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LA QUESTION
L'INOGULATION
DEVANT
L'ACADEMIE ROTALE DE M^DECINE DE BELGIQUE.
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DU DOCTEVR WlllEMraquo;,
(PRONOiS'CE A LA SEAIVCK DU 25 NOVEMBRE 1865.)
(Extrait ilu Bulletin de l'Jcademie royale de tnedecine de Belgique, düiixiemc sfirie, lome VIII, nquot; 10.)
IJ-ftüXELLES, LIBHA1RIE DE H. MANCEAUX,
1MPRIIUEUR DE l'aCADBMIE nOYALE OB MEDECINB DE BELCIQUE,
Rue de l'Etuve, 20.
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LA QUESTION DE l'INOCÜLATIOJi DE LA PLEIROPNEIMCWE EXSUDATIVE
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LA QUESTION
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L'INOGULATION
DEVANT
L'ACADEMIE ROTALE DE Mamp;ECINE DE BELGIQUE. DISeOVRS
DC DOCTEDB WlLLEHS,
(PRONONCE A LA SEANCE DÜ 25 NOVEMBRE 186S.)
#9632;.^,gt;-.,.-. slt;3Jxtfait du Bulletin de l'Aeademie royale de mMecine de Belgique, deuxidme s^rie, tome VIII, ndeg; 10.)
BRUXELLES, L1BRAIRIE DE H. MANCEAÜX,
IMPRIMKDR DE l'aCADLMIK 110YALE DE M^DECINE DE BELGIQUE,
Rue de I'Etuve, 20.
1866
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LA QUESTION
de I'inoculation de la pleuropneumonie exsudative.
Messieurs,
Avant d'enlrer dans ie fond du debat, avant de vous ex-poser les bases scienlifiques sur lesquelles repose mon Sys­teme, je dois repondre quelques mols ä diverses objections qui ont ete failes dans cette enceinte contre Tinoculation preven­tive de l'espece bovine.
Je rencontrerai d'abord les affirmations de l'orateur qui vient de se rasseoir, car M. Boens, dans son long requisi-toire contre I'inoculation, n'a produit autre chose que des affirmations.
Le rapport de la Commission gouvernementale a etc vive-ment attaque; cela ne me concerne guSre : les honorables membres de cette Commission, j'en suis persuade, reclame-ront la paternite de leur ceuvre etsauront bien retirer intact des mains de M. Boens leur enfant, qu'il croit avoir meurtri et defigure.
Je ferai remarquer ä M. Boens qu'il s'est gravemenl trompe lorsqu'il a cru que rinoculation de la pleuropneu-
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monie est une operation semblable ä la piqure analomique. Quelles sont en effet les differences entre Tune et I'autreT En faisant une piqure anatomique, en inoculant la matiere septique, deux ou trois jours apres, meine souvent plus lot, on obtient une inflammation a I'endroit pique, et ensuite un elat maladif general, suite de l'inflammation locale. Dans l'inoculation de la pleuropneuraonie on remarque un resullat tout a fait contraire. Que voyons-nous en effet? Apres que le virus a ete inlroduit a la partie inoculee, il s'ecoule au moins un laps de temps de dix a quinze jours, et c'esl alors seulement que nous remarquons les phenomenes locaux. Ainsi, dans l'inoculation de la pleuropneuraonie, il y a d'a-bord trouble dans l'organisme et ensuite phenomenes locaux, tandis que dans la piqüre anatomique c'est le contraire : on observe d'abord des phenomenes locaux et ensuite une alte­ration de l'etat general.
En second lieu, dans l'inoculation de matieres septiques, il se forme des abces, des fusees purulentes. Dans l'inocula­tion de la pleuropneuraonie, il ne se forme jamais un alome de pus ä I'endroit inocule, et c'est par erreur que M. Boens vient de dire que dans les poumons des animaux atteints de pleuropneuraonie on rencontre des abces. Jamais chez ces animaux, on ne rencontre ni abces ni trace de pus, pas plus dans les organes affectes que dans les parties inoculees. M. Boens n'a probablement jamais vu des poumons d'ani-raaux peripneuraoniques, et parail ne pas connaitre du tout cette affection.
M. Boens, Messieurs, a cru fellement m'enfariner que, je dois le dire, s'il avait reussi, je ne me reconnaitrais plus moi-meme. II a dit que je n'etais pas l'inventeur de l'inocu­lation de la pleuropneuraonie, que c'elail M. Desaive. Eh
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bien! cede assertidn que M. Boens vient apporler ä 1'Acade-mie, n'est plus soulenue par personne el rae surprend sin-gulierement. Je vous affirme d'aboed sur mon honneur de membre de celte Compagnie que jamais M. Desaive ne m'a parle de l'inoculation preventive. Je dois dire, en outre, con-trairement a ce qu'a dit M. Boens, que je u'ai janaais ren­contre M. Desaive ni dans la maison de mon pere, ni dans une maison quelconque. Je n'ai rencontre qu'une fois forlui-tement ce medecin, et c'est dans les rues de Hasselt. Du resle, je defie M. Boens de nous signaler un ouvrage, un ecrit quelconque, oü M. Desaive aurait dit qu'il a inoculeou qu'il a eu l'idee de l'inoculation. Quand a-t-il com­mence a parier de l'inoculation? Trois mois seulernent apres la publication de mon Systeme, et quand tout le monde, par consequent, etait en possession de ma decouverte. En effet, c'est seulernent au mois de juin 1853 que M. Desaive s'est dit inventeur de l'inoculation. Or, deja en 1851, un an avant la publication de mon Systeme, je vous avals envoye un me-moire qui fut depose par M. Cranincx, et qui doit encore se trouver dans les archives de l'Academic. II prouve a I'evi-dence que mes experiences d'inoculation remontent au 28 decembre 1850.
Je demanderai a M. Boens s'il pent citer un seul ecrit qui constate que M. Desaive s'esl occupe d'inoculation avant 1852.
—nbsp;HI. Boens : Cela a ete Signale ä l'Academie.
—nbsp; M. Willems : Oui, sur la simple affirmation d'ua adversaire systematique, d'un homme anime contre moi de sentiments d'inimitie personnelle, sur l'affirmation de M. Ma­rls, veterinaire a Hasselt; mals de preuve, il n'y en a pas.
M. Desaive a pretendu etre l'inventeur de l'inoculation, et beaucoup d'aulres l'ont pretendu comme lul, tels que Ype
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Bowes de Regnalda et le docteur Donkerslot dans las Pays-Bas, de la Piroilerie en France; mais toutes ces pretentjons ne sont nees qu'apres 1852, et n'ont jamais ete consignees nulle part avant cetle epoque. Si done. M. Desaive avail connu l'inoculation prophylactique, il aura it fait avant 1832 ce qu'il a fait ä cette epoque. Or, qu'a fait alors M. Desaive? Du moment oü il a eu connaissance de l'inoculation d'a-prcs mon procede, il s'est rendu en Allemagne, il s'est rondu en France, il s'est rendu ailleurs encore. Et pourquoi? Pour exploiter mon Systeme. Eh bien, s'il avait decouvert ce preservalif, qu'il croyait elre une mine d'or pour lui, ne l'aurail-il pas exploilee plus 16t qu'il ne l'a fail? Volci ce que M. Bouley a ecril relativement ä la conduite de M. Desaive, (|ui s'etait rendu ä Paris pour tenter d'y creer une sociele d'assurance pour le betail, la Societe propagandiste. Le Journal d'agriculture pratiqm de 1853 renferme ä ce sujet les lignes suivantes :
laquo; On ne sanrait Irop biämer les gens dont la mission pro-fessionnelle est de propager avec desinteressement les bonnes doctrines et les pratiques uliles, et qui font metier de les exploiter dans un interet prive tout actuel, En de pareilles mains, souvent en un plomb vil Vor pur se trouve change. raquo;
Je crois qu'en voilä assez sur ce point. Je regrette meme d'avoir du revenir sur une question qui est jngee depuis de longues annees par toutes les Commissions officielles du monde enlier.Mais puisque M. Boens, se montrant tres-mal inspire, s'est place sur ce terrain, j'ai du l'y suivre et donner quel-ques explications relativement ä ce qui s'etait passe.
Messieurs, parmi les orateurs qui ont pris part ä cetle discussion, je rencontre ensuite M. Pelry, qui a fait quelques objections ä ma melhode. Je dois dire que j'ai ete charme de
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la loyaute de M. Petry. II n'a jamais ete l'advcrsaire de la decouverle de l'inoculafion. II a fait comme les hommes sages etraisonnablesdoivent faire; iladit: Je veux attendre.je veux
Iraquo;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;experimenter; si les experiences donnent raison au Systeme,
jeleproclamerai.C'est la marche qu'i! a suivie. It a hi etrelu le rapport de la Commission sivivementatlaqueparM.Boens, il y a puise des convictions en faveur de l'inoculation, et ii n'a pas hesite a le proclamer dans celte enceinte.C'est lä veri-.1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;tablement la concluile d'un homme digne et scrieux.
M. Petry cependant a souleve, encore deux ou trois dontes; il a dit que l'inoculation ä la queue n'elait pas celle qu'ii fallait preferer, qu'il vaudrait peut-etre mieux inoculer au fanon ou a la cuisse, et qu'on obtiendrait ainsi des resultats moins
\nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; fächeux que ceux que Ton observe souvent en inoculant a
I'appendice caudal. Je crois que M. Petry se trompe. Anato-miquement et physiologiquement, l'inoculation a la queue est preferable, et voici pourquoi : dans cet organe se trouve un tissu cellulaire peu abondanl, dense et serre. En y inseranl le virus, on limite son extension, parce que lä son action est restreinte dans certaines limites par les divers tissus el sur-lout par les aponevroses qui font obstacle.
Un des caracteres particuliers de la pleuropneumonie, — si bien decrite par un pathologiste distingue, M. le professenr Gluge, qui I'a appelee avec raison exsudative, — c'est de produire une exsudation abondanle de malieres plastiques dans les organes affectes. Toules les fois que l'inoculation est faite dans un endroit oü le plasma peut s'etendre, on voit celui-ci envahir une grande etendue do tissus. Ainsi, ino-culez au garrot, et il s'y prodnitdes tumeurs qui pesenl jus-qu'a 20 et 30 livres; c'est effrayant; aussi I'enorme volume de ces tumeurs tue l'animal presque infailliblement.
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Voilä pourquoi j'ai toujours prefere l'inoculation ä I'ex-tremite de l'appendice caudal, cm I'aclion pathologique est limitee, tandis que lorsqu'elle esl faile partout ailleurs, I'ani-malsuccombeordinairementaux suites fatales de l'operation.
Ce sonl des fails d'observation qui me sont personnels et qui se trouvenl confirmes par un grand nombre d'experi-mentateurs. Si I'honorable M. Petry avail inocule au fanon, il en aurail vu les ineonvcnienls.
Ces resultats se sont manifestes ä l'evidence, dans une tentative que M. Maris, veterinaire, desireux d'innover, a faite il y a quelques annees, au chateau de M. Ciaes, a Berkenroode, oü il a inocule 16 betes au fanon, donl 14 sont morles. Le desaslre fut tellement grand que le proprie-taire aurait cite M. Maris en justice, si le Gouvernement n'etait intervenu pour payer les accidents que eel Operateur avail occasionnes.
Voici ce que dil, a ce sujel, M. Bouley dans le Journal $ agriculture •pratique:
laquo; Teile esl l'acuite du virus de la peripneumonie, que son inoculation, partout ailleurs qu'ä l'extremite de la queue, peul entrainer les accidents les plus redoulables, par suite des engorgements enormes qu'elle determine le plus souvent. C'est ce qui resulte indubilablemenl des experiences faites danstous les pays, en France comme en Belgique, en Hollande comme en Allemagne.
laquo; Le pire des resultats produits par cette maniere de faire, vicieuse ä tous egards, a ete I'alarme que ces perles trop nom-breuses ont repandue parmi les proprielaires des vaches a tail, l'effroi que l'inoculation leur cause aujourd'hui, et le refus qu'ils font de laisser tenter de nouvelles experiences sur leurs animaux. gt;
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Je vous cilerai encore un an Ire document qui demontre le meme fail; c'estun extrait d'un discoursque M. Hoogen a prononce ä l'assemblee generale des veterinaires, tenue ä Utrecht en 1863, Voici ce qu'il dit :
laquo; L'inoculation a ete appliquee dans plusienrs etables in-feclees; eile a ete faite au fanon et non ä la quexie, comme le docteur Willems le prescrit. Le nombre des deces apres l'inoculation s'eleve ä 39 pour cent. raquo;
Ainsi vous voyez que l'inoculation, faite partout ailleurs qu'ä rextremite de la queue, est condamnee, d'abord par des raisons physiologiques et anatomiques, ensuite par l'expe-rience qui, dans cette question, doit etre notre souverain guide.
Apres avoir repondu aux principales objections de Tho-norable M. Petry et de M. Boens je reviens sur la question qui a ete soulevee ä la derniere seance par l'honorable presi­dent, M. Vleminckx.
II y a lieu de regretter, je pense, Messieurs, l'intervenlioa des journauxpolitiquesdanscelte enceinte; maisM.Vleminckx etant entre dans cette voie, je dois l'y suivre, et dire quel-ques mots de ce qui se passe dans la ville de Hasselt.
Voici quelle est la situation actuelle du betail, quant ä l'inoculation de la pleuropneumonie dans le chef-lieu du Limbourg:
II y a ä Hasselt vingt-cinq distilleries, qui possedent en­semble un total de plus de 3,000 betes. Et ä ce sujet on con-fond souvent ä dessein, quand on parle de la pleuropneumo­nie et du betail de la ville, les quatre ou cinq petiles distille­ries, situees hors de celle-ci, ä des distances plus ou moins grandes, et eloignees ainsi du foyer de la contagion, avec les distilleries qui se trouventäl'interieur de la ville et dont
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plusleurs possedent trois, qualre on cinq cents l^lesde belail.
D'abord, je dois faire celle declaralion que tons ies dislil-lateurs, sans exception, ont soumis leur betail ä l'inoculation. Mais il est arrive parfois que, quand un distillateur n'avait pas le fleau dans ses elables, il suspendail momentanement celte pratique. C'est ainsi que dans ce moment, quatre ou cinq distillateurs n'inocuient pas, et parmi eux il en est un seuleraentquiaun etablissement assez considerable, M. Van-slraelen.
Dans un rapport qui vous a ete adresse, par M. Maris, dont j'ai deja parle, il est dit que M. Vanslraeien n'a pas de betes malades. Eh bien! pas plus longtemps qu'hier, j'ai ete ä l'administration communale prendre le releve des animaux alteints de la pleuropneuraonie, et je vois que M. Vanstrae-len a eu jusqu'ä trois betes malades dans une semaine, trois betes non-seulement reconnues atteintes de la pleuropneu-monie, maisaballues a l'abattoir de la ville.
Vous voyez done que M. Vanstraelen, qui n'inocule pas, a sa large part dans les accidents causes par le fleau peripneu-monique.
Void la liste des distillateurs qui n'ont pas discontinue d'inoculer pendant les chaleurs de l'ete : MM. de Borman, Platel, Ponet, Vanvinckeroy, L. Rousseau, Groonenberghs, Smeets, Nys freres, Nys-Maris; et ces honorables industriels ont eu ensemble, pendant tout ce temps, seulement sept betes atteintes de pleuropneuraonie.
Un petit nombre de distillateurs, et entr'aulres les deux MM. Vinckenbosch, n'ont pas inocule pendant les chaleurs tropicales de cet ete, et ont seulement recommence ä inocu-ler aux mois d'aoüt et de septembre. Et qu'est-il arrive? Ils ont eu plusieurs betes malades. Mais quelle en est la cause?
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IIs ont inocule, d'apres leur aflSrmation, avec du virus pro-venant de I'abaUoip de Bruxelles, en quasi decomposition, et quand la pleuropneumonie elait a 1'etat d'incubalion dans leurs etables.M.Bossy, un autredisliliateur, m'adit:laquo; Quand j'inoculais, mes mains puaient.raquo; M. Antoine Vinckenbosch m'a fait observer que ie virus sentait mauvais, et que c'etait de cette meme matiere qn'avait fait usage son neveu, M. J. Vinckenbosch. Ce n'elait plus en effet un virus, mais une matiere sepllque. Voici ce qui Ie prouve : 31. Vincken­bosch m'a raconte que deux jours apres l'inserlion de la ma­tiere virulente, la queue des animaux etait gangrenee, grosse et en pleine suppuration; qu'il y avait la un foyer purulent, des abces. Or, evidemment ce ne sontpas lä les consequences de l'inoculation du virus pleuropneumonique, puisque son action ne se manifeste jamais avant le dixieme jour.
11 y avail done, dans le cas present, inoculation de matieres septiques, et ce sont precisement ces trois distillateurs, M. Bossy et les deux MM. Vinckenbosch, qui out eu quelques betes malades. J'ajouterai que celies-ci, quoique inoculees dans ces conditions imparfailes, avaient une partie de l'ap-pendice caudal enlevee, ce qui n'est done pas toujours uu indice d'une inoculation fruclueuse, loin de lä.
J'arrive a ce qui se passe actuellement dans la ville de Hasselt, c'est-ä-dire äpartir du premierde ce mois. Qu'avons-nous vu depuis cette epoque?Vous allezen juger. Messieurs, et vous conviendrez, je l'espere, que l'inoculation a arrele les ravages de la pleuropneumonie dans cette ville.
11 serait inutile de citer les personnes qui ont eu des ani­maux malades; mais il y a eu en tout, pendant le mois de novembre,20cas de pleuropneumonie constates. Ces chiffres sont ofiiciels; ils sont extraits des registres de radministra-
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lion communale. De ces 20 cas, il faul relrancher un bceuf apparlenant ä M. Nys; car M. Maris, qui croit voir toujours et partout des aniraaux pleuropneumoniques, pourvu qu'ils soient inocules, a declare que ce boeuf etait atteint de pleuro-pneumonie exsudalive, contrairement a l'avis de M. Mom-men, vetcrinaire de Herck-la-ville. Ce boeuf a ete abattu, et a I'aulopsieon a reconnu qu'il avail une hepatite!
De ces 20 animaux, il y en a 5 autres qui sont en traite-raent depuis assez longtemps, et je crois qu'il y a lieu de douter de l'exaclitude du diagnostic.
II reste done, pour le mois ecoule, 14 cas bien constates; car ces 14 sujets ont ete abattus, el a I'autopsie on a reconnu les lesions palhologiques de la pleuropneumonie. Or, parmi ces 14 animaux, combien y en avait-il d'inocules? Quatre.
Et quel est le chiffre des animaux non inocules devenus malades? II est represenle par dix. Ces animaux sont sortis des etables de MM. Cordens, Valkeneers, H. Vanslraelen, Bas, Hannaert, la veuve Munters, etc.
Vous remarquerez, Messieurs, I'enorme difference : sur 2,500 betes inoculees, quatre sont atteintes; el sur 500 non inoculees la maladie fait dix viclimes. Ce qui nous donne la proportion de un et une fraction sur mille, pour les animaux inocules, eld'environ deux sur cent pour les non inocules. II devait, du reste, en etre ainsi, car depuis qualorze ans les resullals ont ete conslammentles memes (i).
Quelle preuve plus convaincante desirez-vous avoir du pouvoir preservateur de rinoculation, que celle que nous fournit en ce moment la situation des distilleries de la ville
{ijrm Ier au 23 d^cembre sept cas de pleuropneumonie £pizootique ont OK; dOclariis a I'autoriti communale de Hasselt, cbez des bites non inoculäes. Aucun cas n'a 616 constant parmi les animaux inocules.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;W,
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de Hasselt? Si TAcademie n'a pas tons ses apaisements ä ce sujet, je demande formellement qu'elle veuille bien en-voyersur les lieux uue Commission d'enquete pour contrölep et verifier les fails que je Signale aujourd'hui.
Vous voyez done, Messieurs, que la pleuropneumonie, au sujet de laquelle M. Vleminckx est venu vous lire un article d'un petit journal politique, a cede devant l'inoculation, et qu'elle ne sevit pour ainsi dire plus que sur des animaux non inocules.
J'ajouterai que les journaux qui se sont oecupes de mon Systeme, il y a quelques jours, n'ont pas toujours agi loyale-ment. C'est ainsi que dans Ylndependance, ä trois reprises, il a ete insere de petites notes, communiquees de Hasselt, tres-mechanles ä l'endroit de l'inoculation. II a ete repondu ä cette feuille par MM. les distillateurs, et par moi-merae, et jamais eile n'a fait mention de nos repliques.
Voici la letlre que les distillateurs de Hasselt ont adressee ä VIndependance, sous la date du 19 septembre 1865:
raquo; Hasselt le 19 septembre 1803. a Monsieur le Directeur de VIndependance Beige.
laquo;Vous avez public, dans vote numero du 17septembre, une note cou-coFiiant retat sanitaire du betail dans la ville de Hasselt.
laquo; Nous n'avons pas ä nous oecuper des assertions hasardees de votre correspondant concernant de pretendus cas de pests des steppes, qui se seraient produits dans nos environs, cas plus que douteux merae pour leshommes de l'art; mais nous declarons completement inexact tout ce que votre correspondant dit relativement a la pleuro-pneumonie exsu-dative.
laquo;liest de toutcfaussetäque nos etables soieat en ce moment,comme vous l'exprimez, laquo; en proie a une recrudescence alarmante de cette maladie. gt;
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laquo; II est cgalement faux que des animaux appai tenant a des distilleries ou l'inoculation est pratiquee, ont du etre abattus et enfouis.
oSeulement si quelques cas de pleuropneumonie se sont produits dans nos etablcs, la raisou en est que par suite des fortes chaleurs Knocula-ion a ele peu ou pas pratiquee, et ces quelques cas se sont presentes, parmi les animaux non inocules, ou inocules seulement depuis quelques
jours.
laquo; Nous ajouterons. Monsieur le Directeur, que l'inoculation, que nous re^ardons comme un prescrvatif certain, nous a loujours rendu et continue ä nous rendre les plus grands services, et que c'est grace a eile que le nombrc des betes bovines a augmenle de plus d'un tiers dans
nos etables.
lt;i Nous vous prions, Monsieur, ainsi que Messieurs les Directears des journaux qui ont reproduit la note de votre honorable correspondant de vouloir bien, dans l'interet de la verite, publier immediatement la presente rectification, et d'agreer l'assurance de notre consideration dis-tiuguee.
a La Commission des distillateurs de la ville de Hasselt.
raquo; (Signe) Platel,
laquo; J. VlKCKEKBOSCH,
a L. Cbookehbergs,
a J. Nts,
a L. Vah Vjhkesroye. raquo;
Sous la date du 6 novembre, j'ai moi-meme adresse a I'Independance une reclificalion donl je vals vous lire seule­ment deux paragraphes :
raquo; A differenles reprises il vous a ete adresse de Hasselt des notes ayant pour but evident de jeter la defaveur sur mon Systeme d'inoculation de l'espece bovine. Je viens aujourd'hui repondre a ces communications, que j'aurais refutees plus tdt si j'avais eu en mains les documents offi-ciels necessaires.
a Fort dc ces documents, je viens vous declarer, Monsieur le Direc teur, que les faits avances par votre correspondant sont de toute inexac-
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titudc. En cffet, dans la derniere note, publiee dans volre numero da 1quot; novembre et qui n'est guere quo la repetition des precedentes, il cat dit qua le nombre des betes bovines atteintes da pleuropneumonie exsu-dative ä Hasselt, et declarees depuis les nouvelles circulaires, est aujour-d'hui de 55, dout 5 non inoculees et 50 inoculees. laquo; Ces chiflres sont tout a fait controuves, etc. laquo;
Or, Messieurs, I'Independance a refuse de retablir les fails denatures par eile.
—nbsp;m. Granx : Vous auriez du lui envoyer un huissier.
—nbsp;HI. Willems : Cela a etc fait. La Commission des distilialeurs a envoye une sommalion par huissier, etmaigre cela I'Independance n'a pas donne suite a leur juste protesta­tion.
Ainsi, les fausses assertions et les faux chiffres ont ete pro-duils a trois reprises differenles, et jamais ils n'ont ete rec­tifies.
La Vedette, de Tongres, s'est mise aussi de la partie. Une reclamation de ma part lui a ete adressee et a paru integra-lement; je vais vous en lire une parlie; eile servira de re-ponse au rapport qui vient d'etre fait sur la communication de M. Maris. Elle se trouve consignee dans le numero du 21 novembre. La voici :
laquo; Dans sa derniere correspondance, le Monsieur, pour masquer son veritable mobile, se donne comme u'ayant en vue que la verite, ct cependant son laborieux factum n'est qu'un tissu d'erreurs et de contre verites, qu'il me sera facile de refuter. Toute son argumentation repose sur le contenu d'un rapport de M. Maris, qui renferme une veritable statistique de fantaisie. Ce vcterinaire, adversaire declare et sjstemati-que de Vinoculation, comme cliacun le sait, est malheureusement en contradiction avec le tableau oilicicl de Tadministration communale dc Hassclt, enroye au Gouvernement, qni est le seul digne de foi, et que j'ai l'honneur de mcttre ci-apres sous les yeux de vos lecteurs.
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laquo; J'ai dit que M. Maris, dans le lalleau cite dans volre journal, a fait unc statistique a sa guise, et produit des allegationsyäulaquo;laquo;. Je vais le prouver.
laquo; M. Maris, dans sa pleuropneumanie incurable, voit surgir partout des betes pneumoniques, et il en comptc 2 ou 3 la oü il n'y en a qu'une. Ainsi il a vu, les 20 et 28 septembre, chez M. Bossy, distillateur, 3 betes, qu'il declare malades, contraiicment aux dire du proprietaire, et dont du resle 2 ont ete abattues quclque temps apres par M. Gilkens, sans qtTon ait constate les lesions patbologiques de celte affection. Malgre cela il les a fait figurer memc au tableau officiel.
raquo; M. Maris, qui pretend reconnailre chez une bete guerie qu'elle a ete affectee de pleuropneumonie, a souvent raeconnu l'existence de la malndie ä sa periode d'etat. C'est ainsi qu'il a considere comme malades des betes qui, arriveeS ä Bruxellcs, etaient reconnucs comme saines.
a Un autre fait assez piquant s'est passe il y a huit jours. Un boeuf se trouvait malade dans les ctables de MM. Nys, freres. M. Maris arrive et le declare bravement atteint de pleuropneumonie, contrairement aux convictions du proprietaire el de M. le velerinaire Mommen de Herck-la-Ville. M. Maris le fiiit inscrire le 25 octobre comme pneumoni-queä Tadmimstration communale. Le 10 novembre courant M. Nys fait abattre son boeuf a Tabatloir de la ville, et Tautopsie revele chez cet animal une maladie du foie !!!
raquo;Voilä comment M. Maris, animd par un desir ardent de voir partout des betes inocolccs pleuropneiiraoniques, en fabrique souvent de son .•mtorite privee, et les poi te sur la liste officiclle des beles atteintes de ccttc affection.
laquo; Un anlre fait qui prouve le peu d'exactitude du tableau qu'a offert M. Maris ä vos lecteurs, c'est qu'il porte dans la colonne des inoculees une bete appartenant a M. Platel. Or, cet honorable distillateur m'a autorise ä declarer que cette bete n'a jamais etc inoculee.
laquo;Puis M. Maris inscrit dans son tableau qu'a la date du 22septembre dernier, M. J. Vinckenbosch a eu dc-ux betes atteintes de pleuropneu­monie. tandis que le tableau de l'administration communale n'en porte qu'une.
laquo;Ala date du 16 octobre dernier, il on inscrit hanlimcnl 2 quinefigu-iciit pas uon plus dans le tableau de Tadniinistiat on.
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inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; lt;• EaCta h la date du 33 oclobre, il meutionne uu bceuf nppai-tRiiant
b M. Van Vinkcroye qui ne figure pas non plus au tableau official.
laquo; II Sulfit de raettre en regard les deux tableaux pour etre edific sur la valeur de celui fabrique par M. Mails.
u Voili, Monsieur le redacfeur, coinme on tronqueaudacieusement la verite ä Hasselt, dans le but evident de propager l'erreur au dehors, et de peser ainsi sur le jugement des personues qui ignorent ce qui se passe dans le chef-lieu du I.imbouig. Nulle partaujourd'bui, ni ii lelranger, ni en Belgique, mou sysleme nquot;est combattu; il ne rencontre dc Topjit)-sitionqu'ä Hassell, et cela de la part de quelques personnes, la plupart etrangercs ä la ville, et poussees par des sentiments inavouables. — Je m'en console facilernent; cette mesquine opposition passera cotrnne eile a passe jadis, clle tournerp a la honte de ceux qui la provoquent. raquo;
Vous voyez. Messieurs, combien sont mesquines les ma­noeuvres dirigees contre noon Systeme et quels sentimeals inavouables les inspirent; aussi je crois qu'il vant mieux ecarler de nos discussions tous ces cancans des journaux po-liliques. Rentrons au vrai coeur de la question, rentrons dans le sanctuaire de la science. Occupons-nous avec calme et sans passion d'une question scientifique et economique des plus imporlantes pour l'industrie et pour ragriculture; I'agricul-ture, cette vraie arlere de la vie sociaie; I'agricullure, comme I'appelail un grand ministre de Henri IV, un agronome dis­tingue, la mamelle des nations!
Je vais maintenant avoir l'honneur de vous expoter, — apres un court apercu hislorique, — mes idees scientitiques relalivement ä l'inoculation de la pleuropneumonie, ainsi que les fails qui lui ont servi de base. Ce sera, je l'espere, uue reponse peremploire ä M. Boens.
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Le programme du concours des prix de 1848-18S0, ins-lilue par l'Academie de medecine de Belgique, renfermait la question que voici : Faire l'histoire de la maladie connue sons le nom de plenropneumonie ephootique, etc. Ce fut pour moi le point de depart de l'examen de cette maladie, et des ce moment, autant pour repondre aux desirs de l'Academie que pour sauvegarder mes inlerets, comme fits d'un dislil-lateur, detenteur d'un nombreux betail, je me livrai avfec ardeur a l'etude de cette affection meurlri6re, cause de la mine de l'industrie agricole, et qui frappait plus particulie-rement de ses coups redoubles l'industrie principale de mes concitoyens.
Rien ne m'arreta dans la poursuile de mon but, ni veilles, ni fatigues, ni voyages. Je me rendis a Paris pour me mettre en rapport avec feu Delafond, alors professeur ä l'ecole vete-rinaire d'AIforl, et qui a ecrit le meilleur traite qui existe en­core aujourd'hui sur cette cruelle maladie. J'allai observer et etudier le fleau dans son foyer principal en Europe, les Pays-Bas, et de lä je dirigeai mes investigations vers la Suisse, oü, comme vous le savez, la pleuropneumonio a pris naissance en 1748, pour ensuile se repandre dans toute l'Europe, l'Afrique et l'Amerique.
Muni des elements necessaires, recueillis ainsi un peu par-lout pour etudier cette epizootic, generalement peu connue encore ä celle epoque, je preparai un memoire en reponse i la question posee par l'Academie. Les sujets d'experience ne me firent pas defaut, car la ville de Hasselt, par sa specialite industrielle et commerciale, payait lous les jours un large tribut au fleau. Dans les elables seules de mon pere, je pus observer par an au moins cinquante sujets atteints de pleu-ropneumouie.
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Je ne negligeai rien pour etudier la maladie dans ses moindres details, et je fis un grand nombre d'autopsies. Au-cun reraede, tant preservatif que curatif, n'elant connu alors, j'instituai un grand nombre de medications, tant internes qu'externes. Les mercuriaux donnes ä l'interieur ä la pre­miere periode de ia maladie me reussirent le mieux.
En parcourant l'ouvrage de Delafond, je fus surtout arrete ä Tarticle contagion. En effet, en 18S0, la contagion de la pleuropneumonie etait admise par un grand nombre d'obser-vateurs et rejetee par un nombre a peu pres egal.
Je resolus des tors d'approfondir cette question capitale, et ce fut la le point de depart de la decouverte de l'inoculation. Vous allez, Messieurs, tout a I'heure voir comment.
Pour edaircir ce point scientifique de l'histoire de la pneu-monie bovine, la cohabitation d'animaux malades arec des animaux sains fut pratiquee sur une grande echelle et de diverses manieres, cöte a cote et a distance. Je poussai les experiences jusqu'a faire cohabiter avec des boeufs malades des chevaux, des moutons, des ohevres, des pores, des chiens, etc. Ces animaux furent meme souilles avec la bave d'animaux malades, et jamais je n'ai pu determiner chez aucun le moindre symplöme de pleuropneumonie; landis que chez le boeuf, au conlraire, le contage, repandu soit de pres, soit de loin, l'atteignit toujours sürement dans la pro­portion d'environ 35 pour cent, et meme dans des propor­tions bien plus grandes, car les animaux de l'espece bovine exposes aux miasmes contagieux la contractent presque tons, mais a des degres divers.
D'ou je tire la conclusion evidente que la pleuropneumonie est une affection speciale et exclusive a l'espece bovine.
Mes experiences de cohabitation enleverenl de mon esprit
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loaldoute relativement k la conlagiosile de la pleuropneu-monie par virus volatil. Cette certitude est aujourd'hui admise par tout ie monde. La Commission scientifique francaise de la pleuropneumonie, apres un grand nombre d'experiences, failes avec infiniment de soin, est arrivee a la meme conclu­sion.
laquo; II resulte, dil le rapport, page 23, des experiences qui viennent d'etre relatees, que la pleuropneumonie epizoolique des betes a cornes est susceptible de se transmettre des ani-maux malades aux animaux sains de la meme espece par la voie de la cohabitation. raquo;
Mes recherches sur la contagion de la pleuropneumonie ne devaient pas se borner aux experiences de contamination par miasme degage du corps malade, mais elles s'etendirent aussi a faire des essais concernant la transmission de la ma-ladie par virus fixe.
C'eslalors que je repris les experiences de Vix, qui cite deux cas de pleuropneumonie transmise par inoculation, en inellanl au fanon d'un taureau el d'une vache bien portants uu morceau de poumon malade, et qui produisit ainsi une pleuropneumonie, offrant tous les caracteres de la pleuro­pneumonie epizootique.
Rudolph!, Dieterichs, Sick, Hansseman, Hertwig, un peu plus tard, au commencement de ce siecle, out inocule avec le mucus nasal, la have, le sang, le liquide des poumons et n'ont obtenu que des resultats negatifs, c'est-ä-dire, qu'ils out conclu a la non contagion de la pleuropneumonie par inoculation, but unique de toutes leurs tentatives; car aucun de ces observateurs n'avait jamais soupconne que I'inocula-tion pouvait etre un moyen preservatif. — Toutes les fois que Ton a dit que des essais da ce genre ont ete fails a cette
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fin, on a confondu la pleuropneumonie exsudalive ;avec le typhus conlagieux. M. Boens vient precisement encore de tomber dans celle erreur.
En memo temps que je poursuivais mes experiences d'ino-culalion (1852), la Commission scienlifique francaise, insti-luoe pres le Rfinistere de ragricullure, etc., etudiant la pleu­ropneumonie sous ses diverses phases, organisa une serie d'epreuves propres a eclairer la contagion de la maladie par inoculation directe.
Ainsi, Messieurs, notez bien ce point, jusqu'en 1852 tons les essais d'inoculation ont ete pratiques dans le seul but d'eclairer la conlagion. A mon tour j'inoculai, mais d'une mauiere differenlede celle de mes predecesseurs, pour m'as-surer de lacontagiosite de la pleuropneumonie, et chose extra­ordinaire, j'observai que les bceufs ainsi inocules resistaient aus atleintes de la pleuropneumonie.
II se presenla immediatement a mon esprit cet axiome : non bis in idem; et des lors, guide par les principes scienlifi-ques que je vais exposer, je dirigeai mes investigations dans cette voie.
Mes premiers essais d'inoculation, faits sur des animaux aulres que ceux de l'espece bovine, datent du 28 decembrel 850 et au mois do Ievrier1851, me renfermant seul dans les elables de mon pere, a l'insu de tout le monde, j'y pratiquai I'inoculalion sur une premiere serie de boeufs. Je la fis d'a-bord aux naseaux; et je produisis de veritables monslres, taut etail volumineux le gonflement de la teto et des parlies inoculees.
Apres avoir employe divers liquides, et les avoir deposes dans differents endroits, j'arrivai, non sans causer beaucoup d'accidents, a deposer une seule goutle de l'exsudat plasli-
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que des poumons ä la pointe de la queue de l'animal a pre­server.
J'inoculai ainsi cent et huit betes dans les etables de mon pere pendant I'annee 1851, et aucune d'entre ellesne devint malade, tandisque sur cinquante beles non inoculees,laissees dans les memes conditions de stabulation que les precedentes, dix-sept contracterent la pleuroneumonie, et furent livrees ä l'abattoir.
L'inoculation preventive decouverle, voyons. Messieurs, quels sent les principes scientifiques qui m'ont guide dans mon experimentation.
Un bceuf me fois gueri de la plewopneumonie ne la con-trade plus: Voila le fruit de mes observations incessantes pendant un grand nombre d'annees.
Ce fait se trouve pleinement confirrae paries observateurs les plus consciencieux, tels que MM. Yvart, inspecteur des ecoles veterinaires en France, Lafosse, Delafond, Wellen­berg, ele., la Societe centrale d'agriculture de Beigique, la Commission officielle neerlandaise, la Commission officielle beige, qui dans son rapport adresse a M. le Ministre de l'In-terieur en 1860, ne cite que trots cas de recidive constates en Beigique pendant un laps de deux annees.
Dans les Pays-Bas cette opinion est tellement enracinee qu'on y payait jadis plus eher un veau gueri de la pleuro-paeumonie que ceiui qui ne I'avait pas encore contractee.
Faul-il encore faire remarquer que la Societe imperiale et centrale de medecine velerinaire de Paris, la Commission scientifique francaise sont da meme avis? Voici comment cetledernieres'exprime :
laquo; I,es animaux de l'espece bovine sont preserves contre
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de nouvelles atteintes de la peripneumonie, lorsqu'iis ont conlracle une premiere fois cette maladie, ou qu'ils n'ont presente que des symptömes d'une indisposition legere, a la suite d'une premiere cohabitation. raquo;
C'est done la un premier fait scienlifique que, assurement, personne nc viendra contredire.
Ce principe une fois etabli, la question suivante devait naturellement se dresser devant moi :
La bete bovine qui a contracte la pleuropneumonie par contagion resisteä une seconde attaque. Ne pourrais-je done pas lui creer, par inoculation directe, une maladie semblable el plus benigne que la maladie contractee par voie volatile, comme on le fait tons les jours pour beaucoup de maladies contagieuses, epidemiques et epizootiques? En d'aulres ter-mes, la pleuropneumonie exsudative est-elle une maladie inoculable?
Certes, Messieurs, a l'epoque oü je tentais mes premieres experiences, celles-ci devaient etre condamnees par la plu-part des savants : c'est que ces savants ne s'etaient pas encore bien rendu compte de la nature et de l'essence meme de la pleuropneumonie. II me sera facile de le prouver.
La pleuropneumonie exsudative, pour presque tous les observateurs d'alors, n'etait qu'une phlegmasie, speciale, il est vrai, des organes pulmonaires.
Aujourd'hui, grace aux travaux physiologiques et analo-miques accomplis depuis une quinzaine d'annees, cette ma-niere de voir n'est plus soutenable; mais eile explique comment il s'est fait que des bommes d'un merite scientiflque incontestable ont souvent combattu mon Systeme, meme avec passion.
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Mais qu'esl-ce done que celle epizoolie conlagieuse qu'on appelle pleuropneumonie exsudalive ?
C'est une maladie particuliere et exclusive a I'espoce bo­vine, maladie qui se traduit par un elat parliculier de l'orga-iiisme,preexis(antäla lesion locale.EHe prend ordinairement comme lieu d'eleclion, pour ses manifestations morbides, les poumons el les plevres, en y determinant une exsudation inflammatoirespecifique et abondanlede malieres plastiques.
Ainsi il y a maladie ^enerale, totius suhstantice, etat ty-phoide, el production d'exsudalions plastiques. C'est en quel-que sorle une fievre typhoide, ä forme thoracique particu­liere. Cela est vrai a lei point que quelques personnes I'ont parfois confondue avec le typhus contagieux au debut.
Cette opinion n'est pas nouvelle. Deja en Allemagne eile avail cours depuis longlemps, et eile a eu pour defenseurs MM. Didot, Thiernesse, Petry et Husson, quand en 1855, la question de ia prophylaxie bovine a ete debattue dans celle enceinte.
On pourrail, done I'appeler avec raison pleuropneumonie typhoide exsudalive, ou mieux typhus exsudatif.
Quels sont en effet las symplömes que presenle une bele alleinle de pleuropneumonie? Quelles en sonl les lesions necroscopiques? Examinons:
Refus de nourriture, rumination suspendue ; I'animal maigril rapidement; frissons frequents, fievre, poll herisse, abaltement, prostration; les yeux injecles, tristes et chas-sieux ; les membres refusent de porler le corps; oreilles et cornes lanlot froides, tantot chaudes, peau seehe, collce sur le tronc, petite toux, respiration aceeleree ; — puis plus lard accablement extreme; I'animal repose la tele sur la man-geoire ou a terre; une fois couehe il ne se releve que force
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el avec grande peino; bouche ecumeuse; meleorisation, gar-gouillement dans les intestins, dejections alvines, d'abord dures el en pelile quanlile, puis plus lard frequentes, liqui­des el felides; quelquefois mouvements convulsifs de la tele et du tronc, grincemenls des dents, pouls miserable, acce-lere, inlermiltenl.
L'aulopsie nous revele les lesions suivantes : le cadavre esl ballonne et exsangue et repand vile une odeur fetide ; muscles flasques et dccolores, muqueusesphlogosees, engoue-ment pulmonaire, hepalisation pulmonaire caracleristique ä marbrures; epanchements de serosite dans la cavile thora-cique, quelquefois au fanon en dessous de la peau, dans Ic perlloine, le pericarde, dans la cavite crünienne entre la pie-mere et Tarachnoide; plaques inflammaloires en arborisa­tion sur le cerveau ou 1'on rencontre souvent des filaments nombreux,produits de rinflammalion, adherents ä eel organe et a ses enveloppes; les muqueuses des intestins sonl phlo-gosees, epaissies et ramollies; vesicule biliaire distendue el remplie de fiel, foie volumineux, friable, decolore; coeur flasqne, pale, rempli decaillots de sang; ecchymoses el ulce-rations dans la caillette. (Verheyen, Thiernesse, Dele, Van-dewostyne). Les ulceralions que j'ai vues consislaienl dans des lesions de conlinuile en long en guise de fissures, bords tallies ä pic el fond noirälre. M. Vaes, medecin veterinaire,-ä Hasselt, en a souvent rencontre dans le duodenum.
Les symptomes el les lesions que je viens d'enutnerer ne nous autorisenl-ils pas a conclure que la pleuropneumonia esl une affection totius substantice, qui donne naissance ä un produit special, la maliere exsudce ou epanchee ?
Ces malleres exsudees sonl quelquefois en si grande quan­lile que Gurll dit avoir vu des poumons pesaut cinquanle
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ä soixante livres et avoir recueilli du liquide epanche dans les plevres mesurant jusqu'a Irente Hires.
Get exsudat plastique ou plasma, qui conslilue le carac-tere palhognomonique de la maiadie, peut, d'apres la defi-nilion qui vient d'etre donnee, se porler partout ailleurs que dans la cavitö thoracique, et memo n'est pas absblument necessaire ä l'existence de celte affection.
II peut se presenter ainsi des cas de pleuropneumonie exsudative sans pneumonie, ni pleuresie.
Preuves :
J'ai fait, a differentes reprises, I'autopsie d'animaux morts de pleuropneumonie dans des foyers epizootiques, entre autres a Waremme en societe de M. le veterinaire Janne, sans rencontrer chez ces animaux d'autres exsudations qu'un epanchement de serosite citrine et floconneuse dans les ple­vres, dans le peritoine, sous la peau du fanon. — Du resle, la Commission officielle beige en cite un exemple analogue, dans son cinquieme rapport; levoici :
laquo; Une vache N0 18, non inoculee, mise en experience dans un foyer epizootique, toussait toujours, restait cou-chee, ne prenait ni aliments, ni boissons, presentait une infiltration sereuse et des exsudations plastiques au cou et sous la mächoire. Gelte bete meurt et I'autopsie ne decele aucune lesion ni dans le parenchyme pulmonaire, ni dans les plevres ; mais sous la peau, depuis la region de l'auge jus-qu'au fanon, on remarquait un gonflement assez volumineux, forme d'un tissu lardace, jaune, presentanl de la resistance ä l'incision par rinstrument trancliant, et dans les areoles de ce tissu, on trouvait un liquide sereux de couleur ci­trine, etc. raquo;
La Gommission vient done ajouter un cas remarquable
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de pleuropaeumonie exsudative sans lesions pulmonaires, ä ceux que j'ai observes, et l'honorable M. Delwart, Tun des commissaires, avail parfaitement raison quand pendant la vie de la vache, 11 diagnostiquait cette affection.
Le docleur Corvini, professeur ä l'ecole veterinaire de Milan, ne dit-il pas aussi, dans un memoire couronne par rAcademie lombarde : laquo; que la pleuropneumonie exsudalive epizootique est une raaladie generale, presentant des pheno-menes loeaux dans des sieges aulres que les poumons, et non une pleuropneumonie simple; qu'elle peut par conse­quent se manifester dans toutes les parlies du corps oü se depose son virus. raquo;
Je pourrais citer d'autres autorites sur ce point, mais je me borne ä donner encore l'opinion de la Commission scientifique francalse, dont M. Magendie etait president et M. Bouley, secretaire.
laquo; II est des animaux, dit le rapport, page 7S, qui, exposes ä la contagion de la maladie par cohabitation, n'eprouvent sous son influence qu'une indisposition legere et de peu de duree. raquo;
Par rauscultalion et la percussion on ne ponvait constater le moindre acte pathologique dans les organes thoraciques. laquo; Aussi, ajoute M. Bouley, — et c'est lä un fait considerable, — le virus de la peripneumonie peut salurer un organisme et le rendre inattaquable aux atteintes futures de cette mala­die, sans cependant manifester sa presence par la fluxion inflammaloire pulmonaire et les transudations plastiques qui en sont I'inevilable consequence. raquo;
II est done entierement permis de dire, je pense, que la pleuropneumonie exsudative est une maladie generale, qui peut porter ailleurs que dans les poumons ses manifesla-
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^quot;
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Apres avoir expose, Messieurs, ce que c'est que la pleu-ropneurnonie exsudative, oüestson siege, quels sonl ses pro-duils morbides, ne doit-on pas se demander si en inoculant eel element special, cet agent specifique qui reside dans la matiere exsudec, on pent engendrer chez un animal sain une maladie semblable a celle dont il provienl ?
laquo; La pleuropneumonie du gros betail, dit Delafond, est pour moi une maladie contagieuse, et par consequent, comma toules ces maladies, de nature speeißque, attendu quelle donne naissance ä un element special ou ä un virus, suscep­tible de l'engendrer et de la reproduire. raquo;
M. ledocleur Michel Peter, dans un ouvrage recent, — oil il classe la pleuropneumonie exsudative parmi les mala­dies virulentes et inoculables, — dit que laquo; un virus est un liquide specifique, un et loujours identique a lui-meme. raquo; Gelte definition convient parfaitement au virus de la pleuro­pneumonie, qui possede les trois caracteres indelebiles des virus en general : e'est-a-dire la contagion, propriele affective etorganique, ou susceptible de transmission; — {'incubation, ou ne manifestant son action qu'apres un certain temps #9632;d'absorption, — et la regeneration, ou faculte de se reproduire.
Si la pleuropneumonie est une maladie specifique et con­tagieuse, e'est-a-dire transmissible, n'est-il pas logique de dire qu'elle pent elre inoculee?
laquo; Oui,assurement,ditM. Prince, dire:teur de Tccoleveleri-naire de Toulouse; car loute contagion, pourvu qu'elle ait nn agent fixe, peut ctre inoculee, et Ton ne voit pas que la peri-pneumonie contagieuse doive faire exception. raquo;
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Qu'arrive-t-il en effet quand on plonge une lancelle char-gee du liquide epanche dans les ponmons d'un animal ma-lade, dans la peau d'un animal sain?
1deg; Les levres de la petite plaie que Ton vient de faire se dessechent d'abord et se couvrent d'une legere croute adhe-rente a leur surface; puis ordinairemenf, — apres une incu­bation variable comme celle qui resulte de la contagion natu­relle de la pleuropneumonie, laquelle dure dix a vingt jours, et meme plus, — se manifeste a I'endroit ou le virus a etc implante un engorgement inflammatoire, dur, un pen dou­loureux a la pression et forme par des transudations plasti-ques. C'estainsi que je n'ai jamais pu y rencontrer la moindre trace de pus.
2deg; Un mouvement febrile, facilement appreciable pour I'ob-servateur attentif et non prevenu.
A cette periode, I'animal inocule mange moins, a le poll berisse, jiarait abattu, est afl'ecte de temps en temps d'une petite lonx seehe; la secretion lactee diminue, les feces sont plus dares qu'ii I'ordinaire. Au bout de quelques jours, I'aui-mal reprend de l'appelit, tons les symplomes legers d'une vraie pleuropneumonie se dissipent, et il parail meme mienx se porter qu'avant I'inoculalion.
La flevreqne les animanx inocules eprouvent au moment du developpementdes syraplümes morbides de l'inoculation, est un fail aujourd'hui incontestable. Ce fait, je fai dejä Signale en 1852, dans mon premier memoire sur ce sujet, et il n'a pas tarde ä elre egalement atteste par une foule d'autoriles des plus respectables, parmi lesquelles je citerai les profes-scurs veterinaires Lessona et Vellada, dans un rapport odi-cicl adresse au Gouvernement piemontais, M. Corvini, pro-fesseur ä l'ficole veterinaire de Milan, le docteur Ponza,
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MM. Wellenberg, Jennes, H. Bouley, Delafond, Sanson.SaiDf-Cyr, Plantega, Slicker, Ulrich, Bell, et puis MM. les mede-cins veterinairesbeiges Dierickx, Guerin, Conraets, De Viees-houwer, Luytgaerens, etc.
Tous ces temoignages, qua j'ai du ciler, ne peuvenl pas etre recuses, parce qu'ils emanent d'hommes loyaux, savants, d'observateurs consciencieux, qui n'ont cerles pu se tromper sur Texistence d'un fait materiel, si facile a constater.
Examinons mainlenant ce que devient le mouvemenl fluxionnaire eruptif ä l'endroit inocule.
Ordinairement quand le virus de la pleuropneumonie est tres fraichement recueilli, il produit une tumeur dure qui acquiert d'autant plus de volume que l'endroit oü le virus est depose est plus riche en tissu cellulaire. Ces tumeurs affectant le garrot, le fanon, le ventre, s'etendent outre me-sure et menacent presque toujours la vie de 1'animal. C'est pour ce motif que, malgre toutes les raisons physiologiques et anatomiques que Ton a fait valoir contre la maniere d'ope-rer que j'ai adoptee des le principe, tous les experimenlateurs ont toujours eie obliges de revenir a I'inoculation a Tappen-dice caudal.
Je dis que ordinairement I'exsudation plastique se fail ä l'endroit inocule; cependant il y a ä cetle regle de nombreuses exceptions.
Et que s'opere-t-il alors dans I'organisme animal ?
Le mouvement fluxionnaire se fait alors souvent sur un organe Interieur. C'est ainsi que j'ai vu a I'autopsie d'animaux morts k la suite de I'inoculation, independamment des lesions locales, des epanchements de serosite dans le peritoine, dans les plevres, sous la peau, entre les muscles, dans la cavile pelvienne, et une exsudalion plastique abondante aulour des
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reins. M. Vaes m'a confirme l'esislence constante de ces le­sions pathologiques. Je profile de la circonstance pour noter que les lesions dans les organes imporlanls, tels quo les in-teslins, le foie, le cerveau, le coeur, presenlent les memes ca-racteres anatomiques que chez les boeufs morts a la suite de la pleuropneumonie.
Du reste, tous ceux qui onl observe avec quelque Constance la marchede I'inoculation saventqu'une fois le virus absorbe, il y a tendance a la manifestation des lumeurs, qui sont le resultal de Timpregnation de Forganisme par I'agent peri-pneumonique, et que ces tumeurs peuvent s'engendrer dans toutes les parties du corps, oü I'inoculation n'a pas etc pra-tiquee.J'en ai vu de nombreux exemples, et recemment encore un tres-beau chez M. L. Vanvinckeroye, ancien membre de la Commission officielle beige.
Feu Delafond, lors de la discussion qui eut lieu en 1862 sur rincculalion de la pleuropneumonie, au sein de la Societe centrale et imperiale de medecine veterinaire de Paris, disait a ce sujet : laquo; Suivant M. Bouley, les phenomenes qui se passent ä la queue, a la suite de I'inoculation, seraient identiques ä ceux qui se passent du cöte des poumons dans I'inoculation naturelle. Je partage completement cette opi­nion.La preuve qu'une fois le virus absorbe, il y a tendance a la manifestation de tumeurs qui sont le resultat de l'im-pregnation de l'organisme, c'est que ces tumeurs peuvenf, par exception, apparaitre dans d'autres regions que celles oü I'inoculation a ete pratiquee. J'en ai vu survenir an poitrail, au fanon, aux fesses, el dans ces cas elles acquierent toujours un developpement excessif et emportent les animaux. •
Delafond ajoutait qu'il avail observe des cas, oü la fluxion qui fail suite a I'inoculation prendson siege d'election, comma
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dans rinoculation naturelle, dans les organes pulmonaires. lt; Ces fails, dit-il, se sont produits sous mes yeux, consecuti-vement ä une inoculation pratiquee chez M. Chevrier de Meiun. v
Je rappellerai encore, ä ce sujet, un fait important el jus-qu'a present inexplique. Apres 1'inoculation, souvent le mou-veraent fluxionnaire se jelle sur les articulations, et produit des arlhriles avec des epanchemenls considerables, el cela plus particulieremeut chez les jeunes animaux. J'ajouterai que ce fait a ete observe el decrit par feu Verheyen, mais ses idees sur la nature de la pleuropneumonie I'erape-chaient d'en tirer les consequences qui en decoulaient naturellemenl.
On voit par ce qui precede qu'il y a une analogic frap­pante entre la maladie naturelle et celle que Ton inocule. Le virus, introduit par infection dans l'econümie du boeuf, agil de preference sur les poumons ; introduit ä la peau par ino­culation, il agit de preference sur celle-ci et sur les lissus avoisinanls. C'est done loujours le meme virus qui donne naissance ä la meme maladie, mais sous une forme diflerente.
Pour completer la ressemblance enlre les deux affections, je dois encore citer les points scienlifiques suivanls :
1deg; En inoculant ä un animal sain le liquide d'un animal aüeint de pneumonie ordinaire, on n'obtient Jamals rien. II en est de meme quand on inocule la bave, le sang, lelail.etc, fraichemenl recueillis sur un animal atteint de pleuropneu­monie exsudative. Ce qui ferail supposer que l'exsudat plas-tlque renferme l'element specif:que, le conlage, le virus (i).
(i) La Commission officielle dePrussc a fait des inoculations avec le s^nini du sang d'un animal [xiripneumonique, et pretend avoir oblenu des r^sultats identiques a ceux qu'on observe ä la suite de rinoculation du plasma.
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2deg; L'inoculation de cet agent contagieux n'a aucune action sur les animaux en puissance de l'epizootie ou qui deja ont ete une premiere fois allein Is de pleuropneumonie, ni sur ceuxdeja inocules.
3quot; I! n'a aucune action non plus sur des animaux autres que ceux qui apparliennent ä l'espece bovine. Je l'ai inocule sans resultat aucun sur des chevres, des moulons, des chiens, des pores, des oiseaux de basse-cour, etc., a Thomme lui-meme.
Toules ces experiences ont ete reprises par d'autres obser-vateurs et confirmees par eux. Voici cequi est dit dans le troi-sieme rapport de la Commission officielie des Pays-Bas :
laquo; Les inoculations pratiquees ä dessein sur d'autres ani­maux, telsque chevaux, chiens, moulons et celles failes for-luitement a Thomme n'ont jamais montre un indice d'aclion quelconque. II en est de meme des inoculations pratiquees sur des beles gueries de la pleuropneumonie. raquo;
Les professeurs Lessona et Vellada, ainsi que le comite medical de la Lomelline, ont observe les memes fails scien-lifiques.
Je conclus done, Messieurs et honorables collegues, que, ä priori el scienlifiquement parlant, la pleuropneumonie ex-sudalive elant une affection specifique, conlagieuse, virulente el inoculable, et n'attaquaDt en general qu'une seule fois la bete bovine dans le cours de sa vie, I'inoculation est le moyen qui doit les mettre a l'abri du fleau.
Examinons si les fails viennenl reellement donner raison ä ces vues theoriques.
J'aborde, Messieurs, avec bonheur celte derniere partie de ma lache, qui est le verilable pivot de tout mon edifice.quot; En
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effet, depuis 1852 jusqu'en 1865, le temps et l'experience ont parle, el je me trouve devant une si importaute serie de fails, observes avec lant d'allenlion et de suite par des centaines d'hommes savants, conseiencieux et appartenant k tous les pays du monde, que de l'ensemble de ces fails il est permis de deduire une loi medicale, devant laquellc vous jugerez, je i'espere, que tous les raisonnements doivent cedar; et a ce sujet, je repelerai avec une vive satisfaction les belles paroles qu'un des membres les plus distingues de cette assemblüe prononcait a la seance du 31 juillet 1852 :
laquo; Vous auriez beau repeler, disait I'honorable M. Fallot, qu'une chose ne peut elre parce qu'elle semble en desaccord avec nos idees; si elleetait, il faudrait bien s'incliner devant son existence. Si les fails donnent raison a M. Willems, ce seraila nous de modifier nos idees scientifiques. raquo;
Eh bien! Messieurs, depuis cette epoque les fails ont cer-tainement parle pour tous les hommes de bonne foi, pour tous les hommes eclaires.
Vous ne desirez cerles pas. Messieurs, que je mette sous vos yeux ces innombrables fails d'inoculalion accomplis dans toutes les parties du monde, et porles a notre connais-sance. Je me bornerai a relater les opinions et les experiences des corps ofliciels, et j'y ajoulerai quelques fails saisissants qui defient loute critique el qui, je I'espere, porteront la con­viction dans vos esprils.
Dans le principe. Messieurs, quand j'ai remis le secret de mon Systeme entre les mains du Gouvernement de men pays, il y a eu, je dois le confesser, une grande confusion dans les essais, el on n'a sou vent pas pu rassemblep des expe­riences exactement constalees pour la science. La raison en est facile a expliquer : conlrairemenl a ce qui a lieu en Russie
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pour Tinoculation de ia pesle bovine, qui n'est praliquee qu'avec l'autorisation du Gouvernement, ici, tout le monde s'est mis a inoculer, et souvent sans connaitre les principes elementaires de cette operation.
De lä tant d'insucces et de revers, rejeles sur le compte de Tinoculation, et qui n'auraient du retomber qua sur leurs maladroits auteurs.
En depit de toutes ces experiences mal entreprises, mal executees, la verite s'est fait jour, et les resullats obtenus tant par les partisans de ma methode que par ses detracteurs, sont de nature ä me dedommager de mes peines, el a forti­fier puissamment mes convictions.
Pour proceder avec ordre, je relaterai sommairement les principaux fails qui se sont produils a l'elranger, et puis ceux qui onl ete observes en Belgique.
Je me suis impose la lache. Messieurs, de ne mentionner que des fails cites par des corps officiels, parce que les fails rapporles par des observateurs isoles peuvent elre mal obser­ves, mal executes et mal inlerpretes, tandis que, constates par une reunion d'hommes eclaires el pratiques, ils doivent necessairement inspirer plus de confiance et offrir un carac-tere de certitude plus evident.
Depuis 1852 jusqu'aujourd'hui des milliers d'animaux onl subi Tinoculation de la pleuropeumonie, el cela par la raison fort simple que cette affection est partout repandue et esl restee constamment rebelle ä toutes les ressources Iherapeu-tiques.
En commenqanl mon expose de fails, je dois vous dire tout d'abord qu'ä ma connaissance aucun corps savant, aucune commission experimentale n'a prononce un jugement defa-
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vorable ä mon Systeme; au conlraire, tous lui onl reconnu
une eflicacite incontestable.
Commencons par la Commission qui s'est prononcee la premiere, ä savoir la Commission officieile des Pays-Bas, instituee pres le Ministere de l'Inlerieur. Et quel pays en Europe est plus riche en betail et avait plus d'interet ä con-naitre l'exacle verite sur une question aussi vitale pour ses troupeaux?
Dejä des le 28 decembre 18b2, apres avoir experimenle sur un grand nombre de tetes de betail, la Commission con-clut dans les termes suivants :
laquo; Nos experiences fournissent la preuve remarquable, que Ton ne saurait denier ä rinoculation un pouvoir, du moins temporaire, de garantir contre la contagion de la pleuropneu-monie. raquo;
Ces conclusions furent confirmees dans trois rapports suc-cessifs, et dans le dernier la Commission conclut laquo; ä l'adop-tion generate de la pratique de rinoculation, comme elant le seul remede propre ä delivrer ce beau pays du fleau peri-pneumonique. raquo;
Ces rapports sont signes des noms de Wellenberg, Jennes, Reynders, Hekmeyer, directeur et professeurs de l'ecole vete-rinaire d'Utrecht, et Wit et Vanlaer, medecins veterinaires.
Beaucoup d'autres rapports, independammenl de ceux de la Commission scientifique, ont encore vu le jour dans les Pays-Bas. — Je me contenterai ici de les indiquer :
Rapports officiels adresses aux Etats deputes de la Hol-lande meridionale.— Rapports sur les inoculations faites en Frise, et dont je parlerai plus loin, parce qua la Frise a etc souvcnt iuvoqucc pour combattre mon Systeme, tandis
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qu'aucune conlree du monde n'a fourni de preuves plus cbn-vaincantes en sa faveur.
A la seance de la Sociele d'agriculture des Pays-Bas, tenue a La Ha}'e le 23 maf 1859, et ä la reunion de l'Associalion des velerinaires de ce meme pays, qui eut lieu le 27 aouH860, ä Rotterdam, tous les oraleurs se prononcerent en faveur du procede d'inoculation, se basant sur un nombre considerable de fails, observes par eux. C'est ainsi que MM. Van Dam, Swart,Korndorffer, etc., citent 16,000 inoculations faites avec d'excellenls resullats pendant I'annee 1859.
Peu de jours avant sa mort, arrivee trop prematurement en 1864, feu Jennes, professeur a Tecole veterinaire d'Utrecht, m'ecrivitlaquo; que la vertu prophylaclique de rinoculallon etait devenue tellement evidente dans sa patrie, qu'elle etait gene-ralemenl appliquee, et qu'il ne connaissait pour sa part aucun veterinaire qui en fut encore I'adversaire. raquo;
Je pourrais encore citer beaucoup d'autres rapports con-cernant ce pays, mais cela m'entrainerait trop loin.
En 1854, parut le rapport de la Commission du Comile medical de la Lomelline (fitals-Sardes), rapporteur M. Maz-zini, veterinaire; un peu plus tard celui de la Commission de la province de Brescia, rapporteurledocteur Vidari; et ensuite les trois rapports de la Commission Willems, dont le dernier date de 1862, Commission instituee par la chambre du com­merce et des arts de Pavie, rapporteur le docteur Giacomo Saglio.
Tous ces rapports relatent des series tres-importantes de faits, trop longues ä indiquer ici, et concluent tous a I'effica-cite de l'inoculation comme methode prophylactique de ia pneumonic bovine.
Voici la conclusion de la Commission de Pavie : laquo; L'ino-
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culation du virus pneumonique proposee par le docteur Wil­lems est un remede d'une grande efficacile pour preserver les betes bovines de la pleuropneumonie.raquo;
Ce qui confirmo les boos resultats obtenus de l'inoculalion en Itulie, c'est quo la Societe d'agriculture des Etats-Sardes, decerna, dans sa seance de septembre 1356, une medaille d'argent au docteur Ponza, noire estimable collegue, laquo; comme elant le premier promoteur de la methode Willems en Italia. gt; Et d'un autre cöte l'Institut des sciences, lettres et arts de la Lombardie a accorde le prix de la fondatiou Gagnola au docteur Corvini, professeur de l'ecole veterinairc de Milan, pour son memoire sur l'inoculation de la pleuropneumonie oü se trouvent des milliers de fails d'inoculation favorables a mon Systeme.
J'abuserais certes de la bienveillance de l'Academie si j'enu-merais tous les faits d'inoculation qui se sont produits dans les divers Etats de l'Allemagne, en Iriande, en Amerique, en Afrique et en Australie. Je me borne simplemenl a constater que les experiences entreprises par la Commission officielle de Prusse, relatees par le docteur Ulrich, professeur a l'ecole d'agriculture de Möeglin viennent toujours grossir cette im­mense serie de faits favorables a l'inoculation prophylactique.
Permetlez-moi cependant, Messieurs et honorables colle-gues, de vous dire quelques mots touchanl ce qui s'est passe en France en fait d'inoculation.
Parmi les innombrables ecrits et rapports qui ont paru sur ce sujet, je me bornerai a vous citer la conclusion de la Commission scienlifique instiluee pres le Ministere de l'agri-culture, du commerce et des travaux publics.
Ce corps savant formule la proposition suivante comme la conclusion definitive de ses recherches :
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lt; L'inoculalion du liquide extrail des poutnons d'un ani­mal malade de la peripneumonie possede une vertu preserva­tive; eile investit l'organisme du plus grand nombre des ani-maux auxquels on la pratique d'une immunite qui les pro­tege contre la contagion de cette maladie pendant un temps encore indetermine. raquo;
Apres avoir analyse les fails d'inoculation arrives ä la con-naissance de la Commission, le rapporteur, M. Bouley, s'ex-prime ainsi :
laquo; II ressort incontestablement de ces releves statistiques des inoculations essayees jusqu'aujourd'hui dans la pratique, comme mesures preventives contre la contagion de la peri­pneumonie, que la decroissance dans l'intensite de cette ma­ladie, le nombre des animaux qu'elle attaque, et consequem-ment la mortalite qu'elle entraine, a coincide constamment avec la pratique de l'inoculation dans les troupeaux ravages acluellement ou menaces par I'epizootie. raquo;
Les experiences de la Commission francaise ont conduit au resuitat suivant:
Betes inoculees qui ont contraclela pleuropneumonie, 2 pour cent;
Betes non inoculees, servant de terme de comparaison, 38 pour cent.
Ces chiffrcs sont concluants.
Jeviens de dire tantöt que la province de Frisenous fournit la preuve la plus convaincante de la vertu prophylactique de l'inoculation. En effet, qu'y voyons-nous?
En decembre 1862, la statistique comptait en Frise 206,203 tetes de betaii, ce qui constitue a peu pres le sixieme de la population bovine en Beigique, qui est de 1,203,891. En 1852, on comptait sur cette population bovine 2,826 betes
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mortes ou abaltues pour cause de pleuropneumonie, et 3,455 en 1853, et de 1850 ä 1861 cette seule province, indepen-damment des animaux livres a la boucherie pour cause de pleuropneumonie, a perdu un total de 38,024 letes de son betail, Ce qui fait en moyenne pour ces douze annees une perte de 3,168 animaux ; calculee ä raison de 300 francs par lete, on arrive a environ un million de francs par an, sans compter les dom mages incalculables subis sur les animaux livres ä la boucherie ou gueris de la pleuropneumonie.
En 1862, il y a eu seulement 713 betes perdues; ce qui, calcule d'apres les bases posees tantöt, ne conslilue qu'une perte annuelle de 213,900 francs au lieu d'un million. Diffe­rence enorme, qui a encore considerablement baisse dans ces trois dernieres annees, puisque depuis le 12 Janvier 1865 jusqu'au 22 juin dernier il n'y a eu que 57 animaux sacri-fies, tandis que pendant le meme laps de temps, en 1864, le fleau en a enleve 231.
De maniere que la pleuropneumonie, qui sevissail avecune violence inoui'e en 1852, au moment oü on y pratiquait les premieres inoculations, a prcsque totalement disparu de cette province,
Esl-ce a l'application de ma methode qu'est du ce magnifique resultal? C'est ce que nous examinerons.
Depuis 1853, les etats provinciaux ont encourage la pra­tique de l'inoculation en la faisant pratiquer gratuitement, et en accordant des indemnites aux proprietaires qui sou-meltaient leur betail a cette pratique, et des recompenses aux veterinaires les plus zeles. Ainsi depuis 1857 jusqu'en 1863, 43,835 animaux ont recu le bienfait de l'inoculation; ce qui fait plus d'un cinquieme du total de la population bovine de cette province, en admettant que ces animaux vivent pen-
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dant six ä sept annees, ce qui a lieu pour le betail de celle con tree.
Sur ces 43,835 inoculations 30 sujets seulement ont succombe a l'inoculation, et sur ce chiffre 248 inocules avec succes et 425 sans succes, tolal 673, soit 1,43 pour cent, ont ensuite contracte la pleuropneumonie dans le foyer epizootique le plus contagieux et le plus terrible du monde en tier.
Quelle preuve plus grande et plus claire desirez-vous encore, Messieurs, de. la vertu preservatrice de l'inocu­lation?
Tout le monde dans cette province a si bien compris les avanlages de cette pratique, que les socieles d'assurances agricoles rendent loutes l'inoculation obligatoire pour le betail de leurs membres. Cette obligation a ete creee par la Societe de Baarderaadeel, ä la suite des fails que nous Signale M. Van Loon, secretaire de cette Societe ct membre des Elats-deputes de la Frise, et que voici:
A Baard il exislait trois socieles d'assurances mntuelles contre la mortalite du betail. La premiere n'appliquait point l'inoculation et perdait 40 pour cent de son betail par la maladie; dans la seconde, la mesure etait rendue obligatoire pour les jeunes animaux seulement, et les pertes s'elevaient a 11 pour cent; dans la troisieme au contraire, on inocuiail tous les bestiaux et la perle n'etait que de 6 pour cent.
Je vous laisse juges. Messieurs, de la difference.
Ces chiffres offlciels, si eloquents, qui sont extraits du rap­port du 18e congres neerlandais, tenu ä Leeuwarden du 23 au 26 juilletl863(etqui sont con firmes par le professeur Jennes, qui fut envoye dans cette contree par ordre ministeriel), ont ete parfaitement apprecies par celte reunion de savants et de
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praliciens, puisque sur la proposition du docleur Mulder, eile adopla ä l'unanimite les deux resolutions suivantes :
laquo; 1deg; 11 est prouve en Frise qua I'inoculation est un reraede preservatif certain contre la pleuropneumonie.
laquo; 2raquo; II est prouve par la statistique que lä partout oü I'ino­culation n'est pas pratiquee le fleau fait bien plus de vic-times. s
Je ne m'etendrai pas. Messieurs, sur les fails qui se sent passes en Belgique. Vous les connaissez tons.
Je me borne a vous rappeler que les deux corps compe-tents qui se sohl occupes de mon Systeme ont formale des conclusions qui lui sont favorables.
Les honorables MM. Thiernesse, president, et Crocq, se­cretaire de la Commission gouvernementale, vous ont rappele a 1'avant-derniere seance les rudes epreuves que cette Com­mission a fait subir a rinoculation, et les resultats concluants auxqucls, apres quatorze annees de travaux, ce corps scienli-fique et pratique est arrive.
Vous connaissez aussi les 97,284 fails d'inoeulation cites par un autre corps, la Societe cenlrale d'agriculture de Bel­gique, recueillis dans notre patrie et dans toutes les parties du monde, et exposes dans un rapport fait par feu Daumerie, membre de cette Academic et vice-president de ladite societe.
Leresultat de cette immense enquete.qui a dure deux ans, a montre finalement qu'il y a eu perte a la suite de I'inocula­tion de 1/2 pour cent, et que le chiffre des animaux atteints de la pleuropneumonie, malgre I'inoculation, s'est eleve aussi a 1/2 pour cent, tandis que les animaux non inocules, places dans les memes conditions que les precedents, ont ete atteints par la maladie dans les proportions de 38 pour cent.
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Je pourrais encore, Messieurs, invoquer a l'appui de mon Systeme un grand nombre d'autres fails evidents, iudiscu-tabies, en fin ne laissant pas meme subsi^ter la ressource de pouvoir invoquer le fameux post hoc, ergo propter hoc, puisque les animaux inocules ont ete places dans une meme etable et dans des conditions d'hygiene et de stabutation parfaitement les meines. Et qu'a-t-on vu dans ces cas? Les inocules resis-terent a la contagion et les non inocules la subirent dans des proportions souvent effi ayantes.
Je me borne a citer deux exemples : M. de Posson, agro-nome distingue, a Cappellen, avail renferme dans ses etables, en 1861, 120 bceufs inocules, et parmi eux il en avait laisse, comme contre-epreuve, 30 non inocules. La pleuropneumonie envahit son troupeau, les 120 resterent parfaitement sains, et des 30 autres 12 succomberent au (lean.
M. Claes, de Lembecq, signalait naguere le fait suivanl : laquo; J'ai fait, disait-il, des essais tres-nombreux sur la valeur de l'inoculation preventive, et enlre autres celui-ci : M. Louis De Cock, marchand a Tubise, mit en pension chez moi 23 vaches au centre de mes etables, en compagnie de 20 autres betes inoculees m'apparlenant. Un mois apres, la pulmonie frappa une vache des 23 non inoculees. Ce mal se propagea, et 13 des 23 sont sorties malades en trois mois, tandis qu'aucune des 20 betes inoculees n'a ete atteinte, quoique soumises au meme regime alimentaire dans la meme etable, ce qui demontre que le mal est contagieux et n'atteint pas les animaux trailes par l'inoculation. raquo;
Des fails de ce genre se produisent tons les jours dans la ville de Hasselt, oü huit ä dix mille bceufs environ sonl an-nuellement inocules, ce qui portc le chiffre des inoculations
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faites dans ce centre agricole et industriel a plus de cent mille depuis 1852 jusqu'a ce jour.
Avant la raise en pratique de l'inoculation, on comptait dans le chef-lieu du Limbourg ä peu pres 1,200 betes malades par annee, et depuis cette epoque le chiffre du betail a I'en-grais a presque double. M. Maris, velerinaire du Gouverne­ment, dit meme, dans un rapport official adresse en 1832 ä M. le Gouverneur, en avoir observe en 1851, a lui seul, le nombre considerable de 1,300.
En calculanl seulemenl en moyenne une perte de 23 francs par tele de betail, comme I'a fait la minorite de la Commission officielle, dans le 6deg; rapport adresse a M. le Minislre de l'inte-rieur, on arrive, pour les huit a dix mille animaux annuelle-menl inocules ä Hasselt, ä cviter une perte de 223,000 francs par an, ou de plus de trois millions pour le laps de temps que l'inoculation y a ete pratiquee.
Aujourd'hui, Messieurs, quelles sont les pertes subies parmi le betail inocule? Pas 1 pour cent, au lieu de 33 pour cent comme jadis. Les honorables membres de cette Acade­mic, qui ont pu verifier les fails sur les lieux, peuvent mieux que qui que ce soit nous en rendre compte, et confondre ainsi, comme je viens de le faire, certains bruits faux et mal-veillants, repandus par quelques journaux politiques.
Ce serait done un immense bienfait pour I'agriculture beige et pour le tresor public, si la pratique de l'inoculation se generalisait, car d'apres les experiences memes de la Com­mission officielle beige, au lieu de perdre 25 pour cent, comme cela arrive parmi le betail non inocule, on ne perdrait qu'environ 1 pour cent sur les animaux inocules. Et le tresor public, au lieu de payer 310,708 francs pour couvrir les indemnites accordees en cas d'abaltage, comme il I'a fait pour
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— Al­les deux dernieres annees (1862, 1863) citees dans le Bulletin du conseil snperieur d'agricuUure, payerait vingt-quatre fois moins : une affaire de douze ä quatorze mille francs seule-ment.
D'un aulre cöte, les proprielaires du belail abattu, au lieu deperdre une valeur de 1,142,588 fr., total de ces deux annees, n'auraient eu ä subir qu'une perle d'environ 50,000 francs.
Depuis 1832, annee oü l'inoculalion a vu le jour, la pleu-ropneumonie a ete constamment dans une periode de decrois-sance,-et ce n'est qu'en 1862, lors d'une forte recrudescence de la maladie dans les Flandres, que le chiffre des betes abat-tues, qui etait en 1852 de 2,035, a ete depasse et est monte ä
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2,175. Depuis lors, vous le savez, Messieurs, le rapport de la Commission gouvernementale vous l'a appris, l'inoculation a ete appliquee dans ces provinces sur une grande echelle, et aujourd'hui on peut dire que l'epizootie y est eteinte, et ne fait pas plus de victimes dans ces provinces que dans le reste de la Belgique.
Maintenant si Ton compare les perles subies par le Gou­vernement en 1852, et qui s'elevent au chiffre de 160,371, francs, avec celles subies les annees suivantes, on trouve en moyenne un benefice d'environ 50,000 francs par an. — Pour 1c public, au bout de ces trf,ize annees, calculees d'apres la valeur perdue des animaux aballus, l'avantage est de 1,336,790 francs.
La generalisation de la methode d'inoculation, teile qu'elie s'est deja faite en Belgique et ailleurs, depuis 1832 jusqu'au-jourd'hui, est done une excellente mesure economique. Elle a conserve au commerce, ä l'industrie, ä l'agricullure une de ses principales ressources pour Talimentation et le bien-etre des nations.
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De tout ce qui precede, j'espere. Messieurs, que vous con-clurez avec moi :
1deg; Que l'inoculation de la pleuropneumonie bovine n'est nuliement en disaccord avec les donnees actuelles de la science;
2deg; Qu'elle offne de grands avantages economiques, el que, d'apres les fails les mieuxetablis, eile estlesouverain et unique remede a opposer aux ravages de cette terrible maladie.
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