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ETUDE DE PATHOLOGIE COMPAREE
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FIEVRE TYPHOIDE
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CHEZ 11 CIIEVAl ET CHEZ I'HÖIME
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l.e Docteur SERVOLES
VETKKIN'AIRE E.\ PREMIER,
Secretaire de la Commission d'Iiygiene Iiippfrfue,
Chevalier lt;ie la Leffion d'honnenr;
Laureat (mödaille d'argent) de la Faeultü lt;te mödecine de .Pans.
Lauröat du Ministöre de la ffuerre.
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PARIS ASSELIN ET Cie, LIBRAIRES DE LA FACHTE DE MEDEC1M
ET DE LA SQCIETE CENTRALE DE MEOECINE VETERINAIRE PLAGE DE L'ECOLE-DE-3IEO£CI.NE
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1883
Touri droiti reserves.
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ETUDE DE PATHOLOGIE COMPAREE
LA FIEVRE TYPHOIDE
CHEZ LE CHEVAL ET CHEZ L'HOMME
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PARIS. — IMPllliremE l, CADBOIS IT Claquo;, BDE Cl RISI1NE, 2.
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BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
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2912 804 2
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ETUDE DE PATHOLOGIE COMPAREE
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FIEVRE TYPHOIDE
CHEZ Li flHEVAL IT GEIZ L'IIOME
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lie Doctenp SER VOLKES
VETERINAIRE EN PREMIER,
Setretairo lt;Iu Comitü d'bygiöno hippique,
Chovalier ile la Legion d'honneur,
Laureat (medaille d'argent) do la Faeulte do müdecioe de Paris,
Laureat du Ministöre de la guerre.
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PARIS ASSELIPi ET Cie, LIBRAIRES DE LA rkcilLTE DEÄECIlSt; |
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ET DE LA SOCIETE CENTRAIE DE MEDE8llaquo;E:.,VETEmN!imE- , .
PLACK DE L'ECOLE-DE-MEbECI(\E ' i ^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '-^ :,
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1883
Tous droits r^serv^s.
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AVANT-PROPOS
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S'il est rare de rencontrer une maladie verita-• blement nouvelle, il faut cependant reconnaitre qua mesure que la science avance, ä mesure que les moyens d'investigation deviennent plus nom-breux et plus sürs, que les observations s'entassent plus completes et plus precises, on voit des questions considerees comme banales prendre, d'un jour ä l'autre, un aspect inattendu, et des formes morbides nouvelles trouver leur place dans le cadre nosologique. II doit en etre ainsi de la fievre typhoide du cheval, que des epizootics nom-breuses ont remise en ces derniers temps k I'ordre du jour.
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Vague, confuse, sans precision clinique, sans criterium anatomique, l'affection typho'ide, teile que la decrivent encore le plus grand nombre des ve-t^rinaires, est moins une maladie qu'un syndrome. On pent la definir : un ^tat pathologique plus ou moins grave qui marque le cours de certaines maladies aigues et que caracterisent, ä la fois, la faiblesse generale poussee ä l'extreme, la stupeur et le delire. Get ensemble de phenomenes morbides peut exister dans les affections les plus differentes. II nous parait juste de lui donner enfin son vrai nom : I'etat typhoide.
Tout autre est, selon nous, la fievre typho'ide. Maladie distincte et nettement cyclique, toujours la meme en son essence, malgre la diversite de ses formes, eile est ä I'etat typhoide ce qu'est une entite morbide a Tun de ses symptömes.
Cette distinction, d'importance capitale, est ele-mentaire en pathologie humaine. Elle restait encore k faire en medecine hippique, bien que quelques esprits clairvoyants l'aient dejä entrevue.
Pour attirer sur ce point lalumiere, il nous a done fallu, tout d'abord, passer en revue la masse des faits publies jusqu'ä ce jour sur le sujet qui nous occupe,
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rapprocher les documents epars, trouver leurs liens communs, enfin degager la maladie de tout ce qui n'est pas eile et mettre en relief les principaux traits de sa physionomie, forcement indecise, quoi qu'on fasse, tant que 1'experimentation n'aura pas acheve I'ceuvre, en determinant I'agent specifique.
La täche etait ardue, et nous n'esperons pas etre venu completement k bout de l'entreprise. Qu'il nous soit du moins permis de remercier ceux qui nous ont si liberalement aide de leurs lumieres, et de rendre hommage aux auteurs dont les travaux ont facilite le noire.
Ce livre, qui n'est du reste que le developpement des idees exposees par nous, il y a dejä deux ans, dans notre these inaugurale, est divise en deux parties. Dans la premiere, nous nous sommes propose de decrire successivement les causes, les symptömes et les lesions de la fievre typhoide du cheval. Le traite-ment prophylactique et curatif fait I'objet d'un cha-pitre special, dans lequel nous visons surtout les chevaux de l'armee.
La seconde partie est un essai de pathologie com-paree. A l'aide des donnees acquises, nous teutons d'etablir un parallele etiologique, symptomatique et
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anatomique, entre la maladie de l'homme et celle du cheval. Bien qu'il s'agisse simplement ici d'un chapitre d'attente, la pathologie generale ne peut trouver qu'avantage dans les rapprochements de ce genre.
La physiologie n'a pas deux manieres d'etre. Qu'il s'agisse de l'animal ou de l'homme, ses lois restent immuables; les questions de race et d'espece sont affaires contingentes. Aussi le professeur Bouley, en prenant possession de la chaire qu'il occupe avec tant d'eclatauMuseum d'histoire naturelle, s'appliquait-il, avanttout, h faire ressortir laquo; l'etroitesse des rapports des deux medecines, le grand avantage de leur con-cours reciproque pour leur avancement respectif et pour les progres de la medecine generale, qui est une, dans ses principes, dans ses lois et dans ses applications (1). raquo; Ye rite fondamentale que procla-mait Cuvier lorsqu'il laissait tomber de sa plume ce mot si profond: laquo; L'homme est mal connu quand il n'est connu que dans l'homme. raquo;
Si la medecine veterinaire doit beaucoup ä la me-
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(\) H. Bouley. Lecons de pathologie comparee. Le progres en medecine par I'exprimentation. Paris, Asselin, 1882.
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decine humaine, qui l'a dotee de tous les tresors d'ex-perience peniblement acquis ä travers les äges, eile lui rend et lui rendra au centuple les bienfaits qu'elle a regus d'elle, ne serait-ce qu'en lui pretant lo secours de cette merveilleuse methode que seule eile possede dans toute sa plenitude, et qui est devenue la base necessaire des sciences biologiques ; nous avons nomme I'experimentation.
Nous nous defendons de tout esprit de parti, nlais nous croyons avec Goethe que I'experience est la seule mediatiice qui existe entre le savant et les phenomenes qui I'entourent. laquo; La medecine expe-rimentale,a dit Claude Bernard, ne sera pas un Systeme nouveau de medecine, mais au contraire la negation de tous les systemes. Elle ne devra se ratta-cher k aucun mot systematique; eile ne sera ni ani-miste, ni organiciste, ni solidiste, ni humorale; eile sera simplement la science qui cherche ä remonter aux causes prochaines des phenomenes k I'etat sain et k I'etat morbide (2). raquo;
Jusqu'ici la methode experimentale n'a jete que des lueurs incertaines sur la pathogenic de la fievre
''nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;(2) Claude Bernard. La science experimentale. Paris, 1878
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typho'ide, aussi bien chez l'animal que chez Thomme. . Faut-il pour cela la taxer d'impuissance et chercher desormais dans une voie differente la solution du probleme? Ce serait, ä notre sens, marcher vers un ecueil. N'est-il pas plus logique d'incriminer I'obser-vation, dontlesprocedesseuls, enhonneur jusqu'äce jour, n'ontpumettre au service de l'experimentateur que des notions insuffisantes ? Quel resultat la micro-biologie peut-elle attendre de ses cultures, si l'animal dans les humeurs duquel eile cherche l'agent spöci-fique n'est pas reellement atteint de l'affection etu-diee? Songeons done, avant toute chose, k constituer, par la clinique et par I'anatomie, nos entites nosolo-giques. Quand la fievre typhoide du cheval sera d£fi-nitivement sortie du chaos des affections typho'ides, l'experimentateur, marchant sans hesiter sur un terrain solide, atteindra le but qu'il est permis dejä d'entrevoir.
Nous serous mille fois recompense de nos efforts si nous aidons h son triomphe.
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PREMIERE PARTIE
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LA FIEVRE TYPHOIDE
CHEZ LE CHEVAL
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CHAPITRE r.
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HISTORIQUE.
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Nul doute que l'affection typhoide du cheval n'ait existe de tout temps; c'est ce dont on peut se con-vaincre en lisant les descriptions norabreuses que les auteurs veterinaires de toutes les epoques nous out laissees sous le nom de fimre adynamique, fievre ner-veuse, fievre putride, typhus charbonmux, gastro-enUrite tyizootique, et le reste.
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Mais, peu verses dans les recherches d'anatoraie pathologique, depourvus d'un grand nombre de pro-cedes d'investigation clinique, ne s'en rapportant, k vrai dire, qu'aux phenomenes exterieurs, k l'etat symptcmatique, ils ont cree autant de maladies spe-ciales que les caracteres objectifs pouvaient revetir de physionomies diverses. Plus souvent encore, ils ont confondu, sous la meme denomination, des affections essentiellement distinctes quant h leur siege et k leur nature.
C'est seulement avec notre siecle qu'a commence l'etude serieuse et veritablement scientifique de la maladie que nous nous sorames propose de decrire.
Nous croyons done devoir diviser en deux pe-riodes bien distinctes l'historique de la fievre ty-pho'ide de la race chevaline rl'une partant des temps les plus recules pour aboutir ä la fin du XVIIIe siecle, l'autre commengant a cette epoque pour arriver k nos jours.
Columelle, qui vivait au Ier siecle de notre ere, a laisse sur les fievres pestilentielles des descriptions qui, par plus d'un point, se rapprochent de ce qu'on appelle aujourd'hui l'affection typho'ide. II en est de meme des ecrits d'Absyrte et de Publius Ve-getius.
Mais ces documents vagues, ces donnees confuses, nous permettent-ils de dire que leurs auteurs aient
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reellement observe l'affection typhoide du cheval? Nous le croyons. Qui pourrait 1'affirmer?
Plus grande est la ressemblance entre la fievre typhoide et les epizootics relatees au dernier siecle par Lancisi, Goelike, Garsault, Sauvages, Herment, Wei-
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kard, dans le nord de l'Allemagne. Brugnon en Italie, Havemann dans le Hanovre, ont observe soigneuse-ment ces fievres qui, a plusieurs reprises, causerent tant de ravages en Europe.
En dehors de ces descriptions, d'un merite incontestable, on ne trouve ä cette epoque, dans les an-nales de la litterature veterinaire, qu'une enumeration banale et plus ou moins exacte de symptomes et de formes, sans methode, sans critique, sans esprit • fnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;scientifique.
Nous arrivons ä notre siecle, qui s'inaugure par les guerres de l'Empire. Durant cette periode, oü chevaux et cavaliers se renouvelaient si vite, on n'avait guere le loisir de suivre et d'etudier les maladies qui decimaient nos remontes; aussi les auteurs du temps ne parlent-ils pas d'affection typhoide. Pour eux, tout, de pres ou de loin, se rapporte au charbon: charbon benin, typhus charbonneux: maladie char-bonneuse, fievre charbonneuse; telles sont les denominations sous lesquelles sont marquees la plupart des affections febriles de la race chevaline, dans les
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vingt premieres annees de notre siecle.
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En 1824, alors que la paix avait repeuple nos ecu-ries, une epizootic terrible vint ravager la plus grande partie de 1'Europe. Elle visita successivement I'Es-pagne, I'ltalie, la Suisse, I'Allemagne, la Suede, la Russie, en passant par la France, oü eile sevitsurtout dans les departcments du nord et de Test. L'affec-tion, dans Paris, fut k ce point meurtriere, qu'au moisde mail824, 30 ä40 chevaux mouraient chaque jour, victimes du fleau.
La maladic, plus fidelcmcnt etudiec qu'elle ne I'avait ete jusqu'alors, fut nettement distinguee du charbon, de la fievre charbonneuse. Un pas de plus et Ton arrivait k I'affection typhoide.
Mais on etait k cette epoque oü regnaient sans partage les idees de Broussais, qui ne voyait dans les maladies generales que des affections franche-ment inflaramatoires, l'alteration du sang ne surve-nant qu'ä titrc de complication.
La doctrine de Broussais devait fatal ement s'im-poser k la medecine veterinaire. Entraines par eile, les auteurs ne virent dans les grandes epizootics qui sillonnaient I'Europe, qu'une affection simplement inflammatoire, une gastro-enterite compliquee, il est vrai, le plus souvent, d'angine, de bronchite, d'he-patite ou de peritonite, mais sans caractere special.
Cependant, tandis que les veterinaires frangais s'egaraient k la suite de l'ecole physiologique de
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Broussais, l'ecole de Vienne discernait dans la ma-ladie regnante du cheval une affection generate avec localisations; affection analogue, en sorame, au typhus abdominal de l'homme. L'idee germee, le mot devait tot ou tard fleurir. L'ecole de Vienne decrivit, sous le nora de typhus et de maladie typho'ide, I'af-fection qui nous occupe.
Cette expression, qui place dans l'alteration du sang le caractere essentiel de la maladie, fut adoptee d'emblee par la plupart des auteurs allemands. En France, le mouvement fut lent ä se produire. Si quel-ques auteurs, parmi lesquels Lombard, Denoc, Gour don, Raynal, adopterent aussitot les idees de l'ecole viennoise, il faut neanmoins reconnaitre que, pour le plus grand nombre, I'affection resta, comme par le passe, la gastro-enterite.
Aujourd'hui, le terme de maladie typho'ide est de-fmitivement consacre pour designer ces affections epizootiques. Mais, comme si la science ne devait ar-river k la verite qu'apres avoir epuise toutes les formes de l'erreur, par une reaction bien curieuse, les auteurs, apres avoir nie I'affection typho'ide, en sont venus k en exagerer la frequence. II est des ve-terinaires qui taxent de typho'ide toute inflammation dont la marche n'est pas absolument franche, ou dont 1'evolution se compliqued'accidentscerebro-spinaux. C'est encore sous le nom d'affection typhoide qu'on
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voit souvent decrire la grippe ou influenza, I'etat gourmeux, les pleuro-pneumonies, et ces differentes inflammations du tube digestif, du foie, des centres nerveux, qui, frequemment, se montrent sous forme d'epizooties.
Cette confusion si gran de et si prejudiciable au progres de la pathologie veterinaire est plus fre-quente qu'on ne pourrait le croire. Hering, Rey, ont dejk signale le peril; nous ferons tous nos efforts pour jeter quelque lumiere sur cette question encore si obscure.
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CHAPITRE II.
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äTIOLOGIE.
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Pour exposer avec quelque methode cc chapitre si complexe, si encombre et si peu connu pourtant de l'etiologie de Taffection typhoide, nous adopterons, faute de mieux, la division classique en causes pre-disposantes et causes occasionnelles.
Causes prddisposantes.
Nous 1'avouerons sans peine, si Ton met k part Tinfluence, prouvee maintenant, et de Tacclimate-ment et de la preparation k la vente, la plupart des propositions formulees par les auteurs en ce qui con-cerne les causes predisposantes du mal, manquent de base, se contredisent el s'effondrent sous le poids de l'observation des faits.
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Neanmoins, pour ne pas paraitre incomplet, nous nous conformerons ä Fusage, en passant en revue, sans y attacher du reste une trop grande importance, les questions d'äge, de saisons, de climats, de temperament, etc.
Age. — Tres rare dans le tout jeune äge et dans la vieillesse, la fievre typhoide s'attaque ordinaire-ment aux chevaux jeunes. On est generalement d'accord sur ce point; mais faut-il conclure de lä que l'affection soit inherente k Tage meme de l'animal? Nullement. La maladie nous semble bien plutot le resultat d'un changement complet de vie et d'habitude,
Rappelons-nous en effet que Tage de la fievre typhoide est aussi celui des remontes et de la conscription des chevaux.
II serait injuste de passer sous silence les faits de fievre typhoide chez des chevaux ages. Dans plusieurs regiments, la constatation de cette maladie sur des sujets d'un certain age, voire meme sur de vieux chevaux, a ete mentionnee. M. Lavalard a rapporte ä la Societe centrale de medecine vete-rinaire certaines observations qui, du reste, sont pour lui des raretes et n'infirment en rien la regie generale (1).
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(1) laquo; Le ddpöt de Vincennes, qui compte un eifectif de 400 ehe-
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Saisons, Climats. — Generalement et depuis long-temps admise, I'influence saisonniere n'est qu'une cause banale et sans valeur serieuse.
D'apres I'opinion la plus repandue, c'est en au-tomne, vers le mois d'octobre, que le mal sevit dans toute sa vigueur; il s'amende peu ä pen en hiver et diminue ou disparait au printemps.
Les hivers tiedes et humides favoriseraient son eclosion et sa dissemination ; au contraire, les froids rigoureux I'entraveraient.
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laquo; vaux, nous a donnö 1'exemple le plus remarquable d'une conta-laquo; gion et d'une infection extraordinaires.
laquo; Ayant cent places vacantes dans cet Etablissement, dans laquo; des öcuries compiötement inddpcndantes des autres, j'avais pensö laquo; que puisqu'il n'y avail pas un seal cheval dans ce d^pöt, je pour-laquo; rais, sans aucun ineonvönient, y transporter des convalescents laquo; et meme des malades d'affection typhoide. Tout alia bien laquo; pendant une quinzaine de jours, et les chevaux transportds se laquo; remettaient assez bien, lorsque la situation de plusieurs d'entre laquo; eux s'aggrava tout d'un coup, et ils moururent.
laquo; A partir de ce moment, les chevaux anciens du ddpöt furent laquo; atteints. On aurait dit qu'un souffle avail passö sur l'ätablis-laquo; semenl.
laquo; Tons les chevaux, en gönöral, Elaient tristes, ne mangeaient laquo; plus ni ne buvaient plus ; ils faisaient difficilement leur service.
laquo; Tous les jours, 7 ä 10 chevaux Etaient retires des rangs comme laquo; plus malades.
laquo; A ce jour, sur Veffeetif de 400 vieux chevaux environ, plus (( de 60 sont dejä entres dans les infirmeries et 3 sont morts. laquo; [Bulletin de la Societe centrale de medecine velerinaire, ii avril laquo; 1881).
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Les transitions brusques du froid au chaud et reci-proquement ont ete souvent incrimines.
La statistique de M. Mitaut, qu'on trouvera plus loin, va nous montrer le cas qu'il faut faire de l'im-portance des saisons dans l'etiologie de la fievre typho'ide.
Les contrees humides, si Ton en croit certains au-tfiurs, sont un lieu d'election pour I'affection typho'ide; d'autres, sans beaucoup plus de preuves, ont accuse la chaleur et la secheresse.
Quoi qu'il en soit, les decompositions organiques sont des agents puissants de ddveloppement de la maladio.
L'influence pathogenique de l'altitude sur la fievre typho'ide du cheval parait etre indifferente. Des cas incontestables ont ete observes ä plus de 2,000 metres au-dessus du niveau de la mer. Nous croyons done que Lombard (de Geneve) a trop facilement generalise ses observations personnelles en posant comme un principe de pathologic generale que l'atmosphere des hauts plateaux parait peu favorable au developpement et h la propagation des maladies zymotiques.
La quantite plus ou moins grande d'ozone con-tenue dans I'athmosphere ne serait pas, dit-on, sans influence.
Temperament, Preparation ä la vente. — Un cheval
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faible, epuise, gourmeux, se trouve certaincment dans de meilleures conditions d'aptitude morbide que celui qui, plein de force et de vigueur, pent faire face aux depenses imposees ä son organismc par un surcroit de travail. Mais, chose remarquablc, e'est presque toujours sur les jeunes sujets les plus gras, les plus beaux en apparence, que le mal exercc surtout ses ravages.
Ces faits qui, tout d'abord, seinblent contrcdirc ce que nous venons d'avancer a I'instant, sur I'in-fluence inherente au surmenage, sent cependant tres plausibles. La majeure partie des eleveurs preparent leurs chevaux k la vente comme d'au-tres industrieis. les volailles et les animaux de bou-cherie. Les sujets, entasses dans des ecuries basses, sans air, au milieu d'une atmosphere humide et chaude, sont nourris de fecule et d'aliments d'epar-gne. Cette pratique, qui donne bientöt a I'animal une augmentation de poids considerable, est loin d'augmenter proportionnellement ses forces. En don-nant a I'animal une constitution factice, en cachant ses defauts sous un masque de graisse, cette preparation ä la vente dispose le cheval ä traverser aussi peniblement que possible, la periode dange-reuse de l'acclimatement.
Voici comment s'exprimait M. Bouley a la So-ciete centrale de medecine veterinaire de Paris,
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dans son rapport de 1874 au sujet des affections typhoides.
laquo; Dans les animaux qui ne sont pas prepares au laquo; travail par un entrainement methodique, chez laquo; lesquels au contraire le tissu adipeux est predo-laquo; minant, par le fait du regime auquel ils ont ete laquo; soumis avant la vente, les contractions muscu-a laires repetees que n^cessite un travail force laquo; n'ont pas seulement pour consequence de modi-laquo; fier la erase sanguine par une trop forte propor-laquo; tion des matieres albuminoides oxydees. Les ma-laquo; tieres grasses deposees dans le tissu adipeux ne laquo; repassent-elles pas aussi dans le sang?
laquo; La röponse ä cette question n'est pas dou-laquo; teuse; il est certain en effet que la disparition laquo; de la graisse, du tissu adipeux, est proportion-laquo; nelle ä l'activite de la locomotion, et Ton pent laquo; se demander si cette graisse absorbee sous I'in-laquo; fluence de cette activite, devenant ä un moment laquo; donne excessive, l'oxygene du sang ne se trouve laquo; pas süffisant pour lui faire subir les transfor-laquo; mations qui sont les conditions de son elimina-laquo; tion rapide du liquide circulatoire.
a Les accidents si graves que Ton constatait au-laquo; trefois, plus souvent qu'aujourd'hui, sur les laquo; boeufs de boucherie surmenes, n'avaient peut-laquo; etre pas d'autre cause que la saturation du sang,
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•aarajBj ap xuBAaqo sai jxoAaoaj sujd iuaiB|noA au 'sjuaqo sjnai ajpjad ap saoBuaui 'sajsiSjaquB sai anb imod ub 'ootS -bjuoo bi -q Buqij^Bj aaiB[udod xioa bi ;a 'apipqd -^1 uoijoajgBj juajaioBjjuoo xubuiiub sao 'jq -anu B( ^ saaauap sauai juB^oddB suBs^Bd sap xuba -aqo xub aoBid ajiBj juod 'saunoa sao jiBuoBAa uo 'aqojBoi up juof ai 'aureuias jBd sioj auß -sSauoq -UBj sai SUBP IJBdnid bi juod saaujxs 'saSaaquB sap saqao sa^noj Bduooo uo 'sapBsyjusui juB^a jarjjBnb up saunoa saq -xuBAaqo ap aaqraou puBaS un saSauog ^ in5aj 'uotjbuijojsubjj bs ap luaraoxu ub 'auaip^B^p ^uauiig^j 9f ai laquo;gggp ug ; ajuBA -ins uo^BAjasqoj jbibj •jh ^ suojunaduia suo^
•saranoiA sasnajquiou ap ?ij ^ ^a jamaap ao suBp B^pa aipBiBra bi 'jodap aajUBj b jCqoqg ap xuBAaqo sanatsuid jajjodsuBj;
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dans son rapport de 1874 au sujet des affections typhoid es.
laquo; Dans les animaux qui ne sont pas prepares au laquo; travail par un entrainement methodique, chez laquo; lesquels au contraire le tissu adipeux est predo-laquo; minant, par le fait du regime auquel ils ont ete laquo; soumis avant la vente, les contractions muscu-laquo; laires repetees que näcessite un travail force laquo; n'ont pas seulement pour consequence de modi-k fier la erase sanguine par une trop forte propor-laquo; tion des matieres albuminoides oxydees. Les ma-lt;c tieres grasses deposees dans le tissu adipeux ne u repassent-elles pas aussi dans le sang?
laquo; La reponse ä cette question n'est pas dou-s teuse; il est certain en effet que la disparition laquo; de la graisse, du tissu adipeux, est proportion-laquo; nelle a l'activite de la locomotion, et Ton pent laquo; se demander si cette graisse absorbee sous I'in-laquo; fluence de cette activite, devenant k un moment laquo; donne excessive, l'oxygene du sang ne se trouve raquo; pas süffisant pour lui faire subir les transfor-laquo; mations qui sont les conditions de son elimina-laquo; tion rapide du liquide circulatoire.
raquo; Les accidents si graves que Ton constatait au-laquo; trefois, plus souvent qu'aujourd'hui, sur les laquo; boeufs de boucherie surmenes, n'avaient peut-laquo; etre pas d'autre cause que la saturation du sang.
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laquo; tout ä la fois par I'acide carbonique, par les laquo; matieres extractives, resultant de 1'oxydation laquo; musculaire, et par la graisse absorbee en nature laquo; sous l'influence d'une marche trop precipitee et laquo; trop longtemps continuee.
laquo; En soulevant ces questions que je soumets laquo; actuellement aux reflexions de la Societe cen-laquo; trale, mon but est de montrer la voie dans laquo; laquelle il me semble qu'on devrait entrer pour laquo; arriver ä la solution du probleme de la nature laquo; de 1'affection typhoide, maladie qui parait pro-laquo; ceder de la maniere dont la force des jeunes laquo; animaux est appliquee ä la production du travail. laquo; Ce qui me semble militer en faveur de cette laquo; maniere de voir, c'est que 1'affection typhoide laquo; pent etre evitee dans une grande mesure, lors-laquo; que les circonstances permettent d'adapter. par laquo; un entrainement methodique, les animaux au laquo; travail qu'ils doivent produire ulterieurement. laquo; On pent admettre alors que lorsque par cet laquo; entrainement qui consiste dans un exercice jour-laquo; nalier, de courte duree et ä vilesse moderee, on laquo; ne donne lieu k 1'oxydation des matieres albu-laquo; minoides et graisseuses que dans une juste me-laquo; sure, rigoureusement proportionnelle ä 1'activite laquo; des appareils elemmateurs, le sang ne se trouve laquo; pas sature de ces matieres extractives dont la
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surabondance altenuerait, partout, dans l'hypo-these oü je me place, et pourrait meme sus-pendre la propriete contractile, non seulement dans les muscles, ce qui se traduirait par la fai-blesse excessive, mais encore dans les parois des capillaires, ce qui donnerait lieu aux stades caracteristiques de la maladie et aux troubles fonctionnels des organes secreteurs, ce qui donnerait lieu ä ces lesions locales qui, suivant leur siege, peuvent entrainer la mort dans un temps plus ou moins rapide, par 1'interruption des fonctions principales: innervation, respiration, fonctions digestives, etc. (1). raquo;
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Agglomdration, Aeration. — L'encombrement, on le congoit sans peine, joue un role considerable, sinon dans ie developpement, du moins dans la propagation de l'affection typhoide.
Tons les auteurs s'accordent ä reconnaitre que la maladie tend ä s'aggraver dans les ecuries oü les animaux, sains ou malades, sont reunis en grand nombre, tandis qu'elle s'amende sensible-ment si les chevaux sont ecartes et dissemines sur
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(1) Recueil de medecine veterinaire (aoul 187?, p. 160), Bullelin de la Societe centrale de medecine veterinaire.
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une superficie plus considerable et, mieux encore, si les malades sont isoles.
Zundel, dont le merite est connu de tous ceux qu'int^resse la ra^decine veterinaire, dit avec raison : laquo; Quoique chez les chevaux de l'armee les conditions d'äge et d'autres circonstances constituent des causes adjuvantes et actives pour cette maladie, d'une maniere generale, on doit rapporter surtout la frequence si considerable du typhus k' Tencombrement des lieux habites et h 1'abondance des emanations putrides.
laquo; Tres souvent dans une garnison considerable d'une grande ville, quoique d'ailleurs les animaux vivent tous dans les memes conditions, la maladie n'atteint qu'une caserne ou seulement une ecurie de la caserne, surtout celle expos^e aux emanations des fumiers, celle oü 1'air ne peut pas toujours empörter les miasmes.
laquo; Si les emanations des fumiers, plus frequentes dans les campagnes que dans les villes, y produi-sent cependant moins souvent des fievres typhoides, cela provient de ce que la circulation de l'air y est plus facile et lave pour ainsi dire I'atmosphere. raquo;
D'abord, l'exercice regulier des fonctions de Teconomie demande toujours une certaine somme d'oxygfene au-dessous de laquelle, bien que la vie reste possible, I'organisme cependant souffre,
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s'etiole et, partant, devient incapable d'opposer une resistance efficace aux principes morbifiques qui I'entourent. La quantite d'air consomme repond ordinairement au volume de l'animal. Un cheval adulte exige environ 115 metres cubes par vingt-quatre heures: cette proportion ne s'applique, bien entendu, qu'aux animaux en bonne sante; eile devient insuffisante en cas de maladie, dans les milieux oü regne une epizootic.
D'autre part, le transport du poison typhogene par I'air ambiant n'est pas contestable. Nous revien-drons sur cette importante question des milieux quand nous ^tudierons la doctrine des germes-contages k propos des causes occasionnelles.
Acclimatation. — Certains auteurs ont accuse, non sans raison, les voyages en chemin de fer d'avoir multiplie la frequence des affections ty-pho'ides. Les explications donnees par eux sont le brusque cbangement de climat, le refroidissement par les courants d'air. l'insuffisance de 1'alimenta-tion, la frayeur, les surexcitations.
Sans nier absolument l'influence de ces causes, nous croyons qu'il y a lieu d'incriminer surtout Tagglomeration, et, sans doute aussi, dans la ma-jorite des cas, l'acclimatation des animaux. • Sauf de tres rares exceptions, les chevaux incor -
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pores depuis longtemps sont tout k fait epargnes; ni la fatigue, ni rinsuffisance de noumture, ne pa-raissent suffire k developper chez eux l'eclosion de la maladie qui nous occupe en ce moment.
Cependant dans quelques regiments oü un assez grand nombre de chevaux faits ont ete atteints, on a remarque que l'apparition du mal coincidait avec la rentree des grandes manoeuvres, des ecoles h feu, etc., pendant lesquelles les animaux avaient du supporter des fatigues considerables et s'etaient trouves dans de fächeuses conditions au point de vue de l'alimentation et des variations atmosphe-riques.
C'est surtout sur l'eleinent jeune des groupes, sur les chevaux qui viennent d'arriver au corps, que se recrutent, dans l'armee, les victimes des epizootics typho'ides. Ce fait, bien connu des vete-rinaires, est autrement important que l'influence saisonniere.
Ce n'est pas avec les perturbations atmospheri-ques et les changements de temperature que coincide l'apparition ou la recrudescence de l'affection typhoide; eile est, avant tout, en rapport avec les remontes nombreuses,
Les statistiques regimentaires le prouvent de la maniere la plus peremptoire.
Dans Tun des interessants memoires de M. Mi-
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taut, veterinaire principal, se trouve un tableau chronologique des epizooties survenues de 1841 k 1864 au 9e regiment d'artillerie ; sa statistique etablit que tous les mois de l'annee peuvent etre tributaires du fläau, suivant l'epoque de l'incor-poration des chevaux neufs. L'epizootie a eu lieu :
Pour l'anndo 1841, en fdvrier.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1846, en juin et juillet.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;. 1830, en janvier.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1854, en novembre et d^cembre.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1853, en septembrc et octobre.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1859, en octobre et novembre.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 186^5, en avril et mai.
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1864, en mai et juin.
En 1881, l'affection atteignant successivement un grand nombre de corps dans l'armee, a fait son apparition en janvier, fevrier, dans les remontes, et s'est propagee durant le printemps et l'ete dans les regiments.
Causes occasionnelies.
Abordant maintenant l'etude des causes occasionnelies, nous nous heurtons tout d'abord ä cette question d'une importance capitale : La maladie typhoide des cbcvaux est-elle ou n'est-elle pas contagieuse'#9632;, Le pour ot le centre out ete passionnement sou-tenus.
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Aujourd'hui, la plupart des veterinaires croienl a la contagion, et nous nous rangeons k leur ma-niere de voir.
Mais comme cette question vaut la peine d'etre etudiöe de pres, nous nous faisons un devoir de reproduire successivement les arguments contraires et favorabies k la theorie du gerrae-contage.
L'un des faits le plus souvent invoques contre la theorie de la contagion, c'est Timmunite dont jouis-sent certains chevaux dans beaucoup d'ecuries oü se promene I'affection.
On en conclut qua la maladie typhoide est sim-plement une affection saisonniere pouvant atteindre simultanement tous les animaux qui se trouvent dans les memes conditions de resistance, d'hygiene ou de milieu.
Ce raisonnement ne peut guere se soutenir. Ne savons-nous pas d'abord que les chevaux, passe I'epoque critique, sont en quelque sorte affran-chis quand ils ont une fois paye leur tribut?
D'ailleurs, les maladies les plus franchement con-tagieuses, les maladies virulentes, atteignent-elles toujours tous les sujets soumis k leur influence?
Pour toutes les epizootics, il y a des refractaires; la chose est d'observation commune.
Pretendre que la fievre typhoide n'est pas con-tagieuse parce que les sujets qui vivent autour des
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malades peuvent etre epargnes, equivaudrait ä dire, suivant l'ingenieuse coraparaison de Budd, qu'une touffe de roseau penchce sur un cours d'eau n'a pas la faculte de se reproduire, parce que les graines ne germent pas sur place et qu'elles sont entrai-nees par le courant loin de leur origine. En d'au-tres termes, pour que la maladie eclate, deux fac-teurs sont necessaires : un germe et un terrain favorable.
Enfin, l'immunit^ de certains sujets ne s'explique pas mieux, en admettant la nature saisonniere du mal, qu'en acceptant la contagion. Si la maladie vient uniquement d'un changement de temperature ou d'habitude, pourquoi tous les chevaux vivant dans les memes conditions ne sont-ils pas atteints ?
Quelques auteurs, parmi lesquels Gerard, Hering, se sont bases, pour battre en breche la doctrine de la contagion, sur les resultats negatifs de l'inoculation faite sur des lapins, des chiens, des chats, des pores.
A ces experiences nous pourrions opposer des faits contradictoires observes par Coze, Falke, Rey-nal, Signol, etc. Mais que resulte-t-il de tout cela?
MM. Vulpian et Troisier, ä la suite d'inoculations pratiquees sur des lapins avec du sang d'un homme atteint de fievre typhoide, n'ont observe qu'une aug-
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mentation passagfere de la temperature, avec augmentation egaleroent transitoire des globules blancs dans le sang.
Davaine, Behier, Liouville, k la suite de tenta-tives analogues, n'ont jamais observe, dans les phe-nomenes provoques, que des symptomes de septi-cemie.
Ces auteurs en ont-ils conclu que la fievre ty-pho'ide de l'homme n'etait pas contagieuse ? Nulle-ment. Ce n'est pas sur une espece differente qu'il faut tenter l'inoculation du mal.
Pour la fievre typhoide de l'espece chevaline, il faut operer sur des chevaux. C'est de cette fa,sect;on qu'a precede M. Salle, et voici le resume de son experience : les produits de l'air confine d'une ecu-rie contenant seulement des chevaux sains, ont öte injectes dans le sang d'un cheval sain sans produire le moindre resultat. Par centre, les produits de Tatmosphere d'une ecurie logeant des sujets ty-phoides ayant ete injectes dans les veines d'un cheval sain, la maladie a ete transmise. Mais ä cot^ des recherches de M. Salle, nous devons signaler les resultats n^gatifs auxquels est arrive, Tan dernier, le savant professeur Arloing, en introduisant dans l'organisme de chevaux sains le sang de chevaux infectes.
Quoi qu'il en soit des recherches experimentales.
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la contagion de la maladie typhoide de l'espece che-valine est de plus en plus admise. Chaque jour des faits nouveaux deraontrent que I'infection pent etre import^e d'un lieu dans un autre par un sujet con-tamine.
La question des inoculations experimentales reste encore en suspens; mais d'insucces relatifs, ne nous batons pas de tirer des conclusions absolues; car tout en admettant en principe la perfection technique de rinoculation, il reste toujours ä prouver que le sang fourni pour les experiences provient de chevaux reellement atteints de la fievre typhoide, et non d'un etat typhoide.
L'un des premiers, Boiteux, veterinaire militaire, a rapporte en 1860 un certain nombre de cas de contagion absolument indiscutables. A dater de cette epoque, les observations se multiplient.
En lisant les bulletins de la Societe centrale de medecine veterinaire et de la Societe pratique de vaamp;-decine veterinaire, on trouve, k propos de la discussion soulevee I'annee derniere par la maladie regnante, des exemples bien curieux et bien in-structifs.
Un veterinaire de la province achete, pour son service, un cheval k Paris, et l'emmene dans son pays oü I'affection typhoide est inconnue. Le cheval, qui sortait du foyer de l'^pizootie, contracte au bout
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de quelques jours la maladie dont il avait empörte ,le germe, et raffection se repand alors dans la localite, ou nul cas anterieur n'avait ete constate.
Un culivateur habitant une ferrae isolee, achete un cheval neuf k Paris; 1'animal tombe malade quelques jours apres son arrivee; bientöt, dix che-vaux sont malades dans la meme ferme.
Dans les environs de Ghätillon, dit M. Latour, toutes les ecuries etaient indemnes; survient la vente de l'ecurie Fould; les chevaux de cette ecu-rie, qui avaient contracte la maladie au Tattersal, deviennent des agents propagateurs. Peu de temps apres, la plupart des ecuries s'etant fournies k cette vente etaient atteintes par la maladie.
Dans plusieurs regiments eloignes de Paris, I'ap-parition de la fievre typhoide a coincide avee 1'arrivee de jeunes chevaux provenant du depot de remonte de Montrouge, oü regnait 1'affection.
Dans la seance du 14 avril 1881, M. Signol rappelait, devant la Societe centrale de medecine veterinaire, un fait bien probant observe par lui ä la Compagnie des omnibus. La ligne de Bati-gnolles-Odeon etait dessservie par les depots de Clichy et de la rue d'Ulm. La maladie, qui existait depuis longtemps dejä, dans Tetablissement de Clichy, n'avait pas ete vue dans celui de la rue d'Ulm. Les necessites du service ayant oblige de
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transporter plusieurs chevaux de Clichy ä l'autre depot, la maladie eclata dans ce dernier et y fit. de nombreuses victimes.
Nous empruntons ä M. Palat I'observation sui-vante : En 1866, le 4e regiment d'artillerie, au moment de sa transformation, regut k Bourges un grand nombre de chevaux. Les ecuries du quartier etant insuffisantes, on occupa toutes celles des auberges, situees pour la plupart dans les faubourgs. Une fois par semaine, le jour du marche, on evacuait ces ecuries, pour faire place aux chevaux des paysans apportant leurs denrees k la ville. Or, ces animaux contracterent I'affection ty-phoide, et la voix populaire l'attribua k la contagion, au point que les aubergistes, menaces de perdre leurs clients, ne voulaient plus recevoir les chevaux de l'armee.
M. Salle exposait, le 9 juin, devant la Societe centrale, le fait suivant, observe dans un escadron du 9C regiment de dragons :
Le 12 mai, arrive du depot de Montrouge, alors infecte par la maladie regnante, un convoi de six animaux; Tun d'eux, la jument Prise, ägee de 6 ans, fut aussitöt confiee en dressage ä un officier. Par ce fait, cette bete ne fut pas placee au milieu des autres jeunes chevaux; mais eile fut casee
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dans l'escadron, ä cote meme du cheval de cet officier.
Deux jours apres, c'est-ä-dire le 14, ranimal presente les signes de l'affection regnante ä Paris; eile est aussitot mise ä rinfirmerie.
Le 18, Tun des voisins de cette jument. Masse, ägee de 13 ans, monture de l'officier, est frappee ä son tour, soit apres quarante-huit heures de contact avec Prise, et apres quatre jours du debut sur celle-ci.
La jument Masse meurt le 21.
Le 19, l'autre voisin de Prise, le cheval EUgant, äge de 7 ans, est frappe, quoique ayant cesse son contact prolonge avec Prise et Masse.
Autres faits : Poncette, 6 ans, placee non loin de Prise et de Masse, entre le 14 ä rintirmerie, le jour meme du debut de la maladie de Prise, et meurt le 17.
A la gauche de Poncette, etait un mur; a sa droite etait la jument Page, qui entra le 21 ä rinfirmerie. Elle fut tres serieusement malade, mais finit par guerir.
Dans la meme ecuriej Dtesse, 8 ans, jument de trait, plethorique; frappee le 24, meurt le 27.
A sa droite, un autre cheval d'attelage. Mail, entre a rinfirmerie le 26 et meurt le 31.
Pan, 7 ans, place dans un coin, entre ä l'infir-
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merie le 27 et meurt le 30. Son voisin, Bible, avait ete amene le 21; il entre en convalescence apres avoir ete des plus malades.
En concluant, M. Salle fait remarquer que, dans tons les cas, il y a toujours eu relation de voisinagc.
Nous pourrions multiplier les exemples de cette nature, mais il nous semble amplement demontre que la fievre typhoide du cheval se propage de proche en proche chez une serie d'animaux qui ont entre eux des rapports plus ou moins immediats.
En outre,, il est manifeste que I'affection, trans-portee ä distance du foyer primitif, pent aller con-stituer d'autres foyers.
Nous croyons, avec le plus grand nombre des auteurs contemporains, qu'il est difficile de refuser k un semblable mode d'expansion le nom de contagion, si 1'on prend comma definition celle qu'a donnee Littre : la transmission de la maladie d'un individu k un autre par I'effet d'un contact mediat ou immediat.
Cependant, si la doctrine de la contagion fait avancer d'un grand pas la question de la pathogenic dans I'affection typhoide du cheval, il faut avouer qu'elle ne la resout pas.
La maladie est contagieuse. Ce point nous est defmitivement acquis; mais I'eclosion spontanee n'est-elle pas quelquefois possible ? et dans le cas
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de contagion bien evidente, quels sont les agents
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de transmission ? Quelle est la nature du contage i Autant de questions qui restent en suspens.
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Gherchons d'abord par quelles voies le principe morbifique passe d'un sujet ä un autre. Nous savons dejä qu'un air confine et insuffisamment re-nouvele favorise le developpement de la raaladie typhoide. Les veterinaires ne font nulle difficulte d'admettre que le poison peut se repandre soit par les selles, soit par les exhalations pulrnonaires et cutanees dans l'atmosphere oü il se multiplie. Les exemples abondent; mais la transmission par l'in-termediaire de l'air ne demontre pas la nature gazeuse du contage ; eile implique seulement sa dissemination en particules assez fines pour pouvoir flotter librement dans Tatmosphere. Ne sait-on pas en effet que l'air contient toujours des quantites plus ou moins considerables de corpuscules, des organisraes ou des spores de toute espece? Ainsi, d'apres Miquel, dont les travaux aeroscopiques ont atteint une si grande precision , un metre cube d'air contient, dans le pare de Montsouris, une centaine de bacteries ; dans les appartements de
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Paris, de deux ä trois mille, et dans les salles des höpitaux, de sept ä huit mille.
L'absorption par le tube digestif joue aussi un grand role dans la pathogenie de la fievre typhoide.
Un cas tres curieux, communique par M. Hue ä la Societe de medecine veterinaire pratique, montre que la transmission du virus pent se faire par la saliveä
Un cultivateur avait un cliamp qu'il labourait avec des chevaux chez lesquels la fievre typhoide etait ä l'etat d'incubation; au detour de ce champ il y avait du ble vert dont les animaux mangerent. Un autre cultivateur, possesseur d'un terrain limitrophe, vint le labourer, et ses chevaux. qui n'a-vaient jamais etc malades, mangerent des tiges auxquelles ceux de son voisin avaient touche. lls contracterent la fievre typhoide, probablement par 1'absorption de la salive des chevaux malades, salive restee sur les tiges de ble.
M. Hue ajoute'que la salive deposee sur I'avoine, dans les räteliers, dans les mangeoires, dans les seaux, voire meine dans l'eau des mares, est un des agents les plus actifs de la propagation de la fievre typhoide (1).
Heubner pense que la maladie pent etre parfois
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(1) Presse veterinaire, 31 juillet 1881, p. 2i.
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import^e par les fumiers, qui deviennent ainsi de veritables foyers d'infection (1).
L'opinion d'Heubner est, d'ailleurs, maintenant confirmee par une foule d'observations indiscuta-bles.
Nous devons a M. Duplessis, veterinaire principal, les observations suivantes :
Au 21e dragons, I'epizootie debute sur les chevaux du 4laquo; escadron, loges dans une ecurie dis-tante seulement de lm,S0 du depot des fumiers. Les fumiers etant transportes ä 300 metres des ecuries du corps, la maladie s'amende et disparait bientot.
Au 5e cuirassiers (juin 1881), 103 chevaux sont atteints d'affection typho'ide. On fait aussitöt camper tous les animaux sains, et neanmoins I'epizootie continue ses ravages sur les chevaux de deux escadrons; or ces chevaux n'etaient qua 3 metres du depot des fumiers du camp. La litiere suppri-mee, les fumiers transportes k 600 metres, derriere un rideau d'arbres, I'affection s'eteint en quinze jours.
Au 13e dragons, des l'apparition de la maladie, on fit camper tous les chevaux du corps sur le terrain de manoeuvre de Compiegne, sans litiere, les
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(i) Hcubncr, Influenza des Pferde. Berlin, 1807.
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crottins enleves toutes les deux heures et transport's k 500 metres dans une clairiere de la foret, der-riere un rideau d'arbres. Ces mesures suffirent pour arreter, presque tout ä coup, le develop-pement de l'affcction typhoide sur les chevaux de ce regiment.
M. Bizot, veterinaire principal, nous a dit avoir constate bien des fois,dans les regiments, I'influenco considerable des fumiers sur le developpement de la fievre typhoide des chevaux. Aussi, dans les quartiers oil regne l'affection, prescrit-il de fermer toutes les ouvertures donnant sur les fosses h fumiers, de retirer les jeunes chevaux des ecuries si-tuees k proximite de ces fosses ot meme, si cela cst possible, d'evacuer complotement les locaux pendant quelque temps.
M. Feger, veterinaire principal, a observe en 1881, au 32deg; regiment d'artillerie, que la fievre typhoide frappa d'abord les chevaux des lle et 12e batteries qui occupent les bätiments voisins d'une fabrique d'engrais et du depot des fumiers. On a pu remarquer aussi, dans ce meme regiment, la tendance qu'ont les maladies d'un caractere epidemique h scvir de preference sur les hommes loges a proximite de la fabrique et des fumiers.
C'est encore par les boissons que la propagation pent se faire. Tantöt l'eau provenant d'un
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puits, d'une prise d'eau, d'une conduite, est viciee des son origine par des infdtrations du sol au voisinage des fosses d'aisances ou des fumiers, et la source devient alors un veritable foyer typho-gene.
Tantot I'eau potable, saine quand eile est versee dans les auges oü les chevaux du corps boivent ensemble, pent etre infectee par les animaux qui, por-tant deja le germe du mal en eux-memes, ne sont pas encore manifestement atteints et viyent au quartier de la vie commune.
L'annee derniere, k Fontainebleau, pendant I'epi-zootie typho'ide, alors que les chevaux de l'Ecole restaient fort peu eprouves, ceux du reste de la garnison furent frappes dans des proportions exces-sives. Peut-etre que rimmunite relative des premiers tenait ä l'hygiene generale, ä leur äge, ä leur bon etat d'entretien. Mais n'est-il pas digne de remarque que la distribution des boissons qui, a I'Ecole, se faisait separement dans des seaux, n'avait lieu dans les autres corps qu'ä l'aide de l'auge commune?
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Nous quittons ici la limite extreme des faits pour entrer dans le domaine des theories, des hypotheses.
Si Ton parcourt les nombreux ecrits publies de-puis une dizaine d'annees sur la question qui nous occupe, on voit toutes les idees emises se partager en deux courants bien distincts. Pour les uns, la fievre typhoide du cheval n'apas d'agent specifique, pas de microbe; I'infection, due ä l'action nocive des substances animales ou vegetales, n'agit que dans la sphere du foyer d'oü emanent ces miasmes morbifiques. L'infection se propage bien par contagion de rindividu malade ä Tindividu sain; mais ce n'est pas en faisant penetrer dans son organisme une bacteridie; c'est en alterant I'air par un virus volatil, par un miasme.
En pathologic generale, ce mode de propagation des maladies est connu aujourd'hui sous le nom d'infecto-contagion.
Si le principe morbifique n'est pas un organisme special, vivant de sa vie propre et se reproduisant k rinfini, s'il s'agit simplement d'une intoxication putride, rien n'empeche plus d'admettre I'origine spontanee de la fievre typhoide pour les cas, fort nombreux du reste, oü la maladie n'est imputable
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— SO-ti aucune cause apparente. L'organisme peut aiors etre considere avec Stich, comme renfermant tou-jours en lui-meme les materiaux d'un empoison-nement putride contenu dans le tube digestif ou dans les exhalations pulmonaires. A I'etat normal, I'elimination plus ou moins rapide de ces pro-duits deleteres, ou leurs transformations, maintien-nent l'organisme dans une integrite complete; mais vienne une perturbation quelconque, I'influence no-cive des produits n'est plus alors neutralisee, les materiaux putrides peuvent devenir le poison ty-phique, et la maladie est ainsi engenclree de toutes pieces.
II est evident que nous n'exposons cette conception pathogenique qu'k titre d'hypothese; mais nous devons au moins reconnaitre que la theorie de Stich a pour eile le merite incontestable de mettre en plein relief I'influence des agents auxiliaires, c'est-ä-dire de toutes les mauvaises conditions hygieni-ques que nous avons etudiees sous le nom de causes prMisposantes.
A la theorie de 1'infection pure et simple, un nombre toujours croissant d'auteurs opposent celle du germe-contage. Pour eux, la fievre ty-phoide du cheval est une maladie specifique deter-minee par la presence dans 1'economic, d'organis-mes vivants, de microbes. Ces infiniment petits.
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dont nous n'avons pas h discuter ici I'origine (1), ont ete de nos jours l'objet des plus serieuses etudes de la part de Cohn, Hoifmann, Huxley, Robin, Son-derson, Pouchet, Pasteur, Lister, Davaine, Villemain, Chauveau, Colin et d'un grand nombre d'esprits su-perieurs.
Le but de leurs travaux a ete la recherche dans les liquides virulents, d'elements figures, vi-vants, bacteries ou microbes, qui, lances dans la circulation d'un organisme sain, I'infectent par une sorte de fermentation, laquelle, multipliant ä rinfini ces elements figures, transforme I'individu en un nouveau foyer d'infection.
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(1) Nous croyons cependant devoir mottre sous les yeux du lec-leur les ligncs suivantes que nous empruntons ä M. P. Miquel, et qui r^sumenl admirablcment Vital de la queslion sur I'origine des germes-contages:
laquo; La thßorie de la generation spontan^e ötant dcartde par des laquo; experiences que nous eonsiddrons corame indiscutables, on reste laquo; encore en prdsencc d'opinions trfes diverses, souvent inconcilia-laquo; bles, sur I'origine des vibrioniens.
laquo; Certains savants les considferent comme naissant d'un germe laquo; special comparable de tous points aux oeufs et aux graines des laquo; espäces animales et vägötales plus 61evöes dans rßchelle de la laquo; creation ; d'autres veulent que les bactdries soient sdcrdtdes par laquo; les moisissures vulgaircs; d'un aulre cötd, quelques microbo-laquo; tanistes pensent que les moisissures vulgaires naissent des bac-laquo; tdries; enfin, une opinion assez accrdditde est celle qui attribue laquo; aux vibrioniens la facultd de se transformer suivant les milieux laquo; oii ils vivent en espfeces multiples et de devenir tour ä tour, par laquo; polymorphisme, bactdries, bactdridies, vibrions et ferments. raquo;
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On sait quels succes ont couronne les immortelles recherches de Pasteur sur le charbon et le cholera des poules. Mais faut-il du particulier con-clure au general ? Faut-il dire avec Bouillaud : laquo; Comme certaines contagions par excellence ont laquo; pour cause prochaine ou pour contagion un etre laquo; organise, parasitaire, ne serait-il pas permis de laquo; supposer que d'autres etres organises d'une es-laquo; pece donnee, sont aussi les agents des autres laquo; contagions? raquo;
La question des microbes est plus que jamais ä l'ordre du jour, et nous pouvons dire qu'en ce qui concerne la specificite de la fievre typhoide du cheval, les recherches sont activement poursuivies dans plus d'un laboratoire. Cependant, qu'avons-nous de precis ? Rien encore. Nous ne pouvons done pas affirmer l'origine microbienne de la fievre typhoide du cheval. Mais qui sait si I'hypo-these d'aujourd'hui n'est pas la verite de demain?
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CHAPITEE III.
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SYMPTOMATOLOGIE.
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Sans exces de travail, sans refroidissement, pour ainsi dire sans cause appreciable, un cheval perd tout ä coup I'appetit, ou, s'il mange encore, il semble que ce soit plus par habitude que par be-soin. II laisse l'avoine et ne prend le fourrage qu'avec nonchalance. Sa soif, au contraire, est grande, il parait ne pouvoir I'assouvir.
Le malade se montre abattu, mou au travail; on le voit souvent couche. Attache, il est ä bout de longe, les membres rapproches sous le corps, les reins cambres, I'encolure basse, la tete appuyee sur la mangeoire ou reposant sur la litiere. II semble ^prouyer une cephalalgie intense. On peut piquer, pincer la peau, sans provoquer de reaction notable.
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La marche est incertaine; les membres poste-rieurs s'entrecroisent, oscillent au point que le malade menace de tomber k chaque pas. Le moindre exercice suffit pour accelerer la respiration, multiplier et renforcer les battements du coeur. Des ce moment, le pouls est mou, faible, lent, irregulier, et le tbermometre accuse une augmentation de temperature. Les muqueuses sont d'un jaune citrin ou safrane.
C'est seulement un jour ou deux plus tard que la maladic prend une allure plus nette. L'adynamie s'accentue, une grande faiblesse se trahit dans toutes les fonotions. Le cheval malade est plonge dans, une stupeur plus ou moins profonde; ses paupieres sont tumefiees, ses yeux larmoyants. La sensibilite parait presque abolie, mais il y a plutöt abolition de la perception qu'anesthesie veritable (Zundel).
Pendant que les forces tombent, la fievre, com-pagne inseparable de l'etat typhoide, s'af'firme et passe au premier plan. Elle existe meme avant toute manifestation locale. Avec ses exacerbations vesperales et ses remissions du matin, eile a dans sa marche quelque chose de regulier et de typique. Mais les complications d'une part, et d'un autre cöte Tinfluence d'une therapeutique energique, peu-vent produire dans le cycle febrile des perturbations profondes.
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Le pouls est le plus souvent raou, irregulier, faible et contraste avec la force des battements du coeur, du moins dans les premiers jours du mal; il augmente avec le developpement des symptomes. Un de ses plus remarquables caracteres est la grande variation d'amplitude et de frequence qu'on constate suivant les jours et les heures.
C'est surtout dans les cas graves que le dicro-tisme se montre.
La thermoscopie n'a pas encore ete beaucoup appliquee ä l'etude de la fievre typhoide du che-val; cependant un certain nombre d'observations consciencieuses ont montre quels elements d'ap-preciation pent fournir l'emploi du thermometre pour le diagnostic et le pronostic de la maladie qui nous occupe.
Le thermometre donne une mesure assez exacte de 1'etat gendral. Le plus souvent la vitesse du pouls marche d'accord avec la temperature.
On pent du reste poser en principe que dans les pyrexies, la chaleur et le pouls suivent ordinaire-ment une courbe parallele. Si Ton eleve artificiel-lement la temperature d'un animal, il est facile de constater une acceleration proportionnelle des pulsations de l'artere. La frequence du pouls chez le foetus monte ou descend avec la temperature de la mere.
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Chez rhomme, dont la chaleur normale se rap-proche sensiblement de celle du cheval, voici, d'a-pres Lorain, quelle serait en moyenne la frequence du pouls correspondant k la temperature rectale :
Temperature..... 37,5 38,S 39,3 .40,3 41,3.
Pulsations....... 70 93 120 143 160.
Neamnoins, il serait inexact d'etablir entre I'ele-vation thermique et la frequence du pouls un rapport immuable ; chaque individu reagit sous la fievre, selon ses predispositions speciales, son im-pressionnabilite variable et le chiffre normal de sa temperature.
Les localisations morbides ne seraient pas non plus indifferentes en ce qui concerne la discordance de la temperature et du pouls. D'apres le professeur Jaccoud, la congestion du bulbe et des pneumo-gastriques dont I'excitation determine un ralentis-sement du cceur, expliquerait physiologiquement cette anomalie apparente.
Dans I'affection dont nous etudions les symptomes, il n'est pas rare de trouver des cas oü, k cote d'une elevation considerable de la temperature, le pouls se fait remarquer par sa faiblesse et son ralentisse-ment ; en d'autres circonstances, avec un pouls
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frequent coincide un abaissement de temperature.
L'an dernier, M. Weber, k la Societe centrale de medecine veterinaire, insistait sur des faits de ce genre et parlait de chevaux atteignant 41 degres, alors que leurs pulsations ne depassaient pas le chiffre de 40 ä 50 par minute. Dans 1'epidemic de 1879, nous avons enrcgistre au 32e d'artil-lerie, une pareille discordance, et M. Goyau, veterinaire principal en retraite, nous a montr^, dans sa clientele, pendant l'epidemie de 1881, ce pouls paradoxal.
Ces faits nous permettent de conclure que I'ex-ploration du pouls ne doit, en aucun cas, rem-placer la recherche de la temperature. L'etude de la courbe thermique pent seule nous faire apprecier sürement la marche et le degre de la fievre.
D'ordinaire, dans I'affection typhoide, la temperature monte lentement pendant les premiers jours, laissant voir, du soir au matin, une remission de 4 a 7 dixiemes de degre.
II resulte de cette marche un trace avec ascension progressive.
On a produit des observations dans lesquelles le trace serait eleve des le debut de la maladie; le thermometre atteindrait rapidement 41 et 42 degres. Mais ces observations d'ascension brusque h 40 degres et au-dessus sont sujettes h discussion, k
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notre avis du inoins. II Importe, en effet, de sa-voir si la courbe thermique a ete tracee des l'inva-sion du mal ou si la temperature n'a ete prise qu a la periode d'etat; car nous savons que, la plupart du temps, les chevaux ne sont pas conduits k la visite des le debut de l'affection. II se passe ä pen pres lä ce que nous voyons dans les höpitaux quand les malades ne sont amenes qu'en pleine evolution du mal.
Ajoutons qu'il faut se garder de confondre la fievre typhoide ä localisation thoracique, avec la pneumonie fibrineuse ä allure typboide. Or, nous croyons que c'est surtout dans ce dernier cas qu'on voit des traces marquer, des le premier nyohtho-mere, une ascension brusque.
Enfin, pour obtenir des graphiques serieux, le veterinaire doit no s'en rapporter jamais qu'ii lui-meme et s'entourer de toutes les precautions ne-cessaires. La thermometrie medicale est sujette a plus d'une cause d'erreur et pent etre tenue pour chose tres delicate. Sa pratique exigc une certaine experience.
Si le thermometre toujours en parfait etat netait jamais manie que par le veterinaire; si les temperatures etaient prises regulierement aux memes heures; si I'instrument, toujours le memo pour chaque malade, restait place chaque fois le meme
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temps dans le rectum, los divergences clans les courbes deviendraient bien plus rares.
Nous pouvons d'ailleurs opposer aux observations d'ascension verticale, les trente traces pris par M. Pakt, des le debut de la maladie, dans le grand depot do la Bastille.
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Temperature rectale des chevaux da depot de la Bastille prise comme dianostic de raffection typhoide.
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Parvenue ä son fastigium, la courbe se maintient, pendant un certain temps, entre 40 et 41 degres, oscillant de 4 ä 7 dixiemes du soir au matin. Quand la maladie suit sa raarche reguliere, la courbe, au bout de six ä sept jours, descend progressivement et comme pas ä pas, jusqu'ä la temperature normale, presentant encore des exacerbations vespe-rales et des remissions du matin.
II est certain que le trace n'offre pas toujours des caracteres aussi nets. En pratique, il y a lieu de tenir compte des perturbations qui, soit spon-tanement, soit sous rinfliience de la therapeu-tique, peuvent se produire dans Torganisme malade et se reveler par des modifications de la temperature, d'oü la variete de certaines courbes; mais I'exception n'infirme pas la regie.
Lorsque, apres la periode d'etat, il y a diminution d'un degre par jour, c'est un signe favorable. Si la temperature s'abaisse sensiblement sans amelioration des symptomes generaux, il y a lieu de redouter une hemorragie interne. Y a-t-il une elevation subite du thermometre, on pent I'at-tribuer ä une rechute ou ä des complications phleg-masiques.
Quelques instants avaAt la mort, on voit, dans certains cas, une augmentation de temperature qui pentatteindre43degres; dans d'autres, au contraire,
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on constate un refroidissement qui vajusqu'äl'algi-
dite.
Somme toute, si dans la fievre typhoide du cheval le thermometre joue un role considerable, il est bon que le praticien n'ait pas seulement 1'ceil fixe sur la colonne de mercure, mais qu'il s'inspire aussi de l'ensemble des symptomes et de la marche de la
maladie.
Des la periode initiale de 1'affection typhoide, ap-paraissent des frissons siegeant surtout aux coudes et aux grassets, mais pouvant se generaliser. Ils sont presque la regie dans les cas graves. Leur constata-tion, a une periode avancee du mal, est l'indice de -complications graves, telles que paraplegia, formation d'abces, etc.
Nous n'avons parle jusqu'ici que des signes du debut, lequel est surtout caracterise par 1'adynamie et la fievre. Or, c'est du troisieme au cinquieme jour que la localisation de la maladie s'effectue.
Dans la majorite des cas, les poumons sont touches, soit que I'affectum revete la forme thoracique, soit que les signes pulmonaires accompagnent seulement une autre forme. II y a matite dans la partie declive des deux poumons, et diminution ou absence du bruit respiratoire dans ces memes regions, k la limite desquelles on persect;oit un bruit supple-mentaire. Les desordres vont en augmentant, et
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il n'est pas rare de decouvrir par 1'auscultation et la percussion combinees, des points impermeables qui disparaissent du jour au lendemain, pour se montrer ailleurs.
Les mouvements respiratoires sont precipites; ils peuvent atteindre le chiffre de vingt ä vingt-cinq par minute.
La toux, quand eile existe, est faible; parfois quinteuse et penible.
La pituitaire est seche et pent presenter des pete-chies. Quelques auteurs, entre autres Gourdon, signalent des epistaxis. Nous en avons observe quelques cas au 32e d'artillerie; mais I'ecoulement san-guin n'etait pas considerable.
La nature du jetage permet d'apprecier,jusqu'a un certain point, le degre du mal. Est-il muqueux, il indique une affection legere; est-il citrin, epais, strie de sang, il denote des lesions pulmonaires graves.
Fassons ä l'examen de l'appareil digestif. Ici les grands signes do localisation ne se montrent ordinai-rement que vers le sixieme jour, ä l'epoque oü les symptomes generaux ont la plupart du temps atteint leur maximum.
L'appetit est devenu presque nul, tandis que la soif reste vive. La muqueuse buccale est chaude et seche; la langue sensiblement racornie, est recou-
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verte d'un sediment brunätre, adherent, fuligi-neux; sur les gencives on voit, gä et lä, des petites taches d'un rouge plus ou moins fonce.
Le ventre, ordinairement retracte, est dans la ma-jorite des cas le siege de borborygmes.
Les hypochondres sont douloureux ä la pression. Des coliques s'observent-elles, elles reviennent par intermittence et se montrent plus frequentes avec le progres du mal; mais, chose digne de remarque, le malade ne se couche pas et ne regarde pas son flanc comme dans les cas de coliques ordinaires, a moins que les douleurs ne soient tres aigues.
Les crottins sont sees, petits, irreguliers, lisses d'abord, puis coiffes d'une ma'tiere purulo-graisseuse ayant l'apparence de fausses membranes plus ou moins epaisses, d'un gris jaunätre, quelquefois rou-geätre; ils exhalent une odeur desagreable. Ordinairement ä cette constipation succede une diar-rhee plus ou moins intense ; les excrements, d'un jaune verdätre, sont fetides; il semble que les ma-tieres alvines aient commence k se putrefier dans I'intestin.
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Les urines sont rougeätres, visqueuses, assez troubles, et ont une densite superieure a celle de l'urine normale.
Les recherches les plus completes et les plus re-
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centes sur les caracteres chimiques de I'lirine, dans la fievre typhoide du cheval, sont dues au doc-teur A. Robin, professeur agrege de la Faculte de medecine.
L'analyse des urines qui lui avaient ete remises par le docteur P. Bouley, a donne les moyennes suivantes (1):
1.nbsp; Couleur. — Jaune foncö rougcatre ä reflets ömaphci-
ques.
2.nbsp; Aspect et consistance. — Urine trhs trouble. — Resle
trouble apres un repos prolonge. — Viscosite önorme.
3.nbsp; nbsp;Qmntite. — Parait diminuee.
4.nbsp; Densite. — 1035 ä 1049.
3. Maleriaux solides. — 8l gr. 90 a H4 gr. 60 par litre d'urine.
6.nbsp; nbsp;Odeur. — De foin; trfes aromatique.
7.nbsp; Reaction. — Acide.
8.nbsp; Sediments. — Assez abondants, mais se deposant lente-
ment ä cause de la viscosite de l'urine. — Constitues par de l'oxalate et de l'oxalurate de chaux en grande quantity, de l'acide urique fortement teintö de rouge, du carbonate de chaux, tramp;s peu d'hippurate de chaux, de phosphate tribasique et d'urate d'aramo-niaque; des globules blancs, des globules rouges, des cellules d6tach6es des voies urinaires.
9.nbsp; Mucus. — Considerable.
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(1) A. Robin, Essai d'urologie clinique. Fifevre typhoide. Paris, J.-B. Bailliöre, 1877.
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10.nbsp; nbsp;Uree. — 26 gr. h 60 gr. Dans ce dernier cas, l'urine
s'esl prise par l'addilion d'acide nitrique.
11.nbsp; Acide urique. — Trfes abondant.
12.nbsp; Acide hippurique. — Paralt diminue.
13.nbsp; Matteres extractives. — Angmenlöes. \k. Albumine. —Assez abondanle.
15.nbsp; Sucre. — Absent.
16.nbsp; Chlorures. — 0 gr. 60 et 0 gr. 80.
17.nbsp; Acidephosphorique total. — 0 gr. 50 et 0 gr. 45.
18.nbsp; Phosphates terreux. — Diminuös.
19.nbsp; Carbonate de chaux. — Diminue.
20.nbsp; nbsp;Oxalate de chaux. — Abondant.
21.nbsp; nbsp;Urohematine. — Assez augtnentöe.
22.nbsp; Indican — Tres considerable.
23.nbsp; Hemapheine. — Traces.
24.nbsp; nbsp;Uroerythrine. — Absente.
Ce syndrome urologique nous montre done, d'une part, la diminution des chlorures, des carbonates et des phosphates; d'autre part, l'augmentation de l'uree, de l'acide urique, des matieres extractives, de l'urohematine et de l'indican; enfin, la presence tres frequente de globules blancs et de globules rouges.
Sans forcer les consequences de ses observations, qui n'ont porte malheureusement que sur un nombre restreint de malades, M. Robin a resume dans les propositions suivantes, les inductions qu'on pent legitimement tirer de son travail:
laquo; Getto urine est celle d'un animal qui vit aux depens de sa propre substance ; on n'y retouve
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que des traces de sa condition d'existence habituelle ; les materiaux qui derivent de l'alimentation y sont assez dirainues.
laquo; La presence du sang et des globules blancs dans I'urine, annonce une determination assez ener-gique du cot^ des voies urinaires.
laquo; La presence des produits derives de l'henio-globine indique une destruction assez active des globules rouges, fait qui est bien en rapport avec la diminution de ces elements constatee par I'ana-lyse du sang.
laquo; L'albumine depend-elle de cette alteration du sang ou bien d'une desintegration elementaire plus considerable? C'est ce que Ton ne pent affirmer: pourtant I'organisme parait assez profondement touche dans toutes ses parties, comme I'indiquent les manifestations multiples de la maladie, et il est probable que, de ce cote-lä du moins, la fievre typho'ide de l'homme et celle du' cheval possedent quelques points de contact. raquo;
L'albumine n'a par elle-meme aucune signification precise. C'est d'apres la duree de l'albu-minurie et d'apres la presence ou l'absence de certains elements organiques figures dans I'urine, qu'on pent en fixer la valeur pronostique et en saisir la cause: congestion renale, nephrite catar-rhale, nephrite parenchymateuse.
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Cependant le professeur Bouchard a montre recem-ment le parti qu'on pouvait tirer, chez l'hoinme, des caracteres physiques de l'albumine pour en dicerner l'origine et la valeur semiologique.
Quand on chauffe jusqu'a 1'ebullition une urine dans iaquelle les reactifs ont decele la presence de l'albumine, deux phenomenes peuvent se produire. Tantot le precipite reste en suspension sans trace de granulations et rend simplement le liquide opalescent ; tantöt, au contraire, des flocons se forment, se retractent et vont se collecter au fond de l'eprou-vette. On dit alors que l'albumine est retractile. Parfois les deux etats coincident; une partie de ralbumine tombe en masse au fond du tube, tandis que I'autre reste flottante dans le liquide chauffe.
Pour M. Bouchard (1) la constatation de l'albumine non retractile indique que des matieres al-buminoides incompletement comburees ont traverse le tissu renal avant leur transformation en uree ou en acide urique. Quant ä l'albumine retractile, il la considere comme un indice de la presence d'un parasite special dans le sang et dans les urines.
Toutes les fois que le precipite en masse a ete obtenu, meme temporairement, M. Bouchard a
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(1) Bouchard. Des nephrites infecticuscs. Revue de med., 1881.
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trouve des bacteries, non seuleraent clans I'urine des malades, mais encore dans la plupart des humeurs organiques.
Certains auteurs affirment encore l'apparition du pigment biliaire dans les urines des chevaux typhi-ques quand elles sont traitees par I'acide nitrique legerement nitreux; mais la reaction de Gmelin, si probante quant a l'existence de l'ictere, n'est d'au-cune valeur pour le diagnostic de la fievre typhoide. Dans ces cas ne s'agit-il pas simplement d'un etat catarrhal lie ou non a la fievre typhoide et formant bouchon muqueux dans les canaux biliaires ainsi que 1'a demontre Wirchow (I). La bile retenue dans les yoies hepatiques est alors rapidement absorbee par les parois et passe dans le sang, puis dans les tissus, les humeurs organiques et parti-culierement dans I'urine.
Vers la fin de la fievre typhoide on constate parfois que les urines sont devenues purulentes. Le pus qu'il est facile de reconnaitre, soit au microscope, soit par addition d'ammoniaque h I'urine suspectee, se montre pendant quelques jours pour disparaitre peu h pen. Get etat des urines pent etre attribue ä une pyelo-nephrite, complication plus frequente qu'on pourrait le croire, puisque
(2) Wirchow's Arcl), 1865.
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nous l'avons observee dans presque toutes nos autopsies de chevaux typhiques.
On remarque quelquefois de la paresse vesicale.
Les battements de coeur sont forts dans les premiers jours; mais ils ne tardent pas ä s'affaiblir, et souvent meme ils finissent par presenter des intermittences.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;... .
Le pouls, nous l'avons dejä dit, est rapide, sou-vent irregulier; il nous a etc donne de constater tres nettement le caractere connu sous le nom de dicrotisme. Mais ce qu'il Importe surtout de faire ressortir, c'est sa faiblesse; il est quelquefois presque imperceptible.
Nous avons souvent constate le pouls veineux.
On a signale des cas d'endocardite et de peri-cardite ; pour nous cette derniere localisation est heaucoup plus frequente qu'on I'a dit jus-qu'ici.
II n'est pas rare d;observer, dans la derniere periode surtout, im oedeme de la face, du fourreau de la verge et des membres; cette infiltration peut devenir considerable, au point que les membres ressemblent parfois ä des poteaux. Ajoutons quo la frequence de ces oedemes varie avec les epi-zooties.
Les organes des sens sont atteints ä des degres differents. Les paupieres se ferment, les yeux sont
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chassieux, la vue est obtuse ; il y a quelquefois meme de la photophobie. Les conjonctives, comme du reste les muqueuses en general, ont une cou-leur lie de vin et peuvent revetir par places I'aspect petechial; elles sont souvent infiltrees.
Lorsqu'il y a tendance k une localisation abdominale, la teinte icterique des conjonctives est plus evidente que dans la forme thoracique, quoique la congestion pulmonaire se traduise aussi par une coloration tres accusee de la muqueuse; ici, la teinte sombre, due a I'asphyxie, s'ajoute au carac-tere propre de l'affection typhoide. L'ou'ie parait avoir perdu de sa finesse-La temperature peripherique est eminemment instable ; les alternatives subites de clialeur et de froid doivent etre considerees comme des signes defavora-bles, surtout quand elles sont accompagnees de frissons.
Des sueurs apparaissent h 1'encolure, aux epaules, aux flaues, aux ars. Si la diaphorese est contempo-raine d'une remission febrile, eile est d'un pronostic favorable : eile annonce la crise.
II existe quelques observations d'exanthemes de la peau, symptomatiques de la fievre typhoide ; mais les fails de ce genre sont loin d'etre communs, ou du moins ils ont rarement attire l'attention des veteri-naires. On pent trouver a la face interne des cuisses
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les vesicules miliaires connues sous le nora de suda-mina. Ces eruptions sont inconstantes. Pour Denoc, alles sont generalement d'un bon augure quand elles se montrent du 12e au 15e jour.
Les crins s'arrachent facilement.
Les fonctions de l'innervation sont profondement troublees, et souvent des le debut. Les animaux sont facilement surexcites et inquiets; ils trepignent des pieds, grattent le sol, surtout des pieds de derriere, appuient tantot sur un bipede et tantot sur I'autre. A ce semblant de surexcitation suocede un instant de torpeur; leur tete s'abaisse vers le sol, comme si le sommeil venait tout-ä-coup les surprendre.
Get etat comateux est frequemment interrompu par des grincements de dents, des convulsions de la face, de rencolure, des grassets, des muscles abdo-minaux. D'autres fois la somnolence est profonde, la tete est appuyee contre le mur, ou bien eile repose sur la mangeoire, dans le fond de l'auge ou sur la litiere. Cette immobilite persiste meine pendant la distribution des aliments.
Varietes.
Comme la dothinenterie de l'homme, I'affection typhoide du cheval n'evolue pas toujours de la meme maniere.
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On a decrit depuis longtemps diverses formes caracteris^es par Fintensit^ predominante de certains groupes de symptömes et par les allures particu-lieres de la maladie.
Les varietes, on le sait, ne sont pas des especes nosologiques distinctes, mais des expressions symp-tomatiques diverses d'une seule et meme entite morbide. Cette division, necessaire ici, n'est pas arti-ficielle; eile est fondee sur la nature meme des choses, puisque, tout en affirmant I'unite patho-logique, ellepermet de tenir compte des phenomenes predominants dont I'importance est capitale tant au point de vue du pronostic qua celui du traitement.
II est rarement possible de reconnaitre, d'une fagon precise, les circonstances qui donnent naissance a teile ou teile forme. On doit se borner a dire qu'elles sont influencees ä la fois par le caractere et le genie de chaque epizootic; parTindividualite, la constitution du malade ; par l'intensite variable de l'intoxi-cation; enfin par I'influence saisonniere, les soins hygieniques, etc.
Nous etudierons une forme thoracique, une forme abdominale et une forme cefebrale ou cerebro-spinale.
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La forme thoracique, teile que la decrivent les auteurs, s'annonce par I'ecoulement d'un jetage citrin ou rouille, quelquefois strie de sang et adherent aux alles du nez ; l'acceleration, la precipitation des mou-vements du flanc, I'expiration en deux temps, enfin la toux, les räles et le souffle tubaire completent le tableau. Or, il n'est pas difficile de reconnaitre lä les signes d'une pneumonia. Pour nous, cet ensemble de symptömes est bien moins une forme qu'une complication, comme nous le verrons tout k I'heure.
Aussi proposons-nous d'appeler forme thoracique I'etat typho'ide caracterise par le nombre et l'in-tensite des räles, signes de la congestion, mais non de l'hepatisation pulmonaire. C'est cette forme surtout que nous avons observee dans I'armee ; eile est rarement accompagnee d'accidents cere-braux. Neanmoins eile est des plus graves, parce que, par la diminution progressive du champ de rhematose, la vie se trouve bientöt compromise, tandis que la gravity de la forme abdominale, en l'absence de toute complication locale, depend avant tout de I'etat general du typhique.
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La forme intestinale est indiquee par de legeres coliques, la perte de l'appetit, une soif vive, la coloration lie de vin des muqueuses, particuliere-ment k la marge de l'anus, la raideur des reins, l'acceleration de la respiration sans entrecoupe-ment du flanc, et le deeubitus assez tranquille.
L'enterite et la pneumonie peuvent se succeder ou meme exister simultanement. Dans ces cas, on observe une double serie de symptomes, total ou produit des deux lesions. Les malades sont d'une faiblesse extreme; ils presentent souvent des infiltrations sur differentes regions du corps, aux mem-bres notamment. La diarrhee est alors generale-ment intense, les selles sont abondantes et nom-breuses. Le meteorisme est quelquefois tel qu'il entrave la respiration et cause de grandes souf-frances au malade. Ajoutons que la distension des anses intestinales ne fait qu'augmenter les risques de perforation.
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La forme cerebrale est fort interessante; eile peut se montrer sous des modalites diverses. Le type designe sous le nom de vertige typhoide s'observe surtout ä la carapagne, principalement sur les che-
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vaux mal nourris et surmenes; on le voit rarement dans l'armee. Sanson et Renard n'admettent pas cette forme, ou plutot ils declarent qu'elle n'existe que du fait des saignees repetees; mais la plupart des auteurs repoussent cette maniere de voir.
Generalement les acces de delire se manifestent la nuit pour se continuer pendant le jour. Les ma-lades poussent violemment au mur, mais il est rare de les voir monter sur la mangeoire, dans le räte-lier, comme dans les cas de vertigo essentiel. Pendant les acces, certains chevaux cherchent a mordre; d'autres s'agenouillent et posent leur tete sur la litiere ou sous la mangeoire. L'ceil est en feu, la bouche ecumante ; les grassets, I'encolure, le ventre sont le siege de violents soubresauts. La respiration est ronflante; les battements du cceur devien-nent tumultueux et desordonnös. Le corps se couvre d'une sueur abondante et visqueuse.
Apres ces acces, dont la duree varie de quelques minutes h plusieurs beures, les animaux restent plonges dans un abattement pro fond. Parfois se montre une amelioration passagere, mais bientot de nouveaux acces paraissent ; la surexcitation violente conduit ä un collapsus dont la mort est le terme ordinaire.
La litterature veterinaire est malheureusement tres pauvre en ce qui concerne les courbes ther-
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miques dans cette forme nerveuse. Signalons cepen-dant Zangger qui a vu, lors des acces, la temperature du corps tomber ä 37deg; et au-dessous, ce qui les differencie, d'apres lui, des acces du vertige essentiel.
II existe un trismus suivi de tetanos general et notamment de d'opisthotonos. (Liautard, Meyer.)
Au 32e d'artillerie, nous avons pu, nous-meme, assister ä des attaques de vertige, sur la jument Fronde, ägee de 6 ans, reellement atteinte de fievre typhoide. Le vertige s'est declarö 8 jours apres I'entree a rinfirmerie et a determine la mort.
Auger a observe un cas de fievre typhoide a forme epileptique.
A ces varietes caracterisees par une excitation generale du Systeme cerebro-spinal, nous devons opposer les cas oü l'adynamie tient, des le debut, le premier rang, oü la marche est des le premier jour, titubante et incertaine.
• La paraplegie signalee par quelques auteurs dans une forme rachidienne, appartient-elle veri-tablement ä l'affection typhoide ? Nous ne le croyons pas. Les epizootics dans lesquelles on a pu la constater, comme un des premiers symp-tomes, nous paraissent devoir prendre place h part dans le cadre nosologique.
Le vertige typhoide pent se terminer par un etat
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pathologique, connu en veterinaire sous le nom d'immobilite, et fort analogue k la catalepsie. II nous a ete donne de remarquer, chez un cheval atteint de fievre typho'ide non douteuse, un cas d'immobilite qui survint, non k la suite du vertige, mais en meme temps qu'une broncho-pneumonie.
La forme nephretique ou typus ordinaire, nephrite typhoide, a ete signalee par Zundel; eile constitue la fourbure urinaire de quelques auteurs allemands.
Rappelons enfin les formes mixtes, relativement frequentes ; elles sont caracterisees par la coincidence ou la succession rapide des formes thora-cique et abdominale.
La forme incomplete parait correspondre au typhus abortif de rhommc. La maladie, benigne et de courte duree, ne se trahit alors que par un leger malaise.
Accidents et complications.
Un certain nombre d'accidents et de complications peuvent survenir dans le cours de la fievre typhoide du cheval.
Du cote de 1'appareil respiratoire, signalons
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d'abord des laryngites graves pendant lesquelles la deglutition des solides et des liquides occasionne de douloureuses quintes de toux. II peut y avoir cedeme de la glotte, et cette complication entraine souvent la mort du cheval par asphyxie.
Plus souvent les poumons sont atteints ; mais il y a plutot congestion qu'inflammation franche : le parenchyme pulraonaire est moins hepatise que splenise.
Une obscurite du son dans une etendue plus ou moins considerable, un melange de räles sonores et sous-crepitants, un jetage muqueux, une oppression croissante, tels sont les symptömes par lesquels se signals un des accidents les plus communs de l'af-fection qui noüs occupe, la broncho-pneumonie.
Quoique rare, la pneumonic fibrineuse peut, eile aussi, apparaitre dans le cours de l'affection ty-phoide : le flanc accelere, l'expiration en deux temps, la toux, le jetage rouille, la matite plus ou moins etendue, le räle crepitant, le souffle tubaire. en sont les signes principaux. Mais il faut se garder de prendre pour tels les cas de pneumonic typhoide cites si souvent par des veterinaires; car, d'une part, ils rangent sous le nom de pneumonies toutes les complications thoraciques survenant au cours de la maladie typhoide, et, d'autre part, il leur arrive de prendre pour des accidents de nature typhoide
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— TO-de simples pneumonies fibrineuses accompagnees de stupeur et de delire.
Independamment de la pneumonie, il est possible de constater, de temps h autre, des points pleure-tiques ou meme une pleuresie generale avec ^pan-chement, bien que la pleuresie typhoide soit des moins communes.
Trop souvent ces complications thoraciques se terminent par gangrene. Un jetage roussätre, boueux, avec odeur infecte de l'air expire sont les signes de cette complication presque fatale-ment mortelle.
Souvent la gorge est tumefiee; il existe alors un engorgement plus ou moins considerable des ganglions intermaxilliaires. Quelquefois les poches gutturales s'abcedent.
Les lesions des parotides sont bien connues. II n'est pas rare de voir ces glandes se tumefier, s'ulcerer et donner issue k un ecoulement sanieux et fetide.
Pour en finir avec les accidents du tube digestif, notons la peritonite, complication exceptionnelle, et les hemorragies de la muqueuse intestinale. Parfois, en effet, les crottins sont rougeätres et Ton trouve du sang mele aux excrements. Ces hemorragies, qui d'ailleurs sont loin d'etre fre-quentes, s'annoncent avant tout par une chute
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brusque de la temperature. Le pronostic est alors singulierement aggravö.
Mais ce n'est pas seulement du cöte de Tintestin qu'on a pu observer les hemorragies. Les urines sont souvent rougeätres, parfois sanguinolentes ayec traces Evidentes de caillots sanguins. Nous avons vu qu'elles renfermaient toujours plus ou moins d'albumine. Cette albumine, comme dans les autres maladies aigues, pent etre due h une congestion de reins, h une nephrite catarrhale, ä un catarrhe du bassinet, etc.
On remarque, des le debut, des phenomenes de putridite; les plaies deviennent rapidement gan-greneuses. M. Mitaut cite des cas oü des setons places sur les cotes et au poitrail, ont ete le point de depart de gangrene generalisee.
Le sphacele des teguments aux points d'appli-cation de revulsifs externes est aussi un accident bien connu des praticiens.
On relate differentes complications cutanees; Megnin a observe une exsudation grasse, poisseuse de la peau, accompagnee parfois d'une veritable eruption miliaire, qui rendait la crasse glutineuse et fortement adherente h Tetrille. Lafosse parle d'eruptions pustuleuses; Einike et Hering, de pom-phus analogues k des piqüres d'insectes; Falke, de tumeurs eresipelateuses; Hurtrel d'Arboval, d'ec-
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thyma analogue au farcin, et de tumeurs phlegmo-neuses sur differentes parties du corps.
Les cedemes que nous avons signales en decri-vant les symptömes, n'ont dans la plupart des cas qu'une importance legere; mais ils peuvent se montrer assez considerables pour acquerir I'impor-tance d'une complication.
On pent leur attribuer plusieurs causes. Par suite de la station debout et en raison de l'atonie vascu-laire, le sang stagne dans les parties declives ; cette stase favorisee par I'etat adynamique est capable de produire a eile seule une infiltration oedemateuse plus ou moins considerable.
D'autre part, des thromboses, en obliterant les veines, peuvent entraver la circulation en retour, aü point de produire aussi l'infiltration des membres,
Quelle que soit son origine, I'oedeme peut per-sister assez longtemps pour que les modifications des tissus donnent k la region Faspect elephantia-sique.
Les saignees pratiquees au cours de la maladie sont assez souvent suivies de thrombus, qui con-siste en une petite tumeur s'abcedant sans autre suite fächeuse; rarement il y a phlebite avec he-morragie secondaire.
De meme que dans la pneumonie et la pleuresie franches, on observe dans la fievre typhoide du
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cheval des synovites d'ailleurs absolument inde-pendantes de la forme et de la gravite du mal. Cette complication frequente se montre au bout d'une vingtaine de jours ou seulement ä la fin de la convalescence. J'ai enregistre des synovites appa-rues cinq mois apres la guerison de la maladie.
C'est particulierement sur les membres ante-rieurs, aux boulets, a la gaine carpienne, quelquefois aux jar rets que la phlegmasie se localise. Les che-vaux boitent plus ou moins, sans qu'il soit possible de constater k la vue le moindre engorgement ; mais la plus legere pression de la main provoque toujours une douleur aigue k l'endroit malade, line exploration attentive des membres evitera de la confondre avec la fourbure. Cette derniere maladie peut elle-meme exister et entrainer des deformations et des decollements du sabot. On la nomme fourbure astMnique pour la dififerencier de celle qui accompagne la pneumonic fibrineuse. Dans un certain nombre de cas, la fourbure s'est accom-pagnee de troubles cerebro-spinaux tels que vertige, paralysie des levres, de l'arriere-main, etc.
Denoc a publie un cas de necrose coxo-femorale consecutive k la fievre typhoide (1).
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(1) Denoc, Recueüdemedecine velerinaire pratique, iSll\, t. XX, p. 332.
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L'amaurose s'observe aussi, mais il est beaucoup plus commun de voir en meme temps que les symptömes abdominaux, une forte tumefaction des paupieres avec larmoiement mucoso-purulent; la conjonctive est rouge, tout en conservant une teinte jaunätre; la cornee se trouble peu. Certains auteurs ont voulu faire de cette complication une forme speciale de la fievre typhoide : la gastro-conjonc-tivite.
Outre ces accidents oculaires, on a encore signale une variete d'ophthalmie presentant de tres grandes analogies avec la fluxion periodique et caractarisee par un trouble de l'humeur aqueuse avec depot pseudo-purulent dans la chambre anterieure, qui pent avoir pour consequence la perte d'un ceil et meme la cecite complete.
Quand la fievre typhoide s'attaque ä des juments pleines, I'avortement en est la consequence ordinaire. Get accident, qui s'accompagne d'une aggravation de l'etat general, arrive vers le dixieme jour et ne tarde pas ä determiner la mort.
Les rapports de la fiövre typhoide avec l'etat de gestation n'ont pas encore ete particulierement etudies; mais d'apres les faits connus, nous pensons que I'accident en question est capable de survenir aussi bien dans les formes ordinaires que dans les cas les plus graves.
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— Toll n'est pas impossible que la congestion active des organes genitaux, au debut de l'affection, et la stase sanguine consecutive soient des conditions pathogeniques süffisantes. Peut-etre aussi pourrait-on se demander si du fait de la maladie, les membranes de l'oeuf n'ont pas subi d'alterations profondes. Enfin, si Ton s'en rapporte ä l'experi-mentation, rhyperthermie pourrait aussi etre incri-minee ä juste titre. Runge a montre sur des chiennes que les temperatures elevees avaient une action nocive sur l'embryon. Yoici le resultat de ses recherches : 1'hyperthermie prolongee determine des contractions uterines et l'expulsion d'un foetus ordinairement vivant. Les temperatures de 39deg; et 40deg; ne peuvent etre supportees qua la condition d'etre de courte duree. A 41deg; I'avortement est constant et Ton a toujours un foetus mort, meme si la mere est sacrifiee avant I'accident.
Ainsi, d'apres Runge, quand une fievre intense se prolonge, I'avortement peut survenir, soit par la mort du produit, soit simplement par les contractions des fibres musculaires de la matrice.
Quoiqu'il en soit, la pathogenie de l'avortoment, non seulement dans la fievre typhoide, mais encore dans la plupart des maladies aigues, est loin d'etre connue. C'est lä un point interessant digne d'attirer l'attentiori et d'etre elucide.
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Marche, duree, terminaisons.
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Dans une description generate, nous avons suc-cessivement passe en revue les signes principaux de l'affeetion typho'ide du cheval. II nous reste main-tenant ä etudier revolution de la maladie, c'est-a-dire ses differents modes de debut, la duree relative et la succession de ses phases, la coordination de ses symptomes et ses terminaisons.
La maladie, dans sa marche reguliere et clas-sique, offre assez nettement trois periodes : la pe-riode de debut, la periode d'etat et la päriode de declin, qui correspondent aux principales phases du cycle febrile. La premiere repond au stade des oscillations ascendäntes; la deuxieme ä celui des oscillations stationnaires ; la troisieme ä celui des oscillations descendantes.
Le debut varie a ce point qu'une description didactique ne pent pretendre en indiquer tous les modes. Le plus souvent, il est lent, progressif, d'allure insidieuse; d'autres fois, au contraire, il est brusque et pour ainsi dire foudroyant. Certains auteurs ont meme decrit le debut brusque comme une forme speciale de l'affection typho'ide, et lui ont donne le nom de forme apoplectique.
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La duree de l'affection depend ordinairement de l'intensite de l'epizootie; quand celle-ci est ä son declin, la duree de la maladie devient notablement moins longue. Dans la forme nerveuse, eile est ge-neralement de courte duree.
La forme thoracique evolue en deux septenaires au plus.
La forme abdominale, qui met une certaine len-teur ä se localiser, prend une allure plus rapide au moment de la periode d'etat, qui ne dure que quatre ä cinq jours. En somme, la duree peut etre fixee au chiffre moyen de quinze ä vingt-cinq jours. Ajoutons qu'il est des cas dans lesquels la maladie, d'ailleurs fort legere, traine indefiniment en longueur.
La guerison s'annonce par une remission gene-rale de tous les symptomes. La courbe thermique, • apres ses oscillations stationnaires, tend ä revenir progressivement ä la ligne normale, suivant le type connu sous le nom de lysis; le pouls se releve en diminuant de frequence; l'appetit, la gaiete, les forces renaissent peu ä peu. Souvent Ton constate, h cette epoque, un de ces grands phenomenes path ologiques connus sous le nom de cnses. Ce signe, toujours favorable, est caract(5rise par un flux abon-dant des glandes intestinales, des glandes sudori-pares ou du filtre renal.
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Tantot done survient brusquement une diarrhee considerable; tantöt la peau se couvre de sueurs abondantes et de sudamina ; quelquefois enfin s'etablit une diurese profuse.
La convalescence, dont le debut coincide avec la disparition de la fievre, est plus ou moins longue, suivant que la maladie a ete plus ou moins intense. Dans tons les cas, eile demande une grande surveillance, car l'affection typhoide est sujette ä des rechutes generalement graves et souvent mortelles. Ces accidents redoutables se montrent principale-ment clans la forme abdominale.
En dehors de ces rechutes, il n'est pas rare que I'etat maladif se prolonge; il en resulte une sorte de chronicite du mal qui amene, chez certains chevaux, des engorgements des membres, chez d'au-tres, des boiteries persistantes; d'autres enfin res-tent tres faibles, amaigris, dans la misere phy-siologique, et finissent souvent par perir de la morve, ou succombenf k I'infection purulente.
La mortalite differe sensiblement suivant les epizootics.
Spinola trouve 24 deces sur 370 malades ; Stratt-haus, 3 sur 40 ; Hering parle de 22 morts sur 33 malades; Liautard, de 33 sur 300; Knoll, de 17 sur 114 ; Zundel donne une moyenne de 12 pour 100. D'apres nos propres observations, la mor-
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talite serait dans la proportion de 8 ä 10 pour 100.
L'epoque de la mort est assez variable; eile esl subite dans la forme dite apoplectique, assez rapide dans la forme pneumonique, plus lente dans la forme abdominale. L'agonie est d'autant plus dou-loureuse que le sujet est plus jeune et plus vigour-reux.
Certains chevaux meurent en 24 ou 48 beures, d'autres en 4 ou 5 jours; mais le plus souvent, ä beaucoup pres, la terminaison fatale a lieu entre le dixieme et le vingtieme jour.
Chez un assez grand nombre d'animaux, la mort parait etre simplement le resultat de la cachexie. Dans le cas oü I'adynamie est portee k son comble, remaciation est considerable; les pointes des han-ches et des ischiums, les cretes des acromions sont saillantes; il existe une diarrhee abondante, des plus fetides, et l'animal meurt dans une prostration complete.
Dans certains cas la mort parait etre causee par la violence meine des douleurs abdominales.
Les chevaux atteints d'anciennes lesions thora-ciques succombent presque infailliblement.
Nombre des chevaux meurent asphyxies ä la suite d'une pneumonic, d'une pleuresie ou meine de l'oedeme de la glotte.
La terminaison par gangrene est inevitablement
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funeste. Cette complication se reconnait ä un jetage couleur lie de vin, aux räles caverneux, k la faiblesse extreme, mais, par-dessus tout, k l'odeur fetide et penetrante de l'air expire.
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CHAP1TRE IV.
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ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
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La fievre typhokle est une maladie generale, to-tius substanticc. Tout souffre chez I'animal typhique; mais la lesion primordiale porte ä n'en point dou-ter sur le sang; les autres alterations, secondaires et contingentes, atteignent, non pas un Systeme, un appareil, mais presque la totalite des organes et des tissus.
Appareil digestif. — Rappelons les petites ulcera-tions de rarriere-bouche et de la base de la langue dont nous avons parle ä la Symptomatologie.
La muqueuse du pharynx est epaissie, ramollie, tantot uniformement coloree d'un rouge sombre, tantot couverte d'arborisations violacees.
Les parotides peuvent etre le siege d'une phleg-masie capable d'aller jusqu'ä la suppuration.
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La tunique interne de l'cesophage est rouge, epaissie, ramollie, surtout dans sa portion supe-rieure.
L'estomac, parfois distendu par des gaz, est le plus souvent vide et revenu sur lui-meme. Le sac gauche conserve ordinairement son etat physiolo-gique; au contraire, la muqueuse du sac droit est toujours epaissie et congestionnee ; nous l'avons vue parfois couverte de petechies.
Les lesions presentent leur maximum au niveau du pylore, oü neanmoins il est tres rare d'observer de veritables ulcerations. M. Salle en a cependant signale quelques cas.
L'intestin grele, souvent retreci dans toute son etendue, ne Test communement que de distance en distance, ce qui lui donne l'aspect moniliforme. Sa surface exterieure est, dans son ensemble, ordinairement pale on vert plombe; sur ce fond s'estom-pent des taches grisätres, et se dessinent des plaques de grandeurs differentes, variant du rouge cramoisi au noir fonce.
La muqueuse est recouverte d'une couche epaisse de mucus jaunätre, glaireux, quelquefois puriforme et souvent noirätre, ressemblant h du meconium. Ce mucus est, dans certains cas, tres abondant; il adhere parfois tres fortement h la muqueuse, et a l'aspect de fausses membranes.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.;
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C'est seulement apres un lavage ä grande eau, qu'on peut se rendre compte de l'etat de la mu-queuse.
Etudions les lesions suivant I'ordre anatomique :
4deg; Duodenum. — La surface interne est rouge sombre, mais, sa coloration, comme celle de la surface externe, est loin d'etre uniforme; $, et lä sont des plaques de dimensions variables, d'un rouge ardoise ou d'un noir plombe.
Nombre d'auteurs, et particulierement Delafond, Vallon, ont signale sous le nom d'hypertrophie des
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glandes de Brunner, une multitude de petits points miliaires. 2deg; Jejunum et Mm. — L'identite des lesions sur ces deux portions du tube digestif, ne permet pas d'en scinder I'etude.
II n'est pas d'autopsie dans laquelle cette partie de 1'intestin grele ait ete vue sans alteration. Tou-jours la muqueuse presente cette variete de teintc que nous avons signalee; toujours I'appareil glan-dulaire est altere, et cette alteration varie de la simple hyperemie ä l'ulceration.
Pour quelques veterinaires, l'ulceration est une lesion frequente de l'affection typhoide; mais, pour la plupart, l'ulceration constitue I'exception.
Clichy, en 1838, dans un memoire sur la gastro-entörite des aniraaux domestiques, declare avoir
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trouve, plus d'une fois, de nombreuses ulcerations sur le jejunum; il dit meme que quelques-unes ayant detruit la tunique muqueuse. allaient jusqu'k la musculeuse (1).
Denoc en 184o (2), Denis Lambert en 1848 (3), ont constate aussi des ulcerations de Tintestin grele.
M. Vallon, dans son memoire qui remonte ä 1837, distingue trois degres dans l'ulceration des plaques de Peyer : 1deg; Fhypertrophie ; 2deg; le ramollis-sement; 3deg; l'ulceration (4).
Pour lui, l'ulceration se fait des follicules ä la muqueuse; il I'a rencontree sur un quart des chevaux morts, et seulement ä partir du septieme jour.
Les plaques de Peyer sont, dans la majorite des cas, hypertrophiees et cerclees d'une aureole rouge noiräte.
Nous ne pouvons resistor au desir de reproduire ici ce passage si remarquable du memoire de M. Yal-lon :
laquo; Dans I'intestin grele, on voyait de gros boutons, laquo; vcritables furoncles, arrondis ou ovalaires, rou-
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(1)nbsp; Clichy, Memoire sur la gaslro-enterite des animaux domes-tiques, 1838.
(2)nbsp; Denoc, loco citato, p. 333.
(3)nbsp; Denis Lambert, De la fievre typhotde du cheval, 1848.
(4)nbsp; Vallon. Affection typhoide du cheval observee en Afrique, de 1845 ä 1832.
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laquo; geätres, biconvexes, entoures d'une aureole in-laquo; flammatoire, dissemines dans toute l'etendue du laquo; jejunum et de l'ileon; mais dans des proportions laquo; differentes et occupant toute la circonference de laquo; l'intestin. Ces furoncles etaient d'autant plus nom-laquo; breux qu'on se rapprochait du gros intestin; aussi, laquo; sur une etendue d'un metre, dans le dernier tiers laquo; de l'ileon, nous en avons compte jusqu'ä 30, tandis laquo; que dans les premieres portions du jejunum il n'en 'lt; existait que 5 ou 6. En somme, le chiffre en a tou-laquo; jours ete tres considerable; il s'est eleve ä 230 dans laquo; un cas, h. 300 sur un deuxieme et a 280 sur un laquo; troisieme.
lt;c Ces furoncles etaient etales, tantöt isoles, tantöt laquo; reunis au nombre de 2, 3, 4, et quelquefois meme laquo; 5. Isolds, ils etaient regulierement arrondis et laquo; leurs contours etaient parfaitement dessines; reu-laquo; nis, ils formaient des plaques plus ou moins lar-laquo; ges, ä formes irregulieres, h contours inegaux, laquo; ayant quelquefois jusqu'ä 10 centimetres de lon-laquo; gueur sur 7 a 8 de largeur. raquo;
Nous tenons de M. Capon, veterinaire principal, une observation des plus interessantes.
En 1853, pendant qu'une epidemie de dothinen-terie sevissait sur les hommes du 4e chasseurs d'A-frique, k Mostaganem, les chevaux du regiment fu-rent egalement atteints par 1'affection typhokle.
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En pratiquant l'autopsie d'un cheval de quatre ans, arrive depuis deux mois au corps, et mort de la maladie regnante, M. Capon trouva des ulcerations siegeant dans l'intestin grele et dispersees sur une etendue de 40 centimetres environ. Deux medecins militaires, presents ä l'autopsie, reconnurent dans ces lesions tous les caracteres des ulcerations typhi-ques de Fhomme.
Cette observation, bei exemple de coincidence entre l'epidemie dothinenterique de Fhomme et l'e-pizootie typhique du cheval, nous montre en meme temps l'identite des lesions dans Tun et l'autre cas. MM. Bouley, Duplessis, Budelot, Salle, etc., etc., ont aussi vu des ulcerations.
Parfois, les ulcerations laissent voir dans leurs excavations des fibres de la couche musculaire. On trouve alors au pourtour la muqueuse saine, comme taillee a pic ; c'est dans ces cas surtout qu'on observe des hemorragies intestinales.
Sur trois des chevaux morts au depot de remonte de Montrouge, dans le cours de l'epidemie qui se-vissait au mois de juin 1883, nous avons vu, avec MM. Capon et Barthelet, des ulcerations de l'intestin grele siegeant pour la plupart pres de la valvule ileo-csecale.
Les caracteres macroscopiques des lesions que nous avons montrees ä MM. Bouley,_ Laboulbene,
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Thuillier, Rimy, et ä MM. les veterinaires princi-paux de la commission d'hygiene hippique, ne different en rien de celles qu'on observe chez Thomme.
Grace au professeur Laboulbene et au docteur Remy, nous avons pu voir au laboratoire de l'hopi-tal de la Charite les caracteres microscopiques de ces alterations intestinales, et ici encore nous nous sommes rendu compte de l'identite du processus morbide chez l'homme et chez le cheval. Du reste, nous ne saurions mieux faire que de reproduire inte-gralement la note qu'a bien voulu rediger, ä notre demande, M. le docteur Remy.
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Examen microscopique des ulcerations intestinales chez un cheval mort de fievre typhoide.
ParM. le docteur Reut, profcssenr agrege a la faculte de mMecine de Paris, chef de laboratoire d'histologie a l'höpital de la Charite.
Parmi les ulcerations, les unes rapprochees de la valvule ileo-coecale semblent en voie de guerison; leurs bords se confondent avec le fond comme dans la cicatrisation; les autres plus eloignees sont encore en activite. Elles ont pour caracteres communs un
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bord irregulier, serpigineux, decoupe par beaucoup de petites pertes de substance circulaires. Des ilots de muqueuse se trouvent saillants au milieu de l'ul-cere.
La muqueuse des bords est boursouflee. Elle est excavee et comme minee par dessous. C'est qu'en effet, le siege de la maladie est sous la muqueuse, comme nous allons le voir.
Etude microscopique.—Le fond de l'ulceration est constitue par la couche celluleuse tres modifiee par I'inflammation.
On retrouve quelques fibres conjonctives intactes, mais les cellules rondes et fusiformes du tissu cellu-laire sont tres multipliees. II y a des trainees de cellules rondes, probablement autour des vaisseaux.
Les arteres sont intactes, les veines gorgees de caillots de sang, les capillaires distendus. II y a des hemorragies interstitielles. Les lymphatiques sont tres gros et bourres de globules blancs volu-mineux tenus en suspension dans un reseau de fibrilles constituees par de la fibrine coagulee.
En certains points, on trouve egalement au milieu de la couche celluleuse des amas de fibrine egalement coagulee.
Dans le centre de l'ulcere, la couche muqueuse et la couche de follicules clos sous-jacerits ont disparu.
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II ne reste qu'une partie de la couche celluleuse tres epaissie.
La couche de muscles lisses circulaires et longi-tudinaux presente son etat normal. La sereuse peri toneale est intacte.
Sur le bord de l'ulcere, on trouve revolution complete de la lesion. Les diverses couches de l'in-testin, le peritoine, la couche de muscles, la couche celluleuse, et enfin la muqueuse sont visibles. Comme dans I'espece humaine, la tunique muqueuse peu epaisse se präsente formee de tres nombreuses glan-des en tube, separees par des cloisons minces de chorion. Elle est separee de la celluleuse par une mince couche de fibres lisses, la musculosa mucosoe, qui forme un point de repere important dans cette etude. En effet, les follicules clos lui sont immediatement sous-jacents et appartiennent ä la couche celluleuse.
En un point, on voit un follicule clos sous-jacent ä cette musculeuse de la muqueuse. II est enflamme; le tissu adenoide est rempli de grosses cellules ä plusieurs noyaux, comme les globules de pus ou les leucocytes. Au-dessous de lui est un gros lym-phatique plein de fibrine et de globules purulents; puis, c'est le tissu cellulaire enflamme. Au-dessus, la couche musculeuse de la muqueuse est rompue, les glandes de la muqueuse se trouvent ecartees par
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repanouissement des cloisons conjonctives du cho-rion : le chemin par lequel le follicule doit faire issue au-dehors se prepare.
A cote est un autre stade de la lesion. La mu-queuse presente une etroite perte de substance, comma un conduit qui communique au-dessous d'elle avec une petite cavite arrondie, bordee par le tissu cellulaire enflamme presentant les caracteres plus hauts decrits. G'est de cette cavite que s'est echappe le follicule clos altere.
La destruction des follicules clos confluents et celle de la muqueuse sous-jacente ont forme I'ulceration teile qu'elle est constituee dans sa partie centrale.
II s'agit done ici d'une lesion debutant comme dans la fievre typhoide de l'homme, par une alteration speciale des follicules clos sous-jacents k la muqueuse.
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3deg; Gros intestin. — Generalement le gros intestin est mo ins altere que I'intestin grele. La valvule ileo-caecale est epaissie, d'une couleur lie de vin, et porte quelquefois des pertes de substance. Mais nous ne reviendrons pas sur lä description des lesions que pent presenter celle de ses faces qui regarde I'intestin grele.
La muqueuse du coecum est d'un rouge sombre, notablement ramollie, et s'amche assez facilement.
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Tres cxceptionnellement on a pu voir, vers sa pointe, quelques ulcerations. Rarement le gros colon reste k I'etat normal. Sa muqueuse epaissie, injectee, presente de distance en distance des plaques d'un rouge violace, tranchant nettement avec le' fond de la membrane. Sur la surface peri-toneale on constate souvent des plaques ecchymo-tiques.
Tandis que les matieres renfermees dans le ccecum sortent k I'etat liquide, le coutenu du colon se montre desseche, dur, compacte.
La muqueuse du rectum, comme celle des portions precedentes du tube digestif, est epaissie, ramollie, d'un rouge sombre. Quelques auteurs y ont trouve de nombreuses ulcerations.
Nous avons vu que la tunique sereuse des intes-tins est toujours alteree ; il en est de meme de l'epiploon et du mesentere ; leurs vaisseaux sont generalement gorges de sang noir, les membranes sont epaissies; on trouve ä leur surface de larges taches jaunes ou des macules rougeätres. Les epiploons sont parfois dechires. Les lesions s'etendent toujours plus ou moins aux ganglions lymphati— ques du mesentere.
Dans la derniere epizootic de Montrouge, M. Bar-thelet les a trouves parfois remplis de pus.
L'ulc^ration des plaques de Peyer pent amener
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une perforation de l'intestin et consequemment, une peritonite. Loiset, Falke, Palat, etc., ont observe et rapporte des cas de ce genre.
Le foie est toujours plus ou moins atteint; son alteration consiste surtout en une modification de couleur et de consistance. L'organe est tantot d'un jaune paille, tantöt d'un brun rougeätre, ou de teinte feuille-morte. La moindre traction parvient k le dechirer, tant il est ramolli. Souvent la glande bepatique est plus volumineuse qu'a I'etat normal; cependant quelques autopsies nous Font montree plus petite et pour ainsi dire atrophiee.
La rate est molle et presente souvent des bosse-lures plus ou moins accentuees. Sa forme est rare-ment modifiee. La boue splenique est foncee, noirätre.
Nous n'avons rien ä dire sur I'etat du pancreas dans la fievre typhoide ; il est ordinairement sain ; on l'a quelquefois trouve congestionne et notable-ment ramolli.
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4deg; Appareil gcnito-urinaire. — Les reins, comme la rate et le foie, sont toujours plus ou moins ramollis.
Dans certains cas, on constate une hyperemie intense, se traduisant par une teinte rouge noirätre ä reflets plombes, mais.il est plus fre-
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quent de trouver les reins aussi pales que flas-ques.
Une coupe horizontale permet generalement de voir un certain nombre de taches hemorragiques sur toute l'etendue de la partie corticale. Quelque-fois, entre le parenchyme renal et la capsule fibreuse qui I'enveloppe, est un epanchement de liquide jau-nätre tremblotant comme de la gelee.
La surface interne du bassinet est rouge, epais-sie et ramollie. Tres souvent on trouve dans cette cavite un liquide epais mucoso-purulent; d'autres fois eile contient du sang coagule.
La muqueuse des ureteres participe ä l'hyperemie generale. Les deux canaux sont ordinairement rem-plis de cette urine puriforme dont nous venons d'indiquer la presence dans les bassinets renaux.
Le reservoir urinaire est souvent vide et contracte; quelquefois il contient un liquide jaune, fdant, odo-rant. La muqueuse est injectee, ramollie et parfois recouverte de taches petechiales, surtout vers le bas-fond.
Les organes genitaux internes sont frequemment le siege d'une congestion intense.
Appareil respiratoire. — Les organes qui constituent I'appareil respiratoire sont, k un degre variable, constamment älteres.
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Nombreuses sont les lesions qui peuvent atteindre le larynx au cours de l'affeetion typhoide.
Dans les cas simples, il presente seulement les traces de la congestion gerieralisee du Systeme des muqueuses, mais il pent y avoir, k proprement parier, complication de laryngite. On constate alors h l'autopsie le ramollissement et l'epaississement de la muqueuse de l'organe ; les lesions peuvent aller jusqu'ä la gangrene. Les auteurs ont signale, depuis longtemps dejä, des ulcerations du larynx liees k l'affeetion typhoide.
L'epiglotte, les ventricules peuvent aussi presenter de petites ulcerations grisätres, taillees k pic, plus ou moins profondes, interessant meme parfois les cartilages.
Les voies aeriennes sont toujours le siege d'un catarrhe qui peut s'etendre jusqu'aux plus petites ramifications bronchiques. Leur muqueuse est injectee d'un rouge sombre, tapissee dune secretion visqueuse. Par suite, sur plusieurs points, elles deviennent impermeables k l'air, et les portions correspondantes des poumons sont en collapsus avec atelectasie.
Dans l'affeetion typhoide les poumons sont toujours
touches. A leurs regions declives, on trouve de la
.congestion passive, de l'hypostase, avec ou sans
cedeme. Ces lesions presque constantes dans les
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appendices anterieurs, different considerablement de l'h^patisation pneumonique.
La congestion passive est la regie. Les deux poumons sont, dans leurs parties declives, d'un rouge plus ou moins fonce, quelquefois violace. Leur coupe, plane, lisse, laisse ecouler de l'ecume sanguinolente. Cette Hypostase pulmonaire, bien connue sous le nom de splenisation, parce que les tissus ressemblent alors k la pulpe de la rate, dif-fere, sous bien des rapports, de VMpatisation pneumonique. Ainsi, les granulations caracteristiques de la pneumonic franche, au deuxieme degre, n'existent jamais dans la congestion passive. De plus, dans la fievre typho'ide, le parenchyme pulmonaire, moins souple qu'k I'ordinaire, reste cependant flasque, comparativement a ce qu'il devient.dans la pneumonic lobaire. Enfin, tandis que les tissus hepatises tombent immediatement quand on les jette dans l'eau, les morceaux de poumon splenise sont permeables et surnagent encore assez bien; on pent meme, quand la lesion n'est pas trfes accentuee, rendre aux tissus, par I'in-sufflation, leur souplesse premiere.
Quelquefois I'observation necroscopique revele dans le parenchyme pulmonaire, des alterations tres graves et nettement definies. Nous voulons parier de pneumonies lobulaires et lobaires;
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Ces lesions, d'ailleurs exceptionnelles, sont en rapport avec les rales crepitants, le souffle tubaire, les mucosites rougeätres que nous avons mention-nes clans l'etude des syptömes et des complications.
Dans la majorite des cas, la sereuse pulmonaire est injectee et plus ou moins epaissie, surtout dans le mediastin anterieur.
L'epanchement de liquide est frequent, mais il est rarement abondant. On peut trouver des points d'adherence ainsi que des fausses membranes entre les plevres pulmonaire et costale.
Organes de la circulation. — Sang. — Girard, en 1825, avait dejä reconnu que le cceur est souvent et fortement atteint dans l'affection typoule. L'au-topsie le montre augmente de volume, exsangue et ramolli. A sa surface externe sont disseminees des taches plus ou moins foncees, meme noires. Salle dit avec raison que la pointe est parfois telle-ment noire qu'elle semble avoir ete baignee dans Teuere. Le tissu musculaire du cceur est ordinal-rement mou, d'un jaune grisätre; les fibres sont päles, flasques; elles se laissent facilement dechirer. Les place-t-on sous le microscope, on les trouve comme infiltrees par places de granulations tres fines ; elles peuvent meme presenter, quand le
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malade a succombe dans la derniere periode, les lesions classiques de la degenerescence grais-seuse.
Dans le ventricule droit on ne trouve que du sang noir et fluide; quelquefois le ventricule gauche renferme un caillot sanguin de dimensions variables et pouvant remonter assez haut dans I'aorte. Ce caillot blanc, forme de fibrine, s'est-il constitue ante ou post mortem ? Gelte question a ete l'objet de nombreuses controverses. D'apres Zundel. il serait prouve que sur les chevaux qui souffrent considerablement et sur les sujets qui sont c'on-damnes par quelque paraplegic a un decubitus prolonge, un pared caillot pent se produire avant la mort; pareille lesion peut done s'observer dans Taffection typhoide sans qu'elle soit propre h celte maladie. Du resle, le simple examen des pieces peut inontrer qu'il s'agit ou non de caillots ago-niques, D'apres la description classique de Legroux, la condensation, la coloration gris-cendre, la structure en lamelies concentriques et stratifiees. I'adbe-rence aux valvules et aux parois du coeur indiquent que le coagulum s'est forme durant la vie.
Le pericarde parfois intact est neanmoins sou-
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ent congestionne. La pericardite secondaire n'est pas rare. Dans certains cas, la cavite de la sereuse renferme une plus ou moins grande quantite de
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liquide. Nous avons trouve, avec M. Barthelet, un litre de serosite citrine chez un cheval; dans une autre autopsie, repanchement tout au moins aussi considerable, presentait les caracteres d'un pus grumeleux, grisätre et mal lie; des fausses membranes nombreuses recouvraient les deux feudlels du pericarde.
L'endocarde est epaissi, opaque et presente des taclies foncees, noirätres, des petechies, surtout dans l'oreillette et le ventricule droits.
Les valvules mitrale, tricuspide et sigmoides ont une teinte sombre et sont le siege d'une infdtra-tion plus ou moins considerable.
Souvent il existe des petechies a la surface exte-rieure des vaisseaux, notamment ä Textremite an-terieure de l'aorte. La membrane interne de ce vaisseau et des gros troncs arteriels est epaissie et s'enleve avec la plus grande facilite.
Si Ton consulte les auteurs sur les modifications subies par le sang dans le cours de l'affection typho'ide, on se trouve tout d'abord en face d'une divergence d'opinions qui ne laisse pas d'etre em-barrassante. Mais ces contradictions si completes en apparence, disparaissent peu k pen devant un examen reflechi. La difference des resultats pro-vient manifestement de ce que le sang a etamp; analyse dans des periodes differentes de la raaladie, tantot
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au debut, tantöt ä la periode d'etat, tantöt au declin, voire meme apres la mort.
C'est qu'en effet l'etat du sang n'est pas le meme dans tout le cours du processus morbide : d'abord legere, ä peine appreciable, l'alteration devient de plus en plus profonde, et, chaque jour, le liquide sanguin perd de ses proprietes essentielles.
Le serum, de quantite variable, tient en solution les elements colorants de la bile. En versant sur le serum un acide, on voit deux phenomenes se produire : d'abord formation d'un precipite du a la coagulation de l'albumine, et, en second lieu, par la presence frequente de sels biliaires, I'appa-rition de diverses teintes variant du vert tendre au vert sombre, du bleu celeste au bleu fonce.
La fibrine est plus considerable au debut de 1'affection ; mais k mesure que le mal progresse, ses proportions diminuent ; le sang devient par suite de moins en moins plastique, la coagulation ne se fait plus qu'avec peine. C'est alors qu'appa-raissent les taches, les petechies, les ecchymoses. Le sang, noir, poisseux, fluide, s'altere au contact de l'air avec une rapidite remarquable; c'est ä peu pres dans cet etat qu'on le trouve au moment de l'autopsie. Les globules rouges, dans la majorite des cas, resteraient k peu pres au meme chiffre : tel est, du moins, le resultat des recherches de
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Ilan, faites avec l'appareil de Malassezo D'apres A. Robin, il y aurait au contraire diminution des hematics o Mais si les modifications quantitatives sont variables, il n'en est pas de meme des modifications qualitatives. Si Ton examine les globules sanguins, a la periode d'etat de la fievre typhoide, on les trouve presque tons irreguliers, etoiies, dechiquetes, non plus en pile de monnaie, mais se reunissant en masse et pele-mele. Ajoutons qua dans les cas graves I'alteration va jusqu'^i la destruction.
Au debut de la maladie, les leucocytes sont aug-mentes de nombre et de volume. Ce fait cst remar-quable. Wirchow et son ecole admettant commo demontre que les glandes lymphatiques president h la formation des globules blancs . il en resulte pour eux que la proliferation morbide des follicules clos de la rate, des plaques de Peyer, etc., dans la fievre typhoide, doit avoir pour consequence la production forcee d'une veritable leucocytose, et c'est on effet ce qui ressort de l'examen du sang.
Outre ces alterations globulaires, I'etude mi-croscopique decele encore dans 1c sang la presence d'elements nouveaux : cristaux et bacteri-
dies.
Les cristaux, roses, se presentcnt sous des formes geometriques variables : rectangles, losanges.
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prismes, polyedres, etc.; parfois en lamelles, par-fois en aiguilles.
Des bätonnets flottent inertes dans le sang, agmi-nes ou solitaires. Ces vegetaux microscopiques sont-il speciaux, caracteristiques de l'affection typhoide, ou bien doit-on les considerer comme analogues aux bacteries qui se produisent dans le sang en decomposition ? Pour la grande majorite des micrographes, ces baguettes n'ont aucun carac-tere specifique. Le sang des typhiques serait par consequent semblable au sang cadaverique; seu-lement, tandis que d'ordinaire les cristaux d'hema-to'idine et les bacteries n'apparaissent qu'une quinzaine d'heures apres la mort, dans le sang typhoide ces produits peuvent exister dejä sur 1'a-nimal vivant.
Muscles. — Les muscles sont päles et flasques. Les fibres peuvent subir la degenerescence grais-seuse et, dans certains points, la degenerescence cifeuse de Zenker. Parfois, en dehors de l'infection purulente, on decouvre dans le tissu musculaire des collections de pus de dimensions variables qui rappellent par leur aspect les abces de la pyohemie.
Nous avons parle, dans le chapitre des symp-tomes, de boiteries et meme de paraplegics sur-venant, k titre de complications, dans le cours de la fievre typhoide. Ces derniers accidents ont
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ete quelquefois attribues ä des alterations des muscles psoas.
Centres nerveux. — Le trait saillant des lesions constatees dans les centres nerveux, c'est la stase sanguine dans les vaisseaux sus et sous-arachnoi-diens, y compris ceux qui rampent sur les lobes cerebraux ou le long de la moelle. M. Mitaut a signale des depots purulents verdätres et des points raraollis. II y aurait done eu lä raeningite. Ces con-statations ne doivent pas nous surprendre, car nous savons que des fails analogues ont ete observes chez I'homme par Louis, Buhl, Hoffmann, etc.
L'oedeme, plus ou moins intense, qu'on trouve dans le cerveau et les ventricules, s'observe egale-raent clans nombre d'autres maladies. II serait done inexact de lui attribuer les symptömes cerebraux plus ou moins graves qui peuvent accompagner I'affection typho'ide. Megnin a signale des infir-mites incurables resultant d'une lesion des troncs sciatiques.
En somme, il n'existe pas dans I'appareil cerebro-spinal, de lesion essentielle qui puisse etre rerdue responsable des accidents nerveux, lesquels se montrent quelquefois si redoutables dans le cours de la maladie dont nous venous d'exposer les lesions principales.
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CHAPITKE V.
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DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL.
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Pour etre veritablement feconde en enseignements cliniques, I'etude comparative de deux maladies pre-sentant h la fois des points de contact et des dissemblances, suppose une exacte notion de leur nature, de leur sifege, de leurs formes et de leur evolution.
La medecine veterinaire qui, pour nous, n'a pas distingue d'assez pres jusqu'ici la specificite de la fievre typho'ide du cheval, ne pouvait done pas en edifier le diagnostic sur des bases suffisamment lar-ges. C'est pourquoi les auteurs n'ont fourni sur ce point que des donnees incompletes.
Nous avons repete maintes fois que la fievre ty-phoide du chaval doit etre nettement differenciee des etats typho'ides. Nous croirions cependant sortir du programme que nous nous sommes trace, en expo-
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sant ici, sous pretexte de diagnostic, toute rhistoirc des affections qui, de pres ou de loin, peuvent presenter quelques traits de ressemblance avec la ma-ladie que nous etudions.
II nous serait certainement facile d'ecrire de lon-gues pages sur ce sujet: l'exageration d'un Symptome, la modification de la marche, I'apparition d'un accident quelconque ne rapprochent-elles pas quel-quefois, au point d'en rendre la confusion possible, les maladies les plus distinctes ?
Nous ne pourrions alors etre complet qu'en passant en revue la plupart deo maladies febriles aigues, non seulement dans leur type ordinaire, mais encore dans toutes leurs deviations possibles. Or, notre but est essentiellement pratique; nous nous bornerons done ä exposer dans un apergu rapide, les maladies qui, par leur ensemble clinique, peuvent etre souvent pour le praticien un sujet de confusion et d'erreurs. gt;
Pneumonie. — La pneumonic franche, fibrineuse n'est pas contagieuse. Plusieurs cas peuvent se mon-trer simultanement par influence climaterique, mais la contagion, dans le vrai sens du mot, n'existe pas.
Le debut est brusque, solennel; la fievre monte rapidement. I'ascension est suivie d'un plateau; puis, du septieme au neuvieme jour, apparait la deferves-
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cence marquee par une chute brusque de la temperature.
. Nous n'insistons pas sur les signes physiques et fonctionnels de la pneumonic, parce qu'ils peuvent apparaitre dans le cours de la fievre typhoide, la pneumonic lobaire etant par elle-meme une complication possible de cette maladie.
Ce qui distingue la pneumonic simple de la pneumonic compliquant la fievre typhoide, c'est, avec l'absencc de contagion, la brusquerie du debut ct la difference de la courbc thermique.
Mais pendant une epidemic de fievre typhoide, ou ä cause dc certaines conditions plus ou moins obscures jusqu'ici, une pneumonie simple peut revetir le caractere typhoide, c'est-ä-dire qu'clle sera ac-centuee par une depression considerable des forces, par des troubles nerveux adynamiques, quelquefois meme par des determinations intestinales ou bi-lieuses; la phlegmasie pulmonaire merite bien alors le nom de pneumonie typhoide.
Dans ces cas d'un diagnostic difficile, on distin-gucra la pneumonie typhoide de la pneumonie compliquant la fievre typhoide par la marche de la maladie et surtout encore par la marche de la temperature.
La pneumonie typhoide envahit souvent d'emblee et sur une grande etendue les deux pouraons. Sa
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marche n'a pas l'allure rapide des pneumonias simples; la resolution se fait ordinairement attendre.
Pleurteie aigue. — A ne considerer que la fievre et l'abattement du cheval pleuretique, sa marche incer-taine et titubante, la coloration rouge ou jaunätre de ses muqueuses, sa soif vive, ses urines rares et chargees, on pourrait penser peut-etre au premier abord k une fievre typhoide.
Gependant la confusion n'est guere permise, car la pleuresie ne possede ni la nature contagieuse et epizootique de la fievre typhoide, m sa courbe thermique, ni ses complications, ni ses pheno-menes ataxo-adynamiques. De plus, Finflammation des plevres est essentiellement caracterisee par la frequence et le pen d'etendue des mouvements res-piratoires, par leur type abdominal, par une toux seche, avortee, penible, par la crispation saisissante du facies, la fixite du regard, enfin par la douleur intercostale, douleur si vive que la moindre pres-sion, le plus leger mouvement, determinent aussi-tot chez le malade un brusque mouvement re-pulsif.
Mais nous avons vu que la pleuresie pouvait, au meme titre que la pneumonic fibrineuse, quoique plus rarement encore, surgir dans le cours de la fifevre typhoide et embarrasser le clinicien. Les bases
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du diagnostic s'^tablissent alors sur la marche de l'affection, brusque dans la pleuresie simple, insi-dieuse et progressive dans la fievre typhoide, En outre, ä cause de l'affaiblissement si rapide et si profond de l'economie, l'animal reagit moins sous l'influence des agents excitants; la percussion tho-racique n'eveille plus chez lui cette douleur si vive qu'on constate tons les jours dans la pleuresie franche.
Vertige. — Nous croyons que certaines affections englobees par les auteurs veterinaires sous la denomination commune de vertige typhoide, ne se rapporte bien souvent qu'k la forme cerebrale ataxi-que de la fievre typhoide. En somme, le vertige es-sentiel, maladie relativement peu frequente, ne peut etre diagnostique que par elimination successive des diverses affections qu'il peut compliquer.
Quand la maladie se manifeste ä la fois sur un certain nombre d'animaux agglomeres; quand les symptomes cerebraux, toujours accompagnes plus ou moins de troubles intestinaux et respiratoires apparaissent, tout indique que le vertige n'a que la valeur d'un Symptome et qu'il s'agit en r^alite d'une forme de la fievre typhoide.
II Importe done de determiner si le vertige est essentiel on secondaire. On y parviendra par I'etude
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des antecedents des malades, du milieu, des conditions exterieures, et par l'examen methodique des differents appareils de l'encephale, du thorax et de l'abdomen.
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Entc'rite. — Chez Fanimal adulte l'enterite et la üevre typhoide ne se ressemblent guere.
Dans l'enterite simple, les phenomenes prodro-miques n'existent que du cote de l'abdomen. Les chevaux malades accusent des coliques qui bientöt deviennent intenses et se traduisent par des signes non equivoques. Au contraire, dans la fievre typhoide, meine dans la forme muqueuse, les coliques restent ordinairement legeres, le ventre est moins sensible, et l'on ne voil pas le malade, sous l'impul-sion de la douleur, gratter le sol, se rouler, s'agiter et se plaindre.
Tandis que dans la fievre typhoide les determinations broncho-pulmonaires sont de regle, les or-ganes respiratoires restent intacts dans l'enterite commune; il n'y a dans la poitrine ni matite, ni rales, ni souffles.
Le Systeme circulatoire n'est pas affecte dans l'enterite, maladie locale, au memo degre que dans la fievre typhoide, maladie generale.
Dans l'enterite, le pouls reste dur, frequent, regulier. La temperature ne depasse guere ordinai-
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rement 39deg;, 5, et ne presente pas surtout la courbe cyclique de la fievre typhoide.
La prostration des forces, dans cette derniere affection, est un phenomene initial; dans 1'entente eile est tardive et proportionnelle tant a I'intensite des douleurs qu'ä l'abondance de la diarrhee.
Enfin, I'enterite dure en moyenne une semaine et la terminaison en est communement favorable.
Mais, coinme la p^euraonie franche, I'enterite simple pent s'accompagner de troubles nerveux ataxo-adynamiques, de prostration intense ; revetir, en un mot, la forme typhoide. G'est surtout sur les jeunes chevaux de remonte que I'enterite prend cette allure speciale, et eile frappe assez souvent plusieurs ani-maux h la fois.
11 est evident que la distinction devient alors des plus difficiles. Le veterinaire doit suspendre son jugement; c'est seuleraent par devolution du mal que se fera la lumiere.
Gourmc. — La gourme, affection generale, a plus d'un trait de ressemblance avec la fievre typhoide.
A l'egal de cette derniere, eile frappe particu-lierement les chevaux jeunes pendant la periode de l'acclimatement; eile atteint un certain nombre de sujets k la fois; eile est contagieuse.
Comme autres caracteres de rapprochement entre
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l'etat gourmeux et la fievre typhoide, on peut citer I'abattement, la teinte sub-icterique des conjonc-tives, la toux, l'acceleration et l'irregularite du ilanc.
Notons entin la tendance aux localisations pul-monaires.
C'est surtout la gourme maligne qui peut preter ä confusion, h cause de l'etat petechial et meme ulcereux de la pitmtaire, des alterations du pouls et de la respiration, de ses frequentes determinations sur les poumons, le tube digestif et 1'appa-reil cerebro-spinal.
Mais, en these generale, dans l'etat gourmeux, on constate de I'abattement et non, ä propreraent parier, de la stupeur.
La marche de la temperature est extremement variable, k ce point qu'on ne saurait admettre une courbe thermique speciale.
Pendant plusieurs jours, s'ecoule par les naseaux un jetage abondant muco-purulent, ce qui ne s'ob-serve pas, au meme degre, dans la fievre typhoide. Enfin il y a tendance prononcee ä la suppuration. Tres rapidement, en effet, se formen! des abces dans I'espace intermaxillaire, les parotides, les poches gutturales. C'est ä l'etat inflammatoire de ces regions et aussi k I'angine, qu'on doit attri-buer l'extension de la tete sur I'encolure.
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A vrai dire, des abces apparaissent parfois au cours de la fievre typhoide; mais ils sont moins frequents, moins nombreux, et le pus qu'ils con-tiennent est ordinairement sereux, clair, mal lie, tandis que le pus gourmeux est epais et cremeux.
Affection charbomeuse. — Pendant une epizootic de fievre typhoide, il est possible d'attribuer certains cas de mort rapide ä une forme foudroyante de fievre typhoide, alors qu'ils ne sont que le re-sultat de l'affection charbonneuse.
Ces meprises sont loin d'etre surprenantes si Ton s'en tient aux differents symptomes, qui pre-sentent k pen pres la memo physionomie dans les deux aifections dont nous nous occnpons en ce moment,
Les frissons, les sueurs, la prostration profonde, la station difficile, la marche chancelante, les coli-ques legeres avec sensibilite de l'abdomen, I'acce-leration de la respiration, la petitesse et l'irregu-larite du pouls, la coloration jaune des muqueuses, la couleur foncee, rougeätre, sanguinolente meme des urines, les accidents nerveux n'appartiennent-ils pas aussi bien k la fievre typhoide qu'k la fievre charbonneuse? Sans doute. Mais entre ces affinites symptomatiques il y a place pour bien des dissemblances.
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A la rigueur nous avons pour assurer le diagnostic une pierre de touche infaillible : c'est I'exa-raen microscopique du sang, qui contient ccs bac-teries speciales si bien connues aujourd'hui, et sur I'histoire desquelles nous ne croyons pas devoir insister.
Pour nous borner h la pratique quotidienne, lt;;'est-ä-dire aux donnees de la clinique, il faut tenir d'abord grand compte des elements fournis par les notions de milieu, de contree, de maladies regnantes; de plus, contrairement ä ce qui existe pour la fievre typhoide, Taffection charbonneuse n'atleint d'ordinaire que les chevaux faits, immatri-cules depuis quelques annees dejä ; eile debute brusquement, sans s'annoncer par des signes pro-dromiques. La temperature peripherique se trouve diminuee mais le thermometre dans le rectum marque des le debut 40 et meme 41deg;. D'ailleurs il n'y a pas de courbe thermique.
Indiquons comme autres signes inconnus dans la fievre typhoide : un ronflement particulier aux naseaux et la perte presque complete de la vue. Enfin, ajoutons que la marche de la fievre charbonneuse est foudroyante, et que la mort, terminai-son fatale, ne se fait pas attendre au delä de trois jours.
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TRAITEMENT.
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Les analogies si frappantes qui relient la fievre typhoide humaine k celle du cheval, analogies que nous avons essaye de mettre en relief dans le cha-pitre qui precede, n'ont pas seulement un interet sp^culatif; elles sont eminemment fecondes en consequences pratiques.
Tout recemment, M. Bouley(lgt;, dans son cours du Museum, insistait precisement laquo; sur les ressources que pent offrir la pathologic comparee pour I'etude des medications appliquees aux maladies communes ä differentes especes raquo;.
Les deux medecines se confondent dans la pathologic generale, et, leur methode etant evidemment la merae, on pouvait concevoir, ä priori, que de causes et de symptomes analogues decouleraient en thera-peutiquc des indications identiqucs. C'est en effet ce que la comparaison demontre. Depuis longtemps Knbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;les veterinaires soignent la fievre typhoide comme
(1) Bouley. Loco citato, p. 30.
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les medecins ; chez Thomme et chez le cheval, les grandes lignes du traitement sont absolument les memes; aussi ne devra-t-on pas etre surpris des em-prunts que nous avons falts k la medecine humaine.
Tout en tenant compte de la difference des orga-nismes sur lesquels le mal evolue, nous nous propo-sons d'indiquer, h propos du traitement, certains agents therapeutiques mis journellement k profit par la medecine de l'homme, et dont Temploi n'a pas encore prevalu dans la fievre typhoide du cheval.
A. — Traitement prophylactique.
La prophylaxie de la fievre typhoide comprend deux ordres de mesures ayant pour objet, les unes de prevenir la genese du mal, les autres d'en empe eher la propagation.
1raquo; Mesures dos tine es ä prevenir la genese du mal.
Les prescriptions que nous allons indiquer visent non seulement la fievre typhoide, mais toutes les maladies contagieuses, virulentes ou miasmatiques. Blies sont de la plus haute importance, bien qu'elles ne constituent en somme qu'une application des regies de l'hygiene generale.
Et d'abord, en tout temps, chaque quartier (cours et ^curies) doit etre tenu dans un parfait etat de
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propretö. Les ruisseaux qui portent an dehors les eaux sales doivent etre entretentfs de teile söfte qu'ils permettent toujours un äcöulement facile.
La bouche des egouts exp'ortant les dejections doit etre aussi eloignee que possible des habitations des chevaux.
Les latrines, les fumiers, seront places loin des ecuries, dans un enclos, s'il se pent, et sur un terrain moins eleve que celui du quartier, afin depre-venir autant que possible les infdtrations.
Les tonneaux des eaux grasses, qu'on laisse trop souvent sejourner aupres des cuisines et qui peuvent devenir autant de foyers d'infection, doivent etre supprimes ou tout au moins relegues dans I'endroit le plus recule du quartier; on exigera qu'ils soient r^gulierement vides chaque jour.
II est de premiere importance de veiller au net-foyage frequent, voire meme ä la desinfection complete des ecuries dans lesquelles on doit entretenir une ventilation large et constante, quelle que soit du reste la temperature exterieure.Toutefois, k la rentree du travail, il y a lieu de rägler l'aeration de fagon ä ^viter les refroidissements subits.
Les denies mises en distribution doivent etre bien recoltees, bien composees et exemptes d'ava-ries.
Le transport de la cause morbigöne tient souvent
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ä l'alteration des eaux potables par des infdtrations provenant de fosses d'aisances, par des dejections, par des matieres organiques putrefies. On doit done veiller k ce que les eaux de boisson soient absolu-ment saines; ce resultat ne pent etre obtenu que par la surveillance des mares et des puits, d'une part; des egouts et des fosses d'aisances, d'autre part.
Des qu'un puits, une fontaine sont soupgonnes d'infection, le veterinaire les interdira aux chevaux et en demandera le curage immediat.
La desinfection des latrines et des egouts, l'eloi-gneraent des fumiers seront s'il y a lieu, le complement de ces premieres mesures.
Quand les chevaux ont bu, les auges doivent etre completement videes et nettoyees.
La sante des jeunes chevaux de remonte, plus menacee que celle des adultes au point de vue qui nous occupe, reclame la plus severe sollicitude. Ces animaux, qu'on transporte ordinairement dans des wagons de marchandises, mal amenages, ne doivent voyager que dans des voitures suffisamment spa-cieuses, divisees en stalles, d'une proprete rigoureuse et desinfectees frequemment.
2deg; Mesures destinies k prevenir la propagation du poison.
Que la fievre ait et^ importee ou qu'elle ait pris naissance dans le regiment meme, quelles sont les
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mesures k mettre en vigueur pour la corabattre et en empecher I'extension?
La contagion dominant toute l'etiologie de la fievre typhoide, le point fondamental de la prophylaxie sera la suspension de toute espece de rapports entre les chevaux sains et les chevaux infectes.
Le veterinaire, en meme temps qu'il satisfait aux indications les plus pressantes, doit s'efforcer de de-couvrir les causes qui ont pu contribuerä l'apparition et au developpement de l'epizootie. A-t-elle debute sur des chevaux nouvellement arrives ? Y a-t-il en-combrement des chevaux dans les ecuries oü le mal a eclate ? Ces ecuries sont-elles voisines de foyers d'in-fections, tels que : ruisseaux bourbeux, marecages, fabriques d'engrais, fosses ä fumiers, depotoirs et le reste? L'affection regne-t-elle sur les chevaux d'un autre regiment, soit dans la garnison meme, soit dans son voisinage, ou bien encore sur les chevaux etran-gers ä l'armee? L'alimentation n'a-t-elle pas ete defectueuse? Y a-t-il eu modification de regime, d'habitudes? Les chevaux ont-ils ete soumis k des travaux excessifs ?
La determination de ces diverses influences sur la genäse oü la diffusion du mal pent eclairer le prati-cien relativement aux moyens h mettre en oeuvre contre l'epizootie presente et sur les dispositions ä prendre pour en empecher le retour.
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Les mesures de salubrite generale doivent varier selon qu'il n'^xiste que quelques cas sporadiques de fievre typhoide, que la maladie ne parait pas offrir de caracteres redoutables, qu'elle n'affecte aucune tendance ä s'etendre, ou bien que, d'emblee, ou dans un court delai, eile a frappe un nombre considerable d'animaux et qu'elle semble revetir une marche enva-hissante.
Dans le premier cas, les chevaux malades seront isoles des l'apparition des symptomes, et places dans les locaux les plus eloignes de l'habitation des chevaux sains.
. Apres desinfection (1), leurs places resterontva-cantes pendant un mois environ.
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(1) Nous croyons devoir rappcler ici les rfegles ä suivre pour opörcr la ddsinfection de l'habilalion et du harnachement des chevaux.
La ddsinfection estgdndraleou partielle; partielle, s'ils'agitseu-lement d'un cas sporadique; gdndrale dhs que la maladie, s'dtend.
Procede de desinfection.
Tout d'abord on enlevera la litifere, qui sera incindrde et non por-Ide au furnier. Les muraillcs, les plafonds, les räteliers, les man-geoires, les bat-flancs, seront grattds, puis lessivds avec de l'eau bouillanle dans laquelle on meltra, pour chaque litre, 50 gr. de chlorurc de chaux. La ddsinfection du sol varicra selon sa nature. Est-il en terre battue, on le renouvellera dans une dpaissaur de IS ä 20 centimetres. Est-il en macadam, il faudra le racier soigneu-semenl ou mdme le refaire s'il est ddjä ddtdriord.
Pour ddsinfecler jusque dans les interstices, on aura recoursaux pulvdrisalions d'acide phdnique, de coaltar, d'acide sulfureux ou
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Dans les epizooties benignes, ['evacuation du quartier ne nous parait nullement indispensable; mais la disinfection generäle n'en est pas moins indiquee, et cnaque fois que le temps le permettra, tons les animaux seront attaches en dehors des ecuries, afin qu'ils puissent beneficier de rinfluence salutaire du grand air.
Mais la maladie a dejä attaint un nombre assez eleve d'animaux, et sa tendance a l'extension devient manifeste. II faut sans retard retirer du milieu typhogene les chevaux qui paraissent indemnes, et
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d'essence de tärdbenthine. A la rigucur la simple vapeur d'eau ä la tempdralure do HO0 pent rendrede grands services comme agent disinfectant, ainsi que I'altestent les experiences failes par la Commission d'hygiöne hippique en 1879, el les r(5sullats obtenus par M. le vöUSrinaire principal Capon, lors de l'dpidtaie de morve qui a Tigni. en 1879 et 1880, sur leä chevaux logos dans le quartier de la Part-Dieu, ä Lyon. Enfin, la disinfection du local ne sera complete qu'aprts blanchiment k la chaux et applications multiples de couches de peinture sur les objets en bois ou en mötal.
Ces mesures devront s'^tendre aux hangars de ferrage et d'opö-rations.
Les effets et ustensiles d'öcurie seront nettoyös, lessivds et passös ä l'eau chloruräe.
Harnachement. — On lavera les parties en cuir ou en peau, on les passera ä l'eau chloruräe, puis on les recouvrira d'une couche d'huile.
Les objets en fer et les parties en toile et en drap devront 6lre trempös pendant quelques instants dans l'eau bouillante.
Semblable operation sera subie par les objets de pansage et les effets d'habillemenl des hommes qui auront soignä les chevaux lyphiques.
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les mettre ä la corde ou dans des baraquements, distants du quartier de plusieurs kilometres, et, autant qu'il est possible, dans un endroit boise, sur un terrain sablonneux ou calcaire, un peu eleve et eloigne de toute source infectieuse.
Les escadrons ou batteries devront etre separes par un Intervalle d'une centaine de metres; la litiere sera legere et renouvelee frequemment; on deposera les fumiers h une distance de 400 ä 500 metres environ. Si le sejour au bivouac doit se prolonger, on devra faire en sorte de changer de temps ä autre I'emplacement.
Gontrairement k I'opinion emise par quelques-uns de nos collegues qui croient devoir prescrire l'eloignement des typhiques, nous pensons avec M. Feger, qu'il est preferable de les laisser dans le quartier; car, d'un cöte, etant dejä frappes, ils n'ont rien ä redouter de l'influence de l'agent morbide, et, d'autre part, ils seront ä portee pour rece-voir les soins necessaires dont ils seraient prives en partie s'ils etaient campes au loin. Enfin, ils n'auront pas ä supporter les pluies et la fraicheur des nuits qui deviendraient inevitablement mor-telles pour les plus gravement atteints. D'ailleurs, l'eloignement des malades laisserait-il le quartier Inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; moins infecte, et le mal ne continuerait-il pas h
se developper et k s'etendre ?
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Pour ces motifs, il y a tout interet, ce nous semble, k n'eloigner que les chevaux sains.
Que ces derniers soient campes, ou que, vu le peu de gravite de l'affection, ils aient ete main-tenus au quartier, il est de toute necessite de les visitor deux fois par jour, afm de pouvoir prendre en observation tout cheval qui, sans presenter ies signes evidents de la fievre typho'ide, ne parait pas en bonne sante, est triste et a peu d'appetit. Mais, des qu'apparaissent les premiers symptomes, les malades doivent etre transferes de l'ecurie d'observation dans celle qui est specialement reservee aux typhiques, oil ils recevront les soins curatifs.
Le pansage des chevaux sains sera soigneuse-ment execute.
Les denrees devront etre de premiere qualite. Selon I'epoque, on donnera du vert ou des carottes, en sus de la ration normale.
Une grande moderation sera apportee dans le travail journalier qui, en temps d'epizootie, doit etre plutot un exercice hygienique qu'un motif de depenses de forces. On ne saurait trop redoubler de vigilance pour soumettre les chevaux du corps infecte aux regies de l'hygiene la plus ration-nelle.
Quand regne une epizootic typho'ide, toute mutation entre chevaux d'escadrons ou batteries doit
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etre rigoureusement interdite; les escadrons ou batteries meme ne doivent pas changer de caser-nement entre eux.
On doit aussi, dans I'interet general, interdire les ecuries ä tout cheval etranger.
Si dans une garnison de plusieurs regiments, Tun d'eux seulement est atteint d'une epizootic de fievre typho'ide, le contact entre les animaux des deux corps doit etre evite. Autant que possible les exercices n'auront pas lieu sur le meme terrain, ou, tout au moins, les heures de travail ne devront pas coincider.
Les abreuvoirs ne sauraient etre communs.
Les troupes infectees ne prendront part ni aux manoeuvres de corps d'armee, ni aux manoeuvres de division ou de brigade. Elles ne changeront pas de garnison.
Des operations d'embarquement sont-elles pre-scrites pour les chevaux, il faut se garder de mettre k la disposition du regiment indemne le materiel ayant servi ä celui qui est infecte, ä moins de l'avoir soumis prealablement ä une desinfection rigoureuse.
Si des chevaux de passage, notamment des jeunes chevaux de remonte, presentent des symptomes pouvant faire soupgonner I'apparition prochaine de la fievre typho'ide, il est prudent de les placer
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en subsistance dans le regiment ou regne la ma-ladie.
Un corps de troupe en marche evitera les gites d'^tapes et les localites oü la fievre sevit. Dans ce cas, les chevaux seront mis au bivouac.
Dans les depots de remonte, independamment des mesures precitees applicables aux chevaux des corps, il y a lieu de suspendre les achats et les envois dans les regiments jusqu'ä cessation complete de l'epizootie.
Les corps infectes doivent cesser momentane-ment de recevoir leurs jeunes chevaux.
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TBAITEMENT CURATIF.
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Toujours difficile, l'appreciation comparee des methodes therapeutiques Test surtout dans la fievre typhoide, en raison des differences considerables qui separent, au point de vue de la forme et de l'intensite, les cas particuliers ou les epizootics.
Neanmoins, ä s'en tenir aux donnees fondamen-tales, on pent ramener aux quatre indications sui-vantes, le traitement curatif:
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1deg;
2deg;
3deg; 40
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Relever les forces.
Abaisser la temperature, prevenir les congestions actives ou passives.
Modißer l'äat du sang, provoquer Velimina-tion du poison.
Soulager les symptdmes penibles, prevenir on trailer les complications.
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Relever les forces.
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Le caractere [adynamique de la fievre typhoide, la debilite, I'affaiblissement rapide qu'elle pro-
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voque chez les sujets atteints, commandent impe-rieusement de repousser tout moyen spoliateur, pour soutenir, des le debut, les forces periclitantes, par des toniqu.es et des stimulants.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que la medication tonique est en honneur contre la fievre typho'ide. En Angleterre, Graves, Stokes, Todd, Peacock, Hugues-Bonnet erigerent les premiers l'emploi des toniques en methode generale. Bientot, sur le continent, les veterinaires aussi bien que les mede-cins, suivirent la voie tracee par les pathologistes de Londres et d'Edimbourg.
Dfes 1861 le docteur Renard, dans une these re-marquable, resumait ainsi la question :
laquo; Nous croyons pouvoir tirer de notre travail laquo; les conclusions suivantes :
laquo; 1deg; Les aliments et les toniques ne produisent laquo; pas sur la lesion intestinale ni sur I'etat general laquo; d'un typho'ide les effets incendiaires qu'on avait laquo; voulu leur attribuer ;
laquo; 2deg; Ils peuvent procurer au contraire des laquo; succes inesperes, des guerisons presque mira-laquo; culeuses dans la forme adynamique et muqueuse laquo; de la maladie ;
laquo; 3deg; Leur privation prolongee peut produire laquo; tous les symptomes de l'adynamie et placer les
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laquo; malades dans des conditions tres defavorables laquo; pour la guerison;
laquo; 4deg; La plupart des complications ne sont pas laquo; des contre-indications k leur emploi, parce que laquo; tons les symptomes alarmants se tiennent et dis-laquo; paraissenl en memo temps;
laquo; 5deg; Une reaction violente suit quelquefois I'in-raquo; gestion des aliments; eile peut induire le mede-laquo; ein en erreur et lui faire croire qu'il a commence laquo; ä nourrir trop tot, quand au contraire, e'est laquo; souvent un indice qu'il a trop attendu. raquo;
En 1867, M. Bizot, veterinaire principal (1), dans le journal de medecine veterinaire, s'exprimait en ces termes :
laquo; II est actuellement inutile de faire le proces laquo; aux antiphlogistiques appliques au traitement de laquo; raffection typhoide, car tons les moyens debi-laquo; litants tels que la diete, la saign^e et les exutoires laquo; ont ete condamnes sans appel par I'experience.. laquo; Les disciples meme de 1'ecole broussaisienne, laquo; apres avoir vaillamment et peut-etre trop long-laquo; temps combattu, ont vu tomber une k une toutes laquo; leurs illusions devant l'inflexible rigueur de l'ex-laquo; perimentation, cette demonstration des damp;non-
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(1) Bizot. TraHement des maladies du cheTal de Ironpe {Journal de midecine veterinaire. Juillet-aoüt 1867).
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laquo; strations, et leur doctrine s'ecrouler devant la laquo; lumiere et la brutale autorite des faits nora-laquo; breux, leur apportant la preuve que le Systeme laquo; de l'irritation s'appuie sur une vaine specula-laquo; tion, et entraine dans la pratique de funestes laquo; erreurs et de bien tristes deceptions.
'laquo; Cette maladie, qui frappe les jeunes chevaux laquo; de remonte, proscrit une therapeutique anti-laquo; phlogistique et spoliative; eile reclame un traite-laquo; ment tonique et stimulant ; — la plupart des laquo; veterinaires militaires sent, sur ce point, par-laquo; faitement d'accord entre eux. raquo;
Regime tonique. — Jusqu'au declin de la fievre, I'anorexie est complete. A peine peut-on faire prendre aux malades du barbotage et quelques brins de paille ; il semble que les febricitants veuil-lent s'imposer la diete. Doit-on prendre cette tendance instinctive pour une indication reelle? Loin de lä, s'il est dangereux de forcer la nature, il est souvent utile de l'exciter; car il ne faut pas perdre de vue que I'aliment est le stimulant normal et physiologique de I'Drganisme, selon I'heureuse expression de M. Bizot.
On doit done nourrir les chevaux typhiques, meme quand ils ne manifestent aueun desir de manger. Mais, comme les fonctions digestives sont
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toujours plus ou moins troublees, le veterinaire devra montrer ia plus grande reserve dans I'admi-nistration et le choix de la nourriture.
Tout en favorisant la resistance vitale, il prendra garde de congestionner I'appareil digestif et d'aug-menter son travail.
Les aliments, k la fois tres digestibles et tres nutritifs, seront I'objet d'une surveillance constante, afin de ne laisser distribuer que des denrees de qualite superieure, bien composees, bien recoltees et exemptes de toute avarie; on les donnera par petites fractions, k des intervalles reguliers, toutes les deux heures par exemple. Quant aux moyens, ils varieront suivant la disposition d'appetit du sujet. Montre-t-il du degoüt pour toute espece d'aliments, on esseyera d'abord de vaincre sa repugnance en lui presentant, a plusieurs reprises, un peu de barbotage aussi frais que possible. Si, mal-gre les invitations repetees, le cheval s'obstine ä ne rien vouloir prendre, il faut le nourrir de force, soit en faisant penetrer dans l'estomac des aliments liquides, soit en recourant aux lavements nutritifs (bouillon de viande, the de foin, etc.).
Mais les chevaux typhiques n'ont pas tous ni toujours cette repulsion profonde pour I'alimen-tation. II se pent que I'animal conserve 1'habitude de manger la paille ou meme un peu de foin; le
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veterinaire devra mettre cette circonstance heu-reuse k profit, et lui fera offrir, ä de courts inter-valles et par petites portions, des fourrages de premier choix qu'on arrosera avec de l'eau salee. D'une faQon generale, la luzerne est preferable au foin des prairies naturelles.
Si la saison le permet, la prescription de quelques kilogrammes de vert ou de carottes ne pourra qu'etre favorable.
Bien que d'ordinaire les chevaux typhiques ne desirent pas goüter de l'avoine, il est bon de leur en offrir de loin en loin. On pent jeter un pen de sulfate de fer dans l'eau de boisson.
MMicatim tonique. — Le regime seul ne saurait suffire ä soutenir le malade. Des medicaments toniques et stimulants doivent etre administres des le debut de Taffection jusqu'au moment de la convalescence.
L'alcool est, dans ce sens, I'agent le plus actif que la therapeutique ait mis ä notre disposition. Le mieux est de le faire prendre ä doses petites mais souvent repetees.
La quantite donnee sera plus considerable le matin et le soir que dans le milieu de la journee, car c'est ä ce moment que les forces vitales out le plus grand besoin de soutien.
Quand les pulsations arterielles ou les battements
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du coeur faiblissent, l'alcool est le meilleur des remedes ; il est moins utile lorsque I'energie cardio-vasculaire se maintient.
II faut du reste, en toute chose, se garder de l'exageration. L'alcool a doses extremes trouble profondement la nutrition des tissus, tarit les secretions, diminue la erase urinaire, entrave I'e-limination de l'acide carbonique et de l'uree. Quel-quefois il donne lieu ä des convulsions epilepti-formes; mais il cause surtout un coma qui se con-fond avec la stupeur -typhoide et aggrave d'autant le peril.
On pent formuler, comme il suit, les regies prin-cipales de l'emploi de l'alcool dans le traitement de la fievre typhoide du cheval.
L'alcool est surtout indique quand le pouls arte-riel est lent, depressible, irregulier; quand on constate une stupeur profonde avec tremblements; quand des transpirations profuses surviennent sans etre accompagnees d'une amelioration de l'etat general; quand les membres sont froids alors que la temperature centrale reste elevee; enfin, quand il existe des complications locales.
II est contre indique dans le cas de delire aigu accompagne de phenomenes congestifs, une peau seche, de l'injection ties yeux; lorsque la circulation reste normale.
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Un certain nombre de substances synergiques et auxiliaires de l'alcool peuvent etre avantageusement combinees avec lui; telles sontl'ether, les essences aromatiques et particulierement Vessence de Urthen-thine, que ses proprietes excitantes, antiputrldes, diuretiques et sudorifiques rendent en outre tres precieuse et dont les veterinaires savent depuis long-temps appr^cier les avantages.
Le quinquina et la gentiane sont des agents emi-nemment utiles; ils constituent avec l'alcool et Tes-sence la base de la medication tonique.
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Electmires el breuvages.
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Poudre de quinquina. . 130gr.
Poudre de gentiane___HO
AIcool............... 200
Miel................. Q. s.
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Poudre de quinquina. . 130gr.
Poudre de gentiane___110
Essence de Wrdbenlhine. 30 Miel................. Q. s.
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On pent, selon les indications, remplacer I'essence de terebenthine par le chlorhydrated'ammoniaque, ä la dose de 150 grammes.
h'alcnoU de quinquina, ä la dose de 2 ä 3 decilitres dans une infusion aromatique, produit de bons ef-fets. Quelques veterinaires y ajoutent de 3 ä 8 grammes A'acide phdnique. Ces electuaires ou breuvages doivent etre administres quatre ou cinq fois dans la journee.
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II
Abaisser la temperature, prövenir les congestions actives ou passives.
Les proraoteurs de la methode antipyretique con— siderent la fievre typhoide comme l'association des phenomenes morbides que determine le poison spe-cifique, et des accidents qu'entraine l'exces de la chaleur febrile; mais pour eux, ces deux facteurs n'ont pas une importance egale. Ils professent que la maladie reduite ä son essence serait relativement benigne. si Ton pouvait la delivrer des complications engendrees par 1'elevation de la temperature.
La consequence necessaire de ce principe est done la mise en ceuvre des agents qui, d'une fagon quel-conque, diminuent la chaleur febrile.
Quelle que soit la valeur de ces clonnees theori-ques, les resultats obtenus en pratique sont assez remarquables pour arreter notre attention.
La methode antipyretique recourt h deux procedes-therapeutiques differents; d'une part, aux medicaments dont le role 'est de diminuer les combustions-organiques; d'autre part au froid exterieur qui sous-trait directement du calorique ä l'organisme, mais. dont 1'action est en realite plus complexe.
Panni les medicaments, viennent avant tout la digitale, l'acide salycilique et le sulfate de quinine.
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Ces agents, inusites jusqu'ä present dans rarmee, sont cependant employes par un certain nombre de veterinaires civils; aussi croyons-nous devoir en parier ici, persuade qu'a Toccasion ils peuvent rendre d'incontestables services.
Digitale. — La digitale, qu'on ne doit manier qu'a-vec la plus extreme reserve, possede une action puissante. Sans doute, eile reste sans force contre la maladie meme, contre les symptömes ou les complications qui ne relevent pas de l'etat febrile (perforations, hemorragie, etc.); mais elleaugmente I'energie des contractions cardiaques, au point de meriter le nom de quinquina du coeur. Elle ralentit le pouls, abaisse la temperature, augmente les secretions uri-naires, et parait meme avoir une influence favorable sur les symptömes generaux, particulierement dans les formes ataxiques.
Son emploi est particulierement indique dans les laquo;as ou, ä une haute temperature, s'associe de bonne heure un pouls faible et frequent. Malheureusement la digitale ne se borne pas toujours k provoquer la defervescence; eile peut produire un veritable etat de collapsus. Elle doit etre repoussee toutes les fois que les poumons sont engoues et le muscle cardiaque profondement altere.
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Acide salicylique. — L'acicle salycilique, k doses moderees, exerce sur I'appareil febrile une attenuation h la fois marquee et durable.
Son action salutaire se manifeste non seulement par une amelioration considerable de l'etat general et des fonctions cerebro-spinales, mais surtout par un abaissement thermique ayant un caractere de permanence qu'on n'observe point avec d'autres anti-pyretiques.
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Sulfate de quinine. — Le Sulfate de quinine, que son prix de revient rend d'un usage difficile en me -decine hippique, est une des meilleures armes qu'on puisse employer pour combattre la fievre. Sous son influence, la temperature s'abaisse en l'espace de quelques heures, quelquefois jusqu'au chiffre normal ; le pouls se ralentit et les accidents qui se rat-tachent h rhyperthermie tendent h disparaitre.
Le but. qu'on se propose d'atteindre etant d'ob-tenir des remissions aussi profondes et aussi durables que possible, la dose ne doit etre jugee süffisante que si la temperature centrale s'abaisse aux environs de la normale.
Les doses ulterieures seront augmentees ou dimi-nuees suivant que la courbe febrile se maintiendra ou non h ce niveau.
En effet, c'est une loi de pathologic generale
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qu'une fievre, meme intense, subissant des remissions considerables, est, somme toute, moins redou-table qu'une fievre moins violente, mais dont les remissions sont presque nulles.
La repetition de petites doses dans lajournee, ä intervalles reguliereraent espaces, n'equivaut pas ä l'emploi Ae doses massives donnees en une seule fois.
C'est dans I'apres-midi ou le soir que l'adminis. tration du sulfate de quinine donne les resultats les meilleurs; son effet s'ajoute alors ä la remission normale de la temperature du matin.
A defaut de sulfate de quinine, le veterinaire, dans ses prescriptions, doit recourir au quinquina le plus souvent possible.
Methode rdfrigirante. — Les veterinaires, surtout en France, n'ont pas experimente surune assez grande echelle l'action du froid externe contre la fievre ty-phoide du cheval pour que nous puissions affirmer en toute connaissance de cause la valeur de ce moyen therapeutique; mais les resultats fournis chez I'homme sont assez remarquables pour legitimer en medecine hippique l'essai serieux des applications froides.
C'est k Brand qu'on doit la vulgarisation de la methode dite refrigerante : le traitement par 1'eau
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froide (Wasserbehandlung) est pour lui le souverain remede. M. Frantz Glenard, qui a pu suivre le service de Brand pendant la duree de sa captivite k Stettin, a public ä Lyon, en 1873, cinquante-deux cas de dothinenterie plus ou moins graves et gueris tous par I'eau froide. II en arrive k la conclusion suivante : laquo; Toute fievre typhoide, traitee des le debut par I'eau froide, sera exempte de complications et guerira. raquo;
En 1877, Brand affirmait ä la fin de son ouvrage que la formule de Glenard exprime parfaitement sa pensee (1).
Partant de ce principe que les accidents qui font la gravite du mal derivent uniquement de l'hyper-thermie, que la fievre est une indication constante de la methode balneaire, le maitre allemand se propose de maintenir sans cesse la temperature du corps aux environs de la normale, afin d'assurer l'integrite de l'organisme.
La tribune de l'Academie de medecine retentit encore des discussions qu'a soulevees une communication recente de Glenard sur l'emploi des refrigerants. Plus d'une voix s'est elevee contre Tabus, voire meme
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(1) Die Wasserbehandlung den typhoisen Fieber. (Tubigen, 2' ddilion, 1877).
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E. Brand
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centre l'usage des bains froids. Nous pensons avec M. Bouley qu'nne methode qui cotnpte k son actif tant et de si longs succes en medecine humaine, me-rite un tres serieux examen.
En medecine veterinaire, les affusions et les lavements semblent etre les seuls modes d'emploi de la methode refrigerante qui puissent etre usites.
En 1872, M. Duplessis a traite quatre chevaux atteints de fievre typhoide, par les affusions et les lavements froids, et il en a perdu trois.
M. Foucher a eu ä se louer des irrigations froides par l'anus, faites ä l'aide de la pompe k douche. 11 donne 3 irrigations le Ier jour; 2 ou 3 le 2e jour; enfin 1 ou 2 les 3e et 4raquo; jours. Les irrigations du-rent jusqu'a ce que I'eau soit rejetee parfaitement claire.
M. Weber, dans une discussion ä la Societe cen-trale de medecine veterinaire (1), dit avoir tire debons resultats des affusions refrigerantes sur un cheval qui, d'ailleurs, etait accoutume aux lavages a I'eau froide.
Revulsifs. — Nous croyons pouvoir declarer sans craindre d'etre contredit que, dans la fievre typhoide
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(I) M. Weber. Discussion sur la fiövre typhoide du cheval. Sociötö cenlrale de mamp;Jecinc vamp;drinaire (stance du 23 juin 1881).
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du cheval, la rarete relative des complications pleu-rales et peritoneales doit etre attribuee avant tout aux revulsifs appliques au debut de la maladie, sur la poitrine, le ventre et quelquefois meme sur les membres.
Des l'apparition des premiers symptomes, tout, chez le praticien, doit tendre ä determiner une reaction süffisante pour activer la circulation peri-pherique, degager par Ih meme les organes impor-tants qui sont menaces, et prevenir les complications sur les grandes sereuses splanchniques. Dans ce but, il faut sans hesiter placer un large et epais sinapisme sur la poitrine; on peut meme avantageusement le prolonger sur l'abdomen. Si le cataplasme rubefiant, qu'on laisse en place de 6 ä 10 heures, ne produit pas l'effet voulu, on le renouvelle, en aidant son action par l'administration de stimulants energiques : alcoole de quinquina, essence, chlorhydrate d'am-moniaque.
L'excitation generale ainsi obtenue favorise I'afflux du sang vers la region oü se trouve le sinapisme.
II Importe de surveiller les progres de 1'engorge-ment; I'action revulsive produite, le sinapisme sera supprime, afin d'eviter des souffrances ou des complications locales qui ne seraient pas sans danger pour les animaux malades.
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Emissions sanguines. — Les emissions sanguines sont d'un effet deplorable dans le traitement de la fievre typhoide; nous n'en parlerons que pour me-moire.
Cependant il est peu de maladies pour lesquelles on les ait autant pratiquees.
Au commencement du siöcle, la saignöe beneficia des doctrines de Broussais, qui, partant de ce prin-cipe que la fievre n'est que le Symptome d'une inflammation locale, preconisait les emissions sanguines k toutes les periodes de la maladie.
Le progres que la physiologic pathologique a realises depuis Broussais nous out mis ä Tabri de cette funeste erreur.
A I'heure actuelle, il n'est plus guere de pratieiens qui persistent ä ouvrir la veine dans le cours de la fievre typhoide.
Ill
Modifier I'ötat du sang, provoquer l'61imination du poison.
Si Ton admet que la fievre typhoide est essentiel-lement produite par la penetration d'un poison ou d'un virus dans I'economie, nul doute que tons les efforts ne doivent tendre ä sa neutralisation ou ä son elimination.
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II n'est point de specifique contre la fievre ty-phoide. Le calomel et les mercuriaux, l'iodure de potassium, le chlore, l'acide phenique, le soufre et ses composes ont pu donner chacun des resultats favorables; mais, quels que puissent etre les succes obtenus par I'administration d'un remede, ils n'au-torisent pas a le considerer d'embloe comme un medicament heroique.
Dans I'espece, ce serait une illusion dangereuse que de croire ä la vertu d'un traitement causal; cependant I'expectation n'est pas le meilleur des re-medes, et si le poison lui-meme une fois dans I'or-ganisme echappe ä nos atteintes, il nous reste au moins la ressource de combattre les desordres qu'il entraine.
Nous n'avons pas l'intention de revenir sur les principes generaux d'hygiene, en tant que moyens prophylactiques; mais nous devons insister main-tenant sur les soins hygieniques necessaires ä l'ani-mal malade.
Aeration; soins hygieniques, exercice.—Le renou-vellement constant de l'air des ecuries est un des points importants du traitement. Nous sommes de l'avis de ceux qui pensent qu'un courant d'air, mal-gre ses inconvenients, est moins redoutable pour le malade que le sejour dans une atmosphere viciee.
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On repondra par cette mesure h trois indications precises : Stparer les malades des sujets indemnes; leur donnertm air pur; leur laisser enfin la tranquillitynö-cessaire.
Dans le cas oü I'infirmerie serait en possession de quelques box, rien ne serait plus rationnel que de les leur affecter.
Les locaux seront largement a^res, tenus dans le plus grand etat de proprete, frequemment desin-fectös et blanchis ä la chaux.
Quand le temps le permettra, les malades seront attaches dans la cour; on leur fera effectuer des promenades courtes, mais repetees. Us seront 1'objet d'unpansage süffisant pour maintenir la peau dans un etat de proprete convenable et en activer les fonc-tions.
Les couvertures doivent etre tenues propres et souples ; on les changera le plus souvcnt possible.
Le veterinaire veillera k ce que les seaux et les cuvettes-mangeoires soient rigoureusement nettoyes chaque fois que le malade paraitra ne plus vouloir du barbotage qu'ils contiennent. On evitera ainsi les inconvenients qui pourraient resulter du sejour des breuvages, des aliments, des detritus de toute sorte sur le rätelier, la litiere et le fourrage.
DtMr^iV/MW.—L'utilite des diuretiques est univer-
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sellement admise. 11 n'est done pas besoin d'insister sur I'avantage qu'on trouve ä favoriser par une surac-tivite renale relimination des produits combures.
Tous les agents qui augmentent l'excretion des dechets urinaires, sans augmenter dans une proportion pareille l'oxydation des tissus, meritent d'etre mis en jeu. On prescrira done avee avantage le thd de foin, le cafe, mais surtout le nitrate de potasse. ä la dose de 20 grammes par jour environ.
II est mauvais d'empeeher les ehevaux de boire : l'absorption des liquides augmente la seeretion des urines et favorise relimination des dechets de l'or-ganisme.
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Emcuants. —De tous temps les purgatifs eomme les diuretiques ont ete en honneur dans le traitement de la maladie typho'ide, et la methode evaeuante est encore le remede prefere d'un grand nombre de veterioaires.
Nous eroyons en effet que pour debarrasser le tube digestif des materiaux en decomposition, pour deterger la surface de la rauqueuse intestinale, les laxatifs sont de toute utilite au debut.
En procedant ainsi, il est possible d'expulser une partie du poison, qui, bien qu'ingere, n'est pas encore absorbe. On pourra done, dans les deux ou trois premiers jours, faire prendre aux ehevaux ma-
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lades de 300 ä 400 grammes de sulfate de soude; mais on ne saurait trop dire k quel point Tabus des purgatifs pourrait etre prejudiciable. Qu'on y prenne bien garde, il ne s'agit pas ici de traitement speci-fique; on a beau detruire le ferment typhogfene dans l'intestin malade, la fievre typhoide, une fois consti-tuee, n'en poursuivra pas moins son evolution naturelle.
Le seul but qu'on se propose, en employant la metbode evacuante, est le nettoyage du tube intestinal.
II est bon d'entretenir la liberte du ventre par l'administration de 100 grammes de sulfate de
soude.
Des que la diarrhee se montre, les laxatifs devront etre suspendus. Quand une constipation rebelle suit une grave diarrhee, le meilleur est d'attendre pendant deux ou trois jours, et de prescrire alors des lavements simples ou legerement laxatifs.
Acide pUmqm. — Un grand nombre de veteri-naires emploient, comme antiseptique contre la fievre typboide, les solutions pheniquees plus ou moins etendues, soit en breuvages, soit en lavements.
Cette substance rend aussi de reels services dans la desinfection des locaux et du barnachement.
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La noix vomique parait egalement donner de bons resultats entre les mains de plusieurs de nos collegues. — M. Sergent I'emploie au debut et meme pendant la convalescence, k la dose de 5 k 6 grammes par jour ; il en est constamment satisfait.
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Soulager les symptdmes penibles, pr£venir on traiter les complications.
Nous avons parle, jusqu'ici, des indications gene-rales et fondamentales qui doivent diriger 1'intervention therapeutique dans le cours de la fievre typhoide ; voyons maintenant les soins particu-liers que peuvent reclamer les symptomes ou les complications de tel ou tel cas particulier. Cette medication symptomatique, pour n'avoir rien de special, n'en est pas moins de la plus haute importance pratique; il faut soigner non seulement la maladie, mais encore le malade.
Diarrhe'e. — La diarrhee n'a rien qui doive sur-prendre, sinon des le debut, du moins dans la pe-riode d'etat de la maladie ; mais quand les evacuations deviennent par trop frequentes, il est bon de les combattre aussi promptement que possible, par des breuvages mucilagineux opiaces ou lauda-
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nises. Ces memes substances peuvent etre aussi administr^es en lavements. Si ce premier moyen echoue, on se servira avec avantage de l'acide sulfurique, de l'acetate de plomb et des absor-bants.
Breuvage antidiarrheique.
Alun............... 6Ü grammes.
Laudanum.......... 30 id.
Dans deux litres d'une decoction mucilagineuse. Administrer en trois fois ä deux heures d'inter-valle.
Metdorisme. — Dans le cas oü la diarrhee s'ac-compagne de meteorisme et de sensibilite de l'ab-domen, des fomentations de plantes aromatiques ou d'essence de terebenthine peuvent donner des succes.
Des lavements ä l'acide phenique seront de memo utilement employes.
II faut se rappeler que la distension de l'abdo-men peut etre un des symptomes de la peritonite : nous allons voir quelle doit etre, dans ces cas, la conduite du veterinaire.
Au milieu de l'etat typhoide, l'apparition du meteorisme peut' n'etre aussi qu'un signe de fai-blesse ; les stimulants sont alors indiques.
Peritonite. — La peritonite est une des compli-
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cations les plus graves qui puissent eclater dans le cours de la fievre typhoide; eile ost heureuse-raent tres rare chez le cheval.
L'opium, sous toutes les formes, est le raeilleur, sinon le seul remade qu'on puisse lui opposer; mais pour qu'il agisse et soit veritablement effi-cace, il faut ne pas attendre et l'employer a fortes doses.
En prescrivant f opium contre la peritonite, dont la cause commune est une perforation, le but qu'on se propose est de paralyser les mouvements de l'intestin, de fasect;on ä empecher l'irruption des ma-tieres fecales dans la sereuse abdominale. D'autre part, 1'immobilisation des anses intestinales favo-rise la formation d'adherences. Pour agir vite, les injections sous-cutanees sont le meilleur mode d'administration d'opium.
En meme temps qu'on traitera I'animal par ce medicament, on le tiendra dans un repos absolu.
L'alimentation devient Ires difficile, puisqu'elle amene des mouvements peristaltiques et qua les aliments peuvent se frayer une voie par la perforation de l'intestin, cause frequente de la peritonite. Le mieux est d'admettre une nourriture liquide qu'on donnera souvent, mais par petites fractions h la fois, de teile fagon que I'estomac puisse I'absorber tout entiere.
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Hemorragies intestinales. — Nous avons vu dans notre etude clinique que I'hemorragie 'est, eile aussi, des moins communes; quand par malheur eile se montre, les agents sur lesquels on pent compter le plus sont les lavements froids, la tere-benthine et le perchlorure de fer.
En medecine humaine, le seigle ergote est oon-sidere comme un styptique des plus efficaces, meme dans les hemorragies les plus profuses. Ce medicament possede en outre ce precieux avan-tage, qu'on pent le faire penetrer rapidement dans I'economie par la methode sous-cutanee.
Ici encore, avec ces medicaments, on doit pres-crire un repos absolu.
Pleuro-pneimonie. — Quandl es signes stethos-copiques, les modifications du rythme respiratoire, la toux, le jetage, revelent des alterations de pneu-raonie ou de pleuro-pneumonie, il faut immedia-tement recourir et insister sur la medication revulsive et stimulante : sinapismes prolonges et repe-tes, frictions d'essence sur les extremites. G'est dans le meme but qu'on pratique des frictions d'huile de croton sous la poitrine.
Les sinapismes, dans les formes adynamiques, ne produisent pas toujours une revulsion süffisante ; ils peuvent ne determiner qu'un engorge-
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ment mediocre et fugace ; il faut alors les renou-veler et stimuler en m^me temps I'organisme par une forte dose d'alcool ou d'essence de terebenthine-
On croit parfois utile de fixer I'effet revulsif par une bände de vesicatoire ou par des pointes de feu; cependant, il faut se rappeler qu'il ne s'agit point ici de pneumonie vulgaire, mais d'une complication de la fievre typhoide ; on devra done se mefier de la gangrene.
Nous pensons que la medication vesicante ne doit etre employee qu'avec les plus grandes reserves. Toutefois, si les vesications etaient juges abso-lument necessaires, il faudrait les prescrire avec moderation pour prevenir les chutes de peau.
Les setons doivent etre exclus sans remission.
Lorsque revolution du mal fait redouter la gangrene, il faut recourir au chlorhydrate ou ä l'acetate d'ammoniaque. Des pulverisations, des fumigations antiseptiques devront etre prescrites ä titre d'adju-vants.
Malgre tout, nous devons le dire, la mort est la terminaison fatale cle la gangrene pulmonaire; aussi, des que Tanimal presente les signes positifs de cette lesion, l'objectif du praticien doit moins etre la gue-rison du malade que la preservation des animaux qui I'entourent; il doit done mettre aussitot le cheval a I'ecart.
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Contre la phUbite, d'ailleurs assez rare, des topi-ques emollients et calmants seront employes avec avantage; quand la lesion est etendue, il faut recou-rir aux onctions mercurielles, aux applications vesi-cantes. L'hemorragie, qui pent exceptionnellement survenir, sera combattue par la compression et en dernier ressort par la ligature.
Les cedemes seront traites localement par des frictions resolutives, et k I'interieur par des diuretiques et des stimulants.
Nous repoussons les mouchetures au meme titre que les setons.
Synovites. — Appliquer un fer a eponges nourries ou ä crampons, apres avoir au prealable raccourci la pince. On fera des frictions de pommade aubi-iodure de mercure, et si elles ne suffisent pas, on mettra le feu en pointes fines et penetrantes.
Les accidents cMhraux seront combattus par les affusions d'eau froide sur la tete et les derivatifs sur les extremitös.
Contre les symptdmes ataxiqties avec prostration, on donnera des toniques, de l'assa foetida, de Tether. S'il y a delire violent, faire prendre de l'opium, ä moins que le delire ne soit lie k une phlegmasie in-tra-cränienne.
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Breuvage antispasmodique.
Racine de valöriane... 120 grammes.
Assa foelida.......... 60 id.
Ether sulfurique..... 16 id,
Dans une infusion de fleurs de camomille. Admi-nistrer 3 litres de cette preparation en 4 fois k 2 heures d'intervalle.
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CONVALESCENCE.
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Prevenus de la frequence et de la gravite des complications qui peuvent surgir dans le cours de la convalescence, les veterinaires doivent etendre leur sollicitude jusqu'au complet retablissement des ma-lades. S'il est possible de disposer d'un endroit favorable, on mettra les chevaux au pacage, tout en leur reservant un abri contre le mauvais temps et la fraicheur des nuits. Ces animaux seront soumis ä l'hygiene la plus severe : un exercice modere, mais quotidien, un bon pansage et une nourriture repara-trice, sont de rigueur.
Les aliments choisis, varies, nutritifs, seront dis-tribues par rations progressives; ainsi, sans transition brusque, on atteindra la ration complete qu'on
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pourra mörne depasser pour restituer rapidement au cheval ses forces et son energie premieres.
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Las grandes lignes du traitement contre la fievre typhoide du cheval peuvent se resumer ainsi:
Soins hygie'niques. — Les animaux atteints doivent etre places dans des ecuries vastes, faciles k aerer et suffisamment eloignees du depöt des fumiers ou de tout autre foyer d'infection. Ces locaux seront fre-quemment nettoyes, desinfectes et arroses avec de l'eau pheniquee.
Laisser autant que possible les chevaux en dehors des ecuries.
Maintenir la peau propre ä l'aide d'un pansage convenable.
Promenades courtes, mais frequentes.
Alimentation choisie et variee, distribue par pe-tites quantites; eau ferree, the de foin.
Soins cmatifs.—A^liquer des le debut un large sinapisme sur la poitrine; frictions derivatives sur les membres.
Debarrasser le tube intestinal ä l'aide du sulfate de soude, puis s'attacher ä entretenir le ventre libra par de legers laxatifs.
Relever les forces avec des toniques et des exci-
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tants : quinquina, gentiane, alcool, essence de tere-benthine, chlorhydrate, acetate d'ammoniaque ;
Comma antiseptiques. — Solutions pheniquees en breuvages ou en lavements.
En cas d'epizootie, retirer les chevaux sains du quartier pour les faire camper ä quelques kilometres de la garnison. Leur donner une nourriture substantielle ; les soumettre ä de bons pansages et n'exi-ger d'eux qu'un travail modere.
Desinfection [generale des ecuries et du harna-chement.
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DEÜXIEME PARTIE
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ETUDE COMPARATIVE
DE
LA FIEVRE TYPHOIDE
CHEZ L'HOMME ET CHEZ LE CHEVAL
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Dans son traite des maladies infectieuses, Griesin-ger (1) declare, au chapitre de la fievre typhoide, qu'une maladie tout k fait correspondante ä l'ileo-typhus de Thomme se developpe chez quelques ani-maux, et plutot chez les herbivores que chez les carnassiers. laquo; On l'observe, dit-il, chez le cheval, l'äne, le lapin, le lievre. raquo;
En Allemagne, Bruckmüller, Roll; en France,
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(1) Griesinger, Traite des maladies infectieuses, 1877.
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Sanson (1), Denoc (2), le professeur Jaccoud (3), et nombre d'auteurs, partagent l'opinion de Griesinger. D'autres, au contraire, pensent qu'il n'existe aucun rapport entre la fievre typhoide de rhomme et la maladie des chevaux.
Essayons done, par une analyse exacte des causes, des signes et des lesions, de faire ressortir les points de contact ou les dissemblances qui existent entre les deux affections homonymes.
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(1)nbsp; Sanson, De la diathese typhoide du cheval et de set manifestations ordinaires dans l'armee, 1836.
(2)nbsp; Denoc, loco citato, 1843, p. 329.
(3)nbsp; Jaccoud, Pathologie interne, t. II, p. 789.
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CHAP1TM F.
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Etude comparative des causes.
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Nous awns admis, d'accord avec la plupart des veterinaires, que I'adolescence, le changement d'air, racclimatement, I'agglonieration, les mauvaises conditions hygieniques etaient les causes predisposantes ordinaires de la fievre typhoide dans I'espece che-valine. Y a-t-il chez Thomme des causes analogues?
En ce qui concerne l'influence de Tage, tous les pathologistes s'accordent ä reconnaitre que le typhus abdominal de I'tiomme sevit surtout pendant Tado-lescence et la jeunesse.
Louis (1), Chomel (2;, Jenner (3), Bartlett (4),
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(1)nbsp; Louis, 1841.
(2)nbsp; Chomel, 1834.
(3)nbsp; Jonner, 18S0.
(4)nbsp; Bartlett, 1836.
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Davenne (1) ont appuye leur opinion sur des donnees indiscutables.
Pour le professeur Jaccoud (2), c'est de 15 ä 30 ans que la fievre typhoide a son maximum de frequence. Sur 7,348 cas rapportes ä l'Academie-de medecine de differentes parties de la France, Gaul-tier de Claubry (3) certifie que 2,282, soit 31 p. 100 n'avaient pas atteint Tage de 15 ans.
A Dresde, d'apres les chiffres de Fiedler, etablis sur un total de onze annees, Tage de 20 ä 30 ans donne 58 p. 100; il n'y eut que 3,4 p. 100 au-dessus de 40 ans.
D'apres la statistique dressee par Murchison (4), ä l'hopital des fievreux de Londres, pour une periode de 10 ans (1848-1858), Tage moyen sur 1,772 cas a ete de 21 ä 25 ans. Pour le medecin anglais, les personnes ägees de moins de 30 ans sont quatre fois plus exposees ä avoir la fievre typhoide que les personnes au-dessus de 30 ans.
Si nous comparons ces chiffres h Tage de 4 ou 5 ans donne comme moyenne par les veterinaires, nous trouvons une similitude remarquable. C'est
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(1)nbsp; Davenne, 1854.
(2)nbsp; Jaccoud, Trotte de pathologic interne, t. II.
(3)nbsp; Gaultier de Claubry, JWem. Acad. med. 1849, vol. XIV, p. 29.
(4)nbsp; Murchison, La fievre typhoide, 1878.
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done, chez Thomnie comme chez le cheval, vers la fin de 1'adolescence que la fievre typhoide exerce surtout ses ravages.
Sans doute, ;il existe des cas de fievre typhoide chez les chevaux relativeraent äges, et nous en avons cite quelques-uns; mais, chez 1'homme lui-meme, les observations de ce genre ne sont pas absolument rares. Murchison a pu recueillir 147 cas de fievre typhoide au-dessus de 45 ans. Fiedler donne la proportion de 7 p. 100 au-dessus de la cinquantieme annee On trouvera le releve d'un certain nombre de faits analogues dans une these, fort interessante, de A. Josias, qui demontre, pieces en mains, que la dothinenterie n'est pas l'apanage exclusif de la jeu-nesse, et quelle frappe les individus ages dans des proportions moins restreintes qu'on ne serait tente de le croire (1).
Du 'reste, dans I'espece humaine comme chez les animaux, e'est d'une maniere tres indirecte que l'äge constitue une predisposition ä la fievre typhoide. Peu de sujets lui refusent le tribut; mais comme eile ne sevit generalement qu'une seule fois sur le meme organisme, il en resulte que plus on avance en age, plus il est probable qu'on a dejä ete atteint et
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(1) A. Josias, th. inaug. Paris, 1881.
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qu'on se trouve h I'abri d'une infection nouvelle.
L'acclimatation, nous Tavons dit, joue un role considerable comme cause predisposante chez le che-val. Nous savons que le mal laquo; vient aux chevaux neufs, raquo; et qu'il ne se montre ordinairement sur eux que deux ou trois mois apres l'arrivöe au corps. Or, nous avons dans la pathologie humaine des donnees tout ä fait analogues.
La periode d'acclimatement, qui suit I'arrivee dans les grands centres de population ou sous les drapeaux, est jugee par les auteurs comme tres dan-gereuse.
Petit et Serres (1); plus tard Andral (2); Louis (3) et Chomel (4) ont fortement insiste sur le sejour de date recente comme cause predisposante ä la fievre typhoide. Andral a remarqu^ que les etudiants en medecine etaient plus exposes k etre atteints quelques semaines apres leur arrivee h Paris. Sur 129 cas indiques par Louis dans son ouvrage, 73 malades ne residaient pas ä Paris depuis plus de dix mois, et 120 depuis moins de vingt.
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(1)nbsp; Petit et Serres, 1813, p. 127.
(2)nbsp; Andral, 182'?, vol. 1,484.
(3)nbsp; Louis, i8il, vol. II, p. 357.
(4)nbsp; Chomel, 1814.
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Plus recemment. Trousseau a observe que les Strangers qui viennent resider a Paris sont facile-ment atteints de cette fievre.
Griesinger dit textuellement que, dans les grands centres, les cas sporadiques se rencontrent avec une frequence relative parmi les individus qui n'habitent la ville que depuis peu de temps. Les sujets, pour-suit-il, tombent ordinairement malades non au debut, mais apres un sejour de quelques mois. C'est lä, presque k la lettre, la conclusion formulae par M. Mitaut, pour I'espece chevaline,
L'agglomeration et l'insuffisance de la ventilation sont generalement comptees par les veterinaires au nombre des causes adjuvantes les plus redoutables.
Griesinger est du merae avis. La fievre typhoide, d'apres lui, se rencontre de preference lä oü beau-coup d'hommes sont reunis dans des espaces relati-vement restreints, surtout lorsque les emanations excrementielles s'y accumulent. Les chambres ä coucher etroites, sombres, humides, situees pros des fosses d'aisances, favorisent d'une maniere evidente le developpement de la maladie.
Piorry insistait sur l'influence des agglomerations comme cause de la fievre typhoide. II disait meme, avec une exageration relevee par Grisolle, que I'en-combrement est une circonstance qui, ä eile seule, pent developper 1'affection.
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Le professeur Jaccoud enseigne que I'encombre-ment resultant du sejour de plusieurs personnes dans des localites trop etroites et mal aerees, constitue une cause auxiliaire qui explique, en partie, I'endemicite du typhus abdominal dans la plupart des grandes villes.
Murchison (1), il est vrai, pretend que la fievre typho'idc est independante de l'agglomeration et d'une ventilation insuffisante; mais la plupart des pathologistes sont d'un avis contraire. Du reste, il reconnait lui-meme que, laquo; quoique la fievre typho'ide soit loin d'etre limitee ä des localites populeuses, une ventilation defectueuse peut favoriser l'action du poison, en empechant sa diffusion et sa dilution raquo;.
Les conditions de temperament, de sante ante-rieure ne sont pas non plus sans influence sur la maladie des chevaux. Un animal epuise par la fatigue, les privations, la maladie, se trouve plus expose qu'aucun autre ä contracter la fievre typho'ide.
Les memes influences agissent sur 1'espece hu-maine : les fatigues corporelies, les marches repe-tees, le refroidissement, l'insuffisance de la nourri-ture, se rencontrent assez souvent comme causes auxiliaires de cette affection.
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(1) Murchison, loco citato, p. 47.
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Ainsi que l'ecrit Griesinger, ces circonstances doivent etre considerees comme de simples causes adjuvantes qui, tantot diminuent la resistance au principe morbide, tantot, par les troubles amenes dans la nutrition generale et dans I'appareil digestif, favorisent l'action de la veritable cause du typhus abdominal.
Cependant le meme auteur enonce ailleurs ce fait, contradictoire en apparence, que les constitutions robustes, les hommes d'une forte musculature, sont plus souvenl frappes que les organisations fai-bles et alterees. Le professeur Jaccoud dit aussi que les constitutions fortes et saines sont plus exposees que les autres(l). Grisolle ne parle que des apparences de la meilleure constitution. Du reste, il ajoute, aus-sitöt apres, qu'il n'y a rien sur ce sujet de bien rigou-reux; que le plus ou moins de force de la constitution a peu d'influence sur la mortalite, et qu'on ignore meme si eile en exerce une sur la frequence de la maladie.
Pour nous, ces laquo; apparences de la meilleure constitution raquo; paraissent n'etre que l'embonpoint; et les faits dont il est ici question nous semblent compara-bles aux cas d'engraissement artificiel dont nous
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(1) Jaccoud, Joco citato, p. 730.
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avons parle dans l'etiologie de la fievre thyphoide du cheval.
II.
Nous arrivons k I'etude comparative des causes oc-casionnelles et nous constatons tout d'abord que la contagion, nettement prouvee aujourd'hui pour la maladie du cheval, n'est pas moins manifeste en ce qui conceme la fievre typhoide de l'homme. Mais les medecins, comme les veterinaires, ont du lutter long-temps pour faire accepter cette doctrine.
La contagion de la dothinentörie de l'homme a ete contestee pendant bien des annees par les ecoles frangaises, et surtout par celle de Paris. En fait, il est souvent tres difficile de demontrer la filiation des cas qui se presentent dans les grands centres de population. Cependant, Bretonneau, des 1829, procla-mait la transmissibilite du mal (1).
Depuis son mernoire, Gendron (2), Piedvache (3), Gintrac, Briquet (4), ont rigoureusement etabli I'ori-gine par transmission directe et mediate.
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(1)nbsp; Bretonnpau. Archives generates de medecine, 1829.
(2)nbsp; Gendron. Epidemies des petües localites (Journal des conn, medic, et chir., 1quot; et 2quot; annees).
(3)nbsp; Piedvache. Memoires de I'Academic de medecine, 1830.
(4)nbsp; Gintrac, Briquet. Academie de medecine, 186S.
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Trousseau, Grisolle, Jaccoud, dans leurs livres classiques, affirment la contagion, que reconnaissent aussi la plupart des medecins etrangers : Griesinger, Biermer, Rieke, Liebermeister, Budd, Watson, et tant d'autres.
Budd et son ecole professent que la fievre typho'ide est une maladie essentiellement contagieuse ; que la substance virulente qui produit le contage provient presque exclusivement de l'intestin du typhoide; que les egoüts et les conduits de vidange, laquo; qui sont la continuation directe de l'intestin malade raquo;, sont la source de la propagation (1).
A propos de la contagion, nous croyons interessant de reproduire, en la reduisant, la tres remar-quable communication faite par M. Dionis des Garrieres ä la Societe medicale des hopitaux (2).
laquo; A Auxerre, une öpidömie meurtrtere de fiövre typhoide dclata dans les premiers jours de septembre etoccasionna 30 d(5c6s dans le mois. En deux mois et demi, on releva 92 döcfe, ce qui reprd-senterait pour Paris, relativement au chiffre de la population, 13,000 däcös dans le m6me temps. Le chiffre des personnes at-teintes s'est ölevö k plus de 800. Quelle cause pouvait-on assigner ä cette (Spiddmie? En pointant avec soin, sur un plan, les maisons oü se produisaienf les ddcds de typhoidiques, M. Dionis remarqua qua certains quartiers dtaient absolument indemnes, tandis que d'autres, limitds h l'äncienne enceinte, rcnfermaient presque tous
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(1)nbsp; Budd. Its nature mode of spreading and prevention. London 1873.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '
(2)nbsp; Soci6i6 mMcale des höpitaux, sdance du 8 döcembre 1882.
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les individus alteints; uut ce qui entourela ville, faubourgs, asile d'aliönös, nouvelle caserne, semblait öpargnö par l'öpidömie. Or, ces deux derniers ätablissemenls, entre autres, ne re?oivent pas les eaux dc la ville, mais sont aliments par deux petites sources splt;5ciales. Ces fails attirferent l'attention de M. Dionis sur les eaux potables comme origine du mal, surtout lorsqu'il apprit de l'un de ses confröres qu'il y avail eu quelques cas' de fifevre lyphoide, pendant le mois d'aout, dans les villages voisins, et en particulier dans le village de Valan, oü se trouve la source qui avail seule fourni, jusqu'au 1quot; septembre, les eaux de la ville d'Auxerre. M. Dionis se rendit done au village de Valan el se fit montrer la source des eaux de la ville; cette source sort de terre, sous une grolle, dans une cour commune, entouröe de bätiments de ferme, et au milieu de laquelle est enlassö le fumier. Ce furnier est situö h deux metres environ de la source, qui est elle-m6me en contre-bas. Or, dans l'une des habitations qui bordenl cette cour, habite une'jeune femme de 20 ans, qui avail 616 alteinte, au mois d'aoüt, d'une fiövre lyphoide grave; cette malade, du IS au 24 aoüt, avait eu une diarrhöe abondante, fournissant 8 ä 12 selles par jour, et qui avait ensuile progressivement disparu. Ces selles avaient 616 constamment döversöes sur le fumier, dans la cour commune, ä deux mötres de la source. II ötait dös lors permis de penser qu'elles avaient pu s'infillrer jusqu'au griffon qui capte, en ce point, les eaux pour les conduire dans la ville d'Auxerre; d'aulant plus que le sol est composlaquo;; d'un calcaire portlandien, fendillö, (res permeable. Peu de temps auparavant, on avait d'ailleurs pu constater, dans un village voisin, qu'une source silute ä trente mfetres de distance d'une öcurie, et ä quatre mötres de profondeur, dtait souillde par des infiltrations de purin; une expertise, au cours du procfts au-quel le fait avait donnö licu, avait dgalement monlnS que de l'eau colorde avec de l'ocre jaune, puis de l'eau d'alambic, offiant une forte odeur de kirsch, versäes sur le sol de l'lt;5curie incriminöe, apparaissaient dans l'eau de la source au bout de dix minutes. II s'agissait dfes lors, pour rdpondre ä loules les objections, d'insti-tuer une semblable experience au village de Valan, et de ddmon-trer direclement l'infillration des selles typhoidiques dans la source des eaux de la ville, G'est cc que fit M. Dionis en versant sur le fumier, oü avaient 616 jeWes les dejections de la malade, de l'eau colorde avec de l'aniline : au boul de quelques minules cette eau venait teindre en violet une petite source imm6diatement conti-
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gue au griffon de la source principale. —La repartition des cas de dothinenlörie correspond trös exactement ä la distribution des eaux de Yalan dans la ville. On remarque, par exemple, que la nouvelle caserne, qui nc recoil point ces eaux, a 616 ^pargnde, tandis que dans I'ancienne, qui les rccoit, on a constatö un grand nombre de cas de dothinentörie; entre cette nouvelle caserne et 1'asile d'alidnds, qui tous deux tirent leur eau d'une source spö-ciale, se trouvela prison, qui est alimentfc par la source de Yalan : dans les deux premiers Etablissements, pas un seul typboädique, et, au contraire, quatorze malades dans la prison. Dans plusieurs faubourgs dont les eaux potables sont fournies par d'anciens puits, pas un seul cas. Une petite fille cependant, dans un de ces faubourgs, a eu la fifevrc typho'ide, mais eile se rendait chaque jour chez son pfere dans l'intörieur de la ville, et avail bu de I'eau do Yalan. Dans une rue oil existe un puits auquel se fournis-sent d'eau les soixante habitants des maisons voisines, pas un ma-lade, bien que le reste de ce quartier alimenlö par les bornes-fontaines des eaux de la ville, ait 616 fort maltraitö par röpid^mie. Dans une maison proche de la demeure de Rf. Dionis, au milieu d'un quartier alteint, six families se sont uniquement servies de I'eau d'un puits silu6 dans la cour; elles ont 6i6 epargndes. Enlin, M. Dionis rapporte un dernier fait Irfes concluant : derriöre sa maison, s'älfevent deux convents söpar^s par un mur peu 6\c\6. Le premier pave k la ville une importanle concession d'eau: il renferme Irente-neuf religieuses: sept onl et6 atteintes, une a succomb(5. Le second esl un orphelinal pauvre, auquel la municipality a refusö la concession graluile de I'eau de la ville, et qui esl alimenlö par un puits; dans eel Etablissement se Irouvent soixanle-huit enfants el quatorze religieuses : on n'a relevE qu'un seul cas de fifevre ly-phoide, chez une petite fille sortie en permission el qui avail fait deux repas chez ses parents.
laquo; 11 semble done bien ddmontrö que l'Epiddmie de fifevre typhoide d'Auxerre a 616 le rösultat de rinfiltralion des selles lyphoidiques dans la source, qui seule, fournissait alors les eaux potables con-sommEes dans la plus grande partie de la ville. raquo;
Les auteurs qui ont specialement etudie, en mede-cine humaine, les conditions etiologiques de la fievre typho'ide, peuvent etre divises en deux groupes, sui-
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vant qu'ils considerent ou non la fievre typhoide comme une maladie de nature parasitaire.
La theorie parasitaire explique la propagation du mal par le germe-contage, le microbe.
Dans une etude magistrale servant d'introduction au traitedeMurchison, leDrH. GueneaudeMussy(l),. a retrace l'histoire de cette seduisante doctrine.
laquo; Ce n'est pas d'aujourd'hui que les observateurs des faits de la nature ont ete seduits par I'analogie que presente le developpement de certaines maladies avec les precedes de la fermentation. La multiplication rapide de l'element virulifere, chez I'individu affecte, devinee longtemps avant d'avoir ete consta-tee, et la transmission de ce meme element h un in-dividu sain, offrent une ressemblance si frappante avec l'action du levain, que le Dr William Parr a adopte pour designer les maladies infectieuses, le terme qualificatif de zymotiques.
laquo; Robert Boyle, praticien anglais, qui consacra toutc sa vie et ses grandes richesses k l'etude des sciences pbysico-chimiques par la voie experimentale, ecrivait, il y a plus de deux siecles, cette phrase memorable : laquo; Celui qui comprendra h fond la nature
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(1) H. Guencau de Mussy. Apergu de la theorie du germe-contage. De l'application de cette theorie ä l'etiologie de la fievre typhoide.
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laquo; des ferments et les fermentations, sera probable-laquo; ment, beaucoup plus que ceux qui l'ignorent, ca-laquo; pable de se rendre un compte clair de certaines laquo; maladies qui ne seront peut-etre jamais complete-laquo; ment comprises sans qu'on p^netre dans la doc-lt; trine des fermentations. raquo;
II a ete donne ä notre siecle et ä notre patrie de voir naitre cet homme, et il semble que l'ho-roscope tire par Robert Boyle ait pressenti M. Pasteur.
En etablissant l'identite des organismes ferments avee les corpuscules suspendus dans les milieux qui nous entourent, et en demontrant la ressemblance avec d'autres organismes qui peuvent penetrer dans l'etre vivant, en prendre possession et en operer la destruction, d'une maniere analogue ä celle dont les ferments se comportent avec des liquides fermentes-cibles, M. Pasteur a ouvert desvoies inconnues jus-qu'ä lui. Ces travaux imperissables, comme les appelle le professeur Tyndall, en ont engendre d'autres qui viennent tous les jours les confirmer et les ötendre.
La difficulte est de ne pas s'egarer dans ces voies et de ne pas y recueillir pour des verites reelles de simples apparences pouvant de loin faire illusion.
Or, c'est ce qui devait arriver tout d'abord pour la
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fievre typhoide de Thomme. En 1874, Klein annomja la decouverte d'un organisme parasitaire specifique, un champignon tout ä fait semblable au crenothrix polyspora de Cohn; cependant, deux ans ne s'etaient pas ecoules que Creighton demontrait que le pre-tendu microbe de Klein etait tout simplement le resultat de la coagulation de liquides albumineux dans des conditions speciales.
Sans parier davantage de Klein, un grand nombre de micrographes se sont livres ä la recherche du germe-contage de la fievre typhoide, mais, il faut le dire, sans grand succes jusqu'ici.
Letzerich (de Braunfels), R. Koch (de Berlin), Eberth (de Zurich), Klebs (de Prague), Guide Tizzoni (de Catane), Sokoloff, Fischel, Eppinger, Chonyakoff, ont decrit dans des termes souvent obscurs, touj ours contradictoires, le microbe de la fievre typhoide de riiomrae. Leurs differentes doctrines ont ete fort bien exposees par le Dr Jules Arnould (de Lille), dans un remarquable memoire sur l'etiologie et la prophylaxie de la fievre typhoide.
C'est au savant professeur de Lille que nous em-pruntons la plupart des renseignements qui suivent sur la microbotanique de la fievre typhoide.
Letzerich a vu d'abord, en 1876, des micrococci tantot isoles, tantöt en colonies, fort semblables ä ceux de la diphtheric et de la pneumonic infectieuse •
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Tan dernier, il a signale, dans les vesicules pulmo-naires, des fdaments avec spores (1).
Klebs a publie, en 1880, I'histoire d'un bacillus typhosus, long, mince, sans segmentation ni ramification, mais pouvant s'enrichir, ä un moment donne, de spores nombreuses et rangees sur une seule ligne (2).
J. Eberth (3) a represente, en 1880, des bacilles grosses et courtes, parfois reunies bout ä bout.
Pour le professeur de Zurich, le violet de methyle qui teint d'une couleur voyante les micro-organismes au sein des putrefactions, ne colore que tres faible-ment les bacteries speciales k la fievre typhoide : il a attribue ä cette particularite la valeur d'un signe distinctif.
Sokoloff, en 1876, Fischel, en 1878, ont designe sous le terme de microcoques, des corpuscules sphe-riques disposes en amas, en colonies, dans 1'epais-seur des glandes lymphatiques et surtout de la rate.
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(1)nbsp; Letzerich (L) : Untersuchungen über die morphologischen #9632;unterschiede einiger pathogenen Schistomyceten (Archiv f. experiment. Patholog. und Pharmak., XII, p. 351,1880).
(2)nbsp; Klebs (Edwin): Des Bacillus des adminaltyphus, und der ty-phase proces (Archiv f. Patolog. und Pharmak., XII, p. 384, 1881).
(3)nbsp; Eberth (C. Y.), loc. cit., et neue imlersuchungen über den Bacillus des abdominaltyphus (Archiv, f. patologische anatomie und Phisiologie, Von Rud. Virchow, LXXXIII, p. 486, 1881).
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La nature de ces corpuscules spheriques a amp;e vive-ment contestee par Eberth.
Koch de Berlin professe que les bacilles allongees, vues par Klebs, ne sont que des bacteries banales d^veloppees ä profusion dans im milieu rendu favorable par la presence d'autres bact^ries plus spe-ciales. Robert Koch dit que les seuls et veritables microbes specifiques sont les bacilles grosses et courtes d'Eberth. Mais, precisement, le micrographe berlinois conteste au professeur de Zurich la priorite de sa decouverte, et declare que lors de la publication d'Eberth, il possedait dejk depuis deux ans, des photographies dans lesquelles il est facile de recon-naitre les organismes d'Eberth.
En 1881, M. Brautlecht (1) de Wendeburg, pres Brunswick, a cru voir, ä plusieurs reprises, des organismes qu'il considere, lui aussi, comme les parasites definitifs de la fievre typhoide, et qui se com-posent de filaments delicats, articules d'abord, puis fragmentes en bätonnets plus courts, qui se resolvent eux-memes en chapelets de cocci, lesquels s'epar-pillent isolement on en colonies pen nombreuses.
Qu'on nous permette de ne pas poursuivre d'avan-
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(1) Brautlecht (J.), Palhologenie bocteriaccen im trinkwasser bei epidemieen von typhus abdominalis (Virchow's, archiv., LXXXIV, p. 80,1881).
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tage l'analyse des travaux entrepris sur le germe-contage de ia fievre typhoide de rhomme, desquels ne se degage qu'un aveu d'ignorance.
Somme toute, la doctrine parasitaire, malgre les nombreux deboires que lui ont infliges des applications trop hätives, a pour eile, en ce qui concerne la fievre typhoide, dans le monde scientifique, le courant de Fopinion; eile rallie, h coup sür, la grande majorite des suffrages. Mais en face se trouve tou-jours l'ecole non parasitaire, soutenue avec eclat par Stich, Murchison et Chauffard.
Dans les premiers mois de 1877, Chauffard, au milieu d'une discussion memorable, expliquait, de-vant l'Academie de medecine, sa defiance envers les doctrines parasitaires. Tout en affirmant la specificite de la fievre typhoide, il proclamait laquo; la possibilite de la realisation de son agent specifique dans l'econo-mie, par la seule spontaneite de i'organisme dans certaines conditions raquo;.
Non pas certes, que l'erainent professeur de pathologic generale se ralliät ä la doctrine de la generation spontanee, mais il pensait que la putrefaction animale pent produire, sinon le microbe, du moins le poison de la fievre typhoide.
Nous avons vu que Stich, pour expliquer I'eclo-sion spontanee du mal, suppose que tout individu porte constamment en lui-meme les materiaux d'un
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empoisonnement putride. Ce danger perpetuel est toujours neutralise, dans I'dtat normal, par la mise en jeu de toutes les forces diverses de Torganisme, par la triple elimination cutanee, pulmonaire et in-testinale. Mais en certaines circonstances, cesmate--riaux putrides peuvent determiner une infection veritable : d'oü la fievre typhoide.
Pour Murchison, il n'existe aucun rapport fatal entre un cas de fievre typhoide donne et les cas qui le precedent. La maladie peut surgir en tous lieux, sans que son germe vienne necessairement d'un premier typhique. Une serie de cas successifs ou simultanes, dans un milieu donne, ne demontre en rien qu'il y a eu contagion. Sou vent il est impossible de prouver I'impnrtation pour le premier sujet frappe, et rien n'empeche d'admettre que les malades at-teints consecutivement ont subi k leur tour I'in-fluence locale qui s'est fait sentir d'abord chez un seul.
Murchison, apres une serie d'observations, ter-mine par ces paroles : laquo; Mon experience personnelle m'a conduit k cette conclusion : que lorsqu'on voit la fievre enterique naitre dans un hopital, il y a, en regie generale, quelque defaut radical dans les dispositions sanitaires, et que l'air et l'eau sont souilles par des matieres excrementielles en decomposition. raquo;
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Le medecin anglais professe que laquo;le poison typhi-que se developpe de toutes pieces dans les matieres animales en voie d'alteration putride, d'oü le nom de iie\re pythogenique (nee de la putrefaction), qa'il propose pour la dothinenterie. raquo;
En resume, Murchison donne h la fievre ty-phoide une origne non parasitaire, mais specifique et fecale.
M. Jaccoud se rattache ä l'opinion de Murchison.
Enfin, pour un certain nombre d'auteurs, la fievre typho'ide ne depend plus ni d'un microbe, ni d'un miasrae, ni d'un poison, ni d'un agent specifique quelconque : eile nait teile quelle dans 1'orga-nisme, sans travail morbide prealable ; eile pent etre engendree par la seule influence des conditions les plus banales, ordinairement comprises sous la denomination des causes predisposantes : Tage, la fati -gue, Tencombrement, etc. C'est ainsi que pour le professeur Peter, les individus surmenes peuvent trouver dans leur organisme delabre I'origine d'une aulotyphisation.
II y a six mois ä peine, M. Lubanski (1) ecrivait dans V Union mtdicale que laquo; l'etude de nos nom-breuses epidemies demontre precisement la toute
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(1) Juillet 1882, nraquo;' 94, 93.
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puissance de la composition et de l'arrangement du milieu ä l'exclusion de toutes les causes mias-matiques oü Ton est tenu de chercher le germe, le fameux germe sans lequel il semble qu'il n'y ait plus de pathologie raquo;.
Ainsi done, toutes les theories seront venues s'at-taquer k lapathogenie de la fievre typhoide, sans que le sphinx ait laisse deviner son enigma. Attendons. Nous sommes loin du siecle oü Bagliari ecrivait : Ars tota in observationibus. G'est de rexperimentation qu'il faut attendre aujourd'hui la lumiere, et Ton pent dire avec M. H. Bouley que la pathologie expe-rimentale est la source la plus feconde des connais-sances precises en medecine, car e'est par eile que la certitude pent etre substituee k la probabilite.
Mais sans escompter les promesses de l'avenir, enregistrant seulement les faits definitivement ac-quis, nous constatons qu'en medecine humaine, comme en pathologie veterinaire. la contagion n'est pas douteuse ; que, d'un cote comme de 1'autre, I'adolescence, racclimatement, I'encombrement, sont les circonstances adjuvantes les plus puissantes; nous en concluons done que les causes de la fievre typhoide de Thomme sont egalement celles de la fievre typhoide du cheval.
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CHAP1TRE II.
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tTUDE COMPARATIVE DES SYMPTOMES.
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Nous avons vu quels etroits rapports liaient I'etio-logie de la fievre typhoide de rhomme h I'etiologie de la fievre typhoide du cheval.
Le parallele de la Symptomatologie est, si Ton peut dire, plus probant encore.
En comparant l'histoire clinique des deux affections, un observateur impartial ne peut refuser d'ad-mettre que les cas typiques presentent une analogic frappante.
Chez rhomme, I'mvasion de la fievre typhoide est graduelle, dans la plupart des cas. Les malades par-dent peu ä peu l'appetit et les forces; ils devien-nent tristes, abattus, eprouvent des frissons et ont parfois de la diarrhee; il n'est pas rare d'observer chez eux des öpistaxis.
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Get etat, qui permet souvent aux malades de ne pas interrompre tout k fait leurs travaux ordinaires, peut se prolonger plusieurs jours.
N'est-ce pas un debut analogue que nous avons observe chez le cheval? Porte d'appetit, perte de forces, marche chancelante, essoufflement rapide au moindre exercice, parfois episaxis : tels sont les principaux traits que nous avons du noter.
Mais dejä se montre la fievre, et le rapprochement des deux courbes thermiques doit etre pour nous d'un enseignement precieux.
Rappelons, en quelques mots, ce qui se passe chez I'homme. Le thermometre, une fois que la fievre a paru, restetoujours au-dessus de la normale; mais I'ascension n'est pas brusque, la temperature s'eleve graduellement d'un degre et demi chaque jour, avec une chute de quelques dixiemes le matin. Cette ascension par saccades est dite en escalier. On sait que c'est ordinairement vers le cinquicme ou le sixieme jour que la temperature atteint son maximum. Pendant la periode d'etat, le thermometre oscille autour de 40 degres variant seulement de quelques dixiemes du soir au matin. Dans les cas tres graves, la temperature matinale est presque aussi elevee que celle du soir, de sorte que les oscillations sont tres pen etendues, et que le trace se rapproehe de la ligne droite horizontale. C'cstordi-
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nairement du quinzieme au vingtieme jour que la defervescence commence ä devenir sensible. La temperature vesperale reste toujours plus elevee que celle du matin; mais l'une et l'autre vont chaque jour diminuant sur les degres de la veille. Les temperatures du soir demeurent quelquefois tres elevees au debut de la defervescence, I'abaissement portant seulement sur le chiffre matinal.
La courbe thermique traduit la periode de defervescence par des oscillations descendantes. Au bout d'une semaine environ, la chute de la fievre est complete ; le malade entre alors en convalescence.
L'application de la thermometrie ä la fievre tv-pho'ide du cheval a donne dejä des resultats bien remarquables. Nous avons vu dans le chapitre des symptomes que la courbe est progressivement as-cendante, puis stationnaire, puis progressivement descendante. Si nous les comparons ä celle de l'homme, nous trouvons une identite complete; meme nombre, meme evolution, meme duree des pe-riodes; un seul point differe : la courbe du cheval, dans son ensemble, est k une temperature plus elevee ; mais remarquons que la temperature normale moyenne chez Fhommo est 370,5, tandis que la temperature du cheval est de 38deg;.
Pour mettre hors de doute I'analogie saisissante des traces typho'ides chez Thomrae et chez le cheval,
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nous croyons devoir placer dans un merae tableau la courbe de la dothinenterie de l'homme, empruntee k Wunderlieh, et la courbe du cheval donnee par Zundel, d'apres Schmidt.
L'appareil respiratoire est constamment atteint chez rhomrae dans le cours de la fievre typhoide. Goramunement les malades toussent et rejettent des crachats grisätres. Presque toujours, dit Grisolle, qu'il y ait ou non de la toux, on pergoit, en auscul tant la poitrine, des rales sibilants et ronflants ine-galement dissemines ou bien existant des deux cotes et dans toute la hauteur des poumons. II est frequent aussi de noter en arriere, vers le tiers ou le quart inferieure, des räles muqueux et sous-crepitants me-les ou non aux runchus sonores dont nous venous de parier.
Si nous nous reportons a l'etude des symptomes du cheval, nous voyons que, chez lui comme chez l'homme, les poumons et les bronches sent toujours touches. Acceleration des mouvements respiratoires, toux, jetage muqueux, rales divers, surtout vers les parties declives: tels sent les signes ordinairement observes, meme en debors de toute complication pulmonaire.
Depuis longtemps les veterinaires ont ddcrit, comme les medecins, I'anorexie, la soif vive, la se-cheresse et les fulginosites de la bouche, la rou-
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geur des bords de la langue et son racornissement, ce qui a fait dire que la langue semble rötie. N'est-ce pas la langue seche et dure, la langue de bois, la langue de perroquet decrite par les mede-cins?
La constipation chez le cheval et dans l'espece hu-maine n'est pas rare au debut, mäis au bout de quelques jours, la diarrhee se montre; de part et d'autre eile est constante, souvent abondante; les selles peuvent etre involontaires.
Nous avons vu que chez l'animal les matieres fe-cales, d'un jaune verdätre, sont extremement fe-tides; ils semble qu'elles subissent dans le tube digestif un commencement de putrefaction; c'est done absolument ce qu'on constate chez rhomme, mais nous ne pouvons pousser plus loin le parallele, l'examen microscopique des selles typhoides du cheval n'ayant jamais ete fait, du moins h notre con-naissance.
La sensibilite de l'hypocondre, d'observation commune dans l'espece humaine, se retrouve aussi chez le cheval, mais eile n'est plus limitee ä la fosse iliaque droite; eile semble plutöt egalement repartie des deux cöt^s; souvent eile est assez vive pour que l'animal cherche ä fuir la pression, malgre son etat apparent de torpeur.
Les medecins savent que les typhiques se plaignent
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souvent de douleurs abdominales plus ou moins vio-lentes; il n'est pas rare de constater ce phenomena chez les chevaux malades.
Nous .avons indique plus haut les caractöres de l'urine dans la fievre typho'ide du cheval. L'urine est rare et foncee dans le cours de la ma-ladie, mais, au moment de la defervescence, une diurese parfois enorme, pent tout k coup sur-venir sous forme de crise. II en est de memo chez 1'homme.
D'apres Murchison, le flux urinaire pent diminuer de moitie dans les huit ou dix premiers jours, et, dans la plupart des cas, la quantite n'augmente guere avant la convalescence. A cette epoque, on peut voir les malades rendre jusqu'ä trois litres d'urine en vingt-quatre heures. M. A. Robin (1) a etabli, dans sa these, qu'on peut prevoir par les seuls caracteres de l'urine, I'apparition prochaine du debut de la chute febrile.
Ces caracteres sont l'augmentation subite et considerable de la quantite d'urine, sa teinte de plus en plus claire, l'abaissement de sa densite, l'augmentation de ses materiaux solides. Quand ces signes ap-paraissent, la defervescence est proche. On congoit
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(I) A. Robin. Th. inaug. 1876, Paris.
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facilement toute l'importance d'une teile donnee pronostique.
M. Robin, dans les conclusions de sa these, a rapproche ces phamp;iomenes critiques. La polyurie, dit-il, ne serait-elle pas chez le cheval comme chez rhomme, une crise eliminatrice ?
h'urte du cheväl est touj ours en exces. II en est de meine chez rhomme. Cependant certains auteurs, Parkes entre autres (2), admettent que la quantite d'uree peut etre diminuee malgre l'intensite de la fievre, sous l'influence de quelque inflammation locale. Nous n'avons pas trouve de faits de ce genre chez les chevaux; il y aurait pourtant Ik un curieux sujet d'etude.
L'acide urique est toujours augmente chez le cheval typhique. Chez I'homme, la quantite pent etre trois fois plus considerable. D'apres Murchison, Handheld Jones (3) a meme trouve jusqu'ä 7 gr. 20 d'acide urique excretes en 24 heures, au dix-septieme jour de la fievre, alors que la quantite normale est seule-ment de 40 centigrammes.
Le chlorure de sodium est en diminution constants chez le cheval. Nous observons le meme phenomene
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(2)nbsp; Parkes. 0laquo; tirine, 1860.
(3)nbsp; Murchison, loco citato, p. 13G.
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chez l'homme. La quantite quotidienne normale etant de 2 grammes, on n'en trouve plus quelquefois qua des traces dans le cours de la fievre typhoide. Mais, au moment de la convalescence, les matieres inorga-niques qui, pendant la periode d'etat, avaient subi une diminution notable, remontent au chiffre normal, ou subissent meme une augmentation plus ou moins sensible. Ainsi, d'apres Hutinel, le chlorure de sodium pourrait atteindre 12 et 14 grammes. Les phosphates deviennent aussi plus abondants, et leur chiffre est d'autant plus eleve que la fievre a ete plus grave.
La leucine et la tyrosine ont ete parfois trouvees dans l'urine des chevaux. De meme chez I'homine, Griesinger a pu Fisoler dans 12 cas sur 26;. mais, d'apres le maitre allemand, la leucine et la tyrosine n'existent jamais que dans les formes graves. Nous ignorons s'il en est de meme chez le cheval.
Les • urines sont albumineuses dans la dothi-nenterie de I'liomme; mais il est rare que le taux de l'albumine devienne considerable.
L'albumine peut, comme dans les autres maladies aigues, n'etre que le produit d'une simple congestion r^nale; parfois eile indique une veritable nephrite, surtout quand eile est accompagnee de cylindres hyalins. Nous avons vu I'importance qu'attribue le professeur Bouchad h sa retractilite.
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Quand ralbumine survient pour la premiere fois ä une periode avancee, dans la quatrieme ou cinquieme semaine, eile est presque toujours d'un pronostic defavorable, soit qu'elle annonce une complication grave, teile qu'une pneumonia, soit qu'elle carac-terise le debut d'une veritable maladie de Bright.
Ici encore 1'analogic est frappante. La presence de ralbumine est souvent constatee chez le cheval, et ies recherches cliniques ont montre, depuis longtemps, que I'albumine, qui pent etre simplement le resultat d'une hyperemie renale, parait quelquefois provenir de lesions plus profondes et plus graves (1).
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(1) Pour rendre la comparaison plus facile nous avons nSsumö, dans im tableau synoptique, lescaraclferes des urines typhiqueschez le cheval et chez I'homme, d'aprts les analyses de M. A. Robin :
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homme :
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1deg; Couleur.
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Bouillon de boeuf k reflets rougeätres et verdatres plus ou moins accenlufo.
Urine trouble, moins tenue qu'ä l'^tat normal.
Diminude pendant la pöriode d'ötat: 1038 c. cubes au lieu de 1250 c. moyenne de l'dtat normal; augmentde pendant la convalescence.
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Jaune foncd rou-geätre k reflets h6-maphöiques.
Urine trös trouble et trfes visqueuse.
Diminude pendant la päriode d'etat, augmente pendant la convalescence.
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2deg; Aspect et con-sistance.
3deg; Qmntite.
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Nous avons signale comme un phenomene frequent la purulence des urines dans la fievre typhoide du cheval.
M. A. Robin, qui I'a etudiee le premier dans la
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dothinenterie de l'homme, l'attribue k une pyelo-nephrite catarrhale. Or, nous avons vu que ces lesions etaient souvent observees chez les animaux qui succombent ä la fievre typhokle.
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CHEVAL:
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Constante pendant touts la duröe de la pö-riode d'ötat et la plus grande partie de la Periode d'augment. —Ra-rement trfes abondante.
Absent.
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Assez abondante.
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13deg; Sucre.
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Absent.
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Chez rhorame et chez le cheval, les organes des sens sont souvent leses.
Les manifestations oculaires paraissent plus fre-quentes chez le cheval, qui, souvent, presente les signes evidents de la conjonctivite. Les cas d'amau-rose sont, de part et d'autre, des raretes pathologi-ques; ä peine en est-il parle dans les auteurs veteri-naires. De son cote, Griesinger n'en connait que trois exemples chez l'homme et declare meme n'en pas connaitre la nature.
On constate facilement en soignant un cheval ty-phique que I'ouie a perdu sa finesse; mais, si les accidents oculaires sont plus frequents chez le cheval, les phenomenes auditifs paraissent, au; contraire, plus communs chez Thomme. D'apres Griesinger, la durete de Tome, qui survient generalement avec la stupeur, doit etre consideree, moins comme une perturbation nerveuse que comme un catarrhe de la trompe d'Eustache et de l'oreille moyenne. Cette otite, chez l'homme, pent se transformer, s'aggraver, donner lieu ä la thrombose des sinus, k la pyemie, ä l'öresipele, ä une surdite persistante, quelquefois meme a la carie du rocher. Nous n'avons jamais rien vu d'analogue chez le cheval.
On sait que chez 1'animal malade les alternatives rapides de chaleur et de froid, les ecarts de temperature dans les differentes regions du corps, sent des
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signes (Tun maimis augure; il en est de meme en pathologie humaine. Mais, de part et d'autre, une sueur franche, chaude, sans etre trop abondante et coincidant avec une remission febrile, est justement regardee comme une crise favorable.
Nous avons dit que les crins des chevaux typhi-ques s'arrachaient avec la facilite la plus grando. Ce phenomene n'est-il pas jusqu'a un certain point comparable ä l'alopecie, assez commune chez l'homme, ä la suite de la fievre typho'ide.
Les medecins decrivent dans la dothinente'rie de l'homme un certain nombre d'eruptions : taches ro-sees lenticulaires, taches ardoisees, sudamina, pe-techies.
Les taches rosees, sans etre specifiques, ont chez l'homme une grande importance au point de vue du diagnostic. L'abondance de l'eruption varie beau-coup ; tantöt on ne compte que trois ou quatre taches rosees sur la paroi de l'abdomen, tantot ces taches s'observent en tres grand nombre, non seulement sur le tronc, mais encore k la racine des membres. Chez le cheval, ces taches lenticulaires sont absolu-ment inconnues. Est-ce ä dire pour cela qu'elles n'existent pas? Non, sans doute. Mais on conviendra qu'il est au moins difficile de les distinguer sous la robe du cheval, quand sur la peau de l'homme il n'est pas toujours aise de les reconnaitre.
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Les taches ombrees, les petechies cutanees, dont I'existence est certaine, ne sont cependant guere plus connues cliniquement que les taches lenticulaires rosees; toutefois, les eruptions miliaires, d'une con-statation plus facile, ont ete souvent observees.
Dans la forme commune de la dothinenterie de l'homme, les desordres cerebro-spinaux sont constants. Les douleurs erratiques, les cauchemars, I'insomnie, I'apathie intellectuelle, tels sont les premiers effets de la perturbation nerveuse. Un peu plus tard, du septieme au dixieme jour, d'apres le professeur Jaccoud, apparait le delire.
Le plus souvent ce n'est qu'un delire paisible et monotone. Pendant le jour, le malade reste apathi-que, ontre le sommeil et la veille; vers le soir, il. s'agite un peu, murmure des paroles incoherentes. Get etat persiste toute la nuit jusqu'au retour du jour; alors le sommeil l'emporte, et le malade re-tombe stupide (xysi?) dans sa somnolence tranquille.
Dans certains cas, les conceptions delirantes sont assez intenses pour provoquer, par une reaction motrice, des gestes, des soubresauts, des mouve-ments plus ou moins energiques, qui necessitent une surveillance rigoureuse.
Parfois, enfin, le delire est furieux. Sous une impulsion que rien ne pent suspendre, le malade crie, se d^bat, se leve, et devient un danger pour lui
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comme pour ceux qui I'entourent. Avec ces formes violentes de delire coincident souvent d'autres phe-nomenes spasmodiques : soubresants de tendons, convulsions passageres des muscles de la face, grin-cement de dents, tremblement des jambes, secous-ses momentanees de tout le corps, contractures partielles. Yoilä, dans ses points les plus saillants, l'ensemble des desordres nerveux qu'on observe chaque jour chez I'homme.
Les troubles cerebro-spinaux sont-ils differents chez le cheval? On a pu voir plus haut que chez lui aussi I'innervation est souvent et profondement alte-ree des le debut.
Dans la plupart des cas, la somnolence est pro-fonde, continue. On pent piquer la'peau sans pro-voquer la moindre reaction; la sensibilite parait presque abolie; mais, selon l'expression de Zundel, il y a plutot abolition de la perception qu'anesthesie veritable. D'autrefois, de courts moments de surexci-tation succedent k la stupeur ordinaire : 1'animal. s'agite, gratte le sol, trepigne. On pent observer alors des grincements de dents, des convulsions de la face, de l'encolure, des grassets, des muscles du poitrail et de l'abdomen; puis tout s'arrete, et le cheval retombe dans cet etat torpide dont rien ne pent le tirer.
Ainsi done, partout dans 1'etude clinique, I'ana-
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logie est frappante. Courbe thermique, etat general, localisations broncho-pulmonaires, manifestations du tube digestif et de l'appareil circulatoire, etat c^rebro-spinal: tout est identique.
Et cependant, nous pouvons poursuivre encore plus loin le parallelisme des manifestations cli-niques de la fievre typho'ide chez le cheval et chez I'homme.
La forme thoracique, la forme muqueuse, les formes nerveuses, les formes latentes elles-memes et les formes abortives.' connues depuis longtemps des medecins, trouvent leurs analogues dans la pathologic hippique.
De meme en est-il des complications si nom-breuses de la fievre typhoide. Les laryngites, uleereeraquo; ou non, l'cedeme de la glotte, les broncho-pneu-monies, les pneumonies lobaires, la gangrene du poumon, en un mot, toutes les complications de l'appareil respiratoire sont aussi bien connues des #9632; veterinaires que des riiedecins.
Les angines, les- abces du pharynx s'observent aussi souvent chez le cheval que dans Tespece hu-maine.
Nous avons mentionnd la frequence des parotidites chez le cheval. Des complications analogues s'observent aussi souvent chez I'homme. Ces parotidites se montrent d'ordinaire vers le declin de la maladies et
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semblent quelquefois constituer urie crise favorable (Chomel).
II n'est pas rare non plus de les voir survenir au milieu de la convalescence.
La pathogenic de ces lesions a souvent exerce la sagacite des medecins.
Piorry (1) professait que ces parotidites secon-daires sont moins l'expression de l'etat general que le resultat d'une ulceration ou d'une obliteration du canal excreteur de la glande.
Schuzenberger(2), comme Piorry, les rattache aux alterations locales. Pour lui, la presence de fuligino-sites sur les levres, la langue et les gencives, pent determiner sur la muqueuse de la bouche une inflammation capable de se propager jusqu'ä la parotide, par le conduit de Stenon (comme la surdite des typhiques doit se rattacher le plus souvent ä des inflammations de la caisse, provenant du pharynx par la trompe d'Eustache).
Le P. Crocq (3;, dans un recent travail, soutient aussi cette opinion.
Griesinger, moins absolu, admet tantöt la stoma-tite, tantot la metastase.
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(1)nbsp; Piorry, Traue du diagnostic.
(2)nbsp; Schuzenberger, Gazette medicale de Strasbourg, 1872.
(3)nbsp; Crocq, Journal medical de Bruxelles, Janvier 1874.
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Enfin, Libermeister (1) attribue la genese de cette complication h une degenerescence de la glande, pro-duite par rhyperthermie.
La gangrene des teguments et des muqueuses, les ruptures musculaires, ne sont pas moins connues des medecins que des veterinaires.
Les enterorrhagies peuvent egalement se rencon-trer dans la fievre typhoide du cheval; le plus sou-vent elles surviennent vers la periode d'etat, et s'accompagnent d'une chute remarquable de la temperature; elles aggravent considerablement le pronostic. Ces hemorragies de la muqueuse intes-tinale sont d'ailleurs tres frequentes. Nous n'avons pas de statistiques ä fournir ici; mais elles sont cer-tainement plus rares que chez l'homme, oü Louis les atrouvees dans la proportion de 6 p. 400, etMur-chison dans la proportion de 16,6 p. 100.
(1) Libermeister, Zicmssen's. Handbuch, 1874.
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CHAPITRE III.
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ETUDE COMPARATIVE DES LESIONS.
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Le rapprochement des alterations anatomiques chez rhomme et chez les animaux morts de fievre typhoide est un des points les plus interessants de cette etude. Comme I'a dit si judicieusement le pro-fesseur H. Bouley (1), dans ses logons du Museum, l'etude comparee des lesions constatables dans une maladie commune k differentes especes pent con-duire k des resultats d'une extreme importance au point de vue de la signification qu'il convient de leur attribuer.
Chez Thomme et chez le cheval, les lesions prin-cipales de la fievre typhoide s'attaquent aux organes
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(1) Loco citato, p. 2b.
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de l'hamp;natopoiese; par suite, l'alteration du sang devient pour ainsi dire fatale. Constantes dans leur existence, ces lesions essentielles presentent cepen-dant dans leur marche et leur intensite, des differences en rapport avec la longueur et la gravite de l'affection. Les desordres divers que revele habituel-lement I'autopsie dans les autres organes peuvent faire defaut; on a done le droit de les considerer comme accessoires et contingents.
Pour comparer avec plus de profit les materiaux fournis par les deux pathologies, nous procederons comme nous 1'avons fait jusqu'ici, Systeme par Systeme, appareil par appareil.
Chez I'homme comme chez le cheval, les voies respiratoires sont touj ours atteintes.
Les veterinaires, qui ne considerent la fievre ty-pho'ide que comme une gastro-enterite, reconnaissent neanmoins qu'il existe toujours une phlegmasie sympathique des organes de la respiration (Hurtrel d'Arboval).
Le larynx, la trachee, les bronches, sont le siege d'un catarrhe qui pent envahir jusqu'aux ramifications les plus fines; leur muqueuse est rouge et re-couverte d'une secretion visqueuse.
Les pathologistes ont decrit depuis longtemps les ulcerations du larynx liees h la dothinenterie. Elles ont 6te l'objet de nombreux travaux, tant au point
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de vue de leur gravite clinique qu'ä celui de leur nature.
Ces lesions sont surtout frequentes pres de la jonc-tion posterieure des cordes vocales. Souvent alles sont surperficielles, mais elles peuvent etre assez profondes pour entamer et detruire les cartilages sous-jacents. Ces ulcerations paraissent plus ou moins frequentes, suivant les epidemies. Sur 11 autopsies de typhiques, Griesinger les a trouvees 31 (bis, soit dans une proportion de 26 pour 100.
Or, des lesions tout ä fait analogues s'observent dans la fievre typhoide du cheval. L'epiglotte, les ventricules peuvent eire cribles d'ulcerations plus ou moins profondes, interessant meine parfois les cartilages.
Enfin, de meme que les medecins ont signale i'cedeme de la glotte, les veterinaires ont decrit I'in-fdtration, les abces des poches gutturales.
Chez I'homme comme chez le cheval, la regie est de trouver, dans le poumon, de la congestion passive ou de I'cedeme.
Nous avons vu plus haut qu'il n'etait pas rare d'observer chez le cheval, dans le cours d'une affection typhoide, les signes et les lesions manifestes de la pneumonic lobaire ou lobulaire.
Or, chez I'homme, la pneumonic n'est guere moins commune. Murchison I'a notee dans 13 cas sur
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100; Flin, 12 sur 73. Elle peut etre lobaire ou lobu-laire et peut se terminer, soit par resolution, soit par abees, soit plus rarement par gangrene.
La pleuresie n'est pas rare chez I'homme : sur 19 autopsies de fievre typhoide, Griesinger a trouve 6 fois des epanchements de lymphe ou des adhe-rences recentes. Dans 19 cas sur 46, Louis a trouve une quantite plus ou moins grande de liquide sereux et rougeätre dans la cavite pleurale.
Les faits ne sont pas moins communs chez les chevaux. Souvent on constate des points d'adherence entre la plevre parietale et la plevre viscerale; mais il est beaucoup moins frequent de trouver une quantite notable de liquide, qui est d'ailleurs toujours au meme niveau de chaque cote, ä cause de la commu-* nication des plevres.
Si Ton se reporte ä la description que nous avons faite des lesions observees par les veterinaires dans I'appareil circulatoire, on peut facilement se rendre compte de leur similitude avec les lesions decrites dans I'espece humaine.
Le tissu musculaire du coeur est mou, pale et ramolli. C'est bien, dans un cas comme dans I'autre, la degenerescence granuleuse ou cireuse decrite par Zenker et plus tard par Hoffmann.
Les lesions de l'endocarde et du pericarde sont, dans les deux cas, parfaitement analogues.
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L'examen du sang chez le cheval typhique, revele comme faits principaux: la diminution de la fibrine ; l'augmentation puis la diminution des leucocytes ; enfin I'alteration quantitative et surtout qualitative des hematics.
Ces caracteres fondamentaux, nous les retrouvons dans les analyses faites chez Thorame.
En effet, la fibrine est diminuee, le sang est plus fluide. D'apres Malassez et Brouardel, la proportion des leucocytes est augmentee pendant le premier septenaire, mais cette leucocytose disparait au moment de l'ulceration des plaques de Peyer.
Notons enfin l'abaissement du chiffre des globules rouges et par suite, de Themoglobine, dans la pe-riode avancee de la maladie.
Chez l'homme et chez le cheval, on a pu constater, meme pendant la vie, un tres grand nombre de bac-teries (bacterium punctum, bacterium catenula, etc.), mais ces organismes n'ont rien de special h la fievre typhoide.
Les lesions comparees du foie, des reins, de la rate, des muscles et des centres nerveux, presentent I'analogie la plus complete, et nous croyons inutile d'en parier davantage.
En somme, nous n'avons trouve jusqu'ici, dans notre etude parallele, que des points de ressem-blance, sans une contradiction. Mais nous arrivons ä
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l'examen des lesions intestinales, et devant I'en-semble des faits observes nous ne pouvons que formuler les propositions suivantes : La muqtieuse intestinale est toujours atteinte chez I'homme comme chez le cheval, mais les ulcirations, qtii sont la rdgle chez I'homme, sont f except ion chez le cheval.
Voyons cependant si cette difference d'intensite dans les lesions du tube digestif doit etre une raison süffisante pour refuser k la maladie du cheval que nous exposons en ce moment, le nom de fievre ty-pho'ide.
Tout d'abord la question doit etre limitee. Nous n'avons pas ä faire entrer en ligne de compte les cas decrits par les auteurs veterinaires, avec raison sans doute, sous la denomination generale d'affections ty-phoides, mais qui, en realite, ne sont pas la fievre typhoide du cheval. Teiles sont la pneumonie, la granulie ä forme typhoide, I'influenza, le typhus. Ces nombreux cas elimines, nous obtenons certaine-ment une reduction notable dans la disproportion que nous venous de signaler. D'autre part, nous avons vu, en faisant l'etude de l'anatomie patholo-gique, que rintestin grele, dans la fievre typhoide du cheval, ne reste jamais sain. Les autopsies que nous avons pratiquees nous out maintes fois montre que les glandes de Peyer, tumefiees, saillantes, sont en-fermees dans une zone noirätre induree. G'est du
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reste la regle generale, et nous le repet.ons en nous appuyant sur les temoignages de Zundel, de Sanson, de Fischer. Dans la generalite des cas, dit Zundel, les plaques de Peyer, considerablement hypertro-phi^es, sont entourees d'une aureole rouge noirätre. Or. dans le Tmitö d'anatomie pathologique du profes-seur Laboulbene, nous trouvons, presque dans les memes termes, la description des lesions corres-pondantes chez rhomme : laquo; Au debut, le follicule grossit, forme une tumeur arrondie, d'un gris blan-chätre, avec une aureole rouge, due ä une hyperemie marquee des vaisseaux entourant le follicule (1). raquo;
Les ulcerations du tube intestinal sont rares, mais elles existent, Sans parier des differents cas qua nous avons observes nous-meme, rappelons que Palat, devant la Societe centrale de medecine veterinaire, declarait, au raois d'aoüt 1881, qu'il avaitpu voir ä Bourges de tres belles ulcerations intestinales sur un cheval mort de fievre typhoide, apres un mois de sejour k l'infirmerie. Le medecin du regiment les avait trouvees tout ä fait identiques ä celles que Ton rencontre chez I'homme.
Rappelons aussi I'observation d'ulcerations intestinales qu'a bien voulu nous communiquer M. Ca-
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i2) Laboulbene. Anat. path. J.-B. Baillifere, 1879, p. 172.
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pon, veterinaire principal. MM. Bouley, Duplessis, Budelot, Salle, etc., etc., ont aussi enregistre des cas d'ulcerations. Vallon declare les avoir trouvees sur un quart des chevaux morts, et toujours ä partir du septieme jour. Zundel dit qu'on voit autour d'elles la muqueuse saine comme taillee ä pic, avec un bord un peu calleux; elles peuvent meme atteindre la tunique musculaire, determiner des hemorragies, produire des ulcerations et amener des peritonites, comme Font vu Loiset, Falke, Palat, etc.
Cette alteration de la muqueuse intestinale est done, quand eile existe, en tons points comparable a la lesion principale de la dothinenterie de rhomme, et e'est ainsi que le comprennent Falke (1), Denis Lambert (2), Loiset (3), Lieutard (4), Signol (5), etc.
Pour nous resumer, dans la fievre typho'ide du cheval, l'hyperemie des glandes de Peyer est con-stante; mais leur ulceration est rare.
Quelle est la raison de cette dissemblance avec les lesions observees chez rhomme?
II est difficile de le dire; mais il n'y a pas plus de
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(1)nbsp; Falke. Des typhus. Una, iSiO.
(2)nbsp; Denis Lambert. De la fievre typhoide du cheval, 1848. Paris.
(3)nbsp; Loiset. Maladies typhoides, 1833. Lille.
(4)nbsp; Lieutard. Maladies typhoides, 1833. Lyon.
(5)nbsp; Signol. Etudes classiques, 18S8. Paris.
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raison pour accuser le genie morbide, la nature meine du mal, plutot que les conditions anatomiques ou physiologiques de l'organisme sur lequel evolue le processus. En effet, n'est-il pas possible que la rarete des ulcerations sur l'intestin du cheval trouve sa raison d'etre dans la puissance etonnante de son tube digestif, la solidite de la muqueuse; peut-etre aussi dans la nature, l'uniformite du regime, et enfin dans revolution plus rapide du mal.
Chez l'homme, au contraire, la variete de l'ali-mentation, l'ingestion de produits souvent nuisibles, l'instabilite, les ecarts du regime, ne peuvent-ils pas avoir pour resultat de rendre l'intestin plus irritable, d'en affaiblir l'energie fonctionnelle et de le prepa-rer ä tons les genres d'alterations ?
Portant plus haut la discussion, nous devons nous demander quelle est, au point de vue de la pathologic generale, la valeur reelle des ulcerations typhi-ques de l'intestin grele ?
Nous ne sommes plus k l'epoque oü la fievre typhoi'de, consideree comme une maladie primitive et simple, portait les noms de gastro-enterite (Brous-sais), de fievre entero-mesenterique (Petit et Serres), d'enterite folliculeuse (Forget).
On professait alors que tons les symptömes de la dothinenterie (SoOnnjv, bouton: evrepov, in testin), dependent de la lesion de l'intestin, et qu'ils sont le re-
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sultat de la resorption des produits de putrefaction däveloppes ä la surface de l'ulcere; mais cette theo-rie n'a plus aujourd'hui qu'une importance histo-rique. Les travaux modernes ont mis la dothinentärie dans la classe des fievres, ä cöte du typhus, de la fievre jaune et des fievres eruptives.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; v
La lesion de l'intestin, dit Grisolle (1), ne consti-tue pas toute la maladie. L'inflammation des plaques de Peyer, ou l'enterite folliculeuse, l'ileo-typhus des auteurs allemands, n'est qu'une partie de la fievre typhokle (Laboulbene) (2). Griesinger (3) insiste sur ce fait que la lesion morbide intestinale est quelque-fois k peine soupQonnee. D'apres lui, l'intensite des symptömes generaux n'est point en proportion di-recte avec son developpement et son etendue. Les. symptömes typhoides existent avant l'ulceration des glandes, et s'observent encore lorsque I'infiltration a subi sa periode regressive.
laquo; Parfois, dit le professeur Laboulbene, une ou deux ulcerations se montrent. raquo; Comme preuve ä l'appui, nous trouvons dans son Anatomie patholo-gique 1'observation d'une jeune femme morted'une perforation de l'intestin dans le cours d'une fievre
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(1)nbsp; Grisolle. Path, int., 1.1, p. (54.
(2)nbsp; Laboulbfene, loco citato, p. 168.
(3)nbsp; Griesinger, 288.
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typhoide, et chez laquelle l'autopsie ne revela qu'une seule ulceration.
laquo; Femme, 22 ans, morte de peritonite aigue, en laquo; vingt jours, d'une fievre typhoide. L'intestin grele laquo; montre des plaques de Payer offrant une forte laquo; saillie, mais non fortement atteintes; une seule laquo; plaque sur un des points juxta-marginaux, est le laquo; siege d'une perforation.
laquo; Les follicules clos sont saillants, plus gros qu'k laquo; I'eiat normal, mais aucune d'eux n'est ulcere, raquo;
Grisolle dit qu'il a vu souvent la mort survenir, bien qu'il n'y eüt que deux ou trois plaques malades. Son traite de pathologie contient meme une observation remarquable qui le force k reconnaitre que la lesion de l'intestin n'est pas indispensable pour caracteriser la fievre typhoide.
Chomel, avant Grisolle, avait ete conduit a des conclusions analogues. II avait d'ailleurs ete con-firme dans son opinion par les faits d'Andral et de Louis (1).
En 1873, MM. J. Cazalis et J. Renault (2) ont observe k Paris deux cas de fievre continue avec
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(1)nbsp;Voir I'observation 52 dans leTraitö Louis, et l'observation 63 dans la Clinique Andral, 1.1, p. 306.
(2)nbsp; Observations pour servir ä l'histoire des affections typhoides. {Archives de physiologie normale et pathologique, 1873, p. 226.)
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developpement complet de symptdmes typhoides. A I'autopsie, qui eut lieu le douzieme jour, ils furent extremement surpris de trouver une intlammation assez intense, mais sans aucune alteration des plaques de Peyer.
II resulte clairement de tout ceci, que I'ulceration de 1'intestin n'est pas absolument necessaire, meme chez rhomme, pour constituer la fievre typhoide. Nous croyons done pouvoir dire qu'elle n'est pas necessaire non plus chez le cheval, ou, du reste, eile est loin d'etre inconnue, malgre sa rarete relative.
Ainsi la somme considerable de documents que la pathologic comparee a pu nous fournir, montre, par le rapprochement des causes, des signes et des , lesions que les deux maladies, dans leurs details cli-niques et anatomiques, comme dans leur allure ge-nerale, presentent I'analogie la plus grande. Mais, la transmission du mal de l'homme au cheval et du cheval ä l'homme n'etant pas demontree, il est impossible de dire que les deux fievres ne sont qu'une seule et meme maladie. Or, il y a quarante ans, Denoc, avec une intuition singuliöre, s'exprimait en des termes tels que nous n'en trouvons pas de meil-leurs pour formuler la pensee qui se degage de son travail.
laquo; Si on se forme une idee trop exclusive; si on ne
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laquo; veut voir de fievre typho'ide que dans I'eruption laquo; boutonneuse de rintestin et dans l'ulceramp;tion des laquo; follicules de Bruner et de Peyer; si, en dehors de laquo; ces lesions, on ne veut voir que des complica-laquo; lions, on pourra concevoir des doutes sur I'ana-laquo; logie que je vais chercher a etablir; mais, si, laquo; degage de toute idee systematique, on etudie un laquo; ä un les symptomes, si on les groupe, si on les laquo; compare; si, apres cette etude, on etudie dans le o meme ordre les lesions morbides, on sera oblige laquo; d'admettre que la maladie que nous decrivons est .laquo; une maladie thypho'ide, sinon identique, du moins laquo; analogue a celle que Ton designe chez Thomme laquo; sous le nom de dothinenterite ou fievre ty-laquo; pho'ide. raquo;
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INDEX BIBLI06RAPHIQÜE.
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Akloing........ Gommunicatioa sur les inoculations da
la fievre typhoide du cheval. 1882.
Arnal........... De l'affection typhoide. 1859.
Aubrt........... Etude sur une öpizootie de l'espfece
chevaline. 1838.
Baillif.......... Mömoire sur une affection enzootique
catarrhale el typhoide. 1836.
Beugniet........ Eiuploi du carbonate de fer dans le
traitement des affections typhoides.
Bizot.......... Traitement des maladies du cheval de
troupe, Journal de medecine vele-rinaire militaire. 1867.
Boiteui ........ De la contagion de l'affection typhoide
du cheval. 1860.
Boüley.......... U y a des affections typhoides chez le
cheval. 1867.
Cauvet.......... Unitö des affections typhoides. 1870.
Charlier........ Notice sur la maladie epizoolique qui
sevit actuellement sur les chevaux du dßpartement de la Marne.
Clichy.......... Mömoire sur la gastro-enterite des ani-
maux domestiques. 1838.
Dac............ Mömoire sur la fievre typhoide du cheval. 1850.
Damalyse et Rey-nal.......... Description d'une affection particuliamp;re.
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Dehan.......... fipizoolie sur les chevaux de l'arron-
dissement de Luneville. 1836.
Delafond........ Note sur une maladie qui rfegne 6pizoo-
tiquement sur les chevauK de quel-ques parties de la France. 1841.
Delorme......... Considerations sur la gastro-enterile
^pizootique qui a rögn6 sur les chevaux en 1851.
Deloupv......... Notice sur une maladie qui rfegne dans
la contrte de Bazfes (Aude). 1843.
Denis Lambert. .. De la fifevre typhoide du cheval. 1848.
Denoc........... De la fiamp;vre typhoide chez le cheval.
1843. Dupuy........... Sur les formes des affections vertigi-
neuses. 1826. Gaube........... Affection enzoolique observee sur les
chevaux indigamp;nes de l'armee d'Afri-
que. 18S0. Genee (Pierre)... Memoire sur une maladie vertigineuse
6pizootique. 1837. Gillet ......... Memoire sur les affections typhoides.
1849. Girakd pfere...... Hurthrel d'Arboval, Huzard, Leblanc,
Rainard, Rodet. Sur la gastro-ente-
rite. 1825.
Girard fils....... De l'emploi de l'essence de t6r6benthine
dans les affections dites typhoides du cheval. 1839,
Gourdon......... Nouvelles considerations sur les affections typhoides du cheval. 1850.
Goüx........... Enzoolie sur les chevaux. 1846.
Joubdibr......... M(5moire sur une maladie enzoolique
qui a sevi au 4e d'artillerie, sur les
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chevaux des remontes ö^entuelles, en 1848-1849 (1852).
Knoll........... Mömoire sur l'influenza des chevaux.
1859.
Lafosse......... Maladie du sang ayanl de l'analogie
avec les affections verligineuses. 1840.
Lafosse......... Lesions inleslinales simulant celles de
la fiamp;vre typho'ide de Thomme. 1856.
Leblanc......... Maladie epizootique, apopleclique et de
nature charbonneuse. 1860.
Leblanc......... Quelques mots sur ce que Ton appelle
la fifevre typhoide du cheval. 1864.
Liautard......... Des maladies typho'ides qui attaquent
specialement les chevaux de l'arinee. 1853,
Loiset.......... De l'affection typhoide dans I'espfece
chevaline et de ses rapports avec la fifevre typhoide de l'homme. 1854.
Louchard........ Enzootie sur les chevaux d'artillerie, ä
Toulouse. 1838.
Mamp;jnin.......... Affections typhoides. 1866.
Mitaut.......... Maladie d'installation.
Mottet.......... Contagion de l'affection typhoide. 1859.
Mouchot......... Caractfere contagieux de Taffection typhoide du cheval; son rapprochement avec la fiövrc typhoide chez l'homme par ses lesions inleslinales. 1866.
Moulin.......... Fievre typhoide. 1841.
Prance.......... Memoire sur la gastralgie chez le cheval, maladie plus particulierement connue sous le nom de fiövre typhoide. 1859.
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Rbnxult......... Maladie avec alteration du sang, avec
tendance ä l'extravasation. 1832. Rey............. Maladie enzootique observße sur les
chevaux. 4852. Rougieüx........ M^moire sur la fifevre typhoide du che-
val. 1859. Saint-Cyr....... La fifevre typhoide devant la Soci6t6
centrale. 1859. Salles.......... M6moires sur les affections typhoides.
1862-66-81. Sanson.......... De la diathfese typhoide du cheval et
de ses manifestations ordinaires dans
l'armöe. 1856. Signol.......... Etudes cliniques sur une affection du
cheval encore h classer. 1858. Vallon.......... Affection typhoide du cheval observöe
en Afrique, 1845-52. (1857). Vilain (A)........ Observations sur une enzootie qui a
sevi sur les chevaux du regiment des
guides. 1862.
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Lii:
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TABLE DES MATIERES
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Pages. AVANT-PROPOS...................................... 1
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PREMlfiRE PARTIE.
LA FlSVRE TYPHOlDE CHEZ LE CHEVAL.
Chap. I. — Historique............................... 7
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;II. — fitiologie............................... 13
—nbsp; nbsp; nbsp;III. — Symptomatologie........................ i3
—nbsp; nbsp; nbsp;IV. — Anatomie pathologique.................... 81
V. — Diagnostic diffdrentiel.................... 103
—nbsp; nbsp; nbsp; VI. — Traitement............................... H3
DEUXlfiME PARTIE.
fitUDE COMPARATIVE DE LA FlilVRE TYPHOlDE CHEZ L'HOMUE ET CHEZ LE CHETAL.
Chap. I. — fitude comparative des causes.............. 183
—nbsp; nbsp; nbsp; II. — ilade comparative des symptömes.......... 175
—nbsp; nbsp; nbsp;III. — fitude comparative des Idsions.............. 193
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Paris. — Imprimerie L. Baodoin et Claquo;, rue Christine, 3.
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DES
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DANS LES
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MALADIES VIRULENTES
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BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
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2912 683 0
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INOCULATIONS
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PREVENTIVES
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DANS LES
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MALADIES VIRULENTES
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A PROPOS DF.9
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Vaccinations charbonneuses faites sous le patronage de la SociM d'Agriculture de Bordeaux, au Chateau de M. Bert ä Talais (Gironde).
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Par le Dooteur JE. MASSE
Professear k la Faculty de llöilecino do Boräeaux
Laureat do l'Institnt (mention honoraljlc, pris Monthyon, mödcciue et Chirurgie);
Lauramp;it de I'Acad^mie de 3I6decine (prii Barbier);
Laureat de la Facnltö de M^decine do Montpellier ; Membre correspondant dlaquo; i'Acadömie des Sciences
et Lcttres de Montpellier; Membre correspondtint de la Soci6t6 anatomitice de Paris
de la Sociitö de M(5decinc et do ChimririG pratique
et de la Sociötö iuC-dicalc d'ömulation de Montpellier, Membre de la Soci^tä anatomique
et de la Sociöto d'Hyg-i^ne pabllqne de Bordeaux
Ancien membre associö de la Soci^tö d'Agriculture de Montpellier,
0£ficlM^drÄamp;a5firaquo;4*.
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G. MAS SON, edlteur 120, boulevard Saint-^
A1DCCCLXXXIII
Tons droits r4serv6B,
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emie de Mcdecine de Mödecine
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TRAVAUX DU MEME AUTEUR
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1.nbsp; nbsp;Developpement et structure intime du tuberculc. {Montpellier
Mttdical, juillet IStiil.)
2.nbsp; Sycosis parasitaire. — Observations ct riflexions. — Nouveau trai-
tement par la creosote. {Moulpellier m/dical, novembre 1864.)
3.nbsp; De la cicatrisation dans les diffarents tissus. (Those inaugu-
rale, -181)6.)
4.nbsp; Des types de la circulation dins la särie animale et aux divers
äges de la vie embryonnaire. 1SG6.
5.nbsp; Etude chirurgicale de l'etranglement. (Montpellier, 1869.)
G. Etude anatomique et physiologique des organes da I'auditioii et du sens de l'ouie. (.Moulpellier, 1869.)
7.nbsp; De la reunion immediate apres l'opöration de la hernie 6tran-
glee. —Congrös de Kantos; Association francjaise pour ravancemont dos Sciences. 1875.
8.nbsp; Monstre anencephale ä langue triflde.— Congrts do Nantes. 1873.
D. Le taenia inerme et la ladrerie du boeuf. — Nouvellas expöriences faites a l'ficole d'agriculture de Montpellier; par MM, Maj^e, agrdgiS h la Faculty, et 1*. Pourquier, iiKSdecin viStcnnaire. — Coraptes-rendus dc i'Acadcmic des Sciences, 17 juillet •1876. {Montpellier medical, scptcmbre 1876.)
10. Coup d'ceil sur l'histoire de la Chirurgie. — Prcmiöre lecon du cours de Mcdccine operatoire h la Faculte de Bordeaux. [Montpellier mt'dkal, 1879).
41. Influence du mouvement sur les articulations. — M^moire lu au CongrSs de Montpellici' de l'association pour l'avancement des Scicuccä. (Seance du 3 seplembre 1879.)
12.nbsp; De la compression lente de la moelle epiniero. — Observation de
tunieur intra-raclndienne de la quatrifeme paire cervicale gauche, comprimant la moolle en arriere ä la partie moyennc do la region cervicale, avec planclies. 1879.
13.nbsp; De l'influence de l'attitude des membres sur leurs articula-
tions. — ln-8u avec 18 planches et dessins inteicalfis dans le texte. Paris, Adricn Delahaye, 1880. Mention honorable, prix Monthyon, Mcdccine et Chirurgie a Tlnstilut. Prix Barbier, Acad^nuo de mtide-cine.
44.nbsp; Des tumeurs perlees de l'iris. — Bordeaux, 1881.
45.nbsp; De la formation par greife de kystes et des tumeurs perlöes
da l'iris. — Bordeaux, 1881.
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PREFACE
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L'etiologie des maladies virulentes a fait depuis quel-ques annees d'immcnsos prog'res. La cause de ces maladies etant mieux conime. nous sommes mieux enmesure d'apprendre ä les combattre et a les 6viter.
La patholog-ie comparce a rendu les plus grands services h retude des maladies virulentes, nul doute que la medecine humaine n'ait grand profit a etudier, a experimenter sur les animaux. les moyens proplrylactiques et therapeutiques susccptibles d'etre utilises cliez I'homme.
Nos lecteurs pourront voir dans ce travail quels sont les progres accomplis depuis quelques annees, ils pourront juger par le terrain parcouru et par les resultats accomplis, du chemin qu'il nous rcste ä faire, des esp6-rances que nous pouvons avoir pour I'avenir.
C'est aux grands travaux de Pasteur que nous devons la belle decouverte de l'attenuation des virus, celle de la creation des vaccins artificiels.
De nombreux savants out suivi son impulsion, et de leurs rechcrclies sont nes des travaux dont la France peut aussi s'enorgueillir ä bon droit.
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A
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II
Davaine, Toussaint, Chauveau, Bouley, Arloing', Cor-nevin, Thomas, Jolyet, out tous apporte leur tribut dans cette grande ceuvre qui sera une des plus belles gloires scientifiques du dix-neuvieme siecle.
Chacun do ces savants a eu sa part d'initiative, ils sont arrives au meme but par diverses voies; nous devons k chacun d'eux, des movens spöciaux de vaccination, pour differcntsg-enresd'affection. Laquestionetudiee dans les laboratoires a subi victorieusement les epreuves de l'application pratique. Des les premiers jours de la decouverte de rattenuation des virus et des vaccins arti-ficiels, I'agriculturc a largement benedeie de quelques-uns de ces nouveaux moyens propbylactiques.
Nul doute que Ton ne trouve k bref dölai, l'application pratique d'autres procedes, encore k I'etude dans les laboratoires.
La medecine huraaine proütera-t-elle de ces decou-vertes?
Nous le desirous vivement et nous avons möme quel-ques raisons de l'esperer.
.Mais nous ne serons autorises k appliquer k I'homme nos recherches sur les animaux, que lorsque la question de pathologie comparee, ne laissera plus pour nous aucune place k I'incertitude sur les resultats ä obtenir, aucune crainte sur les dangers de ces essais.
Trouver le moyen de prevenir les maladies virulentes et d'en eteindre ;i jamais les gennes pour notre generation et les generations k venir, quel service plus grand pourrait-on rendre k riuunanite? La decouverte de la vaccine qui a sauve des millions d'existences, nous donne le droit d'esperer que uous pourrons aussi triompher d'autres affections contajneuses et virulentes.
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Ill
On decouvre terns les jours de uouveaux microbes, agrents de la virulence chez rhomme comme cliez les animaux. Espörons qu'on arrivera k trouver pour I'es-pece humaine, ce que Ton a dejk trouve pour les animaux, un moyen de modifier les agents de la contag-ion, de les attenuer, de les forcer ä servir dans des inoculations preventives, de moyens de preservation centre les maladies m6mes dont ilsetaient la cause.
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Nous avons puisö de nombrcnx et de forts uliles renseignemonts. dans un excellent livre publiö röcemment par M. Duclaux, inliluli? : ferments et maladies, et dans le bei ouvrage de M. Boulcy, l.c progrt's en, mAlecine par I'expc'rimcntalion. Nous noussommes encore servis avee fruit de deux mömoires publiesd^ns la Revue de Uaijem, en -1878 et en 18S1, par M. Ncpveu, Chirurgien distinguö des liöpitauxde Paris, el par MM. Ducazal et Zuber Nos lecteurs trouveront dansces diffdrenls ouvrages, los rensoigne-ments bibliograpbiqiies les plus compl'.ls, sur la question des microbes el des vaccinations.
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DES
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INOCULATIONS
PREVENTIVES
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DANS LES
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MALADIES VIRULENTES
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CHAPITRE PREMIER
UN MOT SUR LES DECOUVERTES DES ÜIFFERENTS MODES D'lNOCULATION PROPHYLACTIQUE.— LA THEORIE DES MICROBES.
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En fjönoral les maladies virulentes no recidivent pas: I'organisrae no pout point les contractor deux fois. Uno prc-mieroatteinte de ces maladies, conferc souTcnt pour la vie une complete immunite.
Les maladies virulentes peuvent se propager par difTcrents modes d'inoculation. mais qu'elle quo soit lavoiopar oil pene-tre le virus, 11 determine une maladie entiereraentsemblable ä celle danslaquelle 11 a pris naissance. Sur un snjotquia deja subiles atteintes d'une maladie virulente, l'inoculation de cette möme maladie ne produit plus aucune action. Les vaccinations ont pour but de creer artificiellement une immunite analogue ä celle quo donne une premiere atteinte d'une maladie infectieusc coutretoute contamination ulterieure. Elle a pour but de met-
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tre l'organisme dans do bonnes conditions, pour se soustraire aux coups do cortaines maladies contagieuses toujours graves et souvont mortelles.
Les inoculations prophylactiques, out etc employees depnis un temps immemorial contre les atteintes do la variole, dans les pays qui out etc le berceau do cetto affection, mais ce n'est que depuis un siecle, depuis Jenner, quo la decouverte de la vaccine a pormis d'obtenir sans dangers, I'immunite par des inoculations preventives.
Grace aux belles decouvortes de M. Pasteur, une ere nouvelle s'est ouverte depuis une dizaine d'annces aux inoculations prophylactiques, on les a appliquees cliez les animaux ä un nombre do plus en plus considerablo do maladies virulentes. On a croc des virus artifioicls, en attenuant par diffd-rents moyens les virus naturels. Los premiers essais out porte sur los maladies virulentes des animaux. il roste encore un pas ä francbir pour experimenter ces nouveaux moyens prophylactiques, contre un certain nombre do maladies virulentes do I'homme. On no sanrait trop so livrer ä des etudes de pathologic compareo avant do s'engagor dans cotte voie. et Ton y marehcra d'un pas d'autant plus sfir, qu'on con-naitra mieux l'ötiologie des maladies virulentes des animaux, la nature des virus, leur modo do propagation, lour mode d'action sur 1'organisme, leurs differents modes d'atte-nuation.
Les premiers essais d'inoculation propliylactique, avons-nous dit, ont etc tontes sur I'liomme et contre la variole.
La variole est une maladie contagieuse et epiddmique qui no paralt avoir etc importce en Europe quo par les premieres incursions des Sarrazins, vers 570. D'Europe. eile arriva en Amerique au moment do sa decouverte et eile y exerga de tres grands ravages. Cost par millions que Ton put y comp-tcr los victimes. La variole se propageait, au milieu de ces populations, vierges do cette affection, avec nno rapidite inoui'e et eile etait le plus souvent mortelle.
En Europe, il y out aussi au debut de Timportation do cette maladie, des epidemies tres meurtrieres. Dans certaines villes, la moitie de la population contractait la variole-. La Conda-
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mine, au dix-huitieme siecle, constatait que cetto maladie atteignait en France un scptiemo des habitants; Grisolle pense que la variole a pu, atteindre autrefois, environ le quart de la population du globe.
Au dix-huitieme siecle, dit M. Bouley (1), sur dix morts, unelui revenait de droit; sur cent aveugles, cinquautodevaient ä ses coups leur desesperante inflrmite.
Aujourd'hui, grace auxmesuros proplnlactiqucs employees, d'apres les statistiques les plus rigoureuses, la mortalite par la variole n'est plus que de 1 p. 100.
Les populations au milieu desquellessedevelopp;! it la variole, avaient constate par robservation, que les individus qui avaient eu cette maladie et qui en avaient gueri conservaient pour toujours I'immtmite centre cette affection; dies avaient en outre, observe, que la variole benigne se transmettait en general avec ses caracteres, et que cette variole une fois subie preservait, comme lavariole grave, de toute atteinte ulterieure de cette maladie. La frequence de cette affection ä laquelle peu de gens echappaient, les avait amenes, de temps immemorial, ä subir volontairement les atteintes de la maladie, en s'effor-Qant de contractor la forme benigno ; en s'inoculant, par des precedes varies, le virus de cette maladie. Los bons resultats ainsi obtenus, avaient contribue ä maintenir cette pratique que Ton retrouve etablie dans les pays oil la variole avait pris naissance.
Teile est l'origine de la variolisation qui etait pratiquee, de temps immemorial, dans les provinces du Bengale et de l'Indoustan. Ces memes pratiques ötaient en usage en Egypte, sur toute la cöte septentrionale d'Afrique, en Asie-Mineure, en Circassie, en Georgie, en Turquie.
La variole existo en Europe depuis le quatrieme siecle; eile exer^ait de tres grands ravages dans notre pays, quand, en 172i, Lady Montague, femme de l'ambassadeur anglais de Constantinople apporta en Angleterre les bienfaits d'une pratique dont eile avait vu les bons effets en Turquie.
Elle fit inoculer sa propre fille sous les yeux des medecins de
(1) Bouley, le I'm/risen mMecine par I'enamp;irimealtttion, Paris 188-2.
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la cour. Cette inoculation reussit, d'autres furent faites avec le möme resultat.
La variolisation fat rapidemont accoptee en Angleterre, mais ello cut bion de la peine ä francliir le detroit; il lui fal-lut pros d'un demi-siocle pour arrivor en France.
Le due d'Orleans fit inoculer avec succes ses deux enfants, et ce fut, parmi les families nobles, dit M. Bouley, une maniere do faire sa cour an prince que do se conformera la conduite qu'il avait adoptee.
Le 8 juin 1703, lo Parlement avait fait suspendre I'appli-cation de la variolisation, et ee n'est que lo 15 Janvier 1768, que la Faculte do Paris döeida que la variolisation pouvait etre admissible.
La variolisation diminua considorablement en Europe le chiffre de la mortalite causee par la variole; il y avait bicn quelques accidents graves apres Finoculation, mais cela etait relativement fort rare.
On essaya d'attenuer le virus variolique dans les inoculations, en le diluant dans du lait, dans do I'eau ot dans diverses solutions salines, ct Ton n'y reussit point; il est curieux de voir les experimentateurs modernes reprendre ä nouveau ces tentatives et obtenir dans cette voie de grands et magni-fiques resultats.
La decouverte de la vaccine par Jenner. en 17ÖG, vint subs-titucr la vaccination ä la variolisation pour la variole humaine, On inocula le cow-pox, pour avoir des pustules vaccinales et ces pustules inoeulees de bras a bras, transmirent sans lemoin-dre danger une immunitc prcsque certalne centre la variole.
Les succös obtonus on Angleterre lircnt adopter rapide-ment la vaccination en France et on Europe. On inocula d'abord le cow-pox, plus tard la vaccination fut pratiquee de bras a bras; quelques medecins profcrerent entretenir le vac-cin sur des genissos pour I'y puisor. pour les besoms de la vaccination, mais 1c principe do ees inoculations preventives resta le möme.
L'inoculation propbvlactiquc dans la variole, n'avait point pour base, d'inoculer le virus memo de la maladie contre laquelle on voulait obtenir rimmunite; on transmcttait a
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l'homme une maladie eruptive de la vache, maladie benigne, qui rendait desormais rorganismo refractaire aux atteintes de la variole,
O'est le 9 fevrier 1880, que M. Pasteur a fait connattrea rAeademie des sciences ses nouveaux precedes de culture et d'attennation des virus. Ses experiences avaient ete faites dans le cholera des poules; M. Pasteur avait trouve un mojen de creer artificiellomeut un vaccin susceptible de rendre les poules absolument rofractairos a cette maladie virulente.
Ge fut le 28 fevrior 1881, qu'il jarvint a appliqner avec succes cette mßme raethodo a I'affection charbonneuse. Cos nouvelles methodes ne restorent point limitees a des experiences de laboratoiro, elles furent experimentees sur un grand nombre d'animaux ot presque immediatement utilisees dans la pratique.
Les vaccins artiflciels do M. Pasteur no sont pas les seuls qui puissent donner quelquos resultats. M. Toussaint etait parvenu a attenuer, par la chaleur, le virus de la fievre charbonneuse ; dejä, le 12juillet 1880, il communiquait a. rAeademie les resultats qu'il venait d'obtenir dans ses experiences. C'est en soumettant äl'action de la chaleur a 55deg; du sang d'un animal atteint de fievre charbonneuse, qu'il se procurait son vaccin artificiel.
II y a quelques mois a peine, le 20 juin 1882, M. Chauveau a complete l'ceuvre de son ancien clove, en determinant les conditions qui permettent de rendre pratique remploi do cette methode pour attenuer, a divers degres, le virus charbonneux et vacciner les especes animales sujottes au sang derate.
Le 24 juillet, 1882 MM. Arloing Cornovin et Thomas, ont fait connaltre a l'Acadömio des sciences, de nouveaux pro-cedes pour obtenir des vaccins artiflciels pour lo charbon symptomatique, en faisant agir encore la chaleur dans cer-taines conditions sur la serosite virulente extraite des tumeurs charbonneuses et prealablement dessechee a 32deg;
Ces mfimes experimentateurs en novembre 1880, avaient reussi ä preserver les animaux de cette maladie en les soumettant a des injections intra-veineusos, faites avec le sang m6me des sujets atteints de charbon symptomatique.
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Les difflcultes pratiques que presentait rapplication de cette methode a amene ces experiraentateurs ä trouver un autremoyen de vaccination qui paratt pouvoir remplacer avec avantage les injections intra-veineuses dans la prophylaxie du charbon symptomatique.
Une autre methode d'attenuation des virus a fait I'objet d'une communication de M. Chauveau ä l'Academie des sciences le 4 avril 1881; eile consiste a attenuer les effets des inoculations virulentes par l'emploi de tres petites quantites de virus.
M.Peuch, de Toulouse, a communique le 19 septembre 1882 a l'Academie de medecine un precede d'attenuation du virus de la clavelee par une methode dcrivee du möme principe. Cette methode consiste ä diluer le virus dans de l'eau au cinquan-tieme. au centieme möme, et a I'injecter dans le tissu cellulaire avec une seringue Pravaz.
Le virus ainsi attenue n'a guere qu'un effet tout limite et il procure neanmoins I'immunite centre la clavelee.
Dans certaines inoculations prophylactiques dans la vario-lisation, dont nous avons deja parle, on n'attenue pas les virus mais on donne volontairement la maladie en cherchant a choisir et le sujet qui doit donner raffection et le moment le plus opportun pour la faire subir aux sujets auxquels on veut conferer rimmunito. Certaines maladies contagieuses sent si frequentes qu'on n'hesite point a les donner quand on est persuade qu'une maladie que Ton donne de cette maniere est moins grave que celle qui vient naturellement.
La clavelisation, Tinoculation de la fievre aphteuse, celle de la peripneumonie contagieuse, ont donne dans la medecine veterinaire d'excellents resultats.
Ces moyens joueront eneore un role assez important dans la prophylaxie des maladies virulentes, pour lesquelles on n'a point encore reussi ä trouver des virus attenues.
On pent voir par Tapergu rapide que je viens de donner 1'extension qu'ont prises depuis quelques annees les inoculations prophylactiques dans les maladies virulentes.
Nous essayerons de montrer. pour chacune d'elles; les resultats positifs ohtenus par les divers moyens de vaccination.
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Ces resultats ont ete considerables, indiscutables pour quel-ques-unes d'elles et les succes obtenus nous permettent d'es-perer que, par des methodes du meme genre, on arrivera a trouver encore de nouveaux vaccins pour rendre rhomme et les animaux refractaires a beaucoup de maladies virulentes.
Un grand fait, quo nous devons a des rechorches relative-ment recentes de MM. Davaine, Chauveau, Pasteur et Tons-saint, c'est que dans les maladies virulentes, le virus est cous-titue par des elements cellulaires doues de vie, analogues aux ferments. Les virus filtres sur des filtres ä plätre perdert leur activite. La serosite des liquides virulents est inactive, cesont los elements cellulaires seuls, qui possedent les pro-prietes contagieuses des virus. Ces elements sont mobiles, ils se reproduisent avec rapiditö et prennent, pour se developper et se nourrir, de l'oxygene, de l'acide carbonique et divers materiaux ä nos tissus et a nos milieux Interieurs. Ils vivent pour ainsi dire en veritables parasites et ä nos depens, s'ils trouvent en nous un milieu favorable. Si notre organisme ne resiste point a leur envaliissement, si nous ne pouvons suffire ä leur entretien et au nötre, nous sommes destines ä perir.
La virulence serait done sous la dependance d'ßtres infe-rieurs susceptibles d'etre transportes par Fair dans les orga-nes respiratoires des ötres vivants, d'arriver dans leur Systeme digestif avec lours aliments, de penetrer d'une fagon quelcon'iue dans leurs teguments, dans leur sang meme.
Ces ötres infiniment petits, au developpement desquels nous devons les maladies virulentes, ont regu le nom gene-rique de microbes.
On en trouve de differents genres dans diverses maladies.
Les recherches sur les microbes nous ont appris que les vaccins contenaient eux-mßmes ces Stres microscopiques. La vaccination introduit done des microbes dans 1'organisme; mais ces microbes sont modifies et attenues. On en prepare artificiellement en modiflant et en attenuant par differentes methodos les virus des maladies centre lesquelles on desire obtenir I'immunite. La presence de ces organismes agirait suffisamment sur notre sang et sur nos tissus pour que les
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microbes des maladies virulentes fussent desormais incapa-bles d'y trouver un milieu favorable a, leur developpement.
Teile est aujourd'hui 1'explication que Ton donne du mode d'action des vaccinations. Mais cette theorie, fut-elle fausse, les uouvelles metbodes de vaccination auxquelles la theorie dos microbes nous a conduit, n'en serait pas moins acquise ä la medecine.
Nous cxposerons co quo Ton salt aujourd'hui sur les mi crobes des differentcs maladies virulentes contre lesquelles on a trouvö diflorents genres de vaccination, mais ce sont snrtout les divers modes d'inoculation preventives tentees avec succos sur l'hommo et sur les animaux que nous desi-rons fairo connattre, et c'est ü lour etude que nous consacre-rons principalement ce travail.
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CHAPITRE II
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LA FIEVRE CHARBONNEUSE
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Son etiologie.
La fievre charbonneuse, le sang de Beauce, sang derate ou charbon, est une maladie eontagieuse qui se developpe frequemment chez les moutons et chez les boeufs. Les ani-maux atteints de cette maladie snccombont quelquefois tres rapidement; on a vu cliez eux la mort survenir en deux heures; d'autres füis, 1'affection est un pen plus lente.
Tons les animanx d'une otalilo peuvent etre subitement frappes. Certaines regions sont olus souvent atteintes que d'autres. On cite en Franco certains departements oü cette maladie est endemique. le departement d'Eure-et-Loir par exomple, et la haute Auvergne. M. Baillet (1) a souvent rencontre le charbon sur les boeufs des marais de la Cliarente-Infd-rieuro: en Russie et en Siberie, cette affeclion enlcvo ä l'agriculture un grand nombre d'animaux. Dans les regions oil rogue le charbon, certaines localites paraisseut plus que d'autres dangereuses pour les bestiaux ; il y a des champs maudits, des montagnes sur lesquelles on ne peut sans danger envorer päturer les bestiaux, ni les faire parqner.
Nous verrons quolesrecherches deM. Pasteur (2) peuvent
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(I) Raillel, Trait,! ile Vinspection den viaulesde luncheiie, Paris ISTii. Q)PasU'.uv, Complesrenhiidel'\ca!i:mie des sciences, 31 Janvier 18)1 t. 92, p. 209.
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nms fournir la clo do ces influences en apparence myste-riouses.
Les animaux atteints du charbon paraissent d'abord excites; en sortant de Fetable, ils affectent une gaiete qui ne leur I .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;est pas habituelle, mais bientöt a, cette excitation succede
une grande depression : les animaux atteints du charbon ne mangent pas, lours ycux sent fixes, leur respiration est trou-lilee, leur pouls est petit, lachaleur de leur corps s'eleve de deux dogrcs; quel(|uc temps avant la mort 11 survient quel-({uofois des paralysios du train posterieur et des convulsions.
laquo; Les svmptömes graves, dit M. Toussaint (1), peuvent se declarer inopinement, on voit par exemple les moutons trembler, chauceler, tombor sur le sol, rejeter par intermittence une urine rosee renfermant des globules sanguins et des bac-tiridies trcs longues. La temperature s'eleve progressivement jnsqu'a 3deg; au-dessus do la normale. Des crampes et des convulsions apparaissent. En general les muscles des membres et du cou sent, comme totanises, la tete se renverse en arriere, les dents grincent Tune centre I'autre, les ycux roulent dans I'orbite, puis la respiration devient plus rapide et sifflantc. Le sang examine a ce moment, montre une immense quantite dc bacteridies; souvont les capillaires superficiels sont tout a fait exsangues et il devient necessaire de faire dos incisions profondes ou do blesser de gros vaisscaux pour voir une goutte de sang. Le pouls devient petit, lent, presque invisible ; les artores revenues sur elles-mömes, sont molles et trös rlepressibles; les incisions ne donnent plus qu'un jet sans force qui s'cteint a quelques decimetres de laplaie. Enfin, apres une heure au plus, Fanimal expire au milieu d'une convulsion tefanique.
Les signes de doulour manifestes daus les dernieres heures do la vie de ces animaux sont dus assurement aux hemorrha-gies des organes internes, jc crois que les symjjtomes nerveux, comme crampes, disparition de la sensibilite exterieure, perte dos mouvcments reflexes do la paupiere lorsqu'on vient a tou-
(1) Toussaim, fliese inaugvirale : Recherches expMmenlales sur la mala-dij charbonneme, Lyon, l,ö79.
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-lieber le globe de I'oeil, sont eansös par la disparition des functions eneephaliques et medullaires, suite de l'anemie due aux obliterations dont les centres nerveux sont toujours le siege.
On constate un peu de leucocjthemie dans le sang et un peu de fievre avant l'apparition des bacteridies, quan.l on examine, des animaux auxquels on a donne le charbon par inoculation, raquo;
Lecadavre des animaux mortsdu charbon estordinairement ballonne, il subit assez rapidement la putrefaction.
On voit dans le tissu collulaire sous cutane, des infiltrations sanguines et sero-albumineuses.
Le tissu musculaire se reduit facilement cn deliquium lors-que on le malaxe sous les doigts.
Le sang des animaux atteints du charbon est noirätre et poisseux, il colore en brun les tissus qu'il touche. La membrane interne des vaisscaux est fortement coloree. Le sang charbonneux s'epanche facilement audehors, l'animal atteint de charbon präsente souvent des lesions hömorrhagiques internes. La rate est grosse, bosselee et son tissu est ramolli; dans son iuterienr e^iste un putrilage epais et noir. Le foie est congestionne et son (issu est noirätre et bien moins consis-tant qu'ä l'etat normal. Les reins sont aussi congestionnes et leur volume est notablement augmentö.
Un animal qui a le charbon transmet avec la plus grande facilitö Faffection dont il est atteint ä des animaux de möme espuce et meine a des animaux d'ospeces differentes. Les mon-tons se transinettent entre eux le charbon, ils peuvent le donner aux hoeufs, au cheval, au lapin, au lievre et a Tours, les carnivores contractent diflieiiement cotte affection, les oiseaux ne la contractent pas, a moins d'ßtre places dans des conditions speciales.
L'homme qui touche un animal atteint du charbon peut s'inoculer l'affection charbonneuse, s'il y a quelques excoriations qui facilitent la penetration du virus, ou s'il se pique avec un instrument souille du sang d'un animal mort de cette raaladie.
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La pustule maligne est la manifestation locale de l'affec-tion fharbonneuse.
L'inoculation charbonneusc, quand ello so fait par la peau, produit le plus souvent cliez I'liommc une tumeur specialo, qui so manifesto tout d'abord au point d'inoculation avec des caracteres tout ä fait pai-ticuliers.
Au debut, les phononienes sont limites a des lesions locali-Sjos, mais il survient souvent. si Ton n'intervient pas energi-quement, des phenomönes geueraux d'intoxication. ' Quand les bacteridies ont penctro par les voies digestives ct pulmonaires, il n'j a en general, chcz l'homme et chez les animaux dans le charbon bactcridien, aucune manifestation locale au point d'inoculation.
La flevrc charbonneuse so declare seule et produit rapide-ment les sjmptomes les plus graves.
Chez I'liomme, le charbon pout so declarer apres I'alimen-tation par la viaude d'animaux charbonneux ou par suite de la penetration de poussicres contcnant le virus charbonneux dans les voies trachco-bronchiquos.
Chez les animaux, la fiövre charbonneuse se montre le plus souvent quand les animaux ont mange des fourrages sur les-quels so trouvaient des bacteridies charbonneuses.
La pustule maligne rdsnlte presque toujours de Tinoculation du principe virulent du charbon dans un point de la peau primitivement excorie.
La piqure d'une mouche, d'un insecte qui a touche un animal atteint de charbon pent encore douner ä l'homme une pustule maligne.
La pustule maligne peut aussi dovenir contagieuse d'homme a homme, ainsi quo le prouvent les observations rapportees par Thomassin, Hufeland, Maucourt, Barry, Hausbrand et Raimbert.
Certaines professions exposent a, la pustule maligne; ce smt prccisiimcnt cellos dans lesquelles les individus sont appeles u toucher les animaux, morts ou vivant, atteints de charbon : les bergers, les cquarrisseurs, les bourreliers, les tannours. les mogissicrs, los bouchers, et nous y ajouterons les criniers en nous basant sur un savant memoire do M. le pro-
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fesseur Layet, inscre dans la Gazetteheiclomadaire des Sciences
niMicales de Bordeaux en jnin 1880.
Les puslulos se dcvcloppcnt sur les parties du coips ordi-nairement decouvertcs. Les relations qul existent entre la pustule maligne et le charbon sont incontestables.
On donne le charbon aux anlmaux, en leur Inoculant lo sauget möme le pus ou la scrosite de la pustule maligne de riionnuo.
Ces difförents liquides renferment an Ires grand nomliro do bacteridlcs, e'est aces microbes qu'est duel'iiifection char-bonneuse.
On trouve dans la tumour do la pustule maligne et dans le sang des individus atteints do cette affection les mamp;nes bac-toridies que Ton rencontre chez les animanx qui out la flrvrc charbonneuse.
II est probable que le charbon symptomatique pout, en s'lnoculant ehe/, I'homme donncr lieu soit a un veritable charbon symptomatique. soit aussi par ses bactcries a la production de pustules malignes d'tme nature spcciale.
II doit y avoir des pustules malignes produites par la bac-tcridie du sang de rate et d'autres qui doivent leur origine a la bacterie du charbon symptomatique.
Enaux et Chaussier, en 1785, avaient deja vu en se basant sur Tobservation clLnique, quo toutos les pustules malignes n'etaient pas de memo nature.
L'expörience fameuse du doctcur Boinet qui, sous I'in-fluence des idees de Ray er son maltre, s'inocula sans en eprouver auciin mal, la scrosite d'une pustule maligne prouve que Ton doit, faire une distinction ontre la pustule charbonneuse vraie et la pustule de nature non bactcridienno.
Le docteur Raimbert, de Chätcaudun, admet des pustules malignes eharbonneuses et des pustules malignes pseudo-eharbonneuse.
M. Dumolard, de Vizille, eroit ä l'existcnco d'une pustule infeetante et a l'existence d'une varicte non infectan'e.
Les differentes ospeces de pustules n'ont point la memo gra-vite, il est probable qu'clles ne sont pas dues aux mömos causes.
Les muquouscs digestives et pulmonalrcs peuvent servir
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aussi chezrhommedevoie'd'introduction dansTorganisme au principe virulent. L'affoction charbonneuse affecte dans cecas un caractöro special en rapport avec le siege particulier de l'inoculation. L'infection se produit surtout facilement si les muqueuses raises en contact avec le virus eharbonneux prösentent des erosions, des ulccrations et des dechirures.
I.e lait et les viandes provenant d'animaux atteints de fiövre charbonneuse comimmiquent al'liomrae cette m6me affection. Le virus eharbonneux pent encore arriver avec certaines pous-sieres dans les voies tracheo-bronchiques.
J-e charbon pent done se transmettre par la muqueuse digestive, la muqueuse pulmonaire pent servir aussi de voie de transmission ä la maladie.
Le virus du charbon penütre done clans röconomie par diffe-rentes voies, mais il faut qu'il agisse directement sur nos tissus, peau ou muqueuse sous une forme ou sous une autre, pour que I'affection charbonneuse se declare.
L'affection charbonneuse n'est dans aucun cas une maladie spontanee. Si Ton cherche Men clans la pustule maligne comme dans la fievre charbonneuse chez I'liomme et chez les nnimaux, on doit rctrouver l'origine du virus et son mode de penetration dans I'organisme.
Le charbon peut ötre transmis directement d'un animal a, un autre animal et de l'aniraal a I'homme. parle contact direct du sang eharbonneux avec une excoriation de la peau. Les bacteries peuvent penetror aussi dans I'intestin, par I'ali-mentation, avec de la viande d'animaux eharbonneux.
Nous trouvons ace sujet dans I'excellent Traitede Vinspection des viandes de ioueherie, de M. Baillet, et dans le Traitt de la police sanitaire des animaux domestiqües, de M. Ravnal (1), de nombreux cas de mort, resultat de ralimentation par les viandes d'animaux morts du charbon.
Fauvel (2), veteriaaire ä Rome, a vu perir trois des mem-bres d'une famille de sept personnes pour avoir consomme de la viande charbonneuse.
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I) Raynai, Trait' (!• It police sanitaire des animai.t domestiqües. (8) Fauvel [Mämoirede la Sosiiti d'agrieulture, 1880;.
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M. Baillet cite parmi les auteurs qui ont vu so. produire sur les animaux la transmission da cliarbon par les voies digestives : Gilbert, Desplas, Worlach. Godine. Monsis, Gnil-laume, Thomas, Due et II. Bouley, Les faits negatifs, ceux danslesquelsla viande cliarbonneuse a pu etre consommee sans inconvenient ne prouvent rien, Raynal cite un certain ncmbre d'exemples qu'il emprunte a Duhamel, ä Thomassin, a Mo-rand, a Goux d'Agen, ä Parent-Duchatelct. Nous en dirons autant des experiences de MM. Renault et Colin. Un grand nombre de ces experiences ont ete faites, du restc, dans de mauvaiscs conditions, puis qu'on expörimontait sur des clijens qui sont refractaircs ä 1'affection cliarbonneuse.
M. Raimbert, de CMteaudan (1), atraceun tableau sympto-niatique, assez precis, de la flevre cliarbonneuse, qui succcdo, chez riiomme, ä l'usage des viandos d'animaux atteints du charbon.
laquo; Cette affection, dit-il, debute par un sentiment de cour-bature, de briscment des membres, des vertiges, de la dou-leur de tote, des lombcs et de la flevre. Celle-ci revientquol-quefois par accös ou redoubloment. II y a de l'anorexie, des nausees, la langue ost saburrale, I'cpigastre douloureux. II existe des dotüeurs gourdes autour du nombril et des vomis-scments presque toujours bilioux, les douleurs abdominales sont de plus en plus vives et ressemblent parfois ä celles do l'ilöus; dans quelques cas, elles s'accompagnent de crampes dans les membres. Le sang tiro dos veines, est souvent, dös le commencement, noir et epais. La soif s'allume : eile est vive; une chaleur ardente se fait sentir dans les entrailles; la diarrhee s'ctablit, les selles sont bilieuses ou ecumeuses bri-quetees; pendant ce temps, la langue est restee saburrale ä sa base, rouge ä la pointe et aux bords. Le ventrc so metco-rise, les forces se brisent de plus en plus, le malade a quel-quefois des lipothimies; il est oppresse, anxieux, agitö, sans sommeil; dans quelques cas, il a do la somnolence, du delire ou des convulsions; enfin, les traits s'altcrent, 's'hippocrati-
(I) M. Raimbert, do Chateaudun, article charbon : Dicl'oiwa're d; rniiJe-cine el de chirunjie pratique.
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sent; le pouls s'affaiblit, se ralentit ou devient intermittent, les extreraites se refroidissent. La peau seche jusqu'alors, et dont la temperature s'est abaissee, se couvre de sueur, et lamort a lieu dans 1'espace do trois, cinq ou huit jours. raquo; Dans certains cas, on a vu se produii e cliez lliomme, a la suite de ralimentation par des viandes d'animaux morts du charbon, un veritable charbon sjmptomatique avec des petechies et des tumours multiples; 11 est probable que 1'intoxi-cation avait eu lieu avec des viandes d'animaux attaints eux-nn'raes de charbon sjmptomatique et infectes de bactöries.
L'eruption dit Raimbert, de Chateaudun, se fait quelquefois 24 a 72 heures apres ralimentation par les viandes alterees. Elle se montre le plus souvont dans les cas d'intoxication les moins graves, ce qui tendrait a prouvcr que le charbon sjmptomatique doit 6tre moins dangereux pour I'liomme que la liövre charbonneuse proprement dite ou charbon bacteri-dien. Raimbert cite a ce propos une observation d'Odoardo Turcketti et une observation do Bertin Faulet oil le charbon sjmptomatique paralt avoir ete produit par l'usage de la viande d'un bceuf mort du charbon et probablement du charbon sjmptomatique.
Lafievre charbonneuse a, le plus souvent, pour origine, chez les animaux, la penetration de bacteridies par les voles digestives, et, principalement, la muqueuse buccalc et pha-rjngienne. Toussaint avait constate dans les autopsies d'animaux morts du charbon, qu'il j avait fröqnemment dans cette maladie des lesions des muqueuses buccales et pharjn-giennes; les experiences de Pasteur ont mis hors de doute ce mode d'infection dans la fievre charbonneuse.
raquo; M. le professeur Lajet(l) cite dans un travail sur la transmission du charbon par les voles afmospheriques quelques details fort interessants sur la mvcose intestinale qu'il em-prunte a Wagner, de Leipsick. Nous j trouvons quelques details fort interessants sur la penetration des microgermes du charbon dans la muqueuse intestinale. laquo; Sous le nom de raquo; rajcose intestinale, dit-il, les Allemands ont decrit dans ces
(I) Layet, Gmetle liebc/omadairedes Sciences mMii ales de Bordeaux, 1880.
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raquo; derniers temps une affection caracterisee partous les symp-raquo; tomes de la maladie charbonneuse se manifestant avec ou raquo; sans pustule maligne, et par des lesions du tube digestif raquo; dues specialement a la proliferation des bacteridios dans raquo; lamuqueuse intestinale. Suivant E. Wagner, do Leipsick raquo; {Arch, du Heilkunde, 1878), le parasite s'attaquc d'abord raquo; a I'epithelium, passe ensuite dans le t'ssu d8 la muf|uouse, raquo; le plus souvent dans l'interstice des glandes en tubes fjui raquo; peuvent en etre tout a fait remplies, quoique rarement.
raquo; Do la muquouse, les parasites passent dans les vaisseaux raquo; lyraphatiques et sanguins et occasionnent do I'liypcreinio et raquo; des hemorrhagies. Du Systeme vasciilaire intestinal, ils sont raquo; transportes dans les ganglions lyraphatiques du mesentSre et raquo; du mesocolon, oil ils produisent les memes accidents hyperc-raquo; miques et hemorrhagiques, exsudatifs ct ncoplasiqnos. Dans raquo; le sangon trouve des bacteridies eu nombre variable, avec raquo; une augmentation tres marquee des globules blancs.
raquo; Waldeyer, Nedging et Munch ont observe cette affection raquo; chez les ouvrieis qui fabriquent les brosses, et tons les faits raquo; cites par Wagner se rapportent a des selliers ayant mani-raquo; pule des crins venant do Russie, notamment de la Siberie, raquo; d'oü Ton expedie cos matieres dans un ötat do malpropreto raquo; extreme. raquo; (1)
Les spores du charbon peuvent penetrer avec certaines poussieres dans les voios respiratoires et digestives.
Noustrouvons clans le memoire de M. le professeur Layet, un grand nombre do preuves do la transinissibilite de Faffecti-on charbonneuse par voie atmosphorique. M. Layet demontrc, a I'aide d'un grand nombre de faits, quo la contagion du charbon pout se faire par rinterraediaiie dc poussieres servant de vehiculc au gernio infectieux. Les ouvriers qui preparent le crin de cheval venant de rAmerique du Sud ou de la Russie sont sujets quelquefois a la pustule maligne, mais ils succombent aussi a des accidents rapidement mor-tels que Ton doit rattacher a raffection charbonneuse et qui ne se manifestent exterieurement par aucunc lesion.
(I) Lajet, Gazette held, des so. mal. de Bordeaux, n04, 1880.
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Les poussicres des crins provenant d'animaux morts du charbon penötmit dans le tube digestif et dans les voles aeriennes et v apportent des microgermes Infcctioux. L'lnfec-tion charbonneuse pent done so produire a la surface des mu-queuses pulmonaires et digestives.
En 1847, Trousseau charge de faire une onqueto sur la frequence du charbon chez les ouvriers qui' travaillcnt le criu de cheval provenant de Buenos-Ajres, constata que dans deux ateliers visites par lui et qui employaient de six a, knit ouvriers, 11 y avait eu vingt morts. dopuis dix ans.
Daus une mömo fabrique ä Glascow neuf ouvriers tra-vaillant Iccrin tomböront malades et quatre moururent, deux de ces ouvriers avaient dos pustules malignes, mais les autres suecombörent a l'intoxicatio;! charbonneuse par la vole intesti-nale ou pulmonaire, 11 n'y avait sur eux aueune lesion cutanee.
Virchow a fait l'autopsie d'un ouvrier de chemin de fer, qui avait suecombo rapidemont, apres avoir ete employe pendant, quelque temps a defaire le vieux crin animal des coussins de wagon. Ontrouva dans son sang dos quantites de baetcridies et de micrococcus.
11 y avait eu pendant la vie : tumefaction du pharynx, dys-phagie avec lividlte, soif trcs vive, wdemo inllammatoire du cou, ganglions induros et mort par asphyxie.
Dans le charbon bacteridien qui surviont sans pustule maligne, sans lesion externe apparente, on trouve a l'autopsie de nombreux foyers bdmorrhagiques des cedemesrenfermant des bacteridies et des alterations ganglionnaires.
Les malades cprouvout quelquefüis des vomissements, une soif intense; une transpiration abondante s'etablit, la sueur est froide, la temperature s'abaisse et la cyanose se produit; il y a souvent des bemorrhagies nasales post-mortem; il se fait de nombreux foyers hcmorrllagiques dans lesviseöres et dans le tissu cellulaire sous-cutanc.
M. Pasteur (1) a etudieun autre mode d'origincdu charbon qu'il est bien important de connattre. Les animaux morts
(1) 1'asteur, Comptes rendiis cle I'.icaihlmie des sciences, öl janvior 1L8I, p. 209.
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du charbon et enfouis dans la terre, penvent l'imprpgner de sues riches en bacteridies. La putrefaction detruit la bacteridie, mais les liquides encore non putrefies qui s'epan-chent dans les terres qui avoisinent les fosses, peuvent trouver des liquides de culture qui permettent aux bacteridies de donner naissance a des spores. Ces spores peuvent resister aux vicissitudes atmosplieriques; elies peuvent se conserver tres longtemps sans s'alterer dans les parties les plus profondes du sol. Deposces dans la terre. ellcs n'attendent qu'une condition favorable pour venir au deliors. Les vors de terre, les taupes, les courtilleres, en. remuant la terre, peuvent les amener ä la surface, et alors cos spores peuvent contaminer directement les animaux qui pietinent la terre, s'ils ont dos excoriations ä la peau. Elles peuvent penetrer dans les voies respiratoires sous forme de poussiere si les animaux flairent le sol. Les spores peuvent encore contaminer les fourrages, et c'est ainsi qu'elles peuvent ä un moment donne penetrer dans le tube digestif. M. Pasteur a fait remarquer que le eliarbon se developpait souvent chez des animaux qui mangeaient des fourrages renfermant des piquants susceptibles de dechirer la muqueuse et de facili-ter la penetration des spores. Ces divers modes de penetration des spores du charbon dans I'organisme, nous permettent d'expliquer les prctendus cas do charbon spontanes. M. La.vct faisait observer clans son travail de 1880, sur le charbon des criniers, que la composition des poussieres de crin, pouvaient faire supposer que quelques-unes des particules aeerees, quelques-uns des fragments de polls arrives en presence des muqueuses pouvaient produire des erosions, des piqüres par oü le virus pouvait penetrer dans I'intimite do I'organisme.
Tout ceci n'est point une Irvpothcse. Pasteur a pu trouver des spores de bacteridies dans de la terre recouvrant une fosse dans laquelle on avait enterre douze ans auparavant, des animaux charbonneux.
Pour retrouver les spores eharbonneusos dans les terres qui recouvrent les fosses d'animaux morts du charbon, M. Pasteur opere de la maniere suivante : les terres sont levigees et chauffees ä 90deg;, on a pu obtenir par ce moyen im liquide
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oontenant settlementle vibrion septique et les spores du char-bon; a I'aide d'inoculations faitesavec ce liquide on apu donner le charbon a des animaux. La mömo operation tentee sur la terre ä une certaino distance des tosses, a donne des resul-tats toiijours negatits. Ces experiences nous permettent do compreudre comment le charbon se maintient dans certaincs regions, comment certains champs pouveut communiquor plus facilement le charbon que d'autres. Ce sont les lienx oü dos animaux charbonncux ont ete enterres qui conservent les spores. II no faut qu'une occasion favorable pour que le charbon se transmette aux animaux et des animaux a 1'hommc.
MM. Rarer et Davaine (1) avaiont constate en 1850 que le sang des animaux morts du sang de rate ou du charbon, ren-fermaient des bätonnets cylindriques tres tenus et immobiles. Ces baetöridies furent observees par Pollander en 1855 et par Brauell en 1857. Ce n'est quo vers 1803 que M. Davaine (2), apres avoir lu les travaux de M. Pasteur, affirma le role important de la bacteridie qu'il avait decouverte dix ans auparavant. 11 tut amene ä ce resultat en assimilant Faction de la bacteridie sur I'organisme a celle du ferment butjri-que sur certaines matieres fermentescildos. Le ferment butyri-que se presente sous la forme de petits bätonnets cylindriques tout a fait analogues a la bacteridie charbonneuse. (Vig. I, II et III).
M. Davaine institua un certain nombre d'experiences qui prouverent le role de la bacteridie dans la transmission du charbon, et e'est alors qu'il fut amene ä attribuer a la presence de ce vibrion dans le sang, la virulence de raflcction charbonneuse.
M.Davaine avaittrouve la bacteridie chez les animaux morts du charbon ; il avait constate la presence du memo vibrion dans la pustule maligne, il retrouva encore la bacteridie chez les animaux qu'il avait inocules avee du sang charbonncux.
II constata un fait fort important, c'ost que 1c sang des
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(1) Rayer et Davaine, Bulletin (le la Sncu'te de Biologie, I8Ö0. (i) Davaine, Comples reml.ts de I'Acaddmie des sciences, 1863, p. 22% 351, 386, t. 37.
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animaux recemment inocules avec du sang d'un atimal mort de charLon, contient des bacteridics avant qu'aueun Symptome morbide n'ait pu Ctre encore constate chez lui.
Ce fait a ete verifle recemment par plusieurs membres de la Commission qui experimentait la vaccination charbonncuse ii Talais (Gironde).
L'apparition des bacteridies n'est done point un phenomene consecutif au developpement du cliarbon, mais un phenomene [irimitif. Ce n'est done point uu effet, mais une cause. Une autre experience qui vient encore confirmer le role de la bacle-ridie dans le charbon est la suivante :
En inoculant le sang d'un animal mort du charbon quelques temps apres la mort au moment oil la putrefaction se deve-loppe et quand les bacteridies ont disparu on ne lui communique poin-: cette maladie; si I'animal meurt par hasard, il succombe a, la septicemie.
Dans des experiences faites en 1865, M. Davaine avait vu que si Ton donnait le charbon a un animal en etat de gestation, on constatait a l'autopsio que le sang du foetus ne contenait pas de bacteridie L'inoculation montrait que le sang du foetus ne donnait pas I'aifection charbonneuse. Ontrouve la bacteridie dans le placenta, mais eile no pent pas traverser les vaisseaux inaternels. Le placenta sert de filtre; il retient les bacteridies dans les vaisseaux de la mere. Sans bacteridies, pas de charbon, e'est ce qui nous explique pourquoi le foetus ne contracte pas le charbon en m jme temps que la mere. C'etait lä une experience fort importante pouretablir le role de la bacteridie dans 1'affection charbonneuse.
Davaine avait done nettement etabli les relations de cause a effet entre la presence de la bacteridie dans le sang et l'aftection charbonneuse, mais Ton faisait a ses experiences une objection. Davaine faisait ses inoculations avec une goutte de sang. Le virus ne pouvait-il pas ctre a Fetat liquide dans laserositö du sang, les globules blancs et rouges n'avaient-ils aucune action? la bacteridie n'etait-ello la qu'un element accossoire, un effet ot non une cause ?
Cost Pasteur qui est venu completer la demonstration de Davaine en isolant la bacteridie ct en se servant pour son
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inoculation de la bacteridie absolument isolee de tous les autres elements figures du sang. (1)
Si la bacterie seule est capable de donner le charbon, c'est eile qui doit constituer le principe virulent de cette affection.
Pour arriver a co resultat, Pasteur emploie une methode qui lui a servi ä debrouiller les nrystöres de la fermentation lactique et de la fermentation alcoolique, il seme une gontte do sang charbonnoux dans de l'urine neutre ou un peu alca-line et il voit la bacteridie s'y developper avec une tres grando abondance et beau coup de rapidite. La bacteridie s'y dcveloppe en filaments enchevetres tres longs et a segmentations rares; dans cos filaments se ferment des spores dans les points du liquide les plus acccssibles a Pair. Ces spores peu-vent ii leur tour en se developpant fournir de nouveaux filaments. La bacteridie de culture, n'est point identique dans sa forme avec la bacteridie du sang charbonneux; elleen dilfore par la disposition de ses filamentsquot;quisont courts, raides et immobiles; on ne rencontre pas de spores dans les bacteri-dies du sang charbonnoux. {Fig. I, II et III).
La bacteridie est avide d'oxygene et eile cesse de se developper si l'oxygcne vient ä lui manquer. Les spores sent bien plus resistantes et elles peuvent impunement subir vin sejour prolonge dans I'acide carbonique.
En prenant une goutte d'un liquide de culture renfermant des bacteridies, on communique le charbon aux animaux et il n'y a plus ici aucune espece de doute. Si Ton opcre avec des bacteridies obtenues dans plusieurs cultures successives, il n'y a plus de globules de sang et les parties liquides du serum sont telleraent diluees que leur action ne peut plus 6tre comptee; il est facile de voir du reste que le liquide de culture liltre sur un filtre a platre, n'a pas la moindre action virulente. C'est done la bacteridie seule qui est la cause du charbon.
C'est principalement en privant les globules de l'oxygene qui leur est necessaire'que la bacteridie tue les animaux;
(#9632;I) Pastour, Comptes rendus de VAcadtmie des sciences, 2% timer i881, p. 429, 662 et 666, t. 92.
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le sang devient noir, poisseux et aspliyxique sous I'action de ces microbes. En meme temps qu'il perd son oxygene, le sang perd aussi sa fluidite. La baeteridie secrete un ferment soluble, qui, mule a du sang non-charbonneux, lui donno la viscosite du sang malade, cette viscosite du sang gone la circulation capillaire et contribuo a rendre I'hema-tose de plus en plus difficile.
La bactiridie ne se dovoloppe pas cliez tons les animaux, les oiseaux paraissaient jusqu'ici refractairos an developpoment de ce microbe, il en otait de möme des animaux a sang froid.
M. Pasteur (1) a donne le premier la demonstration la plus nette de la cause de cette immunite. Le sang des oiseaux est ordinairement a une temperature do 42deg;; la baeteridie ne peut point sedoveloppor ä cette temperature. Sil'on refroidit une poule, si Ton abaisse experimentalement sa chaleur, on plongeant ses pattes dans de l'eau ä 25deg;, si son sang n'a plus qu'une temperature de 37deg;, on voit la poule refroidie contractor le cliarbon. Si Ton inocule une poule refroidie et qu'on la rechauflc, lo cliarbon ne se dchVoppepas; la demonstration ne saurait ötre plus complete. Mi Pasteur (2) a pu montrer ä l'Academie et a M. Colin, lui meme qui assurait quo les poules etaient absolument refractaires aucharbon, des poules, qui apres avoir ete refroidies, avaient contracte cette maladie.
Les animaux ä sang froid no contractent pas le charbon. II est probable quo lour immunite tient encore a la temperature de leur sang. En mettant des grenouilles dans de l'eau chauifee a 35deg;, M. Gibier (3), dans une communication recente ä la Sociiite de iiologie, pretend etre ainsi arrive a leur com-muniquer le cliarbon. Ces faits, vivement contestes' par MM. Dastre et Paul Bert, meritent d'etre experimentes a nouveau. La grenouille peut-elle vivre dans l'eau ä 35deg; ?
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(1) Pasteur, Comptes rendus de VAcaddmie des sciences, t. 91, p. 313 et 673; 1880,
(-2) Bulletin de l'Academie de Mddecine, ISSO.
(8) Gibier, Comptes rendus de l'Acaddmie des sciences, I. 91,1882,12juin, p. 1603.
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cette temperature est-elle incompatible avee lavie de Tanimal? II resultc d'experiences reproduites par devant la Societe de biologie, quo les grenouilles resistent parfaitement ä une temperature do 35deg; et qu'ä cette temperature elles sont capa-bles do contractor l'affectiün charbonneuse
La temperature du sang do certains auimauxpeut done nous expliquer cortainos imraunites. II existe cependant en dehors do ces faits des iramunites bien difflciles a comprendre; certai-nes races d'animaux no contracteut pas le charbon. Les mou-tons d'Afrique sont refractairos a cette maladie; des experiences faites ;i l'ecole d'agriculture de Montpellier, ont ega-lement montro quo des fines d'Afrique presentaient une immu-nite du möme genre.
Dans certaines races refractairos, les jeunes animaux peu-vent etre inocules, si Ton omploie surtout do grandes quan-
tifes do virus.
II y a certainemont pour les microbes des conditions materielles de doveloppement qui nous sont encore inconnues et qui influent sur la production du charbon.
Los bacteridies pour se developper, doivent emprunter de I'oxygene an globule, mais si le globule rctient avec cnergie son oxvgono, la bacteridie devra perir; il y a done lutte dans le sang entre la bacteridie et le globule, et si le globule I'emporte, I'animal sera resistant. O'est ce qui arrive quel-quefois quand on inocule directement le sang cliarboneux clans les veines d'un animal tivs vigoureux. Certaines conditions do milieu sont done absolument necessaires au leve-loppement du microbe.
Le sang est un milieu qui pout dans certaines conditions, manqucr do certains principes indispensables au devcloppe-ment des bacteridies. L'affaiblissement du sujet, Thematose insuffisante dos globules, pouvent fournir aux microbes des conditions do culture favorable.
Nous avons vu quo la temperature du sang jouait un role important sur les conditions de receptivite,
II sufflt do priver un milieu fcrmentiscible de certaines substances en apparence tres peu actives et contenues en
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quantite infinitesimale dans le liquide fermentescible pour qu'il devienne impropre au developpomerit du fermeEt.
II faut pour que les virus se developpent certaines conditions de milieu analogue a celles que reclame les fermentations, c'est la ce qui pourrait expliquer la receptivite d'es-peces, en apparence pen difTorontes, et l'immunite quepresente pendant loagtemps certains individus qui ont subi une premiere fois les atteintes d'une maladie virulente.
Les espices qui paraissent avoir aujourd'hui une certaine immunite, ne la doivent-cllcs pas ä cc que leurs ascendants Oiit ete tous atteints de la maladie? Lcur immunite actuelle neserait-elle pas due a une vaccination dont ils jouiraient par lieredite ?
L'immunite pent se transmottre du foetus a la mere, ne peut-elle point se transmettro a travers plusieurs generations ? Les individus refractaires n'ont-ils pas roQU de lours parents comme une espece de vaccination susceptible de les mettre ä l'abri des atteintes de l'affection charboiineuse ?
Les animaux qui vivent dans dos localites ou le cbarbon est endemique sont quelqnefois refractaires a raffection charbo-neuse. N'ont-ils pas subi dos inoculations a. des doses excessi-veaient minimes; ne se sont-ils pas pour ainsi dire spontane-ment vaccines ?
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CHAPITRE III
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DES VACCINATIONS CH ARBONNEUSES
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Experiences de Talais (Gironde).
La question d'etiologie ducharbonme paraissantabsolument etablie par tous les faits qua je viens de rapporter. Je passe maintenant a une question tout anssi interessante, c'est la question des vaccinations charbonneuses.
Le charbon est une affection virulente, il ne recidive pas L'organisme ne pout point fournir deux fois un milieu conve-nable an developpoment du microbe dc cette maladie. II y a lä certainement quelques analogies avec ce qui ce passe pour certaines fermentations qui ne peuvent plus se faire dans un liquide qui a deja servi a une fermentation premiire. Le microbe du cbarbon analogue pour la forme au ferment butyrique, se comporte, sous ce rapport commo un ferment ordinaire.
II resulte de nombreuses observations, que I'animal qui con-tracte le charbon en etat de gestation, communique I'immu-nite au foetus qu'il porte. Le sang du foetus, se trouve probablement prive de certaines parties liquides et solubles que la mere n'a pu lui fournir, il devient impropre au deve-loppement de la bacteridie.
Nous savons que dans les affections virulentes, il pent y avoir des cas plus ou moins graves, mais quelle que soit la gravite de l'affection virulente, une premiere atteinte d'une
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affection de ce genre preserve pour long'temps et quel-qucfois pour toujours de cetto maladio.
Pasteur a pu artificiellomont, par des cultures successives, dans des conditions variables do temperature, ci'öer des etats divers du virus charbonneux, dbues de proprietes virulentes plus ou raoins grandes et susceptibles de se conservor avecleur mdme proprietes. Cos virus attenues ä differents degres sent capables do dovenir preservateurs pour une atteinte ulte-rieure do 1'affection charbonneuse. Cost pour le cholera des ponies quo M. Pasteur ad'abord decouvertle moyen do pro-parer des vaccins artificiels. Ce savant a pu appliquer plus tard avec succes cette methode ä l'aücction charbonneuse.
M. Toussaint, do Toulouse, hit le premier ä decouvrir un vaccin artiüciel du cliarbon. il se servait, commo vaccin, du sang charbonneux dilue et plusieurs fois flltre sur une dou-zaine do filtres, ou bien du sang charbonneux chauffe a 55 degres ou traitc par I'acide phenique a 1 et demi pour cent, mais les rosultats qu'il obteuait ifetaicnt point constants, il survenait assez souvent des insucecs et I'imnmnite ainsi obteuue no durait (jue 5 ou 0 mois (i).
M. Chauveau a repris dans un momoire, lu le 26juinä l'Acadömio des sciences, les experiences do Toussaint pour montrer, qu'avoc certaines precautions, la methode de son ancien clove etait tout aussi sure quo celle de Pasteur (2).
M. Chauveau fait observer qu'il faut pour avoir un bon vaccin suivre le procodö suivant : cliauffcr le sang charbonneux instantanement et egaleinent dans toutes ses parties et le soustrairc rapidement a I'influence do la chaleur et, pour cela, il faut agir sur de petites (juantites de liquide enfermees dans des pipettes bleu fermees, portees successivement dans l'eau chaude ct dans I'eau froide.
II consoille do preudro le sang sur un cochon d'Inde ayant survecu quarante-huit hcures a rinoculation : il emploie lo vaccin le lendemain du jour oil il a ete prepare.
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(1) Toussaint, Cotnples remliis de I'AcaJemieiles sciences, 13 juillel 1880. p. 135, I. 91.
(-2) Chauveau, Comples rendus de I'AcruhJinie des sciences, 26 juin 1882, p. 1694, t. lt;n.
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Si Ton chauffe du sang a, SO3 plus on moins longtemps sans dopassor vingt minutes, ou obtient du virus plus ou moins attenue qni pourra servir a dos vaccinations plus ou moins enorgiques destinees ix amener progressrvement rimmunite complete comme avecles divers degres d'attenuation du virus de M. Pasteur.
Chauveau a obtenu quelques rcsnltats clans la flevrecliar-bonneuse en employant. comme moven do vaccination, des quantites tres minimes de virus. M. Chauveau diluait ä divers degres le virus charbonneux de facon a n'avoir que de 50 a 1,000 bätonnets par centimetre cube, et il injectait le virus ainsi diluo dans le svsteme veincux ; il a pu reussir a rendre ainsi des moutons refractaircs ä des inoculations de virus cliar-bonnenx (1).
Mais tons ces precedes presentent assozsouvent des insucces e'est a Pasteur que nous devons la decouverto d'une me-thode vaccination rcellement sure ct facile ä pratiquer. (2)
Pasteur avait obtenu une bacteridie inerte on mettant du liquide charbonneux contenant des bacteridies dans du bouillon de poule pendant deux mois an contact do I'air, a une temperature de 42 a 43deg;. En arretant cette operation a diverses periodes, del'evolution de la bacteridie, I'illustre chimiste avait oliserve qu'on pent obteuir des bacteridies de moins en moins actives. Co qui ost fort remarquable, c'estijueces diffe-rentes bacteridies ainsi obtonues sent susceptibles do so dovc-lopper et de se reproduire avec lour caractere do virus attenue si on les soumet ä de nouvelles culture. On pent done faire diverses cultures renformant des bacteries do virulences diverses : la bacteridie inerte, la bacteridie capable de tuer un cobave de deux jours, celle qui pent tuer un lapin, cello qui pent tuer un mouton, eelle qui pent tuer un bcouf.
On cree done de toutes pieces des bacteridies de virulences differentes, et en cboisissant dans ces diSerents liquides de culture on peut arriver a trouver parmi elles des bacteridies-
(1)nbsp; Chauveau, Complcs rendns de I'Academic des sciences, i avril 1S8I, p. 844, t. 92.
(2)nbsp; nbsp;Pasteur, Comples rendns de l'Acad-'mie des sciences, 28 fevrier 18SI, p. 429, t. 92.
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vaccins susceptibles de jouer un röle preservateur, sanspro-duire aucune lesion serieuse dans Torganisme.
Un fait encore interessant, c'est qu'on pent conförcr ä l'or-ganisme une immunite de plus en plus grande ä des virus tres actifs, en proccdaat par des vaccinations successives avcc des virus de moins en moins attenues. On arrive ainsi par gradation et en toute sftrete A rendre l'organisme refractaire ä des virus tres energiques. Une seule vaccination avcc un virus tres attenue pent ne pas sufflre a crcer rimraunite; des vaccinations successives permettent seules d'obtenir sans danger une resistance complete de l'animal au virus charbonneux le plus actif.
De memo que Ton pent attenuer la virulence, on pent aussi la renforcer et revcnir d'un virus attömie ä un virus tres actif, en inoculant directement le sang charbonneux d'ani-maux recemment inocules. Si Ton tue un cobaje de deux jours avec un virus tres attenue, le sang de ce cobavo sera plus virulent que le liquide qui a servi a linoculation ; une Koutte de ce sang pourra tuer un lapin;une gontte de sang du lapin ainsi inoculc pourra peut-etre tuer un agneau, et ainsi de suite. La virulence de l'affection charbonneuse augmente par des transmissions successives.
Les virus peuvent dans la nature s'attenuer par des pro-cedes analogues a ceux do M. Pasteur, l'action de Fair, Tac-tion de la chaleur, la nature du milieu ou se dovoloppe la bac-teridic, peuvent modifier la nature du microbe. Dans les epidemics, la virulence peut se renforcer par des transmissions successives.
L'extinction et le reveil des epidemics trouvent done en par-tie leur explication dans les belles recherches de M. Pasteur.
Les vaccinations charbonneuses sent passees du domaine theorique dans le domaine pratique et elles ont ete soumises ä des epreuves qui ne laissent plus aucune espöee de doute.
Les vaccins du charbon sont aujourd'hui prepares par kilogramme dans le laboratoire de M. Pasteur et expediös en province oü on ino Tille des millicrs d'animaux. II suffit de s'adres-Sjr d Paris, A M. Boutrjux, rue Vauquclin, 18, pour en rece-
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voir les quantites necessaircs aux vaccinations que Ton desire faire.
II rosuite des faits recnoillis jusqu'ici, quo les vaccinations par les precedes de M. Pasteur sont prosquo toujours ino-ffensives et qu'elles sont reellement efficaccs.
C'est a Pouillv-le-Fort, dans la Seinc-et-Marne, qu'ont eu lieu les premieres experiences qui ont fourni ä l'illustre Pasteur la confirmation la plus eclatante de ses belles lecher-ches sur les vaccinations cliarljonneuses.
La Societe d'agriculture de Melun lui avait offert de roa-liser ses experien-'cs sur une grande eclielle, pour qu'il n'y eüt plus, pour le public aucune espece de doute sur la valeur du proeödö de vaccination qu'il proposait commo rcsultat do ses experiences de laboratoirc.
M. Pasteur, de concert avec MM. Cliamborland et Roux, rödigerent le programme suivant qui fut en tout point realise. Nous le reproduisons tel que nous le tiouvous dans la Gazette hehdomadaire do Paris :
laquo; l0La Societe d'Agriculture do Melun met ä la disposition de M. Pasteur CO moutons : 2deg; 10 do ces moutons ne subiront aucun traitement; 3deg; 25 do ces moutons subiront deux inoculations vaccinales, a douze ou quinze jours d'intervalle, par deux virus charbonneux inogalement attenucs; 4deg; ces 25 moutons seront, en mSme temps que les 25 rostants. inocules par un charbontrcs virulent, aprös un nouvel intervalle de douze ou quinze jours; les 25 moutons non-vaccines periront tons ; les 25 vaccines resisteront, et on les comparera ultcrieure-ment avec les iO moutons reserves ci-dessus, afin de mon'rer que les vaccinations n'empi'client pas les moutons do revenir a un etat normal; 5Ö apivs l'inoculation gonerale du virus tres virulent aux deux lots de 25 moutons vaccines et non vaccines, les 50 moutons resteront rcunis dans la mome stable, on distinguera une des scries de l'autre en faisant, avec un emporte-piece, un trou a l'oreille des 25 moutons vaccines; 6deg; tons les moutons qui mourront charbonneux seront, enfouis un ä un dans des fosses distinctes, voisines les nncs des autres, situees dans un enolos palissade; 7deg; au mnis de mai 1882, on fera parquer dans rcuclos dont il vicnt d'etre
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question 25 moutons neufr, n'ayant Jamals servi ä des experiences, afin de prouver que les moutons neufs se contagion-nent spontanement par les permes charbonneux qui auraient ete ramenes ä la surface du sol par les vers de terre; 8deg; 25 autres moutons neufs seront parquös tout ä cöte de l'enclos precedent, a quelques metres de distance, la oü Ton n aura jamais enfoui d'animaux charbonneux. afindemontrer qu'aucun d'entrc eux no mourra du charbon.
raquo; De plus, 10 vachos fnrent offertes aux exjiei imenfateurs, qui les accepterent, mais en declarant que les 4 animaux qui ne seraient pas vaccines ne succomberaient probablement pas aux inoculations, mais seraient tout au moins fort malades. Deux des moutons furent cgaloraent remplaces par des che-vres ; les animaux otaiont d'age, de sexo et de race difförents.
raquo; Le 5 mai (1) 1881, 24 moutons, 1 chevre, 0 vaches furent inocules, a I'aido d'une seringue de Pravaz, avee cinq gouttes d'une culture de virus charbonneux attenue ; le 17 mai, ils furent reinocules par un second virus egalemcnt a tenue mais plus virulent. Le 31 mai enfin, tons les animaux, sans exception, furent inocules avec un virus trcs virulent regenere des corpuscules-germes du parasite charbonneux conserve dans le laboratoire de l'Ecole normale depuis le 21 mai 18T7. Qua-rante-huit heuros apres, le 2 juin, devant line assistance nombreuse, M. Pasteur trouvait: d'une part, tons les animaux vaccines presentant les apparencos de la plus parfaite sante, et, d'autre part, les moutons et les chevres non vaccines morts charbonnneux, ii l'exception de trois moutons, qui succom-berent dans la journee möme ; quant aux animaux de i'espece bovine, les quatre vaccines etaient en bonne sante, les six autres presentaient de volumineux oe löraes et etaient mani-festeraent malades. raquo;
En Prusse, on a experimonte le precede de M. Pasteur sur 50 moutons divises en deux series de 25, dont Tune ser-vait de temoins, et sur 12 boeufs.
Sur les 24 moutons inocules, il y en avait 15 de race commune et 10 de race merinos tres delicate. Les premiers sup-
(I) Comples rjndm d; l'Acadifmie des sciences, 13 juinl881, p. 1378,t. 92.
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porferent tresbicn la vaccination; quant aux derniors. 3 mon-rurent apn's inoculations virulentes. 11 y ea eut 22 do i'os-pectes. Parmi les 25 temoins ils succomlxTent tous. 'PoO mou-tons merinos vaccines avec un vaccin approprie ont tons par-faitement resiste a des iiioculations virulentes.
A Montpellier, les experiences entreprisea ä l'Ecolc d'Agrf-culture sous le patronage de la Societe d'agriculturo ont porte sur 50 moutons appartenant aux races du Larzac. des Gausses et Barbarines. Ces animaux ont etc sounds a do courts intervalles a deux inoculations successives avec des virus attenues a divers degres. Les snjets vaccines ont pleinc-ment resiste aux inoculations charbonneuses.
Parmi les animaux vaccines, on a pris : 1quot; 4 sujets do clia-cune des races proeitees (12 sujets en tout), ayant suii les deux inoculations; 2quot; 2 sujets ajant subi la premiere inoculation sci;-lement, on a joint a ces animaux 4 sujets n'avant pas ele vaccines. On leur a inocule du virus charbonneux trös virulent.
Tons les sujets de la premiöre categoric (vaccines) ont resists a I'operation. Ceux qui n'avaient eu qu'une vaccination sent morts ainsi quo ceux qri n'avaient pas etc vaccines, sar.f un seul sujet provenant de la race barbarine, Importe en France depuis 15 jours a peino.
J'ai eu roccasion d'assister, au niois de mal et do juin iSSC. a une serie d'expöriences des plus concluantes sur les vaccinations charbonneuses, par le precede de M. Pasteur. Ces experiences ont ete faites sous le patronage de la Societe d'agriculture de la Girondc, au chateau de M. Bert, ä TaJais (Gironde), et sous la direction de M. Gavon, professeur de chimie a la Faculte des sciences de Bordeaux, ancieu eleve de M. Pasteur. Une commission de la Societe d'agriculture et des representants des divers corps scientillques de la Gironde et des cornices agricoles de la region, suivaient ces experiences. Ces experiences, du reste, se faisaient au grand jour et en presence du public.
Dans une premiere seance du 7 mai, la commission vac-cina 188 moutons, 17 vaclies et un taureau avec un vaccin du premier degre, on injecta u chaque mouton ä la face interne de la cuisse — de centimetre cube de ce vaccin par la
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methode hvpodermique, et une double dose fut iujectee aux bceufs a I'epaulo. Les animaux ainsi traites n'öprouverent aucun ofTet nuisible do cetto premiöre vaccination.
Le 21 mai, on proceda a une denxieme vaccination avec un virus plus ac'if; deux moatons succomberent a la suite de cette dornii're vaccination, mais il i'ösulta do l'examen du sang de cos animaux qu'ils n'avaient point c|e bacteridios dans le sang, I'autopsie etablit, d'une i'acon trös nette, qu'il no s'agissait quo do deux morts accidontollos tout a fait etrangeros ä la vaccination ollc-momo. Dos lapins inoculcs avec le sang do cos animaux, prealablemont cliautTe a. 90deg; et refroidi, n'ont nnllomont contracte 1c charbon, les bcoufs avaient presente un pen d'ondeme morbide au niveau de lours piqüres, mais cet accident n'a cu aucune suite.
Le 9 juin, des experiences nouvelles furont faites pour cons-tater l'immunite des animaux vaccines. 10 moutons non vaccines et 18 moutons dejä vaccines furcnt soumis ä Finocula-tion d'un virus charbonnoux trös virulent. Deux vaclies deja vaccineos et une vache non vaccince devaient servir a des inoculations du memo genre.
Tous les moutons non vaccines et inocules onteu tres rapi-doment la flövre avec une elevation do temperature d'environ 2 degrcs; ils sont devenus tristes, ils so sont coucbes et ils sent morts par aspliyxie lento ä dos intervalles de temps assez rapprocbees. Sept d'eutro eux ont succombc trente-six lieures apres I'inoculation, deux moutons ont seuls survecu quelques heures de plus; celui qui a le plus rdsistd est mort quarante-huit lieures apres I'inoculaticn. Los moutons vaccines et re-vaccines n'ont rion presente do particulior aprös Tinoculation charbonnouse; nous les avons vus brouter paisiblement dans renceinte oü venaient do mourir les buit moutons non vaccines et inoculcs commo eux. Un soul des moutons vaccines et revaccines a succombe ä I'inoculation du virus charbonnoux; cet animal est bien mort du charbon, mais il n'est pas sür que chez lui la vaccination ait cte bien faite.
Ce petit insuccös n'entache en rien la demonstration qui nous parait aussi eclatante que possible. Tous les animaux qui ont succombe prescntaient ä I'autopsie los caraetöres dos
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lesions que Ton trouve ordinairement chez les animanx morts dn charbon.
II y avait de Toederae autour des points inoculees, le sang etait poisseux, noirätre, la rate etait fortemeat congestiou-nee, et irregulierement bosselee ä sa surface,
Le foie etait fortement congestionne et son tissu paraissait ramoUi. Sar certains points, I'intestm etait oedematie et congestionne.
Les reins etaiont un pen plus voluminoux qu'ä I'etat normal et fortement injectes.
Les poumons etaient presque exsangues.
Le sang de tons les animaux qui ont succombe ä 1'inocula-tion contenait des bacteridies, on retrouvait ccs monies microbes en nombro bien plus considerable dans les ganglions et dans le canal tboracique. Notre collögue et ami, le profes-seur Jolyet, a trouve cboz les animaux morts du charbon ä Talais, une confirmation des fails romarquablos, qu'il avait signales dans la variole.
Dans cette derniero maladie les microbes se trouvent apres la mort en quantite bien plus considerables dans le canal tboracique et dans la lympbe que dans 1c sang, il parait en tjtre ainsi dans I'affection cbarbonncuse.
Des cobayes et des lapins inocnlös avoc do la lympbe du canal tboracique et avec de la scrositc dol'oedeme devcloppe autour des points inocules. sont morts du charbon; on a trouve des quantites de bacteridies dans lour sang. Nous avons pu observer nous-memo cc resultat dans le laboratoire de mede-cine experimentale de la Faculte de Medecinc de Bordeaux.
Deux vacbes vaccinees ont ete inoculees avec lo möme virus que celui qui avait scrvi a inoculer les moutons: on a seulement employe une close double du möme virus. L'inocu-lation n'a produit cboz elles aueun pbenomöne morbide: clles ont parfaitement resiste. Une vacbe non vaccinec et inoculee a resiste jusqu'au troisiöme jour aprös Finocnlation; mais le quatriemejour la fiüvre s'ostdeclaree, le ventro s'est ballonne, eile a cesse de manger, eile est devenuo triste et abattuc et le sixieme jour apres l'inoculation eile a succombo.
Les experiences de Talais sont tout aussi concluantcs que
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celles de Berlin, de Montpellier et de Pouillj-le-Fort. La vaccination charbonneuse est rapidement entree du domaine thoorique dans le domaine pratique, grace ä une serie d'expc-riences demonstratives qui ont toujours pleinement reussi.
M. Pasteur estime que le nombre de moutons vaccines depasse aujourd'luü 400,000 et celui des boeufs 40,0ÜU. II y a eu quelques insuecos; il est mort 1 mouton sur 300 et 1 boeuf sur 2,000; ce sont lä des accidents qui tiennent ä des inoculations mal faites ou ä certaines conditions speciales de röcep-tivite qui ne peuvent en rien infirmer les resultats de l'ensem-ble des experiences.
Nul doute quo nos agriculteurs, que nos eleveurs de bes-tiaux ne s'empressent de tons cotes ä faire vacciner leurs a;.imaux pour les mettre ä l'abri d'un fleau tres redoutablo qui depuis longtemps fait peser de tres lourdes charges sur 1'agriculture dans certaines contrees et qui presents pour l'homme lui möme de tres grands dangers.
Tout le monde connalt la gravite de la pustule maligne et de la flevre cliarbonneuse, et on salt que ces .affections ne se produisent chez Thomme que par l'inoculation du virus char-bonneux des animaux.
La decouverte d'un vaccin susceptible d'eteindre, pent 6tre a Jamals, cette affection contagieuse, est done certainement un grand bienf'ait pour riiumanite.
Les vaccins que M. Pasteur produit a volonte constitueront une des plus grandes decouvertes de notre siecle, et il est probable que cette decouverte sera feconde en applications pratiques dans beaueoup d'autres affections virulentes.
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CHAPITRE IV
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DES VACCINATION'S CONTRE LE CilARBON SYMPTOMATIQUE
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On confondait autrefois sous des denominations communes la fievre charbonneuse et le charbon svmptomatique. Le char-bon sjmptoinatique regne dans certainos regions d'une fa^on opidemique; dans une partie de la Haute-Marne, dans le Bassigny par oxemple, cette maladie fait pcrir un grand nombre d'animaux. Le charbon svmptomatique sevit surtout sur les bceufs et les moutons; I'tuie. le cbeval, le chien, le lapin et la poule paraissent refractaircs ä cette affection.
Un animal atteint une premiere fois de charbon sympto-matique nest plus apte ä contractor cette maladie; nous avons trouve le möme caracture dans la fiuvre charbonneuse et nous le retrouverons dans laplupartdesmaladies virulentes.
D'apres MM. Arloing, Cornevin et Thomas (1), les jeunes bovides de six mois ä quatre ans sont sujets au charbon symp-tomatique, les jeunes agueaux en sont souvent atteints. La
(1) Arloing, Cornevin et Thomas, Ree.herches expert menlales sur la malniie infeclieuse appelte charbon symptomatique (Revue de m^Jecine). 18S1.
Arloing, Cornevin et Thomas, Comptes rcndus de l'Acadimie des sciences, 24 juillel 1882.
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maladie debute soudainement par de la tristesse, de l'inappe-tcnee et par diverses tumeurs qui font apparaltre la boiterie. Ces tumeurs se developpent tres rapidement, elles sont douloureuses, puis plus tarcl insensibles, elles sont crepitantes et sonores a leur centre. Incisees elles laissent d'abord ecou-ler du sang et plus tard de la serosite spumense, la fievro netardepasa s'allumor, la respiration est plaintive, I'animal se couchc, sa peau se refroidit et la mort arrive quarante-huit heures apres Fapparition des premiers sjmptomes.
Apres la mort le cadavre se ballonne tres viie, des gaz s'accumulent partout dans le tissu cellulairc, on trouve des tumeurs dans certains muscles et autour des tumeurs le tissu rausculaire est noirätro, les muscles sont friables et faciles a ecraser.
L'intostin est rarement congestionne, Toesopliage est quel-quefois noir et friable, il n'y a rien d'anormal dans le foie et dans la rate, cos viscöres quoique contenant beaucoup de microbes ne prosontent en apparence aucune lesions. Quand il y a eu des coliques pendant la vie, on trouve de la serosite dans le peritoine. Los poumons sont quolquefois congestionncs, il en est de möme du thymus, les ganglions sont souvent hypertrophies et congestionnes.
Les caraeteres du microbe du charbon symptomatique don-nes par MM. Arloing, Cornevin et Thomas, sont les suivants :
Sur I'animal malade ou mort depuis peu de temps, le microbe du charbon symptomatique n'a pas les monies caraeteres dans lo sang, les tumours musculaircs, les parenchymes, la serosite des codömcs.
Si on le recherche dans les infarctus des muscles, il faut etre averti qu'il est peu abondant dans la serosite de la tumour; le microbe est cantonnö pour ainsi dire dans le tissu Conjonctif inter et intra-musculairo et ä l'interieur des fais-ceaux contractiles, d'oü on I'extrait par raclage.
Porte sur le microscope, il se montre avec la forme d'un batonnet plus court et surtout plus large qua le Bacillus anthracis, arrondi ä ses deux cxtremites et presque toujours pourvu pies de Tune d'elles, rarement au milieu, d'un noyau refringent: parfois le batonnet est tres allonge et muni d'un
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noyau a chaque extremite. II pent arriver que le irncrobe soit decele seulement par un nojau, parce que le court filament qui enferme ce dernier a presque le meme indice de refraction que le liquide ambiaut. {Fig, IV).
Dans laserosite de l'cedeme voisin des tumeurs, le batonnet est frequemment dopourvu de novau.
Qu'il soit nuclee ou sans novau, le microbe en batonnet du charbon symptomatique diftere de la bactcridie cliarbonneuse par son excessive mobilite : il se deplace, pirouette sur lui-meme, monte et descend dans le liquide de la preparation, se presentant de temps en temps par son extremite de fagon a figurer momentanement un simple corpuscule.
Le microbe nuclee so retrouve aussi dans les parenchjmes, les ganglions lymphatiques, la rate, les reins, le poumon et surtout le foie, associe a des granulations ovoi'des, brillantes, isolees ou accolees bout ä bout au nombre de deux ou trois.
Le sang semble quelquefois absolument depourvu d'organi-tes etrangers; mais, le plus souvont, un examen attentif y fait decouvrir facilement de fines granulations brillantes ou sombres, selon la position de l'objectif, et dont les mouve-raents cbranlent les licmaties.
On reproduit assez facilement par inoculation le charbon symptomatique, mais les precedes d'inoculation doivent 6tre differents de ceux que Ton emploie pour inoculer la fiüvre cliarbonneuse. On constate des cedemes considerables au ni-veau du point d'inoculation et quelquefois möme des tumeurs disseminees.
La bacteridie cliarbonneuse vit tres bien dans le sang, mais e'est principalement dansle tissu conjonetif, dans les muscles, dans les ganglions lymphatiques, dans les reins, dans la rate que Ton voit pulluler la baetörie du charbon symptomatique.
Ce qui distingue encore ces deux virus e'est qu'insere dans le tissu conjonetif sous-cutane et inter-musculaire, le microbe du charbon symptomatique produit do Tcedcme ou une tumeur presque toujours mortelle; injeetc dans la jugulaire, ce meme microbe produit a peine une legere reaction et
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laisse Tanimal vaccine. MM. Arloing, Cornevin et Thomas (1) ont etabli par des experiences tres concluantes faites ä Chau-mont sur plusieurs centaine.s d'animaux que rinjection intra-veincuse du microbe, du charbon sjmptomatique protege desormais l'animal ainsi vaccinö confre los eflets meurtriers de cette maladie. Le microbe cstdonc älui-rncme sou propre vaccin. si ou cliauge seulcmont le milieu oil on le fait penetrer. On oblient ogalemeutrimnmuite en injcctant le microbe du charbon symptomatique daasles voies traclieo-bronchiques. Les auiniaux qui subissent ces inoculations sent tres faible-ment eprouvos, mais ils n'en contractcnt pas moins I'immunite pour le charbon symptomatique.
Par la methode des injections intra-veineuses, MM. Arloing, Cornevin et Thomas ont eu dos resultats variables sarvant la quantito de virus injecte, une petite dose de virus determine un charbon bacterien avorte, une dose de virus un pen plus forte par la quaatite ou par Tactivite des agents viruleuts, fait apparattre un veritable charbon symptomatique eile produit des tumours ct la terminaison pent etre I'.italo. La dose do virus cst-cllc infinitesimale (2/10deg; de goutte, de pulpe musculaire liquide), rinoculation ne produit rien ou nno maladie avortuo .sans accident local. La dose est-elle moyenne, I'accident local est insigniliant, mais des troubles generaux survicnneut, puis une ou plusieurs tumeurs S3 produisent, loin du siege de rinoculation. La dose est-olle forte, une tumeur se developpe d'emblee au point inocule, I'etat general devient rapidement grave et si la survie est assez longue, une ou plusieurs tumeurs symptomatiques peu-vent se developper dans difleronts points du Systeme musculaire.
L'injection du virus dans le Systeme voineux, danslatrachee ot dans les bronches no produit qu'une maladie avortee.
L'injection intra-veineuse constitue pour certaines maladies virulentes tout une methode do vaccination speciale.
M. Chauvcau a demontre que pour certains animaux
(I) Arloing, Cornevin cl Thomas, Comptes rendus de l'Acadimie des sciences, 3 octobre 1880, p. lgt;31 et suiv.
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l'introduction dans les veincs du virus vaccinal ne provoque pas d'eruption apparente, mais qu'elle n'en conföre pas moins 1'immunite.
MM. Bouley et Chauveau ont pu realiser une vaccination efflcace par I'mjection intra-veineuse du virus de la peripneu-monie coatagieuse des bStes a cornes. Ces experiences vien-nent d'ßti'e repetees avec succes par MM. Thiernesse et De-give (i). On a essaje de rendre des animaux refractaires au virus rabique ä l'aide d'injections intra-veineuse. Les injections intra-veineuses de virus rabique dans les veines du mouton ne font pas apparaitre la rage on a pretendu qu'elles conferaient rimmunite mais cesresultats sont loin d'ötre bien etablis (2^.
On a essaye de traiter les bacteries du charbon symptoma-tique par la methode que Pasteur a employee pour isoler les bacteridies charbonneuses, mais il a ete impossible d'arriver a isolerainsi la bacteria du charbon symptomatique et d'obtenir un virus attenue susceptible de jouer le role de vaccin.
La methode des injections intra-veineuses presente, au point de vue pratique, des difflcultes d'execution et des dangers qui ont pousse les experimentateurs ä chercher d'autres methodes de vaccination. Le precede Pasteur ne pouvant pas toujours fitre realise, on a cherche d'autres moyens, et on est arrive a trouver pour le charbon symptomatique plusieurs methodes qui paralssent avoir dejii donne quelques bons resultats.
Nous avons dejä signale une methode generale d'atte-nuation des virus par la chaleur; cettemethode a ete experi-menteepour la premiere fois par M. Toussaint (3) dans la flevre charbonneusc. M. Toussaint inoculaitles moutons avec du sang charbonneux defibrine, porte a 55deg; pendant dix minutes.
II employait egalement dans ses inoculations du sang defibrine et filtre sur plusieurs doubles de papier; mais ce precede est bien plus defectueux que le precedent, et M. Pas-
(1)nbsp; Bulletin de I'AeadMe de Midecine, dO octobre dSS^.
(2)nbsp; Galtier, Comptes remlus Acadämie des Sciences, t. I, p. 28i.
(3)nbsp; Toussaint, Comptes rendusde I'AcadMie des sciences, d2 juilletlSSS, p. 135, t. 91.
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tour nie möme son efiicacite. La cbaleur ne tue pas la bac-teridie, eile la transforme, eile cree uu microbe-vaccin; mais ces raicrobes-vaccins se distinguent des mierobes-vaccins obtenus par les precedes de Pasteur; ils ne peuvent se repro-duire par cultures successives en conservant leur attenuation propre. Modifiee par la chaleur, la bacteridie peut perdre au bout do quelques jours ses proprietes de microbe-vaccin, eile revient ä la virulence, eile peut subir quelquefois l'action de la chaleur de 55deg;, sans se transformer. On comprend done combien, au point de vue pratique, cette methode de vaccination pourrait presenter de graves inconvenients.
II y a peu de temps, MM. Arloing, Cornevin et Thomas (1) ont communique ä TAcademie des sciences une note sur un nouveau procede de vaccination pour le charbon sjmptoma-tique. Ce procede est une modification du procede deM. Tous-saint applicable au charbon symptomatique. Voici en quoi il consiste :
On fait agir la chaleur sur la serosite virulente extraite des tumeurs charbonneuses; seulement cette serosite est desse-chce prealablement a la temperature de 32deg; dans un courant d'air qui permet d'obtenir la dessiccation avant l'arrivee de la putrefaction. Le virus desseche est triture avec deux fois son poids d'eau, de fagon a hydrater egalement toutes les par-celles et on porte ces melanges dans une etuve chauffee de-puis 85deg; a 100deg;, oü on les maintient pendant six heures on obtient ainsi une serie de virusattenues ä des degres divers. On procede avec ces virus attenues comme avecceuxde Pasteur; on doit faire deux vaccinations successives. Tune avec du virus attenue par la temperature de 100deg;, la seconde avec du virus attenue par -f- 85deg;, on doit proportionner les doses ä la taille de l'animal. Avec les moutons, on prend 0,01quot; de cha-que virus attenue ä Tetat sec; si Ton opere sur le boeuf 11 faut employer 0,02quot; ou 0,03quot; selon la taille. On associeces doses de virus a cent fois leur poids d'eau, et on les ecrase dans un mortier jusqu'ä ce que Ton obtienne une puipe apte a ötre
(I) Arloing, Cornevin et Thomas, Comptes rendus de l'Acaddmie del sciences, 2i juillet 1882, t. 93.
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injectee sous la peau a 1'aide d'une seringue a canule piquante. Quinze jours apres la derniere inoculation, on peut eprouver les vaccines avec cinq ou six gouttes de serosite extraite fral-chement d'une tumeur et delayee, pour plus de facilite, dans
Inbsp; centimetre cube d'eau.
Les experiences sur les animaux ont rnontre que la pre-miöre inoculation determine une legere tumefaction locale et une elevation de temperature de 0deg;, 2 et 0deg;, 7; dans la scconde Thypeithermic a etc de 0o,5 ä 1deg;.
M. Chauveau (1) nousl'avons deja dit a reussiadonneri'im-munitc par une methode spcciale d'attenuation qui consiste dans l'emploi de trös petites quantites de virus. Cette metliode generale a reussi tour ä tour dans la fievre charbonneuse et dans le charbon symptomatique.
M. Chauveau avait observe que Ton parveuait a triompher quelquefoi.3 de l'immunite des moutons algeriens contre la fievre charbonneuse, en les inoculant avec beaucoup de virus.
IInbsp; avait egalemeut vu que les inoculations faites a fort petites doses sur ces memes animaux sans produire d'accidents graves, donnaient au contraire l'immunite Ces experiences amenerentM. Chauveau ü employer detres petites doses de vi. rus comme moyen do vaccination preventive, de la fievre charbonneuse et du charbon sy mptomatique cet experimentateur est ainsi arrive a trouver une nouvelle methode d'attenuation des virus qui a donne d'assez bous resultats comme moyen de vaccination.
M. Chauveau (2) a applique sa metliode de vaccination au charbon symptomatique ou bacterien; c'est un hasard d'expe-rimentation qui lui a fourni la preuve que I'injection dans le tissu cellulaire de tres petites doses de virus peut etre parfaitement tolerees et servir de vaccin pour une inoculation ulterieure tres virulente. Par d'autres experiences, M. Chauveau a pu etablir que les moutons algeriens refrac-
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(1)nbsp; Chauveau, comptes rendus de VAcmUmie des sciences, i aoüt 1882, t. 93,
(2)nbsp; Chauveau, Comptes rendus de l'Acadimie des sciences, 4 avril 4881, t. 92, p. 844.
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taires a la fievre charbonneuso. contractaient aussi facilement que les moutons frangais le charbon symptomatique, et que dos moutons vaccines pour le sang de rate pouvaient contrac-ter cctte maladie.
MM. Arloing, Ccrnovin et Thomas (1) ont attire rattention sur l'immunite dos adulfos^de I'espece bovine contre le charbon svmptomatiquo ou bacterien dans los localites oil cette maladie est frequente. Le charbon symptomatique n'atteint pas un animal adulte. ne ct elovd dans le pays. II est probable quo par leur cohabitation avec des animaux atteints du charbon, sans contractor la maladie, les jeunes animanx s'inoculent ä des dosos inflnitcsimales;'ils contractent ainsi une maladie benigne, avortee, süffisante pour leur conferer une immunite d'abord legere, mais susceptible d'etre renforcee par de nouvelles inoculations, si bicn que lorsqu'ils sent arrives ä Tage adulte apres avoir traverse mille dangers, ils possedent une immunite plus ou moins grande, proportionnelle ö, I'im-prognation virulente qu'ils ont eprouvee; cette immunite est parfois absolue. Los animaux peuvent done contracter I'iinmunite par des vaccinations spontanees.
M. Arloing, Gornevin et Thomas ont pu inoculer sans suc-ces des sujets adultes qui avaicnt vecu dans des etables oil se trpuvaiont d'autres animaux atteints du charbon bacterien. Cos animaux ont montre une immunite complete, ils ontresisto a des inoculations directos du virus charbonneux. On constate des vaccinations spontanees du memo genre dans la peri-pnoumonio contagieuse, cos vaccinations spontanöes nous expliquont rimmunito que certains sujets paraissent avoir dans dos cpidömies tres meurtriöres.
Ces experiences presentent un trds grand interSt au point do vuo do la pathologic gencralo; elles nous servent a com-prendro Timmunite relative dont jouissent un tres grand iiombre d'individus adultes ou ages, certains groupes d'indi-vidus journellemcnt exposes aux causes d'infection, ou möme
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(2) Complex remlus de l'Academie des sciences, t. 93, p. 603, 17 aoftt 1881.
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certaines peuplados au milieu de foyers epulomiques ou eude-miques, immunite dont on volt tant d'exemples.
M. Bouley a fait observer a co propos quo les influences heroditairespourraient bien avoir xmo part dans le develop-pement do cette immunite do rqce ct do lieux quo possedont les animaux dans les localites oil sevissent les epizootics.
Les animaux atteints du sang de rate ou flevre cliavbon-neuse, et dont le sang ost envahi do bacteridies, ne transmet-tent pas ä lours produits la maladie dont ils sent atteints. Lo sang de rembryon ne regoit aucun des microbes do sa mere tant quo les alterations cadavcrlquos n'ont pas etablidelibres communications entre les deux appareils circulatoires dans les placentas. Le placenta est pour ainsi dire un filtre qui reticnt cv degales bacteridies charbouneuses. Nous avons ddja cite les experiences 1'aites a ce sujot parDavaino en 1801 et en 1868, ces fails avaient etc deja constates par Braüell do Dorpat en 1857.
M. Chauveau a de plus montre quo la brebis transmot a son produit rimmunitö centre le sang do rate conferee par des inoculations preventives, ceci semblerait iudiquer quo rimmunite pourrait touir ä certaines qualites du sang, qualitö independantes de la presence memo du microbe, mais resultant do Faction des microbes sur les globules ou sur le plasma.
La duree do rimmunite du charbon cst en raison directo do la gravitö de la premiere attaque ou si Ton veut de l'ener-gie du vaccin et en raison inverse do la resistance des animaux,, rimmunite acquise est transmise aux produits.
M. Toussaint a meme observe qu'il n'est pas necessaire d'inoculer les meres pendant la gestation pour obtenir rimmunite. Ce fait pourrait etrc utilise au point do vuo pratique. II sufflrait do vacciner les brebis pour avoir plus tard des agneaux invulnerables a la fievre charbonneuse.
Le charbon symptomatique presente a ce point do vue une diflference tres notable avec la flevre charbonneuse, il rcsulte d'experiences entreprises en Janvier 1881, par MM. Arloing, Cornevin et Thomas (1), que le jeune sujet pout etre aflbete
(1) Arloing, Cornevi-i et Thomas, comptcsrendus de l'Acud. des sä.noes 9 laquo;Trier 1880, t. 90, p. 739.
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— dedans le sein de sa mere, atteinte du charbon symptomatique, de la maladie complete avec infarctus musculaire, cedemes, sang virulent et microbes en batonnets, c'est-a-dire avec les lesions que Ton observe chez les adultes.
Le placenta qui retient la bacteridie formerait un obstacle impuissant a retonir la bacterie ou ses spores.
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CHAP1TRE V
DES VACCINATIONS CONTRE LE CHOLERA DES POULES
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Les Taccina ions par des virus attenues n'ont pas scnle-ment reussi dans les affections charbonneuses, on obtient des resultats tout aussi concluants dans une affection tresredouta-ble pour nos poulaillers, dans le cholera des poules. laquo; D'apres M. Pasteur (1), cette maladie debute brusquement; I'animal atteint est san s force, chancelant, les ailes tombantes. Les plumes du corps soulevees lui donnent la forme en boule. Une somnolence invincible I'accable. Si onl'oblige a ouvrir les jeux, 11 paralt sortir d'un profond sommeil. Bientöt les paupiores se referment et le plus souvent la mort arrive sans que I'animal ait change de place apres une muette agonie. G'est ä pcine si quelques fois il agite les ailes pendant quelques secondes. raquo;
Dans le cholera des poules, la crete de ces animaux devient violacee avant möme que le microbe n'existe dans le sang on bien lorsqu'il y est en quantites assez faibles pour echapper a I'observation microscopique. L'animal paralt asphyxie son sang est noir et poisseux; il se fait des hyperemies dans le poumon, des pericardites, des epanchements sereux et des exsudats flbrineux.
Le cholera des poules est une maladie contagieuse, epide mique et möme endemique dans certaines regions. Ce fait
(1) Pasteur, comptes rendus de l'Acad. des sciences, 1881, p. 739, t. 90
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avait 6te soupgonne par M. Moritz, veterinaire de la Haute-Alsace. Perroncito a demontre le premier cju'il y avait dans cetfe maladie un microbe special. M. Toussaint verifla le premier en France, les assertions de Perroncito, il determina plus exactement le role de ce microbe et essaja de le sou-mettre a des cultures; c'est a Pasteur que revient le merite d'avoir trouve le liquide favorable au developpement du microbe du cholera des poules, et les precedes particuliers qui servent il son isolement; c'est lui qui a obtenu experi-mentalement le virus du cholera des poules ä divers degres d'attenuation c'est lui qui le premier a decouvort un veritaWe vaccin artificial pour cette terrible maladie, vaccin toutaussi efficace que celui qu'il a decouvert plus tard pour la tievre charbonneuse.
Le microbe du cholera des poules se compose de tres petits articles immobiles et d'une tenuite extreme, legcrement (Strangles dans leur milieu. Ces microbes peuvent, dans certaines circonstances, se resoudre en tres petites granulations. Le microbe du cholera des poules est aorobie il se developpe dans du bouillon de poule et on ne pent point le faire vivre dans de l'urine neutre, ni möme dans une decoction filtree et sterili-see de levure de biere. II resulte d'experiences fort concluan-tes de M. Pasteur que ce sent les granulations solides qui, dans le cholera des poules, possedent toute l'action virulente. (Voy.ßg. V).
Les liquides que Ton recueille aprös filtration sur un filtre ä plätre, sur un animal malade du cholera des poules, ne communiquent point la maladie, mais ils ont une vertu nar-cotique qu'ils doivent probablement a, une substance liquide claboree par les microbes. Cette substance est une espece de diastase, un produit liquide resultat de l'action du microbe sur les tissus ou sur les liquides de l'organisme.
M. Pasteur (1) a reussi a donner I'immunite a des poules en les vaccinant une ou plusieurs fois avec du liquide de culture dont la virulence s'etait attenuee au contact de l'oxygene de Fair, dans un milieu favorable. Le liquide employe par.
(I) Pasteur, compte readu de t'Acad. des sciences, t. 92, 1880, p. 673.
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M. Pasteur pour obtenir son vaccin consiste dans du bouillon de poule neutralise; on y ensemence une goutte de sang de poule morte du cholera, et on laisse ce liquide au contact de l'air. Pendant un mois, le liquide conserve sa virulence; mais apres ce delai, on pent constater, par des inoculations, que sa virulence devient de moins en moins grande, et si Ton attendait assez longtemps, le liquide finirait par perdre com-plamp;teinent sa virulence, le microbe finissant par disparaltre. M. Pasteur est arrive, par des precedes speciaux, ä isoler 1c microbe du cholera des poules, et c'est apres I'avoir isole qu'il precede ä son attenuation.
Pour le cholera des poules comme pour la bacteridie char-bonneuse, on observe laquo; que le microbe qu'on. a destitue de laquo; l'exces de son energie par Fexposition au contact de l'air, raquo; dans le liquide oü il a ete ensemence, pent faire souche de raquo; microbes dans lesquels l'energie de la virulence se trouve raquo; contenue dans les limites mömes oü eile a ete reduite chez les raquo; ascendarts, et qu'il est ainsi possible de constituer des ra-raquo; ces speciales de microbes, pour ainsi dire assujetties, j'allais raquo; presque dire domestiquees, appropriees aux usages de raquo; I'homme, devenu mattre de profiter de ce qu'ils ont conserve raquo; de puissance pour en faire un moyen de preservation con-raquo; tre les atteintes^de la contagion naturelle dent ces micro-raquo; bes sont les instruments. raquo;
M. Pasteur se sert de virus ainsi prepare et attenue ä divers degres pour vacciner plusieurs fois et avec des vaccins de plus en plus energiques, des poules auxquelles il veut con-ferer I'immunite absolue contre le virus du cholera des poules.
C'est au bout de l'aile que Ton pratique ces vaccinations, et il resulte de nombreuses experiences que les poules ainsi trai-tees resistent de la fagon la plus complete a des inoculations qui, sans la vaccination, auraient produit la mort d'une fagon aussi sure que rapide.
M. Pasteur est done parvenu a attenuer le virus du cholera des poules ill'a transforme en un veritable vaccin, il a fait du virus möme, un preservati f contre ses propres atteintes.
Grace a l'attenuation de l'energie, de la virulence du microbe du cholera des poules, on a pu transmettre cette maladic
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sous une forme benigne, et rendre desomais invulnerable a ses atteintes, les animaux qui I'avaient subie sous cette forme. Les faits quo nous avons constates ä projios du charbon ne sent done point isoles, ils peuvent trouvcr lour application dans d'autres maladies virulentes, peut-ötre trouvera-t-on un jour le moyen de l'appliquer comme methode generale a d'autres maladies infectieuses.
Les inoculations du eliolcra des poules amenent ordinai-rement la mort d'uno fagon tres rapide; dans quelques cas cependant, I'aniinal pent resistor a I'inocnlation, vivre quel-ques jours, et memo un mois avec le parasite, mais il finit par mourir. On pout tuer les poules en leur inoculant le microbe dans le sang, c'estla un point qui distingue le microbe du cholera des poules. du microbe du charbon symptomati-que, on no peut done point chercher une methode de vaccination pour cette maladie par Finjcction intra-veineuse du parasite. Le microbe du cholera des poules pout ponetrer dans I'organismo par le tube digestif, et on le retrouve en tres grande abondance dans les excrements.
Le lapin, le cbien, ct le cheval contractent le cholera des poules; mais ces animaux resistent en general assez bien a cette maladie: chez les cocbons d'Inde, l'action de ce parasite so localise dans le point inoculc: si on inocule ces animaux, on leur donne des abeös au point d'inoculation, mais le parasite ne penötro point chez eux dans le courant circulatoire. Les poules, pour conqucrir l'immunite, ont besoin quelquefois de plusieurs vaccinations quo Ton doit faire avee des virus de plus en plus ijnergique. Les animaux appartenant ä des especes differentes ne se comportent de la memo manicre vis-a-vis des inoculations du cholera des poules. laquo; Certaines organisations, dit Duclaux sont absolument rebelles au cholera, d'autres le deviennent tres facilement, d'autres ont besoin pour conquerir l'immunitö, de vaccinations plus multiples, d'autres enfln, sont au degre minimum de la resistance. A ce!les-ci on peut faire remonter la pente et les vacciner au degre qu'on veut.
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Chaque operation a son action propre. Ce sont des marches d'un escalier, sur lequel tous les individus d'une mSme es-pece se trouvent repartis a des niveaux differents par suite de
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differences naturelles qui tiennent a l'inegalitö des constitutions et des faits d'heredite et de differences accidentellcs qui resultent de vaccinations iaconscientos. raquo;
Les differentes espeees animates prcsentont au microbe des conditions de milieu variable, et c'est a ceiaque tiennent la specialisation des diverses maladies virulentes. Dans une meme espece, il y a des conditions individuelles qui peuvont donner rimmunitc; chez certains sujets l'action mömo du microbepeut avoir dejä modifielarecoptivitoderorganisme, on agissant a tres petite dose par vaccination inconscientc, sans produire I'infection proprcment dite. Pour le cholera drs ponies, comme pour Faffection cliarbonueuse. il est probable que, I'animal atteintde la maladio peut transmettre Timmunite a son produit, e'est la une condition de resistance dont on doit toujours tenir compte dans l'etude des maladies virulentes.
M. Pasteur a Signale, ä propos du cholera des poules, un fait fort interessant qui pourra trouver peut-etrc plus tard une application pratique dans les vaccinations.
Ayant remarque quo le developpement do la bactcridie charbonneuso ctait lent et penible dans im liquide epuise par le microbe du cholera des poules. il a etc conduit a conclure que les poules vaccinees du cholera devaient etro rofrac-taires au charbon, et I'experienco a justifiö cette induction.
M. Toussaint a obtonu Fimmunite. pour lo cholera des poules, en inoculanta des poules du sang de lapin mort de septicömie. Avec certaines varictcs do sopticemics, on pourrait, dit-il, faire un vaccin pratique qui permettrait d'arreter les epizootics si graves que Ton observe si souvent sur les oiseaux de basse-cour. II suffirait, pour öviter toute depreciation, d'ino-culer les animaux ä rextrcmito de lailo.
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CHAPITRE VI
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DES VACCINATIONS CONTRE LA SEPTICEMIE
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La septicemie est encore une maladie a microbes pour laquelle on a reussi ä trouver une vaccination. C'est ä ce titre que je crois devoir en parier ici. Cette maladie fait de cruels ravages dans l'espece humaine, et chez un grand nom-bre d'animaux. En examinant au microscope le liquide mus-culaire ou la serosite qui remplit I'abdomen d'un animal mort de septicemie, on trouve: (1)laquo; des vibrions mobiles, quelquefois trös allonges, quelquefois tres courts, rappelant les formes des ferments des matieres albuminoides et pouvant presenter comme eux des formes en olives ou en battants de cloche, avec une spore a Tune des extremites; dans le sang, le vibrion de la septicemie est tres rare, il y prend une longueur demesuree et sa refringence, tres voisine de celle du serum, le rend difficile a apercevoir. On flnit pourtantpar le decouvrir, rampant flexueux, se glissant au milieu des globules du sang, comme un serpent au milieu des feuilles mortes. raquo; (Voy. ßg. VIJ.
Dans la septicemie, on trouve apres la mort, les muscles träs enflammes, la rate diffluante, le foie et les poumons deco-
(1) Pasteur, comptes rendus de VAcadimie des sciences, 1877, 4878 et 1879, bulletin Acad. de mtdecine, 1878.
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lores et le tissu eonjonctif emphjsemateux. II s'est fait une veritable putrefaction surlevivant.
M. Pasteur a reussi ä isoler le vibrion septique par des cultures artificielles, il a fallu l)OUI• ce microbe des precedes spceiaux, car le vibrion septique est un etre anaerobic. C'est encore au vibrion qu'est dd la virulence du sang septique. Si Ton filtre du sang septique sur un filtre a plätre on peut faire impunemeat des inoculations avec le serum de ce liquide. La virulence de la septicemie doit done etre attribuoe aux microbes du virus septique.
Tons les animaux ont dans lour intestin le vibrion septique, ce vibrion passe dans la serosite, dans les humeurs, dans le sang dos parties profondes, lorsqueranimalestmort et lorsque la putrefaction commence dans les tissus. Les ger-mes de la septicemie ont une existence banale, on les rencontre partout, ce sont les conditions favorables a leur penetration dans i'organisme qui leur manquent, et la nature memo du milieu qui s'oppose ä leur developpement.
Le vibrion septique se cultive tres bien dans du bouillon de Liebig, rendu alcalin et sterilise par I'action d'une temperature do 115deg;. On pent obtenir par ce precede la diminution de la virulence sans la fairc disparattre; on pcutattonuer le virus, mais on pent aussi revenir ä la virulence en culti-vant le microbe dans du serum sanguin charge de coagulum fibrineux. La nouvellc culture fournira un vibrion tres septique, tuant par exemple a 1 2000 de goutte, e'est-a-dire qu'on obtiendra sürement la mort d'un lapin, en mettant dans deux litres d'eau un centimetre cube du liquide do culture et en ino-culant une goutte do melange.
MM. Coze et Feltz (1) ont demontre, a Taide d'experiences, quo la virulence do la septicemie se renforcait par des transmissions successives. Ces experiences ont ete repetees avec succes et controlees par Davaine.
En se transmettant d'un animal ä un autre, les proprietes virulentes des liquides et des tissus animaux deviennent de
(1) Coze et Feltz. experiences sur la septicemie, 1866 et 1872.
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plus en plus energiques. On pent done attenuer le virus de la septicemie, ou le renforcer a volonte. L'air detruit rapidement le virus septicemique qui est essentiellemcnt anaerobie; ce fait experimental pent avoir, au point de vue de l'hvg'iene et delapropliyllaxie des maladies virulentes, des applications des plus considerables. On a applique avec succös l'eau oxygenee au traitoiuent des plaies; le pansement, largement ouvert, a donne ä quelques chirurgiens autant de succes que le panse-inent antiseptique.
La methode d'attenuatiou des virus, imaginee et experi-raentee par M. Toussaint, a ete appliquee ä Dorpat (1) par M. Semmert ä la septicemie des lapins. Get experimenta-teurpretend avoir constate quedu sang septicemique de lapin, chauffe ü 55deg; pent etre impuuement injecte dans le tissu cel-lulaire de cequot;; animal.
Ce qui est infiniment plus curieux e'est que ces lapins, ainsi inocules, devienuent refractaires au sang de rate, ils deviennent aussi indemnes vis-a-vis d'autres liquides in-fectieux; en injectant du sang d'animaux morts de gangrene, de typhus, on ne parvient plus a determiner leur mort. II semble, dit M. Boulev, que le sang septicemique ct chauffe, contient uno substance qui empöche le de-veloppement de tout ferment infectioux.
Le virus septicemique peut done etro attcnue, comme le virus charbonneux ct transforme en virus vaccinal; I'immu-nite qu'il confere, quand il est devenu vaccin, est une im-munite a effets multiples, puisque le lapin vaccine par lui se trouverait invulnerable tout ä la fois et ä la septicemie et au sang de rate et aux ferments du sang d'animaux morts de gangrene ou de typhus.
Le virus de la septicemie peut done etre vaccinifie.
II est done possible de substituer un virus vaccinifie a un autre pour donner rimraunito, contra une maladie autro que celle que ce virus possöde.
C'est la un point fort curieux de l'histoire des vaccinations
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(1) Revue scientißque, •I't Janvier 1881.
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qui pourrait un jour trouver des applications des plus im-portantes. Les experiences sur la septicemie des animaux ne peuvent point nous faire prevoir ce que Ton pourrait obtenir pour la septicemie de riiomme. Les septicemies (1) des animaux different entre elles, et Ton est encore loin de s'ontendre sur leur relation et sur la possibilite d'obtenir chez eux I'immunite par les memes moyens.
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(I) Koch, Untersuchungen ueber die OEtiologie der Wund infections Kran Kheiten, Leipsick 1878.
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CHAPITRE VII
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DE LA VACCINATION CONTRE LA VARIOLE
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La variolö est la premiere des maladies eontagieuses pour laquelle on ait employe les inoculations preventives. Tout le monde salt comment Jenner fut amene ä inoculer le cow-pox des vaches, a des enfants pour leur conferer I'immunite contre la variole.
Dans le comte de Glocester qu'il habitait, Jenner avait observe que les personnes, bommes et femmes, employees ä soigner et atraire les vaches etaient communement epargnees par la variole. II savait, d'autre part, que ces personnes con-tractaient souvent sur leurs mains des pustules en touchant le pis des vaches, lorsque ces vaches presentaient une eruption spcciale, le cow-pox. Rapprochant ces deuxfaits, il en comprit et la filiation et la relation et il fut amene a experimenter les proprietes prophylactiques de la vaccine. II inocula ä un enfant, de la serosite puisee dans une pustule d'une jcune servante de ferme, qui avait contracte le cow-pox, grace a une egratignure de sa main, en trajant une vache atteinte de cette maladie. L'eruption vaccinalefut tres nette et par deux fois on put constater que cette enfant etait absolument refractaire au virus varioleux qu'on essaya de lui inoculer. Jenner observa egalement que les marechaux-ferrants ötaient souvent indemnes de la variole, il sut qu'ils etaient exposes a contracter aux mains des pustules lorsqu'ils
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touchaient des chevaux attoints d'eruptions pustuleuses aux jambes. Des ouvriers qui avaient eu des pustules de ce genre, furent soumis sans succes a l'inoculation de la variola. Willam Jenner etablit en outre trcs bienles rapports qui existaient entre le horse-pox et le cow-pox. II montra par des experiences que la maladie eruptive que Ton voyait aux pieds des chevaux leur etait communiquee par les vaches. II etait con-vaincu que le horse-pox se transmettait le plus souvent a ces animaux par l'intermediaire des hommes ou des femmes appe-les a donner en möme temps des soins dans les mömes fermes aux chevaux et aux vaches.
Jenner a done etabli les relations intimes du horse-pox, du cow-pox et des eruptions vaccinales. L'identite de ces trois maladies susceptibles de passer du cheval au boeuf, et du bceuf a Fhomme, a ete prouve par un grand nombre d'expe-riences des plus concluantes. M. Bouley a expose dans tous ses details, avecles soins les plus minutieux, toute I'histoire de cette grande question, si souvent discutee devant les Academies et les Societes savantes. Pour lui le veritable horse-pox sore-heel's de Jenner, la maladie de Loy ne sont point raffec-tion que Ton designe communement en Angleterre sous le nom de grease, et en France sous celui d'eauz-aux-jamies.
Le veritable horse-pox, serait une maladie eruptive-caracte-risee tout a la fois par une eruption confluente de la peau du bas des jambes, avee flux humoral considerable et par une eruption generalisee sur le corps et tout particulierement autour des narines et des levres. Le veritable horse-pox serait susceptible de donner ä la fois le cow-pox ä la vache et la vaccine äl'homme; la vaccine a son tour, pourrait donner le cow-pox et le horse-pox. Les insucces de quelques experimenta-teurs tiennent a Ferreur faite quelquefois sur le caractamp;re du veritable horse-pox. La maladie eruptive commune au cheval, au boeuf et a I'homme, possede le privilege de donner I'im-munite ulterieure centre une autre maladie de möme ordre, contre la variole. La vaccination est tout aussi efflcace avec le horse-pox et le cow-pox, qu'avec les pustules vaccinales humaines, ces maladies sont identiques.
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Les relations du cow-pox, du horse-pox et de la vaccine ont ^te resumees par M. Bouley (1) de la fagon suivante :
laquo; 1deg; Le horse-pox est produit par l'inoculation du cow-pox au cheval;
2deg; Le horse-pox engendre du cow-pox inocule ä la rache, donne lieu ä des pustules de cow-pox qui, inooulees a 1'enfant, donnent la vaccine;
3deg; Le horse-pox engendre du cow-pox, inocule ä l'enfant, donne la vaccine;
4deg; Le vaccin humain engendre du horse-pox inocule au cheval et a l'äne, donne le cow-pox;
5deg; le vaccin humain engendre par le horse-pox, inocule ä la genisse, donne lieu ä un beau cow-pox;
6deg; Le horse-pox engendre du vaccin humain, issu du horse-pox inocule a l'enfant, donne lieu ä des pustules avortees et fausses reconnues telLs par la contre-epreuve de l'inoculation vaccinale;
7deg; Le cow-pox engendre par le vaccin humain issu du horse-pox inocule ä des enfants, donne lieu a. un tres beau vaccin;
8deg; Le cow-pox engendre par le vaccin humain issu du horse-pox inocule a des genisses engendre le cow-pox.
II resulte cependant des experiences signaleespar M. Bouley, que l'organisme du cheval constitue un milieu de culture moins favorable que celui du bceuf et de l'homme pour le develop-pement, l'entretien et la conservation du vaccin avec toute son activite. raquo;
La variole humaine est une maladie epidemique et conta-gieuse, ceux qui I'ont contractee une premiere fois, sont desormais refractaires ä cette maladie. C'est encore une maladie u, microbe; M, Joljet (2) a parfaitement constate I'exis-tenced'un nombreinfinide corpusculeselementaires,especesde micrococcus ä reflet bleuätre, dans le sang des pigeons atteints de variole, dans la variole du pore, dans celle de l'homme, dans le sang et dans la lymphe des genisses inocules avec du cow-
(1)nbsp; nbsp;Bouley, le progriis en midecine par VexpMmentation, p. •199.
(2)nbsp; Jolyet, comptes rendus de l'Acad. des sciences, 27 juin 1882, p. 1,322 t. 94.
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pox. On voit aussi des microbes dans le sang des enfants, quel-ques jours aprts l'inoeulation de la vaccine, les memos microbes ont ete retrouves chez un pore qui avait subi l'inoeulation vaccinale. On trouve des microbes du msect;me genre dans la serosite des pustules vaccinales et dans celle qui est contenue dans las boutons de la variole. Chez le pigeon, des la periode d'inoculation de la variole, ces corpuscules abondent dans le sang, ils sont moins abondants vers la fin de la maladie. Au moment oü la maladie est nettement caracterisee, ditM. Jolyet, ces corpuscules sont en nombre incalculable et occupent en quelque sorte, tout le champ du microscope. Certains de ces globules sont accouples ou gemines, d'autres sont en series sous forme de chalnettes. G'est sur ce fond que se detachent les globules rouges normaux et les corpuscules lymphatiques, immobiles par eux-m6mes. Tout le reste de la preparation est dans un mouvement incessant. (Voy.fig. VII et VIII).
En outre de ces corpuscules elementaires vivants et mobiles, on en remarque d'autres plus volumineux dont le diametre varie de 0,001 ä 0,003mm. Ces elements ont une forme legerement ovoide. Dans certains cas, M. Joljet a trouve un grand nombre de petites cellules en cupules immobiles. J'ai eu Toccasion de constater nombre de fois, dans le laboratoire de ce professeur,les microbes de la variole, et ceux de la vaccine on ne saurnit elever le moindre doute sur leur existence, ce sont des micrococcus ä reflet bleuätre qui sont certainement les microbes specifiques de la variole humaine; ontrouve il est vrai les memes microbes dans la vaccine et dans les varioles d'un certain nombre d'animaux, bien que ces maladies ne soient pas identiques, mais il est probable que parmi ces infiniments petits, l'analogie de forme n'implique pas l'identite de fonction. Entre deux microbes voisins appartenant aumeme genre, les differences qui caracterisent les especes peuvent parfaitement nous echapper.
M, Chauveau a Signale l'existence de granulations elementaires qui sont de veritables micrococcus, dans les pustules de la clavelee, les memes organismes ont ete vus dans les pustules de la variole par Laginbuhl, par quot;Weigert.
J'ai pu voir, avec M. le professeur Joljet, le virus vaccinal
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— ölet le pus des pustules varioliques. Dang le vaccin on trouve des microbes simples ou gemines et relativement assez disse-mines; ces microbes peuvent s'accoler aux parois des globales de sang auxquels ils donnent une forme epineuse. Dans le sang d'une genisse qui avait subi l'inoculation du cow-pox, au cinquieme jour, il existait de nombreux microbes, soit libres, soit accoles aux globules rouges du sang, soit contenus dans les globules blancs. Dans les pustules varioliques les microbes sont souvent en series, on y rencontre de nombreux corpuscules granuleux. Dans le Systeme Ijmphatiqne les microbes sont tres nombreux. Chez un individu mort en pleine Eruption, cinq heures apres lamortj M. Joylet a trouve, dans la citerne de Pecquet, des quantites de microbes simples et accouples, quelques microbes en chalnette. (Foy. fig. VII).
Le microbe de la variole peut etre cultive dans des milieux artificiels sterilises; dans ces conditions, il se developpe et conserve sa virulence, il ne reste plus qu'un point important a realiser, c'est de trouver le moyen d'attenuer ce virus pour lui faire jouer le röle de vaccin,
La vaccine est-elle identique ä la variole, une variole atfe-nuee? Cette theorie soutenue avec beau coup de talent en 1863 par M. Depaul, a ete renversee par les experiences de la Commission nommee par la Societe des sciences medicales de Lyon. II resulte d'experiences fort bien faites que la vache inoculee de la variole ne rend pas la vaccine; eile rend, dit M. Bouley, ce qu'on lui avait pröte et en monnaie identique, c'est-a-dire qu'elle rend la variole, l'inoculation de la variole au cheval a donne les mömes resultats, des enfants inocules avec des pustules provenant d'inoculations varioliques au cheval et au boeuf ont contracte la variole.
Robert CeelyT, medecin de l'höpital du comte de Buckingham, pretend avoir obtenu le vaccin en inoculant la variole ä des genisses. II resulte de l'examen des faits qu'il cite ä l'appui de son assertion, que la variole qu'il a inoculee a la vache, est restee la variole chez cet animal, comme dans les experiences de Lyon, et qu'elle est revenue variole sur I'organisme humain oüelleaöte transplantee. Les experiences de Thiele, medecin k Kasan (Russie), ne sont pas plus demonstratives que celles de
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Ceely, mais il semble resulter de l'ensemble des faits prösen-tes par ces deux experimentateurs qua le virus varioleux subirait uno attenuation en passant par l'organisme de la vache; les eruptions varioliques qui ont ete le resultat des inoculations faites avec des pustules varioliques de la vache paraissent avoir ete presque toujours benignes. A defaut de veritable vaccin, peut-etre pourrait-on avoir recours avec avantage ä ce mojen de preservation pour pratiquer avec moins de danger la variolisation.
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CHAPITRE VIII
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DE LA VARIOLISATION ET DE LA CLAVELISATION
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De la variolisation
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Lavariolisationestune methode qui consiste ä communi-quer par inoculation la variole ä. titre preventif. Cette methode est basee sur des faits qui tendent a etablir que l'inocu-lation substitue a une maladie greneralement grave, une autre maladie qui Test moins. On la fait naitre a l'heure la plus pro-pice pour son evolution et dans les conditions les meilleures pour les sujets inocules, et on obtient ainsi une immunite qui rend invulnerable aux influences de la contagion naturelle. La variole inoculee se borne quelquefois a des eruptions loca-lisees, eile laisse des stigmates pen marques, ä moins de conditions toutes speciale de receptivite qu'il est impossible de prevoir. La variolisation etait pratiquee depuis un temps immemorial en Asie et en Afrique, on y avait recburs en Georgie et en Circassie, ä Constantinople. C'est Lady Mon-taigue, la femme d'un ambassadeur anglais a Constantinople, qui I'introduisit en Europe en 1721. La variolisation eut beau-coup de peine ä s'introduire en France, Voltaire et La Con-damine la preconiserent, le due d'Orleans se fit inoculer avec succ^s, ce n'est que plus tard que le Parlement en 1763 et la
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Faculte de Medecine de Paris en 1768, finirent par autoriser offlciellement cetto medication prophylactique.
La variolisation so pratiqaait par incision, parvesicatoire, ou par seton on flnit par remplacer cos divers modes d'inocu-lation par la piqöre ä la lancctte. Gertaines precautions etaient prises aumomentde Finoculation pour mettre les malades dans lesmeilleures conditions d'evolution de la maladie; les accidents etaient relativoment assez rares. La variolisation rcndit en Europe d'immenses services en diminuant les chances de mortalite par la variole naturelle et par ses complications.
La variolisation est encore en honneur en Algerie : parmi les Arabes, on la pratique journellcment et sans accidents graves, et e'est 1:1 uno ressource tres utile pour ceux qui ne veulent point accepter le vaccin dans ces pays. L'Arabe a beaucoup de repugnance ä se faire vacciner; on est fort heu-reux qu'il veuille bien avoir recours a la variolisation comme moyen prophylactique.
II resulte cependant de renseignements fournis par nos me-decins militaires que la repugnance des Arabes a la vaccination, disparaitrait de jour en jour ; e'est par milliers que Ton compte aujourd'hui en Algörie et en Cochinehine les vaccinations, les bienfaits de cette pratique dans ces deux pays ne laissentpoint le moindre doute.
M. Bouley (1), vient de proposer il y a quelques jours a peine, de pratiquer chez les Arabes, la variolisation avec un virus varioleux dilue par un precede analogue ä celui que M. Peuch, de Toulouse, emploie pour la clavelisation ; cette methode ne tardera pas a ötre experimentee, et il est probable qu'elle diminuera les dangers de la variolisation.
II ne serait point raisonnable de vouloir substituer cette methode ä la vaccine dont I'innocuite est absolument re-connue, mais les essais de variolisation avec des virus atte-nues, seraient parfaitement legitimes chez les Arabes qui tiennent encore a subir la variolisation.
M. Bertherand qui exerce depuis longtemps avec la plus
(I) Bouley, Comptes rendus ds I'Aca'Mmie de intdec'ne, stance des Set 10 uctobre Ib82.
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grande distinction la medecine en Algerie, eroit que sous le climat d'Afrique la variolisation est toujours bien preferable a la vaccination. On ne ferait done aucun tort aux Arabes, en les soumettant, quand ils le desireraient, ä la variolisation avec les virus dilues.
La vaccination consiste a donner ä l'homme une maladie benigne, qui le rend refractaire ä une autre maladie tres grave. Le cow-pox ressemble beau coup a la variole mais il ne lui est pas identique.
La variolisation a pour but au contraire de ccmmuniquei la maladie contagieuse au moment qui paralt le plus favorable en choisissant le virus sur des sujets a variole benigne, Lv, variole inoculee etant presque toujours moins grave qu'une variole naturelle, on arrive a obtenir sans beaucoup de danger I'immunite par ce moyen; ces dangers n'existent en aucune fagon dans la vaccination.
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De la Clavelisation.
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On a employe des methodes analogues ä la variolisation pour un grand nombre de maladies contagieuses chez les ani-maux, nous ne ferons que signaler en passant les diverses tentatives qui ont ete faites dans ce sens, par divers experi-mentateurs. II etait tout d'abord naturel d'essayer la variolisation dans des maladies analogues a la variole, chez diffc-rents animaux. On a applique cette methode d'inoculation preventive a la variole des moutons ä la clavelee.
La clavelee se manifeste par une eruption de boutons dans les plis de reunion de la poitrine et des membres anterieurs. dan^ ceux du ventre et des membres posterieurs, I'eruption se montre ä la face interne des avants bras et des cuisses, autour de la bouche et des yeux. L'evolution de cette eruption presente les plus grandes analogies avec I'eruption de la variole humaine.
La clavelee n'est point cependant identique a la variole humaine, on ne donne point la clavelee au mouton auquel on inoculc la variole, la clavelee ne donne point a l'homme la variole, ni
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— Gönne eruption capable de jouer le role de vaccin, ainsi que I'avait cm le docteur Sacco, de Pesare, les experiences du docteur Voisin faitos a Versailles Tent parfaitement demontre.
La vaccination essayce sur le mouton ne lerend pas refrac-taire a la clavelco, cependant la vaccination rend la clavelee, plus benigne quand les animaux vaccines viennent a contrac-ter cette maladie.
La clavelee comme la variole dit M. Bouley, n'est pas susceptible de rocidive, I'animal qui la contractee une fois est a l'abri desormais de ses atteintcs.
La clavelee, comme la variole, revöt generalement des caracteres de plus grande benigmite quand eile est trans-mise artificiolloraont, que lorsqu'elle a penetre dans I'orga-nisme par la voie ordinaire de la contagion. II devient done possible, par Finoculation, d'assurer I'immunite aux trou-poaux, non pas contre la clavelee, puisque Finoculation a pour resultat de la donner, mais contre ses plus mauvaises chances, et de reduire ainsi dans des proportions qui peuvent 6tre insigniflantes, les pertes que cette maladie est susceptible de causer. On a pu, grace ä la clavelisation, n'avoir que 1 pour 100 de mortalito tandis que la clavelee naturelle don-nait de 25 a 50 pour 100 de pertes ; cependant il faut avouer quo depuis quelque temps, la clavelisation a du ötre aban-donnce dans certaines regions du Midi de la France, oü l'importation des moutonsalgeriens se fait sur une tres grande echelle, il y a eu des cas tres graves qui ont suivi les inoculations et on a du j renoncer.
M. Peuch (1), de Toulouse, vient, il y a quelques jours ä peine, de communiquer a I'Academie le medecine, un nouveau precede de clavelisation, qui permet d'obtenir sans danger Timmunite contre la clavelee. Non3 extrayons les passages suivants de sa communication :
raquo;Vivement frappe dos pertes que !a clavelee occasionne chaque annee, a nos eleveurs du Midi, je me suis applique, depuis plusieurs mois, a chercher un precede de clavelisation
(I) Peuch, Bulletin de l'Acaitdmie de Midecine, 19 septembre ISSä, p. 10 18.
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dont les suites seraient simples et imllement dangereuses. Attenuer les effets de la clavelisation de maniere a n'obtenir qu'une reaction inflammatoire modereo tout on eonforant aux sujets inocules rimmunitö claveleusc, telest le but que je me suis propose d'atteindro.
raquo; Ayant eu Toccasion ä l'Ecole veterinaire de Lyon, en 1871 de suivre les experiences de M. Ohauveau sur la vaccine e* mßme d'y participer, je n'avais point onblie que les injections sous-cutanees de vaccin conterent rimmunito quot;accinale aux bStes bovines et cela sans qu'il survionne autre chose qu'une nodosite au lieu de l'inoculation sans aueune eruption locale ou generale. D'autre part, en reflechissant ä la grande richesse du claveau en elements corpusculaires ou germes — richesse demontree par les belles experiences de M. Ohauveau (1) —je me suis demande si Ton ne pourait pas, en diluant couvena-blement le claveau et l'injectant en quantite dotcrmiuee dans le tissu conjonctif sous-cutane, diminuer les accidents de la clavelisation etreduire la mortalite a la plus petite proportion oossible.
Dix-sept moutons ont ete clavelises par la methode sous-cutanee : huit avec du claveau dilue au vingtieme, quatreavec du claveau dilue au trentieme, et cinq avec du claveau dilue au cinquantiome; aucun d'eux n'a succombo, et tons ont acquis I'immunite claveleuse. Ces clavelisations ont ete pratiquccs les 23 avril, 17 et 31 mai, 2i juin derniers, e'est-a-dire par des temperatures atmospheriques de 15deg;, 21deg;, 25deg;, 28deg;, centi-grades. Apres chacune d'elles, les sujets ont ete enfermes dans de petits locaux d'oü ils ne sortaient point; leur nour-riture a consiste en luzerne seche d'assez bonne qualite.
On voit, d'apres ce qui precede, que les effets de la clavelisation sous-cutanee varient en intensite suivant la dilution employee, sans qu'il existe toutefois de differences bien sensibles entre le degre d'activite des melanges au vingtieme et au trentieme. Mais une attenuation tros manifeste se produit
fl) TMorie de la contagion midicale.{Com{ites rendus de I'Acadtlmie des sciences. 1868.)
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quand la i^roportion d'eau augmente et que le litre du melange egale un einquantieme.
Ces resultats me conduiscnt a penser qua Ton pent encore diminucr l'activite virulente du claveau, tout en lui conser-vant la propriete de conferer I'immunite claveleuse, en abais-sant le titre du melange de maniere ä n'avoir plus qu'une partie de claveau pour 60, 80, 100 ou 120 parties d'eau dis-tillee, et en se contentant d'injecter un quart ou peut-6tre un huitiömo de division. Ma troisieme serie d'experiences demon-tre en effet que quand on diminue ä la fois le titre du melange et la quantite injectee, on obtient une reaction inflamma-toire moderee et prcservatrice. raquo;
II y a dans les experiences fort interessantes de M. Peuch, une nouvelle methode d'attenuation des virus qui pourrait trouver son application dans d'autres maladies virulentes que la claveleo.
M. Bouley a propose de faire a ce sujet, des experiences sur le virus varioleux, dans les pays oü, comme en Afrique, on pratique journellement encore la variolisation.
La dilution du virus varioleux dans de l'eau, dans du lait, dans des dissolutions salines, avait ete autrefois experimentee sans succes, mais l'injection sous-cutanee du virus, et le titre mamp;me de sa dilution peuvent changer beaucoup les conditions de son absorption.
M. Jules Guerin attribue en partie les effets locaux du virus claveleux ainsi inocule, a son absorption sous-cutanee, il admet qu'en employant des piqüres directes de la peau, on complique le fait de Tinoculation des effets produits par la plaie cutanee, exposee et impregnee de la substance virulente. En vaccinant par la methode sous-cutanee, M. Jules Guerin pretend pouvoir obtenir les resultats utiles de la vaccine sans pustules vaccinales.
Un de mes anciens collaborateurs M. Pouquier, medecin ve-terinaire des plus distingues, directeur de l'Institut vaccinal de Montpellier, m'ecrivait il y a quelques jours, qu'il avait obtenu chez la genisse I'immunite vaccinale sans developpe-ment de pustules, en faisant, ä l'aide delaseringue de Pravas, des injections sous-cutanees de cow-pox. Les experiences
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de M. Peuch sont fort interessantes et son proc^de nous mettra probablement ä l'abri des nombreux insucces que la clavelisation avait rencontres dans la pratique. Peut-6tre m6me. pourra-t-on un jour, tirer partie de ce precede centre la variole de l'homme.
Au mois de mars 1882, M. Pourquier aTait obtenu sur les moutons Fimmunite centre la clavelee, en injectant du claveau dilue dans de l'eau distillee ä l'aide de la seringue de Pravaz. M. Pourquier avait möme annonee au mois de juin, ä la Societe d'agriculture de l'Herault, qu'il avait des precedes speciaux de culture qui lui permettaient d'obtenir, pour la clavelisation, un virus tres liquide et entierement debarasse de tout globule sanguin. La possibilite d'obtenir des vaccins en diluant les liquides virulents de la clavelee nous est done affirmee par les experiences concordantes de MM. Peuch et Pourquier, et M. Pourquier paralt möme avoir eu sur ce point la priorite sur M. Peueh, de Toulouse. Apr^s cette inoculation, I'immunite pouvait 6tre obtenue sans qu'il existät aucune eruption de pustules au niveau du point d'inocula-tion.
M. Pourquier a eu I'occasion d'observer dans le Midi de la France jusqu'ä 50 et 60 p. 100 de perte avec les anciens pro-cedes de clavelisation. Ces echoes apparents de la methode sont exceptionnels, mais lä ou on les rencontre, ils pourraient bien tenir a ce que Ton inocule aux moutons d'autres microbes que ceux de la clavelee. Les nouveaux precedes de vaccination paraissent appeles a rendre la clavelisation presque toujours inoffensive, ils peuvent done rendre ä l'agri-culture de tres grands services.
II y a deux ecueils ä eviter dans la clavelisation : premiere-ment de ne point injector un virus trop riche en microbes, e'est lä ce que Ton pent obtenir en usant du mode d'atte-nuation employe par M. Peuch; deuxiemement n'injecter que le microbe de la clavelee et eviter surtout d'injecter le vibrion septique. On inocule bien souvent la clavelee avec du sang et avec des liquides contenant diverses impuretes qui sont capables de compliquer les resultats ulterieurs de l'inoculation.
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-TO-Il serait done important non-seulement d'attenuer le virus, mais de i'isoler pour I'emploTer seul.
Les procedes de MM. Peuch et Pourquier seront rapide-meut essayes sur un nombre plus considerable d'animaux et nul doute que nous ne sachions tientot a quoi nous en tenir en nous basaut sur un plus grand nombro d'experiences et e'est alors seuloment que nous pourrons reellement afiirmer la valeor reelle de cos nouvclles methodes d'attenuation des virus.
M. Toussaint (1) pretend avoir cultive le virus de laclavelee dans du bouillon de viande de raouton, de boeuf, de lapin et meme de levure, il y a vu s'y developper des spores et des bacteries. Los bacteries seraient, d'apres Toussaint, petites et fort agiles, elles douncraientnaissance a des spores legere ment ovales et tres refringentes. Les liquides de culture inocules donnent lieu ä des eruptions, mais rien ne prouve que ces eruptions soient identiques ä la clavelee, on ne s'est pas assure si Taffection eontractee conferait une immunite ulterieurc, et s'il s'agissait bien lil d'un virus attenue. Les microbes decrits par M. Toussaint ne sont autre chose que les ferments ordinairos des substances albuminoides.
M. Chauvcau a montre que le virus claveleux filtre etait ab-solument inactif; ä l'aide d'experiences tres concluantes il a montre que ses proprietes virulentes residaient dans ses par-ticules figures, dans ses elements granuliformes. II existe dans la variole du mouton des microbes du möme genre que ceux que Ton rencontre dans le sang et dans la lymphe des animaux. On trouve des microbes prcsque identiques pour la forme dans le liorse-pox, dans 1c cow-pox, dans la variole humaine, dans lapicote des pigeons, des pores et des oies, etc., etc. Les elements granuliformes decrits par M. Chauveaune sont autres que les microbes eux-memes de ces maladies virulentes.
II existe cbez differents animaux, des maladies dent le caractere se rapprocLe beaucoup de la variole humaine.
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(I) Toussaint, ComytesrendusdeVAcadimie des sciences, 44 Kvrier 1881, p. 362, t. 92.
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M. le professeur Jolyet (1) a etudiö avee beaucoup de soin la variole du pigeon, et il a trouve dans le sang, de ces animaux des microbes excessivement petits, de veritables micrococeus. Des microbes du memo genre et de la möme forme existent dans le sang des varioleux et dans le iiquide des pustules vaccinales ^Foy. y/y. Vet VI). Mais I'antilogie de forme ne pent point nous donner l'assurance de l'idontitc de nature. M. Jolyet assimile la picote du pore, celle du chien, des pigeons, des oies, des dindons, de la vache et du cheval, mais il est sür que Ton ne peut point obtenir avec tons ces virus une mßme maladie chez ces differentes especes. Le vaccin qui confere I'immunite pour la variole humainc, ne donne pas I'immunite pour cliacune de ces varioles; si toutes ces maladies etaient identiques, le m6me vaccin leur serait applicable.
La variole humaine eommuniquee ä ces diiferents animaux ne se transforme pas, eile ne devient ni vaccin, ni cow-pox, ni horse-pox. La variole que Ton donne aux moutons ne devient pas la clavelee.
La maladie des chiens, la peste bovine et la gourme ont etc rapprochees de la variole; on a pratique dans toutes ces maladies l'inoculation et la vaccination, on cherche ä obtenir pour eile des virus attenues, mais lesresultats obtenus ne sont pas encore assez certains pour que Ton puisse Ctrebien fixe sur la valeur reelle de la medication prophylactique proposee pour ces maladies.
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(4) Jolyet, Camptet rendus de l'Xcadimie des sciencees, 27 juia 1882, t. 94, p. 1322.
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GHAPITRE IX
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DES INOCULATIONS PROPHYLACTIQUES CONTRE LA PERI-PNEUMONIE CONTAGIEUSE ET CONTRE LA FIEVRE APHTEUSE
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Peripneumonie oontagieuae.
On a eu recours avee succes a une methode analogue a la variolisation et a la clavelisation dans une maladie contagieuse et souvent fort meurtriere pour I'espece bovine dans la peripneumonie contagieuse.
Gette maladie pent se transmettre par contagion directe et ' par vole de cohabitation.
Quelquefois Finfluence contagieuse, dit M. Boulej (1), se traduit par de simples phenomenes de toux qui sent les indices de l'impregnation virulente, sous forme benigne; quelques animaux paraissent m6me refractaires a cette maladie. Les vaches atteintes une premiere fois de peri-pneuraonie sont desormais refractaires. II en est de möme de celles chez les-quelles Finfection s'est seulement manifestee par de la toux. On pent admettre que les animaux qui resistent a la maladie se sont vaccines ä des doses inflnitesimables, leur immu-nite s'expliquerait par une espece' de vaccination spon-tanee.
(I) Boulcy, du progris en nmecine par I'expMmenlalion, 1852.
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La peripneumonie contagieuse exerce en Europe de tres gramls ravages sur I'espece bovine, eile se manifeste a, I'etat aigu ou a I'etat chronique. A I'etat aigu, I'animal presente une acceleration de mouvement des flaues, a l'auscultation on constate que le murmure respiratoire a diminue, on entend des souffles bronchiques, a la percussion il y a de la matite, la toux est suche, petite et frequente. Bientöt il y a de lanasarque, la rumination est suspendue, on constate de la sensibilite le long de la colonne vertebrale en arriere du garrot, il y a un jetage blanchatre et visqueux.
Cette maladie pent se terminer par de la gangrene, ou bien si eile ne guerit pas, ellc prend la forme chronique, les pou-mons sent envahis progressivement par de l'hepatisation.
Le docteur Villems de Hasselt aquot;Signale dans les liquides qui suintent des poumons, dans la peripneumonie, la presence de corpuscules particuliers. MM. Bruylandts et Verriest ont essaye d'isoler par des cultures ces corpuscules d'autres corpuscules septiques, mais ils n'y ont pas encore reussi.
Le docteur Willems, de Hasselt, a soumis les boeufs a des inoculations preventives avee le virus de la peri-pneumonie, ct il a obtenu I'immunite contra cette affection. II emploiepour l'inoculation, le liquide qui suinte a la surface des coupes du poumon malade et e'est ä l'extremite de la queue que ce liquide est inocule. Ces inoculations out pu, accidentellement, ame-ner la mort, cependant, presque toujoursles sujets ainsi Tac-ciues resistent ä l'invasion de la peri-pneumonie. L'inoculation caudale de la peripneumonie, donne la fievre propre au germe de cette contagion, sans que des localisations pulmonaires se produisent et a la suite de cette fievre I'immunite est acquise. En Hollande, en Belgique, en France, des experiences fort concluantes ont mis hors de doute Lutilite de l'inoculation caudale. Cc mode de vaccination est obligatoire en Hollande, et ce pays paralt avoir largement beneficie de cette mesure. L'inoculation au fanon, region tres riche en tissu cellu-laire tres lache, donne la peri-pneumonie, tandis que lemöme liquide virulent depose clans le tissu tres dense de la region caudale donne ä peine lieu a une reaction locale peu importante et a I'immunite ulterieure.
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La question du terrain dans Icquel doit se developper le virus morbide prcsento done uno importance assez grande, puisqu'elle suffit pour transformer, pour modifier Ics proprie-tes virulentes d'unliquide provenant d'une maladie infectieuse. Les accidents locaux do Finoculation caudale peuvent presenter une certaineintensite il pent survenir une gangrene limi-tee mais ley accidents ne vont pas au-delä. Les inoculations au fanon communiquentau contraire une maladie grave et qui est presquetoujoursmortelle. L'importance de la nature du tissu sur lequel porte I'inoculation, sa deusite, sa composition histologique agissent sur la rapidite de l'absorption, sur la dissemination plus ou moins rapide du virus, sur son attenuation. Le möme liquide inocule a la queue et au fanon chez deux animaux de mume espece, pout servir de vaccin ou com-muniquor une affection morteUe suivant la densite et les les caracteres anatomiques du tissu dans lequel le virus doit se developper.
Chez I'homme, la gravitc des diflerentes pustules malignes paraltvarier suivant la densite des tissus oh se fait Finoculation charbonneuse,
MM. Thiernesse et Dogive. de Bruxelles, ont communique a l'Academie de Hedecine de Paris, le 10 octobre 1882, une sene d experiences fort interessantes sur les inoculations preventives de la pleuro-pneumonio contagieuse par injection intra-veineuse. Cette nouvelle methode lour paralt bien preferable au precede de quot;Willems, de Hasselt.
Cos experimentateurs ont constate que I'injection intra-veineuse du virus de la peripueumonie contagieuse, produisait des effets tout ä fait analogues ä ceux obteuus paries experimentateurs de Lyon, avec le virus du charbon symptomatique. Voici le precede qu'ils ont employe.
Le liquide virulent, disent-ils, a ete recueilli dans divers poumons qu'ont bien voulu nous procurer les medecins vetc-rinaires MM. van Hertsen, inspecteur en chef de Fabattoirde Bruxelles, et Limbourg, inspecteur en chef des hallos et des boucheries de cette ville. 11 etait pris, au moment memo de l'operation, dans une portion d'organe exempte de tonte alteration septique ou gaugreneuse. Apres avoir taillade le tissu
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pulmonaire en divers sens, nous en exprimions la serosite en le pressant dans les mains. Le liquide ainsi obtenu, quelque peu trouble et sanguinolent, etait ensuite filtre ä travers un Huge fin, puis introduit dans une seringue de Pravaz de la contenance de deux grammes.
La böte etant eouchoe et convenablement maintenue sur une litiere de paille, nous coupons les polls sur une certaine etendue de la gouttiere jugulaire, dans sa partie mojenne, de l'un ou l'autre cöte; un aide tient la main sur la partie infe-rieure de la veiue jugulaire externe, afin d'en determiner une legere distension. Cela etant fait, nous plissons la peau pour I'ineiser dans l'etendue de trois centimetres environ, puis nous detachons le tissu cellulaire sous-jacent de maniere a decouvrir completement en un point le vaisseau precite. Nous prenons alors la seringue prealablement remplie, nous l'adaptons ä la canule aiguillee; nous implantons celle-ci a travers la paroi de la veine moderement distendue, et nous faisons I'injection avec une certaine lenteur.
Au moment oü eile est effectuee, nous avons soin de faire cesscr la compression du vaisseau.
Una suture entortillee ä deux epingles termine I'operation.
II resulte des diiferentes experiences de MM. Thiernesse et Degive :
1deg; Que le virus peripneauiünique a ete injecte, ä la dose de 2 grammes, dans le systdme veineux de quatre bötes bo-vines d'un age peu avance;
2deg; Que cette injection n'a produit, chez trois d'entre elles, qu'une legere reaction febrile de courte duree ;
3deg; Que chez le quatriome sujet, I'inoculation a determine une inflammation exsudative assez prononcee et a produit une fievre de reaction d'une certaine intensite;
5deg; Qu'une premiere inoculation critere, faite avec le meme liquide, sur les quatre premiers sujets, dans le tissu cellulaire d'une region defendue sous peine de mort — le fanon — n'a determine chez tons, qu'une inflammation trös peu prononcee ;
5deg; Qu'une seconde inoculation du möme genre, operee sur les mämes sujets, a produit chez l'un, un oedöine inflamma-
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toire tres peu marque; chez les trois autres, un engorgement plus prononce, d'un caractore phlegmoneux, mais sans aucune gravite;
6deg; Que l'insertion du möme virus, pratiqucc clans ia mdme rigion, defendue, chez deux jeunes bStes qui n'avaient subi aucune inoculation prealablej a provoque chez Tune et i'autre revolution d'une inflammation grave, ä marche progressive et promptement mortelle.
Tels sent, les resultats de quelques experiences qu'il nous a ete possible de faire. Les enseignements qu'ils renfer-ment se deduisent d'eux-mömes.
Ces experiences demontrent :
a) Que rinjection intra-veineuse du virus de la pleuro-pneu-monie, a la dose de deux grammes, est completement inoffensive, si Ton prend la precaution qu'une seule goutte de liquide ne tombe dans le tissu cellulaire;
6) Que cette injection jouit de la memo propriete que I'ino-culation caudale preconisee par M. le docteur Willems, e'est-ä-dire qu'elle investit l'organisme d'une immunite reelle, de-montree par I'inoculation, rcpetee deux fois, dans une region ddfendue souspeine de mart;
c) Que I'immunite peut 6tre parfaitement acquise, comme l'a etabli Tun de nous, a 1'Academic de medecine de Belgique, en repondant a M. Jules Guerin, et comme Fasignale M. H. Bou-lej ä la derniere seance de l'Academie de medecine de Paris, sans qu'il seit necessaire que l'infection de Feconomie se tra-duise par les symptömes et les lesions qui caracterisent la maladie naturelle ou spontanee.
MM. Thiernesse et Degive croient qu'il serait possible d'ap-porter quelques ameliorations ä leurs precedes d'inoculation, ainsi, au lieu d'operer sur I'animal couche, on pourrait peut-ötre, disent-ils, I'inoculer avec plus d'avantage en lelaissant debout. L'ayant convenablement assujetti dans cette position, nous estimons disent-ils qu'on pourrait, ä la favour d'une tres petite incision de la peau, plonger directement la canule aiguillee dans le vaisseau. Pour prevenir tout contact du liquide virulent avec le tissu cellulaire, on pourrait se srr-vir d'une feuille tres mince de caoutchouc, d'une certaine
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largeur. On passerait d'abord la canule ä travers cette piece, on riatro'duirait ensnite dans la veine, puis on adapferait la seringue pour pousser rinjection. Si une goutte de liquide venait a s'echapper de 1'embouchure de la canule aiguillee ou de l'ouverturo correspondante de la seringue, eile tomberait necessairement sur la feuille de caoutchouc et ne poürrait atteindre la plaio. puisqu'elle serait parfaitemont protegee par cette pi^ce.
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Fievre aphteuse.
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On a employe I'inoculation dans une autre maladie conta-gieuso des animaux. dans la flcvrc aphteuse. Cette maladie, frequente chez les ruminants, n'est pas en general morfelle; eile se caracteriso par une eruption vcsiculeuso sur la mu-queuse buccale. sur la peau de I'intervaUe interdigital, et meme sur les mamelles.
Ladifficulte qu'ontles animaux a prendre leurs aliments et a les manger, les faitmaigrir; la secretion laetee disparait pres-quecomplctement chez les vaches laiüöres; lanimal n'a plus de force; il pent ä peine marcher; il a quelquefois de la fievre; scs services sout absolument pcrdus. pendant uu certain temps, pour I'agriculture.
M. Rossignol, veterinaire a Melun, a pratique, a titre pre-ventif, sur un assez grand nombre d'animaux, rinoculation de la fievre aphteuse, en impregnant la muqueuse buccale des sujets qu'il voulait inoculer avec du liquide salivaire virulent par I'intermediaire d'un linge fin fortement imbibe de have d'animaux malades.
On realise, dit M. Bouley, par ce mode d'inoculation sus-epitheliale, ce rosultat qui a son importance economique de donner la maladie an möme moment a tout le gronpe des animaux destines ä la contractor par la force meme des influences contagieuses qu'ils ont subies, et de raccourcir ainsi le temps de sa duree dans l'etable et sur tout le troupeau.
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Cette maladie ne recidivant pas, les animaux qui confrac-tent ainsi la maladie, sont assures pour plus tard de Timmu-nite.
L'inoeulation,ne rend pas en general la maladie plus hcni-gne, eile n'a que le seul avantage de la faire nattre au moment oü les services que peuvent rendre les animaux, sont les moins importants.
Les inoculations faites a ce point de Tue ne sont pas le privilege exclusif de la medecine veterinairc. J'ai vu plusieurs fois, dans des families pauvres, des meres faire coucher ensemble tons leurs enfants en bas-äge et non atteints de la rougeole, quand un d'entre eux venait ä contractor cetfe maladie; elles pretendaient, par ce precede, utiliser le temps qu'elles devaient passer a la maison en soignant plusieurs enfants ä la fois. Ces enfants, d'apres elles, devant tot ou tard contracter la rougeole, on ne devait ainsi leur porter aucun tort en la leur donnant.
Nous sommes loin d'approuver un pareil Systeme; la rougeole, bien que tres frequente, n'est point toujours inevitable et eile est quelques fois fort dangereuse.
La maladie, ainsi communiquee ä des enfants bien portants, eslrelle moins dangereuse que celle qu'ils contractent sponta-nement? C'est la un point sur lequel mon experience person-nelle ne me permet pas de me prononcer.
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CHAPITRE X
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RESUME ET CONCLUSIONS
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L'etude que nous venons de faire sur Jos inoculations pro-phylactiques dans les maladies virulentes presento, dans son ensemble, I'etat actuel d'une grande question do pathologie comparee qui semblc destinee ä bouleverser ä bref delai la medecine et la therapeutique Iiumainos. Nous avons ete heureuxd'exposer a cette occasion, les magnifiques travaux dont s'est enrichie depuis pen de temps la science, ceux de MM. Davaine et Pasteur, ceux deMM.Cliauveau, Toussaint, Arloing, Cornevin et Thomas, ceux de M. Bouley, ceux de M. le professeur Jolyet.
Un fait qui parait aujourd'lmi parfaitement etabli, c'est qu'il existe, pour presque toutes les maladies virulentes, des microbes speciaux; la propagation de ces maladies tient a la penetration de micro-germes dans I'organisme par differentes voles : voies respiratoires et digestives ou contact direct, qu'il s'agisse des maladies virulentes de l'homme ou de celles des animaux. Certains microbes peuvent vivre chez plusieurs especes d'animaux; le microbe du charbon, par exemple, se transmet, avec toutes ses proprietes contagieuses, du mouton a l'homme et au cheval et a bien d'autres animaux; le microbe de la vaccine passe du cheval au boeuf et du bceuf ä l'homme. II y a cependant certains individus, certaines cspcces qui paraissent refractaires ä certaines maladies virulentes, le
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microbe ne trouvant probablemcnl pas dans leurs tissus ou dans leurs liquides les conditions nöcessaires a leur deve-loppcment; ces individus refractaires, rcsistcntqnequefoisaux maladies virulentes, par, e qu'ils ont ete spontanement vaccines.
Un des caracteres des maladies virulentes, c'est que I'ani-mal atteint une premiere fois par ces maladies n'est plus susceptible de les contractor.
L'immunito est la meme. quo Faflfection virulente premiere ait cte benigne ou grave.
Los formes bcnignes des maladies virulentes transmises par inoculation sent on general plus benignes que les maladies dont dies proccdent, et c'est la l'origine de la variolisation et de la clavelisation. On doit a ces deux methodes de nom-brcux succes; on arrive ainsi, a I'immunite sans beaucoup de dangers.
Certaincs affections, relativement benignes, conferent I'immunite pour des maladies virulentes graves qui ne leur sent point identiques : c'est ce qui arrive pour le cow-pox, pour le horse-pox, et pour la vaccine dans la variolehumaine.
Les inoculations a tres petites doses,, par le precede dc Chauveau, peuvent aussi conferer rimmunite; les animaux peuvent se vacciner spontanement quand ils cohabitent avec des sujets atteints de maladies virulentes.
Les animaux en etat de gestation peuvent conferer rimmunite ä leur produit quand ils contractent certaines maladies virulentes dans le cours de leur gestation.
Des femelles vaccinees peuvent encore transmettre I'immunite k leur produit, bien que la fecondation soit posterieure ä l'inoculation vacoinalo, c'est ce que nous avons vu dans la fievre charbonneuse.
Enfln, 1c virus möme des maladies virulentes peut servir de vaccin pour la maladie dont il provient, ä condition d'etre aftenuö etmodifie de diffcrentes faijons; nous avons longue-ment expose lamethoded'attenuation des virus, employee par M. Pasteur; Faction de Fair sur le microbe en culture joue dans ce cas le principal röle.
Nous avons fait connaitre l'attenuation des virus par la cha-
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leur par les methodes de M. Toussaint, par les procedos plus r^cents de M. Chauveau, et ceux plus recents encore de MM. Arloing, Cornevin et Thomas, enfin il existe encore un precede d'attenuation de M. Toussaint par filtrations succes-sives des virus.
Dans le charbon symptomatique, nous avons vu que les injections intra-veineuses et tracheo-bronchiques trouvaient pour certains microbes des indications speciales; enfin, il n'est pas jusqu'ä la densite meme du tissu ou se fait I'inoculation qui ne puisse modifier l'action möme du virus, et en attenuer les effets. C'est ee que nous avons vu pour la peri-pneumonie contagieuse.
Le microbe, germe plus ou moins bien, suivant qu'il est place dans un milieu qui lui est favorable; certains microbes vivent bien dans le sang, d'autres sent micux dans les tissus, les uns som, aerobics et d'autres anaerobies.
Certains microbes ne peuvent se developper en de^ä et au-delä de certaines temperatures, c'est ainsi que les ponies et les grenouilles resistent a I'inoculation charbonneus*. Si Ton refroidit la poule et si Ton chauffe la grenouille, on rend le sang de ces animaux capable de fournir un milieu favorable au developpement du microbe. Ce sent lä des conditions de receptivite dont nous devons ä l'avenir tenir un tres grand compte.
La receptivite des animaux n'est point seulement une question de temperature, il y a certaincment d'autres conditions speciales que doivent presenter les tissus et les liquides de l'organisme dans lequel le microbe est appele ä vivre. Ces qualites de tissus sent en rapport avec le bon etat des grandes fonctions nutritives.
MM. Delafond et Bourguignon ont montre, a propos de la gale, que le parasite ne s'implante pas indifferemment sur tons les sujets. Nous empruntons a M. Duclaux (1) le passage suivant : laquo; Des moutons bien portants, bien propres, bien entretenus, resistent d'une facon absolue a la colonisation des acarus. Soumis ä un regime debilitant, ces mömes moutons
(i) Dnclaux, ferments et maladies, p. 107, Paris, 1882.
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prcnnent au contrairo tres faciloment la maladie. Ramenes ä la sante par un bon regime, ils se guerissent tout seuls et se rofuseut a tout ensemoncoment nouveau. La pretendue resistance vitale cst une question d'ordre physique, chimique et phvsiolog-ique meme. Un changement clans la circulation sanguine supcriiciollo du mouton. dans la reaction de sa sueur, dans repaissour do sa coucho cpidormiquo, dans la rajndito de sa desquamation, dans l'activite de la pcrpiration cutanee, dans les soins qu'on lui donne ou l'abandon oü on le tient cxpliquent sufflsamment les changements dans sa resistance ä l'invasion. L'acarus, de son cote, doit trouvor ä s'implanter ou a se maintenir clans son terrain de culture, des difflcultes qu'il ne surmonte qu'a force de bonne sante, de bonne alimentation ou de fecondite, toutes clioses qu'il puise dans le sol vivant oü il est implante.
Pour pen que le mouton resiste au point frappe, sa victoiro est certaino; sa resistance augmente ses forces et diminue celles de Tennemi. Pour pou qu'il cede, au contraire, il sera oblige do ceder do plus on plus. raquo;
Ce qui se passe dans la gale, nous le retrouvons a propos des teignes qui sont des maladies dpiphrfiques; les parasites vegetaux de ces maladies no se devoloppent que s'ils trouvent surles teguments un terrain qui leur convient.
Les microbes no se comportent pas autrement. II sufflt que les reactions de certaincs secretions de Torganismc viennent ä changer, pour voir se developper imraediatement des ger-mes toujours en suspension dans I'air, qui n'attendent qu'un milieu favorable pour se developper; nous citerons, par exemple, le muguet, qui natt et se developpe dans le mucus acide; les torrulacees de l'urine qui trouvent un milieu favorable si l'urine perd, au contraire son acidite.
Les microbes qui penetrent a, toute heure dans notre tube digestif, dans nos voies aeriennes, ceux qui s'introduisent directement dans nos tissus, ne s'y developpent que s'ils y trouvent un milieu favorable. Les troubles divers do la nutrition, en amenant des modifications dans les qualites intimes de nos milieux Interieurs et de nos tissus, nous creent des receptivites particulidres. L'etat general reagit sur la vulnerabilite aux
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maladies virulentes et infectieuses, et cela est tout aussi vrai en medecine qu'en Chirurgie.
II y a done deux termes aussi importants Tun quo l'autre: le microbe et le milieu, et s'il nous est impossible de nous debarrasser du microbe, d'en purger l'univers qui en est toujours infeste ou d'en debarrasser l'organisme lorsqu'il a penetre dans le sang et daus los tissus, il no faut point cependant desesperor de triompher dans cette grande lutte pour rexistence, nous pouvons encore eviter quelquofois cet ennemi en modifiant le milieu.
L'hygiöne des grandes fonetions de mutrition, los inoculations prophylactiques constituent deux grands moyons de rendre notre organismo refraetaire aux causes incessantes de destruction qui nous onvironnent.
L'immunite serait due, d'apres M. Duclaux, ä la disparition de certains prineipes dans le sang ou dans l'organisme, cos prineipes indispensables au developpemont dos microbes speciaux a certaines maladies, disparattraient a la suite d'uno atteinto d'une maladie virulente ou apres une vaccination. Ce qui se passe dans l'organismo pour le developpemont du microbe serait absolument analogue a, ce qui arrive pour los liquides fermentescibles. Un ferment ne so devoloppe plus dans un liquide epuise par une premiere fermentation. Une premiere atteinto d'une maladio virulente, Faction des virus attenues realisoraient l'immunite, en detruisant dans l'organisme certaines substances absolument necossairos au developpemont de certains genres de microbes. Getto explication ost une hypotheso, et nous la donnons pour co qu'elle vaut.
Au fond, nous sommes loin de savoir comment un etro pout contractor pour un tomps assez long et quelquofois pour toute sa vie l'immunite centre une maladie virulente dont il rencontre souvont les micro-gormes malgrc lo ronouvellomont incessant qui se fait dans ses tissus et dans sos liquides. II y a certainomont sur eo sujet do grandes decouvertes ä faire, car nous sommes encore loin do savoir quelles sontles veritablos conditions do receptivitc ct a quo! tient l'immunite.
Quelle est laduree do l'immunite dans les differentes espe-ces do vaccination?
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ll est silr que rimmunite peüt se perdre avec le temps, c'est ce qui arrive pour le vaccin, il est sür qu'il en est de möme pour les vaccinations avec les virus attenues. Ce qu'il faudrait determiner, c'est le delai apres lequel il est utile de revacci-nor. Cen'est qu'avec le temps et de nouvelles experiences que nous pourrons 6tre fixes sur cette question qui est tres impor-tantos an point du vuo pratique.
Des vaccinations faites avec des virus artificiellement attenues pour la fiövro eharbonneuse et pour le charbon sjmptomatique ont montre que 1'immunite existait encore pour des animaux vaccines depuis six mois, depuis dix-huit mois memo. Nous ne tarderons pas ä savoir si rimmunite que con-fore nos nouvoaux vaccins pent etre de plus longue duree. (1). Nous avons vu dans l'etude des vaccinations par les virus attenues qu'il etait quelquefois necessaire de faire coup sur coup et ä bref delai plusieurs vaccinations avec des virus de plus en plus energiques pour arriver a rimmunite absolue. Ce point est important a noter et peut trouver son utilite dans les applications ulterieures de la vaccination ä la pro-phjlaxie des maladies virulentes.
La vaccination speciale ä une maladiepeut etre capable de donner en mume temps rimmunite pour plusieurs affections contagieuses.
Des poules vaccinees du cholera sent refractaires au charbon, M. Toussaint a obtenu rimmunite pour le cholera des poules en leur injectant du sang septicemique de lapin.
Le sang septicemique de lapin chauffe a 55% sert non-seule-ment do vaccin pour la septicemie, mais encore pour le sang de rate et pour le typhus. II y a done des vaccins ä effets multiples.
La docouverte de vaccins de ce genre permettrait de sim-plifier les mesures prophylactiques a employer; peut etre arri-vera-t-on ä trouver un jour un seul vaccin centre plusieurs maladies virulentes et contagieuses.
L'attenuation des virus, l'isolement des microbes ne peut etre obtenu par le möme precede pour toutes les maladies
(1). Complesremlus de I'Acadimie des sciences, 2 Mai 1882, t. EK., p. d396.
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virulentes; il a fallu de longs tätonnements pour arriver a trouver quelques-uns des virus artificiels quo nous possedons.
On a ete pris d'un grand enthousiasme ä la suite de la de-couverte des vaccins de la fiövre cliarbonneuse, du oharbon sjmptomatique et du cholera des poules, et il semblait que tous les vaccins allaient etre facilement trouves, nous som-raes obliges de reconnaitre aujourd'hoi qu'il nous reste encore un vaste champ a explorer.
Nous sommes loin d'etre absolument fixes sur les microbes specifiques d'un cerlain nombre de maladies virulentes. Dans quelques maladies donton connaltles microbes, on n'est poict arrive a trouver leur liquide de culture, les niojens qui peu-vent servir ä leur isolement et ä leur attenuation.
Dans une memo maladie on retrouve un grand nombre de microbes, et souvent il n'y en a qu'un seul qui soit speci-lique, et il est fort difficile de le reconnaitre et d'appren-dre a I'isoler.
Certains microbes, qui sent identiques dans leur forme, sont completement differents dans leurs functions; le memo microbe pent presenter plusieurs formes. Voila tout une source d'hesitations et d'erreurs qui rendent Tetiologie des maladies virulentes souvent bien difHciles a resoudre.
Plusieurs microbes que Ton retrouve dans le sang, dans la lymphe,dans les tissus,, peuvent etre, les uns tout a fait inertes sur l'organisme, et d'autres tres virulonts. II faut apprendre a rechercher les caracteres differentiels de ces petits orga-nismes pour arriver plus tard a trouver des mojens sus-ceptibles d'en faire des vaccins.
Les microbes specifiques d'une maladie uue fois decouverts, il reste a les isoler et a les attenuer, pour en faire des vaccins.
Un exemple recent des difflcultes que presente I'etude des microbes nous est donne par la recente commission de M. Pasteur, au Congres de Geneve.
M. Pasteur, recherchant le microbe du virus rabique fat appele achercher, quatre heures apres la mort,le microbe spe-eifique de la rage dans la salive d'un enfant mort a Paris, dans le service de M. Lannelongue.
raquo; Une etude attentive et prolongee des effets des inocula-
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tions de la ahv rabiq„e, dit M. Pasteur, pemet d'admettre quelle amene la mort de trois manieres : la mort par „n microbe special; la mort par des desordres purulents trös abondants, accidents d'ordre septique ; la mort par la vraie rage propre au lapin, qui a tou,jours une incubation assez lon-gue et qm s accuse par des paralysies des membrcs de yingt-quatre a so1Xante-douze heures avant la mort. Cette paraljsie n existe pas dans la mort par septicemie.
raquo; La salivc des personnes enragees contient done, outre le virus rabique, non caracterise encore par un microbe cultivable, un virus forme par un microbe special cultivable et des imcrobes divers, capables d'amener lamortpar desproduc-tions exagerees de pus, des desordres locaux excessifs et muis ^ 1 intr0dUCti0a dans le ^S de microbes com
raquo; Le nouveau microbe decouvert dans la salive des enrages nexiste-t-i que dans cette sorte de salive? Cette question s ofihut naturellement a I'esprit. C'etait meme la premiere a resoudre si Ton voulait s'assurer dune relation cachee entre ce microbe et celui de la rage. Au cas oü le nouveau microbe cxisterai dans des salives quelconques, il est evident qu'il serait independant du virus rabique.
laquo;Des observations personnelles il resulte que la salive des personnes adultes mortes de maladies diverses ne contient pas le nouveau microbe, ou plutot qu'il a ete masque, daris nos experiences, par l'abondance des microbes propres ä tairedu pus; qu'au contraire, la salive denfants morts de maladies diverses a amene la mort des lapins par le microbe dontU sagit;qu'enfin,oura retrouve encore dans les sa-hves de personnes en pleine santc. Le nouveau microbe n'a done aucune relation avec le virus rabique. raquo;
Oe microbe a pu Stre cultive par M. Pasteur et soumis aux methodes de cultures qu'il emploie pour attenuer le cholera des poules et le virus charbonneux, il a obtenu ainsi une serie de microbes attenues.'
Mais co resultat n'avanco point la grande question de lattonuation du virus rabique dont le microbe se derobe encore a nos investigations.
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Ce microbe trouve, arriverons-nous a le cultiver et ä l'attenuer, ce sont la de nouvelles difficultes qu'il faudra vaincre.
M. Pasteur vient de decouvrir un nouveau microbe dans la fievre typhoide des chevaux et il est arrive a l'attenuer par l'action de l'oxygene.
laquo; Eh inoculant, dit-il, a des lapins la matiere ecumeuse sor-tant par les naseaux au moment de la mort des chevaux atteints de fievre typhoide, les lapins perirent et leur sang-presenta un microbe nouveau encore en forme de 8, avec un etranglement allonge. Ce microbe communique aux lapins une veritable fievre typhoide qui les tue en moins de vingt-quatre heures. L'attenuation de ce microbe a lieu quand on expose ses cultures dans des bouillons au contact de l'air.
'lt; En resume, on ne peut douter que nous ne possedions une methode generale d'attenuation, dont I'application doit seu-lement ötre modiflee selon les exigences des proprietös phy-siologiques des clivers microbes, Les principes generaux sont trouves et on ne saurait se refuser a, croire que I'avenir, dans cet ordre de recherches, ne soit riebe des plus grandes espe-rnnces.raquo;
Les chevaux pourront-ils acquerir I'immunite par les vac-cins attenues ? Si Ton obtientceresultat pour la fievre typhoide des chevaux pourra-t-on appliquer a la fievre typhoide de l'homme et a titre prophylactique, ce qui aura reussi pour les chevaux, tout cela est encore fortproblematique?
laquo; Les methodes quej'ai etudiees n'ont pas d'autre but que de prövenir les maladies, dit encore M. Pasteur. Quant ä preve-nir toutes les maladies, je ne sais pas quand cela arrivera, et pour la fievre typhoide en particulier, je reconnais que l'attenuation des virus ne lui est pas encore applicable. Mais les resultats acquis sont assez satisfaisants ä l'heure actuelle et ils nous encouragent pour I'avenir. raquo;
Arrivera-t-on un jour pour la medecine humaine a trouver des vaccins artificiels pour toutes les maladies contagieuses et epidemiques; nous en avons quelque espoir, mais on ne doit pas trop d'avance s'en flatter. En exagerant les bienfaits de la nouvelle methode, on escomptaut trop I'avenir, on no peut que
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compromettre la science et jeter le decouragement dans lespnt des savants qui doivent se resigner encore et peut-etre pendant bien longtemps ä travailler en tätonnant sans arnver a de serieux resultats.
Les methodes d'attenuation des virus doivent varier dans les diverses maladies virulentes. On a reussi pour la fiövre charbonneuse, pour le charbon des poules, pour le charbon sjmptomaüque; mais il faut bien se rappeler qu'une seule methode n est pas applicable a toutes les maladies virulentes et que pour chacune d'elles c'est une nouvelle lutte qu'il fau-dra engager, de nouvelles difficultes qu'il s'agira de vaincre Au heu deperdre notre temps a nous rejouir des destinees fii-tures de a medecine, au lieu de composer des idjles sur l'äge d or de 1 humanite que Ton ne fait qu'entrevoir, au lieu d'em-boucher atrompette de la victoire, il faut nous appliquer a voir les difficultes qui nous restcnt a vaincre. Le combat ne fait que commencer, la bataille sera longue, et les petites victoires partielles ne doivent que nous encourager a deployer du courage, de l'energie et de la perseverance. Nous com-mengons a peine cette grande lutte centre les maladies infec-tieuses veritable lutte pour l'existcnce, avec de nouvelles armes, dont il faut apprendre a nous servir. Ceux qui vien-dront apres nous seront peut-etre obliges de lutter encore pour tnompher, et, peut-rtro seuls, auront-ils le bonheur de voir reahser le but supreme de nos efforts: l'extinction des maladies infectieuses par les inoculations prophjlactiques I
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EXPLICATION DES FIGURE'
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FlfiVRE CHARBONNEÜSE
ßacMridles de laflevn charlomeuse, leur ddveloppement (fig. i, ii ct in).
Fig. 1 et 2. — Culture des bacteridies et des spores, d'aprös une planche de la those de M. Toussalnt (Recherches expMmenr tales sur la maladie clmrhomeuse, Lyon, 18 juillet 1879).
Transformations des bacMridies place'es dans me cliambre chaude de Ranvier de i ä i (fig. i), i et 2 (flg. n.)
Fiff. i.—N0!. Bacteridies qui viennent d'gtre extraites du sang. — Nos 2, 3, 4. Les mömes, uncheure, deux heures et cinq heures aprfes.
Fiff. n. — N01. Formation des spores a la dix-scptieme heure. . —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;N0 2. Spores completemcnt isolces.
Dfaeloppement des spores de 3 ä 10 (fig. n).
Nraquo; 3. — Spores dans les liquides de culture. Ndeg; 4. — Les monies une demi-heure apres; clles ont perdu leur refringence.
Ndeg; S, 6 et 7. — Les memos apres une, deux et trois heures de culture.
Nquot; 8. —Apres seize heures do culture; partie exposcc a la lumifere.
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Nraquo; 9. — Apres seize heures, mais dans Tobscurite pjo io. — Spores qui se sont developpees sur 1c milieu de la borne, clles no donnent pas de spores.
Bacte'ridie du cliar'bon (fig. in).
D'apr6s la planche X du livre de M. Docuox, (Ferments et maladies.) Paris, G. Masson, 1882;
Nquot; 1. — Bacteridics en culture artificiellc.
No 2. _ Bactcridies dans le sang d'un animal charbonneux.
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CHABBON SYMPTOMATIQUE
Microbes du charbon symptomafitiue du läufig. iv)r
D'aprte un croquis que nous dovons h roxtrcmc obligoance de M. Io profes-seur Arloisg, de Lyon.
A. Formes nucleoes on sporulccs habituelles au sein des infarc-tus musculaircs. — B. Formes sans spores plus frequentes dans la sörosite qui infiltre lo pourtour des tumours. — C. Formes que Ton rencontre quelques jours apres la mort, la putrefaction absente.
CHOLfiRA DES POLLES
Microbes du choUra des ponies. (Fig. v).
D'aprfes la planche XI du livre de M. Duclaux (Ferments el maladies). Paris, G. Masson, 1882.
\. — Microbes jeuncs isolös et gemines.
2. — Microbes vieux (ceux-ci sont notablcment plus petits).
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SEPTICfiMIE
Viirion septigue. (Fig. vi).
D'aprös la planche XII du livre de M. Ddcladx (Ferments el maladies) Paris, G. Massok, 1882.
Dc 1 ä 4 vibrions dans la sörosite.
Vibrions mobiles, quelquefois trös allonges 1; quelquelbistres courts 2; quelques-uns out la forme en olive 3; d'autres sont
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renflös en battant de cloche 4 ; avec une spore ä l'une des extre-mitös. 8. — Vibrions septiques dans le sang.
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VARIOLE Microbes de la variole htimaine (flg. vn)
D'apris un croquis quo nous devons ä obligeance de M. le Professeur Jolyet, de Bordeaux
1.nbsp; — Liquide lymphatique pris dans laciterne de Pecquet cinq heures apres la mort chez un varioleux mort en pleine eruption.
A. Globule sanguin. — B. Globule lymphatique. — C. Microbes simples. — D. Microbes accouples. — E. Microbes en ehaine. — F. Globules sanguins epineux. Les pointes de ces globules sent formees par des Microbes qui sont accoles ä leur paroi.
2.nbsp; — Pustule variolique. Liquide extrait d'une pustule de variole.
A. Microbes simples. — B. Microbes geminös. — 0. Microbes en ehaine. — E. Corpuscules granuleux. — F. Globules sanguins. öpineux.
COW-POX
Microbes du cow-pox (flg. vni).
D'aprfts un croquis que nous devons ä l'obligeance deM. le professeur Jolyet.
Le sang et la lymphe vaccinale qui ont servi ä faire les deux preparations microscopiques d'apres lesquelles ce dessin a ete fait, ont 6te pris sur une genisse du service municipal de la vaccine ä Bordeaux, par M. le professeur Layet, directeur de ce service.
1. —Sang de genisse inoculeo avec du cow-pox, le cinquiöme jour aprös l'inoculation (N01).
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A. Globules epineux. Les pointos des globules sont formöes par des microbes qui sont accoles ä leur paroi. — B. Microbes libres assez nombreux.
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Lymphe vaccimle (No 2).
A. B. 0. Quelques globules sanguins epineux. — D. Microbes simples trös disscminös. — E. Microbes göuiines.
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MICROBES DES MALADIES VIRULENTES BACTERIOIES •
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Fir..ll.
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FIEVRE CHARBONNEUSE FIG. I. a II.
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M
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Fig.Ml- Fi
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EVR£ OHARBONNEUSE
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Fig. V_ Cholera oh, Fouu
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Fig Vll^ Variole
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- 95
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TABLES DES MATlfiRES
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Preface........
Chapitre premier.
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Un mot sur les döcouvertes des dilTe-rents modes d'inoculation prophy-lactique. — La theorie des microbes..............................
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CC
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Chapitre II..... La fifevre charbonneuse.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 9
Chapitre III..... Des vaccinations charbonneuses.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;27
Chapitre IV..... Das vaccinations centre le charbon
symptomalique..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;37
Chapitre V..... Des vaccinations centre le cholöra
des poules......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;47
Des vaccinations centre la septicemienbsp; nbsp; nbsp; S3
De la vaccination centre la variole.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;87
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Chapitre VIII
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De la variolisation et de la claveli-sation........................... 03
Chapitre IX...... Des inoculations prophylactiques centre la pdri-pneumonie contagieuse et centre la fifevre aphteuse...... 73
Chapitre X...... Rösumö et conclusions............. 81
Explication des figures..............................,. qi
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Bordeaux. — Impr. Nouv. A. Bellier ct C'e, 16, rue Cabirol,
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