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iXOUVELLES RECHERCHES
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DE L'ESPECE BOVINE
ET SIR
L'Ii\OCüLATIOi\ PREVENTIVE
DE CETTE MALADIE
Le doctf.ur Willems
i. , r. - 'quot;^.V'quot; PrmcipaJ de l'höpital civil de Hasselt.
i rotesseur ä 1 Ecole provmciale d'accouchements du Limboure
Membre correspondant des Academies de medecine
de Belgique, de Turin, de Gtoes,
De la Soaete imperiale et royale de medecine. de Vienne
Membre honoraire de 1'Associatlon medioale des Etats-Sandes
De la .Societe royale et nationale de medecine veterinaire de Turin
ue la hociete d agriculture de la Prusse rlienanc
i rtodenf lionoraire ä perjietuite de la Sociele agricole
ile la Lommelline (Halle), etc.
Chevalier des Ordres de Leopold, du Lion Neerlandais
De SS. Maurice et Lazare, etc.
Extrail fin Bulletin r^^den^ed^^temMerha-^r^VV,^ ^v\^ „of
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BRUXELLES LIBRA1RIE H. MANCEAUX,
IF. l.'ACADftMIE ROYALE HE MEDECINE HE BELGlötlE,
ie des Trois-Tätes, 12 (Monlagne de la Cour).
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NOTJVELLE^ECHEECHES
ü PlEUROPMllOilllE IISÜMTIU
DE L'ESPECE BOVINE
L'INOCÜLATION PREVENTIVE
DE CETTE MALADIE
Le docteur Willems,
Medecin principal de I'liopital civil de Hasselt,
Professeur ä l'Ecole provinciale d'accouchements du Limbourg,
Membre correspondam des Academies de medecine
de Belgique, de Turin, de Genes,
De la Societlaquo; imperiale et royale de medecine de 'Vienne,
Membre honoraire de l'Association medicale des Etats-Sardes,
De la Societe royale et nationale de medecine veterinaire de Turin,
De la Societö d'agriculture de la Prusse rhenane.
President Iwnoraire ä perpetuite de la Societe agricole
de la Lommelline (Italic), etc.
Chevalier des Ordres de Leopold, du Lion N^erlandais,
De SS. Maurice et Lazare, etc.
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Kxtrait du Bulletin di!^cademJ£MlfBtSeJl^meäecigt;K,\^AV,3^s6ne,n'gt;Tgt;.
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H. MANCEAUX, LFBRÄIRE-EDITEUR
IMPRIMEUR DE L'aCADEMIE ROYALE.DE MEDECINE DE BELGIQUE
Rue des Trois-T6tes, 12. 1880
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RIJKSUNIVERSITEIT TE UTRECHT
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NOÜVELLES RECHERCHES SUR LA PLEUROPNEUMONIE EXSUDATIVE DE L'ESPfiCE BOVINE ET SUR I.'lNOCULATION PREVENTIVE DE CETTE MALADIE.
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PREMIISRE PARTIE.
Messieurs, si je viens aujourd'hui vous entretenir d'une question de inedecine v^terinaire qui, en 1835 dejä, et puis en 1866, a ete longuement exposee et discutee dans cette enceinte, qui a ete vivement attaquee par quelques-uns et non moins önergiquement döfendue par plusieurs d'entre vous; c'est que la d^couverte de rinoculation de la pleuro-pneumonie exsect;udative est plus que jamais une question d'actualite, interessant au plus haut point les sciences m^dicales, et en meme temps l'industrie agricole de toutes les nations. En effet, le flöau de la pleuropneumonie ne connait pas de bornes, il enleve ä l'agriculture des mil-liers de. victimes et entraine ä sa suite des pertes incal-culables.
laquo; Ce sujet, a dit M. Mathieu, veterinaire ä Sövres, dans la seance du 28 fevrier 1879 delaSocilaquo;5tö centrale de medecine veterinaire de France, est en ce moment plein d'actualite, et je pense, a-t-il ajoutö, ne pas etre taxö d'exagöration en avanfant devant vous qu'il est peu de questions vamp;örinaires d'un interet plus grand. raquo;
A l'oecasion des prec^dentes communications que j'ai eu l'honneur de vous soumettre, vous m'avez temoigne tant de Sympathie et accord^ des encouragements si bienveillants, que je me sens heureux de pouvoir me reprdsenter devant vous, ä l'effet dc vous communiquer un grand nombre de faits nouvcaux et des considerations importantes concer-
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iianl une question qui, depuis de longues annees, a 6te I'objetde mns constantes preoccupations.
Dans la seance du 30 juin 1855, I'Academie a adopte la proposition suivante, redigee par notre honorable col-legue, M. Burggraeve: laquo; L'Academie, consid^rant que laquo; l'inoculation de la pleuropneumonie cst une question de A temps el d'experimentation, ajourne la discussion jus-raquo; qu'ä l'epoque oü le temps et l'experimentation auront raquo; parle. raquo;
Dix ans plus tard, la meme question a etc reprise et discut^e dans cette enceinte sans avoir ete rösolue. Depuis lors, le temps et l'experience ont parlö : les faits observes pendant plus d'un quart de siecle prouvent I'exactitude des conclusions de la Commission officielle beige, dont voici la principale, renfermee dans son septieme et dernier rapport, adresse en 1864 ä M. le Ministre de l'Interieur:
laquo; L'inoculation possede une vertu prophylactique Evi­dente, et dans les localites infectees, le nombre des betes inoculees avee succes, qui sont frappöes par le fleau, est insignifiant vis-ä-vis de celui des betes non inoculöes, sur-tout si Ton tient compte de la longue duree possible de l'incubation de la maladie.
raquo; Nous devons done recommander aux eleveurs et aux cultivateurs la pratique de Tinoculation. raquo;
Ces conclusions ont 6te prises apr6s treize annöes d'ex-periences et apres sept rapports successifs, fournis au gouvernement beige par des homines haut places dans la science et dans le monde industriel et agricole. Ce sont ces memes conclusions qui ont ete defendues tr6s Eloquem-ment devant vous, en 1866, par deux de nos honorables collegues, MM. Crocq et Thiernesse, celui-ci president et
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I'autre secretaire de la Commission gouvernementale.Aussi, je ne puis manquer de satisfaire ä un devoir de reconnais­sance en rendant un hommage public et merite k leurs recherches scientifiques et ä leur impartiality, car ces honorables membres, qui avaient accepte d'abord la d^cou-verle de l'inoculation avec une certaine defiance et exprime des doutes ä son egard pendant plusieurs ann4es, ont ensuite, apres avoir Institut des experiences sur une grande Schelle, aprös s'etre entoure de toutesles lumieres possibles pour arriver ä la constatation de la verite, proclame la laquo; vertu prophylactique de l'inoculation. raquo;
Aujourd'hui, je me suis impose la täche de prouver ä l'Academie que la doctrine quo j'ai proclamee en 1852 s'est verifi(!e dans tous les pays; que les fails evidents sur les-quels eile est basee sont admis et confirmes par les hommes les plus competents et par les experimentateurs les plus rigoureux.
Je lii'abstiendrai de rappeler les polemiques auxquelles ma decouverte a donne Heu ; les lutles que j'ai ete oblige de soutenir et dans lesquelles j'ai eu la satisfaction d'avoir pour auxiliaires des savants eminents, des hommes ä con­victions inebranlables, qui, eux aussi, ne poursuivaient d'autre but que la recherche de la verite.
Aujourd'hui que les esprits sont apaises, que les opposi­tions systematiques sont passees, que le calme est revenu, la verite sereine se degagera mieux des obscuritds et des passions que soulevent ordinairement toute innovation, car la vörite finit toujours necessairement par triompher de l'erreur.
C'est ainsi que l'entendaient ^galement Auzias-Turenne et M. Mathieu, quand, dans un excellent article, rempli de
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faits tres probants en faveur de l'inoculation et insere dans le Recneil de medecine velerinaire de Paris (1), ils disaient :
laquo; II ctait dans 1'ordre natural des choses medicales qu'un fait aussi important döterminat une emotion tres vive, que la doctrine nouvelle subit le contröle de l'expöri-mentation; que celle-ci, parfois irrationnellement dirigöe, donnät des resultats diftdrents, et que deux camps se for-massent, Tun des partisans, lautre des adversaires de la nouvelle doctrine. L'auteur lui-meme ne pouvait manquer d'etre en butte ä des attaques parfois injustes et passion-nees. II eut et6 vraiment trop heureux, lui, I'initiateur d'une idee feconde, s'il eüt echappe k l'injustice de ses contemporains, de ceux auxquels devait profiler sa decou-verte.
raquo; L'enfantement d'une idee ne s'accomplit jamais sans douleur; il y a toujours des larmes dans son berceau.
raquo; L'beure de la justice semble cependant avoir sonne pour le medecin de Hasselt; le dernier rapport de la Com­mission bolge est non seulement favorable ä la pratique de l'iiioculalion prophylactique de la pcripneumonie conta-gieuse, mais il resout en faveur de M. Willems la question de prioritc de cette importante decouverte, etc. raquo;
Si je suis oblige parfois, messieurs, de mettre ma per-sonnalite en scene, vous comprendrez que c'est une neces-site que je subis, et vous voudrez bien m'en excuser; il est des citations que je suis force de faire pour prouver la valeur et l'importance qu'attachent a mon Systeme les au-teurs qui m'onl fait l'honneur de l'apprecier.
Mon intention n'est pas de retracer ces milliers de faits
(I) 1865, page 755.
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— 7 — nouveaux et probants, recueillis dans toutes les parties du monde, ä la suite de l'application de l'inoculation preven­tive; je ferai passer simplement devant vos yeux, et ä grands traits, les evönements principaux et les faits les moins contestables, observes depuis la derniere discussion qui a eu lieu dans cette enceinte; et je reviendrai ensuite, sur quelques points de science non encore suffisatnment elucidös.
En thöorie, l'inoculation pneumonique n'a pas fait beau-coup de progres, depuis 18bl, äpoque de la publication de mon premier mdmoire, et 11 reste encore beaucoup de points de science ä resoudre, tels que la cause, le siege, la nature de la maladie et de son contage, le choix et la con­servation du virus, la contagion et la spontaneite, etc.
11 n'en est plus de meme en cequi concerne la pratique. Des faits innombrables, bien observes, ont ete recueillis par les savants les plus autorises et par les praticiens les plus competents.
Un mouvemenl considerable s'est produit en faveur de l'inoculation en France, en Belgique, en Italic, en Alle-niagne, en Angleterre, en Amörique, en Afrique, en Aus-tralie et surtoul en Hollande; et de l'ensemble de ces faits, tous concordants entre eux, il resulte que l'inoculation possede une vertu preservatrice certaine pour pn5munir l'organisme du boeuf contre les atteintes du redoutable fleau de la pleuropneumonie.
Avant de faire l'historique des nombreux faits observes dans les differentes parties du monde, je crois devoir r^pondre ä une objection que les adversaires de l'inocula­tion ne manquent jamais de formuler et que voici:
laquo; La disparition de la pleuropneumonie des Stables ne
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doit pas tlfre mise sur le compte de Tinoculation, car on voit la maladie s'arreter quelquefois tout court aussi bien dans les etables ou Ton inocule que dans celles oü Ton n'inocule pas, et cela souveiit aprfes avoir fait une, deux, ou trois victimcs. Du reste, la pleuropneumonie n'a plus la menie intensite qu'autrefois, eile est en d^croissance. raquo;
L'observation de tous les jours nous prouve que cette objection est denuee de tout fondement. La pleuropneu­monie une fois introduite dans un troupeau par le contact d'un animal malade, d'apres les experiences de toutes les Commissions officielles et notamment d'aprös celles de la Commission officielle beige, n'a rien perdu de son intensite, et au lieu de s'arreter ä deux ou (rois betes, eile y enleve 25 h 30 p. c. du betail, et plus encore, d'apres les expe­riences de la Commission scientifique officielle de France, qui porte ä 80 p. c. le chiffre des animaux exposes ä la contagion, chez lesquels se manifcstcnt ses effets ä des de-gr^s divers.
Du premier animal atteint, le mal se transmet aux autres et continue ainsi ses däsastreux ravages tant qu'il trouve des organismes disposes ä le recevoir, et il ne s'amp;eint de lui-meme que quand il ne trouve plus d'aliment ä sa pro­pagation, ä moins que de nouvelles betes ne soient intro-duites dans I'etable pour remplacer les vides faits par la maladie, comme cela se pratique chez MM. les dislillateurs; et alors eile pent se perpetuer indefiniment.
Voilä ce que tous les observateurs out constate partout et toujours, et quand, dans uneetable composöe de plusieurs betes, la maladie cesse apres avoir fait une ou deux vic-times, ne peut-on pas se demander si c'est bien reellement ä la pleuropneumonie contagieuse qu'on a affaire?
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Tous les distillateurs de la ville de Hasselt ont constate la meme chose depuis 1836, date de l'invasion de la ma-ladie ; tous vous diront que, quand une premiere bete devient malade dans une etable, 30 ä 40 pour cent le deviennent ä leur tour. Ils sont si penetres de cette verite, que plus aucun d'entre eux n'expose son betail ä etre ravage par la maladie, et que tous, dans ce but, recourent ä l'inoculation preventive. SI parfois, pour un motif quel-conque. Tun ou I'autre cesse la pratique de l'inoculation, la pleuröpneumonie revient immediatement avec la meme intensity qu'autrefois, et le nombrc des victimes est toujours tres considerable. En voici un exemple recent et frappant:
M. i.-i. Vanvinkeroye, un des grands distillateurs de la ville, voyant son betail dans un excellent etat de sante, et le croyant ä l'abri des alteintes de la pleuröpneumonie, cessa la pratique de l'inoculation au commencement de l'annee 1879, se promettant bien d'y recourir de nouveau des que le premier cas de maladie se presenlerait dans ses etables. Mai lui en prit; la malheurcuse experience qu'il tentait devait tourner ä son dösavantage: carvers la fin de d^cembre 1879 un premier cas de maladie se presonta, et il reprit aussitöt l'inoculation; mais h^las! trop tard : le con-tage s'etait repandu au sein de ses troupeaux, et depuis le 3 Janvier 1880, epoque ä laquelle fut sacrifiee la premiere bete pneumonique, jusqu'ii la fin du mois de ft5vrier, vingt-sept betes furent sacrifices ä l'abattoir de la ville. Tel est le releve officiel que j'ai trouvC dans les rcgistres de cet eta-blissement. Combien d'autres victimes de la contagion ont et6 encore atteintes par le flöau,sans avoir cte assez malades pour devoir etre abattues?
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Voilä done les etables de M. Vanvinkeroye indenmes ou iVpeu pres, lorsqu'il pratique Tinoculation; mais il neglige momentanömenl cetto operation, et les ravages causes par le flöau sont öpouvantables.
Cat exemple prouve assez que, une fois ramp;ntroduite dans une ctable, la pleuropneumonie n'a rien perdu de son intensity et que sa virulence est aussi active aujourd'liui qu'il y a trente ä quarante ans.
Comparez le cas de M. Yanvinkeroye avec ce qui se passe chez les autres distillatcurs de la ville qui persöverent dans la pratique de Finoeulation sans discontinuer, M. Casimir Nys, par exemple, qui possede 600 tetes de betail, souvent renouvelees et se trouvant exactement dans les memes conditions de stabulation et d'alimentation, mais qui, toutes inocultSes avec beaucoup de soin, restent parfaitement ä l'abri des atteintes du fleau.
La disparition de la pleuropneumonie depend si peu du hasard, d'un caprice de la nature, que dans les etables oü se trouvent moles des animaux inoculös avec des animaux non-inocules et places absolument dans les memes condi­tions, le contage une fois introduit parmi eux, nous cons-tatons une relation constante de cause ä effet, e'est-a-dire que les inocules resistent ä la contagion, tandis que les non-inocules y succombent. Cela ressort clairement des decla­rations de MM les distillatcurs de la ville de Hasselt, que je vous ferai connaitre tantöt, ainsi que des constatations de lous les observaleurs serioux et des rapports de toutes los Commissions ofiiciclles sans exception. Je me bornerai a vous en citer trois :
1deg; Voici l'opinion de la Commission officielle beige :
laquo; Nous aftirmons de la manure la plus positive, dit
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— n —
I'honorable rapporteur, M. Crocq, la vertu prophylactique de I'inoculation; nous avons determine dans quelle pro­portion eile conföre rimmunite aux animaux qui I'ont subie; nous avons dit que lorsque les betes non-inomUes etaient atteintes par la maladie dans la proportion de 25 p.c., les betes inoculees avec succes n'etaient atteintes que dans la proportion de 1 ä 11/2 p. c. Cela constitue une difFörence de plus de 1 ä 20 entre les deux categories d'animaux, c'est-ä-dire que les betes non-inoculees sont au moins vingt fois plus exposees ä etre frappees par le fl(5au que les betes inoculees avec succös (1). raquo;
2n D'apres les experiences de la Commission francaise, relatces dans le travail magistral de M. Bouley, membrede rinstilut, expression la pluselevee des sciences veterinaires en Europe, il rcsulte ce qui suit:
laquo; Des 48 sujets sorlis sains et saufs des experiences de I'inoculation, 2 sont morts d'accidents etrangers ä cette operation, et 34 ont ete exposes pendant une pöriode de S ä 6 mois a {'influence directs de la contagion par cohabita­tion, avec 24 sujets de meine provenance non-inocules, devant servir de terme de comparaison.
raquo; 12 animaux inocules, qui avaient ete places dans une etable ä part pour etre utilises ü des experiences ulte-rieures, ne furent pas exposes au contact direct d'animaux malades de la pleuropneumonie, mais ils furent pauses par le meme vacher qui etait charge du soin de ces malades.
raquo; Sur ces 46 sujets inocules, un seid (soit 2 pour 100) habitant l'ötable non contaminee, contracta la peripneu-monie, landis que sur les 24 animaux non-inocules, servant
(1) Buttet. de l'Acad. royale de medec.; 2laquo; seric, I. IX (discours), p. 39.
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— 12 — de terme de comparaison, qui furent soumis ä I'influence directe de la contagion, en mime temps que 34 des sujets inocules, 14 (soil 58 pour 100), avec ou sans symptomes apparents, out ressenti 1'influence contagieuse (1). raquo;
3deg; Voici ce que je rencontre dans le troisieme et dernier rapport de la commission officielle neerlandaise :
laquo; En comparant les pertes causöes par la pleuropneu-monie chez les animaux inocules et non inocules qui ont servi aux experiences de la commission, on constate que, de 51 sujets inocules, 3 sont devenus malades, et que de 10 non-inocules, 9 ont contracte la pleuropneumonie, h. la-quelle 8 ont succombe (2).
Ce sont \h des tcmoignages unanimes tres importants et bases sur des fails positifs bien observes et rigoureusement demontres, que ne sauraient certes infirnier tous los faits negatifs, si nombreux qu'ils soient, constates dans des con­ditions differentes et peut-etre avec moins de rigueur et moins de precision.
FAITS KT APPRECIATIONS.
France.— Je commence par ce pays, oü la decouverte de l'inoculation a regu tout d'abord un accueil sympathique et bienveillant de la part des savants qui president aux des­tinies des sciences medicales et v^terinaires. La France, du reste, qui possede 12,000,000 de tetes de bötail, devait d'autant plus s'intöresser ä l'annonce de la preservation de ses troupeaux, que la pleuropneumonie y exergait depuis piusieurs annees dej;* ses terribles ravages, et plus parti-
(1)nbsp; Rapport, p. 78.
(2)nbsp; Md., p. 36.
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mmmm
— 13 — culierement dans le Nord et chez les nourrisseurs des envi­rons de Paris.
II serail fastidieux et superflu de relater tons les faits d'inoculation citös dans les diverses publications agricoles et vamp;erinaires; de rappeler les savantes discussions de la Socicte centrale de medecine veterinaire que Ton peut lire dans son Bulletin, oü je constate que presque tous ses mem-bres sont convaincus de l'efficacite de l'inoculation et la proclament hautement.
Le jugement qu'a porte surcette question la commission scientifique franchise est d'une grande valeur; le voici:
laquo; L'inoculation du liquide extrait des poumons d'un animal malade de la peripneumonie possede une vertu pre­servative; eile investit rorganisme du plus grand nombre des animaux auxquels on la pratique d'une immunity qui les protege contre la contagion de cette maladie pendant un temps encore indetermine. raquo;
Ce jugement a ete depuis confirme par les savants les plus autorises, tels que : MM. H. Bouley, Sanson, Prince, Saint-Cyr, Mathieu, Viseur, Lenglen, Boulay d'Avesnes et beaucoup d'autres.
Voici les appreciations toutes r^centes de M. Bouley, inspecteur des ecoles veterinaires de France, membre de rinstitut et, sans contredit, un des hommes les plus com-petents dans la matiere:
laquo; Au point de vue pratique, la question de l'inoculation preventive est definitivement resolue et ne souleve plus de dissidence. L'experience a prononce : son efficacitö ne peut plus etre mise en doute. Je rappellerai ü cet ögard deux faits bien demonstratifs : lorsque, en 1866, le gouverne-ment m'envoya en Angleterre pour etudier le typhus, je fus
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surpris d'y voir rinoculation de la peripneumonie comple-tement entröe dans les habitudes des öleveurs. Pendant qu'on discutait encore en France — et la discussion durait depuis quinze ans! — les Anglais, avec leur grand sens pratique, avaient expörimentaloment reconnu les bons ettets de l'inoculation et la mettaient ä profit.
raquo; U y a quelques annees, M. le comte de Paris me con-sulta, par Fintermödiaire de M. Gueneau de Mussy, sur les moyens d'arreter les ravages que la peripneumonie causait dans les etables de ses fermes de Normandie : je conseillai l'inoculation, qui arreta comme par enchantement l'öpi-zootie, la fit disparaitre et, depuis, en pröserva cotnplöte-ment les etables decimees. Encore une fois I'experience a prononce (1). raquo;
M. Sanson, v^rinaire distingue, professeur ä l'Institut agronomique de Paris, etc., s'exprime ä son tour tie la ma­nure suivante :
laquo; Ce qui est vrai, c'est qu'aujourd'hui tout le monde est convaincu de l'efficacite de l'inoculation; c'est qu'elle gagne tous les jours du terrain; c'est qu'elle est en­tree dans la pratique journaliere des contrees oü Ton engraisse beaucoup de boeufs, oü la maladie parait avoir pris naissance et avoir fait le plus de ravages (2). raquo;
M. Mathieu, savant veterinaire ä Sevres, que j'ai däjä cite, s'exprime comme suit:
laquo; Quant ä l'inoculation, dont MM. Leblanc et Cagny sembient contester la vaieur, eile a fait ses preuves, et nous somrnes de ceux qui croient ä son efticacite prophylactique
(1)nbsp; Bulletin de la Sociele cenlrale de me'decine veterinaire de France, fevrier 1879, p. 2H.
(2)nbsp; Ibid.
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et curative, quand eile est pratiquäe selon les regies que nous avons indiquees. A l'appui de ce qui pröcöde, per-mettez-moi, etc. (1).raquo; Puis il cite un grand nombre dc farts probants en faveur de cette pratique.
M. Saint-Cyr, un des professeurs les plus äminents de I'Ecole vetörinaire de Lyon, dans une lettre qu'il me lit l'honneur de m'adresser, il y a quelque temps, dit:
laquo; Je n'ai pas ete des premiers ä proclamer rexcellence de votre d^couverte; je suis peu enthousiaste de ma nature, et je confesse que je ne l'accueiilis d'abord qu'avec ässez d'incr^dulitö. En tout cas, la question etait grave et, avant de me prononcer, je voulais atlendre : j'attendis.
raquo; Maintenant, et depuis longtemps dejä, ma conviction est faite : je crois aux vertus preservatives de l'inoculation. La vdrifö a souvent du mal a triompher : Galilee, Harvey, Jenner ont eu bien de la peine ä faire accepter leurs decou-vertes. Elles ont triomphö ä la fin; la vötre triomphera comme celles que je viens de rappeler, parce qu'il est de l'essence de laveritö de I'emporter ä la fin sur l'erreur.
raquo; Certes,mon opinion est de peu de poids,comparäeaux adhesions d'hommes beaucoup plus haut places que moi, et qui ne vous ont pas manque. Mais si peu importante qu'elle soit en elle-meme, une conviction sincere a toujours une certaine valeur, et la mienne est acquise ä votre decou-verte, etc. raquo;
M. Boulay, veterinaire tres competent, ä Avesnes, qui s'est livrö depuis un grand nombre d'anndes ä la pratique de rinoculation avec la vraie passion de la recherche de la verite, dit:
laquo; Depuis que je me suis promis de faire beneficier l'agri-(1) Ibid., du 15 ddeembre 1879, p. 1206.
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- 16 — culture des avantages certains fournis par I'inoculation do la pleuropneumonie, je vois tous les jours le resultat de mes efforts repondre ci mes espörances; peut-etrepas aussi completemenl que je le desirerais, mais suffisamment pour m'encourager a resler le champion de la cause que je me suis propose de faire triompher. Pour arriver ä mes fins, non seulement j'ai continue mes experiences personnclles, inais j'ai reclame le concours des vdterinaires, des prati-ciens, des öleveurs; j'ai public dans un journal de l'arron-dissement le travail insere jadis dans le Becueil; je me suis mis en quetc des experiences tent^es dans nos environs par les hommes de progres. Aujourd'hui, je vais donner la rela­tion exacte des inoculations pratiquees; j'indiquerai egale-nient les fautes commises dans ces difförentes operations; vous jugerez jusqu'ci quel point je suis en droit de tirer des conclusions aussi absolues (1). raquo;
Puis, I'annee suivanle, M. Boulay, apres avoir relate un nombre considerable de faits d'inoculation, ajoule :
laquo; Ces faits ne demontrent-ils pas, avec tant d'autres dejä publies, la puissance de I'inoculation, et ne doivent-ils pas donner ä reflechir aux v^terinaires recalcitrants qui sc refusent encore k recourir ä cette operation ? laquo;
Apres ces citations si categoriques et que je pourrais multiplier, il me semble inutile d'insister davantage sur les opinions hautement favorables exprimees par presque tous les velerinaires fran^ais.
11 n'est done pas etonnant que, dans ce beau pays, si riche par son agriculture, plusieurs personnes aientpense, mais fimidement encore, ä rendre I'inoculation obligatoire.
M. Viseur, veterinaire departemental du Pas-de-Calais,
(I) Rccueil deme'd. ve'Ur., mars 1876, p. 293.
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— 17 — clans un rapport fait ti la Sodete ceulrale d'agriculture de ce departement, en Janvier 1876, propose de faire concourir l'inoculation ä la preservation centre la pleuropneumonie, en organisant un service departemental analogue a ceiui de la vaccine. Suivant lui, sans la rendre obligatoire, it serait facile d'en faire appröcier les avantages par les proprietaires de bestiaux, si eile devenait le principal moyen d'abreger la sequestration des etables infectees.
La Society centrale d'agriculture du Pas-de-Calais a donne son approbation aux conclusions du rapport de M. Viseur, et a laquo;exprime le vceu raquo; que l'adniinistralion de l'agriculture provoque, le plus tot possible, une action commune contre la pleuropneumonie dans les departements de l'Aisne, de la Somme, du Nord et du Pas-de-Calais, et quelle favorise de tous ses efforts la pratique do l'inoculation preserva-trice chez les cultivaleurs qui n'en connaisseut pas les avan­tages (1). raquo;
M.Tuissereiic de Bort, alors miuistre de l'agriculture et du commerce, a preconise ä son tour l'inoculation ofticielle-ment, dans une circulaire,en date du 3 aoütl873, adressöe aux prefets; apres avoir prescrit la sequestration pour le betail infecte pendant une periode de trois mois, a dater de la disparition du dernier cas de pöripneumonie, cet liomme d'Etat ajoute :
laquo; Peut-elre aussi cette mesure nocessaire d'une seques­tration prolongee aura-t-elle pour consequence de deter­miner les proprietaires ä recourir plus souvent qu'ils ne le font aujourd'liui, ä l'inoculation preventive de la peri-pneumonie contagieuse. Cette precaution a fail sutHsam-ment sespreuves dans quelques-uns de nos departements et
(•I) Recueil demddecine ueU'i-inaire, juiii 1870. p. 6(gt;9.
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— 18 — dans Irs paysetrangers, pour qu'on soil pleinement autorise aujourd'hui a la rccommandcr. Si tel devait etre un des eftcls de la mise en vigueur, contre la peripneumoniecon-tagieuse, des inesures sanitaires que je viens de rappelen, ce resullat seul sufiirait pour les justifier (1). raquo;
llalie. — Dans aucun pays du monde, rinoculation n'a ete plus en honneur que dans celui-ci. Des 1852, diverses commissions ofticielles furent institutes dans les differentes provinces pour etudier et constater les effels de rinocula­tion comme moyen preventif de la pleuropneumonie. La nouvelle methode so repandit rapidement, surlout dans la haute Haue, oü I'existence agricole est si inlimement lice ä la conservation du betail. Des experiences multiplies eurent lieu partout; les conclusions des commissions otti-cielles furent toutes favorables ä la pratique de l'inocula-tion, qui s'introduisit insensiblement dans les usages habi-tuels des detenteurs de betail.
En 1856, la Societe d'agricvlture des Etats-Sardes decerna ä un savant qui m'avait honore de sa precieuse amitie, et dont je garderai un etcrnel souvenir, le regretle docteur Ponza, medecin en chef de l'hospice des alienes a Alexan-drie, une medaillc d'or, comme ayantelelc premier promo-teur de la methode Willems en llalie. raquo;
Les commissions ofiicielles de la Socielii d'tujriculture des Etats-Savdes et de la Chambre de commerce el d'indmtrie de Pavie, out relate tout au long un grand nombre de fails a l'appui de leurs conclusions favorables ii rinoculation; I'Academic me saura gre, sans doute, de ne pas les rappor-tcr au long.
Quoi qu'il m'en coüte, je le repete, dc devoir mettre ici
(1) Recucil de me'decine velerinaire, avril 1875, p. 2ii.
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— 19 — ma persomialiu'' en jea, je no saurais t'ournircle meilleures preuves de la faveur reelle dont jouit en Italie la decou-verte de riiioculation, qu'en donnant qiiel(|Lies details sur l'accueil que l'inventeur de cette pratique re^ut dans ce pays, pendant un voyage qu'il y fit en 1872. Cost une nccessile (|ue m'inipose Tinteret de la cause que je defends.
Les agriculteurs dc la Lommelline, oü, avant '18o2,sevis-sait avec grande intensite la peripneumonie qui devastait regulierement les troupeaux de leurs fermes si riches et si bien tenues, en causant des pertes incalculables, eurent recourse rinoculation, et au bout de quelque temps leur betail fut delivre des ravages du fleau epizootique.
Ces agriculteurs et proprietaires ayant appris que je visitais leur contree, saisirent avec empressement et spon-tanement I'occasion qui se presentait si fortuitement pour me temoigner pcrsonnellement leur reconnaissance. 11s organiserent une fete brillante, et m'inviterent ä me rendre ä Mortara, chef-lieu de Tarrondissement, oil la Societe agricole, le comite medical et la municipalite me mena-geaient une reception eciatante. J'etais vraiment confus des honneurs qu'ils avaient accumules sur mon humble per-sonne. Des senateurs, des deputes, beaucoup de membres du corps medical, de la corporation des medecins veteri-naires, venus de tous les points du pays, de riches proprie­taires et surtout les agriculteurs de la Lommelline s'etaient reunis pour venir prendre part h la fete et me serrer cor-dialement la main.
Au banquet, qui eut lieu dans les salons de la gare, M. le depute Passavini, en me remettant l'adresse du Con-soil communal, dit: laquo;quesavilla natale a cm de son devoir
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— 20 — et de son honneur de se rendre Pinterpröte üdcMe de toutes les communes de la Lommelline, qui saluent aujourd'hui, en la personne de M. le docteur Willems, le bienfaiteur de l'industrie agricole italienne, desormais ä l'abri des ravages lt;le la plenropneumonie, gräce ä la prodigieuse decouverte de rinoculation, etc. raquo;
Quelques instants apres, M. le senateur Plezza, president de la Societe agricole, se leva et prononca entre autrcs les paroles suivantes :
laquo; Lorsqu'OD homme, par ses veilles, ses etudes, son intelligence, reussit ü arracher ä la nature un secret utde, lorsqu'un homme a le bonheur de decouvrir une nouvelle application de la science utile ä tout le genre humain, des ce moment, cet homme n'apparlient plus a la nation qui l'a vu naitre, mais il est citoyen de tous les pays du mondc, parce qu'il appartient comme bienfaiteur ä I'lmmanite enliere. Et c'est pour ce titre de bienfaiteur de l'humanitö entißre, que j'ai aujourd'hui l'honneur de presenter au docteur Willems ce diplome de President honoraire perpe-tuel de la Societe aijrkole de la Lommelline. Et c'est h. ce titre que je lui tends la main, comme ami, au nom de tous nos agriculteurs, etc.......raquo;
Apres le senateur Plezza, ce fut 31. Strada, president du comitö mödical, et puis le profcsseur Papa, qui parlerent au nom des medecins et des veterinaires.
M. Bouley, qui, dans le Remeil de medecine veterinaire (1), rapporte tout au long cetle demonstration de la reconnais­sance publique, ajoute :
laquo; C'etait une fete grandiose, fete de reconnaissance pour les services rendus, par sa decouverte, ä la science, ä l'in-
(i) Octobre 1872, p. 792.
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dustiie agricole, a riiumanitc tout entiöre. Ci; nous parait etre lä une demonstration vigoureuseraent probative de la valeur de Tinoculation. Si eette pratique preventive n'avait pas fait ses preuves par la grandeur des services rendus, eile n'aurait pas altire ;i celui qui a eu le merite d'en con-cevoir et d'en preconiser l'application, ces temoignages de la reconnaissance publique qui viennent de lui etre adresses avec tant de spontaneite et d'enthousiasme dans une pro­vince dont le betail et ses produits constituent la richessc-principale. II y a dans cette demonstration une preuve indi-recte de la valeur de l'inoculation, qui est ä nos yeux d'une grande importance. raquo;
G'est ainsi que j'ai egalement eompris cette manifestation, dont il m'etait impossible, vous le voyez, messieurs, de ne pas parier dans ce travail.
Allemagne. — Je ne puis, pour ce pays, que repeter ce que j'ai dit au sujet du precedent, c'est-a-dire que le Sys­teme de rinpculation a ete beaucoup experimenUi et a etlaquo;1, suivi des resultats les plus feconds, en Prusse, dans le Wurtemberg, le Hanovre, la Saxe, la Boheme et dans tous les autres Etats. Cela est constate dans un grand nombre d'ecrits de savants veterinaires et surtout dans les differents rapports ofliciels de la commission gouvernemenlale d'Ober-Baroin, au nombre de seize, elabores par JIM. Ul­rich, Bretsch, Cliristanni, Hering, Schmidt, Thäer, Vater, etc. Angleteire. — Amerique. — La pleuropneumonie s'est introduite en Angleterre, en 1842, par du betail venant de liollande, el en Amerique, en 1843, par une vache alle-mande directement importee de l'Europe; puis plus tard encore, en 1847, des betes arrivees de l'Anglelerre y occa-sionnerent de nouveaux foyers d'infection.
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Le tort cause par le fläau dans ces deux pays est fort considerable; car d'apres M. Gamgee, professeur vöterinaire ä Londres, les pertes annuelles occasionneespar la pleuro-]incunionie dans le Royaume-Uni se sont elevces ä une mnyenne de 2,000,000 do Uvres sterlings, ce qui prouve rimmense etenduc des ravages exerces par ce fleau epizoo-tique.
L'inoculation preventive y a ete mise en usage comme partout ailleurs. Chez les nourrisseurs de Londres, toutes les betes sont inoculees. II en est de meme dans beaucoup de fcrmes et plus particulierement en Irlande. Si l'inoculation est entree dans la pratique des Anglais, qui sont gens tres soucieux de leurs intörets, il taut croire qu'ils en out fait la preuve experi men tale et qu'elle leur a donne des avan-tages et des benefices assures. II est impossible, superflu meme de doiiner le detail des noinbreux faits qui ont con-vaincu les savants et les praticiens de ce pays de retticacite de l'inoculation.
Voici cependant, entre autres, un reeit qui offre une grande valeur probative et qui se trouve consigne dans le Nquot; de decembre '18quot;o du Veterinarij-joiinutl, public par M. Fleming, communique par M. Bradshaw, velerinaire ä Portrush, et recueilli dans le Becueü de medecine veleri­naire, deM. Bouley.
laquo; II y a quelques annees, alors que j'etais encore aspi­rant aux bonneurs veterinaires, n'ayant pas termini men temps fl(! stage, la peripneumonie fit invasion dans plu-sieurs fermes du Sud de l'Irlande avec une teile violence, dans le plus grand nombre des cas, qu'elle causa la des­truction de plusieurs des troupeaux auxquels eile s'etait attaquee. Durant les progrSs de la maladie, trois fermes
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voisincs de celles qui avaient ctö les premieres attcintes furent ä leur lour infecte'-es par la contagion. Je les desi-gnerai, pour les distinguer, par les nos 1, 2 et 3. Apres la perte de quelques betes, les proprietaires des fermos 1 et 2 erurent prudent do demander une consultation, et le vete-rinaire dont j'etais le stagiaire prescrivit de faire abattre tous les animaux malades et d'inoculer tons ceuxqui, dans les deux fermes, ne l'ötaient pas encore.
raquo; C'est a moi que fut confie le soin de cette operation.
raquo; En consequence, tous les animaux sains (65 dans une ferme et 63 dans I'autre) furent inocules suivant le mode ordinaire, avec cette difference toutefois qu'au lieu de faire Tincision a rextremite de la queue, je la pratiquai plus haut, a environ 7 a 8 pouces de la racine. Un peu de virus pneuiuonique, provenant d'un poumon partiellement ma-lade, fut introduit dans chaque incision superficielle, et i'on appliqua im pansoment avec une toilo de calicot, en vue de proteger la petite blessure contre les mouches et les souillures.
raquo; Dans les quatorze a quinze jours qui suivirent Topera-tion (au bout d'un plus long temps pour quelques cas), un etat febrile general se manifesta,caracterise par la diminu­tion du iait chez lesvacheslaitieres,et chez tous les animaux par los symptomes propres ä eel etat morbide et par l'in-flammation locale, au point de l'inoculalion. Dans quelques cas, le gonflement fut si considerable, qu'on dut recourir ä des scarifications, et que deux a trois animaux de la ferme n01 perdirent leur queue. Aucun accident de cette nature ne se produisit dans la ferme n02.
raquo; J'cus la satisfaction de constater qu'apres la dispari-tion des phenomenes consecutifs ä l'inoculation, sur ces
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— 24 -cent vingt-huit betes, aucun cas de pöripneumonie ne se manifesta dans Tune et l'autre ferme, etqu'ainsi la maladie fut laquo; nipped in the hud raquo;; ä la lettre : comme une planle raquo; fletrie avant d'edore. raquo;
raquo; Ces deux exemples contrasterent de la maniere la plus heureuse avec ce qui se passa dans la ferme no 3, ou I'ino-culation ne fut pas pratiquee. Sur quarante-cinq ou qua-rante-six betes qui formaient l'effectif de cette etable, trois veaux seulement resisterent aux ravages de la maladie et survecurent.
raquo; A la meme öpoque, j'ai su que la peripneumonie ayant fait son apparition dans les troupeaux dun gentilhomme dont la propriete etait voisine des fernics dont il vient d'etre parle, Tintendanl avail reussi, egak-mcnt par I'inoculation, ä prevenir le developpemcnt de cette maladie. raquo;
M. Bouley ajoute : laquo; M. Bradshaw s'etonne, en terminant son recit, qu'en presence de faits pareils que rexperience qu'on a aujourd'hui de rinoculation pcrmeltrait de multi­plier, il se rencontre encore des membres de la profession qui, sans avoir suffisamment approfondi cette question, contestent ä rinoculation son efficacite preventive. Pour lui, il ne lui semble pas que cette efticacitc puisseetre mise en doute, et il demande a ceux qui ne I'admettent pas d'appuyer leur maniere de voir sur des preuves ayant quelque valeur (1). raquo;
Avslralie. — La pleuropneumonie est aujourd'hui la ma­ladie predominante non seulement dans la nouvelle Galles-du-Sud, mais dans toutes les autres colonies australiennes. Elle a el6 introdu ite dans ce coin recule du monde, si riche en paturages planfureux, en 1858, par une vache anglaise
(I) Recueildc me'decine vete'rinaire, fevricr 1876, p. 161.
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importee par M. Bondle, on Victoria, et döbarquee ä Mel­bourne.
Elle mourut de la pleuropnfumonie six semaines aprös son arrivee, cequi prouve la longuc incubation possible de cette afiection, car la traversee d'Angieterre en Australie, par bateaux a voiles, est d'environ trois mois. Du reste, un fait analogue s'est presente lors de I'introductioD de la pleuropneumonie au Cap de Bonne-Espeiance, par un taureau holiandais.
II y a, en Australie, d'apres M. Bruce, veterinaire emi­nent, inspecteur en chef du bctail, a Sydney, au deli de 4,000,000 de tetesde betail.
Au mois de novembre 1874, j'ai ete honore de la visite de M. Bruce, envoye par legouvernement britannique, en Belgique, en France, en Allemagne, etc., pour se rensei-guer sur le precede et la valeur de rinoculation preven­tive.
C'est ä M. Bruce que j'emprunte les details qui vont suivre :
laquo; De Victoria, la pleuropneumonie se repandit bientut dans toute la colonieetde li dans les autres colonies, e'est-a-direj dans I'Australie meridionale, la nouvelle Galles du Sudetle Queensland,par les bceufs d'attelage, qui vont par-tout. Les pertes occasionnees par la maladie ont ete eva-luees ä 30 ou 40 quot;/„ du chift're total du betail, e'est-a-dire, environ 1,404,079 tetes.En prenantseulemenl une moyenne de 6 livres par tete, on arrive a une perte totale, pour les quatre colonies, de 8,300,100 livres ou 212,500,000 fr. pendant quatorze annees, car la pleuropneumonie ne se repandit en Australie qu'a partir de 1860.
raquo; On essaya d'abord, pour arreter la marche envahis-
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santo de la maladie, fie tous les moyens imaginables, inais rien n'y fit. L'abatage de tout le betail malade et suspect fut ordonne, mais cette mesure ne röpondit pas a son but; olle etail du ivste trop onereuso et fut bientot abandonneo.
raquo; En 1861, riiioculation preventive fut pratiquee pour la premiere fois par M. Thomas Mitchell, en Victoria, et apres, en 186!2, dans la nouvelle Galles du Sud; puis olle se repandit insensibloment, et actuellement (1874), ajoute M. Bruce, riiioculation est generalement pratiquee on Australie, avec un plein succ^s. Aussi le nombre de ses partisans ne fait qu'augmenter de jour en jour. raquo;
Dans son rapport de 1876, adresse au gouvernement britannique, M.Bruce constate que,depuis 1861 jusqu'a 1876, plus de 1,500,000 totes do botail ont ete inoculoes en Aus­tralie, avec un succes inconteste. II dcmande que I'inocu-lation soit rcndue obligaloire et qu'elle ne soil pratiquee que par des personnes autorisees par le gouvernement. Les conclusions auxquellos arrive ce veterinaire distingue, sont identiques Ji cellos formulecs par les inspecteurs en chef du betail, lors d'une conference lenue ä Sydney, en novem-bre 1874, et que voici :
1deg; Que, en Australie, comme dans toutes les autres par-tics du monde, toutes les tentatives pour gu^rir cette maladie ont etc vaines et infructueuses ;
2deg; Que les essais qui ont ete faits dans les colonies pour faire disparaitre la pleuropneumonie, en detruisant les troupeaux infectes, n'ont pas alteint leur but;
3n Que I'inoculation est generalement pratiquee et qu'elle est reconnue comme le moyen preventif par excellence contre la pleuropneumonie epizootique.
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Neerhmde. — A partir de 1830, epoque de la premiere apparition du fleau, ce pays fut pendant un grand nombre d'annees le foyer principal de la contagion pneumonique en Europe; cette contagion se repandit de la en Angle-terre, en Ameriquc, au Cap de Bonne-Esperance, etc.
Les Neerlandais avaiont d'autant plus d'inleret ä lutter energiquement contre cette redoutable maladie qu'une grande partie de leur fortune se trouve engagee dans le commerce du betail, lequel compte environ 1,300,000 tetes pour tout le royaume. Aussi, nulle part I'inoculation n'a-t-elle ete accueiilie avec plus d'empressement, et iei je dois rendre un hommage merite aux eftbrts conscienoieax que le gouvernement des Pays-Bas a faits pour arriver ä la constatation de la verite.
Deja en 1852, unc deputation de savants veterinaires et de professeurs.de locole d'ütrecht, ayant h leur lete le directeur de cette ecole, le docleur Welleribergh, fut en-voyeo a Hassclt, ü i'eti'et de se renseigner sur la valeur du nouveau remede pruconise pour combattre 11 pieuroaieu-monie exsudative.
Depuis cette epoque jusqu'a ce jour, un nombre consi­derable d'experiences out ete institutes, et les resultats favo-rabies ne se sont pas fait attendre. Cela ne doit pas nous etonner, car les Neerlamlais sont des observateurs serieux et peu entbousiastes de leur nature. Ils n'acceptent pas facilement ce qu'on lour propose; ils vont droit au but, c'est-ä-dire, qu'ils recherchent ce qui est vrai et sur-tout ce qui pent delivrer leur pays, si riebe en betail, d'un lleau qui causait laut de pertes a la fortune publique.
line commission otlicielle, scientifique, fut immediate-ment institute pres le Ministöre de I'lnterieur et, apres
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— 28 — s'etro vouee ü sa lache avec beaucoup de conscience et de suite, apres avoir elaborö plusieurs rapports, eile conclut a I'adoption generale de la pratique de l'inoculation.
Les conclusions de cette commission etaient de nature ä porter la conviction dans lesesprits; elles determinörent le gouvernement ü favoriser et ä recommander la pratique de l'inoculation; mais, comme cette pratique fut d'abord abandonnee ä l'initiative privee, il arriva, dans ce pays, ce qui se passe ailleurs encore, que des vamp;erinaires peu expe-rimentes, des eleveurs et des nourrisseurs pratiquaient eux-memes l'inoculation tant bien que mal, souvent avec du virus vicie ou des maticres inertes. De Ik souvent, au lieu de resultats favorables, ils ne cgnstataient que des insucces, qui firent tomber l'inoculation dans le dis­credit, el le fleau meurtrier, au lieu de s'arreter, continua sa marche ä travers los nombreux troupeaux de ce pays.
Cette circonstance causa un moment d'arrßt dans la pra­tique de l'inoculation, et renthousiasme primitif pour la nouvelle metliodo se ralentit sensiblement. Le gouverne­ment neerlandais, dans ces circonstances inquietantes, eut recours ü l'abatage en masse des animaux malades et sus­pects, dans l'espoir d'arrivcr ä l'extinction de la maladie; mais cette mesure radicale laquo;itait trop onereuse pour la caisse de I'Etat; il lallut y renoncer. En 1877, I'Etat paya dece chef 1,400,000 francs, et, en 1878, 1,100,000 francs.
Les rapports officiels adresses au Roi par le Departement de l'lnlerieur portent le chiffre des betes pneumoniques, pour tout le royaume, en 1871, ä 6,078.
Le nombre dos betes malades (tst alle on docroissant, parce que, depuis cette epoque, dos mosures administra­tives rigoureusesont ete prises, et uno surveillance oxacte a
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- 29 — cte exercee sur les etables infectees. Le nombre des betes pneumoniques aurait ete plus consirlerable si on n'avait pas eu recours a l'abatage immediat des animaux suspects, vu qu'ä l'ouverture cadaverique de ceux-ci les lesions de la pleuropneumonie ont ete reconnues sur plusieurs d'entre eux.
Entretemps, beaucoup de detenteurs de betail conti-nuaient la pratique de l'iaoculation et sen trouvaient bien; ee qui est constate par presque tous les veterinaires de la Neerlande, et je citerai pour preuve la lettre adressee au directeur du Landbouw-Courant, le 7 septembre 1869, par M. Steigenvalt, uu des principaux veterinaires du gouver-nement, ä Leyde :
laquo; Vu les ravages actuels, dit-il, que la pleuropneumonie fait parmi les troupeaux et le peu de Sympathie que l'ino-culation rencontre chez les detenteurs de betail, il ne me parait pas inutile d'appeler encore une fois l'attention des Interesses sur cetle pratique.
raquo; Depuis 4853 que j'ai pratique l'inoculation, eile m'a paru clairement, dans la plupart des cas, etre un remede preservatif contre cette maladie tant redoutee. Jamals, cc-pendant, je n'ai observe des resultats aussi favorables et aussi evidents que ceux que je desire exposer en peu de mots.
raquo; Le 24 novembre de l'annee passet; furent inocules 21 animaux, presque tous adultcs, dans les päturages du l'ermier Vanderwilk, ä Warmond, tandis que 8 jeunes ani­maux (3 genisses et 5 veaux), appartenant au meme trou-peau, ne furent pas soumis ii I'operation. A la fin de decembro dernier, ces 27 animaux furent reunis dans une meine ctable en meme temps que 2 animaux adultos aussi
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non-inocuies et appartenant k un autre propriötaire.
raquo; Vers la tin de Janvier, la pleuropueumonie se declara parmi ce betail et eut pcur consequence que les 10 ani-maux non-inocules tombaient malades Tun apres l'autre, dont S succoiDb^rent, entre autres, les 2 animaux elrangers au troupeau, tandis que des l9iiiociiles pas un seul ne devint malade; tous, jusqu'a ce jour, sont reslös sains. raquo;
Le gouvernement, cependant, ne resta ni inactif ni indif­ferent et crut de son devoir d'engager scrieusenient la lutte contre le Mau.
En 18oS, il invita, par rintermediaire des commissaires du Koi pres des Etals-Provinciaux, les bourgmestres de la plupart des communes ii engager les eleveurs ü faire ino-culer leur betail, operation qui se faisait gratuitement, et les pertes subies laquo;Staient payees sur la caisse provinciale.
L'ne mesure tres imporlante fut prcscrite par arrete royal date du 17 avril 187S (1).
En vertu de cet arrele, tout proprietaire ou detenteur d'animaux, des qu'une tete de betail lui appartenant se trouve affectee de peripneumonie contagieuse, est tenu de faire inoculer, par un veterinaire diplome, toutes les betes bovines dcvenues suspectes ä la suite de ce premier cas morbide.
La disposition suivante fut ajoutee au precedent arrete par un arrete royal, en date du 30 juin 1873 :
laquo; Le proprietaire, le detenteur ou le gardien de trou-peaux ne remplit-il pas immediatemotit ['obligation qui lui
(1) Le resumodc cos mesures administratives cst cxtrait des docu­ments ofliciels publies par le Departement de l'Inlerieur, en Neerlande, etcommuniquds ä la redaction des Annales de me'decine veterinaire de BruxeUes, par M. Jannc, veterinaire de district dans le duchö de Lim-bonrg, auqucl j'ai emprante le contenn de cos diverses mesures.
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est impos^e par rarticlo precedent, rinoculation aura lieu par les soins du Bourgmestre, sans prejudice des poursuites qui seront intentees contre le negligent, raquo;
Les encouragements en faveur de i'inoculation, les me-sures administratives prescrites par le gouvernement, telles que i'abatage des animaux malades et suspects, la sequestration, les cordons sanitaires, le recensemenl gene­ral avaient eu pour resultat une diminution considerable dans le chiflre des betes pneumoniques, mais ne parurent pas sutlisants pour eteindre completement la conlagion.
L'idee de rendre rinoculalion obligatoire s'imposait a l'esprit dc boaucoup d'eleveurs et d'un grand nombre de membres de diverses societes agricoles. Cette idee gagna du terrain, a tel point que plusieurs membres de la seconde Chambre dosElats-Generaux demanderent une enquSte par-lemenlairesurlaperipneumoniecontagieuse; car,scion eux, refticacite de toutes les mesures prescrites par le gouverne­ment elait loin d'etre demontree, et ils desiraient seclairer sur certains points encore obscurs de la pleuropneumonio, en enteadant des temoins, pris sur les divers points du pays, parmi les fonctionnaires du Ministere de l'lnterieur, les Bourgmestres, les savants, les professeurs de l'Ecole vete-rinaire, les medecins veterinaires, les praticiens et les elc-veurs.
L'enquete demandee fut ordonnee par la Chambre des deputes et votee, par 51 voix contre (5, le 26 avril 1877. 31. Heemskerk, minislre de I'interieur, composa une com­mission de cinq membres, qui entrerent en fonction au commencement de rannde 1878 et entendirent un grand nombre dc personnes competentes, prises dans toutes les classes de la societe.
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La commission pn-senia un rapport trfts volumineux äla Chambre, le 11 mars 1878, et conclut au renvoi de cc rap­port ä il. le Ministre de Tinterieur, avec priere de le prendre en sörieuse consideration; eile cxprima, en meme temps, le voeu du vpir le gouvernement encourager la pra-liijue de l'inoculation.
Ce rapport sh terminait par les conclusions suivantes :
laquo; En somme, le but que Ton lache si ardemment d'al-toindre ne le sera que par une application plus severe de la lui de 1870 et des ordonnances qui en emanent,et,partaiit, en veillant plus exactement au maintien de ces ordon­nances, dont les bons effets, du reste, ne peuvent etre mis en doute.
raquo; C'est pourquoi la commission a rhonnour de proposer ü la Chambre qu'il lui plaise de renvoyer le present rapport au Minisire de l'interieur, avec priere de prendre en sericuse consideration les divers avis qu'il contient. La commission (i'enquete demande,en outre, que la Chambre indique plus lormeliement la necessite :
raquo; 1quot; De renforcer la surveillance veterinaire de l'Etat dans les parties du royaume oü la peripneumonie con­tinue a sevir avec le plus de violence;
raquo; 2deg; De favoriser, par une modification de la loi du 20 juillet 1870, la declaration immediate du premier cas morbide qui se produit dans un troupeau;
raquo; 3deg; D'encourager rinoculation du betail commc moyen preventif contre la peripneumonie contagieuse. raquo;
La commission d'enquele a eu la satisfaction de voir approuver ces conclusions par la Chambre, et le Ministre de rinterieur, interpelle ä ce sujet, a repondu qu'il trouvait que les resultals de Tenquete etaient correctement decrits
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dans les conclusions du rapport, mais que ces conclusions memes, pour lui, ne constituent pas une loi, el ie 8 aoüt 1878 la loi suivante fut promulguee :
Loi du 8 aoüt 1878 concernanl les mesures particulieres ä prendre eonire la peripneumonie contagieuse dans des parties determinees du Royaume neerlandais.
laquo; NOUS, GtllLLAUME 111, CtC, CtC.
raquo;Art. 1er. L'inoculation et la marque, ou I'uue ou I'autre de ces deux mesures, pourront etre ordonnees par Nous dans les parties du royaume qui seront designees k eel effet par Notre Ministre charge de l'execution de la presente loi.
raquo; En cas de refus de la part du proprietaire ou du deten-leur de laisser inoculer ou marquer son betail, celui-ci sera saisi par le Bourgmestre, qui aura soin de faire proceder k l'inoculalion ou ä la marque aux frais du pro­prietaire.
raquo; Une tete de bölail vient-elle ä mourir des suites de l'ino­culation, d'apres la declaration du veterinaire du district ou de celui qui le remplace, le proprietaire sera indemnise de la valeur entiere de l'animal, considere en bon etat de sante.
raquo;Akt.2. Les proprietaires et les ddtenteurs de betail, dans les parties du royaume viscies dans I'article precedent, sonl tenus de laisser entrer le veterinaire de district ou ses sup-pleants, ainsi que les surveillants designes a cet ettet par Notre Ministre charge de rexecution de la presente loi, dans les etables, les prairies et autres sejours du belail, entre le lever et le coucher du soleil, s'ils y sent requis, sur rexhibition de leur brevet.
raquo; Art. 3. Le refus ou rempechementpar voies du iails de
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laisser penetrer les fonctionnaires montiomu's ä l'article 2 dans les ttablcs, les prairies ou autres lieux de sejour du belail, seront punis d'un mois a un an d'emprisonnement et d'une amende de 100 a 500 florins. En cas de recidive, ces peines seront doublees.
raquo; Aut.4. L'art. 463 du Code penal et l'art. 20 de la loi du 29 juin '1834 (journal officiel, n0 102) sont applicables aux debts prevus a l'article precedent.
raquo; Art. o. Les^dispositions de la loi du 20 juillet 1870 et des arreles pris par Nous, en vertu de cette loi, resteront en vigueur apres la promulgation de la presente loi.
raquo;Akt. 6. La presente loi est obligatoire lejour dc sa pro­mulgation.
raquo; Mandons et ordonnons, etc.
raquo; Donne au Loo, le 8 aoüt 1878.
raquo; (Signe) Guillaume. raquo;
Cette loi Cut suivie d'un am'te royal, en dale du 17 aoüt 1878, edictant les mesures a prcndre contre la pleuro-pneumonie et les divers details concernant I'application de la loi precitee. Void un des principaux articles du dit arrele :
laquo; Art. 6. Tout le betail bovin qui se trouve dans les ccrcles isoles, en vertu de l'article 1IV, sera inocule par dos veteri-naires diplomas, designes a cet effet par iVotrc Ministre de I'lnterieur; les betes inoculees seront ensuite marquees par I'application au fer rouge de la lettre V sur la cuissc droite, on dessous dc rarliculation coxo-femorale. Tout betail introduit dans les cercles isoles sera egalement inocule endeans les trois jours de son arrivee au lieu de sa destination par un des veferinaires commissionnes; la
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— 35 — marque lui sera applicjuee entre le septieme et le dixieme jour apres rinoculation, par les soins du bourgmestre. Aucun betail ne pourra etre mis en contact avec les betes marquees, avant d'avnir lui-meme tcqu la marque. raquo;
laquo; l.es motifs principaux (Je la promulgation de la presente loi.ditM. Van Driel, veterinaire de district tres distingue, ä Eindhoven, sont puises dans les resnltats favorables de l'inoculation obtenus par un grand nombre de veterinaires de la Meerlande pendant une vingtaine d'annees, et je dois ajouter que le corps veterinaire mjerlandais est gencrale-ment favorable ä la pratique de l'inoculation, car je n'en connais qu'un seul qui doute, men collogue Prakke, veteri­naire en Frise (1).
D'apres cette loi, rinoculation a et6 rendue obligatoire dans les cercles indiques par le Ministre de I'lnt^rieur dans la Sud-Hollande, c'est-ü-dire dans le district des distilla-teurs (Spoelings-district), pres de Schiedam, lequel district comprend dix-sept communes. Depuis la promulgation de la nouvelle loi (8 aoüt 1878), jusqu'au 18 Janvier 1880, l'inoculation a ete pratiquee dans ce cercle sur 62,374 ani-maux.
La diminution du nombre des cas de maladie s'est fait immediatementsentir d'une maniere remarquable. En 1878, 1,206 betes pnounomiques furent abattues, et 47o seule-ment en 1879.
Toutes les betes do ce district sont inoculees, et il est evident que, la premiere annee, beaucoup de ces animaux etaient dejä infectes au moment de l'inoculation. L'annee suivante, les betes nouvellement introduites n'etant pas
(1) Lettre que M. Van Uriel m'a fait I'hODnenr do m'adresser sous la dale du ii fevrier 1880.
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86 — encore infectees furenl immediatement inoculees; de \k sans doute la diminution dans le nombre des betes deve-nues malades.
L'etat actuel de la pöripneumonie, hors du Spoelings district, dans le reste de la Neerlande (renseignement que me fournit encore M. Van Driel), est egalement favorable, (/inoculation s'y pratique, mais pas d'une maniöre aussi generale que dans le Spoelings-district. Quancl la peripneu-monie se presente dans une locality, toutes les betes malades et suspectes sont abattues. En 1877, on comptait encore 956 sujets malades dans 78 communes, en 1878, 701 dans 72 communes, et en 1879, 187 dans 27 com­munes.
Voilä incontestablement des rösultats heureux qui out suivi rapplication rigoureuse de la loi du 8 aoüt 1878.
laquo; La peripneumonie a considerablement diminue, dit M. Janne (1), dans la Hollande meridionale, pendant le cours de 1878.
raquo; Aucun cas ne s'y est memo presente pendant lesderniers mois de l'annee dans la partie rhenane de cette province, nagußre encore si infectee. II est done permis d'y considerer le fleau comme entierement vaincu. L'application de la loi du 8 aoüt 1878 a produit les meilleurs resultats, et les eflets favorables de l'inoculation, employee comme mesure preventive, se font partout heurcusement sentir; apres l'inoculation de 35,000 tetes de betail endeans les quatre mois dans toute l'etendue du cercle isole, le chiffre morbide a tellement baissö, qu'il est permis d'esperer de voir bien-töt la maladie entierement extirpee dans le foyer de conta­gion.
(1) Annales de medecine väerimürc, mars 1879, p. 18-2.
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37 —
raquo; A Schiedam, une des communes les plus contaminees, oil Ton etail force d'abattre hebdomadairement une ving-taine de betes pneumoniques, on n'a observe qu'un ou deux cas morbides pendant les derniöres scmaines; et pendant les huit derniers jours de l'annee, 11 n'y a eu aucun cas de peripneumonie a Schiedam, ce qui, depuis 40 ans, n'etait plus arrive. raquo;
Puis, dans le Nquot; de decembre 1879, des Aimales de mede-dne veterinaire, page 724, M. Janne ajoute :
laquo; La peripneumonie est en pleine retraite. Cependant, une surveillance active est toujours necessaire. Dans les districts isolcs de la Hollande meridionale, I'epizootie diminue sensiblement. Les releves officiels n'indiquent (jue deux cas morbides pendant la derniere periode de quatre semaines. La somme portee au budget de 1880 pour combattre les maladies contagieuses a pu etre diminuee de 100,000 florins. raquo;
laquo; L'inoculatioo preventive, executee avec beaucoup de precision et de rigueur, grace aux efforts perseverants du gouvernement necrlandais, a produit les resultats les plus fructueux pour ce pays, essentiellement agricole. Ces resul­tats ont ete tellement satisfaisants, que plusieurs membres de la seconde Chambre des Etats-Generaux, apres avoir constate que, d'apres les dernieres communications du Gouvernement,/(?;)a(/s etait debarrasse lt;le lapleuivpneumonie eontagieme, ont exprimö le desir d'obtenir de rAilemagne et de l'Angleterre la levee de rinterdiction qui pese sur I'im-|)ortation du bctail hollandais.
raquo; Cette interdiction de la part do l'Angleterre cause ä la Neerlande, en moycnne, une perte de 10,000,000 de llorins par an, car le belail abattu peut soul etre importe. Les
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— 38 — dejiuti's croient, en consequence, qu'il appartient i la diplomatie d'insister sur la revocation de ces mesures vexa-toires, devenues inutiles (i). raquo;
II est a esperer que la Belgique, comme sa voisine du Nord, engagera la lutte conlre la peripneumonie epi/.oo-tiquo avec plus denergie et de Constance; qu'elle suivra l'exemple du gouvernement neerlandais, qui n'a rien neglige pour delivrer le pays des atteintes redoutables de cette affection, laquelle, depuis un si grand nombre d'annees, a porte des coups irreparables ä l'industrieet ä Tagriculture. La surveillance, la sequestralion, I'inocula-tion obligatoire, dans les localites infectöes, pratiquee exclusivcment par des veterinaires designes par le gouver­nement, voihl les mesures qui ont reussi chez nos voisins, et qu'il est ä desirer de voir mettre en usage dans notre pays oü, jusqu'ä present, on a tres peu fait pour encoura-ger la pratique de l'inoculation.
II est a regretter que le gouvernement beige n'ait pas suivi les sages conseils que lui a donnes la commission officielle beige, dans son dernier rapport, oü eile proclame la vertu propbylactique evidente de l'inoculation, et en recommande instamment l'application au betail. II est aussi ä regretter qu'il n'ait pas ecoute la voix de son judicieux rapporteur, Thonorable M. Crocq, qui, an 1866, appre-ciait cette question, et demandait l'application de cette pratique dans toutes les parties du pays menacees ou ravagees par le lleau; car en le faisant, la Belgique ne se serait pas laisse devancer dans les voies du progres par la
(I) Rapport pt'öliminairc de la seconde Chambre des Elals-Genüraux iitierlandais sur le budget de 1880 (Annales de meäccinc väeriiwire. Novembre 18quot;!), page 67i,).
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— 39 — Neerlande, dont tot ou tard eile sera obligee de suivre i'exemple, si ellc tient a delivrer le pays du fleau qui pise sur son Industrie et sur son agriculture.
Belgique. — Vous savez tons, messieurs, que dans notre pays rinoculation est pratiquee clans la plupart des exploi­tations industrielles et agricoles, dans les etables des distil-lateurs, d'une maniere permanente, etchez les agriculteurs et les laitiers quand le danger est menacant, alors que le Heau envahit leurs etables ou celles de leurs voisins.
Dans mes communications anterieures faites a I'Acade-mie,j'ai relate etgroupe plusieurs milliersde fails recueillis et observes sur tous les points de la Belgique; aujourd'hui je crois de mon devoir de presenter la relation des inocula­tions pratiquees dans la ville de Hasselt, oü la decouverte a pris naissance, il y aura bientot trente ans. .le ne citerai que les faits constates dans les etables de MM. les distilla-teurs, laissant de cote le detail des inoculations pratiquees chez les laitiers el les agriculteurs de la ville el des environs.
La ville de Hasselt, chef-lieu de la province de Lim-bourg, occupe une place importante parmi les villes de la Belgique, par la richesse de son induslrie agricole el de ses distilleries de genievre, lequel, apres celui de Schiedam, est repule le meilleur du monde.
L'engraissement du belail s'y fait sur une grande echelle, el les marches de Bruxelles, d'Anvers el de Liege, sont en grande partie approvisionnes par ses produits. II y a acluellemenl vingt distilleries en activite, dont les exploi-tants paient annuellement, au Tresor beige, pour droits d'accise, une somme de 4,000,000 de francs; le nombre des betes bovines qu'ils engraissent s'eleve en moyenne a 8,802 par annee.
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II est facile de comprendre que, parmi un si grand nonibre de troupeaux, les affections öpizootiques doivent d'autant plus facilement s'introduire, que le bötail est sou-mis a im regime de stabulation permanente et ä une nour-riture excitante et abondante, qu'il est entassö dans des etables chaudes et humides, souvent obscures et peu aerees. Ce sont la, du reste, des conditions essentiellement favo-rables et tres bien connues des nourrisseurs, pour häter Tengraissement; mais elles sont contraires aux principes d'une saine hygiene, prödisposent le betail ä l'invasion des maladies infectieuses, et par consequent ä la pleuro-pneumonie eontagieuse.
Une autre cause, qui joue un röle important dans la genese de cette maladie, c'esl le trafic continuel du betail, qui est amenö dans les etables des divers marches de la Belgique, de la Hollande, de la Prance et de l'Allemagne, car le betail occupant les etables des distilleries est conti-nuellement renouvelö. Les animaux n'y sejournent en moyenne que quatre ä cinq mois : ils sont vendus pour la boucherie et remplaces par d'autres.
C'est ainsi que, par ce commerce incessant, la pleuro-pneumonie a fait sa premiere apparition en Belgique, en 1828, dans les Flandres d'abord, d'oii clle fut intro-duite ä Hasselt, en 1836, dans les etables de M. Platel et dans celles de mon pore. Depuis cette epoque jusqu'ä ce jour, le lleau a promene ses terribles ravages dans toutes les etables de la ville et des environs. Dans les premiers temps, les pertes etaient considerables, parceque Ton tenta divers remedes pour arriver h la guerison de cette affection meurlriere, el dont aucun ne reussit. C'est pour ce motif que les distillateurs, mieux instruits par I'experience, ne
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— 41 — soumettent plus les malades k un traitemenl medical; ils out häte de les conduire k Fabattoir des rapparition des pre­miers symptomes de la maladie, etc'est vraiment lä le plus sage parti k prendre.
De 1836 k 1851, les progres de la maladie etaient si grands et les pertes si considerables que plusieurs distilla-teurs songeaient ä abandonner l'industrie de l'engraisse-ment. M. J.-J. Vanvinkeroye avail dejä remplaci5 ses trou-peaux de boeufs par une quantite considerable de pores.
M. Maris, vetörinaire du gouvernement, dit, dans son rapport officiel, qu'ä lui seul, il a constate, pour I'an-neel851, l'existence du mal sur 1,300 sujets.
C'est k cette epoque de recrudescence et d'extension de plus en plus menagantes de la maladie, que I'inoculation preventive fut preconisee pour la premiere fois.
II y a aujourd'hui trente ans (1850), que je faisais mes premiers essais d'inoculation, et vingt-huit ans que je les ai rendus publics, dans un memoire adresse ä M. le Ministre de l'Interieur de Belgique.
Les premieres applications publiques de I'inoculation i'urent faites chez MM. Ponet, Nys, Croonenberghs, distilla-teurs, puis dans les aulres etables de la ville, dans le reste de la Belgique, et finalement dans toute I'Europe et dans les autres parties du monde.
Apres avoir livr6 au public mon Systeme de preservation et l'avoir soutenu pendant quelques annees contre mes adversaires, souvent injustes, je l'ai abandonne k la dispute des savants et k la judicieuse pratique de MM. les veteri-naires; je me suis retire de la lutte, en reprenant les rudes labeurs de ma profession de medecin, sans cependant me desinteresser completement d'une question qui avail ete
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— 42 — pour moi un sujet de longues eludes et de serieuses metli-tations.
Comme ia ville de Hasselt a etö le theatre principal de la pratique de rinoculation pendant un grand nombre d'au-nöes, j'ai cru utile de reunir dans un tableau toutes les ino­culations qui y ont eu lieu depuis 1832 jusqu'aujourd'hui.
Pour atteindre sürement ce but, sans risquer de me tromper, j'avais adresse a MM. les distillateurs le question­naire suivant:
1deg; Combien de betes bovines possedez-vous?
2deg; Combien en engraissez-vous par an?
gt;5quot; Depuis quand inoculez-vous?
4deg; Combien en inoculez-vous par an ?
5deg; Combien en perdez-vous, pour cent :
A) De la pleuropneumonie apres rinoculation?
ß) De rinoculation elle-meme?
6deg; Quels sont les resultats de rinoculation au point de vue de la preservation du betail ?
Les reponses que ces messieurs ont bien voulu na'adres-ser sont resumees dans le tableau suivant, que j'ai fait suivre des appreciations de chacun d'eux en particulier.
Les chiffres que je cite ont öte fournis et signes par eux, toutes personnes honorables, serieuses eteclairees, et je me plais ä leur temoigner ma vive reconnaissance pour les facilites qu'elles m'ontaccordees pour I'accomplissement de mes rccherches.
La ville de Hasselt possede en moyenne, dans ses etables, 3,868 tetes de gros belail (1) renouvelees deux ä trois fois par an, ce qui porte le chiffre ä 8,802 sujets soumis annuel-lement ä l'engraissement.
(1) Dans on felevö n'est pas compris le betail des elablcs des agri-culteurs et des lailiers.
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43 —
TABLEAU des inoculalions pratiquees dans Ics etables des distillateurs dc la ville de Hasselt, de 1892 ä 1880.
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g
a
3 2
NOMS
des
distillateurs.
Nombre retalile.
des betes
inocu-
\6es et
engrais-
söes.
EPOQUE
de
I'inoculalion.
1
Croonenberghs, freres.
150
500
depuis 1852 ä 1880
2
De Borman, frtres.
80
240
laquo; 1852 ä1874
3
Hayen.
40
120
raquo; 1877 ä 1SS0
4
Elens.
60
180
#9632;• 1870 ä 1880
5
Louis-Rousseau et son predeces. M. Rousseau.
25
85
•• 1852 i 1880
G
Nys, Casimir.
600
1300
raquo; 1852 ä1880
7
Nys-Maris.
150
400
laquo; 1856ä1880
8
Platel-Jamine.
220
600
•• 1855 A 1880
9
Ponet.
250
700
- 1852 k 1880
10
Stellingwerft'.
55
100
1852 aino-cule par interv.
11
Vanrey.
100
300
depuis 1875 ä 1880
12
Vanstraelen, Louis.
80
240
quot; 1873 ä1880
13
A'anstraelen, fröres.
200
50O
raquo; 1852 a ino-culö par interv.
14
Vanvinkeroye, Louis.
200
450
depuis 1852 ä 1870
15
Vanvinkeroye, J. .1.
400
900
raquo; 1852 41880
16
Villers.
300
750
raquo; 1870 ä1880
17
Vinckenbosch, Ant.
195
400
laquo; 1852 ä1880
18
Vinckenbosch, Julien.
HO
270
•#9632; 1868 ä 1880
19
Vinckenbosch,Joseph.
180
400
- 1852 i1880
20
Vliegen, freres.
Totaux.
169
367
laquo; 1875i1880
3565
8802
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— 44 —
Dans ce tableau, ne figurent point les inoculations, tits nombreuses, faites dans les etables de fVu Palmers, Thiers, de M. Smeets, et dans celles de feu mon pere, parce que depuis un certain nombre d'annöes ces ötablissements sont passes dans d'autres mains.
Du tableau qui precede, il resulte que MM. les distilla-teurs possedent 3,860 tetes de betaii; qu'ils en engraissent en moyenne 8,802 par an, que tous inoculent et continuent ä inoculer apres vingt-huit annees d'experiences; que quelques-uns d'entre eux, qui parfois ont suspendu la pratique de l'inoculation, ont ete obliges d'y recourir de nouveau; que le chiffre dos betes inoculees depuis 1852, c'est-i-dire pendant vingt-buit annees, s'cleve ä 184,278; et que, en y ajoutant les inoculations pratiqueesdans leseta-blissements des distillateurs decodes depuis cette öpoquo et chez les laitiers et agricultours de la ville, on arrive faci-lement ä un chiffre total de 200,000 sujots inoculos.
Appreciations et repomes ä la cinquieme et ä la sixiemc question.
a)nbsp; MM. Croonenberghs, freres. — laquo; Nous avons perdu 6 betes, par suite de IMnoculation, en 1875, et 3o a 40 betes par suite de la pleuropncumonie, ayant neglige d'inoculer au moment de notre demenagement.
raquo; Nous estimons que le betaii inoculö avec du virus frais et pendant qu'il est encore place en quarantaine, est pro-serve de la pleuropneumonie. raquo;
b)nbsp; MM. De Barman, freres. — laquo; Nous croyons que l'ino­culation est un preservatif assure contre la pleuropneumo­nie. Nous avons perdu en moyenne 1 quot;/o des suites de IMnoculation et autant apres IMnoculation de la pleuropneu­monie. raquo;
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c)nbsp; M. Ilayen. — laquo; A la tin de 1878, je relt;?us chez moi un petit troupeau de betes frantaises, compose de 11 tetes; deux mois apres leur arrivee chez moi, qui n'avais jamais cu de betes malades, 8 conlracterent la pneumonie.
raquo; Depuis cette epoque, j'ai pratique I'lnoculation et je n'ai plus eu de betes malades; je pense, en consequence, que e'est le seul remede a opposer ä la marche de la maladie. raquo;
d)nbsp; M. Elens. — laquo; J'estime qu'il y a une perte de 11/2 quot;,„ par suite de rinoculation; j'inocule tout mon betail, parce que j'ai pleine contiance dans cette pratique. Avant de m'en servir, j'avais toujours beaucoup de cas de pleuro-pneumoniedont je suis aujourd'hui completement delivre.raquo;
e)nbsp; M. Louis-Rousseau. — laquo; Distillateur depuis le mois de levrier 1874, j'ai appris que depuis longtemps dejä mon predecesseur inoculait toutes les betes ä leur entree ä l'etable ut, comme il s'en trouvait bien, j'ai continue a le faire et je le fais encore.
raquo; Depuis que je suis distillateur, un seul cas de pleuro-pneumonie s'est presente sur le betail inocule. Sur 12 boeut's qui n'avaient pas ete inocules par defaut de virus, aucun n'a echappe a la maladie. Je crois devoir ajouter que,quot;dans l'etable oil so trouvaient ces 12 boeufs, il y en avait encore o autres qui avaient subi l'inoculation et, qu'apres une co­habitation de 3 mois environ, aucun des cinq n'a montrö le moindre signe de pleuropneumonie. raquo;
f)nbsp; M. JSys, Casimir.— laquo; Nous ne pardons pas de betes par suite de rinoculation, parce que quand I'engorgement nous surprend chez I'une d'elles, nous la faisons abättre. Nous constatons 6ou 7 cas de pleuropneumonie par an, et cela, ordinaireinent, seulement quand les betes sont a l'abattüir
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— 46 —
sans avoir presente des signes de maladie pendant la vie.
raquo; Les resultats de rinoculation sont excellents, car sans eile nous ne pourrions pas engraisser le belail et nous serious ruines. raquo;
ij) M. Nys-Maris. — laquo; Les pertes occasionnees par Tino-culation sont d'environ 1 % et celles occasionnees par la pleuropneumonie sont insignißantes.
laquo; Les resultats de l'inoculation sont parfaits, par rapport, ä la preservation du betail contre la pleuropneumonie. raquo;
h) M, Platel-Jamine. — laquo; J'evalue les pertes, parmi les betes inoculees, occasionnees par la pleuropneumonie, k 1 pour mille, et par l'inoculation ä 1 %.
raquo; Je pense que rinoculation est un preservatif presque absolu conlre la pleuropneumonie exsudative. laquo;
ij M. Ponet. — laquo; Parmi les betes inoculees, nous consta-tons tl peine 1 quot;/„ de perte comme suite de l'inoculation. INous avons rarement des cas de pleuropneumonie quand I'iroculation est faite dans de bonnes conditions.
o Dcpuis que nous pratiquons chez nous ce procede, letat sanitaire de notrebetail est tres satisfaisant. Nous tenons k conslater qu'avant l'inoculation nous avions dans nos etables 30 k 40 0/0 de betes malades.
raquo; 11 nous sera toujours tres agreable de pouvoir attester en toute circonstance que votre procede est un preservatif infaillible contre la pleuropneumonie. raquo;
j) M. Stellingwerff.— laquo; J'avais cesse d'inoculer mon betail depuis plusicurs annees; mais le grand nombre de cas de maladie qui se presentaient dans mes etables m'ont deter­mine k reprendre celte pratique dontje me trouve tres bien, car actuellement je n'ai plus de sujets malades. raquo;
I;) M. Vanrey, — laquo; Les pertes suhies par la pleuropneu-
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nionie, apres rinoculalion, s'elevent a 2 1/2 0/0; celles sur-venues par suite de l'inoculation eile meme söntun peu moins de 1 0/o.
raquo; Je Signale coninie digne de remarque que, de toutes les betes qui ont eu les queues gonflees ä la suite de l'inocula­tion el auxquelles j'ai elö oblige d'amputer un bout de cet appendice, aueune n'a contracte la pleuropneumonie. 4'attribue les cas de maladie que j'ai encore constates sur mon betail, ä ce que celui-ci avail ete acheteaux marches, venant de je ne sais quelles etables et portant probable-ment en lui le germe de la maladie lors de son arrivee chez moi.
raquo; Je considere rinoculalion comme un excellent preser-vatif. raquo;
l) M. Vanstraelen, Louis.— laquo;J'ai constate que les pertessont de 1 0/0 ä la suite de l'inoculation, dont je tais usage; mais ayanl neglige cette pratique pendant ma maladie de l'annee passee, qui a dure trois mois, 8 betes qui n'etaienl pas inoculöes sont devenues malades, el pour ce motif je suis convaincu que l'inoculation est un bon remede ii opposer a la pleuropneumonie. raquo;
mj M.Vanstraelen, Jean. — laquo; Ce distillateur inoculait, mais il est decede il y a peu de temps, el je n'ai pu obtenir des renseignements sur la pratique de l'inoculation dans ses etables. raquo;
n) M. Vanvinkeroye, Louis, ancien membre de la Commission ofl'icielle beige de la pleuropneumonie. — laquo; J'ai constate que 3 par mille, parmi les animaux inocules, sonl devenus malades par suite de la pleuropneumonie, et environ 1 quot; „ par suite de l'inoculation.
raquo; Les resullats que j'ai obtcnus par la pratique de Tino-
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— 48 — dilation sur mon betail,ont ete des plus satisfaisants, sur-tout quand je compare les annees, pendant lesquelles j'ai inocule, aux seize anndes anterieures, pendant lesquelles les etables etaicnt ravagees par la pleuropneumonie.
raquo; Pour ma satisfaction personnelle, j'ai instituö les expe­riences que voici :
raquo; Dansune memeetable,composee de34betes,j'avais fait placer d'un cote 17 betes inoculees.et de l'autre cöt^ ögale-ment 17 betes, mais non-inoculees; au bout de deux mois, 4 betes devinrent malades parmi les non-inoculees. Je soumis les 13 autres ä I'inoculation, el depuis lors, la ma-ladie a cessä.
raquo; Deux ans apres cette premiere experience, j'en lis une nouvelle : 34 betes y furent soumises, dont 17 furent inoculees at placees pele-mele parmi les non-inoculees. Au bout de trois mois, la maladie se declara parmi les non-inoculees et en enleva trois. Des lors, je fis inoculer ce qui restait des non-inoculees, et la pleuropneumonie cessa ses ravages, comme dans l'expörience precedente.
raquo; II m'est encore arrive, ä plusieurs reprises, d'acheter du betail trop avanceen graisse pour le faire inoculer, et qui, place dans mes etables, devenait malade Ik oil les betes inoculees restaient saines.
raquo; J'acquis ainsi la conviclion profonde de Tefficacite de I'inoculation et j'y soumis indistinctement tout mon betail.raquo;
o) M. Vanvinkeroye,Jem.— laquo; 11 me serait difficile de dire le nombre de betes qui ont eu la pleuropneumonie apres I'inoculation, ainsi que celui de celles que j'ai du faire abattre par suite de cette operation, parce qu'il y a une difte-rence d'une annee ä l'autre; mais, en somme, j'ai loujours
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— 49 — consider^ ce remede comme trös efficace, quoique j'aie tou-jours eu parmi les betes inoculees quelques cas de pleuro-pneumonie; at la meilleure preuve de ma confiance dans ce Systeme, c'est que jamais je n'ai cesse de l'appliquer ä mon betail. raquo;
p) M. Villers. — laquo; Les pertes chez moi ont ete, pour les betes inoculees qul ont conlracte la pleuropneumonie, de 2 p. c.,et pour celles quiontdü etre sacrifices, par suite de l'inoculation, d'environ 1 p. c.
jj Placees dans les memes conditions, les betes inoculees deviennent moins malades que celles qui ne le sont pas, et j'ai la conviction que l'inoculation est le moyen d'arreter I'epizootie. raquo;
q) M. Vinckenbosch, Antoine.— laquo; Je compte, en moyenne, une perte de 2 p. c. par la pleuropneumonie, et de p. c. par l'inoculation. raquo;
raquo; Je trouve que la pratique de l'inoculation est absolu-ment necessaire k l'engraisseur soucieux de ses interets. raquo;
r) M. Vinckenbosch, Julien.— laquo; Les pertes par la pleuro­pneumonie selevenl ä 2 p. c, et celles par suite de l'ino­culation ä 1 p. c.
raquo; L'inoculation est le seul moyen de preserver le betail du fleau de la pleuropneumonie, tout en n'etant pas un moyen infaillible. II est impossible d'engraisser du betail ä Hasselt sans inoculer. raquo;
s) M. Vinckenbosch, Joseph. — laquo; L'inoculation cause peu d'accidents graves; je les estime a 1/2 p. c. L'annee passee, j'ai eu quelques cas de pleuropneumonie dans mesetables. Je considere rinoculation comme une pratique utile. raquo;
t) MM. Vliegen, jreres. — laquo; Nous inoculons indistincte-ment tout notre betail. A notre arrivee a Hassclt, en 187S,
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-SO-les 16 tetes du premier troupeau de nos etables, et qua nous n'avions pas fait inoculer, sont toutes devenues ma-lades les unes apres les autres; depuis lors, nous faisons inoculer tout notre betail et nous sommes dciivres de la pleuropneumonie.
raquo; Les pertcs de queues a la suite de l'inoculation sont fort rares. raquo;
De l'ensembie de toutes ces reponses et des appreciations do MM. les distillateurs, il resulte :
1deg; Que les pertes, apres I'moculalion, causecs par Tope-ration elle-meme, ne s'elövent pas a 1 p. c., et que celles occasionnees par la pleuropneumonie sont de 1 ä 2 p. c;
2deg; Que tous ces messieurs, sans distinction, pratiquent l'inoculation et reconnaissent a cette operation une vertu-prophylactique assuree contre les ravages de la pleuro­pneumonie.
Ce sont certainement les avantages que ces industriels retirent de l'application de Tiiioculation a leur belail qui, apres vingt-huit annees d'experience, les engagent a per-severer dans une pratique ayant parfois ses inconvenienls,, mais qui, assurement, leur procure de grands benefices.
C'est aussi l'avis de M. 11. Bouley.
laquo; Les experiences de Rambouillet, dit-il, out ete con-cluantesen favour de l'inoculation, consideree au point de vuc physiologique. Ellas out demontre l'immunite de l'or-ganisme inocule. D'autres experiences out donne des resul-tats identiques. Et, enfin, les faits de la pratique se sont multiplies en si grand nombre, daiis tous les pays, qu'il faut bien en conclure qu'on a reconnu a l'inoculation une efti-cacite reelle, puisqu'clle s'est autant generalisee. Les interets
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— 51 — privös sont trop clairvoyants pour s'etre obstines dans l'em-ploi d'une pratique qui a ses inconvönients öconomiques par suite des accidents dont eile peut etre suivie. Si, malgre tout, on y a persevere, c'est qu'elle donne de bons resui-tats (1). raquo;
De ce nombre immense de faits, tous concordants entre eux; des opinions exprimees par les savants les plus auto-rises de toutes les parties du monde, des appreciations d'expörimentateurs aussi Interesses que consciencieux, il rösulte une consequence logique et evidente, ä savoir : que l'inoculation prömunit Torganisme du bceuf des atteintes de la pleuropneumonie,et que cette operation est desormais entrde dans le domaine des v^rites pratiques les mieux de-montrees.
SEOONDE PARTIE.
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Apres avoir retrace l'hisloire abregee des progres de l'inoculation, dans les differentes contrees du globe; apres avoir expose cette immense quantite de faits po-sitifs et probants, en faveur de cette pratique, faits obser­ves et recueillis dans les conditions les plus diverses, par des savants et des agronomes places dans les positions les plus opposees, et quelquefois meme adversaires de cette pratique; apres avoir donne un court aper^u des apprecia­tions emanant des observateurs les plus autorises, je conti­nue cette etude sur la pleuropneumonie exsudative par quelques considerations scientifiques et pratiques, que-je soumets avec confiance ä l'appreciation edairee de l'Acade-mie.
(I) ReciicU de mcdecine väcrinaire, 15 seplembre 1879, p. 189.
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C'est Ki l'objet de la seconde partie de ce travail.
4'espere vous prouver, messieurs, que mes experimenta­tions et mes doctrines d'il y a environ trente ans, relative-ment a la pleuropneumonie bovine et ä l'inoculation de cetle maladie, apres avoir passe par le creuset d'une cri­tique severe, loin d'etre un mythe ou une Utopie, comme d'aucuns Font pretendu, oftrent aujourd'hui, comme alors et plus qu'alors, les caracteres d'une incontestable exacti­tude. Elles sont basees sur des faits positifs et sur une observation rigoureuse des phenomenes qui se passent dans l'ordre de la nature.
Les principes que j'ai emis sur ce sujet, clans mes pre­mieres publications sont devenus plus evidenls au fur et it mesure que le temps et l'experience ont marche. Je les resume dans les propositions fundamentales suivantes. J'en developperai quelques-unes, me mettant, quant aux autres, ä la disposition de l'Academie pour en donner la demon­stration, s'il entre dans son intention d'ouvrir une dis­cussion sur I'importante question de l'inoculation pre­ventive de la pleuropneumonie bovine.
I.nbsp; — La pleuropneumonie exsudative est une maladie generale {totius suhstanlm) et specitique.
II.nbsp; — Elle est contagieuse, inoculable par miasme ou virus volatil, et par virus fixe. Elle ne nait jamais sponta-nement.
HI. _ L'inoculation produit une maladie generale, en tout semblable a ce que Ton est convenu d'appeler la pleu­ropneumonie exsudative.
IV.nbsp; — La pleuropneumonie exsudative n'atteint, ä de rares exeptions pres, qu'une seule fois le meme animal.
V.nbsp; — Le sujet dmnent inocule est a l'abri de la pleuro­pneumonie, il resiste ä la contagion.
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VI.nbsp; — L'inoculation ne produit aucun effet sur un ani­mal gutiri de la pleuropneumonie, ni sur un animal inocule une premiere fois avec succes.
VII.nbsp; — La pleuropneumonie est une affection propre et exclusive ä la bete bovine ; eile n'est transmissible ä aucun autre animal, ni ä Thomme, soil par contage, soit par ino­culation directe.
VIII.nbsp; — Le produit pathologique de rinoculation est en tout semblable ä la matiere exsudee dans les poumons et dans d'autres organes de la bete malade.
IX.nbsp; — La maladie inoculee ne transmet la pleuropneu­monie exsudative que par reinoculation.
X.nbsp; — Le liquide frais, produit de l'exsudation du pou-mon d'un animal malade, au premier ou au deuxieme degre, est le plus convenable pour faire l'inoculation.
XL — La queue de l'animal est le meilleur point pour im planter le virus.
XII.nbsp; — L'inoculation produit des effets plus violents sur les sujets et les troupeaux en puissance de Tepizootie, que sur les sujels ou les troupeaux non contamines.
XIII.nbsp; — L'inoculation n'agit pas h l'instar des derivatifs, tels que le s^ton, les trochisques, etc.; ce n'est pas non plus une inoculation seplique.
XIV.nbsp; — Le virus de la pleuropneumonie possede les proprietes des virus en general, c'est-ä-dire, celles de la contagion, de l'incubation et de la regeneration.
XV.nbsp; — Dans l'exsudat des poumons, dans repanchement des plövres et dans d'autres parties encore de l'animal ma­lade, comme aussi dans les produits de l'inoculation, se rencontrent des corpuscules-germes, des microbes, qui sont l'agent de la transmission de la pleuropneumonie.
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— 54 — XVI. — La pleuropneumonie exsudative, mieux connue aujourd'hui, ne doit plus etre rangee dans la classe des ma­ladies virulentes, mais dans celie des maladies parasi-taires.
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CONTAGION ET SI'ONTANKITK.
A l'epoque de mes premieres recherches sur la pleuro­pneumonie exsudative, en 1849 et ISoO, les savants qui jusqu'alors s'etaient occupes de cette affection etaient loin d'etre d'accord sur sa nature et sur son caractere conta-gieux. Les uns la consideraiont comme une maladie p.ure-ment inflammatoire des tissus pulmonaires, occasionnee par des causes externes, telles que le refroidisscment, pro-voquant une pneumonie a frigore, une nourriture trop ali-bile, echauffante, etc. Les aiitres, plus perspicaces, y vuyaient une maladie generate, une affection d'une nature specifique et contagieuse, et cette opinion avail surtout cours en Allemagne. Ce sont ces deux opinions sur la na­ture et le caractere de la pneumonie exsudative qui don-nerent naissance ä deux camps d'observateurs : les conta-gionistes et les spontaneistes.
Aujourd'hui, le courant des opinions a change,et presque tons ceux qui se sont occupes de ce grave probleme admet-tent la contagion. Seulement, et c'est le petit nonibre,quel-qucs savants, tout en I'admettant, croient que cette affec­tion pent, dans certains cas, naitre par un concours de circonstanccs externes et sans le contact d'un animal ma-lade, portant en lui le germe de la maladie.
Lors de la publication de mon premier memoire sur la
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pleuropneumonie, Huzard, Deiafond et beaucoup d'autres observateurs, avaient rejete la contagion; Verheyen et Fallet doutaient et n'admettaient pas I'existence d'un virus. Fallet, cependant, qui etait un dos esprils les plus öleves et les plus eclaires de ce corps savant, s'exprimait ainsi, dans un rapport fait en 1852 sur un memoire que j'avais adresse k l'Acadömie ä cette epoque :
laquo; Toutes les vues thöoriques, suivies par M. Willems dans son traite, sont dominees par une question de fait dont la commission n'avait pas a connaitre. Tout y est subor-donne a I'existence, dans la pleuropneumonie exsudative, d'un virus transmissible et apte ä communiquer une ma-ladie semblable a celle dont il est le produit. Or, pour admettre un pareil virus, il faudrait du moins que la preuve de la transmission füt faite; aussi longtemps qu'elle n'est pas acquise, I'existence du virus raste douteuse, et toutes les consequences qu'on en deduit, toutes les hypotheses, ingö-nieuses ou non, imaginees pour expliquer tantöt refficacite des inoculations, tantöt les revers dont elles ont ete suivies, tombont faute d'appul (1). raquo;
Depuis cette öpoque, la solution de la question a fait d'immenses progres, et, dans l'etat actuel de la science, qui oserait encore nier la contagion?
Tous ceux qui ont serieusement etudie cette question I'admettent comme certaine, telsque Chabert, Henri Bouley, Saint-Cyr, Mathieu, Sanson, Chenier, RegnauIdt,Tabourin, Chauveau, Rollinger, Ulrich, Gerlach, Hering, Zundcl, Wellenbergh, Jennes, Simonds, Gamgöe, Bruce, Cox de Dublin, Flemming, etc.; l'Ecole veterinaire de Lyon, les ecoies allemandes et neerlandaises; toutes les commissions
(1) Bulletin de t'Acade'mie, t. II, p. 8i0.
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— S6 — oflicielles, beige, frangaise, allemande, italienne, nöerlan-daise, etc.
Voici, entre autres, l'opinion de la commission scienti-fique frangaise, dont M. Magendie etait president et M. Henri Bouley rapporteur :
laquo; La pöripneumonie epizootique des betes k cornes est susceptible de se transmettre, par voie de cohabitation, des animaux malades aux animaux sains de la meme espece (1). raquo;
Mais, en admettant que la pleuropneumonie soit conta-gieuse, ne peut-elle jamais naitre spontanement par cause interne, ou a-t-elle toujours necessairement pour point de depart Timprögnation de l'organisme par un virus venu du dehors?
Cette derntere opinion est la plus accrcditee et la mieux fondde.
laquo; La peripneumonie contayiettse, dit M. Henri Bouley, peut-elle se dövelopper spontanement?
raquo; Non, dit-il, car eile est contagieme, nous repond M. Tabourin. Aussi longtemps que la question de sa conta-giosit^ est restee douteuse, son developpement spontane pouvait etre admis comme vraisembiablc; mais depuis les recherches de M. le docteur Willems sur la contagion et la virulence de cette espece de peripneumonie, 31. Tabourin ne comprend pas que sa spontaneite puisse encore compter des partisans. Partant du principe absolu que la contagion est identique k la generation, il est forcement conduit k repousser la possibilite du developpement spontane d'une maladie dont les propriötös contagieuses sont reconnues. Cette maniere de voir est consequente avec la doc-
(1) Rapport, j). tu.
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— 57 — trine, mais est-elle concordante avec les fails? (1). *
M. Bouley paraissait encore douter, en 1874; mais je pense qu'actuellement la conviction de cet Eminent obser-vateur estacquise ä la solution de cette question.
Mon experience personuelle, apres une observation atten­tive, pendant de longues annees, de la marche de la pleu-ropneumonie, m'a donne la conviction que cette affection est exclusivement contagieuse, transmissible d'un animal malade ä un animal sain par inoculation et par infection, c'est-ä-dire artificiellement par virus fixe, et naturellement par virus volatil. Elle ne nait jamais spontanement.
M. Pasteur n'admet pas la spontaneite pour les maladies transmissibles, et il a raison, ä coup sür, pour ce qui con-cerne l'etiologie de plusieurs maladies contagieuses, dont la nature parasitaire est dejä connue. Ce principe est appli­cable aussi ä la peripneumonie, dont le facteur special est un parasite, un etre vivant.
Je vais, messieurs, tächer de vous dcmontrer que les faits bases, je le repöte, sur une observation et une experi-mentation rigoureuses, justifient cette opinion. La solution de la question de la spontaneite de la pleuropneumonie est, du reste, d'une grande importance dans la pratique, car d'elle dependent les mesures administratives sanitaires et prophylactiques ä prendre pour la conservation du betail et, par consequent, pour la bonne alimentation de l'es-pece humaine.
En insistant longuement sur la question de la sponta­neite et de la contagion de la pleuropneumonie exsudative, j'ai pour but de demontrer que les faits de la pratique sont d'accord avec la doctrine, sur la nature et la pathogenie de
(1) Reeueil de medecinc ve'lenmire de Paris, löjuin 187i, p. 401.
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— 58 — cette affection, qui, selon moi, procede dun parasite et ne nait, par consequent, jamais spontanement, la generation spontanee de ce parasite ne pouvant avoir lieu, d'apres les recentes recherches de MM. Pasteur, Tyndall et d'autres.
.1. — Dans la \i\\e de Hasselt et dans toute la province de Limbourg, je n'ai jamais constate, et je n'ai jamais entendu dire, que la pieuropneumonie se soit declaree spontane­ment. Au contraire, tout le monde connait la date precise de sa premiere invasion, et on a pu suivre facilement sa marche ä travers toute la province, d'un point ä Pautre. La premiere bete malade a ete introduite, en 1836, des Fian-dres dans la ville de Hasselt, oü jamais, avant cette epoque, aucun cas de pieuropneumonie n'avait ete constate, et des lors eile se repandit avec une effrayante rapidite dans toute la ville et dans les environs. Depuis, eile n'a pas disparu des etables des distiilateurs; eile s'y est entretenue par la con­tagion, en suite de l'introduction de betail contamine, ve-nant des marches etrangers, surtout de ceux de la Hollande et de rAllemagne, car les distiilateurs de la ville de Has­selt recoivent un grand nombre de betes ä cornes souvent renouvelees.
La maladie ayant une fois pris domicile dans une etable, on ne Ten exlirpe que difficilement : malgre l'usage des disinfectants les plus puissants, le contage leur resiste; il s attache au sol, aux poutres, aux pailles, aux murs, etc., et longtemps aprös que ratable a ete video et blanchie, meme pendant des annees, le miasme, desseche et con-servi, se reproduit apres l'introduction de nouvelles betes, sous rinfluence de l'air chaud et humide, se detache et re-tombe sur elles pour les infecter. En voici un exemple, pris parmi plusieurs autres k ma connaissance.
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Dans le village de Curange, pres la ville de Has­selt, se trouve une ferine oü, il y a pr^s de trois ans, quatre betes ü cornes ont ete atteintes de la pleuropneumonie et abattues. L'etable est restee vide de 1877 ü 1880. ün nou-veau fermier, M. Creemers, y arrive et introduit dans cette etable quatre vaches venant d'une ferine oü ces animaux avaient ete eleves, et oü jamais aucuu cas de pleuropneu­monie ne s'etait presente. Ces betes n'ont et6 en contact avec aucun autre sujet malade, et cependant deux d'entre elles deviennent pneuinoniques. Est-ce un cas de pleuro­pneumonie spontanee? Non, il est plus que probable que le miasme de la maladie s'est conserve dans cette etable depuis l'existence de I'epizootie qui y regnait.
Ce que nous observons, en ce qui concerne la longue duree de la conservation du miasme de la pleuropneumonie, a ete constate egalement pour plusieurs maladies conta-gieuses chez I'homme.
M. Hairion, le savant professeur de Tüniversite de Lou-vain, notre honorable collegue, ne cite-t-il pas des cas ana­logues a propos de l'ophtalmie granuieuse palpebrale, affection qui a ete parfaitement etudiee par lui et sur laquelle il a jete de si vives lumieres. 41 relate, dans son Memoire sur I'oplitlmlmie de l'annee, public en 1848, des faits observes dans la caserne des Dames-Blanches, i Lou-vain, et au pensionnat de demoiselles, ä Thildonck, oü le principe contagieux s'est propage par l'intermediaire des objets contamines et s'est conserve dans les salles de ladite caserne des Dames-Blanches, pendant longtemps, puis, sous l'influence de circonstances Favorables, s'est restitue ä l'air, formant ainsi de nouveaux foyers d'infection, suscep-
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tibles de reprodutre la maladie chez les individus qui s'y trouvent plonges.
M. Hairion rapporte que des soldats, arrives tväs sains ä la caserne et examines avec soin, avaient contracte I'oph-thalmie palpebrale dans des salles non desinfectees et res-tees vides, mais 011, dans un cas, dix-huit mois auparavant, et dans un autre, trois ans auparavant, avaient löge des granules.
Du reste, les experiences entreprises par M. Pasteur, ä propos de la doctrine des generations spontanöes, ont demontre que partout dans Fair sont repandus les germes d'organismes inferieurs, et plus particulierement dans les höpitaux, les salles a reunion nombreuse, les etables, etc.
En 1861, le docteur Eisel, de Prague, plac/a entre deux lits, dans une salle occupee par trente-trois enfants affectes d'opbtalmie purulente, un instrument analogue k I'areos-cope de Pouchet; parmi les corpuscules de l'atmosphere recueillis sur la plaque de verre enduite de glycerine, figu-raient des globules de pus parfailement reconnaissables.
A ce fait vient s'ajouter celui que M. Nepveu, chef du laboratoire de la Pitie, a recemment presente ä la Societe de biologie (Gazelle medkale, Paris, 25 juin 1874, p. 333).
Un mtitre carre du mur d'une salle de Chirurgie, qui n'avait plus ete lave depuis deux ans, subit ce nettoyage, et le liquide exprime de I'eponge tut examine immediate-ment apres. II etait noirätre dans toute sa masse et renfer-malt des micrococcus en Ires grande quantite, quelques microbacteries et, de plus, des cellules epitheliales en petit nombre, quelques globules de pus, quelques globules rouges, et enfin des masses noirätres irregulieres et des corps ovoides de nature inconnue. L'experience fut en-
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— 61 — louree d'ailleurs de toutes les precautions de nature a ecarter les causes d'erreurs; I'eponge employee elait neuve, parfaitement lavec dans de l'eau tout r^cemment distillee.
Dans les etables infectees par la pleuropneumonie exsu-dative, J'air condense sur un vase renfermant de l'eau froide et recueillie dans une assiette propre, m'a donne la preuve quece liquide renferme les corpuscules particuliers que Ton rencontre dans les poumons des animaux atteints de pleuropneumonie.
Une plaque de verre enduite de glycerine, suspendue pendant plusieurs heures dans une etable renfermant des betes malades, examinee au microscope, revele egalement la presence des corpuscules particuliers que je decrirai plus loin.
Ce qui, expörimentalement, me fait croire encore, que I'air expire des poumons d'un animal malade, ainsi que la bave, renferment le germe de la maladie, c'est le fait que des betes malades, partant de Hasselt avant ramp;ablissement des lignes ferrees, suivaient surtout trois routes pour etre livrees ä la consommation : l'une vers l'abattoir de la ville de Liege, I'autre vers ceux des villes de Bruxelles et d'An-vers, et la troisieme vers le camp de Beverloo.
Or, au bout de quelque temps, toutes les auberges sur les diverses routes qui hebergeaient ces animaux, et meme les fermes placees le long de ces voies, se trouverent infec­tees.
Voici un fait, entre autres, qui vient corroborer les pre­cedents :
Un petit troupeau, compose dc quatre ou cinq betes mala­des, cheminait peuiblement vers le camp de Beverloo, par une route detournee, quand, vers la soiree, ces betes, epuisöes
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par la fatigue, furent introduites clandestinement par leur conducteur dans une prairie situöe prte de la ferme de Teiiamen, oh elles passerent la nuit, et souillerent I'herbe de leur have infecte. Le lendemain, le troüpeau de la ferme fut introduit dans ce meme pälurage, et peu de temps apres, presque toutes les betes du fermier furent atteintes par I'epizootie.
Je viens de dire que les betes malades qui parcourent souvent la route du camp sent destinees ä servlr de nour-riture ä nos soldats, qui d'ordinaire mangent de la mau-vaise viande, et cela pour le motif que l'administration de la guerre cherche avant tout, malheureusement, ä obtenir la viande ä'[prix reduit. Elle ne la paie que 70 ä 80 cen­times le kilo. Gelte viande de betes malades n'esl certes ni succulente, ni tres agröable k manger, mais cependant je dois declarer qu'elle n'est pas nuisible ä la sante publique. La pleuropneumonie ne pouvant pas se transmettre ;vi rhomme, il n'y a done pas de danger ä consommer la viande provenant des betes malades, aussi longtemps que l'altära-tion causee par la maladie n'est pas arrivee ä sa derniere periode, et vous tons, messieurs, ceux d'entre vous surtout qui habitent les grandes villes, vous avez mange plus d'une fois de la viande d'animaux pneumoniques.
Au moment de mes premieres experiences sur la pleuro­pneumonie, alors que cette maladie sevissait avec une grande intensile, ä tel point qu'un nombre öleve de betes furent abattues et consommees dans la ville; que I'equar-risseur meme, par une tolerance inexplicable, vendait ostensiblement et h vil prix la viande d'animaux pneumo­niques arrives souvent au troisißmc degre de la maladie, j'ai recueilli la statistiquo do la mortalite de la population
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— 63 — de la ville de Hasselt, pendant cinq annees (1880-1885), et j'ai trouve qua, pendant ces annees, oü une grande partie de la population mangeait la viande provenant de betes malades, les petits bourgeois surtout, il y avait, compara-tivement, moins de deces que pendant les annees ante-rieures. Je m'explique cette difference dans la mortality par la raison que la viande est necessaire pour renlrutien de la sante de l'homme, et qu'il est preferable de manger de la viande d'une bete pneumonique que de n'en pas manger du tout.
M. Loiset, veterinaire, ä Lille, est du meme avis; il a etabli que, pendant une periode de dix-neuf annees, il s'est consomme dans cette ville 18,000 vaches peripneumo-niques, sans que Ton ait signale aucun accident, sans que l'etat sanitaire de la population ait subi la plus legere atteinte.
li. — La contagion de la peripnoumonie se trouve encore confirmee par cette circonstance : que sa marche a pu etre suivie depuis sa source jusque dans les coins les plus recules du monde.
Sa premiere apparition, pour autant que nous en con-naissions 1'origine, date de 1750. Ce terrible fleau, qui devait entrafner a sa suite tant de mines, est descendu des montagnes de la Suisse, en envahissant, d'un cote le Jura bernois et de l'autre le Jura fran?ais. De ces contrees, il s'est achemine successivement vers rAUemagne, la Hol­lande, I'ltalie, la Belgique, I'Angleterre, I'Amerique, etc., et plus recemment vers le Cap de Bonne-Esperance et l'Aus-tralie. Les dates de son invasion dans ces diff'erents pays sont parfaitement connues.
C'est ainsi qu'il s'introduira aussi dans d'autres pays, oü
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— 64 — il est inconnu jusqu'a ce moment; car lä oü il n'a pas etc'-imporle au moyen de betes malades, il ne regnera jamais. Ce fleau a ete inconnu, dans toutes les contrees oü il existe aujourd'hui, jusqu'au moment oü il a faiteclosion par I'in-troduction d'unc bete malade. Dans ces contrees, les con­ditions climateriques, celles de stabulation, d'alimentation, etc., sont cependant absolument les memes que celles des pays oü il regne epizootiquement.
De meine que la peste bovine, nee dans les steppes de la Russie, se repand parfois dans les pays oü il existe un grand commerce de betail, et en temps de guerre surtout, eile suit les armees dans leurs pares d'approvisionnements et transmet ainsi la contagion de l'Orient vers I'Occi-dent, comme nous en avons eu, il y a quelque annees, un exemple desolant 11 Hasselt; de meme la pleuropneumonie se repand en sens contraire : eile va du centre de l'Europe vers les pays du Nord et plus rarement vers les pays orien-taux, oü eile est toujours transportee de l'Occident. Une Ibis introduite dans une contree, eile y prend droit de domicile, et ne peut en etre cxtirpee que par les moyens hy-gieniques les plus rigoureux; elle se propage par la con­tagion d'un animal ä Faulre, d'une etable k l'autre, et cela
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surtout dans les contrees oü le commerce de betail est tres | ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;actif et oü les mesures administratives et sanitaires sont
moins rigoureusement observöes.
Dans une etable ou dansun troupeau, leprincipe conta-gieux se repand sur toutes les betes de la meme maniere que le solcil et la lumiere, mais toutes ne sont pas egale-ment aptes h la contracter, elles n'ont pas toutes la meme receptivite. C'est ainsi que j'ai vu souvent devenir malades, d'abord les animaux les plus eloignes du sujet contamine.
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— 65 — et plus tarcl soulement ses plus proches voisins. La maladie peul se transmeltre aussi d'une etable ä l'autre par l'inter-mediaire de l'air charge du contage; la transmission peut avoir lieu ägalement, d'aprös quelques observateurs, ä de grandes distances. Ce fait est confirm^ par les experiences de la Commission scienlifique fraugaise et par une obser­vation tr6s curieuse de 31. Sluys, de Bermster, rapportee dans le Landbouw Courant du 14 avril 1870.
C.— La contagion peut etre rigoureusement demontree.et la spontaneite ne l'a pas encore ete jusqu'ä present. 11 n'y a que des probabilites en favour de celle-ci; jamaison n'a pu criier la pleuropneumonie par un concours de circon-stances delerminees. Tout ce que Ton a tente pour la creer spontanöment n'a Jamals reussi, et les diverses circon-stances, dans lesquelles on a place les animaux en expe­rience pour leur donner la maladie, n'ont amene chez eux qu'une aptitude plus grande ä recevoir Iß contage et a le fairs eclore plus rapidement.
Toutes les causes imaginaires, que les partisans de la sponlamiite ont invoquces, telles que mauvaise stabulation, chaleur humide et impurete de Fair des etables, nourriture trop alibile et echauflante, residu des sucreries et distille­ries de genievre, exposition ä un air froid et humide, secre­tion de lait trop abondante chez les vaches, travail excessif des boeufs, degenörescence des races, etc.,toutes ces causes, isolees ou reunies, n'ont jamais pu donner naissance ä un cas de pleuropneumonie.
Ce terrible fleau promene ses ravages aussi bien parmi les incomparables troupeaux des magnifiques päturages de la Neerlande et de l'Australie, et dans les belles elables des nourrisseurs de Londres et de Paris, que dans les
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etables infectes des distillateurs, oil le betail se trouve con­dense, chez les pauvres cultivateurs de nos campagnes et chez les petits laitiers des villes, oü souvent les animaux sont sujets ä beaucoup de privations. Jamais, dans aucune de ces conditions les plus opposees, on n'a pu constater un seul cas de pleuropneumonie sponlanee.
Des experiences nombreuses et rigoureuses out ete faites par plusieurs observateurs ä l'effet de pouvoir faire naitre spontanement cette maladie.
Voici celles entreprises par la commission officielle de Prusse, consignees dans un journal agricole : Der Land-ivirlh du 5 decembre 1871, et rapportees par le docteur Ulrich, veterinaire royal et döpartemental k Breslau.
La pleuropneumonie, dit-il, doit etre consideree comme contagieuse. Les experiences faites par la Societe agricole du cercle d'Ober Barnim, par beaucoup de praliciens, par des societes agricoles el par la commission officielle de Prusse ont prouve ä l'evidence que la pleuropneumonie se communique tres facilement au betail par contagion. Le docteur Krauss, rapporteur du Comite des agronomes, reuni en assemblee generale, en 1873, pour resoudre cette (nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;question, a chaudement soutenu que la pleuropneumonie
n'est pas contagieuse; mais, des le lendemain, ä la suite 4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;d'experiences faites a Moeglin, il etait force de reconnaitrc
inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;la contagion de cette affection. De meme le docteur Wagen-
feld, veterinaire, ä Dantzig, avait publie un ecrit, generale-ment considere comme le meilleur traite sur la matiere, intitule : La maladie pulmomire du betail, oü il se prononce contre l'opinion de ceux qui soutiennent que la pleuro­pneumonie est contagieuse; mais dans son Encyclopedie veterinaire, publiee plus tard, il se croit obligö de revenir
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de sa premiere opinion ; et il declare que cette maladie est tres contagieuse.
L'Academie royale d'agriculture de Moeglin s'est pro-posee de resoudre la question de savoir si la pleuropneu-monie exsudative nait de la contagion seule ou sous l'in-fluence d'autres causes, et a institue dans ce but des experiences qui ontduredixannees; eile a mis en usage des moyens artificiels pour faire naitre la maladie, en em-ployant divers modes d'alimentation et en creant des clr-constances fächeuses que I'on a accusees ä tort ou ä raison d'etre les causes de la maladie.
Le betail en experience a ete soumis ä un regime oil on lui a donnä :
a)nbsp; Des residus bons et frais provenant de la distillation alcoolique de pommes de terre, mölangös avec une certaine quantite de bon foin ;
b)nbsp; Les memes rdsidus müles h de la paille d'orge ;
c)nbsp; Les memes residus meles ä du foin avarie ;
d)nbsp; Les memes residus sans melange d'aliments crus; le sable remplagait la paille ;
e)nbsp; Des residus^avaries, aigris et evapores, meles ä des aliments crus et de bonne qualite ;
fj Des jets de pommes de terre gätees et pourries ;
g) Des pommes de terre recoltees avant leur maturite ;
h) Des pommes de terre germees et gätöes ;
i) Du foin gate et moisi ;
j) Du foin altere et impregne de residu, etc., etc.
Cette nourriture fut administree pendant un temps assez long (jusqu a 9 mois), et eile fut repötee une seconde fois: eile ne donna naissance qu'i des inflammations pulmo-naires; eile provoqua la toux, l'accöleration du pouls, des
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hepatites, de l'ostttoclastie, des enterites, des Eruptions de tout genre k la peau, de ramaigrissement jusqu'ü l'epuise-ment, mais jamais la pleuropneumonie exsudative.
Ces resultats obtenus par la commission otficielie de Moeglin, et qui sont venus confirmer ceux observes par d'autres experimentateurs impartiaux, doivent nous donner la conviction de plus en plus grande, dit M. Ulrich, que la pleuropneumonie ne nait pas laquo; spontanement raquo; chez nous, mais qu'elle est loujours introduite et propagee par la contagion.
Cast aussi l'opinion de M. Bouley, le savant inspec-teur des ecoles vamp;erinaires en France, le plus competent de tous :
laquo; Si, dit-il. Ton se range aujourd'hui ä l'idee que la pleuropneumonie procede de la contagion exclusivement, c'est parce que la methode experimentale, dont I'influence devient de jour en jour plus puissante, a rendu les esprits plus exigeants et que Ton ne veut plus accepter comme vrai que ce qui est rigoureusement demontre. Or, en fait d'eti-liogie, pour la peripneumonie, ce qui est demontre, c'est la contagion; et quant ä la spontaneity, ou, autrement dit, ä l'action de causes autres que la contagion qui pourraient etre determinantes d'une pneumonic revelant spontane­ment le caractere contagieux, les preuves manquent abso-lument. II n'y a que ce queVoncroitvoir, en interpretant les faits; quelque chose de subjectif, mais non pas demontre objectivement, comme dans les experiences de Rambouillet ä l'endroit de la contagion (1). raquo;
M. Gamgee, professeur-vetörinaire distingue a Londres,
(1) Recueil de me'decine vcldrinaire de Paris, 15 scptembre 1879, page 886.
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— 69 -exprime la meme opinion dans son rapport sur la pleuro-pneumonie contagieuse, adresse, en 1871, au commissaire de l'Agriculture des Etats-Unis :
laquo; La pleuropneumonie, dit-il, ne se developpe que sous l'influence de la contagion.
raquo; Si Ton examine les annales agricoles de l'Ecosse ou de l'Espagne, du Canada ou du Texas, de l'Amerique du Sud ou de l'Australie, on trouve que les variations de tempera -ture, les refroidissements, la respiration en plein air dans les regions les plus rapprochees du pole Nord que le betail ait atteintes, le fait de boire les eaux glacees de l'Amörique du Nord, ou les eaux chaudes des marais stagnants de la Caroline et de la Louisiane, les travaux excessifs et les souffrances de beaucoup de boeufs au Mexique, enfln la grande negligence apportee dans l'amelioration des races, on trouve que toutes ces causes, isolees ou reunies, ont toujours ete incapahles de produire un seul cas de pleuro­pneumonie (1). raquo; •
La commission parlementaire neerlandaise exprime en­core la meme opinion dans son recent rapport adresse a M. le Ministre de l'Interieur; eile croit ä la contagion comme mode unique de la transmission de la pleuro­pneumonie.
Je me bornerai ä faire une derniere citation concernant ce sujet, car je pourrais les multiplier presqu'ä I'infini.
Dans la stance du 3 novembre 1878, presque tous les membres de la Societe des veterinaires du Nord et du Pas-de-Calais (2), apres mure discussion, se sent rallies k I'opi-nion laquo; que la contagion est la cause unique de l'apparition
(t) Annales de me'dechie vüiirinaire de BrtuceUes, aoul 187-2, p. 4-24. (2) Recueil de mödecine ve'ie'rinaire, 30 Janvier 1879, page 93.
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— TO-de la peripneumonie epizootique, c'est-ä-dire qu'elle ne peut pas se developper spontan^ment. raquo;
De ce qui precöde, il resulte experimentalement que la pleuropneumonie exsudative nrocede exclusivemcnt de la contagion, et il en ressort que la science vöterinaire est obligee d'indiquer des mesures ä prendre pour arreter efficacement la propagation du fleau, et que le gouverne-ment doit, plus rigoureusement qu'il ne le fait, defendre le transport et la vente d'animaux suspects, puisqu'ils sont la source propre ä r^pandre partout la contagion par Fair expire, le jetage nasal, la souillure des wagons, etc.
11. — La pleuropneumonie exsudative est une maladie inoculable et infectieuse; eile se transmet d'un animal ä l'autre par inoculation des produits pathologiques et par contage ou virus volatil.
Quand, en 1802, j'ai proclame I'inoculabilitede la pneu-monie'bovine, j'ai rencontre beaucoup d'incredules. Cepen-dant,depuiscetteepoque,MM.Villemin,Chauveau,Saint-Cyr et d'autres, ont admis la possibility d'inoculer les affections de poitrine et notamment la phtisie pulmonaire, la mieux connue et malheureusement la plus repanrlue, puisqu'elle enleve un cinquieme de la population du globe.
La pleuropneumonie exsudative depend de l'introduc-tion dans 1 economie d'un virus ou principe contagieux, n'importe comment, soit par rintermediaire de l'air, sur les muqueuses des bronches et des poumons, peut-etre meme aussi sur une partie denudee du corps de l'animal oü l'absorption peut se faire, soit par inoculation directe dans le tissu cellulaire du derme ou ailleurs.
Une fois introduit dans le corps de l'animal, le contage y produit d'abord une alteration locale des tissus, un pro-
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— 71 — cessus inflammatoire, bientöt suivi de troubles generaux qui sont l'expression de la maladie. Mais quelle est la cause de ce processus inflammatoire? Ce n'est pas une inflam­mation ordinaire des tissus; eile est particuliere et speci-fique.
La pleuropneumonie est une maladie generale, accom-pagnee de fievre, se traduisant par des frissons, de l'abattement, du ballonnement du ventre, de la consti­pation d'abord et de la diarrhee fetide ensuite, quelque fois des mouvements convulsifs de la tete et du tronc, des grin-cements de dents, etc.
Dans les tissus affectes, on remarque des infiltrations d'une matiere d'essudation qui envahit le tissu connectif, soil ordinairement dans les poumons, quand la maladie est contractee par con tage, soit sur le point oü se fait l'inocu-lation. Des infiltrations de liquide sereux se font souvent quand la pleuropneumonie est arrivöe k un degre avance, comme aussi ä la suite des inoculations, dans les plevres, le pericarde, le peritoine, le tissu cellulaire environnant la trachee, dans le foie, les muscles.
Quand la maladie est tres avancee, eile affecte presque tous les organes, ainsi que me l'ont demontre les nom-breuses autopsies que j'ai faites; les muscles memes sont impregnes d'une matiere d'exsudation gelatineuse.
Cette exsudation plastique ou plasma pent se porter ailleurs que dans les poumons; eile n'est meme pas absolu-ment necessaire ä l'existence de cette affection. J'ai ren­contre des animaux atteints de pleuropneumonie exsuda-tive sans lesions pulmonaires; le foie presente quelquefois une infiltration plastique analogue ä celle du poumon. C'est lä un fait d'observation constate par beaucoupd'experimen-
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— 72 — taleurs, entre autres par MM. Delafond, Zundcl et H. Bouley qui dit : laquo; Le virus de la pöripneumonie peut saturer un organisme et le rendre inattaquableaux atteintes futures de cette maladie, sans cependant manifester sa pre­sence par la fluxion inflammatoire pulmonaire et des transsudations plastiques qui en sont I'inevitable conse­quence (1). raquo;
L'autopsie d'animaux morts ä la suite de l'inoculation fait constater les memes lesions cadaveriques que celles que Ton observe chez les animaux qui ont succomhe k la pleuropneumonie.
laquo; Ce que les vet(5rinaires inoculent, dit M. Paul Cagny, jeune et savant veterinaire, c'est la peripneumonie avec toute sa virulence; les symptomes locaux seuls different de la maladie inoculöe naturellemcnt et dans celle inoculee avec la lancette; cela tient h I'organisation anatomique d'abord, et ensuite au role physiologique des organes re-pondant au lieu de l'inoculation; c'est pour cette raison qu'il a fallu, en general, renonccr i Tinoculation au fanon (2). raquo;
Ces alterations si considerables ne peuvent s'expliquer que par une modification profonde dans les elements con-stitutifs du sang, qui reagit ainsi sur tout 1'organisme. Ces infdtrations de matieres plastiques dans les endroits oü l'inoculation a ite faite et oü il y a beaucoup de fissu con-nectif, se font souvent si rapidement et si abondamment, au fanon, par exemple, que I'animal finit par y suc-comber.
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(1)nbsp; Recueü de me'decine väerinaire de Paris; tome 3, ie scrip, page f 85.
(2)nbsp;Recueil de mMecine väerinaire, 30 novembre 1879, page H-tl.
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C'est ce que Ton a pu constater dans les malheureuses inoculations faites imprudemment chez M. Claes, au cha­teau d'Herkenrode, pros Hasselt, oü presque toutcs les betes inocul^es au fanon ont succombe. Les lesions des muscles sont identiques ä celles des poumons; ici encore c'est le tissu conjonctif interfasciculaire qui est le siege de l'infiltration.
Quand on incise ces tumeurs, la quantite de liquide qui s'echappe des incisions peut etre evaluee k plusieurs litres par jour. Ces tumeurs prennent ordinairement un döve-loppement extraordinaire, envahissent de grandes lt;5tendues de tissus et ressemblent aux poumons hepatises, qui par-fois pesent jusqu'ä 20 ä 30 kilogrammes.
La pleuropneumonie exsudative se termine ordinaire­ment par la mort de l'animal, quoi que Ton fasse, et alors il succombe par asphyxie; le poumon, le plus souvent le droit (et quelquefois tons les deux), se remplit tellement de matiere exsudee caracteristique qu'il deviant completement impermeable. Si le sujet no meurt pas par asphyxia, le poumon n'etant hepatise qu'en partie, la maladie traine en longueur et la plupart des organcs, surtout le foie, s'infil-trent; les intestins presentent des plaques inllammatoires; des epanchements de serosite floconneuse se font partout dans les cavites splanchniques, dans le tissu cellulaire; les muscles se ramollissent, etc.; Tanimal epuisö tombe dans le marasme et succombe souvent apres plusieurs jours de maladie.
Quelquefois les animaux ne ressentent que lögerement les effets de la contagion, et alors ils se remettent prompte-ment; mais, d'autres fois, dans les cas exceptionnels, la maladie se termine par I'enkystement d'une partie de pou-
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— 74 — mon qui forme un sequestre, ordinairement tr6s dur, au milieu des parties du poumon resides saiues, et l'animal peut ainsi vivre encore longtemps dans un ötat apparent de bonne sante. Ces lesions, tres curieuses, ne se döcouvrent que quand ranimal est abattu pour la consommation.
Ce phönomene est en tout semblable ä celui que M. Pas­teur a observe dans la maladie appelöe : le cholera des poules.
laquo; Dans les cas de guerison, dit-il, le parasite est arrete peu ä peu dans son developpement et disparait, en meme temps que la partie necrosöe du muscle se rassemble, durcit et se loge dans une cavite dont toute la surface res-semble ä celle d'une plaie bourgeonnante de tres bonne nature. La partie nöcrosce finit par constituer un sequestre si bien isole dans la cavitö qui le renferme, qu'on le sent sous le doigt, ä travers la pcau, dans l'intörieur du muscle, et que, par la moindre incision, on peut le saisir avec une pince et l'extraire (1). laquo;
III. — La maladie inoculee peut-elle transmettre la pleuropneumonie exsudative aux. animaux non-inocules qui se trouvent dans les meines ^tables?
La reponse ä cette question doit etre negative. Cette affection ne se transmet que par contage, par inoculation des produits pathologiques et par ramp;noculation.
J'ai pratique, avec succös, des reinoculations au moyen de virus secondaire. La commission officielle nöerlandaise et beaucoup d'autres opt'-rateurs ont fail la meme chose.
51. Lenglen, veterinaire ä Arras, dans une note adressee ä l'Academie des sciences de Paris (seance du 13 avril 1863), dit avoir inocule plus de 1000 sujets avec du virus secon-
(I) Annettes de mddecine velerinuire, mars 1880, p. 1S5.
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— 78 — daire, pris dans une incision faite ä la queue d'un animal inoculö, et il ajoute : laquo; Aujourd'hui je me sers d'un virus arrive ä la vingt-cinqui6me generation, lequel n'a en rien perdu de sa vertu pröservative. raquo;
II est bon de faire remarquer qua la maladie inoculee ne se transmet aux animaux sains qua par reinoculation, car souvent les fermiers etles d(5tenteurs de bötail ont öprouve des craintes, en plagant des animaux inocules parmi leurs animaux bien portants.
Dans les etables non contaminees oü Ton pratique Tino culation, les betes k cornes restent parfaitement saines jus-qu'au moment oil un sujat contamine est introduit parmi elles, et alors seulement les animaux non-inocul6s devien-
nent en general malades, tandis que les inocules resistent ä la contagion. Cela est constant et s'obsarve tous les jours chez les distillateurs comme partout ailleurs.
D'apres les experiences de MM. Simonds, professeur veterinaire, ä Londres, et Henri Bouley, il paraiirait que le virus de la pleuropneumonie reste en quelque sorte fixe dans les tissus de l'animal oü il a ete deposö, et ne se repand pas dans I'air ambiant.
laquo; Des experiences, dit M. Bouley, ont ete commencöes au College Royal veterinaire de Londres, en 1870, et con-tinuees par intervalle jusqu'ä la fin de 1874. Dans le cours des investigations, divers moyens d'infection mediate furent essayes. Un animal tut expose aux vapeurs des pou-mons malades d'une vache qui venait d'etre abattue, et qu'on avait places immediatement sous ses narines,et dans une position teile que la vapeur devait passer dans les organes respiratoires a chaque respiration. Aucun resultat positif ne se produisit.
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raquo; Dans un autre cas, une epongo qui avail ete placee dans les narines d'une vache affectee de pleuropneumonie, fut placee ensuite dans la narine d'un animal sain, et fixee lä pendant une demi-heure. Les rcsultats ont ete egalement nögatifs.
raquo; Des reserves sont done ä faire, ajoute M. Bouley, ä legard de toutes les voies que la contagion peat suivre, et e'est ä Texpöriraentation surtout qu'il faut demander d'öclairer la pratique sur les conditions stirement determi-nees des modes possibles de la contagion, par des interme-dialres vivanls ou inanimös (1). raquo;
M. Gamgee, professeur vetörinaire, ä Londres, dit de son cote :
laquo; Une objection que Ton a faite centre l'inoculation, at. qui s'applique egalement ä la variole de rhomme, ä la cla-velöe du niouton et a la peste bovine, e'est que la maladie inoculee est contagieuse, et qu'on multiplie ainsi les foyers d'oü eile se repand. Cette objection n'a aucune valeur, au moins pour ce qui concerne la pleuropneumonie, car la maladie inoculee ne se communique pas, excepte par ramp;-noculation. Mes observations sur ce point sont tres nom-breuses; pendant les dix-sept annöes oü l'inoculation a ete largement pratiquee, je ne connais pasun seul exemple de contagion, partant d'un animal inocule (2). raquo;
IV. — La pleuropneumonie exsudative est une maladie propre ä l'espece bovine et ne se communique ä aucun autre animal, ni ä l'homme, soit par cohabitation, soit par inoculation. Mes expöriences ä cesujet sont nombreuses et relatöes dejä dans mes preeddentes communications.
{\) Recneil de medecine veterinaire, IS scptembre 1879, pa^e 88o. (2) Annales de medecine veterinaire, septcmbro 1M72, pajte lOO.
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Les faits observes depuis par moi et par beaucoup d'autres observateurs, sont venus contirmer cette verity. Des animaux de toute espece, notamment des pores, ont ^tö nourris avec les debris cadaveriques de betes pneumo-niques. Ils ont ete soumis au contact permanent d'animaux malades, il ont ete inocules avec l'exsudat du poumon. J'ai soumis k ces experiences des chövres, des moutons, des chevaux, des pores, des lapins, des gallinaces, et jamais je n'ai obtenu que des resullats negatifs.
li existait meme une croyance vulgaire, d'apres laquelle les emanations du bouc constituaient un preservatif contre la pleuropneumonie epizoolique, et plusieurs distillateurs avaient l'habitude de placer un animal de cette espece dans leurs etables, mais sans aucun avantage au point de vue de la preservation de leurs troupeaux.
laquo; Chaque parasite, dit M. Chenier, veterinaire au 14e d'arlillerie, a son organisme de predilection, en dehors duquel il ne trouve pas, ou ne trouve qu'imparfaitement ses conditions d'existence, de developpement et de multi­plication. Transporte sur un terrain impropre, il y meurt comme une grainesemee sur un sol aride.
raquo; Si, Ji ces caracteres du parasitisme, nous comparons ceux de la virulence, nous sommes amenes ä constater une frappante analogic. Comme les parasites, les virus ont leurs organismes de predilection, en dehors desquels ils ne peuvent vivre et se multiplier. Le virus de la fievre aph-teuse, par exemple, s'eteint lorsqu'il vient k etre introduit dans l'organisme du cheval (1). raquo;
V. — Avant de terminer, je crois utile de faire quelques recommandations aux inoculateurs.
(t) ReoueU de 7?udeci7ie veierinairc, öOjuillcl 1877, page 779.
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La serositö qui s'echappe du poumonsectionnöd'unebete alteirite[au premier ou au deuxieme degre de la maladie, et place sur une passoire ou une dale, est le virus le plus convenable pour praliquer I'inoculation, laquelle se fait sur une des faces laterales de l'extremite de la queue, au moyen de deux piqures de lancette, distantes l'une de l'autre de deux k trois travers de doigts. L'operation se pratique ä l'instar de la vaccination chez I'enfant, en inci-sant I'epiderme, pour deposer une goutte de vaccin dans le tissu cellulaire et dans le derme, et puis on abandonne I'animal, sans autres soins, a son ätat ordinaire. II est bon cependant de le mettre sur une bonne litiere de paille, pour preserver la plaie de rempoisonnement qui peut se faire par des matieresen decomposition.
Le liquide ä inoculer doit etre aussi frais que possible, car j'ai remarque souvent que celui qui date de deux b. trois jours a une plus grande virulence.
Quand I'inflainination locale deviant trop vive, il faut administrer un purgatif, trois h quatre cents grammes de sulfate de magnesie (sei anglais), et quand il survient ä l'en-droit oil I'inoculation a ct6 faite, un engorgement inflam-matoire dur, chaud, douloureux ä la pression, il faut se häter de faire des debridements et exciter la plaie, par un agent irritant quelconque, a la suppuration; car du moment oil celle-ci est obtenue, on est sür que l'infiltration de ma-tieres plastiques ne s'etend plus, et ranimal est sauve.
Quelques Operateurs se hätent d'enlever la partie de la queue au-dessus de rengorgement, et d'autres meme cou-pent toujours, pour prevenir les accidents locaux qui pourraient se produire, vingt-quatre heures apres l'opera­tion, la partie de la queue oil I'inoculation a ete pratiquee.
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Si, quinze jours ä trois semaines apres I'inoculation, aucun effet apparent n'a (5te remarquö ä l'endroit inocule, il est prudent de proceder a une reinoculation.
Quand la maladle delate dans une etable, il est necessaire d'isoler les malades des betes en apparence encore bien portantes et de soumettre immediatement ces dernieres ä I'inoculation, en prenant, pour faire cette operation, la serosite du poumon de I'une des betes malades, quo Ton se hate de sacrifier.
II ne faut pas introduire de nouvelles betes saines dans les etables contaminees, sans au pramp;ilable les avoir soi-gneusement desinfectees; car, sans cette precaution, les nouvelles arrivees se trouvent immediatement sous I'in-fluence de la contagion, et la maladie se perp^tue indefini-ment, comme c'est le cas chez la plupart des distillateurs. L'inoculation preventive appliquee ä ce nouveau belail ne produirapas d'effet salutaire, parce quecelui-ci,au moment de l'operation, est ddja infecte par les voies ordinaires de la contagion. La place est dejä occupöe, dit M. Bouley, par I'ennemi, au moment oü Ton se propose de la mettre en defense contre lui.
Les betes ä comes, avant d'entrer dans les etables, jadis ou actuellement contaminees, doivent etre soumises ä une quarantaine, c'est-ä-dire, sejourner pendant trois a quatre semaines dans un eridroit non suspect, eloigne des etables infectees, et y subir I'inoculation des le premier jour de leur arrivee. Une fois que I'inoculation a produit ses salu-taires effets, les betes peuvent etre placees impunement au milieu des troupeaux infectes sans que Ton ait k craindre pour elles la contagion. Cette sage mesure est encore neces­saire, parce que souvent parmi les animaux achetes sur les
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— 80 — marches ou ailleurs, il s'en rencontre qui sout dejä en puissance de l'öpizootie, soit qu'ils portent en eux la pleuro-pneumonie latente, soit qua la maladie se trouve chez eux ä l'etat d'incubation, dont la periode, tout le monde le sail, peut etre tres longue.
Si les detenteurs de betail n'observent pas scrupuleuse-ment les precautions que je viens de mentionner, ils expo-sent d'autant plus sürement leurs troupeaux aux atteintes du fleau que I'inoculation ne sera plus dans leurs mains qu'une pratique fallacieuse, et qu'au lieu de fournir des resultats heureux, eile ne donnera que des insucces inipu-tables ä l'imperitie et aux fautes des inoculateurs.
VI. Pour finir, je vais exposer ä l'Academie mes idees sur l'etiolügie de la pleuropneumonie exsudative.
Cette affection est une maladie virulente; cela est admis aujourd'hui par tout le monde.
Mais qu'est-ce qu'un virus? C'est un etre mysterieux dont nous ne connaissons pas plus l'essence que celle de l'elec-tricile; son existence ne nous estrevelee que par ses effets, et sa nature intime se derobe encore ä nos investigations, inais il est ä esperer qu'un jour viendra, oil, par nos puis-sants moyens d'investigation, nous parviendrons ä vaincre notre ignorance et ä ranger la plupart des maladies viru­lentes dans la classe des affections parasitaires.
Les maladies transmissibies ou contagieuses,celles qui se transmettent d'un organisme malade ä un organisme sain, peuvent se diviser, pratiquemenl, en deux classes: d'abord les maladies rtn/teH to, c'est-a-direcellesqui se transmettent par un contage, dont la nature est encore inconnue; en second lieu, les maladies parasitaires, dont l'agent de transmission est connu depuis plus ou moins longtemps, tels que, la
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— 81 — gale (acarus), la teigne (trichophyton), la trichinöse (trichina), le muguet (o'idium), le typhus recurrent (spiro-ch6te).
A la suite de ces affections parasitaires viennent se pla­cer, grace aux savants et recents travaux de MM. Davaine et Pasteur, le charbon (bacteridies), la septicemie (vibrion septique), le cholera des poules.
Les maladies de cette seconde classe sont aujourd'hui parfaitement connues et detenninees, et ne peuvent par consequent plus etre rangees parmi les maladies virulentes; les etudes microscopiques ont fait connaitre leur nature, en faisant passer sous nos yeux l'agent de la contagion, le corpuscule-germe, li; parasite, animal ou vegetal, que Ton peut reproduire ü I'infini par la culture, d'apres les admi-rables precedes de M. Pasteur.
La pleuropneumonie exsudativc, clle aussi, procMe d'un organisme inferieur, qui est l'agent de sa transmission et que Ton peut regenerer. Cette affection doit parconsequenl preudre rang dans la classe des maladies parasitaires.
Des '18S1, dans men premier m^moire, je tiens ä le men-tionner ici, j'ai fait connaitre que M. le professeur Van Kempen el moi, avions constate, dans les produits exsudes de la pleuropneumonie et dans ceux des pustules ou tume-faclions resultant de son inoculation, un corpuscule, ä mouvement particulier, ne se rencontrant que dans cette affection, mais donl, a cette epoque, nous n'avons pas connu suftisamment la signification.
Maintenant, guide et eclaire par les travaux de nos con-temporains, et surtout par ceux de M. Pasteur, j'ai repris l'etude de ce corpuscule, qui, il y a trente ans, avait eveille mon attention et excite ma curiosite, et apres de nonvelles
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— 82 — investigations, je pense pouvoir aftirmer que ce corpuscule est un parasite.
Dans mes recherches precedentes, j'ai etabli que la larult^contagieuseresidedansrair expire despoumonsd'une bete malade et dans l'exsudat qui s'öpanche dans le tissu interlobulaire de ces organes. Aujourd'hui, j'ai reconnu que le corpuscule-genne se rencontre ä peu pres dans tons les tissus et toutes les humours du corps de l'animal ma-lade. On le rencontre en abondance dans le poumon, le I
liquide epanche dans les pievres, les produits pathologi-
ques de I'intestiD, du foie, etc. 11 se trouve en tres petite quantite dans le sang, les muscles, etc.; dans ces der-niers pourtant suffisammeut, je pense, pour jiouvoir dis-tinguer la viande provenanl d'une bete pneumonique.
Dans mes etudes sur la nature du parasite, je n'ai pas seulement en vue un but purement scientifique, mais j'es-pere arriver aussi a un but d'utilite pratique, en determi­nant quelle est la matiere la plus convenable ä inoculer, oü eile doit elre puisee, comment et pendant combien de temps on peut la conserver.
Des experiences seront aussi faites dans le but d'obtenir
un virus cultive et attönue, comme M. Pasteur le fait pour
le cholera des poules,et de procurer ainsi aux inoculateurs #9632;
un vaccin sür et efticace.
Je me crois oblige de remettre en memoire les premieres recherches entrepriscs sur ce corpuscule-germe par M.Van Kempen, professeur distingue d'anatomie pathologique a rUniversite de Louvain, et par moi.
Voici ce que j'en ai dit :
laquo; J'ai examine differentes pieces pathologiques dans le but d'etudier et d'elucider la question de I'inoculation; mes
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— 83 — investigations se sont principalement portees sur les pou-mons malades et sur une espece de tubercule, meconnu jusqu'aujourd'hui, et que j'ai cependant constamment ren­contre dans les ouvertures cadaveriques faites sur les ani-maux morts a la suite de la pleuropneumonie. Ces tuber-cules, repandus dans tout l'intestin, et principalement dans I'intestin grelc, presentent un volume qui varie d'une tiite depingle ä celui d'un gros pois; d'une couleur jaunätre ou verdätre; ils sont situes dans le tissu cellulaire sous-muqueux, et en partie dans lepaisseur de la muqueuse do. I'intestin. ils ne paraissent avoir aucun lien d'origine avec les glandes de Peyer ou de Brunner. Sont-ce des follicules hypertrophiees? Rien ne parait le prouver; on n'y voit au-cune ouverture. ils sont formes d'une matiere homogene, blauchätre, plus ou moins dure, otfrant au microscope des noyaux granuleux et une quantity innombrable de petits corpuscules elementaires, qui jouissent d'un mouvement moleculaire, et qu'on rencontre aussi dans les poumons malades, ainsi que je le ferai connaitre bientot. J'ai exa­mine au microscope des parties de poumon d'animaux pneumoniques avec im grossissement de 340 fois le dia-metre, grossissement beaucoup plus considerable que celui dont s'etait servi M. le prol'esseur Gluge dans ses belles re-cherches anatomo-pathoiogiques sur la pleuropneumo­nie. La matiere exsudee nepresentait aucune structure; je n'y ai rencontre d'autres elements anatomiques que des noyaux granuleux et des corpuscules elementaires pourvus d'un mouvement particulier, le tout ressemblant assez bien a un exsudat intlammatoire, remarquable par sa grande quantite. L'exsudation plaslique se forme d'une maniere si rapide et en masse si considerable, que les elements anato-
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- 84 — miques d'un tievelüppement superieur a celui de ces noyaux lie peuvent s'y former; on n'y rencontre, par consequent, ni cellules, ni globules de pus (je n'en ai jamais trouvlt;5), ni fibres. L'energie du tissu cellulaire semble s'epuiser sur une trop grande quantite de mature exsudee, pour que celle-ci puisse etre portee ä un plus haut degre d'organisa-tion. C'est comme on I'observe quelquefois dans la regene­ration des tissus; par example, dans la section des nerfs et dans la fracture des os : lorsque le liquide exsude setrouve en trop grande quantite, ou que les fragments sont trop ecartes, une partie du liquide exsude se trouvant hors du cercled'actiondercnergicdes tissus existants reste toujours ä un degrede developpement inferieur k celui des tissus voi-sins. Ce qu'il Importe le plus de constater ici, et dont per-sonne jusqu'ä present n'a parle, c'est Veadstence dims les poumons malades de petits corpmetdes juinsmnt d'un mouve-menl moleculaire qui parait quelquefois se faire dans un sens donne. Ce sont comme des corpuscules en voie de forma­tion, dont le mouvenient ressemble ä celui des granules de pigment, ainsi qu'ä ceux qui environnent les corpuscules de la matiere tuberculeuse chez rhomme. Dans toutes mes rccherches microscopiques, j'ai toujours trouvö la meme chose.
laquo; J'ai examine.au microscope des parties du derme (que je possede encore dans l'alcool) d'un des bceufs morts a la suite de l'inoculation. J'y ai trouve les memes elements microscopiques et les memes caracteres chimiques que dans les poumons des animaux pneumoniques.
raquo; Pour m'assurer de mes observations et pour les faire contröler, j'ai envoye, le 12 fevrier 18b2, ä M.Van Kempen, anatomo-pathologiste distingue, pour etre examine, un
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morceau de peau et de tissu sous-jaceut de rahiinal mort la veille ä la suite de l'inoculation. A ce sujet, le savaut pro-fesseur m'ecrivit ceci:
laquo; Je viens d'examiner les pieces que vous m'avez fait par-raquo; venir : j'y ai reconnu de petits corpuscules doues d'un raquo; mouvement moleculaire particulier; ils sont d'un volume raquo; tros variable; quelques-uns sont punctiformes, d'autres raquo; offrent une lumiöre centraie tres marquee, et ces corpus-raquo; eules resistent ä raction de l'aeide acetique. Dans ce raquo; mtMiie morceau de peau, j'ai rencontre des amas de raquo; noyaux granuleux, dans lesquels se trouve un nucleole. raquo; Ces noyaux resistent ä raction de l'aeide acetique, et raquo; c'est meme la le caractere propre des noyaux. C'etait raquo; absolument comma s'il y avait eu une exsudation abon-raquo; dante dans le derme. raquo;
M. Van Kempen n'avait alors aueuue connaissance des inoculations que je pratiquais et ignorait la maladie a laquelle l'animal avait suecombe.
Les caracteres physiques, l'examen microscopique et les analyses chimiques de la partie oü l'inoculation a ete faite, prouvent que le mal local artiticiel, provoque par rinoculation, a les plus grandes ressemblances avec le tra­vail et les lesions morbides qu'on observe dans les pou-mons des animaux devenus malades sous les influences epizootiques de la pleuropneumonie.
laquo; La decouverte de ces corpuscules, dit M. Didot, ancien directeur de l'Ecole velerinaire du Bruxelles, dans son me-moire sur la pleuropneumonie (page 176), constituait un fait trop important pour qu'on put le laisser passer ina-per^u; aussi la commission centraie s'en preoecupa, etJI.Ie docteur Willems fut prie d'en faire la demonstration spe-
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— 86 — ciale dans unc de ses reunions. Leur existence Cut constatee paries membres de la commission, comme eile l'avait ele par 3131. Willems et Van Kempen, mais M. le professeur (Huge n'y vit qu'un des produits ordinaires de rinüamma-
tion. raquo;
Apres ces premieres constatations, M. Voigtländer, en Allemagne, M. Ercolani, le savant directeur de 1'Ecole veterinaire de Bologne, et 1c docteur Gastaldi, en Italic, acheverent de prouver qu'il existe chez les animaux pneu-moniques des corpuscules particuliers et autres que ceux (|ue Ton rencontre dans les phlegmasies simples, et que, par consequent, j'ai eu raison de leur attribuer une origine et une nature specialcs.
laquo; Notre premier soin (1), disent ces savants italicns, fut de rechercher les granules elementaires pourvus d'un mouve-ment partkulier, de Willems; nous primes, u cet ettet, des portions de poumonsdansTendroit oüla lesion etait la plus marquee, et nous fumes charmes d'y trouver dos groupes nornbreux de petils corpuscules plus ou moins etroitement reunis les uns aux autres.
raquo; Ces groupes se separaient, sous une pression moderee, en un plus ou moins grand nombre do granules ou corpus­cules de la grosseur 11 peu pres des globules sanguins, dont ils se rapprochaient, d'ailleurs, pour la forme, c'est-u-dire qu'ils etaient spheriques, concaves dans le centre, nean-moins Iransparents et pourvus de contours bien marques, nettement accuses el obscurs.
raquo; Traites par I'eau pure, ils ne subissraquo;ient pas le rapindre changementde forme; il en etait de meme quand, au lieu
(I) Giomale delta Rente Academia medico-chir. di Torino, vol. XIII, p. 117.
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— 87 — d'eau, on se servait d'acide acötique; seulement, ils en de-venaient plus apparents parce que, en meme temps que les corpuscules demeuraient intacls, les portions du poumon ou ils etaient contenus devenaient plus claires et plus trans­parentes.
raquo; Ces corpuscules semblaient avoir la meme nature que ceux trouves par Guerin-Meneville dans le sang des insectes et consideres par lui comme des parasites, et appeles pour eel a liematozoaires.
raquo; Ces granules elementaires existaient aussi bien dans les poumons que dans la peau, oil, cependant, ils etaient plus nombreux, reunis et circonscrits dans de plus petits groupes. Mais nous n'y vimes pas le mouvement molecu-laire signale par Willems; toutefbis, son absence n'est ici d'aucunt; valour, parce que ce mouvement semble etre plutot passif qu'actif, et ne devoir etre considere que comme un simple mouvement brownien, mouvement qui se manifeste dans tous les corpuscules d'une extreme peti-tesse, quand, libres de toute attache, ils nagent dans un liquide. Or, cette derniere condition manquait entierement dans le cas present, par la raison que les granules etaient entoures d'une grande quantite de fibrine coagulee, infil­tree dans le tissu pulmonaire.
laquo; Ces granules, demande Willems, sont-ils primitifs ou secondaires dans la maladie?
laquo; Considerant que des corpuscules semblables et doues du meine mouvement particulier, se rencontrent chez les larves des lepiäopteres dans les seuls cas pathologiques, specialement dans la muscardine du ver a sole, et notam-ment -chez le papillon, quand il meurt de mort naturelle d'oü resulte la probability que ceux-ci sont un ettet plutot
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— 88 -que la cause essentielle de la condition qui conduit natu-rellement, au bout de peu de temps, les insectes parfaits ä la mort; observant, d'autre part, que, dans le cas donne, ces corpuscules se presentaient on assez grand nombre dans des endroits profondement älteres, qu'ils devenaient plus rares ä mesure qu'on s'en eloignait, et qu'on n'en trouvait plus dans lesquelques portions de poumon ayant conserve leur aspect normal, on est porte ä les considerer plutot comme secondaires que comme primitifs dans la ma-ladie. raquo;
Depuis cette epoque, i'etude de ces corpuscules a ete, pour ainsi dire, coinpletement abandonnee jusque dans ces derniers temps, oü je me suis remis h les ötudier,
Desirant faire contröler l'exactitude de mes recberches, j'ai prie un des honorables membres de cette Acadcmie, qui s'occupe specialement de ce genre d'etude, M. Gousot, ainsi que deux specialistes, MM. Verriest et Bruylandts, professeurs ä l'Universite de Louvain, de vouloir bien me preter leur precieux concours, et ils me Font accorde avec empressement, ce dont je me fais un devoir de les re-mercier publiquemeat.
Ces honorables collegues ont reconnu avec moi I'exis-tence du microbe, du parasite en question. La culture, d'apres les precedes de M. Pasteur, en a ete faite par eux avec un plein succes jusqu'ü la huitieme regeneration. Get interessant microbe est traite avec tous les soins que com-porte son importance, et ii ne parait pas s'en etre mal trouve, car dans le liquide de culture, bien approprie, il se deveioppe en quantite innombrable et se montre plus vigoureux et plus vivace.
Le produit de cette culture sera inocule a une scrio d'ani-
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— 89 — inaux; d'autres seront exposes ä la vaporisation de ce liquide, pour permettre aux vapeurs, vehicule du microbe, de penötrer dans Torganisme du boeuf par les voies natu­relles de la contagion. Nous chercherons aussi amp; deter­miner exactement le liquide le plus convenable ä inoculer et a produire, par la culture, un vaccin pur, abondant et toujours i la disposition des inoculateurs.
Je me propose de trailer ex professo, et avec tous les developpements qu'elle comporle, cette interessante ques­tion et de communiquer prochainement ce nouveau travail ä l'Academie.
Messieurs, au risque d'abuser peut-ctre de votre bien-veillante attention, je crois devoir, cependant, faire part a l'Academie d'une adhesion a mes principes trop impor-tante pour que je la passe entiörement sous silence.
II y a quelques jours, j'avais adresse une lettre ä M. K. ßouley et une autre a M. Pasteur, afin de connaitre I'opiniondeces deux savants sur la question que je viens de soulever dans cette enceinte. Vous ne me refuserez pas, j'en suis sür, la permission de citer quelques passages de la reponse que M. Bouley m'a fait l'honneur de m'a-dresser.
Get eminent collegue partage mes esperances sur la realite de la decouverte du microbe de la peripneumonie et sur les services incontestables que cette decouverte est destinc'-e a rendre aux inoculateurs, en leur fournissant un vaccin de culture perfectionne, sür et exempt de matteres hetero­genes.
laquo; Cette question, dit-il (de la presence d'un microbe dans le liquide virulent de la peripneumonie), je l'ai traitee devant M. Pasteur, en quelques mots, dans la seance de la
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— 90 — Sociamp;ö centrale de mödecine vöt^rinaire, oü M. Pasteur, qui en esl membre, est venu exposer les rösultats qu'il avait obtenus de ses recherches experimentales relatives au cho­lera des poules. J'avais 6te frappö, dans le laboratoire de M. Pasteur, de l'analogie ou plutöt de l'identite, au point de vue tout objectif, entre les lesions produites par inser­tion du virus de ce cholera et celles que determine le virus peripneumonique; et j'en avais conclu que celui-ci devait, comme l'autre, etre constitue par des microbes, dont la pullulation sur place devait produire ces lesions si sembla-bles. II avait et(5 convenu avec M. Pasteur que je le mettrais ä memede recueillir, dans un abattoir du virus peripneu­monique, pour le soumettre ä une culture; mais les recher­ches qu'il poursuit actuellement Tont dötourne de ce soin. Son laboratoire est envahi par une legion de volailles, sur lesquelles il continue ses experiences si fecondes, et le temps, comme l'espace, lui manque pour entreprendre une nouvelle serie. Mais ce n'est que partie difteree et, ä mon retour, je lui fournirai les moyens de com-mencer les recherches dont vous m'entretenez dans votre lettre.
raquo; Aussi bien, il est probable que la liberalite de nos Chambres va le mettre a meme de faire marcher en grand ses recherches. Le ministre de I'agriculture, sur la propo­sition du comitö consultatif des epizooties, vient de pro­poser ä la commission du budget de la Chambre des de­putes d'accorder k M. Pasteur une allocation de 50,000 fr.; et, d'un autrecöte, le conseil municipal doit lui faire con struire, dans les terrains de l'ancien College Rollin, trans-porte ailleurs aujourd'hui, des bätiments annexes de son laboratoire, oü il pourra loger k l'aise tous sesanimaux,en
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— 91 — nombre süffisant pour les exigences de ses demonstrations. Point de doute qu'en presence des resultats obtenus dejä, el avec I'esprit scientifique quedonnent k la Chambre les me-decins et savants, Paul Bert entre autres,qui en font partie, le credit demande ne soil accorde et que M. Pasteur ne se häte de commencer ses recherches sur le virus peripncu-monique................
raquo; 4e ne desespere pas, ajoute M. Bouley, de voir le jour oil le liquide ä inoculer ne sera rien autre que le liquide de culture du microbe, c'est-ä-dire qu'il se trouvera pur de tout element Stranger et tout particulierement de l'element septique. raquo;................
II finit, en disant:
laquo; Vous pouvez compter sur mon concours tres actif pour mener a bien cette question de l'inoculation et arriver a faire disparaitre les inexactitudes que les fails neyatifs con-tribuent a entretenir dans les esprits. Je compte beaucoup, pour la solution definitive, sur les experiences de labora-toire. II est certain que les fails ne peuvent pasetre contra-dictoires, qu'ils ne peuvent pas dire oui et non. Si done ils le paraissent, cela doit dependre de la qualite du liquide inocule et du mode de rinoculation. Cela doit dependre aussi des conditions actuelles de contamination an moment oil l'inoculation est faite. Si d6jä l'animal est infectlaquo; paries voies ordinaires de la contagion, rien d'^tonnant que l'ino­culation demeure en d^faut puisque, aussi bien, la place est dejä oecupöe par l'ennemi au moment oü I'on se pro­pose de la mettre en defense centre lui.
raquo; Quoi qu'il en soil, mon eher monsieur Willems, votre decouverte de l'immunile donnee par rinoculation preven­tive demeure inebranlable. La phase nouvelle danslaquelle
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— 92 — nous allons entrer, celle de l'etude experimentale de la question, ne pent manquer de donner une eclatante con­secration de la verite que vous avez etabiie, et, en faisant disparaitre toutes les obscurites, de faire produire entin i rinoculation preventive tous les resultats econorniqucs qu'elle pent et doit donner.
raquo; Agreez, etc. raquo;
J'espere, messieurs, que le gouvernement beige ne refu-sera pas de me fournir les moyens de poursuivre les expe­riences en grand et dans un milieu scientifique, tel que TEcole veterinaire. Je base encore mon espoir sur cette consideration, que notre honorable president, haut placö dans la sphere administrative, contribuera, je n'en doute pas, a la realisation de mon vopu. dans l'interet de la science et de l'industrie agricole.
Nous complons done pouvoir conlinuer nos recht rches, et etre bientöt en mesure d'en communiquer les resultats ii rAcadamp;nie.
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