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COURS
IDEGIME COMPAREE
P. RAYER
iaiKMIJUE DR L'INSTITIJT (AOAnK'-ilS DES SCIKNCES ' ^T DE l'AGAD^MIE [MPERIALE DE UEDRGLNE
Profesaeur cl doyen de i:i Facuilu de raödecine de Paris Medccin urdinaire de TEmpercur, etc.
INTRODICTION
PARIS
J.-B. BAILLpRE,Ej: FILS
LIBRAIRES OF. I.'AC A D E Ml B U1PKRIAI.K DE MEDECINE Rne Käulefeoillö; 10.
Lonrtresnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;IVew-Vork
llippoljrp niilliere. 213. ilPuent strfft j HaiilifTO brolhrrs; ^40, BfOadffal
MAURID, C. BAILLY-BAILUEHE-, PUAZA nEI, PniNCIPE ALFONSO. 1lt;gt;.
1863
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BIBLIOTHEEK UNIVERSITEIT UTRECHT
2856 681 2
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.'Sst.
MEDECINE C0M1
PAR
P. RAYER
HEHBRE DS L'.NSTITUT (ACADtag DES SCENCEä) ET DE l/ACADEM.E .MPEmALE DE laquo;amp;EC.NE
Prufosseur el doyen de la Facultd de racdecine de Paris Medocin urdinairo de lEmporeur, etc.
INTRODUCTION
PARIS
J.-B. UA1LLIEIIE et F1LS
LIUIlAinES DE L'ACADEMIE IMPERIALE DE MEDECINE Rue Hauteicuillc, 19. Londregnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;New-Tork
Ufpoljie knUiiK. UX Regem simc | biOrtn brttten, 440, BrMdwlaquo;
laquo;ADniD, C. DAILLV-BAILLIERE, PLAZA DEL PRINCIPE ALFONSO, 10.
1863
Tous droils röscrvös.
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• 'I
COUKS
MEDECINE COMPAREE
INTRODUCTIOK
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Parr.- InipriiiKTio de E Mahtinet, tue Mig
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J'avais espere pouvoir ouvrir mon cours de mede-cine comparec dansccsemeslrc; mais, absorbepar les devoirs multiplies du decanat, it me reslait encore plusieurs parlies du cours a revoir el ä elaborer.
C'est un retard que je regreite. Je ne veux pas du moins que eel inlervalle soil absolumenl perdu pour la chaire nouvelle el pour les eleves.
Je rassemble el jaccrois, chaque jour, une collec-lion de pieces relatives aux maladies de l'homme et des animaux. Gelte collection deviendrauneressource pr^cieusc pour I'enseignement.
Jc public la premiere legon comme une sorte
d'Introduction propre a donner une idee generale du
cours lei que je le congois. Inaugurer un enseigne-
menl esl toujours oeuvre laborieuse; je fraje la route
ä ceux qui me suivront, car la mMecine comparee
entree dans I'enseignement, n'en sortira plus.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;/
Paris, avril 1663.
RAYER.
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I
COURS
MEDECINE COMPAREE
PREMIERE LECON.
SOMMAIRE.
Definitiox be ia medecine cümi'Akee : — Son ilmiiaiue etcnrtu ä tons les etres organises. — La iiieilcciuo comparee empruntc scs elements k la pathologic coinparee et ä la pathologie experimcntale. — Ge (|iii distingue ces deux parties do la science. — Leur coneours indispensable.
Pathologie cojipauee : — Premieres t-emarques d'Hippocrate. — Observations curicuscs de Galien. — Impulsion de Staid et de Bluineiibacli. — Travaux speciaux de Brunner, de Nebel, de Bergmann, etc. — Impulsion nouvclle donnee par ETeusinger. — Influence salutaire des Academics : la Socicte royale do modecine de Paris, la Sociele batave, l'Acadeiiiie de Berlin. — Travaux speciaux d'un grand nomlire dc savants sur ])liisieurs maladies des aniinaiix transniissiblcsii riioiuinc. — Sur les parasites vegetaux ct animaux.
Pathologie EXPäUMESTALE : Son coneours dans la medecine comparee.—Expe­riences do Lower, dc Baglhi, dc van Swielcn. — Travaux dc Magcndie, do M. Flourcns, de M. Claude Bernard, etc.
Plan du coins de medecine comparee : semestre d'ete 18(i3. — Dos maladies des animaux trausmissibles ä l'hümine.
La premiere obligation d'uii professeur charge d'enseigner line niatiörcsur laquelle il n'a pas encore ete fait de lecons, et que le progres des recherches amene a maturite, est de donner une idee nette et precise du cours qu'il entreprend.
J'ai k montrer comment sont nees les etudes de patho-logie comparee et de pathologie experimentale, comment elles sont deveuues un element necessaire de cette mede­cine moderne qui s'appuie sur rensemble de la biologic, et
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flnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; COURS DE MliDliCINE COMPAßlii:.
comment, ramcnees ä im but commun, dies constituent la inetlecine comparee.
L'homme n'est pas 1c scul 6trc de la creation qui soil malade ; tout ce qui esl fait do substance organisee est en proie aux causes morbifiques internes ou externes. It n'est personne queue frappe, tout d'abord, la puissance theo-rique, abstraite, d'une teile conception d'ensemble qui em-brasse lous les tissus vivauts dans leur conflit avec toutes les lesions. Soit que, parlant deI'lionime, certaiuesconditions qu'il offre au degre supreme, servent d'explication aux cas inferieurs; soit que, remontant des cas inferieurs, on Irouve dans leur simplicite rinterpretation des complexity supe-rieures; toujours est-il que les enchaincments, les transi­tions , les passages, montrent, sous toutes les formes, les reactions de la substance vivante contre les actions i[ui tendent ä en alterer. ä en dissoudre reconomie.
La pathologie, on 1c sait, n'est pas autre chose que la pbysiologie, qui se motlifle sous l'influence des causes per-turbatrices j la pathologie comparce est done l'appendice et le complement de la physiologic comparee. Rien ne montre plus la Constance et la grandeur ties lois qui president au monde organique, que de voir, danstoute la serie, ceslois so modifier, non s'aneantir, raster les mfimes dans leur essence, se differencier dans les accessoires, et se confor-mer, sans se denaturer, aux exigences des conditions spe-ciales de texture et de fonction. II y a uiaintenant bien pres de trente ans que j'entrai dans ces graves et belles etudes, et je ne puis m'empftcher, en ce moment iiiöme, de me laisser captiver encore ä Tinteröl el ä la fecondite de la doctrine dont j'essaye dc douner une idee sommaire.
La pathologie comparee, science de m6me nature que la physiologic comparee, offre un degre de complication de
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COURS DE MtDECINE C0MPAR15E.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;5
plus, en est le complement n^cessaire et Importe a la con-naissance totale et vraie de l'ßtre vivanl.
Tand is que la pathologie comparee Studie les maladies naturelles, la pathologie experimentale etudie les maladies arlificielles. Elle consiste en etals parliculiers que l'ou cr^e, chez les animaux, soit en leur faisant subir certaines läsions, soit en les soumeltanl ä l'action des poisons ou des venins; soit en etudiant sur eux l'effet des substances mödicamen-tcuses. A la verite, on peut dire que, se Faisant sur des animaux, la pathologie experimentale rentre dans la patho­logie comparöe ; mais commeelle est purement artificielle, si eile n'avait pas ete signalee ä part, on au rait pu ne pas la cornprendre sous ce titre.
Le probleme se pose autreraent dans la pathologie expe­rimentale que dans la pathologie comparee. Pour celle-ci, le probleme est de former im cadre nosologique qui motte dans le meilleur rapport les causes morbifiques, les lesions de texture et les alterations de fonclions; dans celle-lä, le probleme est de donner ix une experience pathologique sa vraie signification, et, dans les actions et reactions qui se croisent, de trouver la reponse precise ä la question que rexperimentation a faite (1).
La pathologie comparee et la pathologie experimentale etanl definies, la definition de la medeciue comparee ressort trelle-m6me : c'est, du moins danscette ecole uniquement consacree aux souffrances de l'humanitö, la medecine de
(1) Cest ü la palliologie experimentale qu'on peut surlout appliquer celte penseed'llippocrale: oL'ca;;3er/enccesi()-ompeMseraquo;;pensdeprofonde que Fon­tana, I'lin des plus habile* experimmtateurs des temps modernes, a exprimee ü son tour dans son Traue sur le venin de la vipere, en disant: laquo; J'ai fait plus dc 6:00 experiences, j'ai fait mordre plus de ZiOOO animaux, j'ai fait usage de plus de 3000 viperes, et je puis in'etrc Irompe. raquo; (Fontana, Traile sur le cenin de la vipere, sur les poisons americains, sur le laurier-cerise,Hc., 2 vol. m-!\. Florence, 17S1.)
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6nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; COURS DE MIilDECINE COMPARl^E,
Thomme considöreo dans ses rapports avec la mödecine des animaux et agrandie et eclairee par eile. II s'agit done, pour en creer l'enseignement, et pour salisfairc au pro­gramme, de choisir, dans la pathologie comparee et dans la pathologic experimentale, un ensemble de fails et de doctrines qui ölargissent la base de la pathologie humaine. La nouvelle chaire est le lieu d'exposition et de discussion de tout ce qui, dans l'etude pathologique des animaux, pout profiter k l'ötude pathologique de Thomme. A ce point do vue, on y chercherait ä tort un Systeme nosologique, mais on y trouvera une reunion d'eclaircissements devenus indispensables. Ce que la pathologie des animaux nous preseute d'assez elucide pour 6tre applicable, nous I'accueil-lons; ce qui n'a, dn moins encore, ni portee ni lumi^re, nous le dölaissons. Le noeud du cours est I'litilile pour la medecine humaine; le fondement est la doctrine aussi ölevee que positive fournie par la comparaison et par I'ex-perimentation, chez les animaux.
L'objet cle ce cours elant ainsi neltement deflni, et l'usage pcrpetuel qu'on y fait de la pathologic compare et do la pathologie experimentale etant etabli, il ne sera pas hors de propos de donner une esquisse de l'histoire do la patho­logie comparee, dont les rudiments sont anciens,mais dont la constitution est tonte recente. II est instructif de la voir so degager du bloc oü eile est enfermee, ä mcsiire que I'es-prit humain etend les observations positives et alteint les hautes generalitös.
Pour la mamp;lecine comparee, comme pour toutes les branches des connaissanccs medicates, il faut, pour en trouver I'Drigine, remonter aux ceuvres d'Hippocrate, toujours digues d'etre meditees. Deux citations montreront comment, 'i defaut des donnöes si puissantcs de l'anato-
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COURS DE jröDECINE COMPARfiE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;7
mie de Thonime, il interro^c celles que peuvent fournir les observations faites sur les animaux. Dans un passage relatif aux luxations, en parlant de la facilite ou de la difflculte des reductions et des recidives : laquo; II Importe, raquo; dit-il, de remarquer que les constitutions different gran-raquo; dement quant h la facility avec laquelle les luxations se raquo; reduisent.... Ce qui constitue la difförence la plus consi-raquo; derable, c'est 1'attache formee par les ligaments, qui est raquo; extensible chez les uns, rigide chez les autres.... L'habi-raquo; tude du corps n'est pas non plus sans influence : dans les raquo; bomrnes dont les raembres sont en bon 6tat et charnus, raquo; la luxation est plus rare et plus difficile : viennent-ils a raquo; perdre de leur embonpoint, alors la luxation est plus raquo; frequente et la reduction plus aisee. Considerez les boeufs: raquo; ils seluxent surtout les cuissos quand ils sontle plus amai-raquo; gris. D'ailleursleboeuf al'articulation dela cuisse naturel-raquo; lementplus lache que ne I'ont les autres animaux, et, pour raquo; cette raison, il tourne plus que les autres le pied en raquo; marcbant, surtout quand il est maigre et vieux : tons ces raquo; motifs font que leboeuf est plus exposö aux luxations (t).raquo; La pensee de chercber k corroborer des faits observes chez rhomme par des observations faites sur le boeuf m'a paru se trouvcr dans co passage, bien que le fait de la plus grande frequence des luxations cbez le boeuf indique par Hippocrate soit inexact, au moins ä en juger par le petit nombre de cas publics par les veterinaires (2).
(1)nbsp; OEuvres completes d'Hippocrate, traduction nouvellc par E. Litlre, t. IV, p. 98.
(2)nbsp; nbsp;J'ai prtpare ct (Mudie comparalivcincnt I'articulation coxo-fcmoralc chez riiommc ct chez 1c boeuf. Clicz rhomme, la lete du Kmiir ests^parde par un col trfes distinct; clicz le bcenf, la lele du femur est allongee transvrr-salcmenl el ä peine detachce de Tos. La cavite colyloidc n'abrilc pas aussi cxaclemenl la tele du Kmurcliez le becuf que chez riioiniie, ct eelte dispo-
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8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;COURS DE MtDECINE COMPARfiE.
Cetlc rnaniöre d'interroger les fails observes chez es animaux n'est pas, clans Hippocrate, tme idee passagfere; la möme vue comparative se retrouve dans d'autres cha-pitres. Ainsi, en trailant de l't'pilopsie, Hippocraie, apr^s avoir rappele que les animaux, el en particalier les chövres, sont sujetsä cette malatlie, ajoute : laquo;Ouvrez la t6le chez raquo; ces animaux, et vous trouverez le cerveau humide, rem-raquo; pli d'eau d'hydropisie et senlant raauvais; et lä vous raquo; reconnaitrez evidemment que c'est, Don pas la divinite, raquo; mais la maladie qui altere ainsi le corps : il en est de raquo; möme pour rhomme (1). raquo;
Hippocrate a une theorie surle mode de production des hydropisies; et, pour Tetablir, il va cbercher des arguments dans les mal ad i es des animaux: laquo; La formation do I'hy-laquo; dropisie par des tumeurs remplies d'eau se rompant dans raquo; la poitrine, je la prouve, dit-il, par ce qui se passe chez raquo; le boeuf, le chien el le pore : c'est, en effel, principalc-raquo; ment chez les quadrup6des que se produisent, dans le raquo; poumon, des tumeurs ayant tie I'eau. Vous vous en con-raquo; vaincrez anssitöl en les fendanl: de I'eau en sortira (2).raquo; Sans deute, les hydropisies de poitrine ne se produisent pas ainsi chez I'homme; mais la pensee de chercher a expliquer la formation des hydropisies par un fait d'anatomiö patho-
siiion paratt favorable ä ropinion dc ccux qui ont cm ä rexactitude de la remarqac d'Oippocrate; d'aatres ont pense (jne, dans ce passage, il s'agissalt d'iine sorte de taxation mnsculaire. (Voyez Linn';, QEuvres d'Hippocrate : Argument sur le traite des luxations, p. l!i.)
(I) OEuvrcs d'Hippocrate,ttainctionA'E. Liltti, I. Vf, p. 383.
('2) Outrage cite, l. Ml, p. 225. ContrairemeiU ä ropinion d'llippociatc, des observations posterienros ont pronvd qne les Imncnrs liydatiqucs, aux-qnclles il est fait allusion dans ce passage, sont beaucoup pins frt!qiientos chez le monton et le boeuf que cliez riiomme, et qne le diheloppomont des hydro­pisies, dans I'espece humaine, est dil le phis souvent ii d'autres causes, ,quot;i des maladies du coeur, du foic, on ä une alteration du sang.
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COURS DE MfiDECINE COMPAR^E.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 9
logique observö chez les animaux devait 6tre menlionnee.
Cette vue de medecine comparee, dans Hippocrate, ne setrouve passeulement indiquee dans les fails particuliers. Voulaut röpondre ä cette question : laquo; Pourquoi tons les raquo; animaux ne sont-ils pas atteiuts de la fi^vre commune raquo; aux horames? pourquoi ces maladies n'attaquent-elles raquo; qu'une especc ? raquo; Hippocrate (I) dit : laquo; Le corps dif-raquo; f6re du corps, la nature da la nature, l'aliment de l'ali-raquo; ment; car les monies choses ne sont ni propres ni impro-raquo; pres ä toute espece d'animaux; mais les unes sont raquo; bienfaisantes aux uns, et les autres malfaisantes aux raquo; autres. Lors done que I'air est infects de miasmes qui raquo; sont ennemis de la nature humaine,les hommessont ma-raquo; lades; quand, au contraire, l'air devient impropre ä quel-raquo; que autre espöee animale, e'est celle-lä qui est frappöe. raquo; Par ces paroles, Hippocrate formulait un fait tr6s remar-quable observe dans les grandes epidömies et dans les grandes epizootics, k savoir : qu'elles n'attaquent souvent que I'homme ou certaines esptees d'animaux, les autres restant completement indemnes.
Celse(2) connaissaitla transmission de la rage a I'homme par lamorsured'un chien enrage, transmission qu'Aristolo niait; et il en decrit cxactement les principaux symptömes chez I'homme, mais nulle part ailleurs il ne fait allusion k ce que peuvent avoir de commun ou de comparable les mala­dies de I'homme etcelles des animaux.
Galien, au contraire, dans un passage reaiarquable, relalif aux maladies du coeur, fait revivre la pensee de chercher, dans l'etude des maladies des animaux, des fails propres k eclaircr la pathologic de rhomme. En effet, les
(1) OKuvresd'Hippocrale, iraduclion de Litträ, t. VI, p. 99.
(•.') A C. Cclsi De re medico libri (Wo, lib. V, sect xxvu. Parisiis, 182deg;.
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10nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;COURS DE M^DECINE COMPAR^E.
premieres observations anatomiques relatives aux maladies du coeur ont ele faites par Galien sur un singe et sur un coq, et cela bien avant qu'aucune observation analogue ait ele recueillie sur rhomme. laquo; Un autre signe, dit-il, des raquo; maladies du coeur, ce sont les palpitations se produisant raquo; seules ou accompagnees d'un mouvement du coeur qui raquo; serablerait s'agiter dans un liquide. Rien d'ötonnant qu'il raquo; s'accumulo dans la tunique qui enferme le coeur (peri-raquo; carde) uoe quantity d'humeur teile qu'elle l'empöche de raquo; se dilator. En eilet, en dissoquant ties animaux (1), nous raquo; avons souvent trouve dans le pericarde une humour raquo; abondante semblable ä de 1'urine. Un certain singe quo raquo; nos affaires ne nous avaient pas permis de dissequer, raquo; devint de jour en jour plus maigre. Apres sa mort, nous raquo; trouvames toutes les autres parties de son corps saines; raquo; mais dans la tunique du pericarde il existait une tumour raquo; centre nature renfermant une humour semblable k cello raquo; des hydatides. Sur un coq, nous ne trouvames pas d'hu-raquo; meur, mais dans le pericarde il existait une tumour raquo; squirrheuse (2), qui ressemblait ä plusieurs membranes raquo; epaisses superposees. II est done vraisemblablo que chez raquo; Fhomme il survicnt des productions do cette cspece. raquo;
Je passe rapidement sur les siecles suivants, et j'arrive ä une epoquo reinarquable oil les maladies des animaux attirerent vivement raltcntion des medecins.
(1) Galien, Des lieux affecUs. {Voyez OEuvres anatomiques, physiolo-giques et modicales de Galien, traductiou francaise par 1c doctear Cli. Da-remberg, in-8. Paris, 1856, t. IF, p. 628-
(2)11 est dvident que, par lumeursquinlieiisc, composdc tie couches super­posees, Galien decril los productions pseudo-membranenses do la p^ricar-ditc sans t'pancliemcnt. Dans un mdmoire msirf. aux Comptes remlus de l'Aeadcmie des sciences, 18i8, j'ai signalc la frequence des maladies du cceurchez les males de plusieurs oiscaux d'especes domesliques (coq, faisan, pigeon et canard nnisquö).
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COURS DE MtDECINE COMPARfiE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;11
Pendant la seconde moitte du xvnquot; siöcle, les ^pizooties flrent de grands ravages dans le midi de l'Europe; et des mödecins cöläbres, Ramazzini, Lancisi, etc., se montrörent au premier rang parmi les hommes qui cherchörent ä dö-couvrir la nature de maladies aussi desastreuses. Je vous ferai connattre avec detail ces travaüx, lorsque je traite-rai du typhus de l'homme et du typhus des bßtes ä cornes, du charbon et des fievres charbonneuses. Aujourd'hui je me bornerai tä vous signaler rinfluence que ces ötudes eurent sur le developpement et les progrös de la mödecine comparee. Les medecins vetörinaires s'associörent bientöt aux medecins de l'homme, comme on les a vus, ä une öpoque plus rapprochöe de nous, joindre leurs efforts k ceux de Vicq d'Azyr (1) et de plusieurs autres miS-decins cöl^bres dans l'etude d'öpizooties analogues qui ont parcouru la plupart des contrees de l'Europe. L'esprit des observateurs se portant tour ä tour dans les grandes calami­ty sur les maladies de l'homme et sur les maladies des ani-maux, l'idee de l'ötude comparative de ces maladies s'est de plus cn plus fortifl^e.
Une circonstance que je dois signaler a contribuö aussi h angmenter l'inWröt de ces recherches : plusieurs (bis, on a vu des epidemies 6tre accompagnees, preced^es ou suivies d'epizooties plus ou mnins graves, comme si un lien cacbe les unissait et en entretenait le developpement successif; fait signalö de nouveau dans ces derniers temps, lors des grandes epidemies de cholera asiatique qui ont regnö en Europe,
(1) Le travanx de Vicq d'Azyr sont surtout relatifs aux maladies des hetes ä cornes, et so composent (Tun grand nombre de mßmoires que j'anrai Toccasion de rappeler lorsque je discuterai Tapplication des grandes mesures Iiygidniques aux (Spidemies et aux dpizooties.
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12nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;COURS DE MtDECINE COMPAR^K.
Malheureusemeni, los observations relatives k ces affec­tions qui ont fait perir un grand nonibre d'hommes el d'animaux ont ^te, on faiblement esquissees par les mede-cins, ou siraplement meritionnees par des historiens k peu pros Strangers aux notions medicales.
Ce serait en vain qu'on espererait faire un travail utile avec les anciens documents. La dissertation de Barth (I), sur quelques epidemics et epizootics qui ont regne simulla-nement, temoignc de la difflculte de tirer parti de male-riaux, trop peu nombreux et incomplets.
Dans cetle etude comparative ties epidemics et des epizootics surgit un fait positif, e'est qu'il y a enlre la consti­tution de rhoinme et celle des animaux qui s'en rappro-cheut 1c plus par leur organisation, des differences pro-fondes, non encore bien appreci^es, et qui font que la cause de certaines epizootics ou de certaines epidemies n'agit sou-vent que sur des cspeces deicrminees d'une ni^me famillc zoologique. Bien plus, certaines maladies gencrales parais-sent empruntcr aux cspeces qu'elles attcignent un caractere iudividuel telleraent marque, qu'elles ne se transmettcnt point ä d'autres esptees chez lesquellcs elles peu vent pourtant se declarer avec des symptömes analogues et la m6me gravitc. C'cst ce que j'appclle des maladies similaires; rapprochees par leurs caract^res exterieurs, ellcs n'ont pas une nature enticrement idenlique : tels sont le typhus dans I'espcce humaiuc ct le typhus dans I'espece bovine, intrans-missibles de rhomme au boeuf et du beeuf k l'bomme.
Pendant longtemps. la science des maladies dc rhomme et des animaux nc s'elait composec que de faits epars et de rapprochements bornesä des cas paiticuliers. En 1695,
(I) Maili.-Joseph Barth, De nonnulUs epidemiis el epizooliis simnl re­gnant ibus earumque mulua indole contngiosa, in-8. Bcrolini, 1835.
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COURS DE MEDtCINE COMPAR^E.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;13
Erhard Brunner (1), dans une dissertation inaugurale soulenuc sous la presideuce de Stahl, doyen do la faculte de medecine de Halle, aborda d'uue maniere plus large le sujet de la pathologie compar^e, sous le tilre suivant: De la frequence relative des maladies de Vkomme et de celles des animaux, probleme plein d'interöt, et dont la solution eutexige une connaissanco plus complete de l'organisalion de rhomme et des animaux, et des maladies dont ils peuvent 6tre atteints.
Selon Brunner, lesflevres, si frequentes chez I'homme, ne se montrent que rarement chez les animaux. 11 en est de möine des hemorrhagies; les engorgements cederaateux etles hydropisies sont aussi plus rares, excepte chezle mou-ton. Brunner assure, ä tort, que la phthisic esl presque inconnuo chez les animaux, et qu'on observe rarement la toux, excepte dans les cas oü clle est produite par des matieres elrangeres introduiles dans la trachee et les brunches; que, chez les animaux, les affections de la peau ont, en general, pour origine des causes exterieures; tandis que, chez I'homme, elles reconnaissent pour cause, le plus souvent, une disposition generale, un vice interne; les inflammations des yeux, desoreilles, de la gorge, sont plus rares chez les animaux; le chien et le chat sont plus sujels a Tophthalmie et a la ctcite avec ou sans cataracte; les con­vulsions et les paralysies, affections si graves chez rhomme, sont plus rares chez les animaux. L'intluence des passions, les troubles de l'imagination viennent souvent compliquer, chez rhomme, le cours des maladies; rien de semblable n'apparait chez les animaux. Les examples de sphacele sont aussi plus rares chez les animaux que chez rhomme; la
(1) G. L. Stahl Dissert, de frequentia morborum in corpore humano prm brutis. Halle, d705, iii-Z|.
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14nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;COURS DE MEDECINE COMPARÖE.
parturition est accompagnäe de moins de dangers chez les auimaux mammiferes que chez rhomme; les maladies de l'uterus et de ses annexes sont trösrares chez les animaux.
Je neglige quelques autres details, et j'arrive k cette consequence deduite par Brunuer de ses observations : laquo; Les maladies sont moins nombreuses chez les animaux, raquo; parce que la vie est plus courle chez un grand nombre raquo; d'entre eux, et parce qu'ils sont moins impressionncs par raquo; les variations du milieu danslequel ils vivent. raquo; II eüt du ajouter que la moins grande frequence des maladies chez les animaux tient aussi ä une plus grande simplicite dans rorganisalion, et ä un moindre developpement de certaincs fonctions.
L'essai de Lange {\) raerite ä peiue d'ötre mentionne. Un travail de Nebel (2)offre un peu plus d'interöt. Selon lui, les animaux k l'etat sauvage sont rarcment malades, et il en est tout autrement ä l'etat de domesticite, surtout lors-qu'ilssont renfermes dans des etables etroiles, humides, oü l'air est promptement vicie; lorsqu'ils sont livres ä des travauxpenibles ou qu'ils recoivent une nourrilure malsaine. Nebel fait quelques rapprochements entre les fievres chez rhomme et chez les animaux doinestiques, quelques remar-ques sur les troubles de l'inlelligence propres k rhomme, surlesmaladiescontagieusesquiexercent de si grands ravages dans l'espece bovine, et sur quelques inflammations des organes de la generation observees chezle chien, le cbeval et chez un animal qui vit k l'etat sauvage, le lievre, mala­dies qui se rapprochent de certaines affections virulentes des organes genitaux chez l'homme.
(1) Langius, Dissert, de differentiis inter honünum morbos cum brulis communes et proprios, 1689, in-li.
{2) L. W. NcbcJ, Nosologia brutorum cum hominum morbis comrmraia, 1798, in-8.
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Ce travail, comrae ceux qui l'ont precede, n'offre d'intör6t qu'au point de vue historique; mais si la pathologie compa-r^e ne faisait pas de progrös, lapensee de la fonder se mon-trait dans ces essais.
Un eleve deStahl, Brnnner, avait pose la premiere pierre de redifice de la pathologie comparee; un elövedcBlumenbach, Bergmann (1), allait en elever les premiöres assises dans sa dissertation inaugurate. Nul doute que le genie observateur de Stahl et l'esprit philosophique de Blumenbach n'aient entrevu l'importanee d'une science qu'ils ont signalöe par l'organe de leurs eleves, tous deux devenus celebres. laquo; La raquo; pathologie compare, dit Bergmann, est le complement raquo; de l'histoire naturelle des animaux. Par les experiences raquo; qu'ellepermet de faire, eile vienten aideälamedecine.äla raquo; Chirurgie et älatherapeutique, et, par l'histoire des epizoo-raquo; ties, eile eclaire l'histoire des epidemics. raquo;
Plus un 6tre est parfait, plus les organes sont nombreux et distincts. Ses rapports avec les objets exterieurs etantplus varies el plus multiplies, les troubles des functions doivent ötre plus nombreux et plus frequents; de sorts que, plus un 6tre organise est deve dans la serie des 6tres, plus il a de chances de maladie.
Jusqu'ä Bergmann, les auteurs qui s'etaient occupes d(; pathologie comparee avaient limite le champ de leurs com-paraisons entre l'homme et les animaux; lui a etendu ses recherches a tous les 6tres organises. Par une serie de rap­prochements ingamp;iieux, etablissant des analogies quelque-fois un peu forcies, il cherche ä montrer que danslesplantes on pent trouver des maladies qui rappellent jusqu'ä un cer­tain point quelques maladies de l'hoinme et des animaux,
(1) Bergmann, Primw linece pathologüe comparate.Götlmgen, ISO^^n-Ziquot;.
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faciloment, en general, des blessures qn'on leur foit; tömoin la castration des brochets pratiquee sans inconve­nient ponr les engraisser. II insiste sur le grand nombre de parasites, helminthes ou autres, qn'on observe chez ces ani-reaux; sur les deviations de la colonno vertebrate, notam-rnent cbez la pcrche; sur les monstruositös simples ou doubles; sur les empoisonnements despoissons par diverses substances, empoisonnements qui, dans ces derniers temps, out ete l'objet de recherches et d'experiences tres interessantes de la part de mon collcgue M. Bouchardat. Chez les poissons parvenus a un certain age les vaisseaux charges de fournir ä la nutrition des ecailles s'oblitereut, leur conleur, leur eclat so lernissent, et les ecailles sont rcmplacees par diverses soites d'excroissances. Des phe-nomenes analogues out etc observes sur la peau des vieillards.
Les poissons ne sont pas ä l'abri des maladies epizootiques: laquo; En 1757, une grande epizootie n'epargnaprcsqueaucune raquo; espece d'animaux, et sevit a la fois sur les poissons d'uu raquo; grand nombre de lacs (1), sur les oiseaux. de basse-cour raquo; et sur les animaux domestiques.
Bergmann mentionne quelques faits qui se rattachent evidemment a uu developpement de vegetaux parasites sur certains orgaues des poissons, vegetaux que mon collegue, M. Ch. Robin, a decrit dans son beau travail sur lesparosites vegetaux qui croisscnt sur I'homme cl les animaux vivants. Je m'empresse d'ajouler que l'etude des maladies des pois-
(1) Les deux epiddmies de cholera en Russie, dc 1853 ct 1856, furcnt precc'lces par une mortality epidemiquc qui sevit sur les poissons de riviere. Dans ces deux amices, sur les bords dc la mer Caspicnne, et prineipalement dans la region de Kislar (ä ÜOOwerstcsd'Astrakhaa),on vit de gramles dten-dues dc plages couvcrtcs de poissons moils.
HATER.
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18nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;COURS DE MltoECINE COMPARÖE.
sons, sur lesquelles j'ai public moi-ni6me un travail assez etendu (1), offre plus d'intör^t aux naturalistes et aux biolo-gistes qu'aux pathologistes, inöme lorsqu'ils se placent au point tie vue de la pathologic gonerale.
Bergmann fait observer (pie les oiseaux, si exposes aux iufluences atmospheriques, tloivent 6tre souvent frappes par des epizootics communes k d'autres animaux. (C'cst ce que nous apprcnnent, en effet, un certain nombre do travaux publics sur ce sujet.) 11 cite des epizootics qui out atteint k la fois des troupeaux de veaux et les gallinaccs: laquo; En 1712, raquo; dans les environs do la ville d' Augsbourg, une epizootie qui raquo; avait d'abord atteint les chevaux, les boeufset les pores, se raquo; communiqua aux oiseaux de basse-cour. En 1763 et raquo; 170^, un grand nombre de maladies sc manifeslerenl chez raquo; leschiensetchez un grand nombre d'oiseaux dans plusieurs raquo; contrees de I'Europe. raquo; Dans les epidemics do variole, quelques oiseaux, ct notamment les pigeons, sont aussi atleints d'uue fievre eruptive apparaissant sous forme de pustules, comparees k cellos do la variole par Bergmann ; maladie que j'ai decritc et figurce dans les M4moires de la Societe de biologie, 18/i9.
L'illustre Blumenbach (lit avoir observe la coincidence de cette vai'iole des oiseaux avee la clavcleo des moutons, qu'on a vue co'incider elle-m6me quelquefois avee la variole do rhommc; ce qui a conduit quelques observateurs ä penser ([ue la variole do I'homme, la clavelce des moutons, la variole des oiseaux, pouvaient avoir une origiue commune,
(1) Rayer, Expose succinct des principales observations failes jusqu'ä cc jour sur les maladies et les anomalies des poissons, — On doil aussi a M. Ginge {Notice sur ([uclqucs points d'analomie jialhologique comparee, Bulletin de VAcademic rouale do Briixellcs,'i. V, uquot; 11) qaelqaes fails iniOrcssauts sur It; nieuic sujet.
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malgre les diflöronccs frappantes qui existent cntre cc
affeclions.
Les epizootics des oiseaux sonl souvent les prccurscurs des epidemies. Ce fait a etc observe dans les grandes epide-mies do cholera, et dans plusieurs autres epidemies qui ont eu lieu en ces derniers temps.
Bergmann termine son travail sur les maladies des oiseaux comparees k cedes des mammiföres et de l'homme par des rapprochements ingenieux, bien qu'ils soient trop souvent entaches d'hypotheses.
En eludiant les maladies des raammiferes, dans les diverses especes, Bergmann montre qu'il en est de speciales h plusieurs d'entre elles, et quo d'autres sont plus rares ou plus frdquentes dans cerlaines especes. II montre aussi que, si cerlaines maladies de l'homme sont propres k certains climals, cette particularite s'applique k quelques especes d'aniraaux: la plique atteint, en Pologne, l'homme, lechien etlecheval.
Un des chapitres les plus inlercssants du travail de Bergmann, inspire, il est vrai, par des documents qui lui avaient ete communiques par le celebre Blumenbach, est une comparison entre les maladies des singes et les mala­dies de l'homme. L'auteur etablit que les singes sontsujels k la phthisie pulmonaire (1), aux affections tuberculeuse generates, aux scrofules, aux convulsions, k la variole, etc. Dans ces derniers temps, M. Serres a montre une nouvelle source d'analogics, en etablissant que ces animaux sont quelquefois alteints de la fievre typhoide (2).
(1)nbsp; Consnltez Rayer, Fragment tVune elude comparative de la phthisie pulmonaire. chez l'homme elchez les animaux, iu-b, Mim, In ü rAcacUmie des sciences, Paris, 18Z|2 {Archives demidecineeomparie).
(2)nbsp; Bayer, Fievre typhoide chez les animaux {Archives de medecino com-paree).
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Coraparant les cfl'cls des grandes oporalions cbirurgicales et des mutilations sur les animaux iiiamuiifercs et sur I'liomme, Bergmann apporte une preuve de plus des diffe­rences qui existent enlrc rorganismc do I'liomme et celui des diverses esp^ecs de mammiferes. De nombreuses expe­riences prouvent quelechieo, par example, resiste inieux que rhommeaux graves mutilations, tandisqueles clievres, les moutons, les lapins, y succömbent rapidement et presque tous.
Bergmann annonceque la fiövre intermittentc paludeenne, si commune chez I'liomme dans les contrecs marecageuses, n'exisle pas chez les animaux domestiques. Ce fait est vrai; mais, ä cette occasion, je feral remarquer que les moutons qui paissent dans les marais offrent toules les lesions qu'on observe chez rhomine, ä la suite des fievros intermiltenles prolongees: reugorgement et ['augmentation de volume de la rate, l'hydropisie et tous les autres phenomenes dont on a desigue l'ensemble sous le nom de cacheane aqueuse.
Bergmann terraine son travail par quelques remarques generales sur les epizootics : laquo; II eu est, dit-il, telles que la pestc ou le typhus du gros belail, qui, bien que tres cönla-gieuses dans la mthne espece, ne se Iransmcttent pas aux autres animaux, tels que le chien, le cheval, le mouton, la chevre, etc.raquo;
Dans cette revue des etudes de nosologie comparee, apres avoir mentionne les recherches de Hennemann (1), qui pa-rail avoir faitun cours de medecine comparee ä Goeltinguc,
(1) Guill. Joann. Cour. Ilonncmann, Lectiones suas per semeslrc costi-vum in AcademiaGeorgia Augusta habendas indicil; praiinittuntur pri-mw linew nosologiw morburum. Gotlingic, Vict. B.9Ssiegel, 1778, in-4. II y (lit page 3 : laquo;Ariern veierinariam tractandqwsuscipio,commilitones
oplimi, doclrinam ab ea qua sanilati hominum et conililuendee et resti-tuendui inservit, non adeo discrcpanleni ac vulgo pkrique pulanl. raquo;
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cn 1778, cl nie bornant ä rappcler en note quelqnes autres travaux(l), j'ai hate de donner une idee generate d'un ouvrage beaucoup plus important que les precedents. De tous les auteurs qui se sont occupes d'une maniere gene­rate et systematique de la pathologie comparee, il n'en est aucun qui l'ait fait avec plus de conscience et de perse­verance que Charles Frederic Heusinger (2). Je ne balance pas ä placer ses travaux au premier rang, et en particulier son esquisse d'une Nosographie comparee de Vhomme et des animaux domestiques, ouvrage public en 18M, peu de temps aprös que j'eus fait paraitre les premiers fascicules de mes Archives de medccine comparee.
Au lieu de distribuer les maladies de l'homme et des animaux en un certain nombre de groupes analogues aux groupes adoptes par nos principaux nosographes qui ont traite successivement des fievres continues, römittenles, intcrmittentes, des inflammations, des hemorrhagies, des nevroses, des secretions morbides, etc., Heusinger, pour montrer les analogies et les differences qui existent au point de vue pathologique entre Thomme et les animaux,
(1)nbsp; Consultcz : Mueller, Palholocjiai comparatce specimen. Rcgloinonli, 1792, in-8.
J. W. Jioemcr, Dissertatio exhibcns pathologia; comparatce specimen.Yta.-tislaviee, 1825, in-8.
Gandolli, Cenni diconfronto tra le malattie dell'uomo e dei hrutli {Opus-coli scientificidi Bologna, 1817, t, I, fuse, 6, p. 357).
S'jäovf, Der Mensch und seine vorzüglichsten Hausthiere [Memorabilien der Heilkunde, Bd. ill, 1819, p. 86).
Je nc fais non plus qu'indiquer un travail tout recent du docteur Falk : Die Principien der vergleichenden Pathologie und Therapie der Haussawje-thiere und des Menschen und ihre Formen. C'cst une esquisse de nosologie veltirinairc, avec indication, pour un certain nombre de maladies, des affec­tions analogues qu'on observe chez riiomme. 222 pages.
(2)nbsp; Gh. Fred, lleusinger, P\echerches de pathologic comparee, in-i. Cas-sel, I8/1/1.
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2*2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;COURS DE M^DECINE COMPARlte.
a classö los maladies par appareils, ainsi quo I'ont fait quel-ques medecins et un plus grand nombre do chirurgiens.
II compare successivement les diverses maladies de Tap- #9632; pared digestif, depuis les maladies do la beuche, jusqu'ä cellos de la fin du canal intestinal. Au muguet de rhorame il oppose des recherchos snr le muguet dos agaeaux; aux aphthes, la maladie aphtheuse des animaux; h la stomatite gangrönouse de Fhommo, des stomatites cl dos epizoolios de glossanthrax obsorveos chez los chevaux, los bceufs ct les chiens; k l'angine gangreneuse do rhomme, ['anthrax du gosier chez les oiseaux ot quelques öpizooties gangre-neuses des animaux; la glossitc, qui est assez rare chez I'homme, est montree frequcnte chez le pore; le cancer dos • 16vresot de la laugue est signale comme plus rare chez los animaux quo chez rhomme; lesvorrues de la boucho, trcs rares chez rhomme, sont signalees comme freqnentcs chez certains animaux, tels quo le cheval^ la chövre, le chicn, ä cause d'un plus grand developpement des papules et de l'epithelium ; les exostoses des dents sont plus frequentcs clans les herbivores quo dans rhomme; la carie des dents se rencontre chez tousles animaux domestiques, maisplus rarement quo chez rhomme.
L'auteur examine ensuite comparativement, chez I'homme et chez les animaux, les maladies du pharynx, de l'cesophage, de Testomac, de I'mtestin, du pancreas, du peritoine, etc.; les maladies du Systeme lymphatique, du systöme veineux, du Systeme arteriel, de la rate, du foie, enfin cellos de tousles systemes et de tous les apparcils. Co tableau est tres instruclif; il ne comprend pas molns de pr6s de 100 pages in-40, et offre de nombreuses et tres exaetes indications sur les maladies communes h l'hommo ct aux animaux.
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Quoique celte esquisse de nosographie comparee soit la partie materiellement la moins considerable des travaux de Heusinger, c'est, ä mon sens, la plus importante pour les medecins. Les veterinaires trouveront, dans les autres par­ties de l'ouvrage de Heusinger, des indications et des obser­vations trös precieuscs sur l'art vetörinaire chezles anciens, et sur ses progres depuis le xvi6 sitele jusque dans les dcrniers temps. Sous le nom de pieces justißcatives, Heu­singer a rassemble un grand nombre de notes et de docu­ments sur les epizooties empruntes ä des observateurs de tous les pays et de toutes les epoques. Mais, j'ai le regret do le dire, il y a un peu de confusion dans l'ensemble de ces savantes et laborieuses recherches, et ce n'est qu'ä l'aide d'une ötude tres patiente, que le lecteur pent do ces documents deduire des resultats scientifiques profitables k la medecine comparee. J'ajoute, en terminant, que la classification des maladies par appareils, et dans la-quello le cancer des levres se trouve rapproche desaphthes, des verrues, etc., n'a pas permis k Tauteur de s'elever ä des vuesgcneralcs sur les groupes morbides, tels que les fievres, les hemorrhagies, les hydropisies, les affections vermi-neuses, etc., etc.
Apres avoir indique Tinfluence que quelques hommes ont cxerccc sur les progres et le developpement de la medecine comparee, je dois en signaler une autre plus generate et souvent plus fiuctueuse : je veux parier des Academies.
A l'ancienne Socicte royale de medecine de Paris revient rhonneur d'avoir donue, en France, une vive impulsion aux etudes de medecine comparee.
Dans la preface, ou plulöl dans l'introduction du pre­mier volume de ses travaux, public cn 1776, vous lirezce
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passage remarquablo (i) : laquo; Los considerations precerlcntes raquo; sur les maladies qui aliaquent les homines cormenneut raquo; aussi ä celles qu'cprouvont los aniinaux. La medecine est raquo; une, etses prineipes genöraux, une fois poses, sent trös raquo; faciles ä appliquer aux circoustances et aux espeecs diffe-raquo; rentes. Vue de ce cöte, cette science est plus grantle et raquo; plus belle, les verites qu'elle annonce sont mieux senties raquo; et plus developpees ; on en connail les veritables sources,
raquo; et l'on est toujoursen etat d'y puiser.....L'influencc des
raquo; saisons et des substances alimentaires est la mörae pour raquo; leshommes et pour les auimaux. raquo;
Et, cn parlant des maladies qui frappent les animaux domestiques et qui sont transmissibles a I'liomme, et en particulier de cellc qui est aecompagnee d'ulcferes gangrö-neux dans l'intericur de la bouche, l'auteur de cette preface ajoute : laquo; Ce sont les ravages de cette affreuse maladie qui raquo; ont fixe rattenlion du gouvernement, et qui lui out fait raquo; desirer que tous les medecins veuillent bien s'oecuper de raquo; l'art veterinaire, et ne point regarder comme au-dessous raquo; d'eux une science qui peut les meltre ä portee de rendre raquo; ä l'Etat les services les plus itnporlants. II est, d'ailleurs, raquo; un second motif aussi puissant que le premier pour les raquo; y determiner, c'est que cette parlie de la medecine per-raquo; met des experiences utiles et hardies qui seraient autant raquo; de crimes dans le traitement des maladies humaines. raquo;
Dans son assembleedu l^octobre 1776, la Society royalc de medecine de Paris, faisant I'application de ces prineipes, proposait pour sujet de prix la question suivante :
laquo; Determiner par une description exacle des symplömes raquo; ä qucl genre de maladie on doit rapporter l'öpizootie qui
(1) Eisloire de la Socidti roijale de medecine, avec les Mcmoires de medecine et de physique medicalc pour la meine nnnec. Paris, 1779.
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raquo; a regnö en 177/i, 1775 et 1776, dans la Flandre, clans raquo; les pays reconquis, dans I'Ardresis, dans le Calaisis, dans raquo; le Boulonnais et dans l'Artois, et en quoi eile differe de raquo; celles qui ont regne depuis dix ans dans ces provinces. raquo; Quelle a pu en 6tre la source et par quelle voie eile s'y raquo; est communiquee ? S'il y a des fails qui prouvent que I'air raquo; ait pu contribuer a sa propagation ; quels sent les moyens raquo; curatifs qui ont eu le plus de succ^s? raquo;
Poursuivant la m6me pensee, la Societe royale de mamp;le-cine proposait egalement pour sujet de prix : laquo; Le tableau raquo; des maladies aigues et chroniques auxquelles les bestiaux raquo; de toute espöce sont sujels, dans chaque pays, contenant raquo; les noms vulgaires de ces maladies, leur description, leur raquo; traitement ordinaire, et les causes auxquelles on a conti-raquo; nue de les attribuer. raquo;
En 1783, rattention des medecins fut vivement appelee sur Timporlance des ötucles de medecine comparee, par la question de prix suivanlc, proposee par la Söciete de philo­sophic experimental^ de Rotterdam {Societe batave):
laquo; Exposer les raisons physiques pourquoi Thomme est raquo; sujet k plus de maladies que les autres animaux: quels raquo; sont les moyens de retablir sa sante qu'on pent emprun-raquo; ter aux observations que fournit I'anatomie comparee? raquo;
J'ignore si plusieurs memoires furent adresses ä cetle savante compagnie; mais il en est un qui marque line epoque de progres, et dent Camper est I'auteur (1).
Le memoire de Camper est trop connu pour que je vous en presente une analyse detaillee, mais je dois vous indi-quer I'esprit dans lequel il a etc concu et rödige, et les observations les plus remarquablos qu'il contient.
(I) Reponse ä la question proposee en 1783 par la Societe batave de Rotterdam (QEnmea dc Pierre Camper, in-8, Paris, 1803, t. 11, p. 283).
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laquo;II parait, dit Camper, que la Society experimentale de raquo; Rotterdam admet comme une vörite incontestable que raquo; l'organisation du corps humain a une grande analogic raquo; avec celle des animaux les plus parfaits, par lesquels eile raquo; entend, sans doute, les quadrupödes mammiföres. raquo;
Cette reflexion faite, il prescnte des observations gene-rales sur l'organisation non-seulement de ces animaux, mais encore sur celle d'autres groupes moins eleves clans 1 echelle zoologique, tels quo les oiseaux, les reptiles, les poissons.
Abordant un second point de la question, Camper ajoute qu'en admettant que l'homme soit sujet ä plus de maladies que les animaux, et, en particulier, que les quadruples mammiföres, la question proposee scmble avoir pour but de determiner les causes naturelles d'un plus grand nombre de maladies chez l'homme, el, ces causes une fois connues, d'en faire profiter la determination ä la medecine de l'homme.
Se placant ensuite lui-möme ä un point de quot;vue diffe­rent, et qui l'eloignait de la solution de la question propo­see, Camper essayo de prouver que: laquo; I'hommo, considere raquo; simplement comme un 6tre physi([ue, n'est sujet ni ä raquo; plus, ni ä moins de maladies que les animaux; mais que, raquo; du moment que les hommes se sont formes en society, raquo; c'est-ä-dire du moment qu'ils out quitte la vie agreste et raquo; sauvage, ils ont ete exposes ä une infinite de maladies raquo; qui devaient necessairement rösulter de ce changement raquo; dans le regime de vivre. raquo; Cette opinion, qui manque de base, ä cause du defaut do renseignemenls sur les maladies de l'homme ä l'ötat sauvage, est en realite suggeree par le paradoxe de J. J. Rousseau, qui dit, dans son Discours sur l'origine et les fondements de Vinigaiitöparmi les hommes,
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que la plupart des maladies qui affligent I'humanite sont I'ouvrage del'homme en societe.
Je reviens k Camper. Pour jiistifier son opinion, il fait remarquer que ce sont les exc^s auxquels Thomme se livre qui sont la cause la plus frequente de ses maladies; cause si puissante, qu'un medecin cölebre, Percival (1), est allö jusqu'a dire que l'ivrognerie seule enlöve, tons les ans, plus d'hommes que ne font la üövre, la phthisic et les maladies contagieuses; opinion quo la statistique n'a pas encore verifiee, mais qui trouve dans les beaux travaux de M. Magnus Huss (2) un appui nouveau.
Consequemment k ses premiöres vues, Camper divise les maladies des animaux en deux groupes : en celles qui at-taquent les animaux dans leur ctat de nature, et en celles qui sont la consöquence de leur captivite ; et il compare ces deux series d'affections avec les maladies de l'homme. Mais, tout en les disposant par groupes, il cnum^re sans ordre les maladies communes k l'hoinme et aux animaux, clans leur etat de liberte et dans leur ctat de domesticite : les in­flammations, les ulcöres, la gangrene, toutes series de tu­mours, les hernies, une foule do lesions, telles que luxations, fractures, etc. II suffit de jeler un coup d'oeil sur sa classi­fication, pour en voir tout l'arbitraire. D'ailleurs, et je l'ai deja dit, un des plus grands obstacles ä une etude compa­rative des maladies des animaux en liberte, et de celles des animaux en captivite, avec celles de l'homme, c'est le manque de documents precis sur les maladies des animaux a l'etat sauvage.
Je ne puis entrer aujourd'hui dans de plus longs details
(1)nbsp; Philosophical Transactions, vol. LXIV, p. 66, sect; 5.
(2)nbsp; Magnus Huss, Chronische Alkoholskrankheit, oder Akoholismus chro-nicus, iu-8. Leipzig, 1852.
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sur le travail de Camper. Plustard j'aurai roccasion, en traitant de la frequence relative des monstruositt% chez rhoname et chez les animaux, de vous rappeler plusieurs observations trös interessantes de cet auteur. Je vous signa-lerai egalernent ses etudes et ses remarques sur les fiövres contagieuses, et sur certains helminthes qu'on trouve dans les voies de la respiration, sur les parasites observes dans l'epaisseur de la pean et sous le tegument externe chez les animaux.
Camper insiste, avec raison, sur la rarete dos maladies cercbrales chez les animaux. Ce qu'on a öcrit, dans ces derniers temps, sur la folio des animaux et sur d'autres affections du Systeme nerveux, demande de nouvelles ob­servations. Je veux rappeler, en passant, un fait curieux : on a observe, clans l'espece bovine, plusieurs maladies ner-veuses, et en particulier I'liysterie; et la guerison de cetto derniöre maladie a pu 6tre obtenue chez les animaux par une methode de traitement hardie, mais impraticable dans l'espece humaine, c'esl-a-dire l'extirpation des ovaires.
Camper a dissemine, dans son travail, quelques observa­tions interessantes sur riniluence des climats, sur I'action des diverses especes d'aliments et de boissons plus on moins salubres, sur le developpement do l'organisation animale, et sur la production de quelques maladies, et, en particulier, des affections calculeuses chez rhomme et chez les animaux. J'aurai roccasion de revenir sur ces faits, lorsque je traiterai de l'etiologie et du developpement des calculs, comparati-vement chez les animaux et chez I'homme.
En 1820, les fondateurs de l'Academie de medecine de Paris, appeles k remplacer l'ancienne Societe royale de medecine, s'inspirant des traditions tie cette societf3, s'em-
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pressörent do lömoigncr de rimporlance qu'ils attachaient
a la comiaissance des maladies des aniniaux, en creant dans lo sein de 1'Academic une seclion dc mc^decinc veterinaire, appeleo naturellement ä recueillir et ä signaler les obser­vations les plus importantes sur les maladies des animaux, et en particulier snr les epizootics, observations qui devaient jeter en m6me temps de nouvellcs luraieres sur I'histoire des maladies de Thomme.
11 ue pent entrer aujourd'hui, dans mon plan, do rappeler ici toutes les discussions importantes qui ont ou lieu, clans le sein de 1'Academic de medecine, entre les medecins et les veterinaircs, notamment sur les maladies transmissibles des animaux k Tbommc; mais jc ne puis passer sous silence, par une fausse modestic, la discussion sur la morve, qui a eu lieu en 1837, k la suite de laquelle I'Acadeniie me fit Fhonneur d'inserer, dans ses Memoires, un travail conside­rable que je publiai ä cetto epoque, sur la transmission de la morve des solipedes k rbomme; et a cette occasion, qu'il me soit permis de rappeler quo le resultat de mes travaux sur cette terrible maladie a fait remcttre en vigueur, en France, des mesures preventives centre la contagion de la morve, mesures salutaires justementappreciees aujourd'hui, dans nos ecoles veterinaircs, dans les grandes exploitations industrielles et agricoles et dans Farmee (I).
Je dois mentionner egalement la discussion memorable qui a eu lieu, ä l'occasion de l'origine du cow-pox, consi-dere comme provenant d'une maladie du cheval, le grease, discussion ä laquelle ont pris part plusieurs membres de la section veterinaire, et plusieurs medecins appartenant k l'Academie, ct en particulier MM. Depaul et Bousquet.
(#9632;1) P.ayer, dans le ZWtom de l'Academie royale de medecine, t. \, 1836, p. 430ctsuiv.—Rayer, Dela morveet dufarcinches I'homme, iii-4, fig., 1837.
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30nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;COURS DE MfiDECINE COMPAR^E.
Quant aux epizootics dont rancienue Societc royale de medecine s'etait beaucoup occupee, je m'associerai aux regrets exprimes par men celebre confrere, M. Michel Levy (1). laquo; En regard, dit-il, du tableau desepidemies, devrait raquo; se placer,chaqueannee, celuidescpizooties,pour ecbanger raquo; de mutuelles claries; et teile est, suivant nous, I'exigence raquo; de l'article 2 de Fordonnance organique du 20 decein-raquo; bre 1820, On ne pent qua regrelter l'absence de co dernier raquo; document quo votre section de medecine veterinaire sau-raquo; rait ölaborer avee une si grande superiorite de vues et raquo; d'experience. L'histoire parallele des maladies qui sevis-raquo; sent, avecbeaucoup d'exteusiou,surlesbommesetsurles raquo; anirnaux, senible deslioee ä fournir de nombreux ensei-raquo; gnements ä la pathologic et k rhygienc publique : ccs raquo; travaux simultanes et destines h une synthese annuelle, raquo; reagiraientencore l'uu sur I'autre, dans le sens tie la pre-raquo; cision et de la verite scientifique. raquo;
Cette lacune estd'auiant plus regrettable que les rapports des epizootics avee les epidemics sent tres intimes, puisque, selon Paulet (2), dont je ne garantis pas au reste rentiere exactitude, sur quatre-vingt-douze epizootics environ dont parle Thistoire, vingt ct une ont etc communes aux bommes et aux animaux; et que sur vingt qui ont ravage l'Italie et la Sicile, huit, selon Buniva (3), ont attaque ä la fois respece humaine et les bestiaux.
L'Academic do Berlin a aussi contribue ä dünner une assez vive impulsion aux etudes de medecine comparee : en
(1)nbsp; Michel Mvy, Memoires do l'Academic impiiriale de medecine, 1853, 1. XVII, p. LXV.
(2)nbsp; Paulet, Recherehes historiques et physiques sur les maladies ipizou-liques. Paris, 1775.
(3)nbsp; Buniva, Memorie conlro I'epizoozia neUe bovine. Turino, 1797. — Consullcz plusicurs autres mcmoiics dc rauteur sur 1c inemc sujet.
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1837, eile proposa pour sujet de prix la question suivante: raquo; Decrire les maladies des animaux domestiques qui peuvent raquo; se transmetlre ä riiomme. raquo;
La prix fut decernö ä Jacques Liviu (1), docteur en raedeciue et en Chirurgie, dont le memoire a (Me public avec de nouvelles additions, en 1839. Cost, sans contredit, .un ties travaux les plus remarquables qui aient etc ecritssur cettcpartie de la mcdecine comparec, et Ton pent dire quo l'etat de la science, ä l'epoque oü il a paru, y est fidelement expose. Aujourd'hui m6me on le consulte avec fruit sur les priucipales questions relatives ä la morve des solipödes et h sa transmission k rhomme; ä la maladie des moutons connuc sous le nom de sang de rate; aux maladies charbon-neuses des animaux et aux accidents si graves que leur transmission produit chez rhomme; aux epizootics de la maladie aphtheusc et k la possibilite de la transmission de cette maladie ä rhomme; au cow-pox et ä sa transmission ä I'liomme; ä la transmission de la gale des animaux ä rhomme, et de la rage des animaux du genre Canis k rhomme et aux animaux domestiques.
L'impulsion donnee aux esprits vers les recherches de pathologic comparee, par les Academies, n'a pas tarde ä se produire sur des branches ou sur des points speciaux de la pathologie de rhomme et des animaux; k ce point de vue, le Manuel d'analomie pathologique, public en 1830 par Will. Otto (2), professeur tie medecine k I'universite tie Breslau, merite une mention particuliere. Dans cet ouvrago tous les vices de conformation et toutes les alterations de structure sont etudies comparativement, non-seulement
(1)nbsp; Liviu, Vergleichende Darstellung der von den Uamlhieren auf Men­schen übertragbaren Krankheiten. Berlin, 1839.
(2)nbsp; Otto, Lehrbuch der pathologischen Anatüinie des Menschen und der Thieve. Berlin, 1830.
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30nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;COURS DE MfiDECINE COMPAR^E.
Quant aux epizootics dont rancienue Societc royale de medecine s'etait beaucoup occupee, je m'associerai aux regrets exprimes par men celebre confrere, M. Michel Levy (1). laquo; En regard, dit-il, du tableau desepidemies, devrait raquo; se placer,chaqueannee, celuidescpizooties,pour ecbanger raquo; de mutuelles claries; et teile est, suivant nous, I'exigence raquo; de l'article 2 de Fordonnance organique du 20 decein-raquo; bre 1820, On ne pent qua regrelter l'absence de co dernier raquo; document quo votre section de medecine veterinaire sau-raquo; rait ölaborer avee une si grande superiorite de vues et raquo; d'experience. L'histoire parallele des maladies qui sevis-raquo; sent, avecbeaucoup d'exteusiou,surlesbommesetsurles raquo; anirnaux, senible deslioee ä fournir de nombreux ensei-raquo; gnements ä la pathologic et k rhygienc publique : ccs raquo; travaux simultanes et destines h une synthese annuelle, raquo; reagiraientencore l'uu sur I'autre, dans le sens tie la pre-raquo; cision et de la verite scientifique. raquo;
Cette lacune estd'auiant plus regrettable que les rapports des epizootics avee les epidemics sent tres intimes, puisque, selon Paulet (2), dont je ne garantis pas au reste rentiere exactitude, sur quatre-vingt-douze epizootics environ dont parle Thistoire, vingt ct une ont etc communes aux bommes et aux animaux; et que sur vingt qui ont ravage l'Italie et la Sicile, huit, selon Buniva (3), ont attaque ä la fois respece humaine et les bestiaux.
L'Academic do Berlin a aussi contribue ä dünner une assez vive impulsion aux etudes de medecine comparee : en
(1)nbsp; Michel Mvy, Memoires do l'Academic impiiriale de medecine, 1853, 1. XVII, p. LXV.
(2)nbsp; Paulet, Recherehes historiques et physiques sur les maladies ipizou-liques. Paris, 1775.
(3)nbsp; Buniva, Memorie conlro I'epizoozia neUe bovine. Turino, 1797. — Consullcz plusicurs autres mcmoiics dc rauteur sur 1c inemc sujet.
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1837, eile proposa pour sujet de prix la question suivante: raquo; Decrire les maladies des animaux domestiques qui peuvent raquo; se transmetlre ä riiomme. raquo;
La prix fut decernö ä Jacques Liviu (1), docteur en raedeciue et en Chirurgie, dont le memoire a (Me public avec de nouvelles additions, en 1839. Cost, sans contredit, .un ties travaux les plus remarquables qui aient etc ecritssur cettcpartie de la mcdecine comparec, et Ton pent dire quo l'etat de la science, ä l'epoque oü il a paru, y est fidelement expose. Aujourd'hui m6me on le consulte avec fruit sur les priucipales questions relatives ä la morve des solipödes et h sa transmission k rhomme; ä la maladie des moutons connuc sous le nom de sang de rate; aux maladies charbon-neuses des animaux et aux accidents si graves que leur transmission produit chez rhomme; aux epizootics de la maladie aphtheusc et k la possibilite de la transmission de cette maladie ä rhomme; au cow-pox et ä sa transmission ä I'liomme; ä la transmission de la gale des animaux ä rhomme, et de la rage des animaux du genre Canis k rhomme et aux animaux domestiques.
L'impulsion donnee aux esprits vers les recherches de pathologic comparee, par les Academies, n'a pas tarde ä se produire sur des branches ou sur des points speciaux de la pathologie de rhomme et des animaux; k ce point de vue, le Manuel d'analomie pathologique, public en 1830 par Will. Otto (2), professeur tie medecine k I'universite tie Breslau, merite une mention particuliere. Dans cet ouvrago tous les vices de conformation et toutes les alterations de structure sont etudies comparativement, non-seulement
(1)nbsp; Liviu, Vergleichende Darstellung der von den Uamlhieren auf Men­schen übertragbaren Krankheiten. Berlin, 1839.
(2)nbsp; Otto, Lehrbuch der pathologischen Anatüinie des Menschen und der Thieve. Berlin, 1830.
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plusieurs maladies des animaux domestiques, MM. Andral ct Gavarrel out ouvert uuo voie nouvelle qui est devenue uuc des branches les plus imporlantes de la medecine compareo (1).
Dans cette longue enumeration des etudes applicables ä la pathologic compareo, je ne peux omettre les belles rccherches de deux professeurs de cette ecole, Fourcroy et Vauquelin, sur les calculs de Phomme et les calculs des animaux (2). En rapprochant ees travaux de travaux plus recenls, je pourrai vous montrcr tie la manure la plus evidente rinfluence des boissons, de l'alimentation et de certames conditions morbides, sur la production des diverses especes de gravelles et de calculs.
Nedois-je pas aussi, des aujourd'hui, vous signaler le travail de Hering (3); la these d'un de raes e\b\es, M. Got (/j), sur la transmission do la gale des animaux k l'homme; et les recherches do M. Ch. Robin (5), sur les parasites vegelaux qui se deveioppent sur Vhomme et les ani-
(1)nbsp; Rccherches sur les modifications de proportion de quelques principes du sanrj (fibrine, globules, maleriaux solides da serum el eau) dans les maladies, par MM. Andral ct Gavarret (Aimalcs de chimie et de physique, t. LXXV). - Ikcherches sur la composition du sany de quelques animaux domestiques dansVctatde sante et demaladie, par MM. Andral, Gavarret et Delafond (Aimalcs de chimie et dc physique, 3C särie, t. V).
(2)nbsp; Fourcroy et Vauquelin, Annales da Museum d'histoire naturelle, t. I-II, et Memoires de Plnstilut, t. IV.
(3)nbsp; Hering, Die Kratzmilben der Thiere und einige verwandte Arten nach eigenen Untersuchungen beschrieben, in Nova aeta physico-medka t. XVlIf, 2' panic.
(!i) Got, De la gale de ihomme et des animaux, produitepar les acares, et de la transmission de cette maladie a l'homme par diverses especes d'a~ nimaux vertebres, these. Paris, 18W
(o) Ch. Robin, Des vegelaux qui croissent sur les animaux vivants, in-Zj. Paris, 18i|7. — Unc nouvelle Edition enliferoment rcfondne a paru sous ce tilre : Histoire naturelle des vegitaux parasites qui croisf.ent sur l'homme et sur les animaux vivants. Paris, 1800.
rayer.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;2
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34nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; COURS DE iUj!:DECI\E COMPARtE.
maux vivants; enfiii, les travaux couronnes par l'Acailcmie des sciences, de MM. Bourguignon et Delatbnd (1), sur les diverses especes de gales des animaux domestiques, cspeces dont quelques-unes seulement sont transraissibles k rhomme, et qui sont produites par nn acare commun ä rhomme et aux animaux, et pöurvu d'organes ä l'aide des-quels il pent se loger sous l'epiderme ?
Un mömoire de M. Reynal, sur la transmission de l'Aer-pes lonsurans du chevul et du bcBufä rhomme (2), maladie qui, d'apres les eludes recentes, est deterniinee et entre-tenne par la presence d'un cryptogame clans 1c bulbe des polls, m^rite aussi d'etre mentionne.
Soil que Ton considere les anomalies et les rnonstrnosites comme etant la suite d'alterations de l'oeuf, ou de l'embryon ou du foetus, mil doute qu'il n'y ait dans I'etude comparative des rnonstrnositeschez rhomme et les animaux(3) une source de recherches interessantes pour le pathologiste. Des expe­riences ayant pronve qu'on pent produire ii volonte cer-laines deformations, il est permis d'esperer que des etudes poursuivies dans cette direction pourront jeter quelque lumiere sur l'etiologie des monstruosites.
Enfin une ceuvrc considerable, l'ouvrage de M. Da-vaine (4) sur les helminthes de rhomme et des animaux domestiques, etudies non plus seulement en naturaliste,
(1)nbsp; O. Dclafond cl II. Bourguignon, Traue pratique d'mtomologie et de pathologie comparees de la psore ou cjale de l'homme et des animaux do­mestiques, m-!i. Paris, 1862.
(2)nbsp;Memoires de rjeademie imperiak de medecine. Paris, 1858, l. XXII,
p. aos.
(3)nbsp; Consultcz Isidore Geoffroy Saint-llilaiic, Histoire generale et particu-Here des anomalies de l'organisation dies rhomme et les animaux, in-8, 3 vol. Paris, 1836.
(i,1 Traue des enlozoaires et des maladies vermineuses chez l'homme et chez les animaux domestiques. Paris, 1860.
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COURS DE MEDECllVE COMPAREE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;35
corame 1'ont fait do savants helminthologistes, Riidolphi, Bremser, Dujardin, etc., mais d'uno raanierc plus en rap-poi't avec les etudes medicalos, au point de vue de rorigine de ces parasites, de leurs migrations et des accidents on des maladies que leur presence produit chez l'homme el clicz les animaux, clöra pour aujourd'hui celte longue liste de travaux speciaux.
Ici s'arröte I'liistorique de la pathologic comparee, doiit
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ousvoyez grandird'anuee enannee l'ötendue, rimporlance et rinterßt, et commence celui de la pathologie experi-mcnlale.
Celle-ci est fille de la physiologic expörimentale, mais eile s'en distingue corame la physiologie de l'organisme sain se distingue de la physiologie pathologique. La phy­siologie experimentale cherche a penötrer dans le secret des functions; la pathologie experimentale cherche k pene-trer dans le secret des maladies.
La pathologie experimentale est l'ensemble des lesions et des maladies artiflcielles que jusqu'ä present on a pro-voquees chez les animaux pour eclairer les maladies de l'homme.
Les maladies artiflcielles different, en beaucoup de cas, des maladies que j'appellerai naturelles et dont l'appa-rence est plus ou moins semhlable. Comhien est loin une affection yesiculeuse qu'on aura provoquee et qui dispa-raitra spontanement, d'un eczema de cause interne qui se montrera rebelle!
Nul artifice, en dehors de rinoculation, ne peut, jusqu'ä present du moins, creer de toutes piöces une variole, une rougeole, une flevre typhoi'de, etc.; mais, en d'autres cas, les maladies arlificielles et les maladies naturelles se
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loucheiit. II esl au pouvoirhumain de produire un typhus; les fautes administratives ou les mauvaises circonslances out eu plus d'une fois cette t'unesle puissance.
II faut done dans la pathologie experimentale, quand on veut la faire servir a la medecine compareo, discerncr co qui peut se faire et ne peut pas se faire.
Pour concourir aux progres de la medecine comparee, la pathologie exper'imentale a plusieurs procedes. A I'aide de Tun, eile ötudie sur les animaux les lösions et les sym-ptöraes produits par une cause determinee, et en particulier par les poisons ou par les medicaments energiques, dont les effets sont incompletement connus ou tout ä fait ignores. A. I'aide du second, le medecin se propose de suivre, avec securite de conscience, la marche naturelle des maladies ; e'est sur les animaux souls qu'on pent generalemcnt en ohserver le cours sans y opposer aucun traitement, et reconnaitre les limites reciproques de la medecine active et do I'expectation (1). Enfin, se plagant li un troisiöme point de vue, le medecin peut souvent etudier plus facilement sur les animaux que sur rhomme les procedes par lesquels la nature travaille a reparer une lesion clelerminec, soit quelle y reussisse, soit quelle echoue, et qui, connus et notes pas a pas, admettent une intervention reguliere et bienfaisante de l'art medical.
Teile etant la pathologie experimentale, l'epoque mo­derne seule a pu la voir apparaitre avec toute son ntilile; car, pour qu'elle ports des fruits, il faut que la physio-
(1) Ai-jc besoin de dire qu'en signalant ici rmililc des experiences sur les animaux pour apprecici- comparativeinent les avanlages d'une iherapculique active et ceux de Texpectation dans le traitement de cerlaincs maladies ai-gues, dans celui des inflammations franches par exemple, jc reconnais la superiority des observations cliniques, lorsquc ccs deux melhodes semblcnt po;ivoir clre appliquecs ä pen pics indislinctemem?
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logie et la pathologic aient, de concert, fait de grands pro-gres (1).
En ce genre, les travaux out öte, comma cela devait 6tre, non pas systematiques mais fragmentaires, et guides par des vues particuli6res; aussi mo contenterai-jedevousciter les noms de quelques homines qui ont marquö dans cette partie de la science.
Vers 1c milieu du xvu' siecle, Lower (2) a etö un des pre­miers ä cntrevoir l'utilite des experiences sur les animaux pour eclairer la pathologic. Apres avoir decrit avec detail le precede qu'ila employ^ pourlierla veine cave iuferieure dans la poitrine, Lower ajoute: laquo; A peine cette operation raquo; est-elle achevee,que lechien commencek languir,etmeurt raquo; peu d'heures apres. Quand on en fait la dissection, on voit raquo; flotter dans le bas-ventre une aussi grande quantity de raquo; serosite que s'il avait etö longtemps travaillö d'une espece raquo; d'hydropisie nommee ascite..,.raquo; Et ailleurs, apres avoir lie les veines jugulaires d'un chien avec un fil, il consigne laquo; qu'il a observe que toules les parties situees au-dessus de raquo; la ligature s'etaient merveilleusement enflees et impregnees raquo; d'une serosite claire et limpide.raquo;Enfiu, dit-il,laquo; je laisse ä raquo; juger aux autres combien toutes ceschoses peu vent servir ä raquo; decouvrir les causes de l'hydropisie ascite, anasarque, etc.raquo;
Bieutöt apres, vers la fin du xvn0 si6cle, se presente Ba-glivi, qui, tout en apportant k la physiologic experimen-tale des experiences ulilisees plus tard par Haller dans la doctrine de Tirritabilite, s'engage aussi dans la pathologic
(1)nbsp; Les belles experiences de Galicn sur les fonctions de certainsorganes, et celles de llaller sur les proprtetds de plusieurs tissus, apparlicnnent essen-tidlemcnt ii la physiologic, bien qu'on en puissc faire d'utiles applications ä la paihologic cxperimenlale.
(2)nbsp;Lower, Traite du cosur, trad. franQ., 1669, pp. 124 et 125.
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expörimentale. Cherchant ii discerner les causes des diffe-rentes esptees de fiövres et de la varicte de leurs sytuptömes, il injecta, dans les veines des animaux, des liqueurs spiri-tueuses, aromatiques, acres, et observa ce qui se produisait. II croyait pouvoir susciteraiiisi diverses especes de flevres (1).
En ces derniers temps, l'observation ayaot rappel6 ['at­tention sur les alterations du saug dans les fievres (2), des experiences analogues ä celles de Baglivi ont ete faites a\ec divers agents, et surtout a l'aide d'injecUous de matieres putrides.
De ces injections dans les veines, van Swieten (3) a fait une application qui, longtemps oubliee dans ses ecrits,
(1)nbsp; Georgii Baglivi Opera omnia, p, 53 : laquo; Poiro ut cognilio verae causee raquo; febrium magis illustreuiv ccitiorque icddaluv, cocpi duobus abhinc amiis raquo; nova nostra metbodo fcbres in canibns aliisquc animalibus exdtarc, infnn-raquo; dendo in venas varii generis liquores, spirltaosos, aromalicos, acres, raquo; aeido-aercs et similes ; eosdenique eliam cum elbo ol potu miscendo, donec raquo; febris excitata sit: qua exdtata, observo diligcnler vdicmenliam ejusdem, raquo; iuappetemiam, languorcm, alvi siccitatem, liemoris periodos aliaque id raquo; genus aeeidentia, quaa pro divcrsitalc liquorisaromalici quae eisdem pnn-d betur, diversa solent apparere. raquo;
(2)nbsp; Gaspard, dans son memoire inlituld : Memoire physiologiquc sur les maladies purulentes, putrides [Journ. de phys. de Magcndie, Carls, 1822, f. II, p. 1 ei suiv.), rappelle que, laquo; depuis que 6. Vahrendorf a enivre des raquo; cbiens, en 16i2, cn s'avisant de leur injeclcr du vin dans les veines, on a raquo; fait beaueoup d'essais en cc genre pour determiner, crime maniere plus sure raquo; et plus prompte, l'action de certaines substances etrangeres snscepiibles raquo; de ptfnßtrer quclqucfois dans les organes circulaloircs par les roles longues raquo; et dötournees de la digestion et dc Fabsorpiion. raquo; Lui, injecta des fluides animaux, soit naturcls, soit maladlfs ou decomposes; et il apporta ainsi des documents ndcessaires ä consulter pour toules les tbeories de rinfection.
(3)nbsp; Van Swieten, Commentaria in Hermanni Boerhaaoi AphorUmos, t. II, p. (J54 : laquo; Tenlavi similia in cantbus sajpius, vidique semper sanguinem raquo; inde grumescere, et per venas, semper laliores in suo decursu, ad cordex-raquo; trum deferri, dein in pulmones : ibi autcm baerebat, et post suimnas anxie-raquo; lates animalia baec inoricbantar, citius vcl serins, proul major minorve raquo; talium coagulantium qu:iiuitas venis injecta, et divcrsa foret lioruin injec-raquo; torum efficacia. Poterit ergo et a talibus cansis letlialis subito peripnenmonia raquo; induci. raquo;
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a repris de nos jours une grande importance : van Swieten etudiales effets de la coagulation du sang ainsi determinöe chez le chien, et uota les accidents, le plus souvent mortels, qu'on decrit aujourd'hui sous le nom d'embolies. Mais c'est a M. Virchow, qui a pris une part si active au mouvetnent scientifique dans ces derniers temps, et, aprös lui, ä ses elöves, qu'tapparlient reellement la decouverte du mode de formation des embolies, dont il a produit experimentalement les accidents, en introduisant dans les veines des raatiöres solides, fibrine, caoutchouc, etc. (1).
Parmi les medecins francais qui ont cherchö k äclairer plusieurs phenomenes des maladies ä i'aide de la m^thode expörimentale, Nysten (2) mcrite une mention particuliere. Apres avoir rappele d'ancionnes experiences de Redi, d'An-toinc de Hide, de Rud. Jac. Camerarius, de J. J. Harder, de Lancisi, dc Bocrhaave, sur les effets de l'injection de l'air dans les veines, Nysten etudia comparativement les effets des injections d'air atmospWrique et des injections de plu­sieurs gaz (oxygene, azote, hydrog^nc, etc.). II continua ses etudes sur faction de ces differents gaz, dans ses recherches sur les maladies des vers ä soie.
C'est surtout k Magendie (8) qu'il faut faire une grande place; ses ouvrages sont uno mine de pathologie expörimen-tale. Non quo les inductions qui I'ont conduit, et les conse­quences qu'il a tiroes soient toujours rigoureuses; mais il ne cessa de creer des etals morbides avec I'intention do les comparer aux etats do la pathologie humaine. Nul n'aetudie
(1)nbsp; Cöhn, Klinik der embolischen Gefäskrankheiten. Berlin, ISfiO.
(2)nbsp; Nysten, Recherches de physiologie et de chimie pathologiques, iii-8, 1811.
(3)nbsp; Magendie, PMnomamp;nes physiques de la vie. Paris, 18A2. — Lefons sur le si/sleme nervevx. Paris, 1839. — Journal de physiologie. Paris, 1821 ii 1831.
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avec plus de soin les altcnilions produites dans le sang par les injections des acides, du charbon, des alcalis, dn mercure, des matteres grasses, des gaz, des liqueurs alcoolirjues et des malieres putrides. On le voit, injectant de l'eau dans les veines d'un chien, songer aussitot k employer centre la rage, sans succes il est vrai, ce rnoyen qui debililait et cal-mait I'animal: on le voit defibriner le sang, rendre a ranimal ce sang ainsi appauvri, et determiner des inflammations, notamment des conjonctivites et des pneumonies, etals re-marquables qu'il a rapproches des rougeurs morbides el des eugouements pneumoniques observes dans les fiövres ly-phoi'des, dansle typhus et dans d'autres affections. Magendie poursiiitparticulierement,pourmeservir de son expression, les phenomenes physiques de la vie; mais nous, dansses recherches, nous trouvons, et c'est ce qui nous importe, toute sorte de phenomenes de pathologic.
Dans ses belles et savantes etudes sur la physiologic, M. Flourens a fait aussi de nombreuses applications ä la pathologie, que j'aurai sou vent roccasion de citer. Jo me borne a rappeler aujourd'hui celles qui sont relatives aux lesions du Systeme nerveux (I) et aux eflels de la presence des corps etrangers, du pus, sur les membranes du cerveau el dans le cerveau lui-mcmo.
M. Claude Bernard, disciple et emule de Magendie, est an premier rang parrni les medecins pbysiologistes qui ont agrandi, duns ces derniers temps, par d'heurcuses decou-vertcs, le domaine de la medecinc expcrimentale. Je vous engage ii lire et h inedilcr leslecous qu'il a fades au College de France sur cette brauche des connaissances humaines,
(1) Flourens, Recherches expcrimentales sur les propriefes et les fonc-tions du Systeme nerveux ehe: Irs animaux verlehres, 'Je (-dition. Paris, 18/|2.
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el qui out et6 reproduites par un mödecin anglais dans le Medical Times (1). Je ne puis indiquericitoutes les maladies sur lesquelles, a I'aide d'expericnces siir lesanimaux, notre grand physiologisle a projetö tie vives lumiöres, II mesuffira de rappeler quelalheorie de la glycosurie a acquis uri grand caraclöre de cerlitude par suite d'experiences devenues celö-bres; que rinfluence des lösions du syslörae nerveux sur la production de certaines inflammations et de quelques hydropisies, k peine soupconnee, ou seulement entrevue par les pathologistes, est devenue evidente ä l'aide d'expe­riences dont je signalerai ici seulement quelques resultats. Ainsi, M. Cl. Bernard a montre quel'ablationdes ganglions cervicaux du grand sympathique donnait rapidemenl lieu h un epanchement dans le pericarde; que la pleurösie et la pöricardite avec formation de pus et de fausses mem­branes pouvaient 6lre la suite de l'ablation du ganglion cervical inferieur et du premier thoracique; que l'ablation de ce dernier ganglion donnait lieu h des hemorrhagies dans l'iutestin gröle; que l'ophlhalmie et la conjonctivite pouvaient elre determinees par la section de la portion cer-vicale du grand sympathique; enfin M. Cl. Bernard a de-montre que ces maladies conseoutives aux lesions de cer­taines parlies du Systeme nerveux se developpaient d'aulant plus facileinent, que les animaux etaient plus faibles, et que, pour tel animal chez lequel les accidents n'avaient pas apparu, il sufflsait de le mettre ä jeun pendant deux on trois jours, pour que survinssent des inflammations vio-lentes et purulentes. Ces fails, rapproches des experiences
(1) Lectures on experimental patholoyy and operatioe physiology deli­vered at the College of France, during the winter session. 1859-60, by M. 01. Bernard. Consiiltez, en outre : Lefons sur les ejfets des substances toxiques el medicamenteuses, par M. Cl. Bernard Paris, 1857, in-8.
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que Magendie et rnoi avons faites, il y a une quinzaine d'annees, sur des chovaux attaints de morve chronique, qui, soumis ä rabstinence, ne tardaient pas ä 6tre frappes de morve aigue avec inflammation des organes de la respi­ration, et des observations cliniques qui out montre que, sous rinfluence d'une diöte trop sevfere, ä la suite des grandes operations, il survenait des fiövres purulentes et des inflammations presqueconstamment mortelles, ces fails, dis-je, ne peuvent manquer de modifier profondement les opinions (pi'on s'etait fonnecs sur l'etiologie et la theorie des inflammations.
Les belles experiences de M. Brown-Sequard sur diverses paralysies, suite de seclions de la moclie epiniöre, et sur les convulsions epileptiformes consccntives k la lesion de certains nerfs, sont aussi de nature ;i eclairer les maladies de l'homme qui presentent des plienomencs analogues (1),
M. Longet, dans ses recherches experimenlales, a fait des remarques interessantes sur le mode de production de quelques phenomeoes qui suivent les lesions du Systeme nerveux, et, en particulier, sur une nouvelle cause de rempbysemo du poumon (quot;2).
Des tentatives ont etc faites pour developper certaines alterations le plus souvent dialbösiques. M. Cruveilbier, poursuivant Tidee de provoqucr artificiellement des tuber-cules dans les poumons en injectant du mercure dans les
(1)nbsp; Brown-Sequai'd, Recherches experimentelles sur la production d'une affection convulsice ipileptiforme, a la suite de lesions de lamoelle epiniere. Paris, 1ü5j. De la transmission par hiredite chez les mammiferes, et parliculierement chez les cochons d'lnde, d'une affection epileptiforme pro-duite chez les parents par des lesions travmatiques de la moelle epiniere (Coinptes rendas dc la Sociellaquo; dc biologic, 1.1 de la lrc sdrie, 1860, p. IO^i).
(2)nbsp; Longet, Sur une nouvelle cause d'cmphijseme du poumon (Gomptes rendas des seances dc rAcademic des sciences 18/12).
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ramifications bronchiques et jusque dans les cellules pul-monaires, a vu se former un produit dont il a ötudie les analogies et les differences avec la matiöre tuberculeuse(l). Enfln rappellerai-je que, dans un travail public en 1823, j'ai montrö par des experiences sur les oiseaux qu'on pou-vait faire naitre des depots salins dans les tissus flbreux voisins des articulations, et d'autres produits morbides dans les articulations elles-mömes, en introduisant des corps etrangers dans leur voisinage (2)?
J'ai döjä dit que la reparation naturelle des lesions esl un vaste champ pour la pathologie expörimentale. Ainsi, les experiences de Porta sur le developpement des vaisseaux collateraux, aprös la ligature des arteres, celles de M. Jobert (de Lamballe) sur les sutures intestinales, ont augmente la connaissance des ressources tie la nature, si importante dans la medecine; ainsi, la consolidation des fractures a 6te etu-diee par Duhamel, par Fougoroux, et, plus receinmenl, par M. Jobert (de Lamballe); ainsi, le role du perioste dans la reproduction des os cst devenu, par les beaux travaux de M. Flourens et de M. Ollier (de Lyon)(3), le point de depart de methodes chirurgicalcs qui conservent les membres lä oil jadis on etait oblige de les sacrifier.
Les phenomimes de l'abstinence et de l'inanition ont recu la plus vive lumiere des experiences de Chossat (de Ge­neve) (i). 11 a constate experimentalement sur les animaux
(1)nbsp; Cmveilliicr, Traite d'anatomie pathologique ginirale. Paris, 1862, t. IV, p. 546.
(2)nbsp; Rayer, Memoire sur l'ossification morbide consideree comme une lerminaison de l'inflammation (Arcliivcs gönerales de mddecine, 1823).
(3)nbsp; Ollier, De la production arti/icielle des os au moyen de la transplan­tation du perioste et des greffes osseuses (Compies rcmlus des siiauces el Memoircs de la Sociele de biologie, t. V, 2' serie, 185!)).
(/i) Chossat, Riicherches experiimntales sur l'inanition (Vlemoii'cs prc-sentes par divers savants a rAcadcinie des sciences, t, VIII, 18-'i3).
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(mammiföres et oiseaux) uon-seulement la diniiuulion et la tlisparition de la graisse, mais encore la diminution de poids ei de volume, avec atrophie de Tinteslin, du coeur, du foie, de la rate, du pancreas et des muscles.
Magendie a reconnu quo ralimenlation exclusive par des matieres grasses amenait, comme rinjeelion de matteres grasses dans le sang, la degenerescence graisseuse du foie ; et M. Magnus Huss et d'autres observateurs ont pu pro-duire plusieurs des alterations chroniques de l'alcoolisme en soumettantdesanimaux ä laclion prolongeede Talcool.
Dans ses curieuses experiences sur la production arli-ficielle du rachilisme chez les animaux, communiquees ti 1'Academic de medecine en 1838, M. Jules Gueriu est parvenu, ;i l'aide d'un Systeme d'alimentation parliculier, k produire chez les chiens le rachitisme, avec tous les sym-plömes et les caracteres anatomiques qu'il presente chez l'homme.
Les beaux travaux d'Orfila (1) sur la toxicologie generale, ayant eu pour but d'eclairei rhistoiredesempoisonnements chez l'homme par l'etude des accidents qu'ils produisent chez les animaux, constituent reellemeut une conquöte im-portante de la pathologic experimentale.
Enfin les experiences de Magendie et de M. Flourens et les etudes de Giacomini (2), sur les effets des medicaments chez les animaux et chez rhunune, rapprochesdes faits clioiques, out constitue la Iherapculigue experimentale comparee. complement de la pathologic experimentale. C'est toujours la nteme pensee : eclairer robservaliondirecte surrhomme par I'experience sur les animaux.
(1)nbsp; Orfila, Tratte des poisms tires des regnes mineral, vegetal el ani­mal, ou toxicologie generale, 3C ddit. Paris, 1826.
(2)nbsp;Giacomini, Traite philosophique et experimental de matiere medicale et Je tltempeutique, traclolt en francais par Jlojon ct Uognella. Paris, 1839.
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Voila, de tons coles, de la pathologie artificielle sans doule, niais Ires reelle, (jiii esl exposee ii notre vue, et dont il faut tirer un parti syslemalique pour le bien do la mede-cine de rhomme. Examinons les materiaux, classons-les, etablissons les rapprocheinents (ju'lls comporteut, el nous en verrons jaillir aussi bien des enseignements pour miewx savoir, que des indications pour chercber d'une maniere plus sure et chevniner moins ä talons dans cette voie si feconde d'investigation.
Ayant defmi an debut de cette lecon la niedecine compa-ree, et indique les deux sources essentielles dont eile pro-vient, a savoir, la pathologie comparee et la pathologie experi mentale, il est evident que c'est d'apres cette defini­tion et cette origine que doit (Mre constituc le cours dont je suis charge de tracer les premiers lineaments.
L'itlee fondamenlale est d'employer an service de rhomme malade tout ce qu'il y a chez les animaux de fails et de doctrines pathologiques applicables. Le champ est tres vaste; et, pour cette annee, jo choisis un certain nornbre de siijets que jc vais indiquer. Mais il imporlera, d'annee en annee, d'agrandir el de regulariser la matiere, el d'y donner au fur el a mesure place aux recherches qui auront fructifle scienlißquement. La medecine comparee est toujours ouverte aux apports de la pathologic comparee et de la pathologie expörimenlale.
Les maladies transmissibles des animaux ä rhomme m'occuperont d'abord; ellesne peuvent6tre examinees dons Thorame seul, il faul passer k Tanimal qui en est la source. C'est lä que le medecin doit aller chercber la connaissance des caractöres fonclamentaux; c'est lä qu'ä l'aide d'obser-valions et d'experiences, il pent penetrer dans la nature de
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ces graves affections; c'est la qu'il apcrooit les modifications qu'elles eprouvent sons l'influence de la variete des especes animales; c'est lä qu'il travaille avec le plus de süretc et de securile h en eclairer le traitement.
Dans l'hisloire de ces maladies transmissibles, le fait le plus important, k beaucoup pres, est la grande decouverte de la vaccine. C'est juscpi'a present la seule transmission pathologique de l'animal ä rhomme qui soit salutaire; et on la doit au genie de Jenner. Les discussions qui s'elevent journellement montrent que des travaux seconclaires sont encore neecssaires, et quo 1'intervention des mddecins et des veterinaires est indispensable pour elucidei' l'origine de ce singulier et utile virus, la frequence de son apparition spo-radique et epizootique, sa coincidence ou Don avec des epidemics de variole, et la persistance ou non de son energic primitive.
N'est-ce pas nn fait bien digne d'etre medito que 1c deve-loppcment spontane do la rage soit particulier aux especes dn genre Cams, auchien,aoloup, aiirenard;quela rage semodi-fie dans sessymptömes d'nnemaniere remarquableetniömc si profondement, que les envies de inordre n'ont pas lieu chez Ihomme ni chez les ruminants; et que, d'apres quelquesobser-vateurs, la salive mömecesse d'etre chargee du virus rabique dans certaines especes; quo le developpeinent spontane de la morvc n'ait lieu que chez les solipedes, cheval, änc et mulct; quo, sans leur ötre exclusivement propres, les affec­tions charbonneuses altaquent surtout Fespece bovine et les moutons; que le cow-pox, lorsqu'il prend naissance chez le cheval, an lieu d'attaquer exclusivement les mamelles et les parties genitales, se montre specialement au paturon; et qu'une meme maladie tres conlagieuse entre les boeufs, le typhus, ne se transmette point evidemment k I'liomme, de
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mörne qu'une affeclion ayant les möraes caracteres sympto-matiques, le typhus de Thoinme, ne se propage point aux animaux?
Je m'etendrai moins sur certaines maladies, telles que la maladie aphtheiise(i)qu'oii a observee choz les aniinaux, et quelquefois chez l'homme. Elle n'offre point un interet special, soit par sa gravite, soit par les circoustances dans lesquelles eile se produit.
Je presenterai, avec d'assez grands döveloppements, l'his-loire du corv-pox chez la vache, et celle des maladies qu'on a confondues sous les noms vulgairesde^/'eaÄe(Anglelerre), d'eattcc aux jambes (France), de Manche (Allenuigne), et dent lino {vesicle equina, Ceely) n'cst autre que le cow-pox (leveloppe spontanement chez le cheval, taudis que les autrcs rappellent l'eczema impeliginoux ou des inflammations ar-tificielles, d'abord aigues, mais susceptiblesde passer ä l'etat chronique.
J'entrerai aussi dans d'assez longs details sur l'histoire de la clavelee, maladie qu'un certain nombre d'aulcurs ont consideree comme etant une variole mocliöee dans son expression symptoniatique et m6me dans sa nature, sous l'influence de l'organisme dans lequel eile s'est developpee. A. cette occasion, j'aborderai une des questions les plus graves et les plus importautcs de la niedeciue comparee, question qui peut so fonnuler de la maniere suivanle : La variole de I'liomme, le coio-pox, la vesicle equina, la clavelee, la variole cht porc, et la variole des oiseaux (2), sont-ils des
(1)nbsp; Rayer, Sur l'epizootie {maladie aphiheuse, cocolte des nourrisseurs, fonzetto des Ualicns, hitzige Klauenseuche, Maulseuche ou. Maulweh des Allemniuls) qui a regne ä Paris dans les derniers vwis de 1838 et pen­dant le 1quot; semestre de 1839, avec planches {Archives de medecine compa­ree, Paris, 18/|3;.
(2)nbsp; nbsp;Rayer, Recherches sur la maladie dile variole des oiseaux (Me-moircs dela Societd de biologic, 1quot; amide, 1849, 1.1, Paris, 1850).
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maladies speciales, conslituanl des Individualites moi bides essentiellement differentes, on bien sont-ils des etals pa-thologiques sc rattachant, par leur principo, k une ni^rne contagion, mais donl les effels sonl rendus distincts par la difference des organismes? Pour eclairer celte qiiestion, il faudra necessairement rechercher les cas de coincidence on de non-coincidence de ces epizoolies eruptives, observees sur la vache, le cheval, le rnonton, le pore et les oiseaux, avec les epidemies de variole cbez I'lioinme. II faudra aussi recourir k des experiences propres k demontrer (pie les virus de ces maladies peuvent on non se developper cöte ä cöte sur un m6me animal, en suivant chacun une marche plus ou moins independante.
Yiendra ensuite l'histoire des maladies charbonneuses, si funestes aux animaux et a rhomme.
Une seconde partie de ce cours, sur les maladies des animaux transmissibles ä l'homme, sera consacree ä l'etude de la transmission des gales des animaux k l'homme, e'est-ä-dire k l'histoire de certains arachnides qui, trausportcs sur I'liomme, peuvent vivre sur lui comme snr les animaux, ou y vivre seulement pendant un certain temps, clon-nant lieu, dans le premier cas, k des eruptions semblables k la gale de Fhomme et ii celle des animaux dont ils proviennent, et, dans le second, produisant des eruptions passag^res vesiculeuses ou papuleuses, plus ou moins pruri-gineuses, mais differant par leurs caract^res essentiels de la gale de l'homme.
Squot;il y a des maladies transmissibles des animaux k rhomme, il y en a anssi e'e transmissibles de l'homme aux animaux.
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Parmi les fi^vres Eruptives de llioinnie, la variole est la seule sur laquelle on ait fait d'assez nombreuses experiences pour elablir la possibilite de la transmission de celle ma-ladie de rhomnie k cerlaines especes animales, tclles que le singe, la vache, le pore, etc.. chez lesquels eile prcsente les symplömesqui la caracterisentchezrhomme, soil connnc variole legitime, soit comme variole modifiee, scion les conditions de son devcloppement. A cette occasion, je re-viendrai sur la question encore controvcrsee de la pretcn-due identite de la variole et du cow-pox, ol j'elablirai que des experiences positives, failes sur la vache et parfols sur Thomnie, out demonlre de la maniöre la plus evidente que la vaccine et le cow-pox modißaient la variole dans son evo­lution, la reduisaut h l'elat de varioloide, lorsque Tinocu-lation de la vaccine est faile dans la periode de la fievrc primaire varioleuse.
Des experiences recentes paraisseut avoir demontre que la syphilis de l'homme pouvait 6tre trausmise par une ino­culation ä certains auimaux, chez lesquels on a observe, non-seulement les accidents primitifs, mais encore des accidents secondaires et tertiaires. Ccs experiences ont besoin d'etre repetees, et non pas pour un simple but de curiosite. On salt, en effet, que certains animaux, le chien, le li^vre, le boeuf, le cheval, sent sujets ä des blennor-rhagies et ä des ulcerations aux parlies gonitales, qu'on a cru pouvoir rapprochcr d'affections analogues observees chez rhomme, et qui en different cependant, malgrti leur contagiosite, par un caraetöre tres important, par I'absence des symptömes secondaires ou tertiaires, si communs chez l'homme aprös les infections syphilitiques.
Les distinctions que lessyphilographes les plus autoiises ont etablies eotre les diverses inflamniations conlagienses
RAVER.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 1
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des parlies genitales de l'bomme, prennent done une nou-velle force dans 1'etude comparative de ces affections avec les inflammations virulentes observees aux parties genitales chez les animaux.
On a cite quelques exemples d'autres maladies de rhomme, comme pouvant se transmeltre aux animaux mammiferes. Ces fails pen nombreux vous seront commu­niques, et je chercherai k en apprecier la valeur.
Si le temps le permel, j'aborderai, celle annee, deux autres points irbs imporlants que la medecine comparee a eclaires d'un jour nouveau. Je veux parier de ramp;ude des alterations que determine chez rhomme et chez les animaux la presence des helminlhes qui leur soul com-muns , soil sous forme de larves, soil a I'etal adulte. A. celle occasion, j'entrerai dans quelques details au sujel du passage des oeufs el des larves de certains helminlhes, de rinterieur du corps des animaux ou de leurs produils dans le corps de rhomme. Je m'altacherai surlout k vous faire connailre les observations el les experiences qui onl ele failes dans ces derniers temps sur le passage de cer­tains helminlhes des animaux chez rhomme.
Enfin, si les etudes de medecine comparee vous Inte­ressent, el que ma sante me permette de rapprocher les lecons, je lerminerai par une elude comparative des calculs de rhomme et des animaux. J'espere otablir par des faits posilifs ou par des experiences, que les differences des depots el des calculs urinaires des diverses espöees d'ani-maux et de rhomme trouvent surtoul leur cause dans la difference des boissons el de FalimentatioD, et dans 1'exis-lence ou l'absence de certaines diatheses, el que e'est, en general, en modifiant ralimentation chez I'homme,qu'on doit arriver le plus surement ;v pr^venir le developpemenl
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des diverses espöces de gravelle et de calculs; reconnais-sanl loulefois que certaines dispositions gönörales de l'orga-nisme, les diatheses chez Thomme, ignorees ou peu connues chez les animaux, et diverses affections des voies uri-naires qui entralnent la decomposition de l'uree dans l'urine, peuvent agir en dehors de l'aliraentation, dans la production d'un petit nombre de ces corps ötrangers. La medecine compar^e fournit les moyens de ces importantes döterminalions.
Sans nie laisser arröter par la crainte de prolonger cette lecon, je vais essayer de la resumer en quelques mots.
^rous avez vu comment Hippocrate et Galien avaient indiquö les avantages qu'on pouvait retirer de la compa-raison des maladies de l'homme.et des animaux; et com­ment, plusieurs siecles apr6s, des möclecins celöbres, tels que Lancisi, Ramazzini, etc., eu se livrant ä l'etude des epizootics, et, ä leur exemple, plusieurs medecins non rnoins celebres, tels que Vicq d'Azyr, Camper, etc., ont contribue k fonder la pathologie comparee, en rapprochant l'etude des epizooties de celle des epidemies.
Vous avez du remarquer aussi que les Academies n'etaient pas restees indifförentes au mouvement scientifique qui avait dirigö certains esprits vors les etudes de mödecine compa­ree ; et que plusieurs d'entre elles, parmi les plus celöbres, en proposant comme sujet de prix des questions relatives aux maladies de l'homnie et des animaux, avaient favoris^ singuli6rement le developpement de celte nouvelle branche des connaissances mödicales, en möme temps qu'clles en faisaient sentir toute rimportance ; et qn'ä dater de cette öpoqae, une foule de Iravaux etaient venus enrichir la science des maladies de Thomme et de cellesdes animaux.
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A cötö de la pathologie comparee s'est ouverle la voie de la pathologie expörimentale; et l'ötude des maladies arti-licielles, institute pour ^clairer l'ötude des maladies natu­relles, a ötöcommencöe et eile se poursuit activement.
De la sorte est näe la medecine comparöe. J'ai montre l'etendue de sou domaine, j'ai marque son but et siguale les heureuses applications qui en avaient döjä ete faites ä la connaissance des maladies de l'homme, ä la therapeu-tique et ä l'hygräne publique.
Le temps 6tait done mür pour la creation d'une chairc de medecine comparee. Dans la döpendance mutuelle oü sont les sciences, souvent il arrive queTune est pour l'autre une sorte d'instrument de culture et de developpement. G'est ici le cas de la pathologie comparee et de la pathologie expörimentale ; elles forment par leur jonetion un instru­ment dont la puissance pent s'appliquer k la medecine. Comme le microscope, elles grossissent, elles manifestent, elles öclairent. G'est done im pressant devoir de les intro-duire dans l'enseignement, de les populariser dans nos öcoles, et d'en munir ceux qui, tout ä l'heure, vont sortir mödecins et 6tre charges de la sante et de la vie de leurs semblables.
FiN.
Paris. — Imprimcric de E. Martinet, rue Mignon, 2.
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