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A moros in:s
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Vaccinations charbonneuses f;iite5 sous^li; patronage de la Soeiitj d'Agriculrurf dela Gironde, au^CMte^urdä-JVI; Bamp;ua Talais.
JPav le JDöctenr; :^J;;,'^£A.amp;ßE
Laureat lt;lo l'Institut {meufioii honoriljV^mf.^nfti.ir.li, ]ti,';ilcc'nifrJ fet Chirurgie);
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Laureat ^e l'Acr.lt;16mip ' d^Vi^dFdfc*laquo; lt6 dfi Müdcoinc de Monl peläieCig ^4 : L'-ttre,s do .Mom pfllier-;'.Mumlirf eÄrr^amtti
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Barbiaft^i
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Lamöftt de
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ä(fa-e^ondant dg^Jicad^mie des Sciences )( f|ri,-t.'. amBqjamp;if--
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de In Söpiötöde Mr.l-.Tintv ^a^^liii^j-il praflqiraquo;*-'7
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et do In Societö me'licalo d^mitfirtion de* Moretli^^wÄranli.-,
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L-icte anntomique
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c-t de i;i SoSlftc .rUvgi.-iiJ.quot;fnaiamp;.i#Sl,. BjISjItoV Ancicn metnbre associ^quot; de la SoettKÖ 'iJjgJt/Jnu^1 de^Iontpellif
#9632; Uffiei.'T-.dUäi'l^uP^
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-A-vec uncopy; ip 1 a,iioIt.e liors tesete
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PA RIS
G. AlASSON, editeur, librairc de l'Acadcmic de .Mcdocine
120, boulevard Saint-Gormain en face l'ßcole de Medocine
MDCCCLXXXII1
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BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
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2912 683 0
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INOCULATION
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MALADIES VIRULENTES
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A PROPOS DF.9
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Vaccinations charbonneuses faites sous le patronage de la Soci^td d'Agriculture de Bordeaux, au Chateau de M. Bert ä Talais (Gironde).
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Far le Docteur E. MASSE
Professear k \a Faculty de Slöilecino do Bordenux
Laureat do I'lnstitnt (mention honoraljlc, pris Monthyon, mödcciue et Chirurgie);
Lanramp;it de I'Acadamp;nie de 3I6decine (prii Barbier);
I.aurÄat de la Facnltö de M6decme de Montpellier ; Membro correspondant dlaquo; i'Acadömie des Sciences
et Lettres de Montpellier; Mcmbre correspondtint de la Soci6t6 anatomitice de Paris
de la Sociitö de H(5decino et do ChiruririG pratique
et de la Soci6t6 lufdicalc d'ömulation de Montpellier, Mcmbre de la Soci^tä anatomique
et de la Sociöto d'Hygi^ne pabllqne de Bordeaux
Ancien membre associö de la Soci^tö d'Agriculture de Montpellier,
OfficleE^iMeraquo;*laquo;,
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emie de Mcdecine de Mödecine
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G. MASSON, edkeur 120, boulevard Saintquot;
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MDCCCLXXXIII
Tons droits r^servßlaquo;.
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TRAVAUX DU MEME AUTEUR
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1.nbsp; nbsp;Developpement et structure intime du tubercule. (Montpellier
midical, juillet 18U;gt;.j
2.nbsp; Sycosis parasitaire. — Observations ot nJHoxions. — Nouvoau trai-
tement par la creosote. {Montpellier m.'Uical, novembre 1864.)
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3. De la cicatrisation dans les difFerents tissus. rale, 1866.)
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(Thfiso inaugu-
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4.nbsp; Des types de la circulation dms la sörie animale et aux divers
äges de la vie embryonnaire. 1860.
5.nbsp; Etude chirurgicale de l'etranglement. (Montpellier, 1869.)
G. Etude anatomique at physiologique des organes de l'audition et du sens de l'ouie. (Montpellier, 1869.)
7.nbsp; De la reunion immediate apres l'opöration de la hernie dtran-
glee. — Gongrös de Nantes; Association francjaise pour ravancomont dos Sciences. 1870.
8.nbsp; Monstra anencephale ä langue triflde.— Congrfes do Nantes. 1873.
9.nbsp; Le taenia inerme et la ladrerie du boeuf. — Nouvelles expdrienccs
bites a I'licolo d'agriculture de Montpellier; par MM Masse, agr(5g(S ä la Faculty, et P. I'ourquier, iiKidecin-vötcrinaire. — Comples-rendns do l'Acadtoie des Sciences, 17 juillet 1876. (UontpeUter mi-(tical, scptembre ISTü.)
10.nbsp; Coup d'ceil sur Thistoire de la Chirurgie. — I'remiöre legon du
cours de Medccine operatoire ii la Faculte de Bordeaux. [Montpellier mt'clical, 1879).
11.nbsp; Influence du mouvement sur les articulations. — Mßmoire lu
au Cüiigres do Montpellier de l'association pour Tavancement des Sciences. (Seance du 3 scplembre 1879.)
12.nbsp; De la compression lente de la moelle epiniere. — Observation de
tumeur intra-raclndieiine de la quatrifeme paire cervicale gauche, comprimant la moelle en arriere ä la partie moyennc do la region
cervicale, avec planches. 1879.
13.nbsp; De l'influence de l'attitude des membres sur leurs articula-
tions. — In-8o avec 18 planches et dessins inteical^ dans le texte. Paris, Adrien Delahaye, 1880. Mention honorable, prix Monthyon, Medccine et Chirurgie ä l'Instilut. l'rix Barbier, Acad^nuo de mide-cine.
14.nbsp; Des tumeurs perlees de l'iris. — Bordeaux, 1881.
15.nbsp; De la formation par greffe de kystes et des tumeurs perläes
da l'iris. — Bordeaux, 1881.
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H^H
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A
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PREFACE
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L'etiologie des maladies virulentes a fait depuis quel-ques annees d'immcnsos prog'res. La cause de ces maladies etant mieux conime. nous sommes mieux enmesure d'apprendre ä les combattre et a les 6viter.
La pathologie comparee a rendu les pins grands services h retude des maladies virulentes, nul doute que la medecine humaine n'ait grand profit a etudier, a experimenter sur les animaux. les moyens proplrylactiques et therapeutiques susccptibles d'etre utilises cliez I'homme.
Nos lecteurs pourront voir dans ce travail quels sont les progres accomplis depuis quelques annees, ils pourront juger par le terrain parconru et par les resultats accomplis, du chemin qu'il nous roste ä faire, des espö-rances que nous pouvous avoir pour I'avenir.
C'est aux grands travaux de Pasteur que nous devons la belle decouverte de l'attenuation des virus, celle de la creation des vaccins artificiels.
De nombreux savants out suivi son impulsion, et de leurs rechcrclies sont nes des travaux dont la France peut aussi s'enorgueillir ä bon droit.
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II
Davaine, Toussaint, Chauveau, Bouley, Arloing, Cor-nevin, Thomas, Jolyet, out tons apporte leur tribut dans cetto grande CBuype qui sera une des plus belles gloires scientiüques du dix-neuvieme siecle.
Chacun de ces savants a eu sa part d'initiative, ils sont arrives au memo but par diverses voies; nous devons h chacun d'eux, des movens sp6ciaux de vaccination, pour differentsg-enresd'affection. Laquestionetudiee dans les laboratoires a subi victorieusement les epreuves de l'application pratique. Des les premiers jours de la decouverte de rattenuation des virus et des vaccins arti-ficiels, I'agriculture a largement beneficie de quelques-uns de ces nouveaux moyens prophylactiques.
Nul doute que Ton ne trouve h bref dölai, l'application pratique d'autres procedes, encore h I'etude dans les laboratoires.
La medecine huraaine proiitera-t-ello de ces decou-vertes?
Nous le desirous vivement et nous avons möme quel-ques raisons de l'esperer.
.Mais nous ne serons autorises k appliquer h I'homme nos recherches sur les animaux, que lorsque la question de pathologie comparee, ne laissera plus pour nous aucune place h I'incertitude sur les resultats ä obtenir, aucune crainte sur les dangers de ces essais.
Trouver le moyen de prevenir les maladies virulentes et d'en eteindre ;i Jamals les germes pour notre generation et les generations h venir. quel service plus grand pourrait-on rendre h rhumanite? La decouverte de la vaccine qui a sauve des millions d'existences, nous donne le droit d'esperer que nous pourrons aussi triompher d'autres affections contagieuses et virulentes.
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Ill
On decouvre tous les jours de uouveaux microbes, agrents de la virulence chez I'homme comme cliez les animaux. Espörons qu'on arrivera k trouver pour I'es-pece humaine, ce que Ton a dejk trouve pour les animaux, un moyen de modifier les agents de la contag-ion, de les attenuer, de les forcer h. servir dans des inoculations preventives, de moyens de preservation centre les maladies m6mes dont ilsetaient la cause.
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Nous avons puisö de nombreux et de forts uliles renseignements. dans im excellent livre publiö röcemment par M. Duclaux, inliluli? : ferments et maladies, et dans le bei ouvrage de M. Boulcy, /.(; progrös en, mddecinepar l'expc'rimcntalion. Nous noussommes encore servis avee fruit de deux mömoires publiesd^nsla Revue de Uaijem, en -1878 et en 18S1, par M. Ncpveu, Chirurgien distinguö des liöpitauxde Paris, el par MM. Ducazal et Zuber Nos Iccteurs trouveront dansces diffdrenls ouvrages, les rensoigne-ments bibliograpliiqnes les plus complMs, sur la question des microbes el des vaccinations.
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INOCULATIONS
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MALADIES VIRULENTES
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CHAPITRE PREMIER
UN MOT SUR LES DECOUVERTES DES UIFFERENTS MODES D'lNOCULATION PROPHYLACTIQUE.— LA THEORIE DES MICROBES.
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En fjönoral les maladies virulentes no recidivent pas: I'organisme no pout point les contractor deux fois. Uno prc-mieroatteinte de ces maladies, conferc souTcnt pour la vie une complete immunite.
Les maladies virulentes peuvent se propager par difTcrents modes d'inoculation. mais qu'elle quo soit lavoiopar oil pene-tre le virus, il determine une maladie entiereraentsemblable a celle danslaquelle 11 a pris naissance. Sur un snjotquia deja subiles atteintes d'une maladie virulente, rinoculation de cette möme maladie ne produit plus aucune action. Les vaccinations ont pour but de creer artificiellement une immunite analogue ä celle quo donne une premiere atteinte d'une maladie infectieusc coutretoute contamination ulterieure. Elle a pour but de met-
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tre rorganisme clans do bonnes conditions, pour se soustraire aux coups de certaines maladies contagieuses toujours graves at souvont mortelles.
Les inoculations prophylactiques, ont etc employees depuis un temps immemorial contre les atteintes do la variole, dans les pars qui ont etö le berceau de cetto affection, mais ce n'est quo depuis un siccle, depuis Jenner, quo la decouverte de la vaccine a permis d'obtonir sans dangers, Timmunite par des inoculations preventives.
Grace aux belles decouvertes de M. Pasteur, une ere nouvelle s'est ouvcrte depuis une dizaine d'annees aux inoculations prophylactiques, on les a appliqnees cliez les animaux ä un nombre de plus en plus considerable do maladies virulentes. On a croc des virus ai'tifieiels, en attenuant par diffc-rents moyens les virus naturels. Les premiers essais ont porte sur les maladies virulentes des animaux. il reste encore un pas a francbir pour experimenter cos nouveaux moyens prophylactiques, contre un certain nombre de maladies virulentes do I'homme. On no saurait trop se livrcr ä des etudes de pathologie comparee avant de s'engager dans cette voic, et Ton y marchera d'un pas d'autant plus sür, qu'on con-naltra mieux l'ötiologie des maladies virulentes des animaux, la nature des virus, leur mode de propagation, leur mode d'action sur rorganisme, leurs differents modes d'atte-nuation.
Les premiers essais d'inoculation propbylactique, avons-nous dit, ont etc tentes sur I'liomme et contre la variole.
La variole est une maladie contagieuse ot epiddmique qui ne paralt avoir etc importöe en Europe quo par les premieres incursions des Sarrazins, vors 570. D'Europe, eile arriva en Amerique au moment do sa decouverte et eile y exerga de tres grands ravages. Cost par millions que Ton put y comp-tcr los victimes. La variole se propageait, au milieu do ces populations, vierges de cette affection, avec nno rapidite inoui'e et eile etait le plus souvent mortelle.
En Europe, il y eut aussi au debut de Timportation de cette maladie, des epidemies tres meurtrieres. Dans certaines villes, la moitie de la population contractait la variole-. La Conda-
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mine, au dix-huitieme siecle, constatait que cetto maladie atteignait en France im scptiemo des habitants; Grisolle pense que la variola a pu, atteindre autrefois, environ le quart de la population du globe.
Au dix-huitieme siecle, dit M. Bouley (1), sur dix morts, unelui revenaitde droit; sur cent avouglos, cinquantcdevaient a ses coups leur desesperante inflrmitc.
Aujourd'hui, grace auxmesuros prophylactiquos omploTees, d'apres les statistiques les plus rigourouses, la mortalite par lavariole n'est plus que de 1 p. 100.
Les populations au milieu desquellessedeveloppait lavariole, avaient constate par Fobservation, que les individus qui avaient eu cette maladie et qui en avaient gucri conservaient pour toujours I'immunite centre cette affection; clles avaient en outre, observe, quo la variole benigne se transmettait en general avec ses caracteres, et que cette variole une fois subie preservait, comme lavariole grave, de toute atteinte ulterieure de cette maladie. La frequence de cette affection ä laquelle peu de gens echappaiont, les avait amenes, de temps immemorial, a subir volontairement les atteintes de la maladie, en s'effor-Qant de contractor la forme benigne ; en s'inoculant, par des precedes varies, le virus de cette maladie. Los bons resultats ainsi obtenus, avaient contribue ä maintenir cette pratique que Ton retrouve etablie dans les pays oil lavariole avait pris naissance.
Teile est l'origine de la variolisation qui etait pratiquee, de temps immemorial, dans les provinces du Bengale et de l'Indoustan. Ces mömes pratiques ötaient en usage en Egypte, sur toute la cöte septentrionale d'Afrique, cn Asie-Mineure, en Circassie, en Georgie, en Turquie.
La variole existe en Europe depuis le quatrieme siocle; eile exergait de tres grands ravages dans notre pays, quand, en 1721, Lady Montague, femme de l'ambassadeur anglais de Constantinople apporta en Angleterre les bienfaits d'une pratique dont eile avait vu les bons effets en Turquie.
Elle fit inoculer sa propre fille sous les yeux des medecins de
(1) Bouley, le Progriten mMecine par I'expirimenlafion, Paris 188-2.
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la cour. Cette inoculation reussit, d'autres furent faites avec le möine rösultat.
La variolisation fat rapidemont accoptee en Angleterre, mais ello out bien do la peine ä francliir lo detroit; il lui fal-lut pros d'un demi-siocio pour arrivor en France.
Le due d'Orleans fit inoculer avec succos ses deux enfants, et co fut, parmi les families nobles, dit M. Bouloy, une maniere de faire sa cour au prince que do se conformerä la conduite qu'il avait adoptee.
Lo 8 juin 1763, lo Parlement avait fait suspendre I'appli-cation de la variolisation, et ce n'est que lo 15 Janvier 1768, que la Facultö de Paris dccida que la variolisation pouvait etre admissible.
La variolisation diminua considorablement en Europe le chiffre de la mortalito causee par la variole; il y avait bien quelques accidents graves aprös l'inoculation, mais cola etait relativemont fort rare.
On essaya d'attenuer le virus variolique dans les inoculations, en le diluant dans du lait, dans do l'eau ot dans diverses solutions salines, ct Ton n'y reussit point; il cst curieux de voir les experimentateurs modernes reprendre a nouveau ces tentatives et obtcnir dans cette voie de grands et magni-fiques resultats.
La dccouverte de la vaccine par Jenner. en 1700, vint subs-titucr la vaccination ä la variolisation pour la variole humaine, On inocula le cow-pox, pour avoir des pustules vaccinales et ces pustules inoculees de bras ä bras, transmiront sans lemoin-dre danger une immunitc prcsque certaine centre la variole.
Les succes obtenus on Angleterre firent adopter rapide-ment la vaccination en Franco et on Europe. On inocula d'abord le cow-pox, plus tard la vaccination fut pratiquee de bras ä bras; quelques medecins prdfererent entretenir le vac-cin sur des genissos pour I'y puisor. pour les besoinsde la vaccination, mais 1c principe do ees inoculations preventives resta le möme.
L'inoculation propbvlactiquc dans la variole, n'avait point pour base, d'inoculer le virus möme de la maladic centre laquelle on voulait obtenir I'immunite; on transmettait a
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I'homme une maladie eruptive de la vache. maladie benigne, qui rendait desormais rorganismc refractaire aux atteintes de la variole.
O'est le 9 fevrier 1880, que M. Pasteur a fait connaitre ä rAcademie des sciences ses nouveanx precedes de culture et d'attennation des virus. Ses experiences avaient ete faites dans le cholera des poules; M. Pasteur avait trouve un moyen de creer artificiellomeut un vaccin susceptible do rondre les poules absolument rofractairos a cette maladie virulente.
Ge fut lo 28 fovrior 1881, qu'il jarvint a appliquer avec succes cette möme methodo ;l I'affection charbonneuse. Cos nouvelles methodes no restcrent point limitees ä. des experiences de laboratoiro, elles furont experimentees sur un grand nombre d'animaux ot presque immediatoment utiliseos dans la pratique.
Les vaccins artificiels do M. Pasteur no sont pas les souls qui puissent donner quelquos resultats. M. Toussaint etait parvenu a attenuer, par lachalour, le virus de la fiovre charbonneuse ; dejä, le 12juillet 1880, il commimiquait ä l'Aca-demieles resultats qu'il venait d'obtenir dans ses experiences. C'est en soumettant al'action de la chaleur a 55deg; du sangd'un animal atteint do fievre charbonneuse, qu'il se procurait son vaccin artificiel.
II y a quelques mois a poine, le 26,iuin 1882, M. Chauveau a complete l'ceuvre de son ancien öleve, en determinant les conditions qui pormettent de rendre pratique l'emploi do cette methode pour attenuer, a divers degres, le virus charbonneux et vacciner les especes animales sujettes au sang derate.
Le 24 juillet, 1882 MM. Arloing Cornovin et Thomas, ont fait connaitre a l'Acadömio des sciences, de nouveaux pro-cedes pour obtenir des vaccins artificiels pour le charbon symptomatique, en faisant agir encore la chaleur dans cer-taines conditions sur la serosite virulente extraite des tumeurs charbonneuses et prealablement dessechee a 32deg;
Ces m6mes experimentateurs en novembre 1880, avaient reussi ä preserver les animaux de cette maladie en les soumettant a des injections intra-veineuses, faites avec le sang m6me des sujets attaints de charbon symptomatique.
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Les difiicultes pratiques que presentait l'application de cette methode a amene ces experimentateurs a trouver un autremoyen de vaccination qui paralt pouvoir remplacer avec avantage les injections intra-veineuses dans la prophylaxie du charbon svmptomatique.
Une autre methode d'attenuation des virus a fait I'objet d'une communication de M. Chauveau ä l'Academie des sciences le 4 avril 1881; eile consiste a attenuer les effets des inoculations virulentes par l'emploi de tres petites quantites de virus.
M. Peuch, de Toulouse, a communique le 19 septembre 1882 a l'Academie de medecine un precede d'attenuation du virus de la clavelee par une methode derivee du möme principe. Cette methode consiste a diluer le virus dans de l'eau au einquan-tieme, au centieme memo, et a I'injecter dans le tissu cellulaire avec une seringue Pravaz.
Le virus ainsi attenue n'a guere qu'un effet tout limite et il procure neanmoins I'immunite centre la clavelee.
Dans certaines inoculations prophylactiques dans la vario-lisation, dont nous avons deja parle, on n'attenue pas les virus mais on donne volontairement la maladie en cherchant a choisir et le sujet qui doit donner I'affection et le moment le plus opportun pour la faire subir aux sujets auxquels on veut conferer l'immunitö. Certaines maladies contagieuses sent si frequentes qu'on n'hesite point ä les donner quand on est persuade qu'une maladie que Ton donne de cette maniere est moins grave que celle qui vient naturellement.
La clavelisation, rinoculation de la fievre aphteuse, celle de la peripneumonie contagieuse, ont donne dans la medecine veterinaire d'excellents resultats.
Ces moyens joueront eneore un role assez important dans la prophylaxie des maladies virulentes, pour lesquelles on n'a point encore reussi ä trouver des virus attenues.
On peut voir par Tapercju rapide que je viens de donner 1'extension qu'ont prises depuis quelques annees les inoculations prophylactiques dans les maladies virulentes.
Nous essayerons de montrer, pour chacune d'elles; les resultats positifs obtenus par les divers moyens de vaccination.
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Ces resultats ont ete considerables, indiscutables pour quel-ques-unes d'elles et les succes obtenus nous permeltent d'es-perer que, par des methodes du meme genre, on arrivera a trouver encore de nouveaux vaccins pour rendre l'liomme et les animaux refractaires ä beaucoup de maladies virulentes.
Un grand fait, quo nous devons ä des recLorches relative-ment recentes de MM. Davaine, Chauveau, Pasteur et Tons-saint, c'est que dans les maladies virulentes, le virus est cous-titue par des elements cellulaires doues de vie, analogues aux ferments. Les virus iiltres sur des filtres a plätre perdent leur activite. La serosite des liquides virulents est inactive, cesont los elements cellulaires seals, qui possedent les pro-prietös contagieuses des virus. Ces elements sont mobiles, ils se reproduiamp;ent avec rapidito et prennent, pour se developper et se nourrir, de l'oxygune, de l'acide carbonique et divers materiaux ä nos tissus et a nos milieux Interieurs. Ils vivent pour ainsi dire en vöritables parasites ot a nos depens, s'ils trouvent en nous un milieu favorable. Si notre organisme ne resiste point a leur envahissement, si nous ne pouvons sufflre a leur entretien et au nötre, nous sommes destines ä perir.
La virulence sorait done sous la dependance d'ötres infe-ricurs susceptibles d'otro transportes par I'air dans les orga-nes respiratoires des ötres vivants, d'arriver dans leur Systeme digestif avec leurs aliments, de penetrer d'une fagon quelcon'|uc dans leurs teguments, dans leur sang möme.
Ces ötres infiniment petits, an developpement desquels nous devons les maladies virulentes, ont regu le nom gene-rique de microbes.
On en trouve de differents genres dans diverses maladies.
Les recherches sur les microbes nous ont appris que les vaccins contenaient eux-memes ces 6tres microscopiques. La vaccination introduit done des microbes dans 1'organisme; mais ces microbes sont modifies et attenues. On en prepare artificiellement en modiflant et en attenuant par differentes methodes les virus des maladies centre lesquelles on desire obtenir I'immunite. La presence de ces organismes agirait suffisamment sur notre sang et sur nos tissus pour que les
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microbes des maladies virulentes fussent desormais incapa-bles d'y trouver un milieu favorable a, leur developpement.
Teile est aujourd'hui 1'explication que Ton donne du mode d'action des vaccinations. Mais cette theorie, fut-elle fausse, les nouvelles metbodes de vaccination auxquelles la theorie dos microbes nous a conduit, n'en serait pas moins acquise ä la medecine.
Nous oxposerons cc quo Ton salt aujourd'hui sur les mi crobes des differentcs maladies virulentes centre lesquelles on a trouve diflorents genres do vaccination, mais ce sont snrtout les divers modes d'inoculation preventives tentees avec succos sur l'homtno et sur les animaux quo nous desirous fairo connaitre, et e'est ä lour etude que nous consacre-rons principalement ce travail.
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CHAPITRE II
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LA FIEVRE CHARBONNEUSE
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Son etiologie.
La fievre charbonneuse, le sang de Beauce, sang derate ou charbon, est une maladie eontagieuse qui se developpe frequemment chez les moutons et chez les boeufs. Les ani-maux atteints de cette maladie snccombont quelquefois tros rapidement; on a vn cliez eux la mort survenir en deux heures; d'autres fois, raffection est un pen plus lente.
Tons les animanx d'une otalilo peuvent etre subitement frappes. Certaines regions sont olus souvent atteintes que d'autres. On cite en Franco certains departements oü cette maladie est endemique. le departement d'Eure-et-Loir par exomple, et la haute Auvergne. M. Baillet (1) a souvent rencontre le charbon sur les boeufs des marais de la Cliarente-Infd-rieuro: en Russie et en Siberie, cette affcclion enlcvo ä l'agriculture un grand nonibre d'animaux. Dans les regions oü regne le charbon, certaines localites paraissent plus que d'autres dangereuses pour les bestiaux ; il y a des champs mandits, des montagnes sur lesquelles on ne pout sans danger envojer paturer les bestiaux, ni les faire parqnci-.
Nous verrons quo les recherches de M. Pasteur (2) peuvent
(I) Raillel, Trait,! ile Vinspection den vlaulesile bjncheiie, Paris ISTii. \i)VviSUw, Comptesrenlmdel'Xcah'mie des sciences, 31 Janvier 18j| t. 92, p. 209.
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mus fournir la clo do ces influences en apparence nvyste-rieuses.
Les animaux atteints du charbon paraissent d'abord excites; en sortant de Fetable, ils affect ent une gaiete qui ne leur cst pas habituelle, raais bientöt a cette excitation succede une grande depression : les animaux atteints du charbon ne mangent pas, leurs yeux sent fixes, lour respiration est trou-hlee, leur pouls est petit, la ehaleur de leur corps s'eleve de deux dogres; quelque temps avant la mort il survient quel-quefois dos paraljsics du train postcrieur et des convulsions. laquo; Les svmptömes graves, dit M. Toussaint (1), peuvent se declarer inopinement, on volt par exemple les moutons trembler, chaucoler, tomber sur lo sol, rejeter par intermittence uno urine rosöe renfermant des globules sanguins et des bac-tiridies trcslongues. La temperature s'eleve progressivement jusqu'ä 3deg; au-dessus de la normale. Des crampes et des convulsions apparaissent. En general les muscles des membres et du con sent, comme tetanises, la tete se renverse en arriere, les dents grincent Tune centre I'autre, les yeux roulent dans Torbite, puis la respiration devient plus rapide et sifflantc. Le sang examine a ce moment, montre une immense quantitö do bacteridics; souvont les capillaires superficiels sont tout a fait oxsangues et il devient necessaire de faire des incisions profondes ou do blesser de gros vaisseaux pour voir uno goutte de sang. Le pouls devient petit, lent, presque invisible ; les arteros revenues sur elles-memes, sont molles et trös rlepressibles; los incisions ne donnent plus qu'un jet sans force qui s'oteint ä quelquesdecimetres de laplaie. Enfin, aprös une heure au i)lus, I'animal expire au milieu d'une convulsion tefanique.
Los signes de douleur manifestes dans les dernieres heures do la vie de ces animaux sont dus assurement aux hemorrlia-gies des organes internes, je crois que les symptomes nerveux, comme crampes, disparition do la sensibilite exterieure, perte dos mouvements reflexes do la paupiere lorsqu'on vient a tou-
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(I) Toussaini, llieso inaugwale : Recherches expMmenlales sur la mala-dU charbonnetue, Lyon, t379.
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-lieber le globe de l'oeil, sont causes par la disparition des fonc-tions encephaliques et medullaires, suite de l'anemie due aux obliterations dont les centres nerveux sont toujours le siege.
On constate un peu de leueocythemie dans le sang et un peu de fievre avant l'apparition des bacteridies, quan.l on examine, des animaux auxqucls on a donne le charbon par inoculation, raquo;
Lecadavre des animaux mortsdu charbon estordinaircincnt ballonne, il subit assez rapidement la putrefaction.
On voit dans le tissu cellulaire sous cutane, des infiltrations sanguines et sero-albumineuses.
Lo tissu musculaire se reduit facilement on deliquium lors-que on le malaxe sous les doigts.
Le sang des animaux atteints du charbon est noirätre et poisseux, il colore en brun les tissus qu'il touche. La membrane interne des vaissoaux est fortement coloree. Le sang charbonneux s'epanche facilement audehors, l'animal atteiut de charbon presonte souvent des lesions hömorrhagiques internes. La rate est grosso, bosselee et son tissu est ramolli; dans son Interieur e^iste un putrilage epais et noir. Le foie est congestionne et son tissu est noirätre et bien moins consis-tant qu'a l'etat normal. Les reins sont aussi congestionnes et leur volume est notablcment augmente.
Un animal qui a le charbon transmet avec la plus grande facilite l'affection dont il est attaint a des animaux de mGme espüce et möme ä des animaux dospeces differentes. Les mou-tons se transmettent entre eux le charbon, ils peuvent le donner aux beeufs, au cheval, au lapin, au lievre et ü Tours, les carnivores contractent difflcilement cetto affection, les oiseaux ne la contractent pas, a moins d'ötre places dans des conditions speciales.
L'homme qui touche un animal atteint du charbon peut s'inoculer l'affection charbonneuse, s'il y a quelques excoriations qui facilitent la penetration du virus, ou s'il se piquo avec un instrument souille du sang d'un animal mort de cette maladie.
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I.a pustule maligne est la manifestation locale de l'affec-tiuu I'harboniieuse.
L'inoculation charbonneuse, quand eile so fait par la peau, produit le plus souvent clioz I'liommo une tumeur speciale, qui se manifeste tout d'abord an point d'inoculation avec des earacteres tout ä fait particuliers.
An debut, les phenomenes sont limites ä des lesions locali-s 3es, mais il survient souvent, si Ton n'intervient pas energi-quement, dos plionomönes geucraux d'intoxication. ' Quand les bactcridies out penetre par les voies digestives ct pulmonaii'es, il n'y a en general, chez l'homme et chez les animaux dans le charbon bactcridien, aucune manifestation locale an point d'inoculation.
La fievre charbonneuse se declare seule et produit rapide-ment les symptömes les plus graves.
Chez I'liomme, le charbon pout se declarer apres I'alimen-tation par la viande d'animaux charbonneux ou par suite de la pöuetration de poussieres contenant le virus charbonneux dans les voics trachco-bronchiquos.
Chez les animaux, la fievre charbonneuse se montre le plus souvent quand les animaux out mange des fourrages sur les-quels se trouvaiont des bacteridics charbonneuses.
La pustule maligne resulte presque toujours de l'inoculation du principe virulent du charbon dans un point de la peau primitivemont excorie.
La piqiire d'une mouche, d'un insecte qui a touche un animal atteint de charbon pout encore douner a l'homme une pustule maligne.
La pustule maligne peut aussi devenir contagieuse d'homme a homme, ainsi que le prouvent les observations rapportees par Thomassin, llufeland, Maucourt, Barry, Hausbrand et Raimbert.
Certaines professions exposent a la pustule maligne; ce S)!it pr^cisement cellos dans lesquelles les individus sont appoles a toucher les animaux, morts ou vivant, atteints de eharbon : les bergors, les cquarrisseurs, les bourreliers, les tanneurs. les megissiers, les bouchers, et nous y ajouterons les criuiers en nous basant sur un savant memoire de M. le pro-
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fesseur Layet, inscre clans la Gazette heidomadaire des Sciences midicales de Bordeaux en jnin 1880.
Les pustules se dcveloppent sur les parties du corps ordi-naireraent decouvertcs. Les relations qui existent entre la pustule maligne et, le cliarbon sent incontestables.
On donue le cliarbon aux animaux, enlcur inoculant lo sänget möme lo pus ou la scrosite de la pustule maligne de riioimno.
Cos difforents liquides renferment un tres grand aombre de bacteridics, e'est aces microbes qu'est dueI'mfection char-bonneuse.
On trouve dans la tumeur do la pustule maligne et dans le sang des individus attcints de cotte affection les memes bac-teridies que Ton rencontre cliez les animaux qui out la flerre charbonneuse.
II est probable quo le cliarbon symptomatiquc pent en s'inoculant cliez 1'homme donncr lieu soit ä un veritable cliarbon sjmptomatiquo. soit aussi par ses bactorics a la production de pustules malignes d'une nature speciale.
II doit y avoir des pustules malignes produites par la bac-tcridie du sang de rate et d'autres qui doivent leur origine a la bacterie du cliarbon svmptomatique.
Enaux et Chaussier, on 1785, avaient dejä vu en se basant sur robservation clktique, que toutos les pustules malignes n'ctaient pas do memo nature.
L'expörienco fameuse du doctcur Boinet qui, sous I'in-fluence des idees de Rayer son mattre, sinocula sans en eprouver aucun mal, la scrosite d'une pustule maligne prouve que Ton doit faire une distinction entre la pustule charbonneuse vraie et la pustule de nature non bactcridiennc.
Le docteur Raimbert, de Chätcaudun, admet des pustules malignes charbonneuses et des pustules malignes pseiulo-charbonneuse.
M. Duraolard, de Vizille, croit ä rexistenco d'une pustule infectante et a I'existence d'une varicte non infectan'e.
Les differentes especes do pustules u'ont point la memo gra-vite, 11 est probable qu'elles no sent pas duos aux monies causes.
Les muqueuses digestives ct pulmonairos pcuvent scrvir
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aussi chezrhommedevoie'd'intpoduction dansTorganisme au principe virulent. L'affoction charbonneuse affecte dans cecas un caractrrc special en rapport avec le siege particulier de l'inoculation. L'infection se produit surtout facilement si lea muqueuses mise.s en contact avec lo virus charbonneux prösentcnt des erosions, des ulccrations et des deeliirures.
lie lait et les viandes provenant d'animaux atteints de fiovre charbonneuse communiquent ä I'homme cette mamp;ne affection. Le virus charbonneux pent encore arriver avec certaines pous-sieres dans les voies tracheo-bronchiques.
I-e charbon peut done se transmettre par la muqueuse digestive, la muqueuse pulmonairo pout servir aussi de voie de transmission ä la maladie.
Le virus du charbon penütre done clans I'cconomie par diffe-rontes voies, mais il faut qu'il agisse directement sur nos tissus, peau ou muqueuse sous une forme on sous une autre, pour que I'affection charbonneuse se declare.
L'affection charbonneuse n'est dans aucun cas une maladie spontanee. Si Ton cherche Men dans la pustule maligne comme dans la fiövre charbonneuse chez l'homme et chez les animaux, on doit rotrouver I'Drigine du virus et son mode de penetration dans I'organisme.
Le charbon peut ötre transmis directement d'un animal a un autre animal et de l'animal a l'homme. parlo contact direct du sang charbonneux avec une excoriation de la peau. Les bacteries peuvent penetror aussi dans I'intestin, par I'ali-raentation, avec de la viande d'animaux charbonneux.
Nous trouvons äce sujet dans I'excellentTmitedeVinspection des viandes de ioucheric, de M. Baillet, et dans le Traiti de la police mnitaire des animaux domestiques, de M. Ravnal (1), de nombreux cas de mort, resultat de ralimentation par les viandes d'animaux morts du charbon.
Fauvel (2), veteriaaire ä Rome, a vu perir trois des mem-bres d'une famille de sept personnes pour avoir consomme de la viande charbonneuse.
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:l) Raynal, Trait' d- h police sanitaire des animaix domestiques. (2) Fauvel [Mimoirede la i-'ociHe d'agriculture, 1880J.
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M. Baillet cite parmi los auteurs qui ont vu se produire sur les animaux la transmission da cliarbon par les voles digestives : Gilbert, Desplas, Worlach. Godine, Mousis, Gnil-laume, Thomas, Due et II. Bouley. Les faits nogafifs. ceux danslesquelsla viande charbonneuse a pu etre consommee sans inconvenient ne prouvent rien, Raynal cite un certain ncmbre d'exemples qu'il emprunte a Duhamel, ä Thomassin, a Mo-rand, a Goux d'Agen, ä Parent-Duchatelet. Nous en dirons autant des experiences de MM. Renault et Colin. Un grand nombre de cos experiences ont ete faitos, du reste, dans de mauvaiscs conditions, puis qu'on expörimontait sur des clijens qui sont refractaircs ä 1'affection charbonneuse.
M. Raimbert, de Chätoaiulun (1), atraceun tableau sympto-matique, assez precis, de la flevre charbonneuse, qui succede, chez l'homme, ä l'usage des viandos d'animaux atteints du charbon.
laquo; Cette affection, dit-il, debute par un sentiment de cour-bature, de briscment des membres, des vertiges, de la dou-leur de tote, des lombos et de la flevre. Celle-ci revientquol-quefois par accös ou redoubloment. II y a de l'anorexie, des nausecs, la langue ost saburrale, l'öpigastre douloureux. II existe des douleurs sourdes autour du nombril et des vomis-sements presque toujours bilieux, les douleurs abdominales sont de plus en plus vives et ressemblent parfois ä cellos de l'ilöus; dans quelques cas, elles s'accompagnent do crarapes dans les membres. Le sang tiro dos veines, est souvent, des le commencement, noir et epais. La soif s'allume : olio est vive; une chaleur ardente se fait sentir dans les entrailles; la diarrhee s'ctablit, les selles sont bilieuses ou ecumeuses bri-quetees; pendant ce temps, la langue est resteo saburrale ä sa base, rouge a la pointe et aux bords. Le ventrc so meteo-rise, les forces se brisent de plus en plus, le malade a quel-quefois des lipothimies; il ost oppresso, anxieux, agite, sans sommeil; dans quelques cas, il a do la somnolence, du dcliro ou des convulsions; enfin, les traits s'altcrent, 's'hippocrati-
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(I) M. Raimbert, Jo Chateaudun, article cliarbon : Dicl'mwa're d: mcile-cine et de chirunjie pratique.
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sent; le pouls s'affaiblit, se ralentit ou devient intermittent, les extreraites se refroidissent. La peau suche jusqu'alors, et dont la temperature s'est abaissee, se couvre de sueur, at lamort a lieu dans 1'espace dc trois, cinq on huit jours. raquo; Dans certains cas. on a vu se produii e cliez lliomme, a ia suite de l'alimentation par des viandes d'animaux morts du charbon, un veritable charbou sjmptomatique avec des petechies et des tumeurs multiples; il est probable que I'intoxi-cation avait eu lieu avec des viandes d'animaux attaints eux-mi'mes de charbon symptomatique et infectes de bactöries.
L'cruption dit Raimbert, de Ohateaudun, se fait quelquefois 24 a 72 heures apres l'alimentation par les viandes alterees. Elle se montre le plus souvcnt dans les cas d'intoxication les moins graves, ce qui tondrait a prouvor que le charbon sjmptomatique doit 6tra moins dangereux pour lliomme qua la fievre charbonneusc proprement ditc ou charbon bacteri-dien. Raimbert cite a ce propos une observation d'Odoardo Turcketti et une observation do Bertin Faulet oil le charbon sjmptomatique paraTt avoir ete produit par l'.usage de la viande d'un beeuf mort du charbon et probablement du charbon sjmptomatique.
La fievre charbonneuse a, le plus souvent, pour origine, chez les animaux, la penetration de bacteridies par les voies digestives, at, principalement, la muqueuse buccalc et pha-rjngienne. Toussaint avait constate dans les autopsies d'animaux morts du charbon, qu'il j avait frequemment dans cette maladie des lesions des muqueuses buccales et pharjn-giennes; les experiences de Pasteur ont mis hors de douta ce mode d'infection dans la fievre charbonneuse.
raquo; M. la professeur Lajet(l) cite dans un travail sur la transmission du charbon par les voies atmospheriquas quelques details fort interessants sur la mjcosa intestinale qu'il em-prunte a Wagner, da Leipsick. Nous j trouvons quelques details fort interessants sur la penetration des microgermes du charbon dans la muqueuse intestinale. laquo; Sous le nom de raquo; mjcosa intestinale, dit-il, les Allemands ont decrit dans cas
(I) Uyet, G'netleheMomadairedes Sciences mmi ales de Bordeaux, 1880.
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raquo; dorniers temps une affection caracterisee par tons les symp-raquo; tomes de la maladie charbonneuse se manifestant avec ou raquo; sans pustule maligne, et par des lesions du tube digestif raquo; dues specialement A la proliferation dos bacteridies dans raquo; lamuqueuse intestinale. Suivant E. quot;Wagner, de Leipsick raquo; {Arch, du Heilkunde, 1878), le parasite s'attaque d'abord raquo; a I'epithelium, passe ensuite dans le t;ssu d8 la muqueuse, raquo; le plus souvent dans l'interstico des glandcs en tubes qui raquo; peuvent en etre tout a fait romplics. quoique rarement.
raquo; De la muqueuse, les parasites passent dans les vaisseaux raquo; lymphatiques et sanguins et occasionnent de I'liyperemic et raquo; des hemorrhagies. Du Systeme vascolaire intestinal, ils sont raquo; transportes dans les ganglions lymphatiques du mesontereet raquo; du mesocolon, oü ils produisent les memes accidents hjpere-raquo; miques et hemorrhagiques, exsudatifs et neoplasiques. Dans raquo; le sang on trouve des bacteridies on nombre variable, avec raquo; une augmentation tres marquee des globules blancs.
raquo; Mraldeyer, Nedging et Munch out observe cette affection raquo; chez les ouvrieis qui fabriquent les brosses, et tons los faits raquo; cites par Wagner se rapportent a des sclliers ayant mani-raquo; pule des crins venant de Russie, notamment de la Siberie, raquo; d'oü Ton expedie ces maticres dans an otat do malpropreto raquo; extrfime. raquo; (1)
Les spores du charbon peuvent penetror avec cortaincs poussiores dans les voios rcspiratoircs et digestives.
Noustrouvons dans le memoire de M. le professeur Layet, un grand nombre de preuves de la transmissibilite de Taffecti-on charbonneuse par vuie atmospherique. M. Layet demontre, a, I'aide d'un grand nombre do faits, quo la contagion du charbon peut se faire par rintermodiaire de poussierelaquo; servant de vehiculo au germe infectieux. Les ouvriers qui preparent le crin de cheval venant de l'Amerique du Sud ou de la Russie sont sujets quelquefois a la pustule maligne, mais ils succombent aussi ä des accidents rapidoment mor-tels que Ton doit rattacher a I'affection charbonneuse et qui ne se manifestent exterieurement par aucunc lesion.
(I) Layet, Gazelle hebd. des sc. mal. de Bordeaux, n04, 1880.
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Les poussieres des crins provenant d'animaux morts du charbon penötront dans le tube digestif et dans les voies aeriennes et v apportent dos microgermes infectioux. L'infec-tion cbarbonneuse pent done se produire ä, la surface des mu-queuses pulmonaires et digestives.
En 1847. Trousseau cbarge de faire one cnquöto sur la frequence du charbon cbez les ouvriors qur travaillent le crin do clieval provenant de Buonos-Ajres, constata qua dans deux ateliers visites par lui et qui employaient do six a, Imit ouvriers, 11 y avait en viugt morts. depuis dix ans.
Dans uno munio fabriquo a Glascow nouf ouvriers tra-vaillant lo'crintombüront malades et quatrc moururent, deux de ces ouvriers avaient des pustules malignes, mais les autres succombörcnt ä l'intoxicatio:! charbonneuse par la voie intesti-nale ou pulmonaire. il n'y avait sur eux aucune lesion cutancc.
Virchow a fait I'autopsie d'un ouvrier do chemin de for, qui avait succombo rapidement, aprcs avoir cte omijloye pendant quelque temps a dcfaire le vieux crin animal des coussins do wagon. On trouva dans son sang dos quantites do bactcridies et de micrococcus.
11 y avait eu pendant la vie : tumefaction du pharynx, dys-phagie avec lividite, soif tres vivo, (laquo;demo inllaminatoire du cou, ganglions indurcs et mort par aspbyxie.
Dans le cbarbon bacteridien qui survientsans pustule maligne, sans lesion externe apparente, on trouve a rautopsie de nombreux foyers bömorrhagiques des cedömesrenfermant des baeteridies et des alterations ganglionnairos.
Les malades eprouvontquolquefois dos vomissements, unc soif intense; uno transpiration abondante s'etablit, la sueor est froide, la temperature s'abaisso et la eyanose se produit; il y a souvent des bemorrhagies nasales post-mortem; 11 se fait de nombreux foyers bemorrliagiqucs dans lesviscores et dans le tissu cellulaire sous-cutanc.
M. Pasteur (l)aetudieun autro mode d'origine du charbon qu'il est bien important de connattre. Los animaux morts
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(I) Pastaar, Comples remlns de l'Acadimie des sciences, öl janvicr 1C8I, p. 209.
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du charbon et enfouis dans la terre. peuvent l'impr^gner de sues riches en baeteridies. La putr-efaction detruit la bacteridie, mais les lif[uides encore non putrefies qui s'epan-chent dans les terres qui avoisinent les fosses, peuvent trouver des liquides de culture qui permettent aux baeteridies de donner naissance a des spores. Ces spores peuvent resister aux vicissitudes atmospheriques; elies peuvent se conserver tres longtemps sans s'alterer dans les parties les plus profondes du sol. Deposces dans latorre, el]es n'attendent qu'une condition favorable pour venir au deliors. Les vers de terre, les taupes, les courtilleres, en. romuant la terre, peuvent les amener ä la surface, et alors ces spores peuvent contaminer directement les animaux qui pietinont la terre, s'ils ont des excoriations a la peau. Elles peuvent penetrer dans les voies respiratoires sous forme do poussiere si les animaux flairent le sol. Los spores peuvent encore contaminer les fourrages, et c'est ainsi qu'elles peuvent ä un moment donne penetrer dans le tube digestif. M. Pasteur a fait remarquer que le eliarbon se developpait souvent chez des animaux qui mangeaient des fourrages renfermant des piquants susceptibles de dechirer la muqueuse et de facili-ter la penetration des spores. Ces clivers modes de penetration des spores du charbon dans I'organisme, nous permettent d'expliquer les pretendus cas do charbon spontanes. M. Lavet faisait observer clans son travail de 1880, sur le charbon des criniers, que la composition des poussieres de crin, pouvaient faire supposer que quelques-unes des particules acerees, quelques-uns des fragments de poils arrives en presence des muqueuses pouvaient produire des erosions, des piqüres par oil le virus pouvait penetrer dans I'intimite do I'organisme.
Tout ceci n'est point une hypothese. Pasteur a pu trouver des spores de baeteridies dans de la terre recouvrant une fosse dans laquelle on avait enterre douze ans auparavant, des animaux charbonneux.
Pour retrouver les spores eharbonneuses dans les terres qui recouvrent les fosses d'animaux morts du charbon, M. Pasteur opere de la maniere suivante : les terres sent levigees et chauffees ä 90deg;, on a pu obtenir par ee moyen un liquide
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contenaat seulementle vibrion soptiquoetles spores du char-bon; al'aide crinoculationsfaitesavec ce liquide on apu donner le charbon a des animaux. La möme operation tentee sur la terre ä une certaino distance des fosses, a donne des resul-tats tonjours negatifs. Ces experiences nous permettent de comprendre comment le charbon se maintient dans certaincs regions, comment certains champs pcuvent communiquor plus facilement lo charbon que d'antres. Ce sont les lieux ou des animaux charbonncux ont etc onterres qui conscrvent les spores. II no faut qu'une occasion favorable pour que le charbon se transmotto aux animaux et des animaux ä l'honune.
MM. Rayer et Davaine (1) avaiont constate en 1850 que le sang des animaux morts du sang de rate ou du charbon, ren-fermaient des bätonnets cjlindriques tres tenus et immobiles. Ces bacteridios furent observees par Pollander en 1855 et par Brauell en 1857. Ce n'estquevers 1803 que M. Davaine (2), apres avoir In los travaux do M. Pasteur, affirma le role important de la bacteridic qu'il avait decouverte dix ans auparavant. II fut amene ä ce resultat en assimilant Faction de la bacteridie sur I'organisme a celle du ferment butjri-que sur certaines matieres fermentoscibles. Le ferment butyri-que so presente sous la forme de petits bätonnets cylindriques tout a fait analogues a la bacteridic charbonneuse. {fig. I, II et III).
M. Davaine institua un certain nombre dquot;experiences qui prouverent le role do la bacteridie dans la transmission du charbon, et e'est alors qu'il fut amene a attribuer a la presence de ce vibrion dans le sang, la virulence de rafTection charbonneuse.
M. Davaine avait tronvc la bacteridie chez les animaux morts du charbon ; il avait constate la presence du memo vibrion dans la pustule maligne, il retrouva encore la bacteridie chez les animaux qu'il avait inoeules avec du sang charbonncux.
II constata un fait fort important, c'ost que 1c sang des
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(1)nbsp; Kajcr ct Davaine, Bulletin (le la SochHa de Biologie, ISoO.
(2)nbsp; Davaine, Comples remits de l'Acadämie des scicnees, 1863, p. -220, 331, 386, t. 37.
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animaux recemment inocules avec du sang d'un ai;imal mort de charbon, contient des bacteridios avant qu'aueun Symptome morbide n'ait pu otre encore constate chez lui.
Ce fait a ete verifie recemment par plusieurs membres de la Commission qui experimentait la vaccination charbonncuse :i- Talais (Gironde).
L'apparition des bacteridies n'est done point un phenomene consecutif au developpement du charbon, mais un phenomene primitif. Ce n'est done point un effet, mais une cause. Unc autre experience qui vient encore confirmer le röie de la bacte-i idle dans le charbon est la suivante :
En inoculant le sang d'un animal mort du charbon quelques temps apres la mort au moment oil la putrefaction se deve-loppe et quand les bacteridies ont disparu on ne lui communique point cette maladie; si 1'animal meurt par hasard, il succombe ä la septicemie.
Dans des experiences faites en 1865, M. Davaine avait vu que si Ion donnait le charbon a un animal en etat de gestation, on constatait a, l'autopsie que le sang du foetus ne contenait pas de bacteridie L'inoculation montrait que le sang du foetus ne donnait pas I'aifection charbonneuse. Ontrouve la bacteridie dans le placenta, mais eile no pent pas traverser les vaisseaux rnaternels. Le placenta sort de filtre; il retient les bacteridies dans les vaisseaux de la mere. Sans bacteridies, pas de charbon, e'est ce qui nous explique pourquoi le foetus ne contracte pas le charbon en m-jmo temps que la mere. C'etait lä une experience fort importante pouretablir le röle de la bacteridie dans 1'affection charbonneuse.
Davaine avait done nettement etabli les relations de cause a effet entre la presence de la bacteridie dans le sang et l'affection charbonneuse, mais Ton faisait ä ses experiences une objection. Davaine faisait ses inoculations avec une goutte de sang. Le virus ne pouvait-il pas etre a Fetat liquide dans laserositö du sang, les globules blancs et rouges n'avaient-ils aucune action? la bacteridie n'etait-elle la qu'un element accessoire, un effet ot non une cause ?
C'est Pasteur qui est venu completer la demonstration de Davaine en isolant la bacteridie ct en se servant pour son
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inoculation de la bacteridie absolument isolee de tous les autres elements figures du sang. (1)
Si la bacterie seule est capable de donner le charbon, e'est eile qui doit constituer le principe virulent de cette affection.
Pour arriver a cc resultat, Pasteur emploie une methode qui lui a servi ä debrouiller les mjstöres de la fermentation lactique et de la fermentation alcoolique, il seme une gontte de sang charbonnoux dans de l'urine neutre ou un peu alca-line et il voit la bacteridie s'y developper avec une tres graudc abondance ct beau coup de rapidite. La bacteridie s'y devoloppe en fliaments onchevetres tres longs et a segmentations rares; dans ces filaments se ferment des spcres dans les points du liquide les plus accessibles a 1'air. Ces spores peu-vent a lour tour en se developpant fournir de nouveaux filaments. La bacteridie de culture, n'est point identique dans sa forme avec la bacteridie du sang charbonneux; elleen diffore par la disposition de ses filaments'quisont courts, raides et immobiles; on ne rencontre pas de spores dans les bacteri-dies du sang charbonnoux. (Fig. I, II et III).
La bacteridie est avide d'oxvgene et eile cesse de se developper si roxTgüno vient ä lui manquer. Les spores sont bien plus resistantes et elles pcuvent impunement subir tin sejour prolonge dans I'acido carbonique.
En prenant une goutte d'un liquide de culture renfermant des bacteridies, on communique le charbon aux animaux et il n'y a plus ici aucune espece de doute. Si Ton opcre avec des bacteridies obtenues dans plusieurs cultures successives, il n'y a plus de globules de sang et los parties liquides du serum sont tellement diluees que leur action ne pent plus 6tre comptee; il est facile de voir du reste que le liquide de culture filtre sur un filtre a platre, n'a pas la moindre action virulente. C'est done la bacteridie seule qui est la cause du charbon.
C'est principalement en privant les globules de l'oxygene qui leur est necessaire'que la bacteridie tue les animaux;
(I) Pastour, Comptes rendus de l'Acadimie des sciences, $amp; Wvrier i881, p. 429, 662 et 666, t. 92.
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le sang devient noir, poisseux et asplvyxique sous I'action de ces microbes. En xneme temps qu'il perd son oxygene, le sang perd aussi sa fluidite. La baeteridie secrete un ferment soluble, qui, mcle a du sang non-charbonneux, lui donne la viscosite du sang malade, cette viscosite du sang gone la circulation capillaire et contribue a rendre I'hema-tose de plus en plus difficile.
La bactJridie ne se dcvcloppe pas cliez tous ]es animaux, les oiseaux paraissaient jusqu'ici refractairos au developpcment de ce microbe, 11 en otait do möme des animaux a sang froid.
M. Pasteur (1) a donne le premier la demonstration la plus nette de la cause de cette immunite. Le sang des oiseaux esv ordinairement a une temperature do 42deg;; la baeteridie ne pent point sedeveloppcr ä cette temperature. Si Ton refroidit line poule, si Ton abaisse expcrimentalement sa cbaleur, en plongeant ses pattes dans de l'eau ä 25deg;, si son sang n'a plus qu'une temperature do 37deg;, on voit la poule refroidie contractor le cliarbon. Si Ton inocule une poule refroidie et qu'on la rechauflc, lo cliarbon ne se deve'oppepas; la demonstration ne saurait ötre plus complete. Mi Pasteur (2) a pu montrer a rAcademie et ä M. Colin, lui meme qui assurait quo les poules etaient absolumcnt refractairos au charbon, des ponies, qui apres avoir ete refroidies, avaient contracte cette maladie.
Les animaux a sang froid ne contractent pas le cliarbon. II cst probable quo leur immunite tient encore ä la temperature do leur sang. En mettant des grcnouilles dans de l'eau chauffee a 35deg;, M. Gibier (3), dans une communication recente a la Societe de iiologie, pretend etre ainsi arrive a leur com-muniquer le charbon. Ces faits, vivement contestes' par MM. Dastre et Paul Bert, meritent d'etre experimentes ä nouveau. La grenouille peut-elle vivre dans l'eau ä 35deg; ?
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(1) Pasteur, Comptes rendus de VAcadämie des sciences, t. 91, p. 315 el 673; 1880,
(-2) Bulletin de VAcadimie de Mddecine, 1880.
(3) Gibier, Comptes rendus de VAcad^mie des sciences, U 9i, 1882,12 juin, p. 1603.
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cette temperature cst-elle incompatible avee lavie de ranimal? II resulto d'experiences reproduites par devant la Societe de biologic, que les grenouilles resistent parfaitement ä une temperature do 35deg; et qu'A cette temperature elles sont capa-bles do contractor I'affection cbarbonneuse.
La temperature du sang de certains animauxpeut done nous expliquer certaines imraunites. II existe cependant en dehors de ces faits des iramunites bien difficiles a comprendre; certaines races d'animaux ne contractent pas lo charbon. Les mou-tons d'Afrique sont refractaires a cette maladie; des experiences faites a, I'ecole d'agriculture de Montpellier, ont ega-lement montre que des fines d'Afrique presentaient une immu-nite du memo genre.
Dans certaines races refractaires, les jeunes animaux peu-vent etro inocules, si Ton cmploie surtout de grandes quan-tites de virus.
II y a certainement pour les microbes des conditions materielles de doveloppemont qui nous sont encore inconnues et qui influent sur la production du charbon.
Les bacteridies pour se dovelopper, doivent emprunter de l'oxygene an globule, mais si le globule rotient avec cnergie son oxygono, la bacteridie devra porlr: il y a done lutte dans 1c sang entre la bacteridie ct le globule, et si le globule I'emporte, ranimal sera resistant. C'est ce qui arrive quel-quefois quand on inocule directement le sang charboneux dans les veines d'un animal tivs vigoureux. Certaines conditions de milieu sont done absolument necessaires an leve-loppcment du microbe.
Le sang est un milieu qui pent dans certaines conditions, manqucr do certains principes indispensables au devcloppe-ment des bacteridies. L'affaiblissement du sujet, I'hematose insuffisante des globules, pcuvent fournir aux microbes des conditions do culture favorable.
Nous avons vu quo la temperature du sang jouait un röle important sur les conditions de receptivite.
II suffit do priver un milieu fermentiscible de certaines substances en apparence tres pen actives et contenues en
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quantite infinitesimale dans le liquide fermentescible pour qu'il devienne impropre au developpemect du fermect.
II faut pour que les virus se developpent eertaines conditions de milieu analogue a celles que reclame les fermentations, c'est la ce qui pourrait expliquer la receptivite d'es-peces, en apparence pen differontos, et rimmunitö quepresento pendant longtemps certains individus qui ont subi une premiere fois les atteintes d'une maladie virulente.
Les espices qui paraissent avoir aujourd'hui une cerfaiuo immunite, ne la doivent-elles pas ä ce quo leurs ascendants oat ete tons atteints do lamaladie?Leur immunite actuelle neserait-elle pas due a une vaccination dont ils jouiraient par heredite ?
L'immunite pent se transmettro du foetus a la mere, ne peut-elle point so transmettro a travers plusieurs generations ? Les individus refractaires n'ont-ils pas rogu de lours parents comme une espece de vaccination susceptible de les raettre a, l'abri des atteintes de l'affection charbonneuse ?
Les animaux qui vivent dans dos localites ou le cbarbon est endemique sont quelquefois refractaires a l'affection charbo-neuso. N'ont-ils pas subi dos inoculations a. des doses excessi-vement minimes; ne se sont-ils pas pour ainsi dire spontane-ment vaccines ?
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CHAPITRE III
DES VACCINATIONS CH ARBONNEUSES
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Experiences de Talais (Gironde).
La question d'etiologie ducharbonme paraissantabsolument etablie par tous les faits qua je viens de rapporter. Je passe maintenant a une question tout anssi interessante, c'est la question des vaccinations charbonneuses.
Le charbon est une affection virulente, il ne recidive pas L'organisme ne pout point fournir deux fois un milieu conve-nable au developpement du microbe de cette maladie. II y a la certainement quelques analogies avec ce qui ce passe pour certaines fermentations qui ne peuvent plus se faire dans un liquide qui a deja servi a une fermentation premiere. Le microbe du cbarbon analogue pour la forme au ferment butyrique, se comporte, sous ce rapport commo un ferment ordinaire.
II resulte de nombreuses observations, que I'animal qui con-tracte le charbon en etat de gestation, communique I'immu-nite au foetus qu'il porte. Le sang du fcetus, se trouve probablement prive de certaines parties liquides et solubles que la mere n'a pu lui fournir, il devient impropre au developpement de la bacteridio.
Nous savons que dans les affections virulentes, il pent y avoir des cas plus ou moins graves, mais quelle que soit la gravite de l'affection virulente, une premiere atteinte d'une
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affection de ce genre preserve pour longtemps et quel-qucfois pour toujours de cetto maladio.
Pasteur a pu artificiellement, par des cultures successivos, dans des conditions variables do temperature, ci'eer des etats divers du virus charbonueux, dbues de proprietes virulentes plus ou raoins grandes et susceptibles de se conserver avecleur lüome proprietes. Cos virus attenues ä differents degres sent capables do dovenir preservateurs pour une atteinte ulto-rieure de I'affection charbonnousc. Cost pour le cholera des ponies que M. Pasteur a d'abord decouvertlo moyen do pre-parer des vaccius artiliciels. Ce savant a pu appliquer plus tard avec sueces cetto methode ä ralfcction charbouneuse.
M. Toussaint, do Toulouse, fut lo premier a, decouvrir un vaccin artiüciel du cliarbon. il se servait, comme vaccin, du sang charbonueux dilue et plusieurs fois filtre sur une dou-zaine de filtres, ou bien du sang charbonueux chauffe a 55 degres ou traitc par I'acide phenique a 1 et demi pour cent, mais les resultats qu'il obteuait n'etaicnt point constants, il survenait assez souvent des insucecs et I'immnnite ainsi obteuue no durait (jue 5 ou 0 mois (i).
M. Chauveau a repris dans un momoire, lu le 26juinä l'Acadömie des sciences, les experiences do Toussaint pour uiontrer, qu'avec certaines precautions, la methode de son anoien clove etait tout aussi sure quo cello de Pasteur (2).
M. Chauveau fait observer qu'il faut pour avoir un bon vaccin suivre le procodo suivant : cliauffcr le sang charbonueux iustantanement et egalement dans toutes ses parties et lo soustraire rapidement ä riutlnonce do la chaleur et, pour cola, il faut agir sur de petites (juantites de liquide enfermees dans des pipettes bleu fenuees, portees successivement dans l'eau chaude ct dans I'eau froide.
II conseille do prendre le sang sur un cochon d'Inde ayant survecu quarante-huit heurcs ä rinoculation : il emploie lo vaccin lo lendeiuain du jour oil il a etc prepare.
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(I) Toussaint, Complesrerulus de VAcaicmieties sciences, 13 juillet 1880. p. 13o, I. 91.
(-2) Chauveau, Comples rendus de I'AcrtihJmie des sciences, 26 juin 1882, p. 1694, t. 91.
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Si Ton chauffe du sang a, 50J plus ou moins longtemps sans döpassor vingt minutes, ou obtient du virus plus ou moins attenue qni ponrra servir a dos vaccinations plus ou moins enorgiques destinees ix amener progressrvement rimnr,:iiito complete comme avecles divers degres d'attenuation du virus de M. Pasteur.
Chauveau a obtenu quelques rcsultats dans la flevrecliar-bonneuse en employant. comme moven do vaccination, des quantites tres minimes de virus. M. Chauveau diluait a divers degres le virus charbonneux de facon u n'avoir que de 50 ä 1,000 bätounets par ceutimötre cube, et il injoctait le virus ainsi diluo dans le svsteme veineux ; il a pu reussir a rendre ainsi des moutons refractaircs ä des inoculations de virus charbonneux (1).
Mais tons ces precedes presentent assozsouvent des insucces e'est a Pasteur que nous dovons la decouverto d'une me-thode vaccination rcellement sure ct facile ä pratiquer. (2)
Pasteur avait obtenu une bacteridie inerte en mettant du liquide charbonneux contenant des bactoiidics dans du bouillon de poule pendant deux mois an contact do I'air, a une temperature do 42 a 43deg;. En arrötant cette operation ä diverses periodes, del'evolution de la bacteridie, 1'illustre chimiste avait observe qu'on pent obteuir des bacteridies do moins en moins actives. Co qui ost fort reinarquable, e'estqueces diffe-rentes bacteridies ainsi obtonues sont susceptibles do so dovc-lopper et de so reproduire avec lour caractere do virus attenue si on les soumet ä de nouvelles culture. On pent done faire diverses cultures renformant des bacteries do virulences diverses : la bacteridie inerte, la bacteridie capable de tner un cobave de deux jours, celle qni pent tuer un lapin, cello qui pent tuer un mouton, eelle qui pout tuer un bcouf.
On cree done de toutes pieces des bacteridies de virulences differentes, et en choisissant dans ces diSerents liquides de culture on pout arriver a trouver parmi elles des bacteridies-
(1)nbsp; Chauveau, Complcs rendns de l'Acaddmie des sciences, i avril 1S8I, p. 844, t. 92.
(2)nbsp; nbsp;Pasteur, Comples rendns de l'Acad-'mie des sciences, in fevrier 1SSI, p. 429, t. 92.
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vaccins susceptibles de jouer un röle preservateur, sanspro-duire aucune lesion serieuse dans Forganisme.
Un fait encore interessant, c'est qu'on pent confercr a I'or-ganisme une imraunite de plus en plus grande ä des virus tres actifs, en procddant par des vaccinations successives avec des virus de moins en moins attenuos. On arrive ainsi par gradation et en toute sürete ä rendre I'organisme refractaire a des virus tres energiques. Une seule Taccination avoc un virus tres attenue pout ne pas suffire a creer rimmunite: des vaccinations successives permettent seules d'obtenir sans danger une resistance complete de l'animal au virus cliarbonneux le plus actif.
De möme que Ton pent attenuer la virulence, on peut aussi la renforcer et revenir d'un virus atlemie ü un virus tres actif, en inoculant directement le sang cliarbonneux d'ani-maux recemment inocules. Si Ton tue un cobaye de deux jours avec un virus tres attenue, ]e sang de ce cobaye sera plus virulent que le liquide qui a servi a rinoculation ; uno Koutte de ce sang pourra tuor un lapin; une gontte de sang du lapin ainsi inoculo pourra peut-etre tuer un agneau, et ainsi de suite. La virulence de raflcction charbonneuse augmente par des transmissions successives.
Les virus peuvent dans la nature s'attenucr par des pro-cedes analogues ä ceux dc M. Pasteur, raction de Fair, I'ac-tion de la chaleur, la nature du milieu on se developpe la bac-teridic, peuvent modifier la nature du microbe. Dans les epidemics, la virulence peut se renforcer par des transmissions successives.
L'extinction et le reveil des epidemics trouvent done en par-tie leur explication dans les belles recherches de M. Pasteur.
Les vaccinations charbonneuses sont passees du domaine theorique dans le domaine pratique et clles ont ete soumises a des epreuves qui ne laissent plus aucune espöce de doute.
Les vaccins du charbon sont aujoui'd'hui prepares par kilogramme dans le laboratoire de M. Pasteur et expediös en province oü on ino^ule des millicrs d'animaux. 11 suffit de s'adres-sJr d Paris, iM. Boutrjux, rue Vauquclin, 18, pour en rece-
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voir les quantites necessaircs aux vaccinations que Ton desire faire.
II resulte des faita rocnoillis jusqu'ici, quo les Taccinations par les procedös de M. Pasteur sont presquo toujours ino-ffcnsives et qu'elles sont reellement eflicaccs.
Cast a Pouilly-le-Fort, dans la Seinc-et-Marne, qu'ont eu lieu les premieres experiences qui out fourni a I'illustre Pasteur la confirmation la pins eclatanto de ses belles rcclier-ches sur les vaccinations charbonneuscs.
La Societe d'agriculture do Melun lui avait offert de rea-liser ses experiences snr une grande echelle, pour qu'il n'y eüt plus, pour le public aucune ospeco do doute sur la valour du proccdö de vaccination qu'il proposait commo rcsultat de ses experiences de laboratoire.
M. Pasteur, de concert avoc MM. Cnamberland et Roux, rcdigerent le programme suivant qui fut en tout point realise. Nous le reproduisons tel que nous le ti ouvons dans la Gazette hebdomadaire Ac Paris :
laquo; i0La Societe d'Agriculture do Melun met ä la disposition de M. Pasteur CO moutons ; 2Ü 10 de cos moutons no subiront aucun traitement; 3deg; 25 do cos moutons subiront deux inoculations vaccinales, a douzo ou quinze jours d'intervalle, par deux virus charbonneux incgalement attenucs; 4deg; cos 25 moutons seront, en memo temps que les 25 restants, inocules par un charbontrös virulent, aprds un nouvel Intervalle do donze ou quinze jours ; les 25 moutons non-vaccines periront tons ; les 25 vaccines rcsisteront, et on les comparera ultdrieure-ment avec les iO moutons reserves ci-dessus, afin demon*rer que les vaccinations n'empechent pas les moutons do revcnir ä un etat normal; 5Ö apivs I'inoculation generale du virus trös virulent aux deux lots do 25 moutons vaccines ct non vaccines, les 50 moutons resteront rcunis dans la mnme stable, on distinguera une des series de l'autre en faisant, avec un emporte-piece, un trou a roreille des 25 moutons vaccines; 6deg; tous les moutons qui monrront charbonneux seront, enfouis un a un dans des fosses distinctes, voisines les unes des autres, situees dans un enclos palissade; 7deg; au mois de mai 1882, on fera parquer dans Teuclos dont il vicnt d'etre
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question 25 moutons neufr, n'ayant jamais servi ä des experiences, afin de prouver que les moutons neufs se contagion-nent spontanement par les germes charbonnenx qui auraient ete ramenes ü la surface du sol par les vers de terra; 8deg; 25 autres moutons neufs seront parquös tout ä cöte de l'enclos precedent, ä quelques metres de distance, la on Ton n'aura jamais enfoui d'animaux charbonnenx. afindemontrer qu'aucun d'entrc eux no mouri'a du charbon.
raquo; De plus, 10 vaehes fnrent offertes aux exjicrimenfateurs, qui les accepterent, mais on declarant que les 4 animaux qui ne seraient pas vaccines ne succomberaient probablement pas aux inoculations, mais seraient tout an moins fort malades. Deux des moutons furent cgalement remplaces par dos che-vres ; les animaux ötaiont d'age, de sexo et de race diflörents.
raquo; Le 5 mai (1) 1881, 24 moutons, 1 chevre, 0 raches furent inocules, ä l'aido d'une seringne de Pravaz, aveo cinq gouttes d'une culture do virus charbonnenx attenne ; le 17 mai, ils furent reinocules par un second virus cgalement a tenue mais plus virulent. Lo 31 mai enfin. tons les animaux, sans exception, furent inocules avec un virus trcs virulent rogenore des corpuscules-germes du parasite charbonnenx conserve dans le laboratoire de l'Ecole normale depuis le 21 mai 1877. Qua-rante-huit heures aprös, lo 2 juin, dovant une assistance nombreuse, M. Pasteur trouvait: d'une part, tons les animaux vaccines presentant les apparcnecs de la plus parfaite sante, et, d'autre part, les moutons et les chövres non vaccines morts charbonnneux, :i l'exception de trois moutons, qui succom-berent dans la journee möme ; quant aux animaux de l'espece bovine, les quatre vaccines etaient en bonne sante, les six autres presentaient de volumineux oe löraes et etaient mani-festement malades. raquo;
En Prusso, on a experimonte le procede de M. Pasteur sur 50 moutons divises en deux series de 25, dont Tune ser-vait de temoins, et sur 12 boeufs.
Sur les 24 moutons inocules, il y en avait 15 de race commune et 10 de race merinos tres delicate. Les premiers sup-
(I) Comples rjndm (l; l'.Acadtfmie des sciences, 13 juinl88l, p. 1378,t. 91
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porterent tres bien la vaccination; quant aux derniers, 3 mou-rurent aprös inoculationsi virulentes. 11 y en eut 22 do res-peetes. Parmi les 25 temoins ils succombörenttous. 250 mou-tons merinos vaccines avec un vaccin approprie ont tons par-faitement resiste ä des inüculations virulentes.
A Montpellier, les experiences entreprisea ä l'Ecolo d'Agri-culture sous le patronage de la Societe ä'agriculture ont porte sur 50 moutons appartenant aux races du Larzac. des Gausses et Barbarines. Ces animaux ont ete soumis ti de courts intervalles a deux inoculations successives avec des virus attenucs A divers degres. Les sujets vaccines out pleinc-ment resiste aux inoculations cliarbonneuses.
Parmi les animaux vaccines, on a pris : 1quot; 1 sujets de clia-cune des races pröcitees (12 sujets en tout), ayantsuii les deu.r inoculations; 2quot; 2 sujets ayant subi la premiere inoculation seu-lement, on a joint ä ces animaux 4 sujets n'ayant pas efe vaccines. On leur a inocule du virus charbonneuxquot;trös virulent.
Tons les sujets de la premiere categoric (vaccines) ont resiste a roperation. Ceux qui n'avaient eu qu'une vaccinatica sont morts ainsi que ceux qi'i n'avaient pas etc vaccines, sauf un seul sujet provenant de la race barbarine, Importe en France depuis 15 jours a peino.
J'ai eu Toccasion d'assister, au niois de mal et do juin iSSC. a une serie d'experiences des plus concluantes sur les vaccinations cliarbonneuses, par le proce 16 de M. Pasteur. Cos experiences ont ete faites sous le patronage de la Societo d'agriculturc de la Girondo, an chateau de M. Bert, ä Talais (Gironde), et sous la direction de M. Gayon, profosseur de chimie a la Faculte des sciences de Bordeaux, ancion clove de M. Pasteur. Une commission de la Sociöte d'agricul-ture et des representants des divers corps scientitiques de la Gironde et des comices agricoles de la region, suivaient ces experiences. Ces experiences, du roste, so faisaient au grand jour et en presence du public.
Dans une premiere seance du 7 mai, la commission vac-cina 188 moutons, 17 vaclios et un taureau avec un vaccin du premier degre, on injecta a chaquc mouton ä la face interne de la cuisse -J- de centimetre cube de ce vaccin par la
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methode hvpodermique, et une double dose fut iujectee aux bcoufs ä l'öpatilo. Les animaux ainsi traites n'eprouveront aucun ofTet nuisible de cetfo premiere vaccination.
Le 21 mai, on proceda ä une dcindöme vaccination avec un virus plus actif; deux moutons succoiobörent A la suite de cetto dcrnii're vaccination, mais il rosulta do rexainen du sang de ces animaux qu'ils n'avaient point de bacteridios dans le sang, I'autopsie etablit, d'une i'acon tres nette, qu'il ne s'agissait quo do deux morts accidentelles tout a fait etrangeros a la vaccination ellc-meme. Dos lajiins inoculcs avec le sang do cos animaux, prealablement cliautTe a. 90quot; et refroidi, n'ont nullomont contracte 1c cliarbon, les bconfs avaient presente nn pen d'oedöme morbide au niveau de leurs piqüres, mais cet accident n'a cu aucune suite.
Le 9 Juin, des experiences nonvelles furent faites pour cons-tater l'immunite des animaux vaccines. 10 moutons non vaccines et 18 moutons deja vaccines furent soumis ä l'inocula-tion d'un virus charbonneux trös virulent. Deux vaclies dejä vaccineos et une vache non vaccinee devaient scrvir ä des inoculations du memo genre.
Tous les moutons non vaccines et inocules onteu tres rapi-dement la fievre avec une elevation de temperature d'environ 2degrcs;ils sont devenus tristes, ils sc sont couebös et ils sent morts par aspliyxie lente ä dos intervalles de temps assez rapprocbees. Sept d'entre eux ont succombc trente-six beures apres I'inoculation, deux moutons ont seuls survecu quelques heures de plus; celui qui a le plus rosistö est mort quarante-huit beures apres l'inoculaticn. Les moutons vaccines et re-vaccines n'ont rion presente do particulier apres I'inoculation charbonneuse; nous les avons vus broutcr paisiblement dans l'enceinto oü venaient do mourir les biiit, moutons non vaccines et inoculcs comme eux. Un seul des moutons vaccines et revaccines a succombe ä I'inoculation du virus charbonneux; cet animal est bien mort du cbarbon. mais il n'est pas sftr que cbez lui la vaccination ait cte bien faite.
Ce petit insuccös n'entaobe en rien la demonstration qui nous paralt aussi eclatante que possible. Tous les animaux qui ont succombd prosentaiont a I'autopsie les caracteres des
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lesions que Ton trouve ordinairement chez les aniraaux morts dn charbon.
II y avait de l'oedeme autour des poin s inoetilees, le sang etait poisseux, noiratre, la rate etait fortement congestion-nee, et irrägulierement bosselee ä sa surface,
Le foie etait fortement cougestionne et son tissu paraissait ramolli. Sar certains points, l'intestin ctait oedematie et congestionne.
Les reins etaicnt un pen plus volumincux qu'ä l'ötat normal et fortement injectes.
Les poumons etaient presque exsangues.
Le sang de tons les animaux qui ont succombe ä I'inocula-tion contenait des baoteridies, on retrouvait cos luomes microbes en nombro bion plus considerable dans les ganglions et dans le canal tboracique. Notre collögue et ami, le profes-seur Joljet, a trouve cbez les animaux morts du cbarbon ä Talais, une confirmation des fails remarquables, qu'il avait signales dans la variole.
Dans cette derniere maladie les microbes se trouvent apres la mort en quantite bien plus considerables dans le canal tboracique et dans la Ivmplie que dans 1c sang, il parait en tjtre ainsi dans I'affection charbonneuse.
Des cobaves et des lapins inocules avoc do la lympbe du canal tboracique et avec de la scrosite doIVedeme dcvcloppe autour des points inocules, sont morts du cbarbon; on a trouve des quantites de baetcridies dans lour sang. Nous avons pu observer nous-meme cc resulfat dans le laboratoire do mede-cine experimentale de la Facultc de Medecinc de Bordeaux.
Deux vacbes vaccinees ont ete inoculees avec le möme virus que celui qui avait scrvi a inoculer les moutons: on a seulement emploje une dose double du möme virus. L'inocu-lation n'a produit cbez elles aueun plienomönc morbide: elles ont parfaitement resiste. Une vacbe non vaccinec et inoculee a resiste jusqu'au troisiöme jour apres I'inoculation; mais le quatriemejour la fievre s'estdeclaree, le ventre s'est ballonne, eile a cesse de manger, eile est devenue Iriste et abattne et le sixieme jour apres Tinoculation eile a succombe.
Les experiences de Talais sont tout aussi coucluante.s que
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celles de-Berlin, de Montpellier et de Pouillj-le-Fort. La vaccination charbonneuse est rapidement entree du domaine theorique dans le domaine pratique, grace a nne serie d'expe-riences demonstratives qui ont toujours pleinement reussi.
M. Pasteur estime que le nombre de moutons vaccines depasse aujourd'hui 400,000 et celui des boeufs 40,000. II y a eu quelques insuccös : il est mort 1 mouton sur 300 et 1 bcenf sur 2,000; ce sont lä des accidents qui tiennent ä des inoculations malfaites ou ä certaines conditions speciales de recep-tivite qui ne peuvent en ricn infirmer les resultats de l'ensem-ble des experiences.
Nul doute quo nos agrieulteurs, que nos eleveurs de bes-tiaux ne s'empressent de tous cötes ä faire vacciner leurs a;.imaux pour les mettre ä l'abri d'un fleau tres redoutable qui depuis longtemps fait peser de tres lourdes charges sur ragriculture dans certaines contrees et qui presente pour l'homme lui mörne de tres grands dangers.
Tout le monde connatt la gravito de la pustule maligne et de la flevre charbonneuse, et on salt que ces .affections ne se produisent chez l'homme que par l'inoculation du virus char-bonneux des animaux.
La decouverte d'un vaccin susceptible d'eteindre, pent 6tre il jamais, cette affection contagieuse, est done certainement un grand bienfait pour l'humanite.
Les vaccins que M. Pasteur produit a volonte constitueront une des plus grandes decouvertes de notre siecle, et il est probable que cette decouverte sera feconde en applications pratiques dans beaueoup d'autres affections virulentes.
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CHAPITRE IV
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DES VACCINATION'S CONTRE LE CilARBON SYMPTOMATIQUE
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On confondait autrefois sous des denominations communes la fievre charbonneuse et le charbon svmptomatique. Le char-bon sjmptoinatique regne dans certainos regions d'une fa^on opidemique; dans une partie de la Haute-Marne, dans le Bassigny par oxemple, cette maladie fait pcrir un grand nombre d'animaux. Le charbon svmptomatique sevit surtout sur les bceufs et les moutons; I'tuie. le cbeval, le chien, le lapin et la poule paraissent refractaires a cette affection.
Un animal atteint une premiere fois de charbon sympto-matique nest plus apte ä contractor cette maladie; nous avons trouve le möme caracture dans la fiuvre charbonneuse et nous le retrouverons dans laplupartdesmaladies virulentes.
D'apres MM. Arloing, Cornevin et Thomas (1), les jeunes bovides de six mois ä quatre ans sont sujets au charbon symp-tomatique, les jeunes agneaux en sont souvent atteints. La
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(1) Arloing, Cornevin et Thomas, Uecherches expert menlales sur la malniie infeclieuse appelte charbon symptomatique (Revue de m^Jecine). 1881.
Arloing, Cornevin et Thomas, Comptes rendus de l'Acadimie des sciences, 2i juillel 1882.
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maladie debute soudainement par de la tristesse, de l'inappe-tence et par diverses tumeurs qui font apparaltre la boiterie. Ces tumeurs se developpent tres rapidement, elles sont douloureuses, puis plus tarcl insensibles, elles sont crepitantes et sonores a leur centre. Incisees elles laissent d'abord ecou-ler du sang et plus tard de la serosite spumense, la fievro netardepasa, s'allumor. la respiration est plaintive, I'animal se couche, sa peau se refroidit et la mort arrive quarante-huit heures apres rappo.rition des premiers sjmptömes.
Aprös la mort le cadavre se ballonne tres viie, des gaz s'accumulent partout dans le tissu cellulaire, on trouve des tumeurs dans certains muscles et autour des tumeurs le tissu rausculaire est noirätro, les muscles sont friables et faciles a ecraser.
L'intostin est raremont congestionne, I'ccsopliage est quel-quefois noir et friable, il n'y a rien d'anormal dans le foie et dans la rate, ces viseöres quoique contenant beaucoup de microbes ne prosontent en apparence aucune lesions. Quand il y a eu des coliques pendant la vie, on trouve de la serosite dans le peritoine. Les poumons sont quolquefois congestionncs, il en est do mßme du thymus, les ganglions sont souvent hypertrophies et congestionnes.
Les caracteres du microbe du eharbon symptomatique don-nes par MM. Ailoing, Cornevin et Thomas, sont les suivants :
Sur I'animal malade on mort depuis pen de temps, le microbe du eharbon symptomatique n'a pas les memes caracteres dans le sang, les tumours musenlaires, les parenchymes, la serosite des oedemes.
Si on le recherche dans les infarctus des muscles, il faut etre avert! qu'il est pen abondant dans la serosite de la tumour; le microbe est cantonne pour ainsi dire dans le tissu conjonciif inter et intra-musculairo et ä l'interieur des fais-ceaux contractiles, d'oü on I'extrait par raclage.
Porte sur le microscope, il se montre avec la forme d'un batonnet plus court et surtout plus large qua le Bacillus anthracis, arrondi ä ses deux extremites et presque toujours pourvu pres de Tune d'elles, rarcment au milieu, d'un noyau refringent: parfois le batonnet est tres allonge et muni d'un
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noyau u chaque extremite. II peut arriver que le ncicrobe soit decele seulement par un nojau, parce que le court filament qui enferme ce dernier a presque lo merae indice de refraction que le liquide ambiaut. {Fig. IV).
Dans laserosite de l'oedeme voisin des tumeurs, le batonnet est frequemment dopourYU do nojau,
Qu'il soit nuclee ou sans noyau, le microbe en bätonnet du cbarbon symptomatiqne diflere de la bactcridie cliarbonneuse par son excessive mobilite : il se deplace. pirouette sur lui-meme, monte et descend dans le liquide do la preparation, se presentant de temps on temps par son extremite de fagon ä figurer momentanement un simple corpuscule.
Le microbe nuclee so rotrouve aussi dans les parenchymes, les ganglions lymphatiques, la rate, les reins, le poumon et surtout le f'oie, associe a des granulations ovoi'des, brillantes, isolees ou accolees bout ä bout au nombre de deux ou trois.
Le sang semble quelquefois absolument depourvu d'organi-tes etrangers; mais, le plus souvont, un examen attentif y fait decouvrir facilement de fines granulations brillantes ou sombres, selon la position de robjectif, et dont les mouve-ments cbranlent les licmaties.
On reproduit assez facilement par inoculation le cbarbon symptomatique, mais les precedes d'inoculation doivent 6tre differents de ceux que Ton emploie pour inoculer la fiuvre cliarbonneuse. On constate des cedemes considerables au ni-veau du point d'inoculation et quelquefois möme des tumeurs disseminees.
La bacteridie cliarbonneuse vit tres Wen dans le sang, mais e'est principalement dansle tissu conjonctif, dans les muscles, dans les ganglions lymphatiques, dans les reins, dans la rate que Ton voit pulluler la baetörie du charbon symptomatique.
Ce qui distingue encore ces deux virus e'est qu'insere dans le tissu conjonctif sous-cutane etinter-musculaire, le microbe du charbon symptomatique produit dc I'cedcme ou une tumour presque toujours mortelle; injectc dans la jugulaire, ce memo microbe produit a peine une legere reaction et
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laisse Tanimal vaccine. MM. Arloing, Cornevin et Thomas (1) out ctabli par des experiences tres concluantes faites a Chau-mont sur plusieurs centaine.s d'animaux que rinjection intra-veincuse du microbe, du cliaibon sjmptomatique protege desormais I'animal ainsi vaccine conire los cflets meurtriers de cette maladie. Le microbe estdonc älui-rneme sou propre vaccin. si on cliauge seulomcnt le milieu oil on le fait penetrer. On oblient cgalemeutrimmunite en injectant lo microbe du charbon symptomatique donsles Aquot;oies traclico-broncliiques. Les animaux qui subissent cos inoculations sent trös faible-ment eprouvos, mais ils n'en contractent pas moins I'immunite pour le charbon symptomatique.
Par la methode des injections intra-veineuses, MM. Arloing, Cornoviu et Thomas ont eu des resultats variables saivant la quantite de virus injecte, une petite dose de virus determine un charbon bacterien avorte, une dose de virus un peu plus forte par la quaatito ou parTactivite des agents viruleuts, fait apparaltre un veritable charbon symptomatique eile produit des tumeurs ct la terminaison peut etre I'.itale. La dose do virus cst-cllc infinitesimale (2/'10e de goutte, de pulpe musculaire liquide), rinoculation ne produit rien ou une maladie avortee sans accident local. La dose est-elle moycnuo, I'accident local est insigniliant, mais des troubles generaux survionnent, puis une ou plusieurs tumeurs S3 produisent, loin du siögo do rinoculation. La dose est-olle forte, une tumeur se ddveluppo d'emblee an point inocule, I'etat general doviont rapidement grave et si la survie est assez longue, une ou plusieurs tumeurs symptomatiques peu-vent se developper dans dilleronts points du Systeme musculaire.
L'injection du virus dans le Systeme veineux, danslatrachee et dans les bronchos no produit qu'une maladie avortee.
L'injection intra-veineuse constitue pour certaines maladies virulentes tout une methode do vaccination speciale.
M. Chauvoau a demontrc que pour certains animaux
(I) Arloing, Cornevin ct Thomas, Comptes rendus de l'Acadimie da sciences, 3 octobre 1880, p. lgt;31 et suiv.
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l'introduction dans les veincs du virus vaccinal ne provoque pas d'eruption apparente, mais qu'elle e'en conföre pas moins I'immunite.
MM. Bouley et Chauveau ont pu realiser une vaccination efflcace par l'injection intra-veineuse du virus de la peripneu-monie coatagieuse des bötes a cornes. Ces experiences vien-nent d'ßti'e repetees avec succes par MM. Thiernesse et De-give (i). On a essaje de rendre des animaux refractaires au virus rabique ä l'aide d'injections intra-veineuse. Les injections intra-veineuses de virus rabique dans les veines du mouton ne font pas apparaitre la rage on a pretendu qu'elles conferaient I'immunite mais cesresultats sont loin d'ötre bien etablis (2y.
On a essaye de traiter les bacteries du charbon symptoma-tique par la methode que Pasteur a employee pour isoler les bacteridies charbonneuses, mais il a ete impossible d'arriver a isolerainsi la bacterie du charbon symptomatique et d'obtenir un virus attenue susceptible de jouer le role de vaccin.
La methode des injections intra-veineuses presente, au point de vue pratique, des difflcultes d'execution et des dangers qui ont pousse les experimentateurs ä chercher d'autres methodes de vaccination. Le precede Pasteur ne pouvant pas toujours etre realise, on a cherche d'autres moyens, et on- est arrive il trouver pour le charbon symptomatique plusieurs methodes qui paralssent avoir dejii donne quelques bons resultats.
Nous avons dejä signale une methode generale d'atte-nuation des virus par la chaleur; cettemethode a ete experi-menteepour la premiere fois par M. Toussaint (3) dans la flevre charbonneusc. M. Toussaint inoculaitles moutons avec du sang charbonneux defibrine, porte ä 55deg; pendant dix minutes.
II employait egalement dans ses inoculations du sang defibrine et filtre sur plusieurs doubles de papier; mais ce precede est bien plus defectueux que le precedent, et M. Pas-
(1)nbsp; Bulletin de I'AeadMe de Midecine, dO octobre dSS^.
(2)nbsp; Galtier, Comples remlus Acadämie des Sciences, t. I, p. 28i.
(3)nbsp; Toussaint, Comples rendusde l'Acadimie des sciences, d2 juilletlSSS, p. 135, t. 91.
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tour nie möme son efiicacite. La cbaleur ne tue pas la bac-teiidie, eile la transforme, eile cree uu microbe-vaccin; mais ces raicrobes-vaccins se distinguent des microbes-vaccins obtenus par les precedes de Pasteur; ils ne peuvent se repro-duire par cultures successives en conservant leur attenuation propre. Modifiee par la chaleur, la bacteridie peut perdre au bout do quelques jours ses proprietes de microbe-vaccin, eile revient ä la virulence, eile peut subir quelquefois l'action de la chaleur de 55deg;, sans se transformer. On comprend done combien, au point de vue pratique, cette methode de vaccination pourrait presenter de graves inconvenients.
II y a peu de temps, MM. Arloing, Cornevin et Thomas (1) ont communique ä TAcademie des sciences une note sur un nouveau procede de vaccination pour le charbon symptoma-tique. Ce procede est une modification du procede deM. Tous-saint applicable au charbon symptomatique. Void en quoi il consiste :
On fait agir la chaleur sur la serosite virulente extraite des tumeurs charbonneuses; seulement cette serosite est desse-chce prealablement a la temperature de 32deg; dans un courant d'air qui permet d'obtenir la dessiccation avant l'arrivee de la putrefaction. Le virus desseche est triture avec deux fois son poids d'eau, de fagon a hydrater egalement toutes les par-celles et on porte ces melanges dans une etuve chauffee de-puis H- 85deg; a 100deg;, oü on les maintient pendant six heures on obtient ainsi une serie de virusattenues ä des degres divers. On procede avec ces virus attenues comme avecceuxde Pasteur; on doit faire deux vaccinations successives. Tune avec du virus attenue par la temperature de 100deg;, la seconde avec du virus attenue par -f- 85deg;, on doit proportionner les doses ä la taille de l'animal. Avec les moutons, on prend 0,01quot; de cha-que virus attenue ä letat sec; si Ton opere sur le bajuf 11 faut employer 0,02quot; ou 0,03quot; selon la taille. On associeces doses de virus a cent fois leur poids d'eau, et on les ecrase dans un mortier jusqu'a ce que Ton obtienne une puipe apte a ötre
(I) Arloing, Cornevin et Thomas, Comptes rendus de l'Acaddmie del sciences, 2i juillet 1882, t. 93.
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injeetee sous la peau ä I'aide d'une seringue a canule piquante. Quinze jours aprös la derniere inoculation, on peut eprouver les vaccines avec cinq ou six gouttes de serosite extraite frat-chement d'une tumeur et delajee, pour plus de facilite, dans
Inbsp; centimetre cube d'eau.
Les experiences sur les animaux ont raontre que la premiere inoculation determine une legere tumefaction locale et une elevation de temperature de 0deg;, 2 etO0, 7; dans la soconde I'liypeithermic a ete de 0o,5 ä 1deg;.
M. Chauveau (1) nousl'avons deja dit a reussiadonnerl'im-munitc par une methode speciale d'attenuation qui consiste dans l'emploi de tres petites quantites de virus. Cette metliode generale a reussi tour ä tour dans la fievre charbonneuse et dans le charbon symptomatique.
M. Chauveau avait observe que Ton parvenait a triompher quelquefois de l'immunite des moutons algeriens contre la fievre charbonneuse, en les inoeulant avec beaucoup de virus.
IInbsp; avait egalemeut vu que les inoculations faites a. fort petites doses sur ces memes animaux sans produire d'accidents graves, donnaient au contraire l'immunite Ces experiences amenerentM. Chauveau ä employer de tres petites doses de vL rus comme moyen de vaccination preventive, de la fievre charbonneuse et du charbon symptomatiquecetexperimentateurest ainsi arrive a trouver une nouvelle methode d'attenuation des virus qui a donne d'assez bous resultats comme moyen de vaccination.
M. Chauveau (2) a applique sa methode de vaccination au charbon symptomatique ou bacterien; e'est un hasard d'experimentation qui lui a fourni la preuve que I'injection dans le tissu cellulaire de tres petites doses de virus peut etre parfaitement tolerees et servir de vaccin pour une inoculation ulterieure tres virulente. Par d'autres experiences, M. Chauveau a pu etablir que les moutons algeriens refrac-
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(1)nbsp; Chauveau, comptes rendus de l'Acadimie des sciences, 4 aoüt 1882, t. 93,
(2)nbsp; Chauveau, Comptes rendus de l'Acadimie des sciences, 4 avril dSSi, t. 92, p. 814.
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taires a la fievre charbonneuso. contractaient aussi facilement que les moutons frangais le charbon sjmptomatique, et que dos moutons vaccines pour le sang de rate pouvaient contrac-ter cette maladie.
MM. Arloing, Ccrnevin et Thomas (1) ont attire rattention snr l'immunite dos adultes^de I'ospece bovine centre le charbon symptomatiquo ou bacterien dans los localites oü cette maladie est frequente. Le charbon symptomatique n'atteint pas un animal adulte. no ct elovd dans le pays. II est probable quo par lour cohabitation avoc des animaux atteints du charbon, sans contractor la maladie, les jeunes animaux s'inoculent a des doses infinitesimales; ils contractent ainsi uno maladie benigne, avortee, süffisante pour lour conferer une immunity d'abord legere, mats susceptible d'etre renforcee par do nouvelles inoculations, si bicn que lorsqu'ils sent arrives a Tage adulte apres avoir traverse mille dangers, ils possedent unc immunite plus ou moins grande, proportionnelle a, I'im-pregnation virulente qu'ils ont eprouvee; cette immunite est parfois absolue. Les animaux pouvont done contractor l'immunite par des vaccinations spontanees.
M. Arloing, Gornevin et Thomas ont pu inoculor sans suc-ces des sujets adultos qui avaicnt vecu dans des etables oü so trpuvaiont d'autros animaux atteints du charbon bacterien. Cos animaux ont montre une immunite complete, ils ontresisto a des inoculations directos du virus charbonneux. On constate des vaccinations spontanees du memo genre dans la peri-pnoumonic contagieuse, ces vaccinations spontanees nous expliquont rimmunito quo certains sujets paraissent avoir dans dos epidemics tres meurtrieres.
Ces experiences presentent un tres grand interSt au point do vuo de la pathologio gencrale; elles nous servent a com-prendro Timmunite relative dont jouissont un tres grand iiombre d'individus adultes ou ages, certains groupes d'indi-vidus journellement exposes aux causes d'infection, ou meine
{2) Complex remlus de l'Academie des sciences, t. 93, p. 603, 17 aoftt 1881.
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certaines peuplados au milieu de foyers epidomiques ou ende-miques, immunite dont on voit taut d'oxemples.
M. Boulej a fait observer a co propos quo les influences hcröditairespourraiont bicn avoir une part dans le develop-pement de cette immunite de rqce et de lieux que possedent les animaux dans les localites oil sevissent les cpizooties.
Les animaux atteints du sang de rate ou fievre chai-Lon-neuse, et dont le sang ost envald do bacteridies, ne transmct-tent pas a leurs produits la maladie dont ils sont atteints. Le sang de l'embryon ne regoit aucun des microbes de sa more tant quo les alterations cadaveriquos n'ont pas etabli delibres communications entre les deux appareils circulatoires dans les placentas. Le placenta estpour ainsi dire un filtro qui retient en degales bacteridies charbouneuses. Nous avons deja cite les experiences laites a ce sujet parDavaino on 1801 et en iSGS, ces faits avaient etc deja constates par Braiicll do Dorpat en 1857.
M. Chauveau a de plus montrc quo la brebis transmet a son produit rimmunite centre le sang do rate conferee par des inoculations preventives, ceci semblerait indiquer que rimmunite pourrait touir ä certaines qualites du sang, qualite independantes de la presence memo du microbe, mais resultant de l'action des microbes sur les globules ou sur le plasma.
La duree do rimmunite du charbon est en raison directo do la gravitö de la premiere attaque ou si Ton veut do I'enor-gie du vaccin et en raison inverse do la resistance des animaux,, rimmunite acquise est transmiso aux produits.
M. Toussaint a memo observe qu'il n'est pas necessaire d'inoculer les meres pendant la gestation pour obtenir rimmunite. Ce fait pourrait etrc utilise au point do vue pratique. II sufflrait de vacciner les brebis pour avoir plus tard des agneaux invulncrables a la fievre charbonneuse.
Le charbon symptomatiquo presente a ce point do vue une difference tres notable avec la fievre charbonneuse, il rcsulte d'experiences ontreprises on Janvier 1881, par AIM. Arloing, Cornevin et Thomas (1), que le jeuno sujet pout etre aflbcte
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(1) Arloing, Cornevin et Thomas, comptes rendus de l'Acad. des sci.nces 9 Mvrier 1880, t. 90, p. 739.
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— dedans le sein de sa mere, atteinte du charbon symptomatique, de la maladie complete avec infarctus musculaire, cedemes, sang virulent et microbes en batonnets, c'est-a-dire avec les lesions que Ton observe chez les adultes.
Le placenta qui retient la bacteridie formerait un obstacle impuissant a retonir la bacterie ou ses spores.
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CHAP1TRE V
DES VACCINATIONS CONTRE LE CHOLERA DES POULES
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Les Taccina ions par des virus attenues n'ont pas scnle-ment reussi dans les affections charbonneuses, on obtient des resultats tout aussi concluants dans une affection tresredouta-ble pour nos poulaillers, dans le cholera des poules. laquo; D'apres M. Pasteur (1), cette maladie debute brusquement; I'animal atteint est san s force, chancelant, les ailes tombantes. Les plumes du corps soulevees lui donnent la forme en boule. Une somnolence invincible I'accable. Si onl'oblige a ouvrir les veux, 11 paralt sortir d'un profond sommeil. Bientöt les paupiores se referment et le plus souvent la mort arrive sans que I'animal ait change de place apres une muette agonie. G'est ä peine si quelques fois il agite les ailes pendant quelqucs secondes. raquo;
Dans le cholera des poules, la crete de ces animaux devient violacee avant möme que le microbe n'existe dans le sang on bien lorsqu'il y est en quantites assez faibles pour echapper a I'observation microscopique. L'animal paralt asphyxie son sang est noir et poisseux; il se fait des hyperemies dans le poumon, des pericardites, des epanchements sereux et des exsudats flbrineux.
Le cholera des poules est une maladie contagieuse, epide mique et möme endemique dans certaines regions. Ce fait
(1) Pasteur, comples rendus de l'Acad. des sciences, 1881, p. 731), t. 90
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avait 6te soupgonne par M. Moritz, veterinaire de la Haute-Alsace. Perroncito a demontre le premier cju'il y avait dans cetfe maladie un microbe special. M. Toussaint verifia le premier en France, les assertions de Perroncito, il determina plus exactement le role de ce microbe et essaja de le sou-mettre a des cultures; c'est a Pasteur que revient le merite d'avoir trouve le liquide favorable au developpement du microbe du cholera des poules, et les precedes particuliers qui servent 11 son isolement; c'est lui qui a obtenu experi-mentalement le virus du cholera des poules ä divers degres d'attenuation c'est lui qui le premier a decouvort un veritaWe vaccin artificial pour cette terrible maladie, vaccin toutaussi efficace que celui qu'il a decouvert plus tard pour la tievre charbonneuse.
Le microbe du cholera des poules se compose de tres petits articles immobiles et d'une tenuite extreme, legcrement (Strangles dans leur milieu. Ces microbes peuvent, dans certaines circonstances, se resoudre en tres petites granulations. Le microbe du cholera des poules est aorobie il se developpe dans du bouillon de poule et on ne pent point le faire vivre dans de l'urine neutre, ni möme dans une decoction filtree et sterili-see de levure de biere. II resulte d'experiences fort concluan-tes de M. Pasteur que ce sent les granulations solides qui, dans le cholera des poules, possedent toute l'action virulente. (Voy.ßg. V).
Les liquides que Ton recueille aprös filtration sur un filtre ä plätre, sur un animal malade du cholera des poules, ne communiquent point la maladie, mais ils ont une vertu nar-cotique qu'ils doivent probablement a, une substance liquide claboree par les microbes. Cette substance est une espece de diastase, un produit liquide resultat de l'action du microbe sur les tissus ou sur les liquides de l'organisme.
M. Pasteur (1) a reussi a donner I'immunite a des poules en les vaccinant une ou plusieurs fois avec du liquide de culture dont la virulence s'etait attenuee au contact de l'oxygene de Fair, dans un milieu favorable. Le liquide employe par.
(I) Pasteur, compte readu de t'Acad. des sciences, t. 92, 1880, p. 673.
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M. Pasteur pour obtenir son vaccin consiste dans du bouillon de poule neutralise; on y ensemence une goutte de sang de poule morte du cholera, et on laisse ce liquide au contact de l'air. Pendant un mois, le liquide conserve sa virulence; mais apres ce delai, on pent constater, par des inoculations, que sa virulence devient de moins en moins grande, et si Ton attendait assez longtemps, le liquide finirait par perdre com-plamp;teinent sa virulence, le microbe finissant par disparaltre. M. Pasteur est arrive, par des precedes speciaux, ä isoler 1c microbe cu cholera des poules, et c'est apres I'avoir isole qu'il precede ä son attenuation.
Pour le cholera des poules comme pour la bacteridie char-bonneuse, on observe laquo; que le microbe qu'on. a destitue de laquo; l'exces de son energie par I'exposition au contact de l'air, raquo; dans le liquide oü il a ete ensemence, pent faire souche de raquo; microbes dans lesquels l'energie de la virulence se trouve raquo; contenue dans les limites mömes oü eile a ete reduite chez les raquo; ascendants, et qu'il est ainsi possible de constituer des ra-raquo; ces speciales de microbes, pour ainsi dire assujetties, j'allais raquo; presque dire domestiquees, appropriees aux usages de raquo; l'homme, devenu mattre de profiter de ce qu'ils ont conserve raquo; de puissance pour en faire un mojen de preservation con-raquo; tre les atteintes^de la contagion naturelle dent ces micro-raquo; bes sont les instruments. raquo;
M. Pasteur se sert de virus ainsi prepare et attenue a divers degres pour vacciner plusieurs fois et avec des vaccins de plus en plus energiques, des poules auxquelles il veut con-ferer I'immunite absolue contre le virus du cholera des poules.
C'est au bout de l'aile que Ton pratique ces vaccinations, et il resulte de nombreuses experiences que les poules ainsi trai-tees resistent de la fagon la plus complete a des inoculations qui, sans la vaccination, auraient produit la mort d'une fagon aussi sure que rapide.
M. Pasteur est done parvenu a attenuer le virus du cholera des poules ill'a transforme en un veritable vaccin, il a fait du virus möme, un preservati f contre ses propres atteintes.
Grace ä l'attenuation de l'energie, de la virulence du microbe du cholera des poules, on a pu transmettre cette maladic
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sous une forme benigne, et rendre desomais invulnerable a ses atteintes, les animaux qui I'avaient subie sous cette forme. Les faits quo nous avons constates ä propos du charbon ne sent done point isoles, ils peuvent trouvcr lour application dans d'autres maladies virulentes, peut-ötre trouvera-t-on un jour le moyen de l'appliquer comme methode generale a d'autres maladies infectieuses.
Les inoculations du eliolcra des poules amenent ordinai-rement la mort d'uno fagon tres rapide; dans quelques cas cependant, I'aniinal pent resistor a I'inocnlation, vivre quel-ques jours, et memo un mois avec le parasite, mais il finit par mourir. On pout tuer les poules en leur inoculant le microbe dans le sang, c'estla un point qui distingue le microbe du cholera des poules. du microbe du charbon symptomati-que, on no peut done point chercher une methode de vaccination pour cette maladie par Finjcction intra-veineuse du parasite. Le microbe du cholera des poules pout ponetrer dans I'organismo par le tube digestif, et on le retrouve en tres grande abondance dans les excrements.
Le lapin, le cbien, ct le cheval contractent le cholera des poules; mais ces animaux resistent en general assez bien ä cette maladie: chez les cocbons d'Inde, raction de ce parasite so localise dans le point inoculc: si on inocule ces animaux, on leur donne des abces au point d'inoculation, mais le parasite ne penötro point chez eux dans le courant circulatoire. Les poules, pour conqucrir l'immunite, ont besoin quelquefois de plusieurs vaccinations quo Ton doit faire avee des virus de plus en plus ijnergique. Les animaux appartenant ä des especes differentes ne se comportent de la meme maniere vis-a-vis des inoculations du cholera des poules. laquo; Certaines organisations, dit Duclaux sont absolument rebelles au cholera, d'autres le deviennent tres facilement, d'autres ont besoin pour conquerir l'immunitö, de vaccinations plus multiples, d'autres enfln, sont au degre minimum de la resistance. A ce!les-ci on peut faire remonter la pente et les vacciner au degre qu'on veut.
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Chaque operation a son action propre. Ce sont des marches d'un escalier, sur lequel tous les individus d'une möme es-pece se trouvent repartis a des niveaux differents par suite de
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differences naturelles qui tiennent a l'inegalitö des constitutions et des faits d'heredite et de differences accidentellcs qui resultant de Yaccinations inconscientos. raquo;
Les differentes espeees animales prcsentent au microbe des conditions de milieu variable, et c'est a ceiaque tiennent la specialisation des diverses maladies virulentes. Dans une meme espece, il y a des conditions individuelles qui peuvent donner rimmunite; chez certains sujets l'action möme du microbepeut avoir dejä modifielarecoptivitoderorganisme, on agissant a tres petite dose par vaccination inconscientc, sans produire I'infection proprement dite. Pour le cholera des ponies, comme pour I'affection cliarbonueuse. il est probable quo, I'animal atteintde la maladio peut transmottre rimmunite a son produit, e'est la une condition de resistance dont on doit toujours tenir compte dans l'etude des maladies virulentes.
M. Pasteur a signale, a propos du cholera des poules, un fait fort interessant qui pourra trouver peut-etrc plus tard une application pratique dans les vaccinations.
Ayant remarque quo le dovoloppement do la bactcridie charbonneuso etait lent et penible dans im liquide cpuise par le microbe du cholera des poules. il a etc conduit a conclure que les poules vaccinees du cholera devaicnt etro rofrac-taires au charbon, et I'experienca a justifle cette induction.
M. Toussaint a obtcnu Fimmunite. pour le cholera des poules, en inoculanta des poules du sang de lapin mort de septiccmie. Avec certaines varictcs do sopticemies, on pourrait, dit-il, faire un vaccin pratique qui permettrait d'arreter les epizoo-ties si graves que Ton observe si souvent sur les oiseaux de basse-cour. II suffirait, pour öviter route depreciation, d'ino-culer les animaux ä rextremito de lailo.
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CHAPITRE VI
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DES VACCINATIONS CONTRE LA SEPTICEMIE
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La septicemie est encore une maladie ä microbes pour laquelle on a reussi a trouver une vaccination. C'est ä ce titre que je crois devoir en parier ici. Cette maladie fait de cruels ravages dans l'espöce humaine, et chez un grand nom-bre d'animaux. En examinant an microscope le liquide mus-culaire ou la serosite qui remplit I'abdomen d'un animal mort de septicemie, on trouve: (1)laquo; des vibrions mobiles, quelquefois trds allonges, quelquefois tres courts, rappelant les formes des ferments des matieres albuminoides et pouvant presenter comme cux des formes en olives ou en battants de cloche, avec une spore a l'une des extremites; dans le sang, le vibrion de la septicemie est tres rare, il y prend une longueur demesuree et sa refringence, tres voisine de celle du serum, le rend difficile a apercevoir. On flnit pourtantpar le decouvrir, rampant flexueux, se glissant au milieu des globules du sang, comme un serpent au milieu des feuilles mortes. raquo; (Voy.fig. VI).
Dans la septicemie, on trouve apres la mort, les muscles trös enflammes, la rate diffluante, le foie et les poumons deco-
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(1) Pasteur, comptes rendus de l'Acadimie des sciences, 1877, i878 et i879, bulletin Acad. de mddeeine, 1878.
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lores et le tissu eonjonctif emphvsemateux. II s'est fait une veritable putrefaction surlevivant.
M. Pasteur a reussi d isoler le vibrion septique par des cultures artificielles, il a i'allu i)Our ce microbe des precedes spceiaux, car le vibrion septique est un etre anaerobic. C'est encore au vibrion qn'est du la virulence du sang septique. Si Ton tiltre du sang septique sur un filtre ä plätre on pent faire impunement des inoculations avec le serum de ce liquide. La virulence do la sopticcmie doit done etre attribuoe aux microbes du virus septique.
Tons les animaux out dans leur intestin le vibrion septique, ce vibrion passe dans la serosite, dans les humeurs, clans le sang dos parties profondes, lorsquel'animalestmort et lorsque la putrefaction commence dans les tissus. Les ger-mes de la septicemio ont une existence banale, on les rencontre partout, ce sont les conditions favorables a leur penetration dans i'organisme qui leur manquont, et la nature memo du milieu qui s'oppose ä leur doveloppement.
Le vibrion septique se cultive tres bien dans du bouillon de Liebig, rendu alcalin et sterilise par I'action d'une temperature do 115deg;. On peut obtenir par ce precede la diminution de la virulence sans la faire disparattre; on pcutattonuer le virus, mais on peut aussi revenir ä la virulence en culti-vant le microbe dans du serum sanguin charge de eoagulum fibrineux. La nouvellc culture fournira un vibrion tres septique, tuant par exemple a 1 2000 de goutte, e'est-a-dire qu'on obtiendra sürement la mort d'un lapin, en mettant dans deux litres d'eau un centimetre cube du liquide do culture et en ino-culant une goutte do melange.
MM. Coze et Feltz (1) ont demontre, a Taide d'experiences, quo la virulence do la septicemio se renforcait par des transmissions successives. Ces experiences ont ete repetees avec succes et controlees par Davaine.
En se transmettant d'un animal ä un autre, les proprietes virulentes des liquides et des tissus animaux deviennent de
(1) Coze et Feltz. experiences sur la septiedmie, 1866 et 1872.
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plus en plus energiques. On pent done attenuer le virus de la septicemie, ou le renforcer a volonte. L'air detruit rapidement le virus septicemique qui est essentiellemcnt anaerobie; ce fait experimental pent avoir, au point de vue de l'hygiöne et delaprophyllaxie des maladies virulentes, des applications des plus considerables. On a applique avec succes I'eau oxjgenee au traitcment des plaios; le pansement, largement ouvert, a donne a quelques cliirurgiens autant de succes que le panse-inent antiseptique.
La methode d'attenuation des virus, imaginee et experi-mentee par M. Toussaint, a ete appliquee ä Dorpat (1) par M. Semmert ä la septicemie des lapins. Get experimenta-teurpretond avoir constate quodu sang septicemique de lapin, chauffe ä 55deg; pent etre impuuement injecte dans le tissu cel-lulaire de cequot;; animal.
Ce qui est. infiniment plus curieux e'est que ces lapins, ainsi inocules, deviennent refractairos au sang de rate, ils deviennent aussi indemnes vis-a-vis d'autres liquides in-fectieux; en injectant du sang d'animaux morts de gangrene, do typhus, on ne parvient plus ä determiner leur mort. II semble, dit M. Boulev, que le sang septicemique ot chauffe, contient uno substance qui empeche le de-veloppement de tout ferment infectioux.
Le virus septicemique pout done etro attcnue, comme le virus charbonneux ct transforme en virus vaccinal; I'immu-nite qu'il confere, quand il est devenu vaccin, est une im-munite a effets multiples, puisque le lapin vaccine par lui se trouverait invulnerable tout ä la fois et a la septicemie et au sang de rate et aux ferments du sang d'animaux morts de gangrene ou de typhus.
Le virus de la septicemie pent done etre vaccinifie.
II est done possible de substituer un virus vaccinifie ä un autre pour donner Fimmunite, centre une maladie autre que celle que ce virus possöde.
C'est la un point fort curieux de l'histoire des vaccinations
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(I) Revue scientifique, 1* Janvier 1881.
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qui pourrait un jour trouver des applications des plus im-portantes. Les experiences sur la septicemie des animaux ne peuvent point nous faire prevoir ce que Ton pourrait obtenir pour la septicemie de I'liomme. Les septicemies (1) des animaux different entre elles, et Ton est encore loin de s'cntendre sur leur relation et sur la possibilite d'obtenir chez eux Fimmunite par les memes moyens.
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(I) Koch, Untersuchungen lieber die CEtiologie der Wund infections Kran Kheiten, Leipsick 1878.
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CHAPITRE VII
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DE LA VACCINATION CONTRE LA VARIOLE
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La variolö est la premiere des maladies eontagieuses pour laquelle on ait employe les inoculations preventives. Tout le monde salt comment Jenner fut amene a inoculerle cow-pox des vaches, a des enfants pour leur conferer I'immunite contre la variole.
Dans le comte de Glocester qu'il habitait, Jenner avait observe que les personnes, bommes et femmes, employees ä soigner et atraire les vaches etaient communement epargnees par la variole. II savait, d'autre part, que ces personnes con-tractaient souvent sur leurs mains des pustules en touchant le pis des vaches, lorsque ces vaches presentaient une eruption speciale, le cow-pox. Rapprochant ces deuxfaits, il en comprit et la filiation et la relation et il fut amene a experimenter les proprictes prophylactiques de la vaccine. II inocula a un enfant, de la serosite puisee dans une pustule d'une jcune servante de ferme, qui avait contracts le cow-pox, grace a une egratignure de sa main, en trayant une vache atteinte de cette maladie. L'eruption vaccinalefut tres nette et par deux fois on put constater que cette enfant etait absolument refractaire au virus varioleux qu'on essaya de lui inocu-ler. Jenner observa egalement que les marechaux-ferrants etaient souvent indemnes de la variole, il sut qu'ils etaient exposes a contracter aux mains des pustules lorsqu'ils
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touchaient des chevaux attaints d'eruptions pustuleuses aux jambes. Des ouvriers qui avaient eu des pustules de ce genre, furent soumis sans succes a l'inoculation de la variola. Willam Jenner etablit en outre trcs bienles rapports qui existaient entre le horse-pox et le cow-pox. II montra par des experiences que la maJadie eruptive que Ton voyait aux pieds des chevaux leur etait communiquee par les vaches. II etait con-vaincu que le horse-pox se transmettait le plus souvent a ces animaux par Tintermediaire des hommes ou des femmes appe-les a donner en möme temps des soins dans les mömes fermes aux chevaux et aux vaches.
Jenner a done etabli les relations intimes du horse-pox, du cow-pox et des eruptions vaccinales. L'identite de ces trois maladies susceptibles de passer du cheval au boeuf, et du boeuf a Fhomme, a ete prouve par un grand nombre d'expe-riences des plus concluantes. M. Bouley a expose dans tous ses details, avecles soins les plus minutieux, toute I'histoire de cette grande question, si souvent discutee devant les Academies et les Societes savantes. Pour lui le veritable horse-pox sore-heel's de Jenner, la maladie de Loy ne sent point raffec-tion que Ton designe communement en Angleterre sous le nom de grease, et en France sous celui A'eaux-mx-jamies.
Le veritable horse-pox, serait une maladie eruptive-caracte-risee tout a la fois par une eruption confluente de la peau du bas des jambes, avee flux humoral considerable et par une eruption generalisee sur le corps et tout particulierement autour des narines et des levres. Le veritable horse-pox serait susceptible de donner ä la fois le cow-pox ä la vache et la vaccine äl'homme; la vaccine a son tour, pourrait donner le cow-pox et le horse-pox. Les insucces de quelques experimenta-teurs tiennent ä l'erreur faite quelquefois sur le caraetöre du veritable horse-pox. La maladie eruptive commune au cheval, au boeuf et a I'homme, possede le privilege de donner I'im-munite ulterieure centre une autre maladie de möme ordre, contre la variole. La vaccination est tout aussi efflcace avec le horse-pox et le cow-pox, qu'avec les pustules vaccinales huinaines, ces maladies sont identiques.
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Les relations du cow-pox, du horse-pox et de la vaccine ont ^te resumees par M. Bouley (1) de la fagon suivante :
laquo; 1deg; Le horse-pox est produit par rinoculation du cow-pox au cheval;
2deg; Le horse-pox engendre du cow-pox inocule ä la rache, donne lieu ä des pustules de cow-pox qui,inoculees a 1'enfant, donnent la vaccine;
3deg; Le horse-pox engendre du cow-pox, inocule ä l'enfant, donne la vaccine;
4deg; Le vaccin humain engendre du horse-pox inocule au cheval et a l'äne, donne le cow-pox;
5deg; le vaccin humain engendre par le horse-pox, inocule ä la genisse, donne lieu ä un beau cow-pox;
6deg; Le horse-pox engendre du vaccin humain, issu du horse-pox inocule a l'enfant, donne lieu ä des pustules avortees et fausses reconnues telLs par la contre-epreuve de rinoculation vaccinale;
7deg; Le cow-pox engendre par le vaccin humain issu du horse-pox inocule ä des enfants, donne lieu ä un tres beau vaccin;
8deg; Le cow-pox engendre par le vaccin humain issu du horse-pox inocule a des genisses engendre le cow-pox.
II resulte cependant des experiences signaleespar M. Bouley, que l'organisme du cheval constitue un milieu de culture moins favorable que celui du bceuf et de l'homme pour le develop-pement, l'entretien et la conservation du vaccin avec toute son activite. raquo;
La variole humaine est une maladie epidemique et conta-gieuse, ceux qui I'ont contractee une premiere fois, sont desormais refractaires ä cette maladie. C'est encore une maladie u, microbe; M, Joljet (2) a parfaitement constate I'exis-tenced'un nombreinfinide corpusculeselementaires,especesde micrococcus ä reflet bleuätre, dans le sang des pigeons atteints de variole, dans la variole du pore, dans celle de l'homme, dans le sang et dans la lymphe des genisses inocules avec du cow-
(1)nbsp; Bouley, le progriis en midecine par VexpMmentation, p. 199.
(2)nbsp; Jolyet, comptes rendus de l'Acad. des sciences, 27 juin 1882, p. 1,322 t. 94.
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pox. On voit aussi des microbes dans le sang des enfants, quel-ques jours aprds l'inoeulation de la vaccine, les memos microbes ont ete retrouves chez un pore qui avait subi l'inoeulation vaccinale. On trouve des microbes du msect;me genre dans la serosite des pustules vaccinales et dans celle qui est contenue dans las boutons de la variole. Chez le pigeon, des la periode d'inoculation de la variole, ces corpuscules abondent dans le sang, ils sent moins abondants vers la fin de la maladie. Au moment oü la maladie est nettement caracterisee, ditM. Jolyet, ces corpuscules sont en nombre incalculable et occupent en quelque sorte, tout le champ du microscope. Certains de ces globules sont accouples ou gemines, d'autres sont en series sous forme de chalnettes. G'est sur ce fond que se detachent les globules rouges normaux et les corpuscules lymphatiques, immobiles par eux-mömes. Tout le reste de la preparation est dans un mouvement incessant. (Voy.fig. VII et VIII).
En outre de ces corpuscules elementaires vivants et mobiles, on en remarque d'autres plus volumineux dont le diametre varie de 0,001 a 0,003mm. Ces elements ont une forme legerement ovoide. Dans certains cas, M. Jolyet a trouve un grand nombre de petites cellules en cupules immobiles. J'ai eu roccasion de constater nombre de fois, dans le laboratoire de ce professeur,les microbes de la variole, et ceux de la vaccine on ne saurait elever le moindre doute sur leur existence, ce sont des micrococcus ä reflet bleuätre qui sont certainement les microbes specifiques de la variole humaine; ontrouve il est vrai les memes microbes dans la vaccine et dans les varioles d'un certain nombre d'animaux, bien que ces maladies ne soient pas identiques, mais il est probable que parmi ces infiniments petits, 1'analogic de forme n'implique pas l'identite de fonction. Entre deux microbes voisins appartenant aumeme genre, les diiferences qui caracterisent les especes peuvent parfaitement nous echapper.
M. Chauveau a Signale l'existence de granulations elementaires qui sont de veritables micrococcus, dans les pustules de la clavelee, les memes organismes ont ete vus dans les pustules de la variole par Laginbuhl, par quot;Weigert.
J'ai pu voir, avec M. le professeur Jolyet, le virus vaccinal
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et le pus des pustules varioliques. Dans le vaecin on trouve des microbes simples ou gemines et relativement assez disse-mines; ees microbes peuvent s'accoler aux parois des globules de sang auxquels ils donnent une forme epineuse. Dans le sang d'une genisse qui avait subi l'inoculation du cow-pox, au cinquieme jour, il existait de nombreux microbes, soit libres, soit accoles aux globules rouges du sang, soit contenus dans les globules blancs. Dans les pustules varioliques les microbes sont souvent en series, on y rencontre de nombreux corpuscules granuleux. Dans le Systeme Ijmphatiqne les microbes sont tres nombreux. Chez un individu mort en pleino Eruption, cinq heures apres lamortj M. Jojlet a trouve, dans la citerne de Pecquet, des quantites de microbes simples et accouples, quelques microbes en chainette. fVoy. fig. VII).
Le microbe de la variole peut etre cultive dans des milieux artificiels sterilises; dans ees conditions, il se developpe et conserve sa virulence, il ne reste plus qu'un point important a realiser, c'est de trouver le mojen d'attenuer ce virus pour lui faire jouer le röle de vaecin.
La vaccine est-elle identique ä la variole, une variole atte-nuee? Cette theorie soutenue avec beaucoup de talent en 1863 par M. Depaul, a ete renversee par les experiences de la Commission nommee par la Societe des sciences medicales de Lyon. II resulte d'experiences fort bien faites que la vache inoculee de la variole ne rend pas la vaccine; eile rend, dit M. Bouley, ce qu'on lui avait pröte et en monnaie identique, e'est-a-dire qu'elle rend la variole, l'inoculation de la variole au cheval a donne les mömes resultats, des enfants inocules avec des pustules provenant d'inoculations varioliques au cheval et au boeuf ont contracte la variole.
Robert Ceely, medecin de Thopital du comte de Buckingham, pretend avoir obtenu le vaecin en inoculant la variole ä des genisses. II resulte de l'examen des faits qu'il cite ä l'appui de son assertion, que la variole qu'il a inoculee ä la vache, est restee la variole chez cet animal, comme dans les experiences de Lyon, et qu'elle est revenue variole sur I'organisme humain ouellea^tetransplantee. Les experiences de Thiele, medecin k Kasan (Russie), ne sont pas plus demonstratives que celles de
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Ceely, mais il semble resulter de l'ensemble des faits prösen-tes par ces deux experimentateurs que le virus varioleux subirait uno attenuation en passant par l'organisme de la vache; les eruptions varioliques qui ont ete le resultat des inoculations faites avec des pustules varioliques de la vache paraissent avoir ete presque toujours benignes. A defaut de veritable vaccin, peut-6tre pourrait-on avoir recours avec avantage a ce moyen de preservation pour pratiquer avec moins de danger la variolisation.
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CHAPITRE VIII
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DE LA VARIOLISATION ET DE LA CLAVELISATION
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De la variolisation
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Lavariolisationestune methode qui consiste ä communi-quer par inoculation la variole ä. titre preventif. Cette methode est basee sur des faits qui tendent a etablir que l'inocu-lation substitue a une maladie generalement grave, une autre maladie qui Test moins. On lafaitnaitre al'heurela plus pro-pice pour son evolution et dans les conditions les meilleures pour les sujets inocules, et on obtient ainsi une immunite qui rend invulnerable aux influences de la contagion naturelle. La variole inoculee se borne quelquefois a des eruptions loca-lisees, eile laisse des stigmates pen marques, ä moins de conditions toutes speciale de receptivite qu'il est impossible de prevoir. La variolisation etait pratiquee depuis un temps immemorial en Asie et en Afrique, on y avait recours en Georgie et en Circassie, a Constantinople. C'est Lady Montaigne, la femme d'un ambassadeur anglais ä Constantinople, qui I'introduisit en Europe en 1721. La variolisation eut beau-coup de peine ä s'introduire en France, Voltaire et La Con-damine la preconiserent, le due d'Orleans se fit inoculer avec succes, ce n'est que plus tard que le Parlement en 1763 et la
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Faculte de Medecine de Paris en 1768, finirent par autoriser offlciellement cetto medication prophylactique.
La variolisation so pratiquait par incision, parvesicatoire, ou par seton on finit par remplacer cos divers modes d'inocu-lation par la piqüro ä la lancotte. Coi'taines precautions etaiont prises aumomentcie I'inoculation pour mettre les malades dans lesmeilleures conditions d'evolution de la maladie; les accidents etaient relativoment assez rares. La variolisation rendit en Europe d'immenses services en diminuant les chances de mortalite par la variole naturelle et par ses complications.
La variolisation est encore en honneur en Algerie : parmi les Arabes, on la pratique journollcment et sans accidents graves, et c'est la une ressource tres utile pour ceux qui ne veulent point accepter le vaccin dans cos pays. L'Arabe a beaucoup de repugnance a se faire vacciner; on est fort heu-reux qu'il veuille bien avoir recours a la variolisation comme moyen prophylactique.
II resulte cepondant de renseignements fournis par nos me-decins militaires que la repugnance des Arabes a la vaccination, disparaitrait de jour en jour ; c'est par milliers que Ton compte aujourd'hui en Algörie et en Cochinchine les vaccinations, les bienfaits de cette pratique dans cos deux pays ne laissentpoint le moindre doute.
M. Bouley (1), vient de proposer il y a quelques jours ä peine, de pratiquer chez les Arabes, la variolisation avec un virus varioleux dilue par un precede analogue ä celui que M. Peuch, de Toulouse, emploie pour la clavelisation ; cette mcthode ne tardera pas ä 6tre experimentee, et il est probable qu'elle diminuora les dangers de la variolisation.
11 ne serait point raisonnable de vouloir substituer cette methode ä la vaccine doat Tinnocuite est absolument re-connue, mais les essais de variolisation avec des virus atte-nues, seraient parfaitement legitimes chez les Arabes qui tiennent encore a subir la variolisation.
M. Bertherand qui exerce depuis longtemps avec la plus
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(I) Bouley, Comptes rendus ds l'Aca'Mmie de mtdec'ne, stance des 3 et 10 uctobre lb82.
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grande distinction la medecine en Algerie, croit que sous le climat d'Afrique la variolisation est toujours bien preferable a la vaccination. On ne ferait done aucun tort aux Arabes, en les soumettant, quand ils le desireraient, a la variolisation avec les virus dilues.
La vaccination consiste a donner ä l'homme une maladie benigne, qui le rend refractaire ä une autre maladie tres grave. Le cow-pox ressemble beau coup a la variole mais il ne lui est pas identique.
La variolisation a pour but au contraire de ccmmuniquei la maladie contagieuse au moment qui parait le plus favorable en choisissant le virus sur des sujets a variole benigne. Lv, variole inoculee etant presque toujours moins grave qu'une variole naturelle, on arrive ä obtenir sans be aucoup de danger I'immunite par ce moyen; ces dangers n'existent en aucune fagon dans la vaccination.
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De la Glavelisation.
On a employe des methodes analogues ä la variolisation pour un grand nombre de maladies contagieuses chez les ani-maux, nous ne ferons que signaler en passant les diverses tentatives qui ont ete faites dans ce sens, par divers experi-mentateurs. II etait tout d'abord naturel d'essayer la variolisation dans des maladies analogues ä la variole, chez diffc-rents animaux. On a applique cette methode d'inoculation preventive a la variole des moutons ä la clavelee.
La clavelee se manifeste par une eruption de boutons dans les plis de reunion de la poitrine et des membres anterieurs, dans ceux du ventre et des membres posterieurs, I'eruption se montre a la face interne des avants bras et des cuisses, autour de la beuche et des yeux. L'evolution de cette eruption presente les plus grandes analogies avec I'eruption de la variole humaine.
La clavelee n'est point cependant identique a la variole humaine, on ne donne point la clavelee au mouton auquel on inoculo la variole, la clavelee ne donne point ä l'homme la variole, ni
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une eruption capable de jouer le role de vaccin, ainsi que I'avait cm le docteur Sacco, de Pesare, les experiences du docteur Voisin faitos a, Versailles Tont parfaitement demontre.
La vaccination essayöe sur lemouton nele rend pas refrac-taire a la claveleo, cependant la Taccination rend la clavelee, plus bcnigne quand les animaux vaccines viennont ä contractor cette maladie.
La clavelee comme la variole dit M. Bouley, n'est pas susceptible do rccidive, I'animal qui la contractee une fois est a I'abri desormais do ses atteintcs.
La clavelee, comme la variole, revöt generalement des caracteres do plus grande benigmite quand eile est trans-mise artificielleraont, que lorsqu'elle a penetrö dans I'orga-nisme par la voie ordinaire de la contagion. II devient done possible, par Finoculation, d'assurer I'immunite aux trou-poaux, non pas contre la clavelee, puisque Finoculation a pour resultat do la donner, mais contre ses plus mauvaises chances, et de reduire ainsi dans des proportions qui peuvent dStre insigniflantes, les pertes que cette maladie est susceptible de causer. On a pu, grace ä la clavelisation, n'avoir que 1 pour 100 de mortalito tandis que la clavelee naturelle don-nait de 25 a 50 pour 100 do pertes ; cependant il faut avouer quo depuis quelque temps, la clavelisation a du ötre aban-donnoe dans certaines regions du Midi de la France, oü l'importation des moutonsalgeriens se fait sur une tres grande echelle, il y a eu des cas tres graves qui ont suivi les inoculations et on a du j renoncer.
M. Peuch (1), de Toulouse, vient, il y a quelques jours ä peine, de communiquer a l'Academie de medecine, un nouveau precede de clavelisation, qui permet d'obtenir sans danger I'immunite contre la clavelee. Nona extrayons les passages suivants do sa communication :
raquo;Vivement frappe des pertes que !a clavelee occasionne chaque anuee, a nos eleveurs du Midi, je me suis applique, depuis plusieurs mois, a chercher un precede de clavelisation
(I) Peuch, Bulletin de l'Acaddmie de Midecine, 19 septembre \i%i, p. 10 18.
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dont les suites seraient simples et nuUement dangereuses. Attenuer les effets de la clavelisation de maniepe a n'obtenir qu'une reaction inflammatoire modereo tout on conforant aux sujets inocules rimmunitö claveleusc, telest le but que je me suis propose d'atteindro.
raquo; Ayant eu roccasion ä l'Ecolo veterinaire de Lyon, en 1871 de suivre les experiences de M. Ohauveau sur la vaccine e* mßme d'y participer, je n'avais point oublie que les injections sous-cutanees de vaccin conterent I'immunite 'quot;accinale aux bötes bovines et cela sans qu'il survienne autre chose qu'une nodosite au lieu de l'inoculation sans aucune eruption locale ou generale. D'autre part, on reflecliissant a la grande richesse du claveau en elements corpusculaires ou germes — richesse demontree par les belles experiences de M. Ohauveau ''I) —je me suis demande si Ton ne pourait pas, en diluant convena-blement le claveau et l'injectant on quantite dotcrminöe dans le tissu conjonctif sous-cutane, diminuer les accidents de la clavelisation etreduire la mortalite ä la plus petite proportion oossible.
Dix-sept moutons ont ete clavelises par la methode sous-cutanee : huit avec du claveau dilue au vingtieme, quatreavec du claveau dilue au trentieme, et cinq avec du claveau dilue au cinquantieme; aucun d'eux n'a succombo, et tons ont acquis I'immunite claveleuse. Ces clavelisations ont ete pratiquccs les 23 avril, 17 et 31 mai, 2i juin derniers, e'est-a-dire par des temperatures atmospheriques de 15deg;, 21deg;, 2ü0, 28deg;, centi-grades. Apres chacune d'elles, les sujets ont ete enfermes dans de petits locaux d'ou ils ne sortaient point; leur nour-riture a consiste en luzerne seche d'assez bonne qualite.
On voit, d'apres ce qui precede, que les effets de la clavelisation sous-cutanee varient en intensite suivant la dilution employee, sans qu'il existe toutefois de differences bien sensibles entre le degre d'activite des melanges au vingtieme et au trentieme. Mais une attenuation tros manifeste se produit
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(i) Thdorie de la contagion midicale.{Comptes rendus de l'Acaddmie des sciences. 1868.1
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quand la proportion cTeau augmente et que le litre du melange egale un einquantieme.
Ces resultats me conduisont a penser que Ton peut encore diminuer l'activite virulente du claveau, tout en lui conser-vant la propriete de conferer I'immunite claveleuse, en abais-sant le titre du melange de maniere ä n'avoir plus qu'une partie de claveau pour 60, 80, 100 ou 120 parties d'eau dis-tillee, et en se contentant d'injecter un quart ou peut-etre un huitiöme de division. Ma troisieme serie d'experiences demon-tre en effet que quand on diminue ä la fois le titre du melange et la quantite injectee, on obtient une reaction inflamma-toire moderee et preservatrice. raquo;
II j a dans les experiences fort interessantes de M. Peuch, une nouvelle methode d'attenuation des virus qui pourrait trouver son application dans d'autres maladies virulentes que la claveleo.
M. Bouley a propose de faire a ce sujet, des experiences sur le virus varioleux, dans les pays oü, comme en Afrique, on pratique journellement encore la variolisation.
La dilution du virus varioleux dans de l'eau, dans du lait, dans des dissolutions salines, avait ete autrefois experimentee sans succes, mais l'injection sous-cutanee du virus, et le titre möme de sa dilution peuvent changer beaucoup les conditions de son absorption.
M. Jules Guerin attribue en partie les effets locaux du virus claveleux ainsi inocule, a son absorption sous-cutanee, 11 admet qu'en employant des piqüres directes de la peau, on complique le fait de l'inoculation des eifets produits par la plaie cutanee, exposee et impregnee de la substance virulente. En vaccinant par la methode sous-cutanee, M. Jules Guerin pretend pouvoir obtenir les resultats utiles de la vaccine sans pustules vaccinales.
Un de mes aneiens collaborateurs M. Pouquier, medecin ve-terinaire des plus distingues, directeur de l'Institut vaccinal de Montpellier, m'ecrivait il y a quelques jours, qu'il avait obtenu chez la genisse I'immunite vaccinale sans developpe-ment de pustules, en faisant, a l'aide de la seringue de Pravas, des injections sous-cutanees de cow-pox. Les experiences
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de M. Tench sont fort interessantes et son precede nous mettra probablement ä l'abri des nombreux insucces que la clavelisation avait rencontres dans la pratique. Peut-Ötre möme, pourra^on un jour, tirer partie de ce precede contre la variole de l'homme.
Au mois de mars 1882, M. Pourquier ävait obtenu sur les moutons l'immunite contre la clavelee, en injeetant du claveau dilue dans de l'eau distillee a l'aide de la seringue de Pravaz. M. Pourquier avait möme annonce au mois de juin, ä la Societe d'agriculture de l'Herault, qu'il avait des precedes speciaux de culture qui lui permettaient d'obtenir, pour la clavelisation, un virus tres liquide et entierement debarasse de tout globule sanguin. La possibilite d'obtenir des vaccins en diluant les liquides virulents de la clavelee nous est done affirmee par les experiences concordantes de MM. Peuch et Pourquier, et M. Pourquier paralt möme avoir eu sur ce point la priorite sur M. Peueh, de Toulouse. Apres cette inoculation, l'immunite pouvait etre obtenue sans qu'il existät aueune eruption de pustules au niveau du point d'inocula-tion.
M. Pourquier a eu l'occasion d'observer dans le Midi de la France jusqu'ä 50 et 60 p. 100 de perte avec les anciens pro-cedes de clavelisation. Ces echecs apparents de la methode sont exceptionnels, mais lä oü on les rencontre, ils pourraient bien tenir ä ce que l'on inocule aux moutons d'autres microbes que ceux de la clavelee. Les nouveaux precedes de vaccination paraissent appeles a, rendre la clavelisation presque toujours inoffensive, ils peuvent done rendre ä l'agri-culture de tres grands services.
II y a deux ecueils ä eviter dans la clavelisation : premiere-ment de ne point injeeter un virus trop riebe en microbes, c'est la ce que l'on peut obtenir en usant du mode d'atte-nuation employe par M. Peuch; deuxiemement n'injecter que le microbe de la clavelee et eviter surtout d'injecter le vibrion septique. On inocule bien souvent la clavelee avec du sang et avec des liquides contenant diverses impuretes qui sont capables de compliquer les resultats ulterieurs de l'inoculation.
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-noil serait done important non-seulement d'attenuer le virus, mais de i'isoler pour romployer seal.
Les procedes de MM. Peuch et Pourquier seront rapide-meut essayes sur un nombre plus considerable d'animaux et nul doute que nous ne sacliions bientot a quoi nous en tenir en nous basaut sur un plus grand nombre d'experiences et e'est alors seulement que nous pourrons reellement afflrmer la valeur reelle de ces nouvolles methodes d'attenuation des virus.
M. Toussaint (1) pretend avoir eultive le virus de laclavelee dans du bouillon de viande de mouton, de boeuf, de lapin et meme de levure, il y a vu s'y developper des spores et des bacteries. Los bacteries seraient, d'apres Toussaint, petites et fort agiles, elles douncraientnaissance a des spores legere ment ovales et tres refringentes. Les liquides de culture inocules donncnt lieu ä des eruptions, mais rien ne prouve que ces eruptions soient identiques a la clavelee, on ne s'est pas assure si I'affection contractee conferait une immunite ulterieuro, et s'il s'agissait bien la d'un virus attenue. Les microbes decrits par M. Toussaint ne sont autre chose que les ferments ordinairos des substances albuminoides.
M. Chauvcau a montre que le virus claveleux filtre etait ab-solument inactif; ä l'aide d'experiences tres concluantes il a montre que ses proprietes virulentes residaient dans ses par-ticules figures, dans ses elements granuliformes. II existe dans la variole du mouton des microbes du memo genre que ceux que Ton rencontre dans 1c sang et dans la lymphe des animaux. On trouve des microbes prcsque identiques pour la forme dans le liorse-pox, dans le cow-pox, dans la variole humaine, dans lapicote des pigeons, des pores et des oies, etc., etc. Les elements granuliformes decrits par M. ChauveauTie sont autres que les microbes eux-memes de ces maladies virulentes.
II existe chez differents auimaux, des maladies dont le caractere se rapproebe beaucoup de la variole humaine.
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(1) Toussaint, Compiesremlus de l'Acadtfmie des sciences, ii ftSvrier 1881, p. 362, t. 92.
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M. le professeur Jolyet (1) a etudiö avee beaucoup de soin la variole du pigeon, et il a trouve dans le sang, de ces animaux des microbes excessivement petits, de veritables micrococeus. Des microbes du memo genre et de la möme forme existent dans le sang des varioleux et dans le iiquide des pustules vaccinales ^Foy. y/y. Vet VI). Mais I'analogie de forme ne pent point nous donner l'assurance de l'idontitc de nature. M. Jolyet assimile la picote du pore, celle du chien, des pigeons, des oies, des dindons, de la vache et du cheval, mais il est sür que Ton ne peut point obtenir avec tons ces virus une mSme maladie chez ces differentes especes. Le vaccin qui confere I'immunite pour la variole humainc, ne donne pas I'immunite pour cliacune de ces varioles; si toutes ces maladies etaient identiques, le möme vaccin leur serait applicable.
La variole humaine eommuniquee ä ces differents animaux ne se transforme pas, eile ne devient ni vaccin, ni cow-pox, ni horse-pox. La variole que Ton donne aux moutons ne devient pas la clavelee.
La maladie des chiens, la peste bovine et la gourme ont etc rapprochees de la variole; on a pratique dans toutes ces maladies l'inoculation et la vaccination, on cherche ä obtenir pour eile des virus attenues, mais lesresultats obtenus ne sent pas encore assez certains pour que Ton puisse Ctrebienfixc sur la valeur reelle de la medication prophylactique proposee pour ces maladies.
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(4) Jolyet, Camptet rendus de l'Acadimie des sciencees, 27 juia 1882, t. 94, p. 1322.
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GHAPITRE IX
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DES INOCULATIONS PROPHYLACTIQUES CONTRE LA PERI-PNEUMONIE CONTAGIEUSE ET CONTRE LA FIEVRE APHTEUSE
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Peripneumonie contagieuse.
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On a eu recours avee succes a une methode analogue a la variolisation et a la clavelisation dans une maladie contagieuse et souvent fort meurtriere pour I'espece bovine dans la peri-pneumonie contagieuse.
_ Gette maladie peut se transmettre par contagion directe et par voie de cohabitation.
Quelquefois Finfluence contagieuse, dit M. Boulej (1), se traduit par de simples phenomenes de toux qui sont les indices de l'impregnation virulente, sous forme benigne; quelques animaux paraissent msect;me refractaires a cette maladie. Les vaclies atteintes une premiere fois de peri-pnoumonie soat desormais refractaires. II en est de möme de celles chez les-quelles I'infection s'est seulement manifestee par de la toux. On peut admettre que les animaux qui resistent a la maladie se sont vaccines a des doses inflnitesimables, leur immunity s'expliquerait par une especequot; de vaccination spon-tanee.
(I) Bouley, clu progres en mHecine par l'expärtmenlation, 1882.
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La peripneumonie contagieuse exerce en Europe de tres grantls ravages sur l'espece bovine, eile se manifeste a l'etat aigu ou a l'etat chronique. A l'etat aigu, l'animal presente une acceleration de mouvement des flancs, a l'auscultation on constate que le murmure respiratoire a diminue, on entend des souffles bronchiques, a la percussion il y a de la matite, la toux est seche, petite et frequente. Bientöt il y a de l'anasarque, la rumination est suspendue, on constate de la sensibilite le long de la colonne vertebrate en arriere du garrot, il y a un jetage blanchätre et visqueux.
Cette maladie peut se terminer par de la gangrene, ou bien si eile ne guerit pas, ello prend la forme chronique, les pou-mons sont envahis progressivement par de rhepatisation.
Le docteur Villems de Hasselt aquot;Signale dans les liquides qui suintent des poumons, dans la peripneumonie, la presence de corpuscules particuliers. MM. Bruylandts et Verriest ont essaye d'isoler par des cultures ces corpuscules d'autres corpuscules septiques, mais ils n'y ont pas encore reussi.
Le docteur Willems, de Hasselt, a soumis les boeufs a des inoculations preventives avoc le virus de la peri-pneumonie, et il a obtenu l'immunite contre cette affection. II emploiepour l'inoculation, le liquide qui suinte ä la surface des coupes du poumon malade et c'est ä l'extremite de la queue que ce liquide est inocule. Ces inoculations ont pu, accidentellement, ame-ner la mort, cependant, presque toujoursles sujets ainsi Tac-cines resistent a l'invasion de la peri-pneumonie. L'inoculation caudale de la peripneumonie, donne la fievre propre au germe de cette contagion, sans que des localisations pulmonaires se produisent et a la suite de cette fievre l'immunite est acquise.
En Hollande, en Belgique, en France, des experiences fort concluantes ont mis hors de doute Futilite de l'inoculation caudale. Ce mode de vaccination est obligatoire en Hollande, et ce pays parait avoir largement beneficie de cette mesure. L'inoculation au fanon, region tres riebe en tissu cellu-laire tres lache, donne la peri-pneumonie, tandis que lemöme liquide virulent depose dans le tissu tres dense de la region caudale donne ä peine lieu a une reaction locale peu importante et ä l'immunite ulterieure.
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La question du terrain dans Icquel doit se developper le virus morbide prcsente. done uno importance assez grande, puisqu'elle suffit pour transformer, pour modifier Ics proprie-tes virulentes d'unliquide provenantd'unemaladieinfectieuse. Les accidents locaux de l'inoculation caudale peuveut presenter une ccrtaineintensite il pent survenir une gang-rone liini-tee mais ley accidents no vont pas au-delä. Les inoculations au fanon communiquent au contraire une maladie grave et qui est presquetoujoursmortelle. L'importance de la nature du tissu sur lequel porte l'inoculation, sa densite, sa composition histologique agissent sur la rapidite de rabsorption, sur la dissemination plus ou moins rapide du virus, sur son attenuation. Le möme liquide inocule a la queue et au fanon chez deux animaux do mume espece, pout servir de vaocin ou com-muniquer une affection mortelle suivant la dcnsitö et les les caracteres anatomiques du tissu dans loquel le virus doit se developper.
Chez I'homme, la gravitc des diflerentes pustules malignes paraltvaricr suivant la densite des tissus oü se fait l'inoculation charbonneuse.
MM. Thiernesse et Dogive. de Bruxelles, ont communique
a l'Academie de Medecine de Paris, le 10 octobre 1882, une
..... sene d experiences fort interessantes sur les inoculations
preventives de la pleuro-pneumonio contagieuse par injection intra-veineuse. Cette nouvelle methode lour paralt bien preferable au precede de Willems, de Hasselt.
Ces experimentateurs ont constate que I'injection intra-veineuse du virus de la peripneumonie contagieuse, produisait des effets tout ä fait analogues ä ceux obteuus paries experimentateurs de Lyon, avec le virus Ju charbon symptomatique. Voici le precede qu'ils ont employe.
Le liquide virulent, disent-ils, a ete recueilli dans divers poumons qu'ont bien voulu nous procurer les medecins vetc-rinaires MM. van Hertson; inspecteur en chef de l'abattoirde Bruxelles, et Limbourg, inspecteur en chef des hallos et des boucheries de cette ville. 11 etait pris, au moment memo de l'operation, dans une portion d'organe exempte de toute alteration septique ou gaugreneuse. Apres avoir taillade le tissu
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pulmonaire en clivers sens, nous en exprimions la serosite en la pressant dans les mains. Le liquide ainsi obtenu, quelque peu trouble et sanguinolent, etait ensuite flltre ä travers un linge fin, puis introduit dans une seringue de Pravaz de la contenance de deux grammes.
La böte etant couchce et convenablement maintenue sur unelitiere de paillo, nous coupons les polls sur une certaine otenduo de la gouttiere jugulaire, dans sa partie mojenne, de i'un ou l'autre cöte; un aide tient la main sur la partie infe-rieure de la veine jugulaire externe, afin d'en determiner une legere distension. Cela etant fait, nous plissons la peau pour I'inciser dans l'ctondue de trois centimetres environ, puis nous detachons le (issu cellulaire sous-jacent de maniere ä decouvrir completement en un point le vaisseau precite. Nous prenons alors la seringue prealablement remplie, nous I'adaptons a la canule aiguillce; nous implantons celle-ci a travers la paroi de la veine moderement distendue, et nous faisons I'lnjection avec une certaine lenteur.
Au moment oü eile est effectuee, nous avons soin de faire cesscr la compression du vaisseau.
Uae suture entortillee ä deux epingles termine I'operation.
II resulte des diflferentes experiences de MM. Tbiernesse et Degive :
1deg; Que le virus peripneamünique a ete injeete, a la dose de 2 grammes, dans le systöme veineux de quatre bötes bo-vines d'un age peu avance;
2deg; Que cette injection n'a produit, chez trois d'entre elles, qu'une legore reaction febrile de courte duree ;
3deg; Que chez le quatricme sujet, I'inoculation a determine une inflammation exsudative assez prononcee et a produit une fievre de reactiou d'une certaine intensite;
5deg; Qu'une premiere inoculation critere, faite avec le meme liquide, sur les quatre premiers sujets, dans le tissu cellulaire d'une rfgion defendue sous peine de mori — le fanon — n'a determine chez tous, qu'une inflammation trüs peu prononcee ;
5deg; Qu'une seconde inoculation du möme genre, operee sur les mämes sujets, a produit chez I'un, un oed^ine inflamma-
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toire tres peu marque; chez les trois ai\tres, un engorgement plus prononce, d'un caractere phlegmoneux, mais sans aucune gravite;
6deg; Que l'insertion du möme virus, pratiquce clans ia mdme rigion, defendue, chez deux jeunes bötes qui n'avaient subi aucune inoculation prealablej a provoque chez Tune et i'autre revolution d'une inflammation grave, ä marche progressive et promptement mortelle.
Tels sent, les resultats de quelques experiences qu'il nous a ete possible de faire. Les enseignements qu'ils renfer-ment se deduisent d'eux-mömes.
Ces experiences demontrent :
a)nbsp; Que rinjection intra-veineuse du virus de la pleuro-pneu-monie, a la dose de deux grammes, est completement inoffensive, si Ton prend la precaution qu'une seule goutte de liquide ne tombe dans le tissu cellulaire;
b)nbsp; Que cette injection jouit de la memo propriete que I'ino-culation caudale preconisee par M. le docteur Willems, e'est-ä-dire qu'elle investit l'organisme d'une immunite reelle, de-montree par- I'inoculation, rcpetee deux fois, dans une region difmdue souspeine de mort;
c)nbsp; Que I'immunite peut etre parfaitement acquise, comme l'a etabli Tun de nous, a l'Academie de medecine de Belgique, en repondant a M. Jules Guerin, et comme Fasignale M. H. Bou-lej ä la derniere seance de l'Academie de medecine de Paris, sans qu'il seit necessaire que l'infection de Feconomie se tra-duise par les symptömes et les lesions qui caracterisent la maladie naturelle ou spontanee.
MM. Thiernesse et Degive croient qu'il serait possible d'ap-porter quelques ameliorations ä leurs precedes d'inoculation, ainsi, au lieu d'operer sur I'animal couche, on pourrait peut-ötre, disent-ils, I'inoculer avee plus d'avantage en lelaissant debout. L'ayant convenablement assujetti dans cette position, nous estimons disent-ils qu'on pourrait, ä la favour d'une tres petite incision do la peau, plonger directement la canule aiguillee dans le vaisseau. Pour prevenir tout contact du liquide virulent avec le tissu cellulaire, on pourrait se scr-vir d'une feuille tres mince de caoutchouc, d'une certaine
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largeur. On passerait d'abord la canule a, travers cette piece, on riatro'duirait ensuite dans la veine, puis on adapterait la seringue poui' pousser rinjection. Si une goutte de liquide venait a s'echapper de rombouclmre de la canule aiguillee ou de Touverturo corrospoudaiite de la seringue, eile tomberait necessairemeut sur la feuille de caoutchouc et ne poürrait atteindre la plaie, puisqu'elle serait parfaitement protegee par cette piilce.
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Fievre aphteuse.
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On a employe I'inoculation dans une autre maladie conta-gieuso des animaux. dans la fievre aphteuse. Cctto maladie, freqnente chez les ruminants, n'est pas en general morrelle; eile se caracteriso par une eruption vcsiculouso sur la mu-queuse buccale, sur la peau do l'intervalle interdigital, et möme sur les mamelles.
Ladifficulte qu'ontles animaux ä prendre leurs aliments et ä les manger, les faitmaigrir; la secretion lactee disparait pres-quecompletement chez les vaches laiüöres; l'animal n'a plus de force; il peut ä peine marcher; il a quelquefois de la fievre; scs services sont absoluraent pcrdus. pendant un certain temps, pour I'agriculture.
M. Rossignol, veterinaire a Mclun, a pratique, a titre pre-ventif, sur un assez grand nombre d'animaux, rinoculation de la fievre aphteuse, en impregnant la muqueuse buccale des snjets qu'il voulait inoculer avec du liquide salivaire virulent par rintermediaire d'un linge fin fertement imbibe de have d'animaux malades.
On realise, dit M. Bouley, par cc mode d'inoculation sus-epitlieliale, ce rosultat qui a son importance economique de donner la maladie au möme moment a tout le groupe des animaux destines a la contractor par la force mcme des influences contagieuses qu'ils ont subies, et de raccourcir ainsi le temps dc sa duree dans l'etablc et sur tout le troupeau.
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Cette maladie ne recidivant pas, les animaux qui confrac-tent ainsi la maladie, sont assures pour plus tard de Timmu-nite.
L'inoeulation,ne rend pas en general la maladie plus hcni-gne, eile n'a que le seul avantage de la faire nattre au moment oü les services que peuvent rendre les animaux, sont les moins importants.
Les inoculations faites a ce point de Tue ne sont pas le privilege exclusif de la medecine veterinairc. J'ai vu plusieurs fois, dans des families pauvres, des meres faire coucher ensemble tons leurs enfants en bas-äge et non atteints de la rougeole, quand un d'entre eux venait ä contractor cetfe maladie; elles pretendaient, par ce precede, utiliser le temps qu'elles devaient passer a la maison en soignant plusieurs enfants ä la fois. Ces enfants, d'apres elles, devant tot ou tard contracter la rougeole, on ne devait ainsi leur porter aucun tort en la leur donnant.
Nous sommes loin d'approuver un pareil Systeme; la rougeole, bien que tres frequente, n'est point toujours inevitable et eile est quelques fois fort dangereuse.
La maladie, ainsi communiquee ä des enfants bien portants, est-elle moins dangereuse que celle qu'ils contractent sponta-nement? C'est la un point sur lequel mon experience person-nelle ne me permet pas de me prononcer.
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CHAPITRE X
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RESUME ET CONCLUSIONS
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L'etude que nous venons de faire sur Jos inoculations pro-phylactiques dans les maladies virulentes presento, dans son ensemble, I'etat actuel d'une grande question dc pathologie comparee qui semble destinee ä boulevcrsor ä bref delai la medecine et la therapeutique humainos. Nous avons ete heureuxd'exposer a cette occasion, les magnifiques travaux dont s'est enrichie depuis pen de temps la science, ceux de MM. Davaine et Pasteur, ceiadeMM.Cbauveau,Toussaint, Arloing, Cornevin et Thomas, ceux de M. Bouley, ceux de M. le professeur Jolret.
Un fait qui paratt aujourd'hui parfaitement etabli, o'est qu'il existe, pour presque toutes les maladies virulentes, des microbes speciaux; la propagation de ces maladies tient ä la penetration de micro-germes dans lorganisme par diiferentes voies : voies respiratoires et digestives ou contact direct, qu'il s'agisse des maladies virulentes de l'homme ou de celles des animaux. Certains microbes peuvent vivre chez plusieurs especes d'animaux; le microbe du charbon, par exemple, se transmet, avec toutes ses proprietes contagieuses, du mouton a l'homme et au cheval et a bien d'autres animaux; le microbe de la vaccine passe du cheval au boeuf et du bosuf ä l'homme. II y a cependant certains individus, certaines especes qui paraissent refractaires ä certaines maladies virulentes, 1c
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microbe ne tronvant probablemcnl pas dans leurs tissus ou dans leurs liquides les conditions necessaires ä leur deve-loppoment; ces individns refractaires, resistcntquequefoisaux maladies virulentes, par. e qu'ils ont ete spontanement vaccines.
Un des caracteres des maladies virulentes, c'est que I'ani-mal atteint une premiere fois par ces maladies n'est plus susceptible de los contracter.
L'immunitö est la meme, que l'affection virulente premiere ait cte benigne ou grave.
Los formes bcnignes des maladies virulentes transmises par inoculation sent en general plus benignes que les maladies dont dies proccdent, et c'est la l'origine de la variolisation et de la clavelisation. On doit a ces deux methodes de nom-brcux succes; on arrive ainsi, a I'immunite sans beaucoup de dangers.
Certaincs affections, relativement benignes, conferent I'immunite pour des maladies virulentes graves qui ne leur sont point identiques : c'est ce qui arrive pour le cow-pox, pour le horse-pox, et pour la vaccine ckuis la variolehumaine.
Les inoculations a tres petites doses,, par le precede de Chauveau, peuvent aussi conferer I'immunite; les animaux peuvent se vacciner spontanement quand ils cohabitent avec des sujets atteints de maladies virulentes.
Les animaux en etat de gestation peuvent conferer I'immu-nite ä leur produit quand ils contractent certaines maladies virulentes dans le cours de leur gestation.
Des femelles vaccinees peuvent encore transmettre I'immu-nite h leur produit, bien que la fecondation soit posterieure ä l'inoculation vacoinale, c'est co que nous avons vu dans la fievre charbonneuse.
Enfln, le virus mßme des maladies virulentes peut servir de vaccin pour la maladie dont il provient, ä condition d'etre aftenuö etmodifie de diffcrentes faijons; nous avons longue-ment expose lamethoded'attenuation des virus, employee par M. Pasteur; Faction de Fair sur le microbe en culture joue dans ce cas le principal röle.
Nous avons fait connaitre l'attenuation des virus par la cha-
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leur par les methodes de M. Toussaint. par les precedes plus r^cents de M. Chauyeau, et coux plus recents encore de MM. Ailoing, Cornevin et Thomas, enfln il existe encore un precede d'attenuation de M. Toussaint par filtrations succes-sives des virus.
Dans le charbon symptomatique, nous avons vu qne les injections intra-veineuses et tracheo-broncbiques trouvaient pour certains microbes des indications spcciales; enfin, il n'est pas jusqu'ä la densite meme du tissu oü se fait I'inoculation qui ne puisse modifier Faction möme du virus, et en attenuer les effets. C'est ce que nous avons vu pour la peri-pneumonie contagieuse.
Le microbe, germe plus ou moins bien, suivant qu'il esl place dans un milieu qui lui est favorable; certains microbes vivent bier, dans le sang, d'autres sont micux dans les tissus, les uns sonr, aerobics et d'autres anaerobies.
Certains microbes ne pouvent se developpor en deed et au-delä de certaines temperatures, c'est ainsi que les ponies et les grenouilles resistent a I'inoculation charbonneus*. Si Ton refroidit la poule et si Ton chauffe la grenouille, on rend le sang de ces animaux capable do fournir un milieu favorable au developpement du microbe. Ce sont lä des conditions de receptivite dont nous devons ä l'avenir tenir un tres grand compte.
La receptivite des animaux n'est point seulement une question de temperature, il y a certainement d'autres conditions speciales que doivent presenter les tissus et les liquides do I'organisme dans lequel le microbe est appele ä vivre. Ces qualites de tissus sont en rapport avec le bon etat des grandes fonctions nutritives.
MM. Delafond et Bourguignon ont montre, a propos de la gale, que le parasite ne s'implante pas indifferemment sur tons les sujets. Nous empruntons a M. Duclaux (1) le passage suivant : laquo; Des moutons bien portants, bien propres, bien entretenus, resistent d'une facon absolue a la colonisation des acarus. Soumis ä un regime debilitant, ces mßmes moutons
(1) Duclaux, ferments el maladies, p. 107, Paris, 1882.
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prennent au contrairo tres faciloment la maladie. Ramenes ä la sante par un bon regime, ils se guerissent tout seuls et se refusent a tout ensemenccment nouvoau. La pretendue resistance vitale cst unc question d'ordre physique, chimique et phvsiologiquo meme. Un cliangcment clans la circulation sanguine suporficicllo du mouton, dans la reaction de sa sueur, dans Tepaissour de sa coucho cpidormiquo, dans la rapiditd de sa desquamation, dans l'activite de la perpiration cutanee, dans les soins qu'on lui donne ou Tabandon oü on le tient cxpliquent sufflsamment les changements dans sa resistance ä l'invasion. L'acarus, de son cote, doit trouYor a s'implanter ou ä se maintenir clans son terrain de culture, des difflcultes qu'il ne surmonte qu'a force de bonne sante, de bonne alimentation ou de feconditö, toutes clioses qu'il puise dans le sol vivant oü il est implante.
Pour peu quo le mouton rdsiste au point frappe, sa victoiro est certaino; sa resistance augmonte ses forces et diminue celles de ronnemi. Pour pen qu'il cede, au contraire, il sera oblige de ceder do plus en plus. raquo;
Ce qui se passe dans la gale, nous le retrouvons a propos des teignes qui sent des maladies epiphrtiques; les parasites vegetaux de ces maladies nc se ddveloppent que s'ils trouvent surles teguments un terrain qui leur convient.
Les microbes no se comportent pas autrement. II sufflt que les reactions de certaines secretions de rorganisme viennent a changer, pour voir se developper imraediatement des ger-mes toujours en suspension dans I'air, qui n'attendent qu'un milieu favorable pour se developper; nous citerons, par exemple, le muguet, qui natt et se developpe dans le mucus acide; les torrulacees de l'urine qui trouvent un milieu favorable si l'urine perd, au contraire son acidite.
Les microbes qui penetrent a, toute heure dans notre tube digestif, dans nos voies aeriennes, ceux qui s'introduisent directement clans nos tissus, ne s'y developpent que s'ils y trouvent un milieu favorable. Les troubles divers de la nutrition, en amenant des modifications dans les qualites intimes de nos milieux Interieurs et de nos tissus, nous creent des receptivites particulidres. L'etat general reagit sur la vulnerabilite aux
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maladies virulentes et infectieuses, et cela est tout aussi vrai an medecine qu'en Chirurgie.
II y a done deux termes aussi importants Tun quo l'autre: le microbe et le milieu, et s'il nous est impossible de nous debarrasser du microbe, d'en purger l'univers qui en est toujours infeste ou d'en debarrasser l'organisme lorsou'il a penetre dans le saug et dans les tissus, il ne faut point cependant desesperer de triompher dans cette grande lutte pour l'existence, nous pouvons encore eviter quelquefois cet ennemi en modifiant le milieu.
L'hygiene des grandes functions de mutrition, les inoculations prophjlactiques constituent deux grands moyens de rendre notre organisme refraetaire aux causes incessantes de destruction qui nous environnent.
L'immunitc serait due, d'apres M. Duclaux, ä la disparition de certains prineipes dans le sang ou dans l'organisme, ces prineipes indispensables au ddvclopipement des microbes speciaux ä certaines maladies, disparaitraient a la suite d'une atteinte d'une maladie virulente ou apres une vaccination. Ce qui se passe dans l'organisme pour le developpe-ment du microbe serait absolument analogue a ce qui arrive pour les liquides fermentescibles. Un ferment ne se developpe plus dans un liquide epuise par une premiere fermentation. Une premiere atteinte d'une maladie virulente, l'actiou des virus attenues realiseraient l'immunite, en detruisant dans l'organisme certaines substances absolument necessaires au developpement de certains genres de microbes. Cette explication est une hjpothese, et nous la donnons pour ce qu'elle vaut.
Au fond, nous sommes loin de savoir comment un etre peut contractor pour un tomps assez long et quelquefois pour toute sa vie l'immunite centre une maladie virulente dont il rencontre souvent les micro-germes malgrc le renouvcllement incessant qui se fait dans ses tissus et dans ses liquides. II y a certainemeut sur ce sujet de grandes decouvertes a faire, car nous sommes encore loin de savoir quelles sontles veritables conditions de reeeptivite et a quoi tient l'immunite.
Quelle est laduree de Timmunite dans les differentes espö-ces de vaccination?
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^ II est sür que rimmunite peüt se perdre avec le temps, c'est ce qui arrive pour le vaccin, il est sür qu'il en est de möme pour las vaccinations avec les virus attenues. Ce qu'il faudrait determiner, c'est le delai apres lequel il est utile de revacci-nor. Ce n'est qu'avec le temps ot denouvelles experiences que nous pourrons Stre fixes sur cette question qui est tres impor-tantcs au point du vue pratique.
Des vaccinations faites avec des virus artificiellement attenues pour la fiüvro charbonneuse et pour le charbon sjmptomatique ont montre que 1'immunite existait encore pour des animaux vaccines depuis six mois, depuis dix-huit mois memo. Nous ne tarderons pas ä savoir si I'immunite que con-fore nos nouvoaux vaccins pent ötre de plus longue duree. (1). Nous avons vu dans l'etude des vaccinations par les virus attenues qu'il etait quelquefois necessaire de faire coup sur coup et ä bref delai plusieurs vaccinations avec des virus de plus en plus energiques pour arriver ä I'immunite absolue. Ce point est important a, noter et pent trouvor son utilite dans les applications ulterieures de la vaccination ä la pro-phjlaxie des maladies virulentes.
La vaccination speciale a une maladiepeut etre capable de donner en memo temps I'immunite pour plusieurs affections contagieuses.
Des ponies vaccinees du cholera sont refractaires au charbon, M. Toussaint a obtenu I'immunite pour le cholera des poules en leur injectant du sang septicemique de lapin.
Le sang septicemique de lapin chauffe a 55% sert non-seule-ment de vaccin pour la septicemie, mais encore pour le sang de rate et pour le typhus. II y a done des vaccins ä effets multiples.
La decouverte de vaccins de ce genre permettrait de sim-plifier les mesuresprophvlactiques a employer; pent etre arri-vera-t-on ä trouver un jour un seul vaccin centre plusieurs maladies virulentes et contagieuses.
L'attenuation des virus, l'isolement des microbes ne pent etre obtenu par le möme precede pour toutes les maladies
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I). Complesremlus de I'Acaddmie des sciences, 2 Mai 4882, t. 9',., p. 1396.
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virulentes; il a fallu de longs tätonnements pour arriver ä trouver quelques-uns des virus artificiels quo nous possedons.
On a ete pris d'un grand enthousiasme ä la suite de la de-couverte des vaccins de la fiövre cliarbonneuse, du oharbon sjmptomatique et du cholera des poules, et il semblait que tous les vaccins allaient etre facilement trouves, nous som-raes obliges de reconnaitre aujourd'hoi qu'il nous reste encore un vaste champ a explorer.
Nous sommes loin d'etre absolument fixes sur les microbes specifiques d'un cerlain nombre de maladies virulentes. Dans quelques maladies dont on connalt les microbes, on n'est poict arrive a trouver leur liquide de culture, les niojens qui peu-vent servir ä leur isolement et ä leur attenuation.
Dans une memo maladie on retrouve un grand nombre de microbes, et souvent il n'y en a qu'un seul qui soit speci-lique, et il est fort difficile de le reconnaitre et d'appren-dre a I'isoler.
Certains microbes, qui sent identiques dans leur forme, sont completement differents dans leurs functions; le memo microbe pent presenter plusieurs formes. Voila tout une source d'hesitations et d'errem^s qui rendent Tetiologie des maladies virulentes souvent bien difflciles a resoudre.
Plusieurs microbes que Ton retrouve dans le sang, dans la lymphe,dans les tissus,, peuvent etre, les uns tout a fait inertes sur l'organisme, et d'autres tres virulents. II faut apprendre a, rechercher les caracteres differentiels de ces petits orga-nismes pour arriver plus tard a trouver des mojens sus-ceptibles d'en faire des vaccins.
Les microbes specifiques d'une maladie uue fois decouverts, il reste a les isoler et a les attenuer, pour en faire des vaccins.
Un exemple recent des difficultes que presente I'etude des microbes nous est donne par la recente commission de M. Pasteur, au Congres de Geneve.
M. Pasteur, recherchant le microbe du virus rabique fut appele achercher, quatre heures apres la mort,le microbe spe-cifique de la rage dans la salive d'un enfant mort a Paris, dans le service de M. Lannelongue.
raquo; Une etude attentive et prolongee des effets des inocula-
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tionsde lasahve rabique, dit M. Pasteur, permet d'admettre quelle amene la mort de trois manieres: la mort par un microbe special; la mort par des desordres purulents tvia abondants, accidents d'ordre septique ; la mort par la vraie rage propre au lapin, qui a toujours une incubation assez lon-gue et qU1 s accuse par des paralysies des membros de vingt-quatre a soixante-douze heures avant la mort. Gette paralysie n extste pas dans la mort par septicemie.
raquo; La salive des personnos enragees contient done, outre le virus rabique, non caracterise encore par un microbe cultivable, un virus forme par un microbe special cultivable et des microbes divers, capables d'amener lamortpar desproduc-tions exagerees de pus, des desordres locaux excessifs et quelquetois I'introduction dans le sang de microbes com-muns.
raquo; Le nouveau microbe decouvert dans la salive des enrages nexiste-t-il que dans cette sorte dc salive ?Cette question s offrait naturellement a I'esprit. G'etait memo la premise a resoudre, si 1'on voulait s'assurer dune relation cachee entre ce microbe et celui de la rage. Au cas oh le nouveau microbe cxisterait dans des salives quelconques, il est evident qu'il serait mdopendant du virus rabique.
laquo;Des observations porsonnellos il resulte que la salive des personucs adoltes mortes de maladies diverses ne contient pas le nouveau microbe, ou plutot qu'il a ete masque, daris nos experiences, par I'abondance des microbes propres ä faire du pus; qu'au contraire, la salive denfants morts de maladies diverses a amene la mort des lapins par le microbe dontil sagit; qu'enfin, ou I'a rotrouve encore dans les salives dc personnos en pleine sante. Le nouveau microbe n'a done aucune relation avee le virus rabique. raquo;
Ce microbe a pu ötre cultive par M. Pasteur et soumis aux metliodcs de cultures qu'il emploie pour attenuer le cholera des poules et le virus charbonneux, il a obtenu ainsi une serie de microbes attenues.quot;
Mais ce resultat n'avance point la grande question de 1 attenuation du virus rabique dont le microbe se derobe encore a nos investigations.
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Ce microbe trouve, arriverons-nous ä le cultiver et ä l'attenuer, ce sont la, de nouvelles difficultes qu'il faudra vaincre.
M. Pasteur vient de decouvrir un nouveau microbe dans la fievre typho'ide des chevaux et il est arrive a l'attenuer par l'action de l'oxygene.
laquo; En inoculant, dit-il, a des lapins la matiore ecumeuse sor-tant par les naseaux au moment de la mort des chevaux atteints de fievre typhoide, les lapins perirent et leur sang-presenta un microbe nouveau encore en forme de 8, avec un etranglement allonge. Ce microbe communique aux lapins une veritable flövre typho'ide qui les tue en moins de vingt-quatre heures. L'attenuation de ce microbe a lieu quand on expose ses cultures dans des bouillons au contact de l'air.
'( En resume, on ne peut douter que nous ne possedions une methode generale d'attenuation, dont I'application doit seu-lement ötre modiflee selon les exigences des proprietös phy-siologiques des divers microbes, Les principes generaux sont trouves et on ne saurait se refuser a croire que I'avenir, dans cet ordre de recherches, ne soit riebe des plus grandes espa-rances.raquo;
Les chevaux pourront-ils acquerir I'immunite par les vae-cins attenues ? Si Ton bbtientceresultat pour la fievre typho'ide des chevaux pourra-t-on appliquer a la fievre typho'ide de l'homme et a titre prophylactique, ce qui aura reussi pour les chevaux, tout cela est encore fort problematique?
laquo; Les methodes quej'ai etudiees n'ont pas d'autre but que de prcvenir les maladies, dit encore M. Pasteur. Quant a preve-nir toutes les maladies, je ne sais pas quand cela arrivera, et pour la fievre typho'ide en particulier, je reconnais que l'attenuation des virus ne lui est pas encore applicable. Mais les resultats acquis sont assez satisfaisants ä l'heure actuelle et ils nous encouragent pour I'avenir. raquo;
Arrivera-t-on un jour pour la medecine humaine a trouver des vaccins artificiels pour toutes les maladies contagieuses et epidemiques; nous en avons quelque espoir, mais on ne doit pas trop d'avance s'en flatter. En exagerant les bienfaits de la nouvelle methode, on escomptaut trop I'avenir, on no peut que
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compromettre la science et jeter le encouragement dans 1 esprit des savants qui doivent se resigner encore et peut-etre pendant bien longtemps ä travailler en tatonnant sans arnver a de serieux resultats.
Les methodes d'attenuation des virus doivent varier dans les diverses maladies virulentes. On a reussi pour la fievre charbonneuse, pour le charbon des poules, pour le charbon sjmptoma ique; mais il faut bien se rappeler qu'une seule methode n est pas applicable a toutes les maladies virulentes et que pour chacune d'elles e'est une nouvelle lutte qu'il fau-dra engager, da nouvelles difficultes qu'il s'agira de vaincre Au heu deperdre notre temps d nous rejouir des destinees fu-tures dc la medecino, au lieu de composer des idjles sur l'äffe d or de 1 humanite que Ton ne fait qu'entrevoir, au lieu d'em-boucher atrompette de la victoire, il fau t nous appliquer a voir les difficultes qui nous restent a vaincre. Le combat ne fait quo commencer, la bataille sera longue, at les petites victoires partielles no doivent que nous encourager a deployer du courage, da l'energie et de la perseverance. Nous com-mengons a peine cette grande lutte contra les maladies infee-tieuses veritable lutte pour.lWence, avec da nouvelles armes, dont il faut apprendra a nous servir. Cenx qui vien-dront aprös nous saront peut-ßtre obliges de lutter encore pour tnompher, et, peut-rtro seuls, auront-ils le bonheur de voir reahser le but supreme da nos efforts: l'extinction des maladies infectieuses par les inoculations prophylactiques I
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EXPLICATION DES FIGURES
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FlfiVRE CIIARBONNEÜSE
ßacMridles de laflevre clmrhonneuse, lew divelovpement (flg. i, ii et hi).
Fig. 1 et 2. — Culture des bactöridies et des spores, d'aprös une planehe de la those de M. Toussaint (Recherches expMmen-tales sur la maladie charlomeuse, Lyon, lg juillet 1879).
Transformations des bacMridies place'es dans me cliambre chaude de Ranvier de i laquo;4 (flg. i), i et 2 (flg. n.)
Fiff. i.—N01. Bacteridies qui viennent d'Stre extraites du sang. — Ndeg;s 2, 3, 4. Les müraes, uneheure, deux heures et cinq heures aprfes.
Fiff. ii. — Ndeg; l. Formation des spores ä la dix-septieme houre. . —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;N0 2. Spores completement isolees.
ßfveloppement des spores de 3 ä iO (flg. n).
N0 3. — Spores dans les liquides de culture. Ndeg; 4. — Les raömcs une demi-heuro apres; clles out perdu leur refringenee.
Ndeg;ö, 6et7. — Los memes apres une, deux et trois heures de culture.
Nquot; 8. — Apres seize heures de culture; partie exposee a la lumifere.
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No g. _ Apres seize heures, mais clans I'obscurite pjo jo. — Spores qui se sont developpees sur le milieu de la borne, clles no donnent pas de spores.
Bacte'ridie du cliar'bon (fig. in).
D'apr6s la planche X du livre de SI. Dlclaux. (Fermenls et maladies.) Paris, G. Masson, 1882.1
Nquot; 1. — Bacteridics en culture artificiellc.
N0 2. — Bactcridies dans le sang d'un animal eharbonneux.
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CHABBON SYMPTOMATIQUE
Microbes du charbon symirtomatique du baufibg. iv)r
D'aprte un croquis que nous devons ii roxtrüme obligoance de M. le profes-seur Arloisg, de Lyon.
A. Formes nucleöes ou sporulccs habituelles au sein des infarc-tus musculaircs. — B. Formes sans spores plus frequentes dans la sörosite qui infiltro le pourtour des tumours. — 0. Formes que Ton rencontre quelques jours apres la mort, la putrefaction abscnte.
CHOLfiRA DES POLLES
Microbes du choUra des ponies. (Fig. v).
D'apr^s la planche XI du livre de M. Duclaux (Ferments et maladies). Paris, G. Masson, 1882.
\. — Microbes jeuncs isolös et gemines.
2. — Microbes vieux (ceux-ci sont notablcment plus petits).
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SEPTICEMIE
Vibrion septigue. (Fig. vi).
D'aprfts la planche XII du livre de M. Duci.aux (Ferments el maladies) Paris, G. Massok, -1882.
De 1 a 4 vibrions dans la s6rosilc.
Vibrions mobiles, quelquefois trös allonges 1; quelqueroistres courts 2; quelques-uns onl la forme en olive 3; d'autres sont
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renflös en battant de cloche 4 ; avec une spore ä l'une des extre-mitös. 8. — Vibrions septiques dans le sang.
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VARIOLE Microbes de la variole Aimaine (flg. vn)
D'apris un croquis que nous devons ä obligeance de M. le Professeur Jolyei, de Bordeaux
i. — Liquide lymphatique pris dans laciterne de Pecquet cinq heures apres la mort chez un varioleux mort en pleine eruption.
A. Globule sanguin. — B. Globule lymphatique. — C. Microbes simples. — D. Microbes accouples. — B. Microbes en ehame. — F. Globules sanguins epineux. Les pointes de ces globules sent formees par des Microbes qui sont accoles ä leur paroi.
2. — Pustule variolique. Liquide extrait d'une pustule de variole.
A. Microbes simples. — B. Microbes geminös. — C. Microbes en chaine. — B. Corpuscules granuleux. — F. Globules sanguins. öpineux.
COW-POX
Microbes du cow-pox (flg. vni).
D'aprfes un croquis que nous devons ä l'obligeance deM. le professeur Joltet.
Le sang et la lymphe vaccinale qui ont servi ä faire les deux preparations microscopiques d'apres lesquelles ce dessin a ete fait, ont 6te pris sur une genisso du service municipal de la vaccine ä Bordeaux, par M. le professeur Layet, directeur de cc service.
i. —Sang de genisse inoculec avec du cow-pox, le cinquiöme jour apr6s l'inoculation (N01).
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A. Globules epineux. Les pointcs des globules sont formöes par des microbes qui sont accoles ä leur paroi. — B. Microbes libres assez nombreux.
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Lymphe vaccinate (No 2).
A. B. 0. Quelques globules sanguins epineux. — D. Microbes simples trös disseminös. — E. Microbes göuiines.
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MICROBES DES MALADIES VIRULENTES BACTERIOIES •
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Fir..ll.
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FIEVRE CHARBONNEUSE
LCUH DiviLOPflMeNT
fig, i.an.
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Fig.Ml- Fi
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EVR£ OHARBÜNNEUSE
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Fig. V_ Cholera des Pouu
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Fig VI!- Variole
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TABLES DES MATlfeRES
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Preface.............................................
Chapitre premier. Un mot sur les döcouvertes des difle-rents modes d'inoculation prophy-lactique. — La theorie des microbes..............................
Chapitre II..... La fiövre charbonneuse.............
Chapitre III..... Des vaccinations charbonneuses.....
Chapitre IV..... Des vaccinations centre le charbon
symptomatique..................
Chapitre V..... Des vaccinations contra le cholöra
des poules......................
Des vaccinations centre la septicemie
De la vaccination centre la variole.
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l 9
27
37
iTl 03 S7
63
73 81 91
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Chapitre VIII .
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De la variolisation et de la claveli-sation...........................
Chapitre IX...... Des inoculations prophylactiques centre la pdri-pneumonie contagieuse et centre la flfevre aphteuse......
Chapitre X...... Rösumö et conclusions.............
Explication des figures............................,
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Bordeaux. — Impr. Nonv. A. Bellier ct C'e, 16, rue Cabirol,
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