......nbsp; nbsp; 13
Resume des alterations cadavcriques...........nbsp; nbsp; 24
Nature et siege de la maladie..............nbsp; nbsp; 26
CHAPITRE U.
Causes de la maladie...................nbsp; nbsp; 29
Situation topograpbique do la Beauce orleanaise......nbsp; nbsp; nbsp;30
Constitution geologique de son sol............nbsp; nbsp; nbsp;33
Hygiene des Mtes a laine pendant 1'hivernage......nbsp; nbsp; nbsp;41
jjf R6gime alimentaire, abus des aliments sees et succulents,nbsp; nbsp; nbsp;42
analyse de ces aliments................nbsp; nbsp; 47
Inconvenlents et fails demontrant qu'ils occasionnent la ma­ladie de sang....................nbsp; nbsp; nbsp;52
Stabulation, bergeries, leur constitution, leur insalubrite,
inconvenlents....................nbsp; nbsp; nbsp;68
Regime du printemps et de l'ete.............nbsp; nbsp; nbsp;69
Tonte des troupeaux . .................nbsp; nbsp; nbsp;72
Päturages sur les cbaumes...............nbsp; nbsp; nbsp;73
Parcage , insolation , inconvenients...........nbsp; nbsp; nbsp;77
ki Boissons pendant I'ete, usage de l'eau sal6e, inconvenients .nbsp; nbsp; nbsp;79
Hygiene de 1'automne.................nbsp; nbsp; nbsp;83
||nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Instruction des cultivateurs et des bergers sur l'bygiene des
Mtes ä laine ; avantages que les bergers retirent de la
mortalite; inconvenients...............nbsp; nbsp; nbsp;83
CHAPITRE III.
Moyens curatifs et preservatifs de la maladie de sang.....•
Moyens curatifs....................nbsp; nbsp; nbsp;S9
Moyens preservatifs..................nbsp; nbsp; nbsp;90
Conditions ä remplir par les cultivateurs pour prevenir la
maladie.......................nbsp; nbsp; nbsp;92
Modilicationsäapporter dans le regime d'hiver......nbsp; nbsp; 93
Culture dlaquo; la betterave; soa emploi;ses avantages . . . .jnbsp; nbsp;94
-ocr page 235-
mm
^^
223
page
Culture et emploi de la pomme de terre; avantages . ...nbsp; nbsp; nbsp;99
Diminution dans la ration des aliments ordinaires.....nbsp; nbsp;102
Moyens preservatifs applicables au regime da printemps . .nbsp; nbsp;107
Moyens preservatifs ä employ er pendant les cbaleurs de rete.nbsp; nbsp;110
Tonte..........................nbsp; nbsp;110
Parcagc........................nbsp; nbsp;Ill
Boissons des animaux..................nbsp; nbsp;113
Fäturages des chaumes apräs la moisson..........nbsp; nbsp;115
Fäturages particuliers pour rafralcliir les troupeaux pendant
les cUaleurs et apres la moisson.............nbsp; nbsp;117
Soins ä prendre pendant la pamp;turage d'automne......nbsp; nbsp;119
Cequ'il conviendrait de faire ä l'egard des bergers.....nbsp; nbsp;120
Sloyens preservatifs ä meltre en pratique lorsque la maladie
sevit vidlemment daas un troupeau . . . . lt;.....nbsp; nbsp;122
:Saignees.......................nbsp; nbsp;123
Diete.........................nbsp; nbsp;124
Emigration......................nbsp; nbsp;124
fails constatant les bons resultats de l'emigralion.....nbsp; nbsp;125
BiMiographie de la maladie de sang...........nbsp; nbsp;137
CHAPITREIV.
Tifevre eharbonneuse des bfttes ä laine comparee avec la maladie
de sang. .........................nbsp; nbsp;139
Causes de cette maladie; emanations putrides.......nbsp; nbsp;139
Emanations dues aux engrais dans les terres de la Beauce;
opinions ; refutation.................nbsp; nbsp;142
Eäux vaseuses et croupies................nbsp; nbsp;145
Insalubrite des .bergeries................nbsp; nbsp;147
raquo;Contagion des troupeaux malades aux troupeaux sains . .nbsp; nbsp;148
'Contagion aux houimes..................nbsp; 150
•nbsp;Syinptöroes de la fievre eharbonneuse..........nbsp; nbsp;151
•nbsp;Lftsions cadaveriques..................nbsp; nbsp;154
-Aai'vure etsifege de la maladie compares avec la maladie de
: ang..........................nbsp; nbsp;155
JWoj 'ens preservatifs a mettre en pratique lorsque la maladie
t 'stdeclaree dans un troupeau............nbsp; nbsp;156
Moy, ins curatifs....................nbsp; nbsp;159
Bibli ographiedelaflevrecbarbonneuse..........nbsp; nbsp;161
CHAPITRE V.
De l'empo isonnement des bfetes a laine pariesplantesv6neneuses
compare quot;a la maladie de sang.........#9632;.....nbsp; nbsp;163
A.nbsp; Pia mtes qui occasionnent l'empoisonnement des trou-
pe aux au printemps................nbsp; nbsp;164
Rlaquo;n( incules.....................nbsp; nbsp;164
Adon ides......................nbsp; nbsp;170
Daii|i hinelles....................nbsp; nbsp;J™
Anen tones pulsatilles.................nbsp; nbsp;174
Eupli, )rbes......................nbsp; nbsp;1'*
Aconi ts.......................nbsp; nbsp;j™
Bourg ;eons de chßne, de fröne............ .nbsp; nbsp;17b
B.nbsp; Plant esqui occasionnent l'empoisonnement pendant l'etenbsp; nbsp;177 Plante s citees par M. de Gasparin; ivraie; potenülles;
•rob laquo;nclraquo;es;adonidesi refutalioa . . . . . . ... •nbsp; nbsp;177
-ocr page 236-
m quot;'
^p^^quot;
f
#9632;
1^ '•#
234
#9632; #9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; page C. Piantesqui determinentl'empoisonnementpendantrau-
tomne..................•. . . ,nbsp; nbsp;181
Plantlaquo; qui suscitm rempoisonnement pendant I'hivcr .nbsp; nbsp;181
Foiirrages rouilles par les champignons veneneux. . . .nbsp; nbsp;182
1deg; üredo des cereales.................nbsp; nbsp;182
2deg; üredo-carbo;charbondes graminöes. . .......nbsp; nbsp;183
3deg; Puccinie......................nbsp; nbsp;183
4deg; Puccinie des graminees.............. .nbsp; nbsp;184
5deg; Puccinie des trefles................nbsp; nbsp;18*
6deg; Fourrages moisis par le mucor mucedo........nbsp; nbsp;185
7deg; Founages vases...................nbsp; nbsp;187
8deg; Vegetaux icres et astringents............nbsp; nbsp;187
Symptömes conimunsdes empoisonnements........nbsp; nbsp;189
SymptOmesparüculiersaux renonculi-s, adonides, dauphi-
nelles, aconits et bourgeons de chöne.........nbsp; nbsp;191.
Aux champignons ivcneneux...............:nbsp; 192
Alleralions cadaveriques gfenerales...........:nbsp; 1SJ
Alterations cadaveriques parliculiferes aux renoncules; adonides; dauphinelles; aux pousses de gen6t; aux cham­pignons vönönfinx ...............,. : . .nbsp; nbsp;194
Mojons preseivalifs pourles plantes ven^neuses. . -r.-. .nbsp; nbsp;19G Moyciidc: romediora Talteration des fourragesparle-'i cham­pignons v^nfneux.. . '.................nbsp; nbsp;197
Founages nioisis (H fourrages vases......-.....nbsp; nbsp;198
Moyens curaiifs conlre I'empoisonnement paries renon­cules, les adonides, les dauphinelles, les aconits, etc..: 199
Bourgeons de clifine, de fr6ne.......v........nbsp; nbsp;201
ChampignonsjVeneneux..........'•. ...-..'. .nbsp; nbsp;201
Bibliographie de rempoisonnement. . ..........nbsp; nbsp;202
CHAPITRE VI.
De la maladie rouge comparee a la maladie de sang. . . . ... 205
Opinions sur cette maladie..............;.nbsp; nbsp;205
Symptömes................. .lt;. . .r .nbsp; nbsp;206
Lesions morbides....................nbsp; nbsp;208
Nature et siege..................: .nbsp; nbsp;209
Auteurs qui ont distingue et confondu la maladie rouge a rec
la maladie de sang................i. .nbsp; nbsp;210
Elle est de nature opposes a la maladie de sang d e la
Beauce....................i. .nbsp; nbsp;211
Causes generales.................. : . •nbsp; nbsp;212
Constitution du sol; bergeries; regime d'hiver . . . . t : .nbsp; nbsp;213
R6giniedu printemps................f. #9632;nbsp; nbsp;214
Regime d'cte......................nbsp; nbsp;216
Regime d'aulomne................i . .nbsp; nbsp;218
Moyens presorvatifs...............[• • •nbsp; nbsp;218
Moyens curatifs.................,-. • •nbsp; nbsp;220
Bibliographic dn la maladie de sang........r. . .nbsp; nbsp;221
Table des matieres............... . c. . .nbsp; nbsp;222
Paris. - Imp. de Fßux LocQUiH, rue Nolre-Dame des Viet' jires, 16.
a
.
A
-ocr page 237-
#9632;*-,#9632;:
-ocr page 238-
-ocr page 239-
#9632;lt;quot;:#9632;; \J rf
tm WjWBWwsFRraquo;*^
iwlPW
#9632;
-ocr page 240-
'#9632;•lquot;-'.'—,. '...JJf.*,.raquo;#9632;!
mp?
:^^i^Hi#4f#^|gt;ct^4^tgt;4^4sect;#laquo;
sfyi
• OÜVBAfiES DES PßöPESSECRS DK LlCÖLE D'ALFÖBT
Qai se trouvent ea veate cfaez Ei ABE . Xiibrafre, place do I'Enole
3e IKödecinlaquo;, n6 4raquo; • raquo;EtapOMD;, professeur ä l'icole d'Alfört,—• TRAITß SÜB LA POLICE SAISmiRE DJiS -ANIMAUX DOMESTIQUES , ouvrag? cojnprenanl: L'Histoirc, lns;causes gönirales, les distinctions, la contagion du typlius du grosjMtiul, des maladies charbonneuses, de la piripneumnnie et de i'anginc gangr^neuses; de la morve, du farcin, de la r^e, du pietiiii dlaquo;gt;s maiudies aphtrieu8es,.dc!agale, deladjsenterie, etc.; etc. La .contagion et ia non contagion de ccs maladies k l'esptce humaine. Leslois, les arrtts, les ordon-nanccsapplicablesiccsmaladiBs. Lesmesurespröservatricesetexlirpatrices ä faire egt;(Scutcr. Les usages que Ton peut lirer des produits cadavöriques, Onenombröüse' friede rapports aux auioritfe. Ouvrage ufile aun vetft-inai-res.etäux autoritfesciviles et militaires, etc, i foitYsJU-m-S. d838. 9 fr.
DEJ'AFOBrD. — TRAITfi DE PATHOLOGIE ET DE THßRAPEBTIQUE tiENERALE VETfiRINAIRES. Iquot; parlie, Pathologie g^iiörale. 1 vol. Wi-8 1838.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5 fr.
^•'parlie, Thärapeutique gtnörale. 1 vol. t843.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;6 fr.
DELAFONOet LASSAIGNF., professeurs ü Tgtole Tilfeiinairc d'Äl-ftrt. — THAITß DE L'HISTOIKS NATÖRELLE ET MfiDICALE DES $CBSTANCES OSITfiES DANS LA MfiDECINE DES ANIMAOX DO­MESTIQUES, suivi d'un IraiW 61amp;nenUlre de PHARMACIE VfiTfiRI-NA^Bfi, THfiORIQÜR ET PRATIQUE. 1 fort vol. in-8. avec des planches intercaltes dans 1laquo; texte. Paris, 1841.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.-. 8 fr.
GALISSET, Avocat aux conseilsdu roi et k la Cour de cassation; et J. MIGWOWrvet6rinaire,ex-clierde service de Physiiiue, rhirnie et d'ana-toniie ä l'öcole royale d'Alfort, etc., etc. NOUVEAü TRAlTfi DES VICES RfiDHIBITOIRES ET DE LA GARANTIE DANS LES VENTES ET fiCHANGES D'ANIMAUX DOMESTIQUES, Oü JURISPRUDENCE Vß-TfiRINAIRE, d'aprte la loi du 20 mai 1838, contenanl : la iögislalion surges vices redhibitoires et la description de(laquo;s vices; cells qui con-cerfleles venles^d'animaux alteihls de maladies contagieusos, suivie lt;ies rfegles el formes judiciaires k observer par les parties en contestation, et terminöe par des igodiles de requfites, d'ordonnances, d'assignatUAi, de proees-verbauxj, ijc rapports, etc. raquo;fort volume iii-8. Paris, 1842.'! 6 fr:
REKADIiT, direcleur de r£cole d'Alfort, professeur de cliniqtiie et de medecine operatoire. — TRAITß DU JAVART CÄRTILAGINEÜX. 1 vol. in-8., ßg. 1831.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; V 3 fr. 50 c
— GANGRENE TRAUMATIQUE, mfcnoires et observationscllniques sur uiie de ses causes les plus l'rtquentes dans les animaux Ooraestiques, iri-8. 18i0.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2 amp;. 50 c.
hIGOT, professeur d'analomie et de physiologic ä l'Ecole royale v6t6ri-nalre d^Alfort, etc.—TRAITfi COMPLET DE L'ANATOMIE DES ANI­MAUX DOMESTIQUES, divisö en 6 parties formanl 2 forts volumes in-8. Leiquot;volumecontient la SQüELETTOLOGlE, la SYNDESMOLOGIE,
eliaMYOLOGlE;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '
Le 2quot; volumevconüendra la. SPLANCHNOLOGIE propretnent dite, l'AN-
GfilOLOGIEetlaNßVHt^ÖGIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; quot;quot;laquo;laquo;•=#9632; P 1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;-
Les Irbis premieres livraisons; contenanl la Syndesmohgie'ou deieription
da articulations, la Sqaelettologie et la Myologie out paru. * Les ^ux premieres livraisons se vendent 3 fr. 50 c chaeune. Les sonscrip- .
lt;09
ecopy;5
Ä
laquo;öl
raquo;'
z
z
X
t
ata
leuj
ms ne paieront les quatre aulres livraisons que 2 fr. 50 c. chaeune. ftfiteBSTS DE BOTANIQDE MßDICALE ET HYGlfiNIQöE ä Pusage des äfevesvÄöriDnires. 1831,1 vol. in:8,brochamp;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; quot;^fr.
Paris. — Impr- de Felix Locquin, rue N.-Ii. des. Vicloires, 16.
gt;lt;mtgt;$Hamp;cu$plt;u$p4mgt;lt;$ttamp;lt;sect;HP4$iifgt;lt;mblt;$i