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lSS.^RS,TE,T OUTRECHT
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SYMPTOMES
LESIONS ANATOMIQUES, CAUSES ET NATURE
DU
TYPHUS eONTAGIEUX
CONSIDERE DANS LES
DIFFERENTES ESPÄCES D'ANIMAUX DOMESTIQUES
PAR
J.-M. TVEHENKEL,
Mdilecin vetc'Thiairp,
Docfeut en medecinc, en Chirurgie et en accoucliemenls,
Prorrssoiirä l'Kcolede medrcineveterinaire äßruxelles,
Mcmbrecorrespondantderinstitutdesscieiictsdii Grand-DucIiedeLuxembourg,etc.
La oü los donndcs popitivps de i:i scienre font delaui, noosdevons plutöt avoue'r franchement notre Ignoranceque de rouloir la inas(|uer par
des raots plus ou moins sonores.
(Extrait des U^molres couronnes puMies par TAcadömie royale de medecinc de Belglque.)
BRUXELLES, L1BRAIRIE DE HENRI MANCEAÜX,
IMPRIMECft DE i'aCADKMIE ROTALE DE MEDECINE DE BELGIQirü, 8. Rue des Trui.--Telt's, 8 (Montagne de la Cour).
1870
.325
#9632;
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DU
TYPHUS CdNTAGIEüX EPIZOOTIQÜE
M. LE DOCTEUR WEHENKEL,
Professeur ü rEcole de medccine vcterinaire dp KHtat, etc.
La Ott les donnies de la science font defaut, noasdevons plutot avouer franchement tiofre ignorance que de vouioir la masquer par de5 mois plus ou moins sonores.
Memoire adresse ä TAcademie en riponse a la question suivante qu'elle avail mise au concoms pour 1809 :
laquo; Faire coimailre les symptömes, les emses, les lesions analomiques et la nature du typhus contagietui epizootique.considere dans les diirerentesespfecesd animaux qui sont susceptibles de contracter celle maladie. et exposer les caraettres dilKren-tiels des diverses autres alteetions typholdes aveo lesquelles eelle-ci pourralt elre confondue. gt;gt;
(line rat?ilaille d'encouragement en or. de la valeur de 600 francs, a el(3 döcernöe ä l'anteur.
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DU TYPHUS CONTAGIEUX ßPIZOOTIQUE
Lo typhus contagieux epizootique ou la peste bovine est une affection qui iva encore ete conslatee cTune maniere posi­tive que chcz les ruminants; les recherches nombreuses et minutieuses faites sur {quot;originc de cette malaclie, ont presque tonjours demontre que son apparition dans nos contrees a coincide avec lintrcduction de boeufs ctrangers, et que ce sonteeux-ci ou bien des betes venues en contact avec eux qui ont ete les premiers atteints de cette affection.
Au fur et ä niesure que les investigations se sont etgn-dues, on a reconnu la meme origine exotique dans un plus grand nombre de pays, de sorte que peu ä pen on est arrive ä ne plus considercr {quot;Europe entiere, ni les steppes de la Hongrie et de la Bessarabie, ni meme les sieppes de la Russie d'Europe, comme pouvant donner naissance au developpement primitif de cette affection.
sect; I. SYMPTOMES ET ÜSIOiVS NECROPSIQÜES.
Le typhus contagieux, eomme du reste tonte maladie generale, ne presente point de Symptome ni de lesion eadaverique pathognomoniques,c'est-ä-dire qui lui appar-tienne d'une maniere exclusive, mais il se caracterise par tm ensemble d'alterations anatotniques et fonctionnelles des
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4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TYPHUS C0MAG1EUX EP1ZOOTIQUE.
differentes muqueuses. L'apparitioa simultanee ou suc­cessive de ces troubles, appuyee parfois par des considera­tions deduitesdu mode de propagation de la maladie, nous permet de diagnostiquer la nature de cettc dcrniere. L!liis-toire de la peste bovine vient conflrtner une fois de plus i'axiönie que la maladie nest pas un elre qui est venu se greffer sur lindividu malade, mais quelle consiste en ua certain nombre de phenomenes vitaux, differents des actes normaux de l'organisme ä cause des modilicalions surve-mies dans les conditions qui determinent ces aeies cer-taines des causes d'un trouble morbide, apparlenant soit ä lindividu, soit au mondc exterieur, peuvent exercer une action predominante dans la production du trouble et donner a la maladie une physionomie d'ensemble toujours la meme, mais elles n'annihileront pas linQuence exercee par les autres circonstances intervenues dans la production du trouble : tantöt la predisposition interne remporte et fait qu'une seule et meine cause, un refroidissement, par exemple, produit des affections variees suivant les individus sur lesquels eile agit; tantöt, comme on le constate pour les maladies contagieuse5,c'est la cause venue de l'extgrieur dont Taction l'emporte sur l'influence de la predisposition interne et provoque, quel (jne soil Tindividu sur kquel eile agit, une maladie toujours essentiellcment la meine, un trouble ä physionomie generale invariable.
La peste bovine doit, pour rester eile, conserver dans l'ensemble de ses manifestations, certains caraetcres qui permettent de saisir toujours le meme type fondamenial d'alterations; cette identite dans les lesions essentielles nexelut pourlant pas des variations considerables quant a 1 intensite et l'amp;endue de ces manifestations, aussi bien que quant aux symptomes secondaires. Lcs predispositions
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DU TYPHüS CONTAGlEtX EPIZ0OT1QUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5
internes qui, sous linfluence du climat, des Saisons, des aliments, etc., etc., ont acquis une intensite et des carac-tcres speciaux, font que non-seulcment ä chaque nouvelle invasion dans une meme contree et ä chaque apparition dans des cöntrees diflerentes, mais encore ciiez chaque individu, une maladie, meme contagieuse, pent, tout en restant identique ä elle-mcme, quant aux lesions essen­tielles, revetir certains caracteres qui appartiennent en propre ä chaque invasion, ä chaque cas special. II suffit, pour se convaincre de ce fail, de jeter un coup deeil sur les descriptions du typhus contagieux que nous ont laissees entre autres Ramizzini (i) et Lancisi (2) en ilii, les. medecins de Paris (3), de Sauvages (4), etc., en llio et 1746, etc., ou d'avoir cu {quot;occasion dobserver un cer­tain nomhre des animaux atteints lors des dernieres inva­sions que cette affection a faites en Ängleterre,en Hollande, en Bclgique, etc.
En presence de cette variabilite dans certaines de ccs manifestations, 11 ne pent evidemment point entrer dans nos vues de tracer ici un tableau symptomatique s'appli-quant ä tous les cas, ni meme ä un cas particulicr de peste bovine; nous nous proposons seulcment de faire un expose cornplet des differentes manifestations materielles et fonctionnelles qui gcneralement se presentent dans le cours de cctlc maladie, et de les suivre dans leur develop-pement, sauf ä revenir plus tard sur la Constance, la coor­dination, et l'intensite de ces symptömes et lesions ne-cropsiques et sur la marehe et les lerminaisons de cette
(1)nbsp;ne contagiosa epidemia, 1711.
(2)nbsp;Dissertatio historica de bovilla peste, 1711.
(5! Regislre de la Faculte de mederine de Paris, 1745.
(4) Memoire sur la maladie des boeufs da rivaruis, 1746, Montpellier,
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6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1)U TYPHUS CONTACIEliX EPIZOOTIQUE.
maladie. Nous ferons suivre ccüe etude symptomatologic|uc dun coup d'oeil sur quelquos circonstanees qui influent sur la marclie et la gravite du typhus contagieux.
Afin d'atteindre ce but, nous ne pouvons nous res-treindre aux observations quo nous avons cu Toceasion de recueillir par nous-meme, inais nous devons avoir recours !~urtout aux difTercnts travaux publies dans ces derniers temps sur cette affeclion, tels que les cxcellcnlcs rnonogra-pliics de Gerlach et de Müller, les rapports de la commission anglaise, ebargce detudier le typhus contagieux, etc., tout en ne perdant pas de vue les documents que nous posse-dons sur les invasions anlerieurcs et qui sonlsi bien resumes dans Touvrage de M. le doeleur Paulet, intitule : Uecherches historiques et physiques sur les maladies epizootiques.
A. SYMPTOMES.
j4. etude des differekts symptomes ek pakticblieu. a) Formes ires-henirjnes dclapeste.
Les symptomes du typhus contagieux sont parfois pen caractcrisliques : quelques legeres manifestations febriles de tres-courleduree, un peu de fatigue, un peu de faiblesse, ont etc, dans certains cas, les seules manifestations anor­males qu'on ait pu saisir chcz certains boeufs des steppes. Ceux-ci pourtanl,pendant quils se trouvaient sous le coup de ce leger malaise, ont donne lieu a la transmission de la peste bovine et ont gagne eux-memes limmunite pour toutc nouvellc infection par le virus de cette maladie; ces manifestations morbides etaient done les symptomes du typhus contagieux.
Un simple ramollisscmenl des malieres cxcrementilielles,
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Du TYPHUS C0NTAG1EUX EPIZOOT1QIJE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 7
im peu de diarrhee peuvent egalemenl se präsenter comme l'unique manifestation de cette maladie. Dans d'autres cas il vient sejoindre a ces symptomes des phenomenes d'une reaction febrile legere, accompagnes dun exantheme culane complique ou non de troubles gastriques; ou bien un leger larmoiemenl, un peu d'anorexie, un peu dabat-tement, se declarant en meme temps que quelques symp­tomes de fievre, donneot un peu plus de precision au tableau symptomatique dont les contours peuvent devenir plus tranches encore par suite de lapparilion d'une diar­rhee plus ou moins intense et parfois de quelques eclats de toux.
Dans ces formes legeres du typhus contagieux, la dimi­nution de la secretion laiteuse se manifeste souvent deja, si toutefois laffcction se declare sur des vaches et pendant la periode de la lactation.
L'augmentaiion de la temperature interne du corps qui, dans les derniers temps, a ete signalee comme la premiere manifestation du trouble morbide, existe probablement aussi dans ces cas tres-benins de peste, mais a notre connais-sance, il n'a pas encore ete fait de rechcrches sur ce sujet,
Ce nest guere que sur les betes bovines des steppes que le typhus contagieux se presente parfois avec tant de benignite; la diminution et la disparition des differenls troubles morbides est, dans ces cas, la lerminaison ordi­naire de l'affection. Generalement les symptomes qui sur-viennent sont plus graves.
b) Formes plus graves de la peste bovine.
i . Augmentation de temperature. — Gamgce a, lors de la derniere invasion du typhus contagieux en Anglcterre, attire de nouvcau lattention sur laugmentation de lempe-
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8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DU TYPHUS COXTAGIEUX EP1ZOOTIQUE.
rature inlerne dont l'existcncc ilans Ic cours de la jjeste bo­vine, avail dejä ele coiistaleo par Tecole de Dorpat. Antc-rieurement encore (en UTA) Gityot avaic Signale laugmen-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;/
tation de la temperature dans le rectum comnie une des premieres manifestations de celte affection (i).
Gelte augmentation de temperature, phenomene initial de raffection, dont ia consialalion precise necessite iemploi du thermometre, a ete eludiee sons le rapport clinique, cnlre autres par Gerlacli et le docteur Sanderson (2). Elle apparail ordinairement deux jours avanl ics premieres alte­rations des muqueuses; et tandis qu'en general eile va en augmcntanl du malin au soir, eile diminue du soir au malin; les oscillations journalieres variant ordinairement de 0,1 ä 1,0deg; centigrade. Examinee dans le rectum.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;A
cette augmentation pent atlcindre de i0 h 2deg; centigrades; eile s'accroit rapidement et attcinl son maximum parl'ois dejä vingl-quatre lieures, plus souvent deux ä trois jours seulement apres son debut; clle se mainiient au memc degre pendant un a trois jours, decroit ensuite [meme dans les cas mortelsj plus ou moins rapidement jusqu'a la hau­teur normale et meme, dans certains cas, eile descend en dessous de celle-ci. Le thermometre introdurt dans le rectum accuse generalemenl le matin une temperature moindre que le soir.
L/etude de ces variations de temperature n'a pas seule­ment une valeur scienlifique, mais encore une gramie im­portance pratique; outre qu'cllc nous permel de recon-nailre un a deux jours plus tot linvasion dc la maladie ehez les animaux suspects, ellc nous met ä meme de pour-
(1)nbsp;Voir liecherches histon'ques el physiques sur les maladies contagieuses par I'aulet, vol. II, p. 129.
(2)nbsp;Voir We Rinderpest, par Gerlach, p. 5 et Thind rapport of the Com­missioners appointed te raquire into the origine, etc. London 1866, p. 5.
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DU TYPHUS CONTAGIEUX EPI200TIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;9
suivre avec plus de precision la marche de raffection : c'est ainsi que, d'apres les reclierches de Sanrferson,raugmerita-/nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; tion de temperature cliez les animaux qui guerirent, elait
[)ius considerable et surtout plus evidente pentlant les quairieme et cinquieme jours; la diminution survenait du sixieme au septieme et marchait plus lentemcnl que cliez les animaux qui succombaient.
Geiiack a observe que si la temperature du soir etait egnlc ou meine inferieure ä eelle du matin, ou que la tem­perature du corps lombait rapidement en dessous de la normale, il fallait s'attendre ä voir la maladie se terminer dune maniere fatale.
2. Secretion laiteuse. — Cette augmentation cle la tem­perature dont, h moins d'une observation speciale, le mo­
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ment d'apparition ecbappe ordinairement, cst chcz les vaches laiticres suivie de pres d'une diminution plus ou moins notable de la secretion laiteuse.
Cc dernier symptome a deja ete signale en 1774, comme appartenant au debut de la maladie, par Doazan, premier syndic du college des medecins de Bordeaux (i).
Bruckmüller, professeur a l'Ecole de Vienne, a dans les dernieres annecs, appele de nouveau I'attention sur cetle diminution de secretion en faisanl remarquer qu'clle pre­cede ordinairement de vingt-quatre a trente-six lieures l'apparition des aulrcs troubles morbides, Taugmentation de la temperature du corps exceptee.
Cette diminution de la secretion laiteuse a done dejä ete signalee dans les epizootics anterieurcs, comme il resulte, par oxemple, des ecrits de Paulet (2) et du rapport de
(1)nbsp;Padlet. Vol. II. p.m.
(2)nbsp;Voii' nechcrches liistoriqxics et physiques, eic. vol. II. p. 46. 4quot;. 1-26, tpizootie de 1774.
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10nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TYPHUS COKTAGIEÜX EP1Z00T1QÜE.
Von Koch siir le typhus conlagieux en Moravic pcndanl les annees 1833 et iSoi (t); mais c'est Bruckmüller qui a surlout appuye sur la precocite de ce Symptome. Au fur et ä mesure que la raaladie progresse, la diminution de cette secretion devient de plus en plus prononcee, mais le laris-sement complet ne survient en general que vers la der-niere periode de l'affection.
Dans certaines epizootics telles que celle de #9632;1774, on a constate que dejä vers le quatrieme jour de la maladie, le lait, ä sa sortie des tetines, elait transforme en un liquide roussätre et acre; le pis de meme que les trayons ctaient flasques et rides vers cette epoque.
Üoazan (2) a observe que le lait des vaches alteintes du typhus contagieux epizootique est moins bianc que le lait dos betes saines, qu'il a un goüt sale, legerement amer et que, mis sur le feu, il ne leve pas comme le lait sain, mais se decompose en grumeaux. Ekel, ancien directeur de TEcole veterinaire de Vienne, nous rapporte que iors de 1 epizootic de peste bovine qui a regne en Autriche pen­dant les annees 1849-1831, il a pu constater que le lait provenant des betes atteintes etait plus aqueux qua dans les conditions normales.
Le docleur Marcet a reconnu que la pesanteur speci-fique du lail provenant des betes atteintes du typhus con­tagieux, avait diminue, que la quantite de matiere grasse y avait augmentc, que la quanlite de sels y avail legerement diminue et que celle de la caseine etait restec ä peu pres normale (3).
Ces modifications, qualitatives du lait dans la peste
(0 Voir rierleljahrestehrift. f. WUunseh Thierheilk., vol. V, p. 13. Vienoe. (ä) Pauiet. Recherclies historujues et physiques, etc., vol. II, p. 129. (s) Third report of the Commissioners, eic, 18G6, p, 64.
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bovine, quoique non signalees dans toutes les observation1; relatees, nous paraissenl pourlant pouvoir etre milement mentionnees. En efiet, le typhus conlagieux se manifeste, comme nous le constaterons tantöt, par des alterations des membranes tegumentaires (muqueuses et peau) el de leurs glandes, La membrane qui lapisse les canaux et eaviles des glandes mammaires est une membrane presentant la structure des muqueuses, et en outre, la glande mam-maire sous le rapport de ses fonctions et de sa structure, a une grande ressemManec avcc une glande sebacee enor-mement developpee. Or, {'alteration fonclionneile des glandes sebacees dans le cours de la peste bovine, ayant ete constatee, nons croyons pouvoir admettre, en nous basanl sur ces deux analogies, que les faits rapportes par Doazan, Ekel ot INlarcet doivent reellement etre consideres comme une des nombreuses manifestations de l'action du virus de la peste bovine'.
.ö. Appareil nerveux. — L'augmentation de la tempe­rature du corps, la diminution de la secretion laiteuse et l'alteration qualitative du lait, sont pendant vingt-quatre ä trente-six heures, les seules manifestations du trouble morbide. Au boul de ce laps de temps surviennent parfois des frissons assez intenses, des tremblements, des con-traciures musculaires passageres, variables d'etendue, d'in-lensile et de siege (le cou, la face, les membres, etc.); les . animaux deviennent inquiets, tres-irritabies (l), secouent assez forlement la tete, cbangent continuellemcnt de place, bäillcnl frequemment; assez souvent la sensibiiite est exa-geree, et, dans des cas rares, le debut de l'aflection est marquee par du delire. Dans ccs derniers cas, les animaux ä l'etable donnent des coups de cornes, des coups de pied (i) f^ierMJahresschrift, f. w. Tlderheilk., vol. 11, p. 90, V. Koch.
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12nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ni] TYPHUS C0NTAG1EDX EPIZOOTiaUE.
dans lout cc qu'ils peuvfent aiteindre, cl ne se laissent ap-procher par personne: s'ils sont au paturage, ils se livrenl ä des courses efifrenees. A ces momenis de surexciiation suc-cedent des moments de calmeet meme de torpeur; les ani-inaux regardent devanl eux avec fixite et sans discerne-ment; parfois ils tombent eomine unc masse inerte (t). Apres avoir presente pendant uu certain temps ces signes d'affaissement, les manifestations dedelire peuvent survenir de nouveau ct ces alternatives peuvent se rcpetcr jusqu'a ce que le coma devienne permanent.
Assez souvent les animaux montrcnt, des le debut de laffection, outre les trcmbiemenls et les contractures, une grande nonchalance, beaucoup de lassitude, uu assoupis-scment, une lorpeur considerables.
Ordinairement linvasion des premiers symptömcs du typhus comagicux epizoolique ne se fait pas d'une maniere aussi brusque ni aussi violente. L'apalhie, latonie el Tas-tbenie surviennent lentemenl, progressivement; vingt-([uatre a quarante-huit Iicures apres la diminution de la secretion laiteusc, on squot;apcrcoil que les animaux sont tristes, abaltus et insouciants, qu'ils ne se deplacenl qu'avec dii'li-ctdte ct nonchalance, ne suivent qu'a peine le troupeau : jls tiennent la tete basso ct les oreillcs legercment pendantes ; ils sont souvent couches ct ne se levent que difficikment; ils reagissent en general moins contre les excitants exte-rieurs, tels que coups, piqurcs, etc.; parfois pourtant la sensibilite est cxageree dans ccrlaines regions du corps,
(I) Cas observe ä Nikotsdoi'f, comilg de Wietelburg (llongrie), par les mem-hresdu deiixifemeCongrts inleroalional de mMecinc vetörinaire et rapport^ par A dim. (Voir dans la Wochenschrift f. ThierUeilh., etc.. 1865, p. 337.)
Roll (Voir Talhol. der Hausthiere, 1867, p. 545); Lancisi (1711) et de Sadvages (1745). (VoiriJccfterc/tes historiques et physiques sur les ephoolies. par Paoi.et. Vol. I, p. 175.) Paulet {Recherches historiques et physiques. vol. II, p. 126 et 127.)
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DU TYPHUS COIS'TAGIEUX EP1Z00TIQUE.
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telles que le rein (d), le venire et les os du genou (2), 1c train de derriere 011 meme sur tout le corps (3). Les ani-maux parfois ressentent de legeres coliques, qu'ils denotent ease frappant le ventre du pied eten se regardant frequem-ment le flaue (i). Cette sensibilite exagcree, qui peut etre un des caracteres les plus eonstants de l'affection pendant certaincs epizooties (1774), cesse ordinairement du troi-sieme au einquieme jour, pour faire place ä une astbenic plus ou moins prononeee.
Pendant que ces modifications se produisent dans la sphere nerveuse, ii survient egalement des troubles fonc-tionnels de l'appareil eirculatoire. du respiratoire, du di­gestif et de l'urinaire, et en meme temps les alterations caracteristiques se devcloppent sur les teguments.
Coname il est impossible de separer les troubles se rap-portant ä la reaclion febrile de ceux qui sont dus aux alte­rations propres de la peste, nous allons considerer les manifestations morbides de ces appareils sans nous arreter ä cette distinction; nous aurons seulemenl soin de retran-cber, pour les etudier dans leur ensemble, les symptömes ayant pour siege les muqueuses apparentes et la peau, et de signaler, en traitant des troubles circulatoires, certaines manifestations febriles, se rapporlant plus ou moins direc-teinent ä la circulation ou h In nutrition.
(1) Un cas observe a Veeweyde (Voir .tnniks di med oiterinaire, 1865, p.59!). Piwsieurs cas obsurveä ä Uasselt en fuvrier IS67 ; nombreu^ caspen-dant les i5|iizooties de 174gt; (Voir Recherchen Hstpriqueset pfiy.iHfnes.eic., par Paclet, vol. I, p. 17G, d'apris de Sraquo;uvages) el de 1773 {Voir Prat., medeein, Gazetted'agrieullure du is Mvrier )~'5\
(?) Cas signals eulre antres par Doazax, doctenr en möilecine, dans son Memoire sur la matadie fpiiootique rerjnnnte en 1774. (Voir Recherrhcs l.isloriques etpkysiques, etc.,par Pu:iet, vol. II, p. l-M.i
(s) Fails constales par I.eclerc, de Sauvajes. en I74G, et Vice] d'.Vzyr. en 1774 (Voir Paolbt, vol. I, p. 180 et 124'.
(4) Plus;eurs caraquo; observes en 1SG7, ä Hassell.
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Unbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TYPHUS C0STAG1EÜX EPIZOOTIQUE.
4) Appareil circulatoire. — Au debut de l'affection, le nombre de pulsations souvent ne depasse que pen ou point la nombre normal; parfois ii seleve des le premier, le deuxieme ou le troisicme jour de raaladie jusqu'a 80 et meme, dans les cas graves, jusqu'ä iOO et plus par minute. A Tapparition des premiers troubles, la tension de l'artere est souvent normale, parfois meme un peu augmentee; d'autres fois eile est un peu moins forte qu'ä I'etat sairi ; bienlöt celte tension diminue. Tariere devient molle, faci-lement depressible; Vonde sanguine en meme temps de vient petite et faible, souvent peu ou point sensible; les battements du cceur, a peu pres normaux au commencement de la maladie, perdent de leur energie et souvent devien-nent imperceptibles. Chez un meme individu les pulsa­tions, de meme que le choc du coeur, peuvent etre tantot peu, tantöt point sensibles. Malgre le peu de regularitc dans ces variations, Gerlaeh a cru pourtant reconnailre une certaine coincidence entre ces variaiions et les oscillations de la temperature interne, en ce sens que le pouls devenait ires-petit, imperceptible meme, lorsque cette temperature deviait considerablemcnt en plus ou en niüins de la normale.
Au debut do 1'afiEection, le sang presentc encore ä peu pres sa couleur physioiogique et se eoagule commc dans les conditions ordinaires, mais plus tard sa coloration est plus foncee; il fournit un caillot moins ferme, moins re-tracte et une quantiie moindre de scrosite libre ; la coagu­lation se fait plus lentement. Ce sang, comme Ta observe le directeur Tliierucsse (i), se colore moins vite a lair que le sang normal.
Outre ces modifications du pouls et du sang, nous
(0 Annales de mödecine vJliirinaire, 18Ü6, p. 200.
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DU TYPHUS C0NTAG1EÜX EP1ZOOTIOUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 15
observons pendant les premiers jours de la maladie : la repartition inegale de la temperature exterieure du corps, surtout sensible aux comes, aux oreiiles et aux extremites des membres, qui sont tantot tres-froides, tanlöt chaudes, brulanics; la temperature variable du mufle qui, en gene­ral, est faiblement humccte, rarement sec; les modifica­tions des polls qui deviennent ternes et piques surtout le long de la colonne verlebrale; la perte de souplesse de la peau qui conserve pendant un temps plus ou moins long les plis qu'on y forme en la soulevant; des tremblements et contractions involontalres peu elendus, passagers, se pre-sentant en difförentes regions, rarement des frissons sur tout le corps (i) et un amaigrissemmt ires-rapide.
S) Appareil respiratoire. — Le nombre des mouvements respiratoires, parfois normal ou presque normal pendant les premiers jours, est, en general, legerement augmente des le debut de l'affection. II varie dans le cours de la ma­ladie de 20-80 par minute. (D'apres le rapport anglais sur la derniere invasion dc la peste bovine en Angleterre, le nombre des mouvements respiraioires etait dans cette affection en dessous du chiffre normal.) La respiration de-vient bienlöt plaintive, difficile et plus ou moins abdomi­nale; l'expiration, souvent plus longue que inspiration, se fail ordinairement en deux temps. Dans les cas graves et surtout vcrs le cinquieme ou sixieme jour de maladie, cet acte revet un caractere special : la cavite thoracique, sous rinfluence dun effort notable, se dilate; I'air se preci-pite avec bruit dans les poumons, et la poitrine reste dans cet etat de dilatation pendant une ä deux secondes; puis survient l'expiration accompagnee dquot;un bruit plaintif, d'un gemissement et suivie aussitöt dune nouvellc inspiration. (1) Voir Les manifestations de lappareil nerveux.
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IGnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; BU TYPHUS CONTAGIEÜX EPIZOOTIQÜE.
Des le debut de l'affection, les animaux font entendre line toux frequenie, courte, seche, apparemment doulou-reuse qui, plus lard, deviant grasse et souvent ralante.
\Jexploration physique de la poitrine ne fournit que des donnees normales, on bien les earacteres do i'emphyseme pulmonairc el d'une legere bronchite.
6) Appareil digestif. L'appetit diminue, eapricienx ilos les premiers jours de l'apparilion du trouble morbide, se perd bientötd'une maniere complete; la rumination, d'abord irregulicre, lente, cesse bientöt, avant meme que lanorexie soil devenuc absolue, fait qui nous explique I'ac-cumulalion de matieres alimentaires dans le rumen, qu'on constate assez souvent ä l'autopsie. Le ralenlissement des contractions des parois de ce dernier rliverliculum pent ctre eonstate ä (ravers les parois abdominales. La soi[ souvent est augmentee. La deglutition n'est, en general, pas genee. Les defecations sent souvent normales; mais parfois ii existe, au debut, un pen de dinrrbee, plus souvent unc consiipation legere; dans le dernier eas, les excrements, frcqnemment coiffes au commencement de la maladie, se ramoliissent ordinairement vers le troisieme ou quatrieme jour; parfois ce ramollissement ne survient que un ou deux jours avant la terminaison fatale. Les ma­tieres fecales deviennent bienlöt semi-liquides et finale-tnenl eiles sont constituees par un li(|uide trouble, grisätie, muqueux ou floconneux; raremefit ellcs sont melangees de sang et parfois elles exbaient une odeur fetide et repous-sanie. S'il existe de la diarrbee des le debut de raffection, les matieres excremenlitielles des premieres evacuations presenlentj comme dans le cas on ii cxilaquo;tait de la constipa­tion des Tinvasion de la maladie, des earacteres se rappro-chant de ceux des excrements ordinaires; plus lard ellcs
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subissent les modifications succcssives que nous venons de signaler.
Les evacuations alvines deviennent parfois involontaires et ont lieu par jets violents; ordinairement les defecations sont peu abondantes, mais frequentes. . Cliez les animaux qui guerissaient, la diarrhee a, en ge­neral, ete moins intense que chez ceux qui succombaient ä la maladic.
Les animaux, comme nous l'avons deja fait remarquer, ressentent parfois desdouleursabdominales, qtiih denotent en cherchant ä se frapper le ventre et en se regardant le flanc; du tenesme accompagne, dans certains cas, le rejet des ma-tieres fecales. Sous rinducnce des efforts expulsifs, souvent le rectum se renverse et sa membrane muqueuse, forte-ment injectee, apparait ä Texterieur.
A une periode plus avancee de la maladie, le rejet des matiercs fecales devient plus facile et se fait meme sans que les animaux doivent quitter le decubitus; plus tard encore les excrements completement liquides, s'ecoulent par lanus continuellement ou presque continuellement beant.
Les excrements ont, comme l'a constate Gerlach, ton-jours une reaction neutre ou legerement alcaline, jamais celle-ci nquot;est acide.
7) Appareil urinaire. — Quant ä l'urine, dont la quan-tite reste parfois ä peu pres normale mais se trouve gene-ralement plus ou moins diminuee, eile subit, d'apres Marcet, des modifications qualitatives, consrstant en une augmentation de la quantite duree et une diminution des principes mineraux et, par consequent, du poidsspecifique. Dapres les quelques observations de ce savant anglais, laugmentalion de lurec suit de pres Taugmentation de
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temperature et s'aceroit avec eile, mais eile n'atteint son maximum qu'un jour plus tard que celle-ci. Le poids spe-eifique cle 1'urine, d'apres lui, va en diminüant pendant toute la duree de la maladie.
8) Appareil tegumentaire. — a) Muqveuses. — Le deve-loppement de ces differents symptomes, dont laugmenta-tion de temperature est la premiere manifestation, s'accom-pagne bientöt de la production d'alterations aussi bien anatomiques que fonctionnelles des membranes tcgumen-taires; et principalement des muqueuses vaginale, diges­tive et respiratoire.
La membrane vulvo-vaginalc est assez souvent la pre­miere parmi les muqueuses qui subit des modifications; eile s'infilrre plus on moins fortement ct prcscnte une co­loration brunätre (d'un rouge brique ou rouge acajou), disposec par taches, par stries ou re|)andue d'unc maniere diffuse; de petiles extravasations sanguines en nombre va­riable apparaissent souvent surcette muqueuse.
La coloration anormale, due surtout ä ['injection vei-neuse dont la membrane est le siege, a, chez les veaux et les genisses, une valeur plusgrande pour le diagnostic que cbez les vacbes, parce que, cliez ces dernieres, on la trouve egalemcnt, quoique a un degre moindre, cbez les betes qui se trouvent dans un etat de gestation avancee ou qui ont mis bas depuis pen de temps.
L'apparilion de ce Symptome nest pourtant pas con-stante au debut dc ['affection. Cette manifestation morbide pent ne survenir que tardivement, eomme la, entro autres, constate le docleiir Van Kocb, dans son rapport ofiiciel sur la peste bovine en Moravie, pendant les annees 1833 etl8oi(l). (i) Voir fierteljahresschrifi f. wiss. Thierheilk-, vol. V, p. 28.
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Vingt-quatre heures apres Tapparition de ce Symptome, on voitordinairement seproduiresurles surfaces rouges de petites taches jaunatresou grisätres, legerement saillanlesj celles-ci ressemblent assez bien ä de petits grumeaux de mucus, mais sent essenüellement constituees par des cel­lules epitheliales qui out subi les alterations dont nous parlerons en traitant de la necropsie. Ces amas de cellules alterees n'adberent que legerement ä la surface du derme de la muqueuse ou s'en trouvent meme deja completement detaches et ne sont plus que deposes sur cette surface, lls sont bientöt enleves par le frottement ou elimines par la manche du processus et laissent des excoriations dont le nombre est aussl variable que celui des taches. A cette epoque ou un peu plus tard, ii secoule parfois par la vulve laquo;ne quantite variable de mucus ou mueopus, qui, en so dessechant, salit les parties voisines.
En meme temps que ces differentes lesions se produisent sur la muqueuse vaginale, ou bien un peu plus tot ou un peu plus tard, il survient des alterations analogues sur les autres muqueuses apparentes.
La muqueuse buccale est plus ou moins brüiantc; eile prend dune maniere uniforme ou par places seulement et sur.uneetendue variable,une teinte rouge plusfoncee,sou-vent livide ou legerement cyanosee (surtout aux geneives); la presence de pigment pent masquer cette coloration. Ordinairement le derme de la muqueuse bueco-pharyn-gienneet son epithelium se tumefient en certains points et radherence enlre ces deux couches de la muqueuse devient moindre. Bientöt on voit apparaitre, d'abord aux levres et ä la geneive, puis parfois au palais ainsi que sur les bords et les faces laterales de la langue, de petites elevures blanc-grisätre ou jaunätres, du volume dune tete d'epingle
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environ, dues a la proliferation, a Tinfiltration et a la degenerescence graisseuse de repithelium en ces endroits. Le nombre et les dimensions de ces elevures augmentant. celles-ci parfois se rejoignent et se fusionnent; leurs connexions avec le derme deviennent de plus en plus läches et bientot (souvent deja apres vingt-quatre heures) le moindre froltement suffil pour enlever 1'epithelium ainsi modifie, sous forme d'une masse molle, grisatre, ressem -blant assez ä du son. Cette masse est eliminee par suite de la marche du processus meme, ou eile est enlevee par des fioltements. Par Telimination ou l'enlevement dc I'epithe-lium, le derme est mis a nu; des excoriations se trouvent ainsi formees et la coloration rouge du derme denude tranche neltement sur eelle plus livide du voisinage.
Les memes alterations epitheliales surviennent parfois a ' la base des papules des joues des l'apparition des premiers symplomes morbides. C'est vcrs 1c deuxieme, le troisieme et le qnatrieme jour dc la maladie cjue ces differentes mo-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^P
dificalions de 1'epithelium sont ordinairement les plus pro-
noncees.
Par suite de Taugmentation de la secretion salivaire, une have assez abondante etvisqueuse s'echappe assez frequem-ment de la bouche.
La muqueuse nasafe, assez fortement injectee au debut de l'affection, sinfiltre, se boursoufle, pälit bientöt d'une ma-niere uniforme ou de facon ä laisser par places une injec­tion disposee sous forme de slries ou de taches; des pete-cbies en nombre variable s'y produisent. A un examen minulicux on voit, du deuxieme au quatrieme jour, appa-raitre sur cette muqueuse comme sur la vulvo-vaginale et la buccale, de ces masses ou enduits pulpeux, caseeux, grisatres et pen adherents, qui, lorsqu'on les enleve ou
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qu'ils sont elimines, laissent le dcrme ä nu. Peu de lemps (ordinairemraquo;!nt vingl-quatre heures) apres lapparition des premiers symptomes bien evidentes de la maladie, il survienl du jetage nasal; celui-ci, d'abord sereux et clair, sepaissit bienlot de plus en plus, devient mnqueux ou mucoso- pu­rulent, jaunätre, parfois sanguinolent ou sale et fetide. En se dessechant au pourtour des naseaux, il donne nais-sance h la formation de croüles.
La conjonctive devient egalement le siege d'infiltration ct d'une coloration plus foncee, souvent diffuse et ordi-nairement plus prononeee vers le bord libre de la troisieme paupiere. Cette rougeur patbologique le plus souvent dis-parait dans le cours de l'affection et la coloration prend nieme une intensite moindre qu'ä 1 etat normal.
La secretion des larm.es augmenle assez rapidement et celles-ci coulent bientöt en abondance le long des joues, dont, par leur äcrete, elles peuvent eroder et depiler la peau.
Un mucus epais mele de pus s'accumule vers Tangle interne deloeilet derriere la paupiereinferieure,en quantite d'autant plus considerable que, par suite de Tamaigrisse-ment, I'oeil s'est davanlage enfonce dans lorbite.
La peau, ordinairement flasque peu de temps apres le debut du typhus contagieux, devient assez souvent le siege d'un exantheme de forme variable. Cette eruption a ete de-crite tantot comme squammeuse, lantot comme papuleuse, vesiculeuse ou pustuleuse, tantöt comme affection erysipe-laleuse. Ces manifesiations cutanees se presentent de prefe­rence dans les endroils oü la peau est fine, mais elles peu­vent pourtant aussi survenir en d'autres endroits et meme envahir presque toute la surface du corps. Le pis, et de preference la base des trayons, le scrotum, le pourtour des
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naseaux, de la bouche et de la vulve, le perinee, la surface interne des cuisses, sont les lieux de predilection de ces exanthemes qui pourtant se rencontrent relativement assez souvent dans la region de lauge, des epaules, au cou et au garrot. L'eiendue et l'intensite de ces eruptions sont tres-vaiiables. Leur apparition pnrfois n'est pas precedee de phenomenes generaux differents des symptomes ordinaires dela maladie, tandis qued'aulresfois comme l'a entre autres observe le docteur/tesar.proprielaire h Iwanka, l'eruption est annoncee par une reaction febrile intense de quelques jours et par une augmentation de temperature ä Tendroit oü lexamtbeme survicnt; dans d'autres cas, cömme le dit Zlamal, professeur et direcleur de l'Ecole veterinaire de Pesth, cette eruplion est accompagnee d'une augmenta­tion d'activite culanee signalee par un accroissement de la temperature de la peau et une transpiration plus ou moins abondante (i).
Si on consulte les auteurs les plus compelents, on voit que l'exanibeme de la peste bovine pent consister :
1deg; En une proliferation et une desquamation abon-dantes de 1 epiderme accompagnees de chutc des poils (a);
2deg; En une production de petites papules ou nodosiles laissant suinter un liquide jaunätre visqueux qui, en se dessecbant, forme avee le poil des croütes d'epaisseur variable (3);
3* En une eruption de petites vesicules sur le mufle.
i)
(1) Voir Viertel Jahresschrift f. wiss. Tit., 1852, p. 147 et Erkent. und Be-hand. der Rinderpest, 1850, p. 50-51.
(s) Voir docleur ZunAi. Popul. Beleb, über Vorbau, u. Erkent-, etc., 1850, p. 30, ou riertelj. f. w. Thierheilk. 1852, p. 147.
(j) Moli er. Journal de la Societe r. et i. de medecine de fienne, seplidme anniSe, 1quot; cahier, p. 31-33; Fiertelj., I, p. 146 et Roll; Pat'iologie et the-rap.,elc , 1867,1, p. 547.
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Ces vesicules, en se dessechant et en agglutinant les poils, donnent naissance a des croütes jaune-bruna(re (l);
4deg; En une production de petites pustules du volume dun grain de millet a celui d'une lenlille, souvent con-fluentes et dounant par leur rupture et la dessiccation de leur contenu, naissance a la formation de croütes (2) jau-nätres ou brunätres ä texture peu serree, epaisses et peu adherenles au derme.
Brauell considere celte derniere forme d'exantheme, ainsi que la vesiculeuse si non comme identique du moins comme tres-analogue a celle oil on voit apparaitre des nodosites du volume d'un grain de millet ä celui d'un pois, saillantes, de consistance variable, jaunätres ou foncees (suivant la couleur de la peau), faciles a enlever et laissant, aprcs leur elimination, a nu le derme de celle-ci, uniformemcnt injecte niais non entame. La ressemblance dc ces nodosites avec d'autres formes d'exantheme peut, d'apres Brauell, les avoir fait confondre avec des vesicules ou des pustules.
D'apres Sanderson, les eruptions observees en Angle-terre dans le cours de la peste bovine, elaient caracterisecs tantöt par la transsudalion d'une masse semi-liquide qui, arrivee sur la surface de la peau, se iransformait endeans un jour, en une croule seche päle ou jaunairej tantöt par I'elimination, le ramollissement, l'epaississement de Tepi-derme, avec formation delevures de forme papuleuse, croüteuse ou tuberculeuse (saillie plus large a cause de la distension et de linflammation des glandes sebacees (3)).
(1) Hdszar. rtertelj.f w. Thierheilk.,VU, p.nöelMvitt.R,nerCelj. f. w. Tlderheilk., I, p. 146.
(2j Voir Fopulare Belehrung vber Forb. Erkentniss u. Behand. der Binderpest, par Zlaiilaquo;l.1850, p. 50-51.
(3) Voir Third rap., etc., p. 13.
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Enfiii, voici en resume, au point de vue des caraeteres microscopiques, la description du processus pathologique etudie avec soin par Bristowe sur la pcau de trentc-cinq betes atteintes de peste bovine (j) : l'exantheme presente sa forme la plus caracteristique sur ie pis. Dans les cas moyennement inienses, il consiste en une production de laches arrondies, isolees ou reunies au nombre de deux ou trois, ayant 4/2 ligne ä 1/4 de pouce de diametre. Ces laches font une saillie variable d apres leur diametre, mais atteignent ordinairement i/s de pouce; elles sont plus ou moins completement formees par une croüte jaunälrc ou brunälre-säle, molle, grasse au toucher, et sont traversees par un ou plusieurs poils. La surface de cette masse est arrondie ou irreguliere; ses bords ordinairement nets, plus ou moins arrondis ou polygonaux, sont fort souvent recouverts dune couche depithelium festonnee; la masse elle-meme peut elre facilement enievee; la peau sous-jacente est injectee. Les poils souvent, s'enlevent en meme temps, et on voit alors que les orifices des follicules pileux sont dilates ; jamais il n'y a en dcssous des croütes des per­il's de substance, ni des accumulations de liquide.
En etudiant les lesions cadaveriques et la nature de cette aft'ection, nous nous occuperons des caraeteres microsco­piques de ces alterations cutanees.
La dureede ces exanthemesest variable, maisen general, la gnerison complete ne survient que de deux ä quatre semaines apres Ie moment de leur apparition.
Peaii et tissti cellulaire sous-cutane. — Leclercq,en par-lant de l'epizootie de 174S, a dejä fait remarquer quassez souvent il survenait chez les betes malades un bubon (ery-
(1) Voirp. 81 et 82 du Iroisiäme rapport de la Cornmissiun anglaisecharg^e de rechercher l'origine et la nature de la peste bovine, etc. 1866.
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sipelateux), ou une durete inflammatoire vers le milieu du cou, au fanon ou aux aines. Depuis cette epoque, l'ap-parition de ces lumeurs en differentes regions fut signaiee de lemps ä autre comme une des manifestations du typhus contagieux, et entre autres par Prat, itietlecin de Mon-lauban (i), par Vicq d'Azyr et par de Sauvages (2).
Le seul renseignement que nous possedons sur la nature de ces tumeurs nous le devons a Prat : ä Touver-ture dune de ces tumeurs, i! s'en eeoula, dit-il, un liquide sanieux, noirätre et puant.
Le tissu cellulaire, aussi bien sous-cutane que profond, devient parfois dans le cours de la peste bovine, le siege d'une accumulation plus ou moins considerable de gaz. Cet emphyseme a le plus souvent pour siege le rein ou le dos, parfois les epaules, les cötes, le cou ou la region sous-lombaire ; dans quelques cas rares il s'etend ä presque tout le corps. Sil est sous-cutane, on le reconnait ä l'existence, *nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; dans la region oü il siege, d'une tumeur plus ou moins
volumineuse, crepitante, presentant tous les caracteres de Temphyseme sous-cutane.
9) Avortement. — La peste bovine ne parait exercer aucune influence directe sur l'etat de gestation, car tanlöt, comme Ta par exemple observe le marquis de Courtivron ä Issurtille en i747, Tavortement survicnt chez loutes les vaches pleines, attaquees de cette maladie, tandis que dans d'autres cas tres-nombreux. tels que par exemple lors de Tepizootie de Moravie (1853-1854), decrite par le docteur Von Kock, aucun avortement ne s'est presente chez les vaches atteintesdu typhus (3).
(1) Voir Xecherches historiques et physiques, par Pakiet, vol. II, p. 121. (2} Kecueil dobservat., p. 7,elüeeftcrcAes hisloriques etphys.,paTPLVLtT, vol. II, p. läi.
(3) Vierteljah., V. p. 30.
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Souvent lorsque raccouchement survient ä terme, le foetus nait dans un elat de faiblesse teile, que la inort ne tarde pas ä survenir [i).
iO) Mode de propagation. — Parmi les caracteres du typhus contagieux il nous reste encore ä en signaler un qui esl des plus essenliels, surtout dans nos eontrees, la contagiosite dont une des consequences est le mode de propagation specialc de cette maladie : l'affection une fois introduite dans une contree s'irradie ä parlir du ou des foyers de contagion comme centre ; eile attaque ordinaire-ment en premier lieu les betes bovines qui se trouvent le plus pres de ces foyers, et eile s'etend de proche en proche; ou bien eest par l'intermediaire de l'air ou dautres vehi-cules que la transmission a lieu.
B. CONSTANCE, INTENSITY ET MOMENT DE DEVELOPPEMENT DES STMPTÖMES.
Aucun des phenomenes que nous venons de passer en revue n'est pathognomoniquej aucun d'entre cux n'appai-tient exclusivement au typhus; tons peuvent se rencontrer dans le cours de cette affection, mais il est excessivemcnt rare qu'on puisse les observer tous sur un seul malade; ordinairement on na pas meme dans le cours dune inva­sion, loccasion de les constater tons. Les differences de race, de saison, de climat, de regime et dauires circonstances qui nous sent encore inconnues, intervienncnl pour modifier diversement les manifestations de cette affection, aussi bien quant ä la succession, que quant ä l'intensite des troubles. Parfois les symptömes sont si peu precis, que non-seule-(i) Gerlach. Die Rinderpest, p. 21.
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rnenl ils ne permeitent pas par eux seuls le diagnostic de l'affection, mais que de plus l'existence d'un trouble quel-conque n'est constatee qu'ä peine. Ces formes benignes que nous ne rencontrons guere que chez les animaux des steppes ne sont parfois accusees, comme nous l'avons dejä dit, que par un peu de fievre, un leger ramollisse-ment des matieres fecaies ou un peu de diarrhee, un leger exaniheme,cutane, un peu de faiblesse, d'abatlement, etc., symptomes qui ordinairement disparaissent apres vingt-quatre ä quarante-huit hcurcs. Malgre sa grande benignite, la maladie ä laquelle nous avons affaire dans ces cas ne differe point essentiellement du typhus contagieux le plus grave, car, comme nous l'avons fait remarquer, eile pro-duit, aussi bien que celui-ci, un principe contagieux capable de provoquer le developpement de la peste bovine, meme dans ses formes los plus graves; de plus, cette attaque si legere quelle soit, preserve, de meme qn'un typhus conta­gieux intense, les animaux qui Tont subie d'une nouvelle alteinte de cctte meme maladie.
Chez les boeufs n'appartenant pas ä la race grise des steppes, cette affection se presenle generalement avec un caractere bien plus grave : la majeure partie des symptomes que nous venons de signaler, se developpe chez eux simul-tanement ou successivement et ces manifestations dquot;une intensite variable, parcourent une panic ou la totalite des modifications successivcs que nous avons indiquees cn etu-diant d'une maniere speciale ces differents symptomes.Cest par lensemble des manifestations observees quo nous pou-vons arriverä un dingnoslic positif ou au moins ä un dia­gnostic qui, pour devenir positif, ne demande plus qu'ä etre confirme par les recherches necropsiques.
Cest aux variations dintcnsite, ä la presence ou ä Tab-
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senee, au developpemenl hätif ou tardif de certains symp-tömes que la diversite des formes du typhus conlagieux epizootique est due.
Cest sur la predominance de Tun on Tautre groupe symplomatique que sesl base Gerlach pour caracleriser les diiTercntes'formesqu'ii distingue dans cctte maladie, savoir : la nerveuse, la pulmonaire, la gastrique, et Vexanthematique.
\Jintensite,\a, Constance des sympt6mes,h concordance dans leur developpement peuvent presenter des varietes nom-breuses, non-seulement dans le cours dos differfentes epi­zootics, mais encore dans unc seule et meme epizootic, aux diverses epoques de celle-ci et chez les differents individus alteints lors dune seule et memc invasion.
Pour nous convaincre de cette variabilite de presque tousles symptömes,il nous suffit de jeter un coup dquot;oeil sur les documents relatifs ä cette affection, consignes dans les auleurs plus ou moins anciens, et de nous rappeler en meme temps quelques-unes des observations recueillics pendant les dernieres invasions que cette terrible affection a faites dans les parlies centralcs et occidentalcsdel'Eurüpe. En effet, si nous faisons abstraction de Taugmentation ini­tiale de temperature dejä signalcc en Uli, mais eludiee ' avec soin, seulement depuis la derniere invasion du typhus en Ängletcrre, nous voyons que chaeun des symptömes ou groupe de symptömes pent dans le cours de cette affec­tion se presenter avec une intensite bien variable. Tel symplöme ou groupe symptomatique qui, dans une epi­zootic, ä une certaine epoque d'une epizootic, ou meine seulement chez un ou chez quelques individus, dominait le tableau morbide peut, chez tels aulres individus atteinls de cette meme affection, ä teile aulre epoque de la meme epizootic, ou lors de teile aulre epizootic, n'etre qu'une
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manifestation secondaire ou exceptionnelle du trouble pathologique. Cette variabilite des symptomes consideree dans ses details est tres-grande. Nous nous bomcrons sous ce rapport a quelques considerations generales our les principaux groupes de phenomenes ctudies sous le triple rapport de leur Constance et de leur intensite et du moment de leur developpement.
A. COSSTAKCE ET Ifl'TENSlTE DES STMPTÖMES.
1) Phenomenes nerveux. — Les pbenomenes nerveux comptent parmi les symptomes les plus constants du typhus, rnais leur intensite est loin d elre toujours la meme. Ces troubles se manifestant ordinairement par de Tabattement, de laffaiblissement et de lapathie, parfois par des tremble-ments, descontractures musculaires et de la diminution de la sensibilite, sontfrequemment tres-prononces des le debut de raffection,tandis que d'autres fois ils ne sont que faibles pendant les deux ou trois premiers jours de la maladie,mais ne tardent pas a gagner bientöt de la gravite. La nature de ces manifestations nerveuses n'est pas non plus toujours la meme, car parfois nous conslatonsquau debut de I'aflection, ia sensibilite generale, au lieu d'etre diminuee, se trouve con-siderablement augmentee en certaines regions (rein, abdo­men, genou ou meme toute la surface du corps) (l); dans d'autres cas encore Tassoupissement et rabattement sont pendant la premiere periode de la maladie remplaces par des acces de delire (2), sullisamment semblables aux acces de la rage pour faire nailre le soupcon que cest a cetle derniere affection et non au typhus qu'on a affaire.
(1) Voir Etude des symptomes. [i] Voir ibid.
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2) Secretion laiieuse. — La diminution de la secretion laiteuse signalee par le professeur Bruckmiiller, par Ger-lach (t), Müller (2), Zahn (3), etc., nous parait etre un des pymptomes constants.
L'alteration qualitative du lait a attire ratlention moins souvent que la diminution dactivile de Torgane mammaire.
3j Pieaction febrile. — Les phenomenes de reactions febriles sent constants, mais varient quant a leur intensite ; ils changent de caractere dans le cours de Taffection et la fievre revet plus ou moins rapidementla forme aslhenique.
4) Muqueuses. — Les alterations des muqueuses sent si constantes ququot;on peut les considcrer comme une des manifestations essentielles de la peste, mais elles ne se presentent pas avec la meme intensite sur toutes les mu­queuses apparenles.
Les lesions do la muqueuse buccale, qui lors des der-nieres invasions du typhus contagieux en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, en Hollande, etc., dc meme que lors de l'invasion de i7ii (4), ont. ete une des manifesta­tions les plus prononcees, les plus saillantes, sont signa-lees parmi les symplomes les moins frequents, lors de lepizootie de 1774 (b).
L'etendue et l'intensite de ces alterations varient con-siderablement : tantöt il n'y a guere que les gencives et les levres qui presentent quelques excoriations ou ele-vures, tanlöt celles-ci ont envahi une plus grande surface de la muqueuse buccale et meme piesque la lotalite de cette membrane.
(r) Voir Jtinderpest, 1867, p. 6. Geblacu.
(2)nbsp; Die Rinderpest in Thüringen, etc., p. 54. Mdheb.
(3)nbsp; Voir fiertelj., vol. X, p. 6.
(4)nbsp; Voir Bechere, elc, par Padlet, I, p. 167.
(5)nbsp; Voir Recherc, elc , par Paklet, p. 126 el 127.
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Sou vent de la bave s'ecoule en abondance de la bouclie, tandis que dans d'autres cas celle-ci ne laisse point echap-per de ce liquide (l).
Les alterations de la muqueuse conjonctive complcnt parmi les plus constantes, mais leur intensite peut etre tres-variable, Assez souvent ces lesions apparaissent au debut de Taffection, parfois eiles ne se declarent que plus tard (vers le troisieme, quatrieme ou cinquieme jour) comme l'ont observe Gerlach, en Hollande, et Von Koch, en Moravie (1833 1834). Le larmoiement, en genera! considerable, pcut etre pen abondant ou mcme faire com-plctement defaut (2).
Les modifications subies par la pituüaire ne presentent pas toujours la meme intensite,- les alterations de cette membrane peuvent varier dune simple augmentation de coloration, avec ou sans extravasations, ä la formation d'exsudats pseudo-membraneux, ou de eaillots du diametre d'une lentiile, de couleur verdätre et de quelques lignes d'epaisseur (3).
Le jetage nasal peut etre sereux, muqueux ou mucoso-purulenl, parfois sanguinolent ou sanieux ; son abondance est variable (1).
Les lesions de la muqueuse vuivo-vaginale ne sont pas non plus constantes; tantöt on ne constate qu'une augmentation de coloration, parfois peu prononcee, et une legere infiltration, tantöt on trouve des ecchymoses, des
(1) Voir p. ex. Muiler, fiertelj., vol. IX, p. 4, et Gerlach, p. 10.
(ä) Voir Faulet, Rec. hist, et phi/s., etc., vol. I, p. 147 et 179. Gerlacu, Die Rinderpest, p. 10 Muller, Die Rinderpest in Thür., etc., p. 58.
(s) Voir Rapport de M. Von Keen, mideem v^tirinaire, damp;figuÄ lors de I'6pizootiedel8ü3et 185ienMoravie. VoirOest. fiertelj.,f. T/iierlieilk.,p. 28.
(4) Voir Gerlach, Die Rinderpest, p. 10. Padlet, Rec. hist., etc., vol. I, p. 181. Roll, Pat. et Ther., 1867, vol. I, p. 347. Eckf.l, Oest. riertelj., 1852, p. 145. Müller, Die Rinderp'it in Thuring. u Frank., p. 58.
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elevures, des excoriations, des erosions, des enduits vis-queux, etd
L'ecoulement vaginal varie considerablement quant a son abondance; tantöt mil ou presque nul, il se presente d'aatres fois en qua mile notable.
5)nbsp;Peau et tissu cellulaire sous-cutane. — L'apparition de Vexantheme cutane pent etre assez rare, comme en 1774 (l), ou bien I'eruption cutanee sous Tune ou l'autre de ses formes survient frequemmment (2) et meme parfois d:une maniere presque constante (comme en 186o en Angle-terre). Vemphyseme general ou partiel, qui a ete rare pen­dant les invasions de 186o-1867, a ete frequent, entre autres, dans le cours de Tepizootie de 1774 (s). L'appari­tion de tumeurs non emphysemateuses clans le tissu sous-cu­tane ou cutane,estegalement rare, mais eile a ete observee, emre autres, par M. Leclerc, en Hollande (lt;), et Luyard, en Angleterre (s).
6)nbsp; nbsp;Troubles digestifs. — Assez souvent, la diminution de la faim est tres-prononcee des le debut de raffeclion, tandis que dans d'autres cas,cette sensation reste normale pendant les premiers jours et diminue ensuite (e).
L intensile de la soif est variable : tantöt, eile est a peu pres normale (?). tantöt, plus ou moins considerablement augmentee (s).
Les dejections alvines varient egalement de caraeteres;
(i) Voir Paulet, Rec.hist. et phys., etc., p. 49, vol. II. (a) Voir Gerlicr, Die Rinderpest, p. 15.
(3)nbsp; Voir Paulet, Rec. hist., elc, vol. II, p. 126.
(4)nbsp; Voir Paulet, I, p. 186.
(s) Voir Pabi.et, I, p. 241.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,
(6)nbsp; 1773. Observations de Maiixard et Nücq, iteves de Fficoie v^lcnaife de Paris. Voir Paulet, Rec. hist, et phys.. vol. II, p. 46 et 47.
(7)nbsp; Voir Müller, Die Rinderpest in Thüringen u. Frank.
(8)nbsp; Voir Geklach, Die Rinderpest, p. 12.
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Ramazini, en decrivanl les symptömes de celte maladie (i), se borne ä dire que les dejections etaient frequentes, tres-fetides, quelquefois melees de sang, et Lancisi (2) fait re-marquer seulement que le venire etait presque toujours libre et les dejections sanguinoientes.
Dans son travail, intitule : Essai sur les maladies conta-gieuses du betau. Ledere, qui a etudie le typhus contagieux en Hollande lors de l'epizoolie qui exerga ses ravages, en 474S et 1746, en France, en Hollande, en Allemagne, en Pologne, en Angleterre, etc., dit que chez certains des malades, les excrements etaient fort durs pendant loute la duree de la maladie; chez d'autres ils elaient durs au com­mencement, liquides vers la Hn; chez d'autres encore ils etaient liquides pendant toutela duree deTaffection ; ilajoute qu'en general chez tons, pen de temps avant la mort, les matieres fecales etaient plus ou moins noires, jaunes, puru-lentes et fetides, rarement melangees de sang. La diarrhee ne se declara qu'exceptionnellement le premier jour, par-fois le second ; ordinairement eile survint le troisieme jour, rarement plus tard. Avant l'apparilion de la diarrhee, les defecations etaient ordinairement retardees, et les excre­ments souvent durs (3).
Dans les cas de typhus contagieux, etudies par Müller, en 1867, dans la Thüringe et la Franconie, c'etait ordi-
(1)nbsp; Pe contagiosa epidemia (1711), par FUiuzzm. Voir Faulet, vol. I p. 114.
(2)nbsp; Voir Dissertatio historiea de bovill. peste, par Uscisi Can 1711). Voir Paulbt, vol.l, p. 114.
(3)nbsp; Pauiet, I, p. IM. Eo 1774, la diarrhlaquo;e ne sumnt g^niralement qoe vers le qualridme ou le cinquiÄme jour. Pauiet, vol. II, p. 12fi. D'apris Vokkock {Observations reeueillies en 1853 et 1854 en Moravie), les dijec tionsalvinesitaient ordinairement ilifficiles pendant les deux ou trois pre­miers jours; elles laquo;laient rares elpeu abondantes, les excrements sees; une diarrhee, d'abord l^gire, survenait ordinairement apris ce laps de temps'. d'aprÄs les observations de M. Geriacb (Voir Rinderpest, p. 12).
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3inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TYPHUS C0NTAG1EÜX EP1ZOOTIQUE.
nairement vcrs le deuxiemejour que la diarrhee survint; les malieresexcrementitielles etaient dureschezles belesattein-les de typhus qu'Albrecht a vues en #9632;1867, a Salzungen.
Lintensile de la diarrhee pent egalement varier depuis un simple ranioliisseincni des matieres fecales jusqu'a la diarrhee sereuse; du sang peut se irouver mele aux excre­ments 5 ceux-ci, parfois tres-felides (p. ex. en 1748), ne presentent dautres fois aucune odeur exceptionnelle (p. ex. en Hollande et en Belgique, 1866, etc.).
7) Troubles respiratoires. — La toux et la gene de la res­piration sent des symplömes que nous retrouvons ä des degres variables, chez presque tous les animaux atteints de typhus contagieux un peu intense.
Si Vemphyseme pulmonaire se developpe, il survient or-diriaircment du troisieme au quatrieme jour.
Dans les cas de grande dyspnee, on voit assez souvent rempbyseme du tissu celiulaire se joindre aux autres symplömes.
Chez les animaux au repos, la dyspnee, comme Symp­tome independant de la fievre, manqua generalement a Salzungen, en 1867, mais eile se declara toujours et devint meine ires-intense ä la moindre fatigue (t).
B. MOMBNT DU DEVELOPPEMEHT DES STMPXÖMES.
Nous avons deja dit que ce ne sont pas seulement la presence ou lahsence de certains symplömes el les varia­tions dans lintensile de ceux-ci qui peuvent modifier le tableau syinptomatique de la pesle bovine dans des cas donnes, mais que le moment du developpement des symp­lömes peut aussi changer plus ou moins la physionomie de cello maladie.
(i) Voir Rapport de Albbecbt. Magazin, 1867, IV, p. 464 et 4G7.
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Vaugmentationde la temperature est, d'apres les recentes recherches de plusieurs excellents praliciens, le Symptome initial du typhus contagieux; frequemmenlelle est suivie de presd'uae diminution plusou moins considerable de la secre­tion laiteuse, tandis que dans d'autres cas celle-ci ne survient que un a trois jours, rarement plus longtemps, apres Tappa-rition dautres symptömes morbides bien manifestes.
Tanlöt c'est l'anorexie, tanlot la toux qui, en I'absence de la diminution de secretion laiteuse, attire en premier lieu l'attenlion des proprietaires; Yabattement, Yaffaiblissement, les contractures, les alterations sur l'iine ou lautre muqueuse ou ä la (bis sur plusieurs d?enlre elles, les troubles digestifs et la dyspnee se developpenl, en general, endeans les deux, trois premiers jours de la raaladie. Les eruptions cutanees, les tumeurs externes non emphysemateuses et les emphysemes ne surviennent ordinairement que du cinquieme au sep-tieme jour, et tandis que les eruptions cutanees annoncent le plus souvent une prompte amelioration et le retour a la sante, nous devons generalement voir dans les emphy­semas, les signes precurscurs dune terminaison fatale.
C. MASCHE ET TERMISAISON.
L'irregularite dans Tapparition et revolution des diße-rents symptömes du typhus contagieux contraste singulie-rement avec la regularite que presentent dans leurs mani­festations la plupart des maladies eruptives, contagieuses avec lesquelles, pourtant, le typhus bovin a des analogies assez marquees sous d'autres rapports.
Vingt-quatre a trente-six heures apres que Taugmenla-lion de temperature s'est declaree el alors qu'ordinairement dejä la diminution de la secretion laiteuse est survenue, les premieres alterations des muqueuses, les symptömes de
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56nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TYPHUS CONTAGIEUX EPIZOOTIQUE.
reaction febrile, les troubles nerveux, une toux seche, assez souvent de la dyspnee, ainsi que de lanorexie, se declarent en general tres-rapidement. L'ordre dans lequel ces differents symptomes se manifestem ne presente rien de fixe. Les lesions des muqueuses progressent rapidement et il suffit de deux ä trois jours pour qu'on trouve sur ces te­guments, Tune ä cöle de Tautre, toutes les alterations que nous avons indiquecs, en traitant des manifestations dont les muqueuses peuvent devenir le siege dans le cours de celte maladie. Endeans le meme laps de temps les troubles digestifs et respiratoires, dont tantöt les uns, tantöt les autres surjiennent les premiers et l'emportent en inlensite, se compliquent et s'aggravent.
Ces differentes manifestations du typhus atteignent ordi-nairement endeans qualre ou cinq jours, leur maximum de developpement ; parfois la marche de l'affection est beaucoup plus rapide et les differentes alterations peuvenf, en moins de vingt-quatre ä quarante-huit heures, acquerir leur plus grandc intensile et meme determiner la mort.
La peste bovine se fermine par la guerison ou par la mort.
a) Terminaison par la guerison. — Sous Tinfluence de cer-taines conditions de race, de climat et autres causes qui ne nous sont pas bien connues, cette maladie peut revetir un caractere bien moins grave que celui quelle presente ordi-nairement chcz nous; eile peut memo devenir tellement benigne, que la guerison en est la terminaison ordinaire.
Si le malade doit se retablir, lamelioralion peut surve-nir ä chaque moment de la maladie, a chaque degre de developpement de celle'Ci. L'amcndement peut avoir lieu d'une maniere brusque, inatlendue; la terminaison favo­rable est alors annoncee par une diminution de la tempe­rature interne, qui precede ordinairement d'un jour envi-
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ron ramclioration des autres troubles morbides ; le pouls et les baltemenls du coeur reprennent de la force et une vitesse normale; la temperature du corps redevient uniforme,etc.; faffaissement diminue etdisparait; la gaiete revient; le re­gard devient plus vif, plus expressif; la secretion luiteuse reprend insensiblement son activile normale; Tappetit et la rumination reviennent; les alterations des diverses mu-queuses disparaissent insensiblement (les excoriations se couvrent d'epitlielium; les infiltrations, les congestions et les ecoujements diminuent de plus en plus pour disparaitre bientöt dune mauiere complete et laisser les rauqueuses dans les conditions normales); les mucosites accumulecs parfois dans la trachee et les branches sont rejelees par la loux ; celle-ci, de meme que la dyspnee, samende et dispa-rait peu ä peu ; la diarrhee, ordinairement le symptöme le plus opiniälre, devient de moins en moins abondante, et peu ä peu les defecations redeviennent normales, aussi bien quant ä la frequence et au mode d'accomplissement de cet acle que quant aux caracleres des matieres expulsees.
Les animaux, en general fortement amaigris, reprennent assez rapidement de Tembonpoint, s'ils se trouvent dans de bonnes conditions.
C'est dans les cas oü la maladie prend une marche favo­rable que nous voyons souvenl I'amelioration annoncee par une plus grande activile de la peau ; celle-ci devient le siege d'une transpiration plus ou moins abondante, ou d'un exantheme cutane se presentant sous Tune ou I'autre des formes indiquees; ces eruptions ne sont pourtant pas un indice infaillible de la terminaison favorable (l).
La disparition complete de cet exantheme qui entraine
(l) Ltscisi et Rahaizini, voir Pauiet, I, p. 117,1745. Rapport et systime de M. Guillo, profesieur a Besan^on, dans le Recueildes medecins de Genive
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ordinairement la chute des poils sur une elendue variable de la peauj iraquo;ra generalement lieu que deux ä qualre se-niaines apres son apparition. Le temps necessaire au reta-blissement compiet varie suivani la gravite du cas.
L'amelioration ne suit pas toujours une marche regu­liere, conlinuellement progressive; avant que la guerison ne soit complete, il survicnt parfois un arret plus ou moins long dans la marche progressive de ramelioration, ou meme une aggravation de la maladie; celle-ci est alors accusee par une nouvelle augmentation brusque de la temperature in­terne, une augmentation de la reaction febrile, une diminu­tion de l'appetit, etc. Les rechutes reconnaissent generale­ment pour cause une Ingestion inconsideree de malleres alimentaires ä une epoque oü malgre le retour de l'appetit les organes digestifs ne sent point encore en etat de re-prendre leurs fonctions.
Troubles consecutifs. — Dans le cours de la pcste bovine il se developpe parfois des troubles qui persistent apres la disparition de celle-ci; c'est ainsi qu'assez souvent de l'emphyseme pulmonaire, des troubles digestifs, tels que des diarrhees frequentes et des indigestions legeres, peu-vent parfois persister pendant plus ou moins longtemps apres la cessation des troubles propres de la peste.
b) Terminaison par la mort. — La terminaison du typhus contagieux par la mort, plus frequcnte dans nos contrees que la guerison (i), survicnt parfois dune maniere rapide, brusque, apoplectiforme, endeans un ä deux jours; parfois les animaux succombent le troisieme, le plus sou-
(r) Dans nos contrees il est tiJs-rare nu'il ne succombe que 50-60 % des animaux alleiols; le plus souvent le nombre des morls s'il^ve ä 90 quot;/o et iin-me plus; dans les steppes les pertes sont ordinairement moins coosi-dfrables.
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vent du quatrieme au septieme jour, raremenl plus tard, ä moins qu'il nquot;y ait eu rechule. Dans le premier cas on trouve assez souvent le matin, mortes ä Tetable, des betes qui le soir ne presentaicnt encore aucun trouble mor­bide ; tandis que ehez d'autres betes on a pu suivre le developpement tres-rapide des troubles morbides qui en si peu de temps ont conduit l'animal ä ja mort. Si ia marche de l'affection est moins precipitee, on voit se declarer en-deans deux ä trois jours un plus ou moins grand nombre des symptömes que nous avons indiques; leur intensite et leur extension ne font que s'accroitre dune maniere con-tinuelle : Taugmentation de la temperature interne du corps, apres avoir atteint son maximum, est, dans ces cas, ordinairement suivied'une diminution rapidequipeutmeme ramener la temperature du corps en-dessous de la normale. Gelte temperature, au lieu de s'accroitre regulierement du matin au soir et de diminuer du soir au matin, reste sta-tionnaire pendant la journee, ou bien meme decroit du matin au soir. La secretion laiteusediminue de plus en plus et se tarit bientöt. Les tremblemems muscuiaires, les mouvements anormaux, Tliyperesthesie de certaines re­gions ou de toute la surface du corps, linquietude, l'irrita-bilite, de meme que les pbenomenes de delire et de vertige, apres avoir atteint plusou moins rapidement leur maximum d'intensite, diminuent bientöt pour faire place ä de l'a-pathie, de l'astbenie, de la non chalance,du coma. L'affai-blissement qui va en s'accroissant, devient bientöt tel que les animaux ne savent presque plus se tenirdebout; ils ne se levent que difficilcment; des grincements de dents se font entendre. Toute iattitude de ces malades exprime la souffrance. Les reactions contre les excitants extericurs devicnncnt de plus cn plus faibles, de sorle que bientöt
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Ics mouchcs, etc., par anticipation prennent possession de ces corps dans lesquels la vie ne se manifeste plus qu'a peine. La reaction febrile en meme lemps a revelu les caracteres de plus en plus prononces de laslhenie : le poulsestdevenu tres-petit, filiforme et meme imperceptible ; les baltements du coeur ne s'entendent plus ou ä peine; la respiration est difficile et acceleree; l'amaigrissement marche ä pas de geant.
Les alterations des muqueuses qui se sönt developpees endeans deux ä trois jours, ne font dans ces cas que s'aggraver et s'etendre. Le larmoiement devient de plus en plus abondant. Du mueo-pus s'aecumule en quantite considerable dans Tangle interne de Toeil qui s'est enfonce dans l'orbite par suite de la resorplion d'une parlie du coussinet graisseux oculaire. L'ecoulement nasal de sereux qu'il etait, devient muqueux ou mucoso-purulent, parfois fetide et sanguinolent. Une bave, dabord peu abondante, file bientöt en assez grande quantite de la bouche. La mu-queuse vaginale devient parfois le siege d'une secretion muco-purulente dont le produit vient se desseeber sur les levres de la vulve.
La rumination ordinairement ralentie des le debut de l'affection, eesse bienlot.alorsque l'appetit assez considera-blement afläibli, se mainüent encore ä im degre plus ou moins prononce pour ne disparailre completement qu'un certain lemps apres la cessation de la rumination.
Assez souvent des le deuxieme ou troisieme jour, parfois vingt-quatre ä quarante-buit heures plus tard, la diarrhee fait suite ä la legere constipation qu'on observe frequem-rnent au debut de la maladie. Au commencement de la maladie, Ics matieres excrementitielles diarrbeiques ren-ferment encore quelques debris alimentaires et se rappro-
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client par leur couleur des feces normales; bientöt elles chaugent de couleur, deviennenl grisjaunätre et ne se eomposent plus que d'un liquide sereux ou muqueux, sou-vent sanguinoient, tenant en suspension des masses flo-eonneuses ou des cailiols de sang. Les defecations, ordinai-rement accompagnees dans les premiers temps de tenesme et de renversement parliel du rectum, deviennent frequentes mais peu abondantes, puis involonlaires; vcrs la fin de la maladie les matieres fecales s'ecouienl parfois librement de l'anus constamment beant.
A l'approche de la mort la bouche exhale souvent une odeurdesagreable. Au fur et ä mesure que la maladie s'ag-grave, la respiration s'accelere davantage, eile devient de plus en plus difficile et plaintive; la toux perd de son energie ä mesure que l'affaiblissement se prononce davan­tage. La mort, parfois precedee de convulsion, survient ordinairement au milieu d'un profond coma.
Dans certaines epizootics, un emphyseme sous-cutane plus ou moins considerable precede generalement la ter-minaison fatale.
CinCOKSTANCES QV1 IMFLÜEHT SCR It M ARCHE ET LA GBA.VITE DU TTPHDS COK-TAGIEDX I3PIZOOTIQUE.
Le tableau symptomatique du typhus contagieux peut parfois elre complique de troubles morbides dependanis de certaines maladies ou de certains etats morbides diiferents du typhus. C'est ainsi qu'il n'esl pas rare de reneontrer sur un meme individu les caracteres de la peste bovine et ceux de la pleunopneumonie (i); ä Hasselt, Delays et Tbier-nesse, Maris et Vaes onl vu coexister sur plusieurs betes des symptömes de typhus charbonneux (ä son apogee) et de (t) Grnucn. Rinderpest; Oe$t. riertelj. 1867, p 164, etc.
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typhus contagieux (au debut). A Veeweyde, on a constate ä l'aulopsie de betes atteintes de typhus contagieux, les lesions Lien evidentes d'inflammation chronique des orlenis hepa-tiques. D'aulres affections aigues ou chroniques peuvent evidemment encore compliquer la peste bovine, mais comme elles ne modifient pas essentieilement les manifes­tations de celle-ci, ne font qu'y ajouter les leurs et en augmenter la gravite, nous ne pensons pas devoir nous arreter dune maniere speciale a ces troubles compliques.
Outre ces conditions morbides qui menacent par elles-memes plus ou moins une partie ou meme l'ensemble de 1'or ganisme, d'autres circonstances peuvent encore augmentcr ou diminuer la gravite de cette msiladie si desastreuse.
Certaines conditions par leur action sur I'organisme peu­vent modifier celui-ci, de facon a le douer d'une resistance plus grande contre Tinfluence du virus, comme nous le conslatons par exemplc chez les betes bovines des steppes. En effet, la benignite de la peste bovine est en general beaucoup plus grande chez les animaux eleves pour ainsi dire a l'etat de nature, par consequent dans des conditions tout a fait differenies de celles dans lesquelles les betes bovines sont placees dans nos contrees. Dans les condi­tions dans lesquelles se trouvent ces animaux chez nous, l'equilibre des differents appareils et functions, si favorable h une parfaite sante et aux actes regulaleurs de I'organisme, se trouve plus ou moins rompu; chez les animaux des steppes nous ne trouvons pas ce developpement anormal de certains organes aux depens de certains autres dont nos races laitieres, la race Durham, etc., nous fournissent de si frappants exemples. L'effel debilitaut que cette rupture des proportions normales doit entrainer sur les actes re­gulaleurs de I'organisme, se trouve chez nos betes bovines
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encore augmente par les conditions liygieniques speciales dans lesquelles on place ces animaux, dans le but d'entre-tenir et de favoriser davantage la specialisation. C'est ä tine resistance plus grande, ä l'energie des actes regulatetirs que nous croyons devoir rapporter, en partie au moins, la ter-minaison generalement plus favorable de la peste bovine chez les animaux des steppes.
Les observations recueillies dans les dernieres annees en Hollande ct en Anglcterre (i) ont confirme de nouveau le fait connu depnis longtemps, de I'mfluence exercee par les conditions meteorologiques et dietetiques. Une alimenta­tion bonne et süffisante, le sejour dans une atmosphere qui reunit toutes les conditions exigees par une hygiene bien raisonnee (des etablcs suffisamment grandes, bien aerees, proprcment tenues, ou bien le paturage dans de bonnes conditions) sont des circonstances favorables ä une miti­gation de Faction du virus de la peste bovine; tandis que les conditions contraires (etables etroites, mal acrees et mal entretenues, etc.) aggravent cette action. Ces observa­tions viennent evidemment appuyer rinterpretation que nous avons donnee de la frequente benignite de cette affection chez les animaux des steppes. En effet, les condi­tions qui ont ete reconnues favorables a uve terminaison heureusedu typhus bovin,sontjustementcelles quiparleur action sur I'organisme mettent celui-ci dans les meilleures conditions de sante ; elles favorisent le jeu normal des fonc-tions et donnent par consequent a I'animal la plus grande force de resistance aux causes morbides en donnant le plus denergie aux actes regulateurs.
La gravite de la peste bovine chez des betes entassees dans des etables etroites, ne peut point etre rapportee ä la (i) Voir Gerlach. Die Rinderpest, p. 24.
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grande concentration du virus et par consequent ä lintro-duction dune grande quantile de ce principe dans i'orga-nisme,ear l'inoculation dune quantite tres-petite du virus peul produire des troubles loul aussi graves.
Comme l'etude des differenles epizooiies le prouve, la gravile du typhus bövin se modifie encore sous l'inßuence de certaines autres causes qui nous sont inconnues, mais nous ne pouvons nous passer de rappeler ici une circonslance qui a ete et est encore consideree aujourd'hui comme capable dexercer une influence considerable sur la marche et la ler-minaison de cctlemaladie. Gelte circonslance c'esl le nombre de regenerations successives dont le virus qui doil agir, est le produit. Le virus pretendüment modifie par un certain nombre de regenerations, devrait perdre de son intensile d'action, ne plus produire qu'un effet considerablement atlenue; le principe contagieux lui-meme conslituerait dans ces cas un wws mitige. Si la theorie de la mitigation des virus etait applicable au virus contagieux du typhus bovin, lintensile, la gravite,devrait necessairemenl, au moins dans nos contrees, s'aaioindrir, se mitiger el meme s'annihiler au boul d'une cerlaine duree de repizootie. Or, si nous je-tons un coup d'oeil sur la marche du typhus lors de sa der-niere invasion en Hollande, nous constatons que cette mala-die se terminait bien moins souvent par la mort pendant les premiers mois de 1 invasion que plus tard, et qu'apres une duree de deux ans environ sa gravite ne s'etait point encore amoindrie. II cn a ete de meme lors des epizooiies qui ont devasle l'Europe pendant le xviu61 siecle. Du reste, ce nesl pas seulement pour le virus de la peste bovine, mais encore pour celui de la clavelee que nous voyons la theorie de la miligation renversee. En eludiant les caracleres du virus, nous reviendrons sur ce sujet.
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ß. LESIONS CADAVEKIQUES.
Parmi les lesions anatomo-pathologiques nous en trou-vons plusieurs qui ne sont pas plus constantes que la plu-part des symptömes; ieur ensemble nous donne pourtant des renseignements precieux pour le diagnostic. Vage, l'etat general, les conditions dans lesquelles celui-ci vivait avant I'apparition du trouble morbide, la race du malade, le caractere et l'intensite de l'invasion, etc., sont des circon-stances qui paraissent avoir certains rapports avcc le siege et ia gravite des alterations. Le moment de la mort evi-demment n'est pas non plus sans influence sur I'ensemble des lesions.
a)nbsp; Cas pen graves. — Si Tanimal a ete abattu au debut de l'affection, que celle-ci a ete pen grave, et accusee par des symptömes si peu intenses que la sante nc paraissait alteree qu'a peine, on retrouve pourtant deja, ä l'autopsie surtout, sur les muqueuses certaines lesions, telles que de la congestion et des ecchymoses. Celles-ci ont surtout pour siege les cretes des plis et duplicature, de la caillette, mais elles existent aussi quoique ä un degre moindre dans l'in-testin grele et souvent dans le vagin.
b)nbsp; Cas plus graves. — 1) Examen exterieur. Le corps des animaux morts de peste bovine ou abattus alors que la maladie avait deja atteint une certaine intensite, se bal-lonne rapidement apres la mort et parfois meme pendant lagonie. La presence des tumeurs emphysemateuses sous-cutanees peut venir davantage modifier les contours extequot; rieurs du corps, deja älteres par le ballonnement. La surface muqueuse du rectum renverse et tumefie, est d'un rouge fonce; la queue et les membres postericurs, sont ordinairement salis par des malleres lecales. Les yeux sont
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enfonees dans les orbites et du mucus visqueux ou dejü completement desseche, se trouve accumule dans Tangle interne de l'oeil; parfois des trainees de matieres analogues se renconlrent le long du chanfrein.
Le mufle, moins lubrifle que normalement, est pärfois erevasse; les naseaux ä peinesalis si Tanimal a ete sacrifie audebut de I'affection, sont d'autresfois converts de croütes plus on moins seches, ou dune maiiere muco-purulente jaune-verdätre ou brunätre, parfois sanguinolente. Le poil est pique et la peau presente frequemmenl, ä differents degres de developpement, las lesions caracterisliques des exanthemes que nous avons signalcs parmi les symptömes de cette maladie. Tantot en effel on rencontre en certains endroits des cellules epidermiques en surabondance, sous forme d'ecailles jaunätres; tantöt le derme cst plus ou moins congestionne, legerement tumefie, erysipelateux et convert de cellules epidermiques abondantes; la peau, plus ou moins humeclee et grasse se trouve revetue par places dun enduit mince, d'une matiere visqueuse resultant du melange en proportions variables de matieres sebacees ou d'exsudats et de cellules epidermiques; tantöt enfin la rou-geur est intense; la desquamation a ete plus abondante et la formation de croütes considerable. Celles-ci sont princi-palement constituees par de la matiere sebacee melangee de debris epidermiques et de quelques corpuscules granu­les, ayant de la ressemblance avec les cellules du pus dont pourtant ils different par leur tendance a lagglutination, ainsi que par Tabsence de membranes et de noyaux evi-dents. Les glandes sebacees et leurs conduits excreteurs sont distendus par une matiere identique ä leur contenu normal. Dans les endroits oü il n'y a ni glandes ni polls (trayons) on trouve la peau injectcc par places a contour
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irregulier el de dimensions variables; lepilhelium y est epais, mou ou friable, sa surface inegale; des crevasses penetrant jusque sur le derme, s'y reuconlrent parfois. Les croütes en ces points sont composees drune grande quantite de cellules epilheliales melangees de quelques masses gra-nuleuses et de quelques corpuscules purulents; la matiere sebacamp;j y fait defaut. Parfois on a constate l'existence de cette alteration ä cöte de la precedente (i).
Si on enleve lenveloppe culanee, on constate que les vaisseaux qu'on incise sont generalement remplis dun sang noir et liquide chez les animaux qui ont succombe ä cette affection, ainsi que chez ceux qui, gravement atteints de la peste, ont ete tues sans effusion de sang; la chair est rouge, bleuätre ou violette,
2) Tube digestif. — Si on ouvre la cavite abdominale, on trouve la quantite de serosite, renfermee dans le peritoine, parfois legerement augmentee; cette sereuse elle-meme, ordinairernent normale, esi dans certains cas un peu in-jectee ou meme eccbymosee par places (2).
La surface externe desestomacs et de Tintestin presente une coloration egale ou inferieure a la normale cbez les animaux morts exsangues, tandis que cette coloration est souvent augmentee en certaines places de l'intestin grele, cbez les betes mortes naturellement de la peste ou abattues sans effusion de sang, alors que la maladie avait deja acquis un baut degre de developpement.
Cbez les betes succombees sans avoir presente de la diar -rbee, le tube intestinal est, meme si I'autopsie est faite tres-peu de temps apres lamort, fortement distendu pardesgaz (s).
(1) Third report, etc., p. 82.
(s) Albkecht, Peste bovinad Bats- Voir Magazin, 1867, p. 469.
(3) Albrecht, Magazin, 1867, p. 470.
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48nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TYPHUS CONTAGIEUX EPIZ00T1QÜE.
Le feuillet presente ä la palpation, tanlöt peu, tantöt beaucoup de resistance.
C'est en ouvrant le tube digestif et en examinant sa sur­face interne que nous rencontrons ies lesions les plus es­sentielles, les plus caracleristiques; celles-ci ne sont pour-tant pas identiques ä tout moment de la maladie, et nous ne les rencontrons pas avec une egale constance et une egale intensite sur tous les points de la muqueuse digestive. Dans la bouche, le pharynx, la caillette, l'intestin grele et le rectum, ellcs manquent le plus rarement; elles sont moins prononcees ou meme nulles dans l'oesophage, dans les trois premiers estomacs, dans le coecum et le colon. Ces lesions peuvent etre si peu prononcees qu'elles ne depassent point celles dun catarrhe intense (parfois sur les bceufs hongrois ou ceux des steppes), tandis que d'autres fois la muqueuse est notablement alteree dans toute son epaisseur.
Bouche et pharynx. — En traitant de la Symptomatologie de cette affection, nous avons deja fait remarquer que la premiere alteration sensible de la muqueuse buccale etait une coloration plus foncee que la normale dans les en-droils depourvus de pigment; la muqueuse devient en ces points d'un rouge livide ou cyanosee; cette coloration, persiste, quoique moins prononcee, sur le cadavre, si ia mort n'a pas ete determinee par effusion de sang. Gelte rougeur anormale, due ä une injection plus prononcee de petits vaisscaux, se trouve, comme sur le vivant, disposee pur taches, ou eile est diffuse; eile s'observe sur une etendue variable de la muqueuse buccale. Si lanimal n'a pas ete sacrifle au debut de la maladie, mais seulement le deuxieme ou le troisieme jour apres lapparilion evidente de celle-ci, l'aulopsie nous permet de constater sur cette muqueuse les lesions epilheliales dejä signalees comme
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une des manifestations ordinaires du typhus contagieux sur le vivant. Nous trouverons done dans ce cas rcpithelium gonfle, opaque, ramolli et moins coherent et exuberant par places; en ces derniers points il se presente sous forme d'elevures, du volume dune tele d'epingle ä celui d'unc lentilie; ces elevures, en devenant confluentes, peuvent former des plaques d:une etendue variable, de formes irreguläres et depassant de 1 ä 2 lignes le niveau des parties voisines de la muqueuse.
La masse molle grisätre ou gris jaunätre, dont sont con-stituees ces elevures et plaques, s'enleve au moindre frot-tement j eile est composee, commc le demontre I'inspection microscopique, dune masse molleculaire graisseuse, de corpuscules, de cellules epitheliales et de noyaux granu­les qui s'ecrasent sous une faible pression, en laissant une petite goulteleite graisseuse; on y trouve, en outre, des masses encore coherentes, riches en granulations, des cellules volumineuses ä plusieurs noyaux et des cellules plus petites qui ne renferment que 1 a 3 noyaux; souvent ces cellules sont plus ou moins allongees et fusiformes. Le conlenu de ces cellules est en partie constitue par des gra­nulations nombreuses qui apparaissent en premier lieu alaquo; pourtourdu noyau.
Ces differentes lesions sont dues ä un double processus a la fois progressif et regressif, e'est-a-dire, une prolifera­tion cellulaire plus active que normalement, et a une degenerescence graisseuse des cellules at noyaux.
Si on examine isolement les parlies superficielles et les parties profondes de l'epithelium, on constate, d'apres Brauell, que les cellules sont d aulant plus abondantes et le detritus graisseux d'aulant plus rare qu'on approche davantage du derme de la muqueuse, tandis que I'inverse
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SOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DU TYPHUS CONTAG1ECX fiPIZOOTIQUE.
se presentc si on poursuit le processus des couches pro-fondes vers les couches superficiellcs(i). Gcrlach, dans ses investigations, a, au contraire, Irouve que les granulations etaient plus abondantes dans les couches epitheliales pro-fondcs que dans les superficielles.
Dans les couches profondes, les cellules arrondics, al-longecs et fusiformes se trouvent en nombre plus conside­rable que dans les couches superficielles. La muliiplication a, par consequent, ele le plus active dans les couches les plus voisines du derme de la muqueuse, tandis que la de-generescence graisseuse est le plus prononcee dans les couches superficielles de 1 epithelium.
Ces memes modifications pathologiques s'observent a un degre variable, mais ordinairement moindre, dans les par­ties de la muqueuse sur lesquelles nexislent ni elcvures ni plaques; parfois celte alteration se montre sur toute ou presque toute la muqueuse buccaleavee une inlensite süf­fisante pour recouvrir cette membrane dun enduit continu assez epais.
Le derme de la muqueuse, mis a nu par renlevemenl de rcpithelium, est irregulicrement injecte, meme ecchymose par places. Si cet enlevement a eu lieu pendant la vie, on constalera sur le cadavre lexistence des erosions, ou mieux des excoriations que nous avons deja signalees. On trouve le derme de la muqueuse reeouvert dune mince couche de cellules degenerees, constituant un enduit mou et caseeux, si repithelium n'a etc qu'ineompieiement enleve.
Gerlaeh, dans ses recherches microscopiqnes (2), a trouve quoutre les caraetcres dune proliferation endogene
(1)nbsp; Voir nuAHFLL, ATclaquo;e Unters, betaffend die patholog., ^nat. der Rinder­pest, 1862.
(2)nbsp; Voir Rinderpest, p. 39.
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et de la degenereseence graisseuse dans les couches imme-diatement sous-jacentes ä repilhelium, la muqueuse presen-tait les lesions de Ihyperemiej que les elements conjonctifs de la couche la plus superficielle du derme etaient le siege d'un certain degre dinfiltration et de tumefaction et que, meme dans ks points les plus fortement atteints du pro-cessus morbide, cette partie de la muqueuse ne presentait aucune autre alteration.
Dapres Ravitsch (i), une partie des elements cellulaires du tissu conjonctif muqueux peut etre le siege de tume­faction et de proliferation nucleaire (un a trois noyaux). Par la destruction rapide de ces elements en voie de proli­feration ou nouvellement formes surviennent, d'apres lui, les pertes de substance de la muqueuse.
Gerlach declare n'avoir rencontre dans ses recherches ni sur la muqueuse buccale, ni sur la muqueuse pharyn-gienne, ces pertes de substances que Brauell rapporte a une extension de la degenereseence graisseuse de Tepithe-iium aux couches superficielles du derme de la muqueuse.
Brauell a, en outre, constate parfois sur les muqueuses labiale et gingivale un nombre variable de petits trous arrondis, penetrant jusque sur les couches epiiheliales les plus profondes, parfois jusque sur le derme de ia muqueuse meme; le fond de ces culs-de-sac elait ordinairement recou-verl par une masse jaunätre, qu'une legere compression faisait facilement sortir. Dans cerlains cas il a trouve, au lieu de ces trous, de petits nodules dissemines, legere.ment resistants et saillants, du volume d'un grain de millet, de conleur jaunätre ou grisälre et faciles a enlever; ces no­dules ne penetraient pas jusque sur le derme. Du fond des petits enfoncemenls, formes par leiimination de ces pro-
(0 Magazin, voir Cürlt et Hebtwig. vol. 30, cah. 3.
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duclions morbides, on pouvait, par une legere pression, faire sortirune masse jaunälre lanlot epaisse, tantöt liquide et il restait des pertes de substance en tout analogues aux trous signales ci-dessus; le mode de formation de ceux-ci se trouve done etabli. La masse jaunatre elle-meme est composee de quelques cellules granulees et de detritus moleculaire graisseux (raquo;)•
Chez les animaux abattus du huilieme au dixieme jour de maladie, les depressions et les pertuis etaient deja en panic combles par de nouvelles cellules normales. Cest evidemment ä ces dernieres alterations , qui ont egale-ment etc constatees en Angleterre (2), qu'on doit, ajou-terons-nous avec Braueil, rapporter ce que certains auteurs ont designe sous les noms de pustules et de vesicules de la bouchc. Brauell a, en outre, rencontre une lesion qui, d'apres lui, represente les alterations des folli-cules muqueux de certains auteurs. Il n'est jamais parvenu ;i decouvrir l'existence de ces foliicules, dans la region oil i! a eu ä constater cette manifestation pathologique, savoir a la levre inferieure.Ce savant investigateur a rencontre sur celle-ci, mais rarement, deux ou trois saillies, du volume dquot;une lentille, sous lesquelles on reconnaissait, par la pal­pation, la presence de petites nodosites arrondies. Vers leur centre, ces eminences presentaient une petite perte de substance ä bords irreguliers, comme ronges, perforant la muqueuse et remplie en partie par une matiere jaunätre ct friable. A loeil nu il etait facile de confondre cette masse avec du pusou de l'exsudat, mais a l'aide du microscope on y reconnaissait rexislence de quelques noyaux granules, de
(il Voir Bradeii, 2Veue Unters, wber pathologische Anatomie der Rin­derpest, p. 13. (3) Voir Tumo, Report of Commiss. appointed, etc.
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quelques cellules epilheliales en voie de destruction et de detritus moleculaire. Dans le plus proche voisinage de ces pertes de substance, une masse moleculaire, disposee par petits foyers ou en ligne correspondante ä la direction des faisceaux conjonclifs, s'etait substituee aux elements de la muqueuse. En examinant ces nodules ä une distance plus grande de la perte de substance, on y constate, dit Braueil, des noyaux en grand nombre, accumules dans le tissu muqueux plus ou moins condense. Ces perles de substance, entamant le plus souvent ie derme, parfois ne depassent pourlant pas-la couche epitbeliale (i).
Toutes ces alterations peuvent se presenter avec une intensite et une extension variables sur les differentes re­gions de la beuche et du pharynx, mais c'est prineipalement aux endroits oü des causes irritantes (frottements conside­rables, etc.) peuvent venir augmenter l'intensite du pro-eessus morbide que nous rencontrons les lesions les plus profondes, telles que les pertes de substance du derme de la muqueuse.
QEsophage,— La membrane muqueuse de l'cesophage est plus raremenl alteinte que celle de la bouche et du pha­rynx, mais n'est pourtant pas loujours exempte de lesions. Son epithelium se detache, en general, plus facilement que dans les conditions normales et si des alterations plus graves se produisent sur celte membrane, elles ne different pas de celles que nous avons signalees sur la muqueuse bucco-pharyngienne. Lors de l'epizootie de i7li, par exemple, les ulcerations de Toesophage comptaient parmi les manifestations les plus communes, les plus conslantes de cette affection.
(t) Voir Braueli, iVeue Vnlers. über Pathol. Anat. der Binderpest, 1802, p. 15.
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Rumen, reseau et feuillet, — Le contenu du rumen et du reseau est normal, mais dans le premier de ces reser­voirs il est, en general, un peu plus abondant que dans les condilions pliysiologiques. Cette accumulation est evi-demmenl on rapport avcc la persistance de l'appetit, alors que la rumination est deja completement suspendue. L'e-pithelium de ces deux estomacs, souvent normal, se de-laclie parfois plus facilement quä l'elat sain; l'inspection microscopique permet d'y reconnaitre, dans cos cas, des cellules läcbement unies les unes aux autres et remplies de granulations et de gouttelettes graisseuses, ainsi que des debris de cellules et du detritus molcculaire.
La muqueuse de ces diverliculums gastriques est assez souvent le siege dune injection generale legere, mais qui parfois est beaucoup plus intense par places. Il n'est pas rare de rencontrer sur la muqueuse du rumen des eschares arrondies, ovales ou irregulieres, disposees isolement ou reunies par groupes, et presentant une coloration variant du brun-noirätre au verdätre.
L'elimination de ces eschares se fait insensiblement, ä partir des bords toujours nettement dessines. La cicatrisa­tion de ces pertes de substance superficielle ne survient pas seulemenl si la maladie doit se lerminer par guerison, mais encore assez souvent dans les cas oü la terminaison doil etre fatale. Des extravasations sanguines trop abondantes ont probablement ete la cause de la production de ces plaques gangreneuses. Le voisinage de ces tissus mortifies est infiltre, parfois plus ou moins fortcment congestionne, tandis que le fond de la perte de substance, legerement injecte ou ccchymose, presente une coloration plusou moins rougeätre ou verdätre.
Le troisieme estomac, dont nous avons deja Signale la
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consistance variable ä la palpation exlerieure, renferme un conlenu, donl Ics caracteres physiques sonten rapport avec cctte consistance meme; en effet, tantöt celui-ci est clur, sec, friable, tantöt il est mou, pulpeux. Dans le premier cas l'epillielium des lames sc detache facilement et reste meme, en partie au moins, adherent aux gäteaux de substances alimentaires, si on enleve ceux-ci d'entre les feuiliets. L'examen microscopique prouve que cet epi­thelium est egalement atteint de degeneresccnce granulo-graisseuse.
Quant aux feuiliets, ils sont hyperemies, seit seulement au lieu de leur insertion ou sur les elevures papillaires, soit sur une etendue variable de Tune ou de l'autre ou bien de l'une et de l'autre de leurs faces. Des ecehymoses et des eschares plus ou moins nombreuses, variables de forme et de dimensions, peuvent egalement exister sur ces lames.
Si l'epithelium recouvre encore les ecehymoses, les ca­racteres de eeux-ci se trouvent plus ou moins masques.
Les lames et lamelles se dechirent facilement.
Les ecehymoses et les eschares sont beaueoup plus rares et les hyperemies moins prononeees si le contenu est mou que sil est dur. Les differences dans les caracteres physiques des malieres renfermees dans le troisieme esto-mac ne dependent ni de la gravite de la maladie, ni de la periode ä laquelle celle-ei est arrivee, mais de la nature et de la quantitedes aliments et boissons ingeres.
Caillette et intestin. — Au debut de Taffeciion, le con­tenu du quatrieme estomac et de l'intestin grele est encore normal ou ä peu pres, mais bientöt ses caracteres chan-gent. Dans la caillette et l'intestin grele on ne rencontre plus qu'un liquide peu abondant, assez consislant, jaunätre
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ou brunatre, parfois sanguinolenl ou colore en jaune par suite de son melange avec une petite quantite de matieres alimentaires. La surface inlerne de la cailiette et de l'in-testin grele est recouverte d'un mucus epais, tres-visqueux, vitreux, gris-jaunätre ou rougeätre. Dans le coecum et le colon on rencontre, ä celte periode de la maladie, un con-tenu normal, plus tard on y trouve une masse baveuse ou im liquide muqueux, gris-jaunätre ou brunatre, parfois sanguinolenr.
Le rectum ne contient qu'un mucus epais, visqueux, adherent aux parois. Si la maladie poursuit sa marche, les debris qui se detachent de llnieslin viennent se meler aux transsudats ou aux extravasats, pourconstiluer avec ceux-ci un liquide visqueux, albuminoide, blanc-jaunätre, bru­natre ou rougeätre, auquel se trouvent meles, sous forme de grumeaux et de flocons, les deiritus fournis par la paroi intestinale.
Gerlach a recherche la reaction des matieres formant le contenu de la partie abdominale du tube digestif; il a trouve que dans les deux premiers eslomacs, dans la cail­iette, ainsi que dans l'intestin eile etait alcaline, et dans le feuiilet, acide. Les excrements presenlaient egalement la reaction alcaline.
L'enduit visqueux epais, de memo que le contenu muqueux, sont consiitucs par : 1deg; du detritus amorphe, graisseux; 2deg; des cellules epilheliales, detachees, en voie de degenerescence; 3Jdes cellules plus ou moins petiles ou rondes (muqueuses ou purulentes), ou volumineuses, gra-nulees, ainsi que des debris de ces elements cellulaires; 4deg; des noyaux libres, egalement en voie de Iransformation granulo-graisseuse. Nous pouvons done considerer celte masse comma un muco-pus en voie de degenerescence
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graisseuse. Dans le contenu du gros inleslin, les cellules epilheliales sont plus abondanles que dans celui de l'intes-lin grele. Si, en recueillanl la masse qu'on veut examiner au microscope, on a soin de racier la surface de la mu-queuse, on y trouvera, outre les cellules arrondies, des cellules cylindriques ;'i deux ou trois noyaux.
Lorsque, sur des animaux abatlus, au debut de la peste bovine, on enleve avec precaution, a I'aide dun arrosoir, le contenu de la caillette en meme temps que les mucosites qui en revetent les parois, on voit que la surface de la muqueuse est irreguliere et que son tissu est le siege d'une infdtration et dune injection tres-variable en inten-site et en extension ordinairement en rapport avec la gra-vite de Taffection et le moment de la mort; la coloration anormale, variant du rouge-brique au rouge-brun, est generalement diffuse, eile est surtout prononcee dans la partie pylorique de la caillette et atteint le plus souvent son maximum d'intensile vers le sommel des duplicatures; les extravasations sanguines plus ou moins nombreuses qu'on rencontre frequemment dans le tissu de cette partie de la muqueuse, presentent les dimensions les plus variees (depuis celles d'un simple pointille jusqu a celles de larges laches); on les rencontre le plus souvent sur les cretes des replis, oü elles affectent en general une forme allongee. Si elles siegent sur les faces de ces duplicatures ou entre celles-ci, elles presentent des contours moins reguliers. L'epanchement de sang s'etend parfois jusqu'a la surface de la muqueuse et le liquide extravase vient se meler alors au contenu de la caillette, ou bien il se prend en caillots immediatement apres sa sortie des vaisseaux ; les caillots, dans ce cas^ adherent plus ou moins fortement a la mem­brane.
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Ces lesions vasculaire sont, en general, les plus intcnscs vers le iroisieme ou quatrieme jour de la maladie; plus tard elles s'effacent plusou moins.
L'infillratiori du tissu muqueux et sous-muqueux est quelquefois ires-considerable, surtout pendant la premiere periode de laffeclion ; eile diminue generalement plus tard.
La coherence des parois de la caillelte est diminueej sa l'riabilile est grande.
Dans rintestin grele et le gros intestin il existe, ä cette epoque, des alterations analogues, mais, tandis que dans la caiilette la rougeur est ordinairement diffuse, eile se presenle generalement dans Tintestin grele, sous forme de stries transversales, croisees perpendiculalrement par des strics longitudinales moins foneees; de cet entrecroisement resulte un dessin assez regulier. Les extravasals sanguins sont assez frequents dans la muqueuse de l'iniestin grele, mais ordinairement ils sont peu etendus; les epanchements ä la surface de cette membrane et les infiltrations de celle-ci sont plus rares que dans la rnuqueuse de la caiilette. Dans le duodenum les alterations sont, en general, plus intenses que dans le rcslantde l'intestin grele; anssi n'est-il pas rare d'y conslater une rougeur diffuse tres-prononcee et des epanchements sanguins nombreux.
A un examen plus minutieux, on remarque assez sou-vent que la congestion est surtout prononcee au pourtour des follicules solitaires et des plaques de Peyer dont le volume est plus ou moins augmente. Frequemment l'as-pect areolaire de ces dernieres plaques est deja des plus prononce ä la fin de la premiere periode de la maladie.
Les memes lesions existent ordinairement, mais ä un degre moindre, dans le gros intestin. Leur intensite dimi-
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nue ä parlir de la premiere partie du gros colon jusqu'au rectum oü la rougeur palhologique, les ecchymoses et lin-filtration sont de nouveau tres-fortes et presque, sinon tout ä fait, constantes.
Dans le gros intestin, ce sont les parlies les plus sail-lantes, les cretes des valvules, qui presentent la coloration la plus intense ei les ecchymoses les plus etendues.
Albrecht (i) a constate que l'infiltration de la muqueuse etait surtout considerable s'il n'etait pas survenu de diar-rhee dans le cours de I'affection.
Si la maladie a fait plus de progres, on trouvera des lesions plus caracteristiques. La muqueuse de la caiilette et de Tintestin presentent alors unc coloration plus foncee, souvent cyanosee ou noirätre,qui, dans le duodenum d'ani-maux succombes a la peste bovine, peut meme etre dun noir uniforme; les pelechies et les ecchymoses sont plus nombreuses. Dans le quatrieme estomac, mais plus souvent dans Tintestin, on voit, vers le cinquieme jour de la mala­die, apparaitre une pigmentation, dont la nuance varie du gris-clair au gris-ardoise et meme au noir; celle-ci se substitue a la coloration anormale due au sang. Gelte pigmentation, dont lintensite aussi bien que I'extension est tres-variable, survient ordinairement en premier lieu dans le rectum. Son intensile, considcree comparativement dans differentes regions du lube gaslro-inteslinal, est en rapport avec lintensite de la coloration sanguine, dont ces regions avaient ete le siege; c'est dans le duodenum et sur­tout pres du pylore que, par consequent, eile est ordinai­rement la plus forte et la plus etendue; eile est moins intense et plus localisee dans le restant de Tintestin grele; nulle ou presque nulle dans le ccecum et le colon,
(i) AiBBECUT. \o\r Magazin f. gesam. r/iraquo;er*ei7ft.,1867, p. 472,
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eile reparait avec assez d'intensite dans le rectum. Dans le duodenum eile est, de meme que nous Tavons conslate pour la rougeur, assez diffuse; dans le restant de Tintestin grele, eile se borne, en general, ä une double serie de zones perpendiculaires, plus ou moins incompletes et se presente generalement sous forme de lignes longitudinales dans le rectum.
En examinant ccs tissus pigmentes au microscope. Gerlach a reconnu que la matiere eolorante se trouve de-posee dans la couche la plus superficielle de la muqueuse, quelle est conslituee par de petites granulations irregulieres qui, suivant qu'elles etaient disposees isolement ou par groupes, donnaient naissance ä une coloration faible ou forte; c'est au pourtourdes orifices des glandes de Brunner et, dapres Brauell, dans le tissu des villosites (l), que ce pigment se depose de preference.
Ce pigment, dont Texistence n'a ete conslatee qua dans la muqueuse digestive et dans les ganglions mesente-riques, est forme par du sulfure de fer, comtne le prouvent les recherches faites par le professeur Begemann, de l'ecole de medecine veterinaire de Hanovre (2).
Cette matiere pigmentaire, d'apres Gerlach, est remar-quable, parce que : 1deg; eile se forme rapidement (quelques jours suffisent ä sa production dans l'organisme); 2deg; on ne lu rencontre que dans le tube digestif et dans les ganglions mesenteriques, malgre que d'autres organes peuvent etre le siege d'alterations anatomiques, analogues ä celles du canal alimentaire; 5deg; la coloration noire des tissus disparait rapidement par la maceration dans l'eau, dans Talcool et dans la glycerine.
(1) Heue Untersuchungen betreffend die pathol. Anat. der Rinderp., p. 25. (ä) Voir Geiuacii, Die Sinderpest, p. 50.
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D'apres le meroe auteur, le soufre du sulfure de fer esl fourni par le contenu du lube digeslif et le fer provieut de l'hematine du sang extravase qui, dans le typhus conla-gieux, n'est que lachement unie aux corpuscules rouges du sang. La disparition rapide de ce pigment qui se ren­contre encore dans d'aulres affections, dans la dyssenterie par example, est due a I'action que les matieres animates exercent sur lui.
Roloff, professeur a Halle, dans une note critique du travail de Gerlach (d), dit que pour se rendre compte de la formation de ce sulfure de fer, il n'est pas necessaire d'inyoquer cette diminution hypothetique de Tenergie des forces attractives qui lient la matiere colorante du sang aux corpuscules rouges. Dans certaines circonslances, teile que l'infiltration du tube digeslif, les corpuscules sanguins, dit-il, perdent tres-rapidement leur hematoglobuline. La pro­pagation considerable de la matiere colorante el la diarrhee tendent a prouvcr rexistence dun courant sereux, ayant pour siege les parois gastro-intestinaies el ce courant peut exercer une influence sur Ihematoglobuline extravasee ou ' stagnante. La facilite du dedoublement de cette derniere matiere en hematine el en globuline, demontr'e par Kühn, ainsi que la presence dans ces lissus infiltres d'extravasats nombreux el de sang en stagnation dans les vaisseaux, sont des conditions qui, en presence du courant sereux de la rau-queuse gaslro-intestinale, rendent inutile I'hypothesed'une union moins intime de Ihematoglobuline avec les corpus­cules du sang. De plus, dit Roloff, il est etabli que les corpuscules du sang, s'ils se trouvent en contact avee les acides de la bile, se decomposent rapidement en donnanl lieu a la formation de matieres colorantes de la bile; or,
(i) Voir Magazin f. Thierheilk., 1868, p. 24.
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ajoute-t-il, dans le typhus coniagieux il y a resorplion de ce dernier liquide, comme le prouvenl la tumefaction de la muqueuse des canaux hepatiques, la distension de la vesicule du fiel el la coloration jaunätre de la serosite des ventricules cerebraux. Cette bile resorbeef peut etre elimi-nee par voie urinairc, mais il se peut aussi qu'ä l'approche de la mort eile s'accumule dans le sang et exerce alors son action sur les corpuscules rouges. Arrives dans lintestin, lesacides de la bile peuvent, apres renlevement de Tepitlie-lium, agir sur le sang epanche, decomposer lliematoglobu-line ou Ihemaline et transformer celle-ci en matiere colorante de la bile et en fer. L'hydrogene sulfure ren-ferme dans Tintestin peut, en s'unissant directement ä cc fer ou en agissant cgalement sur rhematoglobuline ou sur l'hematine, determiner la formation du sulfure de fer. Quant ä la disparition rapide de cclte coloration pigmen-taire dans Teau, l'aicool faible, etc., eile est due ä une oxygenation du sulfure de fer, sous linfluence de l'oxygene que ces liquides renferment. Le sei resultant do cctte Oxydation est soluble ; sa formation est favorisee par la presence de certains acides, lels que l'acide lactique.
L'epithelium de la caillette et de rintestin subit assez rapidement des modifications analogues ä cellcs que nous avons signalees pour repithelium de la bouche. L'inten-site de ces alterations depend de l'endroit oü on les consi,-dere, ainsi que de Tintensite de la maladie et de l'epoque ä iaquelle celle-ci est arrivee. Dans la premiere et la der-niere portion de I'lntestin grele, dans le coecum, dans la premiere portion du gros colon et dans le rectum, eile est en general plus considerable qirailleurs.
Pendant les premieres periodes de la maladie ainsi que dans les cas peu graves, 1 epithelium, quoique non encore
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detaclie, est toujours moins adherent au derme qua dans les conditions normales. Dans les cas plus graves, on con­state, ä rautopsie des betes sacrifiecs ou mortes du typhus contagieux, que cetle couche proteclrice se trouve deja completement delachee sur une etendue plus ou moins considerable de la muqueuse, surtoul de lintestin greie. Les excoriations ainsi produiles varient considerablemenl aussi bien en etendue qu'en nombre. La muqueuse de-pouillee de son epithelium, est en general recouverte de cette masse visqueuse grisätre, rougcätre ou noirätre, dont nous avons indique la composition microscopique cn par-lant du contenu du tube digestif. Par place cette masse pent prendre une coherence plus forte et se prendre en plaques plus ou moins adherentes h la muqueuse, dont elles envahissent alors la substance ä une epaisseur d'un quart a une ligne environ. L'etendue de ces plaques n'at-teinl en general qu'un quart ä deux pouces de long ; par-fois pounant cellesci peuvent prendre de plus grandes dimensions ot meme recouvrir la muqueuse sur une lon­gueur assez considerable en formant des cylindres creux. C'est principalemenl sur les faces et aux bords libres des replis qu'on rencontre ces plaques, considerees par cer­tains autcurs comme plaques gangreneuses ou eschares. Si elles sont pctites, elles presentent ordinairement un contour ovale ou arrondi, tandis que si elles sont plus grandes, sans pourtant prendre la forme de cylindre, leur delimitation cst plus irreguliere.
Ces plaques presentent une coloration grisätre, jaunätre rougeätre, brunätre ou noiralre; leur surface libre est lissc, plus ou moins convexe; leur consistance variable est moindre ä la peripherie que vers le centre j leurs bords, netlement dessines, le plus sonvent circonscrits par du
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6inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DU TYPHUS CONTAGIEÜX EP1ZOOTIQUE.
tissu normal ou legerement infiltres, sont gencralement, par suite du retrait de la plaque, separes par un cspace peu considerable des bords de la solution de continuite ou de lerosion. Ces plaques adherent plus forloment par leur partie centrale que par leur peripherie aux parois de la caillette ou de I'inteslin ; en dessous d'elles la muqueuse est injectee et parsemee de petits extravasats.
L'elimination ou la liquefaction de ces productions a lieu de la peripherie vers le centre.
La mortification qui peut atteindre la paroi intestinale n'atteint gencralement que la muqueuse dont assez sou-vent eile n'entame meme que les couches superficielles, moins frequemment eile attaque cette membrane dans la presque totalite de son epaisseur et plus rarement encore (dans les cas tres-graves) eile s'etend jusque sur le tissn conjonctif sous-muqueux ou meme jusque sur la couche musculaire.
L'elimination ou la liquefaction des plaques mortifiees donne lieu a des pertes de substance designees sous le nom dexcoriations ou derosions, suivant que le derma de la muqueuse est reste intact ou non. Le nombre de ces ero­sions ou excoriations est aussi variable que celui des pla­ques ; leur contour rappelle celui de ces dernieres j leurs bords lisses, parfois dechiquetes, sont formes par la mu­queuse normale, infiltree, hyperemiee ou couverte de gra­nulations. Leur fond, parfois päle ou de coloration normale, plus souvent injecte, est egalement lisse ou convert de granulations; il estconslilue par les couches superficielles ou profondes du derme de la muqueuse ou du tissu con­jonctif sous-muqueux.
Les erosions sont en general recouvertes dun endüit visqueux conslitue par un detritus molleculaire graisseux
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drs granulations abondnnles, des cellules spheriques ou fusifonnes et des debris de glandes. On y trouve en oulre dquot;apres Albrecht, du pigment et des corpuscules san-guins plus on moins decomposes.
Dans le fond de ces erosions on reconnait parfois au microscope, les resles des culs-de-sac des glandes qui dans dautres cas ont completement disparu, du lissu conjonclif dorn les corpuscules sont dejä plus arrondis, plus troubles que danlaquo; les conditions normales, des fibres en partie deta-chees et des corpuscules pigmentaires ou sanguins.
Les eschares de meme que les erosions sont en general d'aulant plus nombreuses qu:on s'approche davanlage du pylore.
Les parties pcripheriqucs, ramollies de ces plaques ana­logues par leur composition microscopique ä la masse vjs-qucuse que nous avons signalee dejä commc enduit interne du tube digestif, sont formces par un detritus graisseux, abondant, quelques cellules arrondies et quclques noyaux ä aspect granule; les parties centrales plus consistantes sont composees de cellules arrondies en parfie dejä en voie de degenerescence, de noyaux et d'un peu de detritus mole-colaire graisseux ; parfois on y constate quclques rares cel­lules epitheliales cylindriques en voie de degenerescence. La coloration rougeätre ou noirätre des plaques aussi bien que des masses muqueuses est due a des corpuscules rouges du sang ou ä du pigment.
Cetle masse visqueuse de meine qua ces plaques, d'apres les recherebes de Braueil (i), sont produiles par les glandes utriculaires des muqueuses gaslriques et inl^sti-nalelaquo;. Cos glandes ont perdu leur epithelium et sont rem­plies dune masse analogue ä celle des plaques (cellules
(i) Bradell. Ifene Unters, betreff, die pnthol. Anat.der Hinderpest.p. •gt;lt;)#9632;
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arrontlies et noyaux en voie de proliferalion et de degene-reseence graisscuse, delritus moleculaire graisseux). Sur des sections convenablement faites ä travers les parlies resistantcs de ccs plaques on peut meme par un grossisse-mcnt süffisant, voir comment ces plaques par leur face profonde se prolongent dans ces glandes, et se confondent avec le contenu de celles-ci. Cette participation des glandes muqueuses au processsus,a du reste encore cte signaleepar dquot;autrcs savants.
Albrecht, dans son rapport sur le typhus conlagieux, public dans le Magazin f. Tlüerkeilk., 1867, p. 478, a constate la distension des glandes en tubes de la caillctte et de linlestin grele par des cellules romles, assez volumi-neuses et a plusieurs noyaux. Dans les cas qu'il a observes, ces cellules etaicnt tellement abondantes ququot;il sußisait de la pression du couvre-objets pour las faire sorlir des tubes quot;#9632;landulaires sous forme cle masses noduleuscs allongees : leur agglutination elait teile quc meme en debors des glan­des elles conservaient completement la forme de celles-ci. Ces cellules etaienl evidemment en voie de transformation quot;raisseuse.
Gerlach, dans ses minutieuses rccberches, a egalement constate cetle alteration dans les glandes muqueuses du pylorc; ces glandes, dit-il, avaient perdu leur epithelium, et se trouvaient remplies de cellules en voie de degeneres-cence, dun detritus moleculaire ct do noyaux granuleux. II a en outre reconnu qu'en certains endroits la muqueuse de la caillelte presentait de petites laches blanche jau-nätres, arrondies, pourvues ä la parlie ccntrale d'un ori­fice ; ces laches elaient dues a une augmentation de volume des glandes a pepsine; celles-ci etaicnt remplies cle cellules a pepsine, donl les dimensions paraissaient elrc inferieurcs
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aux dimensions normales parce que ces cellules nom-breuses se trouvaient serrees les unes contre les auires. En certaincs places oü la muqueuse presenlait im aspect plus clair, ajoute-t-il, la partie superienre du contenu des glandes ä pepsine, etait constiiuee par des cellules plus ou moins granulees el une masse moleculaire, principalemem de nature graisscuse.
Nous meme nous avons eu Toccasion d'observer des pieces pathologiques provenant de beles aiteintes de typbus sur lesquellcs les glandules ulriculaires du ccecum et du cölon se trouvaient lellement tumefiees qu'elles fai-saient ä la surface de la muqueuse des saillies mamelonnees de 1/2 ä 3/4 de centimetre de diametre; au centre de ces mamelons on apercevait ä Tceil nu rorifice des glandules.
Sur la muqueuse de l'intestin de meme que sur celle de la caillette on rencontre frequemment ä lautopsie dani-maux morls ou abattus pour cause de typbus contagieux, des nodositcs splieriques, saillantes donl le volume pent varier de celui d'une lentille ä celui d'un pois et plus. Ces nodosites sont parfaitement closes, ou bien presentent un petit orifice, ou bien encore el les sont recouvertes d'une masse jaunätrc, lardacee: elles sont ordinairement blan-cbätres ou jaunätres parfois rdugeälres ou brunätres ; tantöt elles sont isolees, tantöt disposees en groupes plus ou moins serres; e'est dans le jejunum et lileon qu'on les rencontre le plus souvent; leur consistance est variable. leur pourtour souvent un pcu plus injecte que le restant de la muqueuse. Ces nodosites correspondent par leur siege, soit ä un seul, soil ä plusieurs follicules solitaires. Quand elles sont molles, il suflit d'un leger frottement pour les enlever, tandis que celles qui sont plus consis-tanles adberent plus fortemenl a la muqueuse. Si on com-
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prime ces follicules solitaires, il en sort une espece de bouchon grisälre, parfois rougeätre, assez coherent ou bien une masse molle, jaunätre, semblable ä du pus; il reste line cavite arrondie, afiaissee et a parois lisses.
La masse grise renfermee dans ces nodosites, est com-posce de grandes cellules arrondies a un ou plusieurs noyaux, de noyaux libres, de globules graisseux (granules) et de detritus moleculaires. Dans la masse molle contenue dans les follicules distendus, on constate la presence des monies elements, seulement le detritus moleculaire y est plus abondant.
L'enduit lardace qui recouvrc parfois les nodosites, pre-sente essentiöllement la meme composition que les masses grises ou jannes, II ressemble davantage a lune ou a lautre de ces masses suivant quil est plus ou moins cohe­rent ; cet enduit est evidemment produit par les follicules
memes.
La coloration rougeätre ou brunätre de ces nodosites est due a des corpuscules rouges du sang ou bien a des gra­nulations pigmenlaircs.
Dans un des follicules ainsi älteres, Brauell a rencontre des vaisseaux sanguins dont les parois avaient subi la dege-nerescence graisseuse; ce dernier fait lui parait indiquer quel est le mode de production des hemorrhagies dans les follicules.
Les plaques de Peyer perdent en general dans le cours du typhus contagieux leur revetement epithelial; de plus, dans le eours de beaucoup depizooties de peste bovine elles deviennent le siege presque constant d'alterations pathologiques, analogues a celles des follicules solitaires; dans le cours de certaines autres epizootics elles ne pre-sentent que rarement des alterations evidentes. Ces
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lesions si ellcs existent ne sont pourtant pas toujours egalement prononeees : tantöt ces glandes agminees ne presentent ä leur surface quun enduit muqueux, ana­logue ä ceiui qu'on retrouve dans le restant de l'intestin, et une mjeelion plus ou moins forte sous forme daureoles entourant les follicules et la plaque; dans les cas legeis, l'epithelium peut meme ne pas avoir subi dalteration notable en ces points. Tantöt un nombre variable des glandes agminees ainsi injeetees sont devenues plus sail-lantes par suite dquot;une tumefaction plus ou moins forte (aspect gaufre). Tantöt quelques-uns ou tous les follicules de certaincs de ces glandes plus ou moins fortement dis-tendues, font ä la surface de la muqueuse des saillies gri-sätres, jaunätres ou bleuätres, du volume d'une lentille ä celui dun haricot; le contenu de ceux-ci est constitue par une masse grisatre, jaunätre ou bleuätre, consistan'e ou molle qui, apres sa sortie, laisse au centre de chaque fol-licule une cavite arrondie, ä parois lisses. La masse elle-meme est identique ä celle que nous avons signalee dans les follicules solitaires tumefies. Tantöt les plaques en nombre variable sont convenes d'un depot sous forme de membrane croupale, epaisse d'une ä plusieurs lignes gris-blancbätre, jaunätre, rougeätre ou bleuätre, plus ou moins fortement nnie ä la muqueuse par sa partie cenlrale, la plus consistante, tandis quo la partie peripherique plus ou moins ramollie, n'y adhere que peu ou point. Au micros­cope, ces especes de fausses membranes se montrent com-posees dans leur partie consistante par des cellules sphe-riques granulees, ä un seul noyau, des noyaux libres egalement remplis de granulation, des cellules complete-ment granulees, des globules graisseux et du detritus moleculaire. Le detritus est d'autant moins abondant et
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ks cellules et les noyaux le sont d'autant plus quon s'ap-proehe da van tage de la surface de la muqueuse. Dans les parlies ramollies ces enduits presentent la meme composi­tion microscopique, ä ceite seulc difference que plus la parlie quon examine est tnoiie, plus les elements figures sont rares et plus le detritus graisseux est abondant. La coloration rongeätre ou bleuätre de ces enduits est egale-ment due, dans ce cas, ä la presence d'un nombre variable de corpuscules rouges du sang plus ou moins ratatines, ou ä des granulations pigmentaires. Si on detacbe ces en­duits on s'apercoit que dans les points ou ils sont encore adherents ä la muqueuse, leur surface n'est pas egale, mais se trouve parsemee de nombreuses petites depressions he-uiispheriques, correspondantus aux saillies que fönten des-sous de cet enduit les follicules tumefies des plaques de Peyer plus ou moins congcslionnees; ces follicules sont percees ä leur partie centrale dun orifice. La oil Tenduit squot;est detaehe de ces glandes ogminees, les follicules sont afTaisses et la muqueuse presente un aspect gaufre.
Le contenu des follicules est compose par les memes elements que les couches profondes (les plus voisines de la muqueuse) de ['enduit dans les parties correspondantes, seulement on y trouve en outre quelques grandes cellules renfermaiit des cellules plus petites.
II arrive parfois, surtout dans les cas tres-aigus, que les plaques formees par les glandes de Peyer s'unisseßt aux plaques dont nous avons parle anterieurcment et don-nont alors naissance ä des enduits assez etendus; ceux-ci en se ramollissant recouvrent la muqueuse sous forme d'une masse peu eonsistante plus ou moins muqueuse et grais-seuse comme nous l'avons constate en commencant l'etude des alterations epitheliales et glandulaires.
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Ces lesions, de meme que les alterations dont l'epllhe-lium est Ic siege, peuvent dans certaines circonstances sc transmettre au derme de la muqueuse et entamer plus ou moins profondement celui-ci dont les debris se melangent alors aux plaques.
Les places cü se tröuvaient autrefois ces plaques, sont rcconnaissables pendant un certain temps encore apres l'e-limination de celles-ei par leur gonflcment, la presence d'extravasats plus ou moins nombreux et parfois par des pcrtes de substance,
Les plaques ou enduits detaches se melent en quantilc variable au contenu du tube digestif et s'accumulent ordi-nairement vers rextremite de l'intestin grele ou dans le gros intestin. Parfois ils se dessechent et restent, pendant un certain temps, sous forme de croütes adherentes ä la muqueuse.
La production de ces plaques, comme nous l'avons dejä dit, n'est pas une des manifestations constantes de la peste bovine : eile est un phenomene presque constant dans le cours de certaines epizootics lyphiques, tandis quelle est rare, excoptionnelle dans certaines autres. Parmi les condi­tions qui paraissent avoir uno influence siir la frequence de celte alteration, nous n'en connaissons qu'une, l'etat de la nutrition qtii, s'il a ete satisfaisant avant Pinfection de {'animal, parait en favoriser la production.
Dans ces enduits solides et dans les alterations que nous avons constatees dans les follicules, il est facile de recon-naitre les exsudats, les ulcerations et les pustules signalees par certains auteu.rs.
Les alterations essentielles des follicules consistent evi-demment en une proliferation exageree des elements cellu-laircs, aecompagnee dquot;une prompte destruction granulo-
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graisseuse des eeliules de nouvelle formation. Du reste, la nature du processus que nous venons d'etudier dans ces manifestations sur la uiuqueuse intestinale, n'a pas seule-ment ete elablie par les recherches mieroscopiques, mais encore jiar lanalyse chimiquc du contenu intestinal qui est en graudc partie constitue par de la graisse (i).
Foie. — Le foie peut etre normal ou presenter une colo­ration jciunalre, icterique sans autre alteration evidente que la dilatation frequente des canaux hepatiques et parfois l'liypereniie du parencliyme du foie nieme.
La vesicule du fiel est tres-souvent dislendue et remplie dune grande quamile de biie, parfois plus aqueuse que dans les conditions normales. Sa muqueuse injectee pre-sente assez souvent des eechymoses et se trouve parfois recouverte d'un endurt jaunätre dent la composition, abstraction faite de l'impregnation icterique, est la meme lt;|ue celle des depots pseudo-membraneux de Tintestin. La muqueuse des canaux excreteurs de la bile est en general un peu tumefice.
La rale et le pancreas, ne presentent pas d'allerations evidentes; rarement le premier de ces oiganes est legere-ment tumefie et ramolli par places.
3) Appareilrespiratoire. — En nous occupant des symp-lömes par lesquels le typhus contagieux sc manifeste sur le vivant, nous avons dejä dit que la muqueuse nasale, dans le cours de celte affection, est infiltree, congestionnee, at que linjection, disposee par strics ou par tacbes, est sou-vent accompagnee de pelechies ou d'eccliymoses; que du dcuxieme au quatrieme jour il apparaissait souvent sur cette membrane quelques petits depots casceux, faciles ä
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(0 Recherches de Begemash, professeur ä Hanovre Cvoir die Rinderpest, par Gei lach, [). 51.
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enlever et sous lesquels on trouvait le derme de la muqueuse injeele et parseme de petits extravasats. Ces memes lesions /;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;se rencontrent sur le cadavre si on fait l'autopsie dquot;un ani-
mal abattu, pendant la premiere periode de laffeclion, seulement si la mort a ete provoquee par effusion de sang, les caracteres de la congestion seront moins prononces sur le cadavre que sur le vivant. Les naseaux sur le cadavre, comme sur le vivant, se trouvent salis par les matieres du jctage dont nous avons mentionne les caracteres variables en traitant de la Symptomatologie. Si l'examen necropsique n'a pas eu lieu immediatemenl apres la mort, lejetage peut par suite de sa dessiccation former sur le mufle des croütes plus ou moins consistantes.
La muqueuse du larynx, de la trachee et mcme des branches est le siege d'une ipjection et d'extravasats san-guins qui se presentent souvent, dans la trachee au moins, sous forme de stries longitudinales. Cette congestion est la plus forte aux bifurcations des bronches et ä l'endroit oü se touchent les cordes vocales, entre les arythenoldiens et l'epiglotte, et sur le^ cötes des arythenoldiens. Souvent on rencontre en ces points des extravasations et des imbibitions sanguines; parfois 11 cxiste de l'oedeme de l'epiglotte.
Si l'autopsie est faite sur des animaux chez lesquels la maladie avait atteint plus de gravite, on constate que deja des lesions plus profondes se sent produites sur la mu­queuse respiratoire. En effet, generalement alors I epithe­lium de cetlte membrane adhere moins fortement au derme ou il se trouve meme deja enleve par places (exco­riations). Les cellules, moins coherentes entre elles, sont en voie de degenerescence graisseuse, comme on le recon-nait surtout lä oü l'epithelium cylindrique fait place ä repithelium pavimenteux.
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L'injeclion et les petecliies sont plus evidentes sur le derme denude, assez souvent pourtant celui-ci, malgre la disparition de Tepiderme, ne se trouve pas ä nu, mais il est recouvert dun depot muqueux ou membraneux de 1 ä 2 lignes, jaunätre, grisätre, verdätre ou rougeätre, peu adherent, qui, parfois en partie detache, flotte dans les ca-vites de ces canaux; les depots peuvent se presenter dans la trachce et les brooches, sous forme de cylindres com-plets, ou bien, de meme que dans le larynx, l'arriere bouehc et les cavites nasales, sous forme de plaques saillantes d'etendue variable, de configuration irreguliere et de plusieurs lignes d'epaisseur. Ces plaques sont plus adherentes et plus fermes vers leur partie centrale (jue vers la peripherie, ou elles sont molles, souvent pul-peuses. On trouve, parfois, en outre dans les voies respi-ratoires des flocons ou glomerules peu consistants, blanc-jaunaire ou grisätres, qui sont detaches de la muqueuse ou y adherent ä pcine, ou sont accumules clans Tune ou lautre des grosses broncbes; parfois ces depots agiles par lair, sont devcmis plus on moins spumeux (membranes eroupales, exsudats, caillols en voie de deliquescence puru-lente, etc., des anciens autcurs). Ces depots membraneux, ces plaques et flocons ou glomerules sont, d'aprcs l'examen microscopique, composes de cellules arrondies plus ou moins grandes et granulees ä un ou plusieurs noyaux, de nombreux noyaux libres, de debris de cellules et de detri­tus moleeulaire; parfois quelques corpuscules rouges de sang plus ou moins älteres, s'y trouvent melanges; les noyaux el cellules presenlent des caracleres de degeneres-ce'nce regressive. Dans les parlies ramollies de ces produits pathologiques le detritu moleeulaire predomine.
Les glandules de la membrane muqueuse de Tappareil
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respiratoire sont, dans les endroits oü existenl les depots pathologiques. soillantcs et distendues par des elements analogues ä ceux qui constituent les depots.
Les elements conjonetifs de la muqueuse peuvent avoir pris part h la fermation des depots, par suite d'une prolife­ration exageree dont les corpuscules avaient ete le siege. La destruction locale, qui en a ete la consequence, explique Texistence de ces pertes de substance detendue variable (t) qiron rencontre parfois sur cette muqueuse.
Le poumon est frequemment le siege d'un empbyseme inlerlobulaire, dont le degre de developpement est souvent en rapport avec rintensite de la maladie. Si cet empbyseme est considerable, il pent cornprimer un nombre variable de vesicules pulmonaires et les rendre diflicilement accessibles a I'air. L'emphysemese presenteprincipalement sur les bords du poumon et dans les lobes anterieures; parfois il ne se borne pas 5 cet organe, mais s'etend entre les feuillets du mediastin et, en suivanl le trajot des gros troncs vascu-laires, il pent arriver le long de la colonne vertebrale jus-qu a la region lombaire.
Parfois le poumon est atteint d'un oedeme plus on moins considerable.
La plevre, de meme que le peritoine, est parfois legere-ment congestionnee par places et meme ecebymosee; on rencontre, quoique rarement, un epanchement abon-dant, opalescent, trouble, parfois rougeätre, dans la cavile plcurale.
4) Appareil circulatoire. — Le coeur des animaux atteints de pesie bovine intense, est ordinairement flasque, de cou -leur foncee ou argileuse j il se dechire facilement. A sa base, ainsi que dans les endroils correspondants a I'inser-
(0 Voir Ekaceil, Neue Unters-, elc, p. 56,
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1)D TYPHUS CONTAGIEÜX EPIZOOT1QÜE.
tion des cordages, on rencontre souvent des extravasations sanguines, sous-endocardiques. Le sang, renferme dans les cavites du coeur et dans les gros vaisseaux, plus noir que dans les conditions normales, ne se prend en general qu'en caillot lache, parfois meme i! roste liquide. Souvent on rencontre des imbibitions cadaveriques sur la surface interne du coeur, dans les gros vaisseaux, ainsi que dans lestissus voisins. Le microscope permetde reconnaitre sur les muqueuses fortement congestionnees, la meme impre­gnation dans les parois des petits vaisseaux.
Quant a I'examen du sang ä l'aide dun instrument grossissant, il n'a pas encore permis de saisir d'alterations bien evidentes des elements de ce liquide, si ce nest line modification des corpuscules rouges, dont les contours deviennent irreguliers, el la presence de bätonnets parti-culiers, signales par Beale. Ces bätonnets, quo Beale con-sidere comme de nature vegetale, sont, dapres Gerlach, de nature cristalline. L/illustre savant anglais, de meme que Fürstenberg, ont, en outre, reconnu clans le sang des ani-maux atteints de typhus bovin une augmentation quantita­tive des cellules blanches, et Beale signale en outre 1'exis-tence de graliulations microseopiques sur les parois des petits vaisseaux et I'obstruclion de ceux-ci par ces granula­tions. Les interessantes recherches de Gerlach ne permirent pas a celui-cide confiimer cette derniere assertion de Beale. Quant ä l'analyse chimique de ce liquide, evidemment tres-dillicile, nous nous bornerons a indiquer les principales modifications, constalees par Marcet (i), Peretti (2) el Ou-dermans (3).
{1) Third report of Commissioners.
{#9632;gt;) r-'iertelj., vol. XXII.
{3) Die Rinderpest, \m, Nraquo;121.
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HU TYPHUS COSTAGIEÜX EP1Z00T1QÜE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 77
Les modificalions consistent, dapres les recherches de Marcct, en :
i. üne augmentation legere de lean pendant la pre­miere periode de la maladie et une diminution conside­rable pendant la derniere periode de ['affection;
2. Une augmentation de la fibrine.
D'apres Peretti, en :
Une aligmentatioii de fibrine.
D'apres Oudermans, en :
i. Une diminution de l'eau;
2. Une augmentation de la (ibrine;
5. Une augmentation de I'albumine;
4. Une diminution des malieres inorganiques.
Les ganglions lymphatiques, a l'exception de ceux du mesentere el des bronclies, ne presentent en general point dquot;alteration; les mesenteriques sont assez souvent, les bronchiques plus rarement, hyperemiees, plus ou moins tumefies, riches en sue et de couleur grisätre ou bleuätre; la lymphe qui sy trouve contenue, renferme un grand nom-bre de leucocytes volumineux (cellules lymphatiques).
5) Appareil genito-urinaire. — Les reins, ordinairement sains, sont pourtant assez souvent tumefies, congestionnes et plus friables que dans les conditions normales.
La vessie, rarement vide, contient generalement une notable quantite d'une urine tantöt pale, tantot trouble et de couleur foncee, tenant parfois des flocons d'epithelium en suspension. Comnie nous I'avons deja dit anterieure-ment, Turine, dapres les rechercbes du docteur Marcet (i) et du docteur Sanderson, contient plus d'uree que dans les conditions pbysiologiques. L'augmentation de ce prin-cipe coincide avec le debut de Taffection, mais n'atteint
(i) Third report etc.
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son nmimum que vingl-qualre heures environ apres que lelevQlion de la temperature interne est arrivee ä son summum. Le poids speeifique de ce liquide diminue lant que la maladic s'aggrave. Dans l'unnerecueillie sur le ca-davre, Gamgee a toujours trouve de lalbumine.
La muqueuse du bassinet, des ureteres et de la vessie est normale ou congestionnec, parfois parsemee d'eccliy-moses, souvent eile est couverle dun enduit muqueux; on y trouve meme de pelites nodosites du volume d'une tete d'epingie ä celui dun pois, analogues ä celles de la cailletic(d).
La muqueuse de Vurethre est parfois le siege des memes alterations.
La muqueuse vulvo-vaginale presente une colorali m plus marquee qui, diffuse ou localisee par places, s'etend en general jusqu'au col de Tuterus. La rougcur anormale peut, a Texception des endroits oü des petediies se sont prodniles, avoir fait place ä une päleur plus ou moins grande. Sur cetie membrane nous rencontrons parfois ega-lement de ces pctites elevures, analogues a celles de la bouclie, mais le plus souvent, par suite de l'enlevement de 1'epitlielium alti'ie, on ne retrouve plus ä la place de ces elevures que des erosions frequemment couvertes (fun leger enduit vi^qucux.
La muqueuse uterine ne prescnte point d'alteralions con-stantes : souvent saine, eile presente dautres fois une colo­ration plus foncee et meine des peteehics en nombre variable.
Les ovaires sont normaux.
Le pis, souvent congestionne, renferme parfois une
(i) Voir TroUiime el quatriemc rapporl sur les inoculations d Karlowka. Dorpat, 1861.
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pctito quanlite d'un lait epais ()),- dquot;au(res fois ce dernier liquide esi plus riche cn matteres grasses, son poids spe-cifiquc esl moindre que dans les conditions normales, les matieres mincrales y sont moins abondantes et la easeine sry trouve en proportion ä peu pres normale (2).
Les organcsgenitaux du male sont normaux, ä l'cxcep-tion toutefois du l'euillet interne du prepuce, qui, parfois, sc trouve injocte ä l'endroit de son insertion sur la tele du penis (ö).
6) Appareünerveux.— D'apres le docteur Beale, les or-ganes nerveux ne presentent aucune alteration, tandis que Brauell et Gerlach, enire autres,ont constate une transsu-dation sous-araclinoidiennc plus ou moins abondante dun liquide jaunätre et aqueux, (existence d'oedeme cerebral et d'un epancliement sereux cluir, legerement jaunätre dans les veiilricnles.
A laulopsie des animaux abattus ä Nickolsdorfl' pour cause du typhus contagieux, les membres du deuxierne congres internationa! de medecine veterinaire ont trouve une legere injection du cerveau.
Le docteur Bristowe a constate qiven general la pie-mere cerebrale etail congestionnee chez les betes atteintes de pesle bovine, dont il a fait la necropsic Ct), On signale comme une des lesions cadaveriques frequentes, lors de linvasion que cette maladie a laile dans le Hainaut en 177;) (5), un etat inflarmnatoire du cerveau. Le Cleic (e) constate que la substance cerebrale etait rarement alterce
(1)nbsp; Rr.isTowE, Third rapport of Cnmmiss.
(2)nbsp; DoclcurMiRtET, Thirdrapportof Commiss. appotnted,elc.
(3)nbsp; Bbistowe, T/iird report of the Commiss., etc. Lonlt;lres, 1866. [i] \'nir Magazin f. ges. Thierheilk., \S61.
(s) Recherches histonques et physiques, etc-, par Faulet, vol. II, p, 43. [6) Essai sur les maladies contagieuses du betail, 1766.
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SOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DD TYPHUS CONTAG1EUX EPIZOOT1QUE.
lors de lepizootie de 1745, mais qua les vaisscaux do Tencephale elaient souvent variqueux et ses membranes enflammees, surlout chez les beles qui avaient eu des in-somnies continuelles.
Tissu cellulo-adipeux. —#9632; Le tissu cellulo-adipeux, dans le cours de la pesle bovine, subit une diminution rapide, comme le prouvc le prompt amaigrissement ebez les ani-mauxatleints de cette affection.
Tissu musculaire. — Quant au tissu musculaire, il cede, dquot;apres le doctcur Marcet (l), uue plus grande quamite dalbumine ä l'eau lorsqu'il provicnt d'animaux malades de typhus conlagieux que lorsqu'il provient d'animaux sains; et dapres Brislowe, on voit au microscope que les stries transversales manquent par places ct que les fibres muscu-laires, plus homogenes, ont pris un aspect vilreux (2).
Gelte dermere alteration que nous avons cgalement eu loecasion do constater dans des cas de peste bovine,a, du reste, ete signalee clans d'autres maladies, quoiqu'on n'ait encore que depuis peu de temps appele Taltention sur cette lesion.
sect; 11. SYMPTOMES ET USIOJiS CADAVERIQUES DE LA PESTE BOVINE CHEZ LES MOUTONS, LES CHEVRES, ETC., ETC.
De Sauvages ayant eu loecasion dobserver I'epizoofie de peste bovine qui regna en Europe pendant plus de dix ans sans discontinuer, et fit ses plus grands ravages pendant les annees IT-iS et 174-6, signale deja, dans sa Nosologia method., tome V, p. 88 (3), Texistence a cette meme epoque
(1)nbsp; THrd report of Commission appointed, etc. Londres, 1866.
(2)nbsp; Third report of Commission appointed, e\.c. Londres, 1866. (ö) VoirPiüLET, vol. I, p. 256.
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dune rrwladie analogue, sinoa identique, chez les moutons ei les chevres du Languedoc.
Jessen, professeur ä Dorpal, relate dans un article inli-tule : Notizen über die Lungenseuche und die Rinderpest [i), un cas de maladie observe sur une chevre, qui par ses manifesialions ressemblait sußisamment au typhus conta-gieux epizootique pour faire naiire le soupcon ququot;on avait affaire ä ce dernier processus.
Roll, en 1830, a rencontre, ä l'autopsie de deux boucs, dos alterations analogues ä celles de la peste bovine (2).
Un moiiton auquel Sergejew, de Kassan, a inocnle, en 1850, le virus du typhus contagieux epizootique, fut at-teint apres huit jours de larmoiement, de jetage nasal, de respiration plaintive et de diarrhea; il suecomba quatre jours plus tard. A l'autopsie de cet animal on constata lexistence de lesions inflammatoires et d'ulceraiions de la c.'iillette et du duodenuni; la vesieule du fiel etait (listen-due par une bile peu epaisse (3).
Pasebkewitsch dit7 dans un article de la Gazette medicate de la Ritssie, annec 18S7, n0 58, qu'il n'esl pas rare de rencontrer chez les moutons le typhus contagieux epi­zootique.
Bien quil resulte de ces differentes citations que le de-veloppement de la peste bovine 011 au moins dune maladie tres-analogue, ait clti constate sur les moutons et les che­vres, avanl la publication des observations recueillies par le docteur Maresch, pendant les annees 1859 et suivan-tes (i), ce nquot;est pourtant que depuis celte derniere epoque que nous possedons des eonnaissanees precises sur eette
(i) VorrGüBi.x 11. Hbutwir, Uct'/azin, 183G, [gt;. 219.
(ä) Voip Zeitschrift far K- K. OeselhchaftUer Aertze, 1851, vol. I. p. 356.
(3) Voir KreiUzers ent. Zeitnnif für die veterin., elc. 1855, p. 119.
(i) Voir MAtvescn., lieber die Infection des Schafes durch die Rinderpest.
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affection consiclerce cliez les moutons et les clievres. II a ete etabli depuis Iors; non-seulement que la pesle bovine pout se transmettre ä ces deux especes animalcs, par infec-lion naturelle et par inoeulntion, mais encore que la mala-die, developpee cliez les moutons ou les chevres,est suscep­tible de se transmettre a la bete bovine.
Roll a rassemble en une brochure les documents re-cueillis en Autriche depuis 1839 jusqu'ä 1864-, qui vien-nent appuyer les ol.servations deMareseh et Galambos. Cer­tains fails observes lors de l'invasion de la peste bovine en Angleterre (ä Blakeney) (i), en Hollande (ä Schiedam), en Belgique (a Lcllingen), etc., sent venus faire ressortir duvamage la realite des fails dejn si bien etablis par le tra­vail de Roll. C'est de ce dernier travail que nous extrayons le tableau symptomntique suivant :
En general, les premiers troubles qui surviennent dans la peste ovine soni : la debilite, la diminution de I'appe-tit et le ralentissement de la rumination, lacecleration du pouls el des mouvements respiratoires; ce n'est que dans des cas rares quune cerlaine surexcitation annonce le de­but de raffection. Si la maladie progresse, la faiblesse augmentc, lappetit et la rumination cessent; il survient de la congestion des muqueuses buceale, nasale et conjonc-live; plus lard il se manifeste un ecoulement tres-abon-dant par le nez et Tangle imerne de loeil. Une bave visqueuse s'ecoule en abondance de la bouche, el fre-quemment il apijarait sur la gencive des laches rouges, se couvrant plus lard d'un exsudat grumeleux. La respiration et le pouls s'accelerent, une toux courte, rauque et dou-loureuse se declare j des grincements de dents surviennent; les excrement?, d'aboid mous, puis pulpeux, devienncnt
(i) Voir Rapport cRiciel de il. Simonds, en date du 25 seplembre 1S65.
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finnlemenl liquides, rarement sanguinolents; I'amaigris-sement et la debilite progressenl rapidement et les ant-maux, prcsque constamment couches, ne peuvent se tenir debout quä peine et en chancelant.
Dans boaucoup de cas, ces differents symptömes n:at-teignent qu'une intcnsite moyenne et la maladie se termine par la guerison; dans d'autres cas, nous voyons cetle ter-minaison lieurcuse encore survenir alors que la gravite des symptömes paraissait rendre la mort imminente. Si une amelioration survicnt dans ietat de ces animaux, coucbes sur la litiere dans im etat dabattement et d'inconscience extremes, on remarque comme premier indice du cliange-ment beureux qui sopere, que les malades commencent ä flairer les aliments, que Icur regard redevient plus eveille, plus expressif; le lendemain deja Tappctit est revenu, lae-ecleration du pouls et de la respiration cesse et la toux disparait. Les excrements conservent encore pendant plu-sieurs jours une consistance moindre que dans les condi­tions normales. L'ecoulement nasal et la formation de croütes diminuent insensiblement, mais souvent ils ne cessent qu'apres dix ä douze jours; ce ivest que plus tard encore que les animaux reprennent de l'embonpoint. Si la maladie se termine par la mort, celle-ci survient en gene­ral du troisieme au qualrieme jour, parfois plus tard ; eile peut egalement survenir cliez des animaux apparem-ment entres en convalescence, apres avoir presenle les symptömes les plus graves; c?est au bout dequatorze jours au plus que survient alors la mort par epuisement.
Cet expose succinct des symptömes du fypbus conta-gieux epizootique cbez. les moutons et les chevres, que, faule d'avoir eu l'occasion dobserver eette maladie nous-meme, nous avons reproduit dapres Roll, nous montre
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suffisamment que les manifcstalions de cette affection sont essenliellement Fes memes chez les ba3ufs, les moutons ct les chevres.
L'augmcntalion de teflnperature que nous ne trouvons pas mentionnee dans ce trace, parce que rattcntion nquot;a ete specialement attiree sur cette manifestation que dans ccs derniers temps, constitue sans doute, comme chrz les betes bovines, le phenomene initial de la peste chez les moutons et chez les chevres.
Les lesions necropsiques du typhus contagieux chez les moutons et chez les chevres sont les memes que chez les animaux appartenant a I'espcce bovine; seule-ment chez les premiers on rencontre plus frequemment que chez ceux-ci des lesions inflammatoires du poumon el de la plevre.
La peste chez les moutons ct les chevres presente, en general, un caractere plus benin que chez les betes bovines,-les symptömes et les lesions sont ordinairement moins pro-nonces, la guerison plus frequente. Ce n'est pas seulement aux animaux de lespece ovine et caprine que se transmet le typhus contagieux des boeufs.mais, d'apres Wcewoldow, professeur russe (i), cette maladic peut se communiquer h tous les ruminants domesliques, meme an chameau. De plus, I'invasion que la peste bovine a faite en i86S, au .lardin dacclimatation de Paris, a prouve que meme les animaux qui ordinairement vivent a l'etat sauvage, ne re­sident pas h l'action du virus de cetie maladie; en effet, lors de cette invasion, M. Leblanc a constate 1'existence de
oette affection sur des animaux appartenant aux especes
#9632; suivantes :
(i) Voir Magazin, 1867, p. 1quot;8.
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Genre boeuf:nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Aurochs,
Boeuf domestique, Yak, Zebu. Genre chevre : Chevre domestique. Genre antilope : Gazelle ordinaire, id. de Cuvier, id. de l'Inde, Antilope spring-bock. Genre cerf :nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Cerf roux,
id. muntjac. Genre chevrotain : Chevrotain de Ceylan. Genre sanglicr : Pecari.
Les moulons, les chameaux, les chevaux, les rongeurs, les carnassiL'is et les marsupiaux qui se trouvaient ä la meine epoque dans le jardin, ne furenl point atteints de la pesle. Comme la transmission de la peste bovine ä la plu-part des especes, sur lesquelles Leblanc a eu Foccasion de constaler en cette cireonstance Texistence de cetie maladie, est. un fait nouveau non signale anlerieuremenl, nous de-vons evidemment nous en rapporter au dire de l'eminent praticiende Paris, pour tout ce qui concerne les symplömes it les lesions microscopiques du typhus contagieux, consi-dere cliez ces animaux.
En jetant un coup d'oeil sur les quelques donnees que nous fournit Leblanc, sur les manifestations morbides ob-servees cn cette cireonstance, on voit quo cclles-ci ne dif­ferent point essentiellement des lesions que nous avons decrites en considerant le lyphus contagieux cliez la bete bovine et cliez les moulons.
En effet, voiei les symplömes qu'il a observes cliez les yaks :
laquo; Les animaux etaient eloignes de leur creclic; leur
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poil etaii lerne, redresse, leur tete basse, les mouvernents respiratoires plus acceleres que dans l'etat normal, unc toux faiWe se faisaitentendre de temps en temps; ie pouls ctaitvite et trcs-petit; les paupieres etaient peu ouvertes, les yeux peu vifs, des larmes coulaient sur Ic chanfrein; les naseaux etaient salis par du liquide muqueux. Les membranes muqueuses des yeux, des narines et des gen-cives avaient line teinte rouge foncec; on trouvait enlre les levrcs du liquide ecumeux ou filant; les oreilles, tantöt brülantes, tantöt tres-froides, etaient tombantcs et dirigecs en arriere; les cornes, chez les imlividus qui en etaient pourvus, claient ou tres-cbandes, ou glacecs; tantöt unc seule cornc etait froide quand l'autre etait chaude; les rayons inlericurs' des membres etaient froids. La station des animaux n'etait pas normale; les pieils etaient tres-ecartes ou tres-rapprocbes du centre de gravitc. Quand on cberchait ä deplacer les animaux pour les examiner, ils ehancelaient; s'il s'agissait de les saisir pour explorer leurs yeux ou leur bouche, ils ne faisaient, eontrc lenr babitude, qu'une tres-faible resistance. Chez deux yaks la respiration etait plaintive, chez Tun des deux eile etait accompagnee d'un rale muqueux tracheal que Ton entendait dejä a une ecrtaine distance. Deux yaks parmi les plus malades avaient des mouvemenls convulsifs partiels des muscles des epau-les, independamment des frissons qui survenaicnt dans d'autres regions. Lcs memes yaks avaient un mouvement de balancement de la tete, on entendait assez souvent un grincement des dents. Enfin, les excrements etaient plus mous que d'habitude et reconverts dune couche de mucus (i). raquo;
(i) Voir Rapport sur le typhus contngieux des bates ä cornes, par I.EBIAMC. p. 5.
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Un zebre, des anlilopes, des cerfs ex un auroclis presen-liiient des symplömes nnalogues. laquo; Une gazelle de linde, plus maladequeles aulies animaux, etaitcouchee, pouvail ä pcine se tcnir debout quand on l'avait fait relever; eile chancelait en marchant;sa t6te se balancait;ses ycux etaient enfonces, larmoyants; son regard netail plus vif; ses mem-bres, ses oreilles, ses cornes etaient froids; le poil herisse et terne; ses naseaux etaient humides; sa beuche remplie de mousse; sa respiration tres-aceeleree et plaintive; eile toussait; eile grincait des dents ; ses geneives etaient gon-flees, couleur lie de vin, la conjonetive, de meme nuanca; enfin, eile avait la diarrhea (l).raquo; Les aurochs pour autant que leur caraclere peu docile en permettait lexamen, pre-sentaient les menies symplömes; Tun dentre eux pourtant fut alleint, Ic cinquieme jour de sa maladie, de vomisse-ments repetes, survenant au moment oü il faisait de tres-violents efforts pourevacuer les excrements; une panie des matieres provenant du rumen s'est introduite dans la tra-chee et les bronches. comme Tautopsie permit de le con-stater (2).
Les lesions que Loblanc a eu l'occasion de constaler ä l'aulopsie des differents animaux atteints de cette affection, elaient, dit-il, assez variees, mais avaient des caracteres de famille. Voici, d'apres lui, les principales lesions :
Les alterations les plus frequentes elaient la rongeur etlepaississement de la membrane muqueuse de la eaillette et du tube intestinal; ces derniers organes ne contenaient presque Jamals des matieres alimenlaires. mais beaueoup de liquide trouble, un peu sanguinolent; la coloration etait bien plus foncee au sommet des plis de la muqueuse,
(1) \o\r Rapport sur le typhus contagieux, par M. Lebiüic, p. 6. (s) \o\r Rapport de leblanc.
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au pylorc el ä I'ouverlure coccale de rinleslin grele. C'est au^si dans ces regions, ainsi qu'a la terminaison du rectum que Ion yöyait le plus souvent des ecchymoses plus ou moins profondes inieressanl parfois loule l'epaisseur des parois inlestinales; tres-souvem la membrane inuqueuse ä sa face libre etait deprimee plus ou moins profondement. Cos depressions nelaicnt quelquefois produites que par la chule de lepillielium el par la desiruction des villosiies. Eilesavaient aiorsl'apjjarence d'erosions lres-super(icielles. Daulrcs fois, elles conslituaienl de verilables ulceres; il y avail perte d'une cerlaine epaisseur de la membrane inuqueuse; leur pourlourelaiiloujours irregulier ellailleä picjenfin, il y avail des ulceres ires-profonds, qui inieressaieutla presque lolalile des parois inlcslinales. On a vu, dans d'aulres oc­casions, les parois de rinleslin eniieremenl perforees el il n'y a pas de dome pour moi que si on avail aiiendu la morl naturelle des animaux chez lesquels nous avons irouvedes ulceres Ires-ereux, nous aurions aussi renconire des perforations. Les pertes de substance profondes se ren-contraient dans presque toute la longueur du tube gastro­intestinal, surtoul dans rinleslin grele, mais pas liabit^iel-lement sur les plaques de Peyer el de Brunner. On trou-vail assez souvent cbez le meme animal des lesions qui paraissaienl variees mais n'etaient probablemenl que des dcgres dune meme lesion qui, dans lorigine, avail laspect dune taclieeccbymotiqueet,'plus tard, dcvenait im ulcere. Sur le fond rouge de la muqueuse se voyaient, dabord, des tacbes circulaires ou un peu ovales dune nuance tres-foneee; le centre de ces laches etait plus eleve que les bords, qui n'etaient pas neliement limites. Si Ion incisaitnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,,'
les parois inlestinales selon le diamclre de ces laches, on conslalait que la rougeur,qui semblail superficielle, seien-
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DU TYPHUS CONTAGIEÜX IJPIZOOTIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;89
tlail plus ou moins profondement; eile etait produite par du sang infillre dans le lissu de l'intestin. A cole de ces taciies eechymoliques se trouvaient de petiles lurneurs piri-formes de la nuance rouge fonee des laches, ä circonference mal limitee; quand on les incisait, leur tissu avail le rneme aspect que celui qui correspondait aux laches. Pres de ces petites tumeurs pisiformes il en exislail dautres de memc forme, mnis un pen plus grosses et plus saillantes, le centre de celles-ci etait moins fonce. On voyait au point central, au travers d'unecouche superficielle, mince, de la membrane muqueuse, une nuance jaune-paille, apparle-nont ä quelque globule de pus infiltree dans un tissu assez resistant. Dans dautres tumeurs voisines, la partie centrale jaunälre en constituait la presque lotalite; il ne reslait plus quunelres-mince couche de la membrane muqueuse, qui etait transparente, sanscouleur; la pelitelumeur etait done entierement jaunatrej eile etait entouree d'une cir­conference dun rouge cramoisi mal limitee en dehors et parfailement nelte en dedans. Dans d'autres points, la pellicule membraneuse ayant ete detruite, on trouvait la mattere jaune centrale ä nu, mais encore adherente aux parois de la cavite qui la contenait. Ailleurs on trouvait cetle matiere jaune detachee et detruite en plus ou moins grande quanlite. Enßn, dans d'autres regions, il ne restait plus que des caviles ä fondgranuleux etä parois dun rouge cramoisi.
Une autre lesion que Signale M. Leblanc consiste dans des taches circulaires regulieres, quclquefois de 2 ä 3 centimetres de diametre; elles sont päles, livides, nuaneees et presentent des bandesconcentriques, violacees vers la circonference de la tache, jaunätres ä la partie movenne et dun blane sale au centre. Ces taches interes-
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90nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TYPHUS CONTAGIEUX EPIZOOTIQUE.
sent toule lepaisseur des parois du tube gastro-inlestinal. Les tissus sur lesquels on les trouve paraissent avoir ete prives de vie avant la mort de Tanimal; ils sont sees ä leur surface, faciles ä deciurer et ressemblent ä une mem­brane sphacelee. C'est surtout dans les lames du feuillet, dans la caillette et dans le eoeur quon a trouve ces taehes. II est tres-probable que si Tanimal chez lequei exisient ces lesions vivait quelque temps, des perforations se produi-raient dans los regions correspondantes aux taehes.
A Tautopsie des animaux du Jardin d'aeclimaltaion Leblanc dit avoir egalement retrouvö des productions fibrineuses, lantöt du volume d'une tete d'epingle, tanlöt grosses eomme une datte et de forme olivaire, tantöt dis-posees en masses aplaties irregnlieres et dechiquetees. Le caractere constant de ces productions est, d'aprcs ce savant, leur analogic avee un caillot sanguin que lonaurait malaxe dans l'eau pendant longtemps etdont on aurait ainsi enleve la matiere colorante. Ces masses adberaient faiblemcnt par des surfaces pen etendues ii la membrane muqueuse intes-tinale qui,dans les points ou Tadherence avaitlieu, se trou-vait depouillee de son Epithelium et de ses villosites. Gelte membrane presentait en ces endroits des creux et des sail-lies correspondants a des saillies et a des creux de la pro­duction fibrineuse.LeWanc croit devoir eonsiderer ces pro­ductions eomme olant le resultat d'hemorrhagies locates ä la surface de la membrane muqueus.?.
Les vaisscaux sanguins mesenteriqnes etaient toujours fortement injeetes et les glandes lympiiatiques du mesen-tere tres-voluminenses.
La rougeur de la muqueuse des voies aeriennes, les ec-chymoses dans le tissu pulmonaire, dans le tissu cellulaire sous-endocardique et dans lesgeneives, Temphyseme pulmo-
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naire, la distension de la vesiculc du foie par de la bile, ont ele conslales tres-frequemment chez les trenle-cinqanimaiix qui ont ete necropsies en cette circonstance. Le sang de ces betes etait tres-fluide, pen coagulable. Davaine en exami-nant au microscope diverses parlies solides et liquides pro-venant de Tun des aurochs, a constate que les corpuscules rouges du sang formaient plus souvent que dans letat normal des groupes isoles, cc qui, ajoute-t-il, pourrait pourtant etre l'etat normal cbez l'aurochs; que le sang renfermait des cristaux en aiguille tronquec, resscmblant ä des bacteridies dont ils differaient pourtant par leur rai-deur et leur volume un pen plus considerable; une solution concentree de potasse caustique les dissolvait rapidement; que le serum presentait un aspect trouble du ä des corpus­cules infiniment petits qui squot;etaient formes probablement, dapres Leblanc, par suite d'une agitation prolongee du sang qui avail servi ä Tcxamen; que les matieres inteslinales consistant en ün liquide trouble, bIanc-jaunälrc,contenaient des detritus vegetaux, un grand nombn; de vibrions sans mouvements et des cellules epitbeliales plus ou moins alte-rees ; que les plaques de Peyer elaient non ulcerees, mais volumineuses; que le rectum presentait des desquamations nombreuses ayant les dimensions de longle de la main au moins. Dans le sang dun cerf que Davaine a egalement examine, il na retrouve ni cristaux en aiguille, ni bacteri­dies, mais il y a constate la presence de cristaux en lames irregulieres ou foliaces tcls qu'on en rencontre souvent dans le sang de certains animaux apres la mort; le serum dans ce cas ne presentait pas non plus Taspect trouble de celni de l'aurochs.
La description des lesions necropsiques observees lors de linvasion du Jardin dquot;acclimatation de Paris, que nous
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venons de reproduire duns ce quelle a d'cssentiel, est malheureusemeiU en plus dun point trop vague pour que nous puissiöhs etablir une compai-aison minutieuse entre ces lesions ei celles qu'on rencontre en gineral ciiez les animaux de lespice bovine atleints du typhus contagieux. Dans leur ensemble pourtant, ces lesions ne nous parais-sent point notablement differer de celles que nous avons considerees anterieurement.
En effet, la rougeur de la muqueuse de la caillette et du tube intestinal, surtout prononcee au soramet des plis, au pylore et ä rorifiee coeeal de rileon,repaississem3nt (pro-bablement du ä linfiltration) de cetle muqueuse, lesecchy-moses plus ou moins profondes, la chuie de lepithelium ])ar places et la presence d'ulcerations de dimensions varia­bles pouvantmeme pcrforer la paroiinlestinale, sont des le­sions que nous avons memionnees en parlant des alterations necropsiques du lypbus contagieux cbez la bete bovine. TNous avons cgalement parle alorsde pelites tumeurspirifor-ines ressemblant ä celles signalees par Lcblanc; nous avons considere ees tumeurs comme devant etre rapportees ä une alteration des follicules solitaires; nous avons vu que ces follicules peuvent faire debiscence et donner lieu ä la for­mation dune legere depression en laissant echapper leur contenu,nous avons signale la presence de plaques gangrc-neuses, semblables ä celles observees par Leblanc, ainsi que lexistence frequente de produetions analogues ä ces })laques que Leblanc considere comme etant de nature fibrineuse et comme reconnaissant pour cause des bemor-rhagies de la surface de la membrane muqueuse. En nous hasant sur rexamen microscopique de ces productions qu'on rencontre chez les betes bovines atteintes de typhus, nous avons du pourtant considerer celles-ci comme etant
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cl'une nnture et dune origine diflerentes de celles que Le-blanc croit pouvoir ottribuer anx plaques quil a rencon-irees dans les autopsies faites par lui. Cct eminent pralicien ne nous dit pas du reste s'il a cherche ä contröler ä Iaido du microscope sa mnniere de voir relaiivement ä la nature de ces plaques. En supposant meme quo son opinion con-cernant la eonstiiuiion de ces productions se trouväl confir­mee par des recherches ulterieures, il nous semblerait pen probable qu'un caillot se formant ä la surface de la mn-queuse digestive puisse se debarrasser d'ane maniere assez, complete de ses corpuseuies rouges et des debris de ces corpuscules pour paraitre tout ä fait blanc. Les plaques de Peyer, dans les cas observes par Leblane, etaient plus ou moins tumefiees, mais non ulcerees (voir rapport de Da-vainc).
Les autres alterations en partie constantes, en partie plus ou moins rare, mentionnees dans le rapport de Leblane, se rencontrent egalemenl dans le typhus contagieux du boeuf. Dos observations recueillies au Jardin zoologiquede Rot­terdam, confirment la possibilite de transmission de la pesle bovine aux antilopes (i) et des faits constates en Egypte prouvent que les chameaux anssi presentent de la reeep-livite pour l'action du virus de cette affection. Nous man-quons de connaissances detaillees sur les manifestations de ceHe-ci chez ces derniers animaux.
Linfection du pecari, dont parle Leblane dans son rapport, tendrait ä faire admettre que meme les paclii-dermes ne seraient pas absolument refraetaires ä I action du virus tvphique. Malgre toute la confiance que nous inspire le talent et le savoir de l'eminent pratieien de Paris, nous ne pouvons pourtant pas accepter ce dernier fait sans
(i) Voir Die Rinderpest, par Gerlacu, p. 1IG.
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reserve, dune part, parce que jusquaujourdhui il est encore unique dans les annales de la science et que d'aütre part certaines observations (pores loges dans des etabies infeclees) tendent ä prouver que les porcs resistent ä I'ae-tion du virus de eette maladie.
D'apres le rapport de Varnellet Pritchard, professeurs au Pwyal veterinary college de Londrcs, un pore auquei on a inocule ee prineipe contagieux et qu'on a mis dans des conditions favorables ä une infection naturelle, a parfaite-rnent resiste ä l'action de cet agent (i).
D'apres certaines publications anglaises, des porcs furent' atteints d'une affection typhoide apres avoir ingere du lait provenant de vaches alteintes de peste bovine (2); cette designation, affection typhoide dans le sens qu'on attribue ordinairement ä celte expression, est evidemment trop vague pour nous permetire une conclusion. La seule experience de Varnell et Pritchard est aussi insnffisante que l'obser-vation de Leblanc pour la solution de la question en lili^e. En fouillant les ecrits sur la peste bovine nous trouvons que Varnell et Pritchard ont egalement essaye, mais sans succes,dinoculer le typhus contagieux a un ane et que les medecins-veterinaires Robert-James, Plumbly de Sud­burg (3) et A. Hancock [i) sent devenus malades apres avoir procede a l'autopsie de betes atteintes de peste bovine. Nous ne retrouvons ni dans Tun ni dans I'autredeces deux derniers cas des manifostutions morbides qui pourraient faire admeltre qu'on avait affaire a un typhus contagieux, developpe sur Thomme.
(1) Vuir Magazin f.geiammte Tliierheilk 1867, p. 145. (i) Voir Mayazin f. f/esammte Tliierheilk., 1866, p. Si. (sj Voir Magazin f. gesammle Thierhei!lc.,1866, p. 82. (4) Voir Rayporl anglais et Magazin, etc., 1867, p. 92.
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sect; III. CAUSES.
Dans nos conlrees et peut-etre dans loute l'Europe, la maladie dont nous venons d indiquer les caracteres annio-rniques et fonctionnels, ne reconnait, d'opres I'ctal acluel de nos connaissances, qu'une seule et unique cause, un contage. Comtne c'est done ce dernier principe qui est la condition genelique la plus importante et la inieux etalgt;lie du typhus bovin, nous allons tächer :
1deg; D'en etablir Uexistence reelle;
2deg; De prouver,autant que nous le perniettent les documents dont nous disposons, qu'il doit, jusqu'aujourd'hui au moins, etre considere comme elant dans nos contrees la seule cause de cette maladie, et d'en terminer lorigine primitive;
3deg; D'en etudier les caracteres.
I. EXISTENCE Du PRINCIPE CONTAGIEUX.
I.'existonce de ce principe nest pas seulement confirmee par les invasions que, dans le courant du siede actuel, cette maladie a faites dans les differents pays de l'Europe, mais encore par buaucoup de documents anlerieurs, dignes de l'oi.
Si nous faisons abstraction de ccrtaines indications Iron peu precises pour pouvoir avec certitude etre rapportees ä cetle maladie, nous ne trouvonsdes documents sur Ihisloire de la peste bovine qirä partir du commencement du xviiie siede. Jusquc vers cette epoque nous ne rencontrons aucune donnce peimettant de condure ä la contagiosite de cette affection. On croyait que lä oü la maladie apparaissait, die
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s'etaii devdoppee primitivement, direciemenl et on lui assi^nait comine cause cede foule de eirconstances nuisibles que malheureusemcnt nous voyons invoquerä cliaque page de nos trailes de pathologic dans leliologie des maladies ies plus diverses.
L/etude des invasions qu'une rnaladie qui tres-vraisem-blablcment etait la pesle bovine, a faites vers la fin du ivquot; siecle, nous autorise dejä ä soupconncr Texülence d'un a^ent propagaleur qui, au fur et ä mcsure que la rnaladie progresse de TEst ä l'Ouest, se devcioppe dans Ies contrees cnvabies; et s'etendait de la Pannouie sur Tlllyrie, l'llalie septentrionale, la Gaule et la Belgique (i); eile reparut dans le xiiie siecle el se prop::geait en Hongrie, en Alle-inaquot;ne, cn Italic et en France, mais ce n'est qu'au conmicn-ccment du xviiie siecle que nous voyons surgir lidee de la Iransmission de celte rnaladie par contact. Lorsque, en 1711,1a paste bovine paru ten Italic dun cöte,en Allemagne de Tautre, et se repandit ensuite dans plusieurs pays de l'Europe, les savants les plus auiorises en admettaient la conta^iosite. Lancisi, premier medecin du pape Clement XI, exprime eri ces termes I'opinion qu il soulenait : laquo; Nullum armentum et ne unum quidem bovem commnni morbo sponte sna, sed per contagionem et per fomitem aegrotas.:e. raquo; C'est en parlant de lidee que la contagion etait la seule cause du developpement de la peste bovine, qu:il proposa 1'as-sommement dc toutes les Letes malades on suspectcs. Cette mesure rejctce par le college des cardinaux, fut appliquee. en 1713 en Angleterre, oil la maladie avail ete inlroduile; Batz, charge d'en assurer Texccution, lit immoler environ 6 000 tetes de betail dans les provinces de Middlesex, d Essex et de Suiy. Grace ä celte mesure cncrgique, la
(i) Caeciui Stysm Craquo;b.iies. Paciet, I, [). 62.
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maladie disparut du sol anglais en moins de trois mois de temps (i), tandis qu'en Hollande oü Ton s'osbtinail ä la re­cherche de remedes pour combatfre cette affection, celle-ci ne cessait ses ravages qu'apres trois ans. L'assommement fut opere en 1771 dans ia Flandre autrichienne et en 177a cn France (2).
II resulte des ccuvres de Ramazzini que ce savant par-tageait Topinion de Lancisi, quant ä Ia contagiosile du lyphus bovin, car voici entre autres ce que nous lisons dans ses ecrits : Illttd vero corpus dumm et compactum, ad instar calcis quod in omato observatur, primum produetum esse contagiosi miasmatispro certo habeo, dum tacite scevitiam suam exercens, stomachium fermentum labefaetat et corrumpit (0).
Les recherches failes pour determiner l'origine de eette maladie qui sevissa.it sur le betail de l'Italie au commence­ment du xviiie siecle, onl demontre que des marchands de Dalmatie ayant, suivant leur coutume, fait passer en 1711 du gros betail de la Hongrie dans les terres de Venise, abandonnerent un de leurs boeufs dans la eampagne; que celui-ci, ayant ete trouve par un des domestiques du comte Boromee, fut mis dans une etable avec daulres betes bo-vines et y mourut quelques jours plus tard, mais non sans avoir transmis Ia meme maladie ä d'autres boeufs. Du t^r-ritoire de Padoue le mal se repandit rapidemenl dans le Milanais, le Duche de Ferrare, la eampagne de Rome (4). Ces fails consignes dans les actes publics, de meme que d'autres encore, rapportes dans les ecrits de Ramazzini et
(1) Voir Transaction phil. nlaquo; 358, et Instructions et avis donnes aux habitants des provinces miridion. de la France, etc., p. 17; 1775, voir Pablet, I, p. 140.
(a) Pablet, II, p. 138.
(3)nbsp;Voir RAMiiziNi, De contag. epid. anraquo;. 1711, et Paület, Recherches histor. et physiques, elc. I vol., p. 116.
(4)nbsp; Voir Pablet. Reoherchss historiques et physiques, vol. I, p. 129.
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de Lancisi, nous prouvent qu'ä cette epoquc dejä Tobser-valion avail demonlre la transmissibilite de la pesle bovine d'un animal a un autre et par consequent Texistence d'un conlage.
La contagiosite de celle affection n'etait pas sculement admise par les medecins italiens et anglais, mais encore par ceux du restant de lEurope comme nous le prouve la publication, en 17H, dun edit de la Prusse prcscrivant renfouissement des cadavres des animaux morts du typhus bovin et ordonnant une quaranlaine de huit jours pour tout betail arrivant de la province de Prusse, de la Pologne et de la Silesie. La sequestration par Tintervention de la force armee des localiles infectees, fut prescrite en 1717, en meme lernps que la vente des boeufs fut interdite dans ces dernieres duranl tout le regne de la maladie et pendant irois mois apres son extinction (l). Kamold, medecin en Silesie, elait parvenu a prouver que cctte maladie se trans-mettait par contagion et, comme Lancisi, il avait reconnu que les mcsures de police sanitaire constituaient le moyen le plus sür de combaltre ce fleau.
Seroekius, qui a eu I'occasion dobserverla meme maladie en Allemagne, dit qu'apres squot;etre etendue de la Hongrie vers le Danube, clle parvint jusqu'au territoire dAugs-bourgel aux pays voisins; quelle ne se repandit que par contagion et que la have des animaux malades etait linter-mediaire de la transmission (2).
L'idee de la contagiosite du typhus bovin rcncontra evidcmment a cetle epoque des contradicleurs, mais celte opinion, expression dun fait reel, ne pouvait que gagner
(1) Volr Die Itinderp., par Geruch, p. 98.
(..) Voir LticAC Sbroekios. Constitut. epidem. August. 1711,01 Pallet. Re-cherches hist. etc..vol. I, p. 126.
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du terrain. C est ce qui arriva lorsqu'ä la suite des guerres du xviu6 siecle, la peste bovine se repandit de nouveau dans une grande parlie de l'Europe; plusieurs Etats sui-virent l'exemple donne, vers 1712, par la Prusse et TAn-gleterre.
Le roi du Danemark interdit la vcnte des peaux et de la chair des animaux atteints, preserivit la sequestration des beles malades, lenfouissement des cadavres, etc. (i). Lc Conseil d'Etat de France, egalement convaincu de la contagiosite de la peste bovine, indique dans un arret assez deiaille, en date du 19 juillet 1746 (2), les precautions ä prendre pour cmpecber la propagation de cette affection par contact; des cordons de troupes furent etablis pour empecher la communication des beles saines avec les ma­lades. Les arrets de conseil pris cn France, ä la date du 18 septembre 1774 et du 30 Janvier 177S, ordonnant le sacrifice des animaux atteints, ainsi que toutes les mesures administratives prises contre la peste depuis lors jusqu'au-jourdhui, nous prouvent que Topinion de Lancisi, de Kamold, etc., grace ä Timmuable logique des fails, sresl insensiblement imposee ä Timmense majorite de ceux qui s'oeeupent de celte question.
La transmission du virus dun lieu infecte en un Heu non infecte a ete parfaitement constatee, aussi bien lors de Tinvasion de 1740-1750 que lors des invasions subse-quentes dans le courant du meme siecle. L'hisloire de la pesle bovine en Autriche, en Hongrie, cn Angleterre, en Hollande, cn Belgique, en Suisse et en Allemagne fournit de nombreuses preuves de la production dun prineipe
(0 Voir Seriptor a Societate Hafeniensi, etc., Hafnioe, pars secunila. 1746. Paület, p. 213, vol. I. (2) Voir Registre du Conseil d'Etat.
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contagieux de celte affection. La realile de ce virus est du reste generalement admise aujourd'hui; mais pour rendre oette notice complete, nous nous permettrons de rappeler quelques fails qiii prouvent l'existence de ce principc de la maniere la plus evidente.
Le 13 decembre d747, un marchand de betail alia acheier a Chätillon-surScinc, ä 12 lieues dlssurtille, des boeufs qui, contrairemenl aux ordonnances, avaient ete conduits a une loire. Cc particulier les cmmena d'abord ä un vilage, nomme Veurolte, oü il les remit par commis­sion. L'acquereur s'apercut, des le meme jour, que les bestiaux achetes n'etaient pas sains. Il obligea le marcband de les reprendre et ce dernier les eonduisit h Issunille, oü il arriva ie 17; il fit prix de son betail avec des bouchers de cette ville j Tun de ceux-ci mit dans une etable, oil se trouvait une vache, Tun des boeufs qu'il venait d'acheter; il ne tua ce dernier animal que le lendemain, et il laissa sa vacbe aller au päturage avec les autres bestiaux de la ville. Celte vache fut la premiere attaquee de la peste bovine a Issurtille; le maitre s'en etant apercu, la tua et la vendit le 21. Cest ainsi que le marquis de Courlivron, un des membres de l'Äcademie, explique rinlroduclion de la peste bovine en cette localite, eloignee de douze lieues au moins de tout foyer d'infection. Par leur sejourä Veurolte, ces memes boeufs ont infecte le betail de celte localite. Une instruction judiciaire eut lieu, el le boucher fut eondamne ä payer Tarnende fixee par les ordonnances pour avoir achele, sans certifical, et vendu, sans visile, le betail qui donna lieu a la contagion (i).
Le 2 juillet i86o, M. Defries junior, de Londres, fit recmbarquer pour Rotterdam 23 boeufs qui lui avaient ete (i) Voir Padiet, Secherches hisloriques, etc., vol. I, p. 231.
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envoyes de Hollande pour etre vendus sur le marche de Londres, mais pour lesquels il ne savait oblcnir un prix assez eleve. Pendant leur sejour ä Londres, ces 23 ani-maux avaient ele loges dans les hangars occupes par du betail dejä alteint de la peste et appartenant ä la dame Nicholl; ils avaient frequenle les memes pälurages que ce dernier belail. Debarques ä Rotterdam, ces boeufs furent expedies ä Rethel et envoyes sur des pälurages dejä occu­pes par 1c belail du sieur Vanderwalden. A peine les Letes venues de Londres ctaienlelles debarquees qu'elles de-vinrent malades, et en peu de jours, 21 avaient dejä suc-combe. C'est le belail du sieur Vanderwalden qui fnl le premier contamine en Hollande et qui, ayant ele en parlie expose cn vcnle sur les marclies de Delfl et de Rotterdam, donna lieu ä une propagation rapide de la maladie, soil par son introduction dans des troupeaux encore sains, soil par son contact avec le belail qui se trouvait aux marches. Le 18 aoüt, le sieur Servaes fit acheter, au marche de Malines, une vache, quTil fit conduire ä son elablissement agricole et industriel de Veeweyde; aueun cas de peslc bovine n'avait encore cte signale dans les environs; le 4 sfeptembre, celte vache presenta les premiers symplömes d'une indisposition legere qui, en s'aggravanl, revetil bientöt les caracteres de la peste bovine, dont lexistence a ete diagnosliquce le 10 du meme mois. L'abalage de celte bele fut aussitöt provoque, mais quoique celle-ci se soil trouvee seule dans une etablc, la maladie s'etait dejä trans-mise aux huit betes bovines d'une ctable voisine. Le i 9, les premiers symplömes de peste se sent declares sur deux de cesderniers animaux; loute la population de cetle etable fut abatlue le 20 et le 21. Le nouveau sacrifice pourtant a cneore'ele trop tardif, car la maladie s'etait dejä transmise
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ä la troisitjme elable de celte meine ferme. L'assomrnement des trenlc vaches logees dans ce dernier local fut provoque le 28. Grace aux mesures de police, prescriles des la pre­miere apparition de !a maladie, celle-ci ne s'est point eten-due au delä de retablissemenl de Servaes (i).
Dans ces trois cas encore, auxquels il nous serait facile den ajouter beaucoup cfaulres (Thistoire de la peste bovine en fourmille), 11 esl facile de reeonnaitre le mode de propa­gation des maladies contagieuses, Dans le premier cas, nous voyons la maladie se declarer ä Veurotie et a Issur-tille, ä la suite de l'introduetion dans ces iocalites de boeufs infectes. Dans le deuxieme cas,e'est un troupeau venant de Londres, oü il avail ete en contact avee des betes atteintes de typhus contagieux,qui, de retour en Hollande,contracte la metne affection et la Iransmet a un autre troupeau qui frequente avee lui les memes päturages. Les animaux de ce dernier troupeau, ayant etc conduits aux marclies de Delft, etc., communiquerent la maladie a d'autres betes. Dans le troisieme cas, une vache d'origine hollandaise, in-troduite dans les etables d'une ferme donl le betail etaü parfaitement sain, contracte le typhus contagieux, le trans-mel aux vaches d'une deuxieme etable et, par lintermediaire de celles-ci, ä celles d'une troisieme etable dela meme ferme Toules les mesures ayant ete prises des la premiere appari­tion de l'affection, pour empecher la propagation du virus cn dehors de la ferme Servaes, la maladie s'est trouvee circonscrile dans cet etabliSsement.
L'observation a done mis hors de doute l'existence d'un virus; Texperimentation n'a fait que confirmer la conclu­sion deduite des faits observes. Deja vers le milieu du xviiie siecle, en 1744, l'Anglais, Dodson a, dit-on, essaye (0 Annales de mödecine veterinaire, 1865.
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l'inoculalion de la pcslc bovine (i); eu 1748, le marquis Coulrivon conlröla par Tinoculation Topinion de la conta-giosile du typhus admise par lui; il fit avaler ä un veau du lait, renfermant de la bile provenant d'un animal atleint de la pestej irois jours plus tard le veau devint malade et il succomba huit jours apres l'ingestion du lait int,ecle(2).Vers celle meme epoque (surtout en 1744 et 17SS), la conta-giosite de raffeclion fut mise en evidence par d'autres experiences faites en Angieterre, en Hollande et en France. Les inoculations pratiquees en Angieterre en 1754 ont, ifapres le Gentleman Magazin,\o\.\Xl\ clXXY, an. 1754 et 1755, p. 160, demontre que de la filasse imbibee de la morve et de l'hiimeur qui s!ccoule des naseaux et des yeux des animaux alteinls de peste bovine, peul transmetlre cette clcrnicre maladie, si on la met en contact avec les tissus d'un animal sain, apres avoir incise la peau.
Noseman, Kool, Tak (1755), Groshiers et Schwencke, professeurs danatomie a La Haye (1757), ont repete les memes experiences et obtenu les memes resultats (3}.
A partir de cette epoque jusqu'ä la fin du xviiie siede des experiences nombreuses furent faites dans presque lous les pays de TEuiope, en vue d'arreter la marche de cette terrible maladie qui, dcl711 a 1796,enleva plus de 200 millions de tetes de betail.
Un resume concis de ces experiences, mais encore trop long pour pouvoir etre. utilementreproduil ici, a ete public par une Commission russe, cliargce d eludier speöialement
(1} Beiträge zur Geschichte der Rinderpeslimpfungen, par UsTEBBEBCEr, 1863,ii. 7. — Untersuchungen über die Natur und Behandlung der Rin­derpest, par Witz, 1863, p. 100.
(2)nbsp; Voir Paület. Recherches historiques et physiques, etc., vol. II, p. 191.
(3)nbsp; Voir Compte rendudes experiences de Vinoculalion de lapeste bovine d S. M. l'Empereur. Saint-Pfilersbourg, 1866.
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cet objet (i). Ccs eyperiences ont prouve ä 1 evidence la pos-sibilite de coinmuniquer la maladie ä des betes bovines saines. Sil fallait encore des preuves de la transmissibilile de cette affeclion par l'intermediaire d'un coinage, les inocula­tions pratiquees dans le courant du sieeleactuel en Prusse, en Aulriche et surtout en Russie, les fourniraient en sura-bondance. Le Campte rendu des experiences d'inoculation de la peste bovine en Paissie (St-Petersbourg, J866)est si rempli d'argumeuts cn faveur de cetle these, que doulcr dune verite aussi palcnte, serail faire preuve d'un exces de seep-licisme ; aussi ne nous appesantirons-nous pas sur une troi #9632; sieme serie darguments que nous fournit l'eQicacitö des raesures de police sanitaire, parfailement mise cn evidence lors des recentes invasions du lypbus bovin cn Angleterre, en Hollande, en Belgique, en Allemagne, clc. II csl vrai qu'en general on doit, autant que possible, eviter d'avoir recours aux preuves negatives, c'est ä-dire aux faits qui, par leur absence, argumentent en faveur de la tliese ä sou-tenir, mais dans le cas actual, ccs preuves negatives ont une grande valeur. Du moment que l'observation nous prouve quil suffil d'empeclier que teile ou teile circon-slancc ne vienne agir sur un animal pour que celuici ne contracle pas une maladie donnee, nous pouvons en con-cluro que celte circonstance est une condition sine quä non, une des causes essentielles du trouble morbide; c'est jus-tement cette preuve-lä que nous fournit, au moins dans nos contrees, l'application rigoureuse des mesures de po­lice sanitaire. Cliaque fois que ces mesures ont ete mises en pratique avec hesitation ou noncbalanco, la peste bo­vine n'a fait que gagner du terrain, tandis que leur appli­cation rigoureuse y a loujours rapidement mis un terme. (i) Compte rendu des experkne. de l'iuocul. de la peste bovine, elc. p. 1-23.
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Le siecle actuel nous a, sous ce rapport, fourni les exera-ples les plus frappants. En effet, lanl qu'en Angleterre et cn Hollande on a cherche ä trailer la peste, qu'on a ne­glige dannihiler les foyers d'infection, on a vu celle mala-die s'elcndre, se propager rapidetnent; ec n'est que lors-qu'on s'est decide ä avoirrecours aux mesures graves, mais necessaires de rassommement des betes malades ainsi que des suspectes, et de la destruclion ou la desinfection com-plele des objets porteurs du conlage, qu'on est parvenu ä cireonscrire la rnaladie; e'est encore grace ä des mesures de police sanitaire severes et ayant pour but d'empechcr la pestc bovine de se propager, qu'en Allemagne, en Belgique et en Suisse, on est parvenu a etouffer sur place des foyers dinfeclion de limportance meme de celui de Hassclt, oü pas moins de i200 betes malades ou suspecies onl du etre sacrifices.
II. CAUSE DU TYPHUS CONTAG1EÜX DANS NOS CONTREES, D^VELOPPEMENT PRIMITIF DE CETTE MALADIB ET DE SON CONTAGE.
A. CArSE DU TTPHCS contagieux daks kos coktrees.
De ce qui precede il rcsulte quo la peste bovine est conlagieuse; nous disons en outre que jwour la phis grande partie, sinon pour toute l'Europe (une petite parlie du Sud-Estquot; peut-elre exceptee), cetle affection est contagieuse pure, c'esl-a-dire que la contagion y est la seule cause de son developpement.
Deux series de faits peuvent etre invoquees a l'appui de ce principe qui, pour nous, a aujourd'bui lautorite d'une loi : La premiere de ces series prouve que chaque fois
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que le typhus coniagieux s'est developpe dans les conlrees oü nous pretendons qu'il ne se produit pas spontanement, il a ete introduit par le Sud-Est de l'Europe, deja developpe ou seulement en germe. La seconde, que chaque fois que par des mesures de police sanilaire bien entendues et bien appliquees, on est parvenu ä aneanlir lous les foyers d'in-fection, la maladie a disparu aussilöt.
Les faits se raltachant ä la premiere serie n'ont pas toujours ete observes avec toute la precision desirable, mais dans beaucoup de cas pourtant ils ont ete recueillis avec assez de soin pour permeltre une conclusion positive, surtout en presence des arguments precis fournis par la deuxieme serie.
L'histoire des premiers cas dune invasion de paste bovine souvent ne peut elre etablie avec toute Texactitude desirable, parce que les premiers cas passent frequem-ment inapercus et que si plus tard on est parvenu ä etablir le diagnostic, les efforts de ceux qui cherchent a decouvrir la cause premiere de l'epizoolie, echouent ordinairement par le fait du mauvais vouloir et de la defiance des per-sonnes qui pourraient donner des renseignements utiles, et qui ne comprennent point la portee et le but des eclair-cissements qu'on leur demande.
Quoi qu'il en soit, si nous jetons im coup doeil sur les circonslances dans lesquelles la peste bovine a fait ses plus grands ravages en Europe, nous constalons que c'est en general lors des grandes guerres ou de grandes migra­tions de peuples que cette maladie a gagne de Textension. C'est ainsi par exemple ququot;a la suite de la transmigration des peuples, l'epizoolie s'est declaree en 376, comme le rapporte le cardinal Baronius dans ses annales, et Csecilius Severus, dans un de ses poemes; que pendant le
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ixe siecle (809) cette maladie s'est declaree a la suile des mouvemenls de troupes qui ont eu lieu pendant la guerre de Charlemagne contre Gotfred, roi de Danemark (voir Chronique de Mansfeldt, par Syriacus Spangenberg, Franc-fort s/M. 150S, p. 124). L'invasion des hordes de Mongols amena egalement ä sa suite cette terrible affection qui a decime pendant le xuie siecle le betail dc la Hongrie, de rAlletnagne, de Tltalie et de la France (i). Lors de la guerre de 1710-1716 la pesie bovine s'est de nouveau repandue sur toute TAllemagne, Tllalie, etc. Les deux guerres de Silesie, vers 1740, celle dc sept ans (17S7), celics de la republique et de l'empire 1793-181S) de meme que celle dc la Russie, conlre la Turquie (1827-4828) et celies de la revolution polonaise en 1851, ont ete partout accompagnees de ce fleau.
Get apercu succinct nous prouve done que les grandes invasions faites par celte maladie jusque dans ces derniers temps, couicidaient avec des mouvements considerables de troupes ou avec des transmigrations de peuplades entieres. S'il est avere que la peste bovine cst pour la plus grande partie de TEuropeune maladie contagieuse pure, il faut que nous trouvions dans les conditions exceptionnelles qu'en-trainent les guerres et les transmigrations une circonslance qui nous rende compte de l'apparition du fleau; cette cir-constance nous la trouvons dans le Lesoin imperieux de ees armees ou de ces peuples en migration damener a leur suite des approvisionnements considerables de betail. Ge betail provenait plus particulieremenl de la Hongrie et des steppes de la Russie; e'est par Tintermediaire de ces pays que le typhus contagieux fut constamment introduit chez nous, comme nous aliens tacher de le demontrer. (i) Voir .Die Binderpest, par Gerlacb, p. 130.
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108nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DO TVPIRS CONTACIEIX EPIZOOTIQIE.
Pour toule la periode qui precede le commencement du xviiie sieele, il n'exisle guere, ä notre connaissanee, de fails qui nous pernieucnt do prelendre qu'on considerait la maladie dont nous nous occupons, comme une maladie conlagieuse el moins encore, comme une maladie exotique. Des circonslances materielles ou imaginaires ä Texclusion d'un contage ont jusqualors ole invoquees comme cause de cetle affection. Avcc la decouverle de sa contagiosile nous voyons naiire lidee que certaines contrees pourraient bien ivavoir cte cnvahies que par suite de la transmission d'un virus. L'assommemcnt propose par Lancisi, dans le but d'arreler la maladie, nous prouve que, d'apres lui, la prinii-pale sinon lunique cause de cette maladie etait la contagion. Le fait du bceuf abandonne dans le champ de Vcnise ct re-cueilli dans les etables du comte Boromee, de meme que les observations recueiiiies par Seraekius (i), nous indi-quenl la Hongrie comme point de depart de l'epizootie de 1710, dont on peut suivre presque pas a pas la propagation, les documents hisloriques ä la main. En 1740 on constata lapparition de la peste d'abord dans la Hongrie et dans la Boheme doü eile s'est ensuite repandue sur presque toule TEuropecn suivant surtout les mouvements des troupes (2). Lors de la guerre de sept ans, des betes de l'ükraine desti-nees a l'approvisionnement de Tarmee russe, ontoccasionne Tcpizoolie desastreuse dc 1737. Vers 177S, lltalie a dii renoncer au commerce de belail ququot;elle faisait depuis des siecles avee la Hongrie et la Dalmatic, afin d'eviter par un sacrifice considerable les penes plus considerables encore, occasionnees paries invasions si frequentes de cette mala­die. Dans les guerres de la Bepublique et de l'Empire, de
(1) D(!jä signal^ aul^rieurement.
(ä) Voir Traue de med. velerinaire pratique, par Delwart, p. 508.
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la Russie conlre la Turquie el lors de ia revolution polo­naise, nous voyons encore que les armees ont tire une partie de leurs approvisionnements en boeufs, soil de l'Au-triclie, soil de la Russie.
Tous ces fails, nous devons I'avouer, ne nousdonnent pas la preuve positive de Torigine exotique de la peste bovine pour la plus grande panic de l'Europe; ils nous autorisent pourtant a admettre comme tres-probable que I'etincelle qui a allume ces epizootics nous est toujours venue alaquo; moins de l'Autricbe, de la Hongrie et de la Russie. C'est le defaut dobservations rigoureuscs qui nous empeche ici d'arhvertiune conclusion positive, mais des fails nombreux, eludies avec lous les soins possibles, onl d'abord fail rele-guer le lieu d'origine de la peste bovine au dela de la fron-tiere hongroise el autricbienne et onl ainsi aneanli les con­clusions des rechercbes de Lorinser [i) d'apres lesquelles :
1deg; La peste bovine se developpe directement dans toules les steppes siluees en dehors de la Russie, telles que les steppes hongroises ou moldaves, etc., aussi bien que danscelles de. la Russie meme;
2deg; Les causes de celte maladie sonl :
a)nbsp; Une predisposition speciale de la race des sleppes;
b)nbsp; Cerlaines conditions climateriques des steppes;
3deg; Les betes bovines des steppes pen vent, en vertu de predisposition, conlracler la peste bovine sous linfluence de causes diverses.
Les rechercbes minulieuses faites par Veith (2), Brück-müller (3), Roll (*), Zlamal (0) el Unlerberger (e), savants
(1) V. Untersuch, vber die Rinderp.,l8jl, el die Rinderp.,parGer\ach, p.87.
(ä) Handbuch der ^eterinärhunde, 1831.
(3) Prager Jahresschrift 1862, vol. II, p. 55.
(laquo;) ROll. Pathologie unt Therapeut., etc., vol. 1, p. 312, 111laquo; gdit.
(i) Comple rendu du deuxUme cong. intern, de med. Beterin., p. Ö.'j et 31.
(laquo;) Einige Worte über die Heimain der Rinderpest, 1361.
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HOnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TYPHUS CONTAGIEUX EPIZOOTIQUE
laquo;
invesligateurs habitues a se irouver aux prises avec ie typhus contagieux, meritent cartes notre confiance, et ii nous sera permis de nous rallier a ieur maniere ile voir dans une question dont ils ont si ardemment poursuivi la solution. II rcsulic de leurs investigations que la peste bovine ne se developpe pas spontanement en Hongrie et qu'elleest introduite en Autriche par la frontiere russe et
s
par les priucipautes danubiennes. Si nous consullons les auteurs les plus competents, tels que le professeur Unter-berger (l), nous voyons que lopinion dapres laquelle la Russie et particulierement les steppes de la Russie serait le lieu dquot;origine dc la peste bovine, perd de plus en plus de terrain. En effet lorsque le savant professeur se trouva en Hongrie, il reeliercha, mais vainement. les localites oil celtc affection pourrait prendre naissance; on lui signalait dans ce pays la Bessarabie comme la contree d'oü la maladie etait ordinairement importee, mais scs recherehes en Bes­sarabie et dans le Cherson ne furenl pas plus heureuses; Adamowitz, autrefois professeur ä l'ecole de Wilna, lui a assure que le typhus eoniagieux ne se developpait enPodo-lie que par suite de contagion; il en esl de meme dquot;aprcs les informations recueillies par Unterberger, pour les gou-vernements occidentaux et scptontrionaux de la Russie, de meme que pour le gouvernernent de Simbirsh, oii ce savant a eu l'occasion de squot;en convaincre par lui-meme pendant les treize ans quil a passes dans celle derniere contree. D'a-pres la brochure dont nous extrayons ces donnees, le deve-loppement direct de la peste bovine nest pas non plus demontre dans les gouvernemenls de Kasan et d'Oren-bourg; cest, disenl les indigenes de ces contrees, du Sud-
(i) Voir Einige Tf'orte über die Ileimalh der Rinderpest. Saint-Plt;5iers-bourg, 18C4.
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Est que leur vient cc fleau. Haiicki,dans une brochure pu-bliee en ISG-i, soupconnc que le typhus bovinsedeveloppe primitivement dans le gouvernement de lekatcrinoslaw et dans les contrees siluees au Sud-Est du gouvernement de Charkow, mais non dans ce dernier.
Le professeur Jessen pense que dans les gouvernements de Cherson et d'Orenburg, eelte maladie peut se produire sans l'intervention dune contagion, mais pourlant plus loin il dit dans le meme travail oü il a exprime cette ma-niere de voir, que le developpement direct de la peste bovine dans les steppes n'a pas encore ete prouve (i). Le professeur Ravilsch declare (2) que rious ne possedons au-eun fait positif. nous permettant de determiner la contree d'oü nous vient la peste bovine; et le troisieme Congres de medecins veterinaires, tenu ä Zurich en i867, en ac-ceptant la proposition qu'il y avait lieu d'inviter les diffe-rents gouvernemems ä nommer une Commission interna­tionale chargee de rechercher le pays d'origine de cette maladie, s'est evidemment ralliee ä l'opinion de Ravitseh. D'apres Unterberger la peste bovine est une maladie conta-gieuse pure dans la Russie d'Europe et peut-etre meme dans tout l'empire russe.
Renelt, dans un article public dans le 33e volume du Magazin f. gesam. Thierlieilkunde, p. 164, exprime une opinion tout ä fait contraire ä celle que nous venons dex-poser. En effet, apres avoir decrit une panzoolie qui a sevi dans le gouvernement de Witebski, il arrive a admettre qu'il y a une limite geographique situee vers le Nord, au delä de laquelle la peste bovine ne se developpe plus, et
(i) Milt/ieilungen der Kaiserl. freien ockon. Gesellsch., cahier 2 et 3. p. 204. (j) Magazin der Thierheilkundc, vol. XXX, p. 338.
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qira partir de cetie ligne de demarcation les beles bovines sont d'autant plus aptes ä contrdcter le lyphus contagieux qu'on s'approclie davantage du lieu le plus favorable ä sou developpement; qu'en poursuivant cetle predisposition vers le Sud, au delä de cette ligne dintensite maximum (au delä de la Wer noire et du Caucase),on la retrouve aussi loin qu'il existe des betes bovines.
Si nous faisons done abstraction de l'avis de Renelt, nous voyons que les auteurs les plus competents et meme cette assemblee tres-nombreuse de professeurs et de prati-ciens veterinaires, qui a siege ä Zurich, sont d'accord pour declarer que nous ne connaissons pas encore le lieu d'ori-gine de la pestc bovine. Rcnclt, dans son article public dans le Magazin f. ges. Thierheilkunde, chercbe a etayer Topinion qu'il a emise sur Tinfluence que les conditions exterieures et, par consequent, les conditions economiques et sociales, exercent necessairement sur la nature des trou­bles morbides (i). Tout en admettant certains des consi-derants decet article, quant a la genese des maladies, nous ne pouvons nous rallier en tout point a sa maniere de voir. Nous devons attendre de noweaux faits avant de pouvoir considerer teile ou teile contree comrae la patrie de la peste bovine.
Quoique la connaissance du lieu d'origine du typhus contagieux soil encore actuellement un desideratum, le fait que cette maladie ne se developpe que par voie de conta­gion en deca de la frontiere russe et meme en decä des steppes de la Russie, est aujourd'hui generalement admis. Les dernieres invasions du typhus, de meme que refficacilc des mesures de police sagement concues, ont de nouveau confirme ce fait. En effet, aussi longtemps que les moyens
(i) Voir Magazin f. ges. Thierheilkunde, vol. XXXIII, p. 164 et suivanles.
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de transport etaienl cliOiciles, et que chaque pays suffisait ä ses besoins en fait de betail, nous ne voyons se declarer la pcste bovine qu ä la suite de grands mouvements d'armees ou de migrations, mais au fur ct a mesure que les populations sont devenues plus denses, et que de grands centres, tels que Paris, Londres, etc., se sont formes, nous voyons la production indigene dc betail clevcnir insuffisante, meine en temps ordinaire. On cbercbe de nouvelles voles d'approvi-sionnement et, par suite des ameliorations considerables des möyens de transport, nous voyons ces grands centres agir, pour ainsi dire, comme des ventonses, en altlrant vers cux ce que peuvent leur ccder les aulres parties de lEuropc.
Si les iniroiluetions de malleres aiimentaires ontdes avan-tages Incontestablcs, eilesnesontpourtant point sans incon-venicnts, quand on neglige les mesuresde precaution neces-saires en parellle circonslance. L'Angleterre nous en a fourni un eclalant exemple, lors de la dernlere invasion du lypbits contagieux. Les besoins loujours croissants de ce pays ont, depuislongtemps, rendulnsuffisantslesapprovisionnements en vinnde founils par le beiall indigene. Les pays voisins tels que la Hollande, furent mis ä contribution pourcombler le deficit qui tendait a devenir de plus en plus considerable. La multiplication et les perfeetionnements de nos chemins de fer et bateaux ayanl entraine unc diminution conside­rable des frais de transport, les marchands speculateurs trouverent bientöt avantageux de faire venir aux marcbes d'Angielerre du betall qu'ils peuvent se procurer a bas prix dans les contrees danubiennes et dans la Russie.
Quolque les avis solent encore partages, quant au mode d'introduction du typhus contagieux en Angleterre pen­dant Tannee 1863, nous croyons pourtant pouvoir nous ruliler ä 1'oplnlon de Gamgee, Gerlach, etc.,qui admeltent
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liinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DU TYPHUS C0NTAG1EUX EPIZOOTIQUE.
qticccst par un troupeau de betail, embarque ä Reval pour I'Anglelerre vers la fin du mois de mal I86ä,qne le typhus contagieux fut de nouveau imporle dans ce dernier pays. Parnii ce troupeau, compose de 532 betes bovines envoyees a Reval de differenles contrees de la Russie, se trouvaient primitivemcnt-46 boeufs des steppes (i),doiit do seuiement arriverent en cette ville; on ne salt pas ce que sont devenus les 55 autres. Un des boeufs du troupeau est moil a Reval; deux autres y sont devenus malades et ont ele immediate^ ment vendus ä un boucher, nomme Sieben. Pendant le trajel de Revai a Hull, un autre boeuf devint malade, mais put encore etrevendu ä un boucher de Hull.l7o betes de ce troupeau furent envoyees au marche de Londres, les autres expediees en destination de Manchester ct autres localites. Plusieurs jours apres I'arrivee deces animaux, la peste se declara dans differenles etables de la ville de Lon­dres, ct le IS juin deja on constata la maladie sur des betes exposees au marche. Grace a lignorance generale sur la nature de eelte affection que la plupan considerait comme etant indigene, ainsi que grace a l'insuffisance et meme ä l'absence des mesures de police sanitaire dont lapplication aurait pu enrayer la marche du typhus, celui-ci s'est pro-page avec rapidite. L/affeetion n'a commence ä perdre de son extension qu'a partir du jJO fevrier 1866, date a partir de laquelle on a eu recours a des mesures rigoureuses, en rapport avec la nature de la pesie.
Entretemps la peste bovine s'etait transmise dAngle-terre en France (Jardin dacclimalation) et en Hollande, de ce dernier pays eile avait envahi ä plusieurs reprises lAlle-magne et la Belgique, et par Tintermediaire de celle-ci, eile s'etait de nouveau introduite en France.
(i) Voir Gkiuacii. Die Rinderpest, p. 134.
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En Allemagne, en Belgique et en France, les mesures rigoureuses sont parvenues ä elouffer chaque invasion sur place, tandis qifen Hol lande oü on essayait, mais vaine-ment, les moyens curatifs les plus varies, on n'est parvenu ä se rendre mailre de la maladie, qu'ä partir du moment oü on s'est decide ä avoir recours ä lassommement des betes malades et suspecles.
En 1866, le typhus contagieux ayant, ä la suite de la guerre allemande, pris de nouveau de lextension en Au-triche, un troupeau de 32 boenfs, cxpetlies par Salzbourg et Munich vers le Vorarlberg et la Suisse, a introduit la pesle bovine en ces contrees (l).
En 1867 (avril),rapparition decelle maladie ful constat^e dans la Thuringe et la Franconie. D'apres les recherches minutieuses de Muller, de Berlin (2), il y a lieu d'admettre que des boeufs expedies de Vienne vers les ports de la mer du iNquot;ord,ont etc les intermcdiaires de cette introduclion du typhus en ces contrees. Par tine application rigoureuse des mesures de police sanitaire, on est encore arrive, dans le Vorarlberg et en Suisse, aussi bien que dans la Thuringe et dans la Franconie, ä circonscrire et ä etouffer rapide-ment le fleau.
Ce qui prouve encore en faveur de lorigino exolique de cette maladie, c'est que partout oü on est parvenu, par des precautions severes, ä preserver eompletement les animaux de laction du conlage, on n'a jamais vu le typhus contagieux se declarer. Les exemples oü la preservation de troupeaux entkrs a ete obtenue par une sequestration rigoureuse ne sont pas rares; nous nous bornerons ä en citer quelques-uns, pris au hasard :
(1) Voir ffoc'ienschriflf. ThierheUk., 1866, p.3I9,
(5) Voir Moli.eb, Die Rinderpest in Timringen uni Franken. 1868, p. II.
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116nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TYPHUS C0NTAG1EÜX fiPIZOOTIQÜE.
En 1711, les princes Pamphiie et Borghese sont par­venus ä preserver leurs lioupeaux au milieu de l'infection generalc, parce qu'ils avaient soin d'empecher la commu­nication de leurs betes avec tout ce qui pouvait ctre suspect. Le marquis de Courtivron rapporte qu'a Ezeray, village oil toutes les betes ä cornes mouraient en 1743, te jardinier du chateau, qui avait soquestre soigneusement son betail dans im enclos, fut le seul qui sauva ses betes. On rcmarqua encore que les villages de Farful,dc Courti­vron, de Molloy, etc., dont la situation eloignee des grandes voies de communication, n'etait guere favorable ä la trans­mission, nquot;avaient encore lien perdu de leur belail le 9 juil-let 174o, tandis que les troupeaux de la contree de Dijon et de Chätillon se trouvaient infcctes (t).
En 1867, les betes bovines des etables de Van Vinckeroy, de Hasselt, ont ete presences du typhus au milieu de cel immense foyer dinfection, qui nquot;a pu ctre etouffe que par le sacrifice de plus de 1200 teles de betail. Cest encore grace aux soins minulieux qu'on mettait a prevenir le con­tact de ces animaux avec toutce qui etait suspect, qu'on est arrive h cet heureux resultat.
B. CAUSES Du DEVELOPPEMENT PKTMITIF Du TYPHUS COHTAGIECX.
La patrie du typhus contagieux nous etant encore incon-nue, il doit, ä fortiori, en elre de meme des causes du deve-loppement primitif de cetle moladie. Lhistoire de la peste bovine nous prouve qu'on est loin d'avoir toujours fait cet aveu ; plulöl que d'avouer son ignorance, on a, comme dans taut d'autres circonstances, invoquc comme causes de celte
maladie les differenles conditions plus ou moins extraordi-(i) Voir Paclet, Recherches lusloiiques ct physiques, etc., vol. I, p. 230.
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naires qui ont regne au moment de l'apparition de l'epi-zootie et qui, considerees ä un point de vue general, peu-venl elre classees parmi ics causes morbides.
Dans les (emps los plus recules, alors qu'on ne soupcon-nail pas encore la nature contagieuse du typhus, on lui assignail comme conditions genetiqucs les circonstances externes les plus diverses, telles que les intemperies attnos-pheriques, des influences locales diverses, des agents mor-Ligenes dans ratmosphere, des miasmes, des aliments el hoissons de mauvaisc nature, etc.
Plus tard, lorsque l'idee de la contagiosite s'est insensi-blement substituee a celle du developpement direct du typhus, on restreignait le nombre des causes qu'on avail invoquees pour se rendre compie de l'apparition de eette maladie, el on lächait de les preciser davantage. Dejä en iliO, Geibezius, medecin de Laubaeh, dans la Carniole, fait remarquer qu'en cette annec on observa en Hongrie unegrande quantiic de sauterelles et de cigales qui, elant morics sur la fin de Tele, avaient infecte les feuilles el Ics herbes, leur avaient communique une qualite pernicieuse et delelere, capable de produirela maladie des bestiaux (i). Cogrosi considerait comme cause de la peste bovine, cer­tains parasites, dont pourlaiit il ne parvint pas a demontrer rexistencc. Dapres Paulet (2), c'esl en Hongrie que la pcsie bovine prend naissance par suite principalement de lin-geslion des caux malsainos, nulle part potables, si ce ivest le long du Danube. II y a beaueoup de marais, ajoutet-il, qui en conliennenl de pernicieuses. Ce qui rend eelles de la Drave, de la Teisse, etc., rivieres de la Hongrie, si mal-saines el si suspectcs, ce sont vraisemblablement les sels
(i) Voir Paoi-Et, Becherchesbistoriques et physiqnts, etc., vol. 1, p. 128. (ä) WoirViViET, Rechcrches Ustoriques et physii/ues, etc., vol. II, |i. 235
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USnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DO TVPHl'S coistagieox epizootique.
meialliques (provenant des mines de cuivre, de plonib, de inercure et darsenic dont ce pays abonclt) qui viennent se melanger a ces eaux, soil ;i leur source, soil dans lenr cours. Cette consideration favorise, njouto-t-il, la conjecture de ceux qui ont preiendu que ics virus peslilentiels qui af-feclent les animaux, sonl dune nature arsenicale. Un pen plus loin, Paulet (lit : laquo; Les bestiaux en Hongrie, forces de boire de ces eaux, ne peuvent qu'en ressentir les efiets pernicicux; aussi ce ifest qu'a force de sei gemme, dont on est oblige de leur donner a lecher continuellement dans tous les endroits qu'ils habitent, qu'on vient ä bout de Ics preserver de plusieurs maladies. Mais iorsqu'une fois ils en sont prives, que leur sang s'echauffe par des marches un peu longues, alors ces principes fermentent, rnfectent toute la masse des humeurs, et il en rcsulte unc maladie qui se communique a dquot;autrcs,par quelqu'unedes humeurs qui sortent de leur corps et qui fontaulant dc levains ca-pables de faire naitre le memc mal sur tous les animaux de la mcme espece qui se trouvent exposes ä leur action. raquo; Adami (t) considere comme causes du typhus conia-gieux regnant en Autriche, les mauvais soins, les ctables malsaines, les aliments non convenables, les intcmperics atmospheriqueSjIes conditions locales defavorables. Comme nous lavons vu, au fur et a mesure que les observations exactcs se sont multipliees, la limite des contrecs qu'on considerait comme pouvant donner lieu a la pesic bovine sans Tintcrvention d'un contage, fut reculee de plus en plus vers le Sud-Est. Bientöt on admit que la peste bovine nous arrivait toujours des steppes, que celait dans les steppes
(i) Voip Beitrage zur Geschichte der Viehseuchen in den K. K. Erblau-der. Vienne, 1781, el Einige ff orte über die Heimath der Rinderpest, elc,
par Uraquo;TEBBF.r.£EB, p. 5.
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que se trouvait la palrie de cette maladie. Lorinser, qui publia le resultat de ses reclierches et observations dans un travail intitule : Untersuchungen über die Rinderpest', 1831, arriva aux conclusions (jue nous avons deja repro-duites anterieurcment.
Lcs actives reclierches des Heyne, Veilli, Bruckmuller, Müller, Roll, Zlamäl, Untcibcrger, etc., etc., out de-montre que les conclusions de Lorinser ne peuvent pliilt; eire mainlenues. La peste bovine, ä la verite, existe jus-qu'aujourd'bui d'une maniere permanente dans les steppes de la Russie, mais cefait ivimplique point cet autre quelle s'y dcveloppe directement par suite des influences signa-lees par Lorinser ou d'aulres causes morbides. 11 se peut qu'eile-n'y existe qu'en vertu de sa coniagiosite; qu'elle ne s'y entretient que parce que rapplication des mesiires de police sanilaire rigourcuses y est encore impossible actuel-lement. Ce que nous avons vu se produire dans d'autres pays, tels que, par excmple, recemment encore en Anglc-terre et en Hollande, nous prouve qiie cette maladie peut sevir pendant des annees, meme dans nos conirces, si par des mesures energiqueset rationnelles on ne lache pas den arreter les ravages. Dans les steppes, les nombreux beeufs vivent, pour a\m\ dire, sans soins et sans surveillance et, par consequent, Tapplication des mesures de police sanitaire severes y est des plus difficile, sinon impossible. La persislance de la peste bovine dans les steppes n'esl done point une preuve serieuse du developpement direct de cette maladie dans cos contrees ; eile peut parfaitement ctre la consequence de linsuflisance des mesures opposees a sa propagation.
La prelendue predisposition qui ferait que, sous [quot;in­fluence des conditions defavorables, les boeufs des steppes
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pourraient. memeendehorsdecesdernicresconirecsdonner naissance nu devcloppement primilif de la peste bovine, nest pas plus demontree que le developpement spontane de ceite affection dans les steppes meme. Les partisans de cette derniere these s'appuicnt principalcnicnl sur les ap­paritions que fait la peste bovine en cerlaines contrees, quelques semaines apres la derniere introduction de betes provenant des steppes. Or, ces fails, dont la valeur scien-tifique a cte considerablement ebranlee dans ces derniers temps, ne jouisscnt plus d'une autorite süffisante pour ren-verscr les nombreuses observations argumentant conlre le developpement primitif de la pcste bovine dans nos con-trees et meme dans toute lEuropc. 11 est bicn vrai que la durce de l'incubaiion de cette maladie est en general de cinq a sept jours, mais, comme nous le verrons, en nous occupant dc cette periode latente, celle-ci prutse prolonger jusquä quinze jours et meine trois semaines. De plus, rien ne nous prouve que dans toutes ces observations, le cas dc typhus contagieux qui a ete rcconnu le premier, a reelle-inenl cte le premier qui s'esl developpe dans le troupeau; car, non-seulement la peste bovine pcut revetir des formes tellcment benignes (l) qu'ä moins de beaucoup de sagacite el d'une attention minuticuse eile n'est point reconnue, mais encore les enquctes si difficiles sur I'originc, la voie d'inva-sion dune maladie, rencontrent des difficultes si nombreuses qu'il n'est pas etonnant que parfois ellcs menent a des re-sultats ineompiets, incertains ou meme errones.
Dans les derniers temps, quelques voix se sonl de nou-veau eievees en faveur du developpement spontane du typhus contagieux en nos contrees. Gesten Angleterre que cette opinion a trouve le plus de partisans, et Renelt
(0 Symptomatologie.
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est vcnu recemmcnt se joindre ä eux. Le typhus conla-gieux, d'apres les dissicienls anglais, reeonnaii pour cause les conditions hygieniques excessivement mauvaises des enables des lailiers. II est evident, d'apres eux, que cetle maladie n'est pas exolique, parce quelle existait deja dans i'inlerieur du pays, alors que dans les differcrits ports dimportation on n'en soupconnait pas encore l'exis-tence.
A ces partisnns du deveioppement direct de la peste bovine dans nos contiees, nous repondons avec d'autres praliciens, que :
1deg; Ces conditions anti-hygieiiiques des elables des lai-tiers existent ä Londres, etc., depuis des siecles et que pourtanl depuis plus de i 10 ans la peste bovine ne s'y etait plus declareej ce n'est qu'au moment oü des beies provenanl plus ou moins directement des steppes y ont ete amenecs que nous avons vu la maladie apparailre de nou-veau;
2deg; Qu'il n'est pas elonnant qu'a delaut de quarantaine I'examen de plusieurs centaines de tetes de betail en un temps absolument trop couri, et par un personnel insudi-sant (l'Angleterre ayant recu vers repoque de la derniere invasion de la peste bovine pendant plusieurs mois de D,üOÜ ä 10,000, letes de betail par semaine, dont plus des c/? ont ete debarques ä Londres, Harwick et Hull) (l), ne soit quo superficiel et ne puisse donner aueune garantie serieuse.
Le veterinaire Lord, de Cantersbury, pretend que le typhus conlagieux est du ä des monades ou vibrions dont il dit avoir demontre l'existence dans les matiercs exeremen-titielles; que ces parasites ont bien pu etre imporles, mais
(l) Voir Magazin f. Thierheilk., 1867, p. 223.
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que les animaux se irouvaienl dans des conditions lelles que ces animalcules, an lieu de provoquer une gastro-enterite simple, ont determine une gastro-enterite febrile a caracteres typhoides; ces assertions demandent encore trop h etre confirmees pour que nous puissions les admettre. Pour que cette opinion puisse meriter notre confiance, noire adhesion, il faudrait que d'autres savants parvinssent egalement a saisir ces parasites et qu'on put etablir dquot;une maniere evidente pour ces animalcules et les troubles de la peste bovine, la relation de causes a effet. Or, ä notre connaissance, aueun, parmi les nombreux micrographes distingues de notre epoque, n'a ele assez heureux pour saisir ces monndes et vibrions dont parle Lord.
Nous avons vu que,drapres Renelt, il y a une zone geo-graphique oil Taptilude des animaux a contracter ie typhus contagieux est ä son maximum, qu'a parlir de cette zone nous retrouvons cette aptitude vers Ie Sud aussi loin que nous trouvons des betes bovines, landis que vers le Nord, eile s'amoindrit de plus en plus. Renelt ajoute dans son article (i) que vers I'Est el I'Ouest la demarcation entre les contrees oü la peste bovine peut se developper directe-ment et celles oü le developpement direct de cette maladie n'a plus lieu, ne se fait pas de la meme facon. Depuis un certain temps, dit-il, il exisle ici une limite precise qui n'est autre que la frontiere prussicnne.
Suivant ce praticien, c'est dans les conditions economi-ques et sociales differentes auxquelles se trouvent soumises les betes bovines dans les diverses contrees, quril faul re-chercher les causes de cette predisposition et de ces troubles morbides differents. II suppose que dans les temps oü la partie occidentale de TEurope etait encore peu peuplce, (0 Voir Magazin f. Thierhciik., vol. XXX11I, p. 164.
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que les liabitants y vivaient encore en nomades, la peste bovine pouvait pgalement s'y developper dircctement: qu'au fur el a mesiire quo les peuples abandonnerem ce mode de vie, qu'ils soignaienl davariiage leur betail,ie deve-loppement primitifde cettc terrible maladie devinl de plus en plus rare dans les conirees quils babilaient et y cessa bientöt completemcnt; les besoins augmentant, le deficit en belail Cut comble par des animaux amenes de l'Est et le virus du typhus bovin se trouvant importc avec ceux-ci, la peste bovine, par suite de ccs cliangements sociaux, se transforma, pour ces conirees, de maladie epizootique qaclie etait en maladie contagieuse pure. Les mon^agnes et forets nombreuses de l'Est de lEurope n'ont peut-etre point ete, ajnute-t-il, sans influence, stir le developpement de la peste, car dies fournissaient aux animaux des abris qu'ils ne rencontrent point dans les plaines non boisees. Pienelt, dans ce meme arlicle, (p. 173), se demande si dans la panzoolie ququot;il a eu Toccasion d'etudicr dans le gouvernement de Witebski, l'apparition de la peste bovine reconnait pour cause limportation du virus de celtL' maladie, on bien squot;il faut eonsiderer ce typhus abdominal tres-grave (la peste bovine) comme s'eiant produit par suite de {'action de causes insignifiantes, en toute autre circonstance, mais qui dans le cas actuel (en venant agir sur des animaux dont rassimilation et la digestion se trou-vaient dejä modiüees sous linfluencc de conditions ante-rieurcs delavorables), provoquaientdes processus typhiques pouvant, par suite de lencombrement, devenir suflisam-ment graves pour donner naissance ä un prineipe eonta-gieux et se transformer ainsi en peste bovine.
Des difTerentes considerations que Renelt invoque, il resulle que, poor lui, il y a lieu d'admetlre au moins la
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possibilite du dcveloppcment primitif de la peste bovine parmi les hceufs des panics sepiouirionales de la Russie.
Dans ce travail de [Jenelt se Irouvent evidenimenl traitees deux questions essentielles :
La premiere se rapportc aux conditions nosogenes pou-vant determiner le developpement primitif de la peste bovine, et l'auteur admet que c'csl dans les conditions eranoraiqucs et sociales ququot;ii faul rechercher ces condi­tions.
Nous connaissons encore trop imparfaitomenl la compo­sition et les reactions intimes des elres vivants aussi bien que I influence immediate qu'oxercent sur cux les causes morbides pour pouvoir ä priori, par le simple raison-nement, irancher une pareille question; ce sont les faits qui seuls neuvent, dans letal actuel de nos connais-sances, nous fournir la solution de ce probleme eliologique. IVous avons cite une partie des arguments qui nous font accepter la maniere de voir partagee par les differentes sommiles scicntifiqucs, et ce sont ces memes arguments qui doivent cvidemment nous faire rejetcr, jusqu'a preuve contraire, l'opinion de Renelt.
Une secondc question soulevee par ce dernier auleur, est de savoir si la peste bovine est une affection speciale ou ncstaulre qtnjn typhus abdominal qui, en devenant grave, donne naissance a un principe contagicux.
Renelt est tellement penetre de la transformation du typhus abdominal en peste bovine, quil considere cette dcrniere denomination comme synonyme de typhus abdo­minal trcs-grave. Cette identification du typhus abdominal et de la peste bovine, ou bien cette transformation de la premiere de ces maladies dans la seconde, nous ne pouvons pas radmcltre. Lcs caracleres de typhus abdominal, quel que
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soil son degre de benignite ou de gravite, sonl differenls de ceux de !a peste bovine. Gelte derniere affeciion presenle des symptomes et des lesions csscnliels que nous retrou-vons aussi bien chez les animaux, qui, aiteinls de typlms contagieux, presentent ä peine quelques legeres manifesta-lions morbides que chez ceux oü cclle rnaiadie a acquis son maximum de gravilji (i).
En consideranl la puLlicaiion de Renelt dans son en­semble, il nous parait que c'est sous HnQuence dun prin-cipe general dont, ä tort, d'apres nous, il a cru avoir irouve une nouvdle application, que l'auteur de ce travail esl arrive ä la conception de ceite transformation du typhus abdominal en peste bovine.
En eflet, nous lisons, page 17o do son .-irlicle :
laquo; Tous te groupes d'etres de la nature aussi Men que leurs causes presentent des transitions insensibles, il doit en Hre de meme des panzooties et de leurs conditions genitiques. raquo;
Nous admettons avec Reneit. que si sous I'influence de circonslances nosogenes diverses, il se declare une seule el meme panzootie, ou si par suite d?une seule et meme cause des panzooties diverses surviennent, il laut rapporter ces differences dans les effets produits ä une predisposition propre a I'espece ou a une modification anlerieure subie par I'individu atteint, sous I'influence des conditions qui out agi sur lui; nous ne pouvons pourlant pas cönsiderer comme reelles ces transitions insensibles enlre les differen-les panzooties el leurs causes. La maladie esl la resulianle de deux series dagenls : des causes internes, cquot;est-ä-dire des predispositions normales ou anormales de lorganisme, et des causes externes qui agissent sur celui-ci; les carac-
;i, Voir diagnostic diötreotiel.
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leres de lout irouble morbide dependent uniquement de ecs deux categories de faeteurs. Si le principe des transi­tions insensibles etait applicable aux agents appartenanl ä l'une et ä l'autre de ces categories, il en serait necessaire-ment de memede leur resuliante, cquot;esl-ä-direde la maladie. En admettant que dans ies causes externes ces transitions se icncontrent, nous nc pouvons pas les admettre pour les causes internes. La composition materielle des ditTerents organes ne peut varier que dans ccrtaines Hmites; dans Torganisrne completement developpe nous ne retrouvons pas toules ces formes inlermetliaires qui devraient s'y rcn-contrer pour que le principe einis par Renelt soil applicable. O'estcetlc variabilite restreintc dans certaines limilesde Tun des faeteurs esseniiels de tout trouble morbide qui vient se refleter dans les manifestations des maladies memes; c'est eile qui fait que, sans trouver clans la pratique medicale deux cas absolument identiques, nous rencontrons pour-tant des maladies qui, dans leur ensemble) et dans leurs manifestations principales, presentent suflisamrnent d'ann-logie et de Constance pour que nous puissions les ranger sous un memc type : les phenomenes variables se trouvent sous la dependance des caractercs variables de l'organe, de lorganisme atteinls, tandis que les plienomenes con­stants dependent des caractercs constants de l'organe, de l'organisme. Cest ä cause de cette variabilite limilee de la constitution des differents orgnnes (pie nous voyons se de-velopper, sous I'influeoce d'uneseule et meme eirconstance octasionnelle, des alterations d'intensite, de nature et de siege differents suivant lindividu sur lequel cette cause a exerce son influence ; en un mot, la predisposition anormale est due ä ces variations dans les caractercs pbysico-cbimi-quesqui peuvent exister dans un organe;dansun organisme
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sans qu'il en resulte des troubles apparents.Par ces motifs nous nous trouvons amenes ä nier dune maniere generale les troubles morbides transitoires dont Renelt invoque lexistence pour soutenir son opinion relntivement au deve-loppemenl primitif de la peste bovine.
Pour conclure nous dirons que nous preferons nous raliier ä la maniere de voir, exprimee par Unterberger, Gerlach,le troisieme congres de medecins veterinaires.ele., et avouer plutöt notre ignorance quanta la patrie de la peste bovine que d'accepter des opinions qui, eertes, satisferaient mieux lamour-propre mais qui, malheureusement, s-ap-puient sur des faits irop mal etablis pour que nous puis-sions les accepter.
Dans letüt actuel de nos connaissances, nous croyons devoir admettre dans tout son ensemble Topiniou lormulee par Gerlach en ces termes :
En degä des fronlieres de la Russie, et meme dans tontes les parties de cet empire, les steppes exceptees, la peste bovine est evidemment me maladie contagieuse pure; cette affection ne se developpi primitivement chez nous, ni sur les betes indigenes, ni sur celles originaires des steppes; on ngt;.st pas encore parvenu ä demontrer que cette maladie pent se developper primüivement dans les steppes de la Russie; les observations les plus recentes tendent mime a prouver que dans les parties europeemes de ces demieres contrees, cette affection ne se presente que par suite de la transmission d'un contage; par consequent, la peste bovine est une maladie qui se developpe primüivement, peut-etre dans les steppes de la Russie d'Asie, peut-etre ailleurs mais qm ne se montre en Europe qu'ä la suite de l'impor-tation de son principe contagieux (i). (1) Voir Vie Rinderpest, par Gerlacu, p. 97.
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III. VIRUS.
A. CARACTERES PHIS1CO-CHIMIQUES DO VIBCS.
Le virus de la peste ne se manifeste ä nos sens que par l'aclion quil cxerce sur les organismos snsceplibles tl'en subir linfluenee; jusqu'aujourdhui ce n'est done que par cette action speciale que nous pouvons le caracleriser. Cependant, cerlaines observations, publiees depuis peu, paraissent avoir fait faire im pas ä nos connaissances sur les matieres virulentes. Eu effi-l, d'apies les reeberebes du docteur Beale (l),on constate dans le sang, dans lesecou-lements muqueux, etc., des animaux infectes, une augmentation considerable de la matiere granulcuse; il se peut, dit ce savant, que cette masse (granular matterJ, soit le prineipe contagieux; il se peut aussi, ajoute-t-il, que la propriete de transmettre la peste soit liee ä des particules dune forme determinee, mais lellcment pelitcs qu'eiles ne peuvent etre saisies ä laide de nos meilleurs instruments grossissants (2).
Pour le moment, nous devons clone encore considerer le virus du typhus contagieux comme un agent dont les pjroprietes chimiques et physiques ecliappent ä nos moyens dlnvestigation. La produciion de ce prineipe, capable de provoquer, sil se trouve dans im milieu convenable, un
(1) Voir Third report of the Commissioners appointea to inquire the
origine, elc.
(-.) D'apris les experiences de Cliauvcau, l'activitlaquo; des vlt;5hicules virulenls de ia morve, de la vai iole et du vaccin esl due, non igt; la partie raquo;laquo;reuse, mais a des corpuscules organisis el 616inentaires eu suspension dans ces vehi-
cules.
D'aulrcs expÄrimentaleurs croienl avoir reconnu dans cerlaines atteclions des organisnieraquo; InKrieurs comme causes dc la comasion (p. ex. Ballier, pro-fesseur ä lena.)
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trouble morbide, semblable ä celui qui lui a donne nais-sance el de se reproduire en meme temps soi-meme, est un des caracteres inherents, essentiels de la pcste bovine; point de peste bovine sans ce principe. Celui-ci se prcsente sous forme de virus fixe et sous ceile de virus volatil. II resulte des observations consignees dans les autcurs anciens, aussi bien que dans les publications modernes, que l'agent con-tagifere penetre tout Torganisme, se trouve lie ä lous les tissus des animaux atteints de typhus, mais que c'esl dans les produits de secretion des muqueuses (larmes, jetage nasal, mucus buccal, gastrique et intestinal)- que nous le rencontrons ä son maximum de concentration. Les matieres cxcrementitielles, telles que les dejections alvines et iquot;urine, de meme que les cadavres des animaux qui ciaienl atteints de cettemaladie au moment de la mort, sTen trouvent char­ges. Le principe virulent se degage de ces differents velii-cules lorsqirils se trouvent exposes ä lair, et lair lui-meme devient ainsi contagifere (l). Celui-ci, en penetrant des corps poreux, leur communique la propriete de trans-
mettre la peste bovine.
\
ß. BESISTAKCE VITALE Du VIRDS DE LA PESTE BOVIÜE.
Les virus, comme lesetres vivants, jouissent de la faculte de se reproduire, de se multiplier. Cette faculte, ils ne peuvent l'exercer que s?ils se trouvent dans un milieu favo­rable; si les conditions dans lesquelles ils se trouvent ne
(i) Voir Recherches historiques et physiques sur les maladies öpizoo-tiques,pai ledocteur Pauiet, vol. II, p. 19. — Memoires de VAcademic des sciences, an. 174. — Gentleman Magazin, vol. XXIV ct XXV, an. 175i ct 1755, p. 160. — Recueil d'observations. Compie rendu des experiences de l'inoculation de la peste, etc. Saint-Pitersbourg, 1866, p. 130-143, etc.. etc. — Ileport of the Commissioners, etc., p. 18. — Die Rinderpest, par Gerlach, p. Ü9, etc., elc.
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130nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DU TYPHUS COKTAG1EUX EPIZOOT1QUE.
conviennent pas ä leur activile, ä leur existence, non-seu-lerncnt les principes contagieux ne se mulliplient pas, mais au bout dquot;un sejour plus ou moins long dans ces conditions defavorablcs. ils perdent meme leur vitalite, ils se detrui-sent. C'est la resistance qu'ils opposent ä leur aneantisse-ment commc virus, qui est qualifiee de resistance vitale ou tenacite.
Il est dillicile de determiner d'uue maniere generate l'energie de eette resistance, parce que les conditions les plus diverses, souvent insaisissables, peuvenl la modifier. En consultant les dillerentes observations recucillies jus-qu ä ce jour sur la tenacite du contage de la peste bovine, nous voyons, meme en faisant abstraction d'observations, telles que celles rapportecs par Weiss (i) et Opitz (2), qu:on est arrive aux resultats les plus varies; tantot un virus äge de quelques jours a peine, s'est montre absolumenl inefilcace, tandis que dans d'autres cas, I'inoculation a prouve qiie, meme apres une conservation de 6-9 mois et plus, ce principe avait encore conserve son activile.
Les experiences faitcs d'apres les indications du Comite institue par S. M. I'Empereur de Russie, a l'effet d etudier les moyens preservatifs a mettre en usage contre les epizoo­tics, prouvent d'une maniere si evidente cettc tenacite va­riable du contage, qu'il nous suflira de reproduire ici quel-ques-unes des donnccs que nous trouvons dans le compte rendu, public en 1866 par les soinsde ce comile :
(1) Voir Veber das Anstehen der riehseuch., par Laiipeii ct Weiss, 1783, p. 78. Transmission de la pesle bovine par l'intermfidiaire d'un fil de laine impr^gnfi de mali^i e virulenle et conserve pendant six ans dans une fiole fetmCe.
{-i) Transmission de la pesle bovine ä I'aide d'un virusäg^ de 19 anraquo;. (Voir Gekuch, Die Rinderpest, p. 104.)
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EXPERIENCES FA1TES DANS LE GOUVERNEMENT D'OREMROURG.
Nombre des betes inoculee.s-.
Age du virus.
Innculrr avec succes
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Lc virus conserve pendant 34,57, 39, 46, 63, 70,73, 7S, 8o, 90, iOO, d20 jours, pendant 8 mois et pendant 3 1/2 annees, avait perdu son efllcacite. (V'oir p. 123 du rapport.)
EXPERIENCES FAITES DANS LE GOUVERNEMENT DE KIIERSON.
Nombre desnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Age dunbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Inoculies
oetes jnoculces.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;virus.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;avec sueees.
28nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1-7joursnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 20
2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;51 raquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;l
249nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;3-12 moisnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; presque lonles alteinles de
lögers accös (i). 5nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;17 mois, 14 joursnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Id. (2).
Ces faits, choisis parmi les nombreuses observations rapportees dans ce compte rendu, demontrent que tantöt le virus de la ppste bovine conserve son activite pendant des mois et meme pendant plus d'une annee, tandis que, dans d'autres cas, il la perd tres-rapidement.
(1) Toux, larmoiement, jetage nasal, nodosiuSs ou aphthes sur la muqueuse buccale. (ä) V. pag. 147 cl ldeg;g du rapport.
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Von Oerlzen (i), Müller (2) et Bruckmüller (3), entre autres, client dans leurs ecrits des cas qui conflrment par-faitement ce fait, mis en evidence par les rccherclies qui ont cu lieu dans l'Orenbourg et le Kherson. La reappari-tion dc la pesle bovine, en juin et en juiliet derniers, ä Wilryck et ä Kiel, deux localites de la province d'Anvers (4), plus de huit mois apres la disparilion des derniers cas de typhus bovin, nous parait done pouvoir se raltacher encore anx dernieres invasions que ccttc maladie a faitcs dans noire pays. En attribuant eette reapparition ä line parlie du virus qui, echappee aux desinfeetions, se serait trouvee dans des conditions tres-favorables a sa conservation, nous admet-tons un fait exceptionnel, mais qui pourtant nest pas unique dans l'histoire de la peste bovine, eomme le prou-vent les inoculations faites a Kherson. Ce n'est evidemment que faute de pouvoir decouvrir aucune autre cause du developpement de cette maladie et en prenant en conside­ration les nombreux fails qui nous font considerer la peste bovine comme une maladie toujours exotiquepournos con-trees, que nous soulevons cetle hypolhese. Nous la preferons ä cello du developpement primitif de cette maladie,car cette derniere serait la negation d'un fail, que les observations ancienncs et modernes ont jusqu'aujoard'bui toujours confirme.
Cetle difference de tcnacite qu'on observe pour les virus depend evidemment des condilions qui agissent sur ceux-ci. Parmi les influences ordinaires qui paraissent surtout
ft) Öffentlich Bekannt, betreffend die Inoculation des Rindviehs, 1779, p. laquo;.
(s) Magazin f. gesam. T/uerAei/i., vol.XXHI, p. 189.
(3) Oesterreich. Vierteljahr, f. w. Thierheilk., vol. XXXVII, p. 46.
{i) Voir Bulletin de VAcademie royale de medecine de Behjique, 1808, Aquot; 8, p. 544.
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exercerleuraction sur les principes contagieux, nous comp-tons l'air, Vhumidite, la temperature, la putrefaction et les corps dits disinfectants.
a) Air., — L'air, en agissant sur le virus de la pestc bovine, en annihile rapidcment raetivite propre. II en rc-sulte que la ventilation des locaux infectes, si eile est pra-ticable, est un excellent moyen de desinfection, L'action destructive de cet agent ne s'exerce pas seulement sur le virus renferme dans latmosphere meme, mais encore sur eelui fixe sur des objcts poreux; eile n'a pourtant de lin-tensile que lorsque ratmosphere, en contact avcc ceux-ci, est frequemment renouvclee. Mettre le virus ä l'abri du contact de Tairest un des meilieurs moyens de lui conser-ver son activite, comme nous le prouvcnt les inoculations faites avec du virus conserve pendant un temps dans des conditions variables. L'observation des infections nalurelics confirme cgalement ce fail, car c'est ä Taction de l'air qu'il faut rapporter linnocuite de la paille, dent parle Adami, dans ses Beiträge zur Geschichte der Viehseuch. (Vienne, 1781); c'est ä {'absence de cet agent de desinfection qu'il faut altribuer la conservation du virus dans des tubes capil-laires, entre des plaques de verre, etc., dans 1c foin qui, d'apres Müller (i), cinq mois apres son infection, a encore determine le developpemcnt de la peste; e'est encore grace a la preservation de l'influence de l'air que des debris de cadavres (peau, viande,etc.), enfouisdepuis trentc jours (2) et meme depuis trois mois (3), ont conserve leurs proprie-tes contagiferes. Cette action destructive que lair cxerce
(1) \oiT Magazin, etc., parGuiuT el Hebtwig, vol. XXIII, p. 192.
(ä) Voir Campte rendu des experiences d'inocutation, etc. Sainl-Pilers-bourg,1866.
(3) Expose des moyens curatifs et preservalifs etc., par Vicq. d'Aztb. Yoir Die Rinderpest, par Gerlach, p. 101.
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13*nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TSPHUS CONTAGIEÜX EPIZOOTIQUE.
sur le virus de la peste bovine est evidemment au moins une des causes du peu detendue de la sphere d'aclivile de ce prineipc contagieux si volatil. Cette sphere dactivite, dont ie rayon n'est pas encore exactement determine, n'est pourtant pas tres-cönsiderable, comme des fails nombreux le prouvent ()); son rayon qui parait etre de 20 ä 40 pieds, peul, du reste, par suite de circonstances locales, se trcuver agrandi. Cest ainsi que les courants d'air, les accidents de terrain, etc., peuvent avoir une influence pliy; ou moins notable sur la propagation de la peste bovine; ils peuvent favoriser ou enrayer la marche de cette affection, en chas-sant le virus en plus grande quantite et avee plus de rapi-dite dans une direction donn^e ou bien en empechanl le transfert clans uneautre direction.
Si nous nous demandons comment I'air exeree son influence destructive sur le contage, nous nous voyons de nouveau force d'avouer notre ignorance. No connaissant le virus que par son influence sur Torganisme, nous ne pou-vons point cludier les modifications que I'air pent y provo-quer. Est-cc par une dissemination Irop considerable, une rarefaction trop grande des elements du contage, ou est-ce par des transformations chimiques ou physiques, provo-quccs par le contact de Tair libre, que l'activite du principe contagieux se trouve annihilee? Ce sent la des questions qui rcstent encore ä resoudre dans letal actuel des sciences. La circonstance que le virus conserve son activite dans un air non agile, tend a faire admettre, dit Gerlach (2), que cest par suite de la trop grande dilution du contage que
(0 Voir jEssEff, Die Rinderpest, 1834, vol. I, p. 55. — Ron, Lehrbuch der ratholofl; öc Mit., vol. I, p. 343. — Bbufeld, Bericht über die P,inderpcstlt; 1856. — Gedlach, Mitlheilungen der Praxis, 1836, p. 83. — Geiilacii, Die Jtinderpest, 1867, p. 117.
(?) V. Vie Kinderpest, 1867, p. 195..
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celui-ci perd si rapidement son elficacile dans l'air libre; ce serait, ajoule-t-il, im fait analogue ä celui que nous conslatons pour les matieres odoranles volatiles.
b)nbsp; nbsp;Temperature. — LMnfluence que la temperature exerce sur la vitalite du virus n'est pas non plus comple-tement connue; certains faits sont pourtant etablis : nous savons qu'une temperature de 0deg; ou voisine de celie-ci est favorable ä la conservation du prineipe contagieux ; que des betes inoeuiees avec du contage chauife ix 50deg; R. (laquo;) ne contractent pas la maladie; quil en est de meme pour des boeufs inocules ä l'aide dun morceau.de peau prove-nant de betes atteintes de typbus, lorsque, avanl Tinoeula-tion, on a eu soin dexposer ccs peaux pendant quarante-iiuit beures ä une temperature de 40deg; (2); que la congelation de furnier, dun morceau de peau, etc., infec-tes, n'enleve pas ä celui-ci son activite comme virus (3); que la cbaleur atmosphcriqne, meme pendant les jours les plus chauds de l'ete, n'anniiiile pas le contage de la peste, mais en favorise la destruction, probablement en bätant la decomposition des matieres organiques qui en sont cbargees.
c)nbsp;Humidüe. — ün certain degre dhumidite est neces-saire ä la conservation du virus. Une grande hygroscopicite de i'atmospbere favorise la propagation et la gravile de la peste bovine, comme le demontrent des observations com­paratives sur la marche de cette aiTection, faitesdans des contrees humides et basses et dans des lieux sees et eleves, pendant des Saisons humides et des saisons seches (4). Deux
(1) £a;pmenccs/artesparAiiiLGA.inD. VoirüüRLACH, Die Rinderp , p.106.
(s) Voir Oester. yiertelj . vol. XVI, p. 22, Experiences de Sololowsky.
(3) Voir Compte-rendu des experiences d'inoculation, elc. Saint-Felers-l)OUPg,1866, |i. 283.
(lt;) Voir Gerlacu, Die Rinderpest, p. 107.— Compte rendu des expe­riences de linoculalion, etc. Saiiu-Pitersbourg, 1866, p. 177.
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#9632;136nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DU TYPHUS CONTAGIEÜX EP1ZOOTIÜCE.
circonstances l'avorables ü la propagation et au developpe-ment de celle affection nous paraissent intervenir dans cetle action de i'humidite : la premiere est i'influcnee exercee par lliumidite sur la conservation du virus meme; la seconde, plus indirecte, resuile des modifications que l'action prolongee de Ihumidite determine dans les etres qui doivent subir Tinfluence du contage. Ccs modifica­tions peuvent predisposeräcerlaines maladies contagieuses, commeelles predisposent ä certaines affections parasitaires, en fournissant au developpement des parasites un sol plus favorable.
Quant aux experiences failesä l'effet d'etudier l'influence exercee par unc dessiccation parfaite sur l'activite du con­tage elles n'ont pas encore permis de resoudre cette question. Dans toutes les experiences que nous connaissons relati-vement ä cesujet, la dessiccation s'cst falle dans des condi­tions telles que rinfluence du renouvellement de l'atmos-phere, en contact avec la matiere contagifere, pent, ä nussi bon titre que la dessiccation, etre invoquee comme causa de la destruction de Tactivite du virus. En dessechant la matiere contagifere ä l'abri de l'air libre au moyen de sub­stances trcs-avides d'eau, on arriverait peut-elre ä des don-nees plus precises, quant ä rinfluence exercee sur le prin-cipe contagieux par t'bumiditeet la secheresse. En prenant en consideration que certains organismcs peuvent, si on precede dquot;une maniere lente, insensible, etre assez forte-ment desseches sans perdre la vie; que le virus, d'un autre cöte, possede certaines des proprictes de ces organismes inferieurs, nous pensons quune dessiccation 4ente, insen­sible mais non absolue, n'entrainera probablement pas, comrae consequence necessaire, la cessation de l'activite du contage; c'est aux fails, ä lobservation de confirmer ou
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dinfirmer celte opinion, que nous emettons ä tiire d hy-poihese.
d)nbsp; Putrefaction. — L'influence exercee par la putre-fnction du vehiculc sur lactivite du virus de la peste bovine, n'est pas encore parfaitement detcrminee; il resullc pourtant d'experiences faites ä Dorpat que des parties animales chargecs de ce principe conlagieux au moment de renfouisscmcnt avaient, par un sejour de deux ans et trois mois dans los fosses, perdu la faculte de pro-voqucr le typhus conlagieux (l).
Vicq d'Azyr dit avoir reussi ä communiquer la peste-bovine ä deux vaclics en leur inoculant des debris de cada-vresenfouis depuis trois mois(2). DapresGerlach les parties animales alteintes de putrefaction ä un dijgre avance, ne Jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;paraissent plus transmcttre le typhus, au moins quand,
comme cela a eu licu en Hollande, cette putrefaction so fait en plein air; ce sejour prolonge en plein air seul peut suffire pour la desinfection.
II est evident que de ces donnees ainsi que de quelques autres consignees clans les ecrits sur la peste bovine, nous ne pouvons pas dcduire des conclusions precises quant a rinfluence exercee par la putrefaction sur le virus.
e)nbsp; Corps disinfectants. — L'experience nous a appris ä connaitre certaines matieres qui aneantissent rapidement la propriete essentielle des contages. Parmi les agents 1c plus souvent employes comme desinfectants, nous citcrons, outre ceux dont nous venons d'apprecier la valour, le chlore, lozone, le soufre, les produits de la distillation seche du goudron et les lessives alealines. Ces difförents agents detruisent le virus, mais ne connaissant ni les carac-
(1) Oust, riertelj.f.w. Thierheilk.,yo\. xvi, p. 27.
(s) Observatiom sur les moyens preservatifs, etc., par Vicq D'Azyr. 1774.
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^38nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TYPHUS C0NTAG1EUX EP1ZOOTIQUE.
teres physiques ni les caraeteres cliimiques de ce dernier principe, il nous est impossible de nous rendre eompte de la nature des modifications que celui-ci subit en ces cir-constances.
C. ACTION DD VIRUS.
a. Circonstances qui mudißcnl faction du virus.
L'aotion exercee par le virus de la peste bovine sur ies animaux n'est pas toujours la meme,
Les ruminants et, d'apres un rapport de Leblanc, Ies pachidermes ont jusqu'aujourd'hui seuls montre de la re-ceptivite pour ce principe. L'intensitc de ['action exercee par ce dernier, depend du virus et de la predisposition de l'animnl qui se trouve sous son influence.
Predisposition. — a) Espece et race.— Les experiences et les observations ont etabli que la peste produit des troubles moins graves chez les moutons et les chevres que chez les betes bovines (i), chez les boeufs des steppes que ciiez ceux de nos contrees. Parmi ies boeufs des steppes meme, il existe certaines races telles que la race kirghi-sienne qui sont moins suscepiibles de contagion que cer­taines autres, telles que la race bachkirienne (2).
b) Predisposition individuelle. — Les differences de pre­disposition au typhus contagieux ne sont pas uniquement liees ä des differences d'especes et de races, mais encore ä des caraeteres individuels. Les differences de predisposi­tion individuelle peuvent etrc dues :
1deg; A des causes encore inconnues.
(1) Rinderpest Krankheit, der Schaf, u. Ziegen, par Roli 1864, p. fi9. (s) Voir Compte rendu sur les experiences ^inoculation, etc. Sainl-P4-lersbourg, 1866, p. 177 el 178.
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Paarlberg, rentier a Helder (Hollande seplentrionale), s'est oceupe surtout en 1866 et 1867, de la recherche des signes propres aux aniinaux qui ne presenlaient que peu ou point de disposilion pour 1c typhus. Dans ses recherches il se basait sur certains fails douteux dont il tächait de contröler l'exactitude. D'apres quot;VVirfz, profes-seur ä Tecole veterinaire d'ülrecht, ä robiigeance duquel nous devons los renseignements suivants, Pnarlberg avait ele amene ä ces doutes de la moniere suivante : il y a un siecie, un domestique nomme Arie Kroon, demeurant dans la province habitee par Paarlberg, s'etait applique ä comparer entre elles les betes qui etaient allaquees du typhus et celles qui ne I'etaient pas, afin de saisir les signes caracleristiques de limmunitej selon Paarlberg, cet homme serait parvenu a alteindre le but ququot;il s'etait propose, et en exploitantle secret qu:il avait dccouvert, il serait parvenu a gagner une assez belle somme en faisant le commerce de bestiaux. Arie Kroon gardait soigneusement son secret et se proposait de le communiquer a son neveu A. Paarlberg, des que celui-ci serait en ctat d'en apprecier toule Tim-portance. Kroon mourut subitement en 1809, alors que son neveu netait encore ägc que de 7 ans, il emporta son secret dans la tombe. Le frere de A. Paarlberg devint proprielaire dune grande partie du belail de Kroon, choisi par celui-ci comme inapte a conlracter le typhus ou comme devant au moins ne pas en souffrir ä un haut degre. Quoi-que la maladie si redoutable eiit depuis nombre d'annees quitte la Hollande, A. Paarlberg, esiimant fort le secret qui lui avait ete promis pendant son enfance, cullivait avec predilection le betail que lui avait legue son oncle et s'ap-pliquait ä deeouvrir les curacleres qui devaient eire com-muns ä ses bceufs. A force de persistance il finil par trouver
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lt;40nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DU TYPHUS CONTAGIEUX ßPIZOOTIQUE.
ces caracteres, mais n'ayant pas eu l'occasion de conlroler la valeur des signes dontla eonnaissance constituait preten-dümenl le secret de Kroon.il restait toujours dans le doulc quant ä la realite de sa decouverte. La derniere. invasion du lyplius conlagieux permit a Paarlberg de soumeltre au creusetdu conirole le resultat de ses reeherches. En 1866 ii commenca ses nouveiles investigations dans la Hollande nieridionale et vint blentdt proposer au Ministre de Tlnte-rieur de vouloir bien nommer unc commission chargee de juger de la valeur de son secret. Les propositions de Paarl­berg fureniacceptees ct en consequence des experiences fu-rent instituees ä recoledemedeciiieveterinaire d'Utrecht. raquo;
Ne pouvant entrer dans tons les details, nous allons rap-porter, d:apres le professeur Wirtz,le resume et le resultat dednitif de ces experiences: laquo; Les six betes bovines choisies dans une conlree oü la peste bovine n'avait pas encore fait invasion, et designees par Paarlberg comme rel'ractaires, sont restees saines, malgre un sejour de cinq semaines en­viron dans une elable tres-infectee et malgre I'application sur les yeux, le mufle et la pituitaire de trois d'entre alles, de morceaux de (lanelle imbibes de larmes, de salive et de nuicus virulenls (le S mars).
Trois dc ces six betes ont mis bas le 6, le 8 et le 23 mars; les trois veaux possedant d'apres Paarlberg les signes dcnoiant rimmunite, furent places dans un lieu infecte, mais deux d'enlre eux devinrent malade le 27, Tautre, le 50 mars; Taffection pourtant n'acquit que fort pen de gravite cbez ces animaux ct se tcrmina en peu de jours par la guerison.
Le 28 mars il fut applique de la salive contaminee sur la muqueuse de Tune des vaches, celle portant le nquot; 2, et le 2 avril 11 en fut fait de memo sur la genisse n0 6.
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DU TYPHUS COSTAGIEÜX EPIZO0T1QOE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; iH
Le 4 avril, des frictions furent faites a l'aide de fils de laine impregnes de muous virulent sur la muqueuse de la levre inferieure prealablement endommagee par des scari­fications et des excoriations tres-superficielles chez trois des six betes, les n0 d, 2, 3, qui jusque-la s'otaient montrees refractaires; de pareils fils furent appliques sous forme de seton aux betes n09 4, S et 6.
Le S avril les n09 2 et 6 presenlerent les premiers symptömes du typhus. Cette infection, d'apres ce que nous Savons quant a la duree de lincubation de la pesle bovine, doit etre consideree comme ayant ete determinee par des experiences du 28 mars et du 2 avril,
Les nos 5, 4 et S eontractcrent la maladie respective-ment le 5, le iO el le -H avril.
Le n0 1 a resiste a toute tentative dquot;infection.
Des cinq animaux devenus malades les ncs 2, 5 et 6 sont morts, les n09 3 et 4 sont gueris.
Dans le courant de ces experience?, le directeur de Tecole dUtrecht avait propose a M. le Ministre une contre-epreuve acceptee par Paarlberg, Voici, en quoi consista cette nouvelle experience que JVl. le Ministre a bien voulu autoriser : Paarlberg devait, pour le compte du gouverne-ment,choisir dans la meme contree d'ou il avait fait venir les premieres betes, trois autres animaux manquant des signes caracteristiques de l'immunite, ct offrant une pre­disposition teile que non-seulement ils deviendraient ma-lades, mais que meme leur mort scrait cerlaine.
Paarlberg choisit trois genisses dont, selon lui, deux clevaient succomber, tandis que pour la troisicme la ter-minaison fatale etait incertaine, mais rinfection certaine. Lraquo;; 2S mars ces trois animaux furent exposes aux memes causes d'infection que les trois animaux refractaires men-
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lionnes ci-dessus (le o mars). Tous les trois contracterent In pesle bovine, un succomba; deux guerirent; c'est parmi les derniers que se trouvait la bete pour laquelle le pro-nostie de Paarlberg etait rcste incerlain.
II resulte de ces experiences que Ics animaux designes par Paarlberg comme refraelaires, ä Texception d'un seul, n'ont pas presente unc immunile absolue vis ä vis du virus de la pesle ni memc contracte par suite de son ac­tion une allcintc benigne, mais ququot;en lout cas ils ont beau-coup mieux resisle ä rinfluencedece contage que ceux que Paarlberg a designes comme Ires-disposes ä devenir grave-merit malades.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; quot;quot;
Le nombre de ces fails est evidemment insuffisant pour pcrmettre une conclusion definitive, mais ces experiences mcritent cerlaincment de fixer rallention.
Quant aux signes qui, d'apres Paarlberg, distinguont les beles refraelaires de cclles predisposees ä subir linfluence du virus de la pesle, ils consliluenl encore le secret de Paarl­berg; on a pourtant remarque que les animaux eonsicleres comme refraelaires ne presentaient pas, dans la conformation exterieure,dcs caraclcres suflisammenl tranches pour qu'on puisse en faire une race specialc el que cbez tous le corps clignolanl et la partie de la sclerotique qui entoure la cor-nee etait dune couleur brunälre foncee ou noire; sur la nmqueuse buccale de ces animaux on a constate des laches pigmenlees, au palais, aux joues, sur la langue et aux gen-cives. II est evident que le secret de Paarlberg, si toute-fois il repose sur une base reelle, doit comprendre encore d'autres caraclcres, car il nrest pas rare de voir sucComber de la pesle des animaux jouissant de celle pigmentation in optima forma; d'un aulre cole, il y a des betes qui gueris-senl de cetle maladie ou meme ne la conlractent pas, alors
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que pourtant ils ne presentent point de caractere special.
2n Aux conditions hygieniquesetdieteiiques. — Puisque la predisposition anormale n'est que la consequence d'influen-ces extericures qui ont agi sur rorganisme, il est evident que les conditions hygieniques et dietetiques peuvent, en modifiant cette predisposition anormale, exereer une in-r (luence sur Faction du virus de la peste bovine.
5deg; Aux conditions atmospMriques et giiologiques, etc. — Les inoculations faites ä Orenbourg, en 1861 de meme que les observations de Kobichew (i) demontrent linfluence aggravante oxercee sur Ic resultat des inoculations par un temps froid et par les intemperies de Tair. D'apres les reeberches de la Commission anglaise chargee d'etudiev la peste bovine ni les caracleres du sol, ni les conditions meleorologiqucs, n?ont une action sur la marclie du typhus contagieux. L'altitude des dillferentes contrees parait avoir une influence en ee sens que dans les contrees cievees Tinlensite dc cette affection est beaucoup moindre que dans les contrees basses.
4deg; Aux modißcations provoquees par le virus sur I'orga-nisme. La predisposition des animaux susceptibles de con-tracter le typhus contagieux se modifie par les transfor­mations provoquees dans Torganisme par Taclion du virus meme; limmunite est la consequence de ces modifications internes, dont leffet ne sarrete point ä l'individu qui a directement snbi Tinfluence du principe contagieux, mais se fait sentir jusque dans les descendants. C'est, nous scmble-t-il, en partie au moins ä la transmission plus ou moins complete par la voie de l'heredite de ces transforma­tions qui sont dues au virus, et dont limmunite est la con-
(i) Campte rendu des experiences d'inoculation de la peste, etc. Saint-Pete isbouru. 18CG, p. 84.
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sequence, qiril faut rapporter la moindre disposition des animaux des steppes ä contracter le typhus contagieux, au moins dans ses formes graves.
S0 A Vage. — I/influence que, dune maniere generale, Tage des animaux excrce sur la gravite de la peste bovine, nquot;est pas encore parfnitement etablie; ii parait pourtant resulter d'un certain nombrc d'observations que les veaux en dessous de Tage d'un an et les hetes ägees sont plus vio-lemment attaques par le virus de la peste bovine que les animaux qui, sans etre vieux, ont depasse läge d'un an.
Le docteur Murchison, a, lors de la detniere invasion du typhus contagieux en Anglelerre, souleve de nouveau la question de Tanalogie ou meme de lidentite de la peste bovine et de la variole. Parlantde l'ideedecette analogic, Murchison s'esl demande si rinoculation du virus de la vaccine du boeufou de Ihomme pouvait peut-etre, parson influence sur Torganisme des betes bovincs, modifier celui-ci de facon ä lui donncr l'immunite. Des experiences furent instituees ä l'effet de resoudre cette question, mais eomme il resulte du rapport de Sanderson (i), elles ont donne un resultat negatif.
L'hypothese, apparemment autorisee par une premiere serie dexperiences instituee ä lecoleveterinaire de Vienne, que la clavelisation pouvait peut-etre determiner des mo­difications organiques donnant l'immunite aux animaux soumis ä cette operation, a-ete demenlie par des observa­tions ultericures (2).
c) Virus. — Le second element qui intervient dans la
(0 Voip Third, report of the Commissioners appointed to inquin, etc London, 1868.
(s) Voir ItinderpestaehnKrankheitenderSchafeu.Ziegen,par]\6ii., I8CI, p. 61.
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production des effets du contage sur les differents orga-nismes est evidemment le contage lui-meme.
Mitigation du virus. — Comme Taction de ce principe contagieux sur un animal preserve dorenavant celui-ci de loule atlaque ullerieure de la peste bovine, on a fait beau-coup de recherches dans le but de se procurer un virus milige; on a surtout cherche ä oblenir ce contage mitige par des reproductions successives de ce principe, cesl-a-dire par la culture.
1) Culture du virus. — Marchald a, en 1829,'fait les premieres rccberches pour s'assurer fi la doctrine do la mitigation du elaveau, emise par Pessina en 1802, nctait pas applicable au virus de la peste bovine. Les nombreuses experiences dinoculations faites en Riissic parUnterberger ainsi que celles qui se trouvent relatees dans le compte rendu publie par les soins du Comite russe dejä signale, ont prouve que le virus ne se mitige pas par des repro­ductions successives, car on a constate que meme a pros dS generations il peut occasionner des troubles lout aussi graves qu'apres une premiere reproduction (l). Les resul-tats plus ou moins favorables obtenus en certaines eircon-stances par la culture du virus de la peste bovine, dependent non d'une mitigation due a ces reproductions successives du principe contagieux, mais a certaines autres circon-stances en partie inconnues encore (Voyez Predisposition). La doctrine de la mitigation du elaveau eultive se trouve, du reste, egalement renversee par les experiences qui, pen­dant vingt-sept annees conseculives, ont ete faites ä lecole veterinaire de Vienne (2).
(1) Oesterreich. fiertelj. f. w. TheirhHlk.. vol. XVI, p. W. —Beitrage zur Ges. der Rinderpest impfung., par F. Uktbubercer, 1865, |). 20. — Campte rendu des exp. de tinm. de la peste, elc. St-P(Sier.laquo;hoiitg, 1866, p. 178.
(s) V.BnvcKmEiLhB.Oesterreich.^'iertelj.l'.w.Tltierheilk.,iol. XXII,p.ill.
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Le passage du conlagc de la peste bovine par des mou-tons ou des clievres, ne mitrge pas plus le principe conta-gieux de celte maladie que sa culture surla bete bovine; les experiences faiies ä Preloka, ä Sagoye et ä Vienne, de meine que plusieurs observations rapportees par Roll (Voir Panderpest, aehn. Krankheiten der Schafe u. Ziegen, par Roll, 1864, p. 60), le prouvent ä ['evidence.
2)nbsp; Nature du vehicule. — La nature du veliieule parait, en general, nc pas exercer d'influence sur l'intensite d'ae-tion du virus; mais nous devons pourtanl faire remarquer que certains faits tendent ä prnuver que dans les produils de seereiion des muqueuses le virus pourrait bien jouir d'une activite plus grande que dans d'autres veliicules.
3)nbsp; nbsp;Dilution des matieres contagißres. — La dilution des matieres conlagil'eres ä l'aide d'un veliieule inaclif, tel que la glycerine, etc., n'a pas pour effet de tnitiger l'intensite dquot;aclioii du virus; si loulefois la dilution esl poussee trop loin, la maliere virulente devient inactive' (Voir Die Rin­derpest, par Gerlacli, p. 207).
4)nbsp; nbsp;Anciennete du virus. — IXapres des experiences faiies en Russie (i), le virus frais produit oidinairement de vlo-lents effels, tandis que le virus ancien ne cause que des symptomes faibles et souvent meme ne produit plus aueune action manifeste. Ne connaissanl pas les canicteros chi-miques et physiques du virus, il nous est impossible de determiner les modilications qu'une conservation prolongee fait naitre dans ce principe. Nous nous bornerons done ä constater la mitigation que subit celui-ci par une conserva-lion prolongee et nous ne cliercherons pas ä tranclier la question de savoir s'il fautattribuer cette mitigation plutöt
(i) Voir Campte rendu des experiences d'inoculatiim, etc. Sainl-Pilers-bouig, 1866, p. 179.
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ä la deslruclion quä une volatilisation, ä une subtilisation ' trop grande du virus. Nous preferons encore une fois con-fesser notre ignorance et annoncer le fait brut que de ta-cher de nous en rendre compie par des hypotheses sans base satisfaisante.
La conservation du virus est done le meilleur moyen d'obtenir un contage ä effet anodin, mitige; seulement comme nous ignoronsrinfluenceque les diverses conditions externes peuvent exercer sur 1c virus pour en retarder ou en hater la destruction, nous tie pouvons pas encore de­terminer le moment precis oil un virus donne, sans avoir perdu son activite speciale, possecle celle-ci a un degre minimum, et par consequent l'epoque ä laquelle il serait le plus convenable de s'en servir pour les inoculations propiiylactiques; dans ces inoculations on evitera toutefoils d'avoir recours a du virus frais. Des recherehes ulterieures doivent nous faire reconnaitrc quel est I'age et quellcs sont les circonstances de conservation du virus qui nous four-nissent ee principe contagieux dans les conditions les plus favorables aux inoculations preventives.
b. Action du virus.
Apres avoir passe en revue les circonstances qui peu­vent modifier laclion du contage, nous allons nous occuper de cette derniere meme. Le virus pent penetrer dans lorganisme, soit par infection naturelle, soil par infection ärtificielle. Dans Tun comme dans lautre cas,si au moment de sa penetration, il jouissait encore de son activite et si l'animal atteint possede de la receptivite pour le principe contagieux, on vena au bout dun certain temps se deve-lopperchczlindividu contamine, avec une intensite variable,
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HSnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TYPHUS C0NTAG1EUX fiPIZOOTIQUE.
les manifestations caraclerisliques du typhus conlagieux. Le temps qui s'eeoule entre le moment de la penetration dans Torganisme et Tapparition des premiers symptomes, est dit periode d'incubation. Cette periode occuite de la maladie pendant laqueile le contage produil evidemment deja dans lorganisme des modifications dont la nature nous echappe, a ordinairement une duree de cinq a six jours; il n'est pas rare pourtant de voir ce slade latent de Taffection se prolongerde un ä deux jours; assez souvent aussi les premiers troubles se manifestent dejä lequatrieme jour apres I'infection. Une observation minutieuse permet meme de constater dejä une augmentation de la tempera­ture interne pendant les dernieres vingt-quatre a quarante-huit heures de cette periode. A la rigueur done on devrait diminuer de un ä deux jours la duree ordinaire de la periode d'incubation
Des observations anciennes aussi bien que modernes nous prouvcnl que le laps de temps pendant lequel le contage introduit dans I'organisme reste inactif, peut, dans des cas exceptionncls, se prolongcr assez notablement. Les experiences d'inoculation, aussi bien que certains cas d'in-fection naturelle, nous demontrent la realite de ce fait qui, du reste, cstparfaitcmentconformeä ce ququot;on constate pour dquot;aulres maladies contagieuses, telles que, par exemple, la clavelee. Pour pouvoir invoqucr un cas quelconque, comme argument a lappui de ceite opinion, il faul evidem­ment que le moment de la contamination ct Ic moment de l'apparition des premieres manifestations du typhus soient exactement connus. Or, la determination precise du mo­ment dune infection naturelle nest guere possible quau debut d'une invasion ; plus tard les voies et moyens de transmission du principe conlagieux deviennent lellcment
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nombreux qu'on ne peut plus que dnns des cas rares suivre le virus et, par consequent, reconnaiire Tinstant de la con­tamination. Cest en parlie ä cause de celte difficulte, en partie ä cause de Tinsufiisance des connaissances qu'on possedait aulrefois sur la nature du typhus contagieux, que nous ne trouvons guere dans l'hisloire des epizooties de peste bovine, anterieures au siecie actuel, des faits d'infec-tion naturelle observes et relates avec assez de soins pour pouvoir etre invoques ici comme arguments. Dans le cou-rant du xviiie siecie, la possibilite d'une duree exception-neilement longue de la periode dincubation de la peste bovine a pourtant deja ete prouvee par des experiences d'inoculation faites entre autres sous la direction du profes-seur Camper sur Tile d'Aunoe, laquelle, au moment oü les experiences furent faites, n'avait pas encore ete envahie par la peste bovine. Sur 590 bctes inoculees, S6 ont contracte cette maladie : 4, le lO™6 jour; 201, du Hme au 20me jour; 20, du Hme au 26me jour apres linoculation; 113 se sont montrees refractaires ä Taction du virus (i). V. Oertzen dit que la periode d'incubation peut se pro-longer au delä de 10 jours, si la matiere inoculee nrest que faiblement virulente (2). Dapres Walz (3) on inocula ä Langland iS betes bovines ä laide dun contage age de quatorze jours; chez 4 d'entre elles la peste s'est declaree le iOc jour; chez les aulrcs les premiers symptömes de cette affection ne parurent que 14, IS, 16 et 18 jours apres iinfection, Lorinser rapporle, dans son ouvrage in­titule : Untersuchungen über die Rinderpest, etc., 1851,
(0 \oir Geschichte der Impfung der Hornviehseuche in Ddnemarcft.elc, par Tode, 1775, et Die Rinderpest, par Ceblach, p. 126. (2) Voir Die Rinderpest, par Geblach, p. 128. (:} Voir Die Rinderpest, par Geruch, p. 126.
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150nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DU TYPHUS COMAf.lEUX EPIZOOT1QUE.
qu'en Silesie et en d'autres contrces encore, on a constate l'invasion de la peste bovine chez des betes qui dcpuis 18-20 jours deja, se trouvaient dans des contrees non infectees.
Des lechcrchcs plus recentes sont venues confirmer que cetle periode latente pent se prolonger au dela du temps ordinaire d'incubalion Fiirtenbcrg, par exemple, affirtne dune maniere generale que dans certains cas les premieres manifestations de la peste bovine ne se sont declarees pendant la derniere invasion en Hollande et en Angleterre que 14-13 jours apres la contamination, line vache aclie-tee a Malines le 18 aoutl86tgt;, cpoque a laquelle le typhus eontagieux n'existait point en Belgique, ful conduite direc-tement dans les elables de Servaes, ä Veeweyde pres de Bruxelles; le 4- septembre cette bete presenta les premiers symptömes du typhus eontagieux. Des rechcrcbes minu-tieuses ayant etabli que rien ne permet de soupconnerque cette vache ait ete contaminee apres son arrivee a Vee­weyde, il faut cvidemment admettre que Tinfeclion a eu lieu avant l'arrivee de cette bele a Malines; la eirconstanee que cette vache etail originaire de la Hollande et que la peste bovine avait envahi ce dernier pays au mois de juil-Jct, milite en favcur de cette maniere de voir; ia periode d'incubation dans ce cas doit done avoir etc de 16 jours au moins. Dapres un rapport de Defays et Thicrnesse (i) une genisse de deux ans fut contaminee le 2 juillet 1868; les premieres manifestations du typhus eontagieux no furent observees que le 18 juillet. Gelte experience falle ä TEcole de medecine veterinaire de Bruxelles, sous la surveillance de ces deux eminents professeurs, merito evidemment toute confiance. Le Journal de la Societe agricole, nquot; 59a, an
CO Bulletin de VAcademic de medecine de Belgique, 8laquo; cahier, 1868.
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1867.Signale quun troupeau de moutons de 142 tetes fut contamine par un boeuf malade; les troubles morbides ne survinrent que troissemaines apres Tinfection du troupeau. Hengefeld, Heckmayer, Swart, Degennes, etc. (i) om ob­serve des cas qui nous demontrent suffisamment que cetic pbase oeculte du typhus contagieux peut se prolongcr au dclä de ses limites ordinaires. Le compte rendu des expe­riences de linoculation de la pclaquo;te bovine aux beies ä cornes (Saint-Petersbourg, 1866) ne fait, du resle, que confirmer cette opinion, car nous y trouvons signale, par exemple :
Que des 98 betes inoculees dans la propriete Neprokito, gouvernement de Kliarkow. 84 devinrent malades, mais que les premiers symptömes ne'se sont declares que 16,17 et 25 jours apres Tiuoculation (2); la Commission croit de­voir rapporter ces cas da maladie ä une infection naturelle, mais eile nquot;iiidique pas les motifs de son opinion qui nous parail n'etre basee que sur le seul fait de l'apparition lar-dive des premieres manifestations morbides ;
Que dans la ferme Dmiiriew, gouvernement deKoursk, 68 betes ä cornes furent inoculees; 5 d'entre ellea de­vinrent malades dquot;incubalion et enlre le 'Sme ei le 25quot;me jour plusicurs autres ne presenterent de troubles morbides que le '20me jour apres linoculation (3);
Que dans le village Perelcsni le virus de la pesle fut communique ä 53 betes, dont 17 seulement conlractcrent le typhus; la periode d'incubalion a ete de 20 jours (1);
gt;
(1)nbsp; Vnir Die Rinderpest de Gerlich, p. 128.
(2)nbsp; Compte rendu des experiences de linoculation de la peste bovine, etc. Saint-Plt;Slersl)Onrg, 1866, p. 21.
(ö) Compte rendu des experiences di Vinoculation de la peste bovine, elc. Sainl-Pätershonrg, 1866, p. 23.
(t) Compte rendu des experiences de ('inoculation de la peste bovine, elc. Sainl-Petersbourg, 186G, p. 23.
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152nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DU TYPHUS CONTAÜIEUX EPIZOOTIQUE.
One dans le village de Vmogradni la pcste fut inoeulee ä 93 betcs, dont la plupart tombercnt malados le l6e jour api'es r.operation (i).
[/ensemble de ces fails demontre quo la periode d'incu-bation,dans certains cas, se prulonge au delä de son teirnc ordinaire et pent atteindre une duree de 10, Ja el tneme de 23 jours.
Si actuellement nous nous demandons quelles sont les causes de ces anomalies, de ces cas exceplionnels, nous nous voyons de nouveau forces d'avouor i'insuflisance de nos connaissances aciuelles. Nous savons bien que, comme lout piienomene depend de ses causes, cetle prolongation de la duree de la periode d'incubation ne pent elrc que la consequence de cerlaines modifications de i'un ou Tautre des elemenls qui intervie'nnent dans la production des sympiomes de la peste, c'est-ä-dire de I organisme de rani-ma! atteint ou du virus employe; mais jusqu'aujoiirdquot;hui la nature do ces modifications nous ecbappe encore. Les recberches de Sanderson (2) paraissent pourlant avoir eta-bli que les animanx conlamines par une matiere virulente recueillie sur une bete atteinte de la peste bovine a une periode avancee, presentent plus rapidement des manifes­tations morbides que ceux qui ont etc inocules avec un virus pris sur une bete ciiez laquelle ['affection n'est encore arrivee qua un stade moins avance. Un autre fait d'obser-valion qui doit etre mentionne est, qu'en general {'action d'un virus recueilli sur une bete pen gravement atteinte de lyplius,est plus benigne que celle dun virus pris sur un animal alteint d'un lypbus intense.
(i) Comple rendu, des experiences de Vinoculation de la peste bovine, etc. Saint-I'ölershoiiri;, 1866, p. 45.
(s) Voir Third report oj the Commissioners appointed to inquire, elc. London, 18G6, p. 20.
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Lorsque oette peiiode occulte de Taclivite du virus est arrivee ä son leime, nous voyons survenir les manifesta­tions morbides dont nous avons fait l'enumeration, en trai-tant de la Symptomatologie de celte maladie. L'intensite, la gravite des phenomenes provoques par 1c virus, varie considerablement aussi bien chez les beles comaminees naturellemenl que chez celles infeclees intentionnellement, maisdans Tun et lautre cas, si les animaux ne succombent pas au trouble morbide, le principe conlagieux provoque cbez eux des modifications telles que dorenavant ces ani­maux sont refractaires ä toute nouvolie action de ce meme virusj ils jöuissent de Yimmunite. Ces modiilcations ne sont pas passageres, mais elles se niaintiennent pendant im temps plus ou moins long dont la duree n'est pas encore precisee, mais qui, d'apres les recherches failcs en Rus-sic (i), est de six ans au moins. Gelte immuniie donneo par une premiere atteinle de typhus conlagieux est uu caractcre tellement essenticl de faction du virus de la peste que nous eroyons ne pas devoir considerer comme pesie bovine ces quelques symptömes non caracteriftiques, ces acces legers (2) qui surviemipnt parfois apres rinocu-lation de maiicres supposees pesliferes, mais qui ne preser-vent pas les animaux des atteintes du typhus conlagieux.
ün second caractere de Faction du virus (qui est inhe­rent ä la nature de toute maladie contagieuse) est la repro­duction de ce dernier principe dans la profondeur des tissus de lorganisme malade. Celte reproduction a lieu des Tapparition des premiers symptömes et cesse avee la disparilion des troubles morbides.
(0 Voir Compte rendu des experiences de Vinoculation de la peste bovine. Saiüt-P^tersbourg, 1866, p. 179.
(2) Voir Compte rendu, des experiences de Vinoculation de ta peste bovine. Saiut-P^lersbourg, 1866, p. 179.
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Ces mnnifcstaiions caraeleiistiquos qui surviennent ä la suite de lquot;infeetion, peuvent, dans certains cas, oire ac-compagnees de plienomenes secondnires, lels que une in­flammation plus ou moins violente ä Tendroit de l'inoeula-lion et meme parfois des f)henomenes generaux d?intensile variable, reconnaissant probahlcment pour cause une tie-composition plus ou moins avancee de la matiere conia-gilere. Ces plienomenes n'appartenant aueunement aux troubles dus ä i'aetion specials du virus, ne doivcnt evi-demment point nous occupcrici.
Le virus de la peste bovine n'exerce, comme nous IV vons dejä fait remarquer, son action propre que sur las ruminants, mais probablement sur tous les ruminants. Une seulc observation a notre connaissance, ceile relatee ])ar Leblanc, dans son rapport sur l'invasion du typhus contagieux au Jardin d'aeclimatation de Paris, tendrait ä faire admettre que les paebidermes aussi peuvent en suhir rinfluence; mais, malgre la confianee que nous inspire le nom de Leblanc, nous ne pouvons accepter sans reserve ce fait qui jusqu'aujourd'hui est encore unique dans rhistoire de la pestc bovine.
Le virus transmis par inoculation ä un pore et a un ane nquot;a point produit de (roubles morbides (i).
Quant ä raetion exercee sur Tbomme par des produils provenant des betes alteinles de typhus contagieux, celte action ne presente rien de special, de caracteristique. Dans les cas rares ou des alterations morbides ont pretendüment ete provoquees par rinocuialion dc ces produits, nous croyons ne pas devoir rapporler ces lesions a une action propre au virus de la peste bovine, mais plutot a des cir-
(i) Voir Magazin f. gesam.Tlnerhcilk., 1867, p. Ho (experiences faites au Royal velerinary college).
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Constances accidenielles : La diarrhee dont furent atloints, dapres Cogrosi (d), deux paysans pour avoir mange de la viande provenant de betes alleintes de typhus, doit eire rapportee, nous semble-t-il, ä une alieralion, ä une de­composition trop avancee de cette viande plulot qu'ä la nature virulente de celie-ci; cette maniere de voir nous parait d'autant plus vraiscmblable qiren realite un des caracteres necropsiques de la peste bovine cst la tendance des cadavres ä une decomposiiion rapide. F^es symplömes qui d'apres Murchison se sont declares ciiez Hancock, ä la suite dune blcssure que ce dernier s'cst faite lors de lau-topsie dune bete atteinte de typhus, nous paraissent de­voir etre rapportes ä une infection septique, compliquec peut-etre d'une inoculalion vaccinale, plutöt ququot;ä Tintro-duetion du prineipe contagieux de la peste bovine. La ma-ladie que le medecin veterinaire Plumbly, de Sudbury, a contraclee consecutivement ä laulopsie dquot;uno bete aballue pour Iyphuscontagieux,iva pas non plus d'analogie avec le typhus contagieux, comme le prouvent les quelques details relalifs ä ce sujet, que nous trouvons dans le Magazin f. ges. Thierheilk., 1866, p. 82.
G- voies et hotbhs d'infectios.
Pour completer Tetude du contagc de la peste bovine, il nous reste encore ä nous oecuper des voies et moyens par lesquels linfection virulente a lieu.
a) Moyens d'infection. — Cette infection pent se faire soit d'une maniere directe, d'un individu atteint de typhus h un individu presentant dc la receptivite; soit d'une maniere indirecte, c'est-ä-dire par rintervenlion d'un corps etranger charge momentanement du coinage de la pesle. (i) Journal de renise. t. X, p. HI.
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Les contaminaiions par rinieimediaire de l'atmosphere directement infecte par un animal ou son cadavre, sont generalement considerees comme contagion par transmis­sion directe, immediate.
b) L'infection directe, par* contact immediat avec un animal atleint de typhus contagieux, ne pent pas seulement se faire entre individus de meine espece, mais encore entre individus despece differente pourvu que l'animal ä conla-miner presente de la reception pour le priucipe contagieux de cette maladie. Depuis longtemps la Iransmission du typhus contagieux de bete bovine ä bete bovine n'est plus douteuse; celle de la bete bovine a la bete ovine et caprine a ete mise en evidence par les fails observes en Boheme, en Pologne, etc. (l). La propagation de cette maladie de betes ovines a betes bovines a ete constatec a Sedletz (Bo­heme), a Preloka, 5 Pauline et Vac, a Kolonie, ä Kalinowa et Zawody, etc, etc. Les inoculations qui furent faites a Preljka, ä Sagoroe el a Vienne, ont demontie que cette der-niere transmission de la maladie (de betes ovines a betes bovines), est due ä une contamination directe et non a une transmission indirecte (a l'aide de la laine). De ces obser­vations et inoculations il resulte que les betes ovines attein-tes de la peste produisent un contage non-seulement ana­logue a celui produit par les betes bovines, mais identique avec cclui-ci.
Quant a la transmission de la peste bovine par I'air, il n'est guere possible de la.prouver de fagbn a eloigner tout dome, toute contestation, mais des observations nombreu-ses et suffisamment positives, convaincantes, ont ete faites pour nous autoriser a accepter ce mode de propagation.
(i) Voir Rinderpesfahnliche Krankheilen der Schafe und Ziegen, par M. Röli,1864, p. 36.
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Parmi ces observations nous signalerons entre aulres les irois publiees par le profcsseur Bruckmüller dans VOest. Viertelj. f. wiss. Tkierheilk., p. 4-0, 1867.
c) La propagation indirecte ou, mediate, cquot;est-a-dire par lintermediaire d'objets porteurs de virus, peut se faire de differentes manieres : tantot c'est par les debris cadaveri-ques d'anitnaux atteints de typhus contagicux au moment de leur mort que la transmission de cette maladie a lieu; tantöt c'est par lintermediaire de corps vivants ou inertes que le virus est propage. En effet, le virus non-seulement penetre tous les tissus de l'animal malade et jusqu'a une certaine distance Tatmosphere qui lentoure, mais il peut aussi se fixer sur des corps relativement inertes, c'esl-ä-dire qui ne lui fournissent pas les condi­tions necessaires ä son developpement, ä sa reproduction. Ces derniers le conserveront d'autant plus longtemps qu ils sont davantage charges de virus et que les conditions clans lesquelles ils se trouvent sont moins favorables ä la des­truction ou ä la dispersion de celui-ci. Aussi les corps poreux, de meme que les amas de matiere dans lesqueis lair nc circule guere, tels que les meules de paille et de foin, furnier, tissus de. laine, etc.,conserveront plus long­temps la propriete de transmettre le typhus contagieux que les corps moins poreux ou bien les amas de matieres sou-venl traverses par de l'air frais. Le virus de la peste bovine peut du reste se fixer sur tout corps et transmettre alors par Tintcrmediaire de quot;celui-ci cette derniere maladie, ou bien meme se transmettre ä im deuxieme, ä un troisieme corps intcrmediaire pour definitivement communiquer la peste bovine. Pius les communications seront faciles, plus le sera necessairement la transmission par Tintermediaire de ces corps porteurs de contage.
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Les agents quenous avons reconnus etre, d'une maniere generale, favorables ou defavorables ä la conservation du virus, exercent ja meine aciioa sur les corps charges de cc principe; nous n'avons plus ä revenir sur cette action.
Comme ie uombre lies corps pouvant fixer pendant plus on moins longtemps le virus de la peste bovine est tres-considerable, il ne pent point entrer dans nos vues d'enumerer ici loutes k-s maiieres susceptibies deservirde veiiicule ä ce principe contagieux; nous nous bornerons ä appeler lauention sur colles qui le plus souvent servent d intcrrnediaire ä sa transmission. Parmi ces dernieres les debris cadaveriques frais danimaux morts ou abattus, tels que viande, peau, visceres, etc., meriient d'etre signales en premier lieu, car souvent cesl par leur inlermediaire que In malndie se propage ä des distances plus ou moins grandes. Ce sont les peaux et la viande qui par le com-nieree dont ils font lofcjet, donnent le plus frequemment lieu ä la conlagion (l). Pendant la guerre de iSGo entre autres, la propagation de la pesie bovine par ces inter-mediaices. a ele frequemment observee (2). La propriete infeetante des cuirs frais a surlout ele miseen evidence par
(1) L'utilisation el le transport de ces pioduils ä Vilal frais ne peuvenl itve aulonsesqu'aptÄs desinfection sur place.Les moyens de damp;inreclion rioivent elre lels que leur aclion ne lt;lelruise pas la vale; r comrncrciale de ces objels ou an moins ne les deprecie pas trop con.'-ideiablemenl. Ceux de ces produils qui doivent ölre coiisomme? ;i l'etat Irais el no peuvent pour celtc cause filre sou mis ä une tlesint'cclion comidele. ci rlaine, ne pourroot etre livrös au commerce quo pour autanl qu'ils puissent arriver ä cloftinaiion raquo;ans donner lieu ä cootagioQ par ccnlacl direct ou indirect. La viande, par exemple, comme cela s'esl fait a Uasselt en ISü7, duil ölre exposie ä l'action desin-feetante de l'air aussi looglemps (|ue possible; eile doit ilve convenable-nicnt cmballee et expriliie diieclcment et par cliemin de l'er vers un grand centre de consommation. La locality infcclee devra done se trouver ä proxi­mity dune slation vers laquelle le transport de la viande puisse avoir lieu sans danger de conlaminaliun nouvelle-
fsj Voir Oest.P'ii rleljdlinssc'infi f.u-iss.Thierheilk., 1867, cahier I, p.35 el suivaotes
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les demieres experiences de la commission russe chargee de reehercher les moyens preservatifs eontre les epizoo-ties. Dapres le compte rendu public cn 1866 par ceiie commission, il resulte de differenies experiences faites sur des cuirs infeeles que :
laquo; i) Des cuirs frais, ou non desseclies completement qui n ont pas ete soumis ä la desinfection, peuvent infecter du betail sain;
lt;laquo; 2) Non-seulement les cuirs pestilenliels soumis ä une purification artificielle ä l'aide de lessive, de lait de chaux, d'une temperature seche et tres-elevee, de l'eau bouillante, mais aussi ceux qui avaient etc bien seches ä l'air, ne pro-duisirent ni dans les steppes dOrenbourg, ni dans ceux de Kherson, aucun eflet sur les betes mises en contact avec eux. raquo;
Parmi les fr.its qui prouvent la possibilite de la trans­mission de la pesle par la viande, il nous suöira de signaler quelques-uus de ceux invoques par Gerlach, p. 119 et 120 de sa monographic sur la peste bovine, 1867.
Voici ces faits :
D'apres Bruckmülier (i), des soldats laverent dans uu bras de la Leitlia de la viande provenant de beies alteintes de la pesle. Une vache et un veau, apres avoir bu de l'eau de cetlc riviere un peu au-dessous du lieu oü on avail procedc ä cette operation, conlracterent bienlöt le typhus conlagieux alors qnc deux autres beies qui avaient refuse de boire. continuaient a bien sc porter.
Dressler, medecin veterinaire de departemeht (2), a vu celte maladie se, developper cliez deux beeufs employes au transport de viande provenant des betes bovines alteintes
(i) Ocsfer. ritrtelj. vol. XXVII, p.SS.
(äj Uittheil, .Plfi.. voir Gcrlach, 1S36, p. 82-Sü.
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du lyplms contagieux; c'est peu dc jours apres linfeclion que los symplomes morbides se declarerent.
5) Le btilail du sicur Peter, de Jaeobsilial, ful infecle par de leau qui, apres avoir servi ä laver la tele dune vaclie abattue pour cause de typhus, fut presentee comme boisson
au dit belail.
Les viscercs, la graisse, les cornes et. les onglons sont bien moins souvent la cause do la transmission du typhus, parce que, comme le dit Gerlach, ces produits, a Tetat frais, sont moins souvent livres au commerce.
Les secretions et differentes dejections (alvines ou uri-naires, jelage, have, etc.) d'animaux aitcints de peste bovine etant fortement charges du virus de cette derniere maladie, penvent egalemenl donner lieu a la propagation de celie-ci. Dquot;apres les recherches de Müller c'est a ce moyen de transmission quil faut rapporter lintroduction du typhus contagieux ä Untersteinach, Mooshügel et Hae-
selrich (-i).
Les ustensiies d'elable, ies harnais, les boissons, les aliments solides, les päturages, les etables. les wagons, de la laine, des effets dhabillement, etc., peuvent se irouver salis par des produits de dejections d'animaux alteints du typhus epizootique ou bien impregnes d'un air infeete de virus et devenir ainsi, pour un certain temps, oquot;-ents contagiferes. Les transmissions par ces interme-diaires ont ete souvent consttlees. C'est par les effets d'ha-billemenl, par les wagons de chemin de fer el les Iransports de laine, charges de virus que parfois ces propagations ä de grandes distances ont eu lieu.
Le prineipe contagieux ne se fixe, pas seulcment sur des
(0 Voir Die Rinderpest in Thüringen und Franken im Jahre 18G7,von Müiler 1868, p. U.
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objols inertes, mais les animauxvivants, refractaires ou non ä l'action du virus, peuvent aussi devenir l'intermediaire passif de la transmission de celui-ei et favoriser la propa­gation de la peste. Ces animaux ordinairement perdent ra-pidement ieur propriete contagifere, car la chaleur animale et la perspiration favorisent la dissemination et la destruc­tion du virus. La possibilite de la transmission parcel inter-mediaire a etc sonvent mise en evidence par Tobssrvation. Tous les animaux domestiques peuvent servir d'inter-mediaires passifs de la propagation du virus. Parmi eux les plus difficiles ä surveiller sont evidemmcnt les chats et !es oiscaux de basse-cour; il en resulte que si cest par eux que la transmission a en lieu, il est tres-diffieile et meme parfois impossible de demontrer leur intervention. La pro­pagation de la peste bovine par l'intermediaire de I'liomme (efl'ets d'habillemcnt, etc.), danimaux domestiques non sus-ceptibles de contracter cetle maladie, ne se fait en general pas a de grandes distances, a moins que par suite du trans­port par chemin de fer, cette transmission au loin ne se trouve favorisee. Abstraction faite de cette derniere circon-stance, ce n'est guere que par les pigeons domestiques que ces propagations a des distances assez notables peuvent par­fois avoir lieu. Ces oiseaux en effet frequeniant sou vent les etables, peuvent venir en contact avee du bctail atteint de typhus et devenir porteurs de virus. Si dans leurs excur­sions rapides et souvent assez lointaiues, ils parviennent, avant d'etre compietcment desinfectes par Taction de l'air, ä communiquer direetement ou indirectement (par l'interme­diaire dautres pigeons, etc.), le virus dont ils se trouvent charges, ä des animaux presenlant de la reccptivite pour le typhus, ceux-ci contracteront cette derniere maladie. L'histoire dc la peste bovine nous montre des cas, rares
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ä la write, oü ce dernier mode de transmission, qui du reste ne presente rien d'exlraorclinaire, doit etre admis comme le.plus vr^isemblable, le plus rationnel (i).
Les rats, enfin, agents vivanls de la transmission de ia peste, n'ont attire laltention que dans les derniers temps. L'intervention de ceux-ci est certes moins frequente ä la campogne qu'elle pent l'etre dans certains grands centres, oü Texploilation du bctail fait parlie inberente de lindustrie. Nous ne citcrons ä lappui de ce mode de propagation qu'un seul fait, rapporte par le professeur Bruckmüller, de Vienne (2) : laquo; La peste bovine avait envahi Ottakring, village situe non loin de Vienne, dont les elables sent peu-plecs par de nombreuses vaches laiticres. Le mode d'intro-duclion de la maladie dans les differentes fermes put etre parfaitement etabli, exeepte pour une seule; pour eelles-ci toutes les reclierchcs furent inutiles; ce n'est qu'en jelant un coup d'oeil sur le plan du village qu'on s'apcrcut que eelle ferme se trouvait adossee ä une autre, dont les portes d'entree donnaient dans une autre rue. Cctte ferme separee de la premiere par un simple mur auquel de part el d'aulre les etables so trouvaient adossces, avait cte envabie par le typbus contagieux huit jours avant ceile-ci. Ce mur, en par-fait etat de conservation, ne presentait ni ouvertures ni fen-tes; il fallail done quil y cut une autre voie,un autre inter-mediaire de transmission, car le laps de temps qui separait les deux invasions rendait tres-probable l'infection de Tune de ces fermes par Tautre. Get intermediaire, tres-vraisem-blablemcntn'etait autre que les ratsquiliabiiaient les galeries creusces en dessous du mur mitoyen el faisant ainsi com-muniquer indirectcment les deux etables Tune avec lautre.raquo;
(1) VoirOesterreic'', Siertelj., 1867, vol. I, p. 43. (s) Oester. riertelj., 1867, p. i5.
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d) Voies d'infection. — Connaissant actuellement la na­ture du contage ainsi que les moyens de transmission de celui-ci, il nous resle encore ä rechercher les voies par les-quelles ce principe peut sinlroduire dans l'organisme des animaux, sans perdre son aclivite. Cetle introduction ne peut se faire qu'a travers les membranes tegumentaires qui, de toute part, enveloppent l'organisme, ä moins loutefois que ces membranes se trouvent enlamees. Dans les condi­tions ordinaires, Tinfection par le virus de la peste bovine ne peut done se faire que par la peau ou les muqueuses. La transmission du typhus contagieux par lintermediaire de ia peau est possible, parce que la peau respire au con­tact de lair et que ce dernier peut, comme nous Tavons deja dit, se charger du principe contagieux de la peste et par consequent le Iransmetire. Cette propagation du typhus bovin ä travers la peau n'est toutefois qu'une hypothese dont la realite jusqu'aujourdhui n'a pas encore ete demon-tree, La transmission du contage ä travers la muqueiise digestive, admise par Faulet comme etant la plus ordinaire, nquot;a pas non plus encore ete etablie d'une maniere positive : tanlöt, en effot, l'administralion interne de matieres viru­lentes a donne naissanee ä la peste bovine (i), tantöt l'in-gestion de ces matieres a eu lieu impunement. Si meme ladminislration de matierevirulente par la bouche,a donne lieu, dans certains cas, au developpement de la peste bovine, nous ne pouvons pas en eonclure que le typhus contagieux a ete transmis par cette voie. Les experiences de Courti-vron et de Vicq d'Azyr, ä l'effet d'etablir la transmissibilite
(i) Voir les experiences du marquis de Courlivron. — Memoires de VAea-demie des sciences [11 iS) et Faulet, Recherches historiques et physiques,de., vol. II, p. 191. — Les ohservations de Vicq d'Azyr. — Faulet, Recherches historiques et physiques, etc., vol. II, p. ISK?.
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du typhus contagieux par ringeslion de malicres virulentes par la bouche, ne nous paraissent pas avoir ete executees avec toutes les precautions qu'on doil exiger de pareilies experiences. Pour arriver ä une solution positive de cette question, il faudrait evidemment faire ces recherches dans des conditions telies que tonte infection par une voie autre que la voie digestive soit exclue. Le devcloppemcnt de la peste bovine, survenue conseculivement ä l'ingeslion de malieres virulentes, faite sans les precautions necessaires pour empecher le virus dagir en meme temps sur la mu-queuse resplratoire, ne nous permet evidemment pas de conclure ä une infection par voie digestive. Pour qu'on puisse arriver ä une solution de cette question, on doit administrer la raaliere contagifere sous une forme teile qu'elle arrive jusque dans le tube gastro-intestinal, avant de pouvoir agir sur Tanimal, En faisant, par exemple, prendre ä un animal cette matiere dans des capsules de gelatine, on arriverail, nous semble-t-il, facilement a ce but. Une autre experience qui pourrait egalemenl etre ici d'une eeriaine valeur, consisterait ä faire agir sur la matiere virulente les sues digestifs, et la transmettre ensuite par ino­culation ä des animaux susceptibles de contracter le typhus.
Si par ces experiences on arrivait a des resultats nega-tifs, il ne faudrait pas encore en conclure que dans tous les cas lingestion du virus par voie digestive est inoffensive; une denudation du derme, une solution de continuite dans le tissu de la muqueuse des parties antcricures des voies digestives pent suffire pour soustraire le virus aux in­fluences qui, dans cette circonstancespeciale, annihileraient Taclion propre du virus.
La peau el la muqueuse digestive intactes sont des voies inceriaines sinon r.efractaires a Tintroduction du contage
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de la pesle; il n'en est pas de meme de la muqueuse res-piratoire ni de la peau privee d'epiderme.
L'histoire de la peste bovine fourmille d'exemples oü la peste bovine s'est Iraasmisea des boeufs par l'intermediaire de Tair inspire el par inoculalion sous-epidermique. Cest par l'appareil respiraloire qu'evidemment le virus penetre le plus souvent dans forganisme et nous croyons ne pas errer en attribuant surtout aux fines bronches et aux vesi-cules pulmonaires la part la plus active dans I'absorption du principe contagieux dans les cas d'infec'ion naturelle. Cest dans ces parties de l'organe pulmonaire que, ä cause du peu depaisseur de repithelium, le virus trouve, dans les conditions physiologiques, le moins d'obstacles ä son passage dans les tissus.
Les experiences d'inoeulation ont demontre que linser-tion du contage de la peste bovine en dessous de repithe­lium, de l'epiderme ou de la peau, a l'aide de la laneettc, de setons en fils de laine ou de cbanvre impregnes de virus, de lanieres de peau infectee, ou Tintroduction du principe contagieux par injection sous-cutanee ou intra-vasculaire, est en general suivi de succes, si I'animal en experience possede de la receptivite pour ce principe.
Quant ä 1'infection par absorption du virus par la mu­queuse genito-urinaire, nous ne connaissons aucune expe­rience tendant a Tetablir. Nous devons par consequent, pour nous conformer ä la devise du present travail, encore ici nous abstenir, plutöt que demettre des hypotheses ä bases insuffisantes.
En resume done, la voie la plus ordinaire de Tinfection naturelle est Tappareil respiraloire; rabsorplion du contage peut pourtant avoir lieu par d'autres voies; rinserlion sous-epitheliale, sous-epidermique, sous-cutanee ou intra-
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vasculaire du virus de la pestc bovine peuvent determiner le developpement de celte maladic, mais ce sont lä des nioyens de transmission artificiels je plus souvent, aeeiden-tels parfois.L/infeclion par la peau, les muqueuses digestive et genito-urinaire inlactes, n'est pas encore positivement demontree; si eile existe, eile doit etre au moins plus rare, plus eventuelle que la transmission par les voies respiratoires. En tachaiit de nous rendre compte de eette reeeptivite variable que presentent les differents teguments pour le virus de la peste bovine, nous devons en trouver la raison dans la structure meme de ces organes. Les infections par la peau intacte sont rares et nont lieu que difficilcment, tan-dis que, apres i'enlevement de repiderme,le virus parvient tres-faeilement ä agirsur lorganisme. L'epiderme constitue done ici une coucbe protccirice dont Tinfluence est evi-demment d'autant plus prononeee que I'epiderme est plus epais. En eomparant la structure de la peau a celle des muqueuses, nous retrouvons dans ces dernieres unecouche analogue a lepiderme, e'est lepithnlium. L'epithelium joue un röle prolecleur pareil ä celui de I'epiderme ; seule-ment comme ee dernier est, dans ses couches externes, d'une texture plus dense, plus serree, il doit s'opposer d'une maniere plus efficace a Faction des agents exterieurs sur le derme, preserver mieux celui-ci de toute influence du de-hors. La difference des proprietes physiques entre Tepi-derme et Tepithelium des muqueuses nous autorise ä con-siderer d'une maniere generale, toute condition egale d'ailleurs, les muqueuses comme plus favorables ä lä penetration des contages dans 1'organisme que la peau. Les muqueuses ne jouissent pourtant pas partout d'une structure identique; les caracteres de leur epithelium, la composition anatomique de leur derme, de meme que les
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fonctions, varient suivant Torgane et meme la partie d'or-gane oü on les considere. Ces differences ne sont probable-ment pas non plus sans influence sur l'action du virus; en effet, Tepitlielium de la conjonctive et de la muqueuse nasale est stratifie et pavimenteux, ou stratifie et vibralil; il en est de meme de repithelium du larynx et de celui des bronches, les plus fines ramifications exceplees, oü il est simple comme dans les vesicules pulmonaircs, mais cylindrique au lieu d'etre pavimenteux comme dans celles-ci. Cette difference dans les caracteres dela couche epithe-liale juslifie Tbypothese que de tont l'appareil respiratoiro ce sont principalement les fines broncbes et les vesicules pulmonaircs oü tout est si merveilleuserhent dispose pour facililer les echanges entre le sang et Tair inspire, qui sont les plus favorables ä toute infection par virus volalil. L'e-piihelium epais, stratifie et pavimenteux de la bouche, de loesophage, du rumen, du bonnet et du feuillet est moins favorable ä l'absorption que lepithelium cylindrique et stratifie, mais ä texture plus lache de la caillette et de l'in-testin ; il nous semble done que, toute condition egale d'ail-leurs, et abstraction faite de faction que peut-elre les sues digestifs exercent sur le conlage, la muqueuse de cette der-niere partie du lube gastro-intestinal doit etre plus apte ä recevoir le virus que celle de la premiere partie de cet ap-pareilj l'intestin surtout nous parail d'autant plus apte ä cette fin que son reseau vasculaire presente une disposition des plus favorables ä labsorption. La muqueuse genito-urinaire, deja ä l'abri de l'action des causes externes par sa situation profonde. est egalement revetue d'un epithe­lium stratifie, enduit protecteur, dont l'epaisseur et les ca­racteres varient suivant lendroit oü on le considere. Cette opinion emise, sous forme d'hypothcse que les
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observations et experiences ullerieures doivent confirmer ou inGrmer, ricsl done pas cofitraire aux fcits eiablis, car eest clans I'appareil qui constitue la voie la plus ordinaire de linfection naturelle que nous rcnconirons egaletnont les eonditions les plus favorables ä l'absorplion du virus volatil. Uneaulre circonstance qui n'estcertes pas sans induence sur l'aciion du prineipc contagioux,est la nature des matie-res que celui-ci rencontre sur les differentes muqueuses. Les experiences qui pourraient nous faire eonnaitre les modifications imprimees au virus par les differents pro-duits de secretion ou autres qu'on rencontre dans le tube gastro-intesiinal et dans I'appareil genito-urinaire, sent encore par trop insuffisantes pour que nous puissions des aujourd'bui apprecier convenablement rinfluence exercec par ccs malieres sur cet agent specifique. Nous croyons de­voir atlirer i'attention sur ce sujet, car quoique chcz les animaux atteints de typlius contagieux, les excrements, I'urine memc soient conlagiferes, nous pensons que pour-tant les sues digestifs, I'urine, etc. d'un animal sain peu-vent peut-etre enrayer plus ou moins raction du eontage, en hater ou en provoquer la destruction. Nous nous bor-nons a cnoncer cette idee, que nous considerons cornme vraisemblable, mais dont I'exactitude est encore a prouver.
sect; IV. KATURE DU TYPHUS CONTAGIEUX.
La nialadie consideree d:une maniere generale nest pas une entile, une individualite, mais eile consiste en un groupe de phenomenes anormaux qui se passent dans un etrevivant. A la rigueur done il n:y aurait pas plus lieu de parier de la nature, c'est-ä-dire de l'esscnce d?iine maladie, que de
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celle du passage de l'eau de Ictot liquide ä l'elat gazeux ou solide, de la combinaison qui, en s'operant cnlre une base et un aeide, donne naissanc'e ä uu sei, etc. Par extension de signification, le mot nature qui sert ä designer l'essence, les attributs, les conditions propres d'un etre ou d'une chose, a ele applique ä la maladie, et nous considerons comme constituant la nature dune maladie les caracteres fondamentaux dun de ccs gröupes de phenomenes qu'on est convenu dquot;appeler individualite morbide ou maladie. Determiner la nature du typhus contagieux equivaut done, ä determiner les pbenomenes initiaux de cetle maladie, les pbenomenes donl les autres manifestations nc sont que la consequence. Or, comme l'aetion du contage sur Torga-nisme est evidemraent le point de depart de toute lesion de Ja peste bovine, ce sont les modifications provoquees direc-tement parcel agent qui constituent en derniere analyse la nature du typbus contagieux, elles le caracterisent essen-tiellement et nous permettent de le disiinguer de tout autre trouble morbide.
Ne connaissant le virus que par son action sur I'orga-nisme et la composition intime de celui-ci ne nous etant encore que tres-imparfaitement connue, nous ne pouvons suivre les modifications qu'enlraine dans Tanimal infectlaquo; J'introduction du principe contagieux; lexistencedu trouble morbide ne se manifeste ä nos sens que lorsque deja des le­sions assez graves se sont produites. Dans Tetat actuel de nos connaissances nous ne pouvons done pas encore ar-river a une solution clelinitive du probleme propose. Pour en approcber le plus possible, nous devons recbereher les alterations essentielles de la peste bovine, inberentes an trouble morbide et poursuivre les relations existantes entre celles-ci. Avant dentreprendre cette tache, nous croyans
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mile de jetcr un coup d'oeil sur les principales Uieories emises sur ce sujef, afin de pouvoir, s'il y a lieu, y puiser quelques renseignements et reproduire en meme temps ici quelques donnees historiques sur cede question.
D'apres les eerits les plus anciens dans lesquels cette maladie se trouve positivement designee, eile etait consi-deree commc due ä la presence dquot;un ferment pestilentiel qui irrite les solides, infecle, deprave les sues, porte son action sur le fluids norveux et le desordre dans loute l'eco-nornie animate, d'oü resulle la putrefaction generale des liumeurs (l).
Lancisi, qui aflirma positivement la contagiosite du typhus .bovin, admit que la maladie etait due ä un prineipe acre, mordant, corrosif, d'une nature arsenieale produi-santdes accidents varies suivant les organes sur iesquels le venin etait depose (2).
1/attention de Ramazzini ayant surtout ete attiree par Teruption cutanee qui survint assez souvenl pendant 1 epi­zootic de iHl, considera celle-ci comma analogue, sinon identique ä la petite veröle dont il lui appliqua meme le nom (3)j cette masse dure qu'on trouva souvent dans l'omasus lors de cette invasion de la peste etait, d'apres ce savant, le premier produit du miasme comagieux.
La designation de Loserdürre (sechcresse du feuillei) ququot;on a assez souvent donnee ä la peste bovine, domonlre que la presence de matieres söches dans ce diverticulum gaslrique a ete consideree par plusieurs praticiens comme un des symptömes essentiels de cette maladie. Le nom de Gross-
(1) Voir Sccherches historiques et physiques, par Paüiet, vol. I, p. 63. (3) Ibtd., p. 12f
(3) Voir Recherches historiques et physiques, elc, par Fädlet, vol. I, p. 114 et 116.
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galle, souvent employe comme synonyme de pesle bovine, prouve quo d'autres ont cru qua la distension de la vesi-cule du fiel par de la büe etait un des caracleres constants de cette affection.
L'opinion de Ramazzini a ete acceplee par Drouin, par les medecins de Geneve, etc. ; ceux-ci soutinrent leur maniere de voir dans im ecrit public ä Geneve en iliS et ä Paris en 1745 (i).
Layard, medecin anglais, se rallia egalement ä la maniere de voir de Ramazzini et considera lepizootie de peste bovine de 1745 comme une fievre maligne, eruptive, ou plutöt comme une vraie petite veröle (2).
Murchison, clans le troisicme rapport de la commission anglaise cbargee d'etudier la peste bovine, a de nouveau allire l'attention sur l'opinion de Ramazzini (3), mais les experiences qui ont ete faites dans le but de^ contröler l'exactitude de cette maniere de voir, ont prouve qu'il n y avail pas lieu d'identifier ces deux.affections (4).
Scroekius, medeein allemand, declara comme Lancisi, Ramazzini, etc., que la peste bovine est contagieiise. En se basant sur les symptömes qu'il eut I'occasion dobserver, il considerait cette affection comme uncdyssenßrie maligne (ä).
D'apres Vitcl, le typhus bovin est dii ä un venin dont laction, suivant les organes principalement atteints, don-nait naissance a une peste taniot dyssenterique, tanlöt ner-veuse exanthematique.
(1) Voir Reflexions sur la maladie du betail, par la Social^ des medecins de Genfeve.
(ä) Voir Essai sur la nature, les causes et la guerison d'une maladie regnant en Angleterre sur les Mies d comes, par P. Layard. Londres ,1757, et Recherches historiqnes et physiques, etc., par Paolet, p. 212.
(3) Third report of Commission appointed, etc.,
(lt;) Ibid.
(5) Voir Lucae Skrokii. Constit. 4pidetnica, august. 1711.
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Cogrosij medecin ä Brt-me, dans une lettre ä Vallisneri, admet pour principe de la maladie une infinite de vers in­visibles qui causeraient tons ies symptomes; il s'appuie, pour faire valoir son opinion, surdes observations de Redi et Certoni sur Ies parasites qui produisent la gale, sur le sentiment du pere Ktrcher relatif au principe de la peste, et enfin sur une infinite dquot;observations qui semblent con-firmer son opinion (l). Celte eliologie, et par consequent la nature parasitaire de la pesto bovine, ful aclmise en 1743 par Ies medecins danois (ä), et, parmi Ies auteurs modernes, Lord de Cantersbury a, commc nous lavons deja dit, pro-fesse line opinion qui, sans etre absolumcnt identique avee celle de Cogrosi, s'en approcbe pourtant beaucoup.
L'epizoolic dc 1743 donna lieu h deux theories prin-eipales (5) :
laquo; Ü'un cöte, on dit, un virus d'une nature caustique, acre, inflammatoire, reeu dans les premieres voies, irrite les tuniques, corrompt les sues, infecte le chyle : cette liqueur laiteuse, porlee dans la masse du sang, ne peut y parvenir sans passer par les routes principales que la nature a destinees ä la lymphe; celle-ci contracte neees-sairement le vice; de la l'engorgement des vaisseaux qui la contiennent, des glandes congiobees, etc.; si ce virus est de nature ä 1 epaissir, le clureir, l'engorgement augmente, la lymphe se deprave par son sejour, irrite, enflamme les tuniques; reportee dans cct etat dans la masse du sang, eile le corrompt; de la la depravation generale des hu-meurs, le gondement des glandes, Symptome qui indique
(1)nbsp;Voir Eecherches Iristorijues et physiques, elc, par Paki.et, p. 123, vol.1.
(2)nbsp; Voir Ibid., p. 210, vol. I,
(3)nbsp; Voir Rccherches hisloriques et physiques par Paület.
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toujours que la masse des humeurs a recu le levain de la contagion. Si le virus se borne ou parait se borner aux premieres voies, il produira differenls symptomes dans tout le trajet du canal intestinal:des coliques, des tensions spasmodiques, une crispation dans les bouches des vais-seaux lactes, la diarrhee, la dyssenierie, etc.; c'est ce qu'on observait queiquefois au commencement de la maladie, et on a ouvert des cadavres dont tous les visceres ont ete irouvcs sains, ä Texception de l'omasus ou feuillet, dans lequel paraissait ctrc lout le foyer du mal.
laquo; Dans quelques cadavres on ne trouva dquot;autre altera­tion sensible dans les parties que le gonflement excessif de la vesicule du fiel. Mais cela suffisait souvent pour donner la mort; ce qui prouve la malignite et la subtilite du levain eonlagieux qui etait capable de devenir funeste, meme avant d'avoir infecte sensiblement les humeurs. Tout porte done ä croire que son action deletere sur les nerfs et sur leur origine etait le premier et le plus dangereux effet qu'il produisait dans reconomie animalc : ce qui esl toujours le propre des maladies les plus redoulables des liommes et des animaux et qui decide souvent leur nature.
laquo; D'un autre cöte, en suivant la theorie de Tinflam-mation de Boerhaave, on admetlait pour cause prochaine et immediate do la maladie, Tarret, la stagnation du sang dans les exlremiles capillaires des vaisseaux, suivie de prompte inflammation et de gangrene rapide. Le sang, neecssite de gonfler, dit-on, les exlremiles des arteres san­guines, les engorge, les oscillations des vaisseaux augmen-tent, ä raison de Tobslaclc oppose ä la circulation, les ar­teres lymphaliques foreees se dilatent, reeoivent la partie rouge du sang; ce sang ainsi engage dans des vaisseaux dquot;uno texture extremement delicate, y croupit, les dilate et
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y cause une vraie inflammntion. Si on ne remedie promp-tement a cet etat inflammatoire, les embarras des vaisseaux se multiplient, gagnent les principaux visceres, particu-lierement ceux dont le tissu tendre et delicat cede plus facilement ä rimpulsion et au tumulte des liqueurs. Les digestions troublees et derangees ne f'ournissent plus qu'un chyle aigre, visqueux, deprave, qui, se melant au sang, en augrnente encore le vice, le deprave de plus en plus. Les humeurs, en croupissant, contractent un mouvement de fermentation putride. Dans cet etat d'engorgement uni­verse!, toutes les fonctions languissent, les glandes ne lil-trent plus les liqueurs qu'elles avaient coutume de separer de la masse des liquides; elles se gonflent par la stagna­tion de celui qu'elles contienncnt; le foie ne filtre qu'une bile d'une acrimonie excessive, dont une partie croupit dans la vesieule du fiel, par suite de l'engorgement inflam­matoire du conduit choledoque, tandis que l'autre, refoulee dans le sang, en augmente ja chaleur et l'ardeur. Les intestins enllammes sont si irritcs que leurs vaisseaux capiliaires se dechirent, et laissent ecouler des matiercs ensanglantees, qui forment une vraie dyssenteric. Baudot (i) surtout, qui fit valoir cette theorie, fondee sur rouverture des cadavres qui offraient toutes les traces d'inflammatioiijde suppuration ou de gangrene, chercha ä etablir qu'une disposition inflammatoire generale ctail l'ctat le plus constant dans ces animaux, et que, perissant tous d'inflammation degeneree en grangrene, toute redicacile du traitement ne consistail quo dans les moyens dy rc-medier. n
Paulet, en parlant de la nature de repizoolie qui en
(0 Voir Dissertation sur la maladie epiierniquo des bsstiaux, par Raiidot, m^deciD ä Dijon, 1715.
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1773-1774, etc., a regne sur les betes bovines (le typhus contagieux), dit : laquo; C'est une fievre aigue pestilenticlle, putride et gangreneuse, ou si Ton aime mieux, une (ievre ardente-maligne, fomenlee par un principe deletere et contagieux, dquot;une nature erysipelateuse, capable de pro-duire une inflarnmalion ou une phlogose gangreneuse dans les bceufs, dinfecter leurs humeurs et dont le siege est ordinairement dans les premieres voics, le cerveau et la moelle epiniere, et generalement dans tout le systeme ner-veux, surtout h son origine ; ce qui est prouve par la sensi-bilite extreme, principalement de l'epine du dos, de l'abat-tement des forces el par l'etat des visceres. S'il etait permis davoir reeours a Tanalogie, on pourrait comparer les acci­dents que Tanimal eprouve aux effets de certains poisons, qui en meme temps ququot;ils agisscnt directement dans les premieres voies, oü ils excitent bientol une phlogose gan­greneuse, portent leur action sur les nerfs, causent une stupeur, des lrcmblements,des mouvements convulsifs, une apoplexie, etc., tandis que d'aulres irifectent le sang, la lymphe et le fluide nerveux, sans affecter sensiblement les premieres voies (t). raquo;
D'apres une petite brochure, publiee en 1766 sous le tilre : Beschreibung über die entdekten Ursache der Yiehseuch, laquo; la cause materielle de cette maladie est aussi acre et cor­rosive que de Teau forte; eile corrode la muqueuse de la bouche, du pharynx, des eslomacs et de Tinteslin, etc.; la matiere morbide est un sei de soufre qui se multiplie dans le sang par fermentation et pcut ainsi se propager par contagion. Ces matieres nuisibles, dit cet auteur, provien-nent de certain oldium (2j. raquo;
(i) Voir Rechere. historiques etphysiquestelc ^larl'ACLKT.vol. 11,-p. 13!). (i) Vo.i- T)ie Rinderpest, |)ar Gerlach, pi 67.
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Dans le siecle actuel des opinions differentes ont encore ete emiscs sur la nature de la peste bovine. Hildenbrand (i) a classe la peste bovine parmi les Varietes du typbus, opi­nion qui a encore aujourcThai ses defenseurs.
Lorin?er la considere comme une maladie tres-voisine du lypbus (2).
JNadhcrny, medecin ä Prague, declare que la peste bovine est une maladie analogue au typhus dyssenteriquo de rhomme.
Dquot;apres Spinola, professeur ä Berlin (3), I'alteration ini­tiale de Taffeciion qui nous occupe et qu'il considere comme typhus, consistc en une modification pathologique du sang.
Heyne la considere comme un cxantheme aigu qui, par suite de circonstances inconnues, se compliquc d'erup-tion interne (4).
Bochaldek et F. Müller ont, en 484-5', declare, en se basant sur leurs recherclies anatomo-pathologiques, que la peste bovine etait idenlique avee le typhus abdominal de Ihomme; Weber s'est rallie un peu plus tard ä cetle opi­nion (s).
En 1850, Roll concluait de ses recherclies que le typhus eontagieux etait de nature exsudative, que les plaques ren-contrees dans la peste bovine etaient croupales, composees d'un cxsudat fibrineux et se reduisaient finalement en une bouillie composee de detritus et de beaucoup de cellules purulentes; que la muqueuse elle-meme etait le siege d'une inflammation specifique plus ou moins intense.
(0 HitDESBRAND. Über den anstellenden Typhus. Wien, 1812. (5) Unters, über die Rinderpest, Ki6.
(3)nbsp; Mittheil über die Rinderpest, 1856.
(4)nbsp; Oest. Viertel], f. w. Thier., vol. II, p. 76.
(s) Pathologie et llierap. par le docleur Uoli, troisiime £ilit:. vol. I, p 233.
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I! admellait lexistence d'un processus diphlheritique Hans le cas oü, sous l'influence du tronble morbide, la mu-queuse se Irouvait detruitc sur une eteudue plus ou möins considerable (i).
Braueil (2) conteste la nature croupaie des plaques qui, d'apres lui, soni composees de cellules et d'un detritus gra-nuleux; il dit que la peste bovine est un processus mor­bide consislant en :
i) Une desquamalion de repithelium des muqueuses respiratoire et digestive ;
2) Une proliferation cellulaire dans les glandes mu­queuses et utriculaires de meme que dans les follicules et ä la surface de la peau ;
5j Une destruction complete ou partielle de ccs ele­ments de nouvelle formation, ainsi que du tissu des dites muqueuses et de la peau.
Ravitsch (3) confirme Topinion de Brauell, quant ä la composition des plaques qu'on rencontre ä l'autopsie des betes atteintes de la peste bovine; il affirme que le pro­cessus morbide dans cette derniere afleetion ne se borne pas aux couches superficielles de la muqueuse, mais entame celle-ci plus profondement. D'apres lui, ce processus con-siste en un trouble nutritif des lissus folliculaire et lym-pbo'ide des muqueuses, caracterise par une proliferation abondante des cellules conjonctives, par un hyperplasmasie de cellules lymphoides ainsi que par une destruction molc-eulaire rapide de ces elements nouveaux. Les plaques et nodosites qu'on rencontre ä la surface des muqueuses sont, d'apres lui, composees d'elements identiques a ceux
(1)nbsp; Pathologieet Therap. de Roll, troisifeme 6MI., vol. I, p. 255.
(2)nbsp; Keue. Unters, betreif, diepatholog. Anatom, der Binderp., 1862, p. S8. (0) Voir Magazin f. gesammte Thierheilk, vol. XXX, 3' fasc.
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qu'on relrouve dans le tissu de la muqueuse, reunis enlre eux par une masse mtfircellulaire solide subissant plus ra-. pidement la decomposition moieculaire que les cellules.
Ravitsch, en se basant sur ses reclierehes, consldere la pesle bovine comme unc affection typhotde,
Bruckmüller, dans unarticle public dans YOestsrreichische Viertelj.f. w. Tkierheilk., vol. XXIII, p. 27, clierche ä faire ressortir qu'enlre l'opinion de Ravitsch et celle soutenue par Roll et lui, il ny a pas de difference essentielle : ce que Ravitsch designe sous le nom de substance intercel-lulaire, Roll et Bruckmüller le designent sous le nom de coagulum fibrineux; ce que Ravitsch decrit comme cellule lymphoide, Roll et Bruckmüller le decrivent comme cellule purulente, deux sortes deleraents auxquels jusqu'aujour-d'hui on ne connait pas encore de caractere distinctif. Le mode de delitescence des plaques admis par Ravitsch, ne differe pas non plus, d'apres Bruckmüller, de celui admis par Roll el lui.
Bruckmüller arrive ä la conclusion suivante ä laqüelle se rallie Roll (l) : laquo; aussi longtemps que le caiarrhe, le croup, la diphtheritis el, le processus exsuclatif seront eonsideres comme des formes inflammatoires de la muqueuse, on devra regarder les alterations anatomiques de la peste bovine comme une phlegmasie de la muqueuse intcstinale se manifestant par une proliferation delements lymphoides purulcnls, dont l'aclivite varie suivant la nature de la matiere intercellulaire (exsudat.) raquo; L'auteur termine en disant qu'il peut se rallier dautant moins ä J'opinion de Ravitsch. quant ä l'anaUigie de la peste bovine et du typhus de rhomtne, que dans les especete bovine, chevaline et canine on a observe une affection presentant des analogies (i) Voir Pathologie et Therap., par Rüix, IroisiÄme Hit., vol. I, p. 354.
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bien plus grandes avec le typhus de rhomme que la peste bovine.
Ravitsch, dans une courte notice publiee dans VOester-reischiche Viertelj. f. w. Thierheilk. (t), proteste contre le rapprochement que Bruckmüller cherche ä etablir entre ces deux opinions. Ravitsch souticnl que la lesion nutritive anatomique de la peste bovine n'cst pas celle cTune fh-flammation, au moins pas celle dune inflammation simple, ordinaire, mais que cette alteration nutritive est toujours caxacterisee par une neoplasie speciale qu'on ne rencontre jamais clans les phlegmasies ordinaires. II maintient sa maniere de voir quant a la nature lyphoide de la peste bovine, parce que, comrae le typhus abdominal, celle-ci est caracterisee par une proliferation cellulaire et nucleolaire speciale et par la decomposition rapide des nouveaux ele­ments. Les troubles de la nutrition des organes de la res­piration, les lesions des glandes mesenteriques, du foie et du cerveau qui viennent parfois compliquer aussi bien lelaquo; phenomenes essentiels de la peste bovine que ceux du typhus abdominal sont, pour Ravitsch, des arguments accessoires en faveur de son opinion.
Roloff, professeur a Halle (2), considere les alterations des muqueuses dans le cours de la peste bovine, non comme la consequence d'une alteration du sang, maiscommedestrou­bles primaires produits par I'action clirecteducontagiumou miasme; il admet que des lesions etendues de la muqueusc accompagnees de reaction febrile, peuvent determiner secon-dairement une alteration du sang; il ajouteque I'existencede celle-ci evidemment ne prouve pas quelle a precede Tappa-rition des alterations des membranes tegumentaires.
(1) Vol. XXIV, p. 141.
(äj Voir Magazin f. gesam. Thierheük., 1865, p. 583.
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La speciGcitede la peste bovine, d'apres lui, n'est pas due ä une alteration particuliere et primitive du sang, mais a cette propriete speciale de la cause nosogene (virus ou miasme), en vertu de laquelle celle-ci prend en un temps determine une importance teile quelle provoque une irri­tation evidente qui peui devenir suffisamment intense pour provoquer la mort (d).
Furstenberg nquot;admet pas la nature typhique de la peste bovine, mais reconnait unegrande analogic entre cette dcr-nicre affection et la diphlheritis, dont on peut se convaincre en etudiant les manifestations morbides du typhus conta-gieux dans le pharynx, le larynx cl la trachee. Les lesions de l'estomac et de I'lDlestin sont, dapres lui, analogues a celles du cholera.
Rueff(2) considere le processus de la peste bovine comme un processus dipbtheritique.
Dapres les recherches anatomo-pathologiques de Bris-towe (3), la peste bovine est une maladie specifique conta-gieuse, donnant I'immunite pour tout le restant de la vie aux animaux qui en out ete alteints une premiere fois; eile est accompagnee d'un exanthema cutane special et de lesions internes pathognomoniques, par leur grande ex­tension plutot que par leurs caracteres inlrinseques. Les alterations locales de cette affection ont quelque analogic avec celles de la diphlheritis, dont elles se distinguent pourtant par les proprietes de Texsudat des muqueuses et surlout par la nature de leruplion cutanee. Bristowe con-teste loute analogic de la peste bovine et du typhus de rhomme, Le docteur Beale (4), qui a etudie la peste bovine
(1) AnnnUnderLandwirlhschaft, 1866.
(a) Repertorium f. Thierheilk., 1866, p. 296.
(3) Third report of the Commissioners appoiutedto require, etc , p. 91.
[i) Third report of the Commissioners appointed '.o require, elc.
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au point de vue des lesions microseopiques, croit que celle-ci pourrait bien elre due ä des gcrmes doues d'line activite vitale propre; ces germes, donl les plus gros ne depasse-raient point i/i0000 de pouce ne possedent, d'apres Beale, aucun caractere connu permeitant de les dislinguer d'autres masses germinalives analogues; ils se fixeraient sur les surfaces muqueuses d'iudividus sains, s'y multipiieraient et penetreraient ensuite dans le sang. Arrives dans cc dernier liquide, ces germes provoqueraient des reactions anormales tout en se mullipliant et en s'accroissanl, et determineraient une gene plus ou moins considerable de la circulation, suivie de pres par des troubles musculaires, nerveux, etc. D'apres Gerlacb (t), laquo; la peste bovine nest ni un typlius, ni une inflammation simple, ni un processus crouposo-exsudatif, ni de la diphtberitis, ni de la variole; elie a de l'analogie avec toutes ces maladies, mais consiitue tonjours une affection speciale, differente des cinq processus cnu-meres. Le caractere specifique est evidemment du ii ce quid ignotum que nous designons sous le nom de principe contagieux; eelui-ci ptinetre dans Torganisme et produit, apres un ou plusieurs jours, un trouble general, une altera­tion du sang, dont les caracteres nous ecbappent encore. Cette premiere lesion cntraine des troubles du Systeme nerveux et vasculaire, qui se manifestent sous forme de fievre; bientot, et d'une maniere constante, surviennent alors les lesions des muqueuses. Quant a la production des alterations de ces derniercs membranes, eile peut dependre d'une irritation pathologique, due soit aux qualites anor­males du sang, soit au conlagium meme; cette irritation specifique agit principalement sur la couche germinative de l'epithelium, sur les glandes ct les follicules. L'allera-(0 Voir Die Jiinderpest, 1867, p. 78 et suivantes.
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lion des muqueuses n'est pas une des conditions de la re­production du virus, car la contagiosite de l'affeciion existe deja alors qua les premieres manifestations locales seule-ment appnraissent. Le principe contagieux ne peut agir sur Torganisme que pendant un temps limite (sept jours envi­ron), au bout duquel Tanimal ne presenle plus de recepti-vite pour cette action. Le trouble morbide localise sur les muqueuses est une inflammation specifique toxiqne, qui se präsente d'une maniere diffuse, n'enlame que les couches superficielles des muqueuses, les organes de secretion et la couclie reproductrice de lepillielium. Gelte plilegmasie a une marclie aigue et s'accompagne dune proliferaiiora abondante d'elements non viables, qui rapidement subis-sent les degenerescences graisseuse et granuleuse. La peau peul etre le siege d'une lesion analogue, mais celle-ci y revet plutöt la forme exanthemateuse que la forme diffuse. Rarement la mort est la consequence de lintoxication ge-neralej le plus souvent les troubles secondaires des mu­queuses sont la cause de la lerminaison fatale amenee (du 4meau 8mejour) par lextension considerable plutöt que par la profondeur des lesions. La peste bovine est une affec­tion zymotique; l'action specifique du virus doil deja etre considerablement affaiblie ou meme avoir disparu lorsque le processus morbide, localise sur les muqueuses, perd en intensile, ce qui arrive vers leseptieme jour, parfois meme plus tot. Si la mort survienl apres le huilieme ou neuvieme jour, eile n'est plus due au typhus contagieux, mais recon-nait pour cause soit Taction d'un agent nuisible sur les muqueuses encore malades (refroidissement, Ingestion in-consideree d'aliments], soil les troubles provoques par Tem-physemc. L'cmphyseme interlobulaire est une alteration consecutive aux lesions morbides des vesicules pulmonaires
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et de la muqueuse des bronclies; c'eslä partir du poumon (|ue iair se repand dans le tissucellulaire sous-culane dont rem|gt;liyseme, par consequent, ne doit pas etre rapporte a une decomposition septique, comme on le faisait autrefois et comme certains Tadmettent encore aujourd'hui. raquo;
Ces appreciations, si differentes d'un seul et meme processus, dont beaucoup ne coneordent qucn un point, celui de i'inexactitude,prouvenl, comme le disait Paulet, en 1773, que : laquo; tant qu'on croira en medecine que tout ce qu'on a fail est bien ; que la science des phrases esteeile de iart; tant qu'on s'imaginera qu'on doit classer les maladies h raison du siege qu'elles occupent ou d'un symptöme par-lieulier qu'elies presentent, sans faire attention a la nature du principe qui les produil et a l'ensemble des symptömesj on verra toujours ce qui est arrive en 1714, e'est que d'une maladie on en fera trois et meme plus qui paraitront loutes differentes entre elles. De la la confusion des mots, des idees, des choses, etc. raquo; Pour eviter cesect; ecueils, il faut savoir s'arreter a une juste limile; cctte limite, nous la trouvons tracce dans la devise inscrite en tete de ce travail qui dit : a Li oü les donnees positives de la science font defaul, nous devons plutöt avouer franchement notre igno­rance que de vouloir la masquer par des mots plus ou moins sonores, raquo; ou, ajouterons-nous, que de vouloir combler les lacunes de nos connaissances par des efforts d imagination ou des speculations incertaines.
Si nous jetons un coup d'oeil sur les opinions diverses qui ont ete successivement emises sur la nature de la peste bovine, nous voyons que les contradictions n'y font pas de-faut. La cause de ces divergences ne doit pas etre recher-ehee dans les (aits meines, dans les manifestations de la peste bovine, dont les phenomenes essentiels restent lou-
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jours Ics mcmes, malgre la diversite qu'ils peuvcnt pre­senter sous le rapport de leur intensile et de leur extension; mais e'est dans des appreciations inexactes ou premature-ment emises que nous trouvons le point de depart de ees dissidences d'opinion. En effet, jusqu'au moment oü lap-plication du microscope aux etudes de la medecine nous a fourni un moyen d'exploration nouveau et ires-precieux, on clierchait ä se rendre compte de la nature de celte affec­tion soit en sexagerant la valeur de ccrlains symptömes ou groupedesjmptömes parfois accidenteis,soit cn comparanl la maladie qui nous oecupe avec d'autres affections egale-ment connues dune maniere incomplete quant ii leurs ca-racteres intimes. C'est par ces rapprochements, bases sur des ressemblances plus ou moins gressieres dans Ics symp­tömes ou dans les lesions necropsiques, ou bien par la va­leur trop considerable aecordee ä certaines manifestations de la peste, qu'on etail arrive ä considerer cette dernierc affection tantöt comme une fievre exanthematique, tanlöt edmme une fievre putride et bilieuse, tantöt comme une
gastro-entente, etc.
L'application du microscope a bien permis de preciser davanlagc les alterations essentielles du typhus contagieux, mais les quelques opinions que nous venons de resumer et qui se trouvent encore de nos jours soutenues par des per-sonnes comptant evidemment parrni les plus eapabies, suflisent pour prouver qu'aujourd'hui encore on ne con-nait pas les alterations primitives, essemiclles, produiles par le virus de cette maladie.
Si nous parcourons le tableau symptomatique et la description des lesions necropsiques, afin de döcouvrir quelles sont les alterations constantes de la pesie bovine, nous constalons que les premieres manifestations de ce
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trouble morbide que nos sens armes ou non de certains instruments, peuvent saisir, sont celies dune reaction fe­brile, ordinairement peu prononcee, annoncee par une augmentation de la temperature du corps. Les symptomes nerveux suivent d'assez pres ces premiers troubles. Les manifestations locales de l'effet du virus debute nt par une gene de la circulation dans les capillaires des muqueuses ; ceux-ci se distendent et souvent se rupturent; des stases plus ou moins completes et des extravasations sanguines en sont la consequence. Le developpement des hyperemies capillaires esl assez rapidement suivi dune proliferation exagerte de la part de la couche profonde, germinativedes cellules de l'epithelium des muqueuses aussi bien que des differcntes glandules dependantes de celles-ci.Le processus dont les follioules soliiaires et agmines sont le siege, con-siste egalement en une byperplasmasie cellulaire. La des-quamation est la consequence de eette production cxa-geree d'elemcnls epitheliaux.
Les cellules nouvelles, produites sous I'lnfluence de ce processus, sont remarquables, comme le dit Bavitsch (t), par la rapidite avec laquelle la degenerescence granulo-graisseuse s'en empare. Toules les muqueuses peuvent devenir le siege de ces lesions et generalement elles sont toutes ou presque Unites atleintes. La localisation sur la peau, quoique plus rare, sobserve pourtant assez sou-vent.
Abstraction faite de lintensite variable des alterations locales des muqueuses, ces lesions sont partout essentielle-ment les memes. D'apres Ravitsch, lindllraiion el la pro­liferation cellulaire dans le processus typbique eniament egalement les coucbes plus profondes des muqueuses et, d'apres Gerlacb, la degenerescence granulo-graisseuse qui
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s'empare rapidement des cellules de nouvelle formation peul, en certaines places (dans la caillette et dans l'in-testin grele), s'etendre au derme de ces membranes. Les extravasais et les hyperemies perdent plus lard de leur intcnsite et une pigmentation noire due au sulfure de fer (Gerlach et Beggeman, de Hanvore) reste comme der-iiiere trace du trouble de la circulation.
Les alterations dont les muqueuses sont le siege peuvent, cn certaines places, devenir plus profondes, donner lieu ä des penes de substance ou meme ä des perforations; ces lesions plus graves, rapportees par Gerlach ä la necro-biose, ä la necrose ou ä l'ulceration, par Roloff ä un pro-cessus diphtheritique, paraissent, comme le dit le premier de ces deux savants, nc pas etre inhärentes h l'aclion du contage, mais dependre do certaines excitalions mecaniques locales (contact des aliments, adossement des levres de la glotte en certains moments de l'expiralion, etc.). Les plaques que Roll avait consulere comme de nature crou-pule sont, comme Tont reconnu Braueil, Ravitsch, Beale, Gerlach, etc., constiluecs par des cellules et des noyaux provenant de la proliferation epitheliale, reunies par une substance visqueuse; nous pouvons done egalement rayer le processus croupule de la liste des manifestations con-stantes de Taction de ce virus.
Les alterations dont la peau peut devenir le siege sont, comme l'etude microscopique l'a prouve, analogues ä celles des muqueuses (congestion du derme, hyperplasmasie de lepiderme et de repilhelium des glandes sebaeees, dege-nerescence granulo-graisseuse des cellules de nouvelle for­mation). Nous croyons avec Brauell que les nodules et les vesicules signales par certains auteurs parmi les mani-(1) Oester. riertelj. f. wiss. Thierheilk., vol. XXIV, p. 146.
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fcstations culanees de la peste bovine, doivent elre räp-pones ä cette meine liyperplasmasie epidermique accom-pagnee destruction rapide des elements celluiaires. Les eruptions qualifiees de pustuleuses et vesieuleuses recon-naissent evidemment la meme alteration patliologique pour cause. La proportion variable des parties solides et liquides de ces produits patliologiques onl, sans doute, ete la cause de ces appreciations et designations differentes.
Les modifications subies par les matieres fecales et l'urine, la gene de la respiration, le deperissement general, les alterations qualitatives du sang qui se manifeslent tar-divement, doivent etre consideres comme des phenomenes conseculifs aux premieres alterations produites par le virus.
Les manifestations sensibles les plus directemcnt pro­duites par i'action du contage sont doncla reaction generale qui se declare ä la fin de la periode d'incubation et les le­sions des membranes legumentaires caracterisees par la congestion de celles-ci et par une byperplasmasie des cel­lules des coucbes profondes de Tepitiielium et parfois des couches superficielles du derme, ainsi que par la degene-rescence granulo-graisseuse rapide des elements nouvel-lement formes.
Comme le fait remarquer Roloff, il n'est pas encore demontre que, au moment de l'apparition des phenomenes de reaction febrile et des troubles locaux de la circulation, il n'existe encore aucun trouble de nutrition dans les mu-queuses, et en nous bornant aux faits positivemenl etablis, nous ne pouvons point indiquer avec certitude lequel de ces deux groupes d'alterations se developpe en premier lieu : des recbcrchcs uilerieures sont encore necessaires pour resoudre cette question. Du reslc, en admeltant meme
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quil soil demonire que l'alteration du sang precede celle des muqueuses, nos connaissances relatives a la nature, ä la lesion initiale de la peste n'en seraient pas notablement avancceS; car nous ne possedons encore aucune donnee positive quant ä la lesion intime de ce liquide nourricier dans le cours de cette affection. Quoi qu'il en soil, il est evident que la lesion epiihelialea laquelle nous avons affaire ici est le resultat d'une augmentation dactivite et, par con­sequent, reconnait pour cause une surexcitation. L'excitant qui vient agir sous les jeunes cellules epiiheliales pent arri-ver de lexterieur, cquot;esl-ä-dire etre amene au contact des muqueuses ou de la peau par lintermediaire des aliments ou de l'air, comme le soutient Roloff, ou bien il est fourni par les sues dans lesquels les cellules epitheliales puisent les elements necessaires pour leur enlretien et leur mul­tiplication; ces sues etant eux-memes fournis par le sang, ce serait dans ce dernier liquide qu'il faudrait, dans ce cas, recherchcr la cause de I'liyperplasmasie cellulaire; e'est la lopinion de Gerlach entre autrcs.
Malgre tout Tattrait qu'a pour nous la theorie soutenue par Roloff, dans le 31c vol. du Magazin f. gesam. Thierheilk. et dans le 54e vol. du meme journal, malgre les arguments que Roloff invoque en faveur cle sa theorie, noulaquo; restons indecis entre celle-ci et celle soutenue par Gerlach. L'une comme i'aiure prcsente encore des lacunes et lune comme I'autre est encore susceptible d'objeclions ; des preuves positives materielles sent encore necessaires avant que Tune ou Tautre passe a letat de fait definitivement acquis. En restani dans I'indecision sur ce point, nous ne faisons encore une fois que nous conformer a la devise que nous avons acceptee. Dans l'etat actuel de nos connaissances, il nous est done impossible d'indiquer la nature, e'est-a-dire
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le phenomene caracterislique initial, la premiere alteration essentielle du typhus contagieux. Nous eonnaissons, a la verite, une des manifestations permanentes de laction du virus, inherente par consequent au trouble morbide de la peste bovine, et si nous voulions, commc le dit Ravitsch, faire ce qu'on a assez l'habitude de faire en paihologie, c'est-ä-dire definir une maladic par certaines de ses mani­festations les plus saillanles, nous pourrions dire que la peste bovine consiste en un trouble nutritif, se manifestant par l'hyperplasmasie des cellules de Vepithelium de la peau, des muqueuses et de leurs glandes, ainsi que des follicules solitaires et agminiies; et par la degenerevcence granulo-grais-seuse rapide des elements de nouvelle formation; Ictoutaccom-pagne d'une reaction febrile variable. Cette definition serait encore incomplete, car ccs troubles sont precedes de cer­taines modifications dans Torganisme, dont ils dependent au moins en partie.
En prenant la parlie pour le tout, nous nous exposerions ä des erreurs, ä des confusions qui ne sont que trop fre-quenles en mcdecine.
S V. DIAGNOSTIC DIFFERENT1EL.
Avant de rechercber les caracteres differenticls de la peste bovine et des affections typhoides avec lesquelles eile pourrait etre confondue, nous devons etablir la valeur at-tribuee ä l'expression laquo; Affections typhoides. raquo; Gelte expres­sion tres-vague, tres-elastique, a donne lieu ä de nom-breuses conlroverses et aujourd'hui meme la delimitation de ce groupe de maladies nest pas parfaitement nette, par-faitement tranebee pour tout le monde. En effet, les uns
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considerent comme maladies typhoides les differenlcs nffec-tions qui dans leurs manifestations symplomatiqucs ont une certaine ressemblance avec le typhus : c'est le grand abatlement, rassoupissement qui, pour cux, constitue le caractere essentid de ces maladies; les autres, au con-traire, tels que Lebeau, Crocq, Griesinger, Lebert, etc.,-recherchent le criterium du typlius, et par consequent des affections typhoides dans les lesions analomiques dont,dans cette maladie, l'intestin est le principal siege. Le proces-sus typholde, dit Crocq, est un; il a ses caracteres analo­miques propres; il se localise en premier lieu dans los glandes agminees de Peyer, les folliculcs solitaires de lin-testin, les glandes mesenteriques et les eorpuscules de Malpighi de la rate, organes qui tous eoncourent a Tölabo-ration des eorpuscules lymphatiques ou cellules blanches du sang. Le typhus ainsi circonscrit, dit Verheyen, possede un siege anatomiquc determine. Les autres lesions aussinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I
nombreuses que variees sont secondaires (i).
Les alterations dont les folliculcs solitaires et agminees sont le siege dans le cours de cetle affection, consistent en une augmcnialion excessive des elements cellulaires. Par-fois Thyperplasmasie dep;isse 1'appareil follieulairc et dans ces cas on rencontre dans le tissu conjonttif du voisinage, une formation nouvelle de cellules ayant pour point de depart les eorpuscules conjonctifs. Leconlenu des folliculcs pent disparaitre par resorption, apres que les elements cel­lulaires onl subi la degenerescence graisseusc; ou bien la paroi superieure des folliculcs se transforme en une eschare seche, grumeleUse, coloree par les malieres fecaks; ou bien encore les follicules se rupturent et le contenu sc trouve deverse dans la cavite intestinale. L'apparition dc
(!) Voir ßlaquo;laquo;ettn de lUcademie de m6decine de Belgique, 1861, p 85.
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ces alterations caracteristiques est precedee d'une hype-remie veineuse intense qui, plus tard, se concentre prin-cipalement autour des glandes folliculaires et des plaques de Peyer. Une hyperplasmasie cellulaire analogue se ren­contre dans la rate et dans les ganglions mesenteriques, dont !e volume est plus ou moins considerablement augmente.
L'appareil respiratoire dans les cas de typhus est con-stamment le siege dun catarrhe, s'ctendant jusque dans les fines bronehes.
Le sang contenu dans ie coeur et les gros vaisseaux est epais et foncej il ne donne qu'un caillot mou, peu abon-dant, colore generalement en rouge-noir.
En recherebant si, en pathologic veterinaire, il existe une maladie qui merite reellement le nom de lyphoide, nous constatons, comme la dit en 1861 Verheyen, quil n?y en a quune; eest une forme du cliarbon qui, chez nos animaux domestiques, represente le typhus de I homme. Chez les ruminants, celte forme de maladie charbohneuse existe; eile s'annoncc par la stupeur, pouvant aller jusqu'a rimmobilite; parfois pourtant cette affection debute par de la surexcitation; la temperature du corps varie frequem-ment, les extremites sont generalement froides, la respira­tion est acceleree, courte, parfois bruyante; le pouls, accelere, parfois peu sensible; les muqueuses brüiarites, jaunätres, sont souvent le si^ge de petechies, dimpregna-tions sanguines et parfois d'infiltrations gelatineuses, jau­nätres ou sanguinolentes; le mufle est sec; souvent des grincements de dents se font entendre; lappetit et ia ru­mination sont ordinairement supprimes; la soif rarement augmentee; les excrements sont de couleurfoncee sees le plus souvent melesde sang; parfois il survient descoliques;
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la secretion laiteuse esl diminuee; parfois le lait a subi des alterations qualitatives. On constate äTautopsiedesanimaux qui ont suecombe ä cette affection : que ja plupart des organes et surtout le poumon, sont gorges dun sang noir, visqueux, poisseux; que la rate est tumefieo et les ganglions mesenteriques infiltrcs; que des extravasations se sont produites dans la cavite intestinale, dans le tissu conjonc-tif sous-cutane ; dans les sereuses et entre les muscles j que souvent des exsuJats jaunes gelatineux, parfois sanguino-lents se sont formes ä lorigine des gros vaisseaux et pres de la racine du poumon, ainsi qu'ailleurs clans le tissu con-jonetif ou les parenehymes; quenfin, dans les cas oü la mort n'est pas survenue trop rapidement, les glandes agminees sont tumefiees, parfois ulceröes. Souvent des tu-meurs carboneulaires se developpenlduns le cours de cctle affection.
Connaissant les caracteres de la peste bovine et ceux de cetto affection qui peut se developper cliez los ruminants et merite la designation de typhoide, parce qireile soutient la comparaison avec le typhus de l'homme (i), il devient fa­cile detablir le diagnostic differentiel des deux maladies.
Le charbon abdominal, de meme que la peste bovine, est une affection contagieuse ; mais le virus de la premiere de ces maladies donne moins facilement lieu ä la contami­nation que celui de la seconde. Le charbon abdominal peut se developper primitivement dans nos contrees, tandis que la peste bovine ne se presente chez nous qu'ä la suite dim-portation.
Quant aux manifestations symptomatiques de ces deux affections, elles presentent cerlaines analogies, mais il existc pourtant aussi des differences qui, dans 1c plus (i)'Voir Bulletin de VAcadämie de medecine de Belijiqne, 186t, p. 86.
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grand nombre de cas (ceux ä marche Ires-rapide exceples) permettent d'etablir le diagnostic precis pendant la vie.
L'assoupissement, la slupeur, l'atonie et Tapathie parfois precedes ou interrompus de phenomenes de surexcitation, l'acceleraiion et la pelitesse du pouls, la repartition ine­gale de la temperature du corps, lacceleration de la respi­ration, la diminution ou la cessation de Tappetit et de la rumination, la diminution de la secretion laiteuse, sont des manifestations morbides, appartenant aussi bien a la peste bovine qu'au charbon.
La constipation est un phenomene beaucoup plus'fre-quent dans le charbon que dans la peste bovine, cette der-niere etant le plus souvent accompagnee de diarrhee des le debut de la maladie ou peu de temps apres lapparition des premiers symptömes.
Les matieres fecales, ordinairement sanguinolentes chez les animaux atteinls de charbon, ne le sont que rarement chez ceux attaints de typhus epizootique ; Tecoulement de sang par la bouche ct le nez s'observe frequemment chez les premiers et ires-exceptionnellement chez les derniers.
La proliferation epitheliale abondante qui manque rare­ment sur la muqueuse buccale et nasale chez les betes atteintes de peste bovine, font defaut chez celles affectees de charbon; chez ces dernieres les petechies sont fre-quentes sur ces membranes tegumentaires.
La marche de ces deux affections assez rapide en general, pent pour Tune comme pour I'autre revetir parfois un caractere apoplectiforme et dans ces cas le diagnostic diffe-rentiel ne peut guere etre etabli sur le vivant.
L'autopsie nous fournit egalement certains caracteres distinciifs de ces deux affections :
Le sang, dans la peste bovine comme dans le charbon est
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moins coagulable, souvent meme poisseux, mais la decom­position du sang, l'accumulation de celui-ci dans les paren­chymas et les infiltrations sanguines, sont pins prononcees dans la deuxieme que dans la premiere de ces affections. La presence des bacteries dans le sang pendant la vie, les transudations gelatineuses qui dans le cours du charbon se dcposent dans le tissu conjonctif sous-culane et autre, ne se rencontre pas dans la peste bovine. I.a coloration rouge, les infiltrations et les extravasations sanguines des muqueuses s'observent dans i'une et dans l'autre de ces maladies, mais clies sont plus diffuses dans les affections charbonncuses que dans la pesle bovine. Les alterations des foilieules solitaires et agminees (injection, tumefaction par suite de la production d'eiemcnts cellulaires en grande abondunee,etc.), si elles surviennent dans le cours de celte derniere maladie, se developpent bien plus tot que dans le cours des affections cbarbonneuses. Les enduits pseudo-membraneux sur les glandes de Payer ne s'observent pas dans cellcs-ci, tandls que la transformation des parois supe-rieures des foilieules, en une escliarre d'abord bumide, puis seche, grumeleuse, eoloree en jaune par les matieres fecales, ainsi que i'ulceration consecutive des plaques da Payer se rencontrent parfois dans le typhus eharbonneux abdominal. Les infiltrations de dimensions variables et en nombre plus ou moips considerable dont dans les maladies charbonncuses, la muqueuse du pylore, du duodenum, du coecum et du colon, est surtout le siege, mais qui peuvent egalement s'etendre a la tunique musculaire et meme jus-qu'au tissu eonjonctif sous-sereux, sont dues a une masse visqueuse ou gelatineuse, rougeätre, brunätre ou noirätre parcourue par des stries dun exsudat jaunätre; dans la pesle bovine les infiltrations,si elles existent, sont de nature
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sereuse. La mauere infillree peut dans Tune comme dans Tautre de ces deux affections, etre resorbee, mais dans les maladies charbonneuses eile enlraine le plus souvent la ne­crose des tissus infiltres et par consequent la formation d'escharrcs reelles. Nous avons vu quo dans la peste bovine les plaques dites gangreneuses reconnaissent une toute autre origine (voir necropsic). L'epilhelium des muqueuses dans la peste bovine est generalement, sur des etendues variables, le siege dune proliferation cellulaire, assez in­tense (enduils, nodosites epitbeliales, etc.); les elements nouveaux subissent rapidement la degenerescence grais-seuse et sont elimines (excoriations); les alterations dont les muqueuses digestive et respiratoire sont souvent altein-les dans le typhus abdominal revetent les caracteres d'une simple phlogmasie catarrhale. Le contenu du colon (petit) est dans les (as de peste bovine ordinairement consiitue par une masse plus ou moins liquide, floconneuse, parfois fetide, tandis que dans le charbon abdominal on retrouve dans cette partie intestinale des matieres excrementielles solides plus ou moins moulees. La forte tumefaction et le ramollissement de la rate qui parfois se trouve reduite en une bouillie liquide, ne se rencontre que dans les affections charbon­neuses; le gonflement des ganglions mesenteriques est plus frequent dans celles-ci que dans la peste bovine.
II resulte de ces considerations comparatives qu'en effel eertaines lesions materielles et fonctionnelles sont com­munes a la fois au charbon abdominal eta la peste bovine, mais que pourtant ces deux affections different d'une maniere constante sous tant d'autres rapports, quo nous devons les considerer comme deux processus differents. Les experiences dinoculalion confirmentdu reste cette opinion.
Si nous voulions nous borner a la stride valeur des
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mots, nous pourrions clore ici l'expose des earactorcs dif-fürentiels enlre le typlius cpizoolique des betes bovines et les affections lypho'ides, car conformement au rappoit de Vcrlieyen, le cliarbon abdominal cst la seule affection qui nierite chcz le cbeval la qualification de lyphoide, et en cborcliant chcz les ruminants nous ne trouvons pas d'autre maladie, ä Inquelle on ponrrait, d'apres les principes etablis dans le dit rapport (l), appliquer la designation de typboidc.
Nous croyons pourtant ne pas sortir des iimites de la question posee, en nous arrelant encore un instant au diagnostic differenliel de la peste bovine d'avcc eer-taines maladies qui, sans presenter les alterations carac-teristiques des affections typlioides, pourraient pourtant ä un examen snperficiel, etre conlbndues avec eelle-lä.
Parmi ccs maladies nous signalons : la stomatüe aph-
thense, le catarrhe intestinal aigu, la dijssenterie, la fievre catarrhale grave, la rage et la pleuropueumonie contagieuse.
u) Stomatüe aphtheuse. — Les lesions donl la muqueuse buccale est le siege dans la stomatite, savoir la salivation abondante, ringeslion et la deglutition dilficiles des aliments ainsi que la contagiosile de celte affection ont parfois ete la cause d'erreurs de diagnostic.
Aussi longtemps quo sur la muqueuse stomacale on rencontre encore les vesicules ou aplithes caracteristiques de la stomatite, la confusion n'est guere possible, car les alterations de la muqueuse buccale de la pesie bovine ne revetent jamais la forme de petites ampoules. Les excoria­tions qu'on rencontre dans Tune el i'autre de ces deux maladies, ne presentent pas dc caracteres differenliels; nous ferons remarquer pourtant avec Gerlacb, que dans la sio-(t) Voir Bulletin de VJcademie de medocine de Belgique, 18U6, p. 69.
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naatite ces aphihes se renconirent de preference aux levres, aux gencives et surtout ä la poinie, assez souvenl sur la moitic et meme les deux tiers inferieurs du dos de la lan-gue; uiiulis qne dans la pesie bovine ce sont les parties supcrieures de la muqueusc buccaleet.Ia pharyngienne qni sonl le siege de predilection de ces cxcoriaiions.
Le trouble nutrilif caracteristique dont iepiilielium est le siege dans le typhus conlagieux, ne se rencontre pas non pins dans la siomaiite aphtbeusej Ravitscli cependant dit avoir en ä observer dans cette derniere affection (dans le gouvernement de Salmy) des nodosites tout ä fait analo­gues a celles qu'on constate dans la peste bovine. Gerlach eunsidere i'observation de Ravitsch eomme erronce, ä moins qu:oii ne veuille admettre que dans le gouvernement dc Salmy, la stomatite apluheuse präsente une forme diflerente de celle qu'elle revet cbez nous. La localisation du processus morbide aux onglons, I'eruption caracteristi­que du pis sont encore des caracteres distinciifs de cette derniere maladie.
Si les manifestations symptomatiqucs, conslatees au moment dc la visite, n'ctaient pas suffisamment precises pour permeltre le diagnostic diffcrenliel, la marclie dc Taf-fection viendra rapidement lever tout doute, car la stoma­tite se propage plus rapidement que la peslc bovine; eile atteint son maximum d'intensite endeans deux a trois jours et, a moins de complication, eile se termine rapidement par la guerison.
I/inoeulation pourrait ä la rigueur aussi faeililcr le diagnostic, en permettant detndier les premiers sympiomes de l'affection douteuse et par consequent de saisir les alte­rations earacleristiqurs differentielles.
1)} Catarrhe intestinal aigu. — Le catarrbe intestinal
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aigu se distingue de la pcslc par scs causes, sa non-conta-sriosite, sa localisation exclusive des troubles sur la mu-queuse intestinale, sa marche et ses lesions necropsiques (caiarrhe simple) ainsi qua par le resultat du traitement. c) Dyssenterle. — Nous eropruntons ä la monograpliie de Gerlach lexpose succinct des phcnomcnes qni permet-tent de distinguer cetle affection de la peste bovine :
1deg; Parmi les symptömes sailfants de la dyssenterie, on constate lapparilion prompte dune diarrhee profuse et fetide, devenant rapidemeni sanguinolente, . (andis que dans la peste bovine la diarrhee moins iniense ne survient que raremeni avant le troisieme jour de la maladie; les matieres excrementitielles dans le cas de peste bovine, ne sont ni sanguinolentes ni melangees de debris de la mu-queuse. Cette diarrhee si rapide ä squot;etablir et devenant bientöt sanguinolente est un Symptome esseuliel pour le diagnostic differentiel du typhus contagieux et de la dys­senterie.
2deg; La muqueuse bucco-pharyngicnne ne presente pas d'alterations dans la dyssenterie ou bien on voit seulement sur la muqueuse buccale quelques lesions epilheliales ana­logues ä celles de la peste bovine (aspect trouble, epaissis-sement et ramollissemcnt de iquot;epithelium, ainsi que rou-geur plus ou moins evidente du derme; parfois de petiles excoriations).
Get epithelium ramolli et en parlie detache ne presente pas les caracteres dune degenerescence graisscuso aussi avancee que dans la peste bovine. Ce dernier earactere n'a pourtanl pas unc importance aussi grande que I'ab-sencedes lesions morbides sur le pharynx.
3deg; L'altcration de la muqueuse digestive dans toule son epaisseur, le ramollisscment inflammatoire evident dont
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la muqucuse est atteinte, doivent elre consideres comme la lesion caracteristique de la dys^enlerie, lesion qui fait toujours defaut dans la peste bovine. Dans eelle-ci, par contre, nous rencontrons toujours une alteration specifique de la surface de la muqueuse, une proliferation partieu-liere dans les tissus adenoldes accompagnecs de degene-rescence graisseuse, alterations qui dans la dysscnierie manquenl toujours.
4deg; La dyssenterie est, en general, la consequence de causes directes (refroidissement, grandes chaleurs, humi-diie, fatigues, etc.), Jamals on r.'a pu prouver que la con­tagion en a ete la condilion genetique. La marche de la dyssenterie est irreguliere : plusieurs animaux peuvent devenir malades ä la fois et la maladie ensuite disparaitre pour reparaitre peut-etre apres plusieurs semaines; tres-rarement laffeclion alteint toutes les betes dun troupeau. Si dans une etable quelques animaux seulcmcnt dcvien-ncnt malades, il est evident qu'on nc peut nier ['absence de contagion, tandis que si la plupart sontalleinls de ceite affection et que les manifestations ne sont pas suffisamment caracteristiques, le diagnostic peut rester momentanement
douteux.
d) Fievre catarrhale grave. — La reaction febrile in­tense qui accompagne cette affection, les alterations des muqucuscs de la töte, la constipation suivie de dianhee sont des plienomenes qui facilitent pendant les premiers jours de cette affection les erreurs de diagnostic, mnis le trouble ou lopacite de la cornee, qui ne tarde pas ä surve-nir, la respiration bruviinte et difficile des le debut de l'af-fection, la clialeur de la tete, la rougeur intense de la pituitaire et le jctage abondant, sont des caracteres qui permettent d'autant plus facilement le diagnostic differcn-
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200nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;D TYPHUS COM.VGIEIX EPIZOOTIQUE.
tiel que les lesions caracterisliques de la peslc font defaut. A rautopsie on rencontre, dans le cas de ffevre catarrhale grave,, sur la muqueuse des caviles nasales et des sinus.des exsudots jaunes gelatineux ou pseudo-membraneux, essen-tiellement differents des plaques caracterisliques de la pesle bovine; les lesions de cette derniere aflection man-quent dans la caillette et dans I'intestin si on a affaire h la fievre catarrhale.
e. Rage. — Les troubles nerveux de la peste bovine peuvent avoir une cenaine analogic avec la manifestation de la rage : les acces de delire qui surviennent parfois au debut de In pesie bovine ressemblent aux acces de rase de meme que la grande apathie, raffaissement conside­rable, la marche cbancelanie, qüi assez souvent survient au debut de la peste, donne ä l'animal malade une phy-stonomie rappelant assez bien celle que presentent ä une certame periode de la maladie, les be.es atleintes de rage. La ressemblance ici nest que tres-superficielle; les alte­rations des muqueuses apparenies ct, sur le cadavre, les lesions caracteristiques, dont les muqueuses sont le siege dans la peste bovine, permettent detablir facilement le diagnostic.
f. Pleuropneumonie contagieuse. _ La plcuropneumonie arnvee ä un certain degre dintensite peut presenter cer-taines analogies avec ces formes de typhus contagieux 01. les symptomes pulmonaires sont tres-prononces.
Les alterations des muqueuses, la presence de murmures respiratoires exageres ou de räle et {'absence de matite ä la percussion dans les cas de pesle bovine, permettent en general facilement de distinguer cette derniere maladie de la pleuropneumonie. Si le typhus contagieux se declare chez des animaus atteints dhepatisation pulmonaire, le
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diagnostic, un peu moins facile, ne prescniera pourtant, meme dans ce cas, aueune difficulte serieuse, car les lesions si caracteristiques des muquenses dans ja pcsie bovine nexistent point dans la pleuropneumonie. II est vrai que chez les animaux atteiuts de ceite clerniere mala-dic, on constaie parfois unc infiltration et assez souvent des uleeraiions de la muqneuse de la cailiette, niais ä rexan.en microscopique on reconnaitra l'acilement que ces alterations ne presentent point les caracteres propres aux lesions muqueuses de la peste bovine. Linliltration est une inliltration sereuse simple, non accompagnee des troubles nutritiCs clont Icpithelium est le siege dans ie typhus contagieux et les uleeraiions plus ou moins pro-fondes, irreguläres, reconvenes ordinairement dun cail-lot noir et adherent, sont dues ä une action irritante locale intense et non ä une alteration nutritive comme dans la peste bovine; cette irritation locale pourrait bien ne pas etre independante du regime auquel ces animaux sc trouvaient soutnis. Abstraclion faile de ces uleeraiions pcu etendoes, la muqueuse digestive ne presente, dans ces cas, aucunc des alterations du typhus contagieux si ce n'est parlois la tumefaction de quelques follicules soli­taires, alteration frequente meine chez des betes bovines, qui au moment de Tabatage ne prescntaicnt aucun signe de maladie,
Lanalogie que certains auteurs avaient cru reconnaiire enlre la vaccine (variolc) et la peste bovine nest point fondee, car non-sculement les eruptions cutanees presen­tent dans ces deux affections des caracteres bien differents (voyeziVm-o/me,),mais encorenamp;reiicontronsnous dans la vaccine aueune des lesions essentielles, caracteristiques, que nous conslalons ü des degres et avec une intensite
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202nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DC TYPHUS CONTAGIEL'X fiPlZOOTIQUE.
variables sur les differenles muqueuses dans la peste bo­vine. La marche ot la gravite des troubles morbides, con-sidt-rces d'une maniere generale, sont loin d'etre les mcnics dans les deux affections; les experiences d'inocu-bition enfin prouvcnt encore que ces deux malaiiics sont cssenliellement dislincles Tune de l'auire.
FIN.
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