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NOTE /u- f ^m
SUR UNE MALADIE
QUl REGNE EPIZOOTIQUEMENT
SUR LES GHEVAUX
DANS QUELQUES PARTIES DE LA FRANCE,
lue et ofTerte ä la Societe royale et centrale d'agviculuu-e dans sa seance du 14 juillet 1841,
parO. DELAFOND,
MEMBIIB COBKKSrONDAM DE LA SOCIETE ET FttOFESSEIJIl DE PATHOLOGIC A l'eCOLE ROYALE VETERIHAIDE d'aLTOKT.
(Extrait des Annales de I'agriculture francaise, aoüt i84i,)
= lt;•laquo;
PARIS,
LIDRAIRIE BODCHARD-HUZARD ,
RUE DE l'ePERON , Ndeg; 7.
1841.
#9632; .
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IMPRIJIERIE BOUGHARD-HUZARD,
nie de l'Eperon , 7.
BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
2855 749 8
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NOTE
SDR IWF IIIAIiADU:
QUI REOKE EFIZ00TIQUE9IENT
SUR LES CHEVAUX
DANS QUELQUES PARTIES DE LA FRANCE.
Messieurs ,
Depuis deux mois il regne, sur les chevaux de diver­ses parties de la France, et parliculierement sur ceux de la Normandie, du Perche, de la Beauce , de la Brie, des departemenls de la Seine et de Seine-el-Oise, ainsi que sur ceux de beaucoup de regiments de cavalerie , une maladie qui revet la forme epizootique. J'ai eu oc­casion de l'observer sur quaranle chevaux dans l'espace de quinze jours, tant ä la clinique de l'ecole d'Aifort que dans (rois elablissements de poste et de diligence. Celle maladie, souvent grave des son debut, a fait pe-rirjjusqu'a present, un assez grandnombre de cbevaux dans les lieux oü eile a regne et ou eile sevit encore avee violence. Je m'empresse done de venir communi-quer, a la savante assemblee qui m'a fait l'honneur de m'accordcr la parole, les observations que j'ai recucil-
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lies, jusqu'ä ce momenl, sur celte maladie, osant es-perer qu'elle les accueillera avecsa bienveillance habi­tuelle et avec tout I'interei qu'elle attache a la conser­vation de Tun de nos plus precieux animaux domes-tiques.
La maladie regnanle esl de nature inflammatoire et a son siege, soit dans le poumon, soil dans le canal intestinal : eile a quelque ressemblance avec la gastro-enterile epizootique qui a regne sur les chevaugt; en iSaS , dans toutes les parties de la France j mais elllaquo; offre celte difference, qu'elle atiaque le canal in test Ina et le poumon.
Les chevaux attaints de cetle maladie et que nou avons observes jusqu'ä present elaient, la plupart jeunes, vigoureux et attaches aux services de poste e de diligence. Beaucoup arrivaient du Perche et de 1. Beauce j cependant plusieursappartenaicnt aux chevau: de luxe et de gros trail.
Le plus grand nombre a ete malade , soit pendant les dernieres chaleurs, soit depuis l'abaissement de tempe­rature qui s'est opere dans ces derniers temps.
Voici les principaux symptomes qui signalenl le de-hut, la raarche et les lerminaisons de cetle affection.
Les chevaux sont tristes, refusent de manger et de-daignent I'avoine, aliment qu'ils appetenl toujours beaucoup. Les polls perdent leur luisant habitual ; la tete est hasse et les membres n'ont plus cetle attitude et cet aplomb qui se remarquant ä l'examan d'un cheval en bonne sante. Quelqucs chevaux restenl couches pen­dant un certain temps, se plaignent ct regardant leur venire, pour accuser Icsdoulcurs intcstinulesqu'ils rcs-
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sententj tandis qiie d'autres, ct c'est le plus grand nombre, restenl dekoul et grattent le sol de temps eh temps avec les membres anterieurs. Lös paupieres soni tumefiees el reeouvrent en parlie le globe oculaire; la conjonctive palpebralese monlre infiltree d'un rouge vif qui prend bientöl une teinle rouge fonceet quelquefois jaunalre. Ce dernier caractere indique toujours de i;i gravite dans la maladie. La bouchc est chaudegt; parfois seche, et la langue, sans etre paleuse, est rouge ä scs bords et ä sa pointe. Le venire est souvent douloureux a la pression. Les reins sont insensibles et les malleres excrdmentüielles sccbes et dures.
Ces symptomes signalenl rinflammalion du canal in-lesiinal.
Voici ceux qui caracterisenl rinßainmation pulmo-naire : Le cheval lousse frsquemmeni, souvent par quintes douloureuses, ct la toux est tantot seche, lantot legeremenl humide; les naseaux sont done sees ou Frais. La respiration csl frequente, courte, et la poitrine, si on la percule, est douloureuse soil ä droite, soit a gauche. L'auscultation fait reconnailre une faiblesse notable dans le murmure respiratoire, et un fort rAle crepitant humide dans les parties oü s'est elablie I'in-flammation. La region infdrieure du poumon gauche paratt etre particulierement le siege de la pneumonite , puisque, sur les quarante animaux que j'ai observes, un seul a eu 1c poumon droit malade, et deux aulrcs une pneumonic double. Le pouls est petit, viteetmou.
Tels sont les symptomes caracteristiques qui font reconnailre ['inflammation recente du tissu pulmonaire. L'engorgement de la panie inferieure des membres et
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(6) gouvent des jarrets, la sensibilite de l'un ou de lautre des cordons testiculaires et nolammenl du gauche, l'in-filtralion legere des bourses, la faiblesse de la marche , sont des symplomes palhognomoniques auxiliaires ä ceux qui font constater posiiivemenl le siege du mal.
Les batlements el les bruits du coeur n'ont rien de remarquable. La coagulation, la separation, les pro­portions sereusc, fibrineuse et cruorique du sang n'of-frent rien d'anormal; les crins ne s'arrachent point facilemenij les muqueuses ne sont pas ecchymosees; enfin aucun signe ne vient demontrer que le sang soit malade.
Je dois faire remarquer que , dans quelqueschevaux, rinflammuium intestinale predomine, tandis que, chez le plus grand nombre, e'est I'inflammation pulmonaire. Rarement les deux maladies marchent de front el avec la meine intensite; toujours Tune Temporte ten gravile sur I'autre.
Les symptomes que je viens d'enoncer persistent pendant deux a trois jours, et si la maladie est active-ment combattue par des moyens debilitants, la conva­lescence ne se fait pas longlemps attendre, car, apres une huilaine de jours, les chevaux peuvent reprendre lour travail habiluel; si, au contraire , les malades n'ont recu aucun soin , la scene pathologique change et leur etät devient aiarmant : les paupieres sont tres-tumefiees; les conjonctives, d'un rouge brun, prennent rapidement la leinte safranee; un cercle blanchatre se forme autour de la cornee transparente qui, bientot, devient opaque a la circonference. Quelquefois les hu-tneurs de Toeil se troublcnt. La langue cst dun rouge
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(7) vif ä ses Lords libres et devienl pateuse. Le veulre se reiracte; la respiration, tres-acceleree , est petite courte , Pair expire chaud, la loux tres-frequente et pe nible; une absence complete da murmure pulmonaire, un bruit tubaire, un gros räle crepitant humide, uue matite complete des parois thoraciques indiquent que rengouement inflamraatoire du poumon est passe ä l'etat d'hepatisation j alors le pouls est remarquable par sa faiblesse et sa vitesse. Les engorgements des membres moment aux avant-bras et aux cuisses, celui du four-reau gagne le ventre et la raarche devient difficile. Ces symplomes annoncent le summum d'intensite de la ma-ladie ou sa periode d'etat, et marquent sa date de cinq a six jours.
Dans cette periode, le pronosiic de raffeclion est grave et ses terminaisons quelquefois funesles, si ses progres ne sont ni ralentis ni arretes par les medications debililante et derivative. Les symptomes s'aggravent du septieme au dixieme jourj la respiration devient vite, laborieuse et suffocante. Si un seul poumon est frappe d'hepatisation, Tinflammation se propage aux deux poumons; le pouls est petit, vite, insensible; bientot les animaux chancellent, tombent et meurent.
La duree totale de la maladie est de dix a douze jours. La resolution ne peut etrerobtenlaquo;e que du pre­mier au septieme jour au plus.
Des quarante chevaux que j'ai traites, tant dans les hopitaux de Tecole d'Alfort qu'en dehors de cet eta-blissement, trois sont morts. Ouverts avant le refroidis-sement cadaverique , voiei ce que j'ai constate : i'esto-mac etait sain , les muqueuses intesiinales ont offertdes
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(8) surfaces etendues d'an rouge \iF, avec epaississemeni et flaccidite de leur tissu. Ce sont surtout les intestins greles qui portaienl ces traces inflammatoires dans leur partie moyennc el duovlenale. Les gros intestins n'ont rien presente de notable. Le foie qui, dans I'elat nor­mal, est brun else dechire assez difficilement, elait, dans un des irois cadavres, tres-gros, pesant et d'une couleur jaunalre. Son tissu, forlement injecte , se de-chirail par la plus legere pression et laissait echapper un liquide purulo-sanguinolent. Les canaux hepatiques amp;aient remplis d'une bile cpaisse d'uu brun noiratre. Le poumon a montre toutes les phases de rinflamma-tion : lä, on le trouvait engoue de sang, crepitant et surnageant Teau ; ici, il etait dur, pesant, rouge fonc^. Friable, a cassure granulee, en un mot, hepalise. Les bronches ont ele trouvees rouges, injectees et remplies d'un mucus jaunalre et filant j les petites divisions etaient surtout gorgees de cette secretion morbide dans les parties pulmonaireshepatisees. Les portionsdeplevre co8tale,diaphragmatique et mediastinenem'ont presente aucune trace d'inflammation. La plevre pulmonaire re-vetant les parties hepatisees etait seulement injectee.
Teiles sont les observations que j'ai faites sur les ma-lades ct sur les cadavres que j'ai pu examiner jusqu'a-lors. Or, les symplomes que j'ai exposes, les lesions que j'ai decrites signalent assurement une inflammation franche, tantot isolee, tantot simultanee des muqueuses intestinales ou du tissu pulmonaire. La maladie epizoo-tique regnant sur les chevaux aujourd'hui me parait done etre soit une enterile, soit une pneumonite, soil une entero-pneumonite.
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Les causes de cette maladie ne peuveut et re rat Li­chees k ralimentation donnee aux chevaux depuis la re-colle derniere, puisque les fourrages etaient de bonne qualile, et que, d'ailleurs, eile s'est declaree sur des chevaux parfaitement bien nourris.Onnepeut pas non plus en rechercher I'etiologie dans les travaux exces-sifs, atlendu que les chevaux de luxe, de maitre, qui travaillent peu, en ont ele atteints, et que des chevaux qui etaient retenus a rinfirmerie pour cause de boite-ric en ont ele egalement affectes.
Je ne sais rien encore quant a la contagion ou la non-contagion de cette affection.
La constitution chaude et humide de lair des mois d'avril, de mai et dejuin, les refroidissements brusques de temperature qui ont allerne, jusqu'a present, avec les premiers beauxjours, me paraissent elre les causes,sinon positives, au moins tres probables, du developpement de cette simple ou doubleaffection.Ces causes, generales d'ailleurs, aglssant sur un grand nombre d'animaux et dansbeaucoupde localites, donnentuneexplication assez satisfaisante de la forme epizootique que revel la maladie.
Quant aux moyens propres ä combatlre l'entero-pneumonite regnante, je lesai choisis parmi les debili* tants et les revulsifs.
Dans la periode de debut, le sejour des chevaux dans une ecuric saine, les frictions seches sur le corps et les membrcs, l'emploi d'une ou de plusieurs couveriures de laine entourant la poitrine et le venire, la diete, les breuvages mielles et legerement acidules, les lave­ments, les Fumigations emollientes dans les naseaux, radministration d'un electuaire adoucissant dans lequel
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j'ai fail enlrer la creme de tarlre rafratchissante ä la dose de Sa ä 48 grammes, les saignees de 4 a 5 kilog. ä la jugulaire et reiterees trois ä qualre fois les premiers jours de la maladie, ont generalement procure la gueri-son des animaux. La convalescence a ete courte et les chevaux ont pu reprendre leurs travaux habituels huit ä dix jours apres.
Lorsqu'un tiers ou ia moitie d'un seul poumon etait hepatise, que le pouls elait petit, vif et faible, j'ai per-siste dans femploi de la medication debilitante; mais j'ai prefere jusqu'ä ce jour les saignees de 2 a 3 kilog. aux plus fortes depletions sanguines. Des setons animes passes sur les parois thoraciques correspondant au pou­mon malade ont generalement produil d'heureux effets. Lorsque la suppuration s'echappait de leur trajet, les animaux entraienl en convalescence. Cependant, sur deux chevaux j'ai vu se manifester des engorgements sepliques el gangreneux dans l'etendue du selon lorsque la suppuration ne s'etablissait pas promplement : les veterinaires devront done etrc circonspecls dans I'em-ploi de ce moyen derivalif et le remplacer dans la pe-riode de violence de la maladie par des sinapismes pla­ces sous la poitrine. Les saignees locales obtenues par des scarifications praliquees dans I'engorgement qui resulie do la rubefaclion de la peau, ia cauterisation actuelie des mouchetures , dans le double but d'aug-menter l'irritation et de fixer la tumeur, donnent un resultat aussi satisfaisant que les setons sans en avoir les graves inconvenients. Sur un beau, jeune el vigoureux cheval de diligence, j'ai fail usage de lemetiquc ä grandc dose. Tout le poumon gaucbe de eel animal
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('#9632;tail malade et faisait entendre le rale crepitant^ un fort bruit bronchique ou tubaire accompagnait ce rale dans quelques endroils, la matite des parois thoraciques avait remplace la resonnance; trois saignees de 5 kilog. chacune avaient dejä ete pratiquees sans amener d'a-melioralion , et je desesperais de sauver lanimal. Les muqueuses intesiinales ne me paraissant qua pen ma-lades , je me decidai alors a adminislrer l'emetique ä une dose toxique : 96 grammes ou 3 onces en trois doses et en lavages Furent donnas en 24 heures. Apres I'a.d-ministration de la derniere dose, le pouls devint excessivement faible, la respiration se ralenlit, et je n'enlendis plus ni rale crepitant ni bruit bronchique. L'animal restait presque toujours couche sur le cote pectoral malade, et, en lechatiant, il ne pouvait se relever qu'avec peine; debout, il flechissait sur lous les membres. Cet etat dura douze heuresj mais apres cette grande faiblesse, que j'atlribuai ä l'emetique parce que j'avais deja remarque cet effet apres Fadministration de cet agent energique, un mieux apparut, et l'inflamma-tion du poumon s'ameliora. Quatre jours apres, leche-val elait en pleine convalescence et la guerison ne se fit pas longtemps atlendre.
En resume, messieurs, il resulte de mes observa­tions qui, j'ose I'esperer, seront bientot appuyees par celles de beaucoup de veterinaires,
10 Qu'une phlegmasie des muqueuses intesiinales et des poumons regne sous la forme epizootique depuis deux mois a peu pres, sur les chevaux, dans beaucoup de departements, et sur ceux de plusieurs regiments de cavalerie;
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2C Que cede maladie s'annonce avec le cortege de tous les symptomes qui caracterisent Penlerite et la. pneumonite sporadique du cheval, mais que le gonfle-ment des paupieres, la vive rougeurde la conjonctive, l'opacite de la circonfereuce de la vitre de l'ceil, le trouble de l'humeur aqueuse, la petitesse et la grande faibjesse du pouls, les douleurs des cordons testiculaires sont des symptomes qui n'appartiennent point ordinai-rement a ces deux maladies et quiservenl ä caracteriser Faffection regnante;
3deg; Que les alterations cadaveriques sont toutes celles qui se rattachenl ä l'enterite et a la pneumonite;
4deg; Que les causes generales de cette maladie epizoo-tique paraissent etre les variations brusques de tempe­rature des mois d'avril, de mai, de juin el de juillet courant;
5deg; Enfin que les debilitants generaux, les saignees reiterees a la jugulaire, l'emploi de setons ou de sina-pismes comme revulsifs surles parois thoraciques, soul les moyens curatifs qui ont fait obtenir la guerison de la maladie de trente-sept chevaux sur quarante qui en ont etc atteints.
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