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DE LA
CASTRATION DES VACHES.
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SEVRES'. — IMFRIMEB1E ET LIBBAIBIE DE M. CEUF.
BIBUOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
2856 711 7
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LA CASTRATION
DES YACHES,
AViNTAGES DE CETTE OPERATION
SODS LE RAPPORT DE L'ECONOMa' ACRICOLE ET DE LA COnSOUllATION ;
CAS DANS LESQUELS ELtE DOIT ETRE PRATIQUES;
DESCRIPTION SOaUAIKE DU PROCEDE ül'ERATOIBE; SOINS A DONNER AÜX VACHES
AVANT ET APRES l'OPERATIQN.
MfclWOIRE DESTINE AU\ CüLTIVATEVRS
;
1ST amp; ITöäJS LES PBSPaiiTaiBSS BE
3;i'S-,
Priaenti laquo; Ilaquo; Soeteti impirtale et centrale d'Agriculntre,
DANS SA SEANCE DU 9 JIARS 1855,
M. PIERRE CHARLIER,
Medccin-Tuterinairc •'gt; Reims,
Uembre covrespondant et laureal de rAcademiu inipcrialc de la memc Tille,
de la Socieie imperiale et centrale dc medecine vetennaire,
et de plusieurs societes d'dgriculture, etc.
i La castration des Taclics, cree une
#9632;nbsp; nbsp;nouvelle race, sterile pour Pespece , B mais fecotxle et precieuse pour la pro*
#9632;nbsp; nbsp;duction du lait et de la viande de raquo; boucherieo *
* #9632;. 1nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Henii Soclit,
Profasseur ü f'Eculo vUMnsan d'Atforl.
;#9632;#9632;. 7 Sty
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PARIS
LIBRAIRIE CEiNTRALE D'AGUTCtfLTÜRE ET DE JARDIMGE
QUAI DES GRANDS-AUGL'SIINS, hl
— Auguste GOIX, cdUcur —
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AVANT-PROPOS
Messieurs,
J'ai l'honneur de presenter ä la Societe im-periale et centrale d'Agriculture, une brochure extraite du recueil de Medecine väerimire, an-n6e 1854, intitulee : Etudes pratiques, recherches et discussions sur la castration des vaches. Dans cette brochure, je considere la castration principale-ment au point de vue chirurgical et medical; j'essaie de demontrer son influence favorable sur la sant6 des vaches laitieres et d'engrais, et je prouve les avantages qu'elle produit sous le rap­port de la secretion lactee, de l'engraissement et
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de ramelioration des substances alimentaires que la femelle bovine nous donne: lau, beurre, fro-mages et viande de boucherie.
Le precede operatoire que fy decris avec de­tail, consiste, non comme autrefois, dans une large ouverture du flaue, dela cavite abdominale, pour arracher les ovaires avec les doigts de i'une ou des deux mains; mais en une simple et petite incision longitudinale, faite dans la ligne mediane du fond de la paroi superieure du vagin, ä l'aide d'un speculum et d'un bistouri ä serpette, inci­sion a la faveur de laquelle je vais chereber les
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andes generatrices, pour les extirper au moyen
d'une pince speciale, en tordant jusqu'ä rupture complete le ligament, les nerfs et les vaisseaux qui les soutiennent.
Par ce precede, l'operation ne cause ä la vache quepeu ou point de douleur, car ä part quelques mouvements au moment oü Ton commence ä in-troduire la main dans le vagin, et pendant que Ton opere la torsion et la rupture des vaisseaux, eile reste parfaitement immobile; le peritoine n'est pour ainsi dire pas endommage par l'instru-menttranchant et demeure compl^tement ä l'abri du contact de l'air; il rt'y a plus d'hemorrhagie
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ni de fievre traumatique, partant presque jamais d'accidents ä la suite de l'operation, ainsi qu'il arrivait frequemment par I'ancienne m6thode op6ratoire.
A cette brochure est jointe une notice manus-crite sur le meme sujet, mais dans laquelle j'envi-sage la question sous un autre point de vue, celui de VEconomic agricole et de la Consommation.
Ce nouveau travail est divise en quatre chapitres:
Dans le premier, je traite de 1'engraissement des vaches qui ne donnent plus de lait; je Signale les pertes enormes en viande et en suif, cau-s6es par les ruts et par la gestation, moyen au-quel on a trop souvent recours pour obtenir I'etat de graisse chez les femelles bovines.
Dans le second, je parle des avantages de la castration pour la production du lait combin6e avec l'engraissement, et jeprouve, qu'ä l'aide de cette operation, on pent obtenir, des vaches qu'on destine ä la boucherie, en meme temps qu'un parfait engraissement, une augmentation moyenne de 1395 litres de läit par Ute et par annde. Je fais ressor-tir les pertes causees par les vaches taurellieres, eu 6gard ä la nourriture qu'elles consomment, sam donner aucun produit; j'indique enfin les cas
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dans lesquels l'opfration doit are mise en pra­tique.
Dans le troisieme, je consigne un grand nom-bre de fails nouveaux ä l'appui de mes assertions.
Dans le quatrieme, je decris sommairement le precede operatoire, et j'indique les precautions ä prendre avant et apres l'operation.
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DE
LA CASTRATION
DES VACHES.
1
CHAPITRE PREMIER.
fte I'ensraissemcnt des vaches raquo;ans production de lau , ou do I'cngraisscmont siiuplo.
Si nous parcourons les ouvrages qai traitent de l'en-graissement des vaches; si nous consultons les auteurs, les agronomes qui se sont le plus oecupös de celte importante question, nous voyons qua les premieres conditions ä remplir pour amener la femelle bovine ä l'etat de graisse, sont: de tarir la secretion du lau, et de mettre les vaches en etat de gestation; aussi ces deux moyens sont-ils conjointement mis en pratique tous les jours par les cullivateurs et les engraisseurs; et si Ton parvient ä engraisser certaines vaches sans y avoir recours, ce n'est qüe par exception.
Allez en effet, dans les abattoirs des campagoes, des pelites villes, des grandes cites, de Paris möme, et vous verrez que la plupart des vaches qu'on y abat sont raaigres, ou seulement en chair , ou demi-grasses, ou dans un etat de gestation quelquefois si
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avancö, que le veau n'aurait plus eu besoin que de quelques semaines de l'existence de sa mere pour arriver ä terme.
Ge n'est pas, ä vrai dire, ä l'avantage des bouchers, mais qu'importe ä l'engraisseur le bönöfice deceux-ci, pourvu qu'il se defasse de ses betes, et qu'il par-vienne ä les vendre comme vaches grasses, c'est lout ce qu'il demande.
11 a tort cependant, le boucher qui par mägarda ou par inexperience, n'a pas reconnu que la vache qu'il achelail etait pleine, et qui se voit forcö de deduire, sur son estimation du poids de ranimal, vingt, trente, ou quaranle kilos pour le veau et ses annexes qu'il jette ä la voirie, est plus mefiant une autre fois dans ses achats, et ne donne plus de la marchandise qu'on • lui offre, le prix que naguere il avait paye.
L'engraisseur, en faisant saillir sa vache avant de la mettre ä l'engrais, et la vendant pleine pour la bou-cherie, se null ä lui-meme sans qu'il s'en doute, il nuit au boucher qu'il trompe, il fait plus encore, il nuit aux consommateurs.
II nuit ä ceux-ci, en forgant les bouchers ä livrer une viande qui n'a souvent de bon que les apparences; eile peut 6tre grasse, mais eile est le plus souvent molle, peu nutritive, n'a pas de gout, pas de saveur, se conserve mal et ne fait toujours qu'un mediocre bouillon.
S'il en est ainsi, pourquoi done les auteurs les plus consciencieux, les plus recommandables, sont-ils una-nimes ä indiquer ce moyen? Pourquoi les agricul-
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teurs les plus probes remploient-ils tons les jours?
C'est que jusqu'ä präsent, le besoin I'a imperieuse-ment commando.
C'est qu'en voulanl pousser la vache ä la graisse. sans I'avoir rnise prealableraent en 6tat de gestation, on obtient souventun resultat oppose; les functions ge­neratrices surexcitees par la surabondance de nour-riture, prödominent bientöt dans i'economie; des ruts se manifestent, d'abord peu apparents, pen nuisibles, puis pluspersislants, plus imperieux, puis enfin pousses ä une exageration teile, qu'ils arrivent ä retentir sur tous les appareils organiques, ä troubler toutes les fonctions nutritives, toutes les secretions, et ä empö-cher, quoi qu'on fasse, l'engraissement, quand ils ne provoquent pas le döveloppement de maladies plus ou moins graves.
S'il eüt ete possible d'engraisser les vaches sans les mettre en 6tat de gestation, nous devons croire que le cultivateur l'eüt fait, car il n'est pas avantageux pour lui, pas plus que pour le boucher, de faire dövelopper un veau sans valeur, aux depens de la nourriture qu'il donne ä sa bamp;e, aux döpens meme de celle-ci, qui ne pent, quoi qu'on en dise, sans nuire ä son parfait engraissement, produire tout ä la fois, et cette masse d'(sect;lamp;nents necessaires ä la formation et ä l'entretien d'un foetus, et ce surcrott de materiaux qui constilue l'ötat de graisse.
II faut en convenir, ce moyen, bien que g^n6rale-ment mis en usage, est mauvais, prejudiciable, et s'il est employe, ce n'est qu'en raison des pertes Enormes
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qu'occasionnent chez les vaches normales, les besoins gamp;iesiques qu'on ne veutplus satisfaire.
Mais tel etait l'elat des choses jusqu'aujourd'hui, que I'engraisseur se trouvait heureux encore, quand il pouvait y avoir recours; car il est de nombreux cas oü les vaches, bien que demandant et recevant le taureau, ne sent pas fecondees. .
Ces vaches sont ce qu'on appelle des vaches tau-rellieres; animaux sau vages, dit un savant agricul-teur du Nord, M. Gustave Hamoir, difficiles, dange-reux m^rne a soigner, el qui sont un sujet de perte ä quelque point de vue qu'on les envisage; toujours surexcites, il y a chez eux une Evaporation conside­rable, une perte importante de la nourriture mal assi-milee, mauvais furnier, peu de lait, toujours de mau-vaise qualite, a ce point que souvent il faut le separer de la traite generale, si Ton ne veut s'exposer ä gäter les produits de la laiterie; enfiu pas de viande, souvent meme moins que cela, la dögönörescence de cette affection de l'appareil g6n6rateur en phlhisie, et perle totale des beles; au mieux des choses, vente d'une viande de mauvaise qualite; 6chauffee, injeetöe et dft-preciee par la boucherie, ä l'ägale de celle du laureau.
Ce n'est pas tout: la vache taurelliere en slabula-tion tourmente ses voisines, les excite ä s'echauffer comme elles, leur monte sur le dos, les frappe avec ses cornes, les blesse, et quelquefois mörne les tue, si eile parvient ä se detacher. Tout recemment, j'ai et6 tamp;noin d'un fait de cette nature : Un de mes clients trouva le matin, en entrant dans son eiabic,
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ane de ses vaches prßte ä succomber, ä la suite de nombreuses blessures qu'une vache taurelliere, lächee pendant la nuit, lui avail faites; et tons les jours, dans la pratique, on voit se produire des accidents de toutes sortes, par les vaches taurellieres en farie, dont le moindre est l'avortement des vaches pleines.
En prairie, le d^sordre que causent ces vaches n'est pas moins prejudiciable. J'ai entendu des herbagers dire avoir perdu leur ann6e d'engraissement pour une seule vache taurelliere laissöe au milieu du troupeau.
La castration se präsente naturellement pour reme-dier ä tons cesinconvönients; mais les avantages de cette operation sont beaucoup plus grands encore : je vais essayer de calcoler quelle somme de produits en viande et en argent eile donnerait ä la France, si eile 6tait seulement employee sur toutes les vaches abat-tues annuellement pour la consommation. Ces cdculs sont difficiles ä ötablir, je ne me le dissimule pas, mais ils peuvent cependant toucher de pres la verite, et je les crois necessaires pour donner une idee des pertes önormes que subit I'agriculture.
Commengons d'abord par les vaches taurellieres: sur environ 800,000 vaches qu'on tue chaque ann^e pour la boucherie, 80,000 au moins, ou 10 0/0, sont taurellieres ä un plus ou moins haut degre, et ne prennent pas graisse, malgr6 l'abondante et succuleote nourriture qu'elles consomment. Ce chiffre paraitra peut-ötre exagörö, mais il n'en est pas moins exact, j'en ai la conviction, et si on le contestait, j'invoque-rais I'autorite d'hommes coinpetents qui des premiers
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me Tont signals, et qai, par experience, savent qu'il est loin d'etre trop eleve.
Ce n'est pas sans doule chez les öleveurs, chez ceux qui livrent leurs vaches au taureau dös qu'elles le de-mandent, qu'on rencontre une aussi forte proportion de vaches taurellieres; mais chez les engraisseurs, chez les nourrissears, chez tons ceux, en un mot, qui pous-sent a la graisse par une forte alimentation, et ne font passaillir en temps opportun, celte proportion est sou-vent depassee.
Or, une vache qui ne s'engraisse pas, qui reste ou devient maigre, pese en moyenne 100 kilog. en moins qu'une autre vache grasse de la möme stature; c'est done par an 8,000,000 de kilog. de viande perdus, qui, estimes seulement 1 fr. le kilog., prix moyen, forment une perte de 8,000,000 de francs.
Ces vaches donnent encore une viande de si mau-vaise qualite, qu'elle est au plus payee 60 cent, le kilog. par les bouchers, au lieu de 1 fr., ce qui fait sur 200 kilog., poids moyen des vaches frangaises, 80 fr. de perte sur chaque böte; soil, sur la lotalile des 80,000 taurellieres, 6,400,000 fr.
En outre, elles ne font pas de suif, ou en font en si petite quantilö et de si mauvais, qu'on pent raisonna-blement supposer que si elles etaient grasses, elles en auraient en moyenne 25 kilog. en plus, qui, pour ces 80,000 vaches, produiraient 2,000,000 de kilog. representant 2,000,000 de francs, en n'estimant aussi le suif qu'ä 1 fr. le kilog.
J'aurais bien encore la perle du furnier a calculer
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pour ces vaches, les taurellieres en faisant Ires peu et du mauvais; mais je craindrais d'etendre ce travail outre mesure.
Je passe aux vaches pleines, qui sont abattues au nombre de 360,000 au moins par anu^e, c'est-ä-dire moitte de celles qu'on tue, deduction faite des 80,000 taurellieres.
Pour celles-la, le calcul sera facile a ^tablir; car, pour le simplifier, j'admetlrai qu'elles prennent toutes graisse, et font ä peu pres autant de suif que les vaches grasses noa pleines, ce qui n'a pas lieu cependant pour celles qui n'ont qu'un petit veau, ou qui sont ä la fin de la gestation. Mais j'ai resolu de rester plulöt au-des-sous de la verity que de m'elever au-dessus, afin qu'oD ne m'accuse pas d'avoir exag6r6 les pertes.
C'est done seulement 30 kilog. de viande par töte ä diminuer sur le poids des vaches pleines, pour le veau et ses annexes jetes ä la voirie; soit, 10,800,000 kilog. pour ces 360,000 vaches, qui font 10,800,000 fr. de perte.
Apres les vaches pleines viennent les vaches qu'oa ne fait pas saillir, pour un motif ou pour un autre, et qui, sans 6tre taurellieres, entrent en rut tons les mois an moins.
Les vaches de cette categorie, n'arrivent g^aerale-ment pas au degre d'engraissement que les bouchers recherchent et que les consommateurs apprecient, elles prennent de la chair, mais peu de graisse, peu de suif, et ferment ce que Ton appelle en terme de bou-cherie, de la viande verte.
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Admettons done qu'elles sont vendues 20 fr. en moinspar 100 kilos de viande, que les vaches grasses, et qu'elles figureut dans I'abattage annuel pour la moitiö des vaches pleines, e'est encore 40 fr. de perte par chaque töte, puisque la reoyenne du poids net des vaches frangaises est ä peu pres de 200 kilos, ce qui nous fait 7 millions 200,000 francs.
Pour etre juste, il faut encore admetlre, que si ces vaches elaicnt grasses , elles peseraient au moins 50 kilos de viande en plus, qui, övaluds ä i fr. le kilo, feraient pour ces 180,000 vaches, 9 millions de kilos, reprösentant 9 millions de francs.
De plus, il faut calculer la perte d'environ 15 kilos de suif par tamp;e, moitie ä peu pres du rendement moyen des vaches grasses , ce qui fait encore 2 millions 700,000 kilos de suif perdus pour le commerce, et 2 millions 700,000 francs d'argent que perd I'agricul-ture.
Enfin, ces vaches ä chaque retour de rut, perdent plus ou moins de leur embonpoint, ou restent tout au moins dansle mamp;ne 6lat pendant huit joursj e'est done un mois de perte sur quatre mois d'engraissement, mois pendant lequel chaque vache consomme pour 1 franc par jour de nourriture, sans rien produire, consöquemment il nous faut ajouter aux pertes pr6e6-dentes 30 fr. par töte, qui font sur la totalile 7 millions 400,000 francs.
II me reste ä parier des vaches grasses que j'ad-metlrai devoir enlrer dans le nombre des vaches abattues, au meme chiffre que les pröeödentes.
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Sur celles-lä, il semblerait que je n'ai rien ä dire, aucune perte ä signaler; il n'en est pas ainsi cepen-dant; pour amp;re moins fortes, les pertes que causent ces vaches aux agricuheurs n'en sont pas moins reelles.
Qui ne sail, en effet, que la viande d'un animal Cas­tro a plus de valeur que celle de celui qui n'a pas subi I'operation; le bceuf est bien plus estime que le taureau quelque gras que soit celui-ci; le mouton que le bölier; la coche qua la truie, etc., et sont, par cela mamp;ne, pay^splus eher.
Les animaux cast res font aussi plus de poids ä l'a-battage; leur chair, plus ferme, mieux garnie de sues graisseux et albumineux, est plus lourde sous un möme volume; aussi les vaches castrees, ainsi que l'ont remarquö les bouchers qui en ont tue, pesent-elles loujours avec la möme apparence, les mömes maniements, 12 ä 15 kilos en plus que les vaches non castrees. Que ces 180,000 vaches grasses, par le fait de la castration, nous donnent done en moyenne 13 kilos 500 grammes de viande en plus par töte, et nousaurons une augmentation de 2 millions 430,000 kilos de viande, formant une somme de 2 millions 430,000 francs.
De plus , la viande de ces vaches amp;ant de meilleure quality, sera pour le moins payee 10 fr. par 100 kilos en sus de ce quelle est payee d'ordinaire, puisque jusqu'ä present toutes les vaches castrees grasses, ont 6te vendues aux bouchers le meme prix que les boeufs; e'est done encore 20 francs a ajouter par tete, qui sur
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I !
ces 180,000 vaches, forment une somme de 3 millions 600,000 francs (1).
Rdcapitulons toutes ces pertes.
Pour les vaches taurellieres :
Perte de 100 kilos de viande par chaque tete...nbsp; nbsp; nbsp;8,000,000 fr. Perte sur la qualite de la viande qui est payee
40 centimes en moins le kilo..............nbsp; nbsp; nbsp;6,400,000
Perte sur le suif............................nbsp; nbsp; nbsp;2,000,000
Pour les vaches pleines :
Perte causee par le foetus et ses annexes, 30 kli. sur chaque vache......................... 10,800,000
Pour les vaches en chair :
Perte sur la valeur intrinseque de la viande vendue 20 fr. de moins les 100 kilos......... 7,200,000
Perte sur le poids des vaches qui pesent 50 kilos en moins que les vaches grasses............ 9,000,000
Perte sur le suif, 15 kilos sur chaque bete___ 2,100,000
Perte sur la nourriture consommee sans profit a chaque periode de rut.................... 5,400,000
Pour les vaches grasses:
Perle sur le poids des betes qui peseraient -13 k. 500 grammes en plus si elles etaient castrees.. 2,430,000 Perte de \0 fr. par 100 kilos sur le prix de vente. 3,600,000
Total....... 57,530,000
Voilä done S7 millions S30,000 francs que perd chaque ann^e notre agriculture sur les vaches d'en-
(1) Ici j'admets que la viande des bonnes vaches Castries pent 6tre vendue HO fr. les (00 kilos, je desire que ce soil une exception, etseulement pour les vaches de premiere qualite , bien que la viande soil payee beaucoup plus eher aujourd'hui par les bouchers; parce que le prix de 1 fr. le kilo permel a I'engraisseur d'y trouverson compte, et que e'est le seul qui donne ä la classe moyenne la faculty d'en faire une grancie consommation ; et ä la classe ouvriere celle d'acheter les bas morceaux, qui peuvent ainsi lui 6tre vendus de 60 a 80 centimes le kilo.
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grais; et ce qu'il y a de pis, c'est que ces pertes dimi-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '
nuent d'autant la masse des aliments servant a la con-sommalion; c'est qu'elles se font ressentir sur la viande de boucherie, substance alimentaice dejä si rare, si obere, et cependant si necessaire ä l'entretien de la vie de Thomme, celle sans laquelle il ne pent avoir la somme necessaire de force et de courage que röclament ses travaux.
Esperons que le temps n'est pas 61oignö, oü l'on comprendra bien Tetendue de ces pertes, et oü Ton y apportera un remede certain et efficace : la castration.
Mais on me demandera pent-ötre si la castration a par elle-m^me assez de puissance, pour faire de toules les vaches de bonnes beles d'engrais?
Je puis repondre : oui, si elles sont de bonne na­ture, en bonne sanle, dans un äge convenable, et si elles regoivent une alirnentalion abondante, substan­tielle et continue, teile qu'il la faut pour obtenir, en toules circonstances, un bon engraissement.
Et Jeröpondrai: non, si les vaches sont de mauvaise nature, et si avant de les faire castrer, on attend, comme pour beaucoup de celles que j'ai op^rees jus-qu'ä present, qu'elles soient vieilles, epuis^es, ou 6nerv6es par les ruts, la nymphomanie, de nombreuses parturitions, des lactationsforcees,laphthisie,ouautres maladies chroniques; et si elles ne regoivent pas la nourriture qu'exigent l'accroissement des chairs et la secretion de la graisse.
Dans ces derniers cas, la castration ne produit pas toujours sans doute, et ne pent pas toujours produire
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de bonnes bötes d'engrais, mais eile les am^liore in-contestablement; et pour peu que les organes digestifs et respiratoires fonctionnent encore bien, si ces vaches regoivent une bonne alimentation, elles augmentent ä coup sür de beaucoup en chair et en graisse, apres Toperalion.
Si done j'ai caströ de certaines vaches qui ne sont pas devenues bien grasses, ou qui ont 6te lentes ä ve-nir ; et d'autres qui sont restees maigres; comme chaque fois que cela s'est produit, il a ele facile de constater que la cause etait tout-ä-fait independante de l'opöration, ces fails negatifs ne peuvent en aueune sorte alternier les bons effets de la castration sur l'en-graissemenl.
II en eüt etö de m^me pour des boeufs places dans de semblables conditions ; on en voit tous les jours, de möme que des vaches pleines, qui ne s'engraissent que difficilement, ou möme ne s'engraissent pas, s'ils sont mal nourris, mal soignes, ou si, bien nour-ris, ces animaux sont de mauvaise nature, trop ägös, uses, ou affectes de maladies chroniques.
Perfectionnons nos cultures, augmentons nos prai­ries arlificielles; croons des prairies naturelles; culti-vons des racines fourrageres; meltons plus de soins dans le choix de nos animaux reprodueteurs; diri-geons mieux l'alimentation et l'entretien de nos vaches; nourrissons-les bien, nous pourrons ainsi les am€-liorer, les multiplier, et la castration aidant, aug-menler consid^rablement notre production de viande, qui sera aussi de quality infiniment superieure.
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C'est ä Tage de 6 ä 8 ans que je voudrais voir cas-trer toutes nos bonnes vaches; qnant aux coauvaises, je les castrerais plus tot encore, le plus tot possible. pour en faire des animaux. de travail ou d'engrais, et les sacrifier impitoyablemenl des qu'elles seraient grasses.
Mais j'entends les hommes peureux, timides, ä courte vue, ou pen instruits en öconomie bovine, se recrier sur cette mutilation genörale, et craindre l'a-nöantissement de l'espece tout enliere.
Qu'ils se rassurent; les vaches de 6 ä 8 ans ont der-riere elles, des filles, des petites-filles qui dejärepro-duisent, et les remplacent avantageusement.
II est un autre usage tres-nuisible ä la multiplication et ä l'amelioration de l'espece auquel on ne songe pas et qu'il serait important cependant au plus haut point de faire disparaitre par tous les moyens en notre pouvoir(l); c'est l'abattage pour la boucherie de oelle quantite considerable de jeunes vaches provenant souvent de nos meilleures races, et qui feraient de ires - bonnes vaches.
Depuis surtout que nous avons le Systeme Guetioa pour mieux nous guider dans le choix des femelles bovines ä conserver, je ne comprends pas que les gens de savoir et de coeur, que l'amour du bien public anime, n'aient pas encore cherche les moyens de
gt;
(1) Je crois qu'il serait trös-bon, pour obtenir ce r^sultat, de donner des encouragements, de fortes primes ä ceux qui, suivant l'ötendue de leurs terres, ou de leurs prairies, auraient dans un temps donnö, le plus 61ev6 de bonnes vaches, de bonnes genisses, propres ä la production du lait et de la viande.
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Iransporter ces jeunes femelles des pays oü elles nais-sent et oü on ne peut les elever, dans les pays d'ele-vage; avecles voies de fer qui sillonnent la France en tons sens, la chose n'est pas difficile, il ne faudrait que vouloir.
Cela diminnerait sans doute le nombre des veaux de boncherie, mais, si nous avonsplus de vaches, plus de bonnes vaches, et que nous lesabattions en plus grand nombre, plusjennes et mieuos engraissees, les consom-mateurs n'y perdront pas.
D'ailleurs, ainsi que je l'ai döjä dit, la majoritö des veaux de boucherie, dans la campagne et dans la ban-lieue des villes, sont abattus avant l'äge de six se-maines, et ne fournissent qu'une petite quantite de mauvaise viande; il est, par consequent, facile de retablir I'equilibre, en engraissant plus longtemps ceux qui restent, et en faisant doubler leur poids.
D'un autre cote, si pendant la duree moyenne de la vie d'une vache, c'est-ä-dire du jour de sa nais-sance au moment oü eile va generalement ä l'abattoir, d'apres nos habitudes, il nous etait donne d'ea sacri-fier deux, ne serait-ce qu'une et demie, au lieu d'une; notre agriculture loin d'y perdre, serait veritablement en voie de prosp^rite, puisque, avec la möme quantity d'aliments et le meme capital, eile fournirait beaucoup plus de viande ä la boucherie, plus de suif, de peaux et de debris ä l'industrie, donnant en argent un revenu plus considerable,
Rien n'est effectivement plus pr£judiciable aux cu!-tivateurs, qu'ils le sachentbien, que les vieilles vaches;
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elles völent difficilement{l); leurs veaux sont d^fec-tueux , ä squelelte prödomiaant, ä poitrine 6troite, ä ventre volumineux, et naissent souvent avec le prin-cipe de la phthisie calcaire, les vaches avancöes en age 6tant pear la pluparl affectees de cette maladie. De plus, les vieilles vaches ont un lait peu abondant, sec, peu nutrilif, et quelquefois meme nuisible aux personnes qui en font usage.
Quoique mangeant beaucoup d'ordinaire, elles s'en-graissent difficilement ou pas du tout, et lors möme qu'elles arrivent a s'engraisser, leur viande est düre, filandreuse; lagraisse rentourejinaisnela penetrepas; elles sont rejetäes des bons bouchers, et on les vend toujours ä perte sur le prix d'achat.
Les jeunes vaches, au contraire, donnent en tous points de meilleurs produits; leurs veaux sont plus ro­bustes, moins osseux, d'un meilleur entretien; leur lait est plus abondant et de meilleure quality ; elles s'en-graissent plus facilement, et sont vendues plus avan-tageusement pour la boucherie ä laquelle elles fournis-sent une viande plus lourde, plus charnue, plus tendre, plus savoureuse et plus nutritive.
Coname bötes d'engrais, les jeunes vaches peuvent m^me prodüire de si beaux rösultats, que je voudrais les voir substituer aux boeufs, dans toutes les localites oü Ton manque de prairies naturelles, et oü les four-rages sont chers.
(l) Cela s'explique, car chez les vieilles vaches^e ventre est pendant et forme au foetus une concavit6 profonde ; les muscles abiiominaux sont distendus, affaiblis; le col uterin souvent d6vi6, indunü ou squir-rheux, se dilate difficilement, et les os du bassin soudes ne peuvent pins s'amp;artef.
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Que 1'on examine, en effet, les fails nombreux d'en-graissement remarquable de vaches Castries, cites par tons ceux qui se sent occupös de la castration des va-cheSjCeuxquej'airapportesdansmen travailsurlesujet; que Ton examine enfin ceux que j'ai joints ä cette notice, celui surtout qui s'est produit chez M. d'Herlincourt d'Elerpigny, et Ton verra si jatnais un boeuf nourri au regime des vaches laitieres, a donne de plus beaux resul-tats. Les Durham exceptes peut-ötre, mais la vache de M. d'Herlincourtn'etait pasdecette race, pure du moins.
Les vaches d'engrais castrees sont, non-seulement plus sobres que les bceufs, mais tout en s'engraissanl plus promptemeut, elles font plus de viande dans un temps donne, et de la viande d'aussi bonne quality.
Ajoutons ä cela, que pour l'achat des vaches, le capital employe est moins considerable, qu'il se renou-velle plus souvent; qu'ä cause de leur poids moins eleve, elles sont d'une vente plus facile, et nousaurons une idee des avantages que procurerait I'engraisse-ment des vaches castrees, dans la petite culture, chez les vignerons, et dans les prairies mediocres, oü il est difficile de faire des boeufs gras.
Mais ce n'est pas encore ainsi, je dois le dire, que j'entends l'engraissement des vaches, et rapplication de la castration ä cette iudustrie.
Je n'aime pas, en general, pour la femelle bovine, Tengraissement simple, qui ne donne d'autre profit que le produit de la viande, n'equivalant pas le plus souvent ä la depense de la nourriture consommee (1).
(l) II ne m'est pas donne dans ce court travail d'entrer dans des de-
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Et, puisqu'il est im moyen sür d'engraisser cette femelle en möme temps qu'elle donne du lait, je ne vois pas pourquoi nous n'en profilerions pasj ce moyen, c'est la castration faite dans le deuxieme mois qui suit !a parlurition; au moment oü la söcrötion lactee est en pleine activity.
Si la vache est alors dans les conditions que j'ai indiquees, c'est-ä-dire ägee de moins de 9 ans, en bonne sanlö, de bonne nature, qu'elle mange bien et abondamment, eile peut tout ä la fois produire du lait et faire de la viande.
Or, ceci est d'un avantage incontestable, car non-seulement la vache paie dans ce cas sa nourrilure, par son produit en lait, mais eile acquiert peu ä peu, par raecroissement progressif de ses ohairs; puisplus tard par son engraissement, un volume et un poids qu'elle n'eüt jamaisatteints, si eile eüt ete caströe la veille d'un engraissement simple, qu'on accelere toujours le plus possible.
Les vaches Castries ä cette epoque, ayant le temps de se developper, s'elargissent du dos et du train de derriere (1), s'arrondissent dans leurs formes, perdent
tailasurlerendementdesvacheslaitiöresetd'engrais^nargen^comme en substances alimentaires pour l'homme : cela n'est pas nöcessaire; du reste, MM. Payen et Richard ayant savamment traite ce sujet, et prouve par des analyses comparatives, que le lait produit par la vache lailiere , outre qu'il rapporte plus d'argent, fournit pour la nourri-tureconsommöe, une bien plus grande sommedematieregrasseetazo-t6e, que la \iande fournie par les boeufs et les vaches d'engrais ; saus compter l'enorme production de sucre de lait qui öquivaut au sucre ordiüaire pour notre alimentation.
(Precis d'agriculture theorique et pratique, t. 2, p. 220 et suiv.)
(1) Cet accroissement du train de derriere s'explique, en ce que lesfoncllons des organes genörateurs etant anamp;mties par la castration,
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tout-ä-fait le goüt et l'odeur de leur sexe, et de-viennent, pour la quality de lear viande, I'egal da bceuf, ce qui ne peut avoir lieu dans im engraissement pröcipitö : aussi ces vaches sont-elles recherchöes des bouchers, qui les estiment plus que quand elles ont 616 castrees au moment m^me de les mettre en graisse.
Je ne veux cependant pas dire pour cela que les vaches qu'on livre ä la boucherie, pendant qu'elles donnent encore du lait, aient la m6me qualite que celles qu'on ne trait pas depuis longtemps; la sons-traction quotidienne de ce liquide prive toujours la viande d'une certaine partie de son ar6me et de ses sues; mais, dans ce cas, les vaches Castries four-nissent d6jä une excellente viande, bonne ä manger, faisant un bon bouillon; et si Ton vent les pousser ä uö engraissement complet, il suffit de tarir la secretion \aci6e pendant quelques semaines, ce qui est loin d'etre des mois en tiers.
Ce n'est done pas chez les engraisseurs proprement dits que la castration des vaches convient le mieux, e'est chez les nourrisseurs, chez tous ceux qui se li-vrent ä Tindustrie laitiere, soil pour vendre le lait en nature, soil pour le transformer en beurre, en fromage, ou pour l'employer ä l'engraissement des veaux, ä l'^leve des porcelets, etc.
Chez les premiers, eile est utile encore, sans doute, pour anöaatir les ruts; mais comme ceux-ci ne se ma­le sang et le fluide nerveux qui leur etaiont destines, se reportent tout naturellement sur les masses musculaircs enyironnantes.
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nifestent pas toujours tout d'abord, et que s'ils n'ont pas lieu, les vaches peuvent 6tre pleines ä leur insu, puisqu'elles leur viennent de toutes provenances; je crois qu'il serait plus avantageux pour les vrais en-graisseurs qui veulent faire arriver leurs vaches ä l'ötat de graisse en trois ou quatre mois, de les acheter toutes castrees, lorsque leur lait commence ä decroitre, et qu'on ne veut plus les garder pour finir leur en-graissement. Dussent-ils les payer un prix plus elevö, ä coup stir ils n'y perdraient rien, car il ne faut pas plus de temps ni plus d'aliments pour engraisser deux vaches en chair, ou demi-grasses, qu'il n'en faut pour engraisser une vache achetöe maigre.
D'ailleurs, au moment oü la secretion lactöe d^croit, la vache castree, soumise ä la nourriture d'engrais, donne encore une assez bonne rente de lait, de tres bon lait, tres cremeux, tres butireux (4), richeen cas£um, et si I'engraisseur le vent, 11 pourra en tirer parti.
En commemjant I'engraissement pendant la periode de lactation, au moyen de la castration, on a encore I'avantage d'eviter la plölhore sanguine, les conges­tions et les maladies inflammatoires qui surviennent trop souvent, quand les animaux sont fort nourris et ne font aucune döperdition.
(1) D'aprös les diverses analyses que j'ai rapport^es dans mon precedent travail sur la castration, et celles qui ont 616 faites depuis, notamment a l'öcole impöriale d'agriculture de Grignon, il reste hers de deute, que le lait des vaches Castries est bien supörieur en quality a celui des vaches ordinaires; qu'il contient plus de cas^um , qu'il est plus riche en creme , et que celle-ci fait plus de beurre. Dans les faits qui suivent, j'ai du reste signal^ plusieurs fois cette amölioralion du lait, apres la castration, en rapportant les remarques faites par les proprietaires eux-msect;mes.
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CHAPITRE 11.
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De Is production du lait comltince avoe cello de la viande.
Je crois avoir demontre, dans le Chapitre precedent, les avantages que pent tirer l'agriculture de l'entretien des vaches caslrees comme simples vaches d'engrais, et, ce qui est mieux encore , comme vaches lailieres et d'engrais lout ä la fois. Je vais maintenant chercher ä faire ressortir la valeur de cette methode relative-ment ä la production du lait, et poser de nouveau quel-ques chiffres.
S'il est avantageux, en effet, de commencer Ten-graissement des vaches castrees pendant la p^riode de la lactation, pour I'engraissement lui-m6me, qui de-vient ainsi plus complet, plus parfait, sans plus de de-penses; cet avantage est bien plus grand encore, con-sid^re sous le rapport du rendement journalier du lait.
Mais, pour donner une juste idee de Taugmentation du produit en lait de la vache caströe, j'avouerai que j'äprouve de veritables difficultös, que je crains de ne pouvoir poser des chiffres exacts, pour un produit si inconstant, si capricieux, variant ä l'infini, suivant les sujets et les circonslances.
Dansmon travail sur la castration, public en 1854 dans le Recueil demidecine vettrimlre, j'ai cru pouvoir dire n^anmoins qu'au moyen de cette operation, nous doublerions le rendement annuel des vaches qui donuen t un veau chaque annöe, et je crois toojours^tredaasle
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vrai pour ces sortes de vaches; car j'ai de nombreux fails qui prouvent qu'apres la castration faite pendant le maximum de rendement, le lait se maintient an m^me chiffre pendant un an au moins, ä partir du v6-lage qui a pröc^dä l'opöration, ne variant gönörale-ment qu'aux changements de saison, et surtout d'ali-mentation, variations qui ont lieu ogalernent pour les vaches non Castries.
Or, la vache qu'on fait renouveler tous les ans, qu'elle donne 10,15 ou 20 litres de lait par jour aprös son velage , vu la diminution graduelle de son rende­ment quotidien des qu'elle se trouve pleine, et le taris-sement complet qui suit, ne produit pour son annce que 13 a 1,400 litres dans le premier cas, 2,400 litres dans le second, et 3,650 dans le troisieme.
Tandis que la vache caströe, en raison de la persis-tance de la s6cramp;ion lact^e, si eile donne 10 litres par jour, produit pour l'annöe 3,650 litres; si eile donne 15 litres, eile produit pour l'annöe 5,400 litres; si eile donne 20 litres, eile produit pour I'annee 7,300 litres.
Mais s'il m'a etlaquo;^ facile de demontrer, par les raison-nements et par les faits, que la castration double le rendement annucl de la vache qui porte chaque annee, maintenant qu'il ne s'agit que des vaches qu'on des­tine ä Ätre abattues, et desquelles on tire le plus de lait possible, tout en cherchant ä leur donner de l'embon-point, je dois faire d'autres calculs , considerer les vaches dans les trois conditions differentes oü Ton peut les faire arriver ä l'amp;at de graisse, et les suivre jusqu'a leur abattage pour la boucherie.
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Ainsi, pour bien amp;ablir mes comparaisons, je vais sopposer trois vaches de möme stature, de meme äge, recevant la möme nourriture, les mömes soins, et ayant les mamp;nes qualitös lactiferes, que je porte ä IS litres dans le maximum du reudement, comme etant le chiffre moyen donnö, dans le fort du lait, par les bonnes vacbes de France et des autres contrees de l'Europe, qui regoivent une bonne et abondante ali­mentation.
Poor la premiere, j'admets que Ton tire le fort du lait avant de la conduire an taureau, qu'on la fait sail-lir apres six mois de völage, et qu'cn la vend au bou-cher six mois apres.
La seconde n'est pas saillie, et donne da lait jusqu'ä son engraissement qui a lieu quinze mois apres le v^lage.
La troisieme, enfin, eslcastree pendant le maximum de rendement de la secretion lactee (1) , et continue de donner du lait pendant dix-huit mois, terme auquel eile pent 6tre arrivee a un bon etat de graisse, si sur-tout le lait est en forte decioissance.
Les cboses ne se passent pas loujours ainsi, il est vrai, notamment pour les vaches qu'on met en etat de ges­tation et pour celles qu'on ne fait pas saillir, chez les-quelles on a ä redouler, pour les unes, les accidents des saillies et de la gestation, et pour les autres, ceux des ruts qui causent quelquefois une si grande dimi­nution dans le rendement en lait, que d'un jour ä
ill!
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(1) Si Ton operait pendant la pöriode de döcroissance du lait, celui-ci ne se maintiendrait pas aussi longtemps, la vache alors poussant plutöt ä la graisse.
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l'autre il däcrott de plus de moitiö. Mais, pour poser des chiffres, je dois supposer qu'aucua derangement ne survient, pendant le cours de la lactation, cbez au-cune des trois vaches, et admettre pour chacune nn lemps donne de lactation, celui le plus en rapport avec ce qui se passe dans la pratique.
Ainsi, la vache mise en ötal de gestation pour eon engraissetnent, apres les six premiers mois de lacta­tion, donne:
3 mois, 15 litres par jour.................nbsp; nbsp; t3S0 litres.
3 mois, 12 litres Id..................nbsp; nbsp; 1080
lt; mois, 9 litres Id..................nbsp; nbsp; nbsp;270
1 mois, 6 litres Id..................nbsp; nbsp; nbsp;180
1 mois, 3 litres Id..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;90
Les trois derniers mois eile est tarie pour terminer son engraissement.
Total pour l'annee de lactation.......nbsp; nbsp; 2,970 litres
La vache non saillie, donnant du lait pendant 15
mois, et se trouvaal, au bout de ce laps de temps,
bonne ä (Hre abattue pour la boucherie, donne :
3 mois, 15 litres par jour................. 4350 litres.
3 mois, 12 litres Id.................. 1080
3 mois, 9 litres Id.................. 810
3 mois, 6 litres Id.................. 540
3 mois, 3 litres Id.................. 270
Total pour les 15 mois de lactation ...nbsp; nbsp; 4,050 litres
ou 270 litres par mois qui forment pour l'annee 3,240nbsp;Hires.
La vache castree, arrivant ä l'amp;at de graisse an bout de dix-huit mois, donne :
12 mois, 15 litres par jour................. 5400
3 mois, 10 litres Id.................. 900
3 mois, .5 litres Id.................. 450
Total pour les 18 mois de lactation .... 6,850 litreraquo;.
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Ou 375 litres par mois, qui forment par an 4,500 litres; soit 1260 litres en plus que la vache non saillie; et 1,530 litres en plus, que celle mise en amp;at de ges­tation pour I'engraissement (1).
Si done, nous admeltons avec Frangois Gannon, qu'il y a en France, 23 0/0 de vaches improductives, ou tres mauvaises laitieres, ce qui est un chiffre fort 61ev6, et qui ne peut s'expliquer que par l'införioritö de nos races, nous trouvons qu'il reste sur les 800 mille vaches qui sont abattues chaque annee, 616 mille de ces femelles donnant du lait en plus ou moins grande quantity. Or, comme j'ai demontre par les calculs pre­cedents, que la vache caslree donne 1260 litres de lait de plus par annee que celle qu'on ne fait pas saillir; et 1550 litres de plus que celle qu'on met en etat de gestation, au bout de 6 mois de völage; en prenant la moyenne de ces daux chiffres, e'est 1395 litres d'aug-mentalion a calculer pour chaque vache op^rtie, ce qui fait pour les 616 mille, 859,320,000 litres de lait en plus, qui, estimes ä 10 centimes le litre seulement, forment la somme de 85,932,000 francs.
On ponrra m'objecler, que sur les vaches moins bonnes laitieres que celles que j'ai prises pour types, la difference du rendement en lait des vaches castrees doitölre moindre , je repondrai qu'en calculant sur les vaches donnant seulement 10 litres dans leur maximum
(l) Pour ötablir le rendement de ces trois vaches, des deux pre­mieres surtout, je me suis basö sur ce qu'ont 6crit les auteurs, sur mes propres observations, et sur celles d'un cultivateur nourrisseur de Cemay-les-Reims, M. Leclerc-Laquille, qui a fait usage des trois methodes, et s'est arr6t6 ä celle de faire castrer toutes ses vaches au fur et ä mesure qu'il les remplace.
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de rendement, j'ai trouvö un chiffre ä peu pres ^gal, si done il varie pour des ordres inferieurs; comme il y a des vaches qui donnent 20 litres et plus par jour, et que j'ai d6jd exclu 23 0/0 de vaches improduclives ou fort peu laitieres, le chiffre de i39o litres d'aug-menlation, est bien ce qu'il doit tHre, pour des vaches recevant une abondante alimentation.
Get Enorme produit du lait, ajoule ä celui qu'on peut tirer de l'engraissement des vaches caslrees, forme d6jä le total de 143,462,000 francs.
Je n'ai pas encore parle, dans les pertes que j'ai jusqu'ici signalees, de divers accidents, quelquefois tres graves, qui arrivent souvent ä la suite des ruts, chez les vaches fort nourries, et qu'on ne livre pas au tau-reau des qu'elles en manifestent le desir; ou qui ne sent pas fecondees par l'accouplement, accidents que la castration previent.
Ces accidents peuvent se diviser en 3 categories :
iquot; Ceux du rut normal, physiologique, sans fievre apparenle, se manifestant periodiquement, presque ä lt;5poque fixe; rut qui diminue le lait, TaUerequelquefois pendant sa duree, et. fait, comme nous Tavons vu perdre de l'etat ä la vache, ou la laisse stationnaire pendant plusieurs jours.
2deg; Ceux du rut exalte, anormal, plus frequent et plus prolongö que le precedent, lequel determine un acces de fievre , des troubles de la digestion, de la nu­trition, la maigreur, le gonflement d'une ou deux ma-melles; ou seulemenl diminution sensible du lait qui tourne ä l'ebullition, gate le produit des autres vaches,
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esl nuisible aux nourrissons et aux veaüx qui en font
usage.
3deg; Ceux du rut exager6, tumultueux, avec forte fievre, anorexie complete, inrumination, parfois indi­gestion , et meteorisme du ventre, agälactie, et flötris-sement des mamelles; ou gonflement inflammatoire de deux ou trois de celles-ci, et d'une partie du pis, avec diminution considerable du lait, qui s'altere dans les reservoirs lactaires, se change en grumeaux, en matiere gluante, en sang; ou en serositö si brülante, qu'en s'öchappant des trayons malades, la main en ressent vivement 1'impression.
Ce dernier rut, lout palhologique, dure plus long-temps encore que les pnsect;c6dents; il rend les vaches tres mechantes, tres dangereuses, ou fort tristes; les fait beaucoup maigrir, determine souvent des maladies graves, ou esl le prelude de la nymphomanie.
El lorsque les vaches sont en 6lat de gestation, il y a :
1deg; L'inappetence, le degoüt des aliments, I'aberration de l'appetit, dont les consequences sont: la diminution du lait et l'amaigrissement de l'animalj
2deg; L'irritation et la congestion des organes g6-nitaux urinaires, avec relour de rut, chez certaines vaches;
3deg; L'avortement, et ses accidents consecutifs.
Enfin, quand la gestation est avancee, la plethore sanguine, les congestions, el diverses inflammations peuvenl delerrsiner la mort de la vache.
Les perlescauseespar ces divers etats maladifs, sont incalculables......
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Pour les vaches caslrees, au conlraire, il n'y a änbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .1
craindre que les suites de I'operaUon; rajiis par mori procede opöraloire , dejä mis en pratique par plusieurs de mes confreres de France el de l'amp;ranger, auxquels je l'ai demontre, elles sent si peu dangereuses, que quand ropöralion est faite comme eile doit Vamp;lre, sur des vaches saines, qui ne sont ni en rut, ni en etat de gestation et dans de bonnes conditions hygieniques, on peut a peine compter une perte pour cent.
Quelle est la castration, möme celle des males, qui en determine moins?
D'ailleurs, ces pertes peavent dtre annulees par une assurance, qui, au moyen d'uno faible prime pour chaque operation, raetlrait le vetei iuaire, ou les compa-gnies qui s'ea occuperaienl, ä möice de. les couvrir. Avec I'aide d'un capilaiisle ami du vrai progres agri-cole , je viens d'en creer une semblable, et puis ainsi, des a present, repondre pecuniairemeut des vaches que j'op^rerai.
Rien ne peut done plus empecher les cultivateurs, et lous ceux qui se livrent a I'industrie iaitiere, ou ä l'engraissement, d'adopter la methode de faire castrer leurs vaches , qui ne sont plus destinees qu'ä produire du lait et de la viande; rien, si ce n'est la routine, Vin-difference, et les prejuges, qui en agriculture, sontnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;j*
malheureusement bien difficiles ä vaincre.
Dans I'industrie, il n'en serait pas ainsi ; aussil6l qu'une machine nouvelle apparait, chacun la veul, chacun s'en empare; s'il faut des capitaux pour I'ac-,
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querir, I'iaduslriel en trouve; s'il faul faire de grandeö
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avarices, exposer tout ce qu'il possede, il le fait, et nous I'approuvons tons.
Pourquoi done en agriculture, reste-t-on si en ar-riere? Pourquoi est-on si pen ami du progres, que la moindre, corume la meilleure des innovations , est ac-cueillie avec indifference, et presque toujours repoussöe sans examen ?
Est-ce que Tart agricolen'est pas aussi une industrie ? Est-ce que lee animaux de rente ne sont pas des ma­chines, qui pour ötre Vivantes, neservent pas moinsä la fabrication du lait, dubeurre, du fromage, de la viande, du suif, des os, des cuirs, de la laine, de la corne, des engrais enfin?
Et, si ces animaux sont des machines, pourquoi ne pas les perfectionncr comme les machine; industrielles, puisque plus ces machines sont, les unes et les autres, impariailcs et döfectueuses, moins elles produisent, et inoins bons sont leurs produils ?
Que 1'agriculteur comprenne mieux la noble mission qu'il a ä remplir sur la terra, qu'il sache que c'esl de lui principalement que depend le bien-etre et la force des nations, puisque e'est lui qui fournit a la consom-mation les aliments qui lui sont necessaires; que ce lui soit un stimulant pour en produire beaucoup, et au moins de frais possible, ä l'aide des bons sytemes, des bonnes melhodes, que la science et la pratique rai-sonnees lui enseignent; et alors, mais alors seulement, il verra ses penibles travaux mieux recompenses, mieux apprecies, et son art marcher sinon a la töte, du moins de front avec I'industrie.
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Le moyen que je lui propose aujourd'hui, pour aug-menler el amöliorer les produils de la femelle bovine, le plus precieux do nos animaux domestiques, est sür et /ac//e d'execulion; il ne lui faut, pour le mettre en pratique, ni temps, ni travaux, ni capitaux; quelques soius hygieniques donnes ä la bete pendant les pre­miers jours qui suivent l'operation, et les faibles ho-noraires de l'opörateur, voilä tout ce qu'il hasarde pour obtenir de beaux bönöfices, et livrer ä la cousom-matiou beaucoup plus de lait, de beurre, de fromage et de viande, aliments qui ne sent plus en rapport avec les besoins de la population loujours croissaale.
Mais je n'ai pas tout dit encore sur les avantages de la castration des vaches. Jusqu'a present je n'ai parle de cette operation que pour celles ne devant plus re-produire, et qui sont deslinees a ötre abatlues pour la boucherie. 11 me reste ä signaler les cas oü eile doit ötre pratiquee sur les vaches 6tant encore dans Tage de reproduction, et le profit qu'on en pent tirer-
Si nos races ötaient ameliorees, perfeclionnees comme celles de l'Angleterre, ce pays si riche en boa betail, la castration, pour ces sorles de vaches, serait pen reclamee; mais avec nos races siches, neroemes, ardentes, ä constitution erotique, eile est malheureusc-ment souvent necessaire , puisque nous avons souvent des vaches taurellieres qui, quoique jeunes encore , ne peuvent plus concevoir, soit parce qu'on a neglige de les faire saillir en temps opportun, soit parce qu'elles sont affectees de maladies des organes genera-teurs, qui, aussi bien que la privation du male, d^ter-
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minent la nymphomanie el emp^chent la feconda-tion.
Au lieu de vendre ou d'echanger ces vaches a perle, ccmme cela arrive presqne toujours, de les mener de foiie en foire et de tromper les acheteurs inexp^ri-mentes, apres leur avoir fait consommer d6jä soi-ra^me, sans aucun proßt, une plus ou moins grande qnantite d'aliments, il vaut mieux, on en conviendra, les mutiler des que cet etat maladif apparait, et les faire rentrer ainsi immediatement dans les regies ge-nerales de leur organisation, qui sont: de prodnire de. la viande et de la graisse, quand elles ne sont plus aptes ä donner des veaux ou du lait.
C'est surtout en reflechissant aux pertes conside­rables qne ces betes nous font eprouver chaque an-nee par la nourritare qu'elles consomment inutilement, qne nous comprendrons bien la necessite de les cas-trer. Que Ton veuille obtenir d'elles, en effet, des veaux, du lait ou de la viande, elles sont rebelies ä tout, ne produisent rien, et causent, par consequent, une perte reelle de tous les jours (1).
Si done, parmi les vaches de reproduction, nous portons le nombre des taurellieres seulement a 5 0/0, ce qui est 6videmment au-dessous de la realite, d'a-pres mes observations de chaque jour, l'opinion de beaucoup de v^tärinaires, d'agriculteurs dislingues, et que nous comptions seulement 1 fr. de perte par jour
(1) J'ai enlendu dire qu'on allait jusqu'a enivrer les taurelliöres, pour leur donner une apparencede tranquillity; si cela est, döplorons une pareiillc supercherie.
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pour chaque böte, en raisoa da peu de furnier qu'elles font et du peu de lait qu'elles donnent parfois, nous voyons que sur la totalile des vaches qui est, d'aprös la statistique dejä cilee, de 4,701,825 vaches, deduc­tion faite des 80,000 abattues chaque annee, le nombre de ces vaches s'eleve ä 235,091, causant par an la perte enorme de 85,808,215 fr.
Cette perle, ajoutöe ä celles döjä signalees, forme une somme totale de 229,270,215 fr.
L'agriculture restera-l-elle indifferente en presence d'un tel etat de choses, quand il depend de si peu pour le changer, quand eile pent, en realisant de pareils bene­fices , augmenter considerablement nos ressources ali-mentaires. industrielles et commerciales?
On me permettra de ne pas le supposer.
Chez les eleveurs, la castration doit encore etre pra-tiquöe sur les vaches impropres ä la reproduction, comme celles qui avortent d'ordinaire, qui völent ou delivrent difficilement, qui ont des gestations mala-dives; sur celles arrivees ä Tage de reforme; sur celles enfin qui, par leur mauvaise conformation, leur mau-vaise nature, leurs mauvaises qualites lactiferes, ne peuvent donner que de mauvais produils, abälar-dissant l'espöce.
Enfin, cette operation convient parfaitement pour*-les vaches de travail, soil qu'on veuille les disposer ä l'engraissement, soit qu'on cherche ä en obtenir du lait, car ces deux produits ne s'obtiennent que diffici­lement avec des vaches ordinaires, tandis qu'ils sont donnös d'une maniere satisfaisante par les vaches
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caslrees, si je m'en rapporte aux fails de Roche-Lubin que j'ai cites ailleurs. Quand le travail n'est pas pe­nible, de pareils fails n'ont rien d'etonnant.
De plus, si las vaches qu'on met au travail seat pleines, elles sont exposees h avorter, deviennenl lourdes, se faliguent, sont inca[)ab!es de bien travail-ler,elsi on ne les fait pas saillir, et qu'ellesentient en rot, elles sont indociles , mechanles, travaillent mal, perdenl de leur force, et peuvent etre la cause d'acci-denis divers.
CHAPITRE HI.
Koincaux (aits ii l'appui des assertions preccdentes.
Pour donner pins de poids aux assertions qui pr6-cedent, sur les effets salutaires de la castration des vaches, je voudrais qu'il me liit possible de rapporter ici avec detail les resultats de plus de trois cents ope­rations que j'ai faites dans diverses localites, depuis la publication de ma brochure sur le möme sujet; mais on comprendra la difficulte d'une pareille täche : je craindrais d'ailleurs de fatiguer l'attention du lecteur. Je passerai done sous silence un grand nombre des nouveaux fails qui se sont produits, choisissant pour les signaler, non pas ceux qui sout le plus favorables ä l'operation, mais ceux qui ont 6t6 le mieux observes, soil par moi-m^me, soil par les proprietaires qui, r6-pondant ä mes questions, ont bien voulu me donner les renseignemenls necessaires.
(1) Le premier fait qui se presenle ä men esprit est
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relalif ä une vache de cinq ans, la derniere de toutes celles que j'ai operees pour mon propre compte.
Gelte böte fut caslree le 2 fövrier 18o2, en presence desdocleursMaldan et Blanchard, professeurs a I'Ecole de medecinedeReims;slleavaitv616enoclobre 18SI, et avail eu, ä la suite d' un refroidissement, une bronco-pneuinonie tres violente dont j'ai donne rhisloire, qui 1'avaitfaitbeaucoup maigriretavaitpresquetarisonlait.
Lorsque je l'opörai, trois mois apres sa maladie, le lait etait revenu ä 7 litres 1/2 par jour; il se maintint tel apres ropöration jusqu'aux herbes, augmenta alors, et arriva mamp;ne bienlot au chiffre de iS litres, pour pour redescendre ä celui de 12 eH3 litres au moment du regime sec.
En mai 18S3, ne voulant plus avoir de vaches, je la vendis a M. Leclerc-Laquille, cultivaleur nourris-seurä Cernay-les-Reims, moyennant 240 fr., le prix. qu'elle m'avail coule. A cette epoque, eile donnait encore, dix-neuf mois apres son v^lage, 13 litres de lait par jour, et son etat d'embonpoint 6tait tres satisfaisant; eile avail augmenle de 6S kilog. depuis le jour de son operation, d'apres les deux pesages fails ä la bascule publique en presence des docleurs que j'ai dejä cites.
Pendant tout I'ete, son rendement en lait, chez M. Leelerc, s'est continue ä pen pres le möme; l'hiver seulement il diminaa et desceudit au cbiffre de 10 ä H litres, pour ne plus remonter cette fois; il loraba möme ä 7 litres; mais alors la vache devint si grasse et si pesante, qu'elle fut bienlöt vendue au boucher
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pour le prix de 406 fr., ce qui fait iG6 fr. de benefice sur le prix d'acbat, sans qu'elle ait cesse un seul jour de donner du lait qui, dans les derniers lamps, payait en­core sa nourriture.
(2)nbsp; Le 9 Janvier 1853, apres avoir suspendu mes operations ä cause de divers accidents survenus, que j'ai signals dans mon travail pr6c6dent, fait modifier considerablement mes instruments et m'etre nombre de fois exerce dans les abattoirs, j'op6rai en presence de M. le docteur Collet, de Saint-Thierry, chez M. Coulon aia6, de Courcelles-Saint-Brice, une vache taurelliere qui donnait peu de lait et maigrissait tous les jours, malgr6 I'abondante nourriture qu'elle con-sommait. Apres I'operation, cette vache eut encore quelques chaleurs que j'attribuai ä une petite portion d'ovaire restee du cöte droit; puiselle devint calme, s'engraissa parfaitement sans changement de nourri­ture, et fut vendue avantageusement pour la boucherie.
(3)nbsp; i3 mars 1853, vache de douze ans, appartenant äM. Lalendral (Clement), de Saiat-Leonard, ayant mis bas de son neuvieme veau depuis six semaines, s'6chauffant souvent, etant tres maigre, tres nerveuse, et donnant 14 litres de lait par jour.
Chez cette bete, apres I'operation, il y eut aussi quelques retours de rut, que j'attribuai 6galement ä une partie d'ovaire restee j ma pince n'6tant pas encore tout ä fait perfectionnee ä cette epoque; mais ces cha­leurs qui du reste 6taient bien moins fortes, et ne pro-voquaient plus comme auparavant, de gonflement du pis, cesserent completement j le lait se maintient a 14
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litres pendant tout I'ete; tomba ä iO au moment du regime sec; puis ä 6, ä ^, ce qui n'en fait pas moins 4,200 litres pour sa derniere annee de lactation. Etant grasse alors, eile fut vendue au boucher, pour le prix de 246 francs au lieu de 135 francs qu'elle avail cou-t6 prete ä'mettre bas.
(4)nbsp;Le 3 avril 18S3, chez M. Leclere-Laquille, de Cernay-les-Reims, jecastrai une vache chetive, d'assez mauvaise nature, qui eprouvait de frequentes chaleurs, et qui j quoique mangeant hien et beaucoup, maigrissait chaque jour, et avail souvenl le pis tumöfiö : l'opera-lionen lacalniant,maintintlepeii de lait qu'elle donnait tout l'ete, l'augmenta raöme de deux litres par jour; la vache prit de ['embonpoint, et fut vendue au boucher en tres bon etat de graisse, le 20 septembre suivant.
(5)nbsp;Le möme jour, j'operai chez M. Michel Laquille, egalemenl de Cernay, el parent de ce dernier, une vache ayant vele depuis deux mois, el qui donnait 10 litres de lait par jour, qu'elle conserva tout le temps des herbes ; au regime sec, il diminua graduellement, et descendit jusqu'ä 6 litres; mais alors la vache 6tant grasse, on la vendit pour la boucherie, le m6me prix qu'elle avail cotjt^.
(6)nbsp;4 avril 1853, chez M. Chardronnet, de Saint-Leonard, vache de quatorze ans, ayant velö depuis six semaines de son huitieme veau dans la maison. Tou-jours maigre, quoique bien nourrie el mangeant avec appetit; en rut, eile ölait mechanle, difficile ä aborder; pleine, son lait diminuait promptement, et eile restait deux mois et demi ä sec. Au moment de l'operation,
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cetle vache donnait 11 litres de lait par jour, celui-ci, se maintint au möme chiffre pendant quinze mois au moins, puis diminua de 2 ä 3 trois litres.
Plusieurs bouchers la demandant alors ä acheter, quoiqu'elle ne füt pas encore parfaitement grasse, le proprietaire la vendit avec un benefice de 9S francs sur le prix d'achat.
(7)nbsp; 6 avril 1853 , chez M. Duchäteau-Dupont, pro­prietaire au chateau des Maretz , pies Reims, j'opörai une vache taurelliere de cinq ä six ans, trös ardente, d'un temperament nerveux, irritable, et qui 6lait de-venue fort maigre ä la suite de ses nils reiteres,
Ydiage en novembre 1852, 10 litres de lait au mo­ment de l'operation. Apres la castraion la böte devint trescalme, son lait remouta quelque peu, et se main-tint au chiffre de 1quot;2 litres tout l'^tö, et uneparlie de l'hiver suivant, epoque a laquelle 11 dimimia au fur et ä mesure que la vache pril graisse j eile fut vcndue au boucher en avril 1854, apres quinzejours de cessation de lait pour terminer son parfait engraissement,
(8)nbsp;11 avril 1853, M. Bouclon de Cernay-les-Reims, avait une vache de sept k huit aus, qui, chaque fois qu'elle entrait en rut, ce qui arrivail fort souvent, ne mangeait pas, ne ruminait pas et se meleorisait; le lait peu abondant diminuail aussi a ces 6poques, el la bete dep6rissait, bien qu'elle füt fort nourrie. M. Bouclon, s'6tant decide ä la faire castrer, eile n'eut plus aucun retour de chaleur, mangea toujours bien, digera parfaitement, et on ne la vit plus se meteoriser, son lait augmenta möme dequelques litres; eile ne tarda
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pas ä prendre graisse, et put ötre livröe avantagease-ment au boucher.
(9)nbsp;Le 14 avril 1853, M. Frion Reve, de Boult-sur-Suippes rae fit castrer une vache de six ans, qui ä la suite d'un velage laborieux avait beaucoup de peine a se relever, mangeait sans grand appetit, et ne donnait pas aulant de lait que les annees precedentes, maigris-sait et se meteorisait de temps en temps. Apres la cas­tration, celtebete mangea mieux, ne se raötöorisa plus, rendit davantage de lait, et il fut tres facile do I'en-graisser ä la fin de l'hiver, quand la secretion lacl^e diminua.
(10)nbsp;Le memejour, 14 avril 18o3, M. Pilton-Concet, aussi proprietaire ä Boult, me fil castrer une vache qui, nmlgrö son age avance (seize ä dix-huit ans), etait presque constammenl en rut, et qui, quoique ne don-nant qua 2 a 3 litres de lait par jour, et recevant une nourriture d'engraissement qu'elle devorait, restait toujours dans im etat de maigreur desesperant; je ne la castrai qu'avec hesitation, et en prevenant le pro­prietaire du peu de succes que j'altendais de Topera-lion; mon pronoslic fut dementi: aussitöt que cette vache fut castree, eile devinl calme et engraissa par-faitement en moins de trois mois.
(H) Le 18 avril 1853, M. Legres-Sautrez, de Saint-Hilaire-le-Pelit, tres satisfait d'uae premiere opera­tion que j'avais faite chez lui autrefois, et dont j'ai signale ailleurs les r^sullats, me fit castrer quot;une seconde vache qui avait völö depuis cinq mois, et qui donnait encore 20 litres de lait par jour. L'operation, chez cette
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böte, reussit aussi bien que chez la premiere, et fit cesser completement les ruts qui etaieat forls et fre­quents ; son lait se conserva au möme chiffre toute une annee, puls il diminua : eile devint alors enorme et si grasse, qu'elle fut vendue sur pied, pour la boucherie de Paris, 50S fr., prix extraordinaire dans nos con-trees.
Pramp;e ä mettre bas, eile n'avait coütö que 2S0 fr.
(42) Le möme jour, je castrai chez M. Michel La-quille, de Cernay-les-Reims, aussi une deuxieme vache ayant völe depuis cinq mois, qui, devenue tau-relliere, etait en tres mauvais etat; son lait, de 15 litres au moment du völage, elail lombe ä 10 litres, et en­core ce rendement n'6lail pas regulier; apres l'opera-tion, il se maintint invariableraent ä 10 litres pendant tout l'6t6; au regime sec, il diminua de 2 litres. A la fin de l'hiver, la vache ayant pris de l'etat, M. Laquille la vendit ua bon prix a un engraisseur, pour la rem-placer par une meilleure laitiere. Chez ce dernier, oü eile fut bien nourrie, eile deviut tres grasse en moins de deux mois, bien qu'on conlinuat de la traire.
(13) 20 avril 1853, M. Coiet-Roland, vigneron ä Cernay-les-Reims, avait une vache de neuf ans, vieille völee, qui beuglait continuellement et maigrissait d'une maniere effrayante, quoique donnant peu de lait et mangeant beaucoup. Je la castrai; ropöralion main-tint le lait a son m6me chillVe de rendement pendant plusieurs mois, fit cesser completement les ruts, et avec eux les beugiemenls que les coups et les jurons n'emp^chaient pas; la böte prit de Tembonpoint, puis
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de la graisse, et fut vendue au boucher, dormant en­core quelques litres de bon lait.
(14)nbsp; 22 avril 1853, chez M. Felix Laquille, culli-vateur ä Cernay, vache de cinq ans, tres maigre, des plus taurellieres, tourmentant continuellemenl ses voi-sines, et möchante mßme avec le monde. Apres l'opc-ration, les ruts cesserent, la b^te devint douce et en bonne chair avec sa ra^me nourriture; mais comme eile donnait peu de lait, eile fut vendue ä un engrais-seur d'un village voisin, qui ne tarda pas ä la livrer grasse ä la boucherie.
(15)nbsp; Le 23 avril 1853, M. Frangois, de la ferme de Bayeux, commune de Saint-Thierry, me fit castrer une vache de neuf ans qui s'echaulTait beaucoup et 6tait tres maigre; chez celle böte, un etat maladif des o vaires rendit ToperatioQ assez difficile, eile en souffrit quel-que peu; son lait ne revint pas tout ä fail ä sa quan-tite normale, mais eile prit bien graisse, quoique me-diocrement nounie.
(16)nbsp; 2S avril 18S3, chez M. Guilmard-Page, de Cernay-les-Reims, vache de cinq ans, ayant völe de-puis deux mois, et donnant 9 litres de lait. Cette vache etait tres souvent en rut et ne prenait pas d'etat, quoi­que bien nourrie. Apres l'operation, eile devint tout a fail calme, et conlinua de donner son möme rende-ment en lait jusqu'au regime sec; alors le lait dimi-nua quelque peu; la böte prit de rembonpoint et fut vendue grasse au boucher avant les herbes, donnant encore 7 litres de lait par jour.
(17)nbsp; 25 avril ögalement, M. Guerin-Colet, de Cer-
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nay-les-Reims, ä quelques jours de distance, me fit faire six operations sur cinq vacbes et une genisse de quinze mois. Quatre de ces vaches, qui avaient velö depuis plusieurs mois, et qui donnaient peu de lait, le conserverent pendant loute la saison des herbes; au regime sec 11 diminua, mais ies betes s'engraisserent, comme ce n'etait que pour oblenir ce resullat que M. Guerin les avail fait operer, il les vendit snecessi-vement ä des bouchers, sans les tarir, gagnant ä chacune d'elles sur le prix d'achat.
La cinquieme vache 6tant plus nouvelle velee, et donnanl un peu plus de lait que les autres, ne dimi­nua que de 1 ou 2 litres pendant le regime sec, pour rendre sa m^me quanlile quand eile fut remise ä l'herbe, et la conserver jusqu'a I'hiver sulvant, 6poque ä laquelle eile prit graisse aussitot que le lait diminua. La gamp;nsse, qui etait assez chetive et avail des formes anguleuses, gagna considerablemenl en taille, en chair el en graisse. Mais M. Guerin, craignanl pour I'annee prochaine une diminution sur le prix de la viande, la vendit cet hiver pour la boucherie, avanl qu'elle n'eüt atteint son complet developpemont; ce qui est ä re-grelter, ear, de l'aveu de toutes les personnes qui I'ont vue, si on I'eiit laissee vivre une annee encore, jamais dans nos parages on n'aurait vu une plus belie böte de boucherie. Le pis et les mamelles, chez cette genisse, sont rcstös ä l'etat rudimentaire, et la vulve, presque effdc6e, ne formail plus que retroit passage necessaire a l'öcoulement de l'urine.
(18) Meme jour, 25 avrii, chez M, Roussi-Leclerc,
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de Caurel, je castrai une vache, maigre depuis longtemps, donnant peu de lait; avait des ruts qui ötaient tres frequents et la tourmentaient beaucoup ; imm^dialement apres l'operation, eile devint calme, et, tout en donnant son lait pendant plus d'un an ä son chiffre habituel, eile prit de l'etat, saus qu'on ail en rien change sa nourriture; aujourd'hui cette vache est ven-due pour la boucherie; mais comme eile donne loujours ä peu pres la möme quantity de lait, que celui-ci est devenu beaucoup plns butireux, et qu'elle continue a s'engraisser, son propriötaire ne se presse pas de la livrer.
(19)nbsp; 27 avril 1833, M. Pommier-Legros, deCernay-les-Reims, avait fait I'acquisition d'une vieille vache donnant peu de lait, bien que consommant beaucoup de nourriture; celte bete se tourmentait continuel-lement, et etait d'une raaigrou r extreme. Castree, eile devint tranquille; son lait sc mainlint bien, et eile prit graisse en peu de temps avec des herbes de vigne.
(20)nbsp; 28 avril, chez M. Duchuteau-Dupont, des Ma-retz, une vache dejä vieille acbetöe ä lait, donnant 9 litres par jour, fort maigro, ayant le poil pique, la peau seche, adherenle, et etant affeclöe d'une loux quinteuse.
Apres 1'operalion on vitcette vache revenir peu a pen en etat, quoique toussanttoujours; son lait se conserva aumömechiflro, maisM.Duchäteau, craignantles suites de sa mauvaise toux, la fit vendre en foire de Reims.
Je suivis cette bole, eile alia chez un engraisseur de Vitry-les-Reims, qui par nne bonne et abondanle
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nourriture, obtint tout ä la fois son engraissement, en meme temps que la continuation de la lactation. Je ferai m6me remarquer que la toux devint moins forte et moins frequente, bicn que la vache fut röellement phthisique, ainsi que je l'avais reconnu, et comme je pus m'en convaiocre a I'abaltage chez le boucher.
(21)nbsp; Ier mai 1852, chez M. Ossence, cultivateur ä Betheny pres Reims; vieille vache, tres maigre, se relevantdifficilement; 10 litresdelait par jour; völage six semaines avant la castration. Gelte böte a bien maintenu son lait tout Tele, pendant I'hiver, il a dimi-nu6 quelque peu, mais revint au möme chiffre ä l'epoque des herbes, et aujourd'hui qu'il a de nouveau diminue, la vache est en assez bon 6tat; je doute ce-pendant qu'elle devienne grasse, ä cause de l'espece de paraplegie, dont eile est afl'ectee depuis longtemps; le devant seul paratt prendre du developpement, tan-dis que le train postörieur reste ä peu pres stationnaire.
(22)nbsp; 12 et 14 mai 1853, M. Duchäteau des Maretz, buitvaehesdeja vieilles,ayanlmauvaispoil, lapeause-che,donldeux donnant du lait, et six n'en donnant plus.
La premiere des deux vaches laitieres, donnait au moment de roperalion 3 litres de lait seulement; peu de temps apres il augmenta jusqu'au chiffre de 7 litres parjour, et semaintintteljusqu'aumois de mars 1854, epoque a laquelle on fit cesser la lactation, pour vendre la vache au boucher en avril suivant, un prix beau-coup plus elev6 que celui d'achat.
La deuxieme vache continua de donner sa möme quantite de lait, jusqu'au moment oü eile pritgraisse,
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apres quoi, eile ful aussi vendue un bon prix pour la bouchörie.
Les six vaches qui ne donnaient pas , malgr^ leur äge avance et leur extreme maigreur, s'engrais-serent rapidement, et furent ögalement tres bien ven-daes.
(23) Les 14 et 17 mai, M. Ledere Laquille, de Cer-nay, me fit castrerdenouveaudeux vaches. Lapremiere avait völe depuis six mois, et avait dejä ötö saillie plusieurs fois; pleine h noire insu au moment de l'o-p^ration, eile avorta le lendemain d'uo foetus de deux mois et demi. Get aeeeident n'eut heureusement pas de suites fächeuses; la bele reprit vile sa gaite et ses habitudes, eile rendit sa memo quantity de lait au moins; mais comrae cette quantite n'etait pas abon-dante, eile fat vendue au boucher, en tres bon lt;sect;tat de graisse, fin de decembre 1853, donnanl encore 6 litres de lait chaque jour.
Chez la seconde vache , le völage eut lieu en dö-cembre 18S2, eile donnait alors jusqu'ä 20 litres de lait par jour; mais, au mois de mai 1853, öpoque de son operation, eile n'en donnait plus que 13 ä 14- litres. Aprös la castration, le lait remonta ä lo litres et se maintint ä peu pres ä ce chiffre jusqu'au 20 döcembre suivant. Alors M. Ledere manquant dedreehes, ali­ments qu'il fait entrer habituellement dans la nourri-ture de ses vaches, le lait diminua sensiblement, et comme la böte (sect;tait en tres bon 6tat, il fit venir le bou­cher et la lui vendit au poids, pour le prix de la viande de boenf ä cette öpoque.
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D'apres les conventions faites, le bencher ne devait prendie possession de cette vache que quinze jours apres; mais, pendant ce laps de temps, la böte, qui avail de nouveau regu ses mömes rations de dreches, rendit i 1 litres de lalt, ce qui engagea M. Leclerc ä obtenlr du boucher un sursis qui se prolongea du Mardi-Gras ä Päques, et de Paques ä la föte patronale du village (9 juillet), öpoque ä laquelle il fallut bien la livrer, quoiqu'elle donnät encore une bonne rente de lait.
M. Leclerc estime que cette vache, dans ses vingt derniers mois de lactation, lui a donne 7,915 litres de lait; il pense, en outre, qu'ä l'abattage eile a fourni 50 kilog. de viande en plus que si eile n'eüt pas 616 castree, d'apres la premiere estimation faite du poids auquel il avait espere la faire arriver, avant de songer äla faire op6rer.
(22) 1er juin 1853, chez M. Marcelet-Favreau, de B6lheny, pres Reims, castration d'une vache de sept ä huit ans, maigre, et dont l'utörus avait et6 deux fois renverse ä la suite de deux völages; la derniere par­turition avait eu lieu deux mois auparavant. En ope-rant, je reconnus que Tovaire gauche 6tait rouge, lumefie et adherait immMiatement au corps de l'utö-rus; j'eprouvai möme des difficultes pour l'extraire, j'y parvins neanmoins, et la böte ne parut pas souf-frir de l'opöration; pourtant, eile ne rendit pas tout ä fait sa möme quantity de lait, et ne prösenla pas, pen­dant quelques mois, tons les signes d'une bonne santö. Peu ä peu l'appötit devint meilleur, la gaitö reparut.
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la peau s'assouplit, le poil se lustra, puis, au moment des herbes, le lait augmenta pour ne diminuer que I'hiver suivant. Mais la vache prit un bou etat de graisse et fut avantageusement vendae pour la bou-cherie.
M. Marcelet, qui d'abord n'avait pas paru satisfait de l'operation, parce qu'il n'avait pas tenu compte dc l'etat maladif des organes genörateurs de sa bete, m'a prevenu dernierement qu'il aurait bientöt d'autres vaches ä me faire castrer , et que son intention etait de ne plus en avoir dans son Stable qui ne soient ope-rees.
(25) Le H juin i8ö3, M. Ballot, proprictaire ä Tessy, me fit castrer une vache taurelliere en mauvais etat. L'ovaire gauche, chez cette bete, (Hait volumi-neux, malade; l'ovaire droit, au contraire, etait atro-phi6, et ne fut enlev^ qu'incompletement, n'ayant pu placer ma pince au-dela du collet de la glande, ä cause de la brievete du ligament ovarien. Le lait diminua quelque pen, par suite de quelques relours de rut; mais des que ceux-ci cesserent, il se maintint bien jusqu'au moment oü la vache devint grasse. En juin 1854, eile tut vendue au boucher pour un tres bon prix, donnant encore plus de moitie de sa rente habituelle de lait.
A l'abattage, je trouvai la portion d'ovaire restant, et un gros corps jaune qui donnait la cause des ruts qui avaient eu lieu apres l'operation, et que je fis voir ä M. Ballot, ainsi qu'aux personnes qui se trou-vaient lä.
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(26)nbsp; H juin, chez M. Quenardelle, de Tessy, une jeune vache, taurelliere au dernier degr6, qui se tour-mentait continuellement, etait excessivement maigre el ne donnait plus de lait, quoique recevant depuis longtemps une abondante et succulente nourriture. Immediatement apres la castration, les ruts cesserent tout a fait; la bete s'engraissa parfaitement en moins de trois mois avec son regime ordinaire, et fut vendue tres avantageusement au boucher.
(27)nbsp; 13 juin 1853 , chez M. Trousset aine, cultiva-teur ä Ormes; castration d'une vache plus taurelliere encore que la pr^cedente s'il est possible, et qu'on cherchait en vain a engraisser depuis sept ä huit mois; loin de profiler de la nourriture d'engraissement qu'elle recevait, eile etait au contraire en si mauvais etat qu'aucun boucher ne voulait l'acheter; eile donnait neanmoins 4 litres de lait par jour, mais qui, le plus souvent, s'öchappait en grumeaux de deux mamelles.
Apres l'opöration, cette böte devint tres douce, Ires facile ä soigner, et ne tourmenta plus ses voisines; son lait ne s'altöra plus, et il augmenta de deux litres par jour, pour se maintenir jusqu'au moment de l'engraissement qui fut tres complet, et eut Iieu,bien que la vache n'ait regu qu'un peu d'avoine en gerbes pendant cinq ä six semaines, en plus de la nourriture des aulres vach.es, le seigle etant devenu trop eher alors.
(28) 19 juin 1853, chez M. Demain , propriötaire ä Wilry-les-Reims; vache de sept ä huit ans, ayant v616 depuis deux mois au moins, assez bonne laitiere, man-
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geant lentement, sans grand appetit; habituellement maigre, et ayant mauvais poll, qu'elle soil ou non en 6tat de gestation.
Apres la castration, eile conserva son lait pendant un an ä la meme quantite; au bout de ce temps, il di-minua, mais la böte prit de Tembonpoint, puis s'en-graissa, sans qu'on ait rien cbang6 ä son rdgime habi-luel, et futfort bien vendue au boucher en aout 18o4., donnanl encore 8 litres de lait par jour, plus de la moitie de ce qu'elle donnait dans son maximum de rendement.
(29) 25 juin 1853, ä Bourgogne, chez M. Manichon, maire de la commune, une vache de six ans, maigre quoique bien nourrie, ayant \amp;\6 depuis plusieurs mois, et donnant de 11 a 12 litres de lait par jour.
Quelques jours apres I'operation, le lait revint a sa quantity habituelle, il la depassa möme de 1 ä 2 litres peu de temps apres, pour rester ä ce meme rendement pendant quelques mois; loin de soulTrir de cette aug­mentation de lait, la bete avait le poil plus luisant, la peau plus souple , et on la voyait prendre de l'embon-point, quand tout-ä-coup cet etatchangea, le rende­ment du lait devint irrögalier, il diminua seusiblement, et la vache maigrit; une domestique peu soigneuse, chargee de lui donner sa nourriture, etait seule la cause de ce changement; ayant 6te surveillee, on reconnut qu'elle lui donnait tres irrögulierement ä manger, et la laissait quelquefois pendant plusieurs jours sans lui donner ä boire ; cette mauvaise domestique fut ren-voyee, l'on vit aussitöt le lait revenir ä sa quantity, et la böte reprendre son bon etat.
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Depuis lors, jusqu'au moment de l'engraissement, le rendemeut du lait a peu varie; I'hiver il a quelque peu diminue il est vrai, comme chez toutes les vaches qui passent du verl au sec ; mais avec la nourriture d'ete, il revient ä peu pies ä sa quanlite, et quand ä la fin de cette saison il baissa, la vache gagna beaucoup en volume et en poids, et fut bienlöt assez grasse pour etre veadue au boucher plus eher qu'ellc n'avail coüte.
M. Manichon, qui est d'uue assez faible sanle, et qui fait habituellement un grand usage de lait pur, a re-connu que, apres la castration, le lait de sa vache avait acquis un gout bien plus agreable qu'auparavant, et qu'illendait aussi,pour unequantitydonn6e,beaucoup plus de beurre et un beurre plus gras.
(30)nbsp; Le 27juin 1853, chez M. Perard Theodore, de Cernay-les-Reims; deux vaches taurellieres, dent une surtout qui avait avorte, s'echauffait conslamment; apres I'operation qui les calma complelement^ de tres maigres qu'elles 6taient, ccs betes devinrent en tres bon etat, sans changement de regime; et aujourd'hui que leur lait, peu abondant du reste, s'est maintenu ä peu pres au möme chiffre qu'ä l'epoque de Toperalion, elles sont bonnes ä 6tre livrees au boucher; mais M. Perard, qui dit n'avoir besoin que de fumier, ne se presse pas encore de les vendre.
(31)nbsp; Le 3 juillet 1853, chez M, Malhieu de Vouziers (Ardennes); vache de 12 a 13 ans, maigre, s'lt;sect;chauffant sou vent, ayant vole depuis deux mois, et donnant 17 ä 18 litres de lait. Pendant 10 mois cetle vache donna
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invariablement la meme quantity do lait; apres ce temps celui-ci diminua, mais resta encore longlemps ä 12 litres; el quand 18 mois apres le vclage il dimi­nua davantage , on vit la bete s'arrondir clans ses formes et prendre graisse.
(32)nbsp; Le 5 juillet 1853 , chez M. Guilmard-Page, de Cernay, une seconde vache, castree apres im mois de velage, donnant 12 litres de lait par jour, chitlre qu'elle conserva pendant le reste de l'ete; au regime sec, il diminua, mais la vache devint grasse, et on la vendit au boucher dans le courant du mois de mars donnant encore plus de moilie de sa rente de lait.
11 est ä remarquer que celte vache ne maintenait pas bien son lait d'habitude, que des qu'elle 6tait pleineil tarissait promptement, et qu'elle reslait pres de 4- mois ä sec.
(33)nbsp; 6 juillet 1853. Chez M. Perin Chauvet de Rilly-la-Montagne, une vache de 10 ans, donnant fraiche velee jusqu'ä 15 litres de lait par jour, mais tarissant promptement des qu'elle avail repris veau, au point qu'elle restait ä sec pendant les 5 derniers mois de la gestation. Castree, son lait se maintint plus d'uoe annee a peu pres ä son maximum de rendement, el quand il diminua, eile devint vite bonne k elre livree au boucher, qui la paya le plus haut prix du mo­ment.
Une autre vache de 15 a 16 ans, castree I'annee d'auparavaut, avail aussi Ires bien mainlenu son lait, plus longtemps meme que la precödente, lout en pre-nant de l'elat; malgre son age avance. Chez celte böte.
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dont on mettait la traite ä part, on a remarque que le lait dejä tres-bon de sa nature les annäes precedentes, etait deveou si butireux apres roperalion que les 25 litres qui produisaient 1 kilo 500 grammes de beurre, sont arrives ä en produire 2 kilos 250 grammes} celui-ci devient aussi tres-facile ä venir, ce qui n'avait pas lieu pendant les ruts qui ^talent tres-frequents, et quand la vache etait pleine.
J'arrive ä citer une categoric de faits qui, pour s'etre produits dans d'autres parties de la France que celle oü je reside, ne sont pas moins en favour de l'o-peration.
(34)nbsp; Le 12 juillet 1853, appele par M. Loqueneux de Marly-les-Valenciennes (Nord), qui avail eu con-naissance de mes operations , par M. Duchäteau des Maretz, son concitoyen et son ami; je pratiquai chez lui 13 castrations, sur des vaches ä lail, des vaches d'engrais et une genisse.
Ces operations r^ussirent bien , mais je n'ai pas obtenu tons les renseignements desirables sur leurs rösultats ulterieurs; je sais seulement, par une lellre d'assez longue date, de mon confrere, iM. Huard de Valenciennes, que deux de ces vaches qui 6taient an moment de l'operalion dans un etat voisin du marasme, ne s'amenderent pas, ce qui determina M. Loqueneux ä les faire sacrifier pour la basse boucherie; que eel les a lait conlinuaientleurmömerendementtout enprenant de l'ö'at, et qu'on ötait satisfait des autres sous le rapport de l'engraissement.
(35)nbsp; 14 eH5 juillet 1853, chez MM. Baillet freies.
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de Denain (Nord), 6vaches, dout quatre taurelliörea, et deux tres souvent en rut.
Pour donner connaissanoe du resultat de ces opera­tions, je ne puis mieux faire que de transcrire ici tex-tuellement la lettre dötaillee qu'un de ces Messieurs m'adressa ä la fin de l'eie 1854. Quelques mois se sont ^coules depuis, mais comme ils n'onl pu amener d'autres changements que l'engraissement des vaches ä lait, on m'excusera de n'avoir pas sollicile de nou-veanx renseignements, souvenl difliciles ä oblenir.
laquo; Monsieur,
raquo; Sous 1c rapport de la trauquillite des vaches, la raquo; castration ne laisse rien ä desirer, et nous avons fait raquo; ä cet egard une experience tout-i-fait concluante :
m 1deg; La vache laurelliere que vous avez opöree la raquo; premiere, nes'est plus jamais ressenti de ses folies, laquo; quoique ayant ele remise en prairie avee le trou-raquo; peau, et s'est parfaitement engraissee ; ä l'abaltage, raquo; la viande 6lait aussi belle que celle d'un boeuf, et le laquo; boucher a et6 tres satisfait du rendement en suif; raquo; tandis que I'annee precedente nous avions en vain m cherche ä l'engraisser; alors eile etait meme si tur-
•nbsp; bulente, qu'il y avail parfois danger pour les bou-
•nbsp; viers de l'approcher; et quand eile s'echappait de raquo; son Stable, eile bouleversait tout ce qu'elle rencon-raquo; trait.
raquo; 2deg; Celle qui a ele operäe peu de temps apres son raquo; vamp;age, a toujours donne, el donne encore ä peu pros raquo; sa tuemo quantile de lait.
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raquo; 3deg; Chez les quatre qui etaient plus anciennes de • #9632;vamp;age, le lail est tombe assez vite, ce qui me ferail raquo; penser que cette operation doit loujours se faire raquo; trois semaines aprös la parturition (1). Cependant raquo; I'effet conlraire s'esl produit chez la vache laurel-raquo; Here j eile avail vole depuis i 5 mois, et malgre cela raquo; son lail a augments de 4 litres apres la castration, raquo; el a continue ainsi jusqu'a presque son parfait en-raquo; graissement.
m En resume, nous avons 6te Ires salifaits sous lous raquo; les rapports, des vaches que vous avez castrees ä la m maison, surtout pour la vache taurelliere, chez la-raquo; quelle l'operalion a produit un effet merveilleux.
raquo; Agröez, etc.
raquo; Eug. Baillet. raquo;
(36) 18 juillet 1853, chez M. Gustave Hamoir, de Saultain, pres Valenciennes, trois fort belles vaches, de race distingu6e, dont une d'engrais et deux lai-tieres.
La premiere de ces vaches qui donnait peu de lail, devint bienlöt grasse apres la castration, et fut vendue pour la boucherie ä laquelle eile etait destinee.
Parmi les deux aulres, Tune avail völe depuis irois mois el donnait 16 litres de lail par jour au moment de l'operalion; quelques jours apres, ce chiffre mo a
(1) Je ne suis pas tout-ä-fait de l'avis de M. Eugene Baillet, car apres trois semaines de völage, la secretion lochiale n'est g6n6rale-meiit pas terminee; les organes genitaux ne sont pas encore dans )eur (Hat normal, et la secretion du lait est a peine bien ötablie. J'aime mieux qu'il se soit öcoule enlre le velage et ropöration , 6 semaines a 2 mois.
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ä 19 litres el se maintint tel jusqu'au milieu de l'hi-ver, moment auquel les racines fourrageres manquanl, 11 diminua de 4 ä 5 litres; mais des que la vache fat remise ä une alimentation plus abondante et regut des farineux, eile rendit sa möme quantite, de 19 litres, qu'elle oonserva jusqu'au mois d'aoüt 1834; depuis lors, le rendement du lait a flechi et 6tait mamp;ne tomb^ au chiffre de 12 litres en novembre 1834, maiscomme me le fait observer M. Hamoir Ini-mamp;ne, des ce moment, une partie de l'effet utile de la nourriture pa-rut se jeter sur les tissus adipeux, et l'animal prit graisse.
La seconde, castree apres six semaines de velage settlement, donnait 19 litres de lait, celui-ci monta bientot ä 20 litres et se oonserva ä ce chiffre jusqu'au moment oü la vache, comme celle qui precede, ne recevant plus sa nourriture habituelle, il diminua de quelques litres; pour revenir au chilfre 20, aussitot que la nourriture fut plus riche en elements nutrilifs, et seconserver ä pen pres tel jusqu'en novembre 183 i; alors il diminua aussi, et la bete gagna en chair et en graisse.
Ces deux vaches viennent seulement d'etre taries, M.Hamoir, danssa lettre d'aujourd'hui (30mars 18S5), me dit qu'elles ne donnaient plus que 5^6 litres cha-cune, et que considörant l'expörience poussee assez loin, il a pens6 que desormais i'accroissement en viande compenserait bien cette faible production de lait. II espere, en effet, laquo; pouvoir les livrer ä raquo; la boucherie comme bates fines avant deux mois, raquo;
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Depuis le jour de l'opöration, on peulainsi calculer le rendement en lait de ces deux vaches (1);
Pour la premiere, donnant lt;9 litres, 365 jours a
19 litres..........,.......................nbsp; nbsp; 6,93b litres.
m jours a 15 litres 1/2, moyennede12 a 19 litres.nbsp; nbsp;1,860
120 jours ü 8 litres 1/2, moyenne de 5 ä 12 litres.nbsp; nbsp; 1,020
Total pour les 20 mois de lactation. 9,815 litres.
Pour la seconde donnant 20 litres;
365 jours a 20 litres.......................... 7,300 litres.
120 jours egalement a 20 litres................ 2,400
120 jours ä 13 litres, moyenne de 6ä 20 litres... 1,500
Total pour les 20 mois.................... 11,200 litres.
(37) Du 18 au 30 juillet 1853, j'ai encore castnS chez MM. Humbert Drinot. de Wazemme, pres Lille, Deruelleet Cornille, de Lomme,Dubois D6sir6, de Lille, et Coustenoble de Radinghem, onze vaches, presque toutestaurelliöres, qui donnerent les resullatssuivants, d'apres une lettre de M. Coustenoble, en date du 31 juillet 1834, que voici:
laquo; Monsieur,
raquo; Je n'ai pas röpondu plus tot ä votre lettre du raquo;18 courant, parce que j'ai voulu, avant de le faire, raquo; prendre des renseignementspres des personnes chez raquo; lesquelles vous avez op€r6 Iocs de votre voyage raquo; dans le Nord.
(1) Je ne dois pas tenir compte de la diminution des quelques litres qui eut lieu pendant 6 semaine-, puisquecette diminution tenait a la suppression des racines futirragferes, et que dös qu'elles furent remplacöes par un surcroit de bonne nourriture, le lait remonta ä son m6me chifl're.
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M Toules les personnes pres desquelles j'ai pris des raquo; renseignements, sont tres salisfaites du resullat de raquo; vos op^ralions; quant ä moi, j'en suis aussi tres con-raquo; tent; le developpement et I'engraissemeat des va-raquo; ches que vous m'avez castrees, se sont fails d'une raquo; maniöre remarquable : apres I'operatiou, les vaches raquo; ont toujours ete tres tranquilles j la quantity du lait raquo; n'a pour ainsi dire pas diminue, et a presque tou-raquo; jours et6 la m^me jusqu'ä leur parfait engraisse-raquo; ment; le lait est aussi devenu d'une qualile meil-raquo; leure, il 6tait plus gras qu'avanl Topöration.
raquo; Veuillez, Monsieur, etc.
raquo; A. COUSTENOBLE. raquo;
(38) 3 aoüt 1833. De retour ä Reims, je castrai chez M. Duchäteau Dupont,cite dejä plusieurs fois, deux vaches, dont une pour l'engraissement, de laquelle on fut fort satisfait; et l'autre ä lait, ayant vamp;e deux mois auparavant. Cette vache, ties maigre, ties seche, avait donnö dans les premiers jours qui suivirent son völage, jusqu'ä 28 litres de lait; mais bientöt de fre­quents retours de chaleuis l'avaient reduit ä 6 litres; l'operation, en les aneantissant, 61eva le produit ä 18 litres par jour, produit qui se conserva tel pendant plusieurs mois; depuis le lait adimiuue,mais en aoöt 1854, ta vache en donnail encore 13 litres, et aujour-d'hui qu'elle n'en donne plus que 6 ä 7 litres, eile est dejä grasse.
Quelques jours apres, j'opörai encore chez M. Du­chäteau, plusieurs vaches et g^nisses fort maigres ; ne
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donnant pas de lait; leur engraissement fut prompt et parfait.
(39)nbsp;4 aoüt 1853, chez M. Douillet Louis, de Cernay; deux vieilles vaches, fort maigres et taurelliöres ä un haut degre; apres 1'operation elles furent calmes et prirent de rembonpoint; mais leur lait qui etaii dans sa pöriode de decroissance, a diminuö quelque pen encore, et aujourd'hui qua les vaches s'engraissent, il est peu abondant.
(40)nbsp;Le 7 aoAt 1853, M. Bartel Monvarin, de Cernay, me fit op6rer ime vache qui 6tait constamment en rut, donnail peu de lait, mangeait beaucoup, et etait n6an-moins excessivement rnaigre. Apres la castration les ruts cesserent comme par enchantement; le lait aug-menta de plusieurs litres par jour; la vache prit de la chair, et aujourd'hui, vingt-un mois apres son opera­tion , bien qu'elle commence ä prendre graisse, eile donne encore ä peu pres la möme quantite de lait, sans qu'on ail rien change ä son regime alimentaire.
(41)nbsp;Le 11 aoüt 1853, chez M. Sumy Ledere, de Boult-sur-Suippe; vache dejä vieille , ayant vele de-puis trois mois ; d'une grandemaigreur, ayant la peau seche, le poll pique, mais assez bonne laitiere (1 i litres par jour) quoique s'6chauffant souvent, et tres forte-ment.
En ce moment, Ier mai 1855, eile est en fort bon 6tat; son poll est luisant, sa peau souple. La secretion lactaire a un peu diminue depuis le regime d'hiver; en revanche, madameSumy a remarqoe que le lait de sa vache 6tait beaucoup plus bulireux que les annees pre-
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cödentes, et que le beurre 6tait plus gras et plus ferme.
(42)nbsp; Le möme jour, je castrai chez M. Thibault-Lange, voisin de ce dernier, une vache chez laqaelle le pis se gonflait, et le lait s'alterait ä chaque rut qui se renouvelait tous les huit ä dix jours. Apres l'opö-ration, eile fut tres calme, le lait ne s'altöra plus; mais comme il n'6tait pas abundant, la bamp;e prit rapi-dement graisse et fut bientöt vendue pour la bou-cherie.
(43)nbsp; 13 aotil, chez M. Adrien, boulanger et cultiva-teur ä Reims, vache de six ä sept ans, caslröe en presence de M. le docteur Henrot et de son frere, interne des hopitaux de Reims. Cette vache, mediocre laitiere, toussant beaucoup surtout pendant et ä la suite des ruts qui etaient frequents, avail la peau seche, le poil terne, 6tait Ires maigre, quoique re-cevant une nourriture d'engrais.
Apres l'opöration, continuation du meme rende-ment de lait pendant plus d'un an, anöantissement des ruts, cessation presque complete de la toux, parfait engraissement de la böte qui n'est pas encore vendue, mais de laquelle le boucher offre 360 fr., bien qu'elle n'ait 6t6 achetee par M. Adrien que 140 fr. Elle ne donne plus aujourd'hui que 2 litres de lait par jour, mais celui-ci est d'un gout exquis, et est devenu aussi epais et aussi gras que de la cröme.
(44)nbsp; IS aoüt 1853, chez M. Coulvier, de la ferme de Lendot, commune de Rrimont, deux vieilles vaches qui conserverent leur meine quantite de lait pendant
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quinze ä dix-huit mois apres l'opö ration, et qai parent s'engraisser parfaitement, quoiqu'ayant toujours 6t6 maigres.
Dans cette maison, on a aussi remarquö que le lait de ces deux vaches etait plus gras que les annees pr6-cödentes; que les veaux qui en faisaieat usage, s'en-graissaient mieux el faisaient plus de poids; enfin, que la möme quanlile de ce lait donoait plus de cramp;me, et que cette creme fournissait plus de beurre, au point que la potöe da cröme des anodes pr^cedentes, qui don-nait 1 kilog. 800 grammes de beurre, produisait 2 kilog. 2S0 grammes.
(45)nbsp; Chez M. Pierquin, maitre magon et cultivateur ä Brimont, je castrai, le möme jour, une vache qui a aussi bien maintenu son lait et a pris beaucoup d'etat. Quand jem'adressai ä madame Pierquin pour avoir des renseignements sur ce que sa vache lui avail fourni de lait, eile me repondil qu'elle en avail toujours obtenu en proportion de la nourrilure qu'elle donnait, el que maintenant encore, plus eile donnait ä manger, plus eile en avail.
(46)nbsp;25 aout 1853, chez M. le baron d'Herlincourt, president de la sociele Centrale d'Agriculture du Pas-de-Calais, une vache de cinq ans, oper^e en presence des membres du Congres Scientifique, lenuä Arras, du 24 aoüt au S septembre 1853.
Cette vache, que M. d'Herlincourt avail mise obli-geamment ä ma disposition, dans sa magnifique exploi­tation agricole d'Elerpigny, pour donner une juste id6e de l'innocuite de I'operalion aux savants, aux agro-
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nomes et aux agriculteurs merabres du Congres qu'il avail convies chez lui, ue conserva pas bien son lait, qui etait il est vrai dans sa periode de decroissance au moment de l'operalion, la vache ayant veMe de[gt;nis six mois ; mais avec la nourriture des vaches laitieres en stabulation avec eile, eile prit un d6veloppement tel, qu'en fevrier 1834, öpoque ä laquelle eile fut abattue pour laboucberie, ellepesail 1062 kilog. poids vif, au lieu de 620 kilog. qu'elle pesait au moment oü je l'o-perai, ce qai fait une augmentation de 443 kilog. en moins de six. mois.
Ce chiffre d'augmentation est considerable, mais c'est M. d'Harlincourt lui-meme qui me l'a donnö d'apres ses registres. On ne peut done douter de sa v6racilej cependant comme on a peut-^tre pes6 la vache en second lieu, apres lui avoir donn6 a boire et ä man­ger, ce que je n'ai pu verifier, il peut y avoir lä une cause d'erreur de plus de 60 a 80 kilogrammes.
Cette vache etait une crois^e Durham.
(47) Du 2 au 7 septembre 1853, j'ai aussi pratiqu6 chez MM. Desvignes, de Raillancourt; Deslinsel, de Denain et Crepin, de Bonavis, 9 operations, dont la lettre suivante, que je dois ä l'obligeance de M. Cröpin; signale les resultats.
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Monsieur,
laquo; Je impends un peu tard peut-etre aux demandes raquo; que vous me failes relativement aux castrations que raquo; vous avez oper6es chez M. Delinsel, mon beau-
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M pere, M. Desvigaes, et chez moi, mais ce retard raquo; n'est du qu'ä une absence que j'ai faite.
raquo; Les Irois vaches taurellieres que vous avez op6-raquo; rees ä Bonavis, et qui ne donnaient point de lait, raquo; sent devenues tres calmes, et n'ont plus empöchö raquo; les autres de pälurer comme elles le faisaieut avant raquo; roperation; de plus je les ai mises en graisse, el raquo; elles sont devenues livrables ä la boucherie, un w mois avant celles qui etaient nourries de la möme ygt; maniere et qui ne donnaient point non plus.
raquo; Quant aux trois vaches ä lait opörees ä Denain, raquo; chez mon beau-pere, le lait n'a diminue que pendant raquo; les huit premiers jours de l'operation, et a repris raquo; ensuite son cours, pour rester au mamp;me chiffre pen-raquo; dant les huit mois qui ont suivi; elles sont aussi laquo; devenues plus vite grasses que les autres vaches ä raquo; lait aussi mises en graisse; ä leur abattage, le suif raquo; n'elait pas plus abondant que d'ordinaire, mais cela raquo; est du sans doute ä la grande quantite de lait que ygt; ces beles donnaient, car elles etaient fort belles.
raquo; En rösumö, je tronve, et toules les personnes qui raquo; ont des vaches casirees dans nos environs, trouvent raquo; avec moi, le resultat tres-bon, aussi bien pour les raquo; vaches ä lait, que pour les vaches d'engrais.
raquo; Recevez, Monsieur, je vous prie, mes sincöres raquo; remerciements pour le zele que vous mettez ä pro-raquo; pager un aussi bon systamp;ne, et croyez-moi tout raquo; disposö ä vous aider si je le puis.
raquo; A. Cröpin, de Bonavis. raquo;
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(#9632;JS) Le 3 septembre 18S3 , en presence de M. Payen, de l'Institut, et de M. Crespel, d'Arras, j'o-perai chez M. Decrombecque, de Lens, 4 vaches qu'il avail mises ä ma disposition. J'ai signalc ailleurs 1'acci-dent arrivö ä uns de ces vaches qui etail vieille, et dont las ligaments et les vaisseaux ovariques etaient ma­lades. Parmi ces vaches, l'une 6tait pleine et avorta; les deux autres etaient taurellieres.
Ces vaches, dit M. Decrombecqtie, ne sc sent pas mieux engraissees que les autres, et n'ont pas fait plus de suif : j'ignore combien de temps s'est ccoul6 depuis l'opöration jusqu'a leur abattage; mais il me parait certain, que si la castration ne leur a pas 6le fort utile, eile a cependant produit quelque effet, puisque les vaches taurellieres s'engraissent rarement , toujours avec difficulte, et que celles-lä sont arrivees ä pouvoir etre livrees ä la boucherie laquo; en meme temps, et dans le igt; möme etat que les autres. raquo; M. Decrombecque parait, du reste, partager cette opinion, car il me dit dans sa trop courte lettre laquo; qu'tl etait peut-etre dans de mau-raquo; vaises conditions pour bienjuger de V effet de Vopcra-raquo; tion, et que s'il etait mon voisin , il recommencerait raquo; les experiences.
(49) 4 septembre 1853, chezM. Hombert, nourris-seur ä Douai, une vache tres vieille, tres maigre, don-nant peu de lait, et taurelliere au plus haut pöinf, ce qui la rendait fort mechante et fort dangereuse. Apres la castration eile cessa immödiatement de taureiller, devint tout ä fait calme, et tout en continuant de donner sa möme quanlite de lait, reprit assez d'etat
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poür n'ölre plus distinguee de ses voisines par sa mai-greur.
(50) Meme jour, chez M, Minard, distillateur, aosSi de Douai, deux vaches taurellieres, maladives, en tres mauvais 6tat, chez lesquelles l'opöration n'eut pas le möme succes que chez la pr^c^dente; elles conti-nuerent de taureiller de temps ä autres, mais de moins en moins, et comme elles ne s'engraissaient pas vile, on les vendit demi-grasses pour la boucherie.
A I'abaUage de ces deux vaches, M. Delplanque, v^terinaire ä Douai, de qui je liens les renseignements qui precedent, trouva queiques lesions de peritonile chronique autour de l'appareil genital. Quelle avail etö la cause de cette affection, qui, pent amp;re, elait an-törieure ä l'operation? Jel'ignore.
(öl)Le6septembrei853,chezM.Dayait, distillateur ä Valenciennes, deux vaches taurellieres qui sont de-venues calmes apres l'operation, ont un peu augment^ en lait, et chez lesquelles ce liquide s'est bien maintenUj quoique le völage de l'une daläl du mois dejuillet 1852, et celui de l'autre , du A fevrier 18o3.
Ces vaches sont en outre devenues si grasses dans le courant de eel hiver, tout en donnant encore du lait, qu'elles ont fourni ä la boucherie une viande de pre­miere qualite, enroöme temps qu'une enorme quantity de suif. Leur lait 6tait aussi devenu si bon depuis l'ope­ration, que M. üayait le conservait pour l'usage de äi maison ; etquerayantfaitgoüter ä des gourmets,ceux-ci döclarerenl n'en avoir jamais bu qui eüt aussi bon gout.
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(52)nbsp; 29 septembre 1853, chez M. Badu, maitre charpentier ä Brimont,pies Reims, une vache d'une dizained'ann^es, ayant mis bas trois veaux d'un coup, deux mois avant l'operalion. Gelte böte considerable-ment amaigrie et enervee, par suite de sa triple partu­rition, d'une abondante secretion de lait, et du deve-loppement d'un abces volumineux en avant du pis, conserva son lait ä peu pres ä la möme quantite pen­dant douze ä treize mois, jusqu'ä la fin des herbes j au regime d'hiver il diminua graduellement, et la böte prit graisse : eile fut vendue dernierement au boucher un fort bon prix.
(53)nbsp; 29 octobre 1853, chez madame veuve Tour-neur, proprietaire ä Reims, une vache de sept ä huit ans, maigre, ayant v416 depuis environ deux mois, et donnant il et 12 litres de lait par jour. Gelte bötequi ne parut d'abord pas souffrir de l'operation, et qui des le surlendemain avail rendu sa meme quanlite de lait, eut quelques jours plus lard un refroidissement du a I'abaissement brusque de la temperature, placee qu'elle 6tait contre une porle tres mal joinle. Son poll se he-rissa, puis eile eut de la fievre, qui amena la diminu­tion dans le rendemenl en lait; mais des que^a sanle revinl, il augmenta, se mainlint ainsi ä peu pres a son chiffre habituel pendant un an, et la vache soumise ä l'engraissemenl, pour elre vendue au boucher en Jan­vier 1855, donnait encore 6 litres de lait, ce qui ne l'empöcha pas de faire de la ires bonne viande, et de donner 35 kilog. de suif.
(54)nbsp; 30 octobre, chez M. Favramp;iu d'Ormes, une
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vache deja vieille, völee depuis un mois settlement, donnant H litres de lait par jour; celui-ci s'est jus-qu'aujourd'hui, 30 mars i85o, maintenu ä peu pres au möme chiffre, et la vache, qui 6tait loujours maigre, laide, est devenue Ires belle et en bonne chair.
(ÖS) 3 novembre 1855, chez M. Morean, cultiva-tenr-laitier ä Ormes, deux vaches ne donnant plus de lait.
La premiere, qui donnait 15 litres de lait peu de temps apres le vöiage, avait, par suite de ruts repetös, perdu trois mamelles, et bien qu'elle füt larie des-lors et parfaitement nourrie, eile etait fort maigre. Castree, eile devint tranquüle et s'engraissa bien en moins de trois mois.
La seconde, peu laitiere, avait 6te tarie de bonne heure, et on avait aussi cherchö ä l'engraisser; mais plus on lui donnait de nourriture, plus eile s'echauf-fait et plus eile maigrissait, quoique mangeant et digö-rant bien. Apres la castration, on la vit prendre graisse. et bientot eile fut vendue, comme la precedente, avan-tageusement pour la boucherie.
M. Moreau, fort satisfait de ce resultat, se promit bien de^-lors de n'avoir plus chez lui que des vaches castrees; aussi, I'annee suivante, m'en donna-t-il trois ä opörer en moins de huit jours, et cette tois il n'at-tendit plus que les ruts eussent tari le lait et döterminö l'amaigrissement.
(56) Enfin, pour la derniere fois avant les froids rigonreux de l'hiver, je castrai, chez M. Doriot, culti-vateur ä Neuflize (Ardennes), une vache de neuf ans.
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maigre, ayant vamp;6 depuis deux mois, et donnant H ä 12 litres par jour. Cette vache maintint son lalt a ce mamp;ne chiffre pendant plus d'une annee, et lorsqu'il diminua, eile devint si belle et si grasse, que, maigre son äge, eile faisait l'admiration des connaisseurs, M. Doriot la vendit ä un boucher, en fevrier 1855, pour le meme prix qu'un boeuf de bonne qualite.
Je ne parlerai pas des castrations que j'ai faites dans !e courant de 1854, ces operations n'etant pas en gene­ral d'assez longue date pour qu'on puisse juger definili-vement de l'effet produit, relativement ä la prolonga­tion de la secretion du lait surlout; je dirai nöanmoins que, tant dans les communes de ma circonscriptioa que dans I'Orleanais, la Picardie, I'Aisne, les Ardennes, ä rinslitut impörial agronomique de Grignon, et par-tout oü j'ai pu me rendre pour praliquer l'opöration; les nouvelles vaches caslrees marchent en tous points sur les traces de celles qui les ont pnsect;ced6es.
Les renseignements qui me sont parvenus sur ces operations, et les nombreuses demandes que je regois en ce moment des proprietaires chez lesquels j'ai opere I'annee derniere, m'autorisent ä donner ce fait comme certain.
REFLEXIONS.
Je regreite que, pour le d6but de mes operations en grand, je n'aie en le plus souvent ä castrer que de wraquo;ou-vaises vaches, pauvres laitieres, la pluparl taurellüres,
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onvieilles, 4nervees, usees (1). Mais comme la main­tenance de la secrötion lact^e et le rendement en lait (on a pu le voir par las fails qui precedent) sent en rap­port direct avec les quaülös lactiferes des betes, leur etat de sante, le rapprochement du völage, le rende­ment au moment de la castration, enfin, la quantity et la qualite de la nourrilure consommee, on peut se figu­rer ce qu'aurait ete raccroissenaent de la production du lait, par le fait de l'opöration, si toutes les vaches qua j'ai castrees eussent ete aussi jeunes, aussi bonnes lailieres et aussi bien nourries que celles de MM. Gus­tave Hamoir, de Saultain, Legrez, de Saint-Hilaire, qui ont donne de 6 ou 7,000 litres d'un lait exquis pendant la premiere annee qui a suivi la castration. Les deux laitieres de M. Duchäteau, des Maretz, celles de MM. Malhieu, de Vouziers, Leclerc, de Cernay, et dequelques autres proprietaires que j'ai ciles, mais qui sent malheureusement en tiop petit nombre, el donl le rendement annuel a ete de plus de cinq mille litres. Chez toutes, par exemple, amp; l'exception de quelques
(1) Dans l'intöret de la propagation de la castration, il serait utile que les vetörinaires n'acieptassent pas, pour les opörer, les vaches maladives, qui sent indifferentes ä ce qui se passe autour d'elles, dont l'ceil est morne et cave, le poil pique, la peau seche, et comme attachee anx cötes; qui se plaignent, toussent frtquemment, mangenl sans appötit, ruminent rarement et avec nonchalance, onl la diarhee, ou sont habiiuellement constipees, urinent peu ä la fois et avec difficulte, etc., etc.
Tods ces symptömes qui dönotent un 6tat pathologique des princi-pau\ organes, nuisible au succes de la castration, l'empöchent aussi de produire les bons resultats qu'on obtient des bötes custrees dans de bonnes conditions, et ne peuvent qu'ludisposer ceux qui tenlenl roperationpour la premiere Ibis.
II serait bon aussi de ne pas opörer chez les gens oö on nourrit inal d'habitude, ä raoins de les persuader ä l'avance, que la castration seule ne suffit pas pour obtenir du lait, de la viande et de la graisse...
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unes qui elaient lauguissantes, malades on trop usäes avant I'operallon, nous avons vu, des que la s^cr^tion lacfee a flöchi, l'accroissement des chairs, puis I'en-graissement se produire d'une maniere remarquable, et compenser des-lors avantageusement le produit du lait par le produit de la viande et de la graisse.
Tandis que chez les vaches conservees dans leur 6tal normal et poussees en nourriture, les ruts-, non-seule-ment nuisent a la söcrtJlion laclaire, mais s'opposent toujours plus ou moins au developpement des chairs, ä l'engiaissement, quand iis ne determinent pas de ma­ladies aigues ou chroniques, maladies qui minent sour-dement I'economie, font deperir les vaches, et quel-quefois les tuenl.
CHAPITRE IV.
Du precede operatoire; des precautions it prendre avant I'ope-ration; fie ses phenomcuos iinmödiatM. et des soins it donner aux vaches dans les premiers Jours qui suivent I'opcratiön.
L'operation de la castration des vaches par I'incision vaginale et la torsion des vaiäseauxovariques, teile que je l'ai döerite dans le recueil de medecine veterioaire, bien que simple et facile d'execulion, ne doit cepen-dant amp;re pratiqu^e que par un homme de Tart qui se sera exerce prealablemenl dans les abattoirs, ou chez lesboucbersj car pour ötre faite avecprecision et sucefcsraquo; eile exige certaines connaissances anaiomiques, cer-taine dextöritö, qui ne peuvent s'acquerir que par l'amp;ude et la pratique.
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Conditions dans lesquelles les vaches doivenl elre pour subir la castration, et precautions ä prendre avant r operation.
Les vaches qu'oa veut castrer doivent ^tre en bonne santö, et n'amp;re pas sous rinflaence d'unemaladie con-tagieuse; si elles sont nouvellement achet^es, qu'elles soient fatiguees ou öchauifees par le voyage, on les laissera se reposer pendant quelques jours, et on les rafratchira par des boissons blanches et une nourriture appropriee, avant de leur faire subir reparation; elles auront voles depuis six semaines au moins, afin que les organes g^nerateurs soient revenus dans leur elat normal; ne seront point en 6tat de gestation, ni en rut, celui-ci devra möme etre passö depuis 8 ä 10 jours, sur-toutsi les vaches enont ötefort tourmenlees, car l'ope-ration alors pourrait compromettre leur sante d£jä de­ranges par l'exaltation du rut, et causer divers acci­dents; elles n'aurout pas mange ni bu depuis la veille au soir, si e'est le matin qu'on les opere, et n'auront regu qu'une demi ration d'aliments, el un peu a boire des le matin, si e'est I'apres-midi; le pis sera aussi prealablement vide par la traite, I'etable nouvelle­ment nettoyäe du fumier et pourvue d'une abondante litiere, principalement ä la place occupee par les vaches opöröes.
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OPERATION.
Instruments et objets ndcessaires.
i Quatre instruments sont nöcessaires pour pratiquer la castration par le proc6d6 vaginal et la torsion des vaisseaux ovariques, ce sont:
1? Un dilatateur vaginal, espece de spöculum, fig. I et II, formö de quatre bandes d'acier et d'une plaque fenestr^e, deux de ces bandes fixöes sur un manche et roulant Tune sur I'autre, s'ouvrentj les deux autres, elastiques, s'^cartent plus ou raoins des premieres, au moyen d'une vis de pression, et agissent de maniere ä ce que la paroi supörieure du vagin vienne se tendre sur la plaque d'acier feneströe, ä l'endroit möme oü doit avoir lieu I'mcision.
Un prolongement mousse r^unit ces quatre bandes, termine la töte de l'instrument et sort a le fixer dans le col ut£rin.
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2deg; Ud bistouri ä serpette, ii lame renlrant dans son manche, au moyen d'un bouton üxö en arriere de la base du talon de la lame; fig. 3 et A.
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3deg; Une pince ä torsion tonte particuliere, fig. 5,6 et 7.
4deg; Un poucier d'acier, fig. 8.
liest eo outre nöcessaire de mettreä la disposition de l'operateur: 1deg; une vanelte tenue par un aide, dans laquelle on met les instruments , on, ce qui vaut mieux encore, une petite table, ou une chaise, pour les placer ä sa portee; 2deg; un seau d'eau chaude pour y plonger le dilatateur el la pince avant de les introduire, pour pen qu'ils soienl froids; 3deg; deux ou trois torchons pour neltoyer preamp;lablement le pourtour de la vulve, et essuyer les mains avant I'inlromission; 4deg; enfin de l'huile douce pourgraisser les mains, les avant-bras, et favoriser leur entröeet leur sortie du vagin.
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Preparation de la vache.
Placöe sur un plan incline d'arriere en avant, la vache reste debout, attachöe dehors, si la temperature esl douce on chaude ; dans.un endroit abrilö, pour pen qu'elle soil froide ou pluvieuse; dans I'etable m^me; ä sa place , si l'air y est pur, et qu'on puisse y operer commodement; et est maintenue ä la tete et de chaque cöte de la croupe, par des aides qui l'empöchent d'a-vancer et de se jeter de droite et de gauche; l'aide place contra la cuisse gauche, tenant la queue de la vache relev^e sur le dos, pour faciliter les manoeuvres de l'opörateur.
Incision. C'est vers le fond du vagin, dans la ligne m6diane de la paroi supörieure, ou sous-rectale, ä trois travers de doigts environ, au-dessus et en arriere de la fleur äpanouie formant l'entröe du col uterin, qu'il faut faire l'incision, afin de ne pas blesser la vache, d'^viter une hemorrhagie, et de saisir plus facilement les ovaires.
Pour pratiquer cette incision, l'opörateur, apres s'etre bien enduit la main et l'avant-bras gauche d'huile, les introduit doucement dans la vulve el le vagin, rapprochant ses doigts en forme de cöne, afin de p6n6trer plus facilement; il commence par dilater ce conduit par un mouvement de va-et-vient, puis il y introduit avec la main droite le dilatateur, en I'ac-compagnant avec la main gauche, dont les doigts sonl serres et allonges les uns centre les autres, pour favo-riser I'inlroraission. L'instrument arrive daus lefond
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du vagic, l'operateur fixe dans le col ulerin, le prolon-gement mousse qni reunit les bandes el la plaque fenes-tree: par ce moyen, il donne a celui-ci, la fixite neces-saire pour qu'il ne se derange pas; il l'ouvre, et, par laquo;n mouvement de rolalioo, opere sur l'exlremit^ da manche, dilate s'il en est besoin, les bandes flexibles, jasqn'a ce qu'il eprouve une petite resistance dans la vis qui sert a les tendre; il introduit alors la main droite munie du histouri serpette ferme, et dont il fait sor-tir la lame dans rinterieur, par la simple pression da poucej il chercbe la fenetre de l'instrument sur laquelle est tendue laparoisuperieure du vagin, prendun point d'ai)pui sur son rebord interne avee I'index , qui sert en meme temps ä borner i'action de la lame, pour ne rien blesser; puis il altaque, transperce et incise cette paroi, dans une etendue de ö ä 6 centimetres.
Extraction des ovaires. L'incision faite, la serpette et le speculum refermeset sortis du vagin, l'operateur, a la faveur de ceite incision, va, avee I'index et le m^dius de la main gauche, chercher et saisir I'un des ovaires, I'amene dans le vagin oü il lui fait faire hernie, introduit alors la pince, et le place par un mouvement des doigts dans les anneanx, serrant le ligament ä plat entre ses mors, au-delä du collet de la glande; iltord ensuite, en tournant sur elle-mörae la pince aussi re-guiierement que possible, dirige et limite la torsion avee les doigts armes ounon du poucierd'acier,suivant la resistance qu'il eprouve, et ne cesse de tourner que qaand le ligament et les vaisseaux ovariques senäs el tordus graduellement, se sont ruptures.
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Pendanl ces manoeuvres f l'aide piacö ä !a ilroilo do i'operateur, plisse aatour du tube de la pince-, sans trap serrer celui-ci, la levre droite de la vulve, el la maintieal ainsi avec ses doigls jnsqu'a la fin de la tor­sion, pour empecher l'air de penelrer daus rabdomen.
L'extraclion du second ovaire, faite de la möme maniere et avec les memes precautions, termitie I'o-peralion, qui ne doit pas avoir dure plus de tiois ä cinq minutes, et n'etre saivie qua d'un leger ecou-lement de sang, s'arretant bienlöL de lui-nieme (1).
Phenomhies consecutifs ä l'operation.
Quand les vaclies sout pen in ilables , qu'elies nont que pea ou point souil'eri, dans I'operalion, ainsi qu'il arrive presqqe loiijoiirsgt; c'est ä peine si elles perdent de leurs habitudes et de lern- galt6; cependant, dans les preuiieivs heures qui suiveul, il estbon de dire que quelques-unes voussent la colonne vertt brale en contre-baut, soulevent la queue, font des efforts expulsifs, comnie uüo vacbe venaut d'etre saillie oa delivree; que d'autres ont de passrgereri et pelztes coliques, annoncees par quelques pielinemenls el le mouvement des niembres pendant le decubitas.
II peut aussi y avoir meieoi-isme du venire, plus ou moins considerable, du a la peuütration do l'air dans l'abdomea au ruomenl de l'operation; et bien que la
(1) Ce precede operatoire est decrit avec beaucoiip plus de details dans le Recueil de medecine viterinaire, annee 1854; j'y renvoie MM. les vetörinaires qui voudront se livrer a l'operation.
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vache soil peu nourrie pendant les premiers jours qui suivenl, il n'esi pas rare dans ce cas de voir la peau du flanc legerement soulevee; mais ce meteorisme quidispa-rait de lui-merae peu ä peu, n'indique ordinairement rien de fächeux, et n'empöche pas la bele de manger, de ruminer, et de faire toutes ses fonctions, comme d'ha-bilude, souvent des le jour meme de l'opöration. Si le lait diminue quelque peu, ce ne paratt ötre en effet qu'en raison de la diele ä laquelle l'aniuial estsoumis, et d'un leger trouble apporte dans l'economie, car au bout de quelques jours il revient ä son chillVe habituel, des que la nourrilure est rendue en plus grande quan-lite.
Chaque fois qu'une vache lailiere est tourmentee, et qu'on diminue ou change sa nourriture, semblable diminution du lait a lieu.
Quand au contraire,Ia vache est irritable, que l'opö-ration a ele laborieuse, par suite d'anomalie, d'ötat pathologique des organes generateurs ; ou que la bete a et6 exposee au froid apres l'operalion, ellepeuten etre visiblement affeclee, ölre moins gaie que de cou-tume, manger nonchalamment; ruminer peu et lente-ment, avoir les defecations plus dures, plus rares, plus difficiles; les urines moins abondantes, et son lait di-minuer sensiblement etc. G'est ä l'operateur ä jugerde cet elat, et ä prescrire les soins necessaires, que je vais du resle indiquer sommairement, renvoyant pour plus de details, comme pour le procöde operatoire, au Becueü de medecine velerinairc.
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SOINS SÜBSEQUKNTS.
Dans le premier cas, c'est-a-dire quand I'operation a et6 faite comme eile doit l'ötre, et que tout se passe regulierement, une seule saignee preventive, propor-tionnee ä la force de la vache, ä son äge, ä son em­bonpoint, ä la richesse et ä l'abondance de son sang, ä la quantite de lait qu'elle donne, etc., faile immö-diatement apres I'operation; la diminution des trois quarts, des deux tiers de la nourriture, puis I'augmen-tation graduelle des rations, ä partir du 4me au 5nic jour; l'eau blancbie avec du son on de la farine d'orge, dögourdie par un pen d'eau chaude, ou echaufföe par la temperature de l'etable dans laquelle on !a depose a I'avance (1); et les precautions necessaires pour evi-ter tonlcourantd'air, loat refroidissement, lellesque: la fermelure des ouvertures inuliles, le placement de la vache loin decelles necessaires, une couverturesur le dos s'il fait froid, etc., suffisent d'ordinaire pour amener en pen de jours la guerison complete de la va­che operee.
Dans le second cas, e'est-a-dire quand les vaches paraissent quelque pen souffrantes pendant les premiers jours qui suivent I'operation, je reitere quelquefois la saignee; j'ordonne des fumigations sous le venire et les mamelles, fumigations que je rends souvent stimu-lanles par 1'addition d'un peu de farine de moutarde jet6 dans l'eau bouillante pour exciter et recbauffer la peau; je fais lenir la böte le plus chaudement possible,
(lt;) II est des vaches qui ne veulent pas boire d'eau blanche, on leur donne alors de l'eau pure ögalement dögourdie par Tun ou l'autte des moyans 'ndiquea.
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lui lueltant une ou deux couvertures de laine s'il fait froid; je lui fais adrainistrer quelques lavements adou-cissants, mucilagineux (1), et lui fais donner deux ou trois fois par jour des breu vages d'eau. de seigie, de graine de lin ou tio son bouilli, chauds et miell6s, aux-quels j'ajoute du sulfate de soude, ä la dose de 250 grammes par jour (2). On diminue la nourriture, et bientot tontes les fonctions rentrent dans leur titat normal.
Quelques antres vaches, apres plusieurs jours d'un bien-etre parfait el d'un appelit vorace, cessent lout-a-coup de manger, de ru miner, se meteorisent, et leur lait diminue ; cela est du le plus souvent amp; une indi­gestion determinee par de trop fortes rations, rendues sans transition, apres la regime dietötique. L'eau froide bue tout-ä-öoup en abondance peut aussi determiner le paieil accident, et provoquer möme le developpe-ment d'une pcritonite, si eile est tres froide, el si la vachc en boil beaucoop.
Gelte indigestion que je viensde signaler n'a gen6-ralemenl pas de suites facheuses, et cede aux soins or­dinal res; pour lapruvenir il suffit du resle de regier convenablement les repas; de ne donner de l'eaa
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(I) Qua'iid on n'a pas de seringue a sa disposition, on peut facile-meut donner des lavements ä l'aide d'nne bonteille ordinaire non per-c6e, comme on 1'indique, en versant dans le rectum pröalablement victe, n'entrant que le goulot de la bouteille dans i'anus elargi et. maintenn beant avec les doigtsde la main gauche.
(2quot;) A proposdes breuvages, je crois bon de recomtnander de faire boire les vaches ä petites gorg^es, mettant le goulöt de la bouteille dans !a bouche sans tirer la langue, ni ^carter les machoires mainte-niKS fixes pendant qu'on verse, afin queie liquide ne penetre pas dans !es voies rospiratoires, et qu'il se rcnde directement dans la caillette.
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ordinaire que peu ä peu el en petite quanlite ä la lois; de n'arriver enfin que par degre a ia nourrilure habi­tuelle.
Le vert, ni trop tendre, ni mouille par !a rosee ou lapluie, pendant Tele; les racines fourrageres donnees avecun pea de son et de menues-pailles, de foin pen­dant l'hiver, sent de tres bons aliments pour ie regime dieletique; ilsdigerent facilement, tiennent les inteslins Jibres, rafraichisseut le sang et favorisent la diurese. On peul cependant nourrir legerement avec des residus de distillerie, de brasserie, de fecnlerie, des tourteaux de lin, d'oeillette, de la pulpe de betterave, etc., quand
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les vaches y sont habituees; et si la laim eamp;l trop vive, pour la calmer, on ajoute ä ce regime quelques poi-gnees de boa foin ou de regain, de paille de seigle, d'avoine ou de ble.
11 est encore necessaire de tenir constamment sous les vaches operees une abondanle liliere bien seclie, pour qu'en se couchant elies ne se refroidissenl point sur le sol; de ne nettoyer leur etablts que quelques jours apres I'operalion, dans le milieu de la journee, et s'il fait froid alors, et qu'elles n'aient pas de couver-
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ture, de leur en mettre uue sur le dos pendant lout le temps que l'elable reste ouverie et iroide.
Toutes ces precautions parailront minulieuses peul-etre,maiscommeellesnecoülentqu'unpeu d'altenlion, et que de leur negligence il peut resuller divers acci­dents, je nesaurais trop les recommander; elles sont, siaon toujours de rigueur, du moius tresutiles, pour les
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vaches qui viennent d'etre Castries, aussi bien que pour celles qui viennent de veler.
L'ötat traumalique de l'appareil göueraleur, et l'ötat puerperal sont les monies et reclament les mömes soins.....
Si apres ropöration on ne veut pas changer les vaches de place, pour les soumettre au regime diete-tique, ce qui est souvent preferable, on peut les empe-cher de boire et de manger autant que leurs voisines, soit en les attachant a deux longes ou au ratelier, ou en leur mettant une museliere pendant les repas.
Une bonne precaution a prendre encore est de ne charger qu'une seule personne de la distribution de la nourriture des vaches operees; il faut aussi ne point laver le pis avec de l'eau froide, ce qui n'est jamais bon en aucune circonstance.
Quant aux vaches de päture, elles seront rentrees ä ratable pendant les huit ä dix premiers jours qui suivent l'operation, et y seront nourries au vert; si le temps est beau, la temperature douce, on pourra ce-pendant les sortir quelques heures d'abord pour les faire manger, puis toute la journee, en ayant la pre­caution de les faire boire prealablement, pour qu'elles ne se gorgent pas d'eau froide; mais il faudra les ren-trär ä ratable, pour la nuit, pendant au moins le temps pröcile.
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CONCLUSIONS.
Dans cette notice, un pen longue peut-ötre, je crois avoir prouv6 qu'au moyen de la castration des vaches qui ne doivent plus reproduire, ragriculture, en li-vrant ä la consommalion one plus grande quantity de substances alimentaires de meilleare qualite, peul im-mediatement augmenter son revenu annuel d'une somme de 230,000,000 fr. , sans depenser un kilo­gramme de fourrage de plus, somme qui, avec le per-feclionnement des cultures, l'amelioralion des races et la multiplication des vaches, pourra, par la suite, plus que doubler.
Ai-je reussi dans mon enlreprise? suis-je parvenu ä faire partager mes convictions par les savants mem-bres de la Societe qui ont daigne m'ecouter? Je l'ignore; mais s'il n'en est pas ainsi, 11 faut en accuser mon inha-bilete d'ecrivain, car les choses sont bien telles que je les ai exposöes.
S'il resiait quelques doutes a cet egard, je rappelle-rais que partout on se plaint du faible produit des vaches, que partout on entend dire par les agricul-leurs : laquo; Si nous n'avions pas si grand besoin de fu-raquo; mier, nous n'aurions pas de vaches. raquo;
Je rappellerais qu'un mal reel exists dans Tentretien des femelles bovines comme betes d'engrais, puisque, malgre la bonne quality que leur viande peut acquerir,
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eile esl encore fort discreditöe ä la boucherie, om toules les vaches sont boeufs.
Je rappellerais enfia qu'ä la nouvelle de ma decou-verle qui venait donner l'espoir d'aneantir des pertes, de combler des deficits, les agronomes, les econo-mistes, les agriculleurs eclaires, les societes savantes, les cornices, la presse agricole et vöterinaire de France et de l'amp;ranger, et bon nombre de journaux quotidiens, se sont empresses d'en faire ressortir l'utilite, en meme temps qu'ils me donnaient les encouragements les plus flatteurs, et que, d'uu autre cote, je recevais des medailles d'or et d'argent en recompense de mes
travaux.
Reste done settlement ä vuigariser l'operation que je propose, ä la faire adopter par les agriculteurs, par les engraissears des villes surtout, pour qui eile est de premiere necessite, puisque, depuis longiemps dejä, ilsont, pour la plupart, adopte la melhoda de ne plus faire saillir leurs vaches.
C'est ä vous, Messieurs, qu'apparlient l'accomplis-sement de cette täche au-dessus de mes forces; places a la tete de l'agficaltare, vous seuls pouvez doaaer ä cette operation toute la publicile doat eile a besoin, et, par votre approbation, votre coacours, la faire en-trer definilivement dans le domaine de la pratique.
FIN.
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TABLE DES MAXIERES.
Pages. AVANT-PROPOS.........................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; V
CHAPITRE 1quot;.
De l'engraissement des vaches sans production de lait, ou de Tengraissement simple............'................... 9
CHAPITRE II.
De la production du lait combinee avec celle de la viande. 28
CHAPITRE III.
Nouveaux faits ä l'appni des assertions prccedentes........ 40
CHAPITRE IV.
Du procede opcratoirc; des precautions ä prendre avant l'ope-ration ; de ses phönomenes immediats, et des soins ä donnor aux vaches dans les premiers jours qui suivent l'opcration. 75
Instruments et ohjets necessaires, 8 figures............ 78 ä 80
Soins subsequents..................................... 85
Conclusion........................................... 89
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TUAVAÜX DU MEME AUTEUR.
De rilydpolicmlc anliciniqac, ou Cachexie acqueuse du cheval, et de la congestion sanguine apoplectique du mouton.
Des coliques du cheval et de la lueteorisation desraquo; ruminants.
De la Gonrine et de la Morve comparees entre elies sous le rapport de leurs causes, de leurs symptomes et de leur traitement.
Dn Pietain compare aux autres maladies du pied du mouton.
Mcnioire sur nne branco pncnmonic-siip-aiguc,
observee chez une vache ä la suite d'un refroidissement et de la suppression des lochies.
Commnnication ä l'Acadcmle de Reims snr nn mouton lactiferc.
Koticc surquelquesfaits de castration des juments, par le pro-. cede vaginal et la torsion des vaisseaux ovariques, presentee, en 1853, ä 1'Academic des sciences.
Etudes pratiques, rccherclies et discussions sup la castration des vaches, publiees dans le Recueil de medecine veterinaire, annee 1854.
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