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RUKSUNIVERSITEITTE UTRECHT
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MEßECINE VETERINAIRE.
MEMOIBE SUR LES UTHOUOSQCES (i) COUP ABES ADX LITHOPEDEB;
Par le docteur A. NUMAN, directeur et professeur a I'Ecole veterinaire
d'Utrecht.
(Traduit du hollandais, par S. Vekubtsh, inapccteur vdterinaire de Tarmee beige*)
Dans un premier in6moire (2) pr6sent6 ä l'Institut des Pays-Bas, et ins6r6 dans la troisieme partie des Recueils de cette So-cietc savante, je me suis occupe du dessechement et de i'indura-tion que le foetus de la jument et de la vache, renferm6 dans I'ut^rus , est susceptible d'6prouver. Depuis lors, j'ai eu occasion de me procurer encore plusieurs sujets ayant subi cette altera­tion sp6ciale; j'en poss^de actueliement huit: la presse perio-dique velennairc'm'en a aussi fait connaitre quelques nouveaux exemples (3). J'en condus que ce phenomamp;ne ne doit pas 6tre bien rare. Parmi les individus petriG6s que je regus naguere, il en est un auquel je crois devoir attacher une grande importance, parce qu'il me parait 6tre dans les conditions propres a expliquer
(1)nbsp;Je comprends sous cette denomination les veaux petrifies; je propose un num grec {lilhomoscoi), si toutefois 1'Academie n'elcve aucune objection contre ce neologisme.
(2)nbsp; Ce meraoire est intitule : Waarnemingen omtrent het langdufig ver-blyf boven den gewoontn dragllyd van geslorvene jongen by de moeder-dieren.
(3)nbsp; Archiv für ThierheiUcunde von der Gesellschaft schweizerischer Thit-rarzte. B. IV. S. 290. Zürich, 1829. Bine siebenzehn Monaihe dauernde Traegtigkeü einer Kuh. Zurückbleiben der Frucht bei einer Kuh, dans la Zeit­schrift für Geburlskunde von Ur Busch, d'Outrepont, Ritgen und Siebold: Neue Folge, B. Till, S. 445. Observation de Cartwrlght, reprise du journal anglais The Lancet du 6 mal 1837, nraquo; 714.
TOME XVIII.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i
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ces modifications particulieres qui atteignent le foetus dans le sein de sa mere.
Je dois rappeler qu'aucun signe apparent n'indique la presence d'un foetus mornifie, chez la vache en dial de gestation. On remarque souvent vers I'epoque de la mise-bas, ou au terme fix6 par la nature pour la delivrance, qu'il ne se manifeste pas de symptömes d'une parturition prochaine; et quand ils se d6cla-rent, ils sont passagers : le foetus n'est pas expuls6; parfois ce-pendant I'accouchement s'opere. Dans la plupartdes cas, le jeune individu, reduit a un petit volume, continue a sejourner dans la matrice, d'oü il sort avec le produit d'une conception subse-quente; car I'explrience nous apprend que la presence d'un foetus de cette nature n'est pas un obstacle ^.une nouvelle f6con-dation. Lorsque les vaches dfepassent le terme lt;Je la gestation, il arrive ordinairement que les propri6taires les destinent ä l'en-graissement; ce sont alors les bouchers qui, k l'ouverture des animaus , retirent ces foetus de la matrice.
L'individu dont je vais m'occuper me fut adressö le 15 juil-let 1830. On le trouva chez une vache grasse : la dur^e de la ges­tation resta inconnue. II est probable que la mise-bas aurait du avoir lieu au mois de mars ou d'avril, et il est a supposer que le foetus aura succombe avant cette epoque. ta majeure partie des veaux momifife pr6sentent les caract^res d'une mort survenue pendant les premiers mois de la vie foetale; presque tons out la peau d^gamie de polls; quelques-uns en portent autour du mufle, oü les productions pileuses apparaissent en premier lieu; un seul sujet offrait despoils rares, diss6min6s sur la surface du corps. Si nous admettons, avec Heusinger (1), que les polls ne commencent k se montrer chez le foetus dela vache que vers le quatrifeme mois de la gestation, on pent, sauf de rares exceptions, fixer, en g6n6-ral, I'epoque de la mort avant cet age.
Le foetus dont il est ici question etait encore renferm^ dans la matrice lorsque je le re^us; il se trouvait, par cons6quent, dans les meilleures conditions pour Studier son veritable 6tat, ainsi que ses rapports avec l'utlrus et les membranes de l'oeuf. Jus-qu'alors je n'avais pu me procurer que des sujets privös de leurs enveloppes, ou entour6s de membranes dess6ch6es. La face ext6rieure de l'utlrus presentait un aspect normal;
(1) Meckel, ^rcAtv für Anatomie und Physiologie, B, VIII. S. 403. Ein Paar Bemerkungen über Pigment-Absonderung und Haarbüdung; üeber das Haaren und die Regeneration der Haare, loc. cit. S. 555 ; corop. A. Ntiman, Beschryvinq van een groolendeels dubbeld Kaifs-monster, dans les Nieuwe Yerhandelingen der Berste Klasse vanhelEoninklyk-Nederlandsehe Institut, D. TU, bladz. 181. Amsterdam, 1838.
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eile dessinait leraquo; formes irreguläres du foetus momifi6 , autour duquel eile 6tait fortement contract^e. Le col et l'orifice de cet organe ressemblaient assez ä l'aspect qu'ofFrent ces parties chez la vache dans un etat de gestation avanc6e. La matrice ayant 6t6 ouverte, eile laissait voir sa face interne d'une couleur ros6e. A certaines places, la rougeur itait plus intense, comme si l'organe avait 6prouv6 un leger degr6 d'irritation (1). Les caroncules Ätaient peu ou point apparentes; elles paraissaient s'ötre con-tractees, ou avaient disparu. Le foetus renferme dans les mem­branes n'adherait sur aucun point ä l'ut^rus. Entre ce viscera et le chorion se trouvait une couche, de plusieurs lignes d'6-paisseur, d'une maliere noirätre, sanguinolente, visqueuse, re-couvrant enttereraent le chorion, comme si toute la masse avait amp;6 plongöe dans une substance gelatineuse; eile empöchait de distinguer les cotyledons. Lorsque cette mati^re eut et^ enlevee par le lavage, on voyait les cotyledons egalemenl retractes ou delruils (2).
On ne dfecouvrait au chorion , ni k l'amnios, aucune Ouver­türe par oü auraient pu s'echapper les humeurs foetales; car, pendant que les membranes etaient encore collees sur le foetus, on y pratiqua une petite ouverture par laquelle on introduisit un tube : l'insufflation les en detacha, et elles se gonflerent comme une vessie que Ton remplit d'air.
A la face interne de l'amnios, on retrouvait les traces de la depression occasionnce par les cotyledons, par suite de la forte contraction de la matrice autour du foetus. Le corps de ce der­nier offrait aussi des depressions dues a la möme cause; mais plus tard elles s'effacerent.
Ainsi que je l'ai dejä remarque , cet exemple est important: il confirme qu'il n'est nullement necessaire, pour que le foetus paSse ä retat de momie, que les liquides dont il est entoure s'epanchent hors des membranes et soient resorbes par la ma­trice. une autre condition qui est encore moins indispensable ä la momißcation, c'est la rupture des membranes et la perte des eaux par l'oriflce de la matrice. Si ces deux circonstances, sur-
(1)nbsp;Cette coloration rouge de la face interne de la matrice fnt observee dans un cas semblable par le veUrinaire Brandenberger, a Zurich. Voyez Archiv für Thierheilkunde, loc. cit, S.VSl.
(2)nbsp;Brandenberger, loc. eil., semble avoir rencontre un foetus de vache enve-loppe de la meme manure. II en donne la description suivante : A I ouverture, je trouvai un foetus compleiement inoinilic , ayant les quatre membres replies sous le corps; ils etaienl si durs et si sees, qu'on parvint a peine a les ecarter du tronc. Les humeurs foetales avaient tout k fait disparu, et les membranes de roeuf etaienl transformees en une tnaliere noire, ressemblant au m^conium [Kalberpeche). Une maliere identique recouvrail les placenta.
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tout la premiere, mesemblaientd'abord admissibles(l) et propres ä expliquer le dessechement d'un 6tre plongeant dans un liquide et renferme dans le sein de sa mere, cette observation prouve que ni Tune, ni l'autre ne sont de rigueur. Les membranes de I'cBuf etant demeur^es intactes, l'humeur de l'amnios et celle de Tallantoide doivent avoir disparu ä travers les membranes par le pouvoir absorbant de I'uterus.
Le mode d'union du foetus avec la matrice, au moyen du cho-rion, chez la plupart des femelles, et notamment chez celles des ruminants, me semble renfermer la raison du phönomene de momißcation et de sa frequence chez la vache. Le placenta de la femelle bovine ne constitue pas un organe unique, non divise, ne s'attachant qu'ä un point donne de I'uterus, comme chez la femme ; il forme plusieurs petils placenta separes les uns des autres, qui prennent leur insertion sur toute la surface interne de I'uterus, dansla corne fecondöeaussibien que dans celle qui ne Test pas, et qui s'unissentaux caroncules correspondantes. Celles-ci et les cotyledons se developpent cependantplutöt dansla corne f^condee que dans l'autre. Celte derniere en contient aussi un moindre nombre. Leur total chez la vache est de 80 ä 90. II est plus d'une cause capable d'operer la desunion des cotyledons et des caroncules sur quelques points ou sur plusieurs h la fois; telles sont une congestion vers I'uterus, une legere inflam­mation de cet organe, une lesion m^canique produite par un coup de corne centre I'abdomen d'une vache pleine. Dans chacun de ces cas, la desunion peut facilement amp;re accompagnee d'une rupture des vaisseaux des cotyledons ou des caroncules, ou de ces deux parties en m6me temps.
Quelle doit en 6tre la consequence immediate? La oü la dis­union s'opere, il y a nn epanchement sanguin entre le chorion et la face interne de I'uterus: I'hemorrhagie persiste; car le sang continue ä se rendre de la mere au foetus par les placenta qui sont rest^s intacts, et la circulation fcetale n'6prouve encore, pour le moment, aucun trouble. Du cöte de la mere , la dilac6-ration des vaisseaux amene aussi une hemorrhagie momentan6e. La quantite de sang 6panche doit naturellement aller en aug-mentant, et se trouvant renferme dans un espace confine entre le chorion et la matrice, ou il ne trouve aucune issue, ce liquide s'6tend sur le chorion, le coraprime.operesuccessivement, d'une maniere mecanique, la disjonclion de tons les cotyledons d'avec les caroncules, et l'ceuf se separe ainsi entiörement de la matrice.
(t) Nieuwe Verhandelingen der Eerste Klasse van het Koninklyk Neder-landsclte Instilul. D. Ill, bladz 36.
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De cette maniere, je me represente le m6canisme de la cessa­tion des rapports du foetus avec la mere. Je pense que la situa­tion du sujet dont j'ai donne la description , la presence d'une mallei e gelatiniforme, demi-fluide, sanguinolente, dont il etait entourfe, lendent ä confirmer cette opinion. La nutrition du foetus doit aller en diminuant, ä mesure que l'hemori-hagie fait des progres, et bientöt sa mort devienl inevitable.
Si Ton pent admettre que le defaut de nutrition amene aussi une diminution des eaux, il faut que la force absorbanle de l'u-terus les fasse promptement disparaitre. On ne saurait m^con-nattre l'action absorbante de la matiice : je ne deciderai pas si eile est assez puissante pour resorber le placenta et tout I'arriere-faix, ainsi que quelques auteurs (1) pretendent en avoir vu des exemples chez la femme; mais il est certain que le grand nombre de vaisseaux lymphatiques, demontres par les injections mercu-rielles ä la face interne de l'uterus de la vache, confirme la puissance absorbante dont cet organe est doue. II est difficile de determiner avec precision si la resorption des eaux a lieu uni-quement par les vaisseaux lymphatiques, ou si elles sont reprises par les pores iuorganiques des tissus, et principalement par les vaisseaux sanguins, ä l'aide de cet acte auquel on donne actuel-lement le nom A'imhibition ou d'endosmose. Ce dernier mode, compare ä ce qui se passe dans d'autres organes, präsente beau-coup de probabilite.
La rapidite avec laquelle les eaux disparaissent, le prompt dessechement du foetus qui est tout k fait durci au bout de quelques mois, t6moignent en faveur d'une absorption par les veines de l'uterus. Elles doivent y 6tre d'autant plus disposees, que la quantite de sang se rendant au foetus reste la m6me; mais celle qui retourne du foetus ä la mere, diminuant, les vaisseaux eprouvent un vide proportionnel; ils offrent la capacite n^cessaire pour reprendre et entratner dans le torrent de la circulation les liquides que les membranes renferment.
Je ne puis passer sous silence un phenomene qui pendant rues recherches s'cst prescnte a mon observation, et qui meritait de Qxer toute mon attention. Un morceau de la matrice d'ou le foetus momifie avait et6 extrait, etant examine de plus pres, olfrait a sa surface une infinite d'ouverlures papilliformes. On les voyait ä l'oeil nu; mais elles etaient plus evidentes h la
(l)Naegele, Ucber das Absorplions-vermoegen der Gebärmutter, Frortep's Xolizen, nu 468. S. 61; I'uUelin des Sciences medicates de FiSrussac, janv. 1829, pag. 18 et 254; Pruys Van Jcr Hoeven, Logger, Reinwardt en Salomon, Geneeskundige Bydragen, D. II. St. 2, bladz. 238.
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loupe. Expos6es ä l'air, ces bouches se contractaient bientöt et devenaient imperceptibles. La partie ayant 6te plong6e dans l'eau, des bulles tres-distinctes se montraient a la surface de la muqueuse. Leur presence 6tait due ä l'introduction du liquide chassant le corps gazeux qu'elles renfermaient. La s'est born6 mon examen. Je n'oserais done pas me prononcer, et dire jusqu'a que! point ces bouches peuvent 6tre consid^rees comme les ou-vertures des vaisseaux spiraux blancs, vaisseaux d'une espöce particuliere, que Ton rencontre dans la matrice de la vache pleine, et qui ont et6 decrits et figures par Burckhardt (1), dout le memoire, ä cette epoque, ne pouvait m'ßtre connu. Suivant cet auteur, les ouvertures des vaisseaux spiraux de la matrice fecondee sont en rapport avec de petits corps jaunes fcorpuscula lutea minima) places sur le chorion. Des que ces corps etaient' extraits des ouvertures, en separant le chorion de la matrice, il en vit suinter des gouttelettes dun liquide laiteux. Une partie du chorion et de la muqueuse uterine correspondante ayant 6te enlevee et examinee, il compta un nombre d'ouvertures correspondant aux corpuscules fixes sur le chorion. Burckhardt n'indique pas les usages des corpuscules jaunes et des vaisseaux spiraux avec iesquels ils se trouvent en rapport. II remarque neanmoins que Malpighi (2) est le seul qui fasse mention de l'existence, clans le parenchyme de l'utörus, de certains tuyaux qui s'ouvrent par des bouches ä la surface de la membrane in­terne; il pense que de tres-petites glandes secretant un liquide ysontattachees. II manifeste ensuite son etonnement que d'autres anatomistes celebres, tels que Fabricicius Ab Aquapendente, Harvey, Needham et Hoboken, qui se sont adonnes avec zele ä l'etude des membranes de l'oeuf chez les ruminants, ne parlent pas de ces bouches (pcuJt); etcependant ellesne peuvent echapper h la vue dans I'uterus feconde. Burckhardt dit encore que, chez la vache pleine, les vaisseaux spiraux remplis d'un fluide jaune, laiteux, acquierent le double de leur volume ordinaire, quoique les parois de I'uterus s'amincissent en se dilatant. Leurs entre-lacements spiraux paraissent amp;re moins prononces que dans la malrice non fecondee. Le nombre des vaisseaux n'a cependant pas diminue. On compte environ cent cinquante ouvertures sur une surface d'un pouce carre, dans I'etat ordinaire; pendant la gestation, leur nombre n'esl plus a pea prfes que d'une quaran-taine sur le mSme espace. Cette diminution apparente est en
(1)nbsp; Ob.iervationes anatomica deuleri vaccini fabricd. Bazilix, 183i.
(2)nbsp;Diiserlalio ad Sponium; Opera omnia, p. 220.
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rapport avec I'extension que subit la muqueuse uterine chez ies vaches f^cond^es.
Je suis tr^s-dispose ä croire que les ouvertures dont j'aifait mention ne sont que les bouches des vaisseaux spiraux. II serait important que ces vaisseaux, qui ne sont pas g^neralement con-nus, devinssentl'objet de nouvelles recherches.
Apres cette courte digression, je reviens aux veaux petrifies, pour les comparer aux enfants qui ont subi la m6me alteration (lithopedes, osteopedes). II est connu que Ton comprend sous cette denomination des foetus humains morts au sein de leur mere, dans la matrice ou hors de cet organe, et qui ont eprouve une alteration particuliere. Parfois ils se trouvent dans un etat de racornissement (1), et ceux-lä ont probablement des rapports avec nos veaux petrifies. Ordinairement les lithopedes ont subi des modifications plus profondes, ils sontenvelopp6s d'une croute calcaire, ou entierement transform6s en une masse calcaire. Les auteurs d'anatomie pathologique , anciens et modernes, les accoucheurs, en citent plusieurs exemples (2). Moi-m6me j'ai vu un foetus de cette espece : d'apres son aspect exterieur, il etait tout ä fait transform^ en une masse calcaire ressemblant exacte-ment a un mannequin coul6 en plätre, et sur lequel on ne distin-guait que les formes incompleles d'un foetus humain. II n'est pas rare que les femmes portent ces lithopedes pendant des annees, et souvent sans en ressentir aucun inconvenient (3). La presence de ces foetus söjournant au delä du terme, m^me dans la matrice, ne forme pas un obstacle ä une nouvelle conception (4). D'autres fois leur sßjour est moins long, ils sont expulses en entier ou par
(t) Deneux, Journal general de Midccine franfaise el clrangere, t. LXIX, aim 1819, p. 37 ; Thomassen äThuessink, Over eene cosceptio tdbaria, met eenige aanmcrkingen, vooral de onderscheiding en de hehandeling betref­fende der conceptiones kxtra-uterin.laquo;; ; dans les Verhandelingen der Eerste Blasse van hei Koninklyk-Ncderl. Institut. D. VI. bladz. 157. (Comp. mon memoire dans les Nieuwe Yerhandelingcn. D. Ill, bladz. 29.J
(2) DeJgt;\ouequet, Initiabibliothecwmedico-praclica, torn. Ill, p. 524elsui-\anies; Reus, Reperlorium commentaltonum ä Socielatibus lillerariis eru-ditarum. Goltingoe, 1813, p. 270; Olio, Handbuch der pathologischen Ana­tomie des Menschen und der Thiere. Breslau, 1814, S. 368 ; Xoiglhtl, Handbuch der pathologischen Anatomie, ß. III. S. 518, Halle, 1815, et plusieurs au­teurs qui y sonl dies; Cruveilhiei-, Anatomie pathologique du corps humain, 6quot; llvraison, pl. 6; W. Vrolik, Handbock der Ziektekundige Onlleedkundc, D. I, bladz. 313, 3ln-523.
(5) Froriep, Theoretisch-Practisches Bandbuch der Geburtshülfe, u. s. ic. Weimar, 1810. S 117.
(4) Voiglhel, loc. eil., S. S19, 520. Voyez encore, pour les nouvelles feconda-tions pciidanl unc grossesse cxlra-utgrine, due ä un lilhopfcde. Cruveilhier, Anatomie pathologique, livr. XVIII, pl. VI; Orlh, Dissert, de tned feetu XLVI annor., Tubingae', 1620. Comp. Vrolik, Handboek der Ziektekundige Ont-kedkunde, D. I, bladz. 313.
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fragments. Luges bors de la matrice, dans la cavile abdominale, les trompes de Fallope ou les ovaires, ils se fraient parfois une issue vers I'exterieur; il faul alors que I'art pr^te son secours. Le lithopede n'est pas toujours exempt de danger pour la femme qui le porte : Tott (1) cite le fait d'une Juive, ägce d'une vingtaine d'annees, qui se croyait enceinte, par suite de la cessa­tion des regies et l'augmentation du volume de I'abdomen. La grossesse n'6tait cependant pas reguliere ; le bas-ventre se pr6-sentait, au toucber, dur comme une pierre. Cette femme eut des accamp;s nerveux de toute espece, ses souffrances furent horribles ; eile succomba quatorze mois apres les premiers indices supposes de la grossesse. Al'ouverture ducadavre, on trouva un litbopede.
Lorsque Ion compare les litbopedes aux foetus racornis des animaux, il se presente deux points principaux a considerer. En premier lieu surgit cette question : Le foetus humain se s^pare-t-il aussi de la matrice par le decollement du placenta, pour flotter librement danssa cavite, et subir ensuite les modifications dcjä decrites? Je rappelle qu'il s'agit ici plus specialement d'une grossesse uterine. Nous avons vu comment le foetus se separe de la matrice cbez les animaux ä placenta multiple : nous avons dit que cet acte morbide est accompagn6 d'une hemonhagie lente partant du jeune sujet; que le sang s'accumule , s'etend sur une plus vaste surface, a mesure que le cborion perd ses rap­ports avec l'uterus; qu'enfin ce liquide entoure completement Toeuf qui flnit par 6tre enveloppe d'une matiere gelatiniforme, a peu pres comme les aliments que Ton met ä la daube. Les parties lluides sont resorb^es, et le foetus lui-mftme, prive, par 1 bemorrhagie lente, de la majeure partie de ses humeurs, s^che jusqu'a se transformer en une masse dure et compacte. Tels sont, du moins dans le principe, les seuls changeraents que ces foetus eprouvent. Si on en pratique I'ouverture, on trouve tous les or-ganes internes dans leur situation et leurs rapports respectifs, ä moins que le retrecissement et la forte contraction de l'uterus n'y aient apporte des cbangements. La diminution de volume des parties solides donne aux litbomosques une plus grande pesan-teur sp^ciflque (2).
Le möme acte morbide produit-il les litbopedes ? Quand on prend en consideration la non-division du placenta cbez la femme, son attache ä un seul point de l'uterus, 11 devient evident qu'un decollement partiel accompagne presque toujours un
(1)nbsp;Toll, Gynaekologische Misccllen, dans le Neue Zeilschrifl für Geburts­kunde von Busch, u. s. w. B. III. S. 237.
(2)nbsp;Comparez W. Vrolik, loc. eil., pag. 331.
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6panchement sanguin qui devient trop considerable dans ce vis-c^repour ne pas 6veiller des contractions susceptibles d'expulser le foetus et ses annexes. Une fausse couche doit done 6tre la con­sequence immediate ordinaire d'un d6collement partiel, quoique peu elendu, du placenta. II est cependant difficile de se figurer la formation des lithopedes autrement que celle des lithomosques. La solution de continuity du foetus avec la mere n'en reste pas moins la condition indispensable des alterations subs6quentes qu'il eprouve.
II me semble qu'il faut admettre un d6collement lent du placenta et une h^morrhagie peu abondanle et continue, tant du cote de la m^re que de celui du foetus. Ces circonstances etant accompagndes d'une sensibility et d'une irritability peu pro-noneees de la part de la matrice, ou bien d'une atonie complete de ce viscere, il reste dans I'lnaction , au lieu de se contracter pour expulser le foetus, ses annexes et le sang epanche. Ces di­vers elements restant renferm6s dans la cavite uterine, ils sont soumis ä l'acte de la dessiccation et de l'induration, de möme que les lithomosques.
Comme Ton ne pent supposer la repetition frequente d'un con-cours de semblables circonstances, la raret6 des lithopedes, com-parativement aux foetus petrifies chez les animaux, principale-ment chez la vache, s'explique d'une maniere fort naturelle (1).
Un second objet qui merite d'ötre remarque, c'est la petrifi-cation reelle qu'eprouvent les lithopedes dont on a donne la description. Souvent ils sont entoures d'une enveloppe de chaux, ou bien, ainsi que je l'ai dejä observe, ils sont transformes en une masse calcaire. Ces modifications sont loin d'ötre generates chez les lithomosques. Pafmi les huit individus de l'espece que je possede, il ne s'en trouve que deux presentant un commen­cement de transformation calcaire; Tun des deux apparlient ä une portee double, dont les foetus sont egalement racornis. On reconnalt positivement un depöt de matieres calcaires dans le
(t) La vache et la jument nc sont pas ]es seules femelies chez lesquelles on trouve de semblables foetus. On les a renconlresdans la matrice du lievre et de la brebis (Ephemerides Nat. Cur. Dec. 11, aim. 10, obs. 118, 149) ; Otto, Handbuch u. s. w. S. 561; Comp. Campers, Abhandlung von den Krankhei­ten, die sowohl den Menschen als Thieren eigen sind, von Herbell. Lingen, 1794. S 29.
II est question dans le Magnsin de Rust, vol. 21, p. 557, d'une brebis pleine, qui, ind^pendammeiit du feetus s^journant dans sa matrice, fut de nouveau fecondee lannee suivante, et n'aecoucha pas. A. I'ouverture, on trouva un foetus dans chaeune des cornes de la matrice: celui de Tamile prec^dente elait dessech^; lautre se presentaitä letal normal. On en attribua la cause ä l'induration et au manque de dilatation de l'oriflce uUrin.
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chorion; quoique röpandu sur toute cette membrane, il est plus abondant aux endroits correspondent aux cotyledons damp;ruits. La croute de chaux n'est pas cependant si parfaite qu'elle ne laisse encore plusieurs solutions de continuity. Chez le second individu, la purification a fait moins de progr^s que chez le pre­cedent ; les autres n'en offrent aucune trace. Je dois n6anmoins mentionner que ccs foetus ötant depourvus de leurs enveloppes lors de leur reception, il n'est guke possible de se prononcer d'une maniere absolue sur la presence ou l'absence d'un d^pöt calcaire. Jusqu'ä present, on n'est pas encore bien arramp;e sur le mode de formation de ces incrustations calcaires chez les lilhopedes. laquo; Elies appartiennent, dit le docteur Tott (1), aux operations laquo; h6teroplastiques de la nature, que Ton n'a pas encore soumises laquo; ä l'examen. Nous ignorons aussi d'oü viennent les mat6riaux laquo; qui forment la croüte enveloppant le foetus, quoique la chimie laquo; en ait fait connaitre la composition. Dans tous les cas, ils laquo; doivent se trouver dans I'humeur amniotique, dont les prin-laquo; cipes constituants dprouvent un changement, et oü ils'etablit laquo; des affinites nouvelles. raquo;
Je ne connais pas les r6sultats de l'analyse chimique des in­crustations des lithopMes; mais celles qui recouvrent les mem­branes des lithomosques sont formeesd'albumine et de phosphate de chaux (2). Si ces matteres entrent comme parties Consti­tuantes essentielles dans la composition du sang, il me semble que la cause prochaine de ce phenomene n'est pas un probieme bien difficile ä resoudre. Les composes calcaires, et peut-^tre aussi d'autres composes salins unis ä l'albumine, restent, apr^s la r^sorption des parties fluides du sang, sous forme de precipl-tfes dans les vaisseanx, tandis que le sang 6panche au pourtour du chorion a laisse d^poser les mfemes mat^riaux sur cette mem­brane , et ils n'ont fait qu'un tout avec ceux contenus dans les vaisseaux. II est done probable que les substances servant de base k I'incrustation sont fournies par le sang.
II est encore ä pr^sumer que les eaux, qui renferment aussi des substances identiques (3), abandonnent, lors de leur passage ä travers les membranes de l'oeuf, pendant l'acte de la r6sorp-
(t) Gynaekologische Misceüen, loc- cit. S. 258.
(2)nbsp; Verh. der Berste Klasse, D. Ill, bladz. 40.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ...
(3)nbsp; Gurlt a donnlaquo; le resume des analyses des eaux de la vache. faites par Proust, Berzelius et Lassaigne. Lerhbuch der verglciekenden Physiologie der Baussäugelhiere. Berlin, 1837. S. 248. Analyse de laltqtteur amniotique de la femme; ä diverses periodes de la gestation, dans Müller, Arcnw. fur Phy­siologie, I8i7, H. I. Comparez la Neue Zeilschrift fur Geburlskunde von Dusch, d'Outrcpont und Rilgen B. VIII. S. quot;^94.
*te
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tion, les.sels calcaires ainsique I'albumine, etcontribuent.pour leur part, h la formation des incrustations. Je ne pnis admettre queles eaux, etsurtout la liqueur amniotique, donnentengrande partie ou exclusivement naissance au d^pdt calcaire; car, soit que Ton considere l'humeur de Tamnios comme un produit de la membrane de ce nom, soit que Ton cherche son origine chez la märe (ces questions sont encore controversies) (1), la rdsorp-tion de cette humeur est trop rapide pour y chercher la somme des incrustations; il faut qu'un nouveau liquide viennela rem-placer.
Procamp;lons par voie de comparaison, et voyons comment se forme le lithopMe. A en juger par les descriptions, les sels calcaires se deposentaussi.en premier lieu, dans les membranes, lorsqu'elles sont demeur^es intactes. On rencontre des exemples que non-seulement le corps du foetus, mais l'oeuf entier, y com-pris le placenta et le cordon ombilical, 6taient recouverts d'une couche de chaux (2). II n'est pas toujours possible de prendre l'incrustation h son origine ; car on rencontre les lithopedes chez des femmes dans le corps desquelles ils ont sejourn6 pendant de longues annees. Avec le temps, ils sont entierement transform6s en une masse calcaire. L'incrustation gagne de plus en plus, et unit par penetrer le foetus ä une profondeur proportionn^e h I'ancien-net6 de son s6jour au sein de sa mere. Le d6pöt calcaire ne s'6tend pas jusqu'au lilhomosque, il se borne toujours aux membranes. Cetle difference depend, sans aucun doute, du petit nombre d'an-n6es que vit la femelle bovine. J'ai d6montre par des exemples le prompt dessechement des foetus et leur momification : il en r6sulte que ce changement est complet quelques mois aprfes l'^-poque fix6e pour la mise-bas (3). La momification parait devoir precöder l'incrustation des lithopedes, aussi bien que des litho-mosques; le d6p6t calcaire n'aura lieu d'une maniere sensible qu'apr^s la r^sorption des parties fluides. C'est ce qui explique l'absence de toule trace d'incrustation chez le veau qui forme le sujet principal de ce meraoire. En effet, le sang extravas6 qui enveloppait le chorion n'avait encore rien perdu des parties fluides. Si la r6sorption avait continue, et que la mort de l'ani-mal ne fut pas venue y mettre obstacle, il aurait pr6sent6 le d6pöt calcaire, tout aussi bien que les deux sujets dont j'ai fait mention. Une fois que l'incrustation a commence chez un litho-
CI) Comp.Burdach, Die Physiologie als Erfahrungswissensehaft,.Ji. II. S. 634. f2) W Vrolik, loc. crt.. bladz. 313 cl314.
(3) Nieuwe Verfiandelingen der Eerste Klasse van het Kuninklyk Nedcrl. UslUut, D. III. Bladz. 32-33.
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pöde, il n'estpas 6tonnant qu'elle progresse aussi longtemps qu'il reste renferm6 dans le corps de la mere, et qu'elle arrive insen-sibleraent jusqu'au foetus: le mftme phenomene se passerait chez les lithomosques si la duree de leur sejour dans l'utferus w pro-longeait.
line petrification plus complete presuppose un travail analogue k celui qui se passe dans le grand laboratoire de la nature pour amener au raöme etat des debris organiques animaux et vege-taux, lorsqu'ils sont abandonnes ä eux-mömes. Les corps qui subissent la petrification sont peu ä peu penetres par les raatieres qui produisent ce phenomene; ils en prennent les propnötes, et finissent par se transformer entierement en pierre, tout en conservant leurs formes exterieures.
La matrice ou toute autre partie dans laquelle le foetus est renferme.et avec laquelle il est en contact immediat, peut continuer ä charrier les mat^riaux necessairesaces changements. Alors, ainsi que pour d'autres concretions pierreuses qui se for-ment dans les corps organises, il s'etablit probablement des affl-nites par suite desquelles le corps petrifie s'approprie, suivant les lois de l'atlraction chimique, les molecules identiqjes four-nies par le sang des parties environnantes; et de celte maniere la petrification se continue jusqu'ä ce qu'elle soit complete. II ne faut pas non plus perdre de vue que les substances calcaires des os, des muscles et d'autres tissus , fournissent peut-6tre une grande partie des elements du travail de la petrification.
Je rappeilerai encore que la plupart des lithomosques portent tons les caracteres d'une evolution bornee ; en general, ils ne vivent guere au delä du quatrieme mois. Quoique l'on ne par-vienne h fixer que tresraiement la dur6e de la vie fcetale des lithopedes, il n'en est pas raoins vrai qu'ils appartiennent ega-lement aux amp;res imparfaits, c'est-ä-dire ä ceux qui succombent de bonne heure [1). Cette circonstance rend done fort probable
(1, Dans quelques cas exceplionnels, on a renconlnS des lithopfedes d'une plus forte dimension. Voigthe\ (toe. dl., p. 520) cite le fait rapporte par Qlaquo;*-merarius (Uissert. de fmlu. XL\I annorum. Tubmga. raquo;720, dans Balleri Colled, disp. pracl., torn. IV, p. 757 ; Buldinger s, Neues *laquo;9az^J*'*V* • S. II. S 143), dune femme ägee de qualre-vingt-qualorze ans, qui se croyait enceinte depuis vingt-six ans, et dans la matrice de laquelle ,1 rouva une con­cretion du volume dune boule de forte dimension. Elle pesail huit livres, et adherait solidement par un lissu spongielaquo;, du diamelre d un florm, a raquo; Pquot;^ gauche deluterus. Exterleurement, cette boule etait osf^e, rade etjavaie de petites elevations; au point de reunion avec gt;^malquot;ce'cel laquo; ,quot;*snsae * ^ plus molle, et ressemblait ä du cartilage. Au centre de cette enveloppe osseuse. qui avail lipaisseur d'une forte plume ä ecrire, se trouvait quot;^'quot;'raquo;laquo;Wlaquo;: lement deve^opp6, du sexe masculin, sec, dur, ne r6pandant aueune odeur, et avant I'aspectMe la viande furaee. la boule ne contenait aueune trace d un
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qu'ä une 6poque plus avanc^e de Involution , le foetus n'est plus susceptible d'6prouver la momification et ia p6trification subs6-quente. 11 faut croire que l'utörus, ayant pris un volume plus considerable, ne conserve pas un foetus mort, qu'il survient des contractions qui expulsent le corps priv6 de vie. Si l'accouche-ment premature n'a-pas lieu, le foetus se decompose ; il est6li-min^ par l'une ou l'autre voie; ou bien Ton trouve, apr^sla mort de la m^re, les os r^unis en une ou plusieurs masses (1). La collection d'anatomie pathologique de l'Ecole v6t6rinaire d'U-trecht renferme des pieces de cette nature.
J'ai essay6, jusqu'ä präsent, de comparer les lithopödes intra-uterins, entoures de leurs annexes, avec des sujets identiques trouvös chez les animaux : il existe n6anmoins des lithopedes oü le corps du foetus est encroüt^, ä Texclusion des membranes. Je dois ä l'obiigeance de mon honorable collegue, le professeur Sandifort, deux faits de cette espece.Le premier est relatif ä un oeuf humain Age d'environ trois mois, chez lequel le cordon ombi-lica! est r^duit, dans son centre et sur la majeure partie de son etendue, ä un fil tr^s-mince; pres de rombilic, on voit encore une partie du tube intestinal. Le fostus est entierementencroüt6; les bras et les jambes sent courbes et en quelque sorte confondus avec le corps. Sur le dos, on apergoit une plaque calcaire plus dure; la presence dans le chorion d'une matiere ressemblant ä de ralbumine coagul^e estdouteuse.
Le second sujet, foetus du mßme äge, expuls6 par une fausse couche, presente une incrustation analogue. La face interne de Tamnios n'offre aueun changement chez les deux individus.
Plusieurs observations de grossesses extra-uterines viennent confirmer ce qui precede (2). Jcerg (3) rapporte le cas remar-quable, empruntö ä Boederer, d'une grossesse abdominale se-condaire, oü le foetus, enveloppe d'une croüte calcaire, avait pass6 dans la cavitö abdominale par une dechirure de la matrice;
liquide quelconque. II esl ä presumer que les membranes de l'oeuf, qui avaieot comrade une adhiirence avec l'ulßrus, ce dont il existe plusieurs exemples, ont fornn^ l'enveloppe ossifiee ou p6trifiee.
(1)nbsp;Voigthel, Joe. cit. S. S19. VoyeziVtewice Verhandelingen der Eersle Klasse, D. III, bl. 30,31.
(2)nbsp; Des fails divers nous apprenoent qu'il peut exister primitivement une conception intra-uterine qui, par la rupture de la matrice, devient une grossesse abdominale. II arrive parfois que le foetus etant ainsi d^place, le placenta reste dans l'ulörus. Feu le professeur Thomassen äThuessink a rassemble plusieurs observations concernant ce mode de gestation, dans son niernoirc, deja di6, sur la Conceptio tubarid.
;• (5) Die Zurechnungsfähigkeit der Schwangern und Gebährenden, Leip­zig, 1817. S. 242.
TOME XVIII.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;9
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les bords de la solution de continuit6 s'^taietit reunis an moyen d'un d6pöt de m6me nature. Cruveilhier (1) decrit une concep­tion de Tovaire : !e foetus, quoique plac6 en dehors des mem­branes, n'en 6tait pas moins incrust6. II mentionne enrore une grossesse qui avait eu une dur6e de dix-huit mois. Une couche de matiere calcaire s'etait d6pos6e autour du foetus ; sous cette couche, la peau et les intestins se trouvaient a I'etat normal: les membranes durcies de Toeuf la recouvraient; celles-ci avaient contracte une adherence avec le colon.
La division des membraaes doit nous faire supposer que les eaux sesont ^coulees par le vagin, ou qu'elles ont ete absorbees. Nous ne pouvons done admettre que ces humeurs aient contri-bue a Tencroütement, ou qu'elles en avaientfournilesprincipaux Elements, ainsi que le docteur Tott le suppose. Du reste, il se passe ici un travail analogue ä celui que j'ai expose relativement aux lithopedes intra-ut^rins.
Le sang et peut-6tre aussi la lymphe des tissus avec lesquels le foetus est en contact immediat secretent les materiaux.ne-cessairesa I'lncrustation; le corps du foetus, presentant une masse plus considerable, est aussi doue d'une attraction plus forte que les membranes detachees ou divisees. Les substances calcairesse deposent sur la surface du corps depourvu de membranes; lorsqu'elles sont restees intactes, le depot a lieu a l'endroit oü les vaisseaux sont d'un plus fort calibre. II est probable que par la resorption progressive des parties liquides, l'albumine et les substances calcaires, restant comme residu, forment le noyau de l'incrustation. Celle-ci, une fois commencee, se poursuit ainsi que je I'ai expose.
Kien ne s'oppose ä appliquer la m^meloi, dans des conditions analoguesraquo; aux foetus momiQes ou petriöes des animaux ; cepen-dant on manque d'observations directes a I'appui.
Quoique les lithopedes extra-uterins ne soient pas les plus rares chez la femme, je n'en connais jusqu'ä present aucun exemple chez les animaux. Peut-ßtre que la cause doit en 6tre recherch^e dans les conceptions extra-utamp;ines, infiniment moins frequentes chez ces derniers, naais non tout ä fait inconnues. Gurlt (2) a rassemble plusieurs faits de conception des ovaires, des trompes, de l'abdomen, recueillis sur la jument, la vache, la truie, la brebis et la chienne, par Rohlwes, Coquet, losepbi et d'autres. On n'ajoute pas qu'un de ces foetus se seralt trouve en-veloppe d'une croüte de chaux ou de toute autre matiere.
(1)nbsp; Loc. cil., livr. 37. PI. I.
(2)nbsp; Lerhbuch, u. s. w. Th. I. S. 254-256.
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Je crois pouvoir conclure des observations citees, que la ge-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632; laquo;
nese des fcetus mom ifies chez la femme et les femelles des animaux depend de causes identiques; que cet acte anormal est soumis aux mftrncs lois, modifiees suivant les differences anatomiques et physiologiques des especes.
Je suis ioin de croire que les considerations dans lesquelles je viens d'entrer ont donne toute satisfaction sur le phenomene de la momification et de la purification; mais mes remarques auront peut-6tre jet6 quelque lumiere sur cette question. Si je ne me trompe, il existe, sous certains rapports, des analogies entre les lithopedes et les concretions pierreuses des voies urinaires, di­gestives, etc.; sous d'autres rapports, ces productions offrent des differences. Eiles se ressemblent en ce que les foetus moraifies pr6sentent comme noyau une surface 6tendue, sur laquelle vient se deposer l'incrustation, de möme que des corps plus petits attirent les mati£res qui constituent les autres concr6tions. Chez les lithopedes cependant, le depot se fait de dehors en dedans; il penetre de plus en plus les tissus du corps du foetus; enfin, aprös un s^jour assez prolonge au sein de sa more, il est parfois trans­form^ en une masse calcaire. Dans les autres concretions, les masses terreuses et calcaires se deposent par couches concenlaquo; triques autour du noyau, et ainsi elles gagnent en poids et en volume. II ne s'est pas rencontr6, que je sache, des lithopedes momilies ou petrifies inleriemement, et dont la superficie füt exempte de cette alteration.
A quelques exceptions pres, les lithopedes sont portes sans danger pour la sante et la vie de la mere, ils ne provoquent ni lesions, ni degeneroscences dans les organes ou ils siegent. On ne pourrait en dire autant des calculs vesicaux , intestinaux, biliaires et salivaires. L'äge avanc6 de 70, 80 et 90 ans , qu'ont atteint quelques femmes portant un liUiopedo, demontre suffl-samment que les fonctions vitales n'en sont pas sensiblement troubiees. On ne pourra moconnai'tre les efforts conservateurs de la nature, qui, en revÄtant le foetus mort d'une couche calcaire, douce au toucher, cherche k öcarter le danger des lesions qui resulteraient des pointes osseuses faisant saillie.
II est encore remarquable que les lithopedes ne semblent pas crottre en volume, mulgre leur long sejour dans le corps. Ceux qui y sont demeures pendant la plus longne periode n'avaient pas le plus grand diametre, et, sous ce rapport, ils offrent encore une difference avec les autres concretions, dont la circonference augmente en raison de l'anciennete de leur sejour. La nature semble done vouloir mettre un terme au depot, du moment que
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l'incrustation est parvenue a un certain degre de perfection. II faut neanmoins ajouter que le poids des lithopedcs n'est pas toujours indique.
I! se forme encore des concretions pierreuses dans la matrice, sans que les debris d'un foetus leur servent de noyau, et sans qu'une conception pr^existante leur donne naissance, du moins dans tous les cas. II ne faut pas les confondre avec les lithopedes. Ceux-ci different aussi de ces productions, en partie osseuses, en partie fibreuses ou spongieuses, renfermees dans des tissus membraneux, et qui adherent parfois ä la face interne de la ma­trice. II n'est pas rare que ces productions parasites acquiörent un poids enorme. Nous lisons qu'une de ces tumours Gbro-car-tilagineuses, trouvee dans la matrice dune femme de trente-quatre ans, pesait 74 livres de Vienne (1).
Voigthel (2) et d'autres ont pnis6 dans les auteurs anciens et modernes une foule d'observations sur les calculs uterins de differents diametres et plus ou moins nombreux. On en a trouve qui remplissaient toute la cavite de la matrice. Bartholin (3) decrit une pierre noirätre a plusieurs ramifications, du poids de quatre livres, recueillie dans la matrice d'une femme hydropique, et chez laquelle se presentaient, en outre, deux autres concre­tions dans ie foie. Ruysch (4) enleva quarante-deux calculs chez une femme atteinte d'une descente de matrice, et Morns (5) trouva la capacity de l'uterus remplie par trente-deux calculs , chez une autre femme qui avait accuse pendant longtemps de fortes douleurs dans le bassin; le plus grand de ces calculs res-semblait ä une amunde , le plus petit ä un haricot. Les calculs ut6rins eveillent ordinairement des symptömes morbides, tels que douleurs, dilficulte d'uriner, etc.
La matrice n'est done pas moins predisposee aux concretions pierreuses que d'autres visc^res creux, tels que la vessie, 1'es-tomac , les intestins, la v^sicule biliaire, etc. L'uterus, dans I'etat ordinaire, ne renferme ni liquides ni d'autres matieres pouvant donner naissance h des conerötions; il faut done bien les considerer comme etant le produit d'une secretion de la matrice m^me. II pent encore exister dans ce viscere une dyscrasie cal-
(I) OeslerreichischB medicinische Wochenschrift, 4841, nraquo; 19; Schmidt, Jahrbücher der in und ausländischen gesummten Wedicin. Driller Supple­ment-band, 1842, S. 196.
(2)/.oe, claquo;..S 5gt;5.
(3)nbsp;Observaiion. Anat.Chirurg., I, p 1 ; Thesaurus analomicus, VIII, p. 57.
(4)nbsp; Bist. Anatom, rariores, Cent. IV, hisl. LXIV. Tom. II, p. 363; Blao-card, Anat. pract. rar. Cent. II, observ. LXXX, p. 288.
(b) Ephemerid. Nat. Curios. Cent I, observ. LXXV1I, p. 148.
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culeuse; car on a observe dans ses parois des ossifications et des concretions terreuses: on a in£me trouve rut6rus presque entie-rementp6trifi6 (1).
Si'nons attribuons la formation des lithopedes a un mode par-ticulierde p^triflcation, ä l'egard duquei la matrice suit des lois partkuiieres, quant aux causes etaux ell'ets, il est neanmoinsdes objets qui, introduits accidenlellement ou avec intention dans fa matrice ou le vagtn, se sont, apräs un long sejour, recouverts de semblabtes incrustations. Les pessaires, par exemple, linis-sent souvent par se recoavrir d'une croute de chaux qu'il n'est pas rare de voir penetrer assez profondement dans la substance de l'instrument et le transformer en une masse calcaire. Je me rappelfe avoir vu un de ces pessaires incrustes; d'autres en dß-criventd,anaIogues(2].Naguere , on en a encore cite deux cas, dans les Jahrbücher de Schmidt, 3quot;quot; Supplement-Band, 1842, s. 197,
L'un de ces pessaires, en hois, avail s^journe quarante-cinq ans dans le vagin; on le trouva a I'autopsie d'une femme äg6e de 90 ans. Le vagin s'etait exactement contracte autour de l'anneau et se trouvait transforme en une espfece d'6ponge.
Le second 6tait reste quarante ans dans la matrice (3) d'une femme bgke de 81 ans; eile ^tait veuve, et tous les soirs, avant de s'endormir, eile eprouvait regulierement de legers voraisse-ments qui, unefois, persisterent pendanttrente-six heures, sansnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; laquo;
que les raoyens employes parvinssent äles faire cesser. Enfin oa en altribua la cause au pessaire place quarante ans auparavant poor une descente de matrice, et qui depuis cette epoque n'avait pas 6t6 enlev6. A l'exception des vomissements, cette femme n'avait jamais 6t6 malade; eile n'avait pas non plus gard6 le lit, et eile pot continaer k surveiller sa ferme jusque peu de temps avant sa mort. Lorsqu'on enleva, non sans peine, l'anneau de la vulve, oü il ^tait fortement enclave, il s'en d6tacha, par les efforts que Ton fit pour le deloger, des fragments d'une concre­tion calcaire d'un demi-doigt d epaisseur : on fut oblige d'en ecarter encore une grande partie avant que le pessaire put 6tre degage. Ces fragments repandaient une odeur insupportable-
L'instrument encroute d'une couche epaisse de chaux etait forme de li6ge trempe dans de la cire. Les vomissements ces-
(1 j Comp. Otlo, loc. cit., p. 366, el les auteurs cites.
{2) WihKT. Amt. Museum. B. I. S. 162; Olto.toc. cie.,p. 160.
(3) Le litre de cette observation due au cunseitler de cotir Seeger, a Berlin, ferait croire que le pessaire a scjourne dans la matrice; inais il faul conclure, des details descriplifs.que l'instrument elait plac£ dans le vagin. L'observation avail deji ete publiee dans le Journal de Hufeland, de l'annee 1839.
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serent des que la malade en fut debarrassee ; mais eile succomba peu de temps apres.
De semblables petrifications me semblent pouvoir 6tre com-parees jusqu'a un certain point, quant ä lour formation, avec celle des lithopedes.
On pent encore rapprocher de ces transformations un pheno-mene que Ton remarque parfois dans les gestations doubles, alors qu'un foetus succombe, se change en une masse ressemblant ä du cuir,et se seche pour ainsi dire comme une momie, tandis que I'autre continue son evolution, et arrive ä terme; les deux sujets se presentaient en meme temps ou a de courts intervalles. L'etre imparfait est parfois aplati. Mon honorable collegue W. Vrolik (1) en rapporte plusieurs cas observes par Luber, G. Vrolik, Richter, Cruveilhier el Chapman. J'y ajouteles faits publies par Jon itsma (2), Geoffroi-St-Hilaire, madame Rondet, Hirsch (3), Quadrat (4), Nancrede (5) et Jackson (6). Les ani-maux en offrent aussi des exemples. Gurlt trouva chez une truie, entre deux gorets regulierement conformes, deux foetus qui n'avaient pas le tiers de la grandeur des autres ; ils etaient bruns, et paraissaient desseches. Une chienne pr6senta dans l'une des cornes de la matrice des foetus sains; ceux que I'autre renfermait etaient dans un etat de siccite presque complete. Une jument, ä Trahkenen, donna un poulain ä terme, et, peu apres, un tres-petit qui etaitmort et racorni. Jeposs^de deux observations de jumeaux chez la vache : leur degre d'evo-lution n'est pas le meme; mais, malgre l'imperfection et la mort premalureedes foetus, ilsn'etaientpas desseches. Des membranes et des eaux distinctes les enveloppaient; ils ne pr6sentaient aucune trace de putrefaction : la peau de Tun etait couverte de polls courts, il portait des onglons mous et incomplets; I'autre avait la peau degarnie. On pent en conclure qu'il est mort vers l'ägedequatre mois; son developpement correspondait, du rests, a cet age.
Ces faits nous portent encore ä des comparaisons avec l'espöce
(1)nbsp; Handboekder Ziektekundige Onllcedkunde.'D. I, bladz. 321.
(2)nbsp; Verhandelingcn van hel Provincial-Dtrechlsch Genoolsehap van Küns­ten en Wetenschappen ; Utrecht, 1831.
(3)nbsp; Siebold, Journal für Geburtskunde. B. XV. St. 1,1835. (i)Oeslerreichüche medicinische Jahrbücher. B. XXI; oder Neueste Folge,
B.XII. St. I.
(5)nbsp;American Journal of the medical Science, 1838.
(6)nbsp; Hamburger Zeilschrift für gesummte Medicin, 1853. Ces observa­tions sont anaiysees dans la Neue Zeitschrift für Geburtskunde von Busch , d'Oulreponl,Ritgen undSiebold. B IV, S. 422; B. VI, S. 115; B. VII. S.U7; B. IX, 8. 288.
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humaine. Ainsi, une femme, apr^s plusieurs parturitions uni-pares, eut un accouchement prematur^ de trois jumeaux. Le pre­mier qui vit le jour, renferm6 dans des membranes, pr^sentait tous ies caracteres d'un developpement incomplet; il etait par­venu au terme d'environ halt mois, et vecut deux jours, Imnae-diatement apres, deux autres, contenus dans les mamp;nes mem­branes, furent expuls^s; ils ressemblaient ä des foetus de trois mois, et ne portaient aucune trace de putrefaction. Un placenta unique, bien conserve, etait commun ä tous Ies trois.
Nous voyons, par ces observations, que les eaux ne disparais-sent pas toujours, et qu'alors les foetus ne sont pas sujets ä la momification. Cette disparition est-elle une condition indispen­sable du dessechement, de l'aplatissement, de la momification? II est difficile d'expliquer la resorption des eaux d'un seal foetus, tandis que celles dans lesquelles nage l'autre, ou les autres, chez les femelles multipares, n'eprouvent aucune diminution. II faut admettre, dans ces circonstances, afin de se rendre compte du phenomene, que les eaux se perdent par la rupture de I'ceuf. L'aplatissement de certains foetus non parvenus ä terme depend probablement de la compression m^canique qu'Us 6prouvent, apres leur mort, entre la paroi de la matrice et le foetus renferrae dans l'oeuf parfait, plutöt que de la compression due au d^faut d'espace, qu'invoque Geoffroi-St-Hilaire. Aussi iongtemps que les membranes conservent leur integrite, et qu'elles sont disten-dues par les eaux, la compression pr^ponderante d'un corps sur l'autre devient h peine possible. Dans les cas que j'ai rapportes, de portees doubles de veaux inegaux , contenus dans des mem­branes separees, munies de leurs eaux, ces 6tres imparfaits avaient conserve leurs formes naturelles, sans que Ton put y decouvrir la moindre trace de compression.
CONSIDERATIONS SOB LA MALADIE DES POHMES DE TEURE ;
Par M. J. B. Depaire, pharmacien ä Bruxelles.
On a beaucoup ecrit sur la maladie des pommes de terre, et cependant on n'est pas encore parvenu a s'en faire une idee exacte; peut-6tre mSme n'y parviendra-t-on jamais.
Le memoire le plusrecentquiaitetepubli^surcesujet est celui du Conseil de salubrite publique de Bruxelles. x\pres avoir donne l'historique de la maladie et pr6sent6 l'^tat des plants de pommes de terre dans les environs de la capitale, la Commission chargee de ce travail arrive ä I'examen des opinions emises sur la cause de
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la maladie. Elle refule sommairement toutes les theories qu'on a donnees, en pr6sentant ce que chacune a de defectueux, et eile s'attache principalementä rejeter l'opinion dun denosplus savants professeurs. La thfiorie du botrytis 6tait, a la v6rit6f la seule qui merität une refutation complete, et, quoi qu'on en ait dit, eile ne reste pas tnoins la seule basee sur une observation judicieuse. Si I'auteur a pris un effet pour une cause, on ne doit point lui en vouloir. C'est pour la möme raison que le Systeme du monde est reste si iongtemps inconnu, et qu'il a fallu un grand genie, meditant pendant de longues annees, pourtrouver la loi generate, unique et constante, qui preside a tons les mou-vements des corps planetaires. Enfin, la Commission admet: laquo; que pendant les nuits froides du mois de juin, il regnait un vent vif, qui, dispersant les nuages, decouvrait le ciel et facilitait le rayonnement versl'espace des parties vertes desplantes, en m6ine temps qu'il ^vaporait I'eau tombee quelques heures auparavant, et dont etaieut couvertes les feuilles et les tiges des pommes de terre. Ces deux causes de refroidissement, agissant ä la fois sur une plante tendre et gorgee de sues, eurent biontöt abaisse sa temperalure^usqu'au point de la congeler. raquo;
Malgr6 la haute estime que nous avons de ceux qui se sont rendus les organes da Conseil de salubrity publique, malgre le poids d'une opinion emanant d'une Societe composee d'hommes aussi ^claires dans toutes les parties des sciences naturelles, nous n'avons pu nous ranger a sa manrere de voir sur la cause de la maladie des pommes de terre, et quoi que nous ayons fait pour tÄcher de raltier dans notre raisonnement tons les faits k I'hypo-these qu'elle a 6mise, nous n'avons pu y parvenir par des con­siderations dont voici les principales :
1deg; Si le seul refroidissement des plantes, produitpar le rayon­nement de leurs parties vertes vers l'espace et levaporation de leur surface dans un air agitd, est la cause de la congelation qui a produit la maladie, pourquot cette maladie a-l-elle sevi sur les pommes de terre plutüt que sur l'innombrable quantite de plantes herbacees qui croissent dans les mamp;nes circonstances ? pourquoi certaines pommes de terre ont-elles ete attaquees avec plus d'energie que certaines autres plant^es dans les mömes milieux ? Des causes aussi gen6rales que celles que Ton veut mettre en jeu ne devraient-elles pas produire des eEfets plus constants et plus generaux?
2deg; Si le seul refroidissement des plantes, produit par le rayon­nement de leurs parlies vertes vers l'espace et l'^vaporation de leur surface dans un air agite, est la cause de la congelation qui a
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produit la maladie, pourquoi les tubercules dont on a coupe les tiges, tandis que celles-ci dtaient encore ä l'^tat normal, ont-ils öprouve le in6me genre de decomposition que ceux dont on n'avait pas s6par6 les tiges? N'etait-cepas,aucontraire.un excel­lent moyen de preserver les tubercules de la contagion, puisqu'on soustrayait les parties rayonnantes du vegetal?
Pouraffermir la theorie qu'eile avance, la Commission aurait du, ce nous semble, chercher h 6tablir que les fanes avaient ete malades avant le tubercule, que le deperissement du tubercule n'avait ete que l'effet de l'an^antissement de ses organes res-piratoires et expiratoires; car il est probable que le tubercule a et6 attaque avant que la maladie se soit declaree a I'exterieur. II est bien loin d'fitre d6montr6 que la maladie de la tige a 6te la cause directe de la decomposition du tubercule; et si Ton en juge par le rapport de la Commission (car on ne pent avoir egard au dire des agriculteurs, attendu qu'ils ne sont pas d'accord, et que Tun pretend avoir vu d'une maniere ce que I'autre soutient avoir vu d'une autre), on serait plutöt tent6 de croire que la ma­ladie du tubercule est anterieure a celle des fanes, puisque, dans le cinquieme champ (environs de Laeken), eile a observe, ä des fanes encore assez vertes, quelques tiges ayant encore des feuillfis saines, tandis que les tubercules 6taient fortement taches et que les racines commengaient k pourrir. D'un autre cöte, la commission de la Societe de m^decine d'Anvers a remarqu6 des fanes entierement saines, lorsque les tubercules etaient malades.
On pourrait done admettre avec quelque raison que, loin d'etre la cause de la decomposition du tubercule, l'anöantisse-ment des fanes n'en a ete que l'effet inevitable.
Depuis les experiences de Wells, personne ne conteste le re-froidissement des plantes par le rayonnement de leur calorique vers les espaces celestes; e'est la seule theorie de la rosee qui soit admise aujourd'hui: on est d'accord aussi sur le refroidisse-ment des surfaces en evaporation. Mais ce qui n'est pas constate et n'est pas probable , e'est que les tiges etlesfeuillesdepommes de terreperdent plus de calorique, et par lä se refroidissent plus que les autres vegetaux de möme consistance, qui, exotiques comme elles, croissent dans les mfimes circonstances atmosph6-riques. Voilä cependant la consequence immediate de la theorie de la congelation. Ce qui ne s'explique pas non plus, e'est la formation des taches sur les tiges, et I'explicationqu'on a donnee ne nous parait guere plus probable que l'hypothese de la con­centration des rayons solaires par les gouttes d'eau. II etait tout aussi rationnel de dire (comme on I'a dit en m^teorologie pour
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expliquer la cause des brouillards sees) que, cetteann6e, la queue dequelque comete, echappeeaux investigations des astronomes, avait rencontr6 notre globe daos les parties frapp^es du fl6au.
D'apr^s ce qui precede, on voit que la thöorie de la congela­tion ne suffit plus k eile seule pour expliquer tons les faits con-nus; cherchons done si quelque autre Hypothese neconviendrait pas mieux pour expliquer la cause de la maladie. Et d'abord qu'il nous soit permis une reflexion sur la marche qu'on a suivie pour arriver ä la connaissance de la ¥6rit6.
Dans tons les m6moires qu'on a Merits depuis cinq mois en­viron, on a parle d'une decomposition que Ion est forces d'ad-mettre; mais avant de chercher la cause de cette decomposition, on aurait du, ä notre avis, en connaitre la nature : lä devait 6tre le point de depart de toute speculation.
Jusqu'a cette heure, la chimie n'a pas dit son mot sur la cause de la maladie des pommes deterre. Serait-elle cette fois impuis-sante devant une question aussi capitale ? Nous ne le pensons pas, et nous soupgonnons mfeme qu'il se prepare dans I'ombre quelque m6moire oü le raisonnement sera base sur des expe­riences directes, memoire qui sans doute repandra un grand jour sur la cause qui nous occupe. Nous ne croyons pas qu'il soit donne ä une seule brauche des sciences naturelles de determiner la cause d'une maladie aussi rare que terrible; il faut le con-cours de toutes pour arriver ä ce but.
Puisque les pommes de terre out seules ete frappees de des-organisation, n'y aurait-il pas dans leur nature, dans leur com­position, quelque chose qui les predispose ä subir une alteration morbide lorsque certaines circonstances se trouvent reunies ? Ce quelque chose ne peut resider que dans la composition du tuber-cule, at tend u que le reste de la plante possede le mfime accrois-sement, les m6mes elements que les autres vegetaux.
Parmi lesconstituants du tubercule de la pomme de terre, se trouve lamidon. Les experiences de Th. de Saussure ont fait connaitre avec quelle facilUe I'amidon se change en gomme, et la gomme en sucre. Pour ne pas rappeler l'action des agents chi-miques sur ce corps, nous mentionnerons seulement I'effet que produit une temperature de 19 ä 24deg;, qui est celle del'airen ete. En effet, expose pendant un ä deux mois h cette temperature , lamidon se transforme en sucre, en gomme, enamidine, et quel-quefois en maliere resineuse. Henry jeune, en analysant les pommes de terre, n'y trouva pas de gomme; mais il obtint du sucre incristallisable; ce qui parait indiquer que la formation de la gomme et dusucre.aux depens de I'amidon, s'operequelquefois
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dans la racine elje-m6me. Le travail d'Einhof demontre que laquo; le changement de temperature accelere cette metamorphose h tel point, que si on expose les pommes de terre a quelques degres au-dessus et h quelques degres au-dessous de z6ro, cette alto-ration se manifeste rapidement; les pommes de terre se ramol-lissent, perdent leur consistance, et il s'en ^conle quelquefois un sirop si riche en sucre, que les pommes de terre qui se trouvent dans cet etat ne se congelent pas, mÄme ä plusieurs degres au-dessous de zero. Les tubercules qui se trouvent dans cet 6tat de fermentation saccharine ne tardentpas ä Iprouver la fermentation acide et ä entrer en putrefaction. Mais toutes les pommes de terre ne pr6sentent pas ce ph^nomene, et on trouve quelquefois que, dans un tas de pommes de terre, la moitie n'a subi aucune alteration. gt;
On voit, par ce qui vient d'etre rapporte, que I'amidon pent se transformer sous l'influence d'une seule des circonstances qui se sont presentees cette annee. Que deviendra-t-il lorsqu'il sera soumis ä l'action alternative du froid, de la chaleur, a Faction constante de l'humidite et de la force vitale? e'est un mystere que nous ne pouvons pen^trer dans l'^tat actuel de la science : la physiologic vegetale a beaucoup a attendre de l'^tude approfon-die de la force vitale; mais il est certain qu'il ne pent r^sister k ces agents reunis, que ses elements doivent se separer pour se grouper de maniere ä former des combinalsons plus stables et plus intimes, snivant l'attraction particuliere de ces Elements. II est done probable que, soumis a l'influence de rhumidit^, des changements brusques de temperature qui ont ^te signales cette annee, et de la force vitale, I'amidon a subi une alteration dans sa nature, alteration qui a entrain^ la decomposition totale de la plante qui le conlenait.
Dans cette hypothese , la maladie du tubercule a ^te la cause directe de Tandantissement des fanes, et nous avons, en faveur de cette maniere de voir,rexp6rience dont les resultats fächeux ne sont que trop connus : nous voulons dire le procede de M. Morren , l'eloignement des tiges saines. Envisage de cette maniere , le point de depart de la maladie des pommes de terre a 6t6 une disorganisation que Ton pourrait comparer ä une fermentation, desorganisation qui doit marcher tant qu'elle rencontrera des substances k decomposer. C'est malheureuse-ment ce que confirme l'observation de tons les jours : les pommes de terre ne se conservent pas.
De tons les moyens proposes pour la conservation de ce qui n'est pas enlierement d^truit, celui que prescrit le Conseil de
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salubrite publique nous parait devoir meriter !# pr^förence. On ne peut donner de procäde* ä la fois plus clair et plus facile; gt; nous allons le rapporter tel qu'il a 6t6 publi6. laquo; Apr^s avoir au-pröalable lav^ les tubercules, on les rape pour les r6duire ea pulpe; on jette cel!e-ci sur un tamis qu'on aurä soin de tenir au-dessus d'une cuvelle ; on lave alors la pulpe ä grande eau en la remnant un peu, afiri de fadliter la separation de la fecule. Ces lavages doivent Ätre continues jusqu'ä ce que i'epiu passe claire et limpide. Par ces lavages successifs, la fecule est entralnfeoi travers le tamis at tombe dans la cuvelle, oü eile ne tardepasäse deposer au fond de I'eau; 11 suffit alors de decanter, c'est-ä-dire de laisser 6couler doucement I'eau qui recouvre la fecule, puis de recueillir celle-ci et de la faire sdcher en Intendant sur des tolles propres ou sur des planches qu'on expose au soleil, ou mfeme sur le plancher d'une chambre qu'on chauffe k quelques degres au-dessus de la temperature de Tatmosphere. De cette maniere, on peut preparer une tres-grande quantity de föcule en peu d'heures; les plus petits enfants peuvent ra6me 6lre em­ployes ä cette fabrication, en leur confiant la premiere operatkm, le rApement... Avecla fecule obtenue despommesde terre, on^pduri'^ preparer d'excellentes soupes, des gäteaux savoureux, en la melan-geant en certaines proportions avec des farines de froment ou de seigle.... Mais ce n'est pas tout: dans la fabrication de la fecule,' il reste sur le tamis un autreproduit qui est la partie parenchy-mateuse du tubercule. Quoique cette partie soit celle qui est le^ siege principal de la maladie, on peut cependant encore I'em-ployer; car, par les lavages r6p6tes qu'exige la fabrication de la fecule, le parenchyme se debarrasse des sues morbides dans lesquels il s'est partiellement convert! en s'alterant, ainsi quelle demontre la coloration en brun des eaüx de lavage.
laquo;On peut done recueillir ce parenchyme et le faire sicher en Intendant au soleil; ou bien on peut suivre le conseil donne par i notre collfegue M. le professeur Brogniez, c'est-ä-dire, qu'apramp;s avoir bien exprim^ la partie parenchymateuse pour la/priyer d'eauautant que possible, onpourrait la melanger äv'ec environ 4 p. 100 de sei brut pour la conserver en masse pAteus'e.... Le parenchyme dessechö, ou converti en masse pamp;teuse avec addition de sei, peut par consequent encore venir en aide atfx cultivateurs pour nourrir leurs bestiaux ; car nous avons la conviction que ce' mode d'alimentation ne saurait avoir le moindre inconvenient, si Ton a. soin , comme cela se doit faire, de le varier parses proportions convenables d'une autre nourriture. raquo;quot;
Nous n'avons'rien a ajouter a ce proc^dfe d'une execution aussi
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