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TRAITfi COMPLEX
DU
KOIMDÄIMATISME DU CHEVAL
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On trouve chez le mene libraire.
TRÄITE SUR LA MOUVE CIIRONIQUE DES CHEVAUX,
consideree dans sa nature, son siege, ses causes speciales dans rannee et son traitement, par M. Sage. Paris, 1838, in-8.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1 fr- 50.
rAillS.—IMP. OE MOQVET ET COMP., 00, HDK DE LA UABPE.
BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
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TRAUE COMPLEX
du s^r*^ *fZ£ J~*
KomADAmmiiB
DU CHEVAL
VULGAIRBMENTCONNUJUSQU'APRESENTCdANSSON ETAT AVANCE)
SOUS IE NOM IMPROPKE
DE MORVE CHRONIOUE,
Considere dans tout ce qui y a rapport. Par M SÄGE,
Ve'terinaire de premiere classe des haras royaux, ancien repe'titeur A Te'cole veterinairc deLiMMg liJJ.II!lraquo;iiiraquo;J.1e l'acadcmic del'industrie
francaise, etc., etc^ljto.rtilS-i-öjj1 ;'..
}m t:fw'i.l... — c::
CHEZ J.-B. BAILLIERE,
LIBRAIRE DE L'ACAD^MIE ROTALE DEMEDECINE,
buk dm l'ecole-de-ihedecinb, 17. A LONDRBS CUEZ 11. BAILLIERE, 319, REGENT STREET.
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LE MAREGUAL SOULT,
DUC DK DALMATIE, PAIR DE FRANCE,
Minisire de la guerre. President du Conseil.
Hommage de Respect,
de son tres humble serriteui',nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; t{:
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PLAN DE L'OUVRAGE.
Douze chapilres formeront son ensemble.
Le premier comprendra les considerations g^ndra-les nöcessaires ä connaitre.
Le second aura pour objetla description des symp-tomes positifs du dlt;5but de la maladie simple-ment g^nörale, suivie de 1 epoque fixe oü il faut mettre les animaux en traitement.
Le troisieme indiquera le siege premier de la ma­ladie, ainsi que les nouveaux moyens de la re-connaitre lorsqu'elle est encore presque tou-jours curable.
Le quatrieme aura encore pour objet la descrip­tion des symptomes propres ä la maladie lors­qu'elle s'estdöfiRitivemenl localisee.
Le cinquieme determinera sa nature speciale.
Le sixieme traitera de sa propriete hereditaire et donnera connaissance de plusieurs faits d'obser-vation pratique a I'appui.
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Le septieme, de sa propriety non contagieuse et des
experiences faites ä ce sujet. Le huitieme signalera ses causes speciales. Le neuvieme conliendra l'expose des traitements
divers employes encore aujourd'hui contre cette
maladie. Le dixieme presentera le tableau de deux grandes
series d'experiences quej'ai faites, tendantäob-
tenir la guörison de cette maladie. Le onzi6me fixera son traitement.
Le douzieme indiquera les moyens gamp;iamp;aux de
la prdvenir. Un treizieme article sera consaotä a I'ouverture
de deux paris proposes par I'auteur. 1deg; pour la non-contagion de cette maladie, du
cheval au cheval : 1640 fr. 2deg; pour la non-contagion de la meme maladie du
cheval ä l'homme: 10,000 fr.
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CHÄPITRE PREMIER.
CONSIDERATIONS GENER \r,ESIMPORTANTES A CONNAITRE.
En presentant cette nouvelle denomination, la seule desormais justement applicable ä cette mala-die desastreuse, je n'ai eu d'autre pensee que celle de determiner d'une maniere positive, son ve­ritable siege primitif, ainsi que sa nature specials, afin de remplir dans la science veterinaire une lacune qui, jusqu'ä ce jour, a constamment fait varier les praticiens sur son traitement, et qui a ete en grande paxiie la cause incontestablement materielle, du pen de succes dans sa curation.
J'ai aussi senti le besoin d'arriver enfin ä un but essentiel, dans l'intdret de la science, de l'ar-mee et du pays: celui de marquer une 6re nouvelle au traitement, et surtout ä la guerison de cette affection, qui fait encore aujourd'hui xneme leur desolation, en traitant son histoire d'une maniere tout ä fait nouvelle et jusqu'ici inconnue.
Or je demanderai a tout le monde ce qne si-
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gnifie le mot morve, et quelle est la maladie cons­titutive qu'il depeint ou qu'il represente?
Croira-t-on peut-etre avoir r^solu la question, lorsqu'on aura dit que cette affection consiste dans un ecoulement muqueux par les naseaux, accom-pagne de l'engorgement des ganglions lymphati-ques inter-maxillaires?
II n'en sera rien, moins que rien ; puisque ce phenoraene maladif est constamment essentiel dans la gourme, le coryza, les angines, le catharre pulmonaire, la phlhisie muqueuse; n'importe qu'elle soit laryngöe, tracheale ou pulmonaire; et cependant il est bien loin de constituer tout ce qu'on entend par morve; attendu qu'il ne lui est pas exclusivement particulier, qu'il est au con-traire commun aux diverses maladies que je viens de citer, et qu'il les caracterise en partie.
Mais un ecoulement mucoso-purulent et sui generis, par un ou par les deux naseaux dans le koiradaimatisme du cheval, ne saurait etre un phe-nomene essentiel comme dans les affections dont je viens de parier; il n'est absolument ici qu'un effet consöcutif et secondaire, que le resultat imm^-diat d'une maladie genörale qui a fini par se loca-liser; et il ne donne pas pour cela, pas plus que dans les cas precedents, l'idöe fixe du si(5ge pre-
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mier, ni de la nature speciale de la maladie dont il est la consequence.
Ainsi, malgrö tout mon desir de plaire ä mes lec-teurs, et m6me ä mes detracteurs, voyant d'un cote l'aberration constante et gönerale de tous ceux qui jusqu'ici se sont occupes de cette mala­die devastatrice, et de l'aulre cette denomination vide de sens et vicieuse ä tant de titres, qui, par consequent ne saurait etre d'aucun secours pour eclaircir une question si importante, enlitigede-puis des siecles; presse par le besoin imp^rieux d'y jeter quelque clarte, j'ai pense, je crois avec juste raison, qu'il etait grandement important ä l'interet public de lui appliquer un nom radica-lement rationel, qui donnät tout ä la fois ä tout lejnonde, Tidee juste et de son siege premier et de sa nature speciale, afin qu'ayant desormais une base fixe qui, jusqu'ici a manque partout, son trai-tement devint de plus facile et de plus judicieuse application.
Par consequent les mots grecs xoipaSs? (scro-fule,) et laquo;t^ (sang,quot;) r^unis en un seid et franci-ses, remplissent pleinement ce but, en indiquant tres clairement ä toutes les intelligences, des in-dividus ä sang scrofuleux.
Maintenant en exposant franchement mes vues
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sur cette tnaladie et sur son traitement, j'^bserve-rai ä tout le monde de ne pas oublier, que je n'ai pas la pretention de presenter ici des moyens in-faillibles, un specifique enfin, par la raison qu'il n'en existe pas j mais j'ai I'entiere conviction qu'en me suivant, on doit necessairement et forc^ment arriver ä mieux.
La methode que je viens offrir ne saurait pro­curer d'avantages rtSellement certains ä l'armee et au pays que lorsqu'elle sera convenablement ap-pliquee aux animaux et en temps opportun, lors-que la maladie commence a se montrer; c'est-a-
dire ä son premier debut, lorsqu'elle ne constitue encore qu'une affection simplement gönamp;rale et non definitivem ent localisöe.
Ici l'administration de !a guerre trouvera une economie immense, en ce qu'on triomphera de cette maladie plus promptement, toujours plus svi-rement et d'une maniere bien plus generale.
Or ce n'est qu'ainsi et sur ce pied seulement, que j'ai toujours concu la guamp;rison du koiradai-matisme, dans les regiments et partout.
Puisse Monsieur le Ministrede la guerre consen-tir a adopter mon opinion et mesrenseignements a cet egard^ dans l'interet de son d^partemenl! Dureste. j'espere qu'ä ce sujet mes previsions doi-
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vent se realiser uu jour, attendu qu'on y sera na-turellement conduit par la force des choses; ou bien il faudra definitivcrnenl se resigner ä perdre annuellement pour plus d'un millio nen chevaux, par les ravages de cette seule affection.
Dansuuebrochure(alaverite tronquee), que j'ai publieeen 1838, sur cette matiere,je disais, page 4, que ce n'etait qu'au debut qu'il convenait de trai-ter cette maladie, pour en obtenir des resultats heureux: mais ce debut n'ayant pas ete compris, n'a pu etre par consequent justement apprecie; ueanmoius il me paraissait si sensible, que je me croyais dispense du soin de le developper, et je re­grette d'autant plus profondement qu'il ne I'ait pas etd, que cependant je parlaisa tout lemonde^
Je disais aussi page 14, que lorsque I'engorge-ment des ganglions lympbatiques inter-maxillai-res se presentait avec les caracteres qui precisent cette maladie, on devait rester assure de sa preexis-tence, attendu que ddjä depuis fort longtemps les animaux etaient sous cette influence maladive et qu'il etait urgent d'agir sans plus attendre.
Toutcela n'a pas empeche qu'on ait encore passe outre.
Or, puisque mes idees n'ont ct^ ni saisics ni appreciees, force aujourd'hui dc m'expliquer
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plus clairement, je dirai que le ddbut de cette ma-ladie doit etre consider^ sous deux aspects positi-vement distincts Tun de I'autre.
1quot; Le premier, et le plus important ä connai-tre,estcelui qui appartient a la maladie, lors-qu'elle est encore simplement generale et non en­core localisee 5 ^poque a laquelle on nomme sotte-ment douteux les chevaux places dans ce cas.
J'observerai toutefois, en passant, qu'onenvoie tres-souvent aux douteux les deux tiers au moins des chevaux qui, examines plus attentivement et de plus pres, nJoffriraient aucun doute sur leur veritable situation maladive.
Voilä pourquoi tant de chevaux dits douteux et qui ne Tetaient reellement pas, figurent annuelle-nient sur lescontroles des inspectionsgenerales(i).
2o Le second est celui qui lui est propre lorsque la maladie s'est definitivement localisee, et qu'elle s'accompagne de son hideux et degoutant cortege.
Notez bien surtout et n'allez pas perdre de vue, que ce n'est que dans ce dernier etat qu'on pre­tend reconnaitre Texistence positive de cette ma­ladie.
(1) Dans le chapitre troisieme, j'indiquerai^les moyens de mettre un terme assure a ce doute fächeux, cause constante de pertes considerables.
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A cette epoque il n'existe ä la vörite plus denbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; \
doutes a cet ögard; c'est Lieu die ; mais en revan­che, n'y a-t-il aussi plus de moyens de la gulaquo;jrir.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i|
Je demanderai done maintenant quel merite il y a en faveur de la science, et quel avantage peu-vent retirer l'armöe et le pays de ceite science qui ne sait reconnaitre I'existence d'une maladie que lorsqu'elle-meme ne pent plus, ne sait plus la guörir?
Commeon le voit, le merite est nul, et la science inutile.
. Mais un savoir moins brillant; il est vrai, mais plus modestement positif, qui indiquerait ä M. le Ministre de la guerre et au pays les moyens de reconnaitre I'existence de cette maladie meurtriere, lorsqu'elle presente encore des chan­ces toujours certaines de gu^rison, serait, je le pense, celui exclusivement ä suivre et ä adopter; par la raison qu'il serait sans aucun doute, essen-tiellement utile et avantageux ä l'armee et au pays.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;;
C est sur ce point de la plus haute importance que je peseraifortement dans I'interetdes deux; car je soutiens qu'il est impossible ä l'homme le plus penetrant de preciser la gravite et la pro-fondeur des lesions organiques, lorsque cette ma-
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ladic est localisee, atlendu qu'ellesne sont appre-ciahles ni ä l'oeil ni au lact; que l'etat chancreux de la pituitaire precede ou aecompagne souvent desleprincipe, lecoulementmucoso-purulentpar los naseaux, et que dans ce cas, personne n'ignore qu'il n'existe aucun medicament capable de rem-placer, nide reconstituerdesorganes ddjä dctruits, et qui enßn n'existent plus.
Qu'on ^tablisse ensuite et commeon l'entendra, plusieurs especes de koiradaimatismes; peu m'im-porte : je repondrai simplement aux hommes ins-truits et justement consciencieux (sans m'occu-per des autres), apres de mürs reflexions, que ce ne sont que des nuances, des variamp;es , des consequences forcöes d'une seule et meme affec­tion generale, qui s'est plus ou moins prompte-ment et intensement localisee, soit par rapport ä la diversite et au plus grand nombre röuni des causes producirices, comme aussi eu egard ä la position respective des sujets, n'importe dans quel sens; mais que les moyens ä leur opposer ne doi-vent pas moins en etre les memes partout, c'est-a-dire reposer sur les memes bases, etqu'ilsau-ront partout une portee egalement respective.
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CHAP1TRE SECOND.
Symptömes du debut du koiradaimatisme, sim-i,;;..nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; plement general.
Epoqac oü I'on doit meltre lescbevaax en iraitement, poor obtenir one guerison etablie surune large ecbelle.
1* Engorgement des ganglions lymphatiques inter-raaxillaires, d'un cotä ou de l'autre, ou des deux a la fois, ou vers le centre allonge de cette cavite exterieure; quelquefois legerement, mais tres-rarement douloureux, d'une maniere vive en principe, passant promptement ä l'^tat de froideur et d'indolence, sans tendance jamais ä l'abceda-tion j granules parfois, devenant durs, toujours plus profonds et distincts les uns des autres, comme aussi des tissus qui les environnent, ex-cepte par leur base qui, des leur principe, adhere profondement et plus ou moins fortement en rai-son de leur anciennete, adherence devenant tou­jours de plus en plus tenacc, ces ganglions se re-liraut conslamment sur eux-memes en se rappro-
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chant du maxillaire avec lequel ils sembleraient vouloir adherer encore.
2deg; Regard terne et no\6, yeux chassieux, mem­brane pituitaire d'un rose lave , lägßrement jau-natre, souvent pale, blafarde et comme glacöe, parfois meme chagrinöe; poil terne, herissä, brule, crasseux; conservation de l'appdtit, de la gaite, de la vigueur, de la force. . . . fievre nulle.
Voila precisement l'amp;at oü se trouvent quel-ques chevaux qu'on envoie aux douteux; (car le plus grand nombre y arrive sans presenter des symptomes aussi graves etaussidessines; aussi ne tardent-ils pas a en sortir par une raison trop simple pour etre appuyee d'un commentaire dötaille; c'est qu'on savait fort bien que leur posi­tion maladive n'etait pas douteuse.)
Eh bien, je soutiens que les chevaux qui pre-sententles phönom^nes que je viens de depeindre, et qui arrivent aux douteux avec de tels sympto­mes, sont koiradaimatiques, et koiradaimatiques curables,si on les soumet immödiatement autrai-tement que je vais prescnre.
Vainement quelques theoriciens, habiles dans I'art d'ecrire, mais pour I'ordiuaire presque en-tierement döpourvus de connaissances pratiques , et ensuite quelques routiniers dont le systeme con-
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siste a nejamais modifier celui qu'ilsontembrasse, Hialgre les progres de la science, m'objecteront en­semble qu'a tons ces signes la ils ne reconnaissent pas l'existence du koiradairnatisme.
Je leur repondrai simplement:
10 Je le crois , parce que ni les uns ni les au-tres ne sont pas du tout disposeraquo; ä se rendre francbemeut a I'evidence, parce que ce n'est pas le fruit de leurs observations, et que ce n'est pas meme ä leur port^e.
2o Je le crois encore : par la raison toute simple, qu'il a ete jusqu'ä cc jour pour eux tons, entiere-ment meconnu dans son origine, attendu que, toutes les descriptions connues de cette affection reposant sur une seule et meme base, (I'histoire absurde des degres), il a fallu pour constater sa presence, attendre le complement de tons les phenomenes avances qui caracterisent meme son incurabilite.
3deg; Je le crois enfin, parce qu'il existe dans I'en-seignement une cause materielle, c'est-ä-dire, un vice radical que voici: C'esl que jusqu'au mo­ment oüj'ecris, personne n'a precise l'etat des symptomes du d^but de cette maladie, lorsqu'elle amp;ait encore simplement genörale; tandis qu'on s'est au contraire toujours aveugl^ment entete et
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acharne a ne vouloir la reconuaitre exislante, que lorsque tous les desordres et toutes les desor-ganisations profondes et forcees, entraindes par sa localisation, I'ont rendue si patente, qu'il ne res-tait plus ou presque plus de moyens de la guerir.
Ainsi done ces deux situations maladives, bicu differentes l'une de l'autre, si importantes a cou-naitre et ä bien distinguer pour arriver a la gue­rir, n'ont etö jusqu'ä moi, etablies par personne.
Des lors il m'est permis de dire que e'est pour ne I'avoir pas etudie d'assez pres, qu'on a meconnu jusqu'ä present l'existence du koiradaimatisme lorsqu'il etait presque toujours curable, et qu'on n'a su le reconnaitre, que lorsque dans la majo­rity des cas, il ne I'etait dtSja plus.
Or. il ne faut plus s'etonner de voir les ecoles veterinaires professer encore aujourd'bui meme son incurabilite, malgre le merile et les connais-sances approfondies des professeurs. Cela tient d'abord ä ce que depuis longues annees la corres-pondance des praticiens avec les Ecoles, sur celte matiere a ete presque nulle; et ensuite parce qu'elles n'ont jamais eu a leur disposition des sujets dont la cure pouvait etre entreprise avec quelques chances de succes, et dont le resullat cut apporle des lumieres nouvelles sur le traitement
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de celte afieclion. Tout le monde sail au conlraire
que les ecoles n'ont jamais pu en tenter la gueri-
son que sur des sujets dont I'etat rendait la chosenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; *
impossible, attendu qu'on lesy conduisait toujours
trop tard, c'est-a-dire quand la maladie ötaitgra-
vement localisee, par consequent incurable.
Mais j'ai la certitude qu'en reflechissant inu­rement aujourd'hui ä ce que je vais en dire, et en suivant avec discernement mes prescriptions ä son egard, il n'en sera plus longtemps ainsi, et que bientot on arrivera forcöment a s'en debarrasser pour toujours dans les regiments j malgre toute l'aversion et le mauvais vouloir de quelques es-prits retrecis (heureusement en petit nombre), pour l'adoption de choses nouvelles, quelqu'avan-tageuses qu'elles puissent etre ou devenir ä tout un pays.
Maintenant, ä mon tour, je me permettrai de demander a ces hommes reellement et äminem-ment savants, mais qui, pratiquant tres peu , ne sauraient etre observateurs judicieux et profonds, quelles sont les maladies catarrhales intenses, pouvant, momentanement, simuler le koiradai-matisme, oü de pareils phenomenes se presentent, s;ms plenitude et elevation du pouls, sans chaleur plus prononcee de la peau, sans rougeur generale
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et plus vive des muqueuses, sans tristesse, sans inappamp;ence, sans soif ardente, sans söcheresse des matieres ideales, sans rarete, dpaississement et couleur foncee des urines, sans fi^vre appreciable enfin ?
II n'en existe pas.
Tandis que dans le d^but du koiradaimatisme, rien de tout cela n'a lieu. Le cheval conserve, mal-gre tout, et en ddpit de Idsions organiques souvent incurables , toujours son appötit, sa gaitö, son em­bonpoint, souvent meme pendant bien longtemps encore, sa vigueur et sa force.
Or ä ces signes non equivoques il est impos­sible de le raeconnaitre, et avec d'autant plus de rai-son, que les annales meme rdcenles de la mede-cine vamp;erinaire ne rapportent pas un seul fait du plus löger mouvement febrile dans cette cir-constance; car sil a jamais existe, (ce qui pour-rait etre,) il n'a du moins pas ete apprecie; puis-qu'il a constamment echappe ä l'observation des praticiens.
Epoque oü ilfaut mettre les ardmaux en traite-
ment.
Apres un expose si clair et si positif des symp-
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tomes particuliers au dlt;5but de cette maladieencore simplement g^aörale, il est aisö d'en conclure que c'est alors la seule epoque reellement avantageuse a l'armee, oü il soit urgent de mettre les chevaux en trailement.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'il
10 Parce que des ce moment on prdviendra in-contestablement la phthisie presque toujours con-stante et si variee de la pituitaire, et ses das-organisations profondes pour I'ordinaire incura-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;' J bles, qui sont la consdquence inevitable d'un ötat maladif plus avancd.
Or, tout le monde medical connait la haute portee des phthisies muqueuses; car malgrlt;5 le temps toujours tres long qu'il faut pour en obtenir la gudrison, on sait fort bien , du reste, qu'elles ne sont pas encore toujours curables.
2deg; Parceque par cette merne raison, il faudra bien moinsde temps, beaucoup moins deddpenses, et qu'on obtiendra alors une guerison gendrale-raent certaine.
3deg; Parcequ'enfin ne donnant pas ä la maladie le temps de se localiser gravement, eile disparaitra necessairement des regiments, et la mortalite ces-sera tout-a-fait.
En definitive, je ne saurais trop supplier Mon­sieur le Ministre de la mierre d'acciieillir favora-
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blement, et de mettre a profit mcs justes et pro-fondes reflexions sur un point si eminemment important au bien de son departement; attendu que son Excellence, sait fort bien tout autant que personne, qu'il ne sagit pas d'attendre qu'un organe essentiel ä l'existence ait disparu, pour vouloir chercher a le rähabililer. La chose dtant physiquement et moralement impossible, une teile pretention serait non-seulement du dernier ridi­cule, mais a juste titre taxee defolie.
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CHAP1TRE TROISIEME.
SIEGE DU KOIRADAIMATISME.
Expose des nouveaux movens aiiures de reconnaitre son existence, lors-qu'U est encore presque loujuurs curable.
Apres avoir portö mes regards et toutes mes pensees vers les sources de la vie, c'est-ä-dire vers le sang et sa constitution, je l'avais juge avec fon-dement, lui seul malade en principe, tant par I'efFet et le resultat de mauvaises hematoses, que par le concours d'une foule de causes debilitan-tes ; position inhärente ä l'etat oü se trouve con-stamment reduit et. condamne a vivre, le cheval militaire.
Je suis aujourd'hui d'autant plus fonde et fixö dans ce raisonnement, que de nouvelles etudes de ce fluide sont venues le corroborer de preuves irre-cusables; qu'il est prouve qu'on parvient ä le re-generer par une nourriture tres conforlable, une hygiene bien concue et un traitement appropric a son etatj qu'on degreve sensible men t etprogres-sivement les animanx de la faiblesse gdnerale qni
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les atterre dans cette circonstance, qu'ils repren-nent de i'embonpoint, de la vigueur, de la force, et sont eniln ramends par tous ces moyens r(5unis, ä l'etat complet de la saufe.
Or, j'avance et je soutiens, preuves en mains, que le siege constamment premier du koiradai-matisme git dans le sang, dont la constitution asthönique et debile, provoquee par la longani-mite et l'impression profonde des causes qui ont ameni^ cet etat, donne lieu aux fächeuses conse­quences qui nous occupent ici.
Car quel autre element vital que le sang, serait capable de produire et d'entretenir desemblables desordres, de telles disorganisations ?
II n'en existe pas.
Pour lever raaintenant tous les doutes ä cet ögard, et pour arriver enlin ä me faire coraprendre, qu'on fasse l'expörience suivante, et Ton reconnai-tra instantanement koiradaimatiques des chevaux que par suite d'un examen ordinaire on aurait tout simplement juges douteux.
On sait que le sang, apres sa sortie de la jugu-laire, met plus ou moins de temps pour se coaguler et varie en proportion dans les deux caillots diver-
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sement colores, soit que la saignee soit vive ou lenle, soit par rapport a la temperature, soit par rapport a la grandeur, ä la forme, ä la matiere meme qui compose ie vase qui le recoit, soit a cause de l'etat röcent ou ancieu de la maladie, comme aussi eu egard encore ä Tage, au tempe­rament, ä la force ou ä la faiblesse des sujets.
Ainsi, qu'on tire de la jugulaire d'un cheval mililaire, presentant tous les symptomes que je viens d'exposer, et qui caracterisent le debut du koiradaimatisme, une livre de sang:
Qu'on en fasse autant sur des chevaux de parti-culiers qui seraient glandes pour cause de coryza, de gourme, d'angines, de catarrhe pulmonaire au debut, et Ton obliendra les resultats suivants (1 ):
Dans ces quatre derniers cas, le sang recu dans un vase cylindrique, (un bidon en fer blanc ,) et aussitot que sa coagulation sera complete, presen-tera I'aspect physique suivant:
La masse eniiere rdunie ofFrira deux nuances
(1 ) J'etablis cette comparaison, pour prouver a tout le monde que le sang clicz le cheval militaire est toujours beaucoup moins riche que chez, les chevaux des particuliers: parceque ceus-ci travaillent plus reguliereraent, que lears forces ne sont jamais cxce'dc'es, qu'ils respirent plus long temps un metlleur air; qu'ils sont mienx noun-is, mieux traite's, conse'qiiemment plus aime's.
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diflerentes, par consequent deux caillols faciles a separer Tun de l'autre.
L'inferieur d'un rouge homogene assez vif, fibri-neux et fortement compact, formera a lui seul les huit dixtemes environ de 1'ensemble.
Le caillot superieur, d'un jaune legerement ocrac^, prdsentera fort peu de consistance.
Si Ton expose main tenant et sur le sol ces deux caillots rdunis et dans ce premier etat de coagulation, la disparution presque totale du caillot supörieur ne se fera pas attendre; tandis que le caillot rouge inferieurresterafort longtemps encore sur le sol, jouissant de toute sa solidite, de toute sa fermete, et ne disparailra qua la longue, encore d'une maniere incomplete j car si la temperature est elevee, sa partie fibrineuse se dessechera et acquerra presqu'autant de durete qu'un corps musculaire, surtout si on les expose ensemble ä l'ardeur d'un soleil brülant.
L'oppose a tout-ä-fait lieu dans le dernier cas; ( cas de douteux-morveux; mais positivement koiradaimatiques).
Ici le sang recu dans un des n.emes vases quj auront servi aux essais precedents, presentera l'aspect et la constitution physiques que voici:
La coagulation etant devenue complete com me
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dans les quatrc aütres cas, et la nuance des deux
i! t:
caiilotsparfaitementdistincte I'unede rautre;
Le superieur, d'un jaune blanc nacnS, formera göneralement a lui seul la moitie, quelquefois meme les deux tiers de la masse, restera constam-raent dur, ferme et comme carnifi^; tandis que le caillot inferieur d'un rouge noir tres-fonce sera totalemcntdäpourvudetouteespecede consis(ance.
Si, comme dans les cas präcedents, on expose encore ä l'air et sur le sol ces deux caillots reunis et dans ce premier etat de coagulation, le superieur restera fort long temps le meme, jouissanttoujours de toute sa fermet^, de tonte sa durete, tandisque le caillot inferieur, prive de toute consistance, ne laissera de son existence sur ce meme sol, dautres traces, que celles de sa partie colorante.
Si comme encore dans les cas precedents, on laisse a une temperature elevee, ä l'ardeur d'un soleil brülant, par exemple, ce caillot blanc nacre, il acquerra encore toute la durete d'un corps musculaire.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ;
Qu'on refute, si on I'ose, la verity de ce fidele expose; ce sont ici des faits, des preuves auihen-tiques, que peuvent attesler tons ceux qui, comme moi, ont voulu en verifier la realite.
On voit par lä I'enorme difference qui existe enlre
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te sang des chevaux koiradaimatiques, et celui des autres chevaux dans d'autres positions maladives, qui, an premier coup d'oeil, pourraient simuler la premiere deces affections; car dans le koiradaima-tisme avance, le caillot blanc nacrö forme pour I'or-dinaire a lui seul les quatre cinquiemes de la masse.
Chez les chevaux entretenus par I'administra-tion des haras royaux, auxquels on pratique de temps ä autre, des saignees depletives, on n'aper-coit ni I'un ni 1'autre de ces deux phenomenes dans le sang qu'on leur enleve; ja mais deux nuances dans ce sang, lorsquil est coagule. Sa masse tout entiere est toujours dun beau rouge, homogene partout, et riche dans toutes ses proportions. Voila sans replique, je crois, un exemplefrappant de Tin-fluence d'une bonne et abondante nourriture, ainsi que d'une hygiene bien concue, et surtout bien executde.
Dans le koiradaimatisme avance, il m'cst arrive nombre de fois de rencontrer le faible et minime caillot rouge noir, fortement striede blanc.
J'ai observe en outre quelquefois encore, chez des animaux abattus pour cause d'incurabilitd de cette affection, que le sang contenu dans I'aorte primitive, prösentait de larges et epaisses stries blanches, ä l'instar de celles reconnues dans le
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sang veineux de beaucoup d'autres sujets, abattus pour le meme motif.
J'ai du reste remarquö des phenomenes a peu pres semblables dans les affections farcineuses in-tenses, quejeconsidere comme une des varietds de cette maladie; car on les voit souvent regner al-ternativement et cons^cutivement sur le meme sujet Tune apres I'autre indistinctement, quelque-fois meme simultanement, n'importe laquelle des deux se soil montröe la premiere.
Ainsi done, quand le sang arteriel est ainsi constitue, ainsi decolore, qu'il a perdu I'homo-göneite du brillant vermeil qui caract^rise sa ri-chesse, il ne faut plus rester etonne que le sang veineux soit si pauvre, et l'existence impossible. Certes, un tel sang est sans doute bien de nature a entrainer une lente, mais bien certaine destruction.
En voilä assez, je pense, quant a l'aspect et ä la constitution physiques du sang, pour que personne dösormais ne puisse douter de sa situation maladive asthenique etappauvrie.
Mais si nous passons maintenant ä I'examen des bases ^lömentaires de ce fluide, comparees a celles provenant du sang d'un cheval parfaitement sainr nous y verrons des choses tout aussi etranges en­core, soit sous le rapport de la diminution, ou de
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1 augmentation, soit meine sous celuide I'absence totale de certaines de ces memes bases.
10 Ainsi, I'hematine ou hematosine, qui dans le sangd'un cheval sain, reprösente cent-soixante-trois parties sur mille, et qui, dans le sang riche et gen^reux, s'y trouve jusqu'ä cent soixante-et-quinze, se trouve ici reduite ä cinquante-sept seu-lement:
Consequemment, diminution de cent-dix-huit parties.
2deg; L'eau, dontles proportionsy sont fixees gene-ralement ä sept-cent-cinquante-cinq, s'y rencon­tre dans les proportions de huit-cent-soixante-trois.
Done augmentation de cent-vingt-trois parties.
3deg; L'ostnazome ne saurait y etre reconnue.
4deg; L'oxide fer n'y existe plus.
5deg; La fibrine a totalement disparu du caillol rouge noir.
6quot; Diminution considerable de sels alcalins. Aussia-t-il perdu I'odeur qu'on lui connait, ainsi que toute sa saveur; car si Ton vent s'assurer de son insipidite, meme degoütante, il ne s'agit que de le mäcber assez longtemps et ä plusieurs re­prises, comparativement au sang genereux prove-nant de chevaux sains, et Ton reconnaitra aussitot
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n
I'enorme diftereuce qui le distingue; c'est une ^preuve toute simple que tout le monde peut faire.
Je ne saurais terminer le tableau de cette diffe­rence du sang dans cette situation maladive, sans faire ici une reflexion de toute justesse, sur un point essentiel qui ne me parait pas encore du tout coulö ä fond par la chimie, et d'y joindre mon opinion personnelle, qui, dureste, est partagee par des hommes dminemment savants que je m'abs-tiendrai de nommer.
II me parait extraordinairement elonnant que la lymphe, qui fait incontestablement partie intä-grantedu sang, n'ait jamais ete signalde dans ce fluide, par aucun des auteurs qui I'ont analyst.
Qu'est-elie devenue apres avoir dte versee dans sa masse? C'est ce que personne n'a dit.
Pour mon compte, j'avance que dans le koira-daimatisme du cheval, lecaillotsuperieur jauneou blauc nacre du sang, n'est autre chose que de la lymphe; puisque, commeelle, il prend une teinte pourpree par le contact de l'acide carbonique, et qu'il contracte une couleur rutilante si on le plonge dans I'oxygene.
J'attendrai que de nouvelles et plus completes analyses de cc fluide viennent plus tard meprou-ver quej'ai tort: ce que jc ne crois pas.
#9632; t:
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CHAP1TRE QUATRltlME.
SYMPTOMES DU KOIRADAIMATISME LOCALISE.
En outre des symptomes precödemment ddcrits appartenant au debut de raffection gänerale, arri-vent les phenomenes suivants intenses, qui indi-diquent desormais sa localisation.
1deg; Ecoulement d'une matiere mucoso-puru-lente et sui generis, le plus ordinairement par un seul naseau, tantöt ä droite, tantot ä gauche, ra-rement par les deux ä la fois, en principe de cou-leur d'un jaune verdätre, puis d'un jaune blan-chätre, plus tard grisätre, purulenle, grumeleuse, et parsemeepar fois de stries sanguinolentes, deve-nant toujours plus abondante, plus epaisse et plus adherente aux bords des naseaux, s'y dechessant et s'y durcissantpromptement, et repandant pour I'ordinaire, une odeur repoussante, particuliere ä cette affection, qu'aucune aulre ne repr^sente, et que le praticien observaleur reconnait toujours trös bien.
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Teile est la marche ordinaire successive et pro­gressive de l'öcoulement.
2deg; Päleur gönerale des muqueuses; la pitui-taire, plus blafarde que les autres, s'engorge, s'in-filtre, s'^paissit peu ä peu, devient d'abord cha-grinöe, quelquefois rugueuse, puls glacee, etdonne Heu ä un enchiffWmement remarquable.
Chez les sujets oü la maladie marche lentement, et qui par consequent date de loin, on apercoit par fois quelques tubercules a travers lesquels certains finissent par s'abceder et constituer des chancres milliaires; d'aut.res se durcissent sans jama is s'abceder, et acquierent une teile consistance squirrheuse, que le bistouri a de la peine ä les divi-ser.
A cet etat, qui fixe desormais la phthisie de la pituitaire, succede une desorganisation profonde et generale de tous les organes du nez, tres va­riable, et souvent difficile ä döpeindre, mais qui marque irrevocablement la perte des sujets, quelle que soit la longanimite de sa duree.
Chez d'autres, oü la marche de l'affection est plus prompte, l'apparition de chancres larges et ä bords renverses, squirrheux et bleuatres, quelque­fois noiratres, ne se fait pas attendre. Ace prelude du coryza gangreneux, (improprement nommt*
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encore morve aigue,) succedent rapidemeut I'eii-gorgement des parties inferieures de la tete jus-qu'aux tempes, l'odeur infecte et cadavereuse de l'air expire, le boursoffluement des ailes du nez, le sifflement et la difficulte de la respiration pro-voques par l'obstruction des voies nasales, la re­traction des flancs, l'engorgemenl enorme des membres, l'apparition de bubons farcineux d'oii damp;oule un ichor infect; et tout cela a lieu d'une maniere d'autant plus effrayante qu'elle est promp­te, et que la douloureusc et afTreuse existence de ces malheureux animaux se termine en tr6s pen de temps dans des convulsions horribles.
11 est a remarquer que dans cecas, i'ecoulement qui a lieu par les naseaux est une sanie ichoreuse infecte.
Voiläpourtantledegoütanttableaudessymptömes successifs et progressifs de cette affection hideuse.
Namp;inmoins cette marche est loin d'etre, dans ia majority des cas, toujours egalement uniforme; car, comme toutesles affections localisees, celle-ci offre aussi ses varietös. II en est une entre autres essentiellement remarquable ; mais cepen-dant assez rare, et d'autant plus grave, qu'elle a pu par son existence longtcmps occultc, donner
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nr —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rj
'#9632;* #9632; .#9632;-
lieu a de profondes lesions et a des desor.laquo;;anisal.ions
incurables:nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;||
Je veux parier de celle qu'on designe encore improprement sous le nom de morve seche; je dis improprement, parceque si on I'a ainsi qualifiee,
#9632;' ¥#9632;
e'est que pour I'ordinaire dans les regiments, ces aniraaux stagnent dans les infirmeries, et ne jet-tent par consequent pas ou presque pas; mais si on leur fait faire de longues promenades, le je-tage par un et le plus souvent par les [deux naseaux est aussitot imm^diat,
J'ai dömontrö la preuve de ce que j'avance lä, en 1839, a Nancy, sur un cheval appartenant au 2quot;'deg; de carabiniers, qui, m'ayant et^ livre en experience parceregiment,'se trouvaitalors glande et chancre, mais ne presentait pas le moindre signe de jetage, le ITavril, jouroüil me fut remis. Soumis lelen-demain a de longues promenades, il jetait abon-damment par les deux naseaux, le premier mai suivant, treize jours apres sa mise en traitement. II presentait done alors tons les symptömes de cette affection, arrivee ä un dernier etat.
Ce serait neanmoins une erreur de le croire; parceque ce jettage tout recent n'eut pas le temps de contracter un mauvais caractere, I'animaletant en traitement; la piluitaire neput non pins s'in-
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filtrer ni s'epaissir, par la memeraison; et le che-val fut rendu parfaitement gueri, le 15 aoüt sui-vant, quatre mois apres m'avoir ötd confie.
Cette variete d'affection debute ordinairement par l'ulceration de lapituitaire ou d'un cote oude l'autre, ou des deux cotes ä la fois; mais I'engor-gement des ganglions lymphatiques inter-maxil-laires accompagne toujours cet etat j et le jetage est le dernier phenomene maladif qui se präsente.
Dans cette variete d'affection, les animaux mai-grissent assez promptement et arrivent plus tot au marasme et ä la mort.
Je crois mJetre assez longuement expliqud quant aux symptomes de cette maladie, ä l'exception pres de quelques nuances de trop legere conside­ration , pour etre d'une appreciation interessante.
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CHAPITRE ClNQUlfeME.
Nature du koiradaimatisme.
Apr^s avoir infructueusement essayö pendant longues ann^es sur un grand nombre de chevaux atteints de cette affection ä un ötat tres-avanc^, de tons les medicaments preconisös contre eile et connus jusqu'alors, oblige de les faire abattre en desespoir de cause, je dus alors examiner avec soin tous les desordres et toutes les desorganisa-tions qu'elle pouvait produire, afin de pouvoir ar-river ä deceler sa veritable nature.
Ce fut apres avoir r(5capitule mes observations et m'en etre rendu un compte exact, tant pendant la duröe de la maladie, qu'en consideration du ca-ractere parliculier des lesions morbides tractJes sur les cadavres, que, ne voyant dans les cadres nosologiques de la medecine veterinaire, aucune autre maladie decrite qui eüt avec eile la moindre ressemblance, le moindre rapport en aucun sens, je fus tout naturellement conduit ä la comparer au scrofule de Vbommo, n'importe le point
If
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que la nature se füt choisi pour emoncloire; tant je trouvai de similitude entr'elles, soit dans Vi­tal general des systemes lymphatique et muqueux nasal, soit dans celui du Systeme glandulaire , soit dans la rnarche lente et destructive de ces deux affections, soit dans les causes geniales et parti-culteres qui la provoquent, soit enfin par leur mode de terminaison et leurs lesions organiques identiques ä l'ouverture des cadavres, lorsque dans les deux especes, ces deux affections se trou-vent abandonnöes aux seuls efforts de la nature.
Je concus des lors etavec raison, que ce ne pou-vait etre une maladie locale comme on nous 1'a-vait professe; mais bien plutöt une affection g^ne-rale qui devait necessairement prendre son ori-gine ailleurs que dans 1'irritation asthenique locale, I'epaississement el l'ulceration de la mem­brane pituitaire , ainsi que dans le renflement variqueux des vaisseaux lymphaliques qui y abou-tissentet rampentsur toute son etendue; plus haut que dans I'engorgement, I'indolence, I'induration et l'adherence des ganglions lymphatiques inter-maxillaires et autres corps dememe nature places ailleurs, plus haut encore que dans I'alteration lu-berculeuse des poumons, les divers engorgements tics mrmbres, les douleurs avec gonflement des
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articulations, les claudications momenlanees ct
souvent constantes.
n
Je considdrai des cet instant tons ces phöno-menes comme des consequences resultant d'une affection gdnerale plus grave et plus eminemmentnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;, j
placde, et avec d'autant plus de fondement, qu'elle ofire, comme le scrofule humain, ses vari^tes aussi, n'importe sous quel rapport on la considere : car, en suivant sa marche variee, on voit des chevaux koiradaimatiques lorsque l'etat de localisation est arrivö, glandös et jetant seulement par un seul naseau, tantot ä droite, tanlot ä gauche, et sans
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tubercules ni chancres apparents surla pituitaire; d'autres, glandes des deux cotes et jetant des deux cotes en meme temps, sans tubercules ni chan­cres apparents encore; d'autres, jetant par un on les deux cotes, avec glandes, tubercules ouchan­cres soit d'un cöl6 soit de l'autre, quelquefois avec glandes, tubercules et chancres des deux co­tes en meme temps; d'autres enfin sans jetage au-cun, mais avec glandes, tubercules ou chancres ou d'un cote ou de l'autre, d'autres fois avec glan­des, tubercules et chancres des deux cotes ä la fois; etat qui est plus tard suivi de jetage d'un cote ou de l'autre, et en definitive des deux cotds a la fois.
Qu'on explique main tenant si Ton pent et comme
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on l'entendra, cette anomalie des symptömes d'une seule et meme atTectioa; mais il n'en restera pas moins constant qu'il est bien positif que ces va-riet^s existent, qu'elles sont connues de tout le monde, et que cette maladie prdsente dans cette position de choses, toutes les consequences des af­fections g^nerales, qui ont enfin fini par se locali-ser gravement.
On sent fort bien, d'apres ce veridique expose, tout le sot et odieux ridicule dont se sont converts de tous les temps, ceux qui ont eu la prötention de vouloir preciser ä cette maladie, trois periodes ou degres qui ne sauraient exister.
De cette erreur propagee, il est räsultö qu'il existe encore aujourd'hui (malheureusement en trop grand nombre), des hommes assez confiants en ces vieilles et stupides doctrines, qui ne veulent pas en demordre, en depil meme de la plus pa­tente evidence; mais dans aucun cas, on ne sau-rait leur en faire aucun tort; attendu que jusqu'ici cette maladie a toujours ete mal depeinte et mal decrite.
Solleysel est le premier hippiatre francais qui l'ait ainsi consideree, et malgre I'absurde expose de sesidees, cornme de ses details ä ce sujet, dont le temps et la science ont du reste depuis long-
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temps fait justice; onaurait neanmoins mieux fait, an lieu deridiculiser cequ'il en disait de mauvais, de chercher ä tirer avantageusement parti de ce qu'ilen avait dit de vrai.
De nos jours encore, certain professeur veteri-naire de la plus haute distinction en matieres hip-piatriques (1), et plus heureusement dot^ queSol-leysel, pour experimenter dans tous les sens, a savamment partage et adopte cette opinion sur la nature de cette affection, la seule qu'on puisse ra-tionnellement lui atlribuer desormais.
Ainsi} arrives au point oü nous en sommes, vu les symptomes de la maladie, sa marche, sa ter-rainaison et l'etat des lesions morbides apres la mort des sujets , vu qu'il n'existe aucun rapport entr'elles et toutes les autres maladies connues et deja decrites; qu'il est au contraire positivement vrai qu'il y a une identite remarquable et frap­pante entr'elle et certaines affections scrofuleuses de l'espece humaine; vu sa transmission par here­dity et non par contagion; vu que les memes cau­ses qui produisent le scrofule chez I'homme pro-voquent egalement le koiradaimatisme du cheval; vu que les memes moyens ä l'aide desquels on
(1) M. Dupuy.
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parvient ä guerir certains etats scrofuleux chez I'espece humaine obtiennent aussi la gudrison du koiradaimatisme du cheval; il est temps d'en finir avec les mots et les phrases inutiles, qui n'ont d'autres avantages que de faire briller l'esprit de quelques theoriciens dont les raisonnements spe-cieux sont toujours nuisibles ä ravancement. de la science et au bien du pays, et se rendre enfin a I'evidence.
Or, je tranche ä cet egard toute indecision, et par consequent la question :
Non,cette maladien'a point d'autre nature que celle que je viensde preciser. Le koiradaimatisme du cheval est un veritable etat scrofuleux chez cette espece d'animaux: et je redoute d'autant moins de l'assurer ainsi, que je n'eprouverai Ja­mals la crainte qu'on puisse me prouver le con-traire.
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CHAPITRE SIXIEME.
PUOl'RlETIi HEREDIT.VIRE DU KOIRADAIMATISME.
Premiere observalion.
En 1829, un roulier, possesseur d'un fort che-val de limon, de race percheronne, attaint du koi-radaimatisme depuis environ deux ans, fit saiilir par lui, troisjumentsqui lui appartenaient.
La plus äg^e ne fut point föcondee; les deux autrqs lui donnerent deux poulains qui naquirent glandes.
L'un fut atteint au bout d'une vingtaine de jours, d'un ecoulement par les deux naseaux d'une matiere blanchätre, filanle, lögerement ad-herente et d'une odeur aigrelette, qui dura pres de deux mois et qui, enfiu se termina avec des soins; mais il demeura toujours glande, conserva les membres posterieurs engorges et cedemateux, et quoique provenant de parents robustes et de taille ölevöe, il resta petit, champ;if, toussant cons-tamment, et arrive ä Tage de quatre ans, il avait lair si etiole que, n'elant propre a aucun service.
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il fut vendu ä vil prix et mourut peu de temps apres d'un farcin general intense.
L'autre, quoiqu'assez fortement glande, ne fut point atteint de jetage; mais affects d'une toux faible et presque continuelle; il resta rabougri, de-licat, maigre, fut atteint d'ophthalmie scrofuleuse, perdil completement la vue et mourul ä Tage de quatre ans et demi, de la phthisie pulmouaire tu-berculeuse, maigre tons les soins qui lui füren t donnes.
Nota. Qu'on remarque bien surtout qu'aucune de ces trois juments n'a jamais montre le moindre signe de cetle maladie.
Deuxieme observation.
Une jument grise, ardennaise, appartenant ä un marchand de chevaux, atteinte de la meme affection depuis plus d'un an, mit bas un poulain glande en naissant qui, au bout de deux mois fut atteint de jetage par les deux naseaux, d'une ma-tiere visqueuse, d'un blanc verdatre, et adherente.
La pituilaire etait pale, lögerement infiltree, mais sans chancres; et ce poulain, mal soigne du reste, abandonne avec sa mere dans les pacages ä toutes les interaperies de rarriere-saison et dans
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gt;
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un climat brusquement changeant, mourut avec tons les caracteres de la phthisie pulmonaire, ä läge de sept ä huit mois.
Troisiiimo observation.
Chez un des plus grands öleveurs de chevaux de la France, se trouvait une jument nomm^e Co-rinne, afFectee depuis fort long-temps d'une toux faible et dans un dtat de maigreur remarquable, toux qui avait resiste ä tons les traitements; eile etait d'ailleurs sujette ä de frequentes et violentes coliques, sans causes appreciables, et mourut en 1831 completement phthisique.
Elle avait mis has, en 1827, une pouliche qu'on nommaCoralie. Celle-ci, livr^e ä la reproduction, douee d'une constitution freie et delicate, toussait presque constamment; eile donna trois produits si chetifs, si etioles, pour ainsi dire, et d'une simince valeur qu'ils furent, ainsi que leur m^re, vendus presque pour rien.
Corinne avait donne, en 1828 et 1829, deux autres produits qui, pour des motifs tout-a-fait analogues, furent aussi vendus et avec tout aussi peu d'avantages. Mais en 1830, eile donna une pouliche qui, pendant long-temps eut des engorgements froids et cedemateux aux membres posterieurs,
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(lout la tenacice les avail fait resister ä divers traitements, pour ceder plus tard aux frictions reiterees de pommade hydriodiqüe tr6s forte.
Celle-ci, livree ä la reproduction, donna en 1835, un poulain qui, quoique tres chetif du reste, fut alteint a läge d'un an, sans causes connues, d'uncclaudication intermit ten te, suivie long temps apres, d'un engorgement d'abord froid, puis d'un f onflement osseux sur tout le pourtour du genou gauche, ä tel point que I'articulation s'enkylosa, malgre l'application du feu ä plusieurs reprises.
La meme jumenl mit bas en 1837, une pou-liche qui, ä Tage de quatre mois, fut atteinle d'un farcin si intense, qu'elle mourut dans un ^tat de pourriture et de decomposition gendrales.
La meme jument mit bas, en 1838, une pou-liche glandee en naissant qui, ä Tage d'un mois, boite subitement d'un membre posterieur. Le len-demain on remarque un engorgement froid sur le boulet posterieur droit, qui cede et disparait tota-lement apres quelques frictions spiritueuses. Huit jours apres etre guerie, eile boite encore de nou-veau, et presente un engorgement chaud et tres douloureux, sur toute la cuisse droite, s'etendant en avant des mamellos, qui est lui-mcmc bientot
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suivi d'apparition de boutons farciueux, s'eten-dant jusqu'a I'ombilic.
Ces deux jeunes animaux n'avaient cependant encore communique qu'avec leur mere; ils n'a­vaient pu par consequent contracter cette affection par contagion : ils portaient done, en naissant, le germe de cette maladie.
Qu'on retorque, s'il est possible et si on I'ose, cette serie d'observations sur une seule et meme famille de valetudinaires, dont les deux derniers rejetons out eu le farcin pea de temps apres leur naissance, sans avoir eu, encore ä cette epo-que, d'autre societe que celle de leur mere.
Les fails sont lä, et les preuves faciles ä re-inettrc.
Quatrieme observation.
En 1836, un propriötaire du departement de
la Meurthe me presenta une jument koiradaima-
tique depuis environ quatre mois. Elle fut mise
en traitement, et a fini par guerir ä la longue,
quoiquebien negligee par son maitre.EUe'mitbas,
en 1837, une pouliche glandee en naissant. Un
ans apres, son maitre s'apercoit que ce jeune
animal jetle par un naseau; mais voyant sa gaite,
il n'en licnt pas compte; lorsquc quelqucs juurs
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apres, l'cxaminant de plus pres et plus attentive-ment, il apercoit des chancres sur la pituifaire. Je suis appele pour lui dormer des soins; tout dtait desormais inutile et insuffisant; la maladie avait acquis un trop haut point d'intensite.
Qu'on remarque bien maintenant qu'ä cette ^poque, sa mere etait guerie depuis environ six mois.
On n'ajamais vu une maladie contagieuse quel-conque exiger un tei delai d'incubation viru­lente.
Cinquieme obseryalion.
Eu 1837, un autre proprietaire du meme de-partement me präsenta trois jeunes animaux, issus de deux juments differentes, mortes depuis peu de teraps du koiradaimatisme, termine par la phthisic tuberculeuse pulmonaire.
Le premier, äge de trois ans, etait glande et chancre des deux cötes, sans jetage aucun et dans unötat d'etisie avance; ne pouvantguerir, je con-seillai son abattage. Son maitre n'en fit rien, et l'animal mourut au beut de tres peu de temps, avec une desorganisation complete des voies
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nasales, accompagne de phthisie tuberculeuse pulmonaire.
Les deux autres atteints de la meme affection ä un etat da gravity tout aussi eleve, mais accom-pagnö de jetage par les deux naseaux, ont egale-ment subi le meme sort.
Sixiemo observation.
En 1840, un propriötalre des environs de Ro-sieres, possädant taut en juments poulinieres , qu'elöves et chevaux de labour, une quarautaine de tetes, vu la raretd et la penurie des fourrages, les prairies en raison de la grande secheresse dans cette contrdcen ayant fourni deux tiers de moins que les annees precedentes, a suivi une hypiene qui a failli devenir funeste ä tons ces animaux. Le koiradaimatisme s'est dcveloppe sur un cer­tain nombre de ses chevaux, parmi lesquels, quatre ont ete abattus.
Une jument poulinierefaisant partiede ce nom­bre, avait mis bas, vingt jours avant d'etre abat-tue, une pouliche legerement glandeeä laverite, qui a dte atteinte de la meme maladie, trois mois apres la mort de sa mere, quoique n'habitant plus depuis cette epoque la meme ecurie, vivant en compagnie de trois autres animaux a peu pres de
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son äge, qui ätaient parfaitement sains, et qui le sont encore au moment oü j'ecris. Miseen traite-ment, on est n^anmoins parvenu ä la guerir com-pletement, mais apres bien du temps.
Comment se fait-il que ce jeune animal ait eu la meme maladie dont sa m6re avait etö victime, et trois moisapres, ayantvecu depuiscette öpoque constamment avec des individus de son äge et parfaitement sains? Certes, il n'a pu la contracter par contagion. Or, ici comme dans les cas prece­dents, l'hereditö est incontestable.
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11?
CHAP1TRE SEPTIEME.
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PROPRIETE NON-CONTAGIEÜSE DU KOIRIDAIMATISME.
L'histoire de la contagion de cette maladie, si absurdement accröditee, et qui efFraye encore aujourd'hui beaucoup trop de rnondc, remonte ä une öpoque reculde.
On a pris jusqu'ä prösent, et 1 on prend encore aujourd'hui, pour s'en preserver, des precautions de tout genre, presque toujours inntiles, souvent meme ridicules. On lui a attribue cette proprietd qui, certes, serait grandement funeste si eile exis-tait, par la raison tout-ä-fait stupide, que plusieurs chevaux vivant et habitant ensemble, quelques-uns en ^taient successivement atteints, les uns plus tot les autrcs plustard.
Mais pourquoi tons ne le seraient-ils pas egale-ment en meme temps, si la maladie etait reelle-ment contagieuse ? Cependant on n'extrait des ecuries habitues parun nombre indeterroine de chevaux, que ceux qui les premiers en sont at­teints et toujours successivement les uns apres les autres, tandis que ceux qui sont encore bien por-
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tants restent neanmois dans ces mdmes dcuries, supposees infectees, oü naguere ötaient encore des malades.
Or, si eile ötait röellement contagieuse, pour-quoi laisser ainsi vivre dans une atmosphere rd-put^e virulente, des chevaux encore sains, au lieu de les en extraire les premiers ?
Ne serait-il pas plus justement rationnel de faire ömigrer de preference, d'un lieu d'infection ä une locality saine, des animaux encore sains en apparence , au lieu de les laisser dans ce cloaque imaginairement infect, plutot que d'en extraire, pour aller les promener ailleurs, des animaux malades soupconnes de trainer avec eux les germes d'une affection contagieuse? On ne peut reelle-ment resister au besoin de se recrier vis-a-vis de tels contresens, et de signaler publiquement de telles absurdit^s, de telles inepties.
Mais n'est-il pas plus simple, plus juste, bien raieux raisonne, et surtout plus vrai, de r^flamp;jhir et de convenir qu'il doit tout naturellement en etre ainsi, parce qu'ils sont tout ä la fois et en meme temps sous l'influence genörale et particuliere des menues causes pramp;lisposantes, provocatrices et ddterminantes, dont 1'action, pour etre plus ou moins promptement ou plus ou moins lentemen
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imprim^e, doit varier suivant le temperament, Tage, la force ou la faiblesse des sujets, comme aussi en raison du temps plus ou moins long ou ces animaux se trouvent sous Taction de ces memes causes, et qu'elles doivent necessairement et forcö-ment agir plus ou moins sensiblement et profon-damp;nent, plutot sur les uns que sur les autres?
Or, aucun argument, autre qu'une aveugle et entet^e routine , n'est capable d'alterer de telles v^rites. Pour mon compte, j'affirme que pendant plusieurs annöes et a des epoques differentes, j'ai placö nombre de chevaux sains pele-mele avec plusieurs chevaux koiradaimatiques ä des ötats varies, sans qu'aucun ait jamais manifeste le plus leger signe de cette affection.
Neanmoins voulant corroborer encore ma con­viction et l'asseoir sur de plus larges bases, j'ai re-nouvelö pendant les cinq dernieres annees qui viennent de s'dcouler de nouvelles experiences, et fait de nouveaux essais, dont voici les ramp;ultats:
10 En 1836, j'ai laissö pendant six mois en-tiers , un cheval koiradaimatique en traitement, qui, du reste a parfaitement gueri, entre vingt-huit chevaux sains; meme resultat.
a0 En 1836, j'ai laissö, du consentement meme du proprietaire, deux chevaux atteints de la
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mime, affection, qui onl tl6 gu^ris au Lout de huit mois, pele-mele entre trente-deux chevaux sains; meme rösultat.
3deg; En 1836, un autre cheval de r^forme vieux, qui n'a 6t6 gu^ri qu'au bout de neuf mois de trai-tement, n'a cesse d'habiter, vivre et travailler avec plusieurs autres chevaux sains; meme re-sultat.
4deg; En 1837, une jument guamp;ie au bout de quatre mois, appartenant ä un cultivateur, resta constamment dans la meme äcurie habitue par vingt-cinq chevaux sains, meme resultat.
5deg; En 1337 , un autre cheval guöri au bout de cinq mois de traitement, n'a cesse de manger, vivre et travailler avec dix-huit chevaux sains; meme resultat.
6deg; En 1837, deux juments-poulains de trois ans, gueries au bout de dix mois, n'ont cess^ de vivre continuellement pendant tout ce temps avec seize chevaux sains appartenant au meme culti­vateur; meme resultat.
7* En 1838, un autre cheval gueri au bout de huit a neuf mois, n'a cesse de manger, habiter et travailler avec huit autres chevaux sains; meme resultat.
8deg; En 1839, deux autres chevaux appartenant ä
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un autre cultivateur, guamp;is au bout de trois mois, ont constamment habite, mange et travaille avec douze chevaux sains; meme resultat.
9deg; En 1839, un eleveur de la Meurthe a laisse pendant deux mois un cheval koiradaimatique d'un grand prix, entre quarante-deux chevaux sains ; meme resultat.
10deg; En 1840, une autre jument gu(5rie au bout de deux mois et demi, n'a cesse d'habiter, de vivre et de travailler avec quatorze chevaux sains; meme resultat.
11deg; En 1840, six chevaux koiradaimatiques ont restö pendant plus de quatre mois pele-mele entre trente-cinq chevaux sains; meme resultat.
Nonobstant cette serie d'observations, toutes positivement veridiques, si eile etait reellement contagieuse , un moyen sans doute bien direct de la transmeltre serait celui de la copulation. On a vu dans le chapitre precedent ce qui a äte ob­serve ä cet egard.
Un autre moyen (dangereux ä la verite ), si contagion ily avail ä en redouter, serait celui de mettre en contact avec les muqueuses, le sang d'animaux attaints de cette affection. J'affirme que, voulant juger de la saveur du sang de ces ani-maux , comparativemennt ä celle du sang de che-
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vaux sains, j'en ai mächö plusieurs fois; long-temps et ä pleine bouche, sans qu'il m'en soit rösult^ le tndme inconvenient; n'ayant pris aucune precaution, pas plus pour Tun que pour I'autre.
Beaucoup de personnes, qui, comme moi, ont fait de nombreuses observations et des experiences tout expr^s, sont bien pleinement convaincues de sa non-contagion.
Du reste, le temps et le bon sens, ont dejä g^nö-ralement fait justice de cette effrayante chimere; car si quelques hommes instruits separenl encore ces chevaux des chcvaux sains, c'est moins par la crainte d'une contagion qu'on ne redoute plus, puisqu'elle n'existe pas , que par un sentiment tout-ä-fait hygienique, la propretö.
Or, en ce sens , on ne saurait trop applaudir ä une teile mesure.
Or, j'affirme et je soutiens qu'il n'y a ni con­tact m^diat ni immediat qui puisse produire cette maladie , puisqu'il ne sagit pas ici de virus.
Get agent provocateur n'existe pas dans le koi-radaimatisme du cheval.
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CHAPITRE HUITlfeMB.
CAUSES DÜ KOIHADAIMATISME , CHEZ LES CHEVAUX DE TROUPES.
II est sans exemple, je crois, que cette maladie ait jamais eii produite par une cause unique et de courte durde ; eile ne peut resulter que du con-cours de plusieurs causes rdiunies, ayantagi long-temps et simultandment sur les chevaux.
Ainsi, abstraction faite de toutes les causes que Ton salt frapper le cheval militaire ä la guerre, abstraction faite encore de la position de certaines localites, oü la constitution froide et humide en meme temps de la temperature, est une condition propre a prater singulierement au d^veloppement de cette maladie; celle qui pendant la paix la provoqueront toujours sont, a n'en pas douter un instant, dans les habitations insalubres, le mauvais regime, le travail force ou brusque, les soins mal entendus , mal ordonnes , mal con-cus et Tacquisition de mauvais chevaux pour le service de Tarmee.
1'. Je dis dans les habitations: parceque
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quelque vastes et etendues que solent (Tailleurs les dcuries des divers quartiers de cavalerie, elles sont constitutes evidemment malsaines, des l'ins-tant qu'on y räunit une trop grande quantite de chevaux et dans les proportions numeriques ac-tuelles, pour y sejourner d'ordinaire vingt-a-vingt-deuxheures survingt-quatre. II resulte de cet en-combrement malheureux pour les animaux , des emanations deleliäres j lair se vicie , se corrompt peu-ä-peu, et ce meine air, corrompu et vicie, res­pire et absorbs par les animaux pendant un temps aussi long, porte ses premiers et funestes effets dansle sein meine du poumon, centre de la transformation du sang veineux en sang ar-teriel.
Mais ce n'est point d'abord sur le tissu orga-nique de ce viscere que l'action de ce mauvais air se fait particulidrement senlir; c'est directe-ment sur le sang qui y arrive et en part constam-ment, qu'il imprime sa profonde et desorganisante action.
Comment est-il possible en effet que Thematose soil bonne et bien complete, si I'air ne peut four-nir les elements voulus ä sa saine confection ? Cet air, surcharge de corps heterogenes a sa nature premiere, tant par les principes gazeux eraanes
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de la respiration d'un grand nombre danimaux rassemblös dans un espace comparativement trop ramp;reci, que par les miasmes qui se degagent ä chaque instant des urines , des excrements et de la transpiration, se trouve dans des proportions Constituantes lout-ä-fait difförentes de celles qui doivent composer un air sain et vital. Ne presen-tant plus des lors au sang veineux les materiaux elementaires dont celui-ci a si essentiellement be-soin pour sa transformation en sang art^riel, il se detöriore peu-ä-peu, s'appauvrit forcement en-fin, et cet dtat d'appauvrissement, gradue et long-temps prolonge, amene bientot tous les desor-dres qui nous occupent ici.
Ainsi lorsque les premiers signes de cette affec­tion se manisfestent sur les chevaux de troupes surtout, l'on peut rester bien convaincu que de-puis long-temps chez eux , le sang ne se trouve plus dans son eta I normal.
Or je soutiens avec la plus profonde conviction, que lä git la premiere et la plus preponddrante de toutes les causes de cette maladie.
Car les chevaux militaires vivant habituellement
dans une atmosphere victee, subissent dans cette position de choses le sort comrnun des individus
mal loges, des prisonniers: l'ctiolage et tout cc qui s'en suit.
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2deg; La ration du cheval militaire est d'abord nou seulement trop exigue, surtout en avoine, mais eile est encore toujours composee de substances de mauvaise qualite et trös-souvent avarices. Ge que j'en dis ici est positif.
3deg; Les allures vives et long-temps soutenues, les travaux outres, qui excedent les forces des animaux, doivent etre considöräs comme des cau­ses de premier ordre. Chez le cheval militaire , le travail n'a jamais rien de regulier; il se fait presque constamment par accoup; et apr^s des manoeuvres longues et rapides, le repos a tou­jours lieu sur place quel que soit le temps, et sou-vent dans des expositions dangereuses, les animaux etant converts de sueur. La manoeuvre recom­mence, et lorsqu'elle est enfin terminee, les chevaux rentrent toujours en sueur, sont ä peine bouchonnes pendant cinq minutes, la soupe sonne, les cavaliers pai-tent, les gardes d'ecurie ne sauraient sullire ä soigner tous les chevaux , de maniere que si la manoeuvre a lieu le matin , il n'est pas rare de trouver au pansage du soir, les animaux encore tout mouilles d'une sueur devenue froide; ce qui n'aurait pas lieu si avant de quitter son cheval, chaque cavalier Ta-vait bouchonne ä fond et jusqu'ä ce qu'il cut ete completement sec.
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D'un tel ordre de choses, resultent les arrets brusques de la sueur, les repercussions g^nerales et vives , dont les effets ont une port^e malheu-sement trop connue.
Voilä ce que j'entends, par soins de la main, mal concus, mal ordonnes. Le pansage en France n'a d'autre but que d'enlever la poussiere et de rabattre le poil; tandis que son action principalc est de nul effet, attendu qu'il n'active pas assez fortement les fonctions de la peau. Qa'on ela-blisse la comparaison de ce pansage avec celui qui se fait dans la cavalerie anglaise, et Ton verra de quel coti pencheront les avantages pour la saute des chevaux. Aussi cette afFreuse maladie n'y est presque plus connue; I'hygiene Ten a bannie.
4raquo; Le barrage des chevaux ä 1 ecurie, genera-lement adopte chez tous nos voisins, ne saurait etre considere ici comme un minime avantage. Combien de jeunes chevaux , faibles , delicats, craintifs, vivement impressionnables, n'ont-ils pas ä souffrir du voisinage de chevaux plus ro­bustes, plus forts, plus voraces, qui, pour satis-faire leur appetit et rester maitres, brutalisent taut des pieds que des dents leurs freies et timi-des voisins, non encore aguerris et martyrs de
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tous cöl4s. Ces malheureux vivent dans des crain-les et des transes constamment perpetuelles, n'ayant aucun abri pour se soustraire ou parer ä leur m^chancet^, et sont encore privös d'une grande parlie de leur nonrriture, souvent meme de leur sommeil.
5deg; Une cause touc-a-fait materielle et non moins preponderanle de cette maladie , existe dans le mauvais choix des chevaux achetes par les do-pots de reraontcs, dont les details comme I'en-semble de la conformation et le cachet lympha-tique, n'indiquent que trop au connaisseur qu'ils ne sont bons a rien , sinon ä devenir des piliers d'infirmeries.
Voilä certes un grand mal; mais il n'est pas le seul; car de celui ci decoule tout naturelle-ment un mal plus grand encore : la sürete des cavaliers qui les moutent se trouve grandement compromise, et souvent meme aussi leur vie. Car un Soldat mal monte , quelque brave qu'il soit, ne pent rien entreprendre sans etre sür ä l'avance d'avoir son existence compromise et de courir ä une mort cerlaine.
Qu'on reunisse ä toutes ces causes une foule d'aulres dejä trop connues pour etre de nouveau citecs, ct Von ne sera plus ctonne que le koiradai-
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matisme ait trouve un repaire assure daus les ecu-riesdela cavalerie, plutot que dans celles des par-ticuliers, qui sont cependant loin d'etre aussi souvent et aussi bien balayees; mais les animaux qu'on y loge ne font presqu'en general que d'y coucher seulement, et du matin au soir, ils vivent conslamment en plein air.
Si Ton vent considerer d'un autre cote encore, que ceux-ci consomment pour leur nourriture les meilleurs fourrages de la ferme ou du pays, lors-que leurs maitres vont avec leurs plus manvaises denrees approvisionner les magasins militaires.
Ce que j'avance ici est de notoriöte publique.
Au reste, quelque soit le sorsur lequel cette ma-ladie exerce ses affreux ravages, si Ton veut r^fle-chir mürement aux causes qui I'ont produite, on les trouvera constamment dans la classe de celles qui sont de nature a debiliter lentement et profon-dement I'organisme general.
C'est ici la position particuliere et de tons les instants oü se trouvent reduits les cbevaux de troupes. II est done tout naturel qu'en paralysant ou detruisant ces causes, on doive necessairement arriver ä prövenir le döveloppement de cef te meur-triere et hideuse affection.
Certain officier supdrieur du genie, d'un me-
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rite tres-distinguej fut I'ann^e demiere envoys par ordre du gouvernement francais, dans pres-que tous les etats germaniques et prussiens, pour examiner ia construction des ecuries militaires de ces divers etats.
II n'y a certainement pas trouv^ des bätiments remarquables par leur ölögance et leur beaute; tout y est simple, mais confortablement combine pour le bien-etre des chevaux; car sous le rapport de la construction, elles ne vaient pas ä beaucoup pres, grand nombre de celles que nous possedons en France.
Däcu sur ce point, il a du necessairement por­ter toute son attention vers d'autres objets, c'est-a-dire etudier alors les soins dont on y entoure constamment et nieme quelquefois minutieuse-mentles chevaux. C'est justement sur ce point im­portant , qu'il a porte des conclusions fort judi-cieuses.
Mais une remarque essentielle qu'il a faite sans doute, et ä laquelle il etait peut-etre loin de s'at-tendre, c'est le grand amour pour leurs chevaux , que possedent indistinctement tous les cavaliers de ces diverses contrees, et qu'on n'inculquera que difficilement aux cavaliers francais.
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Ceux-lä font tout pour leurs chevaux; les notrcs, a'u contraire, ne font rien , moins que rien.
En France, le cbeval n'est gen^ralement con-sidere que comme une machine Jocomotive brute; on ne salt pas reconnaitre le sentiment d'une grande intelligence, dont est done cet animal ai-mable, dont le regard, toujours si expressif, dit pourtant tant de choses a celui qui I'etudie, qui le frequente et qui I'aime, lorsque malheureusement trop souvent, il en a plus et beaucoup plus que celui qui le monte.
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CHAPITRE NEUVltlME.
coup-d'okil sur la ridicule diversite DES TRA.l-
TEMENTS EMPLOYES ENCORE AUJOURd'hüI CONTRE LE KOIRADMMATISBIE.
On jugera facilement combien jusqu'ä present cette maladie a ete peu connue dans son essence, par la variety des traitements que les praticiens lui ont opposes.
Je me bornerai a citer les principaux seulement, pour ne pas entrer dans un chapitre de details, trop longs et ennuyeux, et pour I'ordinaire en des-accord avee tout juste raisonnement.
1quot; Ceux qui tiennent le premier rang, eu egard ä leur importance, vu le grand nombre d'animaux, sont ceux suivis encore maintenant dans presque tous les corps de cavalerie, oü des l'instant qu'un ou plusieurs chevaux sont consider^ atteints de cette affection J ils snnt aussitot envoyds ä I'intir-merie qui leur est destinee et y sont immediate-ment soumis: 1deg; ä des saignees copieuses d'autant plus funestes aux malades, qu'on leur tronque tout aliment substantiel, pour leur subslituer la paille et le son.
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2; A l'acliou des nxutoires de toule es[iece.
3o A celle tout aussi variee, chacun suivant son id^e , tantot des purgatifs energiques, de la fleur de soufre ä haute dose; tantot ä celle des mercuriaux, des antimoniaux, ä des in­jections dans les narines de dissolutions de diffe-rentes substances minerales susceptibles de pou-voir cicatriser les chancres de la pituitaire, parfois meme ä des operations douloureuses et inutiles (1); ils restent ainsi sous Tinfluence de tous ces moyens incoherents, souvent des annees entieres, devorös par un feu qu'on altise innocemmenl,, croyant toujours neanmoins bieu faire, sont en definitive declares incurables et abattus comme tels.
Cans certains corps de cavaleric, la chose est plus tot faite: tout cheval soupconne koiradaimati-que est tout bonnement mis ä part el au son, et sans recevoir d'autres soins, reste ainsi a I'infir-merie plus on moins long-temps, jusqu'ä ce qu'il ennuie ou embarrasse, pour faire place a d'autres qui, comme lui, n'en sortent ä leur tour quepour aller a I'abattoir.
Cette methode est d'autant plus rationnelle que
(1) Le trepan sur les sinus frontanx etmaxiilaires
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lorsquelekoiradaimatisme est gravement localise, il n'est souvent plus curable, et que d'un autre cote rabonnement, si exigu deja alloue aux veteri-naires militaires, ne peut leur permettre en aucune facon de leur fournir la medication ndcessaire pour les soulager.
Cettti ddpense devrait etre tout-ä-fait hors du cadre de tout abonnement, et supportde entifere-ment par les corps.
4deg; Les v^rinaires civils, obliges la plupart de remplir de penibles et nombreuses clientelles, ne s'en occupent que fortuitement; ils ne sont tout au plus appel^s que pour reconnaitre et cons-tater Texistence de la maladie, encore n'est-ce pour I'ordinaire, que pour faire abattre des ani-maux souvent präcieux, qu'ils pourraient quel-quefois s'ils euient appelös das le debut de la ma­ladie, rendre par des soins bien entendus, du temps et de la perseverance, a I'agriculture, au commerce, au luxe, etc., etc.
5deg; Vient ensuite une möthode que comma beau-coup d'autres, j'ai suivi plusieurs fois, pour I'a-bandonner ensuite tout-ä-fait: cellede M. le pro-fesseurCollaine, qui, ignorant certainement alors le siege et la nature de la maladie qu'il combattait, chercha a porter sur le tube gastro - intestinal,
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rirritation asthönique fixee sur la pituttaire, les syst£mes pulmonaire et glandulaire, par I'emploi interieur de la fleur de soufre ä haute dose, sans se douter qua par les effets de ce moyen violent, il ne lui restait plus probabilite ni possibility au-cune de la dötruire apres l'avoir provoquee ä un si haut degri,
Ce traitement ainsi que les pröcödents ont con-stamment provoquö des desordres graves, toujours funestes aux sujets, com me l'ont fort bien prouvö les experiences ten tees par les öcoles vetörinaires, ainsi que celles d'un grand nombre de praticiens ^claires.
Ce professeur savant du reste, cut mieux fait de s'en tenir et d'insister plus long-temps sur le prin-cipe de son traitement, au lieu d'y ajouler dans un m^moire pompeux , qu'aucun fait de guerison po­sitive n'appuyait, le second paragraphe de son traitement pernicieux.
6deg; Arrive enfin M. Galy, dontleproc^dö n'a piont produit de rdsultats plus heureux, qui, at-tribuant les causes de celte maladie ä la nature des sels faisant partie integrante des vögetaux preposes a la nourriture du cheval, pretendait par des cal-culs de chimie naturellement fort incertains dans cette hypolhese , on neutraliser la presence et en
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d^truire les effets, comptant pouvoir ä sa guise diviser, decomposer , separer leurs molecules Constituantes et conduire son medicament partout sans avarie aucune : on estforcö d'avouer franche-ment que cette pretention ^taitunechimerej Tocil le plus clairvoyant ne pouvant penetrer, par con­sequent pas comprendre un tel travail dans le corps d'un cheval vivant, qui, au fait, n'est ni un laboratoire de chimie manuelle qui soit connu de 1'homme, ni un alambic pharmaceutique.
J'ignore si M. Galy, qui avail designe cette ma-ladie sous le nom d'afiection calcaire, possödait des connaissances medicales. Comme pharmacien ou chimiste, il pouvait avoir quelque espece de raison par la forme; mais comme medecin, il avail posi-tivement tort par le fond. Le temps et les resultats Tont suffisamment prouvö.
Qu'a-t-on obtenu jusqu'ä present de tons ces divers traitements? que nous en est-il restö?
Les stigmates de pertes enormes.
Ainsi, apr6s avoir parcouru ä peu prfes en gene­ral tout ce qui s'est ddsja fait et se fait encore au-jourd'hui a cet egard, je demanderai si ce sont la
des moyens raisonnes ä opposer ä une affection de
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cette nature I
Non certes, et non sans doute; mais taut que les
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vdterinaires francais et elrangers considereront cette maladie comnae locale, n'Importe oü et com­ment , tant qu'ils ne porteront point leur vue sur un point plus 6lev6, plus naturel, plus juste et plus vrai, on ne sortira jamais de l'ornlere oü en est encore sur ce point la medecine veterinaire; cette maladie sera toujours I'ecueil formidable de-vant qui eile sera condamnde ä echouer, comma i'ont fait depuis des stecles, tant de moyens dif-ferents.
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— 74 — CHAPITRE DIXlfiME.
EXPERIENCES FAITES POUR OBTEMR LA GÜKR1SON DU KOIRADAIMATISME.
1deg; Six chevaux, mis successiTement et ä diverses epoques au traitement indique par M. Gollaine, sont morts allernativement des suites de violentes gastro-enterites, par l'effet de ce medicament ener-gique donne ä haute dose (la fleur de soufre).
2deg; Quatre chevaux soumis au traitement indi­que par M. le professeur Gohier, furent abattus en dösespoir de cause, apres uu long traitement.
3deg; Quatre chevaux traites par l'emploi Interieur du muriate de mercure sur-oxigend, administre dans un opiat mucilagineux depuis la dose d'un gramme jusqu a celle de six grammes, furent, apres un fort long traitement, abatus encore.
4* Huit chevaux mis au vert pendant deux mois, mais retires ensuite, vu l'etat d'agravation des symptomes, pour etre mis ä Tadministration intö-rieure du sulfure d'antimoine ä la dose d'un hec­togramme par jour, en laissant deux jours d'in-tervalle par huitaine, ne pouvant guärir, furent encore abattus.
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5deg; Six chevaux soumis ä radministration in-t^rieure du muriate de baryte, depuis la dose de cinq ä neuf grammes, dans I'eau distillee , arri-verent bientot ä un tel etat de marasme, que force fut de les faire immediattement abattre.
6deg; Cinq chevaux mis ä l'emploi interieur du carbonate de potasse, depuis la dose de trois ä six decagrammes, dans des infusions aromatiques, sans presenter d'amelioration, furent encore abattus.
7quot; Quatre chevaux auxquels j'administrai le carbonate de soude depuis la dose de trois jusqu'ä cinq decagrammes, en opiat, ne pouvant non plus guörir furent aussi abattus.
8deg; Cinq chevaux, dont deux soumis encore au traitement de M. Gollaine, perirent comme les premiers, d'une entörite aigue.
Les trois autres, auxquels je fis prendre le bo-rate sursature de soude depuis la dose d'un a deux decagrammes, ne pouvant non plus guerir, furent enfin encore abattus.
Tons ces animaux recevaient regulierement tous les jours deux fumgations emollientes sous les naseaux, une friction d'onguent mercuriel double sur les glandes, deux lavements mucilagi-
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neux, et etaient ä un regime delayant commc il amp;ait present.
EXPOSE GENERAL DES LESIONS ORGAN1QÜES APRES LA MORT.
Outre les animaux dont il vient d'etre fait mention , j'ai fait encore un grand nombre d'au-topsies de cadavres d'individus qui avaient ete abattus pour cette meme cause.
1deg;, La membrane pituitaire dont je desirais surtout connaitre parfaitement Tetat, m'a pre-sentö des variations souvent bien remarquables.
Quelquefois blafarde, et partiellement epais-sie , le plus ordinairement epaissie dans toute son dtendue, d'autres fois variablement injectee et de couleur violette; parfois chagrinee, mais plus ge-neralement pale et comme glaede, parsemöe cä et lä de tubercules et d'erosions quelquefois ru-gueuses, d'autres fois h5geres et de nombre varia­ble , el ce en raison de l'anciennete de l'affection el de l'etat plus ou moins avance de pbthisie de cetle membrane.
2deg;. Les chancres repandus sur la surface etaient quelquefois milliaires, resultant de tubercules abc^des; d'autres fois larges, plus ou moins pro-fonds, ä bords renverses, irreguliers et callenx. Ceux dont l'anciennete etait facilement apprecia-
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ble , se faisaient particulierement remarquer sur le trajet des vaisseaux lymphatiques et de leurs di­verses valvules plus ou moins renflees; et lorsque la perforation de la cloison nasale avait lieu, c'e-tait toujours sur le trajet de ce Systeme de circu­lation, qui paraissait en quelque sovte etre leur centre d'alimentation. Sur plusieurs sujets, j'ai rencontre les cornets du nez , la cloison cartilagi-neuse et la base de l'äthmoide caries. Sur d'au-tres , des abces purulents renfermes comme dans un kyste ä la base du meme os , se prolongeant le long des os du nez; ces derniers etaient alors sou-levös et caries.
3deg;. La phthisic de la pituitaire etait dans d'autres cas, accompagnee de la phthisic dune grande portion de la muqueuse tracheale vers la division des bronches.
4deg;. La matiere, variable en quantity, contenue dans les sinus frontaux et maxillaires ötait d'au-tant plus completement purulente et grumeleuse, que laffection etait plus ancienne et les desorga-nisations plus profondes, plus avancees.
5deg;. Quelques sujets ont offert des vomiques en plein ötat de suppuration, plus ou moins eten-dus et ä bords cancereux , d'oü s'ecoulait un pus grisatrc , d'une odeur fade.
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Presque tous out aussi present^ dans les pou-mons des tubercules en nombre variable, les uns cms, les autres ramollis. Mais ces formations tuberculeuses crues, lorsqu'elles sont en petit nombre sont d'autant moins importantes a consi-d^rer que beaucoup de cbevaux parfaitement sains et bien portants du reste, succombant ä une mort violente, en portent aussi.
6deg;. Tous les ganglions et les vaisseaux lympha-tiques en general out toujours offert un engorge­ment notable, qu'on ne rencontre jamais dans aucune situation maladive autre que le farcin.
Decoloration et päleur gamp;ierales de tous les sys-temes organiques, infiltration des membres.
Ce fut ä cette ^poque que, pleinement convaincu de rinsuffisance de tant de moyens difKrents, vu la variamp;^ des lesions organiques et leurs profonds desordres, mes reflexions me porterent ä I'idee d'une situation maladive du sang.
(Test de lä que date la mise en application du nouveau traitement que je viens presenter, et au moyen duquel je suis parvenu avec bien du temps et de la perseverance a guerir une certaine quantite dechevaux.
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Voici leur nombre et le nom des personnes a qui ils ont appartenu, ou appartiennent encore :
Chez M. Joseph Stutel, propriötaire et aixber-
giste ä Dombaslenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2
Chez M. Gerardin, maiire des postes ä Dom­basle.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
Chez M, Maigret, cultivateur ä Sommer-villers.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
Chez M. Perrette, proprietaire et cultiva­teur a Crevic.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
Chez M. Stutel aine , maire de Dombasle.nbsp; nbsp; nbsp; 1
Chez M. Schwab, a Rosi^res.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1
Chez M. Grandmangin, proprietaire ä Do­me vre.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
Chez M. Dusseau, Deferrieres.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2
Chez deux autres propriötaires, eleveurs et marchands de chevaux, que je ne suis pas au-
torise a nommer.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 9
Chez M. Stutel fils, proprietaire ä Nomexi.nbsp; nbsp; 1
Total.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ÜT
En outre de ce nombre, ayant etamp; autorisö eu *839, par M. le ministre de la guerre, ä faire l'essai de ce traitement sur des chevaux de troupes etä mes frais , il me fut concede par cette admi­nistration, dix chevaux dont voici la situation
..
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nialadive depeinle par la commission etablie ä Nancy, par ordre de M. le ministre de la guerre, et ordonnee secondairement par M. le general baron Villatte, commandant du departement de la Meurthc.
Pour cela je me servirai des memes expressions qu'il a plu ä la commission d'employer ; j'obser-verai toutefois que ce ne sont point les miennes, puisque je ne saurais reconnaitre ä cette maladie, trois degres qui n'existent pas.
Cbevaux appartenant ä divers regiments.
. . , . ( morveux au troisleme degre.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 6
koiradaimataqaes morveux au deuxi6me de|re.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2
avec localisation.
I morveux au premier degre.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i
total.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 10
D'apres tout ce que j'ai dit jusqu'ä present du koiradaimatisme, on peut facilement concevoir que les six premiers etaient dans un etat a ne pas etre mis en traitement, puisqu'ils n'offraient po-sitivemeut aucun espoir de guerison.
Je ne pouvais agir en definitive et avec quelques cbances de succes que sur les quatre autres.
En effet, deux ont £t6 radicalement gueris au bout de quatre mois de traitement.
Ces deux cbevaux appartenaient au 2C regiment do carabiuiers.
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Autorise encore en 1840, par le ministre de la guerre, ä prendre de uouveaux chevaux affectes: de cette maladie, pour elre soumis ä ce meme traitement j'avais demands qu'ils me fussent con-cede's au premier debut de la maladie, mais il n'en fut pas du tout ainsi : car on a exigd que, non comprisle temps qu'ils avaient passe aux douteux avant le jetage, ils devaient etre jeteurs depuis au moins un mois avant de mJelre re-mis pour etre Iraites.
On voit deslors que je n'avais plus affaire ä la maladie simplement generale; mais bien au con-traire ä la maladie gendrale et localisee, el que ce n'dtait pas du tout comprendre mes vues sur la curability dc cctte affection. Neanmoins, cer­tain de I'efHcacite de mes raoyens curatifs , et pour repondre aux ddsirs de M. le ministre, je me soumis ä cette rude epreuve.
Je recus done cinq chevaux dans cetetat, j'ecri-vis immediatement aM.le ministre pour m'auto-riser ä prendre cinq autres chevaux au premier debut de la maladie, pour demontrer I'avantage quil y aurait a les mettre en traitement ä cette epoque; mais ma demande etanl demcurc sans reponse, force me fut de remettre ä l'oeuyre sur #9632;laquo;es cinq sujels, dejä trop malades ä mon avis.
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Sur ces cinq malades, unc jument, appartenant au premier regiment decarabiniers, a öteradicale-ment bien guerie.
Une autre jument, appartement au deuxi^me regiment de lanciers, aurait encore pu guörir ; mais voyant sa non-valeur, attendu qu'elle avait ete toujours boiteuse et qu'elle ne pouvait faire qu'une bete de reforme, ne voulant plus faire de depenses pour eile, je demandai son abattage. II ne lui restait plus de toutes ses anciennes lesions qu'un l^ger et partiel epaississement de la pitui-taire, un flux presque nul, les sinus frontaux et maxillaires vides et sains, les muqueuses laryng^es et tracheales saines, quelques petits tubercules dans le poumon, mais en petit nombre.
Du reste, cette jument n'avait pas de date d'en­tree ä Tinfirmerie, et il n'a pu m'etre fourni au-cun{renseignement sur eile; le vdt^rinaire en chef dece regiment n'y ötaitplus, et son successeur nefaisait que d'y arriver.
Un autre appartenant au 2e de carabiniers avait eu ant^rieurement le farcin; cet incident ne nous avait pas et^ communique.
Les deux autres appartenant au 1 de carabi­niers etaient ä Tinfirmerie des chevaux destines a elre abattus, Tun dejiuis le 7 decembre 1839
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l'autre depuis le 22 novembre 1839. Mais ces renseignements, qui auraient ete precieux pour eclairer la commission, ne nous ont ete fournis qu'avec peine, le 19 mars 1840, seulement. Les animaux etaient deja en traitement depuis huit jours.
Qu'on remarque bien que ces chevaux se trou-vaient quant ä I'aspect dans la position maladive spdcifide dans la lettre de M. le ministre, en date du 10 ctecembre 1839, et que les deux du 1quot; de carabiniers etaient a Tinfirmerie depuis plus de trois mois avec cette maladie tout a fait confirmee; que cet etat ne döpeint pas du tout le debut de la maladie, mais confirme au contraire sa locali­sation avancöe et clairement caracteris^e par tout ceque j'enai dit.
Ainsi quand on gudrit radicalement et cons-tamment le cinquieme de chevaux incurables, que ne doit-on pas attendre de pareils moyens, appliques en temps opportun, ä la situation ma­ladive que je signale et que je precise ? On peut les gu^rir presque tous.
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CHAP1TRE ONZIEME.
TRAITEMENT DÜ KOIRADAIMATISME.
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D'apr^s tout ce que je viens de dire concernant cette maladie, il est facile maintenaat de conce-voir les bases sur lesquelles doit etre etabli le traitement a adapter aux animaux malades.
Deux indications principales se presentent ici, tout naturellement a remplir. Par la premiere:
II s'agit de parvenir ä reconstituer, ä revivifier en quelque sorte le sang des malades, au inoyeu d'une forte nourriture et abondamment substan­tielle. Far la deuxieme.
De seconder les efTets de cette alimentation, par une medication ä la fois tonique et excitante, en introduisant dans l'^conomie des substances capables de fournir ä la nouvelle transformation du sang que Ton veut obtenir, certaines bases dementaires faisant par tie int^grante de la nature primitive et normale de ce fluide, dont il est de-pourvu dans cette situation maladive, et d'obtenir
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la reduction do ocrtaines autres excedant leurs proportions respectives dans son etat premier.
PREMIERE INDICA.TIOIV.
Pour remplir et atteindre ce but, la ration jour-naliere des malades sera fixee ainsi qu'il suit:
foinnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; six kilogrammes,
paillenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;cinq kilogrammes,
avoinenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; fa uit litres.
de deux jours l'un, | fromenl en grains deux litres.
, . . ., I farine d'orgenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; deux litres,
de deux jours 1 un, J sou de froment un iitrei
sei de cuisinenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;deux onces.
SERVICE ET ORDRE DES REPAS.
Article 1 er. Le service de I'infirmerie commen-cera ä cinq heures du matin.
Art. 2. La premiere chose qui devra etre faite sera l'administration du bol dont la composition sera donnee au chapitre de la deuxi^me indi­cation.
Art. 3. A cinq heures et demie, on donnera deux litres d'avoine, on levera immamp;iiatement les litieres, et on appropriera I'ecurie.
Art. h. A six heures ii sera donne deux kilo­grammes de foin. Lepansage cornmenceraaussilot et durera jusqu'ä sept heures et demic.
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Abt. 5. A septheures et demie, on fera boireles chevaux.
Art. 6. A huit heures, il sera donnö ä chaque cheval, trois litres d'avoine.
Art. 7. A dix heures commencera la prome­nade des chevaux, et eile se continuera jusqu'ä onze heures et demie.
Nota. : Les malades seront conduits en main, au pas, bien converts et ä l'exposition solaire au-tantque possible. En entrant ä I'ecurie, les ani-maux seront fortement et vivement bouchonncs jusqu'ä ce qu'ils soient completement sees, et se­ront alors reconverts immediatement de leurs cou-vertures en laine.
Art. 8. midi il sera donnö a chaque cheval en guise d'avoine, deux litres de froment en grains et deux kilogrammes de foin.
Akt. 9. Le lendemain, ä la meme heure, au lieu de donner les deux litres de froment, chaque cheval recevra le barbotage suivant, mais epais, quoique bien mouille :
Farine d'orgenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; deux litres.
Son de de fromentnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; un litre.
Sei de cuisinenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; deux onces. Plus deux kilogrammes de foin.
Art. 10. A une heure apres midi, on fera
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prendre ä chaque cheval le petit opiat dont la for-mule est prescrite au chapitre de la deuxieme in­dication.
Art. 11. A deux heures de l'apr^s-midi, les chevaux seront envoyös ä la promenade; eile aura lieu de la meme maniere, etaux meines conditions, else continuera jusqu'a trois heures et demie.
Nota : En rentrant ä l'ecurie, les chevaux se­ront fortement et vivement bouchonnes jusqu'ä ce qu'ils soient completement sees, et ce mode de pansage ne sera definitivement termini qu'ä cinq heures; on leur remetlra immediatement leurs couvertures.
Art. 12. A cinq heures, on fera boire les che­vaux.
Art. 13. A cinq heures et demie, ondonuera ä chaque cheval trois litres d'avoine.
Art. 14. A sept heures, on donnera deux kilo­grammes de foin, trois kilogrammes de paille, et le restant de la hotte servira ä la litiere qui sera faite immediatement apres qu'on aura donne le souper aux chevaux.
Art. 15. Pendant la journee, les gardes d'ecu-ries auront soin de lever les cretins, au fur et ä mesure que les chevaux les rendront; ils veille-ronl ä ce que I'infirmerie soittenue dans un etat
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constant de la plus grande proprele. Toutes les portes et fenetres devront etre ouvertes pendant qua les anirnaux seront dehors, et ä leur renträe il ne restera de croisöes ouvertes que celles qui ne pourront donner lieu ä aucun courant d'air sur les chevaux. Les anirnaux seront constamment tenus ä I'dcurie dans une demi-litiere.
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BOISSON ORDINAIRE DES MALADES.
On jetera dans l'eau destinee ä abreuver les anirnaux deux gros de sulfate de fer pulv^risde par seau d'eau et par cheval, pour le matin et autant pour le soir. An fur et ämesure qu'ilss'y habitue-ront, on augmentera plus tard d'un gros par cbe-val par jour, ensuile d'un autregros; ce qui fera six gros par jour par cheval. Si besoin il y a, on pourra en porter la dose jusqu'a huit gros par jour et par cheval.
L'eau servant de boisson aux malades sera ren-tree dans des cuves placees a cet effet dans l'öcu-rie , le matin pour le soir, etle soir pour abreuver les anirnaux le lendemain matin. Lorsque le temps le permettra, on fera bien de l'exposer au soleil une heure avant de la leur presenter, et de la degourdir avec de l'eau cbaude dans les emps froidset humides.
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HEURE ET NATURE DES PANSAGES.
Le pansage du matin commencera ä six heures, etdurera jusqu'ä sept heures et demie.
Celui du soir commencera ä trois et heures et demie, et ne sera döfinitivement termine qu'ä cinq heures.
Ils seront constamment faits avec le bouchon de paille tordu et taiilade ä la melhode houzarde, dont on doit se servir vivement en appuyant for-tement sur le corps, afin d'activer d'une mantere gönörale les fonctions de la peau. Le coup de brosse pour enlever d'abord la poussiere et la crasse soulev^es par le bouchon, et rabattre le poll ensuite, ne devra durer que dix miautes.
Les chevaux seront immediatement enveloppes d e leur couverture en laine.
Nota. Le pausage fait enplein soleil, lorsqu'il n'y a pas de courant d'air, est dans cette situation maladive bien preferable et plus bienfaisant aux animaux que celui qui a lieu a I'^curie ; il ne de-vrait dans tons les cas avoir lieu ainsi qu'apres que les animaux sont lotalement sees, demi heureapres la rentree de la promenade.
Nota : Les malades seront constamment re-vetus de leur couverture en laine , jour et nuit. Ils seront ^galement toujours traites avec la plus grande douceur.
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Lorsque le mauvais temps s'opposera ä ce que les promenades aientlieu, tout le temps destine ä ces exercices, qui serait consequemment perdu, sera employ^ ä un nouveau pansage aubouchon de paille.
SEUVICK ET ORDRE DES REP AS.
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Tous les jours, ä cinq heures du matin, 11 sera admlnistn; a chaque malade, le bol dont la com­position suit:
lodure de potassium de denx ä trois gros.
Poudre de guimauve jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i((, suffisante.
Melassenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;)nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^
Pour en former un bol do la grosseur d'une noix.
Tous les jours, ä une heure apr^s midi, on fera prendre a chaque malade la mixtion suivante, dont la preparation sera commencee des la veille.
Mantere d'y proc^der :
p . f sulfate ferreuxnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;quatre gros.
renez. j g^.^^^ je potassiumnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; huit gros.
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Pilez ä part et bien finement chacune de ces deux substances, mettez-les dissoudre ensuite en-
semble dans la quantity d'un demi-litre d'eau, et laissez reposer jusqu'au moment oü yous voulez administrer le nouveau produit resultant de ce md-
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lange, qui n'est autre chose que du sous-carbo-nate de fer. Döcantez alors , jetez l'eau , mettez ensuite dans un vase le precipitö qui est reste au fond de celui oü le melange a etö operö, ajoutez aussitot melasse et farine quantite süffisante pour en former un opiat que vous administrez immö-diatement.
On pourrä selon les besoins augmenter la dose d'abord de la moiti^ en sus, et la porter enfin au double.
Gelte preparation est inflniment preferable ä celle livree par le commerce et les pharmacies dont la confection pour l'ordinaire dejä trop ancienne, n'offre dans aucun cas des avantages aussi cer­tains.
Nota. Si par suite du traitement, le tube gastro­intestinal se trouvait par trop sur-excitö, on sus-pendrait toute medication pendant deux jours Seu-lementj on recommencerait par ne donner que la moitie de la dose indiquee, pour revenir ensuite ä celle qui avait precödemment lieu. Seulement la boisson resterait constamment la meme.
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TRAITEMENT DES GANGLIONS LYMPHATIQÜES ENGORGES.
Le poll prealablement coupö, il sera fait sur ces organes deux fortes frictions par jour avec la
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pommade ioduree, dans les proportions de trois gros d'iodure de potassium par once d'axonge. Ces frictions seront continudes jusqu'ä ce que les ani-maux ne puissent plus les supporter malgrö toute contrainte.
De semblabies frictions pourroht etre faites avee beaucoup d'avantage sur les engorgements qui surviennent par fois le long des membres et au pourtour des articulations.
Tous les quinze ä vingt jours il sera fait a cba-que malade, une petite saignöe döplötive ä la jugu-laire, d'une livre de sang seulement; mais avee une flamme tr^s-dtroite, de maniere ä ne laisser echapper de ce vaisseau que la partie sereuse du sang. De cette maniere on conservera toujours au sang le pen de fibrine qu'il contient.
On laissera cbaque fois coaguler le sang, qu'on examinera ensuite dans cet etat, pour se rendre coniple des changements qu'il presmtera dans sa coloration, afin de diriger la medication suivant les besoins et indications que son etat rdclamera sur cbaque sujet.
II est encore des moyens qui, quoique n'agissant que localement, n'en doiventpas etre dddaignes pour cela dans quelques circonstances.
Ainsi, lorsqu'on soumet au traitement des cbe-
laquo; #9632;
m
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vauxau premier debut de la maladie encore gene-rale, et chez lesquels par consequent le jetage n'a pas encore eu lieu, il est constant que ce pheno-mene doit se developper apres quelques jours de promenades.
Le moyen qui dans cette circonstance m'a le mieux reussi, consiste dans quatre ä cinq injec­tions par jour dans les narines, d'une forte i nfu-sion tiede de plantes aromatiques.
Gelle ä laquelle j'ai toujours accorde la prefe­rence est la mille feuille. Ce moyen simple et pen dispendieux corrobore assez la pituitaire, pour s'opposer ä son atonie.
J'observerai que les injections faites avec les dissolutions de substances minerales astringentes non seulement ne font pas cesser cette excretion morbide; mais elles ont le grand d^savantage de provoquer le racornissement et l'epaississement rugueux de la membrane pituitaire.
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CHAP1TRE DOUZIEIME.
MOYENS GENERAUX DE PR^VENIR LE KOIRADAIMATISME.
Quoique cette maladie soit positivement recon-nue her^ditaire, ce cas ^tant heureusement fort rare, ne peut etre consid^rö que comme fortuit etd'un efiet peu r^pandu.
N'^tant point contagieuse, on n'a cons^quem-ment rien a redouter d'un virus qui ne saurait exister. II ne s'agit done, pour s'en preserver, que de paralyser ses causes productrices, en chan­geant la mauvaise hygiene des regiments, pour lui en substituer une beaucoup plus rationnelle et avantageuse aux chevaux ; car il ne faut pas se le dissimuler ici, son developpement ne reconnaitra ja ma is d'autres causes.
Pourquoi nos voisins d'outre-mer et d'outre-Rhin sont-ils moins victimes que la France de .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;cette maladie ? e'est que chez eux, les chevaux
sont d'abord mieux choisis, mieux et plus abon-damment nourris, mieux pansys, mieux soignes, mieux traites sous le rapport du travail, plus sainement logos, plus espaces , par consequent plus grandement aercs; ils sont aussi söpares les
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uns des autres et peuvent manger la quotite tout entiere de la ration quileur est allou^e; enparfaite s^curite, sans avoiräcraindre d'etre tourmentes et frappös par leurs voisins; ils peuvent encore, a la faveur de cette s^curite, jouir des douceurs du repos lorsque bon leur semble.
Le cheval dans ces contrees est constamment traite avee la plus grande douceur; il y est en-tour^ de tous les soias minutieux qu'on n'accorde qu'ä un etre qu'on cherit et qu'on ahne.
Ce peu de mots renferme toute l'önigme. Car tous ces grands avantages sont encore et ont tou-jours amp;e refuses au cheval militaire frangais.
Mais sans aller si loin, pourquoi les grands eleveurs des divers döpartemenls de la France, Tadministration des haras, par example, qui eleve et entretient un nombre considerable de chevaux de tout äge, comme de tout sexe et de differentes ra­ces, ueconnait-ellecettemaladiequedenom ?c'est toujours par des raisons et des motifs analogues; c'est que chez eile tout y est avamment et heu-reusement combine pourle bien-etre constant des chevaux. Aussi, que Ton compare un instant leur hygiene avec celle du cheval militaire, et 1'on res-tera peniblement frappe de leur enorme diffe­rence.
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Pourquoine vouloir nourrir le cheval railitaire qu'avec des substances de second ordre, ce qui donne aux fournisseurs la latitude d'en livrer sou-vent et pour l'ordinaire de la plus mauvaise com-sition possible, par la manutention qu'ils operent dans lesmagasins?
II y a ici perte rdelle. Au lieu que si I'oti tenait
^
striclement la main a ce que leurs aliraenls fus-?nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; sent conslamraent de la premiere qualite sous tons
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les rapportSj'il enresulteraitunavantage immense. On eprouverait pen de pertes. Rien en France ne pent s'y opposer; il ne faut ici qu'une ferme vo-lonte; car la France les possede ä peupres partout.
Pourquoi nepas rendre les ecuries plussaines, par le moyen tout simple d'eviter les encombre-ments toujours si nuisibles aux chevaux qu'on y entasse? Pourquoi ne pas röserver a chaque che­val un espace de cinq pieds ä l'ecurie? S'il en etait ainsi, ils respireraient et absorberaient un air plus sain dont ils out si essentiellement besoin pour le maintien de lequilibre de leurs fonctions et de leur sante. Ils jouiraient en outre des dou­ceurs d'un repos qui leur est indispensable, et dont on ne saurait les priver sans qu'il soit porle uneatteinteprofondea leurs forces, aleurvigueur, ä leur sante encore. Car sans changer maintenant
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toutes les dispositions des divers quartiert de cavalerie que la France possede, cequi la conduirait ä une ddpense önorme, et en attendant qu'on pnisse y arriver, ii serait toujours tr^S avantageux aux cl evaux : que radministration de la guerre ordonnät: 1* de les espacer da vantage; 2deg; de faire Clever le sol, et cons^quemment les pla­fonds, de celles qui sont trop basses, mal aerdes et humides; 3* de faire fermer lec petites on grandes ouvertures dont l'exposition est reconnue mauvaise et d'en faire pratiquer de no uvelles, en plus grand nombre, dans de grandes dimensions, dans la direc­tion de plus heureuses expositions, de maniere qu'elles fussent assez haut percdes pourse trouver au niveau des plafonds, afin de faciliter Tissue des Emanations gazeuses les plus legeres, qui sont rete-nues en permanence dans les ^curies, n'ayantau-cune sortie possible; 4deg; de pratiquer des ventilateurs dans toutes celles oü la chose serait possible, prö-portionnes en nombre a la grandeur de ces ^curies, comme ä la quantite d'animaux qu'on pretendrait y loger; 5deg; de renoncer pour toujours ä celles qui ne pourraient pas etre ameliorees et oü la sante des chevaux setrouve toujours compromise, soit qu'on ne puisse pas les aerer on qu'elles soient a la fois
froides et humides par la force des choses.
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Or je me resume etjedis: 1quot; Quil esl urgent que les ecuries soient assainies; 2quot; que les chevaux soient plus abondamment nourris et de denrees en tout point de premiere qualite; 3quot; que les re-montes soient plus consciencieuses, par conse­quent les chevaux mieux choisis; 4deg; que le tra­vail soit plus regulier, sans exender les forces des chevaux et jamais fait par aecoup; que les che­vaux soient seches et converts en rentrant; 5deg; que tous les chevaux soient barres ä l'^Quiie^ et aient chaeun un espace de cinq pieds; 6raquo; que le panse-mentdela main, les soins gendraux et particuliers eprouvent une reforme complete, qu'une nou-velle et meilleure hygiene vienne enfin mettre un terme ä cette calamite.
Je ne saurais terminer ce travail sans faire re-marquer a M. le ministre de la guerre que par les premiers moyens que j'ai indiques, j'ai constam-ment gueri le cinquieme des chevaux de troupes qui m'ont e'tö conßes, raalgre l'etat d'incurabilite avance, dans lequel ils m'ont ete remis; que par les nouveaux moyens que je propose aujourd'hui, mais surtout employes ä l'^poque maladive que je precise, on pourra compter regulierement sur la guerison de soixante ä quatre-vingts chevaux sur cent. J'offre d'en operer etd'en demontrer la
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— 99 — preuvc aussitöl quil plaira ä M. le minislre dc consenlir ä m'y auloriser, et qu'il daigncram'ac-corder celte marque de faveur et de confiance, que je sollicite dans l'intöret majeur de l'armee et de la France en general.
Je laisse mainlenant a. la sagesse de M. le mi-nistre de la guerre le soin d'en apprecier toute la haute porlöe.
Pnisse le resuhat de mes longs travaux et de mes profondes recherches sur la guörison de cefte af-freuse maladie, devenir d'une utilitö gent5rale ä noire belle palrie!
Mon but sera rempli.
TrEIZIEME ET DI'RNIER ARTICLE.
Commc il arrive tres souvent^que cette maladie se lermine par le coryza gangreneux, impropre-ment nomine encore (morve^aigue); guide parun sentiment purement philantropbique et dans le but de rassurer la partiedela population francaise qui a ele profondement timorde par le dire de quelques journaux qui ont avance que. la pre­miere de ces deux affections etait contagieuse du clieval ä Thommo, en donnant lieu, chezlui,au developpement de la seconde: pour ])rouver ä l'Europe enliere quo eclte assciiion cst physique-
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— 100 — ment impossible, par la nature meine de la pre­miere de ces deux maladies, puisqu'elle n'est seule-ment pas contagieuse du cheval au cheval, oü il y a certainement toute idcntite de nature et de rap­port; que si cette maladie dögön^ree a eti observ^e chezIhomme,ce n'estpoint uneraison qui doive itonner; iln'yarienen celaquidoiveeffrayer; at-tendu qu'il estprouvöqu'elleestchezlui, sporadi-quecomme chez le cheval,puisqu'elleja 6li observt!e sur des persounes quijamais de leur vie n'avaient mis le pied dans aucune ecurie, ni jamais abordd dejchevaux; que pour qu'elle semontresurl'espöce humaine, il faut necessairement que I'homme se trouve place sousles memes conditionshygidniques qui la provoquent sur le cheval, attendu encore que chez celle-ci, eile est souvent aussi sporadique. Or s'il y avait rdellement contagion du cheval ä I'homme, que de vötörinaires civils et surtout mi-litaires, tant francais] qu'etrangers, que de cava­liers de toute arme et de tous les pays, pr^posds pendant longues anndes au service des infirmeries de ces chevaux, auraient pdri victimes de cette fausse et chimerique contagion, tandis que les an-nales de la medecine militaire ne rapportent ni un seul fait ni un seul cas de mort pour cette cause.
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L'inoculalion m6ine de la matiere purulentc öcoulde par les naseaux n'a pu la reproduire.
Voici le fait:
M. Casse^ vt5töriDaire,ä Nancy,qui en 1839, eut la bonte de me seconder dans la premiere expe­rience que je fus autorise a faire sur des chevaux de troupes, se coupa, sans le vouloir, ä l'articulation de la premiere et de la seconde phalange de l'index droit, et u'en continua pas moins pour cela ä soigner lui-meine les malades.
Qu'en r^sulta-t-il?
C'est qu'au bout de peu de jours il iprouva tons les phenomeues genäraux et particuliers qui se dessinent ä la suite de l'introduction d'une ma­ture animale non virulente, maisen putrefaction, dans une dconomia saine, et qu'il n'öprouva et ne demontra jamais le moindre signe, le moindre Symptome de la maladie dont dlaient affectäs les chevaux qui etaient confids a nos soins. J'mvoque, ä ce sujet, le temoignage de messieurs les docteurs mddecins qui lui ont donnö lours Soins assidus.
Ce sont MM. Toussaint, de St-Nicolas-du-Port, pres Nancy, MM. Chaken et Larcher, de Nancy, et M. le chirurgien-major du deuxteme carabiniers, alors en garnison dans cette ville.
En consequence, je viens, a cet eflfet, proposer ä
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— 102 — quiconquc voudra 1'acceptcr : 1* un pari de millc francs, de placer mon cheval pendant un mois entier, dans une ^curie ou sera egalement place un cheval koiradaimatique ( morveux ), en contact permanent aveclui, sans quepour cela il contracte la maladie; les deux chevaux serontmis ä cote Tun de l'autre, mangeront, boiront, coucheronl et travailleront constamment et Egalement ensemble,
Ils seront, a I'avance, examines par troisv^ri-naires designös de concert par les parties contrac--tantes, pour que la raaladie de l'un soil bien carac-terisee, ct qu'il ne reste aucun doute sar son exis­tence.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;|
Si au bout d'un mois mon cheval a contracte la maladic, je perds : 1deg; la somme de mille francs; 2laquo; men cheval represente une valeur de quatre cents francs; 3deg; la nourrilure pendant un mois a deox francs par jour par cheval, cent vingt francs, 411 les deux vacations pour les (rois, experts cent vingt francs. Total 1640 fr.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;„ ;
La partie conlractante opposee perdra celte somme de seize cents quarante francs, si mon che­val a l'expiration de ce delai, esl reconnu parfaite-ment sain sous ce rapport par la derniere expertise. 2deg; Je paric en outre, une somme de dix mille francs, de ne point encore moi-memc contractcr la maladic.
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— 103 — me soumeüanl ä soigucr les deux chevaux pendant tout ce laps de temps, de coucher constamment a 1 ecurie a cote du cheval koiradaimatique, ( mor-veux,) de maniere a ce qu'il soit placö entre moi et mon cheval et tout-ä-fait rapproche de mon lit, de ne point quitter un seul instant les chevaux, ni jour ni nuit, de vivre pendant tout ce temps dans la meme atmosphere qu'eux; et pour qu'on ne puisse pas alleguer qu'on ne peut juger sur un fait isole, j'offre de repeter ces deux epreuvesjus-qu'ä vingt fois si on le desire, toujours et chaque fois aux memes conditions.
Je previens les personnes dont l'opinion ä cet egard est opposee ä la mienne, et principalement celles qui ont cause ä une grande partie de la po­pulation une impression de crainte si profonde, que je suis loin de douter de leur tres-haute science, trophien etablie d'ailleurs pour que per-sonnc puisse en conlester les titres, mais que je pense qu'ils auront ele induits en erreur par quel-ques faits isoles dont le veritable caractere aura echappe ä leurs savantes appreciations, et que le soin de rassurer le public est la seule cause, assez puissante sans doute, qui me determine ä signaler un Systeme contraire au leur, et ä continuer jus-qu'au bout le nombre des epreuves que j'ai fixe.
Sage.
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