-ocr page 1-
^
r^gt; k #9632;*-*
m*. a
^-k
7* Vv .
Ut/v
^*£f
^iK
^ v
j^ #9632;^.laquo;
^jpr'
#9632;^ . /
^•fe
^ ^ ^^
-ocr page 2-
#9632;
-ocr page 3-
-ocr page 4-
-ocr page 5-
TRAITE
DE
MARfiCHALERIE
VETERINAIRE.
-ocr page 6-
Tout exemplaire non revßtu de la signature de I'auteur sera repute contrefait.
CET OUTRAGE SE TROUVE AUSSI, A
Paris . . .
f.ONURES. ,
Genes . . . Turin . . . Bruxf.lles.
i MM- Baillicre. Victor Masson. Bouchard-Huzard. . H. Bailliere. . A. Beuf. ( Bocca. 'i Gianelli et Fiore.
Tircher.
Toulouse. \ De,bo5' ( Jougla.
Saumur . . . Javaud.
i' Vraquo;6 Camoin. Marseiile .{ louis Chaix.
Toulon . . Grenoble.
Bellue Ills.
Monge.
Ch. Velot et C'e
134 Vignettes sur bois par MM. Edm. POCHET et AILOUIS , ä Paris.
LYON. — TTPOGRAPHIE ET LITHOGRAPniE NIGOJraquo;, RUE CHALAMONT , 5.
BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
2856 745 5
-ocr page 7-
TRAITE
MARECHALERIE
VfiTERINAIRE
comprenant
l'^tude de la ferruee du cheval et des autres animaux
domestiqües , sous le rapport des defauts d'aplomb,
des d^fectuosites et des maladies du pied ,
Par A. RlTir,
Professeur de Clinique, Pathologie chirurgicale, Jurisprudence et Martjchalerie ä rEcole v6t6rinaire de Lyon,
Msmbrs de plusisura Societes cavantes.
Pas defer, pas dc cbcT.il.
m
'JA f
Hm
Charles SAVY, Editeur, place bellecour, I'iNkViraquo; xiOr
LYON.
PARIS
LABE, Libiuire ,
Place lt;lc I'Ecole dp Medccinc f b
MONTPELLIER.
SAVY , LlBRAIRE , Grande Buraquo;, 5.
185'gt;.
-ocr page 8-
^^#9632;^#9632;^#9632;#9632;H
^
-ocr page 9-
A M. RAINARD
EX-DIRECTEUR DE l/ECOLE VETERINAIRE DE LYON
Chevalier do la Legion—d'Honncur
Ucmbrc rorresponl ant de I'ludftnle dc HHeriue, de la Sonw ccnlrale d'iitricaltare, etc., etc.
#9632;I
Tümalgaagc de reconnraquo;iraquo;*ance de raquo;on eleve
A. REY.
t\
-ocr page 10-
:
-ocr page 11-
m
INTRODUCTION.
m '#9632;U
mm
Depuis 1'ouvrage si remarquabie public par le c^lebre fondateur des Ecoles vfeterinaires, par Bour-gelat, sous le titre d'Essai sur laFerrure, quelques livres ont 6t6 edit6s sur le meme sujet, soit pour 6mettre des idees nouvelles, soit pour trailer d'une maniere plus complete quelques questions speciales.
En publiant cet ouvrage, je n'ai pas la pretention de faire connaitre quelques decouverles dans l'art de la ferrure, mais bien de reunir de nombreux materiaux, de les coordonner, pour offrir aux eleves un traite des tin 6 a les diriger dans leurs etudes sur une partie des plus importantes de la mödecine vet6rinaire.
La tldhe que j'ai entreprise est difficile a remplir, mais si cette oeuvre n'est pas a la hauteur de mes dösirs, j'aurai la conscience de n'avoir rien neglig6 pour
k
-ocr page 12-
Jlaquo;
arriver k d'heureux räsultats. N6 et 6lev6 dans un atelier de marechal, j'ai 6t6 initife de bonne heure a la pratique de cet art si difficile. Charge depuis dix ans de professer aux 6leves de l'Ecole v6t6rinaire de Lyon le cours de marechalerie, je ne peux craindre le repro-che d'avoir employe one plume profane pour 6crire sur un sujet trop nouveau pour moi.
J'aborderai dans cet ouvrage les questions impor-tantes relatives a la ferrure du cheval, en exposant ce que Ton sait sur chacune d'elles, et en r6sumant les nombreuses idees eparses dans une foule de documents, tout en ayant I'attention d'attribuer scrupuleusement a chacun ce qui lui appartient.
J'öviterai avec sein les longues discussions scientifi-ques qui pourraient m'entrainer trop loin des limites d'un livre qui doit etre ölementaire.
L'fetude des modifications nombreuses proposes pour les formes qu'on pent donner au fer a cheval doit avoir ici une large place. Je ne me contenterai pas de l'examen des fers reellement utiles et qui sont si pen nombreux; j'exposerai aussi les inventions multiplies qui ont 6te faites, lors nu'me qu'elles seront inutiles ou irrationnelles. L'examen des essais de ce genre offre le plus grand intörßt, soit pour ce qui concerne I'histoire de la marechalerie , soit pour faciliter ses progres , la description de ces fers pouvant faire surgir des id6es nouvelles et applicables.
Pour faciliter rintelligence des nombreuses descrip­tions que je dois aborder, j'ai adoptö un systöme d6ja employ^ avec succes dans de nombreux ouvrages scientifiques : des gravures intercalees dans le texte
-ocr page 13-
i
auront l'avantage de placer imm6dialeraent les objels a d^crire ä cöte de leur description.
Ces gravures sont faites sur des dessins d'apres nature dus a I'habile crayon de M. F. Gabillot.
Les fers qui ont servi de modeles pour mes descrip­tions ont ete forges par M. Cochet, chef d'atelier de notre Ecole, dont l'habiletö est connue depuis longteraps sous le rapport de la raarfecbalerie.
La plus grande partie de ce livre sera consacr6e exclusivement a la ferrure du cheval; les trois der-niers chapitres seront destines a celle du mulct, de l'äne et du boeuf.
m
1 * b
'5 %-#9632;
w
gt; \
Fi
#9632;#9632;#9632;
-ocr page 14-
BIBLIOGRAPHIE DE LA MARECHALERIE.
Dans les auleurs grecs, on trouve de nombreuses citations relatives aux soins que le pied du cheval reclame sous le rapport de la conservation de la come; Leurs ouvrages ne parlent pas de laferrure.
La meme observation s'applique aux nombreux trails d'hippiatrique publies par les auteurs romains.
Les ouvrages les plus anciens que Ton connaisse sur la marechalerie remontent seulement au commencement du XVP siecle.
Nous aliens exposer successivement les titres de ceux qui nous sont connus, en terminant par les publications les plus modernes:
I5öö. Ladrentius Rusius. Opera di Mascalcia, ou Vjirt du
Marechal. — Venisc , 1533. 1553. Iilippo Sacro de LOGLUGOZZO. Trallato di Mascalcia,
Traite de Marechalerie. — Venise, 1553.
1563.nbsp; Hierocues , auteur grec. L'^rt veterinaire,oula grande
Marechalerie. Traduction imprimee ä Paris en 1563.
1564.nbsp; Cesar Fiasciu. Traite de la maniere de bien emboucher,
manier etferrer les chevaux. Ouvrage Italien, public en 1559: Iraduit en francais par Nagueres en 1364.
-ocr page 15-
iö67. Caracciolo. Gloria del Cavallo. 1567.
1573. Claudio Corte. L'Ecuyer. — Lyon, 1573.
1399. Carlo Ruini. Infinnita del cavallo, Maladies des chevaux.
—nbsp;Venise, 1599.
1607. Horace de Francini. Hippiatrique. — Paris, 1607. 1628. DuHESim. L'Jrt de la Marechalerie. — Paris, 1628. 1633. N. Beaucrakd. Le Marechal expert. —Lyon, 1653. 1642. De l'Eswxay. La gründe Marechalerie. — Paris, 161.2. 1654. Le grand Marechal francais, sans nom d'auteur. —
Paris, 1654. 1660. ÜEAuyioxT. Le nouveau par fait 3Iarechal. —Paris, 1660.
1662.nbsp; Le grand Marechal expert et francais, sans nom d'au-
teur.— Paris, 1662.
1663.nbsp; Delcampe. 4rt de monier ä cheval, — Paris , 1663.
1664.nbsp; Solleysel. Leparfait Marechal. — Paris, 1664.
1666. Marckam. Le nouveau et savant Marechal, traduit de Tanglais. —Paris, 1666.
1669. Francesco Liberati. La Perfection du cheval. — Rome. 1669.
1725. Begrieres. Manuel des Ecuyers. — Paris, 1723.
1733.nbsp; De la Güeuoiere. Ecole de cavalerie concernant la con-
naissance, Vinstruction et la conservation du cheval.
—nbsp;Paris, 1733.
1734.nbsp; Gaspard SxvmvR. La parfaite connaissance des clwvaux,
leur anatomic , leurs bonnes et mamaises qualites, lews maladies et les remsdes qui y comiennent. — La Haye. 1734.
1741.nbsp; Garsault. Le nouveau parfait Marechal, ou la Connais-
sance generate et universelle du cheval. — Paris, 1741.
1742.nbsp; Salvador. La Sante du cheval, ouvrage espagnol. —
4742. 1756. Lafosse pere. JVomelle Pratique de ferrer les chevaux de
seile et de carrosse. — Paris, 1756. 1758. Reponse ä la Nouvelle Pratique de ferrer du sieur Lafosse,
par les maitres marechanx de Paris. — Paris, 1758.
ml
' S: * '#9632; f
sect;
I
-ocr page 16-
i759. RoNDEwalne. Observations sur des articles concernanl la
Marechalerie. — Paris, 1759. 1760. BourgelaT. ElSments d'Hippiatrique. — Paris, 1760.
1763. Herissaist.Medecinedeschevaux,ul'usagedeslaboureurs.
—nbsp;Paris, 1765.
1766. Lafosse fils. Guide du Marechal. — Paris, 1766.
1768. Weyrother. Le parfait Ecuyer mililaire de campagne.
—nbsp;Paris, 1768.
1771. Bourgelat. .Eamp;saraquo; theorique et pratique sur la Ferrure.
Paris, 1771. 1771. J.-B. von Sind. L'^trl de dresser et de ferrer les chevauar.
—nbsp;Francfort, 1771.
1773. Fr. Druts. L'Anli-Marechal, ou le vraiMiroir desmala-dies internes des chevaux, leurs symptdmes, leurs causes, avec les remedes les plus assures , les plus sim­ples el de facile execution. — Liege, 1773.
1782. Charert. Ferrure des chevaux qui forgent.Instructions veterinaires, t. V, p. 246. — Paris , 1782.
1800. Moorcroft. Cursory account of the various methods of shoeing horses. — Londres , 1800.
1805. Grognier. Notice historique et raisonnee sur Bourgelat.
—nbsp;Lyon, 1805.
1810. Gorier. Tableaux synoptiques sur les Ferrures le plus sou-vent pratiquees au pied des monodactyles ou solipedes, et didactyles ou bisulques. — Lyon, 1810.
1810. Bracy Clarck. Recherches sur la construction du sabot du cheval, et suite d'experiences sur les effets de la ferrure. — Imprime a Londres en 1810 et traduit en fran5aisenl817.
1813. Gohier. ^vantages et inconvenients des crampons. Memoires de Gohier, 1.1, p. 90. — Lyon, 1813.
1817. Jauze. Cours theorique et pratique de Marechalerie velerinaire. — Paris, 1817.
1825. J. Girard. Traite du pied considere dans les animaux domestiques.—Paris, 1825.
1827. Godwin. Guide du Velerinaire et du Marechal, — Paris, 1827.
-ocr page 17-
#9632;lt;Blaquo;quot;
m
1828. C. Balassa. Traue de la Ferrure sans confraintc , ounbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ' \
may en de ferr er les chevaux les plus vicieux en moins d'une heure et de les corriger pour toujours de leurs defauts, Systeme puise dans les principes de la Physio­logie du cheval, par M. Balassa , capita!tie de cava-lerie autrichienne , traduit par un offlcier francais. — Paris, 1828.
igt;;i';
•1829. Vatel. Considerations generates sur la Ferrure des che­vaux qui se coupent. Recueil de medecine veterinaire,^ 1829,p. 315.
1853. Grognier. Precis d'un cows d'hygiene veterinaire. —,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,
Lyon, 1833, p. 553.
1835. Verrier. Des moyens d'avoir les meilleurs chevaux, ou de l'importance de la forme et de l'aplomb naturel du sabot du cheval pour la conservation de ses qualites. —Paris, 1835.
1837. Favre d'Evires. Ze ^YmnaiVe caw/Mi^/iard.—Geneve. 1837.
1839.nbsp; Hurtrel d'Arboval. JJictionnaire de medecine el de
Chirurgie veterinaires, —Paris , 1839.
'#9632;',' 'i
1840.nbsp; Biquet. Considerations generales sur la Marechalerie,
suivies d'un expose de la methpde de ferrure podo-metrique ä froid et ä domicile. — Tours, 1810.
1841.nbsp; J.-B.-C. Bodet. De la Ferrure sous le point de vue de
Vhygiene , ou de son influence sur la conservation des
animaux et leur aptitude au travail, suivi des moyens
d'agir sur la come. —Paris, 1841. 1841. Biquet. Quelques considerations sur la Ferrure podome-
trique ä froid. Recueil de medecine veterinaire.
1841, p. 575. 1845. F. Lecoq. Traite de l'exlerieur du cheval et des princi-
paux animaux domestiques. 1843.
1843.nbsp; DeNanzio. Trattalo theorico et pralico delta Ferralura.
Traite theorique et pratique sur la Ferrure. — Naples,
1845.
1844.nbsp; Seon Rociixs. Hygiene vclerinaire militaire. — Paris,
1844, p. 252.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;
* { I
i
4 I #9632; it
-ocr page 18-
V1IJ
1844. H.Bouley.DeldFerrure.MahonrustiqueduXIX'siecle, 1' volume, p. 346. —Paris, 1844.
1844.nbsp; Maggt;e. Tra'Ue d'Hygiene veterinaireappliquee. — Lyon,
1844, p. 556.
1848.nbsp; Vatel. Rapport sur la ferrure a /Void. — Itecueil de
medecine veterinaire. — 1845 , p. 786.
1845.nbsp; Riquet. Memoire sur la ferrure podometrique. Recueil
de medecine veterinaire. —1845, p. 889. 1845. Delafond. Jtecherches microscopiques sur la come.
Recueil de medecine veterinaire, —1845 , p. 951. 1845. Bouley jeune. Histoire de la Ferrure. Recueil de
medecine veterinaire. — 1845 , p. 991.
1845.nbsp; Bouley jeune. Observations sur la Ferrure podometrique.
—nbsp;Recueil de medecine veterinaire. —1845, p. 1012.
1846.nbsp; Barthelemy aine. Sur la Ferrure ä froid.Recueil dc
medecine veterinaire. —1846, p. 80. 1846. RENAULT. Discussion sur la Ferrure ä froid. Recueil
de medecine veterinaire. —1846, p. 159. 1846. Barthelemy jeune. De la Ferrure ä froid.Recueil dc
medecine veterinaire. — 1846, p. 241.
1846.nbsp; Riquet. De la ferrure podometrique.Recueil de mede-
cine veterinaire. —1846 , p. 345.
1847.nbsp; Renault. Rapport sur un nouveau Systeme de Ferrure.
Recueil de medecine veterinaire. #9632;— 1847 , p. 193.
1849.nbsp; J.-C. Gross. Traite pratique el theorique de Marechalerie.
—nbsp;Stuttgardt, 1849.
1850.nbsp; Parry. JSouvelle Ferrure sans clous.—The Veterinarian.
—nbsp;Recueil de medecine veterinaire. — 1850, p. 267. 1850. Notes sur l'histoire de la Ferrure du cheval. — The
Veterinarian. — Recueil de medecine veterinaire. — 1850, p. 586.
1830. Vatel. Rapport sur I'ouvrage publie en 1835, par M. Perrier , de Bergerac. — Recueil de medecine veterinaire. —1850, p. 108.
1850. Sempastous. Ferrure orlhoptidique sur deux poulains du haras de Pompadour. Recueil de medecine veteri­naire, — 1850 , p. 200.
-ocr page 19-
i:
1850.nbsp; William Miles. The horses foot and how lo keep it
sound, Du pied du cheval el de la maniere de le comer-ver en bon dial. — Londres, 1850.
1851.nbsp; RossiGJiOL. Mapport sur la Ferrure d'aprcs le Systeme
Perrier. Recueil dc medeciue velerinaire , 1851,
p.135.
1851. 11. Bouley.
Perrier.
Discussion sur la Ferrure d'apres le Systeme Recueil de medecine velerinaire , 1851 ,
p. 229. 1831. J. Ambert. De la Ferrure des chevaux. Journal dc me-
deeine velerinaire. —Lyon, 1851, p. 241. 1851. H. BoLXEY. Traile de Vorganisation du Pied da cheval.
Paris, 1851, avec un atlas de 51 planches.
raquo;J
quot;
m
-ocr page 20-
mmm
-ocr page 21-
]#9632;'#9632;
CHAPITRE PREMIER,
DE LA MARECUALERIG.
Um
m
m J
m
#9632;Mill
fi
lt;f
ft
Sommaire. — Definition. — Origine du maröclial. — Rappuits de la marechalerie avee les autrcs branches de la medecine vcUirinaire; son imporlancc. — Prejugis conlrc cet art.
DEFINITION DE LA MARECHALERIE. MARECHAL.
ORIGINE DU
On donne le nom de Marechalerie a l'art de forger el d'appliquer des semellesde fer sous lepied des animaux.
Le but de cette application est de soustraire a I'usure le sabot des chevaux destines a travailler sur les routes ferries, de prot6ger les pieds des grands ruminants contre la douleur qui doit r6sulter d'une longue marcbe; eile sert encore pour les uns et les autres a rem^dier a des d^fauts d'aplomb, ä des d^fectuosites, ä des mala­dies.
L'ouvrier qui pratique la marechalerie est appel6 markhal en frangais; marshall, smith, en allemand; farrier, marshal, en anglais, maniscalco, en italien.
m
-ocr page 22-
Le mot marechal est d'origiue celtique. Garsault le fait d6river de mar, cheval, et slack, ministre, inlen-dant.
Cette expression a 6t6 inventöe pour designer rhomme dont la sp6cialit6 consiste ä s'occuper des soins ä donner au cheval.
Autrefois les marechaux remplissaient les fonctions des velerinaires acluels ; aujourd'hui leur metier consiste seulement a pratiquer la ferrure des animaux. Cette täche n'est pas aussi simple qu'elle le parait, quand on la voit remplir par le plus grand nombre des ouvriers de nos villes et de nos campagnes. Un bon marechal n'est pas cbose commune; il faut qu'avec I'experience fournie par la pratique, il possede des notions theoriques de plus d'un genre.
Dans le quinzieme siecle, la communautö des mare­chaux comprenait les marechaux ferrants et les mare­chaux grassiers; ces derniers ne travaillaient qu'aux voitures et n'avaient avec les premiers de commun que le nom. On abolit les maitrises en ffevrier 1776; alors les marechaux ferrants se retrouverent seuls.Oncrea de nouvelles communautes au mois d'aout suivant, et les marechaux ferrants furent reunis aux eperonniers. Cette reunion fut mieux entendue que la premiere, puisque Tart de forger le mors et d'emboucher les chevaux est une des branches de la veterinaire (1).
On ne trouve pas chez les Grecs et les Romains d'expression qui reponde a celle de marechal.
(I) Ambert. Esquisscs historiqms sur I'annec frannaisc. ;aiiinur. p. 68.
1037 ,
-ocr page 23-
Les Grecs donnaient le nom A'hippialre, ncmctrfos, ä celui qui s'occupait de guerir les chevaux malades (ititto;, cheval, et taTpo;, medecin). 11s appelaient str/ivw-Tpo; le medecin des bestiaux ( y.-yivo;, bötail et laxpo;, m6decin).
Pline appelle velerinarius celui qui s'occupe plus parti-culierement des bötes de somme, veterince; de lä le mot velerinaire, adopts de nos jours pour designer celui qui a pour mission de guerir les maladies des animaux domes-tiques.
Dans des temps plus modernes, on trouve dans les ouvrages latins le faber equinarius, ouvrier qui s'occupe des chevaux.
L'origine du mot marechal ne paralt pas remonter au-delä de l'fepoque a laquelle on a commence ä prati-quer la ferrure a clous.
I i
#9632;ma
#9632; Ihr
SK'S'i
i w
KAPPORTS DE LA MAEECHALERIE AVEC LES AUTRES BRANCHES DE LA MEDECINE VETERINA1RE ; SON IMPORTANCE.
La marechalerie est essen tiellement li6e ä la mode-cine vfeterinaire ; eile a des rapports intimes avec les diverses branches de l'art de gu6rir les animaux.
Sous le rapport de Vhygiene , la marechalerie fournit un des moyens les plus puissants pour la conservation des pieds. Le sabot du cheval qui n'est pas ferre re-siste difficilement aux causes d'usure qu'il rencontre sur nos routes ferrees et sur le pave des villes. On doit adopter des genres divers de ferrure , suivant les ser­vices auxquels les animaux sont destines.
1
#9632;if.
-ocr page 24-
La palhologie, ou l'fetude des maladies doit s'occuper n^cessairement des affections du pied qui sont le rfesultat de la ferrure ; eile emprunte ä l'art du mar6-chal des moyeus de guerison qui consistent dans l'em-ploi des fers de differentes formes, et qu'on a appel6s fers palhologiques. On pent dire avec raison que toutes les maladies du pied exigent l'emploi de la mar^chale-rie. Le vöterinaire ne pourra que tres difficilement arriver au diagnostic des claudications, s'il n'est pas complelement initie ä l'art du marechal. Ne faut-il pas faire deferrer et examiner , sonder avec attention le pied correspondant au membre boiteux pour voir si le sabot ne recele pas la cause de la boiterie ? Si Ton se livre ä une investigation incomplete , il pent en r6sul-ter une erreur de diagnostic et de graves complications qui sont produites par la presence du pus dans la region digit6e.
Des liaisons non moins intimes existent entre cette partie de l'art vet6rinaire et la Chirurgie. Plusieurs ope­rations exigent des fers d'une forme toule sp^ciale; ainsi, on applique le fer a brauche tronquee apres I'op^ra-tion du javart cartilagineux, le fer a dessolure apres celle du clou de rue, etc. Ces fers sont utiles pour mainlenir les appareils de pansement et favoriser la cicatrisation des plaies du pied. Remarquons, en outre, que les veterinaires qui out acquis une certaine habilete dansl'art de la marfechalerie prfesentent beaucoupplus d'aptitude pour la pratique des operations chirurgicales du pied. Souvent aussi les ouvriers de la campagne sont inhabiles pour parer la corne et appliquer un fer convenable; comment obvier äcet inconvenient, si Ton
-ocr page 25-
11
ne peut, au besoin, remplir l'office du niarechal ou au moins diriger celui qui en est charge?
L'bygiene , la pathologie et la Chirurgie sont les sciences v6t6rinaires qui se lient le plus a l'art de ferrer les chevaux.
Nous voyons encore les autres sciences fournir au maredial des notions necessaircs pour I'exercice intel­ligent de son art.
Ainsi, Vamtomie lui apprend que le pied du cbeval et du boeuf n'est pas une masse entierement formee par la corne; eile lui revele une organisation compliquee, dont la connaissance doit le guider dans 1'application du fer. C'est par l'amp;ude des parties Constituantes du pied qu'on se rend compte des accidents qui rösul-tent d'une ferrure mal faite ; on apprend que le fer chaud ne doit pas rester impun^ment applique pendant longtemps sur la corne, que les clous ne doivent pas Ätre iinplanles au basard. Sous le rapport de l'ölasticitfe du pied et des conditions qui doivent la favoriser, l'ana-tomie fait connaitre les organes qui concourent le plus ä entretenir cette propri6t6.
L'etude de Yexterieur des animaux fait connaitre les conditions de beaute des pieds qui sont susceptibles d'etre ferr6s; eile nous apprend ä discerner les aplombs et ä diriger les secours qu'on emprunte ä la maröcbale-rie pour remödier ä leurs d^fectuosites.
Par la physique on explique la construction de cet appareil elastique represents par les pieds et les mem-bres; on se rend compte de l'influence des parlies molles contenues dans le sabot, du röle que jouent les rayons brises qui formen! les colonnes destinees a sup-
m
W
I
iquot; #9632; .'(#9632;'
-ocr page 26-
porter le corps de l'aiiimal. La ferrure doitfetre combi-n6e de maniere a ne pas detruire I'effet qu'on doit attendre de ces dispositions naturelles, si nfecessaires pour la conservation desextr6mit6s. C'est ainsi que, par ime ajusture convenable, on cherche, dans la ferrure francaise , k reporter^Veffet des reactions sur les parties du pied qui peuvent les supporter sans trop de fatigue.
C'est par la chimie qu'on se rend compte des qualitös qu'on doit rechercher dans le fer pour qu'il soit em-ploy6 avec avantage dans Tart du marechal. La mfirae science fait connaitre aussi quelle doit 6tre la nature des combustibles a mettre en usage pour la forge.
Enfin, la maliere medicale et la pharmacie fournissent les moyens medicamenteux propres a modifier les alte­rations de la corne. Ces deux sciences laissent encore ä desirer sous ce rapport; il est probable que t6t on tard elles permettront de constater quelques progres.
L'etude de la mar^chalerie est done d'une grande importance pour le veterinaire.
On ne saurait trop insister sur cette verite, qu'on tend de plus en plus ä mteonnaltre. Quelques esprits exageres croient mfeme a la possibilitfe de mettre la mar6chalerie de c6t6 dans les etudes veterinaires; ce serait une grande faute.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;S
II est indispensable que le veterinaire possede des notions exactes sur les conditions que la ferrure doit remplir pour conserver les aplombs de l'animal, I'inte-grite de ses pieds, pour remedier aux maladies. Or, la mar^chalerie n'est pas un art qu'on apprend avec les yeux; il faut I'exercer meme pendant longtemps pour la connaitre un pen.
-ocr page 27-
#9632; fm
Ajoutons ä cela que dans une par lie de la France, surtout dans le Midi, le v^terinaire est condamne par la force des choses a tenir un atelier de marechalerie, sous peine de voir bientöt sa clientele disparaitre com-pletement.
Nous n'avons certainementpas la pretention de vou-loirimposer aux 6leves de nos ecoles une pratique exa-g6r6e dans l'exercice de la ferrure; sans doute il est facile de pr6voir que leurs connaissances sous ce rapport diminueront a mesure qu'on exigera d'eux une education premiere plus developpöe. Ainsi, peu d'annees se sont ecoul6es depuis le temps on les ecoles vfet6rinaires rece-vaient en majorite parmi leurs eleves des ouvriers marechaux; aujourd'hui leur nombre a considerable-ment diminue. Mais ce n'est pas une raison pour douter de l'imporlance d'un art cree dans I'interet de la conservation du cheval; c'est avec la plus intime conviction que nous insistons sur la necessite de ne pas abandonner cette partie de l'enseignement.
II
m At
ir1
Prejuges contre eel art. — 11 est vrai que, pour beau-coup de personnes , la mar6cbalerie est un metier grossier; que bien des jeunes gens de merite s'eloignent de nosfecoles, parce que, pour y 6tre admis, ils doivent apprendre a forger un fer, et par consequent se montrer quelquefois dans un atelier de maramp;hal. C'est un prejuge sans valeur et qui ne peut soutenir un examen s6rieux.
Bourgelat, notre maitre, exprime de la maniere suivante son opinion sur le (U'dain qui parait s'attacher encore a cette profession :
U
:.il!
-ocr page 28-
laquo; Le peu de progres que Ton a fait dans la connais-raquo; sance de cette parlie I'a maintenue dans un avilisse-raquo; ment dont les autres mfeme se ressentent; on n'a vu raquo; dans celui qui I'exerce qu'un manoeuvre occupfe a raquo; Lattre le fer; on n'a pas portö ses regards plus loin, raquo; et des lors et l'artiste et l'ouvrage ont kik 6galement raquo; ravales, parce qu'il est de la folle vanitfe du plus grand raquo; nombre de dödaigner les travaux de la main, tout raquo; utiles qu'ils puissent 6lre, c'est-a-dire de mfepriser raquo; dans celui qui les consacre a la n6cessit6 et a I'avan-raquo; tage d'autrui, l'usage des instruments que la nature raquo; nous a particulierement accord6s pour servir nos raquo; besoins et pour seconder notre industrie (1). raquo;
La marechalerie n'est pas un art mecanique, des qu'elle ne consiste pas seulement a fixer sous le pied du cheval un fer plus on moins grossier, destine a empecher l'usure de la corne. Des que son influence est si grande sur la bonte du cheval, sur sa conservation, sur les services qu'on peut en attendre, il y a necessairement beaucoup de m6rite pour celui qui la pratique avec discernement, en dehors d'une aveugle routine.
(1) BotmcELAT. Essai thiorique et pratique stir la Ferrure, i 8J3, p.7.
-ocr page 29-
CHAPITRE II.
RECHERCIIESHISTORIQUES SÜR LORIGINE DE LA FERRÜRE DU PIED DU CIIEVAL.
Sojimaire. — Histoire de la fenurc du cheval. — Trois öpoques dif#9632;
ferentes-----PremUre äpoque: Emploi des chaussures sans clous.
Deuxieme ipoque : Introduction de la fcrrure en France et en Anglelerre; obscurittS sur son orlgine. — TroisUme dpoque: Etat de la ferrure dans les temps modernes.
¥.
m 1 ,|r;||
ill
wM
til
m
H1STOIKE DE LA FERRURE DU CHEVAL.
Dans tous les temps on a cherchö des moyens pro­pres ä empecher l'usure du sabot du cheval.
On n'a pas toujours employ^ les m^mes procfedes.
L'origine de la maröchalerie ne parait pas remonter a une 6poque tres reculee. D'apres les anciens auteurs, eile dale seulement du cinquieme siecle.
Trois epoques differentes. — L'histoire de la ferrure embrasse trois epoques difftrenles : la premiere 6poque comprend les temps les plus recules, pendant lesquels la ferrure proprement dite etait inconnue; ainsi, les Grecs et les Romains ne la pratiquaient pas.
im
'• -i'
m
-ocr page 30-
10 Mais ces peuples, les Romains entre aulres,appliquaienl une chaussure sous les pieds des chevaux , pour les pre­server de Fusure dans des circonstances exceptionnelles.
Dans la dcuxieme epoque, on trouve l'application de la ferrure ä clous; eile date de l'invasion du midi de l'Europe par les Barbares du nord.
Enfin, la troisieme 6poque embrasse les tempfe mo­dernes , dans lesquels la ferrure a subi des perfection-nements remarquables.
Premiere epoque : Emploi des chaussures sans clous.La ferrure du cheval 6tait inconnue des anciens peu­ples , meme les plus civilises.
Elle n'etait pas pratiqu6e cbez les Grecs. En effet, en consultant quelques auteurs , tels qu'Homere , Xenopbon et autres , nous y trouvons des citations qui viennent ä l'appui de cette assertion.
Bourgelat et Lafosse professent une opinion con-traire.
Bourgelat cite un passage de VIKade (t), dans lequel Homere parle des chevaux du cbar de Jupiter et de ceux du cbar de Neptune, dont les pieds, dit-il, 6taient d'airain. Get auteur emploie l'^pitbete xaljamm;, aua; pieds d'airain.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;. .,.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,11
Cette citation ne prouve pas que les cbevaux etaient ferr6s ä l'epoque oü Homere a ecrit VTliade. On peut admettre qu'il a voulu tout simplement designer par cette expression la durete du pied, qu'il comparait ;Y celle de l'airain. ,
''•raquo;'#9632;
(1) Homere, J/iade, liv. VIII et XIII.
-ocr page 31-
#9632;m
11
Bracy-Clark fait observer avec raison que , si le* chevaux eussent 6t6 ferr6s, un auteur aussi correct qu'Homere aurait dit des pieds garnis d'airain, et non des pieds d'airain (1).nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; s
: II ajoute que, si l'art de la ferrure eüt ete connu du temps d'Honaere , il se serait perfectionn6 comiue lous les autres se perfectionnerent en Grece apres cettc fepoque et jusqa'a celle oü ce pays subitle joug des Romains, et que cependaht on n'en tröuve aücune trace;. -#9632;: / i -m lt;#9632;•.gt;#9632; . .lt;#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ' ( -• ' ':'' quot;quot;'
D'ünwautre cötfr, si Ton consulte les ouvrages de Xönophon , un des premiers auteurs qui se sont occu-p6s de ramp;Jucation dn cheval, on y trouve la preuve que la;ferrure 6tait inconnae. Get Historien a ecrit son traite d'equitation 500 aWs avant J.-G.
11 comtnandait le corps de cavalerie des dix mille Grecs envoyes au secours de Gyrus le Jeüne , et dont on a taut cel6br6 la fameuse retraitöv'1 rjlaquo;
Dans son ouvrage; on trouve le passage suivänt :
laquo;De m^rne, dit-il, qu'on s'Occupe de la nourriture raquo; du cbeval et de ses exercices pour lui fortifier le corps, raquo; de meme aussi il faut donner ä ses pieds lä plus raquo; grande attention. Lesmieuxconstitu6s peuvent beau-raquo; coup souffrir dans l'ecurie de l'bumidite et de la raquo; mollesse du sol. Pour remedier a cet inconvenient, il raquo; faudra done d'abord que I'amp;nirie soit en pente, et raquo; ensuite qu'elle soit pavee de pierres rondes serrees raquo; les unes contre les autres et tout au plus dc la gros-
ill
If1
•ll. #9632;
,#9632;gt;'amp;!
if
1 i
quot; f
#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i :
#9632;i- il
#9632;nbsp; ml
(I) Bii.vc.Y • Clark. Iteeheirehes snr let constmclion du sahöt, J8I7 . p. 150.
lay
m
ik
-ocr page 32-
i
12 raquo; seur du sabot. Un pareil sol a I'avantage de durcir et raquo; de consolider les pieds des chevaux qui y restent.
raquo; Aussi, comme le palefrenier doit panser le cheval raquo; dehors et l'öter du rätelier apres le dfejeüner, afin raquo; qu'il revienne avec plus d'appetit au repas du soir, on raquo; doit, pour rendre la place du dehors aussi propre ä Uli raquo; fortifier les pieds que Tecurie, y jeter quatre ou cinq raquo; voitures de pierres rondes, de grosseur ä emplir la raquo; main, et les entourer d'un cercle de far pour les raquo; contenir. Les pieds du cheval, plac6ssurcesol, eprou-raquo; veront le m6me effet que si 1'animal 6taitpromen6 une raquo; partie du jour sur un terrain caillouteux, surtout 3gt; si 1'animal pielinc ce sol lorsqu'on retrille et lorsqu on raquo; le houchonne; la fourchette ne pent pas manquer de raquo; se fortifier sur un pareil terrain. raquo;
Dans ce mferne traitfe d'6quitation, Xenophon parle du celebre ecuyer Simon et de ses prfeeeptes. laquo; Simon, raquo; dil-il, nous apprend qu'on reconnait la bont6 du raquo; pied du cheval au son qu'il rend dans sa battue sur raquo; un terrain dur. 11 a raison, car la corne, lorsqu'elle raquo; est creuse, doit rfesonner contre terre comme une raquo; cymbale.raquo;
Le meme donne les instructions suivantes dans son traue sur les devoirs du maitre de cavalerie : laquo; Afin de raquo; rendre les pieds du cheval les meilleurs possibles, il raquo; faut, ä moins que quelqu'un ne sache un moyen plus raquo; facile et plus efficace, il faut, je le dis par experience, raquo; prendre des pierres du poids d'une livre, un pcu gt;gt; moins c'est egal, el les r6pandre dans une place sur raquo; laquclle on conduira toujours le cheval quand on raquo; voudra relriller, ou seulcment Toter de la mangeoire,
-ocr page 33-
13 raquo; afin qu'il les pietine conlinuellement. Celui qui feia raquo; cette experience me croira bicnlöt sur cet objet raquo; comme sur tous les aulres, en voyant les pieds de raquo; seschevaux s'arrondir (1). raquo;
Dans ces diverses citations des ouvrages de X6no-phon, il n'y a rien qui fasse mention de la ferrure des chevaux. Bourgelat trouve cette conclusion hasardee; il pense que I'auteur a voulu parier seulement des pieds mous et faibles et des moyens de les rendre plus resis-tants, tout comme nous cmployons aussi des proc6des divers pour arriver au meine resultat. Huzard pere et M. Rainard sont d'un avis oppose.
Si les Grecs ne ferraient pas les chevaux, ils cher-chaient quelquefois a garantir les sabots des animaux employes au transport du materiel destine a faire la
im
m
m
Ml
f
Xenophon parle de cbaussures en cuir, semblablcs a celles destinies aux soldats, qu'on employait quelquefois pour les chevaux; on les nommait des embatai, ey.Sa.-nH.
Aristote rapporte qu'a la suite de longs voyages, on appliquait, de son temps, des enveloppes appelees caröa-linai, xapCaTtvat, sous les pieds douloureux des chameaux (2).
Apsirte parle des ippopodes (3), sorte de cbaussures dont les courroies et les cordes causaicnt aux chevaux de graves blessures, au point de faire tomber la peau
1 'i
laquo;M..;
#9632;' llaquo;lf
(1)S mfcmct rjf.Km/j.rjx, Ed. Leünel, iwt. Par., 1623. — tiiikfxues, p. 956.
(2)nbsp; Histoire des animaux d'Aristote, trad, de Camus. I'aris, IT.'!,!, 1. I,lr\-. n,p. 61.
(3)nbsp; /pjiopodes, de [irrte;, cheval, et irtuj, ttcftt: P'l-'d.
II:
iim
T4
i'-f'.it
-ocr page 34-
. 1
14 et de meltre les tendons a d6couvert. 11 indique les moyens de gu6rir ces accidents par diverses applications medicamenteuses. 11 aurait certainement parlö de la ferrure a clous si eile eüt 6te connue ä cette 6poque.
Alors, pour les grands voyages, on prfeftrait se servir des änes et des mulets, dont les pieds resistaient davan-tage ä l'usure.
— Les Romains n'etaient pas plus avancös que les Grecs; ils ignoraient entierement l'art de la ferrure.
Les citations empruntees ä divers auteurs prouvent que leurs chevaux n'etaient pas ferres, et qu'ils se ser-vaient, dans quelques circonstances, de souliers ou de bottines pour les pieds trop faibles.
Columelle, qui 6tait contemporain d'Auguste, parle du spartea ou sparteum opus, sorte de cbaussure faite avec des branebes de genet qui se nouaient autour de ia couronne. Vögece parle aussi de l'emploi du spartea ou sparcia : laquo; Quand le sang aura coule suffisamment, laquo; mettez du sei sur la plaie, lotionnez-la avec un me-raquo; lange d'buile et de vinaigre, et enveloppez-la de suite raquo; de linges; ayez soin ensuite de cbausser le sparcia, raquo; afin que le pied puisse se refaire apres l'evacuatioD raquo; des bumeurs. raquo;
Ce n'est pas avec le genet commun, sparlium scopa-rium, qu'on fabriquait les enveloppes destinies ä pro-teger les pieds des animaux , mais avec le genfet d'Espa-gne, sparlium junceum, remarquable par la longueur et la flexibilite de ses tiges.
Aujourd'hui encore, d'apres le rapport de Kampfer, dans une partie du Japon, les voyageurs se servent d'un appareil de tiges de jono pour enveloppev et pro-(cger les piods des chevaux.
I
#9632;i
-ocr page 35-
V
15 Du temps des Romains, les semelles qu'on appliquait exceptionnellement sous le pied des animaux 6taient quelquefois garnies de lames de nnMal. C'est ce que semblent indiquer les vers suiyants de Catulle :
Et supinum animum in gravi dereliquere cwno, Ferream utsoleam tenaci in voragine nmla Dereliquit.
Toutefois cette citation ne prouve pas que la ferrure etait connue en Italie ä cette epoque.
Les chevaux de N6ron portaient des fers d'argenl; les mules de Poppte, sa femme, avaient sous les sabots des semelles d'or. On trouve sur ce sujet la citation suivante dans l'histoire naturelle de Pline : Nostra wlate, Poppea, conjux Neronis prineipis , delicatioribus jumenlis suis soleas ex auro quoque inducere. Pline ecrivait 79 ans apres J.-C.
Suötone rapporte que Neron ne voyageait jamais sans avoir ä sa suite mille chars dont les mules avaient des souliers en argent.
Dans les ecrits de Vegece, concernant les animaux, on trouve la description de leurs races, de leurs diverses maladies; il n'est pas question des accidents qui resul-tent de l'application du fer , mais on y parle des blessures produites par les courroies fix6es autour du paturon. Done on ne ferrait pas les chevaux du temps de V6gece.
D'un autre cote, les bas-reliefs des anciens nous montrent les chevaux sans fers. Un bas-relief qui est dans le musöe britannique reprösente une course de chars; les chevaux ont les canons de devant entourcs des ban-flcleües qui servaient a fixer les ippopodes, nwoico^es.
m m
M
j,,
'l *
,;
II'
.1
n,{
w
-ocr page 36-
1
I
h
IG
Des citations qui precedent on est en droit de con-clure que les anciens ne connaissaient pas la ferrurc a clous, et qu'ils appliquaient parfois aux pieds de leurs chcvaux des chaussures de diverse nature, dont quel-ques unes älaient garnies de lames mätalliques.
Quelques traducteurs se sont servis a tort de l'expres-sion fewer au lieu de celle chausser, ce qui a pu faire attribuer aux Romains l'invention de la ferrure.
Deuxieme epoque: Inlroduclion de la ferrure en France el en Anglelerre; obscurile sur son origine.—L'artde ferrer les chevaux, quietaitinconnu des Grecs et des Romains, paraitavoiret6 Importe paries peuples du Nord en Italic d'abord et delä dans les Gaules, vers ran450apresJ.-C.
Nous devons done l'usage de la ferrure a clous aux lemps de barbarie et d'ignorance qui suivirent la deca­dence de l'empire romain.
Le fer le plus anciennement connu est celui qui a ete trouve en 1716 en Belgique, a Tournai, dans le tombeau de Childeric Ier, roi des Francs, mort en 481.
Ce fer etait informe et rong6 par la rouille; il etait perce de trous, mais on n'a pas pu determiner s'il etait destine a etre atlache avec des clous , comme les fers de nos jours, ou s'il devait etre flxe a ces chaussures que les anciens appliquaient sous les pieds de leurs chevaux,
D'apres Bracy-Clark, la premiere indication precise du fer ä clous, date du regne de l'empereur de Constan­tinople, Leon VI,quivivait danslelX6 siecle. Cette men-lion est faite dans la Taclique mililaire de ce prince (1).
#9632;
'#9632;
c .
',:
(I) Biucv Curk. Reeherches sur la Ferrure, J-/raquo;.
-ocr page 37-
\
17
Si Ton adopte cette opinion, qui cst aussi colic de Beckmann, on ne fait remonter la ferrnre du cheval qu'au IXe siede. Un auteur anglais fait remarquer qu'on est alors forc6 de laisser de c6te les pratiques d'une grande partie de I'Asie, oü la forme du fer europfeen n'est pas encore admise aujourd'hui (1).
laquo;II est probable, dit-il, que les Arabes du temps do raquo; l'hegire ou de l'öpoque qui la suivit ferraient leurs raquo; chevaux, car, d'apres l'opinion regue, l'ouvrage de raquo; fer qui terminait I'etendard d'Hosein a Ardebil raquo; avait 6t6 fait par l'ordre de Fatime, fille de Mahomet, raquo; avec un fer de cheval appartenant a Abbas, oncle du raquo; prophete. // availeteapporte d'Arabic, dit la legende, raquo; par le scheik Sed-Reddein, fils du saint scheik Sofi. raquo; Si Ton n'avait voulu qu'inventer un mensonge, il est raquo; etonnant que Fatime ou le prophete lui - mfime raquo; n'eussent pas fourni un fer sacre de l'une des raquo; celebres juments desquelles descendent les premieres raquo; races de I'Arabie, d'apres les croyances des d6vots raquo; musulmans. C'etait done probablement un fer a raquo; cheval que Tornement de cet etendard.raquo;
D'apres le pere Daniel dans son Histoire de France, au IXe siecle, les chevaux n'6taient ferr6s que pendant les gelees de l'hiver et dans quelques autres occasions.
Ce n'est qu'au XIIe siecle que la marecbalerie fut introduite en Angleterre par Guillaume le Conque-rant. Apres l'invasion des iles britanniques par les Nor-mands, ce prince donna a Simon Saint-Litz, un de
I'-'i
#9632;f.^:
Aim
I
(1) Tim Velerinarian oh monihUj. Journal of octerinary science. (Traluction dc M. II. Bodlei ), 1830.
-til i '.#9632;•:•
#9632; i
-I
-ocr page 38-
l
18 ses ecuyers, le canton de Falkiey et la ville de Nor­thampton , evalues a 40 livres sterling de rente, pour lui fournir les fers de ses chevaux (Hartmann).
D'apres un autre recit, la pratique de ferrer les che­vaux en Ängleterre serait ant6rieure ä la conqufete des Normands. Cette assertion ne repose pas sur des preu-ves authentiques.
Ce fut, dit-on, a Tun des Normands envahisseurs, Henri de Ferrers, qui portait six fers a cheval dans ses armes, que fut confiee la charge de l'inspection des fer-ruresdu roi. Pendant longtemps les descendants de cette famille porterent sur leurs armoiries des fers k cheval.
Les Chinois ont quelques pretentious relativement ä l'inveution de la ferrure; ces pretentious sont peu fondees.
Les Perses aussi pourraient revendiquer cethonneur. On a trouve ä Pompei une peinture mosaique qui repre-sente, dit-on, la d^faite de Darius par Alexandre. Le cheval d'un satrape, qui s'y trouve reproduit, a un fer marque sous le sabot. Cefait, comme on I'a observe avec raison , prouverait seulement que lorsque cette oeuvre d'art fut executee , la ferrure etait dejä connue en Italic.
II est un autre fait a mentionner, c'est que les Mon­gols orientaux auraient leurs chevaux ferres avec des fers depuis Tantiquitö la plus reculec , et aujourd'hui ils se servent quelquefois de la corne du renne pour remplacer ce metal.
D'un autre cote, un usage antique assez repandu fait retrouver dans plusieurs contrces fort tloignecs los uncs des autres des fers de formes difierenles , qui
#9632;
-ocr page 39-
19
i 4
u'ont cerlainement pas la meme origine. En Europe , en Asie , en Afrique, en Am6rique, on clone sur les portes de quelques maisons et meine des edifices publics un fer a cheval. laquo; Cette pratique , dit M. X, , est raquo; connue dans Test de l'Asie, le Japon et la Chine , raquo; dans la Boukarie et la Perse, et on la retrouve sur raquo; la porte de la cahane du Hottentot ou du Negre aussi raquo; communemeul que sur celle de la grange du Hol-raquo; landais.
raquo; On a meme rencontrö des tiers ä cheval clones raquo; sur les mats des vaisseaux cabotiers, les extrömites raquo; des branches tournees vers la terre, et non pas diri-raquo; rigöes vers le ciel, ce qui dejoue toute possibilite raquo; d'etablir une connexion entre cette coutume et quel-raquo; que usage pa'ien, comme les antiquaires pourraient raquo; etre enclins ä le faire , en la rattachant a une remi-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I tl''
raquo; niscence du culte de la lune.
raquo; II est d'usage dans le Devonshire et le Cornouaillesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;th:
raquo; de fixer des fers ä cheval sur la grande porte des raquo; eglises du cöt6 de Tonest, probablement pour main-raquo; tenir ä distance les sorciers, dont un des principaux raquo; amusements est
raquo; To untie the winds, and make them fight raquo; Against the churches, raquo;
'! iff
1 #9632;#9632;#9632;;
raquo; de dechainer les vents et de les envoyer assaillir les raquo; eglises.
raquo; Sur la porte de l'eglise ä Halcombe , dans le raquo; Devonshire, il y avait autrefois qualre fers qu'on raquo; disait provenir d'un cheval qui avait parcouru dans raquo; la iner une certaine distance, monte par son cavalier.
-ocr page 40-
I i
igt;0
raquo; 11 est difficile de concevoir comment un objetqu'on raquo; pretend d'invenlion si r6cente aurait pu devenir par-raquo; tout le Symbole de superstitions si absurdes, et com-raquo; ment il se serait rencontrö assez de partisans de ces raquo; singulieres id6es pour les r^pandre sur toute la sur-raquo; face de la terre , sans raisons plausibles, et sans que raquo; le temps les ait aid6s dans Une pareille täche (1).raquo;
— En resume , il est d6montr6 que ce sont les peuples du Nord, les barbares, qui out imports dans les Gaules Tart de la ferrure a clous, mais cela ne prouve pas qu'ils en sont les inventeurs.
II sera difficile de determiner exactement I'origine de la ferrure. En effet, si Ton compare entre eux les fers a cheval employes par les tlifferenls peuples, on trouve une si grande difference dans les formes, qu'il n'est pas possible de les attribuer ä un type primitif.
Troisieme epoque : Etat de la ferrure dans les temps modernes. — Elle comprend les temps modernes, pendant lesquels la ferrure a subi desperfectionnemenls incontestables.
On trouve encore aujourd'hui, sous ce rapport, des differences tres grandes dans les usages adopts soit par les differents peuples, soit dans les diverses contrees d'un meme pays. C'est a ce point qu'on y rencontre encore les diverses pbases travers^es par la ferrure pour arriver au degr6 qu'elle a atteint dans nos grandes villes.
i
li' -
I-
11
gt;
(!) Hecueil de Midecine vitärinaire, 18ii0, p. 592.
-ocr page 41-
m
r
21
Ainsi, dans une parlie de i'Afrique, dans I'ancienne Perse, oü le sol est sablonneux, les chevaux ne sont pas ferr6s, leurs sabots 6tant assez durs pour resister a I'usure.
Dans une partie du Japon, on se sert d'un appareil fait de tiges de Jone pour proteger le pied des chevaux contre I'usure, ce qui rappelle les ippopodes; on ren­contre sur les routes de pauvres gens qui font le com­merce de ces chaussures imparfaites et peu solides.
N-'-y a-t-il pas aujourd'hui en Angleterre et en France des con trees oü les agriculteurs ne font pas ferrer leurs chevaux ?
Enfin, dans chaque pays, la ferrure se fait dans les villes avec une grande perfection et degönere ä mesure qu'on Tobserve dans un rayon plus 6loign6 des grands centres, suivant en cela cette d6croissance de perfec-tionnement qu'on observe pour les arts de tout genre.
Ainsi, h Vienne, a Berlin et dans d'autres villes d'AUemagne , les 6coles v6t6rinaires ont beaucoup contribue aux progres de la ferrure. Eh bien ! aux portes inomc de ces villes, l'art de ferrer les chevaux est aussi peu avanc6 que dans les temps de barbaric !
La France est moins arriöree sous ce rapport. Les ouvriers marechaux recherchent le progres; chacun deux se croirait d6shonor6, s'il ne voyagait pas pour etudier son mfetier, et si, dans son tour de France, il a pu travailler a Paris, il ne manque pas d'en rapporter quelques bons principes. Partout dans la province, on fait grand cas du compagnon marethal qui a travaille dans les ateliers de la capitale.
Nos auteurs modernes n'ont pas consid6r6 seulement
- iraquo;i i?
#9632;r.
f
#9632; s't :'
1 #9632;IS'1.
t
'I
31'-i.
i
#9632;
-ocr page 42-
i gt;
I
; #9632;
22
la ferrure comme un art m^canique, Us Font aussi eludiee et perfectionn^e sous le rapport des aplombs, des d^fectuosites du pied et des maladies.
Bourgelat, Lafosse, Brugnone, Bracy-Clark, Gohier, Huzard, Girard, et d'autres encore, ont traits avec methode la plupart des questions de marechalerie.
Les podometres, invention toute moderne, ont paru pour assujfetir la preparation des fers ä des mesures trop rigoureuses peut-ßtre. Si les essais de ce genre n'ont pas repondu suffisamment aux effets qu'on en attendait, ils prouvent n6anmoins qu'on fait d'inces-sants efforts pour que la marechalerie ne reste pas stationnaire.
Aujourd'hui comme autrefois on reproche ä la fer­rure du cheval de causer le resserrement du sabot, de nuire ä son elasticitö. Bien des tentatives ingönieuses ont ete faites en vain pour y remödier. C'est encore la ferrure ä clous qui est pref6r6e ätous les autres moyens.
|
#9632;
t
K
-ocr page 43-
m
'„#9632;#9632;i:.l|
r fm
m
CHAPITRE III
m
W
ETÜDE ASATOMIQUE DÜ PIED DU CHEVAL RELATIVEMENT A LA MARECIIALERIE.
Sommaire.- Elude du pied du cheval. — Parties exißrieurcs du pied • de Ja paroi; de la sole; dc la fourchelte. - Parties renfermties dans le sabot: os du pied; fibro-cartilagcslateraus. — Ligaments de 1'arti-culation du pled ; coussinet plantairc. — Tissu reticulaire du pied - Vaisscaux du pied. - Nerfs du pied. - Organisation d'un pied bien conform^. — Usure naturelle du pied.
ETÜDE DU PIED DU CHEVAL.
Cette etude est necessaire sous plusieurs rapports. II importe de connaitre l'anatomie du pied pour 6viter les accidents qui peuvent etre le r6sultat de la ferrure, pour remedier a ses d6fectuosit6s, a ses maladies, par l'application du fer.
En analomie, le pied des animaux domestiques, con-sidöre dans le sens le plus general, comprend, pour les membres anlerieurs, le genou, le canon et la region digitee; pour les membres post6rieurs, le jarret, le canon et la region digitee.
3
#9632; V,
-ocr page 44-
I
Pour ce qui concerne les monodactyles, les aniiuaux ii sabot, le pied comprend ici seulement la boite cornöe, qui est en rapport avec le sol, et les parties que cette boite contient.
On trouve dans la composition du pied du cheval des parties exlerieures ou cornees et des parties interieures, qui sont protegees par les premieres.
h
PARTIES EXTERIEÜRES DU PIED.
A Textorieur, le pied du cheval presente une boite cornee, qu'on appelle sabot.
Le sabot comprend trois parties, qui sont: la muraille ou pom, la sole et la fourchette.
i0 De la muraille ou paroi. — On appelle ainsi la partie du sabot qu'on apercoit pendant le poser sur le sol et qui forme le contour exterieur du pied.
Les anciens donnaient a cette region le nom de muraille, parce qu'ils la comparaient au mur d'un bäti-ment, destine k proteger, ä garanlir les parties inte­rieures.
(Fig. I.) aspect extdrieur du sabot. Jja paroi (fig. 1) repre-
sente une large bände de corne qui enveloppe Tex­te rieur du pied, etdontles extremites sont recour-bees en dedans et se diri-gent vers le centre. On a comparö la forme
ill
11 Jt
#9632; #9830;;,
#9632;
i k
U
-ocr page 45-
1
si;!
25
de la paroi a un cöne tronqusect;; d'autres la considerent comme une portion de cylindre. Ces dissidences offrent pen d'interfet.
Elle se compose de fibres de corne disposes longitu-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; !
\'-ih
dinalement et agglutinees; les fibres superficielles sont
: 'i';'.
plus dures que celles qui sont profondes.
La paroi präsente deux faces et deux bords.
La face anterieure ou externe est convexe d'un c6t6 a l'autre, et inclinfee de haut en bas. Sa surface est unie,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;''#9632;'
noire ou blanche, suivant l'amp;at de coloration de la peau vers la couronne. Souvent cette partie offre des alterations, des difformites, telles que des fissures ou seimes, des cercles, des avalures.
Elle se divise en plusieurs regions, qui sont: 10 la pince p (fig. 1), ou partie la plus anterieure; 2deg; la mamelle m, situöe sur le cote de la pince; 3deg; le quar­tier q, qui est en arriere des mamelles; 4deg; le talon r, comprenant Tangle d'inflcxion formö par les extremites de la paroi ou l'origine des barres.
La face posterieure ou interne c presente de nom-breux feuillels paralleles, disposes perpendiculairement. Ces lames sont 6lastiques dans l'etat frais, dures et cassantes quand elles sont seches. On leur donne le nora de tissu feuillete, lissu keraphylleux (1). Bracy-Clark a fait observer que ces feuillets servent d'une raaniere surprenante a etendre la surface de l'interieur
du sabot, en recevant entre elles des lames semblables,
#9632;'#9632;' Ml
(1) Keraphylleux, tie xr/tlaquo;}, come, el jgt;iiMraquo;v, feuille; feuillet de come.
il'l %
'%
-ocr page 46-
r-
#9632; .
lil
2G qui existent ä la surface de Tos du pied et qu'il nomme tissu podophylleux (1).
Le nombre de ces feuillets est tres considerable; on en compte jusqu'ä cinq cents sur la paroi d'un sabot peu volumineux.
Le hord superieur de la muraille b presente un biseau taille aux depens de sa face interne, et dont la cavity recoit le renilement de la peau qu'on nomme le hourrelet; cette depression de la corne est perc^e d'un laquo;rand nombre de porosites qui recoivent les filaments du bourrelet. Bracy-Clark I'a nommee cavile culigcrale.
Le hord inferieur, appele bord plantaire, repose sur le sol ou sur le fer; sa partie interne adhere a la sole.
L'epaisseur de la paroi est h peu pres la meme si on la considere a parlir du bord inferieur jusqu'au bord superieur; c'est ce que demontre une coupe verticale du sabot. L'epaisseur diminue ä mesure qu'on s'eloigne de la pince pour se raprocher des talons; une coupe transversale donne cette demonstration. La muraille est plus epaisse et plus verticale dans les sabots des membres posterieurs.
Si Ton compare les deux quartiers d'un sabot, on trouve entre eux une difference marquee. Le quartier externe est plus saillant, plus large, ce qui sert a au^menter la base de sustentation. La corne est plus dure, plus epaisse dans cette partie que sur le quartier interne.
ii iquot;
Hi 'i
iii
(1) Podophylleux, deirm?, laquo;As, pied, el fMe-j, feuille; feuillet du pied.
ii -i
iquot;i'
II
i
-ocr page 47-
1
(Fife-. 20 Sole de come.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2deg; De la SOU. — C'cst
uue plaque de corne qui a la iigure d'un croissant (fig. 2) et qui ferme I'ou-verture decrite par le Lord inferieur de la muraille.
La sole forme sous le pied une sortc do voute 6-chancree en arriere ; sa grande circonference est en contact avec le bord inferieur de la paroi; son echancrure est en rapport avec les barres; les extremi-tös de ses brandies soutiennent les contours de la muraille.
On distingue laso/e de lapince, desmamelles, desquar-tiers et des talons , suivant les parties correspondantes de la paroi.
Les faces de la sole sont Tune inferieure et I'autrc superieure. La face inferieure est concave dans les pieds bien conformes, plane dans les pieds plats, convexe dans les pieds combles ; eile est inegale et sou-vent ecailleuse. La face superieure est un pen convexe; eile presente un aspect veloute ; ellc s'adapte avec les villosites du tissu qui revet la partie inferieure de l'os du pied.
La sole joue un grand role dans rexercice de l'elas-tirite du pied.
|
n 1
i il
r 1;
(#9632;#9632;#9632;#9632;quot;/
Iraquo;,
-ocr page 48-
r
28 (Fig. 3.) Fourchelte el piriople.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 30 De la ^^^ _
On donne ce nom ä une pyramide de corne f (fig.3), plac6e entre les barres de la paroi. C'est une sorte de coussin 6las-tique , qui se bifurque a mesure qu'il se rapproche des talons. La corne qui la compose estbeaucoup plus molle et plus £lastique que celle des autres parlies du pied.
La pointe de la fourchette est dirigee en avant et cor­respond au centre du pied. La base ou le corps de cet organe fait saillie a la partie inferieure du pied; il adhere au bord supferieur des barres et forme un pro-longement qui recouvre Tangle d'inflexion de la paroi. Bracy - Clark a donne a ce prolongement le nom de glomes de la fourchette.
On remarque, a la partie inferieure et moyenne du corps de la fourchette , un enfoncement qui la divise en deux branches et qu'on nomme lacune mediane. Pres des arcs-boutants existent deux autres enfoncements nommes les lacunes laterales, les commissures de la four­chette.
Les glomes de la fourchette seprolongent tout autour du bord superieur du sabot, et forment, vers son point d'union avec la peau , un ruban de corne p, qui serf a proteger cette partie contre les influences atmosphe-riques. On a donne a cet organe le nom de periople(i), bände perioplique , bände coronaire. Quand le pied du rheval a etc plonge pendant quelque temps dans
111
I
I •:,
(I) Piriopk diM'ivc du gree m/it, autour : et mw, saboU |
11
-ocr page 49-
^l
m
2!J
un bain , cette bände devient tout-k-fait apparente.
Examinee a sa face interne, la fourcbette pr6sente une cavit6 triangulaire qui est unie par son bord sup6-rieur aux herds superieurs des barres.
A la partie posterieure de la fourcbette et sur sa face supamp;ieure s'6leve Varrete-fourchetle a , espece de saillie arrondie qui est enclavee dans la fourcbette de chair comme une dent. Cette production concourt a tenir reunies les diverses parties du pied; eile est plus deve-loppee dans les chevaux de race distinguee.
Les usages de la fourcbette consistent a empfecher le rapprochement des talons, a moderer la violence des reactions produites dans la progression , a cntretenir l'elasticiuj du pied.
Teiles sont les diverses parties dont la reunion constitue le sabot. Quand on veut les s6parer pour les etudier , il faut faire macerer un pied pourvu dc ses parties molles; la maceration doit avoir lieu dans I'eau froide else prolonger pendant troissemaines äun mois. Apr6s cette epoque , le sabot se d6tache facilcment des parties qu'il contient; il est facile d'enlever avec un scalpel la fourcbette et la bände pörioplique qui en est la continuation. (Fig. *.) Face inßrieure du sabot. La iigure 4 represeute la
: i
y-\ ?l
i
, 1
}
': :
1
,'#9632;1 *
1
face införieure du sabot. On y remarque la pince v, les mamelles mm', les quar-Hers qq', les talons tt', les arcs boutanls aa', la sole s, la fotirchette f.
mm
-ocr page 50-
l'lt;.
30
PARTIES RENFERMEES UANS LE SABOT.
iin
Les parties contenues dans le sabot sont deux os , deux fibro-cartilages, des ligaments, un coussinet grais-seux, le tissu g6n6rateur de la corne , des vaisseaux et des nerfs.
Os du pied. — Ces os sont au nombre de deux : le dernier phalangien, ou os du pied proprement dit, et le petit sesamo'ide.
\0 Dernier phalangien, os du pied, phalange ongueale. — Get os constitue la base du pied; 11 forme l'extrömite du doigt qui termine chaque extremity dans le cheval. Sa disposition est irreguliere et montre quelque ressem-blance avec celle d'un cone.
Sa structure presente un melange de tissu compacte et de tissu spongieux , traverse par une multitude de conduits qui donnent passage a des vaisseaux arteriels et veineux , ainsi qu'ä des nerfs.
II presente trois faces et deux bords. (Fig. 5) Os du pied vu par sa face A# La/ace superieure ar-
anUneure.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;r
ticulaire (fig. 5) est allon-gee d'un cote ä l'autre et inclinee de devant en ar-riere. Elle presente deux
I
r
h
lt;;
1; 11.^
cavitfe glenoidales cc', revetues de cartilage et destinees a s'articuler avec l'os de la couronne ou second phalangien. La
#9632;I.
li
1!
-ocr page 51-
Tl
• .ii-;:.
31 cavitö externe est la plus petite; eile est söparee dc la cavite interne par une petite eminence,
b. ha face anterieure est convexe d'un cöte ä l'autre. Elle est en rapport avec la surface concave de la paro' du sabot. Sa direction est inclinfee en avant et en bas. Sa surface est parsemee d'asperitös et de trous vascu-laires. On remarque sur chaque cöte une scissure horizontale qui donne passage a l'artere pröplantaire. Vers les talons existe une partie proeminente, rugueuse, k laquelle Bracy-Clark a donne le nom de pati-lobe pp' (1). Les aspörites ou rugosites de la face ante­rieure de l'os du pied donnent attacbe a une partie du tissu keratogene (2) ou generateur de la corne.
: 4
ii
'raquo;.
(Fig. 6.) Osdu pied vu par sa face infcrieure.
c. La face infcrieure ou
plantaire (fig. 6) est con-
cave et legeremenl poreusc. Elle est divisee en deux par­ties par une petite crfete se-mi-circulaire, ä laquelle s'at-tache le tendon du perforant ou ftechisseur profond du pied. La partie anterieure de cette face correspond a
i si
la sole; eile est concave et criblee de petites ouvertures. La partie postferieure presente deux scissures inflexes penetrant dans I'epais-seur de l'os par deux Irons qui donnent passage aux
(1) Palilobe, du laiin patere, ouvrir, ct lobus, lobe.
(!) Ktratogene, du gree ^cs-;, cornc. etyrvvxu, j'engendre.
M,
I
-ocr page 52-
I-
32 arteres plaataires. On y voit aussi des empreintes lineaircs destinies k l'insertion du ligament de l'arti-culation du petit s^samoi'de avec Tos du pied.
d.nbsp; Le bord supdrieur a la forme d'un demi-cercle. 11 präsente ä sa partie ant^rieure une apophyse raboteuse nommöe eminence pyramidale de l'os du pied e (/igt. 5), qui sert d'attache au tendon de l'extenseur antörieur de la region digitee; eile empecbe, le d^placement en avant de l'os de la couronne. De chaque cote, vers la base de cette eminence , est une cavity irreguliere qui recoit l'insertion d'un des ligaments latöraux ant^rieurs de l'articulation des deux derniers pbalangiens. Plus en arriere est une apopbyse qui donne attache a Tun des fibro-cartilages lateraux du pied; plus en arriere encore est Imminence patilobe pp' formee par la reunion du bord superieur et du bord inferieur.
e.nbsp; nbsp;Le bord inferieur est trancbant, u. (fig. 5 et 6.) 11 represente un demi-cercle dentele, qui correspond avec la reunion de la sole a la paroi. Dans son milieu existe une ecbancrure, de teile sorte que le dernier pbalangien etant place sur une surface plane , on nc le voit porter que sur les cotes.
Get os s'articule avec la deuxieme pbalange, nom-mee encore os de la couronne, ct avec le petit sesamoidc.
r
i
'i
quot;: i
(Fig. l.) Os navicu- 2quot; Os naviculaire, petit sesamoidc, os de la noix (fig. 7)—Get os est petit, allonge transvcrsalcment, plus largo a son milieu qu'ä scs extremites, qui son( un pen refonlees en baut. 11 est
If
n
.#9632;
-ocr page 53-
I' ll
33 api-iqufe contre I'articulatioD des deux derniers pha-|,iigieus , qu'il concourt ä consolider et dont il em-jäche la luxation.
a.nbsp; La face anUrieure et interne est biconcave, revfitue d'un cartilage diarthrodial; eile repond ä la surface articulaire de l'os du pied.
b.nbsp; La face poslerieure ou externe präsente une large poulie revfetue d'un cartilage diarthrodial et sert a faci-liter le glissement du tendon perforant ou flöchisseur profond.
c.nbsp; Le bord superieur presente plusieurs petits trous , qui donnent attache a une production jaune, de nature tendineuse, qui remonte vers le tendon perforant et s'unit avec lui au niveau de la protuberance de la face posterieure de l'os de la couronne. La partie interne de ce bord presente une I6gere surface articulaire, qui repond an second phalangien.
n. Le bord inferieur a une facette diarthrodiale qui s'articule avec l'os du pied, et plus has une partie rabo-teuse a laquelle s'insere le ligament qui fixe le petit sesamoide an dernier phalangien.
e. Les extremites, un peu contourn6es en haut, donnent attache aux ligaments lateraux posterieurs de l'articulation du pied.
m
:ul
m
u
I
. I;
-ocr page 54-
34
(Fig. 0.) Dissection de la region digitie. Fibro - cartilages nte~
mux de Vos du pied. K. fig. 8 .) — Us sont ai nombre de deux pour chaque pied. 11s s'6le-vent sur les parties la­terales du dernier pha-langien contre I'articu-lalion de cet os avec la deuxieme phalange, et remontent jusqu'au ni-veau de l'articulation de l'os du paturon ou pre­mier phalangien avec l'os de la couroune. Ccs organes fibro-car-tilagineux, disposes en evcntail, jouent un grand role dans l'elasticite du pied. IIs sont exposes a des al­terations fr6quentes et principalement h la carie; ce qui constitue le javart cartilagineux.
Chaque fibro-cartilage presentc deux faces , deux bords et deux extremites.
a.nbsp;La face externe, legerementconvexe, cst parsemee de trous destines au passage des vaisseaux; la moitie superieure est recouverte par la peau; lautre moiti6 est en rapport avec la paroi par le lissu podophylleux.
b.nbsp; La face interne est concave; eile est en rapport avec la membrane capsulaire de l'articulation du pied dans l'intervalie situe entre les deux ligaments lat6raux. Dans son milieu, vers le bord infamp;rieur, est line petite
M,;
0
I
I
-ocr page 55-
35 Eminence ä laquelle s'attache un petit ligament 6mane de I'extromito de l'os naviculaire.
c.nbsp;Le hord superieur est mince et I6gerement concave; ii r6pond ä la partie supörieure de l'os de la couronne. C'est au niveau de son echancrure que Tariere late-rale du paturon s'introduit sous le cartilage.
d.nbsp; Le bord inßrieur est 6pais et forme la base de l'or-gane. La moiti6 anterieure de ce bord adhere a l'os du pied et semble former sa continuity. L'autre moitife conslitue un appendice situö en dehors de l'os du pied. M. Renault s'est attache a faire ressortir cette disposi­tion particuliere; il a fait observer qu'ä l'endroit oü le bord inferieur quitte l'os du pied, le fibro-cartilage se replie de dehors en dedans et forme une production qui s'enfonce dans la base du coussinet plantaire, oü eile se perd (1).
e.nbsp; L'exlrömite antdrieure, dirig6e de haut en has et d'avant en arriere, recouvre par sa partie sup6rieure une portion du ligament lateral anterieur n et va se fixer au ligament tendineux anterieur. M. Girard a fait observer que le ligament lateral anterieur acquiert souvent une texture cartilagineuse , qui le rend susceptible de se carier et de compliquer l'operation du javart cartilagineux (2).
f.nbsp;h'extremileposlerieure est appliquee contre le cous­sinet plantaire, auquelelle estfixeepardesprolongements fibro-cartilagineux; eile se confond avec cet organe etcon-
m
m
I'Vl
(raquo;
J:!
i
(1)nbsp; E. Renault. Traiti du Jauart cartilaginetix. 1831, p. 6.
(2)nbsp; J. Girard. Tratte du Pied, Jlaquo;,16, p. 42.
J!laquo;
v
-ocr page 56-
PI
36 court ä augmenter la souplesse des parties postärieures du pied.
La structure organique du fibro-cartilage n'est pas la m6me dans toute son £tendue; plusieurs circonstances peuvent la modifier. En avant et vers la base , sa substance est blancbe , flexible et cassante; en un mot, eile estcartilagineuse. En arriere, eile devient fibro-carti-lagineuse et präsente des filaments fibreux interposes dans son epaisseur. Cette disposition rend compte de la difference qu'on observe danslamarche desblessures qui peuvent exister sur ces parties.
Le fibro-cartilage de l'os du pied est susceptible de s'ossifier. Fibreux et souple dans le jeune age, il prend de la durete cbez les vieux chevaux, a tel point que 1'ossification pent I'envabir tout entier. Souvent I'ossi-fication est bornee aux parties voisines de l'eminence tuböreuse de l'os du pied; eile est tres rare dans la partie posterieure et ne s'y monlre qu'apres avoir envahi les regions anterieures. Bracy-Clark considere la ferrure comme 6tant la cause la plus ordinaire de cette altöration. L'ossification du cartilage est plus com­mune dans les cbevaux de gros trait que dans ceux qui sont destines a des services legers; eile est aussi plus frequente dans les pieds de devant que dans ceux de derriere.
LIGAMENTS DE l'ARTICULATION DU PIED.
ii.quot;
i
Les moyens d'union de l'articulation du pied sont quatre ligaments lateraux , un ligament inter-osseux et les ligaments tendineux ant^rieur et post6rieur.
ii
-ocr page 57-
37 1deg; Ligaments lalöraux. — On en reconnait quatre , deux de chaquecöte, dontun anterieuretunpostßrieur.
a.nbsp; nbsp;Le ligament laUral anterieur b (fig. 8) est di-rig6 obliquement de haut en bas et d'avant en arriere, vers l'extrömite antöieure du fibro-cartilage lateral de I'os du pied. II descend d'une cavitfe situee sur le cotö de la seconde phalange et vient s'inserer dans une rai-nure de la troisieme phalange, en avant de l'attache du fibro-cartilage. C'estune des parties qu'il Importe le plus de respecter dans l'operation dujavart cartilagineux.
b.nbsp; Le ligament lateral posterieur e, situe plus en arriere, röpond au cöt6 de la face postörieure de l'articulation du pied. Ilse compose de deux ordres de fibres; un fais-ceau s'insere au petit sesamoide etconcourtavec le liga­ment du cötö oppose ä augmenler la surface destinee au passage du tendon flechisseur; l'autre faisceau, compost de fibres plus longues , se termine au petit sesamoide , raais sa naissance a lieu sur les ligaments lateraux de Tarticuladon des deux premieres phalanges, tandis que le faisceau precedent vient du second phalangien.
2deg; Ligament inler-osseux. — On ne peut le voir qu'a-pres l'ablation du tendon flechisseur profond ou per-forant. Ce ligament unit le petit sesamoide au dernier phalangien. Par sa face posterieure il concourt ä aug­menter I'amp;endue de la trochlee, sur laquelle le tendon doit glisser.
3deg; Ligaments lendineux. — Ils sont au nombre de deux; Tun est antörieur et l'autre post6rieur.
a. Ligament tendineux anlörieur. (d. fig. 8.) II est form6 parla terminaison du tendon de re.rtensewr ante-
-ocr page 58-
i
u
38 rieur ouextenseur commundes phalanges (1). Son inser­tion a lieu a röminence mediane du bord superieur de l'os du pied, apres avoir adhere a la face antörieure des os du paturon et de la couronne.
b. Ligament tend'meux posUrieur. (e. fig. 8.) — Ce ligament est fourni par le tendon d'insertion du muscle flechisseur profond ou ßechisseur commun des pha­langes , nomme encore perforant (2). II glisse sur le petit sesamoide et va se terminer a la crete semi-circu-laire de la face plantaire du dernier phalangien , en formant une large expansion qu'on appelait autrefois ['aponevrose du pied ou patle-d'oie. Une petite coulisse sösamoidienne existe au niveau du petit s6samoide et se termine sous l'expansion du perforant; eile est sepa-r6e de l'articulation du pied, de sorte que ce tendon n'est pas precisement un ligament articulaire pour cette partie , dont il consolide jieanmoins la structure.
Ce ligament tendineux est expose a etre Messe par le clou de rue, qui tantöt s'arrete dans son 6paisseur, tantöt le traverse pour penetrer jusque dans la gaine.
Coussinet plantaire.—Onle nomme encore corps'pyra­midal, fourchette de chair. C'est un coussin fibreux, elastique, destine a entretenir la souplesse des parties posterieures du pied, entre lesquelles il est situ6, et a moderer la violence des reactions qu'il eprouve sur le sol. II a la forme de la fourchette; comme cet organe,
(i) Epitrochlo prepkalangien dans les membres do devant, fimoro-priphalangien dans ceux de derriere.
(2^ Cubito ou radio-phalangien dans le membre antörieur, tibio-phalangien dans le membre postörieur.
i
m
#9632;.
#9632; ü
-ocr page 59-
39
il se termine par une pointe et präsente I'aspect d'uuo Pyramide.
a.nbsp; nbsp;La face externe ou inferieure präsente les monies dispositions que lafourchetle; ony voitdeux ömiaences disposees en v et une cavit6 triangulaire qui les separe.
b.nbsp; nbsp;La face inlerne superieure est en rapport avec l'expansion tendineuse du muscle flöchisseur du pied , qu'elle recouvre.
c.nbsp; nbsp;VextremUe poslerieure on la base du coussinet plantaire est en contact avec la peau par sa partie superieure; eile se confond laWralement avec les fibro-cartilages lateraux de l'os du pied.
d.nbsp; VextremUe anlerieure ou la pointe se termine vers le milieu de la face inferieure du pied.
La structure du corps pyramidal offre un aspect filamenteux qui contient des granulations fournies par le fissu graisseux.
irSSlI RETICUr.AIRE I)U PIED.
Ondonne ce nom a un tissu eminemment vasculaire, qui existe immediatement sous la corne et qui sert ä sa s6cr6tion. II est designe vulgairement sous le nom de chair du pied; on I'appelle aussi tissu keratogene. I! pent etre consider^ comme unprolongementde la peau.
On distingue le tissu reticulaire du bourrelet, celui de la paroi, de la sole et de la fourchette.
1deg; Tissudubourrelei.—Onappelleamp;ourre/^iiDcordou
A
-ocr page 60-
f
40 circulaire que präsente la peau vers l'origine du sabot et qui se trouve loge dans le biseau.
La surface externe adhere intimement au bord superieur de la paroi. La surface interne est adhörente a un tissu cellulo-vasculaire abondant.
11 a une texture plus dense et plus serree que celle des autres parties des teguments.
On le considere comme l'organe gönerateur de la paroi.
2deg; Tissu reliculaire de la paroi, cliair canneUe, tissu podophylleux , tissu feuillele (f. fig. 8). — Ce tissu occupe la face antöricure de l'os du pied; il suit les contours de la paroi et se continue a la surface plantaire dans la partie qui est en rapport avec les arcs-boutants.
La surface externe se compose d'une grande quantity de feuillets on petiles lames longitudinales paralleles. Ces feuillets s'adaptent avec les intervalles de ceux qui existent a la face interne de la paroi. Les lames sont moins developpees vers les parlies rapprocböes des talons.
La surface interne est intimement adherente a la partie anterieure de la derniere phalange par une multitude de fdaments qui penetrent dans les porosites dont cet os est crible.
Ce tissu sert egalement a la secretion de la come. Apres qu'une operation a necessite I'evulsion d'une partie de la muraille , on voit bientot une come de nouvelle formation recouvrir sa surface et se montrer bien dislincte de celle qui provienl du bourrelet.
3deg; Tissu reticulaire de la sole, sole cliarnue, sole de
-ocr page 61-
41 cÄatV j lissu villeux de la sole. — Ce tissu recouvre la face infferieure de I'os du pied et se continue sous le coussinet plantaire. Sa couleur est noirätre ou blan-chätre, suivant la nuance de la corne qui forme la sole.
La surface externe est veloutee, douce au toucher, et präsente de nombreuses villosit6s. La surface interne adhere ä l'os du pied.
Sa structure est öminemment vasculaire, comme celle du tissu podophylleux.
4deg; Tissu reticulaire de la fourchette. — C'est la conti­nuation du tissu villeux de la sole, dont il partage les caracteres.
Le tissu reticulaire du pied est susceptible d'öprouver des modifications profondes sous Tinfluence de quelques maladies. II en r6sulte des alterations marquees dans la texture et les dispositions du sabot. C'est ce qu'on observe a la suite de la fourbure, du javart cartilagi-neux, de la seime, etc.
VAISSEAÜX Du PIEO.
Ils sont tres nombreux; aussi, la moindre blessure des parties contenues dans le sabot donne lieu a une hemorrhagie abondante.
Lesarteres et les veinesdupied fournissent un grand nombre de ramifications et d'anastomoses.
Les vaisseaux arteriels sont fournis par les arteres laterales.
i0 Chaque arlere laterale arrive au pied 1c long de l'os du paturon , ou eile donne plusiears ramcaux pour la
-ocr page 62-
n
42 face ant^rieure des phalanges et des anastomoses avec les divisions de l'artere opposee.
Au niveau du petit sesamoide, eile fournit deux branches principales : Tune ant6rieure, nominee pre-planlaire, passe dans le trou du talon de l'os du pied pour arriver dans la scissure transversale de sa face antörieure; la brauche inferieure, appel^e planlaire , pfenetre dans l'os du pied par le trou inflexe de sa face inferieure et va s'anastomoser avec I'autre branche plantaire. Lesunes et les autres fournissent une infinite de divisions , qui vont se perdre, soit dans les porosit6s de l'os, soit dansle dssu r6ticulaire.
2deg; Les veines du pied partent du tissu reticulaire ; elles se r6unissent au niveau des cartilages pour former un reseau de la hauteur de deux a trois centimetres, et qui a deux plans, Tun ä la face externe du cartilage, I'autre a la face interne de cet organe. A la partie posterieure du pied existe une branche transversale, anastomotique, qui se reunit de chaque cote aux r^seaux des veines anterieures.
Trois branches principales resultent de chaque cötö de ce lacis veineux et vont former sur les parties late­rales du paturon la veine laterale de la region digitee on collaterale des phalanges.
NERFS DU PIED.
#9632;
Les nerfs de la region digitee sont la continuation de ceux du metacarpe ou du metatarse, et donnent de chaque cote des phalanges deux branches, qu'on nomme branches collaterales des phalanges ou de la region
diaitee.
i
11: 11
H
-ocr page 63-
43
1deg; La brauche anlerieure se separe du nerf principal au niveau du boulet et vient se distribuer en avant de la region digit6e; ses rameaux se portent dans le tendon extenseur, l'appareil fibreux, les articulations, etc.
2deg; La branche posterieure est la continuation du nerf metacarpien ou mamp;atarsien; eile se dirige en arriere de l'artere laterale et sur le bord du tendon flecbisseur. En bas, eile fournit le rameau du coussinet plantaire destinö au corps pyramidal et au tissu reliculaire. Elle se termine dans le sillon pratique ä la face antörieure de l'os du pied.
Les nerfs transmettent au cerveau l'iinpression de la douleur produite par les maladies du pied ; aussi, pour remßdier ä quelques affections chroniques, on a recours ä I'opöration de la növrotomie plantaire , qui consiste ä exciser une partie du cordon nerveux au-dessus du boulet ou en arriere du paturon.
(Fig. 9.) Coupe longitudinals des trois phalanges.
La figure 9 re-prösente une coupe longi-ludinale de la region digi -leedu cheval,
comprenant le paturon, la couronne et le pied.
a. Osdu pa­turon, ou pre­miere pha -lange.
-ocr page 64-
44
!
It. c.
D.
E. F. G.
Os de la couronue, ou deuxieme phalange. Os du pied, ou troisieme phalange. Os naviculaire, ou pelit sösaraoide. Tissu r^ticulaire ou keratogene. Coupe longitudinale de la paroi.
J
if
Partie plantaire du sabot, comprenant la sole et la fourchelte.
h. Coussinet plantaire.
i. Tendon exlenseur du pied, ou ligament anKrieur. j. Tendon flechisseur profond du pied, appelsect; encore per for ant, qui se termine a l'os du pied par une expansion.
k. Bourrelet, ou lerminaison de la peau a I'origine du sabot.
DE l'oRGANISATION BE LA CORNE.
La corne qui constitue le sabot du cheval präsente une organisation des plus remarquables.
M. Girard a distingue danssa structure, comme dans 1c poil, deux parties Constituantes : Tune profonde, qui est le tissu reticulaire, et l'autre ext^rieure, qu'il nomme la corne proprement dile (1).
Le tissu reticulaire ou chair de come est une expansion vasculo-nerveuse tres organis6e, situ6e sous l'ongle, et qu'il compare au bulbe pileux. Dans les parties corres-pondantes a la paroi, ce tissu presente des feuillets longitudinaux qui s'engrenent avec ceux de la mural)lo. Sous la sole, il est uni, veloute, et presente une foule
I
If:
1
(1) Girarp. Recueilda Ktideeine vitirinaire, lquot;3ü. p. 2äl.
i
-ocr page 65-
45 de prolongements papillaires qui s'adaptent dans les porosites de la corne.
La come n'a pas la mßme structure dans toutes les parties du sabot. Dans la paroi, eile est fibreuse et for­mte par des filaments paralleles etagglutin6s.M. Girard compare cette texture fibreuse ä celle des crins; il observe que cette disposition est marquee dans les piecls auxquels on laisse prendre trop d'accroissement; alors les fibres du bord inferieur du sabot s'ecartent en for-mant des bifurcations; la sole est formee de couches superposees; la fourchette presente une texture fibreuse qui a quelque analogie avec celle de la paroi.
Sous le rapport de l'organisation de la corne , Bour-gelat a emis une tbeorie qui a du le conduire ä de faux principes pour remödier ä quelques unes des defec-tuositfo du pied (1).
II distinguait dans la corne trois parties differentes : la portte vive, la 'partie demi-vive ou moyenne et }amp; par lie morte. D'apres lui, la premiere est tissue de fibres et de vaisseaux; la seconde, plus compacte, est la partie oü finissentles vaisseaux; la troisieme, enfin, est dure et solide. C'est principalement dans la partie vive que s'operent la nutrition et l'accroissement; les autres sont poussees m^caniquement. II finit par tirer cette conclu­sion , que, pour faciliter le döveloppement d'une partie du sabot, il faut enlever la partie morte et la partie demi-vive, pour detruire les obstacles qui s'opposent ä la nutrition de la partie vive; de lä la recommandalion
(i) Bouhgei.at. EssaisurlaFerrure, i;!l3,p. 11quot;
-ocr page 66-
h
46 d'abaltre les talons qui sont dejä trop bas, pour facililer eur d6veloppement et y appeler les sues nutridfs, etc.
Un semblable Systeme ne peut etre soutenu m6me par le raisonnement; il est encore plus defectueux si onl e soumet a la pratique.
Eu etudiantla come du cheval, M. Delafond a ob­serve que les prolongements iiomnies papilles, qui se döveloppent ä la surface du tissu reticulaire de la sole charnue et qu'il appelle villo papilles , sont tres nom-breux , et notamment dans la circonfference du bord införieur de l'os du pied. 11 a remarquö, en outre , que chaque lame du tissu feuillete ou p odophylleux laisse voir, avant de se terminer a la circonferenceinferieure de l'os du pied pour se reunir au tissu veloutfe de la sole, des villositös tres nombreuses, en pince , en ma-melles, en talons , et qui n'ont pas moins de quatre a six millimetres de long.
Examinees au microscope, les villo-papilles out une forme conique et se terminent par un renflement oli-vaire.
A I'exterieur, chaque villo-papille presenteune mem­brane mince, d'un gris blancbatre, que M. Delafond appelle la membrane keraiogene ou blennogene, qui se­crete les 6pith6liums constiluant le tissu corn6.
L'interieur des papilles montre un appareil essen-tiellement vasculaire; ce sont elles qui secretent la corne,
Apres une maceration prolongöe , la coupe transver­sale de la muraille et de la sole, a six a dix centimetres de leurreunion, montre en dedans du sabot une multitude de pores ou porosites , semblables aux trous disseminös
-ocr page 67-
47 d'un crible fin. Ces trous sonl les orifices d'autant de canaux ou tuyaux dans lesquels les villo-papilles s'en-foncent comme dans un fourreau.
laquo; Jusqu'a ce jour, dit M. Delafond (I), on a soutenu raquo; que la corne de la muraille etait formee de poils agglu-raquo; tin6s par une substance cornee ; on a dit aussi que la raquo; corne de la sole etait constitute par des lames cornöes raquo; superposfees, s'enlevant, avec le temps, par öcailles. raquo; Cela est vrai; mais si Ton desire aller plus loin qu'avec raquo; les yeux, si, par exemple, on disseque la corne apres raquo; lui avoir fait subir certaines preparations, et si on raquo; l'examine avec des lentilles de divers grossissements, raquo; on constate positivement que la corne de la muraille , raquo; de la sole, j'ajouterai de la fourchette et du p^riople , raquo; est composee, il est vrai, de filaments ou de fibres raquo; representant despoils agglutines, mais que ces parties raquo; sont creuses et constituent autant d'etuis ou de ca-raquo; naux distincts, dans chacun desquels s'enferment les raquo; villo-papilles, et ce sont des canaux qui, coupes en raquo; Iravers lorsqu'on pare la sole et la muraille, consti-raquo; tuent les pores, les porosites de la corne.
raquo; Ces canaux, qui ne contiennent ni graisse compa-raquo; rable ä celle des poils , ni moelle analogue ä celle des raquo; plumes des oiseaux , mais bien une substance orga-raquo; nique, n'ont pas le meme diametre dans toute leur raquo; etendue; leur calibre est d'autant plus considerable , raquo; el leur coupe transversale donne des porosites d'autant raquo; plus larges, que la corne est divisee dans la parlie la
(1) DELAfOKD. Recherches mieroscopiques sur In Come. Recueii de Stideeinevitirinaire, 1615, p. %.quot;.
-ocr page 68-
J •
'ii
48 raquo; plus voisine du lieu oü existe la villo-papille qu'ils raquo; engainent.
raquo; Krifin ces canaux sont form6s eux-memes de raquo; lamelles 6pith6liales minces, allongees ou ovales, por-raquo; tant un noyau plus ou moins distinct, dont la keraline raquo; ou mauere cornee constitue l'felöment primordial. Ces raquo; öpithleiums sont attaches a un prolongement de sub-raquo; stances organiques doublant les canaux et qui leur raquo; sert de support.
raquo; Les lamelles des canaux de la muraiile sont appli-raquo; quees longitudinalement les unes sur les autres , raquo; comme les tuiles d'un toit, tandis qu'elles sont placöes raquo; horizontalement et superpos6es ä plat les unes sur raquo; les autres dans ceux de la sole , disposition qui expli-raquo; que pourquoi la muraiile croit en longueur et s'use raquo; en donnant des döbris (ibreux, comparables aux polls, raquo; et pourquoi la sole croit en epaisseur en fournissant raquo; des debris ecailleux. raquo;
M. Delafond combat cette opinion qui regarde la sole et la muraiile comme simplement unies et en quelque sorte soudees par une matiere cornee. 11 consi-dere ces deux parties comme ne faisant qu'un tout continu et non contigu. La continuity a lieu par une engrenure particuliere des canaux cornes de la sole el de l'extremite des lames podopbylleuses avec les lames keraphylleuses, engrenure qui donne tout a la fois de la solidite et de l'elasticite dans toute la circonference du sabot.
-ocr page 69-
49
CARACTERES d'uN PIED BIEN CONFORME.
On dit que le pied du cheval est Men conforme, qu'il esl beau, lorsqu'il se presente dans de justes proportions avec les autres regions du corps, et quand ses diverses parties offrent une direction et une inclinaison conve-nables. Dans le cas contraire , le pied est dit defeclueux.
Dans le pied anterieur bien conforme , la paroi est lisse, recouverte d'un enduit luisant; eile est compacte sans fetre cassante. Son apparence est fibreuse. Elle ne prösente nifenles, ni fissures, ni saillies circulaires. Sa direction montre uneobliquite prononcee en pince, peu developpsect;e en quartier, nulle en talons. Les barres sont obliques de haut en has, du centre a la circonference.
La sole a une concavite prononcee posterieurement, moins developpee dans la region de la pince.
La fourchette est large a sa base; la pointe est rapprochee de la pince; les lacunes pr6sentent un enfoncement prononce; les glomes sont assez develop-p6s pour titre saillants.
Dans le pied posterieur, il faut rechercher les memes qualites de la corne. Ce pied doit etre plus long, plus ovale, moins large que celui de devant; la sole a une concavite plus prononcee; la fourchette est moins volu-mineuse; les talons sont plus eleves.
La corne offre une couleur d'un gris brunätre ou blanche. Elle presente cette dcrniere teinte dans les pieds qui ont des balzanes äl'originc du sabot. Les mare-chaux considerent la corne brune comme plus solide, plus epaissc et moins cassanlc que la corne blanche.
-ocr page 70-
^
r
t?1
USURK NATURELLE raquo;IT PIED.
Les difförentes parties du pied ne s'useut pas de la infeme maniere.
Dans l'ötat nature I, c'est-ä-dire lorsque le pied n'est pas ferr6, la muraille s'use en proportion de son accrois-sement. La partie de son bord inftrieur qui est en rapport avec le sol se fendille sur les terrains durs; eile se d6tache en morceaux qui sont comrae 6gren6s sur un terrain qui offre peu de resistance. L'usure est g6n6-ralement plus prononcöe sur la partie externe du pied que sur celle qui est interne.
La sole s'use suivant un mode tout different. Elle s'exfolie vers sa partie concave; mais ses bords, qui sont adapts älaparoi, s'usent, commecettederniere partie, par le frottement.
La fourchette s'use en formant des lambeaux filamen-teux vers sa face infferieure et pres de sa base. On observe que l'epaisseur de la fourchette est d'autant plus grande qu'elle porte davantage sur le sol, ce qui s'explique par l'effet des fonctions de cet organe. II est a remarquer que la fourchette , 6loign6e du sol et qui ne pent se mettre en rapport avec sa surface, est pen developpee; c'est ce qu'on voit dans les pieds creux, dans ceux qui out les talons trop serrfes.
Lorsque le pied du cheval est muni d'un fer protec-leur, il n'y a plus d'usure ; le sabot s'allonge outre mesure ct prend un exces de longueur qui bientol fausse les aplombs, si Ton n'a la precaution d'enlever 1c fer pour raccourcir la paroi et diminuer l'epaisseur de la sole.
I
-ocr page 71-
i
CHAPITRE IV.
DE L'ELASTICITE DU PIED DANS LES ANIMAUX.
Sommaire. — Deduilion de l'ilasticite du pied. Preuves de son exis­tence-----Du röle rempli par la muraille ou paroi. — De la sole. —
De la fourchclte. — Du fibro-carlilage lateral de l'os du pied. — Conclusions. — Elasticite du pied de l'äne et du raulet. — Elasti­city du pied dans les Wtcs bovines.
DEFINITION DE L ELASTICITE DU PIED.---- PREUVES DE SON
EXISTENCE.
Le pied du cheval possede cette propri6t6 qu'on nommeYelasticite. Comme les corps elastiques, le sabot est susceptible de präsenter des mouvements de dilatalion et de resserrement; apres avoir change de forme par l'effet de la compression, il revient sur lui-meme des que la cause comprimante cesse son action.
C'est ä Lafosse pere qu'il faut attribuer les premieres recherches sur l'ölasticite du pied du cheval , qu'il voulait favoriser par son Systeme de ferrure.
Longtemps apres, Bracy-Glark a demonlr6 d'uno
-ocr page 72-
52 maniere rigoureuse l'existence et les limites de cette propriete. Son Systeme est encore g6neralement adopts.
Un grand intfertH s'attache a l'ötude de Velaslicite du pied, parce que la ferrure actuelle a pour defaul, prin­cipal de nuire a son exercice.
—L'6lasticit6 du pied du cheval nepourrait etre ni6e. Eile est prouvfee par les faits et par le raisonnement.
Si le pied du cheval n'6tait pas 6lastique, combien cet animal n'aurait-il pas a souffrir des reactions qu'il doit 6prouver dans ses diverses allures? Les membres pourraient-ils resister longtemps a des causes d'usure aussi actives ?
L'analogie doit nöcessairement faire admettre cette propriete dans les monodactyles, des l'instant ou on ne peut la revoquer en doute pour les autres especes.
Ainsi les autres animaux ont plusieurs doigts ä cbaque exlrömite. Ces doigts sent susceplibles de s'ecarter; ils ont des coussinets fibro-graisseux 6lasti-ques de meme nature que le coussinet plantaire des monodactyles, qui servent a amortir le choc et les reactions que le pied eprouve sur le sol.
Dans le boeuf, on trouve sous la sole et surtout pres du talon un coussinet de ce genre qui ne constitue pas seul l'felasticite nöcessaire au pied. Les deux doigts s'ecartent en rencontrant le sol et diminuent I'effet produit par le poids du corps. Bracy-Clark fait remar-quer que cette flexibilite est poussee a un tel degr6 dans les vaches, que la vue en est dfeagreable lorsque le poids du corps repose sur ces parties. Mais il se hate de reconnaitre que cette meme propri6t6 , quoique formant obstacle a la velocity de ces animaux, est parti-
-ocr page 73-
53 culierement bien adaptee ä leur structure genörale et ä leurs habitudes paisibles (I).
Le chameau präsente sous cbaque ongle un coussin cartilagineux, qui favorise le poser du pied. L'el6phant, dont la masse est si volumineuse, est encore mieux conforme sous ce rapport : son pied est divise en cinq parties dont chacune est terminte exlerieurement par un ongle; dans le centre est un matelas de raatiere cornee cartilagineuse.
Dansles tetradactyles, entre autres dans le chien, on trouve au milieu de la patte une pelote de tissu fibro-graisseux; les doigts sont au nombre de quatreou cinq. Aussi ces animaux ont-ils dans leurs pieds une 6lasticit6 incontestable.
La nature n'a pu 6tre imprfevoyante en refusant au cheval cette propriete que nous sommes obliges d'admettre dans les autres animaux.
— On peut invoquer d'autres preuves plus mate­rielles encore.
Si Ton compare les empreintes laissöes sur le sol par un jeune cheval qui marche sans Hre pourvu de fers avec la surface plantaire du sabot pendant le lever , on trouveradans celles-lä des dimensions plus considerables qui prouvent que, pendant I'appui, le sabot s'est elargi.
M. H. Bouley appuie par une experience directe I'o-pinion emise par Bracy-Clark sur l'expansibilitfe du pied dans sa partie post6rieure (2). laquo; Mettez , dit-il, entre
(1)nbsp;Bracy-Clark. Recherches sur la construction du sabot du cheval, 1817, p. 28.
(2)nbsp; II. Bom.F.v. Reeueil de Sfidecine vitirinaire, 1851, p. 233.
-ocr page 74-
sect;#9632;
'.)i
I
raquo; les deux branches d'un 6tau un pied delache du mem-raquo; bre ä l'articulation de la premiere phalange avec la raquo; deuxieme , de maniere que Fun des mors appuie sur i. la face superieure de l'os de la couronne et l'autre raquo; sur la face planlaire; fevidemment, dans de telles raquo; conditions, les pressions devront produireles m^mes raquo; effets que lorsque le sabot est comprimfe entre le sol raquo; d'une part et le poids du corps de l'autre. S'il doit raquo; se resserrer , il se resserrera ; s'il doit se dilater, il se laquo; dilatera. Eh bien! toujours on le voit se dilater sous raquo; I'influence d'une pression gradu6e , dont il est facile raquo; de mesurer les eliets a I'aide d'un compas ou sur une raquo; regie graduee. Jamais il ne se resserre. Done, dans raquo; les plans de la nature , la boile cornee est construite raquo; pour se preler a un mouveraent d'expansion. raquo;
Sous le meme point de vue , M. H. Bouley a rappel6 l'experience de M. Reeve, consistant a appliquer sous le pied du cheval un fer muni, sur la rive externe de sa brauche du dehors , d'une petite herse perpendiculaire, dont les dents etaient dirigees vers la face externe de la paroi et maintenues a une petite distance d'elle sans la toucher. Le fer n'etait attache que par la partie interne du sabot, pour lui laisser la liberte de ses mouvements de dilatation.
Le cheval, ferre de la sorte, a ete soumis au travail, et Ton a trouve, sur la partie de la paroi correspon-dante a la herse, que chaque pointe avait fait son trou dans la corne.
On a r6pete la m6me experience pour la sole, en dis-posant a la face superieure du fer une herse semblable, et, aprcs un exercice au trot, on a vu que la sole portait
-ocr page 75-
aussi des empreintes despointessurlesquelles eile s'6tait abaissee.
Uneautre preuve de I'elasticite du pied consisterait en ce que la face superieure du vicux fer qu'on detache du sabot du cheval presentc , sur les parties qui out ete en rapport avecle bord inferieur de la paroi, une petite sur­face polie, luisante, qui resulte de son frottenaent centre la corne. Mais ce fait ne prouve pas les mouvements de dilatation et de resserrement du pied, parce que lelui-sant de la face superieure du fer se raontre partout ou la corne porte. On pent 1c considerer comtne le resultat d'un leger mouvement de haut en bas et d'avant en arriere et des secousses produiles par les reactions du sol.
L'opinion dc Bracy-CIark sur les mouvements du sabot a trouve des contradicteurs.
Un des systemes les plus opposes est celui de M. Per-rier. D'apres cet auteur, le sabot du cheval subirait deux mouvements inverses sous l'influence de la pres-sion des parties superieures: il se dilaterait dans sa partie centrale , et se rcsserrerait dans ses parties posterieu-res (I). II admet dans le sabot l'cxistence de deux for­ces : l'une de dUalalion, qui cxisterait depuis la partie anterieure de la paroi jusqu'au centre des quartiers ; l'autre de conlenlion, qui se montrerait depuis cctte der-niere jusqu'aux talons.
Ce Systeme manque dune demonstration rigou-reuse et ne pent etre adopte.
(1) Perrier. Des moyens d'avoir les meilleurs chevaux, ou de l'importance de la forme ou de l'aplomh naturel du sabot du cheval, Paris, Iflöä.
6
-ocr page 76-
jfcti
5G
Apres avoir discule les arguments de quelques au-leurs anglais qui attaquent le Systeme de Bracy-Clark , M. H. Bbuley examine l'elasticitö du pied du eheval dans l'excellent traitö qu'il vient de publier, et donne les conclusions suivantes (I):
laquo; l0Le sabot, consider^dans son ensemble, n'est pas raquo; completement immmble dans sa forme ; il peut, dans raquo; une certaine limite, tres restreinte, il est vrai, mais raquo; reelle, se preter a l'effort des pressions inlerieures, et i) revenir , quand elles cessent, a sa forme primitive , raquo; ce qui constitue ce que Ton a appelö son elasticity.
raquo; 2deg; Cette elasticite est surtout manifeste dans lapar-raquo; tie posterieure de l'ongle , lä oül'enveloppe resistante raquo; de la paroi est interrompue dans sa continuite et rem-raquo; placee par la corne plus flexible des glomes de la four-raquo; chette et des plaques arciformes du periople.
raquo; 3deg; Elle est mise en jeu, an moment del'appui, par raquo; la somme des pressions que les phalanges transmet-raquo; tent k l'interieur de la boite cornee.
raquo; 4deg; La dilatation qui resulte de ces pressions accu-raquo; mulees se manifeste :
raquo; a. Tout autour du bord superieur de l'ongle, dont raquo; le biseau flöchit un peu sous l'effort du bourrelet;
raquo; b. D'une maniere plus sensible au niveau des bul-raquo; bes des cartilages et du coussinetplantaire , qui exer-raquo; cent un effort dilatateur sur les glömes de la fourcbette raquo; et les replis arques du pöriople , et en determinent le raquo; renversement en arriere;
h
m-
(1) U.'Bovver. Traits del'organisation du pied du eheval, itt7ii , p. 230.
-ocr page 77-
57
raquo; c. Et, en dernier lieu , vers la circonference inf6-raquo; rieure de la paroi, a la region posterieure des quar-raquo; liers et au niveau des talons, oü r6cartement esl le raquo; rfeultat des actions combinees de la sole, des barres el raquo; de la fourchette , qui tendent a produire un mouve-raquo; ment exccntrique en s'aflaissant sous le poids qui les raquo; comprime. raquo;
—Enfin, si Ton examine le role rempli par les diffe-rentes parties Constituantes du sabot, l'dasticite du pied ne peut etre conlestöe.
On trouve dans la composition de celte boile cornee trois parties, qui sont : la muraille, la sole et la four-chelle. Ces organes remplissent des roles differents.
Du role rempli par la muraille on paroi. — La paroi est la partie la plus extörieure du sabot, dont eile forme en quelque sorte la base; c'est eile qui fournit le point d'appui principal et qui recoit la plus grande partie des reactions.
La hauteur de celte partie est moindre ä mesurc qu'elle se dirige vers la fourchette, oü eile se contourne pour former les hams ou arcs-boutants; son 6paisseur diminue en meme temps.
Dans son bord superieur, la paroi prend naissance an bourrelet situe dans la cavitö cutigerale. C'est a ce point que viennent aboulir les reactions transmises par le sol; elles se perdent dans la region dc la couronne ou arrivent aux parlies voisines qui sont favorablemenl disposees pour les recevoir sans douleur.
Bracy-Clark compare la muraille a un cercle do corne brise par derriere vers sps terminaisons ou extre-
-ocr page 78-
I
i
I I
58 mites recourböcs en dedans et se dirigeant vers le cen­tre , do maniere a figurer par ces inflexions un arc tel qu'on en voit chez les Turcs, et dont les extrömites, en rentrant dans le cercle, diminuent la longueur de la corde et augmentent l'etenduc des parties elastiques de 1'arc (I).
laquo; Get angle que fait la muraille vers le talon, en raquo; doublant l'epaisseur de cette partie, forme, dit-il, raquo; une forte colonnede corne d'une solidite particuliere, raquo; utile pour recevoir la plus grande partie du poids qui raquo; pese sur cette terminaison posterieure du pied, et raquo; pour proteger et defendre la portion de la sole renfer-raquo; mee dans sa courbure, qui est la region la plus ten-raquo; dre et la plus exposee aux hleimes.
raquo; 11 n'est pas hois de vraisemblance que, lorsque raquo; I'animal est dans une tres forte action, qu'il s'elance raquo; en avant avec la velocite da I'oiscau qui vole , toutes raquo; les parties de la muraille ne cedent a la pression , et raquo; qu'en revenant a leur etat et h lours formes naturelles, raquo; elles ne I'aident essenticllement dans sa course rapide.
raquo; Dans ce mecanisme de la muraille, on reconnalt raquo; une combinaison extraordinaire de simplicite et de raquo; force ; en elPet, les barres servent a former une raquo; espece de muraille interne qui defend , fortiße la sole raquo; et la fourchette , et empeche qu'elles ne rencontrent raquo; trop rudement le terrain. Leurs surfaces laterales, raquo; inclinees en debors et en bas, forment une voüte raquo; qui rejelte le poids sur les parties exterieures, et con-raquo; tribue ainsi a la dilatation generale du sabot et ä la
(1) Ba,vc\ CLARK. Loco eitato.
-ocr page 79-
59 raquo; liberlö des parties qu'il renferme; enfin elles servant raquo; ä recevoir enlre elles le corps de la fourchette. raquo;
Le meme auteur fait remarquer la disposition des feuillets pcrpendiculaires et paralleles qui garnissenl la face interne de la paroi, et servent, d'une manierc sur-prenante , ä etendre la surface de l'interieur du sabot, en recevant entre elles d'autres lames semblables s ele-vant de la surface de l'os du pied. De lä un appareil elastique qui permet les divers degres d'expansion que le pied pent eprouver. Cette disposition lui permet de conclure que , quand l'os du pied est pousse en arriere et en bas par le poids du corps, il est retenu par ces lames et pour ainsi dire suspendu dans l'interieur du sabot. Ce m6canisme donnc au cbeval uac legerete, une souplessc, une grace que n'ont pas les animaux pesanls.
On trouve une diiTerence marquöe entre les deux cotes du sabot quand on les compare Tun ä l'autre: celui du cöte externe est plus bombe; son contour est plus large. II y a dans le quartier interne de la paroi moins d'epaisseur et par consequent plus d'elasticite. Se trouvant plus eleve , ce cöt6 pose sur le sol plus lot que le lalon externe, contre lequel il rejette bientöt le poids du corps.
Dans la conformation de la muraille, on voit une obliquite de haut en bas , de dedans en dehors, pour la partie la plus apparente ; les barres sont egalement obliques de haut en bas et paralleles ä la paroi. Ces surfaces ferment une voüte qui rejette le poids du corps sur les parties exlerieures et conrourt ä la dilatation generale du pied.
-ocr page 80-
GO
Dans les sabots dont la paroi est perpendiculaire au lieu d'etre oblique, l'elasticitfe est presque nulle; aussi la progression est douloureuse; c'est ce qu'on voit pour les pieds a talons serres, encasteles. II faut, toutefois, admettre une exception pour les anes et les mulets, dont la paroi est frequemment perpendiculaire et qui ne souffrent pas parce qu'ils ont l'os du pied peu deve-loppe.
Enfin, la paroi presente une disposition parliculiere d'une grande importance : eile est interrompue danraquo; sa parlie posterieure, au point oü eile se contourne pour former les arcs-boutants. Cette interruption per-met 6videmment la dilatation du pied d'avant en ar-riere et dans le sens lateral.
De Ja sole. — Elle constituc une sorte de plaque concave, qui forme une partie du dessous du sabot et remplit I'ouverture decrite par le bord inferieur de la muraille. Get organe a la figure d'un croissant plus mince dans son milieu que dans ses bords qui la fixent ä la paroi.
La sole a la meme disposition qu'une voute dont la convexite est a la parlie superieure. Sa concavite garantit la face införieure du pied contre les contusions qui pourraient resulter des asperites du sol.
Contrairement aux voütes ordinaires, celle formee par la sole est interrompue dans sa partie posterieure par une ouvcrture triangulaire , qui lui permet de cedcr sous le poids des corps. Quand eile s'abaisse par l'effet de la pression , ellc pousse en dehors le bord inferieur dc la paroi et concourt a elargir le pied.
-ocr page 81-
Gl
II est 6tabli que la sole jouc un grand role dans les mouvements de dilatation et de resserremenl du sabot. Lorsque le pied est leve, eile präsente son plus haut degre d'incurvalion. Pendant le poser, au contrairc, cette incurvation diminue; les barres s'ecartent Tune de'I'autre par leur bord införieur et se rapprocbent par leur bord sup^rieur.
Par cette disposition concave, la sole augraente la souplesse de l'animal et empecbe la pression douloureuse des parties contenues dans le sabot.
La sole n'a pas la meine concavitö dans les pieds de devant et dans ccux de derriere. Elle est plus concave dansces derniers, ce qui sertsans doute aaugmcnler la force d'impulsion qu'ils sont destines a communiquer au corps. Generalement eile est moins prononcöe dans les pieds de devant, destines a soutenir la masse dans sa cbute sur le sol; mais cette difference doit avoir des limites. Le cbeval qui n'a pas la sole concave dans les pieds ant6rieurs est bientöt souffrant par les reactions qu'il eprouve; c'est ce qu'on observe pour le pied plat.
D'un autre cote, l'elasticite de la sole a des bornes plus restreintes qu'on ne le pense ; sa concavity ne disparait pas pendant I'appui au point de fournir une surface plane. M. Anker a fait observer que la sole peut etre completement enlevee sans que, pour cela, la position de Tos du pied soitchang^e (1). II a remarque que, si Ton remplit I'excavation forraee par la sole avec de la lerre glaise ramollie, cette masse ne sera pas de-
(1) Anker. Rißexions sur I'organUalion du sabot. Journal do Stidecine viUrinaire, iu'ii , p. 266.
-ocr page 82-
V
if V
62 placke pendant le poser du pied, ce qui prouverait que la sole ne s'abaisse pas sensiblement par le poids du corps, qu'elle reporte vers son point d'union a la paroi. Cette opinion, qui tend a mettre en douteles mouve-ment de la sole, est un peu exageree. En effet, si Ton observe ce qui se passe pour un pied plat ferr6 depuis quelque temps, on voit ä la face superieure du fer des marques evidentes du frottement produit pendant l'abaissement de la sole.
I!
De la fourchcUe. — C'est un corps mou, flexible, une sorte de coussin place dans Tespace triangulaire que les barres laissent a la partie posterieure du sabot.
Lafourchette adhere fortementaux barres, et, comme Bracy-Clark I'a fait observer, eile possede un prolonge-ment des glömes tout autourdu bord superieur du sabot (periople, bände perioplique).
Sur chacun de ses coles, lafourcbette trouvedescavi-teslongitudinalesprofondesquiservent äson expansion.
Get organe a 6te compare ä la corde de Tare repre-sente par le contour de la paroi,
II a plus de souplesse, d'elasticite que les autres parties du sabot. Par son appui sur le sol, il amortit les reactions violenles produites dans la progression, et sert en meme temps a ecarler les parties posterieures du pied, h les elargir , a les dilater.
Dans les sabots dont la fourchette n'a pas assez de volume, son röle de coin est aneanti; les talons se resserrcnt. Cette disposition devient une cause fr6quente de maladies.
Bracy-Clark n'admcf pas que la fourchette ait pu
i
-ocr page 83-
63 etre dcstinee ä forcer les talons ä s'ouvrir en s'elargis-sant sous lepoids du corps ; il dit qu'il est contraire aux principes d'une bonne mteanique d'employer un corps tendre pour en fendre un plus dur, comme si Ton se servait d'un coin mou pour fendre un bloc de bois. II adopte plus volonliers le mecanisme suivant: quand le corps pese sur le pied, les barrcs recoivent le poids sur leurs cotes inclines, ecartent les deux parties post6-rieures du sabot, et. par cemoyen, preparentl'extension latörale de la fourcbette , alors plus libre.
II ätablit que la fourcbette n'est pas destinee a porter sur le sol, soit dans le pied ferre , soit dans celui qui ne Test pas; que les chevaux deviennent boiteux quand on abal trop de talon en les ferrant. A ces arguments on pourrait ajouter la frequence des contusions et des furoncles de la fourcbette dans les sujets qui ont cet organe place trop bas.
Du fibro-carlilage lateral de l'os du pied. — Un role important est rempli par cet organe relativement a I'elasticite.
Le fibro-cartilage lateral de l'os du pied a la plus grande analogic avec le coussinet plantaire dans sa parlie posterieure; il ofire plus de resistance dans sa partie anterieure.
Pendant le poser, le sabot s'elargit dans sa region inftsrieure ; il se retrfecit superieurement et comprime les cartilages lateraux. A.u moment du lever, ces organes reviennent sur eux-memes et concourent ä redresser la muraille et a la ramcner ä la forme cylin-drique qu'on lui connait.
-ocr page 84-
w
64 Depuis longtcmps on areprochtquot; ä la ferrurede nuire a l'^lasticite du sabot, en produisant Tossification de ces fibro-carlilages par le repos auquel ils sont con-damnes.
CONCLUSIONS.
Des considerations genörales qui precedent et de l'examen des parties Constituantes du sabot on pent done conclure que le pied du cheval est 6lastique.
Pendant le poser, le pied se dilate inferieurement et surtout dans sa parlie posterieure; il diminue d'etendue dans sa par tie superieure. L'aßaissement de la sole joue, dans celte dilatation, un role prononce , favorise par la disposition de la fourchelte ct par I'interruption de la paroi.
Pendant le lever, le pied se resserre , parce que la sole reprend sa concavite et que le bord superieur de la paroi csl repousse en dchors par les fibro-cartilages lateraux.
II y a, en outre, un mouvement de va et vient, d'avant en arriere, produitpar l'extension du tissu rcticulairc, qui donne naissancc h la corne.
Mais il ne faut pas s'exagerer l'etcndue des mouve-menls dont le sabot est susceptible. L'expansion se re-duit a quelques millimetres; eile diminue avec Tage et par l'efiet de la fcrrure. Les pieds ferres depuis plu-sieurs annees ont perdu leur elasticite, surtout si ces pieds sont mal conformes et plats dans leur partie infe-rieure.
-ocr page 85-
65
ELASTICITE DU PIED DE L ANE ET DU MULET.
Elle est presque nulle. On ne pent accuser la ferrure denuire a son döveloppement.
Cette absence d elasticil6 tient a la forme du sabot , dont la paroi est generalement verticale et la sole fortement concave. Ajoutons h cela l'öpaisseur de ces parties et le peu de döveloppement de la four-chette.
Lesmulcts n'ont presque pas d'6lasticit6 dans le pied, et cependant ils peuvent encore suffire aux allures rapides ; ils boitent rarement. On ne voit pas leurs sabots se d6t6riorer aussi souvent que ceux du cheval.
Pourquoi cette difference ? Elle vient sans doute de la forme du sabot dont l'ouverture sup^rieure est proportionnellement plus large et du petit volume de l'os du pied.
ELASTICITK DU PIED DANS LES BKTES BOV1NES.
Le pied du boeuf est elastique , raais cette elaslicite n'est pas distribuee dc maniere h favoriser aulant que dans le cheval la rapidilö des allures.
Dans les animaux didactyles , la division profonde des doigts est un obstacle ä la vitesse, parce que I'ap-pui du pied est trop irregulier sur un terrain acci-dente.
Les onglons sont elastiques a un moindre degre que le sabot; ils possedent sous la sole un coussinet elasti­que , mais cette region n'a pas de concavile qui puisse servir a des mouvoments marques de dilatation et de resserremenl.
-ocr page 86-
Mi
I
CHAPITRE V.
li
DE L'ATELIER DU MAUECUAL ET DE SES DEPE\DANCES.
I
Sommaire. — De l'atelicr dumarochal. — De la forge. —Du soufllet. — Des endumes. — Des instruraenls necessaires dans l'atelicr.— Instruments disposes autour da foyer : tisonnicrs, pelle, ecouvette , tenailles, etc.—Instruments disposes autour de 1'enelume: martcaux, etampc, poinfon, ciseau ä froid, ciscau a chaud.
UE L ATELIEll DU MARECUAL.
11
L'atelicr de marechalerie est le local dans lequel le marechal doit pröparer les fers qu'il applique sous le pied du cheval.
On donne encore äl'atelier le nom de forge, mais il nous parait plus convenable de conserver cette derniere expression pour designer le foyer dans lequel on fait chauffer le fer.
L'atelier doit avoir une 6tendue et des dispositions variables, suivant sa situation, l'importance du travail qu'on doit y faire, le nombre des forges que Ton veut y dresser.
D'apres Bourgelat, un atelier qui ne doit contenir
-ocr page 87-
qu'une forge aura cinq metres de profondeur sur quatre de largeur; cette largeur sera de six metres si Ton doit y construire deux forges. La hauteur sera de trois metres viagt-cinq centimetres.
Les ateliers des ecoles veterinaires qui contienncnt les forges d'etude ont des proportions grandioses.
En 1848, on a construit a I'ecole de Lyon un atelier etabli sur une vaste echelle. 11 a la forme d'un carrö long qui a vingt-un metres de longueur sur sept de lar­geur , six metres cinquante centimetres de hauteur, et dont le sol est pave en briques placöes sur champ et cimentees. Get atelier contient quatre forges doubles, fabriquees en fer et munies de soufllets a cylindre d'un nouveau modele.
Les diflerentes parties necessaires dans un atelier de marechal sont la forge et le soulHet, renclume, un etabli et les instruments destines soil ä faire chaulTer le fer, soit ä le travailler.
DE LA FORGE.
On donnece nomau fourncau sur lequellesouvriers font chauffer le fer avant de le travailler.
La forge simple est celle qui ne contient qu'un foyer. La forge double comprend deux foyers separes et permet ainsi d'occuper en meme temps un plus grand nombre d'ouvriers.
La forge simple est dite ä droile oa ä gauche. Dans la forge ä droite, le foyer est a la gauche de l'ouvrier ; dans la forge a gauche , c'est le contraire.
Construclion d'une forge simple. — Elle comprend
-ocr page 88-
hi
I*
G8 un mur de fond, un mur lateral , I'atre ou foyer et la chemm6e.
Le mur de l'atelier sert de mur de fond ä la forge ; un mur lateral croise le premier a angle droit et prä­sente environ un metre cinquante centimetres d'eleva-tion et un metre vingt centimetres de longueur. Un autre mur en retour d'equerreest eleve versl'extremite, qui doitrester ouverte et se termine a la hauteur du foyer.
Entre ces murs on eleve un massif de maconnerie de la hauteur d'un metre environ , dont la partie supe-rieure horizontale contient le foyer. Ce massif est con-struit avec des briques; 11 forme une voüte sous laquelle on place le charbon destine a alimenter le feu.
Le foijer consiste en un enfoncement en forme de sebile, creustraquo; sur la partie horizontale du massif, contre le mur de fond ; sa concavite cst dc huit a neuf centimetres.
Au niveau du foyer, le mur de fond presente une ouverture de quatrc decimetres qu'on ferme avec des briques et de la terre glaise. Cette ouverture , qu'on appelle fcnetre, est garnie du cöte du foyer par une pla­que de fonte echancree carrement dans le milieu de chacun de ses cotes. Ces echancrures doivent servir a loger une piece de fonte qu'on norame la tuyere. Quand une des faces de la plaque est usee par le feu , on pent la retourner et la changer ainsi huit fois de position.
La holte ou ckeminee est un pan de briquetage in­cline , qu'on eleve a une certaine distance , au-dessus da foyer , pour recevoir la fumee et la diriger hors de l'atelier. La cheminee est soutenue par une charpente en fer descendant du plafond.
fi
-ocr page 89-
69
La tuyere est une masse de fer ou de fönte represen-tant une sorle d'entonnoir, dont le plus grand orifice communique avec le luyau du soufllet, et dont l'autre Ouvertüre arrive au niveau d'une des echancrures de la plaque placee dans la fenetre du foyer; eile sert ä diriger sur cette derniere partie le vent pouss6 par le soufflet.
Le garde-feu est une large bände de fer coudee dans une partie de sa longueur; il sert ä limiter l'etendue du feu et ä retenir le charbon qui l'alimente.
üne äuge ou baquet en pierre est placee sur le mur horizontal aupres du foyer et contient une certaine quantite d'eau qui sert ä attiser le feu.
Teile est la description sommaire de la forge simple, de la forge classique.
La forge double est coustruite d'apres las meines prin-cipes. Elle se compose de deux forges simples placees contre deux murs en equerre ä chaque extremitö du massif; eile presente, par consequent, deux foyers ali-mentes par deux souillets et qui ont une cheminee commune.
UU SOUFFLET.
C'est une machine qui sert ä diriger sur le feu de la forge un courant d'air destine a activer la combustion.
Pendant longlemps, la forme des soufllets a peu varie; depuis quelques annees, on a fait des innova­tions qui sont encore fort peu repandues en mare-chalerie.
Nous nous contenterons de donner iei une courte
-ocr page 90-
I
70 description du soufflet le plus simple, de celui qui est adopte dans le plus grand nombre d'ateliers et dont le prix est a la portee des ouvriers les moins fortunes.
La description du soufflet comprend plusieurs parties, qui sont les tables , la tete, le tuyau, les barres, etc.
Les tables sont au nombre de trois; elles ont la forme d'une raquette ct presentent un metre de longueur sur quatre-vingts centimetres de largeur.
Elles forment une partie des parois du soufflet, qu'elles divisent en deux compartiments; les parties laterales sont garnies par du cuir. Les tables sont fixees ä un bloc de bois qui a la forme d'un troncon de pyramide carree et qu'on nomme la Idle.
La table superieure tient ä la tete du soufflet par une charniere ; sa surface exterieure presente deux barres: Tune d'elles est appelee la barre de charge, parcequ'elle est destine h fixer les poids qu'on place sur la table pour en faciliter I'abaissement.
La table inferieure, egalement fixee a la tete par une charniere , presente aussi deux barres , dont la plus grande soutient un crochet destine ä saisir la chaine qui met le soufflet enmouvement. Entre les deux barres existe une ventouse, ouverture carree do seize centi­metres , conlre laquelle est adaptee une valmle revetue d'une peau garnie de ses polls , du cote du battement, a la face superieure de la table.
La table moyenne est immobile; eile presente dans son milieu une barre de fer , qu'on nomme Vessieu, dont les extremites depassent sa surface de quinze centi­metres et forment les tourillons. Cette table presente aussi une ventouse qui s'ouvre dans un sens oppose ä celle de la table inferieure.
til i
-ocr page 91-
71
La täte du soufflet est im bloc de Lois qui a la forme d'un tronjon de pyramide carröe; eile est perc6e d'un trou communiquant d'une part avec rinterieur du soulliel et d'autre part avec le tuyau.
Le tuyau est un conduit conique en töle, dont l'extrö-raitfe la plus large communique avec la t6te, et dont l'autre partie^plusetroite, vient s'engager dans la tuyere pour conduire le vent du soufflet.
Les tables forment entre elles une double caisse dont les parois sont terminöes par du cuir de vache bien souple, clou6 dans leur contour apparent.
L'ötendue des replis form6s par le cuir du soufflet est diminuöepar des cerceaux qui se composent de pieces de fer dont le contour est le meine que celui des tables. Quelques clous fixent la paroi de cuir ä ces cerceaux, qui sont au nombre de trois, dont deux sont places entre la table superieure et la table immobile.
Le soufflet est dispose de teile sorte qu'il est soutenu par les deux tourillons; un d'eux est engag6 dans une piece de fer fixee sur le mur, l'autre dans une colonne de fer ou de bois qui part perpendiculairement du sol.
On donne le nom de conlre-poids ä un bloc de pierre on une piece de fönte ou un boulet de canon suspendu au crochet de la table inferieure.
La bringue bale ou branloire est une barre de bois d'un metre quatre-vingts centimetres, representant un levier. Une de ses extrömitös est munie d'un anneau auquel est fixöe la chaine qui va s'attacber ä la table inferieure qu'elle doit soulever; l'autre exlr6mite pre-sente une chaine qui descend jusqu'ä l'origine de la hotte et qu'on tire pour mouvoir le soufflet. Un support
6
-ocr page 92-
M
72 a deux branches scell6es dans le mur fournit un point d'appui a ce levier et le divise en deux parties inegales, dont la plus longue est celle qui est opposöe au soufflet.
Le mfecanisaae du soufflet simple est facile a com-prendre.
Bourgelat l'explique de la maniere suivante : laquo; L'air raquo; extörieur est inspirö et pfenetre par son propre poids 8 au travers de la ventouse de la table inferieure , lors-raquo; que cette table s'abaisse dans I'espace qui est entre raquo; eile et la table immobile, et que Ton nomme la culee; s ce memeair, parvenu dans celte capacite, n'y ren-raquo; contre d'autre issue que celle que lui offre la ventouse raquo; de la table immobile. II ne pent done se porter par raquo; cette ouverture , dont il souleve la valvule, que dans raquo; la seconde capacity qui est entre cette table et la table raquo; superieure, et que Ton appelle la levee; mais il ne pent raquo; s'en 6chapper que par une seule voie, qui est celle raquo; que lui prtisente le tmjau. Or , qu'arrive-t-il lors de raquo; 1 elevation de la table inferieure ? L'air contenu dans la raquo; cuUe est fords de se rendre dans la levee; une portion raquo; de ce na^me air est expiröe par le tuyau, le reste du raquo; volume recu, qui n'a pu se faire jour par cette route, raquo; 6leve la table superieure; celle-ci, en s'abaissant ensuite raquo; par sa propre pesanteur, comprime a son tour ce raquo; volume qui diminue toujours, et le dirige vers le lieu raquo; de sa sortie. Ainsi, la culee, se remplissant et se vidant raquo; sans cesse alternativement, met constamment la table raquo; superieure dans la necessity de perpetuer I'expiration raquo; par le tuyau, sans aucune interruption, au moyen raquo; de son abaissement qui accompagne rögulierement raquo; celui de la table inferieure, les mouvements de ces
m
if
-ocr page 93-
73 raquo; deux tables ne pouvant fetre que simultanes et dans raquo; le mi-mo sens (1). raquo;
Certaines 6preuves sont n^cessaires pour juger les quality du soufflet. Une des plus importantes con-siste ä boucher le tuyau et a mettre le soufflet en action; ensuite, tenant a la main une bougie allumee, l'expöri-mentateur fait le tour de la macbine, et voit, d'apres la vacillation de la flamme, quelles sont les parties qui laissent 6cbapper l'air accumulä.
DES ENCLÜMES.
Les enclumes sont des masses de fer forg6oude fonte, sur lesquelles on bat le fer.
Les formes de l'enclume sont tres variöes, suivant les pieces qu'elle doit servir a forger.
Dans l'atelier du marshal on distingue : 1deg; l'enclume proprement dite, 2deg; la bigorne.
i0 De l'enclume. — Get ustensile prösente plusieurs parties.
La table on partie supörieure est lögereraent bomb6c et unie.
Les extrimiUs sont au nombre de deux. Celle qui est a ladroite de l'ouvrier est aplatie de dessous en dessus; eile est taillöe carr6ment et forme ce qu'on appelle le talon. L'autre extremite, plac6e ä gauche, a la forme conique; sa base tient au corps de l'enclume; on lui donne le nom de bigorne.
(1) Bourgeiat. Essai sur la Ferntre, 1013 . p. 22.
-ocr page 94-
f
74 A sa surface anUrieure, le corps de Tenclume est aplati. Cette face est opposöe ä la forge; eile presente ordinairement des dessins d6termm6s par le goüt de l'ouvrier; c'est sur eile qu'est grave le nom du fabri-cant. La face posUrieure est plane; c'est la plus rappro-chee du foyer; c'est contre eile que se place l'ouvrier qui doit forger.
La face inferieure präsente quatre prolongements qu'on nomme les pieds de l'enclume , et qui doivent etre enchässös a quatre centimetres de profondeur dans le billot, piece de bois volumineuse, formte d'un tronc d'arbre a bois dur, dont la hauteur est d'environ six decimetres. D'autres enclumes reposent sur le billot par une base large; un goujon de fer les assujettit par le centre.
Sous le rapport de la fabrication, il y a des enclumes forgoes et des enclumes coulees ou jetees. Les enclumes forgees sont en fer forgo; leur table est ac6ree par une mise d'acier de trois centimetres, composöe de carreaux juxtaposes. Les coups de marteau frappes a leur surface donnent un son clair, qui est mat, au contraire, quand il y a quelque felure.
Les enclumes coulees on jetees sont en fonte; elles sont moins solides , comme toutes les pieces qui out 6tfe fondues et coulees; elles sont plus dures que les autres, raais plus fragiles.
fj'
2deg; De la bigorne.—Cesl une petite enclume portative semblable a celle qui vient d'fetre dfecrite; eile en differe seulement par sa base, qui, au lieu de presenter quatre pieds, se termine par un prolongement pyra-
-ocr page 95-
/o
midal ä quatrec6t6s deslinös ä s'encastrer dans le billol. La bigorne seit ä ajuster, ä polir les fers. L'enclume est employee plus particulierement pour les forger.
De l'ötabli. — On nomme ainsi un madrier en ch6ne fixe en retour d'equerre et horizontalement contre un des murs de l'atelier, Sur ce madrier sont attaches un ou deux tstaux, dont les mors doivent servir k fixer les pieces de fer qu'on veut souraettre a l'action de la lime.
DES INSTRUMENTS NECESSAIRES DANS L'ATELIER.
Parmi ces instruments, Bourgelat distingue ceux qui doivent etre places sur la forge pres du foyer, et qui sont les lisonniers, la pelle, Yicouvette, les tenailles ä mellre au feu ct les tenailles ä main.
Les autres instruments places aupres de Tenclume sont les marleaux, les elampes, les poinpons et les tranches ou ciseaux,
INSTRUMENTS DISPOSES AÜTOUR DU FOYER.
Destisonniers.—Le tisonnier est un instrument form6 d'une tige de fer cylindrique et destine a remuer les tisons repandus sur le foyer.
On distingue le tisonnier droit et le tisonnier crochu. L'un et l'autre sont termines par un bouton ou renfle-ment a l'une de leurs extr6mites.
L'autre extremite du tisonnier droit, terminee en fer de lance, sert a enlever du foyer les scories ou lemäche-fers qui se forment pendant la combustion.
-ocr page 96-
76
Le tisonnier crochu ou ä crochet a sa pointe repli6e a cinq ou six centimetres pour former un crochet, qui sert a rassembler le charbon sur le foyer, quand il en est trop 6cart6 par le vent du soufflet ou par les deplacements du fer que Ton veut chauffer.
Ces instruments doivent avoir quatre-vingts centi­metres environ de longueur.
De la pelle. — C'est un instrument qui sert a prendre le charbon pour le porter dans le foyer.
La pelle se compose d'une plaque ovale d'environ quinze ä seize centimetres de longueur et quatorze de de largeur. Cette plaque est soudee ä Textrfemite d'une tige semblable k celle des tisonniers.
La face superieure de la pelle est legerement concave; la face införieure est convexe; les bords sont arrondis.
De l'ecouvelte. — Ce mot vient de scopa, balai. C'est une tige de fer semblable au tisonnier, dont une des extrfimites est repliöe sur elle-meme pour embrasser une certaine quantite de paille ou de bois, de maniere a former une sorte de goupillon dont on se sert de temps en temps pour arroser le feu avec l'eau de Tauge. Cette eau sert a mouiller le charbon du foyer, afin d'en attiser la chaleur.
Des tenailles. — Le mot lenaille vient de teuere, tenir. Les tenailles sont des instruments destinös a saisir le fer, soil pour le maintenir dans le foyer, soit pour le porter sur I'enclume.
On distingue les tenailles ä tnettre au feu et les tenailles ä main.
-ocr page 97-
F
77
(Fig. 10.) Tenailles ä meltro au feu.
1deg; Tenailles ä meUreaufeu(Rg. 10).
On nommc ainsi les tenailles desti-m m!nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;nees h lenir le fer qui chauffe dans le
foyer. Elles sont remarquables par leur volume. Comme toutes les tenailles, elles se composent de deux branches de fer croisßes et mobiles surun clou rond. Chaque brauche präsente le mors ou machoire mm' , I'oeil ou point d'articu-lation et la tige tt'. Le mors de ces tenailles est mi-plat et diminue d'fepais-seur jusqu'ä son extremity; sa longueur est de trente-trois centimetres. Chaque tige est d'abord mi-plate et degönere en rond ä partir de I'oBil. La longueur totale des tenailles a mettre au feu est d'un metre environ. C'est avecles mors ou mächoires que I'ouvrier entenaillele fer qu'il met au feu pour le faire chauffer.
2deg; Tenailles ä main. — Elles sont d'un volume moindre que les prece-dentes et servent a saisir le fer pour le porter et le tenir sur I'enclume pen­dant Faction de forger. Les branches doivent avoir vingt-sept centimetres de longueur a partir du clou jusque vers l'extremile de la tige; le mors präsente buk k neuf centimetres de longueur. On donne a ces tenailles des noms differeats, suivant le degr6 d'ecarte-ment des deux mors. 11 y a des tenailles goulues, des tenailles justelaquo; et des tenailles ä crochet.
-ocr page 98-
78 a. Temilles goulues. —Ce sont celles dont les mors sont encore distants Tun de l'autre, quand les branches sont rapprochöes. Elles servent ä tenir les lopins pour forger la premiere brauche du fer.
(Fig.id.) B' Temillesjustesou.fermies(fig. ii).^oTfermeeT* ^es extremit6s des mors de ces dernieres se touchent en m£iue temps que les extre-mites des branches. Elles servent a ente-nailler la premiere brauche forgee pour fabriquer la deuxieme, II ne faut pas que les mors de ces tenailles aieut trop de lon­gueur ; ils ne doivent pas döpasser la lar-geur de la brauche d'uu fer ordinaire, parce que le ferretier pourrait les at-teindre.
c. Tenailles crochues ou ä crochet. Elles servent a forger divers instruments qui sont utiles dans l'atelier. Chacun des mors presente un crochet dont la reunion forme un anueau destin6 a saisir les pieces cylindriques d'un certain volume, telles que les 6tampes , tranches, ciseaux ä froid.
INSTRUMENTS DISPOSES AÜPRES BE L ENCLUME.
Des marleaux. — On donne le nom de marleaux aux instruments destines a battre le fer sur Tenclume. Ce sont des masses de fer retenues par un manche et pre-sentant des formes diverses. U y a plusieurs sortes de marteaux; ou les distingue en marleaux a frapper devant et marleaux ä main.
i
in
-ocr page 99-
79 1deg; Marteaux ä frapper devant. — On les nomme ainsi parce que I'aide qui s'en sert se place devant celui qui forge et de l'autre c6t6 de lenclume. Ces marteaux se composent d'une masse de fer de la forme d'un carr6 long et perc6e d'un trou dans le centre de son 6paisseur pour y fixer un manche en bois. II y aplusleurs mar­teaux a frapper devant,
a.nbsp; Mar lean ä panne, ä frapper, ä battre devant. C'est une masse d'acier carree a Tune de ses extremit6s et dont l'autre bout est aplati de devant en arriere , de maniere a ne presenter que le quart de sa largeur; cette derniere par tie est appelee la panne; la surface cpposöe est appel6e la bouche. Le poids de ce marteau est de quatre kilogrammes environ. L'oeil du marteau est Tou-verture qui sert ä fixer le manche; il est perc6 dans le diametre antero-posterieur; sa direction est parallele a celle de la bouche. Le manche , fait en bois de ebene , de houx, de sorbier, a soixante-douze centimetres de longueur sur trois centimetres de diametre. La bouche et la panne sont acerees par des carreaux d'acier.
b.nbsp; Marteauäbattredevant, appele traverse. — Sonnom lui vient de la direction dans laquelle le marteau bat sur I'enclume, par rapport a ceux qui forgent et frappent devant ; on le nomme tout simplement traverse. II difiere du precedent marteau par la position de la panne, qui suit la direction du manche et correspond ä une ligne qui diviserait le marteau en deux parlies egales dans le sens de sa longueur. Le volume et le poids de la traverse sont moindres que pour le marteau a panne.
-ocr page 100-
80 Bourgelat fait observer que la diflförence de la posi­tion des pannes a pour objet d'ötirer ou d'6largir le fer : le marteau ä frapper devant l'6tire , la traverse I'felargit, si Ton suppose deux forgeurs places Tun vis-a-vis de l'autre, le premier arraß de la lenaille et du mar­teau ä main, et le second de Tun des deux marleaux dont on vient de parier, puisque le premier präsente le fer a l'autre suivant sa longueur. 11 observe encore que trois forgeurs , travaillant ensemble , felargissent et 6tirent a volonte leur fer : il ne s'agit, pour I'etirer, que de placer le marteau ä battre devant vis-ä-vis du premier forgeur, et la traverse k la gauche du marteau ä battre devant; et pour l'elargir , que de mettre la traverse a la place de ce dernier marteau, et celui-ci a la place que quitte la traverse.
c. Marteau ä battre, appeU masse. — C'est un mar­teau formfe par une masse de fer forgo, qui a la forme d'un carre long; cette masse est percee d'un trou dans le centre de sa longueur et de son epaisseur. Ce mar­teau a deux bouches et ne präsente pas de panne. Son poidS;, plus considerable que celui des autres marteaux, le fait employer, dans quelques ateliers, pour frapper sur la tranche quand on coupe du fer a froid.
2deg; Marteaux ä main.—On designe ainsi les marteaux dont le forgeur se sert et qu'il tient avec une seule main. II y en a plusieurs sortes, qui sont le marteau ä panne, le ferrelier et le refouloir.
a. Marteau ä main ä panne. — II a la m^me forme que le marteau a frapper devant; son poids et son
-ocr page 101-
81 volume sont moins considerables; il pese environ deux kilog.; le manche a quarante centimetres de [longueur. Ce marteau sert plus sp^cialement a forger les instru­ments de l'atelier.
12.) Ferretier.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;b. Ferrelier (fig.12).—On
le nomme ainsi parce qu'il sert particulierement a la fabrication du fer. Ce mar­teau a main a la forme d'un cone dont les extremit6s sont arrondies. La bouche ou partie inferieure b a une forme ovale de devant en arriere, large de quatre centimetres. L'ceil est perce de teile sorte que le marteau reposant par sa bouche sur un plan horizontal, l'extrö-mitfe du manche m , qui a trente centimetres de lon­gueur , ne sera 6lev6e qu'a quatre centimetres de ce plan. Les joues ou parties laterales s'6largissent a leur partie inferieure. La bouche du ferretier est acerfee.
c. Refouloir. — C'est un petit marteau a main, uniquement destine a. refouler les eponges du fer. II ressemble au ferretier et pese environ un demi-kilog. On lui donne le nom de cloutier, parce qu'il sert a fabri-quer les clous a ferrer. La plupart des ouvriers se servent du ferretier pour refouler les eponges des fers et regardent le refouloir comme inutile.
Les instruments destines a couper le fer , a le
-ocr page 102-
82 trancher , sont nommfes tranches ou ciseaux ; on dis­tingue plusieurs sortes de ciseaux.
1deg; Ciseau ä froid. —II a la forme d'un coin qui perd de sa largeur en s'eloignant du tranchant, jusqu'au milieu de sa longueur, et qui de lä tendrait a la forme d'un cone tronque. La tile ou par tie supörieure est destinfee a recevoir les coups de marteau. Le tranchant est dans le meme sens que la longueur du manche ; il est acierö. Le manche, long de quatre decimetres, est refendu dans Tune de ses extramp;nites pour recevoir le ciseau ; il est brid6 par deux liens de fer. On peut dis­poser le manche autrement et l'introduire dans un aiil dont le ciseau serait perce. Get ceil doit etre perce un pen plus has que le tiers inferieur.
On se sert de cet instrument pour couper le fer ä froid.
2deg; Ciseau ä chaud , tranche proprement dite. — Cet instrument a le tranchant plus prolong^ et plus mince que le precedent; il a aussi une trempe moins dure , parce qu'il doit servir a couper le fer chaud.
Quelques instruments sont destines a percer les fers; ce sont Vetampe etlepoinfon.
I
Etampe. — C'est un poincon de forme pyrami­dale , qui sert ä imprimer sur le fer les trous appeles etampures, qui sont destines a loger la tfete des clous.
Les faces de l'etampe, au nombre de quatre , n'ont rien de remarquable ; l'extremitö superieure a la forme carr6e ; I'inftrieure a celle d'une pyramide quadran-gulaire renvers^e , un peu convexe sur ses quatre faces.
III
-ocr page 103-
83 Cebout doit 6treaci6r6. En dessusdela base de la pyra-mide est placö Voeil, ouverture qui recoit le manche et passe d'une face a I'autre,
Avec cet instrument, on perce dans le fer les Mam-pures, pour loger le collet du clou et la base de la t6te quile termine.
Le volume de la pointe de l'fetampe doit 6tre propor-tionnfi a la force du fer qu'on 6tanipe, an volume du cöte des clous qui seront employes a fixer ce fer.
Poincon. — Cet instrument sert a terminer les trous faits par I'etampe; on le nomme encore poincon ä contrepercer, probablement parce qu'autrefois on percait le fer dans le sens contraire ä l'etampure.
II se compose d'une tige de fer ä quatre cot^s, dont les angles sont abattus. Une des extremitös se termine par une pointe de la forme d'une pyramide ayant pour base un carre un pen long. Le sommet präsente un carrfe de quatre millimetres environ; c'est sur cette derniere partie qu'on adresse les coups de marteau pour faire pönetrer la pointe opposee dans l'ötampure du fer et achever le trou qui doit donner passage aux lames des clous.
i
-ocr page 104-
CHAPITRE VI.
DES COMBUSTIBLES CONSIDERES SOUS LE RAPPORT DE LA MARECHALERIE.
Sommaire. — Des charbons; leur division en trois groupes. — Du charbon de bois. — De l'anthracite. — De la houille. — Du coke. — Du lignite. — De la tourbe. — Des nisidus fournis par la forge.
DES CHARBONS; LEÜR DIVISION EN TROIS GBOÜPES.
Un grand int^ret doit s'attacher äl'ötude des combusti­bles dont le mar6chal peut faire usage dans son atelier, parce que leur nature exerce une influence marquee sur les qualit6s du fer qu'il doit pr6parer.
Partout on se sert du charbon pour chauffer le fer, mais ce combustible n'est pas partout le mfime sous le rapport de sa composition et de ses propri6t6s.
Le charbon n'est autre chose que du carbone rendu impur par des matieres 6trangeres, qui forment un rösidu qu'on appelle cendres, lorsqu'il est dfetruit par une combustion complete.
-ocr page 105-
85
Les charboDS qu'on trouve dans la terre paraissent provenirde Taltöration spontanee de malieres organiques et surtout de masses considerables de vögitaux enfouis et accmmiles dans le sol a des 6poques plus ou moins recu-löes, ou bien encore döcomposös sous I'eau.
Dupasquier a divis6lescharbonsentroisgroupes(l):
Ier GROUPE.
Charbons naturels nolaquo; employes comme com­bustibles.
Diamant.
Graphitc ou p!om-bagine.
2e GROUPE.
Charbons artißciels.
Charbon vegetal et ses diverses vari6tte.
Charbon animal.
Charbon de schiste et autres analogues.
3* GROUPE.
Charbons naturels em­ployes comme com-bustibles.
Anthracite. Houille. Lignite. Tourbe.
Parmi les charbons artificiels, le marecbal peut em­ployer le charbon de bois.
Tons les cliyrbons naturels, usites comme combustibles, peuvent servir pour la forge ; la houille est celui qu'il faut preförer.
0
DU CHARBON DE BOIS.
C'est le produit ou rösidu de la calcination , sans le contact de l'air, de toute matiere vegetale. On donne ce nom plus particulierement au charbon retire du bois.
II y a deuxespecesdistinctesde charbon de bois : 1deg; le charbon ordinaire ou charbon noir; 2deg; le bois torreße ou charbon roux.
(i) Dupasquier. Chimie industrielle, t. 1,1844, p. 293.
-ocr page 106-
8G fhecharbon noirest fabriqu6 par plusieurs proc6d6s, qui sont:
a. Procedi des charbonniers dans les forSls , ou carbo­nisation en tneules.—C'estle plus ancien et le plus usitc.
II consiste ä placer verticalement un pieu sur une aire bien unie , a disposer centre ce pieu du bois r6duit en petites büches qui se touchent aussi exactement que possible. Sur la premiere rangee on en place deux ou trois autres qui donnent ä Tensemble la forme d'un cone tronqu6. On entoure ce cone d'une couche de gazon, puis d'une couche de fraisil (1) humide, en lais-sant quelques trous a la base pour donner acces a I'air et entretenir la combustion.
Quand on met le feu a cette masse, qu'on appelle charbonniere, on enlevelepieu central, et Ton introduit a sa place des charbons allumfe. La duree de la com­bustion varie de deux jours a un mois , suivant l'amp;at de dessiccation du bois et la grandeur de la meule. Lorsque la masse est incandescente, on procede a l'ötouf-fement en substituant une couche de terre humide a l'enveloppe de la meule. Le charbon n'est enleve qu'a-pres le refroidissement complet. On obtient comme rendement 15 ä 18 pour 100.
b. Carbonisation en vases dos. — En carbonisant le bois dans des vases clos sans le contact de 1 'air, on en obtient une quantity plus considerable de charbon; mais e'est un moyen peu economique, quoiqu'on retire en plus du goudron et de l'acide aeötique.
(1) Melange de]lerre et de poussiere de charlion.
-ocr page 107-
87
c. Carbonisation dans des fosses. — Ce proc6d6 est r6serv6 pour obtenir les charbons destines k la pr6pa-ration de lapoudre.
2deg; Le charbon mux est du bois torrefie ou incompUle-ment carbonisä. — Oa s'en sert pour la reduction des minerais de fer; il ne peut 6tre utile pour la forge.
— Le charbon de bois noir est solide; il a la forme du bois qui I'a fourni; sa couleur est d'un noir mat quand il a 6te peu calcin6; il est sans odeur, sans saveur; il est cassant et sonore. Sa density est 6gale a 2, I'eau Hani prise pour unitö.
100 parties de charbon de bois contiennent en moyenne 0,075 de matieres minörales, qui forment les cendres.
D'apres M. Dumas, le charbon de bois conserve pendant longtemps devient tres friable et forme beau-coup de poussiere. Onattribue cette alteration a la cris-tallisation des sels contenus dans le charbon, et qui produisent un ph6nomene semblable a celui de la gel6e sur les pierres de construction.
Les qualites de ce charbon varient suivant les bois qui Font fourni. Ainsi, les bois tendres, tels que le pin, le tilleul, le bouleau, lepeuplier, donnent un char­bon leger qui produit peu de chaleur, qu'on emploie dans quelques locality pour l'affinage de la fonte. Les bois durs, tels que lehetre, lefrene, le chätaignier, donnent un charbon plus pesant, qui brule avec nioins de facility et fournit plus de chaleur.
Le charbon de bois sert a des usages multiplies pour la peinture, le dessin, rimprimerie, etc.
7
m
-ocr page 108-
88
Bon conducteur de l'riectricitö , il est employ^ pour entourer l'extröinite inftrieure du fil des paratonnerres.
Son action absorbante le fait utiliser pour purifier l'eau, pour dötruire la putridity des viandes et les con-server, pour döcolorer le vinaigre, le vin, les sirops, etc.
C'est le charbon qui par le chaufiage donne le plus de chaleur. II sert ä l'extraction des mötaux, ä la pre­paration de l'acier.
Sous le rapport de son usage pour la forge, il est inferieur a la houille, mais il devient tres utile dans les contrfies privies de ce dernier combustible. II n'a pas l'avantage de former avec ses fragments une croüte comme le charbon bitumineux; il petille en brülant; le vent du soulflet le disperse facilement. II a la qualitö d'etre plus pur que les charbons naturels et de ne pas autant älterer le fer chauffe dansle foyer qu'il alimente. On s'en sert pour chauffer lescauteres destines ä I'appli-cation du feu en Chirurgie. On pent le möler a la houille avec avantage.
DE L'ANTHRACITE.
Ce charbon est encore nommö houille seche, charbon de terre incombustible. II a la plus grande analogie avec la houille et brüle plus difficilement. L'ötymologie de son nom est tiree du mot grec avfipa^, anthrax, charbon.
II ne contient pas de bitume; il ne produit presque pas de gaz par la distillation et ne donne pas de flamme en brülant.
L'anthracite contient 2 a 3 pour cent de matieres terreuses; il donne pen de cendres en brülant. Sa
-ocr page 109-
89 combustion exhale souvent une forte odeur de soufre, ce qui tient aux pyrites qui entreat dans sa composition; il contient du bisulfure de fer.
.1
(I
^
#9632;11
Comme la houille , ce charbon parait avoir une ori-gine v6g6tale. 11 existe ordinairement dans les terrains de transition, terrains inftrieurs au terrain houiller.
En France, les principales carrieres d'anthracite se trouvent a la Mure, pres de Grenoble, dans le d6parte-ment del'Isere, et a Sabl6 dans la Mayenne. Ce charbon existe dans la Savoie, la Saxe, I'Espagne, TAngleterre, les Etats-Unis.
L'anthracile a une couleur noire iris6e; il est friable et n^anmoins plus dur que la houille.
Ce combustible est pen employe pour la forge, parce qu'il ne s'allume qu'avec difficulte et se brise en petits fragments, au lieu de se ramollir et de se boursoufflernbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,1
comme la houille grasse.
Arrive a son maximum de combustion , il produit une chaleur intense. Sous ce rapport, on pent en tirer un bon parti en le melanl a la houille.
%
BE LA UOCILLE.
Du mot saxon hulla , charbon de terre, charbon mine­ral , charbon de pierrCj charbon per at.
Ces difflferents noms s'appliquent aussi bien a I'an-thracite et aux lignites.
Lahouille est un des combustibles les plus importants; c'est un des plus abondants et des plus utiles.
Elle est composfee de charbon, de bitume et de matieres terremes en proportion variable.
-ocr page 110-
90
On la trouve dans les terrains composfes des forma­tions intermfediaires de gres et de schiste ; ces terrains sont nomm6s hoidllers.
Les houilles ont une origine v6g6tale. Elles ont 6t6 form6es par des depots considerables de v6g6taux, mfelangtis a des matieres animales, reconverts de debris argileux , et qui, en se d^composant, ont formfe des couches compactes d'apparence homogene.
C'est en Angleterre qu'on trouve les plus riches exploitations houilleres. La France possede des mines de houille fortimportantes, surtout dans les bassins de Rive-de-Gier et de Saint-Etienne , a la Grand'Corabe (Gard), au Creusot (Saöne-et-Loire), a Anzin dans le Nord, etc. L'Espagne , I'ltalie , la Russie sont peu favo-risees relativement a la production de la houille.
Sous le rapport de l'industrie, on distingue trois classes de houilles: houilles grasses ou collantes, houilles seches et houilles compactes.
1deg; Houilles grasses ou collantes. —Elles sont d'un noir brillant; leur cassure est inögale , lamelleuse et schisteuse. Par la chaleur, elles se gonflent et se ramol-lissent;leurs fragments s'unissent entre eux, demaniere a ne former qu'une masse. Enbrülant, elles produisent une fumöe blanche.
C'est dans cette vari6te qu'on choisit le charbon mar4-clial oude forge. On emploie avantageusement la houille grasse pour sonder le fer et le forger , parce qu'elle forme une croüte qui empfeche la deperdition de la chaleur, se soutient d'elle-m6me et permet de retirer le fer sans d6ranger le foyer.
-ocr page 111-
91
La houille qu'on estime le plus sous ce rapport est celle de Rive-de-Gier et de Saint-Etienne (Loire); vient ensuite celle de Mons (Belgique), dite de fine forge.
Parmi les corps strangers que la houille grasse contient, on trouve des pyrites de fer qui peuvent se transformer en Sulfates et donnent quelquefois lieu a la combustion spontan6e, L'argile est une des matieres qu'on y ren­contre le plus communöment. Quelquefois on y trouve du carbonate de cbaux m6l6 intimement au cbarbon ou en feuillets intercales enlre les bancs de houille, du sulfate de cbaux, du mica, etc.
On a divis6 les houilles grasses en deux sections : les houillesgrassesettendres, quibrülent en se boursoufflant, et les houilles grasses et dures, qui se boursoufflent moins et brülent avec une chaleur plus soutenue.
Par la combustion , les houilles grasses fournissent des cendres infusibles, qui s'unissent a une certaine quantite de cbarbon et donnent cette crasse qu'on nomme mächefer, qui encombre le foyer de la forge et oblige a le nettoyer souvent. C'est avec le tisonnier qu'on brise la masse solide formee par leur agglomö-ration.
2deg; Houille seche ou maigre. — Elle est plus lourde , moins fragile que la bouille grasse. Sa couleur est d'un noir vif; sa cassure est plus eclatante. Elle ne se gonfle pas par Faction de la chaleur, parce qu'elle contient peu de bitume. Sa flamme est d'un blanc jaunätre; eile donne une odeur desagr6able d'acide sulfureux.
On trouve frequcmment dans la houille seche des
-ocr page 112-
r
92 pyrites, qui formen t quelquefois de petites efflorescences de sulfate de fer et se delitent sans fetre touch6es.
La houille seche existe en France pres de Toulon , de Marseille, d'Aix, pres du Creusot (Sa6ne-et-Loire); en Angleterre, on la trouve a Durham.
3deg; Houille compacte. — Elle est pen rfepandue; on la connalt sous le nom de cannel-coal (charbon-chan-delle).
Sa couleur est d'un noir grisätre; sa cassure est plus ou moins cubique.
Cette houille s'enflamme facilement et brüle avec une flamme brillante et blanche; de lä son nom.
On la trouve surtout en Angleterre.
Choix de la houille. — Le choix que Ton doit faire de la houille est relatif aux besoins de cbaque industrie. La houille bonne pour la forge n'a pas les mfemes qualites pour d'autres usages. On prefere celle qui est exempte de sulfure de fer, parce que son melange avec ce pro-duit donne une odeur de soufre et fournit une trop grande quantity de mächefer. II faut egalement recher-cber la houille qui ne contient pas ces masses conside­rables de pierres schisteuses dont la presence ne pent qu'Mre nuisible ä la combustion.
Essai de la houille. — Pour bien connattre les qualites de la houille, il importe d'en faire IVssai a la forge. Apres avoir bien nettoyfe le foyer, on le garnit avec le charbon qu'on veut essayer; puis on le soumet a Faction du feu, et Ton fait chauffer quelques morceaux de fer.
-ocr page 113-
93
Le charbon est de bonne qualil^ , s'il forme sur le foyer une croüte r^sistante; l'interieur du feu presente par-tout la m^me inlensite; le fer s'echaufTe sans se couvrir d'une grande quantite de scories. Le bon charbon donne un mächefer compacte et peu abondant.
Quelques fraudes peuvent etre employees dans la vente de la houille. Elle est mölangee avec des schistes bitumineux, du sable, de la terre, ce qu'on reconnaitä sa plus grande pesanteur, a la difficult^ que quelques parties 6prouvent pour bruler. Par le mouillage, on pent augmenter le poids de la houille de 10 a 50 ou 60 p. %; la houille 6tant peu hygrometrique, I'eau qui I'impregne ne pent fetre que le resultat de la fraude. Au sortir de la mine , eile perd a peine 2 p. o/0 de son poids par la dessication.
Usages des houiUes. — Les houilles grasses servent plus specialement pour la forge, parce qu'elles ont la propriötfe de s'aggluliner et de bruler plus vite. Elles servent ä la fabrication du gaz d'öclairage et pour un grand nombre d'autres operations industrielles. Lecoke est un produit des plus importants qu'elles fournissent.
Ml
DÜ COKE.
On donne le nomde coke, coak oucoake äun produit qu'on obtient de la calcination de la houille, de sa decomposition par le feu.
Gelte operation a pour but de la döbarrasser du bitume et d'une partie du bisulfure de fer qu'elle contient.
-ocr page 114-
'
94
L'origine de la fabrication du coke parail remonter a rannte 1772. Ce produit n'est recherche que depuis quelques annees.
On emploie pour la fabricalion du coke la houille grasse en fragments pen volumineux, mfeme ä l'ötat de poussiere , ce qui fournit un dfebouchfe tres important pour ce dernier produit.
Trois procsect;d6s principaux sont suivis pour la fabri­cation du coke :
1quot; Calcination en vases clos. — Cette operation est pratiquee dans de grandes cornues en fonte; on y calcine la bouille pour en retirer le gaz d'6clairage et du coke ; ici ce dernier produit n'est qn'accessoire.
2deg; Calcination ä Vair lihre, en tas ou en meules. — On dispose la bouille en tas, et quand ils sont en pleine combustion, onles entoure de poussier de coke bumide, pour empfecber Faction de l'air sur le cbarbon. La carbonisation est continuee pendant quarante a qua-rante-buit beures.
3deg; Calcination dans des fours. — C'est le procedö le plus employö, parce qu'il donne le plus de produit, demande pen de soin et permet d'utiliser le poussier.
La bouille donne du coke dans les proportions de 50 ä 75 p. %.
Le coke est composö des memes matieres que la bouille , moins le bitumc.
Ce combustible ne pent servir pour alimenter le foyer d'une forge. II prend feu difficilement, ne brüle bien qu'en masse; il brule sans flamme; ses fragments ne
-ocr page 115-
95 s'agglutinent pas par l'effet de la combustion. Le marechal ne peut done pas s'en servir. On reserve plus particulierement ce produit pour la fusion des mätaux dans les hauts-fourneaux.
DU LIGNITE.
ST.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^'$
On le nomme encore bois fossile, hois bitumineux,
jais on jayet. Ce charbon tire son nom principal de lignum, bois.
Le lignite differe de la houille par les caracteres des v6g6taux qu'il contient.
On le trouve dans les terrains secondaires et dans ceux de transport. Les couches import antes de lignite sont recouvertes par un calcaire coquiller marin ou par des coulees de laves volcaniques.
La composition de ce charbon donne du carlone, du bilume, de Veau et des malieres terreuses en proportions variables ; on y reconnait en outre une quantity consi­derable de bisulfure de fer.
On rencontre abondamment les lignites dansle d6par-tement de l'Isere , pres de la Tour-du-Pin, dans les departements de l'Ain, de la Drome, de la Somme , de l'Aisne, des Ardennes.
La couleurdes lignites varie dunoir brillant aujaune brun; ils d6gagent une odeur forte et fetide en brülant; leur flamme est bleue ou jaune ; ils ne se boursoufilent pas ; leur cendre est pulverulente et contient a peine des traces de carbonate de potasse.
On distingue dans les lignites les variety suivantes :
1deg; Lignilejayel oujais. —C'estune variete vitreuse,
-ocr page 116-
#9632;1
96 compacte , ä cassure brillante, susceptible de se polir , employee pour la fabrication des bijoux. En le brülant, on y döcouvre la structure v6g6tale.
2deg; Lignite friable. — II est d'un noir brillant et se dfelite a I'air en petits fragments cubiques. II contient une grande quanlite de pyrites. Sa flamme donne une odeur d6sagrfeable.
3deg; Lignite fihreux. — II a la couleur du bois; sa couleur est d'un jaune plus ou moins terne ; sa texture est ligneuse, cassante. II brüle avec flamme et donne une forte odeur.
4deg; Lignite lerreux. — On y trouve a peine des indi­ces du tissu vegetal; il est friable, d'un brun terne. II donne peu de flamme en brülant et produit assez de chaleur.
Les lignites sont g6neralement employes pour le cbauffage domestique , pour le grillage des minerals, la fabrication de la chaux. On ne pent s'en servir pour la forge du mardchal.
DE LA TOURBE.
Ce charbon provient de la decomposition des plantes des marais. II est form6 de debris de vdgetaux, de substances terreuses, de coquillages et autres animaux.
On trouve la tonrbe dans les eaux stagnantes des marais et des marecages; eile se reproduit assez promptement dans les lieux d'oü eile a 6t6 enlev6e? quand I'eau continue a recouvrir le sol. Les couches de ce combustible ont une epaisseur de un ä dix metres.
-ocr page 117-
97
Les tourbieres existent en France dans plusieurs localites: on en trouvepres de Bourgoin, dans le dgpar-
t }
tement de l'Isere; dans les döpartements de l'Ain, de la Somme; en Belgique, en Hollande, en Ecosse, ennbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;„I
Irlande.
Les couches de tourbe sont superficielles ; on les explolte en les enlevant avec la beche pour les faire sicher au soleil.
On donne le nom de tourbe bousin aux couches de lanbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; J
partie superieure; celles de la partie infferieure consti­tuent la tourbe limöneuse.
La premiöre variötö est brunätre et presente un lacis de dfebris de plantes dont on reconnait encore la texture. La tourbe limoneuse est compacte, d'un brun noiralre ; eile se rapproche des lignites terreux.
La tourbe brüle comme le hois, mais avec lenteur , en donnant une temperature 6gale et constante.
Elle est employee pour les usages domestiques, le
chauffage des chaudieres , des fours, le grillage des
minerals. On 1'utilise meme pour la forge dans les loca-
lit6s oil les autres combustibles sont rares : mais eile
f onre sous ce rapport un produit bleu inftrieur a la
houille.
DES BESIDUS FOÜRN1S PAR LA FORGE.
La combustion de la houille dans le foyer de la forge donne des residus qui peuvent 6tre utilises sous quel-ques rapports ; ce sont le mächefer et le (raster ou frasil.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;-0
1deg; Mächefer. — C'est un corps poreux , pesant ,
Bquot;laquo;
%
-ocr page 118-
#9632;
98 form6 par la combustion de plusieurs charbons diffife-rents. II contient les rösidus du charbon, les corps Stran­gers on pierres scbisteuses qui s'y trouvaient mfelanges et du sulfure de fer.
On enleve le mächefer du fond du foyer avec le tisonnier. Sans cette precaution, l'ouverture de la tuyere du soufflet serait bientöt obstru^e par sa presence ; il deviendrait impossible de chaufifer le fer.
Lemacbefer est sans usage pour le mar6cbal. On le rejette ordinairement parmi les d6combres. Quelques personnes utilisent ce produit, parce qu'il est mauvais conducteurde I'buraidite, pour exhausserle sol des lieux bas et lui donner quelque solidit6.
#9632;
2deg; Frasil. — C'est une terre pulvörulente , noire , qu'on trouve sur le foyer de la forge. II ne faut pas le confondre avec les cendres du cbarbon; il se compose de petits fragments de charbon empörtes par le vent du soufflet. Dispose en masses par le mouillage, le frasil brule comme le charbon. L'usage du frasil a 6t6 conseillfe pour amender les prairies naturelles et artifi-cielles.
'(
-ocr page 119-
CHÄPITRE VII.
DU PER CONSIDERE COMME METAL SOUS LE RAPPORT DE LA MARECHALERIE.
Sommaire. — Du fer. — Etat naturel. — Extraction du fer. — Pro-prietes physiques. — Proprietes chimiques. — Usage du fer dans I'atelier. — Pars du commerce. — Qualites ä rechercher dans le fer marSchal. — De la fönte. — De l'acier. — De la trempe de l'acier. — Emploi de l'acier pour la ferrure du cheval.
I
DU FER.
Le fer esl un mötal d'une grande importance sous lenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ;
rapport de l'art du mar^chal. Celui qui l'emploie cbaque jour pour ferrer le cheval doit connaitre les proprißtes qui le rendront 6ininemment propre ä cet usage.
C'est un metal des plus anciennementconnus. Depuis un temps immemorial il est employe dans les arts pour la fabrication d'une foule de machines. Berzelius a dit que le degre de civilisation d'un peuple pouvait amp;re appr6ci6 par les progres qu'il avail faits dans la manierenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; #9632;#9632;£
de travailler le fer.
-ocr page 120-
100
Aldi naturel. — Dans la nature, le fer se präsente sous plusieurs 6tats. On le rencontre ä l'ötat natif, ä l'^tat d'oxyde, ä l'ötat de combinaison avec les corps simples et ä l'ötat de sels.
Le fer natif a 6t6 trouvö sur plusieurs parties du globe , en Afrique, en Boheme, en Sib6rie, au Br6sil. 11 se präsente sous la forme de masses mötalliques ductiles, susceptibles d'etre forgees, et qu'on suppose 6tre tomböes de diverses bauteurs de l'atmospbere, provenant soit des volcans lunaires, soit de quelqueS debris de planetes.
A l'ötat d'oxyde, le fer existe presque partout, soit ä l'fetat de purete, soituni ä la silice, äl'alumine et ä la cbaux. Ce sont les mines d'oxyde de fer qui sont le plus employees pour l'extracdon du fer. On en trouve de grandes quantitös dans les Alpes, dans les Pyrenees, ä Wie d'Elbe.
A l'ötat de combinaison avec les corps simples , il constitue les sulfures qu'on appelle pyrites jaunes et blanches et les pyrites magnetiques.
Avec les acides, il forme des sels, dont les principaux sont les pbosphates, les silicates et carbonates de fer.
EXTRACTION Du FER.
Elleestassez compliqufee.
Preparation du minerai. — Les minerais sont soumis ä quelques opferations pröliminaires, qui sont le triage, le lavage, le grillage et le bocardage.
Le triage consiste ä sfeparer les minerais des terres argileuses ou calcaires qui les enveloppent; quelquefois
-ocr page 121-
101 cette separation est facile et se fait par l'usage seul de la main. Dans quelques cas on est oblige de diviser les morceaux voluraineux avee une forte masse. Si la couleur des minerals differe peu de celle des corps fetrangers qui s'y trouvent melanges, on les expose ä Faction du feu, qui leur donne une teinte difflferente.
Le lavage sert k separer des minerais les parties argi-leuses qu'ils contiennent; on I'exfecute sous un courant d'eau.
Pour les mines en röche qui renferment du soufre et de l'arsenic, on a recours au grillage, afln de vapo­riser ces substances qui seraient nuisibles aux qualiles du fer. Dans cette operation on dispose la mine con-cassee, melangee avec du bois, de la houille ou d'autres combustibles, dans des fours particuliers.
Le bocardage consiste a concasser les fragments de mineral pour les reduire ä un petit volume et en faciliter la fusion.
I
i
#9632;f'i!
i;:
Reduction de la mine. — Elle consiste a soumettre les minerais ä une temperature tres 6lev6e dans le foyer des hauts-faurneaux.
Les hauts-fourneaux ou fourneaux de fusion ont une hauteur de 10 a 20 metres; ils ont la forme de deux cönes tronquös ou de deux pyramides adossees base a base. A la par tie inferieure se trouve un vide qu'on nomme le cremet; c'est lä quese rendent le m^tal fondu et les autres produits qui s'y trouvent m6lang6s. L'ouverture supörieure du fourneau est appel6e gueulard. Au-dessus du creuset sont trois ouvertures ; deux d'entre elles, qui sont laterales, donnent passage aux
-ocr page 122-
102 tuyaux du soufflet ou pompes soufflantes; la troisieme, plac6e a l'origine du creuset, doit servir a röcoulement du laitier.
Pour charger le fourneau, on le remplit avec du charbon de bois, de la houille ou d'autres combustibles. Quand la temperature est tres 6lev6e, on jette alter-nativement, par l'ouverture supörieure, du mineral et du cbarbon , de teile Sorte que le fourneau soit toujours plein.
Quelques minerals exigent, par leur nature, que Ton jette dans le foyer ce qu'on nomme des fondants, substances destinies ä faciliter la fusion et la separation des matieres etrangeres contenues dans la mine. On ajoute de l'argile ou herbue aux minerals qui contien-nent une trop grande quantite de calcaire, et vice versa; on ajoute du carbonate de cbaux ou casline k ceux qui sont trop siliceux ou alumineux.
Sous l'influence de la cbaleur, l'oxyde de fer est d6compos6 par le carbone; une partie de la silice s'unit a l'alumine et a la cbaux pour former un verre plus ou moins colore , qu'on nomme le laitier. Ramenö a son etat mötallique, le fer se fond, se combine avec le car-bone , pour former de la fonte, qui tombe dans le fond du creuset avec le laitier, qui surnage bientöt et pre­serve sa surface de l'action de l'air. Le laitier, s'il est trop abondant, s'ecoule par l'ouverture pratiquee au bord du creuset.
Apres ces operations , on coule la fonte. A cet effet, on debouche avec un ringard le trou situe au fond du creuset, qui etait bouche avec de l'argile; la fonte sort en flots rouges de feu et se rend dans des sillons ou des
-ocr page 123-
103
moules de forme triangulaire; la, eile se refroidit et produit la fonte coulee, connue dans les arts sous le nom de gueuse.
Cette fonte est grise ou blanche, suivant la nature du mineral et le carbone qu'elle contient. Les autres produits qu'elle renferme sont du sllicium, du phosphore, du soufre, du manganese.
Affmage de la fonte. — Cette operation consiste a soumeftre la fonte en fusion a des courants d'air, pour la separer des substances etrangeres au fer.
Dans quelques usines, on se sert de fourneaux com­poses d'une cavity pratiquee dans un massif de briques et qu'on recouvre avec du charbon de bois pulv6ris6. La fonte est placee dans ce foyer; eile se fond; alors on dirige des courants d'air a sa surface qu'on renou-velle au moyen d'un ringard. Le carbone est brul6 et produit de l'acide carbonique; le silicium, le pbospbore et d'autres corps forment le laitier. Bientöt la masse devient päteuse; on en prend une partie qu'on soumet sur l'enclume ä Faction de forts marteaux nommes refouloirs. Par cette action les scories se detachent, et, lorsque le fer a pris assez de consistance, on le fait chauffer de nouveau pour le forger en grosses barres, en le soumettant a un enorme marteau, qu'on nomme le martinet.
Aujourd'hui on prefere, dans beaucoup d'usines, une methode 6conomique, qui consiste a se servir de fourneaux a r^verbere , qu'on nomme fourneaux ä puddler; l'operation s'appelle puddlage de la fonte. Sa description nous parait etre inutile ici.
8
||
-ocr page 124-
104 Entin les barres de fer d'un gros volume , pr6par6es par le martinet, sont soumises ä l'action du laminoir pour former des barres moins volumineuses et de difife-rentes dimensions. Ces barres, encore chaudes, sont placöes sur un plan horizontal et redressöes ä coups de maillets de bois. C'est sous cette forme que le fer est livr6 au commerce.
PROPRIETES PHYSIQUES DU FER.
A l'ötat de puretö, le fer est blanc , presque argentin. Dans l'etat ordinaire il est gris bleuätre, parce qu'il conlient toujours ane certaiae quantite de carbone. II est susceptible de prendrc un beau poli et d'offrir alors un vif eclat. Sa densite est de 7,788.
Sa ductilite ou la propriete qu'il a de s'etendre en fils par l'action de la filiere est des plus prononcees. II occupe , sous ce rapport, le troisieme rang parmi les metaux.
La malleabilite ou propriete de se reduire en feuilles par l'action du laminoir est peu developpee dans le fer; il est placö au huitieme rang dans la table de mallea­bilite.
Le fer presente une tres grande tenacity. Un fil de deux millimetres de diametre supporte 249 kilog. 659 gr. sans se rompre; sous ce rapport, il occupe le premier rang. Par l'ecrouissage, le fer perd sa tenacity; on pent la lui rendre en le faisant recuire,
Sa structure est variable; eile est grenue dans son etat de purete ; souvent eile est lamelleuse dans les fers du commerce.
-ocr page 125-
105
Soumis alachaleur rouge blanc, ä 90deg; du pyromelre de Wedgwood, le fer peut se souder sur lui-m6me par l'action du marteau. Pour faciliter cette operation , on saupoudre de sable fin les pieces de fer rougies qu'on veut souder, afin de former, avec I'oxyde qui les recou-vre, un silicate fusible qui est expulse par les coups de marteau.
Le fer entre en fusion a 150deg; W. ; les creusets qu'on emploie pour l'operation ne peuvent resister ä une aussi forte chaleur; aussi ne peut-on modifier les formes du fer qu'en le cbauffant pour le soumettre a l'action du marteau.
II partage avec le nickel et le cobalt la propriete de devenir magnetique dans quelques circonstances. L'aimant exerce sur lui une action puissante.
PEOPRIETES CUIMIQUES DC FER.
A la temperature ordinaire, le contact de l'air sec ne fait eprouver au fer aucune alteration; il s'oxyde dans l'air humide et se couvre de rouille, qui se pre-sente sous la forme d'une poussiere jaune d'ocre, et constitue l'hydrate de pcroxyde de fer, par I'oxygene qui resulte de la decomposition de l'eau. On peut garantir le fer de cette alteration en recouvrant sa surface d'une legere couche d'huile de lin.
Chauffe au contact de l'air , le fer prend des couleurs differentes suivant la temperature a laquelle il est expose. II passe successivement par le bleu, le rouge cerise, le jaune paille , le jaune d'or, le violet pourpre.
Parvenu a la chaleur rouge , il se recouvre d'oxydo
;;,:!E
4.
i III
-ocr page 126-
11
106 et produit des öcailles d'un noir violac6 , qui se dfelachent sous l'action du marteau et qu'on nomme battitures ; cet oxyde , qu'on recueille au pied de renclume , porte vulgairement dans les ateliers le nom de paille de fer. II se detache du fer en formant des etincelles brillantes.
L'eau pure, privöe d'air, n'a pas d'action sur le fer; quand eile contient de l'air en solution , eile oxyde peu a peu ce metal et forme un compose brun rouge isol6 du fer, brun verdätre s'il reste adherent ä sa surface.
A une chaleur rouge , il decompose l'eau, s'empare del'oxygeneet degage de Thydrogene, II forme ainsi un oxyde magnctique d'un noir bleuätre.
Le fer s'unit a I'oxygene en plusieurs proportions. Le protoxyde de fer on oxyde ferreux existe dans la nature combinö k I'acide carbonique. On I'oblient en faisant agir I'acide sulfurique faible sur le fer; il en resulte du protosulfate de fer soluble , dont on precipite le protoxyde par une solution de potasse caustique. Ce protoxyde est blanc au moment oü il se produit; il devient bientot verdätre , et ensuite jaune rougeätre au contact de l'air. Le protoxyde est forme de 100 de fer et 29,48 d'oxygene.
Le deutoxyde de fer ou oxyde inlermediaire est tres commun dans la nature.
On le trouve en Suede , en Italic , en Allemagne, en Corse.
La mine d'aimant est une variete de cet oxyde qu'on appelle oxyde magnelique. Pour obtenir le deutoxyde de fer, on decompose l'eau par le fer a une temperature rouge. Ainsi prepare, il est noir, cassant, fusible,
I
i'
-ocr page 127-
'h
107 atlirable al'aimaiU. Get oxyde naturelsert ä l'extraction d'une partie du fer qu'on trouve dans le commerce. L'oxyde arlificiel n'est utilise qu'en medecine sous le nomd'ethiops marital ou oxyde mir defer. Le deutoxyde de fer contient 39,30 d'oxygene pour 100 de mamp;al. L'oxyde des baltitures n'a pas tout-ä-fait la meme com­position; il contient 32 d'oxygene pour 100 de fer; c'est un melange de deutoxyde et de protoxydc.
Laperoxyde de fer, nomm6 encore tritoxyde, sesqui-oxyde, oxyde ferrique, est la composition la plus oxygenee. II se forme a la surface du fer sounds a l'aclion de l'air humide; il est alors a l'ötat d'hydrate d'une couleur jaune d'ocre et constitue ce qu'on nomme la rouille. Dans les arts , on le prepare en grand en calcinant a la chaleur rouge dans une cornue de gres le protosulfate de fer. Get oxyde a une couleur rouge violacee; il est sans action sur raignille aimantöe. Dans le sein de la terre , il exisle cristallise en prismes rhomboidaux ; dans la mine de fer de Tile d'Elbc , il constitue le fer oli-giste. On emploie dans les arts le peroxyde de fer arti-ficiel pour la peinture. En medecine , il est usile comme astringent et tonique, sous le nom de safran de Mars astringentraquo;
Le fer s'unit en plusieurs proportions au carbone et fournit deux produits artificiels, qui sont la fönte et Vacier.
Le phosphore pent se combiner avec le fer ; il ne faut qu'une ties petite proportion de ce corps pour rendre lefercassant afroid; ilsuffit pour ccla de 0,006. Le fer est de ties bonne qualite quand il n'en renfermo que 0,0038.
-ocr page 128-
103
Le soufre forme, avec le fer, cinq sulfures diff6rents. IJne tres petite quantite de soufre altere les qualilös du fer.
Lefer peut aussi se combiner avec I'azote , I'arsenic , le chlore, l'iode, le silicium , le bore , le selenium.
Uni a I'aluminium , le fer donnc un alliage tres cas-sant, utile dans les arts. Avec I'^tain, il constitue le ferhlanc, produit qui sert a la confection d'une foule d'ustensiles.
Combines avec les acides , les oxydes de fer forment deux series de scls , dont quelques uns ont une grande importance.
r
I
USAGES DU FER DANS L ATELIER.
Le fer sert ä la fabrication de la plupart des instru­ments de Touvriei- marechal, des fers et des clous des­tines ä 6tre appliquös sous les pieds des animaux. 11 est utile de connaitre l'etat dans lequel on le trouve dans le commerce et les qualites ä rechercher dans ce metal.
FER DU COMMERCE.
II est dun gris bleuätre; sa texture est nalurellement grenue.
Le fer qu'on emploie dans l'atelier du maröchal a la forme de barres qu'on appelle fer mi-plat, fer marechal; la largeur de ces barres est double de leur 6paisseur.
QUALITES A RECHERGHER DANS LE FER MARECHAL.
Toutes les variötes de fers ne sont pas 6galement
I
-ocr page 129-
109 bonnes pour servir ä fabriquer lachaussure du cheval; il est ulile de connaitre les bases sur lesquelles doit reposer le choix qu'on en fait.
La qualite du fer est d'autant meilleure que son grain est plus fin et plus brillant. Dans sa cassure , le bon fer präsente un nerf tordu et brillant. La trempe lui donne un grain plus prononefe.
Sous le rapport des qualitös des fers, on a 6tabii plusieurs classifications. On les distingue generalement en fers forts et en fers rouverains.
Les fers forts se laissent forger et courber ä froid ou ä cbaud. Les fers rouverains cassent k froid ou ä une temperature plus ou moins elev^e.
^
1deg; Fers forts. — Ce sont ceux qui se laissent forger facilemenl; on les nomme encore fers doux, fers ner-veux, fers duclües.
Coupe ä froid, le fer doux presente des lames aplaties ou filamenteuses , ä petits grains d'une couleur grise argentee. II peut 6tre plie plusieurs fois sur lui-meme sans se rompre, seit ä froid, soit ä cbaud; il s'etend facilemenl sous le marteau. II ne cede que lentement ä l'action de l'bumidite et se rouille peu. Les barres de fer^ doux qu'on rencontre dans le commerce sont unies, exemptes de gercures. — H y a dans les fers forts une autre vari6te qu'on nomme fer dur, et qui differe de la precedente par des grains plus marques , par l'absence de fibres ou de lames paralleles. — Les fers forts sont quelqaefois paillcux; ils conliennent des tacbes brunes, qui prennent le nom de, pailles, et qui rfesullent de l'interposition de scories ou d'oxyde de
dt
-ocr page 130-
,1raquo;
.' i 1
110
fer. Cette disposition est nuisible aux bonnes qiialit6s du fer et le rend plus difficile a forger.
2deg; Fers rouverains. — On les nomme encore fers aigres, fers cassanls. Ils se divisent en deux varies : les fers metis et les fers tenures.
a. Fers metis, fers cassant ä chaud. — Ces fers, qui se brisent a chaud, sont encore appeles fers de couleur, parce qu'ils ne se laissent pas forger a toules les tem­peratures; ils exigent un certain degre de chaleur, au delä ou en deck duquel ils ont peu de ductilite et de malleabilile. Le fer metis doit le döfaut de casserä chaud ä une certaine quantite de soufre et d'arsenic; une faihle proportion de soufre suffit pour rendre le fer insoudable. On pent distinguer dans le commerce le fer cassant a chaud ä la forme do sos barrcs, qui sont mal finies, mal soudees dans leurs differentes parlies. II doit etre rcjete de l'atelier du marechal, parce qu'il se casse pendant qa'on le plie pour en faire un croissant, ou pendant qu'on place les etampures. — Le fer cassant a chaud est ductile a froid. On s'en sert pour la fabri­cation des armes ä feu, surtout des canons de fusil.
b. Fers tendres, fers cassant ä froid. — Ils cassent par le moindre effort; leur cassure offre des graias gros et brillants; ils se rouillent facilement. Ces fers con-tiennent une certaine quantite de phosphore. Cette qualite est la plus repandue dans le commerce.
— Les fers rouverains ne peuvent etre employes pour la marechalerie , parce qu'ils se cassent a froid et ä chaud.
'
-ocr page 131-
Ill
II faudra ehoisir les fers forts et donner la preference a ceux qui seront nerveux et ductiles en meme temps qu'ils pr6senteront la texture grenue. C'est a la cassure de la barre qu'on pent connaitre la nature du grain du fer et juger ses qualites.
DE LA FONTE.
Elle est un produit immödiat du minerai de fer traite par leshauts-fourneaux. La fönte est composfee de fer, de carbone et de lailier ou maliere vilrif.ee produite par la fusion de la gangue du minerai.
On trouve dans le commerce plusieurs sortes de fontes :
1deg; La fonte blanche est dure et cassante; sa cassure est lamelleuse; eile n'est pas malleable; sa duretö la rend fragile. Onlaconvertiten fer ductile par I'affinage; sa density est de 7,574 a 7,624.
2deg; La fonte grise est moins cassante et moins dure; sa cassure presente la couleur du fer; eile est parsemöe de petites tacbes noires qui lui donnent Tapparence truitee. Cette fonte peut etre limee et travaillee sur le tour.
3deg; La fonte noire tient son nom de sa couleur foncfee; eile est a gros grains inegaux, noirs et brillants; eile est la plus fusible. La density de ces deux dernieres varietes est moins grande que celle de la fonte blanche, parce qu'elles contiennent une plus grande quantite de carbone.
Le refroidissement plus ou moins rapide des objets fabriqnes en fonte moulee esl la cause principale de
#9632;;-
^
-ocr page 132-
'I y
ii
112
leur duret6 el de leur aigreur. On les rend plus faciles a 6tre travailles en les chaufiant au rouge et les laissant refroiflir lentement.
Usages. —Dans les arts, on met ä profit la resistance de chaque sorte de fonte pour fabriquer des machines de differents genres. La fonte blanche sert pour les pieces suffisamment garanties de fortes percussions et dont on exige le plus de durete. La fonte grise est pre­ferable pour les ustensiles et instruments qui subissent des percussions reiterees. On s'en sert pour la fabrica­tion des enclumes jetees ou coulees.
11 est probable qu'on arrivera a fabriquer des fontes mall6ables sous Faction du marteau et bonnes pour la ferrure du cheval. Alors on pourra couler des fers et obtenir ainsi une grande economic dans leur confec­tion.
de l'acieu.
C'est un compose arlificiel de fer et de carbone , qui est d'une grande importance dans les arts.
On distingue trois especes d'aciers : 1deg; Yacier natu-rel; 2deg; Yacier de camp;nentation; 3deg; I'acicr fondu.
L'acier naturel est obtenu dans l'affinage de la fonte , que I'ouvrier porte un pen moins loin que s'il voulait preparer du fer. On le prepare en exposant la fonte grise dans des fourneaux a reverbere ; on la tient fon­due pendant huit a dix heures, et on dirige sur sa surface un courant d'air qui oxyde le carbone et les metaux terreux. Quand eile devient päteuse , on I'en-leve par portions pour la forger sous le martinet.
Bii
i
-ocr page 133-
113
L'acier naturel peut 6tre consider^ comme du fer contenant dans ses inlerslices du carbone et des alliages. Ses proprietes different suivant la nature de la fonte qui a servi a. le prtparer.
Get acier manque d'homogenoit^ dans son grain; pour le modifier sous ce rapport, on le soumet au mfßmge, ce qui iui enleveune partie de son carbone.
On emploie l'acier naturel pour la fabrication des in­struments aratoires.
L'acier de cemenlaiion tire son nom de sapreparation. Pour I'obtenir, on soumet le fer en barres a Faction de la chaleur, en contact avec du cbarbon vegetal en poudre , mele quelquefois a de la suie , de la cendre de bois et du sei marin; on a pour but de faire combiner le metal intimement avec le carbone.
Ainsi pröparö, l'acier presente a sa surface des boursoufflures; il est connu sous le nom d'acier poule, acier hoursoujjle. Les fers de Suede et de Siberie, sontles plus couvenables pour sa fabrication; les aciers qui en proviennent prennent une trempe tres dure.
L'acier de cementation a le grain plus fin que l'acier naturel. Sa cassure est irreguliere, bleuätre , comme cristallisee. II estplusdur et plus homogene que le pre­cedent , mais il ne peut servir a fabriquer les instru­ments dont le tranchant doit etre vif.
V acier fondu est prepare en faisant fond re dans des creusets de terre refractaire les aulres especes d'aciers, apres les avoir reconverts d'une petite quantitede verre pile sans plomb ou de cendres de haut-fourneau pour empöcber le contact de i'air.
Lorsque l'acier est fondu, on l'agite avec une tige de fer et on le coule en lingots.
; i
!;':.
#9632;if
-ocr page 134-
I
Iv
114
Get acier a une couleur grise ceadree; il est plus dur que les autres aciers; sa texture est plus compacte. Pour 6tre travaillö, il n'exige pas une temperature aussi elevee que l'acier de cementation ; trop chauffife , il s'6grene sous le marteau.
L'acier fondu est difficile a souder, soil avec le fer, soit avec lui-raeme , parce que sa fusibilil6 est trop grande.
II est employe dans les arts pour la fabrication des instruments qui exigent une durete uniforme etsurtout des instruments tranchants.
On trouve dansle commerce une autre vari6t6, qu'on appelle acier de Damns , acier de VInde , acier TVol%, et qui presente a sa surface un grand nombre de dessins varies. Les proprietes de cet acier sont atlribuees äune certaine quantite d'aluminium, ä du platine , de l'ar-gent, du rhodium , etc.
Les dessins sont dus ä une certaine quantity de car-bone qui s'en separe en se cristallisant, et qu'on deve-loppe par des lotions avec desacides aflaiblis.
D'apresM. Berthier, un alliage de chrome et de fer donne a l'acier la propriete de se damasser, et lui con­serve celle de se travaiiler aussi bien que l'acier fondu ordinaire.
r
'\
i
Proprietes de Vacicr. — Sa couleur, semblahle a celle du fer, se rapproche de celle de la fontc ; sa cassurc est grenue et raremenl fibrcuse. II est tres ductile et Ires malleable; il est susceptible de prendre un poli d'au-tant plus brillant que son grain est plus fin et plus ho­mogene. Sa dcnsitc, moins grande que celle du fer, variede 7,73 a 7,84.
-ocr page 135-
115
Une des propriötös les plus remarquables de l'acier consisle dans les changements qu'il eprouve par l'action de la trempe.
Les acides ont la propriötö de dissoudre l'acier, mais avec plus de lenteur que pour le fer ; ils laissent un residunolrätre, qui est du carbone.
De la trempe de l'acier. — On nomme ainsi une opö-ration qui a pour but de durcir l'acier et qui consiste ä le plonger brusquement dans l'eau froide, apres l'avoir fait rougir.
L'acier trempe est plus dur , plus elastique; il est cassant et a perdu une partie de sa duetilite et de sa malleability.
Les molecules de l'acier trempö ont pris un arran­gement particulier ; il en resulte une dilatation. Plusieurs theories ont ete emises pour expliquer ce phenomene.
Si Ton fait chauffer l'acier trempe jusqu'au degre qu'il avait avantla trempe, et qu'on le laisse refroidir lentement, il reprend ses proprietös primitives.
Quand on se propose de donner plus de durete ä l'acier trempe , on le fait reeuire; pour arriver ä ce rösultat, on le fait chaufler plus ou moins en decä du point oü il a eprouve la trempe. Les couleurs diverses que l'acier prend ä sa surface, et qui resultent d'un commencement d'oxydation, servent ä faire juger le degre auqucl il a ete reeuit. Pour les instruments de Chirurgie, on recherche la couleur jaune paille; pour les couteaux ou ciseaux, la teinte brune; pour les objets 6lastiques la teinte bleue.
II est possible de varier beaueoup la nature des
i-l
:':#9632;
i
#9632;.#9632;'.
-ocr page 136-
.1
116
liquides dans lesquels on trempe l'acier, et d'arriver ä diflerenls degres de trempe. La nature des liquides et leur temperature influent evidemment sur sa durete; eile est plus grande quand on s'est servi de ceux qui sont bons conducleurs du calorique. Ordinairement on se sert d'eau pure ; quelques ouvriers y ajoutent de l'huile , du sei marin , des acides.
L'intensitö de la trempe est difflferente 6galement d'apres le degre de temperature des barres.
C'est par la trempe qu'on juge les defauts de l'aeier et ses qualites. On rcconnail son defaut d'homogeneilö ä l'inegalite de la trempe.
Usages de Vacier. — Dans l'atelier du maröchal, l'acier sert ä la fabrication des instruments qui exigent de la durete ; on l'emploie pour acierer l'extremite des 6tampes, des poincons, pour soudcr des crampons sur la pince des fers qu'on applique dans les temps de neige , etc.
EMPLOI DE L'ACIER POUR LA FERRÜRE Du CHEVAL.
Des essais ont ete faits pour remplacer le fer par l'acier dans laferrure ducheval; ils ne sont pas encore assez nombreux pour donner des resultats positifs.
Voici les avantages qui doivent elre obtenus :
L'acier etant plus dur , plus difficile ä userque le fer, laferrure durera plus longtemps, ä volume egal; l'ajus-ture se faussera moins facilement.
11 sera possible d'appliquer des fers plus lögers ; on
-ocr page 137-
117
peat 6valuera Vaou '/^ la dimiaulion ä assigner pour leur poids.
La legerete des fers favorisera les allures des chevaux destines aux services rapides , de ceux surlout qui con-duisent les malles-postes ; eile sera egalement utile pour les chevaux de seile.
— Les inconv^nients ä signaler sent les suivants :
Le prix du fer etant moins eleve que celui de l'acier , il y aura moins d'economie a employer ce dernier pro-duit, si l'auginentation de depense n'est pas compensee par la duröe plus longue de la ferrure et par I'emploi d'une quantity moindre de maliere.
Les fers en acier sont plus fragiles et par consequent plus exposes a se casser.
Enfin, leur emploi pour les gros chevaux, a pieds volumineux , plats ou combles; reviendrait a un prix trop eleve. La ferrure a employer en pareil cas exige beaucoup d'ajusture; eile doit proteger une grande surface du pied; on ne saurait ici diminuer sans incon­venient la quantite du metal a employer; des fers trop minces seraient insuffisants.
En resume, il est a desirer qu'on multiplie les essais pour ce genre de ferrure, et qu'on eraploie surtout une variete d'acier propre a cet usage, sous le rapport do la durete et de la tenacite.
-ocr page 138-
!i
CHAPITRE VIII.
ACTION DE FORGETi.
Sommaire. — De la forme qu'on donne au fer avant de le forger: des lopins. — Action de forger le fer.
DE LA FORME QTj'oN DONNE AÜ FER AVANT DE LE FORGER : DES LOPINS.
Avant de forger le fer, onlui donne dans l'atelier des formes particulieres; on en fait des lopins.
On donne le nom de lopin k un morceau de fer seul on a plusieurs morceaux de fer röunis destines a forger un fer a cheval.
II y a deux sortes de lopins; on les distingue en simples et composes.
-
-ocr page 139-
(Fig. 13.) lopin simple.
119
1deg; Lopin simple. — C'est un morceau de fer coup6 ä une barre de fer neuf. On
le nomme encore lopin soude, parce qu'il n'est forme que d'une seule piece,
Les lopins simples sont coupes ä froid ou ä cbaud. Ceux qu'on coupe avec le
il
ciseau ä froid conservenl la forme de la barre qui les fournit; leur longueur est relative ä la grandeur du fer qu'on veut
forger. On ne coupe les lopins ä cbaud que dans des cas exceptionnels, principale-ment lorsqu'on les prend sur une barre
dont les dimensions en largeur sont trop fortes. Alors on donne ä cette piece de fer la forme d'un croissant, en ayant le soin d'aplatir suffisamment l'une de ses extremites, pour qu'elle puisse etre saisie facilement par les mors des tenailles.
2deg; Lopins composes. — Ils sont formes par la reunion de plusieurs morceaux de fer. On connait le lopin hourru, le lopin hranlant et le lopin ä coquille.
a. Lopin hourru. — II se compose d'une deferre ou vieux fer plie en deux et contenant entre ses brancbes plusieurs morceaux de fer plus ou moins aplatis et qu'on nomme quartiers. Ce vieux fer est appele Venve-loppe ou couverture.
Le lopin de ce genre est le plus employe dans les ateliers de mar6cbalerie, parce qu'il pennet d'uti-liser les fers us6s et d'autres d6bris qui ont peu de volume.
9
i. #9632;#9632;
-ocr page 140-
120
Pour fabriquer le lopin bourru, on fait chauffer une deferre jusqu'au rouge cerise, et on la plie dans le milieu, de teile sorte qua les deux branches du fer soient paralleles et separfees au moyen d'un intervalle qu'on reraplit avec un ou deux quartiers; ensuite on saisit les deux branches de la couverture avec des tenailles goulues, pour frapper sur la pince quelques coups de marteau, afin de maintenir plus solidement les pieces dont le lopin se compose.
U importe que, dans la fabrication du lopin bourru, la couverture soit pliee de teile sorte que la face qui reposait sur le sol soit extörieure, parce qu'elle est arrondie et se prfete moins que la face opposee a la solidite du lopin.
Les lopins bourrus sont plus difficiles a forger que les lopins simples.
b.nbsp; Lopin ä quartier branlant. — II se compose de plusieurs quartiers ou morceaux de fer suffisamment 6tir6s et appliques Tun sur I'autre. Les quartiers les plus forts sont places dessus et dessous pour mieux retenir ceux qui sont peu volumineux et qui resiste-raient moins a l'action du feu. Un fil de fer tordu sur lui-mamp;ne serre le lopin par le milieu pour rapprocher les differentes parties qui le composent.
c.nbsp; Lopin ä coquille. — Pour utiliser les petits mor­ceaux de fer ou riblons qu'on trouve dans l'atelier, et qui proviennent soit de fers cassis, soit de branches qu'on a voulu raccourcir, on dispose une large deferre de maniere ä former une sorte de coquille dans laquelle on les place sur l'ouverture qui resulte de Fecartement
-ocr page 141-
121 des branches du vieux fer, et on recouvre cet espace par un quartier quis'6tend d'un bout äl'autre du lopin. Avant de forger ce lopin , il faut en souder les diverses parties, pour faire ce qu'on appelle un päte. La masse qui en resulte est ordinaireraent assez volu-mineuse pour pouvoir etre divisöe et servir ä former plusieurs lopins soud^s.
ACTION DK FOKGER.
I
Pour forger un fer de cheval, plusieurs operations sont nöcessaires. II faut chauffer le lopin ä plusieurs reprises pour le battre sur l'enclume et lui donner la forme d'un croissant. Ces diverses operations pr6sentent des difficultes, qu'on ne s'habitue ä vaincre que par la pratique.
1deg; Chauffer le fer destine ä etre forge. — Pour rendrc le fer assez mou et le faire c6der a l'action du marteau, il faut le chauffer au degre convenable; un exces de chaleur serait nuisible et produirait la separation de ses diverses parties.
On donne le nom de chaude h cette action de chauffer le lopin. 11 faut ordinairementdeux chaudes pour forger un fer, c'est-a-dire que, pour terminer sa fabrication, on est oblige de le faire chauffer deux fois dans le foyer et de le battre sur l'enclume a deux reprises differentes.
Quelques ouvriers habiles forgent un fer en une chaude avec le lopin soud6.
II est meme possible do forger deux fers dans une chaude , en se servant d'un lopin de harre fendn dans
-ocr page 142-
ii
I
122 une partie de son etendue; raais on n'obtient ainsi que de mauvais fers.
Le lopin bourru exige , avant d'etre forge, ce qu'on appelle un chaudillon; il est chauffe par une de ses extr6mit6s jusqu'ä un point voisin de la fusion , pour ^tre imm^diatement battu sur I'encluine afind'en rfeunir les Sponges , dans le but de faciliter la soudure de la masse qu'on va forger.
On dit qu'on donne une chaude lorsqu'on bat sur I'enclume un lopin qui vient d'etre fortement chauffö dans le foyer de la forge.
Les chaudes sont donn6es a plusieurs degr^s differents de chaleur.
La chaude rouge cerise ne pent suffire pour forger le fer de cheval, parce qu'elle suppose I'emploi d'un lopin bien soude. C'est le degre qu'on donne au fer pour I'ajuster.
Un second degrfe constitue la chaude ä blanc. Le fer est cbauffe jusqu'au rose blanc avant d'etre forge , ce qui suffit pour le lopin de barre, qui n'est pas pailleux. Enfin, le degre de fusion est necessaire pour le lopin bourru, afin de souder les difiiferentes parties qui le composent. Dans ce cas , on chauffe le fer jusqu'ä ce qu'il ait acquis une couleur blanche et qu'on voie couler a sa surface une matiere qui se vitrifie par le refroidissement, et qui est un mölange d'oxyde de fer et de parties terreuses. Ce degre de chaleur est nommö la chaleur suante; c'est lä le dernier degre a atteindre; le fer chauffe plus longtemps se bride; une partie reste dans le foyer; celle qu'on en retire se divise sur I'en-clume en plusieurs portions; le reste du lopin qu'on
-ocr page 143-
123 parvient ä conserver a perdu sa ductilite et sa maltea-bilitö ; il est aigre ; on ne peut I'^tamper sans le
casser.
Les morceaux de fer que le marechal doit forger sont pen volumineux; il est facile de leur donner promptement le degre de chaleur convenable; ils sont plus exposes par cela ra6me a 6tre brülös.
C'est par I'oeil qu'on se guide pour juger que le fer est assez chaud. On tient compte des nuances qu'il prend, et, si la flamme du foyer est blanche et presente des etincelles brulantes , c'est un signe qu'on est bien-tot arrivö au degr6 de cbaleur süffisante.
Pendant qu'on chauffe le fer, le forgeur fait passer de temps en temps le tisonnier centre l'orifice de la tuyere pour enlever le mächefer qui pourrait le remplir. li ramene le charbon au-dessus du fer place dans le foyer, l'arrose avec de l'eau pour former une croüte et pour activer la combustion.
2deg; Forger la premiere brauche du fer. —Quand lelopin est chauffe au degr6 convenable , I'ouvrier lesaisit dans le foyer avec les tenailles; il le frappe contre le billot ou le frotte avec le marteaupour faire tomber la crasse et les battitures qui le recouvrent; ensuite il le porte sur la table de l'enclume, ä l'origine de la bigorne.
Un homme seul ne pourrait forger que tres difficile-ment un fer de cheval; le maröchal qui forge se fait aider par ce qu'on appelle un frappeurdevant. Celui-ci, plac6 de l'autre cöte de l'enclume , frappe avec le mar-leau ä frapper devant sur le plat du fer pour I'elargir ; apres chacun de ses coups, le forgeur, arme du ferretier,
i'.{i
i- p
-ocr page 144-
i
m
quot;V.
[#9632; I
124 frappe ä son tour, d'abord dans le meine sens pour faciliter la soudure des diverses parties du lopin, ensuite sur champ, en ayant le soin de tourner chaque fois de gauche a droite la main qui tient les tenailles, jusqu'a ce que la premiere brauche soit assez allongee. Cette operation s'appelle degorger le fer.
Si le lopin presente quelques gercures sur le bord convexe , I'ouvrier tourne la main en sens oppose, c'est-ä-dire de droite ä gauche, pour le refouler a coups de marteau. Cette maniere d'agir s'appelle conlreforger.
Lorsque la premiere brauche du fer est assez longue, il faut qu'il lui donne de la tournure, en frappant sur le bord oppose a l'enclume et en relevant la main qui tient les tenailles. Quelquefois il met la brauche du fer dans une position perpendiculaire ä l'enclume et frappe plusieurs coups au-dessus de la partie opposöe; cela s'appelle monier h cheval.
Toutcs ces operations faites avec le ferretier , sc composent de coups alternatifs avec ceux du marteau ä frapper devant.
Enfin cette premiere brauche est frappfee a plat sur l'enclume, jusqu'ä ce qu'elle ait une epaisseur conve-nable.
Ensuite I'ouvrier saisit le refouloir pour en faconner I'extremitfe, qu'on appelle eponge, et la rendre carr6e, ou, ce qui est preferable, il fait cette operation avec le ferretier. 11 retourne la brauche du fer sur la bigorne de l'enclume et frappe sur tonte la longueur de son bord convexe, en baissant plus ou moins la main gauche qui tient le fer, suivant qu'il vent lui donner plus ou moins de courbure; cela s'appelle higorner.
W'
-ocr page 145-
125 La branche ötant bigornte, il perce sur sa face externe deux trous ou etampures s'il s'agit d'un fer de devant, et trois trous pour un fer de derriere. On dit qu'il etampe le fer. II bigorne de nouveau pour effacer les bosselures de la rive externe. (Vig. 15.) Premiere ^a figure 15 represente un lopin branche d'un fer. de barre sur lequel on a forgo la pre­miere branche d'un fer de derriere.
3deg; Forger la deuxieme branche du fer. — La premiere branche du fer etant terrainee, I'ouvrier met au feu I'autre bout du lopin pour le chauffer et terminer le fer par une deuxieme chaude.
Cette seconde operation est plus difficile et plus longueque la premiere; eile doit servir a forger les deux tiers du fer. Comme pendant la premiere cbaude , I'aide frappe a plat sur le fer pour l'elargir, et le forgeur, tournant la main de gauche a droite, frappe sur champ pour I'allon-ger, tout en lui donnan t un peu de courbure afin de former un croissant assez ouvert. Ensuite il monte ä cheval sur le fer, c'est-ä-dire, il pose le fer sur I'enclume verticale-ment par I'une de ses branches et frappe sur la branche opposee pour diminuer l'ouverture qui resulte de leur fecartement. Enfm le fer est battu k plat et etire suffi-samment.
IA
-ocr page 146-
11.
126 (Fig. 16.) Fer forgidont la seconde Apres cette chaude, brauche n'est pas ecamptie.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;, *nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; , i •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.
le fer est bigornfe et pos6 ä plat sur I'en-clume, ä l'effet d'etam-per. L'ouvrier tient Tetampe de la main gauche et pose succes-sivement sa pointe sur les parties oü il veut disposer les trous, tout en tenant une des faces de cet instrument parallele au bord du fer. L'aide et le forgeur frappent alternativement sur le sommet de l'itampe, jusqu'a ce que sa pointe ait penötre dans le fer assez profondöment
Apres avoir etampe le fer, le forgeur le bat a plat sur la face opposee aux etampures, et le bigorne, soil pour effacer les bosselures produites par I'ötampe, soil pour lui donner la forme convenable.
Enfin le fer est contreperce. — Cette operation con-siste a le placer sur un billot et a appliquer un poincon dans chaque 6tampure pour achever les trous destines a donner passage aux clous qui seront employes pour fixer le fer sous le pied du cheval. L'extr6mit6 du poin­con doit etre en rapport avec le volume du collet des clous. Si I'ouverture est trop petite, le clou ne pent pas 6tre suffisamment enfonce; est-elle trop grande, bientot le fer vacille et ne presente pas de soliditö.
Ordinairement on etampe le fer en deux chaudes. Quelquefois on se contente de forger le fer sans I'etam-pcr; cette manierc d'agir est necessaire quand on
-ocr page 147-
127 le destine a un pied diflbrme ou malade, dont on ne connait pas bien la disposition. Alors les 6tampures sent placees au moment mamp;ne oü Ton va ajuster le fer pour I'appliquer sur le pied du cheval.
— Teiles sont les diverses operations dont se com­pose l'action de forger un fer de cheval.
Si ce fer doit 6tre applique imm6diatement , on procede a son ajusture. Mais, le plus souvent, on forge dans les ateliers des fers de diverses dimensions , appareillös deux ä deux pour le m^me bipede, et, quand on veut ferrer un cheval, on choisit, parmi les fers forges depuis quelque temps, ceux qui paraissent avoir les dimensions convenables.
im
ill:'
Ms
-ocr page 148-
¥
III
i If
If'
CHAPITRE IX
Du FKR DE CHEVAL ET DE SES PROPORTIONS.
Somm.uke. — Description du fer de cheval. — Differences entre les fers de devant et ceux de derriere, entre le fer du pied droit el celui du pied gauche.— Proportions des fers.—Proportions d'apres Dourgelat. — Proportions d'apres Gohier. — Systeme Lafosse. — Comparaison des differentssystemes.— Regies suivies g^ntfralement pour les proportions des fers.
DESCRIPTION 1)U FEH DE CHEVAL.
Le fer de cheval consiste en une bände de metal plus ou moins large , courbee dans le sens de son 6paisseur, de maniere a representer la forme d'un croissant, qu'on applique sur la face inftrieure du sabot pour le protfc-ger contre la duretö et les asperites du sol.
Division. — Le fer presente plusieurs parties desi-iinees sous le nom de regions; ce sont : la pince, les mameUes, les quartiers, les eponges. On y reconnait,
I
I
-ocr page 149-
129 en outre, deux faces, deux branches, deux bordseldes extremites.
1deg; La pince p repond ä la partie anterieure du pied qui porte le m^me nom; eile forme le milieu du fer.
2deg; Les mamelles mm' sont les deux parlies saillantes du fer qui occupent les cot6s de la pince.
3deg; Les quartiers qq'
(Fig. 17.) Fer pour le pied droit de SOQt les ties situ6es en devant.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; . r
arnere des mamelles.
4deg; Les eponges ou les talons ee' constituent les extramp;nittis du fer et sont places apres les quartiers. 5deg; Les faces du fer sont au nombre de deux: la face superieure doit re-poser sur le bord infe-rieur de la paroi dont eile suit le contour; la face inferieure pose sur le sol; c'est eile qui porte les etampures.
6deg; Les branches du fer be'sont distinguees en externe et interne, suivant le cöte du pied auquel elles cor­respondent ; elles commencent vers les parties qu'on appelle les mamelles.
7deg; Les bords ou rives sont au nombre de deux ; la rive externe est convexe et döcrit le pourtour exterieur du fer; la rive interne est concave, eile suit le contour interieur. La courbe v qui correspond a la pince porte le nom de voüte.
8deg; Les extremites sont: June, anterieure, comprenant
B
-ocr page 150-
i
kquot;
130 la pince; I'autre, posterieure, divis6e en deux parties, formant les eponges.
— Si Ton considere le fer sous le rapport de ses dimensions, on entend par epaisseur la distance com­prise entre la face supörieure et la face införieure.
Lalargeur dun bord a I'autre, de la rive externe a la rive interne, constitue la couverlure.
On donne le nom d'e/ampwmaux cavit6s dont la face inferieure du fer est percee pour donner passage aux lames des clous et loger en partie leur tele; elles out la forme d'une pyramide a quatre cotes. Leur dissemina­tion n'est pas la meme dans les fers destines aux pieds de devant et dans ceux de derriere.
La contrepercure correspond au sommet de chaque etampure sur la face superieure du fer; eile livre pas­sage a la lame du clou.
Dans leur disposition , les etampures se rapprochent plus ou moins du bord externe du fer. Lorsque le bord cxterieur des etampures est place a une distance pro-noncee de la rive externe, on dit que le fer est etampe n gras; si la distance est petite, on dit qu'il est etampe ä maigre. La brauche externe est toujours etampee ä gras plus que la brauche interne, pour qu'elle puisse faire saillie en dehors du pied et donner de la garniture.
Quelquefois les fers pr^sentent, en outre des parlies qui viennent d'etre enumerees, ce qu'on nomme des appendices. Us sont destines a divers usages; tels sont les crampons et les pingons.
Differences entre les fers de devant et ceux de derriere. — Le fer ordinaire presente des difTörences remarqua-
M 1
m
-ocr page 151-
131
bles , suivant qu'ü est destinö aux pieds de devant ou
de derriere. Ces diffiferences rösultent de la forme du
sabot et du role difiiferent rempli par les extr6mit6s dans
I'acte de la progression.
Dans le fer de devant, la forme est plus arrondie;
l'fepaisseur est partout la m6me, except^ ä l'extremitö
des Sponges , oü eile est moitie moindre ; la couver-
ture est un peu moins prononcee pour la brauche
externe que pour les autres parties du fer; la brancbe
interne est plus couverte que la pince. Les 6tampures
sont egalement Moignees les unes des autres.
Le fer de derriere a unc
(Fig. 18.) Fer pour le pied gauche forme lus ovaIe . l'6pais.
de derriere.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i i.
seur est plus forte en pince
et va en diminuant jus-
que vers les eponges; il
en est de m6me de la cou-
verture. Les deux 6tam-
pures de la pince sont
beaucoup plus eloignees
l'une de lautre que dans
le fer de devant. Quand le
fer de derriere est ajuste ,
on remarque le plus sou-
vent un pingon ä rextremitfe anterieure, un crampon au
bout de l'eponge externe et une mouche dans la partie
correspondante de l'eponge interne.
Differences entre le fer du pied droit et celui du pied gauche. —C'est principalement par la dissemination des etampures qu'on etablit une distinction. Elles sont
#9632;#9632;:4
I
-ocr page 152-
¥
132 placees plus ä gras sur la branche externe que sur la branche interne. La distance qui existe entre chaque etampure et la rive ext6rieure diminue a mesure qu'on s'öloigne de la premiere etampure de la branche externe pour arriver a l'extremite de la branche interne.
Dans le fer de devant, la branche interne est Ifegere-ment plus couverte que la branche externe.
Dans le fer de derriere, c'est lecontraire; la branche interne est beaucoup moins large quel'externe.
Les differences qui viennent d'etre signalees sont assez tranchöes pour que le meme fer ne puisse pas etre applique indistinctement sur le pied droit ou sur le pied gauche du meme bipede anterieur ou post6rieur.
PROPORTIOIVS DES FEBS.
i
IM
C'est Bourgelat qui a songe le premier a assigner les dimensions qu'il convient de donner au fer du cheval.
laquo; JNous döterminerons , dit-il, les proportions rela-raquo; lives a la construction de chacune des parties du fer; raquo; car c'est de l'exacte regularite de l'ouvrage que depen-raquo; dent absolument la justesse de l'assielte du fer sur le raquo; sol, celle de l'assiette du pied sur le fer, ainsi que raquo; celle de l'aplomb et de la direction des membres de raquo; l'animal, et tons les autres avantages enfin, qu'on raquo; pent attendre de la ferrure (t).raquo;
11 part de ce premier principe, qu'il convient de for­ger le fer pour l'ongle et non d'ajuster et de couper l'ongle pour le fer.
,
(4) BOCRCEU.T. Essai sur la Ferrure, 1MH, p.
:
-ocr page 153-
133
Plusieurs auteurs se sont attaches k determiner les proportions des fers. Aussi , nous nous trouvons en presence de plusieurs systemes diffferents, surtout sous le rapport de la longueur de la ferrure. Trois systemes mamp;itent notre attention : dans celui de Bourgelat, les fers ont un exces de longueur; d'apres Lafosse, la fer­rure doit 6tre tres limitee sous ce rapport; enfin, Gohier a pris, dit-on, le parti d'assigner un moyen terme.
?i|
PROPORTIONS D'APRES ROÜRGELAT.
.I,;
II prend pour terme de comparaison la longueur de la pince et assigne les proportions suivantes (I):
a. Le fer ordinaire pour les pieds anterieurs doit fetre tel, que la longueur totale soit quatre fois la longueur de la pince, mesuröe de sa rive anterieure , entre les deux premieres etampures , a sa rive postörieure ou a la voüte.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,;,|i
La largeur du fer, c'est-ä-dire la distance de la rive externe de l'une et de I'autre brauche, sera de trois fois et demi cette longueur, la mesure 6tant prise entre les deux premieres etampures en talons.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;f
A leur extremiWs, les eponges prfeenteront la moitie de la longueur de la pince. Ainsi, le fer perd la moitie de la largeur de la pince a la terminaison des eponges.
Un quart de la longueur de la pince determine I'^paisseur du fer dans toute son etendue.
La longueur de l'eponge dans les deux branches est d'une fois et demie la longueur de la pince, a partir de la derniere 6tampure.
(1) Bourgelat. .Kssof sur In Ferrure , IBIS . p fifi.
-ocr page 154-
m
i
If
134
Du centre d'une 6tampure au centre de l'autre, ia distance sera de la moitte de la longueur de la pince , plus l'öpaisseur du fer.
L'intervalle de la rive exKirieufe dufer au centre des 6tampures de la brauche externe est egal ä la moiti6 de la largeur de l'öponge ou au quart de la longueur de la pince, ou a l'öpaisseur du fer. Cette dimension doit diminuer pour les 6tampures de la brauche interne.
Relativement a I'ajusture, la pince doit se relever en bateau, des la seconde etampure en talons, de deuxfois l'öpaisseur du fer, a partir du sol jusqu'a la rive sup6-rieure. A compter du meme point, les feponges perdent terre, du cole des talons, de la moitie de l'epaisseur du fer, de sorte que la convexite de la partie inferieure sera d'une fois et demie l'epaisseur du fer. Cette ajusture est ddectueuse et nuit a la soliditsect; des allures, parce qu'elle est trop prononc6e.
b. Le fer ordinaire pour les pieds poslerieurs a, d'apres Bourgelat, la m6me dimension en longueur et en lar­geur que celui des pieds de devant.
La partie la plus large est prise au niveau de la seconde etampure en talons.
L'epaisseur du fer en pince est 6gale au tiers de la longueur de la meme region. Pour les branches et les eponges , l'epaisseur sera toujours le tiers de la largeur du fer prise dans la partie mesuree.
Les etampures diviseront le fer en neuf parties ega­les. Bourgelat blame la pratique qui consisteä placer les etampures au nombre de quatre tres pres les unes des autres, dansle milieu de chaque brauche , et a ne point
i
j i
't!
' raquo;1
-ocr page 155-
135 stamper en pince. En prescrivant de dissöminer fegale-ment les 6tainpures dans toute l'ötendue du fer, il 6ta-blit que la paroi r6sistera mieux a l'introduction des lames des clous et a leur tiraillement.
Enfin, le pingon que Ton 6leve en pince pour 6tre ensuite rabattu sur la paroi aura dans sa base autant de largeur que la brauche interne en a au point de I'ötampure qui avoislne le plus l'öponge, et aulant de hauteur, y compris l'fepaisseur du fer, que les deux tiers de la longueur de la pince.
PROPORTIONS d'aPRES GOHIER.
La longueur totale des fers ordinaires du cheval est de quatre fois celle de la pince, plus l'öpaisseur du fer.
La largeur du fer est egale a quatre fois la longueur de la pince, la mesure 6tant prise au centre du fer.
A son extrfemiUs, chaque Sponge präsente en largeur, comme dans le Systeme de Bourgelat, le quart de la longueur de la pince.
Pour les fers de decant, l'intervalle entre l'extrömiW des 6ponges et le centre de la premiere etampure est dc deux fois la longueur de la pince.
Dans les fers de derriere, la longueur des 6ponges est d'une fois un quart celle de la pince. C'est la seule difftrence que Gohier indique entre les fers des pieds ant6rieurs et ceux des pieds postörieurs gt;
L'6paisseur des fers est 6gale au quart de la longueur de la pince pour ceux de devant, et au tiers pour ceux de derriere.
D'apres ce m6me auteur, 1'ajusture sera teile, que
10
#9632;#9632;li; #9632;
-ocr page 156-
w
^#9632;i^
If
i3G les fcrs soient releves desles secondes etampures en pince d'une fois leur 6paisseur, et en 6ponge de la moiti6 de cette mesu re.
Ainsi, contrairement a ce qui a et6 dit, an lieu de proposer un Systeme intermödiaire entre Bourgelat et Lafosse , le professeur Gohier avait exag6r6 les dimen­sions des fers; il augmentait leur longueur de tonte l'öpaisseur du fer et leur largeur de !a moiti6 de la pince. Lafosse, comme on va le voir, torabait dans l'exageration en diminuant par exces la longueur du fer, qui ne suffisait plus pour proteger toute la parlie inferieure de la paroi.
Gohier a surtout modifie la ferrure de Bourgelat en changeant la distribution des 6tampures, qu'il 6carte davantage des eponges , et en professant des principes tout opposes sur la maniere de parer les pieds.
SYSTEME DE LAFOSSE.
Lafosse n'assignait pas au fer des proportions deter-
minöes. Sous ce rapport, il allait jusqu'ä reprocher k
Bourgelat d'apprendre ä ses sieves ä forger et ä ferrer
göometriquement.
(Fig. 19.) Pied antMeur fern D'apres Lafosse, le meil-
d'apris le systime de Lafosse. leur Systeme de ferrure
consistait ä appliquer un fer tres court, qu'il nom-mait fer ä croissant. Ce fer n'oecupait que le pour-tour de la pince, et les eponges venaient, en s'a-mincissant, se terminer au
III
-ocr page 157-
137 milieu des quartiers, ä une entailie pratiquee dans la paroi. Avec ce Systeme, les talons restent in tacts et s'ölevent au moins au niveau de la face infferieure du fer; ils forment le crampon de come. La fourchette et les talons portent sur le sol pour les pieds de devant e( de derriere (1).
Quant a I'ajusture, il ne relevait pas le fer da cote des äponges, et faisait ainsi porter les talons, ainsi que la plus grande partie du pied , jusqu'a la pince exclusive-ment.
La ferrure de Lafosse avait pour but principal de nuire moins que les aulres systemes a l'^lasticitö du pied. Apres avoir eu bien des partisans, eile est tombee dans un abandon complet.
On lui reproche de ne pas proteger les talons et de les exposer a etre foules, a devenir douloureux. II a done fallu allonger les öponges des fers et donner plus de couverture, pour proteger une plus grande 6tendue du pied.
COMPARAISON DES DIFFERENTS SYSTEMES.
Les uns et les autres ont des avantages et des incon-vönients.
Le Systeme de Lafosse avait pour but de laisser aux talons tonte la liberty des mouvements et de favoriser l'ölasticite du pied.
Sa m6thode d'ajusture facilite les allures et permet
iA
m
(1) Lafosse pere. Nouvelle Pratique de ferrer les chevaux de seile et de carrosse. Paris, 1756.
-ocr page 158-
138 I'appui sur la plus grande partie du pied, au lieu de le borner ä une ligne Iransversale correspondant aux quartierraquo;.
Les inconv^nients a signaler consistent dans I'usure pr6raatur6e de la corne des talons, qui ne pent resister aux percussions sur le sol, ce qui devient une cause de douleur. On a conserve le mode d'ajusture de Lafosse, mais son Systeme est completement abandonne relative-ment au pen de longueur qu'il donnait au fer.
— Dans les proportions de Bourgelat, on rencontre aussi quelques imperfections.
Les etampures divisant le fer en neuf parties 6gales, on les trouve trop rapprochöes du talon , ce qui nuit a l'elasticite du pied.
Ainsi, dans les fers de derriere, il ne manage pas assez d'espace entre les deux 6tampures de la pince , de teile sorte que la place manque pour lever le pincon; en outre, on est plus exposfe a piquer, a enclouerle cbeval, parce que la direction de la corne est plus verticale dans cetle partie.
Les proportions qu'il adopte pour I'ajusture reportent tout I'appui sur une ligne transversale aux quartiers. Le fer etant bomb6, c'est-ä-dire relevö vers la pince et vers les eponges, il ne peut en rösulter que de l'in-stabilite dans les diverses allures.
Ce qu'il y a de plus erron6 dans la ferrure de Bour­gelat , c'est sa tbeorie sur la vitalite de la corne, sur la maniere de la parer pour provoquer sa r6g6ne ration plus prompte. Ce point de depart, entierement faux, a du naturellement le conduire a de nombreuses erreurs pour remödier aux dfefectuosites du pied.
r
laquo;#9632;
-ocr page 159-
139 Enfin, Bourgelat a voulu £lablir 6galement des proportions pour les fers destines aux pieds malades et aux pieds döfectueux. C'6tait compliquer inutilement la confection de ces fers, qui pcuvent 6tre modifies ä 1'infini d'apres les changements survenus dans la forme du sabot et dans sa consistance.
RES KEGLES SÜIVIES GENERALEMENT POUR LES PROPORTIONS DES FERS.
Dans aucun atelier on ne suit des proportions detei-min^es d'avance.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
C'est principalement le genre de service auquel I'ani-
si
mal est destine qui fixe les dimensions a donner au fer.
Ainsi, pour les chevaux I6gers, on applique un fer peu convert , 6tamp6 loin des eponges, et dont les branches prot6gent suffisamment les talons. La ferrure est done plus legere, mais eile ne s'use pas trop vite , parce que les chevaux auxquels on I'applique ne pesent pas beaucoup sur le sol.
Pour le cheval de trait, qui doit s'y fixer solidement, s'y cramponner pour entrainer un lourd fardeau , le fer serait promptement use s'il n'avait pas plus d'6pais-seur, de longueur et de couverture.
Le fer destine au cheval de riviere est convert a l'exces, de teile sorte qu'il protege toute la surface de la sole contre les pierres qu'il rencontre au fond de l'eau.
On pourrait encore multiplier les exemples sous ce rapport.
—Considere d'unemaniere gänamp;räle, le for du cheval, quel que soit lepied sur leqnel on Papplique, 'loi( recou-
H:
]'#9632;#9632;, It
-ocr page 160-
Kir
raquo;gt;
'I
i! •
140 vrir toute l'^tendue de la parlie infferieure de la paroi.
La largeur ou couverture doit protöger une partie de la sole sans 6tre en contact avec eile; dans ce but, eile presente le double de la surface d'appui de la muraille. Un exces de couverture aurait des inconvönients, a moins qu'il ne soit destinfe a remplir quelques indica­tions particulieres.
La longueur du fer doit fetre teile que les eponges d£passent lögerement les extrfemitös des talons.
Dans la plupart des ateliers des grandes villes, le fer de devant a la brauche externe plus etroite que les au-tres parties; cette brauche va en s'6largissant vers la pince, et de lä jusqu'a I'^ponge interne; I'epaisseur suit une progression inverse.
Les eponges out un pen moins de largeur que les branches dont elles font parlie; elles sont un peu moins 6paisses.
Sous le rapport de l'ajusture, les extrfemites des bran­ches du fer ne sont pas relev6es ; elles posent ä plat sur les talons.
Les 6tampures sont eloignees autant que possible des eponges , afin de laisser aux talons leur elasticity.
Pour les fers de derriere, I'epaisseur est plus considerable en pince que dans les autres parties ; la brauche externe est beaucoup plus large que I'interne; les etampures de la pince sont plus eloign6es l'une de l'autre que celles qui suivent, afin de laisser un espace süffisant pour lever le pincon. Frequemment I'feponge externe porte un crampon destine a faciliter le role des membres post^rieurs , qui sont destines a pousser en avant la masse du corps.
I-
I
I
w ;-
::i
.1
-ocr page 161-
CHAPITRE X.
DES APPENDICES DU PER ET DE L'AJUSTURE.
Sommaire. — Des crampons : crampons fixes ordinaire, pyramidal, k oreille de chat, en bosse; crampons mobiles.—Avanlages et inconvamp;iients. — Crampons de cornc de Lafosse. — Des pinions. — Definition de I'ajusture. — Proportions. — Conditions d'unenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;!
bonne ajusture. —Imperfectlons. —Mithodes differentes d'ajusture.
i
DES CRAMPONS.
Ce sont des replis saillauls m6nag6s sur difförentes parties de la face inferieure du fer.
Ordinairement on leve un crampon ä rextremitö de !a brauche interne du fer de derriere; on en place quel-quefois aux 6ponges des fers de devant. Dans quelques circonstances fort rares, on dispose aussi un crampon sous la pince des fers.
Les crampons ont pour usage d'empecher la parlic
v
-ocr page 162-
#9632; I
J42 du fer qui les präsente de porter imm^diatement sur le sol; ils sont destines ä faciliter la progression, surtout quand il est glissant.
Ces appendices du fer n'ont pas dans tons les pays la mlaquo;me utility. On les met fr^quemment en usage dans le Nord; ils sont pen usit£s dans les contr^es meridio-nales.
Les Turcs et les Arabes ne se servent pas des cram­pons ; ils pratiquent, dans tout le pourtour de la rive externe du fer, un rebord dentel6 qui remplit le m6me but.
Les Anglais ne les emploient que tres rarement.
Au contraire, les Allemands en mettent sans distinc­tion a la plupart des chevaux. II y adeja longtemps que Solleysel signalait cet abus, tout en faisant remarquer que les Francais, au contraire, n'admettaient pas qu'un cbeval fut cramponnfe.
if'
u
: I) re #9632;
Formes des crampons, — On reconnait plusieurs sortes de crampons. M. Raiuard a distingue ceux qui sont tiros du fer ou soudsect;s a sa surface et qu'il appelle crampons fixes, et les crampons mobiles, qui sont sur-ajout6s.
Parmi les crampons fixes, nous avons a d^crire le crampon carr4, le crampon pyramidal, le crampon ä oreille de chat, le crampon arrondi en forme de bosse.
a. Crampons fixes :
1deg; Crampon carre ou crampon ordinaire. — C'est celui que, dans nos pays , on place a l'extrömitfe des eponges des gros chevaux de trait (/igf. 20).
II
-ocr page 163-
#9632;A
143
(Fig. 20.) For dederriire ä crampon Les Allemaiuls lui don-corr^ et ä mouche.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;, i lt;•nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.
nent la rorme carree ou
plutöt cubique. Les Fran-
gais lui m^nagent plus de
hauteur que d'öpaisseur,
pour qu'il präsente au sol
un bord plus tranchant.
Sa disposition est celle d'un
carr6 long, dirige trans-
versalement h la longueur
de l'^ponge.
D'apres Bourgelat, lesnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,
crampons carris doivent presenter autant de hauteur que de largeur a leur base, pour qu'ils se logent plus facilement dans les interstices des paves. M. Rainard fait observer avec raison qu'il vaut mieux refaire les crampons plus souvent que de s'exposer a miner les membres des animaux qui les portent, en leur donnant trop d'el6vation.
II y a plusieurs manieres de lever un crampon a l'extrömitö des branches du fer. On plie le bout de l'öponge au milieu de la table de l'enclurae, ou bien on le tourne contre la carre ou le bord exterieur. D'apres cette derniere methode, le crampon est mieux assis, mais il elaquo;t plus susceptible de se casser , si Ton n'a pas eu la precaution de ne pas trop frapper sur le fer contre Tangle de l'enclume. Gohier (1) recommandait de rabattre les deux angles
(1) Gohier. JUömoires et Observations sur la ehintrgie et In mäde-cine vetirinaires, 1813 , t. I, p. 100.
-ocr page 164-
¥.h
K:
144 des crampons pour les fers de devant, afin d'6viter les blessures qui peuvent en rösulter pour 1'animal qui fait un faux pas et qui porte un de ses pieds sur lacouronne del'autre extr6mit6.
Lorsqu'on a lev6 un crampon a la brauche externe d'un fer de derriere, il est utile, pour ne pas fausser I'aplomb du pied , de rendre plus saillante rextr6mit6 de la brauche opposee. Dans ce but, on enroule le bout de I'^ponge et Ton donne un coup de marteau sur les quatre cotes du crampon qui en rösulte, de sorte qu'il ressembleä la töte d'un clouaferrerle cheval.Cette Emi­nence conslitue ce qu'on nomme une mouche.
Les autres vari6t6s de crampons fixes ne servent que dans des circonstances exceptionnelles.
{Fig.2l.)Feräcramponcarr4enpince. 2deg; Crampon pyrami­dal. — On le nomme aussi crampon de la pince, crampon ä glace. II est plac6 a la face infferieure du fer dans la region de la pince. Sa forme est celle d'une pyramide ; quelques ouvriers le font carr6.
Ce crampon est em­ploye , pendant I'hiver, sur les cbevaux de trait, pour les empöcber de glisser quand le sol est reconvert par la neige ou la glace. II doit etre fabrique en acier et tremp6. Pour cela, I'ouvrier soude sur la pince du fer une piece d'acier de forme quadrangulaire, qu'il dispose ensuite en pointe mousse. Quelques ouvriers se con-
::.
1
I
I: li
11
!:
-ocr page 165-
145 teitent de relever le fer du cöt6 de sa face inferieure, ;omme pour 6tablir un fort pincon renversö. Gelte derniere möthode est dfefcetueuse , parce qu'elle ne donne pas un crampon aussi solide que celui qui est fourni par I'acier.
Quand les temps de neige sont passös, on enleve le crampon pyramidal, qui deviendrait dans les circon-stances ordinaires une cause de fatigue. Les AUemands font usage de ce crampon dans tons les temps.
(Fi
22.) Fer ä crampons ä oreille de ^ tampon ä oreille
chat.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;de chat. — C6sar Fiaschi
lui a doniie le nom de crampon ä l'aragonnaise, sans doute parce qu'il est frequemment employe dans les montagnes de 1'Aragon. On le nomme encore crampon ä oreille de lievre.
Les crampons de ce
m
genre, qu'on leve sur les eponges, sont un pen contournes de dehors en dedans ou de dedans en dehors; leurs angles sont rabattus, de sorte que la base represente une pointe correspondant a une ligne qui diviserait l'eponge du fer en deux parties egales (fig. 22).
Les crampons a oreille de chat ne sont usit6s que
pendant I'hiver, pour empecher les chevaux de glisser.
Dans les temps ordinaires, ils doivent 6tre proscrits,
parce qu'ils deviennent souvent des causes d'accidents.
-ocr page 166-
w
l
140
(FJg. 23.) Fer de demnl ä um bosse. ^ Crampons arrows
en forme de bosse. — Cu? crampons sont places sur differentes parties de la face inferieuredu fer dans le but de lui donner plus d'epaisseur, sans augmen­ter son poids d'une ma-niere sensible. On a pro­pose de s'en servir pour remedier aux defauts
d'aplomb. Ils sont pen usit6s.
La figure 23 represente un fer a une bosse qu'on
pourrait employer pour un pied de travers.
b. Crampons mobiles.
On donne ce nom aux crampons que Ton place et que Ton enleve a volonte sans döferrer le pied du cheval. Le crampon mobile est termine, a sa partie superieure, par une vis qui sert a le fixer dans un trou taraude sur la face inferieure du fer. II a I'inconvenient d'exiger un long travail et de ne pas presenter assez de solidile; il ne resiste pas au choc produit sur le pav6; par consequent, il ne pent servir dans les circonstances ordinaires.
M. Rainard pense que ce crampon pourrait servir pour remödier au defaut du cheval qui tourne le pied de dehors en dedans on de dedans en dehors pendant I'appui. Le crampon qui aurait la forme pyramidale s'opposerait a la torsion en s'enfoncant dans le sol. On pourait le relirer quand on fait rcntrer le cheval a I'ecurie.
:;
it. f
i
-ocr page 167-
147
AVANTAGES DES CRAMPONS.
Ces avantages sont incontestables. Les crampons ont 6t6 imagines pour empfecherles animaux de glisserc Ils sont surtout d'une grande utilite pendant I'hiver pour tous les chevaux ; dans les temps de neige et de glace, ils
-#9632;il M
#9632; 1; 1
servent ä prfrvenir des chutes souvent tres dan
6—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .|?;
On n'en met jamais aux chevaux de seile , si ce n'esl pendant les gelbes ; ils fadguent les extrömiUis. Mais il vaut mieux, dit Solleysel, que le cheval use ses jambes on risque de les Messer, que si le cavalier est en peril continuel de casser les siennes.
Quelques chevaux ont besoin de crampons, ä cause de la nature de leur service.
Ils sont utiles pour les chevaux destines ä conduire lesattelages lögers sur des pentes plus ou moins rapides.
II est nöcessaire de lever des crampons aux fers des chevaux de trait qui sont employes pour le transport des marchandises sur le pave de nos grandes villes. Ferre avec des crampons, le cheval de limon, qui est place dans les brancards retient avec plus de facilite une voiture fortement chargee.
Les crampons servent quelquefois ä corriger des dötauts d'aplomb , ä redresser des pieds de travers.
Enhn, dans le cas de crevasses ou autres blessures transversales du paturon produites par I'enchevotrure, une bonne pratique consiste ä lever de longs crampons au fer qui sera placö sous le pied correspondant. Par ce moyen les levres de la plaie sont constamment rappro-chees, m6me pendant l'appui de l'animal sur le sol; la cicatrisation est plus rapide.
-ocr page 168-
IA
148
i 'i
INCONVENIENTS DES CRAMPONS , ACCIDENTS Qü ILS OCCASIONNENT.
% T
lii;
Les crampons augmentent le poids du fer.
Ils s'usent promplement; il faut souvent d^ferrer le cheval pour les relever. Sans celte precaution, ils facilitent les glissades, lorsqu'ils prösentent une large surface.
Ces öminences du fer faussent les aplombs et pro-duisent des tiraillements dans les tendons , dans les ligaments lateraux des articulations införieures des merabres. 11 y a bien longtemps que C6sar Fiaschi a signals la douleur produite par des crampons trop gros (1). Les allures deviennent incertaines.
Les crampons 6crasent les talons en reportant sur eux une partie du poids du corps, attendu qu'ils recoivent le premier appui du pied.
Si des talons bas sont contusionnös de la sorle, il pent en r^sulter des bleimes, des decollements de la sole, m^rne la carie du fibro-cartilage , qui constitue le javart cartilagineux, une des maladies les plus graves du pied du cheval.
Lorsque les talons sont trop relevespar les crampons, les sabots ont une tendance ä devenir pincards.
Des crampons trop hauls rendent inutile le röle de la fourchette et du coussinet plantaire, destines a con-
•p
i
jTH
(1) Cesar Fiaschi. Traite de la maniire de bien brider, monier et ferrer les chevaux, Paris, i'iCA.
i|-|
-ocr page 169-
149 server l'felasticite du pied, Gohier a fait observer que cette cause produit le resserreraent des talons et i'encas-telure (1).
Les crampons, occasionnent souvent sur la couronne des blessures profondes qu'on nomme atteintes. Tantöt le cheval se blasse avec le crampon situ6 a la brancbe interne du fer fix6 sous le pied oppose, tantöt il va frapper un animal place pres de lui. Ces contusions violentes, produites sur le bourrelet, donnent naissance a des plaies quelquefois tres graves et qui peuvent devenir mortelles. La gangrene d'une certaine 6tendue des teguments, la seime, le javart cartilagineux, la blessure de l'articulation du dernier pbalangien sont des maladies frequentes pendant les hivers rigoureux, qui rendent indispensable la ferrure a crampons.
Les coups donnes sur les autres regions du corps du cheval par un pied muni de crampons sont tres graves, et causent souvent des fractures, des plaies articulaires incurables.
— De ce qui precede il resulte que les crampons sont frequemment la cause de l'usure des animaux et d'accidents fort graves. Ce n'est pas une raison pour y renoncer, mais pour les employer avec discernement dans les circonstances qui ont 6t6 indiquees plus haut.
Crampons de come de Lafosse. —En terminant ce chapitre, nous croyons qu'il y a quelque inMsrfet a
(d) Gohier. Mimoires et Observations sur la Chirurgie et la mtde-cine vitirinaires , 1813 , t. I, p. 96.
-ocr page 170-
I
|t!;
m
Mi :
150 rappeler l'opinion exag6r6e de Lafosse, qui condamnait rigoureusement l'usage des crampons, exceptö pour les mulets.
II conseillait l'usage du fer a croissant, dont les Sponges se terminaient avant les talons (1). laquo; On peut raquo; m6me, ajoute-t-il, faire aux chevaux qui ont beau-raquo; coup de quartier des crampons de corne, de la hau-raquo; teur d'un tiers de pouce et plus, ce qui les retiendra raquo; plus fortement, non seulement sur le pav6 sec et raquo; plombe , mais sur toute sorte de terrain. raquo;
Gohier pense qu'on pourrait les employer plus sou-vent pour les chevaux de seile et surtout pour les chevaux de troupe, qui ont en g6n6ral de bons pieds, lorsque les crampons ordinaires sont indispensables.
Mais ces crampons de corne doivent s'user facilement; ils ne sont pas praticables sur les pieds a talons has.
H #9632;
v*
!Ü i
DES PINgONS.
On donne le nom de pinpon a une espece de griffe ou de prolongement tire de la rive ext6rieure du fer et dirigö du cöte de sa face sup^rieure.
Quand le fer est appliquö sous le pied, celte griffe est rapprochee a coups de brochoir de la face externe do la paroi. Le nom doime a cet appendice lui vient de co qu'il est place le plus souvent sur la pince du fer. 11 faut eviter de rapprocher trop fortement le pinion de la sur-
'#9632;r,
(1) Vbycz la ferrure n croissant, p. 136.
-ocr page 171-
1
151 face externe du sabot; il pourrait en räsulter un 6ton-nement du pied ou une compression douloureuse.
11 y a deux sortes de pincons, savoir : les pinions fixes et les pinions mobiles.
1deg; Pinions fixes. — Ils sont ainsi nouiraos parce qu'ils sont tires de I'öpaisseur mSme du fer et font corps avec lui.
Le pingon fixe pent 6tre dispose sur diflförents points du bord externe du fer. Le plus ordinairement, le fer de derriere est muni d'un pincon dans la r6gion de la pince; on prend quelquefois la möme precaution pour le fer de devant. Dans quelques circonstances exception-nelles, on place des pingons aux mamelles ou sur d'au-tres parties de la brauche du fer.
(Vig.2b.)Fer de devant ä un pinfon. A. Fer ä pinpon simple
ou ordinaire. — Le pincon simple ou ordinaire a une forme triangulaire , dont la base tient au fer, tandis que la pointe est dirigäe superieurement. 11 pr6 -sente deux faces, dont une anterieure et l'autre poste-rieure; cette derniere doit s'appliquer contre la paroi.
Ce pingon est destine ä consolider l'application du fer; on le dispose soit en en pince, soit en mamelles.
La figure 24 reprfesente un fer de devant dont la pince est munie d'un pingon.
Wii
m i
wi-
ll
-ocr page 172-
W'!
amp; I,
152
(Pig. 23) Fer.de derrUre ä deux Quelquefois OD est obli pinpons en mamelles.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; g^ Jg tronquer la pince du
fer de derriere, si le cheval forge, c'est-a-dire s'il at-teint les memLres de de-van t avec les pieds de der­riere , ou dans le cas de seime en pince; alors on dispose un pingon de cha-que c6t6 de la mamelle, comme dans la figure 25, dans le but de donner plus de solidity a la ferrure.
Pour les chevaux de gros trait, qui marchent lour-dement, il est utile de donner au pingon plus d'fepais-seur et de force que pour les chevaux fins, puisqu'ils sont plus susceptibles de se d6ferrer.
(Fig. 26.) Fer d pinpon large et ipais, B. Fer ä piflQOn large Vu par sa face tupürieure.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; et ^^ Le pinion
d'un pareil fer präsente des dimensions beau-coup plus grandes que celies du pinion ordi­naire.
On le met en usage pour protöger quelques parties de la muraille du sabot, qui sont faibles, d6rob6es, ou qui presentent uneavalure resultant d'une operation chirurgicale. Son emploi est indiqusect; pour le pied qui a fete atteint d'un javart, d'une seime, d'une
Ilaquo;! ii t
h
#9632; I
III
-ocr page 173-
153 enclouure, etc.; pour le cheval qui traine le pied et use rapidement son fer, ou quipeut se deferrer avec facility.
c. Fer ä pingon bas et Mendu. — M. Rainard a d6crit sous ce nom un fer qui präsente , soit sur la pince, soit sur une de ses branches , un pin con dont la base occupe une 6tendue cinq ou six fois plus gran de que celle du pin con ordinaire, sans avoir plus de hauteur.
Le bord supörieur du pincon est quelquefois perce de trous destines a fixer une piece de cuir ou tout autre appareil destinö a protöger une partie de la paroi.
On emploie ce pincon , comrae le precedent, pour protöger les parties du pied dont la come n'a pas acquis assez de solidity apres I'extirpation d'une partie de la muraille.
2deg; Pinions mobiles. —Ce sont ceux qui ne font pas corps avec le fer, et qui s'y trouvent fixes par une char-niere ou par tout autre moyen, et peuvent en etre s6par6s a volont6.
Ces pinions, plus larges que ceux qu'on emploie ordi-nairement, ont des formes variees. Ils sont perc6s de trous dans lesquels on engage des liens destines a les fixer autour du pied. On a propose de s'en servir pour protöger les plaies de la paroi, pour les mettre a I'abri du choc des corps strangers.
Un pared Systeme de pincons a pen de solidite et de-mande beaucoup de temps pour etre confectionnö. Ses avantages sont plus que probl^matiques. II faut done classer les pinions mobiles parmi les inventions inutiles si nombreuses faites en marechalerie.
#9632;
-ocr page 174-
154
I-
ijiiil ''#9632;
I
DE L AJÜSTÜRE Du FER.
On nomme ainsi la disposition que le marechal donne
aux diffiferentes parties du fer pour I'adapter convena-
blement sur le pied du cheval pour lequel il estdestine.
, Fi 27 ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Dans les fers frangais
Fer ajuiti pour im pied dedevant. et quelques fers strangers,
I'ajusture consiste en une
concavity que Ton donne
ä la face supörieure. Pour
quelques fers strangers,
I'ajusture est m6nag6e en
sens inverse; c'est ce
qu'on voit pour les fers
arabes, marocains, turcs.
La tournure consiste
dans la forme que le fer
presente dans son pourtour, qui d6crit aussi exacte-
ment que possible la conflguration du pied.
But de l'ajuslure. — Cette incurvation que Ton donne a la face superieure du fer est une precaution nfeces-saire. M. Renault a fait observer avec raisonque, dans l'fetat de nature, la pince du pied du cheval est lögerement relevfee, sans doute afin que I'animal soit moins expose a buter.
^ Sous plusieurs rapports, I'ajusture est n6cessaire : elle dispose le fer pour protöger plus efficacement la surface inferieure du pied; elle favorise la conservation des aplombs et les allures de I'animal.
i
11
-' I
'
*
\l
-ocr page 175-
155 Ainsi, cette disposition du fer emp6che la compres­sion de la sole et des tissus sous-jacents; eile est surtout indispensable pour les pieds difformes, dans lesquels la sole n'offre pas un degr6 d'incurvation süffisant. Parmi ces deformations, il en est qui sont cong6niales; d'au-tres sont acquises et r6sullent du travail ou de divers accidents. C'est pour les pieds plats et pour les pieds combles qu'on reconnait toute l'importance de l'ajus-lure.
Par l'ajusture du fer, on favorise la conservation des aplombs , en reportant la violence de la rfeaction sur le centre du pied, et, par consequent, sur tons les rayons de l'extrömite, par le mouvement de bascule qui s'opere de devant en arriere.
On a object6 que les Anglais ne donnent pas d'ajus-ture a leurs fers, de sorte que le pied du cheval repose sur le sol d'un seul coup et a plat. Cela est vrai; mais n'est-ce pas a cette cause qu'il faut attribuer les boite-ries si fröquentes de leurs chevaux, la maladie navicu-laire a peine connue chez nous, les alterations des tendons et des gaines synoviales ? II est vrai aussi que les Arabes donnent a leurs fers une ajusture inverse ; mais n'est-ce pas aux döpens de lasolidite et de laduree de leurs chevaux?
Par la forme que nous donnons en France ä la face superieure du fer, les allures deviennent plus faciles, surtout pour les membres faibles et ruinös. La parlie anterieure du fer etant relevee, le cbeval est moins expose a buter, quand il rase le tapis; il ne rencontre pas les corps saillants qui depassent le niveau du sol et qui pourraientle faire tomber dans une course rapide.
W
-ocr page 176-
156 Manure d'ajusler le fer. — Quand I'ouvrier a choisi dans I'atelier un fer forg6 qui prfesente ä peu pres lesdimensions du pied quil doit ferrer, ilfait chauffer ce fer 6galement dans toutes ses parties; ensuite il lui donne la tournure, c'est-a-dire la forme que prösente le contour du pied; puis, saisissant le fer avec les tenailles par une de ses branches , il applique sa face superieure sur le milieu de la bigorne de 1'enclume, pour frapper trois ou quatre coups de ferretier vers le bord externe et inferieur de la pince. Apres cette opera­tion, le fer est retournö, et Ton bat avec le marteau la face supörieure, afin de donner une concavitfe qui diminue insensiblement j usque vers les premieres 6tampures en talons. Les deux branches restent droites, de sorte que si le fer est tenu en dehors de l'enclume et qu'on präsente sur sa table les deux branches par leur face supferieure, celles-ci doivent porter en m6me temps.
Proportions de l'ajuslure. — On a assignfe les propor­tions suivantes pour l'ajusture du fer.
D'apres Bourgelat, la pince doit se relever en bateau, des les secondes etampures en talons, de deux fois l'epaisseur du fer, a compter du sol a sa rive sup6rieure en cet endroit; il faut que, des ce mfeme lieu, les 6ponges perdent terre, du c6t6 des talons, de la moitie de son 6paisseur reelle, et des lors la convexitö de la partie inftrieure du fer sera d'une fois et demie son epaisseur (1).
if ? t
?
111
(1) Bourgelat. Essai sur la Ferrure, 1812: p. 57.
h
-ocr page 177-
'•\:
n
157
D'aprös Gohier, 1'ajusture sera teile , que ce m^me fer soit relev6, des les secondes elampures en pince, d'une fois son öpaisseur, et en eponges, de la moitie de cette mesore (1).
Ainsi, ces deux auteurs n'admettent pas la nu-nie elövalion de la pince du fer au-dessus du sol. C'est le Systeme de Bourgelat qui donne a la face inftrieure du fer la convexity la plus prononc^e; c'est le moins avan-tageux.
II n'est pas possible d'assigner des proportions fixes pour l'ajusture. Elle doit Hre modifiöe suivant les formes diverses des pieds et les aplombs des extr6mit6s.
Iffl
Conditions d'une bonne ajmture. — Pour que l'ajus­ture soit convenable, eile doit presenter les conditions suivantes:
1deg; La face superieure du fer ne doit appuyer ou por­ter que sur la paroi. Si cette face est en contact par quelqu'un de ses points avec la sole, il en r6sultera une pression douloureuse.
2deg; La face inftrieure du fer sera relev£e en bateau en pince, dans son tiers anterieur, de l'öpaisseur du fer seu-lement, et presque plate dans les deux tiers postörieurs.
3deg; Le fer prösentera exactement la tournure du pied.
En un mot, il faul quele fer soit ajuste pour le pied, et non le pied pour le fer.
Imperfections de l'ajusture.—Parmi ces imperfections, (i) Gohier. Tableaux synoptiques de la Ferrure.
'.'
-ocr page 178-
i
158 Rodet a signals les iuconvenicnts d'une ajusture trop faible ou trop forte, de celle qui est irriguliere on fausse (1).
Un fer qui a une ajusture trop faible porte sur la muraille et sur la sole; il devient une cause de boiterie. Quelquefois il produit des d^collements de la corne et d'autres accidents graves, tels que des bleimes, des javarts , etc. Quand la surface de la sole est assez con­cave, I'absence d'ajusture ne produit pas ces consfe-quences funestes, mais les reactions deviennent plus dures pour le cheval et pour le cavalier; Taninial se fatigue plus vite; il est plus expos6 a buter et a s'a-battre.
Si I'ajusture est trop forte, la base de sustentation est moins large; l'appui du pied est moins solide; le poids du corps est rejete en arriere; les tendons se fatiguent plus vite; les allures sont plus raccourcies.
On dit que I'ajusture est irreguliere, quand eile est plus prononc6e sur quelques parties du fer, sur celles, par exemple, qui doivent recouvrir une bleime ou un oignon. C'est une necessity dictee par des circonstances particulieres de conformation , mais qui rend l'appui moins ferme et pent causer une fatigue prömaturee.
En fin , I'ajusture est fausse, quand eile n'est pas en rapport avec les surfaces que le fer doit recouvrir.
fi?:laquo;
MMhodes differenles d'ajusture. — Les Anglais ne
(1) J.-B.-C. Rodet. De la Ferrure sous le point de vuc de Vhygiene. J'aris, 18W.
-ocr page 179-
1raquo;*'
Is.
159 donnent pas d'ajusture ä la surface inftirieure de leurs fers. La surface superieure est plane dans toute la partie qui correspond a la paroi; eile presente comme ajusture une sorte de biseau qui occupe de dehors en dedans les deux tiers de son etendue dans la partie qui r6pond a la sole. Ce Systeme est nuisible a la conser­vation des extr6mit6s.
En Allemagne, on donne aux fers peu d'ajusture, a moins qu'il ne s'agisse d'un pied plat ou d'un pied comble.
Les Arabes ajustent leurs fers en sens inverse; la face sup6rieure est convexe et se met en contact avec la sole; la face inftrieure est concave et ne pose sur le sol que par le pourtour de la rive extörieure du fer.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; if
On a cherch6 a importer cette disposition dans la ferrure en Angleterre. Les essais qu'on a faits ne pou-vaient 6tre que nuisibles. Une semblable ferrure n'a pas de dangers pour des pieds creux comme ceux des che-vaux des races orientales; eile deviendrait bientöt une cause de boiterie pour un cheval anglais ou francais, par la compression qu'elle exercerait sur la sole.
L'ajusture francaise est done la plus convenable pour les pieds qui sont dans des conditions normales. Nous verrons combien eile est preferable pour les pieds dfefectueux ou atteints de maladies.
-ocr page 180-
4*1, Ik} *
y
CHAPITRE XI.
l! k #9632;
DESCRIPTION DES INSTRUMENTS DE FERRTJRE ET DES CLOUS.
Sommaiiik. — Instruments de ferrure : brochoir ;boutoir; tricoises; rogne-pied; räpe; repoussoir; boite a ferrer; tablier 4 ferrer.— Clous .i ferrer ordinaires; clous ä glace.—Choii des clous.—Afifilure des clous.
P '
INSTRUMENTS DE FERRÜRE.
I '
Les instruments qui sont employes pour ferrer le pied du cheval sont : le brochoir, le boutoir, les tri­coises, le rogne-pied, la rape, et le repoussoir.
Ces instruments sont places dans le tablier ä ferrer ou dans une boite.
V Du brochoir. — C'est un petit marteau dont le mar6chal se sert pour implanter dans la paroi les clous qui doivent fixer le fer sous le pied.
. y #9632;#9632;;•'
laquo;'
-ocr page 181-
161 Le brochoir a une forme toute (Fig. 28.) Brochoir. particuliere, qui ne ressemble a au-cune de celles des marteaux dont se servent les ouvriers des autres professions. De' plus, le brochoir frangais est autrement configure que celui des mar£cbaux appartenant a d'autres nations.
Les brocboirs des anciens 6taient d'une forme tres aUong^e; le bro­choir moderne a des dimensions tout-k-fait difPferentes. Cet instru­ment präsente 6 a 7 centimetres de hauteur sur 4 centimetres de lar-geur.
On distingue dans le brochoir plusieurs parties, qui sont:
1deg; La bouche b, dont la surface est
octogone et I6gerement bomb6e;
c'est la partie du marteau qui sert
a frapper sur les clous.
2deg; Les joues j , ou parties laterales qui sont legere-
ment renfl6es.
3deg; La panne p, partie opposee ä la bouche; eile est amincie en biseau transversalement ä la direction du manche, et präsente une 6chancrure en avant pour con-stituer ce biseau.
4deg; La fente, ouverture qui dirise la panne en deux parties et qui sert quelquefois ä retirer les clous.
5deg; Les oreilles, on parties de la panne separees par la fente.
m
-ocr page 182-
162
6deg; L'wil , ouverture situee dans un eafoncement plac6 entre la bouche et la panne, par laquelle le manche penetre dans la t6te.
7deg; Le manche m, qui est fix6 dans I'oeil par deux clavettes c, en fer ou en cuivre,, dont les extrfemit6s antörieures sont rivees sur la face antßrieure de la tfete, et dont les lames, qui revetent le manche, sont fix6es k l'autre exlr^mite par un rivet qui le traverse.
La longueur du manche est de 30 centimetres; la poign6e se termine par une sorte de renflement, qui I'assure dans la main de l'ouvrier.
Quelques mar6chaux disposent a rextr6mit6 du manche un petit trou rond, dans lequel Us placent un pen de graisse pour y plonger la pointe des clous et faciliter leur introduction dans la paroi. C'est une pro-caution inutile.
Le manche du brochoir doit elre dispose de teile sorte que la bouche elanl appliquöe sur un plan, l'extrö-mit6 du manche, qui lui est opposöe, soit tangente au meme plan. On dit alors que le brochoir est bien bridd. D'apres Bourgelat, la bouche est bridee, lorsqu'en pro-longeant sa surface , eile aboutit environ a la moitiö du manche. Cest une disposition indispensable qui permet de frapper sur les clous pour les brocher sans les couder.
Usages.—Le brochoir pent servir aux memes usages que tons les autres marteaux. On s'en sert plus particu-lierement pour la ferrure du cheval.
Titquot;laquo;-i
; •
) •
mi .H
l- t
2deg; Du boutoir. — C'est l'instrument qui sert ä parer le pied, c'est-a-dire a enlever, a couper I'exces de corne de la face inferieure du sabot.
11 -lili-l
11
-ocr page 183-
163
(Fig. 29.) Boutoir.
On y reconnait plusieurs parties :
1deg; La lame l, semblable ä celle
d'un ciseau, präsente 6 centimetres de largeur; les bords de la lame sont relevös de chaque cöt6, et forment ce qu'on appelle les comes cc'; la face inferieure est unie et plane ; la face supörieure präsente ä son extr6mit6 postörieure une cröte qui est la con­tinuation du prolongement anterieur de la tige.
2deg; La tige t, qu'on nomme encore la queue du boutoir, est un prolon­gement de la lame en arriere de l'in-strument; eile se termine par une pointe mousse; sa longueur est de 8 ä 10 centimetres; sa largeur et son 6paisseur sont de 10 ä 15 mil­limetres. Cette partie peut servir
i*
m
pour nettoyer les angles formes par les arcs-boutants et la fourchette.
3deg; L'arc on la courhure a est un prolongement en forme d'S, qui nait de la face supörieure de la tige a trois centimetres de son extr6mit6 libre, Cette partie est encore nomm£e l'S du boutoir. Elle est arrondie d'un c6t6 a I'autre, aplatie en dessous, de maniere a ne pas blesser la main de l'ouvrier.
4deg; La soie, sorte de prolongement situfe a I'extr^mit^ supferieure de l'S, est destine a s'introduire dans le mancbe pour le fixer. Cette partie se dirige dans le plan vertical qui diviserait en deux parties 6gales Tare , la tige et la lame.
ft
-ocr page 184-
m\
164 5deg; Le mmche m est en bois dur; il est arrondi, plus volumineux a rextr6mit6 oppos^e ä la courbure. II se termine par une virole dans la partie qui recoit la soie. La longueur du manche est de 14 centimetres environ.
Le boutoir des autres peuples ne ressemble en rien an boutoir francais.
Usage. — Le boutoir sert a enlever une partie de l'exc^dant de come de la face inferieure du pied et ä disposer convenableraent cette partie pour recevoir le fer.
Lafosse a 6tabli une difference entre deux expressions quel'on emploie souvent comme synonymes, lorsqu'il s'agit d'enlever une partie de la corne sur la surface plantaire. Ahattre le pied, c'est couper le pourtour de la paroi avec le rogne-pied. Par er le pied, c'est enlever avec le boutoir une partie de la sole et de la fourchette. Quelques marecbaux se servent encore du boutoir pour couperla queue des cbevaux.
Le boutoir francais est un des instruments les plus commodes pour parer le pied , pour le blancbir 6gale-ment däns tons ses points, pour pratiquer des rainures, creuser la corne dans le cas d'enclouure, enlever cou-che par couche une partie de la paroi dans le cas de seime. H devient un instrument de Chirurgie entre des mains suffisamment exercfees.
Le maröcbal qui veut se servir du boutoir pour parer un pied tient cet instrument de la main droite, Tare placfe entre l'index et le medius, le pouce appuyß sur I'articulation qui unit les deux premieres phalanges de l'index , les autres doigts embrassant le manche. Le
bi.
11:
h;
'I
. t. ..
iß 1
I ;
'
-ocr page 185-
I.
k
165 coude du bras droit est rapprochä du corps sans I'aban-donner, ce qui fait appuyer centre le ventre I'extre-mite du manche du boutoir. Le pied gauche est porte en avant, le genou fl6chi, le pied droit porte en arriere; le corps est maintenu dans une direction verticale et non courb6 en avant. Ainsi plac6, I'ouvrier qui doit mou-voir le boutoir se sert de la main droite pour diriger I'instrument, qui regoit l'impulsion des reins; il dirige la lame de la pince vers les talons et de dedans en dehors. Le point d'appui est fourni par la main gauche, qui saisit le sabot du cheval par sa face externe , et par l'aide qui dent lepied.
Ahandonner la position qui vient d'etre indiqu6e pourmanier le boutoir, e'est s'exposer a des accidents; e'est, en outre, perdre gratuitement une partie de la force n6cessaire pour couper la corne, qui est toujours plus ou moins dure, le tranchant du boutoir agissant non a la rnaniere d'une scie, mais par l'action de pous-
rii
ser.
Si le boutoir est mal dirigö dans l'action de parer le pied, des accidents graves peuvent atteindre le teneur de pieds , qui 6prouve alors des blessures sur les doigts et l'avant-bras. Le cheval pent fetre 6galement coupe par cet instrument, soit vers la region du coude pour le pied antfrieur, soit dans la region des tendons fle-chisseurs pour le pied de derriere.
3deg; Des tricoises. — Ce sont les tenailles a ferrer; elles different essentiellement de celles dont on se sert pour forger.
-ocr page 186-
166
( Fig. 3
Elles presentent plusieurs parties, qui sont:
1deg; Les mors mm', a bords assez tranchants pour servir a couper la lame des clous, sönt encore des­tines ä arracher les tiges implantfees dans la corne, a soulever le fer pour le detacher du pied, ä river les clous. Ils doivent etre bien ajustfes, de ma-niere ä ce que les bords se rencon-trent exactement dans une direc­tion perpendiculaire.
2deg; Les branches bb' sont droites allongfees et arrondies a leur extr6-mitfe libre; I'autre bout porte le mors. Elles sont ajustees par un clou sur lequel elles peuvent tourner, sans 31.) presenter d'fecartement de dessus en dessous. La partie par laquelle les branches sont fix6es constitue ce qu'on appelle Vceil.
Mi i '
4deg; Du rogne -pied. — C'est un troncon de sabre long de 30 centimetres environ, dont on se sert pour abattre le pourtour du pied. On distingue a cet instrument les deux extremit6s, le tranchant et le dos.
Le tranchant est affile seulement a ses deux bouts; Tun d'eux, b, est plus mousse que I'au­tre, a; il sert a deriver les clous, a repousser leur tfete hors de l'etampure, quand on veut les arracher. La partie du tranchant qui
-ocr page 187-
167 coupe le plus, sert a abattre le pourtour du pied et la corne trop dure des arcs-boutants.
Les lames de sabre les plus convenables pour cet usage sont celles qui sont 6vid6es dans leur milieu, parce qu'elles sont fabriquamp;s avec de bon acier. Sous ce rapport, on emploie les lames des sabres de la cavalerie l6gere.
On aime peu se servir des lames de sabre qui sont unies, comma les anciens briquets de l'infanterie; ces lames qui ne sont pas 6vid6es presentent un tran-chant plus fin, mais elles sont trop fragiles.
Le rogne-pied est tenu avec la main gaucbe, et on frappe sur le dos de cet instrument avec le brochoir, quand on veut s'en servir pour abattre du pied.
(mg. 32.) Rape.
5deg; De la räpe.—C'est une sorte de lime a gros grains, dont le marechal se sert pour r6gulariser et arrondir le bord in-ftrieur du sabot. La rape est faite en acier bien trempö et assez dur pour re-sister aux rivets et au fer.
II y a deux sortes de rapes. Celles qu'on prfefere out les deux faces aplaties; elles durent plus longtemps. Les autres sont plates d'un cotö et arrondies sur la face oppossect;e.
Ces dernieressont pröferables quand on veut regulariser la corne qui se developpe sur la paroi apres une operation que I'ani-mal a subie; la partie convexe se pr6te mieux a nivelerles saillies, sans qu'on soit expose äatteindre etäblesser le bourrelet.
12
1,
-ocr page 188-
li'
(Fig. 33.) Repoussoir.
168
6deg; Du repoussoir. — C'est une esp^ce de poincon peu volumineux , que Ton em-ploie pour deboucher le fer, en 6largir les contre-percures , pour repousser les sou-ches qui restent dans la paroi et les faire sortir par la face externe de cette partie. Ce dernier usage est la cause qui a fait donner äl'instrument dont il s'agit le nom de repoussoir.
— Ces differents instruments sont pla­ces ä la portee de l'ouvrier, disposes dans une boite ou dans une machine en cuir qu'on appelle tablier ä ferrer.
F
7deg; De la boite ä ferrer. — C'est une caisse en bois peu profonde, divisee en plusieurs cases ou compar-timents, dans lesquels on place les instruments a ferrer et les clous.
La boite repose sur quatre pieds qui la maintiennent a une certaine elevation; on la porte a I'aide d'une poign^e en fer fix^e dans le milieu.
Beaucoup d'ouvriers preferent la boite pour y placer leurs instruments , parce que le tablier a ferrer pent effrayer le cbeval ou le chatouiller avec les instruments places dans les poches. Le vßterinaire trouve dans la holte un espace süffisant pour y placer les difftrentes parties d'un appareil, lorsqu'il vent faire un pansement.
8deg; Du tablier ä ferrer. — C'est une machine en cuir qui a la forme d'une large ceinture, que le mar6-chal fixe autour de son corps, et qui est munie sur les
-ocr page 189-
169 cöt6s de plusieurs poches dans lesquelles sont disposes les objets nfecessaires pour ferrer le cheval.
Les poches situ6es sur les faces laterales du tabuer sont disposees par gradins, de teile sorte que la sup6-rieure est la moins grande.
On place dans les poches duc6t6 droitles instruments dont on se sert toujours avec la main droite; ce sont le brochoir,le boutoir, la rape, Dans celles du cötö gauche on met les tricoises, le rogne-pied, les clous, le repoussoir, objets dont on se sert avec la main gauche.
Les vieux fers et les vieux clous on caboches sont places dans la poche inferieure droite avec le brochoir, jusqu'ä ce qu'on puisse les döposer dans I'atelier.
Le tablier a ferrer a l'avantage de laisser les instru­ments beaucoup mieux a la portee de l'ouvrier, qui n'est pas oblige de se deplacer pour les prendre, comme cela arrive si les outils sont places dans une boite, sur-tout si I'animal reste pen tranquille.
Cette machine a l'inconvenient de fatiguer le mar6-chal, en le forgant a porter constamment, pendant I'ac-tion de ferrer, les instruments dont il se sert. Elle pent effrayer le cheval, I'exciter par le contact des objets qu'elle contient.
Dans la plupart des villes de province, on se sert encore du tablier a ferrer.
II est des locality dans lesquelles on ne se sert ni de la boite ni du tablier ä ferrer; I'ouvrier pose a terre les instruments dont il se sert pour la ferrure. II se fatigue davantage pour les saisir, quand il en a besoin, on pour les quitter. Souvent il est force de les laisser
-ocr page 190-
i
170 dans laboue. Si le cheval s'agite et se d6place, il peut se Messer en posant brusquement le pied sur le boutoir, sur les clous.
Ces inconvönients sont trop frappants pour qu'on ne reconnaisse pas la n6cessit6 de se munir d'une boite ou d'un tablier a ferrer.
m
DES CLOUS A FERRER.
Les clous qui servent a fixer le fer sur le pied du cheval sont nommfes clous ä ferrer; on les appelle encore clous de cheval.
Ces clous different beaucoup par leurs formes de ceux qui sont employes par d'autres artisans.
On distingue les clous ordinaires et les clous ä glace.
a. Des clous ordinaires. — Ils pr6sen-ft30VdS.tent quatre parties principales : lat^te, le collet, la tige et la pointe.
1deg; La töte t est la partie la plus volu-mineuse; eile a la forme de deux pyra-mides quadrangulaires adapt6es base a base, dont I'inftrieure se continue par le collet, tandis que la superieure est tron-qu6e. Une moitie de la t^te entre dans l'etampure du fer, I'autre fait saillie k la face inferieure de celui-ci.
2deg; Le collet c est la partie intermödiaire entre la t6te et la lame. C'est de cette par-tie que d6pend la solidite du clou. Le col­let est form6 par I'extremitfe sup6rieure de la lame.
H
quot;.
? 4
im
#9632;ill
-ocr page 191-
i
171
3deg; La lame l , ou la tige du clou, s'ötend du collet a la pointe; eile präsente une longueur de 5 a 6 centi­metres.
4deg; La pointe p, ou extr6mit6 inferieure de la tige, doit presenter assez de force pour resister en pergant la paroi.
II y a plusieurs varietes de clous ordinaires. Autrefois on les livrait au commerce en les designant par les numsect;ros 25, 30, 35 et 40, suivant le nombre de clous contenus dans une livre ;les plus gros etaient vendus au mille. Aujourd'hui on vend les uns et les autres au kilog.
Les clous sont distingu^s en grands, moyens etpetits. Les clous grands, k tete volumineuse , sont destines ä la ferrure des gros chevaux de trait; ils ont la lame pluslongue que les autres, parce qu'il faut les brocher un pen plus haut. Les clous moyens servent pour ferrer les chevaux legers. Les clous petits sont employes pour la ferrure des änes et des boeufs.
(Fig. 35, 36 et 37.) Clous ä glaee ordinaire, id. carre, id. älasavoyarde.
B.Desclousä gla­ce.—On les nomme ainsi parce qu'on les emploie pendant la saison des glaces. Le sol 6tant rendu glissant par la gel6e, par la neige, les clous ordinaires ne sont pas assez sail-lan ts pour assurer la solidite de la mar-che.
-ocr page 192-
172
Ces clous ont diflförentes formes.
Dans le clou ä glace ordinaire, rextr6mit6 de la face supörieure de la tfete est tranchante, c'est-ä-dire apla-tie sur ses deux faces.
D'autres clous a glace ont la tfete carröe. II en est encore dont la töte est terminee en pointe.
Enfin, il est une derniere vari6t6, qu'on appelle clou ä la savoyarde, dans laquelle la tfete est aplatie sur les cötös et se termine par une surface 6troite, allongfee et tranchante.
La forme des clous a glace empfeche de les brocher dans les parties de la paroi qui ont un peu de durete. Le plus souvent on les implante dans un vieux trou. Si la paroi n'est pas perc6e, on fait le trou avec un clou ordinaire.
Ces difförents clous a glace ne doivent etre employes que dans des circonstances exceptionnelles , quand les animaux sont trop exposes a glisser. II ne faut pas inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;oublier uue la töte saillante de ces clous fausse les
aplombs et qu'il en rösulte plus de fatigue, 1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; On place les clous a glace ordinaires au nombre
de quatre a chaque pied, savoir : un de cbaque c6t6 sur la mamelle et un pour cbaque talon. Les clous a glace aplatis sont places au nombre de deux, dont un pour chaque mamelle.
Choix des clous ä ferret. — Us doivent 6tre fabriques avec du fer doux , qui, battu a froid, ofTre assez de ductility pour se laisser plier et replier sans se briser.
Les clous pailleux, soit a la pointe, soit sur la lame, sont de mauvaise quality. Alors il arrive qu'en broehant
I'
i' k #9632;
m
-ocr page 193-
•I
173 ]e clou, la partie de la lame qui est pailleuse se coude dans le pied et peut m6me s'y rompre et produire une blessure.
On doit rejeler les clous dont la lame est pailleuse, ou bien il faut les reserver pour les placer dans les vieux trous. Si la pointe seulement presente ce defaut, on coupe une partie de la lame, en conservant a celle-ci assez de longueur pour pouvoir encore brocher le clou.
Ordinairementles clous sent pailleux quand I'ouvrier a voulu en forger plusieurs avec la m£me chaude; le dernier fabriquö est presque toujours pailleux, parce qu'il a ale battu a froid.
De Vafßure des clous. — Les clous a ferrer ne sont pas employes tels qu'ils sortent de l'atelier du cloutier; il faut leur faire subir une prfeparation particuliere qu'on nomme Vafplure.
Pour donner l'aßlure a un clou, on ordinaire afßiquot; dresse Ia lame, et Ton imprime a la pointe une direction inclinee sur un des cotes de cette lame.
Sous ce rapport, on distingue le droit et Yinverse du clou. Le droit du clou est la partie de la lame qui est la plus unie ; e'est celle qui a constamment port6 sur I'enclume pendant la fabrication du clou. De ce cöte, la tete presente un rebord, qui est la bavure que produit la coupure de eette partie quand on la separe de la vnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;barre de ferre d'ou eile est tiree, L'inversc
W
-ocr page 194-
174 est une face plus raboteuse que le droit, puisqu'on y trouve Tempreinte du marteau.
Le marecbal qui afBle un clou a ferrer en redresse la lame sur une petite enclume qu'on nomme affiloir, ou sur la bigorne. Apres avoir frappe plusieurs coups pour roidir la lame , la renforcer, 6galiser son 6paisseur, il donne a la pointe une forme teile qu'elle est dispos6e en talus du cöte de Tin verse.
L'affilure est ainsi faite pour faciliter I'introduction du clou dans l'fepaisseur de la muraille et le diriger en mamp;me temps en dehors. Un clou affile represente une ligne droite, depuis le collet jusqu'a la pointe , en le consid6rant sur le cöt6.
On a donne le conseil d'affiler le clou du c6tsect; du droit de la lame plulol que du cöt6 de Vinverse, parce que, la face droite etant la plus unie, on a pens6 qu'elle doit regarder les parties internes du pied, plus susceptibles de s'irriter par le frottement. Cette observation a peu d'importance, parce qu'en battant avec le brocboir la lame du clou pour I'affiler, on en fait suffisamment dis-paraitre les inegalitös.
Quand l'affilure est mal donn^e, le clou prend une fausse direction et se porte vers les parties sensibles du pied; il pent en ramp;ulter des enclouures quelquefois tres graves.
-ocr page 195-
CHAPITRE XII.
DE L'ACTrON DE FERRER LE PIED NORMAL.
Sommaire. - Dtferrer le pied. - Parer le pied. - Priparer le fer. -Fawe porter le fer. - Appliquer le fer. - Brocher les clous. - River les clous.
raquo;E L ACTION DE FERRER.
L'action de ferrer un cheval ne doit pas fetre pure-ment möcanique. II faut consid6rer I'application du fer non seulement sous le rapport de la conservation du pied, mais encore sous celui des dtfectuositamp;s qu'il prtsente et des dtfauts d'aplomb qui influent sur sa direction.
Ici nous allons parier de I'application du fer dans les circonstances ordinaires, nous r6servant d'indiquer plus loin, dans des descriptions particulieres, les modifi-
-ocr page 196-
b
V'
176 cations r^clamees par les anomalies qui peuvent se presenter.
L'action de ferrer se compose de plusieurs operations distinctes.
a. De ferrer lepied. — Nous supposons que le cheval est fixe convenablement, que le pied est lev6 et tenu par un aide qui a contractö l'habitude de ce genre de service.
Si le cheval a d6jä 6t6 soumis k l'opdration de la ferrure , il s'agit d'abord de d6garnir le sabot du vieux fer. Pour cela, le marechal redresse Tun apres I'autre les rivets des clous avec la partie emoussee du tranchant du rogne-pied, sur le dos duquel il frappe avec le brochoir. Apres avoir derivö les clous , il souleve le fer par l'une des 6ponges, en intioduisant le mors des tricoises sous sa face sup6rieure et en faisant ex6cuter a cet instrument un mouvement de bascule. Ensuite il retire les tricoises et frappe un coup sur la face inferieure du fer pour le rabattre sur le pied; les clous sortent des 6tampures et font assez de saillie pour qu'il soit possible de les saisir par la tete et de les arracher completement. On fait la meme manoeuvre sur la brauche opposöe; bientöt il ne reste a enlever que les clous de la pince. Pour les extraire, il faut saisir avec les tricoises la voüte du fer, qu'on souleve par un nouveau mouvement de bascule. Si les clous tiennent avec trop de force , il est utile de les repousser en frappant sur le repoussoirplacfe contre la partie qui 6tait occupee par les rivets. Le pied est d6ferr6 quand on a enlev^ les derniers clous de la pince.
-ocr page 197-
-*1
177
II importe de ne pas arracher le fer avec trop de violence; il en resulterait des 6elats de corne et par consequent des pertes de substance de la paroi, qu'on pourrait 6viter.
Lorsqu'on doit d6ferrer un pied malade, sur lequel le moindre 6branlement produit un sentiment doulou­reux , il est mieux de chercher a soulever les t6tes de clous en frappant surle rogne-pied dispose contre la sail-lie qu'elles ont encore conserv^e, ou en faisant agir le repoussoirsurlapartie delalamequi formait les rivets.
Les vieux clous que Ton retire du fer sont d6sign6s sous le nom de caboches. On a la precaution de les placer dans la poche du tablier a ferrer ou dans la boite qui contient les instruments. Abandonnes sur le sol, ces clous pourraient produire des piqnres tres graves sous le pied du cheval.
Quand le fer est enlev6, il faut extirper de la surface du sabot lessouches ou lames de clous qui restent encore dans la paroi. On arrache avec les tricoises celles qui sont assez saillantes; les autres sont chassöes au dehors par l'action du repoussoir.
Bourgelat donne le nom de retraites aux portions de clou qui restent dans le pied du cheval (1). Pfägliger de les arracher, ce serait s'exposer a 6brecher le rogne-pied et le boutoir dans l'action de parer la corne, mais ce ne serait pas lä le moindre inconvenient: elles mettraient obstacle a l'implantation de nouveaux clous,
(1) La retraite est formee par une souche qui est poussee jusqu'au vif par un nouveau clou; quelquefois c'est unc portion d'un clou pail-leux qui est reside dans le pied ct a produit une blessure.
-ocr page 198-
r
178 les dirigeraient vers les parties vives et causeraient des piqüres qui souvent deviennent tres graves.
b. Parerlepied. —Cette Operation consiste a enlever l'excödant de come qui donne trop de longueur a quelques parties du sabot. On pare le piedavec le rogne-pied et le boutoir.
Le rogue-pied sert a enlever les parties qui sont trop dures, dans le pourtour de la paroi et sur les arcs­boutants. Ensuite l'ouvrier s'arme du boutoir pour parer la surface de la sole et disposer ainsi le sabot a l'adaptation du fer (1). II agit avec precaution, pour eviter de Messer Tanimal et l'aide qui tient le pied.
Le maniement du boutoir offre quelques difficultäs pour parer quelques unes des parties du pied. Bourgelat a fait observer avec raison qu'un des d^fauts les plus frequents dans l'action de parer vient du plus de difficult^ que Ton a dans le maniement du boutoir, pour retrancher du quartier de dehors sur le pied du mon-toir, et du quartier de dedans du pied hors du montoir; aussi, dit-il, voit-on frequemment ces quartiers plus hauts que les autres, et rencontre-t-on , par cette raison, un nombre infini de pieds de travers.
La regle consiste ä donner au pied sa forme la plus naturelle et ä n'enlever que l'exces de come dont la conservation fausserait les aplombs. Une fois par6 , le sabot posfe sur le sol doit 6tre tangent ä un plan horizontal par tout le bord inftrieur de la paroi, ä 1'exception de la pince.
im
#9632; -1
: laquo;
S
.1
(i) Voyn/, la maniere de se seryh' du boutoir. p. W.
-ocr page 199-
179
II n'est pas possible de determiner syst6matique-ment la longueur qu'il faut laisser aux diffiferentes parties du pied. Des diffiferences nombreusessont dict6es par le volume de l'animal, par sa race, le genre de service auquel il est affects, par la nature de Ton-gle, etc., etc.
II Importe d'6viter les exces en tout genre. Une trop grande longueur du pied fatigue le cheval et produit des tiraillements douloureux des tendons ; un pied trop par6 ressent vivement les reactions sur le sol et devient une cause de claudication. Ainsi la paroi ne doit 6tre taillte que dans de justes limites; c'est I'habitude qui, sous ce rapport, doit guider le mar6chal. II est anbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
remarquer que les bons ouvriers aiment a abattre du pied, a le parer, comme on le dit., jusqu'äla ros6e; souvent aussi ils rendent les chevaux boiteux, plus que d'autres plus timides qui prfeferent laisser a la corne un exces de longueur.
Pour la sole, comme pour la paroi, on enleve la corne plus on moins, suivant I'^paisseur que Ton croit exister. II ne faut pas parer trop profond6ment; la flexibility de la corne, que Ton presse avec le doigt, indique les limites de Fopferation. Aller au-delä, c'est priver la surface inferieure du pied d'un organe protec-teur et l'exposer a des contusions douloureuses. Quel-quefois le boutoir va jusqu'aux tissus vivants; aussitöt le sang coule; il en r^sulte une plaie qui ne manque pas de gravity.
Enfin, la sole trop par^e est plus expos6e a 6tre chauflföe ou brulee quand on fait porter le fer chaud sur le pied.
-ocr page 200-
m
180
Lafossc et Bracy-Clark pensent qu'il ne faut pas ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;parer la sole, parce que, dans l'ötat de nature, sa sur-
face ne s'use pas et ne devient pas trop 6paisse.
Mais la sole s'use sur le sol dans les pieds non ferres, tandis qu'elle devient tres epaisse dans les pieds ferrös.
Golmann, vtHerinaire anglais, dans le but de pr6-venir les bleimes, recommande trop de parer la sole dans sa continuity avec la paroi; c'est, au contraire , une cause de deterioration du sabot et de resserrement des talons.
II est toujours utile de parer le bord inftsrieur de la paroi et la sole; on est assez d'accord sur ce point. 11 n'en est pas de meine pour la fourchetie. Get organe concourt puissamment a conserver Fölasticitö du pied, ä tenir les talons 6cart6s; aussi doit-on le menager, favoriser son dfeveloppement et lui laisser le plus de volume possible. Toutefois il faut considörer corame une exag6ration le pr^cepte qui vent qu'on ne toucbe jamais a la fourchette. II faut blämer bien davantage celui qui fait trop parer cette partie. La regie a suivrc consiste a blancbir seulement I'organe dont il s'agit, c'est-ä-dire ä n'en enlever qu'une legere couche, et principalement les parties fdandreuses.
ii
c. Priparer le fer. — Lorsque le pied est pare conve-nablement, le marecbal choisit dans son atelier un fer qui lui parait presenter les dimensions a rechercber.
Pour faire ce choix, il suffit d'avoir un coup d'oeil exerc6. Quelques personnes se servent d'une paille pour prendre les dimensions du sabot qu'il s'agit de ferrer; d'autres comparent le vieux fer ou la deferre
m
-ocr page 201-
IT
181 avec le nouveau. Cette derniere comparaison se fait en appliquant 1'une contre I'autre , par la rive exterieure, les branches externes, et ä mettre en rapport successive-men t les autres parties; on trouve ainsi les dimensions en longueur; la largeur se mesure en appliquant les deux fers Tun sur I'autre.
Le fer etant choisi, le maröchal en refouleles Sponges et leve des crampons, s'il y a lieu; ensuite il donne I'ajusture (1).
d. Faire porter le fer. — Quand le fer a recu ce qu'on nomme I'ajusture et la tournure, il convient de le pre­senter sur le pied, pour savoir s'il n'y a rien a changer dans les dimensions qui lui ont 6tfe donnees.
Sous ce rapport, deux syslemes sont en presence. Le plus generalement suivi constitue la ferrure ä chaud; il consiste a appliquer le fer chaud sur le pied du cheval pendant quelques instants.
Le second Systeme est appele ferrure ä froid, parcc qu'on presente au pied le fer depourvu de chaleur, tout-ä-fait froid, sauf a prendre la peine de le faire chauffer de nouveau, si sa forme doit etre modifiee.
Nous comparerons ces deux systemes dans un chapitre particulier. Pour le moment, nous nous occuperons seulementde la ferrure a chaud. (2)
On dit qu'on fait porter le fer, lorsqu'apres avoir fait lever le pied, on pose le fer chaud sur la face inferieure du sabot, de maniere a I'y laisser pendant
(1)nbsp; Voycz le chapitre X, qui traite de I'ajusture.
(2)nbsp; Voyez le chapitre suivant.
-ocr page 202-
i
1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;182
ua temps tres court, de peur qu'une trop grandlaquo; quan­tity de chaleur nep6netre danslestissus comas. Pendant que le fer chaud est appliqu6 sur le pied, on le main-tient avec les branches des tricoises, dont chaque extr6-mit6 est plac6e dans une des 6tampures des quartiers. C'est la main droite qui remplit cet office, tandis que la gauche tient les tenailles ä forger, de teile sorte qu'un des mors appuie sur la pince du fer et l'autre sur celle de la paroi.
Aussitot que le fer chaud est en contact avec la corne, il faut porter la töte de cöt6 et d'autre pour voir si le fer n'est pas trop large, s'il prösente assez de longueur, si son ajusture est convenable. Apres cette inspection, qui dure quelques secondes, on enleve le fer pour le poser surle sol, etaussitöt, avec le boutoir, on coupe les couches superficielles de la paroi qui ont 6t6 en contact avec le fer, pour les mettre au niveau de celles qui n'ont pas fet6 touchöes. II Importe que le fer repose ^galement sur tout le pourtour de la paroi, et qu'il ne porte sur la sole par aucun de ses points.
On pent ainsi presenter plusieurs fois le fer chaud sur le pied, Quand la corne est suffisamment par6e, il faut avoir la precaution, si Ton fait encore porter le fer, d'enlever aussitöt apres, avec le boutoir, une l6gere couche de la sole, celle qui a 6te p6n6tr6e par la chaleur; c'est ce qu'on appelle soulager la sole.
L'application du fer chaud sur le pied doit 6tre de courte duree; eile a pour but, non d'imprimer sur le sabot la place que le fer doit occuper, mais de marquer les parties trop saillantes du bord införieur de la paroi et de la sole.
-ocr page 203-
183
Une application trop prolongöe du fer chaud devient la cause de plusieurs accidents qui consistent en des brülures de dififerents degr^s, dont les suites peuvent 6tre tres fAcheuses. On dit alors qu'un cheval a la sole chauffhe on la sole hrüUe.
Quelques ouvriers ont la mauvaise habitude de faire porter le fer chaud pendant un temps plus long, quand la corne est trop dure, afin de la ramollir par la cbaleur et de la parer plus facilement. 11 faut se defier de cette pratique vicieuse, qui pent amener la deterioration du pied.
Si le fer ne präsente pas la tournure et l'ajusture convenables, on pent imm^diatement le porter sur renclume pour le modifier avant de le presenter de nouveau sur le pied.
Quand on a fini de faire porter le fer, on blanchit le pied, c'est-k-dire qu'on enleve une derniere couche de corne, soil sur les parties de la sole qui ont etfe carbo-nis6es par le fer, soil sur celles qui en sont 6loign6es et sur la fourchette.
Une fois que le fer a port6 , on le plonge dans I'eau pour le refroidir; ensuite on en debouche les trous a l'aide du repoussoir, on abat les bavures qui sont soulevties par cet instrument, et Ton donne un coup de lime sur le bord de la face supörieure et externe du fer. Les clous sont choisis el affiles.
Pendant qu'on se livre a ces preparatifs, il est une precaution utile qui consiste a faire tenir le pied leve, si Ton craint que le cheval frappe le sol et fasse 6clater la corne de la muraille.
13
-ocr page 204-
i'' i
!i #9632;
i'.!
T
184 e. Jlppliquer le fer. — Le fer 6tant pr6par6 de maniere ä presenter la tournure et 1'ajusture convena-bles, il faut qu'en I'appliquant sur le pied, on voie la branche externe faire en dehors une lögere saillie depuis le milieu de la pince jusqu'a I'eponge. On dit alors que le fer a de la garniture, qu'il garnit. La branche interne doit etre placee juste au niveau de la corne. Le but de la garniture est d'augmenter la surface d'appui et la dur6e du fer. On evite de faire garnir du cötö interne, parce que Tanimal pourrait se couper. II faut que la verticale du talon tombe sur la rive externe du fer; on sait que les fibres de la corne rentrent dans cette par tie du sabot.
Avant d'attacher le fer ,Top6rateur donne un löger coup de rape sur tout le contour forme par le bord in-fisrieur de la paroi, pour l'arrondir et le rendre moins susceptible de se fendre. Ensuite il pose le fer sur la surface du pied et le fait maintenir par I'aide, qui appli­que le pouce sur la branche interne.
f. Brocher les clous. — Le premier clou doit 6tre implants dans le trou correspondant a la mamelle de la branche externe du fer. Pour brocher ce clou, on le saisit par la lame pres du collet entre le pouce et l'index de la main gauche, les autres doigts reposant sur le fer et servant de point d'appui. La main droite, armee du brochoir, sert a frapper sur la t^te du clou pour faire penetrer lapointe, dont l'affilure est plac6e du cöt6 correspondant aux parties vives. On frappe a petits coups; la pointe pfenetre dans la paroi et finil par ren-contrer plus de resistance lorsqu'elle est arrivee vers
I 1
i
I
? !
I '!
1
-ocr page 205-
T
185 les parties les plus ext6rieures du pied; alors on appli­que le mors de la tricoise contre la paroi, un peu au-dessus du point par lequel on suppose que le clou va sortir, et Ton frappe un ou deux coups plus forts pour dfeterminer la sortie de la lame, qu'on replie ensuite dans la direction du fer. Cette precaution est utile pour empecher que le teneur de pied soit bless6 pendant les mouvements de l'animal.
Si cette lame parait devoir se plier sous le coup de brochoir, l'op^rateur appuie un des mors ou l'une des branches de la tricoise contrela lame, pendant qu'il frappe avec force sur la töte du clou pour le faire p6n6trer.
Dans le cas ou la pointe continue de s'introduire dans la paroi sans faire entendre cette sonorite qui annonce qu'elle arrive vers les couches exterieures, il Importe de proc6der a petits coups, parce qu'elle peut prendre une mauvaise direction et se diriger vers les parties vives. Des que la lame pönetre trop profondö-ment, l'animal retire le pied et temoigne de la douleur, il faut se hater d'extraire le clou.
Le second clou est place a l'etampure de la mamelle interne; alors on commande a l'aide de metlre ä bas le pied, c'est-ä-dire de lelaisser poser sur le sol, pour voir si le fer garnit convenablement.
Ensuite on fait lever le pied de nouveau ; les autres clous sont introduits successivement dans les 6tampures de la brauche interne , et Ton s'occupe enfin de celles de la brauche externe.
Quelques ouvriers commencent par implanter les clous de la pince, pour empecher le fer de trop se porter vers les talons.
i
-ocr page 206-
Kl #9632;' 11'
I* #9632;'
18G
II n'est pas toujours facile de brocher les clous. Pour peu que leur lame soil trop faible ou que la corne prä­sente trop de duretö, il arrive que le clou se plie, se eoude. Quand la lame se coude dans la corne, il faut arra­dier le clou pour lemettre an rebut ou pour leredresser et l'implanter de nouveau. Sile clou se coude en-dessus du fer, on le redresse sans l'enlever, et Ton applique l'extr^mite d'une des branches de la tricoise sur la con­vexity que forme la lame avant de frapper sur la tfeto.
Lorsqu'un clou vient a se casser pendant qu'on procede a son implantation, il convient de l'extraire entierement; les portions de la lame restant dans la paroi pourraient faire d6vier la pointe du nouveau clou qu'on se propose d'introduire et faire piquer les parties vives. Pour arracher cette lame, il faut enlever le fer, sinon Ton s'abstient de mettre un clou pour remplacer celui qui est cass6.
En brochant les clous , il faut avoir la precaution do les introduire suivant uneligne perpendiculaire au bord de la paroi, a moins que la corne ne soit de mauvaise nature, ce qui oblige a les diriger plus ou moins sur le cote,
Le plus souvent on place le clou perpendiculairernent dans I'dampiire qui doit le recevoir. Dans ce cas, si I'afEIure est trop oblique , on dit que la lame ne puise pas assez; il faut la retirer et modifier I'affilure.
Les clous bien brocb6s doivent tous sortir au m6me niveau de la paroi; si les lames se montrent a diverses hauteurs, on dit que les clous font de la musique. Dans ce cas, on releve davantage la lame de ceux qui sont sorlis plus has.
I
Y-!
1
-ocr page 207-
187
Si le fer se derange pendant qu'on broche les clous, il faut frapper sur les parties qui font trop de saillie, pour ramener le fer a sa place avant de le fixer d6fi-nitivement.
En brochant, on place les clous les plus faibles en talons et les plus gros en mamelles pour les pieds de devant, en pince pour ceux de derriere , a moins que le cheval ne butte.
II ne faudra brocher ni trop haut ni trop bas, sous peine de piquer le cheval ou de ne pas fixer solidement le fer,
g. River les clous. — Lorsque tous les clous sont brochös, l'opörateur place le mors de la tricoise sous la rive du fer et frappe sur les tetes pour les enfoncer completement dans les etampures. Ensuite il applique ce luamp;me mors sous le contour des lames pour les disposer a la mfeme hauteur.
Cela fait, il coupe avec la tricoise la partie repliöe de la lame des clous a la sortie de la paroi, en commencant sur le c6t6 interne. Ensuite , muni du rogne-pied, il enleve une petite portion de corne au-dessus de l'extrö-mite des lames de clous qui ont 6t6 tronquöes; cela s'appelle degager les rivets. Cette petite excavation sert k loger les rivets, sorte de crochets form6s par ces lames. 11 frappe encore sur les totes des clous pendant que le mors des tricoises est plac6 sous les lames pour les relever; puis il appuie avec le m^me instrument sur chaque t6te, tandis qu'avec un des angles du hrochoir, il releve l'extremit^ do la lame pour I'enfoncer dans la paroi.
-ocr page 208-
V
m j
188
Lorsque les clous sont riv6s, l'opörateur donne un coup de rape sur les inögalitös de la corne, principale-ment sur la pince et le quartier interne. Cette pratique devient vicieuse, si Ton fait agir la rape sur toule la surface de la paroi, parce qu'on enleve le vernis protec-teur de la corne, qui reste ainsi plus expos^e aux influences atmosph6riques.
— Teile est la maniere de proceder pour I'applica-tion du fer, soit sur les pieds de devant, soit sur ceux de derrtere.
Quelques precautions particulieres sont recom-mandees lorsque le fer est muni d'un ou de plusieurs pingons. En parant le pied, il faut avoir le soin de creuser un peu la corne pour faire la place destin6e a loger le pincon. Quand l'application du ferestterminee, on abat le pinpon, c'est-ä-dire on frappe a sa surface quelques l6gers coups de marteau pour I'appliquer plus cxactement contre la paroi du sabot.
%
(Fig. 32.) Pied droit de derrigre ferre.vu par sa face infirieure.
(Fig. 33.) Le meme pied vu par son ciitö externe.
i
: ii
4
-ocr page 209-
CHAPITRE XIII.
BE LA FERRURE A CHAUD ET DE LA FERRÜRE A FROID.
Sommaire. — De la ferrure ä chaud : historique ; avantages; incon-vtoiients. — De la ferrure k froid : historique; avantages; inconvi-nients. — Comparaison de la ferrure a chaud et de la ferrure ä froid. —Conclusions.
DE LA FERRURE A CHAUD.
Ce proc6d6 consiste ä appliquer, ä plusieurs reprises, le fer chaud sur le pied, pour arriver ä lui donner, par une s6rie de tätonnements, la forme la plus con-venable.
Historique. — Elle n'6tait pas employ6e au commen­cement du XVIIF siecle. II faut remonter jusqu'ä 1736 pour Irouver les premieres citations sur la ferrure k chaud.
-ocr page 210-
w
190
Dans sou Traue sur VEcole de cavalerie, Lagueriniere s'exprime ainsi: laquo; On doit bien se donner garde de raquo; souffrir qu'on brüle les pieds aux chevaux avec un raquo; fer chaud, comme font la plupart des marechaux, raquo; afin qu'ils soient plus aisös ä parer. raquo;
Plus loin, le m6me auteur ajoute: a Mais, comme raquo; pour les chevaux de carrosse on est oblige de mettre raquo; un pincon a la pince du fer, dans cette occasion on raquo; ne pent se dispenser de faire chauffer ce 'pincon, afin raquo; qu'il puisse s'enfoncer dans la corne; mais tout le raquo; reste du fer doit fetre froid. raquo;
Lafosse pere, dans son livre sur la Nouvelle Pratique de ferrer les chevaux, 6crit en 1758, parle le premier de la sole cbauffifee et de la sole brülöe.
C'est done vers le milieu du XVIIP siecle que Ton commenca ä ferrer a chaud.
La ferrure a chaud a 6t6 inventee pour corriger les imperfections de la ferrure a froid. C'est dans les grandes villes qu'elle a 6t6 employee pour la premiere fois par des ouvriers exp6riment6s dans un but d'ame-lioration.
La ferrure ä chaud est actuellement le proced6 le plus
-i
usit6 en France et en Europe.
Avanlages de la ferrure ä chaud. — Dans la ferrure a chaud, le fer s'adapte plus immediatemenl au sabot.
Les fers qu'on a fait porter chauds sur le pied s'appliquent plus egaleraent et ne sont pas susceptibles de faire ressort sous la corne, de produire des blei-mes, des contusions.
La ferrure est plus solide, parce que les clous ne sont
f
-ocr page 211-
191 pas ebranlts par les deplaeemeuts du fer; il y a un encastrement plus complet du pincon dans la paroi de la pince; on obtient une adhesion plus intime entre les bavures du fer et la surface de la corne.
La ferrure ä chaud donne au sabot plus de resis­tance; la corne, chaufifee par le fer, est moins hygro-mgtrique, moins permeable aux. liquides.
M. Reynal pense que le calorique qui imp regne la corne la dispose favorablement a recevoir la ferrure ; qu'il detruit en eile les proprifetfes absorbantes, spon-gieuses , hygrometriques, et la rend insensible aux influences exterieures.
II a tent6, sous ce rapport, des experiences con-cluantes. II a pris deux pieds morts; Tun fut ferre ä froid et l'autre fut ferr6 a chaud suivant les regies prescrites. Ces deux pieds furent deposes pendant une douzaine de jours dans l'eau vaseuse et le depot boueux d'un elang. Apres ce temps, ils furent lavös et exposes pendant huit jours a la chaleur. Sur le pied ferre a froid , la corne , qui s'etait d'abord gonflee sous l'influence de l'humidite , avait perdu une grande partie de son volume primitif par l'action de la chaleur. Le fer garnissait legerement tout autour du pied , bien qu'il fut applique juste dans le principe; il etait fix6 moins solidement au sabot. Les rivets etaient moins fixes et moins bien incrustes dans la paroi. On n'observa rien de pareil dans le pied ferre a chaud. Avant comme apres I'experience , il avait une solidite presque egale.
On a compare, avecquelqueraison, les effets produits sur la corne par le fer rouge a ceux du feu sur les
-ocr page 212-
m
!92 pieces de bois dont on carbonise superficiellement l'extrfeinitÄ qui doit fetre enfonc6e dans le sol; tout le monde sait que cette operation contribue ä la conserva­tion du bois, en le pröservant de l'action de l'lmmiditö.
Inconvements de la ferrure ä chaud. — On a fait de grands reprocbes a la ferrure a cbaud; on est all6 jusqu'ä lui attribuer la d6g6n6ration de quelques races de chevaux.
Le reprocbe le plus sörieux qu'on lui adresse , c'est qu'elle expose le pied du cbeval a avoir la sole cbauffifee ou brülle.
II est certain que si le fer chaud porte trop long-lemps sur le pied, il pent en resulter des accidents. Mais on a exager6 la frequence des maladies qui en sont la suite.
Ainsi, quand cette ferrure etait en usage dans les regiments de cavalerie , les veterinaires passaient plusieurs annees sans avoir a constater des brülures de la sole.
Dans nos 6coles veterinaires, oü la clinique se fait sur un nombre immense de cbevaux, on a ä peine l'occasion de rencontrer ces maladies une ou deux fois par annee pour les faire connaitre aux 6leves. On trouve des r^sultats identiques en consultant les statis-tiques dress^es par les v6t6rinaires les plus recomman-dables. La brülure du pied est done un accident tres rare.
II est d6montre que la corne est un mauvais conduc-leur du calorique ; il faudrait done une application long-temps prolongee du fer cbaud pour arriver a un resultat fÄcbeux.
IPquot;
I
M i
ii '
-ocr page 213-
193
D'apres les experiences faites par M. Reynal, sur des pieds morts , ce n'est qu'apres un temps trois fois plus long qu'il n'en faut a I'ouvrier mar6chal pour juger de la tournure du fer que le thermometre applique sous la sole a subi raction du calorique.
D'un autre cotfe , M. Delafond a conslatö qu'il faut une application continue du fer chaud sur le pied pendant trois minutes pour qu'un thermometre intro-duit sous la sole accuse une augmentation de tempfe-rature.
M. Barthelemy jeune a fait sur ce point des obser­vations interessantes sous le rapport de la pratique. 11 a surveille ses ouvriers sans les en pr6venir, et il a tenu un compte exact du nombre de secondes pendant les-quelles ils maintenaient le fer cbaud appliqu6 sur le pied du cheval. II resultc de ses observations que, pour ferrer cent pieds, le fer chaud a 6t6 maintenu en contact avec le sabot pendant quarante-six a. quarante-sept secondes en raoyenne; que le maximum de cetto application a ete de quatre-vingts secondes, le minimum de vingt-neuf secondes. Ainsi, l'application du fer chaud n'est pas assez prolongee pour produire des accidents.
En regle gönörale , le fer chaud ne doit etre pose sur le pied que juste pendant le temps necessaire a I'ouvrier pour voir s'il a la tournure convenable. M. Barthelemy aine 6value, avec raison, a six ou sept secondes 1c temps pendant lequel le fer chaud doit rester en raoyenne applique sur lepied.
Quand, accidentellement, le pied est trop cbauffe par |e fer, il est rare que cet accident ail assez de gravitc pour delerioror 1c sabot, pour orcasionner les abces .
-ocr page 214-
ijj.
194 les decollements qu'on a observes quelquefois dans les cas de ce genre.
Ce n'estpas, du reste, a la ferrure a chaud qu'il faut attribuer ces accidents , mais bien a la paresse, k Finhabilete de l'ouvrier qui veut ramollir la corne pour la parer plus facilement, ou qui ne se rend pas compte de l'öpaisseur de la sole.
II faut consid6rer, en outre, que les ouvriers qui out peu d'habiletö ne parent pas le pied ä fond et lui laissent loujours un exces de longueur qui le protege contre l'exces du calorique.
M. Delafond a 6tudi6 , comparativement, I'mfluence de plusieurs degres diffiferents de chaleur. 11 a donne les conclusions suivanles :
laquo; 1deg; Le fer chauffe au rouge noir, la partie de la raquo; sole carbonis6e n'ayant pas ete enlevee avec le bou-raquo; toir, transmet pendant le m6me temps plus de calo-raquo; rique dans les tissus vivants que le fer chaull'e au raquo; rouge cerise.
laquo; 2deg; L'epaisseur de la sole 6tant la mfeme, le fer raquo; tliaiiile au rouge noir determine une brülure plus raquo; vive et plus profonde que le fer chauilc au rouge raquo; cerise.
laquo;3deg; Ces experiences confirment ce qui avait ete dit raquo; en 1758 par Lafosse pere, que ce n'est point le fer raquo; chauffe au rouge cerise qui occasionne le plus souvent raquo; la brülure de la sole charnue, mais bien le fer port6 raquo; au rouge obscur ou noir (1).raquo;
— Les partisans de la ferrure podomötrique ont
(1) O. Delafond. Recueit de Midecine vittrimire, 18*5 , p. 931.
M-:
fm
1
!
I
^
-ocr page 215-
195 reprochö ä la ferrure ä chaud le dessechement de la corne et le rötrecissement du sabot. Or , il est ä reraar-quer que ces alterations elaienl d6jä reproeh6es ä la ferrure par les auteurs qui 6crivaient lorsqu'on ne ferrait pas encore ä chaud.
— C'est ä tort qu'on a insists sur les tortures que les chevaux 6prouvent ä l'atelier, par le bruit du soufflet, la fumec, la flamme, le fer cbaud, qui les rendent mamp;bants. Pour refuter cette objection relativement aux cbevaux de troupe, M. Ambert fait une question pleine d'ä-propos :
laquo; On dit encore que la flamme de la forge, le bruit raquo; et la fumee efiraient le cheval; mais ä la guerre n'y raquo; a-t-il pas aussi quelque flamme et quelque fumee (1)?raquo;
DE LA FERRDRE A FROID.
La ferrure ä froid consiste ä presenter le fer tout-ä-fait froid, döpourvu de chaleur, sur le pied du cheval, pour voir s'il a la tournure et l'ajusture convenables.
Historique. — C'est la ferrure primitive , celle qui a du naturellement se presenter la premiere ä l'idee des premiers peuples qui out reconnu la n^cessite de ferrer les chevaux. Pendant deux siecles environ , eile a 6t6 raise en usage exclusivement.
On ne saurait done la consid^rer comme une döcou-verte de nos jours. Elle est encore employee seule
(1) J. Ambert. De la Ferrure des chevaux. Journal de Mödecine viUrinaire, 1851, t. VI. p. 24laquo;.
-ocr page 216-
I:
196 dans les conlröes les moins avancöes dans l'art de la marechalerie.
La ferrure a froid 6tait usitee dans l'enfance de l'art, C'est l'expörience qui a decidö les mar6chaux a essayer la ferrure ä cliaud.
Lafosse p6re, qui 6crivait en 1758, a parlele premier des accidents causes par l'application du fer chaud sur le pied.
— Une decision ministerielle du 30 juillet 1845 a present la ferrure a froid dans les regiments de cavalerie.
Les premiers rapports fails sur ce Systeme par les veterinaires ont et6, en general , assez favorables, parce que peut-fetre n'^taient-ils pas redig6s avec assez d'independance.
Aujourd'hui encore celte decision doit etre execute pour les chevaux de troupe. Mais il y a des officiers qui font ferrer a chaud leurs chevaux; ceux mfeme qui font partie ducomitfe de cavalerie agissent de meme.
Nous pourrions meme assurer que dans les regiments les marechaux emploient la ferrure a froid avec repu­gnance , et que heaucoup d'entre eux ferrent a chaud, malgre la defense qui leur en a klb faite. Quelques chefs de corps laissent faire et paraissent ne pas s'en apercevoir. Bientot, sans doute , ils oseront protester ouvertement centre le Systeme qu'on leur a impost.
La ferrure a froid a quelques avantages; eile a heau­coup d'inconvönients.
Jvanlages de la ferrure ä froid. — La ferrure a froid n'expose pas le cheval aux brulures du pied.
laquo;i*ii 4
ft
im
! ^
' if!
i
-ocr page 217-
197
Elle peut s'exöcuter partout, soit ä l'öcurie, soit au milieu de la route.
Elle evite la nfecessitö de conduire le cheval ä la forge pour le ferrer. La, le bruit, la flamme du foyer peuvent l'effrayer. C'est, comme nous l'avons dit, un argument de peu de valeur; les chevaux, ä quelques exceptions pres, sont ä l'abri de cette crainte.
La ferrure ä froid est preferable pour les pieds faibles, plats ou combles, a sole mince. C'est lä, selon nous, son avantage le plus reel.
La ferrure a froid exige-t-elle plus de temps que l'autre ? Le vötamp;inaire en premier deSaumur a declare qu'il fallait moins de temps pour faire des ferrures ä froid que des ferrures a chaud (I). C'est possible , avec de bons ouvriers ; mais malheureusement le nombre n'en est pas grand.
Inconvinienls de la ferrure ä froid. — Le plus grand d^faut de la ferrure a froid consiste dans le peu de solidity qu'elle präsente. Quand on pose le fer ä froid, la corne est dure et r6siste ä chaque coup de brochoir, tandis que, par l'action de la chaleur, eile est un peu ramollie et permet une adaptation plus exacte.
Elle est moins solide, surtout dans les temps pluvieux; au contraire , sa duree est plus grande quand la tem­perature atmosphamp;ique est moins inconstante. On n'observe pas ce phenomene avec la ferrure a chaud (Reynal).
Les auteurs qui öcrivaient a l'äpoque oü la ferrure a
(1) Barthelemy ain^. Discussion sur la Ferrure , Recueil de ßlidecine vittrinake, llttfi, p. 8V.
-ocr page 218-
#9632;Si it'
198 froid etait seule connue signalent les inconvenients qui resultent de son manque de solidite. Cesar Fiaschi, qui 6crivait au milieu du XVIe siecle, sous le rögne de Francois Ier, s'exprimait ainsi : laquo; Je ne vois d'autre raquo; remede, eu 6gard au peu de solidity de cette ferrure, raquo; que de savoir soi-m6me brocher les clous ou de se raquo; faire suivre par un mar6chal.raquo;
Dans les campagnes, la ferrure a froid resiste moins a l'action detöriorante de l'humiditö, de la boue, des mauvais chemins.
Les v6t6rinaires qui ont suivi l'expödition de Rome en 1849 ont constate les inconvönients de la ferrure ä froid en temps de guerre, sous le rapport de son peu de solidite et des difficultes d'ex6cution.
II est plus difficile, dans la ferrure a froid, de bien faire porter le fer, parce que I'ouvrier n'a pas sous les yeux la coloration que la chaleur imprime a la corne; il lui faut une plus grande experience.
Pour fetre bien faite , eile demande de sa part beaucoup d'habilete. II est rare que celui-ci r6ussisse du premier coup a bien ajuster le fer; il est obligö de retourner plusieurs fois a. la forge pour le faire chauffer, le modifier en tätonnant, le refroidir ensuite et le pre­senter de nouveau sur lepied.
Ce Systeme de ferrure met toujours dans la n^cessite d'arranger le pied pour le fer.
II est d'une application difficile dans le cas ou les regiments se döplacent, si les marechaux sont obliges d'aller cbercber les cbevaux dans leurs logements.
Son execution est plus longue et moins facile. Sa dur6e est moindre sur les chevaux des villes, qui, cou-
1
a
ti;:;
It
II
El
III
it'
: I
-ocr page 219-
199 rant sur le pave, usent leurs fers en moins de quinze h vingt jours.
Apres cette ferrure, la corne est plus cassante, le pied devient plus facilement d6rob6.
En fin, la ferrure a froid est moins economique; eile a fait augmenter I'abonnement passö avec les mar6chaux dans les regiments de eavalerie; cet abonnement a 6le port6 de 90cent, a t fr. 15 cent, parcheval et par mois.
COMPARAISON DE LA FERRURE A CHAÜD ET DE LA FERRURE A FROID.
Des experiences onlete faites pour les comparer sous le rapport de la solidity.
Parmi les experiences faites ä l'^cole de Saumur, ilen est qui paraissent favorables a la ferrure a froid. Ainsi, sur 9,212 fers posesä froid pendant une ann6e , 18 seu-lement ont 6te deplaces , casses ou perdus. Le rapport serait de 1 sur 512, ce qui est un bon resultat.
Mais il faut observer qu'a l'ecole de eavalerie, les chevaux n'ont a marcher que sur les terrains du manage ou sur ceux qui servent aux manoeuvres.
En regard de ces r6sultats, M. Ambert cite une autre expferience faite dans un regiment : laquo;Les chevaux, dit-il, raquo; y sont ferrts a neuf tous les mois ou tous les frente-raquo; cinq jours. Ce regiment a 650 chevaux. Tous les raquo; mois, 55 a 60 chevaux se d6ferrent dans les pro-raquo; menades ou manoeuvres ; en d'autres termes , les raquo; chevaux ne marchent pas une heure sans perdre un raquo; fer. Avec le Systeme de ferrure a chaud, le mfeme raquo; rfegimentperdaitun fer dans une route de huit Stapes.raquo;
14
-ocr page 220-
M
200
Void le rfisultat d'autres experiences faites h Sau-mur,du22 septembre 1841 au 5 octobre 1844, et qui ont donne des resultats d6favorables ä la ferrure ä froid.
Pendant ces trois ans, tons les bipedes diagonaux montoir des chevaux de l'fecole ont 6tfe ferrtss a froid, et tons les bipedes diagonaux hors montoir l'ont 6t6 ä chaud; pendant ce temps, il a 6t6 perdu 386 fers sur 22,579 qui avaient 6t6 pos6s a froid, tandis que, sur le mfemenombre 22,579 qui avaient 6t6 possect;s ä cbaud, on n'en a perdu que 123 , c'est-ä-dire que, dans le premier cas , il y en a eu 1 sur 58, tandis que, dans le second, on en a comptö 1 sur 183 (1).
Voyons quels sont les partisans de Tun ou de l'autre de ces systemes de ferrure.
La ferrure a froid devrait avoir de nombreux parti­sans si eile 6tait vraiment pröftrable; mais il n'en est rien.
M. Riquet la considere comme lameilleure. D'apres lui, le nombre de pieds nus , par suite de fers perdus, n'est pas de beaucoup sup6rieur pour la ferrure a froid que par le fait de la ferrure a chaud.
Les rapports des vötferinaires de l'armfee ont 6t6 quel-que pen favorables a la ferrure a froid dans les pre­miers temps de son emploi. Aujourd'hui, c'est I'opinion contraire qui domine.
Consultons la maniere de voir des officiers de cavale-rie qui ont fetudi6 cette question.
Nous les voyons rester fideles a la ferrure a chaud.
(1) Bartheixmt jeunc. Äecweraquo;, 18*6, p. 231.
w
Hi**
|i
I
I
11
H'.
i
I
ti;
#9632;
V
I
-ocr page 221-
201
M. le colonel Ambert adopte les conclusions suivan-tes dans un memoire qu'il a publie sur cette question :
raquo; 1deg; La ferrure ä chaud, qui est un progres de la raquo; ferrure a froid, ne präsente aucun danger, aucun raquo; inconvenient, quand eile est convenablement prati-raquo; quee.
raquo; 2deg; La solidity de la ferrure a cbaud 6tant plus grande raquo; que celle de la ferrure a froid, I'ouvrier ayant plus de raquo; facility pour ferrer ä chaud qu'a froid, la premiere raquo; exigeant moins de temps que la seconde pour 6tre raquo; ex6cut6e, nous pensons que dans I'armee, comme raquo; partout ailleurs, il faudrait donner la preference ä la raquo; ferrure a cbaud.raquo;
Lafosse , Bourgelat, Cbabert, Gohier, Rainard, ont adopts la ferrure ä cbaud; ils ne conseillent la ferrure a froid que dans des circonstances exceptionnelles.
Nous adoptons completement la maniere de voir de ces bommes distinguös, dont la plupart ontconsacr6 une partie de leur vie ä l'ötude de l'art du martcbal.
D'apres M. Girard, Chabert n'aurait 6te partisan ni de la ferrure a froid, ni du podometre. Or, Cbabert 6tait competent pour cette question; il avait 6t6 garcon niarechid avant d'etre directeur de l'öcole d'Alfort.
M. Reynal croit qu'en tb6orie comme en pratique, la ferrure a cbaud, convenablement pratiqu^e, est prefe­rable sous tousles rapports a la ferrureä froid; il pense quele calorique est nöcessaire a la solidite de la ferrure.
M. Delafond a retire de ses experiences les conclu­sions suivantes:
laquo; La ferrure ä cbaud et la ferrure a froid sont deux raquo; ferrures rationnelles; toutes les deux ont des avan-
-ocr page 222-
ii
202 raquo; tages et des inconvönients plus ou moins serieux. La raquo; ferrure ä chaud, ayant moins d'inconvenients que la raquo; ferrure a froid, doit figurer en premiere ligne dans raquo; la science et dans la pratique de la marfechalerie. La raquo; ferrure a froid ne doit pas cependant fetre consid6r6e raquo; comme une ferrure exceptionnelle (1). raquo;
M. H. Bouley considere la ferrure a chaud comme etant, a tous 6gards, absolument pr^ftrable k la ferrure a froid , quels que soient les moyens dont on se serve jamais pour I'appliquer (2).
Dans une reunion de la Societö centrale de M6decine v6t6rmaire, M. Renault a exprime I'opinion suivante:
Pourlui, enprincipe, la ferrure a froid est prefe­rable a la ferrure a chaud (il a developp6 cette idee dant le courant de la discussion); mais, malheureuse-ment, la ferrure a froid est encore imparfaite dans son application; les moyens conseill6s jusqu'aujourd'hui, ne lui paraissent pas rsect;unir les conditions de solidity, d'6conomie , de rapiditö , d'ex^cution nfecessaires pour rendre cette ferrure usuellement praticable; en conse­quence , la ferrure a chaud est aujourd'hui celle qu'il faut pr6f6rer.
Cependant il y aurait imprudence et t6m6ritsect; a engager I'avenir; il faut le r6server. Peut-6tre qu'un jour les moyens de pratiquer la ferrure a froid seront assez parfaits pour permettre de substituer definitive-ment ce systeme, qui est le plus rationnel, a celui qui est adopte le plus g6n6ralement aujourd'hui. La Soci6t6
im
m
11
I''
p
iii
::
(1)nbsp; O. Delafond. Recueil de Midecine viUrinaire, 18*5, p. 982.
(2)nbsp; H. Bouley. Recueil deMideeine viUrinaire, 1846, p.'175.
t
ii
-ocr page 223-
203 ne doit done pas prononcer definitivement la con-damnation de la ferrure a froid; eile iraittrop loin. Enfin , dans la stance du 12 ftvrier 1846, la Soci6t6 centrale de Msect;decine v6t6rinaire, conipos6e certaine-ment des hommes les plus comp6tents sur cette question , a adopts les conclusions suivantes , auxquelles nous adhörons de toutes nos forces :
CONCLUSIONS.
raquo; La Soci6te declare : 1deg; Que la ferrure a chaud est raquo; incontestablement supörieure ä la ferrure ä froid, raquo; executee par les proeödes conseilles et mis en usage raquo; jusqu'ä ce jour, en ce sens qu'elle permet toujours ä raquo; l'ouvrier de confectionner le fer pour le pied, regie raquo; fondamentale de toute bonne mar6chalerie , avantage raquo; immense que la ferrure a froid ne pent representer;
raquo; 2deg; Que la ferrure a froid, praliquee au moyen des raquo; proc6d6s actuellement connus, en ineme temps qu'elle raquo; est d'une execution genöralement plus difficile et plus raquo; longue et, par cette derniere raison , plus dispen-raquo; dieuse, est gönferalement moins solide et moins raquo; durable;
raquo; 3deg; Mais neanmoins que, pratiquöe convenablement raquo; par une main habile, la ferrure a froid peut felre mise raquo; en usage sans trop de dangers et meme utilement dans raquo; quelques circonstances eocceptionnelles;
raquo; 4deg; Que les inconvenients reproches a la ferrure raquo; a chaud sont 6galement applicables ä la ferrure ä raquo; froid , excepte toutefois la brülure de la sole;
-ocr page 224-
t
204 raquo; 5deg; Que ce dernier accident, d'ailleurs tres rare, ne produit presque jamais les funestes effets qu'on lui a attribues;
raquo; 6deg; Qu'il n'existe, par consequent, aujourd'hui, aucune raison plausible et valable pour substituer la ferrure a froid a la ferrure a cbaud; raquo; 7deg; Enfin, que les avantages attribute a. la ferrure dite podomitrique, notamment celui qui permet de pr6parer les fers d'avance, en Tabsence des chevaux, et de les appliquer hors des ateliers, ne sont pas suffisamment d6montr6s, et que, dans tons les cas, le fussent-ils, ils ne pourraient compenser les incon-v6nients inbörents äce proc6d6 (1). raquo;
(1) Recueü de Midecine vHirinaire, 1846, p. V7(i.
.S:
ft
-ocr page 225-
CHAPITRE XIV.
DES REGLES DE LA FERRURE ET DES CONSEQUENCES DE LEUR INOBSERVATION.
Sommaire. — Regies de la ferrure. — Ferrure vicieuse et ses mauvais effets : action d'enlever le vieux fer; maniere de parer le pied; conditions particultäres des fers; action de fixer le fer.
I1EGLKS DE LA FERRURE.
La ferrure consiste ä appliquer sous le pied du cheval un croissant en fer qui laquo;mpeche l'usure de la corne sans nuire aus conditions physiologiques n6ces-saires pour l'integrite des mouvements.
Une bonne ferrure doit conserver au pied sa forme primitive et normale, n'apporter aucun obstacle ä l'ßlasticitö de cette partie et concourir ä la conservation des aplombs.
C'est par une connaissance exacte du sabot et des parties qu'il contient qu'on arrivera ä ces resultats.
-ocr page 226-
i
206
11 y a des principes a assigner relativement aux diverses operations dont la ferrure se compose. Parmi ces operations, les plus importantes sont celles qui consistent dans la preparation du fer et 1'action de parer le pied.
La preparation du fer doit fetre faite d'apres des prin­cipes rigoureux. C'est ici surtout qu'il ne faut pas oublier ce vieux precepte qui recommande de preparer le fer pour le pied et non pas de modiöer le sabot pour qu'il s'adapte au fer. II faut que le fer reproduise le bord inferieur de la paroi et protege une certaine eten-due de la sole sans exercer la moindre pression sur cette partie.
En donnant au fer la tournure et l'ajuslure conve-nables, on aura egard a la nature de la corne, a la forme du pied, aux allures, aux aplombs du cbeval.
Ainsi, en comparant la ferrure des pieds de devant avec celle des pieds de derriere, on trouve de grandes differences dictees par la necessite. II importe avant tout de conserver l'elasticite des membres anterieurs; or, comme cette elasticite reside principalement dans les parties posterieures du pied, on a la precaution de rapprocher les etampures de la pince, de les eloigner des talons pour laisser plus de liberte a ces dernieres regions. Dans les membres posterieurs l'elasticite est moins utile , eile y est moins developpee; aussi les etam­pures des fers qu'on leur adapte peuvent, sans incon­venient, etre disseminees a des intervalles plus reguliers.
Les bons principes de la ferrure consistent a eviter les vices ou defauts qu'elle pent presenter dans la pra­tique. L'examen auquel nous allons nous livrer va nous
m
ilt;i
Ei '^ I I #9632;
M
H
h D
j
n
-ocr page 227-
207 fournir l'occasion de rendre plus completes les recom-mandations a faire sous le rapport de l'application du fer.
DE LA FERRURE VICIEÜSE ET DE SES MAÜVAIS EFFETS.
La ferrure peut etre döfectueuse sous bien des rap­ports. Ses dcfauts ont certainement une influence fächeuse surlepied etcontribuentä augmenter les defor­mations auquelles le sabot est predispose, memo par une ferrure normale.
Le plus souvent les dfefauts de la ferrure sont le resultat de l'ignorance des ouvriers charges de l'appli-quer; quelquefois ils sont dus ä leur incurie , a leur paresse; enfin, on peut les attribuer ä l'adoption d'un Systeme irrationnel.
Les vices qu'on reproche ä la ferrure sont relatifs ä diverses operations.
Nous devons considferer : 1deg; l'action d'enlever le fer; 2deg; la maniere de parer le pied; 3deg; les conditions par-ticulieres des fers; 4deg; l'action de fixer le fer sur la paroi.
1deg; Action d'enlever le vieux fer. — Cette operation, qui parait fetre trös simple, devient quelquefois la source de deteriorations faciles ä eviter.
Si le fer est arrache avec precipitation, sans que Ton ait prealablement enleve les rivets des clous qui le fixent, il en resulte la traction violente et la separation de quelques parties de la paroi, un ebranlement dou­loureux du pied, la distension des articulations de la
-ocr page 228-
•k.':
208
couronne et du boulet. Les souches ou vieilles lames
qu'on laisse dans la paroi impriment aux nouveaux
clous une mauvaise direction.
Lorsqu'on doit ferrer plusieurs pieds, il faut n'enle-
ver qu'un fer apres l'autre, et les remplacer immödiate-
ment, si la corne est fragile et de mauvaise nature , si
le cheval est impatient, difficile a ferrer, s'il craint les
mouches qui le porteraient a s'agiter, a frapper le sol.
Sans cette precaution, le pied devient derobe. Mais
quand la corne est dure, de bonne nature, on peut
d6ferrer les pieds deux a deux.
2deg; Maniere de purer le pied. — Elle merite une grande attention de la part du mar6chal.
Quand on n'enleve pas l'excödant de corne dans de justes limites, le pied devient certainement d^fectueux; il reste trop volumineux ou devient Crop petit; il est inegal, de travers.
Le pied qu'on n'a pas assez par6 conserve des dimen­sions trop considerables; si la ferrure n'est pas bientöt renouvelee, ilenr6sulte surtout un exces de longueur qui nuit ä la solidity des aplombs, ä l'integrite des articulations, des tendons et des gaines tendineuses.
Le sabot rendu trop petit parce qu'on a trop abattu de corne, le fer est applique trop pres des parties vives; il y a une g6ne marquee dans les mouvements; la corne se desseche facilement; les corps fetrangers qui s'intro-duisent sous le fer causent des contusions de la sole.
On dit que le pied est inigal, de travers, lorsqu'un des cöt6s est plus sect;lev6 que l'autre. II arrive que le c6t6 le plus pare et le plus faible Supporte unpoidsplus
It'
i
quot;A ' 1
-ocr page 229-
209 considerable et devient une cause de fatigue ; les arti­culations voisines sont douloureuses ; I'animal est expose ä se couper.
En supposant le sabot par6 ägalement dans toutes ses parties, il faut lui donner la meine longueur qu'au pied oppose du meine bipede, soit anterieur, soit poste-rieur.
II sera utile de ne pas negliger le degre de hauteur donne comparativement aux diverses parties d'un meme pied. 11 ne suffit pas que les deux quartiers aient la meme elevation, il faut encore tenir compte du rap­port des parties anterieures avec celles qui sont situees en arriere.
Ainsi, lapince trop longue rend les talons bas et cause des tiraillements dans les tendons. Trop raccourcie , eile donne trop de hauteur aux talons et dispose le cheval a etre droit du devant, a s'abattre ; eile le rend pingard ourampin.
Ici, nous devons rappeler les recommandations dejä faites, qui prescrivent de parer a peine la fourchette , de menager les arcs-boutants, de ne pas enlever avec la rape le vernis protecteur de la paroi.
3deg; Conditions particulieres des fers. —Les fers peu-vent offrir des del ants nombreux et produire sur le sabot du cheval des effets funestes.
Sous ce rapport, il faut tenir compte du poids du fer, de ses proportions, de la disposition de ses etam-pures , de son ajusture et de ses appendices.
a. Poids du fer. — II ne faut pas oublier que le poids du fer qu'on applique sur le pied exerce sur les allures
-ocr page 230-
%'
li
210 de l'aaimal une iafluence fächeuse , en le rendaat plus lourd. Sous ce rapport, beaucoup de marfechaux coinpromettent la solidite des membres , soit parce qu'ils n'ont pas l'babitude de forger des fers I6gers , soit parce qu'ils out quelque inierei ä ce que ces fers durent le plus long temps possible.
Quelque l6ger qu'il soit, le fer augmente la resis­tance du bras de levier que les muscles flfechisseurs et extenseurs du piedsont destines a mouvoir. II vaudrait mieux certainement ajouter an fardeau que I'animal doit trainer ou porter un poids dix fois plus considera­ble que celui represents par la ferrure, si cette der-niere n'6tait commandöe par une absolue necessity.
Le fer peut etre trop fort ou trop faible.
Le fer trop fort est trop lourd. II est facilement arra-che et perdu , ce qui expose le cheval a marcher sur le pied nu. Pour fixerunfer de ce genre, il faut employer des clous a lame plus Spaisse , ce qui expose a gfener le pied, ädetöriorer la come, etäproduire, soit des seimes, soit des avalures. Le cheval dont les fers sont trop forts se fatigue davantage; il est plus expose a se couper. Cependant il est des cas dans lesquels le marshal est oblige d'appliquer des fers fortement Spais; ils sont necessaires pour les sujets qui travaillent sur le pave at qui ont le defaut de trainer les pieds en trottant. Dans les services d'omnibus, on voit des chevaux qui en dix ä douze jours coupent en pince des fers tres forts j pour eux , une ferrure legere ne durerait pas assez ; le renouvellement de cette ferrure, trop fr6quemment repfete, aurait bientöt deteriore la corne au point de rendre impossible l'implantation des clous.
(
w
f
-ocr page 231-
2(1
Le fer trop faible ou trop I6ger a l'avantage de ne pas surchargerle pied et de faciiiter les mouvements du cheval. II a I'incou venient de s'user trop vite , de se plier en diiT^rents sens et de fausser l'ajusture. Ce fer oblige a renouveler fr^quemment la ferrure; ii expose I'animal aux contusions de la sole. Pour les chevaux aux allures lentes destines au service du trait, ces inconve-nients sont tres graves ; ils sontpeu prononcös pour les chevaux legers et pour ceux dont on exige peu de travail.
b. Proportions des fers. — Sous le rapport des pro­portions , les fers peuvent 6tre defectueux relativement a I'^paisseur, la largeur et la longueur qu'ils doivent presenter.
1deg; Relativement k I'epaisseur, le fer est trop epais ou trop mince; ii pent 6tre inegal, mal uni dans ses diverses parties.
Le fer trop epais a les memes inconvenients que le fer trop fort. 11 a, de plus, le dfeavantage d'allonger le bras de levier reprsect;sentsect; par la region digitöe et de nuire aux allures, en exposant I'animal ä buter, a raser le tapis, a atteindre les membres anterieurs avec les pieds de derriere, etc. Si le maredial pare le sabot pour 6viter les consequences d'un exces de longueur, il est oblige de l'affaiblir outre mesure. Quelquefois les marchands font appliquer des fers epais a leurs chevaux pour leur donner plus de taille.
Le fer trop mince a les döfauts du fer trop l6ger.
Si le fer est inegal, les parlies les plus faibles s'usent plus promptement que les autres, le sabot prend une fausse direction , le pied devient panard ou cagneux, il
-ocr page 232-
11:,
I
212 se ren verse trop en a van I ou en arriere , comme si la come avail fet6 paree in^galement.
2deg; Quant a la largeur, le fer defectueux est trop grand ou trop petit, trop convert ou trop ilroit.
Un fer trop grand garnit trop autour de la paroi; il expose le eheval a se couper. II a, en outre, I'inconvfe-nient de pouvoir fetre perdu plus facilement. Une forte pression sur la partie qui forme la garniture du cöt6 externe est susceptible de l'arracher avec violence, en enlrainant une partie de lacorne. Combien de fois ne voit-on pas la pression produite par la roue d'une voiture arracher le fer et le sabot du cbeval? Get acci­dent est encore plus common pour l'äne et le mulet, dont la ferrure presente un exces de largeur.
Le fer trop petit ou trop juste gene les mouvements du pied. 11 favorise le resserrement de la corne et diminue le volume du sabot. Dans une ferrure trop juste, le marfecbal doit enlever avec la rape I'excedant de corne qui d6passe le fer; la paroi ayant alors moins d'6paisseur, le cbeval est plus expos6 a 6tre encloue. C'est alors aussi qu'on reconnait le mieux les inconvö-nients de l'ajusture frangaise disposee en bateau, c'est-ä-dire la pression du fer sur la paroi de debors en dedans et le resserrement du pied.
On dit que le fer est trop convert, lorsqu'il a trop de largeur dans ses diffferentes parties et recouvre une trop grande 6tendue de la surface inftrieure du sabot. II a rinconv^nient d'fetre lourd; si son ajusture n'est pas assez prononcöe, il comprime la sole; des graviers ou autres corps strangers s'introduisent entre la corne et sa surface superieure et deviennent une cause
i
11
uv
m
i li!
*
-ocr page 233-
213 de douleur. Ce fer rend les allures incertaines en facilitant les glissades. Cependant il est des cas excep-tionnels qui r6clament des fers couverts meme ä l'exces; tels sont le pied plat, le pied comble, le pied alt6r6 par la fourbure.
ün fer trop ilroil n'est pas assez couvert; il ne pro-töge pas une assez grande surface du pied et fait que la sole est trop exposöe aux contusions produites par les asp6rit6s du sol; il ne präsente pas assez d'etendue pour donner aux allures la solidite qu'on doit rechercher, parce qu'il diminue labase de sustentation.
3deg; Enfin, sous le rapport de la longueur, le fer pent fetre trap long ou trap court relativement au pied sur lequel on l'applique.
S'il est trop long, il augmente la pression que les talons doivent supporter. Le cheval est plus expose ä se d6ferrer, ä forger en 6ponge. Une ferrure trop longue nuit ä la vitesse en retardant le lever des extr6mit6s.
Un fer trop court ne protege pas assez les parties post6rieures du pied; il rend la marche incertaine; il accelere les allures en forcant Tanimal ä lever les pieds plus promptement; sous son influence, les tendons et les articulations se fatiguent davantage , parce que le poids du corps est rejete plus en arriere que dans le cas d'une ferrure rationnelle.
c, Etampures. — Quelques defauts du fer sont le rfesultat d'une mauvaise disposition des 6tampures.
Elles sont placees trop ä gras ou trop ä maigre; elles peuvent fetre disposees inegalement; leur volume est plus ou moins prononcö.
Placees trop ä gras, c'est-ä-dire trop pres du milieu
-ocr page 234-
i
214 de la branche du fer , elles forcent ä brocher les clous plus pres des parties vives et exposent ä piquer, ä en-clouer le cheval.
Dispos6es trop a maigre ou troppres dubord extamp;ieur du fer, elles ne permettent pas d'embrasser avec les clous une epaisseur süffisante de la paroi; la . corne s'6raille facilement, la ferrure a peu de solidit6.
Si lesetampures sontdistribuees infegalement, elles se trouvent trop rapprochöes sur quelques points , forte-ment 6loign6es sur d'autres. Trop rapprochöes, elles font 6clater la corne ; leur 6loignement les rapprocbe trop des talons et nuit a l'ölasticitö du pied.
Lorsque l'ötampure est trop grande , sa cavitfe n'est pas remplie par la tete du clou; le fer ne pent 6tre fixe solidement. Trop petite , eile ne pent recevoir la tele du clou, qui forme alors une saillie trop prononc6e et se casse facilement. .
d.nbsp;Ajmture. —Nous avons dejä fait ressortir toute I'importance d'une bonne ajusture, la forme , les pro­portions quelle doit avoir. Les d6fauts qu'on observe quelquefois dans l'ajusture, et qui out kik exposes, ont des consfiquences facheuses pour l'integritö du pied et la conservation des aplombs.
e.nbsp; Appendices des fers. —Les crampons auxquels on donne une fausse direction, un volume inegal, faussent les aplombs; ils ont, en outre, l'inconv^nient de faire supporter une plus grande partie du poids du corps par les regions auxquelles ils correspondent.
4quot; Action de faire porter le fer et de le fixer. Faire porter le fer, c'est le presenter sur le pied pour voir s'il
!'
^
Hi
i' '
p i u
#9632;
-ocr page 235-
215 a les proportions näcessaires. Nous avons examine les deux systemes qui out 6t6 employes a cet 6gard, la ferrure a. froid et la ferrure a chaud : c'est ä la der-niere que nous avons accords la preference.
Quand le fer est adapts sur le pied, on dit qu'ii porle bien on qu'il porle mal, suivant qu'il est plus ou moins bien en rapport avee sa surface.
Le fer porte Men lorsqu'il est en contact avec tout le contour du Lord införieur de la muraille; il porte mal quand il n'est pas en rapport avec tons les points de ce mime contour. II en r6sulte un dfefaut de solidit6. On dit que le fer porle sur la sole, quand il prend un point d'appui sur cette derniere partie, qu'il ne tarde pas a meurtrir, a contusionner; de lä des ecchymoses, desbleimes et des claudications plus on moins intenses.
—Pour fixer le fer sous le pied du cheval, on se sert de clous qui n'ont pas toujours les conditions a rechercher.
Les clous trop gros ou trop forts occupent trop de place dans la paroi; ils font sect;clater la corne et produi-sent des avalures , des seimes; ils serrent les parties vives; ils forment des rivets trop saillants, qui causent des atteintes.
Trop faibles ou trop minces, les clous se coudent en pfen^trant dans la corne et gönent l'animal; ils ne fixent pas le fer avec assez de solidity.
Les clous trop longs penetrent difficilemcnt dans la paroi sans se courber; trop courts, ils ne peuventfitre brochfes assez haut.
Quelques d6fauts de la lame des clous peuvent deve-nir la cause d'accidents. Un clou mal affüe prend une
15
-ocr page 236-
'Ill:
216 fausse direction ; une lame pailleuse se divise dans le pied, Messe les parties viveset produitce qu'on nomme une relraite.
Les totes des clous doivent presenter un volume pro-portionnelaux ötampures qui les regoivent; trop petites, elles ne fixent pas le fer solidement; un gros volume les expose a fetre cassees plus facilement.
Quand on les implante dans la corne , les clous pen-vent 6tre broches trop haut ou trop has; dans le pre­mier cas, ils gfenent ou blessent les parties vives; dans le second cas, le fer a pen de solidity.
On dit que Ton broche trop gras, lorsqu'on prend trop d'öpaisseur de corne en enfoncantle clou; bracher meagre, e'est l'implanter pres du bord de la paroi.
Les rivets ne seront m trop longs, ni trap faibles; trop longs, ils se relachent facilement, ils exposent le cbeval a se couper; trop faibles, ils ne resistent pas aux reac­tions eprouvees par le sabot.
— Nous venons d'fenumerer les defauts les plus pro-nonces qui peuvent se presenter dans l'emploi de la ferrure.
Leur examen demontre suffisamment toutes les diffi-cultes inberentes äl'art du marecbal.
m
#9632; I
I
-ocr page 237-
CHAPITRE XV.
NfiCESSITE ABSOLUE DE LA FERRÜRE DU CHEVAL. — SES INCONVENIENTS.—MOTENS PROPOSES POUR Y REMEDIER.
Sohmaire— N6cessil(5 absolue de la ferrure. — Changements pro-duits par la ferrure dans la forme du pied du cheval. — Autres dete­riorations produites par la ferrure. — Inconv^nients de la ferrure— Moyens proposes pour y remidier.
NECESSITE ABSOLUE DE LA FERRÜRE.
De mamp;me que toutes les döcouvertes les plus utiles, la ferrure a 6t6 regardfee par epielques auteurs comme une innovation ßkcheuse.
Parmi ceux qui ont ni6 les avantages qu'on en retire, nous devons citer en premiere ligne le professeur Grognier, dont les opinions sur ce point ont 6t6 fort exag6r6es.
Parlant de l'origine de la ferrure, il s'exprime en ces lermes : laquo; Nous ne saurions assignor d'une maniere
-ocr page 238-
mi.
218 xgt; precise l'öpoque oü a 6t6 invent6e la ferrure a clous. raquo; Tout porte a croire qu'elle fut celle oü s'feteignirent raquo; en Europe les sciences, les lettres et les arts. L'inven-raquo; tion est digne de l'öpoque (t). laquo;
Dans un autre ouvrage, le meme auteur, parlant de Fhistoire de la ferrure , 6inet les r6flexions suivantes :
laquo; C'est done la mode, le luxe plutot que la nöces-raquo; sit6, qui a introduit l'usage de ferrer les chevaux. Si raquo; la ferrure etait nöcessaire a ces quadrupedes, la raquo; nature les aurait fait naitre ferr6s j la faiblesse de raquo; leur ongle, les difformitös et les maladies qui le d6fi-gt;gt; gurent et l'alterent, voilä le r^sultat d'une pratique raquo; qui semble n'avoir et6 institute que pour la conser-raquo; vation d'un organe ddicat. L'effet le plus pernicieux raquo; de la ferrure est d'avoir rendu les fers nöcessaires aux raquo; pieds des chevaux (2). raquo;
Les principaux arguments qu'on a fait valoir contre l'emploi de la ferrure sont de peu de valeur.
Les chevaux sauvagescourent, dit-on, sur les routes, sur les cailloux , les rochers, et cependant leurs sahots conservent leur intfegrite. On pent repondre a cela que ces chevaux ne vont se plaindre a personne quand un exces d'usure de Tongle les empfeche de courir; qu'ils ne sont pas soumis a des services rfeguliers et de longue dur6e; que leur come a plus de duret6 que chez les animaux soumis ä l'ötat de domesticity.
11 .',
J
#9632;#9632;'
W
(i) Groggier, Notice historique et raisonnee sur Bourgelat. f^yon, 1833, p. 336.
(2) Grocsier. Prtcis d'un Coins d'liygidne viUrinaire. Lyon, 1R0S , p. IM.
, !
-ocr page 239-
219 Grognier a dit que la nature n'avait pas produit les chevaux avec des fers sous les pieds. Cela est vrai. Mais la m6me observation pent s'appliquer aux harnais, aux divers instruments qu'on emploie pour dompter les animaux afin d'en tirer quelque parti. Si la nature n'a pas muni de fers les pieds des chevaux, nous avons bien quelque raison de les appliquer pour empfecher I'usure de la corne.
Dans quelques locality les chevaux ne sont pas ferres, soit parce que la ferrure n'y est pas connue, soil parce que les chevaux out la corne ties dure ou ne sont pas soumis a des travaux penibles.
Si , dans l'amp;at de nature , les pieds offrent assez de resistance, il n'en est pas de möme pour les animaux qui sont utilises dans les rues pavees de nos villes ou sur les grandes routes pav6es ou macadamis^es; leur corne ne pourrait r6sister longtemps a I'influence d'une longue course. Qu'on observe le cheval quis'estdeferre accidentellement, et Ton verra qu'il est bientot dans l'impossibilitä de marcher.
On a aussi reproche a la ferrure ses inconvenients , les accidents nombreux qu'elle produit; cela ne prouve rien contre son utility.
Pour nous, nousconsiderons l'application du fer sous le pied comme le seul moyen de proleger la corne et d'utiliser le cheval.
CHANGEMENTS PRODUITS PAR LA FERRURE DANS LA FORME DU PIED DÜ CHEVAL.
Si I'emploidcln ferrure du cheval prcsente dc grands
-ocr page 240-
Ill
I
220 avantages, il oflfre aussi des inconvfenients dont Tin-fluence devient surtout apparente quand rapplication du fer est faite sans discernement. Alors des dfetferiora-tions se produisent dans I'appareil qui compose le pied.
La forme naturelle du sabot est modifi6e m6me par une bonne ferrure.
Bracy-Clark a fait des experiences sur cette ques­tion (1). 11 a moule avec du plätre un pied de devant d'une jument anglaise, ägfee de cinq ans , qui n'avait jamais 6tfe ferrfee, et qu'on avait laissfee courir jus-qu'alors en toute liberty.
Au moment oil le pied fut ferre pour la premiere fois, les talons et les glömes de la fourchette fetaient plus arrondis et plus d^veloppes que d'ordinaire; rien n'avait du gfener leur accroissement.
Une ann6e apres que le pied eut 6t6 soumis a I'in-fluence de la ferrure pratiqu6e par de bons ouvriers, Bracy - Clark prit une seconde empreinte et fut frapp6 de voir la diminution sensible de volume, surtout dans les parties qui jouissent le plus de l'ölasticitö.
II observa un commencement de maigreur et de diminution g6nsect;rale du pied tout h fait apparentes. Les barres etaient plus rapprocbfees de la fourcbette et plus perpendiculaires. Le pied avait perdu de sa largeur; il n'avait pas 6t6 modifte dans le sens de la longueur. Le corps de la fourcbette avait perdu de sa rotondit6; son tissu avait pris plus de consistance. La concavit6 de la sole Mail plus pronoucee.
m
(1) Bmcv-CiARK. Recherches sur la construction du saboQdu cheval.
( !
-ocr page 241-
#9632;2-21 Get auteur fait remarquer que le resserrement du pied ne peut 6tre attribu6 au s6jour du cheval dans I'^curie, et qu'on observe cette diminution de volume dans las chevaux de poste et dans tons ceux qui sont destines a un service actif.
Pour prouver que le pied ainsi resserrö est d6fec-tueux, il donne le conseil d'öter le fer et de faire parcourir ä l'aniiual quelques milles seulement. Bientöt, avant que la come soitus^e jusqu'au vif, lepied devient chaud, douloureux, et le sujet boite. U paraitque les parties 6lastiques, condamnfees ä un etat de repos et diminu£es, ne peuvent plus etre mises en action sans souffrir. Bracy-Clark n'attribue pas la douleur a la duret6 des surfaces du terrain, cette durete 6tant moindre que celle du fer, mais aux efforts violents qui ont lieu pour l'expansion des diffferentes parties du sabot et que la diminution des parties 6lastiques ne permet plus.
Voici les changements observes dans le m6me pied apres la seconde ann6e de la ferrure : les quartiers etaient encore plus r6trecis, la fente de la fourchette plus 6troite et plus longue; le pied avait augments de longueur dans le sens du diametre antero-posterieur , et surtout de la pointe de la fourchette a la pince.
A la fin de la troisieme ann£e de ferrure, une nou-velle empreinte du pied de cette jument demontra que le sabot avait plus de largeur que dans l'annöe prec6-dente. Bracy-Clark, cherchant a se rendre compte de ce resultat, apprit que le propriamp;aire, effraye des mauvais effets de la ferrure , avait fait deferrer la jument, I'avail raise au vert pendant quelque temps, ce qui avait donne une augmentation de volume du pied.
-ocr page 242-
1:/ III'
*nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;222
L'empreinte du mSme pied prise un an plus tard demontia un resserrement douloureux. A ce degr6, I'^lasticit^ des parties Constituantes du sabot etait nulle.
En (in, l'empreinte, prise apres cinq ann6es de ferrure pr6senta le pied priv6 de ses formes naturelles et consid£rabIement diminuä.
Ces experiences, fort interessantes, nenousparaissent pas assez concluantes. Elles ontet6 faitesavec la ferrure anglaise (I). II eüt fallu les rfepeter sur plusieurs chevaux. De plus, il eüt 6t6 utile de comparer les empreintes d'un pied non ferr6 sur un cheval qui aurait 6t6 soumis aux memes conditions que celui dont Bracy-Clark rapportel'histoire.
On peut se demander si le resserrement du pied est le resultat de l'application du fer ou s'il n'est pas plus-tot la suite de la fatigue caus6e par le travail. Ce qui nous porterait assez a pencher vers cette derniere hypothese, c'est que les modifications qui viennent d'etre attributes a la ferrure sont identiques , toutefois ä un moindre degrö, avec celles qui sont produites par la fourbure.
Cette derniere maladie, qui a son stege dans le tissu reticulaire du pied , cause fr6quemment la deformation du sabot, son r6tr6cissement, son allongement dans le sens antero-post6rieur et la disposition en forme de bateau de sa face inferieiire.
—Quoiqu'il en soit, lesmauvais effets reprochös a la ferrure ne se font pas ögalement sentir sur les pieds de
fa
ilaquo; 1;
III- '
f i
ff f #9632;'
1| I;
(1) Voyez les inconvenicnls de cede ferrure au chapitre sur la ferrure Mrangere.
w
-ocr page 243-
223nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;J
formes differentes; ils varient aussi suivant les ages, le genre de service , etc.
On a dit que les pieds plats souffrent beaucoup moins de la ferrure; c'est une erreur. II est vrai que ces pieds n'ayant presque pas d elasticity , la ferrure ne peul pas leur fetre nuisiblc en empechant leur mouvement de dila­tation ou de contraction. Mais personne n'ignore que les pieds plats exigent beaucoup plus de soins pour I'ap-plication du fer, qu'ils deviennent fr^quemment le si6ge de boitcries intenses, parce que leurs talons sont fort exposes a etre contusionnes et a contracter des bleimes. Disons cependant que le pied plat est un de ceux pour lesquels la ferrure est d'une necessile absolue.
Les alterations du pied arrivent plus vite dans les chevaux ferr^s jeunes et se d6veloppent bien plus rapidement.
Les chevaux de trait en souffrent moins que ceux destines a des services rapides.
Godwin n'admet pas tons les reproches faits par Bracy-Clark a l'emploi de la ferrure (1); voici son laisonneraent: laquo; Si, comme le pretend M. Clark , le raquo; fer et les clous empechent l'expansion naturelle du raquo; sabot et sont regards comme la source de tant de raquo; maladies, je lui demanderai comment il se fait que les raquo; pieds de derriere en soient exempts, puisque le fer raquo; et le clou exercent sur eux la meme pression et la raquo; mamp;ne contrainte que sur ceux de devant, et peut-raquo; etre encore davantage. raquo;
Enfin, nous ferons observer qu'on cxagere les mau-
(1) Godwin. Guide du WitMnaire el du Maröchal Paris, J827.
-ocr page 244-
il
ill öllaquo;,
iiii,
f.ip
224 vais effets de la ferrure, parce qu'on ne lieul pas assez compte de l'usure du cheval resultant d'un service toujours plus penible que son existence a l'^tat sauvage.
AÜTRES DETERIORATIONS PRODÜITES PAR LA FERRÜRE.
Nous venons d'exposer que le pied s'allonge et se resserre sur les cotfes. C'est ce que tendent a prouver les observations de Bracy Clark, cities plus haut.
Lorsque cette deformation est assez marquee , il en resulte des döfauts prononc6s dans les allures; les mou-vements sont genös et ne se döveloppent qu'ä mesure que le sujet s'echaufie. Le cheval est exposö ä raser le tapis, a buter; on dirait qu'il marche sur des 6pines.
On a encore reprochfe ä la ferrure d'autres döforma-tions partielles, qui sont les suivantes :
1deg; Resserrement des talons. — Les talons se rappro-chent; ils deviennent douloureux; I'animal cherche alors a faire son point d'appui sur la pince, cette partie etant celle qui souffre le moins de la ferrure. Pendant la progression, il 6leve pen le pied au-dessus du sol pour 6viter des mouvements etendus et une percussion douloureuse. On dirait qu'il souffre des epaules.
2deg; Alteration des feuillels de come. —Les feuillets du pied ferre depuis quelque temps sont moins larges , moins 6lastiques que ceux deschevaux quin'ontpas et6 ferres. 11s adherent fortement dans quelquespoints avec le tissu podophylleux; souvent on constate cette adhe­rence en pratiquant l'operation de la seime et du javart encorn6.
I''
I
IV
i
-ocr page 245-
225 3deg; Deformation de l'os du pied. — L'os du pied dimi-nue de volume; on dirait qu'il se deforme par l'effet de la pression continue du fer. Les patilobes s'effacent. Des ossifications se forment sur les phalangiens.
4deg; Ossification des fibro-cartilages. — On a attribuö ä la ferrure l'ossification des fibro-cartilages laUsraux de l'os du pied; ces organes commencent ä s'ossifier vers leur base. La cause de leur alteration serait dans l'ab-sence de mouvement du sabot.
Ce changement est plus frequent sur les chevaux de trait, qui ont la corne plus forte et plus 6paisse.
On pourrait demander si l'ossification n'a pas Heu chez les cbevaux äg6s qui n'ont pas 6t6 ferrfes.
5deg; Usure, fatigue des articulations et des tendons. — Enfin, on a reprochfe ä la ferrure l'usure et la fatigue des articulations, qui le plus souvent sont l'eifet du travail.
Teiles sont les principales deteriorations qui ont et6 signal^es.
II faut remarquer qu'elles ne se döveloppent pas tou-jours avec intensity, Elles sont inappr6ciables ou ne se montrent pas du tout sur le plus grand nombre des pieds ferr6s. Pour qu'elles deviennent apparentes , il faut que la ferrure ait et6 defectueuse. Tout cela do­pend encore de la maniere de parer le pied, de l'ajus-ture du fer, de l'implantation des clous.
Pratiquöe avec soin par des ouvriers experimentes, la ferrure n'offre pas depareils resultats.
-ocr page 246-
226
,.:t
if-
1NC0NVKNIENTS DE LA FERRURE.
Ces inconvönients sont nombreux; ils n'ont pas tous la m^me importance; ils existent meme dans la ferrure normale.
i0 Pression du fer conlre la face inßrieure du pied. — Cette pression constante du fer se fait sentir profon-d^ment; son intensity est d'autant plus grande que les clous sont plus rapprochös et brochös plus baut.
2deg; Getie produite par les clous. —Destinös a fixer le fer, les clous s'opposent a l'expansion du pied et aux mouvements des parties elastiques. La fixitö de la rnu-raille produit un amaigrissement, une diminution de volume du sabot, comme cela se voit dans toutes les parties Vivantes condamnees an repos.
3deg; Action du fer chaud. — L'application du fer chaud sur le pied, que nous regardons comme nöcessaire, est quelquefois nuisible ; trop prolongee, eile produit I'eva-poration des sues de la come et le racornissement de ce tissu ; eile peut occasionner des brülures. Ces acci­dents sont tres rares.
4deg; Ajusture du fer. — Dans le fer francais, I'ajus-iure qui le dispose en corbeille fait porter le poids du corps seulement sur les parties inferieures de la muraille. La pression 6prouvee par les bords de cette partie du sabot les fait rentrer en dedans du cöt6 de la concavite de l'ajusture et cause le resserrement du pied. Ajoutons a ces considerations que le fer est ajuste pour
i
!.f,; -
i'
ll ll
-ocr page 247-
227 le pied qui est tenu 6lev6 au-dessus du sol, et qu'on le fait porter au moment ou ie sabot n'est pas dans son 6tat d'expansion. Souvent I'ajusture est fausse , ce qui augmente l'intensitö des effets precedents.
5deg; Action de la rape. — L'usage de la rape pour faire disparaitre les inegalitös de la surface du pied , Faction de couper la corne qui deborde le fer, sous prfetexte d'empfecher le sabot de devenir trop grand, enlevent le vernisprotecteurdelamuraille et en favorisent la dessic-cation.
6deg; Allongement du sabot. — Le fer placfe sous le pied empöche l'usure de la corne a mesure qu'elle s'accroit; il en rösulte des effets nuisiblespour les aplombs. Ilfaut avoir la precaution de renouveler la ferrure a des 6po-quesdetermineespour parer la face inferieure du sabot.
7deg; Accidents resultant de la ferrure. — Enfin, des accidents sont frequemment le rfeultat de la ferrure ; ils seront examines plus loin.
MOYENS PROPOSES POUR REMEDIER AÜX INCONVENIENTS DE LA FERRURE.
Les hippiatres out du naturellement se preoccuper des inconvenients reproches a la ferrure actuelle et rechercher les moyens d'y remedier.
II y a quelque intöret h examiner les diverses m6-thodes qui out ete proposöes. Quelques unes d'entre elles sont fort ingenieuses, ct, si elles n'ont pas rempli
-ocr page 248-
I gt; quot;':
228 le but qu'on voulait atteindre, elles peuvent fournir quelques idees pour d'autres inventions.
Les auteurs qui ont cherch6 a modifier la ferrure actuelle se sont tous efforc6s de faire servir ces modi­fications a la conservation de l'^lasticitö du pied; quelques uns sont arrives a des resultals tout ä fait opposes.
Parmi les innovations qui ont 6t6 proposöes, nous en trouvons qui consistent dans la suppression des clous; d'autres ont divisö le fer en plusieurs parties, rendues mobiles pour laisser au sabot la liberty de ses mouve-ments. Enfin, on a du se borner a changer seulement la disposition des etampurcs.
Lafosse a proposfe d'appliquer sous le pied des chevaux un fer döpourvu d'6tampures et pr6sentant, soit en mamelles, soit en 6ponges, de forts pinions destines a retenir des courroies qui allaient se fixer autour du paturon. Les blessures qui devaient rfesulter de cette application, le peu de solidity de ce genre de ferrure, Font engage a faire d'autres rechercbes.
II a imaging un autre genre de ferrure, dans laquelle le fer est garni, sur tout le pourtour de sa rive externe, de pincons qui doivent fetre ensuite rabattus sur laparoi. Force a fetfe d'y renoncer bientöt, a cause de ses incon-venients.
Dans des temps plus rapprochös de nous, on a imaging une foule de fers sans clous, tous insuffisants.
L'6cole de Saumur a proposö un soulier ferre, compost d'un fer auquel s'adapte une boite en cuir qu'on fixe autour du paturon.
Si'
I
!H1
if*
J:. 1
f
111'
-ocr page 249-
229
(Fig. *1.) Fer sans clous.
Nous possedons dans la
collection de Töcole de
Lyon plusieurs modales dif-
fferents de fers sans clous.
Nous nous contentons de
donner une id6e de Tun
d'eux par la figure 41.
Ce fer präsente trois pin-
cons retenant a leur partie
superieure un cercle elastique destinö ä ötreindre le
sabot, et sur chaque 6ponge une pointe qui doit p6ne-
trer dans le talon du pied.
Les fers sans clous out tous l'inconvönient de nuire ä l'felasticite de la region digitöe.
(Fig. 42). Fer articuU en pince, ou fer ä charnidre.
Bracy-CIark a perfec-
lionnö le fer ä charniere, anciennement connu. Ce
fer präsente une division en deux pieces articul^es en pince. Cette disposi­tion lui donne une mobi­lia sur laquelle I'inven-teur comptait pour con-server l'dasticite du pied
du cheval. La figure 42 reprösen te le fer a cbarniere form6 de deux pieces.
Le fer dont il s'agit ne pent rernplir le but propose. Sa disposition n'apporte aucune facility dans les mouve-ments du talon, parce qu'6tant fixe sur le pied, il agil comme le fer ordinaire, et rend inutile la cbarniere de la pince.
-ocr page 250-
Si;
230 (Fig. 43.) Fer compose de sept pUces On a luoditie le fer ä anicuUes par chamUre. charniereenmultipliantle
nombre des pieces dont il l4l CS.^Nvnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; se compose. La figure 43
presentc un fer compose de sept pieces articul6es par charniöre et per-* 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo; ' *' c6es chacune d'une 6tain-
pure.
Ce fer aurait I'avan-tage de ne pas nuire ä l'ölasticitö du sabot, mais il ne pourrait durer longtemps; la rouille s'oppo-serait au jeu des articulations; ses charnieres seraient bientot usöes, dfesunies; il ferait entendre pendant la marche de l'animal un bruit desagröable de fer föl6; sa confection causerait dc grandes dfepenses. II faut done ren oncer a son emploi.
(Fig- 44.) Fer en cuir.
L'6cole de Saumur a
imaging un mode parti-
culier de ferrure, qui consiste a employer des fers en cuir, dontlepoids est ä peine sensible, et qui auraient I'avantage de mieux se prfeter aux mouvements d'expansion du pied. Un fer de ce
ml
genre est reprfesentfr par la figure 44. Ces fers, perces de huit etampures, 6taient fix6s sous le pied par
-ocr page 251-
231 des clous a vis; on leur adaptait aussi des pinions pour les consolider.
II rösulte des essais qui out 6t6 fails sur ce systeme, et notamment a l'öcole d'Alfort, que cette ferrure n'a pas de solidite. Dans les temps humides, le cuirse gonfle et ne tarde pas a se damp;;lurer. Dans les temps sees, il ne r6siste pas davantage ä l'usure et dure ä peine deux a trois jours.
On a cherchfe ä combiner le fer arliculö avec les semelles en cuir.
Pour obvier au prin-
(Fig. 43.) Ferdivisi en huil piiees, fixöes sur une lame de euir.
cipal inconvenient qu'il
präsente et augmenter sa duröe, M. Vatel a pro-
pos6 de fixer a la surface du cuir des pieces de fer dans lesquelles les clous sont introduits.
La figure 45 reprfe-
sente un fer de devant, di-
vis6 en huitpieces, fix6es
sur une lame en cuir;
chacune d'elles contient
une etampure.
Pour le confectionner, on coupe un fer ordinaire
avec la trancbe , et Ton adapte les difförentes pieces a
la surface du cuir, ou elles sont riv6es.
Un pareil systeme de ferrure ne pent fetre admis; il est trop coüteux et pen solide. II a, en outre, l'inconvö-nient de laisser porter sur la sole les diifcrentes pieces dont il se compose et de produire les memes effets qu'un
IG
-ocr page 252-
232 fer sans ajusture. De plus, quelques imes de ses parties peuvent se döplacer du cote inlcrne du sabot et expo-ser ranimal ii etre blesse par leur saillie.
On voit, figure 46 , m-M-yFer divisi en Kuit pitce,, un ^^ fer jj^ sur le fixöes ä distance sur ime lame de cmr.
memo Systeme que le pre­cedent. 11 en dißore en ce
que les pieces dont il se compose sont distantcs les uncs des aulres de trois a qualre millimetres ; il a fort pen de solidite.
—Quclque temps apres qu'on cut preconise le fer
a charniere , on eut l'idöe d'cmployer un fer com­post de deux branches completcment separees en pince.
Tantot on applique les deux
(Fig. M.) Demi-fer.
branches en meme temps , tanlut on se contente d'une
sculc ; e'est ce qu'on pent appeler le demi-fer.
M. Sempastous, veterinaire du haras de Pompadour, a fait connailre les bons resultats qu'il a obtenus par le demi-fer applique sur deux poulains qui
avaient les quarliers internes trop rentrants et marchaient comme s'iis etaient atteints de fourbure (1). II a donne a ce Systeme le nom de
(i) Sempastovs. Ferrure orthopidiquei Jiecueil, 1850, p. 200.
-ocr page 253-
233 ferrure orthoptäique, qu'on peut appliquer tout aussi bien aux fers destines a rem6dier aux ttefauts d'aplomb et aux d6fectuosit6s du pied.
Le demi-fer a peu de soliditä; ses avantages sont problamp;natiques. Son emploi a el6 a peine recommand6; il est a peu pres tombd dans roubli.
— Enfin, nous devons a un ouvrage public'; r6cem-ment en Angleterre I'indication d'une nouvelle fer­rure qui est appelöe peut-etre ä rendre de grands services, mais sur laquelle rexperience n'a pas encore prononc6 (1).
Pour proteger les parties postörieures du pied, M. Miles emploie un fer suffisamment convert et replie en talons, de teile sorte que , par ses 6ponges, il recou-vre les cötes de la fourchette , dans le but de proteger les arcs-boutants et la surface inftrieure du pied. Cette pratique est une imitation de la ferrure arabe (2).
Mais ce n'est pas la seule modification que cet auteur a propos6e pour la ferrure. II a recommandfi d'em-ployer les etampures et les clous en petit nombre et de les placer sur le quartier externe et en pince, pour laisser au quartier .et au talon , du cöt6 interne , tonte liberte de se dilater.
Apres de nombreux essais, il s'est prononcö pourla ferrure a elampure unilaterale , d6jä pratiquöe par M. Turner. II a reconnu qu'avec cinq clous pour les pieds de devant et sept pour les pieds de derriere, les fers avaient toute la solidite däsirdble.
(1)nbsp; M. Miles. Reeueil de Midtetnraquo; vitMnaire.iSH, p. 197. (Tra-duetion de M. H. Bouley.)
(2)nbsp; Voycz 1c chapitre sur la Ferrure Prangere.
-ocr page 254-
234 laquo;Le rösultat, dit M. Miles, a 6t6 des plus satisfai-raquo; sants. Les fers sont demeures tres solidement fix6s raquo; sous le pied, car aucun des rivets n'a 6t6 6branl6 : raquo; preuve Evidente que , par ce mode d'attache , I'effort raquo; que l'expansion du pied tend a exercer sur les clous raquo; est completernent annuls, et cela se concoit. Le cöt6 raquo; externe du sabot, etant seul fixfe au fer, 1'entraine d avec lui ä chaque mouvement d'expansion, tandis raquo; que le cote interne pent s'epanouir sans rencontrer raquo; aucun obstacle, ce qui laisse au pied sa liberty de raquo; mouvement aussi complete presque que dans l'etat de raquo; nature.
raquo; L'un de mes chevaux , ajoute-t-il, a retire de ce raquo; mode de ferrure un b6n6fice remarquable. II 6tait , affecte, depuis dix ans, de deux bleimes excessive-raquo; ment genantes , contre lesquelles j'avais essay6, sans raquo; succes, tons les moyens de traitement dont j'avais raquo; entendu parier, aussi bien ceux fournis par la fer-raquo; rure que les applications locales. Le procöde de fer-raquo; rure unilaterale produisit le resultat que j'avais inu-raquo; tilement cherchö depuis longtemps. raquo;
Cette ferrure, employee enAngleterred'unemaniere continue depuis quelques annees sur des chevaux de cbasse, de cavalerie et de voyage, a prösentö une grande solidity, malgre les exercices violents, soit de la cbasse a courre , soit des camps de manoeuvre.
La ferrure unilat6rale est pratiquöe en France depuis longtemps, sous le nom de ferrure ä la turque, pour les cbevaux qui se coupent. Jusqu'a present eile a etfe employee avec avantage pour des cas exceptionnels; il reste a connaitre lesresultats quelle produirait, appli-quee sur une vaste echelle.
-ocr page 255-
235
— Tels sont les diffiferents moyens qui ont 6te essay6s pour remedier aux inconvenients qu'on repro -ehe ä la ferrure a clous.
Concluons que eette ferrure doit etre conserv6e. Cette conclusion est fond6e principalement sur les immenses services qu'elle rend. En effet, quand on compare le nombre des chevaux ferres de la sorte el employes a des travaux penibles avec la raretö des accidents produits par l'application du fer, on est port6 a se demander s'il est röellement possible de trouver mieux.
-ocr page 256-
CHAPITRE XVI.
DES FERS PATHOLOGIQUES.
Sommaire. — Definition et division des fers pathologiques. — Fer ä une branche tronquee. —Fer ä dessolure. — Fers ä plaque. — Fer ä planche; ses varies. —Fers pathologiques dont lemploi esl inutile: Fers ä patin. —Fers 6chancres. — Fer ä double brisure. — Fers ä pantoufle.
DES FERS PATHOLOGIQUES.
On appelle fers pathologiques ceux qui sont destines ä fetre appliqu6s sur les pieds malades.
Ces fers ne sont pas nombreux, si nous admettons seulement ceux dont l'utilite est consacree par la pra­tique.
Ils doivent 6tre confectionnös aussi lögers que possible pour ne pas surcharger les pieds d6jä affeetös de maladies; les 6tampures doivent fetre plac6es assez
-ocr page 257-
237 loin des plaies , pour que rimplanlation des clous ue produise pas un 6branlemcnt douloureux.
Plusieurs classifications ont did proposees pour les fers pathologiqucs; elles sont loules imililes.
Ainsi, on a distingue des fers pour des pieds affects de maladies, des fers qu'on applique avant les opera-lions , ceux qui sont employes apres que Toperation a et6 pratiquee, etc., etc.
En general, on n'applique pas des fers speciaux pour pröparer un pied ä l'opcration qu'il doit subir. Souvent les meraes fers servent avant et apres; il en est qui sont fegalement recommandes contrc les defauts d'aplomb, les defectuosit6s du pied; exemple : le fer a planche, qui est sans contredit un des plus utiles.
Les fers pathologiqucs reellement utiles sont reduits a un petit nombre.
Nous d6crirons, comrac tels, le fer a une eponge tronqu6e ou a javart, le fer a dessolure, les fers ä plaque, les fers a planche.
Ensuite nous donnerons la description des fers patho­logiqucs qui sont reconnus comme inutiles ou trop compliques. Parmi eux nous comprenons les fers a palin, les fers ^chancres, le fer a double brisure, les fers a panloufle, a demi-pantoufle.
FER A UNE BRANCHE TROISQCEE.
Synonymie. Fer ä une eponge Ironquee (Gohier), fer äjavart (llenault) , fer ä demi-lunetle (Bourgelat), fer laquo; une eponge coupee el amincie (Lafosse), fer ä tine eponge de moins (C6sar Fiaschi).
-ocr page 258-
( Fig. *8). Fer ä une hranche tronquie.
238
C'est un fer ordinaire dont une des eponges a fete coupfee
pres de la premiere fetampure
(k- 48).
On coupe l'feponge avec la tranche en laissant ä la brau­che une longueur variable sui-vant les indications que Ton veut remplir.
Ce fer est usitfe dans deux
circonstances: on s'en sert pour le cheval qui se couche en vache et apres l'operation du javart.
On dit que le cheval se couche en vache, lorsqu'en se couchant il plie le genou et rapproche le canon de l'avant-bras , de sorte que l'feponge de la brauche interne du fer porte sur le coude, le contusionne et dfetermine une tumeur ä laquelle on a donnfe le nom d'Sponge. Dans ce cas, on coupe une certaine fetendue de la brauche interne du fer, mais on la raccourcit moins que pour l'opferation du javart (1).
Apres l'opferation du javart encornfe, du javart carti-lagineux, de la seime-quarte, de la bleime suppurfee, enfin toutes les fois qu'on enleve une certaine fetendue des quartiers de la paroi, on applique sur le pied du chevalle fer ä une feponge tronqufee.
II est une regle qu'il ne faut pas oublier relativement äla confection de ce fer, c'est que la premiere fetam­pure qui doit recevoir un clou soit placfee ä une certaine
(1) Voycz ferrure du cheval qui se couche cn vache, chapitre XXI.
-ocr page 259-
239 distance de la plaie, pour 6viter les secousses trop douloureuses qui se produiraient infailliblement si Ton brochait pres des tissus malades.
On a pouse que le fer a javart ne devait presenter que quatre 6tainpures, parce qu'il doit 6tre appliquö au pied d'un cheval qui ne travaille pas, qui ne doit pas mcme sortir de l'^curie. Ce nombre ne nous parait pas süffisant; rigoureusement on pourrait sen contenter pour le cbeval I6ger et irritable, qui pendant longtemps se pose ä peine sur le pied qui vient de subir une operation. Mais comme ce fer est destine a maintenir Tappareil qui est necessaire pour la guerison, comme souvent on perd le malade de vue et qu'on reste quel-quefois huit ä quinze jours et m6me plus sans renou-veler le pansement, nous croyons qu'il est preferable de donner ä ce fer six ötampures pour l'assujettir plus solidement. Pour les gros cbevaux pesants et lympha-tiques , nous conservons huit ötampures, toujours ä la condition que le fer sera leger.
Le fer ä javart sert ä main-
(Fig. 490 •^,laquo;r lt;* branche tron- . .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,
quie sur un sabot prtpar*! tenir en place les tours de
pour l'operation du javart. bande ^ flxent Papp^eü fo
pansement; c'est pourquoi l'öponge qui est conservöe du cötsect; opposß ä I'opöration doit präsenter un exces de longueur et döpasser le falon d'un ä deux centimetres.
On a propose quelques mo­difications pour le fer a javart; la plus importante est celle qui
-ocr page 260-
240 consiste ä manager ä rextrßmitö de la branche non tronquöe, un prolongement c en forme de crochet, qui se releve ä angle obtus dans la direction du talon (fig. 50). C'est Desplas qui a imagine cette disposition, pour fournir un point d'appui aux tours de bände de l'appareil de pansement et empecber ainsi de blesser les talons. laquo;;•• raquo;at o r . , .nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,• . M. Renault a recon-
CFig. 30.J Sabot sous lequel on a apphqug
un fer äjavart ä crochet.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; uu que CC fer avail
l'inconvenient do lais-
ser echapper les tours
de bände de baut en
bas, C'est pour y re-
medier qu'il a imaging
une modification qui
consiste ä manager en
arriere du crochet un
prolongement horizontal a b , qui continue de quelques
millimetres l'öponge du fer et qui retient la ligature de
ce cöt6.
Nous avons employ^ pendant plusieurs ann6es le fer äjavart modifife, comme il vient d'etre dit, par Desplas et par M. Renault; nous avons fmi par y renoncer , malgrfe les avantages qu'il presente, parce que sa con­fection exige trop de temps.
D'un autre c6t6, le fer ordinaire ä branche tronquee nous a paru süffisant. On fevite la contusion du talon opposfe ä la partie oper6e en le recouvrant d'une plus grande quantitfe d'Moupes avant d'appüquer la bände.
-ocr page 261-
(Fig. 51.) Fer amp; deux iponges tronquies olaquo;Jlaquo; lunette.
241
Quelques auteurs ont
coiiseille d'appliquer le fer ä deux tyonges tronquies, ou fer ä lunette, sur le pied du cheval qui prösente deux javarts cartilagineux ä la fois, qu'on se propose d'o-
p^rer en meine temps. II est fort rare que ce cas se presente; toutefois, en supposant qu'il existe, ce fer nous parait inutile. Ne pouvant servir ä maintenir l'ap-pareil, il aura rinconv6nient de peser inutilement sur le pied op6r6.
C'est pourquoi nous ne rangeons pas parmi les fers pathologiques le fer ä lunette, qui pent 6tre employe utilement pour le cheval qui forge et dans le cas d'en-castelure.
FER A DESSOLURE.
(Fig. 52.) Fer ä dessolure classique.
II a 6t6 ainsi nommö par Lafosse. C'est un fer 6trangl6, 6troit dans toutes ses parties. II est beaucoup plus mince et moins convert que le fer ordi­naire; on lui donne quatre ä six etampures; quatre suf-fisent quand le fer est pen vo-lumineux (fig. 52).
Lafosse a donne ä ce fer le nom qu'il porte parce qu'on
-ocr page 262-
242 l'appliqae apres les operations qui produisent une plaie de la sole. Autrefois, dans le cas de clou de rue, on pratlquait framp;jueinment la dessolure complete; aujour-d'hui, cette m£thode est abandonee; la sole n'est enlev6e que partiellement autour des tissus alt6r6s. N6anmoins, nous conservons toujours le m^me nom pour le fer d6gag6 qu'on applique sur le pied apres rop6ration du clou de rue et celle du crapaud.
CFi
. 53.) Fer ädessolure avec ses Pelisses.
Le fer a dessolure est destine a maintenir I'appareil; il devra
ßtre assez relev^ dans sa rive interne , relativement ä l'ajus-ture, pour qu'on puisse intro-duire sous cette rive des eclisses, qui sont ordinairement des plaques de fer. En outre, les Sponges devront 6tre assez longues pour d^passer les talons;
elles seront un pen relevfees pour retenir la ligature qu'on place quelquefois autour du pied.
II faut 6viter un exces de longueur des Sponges, I'animal 6tant susceptible d'arracher le fer en se levant sur salitiere.
Ce fer est tres utile pour le traitement des plaies de la sole; il permet de les panser sans qu'on soit obligfe de deferrer I'animal, parce qu'il laisse toute la face infferieure du pied ä d6couvert.
L'appareil de pansementest maintenu par des 6clisses de töle on de bois; deux de ces eclisses remplissent exactement l'ouverture du fer et prennent leur point
-ocr page 263-
243 d'appui ä la face supt';rieure contre les lames des clous; une troisieme, qu'on iiomme la traverse, destinäe ä maintenir les prec^dentes, passe sous leur face inf6-rieure et sur les 6pouges. Les Pelisses en fer sont pr6f6rables aux Pelisses en bois, parce qu'elles n'ont pas l'inconvönient de se gonfler, comme ces dernieres,
(Fig. 54.) üfer ä dessolure ä Par l'tumidite, et d'augmenter six mmpures.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;la compression de l'appareil de
pansement.
Nous faisons rarement usage du fer a dessolure a quatre clous, parce qu'il a I'incon-v6nient de ne pas etre fix6 assez solidement. II vaut mieux em­ployer un fer a six 6tampures comme celui de la figure 54.
FERS A PLAQUE.
On nomme ainsi les fers dont une des faces est recouverte d'une plaque de töle destinee a protöger la sole et la fourchette.
L'origine de ces fers est inconnue; toutefois, eile doit etre fort ancienne; l'idee de d^fendre par une plaque le dessous du pied, qui präsente une plaie ou une cicatrice peu solide, a du se presenter aux premiers ouvriers qui se sont oecupös de ferrer le cheval.
On distingue plusieurs varietes de fers ä plaque, qui n'ont pas toutes la m6me importance.
-ocr page 264-
(Fig. 33.) Fer ä traverse ou ä plaque incomplete.
214
1deg; Fer ä traverse ou ä plaque incomplete. — C'est un fer or­dinaire prtsentantunc traverse de la mferae largeur a peu pres qua les 6ponges et qui se trouve flxße de chaque cöl6 par un clou des mamelles ou des quartiers (fig. 55).
laquo;laquo; b. % raquo; a inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; / 2deg; Fer ä vlaque sur la face
(Fig. 56.) Fer ä plaque sur la ^ * raquo;' quot; fquot;*?nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i
facesupärieure.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;superieure. — II a 6tsect; d6crit
pour la premiere fois dans les tableauxsynopliques de Gohier. Ce for porte une plaque de töle entre sa face superieure et la sole; cctte plaque est fix6e a demeure quand on veut faire travaillcr I'animal. On y a renonce pour le traitement des plaies, parce qu'il faudrait d^ferrer le pied pour renouveler chaque pansement.
(Fig. 57.) Fer ä plague sur la 30 per. ä ? Me sur fo face face infirimre.
inferieure. — Avec ce fer, on
a l'avantage de placer ou de
relirer la plaque sans deferrer
le pied. Cette plaque est retenuc
par des prolongements places
vis-ä-vis quelques etampures,
ct qui sont fix6s par les clous
destines ä attacher le fer.
it:
-ocr page 265-
245
Parmi les plaques les plus usitees dans ce genre, on dislingue eelle qui porte a la partie anterieure un pro-longement recourbe pour s'engager sous la voüte du fer, et de plus , sur les cotös, deux autres prolonge-ments quc les clous fixent sur les etampures.
— Ces trois variet6s de fers ä plaque sont les seules qui offrent quelquc utililö.
11 en est d'autres auxquellcs il faut renoncer, a cause de leur peu dc duree, do la difficulte de leur confec­tion , ou parce qu'elles ont rinconvönient de döranger l'appareil de pansement.
4deg; Fer ä plaque ä charniere. — Dans ce fer, la plaque tient par une charniere a Tun des cötes de la rive interne; son extreinilö opposee est fixee a la surface inferieure du fer par une vis ou par un clou des etam­pures du quartier. Ce Systeme est abandonne, parce que la charniere et la yis sont bientot usees et döformees. Un pareil fer donne beaucoup de peine a I'ouvrier qui le confectionne ; il ne presente aucun avantage.
(Fig. 58.) Fer a coulisse.
5deg; Fer ä coulisse. — Ce fer presente dans toute I'etendue de sa rive interne une rainure, dans iaquelle est engagee une plaque de fer bat tu qu'on retire a volonte quand on veut faire un pansement. C'est Gohier qui I'a fait connaitre le premier dans ses tableaux synoptiques.
Depuis longtemps on a aban-
-ocr page 266-
246 donnfe ce fer, parce qu'il n'a pas les avantages des fers ä plaque dfecrits plus haut, et parce qu'il präsente des inconv6nients que ces derniers n'ont pas.
II est difficile d'introduire la plaque dans cette rai-nure de la rive interne du fer sans döranger les 6toupes qui recouvrent la sole. La plaque se rouille; la rainure se döforme; il faut quelquefois frapper fortement avec le brochoir pour la retirer ou I'introduire.
Pour forger le fer a coulisse, on prend un lopin de fer neuf presque carr6; on le fend a chaud avec une tranche dans le sens de la courbure jusqu'au tiers de son 6paisseur. Pour le forger ensuite, on le chauffe seulement jusqu'au rouge cerise pour 6viter la soudure de la fente qui a ötepratiquee. Ce travail 6tant terming comme s'il s'agissait d'un fer ordinaire, on regularise la rainure avec un ciseau, puis on introduit la plaque avant de donner I'ajusture.
Dansle fer a coulisse, la plaque presente a son extr6-mite libre un rebord saillant sur lequel on peut presser pour la retirer, ou mieux encore un trou rond dans lequel on engage une des branches de la tricoise, pour prendre un point d'appui lorsqu'on vent I'enlever.
FER A PLANCHE CD A EPONGES REUNIES.
Synonymie.Fer ä planche de Lafosse et de Bour-gelat, fer ä eponges reunies de Gohier.
C'est un fer dont les deux eponges sont reunies par une traverse {fig. 59).
On peut le fabriquer en soudant une lame de fer fer posee en Iravers sur les eponges.
-ocr page 267-
247
(Fig. 59.) Ferä planche ordinaire Ordinaiicmcnt on toume pour un pied de devant.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i •nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; *nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;i
les branches en forgeant 1c fer, pour les reunir ensem­ble et les souder ensuitc.
Le^fer a plancbe^ bien confectionne, est piaspeou-vert, mais moins 6pftis quo le fer ordinaire ; les etam-pures sont plus 6loignees des talons. La planche on traverse qui reunit les Sponges n'a pas d'ajusturc; eile doit fetre au moins aussi large que le reste du fer; souvent eile presente plus de couverture.
Par l'application de ce fer, on a pour but de pre­server de l'appui une partie du bord inferieur de la paroi. Le plus souvent, lorsque la fourchette est assez volumineuse, la traverse porte sur sa surface et recouvre les talons, sans etre en contact avec eux s'il doit en r6sulter une pression douloureuse.
Usages. — Le fer a planche est employe pour pren-dre un point d'appui sur la fourchette, quand les talons sont baset disposes a presenter des bleimes, des oignons. On l'applique apres l'opöration du javart cartilagineux, du javart encornö , de la seime-quarte, de la bleime , enfin toutes les fois qu'on a enleve un des quartiers dc la paroi et qu'on vent proteger la nouvelle corne contrc l'appui du fer ordinaire et le contact des corps etran-gers. Apres ropöration du clou de rue, du furonclc de la fourchette, qui a necessite rcnlevcment d'une partie du coussinet plantaire . lo fer ä planche
17
-ocr page 268-
248 serf ä protäger la plaie au moment de la garrison; mais, dans ce cas, la traverse n'est pas en contact avec la fourchette. Enfin , ce fer a sect;t6 recommandß contre I'encastelure , mais son emploi rsect;ussit rarement dans ce cas; on a pour but de soustraire les talons a I'appui sur le sol et de reporter cet appui sur la fourchette, ce qui est rarement possible. En effet, dans le pied encastel6, la fourchette n'a pas assez dequot; volume; le plus ordinai-rement eile est atropbiee et bien au-dessus du niveau des talons.
Ce fer a l'inconvenient de faire glisser l'animal qui leporte, mais son application n'est que temporaire. On le remplace par le fer ordinaire , des qu'on a vu disparaitre, au moins enpartie, les causes qui en avaienl rfeclamöl'emploi.
VAR1ETKS DD FER A PLANCHE.
(Fig. 60.) Fer ä planche laquo; angles tlroits.
Le fer ä plancbe est sans contredit un des plus
il
utiles, soil pour remedier ä des maladies, soit pour modifier les döfectuositfe du pied. Son usage est tres röpandu; il n'est pas etonnant qu 'on en ait mo-difte la forme de plu^ieurs manieres.
La figure 59 repr6sente
un fer a planche dans le-quel les angles de r6union des branches sont arrondis.
-ocr page 269-
249 La figure 60 repr6sente le mSrne fer dont les branches sont reunies ä angles droits.
Si Ton place ce fer sur un pied dont un des quar­tiere a 6t6 enlev6, la branche correspondante est de-pourvue d'amp;ampures.
Pour un pied derobö, les 6tampures seront dissemi-n6es sur les parties du fer correspondant aux points de la paroi qui sont restes intacts.
Quelquefois ce fer porte ä l'une de ses branches un pincon large, pen 6lev6 , perce de trous pour fixer une piece de cuir sur le cöte correspondant au quartier qui a 6t6 enleve.
Dans quelques cas exceptionnels, la planche du fei­est recourbee, soit en dessus, soit en dessous , pour favoriser son appui sur la fourchette ou pour Teviter.
(Fig. 61.) Fer ä planche avec proton- ^ est une Vari6t6 dans gement sur la fourchette. laquelle la planche reprö-
sente en avantun prolon-gement de formeconique^ pour proteger la four­chette contre les corps 6trangerä, quand eile n'a pas assez de force de resis­tance fig.Gi. Elle est peu usitlie.
Teiles sont les modifi­cations que nous avons ä
citer comme off rant quelque utility.
II en est d'autres qui ont moins d'interet, soit parco qu'elles sont peu rationnelles , soit parce que leur
-ocr page 270-
250
utilil6 n'est pas assez constat6e pour compenser Ic travail qu'exige leur confection.
(Fig. 62.) Fer ä planche oblique.
Dans ce dernier cas sont les fers ä planche ä javarl,
dont la traverse est oblique ou präsente un angle ren-trant.
Le fer ä planche oblique prösente une de ses bran­ches retrfecie vers une des mamelles et prenant tout-a-
coup une direction oblique pour atteindre I'^ponge opposee. Ce fer ne präsente que sept 6tampures, dont quatre ä la brauche qui reste entiere et trois a celle qui est deform6e.
II pourrait etre utile quand on veut faire marcher un cheval pen de temps apres l'extirpation d'un quartier, mais sa confection exige trop de temps.
Le fer ä planche ä angle ren-CFig. 63.) Fer ä planche ä lt;ranlt; ou ^ hranche ^^ diff6re
angle rentrant.
du precedent en ce que la tra­verse forme dans son milieu un angle ou un arc. II est employ^ dans les mfemescircon-stances que le pr6c6dent. Onl'a regarde comme favorisant I'ac croissement de la fourchette par I'appui qu'il exerce sur elle.
-ocr page 271-
(Fig. 6*.) Fer ä planche ä queue d'aronde.
251
Enfin, on a invents le fer ä planche ä queue d'aronde pour le pied qu'on a op6r6 de deux
javarts cartilagineux en m6me temps. La traverse de ce fer präsente dans son milieu un prolongement dirigö en arriere et destine ä s'appuyer sur la fourchette. Iln'estpas employö,
parce que sa confection est trop difficile. Le prolongement de la
traverse aurait l'avantage de faciliter l'application de
l'appareil.
FERS PATHOLOGIQÜES DONT l'eMPLOI EST INUTILE. FERS A PATIN.
On dfeigne sous ce nom des fers qui pr6sentent ä leur face inferieure des appendices de diflförentes formes, imagines pour augmenter la longueur d'une extr6-mit6, Ce sont des fers ordinaires, sous lesquels on fixe une piece en forme d'X ou de T, ou qui presentent encore d'autres modifications.
C'est V6gece qui a donn6 la premiere id6e de ces fors. Parmi ceux que I'on connait, il en est un qui est du a Cösar Fiaschi, un autre a Garsault,
Primitivement, les fers a patin out ete inventös pour donner plus de longueur au pied d'un raembre retraete et lui permetlre de poser sur le sol sans exiger quelque effort de la part de Fanimal.
Plus lard, on a songe h sc servir du fer a patiu pour guerir les chev.aux pris des 6paules , e'est-a-dire
-ocr page 272-
I
252 dont les articulations supärieures des membres de devant offrent de la roideur. Tantot on I'applique au membre sain pour exiger un mouvement plus 6tendu de l'extremitö opposße ; tantöt e'est sur le pied du membre malade qu'il est fixfe pour forcer I'animal a relever davantage ses mouvements. On ne I'applique qu'ä un seul pied a la fois , si le sujet est affecte des deux membres; plus tard , on le place sur I'autre.
Aujourd'bui, ces fers sont completement bannis de la pratique comme inutiles et inapplicables.
On a decrit plusieurs vari6t6s de fer a palin.
(Fig. 630 Fer ä iponges enrouUes.
10 Fer ä palin ä amp;ponges en-roulees. — Le fer que Bourge-
lat designe sous ce nom pro­ven te trois crampons: celui qui est en pince , formö par une piece que Ton soude sur plat et qu'on enroule en forme d'anneau; les deux posterieurs sont formes par un prolonge-ment des Sponges enroul6es
de la meme maniere. Garsault
est le premier qui en ait donne le modele.
Ce fer a 6t6 indiquö pour le cas oü un cheval a un
membre trop court.
(Fig. 66.)
Fer ä patin proprement dit. 2deg; Fer ä palin proprement
dil. — C'est un fer ordinaire sur lequel on a soud6 quatre tiges, dont une a cbaque 6ponge et une a la naissance de cba­que brancbe en mamelle ; ces tiges sont perpencliculaires ,
11
-ocr page 273-
253 egales en longueur, et vont aboutir a une platine dont l'assiette est parallele a celle du fer a six centime­tres de distance.
D'apres Gohier , la platine doit avoir en hauteur une fois la longueur de la pince; cette elevation n'est pas süffisante.
M. Rainard a d6crit un fer a patin qui präsente pour platine un croissant de mfeme grandeur que lui, et qu'on fixe ä l'aide de trois on de quatre tiges.
Au lieu d'etre soud6es, ces tiges peuvent 6tre fix6es par des vis qui permettent d'enlever la platine a volontö.
Ce fer a patin a et6 employ^ dans le cas oil une extramp;nitfi est plus courte que I'autre , par suite de la retraction des tendons flechisseurs. On pourrait ainsi utiliser les animaux qui ne sont tons a aucun service. Mais un semblable fer ne pent avoir beaucoup de duröe.
Dans le cas d'atropbie d'un membre, de gene dans les mouvements d'une epaule, on a propose de l'ap-pliquer ä l'extrömitö opposße , pour forcer le sujet a s'appuyer davantage sur l'extrtimite malade , a en eten-dre les mouvements. Mais il arrive alors que les ani­maux se laissent tomber , plutöt que de marcber avec une ferrure qui enleve I'appui au c6t6 sain pour le reporter sur le cötö qui est affecte de maladie.
3deg; Fer ä patin ä bee. — II a ete däcrit par Cesar Fiaschisous le nom de fer avec un revers ä la pince. C'est le fer ä long bee de Chabert et de Gobier.
Bourgelat le d6crit comme un fer ordinaire, de la pince duquel est 6tire un prolongeraent dont la Ion-
-ocr page 274-
254 i^ueur a les deux tiers de celle du fer. Cette tige est terminee par une sorte d'enroulement.
(Fig- 67.) Pied muni d'un fer ä patin ä bee.
11
^
On peut encore en modifier la forme en cmployant un fer double, dontles deux parties, formant lapince, sont 6cart6es l'une de l'autre et presentent un prolon-gement marque en avant, comme dans la figure 67.
D'apres les uns, ce prolo'ngement est forgo en meme temps que le fer ; d'autres le soudent a la pince, apres (jue le fer est forge. Chabert a conseille de rendre le bee mobile ; pour cela, on entaille le bord du fer en pince pour y adapter ce bee, qu'on fait tenir par une vis. Ainsi dispose, ce prolongement n'est pas assez solide.
Le fer a bee a etö appliquö dans le cas oü les jeunes chevaux butent on forgent, parce que ieurs 6paules manquent de jeu. Le prolongement plac6 ä la pince force I'animal a lever davantage I'extremitfe, sous peine de tomber, et peut ainsi donner a l'öpaule de plus ijrands mouvements.
H
I
-ocr page 275-
255
Ce Systeme de ferrure expose ä des accidents et ne präsente pas d'avantage reel ; il doit 6tre aban-donn£.
— Bourgelat a propose le fer ä bee en mamelles pour le cheval qui billarde, c'est-ä-dire qui dejette les membres en dehors, de sorte que la partie infö-rieure de l'extramp;nite döcrit un cöne dont le sommet est place au genou. Ce fer est ögalement inutile et inapplicable.
FEUS ECHANCRES.
Ce sont des fers dont on a enlev6 une partie de la rive interne ou externe pour mettre ä decouvert une plaie etpermettre de la panser sans deferrer l'animal. On a d6crit les vari6t6s suivantes ;
'.
a. Fers echancris dans la rive interne.
(Fig. 60.) Fer tchancrti en voüte.
1deg; Fer echancre en voüte, — Lafosse l'a decrit sous le nom de fer echancre pour ne pas de­ferrer le cheval quand on veul le panser (i).
C'est un fer ordinaire dont la voüte est echancree en forme de demi-lune; la partie qui roste est quelquefois reduite ä l'epaisseur de la paroi. On so
(1) hASOSSEifitQ, Nouvelh Pratique deferrer leseheväux.
-ocr page 276-
It
It :
25G sert d'un ciseau en forme de gouge pour enlever une par tie de la voüte du fer.
Le fer ^chancre en voüte a 616 imaging pour le pied du cheval qui a 6t6 saign6 en pince , ou qui präsente une plaie de la sole. II est inutile; on le remplace avan-tageusement par le fer 6troit et des 6clisses.
Le fer de la figure 68 pent servir pour le cheval qui forge en voüte.
2deg; Fer ä une brauche echancrie. — C'est encore Lafosse qui le premier a fait connaitre ce fer , qui differe du precedent en ce que I'^chancrure est plac6e sur la rive interne d'une des branches. On a conseill6 l'application de ce fer dans le cas d'une plaie vers un des cötes de la sole, k la suite d'une brülure , d'une cnclouure , d'un clou de rue.
L'6chancrure est couverte par une 6clisse en bois ou en fer battu; cette derniere est percee de deux trous au niveau des deux etampures les plus voisines de la plaie et maintenue paries clous qui traversent ces etam­pures.
Ce fer est inutile, comme le suivant.
i-
3deg; Fer ä une brauche echancree en dponge. — Gohier l'a nomm6 fer ä une brauche echancree en eponge dans sa rive interne. Ce fer differe des deux precedents par la place que I'^chancrure occupe. 11 a 6te employe dans le cas de bleime seche ou suppur6e , soit pour 6viter la compression, soit pour faciliter le pansement d'une plaie. Dans le premier cas, il ne prot6ge pas assez le talon atteint de bleime seche; le fer a planche est pre-
-ocr page 277-
257 ftrable. Dans le cas de bleime suppuree , on pröfere le fer ä javart, qui a une 6ponge tronqufee.
b. Fers öchancrös dans la rive externe.
i0Fer äpince ichancree dans sa rive externe. —Chabert I'a noinme fer ä soie. Ce fer porte une öchancrure au bord externe du milieu de la pince.
On l'a employö dans le cas de soie ou seime en pince, soil avant, soit apres i'operation.
II a l'inconvfenient de ne pas offrir de point d'appuiä l'appareil de pansement. On pröfere le fer non echan-cr6, mais d6pourvu d'6tampures dans la partie corres-pondante a laplaie (1).
/^. ,-„, r, . . i 2deg; Fer ä une branche öchan-
(Fig. 09.) Fer a une branche
gehauenedamsariveexterne.cree dans sa rive externe. — Ce
fer a 6t6 invents pour etre ap­plique apres ropöration de la seime - quarte. U est aban-donne.
On prefere, dans ce cas, le fer a une brancbe tronqu6e ou le fer a planche.
FER A DOUBLE BRISUBE.
C'est le fer ä crömaillere de quelques auteurs. On le
(\) Voycz fcriuic jiour la seime en pince.
-ocr page 278-
1
258
Uouve mentionn^ dans Gaspard Saunier. Bourgelat en
donne la description.
On le norume encore fer ä elresillon.
(Fig. 70.)Fer d doublebrisure.
Ce fer est bris6 en mamelles,
de sorte que la pince repr6sente
une sorte de croissant, aux extr6mit6s duquel les branches sont articul6es. Les branches sontentailtees en dedans de plu-sieurs crans, depuis la derniere etampure jusqu'a leur extr6-
m
mit6. Un 6tresillon de fer s'en-gage par ses extr6mites dans
les crans des branches mobiles et entr'ouvre de plus en
plus le vide du fer, a mesure qu'on I'engage dans les
crans les plus 6loign6s des brisures.
Bourgelat considerece fercomme 6tant d'unegrande
ressource pour ouvrir les talons on pour empfecher leur
resserrement.
On doit, au contraire , le regarder commc nuisible. En etlet, quand le fer est ainsi attache , on pousse a coups de brochoir Tetrösillon vers les talons, insensible-ment et par degr6s, en lui faisant franchir chaque jour un on deux crans, jusqu'ä ce que le pied s'dargisse vers les talons. Ce fer parait d'abord 6trc rationnel, mais il produit des döchirures de la paroi et pent occa-sionner tous les accidents qui resultent du decollement de la come. Par l'effet de la marche, la traverse tombe bientut, et la cremaill^re devient inutile. Lc fer a double brisure est completement abandonne.
-ocr page 279-
259 Labore Blainc a inodific; ce fer de teile sorte que las dentelures des 6ponges sont dirigees vers les mamel-les; c'est une disposition dont les effets ne peuvent etre avantageux. A Faction de ce fer l'auteur ajoutait des bains d'eau tiede longtemps prolonges.
FERS A PANTOUFLE.
Ces fers ont 6t6 imagines pour remedier ä l'encas-telure en felargissant les talons du pied du cheval. Pendant quelque temps on s'en est servi avec une sorte d'engouement; aujourd'hui il en est ä peine question. On distingue le fer ä pantoufle et le fer ä demi-panloufle.
i0 Feräpantoufle.—D'apres (Fig. 71.) Fer ä pantouße. golleysel , son invention est
due a M. de la Broue , 6cuyer distinguö, qui l'a imaging en 1660.
La face supöricure de cha-cune des branches de ce fer presente un glacis inclinfe de dedans en dehors. II est un peu plus long que le fer or­dinaire , parce que les pieds auxquels il convient ont presque tous un exces de lon­gueur. Ghaque 6ponge präsente ä sa rive interne une 6paisseur double de celle de la rive externe. Vu par sa face infferieure , le fer offre un plan horizontal.
Employ^ contre l'cncastelure, ce fer est tout au plus
.:'(!!
-ocr page 280-
:
260 un moyen palliatif; il est peu dangereux, parce que les pieds encastelös ont les talons forts et la face införieure du sabot assez creuse.
Lafosse a d6cri6 le fer ä pantoufle. On ne I'emploie nulle part.
Bourgelat l'a conseilleä tort pour les pieds plats, dont les talons sont trop faibles pour supporter des eponges aussi 6paisses; il occasionne bientöt des bleimes.
2deg; Fer ä demi-pantoufle. — Solleysel en a fait men­tion le premier. Bourgelat en donne la description.
C'est un fer ordinaire, egalement 6pais dans toutes ses parties, dont les branches ont 6t6 tordues on con-tourn6es pour imiter le glacis decrit dans le fer a pan­toufle. Une teile disposition porte vers l'intörieur des branches l'appui du fer sur le pied ; c'est la rive exterieure qui supporte le poids du corps. Bourgelat bläme l'emploi de ce fer, qui donne trop d'instability a la base de sustentation de l'animal et qui peut produire des contusions des talons.
Solleysel l'a conseillö ä tort pour rem6dier aux seimes-quartes, pensant qu'il ne porte pas sur le bord externe de la paroi et permet ainsi la guerison de la seime.
On a imagin6 de combiner cette disposition des Sponges avec le fer a planche. Les m^mes inconv6nients se presentent encore avec cette nouvelle forme.
#9632;t
I I
1 '
If
I
3deg; Fer ä pantouße geriete. — Bourgelat decrit sous ce nom un fer qui präsente un pincon sur la rive interne de chaque branche en talon ; ce pinion est. abattu sur I'arc-boutant.
-ocr page 281-
261
Destine aux pieds longs et trop 6troits, le fer h pantoufle g6net6 ne pent etre que nuisible.
Ce fer a 6t6 invents par Colmann , qui a obtenu , pour ce fait, un brevet d'invention.
Appliqu6 dans le cas d'encastelure, le fer gönete est nuisible plutöt qu'utile , en comprimant les barres qu'il rapproche de la paroi.
-i K
1 i
-ocr page 282-
CHAPITRE XVII.
FEUS DESTINES A REMEDIER AUX DEFECTUOSITES DU PIED.
Sommaire. — Enumiralion de ces fers. — Fers couverts : fer demi-couvert; fer it uno branche couvcrle; fer couvert; fer tris couvcrt; fer li bords rcnversös. — Fer ä oignons. — Fers h etampurcs irri-guli^res a etampures symfetriques. — Fers ä tous pieds.
ENUMERATION BE CES FERS.
Les fers destines a remedier aux d6fectuosit6s du pied et aux d6fauts d'aplomb ont 6t6 nommes/m hygUniques.
II en est quelques uns parmi eux sur lesquels nous n'aurons pas ä revenir, parce qu'ils ont 6t6 d6crits dans le chapitre precedent, consacrö aux fers pathologiques. Tels sont, entre autres, le fer a planche, les fers ä plaque, etc.
Nous examinerons successivement les fers couverts,
-ocr page 283-
263 demi-couverts , ä une Branche couverte, ä oignon , le fer a 6tampures irregulieres. En6n il sera question des fers ä tons pieds, qui ont et6 inventes dans le but de prfrvenir les d6fectuosit6s de la corne, mais qui sont completement abandonn^s.
FERS COÜVERTS.
On donne ce nom aux fers qui ont plus de couver-ture ou de largeur que les fers ordinaires.
Leur application a pour but de protöger une plus grande 6tendue de la sole dans les pieds ou cette partie ne präsente pas le degrsect; d'incurvation de l'amp;at normal. Les fers converts sont plus sp6cialement employes pour les pieds larges, les pieds plats et ceux qui sont combles.
Ces fers ont une ajusture plus ou moins bombte en forme de bateau, suivant le degre de deformation des pieds auxquels on les destine; leur 6paisseur doit 6tre moindre que dans les cas ordinaires, afin de leur donner plus de lagere t6.
On distingue, dans la pratique, des fers converts a difierents degr6s.
Nous avons a decrire le fer demi-couvert, le fer a une branche couverte, le fer convert, le fer tres con­vert ou a croissant, le fer a bords renverssect;s, le fer a deux oignons, le fer a un oignon.
Fer demi-couvert. — Bourgelat donne la description de ce fer comme ayant une branche plus couverte que l'autre et le confond avec celui que nous appelons fer ä une branche couverte.
' 18
-ocr page 284-
(Fig- 72.) Fer demi-couverl.
264 Le fer demi-couvert donne le premier degre de l'aug-
menlalion de couverture que recoit le fer pour les pieds döfectueux; viennent ensuile le fer convert et le fer tres con­vert.
Ce fer, qu'on destine au pied qui peche par trop de largeur,
a plus de couverture que le fer ordinaire, afin de protöger une plus grande fetendue de la face inferieure du sabot. Quand il est placö sur le pied, I'ouverture disposee enlre ses deux branches laisse settlement a deconvert la fourchette et la moitie de la sole.
Fer ä une branche couverte. — C'est le fer demi-couvert de Bourgelat. Dans ce fer, la largeur d'une brauche excede celle de la branche oppos6e.
L'exces de couverture donne a l'une des branches est proportionnel a Tetendue de la surface qu'on veut proteger. II sort k recouvrir une bleime, un oignon ou quelque partie de la sole qui peche, soit par trop de saillie , soit par trop de faiblesse.
(Fig. 730 Fer convert.
Fer convert. —11 a 6t6 döcrit par Lafosse , Bourgelat et Gohier.
Ce fer recouvre une plus grande partie de la surface inferieure du pied que le fer demi-couvert. L'6chancrureqtti separc les deux branches laisse seulcmentla fourchette ä döcou-vert.
-ocr page 285-
2G5
On emploie le fer couvert pour le pied plat et pour le pied comble. Son degr6 d'ajusture est toujours en rapport avec la surface de la sole qu'il doit proteger.
II doit avoir peu d'^paisseur, afin de presenter un polds moins considerable. Sans cette condition , il fatigue bientöt les extr6mit6s.
( Fig. 74.) Fer tr4s couvert.
Fer tres convert. — Nous
nommons ainsi le fer dont la couverture est prononcee a un tel degre, que I'tehancrure menagee entre ses deux bran­ches ne laisse a d^couvert que la moiti6 posterieure de la fourcbette (fig. 74).
La couverture de ce fer {fr6-sente en pince sa plus grande largeur. Son ajusture est disposee en forme de bateau; comme eile est tres prononcee , et comme I'appui se reporte principalement vers la voüte , on dispose quelquefois des crampons aux extremites des eponges. C'est la ferrure qu'on applique le plus souvent sur les pieds älteres par la fourbure (1). Ces pieds sont fortement bombte a leur par tie ant6rieure.
On reunit quelquefois les eponges du fer tres couvert. Cette disposition est utile lorsqu'il s'agit d'un pied k talons bas et faibles, qui ne pourraient supporter la moindre pression, dans le cas debleime, d'oignons. II Importe que ces fers prfesentent dans leur milieu une
i
(1) Voyez le chapitre qui Iraitc des maladies du pied et de la ferrure qu'ellcs exigent.
-ocr page 286-
X
26'6 ouverture assez grande pour laisser 6couler l'eau et sortir la terre qui a pu se placer ä leur face supörieure. 11 est rare qu'on applique un fer corapletement cou-vert, sans ouverture ou sans echancrure dans le milieu, parce qu'il rendrait les allures du cheval trop incer-taines.
(Big.lS.) Feräbordsrenversis- „ , ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; r\
Fer a boras renverses. — Un
disigne sous ce nom un fer
ties couvert, auquel on donne
beaucoup plus d'ajusture qu'ä
tous les fers connus, et qui
präsente dans tout le pourtour
de la rive externe un rebord
assez large portant de petites
6tampures(^j(. 75). Ce rebord
est plane et presente une
largeur de 6 a 8 millimetres; il doit appuyer sur la
partie inferieure de la paroi, tandis que la concavite de
l'ajusture recoitla convexite de la sole.
La disposition de ce fer est teile, qu'il ne pent poser sur le sol que par la partie la plus saillante de l'ajus­ture ; aussi a-t-on la precaution de menager ä l'extrö-mite des eponges des crampons assez eleves pour four-nir deux points d'appui et rendre ainsi plus de stabilite äl'animal.
En le faisant porter ä plat sur le pied la rive externe du fer, on rend plus facile rimplantalion des clous; on obvie en meme temps au defaut qui resulterait d'une ajusture fortement disposee en bateau et qui aurait rinconvenient de presser la paroi de dedans en debors.
-ocr page 287-
267 Le fer a Lords renverses peut etre applique avec quelque avantage sur le pied comble par I'effet d'une conformation naturelle, et qui a conserve sa forme arrondie. Son emploi n'est pas possible pour le sabot alt6r6 par la fourbure , qui s'est retreci sur les cotes et s'est allonge fortement d'arriere en avant, tout en donnant une convexite prononcöe au bord inftsrieur de la paroi.
FERS A OIGNONS.
On dteigne sous ce nom les fers converts et bombes dans quelques unes de leurs parties pour protfeger les regions de la sole qui pr6sentent ces Eminences qu'on designe sous le nom d'oignons.
II y a deux vari6tes de fers de ce genre :
(Fig. 70.) Fer d deux oignons. p Fer laquo; deux Oignons. _
Le fer qui porte ce nom est demi- convert; de plus, ses deux brancbes ont un exces de largeur vers les quar tiers et une ajusture fortement prononcöe dans ces memes parties.
Dans la pratique, on rem-place le fer a oignons par le fer convert ordinaire.
2deg; Fer ä un oignon. — C'est ua fer demi-couvert, dont une des branches seulement presente un exces de largeur et d'ajusture , parce qu'il doit etre applique sur un pied dont la sole ne prtsente un execs de convexile que d'un sow] cote.
'if
-ocr page 288-
ftnl
268
,
Cc fer est peu usil6; dans les cas qui pourraient le rfeclamer, on applique le fer a une branche couverte.
FER A ETAMPURES IRREGULIERES.
Gohier a donn6 ce nom ä un fer dejä d^crit par Chabert sous le nom de fer ä caractere, et nomme plus tard fer ä elampures symetriques.
Le ferdont il s'agit n'a pas les 6tampures disseminees comme dans le fer ordinaire.
Comme il est destine au pied derobe, il est depourvu d'^tampures dans les parties ou la paroi presente une breche, une depression qui empeche d'y implanter des clous.
Le veritable fer a ötampures irregulieres ne doit etre 6tampe qu'au moment oü on va I'appliquer sur le pied, parce qu'on dispose les 6tampures dans les parties qui vont correspondre avec la bonne corne.
Ce fer doit etre mince; on le fixe avec des clous a lames longues et fines.
(mS.lDFerättampuressymt- Si le SaI)0t n'est paS^ro-trigues appliqui sur un pied be accidentellement, si, par
de devant.
exemple, la paroi se trouve fortement deprimee dans la region des mamelles , on em-emploie le fer ä elampures sy­metriques (fig. 77).
Celui qu'on destine au pied an terieur presen I e quatr e etam-pures en pince et deux en ta­lons de cbaque cöt6; la rive externe ost fortement rcntree
-ocr page 289-
2G9 dans la partie correspondante a la döpression de la corne.
(Fig
iü.)FerdecJeiriereä6cam Le fer de derriere ä etam-
purossynmtnques. pures symetriques presente
deux etampures en pince et
trois en talons de chaque cote
(fig. 78).
II est une regie importanle a rappcler lorsqu'on emploie ce genre de fer; eile cousiste ä ne pas Irop rapprocher les etampures, afin d'eviter les
6clats de corne qui pourraient en resuller et rendraient impossible sou application.
FEKS A TOUS PIEDS.
On nomme ainsi des fers qu'on peut placer indififö-remment aux pieds de devant ou de derriere, du cöt6 droit ou du cote gauche.
On distingue des fers ä tous pieds munis d'etam-pures et des fers ä tous pieds sans clous.
Les premiers servent en voyage, dans le cas ou un cheval s'est deferrö accidentellement loin de l'atelier du raarc'dial. Les autres ont 6te imagines pour obvier aux inconv6nients de la ferrure ä clous. Ils peuvent etre utilises, dans quelques cas exceptionnels, pour des pieds dont la paroi est trop faible pour servir ä l'adapta-tion de la ferrure ordinaire.
a. Fers ä tuus pieds ä elampures. — II yen a plusieiirs
-ocr page 290-
Ijl
270 sortcs: on distingue le fer a une seule piece et ceux qui sont brises.
(Fig. 79.) Fer simple ä tous pieds.
1deg; Fer simple ä tous pieds. — Bourgelat a döcrit
ce fer comme plus large que 1c fer ordinaire; ses branches sont perches par deux rangs d'ötampures ; le rang exterieur en con-tient buit et le rang int6-rieur sept; chaque 6tam-pure rsect;pond a I'espace qui
s6pare celles de l'autre rang, pour ne pas trop affaiblir le fer.
M. Rainard dit que ce fer doit 6tre rejet6 de la pra­tique, comme trop large, trop pesant, et susceptible de faire eclater la come.
2deg; Fer brise ä un seul
(Wg. 80.)nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;,,.,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;r.
Per Mai ä unseul rang d'mmpures. rang d etampures. — Le-
sar Fiaschi a donn6 la
premiere description de
ce fer dans son Traue de
bien embrider, manier et
ferr er les chevaux. Gas-
pard Saunier et Lagufe-
riniere en font mention.
On en avait altribuö Tin
vention a Bracy-Clark.
Ce fer präsente ses
deux branches articulees en pince; elles sont mobiles
-ocr page 291-
271 sur un clou riv6 en dessus et en dessous. Les etam-pures sont disserainees comme dans le fer ordinaire.
C'est ce fer qu'on pr6fere porter en voyage pour le fixer au pied du cheval qui est d6ferr6 accidentelle-ment. L'articulation de la pince donne la facultfe de le faire servir pour des sabots de diffiferentes dimensions.
Son application est provisoire; on s'en sert pendant le temps necessaire pour conduire le cheval a I'atelier du marechal. II a pour but de proteger le pied nu contre les aspt-rites du sol, du pavfe, de prövenir les contusions de la sole, les ödats de la paroi.
(Fig. 81.)
3deg; Fer brist ä deux
Fer brisiä deux rangsd'etampures. rangs d'elampures. — II a
6t6 d6crit par Bourgelat. II differe du precedent en ce que les branches , arti-culees de la memo maniere, sont pourvues de deux rangs d'elampures.
On trouve la description de ce fer dans le Parfait Marechal de Garsault et dans la Nouvelle Pratique
de ferrer les chevaux, par Lafosse.
Ce fer est inutile. Les deux rangs d'6tampures ne
servent a rien, puisque la charniere de la pince permet
de le serrer a volont6.
Si, quand on I'applique, on broche les clous dans les
6tampures qui composent le rang interne, le fer doit
garnir outre mesure, et l'animal ne tarde pas ä se cou-
-ocr page 292-
E-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 272
rillquot;
per fortement. II faudrait avoir la precaution de bro-cher d'abord les clous ä la brauche de dedaus du fer dans les £lampures du rang externe.En dehors, on pent, avec moins d'inconvenients, implanterjles clous dans le rang interne, parce qu'il y a moins de danger de faire döborder le fer de ce cöte. La ferrure devient seule-ment difibrme. L'animal n'est pas expos6 ä se couper; mais il pent se d^ferrer plus facilement.
b. Fers ä tous pieds sans elampures. — On a invente plusieurs fers de ce genre. 11 parait mfeme que la ferrure sans clous a 6t6 mise en usage la premiere, mais qu'on
! quot;
y a renoncsect; parce qu'elle est peu solide et pluscoüteuse.
tnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; C6sar Fiaschi a donne, dans son ouvrage sur la
ferrure, la description d'un fer sans clous, dont la rive
|nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;externe et sup6rieure präsente, dans tout son pourtour,
un piucoii. Ce fer est brise en pince; les eponges, apla-
I ties en sens oposfe, sont perches d'un trou rond qui, dans l'une d'elles, donne passage ä une boite, et dont l'autre präsente une vis ä tete perc6e qui est recue dans cette boite. On pent, ä l'aide de cette vis , rapprocher les Sponges l'une de l'autre pour appuyer le pincon contre la paroi et serrer le fer.
Le fer de C^sar Fiaschi manque de soliditfe et cause trop de depenses pour etre adopte; il a rinconv6nient de trop comprimer le pied et de causer quelquefois une boiterie intense.
Gaspard Saunier a decrit un fer ä peu pres semblable au precedent (1).
(1) Gaspard Salmer. La ParfaiCe Cöntiaissance des Chcvaux. La llajc. i-73fi
|
I
-ocr page 293-
273 Le baron de Sind a donn6, comme 6tant de son invention, un fer a tons pieds du meme modele que celui de Cesar Fiaschi, avec cette difiference que la rive externe, au lieu de presenter un pincon continu, se trouve munie de trois pincons plus longs, qui s'appli-quent, par consequent, vers une partie plus elev6e de la paroi. Au bout des eponges est une £paisseur carr^e perc6e d'un trou rond dans lequel s'engage une vis terming par un 6crou.
Le memo auteur a fourni la description d'un autre fer a tons pieds, dans lequel les deux pingons des mamelles sont ternainfes par une boucle k laquelle s'attache une courroie. Sur la rive externe de chacune des Sponges est une sorte d'anneau dans lequel s'engage Sgalement une courroie.
(Fig. 82^nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;La figure 81 reprösente
Fer ä tons pieds sons ötampures' un fer du genre de celui qui
vient d'etre d6crit.
Dans son Cours de Mare-chalerie, M. Rainard a döcrit, sous le nom de fer ä bourse, un fer a tons pieds qui n'est pas brise en pince. laquo; C'est, dit-il , un fer ä raquo; eponges r^unies, a la rive raquo; externe duquel on a leve raquo; un pincon bas, qui regne raquo; dans toute l'^tendue du fer; ce'pincon est percö tout raquo; autour de son bord libre, de sorte qu'on pent y cou-raquo; dre, au moyen d'un fil de laiton, des pieces de cuir raquo; et des courroies, qui sout fixees par des boucles autour
'
11 :3
-ocr page 294-
r
¥'
i i
274
raquo; du paturon. raquo; Ce fer a 6t6 employfe dans les infir-meries de l'^cole vfet6rinaire de Lyon pour recouvrir le pied d'un cheval sur lequel on avait pratiquö l'amputa-tion de la paroi. Garsault a fait mention d'un fer de ce genre.
A l'ecole de Saumur, on a inventfe ce qu'on a appelö un soulier ferri. C'est tout simplement un fer sans clous adapts a une bottine en cuir qu'on serre autour du paturon avec des courroies.
Le journal anglais the Veterinarian, dans le numfero de mai 1849, donne la description d'une nouvelle fer-rure sans clous invent6e par M. Willam Parry :
laquo; Dans cette ferrure, les clous sont remplacfes par des anses de fil de metal; le trajet de ces fils dans le sabot est fait avec un foret. On pratique avec cet in­strument deux canaux longitudinaux dans la direction oblique de dessous en dessus et de dedans en dehors, que suit le clou ordinaire ; ces deux trajets sont seule-ment convergents par en bas I'un vers I'autre. Lorsque la paroi est ainsi travers6e, on introduit un morceau de fil de fer par chacune de ses extr6mit6s dans les orifices supörieurs des canaux creusös par le foret; on les fait sortir par les orifices inferieurs, puis a travers les trous correspondants du fer; a la face införieure, on les tord ensemble avec une pince comme fait le treillageur, et on rabat la torsade dans la rainure lon-gitudinale dont le fer anglais est creus^. Le nombre de ces boucles de fer est de trois ou quatre, suivant les indications.raquo;
Cette ferrure ne nous parait pas appel^e a quelque succes.
ih
L.
-ocr page 295-
CHAPITRE XVIII
FERS DESTINES A REMEDIER AüX DEFAUTS D'APLOMB.
Sommaire. — Fers a la turque : fer a une branche courte et mince; fer ä une branche öpaisse et courte; fer a la turque ä bosse ; fer a mamelle retröcie. — Fers ä bosse: fer a bosse sur une branche; fer ä bosse sur une eponge öchancree; fer ä bosse sur les deux eponges. — Fers epais dans quelques unes de leurs parties: fer 6pais dans toutes ses parties; fer ä pince epaisse; fer ä talons epais. — Fer a pince 6troite. — Fer a pince tronquee. — Fer pin^ard. — Fer h pince prolongs.
FERS A LA TURQUE.
C'est improprement qu'on leur a donna le nom qu'ils portent. Ils n'ont pas la moindre ressemblance avec les fers turcs. Ce sont des fers ordinaires, dont une des branches est plus ou moins courte et epaisse et dont les 6tampures sont disseminees inögalement.
La ferrure a la turque a pour but de remödier au defaut des chevaux qui se coupent. Quelquefois eile se
tl
-ocr page 296-
27G borne ä rentrer fortement la branche interne du fer. Dans quelques cas, eile a pour but d'6loigner Tun de l'autre les deux membres qui se contusionnent.
On döslgne encore les fers a la turque sous le nom de fers ä elampures unilaterales. Turner en a propose I'emploi pour conserver l'felasticite du pied.
Les fers a la turque sont d'une grande utility dans la pratique. On en distingue plusieurs variet6s.
1deg; Fer ä une branche courleel mince. —U a 6t6 decrit par Bourgelat sous le nom de fer ä la turque; Lafosse l'a nommbfer ä la turque et ä demi-branche; Gohier le d^signait sous le nom de fer ä une branche privee d'etam-pures.
La brancbe externe et la pince out les memes pro­portions que le fer ordinaire; cette brancbe porte six etampures; les deux autres sont places sur la mamelle
(Fig. 83.) Fer ä la demi-turque. interne- La tranche oppo-
s6e est mince et plus courte d'une fois la longueur de la pince on du quart de la longueur du fer. L'arete infferieure de sa rive ex­terne est abattue, effacee, pour 6viter que I'animal se coupe. La figure 83 repre-sente un fer de derriere dit ä la demi - turque, parce
qu'il a deux 6tampures sur la mamelle interne.
Ce fer est employe pour les cbevaux qui se coupent
avec le talon , pour ceuxqui sont panards. Quand il est
V
f
-
'I
I
j
-ocr page 297-
277 posö, sa branche interne est döbordöe et cach6e par le bord arrondi de la muraille.
il
(Fig. 8*.) Fer ä la turque branche ipaisse et eourle.
ä 2deg; Fer ä me branche epaisse et eourle. — C'est le deuxieme
fer a la turque d6crit par Bourgelat. II a 6te mentionn6 par Solleysel et Garsault.
Ce fer differe du pr6c6dent en ce que sa branche interne est epaisse et que cette epais seur est double de celle de la pince. La rive externe et
inferieure de la brancbe in­terne est arrondie; I'eponge se termine en biseau de dessus en dessous.
On I'emploie ^galement pour le cbeval qui se coupe avec le talon ou I'eponge du fer. II est pr6f6rable au precedent quand le quartier interne est plus bas que I'externe. II sert aussi a rejeter en dchors, a 6loigner I'une de l'autre les deux extremes susceptibles de se toucher.
Le fer ä branche courte et epaisse doit etre applique sous les deux pieds du meme bipede, tandis que le fer ä branche courte et mince suffit souvent quand on I'applique seulement sur le pied qui frappe rextr6mit6 opposes.
3deg; Fer ä la turque ä bosse. — C'est le troisieme fer a la turque decrit par Bourgelat. II constitue un fer ä
-ocr page 298-
i
278
bosse perc^de cinq itampures danssa Lranche externe, y compris une partie de la pince , et de trois dans sa branche de dedans. Les fetampures de la branche interne sont placöes diffiferemment, suivant la place de la bosse.
Si le cheval se coupe avec les mamelles , on place la
bosse immödiatement apres le premier trou de la pince; deux 6tanipures seront percees en talon. h |nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Le cbeval se coupe-t-il avec le milieu de la branche
du fer, on la fixe sur ce meme milieu; les 6tam-pures ont la m^me disposition que dans le cas prece­dent.
Enfin, si le cheval se blesse avec I'feponge , la bosse est plac6e apres la premiere etampure en talon ; il y aura deux fetampures en pince.
D'apres Bourgelat, la bosse doit avoir en longueur les deux tiers de la longueur de la pince , en hauteur le tiers de cette longueur, et en fepaisseur le tiers de la
largeur de la branche qui est 6chancr6e dans cet endroit
i
J
pour diminuer une partie du poids du fer.
M. Rainard regarde ce fer comme inutile; il pense qu'on pent le remplacer par le fer ä bosse sur une
Sponge, en variant la position de cette Eminence. II fait
observer avec raison que le cheval se coupe tres rare-ment par le milieu de la branche du fer; que s'il se coupe en talons, les fers ä la turque nos 1 et 2, sont tout a fait suffisants; enfin, que, dans le cas oü I'animal se coupe avec la mamelle, on pent avoir recours an fer d6crit ci-apres sous le n0 4.
\ l
-ocr page 299-
279 (Tig.OS.) Ferälaturque ä ma- 4deg; Fer ä la turque ä
li!
melle räträcie.
m
mamelle rürime. — C'est
un fer ordinaire , dont la mamelle interne est forte-ment rentr6e et privfee d'6tampures depnis la pince jusqu'au milieu de la Bran­che de dedans, au bout de laquelle on place deux ou trois ft tain pures.
On applique ce fer sur
le cheval cagneux , qui se
coupe avec la mamelle. II a I'avantage d'empeeher
l'animal de se couper et de presenter plus de l6geret6
que le fer ordinaire et que les autres fers a la turque.
FERS A BOSSE.
Ces fers out pour caractere principal une Eminence qu'on appelle hosse et qui fait saillie a la face infiferieure, dans le but de relever une partie du pied pour forcer I'appui sur une autre point. On place la bosse tantöt sur une 6ponge, tantot sur I'autre, quelquefois sur les deux en me me temps.
Chaque bosse doit fetre arrondie, ovoide; les angles sont effaces pour ne pas exposer l'animal a buter.
II y a plusieurs m6thodes pour forger les fers a bosse. On se sert d'un lopin assez ftpais, pour pouvoir menager sur un point donne une certaine quantite de fer, qu'on releve plus ou moins et qu'on polit avec la lime. —Un autre moyen consiste a souder sur un fer
19
-ocr page 300-
280 ordinaire une piece de fer qu'on arrondit. —Enfin, on pent se servir d'une bosse postiche dont la base präsente une vis qu'on engage dans un trou taraudö sur la face införieure du fer.
Göneralement on emploie peu les bosses dans la pra­tique ; quand on veut relever une partie du pied du cheval, on se contente d'augmenter l'öpaisseur du fer dansle c6tfe correspondant. Les bosses sont preferables, ence qu'elles ont l'avantage de ne pas augmenter d'une maniere aussi prononc6e l'öpaisseur du fer.
11 y a plusieurs varifetös de fers a bosse.
(Fig. 86.) Fer ä bosse sur une branche-
10 Fer a bosse sur une
|
branche. — C'est un fer ordinaire dont une des eponges presente une petite bosse levöc du fer lui-m6rae. La bosse est transversale ou longitu-dinale. Gohier en donne la description dans ses tableaux synoptiques.
I
Ce fer est employ^
quand un des quartiers est plus bas que I'autre ou
quand le boulet se jette en dedans ou en dehors.
On pourrait appliquer le fer a bosse sur I'feponge
externe du cbeval cagneux et sur I'^ponge interne du
cheval panard.
2deg; Fer ä bosse sur une eponge echancrie. — Pour diminuer le poids du fer, qui est augments par la bosse,
II
-ocr page 301-
281 on dispose cette derniere dansle sens longitudinal, et on fait une 6chancrure dans la partie correspondante de la rive interne. Cette vari6t6 est pen usitee.
(Fig. 87.) Fer ä bosse sur les 3deg; Fer ä bosse sur les deux deux iponges.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;eponges. — Le fer qui präsente
une bosse sur les deux 6ponges a 6t6 conseill6 pour les chevaux ä talons bas et faibles ; dans ce cas, il ne pent 6tre que nui-sible, comme le fer a deux crampons.
II a 6t6 recommand^ pour le cheval long-joint6.
On a conseilte de donner a la bosse de l'feponge interne une direction oblique, afin que 1'animal ne se blesse pas.
Quelquefois on remplace les bosses par deux fortes totes de clous rivees sous les eponges.
FERS EPAIS DANS QÜELQÜES DNES DE LEURS PARTIES.
Ces fers sont destines ä remödier ä des döfauts d'aplomb. On en distingue plusieurs sortes:
1deg; Fer epais dans toutes ses parties. — Ce fer, dont l'origine ne nous est pas connue, presente une 6pais-seur double au moins de celle d'un fer ordinaire. II a beaucoup moins de couverture; sans cette condition , son poids deviendrait trop considerable. L'ajusture est difficile ä donner. Bourgelat l'a d^crit.
-ocr page 302-
1 I
282
On I'applique sur les extriinitis dont on veut augmenter la longueur; sous ce rapport, il agit comme le fer a patin.
Le fer 6pais est appliqu6 sous les deux pieds ant6-rieurs du cheval bas du devant.
Les marchands, qui veulent donner plus d'6l6vation a un cheval qu'ils prßsentent pour un service qui reclame une taille d6termin6e, out la precaution, si le garrot n'a pas la hauteur n^cessaire, de faire ferrer les pieds de devant en laissant a la corne le plus de longueur possible et en donnant aux fers plus d'6paisseur. C'est ce qu'on appelle la ferrure ä la marchande.
(ViS. 0laquo;.) Fer ä pince ipaiüe. 2deg; Fer laquo; Pince 6PaisSe \ amp;'
pingard, — Le fer ä pince
6paisse a et6 conseillö par Sol-leysel et Garsault. II a 6te con-sid6r6 par Bourgelat et Lafosse comme utile pour le rfetablisse-ment des aplombs. Chabert le nommait fer pour le cheval ram-pin.
On ne I'emploie que pour les membres posterieurs. Les 6ponges sont minces. La pince est plus ou moins epaisse suivant les indications; eile d6passe toujoursla paroi et ne presente jamais de pincon. Les 6tampures sont places pres des 6ponges; la pince en est d^pourvue. Ce fer est employ^ pour les pieds rampins, c'est-k-dire qui ont la paroi perpendiculaire en pince et les talons elev6s.
l]
. #9632;
i #9632;
-ocr page 303-
•283 Comme ces pieds sont presque (oujours creux , Lafosse donnait le conseil d'ajusterles branches du fer on sens inverse, demaniere ii rapprocher la rive interne de la sole. Cette indication n'a aucune importance. On se borne ä donner pen d'ajusturc aux deux branches du fer.
Le fer a pince 6paisse a l'inconvfenient d'6tre pesant et de faliguer l'aninial qui le porte. 11 est n6anmoins assez gen6ralemenl employe.
3deg; Fer ä talons epais.—Ce fer a 6t6 invents pour les chevaux qui ont les talons has, afin de dissimuler le d6faut d'aplomb qui resulte de cette conformation. 11 est rare que les marchands aient recours a l'emploi de ce moyen.
Fer ä pince itroite. — Ce fer a 6tfe dsect;crit sous ce nom dans les tableaux synoptiques de Gobier. On pent le nommer encore fer elrangU en pince. Bourgelat en fait mention dans ses EUments d'Hippiatrique.
II ressemble an fer ordinaire, mais il a la pince plus 6troite d'un tiers de la longueur de cette par tie; la rive interne a sa voüte terminöe par un biseau pratique de has en haut et d'avant en arriere.
On I'applique sur les pieds de devant du cheval qui forge en voüte. Gobier recommande dans ce cas des 6ponges minces, courtes et privies de crampons.
Ce fer regoit pen d'ajusture; la voute doit elrc presque en contact avec la sole, pour que le pied poste-rieur I'atteigne moins facilement.
-ocr page 304-
'.•:
284
Fer äpince tronquie. — C'est le fer tronqu4 de Bour-gelat. II a et6 aussi d6crit par Lafosse.
La partie antamp;ieure de la pince est tronquäe trans-versalement et se termine en biseau. De chaque c6t6 , vers les angles de la partie tronqu6e, on leve un pin­ion pour fixer le fer plus solidement.
La corne de la paroi d6passe le fer en pince.
On applique le fer ä pince tronquöe sur le cheval qui forge, soil en 6ponge, soit en voüte. Un'est employ^ que pour lespieds postamp;rieurs.
It
FER A PINCE PROLONGEE.
I
:l a
1
Bourgelat d^signait ainsi un (mg.m.)Fer äpince prolongs. ferdont la pince est prolongee
en pointe mousse , plus ou moins longue et plus ou moins relevfee.
Les (Hampures de ce fer sont disposees sur les mamelles et les quartiers ; les Sponges sont minces.
La disposition de la pince est
susceptible de varier beaucoup,
suivant les cas qui r£clament
l'emploi de ce fer.
Quand nous appliquons le fer a pince prolongöe sur
une extrfemitö qui vient de subir la tönotomie ou section
du tendon perforant, nous donnons a la pince une
garniture d'un ä deux centimötres au plus comme dans
I
^
-ocr page 305-
285 la figure 89. Un prolongement plus prononcfe de la pince n'est pas utile pour le redressement de l'extr^-mite , si les talons ont 616 abattus suffisamment; il est m6me nuisible en g6nant les mouvements de l'animal, parce qu'il frotte sur les in6galit6s du sol pendant la progression.
Ml
(Fig. 90.) Fer ä pince prolon­gs pour le pied bot.
La figure 90 repr6sente un
fer de derriere a pince pro-
long6e, destin6 ä un pied Lot.
Si Ton vent utiliser un
cheval qui est fortement bou-
let6 par suite de la r6traction
des tendons, la longueur du
fer doit 6tre portee a I'exces
dans la r6gion de la pince, a (in
de permettre l'appui du mem-
bre qui est trop raccourci pour
atteindre le sol. Par ce Systeme,
le fer sert en quelque sorte k
remplacer ce qui manque a la
longueur de rextr6mite.
Le fer a pince prolong6e de la figure 89 a 6t6 nomm6
aussi fer ä la florenline, parce que sa partic ant6rieure
a quelque ressemblance avec le fer qu'on applique sur
le pied du mulet dans une partie de l'Italie.
-ocr page 306-
m
,
w.
i
CHAPITRE XIX.
1
DES MALADIES DU WED ET DE LA FERRÜBE QTJ'ELLES EXIGENT.
11
Sommaire. — Des maladies du pied. — Affections do la sole : bleime; clou de rue. — Maladies de la paroi: seimes; javarts encorn6 et cartilagineux. — Pied de formt' par la fourbure : pied cercl6; four-milierc ; croissant; deformation totale du sabot. — Pied encas-tcle.—Moyens propres a diminuer la sensibility du pied du cheval.
'
DES MALADIES DU PIED.
Elles fonueot unc classe oombreuse pour laquellc l'emploi de la ferrure est d'uu graud secours.
Sous ce rapport, 1'application du fer est destinee a remplir diverses indications.
La ferrure sert ä maintenir I'appareil n6ces-saire pour la guörison des plaies qui r6sultent d'une
-ocr page 307-
287 operation; c'est ce qu on voit pour le clou de rue , le javart encorn6, le javart cartilagioeux, etc.
Une ferrure convenable est souvent un moyen pr6-servatif et mfime curatif. C'est ainsi que la bleime , la seime et d'autres alterations de l'ongle peuvent dispa-raitre.
Enfin, apres la guirison d'une operation pratiqu^e sur le pied, c'est encore par la ferrure qu'on protege la cicatrice form6e le plus souvent par une corne molle, pen r6sistante , facile a se dfechirer; avec un fer conve­nable , on peut utiliser I'animal plus promptement et diminuer les frais qui resulteraient d'une longue maladie.
il
MALADIES DE LA SOLE.
Les maladies de cette region du pied sont nom-breuses. Les unes sont le rösuitat de la ferrure; les autres sont dues a d'autres causes et constituent , soit des contusions, soit des piqüres.
Les maladies de la sole causees par la ferrure sont la sole chaufße, brülde, dessdchee, la sole trop affaiblie, la coupure faite par le boutoir, la piqüre, Venclouure, la retraite.
Les affections qui rentrent dans la seconde cat6gorie sont la sole battue ou solbatture, la sole foulee, les blei-mes, les oignons , les plaies, les censes, les clous de rue.
Pour les unes et les autres , la ferrure est une partie importante de I'appareil de pansement. Le fer protege
-ocr page 308-
'•#9632;#9632;gt;.'
288 les lissus blesses et relient ä leur surface les topiques destines a en faciliter la guerison.
,
Les formes qu'il convient de donnerau fer, dans ces diverses maladies, sont fort variables. On pent toutefois les rfeduire a deux genres: 1deg; fer l6ger, 6troit, dit ä dessolure, avec des 6clisses mobiles dans le eas de plaie etendue, n^cessitant des pansements frequents ; 2deg; fer convert, a plaque fixöe par les clous, ou soudöe, quand il s'agit seulement de prot6ger la surface plantaire.
La ferrure rfeclamee par les bleimes et le clou de rue raGrite un examen particulier.
BLEIMES.
On donne le nom de bleime a une ecchymose ou rougeur de la corne, qui a son si6ge sur la sole dans la region des talons.
Les pieds a talons lias et faibles , les pieds plats et combles sont predisposes a cette maladie, qu'on remar-
i
que 6galement sur les sabots creux, ä talons hauts ,
encasteles.
La bleime est occasion n6e par tout ce qui produit la
compression de la sole; ainsi , l'eponge du fer mal
ajuste , les pierres ou graviers qui s'introduisent sous
i' [
cette parlie , la marche sur des terrains durs, une fer-
J 11nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rure nögligöe, donnent ce r6sultat.
Cette affection se dfeveloppe bien plus souvent aux pieds de devant qu'ä ceux de derriere ; eile apparail surtout dans le quartier interne ; on la voit rarement sur le quartier externe.
Lafossc a distinguMa bleime nalurelle, qui vient sans
-ocr page 309-
289 le concours de causes extörieures , et la bleime acci-dentelle, qui rösulte de la ferrure (1).
M. Girard considere cette affection comme toujours accidentelle. Ilreconnalttrois vartet6s, qu'il donne comme 6tant des degr6s diffgrents de la m£me maladie; ildeerit la bleime foulte, celle qui est secÄe et la bleime suppu-r4e. La bleime Coulee consiste dans une simple foulure suivie d'une douleur sourde; la bleime seche offre des stries de sang dessöclie , une ecchymose dans le tissu de la corne; la bleime suppur^e ou humide präsente du pus avec d6collement partiel de la sole.
M. Vatel admet une division semblable, et däsigne Taltiration dont il s'agit sous le nom de podolachnite, de toulaquo;, to^o; , pied, et ^axvo;, velu, inflammation du tissu velout6 (2).
M. H. Bouley a distingue quatre especes de bleimes, qu'il considere comme des degr6s dififerents du m6me mal; ce sont les bleimes foulde, seche, humide et sup-pur ie (3).
Les bleimes sont fräquemment suivies d'une claudi-cation intense. La vari6t6 qu'on appelle swppurie, qui est le Iroisieme degr6 de la bleime, pent se compliquer de la gangrene du tissu feuilletfe , de la nöcrose de l'os du pied, de la carie du cartilage lateral et de l'expan-sion du tendon perforant.
Les deux premieres vari6t6s sont peu graves; une
(1)nbsp; Lafosse. Guide du 3Iarichal, 18*2, p. 203.
(2)nbsp; Vatei. Elements de Pathologie vilärinaire, 1828, 1.1, p. 123.
(3)nbsp; II. Bouley. Nouvcau Dietionnaire des sciences medicates ct veterinaires, 1811, p. 132.
-ocr page 310-
li
#9632;I i
290 ferrure convenable y rem^die le plus souvent. Ainsi, la corne doit fetre amincie et paröe jusqu'ä la ros6e dans la partie correspondante a la bleime; on donne au fer une ajusture plus prononc6e sur la brauche interne; on applique sur la corne malade une couche d'onguent de pied.
Si la claudication continue, le fer a planche devient n6cessaire (1). Ce fer doit presenter plus de couverture du cöt6 qui correspond a la bleime ; dans cette mfeme partie, les etampures seront un pen plus 6loign6es du talon. Le Systeme de ferrure a planche sert a preserver la partie malade de tout appui douloureux.
La bleime ancienne, qui est suppuröe , exige que la corne soit par6e jusqu'au vif, pour amener I'evacualion du pus ; ensuite on applique des plumasseaux imbibes d'essence de terebenthinc; le 'tout est retenu par le fer a planche et quelques tours de bände fixfes autour du pied.
Si la suppuration est abondante et entretenue par une gangrene partielle des tissus (bourbillon), on enleve la corne qui est d^sunie et on reseque la surface du tissu villeux d6sorganisee. 11 y a lieu d'appliquer ici le fer a une brauche tronquäe.
La carie du fibro-cartilage lateral vient-elle ä se d6velopper, il faut proc6der comme dans le cas de javart cartilagineux; on reconnait cette complication a la persistance de la suppuration , qui est d'un Wane grisätre et s'6chappe a travers une fistule ; il y a, de
J
(i) Voycz 1c fer ä planche, p. 2V6 et suivanlcs.
{
ft I-,
I
E I.'
-ocr page 311-
(fl
291 plus, gonflement du talon et quelquefois du quartier correspondant.
CLOU DE laquo;UE.
Cette expression est employee d'une maniere g6nerale pour dfesigner les blessures de la partie införieure du pied des grands animaux produites par un clou ou tout autre corps Stranger qui a p6netr6 a travers la sole ou la fourchette. Les corps susceptibles de blesser le cheval dans ces parties du sabot sont des clous, des morceaux de verre, de silex , des fragments de bois, etc.
On distingue le clou de rue simple ou superficiel et le clou de rue compliqud, profond, penetrant. Les compli­cations les plus ordinaires sont la necrose de l'os du pied, la blessure du tendon perforant, de la gainc sesamoi'dienne , et quelquefois de l'articulation du dernier phalangien.
Parmi les symptömes qu'on observe, le plus impor­tant est la boiterie, dont TintensitS fait connaitre la profondeur a laquelle le corps Stranger a pSnetre et la gravitö du mal. Atteint d'une blessure simple, le pied pose sur le sol par toute sa surface införieure; au con-traire, I'appui n'a lieu que sur la pince , dans le cas de division du tendon et d'aUeration de la gaine synoviale.
Le liquide fourni par la plaie doit eclairer le diagnostic. Dans le clou de rue recent, c'est du sang qui s'ecoule apres l'extraction du corps vulnSrant. Lorsque la plaie est ancienne, sa surface donne du pus Wane, si l'os du pied et le tendon sont intacts; le pus est sSreux dans le cas de carie du dernier pbalangien ;
-ocr page 312-
p1
I
I
292
il est albumineux, caillebot6, si la gatne tendineuse est 1,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; a It einte.
L'examen de la region blessöe apprend que le clou de rue le plus grave est celui qui a pen6tr6 dans le centre du pied, ou il a pu atteindre le tendon perforant, la gaine s6samoidienne et meine l'articulation.
En avant, la blessure est moins grave, meme quand eile interesse l'os du pied; enarriere, eile ne peut atteindre que le coussinet plantaire.
Comme terminaisons du clou de rue, on observe la resolution , la suppuration, la gangrene ou ramollisse-ment des tendons, l'inflamniatlon de l'articulation du
#9632;
pied. Comme complications, il faut signaler, en outre de celles qui sont cities plus bant, la fourbure , la defor­mation du pied, la cbute du sabot, la rupture des tendons, les javarts tendineux. et cartilagineux.
Le traitement a prescrire des le d6but, dans tons les
cas qui se presenlenl , consiste a donner au malade un l !nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;repos complet et k tenir le pied blessfe plonge dans un
bain d'eau froide pendant plusieurs beures de lajournöe.
Par ce moyen, qui s'oppose aux progres de l'inflam-mation , la plupart des piqüres non compliqu6es de la lesion de la gaine sont gueries promptement. Dans tons les cas, l'usage des bains froids est des plus favorables; ce n'est qu'apres avoir employ^ cette melhode , en quelque sorte expectante, qu'on se decide, s'il y a lieu,
f
a une operation chirurgicale.
L'operation du clou de rue consiste k faire une brecbe
en forme d'entonnoir jusqu'au fond de la blessure. On
ne pratique jamais la dessolure complete ; on se borne
k enlever la corne de la sole qui est d6collee, k amincir
M | i
i I
-ocr page 313-
293 ce qui reste de cette partie du sabot. Si le fond de la plaie correspond a une necrose de l'os du pied, il faut enlever, avec la renette on la feuille de sauge, le tissu n6cros6. L'apon6vrose plantaire est-elle gangrenee ou cari6e, ce qu'on reconnait a sa couleur verdätre, l'opö-ration est plus compliquöe ; tantot on se contente d'exciser les parties alter6es, tantot on enleve I'expan-sion tendineuse tout entiere dans la partie qui forme la gaine. Apres ces operations diverses, on garnit la plaie avec des plumasseaux imbibes d'alcool 6tendu d'eau; le pansement est retenu par des 6clisses qui exercent une compression moder6e,
Dans les dififerentes phases du clou de rue, il faut avoir recours a des systemes diffiferents de ferrure.
1deg; Fer ordinaire. — Au d6but, quelques praticiens font d^ferrer le pied pour parer la sole et appliquent un fer l6ger. C'est une precaution qui n'est pas d'unc absolue n6cessit6; le fer ordinaire suffit.
2deg; Fer a dessolure. — Quand on a reconnu la n6ces-sit6 de pratiquer I'operation , il faut preparer pour le pied h op6rer, soit le fer a dessolure ordinaire a quatre elampures, soit le fer d6gag6 ä six 6tampures, ce qui est mieux surtout pour un cheval gros et lourd, qui est plus susceptible de se d6ferrer (1). A ces fers sont adap-t6es des öclisses en bois ou en fer battu ; ces dernieres sont prfeförables. Les 6clisses permettent de renouveler les pansements sans enlever le fer et d'6viter ainsi l'öbranlement du pied malade.
(1) Voyez le fer ä dessolure.
-ocr page 314-
I
294 3deg; Fer ä plaque sur lafacesuperieure (1). — Lorsque la plaie qui resulte de I'oporatioii est cicatrisöe et qu'on veut faire travailler le malade, on emploie ce fer pour prot^ger la surface du pied contre les contusions qui pourraient rösulter des asp6rit6s du sol.
MALADIES OE LA PAROI.
Seimes. — On donne le nom de seimes aux fissures de la paroi qui se pr6sentent dans la direction des fibres de la come.
D'apres leur position, elles sont distingu^es par des dösignations differentes: on reconnait la seime en pince, vulgairement appel6e soie, pied de bwuf, et la seitne-quarte on seime en quartiers.
La premiere est commune dans les pieds post6rieurs; I'autre se montre plus souvent dans les pieds de devant.
Parmi les causes predisposanlcs des seimes , on signale les dßfauts d'aplomb et de conformation ; les pieds rampins sont exposes ä la seime en pince; les pieds de devant a talons resserr6s contractent la seime-quarte.
Les changements rapides de temperature, les alter­natives de secheresse et d'humidite out produit des seimes qu'on a meme consid6r6es comme epizooliques. Ces maladies sont aussi la consequence des affections du pied mal gurries , du javart, de la crapaudine , des atteintes ou contusions, d'une mauvaise ferrure.
(1) Voyez la description des fers ä plaque.
1^
I * m
-ocr page 315-
295
En pince , les seimes sont le plus souvent longitudi-nales; en quartier, elles sont frtquemment taill6es en biseau et disposees en fecaillos.
On dit que la seime est simple, quand eile consiste dans une fente de la paroi, sans alteration des tissus sous-jacents. La seime ancienne est quelquefois compli-qu6e de köraphyllocele , sorte de tumeur corn^e qui se d6veloppe en dedans de la paroi, dans le sens de ses fibres, et comprime les tissus adjacents.
La suppuration du tissu feuillet6, la carie de l'os du pied, la gangrene d'une partie du tendon extenseur, sont les accidents les plus fächeux qui se pr6sentent k la suite de la seime.
Sous le rapport de la marechalerie, nous avons a consid6rer la ferrure employee comme moyen prophy-lactique et comme moyen auxiliaire de l'operation pour les deux vari6tsect;s de seimes qui ont et6 designees.
1deg; Seime en pince. — II importe de reporter 1'appui en arriere du pied pour soulager la pince; dans ce but, il faut abaisser les talons.
Quand la ferrure doit 6tre seulement prophylaclique, si, par exemple, on veut faire travailler un cheval atteint d'une seime en pince a un sabot de derriere, sans avoir fait l'operation , il est utile d'appliquer sous le pied un fer dont les etampures soient rapproch^es des talons et dont chaque mamellc soit munie d'un pinjon; la pince de ce fer conservera sa longueur ordinaire.
Apres Tope ration de la seime en pince, le m^me fei­est tout a fait ration nel.
M. Girard dit que quand on a I'intenlion tic faire
20
h
-ocr page 316-
Iff
I ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;29G
l'ablation des deux bords de la fissure, il faut pv6parer et ajuster un fer sans crampons et 6chancr6 sur le bord externe, a I'endroit correspondant au retranchement de l'ongle; que , sur chaque cöt6 de l'entaille , on leve un pinion , utile pour soutenir la partie de la muraille qui reste fix6e au pied.
II ajoute plus bas , et nous sommes de son avis, qu'au lieu du fer ecbancre, on pent employer un fer mince et prolonge en pince , qui sera plus facile a executer et deviendra mfeme plus avantageux (1).
2deg; Seime-quarte. — Elle afiecte ordinairement les pieds de devant et plus souvent le quartier interne que le quartier externe.
C'est par la ferrure qu'on arrive le plus fr6quem-ment ä la guferison de la seime-quarte. On applique sur le pied malade un fer a planche dont la brauche corres-pondante k la seime est privee d'6tampures et ne porte pas sur laparoi.
La precaution d'empecher toute pression sur la partie de la paroi qui est alteree et d'appliquer sur eile des corps gras pour en faciliter la souplesse et l'accroisse-ment, voila les conditions k rechercher.
11 est rare qu'on pratique l'operation de la seime-
i
quarte par l'ablation du quartier correspondant; on n'arrive a ce moyen extreme que pour remedier a des dfecollements etendus, a la gangrene d'une partie du tissu feuillet6. Nous nous contentons gen^ralement de rafraichir la corne a l'origine de la seime; ensuite nous
(l) J. Girviu). TraiM du Pied, 1Ö36, p. 268.
n
I
-ocr page 317-
! I
raquo;5
297
appliquons un l6ger emplatre de terebenthine rnaintenu par quelques tours de bände.
Si l'opferation consiste ä enlever une partie de la paroi, on applique sur le pied le fer ä une brauche tronqu6e, comme apres le javart encorn6.
Nous ne sommes pas partisan du fer ä Sponge öchan-cree, qui a 6te conspille dans les cas de ce genre.
JAVARTS ENCORNE ET CARTILAGINEUX.
On donne le nom de jamrl a plusieurs maladies dif-fferentes qu'on observe dans la region digitöe du cheval, de l'äne, du mulet et du bfleuf, affections de nature phleg-moneuse, dans lesquelles il y a gangrene du tissu cellu-laire, d'une portion d'aponövrose ou de fibro-cartilage.
On a distingue quatre sortes de javarts : le simple ou cutane, le tendineuXj Vencornä et le cartilagineux,
Les deux derniers seulement offrent quelque intöret sous le rapport de la marechalerie.
Lejavarl encorni se developpe dans le tissu podo-phylleux. Les causes qui le produisent sont les chocs ext6rieurs sur la paroi, les seimes ou fissures de la corne, une mauvaise ferrure, la piqüre, l'enclouure.
Un des symptömes les plus saillants consiste dans le decollement du bord superieur de la paroi, qui se söpare d'une partie du bourrelet; la suppuration s'6-chappe au niveau de la couronne; on dit que la mauere a soufße aux poils.
Parmi les complications de cette maladie, les plus graves sont la carie de l'os du pied, du fibro-cartilage, la gangrene du tissu feuillete , la cbute de l'ongle.
U:
-ocr page 318-
ji*
I
298 Presque toujours il faut pratiquer l'opiration du javart encorn6, qui consiste ä enlever, avec la r6nette, une certaine elendue de la paroi, pour mettre a d6cou-vert et exciser les tissus alt6r6s.
Une ferrure particuliere esl appliquäe immödiatemen t apres I'operation; cette ferrure doit 6tre cliangee apr^s la regeneration de la corne , comme nous allons le voir pour le javart cartilagineux,
—On a donnö le nom de javart cartilagineux a la carie partielle du fibro-cartilage lateral de l'os du pied.
Cette vari6t6 de javart est particuliere aux animaux monodactyles, eux seuls 6tant pourvus de ce fibro-cartilage.
Les causes du javart cartilagineux sont les contu­sions , les atteintes , la piqüre , I'enclouure , la bleime suppuree , le clou de rue , la seime-quarte.
Parmi les symptömes, on observe une tumeur sur la couronne, dans la region des talons, une on plusieurs fistulesqui laissent echapper du pus visqueux, odorant, contenant des debris verdatres provenant de la carie du cartilage. Si le javart debute par une bleime suppuree , la fislule existe ä la partie inferieure du pied; le diag­nostic est plus difficile. !nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Le sabot se deforme pendant cette maladie; la corne
de la paroi voisine du cartilage altert se rapproche de la direction verticale, au fur et a mesure de son accrois-
11 I
sement. On pent remonter a lepoque oü le javart s'est
produit, en comparant l'fetendue de la deviation de la muraille avec celle de l'accroissement qui a eu lieu pendant un mois environ, et qu'on evalue a 14 ou IJnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 15 millimetres.
i
t i
-ocr page 319-
299
Quelquefois le javart cartilagineux est double et se raontre sur les deux flbro-cartilages d'un menie pied.
Les complications les plus fr6quentes sent la necrose de l'os du pied, les deformations de la boite corn6e, les plaies penetrantes de l'articulation du dernier pha-langien, I'ankylose complete ou incomplete, la chute du sabot, la fourbure cbronique, etc.
De nombreux moyens de traitement ont 6t6 pr6conis6s contre le javart cartilagineux. Deux methodes princi-pales se pr6sentent; ce sont la cauterisation et l'ope-ration qui consiste dans l'extraction du fibro-cartilage alt6r6.
La cauterisation est pratiquee a l'aide de diffferents caustiques et par plusieurs proc6d6s. Le plus avantageux et un des plus röcents, du a M. Mariage , consiste dans les injections faites avec la liqueur de Villate dans les fistules du javart. L'emploi des caustiques ne demande pas une ferrure autre que celle qu'on applique a I'etat normal.
Quant a l'opöration qui consiste dans I'extirpation du fibro-cartilage, les proeödös les plus usites com-prennent l'enlevement d'une partie de la paroi, comme dans le javart encorne.
Nous n'avons pas a dfecrire ici les proc6d6s op6ra-toires qui ont et6 appliques, mais a faire connaitre la ferrure qu'ils reclamcnt.
II n'y a pas lieu d'employer un fer de forme particu-liere avantl'opferation.
Quelques v6t6rinaires ne placent pas de fer sous le pied qu'ils viennent d'operer du javart encorne ou cartilagineux, Le plus grand nombre regardent l'emploi
-ocr page 320-
I i
f
300
du fer comme u^cessaire pour maintenir I'appareil;
nous partageons cet avis.
Oa applique le fer ä une branche tronquee, nomme vulgairement fer ä javart. Tantöt c'est un fer ordi­naire dont on a tronqu6 la branche correspondante au quartier qui doit fetre enlevö, et dont l'autre Sponge a 6te suffisamment allongöe pour soutenir la bände qui doit fixer I'appareil; tantöt on prepare un fer l6ger , d6gag6 presque autant qu'un fer a dessolure , ä cinq ou six ßtarapures , dont la brancbe entiere est assez longue pour depasser le talon (1).
La figure 49 reprösente un pied antörieur prepare pour l'opfiration du javart et sur lequel on a plac6 un fer a une branche tronquee.
Le fer dont il s'agit est maintenu en place pendant une grande partie du temps n6cessaire pour I'accrois-sement de la corne, qui vient combler la breche faite parToperation.
Plus tard, lorsqu'on veut commencer ä utiliser I'ani-mal op6r6, il est utile d'appliquer sur le pied malade un fer a planche suffisamment convert et priv6 d'etampures sur la partie correspondante au quartier qui se r6g6-nere; le fer est ajust6 de teile sorte qu'il porte sur le quartier opposö et sur la fourchette.
II sera utile de renouveler souvent la ferrure du pied qui a ete röcemment op6r6 du javart, pour 6viter la boiterie qui ne manquerait pas de se produire par le contact de la corne nouvelle avec le fer. La moindre pression dans celte partie cause de la douleur; quelque-
(1) Voycz page239.
;
V.
-ocr page 321-
301 fois il en resulte des däcollements etendus d'une partie de la sole.
Au bout de quelques mois, lorsque la paroi s'est completement r6g6ner6e, on revient ä la ferrure nor­male.
PIED DEFORME PAR LA FOURBURE.
La fourbure fait 6prouver au pied ducheval des alte­rations profondes qui forcent ä modifier la ferrure.
Gette affection consiste dans l'inflammation du tissu r6ticulaire du pied. L'6tat maladif de ce tissu produit des changements dans les diverses parties du sabot. On voit la fourbure chronique amener des deformations partielles ou g^ncrales. Les premieres sont les cercles , la fourmiliere, le croissant.
1deg; Pied cercle. — On donne le nom de cercles aux renflements de la surface exterieure de la paroi du sabot, qui out la forme circulaire.
Le pied cerclö est celui qui presente sur sa surface externe les saillies et les enfoncemenls alternatifs que nous venous de d^finir.
La formation d'un cercle licnta un 6tat fluxionnaire du bourrelet, qui produit momentanement une secre­tion de come plus active. Ainsi, on en voit se former ä l'epoque de la mue , sous rinfluence d'une nourrilure abondante , par reflet d'une course penible.
Si la cause occasionnelle cesse bientöt son action , le cercle qui s'est montre s'eloigne de la couronne ii inesure que le sabot pread de l'accroissement, et dispa-rait par avalurc. Dans le cas, au contraire, oil cctto cause persiste, plusieurs cercles se formenl successive-ment dans l'^lcnduc dc la paroi.
-ocr page 322-
M 3
J
i
30-2
Les cercles produits dans des circonstances qu'on peut consid6rer comme physiologiques sont ext6rieurs et ne font 6prouver aucune souffrance aux parties vives. Ceux qui resultent de la fourbure font souvent une saillie ä l'intÄrieur du pied et compriment les parties sous-jacentes; ils coincident fr^quemment avec la four-miliere et le croissant.
On reconnait qu'un pied cerclö s'arafeliore, lorsque les cercles nouveaux qui se forment a la couronne sont de moins en moins prononc^s.
Pour donner au pied ainsi deform6 une ferrure convenable, il faut enlever peu de corne et appliquer un fer I6ger en memo temps qu'il est assez convert pour proteger une partie de la sole ; les clous sont implantes doucement pour öviter de produire dans le pied d6ja allure un 6branlement douloureux.
2deg; Fourmiliere. — On a donn6 ce nom a une maladie du pied ducheval qu'on a comparee a un nid de fourmis. Elle provient du döplacement de l'os du pied qui s'6carte de la paroi; le bord införieur de cet os se porte en arriere, landis que le sabot s'allonge, se releve en pince. II y a dans cette partie dösengrenement de la corne et du tissu feuilletö, formation d'un vide qui contient quelquefois du sang dess^cbe. Une nouvelle
I'd .
secretion de corne se produit sur l'os du pied, de sorte
qu'il y a bientöt en pince deux murailles separöes par une cavite. La percussion sur cette partie döveloppe une sonorite prononcöe. |Jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Lorsque la fourmiliere n'esl pas aecompagnöe de la
deformation du sabot et qu'elle n'existe qu'en pince,
I
-ocr page 323-
303 on peut la girärir assez facilement; dans le cas contraire, eile est incurable.
La fourmiliere lagere peut disparaitre par avalure. Quand eile est gtendue, profonde, eile reclame une operation qui consiste a enlever toute la portion de paroi qui est desuuie et ä mettre a d6couvert la surface ant6rieure de l'os du pied, si cette partie est frappöe de necrose.
M. Girard conseille d'appliquer sur le pied op6r6 un fer 6chancr6 en pince, et dont I'entaille soit propor-tionnee ä l'ötendue de la portion de muraille qu'il faut enlever.
On peut se contenter de l'application d'un fer convert. Ce fer doit avoir assez d'ajusture, parce que la sole est toujours plus on moins bombee dans le sabot atteint de fourmiliere.
3deg; Croissant. — Cette maladie consiste dans une Eminence semi-lunaire qui se d6veloppe a la surface de la sole du cheval et qui est formte par le bord trancbant de l'os du pied repousse en arriere. Son apparition est la consequence de 1'alteration du tissu feuillete qu'on observe dans la fourbure cbronique.
Tantöt le croissant ne se montre qu'en pince, lantot il deforme entierementle dessous du pied; en merne temps la paroi se d6prime et se cbarge de cercles. La corne est bientöt usee et perforce; alors l'os du pied forme une sorte de hernie et met a d6couvert son bord inferieur. Une claudication des plus violentes est la con­sequence dc cette deviation.
Pour le cas de croissant peu developpfe , on applique
-ocr page 324-
I'
304 le fer couvert dont I'ajusture est suffisammeot bombfee en pince {V. fig. 73, p. 265) et qu'on a noimnö fer ä croissant.
Si le croissant est trop prononce, il faut avoir recours a une operation chirurgicale qui consiste ä retrancher les tissus corn6s qui font exuberance a la surface de la sole et memo les parties trop saillantes de l'os du pied.
Le fer qu'on prepare pour le pied qu'on doit opörer du croissant est un peu semblable a celui dont on se sert apr6s l'opöration du clou de rue: comme ce fer, il a peu d'ajusture, ses branches sont minces et droites, mais il presente plus de couverture. Des 6clisses sont appliquöes apres qu'on a dispose le pansement, pour maintenir les parties dont il se compose.
(Fig. 91.) Sabot arMricurnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;r.o n-enbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .• * • i j
~„„j Jm i /#9632; _inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;quot;* Uetormalion totale du sa-
rendu comble par la fourbure.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '
bot. — Rien n'est plus irr6-gulier que la forme du pied altard par la fourbure chroni-que.
La deformation se monlre principalement sur la paroi et sur la sole.
La paroi präsente en pince une epaisseur considerable, qui est quelquefois triple on qua­druple de ce qu'elle est a I'^tat normal; eile diminue, au con-Iraire, vers les quartiers, de sorte que 1c pied parait se res-
11
i
' f : j
in;
i *
p, {: i • i
I it. '
I
I, •'
I
I
^
'
-ocr page 325-
305 serrer comme dans l'encastelure. Sa surface ext6rieure präsente des cercles; quelquefois eile est relevfee et d6-primöe en forme d'6caille d'huitre. Sa corne est dure et seche ; eile a dans son Interieur des intervalles dis­poses en forme d'eveulail.
On voit la sole devenir bombte, comme dans le pied comble , et d6passer me me le bord de la paroi. Elle est tres mince dans sa parlie anterieure , £paisse en talons.
La fourchette diminue de volume; quelquefois ses deux branches cbevaucbent Tune sur 1'autre.
Examine dans son ensemble, le sabot est fortement allong6 d'arriere en avant, comme on le voit dans la figure 91; il est r6tr6ci sur les cotes. La pince est relevee en forme de bateau, de sorte que la face införieure du pied est convexe.
Compares entre eux, les deux pieds d'un meme bipede n'ont quelquefois aucune ressemblance; il arrive que Tun d'eux s'est allonge dans le sens du diametre ant6ro-post6rieur, tandis que I'autre s'est 6largi dans un sens oppose.
Le cbeval atteint d'une semblable dillbrmUe se tient presque constamment couch6 ä l'fecurie. Pendant la station debout, il tient le pied malade porte en avant. A l'allure du pas , il s'appuie d'abord sur les talons et successivement sur les autres parties. II ne pent aller ni au trot ni au galop. On ne pent done attendre de lui que des services de peu d'importance. Quelquefois on est oblig6 de le sacrifier, parce qu'ilpeut a pcine se mouvoir.
Dans la ferrure de ce pied ainsi altere, on recom-mande d'abaisser les talons, de menager la surface do la sole en avant, oil eile a peu d'epaisseur.
-ocr page 326-
I! #9632; ' H
306 (Fig. 92.) Ferrure d'un pied Le fer qu'on applique est
deforme par la fourbure. large et forlement couvert; il doit ne laisser voir que la four-chette, comme dans la figure 92. Le nombre des ätampures est augments ; on en place deux de plus vers les talons. 11 faut que ce fer ait une ajus-tureassezprononc6e,pourqu'il a'exerce pas d'appui sur la sole. Les Sponges sont munies de crampons, afin de donner plus de solidity ä la base de susten-tation.
II importe de ne pas appli-quer le fer trop chaud sur le pied dont la sensibility est fortement exager^e; on ne I'y laissera pas trop long-temps. Les clous employes pour fixer le fer auront la lame mince et ne seront pas enfoncfe a grand coups de brochoir.
Une precaution utile consiste a appliquer de la (ercbenthiuc sur les parties de la sole qui ont trop de faiblesse, pour lui donner une consistance convenable, et a enduire la paroi avec l'onguent de pied, pour augmenter sa souplesse.
M
5 t , *
PIED ENCASTELE.
il
L'encastelure est une d£fectuosit6 du pied , qui consiste dans le resserrement des quartierset des talons, d'oü msiillc une compression douloureuse.
if
-ocr page 327-
307 Le mot encaslelure derive de in, dans , et castellum, chäteau-fort. L'origine de ce mot est due sans doute a ce que, dans cette afiection, les parties molles du pied sont enserrees par une corne tres i esislunte.
(Fig. 980 Pi** encasuie. Comme caracteres, le pied encastel6 präsente peu de d6-veloppement; la paroi et les barres sont d6pourvues d'obli-quite ; ces parties ont une direction verticale ; la sole est fortement concave; la four-chette est peu d6velopp6e.
II arrive souvent que la forme exterieure du pied est peuaU6r6e et que I'encastelure echappe facilement a un ceil peu exerce.
On ne I'observe que sur les pieds de devant. L'encastelure peut etre le resultat d'une mauvaise ferrure; dans ce cas, c'est une defectuosit6 acquise; il est plus facile d'y rem^dier.
C'est le plus souvent un d6faut nature!, qui est le partage des chevaux fins, 6lev6s dans les contrees m6ri-dionales, dans des paturages arides. Quelques races du Midi y sont plus particulierement exposes; teile est entre autres la race espagnole.
Inconvenients. — L'encastelure est un defaut tres grave auquel on remamp;lie difficilement. Elle nuit a la libertfe des allures et rend l'appui de Tanimal tout a fait incertain. Le resserrement des quartiers et des talons annule l'elasticit^ du sabot; les reactions deviennent
-ocr page 328-
h \
t
#9632;.I
308 beaucoup plus dares. La compression des parties molles determine des douleurs continuelles, qui souvent se traduisent par la claudication. Ge d^faut peut olre porte ä un tel degre que la fourbure en devient la conse­quence et met l'animal hors d'6tat de rendre quelques services.
II est a remarquer que les animaux encasteles boitent moins apres un exercice de quelque temps, mais la boiterie reparait avec toute son intensite apres le repos; eile augmente a la longue et finit par fetre conti-nuelle.
Indications. — La gravit6 de I'encastelure , son incurability ont du provoquer une foule de tentatives pour y rem6dier. Beaucoup de moyens ont 6t6 vantfe pour ecarter les talons et rendre au sabot son 6lasticite; ils 6chouent g6n6ralement ou n'agissent que comme palliatifs.
C'est la ferrure qui, sous ce rapport, est susceptible de rendre le plus de services. On a propose diifiirents systemes pour ferrer les pieds encasteles; on est loin d'etre d'accord sur celui qui est a preförer.
Quel que soit le fer que Ton applique, il faut parer le pied de maniere a faciliter l'accroissement des parties qui tiennent les talons 6cartes. Les arcs-boutants et la fourchette resteront intacts; on aura le soin de parer partout la face inftrieure du pied. Des corps gras seront appliques avec avantage pour augmenter la souplesse des parties qui tendent a se resserrer et empfecher leur dessiccation.
II sera utile de choisir une ferrure möthodique pour
-ocr page 329-
309 rendre au pied l'ölasticitö qu'il a perdue. Quel que soit le fer que Ton adopte, les 6tampures doivent 6tre 6loi-guees des talons, pour lesquels on donnera plus de gar­niture; on 6vitera d'employer des crampons.
Des inventions nombreuses ont 6t6 faites pour rem6-dier a I'encastelure par l'application du fer. Gelles qui avaient cause le plus de bruit sont generalement aban-donn6es; nous allons faire connaitre les plus impor-tantes.
Parmi les fers qui sont le plus ordinairement adop-tes pour combattre I'encastelure, on trouve le fer Uger, le fer ä eponges tronquäes et le fer ä planche,
1deg; Fer leger.—On I'adopte g6n6ralement. Les 6tam-pures sont dispos6es loin des talons; les branches sont assez longues pour proteger ces dernieres parties.
2deg; Fer ä eponges tronguies. — C'estunfer a branches courtes qui recouvre la pince, les mamelles et une partie des quartiers; il laisse aux talons toute leur liberte. On lui donne encore le nom de fer ä croissant ou a lunette (1); on l'appelle aussi fer de Lafosse (2). Mais cette ferrure ne pent convenir pour les chevaux qui doivent travailler sur le pave, parce qu'elle ne pro­tege pas assez les talons contre les percussions du sol, et qu'elle rend la marche douloureuse. Dans ce cas, on prfefere le fer a planche.
3deg; Fer ä planche. — Lorsque la fourchette est assez
(1)nbsp; Voyez la description du fer ä eponges tronquees, p. 237.
(2)nbsp; Voyez la page 136.
-ocr page 330-
Iff
\l #9632;'#9632;
I
310 d6velopp6e , le fer ä planche on a tyonges rSunies doit 6tre pr6f6r6 , parce qu'il reporte le point d'appui sur cette partie, ce qui laisse aux talons toute leur liberty etles eloigne de toute compression (1).
Ce fer est plus convert que le fer ordinaire ; il est plus court et ne doit pas arriver a Textremitfe des talons. Si la fourchette est peu developp^e, il est possi­ble de rendre convexe la face supferieure de la planche, ou de la garnir de feutre on d'autres corps elastiques, pour la mettre en rapport avec la fourcbette,
— Les autres systemes de ferrure conseill6s a difFe-rentes ^poques pour le pied encastel6 sont bien plus döfectueux que le precedent.
4deg; Fer äpantouße (2).—Invents par M. de la Broue, ce fer presente sur les 6ponges un glacis inclin6 de dedans en dehors a la face supörieure. Bourgelat en a rccommande I'emploi pour gfener le dedans du quartier et des talons, les forcer de s'ouvrir et faire refluer au dehors le sue nourricier, oü l'ongle ne trouvera pas d'obstacle ä son aecroissement.
Le fer dont il s'agit est abandonn£ , ainsi que le fer ä derai-pantoufle, parce qu'il a l'inconvönient de comprimer les arcs-boutants et de gfener leur dövelop-pement, tandis qu'il faut remplir une indication con-traire. Cette forme facilite le resserrement des talons au Heu de rempöcher.
5deg; Fer ä pantouße geriete. — Ce fer presente, ä la rive
11
f
gt; I
lit
!
*
I !
(1)nbsp; Voyez la descriplion du fer ä planche, p. 2*6.
(2)nbsp; Voyez la description du fer ä pantouße, p. 259.
r #9632;
!
mm
:
-ocr page 331-
mm
311 interne des Sponges, un pincon qui est abattu sur Tare boutant, dans le but d'enapfecher le resserrement des talons. On a reprochö ä ce fer, dont I'invention est due aColmann, de nuire au pied encastel6, parce qu'il rapproehe les barres de la paroi.
6deg; Fer ä Mresillon. — On le nomme encore fer ä crtmaillere, ä double brisure (1). Ce fer est brise et articule en mamelles; les branches sont taill6es en dedans de plu-sieurscrans, dans lesquels s'engage une 6tr6sillon de fer qu'on pousse de temps en temps d'avant en arriere pour produire l'ecartement des talons. Un fer de ce genre a peu de duree; la traverse s'echappe bientöt. II a 1'incon­venient de produire des 6clats de la come, des d6-collements, etc. II est completement d^laisse.
7deg; Fer articuU enpince. — Ce fer, qu'on a attribu6 ä Bracy-Clark pour conserver l'ölasticite du pied, est con-
(Fig. 9raquo;.) Fer ä ressort eonlre Sei,,6 Pour rem^dier ä I'encaS-
I'encastelure.
telure; il n'est pas plus utile que le fer ordinaire quand il est fix6 sur le pied. Son emploi nous parait done devoir 6tre abandonnti.
8deg; Fer ä ressort. — M. Ro­land gt; vfetferinaire militaire , a invents un fer compost de trois
(1) Voyez la description du fer ä ttrisiUon, rliap. XVI.
-ocr page 332-
w
I
312 pieces articul6es en mamelles (fig. 94). De la voüte partent deux ressorts qui pressent la face interne de chaque brauche pour provoquer leur 6cartement, lorsque ce fer est appliqu6 sur le pied. Cette invention n'est pas encore assez connue; I'experience n'a pas prononc6 sur sa valeur.
Tels sont les difliferents moyens que l'art de la fer-rure a fournis dans le but de remedier a I'encastelure. Les plus utiles se röduisent done a trois, savoir: le fer ordinaire I6ger, le fer a 6ponges tronqutes et le fer a planche.
D'autres moyens out 6te presents pour remödier ä cette maladie. Parmi eux, le plus puissant est I'emploi de la növrotomie , operation qui consiste a dötruire la sensibility des parties resserrees par la section des nerfs plantaires.
Nous n'avons pas ici a döerire, a apprecier ces moyens; nous nous bornerons a dire qu'ils sont tout aussi impuissants que la ferrure pour produire une gu^rison complete.
MOYENS PROPRES A DIM1NÜER LA SENSIBILITE I)U PIED DU CUEVAL.
L'application des ferrures patbologiques, dans les-quelles le fer protege les parties faibles du sabot, ne remddie pas a tout. La pression exerc6e sur la peri-ph^rie du pied, la duret6 des reactions, sont fr6quem-ment des causes de douleur. On a du songer ä I'emploi d'un corps ölastique destinö ä etre interpose entre le fer ct la corne.
U.I
* f' i t #9632;
) t
[Mi
'
-ocr page 333-
313
Depuis longtemps les mar6chaux se servent d'une plaque de feutre ou de cuir. Mais le feutre a I'incon-vönient de s'alt^rer promptement par Ihumidite. Le cuir perd une partie de son 6paisseur par I'effet d'une pression prolong6e; le fer est bientöt vacillant. En outre, le cuir s'impregne d'humidit^ dans les premiers temps de son application et ramollit la corne; plus tard il se dur-cit; la terre s'attache a sa surface; il comprime la sole.
Quelques essais, faitsenAngleterre, out consists dans l'emploi du goudron pour enduire le pied et le pre­server de l'humidite; on a appliqu6 entre le fer et la corne des etoupes goudronn6es.
Nous avons employfe avec le plus grand avantage le caoutchouc vulcanise ou volcanise pour remplacer ces difförents moyens (1).
M. Girou de Buzareingues a recommand6 plus tard le gutla percha comme une substance peu compressible, parfaitement impermeable a l'eau et douöe d'une l6gere elasticity. Son premier essai a 6t6 fait sur un cheval dont les pieds mal conformös presentaient des bleimes. Une lame de gutla percha, d'un demi-centimetre d'6pais-seur, a 6t6 appliqu^e entre le sabot et le fer; au bout de deux jours, l'animalne boitaitplus, et, depuis cette 6poque, on s'en est servi pour de longues courses fre-quemment renouveUies (2).
D'apres cet auteur, le gutla percha a l'avantage de donner de la hauteur au sabot, de l'eloigner du sol, de la presence de l'humidite, et d'empocber une trop forte
(1)nbsp; Journal ile MMecine vdUrinaire, t. Vf, 1030, p. 300.
(2)nbsp; Annales de l'ytgriculture frangnise, 1851.
-ocr page 334-
#9632;#9632;
I'll I
il i
314 pression du fer, et cependant il ne cede pas sous le poids du cheval, car la m6me lame a pu supporter trois ferrures sans s'6tre notablement aplatie.
La substance a laquelle nous avons donn6 la pr6f6-rence a plus d'avantages sous le rapport de l'elasticitd et de la duree. Le gutta percha, apres avoir ete tres recherche en Chirurgie humaine pour la confection de divers instruments, commence a 6tre abandonnfe, parce qu'il est cassant et n'offre pas assez d'elasticit6.
Le caoutchouc vulcanise a des qualitfes que ne prfesen-tent pas les autres substances du meme genre.
On lui donne encore le nom de caoutchouc soufri, parce qu'on le prßpare avec le sulfure de carbone et le chlorurede soufre. On attribue son invention a Han­cock.
Par la vulcanisation, le caoutchouc devient inatta-quable par les corps gras, les corrosifs , les acides minöraux. II ne prend pas 1'humidite; il conserve son felasticite, quelles que soient les variations de tempe­rature. Distendu a plusieurs reprises jusqu'aux der-nieres limites de son extensibilite , il revient toujours a ses dimensions premieres. Ce produit a le seul incon­venient de laisser sur les doigts qui Tout touch6 une forte odeur de soufre, due au sulfure de carbone qui a servi a le prtparer.
De nombreuses observations ont confirm6 les bons rösultats de l'emploi du caoutchouc pour la ferrure du cheval.
Dans le cas de bleime seche , de brülure de la sole , de faux quartiers, a la suite de l'operation du javart cartilagineux et de la seime-quarte , il favorise active-men t la guerison.
Vi
%#9632;
w
i!
-ocr page 335-
315
Par ce moyen , nous avons redress^ des chevaux qui boitaient constamment avec la ferrure a planche la mieux combin6e; nous avons cesse de I'employer apres un laps de temps de deux ou trois mois.
A la suite du javart cartilagineux , la corne nouvelle qui remplit la breche faite a la paroi pour faciliter l'extraction du cartilage vient bientot se mettre en contact avec le fer et produit une forte claudication. Dans ce cas, le caoutchouc prövient cet accident, qui est un des plus communs, si la ferrure n'est pas fr6-quemment renouvelöe.
II y a plus, ce corps elastique est utile, non seule-ment pour remödier aux boiteries dont le siege est dans le sabot, mais encore a toutes celles qui out leur cause dans les differenles rfegions des extr^mites. On amoin-drit, par son emploi, la douleur qui rösulte de la pro­gression ; la guöriäon est plus facile a obtenir.
Lorsqu'on vent appliquer ce Systeme a la ferrure, on döcoupe sur une feuille de caoutchouc de cinq milli­metres d'epaisseur une lame qui a la forme du fer, comme on le'voit a la figure 95.
(Fig. 93.) Lame de caoutchouc Quand OU implante leScloUS,
Mcoupie pour un [era planche. on ^prouve quelques difficul-
tes an moment ou Ton en fait p6netrer la lame a travers l'epaisseur du caoutchouc , a cause de l'felasticite de ce corps; c'est Ik un inconve­nient a peupres nul.
L'introduction du caout­chouc entre le bord inftrieur
-ocr page 336-
' *
316
du sabot et la paroi diminue neanmoins la soliditfe de
la ferrure, si Ion n'a la precaution de se servir de
clous a lame un peu plus longue que celle des clous
ordinaires.
Le caoutchouc qui est reste pendant deux ou trois mois sous le pied du cheval n'est pas altert; on observe seulement qu'il a perdu ün demi-millimetre environ de son 6paisseur; il peut fetre conservfe pour d'autres circonstances et employ^ en quelque sorte indefini-ment.
Ferr6 d'apres ce Systeme , le cbeval ne redoute plus autant les reactions qu'il 6prouve sur un terrain dur et la pression du fer sur les parties sensibles du pied; il cesse bientöt de boiter. De plus, la forme du sabot s'amdiore , si sa deformation est accidentelle.
Quelques v6terinaires ont bien voulu, d'apres nos indications , essayer l'emploi du caoutchouc pour la ferrure dans quelques cas exceptionnels; comme nous, ils ont obtenu de bons resultats.
11
i
' ••
i
#9632;i
-ocr page 337-
CHAPITRE XX.
DES DEFECTUOSITES DU PIED ET DE LA FERRURK QU'ELIES RECLAMENT.
Sommaire. — Des tiercctuosites du pied. — Fcrrure du pied grand. — Pied petit. — Pied plat. — Pied comble. — Pied ä oignons. — Pied d^roW. — Pied a talons serres. — Pied ä talons trop ouverls. —
—nbsp;Pied ä talons bas. — Pied a talons faibles. — Pied ä talons hauls.
—nbsp; Pied etroit. — Pied trop long en pince. — Pied trop court en pince.
DES DKFECTUOSITES DU PIED.
Elles sont nombreuses et se presentent a des degres diffiferents.
On peut les distinguer en congeniales et acquises, Les d6fectuosit6s ou difformit6s congeniales sont souvent h6r6ditaires; elles sont le partage de quelques races, de certains temperaments; tels sont les pieds plats pour les chevauxdu Nord, a temperament mou, les pieds 6troits, a talons serrsect;s, pour la plupart de ceux du Midi. Les
-ocr page 338-
ii
318 (lifformit^s acquises sont produites par une mauvaise ferrure et par quelques maladies du pied.
La plupart d'entre elles sont incurables; telles sont les d^fectuosit^s existant au moment de la naissance de l'animal. On peut les pallier, diminuer leurs inconv6-nients par une ferrure raisonn^e, et obtenir ainsi des services importants de chevaux qui ne pourraient pas marcher sans le secours de l'art.
Quelques unes de ces dfefectuosites pr6sentent imm6-diatement le degre que leur nom doit indiquer; tels sont le pied grand, le pied petit, le pied 6troit, etc.. D'autres n'arrivent que lentement a un degr6 prononcfi; ce sont le pied comble , le pied derobsect;.
Beaucoup d'auteurs ont considörfel'encastelure comme une d6fectuosite du pied; nous I'avons placee parmi les maladies. Cette divergence d'opinions a pen d'impor-tance et ne cbange rien ä ce qui peut 6tre dit des altöra-tions qu'elle produit dans le sabot.
Des regies genöralespeuvent 6tre posfees relativement a la ferrure que reclament les defectuositös du pied du cbeval. 11 faut s'attacher a reproduire avec le fer la forme du bord inftrieur de la paroi, tout en variant la courbure de l'ajusture d'apres la convexity de la sole.
FERRURE DU PIED GRAND.
Le pied grand, volumineux, est celui dontles dimen­sions ne sont pas en rapport avec les autres parties du corps et qui presente un exces de döveloppement.
Cette d6fectuosit6 donne au pied les caracteres sui-vants: la paroi est 6vasee , la sole a peine concave , la
1.1
il
I -.
t i
j
ii
S
-ocr page 339-
319 fourchette grasse, la corne fragile, sans resistance; le sabot a pen d'epaisseui-.
On rencontre frequemment cette disposition chez les chevaux du Nord. II faut l'attribuer surtout a leur temperament lymphatique; quelquefois e'est le rosultat de l'influence des pä tu rag es maröcageux.
InconvSnients. — Les chevaux dont le pied est trop volumineux sont lourds et pesants. Ils ont des allures lentes, incertaines ; ils craignent le pav6, les terrains durs, inegaux. La corne est fragile; ils sont plus exposes a se deferrer.
II est cependant des circonstances dans lesquelles ces inconvenients deviennent en quelque sorte une qualite. Ainsi, les chevaux qui ont le pied volumineux sont employes avec plus d'avantage pour les charrois sur les terrains boueux, peu rösistants.
Dans quelques contrees, on recherche les juments a pied large et grand pour la reproduction mulassiere. II est reconnu que les mulcts qu'elles produisent ont les pieds plus döveloppes et moins rampins.
Indications.— II fautparer avec management la partie inferieure du pied, attendu qu'elle präsente peu d'epais-seur. L'application du fer chaud ne devra pas fetre aussi prolongee que pour les pieds ordinaires; on s'exposerait a chauffer ou brüler la sole, si Ton oubliait ce principe.
On applique un fer ordinaire mince et l6ger, parce que le pied, par ses dimensions exagerees, est deja un obstacle ä la rapidity des allures du cheval. Ce fer aura un peu plus de couverture et sera ajuste avec soin, parce qu'il devra recouvrir une certaine Mendue
-ocr page 340-
[
11:
320 de la sole qui est au niveau de la paroi. Un fer lourd, trop couvert, 6craserait les quartiers et les talons; il rendrait le pied plat. La paroi ayant peu de resistance, on se servira de clous a lame mince, qui seront brochtis avec precaution.
PIED PETIT.
Le pied petit est celui dont les dimensions pechent par leur peu de developpement reladvement aux autres parties du corps. C'est le dfefaut oppose au pied grand.
Comme caracteres, le pied petit prfeente une paroi tres dure, presque verticale, la sole excav6e, la four-chette petite.
On remarque fr^quemment cette d6fectuosite sur les chevaux fins, de race distinguöe, sur ceux qui sont originaires des contröes m6ridionales, sur les chevaux qu'on 6leve a l'fecurie et qui ne prennent pas assez d'exercice dans les premieres an nee s de leur existence.
Hi! I i!
tii
#9632;r ;
Incominients. — Cette conformation rend plus difficile I'appui sur le sol; eile cause plus d'incertitude
dans les allures. La corne, par sa dureUs, sa s^cheresse, revient sur elle-mfeme et produit une compression douloureuse. |;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Le pied petit est plus expose ä l'encastelure , aux
bleimes, aux fissures de la corne.
Cependant c'est g6n6ralement un d6faut moins grave qu'un trop grand developpement.
i
Indications. — Bourgelat et d'autres auteurs recom-mandent a tort de parer I'ongle autanl qu'il sera
11
Hi .
-ocr page 341-
321 possible. II faut, an contraire, laisser h la corne tout son volume, ä l'exception des talons, qu'il faut abaisser pour que la fourcbette porte sur le sol, si toutefois eile est assez d6velopp6e, en ayant la precaution de mfenager les arcs-boutants.
L'exces de duretö des fibres de la corne demande qu'on augmente sa souplesse; il importera d'6viter tout ce qui peut la dess6cber; on appliquera des corps gras sur la paroi; il sera avantageux de conduire les animaux dans les pres bumides.
Pour ferrer le pied trop petit, on appliquera un fer ordinaire, leger, 6tamp6 loin des talons, afin de leur laisser autant de liberty que possible. Le fer garnira beaucoup , surtout en debors; on le laissera dfepasser la paroi rneme en dedans, si Ton ne craint pas que I'animal se coupe. Ce fer aura pen d'ajusture cer-tainement, alors ilne pourra pas felargir le pied, mais il ne tendra pas a le resserrer, comme une ajusture trop prononcee, qui repousse en dedans le bord inferieur de la paroi.
PIED PLAT.
(Fig. 960 Pied plat.
On appelle ainsi celui dont la sole est au niveau du bord införieur de la paroi.
Les autres caracteres du pied plat sont les suivants : outre le defaut d'incurvation de la sole, qui est a peu pres plane ou lägerement bombte, on observe que la paroi est
-ocr page 342-
w
• f. it
1 |
j1
322 evasöe, et präsente une direction oblique 7 une surface cercl6e, ä come friable, ayant quelque analogic avec I'teaille d'huilre. Les talons sont bas; la fourchette est volumineuse et saillante.
C'est un defaut naturel pour certaines races de chevaux; il est commun chez les chevaux du Nord , principalement sur ceux qui sont originaires de la Flandre.
Quelquefois c'est un defaut acquis; c'est ce qu'on observe sur les chevaux a pied volumineux et qu'on fatigue par un travail exag6r6, sur les pieds grands mal ferr6s. Certaines maladies, la fourbure entre autres,
lit '
hi'
T
peuvent rendre le pied plat.
! Ill
fnconvenients. — Les chevaux qui ont le pied plat
1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; n'ont pas d'6lasticit6 dans le sabot; les mouvements de
dilatation et de resserrement sont a pen pres nuls, la
sole n'ayant pas de concavity. Us se fatiguent prompte-
['nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ment; ils sont pen aptes ä faire un bon service sur le
pav6.
La muraille ayant peu de consistance, le pied se tiefen e plus facilement. La sole etant plane, I'animal est plus exposö a 6tre bless6 par les asperites du sol, a prendre des clous de rue, a präsenter des contusions de la sole et de la fourchette, par suite de furoncles.
Pour peu que I'animal reste deferre, la sole est
11
comprimee, foul6e pendant I'appui, parce qu'elle est au niveau de la paroi et en contact avec la base de sustentation.
II est plus expos6 a 6tre bless6 par la ferrure, a fetre piqu6 par les clous qui fixent le fer. Une ajusture
j
-ocr page 343-
323 ordinaire produit sur un pied plat les bleimes, les oi-gnons et un dofaul; exagörfe qui constitue le pied combie.
Indications. — Le pied doit fitre pare ä plat, avee la precaution de manager la sole , d'enlever les bords de la paroi qui commencent a s'^cailler; on a recours aux corps gras pour emp^cher la dessiccation de la corne. La fourchette doit conservertout son volume; les talons doivent fetre respects.
On applique sur le pied plat le /er demi-couvert (1), plus large que le fer ordinaire, et dont la couverture protege une certaine ötendue de la sole.
Si le dofaut d'incurvation de la sole est exag6r6, on emploie le fer convert, qui defend un espace plus consi­derable.
D'apres Bourgelat, la couverture de ce fer doit 6tre tres presde la sole , ä Veffetde la gener el de la contain-are; on remonte ainsi, dit-il, a la source de la diffor-mit6, on en arrete les progres, les liqueurs 6tant reje-tees sur les autres parties (2).
Un semblable Systeme doit £tre abandonne comme nuisible etdevant etre bientötune cause deboiterie par la compression de la sole.
11 faut donner an fer qu'on applique sur le pied plat le degr6 d'ajusture nöcessaire pour qu'il ne soit pas en contact avec la sole. Cette distance est assez prononc^e pour qu'il soit possible de passer sous le fer une lame de couteau ou un cure-pied, destine a enlever la boue
(1)nbsp; Voyezla description du fer demi-couvert, chap. XVII.
(2)nbsp; Bourgelat. Traiti da la Ferrure , 1813, p. 175.
-ocr page 344-
et d'autres corps etrangers. Les branches du fer auront pen d ajusture , sous peine d'ecraser les talons.
Une ajusture exag6r6e renverse en dehors la paroi, *! *nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;produit la convexite de la sole et rend le pied comble.
H\nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Ces fers auront peu d'amp;paisseur pour qu'ils aient
plus de lögerete.
II Importe de ne pas lever de crampons ä rextr6mit6
des Sponges , sous peine d'augmenter la pression vers
les talons et de produire des accidents fächeux , tels
#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; que des Heimes , des decollemcnts de la paroi et des
javarts tres graves.
,!:..
La longueur des Sponges ne sera pas absolue. Cepen-
dant on donnera un peu plus de longueur au fer du pied
1
plat qu'au fer ordinaire, pour prot6ger davantage les talons.
11 est utile de ne pas oublier qu'il est dangereux de faire porter trop long-temps le fer chaud sur le pied plat, ä cause de la proöminence de la sole. ['#9632; #9632; 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;On fera choix de clous ä lame tres delicate, qui
seront brochös ä maigre, c'est-ä-dire qui ne prendront pas une trop grande epaisseur de la muraille.
fi
Dans le cas oü les quartiers et les talons sont trop
faibles , le /er ä planche doit 6tre preferö pour porter le point d'appui sur la fourchette et laisser ä ces parties toute leur liberte.
i
PIED COMBLE.
C'est cclui dans lequel la sole s'abaisse au-dessous du
niveau de la paroi et präsente une surface bombte. Le
l
r lt;
-ocr page 345-
325 pied comble consiste done dans une exagöration de la (lifformite qui conslitue le pied plat.
(Fig. 97.) Pied comhle.
Dansle pied comble, la paroi
präsente une forte obliquitfe;
quelquefois m6me eile arrive ä une direction horizontale.
Jamais un cheval ne vient au monde avec le pied comble; ce döfaut n'est done pas naturel. II est accidentel et peutrösulter de causes diverses.
Souvent le pied comble est une aggravation du d^faut presents par un pied plat, qui a he mal ferrö. Une ajusture trop prononc6e pro-duit ce rösultat en ne reposant que sur une partie trop etroite du bord inferieur de la paroi; les bords lateraux de l'os du pied se renversent en dehors et causent ainsi la deformation de la sole. Par contre, une ajusture insuffisante, en comprimant les tissus, les irrite et amene la meine all era don.
On voit aussi le pied devenir comble tres frequem-ment par reffet de la fourbure.
Dans ce dernier cas, le sabot ne conserve pas sa forme circulaire; il s'atrophie sur les cötös et präsente en pince un exces d'6paisseur de la paroi; les talons prennent un exces de developpement; la face inferieure du pied n'est bombee que dans l'espace situe entre la pointe de la fourebette et la partie antörieure de la muraillej eile prend la forme de bateau. Quand le cbeval marche , le sabot s'appuie sur le talon et
-ocr page 346-
TH
vt
326 execute ensuite un mouvement de bateau d'arriere en avant (1).
Ainsi, dans le pied comble qui rösulte d'une mau-vaise ferrure, on ne constate pas les meines dispositions que dans ce defaut, quand il rfesulte de la fourbure.
..v
Fnconvdnients. — Cette d6fectuosit6 est une des plus graves. Elle amene bientöt une d6t6rioration complete du pied et unit par mettre l'animal hors de service.
L'appui ne se fait pas sur le bord inferieur de la paroi, mais sur la sole et la fourchette; il est doulou­reux. Le travail sur le pav6, sur un terrain dur, est a pen pres impossible. Le cheval qui a le pied comble est tres dispose a forger, a se couper; la moindre contu­sion de la sole produit des accidents facheux. On observe des bleimes, des oignons, des döcollements de la corne, la fourmiliere, le croissant, les seimes, etc.
Indications. — Elles sont les memes que pour le pied plat.
II faut mfenager la sole et la fourchette. On n'enlevera de la paroi que les parties qui se replient dans une mau-vaise direction.
Le fer a employer doit etre dispose de maniere ä reporter l'appui sur le bord de la muraille et a garantir la sole.
Quand le pied n'cst pas comble a I'exces, on fait usage du fert convert, auquel on donne un degr6 d'ajus-ture süffisant pour loger la convexite de la sole. II ne
lit.
1 {
111laquo;
\:\
i
IJl) Voyoz !(gt; pied alten par la fourhure, ehap. XIX.
-ocr page 347-
327 faut pas que la voüte pr6sente trop d'6l6vation, parce qu'alors la station aurait peu de soliditfe, le pied etant pos6 comme sur un pivot. Les talons du fer ne doivent pas avoir d'ajusture. On emploie des clous ä lames minces.
Bourgelat recommande dans ce cas un fer plus mince que d'ordinaire, depuis la voüte jusqu'a la rive interne des deux Sponges; la faiblesse sur la voüte empechera une trop grande saillie ou la convexite trop forte qui rfeulterait du degrö d'ajusture qu'on est oblige de donner pour ne pas comprimer la sole. Neanmoins , il ne faut pas que la voüte seit trop faible; eile se d6for-merait bientot et produirait la foulure de la sole , ce qu'il faut 6viter.
Quand le pied est comble par suite de la fourbure, la convexite de la sole est tres prononcee, seulement en pince. ainsi qu'on le voit dans le cas de croissant. Alors il faut tenir compte des formes toutes parti-culieres du sabot qui ont 6te signalises plus haut, savoir: de son allongement d'arriere en avant et de sa dispo­sition en bateau.
On applique alors le fer tres convert, allongö , dont les Sponges presentent des crampons, pour donner deux points d'appui qui s'ajoutent a ceux que la voüte four-nit pour la base de sustentation. Le fer est ajust6 en coquille; on dit alors qu'il est entöle. Cette ajusture est difficile a donner; cependant un bon ouvrier en vient facilement a bout (1).
Si la sole est fortement bombee, le fer precedent est
(1) Voyez la description du fer convert, p. 263.
22
-ocr page 348-
328
le plus utile. On aconseillfe aussile fer ditdftord renverse, dont I'applicatlon dans ce cas nons paralt 6tre irration-nelle(l).
J'
PIED A OIGNONS.
h'oignon est une bosse de la surface de la sole, produite par une exostose ou une saillie du dernier pbalangien.
(Fig. 98). Piedä oignons.
Cette maladle n'est pas rare
sur les pieds de devant qui
sont plats ou combles ; eile n'existe presque jamais sur les pieds de derriere. La mauvaise ferrure est une cause fröquente de l'oignon, qui est aussi le räsuUat des contusions de la sole, de la fatigue produite
par une marche forc6e. La bleime suppuröe, le javart cartilagineux et la fourbure sont des complications qu'il faut redouter.
C'est par la ferrure seule qu'on remMie a cette maladie du pied; on applique le fer comert, en lui donnant assez d'ajusture pour recouvrir et proteger la protuberance de la sole, sans la comprimer.
Le fer convert sur tonte la brauche correspondante a l'oignon est preferable an fer a oignon proprement dit, qui n'est elargi que sur une surface limitee (2).
Une operation a 6te propossect;e pour remfedier a cette
%
h
:'i-
(1)nbsp; Voyez la description du fer ä bord renversä, p. 26laquo;.
(2)nbsp; Voyez la description du fer ä oignon, p. 267.
i i
'ü'
-ocr page 349-
3'29 laquo;läfectuositä de la sole: eile consiste ä enlever le bour-soufflement formö par l'os du pied. C'est le cas de dire que le remede est pire que le mal, ä cause des graves complications qu'il peut faire naitre.
PIED DEROBE.
C'est celui dont le bord införieur de la paroi est ir-rigulier et präsente des 6clats accidentels. Cette dispo­sition determine une perte de substance de la corne.
Ce (löt'aut est naturel ou accidentel. II est naturel quand les chevaux ont la corne friable; alors ils sont plus exposes ä se döferrer et ä präsenter des breches de la paroi. Le pied peut se dörober dans tout son pour-tour, ä tel point qu'il devient impossible de brocber les clous et qu'il faut attendre l'accroissement de la corne.
On observe accidentellement le pied d6rob6, lorsque le cbeval qui a perdu son fer est oblige de marcher sur un terrain trop dur, ou bien quand la ferrure est renouvel^e trop souvent, quand le marecbal se sert de clous dont la lame est trop forte , lorsque les trous du fer sont trop multiples; enfin, la mauvaise habitude de dßferrer plusieurs pieds a la fois pendant que les mouches tourmentent le cheval , qui s'agite et pieline sur un terrain trop dur , est une cause a signaler.
Quelques maladies peuvent produire pendant quel-que temps despertes de substance de la paroi, qui dispa-raissent par avalure; c'est ce qu'on voit apres les at-teintes, apres les operations necessitees par le javart cartilagineux , la seime-quarle.
-ocr page 350-
I? I:
330 Inconvenients. — Ce dcfaut nuit ä la soliditö de la ferrure. Un cheval qui a le pied derobö est plus suscep­tible de se dfeferrer qu'un autre; il peut seul se d6tfe-riorer le pied au point de rendre I'applicatioii du fer impossible pendant quelque temps.
If ' I
Indications. — La premiere indication a remplir consisterait k donner a la corne l'felasticitß et la resis­tance nfecessaires pour que le pied reste longtemps ferrfe. Jusqu'a present, on ne connait pas de topique qui ait la propriety de durcir la corne d'une maniere prononc6e.
Quand on pare le pied derobö, il faut abattre , retrancber la mauvaise corne, c'est-ä-dire les parties qui sont 6clat6es ou fendill^es, arrondir les inegalit6s avec la rape. On 6vite de la faire 6clater de bas en baut avec le rogne-pied.
I!
w
(Fig. 99.) Pied dirobe ferri-
On fait cboix du fer ä etam-
pures irregulieres (1), dont les etampures sont diss6min6es de maniere a correspondre aux parties de la paroi qui peuvent supporter l'implantation des clous. Ce fer sera muni de piruoiis vis-a-vis les parties oü la paroi est febrechee; les etam­pures seront placöes a maigre.
111
#9632;
(l) Voyez le fer d etampures irriguliires, p. 268.
i #9632;
-ocr page 351-
331 La figure 99 reprösente un pied de devant d6rob6, ferr6 convenablement.
Les clous seront ä lame mince; il faudra les brocher assez haut dans les parties solides de la paroi, sans trop s'inquteter de la symetrie des rivets.
Si la corne est de mauvaise nature, on applique des corps gras sur la couronne et sur la paroi pour la modi­fier et augmenter sa souplesse.
PIED A TALONS SEBRES.
Cette conformation differe de l'encasfelure en ce que le resserrement se borne aux talons.
Le däfaut dont il s'agit a pour caracteres des talons petits , contourn6s brusquement en dedans, tres rap-proch6s Tun de l'autre. La fourchelte est maigre, mais moins que dans le pied encastel^. II n'y a pas de resser­rement sur les quartiers.
On rencontre cette disposition des talons sur les chevaux fins qui sont sieves dans les pays montagneux. Ces chevaux ont göneralement les pieds petits.
Inconvenients. — Beaucoup moins grave que l'en-castelure , ce defaut est nuisible en ce qu'il produit la perte de l'^lasticite des sabots. Le cheval qui a les talons serrös est peu dispose ä resister sur les terrains durs. Souvent il presente des claudications dont il est difficile de determiner le si6ge. L'examen du pied denote un resserrement qui ne parait pas toujours devoir rendre compte de l'intensite des douleurs que i'animal 6prouve. Quelquefois, en parant la corne des talons, on d6couvre des bleimes seches.
-ocr page 352-
fe
.1
i
i
Hi
332 D'apres M. Girard, les chevaux qui ont les talons serr6s sont disposes k devenir pincards, parce que le sujet qui a les talons hauls et douloureux cherche ä porter le point d'appui sur la pince.
Indications. — Les moyens ä employer sont sembla-bles ä ceux qui ont 6t6 presents contre I'encastelure. || inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; II faut parer uniformement la surface införieure du
pied sans toucher aux barres et a la fourchette, abattre
I
les talons. On emploie des corps gras, soit l'onguent de pied, soit toute autre preparation, pour assouplir la
i •
corne, qui, dans ce cas , a trop de duretfe.
Le fer a planche est le plus ulile, si le volume de la
fourchette permet son application. Dans le cas contraire,
on emploie un fer a Sponges minces, pour que la four­chette puisse se rapprocher davantage du sol.
On a recommandfe, dans ce cas, le fer ä Sponges tronquSes; mais cette ferrure a I'inconvSnient de ne pas assez protSger les talons contre le frottement sur un terrain trop dur.
! i' ,.
Bourgelat a indiquS le fer a pantoufle pour combattre
ce dölaiit; e'est une erreur. II doit fetre repoussS comme dans le cas d'encastelure.
\ir
PIED A TALONS TROP OÜVERTS.
Dans ce pied, Tangle formt par les talons et les barres est trop ouvert. La fourchette est volumineuse.
Cette conformation peut se presenter avec des talons hauts et des talons has. Quand les talons ont le degre d'elevation convenable, leur ouverture trop considS-
I
I
l: *'
-ocr page 353-
333 rable augmente la largeur du pied; le cheval est suscep­tible de se couper; il est plus exposfe aux bleimes.
II n'y a pas de moyen m^canique bien actif a employer pour remfedier ä cette d6fectuosit6.
L'attention doit se porter sur la fourchette, dont il faut diminuer le volume en parant le pied, pour la disposer ä revenir sur elle-mamp;ne. Onlaisse les talons plus 6lev6s que d'habitude, on pare les arcs-boutants, et Ton crnpeche la fourchette de porter sur le sol.
On applique un fer ordinaire.
PIED A TALONS HAS.
C'est celui dans lequel les talons manquent d'felfeva-tion et ne croissent pas en proportion des autres parties du sabot.
Ce pied a pour caracteres un 6vasement prononce des parties post6rieures, des talons bas, la paroi oblique. Souvent la sole manque d'incurvation , ce qui produit le pied plat. La corne est friable.
Avec ce d^faut, la fourcbetle est g6n6ralement grasse et, par consequent, plus developpfee que dans les pieds ordinaires. Quelquefois les talons sont bas et la four­chette maigre; c'est une complication, parce que ce dernier organe ne concourt pas ä l'appui.
Les inconvenienls de cette conformation sont nom-breux. Quand eile existe aux pieds de devant, I'animal est plus expose a s'atteindre avec les pieds de derriere, a forger, parce que le lever exige plus de temps.
Les talons bas et faibles sont exposes a devenir douloureux par la prcssion du fer, a contracter des bleimes.
-ocr page 354-
T
if if
j
H ;
1'
ÜI
lt;
334 Si ce defaut se rencontre sur des chevaux long-join-tes, il en resullc la fatigue et des maladies chroniques des articulations.
Indications. — En parant le pied a talons has, il convient de raccourcir la pince autant que possible et de ne pas toucher aux talons.
Le fer le plus convenable est celui dont les feponges sont rßunies. La traverse devra reposer 6galement sur les talons et la fourchette. Si cette derniere partie est trop volumineuse, il convient de rendre la traverse concave dans le point correspondant a la fourchette. On 6vitera de faire porter trop longtemps le fer chaud sur le pied. Au contraire , dans le cas oü la fourchette n'a pas assez de volume , si les talons sont douloureux, il est utile de placer sous les parties sensibles une couche de feutre ou mieux de caoutchouc, pour rendre moins dura la pression du fer.
M. Girard a recommandö le fer demi-couvert pour le pied a talons has. C'est une bonne prescription lors-qu'il s'agit d'un pied plat; mais, sous le rapport des talons, la reunion des Sponges präsente plus d'utilit6 pour les prot6ger.
II faut se garder de lever des crampons aux fers destines a de semblables pieds, ou de laisser des Sponges trop £paisses. Une ferrure de ce genre aggraverait bien-töt les inconvönients des talons trop has, les icraserait et produirait des bleimes.
y i
:;
I
#9632;
-ocr page 355-
335
PIED A TALONS FAIBLES.
Ce deiaut consiste dans une grande flexibilite de la corne vers les talons.
Dans ce pied, la fourchette et g6n6ralement assez developpöe; la faiblesse des talons expose le cheval aux bleimes.
C'est par la ferrure qu'on pourra remedier a ce defaut. 11 faut soustraire les talons a l'appui du sol et du fer.
Le fer a planche, ä branches couvertes et raccourcies, remplira parfaitement cette indication. La traverse devra prendre son point d'appui sur la fourchette, si cet organe est assez d6velopp6.
PIED A TALONS HAÜTS.
Les Allemands ont donn6 a cette d6fectuosit6 le nom de pied de bouc.
Dans le pied a talons hauls, la pince est courte et präsente un direction perpendiculaire.
Le defaut est congenial ou acquis. Dans le premier cas, il est assez difficile d'y remedier. Le traitement est plus nuisible qu'utile, parce qu'il y a souvent inflam­mation , raccourcissement des tendons flechisseurs et ankylose de l'os de la couronne.
Si cette difformite est acquise et encore pen pronon-cee, on y remödie en mönageant la pince, en abattant les talons autant que possible et en appliquant un fer epais dans sa partie anterieure, mince en eponges.
-ocr page 356-
laquo;I
(I
336
Port6 ä un degr6 exagferfe, le pied k talons hauls constitue le pied rampin (1).
u,:v
DU PIED ETROIT.
On donne ce nom au pied qui est döprintä sur les parties laterales.
Le pied 6troit est allongfe dans le sens du diamßtre ant6ro-posterieur. La paroi präsente en pince un exces d'obliquitö; eile est verticale sur les quartiers.
On voit souvent les talons serres venir compliquer la defectuosit6 du pied etroit.
Cette conformation expose le cheval aux seimes et a d'autres deformations du sabot.
La fourbure chronique fait d6velopper ce defaut a I'exces; le pied est alors fortement prolong^ en forme de bateau; la paroi se recouvre de cercles.
Indications.—U importe de parer fortement la pince et de donner toute liberty aux quartiers pour favoriser leur elargissement.
Le fer le plus convenable est celui dont les 6ponges sont röunies pour porter sur la fourcbette quand eile est assez döveloppee. Si la fourcbette estpeu volumineuse, on emploie un fer l6ger , garnissant autant que possi­ble sur les quartiers. Les 6tampures seront placees loin des eponges et dissemin6es sur les parties de la paroi qui offriront assez d'epaisseur pour l'implantation des clous.
r.
Hi quot;'#9632;
ii l lt;
#9632; 59 *
H
I,
111laquo; i
I*
Miquot;
(1) Voyez la ferrure du pied rampin dans le chapitrc suivant.
[i
I
t
-ocr page 357-
337
PIED TROP LONG EN PINCE.
Le pied dont la pince a trop de longueur peche par le peu d'eRnation des talons.
On remarque cette disposition chez les chevaux long-jointes. II en rösulte des tiraillements et l'usure des articulations införieures.
Pour remedier ä ce defaul, Bourgelat, engagö dans une fausse voie d'apres sa thöorie sur l'accroisseraent de la corne, donne le conseil de laisser a la pince toute sa force pour s'opposer ä l'influx des liqueurs sur eile , et d'abattre les quartiers et les talons pour y appeler le fluide el en favoriser le cours.
C'est pr£cis6inent tout le contraire qu'il convient de faire. M. Rainard present une marche plus sage et plus sure; c'est celle qui consiste a reprimer I'aecroissement des parties trop longues de la paroi, pour donner aux autres le temps d'arriver au mfimeniveau. On raccour-cira done la pince; on parera lögerement le quartier et les talons. Trop les abaisser, ce serait rejeter en arriere une trop grande partie du poids du corps.
Le fer a employer, d'apres Bourgelat, doit fetre relevö en pince et affermi dans cet endroit par un pin-gon. lei, le pincon n'est pas tres ulile pour consolider le fer ; l'ajusture prononcee de la pince doit 6tre süffi­sante.
PIED TROP COURT EN PINCE.
C'est celui dont la partie antferieure n'a pas une lon­gueur süffisante.
-ocr page 358-
¥
M if
I'i
Ir
P
'#9632;#9632;
#9632;
m
s j #9632;
p
[\
338
Dans ce cas, la paroi manque d'obliquite en pince; les talons sont 6levsect;s.
On observe ce del'aut dans les chevaux qui sontdroils sur leurs membres, qui sont court-jointös, qui ont les jarrets droits.
Le pied trop court en pince a l'inconv^nient de rendre le cheval rampin , de favoriser les d^fauts d'aplomb dans lesquels les articulations superieures se portent en avant.
Encore ici, Bourgelat conseille a tort d'6ter, autant qu'il sera possible , de la portion abr6g6e, tandis qu'on ne retranchera presque rien des au Ires.
C'est le contraire qu'il faut faire. II est nöcessaire d'abattre les quartiers et les talons, et de respecter la pince, qui est trop courte.
On appliquera un fer ordinaire a Sponges minces, et qui aura peu d'ajusture. Le fer doit garnir un peu en pince pour donner a la come la longueur qui lui manque. Tout devra fetre combinfe pour reporter en arriere une partie du poids du corps.
m
ili
5 f
11 ';
It '
i; i. i
!
if
*
i
-ocr page 359-
CHAPITRE XXI.
DES DEFAUTS D'APLOMB ET DE LA FEBRURE CONVENABLE POUR Y REMEDIER.
Sommaire. — Des defauts d'aplomb. — Du pied de travers. — Pied panard.— Pied cagneux. — Du cheval trop bas du devant. — Du cheval qui est sous lui du devant. — Du cheval dont les extremitäs anterieures sont dirigees trop en avant. — Du cheval arque et du cheval brassicourt- — Des chevaux qui ont les jarrets coudes. — Du cheval buche. — Du cheval long-joints. — Du cheval court-jointe. — Du cheval rampin. — Du cheval pincard. — Du cheval bouletö et du pied bot. — Du cheval qui se couche en vache. — Des chevaux qui posent les pieds les uns sur les autres pendant le repos.
DES DEFAUTS D APLOMB.
En extferieur, on dösigne sous le nom d'aplotnbs la repartition reguliere du poids du corps sur les quatre membres, de teile sorte que Tun d'eux n'en supporte pas une partie plus considerable que celle qui lui est naturellement assignee.
-ocr page 360-
f
If
Iraquo;
#9632;MO On dit qu'un cheval prösente un dtfaut d'aplomb, lorsqu'une ou plusieurs exlr6mit6s montrent, soil un defaiit de proportions dans quelques unes de leurs par­ties , soil une fausse direction , de teile sorte que le poids ä supporter se trouve iuegalcmenl, röparti.
C'est en comparant la direction des rayons des mem-bres avec celle du fil ä plotnb ou de la verticale qu'on tire de quelques unes de leurs regions, qu'on s'assure mathematiquement de I'tHat des aplombs. L'habitude du coup-d'oeil fait juger ordinairement les questions qui s'y rattachent, sans qu'on ait recours a des moyens m^caniques.
n y a des d^fauts d'aplomb qui tiennent seulement a une fausse direction des parties inferieures. Ainsi, le cbeval panard a les pieds tourn6s en dehors, parce que le sabot est de travers, ou parce que les articulations des paturons sont trop rapprechoes. Le mamp;me d6faut trouve aussi sa cause dans les parties superieures; les coudes rentrös amenent inevitablement une deviation en debors du reste de rextr6mit6.
Dans le cheval arqut et dans celui qui est brassicourl, les genoux sont portös en avant de la ligne d'aplomb.
Les extrömites sont-elles dirigöes trop en avant, le cheval est dit campfi du devant ou du derriere; sont-elles dirigees dans le sens opposfe, I'animal est dit sous lui, Un paturon trop long rend I'animal long-jointe; dans le cas contraire, il est court-jointe, etc., etc.
Par la ferrure, il est possible de remfedier a quelques unes de ces defectuositös ou au moins de diminuer leur fächeuse influence. Mais, dans l'emploi des moyens qu'elle fournit, il importe d'agir avec la plus grande
* #9632; i
I
Mi #9632;
#9632;v-
?#9632;'
.'
E *
,1
;i!
:: #9632;
i
i\:t
!
h h
i
If
#9632;
-ocr page 361-
341 rfiserve, sans exag^ration surtout, sous peine de faire naitre des alterations plus graves que celles a com-battre.
Les defauls qui ont leur origine dans la parlie sup6-rieure des membres sont les plus difficiles ä corriger , a cause des tiraillements qu'une ferrure pr^tendue hygi^nique ne manquerait pas de produire sur quelques articulations.
Nous allons examiner, sous ce point de vue, les dfefauts d'aplomb auxquels 1'application du fer peut apporter quelques modifications.
DÜ PIED DE TRAVERS.
Le pied de travers est celui dans lequel il y a hauteur inegale des quartiers.
Cette d6fectuosit6 fausse les aplombs et fatigue les articulations.
Tantot eile est le resullat d'une mauvaise ferrure; tantöt on l'observe apres l'usure inegale du sabot, l'animal s'6tant deferrö. Les poulains dont les pieds n'ont pas ete ferres et qu'on emploie au travail sur un terrain dur pr^sentent assez souvent une in£galil£ dans les quartiers.
On y remödie, dans le jeune age, en abattant le cöte de la paroi qui est le plus eleve , en menageant le c6t6 oppose. Le fer qui convient dans cette circonstance doit Stre plus 6pais dans la partie correspondante au quartier qui manque d'elevation.
La ferrure doit etre renouvelee souvent pour hater le moment ou l'egalitö d'6l6valion pourra fetre obtenue dans les quartiers.
-ocr page 362-
t
V
342
Quand le pied est trop de travers , il n'est pas trop possible de le redresser en donnant au fer une plus grande 6paisseur; ce serait trop augmenter son poids. Quelquefois on pröfere placer des clous a t6te plus grosse du cote du fer qai correspond au quartier le plus bas.
Dans ce cas, on peut avoir recours au fer ä bosse (1).
PIED PAN ARD.
On appelle ainsi le pied qui est tourne en dehors plus qu'ilne doit I'etre. Cette deviation se fait souvent remar-quer pour la pince du pied antörieur. L'appui est plus marquö du cöt6 interne.
II en resulte un defaut d'aplomb, qui fait que le cbeval est expose a se couper avec l'öponge interne du fer, a se donner des contusions qui peuvent causer le javart cartilagineux.
Quelquefois ce defaut est produit par I'inegalitfe d'usure du quartier du sabot; alors il est facile d'y remedier.
Quand il resulte d'une mauvaise direction des rayons osseux, c'est un vice congenial qu'il est seulement possible de paliier. Les chevaux fetroits du devant, qui out les coudes rapprochös, sont göneralement panards. Tels sont les cbevaux algeriens pour la plupart.
Indications. — II convient de parer le pied en m6na-geant le quartier interne, qui estmoins 6lev6; il faut abattre le quartier externe pour le mettre de niveau avec I'autre, a moins que la difference ne soit trop grande.
(J) Voyez la description du fer ä bosse, p. 279.
i'1
f' #9632; I
#9632; j
bit' . ;
I '
ilquot;
I
ii
ml
'v
i
#9632;
m
* j
! -
-ocr page 363-
S43
M. Girard fait observer avee raison que le quartier interne parait toujours plus haut que I'externe quand le pied est levö, et que les personnes peu exerc6es s'y trompent facilement.
Le fer a appliquer doit avoir la brauche interne courte et 6paisse; cette brauche doit rentrer au point de laisser garnir la corne, le cheval panard 6tant expose a se couper par les talons.
II ne faudrait pas, comme I'indique Bourgelat en parlant du pied de travers, faire deborder le fer du cotö du quartier qui rentre, c'est-ä-dire du cote interne; ce serait certainement disposer davantage Tanimal a se blesser.
Quaud le defaut d'aplomb est tres marqu6, on place une bosse sur le milieu de l'öponge interne du fer, ou Ton se contente de donner plus d'^paisseur a cette derniere partie.
PIED CAGNEUX.
Le mot cagneux est tire du mot italien cagna, de cam's, chieu, parce que le chieu est souvent cagneux.
C'est un dfefaut oppose au pr^cfedent. Le cheval cagneux est celui dont la partie inftrieure des membres est tournee en dedans. Ce vice d'aplomb existe le plus souvent aux extrömites de devant, II y a rapproche­ment des pieds vers la piuce; I'appui est plus fort sur le quartier externe. Si le defaut provient seulement d'une inögalite d'usure dans les quartiers, le pied est dit de travers; il est alors facile d'y remedier.
II n'en est pas de meint! lorsque le pied est tourne
23
-ocr page 364-
ij f:S
hi
344 en dedans , parce que les articulations du genou, du jarret, ou celles des phalanges, sont trop en dehors.
I/animal qui est atteint de cette d6fectuosit6 se coupe avec la mamelle du fer, quelquefois avec la pince ou avec le quartier.
Indications. — II convient de faire ici tout le contraire de ce qui a 616 present pour le pied panard.
En parant le sobat, il faudra manager le quartier externe et abaisser davantage le quartier interne , avec precaution toutefois.
Le fer doit avoir la brauche externe plus epaissc que la brauche interne. 11 n'y a pas dinconvenient a faire garnir la premiere plus que pour la ferrure dun bon pied.
Si le cheval se coupe, le fer sera rentrö dans les parlies de la paroi interne susceptibles de blesser le pied opposfe.
Lorsque le defaut est porl6 a I'exces, on doit dispo­ser une bosse sur le milieu de l'eponge externe.
DU CHEVAL TROP BAS DU DEVANT.
C'est un defaut d'aplomb produit par trop de brievele des membres anterieurs ou par trop de longueur des extremites posterieures.
Le cheval qui presente ce defaut a les membres ante­rieurs surcharges, le poids du corps inögalement röparü tendant a se porter en avant: de la une usure prema-tur6e. II est expose , en outre, ä forger et a buter.
Pour remedier a ce defaut , Bourgelal donne le
f #9632;
i'\
i:
1
if.
^
M
i (
JiL.
-ocr page 365-
345 conseil d'ajouter a la longueur des colonnes qui sup-portent le devant, soit en ne retranchant rien de l'on-gle , soit en employant un fer plus epais. En ce qui concerne les pieds de derriere, il faudrait les parer le plus possible et n'appliquer que des fers tres minces.
Lorsque la corne des pieds de devant presentera assez de longueur, on pourra enlever le fer 6pais et revenir a l'application du fer ordinaire, dont I'epaisseur sera lögerement augmentöe.
Du CHEVAL QÜI EST SOUS LUI DÜ DEVANT.
D'apres Bourgelat, le cheval est sous hit, lorsque, dans la station , la pince des pieds anterieurs est sensi-blement en arriere de la verticale , qui serait abaissee de la pointe du bras sur le sol; dans cet etat, dit-il, la pince se trouve plutöt chargöe du fardeau que les talons, mais l'obliquite des colonnes les prive de la force dont elles auraient besoin pour le supporter.
Dans ce döfaut, les extremitös anlerieures sont incli-nees vers le centre de gravite et, par consequent, rap-prochees des membres posterieurs.
Les inconvenients de cette conformation consistent dans la faiblesse de l'avant-main. Les chevaux, qui les presentent sont exposes a buter, a tomber sur les genoux ou sur les boulets et a se couronner. IIs sont sujets a forger, e'est-a-dire a alteindre les pieds ante­rieurs avec les pieds posterieurs.
Pour remedier au defaut dont il s'agit, il Importe d'eloigner les pieds anterieurs du centre de gravite. On arrive, a ce but en parant plus fortement les talons de
-ocr page 366-
346 ces pieds que la pince, et en appliquant un fer dont les eponges ont peu d'6paisscur comparativemenl aux autres parties.
DÜ CHEVAL DONT LES EXTREMITES ANTERIEURES SONT DIRIGEES TROP EN AVANT.
On dit alors quo le cheval est campe du devant.
Dans ce defaut d'aplomb , qui est oppose au pr6c6-dent, les membres anterieurs sont trop eloignfe du centre de gravite.
Alors le poids du corps se porte plus particulieremenl vers les talons; des tiraillcments doivent s'exercer sur les tendons.
II est difficile de renuklicr par la ferrure a cette conformation , qui resulte d'une disposition congeniale des articulations.
Les indications a remplir ont pour but de ramener en arriere les extremites anterieures pour les rapprocher du centre de gravite.
Contrairement a ce qu'on fait pour le cbeval qui est sous lui, les talons doivent etre menages. II convient de leur laisser toute leur hauteur. Le fer dont on fait cboix doit avoir les eponges plus epaisses que la pince.
II Importe surtout de laisser toute leur force de resis­tance aux talons, qui se trouvent plus exposes aux contusions, parce qu'ils supportent un poids plus consi­derable que dans I'etat normal.
DO CHEVAL ARQUE ET DÜ CUEVAL BRASSICOÜRT.
Le cheval arquö est celui dont les genoux presentent
il
it
ml #9632; W
Hi'.'
'laquo;lt;
•i
! i
il '
If?
I
!
I-
1 y i laquo;
I .
-ocr page 367-
347 une courbure en avant trop considerable. C'est un defaut acquis.
Lorsque ce defaut est naturel, le cbeval est dit brassicourt,
Ce sont le plus souvent l'exces de fatigue et le travail premature qui rendent le cbeval arque. Si ce d6faut est r6cent, il est susceptible de disparaitre par Teffet du repos combing a une ferrure bien raisonn6e.
Le cbeval arque ou brassicourt manque de force, d'6nergie dans les colonnes de soutien representöes par les extremites antörieures; il est expose a s'abattre, a se blesser sur les genoux et les boulets.
Pour rendre aux membres anterieurs I'aplomb qu'ils ont perdu , il faut provoquer l'effacement du genou en abaissant les parties posterieures du pied. Ainsi, les talons seront pares plus que la pince , et Ton appliquera un fer epais en pince et aminci en 6ponges.
Toutefois, il convient de n'arriver que par degres au redressement que Ton vent obtenir. Si les talons sont abaissös trop brusquement et non par gradation , il en resultera des tiraillements des tendons, des dilata­tions douloureuses des gaines synoviales. Plus tard, la fatigue des fl^cbisseurs occasionnera leur retraction el l'exageration du defaut auquel on aura voulu rem^dier.
Si le cbeval arque a le defaut de raser le tapis , de buter, I'ajusture sera plus forte, de maniere a relever la pince suivant le degre d'usure des membres. Gobier blame avee raison les crampons, qu'il regarde comme nuisibles dans ce cas (1).
(1) Goiiier. Tableaux synoptiijues de la Fen
urc.
-ocr page 368-
IP ';i
ill l
.It
Hi!
w
348
Le fer a pince prolongöe a ete conseille pour le cheval arquö , quand ce dcfaut est exagerc et complique de la retraction des flechisseurs.
Lorsque le cheval est brassicourt, c'est-ä-dire si les genoux sont portes naturellement trop en avant de la ligne d'aplomb, il est difficile d'y remedier, a moins qu'on ne commence dans le jeune age.
On a dit qu'il n'y avail pas de moyens curalifs pour le cheval hrassicourt, parce que l'os du canon est legerement tordu ou coude en avant.
Quand le genou se trouve en arriere de la verlicale abaissee du tiers posterieur et superieur de l'avant-bras sur le boulct, on dit qu'il est creux. La ferrure ne pent remedier a ce defaut, quia, du reste, peud'importance.
DES CUEVAÜX QÜI OJfT LES JARRETS COUDES.
Dans ce defaut, les pieds post6rieurs sont trop rapproches du centre de gravite ; les jarrets presentent une courbure trop considerable. II en resulte que, pen­dant la progression , la masse du corps est plutot 6levee que projetee en avant; les allures sont raccour-cies.
Le jarret trop coude est expose aux vessigons et aux tumeurs osseuses produites par la distension des capsules articulaires et des ligaments, parce que I'arriere-train est trop surcharge. L'animal se fatigue plus prompte-ment pendant le travail; il est sujet a s'acculer sur une descentc rapide. En outre, ce defaut dispose le cheval a forger.
Pour corriger ce vice de conformation, il est indiqu6
\k
''
.
I
I! I Vi
m
ill'
I ill
I
quot;
r
j
H
i
-ocr page 369-
349 de tenter l'öloignement des pieds posterieurs du centre de gravitö, de les forcer a se detacher plus tard du sol, afin d'obtenir une progression plus horizontale.
Les talons des pieds de derriere seront pares un neu moins que les autres parties.
On aura recours h un fer plus epais en talons qu'en pince. Si le cheval forge, on appliquera le fer ä pince tronquee.
DES CHEVAUX QU1 ONT LES JARRETS DROITS.
C'est le defaut opposö au precedent; il est caractörise par une trop grande ouverture de l'angle forme par !a reunion de la jambc et du canon.
Dans ce cas , les mcmbrcs poslericurs sont trop eloignes du centre de gravile.
11 est des chevaux tellcment conformes, que l'angle du jarret est presque nul.
Lorsque les jarrets sont droits , la detente des mem-bres posterieurs est ä peu pres nulle ; la pression sur le sol est due seulement au redressement des rayons inferieurs. Le cheval atteint de ce defaut pietine des membres posterieurs; il a les reactions dures pour le cavalier; il avance peu dans la progression , tout en se fatiguant beaucoup.
Rapprocher les pieds de derriere du centre de gravite pour solliciter le resserrement de Tangle du jarret ^ c'est l'indication ä remplir. On y parvient en laissant la pince longue, en abaissant les talons , et en appli-quant un fer ä pince epaisse, ä 6ponges amincies.
Cette disposition ne devra fetre obtenue que par
-ocr page 370-
Vv
1
II
T-i
:
f-jl
n
350 degres, pour eviter des tiraillements dans les articula­tions et les tendons fl6chisseurs.
DU CHEVAL BUCHE,
On donne ce nom au cheval qui est droit sur les boulets de derriere.
Bourgelat fait observer que, dans le cas dont il s'agit, la reaction se fait parallelement a Taxe des parties inftrieures de la colonne; que cet axe, par la position contre-nature duboulet, approche d'une rntjme ligne droite. La ferrure qu'il conseille est semblable a celle du cheval arque ; la paroi sera plus mönagee en pince qu'en talons. Les eponges du fer seront plus minces que les autres parties.
DD CHEVAL LONG-JOINTE.
Un exces de longueur des paturons constitue le che­val long-jointe. C'est un döfaut congenial.
Le cheval est long-jointe du devant, lorsque la verti-cale abaissee du sommet du garrot äterre, en arriere de chaquemembre, est trop rapprochee du boulet.
II est long-jointe du derriere, lorsque la verticale abais-s6e de la pointe de la fesse k terre et passant derriere rextr6mit6 se trouve trop pres du boulet.
Dans Tun et l'autre cas, l'os du paturon qui a plus de longueur se trouve plus incline en arriere; il ne forme pas avec le canon un angle aussi obtus que dans I'^tat normal.
Cette conformation est commune dans quelques races du Midi, surtout chez les chevaux algeriens.
It1
'1
n
it
i 11
h
I I
! j
lliii I
mi ii
1
v 1
iw.
-ocr page 371-
351
Elle donne des allures plus douces , plus souples; en effet, les reactions produites par la progression se per-dent en partie sur Tangle du boulet.
11 en resulte des tiraillements sur les tendons flöchis-seurs, la dilatation des gaines synoviales, et, par conse­quent , des engorgements des tendons, des ganglions, des molettes ; les membres sont plus tot ruinös.
La ferrure ne peut que pallier lögerement cette con­formation.
En parant les pieds, on aura la precaution de toucher seulement a la pince et de manager les talons pour leur donner plus de hauteur, pour empScher le pied de se renverser trop fortement.
On appliquera des fers ä pince peu öpaisse, ä 6pon-ges plus fortes et munies au hesoin depetits crampons.
nü CHEVAL COÜET-JOINTE.
Ce döfaut est l'opposö du pr6c6dent; il est le rösul-tat d'un paturon trop court.
Le chevalainsi conforme estsouvent droit du devant; ses allures sont plus dures, parce quel'angle du boulet, peu prononcö, laisse la reaction se perdre dans les regions supörieures.
Le boulet a une grande tendance ä se porter en avant et ä rendre l'animal bouletö.
Parer ä peine la pince, abaisserles talons, appliquer un fer epais dans ses parties anterieures, mince en feponges, voilä les indications ä remplir.
-ocr page 372-
.;•;
i
352
DU CHEVAL RA1IPIN.
#9632;
Dans le pied du cheval rampin, la paroi prösente en pince une direction perpendiculaire; les talons out une hauteur presque egale a celle de la pince. Ce vice se montre le plus souvent sur les pieds de derriere.
Cette conformation est commune dans les especesde l'äne et du mulet.
Elle est pour le cheval assez frfequemment un vice congenial. Quelquefois eile resulte d'une mauvaise ferrure. Dans quelques cas , eile est produite par des maladies du pied.
Le cheval rampin n'est pas gen6 dans l'acte de la progression; il pose le pied sur toute sa surface. Mais il se fatigue assez promptement et se trouve plus expose aux deviations du houlet, les muscles extenseurs man-quant d'energie.
Les indications a remplir consistent a r^tahlir I'in-clinaison des parties infferieuresde l'extrömite. On rem-plira ce hut en ahaissant les talons, que Ton pare plus que la pince , et en appliquant un fer a pince epaisse , qui garnit un peu et dont les eponges sont minces. Ce n'est que pardegrös peuprononces qu'il faudra arriver a ohtenir le resultat qu'on attend; agir d'une raaniere trop hrusque, c'est s'exposer a produire la fatigue des tendons flechisseurs.
DÜ CHEVAL PINQARD.
C'est celui dans lequel l'appui du pied se fait tout en-tier sur la pince.
( r1
kV gt; :
i;.
in
m
\l
I *
r
| #9632;
\ i
i
Ir
', i
;
1 .quot;
H
fi
N
1
1
j,
*
-ocr page 373-
353
Contraireraent au defaut pr6c6dent, ce dernier est toujours acquis; assez souvent on ne 1'observe que sur un pied appartenant a Tun des bipedes anterieurs ou post6rieurs.
L'appui se fait sur la pince, quelquefois tellement sur le bord externe de la paroi, que le pied se ilöcbit im-mödiatement et vient se poser sur sa face antörieure.
(Fig. 100.) Pied pinpard ferri. Il cst rare V™ le cheval Pin-
card ne prescnte pas un en­gorgement plus ou moins con­siderable des tendons flechis-seurs, avec retraction dans le sens de leur longueur. Ce sont les maladies des tendons qui sont la cause la plus ordinaire decetleconformalion vicieuse. Si le defaut est pen grave, il s'agit dc parer un peu plus les talons que la pince et d'appliquer le fer ä pince ipaisse. Ce fer deborde plus ou moins la paroi en pince, suivant l'intensite de la deviation du pied {fig. 100).
DU CHEVAL BOüLETE ET DU PIED BOT.
On appelle cheval houlele ou houte celui dont le beu­let s'ecarte de la ligne d'aplomb et se porte en avant. On dit que le cheval est droil sur ses membres, quand les phalanges d'une extremity se trouvent sur la mfeme ligne droile; e'est le premier degre de la deviation qui constitue la boulelure. L'appui se fait encore sur touts la surface plantaire de la paroi. Quand le cheval est bou-
-ocr page 374-
if
ir/ it
}
%
354 lete, le poser n'a lieu que sur la pince; le boulet est plac6 au-delä de la ligne d'aplomb; la perpendiculaire tir6e ä sa partie antferieure tombe en avant de la pince. Enfln cette diflbrmite port^e a I'exees constitue le pied bot.
La bouleture est produite par un travail premature et forc6; souvent eile est le resultat des maladies tendi-neuses.
Les chevaux court-joint6s, ceux dont le pied est rampin, y sont predisposes. Cette deviation est plus commune pour les membres de devant du cbeval que pour les extramp;nitös poslörieures.
Les phalanges des monodactyles sont Archies par deux muscles tendineux : I'un est le radio-phalangien on le perforant, I'autre est Vepicondylo-phalangien, le sublime on per fore, pour les membres de devant; ce sont, pour ceux de derriere, le tibio-phalangien ou per­forant, et le femoro-phalangien ou perfore. C'est par le raccourcissement du perforant que la deviation du boulet est produite le plus souvent; quelquefois sa retraction est due a la bride fibreuse qui s'etend de la face postörieure du genou ou du jarret au tendon per­forant , avec lequel eile se confond vers son tiers sup6-rieur.
Dans le cbeval boulete, la region des tendons fl6cbis-seurs est g^neralement engorgee, sensible ä la pression des doigts; le sabot fait son point d'appui sur la pince. Quand ce defaul est ancien, la paroi se deforme et se recourbe sur sa face anterieure; les talons prennent un accroissement exag6r6. L'animal boite de plus en plus et finit par devenir impropre a tout service.
ii
f: j
ii
I
' lt;
!#9632;
i! !
: j illquot;
r
! M'
: 1;'
1 ; i #9632; 1 1 •
If!
V I
-ocr page 375-
355
Quand la flexion forc6e de l'articulation du boulet n'est pas ancienne et se montre sur les jeunes chevaux fatigues par un travail premature, on pent employer avec succes quelques applications medicamenteuses, le liniment ammoniacal, la pommade de bi-iodure de mer-cure, le vösicatoire sur les tendons.
Le feu, suivi d'un repos suffisamment prolong^, devient aussi un moyen de guerison efHcace.
Lorsque la retraction a persists et tend a augmenter chaque jour, il est une operation qu'on met en usage comme une derniere ressource : e'est la tinotomie ou section d'un et quelquefois des deux tendons flechis-seurs. Cette operation est g6n6ralement un moyen palliatif, qui permet d'utiliser encore des animaux incapables de tout service ; quelquefois eile fait dispa-raitre les deviations articulaires du boulet et donne un succes complet.
Ce n'est pas ici le lieu de decrire la tönotomie et les methodes qui ont ete conseillees pour la pratiquer.
Le cboix du fer a employer pour le cheval boulele nitrite I'all en I ion du praticien.
Lorsque le cheval est droit du devant, lorsque sur-tout on s'apercoit que le boulet tend ä se porter en avant de la ligne d'aplomb , le fer ordinaire ne pent suffire; il Importe d'allonger la pince de quelques milli­metres et de lui donner une ajusture plus prononcee en forme de bateau.
La pince doit 6tre plus relev6e, parce que, avec I'a-justure ordinaire , l'animal serait trop exposö k buter.
On a encore donnö le nom de fer ä la florentine an fer qu'on applique pour le premier degre de la bou-leture.
-ocr page 376-
350
Plus tard, ä mesure qu'on voit se prononcer la conformation du pied Lot, on a recours au fer Ji pince de plus en plus prolong^. II arrive meme un moment oü la retraction du pied fait que I'appui a lieu seule-ment sur l'extremitö du prolongement exagerö donne a la pince du fer (1).
Si Ton propose de pratiquer la tenotomie, il faut proscrire le fer dontla pince a une longueur exag^ree, II ne faut pas oublier qu'apres I'operalion le clieval releve ä peine en marchant le membre malade; il est oblig6 de le trainer pour changer de place: de lä des ebranlements douloureux , si la pince du fer s'embar-rasse dans la litiere ou dans les interstices du pav6.
II faul alors se servir d'un fer dont I'ajusture sera bombee et dont la pince depassera a peine la paroi de 5 a 6 millimetres.
DÜ CIIEVAL QUI SE COUCHE EN VACHE.
„ , „nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;, , , Ouelques chevaux ont I'ha-
(Fig. 101.) Fer pour le clieval ^ ^
qui se couche en vache. bitude de se coucber sur la litiere en pliant les genoux, comme les vaches qui se repo-sent pour ruminer, de teile sorte que le coude est en con­tact avec I'eponge de la brau­che interne du fer.
II en resulte une contusion et le developpement d'une tu-
\
m
i
^
I
ill
lit.
Hi
f
i j
W
[Is
III
rM
m
(l) Voycz la dcscriplion du fer ä pince prolong6e, p. 284.
%\
-ocr page 377-
357 raeur plus ou moins considerable, ä laquelle on donne le nom d'iponge, soil pour rappeler la cause qui l'a produite, soil pour exprimer l'ötat spongieux des tissus tumefies.
Pour prövenir la contusion du coude dans ce cas, il convient, comme on le voit dans la figure 101 , de raccourcir la branche interne du fer, d'arrondir Tangle exterieur de l'öponge, qui doit, autant que possible , etre incrustee dans la corne , pour ne pas former de saillie prononc6e.
Si, malgr6 ces precautions, le coude est encoreblessc, c'est au contact de la corne des talons qu'il faut attribuer la blessure. II faut alors avoir la precaution d'entourer le pied du cheval avec une enveloppe de laine ou tout simplement avec des tresses de paille, pendant la nuit seulemcnt. On pent se servir egalement d'un bourrelet epais qu'on applique dans le paturon ou sur le milieu du canon. Pendant le jour on empeche l'animal de se coucher.
Cousidertes au debut, ces tumeurs du coude offrent peu de gravite. Alors elles sont fluctuantes et contien-nent de la serosite plus ou moins coloree en rouge. On y remedie par une ponction , soit avec le bistouri, soit avec le fer rouge , qui est preferable.
Les tumeurs de ce genre qu'on nöglige de soigner, et qui sont exposöes constamment a de nouvelles con­tusions, piennentun volume enorme; elles acquierent une consistance lardacöe et resistent aux moyens les plus actifs. Leur incurabilite devient une cause de depi-eciation pour le sujet qui en est affecte.
-ocr page 378-
\i
358
DES CHEVAUX QUI POSENT LES PIEPS LES UNS SOR LKS ADTRES PENDANT LE REPOS.
t
'
II y a des chevaux qui contractent I'habitude vi-
cieuse de poser un pied sur un autre pendant qu'ils
ll
sont ä r^curie. C'est ordinairement sur les membres de derriere qu'on observe cette particularit6.
Les suites de ce vice sont quelquefois assez graves. II en r^sulte la fatigue de Textrömitö sur laquelle I'appui se fait le plus souvent et des defauts d'aplomb. Pendant I'biver, les crampons du fer peuvent Mes­ser la couronne et produire des atteintes. HInbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Les indications a remplir consistent a prot6ger le
lt;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;sabot qui est exposö ä fetre blesse, par 1'application
i inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;d'une bottine en cuir qui recouvre la couronne, et
Hl !nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; qu'on maintient seulement pendant que I'animal est a
I'fecurie.
Afin d'6viter les blessures produites par les crampons du pied qui vient se poser sur le sabot oppos6 du meine bipede, on a la precaution d'enlever ces crampons. II suffit ordinairement de modifier l'^ponge du c6t6 interne.
H
#9632; #9632;
1
i
-ocr page 379-
CHAPITRE XXII.
FERHUBE POrH BEMEDIER AUX DEFAÜTS DANS LES ALLURES.
Sommaire. — Causes gt'nörales des detauts dans les allures.— Cheval qui forge. — Cheval qui se coupe. — Cheva! qui billarde. — Cheval qul trousse. — Cheval qui se berce des epaulos et des hanches. — Cheval qui est pris des ^paules. — Cheval qui bute.
CAUSES GENKRALES DES DEFAÜTS DANS LES ALLURES.
On donne le nom d'allures aux mouvements succes-sifs executes par les animaux pour se transporter d'un lieu dans un autre.
M. Girard a tHabli, pour les allures, unedivision qui est g6neralement adoptee. II les distingue en naturelles et acquises.
Les allures naturelles, que I'animal execute sans avoir
24
-ocr page 380-
H
m
m
360 äte raodißä par I'lHlucation el le travail, sont le pas, le trot et le galop.
Les allures acquises sont artificidelles ou defectuemes.
Les allures artificielles qu'on donne aux chevaux dans les maneges, dans les cirques, ne nous offrent ici aucun intörßt.
M. Lecoq a range parmi les allures dtfectueuses Yamble, le traquenard, le pas releve on entre-pas et Yaubin. Get auteur considere cette derniere allure , due k l'usure de Tanimal, comme la seule r6ellement dfefec-tueuse , parce qu'on recherche les autres pour quelques services (1).
Les d6fectuosit6s les plus remarquables dans les allures sont dues a des habitudes vicieuses, a des dßfauts de conformation et souvent ä un 6tat maladif des extr6raites. Porte a un certain degr6 , ce dernier 6tat cause des hoiteries.
Par une application raisonnee de la ferrure, il est possible de remedier a quelques unes de ces döfectuo-sitös , qui consistent en des mouvements irrisguliers.
Nous negligerons celles pour lesquelles l'art du mar6-chal ne pent rien et qui sont dues a l'öparvin sec et aux efforts des lombes.
m
iT
UA
#9632;
H
i ;
I i
i! *
I ,15
CHEVAL QUI FORGE.
On dit que le cheval forge, lorsque, dans Failure du trot, il atteint, avec la pince des pieds postörieurs, une partie quelconque des membres de devant, au moment
(1) Voir, pour de plus grands details, le TraiM de I'exUrieur du Cheval, par M. F. Lecoq. Lyon, 18*7.
tiH'
-ocr page 381-
361 oü ils se levent ou quand ils reposent encore sur le sol.
II forge en voule, lorsqu'il frappe la voüte du fer du membre antörieur avec la pince du pied posterieur. II forge en tyonges, quand il atteint l'feponge du fer de devant. Enfin, l'animal qui a le däfaut de forger peut encore atteindre les talons et la region des tendons flßchisseurs.
Tnconvönienls. — Le cheval qui forge fait entendre, en trottant, un bruit uniforme, semblable, pour le rythme, a celui de deux ouvriers qui battent un mor-ceau de fer sur I'enclume. Ce bruit est fatigant pour I'oreille.
L'animal est expos6 a se deferrer. II doit se fatiguer facilement. II peut se donner, dans la region des ten­dons et sur les talons, des contusions violentes qui pro-duisent, soit le javart tendineux, soit la carie du fibro-cartilage lateral de l'os du pied, et ce qu'on appelait autrefois la nerf-ferure.
Causes. — Les causes de ce defaut sont multiples et de diverse nature.
C'est la fatigue qui le produit le plus souvent. On I'observe sur les jeunes chevaux qui ne sont pas accli­mates , sur ceux que Ton soumet a un travail pr6ma-turfe, et qui n'ont pas encore assez d'6nergie pour donner a leur corps la tension necessaire pour trans-mettre une impulsion reguliere.
D'apresCbabert, cela depend quelquefois du cavalier qui a la mauvaise habitude de se pencher en avant,
-ocr page 382-
iT
v
362
qui augmente ainsi le poids supports par les membres antferieurs et retarde par consequent leur lever.
Le döfaut de proportions entre la longueur et la hauteur du corps est une cause de l'action de forger; ainsi, l'exces de longueur de la colonne dorso-lombaire produit la faiblesse, augmente la flexibilitfe du corps et occasionne des mouvements irr6guliers.
D'autres causes donnent le mfeme rfesultat : ce sont l'exces de longueur des membres de derriere, leur direc­tion en avant de la ligne d'aplomb, par exemple quand les jarrets sont coud6s, et, d'autre part, la brievetö des membres de devant et leur direction en arriere dans le cbeval qui est sous lui. Enfin, les m6mes effets sont observes dans les sujets qui out les 6paules trop char-nues et pesantes.
En regie g6n6rale, un cheval forge toutes les fois que les membres posterieurs out ex6cute leurs mouve­ments avant que les anterieurs se soient suffisamment ecart6s du trajet que les pr6c6dents doivent parcourir.
Indications. — Pour remödier a ce dfefaut, il est utile d'accdererle mouvement des membres anterieurs, de retarder celui des membres posterieurs et de raccourcirles parties qui sont susceptibles de s'atteindre.
Afin d'accelerer le lever des membres anterieurs, il est indique d'abattre les talons autant que possible, en respectant la longueur de la pince. Alors, la tension des tendons 6tant plus prononcee pendant I'appui sur le sol, I'animal eprouvera un sentiment de gone qui le portera a lever plus tot ses exlremites; de plus, cette tension etant complete, la moindre contraction musculaire
i*ä;
i
;;
'ill
: I
illlaquo;
I
raquo;r
:iV:
I ill
fit
-ocr page 383-
363 sera süffisante pour mouvoir le pied. Au contraire, si Ton raccourcit la pince en laissant trop de hauteur aux talons, les tendons flgchisseurs ne seront pas aussi ten-dus; il faudra un temps plus long pour produire le lever de l'extrömitö.
Quant aux pieds de derriere , il y a indication de parer la pince et de laisser plus de hauteur aux talons pour retarder le mouvement qu'ils doivent op6rer en avant.
La disposition des fers sera diffiferente suivant les parties qui sont atteintes.
(Fig. 102.) Per de devant pour 0n laquo;laquo;Japte, dans tOUS les cas,
le cheval qui forge en voüte. aux pieds postörieurs un fer muni de crampons , a pince tronquee, avec un pincon en mamelle de chaque c6t6 (1). Ce fer est employe par quelques marechaux pour les chevaux de luxe, qui n'ont rn^me pas le d6faut de forger.
La ferrure des pieds de devant varie suivant que le cheval forge en voüte ou en eponges. Si le cheval forge en voüte, on applique un fer 6chancr6 en voüte , comme dans la figure 102. Au contraire, le cheval forge-t-il en eponges , les fers de devant out les Spon­ges tronquees , quelquefois meme incrustees dans la come des talons, comme dans la figure 103 (2).
(1)nbsp; Voycz la fig. 25, p. 132.
(2)nbsp; Voycz aussi la fig. 19, p. 13laquo;.
-ocr page 384-
r
f
364 ^. .Ma raquo; gt;i j . / öans le cas oü le cheval
(Fig. 103.) Fer de devant pour le
eheval qui forge en (Sponges. qui forge parait user trop
vile la pince des pieds de derriere, on adapte au fer qui doit les garnir un pin-jon large , elevfe en pince, |i jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; j ii, qu'onincrustedanslacorne.
Enfin, quandle d6faut de forger provient du jeune äge , du manque de döveloppement de ses forces , il disparait avec le temps. N6anmoins on emploie la ferrure qui vient d'etre indiqu6e , pour remödier a son intensity.
i!
I
CHEVAL QUI SE COUPE.
On dit qu'un cheval se coupe, lorsque, dans les diverses allures, le pied d'un bipede anterieur ou pos-tferieur frappe en se levant le membre correspondant qui est pose sur le sol et le blesse.
Si le cheval frotte Tun des membres contre I'autre sans se blesser, on dit qu'il se frise.
Enfin , quand les deux membres se frappent r^cipro-quement, on dit que le cheval s'entrelaille.
Les chevaux peuvent se couper sur difFamp;rentes parties de la region inferieure des extremiles. La plupart se blessent au boulet, quelques uns sur le sabot, sur la couronne, d'autres au genou. Ce sont les membres postferieurs qui se coupent le plus souvent.
Causes. — Plusieurs causes differentcs peuvent pro-
w
In;''
Hi
n:
S'J
)m
-ocr page 385-
365 duirece d6faut. Les priacipales sont la direction vicieuse des aplombs, de mauvaises allures, une conformation dtfiectueuse, la fatigue , la faiblesse du jeune age, une mauvaise ferrure.
Les defauts d'aplomb qui font que le cbeval se coupe consistent dans une direction vicieuse des parties infö-rieures de l'extremitö. Ainsi, le cbeval sent du devant ou du derriere se coupe, parce que les pieds sont trop rapprodräs. Le cbeval j)anarlt;i et celui qui est cagneux out ögalement les sabots trop rapprocb6s; dans le premier, ils sont tourn6s en debors : le cbeval se coupe avec les talons; dans le pied cagneux, qui est tournö en dedans, c'est la mamelle qui frappe le membre opposfe.
Le cbeval, qui se coupe au genou a le defaut de trop relever les membres dans l'action de trotter. Celui qui se coupe a la couronne ou sur le sabot rase le tapis, c'est-a-dire releve pen les membres dans ses diverses allures.
Les animaux fatigues par le travail, par une longue course , sont portes a se couper, parce qu'ils ont perdu momentan^ment une partie de leur Energie musculaire.
Ce defaut est assez commun dans le jeune Age, parce que le cbeval n'a pas encore acquis toule sa force; il disparait a mesure que le däveloppement devient plus complet.
Enfin, une mauvaise ferrure fait que le cbeval se coupe , parce que le fer devie d'un cöt6 ou de l'autre ; l'accroissement de la corne le rend plus saillant; les rivets des clous remontent davantage et forment autant de points proeminents qui deviennent des causes de blessure.
-ocr page 386-
r #9632;'
Inconvinienls. — L'engorgement de la partie infe-rieure des membres, des plaies contuses, des furoncles, des abces sont les suites ordinaires de ce döfaut. Dans quelques cas plus graves , des javarts tendineux, des fistules de la gaine des tendons fl6chisseurs en sont les consequences.
Indications. — II importe de reconnaitre exactement la cause de ce delaut pour y remödler.
Est-il produit par la fatigue , par une faiblesse g6n6-rale , le repos et le temps sont les seuls moyens de gu6rison.
Resulte-t-il, au contraire, d'un d^faut d'aplomb ou d'une mauvaise ferrure, c'est par I'application metho-dique du fer qu'on pent y remMier.
Le Systeme de ferrure a appliquer varie suivant les parties qui sont coupees ou entretaillfees. U faut deter­miner exactement quels sont le pied coupant et le pied coup6, et reconnaitre quelle est la partie du pied cou­pant qui atteint l'extramp;nitö oppos£e.
Le pied coup6 est celui qui |presenle des traces de contusions sur quelques parties de sa face interne, soit sur la couronne , soit au boulet, soit au genou.
Si Ton veut reconnaitre quelle est la partie coupante, on applique un pen d'axonge sur la partie coupee. Pendant I'exercice, le frottement des deux pieds Tun contre I'autre impregne avec I'axonge la partie du sabot qui atteint le membre oppose.
La ferrure doit avoir pour but: 10 de diminuer la saillie formee par la face interne du pied coupant; 2deg; d'eloigner les deux membres Tun de I'autre.
l!
Ü
5 ' ', ''#9632;
m \
!
-ocr page 387-
367nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; l'W
Si le cheval se coupe parce qu'il est vieux ferr6, il suflSt le plus souvent d'appliquer un fer ordinaire et de ferrer juste sur le cöt6 interne.
Dans les autres cas produits par un d^faut d'aplomb, on a recours au fer ä la turque (1) ou fer a etampures unilaterales, modifiä suivant que le cheval se coupe avec le quartier, la mamelle ou le talon.
Le cheval qui se coupe avec le quartier exige le fer ä la turque ä hranche courte el mince, Quand ce fer est posfe, la hranche interne est debordte et cachfee par le bord arrondi de la muraille.
Pour le pied panard, qui coupe le membre opposfe avec le talon , e'est le fer ä hranche öpaisse el courle qui convient.
Au contraire, si le pied est cagneux et atteint I'autre extr6mit6 par la mamelle, on applique le fer ä la lurque ä mamelle retrecie, qui est priv6 d'6tampures depuis la pince jusqu'au milieu de la brauche de dedans.
Quand on reconnait la necessite d'eloigner Tun de I'autre les deux pieds qui s'atteignent, on donne ä la hranche interne de chaque fer plus d'6paisseur qu'a la brauche externe. Par ce moyen, le boulet se trouve port6 en dehors, et a Tabri de l'atteinte du pied oppose.
Aux avantages de cette ferrure on peut opposer des inconv^nients qui ne sont que trop rtels. Ainsi , M. H. Bouley fait observer qu'elle a ceux de fausser tout a fait l'appui du sabot sur le sol, de döranger les rapports des rayons osseux des membros et de fatiguer douloureusement les appareils ligamenteux et tendineux
#9632;it
(i)
Voycz la description des fers ä la turquc, p. 275,
1P
III
i
-ocr page 388-
t
I
368 de leurs articulations infamp;rieures. 11 recommande de n'employer cette ferrure que par intermittence (1).
II suffit quelquefois d'appliquer dans le paturon ou sur le canon du membre qui est bless6 un bourrelet en cuir, qui fait plus de saillie que les parties qui sont con-tusionnöes et les protege.
CHEVAL QUI BILLARDE.
C'est un defaut dans lequel le cheval rejette en dehors, pendant le lever et le soutien , les membres anMsrieurs, qui perdent ainsi un temps pr6cieux.
On I'attribue a la faiblesse des articulations inf6-rieures des membres.
Les chevaux allemands pr6sentent framp;juemment ce defaut.
II n'est guere possible d'y remödier par la ferrure.
Bourgelat donne le conseil d'abaisser le c6t6 interne du pied pour rendre I'appui plus douloureux de ce cotö; il enrösulte, dit-il, que Textrömite qui a souffert pendant la durte de I'appui une distension dans sa surface in­terne , est, aussilot qu'elle est dölivröe du poids de la masse, rappelee de ce mßme cöt6, consfequemment a l'elasticite naturelle des muscles, et qu'elle se porte, des l'instant de la levee , assez en dedans pour effacer sa tendance d6fectueuse en debors.
CHEVAL QUI TROUSSE.
On dit que le cheval trousse, quand il rel6ve beau-
(I) Mttism ruslique au XIXquot; siech. Paris, 18H, t. II, p. S63.
I,
If? :
b
i i'
I-I-
III
I*
P-
i !
H J
#9632; i
; -
i
-ocr page 389-
369 couples extrtmites anteiieures dans la progression. 11 r6sulte de la hauteur excessive des mouvements une perte de temps pendant le lever et le soutien.
Cette disposition des allures est commune chez les chevauxde manege, pourqui eile est un peurecherchte,
#9632;T hi
, ., ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; , ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; {tdii
parce qu elJe donne aux mouvements plus de grace et
_ t.:.,
terrain.
C'est un dßfaut qu'on observe en gfenferal chez les chevaux qui ont I'avant-bras court et dont le canon präsente un exces de longueur.
On le rencontre assez ordinairement chez les chevaux espagnols et dans queiques autres races mfridionales.
Pour rem^dier au defaut dont il s'agit, il y a indica­tion d'accelerer le lever des extrömites posl^rieures et de retarder celle des antörieures.
On pare les pieds de devant de maniere a abaisser la pince, älaisser aux talons plus de hauteur; on donne une disposition contraire aux pieds de derriere.
M6me prescription pour la ferrure. II faut appliquer aux pieds de devant un fer mince en pince, epais en Sponges; sur les pieds de derriere, le fer sera epais en pince et aminci vers Textrömite de ses deux branches.
#9632;' %
CHEVAL QUI SE BERGE DES EPAULES ET DES HANCHES.
Le cheval qui präsente cette allure dfefectueuse est atteint d'une faiblesse des articulations supörieures des membres.
11 faut en cxcepter celui qui est habitu6 a Failure dc ramble.
nil
-ocr page 390-
i
370
Pour rem^dier au d6faut dont il s'agit, il faut fortifier les articulations des 6paules et des cuisses par un traite-ment mödical. La ferrure n'offre , dans ce cas, aucune ressource.
D'apres Bourgelat, lorsque ce d^faut ne r^sulte que de l'action trop 6cart6e des membres, il faut les forcer a effectuer leurs mouvements dans un plan vertical, moins distant de celui qui divise I'animal en deux moilies; a cet effet, il indique la nöcessitö de prolongcr le quartier de devant, en supposant le plan dans son grand axe. Cette methode n'a pas eu de succös.
I's
CHEVAL PRIS raquo;ES EPAÜLES.
Dans ce döfaut d'aplomb, le mouvement des öpaules est tres born6. On dit aussi que le cheval est noue, gdne des dpaules.
Les chevaux pris des epaules ont la poitrine 6troite ; leurs epaules sont comme plaqufees centre le thorax ; leur mouvement pen etendu fait que l'animal rase le tapis , qu'il est susceptible de buter et de s'abattre.
11 n'est pas possible de corriger cette conformation.
On a cherchö ä y remödier par plusieurs moyens. Un des plus bizarres consiste ä provoquer l'agrandisse-ment des mouvements des öpaules en opposant un obstacle ä la progression. C'est dans ce but qu'on a imagine les fers äpatin (I).
Le fer ä palin doit etre applique , d'apres Bourgelat, ä Texlrömitö malade, lorsque ce fer präsente un pro-
(i) Vovm la description An fer äpatin, igt;. 231.
-ocr page 391-
i
371 longement en pince. Alors l'.miinal ne peut 6viter de tomber qu'autant qu'il ne se heurte pas contre le sol; il est forcfe a une plus grande elevation du membre. Parnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
ce Systeme, l'epaule pourrait s'habituer ä des mouve-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;lt;h
ments plus etendus.
Les autres fers a patin ne sont pas susceptibles de la meine application.
Ainsi, le fer ä appendice sous la face infamp;rieure a 6te indique pour le cheval qui a l'extrömitß trop courte , par suite de la retraction des tendons.
Bourgelat recommande de le placer sous le pied de l'extremitö saine, pour l'obliger de rejeter sur le pied de TextrtJinite malade une partie du poids dont le sujet cherchait a la d6livrer.
Tons ces moyens sont abandonn^s.
CHEVAL QUI BUTE.
On dit que le cheval bule, lorsque, soit au pas , soit surtout pendant une allure rapide , un des mem-bres ant6rieurs rencontre les asperil£s du sol; il en rfesulte une inegalitä , un temps d'arrfet dans les mou-vements.
Si le cheval est lanc6 a une allure rapide, l'impul-sion donn6e au corps par les membres postamp;ieurs le fait tomber en avant; les genoux sont bless6s; les cica­trices qui resultent de cet accident d6shonorent I'ani-mal: on dit alors qu'il est couronne. II porte sur ses genoux la preuve Evidente de la faiblesse de ses extre­mity antörieures.
Le cavalier qui monte un cheval de ce genre est
I
-ocr page 392-
B :
372 tres expose ä tomber et a subir de graves accidents.
Le defaut du cheval qui bute est le resultat de la fatigue, de la faiblesse , d'un manque d'aplomb dans les membres de devant. Ainsi, un exces de longueur du sabot, la direction en avant de la ligne d'aplomb des boulets et des genoux, la faiblesse des epaules, un •Mat maladif des tendons , enfin tout ce qui retards le lever des pieds antferieurs, voilä les causes qui produi-sent ce defaut.
On ne peut, dans ce cas, esperer le retour des allures a I'fetat normal que pour les jeunes cbevaux qui n'ont pas encore acquis toute leur force. Rien ne peut faire completement disparaitre les autres causes; il est tout au plus possible de les pallier.
Le conducteur d'un cheval qui bute doit avoir la precaution de bien le tenir en main, pour que les rfenes lui fournissent un point d'appui qui le soutient et l'em-pfecbe de tomber; il le conduit lentement a une des-cente.
De son cote, le marechal doit employer la ferrure qui a 6te conseillGe pour les defauis d'aplomb qui nui-sent a la solidit6 de l'animal; il verra s'il est droit du devant, arqufe, pris des 6paules, etc.
Dans tons les cas , on donnera au fer un pen plus d'ajusture, de teile sorte que la pince, 6tant un peu plus relev6e , se trouve moins exposöe a frapper les obsta­cles qu'elle rencontre.
]
$
laquo;
s.
-ocr page 393-
1
CHAPITRE XXIII.
ill rise-
FERRURE DES CHEVAUX SUIVANT LEUR AGE, LEÜR GENRE
DE SERVICE, LES SAISONS, ETC.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ;,|,
|l
im Sohmaire. — Ferrure des poulains : degr6 d'importance; flge auquel
il coDvient de pratiquer la ferrure; particularites de la ferrure des
poulains; precautions a prendre pour le ferrage des poulains. —
Ferrure considir^e sous le rapport des services auxquels les che-
vaux sont destines: ferrure des chevaux de seile; chevaux de
course; chevaux de manage; chevaux de troupe; chevaux de gros
trait; chevaux de riviere; chevaux employes dans les gares des
cherains de fer. — Ferrure ä glace ou ferrure d'hiver. — Renou-
vellement de la ferrure.
FERRURE DES POULAINS.
Degre d'importance. — On a attache beaucoup trop d'importance aux effets d'une premiere ferrure qu'on pratique sur le pied d'un poulain.
Nous regarderons comme exager6es les opinions d'Hartmann, de Garsault et d'autres auteurs.
f
i,. 4
:
C
-ocr page 394-
p
laquo;
#9632; j]
r 11
I
374
laquo;Laferruredupoulain, dit Hartmann, est une affaire raquo; de grande importance , puisque c'est particuli^rement raquo; de la premiere, selon qu'elle est bonne ou mauvaise, raquo; que dependent pour I'ordinaire la bont6 ou les d6fauts raquo; des pieds, ainsi que la bonne ou la mauvaise qualit6 raquo; de la corne (1).raquo;
Garsault s'exprime ainsi: laquo;La premiere ferrure des raquo; cbevaux est essentielle pour la suite ; car le piedprend raquo; une bonne ou une mauvaise forme , suivant cette raquo; premiere ferrure (2) raquo;.
II serait plus juste de ne pas considörer la ferrure des jeunes animaux comme susceptible de dötruire ä jamais les bonnes qualit6s du pied. Sous ce rapport, nous adoptons 1'opinion professfee par M. Rainard, qui re-garde le fer comme utile au pied du poulain seulement pour empfecber la paroi de s'6br6cher, la sole et la fourchette n'ayant pas besoin d'fetre prot6g6es.
En effet, si nous consid6rons ce qui se passe dans les pays d'6leve, nous voyons que les jeunes cbevaux y sont g6n6ralement mal ferr6s; qu'on ne renouvelle la ferrure que fort rarement, lorsqu'elle est us6e, sans tenir compte de l'exces de longueur präsente par la corne , et que cependant il n'en r6sulte pas pour les pieds des d6fectuosit6s sensibles.
Dans les grandes foires de nos döpartements de l'Est, on est frapp6 de la nfegligence avec laquelle on abandonne les soins les plus rationnels que le pied du cbeval doit exiger. Beaucoup de poulains ont les pieds
Hi
ml.
m
r '#9632; 1!
11 •
1
laquo;HI I
I
ii
l:i
illiiquot;
gt;i i I
(1)nbsp; IUrtmann. TraiU des Haras. Paris, 1788, p. 230.
(2)nbsp; Garsaut.t. ffouvem Parfait jffaröchal. Paris, 1797, p. W3.
-ocr page 395-
375 infigaux , mal ferr6s, et n^anmoins leur confurmation est souvent irrtprochable.
Ces arguments ne sont pas präsentes ici pour 6tablir linutilile d'une bonne ferrure pour le poulain , mais pour prouver qu'on a exag6rfe son influence, sur-tout si ces jeunes animaux ne sont pas soumis au tra­vail.
I
in
Age auquel il convient de pratiquer la ferrure. — Les opinions de ceux qui ont 6crit sur la ferrure des pou-lains ne sont pas d'accord sur l'öpoque a laquelle il convient de commencer ä la mettre en pratique.
D'apres Hartmann, on ferrelespoulainsäquatreans accomplis; on ne ferre d'abord que les pieds de devant, et, six a huit semaines plus tard, on pratique la nräme operation sur les membres de derriere.
Huzard fils voudrait qu'on ne mit la ferrure en
usage que le plus tard possible. II la considere comme indispensable pour le cbeval, comme un mal qu'on ne pent eviter, qui occasionne toujours de la gfene dans le pied et s'oppose au döveloppement d'une belle con­formation (1).
Bracy-Clark fait observer que le pied du poulain n'a
I
guere acquis qu'ä cinq ans tout son accroissement.
laquo;Avant cet age, dit-il, le pied n'est pas form6 com-raquo; pletement, la corne meine n'a pas acquis toute la raquo; dureMs qu'elle doit avoir; on doit sentir combien la raquo; ferrure, ä laquelle on a souvent recours des l'ägenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,
(1) Huzard fils. Des Harasdomestiques en France. Paris, 182S, p. 279.
25
-ocr page 396-
I I
376 raquo; de deux ans , doit arreler cette croissance , et de raquo; combien de maux eile doit otre la source.raquo;
Dans son trait6 sur I'hygiene, Grognier dit qu'on ferre les poulains ä quatre ans accomplis, et qu'il vau-draitmieux attendre cinq ans, qui est läge adulte (1).
Nous pourrions faire encore d'autres citations de ce genre.
Les 6leveurs de chevaux se gardent bien de suivre ces pröceptes si contraires a leurs int^rets. II n'y a guere que les chevaux d'une grande valeur qu'on pent conserver jusqu'ä Tage de cinq ans sans les ferrer , et encore l'application du fer devient souvent n^cessaire avant cette 6poque , parce que le pied est d6terior6 par I'usure.
Les amateurs de chevaux de race distinguee les font ferrer vers la troisieme annäe. A cet age, la ferrure devient indispensable pour les animaux qu'on fait cou-rir sur les hippodromes pour disputer des prix auxquels on attache une grande importance.
On voit beaucoup de gens de la campagne faire ferrer leurs poulains a Tage de deux ans et meme plus tot, ce qui est une faute, a moins que des circon-stances particulieres ne I'exigent. Ainsi, le sabot de travers, celui dont la come offre peu de resistance, r6clament l'application d'un fer, soit pour redresser les aplombs, soit pour empfecher I'usure de la corne.
C'est ä trois ans qu'on doit commencer a ferrer les jeunes chevaux , parce qu'a cette 6poque le pied prescnte un accroissement süffisant.
a
m
(i) Grognier. Precis d'un Cours d'Hygiane. Paris, 1833, p, 3W.
-ocr page 397-
f
il
377
ParlimlariUs de la fenure des poulains. — Les fers qui doivent 6tre appliques sur les pieds qui ne sont pas completement d6velopp6s, seront disposes de teile sorte qu'ils laissent le sabot jouir de son 6lasticit6 naturelle.
On appliquera des fers tres legers, qui ne garnissent que lapince, les mamelles et les quartiers, et recouvrent seulement le bord införieur de la paroi. Les fers seront depourvus de crampons et fix6s seulement par sixnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;PI
clous, dont les tfetes ne formeront pas de saillie a la face inferieure du fer.
Les pieds de devant sont ferr6s pendant cinq ou six mois avant ceux de derriere , parce qu'ils ont a supporter une partie plus considerable du poids du corps et sont plus sujets a se d6t6riorer. Quelquefois on commence a ferrer les pieds posterieurs des la seconde ferrure.
Dans l'action de parerle pied, on enleve l'exces de longueur de la paroi, sans toucher a la sole, si sa sur­face est döpourvue de ces 6cailles qui la mettraient en contact avec le fer.
II faut laisser intacts les arcs-boutants et la four-chette, afin d'6viter le resserrement des talons.
La ferrure sera renouvelee lorsque la paroi pr^sen-tera de nouveau un exces de longueur.
Precautions ä prendre pour le ferrage des poulains. — II faut recommander aux 6leveurs d'habituer de bonne heure les poulains a se laisser ferrer sans se d^fendre. Pour arriver a ce resultat, ils auront la precaution de lever les pieds frequemment, soit a I'ecurie, soit dans les päturages, de frapper quelques coups sur les parties qui, plus tard , subiront l'application du fer.
I
-ocr page 398-
i
378 Pendant qu'on pratique les premieres ferrures, il importe de ne pas avoir recours ä des moyens de con-Irainte ou de torture qui produiraient une influence fächeuse sur le caractere de Tanimal et le rendraient difficile a ferrer. On emploie les moyens de douceur; on evite tout ce qui pourrait Teffrayer et lui faire craindre une operation a laquelle on devra d6sormais le soumettre frequemmenl.
DE LA FERRURE CONSIDEREE SOUS LE RAPPORT raquo;ES SERVICES AUXQUELS LES CUEVAÜX SONT BESTINES.
La forme du fer ne doit pas varier seulement d'apres Tage des animaux que Ton ferre; eile est encore subor-donnee k diverses circonstances, surtout au genre de service.
Nous examinerons successivement la ferrure des chevaux de seile, de course, de manage, des chevaux de troupe, des gros chevaux de trait, enfin de ceux destines au service du halage et des gares des chemins de fer.
FERRURE DES CHEVAUX DE SELLE.
Wg.im^Ferdedeväntpour Les chevaux qui ne sont un cheval de seile. jamais atteles ä une voiture, et qui servent uniquement ä transporter un cavalier, avec lequel ils parcourent quelque-fois en peu de temps de vastes espaces de terrain, ces che­vaux , disons-nous , doivent
Hi
(6quot; iff
I k
r
1:
l:
I
i
If
i
1 12 '
-ocr page 399-
I
379 6tre munis de fers tres lögers, ayant peu de couverture, de teile sorte qu'ils protegent seulement le bord inffe-rieur de la paroi.
Des fers pesants nuiraient certainement ä la rapidite des allures et deviendraientbientot une cause de fatigue.
Le degrö d'ajusture est relatif ä la nature des aplombs. On donne un peu plus d'incurvation aux fers de devant qu'ä ceux de derriere. Les chevaux droits sur leurs membres, ceux qui rasent le tapis, qui butent quelquefois, exigent une ajusture plus prononc6e.
Les fers de devant ne regoivent des crampons que dans les temps de glace; ils en sont d6pourvus pendant les autres Saisons. Souvent on en met en tout temps aux fers de derriere, pour öviter les glissades; les cram­pons sont utiles principalement sur les routes pavöes.
H'
1
CHEVAÜX DE COURSE.
Le cheval de sang qui doit fournir sur un hippo­drome une course rapide, exige des fers plus lögers encore que ceux qu'on applique au cheval de seile.
II faut 6viter tout ce qui pent ralentir la vitesse des allures; le fer sera done peu 6pais et peu convert. On evitera de lui donner trop de longueur, parce que le cheval pourrait forger.
Les fers de derriere ont la pince tronquee et deu.v pincons en mamelles; ce genre de ferrure a pour but d'6viter les contusions que, dans la rapiditö du galop, Tanimal pourrait se donner aux membres antörieurs.
On a conseillö pour les chevaux de course l'emploi des crampons pour eviter les glissades; nous preft-
ä
-ocr page 400-
MV
380 rerions les voir remplacer par l'usage de clous a tfete un peu forte.
Dans quelques pays, on dispose les fers de maniere a laisser un peu plus d'6paisseur au bord externe qu'au bord interne, pour supplier les crampons.
Kiifm , la ferrure des cbevaux de course sera modi-iiee suivant la nature du terrain ou ils doivent courir.
raquo;i'l'
I::
CHEVAUX BE MANEGE.
Destines ä travailler sur un terrain uni, les cbevaux de manege doivent presenter des allures relev6es, de maniere ä embrasser peu d'espace dans un temps donna.
II convient de les ferrer , comme les cbevaux de seile, avec des fers l6gers.
Solleysel et Garsault donnaient le conseil de leur appliquer des fers demi-anglais, l6gers et 6troits, qui ne retiennent sous le pied ni la terre, ni les crottins.
On aura la precaution d'abattre les talons autant que possible, pour diminuer le temps du poser et acc6l6rer le lever, de maniere a produire un soutien plus pro-longö. Par ce moyen, on arrive a donner plus de grace aux mouvements du cheval.
II est des cbevaux de manage qui ne sont pas ferr6s; quelques uns ne sont munis de fers qu'aux pieds de devant.
La ferrure des cbevaux de manage sera renouvelöe tons les mois, pour empamp;cher le sabot d'acqu6rir un exces de longueur.
ii
I
Mi
1
' 1
m
: #9632;
-ocr page 401-
k
381
CUEVAÜX DE TROUPE.
'4
On ne peut indiquer ici que des regies gY'nerales.
Parmi les chevaux de rarmöe, il en est qui sont destines
jm
ä la cavalerie lögere et dont la ferrure doit fetre dispos^e comme pour les chevaux de seile. Dans la cavalerie de ligne et la cavalerie de reserve, les fers doivent fetre plus forts et plus converts. II en est de menie pour les che­vaux d'arlillerie, pour ceux du train des pares et du train des Equipages.
Les chevaux de troupe doivent 6tre ferr6s solidement, parce qu'ils out ä faire quelquefois des courses rapides et de longue dur^e, de longs voyages.
La garniture du fer doit fetre presque nulle, parce que, pendant les manceuvres , les chevaux sont exposes ä marcher les uns sur les autres, ä se d6ferrer. On doit faire la meine ohservation pour la longueur du fer ; un exces de longueur expose le cheval ä forger, ä se deferrer et meme ä s'abattre.
Pendant l'hiver, on applique des crampons pour empfecher les chevaux de glisser.
Quelques colonels autorisent les marechaux ä cram-ponner möme pendant Töte les pieds de derriere. Cette precaution fait eviter hien des accidents pendant les manoeuvres.
Le taux de Tabonnement du ferrage dans les corps de troupes ä cheval, qui etait, depuis longues annees,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i
fix6 invariablement ä 90 centimes par cheval et par mois dans toutes les armes, a etfe fix6, en 1843, dans chaque arme, ainsi qu'il suit, savoir :
#9632;•J
ä
-ocr page 402-
J
382
1
Pri.i.
I:
1
II
Magere, 350ä400gr. . 1 f. 05 c.
Cavalerie| deligne, 370 a 430 , . 1 10 ( de reserve, 450 ä 500 . . 1 15
Artillerie, 500 ä 600 gr....... 1 25
Train (artillerie, g6nie, equipages). . 1 30
line circulaire du ministre de la guerre en date du 13 avril 1849, adress6e aux gamp;ieraux de cavalerie et aux chefs de corps, a eu pour but de savoir si le taux de l'abonnement du ferrage, tel qu'il a 6t6 adopts en 1843, est süffisant pour obtenir des marfechaux-ferrants une execution complete et consciencieuse de toutes les parties de leur service, tout en assurant a ces militaires une juste remuneration de leurs travaux.
Dans cette circulaire, plusieurs questions ötaient posöes relativement a la ferrure par abonnement on par le mode de gestion dit d'economie.
Les renseignements obtenus out motivfe un arrfetfe ministeriel, date du 10 mai 1850, par lequelle ministre decide que le service du ferrage dans tons les corps de troupes ä cheval continuera a 6tre r^gi par voie d'abon-nement , d'apres les tarifs adoples, en 1843 , pour chaque arme.
II est dit dans cet arrfet6 que les essais du Systeme d'administration du ferrage par voie d'economie, qui out eu lieu, depuis 1846, dans trois regiments de cavale­rie , cesseront immödiatement, et que ces corps repren dront le Systeme d'administration par voie d'abonne-ment, en se conformant a cet egard an tarif ci-dessus rapportfe.
Les prix etabiis par le ministre de la guerre sont invariables, quelles que soient la saison et la localite.
i'V
! #9632;
-ocr page 403-
Ik
383
La duröe des fers est de 30 ä 40 jours, le minimum 6tant de 30 jours et le maximum de 40.
— Les figures 105 et 106 representent deux fers de cheval de troupe, dcssines d'apres nature sur des modeles qui ont 6t6 forg6s par M. Gaux, marechal en pied au 2e escadron du 2e regiment de dragons.
(Fig. 103.) Fer de devantpournbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Fig. 106.) Fer de derriere pour
un cheval de troupe.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;un cheval de troupe.
CHEVAUX DE GROS TRAIT.
La ferrure des chevaux de trait differe essentielle -ment de celle qui vient d'6tre exposöe pour les animaux employes ä d'autres services.
Ces chevaux sont destines ä travailler sur le pav6 des villes, ä trainer de lourds fardeaux.
La nature du sol qu'ils ont ä parcourir rendra plus prompte l'usure des fers, auxquels on nränagera plus d'^paisseur et une couverture plus prononcöe, qui augmentera encore leur force de resistance, tout en donnant plus de protection ä la sole.
Le genre de travail auquel il est soumis oblige le
s
m
I
-ocr page 404-
i
h *
384 cheval de gros trait a se cramponner fortement sur le terrain, pour vaincre plus faciiement la resistance du bras de levier dont il reprösente la puissance. Aussi l'usage des crampons est-il, dans ce cas, d'une n6cessit6 absolue pour empecher les glissades, quoiqu'ils aient l'inconvßnient de causer quelquefois des atteintes tres graves.
Les crampons sont utiles surtout pour retenir la charrette dans les descentes.
On leve un pincon sur la pince des fers de devant et deux crampons aux extrfemites des eponges. Les fers de derriere ont un fort pincon a leur partie antörieure, un crampon a l'extremite de la brauche externe et une forte mouche en dedans.
Enfin , pour la ferrure des gros chevaux destines aux allures lentes, il faudra tenir compte de la dispo­sition des aplombs des membres anterieurs. II est a remarquer que ces cbevaux ont genöralement le poitrail ouvert et les pieds de devant rentr6s un peu en dedans ou cagneux; leur appui se fait plus fortement sur le quartier externe que sur le cote oppos6. Aussi les marechaux ont-ils la precaution de donner plus d'6pais-seur a la brauche externe du fer et plus de garniture , pour augmenter sa duree.
C'est Lafosse qui, le premier, a appelg I'attention sur cette conformation des gros cbevaux , qui, dit-il, appuient plus fortement le quartier externe du pied.
I
\m
CHEVADX DE RIVIERE.
On appelle chevaux de riviere ou de halage les ehe-
I
-ocr page 405-
I
.1
S85 vaux qui sont employes sur les bords des fleuves et des rivieres pour la remonte des bateaux.
Autrefois de nombreux equipages travaillaient pour la navigation sur les rives du Rhone et de la Saone. Depuis l'invention des bateaux a vapeur, leur nombre a tellement diminue, qu'on pent regarder le service du halage comme tout ä fait aneanli.
La ferrure des chevaux de halage doit presenter des dispositions particulieres necessities par leur genre de service.
if
if
(Fig. 107.) Ferrure du chevalde riviire
Ces animaux elant destines
a travailler sur les bords des fleuves, ä traverser fr6quem-ment dans l'eau de vastes par-
r /ük *'
cours, leurs pieds sont fort ex­poses a elre blesses par les
pierres ä surface anguleuse qui existent dansle lit dela riviere, et qu'ils ne peuvent voir pour les öviter. Aussi leurs fers sont tres converts; ils prot6-
gent la plus grande partie de l'etendue de la sole et laissent seulement lafourchette a decouvert. {Fig. 107). On n'emploie jamais les pinjons , meine pour les pieds de derriere, parce que la corne, soumise a de fr6quentes alternatives de samp;beresse et d'humidite, change souvent de dimensions: tantöt eile se resserre, tantöt eile se dilate; les pinionsdeviendraient une cause de gone.
Les Sponges des fers n 'ont jamais de crampons ; au contraire, elles sont relevees du cöte des talons, qu'elles
\4
I;
I
'#9632;I
i
-ocr page 406-
4
IT
386 recouvrent sans 6tre saillantes. On dit alors que le fer est g6net6. Cette disposition est mise en usage pour em-p^cher que le pied ne soit saisi par les cordages ou les planches des bateaux dans lesquels on place ces che-vaux pendant la descente, leurs services 6tant alors inutiles.
Les chevaux de halage appartiennent aux races du Nord; ils out un corps volumineux et de grands pieds; leurs fers seront larges , converts , mais plus minces que ceux du cheval de gros trait.
En (in , la come 6tant fräquemment ramollie par rhumidite , les clous seront broch^s haut et solidement, pour que la ferrure ait plus de duree.
n :
r1
1
if
CHEVAUX EMPLOYES DANS LES GARES DES CHEMINS DE FER.
La ferrure de ces chevaux a la plus grande analogic avec celle des animaux destines an service du gros trait, puisque, comme ces derniers, ils ont a trainer de lourds fardeaux.
Dans les gares des chemins de fer, ä Lyon , ä Rive-de-Gier, ä Saint-Etienne , on emploie un grand nom-bre de chevaux pour changer de voie les wagons contenant des marchandises et principalement les wa­gons de charbons, pour conduire ces derniers dans les mag as ins rapproch6s de la gare.
Les saillies fournies par les rails de la voie ferröe pourraient accrocher les fers et les arracher.
II arrive quelquefois que le fer est saisi par les Spon­ges, et s'il n'estpas arrache imntädiatement, le cheval
II
Mto
-ocr page 407-
1
lln
387 est arrfet6 aussitöt. U est entrain^ par les chevaux qui tirent devant lui et poussö par les wagons qui
sont en monvement: de la des accidents tres graves , des plaies par d^chirure, des contusions violentes , des fractures des os.
I
ill
Les 6ponges des fers destines aux chevaux de ce service seront courtes et ne depasseront pas le talon.
La brauche externe n'aura pas de garniture vers les mamelles et les quartiers. Gomme il est impossible de ne pas laisser le fer garnir un peu vers les öponges, on elevera vers ce point, sur la rive ext6rieure seulement, un large pincon qui, couchd sur la paroi, doit prevenir les accidents qui viennent d'fetre signals.
M
FERRÜRE A GLACE Oü FERRÜRE D HIVER.
Les changements qu'on observe dans les saisons rendent souvent necessaires des modifications de la ferrure.
Pendant I'hiver, les chemins sont glissants, parco qu'ils sont reconverts par la neige on la glace. La fer­rure ordinaire ne pourrait suffire pour fournir assez de stability aux allures des chevaux; leur travail de viendraif impossible, si Ton n'avait la precaution de menager ä la face infferieure des fers des parties saillantes, qui permettent d'6viter les glissades , de prövenir les chutes et leurs suites funestes.
Les moyens a employer sont les clous ä glace et les crampons.
On emploie les clous a glace dans les cas presses, lorsqu'on n'a pas le temps de detacher le fer pour lever
i
-ocr page 408-
I
it
.1
#9632;
v.
i
1
ii
r
i
ii
|
388 des crampons. Leur usage peut devenir tout a coup n£cessaire dans un long voyage, lorsqu'on arrive dans les endroits oil la neige et la glace se presentent acci-dentellement; alors on s'arrSte chez le marechal le plus voisin pour faire poser des clous a glace; souvent c'est le conducteur des chevaux qui les met lui-m6me. On remplace avec eux les clous des mamelles et des talons. C'est la seule modification ;i apporter, en temps de glace, au ferrage des chevaux de seile. Mais eile a pen de duree; les t^tes des clous sont bientöt 6mousssect;es , surtout si, dans le trajet a parcourir, on trouve des lieux döpourvus de neige.
Pour les chevaux de trait l6ger, pour ceux qui sont destines au service des postes , on emploie des fers munis de crampons et en meme temps les clous a glace.
Dans quelques departements
(Fig. 108.) Ferä glace pour un pied de devant.
de l'Est, on se sert avec avan-
tage de clous a glace d'une
1
forme particuliere, sembla-bles a des crampons, et que nous avons nommes clous ä la savoyarde (1). La figure 108 montre un fer de devant, muni de deux crampons, pre-sentant sept etampures pour des clous ordinaires et deux
etampures pour les clous k glace dont il est question; ces dernieres sont placees en mamelle. Les clous de ce genre sont implantösseulement
f ml
(1) Voyez page 171.
-ocr page 409-
1
'4
389 au moment oü le cheval va traverser un chemin glis -sant; on les enleve quand ils ne sont plus necessaires.
Les fers les plus utiles dans les temps de glace sont munis de crampons aux deux eponges et quelquefois en pince. On emploie les uns et les autres pour les chevaux de trait.
Les crampons qu'on leve sur les eponges sont carres; on leur donne plus de largeur et moins d'6paisseur qua dans les temps ordinaires. Quelquefois on les dispose en oreille de chat (1). II faut toujours avoir la prfecau-tion de rendre moins saillants les angles du crampon de la brauche interne du fer, pour 6viter les atteintes.
%'
(Fi-;. 109.) Fer ä glace, ä trots crampons.
Le crampon en pince, vul-gairement nommö grappe,
est d'un usage frequent dans les hivers rigoureux pour les chevaux k allures lentes. II est soudö a la face inferieure du fer et presente la forme d'une pyramide. On le fa-brique avec de I'acier; aussi dit-on alors que le fer est
aciere, Sa durete est aug-
I
ment6e par la trempe.
Les crampons de ce genre
r6sistent ä l'usure pendant plusieurs jours.
En Allemagne, on emploie beaucoup les crampons a glace; on leur donne la forme de coin ou de pyramide. Quelquefois on les adapte avec une vis, ce qui permet de les enlever sans le concours du marechal. Mais ces crampons ä vis out pen de dur6e.
(O Voyez pags 143.
I
-ocr page 410-
I
390
Inconvenients de la ferrure ä glace. — Ils sont les monies que ceux qui out tHe signals pour les crampons.
Les saillies du fer rendent moins solide la base de sustentation; elles reportent la pression produite par I'appui sur quelques parties du pied; leur usure ine­gale fausse les aplombs.
Les cbevaux dont les fers sont munis de forts cram­pons sont maladroits dans leurs allures; ils sont plus exposes a se couper. Souvent ils font des faux pas, se blessenl fortement etöprouvent des atteintes.
On voit les animaux cramponnes en pince buter plus facilement; ils tombent sur les genoux etsecouronnent.
La ferrure a glace fatigue beaucoup les cbevaux.
Enfin, pendant les bivers rigoureux, on est oblige de relever les fers tons les quatre ou cinq jours, c'est-ii-dire de les diHacher pour en refaire les crampons et les fixer de nouveau. Par l'implantation trop r6p6t6e de nouveaux clous dans la paroi, la come se dötferiore bientot , devient cassante, et la ferrure a peu de solidiie; il arrive que le marechal 6prouve de grandes (lillicuUes pour fixer le fer.
imraquo;
r #9632;
t.
RENOUVELLEMENT DE LA FERRURE.
':
La ferrure doit 6tre renouvelee de temps en temps.
Un grand nombre de circonstances peuvent faire cban ger l'öpoque a laquelle ce renouvellement doit avoir lieu. Ainsi, I'accroissement plus ou moins rapide de la corne , sa nature, le genre de service de l'animal, ses allures, les maladies du pied, l'influence des saisons, les bonnes et les mauvaises qualites des fers, l'habilete
!i #9632;
ii,
m.
-ocr page 411-
1
tw,
39t del'ouvrier, voiläautant de causes ä prendre en con­sideration.
Dans les conditions ordinaires, la ferrure doit etre renouvelfee lorsque le sabot a acquis trop de longueur ou quand le fer est us6. II faut enlever le fer pour ramener le pied a des dimensions plus propres a la con­servation des aplombs.
Quand la come est de mauvaise nature, trop seche et cassante ou trop inolle , l'application du fer doit fetre consolidee plus souvent.
Le genre de service de l'animal exerce une grande influence sur la dur6e du ferrage. Les chevaux qui travaillent sur le pav6 des villes usent plus que ceux qui courent sur les routes ou qui servent a I'agricul-ture. Un cheval de poste a ses fers us6s au bout de vingt jours; pourbeaucoup de chevaux d'omnibus la ferrure dure tout au plus dix a douze jours. Le cheval de luxe, qui fournit un travail mod6re, est ferre tons les mois, principalement pour eviter un exces d'accroisseraent du sabot. Alors on reapplique le meine fer; c'est ce qu'on appelle faire un rassis. Dans les campagnes , les chevaux de trait restent sonvent trois mois sans etre ferrös de nouveau.
On voit les allures exercer une influence marquee sur la dur6e des fers. Les chevaux legers dans leurs mouvements usent moins que ceux qui sont lourds , fatigues par le travail, et qui trainent les pieds en trottant.
Les maladies du pied forcent quelquefois a renou-veler la ferrure plus tot qu'on ne pensait devoir le faire. La regie veut qu'on d6ferre tout cheval boiteux, pour
2G
'Ay
gt;li
m
i
-ocr page 412-
i'V
392 on explorer le sabot. Souvent aussi le traitement d'une affection de la sole, de la muraille, ou la necessity de modifier le pied pour combattre une d^fectuositfe, font qu'on enleve le fer. On ferre plus souvent les chevaux a pieds plats et combles, ceux qui ont des bleimes, des oignons, pour feviter la pression du fer sur la corne de quelques parties de la sole , etc., etc.
Pendant I'biver , on est oblige de renouveler la ferrure des que le sol devient glissant et quand les crampons sont us6s. Au moment du d6gel, on revient a la ferrure ordinaire. Pendant les autres saisons, les fers s'usent beaucoup plus vite sur le pave dans les temps depluie que dans les temps de secheresse.
II y a urgence de ferrer un cheval quand le fer est usö , quand il est casse^ quand il a 6te perdu. Quelque-fois le metal qu'on a employe est de mauvaise qualite et se casse promptement.
Quelques chevaux se d6ferrent assez facilement, parce que leur corne est de mauvaise quality, parce que le fer, garnissant trop, a pu rencontrer un obstacle qui a causö son arracbement. Dans les regiments de cavalerie, on voit se deferrer, pendant les manoBuvres, les cbevaux dont la ferrure est trop longue et trop large. Dans les villes de guerre , j'ai vu souvent des chevaux qui sortaient de l'alelier du marechal avec des fers neufs, perdre ces fers en traversant les ponts-levis. Le cheval qui a la mauvaise habitude de frappcr du pied conlre les murs de l'ecurie, contre les parois de sa stalle , est souvent deferrö.
Un mauvais ouvrier, qui ne ferre pas solidement, qui ne pare pas assez le pied , fait que le renouvelle-
1
|
III
m'
r,. i
#9632;
!
I
m\
m
\i #9632;
a
-ocr page 413-
393 ment de la ferrure doit avoir lieu plus tot. Si la ferrure est vicieuse, si le fer est de travers, s'il garnit trop, si le iheval se coupe, etc., etc., ilfaut sehater d'y rem6-dier.
11 faut iviter une ^conomiemal entendue, qui engage quelques propriötaires k faire ferrer leurs chevaux le moins possible, tout comme l'exces de precaution, qui porterait a faire renouveler trop souvent I'application des fers.
I
I
ü\i
i
-ocr page 414-
M
i
CHAPITRE XXIV.
#9632; #9632; '
MOTENS EMPLOYES POUR SOUMETTRE LES CHEVAUX A L'OPERATION DE LA FERRURE.
10
If
ill
Sommaire. — Importance de cette 6tude—Ragles pour tenir les pieds des chevaux qui ne sont pas m^chants. — Des difflcultös de carac-tire que les chevaux prisentent sous le rapport de l'application du fer : chevaux timides et crainlifs; chevaux irritables; chevaux me-chants. — Moyens de contrainte ä employer contre les chevaux m^-chants : licol de force, cavecon , tord-nez, morailles, mors d'Alle-magne, trousse-pled, plate-longe, suspension libre, travail, abattage. — De la ferrure sans contrainte par M. Balassa.
.1
IMPORTANCE DE CETTE ETÜDE.
Le marfechal, quoique le plus souvent stranger a l'art de dresser les chevaux , doit counaitre les moyens eonvenables pour les soumettre a l'opöration de la ferrure; il doit pr6voir toutes les difficultes qui peuvent se präsenter et se trouver prfet ä les vaincre.
I
-ocr page 415-
^
gt;/
395
Sa süretö personnelle doit l'engager, avant tout, a prendre toutes les precautions pour 6viter d'etre blessfe; il faut aussi qu'il s'efforce de preserver de tout accident I'animal qui lui est confi6.
II ne doit pas oublier que le cheval est naturelle-ment docile, facile a manier; qu'il faut eviter autant que possible d'avoir recours a la force, et que souvent la patience est le meilleur moyen a prfiferer.
La plupart des cbevaux sont doux, faciles a ferrer; on pent, a toute heure de la journ^e, les conduire a la forge sans 6prouver le moindre embarras.
Quelques uns de ces animaux ne se soumetlent pas facilement a l'opferation de la ferrure; ils ramp;istent aux personnes chargees de les contenir; souvent ils emploient leurs moyens de defense et deviennent tres dangereux.
Nous examinerons d'abord les regies a suivre pour tenir les pieds des cbevaux qui ne sont pas mfecbants; ensuite nous passerons en revue les diverses circon-stances qui peuvent amener des difficult6s.
RKCIJES POUR TENIR LES PIEDS DES CHEVAÜX QUI NE SONT PAS MECHANTS.
Tout le monde pent lever et tenir le pied d'un che­val, sans jamais avoir connu les regies a suivre pour cela. Mais le marecbal trouvera certainement son tra­vail plus facile, s'il a ä sa disposition un bon teneur de pieds; aussi doit-il etre capable de donner des instruc­tions sur ce sujet.
Supposons que Ton a conduit a la forge un cbeval
ii
i
-ocr page 416-
Kl
396 qui a l'habitude d'etre ferrö, que ce cheval est attache convenablement, voici comment il faudra procfeder pour lever les pieds et les tenir.
Si Ton veut ferrer un membre de devant, le droit par exemple , le teneur de pieds s'approche de l'öpaule du cheval, sur laquelle il appuie la main gauche; puis il se baisse et saisit avec la main droite le paturon du pied qu'il veut lever; ensuite il plie l'extremitfe en faisant flöchir le canon sur l'avant-bras, de teile sorle que la face införieure du sabot devienne supörieure. Alors la main gauche vient saisir le paturon en meme temps que la droite, de teile sorte que les pouces soient places en arriere des talons et les autres doigts sur la face antörieure de la couronne. Apres cela, le teneur de pieds se retourne ä gauche et se place contre le poi-trail; il dirige obliquement en avant la cuisse sur laquelle il appuie le genou du cheval, et porte en arriere la jambe gauche, comme s'il voulait faire des armes.
Dans cette position , l'aide appuie son 6paule droite contre l'encolure; il a la precaution d'öcarter autant que possible du corps le pied qu'il tient, pour rendre plus facile Toeuvre du marechal. La surface inftsrieure du sabot est inclinöe de haut en bas et d'avant en arriere.
On suit les nieraes regies pour lever le pied ant6-rieur gauche, tout en changeant les mouvements des membres.
Quand on leve les extr6mit6s de derriere , il y a plus de precautions ä prendre pour eviter d'etre blessö.
L'aide qui veut lever le pied droit de derriere, par
m
j
1
j
ii
8
#9632;i'
' i'
i
raquo;I'
11
i.
b
-ocr page 417-
t,;
4
397 exemple , se place a cöte de la cuisse droite; il appuio la main gauche sur la croupe ou sur la base de la queue; ensuite il embrasse avec la main droite la face post6rieure et la face interne de la jambe et cber-che a flechir I'articulation femoro-tibiale. L'extremile 6tant flöchie, il saisit avec la main gauche le paturon ; puis il detachela main droite et la passe dessus le jarret pour aller embrasser le cöt6 interne de la region saisio par I'autre main. Le teneur de pieds appuie le boulet du membre qu'il a leve contre sa cuisse droite et tienl sa jambe gauche en arriere.
On agit de la m6me maniere pour le pied oppose.
En levant les pieds d'un cheval, il faut toujours avoir 6gard a sa taille. Si le pied est leve trop haut et porte de cöte , il en resulte une attitude douloureuse pour 1'animal, qui eprouve des tiraillemenls dans les tendons et les ligaments des articulations.
L'aide qui tient un pied doit se placer ferme sur ses extremites; il evitera de se coucher contre le cheval. pour empecher que celui-ci ne cherche ä se faire porter.
Les mar^chaux anglais et americains n out pas besoin d'aide; ils tiennent eux-memes le pied du cheval qu'ils ferrent; ils le levent moins haut ; aussi les chevaux soumis a cette methode se d^fendent beaucoup moins.
Pour peu qu'un cheval paraisse difficile , il faut le caresser avec la main avant de saisir un pied et s'abstenir de tout acte de brutalite.
S'il refuse de donnerlemembre qu'on veut soulever, on s'adresse a l'extremitö opposee du meme bipede.
Si le cheval cherche ä retirer le pied qui est leve, l'aide doit lui r6sister, tout en suivant ses mouvements.
i
$
-ocr page 418-
r
398 II abandonnc le pied avec precaution s'il est retir6 avec trop de force; souvent il suffit de saisir le sabot par la pince et de produire ainsi une forte flexion, qui est un peu douloureuse et retient Tanimal qui se defend.
Lorsque le cheval cherche a se faire porter et s'appuie sur le leneur de pieds, celui-ci doit s'6carter de l'öpaule et de l'encolure.
DES BIFFICÜLTES DE CARACTERE QÜE LES CHEVADX PRESENTENT SOÜS LE RAPPORT DE l'APPLICATION DU FER.
Les chevaux r6sistent rarement pour Tapplication du fer sous les pieds de devant; ceux qui sont difficiles se dfefendent gönamp;ralement pour les membres de derriere. Relativemeut au caractere, on pent reconnaitre des cbevaux, timides et craintifs, d'autres qui sont irrita­bles, enfin ceux qui sont möchants.
1deg; Chevaux timides et craintifs. — Un caractere timide et craintif est ordinairement le partage desjeunes chevaux, et principalement de ceux qui n'ont pas recu pendant les premieres annöes des soins convenables.
Si pendant leur jeune äge on avait eu la precaution de les babituer ä se laisser lever les pieds et ä supporter les percussions produites par la ferrure, peu de sujets seraient difficiles ä ferrer.
Quelquefois leurs d^fauts de caractere viennent de ce qu'ils ont klk maltraitäs lorsqu'ils out 6t6 ferr6s pour la premiere fois.
La timidite peut encore amp;tre due a d'autres causes; }e cheval est effraye par les objets qui se presentent a
11
illt;
1 .#9632; ''
r
Ij ;
f
laquo;
I
j ! M
m
-ocr page 419-
I
399 lui et qu'il n'a pas l'habitude de voir; il ignore ce qu'on valui faire; il redoute quelques mauvais traitements.
H faut trailer les chevaux timides avec douceur et menagement; on les laisse conduire a la forge et tenir par la personne qui leur donne des soins chaque jour; on leur parle doucement, on les caresse, on leur gratte le front, les bords de la criniere.
On les fait approcher lentement des objets qui les effraient, pour les leur montrer de pros et sans surprise.
Quelques friandises calment I'animal, detournenl son attention de Top^ration qu'il subit; son gardien lui donne quelques portions de son fourrage favori, soit du foin , soit de l'avoine, ou bien encore d'autres
ni;
substances, Idles que du pain, du sucre et inline du sei.
Ordinairement, on attacbe contre un mur ou contre un poteau le cheval qu'on veut ferrer; quelquefois il se d6fendet ne se laisse ferrer qu'ct.mt tenu en main.
Tel cbeval est tranquille seulement lorsqu'on le ferre en presence d'un oude plusieurs animaux de son espece, qui babitent les memes lieux que lui. Tel autre ne pent fetre ferrfe au debors de l'fecurie; pour qu'il soit calme, il faut le laisser attache a la place qu'il occupe babituel-lement.
S'il est effraye par la fumee de la come, par I'aspect' du tabuer du marcchal et des instruments dont on se sert, il faut lui recouvrir les yeux avec un tablier de toile, une couverture, avec les lunettes ou (Eilleres, ou mieux encore avec une capote.
On voit, aucontraire, des cbevaux auxquels il faut en imposer par le regard, par la maniere de les aborder, et
fi
^
-ocr page 420-
n
400 auxquels il faut inspirer de la crainte pour en jouir. Si quelques uns sont effrayös par l'aspect de l'atelier et se defeudent, il en est d'autres pour qui cette crainte est salutaire, et qui ne laissent prendre leurs pieds que lorsqu'ils apcrcoivenl le tablier en cuir de l'ouvrier qui les ab or de.
Enfin, quelques chevaux timides ne se laissent ferrer que pendant qu'ils sont months par leur cavalier.
2deg; Chevaux irritables. — On donne ce nom aux chevaux qui se defendent pour peu qu'on contrarie leurs habitudes; ils ne sont pas timides et faciles a efTrayer comme les precedents, mais ils s'irritent facilement pendant les diverses operations dont la ferrure se compose, et montrent de la mefiance. Les juments qui sont en chaleur sont quelquefois dans cet 6tat.
Pour les contenir, on cherche a leur inspirer quelque crainte, soit en fixant sur eux un regard sfevere, soit en leur adressant quelques paroles un peu rudes, mamp;ne des menaces avec le fouet ou la cravache, si les moyens de douceur ont 6t6inutiles; [il arrive aussi que quelques coups les font rester parfaitement tranquilles.
II est possible de les calmer en recherchant la cause qui les irrite pour la faire cesser.
Ainsi, pendant l'6te, si les mouches les tourmentent, il est n6cessaire de chasser ces insectes avec soin, de choisir, pour pratiquer la ferrure, le temps dela journ^e ou ils sont le moins a craindre; on conduira a la forge, des l'apparition du jour, le cheval que cette cause rend difficile a ferrer.
II y a des chevaux qui ont la mauvaisc habitude de
ri
M
Li
I'
as i Si
ft
-ocr page 421-
1
401 tirer en renard, c'est-a-dire de tirer fortement sur leur longe des qu'ils sont attaches; alors la partie ant6-rieure du corps se ports fortement en arriere, les membres postörieurs se rapprochent du centre de gra­vity. Si le licol n'a pas assez de solidite et se rompt, I'animal qui tire en renard se renverse, tombe en arriere et pent se blesser gravement; on a vu, dans ce cas, la contusion de la nuque sur le pav6 causer la mort instantanttment. Pour 6viter ces accidents, on se sert avec avantage du licol de force, qui offre assez de resis­tance.
Si le cheval qu'on ferre cherche ä se d^fendre quand il est attache, il est pr6f6rable de le tenir en main, les yeux converts par la capote , dans le milieu d'unecour et loin des obstacles qui pourraient le blesser. On le tient, soit avec la bride, soit avec le cavecon, et quelquefois on a la precaution de le faire tourner plusieurs fois sur lui-m6me, pour qu'il ne puisse pas se rendre compte de la position qu'il occupe relative-ment aux objets qui I'entourent.
On dit qu'un cheval a le defaut de compter lorsqu'il retire le pied apreschaque coup de brochoir, au moment ou le iiiarechal va frapper de nouveau. Ces mouve-ments rendent beaucoup plus longue l'operation de la ferrure, surtout lorsqu'ils se produisent pendant qu'on broche les clous. Pour combattre ce defaut, il Importe de frapper vite et a petits coups; il faut empfecher I'ani­mal de voir ce qui se passe aupres de lui.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;I
3deg; Chevaux mechants. — Pour r6sister a l'operation de la ferrure, ils emploient lours moyens de defense
-ocr page 422-
w
i;
402 et cherchent ä mordre ou a frapper ceux qui les abor-dent.
II y a fort peu de chevaux m^chants; ii n'en est pas de mgme pour les mulcts^ qui g6n6ralement sont fort difficiles ä ferrer.
Quelques chevaux sont mechauts parce qu'ils out etc 6lev£s dans un etat demi-sauvage; d'autres sont rctifs, hargneux, parce qu'ils out subi de mauvais traite-ments.
II faut eviter les atteintes des dents et des pieds.
Le cheval ne pent mordre s'il est attachö tres court et si Ton se sert d'une museliere ou d'un panier qui entoure l'ouverture des mächoires.
Le cheval qui se defend avec les pieds lance avec violence un ou plusieurs membres de devant ou de derriere.
Quand le cheval frappe du devant, on a la precaution de se placer sur les cotes de l'animal, qui est attache a un anneau place tres bas.
S'il a le vice de ruer ou de frapper avec les pieds de derriere, il est attache ä un anneau 6lev6, pour reporter en arriere le poids du corps et gfener le mouvement des extrfemitfes qui sont a craindre. On place l'animal de teile sorte qu'il öprouve quelques souffrances lorsqu'il veut ruer. Un moyen simple pour atteindre ce but consiste ä attacher une corde autour du paturon du membre qu'on veut ferrer; cette corde va se fixer autour de l'encolure par un noeud qui ne lui permet pas de s'allonger ou de se raccourcir lorsque le pied est leve.
Pour ferrer un cheval mechant, il est utile d'avoir
B', I:'
m
it
ii
-ocr page 423-
403 deux aides courageux : Tun d'eux retient I'animal par la bride ou le cave^on, i'autre doit tenir le pied. Un marechal habile est aussi d'un grand secours en pareil cas; il doit ferrer vite et Men , pour ne pas trop pro-longer une operation fatigante pour les personnes qui I'aident.
On a conseill6 de pr^parer les chevaux mediants a la ferrure par les privations, par la faim, par la fatigue; cela r^ussit quelquefois.
Quand on ne pent arriver a ce resultat, il reste le recours aux moyens de contrainte pour qu'on se rende maitre de leurs mouvements.
MOYENS DE CONTRAINTE A EMPLOYER CONTRE LES CHEVAUX
MECHANTS.
I
Ces moyens ne seront employfes que par exception, lorsque les procedes qui viennent d'etre indiques parai-tront insuffisants. L'abus qu'on en fera sera toujours nuisible, en rendant difficiles ä ferrer des chevaux dont le caractere n'etait pas primitivement trop indo­cile.
Les uns agissent en causant de ladouleur au cheval; les autres servent k le contenir avee force, ä maitriser ses mouvements.
Quelques uns de ces moyens sont inutiles ou insuffi­sants ; il en est d'autres qui n'ont que des inconve-nients.
Nous allons examiner successivement les agents de contrainte que le marechal pent employer et leur ma-niere d'agir. Les principaux sont le licol de force , le
Ik
I
ik
-ocr page 424-
1*' If ';
404 cavejon , le tord-nez, les morailles, le mors d'AUema-gne, le trousse-pied , la plate-longe, la suspension libre, le travail et l'abattage.
Nous passons sous silence tout ce qui a pu fetre ima­gine sous ce rapport dans les temps d'ignorance et de superstition , a l'^poque oü Ton ajoutait foi a la puis­sance des amulettes et d'autres inventions du ineme genre.
Quant aux moyens anesth6siques, tels que I'Mher sulfurique , le chloroforme , qui out 6te recommandfes , nous pensons qu'il vaut mieux y renoncer.
1deg; Licol de force. — On donne le nom de licol k un harnais de tsect;te, fait en cuir ou en corde , qui sert a attacher les chevaux ä la mangeoire, et qu'on emploie encore pour les assurer contre un poteau, contre un mur, lorsqu'on veut pratiquer sur eux une opera­tion.
Le licol se compose de deux montants , d'un dessus de nez ou muserole, d'une sous-gorge et d'un anneau auquel la longe est fixee. On pr6fere la longe en corde a la longe en cuir, parce que les noeuds de la premiere sont plus faciles ä delier qnaat il y a urgence.
Dans la pratique, on se sert du licol ordinaire et du licol de force. Celui-ci differe du premier en ce qu'il est beaucoup plus fort et plus resistant dans toutes ses parties; il est employ^ de preference pour contenir les chevaux mechants , a cause de sa solidity.
Ce moyen d'assujätir le cheval a l'inconvamp;iient de produire des contusions ä la nuque , pour pen que I'a-nimal tire fortement en arriere pour se döfendre.
!:
I
.?
te
-ocr page 425-
1
405nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; jiä
Le cheval pour lequel on se sert du iicol de force est attache a un anneau dont on a präalablement reconnu la solidit6 pour 6viter des chutes dangereu-ses. II faut se garder de le fixer avec la longe passee dans la bouche ou autour du chanfrein , parce que, lirant en renard , il pourrait se couper la langue ou se fracturer les mächoires.
i
2deg; Cavegon. —C'est un harnais confectionnö pour fetre adapts a la t6te des chevaux. 11 ressemble a la bride, dont il diflere en ce que le mors est remplac6 par un demi-cercle en fer, garni de cuir , qui s'applique a la partie ant6rieure et inftrieure du chanfrein. Le cercle en fer du cavecon präsente trois anneaux , situes Tun au milieu et les deux autres aux extremitfes. A ces nnneaux sontfixöes deslonges qui servent a diriger les chevaux, a les mailriser.
Le cavecon est un instrument tres 6nergique et dont il ne faut pas abuser. Ordinairement on I'applique avec une seule longe pass6e dans l'anneau du milieu ; quel-ques oscillations imprimees a cette longe causent des saccades qui süffisant pour calmer le cheval. On donne a ces saccades plus de force pour corriger I'animal qui cherche a mordre ou a frapper.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;|v
Quelques personnes regardent avec raison le cavecon comme le moyen le plus puissant pour dompter un
cheval et Thabituer a se laisser ferrer.
,1
3deg; Tord-nez. — Appell par corruption torche-nez ,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '
cet instrument consiste dans un baton solide , long de cinq decimetres, percö ä l'une de ses extremit6s d'unnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,
1.
-ocr page 426-
m
If}?
406
(Fig. 110.) Tord-nes.
trou dans lequel on engage une
corde de la grosseur du petit doigt et dont les deux bouts sont arr£täs par un noeud droit, pour former une anse dans laquelle on pent engager la main. (Fig. 110.)
Le tord-nez sert a d6tourner la sensibility du cbeval pendant qu'il subit une operation ; les marerh;uix et surtoutles vöterinaires I'emploient commemoyen de punition.
Pour s'en servir, on saisit, avec I'anse formee par la corde, le nez ou l'oreille du cbeval, et Ton fait tour-ner le baton plusieurs fois jusqu'a ce qu'on I'ait serre suffisamment
r '
Li. i
if1'
n
pour produire de la douleur. Un
aide est cbargfe de maintenir l'extrfemitfe libre du baton ,
ou bien on la fixe avec une ficelle a la muserole du licol. Avec le tord-nez , on a la facility d'6lever ou
d'abaisser la tfete de l'animal, suivant qu'on veut sur-
chargerles parties antsect;rieures ou les parties post6rieures
du corps pour burner leurs mouvements.
Get instrument est facile a confectionner; on pent
l'improviser partout, pourvu qu'on ait a sa disposition
une petite corde et un baton quelconque.
On applique le tord-nez, soit au nez du cbeval, soit
ä une des oreilles.
11 a l'inconvenient de blesser, de contusionner forte-
ment la levre superieure, et de laisser des traces qui
trahissent les difficultes de caractere de l'animal.
s* l
-ocr page 427-
m
i
i
#9632;'107
4deg; Morailles. — Elles constituent un instrument de
punition, compose de deux branches en fer ou en bois,
disposes en forme de compas et jointes ächarniere ; on
les emploie pour serrer le nez ou les oreilles du cheval.
(Fig. hi.)nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Les morailles en fer (fig. Ill)
Moraines en fer. presentent a l'extrömitö de I'une de
leurs branches une crömaillere gra-
du6e qui s'engage dans un anneau
manage a l'extrömite de la branche
opposße.
Pour s'en servir, Ton saisitavec la main gauche le nez du cheval , qu'on engage entre les branches des morailles qui soot tenues ouvertes par la main droite, et Ton fait glisser I'anneau sur la crömaillere jusqu'a ce que I'instrument soit assez serr6.
Ainsi fix6es, les morailles operent une pression forte et continue ; commeinstrumentdepunilion, elles ont plus d'action que le tord-nez, qui se reläche toujours un pen et qui reclame un aide pour le tenir en place. Les morailles qui serrent le nez du cheval, n'ont pas besoin d'etre maintenues. II faut avoir la precaution de faire passer entre leurs deux branches la longe du licolqui sert a attacher le cheval, pour eviter que celui-ci, dans des mouvements executes de cote et d'autre , ne blesse les ouvriers qui sont a sa portee.
•27
r
1
11
II
-ocr page 428-
it
(Fig. H2.) Morailles en bols.
408
On fait usage aussi de morailles en bois, semblables a celles de la figure 112. Dans cet instrument, l'anneau et la cramp;naillere dont il est question plus haut sont remplacfes par une ficelle qui sert a tenir les deux branches rapprochöes.
La plupart des marechaux se ser-vent des morailles en fer, tandis que les morailles en bois sont tombees tout a. fait dans le domaine des gens qui font le metier de tondre les chevaux.
Ü
#9632;1^
IM1
i;,
5deg; Mors d'Jllemagne. — On donne ce nom a un moyen employe pour punir le cheval oupour detour-ner sa sensibility pendant une opera­tion chirurgicale. 11 se compose d'une corde de lagrosseur du doigt, que Ton introduit dans la bouche et que Ton attache au-dessus de la töte; ensuite on se sert d'un morceau de bois que Ton passe entre l'une des joues et cetle corde, pour faire quelques tours comme avec un garrot et diminuer l'ötendue de l'anse qui a 6te formte et com-primer ainsi la commissure des levres.
Le mors d'AUemagne n'est pas employe par les v6te-rinaires francais; il ne permet pas de maitriser le cheval aussi facilement que le tord-nez et les morailles; il a l'inconvenient de blesser, de mutiler la commissure des levres.
Les marechaux ne s'en servcnt jamais.
-ocr page 429-
409
6deg; Trousse-pied. — C'est im moyen de contention qu'on emploie pour empfecher un cheval de frapper avec les pieds de devant.
II consiste en une longe de cuir ou plus simplement en une corde tongue d'un metre, portant une boucle ou une ganse a 1 un de ses bouts. Pour I'appliquer sur le cheval, on leve un des pieds de devant, et Ton embrasse avec ce lien l'avanl-bras et le paturon rappro-ch6s Tun de l'autre; le membre reste ainsi lev6 sans qu'on ait a le lenir, de sorte que le trousse-pied dis­pense de l'emploi d'un aide.
Par ce moyen , on 6vite les mouvements desor-tkmnes de l'animal, et surtout les coups qui auraient 6te portes, soit par le pied de devant, soit par le pied de derriere du meine c6t6.
Le trousse-pied n'est pas usit6 dans l'atelier du marechal; les v6terinaires ne s'en servent pas.
Les gens qui font metier de tondre les chevaux emploient le trousse-pied pour obtenir d'eux un 6tat (I'mimobilite necessaire. En Afrique, cet instrument est applique aux cbameaux qu'on vent empecher de s'öloigner du lieu oü ils sont parques.
7deg; Plale-longe. — Elle consiste dans une large corde, longue de quatre metres environ, aplatie dans la moitie de son elenduc et presentant une ganse a celle de ses extr6mit6s qui est plate.
C'est un instrument tres utile lorsque le vet^rinaire vent pratiquer une operation sur l'animal debout; la plate-longe est lixee autour de l'encolure et du poitrail par une de ses extr6mit6s, tandis que l'autre bout va
#9632;
Hi
i
•Mi
M
-ocr page 430-
410 saisir un pied de derriere qu'on tient plus ou moins relev6; ou bien, ce qui est preferable, la plate-longe est fix6e au paturon d'un membre posterieur pour aller s'enrouler autour des parties anterieures du corps.
Quand un cheval a opferer est couch6 sur un lit de paille, la plate-longe sert a assujitir I'extrfemitfe sur laquelle on doit faire agir I'instrument tranchant.
La plate-longe est d'une n6cessit6 absolue dans l'atelier du marechal, pour ferrer sans danger les cbevaux qui out l'habitude de ruer.
Lorsque le cbeval nfecbant est attache avec soliditö contre un mur, la tete recouverte par une capote , le nez serre par les morailles, on embrasse avec I'anse de la plate-longe le paturon du membre post6rieur qu'on veut lever; l'autre extremis de cette corde est ramenee entre les avant-bras, par devant le poitrail, pour passer ensuite sur le garrot et venir au niveau du coude du c6t6 oppose, se fixer en se croisant plusieurs fois sur elle-meme, de teile sorte qu'elle ne peut s'al-longer ou se raccourcir. Le cbeval ainsi maintenu ne peut ruer; il 6prouve de la douleur des qu'il veut projeter en arriere le pied auquel la plate-longe est attacbfee; il reste tranquille; on peut lever cette extre­mity sans danger.
Un autre moyen pour fixer la plate-longe est repr6-sente par la figure 113. Ici, la plate-longe est arrfetee autour du poitrail et du garrot, tandis que I'extr6mit6 libre vient s'enrouler autour du paturon du membre qu'on veut lever; un aide en tient le bout tendu a une certaine distance, et souleve ainsi I'extr6mit6, de laquelle le teneur du pied peut s'approther sans clanger pour la saisir.
11 flaquo;.
n
it
-ocr page 431-
#9632; : i #9632;' i
411
(Kij,'. 1,13.) Cheval fixd par la plale longraquo;.
Vi,'
I .#9632;,
Cette deuxieme raethode de placer la plate-longe est preftrable pour ferrer les chevaux qui sont Ires mechants.
8deg; Suspension libre. — Les Allemands en conseillent i'usage pour les chevaux affectes de maladies cer6-brales, pour ceux dont le caraclere a 6t6 gätfe par de mauvais traitements, quand les moyens qui precedent sont insuflisants (I).
11s pratiquent la suspension libre avec une sangle passant autour de la poitrine et une corde qui part de cette sangle pour se rendre sur une ou deux poulies fix6es a une certaine hauteur au-dessus de l'animal; la corde vient s'enrouler autour d'un cylindre en bois
(1) J.-C. Cross. Traiti thäorique et pratique de Marinhalerie. Stultgardt, 1819.
i
-ocr page 432-
inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; qu'on fait tourner pour clever le cheval, de teile sorte
que ses sabots touchent a peine le sol. Pour rendre plus
inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; facile le travail du teneur de pieds, on leve rexträmiWs
qu'on veut ferrerä unecertaine hauteur avec une corde
qui va passer dans une poulie.
hh
jnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;9deg; Travail.—On donne le nom de travail ä des
1;#9632;raquo;
machines plus ou moins compliquees dont on se sert pour assujetir les grands animaux, soit pour les ferrer quand ils sont mfechants, soit pour pratiquer sur eux des opferations chirurgicales.
On a imaging pour les chevaux le travail ä poteaux, le travail-muraille et le travail ou lit ä bascule.
a.nbsp; Travail ä poteaux. —On le nomme encore travail flamand. II est tres usitfe dans le Nord pour ferrer les gros chevaux. II se compose dequatre poteauxfixfes dans le sol a une certaine distance et reliös entre eux par des traverses; le cheval a ferrer est placfe dehout dans I'in-tervalle qui existe entre ces poteaux; des anneaux sont fix6s dans le sol pour assuj6tir au besoin les quatre pieds avec des cordes; des sangles pass6es sous le ven-tre et mues par des treuils sont dcstinees a soulever le cheval pour le tenir suspendu.
Ce travail existe a la proximite del'atelier de quelques marechaux; on lui reproche d'etre incommode et de causer fröquemment des accidents.
b.nbsp; Travail-muraille. —II est en usage dans plusieurs contr6es de I'Allemagne, de la Hongrie, de l'Italie.
Gobier en a fait construire un a I'ecole vfet6rinaire de Lyon en 1812(1).
li'l #9632;
m
is
l
(1) Gohier. Mimoires el Observations. 1013, 1.1, p. 107
-ocr page 433-
413
Cet appareil consiste en deux piliers de ch6ne , enfonc6s dans la terre et appuyös contre un mur a la distance de trois metres environ; douze madriers sont places d'un pilier a I'autre. Sur ces madriers sont fixsect;s quatorze anneaux, destines les uns a attacher la tfele de l'animal, les autres a recevoir des sangles, qui entourent le corps longitudinalement et transversale-ment pour le contenir contre I'appareil.
Nous avons vu plusieurs fois des chevaux fix6s a ce travail, et nous avons remarquö que son usage est dangereux, parce que les sujets m6chants qui cherchent a se ddendre se donnent des contusions violentes a la t^te et sur d'autres parties du corps.
c. Travail ä bascule. — Cet appareil est encore appele lit-muraille ä bascule. Celui qui a 6t6 construit pour la premiere fois a Louisbourg par Hoert con-sistait en une table a bascule malelass6e, de quatre metres de longueur sur trois de largeur , contre laquelle on attachait le cheval au moyen d'une sangle avant de le renverser.
Fromage de Feugrea perfectionne le travail ä bascule de teile sorte qu'il permet de donner a l'animal cinq positions difFerentes.
Aujourd'hui les differentes vari6t6s de travails sont delaissees par les marechaux. Ces appareils ne servent que dans les campagnes pour le ferrage des boeufs.
9deg; Ahatlage. — Le moyen extreme a employer contre le cheval mechant et tres difficile a ferrer consiste a l'abattre, c'est-ä-dire a le coucber, le ren­verser de force sur un lit de paille, pour le maitriser et
kj •
1
laquo; amp;'
-ocr page 434-
15/'I
n
Is 1
414 le meltre dans I'irapossibilite de se d^fendre. C'est celui qu'il faut preftrer comme le moins dangereux et le plus expöditif.
On abat les chevaux pour les ferrer tout comme si Ton voulait pratiquer sur eux line operation chirurgicale,
Les moyens dont on se sert sont les entravons, le lacs et la plale-longe.
Les entravons ou enlraves sont de simples courroies , d'un cuir souple et 6pais, pourvues d'une boucle a Tune de leurs extremites, etprösentant, a huit centimetres de celle-ci, un anneau fix6 dans l'epaisseur de l'entrave; rextr6mite de la courroie opposee a la boucle präsente des trous destines a recevoir l'ardillon de cette derniere. Un lacs est fix6 a l'une des entraves.
La plate-longe sert a donnemme position particuliere au pied qu'on veut ferrer lorsque I'animal est renversfe.
Nous nous abstenons de decrire ici la maniere d'abattre les chevaux et les positions qu'il faut donner a chaque extr6mite; cette description appartient plus spöcialement au domaine de la Chirurgie.
fc
fti1
#9632;'
fi'-i
DE LA FERRÜEE SANS CONTRAINTE, PAR M. BALASSA.
Un livre fort interessant a 6tfe public en 1828 par un capitaine de lacavalerie autricbienne, M. Gonstantin Balassa, sur les moyens a employer pour ferrer les che­vaux vicieux; cet ouvrage a et6 traduit en frangais par M. le g6n6ral de Brack (1).
(1) C. Balassa. Train de la Ferrure sans contrainte, ou Moyens de ferrer les chevaux les plus vicieux en moins d'une heure et de les eorriger pour toujours de leurs difauts, Systeme puisi dans les prin-cipes de la physiologie du cheval- Paris, 1828.
ii
r
-ocr page 435-
415
Nous trouvons dans ce travail le passage suivant: laquo; C'est avec raison, dit M. Balassa, que, dans lesmeii-raquo; leurs ouvrages qui traitent de I'öconomie animale, raquo; on pose en principe qa'il n'existe pas de cheval naturel-raquo; lement michant. Le cheval ne devient niechaut que parce raquo; quefhomme n'etudie pas le traitement quiluiconvient, gt;- et ne se donne pas la peine d'approfondir sa nature. raquo; Nous ne savons pas nous faire comprendre du cheval, raquo; et si quelque chose doit nous etonner , c'est qu'ayant raquo; la conscience de sa force , il ne soit pas encore raquo; plus obsline et ne cherche pas davantage a se sous-raquo; traire a notre barbare brutality.
raquo; Je me suisassur6par I'experience qu'il n'existe pas raquo; de chevaux naturellement mechants, mais qu'uncheval raquo; le devient lorsqu'il tombe en des mains maladroites, raquo; ce qui n'arrive que trop souvent. Tout observateur raquo; attentif peut s'assurer journellement des inconvö-gt;lt; nients et de l'eflicacitö des moyens ordinaires em-raquo; ploy^s pour ferrer.
raquo; On ne fait aucune distinction de caractere. Le menu-raquo; traitement est reserve au cheval craintif, irritable, raquo; paresseux, mechant ou ardent. Le plus ordinaire-raquo; ment il est conduit ä la forge, et lä , attache ä une quot;raquo; longe, peu importe que le terrain soit horizontal ou raquo; en pente, que 1 'animal soit plus ou moins d'aplomb raquo; sur les quatre pieds; cela semble parfaitement indiffe-raquo; rent au cavalier ou au maröchal. Le premier saisit raquo; precipitamment lepied de l'animal, sans savoir quelle raquo; position il doit prendre pendant l'opßration ; il lui est raquo; 6gal de saisir. le cheval ä la jointure du boulet ou raquo; ailleurs, de lever ou baisser trop le pied , de le
-ocr page 436-
in gt;'• m
p
k
f
416 raquo; presser ou non, de le tirer en arriere ou de cöte, elc.
raquo; Si le pied reste lev6 trop longtemps , comma cela raquo; arrive ordinairement, la crampe saisit le cheval, et raquo; il rösiste naturellem en I. L'homme qui tient le pied raquo; ainsi que le rnarechal ne soot pas, dans ce cas, ties raquo; disposes ä l'indulgence; ils font si bien que, par leur raquo; conduite brutale, le cheval devient m^chant et de raquo; plus en plus ombrageux. II n'y a pas bien loin de lä raquo; a la torture du premier degre, comme la pince aux raquo; oreilles par exemple; bientot on a recours a d'autres raquo; moyens plus odieux: on jette le cbeval par terre, raquo; on le bisse en l'air, et Dien sail a combien d'instru-raquo; ments de supplice on a recours.
raquo; II n'est pas nöcessaire de d^montrer les inconv6-raquo; nients qui rfeultent pour le service de la cavalerie en raquo; route et en campagne, lorsqu'il n'y a pas beaucoup raquo; de chevaux qui ne se laissent pas ferrer volontaire-raquo; ment. Si un pareil cheval perd un de ses fers en raquo; route, ou Ton n'a ni le temps ni les moyens de le raquo; contraindre a se laisser ferrer; il faut qu'il acheve la raquo; journee sur des terrains rocailleux, au risque d'user raquo; son sabot et de devenir boiteux, et d'etre laisse en raquo; arriere. raquo;
Pour obtenir la presque immobility du cheval, M. Balassa pose les principes g6n6raux suivants:
1deg; Les caresses avec le plat de la main sur le front et les yeux;
2deg; L'art d'en imposer sans employer de forces mate­rielles ;
3deg; Savoir se faire comprendre du cheval au moyen de bons precedes ;
i
ni
i
-ocr page 437-
417
4deg; Le prövenir ä temps pour qu'il ne puisse ex6cuter ses median cetes et ses mauvais tours;
5deg; Placer le teneur de pieds de maniere qu'il ne puisse Jamals etre mordu ni recevoir de coups de pied;
6deg; Apprendre a celui qui doit tenir le pied comment il doit le lever et le porter.
Sous le rapport du caractere, il reconnait: 1deg; les chevaux d'un bon naturel; 2deg; ceux qui sont tresvifs; 3deg; peureux; 4deg; mfehauts; 5deg; endurcis, entßtes; 6deg; irri­tables. II indique les proc6d6s a employer pour cbacun d'eux.
Ici, I'espace nous manque pour les examiner; nous nous contenterons de dire qu'ils ne nous paraissent pas-toujours suffisants pour feviter 1'usage de quelques uns des moyens de contrainte que nous avons decrits.
-ocr page 438-
¥'-#9632;
t
!!
m
i,f
;
CHAPITRE XXV.
DES MALADIES DU PIED CAUSEES PAR LA FERRÜRE.
#9632; , : #9632; #9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ml #9632;.,#9632;.#9632;
Somuaire. — Nature de ces maladies. — Piqüre. — Enclouure. — Retraite.— Pied serrö par les clous. —Pied comprime par le fer.— Rruldre de la sole. Plaies de la sole. — Plaies de la fourchette. Hesponsaliilile du marechal sous le rapport des accidents qui resultent de la ferrure.
#9632;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'#9632;
J If '
if*'
Pi';
NATURE DE CES MALADIES.
* t
L'oubli des principes que nous avons exposes en trai-lant de la ferrure normale, de la ferrure pathologique et de la ferrure hygiänique, donne lieu a des accidents susceptibles d'atteindre une extreme gravity.
Ces accidents n'ont pas tons la m6me nature. II en est dont les caracteres ne se montrent pas toujours immediatement et qui se font sentirprincipalement dans les regions superieures des membres.
r
-ocr page 439-
mi
4'.
419
D'autres sont le rösultat immfediat des operations diverses dont la ferrure se compose; ils se produisent dans le pied, et cependant leurs symptömes ne sont quelquefois apparents qu'apres plusieurs jours.
Dans la premiere cal6gorie nous placerons les mala­dies des extr6mit6s qui sont le resültat d'une ferrure mal combin^e. Ainsi, le pied qui n'est pas assez par6 rend l'animal pesant, l'expose ä buter, ä se laisser tomber; un fertrop lourd produit le memo effet; la fatigue qui r^sulte de ces causes pent faire dövelopper la fourbure. Un sabot pare de travers, le fer qui fausse les aplombs, causent des tiraillements dans les articulations superieures, des boiteries sans fin et la ruine de l'ani­mal. Une mauvaise direction du boutoir produit des plaies des tendons, etc.
Dans la seconde s6rie, la seule dont nous allons nous occuper ici, nous placerons les accidents que Ton attri-bue positivement a la ferrure, les autres ayant el6 examines dans les cbapitres precedents.
D6crire sommairement les maladies qui en r6sultent, e'est faire sentir toute l'importance de l'attention qu'il faut apporter a les eviter. Cette description sera utile, en faisant connaitre les premiers soins qu'elles rticla-ment, parce que la promptitude du remede les emp^che de s'aggraver et de compromettre la Tie de l'animal.
Les accidents produits par la ferrure n'ont pas tons la meme cause. Les uns proviennent de l'implanlation des clous; d'autres sont le resültat de l'application inconsid^ree du fer chaud sur le pied; enfin , il en est qui sont l'effet de l'emploi du boutoir avec lequel on enleve la come au delä dc ce qui est en exces.
il
-ocr page 440-
I
I'll-
420
Le plus grand nombre des boiteries est produit par la ferrure; aussi ne doit-on jamais oublier dans la pra­tique ce pröcepte qiii recommande de ddferrer le cheval boiteux, la hoiterie parüt-elle venir de Voreille. Souvent, en effet, on trouve des lesions dans le sabot lorsqu'on croit que la douleur reside dans les articulations sup6-rieures des membres.
Nous nous occuperons successivement de la piqure , de l'enclouure, de la retraite, du pied serr6 par les clous, du pied comprinrä par le fer, de la brülure de la sole, des plaies de la sole et de la fourchette faites par le boutoir.
1!
1! :•:
m
;#9632;
'i #9632;gt; #9632;
I-'.
PIQUBE.
On nomme ainsi la blessure des parties sensibles du pied produite pendant I'implantation d'un clou qui prend une mauvaise direction et qu'on retire imm6-diatement. Dans ce cas on dit qu'tZ y a piqüre, que le cheval a 6le piquti.
Les causes qui donnent lieu ä cet accident sont les suivantes : le clou est brochsect; trop a gras , soil parce qu'il prend une trop grande 6paisseur de corne ou puise trop profondement, soit parce que le fer est mal etampe, les etarnpurcs ctant placöos trop pres du milieu de ses branches; ou bien le clou a trop d'epaisseur, sa pointe est mal affilee, eile est enfoncee dans le sens inverse de l'affilure.
Au moment meine oü la pointe du clou atteint les parties vives du pied, le cheval 6prouve une douleur subite ; il retire fortement le pied, se livre a quelques
-ocr page 441-
,'*
421 mouvements rapides pour si soustraire ä la cause de la soufirance qu'il 6prouve. Dans ce cas, le marechal intelligent a toujours la precaution de retirer imme-diatement le clou, qui se präsente tach6 par le sang; souvent quelques gouttes de ce liquide se montrent au fond de l'^tampure du fer.
Quelquefois un clou est dirig6 de travers sans que le cheval manifeste le moindre signe de douleur; le marechal retire ce clou pour lui donner une meilleure direction. II termine la ferrure, et, en reconduisant le cheval ä son 6curie, il s'apergoit qu'il boite, Dfeferrer immgdiatement le pied, rechercher le point dans lequel le clou a blessg I'animal, s'abstenir d'en placer un dans la partie correspondante de la paroi, telles sont les regies a suivre.
Si le clou n'a atteint que le tissu podophylleux, il suffit de le retirer de suite pour 6viter toute conse­quence facheuse; si la pointe a pfenfetre jusqu'a I'os du pied, il en resulto la suppuration , la necrose de I'os du pied, le javart encornö, le javart cartilagineux.
Lorsqu'on retire le clou qui vient depiquer le cheval, il est utile de preserver I'ouverture qu'il a faite dc l'introduction des corps strangers, par I'emploi d'une petite boulette d'tHoupe imbih6e d'essence de teröben-thine.
Le cas le plus grave est celui dans lequel le clou a pcnetre jusqu'ä I'os du pied et s'est cass6 lorsqu'on a voulu le retirer. 11 faut alors se hater d'enlever le fer, rechercher la pointe du clou et l'extraire ; ensuite on fait un pansement compressif pour emp^cher le bour-soufflement qui ne man que rait pas de se produire; ce
•f'
d
-ocr page 442-
ill
1
422 pansement est maintenu par {'application du fer. Le cheval blessfe est laissfe en repos; on applique autour du pied des cataplasmes astringents, on, ce qui est pr6-ftrable, on donne des bains froids avec I'eau ordinaire, ä laquelle on ajoute quelques gouttes d'extrait de saturne.
Dans le cas de suppuration, il Importe d'agir comme pour I'enclouure.
ENCLOUURE.
ft
M
ti'i
I!
¥
i '#9632;#9632;•' Hi
M
Ce nom est donnö ä la blessure de la sole charnue on du tissu podophylleux par un ou plusieurs des clous qui servent a fixer le fer.
L'enclouure diflere de la piqüre en ce que, dans le premier cas, le clou reste implants dans le pied.
Les causes de cet accident sont nombreuses.
Un fer 6tamp6 trop a gras, ou dont les ötampures sont trop grandes, disposees trop en talons pour les pieds de devant, trop en pince pour les pieds de derriere, fait enclouer le cheval, si I'ouvrier qui le ferre ne tient pas compte de l'epaisseur de la corne qu'il doit embrasser en procedant a l'implantation des clous.
Le cheval qui a le sabot petit ou a paroi mince avec un gros volume est fort expos6 a etre enclou6. Un pied bien conform^ subit cet accident si la paroi recele des souches ou fragments de vieux clous, qui dfevient la lame d'un clou nouvellement implante.
Des clous a lame trop forte prennent trop de place et genent I'animal; ceux dont la lame est trop mince sc coudent quand on les enfonce et vont comprimer les
k
if
-ocr page 443-
P #9632;•raquo;
423nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ;i|
parties vives. Enfm, les clous pailleux peuvent se diviser en plusieurs lames qui prennent diffcrentes directions.
Quelquefois c'est au mareclml lui-ineme qu'il faut attribuer I'enclouure. II a trop pare le pied, ou bien, en brocbant les clous, il a donna a leur pointe une mau-vaise direction; il est alors coupable d'ignorance. Quel­quefois il ferre avec trop de precipitation , pour avoir plus tot tern line sa täcbe, ou bien il implante les clous par un seul coup de brocboir, pour faire preuve de dext6rit6, et prend trop de corne ou rencontre une
:V
soucbe qu'il devie; il est dans ce cas coupable de legerete.
Sous le rapport des symptomes, on distingue I'en­clouure recente et celle qui est ancienne,
Dans I'enclouure ricenie, le cheval manifeste de la douleur immediatement pendant qu'on brocbeles clous,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;;.,
ou il boite peu de temps apres l'application du fer.
Le mareclial reconnait qu'il a enfonce le clou trop profond^ment, lors qu'en le brocbant il n'a pas eprouvc de resistance, ou quand ce clou sort a une plus grande bauteur que les autres; il voit du sang apparaitre sur la paroi, vers la sortie de la lame.
Conduit a I'fecurie, le cbeval enclou6 d'un membre anterieur s'appuie moins sur le pied bless^ que sur
les autres; il le tient porUJ en avant pendant le repos;
,:#9632;
il gratte le sol de temps en temps. Si c'est un membre de derriere, il ne le pose que sur la pince et le releve quelquefois comme dans le soutien.
Mais il n'arrive pas toujours qu'on s'aperjoive de suite de 1'existence d'une enclouure; plusieurs jours et meme plusieurs semaines peuvent s'ecouler; la clau dication ne se montre que quand la suppuration, deve-
28
i' :
M
-ocr page 444-
w
11
1; - i
424 loppee dans le sabot, s'est £tendue sur une grandc surface. Si Ton attend encore, on observe un döcolle-ment sur la couronne : on dit alors que la maliere a souffle aux polls. Ce döcollement s'6tend de plus en plus et finirait par amener la chute du sabot; il est cause par la gangrene d'une partie du tissu podophylleux ou de l'osdupied.
La formation du pus est le caractere principal de l'enclouure ancienne, qu'on a encore appeläe suppurante.
La gravitfe de Tenclouure depend en grande partie de son anciennete. Reconnue a temps et trait6e d'une maniere convenable, eile n'a pas de suites facbeuses; eile est guerie en peu de jours et n'amene pas de defor­mation dans le sabot. Quand eile est negligee, des maladies graves en sont la consequence; ainsi, la necrose de Tos du pied, le javart encorn6 , le javart cartilagi-neux, l'arthrite suppurße des phalanges , la chute du sabot, mettent en danger la vie de l'animal.
II arrive qu'on ne pent pas toujours 6viter ces accidents, le diagnostic offrant de grandes difficultäs. II n'est pas rare qu'on fasse döferrer plusieurs fois sans resultat un cheval endou6, et si quelques tumeurs existent sur les articulations du membre boiteux, on est naturellement porte ä les consid6rer comme la cause de la douleur, parce qu'on n'a rien trouv6 dans le pied; le traitement ne recoitpas une bonne direction, et i'erreur commise est reconnue quand la matiere souffle aux poils. Une grande attention est done nöces-saire pour l'investigation des pieds du cheval boiteux, surtout quand la claudication est rccente.
— Le traitement qu'on emploie dans l'enclouure varie suivant qu'elle est recente ou ancienne.
If!
#9632;it
l!
i(
-ocr page 445-
425
Si la maladie est recenle, on examine le pied boiteux; on frappe sur tons les clous avec le brochoir et tout doucement, pour reconnaitre quel est celui qui produit la douleur. Le clou le plus voisin de la partie sensible est retirö; la plaie est humectee par quelques gouttes d'essence de terebenthine; I'animal est laissd en repos,
Les bains froids longtemps prolong6s sont d'une grande utilite pour gu6rir I'enclouure r6cente.
Quand les symptomes de cette affection rösistent a ces moyens, il faut enlever le fer de nouveau et creu-ser avec le boutoir sur le point par lequel I'enclouure a et6 produite; le pus s'6coule , et I'animal est soulag6.
Dans le cas ou des difficultes existent pour 6tablir le diagnostic , on a recours a quelques procödös qui peuvent fixer sur ce point. On sonde les differentes parties du pied. La pression des tricoises denote plus de sensibility dans la partie blessee. La main appliqu^e sur le pourtour de la paroi trouve plus de chaleur dans le c6t6 souffrant. Enfin , par lintroduction d'un clou Men affilö dans le passage des clous qui ont et6 retires il est possible d'obtenir quelques donnßes ; lorsque ce corps etranger arrive vers la piqüre, le cheval retire vivement le pied et 6prouve de la douleur,
Le boutoir est un instrument fort commode, lorsqu'il est entre des mains habiles, pour mettre a d6couvert les tissus atteints par I'enclouure. Si Ton n'a pas une grande habitude de cet instrument, on se sert d'une rainette,ouencored'une sorte d'emporte-piece dispose en forme de gouge, avec lequel on p^netre profond6-ment sans faire une ouverture trop grande.
Quelquefois il importe de faire ä la paroi une breche
I
S
M
-ocr page 446-
w
i
U '#9632;!
42G en forme de V, dont la base est au bord plantaire; cette opferation est nöcessaire principalement lorsqu'une pointe de clou est restee implantee dans les tissus.
— Dans I'enclouure ancienne, il faut donner issue au pus. S'il y a necrose de l'os du pied, il y a n6cessit6 de pratiquer l'övulsion d'une partie de la paroi pour enlever le tissu nöcrosfe. La carie du fibro - cartilage lateral de l'os du pied reclame I'opferation du javart cartilagineux.
RETRAITE.
On donne ce nom a une vari6t6 de I'enclouure pro-duite par un clou pailleux qui s'est divisö en deux lames, dont Tune a atteint les parties vives du pied, tandis que l'autre est arrivöe au dehors et a permis de brocher le clou completement.
M. Girard donne encore le nom de relraite a la bles-sure produite par une souche que le nouveau clou a rencontree en p6n6trant dans la paroi et qui a 6te pouss6e vers les parties vives.
Les symptömes, les complications sont les memes qu'a la suite de I'enclouure.
Pour y rem^dier, on doit faire une breche sur le bord inftsrieur de la paroi, dans le but de retirer le corps stranger et de favoriser 1'Evacuation du pus.
i
I'! ' a
'
I-
!*'
I!
iii
PIED SERRE PAR LES CLOUS.
C'est un accident pen grave, produit par les clous qui sont implants trop pres des parties vives sans les alteindre.
-ocr page 447-
L; .
427
On l'observe principalement sur les pieds gras, voluquot; mineux, sur ceux dont la paroi est faible, pen ^paisse, d6rob6e. D est quelquefois le resulütl de l'inexpferience du marecbal.
II en resulte une douleur sourde , des allures irr6-gulieres, la claudication; le tissu feuilletß peut s'en-flammer et produire tous les symptömes de la fourbure.
Les moyens d'y rem£dier sont tout a fait simples. II faut recommander de döferrerle pied serr6 pour enlever les clous qui le geneut, de laisser I'animal sans fer sur
! I V
une bonne litiere, et de donner des bains froids-
PIED COMPBIME PAR LE FER.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;)H'
ilr' i
Un fer mal ajuslö, mal disposö sur le pied porte sur les parties qu'il doit seulement protegcr; il les comprime et d6veloppe bientöt une douleur prononcöe.
Ainsi, rune ajusture fausse, irr6guli6re, qui porte sur la sole, un pincon trop serre, trop fortement appli-qu6 contre la paroi, donnent ce rfesultat.
Le pied presente plus de chaleur qu'ä l'ötat ordinaire. Quand le fer est enleve, on voit qu'il exercait une pression douloureuse sur quelques parties; l'aetion de la tricoise fait reconnaitre les regions qui eprouvent le plus de souffrance; la corne paröe avec le boutoir prä­sente une teinte jaune, tirant quelquefois sur le rouge.
La fourbure, les bleimes, les abces avec d6collement d'une partie de la sole ou de la paroi sont les consö-quences de cette compression.
Deferrer le pied, corriger l'ajusture du fer avant de l'appliquer de nouveau, pour qu'il ne porte que sur la
i'
4
-ocr page 448-
ii
I
U ''S
!) I
428 paroi, appliquer des cataplasmes astringents sur 1c sabot, donner du repos, voila les moyens de traitement ä employer.
Les cataplasmes astringents les plus usites en pareil cas sent faits avec la suie de cheminee d6lay6e dans le vinaigre.
BRULDRE DE LA SOLE.
L'application trop prolong6e du fer chaud sur le pied du cheval pent causer la brulure de la sole.
Tantot, si la corne es( trop dure , le marechal fait porter le fer plus longtemps pour la ramollir, la rendre plus facile ä parer, ou bien il promene ä la surface de la sole un tisonnier rougi dans le foyer de la forge pour diminuer sa resistance; tantot I'ignorance, le manque d'habitude , font maintenir le fer chaud sur le pied pendant un temps plus long, pour qu'on puisse voir si son ajusture et sa tournure sont convenables.
Quelquefois m6me il arrive que cette application est instantan£e et que n^anmoins eile produit une brülure, parce que, le pied ayant 6te pare trop a fond , la sole a peu d'6paisseur et doit 6tre rapidement traverssect;e par le calorique.
Les pieds plats, ceux qui sont combles ont la sole mince et sont plus exposes que les autres ä 6tre brules.
La brülure de la sole est un des plus grands incon-venients qu'on ait reproches a la ferrure a cbaud; nous avons discutö cette question assez longuement pour n'avoir pas besoin d'y revenir (1).
!,
I* iU
oil
({) Voyez le diapitrc XIII, p. 189.
-ocr page 449-
429
Il-V:
On distingue deux degr6s dans la brülure de la sole : ee sont la sole chauffee et la sole brüUe.
1deg; Sole chauffee. — Elle constitue le degr6 le moins öleve de la brülure de la sole.
Le calorique qui a pcnelre en faible quantity dansles parties sensibles du pied irrite le tissu villeux de la sole et produit une douleur qui se traduit par la boiterie.
Quand on döferre le pied chaufie, la corne se prä­sente avec une surface jaunätre et pointill6e de noir; la moindre pression exercee avec les doigts est doulou-reuse; 1'animal retire le pied.
Le repos, l'emploi des bains froids suffisent ordinaire-
i'r ment pour amener une prompte gufenson.
2deg; Sole brülee. — Ce degr6 est beaucoup plus grave que le pr6c6dent.
Le calorique a pfenetre les tissus avec plus d'intensity; alors les vaisseaux de la corne sont crispes, obliterös. En parant le pied, on voit une humeur sereuse suinter par les porositös de la sole.
II y a des chevaux qui boitent avec intensity apres la plus legere brülure du pied; d'aulres resistent pen­dant longtemps a la douleur et ne boitent qu'apres plu-sieurs jours et m6me plusieurs semaines. 11 n'est pas rare de voir un cheval faire un long voyage apres qu'il vient d'etre ferre , et ne presenter qu'ä son retour les symptömes de la brülure de la sole.
Les terminaisons de cet accident sont la resolution , la suppuration, la gangrene, la chute du sabot, la four-I)ure chronique.
!
y*
Ji
-ocr page 450-
hl
'ri
JX
430
Quand la resolution se produit, les signes de la brülure disparaissent promptement; la corne conserve neaamoins pendant quelque temps une teinte jaune a la surface de la sole; eile a perdu une partie de sa consis-tance.
Fr6quemment la corne est s6par6e du tissu villeux par la suppuration. Un foyer purulent s'6tend dans tout le pour tour de l'union de la sole avec la paroi. Des que le boutoir a divis6 la corne qui le recouvre, le pus s'6chappe avec une couleur noirätre ; il reste une sorte de galerie qui le contenait. Le sejour de la suppuration dans le sabot amene, dansquelquescas, un d^collement au niveau de la couronne; la matiere souffle aux poils; il en n'sullo le javart encorn6, le javart cartilagineux.
La gangrene se montrefräquemment apres les fortes brulures, Alors I'animal ne pent s'appuyer sur le pied malade; la couronne se tumiMie; des abces de mauvaisc nature se ferment dans son pourtour, et ranimalp6rit. Quelquefois, dans les cas de ce genre , le sabot se döcolle et se d£tache completement.
Enfin, il arrive qu'apres la brülure de la sole, Tinflammation du tissu räticulaire donne les nrämes d6sordres que la fourburechronique :1a face inf6rieure du pied devient convexe, de concave qu'elle 6tait; il en rfeulte des claudications incurables.
Nous avons vu des maladies internes se montrer comme la consequence des douleurs vives produites par cette brülure, et donner promptement la mort. Ce sont le tetanos, la gastro-enterite et la pöripneumonie.
Pour rem6dier a la brülure de la sole , on fait deferrer le pied malade, pour le parer jnsqu'a la rosee et remettre cnsuite un fer I6ger.
I
I laquo;'s
i;
t
llii
11
-ocr page 451-
i
431
Quelques auteurs recommandent les applications mucilagineuses, comme pour les autres genres de brülures; nous pr6f6rons les döfensifs, les astringents, les refrigerants.
Si la suppuration existe, il faut se hater d'en faciliter r6coulement.
Dans le cas ou I'animal conserve une grande sen­sibility de la sole et continue de boiter apres que les tissus de cette partie paraissent fetre revenus a l'ötat normal, il est utile d'appliquer entre le fer et la corne une couche de feutre ou de caoutchouc pour rendre les reactions moins dures. Cette application est bieutot suivie de la cessation de la boiterie.
! -
!}.!
PLAIES DE LA SOLE.
Le boutoir maldirige produit sur la sole des blessures plus ou moins profondes.
Elles sont frequentes pour les pieds gras , volumi-neux, a sole mince, qui trompent le marechal. Ce dernier croit pouvoir enlever une assez grande 6pais-seur de corne, et bientut il blesse les parties vives.
L'entamure produite par un coup de boutoir donne lieu immediatement a une hemorrhagie abondante qui ne tarde pas a s'arrfeter.
Une plaie l6gere n'a pas de gravity; eile est bientot gu6rie, pourvu qu'on ait la precaution de preserver le pied du contact des substances irritanles.
La plaie qui a une certaine profondeur et qui est negligee prend un mauvais aspect; les tissus se bour-soufflent; un bourgeon volumineux, qu'on noramcMnc
'
M
-ocr page 452-
i '#9632;* I
18
JSP 11
432 cerise, fait hernie a travers la solution de continuity de la come; les souffrances sont vives et dMerminent la ciaudication.
Pour eviter ces accidents, on applique sur la plaie quelques petits plumasseaux imbibes, soit avec I'alcool 6tendu d'eau, soit avec l'essence de t6r6bentliine, el comprimes par le fer ou par les 6clisses.
Le dteollement de la corne , la formation des cerises exigent des operations semblables ä celles qu'on pratique dans le cas de clou de rue.
PL VIKS DE LA FOÜRCHETTE.
Ellcs sont assez communes, malgre les preceples qui recommandent de menager la fourchette pour conser-ver aux talons un degr6 d'ecartement süffisant, et de n'en enlever que les parlies filandreuses; la plupart des marechaux out la mauvaise habitude de la parer a fond. Souvent leur boutoir s'egare dans les fourchettes grasses, volumineuses, et produit une plaie qui donne beaucoup de sang.
Les plaies de la fourchette causees par le boutoir n'ont aucun danger; elles se guerissent tres facilement, si Ton evite que I'animal bless6 marche sur des pierres, des cailloux qui pourraient contusionner le pied, et si Ton donne quelques soins de proprete.
11 y a une grande difference, sous le rapport de la gravite, entre les plaies de la sole et celles de la four­chette faites par le marechal; ces dernieres ne donnent lieu a aucune complication fächeuse, tandis que les autres resistent quelquefois au traiteinent le plus rationnel.
11
I'/
I''
ri'1''
-ocr page 453-
433
KKSPONSAEIUTE BU MARECHAL SOUS LE RAPPORT DES ACCIDENTS QÜI RESULTENT DE LA FERRÜRE.
L'article 1382 du code civil est ainsi concu : laquo; Tout
raquo; fait quelconque de l'homme qui cause ä autrui un
ii;
raquo; dommage oblige celui par la faute duquel il est raquo; arriv6 ä le reparer.raquo;
Get article est-il applicable au mar6chal qui cause , en ferrant un cheval, un des accidents graves decrits dans ce chapitre?
II n'y a pas le moindre doute a elever sur ce point.
Mais, pour qu'il y ait lieu d'appliquer cet article, il faut qu'il s'agisse d'un accident du a sa negligence on a son imprudence, et non de celui qui r6sulterait de circonslances independantes de sa volonte.
Le marechal ne saurait etre responsable pour avoir rendu boiteux un cheval dont le pied est difforme, diffi­cile a ferrer.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; }'
II doit subir les suites de sa faute, s'il a encloue forte-ment un cheval qui a de bons pieds, s'il lui a brül6 la sole, tellement que ce cheval est reste longtemps sans travailler, ou a succombe.
Plusieurs fois, a Lyon , les juges de paix et le tribunal civil ont consacr6 cette interpretation do I'article 1382.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; V
i
A
-ocr page 454-
r
m
ii
CHAP1TRE XXVI.
SOINS A EMPLOYER POUR LA CONSERVATION DU SABOT.
t 1^
Sommaihe. — Moyens employes par les anciens hippiatres. — Soins proposes par les auteurs mudernes : moyens hygteniques; moyens pharmaceutiques.
Jb
liidepcndammenl, des ressources fournies par la fer-rure pour la conservation des pieds du cheval, il y a des moyens fournis, soit par I'hygiene, soit par la matiere mfedicale, qu'il Importe de connaitre, parce qu'ils ont une heureuse influence sur la nature de la corne.
II ne suffit pas toujours de protöger le pied par le fer, il est utile quelquefois de remedier a la secheresse de la corne qui le comprime doulourcusement; dans
-ocr page 455-
435 d'autrescas, on voudrait obtenir plus de force de resis­tance dans ce tissu. Les moyens destines a lui donner de la souplesse ne manquent pas; on n'a encore rien d^couvert pour augmenter sa density.
MOYENS EMPLOYES PAR LES ANCIENS HIPPIATRES.
Les anciens avaient reconnu la necessit6 de ne pas abandonner a Faction des agents exterieurs le sabot du cheval, dont l'intögritfe est si necessaire pour qu'il puisse rendre des services.
Dans le temps oü les chevaux n'etaient pas ferr6s, on avait la precaution de rechercher la durete de l'ongle. II resulte des ecrits de Xönophon qu'on placait de bonne heure les chevaux sur un sol sec et dur , sur des cailloux ronds on pointus, pour fortifler leurs pieds. On consid6rait alors le lavage des jambes comme inutile et m6me nuisible pour la corne.
Columelle aussi recommandait d'eviter les effets de l'humidile sur le sabot.
On retrouve dans les auteurs qui out ecrit sur les animaux pendant les siecles de barbaric des fornmles compliquees destinees äla conservation de la corne. Ces formules contiennent les prescriptions les plus Stranges; cependant quelques unes out quelque analogie avec les preparations employees de nos jours.
Les hippiatres qui out prn-ede la fondation des ecoles vötörinaires nous out laisse une foule d'onguents destines, suivant eux, a ramollir la corne ou a lui donner plus de durete.
Dans les onguents destines a donner ä la corne plus
.#9632;
^
M
-ocr page 456-
i
m
Li
| 111
; i
436 de souplesse, Solleysel faisait entrer le goudron, la cire, l'huile de lin; dans ceux qui devaient la durcir, on trouvait le vinaigre, la noix de galle, l'alun et autres astringents.
Garsault recommandait les moyens suivants pour la conservation des pieds : laquo; La meilleure de toutes les raquo; les matieres pour entretenir les pieds de devant bons raquo; est, disait-il, de pousser du crottin a l'endroit oü le raquo; cheval doit avoir les pieds de devant; on arrose sur raquo; le champ ce crottin , en jetant dessus avec la main de raquo; i'eau du seau, afin que tant que le cheval sera a sa raquo; place ses pieds posent sur ce crottin mouille , ou raquo; Lien , avec une palette de bois , on emplit le pied de raquo; crottin mouille. Cette methode est fond6e sur ce que raquo; les pieds de derriere des chevaux ne sont jamais mau-raquo; vais , c'est-ä-dire ni mal nourris , ni encastel6s, etc., raquo; parce que leur fiente, sur laquelle ils sont presque raquo; toujours poses a l'öcurie , les conserve en bonne raquo; consistance; II en doit done 6tre de m6me des pieds raquo; de devant, s'ils sont toujours sur le crottin mouille; raquo; la sole sera humectee et la corne deviendra liante, ce raquo; que ne fait pas la fiente de vache , dont quelques uns raquo; se servent; eile tient, ä la verite, la sole en bon fetat, raquo; mais eile altere et brule la corne. La terre glaise, que raquo; les marchands surtout mettent dans les pieds, entre-raquo; tient le pied en bon 6tat; mais pour peu qu'on cesse raquo; d'en mettre, le pied se desseche promptement si on raquo; n'y met pas du crottin mouille (1). raquo;
Bourgelat donnait le conseil de garnir les pieds des
ii.
i
fi :
(I) Garsaw.t. Ifouveau Parfait MarechaL Paris: 1741.
-ocr page 457-
437 chevaux en voyage, lorsqu'on arrivait au glte, avec de la terre glaise et du crottin mouillc, mfeme avec du cambouis, faute d'onguent de pied.
MOYENS PROPOSES PAR LES AÜTEURS MODERNES.
Ces moyen sont hygidniques on pharmaceutiques.
Moyens hygüniques. — Les auteurs anglais, entre autres M. Miles et M. Turner, admettent que la liberty dans un box constitue un moyen indispen­sable pour conserver le pied du cheval dans sa forme normale et dans ses conditions de santö.
Ils recommandent aussi comme un moyen hygteni-que essentiel un exercice journalier prolong^ pendant un temps suffisamment long (1).
Les Allemands et les Anglais recommandent de met-tre au päturage , dans des pr6s humides, les chevaux qui ont de mauvais pieds, mais il ne faut pas oublier qu'une trop grande hnmidite est nuisible a la nature de la corne , qui est tres hygrometrique et se ramollit facilement.
II faut nettoyer fr^quemment le sabot. Cette opera­tion consiste a enlever une fois par jour les corps etrangers qui se glissent entre la sole et le fer ; ces corps sont des graviers, des cailloux, de la terre, du furnier. On les ex trait avec le cure-pied.
En nettoyant le pied, on se rend compte de l'etat
I?
• V:
t
(1) William Miles. The horses foot ant how to Keep, it sound.— Du pied du cheral et de la maniere de le ronserver en bon itat. Lon-dros, 18S0.
^
-ocr page 458-
1
I't
u
I
438 de la sole et de la fourchette, des changements surve-nus dans leur forme , dans leur consistance; on trouve quelquefois des clous de rue implautes dans ces parties et qu'il faut arracher; on reconnait des alterations coramencantes qu'il faut combattre.
Moyens pharmaceutiques. — Leur emploi a pour but de donner h la corne les qualites les plus propres a sa conservation.
Quelques uns de ces moyens sont simples. Ainsi, quand la corne est seche et cassante , on applique autour du sabot, soit de la terre glaise, soit de la bouse de vache. Cette application est utile surtout avant qu'on procede a la ferrure du cheval.
On fait un usage frequent des corps gras pour agir sur la corne. Nous allons voir que la pharmacie nous fournit une foule de preparations , parmi lesquelles nous prfefererons les plus simples , a la condition qu'elles contiennent de la tsect;r6benthine, cette derniere substance agissant avec beaucoup d'eflicacitö.
Ongüent de pied (Bourgelat).
^ Huile fixe.......
Cirejaune ......
Saindoux........} aä 500 grammes.
Terebenthine.....
Miel.........
Faites fondre a une douce chaleur la cire et le saindoux dans fhuile; retirez du feu; ajoutez la terebenthine et le miel, et remuez jusqu'ä refroidissement.
Cet onguent est employe pour donner de la souplesse au sabot du cheval, diminuer la rigidite de la corne et favoriser son accroissement. Sa composition pent etre modifiee de
hi '
h
f*
H1
tr'
ii: lt;
If:
Iv i
-ocr page 459-
439 plusieurs manieres; l'essentiel est qu'il ait pour base des corps gras, et que sa consistance Tempecbe de fondre sur la partie, sans qu'il soit cependant trop poisseux. On le colore quelque-fois avec du noir de fumee ou d'ivoire, afin qu'il concoure a embellir le sabot en meme temps qu'il I'ameliore (1).
Onguent de pied (Bracy-Clark).
^ Suif..........2,000 grammes
Cire jaune....... 120 —
Coudron........ 250 —
'
Faites fondre le tout doucement sur le feu , et remuez-le bien lorsqu'il commencera a acquerir de la consistance.
laquo; Get onguent est d'un grand service pour secher les talons meurtris, les sabots lend us oü la cuticule a ete enlevee par la rape des marechaux, conservant le sabot dans un etat de souplesse et d'elasticite et exempt de fissures. II sert aussi a boucher les trous et fentes, de quelque nature que ce soit; et, pour cet effet, il faut lui donner plus de consistance en y ajoutant 100 grammes de poix. raquo;
Onguent de pied (Vatel).
^ Huile d'olives.....
Cire.........
Saindoux.......
, aa 100 grammes. Resme pure .... '
Terebenthine pure.
Miel........
Faites fondre le tout ensemble (2).
lit 1f
(1)nbsp; Bocrgelat. Mdtiere midicale.
(2)nbsp; Vatel. EUments de Pathologie v6tirinairc. Pormulaire phnr-maceutique- 1828.
29
-ocr page 460-
140
Onguent de pied (Lassaigne et Delafond).
^ Cirejaune............
Graisse de pore.........
Huile d'olives...........} ä ä 500 grammes.
Terebenthine..........
Huile de pied de boeuf ou miel.
Apres avoir fait fondre ä une douce chaleur , dans unc bassine de cuivre , la cire , la graisse et l'huile melees ensemble, on retire le vase du feu, et on y ajoute la tereben-thine et le miel, en remnant jusqu'a refroidissement de l'onguent.
Quelques veterinaires le colorent en noir par un peu de noir de fumee ou de noir d'os, lorsqu'il doit etre applique immediatement sur le sabot.
Nous remplacons le miel dans cet onguent par l'huile de pied, parce que cette huile le rend plus onctueux.
Usages. — Cet onguent est surtout employe pour graisser le sabot lorsque la corne est dure est dessechee. 11 favorise l'accroissement de la corne et previent le developpement des seimes (1).
Mi
ill ha1
t\
I
Onguent de pied (Bouchardat).
J? Huile blanche..........nbsp; nbsp; 1 kilog.
Cirejaune............nbsp; nbsp; 1 —
Terebenthine..........nbsp; nbsp; 1 —
Axonge.............nbsp; nbsp;2 —
Coupez la cire par morceaux, faites-la fondre dans l'huile avec I'axonge; apres avoir retire la bassine du feu, ajoutez la terebenthine; laissez refroidir l'onguent en ayant soin de l'agiter par Intervalle.
L'onguent de pied sert a entretenir la corne du sabot et la
(1) Delafond el Lassmgne. Pharmacie vtUrinaire. WM , p. 471.
-ocr page 461-
441 couronne dans un etat de souplesse convenable; il favorise son accroissement, previent et guerit les crevasses; on en graisse souvent cette partie. On noircit a volonte cet onguent avec du noir de fumee (1).
M. Bouchardat donne encore la formule suivante:
Onguent de pied plus ecorwmique.
Sf Graisse de cheval. ... 2 kilog.
Cire jaune ....... 500 grammes.
Galipot......... 1 kilog.
Faites fondre ä uue douce chaleur et passez.
—nbsp;Nous employons souvent la formule suivante, dont nous ne connaissons pas I'auteur:
% Huile d'olives. . • . )
Cire jaune.....| a ä 500 grammes.
Terebenthine. . . . )
Faites fondre la cire jaune dans I'huile d'olives, ajoutez la terebenthine et retirez immediatement du feu.
M. Prange a donne une formule qu'il recommande contre les bleimes; c'est la suivante:
^ Huiles d'olives...... 500 grammes.
Terebenthine commune . 300 — Poix navale....... 500 —
Faites un onguent que vous appliquerez sur le mal (2).
—nbsp;II y a aussiquelque interet ä connaitre les preparations employees par les Allemands et les Anglais.
Cl) Bouchardat. Formulaire viUrinaire. Paris, 1849, p. 17*. (2) Journal rfe Medeeine veurinaire, 1850, p. 653.
I
M
-ocr page 462-
i
I
442
Dans l'ouvrage de marechalerie public en allemand par M. Gross, nous trouvons les formules suivantes (1):
NolS,,if...........I parties egales.
Axonge.........gt;
IS' 2. Wrebenthine......|
Suif...........gt; parties egales.
Axonge.........)
Nquot; 3. Graisseducouducheval. ) . , ,
.,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;j parties egales.
ISquot; 4. Cire jaune........ 1 partie.
Suif........... 2 —
Huile de baleine .... 3 —
N0 5. Cire jaune........ 1 partie.
Suif........... 3 —
Axonge......... ft —
W 6. Cire jaune........nbsp; nbsp; nbsp;2 parties.
Terebenthine......nbsp; nbsp; nbsp;2 —
Axonge.........nbsp; nbsp; nbsp;2 —
Huile de lin.......nbsp; nbsp; nbsp;3 —
Ndeg; 7. Cire jaune........ 2 parties.
Goudron......... 3 —
Suif...........24 —
— M. Godwin recommande un onguent de pied compose de parties Egales de goudron et de saindoux qu'il fait appliquer a froid.
Pour empfecher que la corne ne devienne seche et cassante, M. Miles present I'onguent suivant:
Prenez une livre et demie de lard, un quart de livre
(1) J.-C. Gross. Traits de Mariehalerie thiorique el pratique. Sluttgardt, 18*9.
w
ft
h
n
I
itlaquo;
Iwi
rii
^ *
-ocr page 463-
•:*
443 de goudron, im quart de livre de miel et un quart de livre de cire vierge. Faites fondre ensemble la cire et le lard, et melangez avec le miel et le goudron. Si apres le refroidissement cet onguent avait trop de consis-tance, ajoutez-y un peu d'huile d'olives.
L'emploi de cet onguent peut fetre alternd avec les applications froides et les cataplasmes de bouse de vache. Le m6me auteur conseille aussi de placer quel-quefois le cheval pieds nus sur un lit de sciure de bois (1).
— Teile est l'^numferation des moyensconseilläs dans les temps les plus modernes pour am6liorer le pied du cheval. On voit qu'on s'est attache ä combattre la söcheresse , la rigiditö de la corne, plutöt que l'exces d'humiditfe qu'elle contient et l'exces de mollesse qui la caractferise trop souvent.
Aucune des preparations indiqu6es n'a la propri6t6 de favoriser l'accroissement de la corne , mais elles ont toutes celle de lui donner de la souplesse. Les corps qu'elles contiennent la pr6servent des mauvais effets produits par les changements alternatifs de s6cheresse et d'humidite.
#9632;#9632;Ci
(1) W. Miles. Du pied du cheval et de la maniere de le conserver en bon Hat. Londres, 1850.
I
i
,
i
d
-ocr page 464-
w
CHAPITRE XXVII.
DE LA FEBRURE PODOMETRIQUE.
ll
Hi'!'
Sommaire.—Definition-----Du podomdtre : podomÄtre Riquet; podo-
metre Bousseteau; podometre Havoux. — Avantages attribute au podometre. — Inconvinients des podometres. — Opinions diverses sur la ferrure podom6trique. — Moyens autres que le podometre pouvant servir k la mensuration du pied du cheval.
DEFINITION.
On appelle ferrure podomMrique unproc6d6 qui con-siste dans Fusage d'un instrament particulier pour prendre la mesure du pied du cheval et pröparcr d'avance le fer qui doit 6tre applique.
Get instrument porte le nom de podometre , du grec tto'j; , •KoBog, pied, et [astpov , mesure.
-ocr page 465-
445
Le but principal du podometre consisle a remplacer la ferrure k chaud par la ferrure a froid, tout en four-uissant un moyen de prendre exactement la mesure du pied et de faire porter le fer avec precision.
Deux questions se rattachent a la ferrure podomö-trique : 1deg; celle qui est relative a la ferrure a froid; 2deg; celle qui concerne le podometre sous le rapport de ses avantages et de ses inconvenients.
Nous avons fait connaitre notre opinion sur la ferrure ä froid, que nous avons consid6r£e comme bien plus defectueuse que la ferrure a chaud. Nous ne pensons pas qu'il soit utile de revenir sur ce point. II ne sera question ici que du podometre.
DÜ PODOMETBE.
11
Le podometre est un instrument destine a prendre la mesure du pied du cbeval.
M. Renault fait remonter son invention au-delä de l'öpoque oü Ton a parle de la ferrure podonrätrique.
En 1828, un professeur allemand , M. Rusken, aurait decrit, dans un traite de marechalerie, un instru­ment qu'il nommait huf-messer, destine ä prendre la circonference externe du sabol ä son bord plantaire.
On a invent6 un grand nombre de podometres. En Allemagne, des instruments de ce genre out 6tfe pro­poses par Nusklen , Stickler , Gross ; en France, MM. Dabrigeon, Laborde, Riquet, Belle, Havoux, en ont imagine ou d6crit de diverses formes.
Nous nous bornerons a la description de trois instru­ments de ce genre.
gt;.-
M
-ocr page 466-
10
(Fig
446 114.) Podometre Riquet.
Podometre Riquet.
Le podometre invents par M. Riquet se com­pose , comme on le voit dans la figure 114 , d'une sörie de petites pieces metalliques, ovar­ies , et de meme dimen­sion ; I'instrument est confectionn^ en fer, en
mil'
I
cuivre ou en acier. II se compose de pieces gradu6es, articul6es a la suite les unes des autres.
Lorsqu'on veut prendre les dimensions de la face plantaire du sabot, ce podometre se plie facilement pour en donner le contour et la tournure.
D'apres l'auteur, l'usage de cet instrument donne encore le moyen de conserver sur un registre les dimen­sions mfetriques ou le trace du Lord plantaire des pieds, et permet d'etablir a I'avance plusieurs ferrures pour le meme cheval.
En recommandant l'usage du podometre , M. Riquet a eu pour principal but l'intention de faire revivre la ferrure a froid et de proscrire la ferrure a chaud.
II a cherchö, en outre, a apporter quelques modifi­cations dans les instruments dont le marfechal doit se servir pour l'application du fer. 11 admet l'usage du brochoir, du rogne-pied, du repoussoir et des tricoises; il propose de remplacer le boutoir par le couteau anglais et un autre instrument qu'il appelle la rape perfec­tion n6e.
Quant a nous, le boutoir ordinaire 6tant parfaite-
#9632;i
-ocr page 467-
#9632;n
447 ment süffisant pour bien parer le pied, nous ne voyons pas pourquoi il serait utile de le remplacer par un autre instrument qui a bien aussi ses inconv6nients.
On a reproch6 an podometre invents par M. Riquet quelques imperfections. Ainsi, ses cbarnieres alterees par la rouille, par la malproprete , ne peuvent servir longtemps; bientot quelques unes d'entreelles sont trop roides, tandis que les autres sont trop mobiles. Get instrument ne pent servir qu'ä mesurer le contour du pied, et il n'est pas tres commode pour prendre cette mesure; il n'apprend rien a I'ouvrier sur le degrfe d'ajusture qu'il doit employer.
(Fig. 115.) Podomitre Bousseteau,
Podometre Bousseteau.
M. Belle, veterinaire an 10quot; chas-
seurs, a fait connaitre dans le Jour­nal des Haras un podometre in­vents par M. Bousseteau, mar6-chal dans le memo regiment (t).
Voici la description qu'il donne de cet instrument, repr6sent6 ici par la figure 115:
laquo;11 est construit avec deux lames en acier ayant la forme de la face plantaire d'un petit sabot de cbeval; la lame principale a un prolonge-
r
i.
ment servant de mancbe, Entre ces deux feuilles se trouvent plac6es et maintenues dans des coulisses huit petites tiges mobiles, dont quatre sor-tent de chaque cöt6 pour marquer la largeur et le con
(1) Journal des Haras. 1M1.
m
-ocr page 468-
it
Util
i'
11 #9632;
hi P'
11*' #9632; mgt;
I
Hi- #9632;
it'!,
448 tour des pieds. La longueur se trouve indiqnöe par udc neuvieme brauche beaucoup plus large, placee longi-tudinalement sous rinstrument. Ces diffiferentes bran­ches , qui out un jeu facile mais qu'on peut a volonte fixer d'une maniere tres solide au moyen de cinq vis de pression, ont une ecbelle de proportion qui permet de conserver la mesure de chaque pied avec neuf chiffres groupes.
raquo; Maniere de s'en servir. — Les cinq vis 6tant suffi-samment desserr^es et les branches laterales sorties de tonte leur longueur, on le place bien directement sous le pied, pr^alablement par6 et räp6. On commence par en determiner la longueur en faisant jouer la tige lon-gitudinale, qu'on fixe au point voulu au moyen de la vis de pression. On fait ensuite successivement rentrer les branches laterales jusqu'au niveau du bord plantaire de la paroi; on les fixe a leur tour avec les vis de pres­sion disposees a cet effet. raquo;
M. Belle donne le conseil de ranger, dans un senl tableau synoptique de pen d'amp;endue, la mesure des pieds de tous les chevaux d'un escadron.
11 admet que la mesure sera toujours prise sur les pieds gauches et qu'on indiquera au-dessous des chiffres les divers dgfauts, comme dans le tableau suivant :
i'i: I
UM
If
950- ARMURE.
1,000. ECLIPSE.
6
8 6
9 11
5 9
32
6 7 7 10 9 12 10 35
12
10 12
15 16
9 13
612
11
6nbsp; nbsp; nbsp; 10
8 13
7nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;12 711
Talons scrrils.
tion pied.
Se coupe en mamelle.
Forge en voillc.
I
-ocr page 469-
I -t.
449 Comme les autres podometres, cet instrument ^qui a du merite sous le rapport de l'invention , nous donne la grandeur et la tournure du pied; mais il n'indiquc pas la forme que I'ajusture doit avoir.
(Fig. lie.)nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Podometre Havoux. — II se com-
Podomitre Havoux.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; . #9632; •:,i , i
pose d une tige de plomb äpaisse de
4 a 5 millimetres, repltee dans le
milieu de sa longueur, de maniere
a repr6senter a peu pres la forme
d'un fer. II präsente, dans la partie
qui correspond a la pince, un
appendice en cuivre qui sert a le
saisir et a le presenter plus facile-
ment sur le pied.
Ce podometre ne donne que les
dimensions du pied en longueur et en largeur.
i
AVANTAGES ATTR1BÜES Aü POnOMÄTRE,
D'apres M. Riquet, le podometre, instrument arti-cul6, permet au raaredial-ferrant: 1deg; d'apprecier sur nature, avant comme apres la ferrure, la quantity dc corne dont le pied doit 6tre debarrasse pour fetre a I'^tat normal; 2deg; de mesurer avec une precision extreme et de reproduire a volontä les dimensions du pied, en saisissant la configuration de son bord plantaire; 3deg; de s'assurer du degre d'inclinaison et du niveau qu'il doit donner au bord de cette face plantaire en pince, en mamelles et en talons; 4deg; enfin, de menager la facilile
#9632;
-ocr page 470-
il
450 de comparer , sans sortir de l'atelier jusqu'ä parfaite confection, le fer qu'il prepare a l'aide des patrons, tout en s'abstenant de conduire le cheval a la forge.
Le podometre aurait l'avantage de pröparer exacte-ment le fer pour le pied.
Get instrument favoriserait l'application de la ferrure a froid et permettrait ainsi d'öviter les brülures du pied.
II mettrait le marechal dans la possibility de preparer d'avance les fers destines aux chevaux qu'il doit ferrer plus tard.
Par la ferrure podomötrique on avirait, dit-on, economic de combustible, etc., etc.
Gomme on le voit, on attribue k ce Systeme une foule d'avantages que la ferrure a. cbaud prfesente 6gale-ment quand eile est bien confectionnöe.
ß
4J:
I-
INC0NVENIE1STS DES PODOMETRES.
ÜJ
On a reprocbfe a ces instruments de nombreux incon-v6nients.
Jusqu'ä present les uns et les autres out pr6sent6 des dispositions trop imparfaites pour donner bien exacte-ment la mesure du pied du cheval. Ils reproduisent assez mal le contour du sabot; ils n'indiquent rien sur la force et la faiblesse de la corne; leur usage n'apprend pas quelle est la garniture a donner aux branches et aux Sponges du fer; ils ne sont d'aucune utilite pour la ferrure des pieds dcrobes; enfln , ils ne peuvent faire connaitre le degr6 d'ajusture que le pied reclame, la forme qu'il convient de lui donner.
On a considers le podometre comme difficile a
I
-ocr page 471-
451 employer, comme une complication de l'art de ferrer les chevaux.
Get instrument nuirait au dfrveloppement de l'intel-ligence de l'ouvrier; on lui a reproch6 de le rfeduire a 11 n röle möcanique.
Le podometre n'apprend rien sur les modifications que la ferrure doit presenter pour rem6dier aux dfefauts d'aplomb.
Par l'usage de la ferrure podomelrique on renouvelle tous les incoim-uieuts reprochfes k la ferrure ä froid.
Rien ne prouve que le podometre apporte quelques Economies dens l'application de la ferrure.
Enfin, on a objects contre l'emploi de cet instrument la difficult de conserver, surtout en campagne , les registres sur lesquels sont portees les mesures prises sur les pieds des cbevaux qui composent les divers escadrons d'un regiment.
OPINIONS DIVERSES SUR LA FERRURE PODOMETRIQUE.
Des discussions fort savantes et tres aniraees out He soulev6es dans le sein de la Soci6t6 centrale de Mfede-cine v6t6rinaire. Les partisans de la ferrure podome­lrique se sont montrfes en fort petit nombre et out succombe, malgr6 le talent qu'ils out apportfe dans la defense de leur cause.
M. Riquet a vaillamment defendu ce Systeme dans plusieurs Merits et surtout dans un memoire qu'il a lu devant la Soci6t6 vfet6rinaire. U considere la ferrure podonrätrique comme unprogres pour assurer uneexacte preparation du fer pour le pied ; e'est, d'apres lui, le
i
*
-ocr page 472-
I
'ii
452
seul de tous les systemes de ferrure ii adopter exclusi-vement (1).
Les auxiliaires lui ont manque. A peu pros seul, M. Barth6lemy ain6 n'a pas rejet6 sans appel I'emploi du podometre (2). II reconnait l'utilitö d'un patron inetallique modele sur le pied , pour servir a pr^parer le fer ; il considere comme heureuse l'idöe qui sert de base a cet instrument et signale la n6cessit6 de faire de nouvelles etudes.
On comptedesadversairesnombreux et plus oumoins absolus de la ferrure podomfetrique.
M. Renault necroit pas que, par I'emploi du podometre frangais, la ferrure ä froid puisse sect;tre mise en pratique avec economie , vitesse et soliditfe. Toutefois, il consi­dere cette question comme etant ä 1'elude.
M. Petit et quelques autres regardent le podome­tre comme une invention malheureuse , propre a retarder les progres de la maroclialerie en empechant les ouvriers qui sont condamnös a s'en servir d'acquörir cette justesse de coup d'oeil qui fait seule I'ouvrier habile.
D'apres l'honorable M. Girard, on pent assurer que Chabert n'aurait 6t6 partisan ni de la ferrure a froid, ni du podometre.
Par ses conclusions la Soci6t6 centrale a consid6re les avantages attribues a la ferrure podometrique comme ne pouvant compenser les inconvenients inhö­re nts a ce proc6d6.
m
it
fa
I
,-1= I
iHt
i
(1)nbsp; Riqdet. JRecueil de Midecine veterinaire-18*0. p. 351.
(2)nbsp; BiRTHELEnr ain6. Recueil de Medicine vHerinaire.lftW.v. 83.
-ocr page 473-
453
La ferrure podomamp;rique a et6 prescrite exclusive-ment pour les chevaux de troupe. En 1843 , la presque unanimity des v6t6rinaires de Tarmöe a 6te favorable ä ee Systeme. On a contests l'indäpendance des opinions 6niises sur cette question. Ce n'est pas ici que nous aurons ä nous occuper de ce fait- Notre conviction est fixöe sur ce point, savoir, que si les v6t6rinaires des regiments ont 6t6 partisans du podometre il y a quel-ques annies , la reaction a et6 bien vive , puisque nous ne pouvons fetre assez heureux pour en rencontrer qui n'aient pas change d'opinion.
Quepensent les maröcbaux civils de la ferrure podo-metrique? Nous n'h6sitons pas ä avancer qu'aucun d'eux ne voudrait occuper dans son atelier un ouvrier ou compagnon qui ne saurait ferrer que d'apres ce Systeme. Est-ce par aveuglement ou parce qu'ils pr6-ferent avec raison Texperience de celui qui ferre un pied avec melhodo, sans le secours d'un guide tout a fait mecanique ?
II y a cinq ou six ans que les esprits s'animaient sur la question du podometre; aujourd'bui personne ne parait s'en occuper. La ferrure podometrique est a pen pres tombee dans I'oubli.
MOYENS ATJTRES QÜE LE PODOMETRE POUVANT SERVIR A LA MENSURATION DÜ PIED.
Les moyens propres a mesurerlepieddu cheval, dont on faisait usage avant l'invention du podometre et dont on se sert encore aujourd'bui, sont assez nombreux. Tout nous porte ä croire que le maröchal conservera
-ocr page 474-
wm
I
Ilaquo; i
454 les bonnes et vieilles habitudes qui lui ont et6 trans-mi ses par les anciens.
Le vieux fer, qu'on appelle deferre, est un des moyens les plus simples ä mettre en usage pour se guider dans le cboix et la preparation du fer qui doit le remplacer. Tout aussi bien que le podometre il reprfesente la tour-nure du pied, et il a sur cet instrument l'avantage de donnerle degre d'ajusture qu'il convient de recbercher.
Dans beaucoup d'ateliers de Paris et de la province, on recueille avec soin les deferres de cbaque cheval; ell es servent a pröparer, a temps perdu, de nouveaux fers , qu'on conserve dans des casiers 6tiquet6s et numerotes avec soin pour cbaque client. Lorsqu'un cheval est conduit a I'atelier pour y etre ferr6 une deuxieme fois, ses fers sont prepares d'avance; on les fait porter tiedes sur le pied, c'est-ä-dire a peine chauffts, pour les modifier an besoin, ce qui souvent est inutile. On gagne ainsi un temps considerable: un cheval est ferrfe facilement dans I'espace d'une heure, tandis qu'il en faut deux si les fers n'ont pas 6t6 ajustfo d'avance.
Un moyen simple consiste dans I'emploi d'une paille pour prendre la longueur et la largeur du pied. Cela est bon pour un ou deux pieds, mais pour un plus grand nombre il y aurait nfecessairement confusion. D'un autre cöt6, la paille ne donne pas mtime les dimen­sions du contour du pied; il faut done que I'intelligence de l'ouvrier qui s'en sert suppl6e aux imperfec­tions de la mesure qu'elle fournit.
La feuille de papier pent servir pour prendre exacte-ment le contour du sabot, ou mfeme le contour extferieur
tl'
UM
r i.
-ocr page 475-
455 des fers fix6s sous les pieds. Ainsi, le maröchal qui veul ferrer ä froid des chevaux qui habitent la campagne et quirestent eloignes de saboutique, prend la mesure des pieds avec des feuiiles de papier numerotöes; il revient chez lui pröparer les fers.
ün compas d'epaisseur, la mesure mdlrique donnent aussi les dimensions du sabot.
On a proposö encore un proc6d6 qui consiste ä faire poser le pied du cheval sur une planche ou sur une plaque de tole, et ä tracer avecla craie une ligne dans le con­tour exterieur.
Enfin, le meilleur podometre est, sans contredit, le coup d'oeil de l'ouvrier, c'est-ä-dire cette habitude , ce savoir-faire qu'on acquiert par l'experience. Un bon marßcbal n'a pas besoin de tous ces podometres; il a bientut prepare , ajusle un fer, guide seulement par la vue du pied qu'il est chargö de ferrer, et encore n'a-t-il examine ce pied que pendant quelques instants.
30
-ocr page 476-
I #9632;
#9632;
* i
CHAPITRE XXVIII.
$1
FERUURE DES PAYS ETRANGERS.
Sommaiiie. — Considerations sur la manicrc de ferrcr des differenls peuplcs. — Fers etrangcrs a rainure : fers anglais, hanovrien , danois. — Fers sans rainure : fers allemand , suisse , Italien, cspa-gnol, portugais. — Fers .i epongcs rcunles : fcrs arabe ou barba-resque, marocain, lure, transjlvain.
m
mi
FERRÜRE DES PAYS ETRANGERS.
113
Bi-
L'examen des fers etrangers peut etre considere sous plusieurs points de vue.
La maniere de ferrer des differents peuples offre tant de diversite, que son 6tude präsente d'abord quelque intfer^t sous le rapport de la curiosity.
D'un autre cote, la science doit gagner dans les comparaisons qu'il est possible d'^tablir entre les diffe­rents systemes.
ßt 1
lei:
IT i, n
-ocr page 477-
457
Au premier coup d'ceil, on est frappe par la grande variöte de fers qu'on trouve dans cette etude. Mais bientot, en comparant entre elles ces modifications, on reconnait qu'elles ne dependent ni du caprice ni de la mode, mais qu'elles sont diclfees par des circonstances quelquefois exceptionnelles.
Tantöt ces fers sont confectionn^s d'apres la nature du sol; lantot leur forme est 6tablie d'apres la confor­mation des chevaux, leurs allures, leur genre de ser­vice.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; )
Ainsi, les fersarabes, barbaresques, turcs, sont converts; leurs eponges sont reunies; ils out une ajus-ture inverse, parce qu'on les applique sur des pieds creux, qu'il est utile de proteger contre le contact des sables brülants du desert.
La ferrure anglaise est etroite et sans ajusture pour la face inferieure du fer, les routes presentant une surface unie; de plus, ce mode est favorable an d6ve-lopement de la rapidite des allures.
Ne voyons-nous pas meme dans notre pays la ferrure etre modifiee suivant la nature du sol? Pour le cheval et le mulct, le fer n'a plus la meme forme, suivant que ces animaux doivent etre utilises sur les montagnes on dans la plaine. On applique le meme genre de ferrure dans les montagnes de l'Auvergne, dans les Alpes, dans les Cevennes, parce que les conditions du terrain sont les memes; les fers sont etroits et munis de cram­pons. Les chevaux qui suivent les routes unies on qui servent an labour ne sont plus ferres de la meme maniere.
Ajoutons a cela que la mode et souvent la speculation
-ocr page 478-
PT
458 sont venues apporter dans la ferrure des innovations qui generalement ont 6te bientöt abandonn£es. Ainsi, la ferrure ä croissant de Lafosse a du etre delaiss^e, malgr6 les avantages qu'elle semblait presenter pour la conservation de l'elasticite du pied.
Pendant quelque temps, on a cru que la ferrure anelaise allait detröner la ferrure francaise; mais le raisonnement a bientöt fait reconnaitre qu'on avait tout a perdre par cette substitution. Aujourd'hui quel-ques chevaux de luxe seulement sont ferres h Tanglaise, dans deux ou trois grandes villes, soit parce que cer­tains amateurs croiraient decboir de leur rang en adoptantun autre Systeme, soit parce que les marchands out interet h conserver cetle ferrure pour persuader une fois de plus aux acbeteurs que leurs cbevaux sont de bonne race et viennent d'etre importes.
Quelques peuples ne ferrent pas les cbevaux: on cite sous ce rapport les Tartares, les Etbiopiens , les Japo-nais.
Pour l'etude des fers strangers, on a propose une division en trois sections principales :
a.nbsp; nbsp;Fers a rainure , comprenant les fers anglais , hanovrien, danois.
b.nbsp;Fers sans rainure : fers allemand, suisse, italien , espagnol, portugais.
c.nbsp; Fers a Sponges reunies : fers arabe, marocain, turc, transylvain.
it,
A. FERS ETRANGEllS A RAINURE.
Du fer anglais. — La ferrure anglaise differe de celle
-ocr page 479-
459 qui est usilee en France sous bien des rapports. Le fcr a une forme toute difiiferente; on ne I'applique pas en suivant les menios principes.
Le fer anglais presente tout autour du bord externe de sa face infferieure une rainure dans laquelle les 6tampures sont percees.
Cette face n'a pas d'ajusture. Dans quelques ateliers eile est convexe, de sorte que le pied 6tant pose sur le sol, le fer pr6sente une surface inclinec de la rive ext^rieure a la rive interne, qui est la plus basse. Godwin n'est pas partisan de cette disposition , qui fait que le poids tombant directement sur la rive interne de la face superieure , et la paroi ne reposant que sur la rive exterieure du fer, toute la masse se trouve sou-tenue par les clous et leurs rivets (1).
Les rives sont en grande partie sous-martelees (under hammered), de sorte que la face inferieure du fer est plus large que le pied du cheval et le fait souvent se couper.
La face supferieure du fer präsente comme ajusture un glacis incline, une sorte de biseau, qui s'etend de dehors en dedans sur les deux tiers de son 6tendue.
Les fers anglais sont etroits et presentent partout une 6gale 6paisseur, exceptö aux Sponges, qui sont un pen plus epaisses que la pince.
On les üxe avec des clous dont la tfete a la forme d'un carreallong6 lat^ralement. Quandlaferrureest recente, ils depassent a peine la surface du fer.
En Angleterre, cbaque marechal a toujours un
(i) Godwin. Guide du FdMriuaire et du Mariehai. 1824.
,'
gt;
-ocr page 480-
460 approvisionnement de trois ä quatre mille fers forges d'avance. On a comparfe ces ateliers de marechalerie aux magasins des cordonniers de Paris, oü Ton trouve immediatement une chaussure pour les personnes qui se presentent(l).
(Fig. 117.) Fer anglais pour un pied de devant.
(Fig. 110.) Fer anglais pour un pied de derriere.
L'ouvrier anglais n'a pas besoin d'un aide pour ferrer; il tient lui-mßme le pied sur lequel il applique le fer. S'agit-il d'un pied de devant, il le tient enlre ses genoux. Quant au pied de derriere, il le fait reposer sur sa cuisse, un peu en dedans, apres I'avoir leve comme le font les garcons marechaux de notre pays.
D'apres ce Systeme , le pied est tenu moins haut; le cheval est moins fatigue pour l'application du fer. II est plus d'un animal qui se laisse ferrer tranquillement a l'anglaise et qui se d6fendrait si le pied 6tait tenu a la francaise.
9
Les Anglais ne se servent pas du rogne-pied pour
(1; Hiquet. Considdrations sur la Marechalerie et la Ferrure podomitrique. 1840, p. 18.
-ocr page 481-
4G1 parer les pieds; ils le remplacent par la rape pour abattre la corne qui est trop dure.
Dans une grande partie de 1'Angleterre, on se sert d'un boutoir qui presente une large lame, adaptee a un manche en fer, recourbö a angle droit et termine par une poign6e en bois, dont la surface est arrondie. Pour s'en servir, le ferreur , qui tient lui-meme le pied , appuie le manche de l'instrument contre une de ses öpaules et donne rimpulsion en dirigeant le tran-cbant des talons vers la pince. Get instrument defec-tueux ne permet pas de parer le pied bien r6guliere-ment.
(Vig. iL'}.)Cuuteau anglais (drawing-knife).
A Londres et dans les environs^
t
le boutoir aete aba ndomie comme
trop incommode; on doit cette amelioration au college veteri-naire. L'instrument adopte pour le remplacer et une sorte de cou-iean (drawing-knife); sa lame est recourböe sur le plat; le tran-chant n'existe que d'un cöt6; l'extrömite de la lame a la mfeme largeur que les autres parties et se trouve legerement relevfee , comme une rfenette. Le manche
4
est en bois ou en corne et prä­sente au plus un decimetre de longueur comme la lame.
On se sert de ce couteau comme de la renette. Avec l'instrument dont il s'agit, il est assez facile, pour peu qu'on en ait l'habitude , de parer le pied dans
ii
-ocr page 482-
462 toutes ses parties, quand la ferrure est souvent re-nouvelde; mais il est insuffisant lorsqu'il y a beaucoup de corne a abattre.
Les Anglais ont le d6faut de parer trop profondement le pied du cheval avec le drawing-knife, et d'amincir la sole et la fourchette jusqu'a la rosöe. C'est I'ouvrier qui laisse le moins d'epaisseur possible a la sole et a la four­chette qui passe pour le plus habile et le meilleur ferreur (1).
La ferrure a chaud est genferalement employee pour faire porter le fer sur le pied ; I'ouvrier engage un poincon dans une des 6tanipures et le transporte sur le sabot du cheval. D'apres Godwin , on expose la corne a Faction de la braise pour la ramollir et la parer plus facilement , ce qui est certainement une mauvaise methode.
Quand le fer a 6te präsente sur le pied et quand il a les dimensions convenables , les clous sont broches pour le fixer.
Ce n'est pas avec le rogne-pied qu'on fait sur le pied la trace du rivet, mais avec la rape; ensuite la surface de la paroi est räpöe de haut en bas pour faire disparaitre les in6galit6s qu'elle präsente.
^vantages de la ferrure anglaise. — Le fer, qui est etroit, a l'avantage de ne pas retenir la boue et les pierres, qui finiraient par contusionner la sole. La forme de i'ajusture concourt encore a ce resultat, le
(ij Barthelemv jeune. Recueil de Midecine vitirinaire. 18^0; p. 257.
-ocr page 483-
463 biseau de la face sup6rieure du fer fetant oppos6 ä celui de la sole.
Ce Systeme de ferrure doit fetre favorable äla rapiditfe et ä la solidity des allures de la plupart des chevaux anglais. Dans les allures rapides, le cheval pose le pied imm^diatement sur toute sa surface, tandis qu'on n'au-rait pas ce r6sultat si le fer etait disposö en forme de bateau; il le releve avec plus de promptitude. Toute-fois, les reactions sont plus violentes; l'usure du cbeval est plus prompte.
Lest^tes de clous sont efiac^es; la surface inferieure du pied est tout a fait plane; la station est plus ferme.
Sur un terrain sablonneux et uni, le cheval est moins susceptible de buter; dans ce cas, le dgfaut d'ajusture n'est pas aussi nuisible qua sur un terrain irregu-lier.
Defauts et inconvinients. — Si la ferrure anglaise pent amp;re consideree comme favorable ä la conservation des bonnes qualites des chevaux sous le rapport des allures, eile ne saurait convenir pour les diverses formes que le sabot est susceptible de presenter.
Les Anglais, dit Delabere-Blaine, n'ont peut-etre rien a d6sirer pour la ferrure des bons pieds , mais il n'en est pas de meme pour les pieds malades.
Un fer trop etroit ne protege pas assez le dessous du pied; il ne saurait convenir pour les pieds plats et combles.
L'etroitesse du fer et le döfaut d'ajusture rendent les allures trop incertaines sur le pave pointu de la plupart
i
-ocr page 484-
464 de nos grandes villes. A Lyon, cette ferrure a 616 employee pendant quelque temps sur les chevaux de luxe; il a fallu y renoncer.
Par l'action de parer le pied ä fond avec le couteau anglais , on determine le dessechement de la sole et la contraction du sabot. En se rötractant, la sole exerce une fächeuse influence sur les quartiers. Si Ton ajuste un fer qui porte leplus exactement possible sur toutle bord plantaire de la paroi, et qu'on laisse pendant un jour ou deux le cheval dans l'ecurie sans le ferrer, on verra', en pr^sentant le fer sur le pied , qu'il ne porte plus que sur la pince et les talons (1).
Trop juste en quartier et en talons, le fer anglais est nuisible ä l'felasticitfe du pied,
Le defaut d'ajusture contribue ä rendre les reac­tions plus violentes et ä produire plus rapidement la ruine des extreraitös.
D'apres les auteurs anglais, c'est cemauvais Systeme de ferrure qui fait qu'en Angleterre il y a une si grande quantity de chevaux boiteux. On n'y observe pas seu-lement les maladies des gaines tendineuses, des tendons et des articulations qu'on rencontre partout, mais encore ces claudications incurables causees par cette affection particuliere que les Anglais nomment la con­traction et que nous appelons la maladie naviculaire.
Godwin proclame la superiorite de la ferrure fran-caise sous ce rapport, et declare que par cette methode il a rötabli pour le travail bien des cbevaux dont les
(1} Barthelemi jcune. Discussion sur la Ferrure, Rccueil de Mtdecine vJtirina're. I8\(i, p. 2ü6.
-ocr page 485-
465 membres ölaient ruinös par la ferrure anglaise (1). Enfin , le Systeme de ferrure de nos voisins est moins solide et par consequent plus dispendieux que 1c nötre.
Fer hanovrien. — II ressemble beaucoup au fer anglais. On a dit que les fers hanovriens out servi de modele pour faire les fers anglais; si cela est vrai, il faut reconnaitre que ces derniers out et6 bien perfec-tionnes.
Le fer hanovrien, qu'on a appele aussi fer anglo-alle-mand, tient du fer anglais par la rainure de sa face införieure et du fer allemand par son volume et ses eponges, qui sont munies de forts crampons, aplatis dans le sens de leur longueur. L'ajusture est semblablc a celle des fers francais.
9
Pour les chevaux de trait, on soude sous la pince de forts crampons qu'ou nomme des grappes.
Fer danois. — Comme les fers hanovriens, les fers danois sont assez grossiers; ils portent d'enormes cram­pons en pince et en eponges; ils out une rainure comme les fers anglais.
On retrouve une disposition semblablc dans les fers en Prusse et en Russie.
B. FERS SANS RAINURE.
Fer allemand. — C'est le plus defeclueux, le plus
(1) GoDWiiv. Nomeau Systeme de fcrrer les chevaux. Londrcs, 1820.
||
-ocr page 486-
466
nuisible sous le rapport de la conservation des aplombs et des proportions du pied.
La ferrure qu'on emploie
(Fig. 120.) Per allemand.
dans le Wurtemberg , la
Saxe, la Baviere, sur les bords duRhin, consiste dans l'usage de fers lourds, 6pais, mal for­ges , etamp^s ä gras.
Ces fers sont fabriqu6s in-dififeremment pour le pied droit ou pour le pied gauche, pour
les membres de devant ou pour ceux de derriere. La figure 120 represente un de ces fers. Us sont munis d'enormes crampons carr6s ä l'extrö-mitö de chaque brauche; souveut ils en out un troisieme en pince.
(Fig. 121.) Fer ä trois crampons, du duchi de Nassau.
On voit dans la figure
121 un fer ä trois cram­pons que nous avons re-cueilli, en 1851, sur le pied d'un cheval qui arrivait du duch6 de Nassau.
En Allemagne, beaucoup de chevaux out les pieds larges, ä corne molle, peu r6sistante. Cette ferrure grossiere ne pent avoir que des inconv^nients. Aussi doit-on lui attribuer i
'my
-ocr page 487-
467
#9632;
le mauvais 6tat du sabot d'un grand nombre d'ani-maux.
Elle doit beaucoup nuire aux allures rapides.
Fer suisse. — On le d^crit comme confectionne tres grossierement. II est large et 6pais; les 6ponges sont roulees en contre-bas en forme d'anneau.
Ce fer est applique sans distinction pour tons les cbevaux dans une partie de la Suisse et dans quelques departements francais qui constituaient autrefois la Francbe-Comt6.
Fer ilalien. — L'Italie est une des premieres nations qui se sont distingu^es dans l'art de la marecbalerie ; mais eile est tellement restee stationnaire sous ce rapport, que le fer ilalien est consider^ comme le plus mauvais de tous.
Ce fer est difTorme, fepais , pesant; il a peu d'ajus-ture; les eponges sont d'uneepaisseur excessive, propre a ^eraser les talons.
Rien n'est aussi difforme, aussi mal raisonne que le fer couvert que les marechaux Italiens appliquent sur les pieds plats ou combles. La mauvaise ajusture de ce fer deleriore bientöt le sabot, renverseles quartiers en debors et devient une cause frequente de boiterie.
Dans la partie sup6rieure de l'Italie, la ferrure se rapproebe de celle qu'on pratique en France; dans I'autre partie de cette contrise, eile est semblable a celle des Allemands.
Fer espagnol. — 11 ressemble au fer francais et ne
-ocr page 488-
468 parait pas 6tre aussi defectueux que le fer allemand, quoiqu'il laisse encore beaucoup a dösirer.
On distingue le fer espagnöl proprement dit et le fer horde.
Le fer espagnöl proprement dit a les branches lon-gues; les etampures sont mal disposes et placöes trop a gras, surtout en dedans.
Cösar Fiaschi appelle fer ä Varagonnaise le fer dont les eponges presentent des crampons bauts et pointus.
On donne pen d'ajusture a la ferrure espagnole, les cbevaux ayant la sole creuse, les talons bauts et forts.
(Vig- 122.) Fer espagnöl horde a deux crampons.
Le fer espagnöl horde presente dans toutlepour-
tour de sa face inferieure
un rebord sa ill ant comme on I'observe dans les fers orientaux. Cette bordure a sans doule pour but d'empfecber les cbevaux de glisser {fig, 122).
L'usage de la ferrure a
froid est a peu pres gene­ral en Espagne. Les mar6cbaux parent les pieds en se dirigeant des talons vers la pince; ils se placent a cote du teneur de pieds et poussent le boutoir avec le ventre. Parmi les inconvenients de cette ferrure , on trouve le peu d'ajusture du for, qui dispose les cbevaux a butcr souvent , et l'exces de longueur des eponges, d'ou resulte l'action de forger.
-ocr page 489-
4G9
Fer porlugais. — II a beaucoup d'analogie avec le fer arabe. Les eponges sont r6unies; les bords du fer font saillie inftsrieurement. Les clous out la tete arrondie.
La partie qui est formee par la reunion des deux branches du fer est recourb6e vers la face inferieure, de maniere a former un rebord qui donnc plus de sürete aux allures du cheval sur les terrains diQiciles ä parcourir.
C. FERS ETRAIfGEBS A EPONGES REÜNIES.
Les peuples orientaux ont une maniere de ferrer assez singuliere, et qui differe tellement decequ'on fait dans les diverses contrees de l'Europe, que leur ferrure ne doit certainement pas avoir la m^me origine.
Lcurs fers sont legers et recouvrent presque toule la surface inferieure du pied. Les ouvriers qui les forgent ne sont pas cbargßs de les appliquer; le vrai marecbal achete les fers tout fails.
Fer arabe, barbaresque. — Le fer que les Arabcs appliquent sur le pied du cbeval dans les Etats barbares-ques de l'Algerie a une forme presque carr6e; il est lronqu6 en pince; les mamelles sont arrondies et fort saillantes; la largeur est plus prononcee en avant qu'en arriere; I'ouverture centrals est semblable a un carr6 long; la largeur de la couverture est egale sur la pince et sur les branches; les Sponges amincies se chevauchent sans se souder. Les etampures sont au nombre de six , dont trois de chaque cote; elles sont rondes.
-ocr page 490-
470 Ce fer forme une plaque peu epaisse, qui präsente un rebord sur la rive externe ä sa face införieure.
(Fig. 123.) Fer arabe.
La figure 123 repr6senle
un fer arabe que nous
avons apportö de Constan-tineen 1846. CeferdifTere de celui de la province d'Alger en ce que ses 6ponges sont contournees sans chevaucber l'une sur l'autre,
Les clous arabes ont une
forme toute particuliere; leur tete ressemble ä une pyramide tronquee et se trouve un peu aplatie; la lame est forte et carr6e. Ils ne s'enclavent pas dans les 6tampures par leurs tamp;es. Quand ils ont ete broches , ces tetes sont si rapprochöes les unes des autres, qu'elles formentäla face införieure du fer un rebord saillant de la bauteur de quelques millimetres.
On forge le fer arabe avec du fer doux, qu'on chaufie au cbarbon de bois; on l'ajuste äcbaud;le rebord de la rive externe est fait ä froid.
L'ajusture est disposee en sens inverse de celle des fers francais; ainsi, la surface inftrieure, qui est en rapport avecle sol, est concave; la surfacesupörieure, qui repond ä la sole, est convexe. Le fer porte sur le sol par son rebord extörieur et par la ligne saillante que les clous decrivent.
Les Arabes ferrent ä froid. Tous leurs instruments sont grossiers; le brocboir est fort petit relativement au
-ocr page 491-
471 volume des clous donl on sc sert; les tricoises peuvcnl ä peine couper les lames de ces clous; aussi les rivets sont toujours longs de quelques millimetres. Le boutoir mferite une mention toute particulierc; il rcssemble ä la serpe qu'on voit chez les fabricants de sabots et nc pent servir qu'ä parer le pied fort grossierement.
Nous avons dit que le fer avait la pince tronqute et carree; il en resulte que, lorsqu'il est appliquö sur le pied, la corne garnit considerablement. Une fois que Tanimal est ferr6, le marechal place chaque pied sur un billot et retranche de la paroi tout ce qui garnit, quel-quefois meme en offensant les parties vives; il met un pen de poussiere sur la partie qui donne du sang et lermine ainsi son operation.
On ne ferre le plus ordinairement que les pieds de devant. La ferrure est renouvelee au bout de deux ou trois mois, quand eile est complötcment usee.
— Au premier aspect, la ferrure arabe inspire peu de confiance ; on se dcmande si les chevaux ferres aussi grossierement et d'apres un pareil Systeme pour-ront marcher sans boiter.
Pour peu qu'on rellechisse sur les particulariles qu'on observe , on arrive bienlöt äse rendre compte de quel­ques unes de leurs dispositions.
Ainsi, les fers sont legers et disposes comme les fers ä planche; les eponges, contournees sur les glomes de la fourchette,les comprimentet concourent äconserver l'elasticitö des parties posterieures du pied.
L'ajusture prösentant un plan incline de dedans en dehors , il en resulte que le poids du corps porte sur le bord externe de la paroi et concourt a ecartcr les quartiers et les talons.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;31
-ocr page 492-
472
Le renversement de la rive externe favorise les ani-maux pour gravir les chemins escarptjs, et concourt a donner aux chevaux barbes cette agilite et cette har-diesse avec laquelle ils parcourent les lieux les plus accidentes.
Par le raccourcissement donnö a la pince, le poids du corps est reporte en partie en avant; cette precau­tion 6tait n6cessaire pour la plupart de ces chevaux, qui sont long-jointes.
A cote de ces avantages , on trouve dans la ferrure arabe des inconvenients et quelques d^fauts.
La forme de l'ajusture ne convient que pour les cbe-vaux dont les sabots sont sees, resistants; la corne humide et molle cederait bientöt aux efforts exerces sur les clous et rendrait la ferrure impossible. Sur quelques chevaux la sole doit etre facilement battue, contusionn^e.
Nous avons vu que le fer etait d^borde par la corne; il est done trop petit et doit nuire aux mouvements de l'^lasticitö du pied. L'aclion de raccourcir la pince est souvent une cause d'accident. Les clous sont grossiers, a lame forte ; ils doivent frequemment blesser les pieds du cheval.
Fer marocain. — II a la forme d'un V. La pince est carr6e ; les mamelles sont fort saillantes; les branches se reunissent en se soudant et forment une plaque qui r6pond an milieu de la partie posterieure de la four-chette; I'ouverture cenlrale est triangulaire. Les 6tam-pures sont au nombre de six, dont trois de chaque c6t6 ; elles sont rondes, comme dans le fer arabe.
-ocr page 493-
473
(Fig. 121). Fermaroeain.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; On voildans la figure 124
le dessin d'un fer marocain qui nous a et6 envoyö, apres la batailled'Isly, par M. Vallon, v6t6rlnaire dans un regiment de chasseurs. Ce fer et quel-ques instruments avaient 6te trouvös dans la tenle d'un marechal marocain, apres la deroute qui suivit le combat. M. Gourdon nous a rapport6 d'Afrique un fer tout a fait semi)]able.
Le fer marocain difiere done du fer arabe en ce qu'il a les branches beaucoup plus rapprocbees l'une de l'autre vers les talons. On trouve encore des difTamp;rences dans I'ajusture, qui, dans Tun et l'autre fer , est con­cave en ce qui concerne la pince. Les branches du fer marocain sont plates, et leur point de reunion est ajust6 en forme de bateau; dans cette partie le fer est releve du cote des talons comme le fer francais Test du cote de la pince.
(Fig. 123.) Fer turc.
Ferturc.—II rcpresente une plaque de fer mince et large qui recouvre pres-que toutejla face infe-rieure du pied.
Onvoitdanslafigurel25 un dessin qui indique la forme de plusieurs fers ••arcs rapporles de Con-
-ocr page 494-
474 stantinople par notre collegue, M. Lecoq, directeur dc l'Ecole de Lyon.
Le milieu du fer präsente une petite ouvertur^ cir-culaire destinte sans doute ä laisser 6couler I'eau qui s'insinue entre le pied et le fer. Un rcbord saillant, dentelfe par des coups de ciseau, existe dans tout le pourtour de la rive externe. Les etampures sont rondes et au nombre de huit, dont quatre pour chaque
brauche.
Dans le fer turc la pince est fortement'couverte , a ajusture legerement concave; les 6ponges sont sou-does et relevees de chaque cöte des talons, comme dans le fer marocain.
La forme des clous est tres bizarre. Chacun d'eux a la tete pointue et munie a sa base de deux prolonge-ments anguleux ; cette disposition leur permet de se soutenir reciproquement. Un des prolongements de la tete du premier clou est reconvert par la meme partie de la tete du second, et ainsi de suite.
Fer transylvain. — Le fer qu'on applique dans la Transylvanie ressemble au fer marocain. II est beaucoup plus convert.
II a les Sponges contournöes en forme de V , röunies entre elles, de teile sorte qu'elles forment une mouche fort evasee.
Les etampures sont rondes, au nombre dc six.
L'ajuslure se rapproche de celle de nos fers.
-ocr page 495-
CHAPITRE XXIX.
FEURURE DU MUßET ET DE L'ANE.
Sommaire. — Ferrure du mulct-----Des formes qu'on donne aux fers
du mulet. — Modifications de la ferrure des mulcts suivant lesloca-Ulis et les services. — Considerations sur la largcur de la ferrure du mulet. — Ferrure de l'anc.
FERRURE DU MULET.
La ferrure du mulet consiste, comme celle du che-val, dans Tapplication d'un fer qui est fixe par Timplan-tation des clous dans la paroi du sabot.
Les memes principes gen6raux doivent etre suivis pour les uns et les autres de ces animaux. Quelques principes particuliers meritent d'appeler notre atten­tion sous le rapport ues differences quc la disposition du fer pent presenter et des circonstances qui les recla-ment.
-ocr page 496-
476
11 y a, dans la conformation du pied du mulet, des particularitös ä signaler. Ainsi , le sabot est plus allongö d'avant en arriere, plus ^troit sur les c6t6s ; la sole est creuse; les talons sont elev6s; la corne de la paroi a plus d'epaisseur que dans le cheval. La base de sustentation est plus restreinte comparativement; eile se rapproche de la forme d'un quadrilatere.
Ces considerations ont du dieter les modifications qu'il convenait d'apporter dans la ferrure.
DES FORMES Qü'ON DONNE AUX FERS Du MÜLET.
La forme du fer des mulets varie suivant les loca-HUiS et le genre de travail qu'on exige de ces ani-maux.
On peut nöanmoins assigner des caracteres g6n6raux a ce fer.
(Fig. 126.) Fer de mulet pour tin pied de devant.
(Fig. i27.) Fer de mulet pour unpied de derriere.
L'id^e principale qui domine dans ce genre de fer­rure consiste a augmenter l'ötendue de la base de
-ocr page 497-
477 sustentaüon, et a donner, par consequent, au for une largcur plus grande que cellc du pied.
Les fers de mulct ont la forme carree ; les mamelles sont saillantes ; les branches sont droites et moins cou-vertes quc la pince; les etampures sont placeesa gras et pluspres de la rive interne que de la rive externe , afin de donner plus de garniture en dedans et en dehors.
Dans le fer de devant, les premieres etampures de la brauche externe sont placees pres de la rive inte-rieure; ellcs s'en eloignent k mesure qu'elles se rap-procbent de la brancbc interne. La brauche du debors est plus couverte que celle du dedans; l'epongc de cette derniere est terminee en pointe et se trouve un peu relevee du cote du talon.
Dans 1c fer de derriere , la pince n'a point d'etam-pures. Celles-ci sont disposees sur les branches, au nombre de quatre de cbaque cole. Les eponges sont terminees en pointe et relevees centre les talons , comme dans le fer genete.
On donne aux fers du mulct un peu plus d'ajus-ture qu'a ceux du cbeval , parce qu'ils ont plus de garniture.
Les Allemands menagent aux fers de derriere des mulcts un large et fort pincon , parce que , disent-ils , ces animaux forgent plus facilement que les chevaux ct frappent les talons ou les eponges des pieds de devant avee la pince des membres de derriere.
Les marechaux francais ne placent jamais de pincons aux fers de mulct.
II n'en est pas de meme des crampons. Les mulctiers de la montagne tiennent beaucoup a ce que les fers en
-ocr page 498-
478 soient munis; ils ont sans doutc quelque raison pour cela et veulenl ainsi empßcher les glissades sur les ehemins escarpes.
Mais, dans les pays de plaine, l'emploi des crampons serait irralionnel. II ne faut pas oublier que leur usage serait nuisible a la conservation des aplombs des mulcts, qui sont gen^ralement rampins des pieds de derriere.
Quand on ferre un pied de mulet, il faut avoir la precaution de le parer ä plat, d'abaisser un peu les talons, de ne pas toucber ä la fourchette, qui est tou-jours peu developpee. Les talons seront pares un peu plus, si Ton doit faire usage de crampons,
— Les marecbaux qui ferrent les mulcts ont con­serve une pratique fort ancienne , qui consiste a faire sur le bord inferieur de la pince une echancrure qu'on appelle un sißet.
D'apres Garsault, on applique aux mulets des fers converts ; on pratique le sifilet pour faire ecouler I'eau qui entre sous le fer et dont Taction permanente pour-rirait le pied (I).
Bourgelat considere le sifilet comme inutile et n'en conseille l'emploi que dans le cas de seime. Alors on lui donne la forme d'un arc d'une certaine 6tendue, pour empecber le fer de porter sur les bords de la paroi correspondant a la fissure (2).
L'ecbancrure, teile qu'on la pratique aujourd'bui dans la plupart des ateliers. n'a aucune utility, parce qu'elle se borne a la partie anterieure de la pince.
(1)nbsp; Gars.vui.t. lYouoequ Par fail Slariekal, i'aris, i'il.
(2)nbsp; BouiiGiaAT. Eisai sw la Ferrure. il'i.
-ocr page 499-
479
—nbsp; L'implantation des clous destines h fixer les fers de mulet offre quelques diificultes, a cause de la direc­tion perpendiculaire de la paroi et de la duretfe de ses couches exterieures. On fera usage de clous a lame fine et dont I'affilure aura plus d'obliquiMn que dans les cas ordinaires.
MODIFICATIONS DE LA FEKRUIIE DES MüLETS SÜIVANT LES LOCALITES ET LES SERVICES.
Ces modifications varient suivant que ces animaux sont destines a travailler dans les montagnes ou dans la plaine, suivant qu'ils sont employes au service du bat ou a celui du trait.
Pour les mulets qui travaillent sur les montagnes et qui portent a dos dans les Alpes, dans les Pyrenees, le fer doit avoir moins de largeur que pour ceux qui travaillent dans la plaine. Un fer trop large donnerait moins de sürete aux allures, parce qu'il exposerait I'animal a glisser sur les routes qui sont dures, sur les rochers; il aurait, en outre, l'inconvenient de retenir le pied entre les pierres et de s'arracher facilement.
Dans le Languedoc, dans la Gascogne, sur les fron-tieres d'Espagne, les mulets out une ferrure du genre de celle qui vient d'etre decrite. Ils sont employes alter-nativement dans la montagne et dans la plaine; le fer qui garnit le moins est celui qui leur offre le plus d'avan-tages.
—nbsp; II est d'autres contr6es dans lesquelles les mulets sont generalement utilises pour porter h dos et oü Ton emploie constammcnt le fera laflormlim {fig. 128),
-ocr page 500-
480 Ce fer cst ainsi iiommA parce
FerdomZftäf^llorentine.W'™ s'en sert beaucoup en
Italic et surtout aux environs de Florence. Son usage est re-pandu egalement dans unc par-tic de la Provence.
II cst remarquable par la disposition de la pince, qui cst beaucoup plus couverte et plus prolongee que cellc du fer or­dinaire et dent I'ajusture est plus relevee. La pince cst ter-minee en pointe et contourn6c en dedans. II serait difficile de trouver des arguments pour soutcnir ce genre de ferrure, qui cst sans utility reelle. Quelques anciens auteurs 6taient partisans du fer a la florcntinc.
Garsault s'exprimait ainsi: laquo; Aux mulcts qui out bon raquo; pied on met des fers ä la florentinc, et ä ceux qui raquo; l'ont plus faible on met des plancbes; quand ils sont raquo; encasteles , on ajuste les planches a pantoufle , raquo; comme aux chevaux. raquo;
Pour les mulels de bat ou de somme, Bourgelat pres-crivait le fer a la florentine. II recommandait, pour les mulets de charrette et de trait, le fer carr6, qui va fetre döerit.
De son cöt6, Lafosse s'ölevait avec force contre la ferrure trop large que, de son temps aussi, on appliquait aux mulets.
— Enfin , on emploie, pour les mulcts destines au service du trait, ce qu'on appclle la ferrure carree.
-ocr page 501-
481
Elle consiste dans l'usage de fers ä forme carree, ä pince courte , peu prolongee, pour laisser aux mulets la faculty de se cramponner plus facilement sur le terrain lorsqu'ils tirent ä plein collier.
C'est ainsi qu'est disposee la ferrure provencale, qu'on pratique dans le midi de la France en remontant jusqu'aLyon.
La Guillotiere est la ville oü les maröchaux ex^cutent avec le plus de perfection ce genre de ferrure. Les routes du Midi et de l'Est venant ä peu pres toutes aboutir ä ce point central, c'est lä qu'on ferre le plus de mulets de trait.
Les fers que les rouliers du Midi font placer aux pieds de leurs mulets ressemblent assez ä ceux des figures 126 et 127. Ils ont la pince plus carree. Ces fers sont tres 6pais, pour qu'ils puissent durer plus longtemps. Cet exces d'6paisseur est nuisible en ce qu'il fatigue l'animal, le rend lourd, le fait trainer les pieds et user ses fers plus vite.
On s'accorde partout pour considerer cette ferrure carree comme tres avantageuse sous le rapport de l'economie et du service des animaux.
CONSIDERATIONS SUR LA LABGEUR DE LA FERRURE DU MULET.
Ce qui frappe le plus , quand on examine la ferrure du mulct, c'est l'exces de largeur qu'elle presente comparativement ä celle du cheval. On estporte immc-diatement ä demander la cause de cette difference.
A-t-on pour but d'^largir la base des sabots du
-ocr page 502-
482 mulet et de corriger le travail de la nature ? ou bicn recherche-t-on ainsi une ferrure plus 6conomique ?
Les mulets ont le sabot plus ötroit que les chevaux; cette conformation naturelle les rend tout ä fait pro­pres ä travailler dans les pays montagneux.
Le petit volume de leurs pieds n'est pas une d6fec-tuositö, puisque ces animaux sont moins exposes que les autres solipedes aux maladies du sabot. II n'y a done rien ä corriger ici sous le rapport de la con­formation.
Une ferrure large serait seulement recherchee pour donner plus de solidite ä un animal qui ne travaillc qu'ä des allures lentes. CJest I'opinion des anciens hippiatres ; on peut l'adopter sans inconvenient, parce que les mulets ont rarement le defaut de se couper.
Mais on peut faire des reprocbes serieux ä la ferrure qui presenterait un exces de largeur.
11 en resulterait d'abord l'augmentation du poids du fcr et un exces de fatigue.
D'un autre cote , trop de longueur donnee ä la pince dispose l'animal ä devenir rampin ou pincard , ä con-tracter des maladies des tendons.
Un fer trop large est retire difficilement des terrains humides , des bourbiers dans lesquels le pied est en-fonce.
C'estl'economie qui devra le plus contribuer ä con-server le Systeme qui consiste ä appliquer des fers larges aux mulets.
Dans ses lecons de marechalerie, M. Rainard faisait ressorlir les raisons qui militenl pour sa conservation.
-ocr page 503-
483 II pensait que, s'il 6tait Evident que les fers larges du mulet nuisent aus extrömites, il serait facile d'y faire renoncer les marecbaux. En effet, cette pratique ne leur est pas avantageuse; ils sont obliges de fournir des fers tres pesants, qu'on ne leur paye pas davantage que des fers legers. II observait que fort peu de propri6-taires d'animaux renonceraient ä cette melbode, parcc qu'ils n'y trouveraient pas leur compte.
— Le pied du mulet est expose ä des defectuosites, a des maladies , contre lesquelles la ferrure offre des ressources.
On emploie quelquefois le fer de mulet a planche , ä dessolure, a. plaque , etc.
Leur description nous parait inutile, parce qu'on les confectionne d'apres les memes regies que nous avons donnöes pour le cheval.
FERRURE DE l'aNE.
Le sabot de l'äne est plus epais et plus resistant que celui des autres animaux solipedes ; aussi la fer­rure n'est pas aussi indispensable pour sa conser­vation.
En France, il y a beaucoup de localites dans les­quelles les änes ne sont pas ferres. En Espagne, on ne ferre pas toujours les änes qui servent au transport des marchandises sur des cbemins rocailleux. En Afrique, les änes ont toujours le pied nu.
Les extremiles de l'äne ayant la meme forme quo celles du mulet, on emploie des fers du meme genre.
Les fers ne sont pas aussi largesqueccux qu'on appli-
-ocr page 504-
w—mm
484
que au mulct, parce que, les änes 6tant moins lourds, moins grands , ces fers ont plus de duree; on leur donne done moins de garniture.
(Fig. 129.) Fer d'äne pour im pied de devant.
(Fig. 130.) Fer d'äne pour un pied de derriäre.
On se contente ordinairement de cinq ä six 6tam-pures. Les fers de derriere sont plus souvent munis de crampons que ceux de devant..
Le fer ä la florentine n'est pas employe pour l'espece asine.
— Sous le rapport pathologique, les pieds de l'fkne offrent cette parlicularite , qu'ils sont plus exposes que ceux du cheval et du mulct aux maladies par alte­ration de la corne.
Souvent ils sont atteints de la fourmiliere; on voit alors une desunion de la corne et du tissu feuillete dans la region de la pince et la formation d'un espace vide qui contient quelquefois du sang dessechö.
Une autre affection plus commune, surtout dans les pieds de devant, est la crapaudine, vulgairement mal d'äne. Cette alteration du sabot est caractamp;risee par des rugositös et des fissures transversales ä la direction
-ocr page 505-
485 des fibres de la paroi. Dans le döbut, on amincit avec la rape ces irregularites, et Ton applique de l6gers caustiques pour modifier la s6cr6tion de la come. On se sert d'abord de l'acide nitrique ou de l'onguent jegyptiac, pour modifler la nature des tissus. Plus tard on applique de l'onguent de pied pour donner de la souplesse a la corne de nouvelle formation.
-ocr page 506-
CHAPITRE XXX.
FERRÜRE DU BOEür.
Somma.re. - Emploi de la terrure pour 1c beeuf. - Description des fers du boeuf. - Precautions relatives a la ferrure des an.mam didaetyles. - Ferrurcs anormales pour les boeufs.
EMl'LOI I)E LA FEBBTJRE TOUR LE BOEUF.
Le quot;pied du boeuf differc csscnlicllement du pied du cheval. II est divisö dans le sens de sa longueur en deux parties egales, qui constituent les doigls. Ccs deux parties sont terminees par unc boite cornee , qu'on appclle onglon ; la reunion de ces deux onglons repre-sente ä peu pres la forme du sabot des solipedes.
On ne trouve pas dans le pied du bcEuf la four-chctte, le coussinct plantaire, les cartilages lateraux qui existent dans le cheval. U presente entre les doigts
-ocr page 507-
487 un ligament qu'on nomme inlerdigile, qui previent un 6cartement trop considerable et concourt a augmenter r6lasticit6 de cette region.
Sous le rapport de la ferrure, on reconnait dans le pied du boeuf: hpince ou partie ant6rieure de l'onglon , les mamelles, les quartiers et les talons.
Le but principal de la ferrure pour le boeuf consistc a preserver de l'usure la corne qui constitue les onglons. Quelquefois l'application du fer sert a guerir les maladies. II est rare qu'on I'emploie pour rem^dier aux defauts d'aplomb.
Elle n'a pas l'inconvenient de nuire, autant que dans le cheval, a l'ölasticite du pied ; les mouvements dc dilatation et de resserrement existant surtout vers la division des pbalanges, l'application du fer n'a aucune influence sur cette partie.
La ferrure du boeuf n'est pas aussi generalement employee que celle du cbeval. 11 y a des localites dans lesquelles on ne ferre pas les boeufs; dans quelqucs autres on se contente de ferrer l'onglon externe des membres ant^rieurs. Enfin , on ferre les deux onglons des boeufs et des vaches qui travaillent sur des routes ferries, sur des chemins rocailleux, ou qui sont em­ployes pour le service du halage.
En general, on apporte peu de soins a la confection du ferrage des boeufs.
DESCRIPTION DES FEI5S DE fiOEUF.
Les fers de boeuf sont divises en deux parties; cha-
32
-ocr page 508-
488
(Fig. 131.^ Fer de bceuf.
cune d'elles represente une plaque de deux ä trois milli-
melres d'epaisseur, dont la forme reproduit celle de la face inferieure de l'onglon; cette plaque est plus large vers les talons que dans les autres par­ties {ßg. 131.) La forme du fer repr6sente le quart d'une
surface ovalaire. Les etampures sont au nombre de quatre ä six; elles sont placees pres du Lord externe, assez rapprochees l'une de l'autre.
La face superieure du fer est concave dans une par-tie de son etendue; eile est aplatie vers le Lord qui porte les etampures, pour en faciliter l'application. La face inferieure est legerement convexe.
Sur la rive interne, le fer porte un prolongement qui s'en detache ä angle droit, et qu'on plie ä froid sur la paroi, pour remplacer les clous qui manquent de ce cöte. Un peu en arriere de ce prolongement existe un pincon qui correspond ä l'enfoncement de la partie interne du pied, et qui est destine h empecher les gra-viers de s'introduirc sous le fer.
Dans un grand nombre de localiles, on forge les fers de boeuf saus faire de distinction pour l'onglon du dedans ou du dehors. Dans d'autres endroits, on donne un peu plus de largeur au fer interne.
Bourgelat s'est occupe des proportions du fer de boeuf; ilapris pour terme de comparaison la largeur du bord posterieur du fer.
.
-ocr page 509-
489
D'apres cet auteur, la longueur totale du fer, a. compler de son extremite anlerieure ä la rive post6-rleure , est de deux fois sa largeur ä cette meme rive ; cette largeur simple est la mamp;ne ä la seconde etampurc en talon , mesurfe de la rive externe a la rive interne.
Gohier donne ä ce fer plus de longueur que Bour-gelat. Cette longueur doit fetre, d'apres lui, de deux fois et demie sa largeur, vers le meme point de compa-raison.
Avant de fixer le fer sous I'onglon , il faut lui donner une ajusture qui consiste a relever un peu la rive externe et l'eponge, pour imprimer ä la face superieure un degr6 d'incurvation en rapport avec la disposition de la sole.
PRECAUTIONS RELATIVES A LA FERKURE DES AMMAUX DIDACTYLES.
Quand le fer est applique sur I'onglon , il faut que l'ajusture soit, teile que le fer porte principalement sur les bords, sans les depasser.
II Importe de parer les pieds avec prudence, de ne pas trop diminuer l'epaisseur de la sole pour ne pas s'exposer a la blesser.
La paroi a peu d'epaisseur, aussi les clous ne doivent pas etre enfoncös profondement; ils doivent sortir a dix ou quinze millimetres au-dessus du bord införieur.
Pour fixer le fer, on se sert de clous a petite tete , a lame mince. Comme la corne est tres dure, quelques maröchaux ont l'habitude de tracer le passage du clou avec une alene. Cette ferrure n'a jamais autant de soli­dity que cclle du chcval.
-ocr page 510-
(Fig. 1320 Pied lt;le bwufferra.
490
Lorsque le pied est ferr6 , on rabat sur la paroi, avec le bro-choir, le prolongement de la rive
interne du fer, comme on le voi1 dans la figure 132, qui repr6-sente un pied de boeuf ferrö.
— Quelques circonstances particulieres exigent des modifi­cations dans la ferrure des boeufs.
Ainsi, les animaux qu'on utilise pendant l'hiver et qu'on fait travailler sur un terrain
glissant doivent 6tre munis de crampons ä la partie antörieure ou ä la partie posterieure du fer. Ces crampons pen eleves empecbent les glissades et permettent aux boeufs, qui sont en general tres peureux, de marcher avec sürete.
—nbsp; Tout aussi bien que le cheval, ces animaux sont exposes ä des accidents par suite de l'application du fer.
Assez souvent on les ferre ä froid; ils sont done moins exposes ä la brülure de la sole.
Ils sont quelquefois atteints parla piqüre, l'enclouure et autres affections que nous avons mentionnees pour les solipedes. On y remödie de lamfememaniere.
Dans ces maladies, la suppuration amene fröquem-ment le decollement entier de l'onglon malade. Cet accident est moins grave que sur le cheval, parce qu'iraquo; ne se produit que sur un seul doigt.
—nbsp; Enfin, les boeufs sont generalement difficiles ä
-ocr page 511-
491 ferrer. Dans les campagnes, on se serl a peu pres parlout du travail pour les contenir pendant qu'on les ferre.
Les animaux qui se delcndenl, 6prouvent parfois des accidents graves. On ne saurait recommander trop de precautions pour les 6viter.
FERRURES ANORMALES POÜR LES BOEÜFS.
De raeme que pour les animaux solipedes, on em-ploie quelquefois pour les boeufs des fers palhologiques, dans le but de faciliterla guörison de quelques maladies du pied.
Parmi les inventions assez peu nombreuses qui on I ete faites sous ce rapport, il en est qui consistent en des complications inutiles de la ferrure ordinaire; d'au-tres offrent a peine quelque utility.
On a fabriqufe des fers de boeuf ä patin , ä bosse , ä plaque, ächarniere, etc., en imitant plus ou moins les fers du meine genre qui out 6t6 decrits pour le cheval.
On a parlö du fer ä dessolure pour le boeuf, mais il faut reconnaitre que la conformation du pied rend son emploi nuisible ou insuffisant, parce qu'on ne pent pas implanter de clous dans la paroi de la face interne de 1'onglon. On fabrique le fer a dessolure avec un fer ordinaire, dont l'interieur est döcoupe de maniere a simuler le fer a plancbe du cbeval. L'application des 6clisses offre toujours quelques diificultes; il vaut mieux se servir du fer ordinaire dans le traitement des maladies de la sole , et se resigncr ä le detacher pour proc6der a chaque pan semen t.
-ocr page 512-
(Fig. 1330 Fer lt;* V^nce Proquot; longöe pour le bceuf.
492
— Dans son cours de mar6-chalerie , M. Rainard a donne
la description d'un fer ä pince prolongie, compose d'une seule piece, qui sert en mßme temps pour les deux onglons.
Ce fer porte une rang6e d'etampures ä chaque rive ex­terne ; dans le milieu de la pla­que qu'il represente est une 6chancrure longitudinale, aux bords de laquelle sont soudes
deux prolongements qui rem-placent les pincons des fers ordinaires et doivent fetre rabattus sur la paroi.
La pince est plus ou moins prolongee en forme de bec.
C'est pour le boeuf buchfe sur le derriere que ce fer a 6te imaging. On pourrait l'employer dans le cas de retraction des tendons , on bien encore pour empßcher 1 'ecartement des doigts et faciliter la cicatrisation des plaies de la region digitße.
—Nous bornerons ä ces quelques lignes la descrip­tion des ferrures anormales employees pour les ani-maux de l'espece bovine. Cette partie de la mar^cha-erie offre peu d'inter^t, parce que les sujets dont eile s'oecupe sont sacrifies pour la boucherie, des que leurs pieds pr6sentent quelque lesion grave dont la gu^rison doit se faire attendre.
F1N.
-ocr page 513-
TABLE DES MAXIERES.
Tap-,.
Introduction............................ j
Bibliographie de la marecralerie
CHAPITRE PREMIER, -de la siareciulerie. —Döfmition.— Origine du marechal. — Rapports de la marechalcrie avcc les autres branches de la mMccine vct^rinaire; son importance. — Prijuges contre cat art...................... 1
CHAPITRE II. — recherches historiqües sur l'oricine de la ferrüre du wed DD ciieval.— Histoire de la ferrurc du cheval.
—nbsp; Trois 6poques diffdrentes. — Premiere ipoque: Emploi des chaussures sans clous. — Deuxidme opaque : Introduction de la ferrure en France ct en Angleterre; obscurity sur son origine.
—nbsp; TroisUme ipoque : Etat de la ierrure dans les temps modernes............................. 9
CHAPITRE III. — ETUDE ANATOMIQUE DU PIED DU CHEVAL RELA-TIVEMENT A LA MARECHALERIE. — Etude du pied du cllCVal. —
Parties exterieures du pied : de la paroi ; de la sole; de la fourchette. — Parties renfermees dans le sabot: os du pied ; fibro-carlilageslatciraux. — Ligaments de l'articulation du pied; coussinet plantaire. — Tissu reticuluirc du pied. — Vaisscaui du pied.'—Nerfs du pied. — Organisation d'un pied bien con-forme. — ITsure naturelle du pied................23
CHAPITRE IV. — de l'elasticite du pied dans les animaux. — Definition de l'elasticite du pied; preuves de son existence. — Du röle rempli par la muraille ou paroi. — De la sole. — De la
-ocr page 514-
494
Pages.
fourchette. — Du fibrocartilage lateral de l'os du pied.— Con­clusions. —Elasticity du pled de l'änc et du mulet. — Elastieite du pled dans les bfites bovlnes..................31
CHAPITRE V. — be l'ateuer do sureciul et de ses depen-dances. — De Tatelier du marechal. — De la forge. — Du soufQel. — Des enclumes. — Des Instruments nöcessaires dans l'atelier. — Instruments disposes autour du foyer : lisonniers, pelle, ccouvette, tenaillcs, etc. — Instruments disposes autour de l'enclume : marteaux , itampe, poincon , ciseau ä froid, ciseau a chaud.......................... 66
CUAPITRE VI. — DES COMBUSTIBLES CONSIDERES SOUS LE RAPPORT
de la MAniicnALERiE. — Des charbons ; leur division en trois groupes. — Du charbon de bois. — De l'anthracite. — De la houllle. — Du coke. — Du lignite. — De la tourbe. — Des rfisidus fournis par la forge...................8t
CHAPITRE VII. — DU PER COXSIDER^ COMME METAL SOUS LE
Rapport de la MARECHALERiE. — Du fer. — Etat naturel. — Extraction du fer. — Propriötcs physiques. — Proprietiis chimiques. —Usage du fer dans l'atelier. — Fers du commerce.
—nbsp; Qualitcs a rcchercber dans 1c fer marechal. — De la fönte.
—nbsp; De l'acicr. — De la trempe de l'acier. — Emplol de l'acicr pour la ferrure du cheval....................99
CHAPITRE VIII. — action de forger. — De la forme qu'on donne au fer avant de le forger ; des lopins. — Action de forger le fer...............................110
CHAPITRE IX. — DU FER DE CHEVAL ET DE SES PROPORTIONS. —
Description du fer de cheval. — Differences entre les fers de devant et ceux de derrierc; entre le for du pied droit et celui du pied gauche. — Proportions des fers. — Proportions d'apres Bourgelat.— Proportions d'apres Gohier. — Systeme deLafosse.
—nbsp; nbsp;Comparaison des differents systcmes. — Regies suivies gen6ralcmenl pour les proportions des fers...........128
CHAPITRE X. — DES APPENDICES DU FER F,T DE L'AJUSTURE.—DeS
crampons : crampons fixes ordinaire , pyramidal , ä orellle de chat, en bosse ; crampons mobiles. — Avantages et Incon-vtnients. — Crampons de corne de Lafosse. — Des pinions. — Definition de l'ajusture. — Proportions. — Conditions d'une bonne ajustiire. — Imperfections. — Mcthodes differentes d'ajustuic.............................Hl
-ocr page 515-
495
Tages. CHAPITRE XI. — DESCRIPTION DES INSTRUMENTS DE FERHÜRE ET
des clous. — Instruments de ferrure : brochoir; boutoir; tri-coises; rogne-pied; rape; repoussoir; boite ä ferrer; tablier a ferrer. — Clous ä ferrer ordinaires; clous ä glace. — Choix des clous. — Affllure des clous....................160
€HAPITRE XII. — de l'action de ferrer ie pied normal. — Deferrer le pied. — Parcr 1c pied. — Preparer Ie fer. — Faire porter le fer. — Appliquer 1c fer. — Brecher les clous. — River les clous..............................173
CHAPITRE XIII. — DE LA. FERRURE A CDAUD ET DE LA FERRURE A
froid. — De la ferrure ä chaud : historique; avantages; incon-vinients. — De la ferrure a froid : liistorique; avantages; incon-v^nients. — Comparaison de la ferrure ä cbaud et de la ferrure ä froid. — Conclusions......................189
CHAPITRE XIV. des regles de la furrure et des coss^-ßUENCES de leür inobservation. — Regies de la ferrure. — Ferrure vicieuse et ses mauvais effets ; action d'enlever Ie vieux fer; maniere de parcr le pied; conditions particuliercs des fers; action de fixer Ie fer.......................203
CHAPITRE XV. — kecessite absolüe de la ferrure du cheval.
—nbsp;SES incontenients. moyens proposes poür t REMEDIER. — N^cessite absolue de la ferrure. — Changements produits par la ferrure dans la forme du pied du cheval. — Autres deteriora­tions produites par la ferrure. — Inconvönients de la ferrure.
—nbsp;Moyens proposes pour y rera^dier...............217
CHAPITRE XVI. — des fers pathologiques. — Definition et division des fers pathologiques. — Fer ä une brauche tronquee.
—nbsp; Fer ä dessolure. — Fers ä plaque. — Fer ä planche; ses Varietes. — Fers pathologiques dont I'emploi est inutile : fers ä patin. — Fers echancres. — Fer ä double brisure. — Fers ä pantoufie.............................236
CHAPITRE XVII. fers destines a remedier aux defectuosi-tes du pied. — Enumeration de ces fers. — Fers couverts: fer demi-couvert; fer ä une brauche couverte; fer couvert; fer tris couvert; fer ä bords renverses. —Fers a oignons. — Fers ä etampures irregulieres, ä etampures sym6triques. — Fers k tous pieds............................ 262
33
-ocr page 516-
496
Pag.raquo;. C1IAPITRE XVIII. — FERS DESTINES A REMEDIER AUX DEFAÜTS
d'aplomb. — Fers ä la turque : fer a une branche courte et mince; fer a une branche ^paisse et courte; fer a la turque a bosse; fer ä mamelle r^trtcie— Fers a bosse : fer a bosse sur une branche; fer ä bosse sur une Sponge 6chancrte; fer k bosse sur les deux eponges. — Fers 6pais dans quelques unes de leurs parties : fer epais dans toutes ses parties; fer ä pince epaisse; fer ä talons 6pais. — Fer ä pince etroite. — Fer a pince tronqu^e. — Fer pincard. #9632;—Fer ä pince prolongee.......275
CHAPITRE XIX. — des maladies du pied et de la ferrure qu'elles exigent. — Des maladies du pied. — Affections de la sole : bleime; clou de rue. — Maladies de la paroi: seimcs; javarts encorne ct cartilagineux. — Pied deform^ par la four-bure : pied cercle ; fourmiliere; croissant; deformation totale du sabot. — Pied encastele. — Moyens propres ä diminucr la sensibilite du pied du cheval..................2!j(j
CHAPITRE XX. —des defectcosites du pied et de la ferrure ou'elles reclament. — Des defectuosites du pied. — Ferrure du pied grand.— Pied petit. —Pied plat. — Pied comble. — Pied ä oignons. — Pied derobe. — Pied ä talons serrts. —Pied a talons trop ouverts. — Pied a talons has. — Pied ä talons faibles. — Pied ä talons hauls. —Pied etroit. — Pied trop long en pince. — Pied trop court en pince.............317
CHAPITRE XXI. — des defauts d'Aplomb et de la ferrure convenable pour I remedier. — Des defauts d'aplomb. — Du pied de travers. — Pied panard. — Pied cagneux. — Du cheval trop bas du devant. — Du cheval qui est souslui du devant. — Du cheval dont les cxtremites anterieurcs sont dirigees trop en avant. — Du cheval arqu6 et du cheval brassicourt. — Des chevaux qui ont les jarrels coudes. — Du cheval huche. — Du cheval longjointe. — Du cheval court-joinl6. — Du cheval rampin. — Du cheval pincard. — Du cheval bouleti et du pied bot.— Du cheval qui se couche en vache. — Des chevaux qui posent les pieds les uns sur les autres pendant le repos.....339
CHAPITRE XXII. — FERRURE POUR REMEDIER AÜX DEFAUTS DANS
les allures. - Causes ginerales des defauts dans les allures. — Cheval qui forge. —Cheval qui sc coupe. — Cheval qui billarde. — Cheval qui trousse. —^Cheval qui se berce des epaules et des hanches. — Cheval qui est pris des epaules. — Cheval qui bute. 35!quot;
-ocr page 517-
497
Pagti. CHAPITRE XXIII. — FERRURB DES CHEVAÜX SUIVANT LEÜR AGE,
leur genre de service, les Saisons, etc. — Ferrure des poulains : dcgre d'importance; age auquel il convient de pra-tiquer la ferrure; particularitös de la ferrure des poulains; precautions a prendre pour 1c ferrage des poulains. — Ferrure consider(5e sous 1c rapport des services auxquels les chevaux sont destines: ferrure des chevaux de seile; chevaux de course; chevaux de manage; chevaux de troupe; chevaux de gros trait; chevaux de riviere; chevaux employes dans les gares des chemins de fer. — Ferrure ä glace ou ferrure d'hiver. — Renouvellemcnt de la ferrure............373
CHAPITRE XXIV. — moyens empioyes pour soümettre les chevaux a l'operation de ia ferrure. — Importance de cette etude. — Regies pour tenir les pieds des chevaux qui ne sont pas moehanls. — Des difficultcs de caractere que les chevaux pre-sentent sous le rapport de l'application du fer: chevaux timides et craintifs; chevaux irritables; chevaux m^chants. — Moyens de contrainte ä employer centre les chevaux rnechanls: licol de force, cavegon, tord-nez, morailles, mors d'AUemagne, trousse-pied, plate-longe, suspension libre, travail, abattage. —De la ferrure sans contrainte par M. Balassa..............394-
CHAPITRE XXV. — des maladies du pied causees par la fer­rure. — Nature de ces maladies. — Piqüre. — Enclouure. — Retraite. — Pied serrö par les clous. — Pied comprime par le fer. — Brülure de la sole. — Plaies de la sole. — Plaies de la fourchette. — Responsabilile du marechal sous le rapport des accidents qui rcsultent de la ferrure...............411J
CHAPITRE XXVI. — moyens a employer pour la consertation du sabot. — Moyens employes par les anciens hippiatres. — Soins proposes par lesauteurs modernes : moyens hygiöniques; moyens pharmacculiques.....................134
CHAPITRE XXVII. — de la ferrure podometrique. — Defini­tion. — Du podomctre : podomctre Riquet; podomßtre Bousse-
teau; podometre Havoux-----Avantages attribute au podometrc.
— Inconvönients des podomctrcs. — Opinions diverses sur la ferrure podometrique. — Moyens autres que le podomctre pou-vantservir ä la mensuration du pied du cheval..........W
CHAPITRE XXVIII. — ferrure des pays etrangers. — Consi­derations sur la manierede ferrerdes diffcrents peuples. — Fers
-ocr page 518-
A -
498
etrangcrs a rainure : fers anglais, hanovrien, danois. — Fers sans rainure: fers allemand, suissc, Italien, cspagnol, porlu-
gais.__Fers a (iponges reunies : fers arabe ou barbaresque,
raarocain, turc , transylvain...................M6
CHAPITRE XXIX. ferrure du mület et de l'ase. — Ferrure du mulet. — Des formes qu'on donne aux fers du mulet. — Modifications de la ferrure du mulct suivant les localites et les services. — Considerations sur la largeur de la ferrure du mulet. — Ferrure de l'üne....................MS
CHAPITRE XXX. — ferrure du boeüf. — Emploi de la ferrure pour le boeuf.— Precautions relatives ä la ferrure des animaux didactyles. ^- Ferrures anormales pour les boeufs........*86
FIN.
i :
-ocr page 519-
-ocr page 520-
7*
/ijsvi
-ocr page 521-
-ocr page 522-
^^V^v L
\ -~r
^
'T
rr*
^
% HU
?
Wquot;
^•4
i lt;*
¥
^
-lt;*
#9632;^
'1
Z :
r
A
-r^
•^^
rf^
k%
5:raquo;