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TRAITE
DK r.A
GASTRATION
AN1MAUX DOMESTIOÜES.
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TRAITE/
DE
GASTRATION
DES
AMMAUX DOMESTIOUES
PAIl
J. GOURDON
DOGTEUft KN UEDECINE
Chcl des iravatu (Tamtloinie ci de cbirurgie a TKcolc Impériale Vcicrinaiic de Toulouselaquo;
PARIS,
P. ASSELIN , GENBRE ET SUCCESSEUR DE LABE ,
Libraice (te la Facullé de Médecine , et de la Société Impériale el Ccutrate lie Mcdeciue veterinaire , Plaoe de l'Ecole de Médeoine.
1860
RIJKSUNIVERSITEIT TE UTRECHT
1839 8218
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gWliMWCiiW
ToilluUÜC. — H. DE LABOUÏSSI.-ROCUt:i'ORl.
L
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A¥Ai\TT-PROPOS.
La Castration des animaux domestiques nest pas seule-nient Tune des operations les plus graves de la chirurgie vétérinaire; eile constitue encore une pratique essentielle dans l'économie du bétail, une des ressources les plus pié-cieuses offertes a I'liomme pour réduire ä une domesticité complete les espèces animales soumises ä sa domination.
Cette importance, parfaitement établie, de la castration, donne la raison süffisante de ce livre, et peut nous dis­penser d'entrer dans aucune explication pour en faire com-prendre l'objet, enjustifier la pensee.
Quant au plan de louvrage, il s'est trouvé tracé par la nature même du sujet. Disons seulemenl, pour Ie préciser en deux mots, que notre but a été, en premier lieu : de faire l'histoire de cette operation au double point de vue descriptif et économique, chez tons les animaux domesti-
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VInbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; AVAST-l'llOPOS.
qaes, cliez lesquels eile est habituellement pratiquée ou la été expérimentalement; en second lieu, de donner ä ce travail la forme d'un traite élémentaire et pratique, faisanl encore défaut, soit aux vétérinaires, soit aux propriétaires, aux cultivateurs, ä tous ceux enfin qui éièvent des bestiaux, et que ne peuvent remplacer, pour Timmense majorité des lecteurs auxquels nous nous adressons, ni les chapitres spéciaux insérés dans des traites divers relatifs ä Thistoire naturelle, ä léconomie rurale, ä la médecine vétérinaire, ui les quelques articles de journaux , consacrés ä celt? étude.
Dans ce but, nous avons du nous attacher, sans rien omettre d'essentiel, a éviter les discussions vaines, les lon­gues dissertations sur les theories plus ou moins hypothéti-ques auxquelles la castration des bestiaux a donné lieu dans de nombreuses publications, et nous en tenir ä enre-gistrer strictement les notions définitivement acquises ä la science.
Pour mener eet te oeuvre a bonne fin, nous avons natu-leliement mis ä contribution les écrits divers qui out été publiés sur ce sujet et l'ont élucidé ä peu près.sous toutes ses faces. Dans Ie nombre, on nous permettra de citer spé-cialement, comme nous ayant été d'un grand secours, les excellentes monograpbies de M. Goux, de Cailleux et de Lacoste, sur la castration du clievai; ceile de M. Serres, sur Ie bistournage des ruminants; les divers mémoires de M. Charlier, sur la castration des vaches, et ceux de M. Festal, sur la castration de la truie; puis, comme tra-vaux d'ensemble, les articles Castration : du Dictionnaire de H. d'Arboval; de la Maison rustique, du xix0siècle, par M. Renault, et enlin celui du Nouveau dictionnaire, public
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AVANT-PROPOS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;VII
par MM. Bouley et Reynal, ce dernier article constituant 1 étude la plus étendue dont jusqu'ici cette operation eut encore été l'objet.
Grace ä ces travaux multiplies, aux enseignements pra­tiques varies qu ils renferment, il nous a été facile, en les groupant dans un tableau densemble, de présenter un exposé suffisamment complet de l'état actuel de la ques­tion. En quelques points seulement, nous avons du sup­pleer, par des recherches particulières, aux lacunes exis-tant encore dans les auteurs. (Test ce qui nous est arrive, par cxemple, pour une operation qui a pris depuis quelque lemps une certaine importance, Ie bistournage ducheval, encore mal connu et mal apprécié, même de ceux, ä ce quil semble, qui en parlent Ie plus, et dont les livres el les journaux ue traitent que d'une maniere fort impar-faite; ce qui nous a mis dans la nécessité de l'étudier ä nouveau, auprès des praticiens qui lo mettent en usage, avant d'en entrepreudre la description, que nous croyons, reite fois, avoir donné (l'une maniere exacte, laut sous Ie rapport du manuel opératoire que sous celui des effets anatomiques de l'opération.
Nous devons signaler, également, comme avant été de notie part Fobjet dune attention spéciale, l'étude sur la castration des vaches, question interessante et neuve, dont la portee éconoraique échappe encore ä la grande majorité des éleveurs et des agronomes, et sur les effets de laquelle, conséquemment, nous avons cru devoir nous étendre avec tons les développements nécessaires pour en permettre une exacte et saine appreciation. Pour nous faciliter lac-complissement de cette lache, M. Charlier, linfatigable et habile promoleur de l'opération, a bien voulu Ini-même
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VIIInbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;AVANT-PROI'OS.
nous prêter son concours, en mettant ä notre disposition tous les renseignements que nous avons cru utile de lui demander, ce dont nous Ie prions ici d'agréer nos remer-ciements sincères.
L'anatomie, d'après l'étude sur nature, des organes intéresses dans Topération, chez l'un et I'autre sexe; des notions historiques, dont l'utilité se fait de plus en plus sentir aujourdhui dans toutes les branches scientifiques, complètent ce livre, auquel, ä défaut d'autre mérite , nous avons essayé, ainsi, de donner an moins celui do i'atilité pratique.
Toulouse, aoüt 1860.
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INTRODUCTION.
De la Castration considérée en sénéral.
I.
DEFINITION; NOTIONS HISTORIQUES.
La castration est une operation chirurgicale qui a pour but de priver les animaux de la faculté reproduclrice, soit en annulant l'action des organes essentials de la generation, soit en supprimant ces organes, qui sont: les testicules chez le male, les ovaires chez la femelle.
Cette operation, a laquelle tous les animaux, et Thomnie lui-même, peuvent être soumis, est une des plus anciennement con-nues et des plus universellement en usage. Ainsi, on la trouve mentionnée dans le Pentateuque, le plus ancien livre de la Collection biblique. ce qui fait remonter son origine au-dela du xviie siècle ayant J.-C.; et dans ce texte des Ecritures, on peut déja recon-naltre les moyens a l'aide desquels on la pratiquait alors '.
Chez les Egyptiens comme chez les Juifs, on castrait la plupart des animaux males, particulièrement ceux destines aux travaux de la terre et ä l'alimentation de Thomme. Il paraitrait même, s'il faut s'en rapporter ä quelques vagues indications fournies par le Talmud, que l'opération était aussi mise en pratique sur les femelles, raquo;ur la vache notamment; mais le texte hébreu n'offre pas, sur ce point, assez de précision pour qu'on puisse considérer le fait comme positivement établi.
i Vous n'offrirez au Seigneur nul animal qui aura servi a la conservation de son cspèce, ou qui aura été froissé, foulé, coupé ou armché (Levitiqiik, chap.XXIl, vcrspt24).
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2nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; INTRODUCTION.
La coutume de castrer les animaux domestiques existait encore en Grèce, de même que chez la pluparl des autres peuples de l'antiquité. Chez les Grecs, on voit, par Ie témoignage d'Hesiode, presque contemporain d'Homere, qu'elle étail connue des les pre­miers temps historiques '; et un passage de Xenophon nous apprend qu'elle était en même temps en usage chez les Perses, lesquels, faisant des eunuques en grand nombre, ne devaient pas, on le conceit, aux animaux , plus qu'ä l'homme, épargner cette mutilation 2.
Aristote, au ive siècle avant J.-C., parle ä son tour de la cas­tration, et, le premier, donne quelques détails relalifs ä l'opération elle-même. 11 pose en principe que tous les animaux qui ont des testicules peuvent la subir; il fait connaitre les procédés a l'aide desquels on la praliquait snr les quadrupèdes males, sur les truies et sur les oiseaux; décrit les effets produits par eile chez l'homme et chez les animaux, et nous apprend, enfin, qu'on chätrait aussi les chamelles emmenées a la suite des armées 3.
Ainsi done, en Grèce, la plupart des animaux domestiques, et, principalement : le cheval, le boeuf, le bélier, le chevreau, le cerf, la truie et la chamelle, subissaient la castration. Dans l'em-pire romain, l'opération se généralisa plus encore : on la pratiqua sur tous les males, sans exception, des espèces domestiques, et, en outre, sur la truie, comme en Grèce; sur les oiseaux de basse-cour; et enfin, ii ce qu'il semble, sur les poissons. 11 est a remar-quer, cependant, que les auteurs latins qui traitent de l'opération ne contiennent a son sujet presque aucune innovation. Ils se bor-
i ... Le 6e jour du mois est bon pour chalrer les chevreaux et les bélicrs... Le 8deg; jour, tu peux chatrer les chevreaux et les boeufs mugissants, et le 12lt;= jour, les mulets laborieux. (Hésiode, Les Travaux et les Jours.)
2nbsp; laquo; Des chevaux fougueux, —disait Cyrus-le-Grand, cherchant a justifier laquo; les eunuques accuses de lachelé, — qu'on a coupes, cessent de mordre, pa-(c raissent moins fiers, eln'ensont pas moins propres a la guerre; les taureaux cc pcrdcnt leur férocilc, souffrent le joug, sans pcrdre de leurs forces pour 1c k travail; les chicns sont moins sujels a quitter leurs maltres, et n'en sont pas
laquo; moins bons pour la garde ou pour la chasse..... (Xénophon, Cyropédie,
laquo; VII, 3.) raquo;
3nbsp; Aristote , Hist, des anim., lir. III, cbap. 1; liv. IX, chap SO.
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NOTIONS HlSTORlOllää.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;:{
nent généralemenl a reproduire les notions qu'on tronve dans Arislote. AinsiMagon, de Carlhage (nc siècle avant J.-C), que repetent Columclle 1 el plus tard Palladius 2, traitant de la castration des espèces bovine, ovine et porcine, parait n'avoir fait aulre chose que renouveler les préceptes et les descriptions du grand philosophe grec. Varron, sans parier d'aucun procédé, fixe Tage convenable pour l'opération dans ces mêmes espèces, et fait mention spécialement de Ia castration du cheval, du chien et du coq 3. De son cóte, Pline, qui s'est attaché surlout a signaler, dans Ie livre qu'il nous a laissé, les singularités diverses, touchant l'histoire des animaux, ayant cours de son temps, trouve l'occa-sion en différents passages de parier, non-seulement de la castra­tion de la chamelle, de la truie et du coq, déja mentionnés par les auteurs qui l'avaient precede, mais encore de cello du ohatneau et du castor, sans donner d'ailleurs aucun détail sur les methodes opérafoires *.
A cette époque, la castration n'était pas seulement connue chez les Romains, les Grccs et les Orientaux. Elle élait mise en pra­tique encore par plusieurs pcuples du Nord, notamment, ä ce que rapporte Ammien-Marcellin, chez les Quades et les Sarmates. D'ou l'on peut conclure que, ;i 1'exception des nations celte et germani-que, sur la coutume desquelles, ä eet égard, l'histoire est abso-lument muette, la castration élait connue de presque tousles pcu­ples anciens. Depuis, eile a continue, chez lous, d'èlre en usage, ä peu pres sans interruption, jusqu'ä nous, et sur toutes les espèces domestiques, lant sur les animaux destines a la consummation, afin d'améliorer leur chair, que sur les bètes de travail, en vue d'adoucir leur caractère.
Et non-seulement les mules, mais encore les feraelles ont été soumises a la castration. Ainsi, dans l'antiquilé, comme nous
i CoLfMELLE, De Re rust., VI, 26; VII, 11; VIII, 2; XI, 2.
2nbsp; Palladics, Ve lierust., IV, 13; VI, 7.
3nbsp; VARROJi, DeAgTtcult.,11, 2, 4, 5, 7, 9; III, 9.
4nbsp; Pi.ine, Hist, natur., VIII, 26, 't'. 77; X, 23. — On donnait, chez les Romains, aux animaux qui avaienl subi la caslralion, Ie nom de spado, eunuque, en ajoulant, comme qualificalif, Ie nom de l'cspcce; ainsi on.appclait Ie cheval hongre spado cquus on canterius; Ie cliapon, spado nalhis ou capus, clc.
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4nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; INTRODÜCTIOK.
l'avons vu, on chätrait déjk la chamelle et la truie. Gette operation fut tentée plus tard sur les autres femelies, ä une époque qu'on ne saurait determiner, maïs qui doil être antérieure au xviie siècle, attendu qu'il en est déja question dans Olivier de Serres (1600), qui, Ie premier, fait mention de la castration de la vache, de la brebis et de la chienne. Enfin, vers ce temps paralt avoir été introduite dans la pratique la castration de la jument; mais cette coutume, tendant ä prendre une extension fächeuse, dut être défendue par mesure administrative.
De nos jours, la castration des animaux, de plus en plus pra-tiquée, est répandue partout, dans Ie nouveau comme dans Tan­den continent, en Asle et en Europe, chez les Arabes d'Afrique et dans les colonies d'Amérique. Toutefois, eile est plus particulière-ment en usage chez les nations civilisées, dans les pays d'eleve, en Angleterre, enAUemagne, en France, oü la castration, pra-tiquée sur les animaux d'engrais comme sur les bêtes de travail, est considérée comme un des moyens les plus efficaces au pouvoir de lëleveur, pour assurer, en éloignant de la reproduction les individus défectueux, ramélioration des races. Dans les localités, au contraire, oü l'éducation du bétail est négligée, comme en Espagne, en Turquie, etc., la castration est pen usitée; et, dans tons les cas, eile est loin d'y offrir ce caractère d'utilité générale qu'elle a acquis partout oü la production du bétail perfectionné est parvenue ä constituer une industrie reguliere.
Un fait ä noter dans 1'histoire de la castration, c'est que, long-temps, eile est restée Ie privilege exclusif d'une classe d'hommes, la plupart obscurs et ignorants, les norcini de l'antiquité, qui, encore aujourd'hui, sous les noms de chätreurs, affranchisseurs, bistourneurs, courent les campagnes, faisant leur unique métier de la pratique de cette operation. Les chlitreurs de porcs étaient et sont toujours les plus nombreux. 11 en a été ainsi jusqu'a la fon-dalion des Ecoles vétérinaires , dont les élèves, guides par des connaissances anatomiques et chirurgicales, inconnues ä leurs de-vanciers dans l'exercice de la médecine des bêtes, ont pu ä leur lour pratiquer la castration avec succes, et apporter aux methodes jusqu'alors en usage les perfectionnements divers düs aux progrès de la science. Aujourd'hui, il y a encore des chätreurs erapiri-
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NOTIONS HlSTORiyUES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 5
ques. Mais ces derniers, bien qu'ils manquent, en general, de connaissances spéclales, ne laissent pas cependant, pour la plu-part, de posséder, avec une certaine intelligence de leur métier, cette habileté manuelle que donne toujours une longue pratique; et cela peut leur permettre de devenir, en certains cas donnés, de forts utiles auxiliaires des vétérinaires.
Depuis que la castration est en usage, eile n'a pas été pratiquée toujours de la même maniere. Le mode opératoire, au contraire, a subi de nombreuses variations, qui ont eu, plus ou moins, leur raison d'etre, et dont quelques-unes subsistent encore. Les moyens primitivement mis en pratique sont, naturellement, ceux qui se distinguent par leur plus grande simplicité. Tels sont: Vexcision et Varrachement des testicules, qu'on employait dans tous les cas oü l'on voulait obtenir une emasculation complete; et Yêcrasement de ces mêmes organes dans les enveloppes restant intactes, pro­cédé réserve aux jeunes sujets, et appliqué en vue, surtout, de conserver aux animaux quelque chose des attributs de leur sexe, et peut-être aussi pour éviter l'hémorrhagie devant résulter de l'excision. Ces moyens, comme en témoigne le passage de la Bible que nous avons rappelé, sont, en effet, les plus anciens dont on ait fait usage chez les animaux males. Depuis lors, ils n'ont pas cessé d'etre employés, et se trouvent mentionnés dans presque tous les auteurs des époques diffcrentes qui se sont succédé jusqu'ä nous; dans Aristote, lequel rapporte que l'on chätrait, de son temps, les animaux de deux manières : chez les jeunes, en écra-sant les testicules, et en les excisant chez ceux d'un äge plus avance; dans les auteurs latins, qui, s'occupant seulement des especes bovine, ovine et porcine, ne parlent également que de ces mêmes procédés, mais en faisant, de plus, connaitre quelques modifications apportées au mode opératoire, suivant les espèces et suivant les èges; enfin, dans la plupart des écrivains qui ont précédé l'époque moderne, et qui n'ont guère fait autre chose, sous ce rapport, que s'inspirer des anciens.
Surlecheval, on dut, dans le principe, opérer la castration par les mêmes procédés que chez les autres espèces domestiques. Mais on ne saurait rien affirmer è eet égard, ä défaut d'un texte historique de nature ä éclaircir tous les doutes. On salt seulement,
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()nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; INTBODUCTIOX.
d'après Absyrle (écrivant vers l'an 330 de J.-G.) 1, que l'écrase-inent des teslicules était la methode adoplóe chez les Sarmates. Et sans doule ce dut être, primitivement, la seule usitée parmi les peuples qui, d'abord, essayerent de pratiquer rémasculation du cheval, h cause des dangers offerls par l'excision pure et simple du testicule.
Ce dernier procédé, l'excisionj fut aussi mis en pratique; mais rimminence de l'heniorrhagie dut faire bientót sentir la nécessité d'un moyen complémentaire. De la l'emploi du feu dans la cas­tration, dont il est question, pour la première fois, dans Absyrte, et que menlionnent plus tard, h leur tour, Végece {fin du ivlaquo; siè­cle) - et Palladius. De la encore l'usage de la ligature, dont on trouvo dans Hiéroclès 3 la première indication, ce qui permel d'assigner ïi ce procédé, de mème qu'au precedent, une origine au moins antérieure a l'ópocjue oü écrivaient les auteurs que nous venons de citer.
Les agronomes etliippiatres du moyen-äge el de la Renaissance n'ajoutent presque rien aux notions consignees dans les auteurs latins, concernant los divers procédés opératoires servant ä prati­quer la castration, lis se bornent généralcmcnt ;i les répéter, en les abrégeant plus ou moins, notamment pour ce qui touche ä l'opération considérée chez lo bétail de consommation. Seul, Lau­rent Busó •i, parmi les écrivains de cette période, enrichit de quelques notions nouvelles, les descriptions laissées par les anciens. Moins bref que ses successeurs, mais ne s'occupant que du cheval, il rapporto, peut-être d'après Absyrte, que l'écrasement était 1c procédé suivi par les Orientaux ; puis, il en donne une description détaillée qui lui appartient en propre; et Ie premier, enfin, il parle du bistournage comme moyen de castration applicable au boeuf et au cheval.
i Auteur principal de Ia Collection des vétérinaires grecs, publiée par Ie mc-decin Jean Ruel , sous Ie litre de ; Medicinat veterinarim libriduo. Paris, 1830.
~ Püb. Vegetii Renati, Art. veterin. sive Mulomedicina, libri IV.
3 Un des auteurs de la Collection de Jean Ruel.
i Hippiatrica sive marescallia; écrit au commencement du sivlaquo; siècle. Ilaquo; edition imprimée ä Paris, en 1531.
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NOTIONS H!ST0K1QIIES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;7
Tels étaient, dans leur ensemble, les modes divers de castration en usage dans l'antiquité. On peut les résumer en qualre princi-paux : Vécrasement, Vexcision, l'arrachement et la castration par Ie feu. Ces procédés primitifs, en l'absence de toule connaissance anatomique, durent être d'abord pratiques assez grossièrement. Avec le temps, ils se perfectionnèrent, subissant peu ä peu les modifications diverses suggérées par une longue et vaste expe­rience, et fournirent, de la sorte, les elements des procédés au-jourd'hui connus.
Ainsi Vécrasement, en premier lieu pratique sur tout le testicule, donna naissance, en se bornant au cordon, au bistournage, au martelage, a la ligature extérieure ou fouettage. L'arrachement, de sou cóté, devint la torsion simple, et plus tard la torsion bornée. \]excision fut complétée par Temploi du feu, de la ligature, laquelle conduisit, par uu perfectionnement nouveau, a l'emploi des casseaux, mode opératoire d'origine assez récente. L'Inde, ä une autre époque, nous envoya l'idée du ratissage. Et ces prati­ques diverses, corrigées, multipliées, nées ä des époques et dans dos con trees différentes, sont devenues, par les progrès de l'ana-tomie et de la chirurgie, autant de methodes régulières, avant leurs regies et leurs indications spéciales, et que nous aurons plus loin a étudier succossivement.
Chez les femelles, le mode opératoire n'a pu varier autant. Un procédé unique, indiqué primitivement dans Aristote, décrit par Galien, et consistant ïi aller chercher les ovaires, afin de les estirper, au sein de l'abdomen, au moven d'une incision pratiquée dans le flanc, avail été jusqu'ä cejour mis en usage chez toutes les femelles indistinclement. Ce mode d'extraction des ovaires était restó seul connu jusqu'en l'année 1800, lorsque fut découvert, et mis en pra­tique pour la première fois, par M. Charlier, un procédé nouveau, applicable seulement, il est vrai, aux grandes femelles domesliques, et consistant ä aller chercher l'ovaire, non plus par le flanc, mais par une incision faite dans le vagin: moyen ingénieux et sür, dont l'innocuité a fait revivre, pour ces aniraaux, la possibilité d'unc operation que ses dangers avaient fait auparavant abandonner.
Tels sont les fails historiques principaux qu'il était utile de rap-peler, avant d'aborder l'étude même de la castration, pour donner
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8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;INTRODUCTION.
une idee süffisante de rimportance générale de cette pratique. Dans ce résumé rapide, nous n'avons pu qu'effleurer la question. Nous y reviendrons en étudiant l'opération dans chaque espèce en particulier, ce qui nous fournira, de plus, Toccasion de retracer l'histoire propre des procédés divers actuellement usités.
II.
EFFETS, UTILITÉ, INDICATIONS DE LA CASTRATION CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES.
Tous les animaux domestiques, les males comme les femelles, peuvent subir la castration; et, de nos jours, ä rexception de la femelle dans quelques espèces, on la pratique chez tous, vu la nécessité oh Von est de recourir ä ce moyen pour donner aux uns et aux autres leur maximum d'utilité. Ainsi Ton cliätre les solipèdes; les animaux des espèces bovine, ovine, caprine, porcine, canine et féline; les lapins, la volaille de basse-cour : coq, poules, oies, canards, dindons; les poissons.
La plupart des animaux qui ont subi l'operation prennent des denominations particulieres; ainsi, le cheval entier ou élalon devient le cheval hongre 1; Is bandet prend ie nom ä'äne; le taureau, celui de bceuf; le bélier, celui de moutori; le bouc, celui de menonj le verrat, celui de cochon ou porc; la vaclie, celui de beuvonne; la brebis, celui de moutonne; la truie, celui de co-chonne; le coq, celui de chapon; et la poule, celui de poularde.
Chez tous les animaux, la privation des organes reproducteurs
laquo; En Allemagne, on donne encore au cheval chatré )e nom de Wallach, (Valaque), qualification très-ancienne, \enant sans doute de ce que Ia Valachie, province féconde en chevaux, a la première fourni des chevaui coupes ä l'Allc-magne. La même supposition permet d'admettre que la denomination de hongre, employee par nous, vient de ce que la Hongrie a été, sous ce rapport, pour la France, cc que la Valachie a été pour TAllcmagne. Dans cc dernier pays, on se servait encore autrelois du terme de manch (moine), que Ton appliquait a lout animal privé des organes générateurs, et que eet état rendait comparable aux individus de notre espèce voués au célibat.
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EFFETS, UïIUTÉ, INDICATIONS DE LA CASTRATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;9
entraïne des modifications nombreuses et variées, portant sur les elements constitutifs divers de l'être vivant et animé, sur Ie carac-tere, sur la conformation extérieure, sur Ie temperament gene­ral '. Les forces nutritives et vitales, principalement dirigées, dans l'état de nature, vers la fonction ä laquelle est confiée la conservation de l'espèce, prennent, sous l'influence de la castra­tion, une direction différente, et se concentrent tout entières sur les fonctions d'essence exclusivement individuelle. De la, dans l'ensemble de l'économie, des changements importants, qui, la plupart, sent utilises d'une maniere avantageuse a nos besoins, et rendent les animaux plus propres aux usages varies auxquels on les destine.
La castration, conséquemment, modifie les animaux sous Ie multiple rapport de leur développement et de leur conformation extérieure, de leur énergie musculaire, de leur temperament et de leur caractère.
Si l'on considère Finfluence de la castration sur Ie développement et la conformation du sujet male, on remarque que Ie premier effet de l'opération, lorsqu'elle est pratiquée sur l'animal jeune, n'ayant pas encore acquis ses formes definitives, est d'arrêter l'essor naturel qui tend a Ie rapprocher de la conformation exacte de ses ascendants, de Ie fixer en quelque sorte dans des formes moins achevées, se rapprochant de celles de la femelle, et d'autant plus que la castration a été pratiquée h une époque plus rappro-chée de la naissance. Ainsi Ie squelette, en même temps que les masses musculaires auxquelles il sert de support, se développent moins; la tête reste fine, légere, étroite; l'encolure et les membres s'amincissent; renserable du corps prend une configuration plus svelte; Le train antérieur reste plus étroit, tandis que les parties
i L'observation des effets divers produils par la castration a été faite depuis longlemps. Déja, dans Aristote, on trouvc sur ce point des notions dont l'esac-titude n'a pas été démentie. Ainsi on y lit que Ia castration, pratiquée sur les males, les rend plus grands et plus beaux: donne au chcval, nolamment, un corps plus allongé; arrétc, chez Ie ccrf, Ia croissancedu bois, lequel, s'il est déja forme, reste fixé a la grandeur qu'il avait et ne tombe plus; chez tous: facilite l'engrais, adoucit le caractère, modifie Ia voix en la rapprochant de celle de Ia femelle, etc. [Hist, des anim., IX, 00.)
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'10nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; INTBODCCTION.
postéiieures deviennent plus larges et plus étoffées, ce qui com­plete la ressemblanee avec la femelle. En même temps, la peau est plus mince; les poils sont plus fins, plus rares, plus soyeux , moins frisés ; les comes, chez les animaux qui en sent pourvus, sent plus fines, plus longues, et quelquefois manquent tout-a-fait. La voix aussi est profondémenl modifiée; eile perd de sa force, de sa sonorité, de son ampleur. On saittoutela difference existant entre Ie hennissement fort, souple, aigu, offrant les tons les plus varies, du cheval entier, et la voix faible, ne se faisant plus entendre qu'a de rares intervalles, du cheval hongre; entre Ie mugissement fier, sonore, bruyan* et grave du taureau, et Ie beuglement adouci et plus aigu du bteuf, presque semblable ïi celui de la vache; entre Ie chant aigu et criard du coq, et Ie mutisme presque absolu du chapon, etc. Dans l'espèce humaine , les modifications do la voix procluilcs par la castration ne sont pas moins sensibles; el personne n'ignore quelle detestable appli­cation de cettc particularité physiologique on fait depuis trop long-temps en Italië, pour obtcnir des voix do soprano.
En même temps que cos changements s'operent dans la confor­mation apparente des animaux, leur temperament general subit des alterations non moins evidentes, bien que peut-êlre moins radicales. Les forces nutritives, devenues en quelque sorte excé-dantes par la disparition d'un appareil qui en absorbait a son benefice une notable partie, portent lour action sur les lissus de la vie vegetative, de preference sur le Systeme cellulaire, d'oü résultent ce ramollissement des chairs, cette predisposition plus grande ä l'engraissement, et, par suite, dans la plupart des cas, cette diminution proporlionnclle de la force et de lenergie de l'ani-mal, que 1'on observe si communément chez les individus privés des organes générateurs.
Le cetractére aussi subit des modifications assez profondes ä la suite de la castration. De tout temps l'iiifluence de l'opération, sous ce rapport, a été reconnue, et eile a même été un des premiers motifs qui ont suggéré a Fhomme l'idée de soumettre a la castration les animaux utilises par lui. Lorsque ceux-ci, en effet, ont été dépouillés de l'appareil reproducteur, ils deviennent beaucoup plus doux, plus maniables, plus faciles ä approcher, répondent mieux
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EFFETS, 0T1LITÉ, INDICATIONS UE LA CASTRiTIOJJ.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;H
aux caresses qu'on leur prodigue; ils sont enfin, chose impor­tante, d'une education infiniment plus facile. Et cela se concoif. Tout animal obéit a deux forces : les passions instinctives et l'in-telligence. Par la castration, on éteint les premières; l'autre reste consequemment dominante ; d'oü résulte pour Ie sujet un accrois-sement relatif d'aptitude a être instruit, dressé, etc. Cette influence de la castration se manifeste avcc d'autant plus de force, que l'opération a été faite sur I'animal plus jeune; toutefois, eile ne laisse pas de se faire sentir, quel que soit Tage du sujet opéré; on a vu ainsi de très-yieux animaux, jusqu'alors indomptables, s'adoucir très-vite après avoir subi l'opération.
En considérant en elles-mèmes les modifications variées, dues h la castration, que nous venons d'énumérer, peut-être serail-on en droit d'y voir autant d'atteintes au voeu de la nature, qui éloignent les animaux de leur constitution originelle, en leur donnant un caractère et des formes contraires a la veritable beauté, teile qu'on Ia concoit dans Ie sens absolu du mot. Mais on l'a dit depuis long-temps : les animaux domestiques n'étant pas élevés et entretenus pour eux-mèmes, mais bien pour nous, il imporle beaucoup moins de développer en eux des qualilés propres a accroitre leur valeur, leur mérite intrinseque , au point de vue de la nature et de l'art, que de leur donner, fut-ce au détriment de leur beauté native, des aptitudes spéciales, en rapport avec les besoins de Fhorame. avec Ie róle qu'üs sont appelés ä jouer au sein de notre société.
Or, tel est précisément Tobjet de la castration, laquelle, aussi barbare qu'on la suppose en 1'envisageant d'une maniere abstreite, et sous Ie rapport exclusivement humanitaire, n'en constituo pas moins une mesure de la plus haute utilUé, indispensable mème, dans notre état social; l'unique moven, en un mot, de tirer tout Ie parti possible des animaux soumis ä notre domination. C'est Ie complément indispensable de la domesticité : et cela seul suffirait pour nous dispenser de justifier plus longuement cette coutume si, de nos jours, sa nécessité sur l'immense majorité des animaux domestiques pouvait encore ötre mise en question.
ïoutes les espèccs sont appelées, chacune dans Ie sens spécial de leur destination, ä bénéficier des avantages économiques de la castration.
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12nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; INTRODUCTION.
Sur Ie cheval, particulièrement, la castration est utile pour adoucir Ie caractère de l'animal, faciliter son education. Souvent indomptable et farouche, lorsqu'il est animé par les ardeurs sexuelles dont l'organe générateur est la source, Ie cheval devient doux, docile, facile ä élever, quandil a subi cette operation.
On n'a plus alors sa fougue a redouter; il cesse de s'exciter centre les autres chevaux, centre les juments surtout, et il peut ètre réuni avec ces dernières, dans les attelages, dans les rangs de l'armée, dans les pares, sans êlre exposé lui-même, ni sans exposer personne aux accidents si nombreux qu'ont occasionné maintes fois les chevaux entiers, lorsqu'ils se détachent, s'échap-pent des écuries, ou des champs dans lesquels on les laisse paltre. De plus, Ie cheval hongre avant la voix plus faible, un hennisse-ment moins accentué, et qu'il fait entendre d'ailleurs beaucoup plus rarement, est moins dangereux, surtout on guerre, ou Tanimal par ses cris peut trahir son cavalier.
Ces modifications si utiles, dans Ie naturel de l'animal, s'obtien-nent généralement sans que, d'un autre cóté, les qualités exigées pour Ie service auquel il est destine en soient sensiblement amoin-dries. Ainsi, contrairement ïraquo; l'opinion qui a longtemps prévalu, s'il est vrai que les chevaux hongres ont moins de fougue, de viva-cité, d'ardeur, il est a peu pres démontré aujourd'hui qu'ils ont autant de force et de vigueur reelles. On admet qu'ils font même un service meilleur et plus durable, en ce que, ne s'excitant point les uns conlre les autres, ne se faliguant pas inutilement quand ils sont dételés, et profitant complétement des heures de repos qui leur sont accordées, ils peuvent concentrer teute leur énergie au travail qu'on exige d'eux, et en la dépensant ainsi, d'une maniere reguliere, la conserver plus longtemps. Entre les exemples sans nombre qui prouvent que la castration ne porte aucun prejudice ä la vigueur des aniraaux, citons seulement ce qui se passe en Angleterre, oüles voiturespubliques, auxqucllessontattelésexclu-sivement des chevaux hongres, sont réputées cependant pour la vitesse de leur marche qui n'a d'égale nulle part ailleurs.
La conformation, non plus, n'éprouve pas, par la castration, des changements de nature a porter prejudice au service des ani-maux. Ainsi Ie développcment general n'est pas, dans Ie cheval,
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EFFETS, ÜT1L1TÉ, INDICATIONS DE LA CASTRATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 13
sensiblement modlfié; il acquiert ä peu pres la même taille, la même ampleur, et s'il y a une difference sous ce rapport, eile est plutót en plus qu'en moins. Seule, 1'avant-main se resserre, l'en-colure s'amincit; mais eet inconvenient, si cela en est un, n'est appreciable, tout au plus, que pour Ie service de gros trait; car, pour Ie trait léger, pour Ie service de la seile surtout, cette conformation, qui donne au cheval plus de légèreté et de sou­plesse , devient un avantage en ce qu'elle rend l'aniinal plus aisé ä conduire et a diriger.
Enfin, la castration sur Ie clieval est encore une mesure né­cessaire comme moyen d'éloigner de la reproduction une foule d'animaux qui y sont employés actuellement, et qui n'ont par eux-mêmes, ni par leurs ascendants, aucune des qualités exigées pour eet usage.
Dans Yespèce bovine, les effets de la castration ne sont pas moins importants, soit pour modifier Ie caractère des animaux, soit pour leur donner les aptitudes qu'cxige leur condition de bêles de produit. Sous ce rapport, eile est même dtme utilité plus grande que chez Ie cheval; car celui-ci, conserve entier, ne laisse pas que de rendre encore de grands services, tandis que Ie taureau non chatré , en deliors de la 1'onction reproduclrice, ne serait presque pas utilisable.
Ainsi, quant au caractère, chacun connait la difference tres-grande existant entre Ie taureau, farouche, irascible, ombrageux, difficile ä conduire, d'une approche presque toujours dangereuse, au mugissement sonore et retentissant, et Ie bojuf timide et do­cile, dont Ie beuglement sourd et faible annonce Ie naturel adouci.
Mais c'est principalement sous Ie rapport du développement du corps et des aptitudes nouvelles de 1'économie, que la castration exerce une influence heureuse dans l'espèce bovine. Chez Ie boeuf, toutes circonstances égales d'ailleurs, Ia taille est plus élevée, la poitrine plus resserrée, Ie garrot plus étroit, Ie rein plus long, Ie bassin plus large que chez Ie taureau. L'augmentation de taille, provenant de ce que l'ensemble du corps beneficie en quelque sorle des forces nutritives laissées sans emploi par la suppression des organes reproducteurs, est due particulièrement, dans les races de travail, au développement du système musculaire ; tandis que
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14nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;INTRODUCTION.
dans les races d'engrais, c'est le lissu adipeux, vers lequel on a dirigé toute Ténergie nutritive, qui prend le plus d'accrois-sement; et comme alors le squeletle n'a pu acquérir un déve-loppement proporlionné, l'animal gagne moins en hauteur qu'en ampleur. Son corps, en un mot, est plus voluraineux que celui du male entier, sans cependant le surpasser par la taille.
Un autre effet de la castration, dans celte espèce, esl de changer la période de la vie pendant laquelle se fait raccroissement normal en hauteur. Ainsi, tandis que dans le taureau la croissance maxi­mum s'opère durant la troisième année, c'est surlout pendant la deuxième qu'elle a lieu dans le boeuf, avantage précieux, surtout, dans l'élève des boeufs d'engrais.
Chez le taureau, comme chez le cheval, la castration anaène le resserrement des parties anlérieures du corps. Ainsi la poitrine du boeuf a moins d'ampleur, ce qui diminue un peu l'étendue de la respiration; par suite le garrot est plus élroit, et l'encolure longue et mince, au lieu d'etre courte el fortement musclée comme celle du taureau. La tête de ce dernier est large, breve, presque carrée, garnie de cornes courtes, grosses et rugueuses; tandis que celle du boeuf est relaüvement longue , étroite, offre plus de finesse, et porte des cornes longues , lisses et plus minces.
Par opposition, le train postérieur chez le bceuf offre plus de développement. Le rein est plus long, la croupe plus musclée el plus large, les jambes sont plus allongées, modifications dans les formes de l'animal sont toutes a l'avantage du producteur, en ce sens que ce sont préciséraent les regions le moins appréciées a la boucherie qui ont diminué, au profit de celles qui ont le plus de valeur.
La castration, en outre, donne h la viande des qualilés parti-culièrcs. En favorisant le développement des lissus cellulaire el adipeux, eile rend la partie musculaire moins dense, moins rouge, moins coriace. Le laureau, il est vrai, suivant quelques auteurs, fournit plus de viande, proportionnellement au poids vif; mals, en adinellantle fait comme démonlró, le boeuf conserve encore l'avan­tage, en ce qu'il donne un plus grand nombre de morceaux de première qualité, une viande toujours plus tendre et plus savou-reuse, etproduit, enfin, un suif plus abondant et plus jaune.
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KF1-ETS, UÏ1UTÉ, INÜICATIOXS UK LA. CASTHATIOX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; tS
Les au tres espèees domestiques subissent loutes, plus ou moins, l'influeuce de la castration, et acquierent également, par celtc operation, des qualites nouvclles utilisables a notre profit. Le bélier, agresseur, dangereux dans ses attaques, devient Tinoffensif noouton, chez lequel la castration a arrêté le dóveloppement des comes, rendu la loisonplus fine, plus abondante, en même temps qu'elle lui a donné une chair plus lendre, plus delicate; en un mot, toutes les qualites propres a l'animal de boucherie. liest a reraarquer toutefois que dans cette espèce, contrairement a ce qui s'observe dans les grands quadrupèdes, les individus qui ont subi la castration ont la tète raoins belle, et ne deviennent pas aussi grands que les autres (Daubexton). Le houc cliatré est modifié de la mème maniere, k notre avantage. Le verrat perd ses canines , c'est-ä-dire ses principoux Instruments de defense et d'altaque, ce qui en fait un animal d'une approche beaucoup moins dangereuse, et, de plus, doté d'une tres-grande aptitude a 1'engraissement. Le chien et le chat, dont la viande n'est pas uülisée pour l'alimen-lation, gagncnt beaucoup moins par la castration, qui ne fait guère qu'amollir leur caractore sans ajouter a leurs autres qualites. Le lapin, cbatré, est mcilleur pour la consoramalion. Le coq devient timide comme la poule; il acquicrt les mèmes instincts , couve lui-mème et conduit les couvées aussi bion que la femelle. Enfin, de mème que tous les autres volatiles, de même que les poissons, il prend une chair meilleure et s'engraisse avec beau­coup plus de facilité.
Ces effets si varies de la castration, sur l'organisme des animaux vivants, donnent la raison de rulilité de cette operation, des avan-(ages considerables qu'on peut en retirer dans la pratique. Pour rcsumer en quelques mots les indications nombreuses qu'elle est appelée a remplir, nous dirons qu'on la met en usage chez les animaux des deux sexes, dans le but multiple :
Chez les males: de modérer l'ardeur de leur temperament, l'im-péluosité de leur caractèrc, de los rendreplus doux, plus dociles, plus faciles a manier et ä dresser ; — d'augmenter leur aptitude aux services qu'on reclame d'oux ; — d'améliorer, chez les ani­maux de produit, les qualites de la chair, de maniere a ia rendre plus tendre, plus savoureuse, tout en facilitant I'engraissement;
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— de remédier a cerlaines maladies desorganes de la generation, lelies que : sarcocèles, hydroceles, abces des testicules, orchites, hernies inguinales, pertes séminales, etc, qui ne peuvent guérir que par rablation totale ou partielle des organes oü siége 1'affection.
Chez les femelles ; d'accroitre les facullés d'engraissement, — d'améliorer la ^ande, — de favoriser Ie développetnent general du corps, — et, plus particulièrement, chez les espèces laitières, d'ajouter aux qualités lactifères.
Au point de vue chirurgical, la castration, suivant les cas oü on la pratique, estdéfinie, tantót operation de nécessité, tantót operation de convenance. On la dit de nécessité, quand eile a pour but de remédier a des maladies locales dont on ne pourrait espérer la guérison d'une autre maniere ; de convenance, dans tous les autres cas, e'est-a-dire quand eile a pour objet essentiel d'approprier ä nos besoins 1'animal qui la subit. Mais a la rigueur, vu l'impossibilité oü Ton est, sans eile , de tirer un parti utile des animaux soumis ä noire domination, il est permis de considérer toujours la castration comme une operation nécessaire.
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lre SECTION.
DE LA CASTRATION CHEZ LES QUA.DRUPÈDES MALES.
CHAPITRE PREMIER. Castration du clteAal, de 1'äne et du mulet.
L'usage de la caslralion. chez le cheval, reraonle, comme on 1'a vu par les texles que nous avons rappelés, a une baule antiquité. Mais en l'absence de lout document posilif, il n'est possible de rien affirmer touchant le lieu et l'époque oü celte operation a commence h être mise en pratique sur celte espèce. C'est, nous l'avons dit, dans les auteurs grecs qu'il est pour la première fois question de la castration du cheval. Cela élabli, si l'on considère que cette indication se trouve dans l'un des plus anciens de ces auteurs ', ce qui la fait remonter aux premiers temps historiques de la Grèce, un nouveau doute s'éleve sur le point de savoir si l'opération a pris origine dans Ia póninsule hellénique, ou si eile y a étó introduite par l'un des peuples colonisaleurs qui ont ap-porté, sur la torre des Pélasges, les elements de sa civilisation future. Dans tous les cas, il est certain que ropération était en usage cbez plusieurs nations du Nord, nolammenl chez les Quades et les Sarmates, lesqucls, même, ne se servaient a la guerre que de chevaux hongres, afin que leurs montures ne pussent, par leurs bennissemenls, Irahir leur presence a l'ennemi2.
Dans l'empire remain, on pratiquait également la castration du cheval et du mulet, moins communément, toutefois, que sur les autres animaux domestiques. Parmi les agronomes latins, Varron
' lIÉslODE , vivant vers Ie ix1' siècle avant I.-C.
- Abstme, loc.cit., cl Ammikx-Maucei.i.in, XVII. 12.
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18nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
seul en parle (II, 7), et il se borne ä nous apprendre que Ie cheval hongre portalt alors Ie nom de canlerius. Il se tait sur Ie procédé employé. Absyrte, Ie premier, décritce procédé, consistant, comme nous Ie verrons plus tard, dans l'excision du teslicule avec un fer rouge. Végèce se contente de mcntionner Fopération, d'abord en prescrivant de ne point saigner les chevaux qui Tont subie (I, 23), puis en la citant parmi les causes du tétanos (III, 24).
Après la chute de l'empire remain, la coutume de chatrer Ie cheval se perdit de plus en plus; et, bien qu'il soit question de chevaux hongres dans les lois saliques, la castration, dans nos contrées de l'Occident, est restée longlemps ä se répandre. Aussi, en Angleterre, k peine était-elle en usage au xvlaquo; siècle. Alors les chevaux enliers étaient les seuls dont on fit usage sur les champs de bataille et dans les carrousels. On en bannissait les juments qu'on réservait a des travaux plus pacifiques. Un cavalier, a cette époque, n'aurait pu, sans deshonneur, monter un cheval hongre, tout comme il était convenable que les ecclésiastiques ne mon-tassent que des juments. Aussi se bornait-on ä pratiquer la castra­tion sur les poulains qui ne paraissaient bons, ni au carrosse, ni a la cavalerie, ni a la reproduction, et parfois aussi sur ceux qui paraissaient trop empörtes a la vue des juments.
Mais l'habitude d'entretenir dans les päturages de grands trou-peaux de chevaux en liberté, ayant amené la plus extreme confusion dans les produits, et porté atteinte h l'existence des meilleures races, on düt chercher a mettre un terme a cette degra­dation menacante. C'est dans ce hut que Ie roi Henri YII, vers 1'année 1496, fit défendre par un édit de laisser des étalons en liberté dansles piUurages communs. Des ce moment, on commenca ä pratiquer, sur uneplus large échelle, la castration des poulains. Peu a pen ensuite l'opération se vulgarisa, ce qui eut pour pre­mière consequence l'emploi des juments dans les armées et dans tous les autres exercices de l'équitation, d'ou auparavant elles étaient écartées.
Dans la France du moyen-;1ge, a l'époque de la chevalerie, la castration du cheval n'était pas plus en faveur que dans les États britanniques, et la reprobation dont eile y était l'objet, parlicu-licrement pour les chevaux destines a être montés, ne fut pas
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HISTORIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 19
d'une moindre durée. Considérée alors comme une mutilation barbare, propre, tout au plus, a priver l'animal qui la subit de ses plus belles facultés , eile ne fut 1'objet d'aucune étude, ce qui explique Ie silence presque absolu que gardent, ä son égard, la plupart des écrivains hippiatres de cette époque. Quant ä ceux qui en parlent, ils ne Ie font qu'incidemment, et pour s'élever contre eile. Solleysel, entr'autres, la condamne vivement, et il ne ménage pas l'expression de sou mépris pour les clievaux hongres; il les croit d'un mauvais naturel, peu propres ä un bon service, et incapables tie se corriger des vices qu'ils peuvent avoir; il considère l'opéra-tion comme utile, seulement, pour guérir l'hydrocele et la contusion du testicule; et il ne fait connaitre d'ailleurs, pour la pratiquer, aucun procédé opéra toi re i,
Cette appreciation, qui nous étonne aujourd'hui, était parlagée par la généralité des hippiatres qui ont precede ou suivi Sol­leysel, et ne dolt èlre éviderament considérée que comme la tra-duction du sentiment public sur ce point, sentiment qui se mani^ feste encore dans diverses ordonnances de magistrats du teraps defendant l'opération, en vue, surtout, de favoriser la repro­duction de l'espcce. 11 en fut ainsi jusqu'ä la fin du xviiie siècle. Pour effacer Ie préjugé qui s'opposait ä la generalisation de cette pratique, utile a tant d'égards, il n'a fallu rien moins qu'une revo­lution dans l'économic rurale, que l'apparition de tout un ordre nouveau d'idéesqui, on établissant sur une base plus rationnelle que par Ie passé, et plus conforme a nos véritables besoins, Ie principe de la valeur réelle des animaux, a pu donner ä la cas­tration la place qui lui revient dans l'éducation du cheval. Aujour­d'hui, con trairement a cc qui avail lieu encore au siècle dernier, on chètre la presque tolalité des chevaux destines ä être montés, tons les chevaux de l'année entr'autres; et, en dehors de ceux conserves pour la reproduction, on n'en garde en tiers qu'un petit nombre, que l'habitude seule de les employer peut faire préférer aux chevaux hongres, ces derniers faisant un aussi bon service, sans offrir les mêmes inconvénients.
Outre Ie cheval, on chatre encore, et dans des circonstances ä
1 SotLEYSBL, Le Parfait mareschal. Pai'is. 1664, passim.
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20nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA. CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
peu pres identiques, Ie baudet, et souvent aussi Ie mulet, qui, bien que ne pouvant se reproduire, est pris parfois d'ardeurs dangereuses que cette operation est Ie seul moyen d'éviter.
Article Iquot;.
ANATOMIE DE LA REGION TESTICULAIRE.
Une étude préliminaire, indispensable ä Texposé méthodique des diverses methodes opératoires mise en usage pour pratiquer la castration, est celle de la disposition anatomique de la region tes-ticulaire. Nous allons, conséquemment, avant de nous occuper de l'opération elle-même, rappeler cette disposition. Nous nous bor-nerons, dans cette étude, ä ce qui est nécessaire a notre sujet, renvoyant pour plus de détails aux traites spéciaux.
La region testiculaire, chcz les solipèdes, étudiée dans Ia limile des parties intéressées par l'opération de la castration, comprend deux ordres principaux d'organes : 10 les enveloppes; 2deg; Ie testi-cule et ses annexes.
'', ier. — Enveloppes testiculaires.
Les enveloppes, quon nomme encore les bourses, siégent a la region inguinale, et sont constituées par une série de couches mem-braneuses, superposées, dans la plus profonde desquelles se trouve logé Ie testicule, et qui sont, en procédant du dehors au dedans : Ie scrotum, Ie dartos, la tunique érythroïde cl la iunique sércusc.
1deg; Scrotum. — Le scrotum, ou la première des enveloppes testiculaires, est un prolongement culané qui forme, ä la region inguinale [fig. 7, a), une poche assez ample, commune aux deux testicules qu'elle renferme. Colorée en noir, dépourvue de poils, mince, douce et rendue onctueuse au toucher par l'enduit sé-bacé qui la recouvre, la peau scrotale est divisée en deux moitiés laterales par une crêtemêdiane, prolongement du raphé périnéal, et sur laquelle on se guide, quand on pratique la castration, pour la direction a donner ä l'incision des enveloppes. Le scrotum est doué, en outrë, d'une grande extensibilité et d'une non moins grande rélractilité, ce qui lui permet, suivant les influences auxquelles il est soumis, de se maintenir, soit en état de relAchement, soit en
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ANATOMIE DE LA REGION TESTICULAIRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 21
état de contraction. Dans Ie premier cas, la peau scrolale est lisse et luisante; dans Ie second, eile est ridée en tons sens, a un aspect chiffonné, et reste appliqué sur les testicules qui se trouvent alors remontes vers la paroi de l'abdomen.
A sa partie antérieure, Ie scrotum est continue par Ie fourreau, enveloppe cutanée de la verge, mince, souple et extensible comme Ie scrotum, et qui, souvent, participe aux engorgements inflam-matoircs des bourses, consécutifs a la castration.
2deg; Dartos. — La deuxième enveloppe testiculaire est Ie dar-tos, membrane constituée par un tissu particulier jaune, exten­sible et retractile, et forme de filaments irrégulièrement disposes. Le dartos est double, c'est-a-dlre présente deux sacs distincts, un pour chaque testicule, et adossés l'un a l'aulre dans le plan median, de maniere a former, par la reunion des deux lames internes, un veritable septum interpose entre les deux glandes séminales {fig. i, o). Vers la partie supérieure de ce septum, los deux lames se séparent, s'écarlent l'une de l'autre, et laissent entre elles un cspace que traverse !e penis d'arriere en avant. Les origines du dartos ne sauraient ètre déterminées avec une extreme précision. Provenant, par sa lame externe, des bandes jannes fournies par la tunique abdominale et qui s'en détachent au bord des anneaux inguinaux; prenant naissance encore, en arrière et a Ia face in­terne de la cuisse, ä la couche fibreuse jaune qui recouvre l'aponé-vrose crurale, il descend pour tapisser la face interne du scrotum, remonte en formant le septum median et va se fixer encore ä la face inférieure de la paroi abdominale, en formant au fourreau des espèces de ligaments suspenseurs. En arrière, cette mème lamc interne se prolonge sur le corps du penis qu'clle revèt, en s'atté-nuant jusque vers la courburc ischialique de eet organe.
Par sa face externe, le dartos contracte avec le scrotum une adherence très-intime vers le fond du sac, et qui va se relèchant sur les parties laterales et supérieures. Par sa face interne, il est en rapport avec la troisième enveloppe dont le sépare un tissu cel­lulaire lache, bien que peu abondant, et qui permet de faciles glissements; en un seul point,, vers la partie supérieure et posté­rieure du testicule, l'union entre ces deux membranes est beau-coup plus intime, au point d'exiger, lorsqu'on vent en opérer la
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22nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION' CUEZ LES SOL1PEDES.
separation, de bien plus grands efforts, parfois même l'action de l'instrument tranchant.
Le dar tos est doué d'une contractilite tres-marquee, qui deter­mine une espèce de mouvement vermiculaire se manifestant sous
Fig. 1 C).
diverses influences: par 1'effet du froid, de la frayeur, etc., et qui, en s'exercant, enlratne le scrotum auquel il est adherent, et pro-duit le plissement de cetle enveloppe cutanée.
So Xuniquc érytliroïde. — Getto membrane, la troisièmc des enveloppes testiculaircs, comprend deux parlies dislinctes, qui sont : le muscle crèmaster et la tunique fibrcuse.
(') Fig. 1. — Uc'ijion testiculaire dépouillée dit scrotum et tic imitc la jmrtic externe du dartos.
a. Portion conservée du durlos, représentant le sepluro median forme par radossemenl des deux lames internes de eelte tunique, sVcariaut supérieuremeul. pour livrer passage au péuis. — 6, Tunique erythroïde recouvrant le teslieule. — c. Mnstle crèmaster. — n. Cordon uerveux rampant:raquo; la surface du crèmaster. — ot Auneau inguinal on orilice inférieur dn canal inguinal. — r, Apouévrose crurale se
repliant sur la parol abdominale pour former le plan postérieur du canal inguinal__r't Portion de cette
même apondvrose se continuant sur les muscles du plat de la cuisso. — 5. Parlie musculaire du nuiscle petit oblique de rabdomen, formant Ie plan antérieur du canal ingninal, et reconvert, en dessous de rauneau, par Paponevrose du grand oblique. — t, 1, Tunique abdominale confondant ses fibres avec celles du muscle grand oblique. — .r. Muscle tenseur dn fascia-lata. — y. Muscle droit antérieur de la cuisse. — ;-, Muscle couturier.
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ANATOMIE DE LA REGION TESTICULAIRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;23
Le muscle crémaster {fig. 1, c) ou ilio-testiculaire est constitué par une bande musculeuse, d'un rouge vif, s'étendanta la super-ficie de la tunique fibreuse , qu'elle revet sur la plus grande partiede sa face externe. Ce muscle prend son origine, par quel-ques languettes tendineuses grêles etallongées, dans l'épaisseur du fascia iliaca, au point ou cette aponévrose recouvre le muscle psoas iliaque, vers 1'angle externe de l'ilium. Les fibres originaires du crémaster, d'abord étalées, descendent en se resserrant entre le petit oblique de l'abdomen et le péritoine, jusqu'ä l'orifice supé­rieur du trajet inguinal1, oü elles se rapprochent pour s'unir au cordon testiculaire, qu'elles enveloppent sur sa demi-circonférence externe. Le muscle continue ensuite son trajet le long du cordon, jusqu'au niveau du bord supérieur du testicule, oüil se termine, ä des bauteurs inegales, en épanouissant ses fibres sur la tunique fibreuse.
Par sa face externe ou superficielle, le crémaster est en rapport, dans le trajet inguinal, avec le muscle petit oblique de l'abdomen et l'aponévrose crurale, et plus bas avec le dartos, dont le sépare une couche de tissu cellulaire tres-läche, que l'on divise aisément avec le doigt. Un cordon nerveux, n, fourni par les 3laquo; et 4e paires lombaires, rampe ä sa surface. Par sa face profonde, ce muscle est en rapport seulement avec la tunique fibreuse qu'il recouvre, et avec laquelle il contracte une adherence qui devient plus intime a mesure que le muscle approche de son extrémité terminale.
gt; Le trajet ou canal inguinal cst une ouverlurc ménagée a travers l'épais­seur des muscles abdominaux pour le passage du cordon lesticulairc. Compris cntre le muscle petit oblique de l'abdomen (fig. 1, s)ei l'aponévrose crurale, r, ilforme une sorte d'infundibulum aplati, silué dans un plan a peu pres parallele au plat de la cuisse, haut de 4 a 3 centimetres, et présenlant deux orifices. V orifice supérieur ou interne, limité; en avant, par le bord postérieur du petit oblique, en arrière, par la corde aponévrotique connue sous le nom de ligament de fallope , est le plus étroit des deux. Vorifice inférieur ou anneaii inguinal (fig. 1, 2 et 3, o), cst un ellipsoïde allonge, oblique en avant et en deliors, cir-conscrit par la couclic aponévrotique resultant de l'union de l'aponévrose du muscle grand oblique avec la tunique abdominale (fig. 1, t, f), et se confondant, en ce point, avec raponévrose crurale, r, qui en forme le bord et Ia limite pos­térieure.
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24nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
Le crémaster a pour usage de remonter Ie testicule centre l'au-neau inguinal. Gelte action retractile, indépendante des mouve-ments vermiculaires du dartos, s'exerce parfois d'une facon extrê-mement énergique et devient, en ce cas, la source d'une resistance
qu'il faut vaincre d'abord, lorsqu'on veut saisir le testicule pour opérer la castration.
La iunique fibreuse (fig. 1, b) est une membrane mince, constituée, comme l'indique son nora, par dn tissu fibreux blanc.
(') FlG. 2. — Testicule droit tout-a-fait dêgagé de ses enveloppes* et rvtcnu, par Ie grandsep-linn j k la Umiquc fibrcusc rclcvc'c et dont unc pariie senle est conservée. Vu par sa face externe,
ar Giande testiculaire. — b. Corps do repididymc, avec les circonvolulions foimces par le caual défercut. — Cj Tète de repididymc. — d. Queue de lepididymc. — c, Faisceau Übreiix, unissant la (jueue de repididymc il la partie postérieure du lesticttle. — c\ ConliuuatiüU de ce mèiue faiscoau jusciu'ä la face interne de la tuni([ue óryüiroïdo , formant en ce point la limite ini'eneure du septum bcreux, et établissant Puoion de la queue de repididymc avec la face iulcruc du sac testiculaire. — f'. Face interne de la tumque érytliroïdo, tapissée par le feuillet parietal de la tunique séreuse. — ij. Grand septum, forme par la duplicature de la tunique séreuse, uL établissant la coutinuitc entre les deux feuiüels parietal et visceral de celte uième luuique. — h. Divisions de Tartèrc petite testiculaire , rampant entre los deux lames du septum. — i4 Septum inférieur, separaat le Icsticulc do répididyme. — ks Faisccau aiUiirieur ou vasculaire du cordon testiculaire, coostitue par los vaisseaux et norfs spermatiques, dout les dreonvoluliüus multipUées constituent le corps pampiniforme. — o^ Orilice inférieur du canal iuguiual.
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ANATOMIE DE LA REGION TESTICl'IAIRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 25
et formant un sac corriplet, dans lequel se trouvent loges le testi-cule et son cordon. Etroit et allonge le long du cordon, ce sac est renQé inférieurement pour recevoir le testicule. Par sa face externe, la membrane fibreuse est en rapport : en dehors, avec le cré-
FiK. 3 H.
master, auquel eile est unie par un tissu cellulaire peu serre qui s'y insère a sa partie inférieure, comme nous l'avons dit déja, par la fusion de ses fibres terminales avec sa propre substance; au cóté interne, avec le dartos dont ellc n'est séparée que par unc couche de tissu cellulaire lamelleux que Ton est oblige de détruire quand on opère la castration par Tun des procédés a teslicules con­verts. A sa face profonde [fig. 2 et 3, /quot;), la tunique fibreuse est tapissée par la séreuse, a laquclle eile adhere d'une maniere tres-intime.
On considère la (unique fibreuse comme un prolongement du fascia transversalis entrainé dans les bourses, lors de la descente du testicule ä travers le canal inguinal. A la partie supérieure, oü
('} l'iu. 3. — TestiaUe droit dispose comme dans Ui fig. ü, muis vu par sa face interne, laquo;. c, dß e, /quot;, y, hj hf o, comnic dans Ia frtj. -. —- I, Canul dcrércut, soutcnu, ü lu facu intcini: du grand septimi, [lar im ropli srreux spécial.
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26nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPEDES.
Ie sac formé par cette membrane présente un col rétréci, la tuni-que se dédouble en deux feuillets: l'un externe, qui s'insère au pourtour de l'anneau inguinal, l'autre interne, qui se continue directement avec Ie fascia transversalis et Taponevrose crurale.
4deg; Tunique séreuse. — Cette tunique, que l'on rencontre immédiatement au-dessous de l'érylhroïde, n'est autre chose qu'une expansion du péritoine. Elle est formée, comme toutes les séreuses, d'un double feuillet, l'un parietal, l'autre visceral.
Le feuillet parietal, situé immédiatement au-dessous de la tuni­que fibreuse dont il tapisse toute la face interne, forme un sac allonge, piriforme, connu sous les noms de sac vaginal, de gaine ou tunique vaginale, de sac ou gaine testiculaire, sac dans lequel se trouvent immédiatement renfermés le testicule et ses annexes. On distingue a ce sac, äla partie supérieure, une ouverture, ori­fice inguinal interne, qui le met en communication avec la cavité péritonéale; au-dessous, un goulot, long de 2 centimetres; puis un collet, rétréci; et, enfin, xmfond constiluépar lereste du sac. Ce feuillet est étroitement uni par sa face externe avec la tunique fibreuse, et n'en peut être isolé par la dissection. Par sa face interne, il est libre et en contact avec le feuillet visceral, ce qui établit la contiguité de la séreuse avec elle-mème.
Le feuillet visceral forme une enveloppe immediate et complete au testicule et a son cordon. 11 se continue avec le feuillet prece­dent par un repli vertical ou grand septum (fig. 2 et 3,)/ ], qui sépare en deux compartiments la partie postérieure de la gaine. La formation de ce repli est aisée a concevoir. Il suffit de se repré-senter la gaine vaginale, après avoir tapissé la tunique fibreuse dans tout son pourtour, la quittant, vers son bord postérieur, pour s'adosser ä elle-même, et renfermant, dans sa duplicature, parallele k la direction de la gaine, le cordon et le testicule. Par cette disposition, la tunique séreuse forme, comme tous les sacs séreux, a l'appareil testiculaire, une double enveloppe, entre les deux lames de laquelle existe un espace libre, la cavité vaginale, dont les parois, libres, lisses et en contact avec elles-mêmes, sont lubrifiées par un fluïde séreux , parfois assez abondant, qui favo-rise les glissements du testicule.
En arrière du cordon, le septum, libre dans une certaine
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étendue, offre, quand il est déplissé, une largeur moyenne de 10 ä 12 centimetres au-dessus du teslicule, et va se rétrécissant vers la parüe supérieure. Inférieurement, ce repli se termine par un bord libre très-court (fig. 2, e'), qui s'étend du testicule, en se fixant a la queue de l'épididyme, jusqu'ä la partie postérieure de la tunique fibreuse, et constitue une espèce de frein ou liga­ment, dont la longueur ne dépasse pas 3 centimetres, et qui retient Ie testicule et l'empêche de remonter jusque dans la cavité abdominale quand Ie crémaster se contracte.
$ 2. — Testicule et ses annexes.
Après avoir enlevé les diverses couches membraneuses que nous venons d'étudier, on arrive au testicule, surmonté de son cordon, auquel il est suspendu.
1deg; Testicule. — Le testicule {fig. 2 et 3, a) est un organe de forme ovoïde, aplati d'un cóté a l'autre, d'une longueur moyenne de 8 et 9 centimetres, mais offrant de grandes variations suivant la taille des individus. Il affecte, au fond du sac vaginal, une di­rection parallele ou plan median du corps et légèrement oblique en bas et en arrière. Il est formé d'une enveloppe extérieure et d'un tissu propre. L'enveloppe est une sorte de coque fibreuse, épaisse, résistante, inextensible, désignée sous le nom de tunique alhuginée, et dans l'épaisseur de laquelle on voit serpenter en dif-férentes directions un grand nombre de vaisseaux sinueux. Sa face externe est trës-adhérente avec la tunique vaginale qui la recouvre partout, excepté a son bord supérieur. Dans l'interieur de cette tunique est le tissu propre du testicule, se présentant sous l'aspect d'une pulpe d'un brun jaunatre, séparée en lobules par des cloisons cellulo-vasculaires qui partent de la face interne de la tunique albuginée. Ce tissu, constitue par un grand nombre de canalicules extrêmement déiiés, s'anastomosant entre eux, et replies un tres-grand nombre de fois sur eux-mêmes, n'adhère ä la tunique albu­ginée que par les vaisseaux qui se rendent d'une partie ä l'autre, d'oü la facilité avec laquelle il s'échappe ä travers son enveloppe, lorsque celle-ci étant incisée, en comprimé le testicule. Vers le haut de la moitié antérieure du testicule, les canalicules devien-
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28nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;UK LA CASTRATION CHEZ LKS SOLIPÈDES.
nent rectilignes et traversent un petit corps blanchätre, fibreux, connu sous le nom de coj'ps d'Higmore. De ce point, les canalicu-les, condenses en plus petit nombre, et nommés canaux efférents, se rendent vers la pnrtie antérieure et supérieure du testicule, ou ils vont constituer Torigine du canal deferent.
Les deux teslicules, Tun droit et l'autre gauche, affectentune disposition identique. Seulement le droit paratt généralement plus releve et un peu moins volumineux que le gauche, leur position relative variant d'ailleurs beaucoup, suivant les individus, l'élat de relachement ou de contraction des organes suspenseurs.
2deg; Epididyme- — Au-dessus du testicule, reposant sur sou bord supérieur, est Yépididyme (/?#. 2, 6), corps allonge, flexueux, inégal dans son diamctre, renüó ä ses extiémités, formé par la première partie du canal efferent replié en différents sens sur lui-même, et dont les circonvolutions irrégulières sent d'autanl plus multipliées, qu'elles se rapprochent davantage de Forigine de ce renflement. L'épididymc est raaintenu au-dessus du testicule, on dehors du septum, clans un repli particulier de 1 centimetre de large, qui se détache do ce!ui-ci, a 4 ou 5 centimetres du tes­ticule ; do teile sorte que l'épididyme est comme üottant centre la lame séreuse : la portion de cellc-ci, située entre l'épididyme et le testicule, forme un septum étroit {fig, 2, i), entre les deux lames duquel rampent quelques vaisseaux , et qui se trouve reuforcé, a sa partie postérieure, par quelques fibres blanches {fig. 2 et 3, e), constituant une sorte de ligament qui unit d'une maniere solide l'épididyme au testicule.
L'épididymc présente deux extrémités : l'antérieure et la posté­rieure. L'extrémité antérieure ou (ête, c, est la plus volumineuse des deux. Elle est continue au testicule par les canaux efférents, qui se détachent en ce point de l'organe pour se réunir et former un seul canal. C'est en ce même point que les vaisseaux sanguins tesliculaires passent du cordon dans la substance de la glande. L'extrémité postérieure de l'épididyme ou la queue, d, moins volumineuse que la tête, dépasse le testicule en arrière, et se trouve fixée ä eet organe d'une maniere très-intime par un faisceau très-court de fibres blanches, e, qui se continue avee le ligament, e', attaché a la tunique fibreuse, de faron que l'épididyme, a
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cetle exlrémité, est comme maintenu, d'une maniere solide, entre ces deux ligaments, et semble contourner Ie bord inférieur du septum pour constituer, en arrivant a la face interne de ce repli, Ie canal déférent.
3o Cordon testiculaire. — Le cordon testiculaire, qui sur-monte le testicule, et établit la communication de eet organe avec le syslème circulatoire et les parties extérieures de l'appareil géné-rateur, est essentiellement constitué par les vaisseaux et les nerfs testiculaires, et la portion inguinale du canal déférent, le tout enveloppé par lo feuillet visceral de la tunique séreuse. Ces diffé-rentes parties ferment une masse allongée, aplatie d'un cóté a l'autre, élargie inférieurement, au niveau de l'épididyme, et se resserrant vers la partie supérieure pour franchir le canal ingui­nal [fuj. 1, 2 et 3, o). Ce cordon est libre dans la cavité vaginale, sauf lx son bord postérieur, uni, dans teute sa hauteur, par le septum de la gaine, ;i Ia paroi correspondante de celle-ci.
Les parties constituanles du cordon, rassemblées supérieure-ment, vont en divergeant a mesure qu'elles se rapprochent de l'extrémité inférieure de eet organe, et se séparent en plusieurs faisceaux dont la position respective est importante a determiner.
Le faisceau antéricur [fig. 2 et 3, ft) est formé par les vaisseaux et les nerfs lesliculaires ou spennaliques, coraprenant: l0 Varlére grande testiculaire, qui vient de l'aorte postérieure, parcourt, dans le cordon, un cerlain tra jet en ligne droile; puis, a quatre ou cinq travers do doigt ou-dessus de l'épididyme, commence a former des flexuosités norabreuses, et lelies, que Tariere dépliée présente \me longueur dix fois plus considerable que l'espace qu'elle parcourt. Parvenue ä la tète de l'épididyme, Tariere, après avoir envoyé quelques divisions propres ä eet organe, pénèlre dans le teslicule par Touverlure qui donne origine au canal déférent. 2deg; Les veines et lymphaiiques testiculaires, satellites de Tariere, et formant comme celle-ci, a partir de Tépididyme, une série d'inflexions serrées, anaslomotiques entre elles, puis devenant reclilignes en arrivant ä la partie supérieure, d'ou elles se dirigent a la region sous-lombaire pour se dégorger : les veines, dans la veine-cave postérieure; les lymphaiiques, dans les ganglions sous-lombaires. Ces différentcs flexuosités vasculaires, surtout celles des
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veines, forment, au-dessus de l'épididyme, ce corps allongé, épais et pyramidal, k, qui a recu Ie nom de corps pampiniforme. 3deg; Les nerfs, de nature ganglionnaire, formant un plexus en com­munication avee Ie plexus solaire, et accompagnant principalement les vaisseaux artériels.
Un second faisceau, situé en arrière du premier, est constitué : 1deg; par Ie canal deferent {fig. 3, Z), qui se présente sous la forme d'un cordon cylindrique, dur au toucher, faisant suite k la queue de l'épididyme, remontant, dans une direction rectiligne et ä peu pres verticale, ä la face interne du septum postérieur , conlre lequel il est maintenu, de même que l'épididyme, par un repli flottant de la séreuse, offrant, vers la par tie inférieure, une largeur de 3 ou 4 centimetres, augmentant ü mesure que l'organe remonte vers l'anneau inguinal, et qui s'accrolt plus encore dans l'abdomen. Ce repli se détache du septum ä peu pres vers Ie quart postérieur de la largeur de celui-ci. Le canal deferent, qu'il maintient entre ses deux lames, se rapproche du faisceau antérieur du cordon en arrivant a l'anneau inguinal, puis, dans l'abdomen, il s'en scparc pour se diriger vers le bassin, oü il se termine dans les vésieules séminales. 2deg; L'artère petite tesliculaire {fig. 2 et 3, h), née de l'iliaque externe, se continuant entre les deux lames du septum, au bord postérieur du cordon, jusqu'ä l'épididyme, oü eile s'épuise en fournissant des divisions au canal déférent.
Indépendamment de ces deux faisceaux constitutifs essentiels du cordon testiculaire, et dans l'intervalle quilessépare, M. H. Bouley a signalé un groupe de fibres blanchätres, maintenues entre les deux lames du septum moyen, et qüil considère comme un muscle particulier, de la nature des muscles de la vie organi-que, qu'il désigne sous le nom de muscle fe/anc1. Ces fibres, suivant M. Bouley, prendraient leur origine ä la face externe du péritoine, au niveau de l'orifice de la gaine vaginale, puis s'irra-dieraient entre les lames du septum jusqüä l'épididyme, pour se diriger ensuite en arrière, vers la queue de eet organe, oü, en se condensant, elles formeraient l'espèce de ligament musculaire qui unit eet organe avec le feuillet parietal de la séreuse. Ce serait ä
i Jiec. de Wd. vét. 18S3. p. 679.
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AGE CONVENABLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 31
la contraction très-puissante de ce muscle blanc, toujours suivant M. Bouley, qua serait due la retraction si énergique du cordon vers l'anneau inguinal, lorsqu'on met cet organe ä nu pour le saisir. Nos dissections particulières ne nous ont, en aucune facon, confirmé l'existence de ce muscle; les fibres blanches, dont parle M. Bouley, ne nous paraissent être autre chose que des fibres dartoïques, trop faibles pour avoir une part quelconque dans les mouvements du testicule, qu'il convient d'attribuer exclusivement k l'action du crémaster.
Article II.
PRÉLIMDfAIRES RELATIES A LA PRATIQUE DE LA CASTRATION CHEZ LES
SOLIPÈDES.
Dans ces préliminaires, nous aurons ä étudier l'Age auquel il convient de pratiquer 1'opération, les conditions générales et par­ticulières les plus favorables pour son execution, les soins prépara-toires qu'exige l'aniraal avant d'etre opéré, et, enfin, la position qu'il convient de lui donner pour ropération.
sect; Ier. — Age auquel il convient de pratiquer la castration.
Le cheval peut subirla castration a toutes les époques de la vie, depuis les premiers jours qui suivent la naissance jusqu'ä dix, quinze ans et au-delä. Mais, atlendu que Fopération est d'autant plus facile ä exécuter et moins dangereuse, pour l'animal, que celui-ciest plus jeune, il est de regle, depuis longtemps, de ne jamais Tajourner au-dela d'une certaine limite d'age. D'un autre cóté, connaissant les effets de la castration sur l'animal, les modi­fications qu'elle imprime a tout l'organisme, modifications d'autant plus profondes, que l'opération a été faite è un moment plus rap-proché de la naissance, la pensee a dd naturelleraent venir, tont en cherchant k annihiler, par l'émasculation, les défauts propres au cheval entier, de la retarder assez, cependant, pour donner aux animaux le temps d'acquérir les qualités particulières dont le développement paralt subordonné ä l'influence de l'appareil repro-ducteur, savoir : la force, l'énergie, l'ardeurau travail, etc.
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32nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
De la deux systèmes conlraires: la castration Mtive et la castra­tion tardive, lesquels, dès Ie principe, se sont trouvés en presence, et ont tour-ä-tour rallié les opinions des auteurs qui, a différentes époques, se sont occupésde la question, et l'ont résolue, chacuna leur maniere, plus ou moins en conformité avec les doctrines et les idees de leur temps.
L'origine du debat, au reste, ne remonte pas très-haut, les anciens, dans leurs écrits, n'ayant rien laissé qui puisse faire pré-sumer qu'elle élait leur pensee a eet égard. Les premières notions qu'on ait ä ce sujet ne dalent que du xvie siècle, el se rencontrent dans l'ancienne Maison rustique 1 , et dans Olivier de Serres 2, lesquels auteurs donnent pour lout préceple de ne pas chalrer avant Tage d'un an, afin que Ie sujet soit suffisamment fortifié pour subir l'opératioQ sans danger. 11 faut arriver ensuite aux écrivains du siècle dernier pour commencer a f rouver la question sérieusement discutée.
Alors régnait, d'une maniere ü peu prés générale, l'opinion que la castration tardive est Ia plus avantageuse. Les animaux coupes jeunes, disait-on alors, n'arrivent jamais ä leur complet dévelop-pement; ils restent a un certain degré d'imperfection, qui se serait efface si on les eüt opérés plus lard; ils ont la croupe et 1'en-colure moins développées, Ie temperament moins affermi; ils sont, enfin, disait-on toujours, plus faib'.es, moins énergiques, etc. En consequence, on conseillait de ne pas chiilrer avant IVige de trois, quatre ou mème cinq ans, admcllant que les animaux, alors seu-lement, pouvaientétre bien conformés, avoir du feu, de la vigueur, et conserver après la castration une parüe de ces qualités, qu'ils n'eussent pu acquérir si on les eüt trop tot soumis a Topération.
Les meilleurs esprits, Huzard et Harlmann 3, F. de Feugró *, Tessier 5, ont partagé cetle maniere de voir, qu'ont professée éga-lement, a une époque plus rapprochée de nous, Yatelr', H. d'Ar-
inbsp; La Maison rustique, par Ch. Esxienke et J. Liéüault. Paris. 1S63.
-nbsp; Theatred'Agriculture. Paris, ifiOO.
3nbsp; Traite des haras. Paris, 1788.
lt;nbsp; Diet. univ. d'Aijricult. prat. et d'Econ. rurale. Paris. 1809.
•gt;nbsp; Cours complet d'Agriculture. Xtt. Castration. Paris. 1821.
6nbsp; nbsp;Elém. depathol. et de chirurrj. vét. Paris, 1828.
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AGE CONVENABLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 33
boval % et qui a longtemps servi de regle de conduite aux éleveurs de notre pays, ä ceux de la Normandie notamment. De la Sorte , on se proposait, non-seulement d'obtenir Ie benefice des qualités que Ie sujet acquiert en se développant entier, mais encore de conserver pour la reproduction ceux que leur conformation plus parfaite rendrait propres ä eet usage; raisons principales aux-quelles se joignaient quelques autres motifs secondaires, tels que: l'usage établi; Ie désir de laisser plus d'apparence ä l'animal pour la vente; l'espoir que l'acheteur, oblige de faire praliquer lui-même la castration, s'interdirait de la sorte Ie droit de redhibition s'il y avait lieu de l'exercer, etc.
L'expérience a prouvé rinexactitude de ce calcul, et fait voir que, non-seulement la castration tardive ne realise pas les avan-tages qu'on en attendait, mais qu'elle exerce au contraire sur l'animal une influence défavorable, de nature a réagir jusque sur les qualités mêmes des races.
Ainsi, sans parier des suites plus fècheuses de 1'operation falte ä un äge avance, il est certain qu'un animal adulte, dont Ie carac-tère s'est formé sous l'influence dominante de l'appareil reproduc-teur, venant a être privé tout-ä-coup, par la castration, de ce stimulant organique, perd d'abord sa fierté et son énergie, et, par cela seul, cesse d'etre, pour Ie travail, ce qu'il était auparavant, ne conservant, de son ancienne condition, qu'un caractère difficile, ombrageux, qui Ie rend toujours plus dangereux et moins docile qu'un cheval chatré jeune.
11 faut dire, pour rester dans la vérité, que ces effets ne sont pas constants, ou plutól ne se manifestent pas toujours d'une facon très-évidente. On les a même nies. Lacoste 2, par exemple, combat l'opinion que la castration tardive diminue l'énergie du cheval. Il cite des faits nombreux, prouvant que l'opération ä un äge avance ne nuit en rien a la force, è la resistance, aux fatigues. 11 rappelle que beaucoup d'animaux, cMtrés ä cinq, ä dix, ä quinze ans et même plus, ont conserve toute leur vigueur première, et ont fait Ie même service qu'auparavant.
i Diet, de Mèd. et de Chimi: vét. 2quot; edit. Paris, 1836, t. Iquot;. 2 Journ. des Vét. du Midi, 1831, p. 13.
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34nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
Lacoste n'ajoute pas, pourtant, et c'est ce qui importe Ie plus ici, que les chevaux chatrés tard valent mieux que les autres. De sorte que, ä supposer que la castration tardive soit réellement, sous ce rapport, sans inconvenient, cela nesaurait constituer, vu les désavantages nombreux qu'elle offre dun autre cóté, un argu­ment en sa faveur.
Eu égard ä la conformation seule, la castration tardive n'offre pas plus d'avantages, car les formes mêmes qu'on espérait conserver ä l'animal, en Ie chätrant plus tard, s'altèrent sensiblement. Le corps, ä eet äge, ayant pris lout son développement, si l'animal vient ä être privé des attributs de son sexe, les muscles diminuent de volume, les parties antérieures du corps se rétrécissent, l'enco-lure s'amincit, et la tête seule oü domine le système osseux, reste grosse et lourde. L'arrière-main, toujours plus étroite sur l'animal entier, ne pouvant plus acquérir le développement qui lui man­que, la croupe reste pointue, rétrécie, anguleuse; les cuisses deviennent encore plus plates. Et de tout cela résulte, dans l'en-semble de l'économie, un défaut d'harmonie et de proportions qui trahit au premier aspect un animal dégénéré.
On a reproché, 11 est vrai, a la castration hätive, de diminuer, en arrêtant le développement des parties antérieures du corps, l'ampleur de la poitrine. Mais l'observation a démontré que cette diminution est inappreciable en fait. Si eile existe, d'ailleurs, eile est sans danger, puisqu'elle ne peut s'aggraver par voie de gene­ration. Et, comme le fait fort bien observer M. Goux % eile est, de plus, sans inconvenient pour l'individu qui, n'ayant point a courir, ä appeler sa femelle, ä se défendre contre des rivaux, a déployer enfin la fougue, la vélocité, l'énergie de l'état sauvage, peut supporter, sans que sa santé en souffre, cette légere attenua­tion de sa puissance respiratrice.
La castration tardive a d'autres inconvénients encore. Les ani-tnaux, gardes entiers jusqu'a l'ège de quatre ou cinq ans, sont difficiles ä élever, k dresser, ne peuvent être abandonnés avee les pouliches qu'ils fécondent, souvent de trop bonne heure, sans profit pour le propriétaire. En outre, et par cela seul qu'on les
i Journ. des Vét. du Midi, 1849, p. 61 et suiv.
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AGE CONVENABLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 35
possede, on est souvent tenté de livrer a la reproduction quelques-uns de ces animaux non chètres, bien qu'ils soient depourvus des qualités nécessaires ä un bon reproducleur, et que leur conforma­tion auralt dA tout-ä-fait éloigner d'un tel róle; étalons de hasard desquels on n'obtient que des produits défectueux, aMtardis, qui ne peuvent que contribuer par eux et leurs descendants ä la depreciation de l'espèce.
Le choix des bons étalons ne se trouve pas davantage aidé par l'habitude de cMtrer les animaux ä Tage adulte, attendu que ce n'est pas ä quelques apparences extérieures seulement, révélant des qualités plus ou moins passagères, que Ton a l'habitude de s'en rapporter en cette circonstance ; attendu , encore, que les reproducteurs ne sont pas uniquement des animaux de belle con­formation, choisis parmi les autres, après un examen superficiel, et que, le plus souvent, ce sont des individus, dont la descen­dance est connue, créés tout expres pour eet usage, et dont l'éducation est dirigée de maniere ä assurer en eux les qualités exigées pour I'lmportante fonction qu'ils ont ä remplir.
Ainsi, de quelque maniere qu'on l'envisage, la castration tar-dive, sans offrir aucun avantage réel, présente d'assez nom-breux inconvénients, pour engager définitivement les praticiens et les éleveurs ä y renoncer. C'est de la sorte que le comprennent aujourd'hui la plupart des hommes dont le nom fait autorité, et qui ont développé, dans des écrits divers, les arguments que nous venons de résumer, MM. Renault % Yvart2, Huzard fils', Magne *, Goux 5, Cailleux 6, Lacoste ', etc. C'est ainsl que l'ont compris depuis longtemps les Anglais, dont l'expérience dans l'art de per-fectionner les races peut sur ce point, comme sur tant d'autres, être a juste titre invoquée, et qui ont été les premiers ä recon-naltre les avantages incontestables, démontrés par les faits et par
1nbsp; Maison rustiq. du xixlt;! siècle, 1837, t. II, p. 260.
2nbsp; Ibid., p. 400.
3nbsp; Des haras domestiques. 1843.
* Traite d'hygiene vétérinaire appliquée. 1837, t. I.
5nbsp; Journ. des Vet. du Midi. 1849.
6nbsp; Moniteurdes Cornices. 18Ö8, t. IV, p. 178. ' Journ. des Vét. du Nidi. 1831.
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36nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION CHEZ LES SOUPÈDES.
Ie raisonnement, de la castration hätive sur la castration tardive.
Le principe de la castration hätive, admis en these générale, la question ne se trouve qu'a moitié résolue, car il reste encore une assez grande latitude pour la determination precise de Vage le plus convenable, durant cette période de la vie oü l'opération est considérée comme hätive, et qui s'étend de la naissance jusqu'au moment oü l'animal commence ä être apte ä la reproduction, c'est-ä-dire vers l'äge de trois ans ä trois ans et demi, limite extreme fixée pour la castration, par les partisans, de plus en plus nom-breux, de l'opération faite dans le jeune äge. II y a lieu de se demander, en effet, s'il convient d'atteindre cette limite, ou s'il est preferable d'opérer plus tot, ä une époque plus ou moins rap-procliée de la naissance? La question, non moins débattue que la précédente, mérite une egale attention.
Les reformateurs les plus radicaux, opposant un exces a un autre, ont propose de faire la castration des les premiers jours qui suivent la naissance, ou tout au moins pendant le temps de l'allai-tement, ce qüon appelle castrer au lait, castrer ä la mamelle. Les Anglais, les premiers, ontpréconisé et expérimenté cette methode, qui a l'avantage de n'exercer qu'une très-faible influence sur la santé du poulain, et qui favorise, jusqu'ä un certain point, le développement general du corps. C'est surtout pour les chevaux destines aux travaux agricoles que les auteurs anglais recomman-dent la castration ä la mamelle, ä l'ège de quatre ou cinq mois, tout en admettant qu'il y a quelque avantage ä attendre Tage de douze ou dix-huit mois, suivant la conformation du sujet, pour les animaux que 1'on destine aux services du gros trait ou du carrosse.
En France, cette opinion a rencontre des défenseurs, citant chacun, a l'appui de la castration des très-jeunes poulains, des faits plus ou moins concluants et tendant ä prouver que cette ope­ration, pratiquée dans les premiers jours qui suivent la naissance, n'a pas empêché les animaux d'acquérir de remarquables qualités, sous le double rapport de la force et de la conformation 1. Dans le nombre, nous devons particulièrement citer M. Goux (loc. cit.),
i V. Ie Journ. des ttam, 1841, t. XXVIII, p. H3.
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AGE CONVENABLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;37
un de ceux qui ont le plus vivement insisté sur les avantages de la castration ä la mamelle.
laquo; En opérant a la mamelle, dit M. Goux, alors que les organes générateurs n'ont pu encore exercer aucune influence sur Técono-mie, on voit les parties, dont la presence des testicules aurait active le mouvement, conserver les caractères qui les distinguent chez les femelles. La tête reste légere, l'encolure et les épaules ont une conformation en tout point contraire ä celle qui a été indiquée chez les chevaux cMtrés dans un ège avance. A des formes lourdes et disgracieuses ont succédé des conditions de souplesse et d'élégance, et tandis que le développement du train antérieur est modifié dans ce sens, les parties postérieures, au contraire, la croupe, les reins, oü siége la vigueur du cheval, acquièrent une ampleur et un développement musculeux, qu'ils ne peuvent pas acquérir chez les chevaux laissés entiers ou chètrés plus tard. raquo;
Dans ce passage de son excellent travail, M. Goux a plutót fait ressortir les avantages de la castration hätive considérée en general que ceux de la castration ä la mamelle; et l'on peut tou-jours se demander si ces mêmes avantages, très-réeis lorsqu'ils sont envisages dans leur ensemble, sont sans restriction aucune alors que l'opération est faite dans les premiers mois de la vie; si, par exemple, l'absence prématurée de l'appareil générateur, en détournant trop tót l'activité organique qui, sous l'influence de eet nppareil, tend ä se porter vers le Systeme musculaire, ne donne-rait pas une preponderance excessive au Systeme lymphatique, de maniere a augmenter les dispositions k l'engraissement, au détriment de la force musculaire. Et, en consequence, s'il ne vaudrait pas mieux attendre, avant d'enlever les testicules, qu'ils aient eu le temps de donuer, au développement de l'animal, une impulsion favorable, sans avoir encore absorbé pour eux-mêmes la somme de vie dont ils dépouillent ä leur benefice le reste do l'économie; le rhoment de transition, d'ailleurs, qu'on fixe com-munément de dix-huit mois ä deux ans, étant différent pour chaque individu, suivant son plus ou moins de précocité.
M. Goux s'est fait cette objection, et en a tenu compte d'abord; mais l'expérience lui ayant démontré qu'elle n'est pas fondée, il croit, après avoir cilé des faits a l'appui de sa doctrine, pouvoir
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38nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE IA CASTRATION CHEZ LES SOLIPËDES.
dire que: laquo; sans nuire en rien ä la conformation des diverses par­ties du corps, la castration ä la mamelle n'empêche pas les jeunes animaux de prendre toutes les conditions de taille, d'élégance et de force qui font les chevaux de bon service. En effet, ajoute-t-il, en chätrant ä la mamelle, on ne dérange aucun équilibre, on ne détruit aucune harmonie dans les fonctions vitales; on se borne a empêcher de s'éveiller la fonction inerte et passive qui reside dans les organes qu'on enlève. raquo;
Mais ce ne sont la que des avantages en quelque sorte négatifs, des absences d'inconvénients pour mieux dire qui, tout en empê-chant de rejeter absolument la castration a la mamelle, ne sau-raient être cependant des raisons déterminantes pour son adoption exclusive. M. Goux complete son argumentation par les motifs plus concluants qui suivent. Ainsi, dit-il, laquo; la légereté de la lête, l'élégance de l'encolure, la finesse de la crinière, la souplesse des épaules, la hauteur du garrot, en un mot, la distinction des parties antérieures, la force et Ie développement des parties postérieures, témoignent des effets de la suppression des organes génitaux pres-que immédiatement après la naissance. raquo;
En outre, ajoule Ie même auteur, la castration ayant pour effet d'adoucir Ie caractère, on en préviendra d'autant plus sürement les vices qu'elle sera pratiquée plus tot. Mais c'est surtout, dit-il, sous Ie rapport de l'éleve et du dressage que la castration a la mamelle est avantageuse. Dépouillés de bonne heure de tout désir ardent, iis deviennent plus doux, plus maniables; leur education est infiniment plus facile; on peut laisser ensemble les poulains et les pouliches, sans craindre que les premiers s'épuisent prématu-rément en vains efforts, qui n'ont d'autre résultat que de pro-duire des tares articulaires de nature ä les déprécier plus ou moins, etc.
Teile est fa these soutenue par M. Goux, ä l'aide d'arguments que nous avons essayé d'analyser sans les affaiblir. Faut-il la con-sidérer comme vraie de tout point, et comme devant servir désor-mais de regle de conduite invariable?
Teile n'est pas l'opinion d'un autre vétérinaire, Ie regrettable Cailleux, de Caen, auquel sa grande experience de la question donne Ie droit d'etre écouté.
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S'il est vrai, dit Cailleux 1, que la castration, pratiquée dans les six premiers moisde la vie, est avantageuse, en ce sensqu'elle n'a aucune consequence fècheuse pour la santé de Tanimal, qu'elle guérit avec facilité, et garantit ainsi Ie propriétaire centre toutes les mauvaises chances qu'entralne ropération pratiquée plus tard, il est vrai, aussi, laquo; qu'elle arrête Ie développement du sujet, et semble paralyser l'effort ordinaire et régulier de la nature. Si Ton veuten juger, que Ton compare, la seconde année, les poulains ainsi chètrés ä ceux qui ont été conserves en tiers, et l'on verra quelle difference ils offriront! Les premiers se présenteront plus petits, moins étoffés; les membres plus grêles, plus faibles. Chez quelques-uns, les aplombs seront moins corrects; la region dorsale légèrement abaissée fera paraltre Ie rein long et creux. Avec Ie temps, ces poulains prennent de la taille, mais peu de volume; ils ont toujours Ie poitrail étroit, la croupe mince, et annoncent peu d'énergie. A läge de quatre ans, ils sont généralement trop enlevés; plusieurs ont la cóte plate; quelques-uns sont d'un tem­perament débile. raquo;
Et ces inconvénients de la castration prématurée , ajoute M. Cail­leux , sont presque aussi grands quand on opère sur les sujets d'un an. A eet ège encore, l'opération ne saurait être faite sans dommage. Elle serait sans danger ä dix-huit mois, mais comme alors il faudrait la faire en automne, on serait privé du vert, res­source précieuse pour Ie rétablissement du cheval opéré. De ces considerations, il resul te pour M. Cailleux que Tage de deux ans est celui que l'on doit préférer. A ce moment, Ie développement est assez avance pour n'avoir rien ä redouter de l'opération , soit relativement a la conformation, qui ne peut plus en souffrir, soit par rapport aux accidents, qui se produisent rarement ä eet êge.
Ce sont les poulains chätres ä deux ans, dit Ie même auteur, qui lui ont paru toujours les meilleurs du pays; ce sont eux qui obtiennent Ie plus de primes dans les concours destines ä encou-rager la castration dans Ie jeune ège; qui remportent les prix, sur l'hippodrome de Caen, dans les courses au trot fondées dans
gt; JJfowit. des Cornices, 1838, t. IV, p. 178.
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40nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ LES SOL1PÈDES.
Ie même but d'encouragement, attendu qu'ils ont toujours plus de vitesse que les poulains chètrés a trois ou quatre ans.
Nous voilä bien loin des avantages attribués ä la castration a Ia mamelle; et il faut ajouler que la position de M. Cailleux, au milieu d'un pays d'élève, oü la castration est pratiquée sur une échelle plus large que dans aucune autre partie de la France, donne ä ses assertions une incontestable autorité.
Que conclure de ces affirmations coptraires? C'est que si la cas­tration a la mamelle a pu, dans des circonstances exceptionnelles, offrir certains avantages, eile ne saurait cependant devenir une regle générale, en presence des fails assez nombreux qui en ont montré les inconvénients. Sans doute, eile peut convenir a cer-taines organisations énergiques, comme en offrent les races du Midi; mais attendu qu'on ne peut, dès la naissance, juger quand eile est indiquée, et que, d'ailleurs, il n'y a pas d'inconvénient a attendre, il nous parait rationnel de fixer ä deux ans, pour les races du Nord, l'äge Ie plus convenable pour la castration, et d'admettre pour celles du Midi l'äge d'wlaquo; an ä dix-huit mois.
Les Anglais, que 1'on peut toujours citer pour ce qui se rattache aux questions chevalines, se malntiennent entre ces deuxlimites, et chatrent communément leurs poulains vers l'äge de quinze a dix-huit mois. Beaucoup de propriétaires, en France, suivent la même coutume, et s'en trouvent bien. Get äge peut done, ä juste titre, être envisage comme Ie plus propre ä concilier la majorité des interets, la limite, d'ailleurs, devant varier suivant Ie climat, la race a laquelle l'animal appartient, Ie service auquel on Ie des­tine, sa conformation particuliere, etc.
Ainsi, sachant que Ie cheval hongre, par l'ensemble de ses formes, se rapproche d'autant plus de la femelle qu'il a été chatré plus jeune, il sera indiqué, chez les races légères, dont l'avant-main n'est pas suffisamment développée, de retarder un peu l'opération, d'attendre deux et même trois ans, de maniere ä laisser d'abord rétablir, par l'influence de l'appareil générateur, l'équilibre entre Ie train antérieur et Ie train postérieur. S'agit-il, au contraire, d'animaux d'espèce commune, ayant la tête forte, l'encolure et les épaules chargées, il convient de les castrer plus tót, pour leur donner plus de légèreté et de vitesse, comme
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TEMPS FAVORABLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 41
cela est nécessaire, par exemple, chez les chevaux destines k la cavalerie légere. Et cette regle, que nous formulons ä l'égard des races, s'applique aussi bien aux individus, pris isolement, qui offrent ces mêmes particularités dans leur conformation exte­rieure.
Tels sont les principes généraux, longtemps controverses, aujour-d'hui arrêtés sur des bases rationnelles, qui doivent servir de guide pour la determination de l'ège auquel il convient de prati-quer la castration des poulains. C'est, en l'état actuel de la science et de la pratique, Ie dernier mot de la question, et il est peu probable que les circonstances Ie fassent désormais changer.
sect;2. — Conditions favorables a 1'opcration. Soins preliminaires.
La castration, une des operations les plus communes de la chi­rurgie vétérinaire, et ä cause de cela trop souvent abandonnée a des operateurs de tout ordre, est pratiquée la plupart du temps sans precaution aucune; et, dans la majorité des cas , il ne paratt pas en résulter, il faut Ie reconnaitre, de bien sérieux inconvé-nients. Il n'est pas contestable, néanmoins, quelesoinden'opérer que lorsque l'animal se trouve dans de certaines conditions de temps, de lieu, de santé individuelle, reconnues les plus propres k favoriser la guérison, n'offre des chances de succes plus nom-breuses. D'ou la nécessité de tenir compte de ces conditions, et avec d'autant plus de raison que de toutes les grandes operations, la castration, sauf les cas oü il s'agit de remédier a un état mor­bide qui rend l'opération urgente, est une de celles pour lesquelles on peut Ie mieux choisir son moment; qu'il est Ie plus aiséd'ajour-ner ou d'éviter quand une circonstance quelconque la rend inop­portune ou dangereuse.
Ainsi, bien que l'on puisse presque toujours impunément cas-trer les animaux en toute saison, il est néanmoins rationnel de choisir de preference, pour opérer, les Saisons tempérées, Ie prin-temps et l'automne, durant lesquelles les animaux qui ont subi l'opération se trouvent moins exposes aux exces thermométriques de l'été et de l'hiver, dont Finfluence se fait sentir d'une maniere diverse, sans doute, mais toujours pernicieuse. En hi ver, les ani-r
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42nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPËDES.
maux ontä redouter, outre Ie froid, nuisible toujours ä la prompte cicatrisation de la plaie, les brusques variations de temperature, les pluies, les grands vents, qui, durant la période febrile surtout, sont de nature ä occasionner des repercussions dangereuses sur les organes essentiels de la vie. Durant l'été, au contraire, on peut craindre, par suite de la putrefaction des matières sécrélées par les plaies, l'apparition de phénomènes gangréneux plus ou moins graves, outre que les animaux, alors tourmentés par les insectes, s'exposent d'eux-mêmes ä faire nattre des complications pouvant retarder leur guérison. Ces circonstances justifient done, ample-ment, Ie choix généralement conseillé, pour pratiquer la castration, d'une saison de temperature moyenne, du printemps surtout, k cause du vert que l'on peut, ä cette époque, donner aux animaux opérés.
Il faut considérer encore, avant de livrer l'animal aux chances d'une operation toujours grave, ce qu'on nomme la constitution médicale du lieu; se convaincre qu'il ne règne dans Ie pays au-cune influence épizootique ou enzootique, ou seulement eet état particulier de l'atmosphère qui, sans qu'on puisse en préciser la cause, se manifeste d'une maniere fècheuse, en faisant obstacle ä la marche reguliere des plaies, en donnant ä toutes les lesions trau-matiques un caractère pernicieux, accompagné Ie plus souvent de troubles généraux. Quand on soupconne 1'existence de conditions semblables, Ie mieux est de s'abstenir de toute operation, sinon de commencer par ne chètrer qu'un petit nombre d'animaux ä la fois, afin de juger, par les résultats que l'on obtient, s'il y a lieu ou non de continuer sur les autres. De la sorte, on se met ä l'abri de ces mortalités, parfois si cruelies, qui surviennent dans les contrées d'élève, et portent la plus grave atteinte a la fortune des propriétaires et du pays.
On recommande encore, et avec raison, de n'opérer que lorsque Ie sujet se trouve dans un parfait état de santé, laquo; sous bon poil,raquo; comme on dit communément. On concoit, en effet, que la castra­tion, pratiquée sur un animal atteint d'une affection quelconque, ne peut que compliquer eet état préexistant, lequel k son tour aggrave plus ou moins les suites de l'opération. La coincidence de la gounne est surtout ä redouter, en ce que cette affection critique
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SOINS PRÉLIIHINAIRGS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 43
peut faire naltre sur la partie opérée des engorgements phlegmo-neux difficiles a combattre.
Des inconvénients analogues se présentent quand on opere des animaux fatigues, épuisés par des travaux forces ou de longues maladies, et qui, dans eet état, sent nécessairement plus exposes aux accidents conséculifs ä l'opération, outre qu'ils sont toujours beaucoup plus longtemps k se remettre.
A un point de vue analogue, on a encore signalé, comme contre-indiquant la castration, l'excès d'embonpoint, indice presque cer­tain d'un affaiblissement organique, qui donne moins de force de resistance aux actions traumatiques. L'état pléthorique, prédis-posant trop fortement ä la reaction inflammatoire, est également nuisible.
Au moment de pratiquer l'opération. Men que Ton puisse négliger ces soins excessifs: diète prolongée, saignée, repos, etc, recom-mandés par certains auteurs et que Ton suivait rigoureusement autrefois, surtout au temps oü régnait la doctrine physiologique, soins dont l'effet Ie plus certain était de retarder, sinon de compro-mettre plus ou moins la guérison, il ne saurait être inutile de prendre quelques precautions, en les subordonnant d'ailleurs a l'état du sujet. Si celui-ci est d'un bon temperament, dans toutes les conditions de santé voulues, on se borne, pour toute prepa­ration, ä Ie laisser au repos pendant la journée qui precede l'opé­ration. Si l'on a affaire ä un animal énergique, vif, excitable, on prolonge Ie repos; on y ajoute la diète, même une petite saignée, s'il se trouve dans un état pléthorique prononcé. Quand il est, au contraire, affaibli, épuisé par des fatigues, des affections de longue durée, il convient d'attendre qu'il ait réparé ses forces par quelques jours d'un bon régime. Dans tous les cas, Ie sujet, Ie jour de l'opération, devra être ä jeun et repose.
Il Importe, enfin, avant d'opérer, de nettoyer l'intérieur du fourreau avec de l'eau tiède savonneuse, afin de faire toraber la matière sébacée abondante ou cambouis qu'il renferme, en quantité d'autant plus grande que l'animal est plus égé, et dont la presence peut être nuisible, accroitre Tirritation des parties, lorsque l'engorgement inflammatoire de la region inguinale, qui suit l'opération, s'étend jusqu'au fourreau.
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DE LA (USÏKATION CHEZ LES SOL1PÈDES.
$ 3. — Position amp; donner i 1'animal pendant 1'opération.
Une precaution plus importante ä observer, avant de pratiquer la castration, est d'assujétir convenablement l'animal, de maniere a avoir toute la facilité possible pour l'opération et ä se mettre soi-même k l'abri des atteintes du sujet. Peur réaliser ces conditions, on place habituellement celui-ci dans la position couchée, sur Ie cóté gauche quand on opère avec la main droite, sur Ie cóté droit quand on se sert de la gauche, et on maintient Ie membre posté­rieur superficiel de l'animal, relevé vers l'épaule, afin de mettro a découvert la region inguinale.
Cette position est, de toute facon, la plus commode et la plus süre. Il est certains praticiens, cependant, qui, ne tenant pas compte des dangereux mouvements auxquels peut se livrer Ie sujet pendant l'opération, ne craignent pas de pratiquer la castra­tion sur Ie cheval, en laissant celui-ci dans la position debout. Ainsi, sans compter un chätreur, dit Ie Polonais, qui a joui, il y a quelques années, d'une certaine reputation, qu'il devait précisé-ment ä cette maniere de procéder, et quelques autres chätreurs de profession, qui agissent de la sorte, en vue surtout de pouvoir se passer d'aides et de soustraire ainsi è toute indiscretion leur mode opératoire, dont ils croient faire un secret, nous pouvons citer un vétérinaire habile, M. Bouillard, de Pont-de-Vaux (Ain), qui pratique, comme ces derniers, la castration sur l'animal debout. Malgré l'expérience de ce praticien, nous n'osons recommander sa methode assurément exceptionnelle, la position couchée étant incon-testablement preferable, soit pour l'exécution méthodique et regu­liere de l'opération, soit pour mettre l'opérateur ä l'abri de tout danger, des atteintes auxquelles l'expose autant la position fausse et gènée qu'il est alors oblige de prendre, quel'état deliberté dans lequel reste l'animal lui-même.
Le mode actuellement Ie plus en usage pour l'assujétion des solipëdes qui doivent subir la castration, est l'abattage sur un bon lit de paille, a l'aide des entraves, appareil spécial compre-nant les entravons, au nombre de quatre, et le lacs; plus, ä titre de pieces accessoires, une plate-longe et une capote ä lunettes.
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FIXATION Du SUJET.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;45
Les entravons [fig. 4) sont de fortes courroies de cuir souple, longues de 50 centimetres, larges de 6 centimetres, épaisses de 1 centimetre. A l'une des extrémités est unenbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Fig. 4.
boucle dont l'ardillon doit dépasser ä peine Ie bord sur lequel il appuie, afin qu'on puisse désentraver avec facilité. AIO centimetres ä peu pres de cette extrémité est fixé, sur la face externe, uu anneau de forme ova-laire dans sa partie libre. L'autre extrémité,
plus mince que Ie reste de l'entravon, porte plusieurs trous des­tines ä recevoir l'ardillon de la boucle. La face interne est rem-bourrée dans toute l'élendue qui est en rapport avec la peau de l'animal, quand l'entravon est en place. Le lacs est une forte corde, d'environ 3 metres de long sur 2 ou 3 centimetres de diamètre, et dont une des extrémités est fixée ä l'anneau de l'un des entravons qui, pour cela, est un peu plus grand que l'anneau des autres.
La plate-longe {fig. 1, d, j, p) est une sangle de chanvre tressé, longue d'environ 5 ä 6 metres, aplatie dans les 4/5es de sa longueur, et tordue en corde dans le reste de sou étendue. La partie plate, large de 7 a 8 centimetres, porte une ganse a son extrémité.
La capote, appelée le plus souvent capote ä lunettes {fig. 5), est un appareil en toile, taille sur la forme de la tête qu'il est destine
ä recouvrir, avec des trous pour lais-
Fig. S.
ser passer les oreilles, et se fixant sous
les mèchoires ä l'aide de petites cour­roies bouclées. Cette capote est piquée et rembourrée sur les cótés, de maniere a protéger la tête centre les corps durs, lorsque l'animal est ä terre. A défaut de capote, on peut faire usage d'une forte couverture de laine étendue sur la tête et retenue par un lien, passant sur
le chanfrein, se croisant sous Ia gorge et noué sur le cou.
Quand on doit coucher Tanimal, on choisit un local assez vaste oü l'on puisse se mouvoir en toute liberté autour du sujet abattu. Le terrain doit être uni et resistant; on le recouvre d'un épais lit
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46nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA. CASTRATION CHEZ LES SOLIPËDES.
de paille, de 3 metres de long sur 2 metres 50 de large. A défaut d'un lit dans ces conditions, on peut abattre l'animal sur un furnier étendu, recouvert de paille fraiche, ou plus simplement encore sur Ie gazon.
Le lit, quel qu'il soit, étant préparé, l'animal est amené au bord, tenu par un bridon ou par la longe passée dans la bouche, la tête couverte de la capote. On place alors les entravons ä chaque paturon, en les serrant assez pour que le pied ne puisse en sortir. On les dispose de maniere ä ce que la boucle soit en dehors pour les quatre membres; de la sorte, les ardillons ne peuvent pas blesser les parties voisines, et on a plus de facilité, quand l'opé-ralion est terminée, pour désentraver l'animal. Les entravons places, tous les anneaux doivent êlre tournés les uns vers les autres, ceux de devant en arrière et ceux de derrière en avant. L'entravon qui porie le lacs se place toujours au membre antérieur oppose a celui sur lequel on couche l'animal, et doit être posé le dernier. Quand les quatre entravons sont places, on fait passer le lacs dans les quatre anneaux, en commencant par le pied posté­rieur correspondant au membre antérieur auquel ce lacs est fixé. Ainsi, quand l'animal, ce qui arrive le plus souvent, doit être couché sur le cóté gauche, l'entravon -portant le lacs étant fixé au membre antérieur droit, on passe le lacs dans l'anneau du pied postérieur droit, puis dans l'autre pied postérieur, ramene ensuite en avant dans l'anneau antérieur qui est contre le lit, et engage enfin dans le premier anneau qui a servi de point de Fig. 6-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; depart {fig. 6), de teile sorte
que les quatre pieds se trou-vent pris au tour du lacs, dont le bout est confié ä un aide.
Les choses en eet état, on rap-proche modérément les pieds les uns des autres, on passe en même temps la plate-longe autour du corps, le plus pres possible des épaules, et les extrémités en sont tenues par un ou plusieurs aides places de l'autre cóté du lit; un autre aide s'empare de la queue; et ces dispositions prises, on fait tomber l'animal sur le lit par une série de mouvements qui
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FIXATION Du SUJET.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 47
doivent être executes avec promptitude et d'une maniere simul-tanée. D'abord l'aide, chargé de la tête,prend d'une main, — la droite, si on abat sur Ie cóté gauche, — la longe ou la rêne du filet et la tient a la hauteur de la nuque; de l'autre main, il saisit l'extró-mité de la mèchoire inférieure, en passant Ie pouce dans la bouche et l'appuyant sur les barres, et, au moment d'agir, il tire fortement la tête sur Ie lit en la renversant sur elle-même. Pour les forts chevaux, deux hommes sont utiles ä la tête : l'un tient la mächoire et l'oreille; l'autre tire sur Ie lit la rêne ou la longe passée sur la nuque. En même temps, a un signs donné, les aides, qui tiennent la plate-longe et la queue, tirent de leur cóté sur Ie lit, pendant que l'aide qui tient Ie lacs, aidé de l'opérateur qui dirige la ma­noeuvre, tire du cóté oppose, de maniere k rapprocher brusque-ment les quatre extréraités. Sous ces efforts réunis, l'animal tombe immédialement et sens secousse, si l'on a agi avec ensemble, sur-tout si l'on n'a pas tiré sur Ie lacs avec trop de force, de maniere a dérober les pieds du sol.
L'animal couché sur Ie lit, on tire Ie lacs pour rapprocher les membres Ie plus possible, on Ie passe de nouveau dans tous les anneaux, puis on Ie fixe par une anse qui serre les tours du lacs, et dans laquelle on étreint une forte poignée de paille formant point d'appui au noeud resultant de cette anse, et permettant plus tard, lorsqu'elle est retirée, de défaire ce noeud sans difficulté. On recommande en même temps ä l'aide qui tient la tête de la porter dans la plus grande extension; ce qui facilite la respiration et amoindrit beaucoup les efforts de l'animal.
Lorsque l'animal estainsi abattu, il reste, pour opérer la castra­tion, ä dégager la region inguinale. Pour cela, après l'avoir désen-travé, on amëne vers l'épaule, par une forte flexion, Ie membre postérieur qui se trouve en dessus {fig. 7). Avec l'anse de la plate-longe, p, on saisit Ie canon de cè membre postérieur; l'autre extré-mité est passée sur Ie garrot, puis sous l'encolure, ramenée ensuite sur l'épaule, et, enfin, conduite sous Ie jarret autour duquel on lui fait faire deux tours; on achève par un ou plusieurs tours em-brassant Ie canon, suivant Ie degré de solidité qu'on veut obtenir, et on confie Ie bout de la plate-longe, jusqu'äce que l'opération soit terminée, a un aide place, en d, vers la region dorso-lombaire.
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Quand l'opératioii est terminée, il s'agit de désentraver l'animal pour Ie faire relever. Gela exige encore quelques precautions. Deux aides sent alors utiles, indépendamment de celui qui n'a cessé de tenir la tête. L'un d'eux commence par délivrer Ie membre posté­rieur assujéti sur l'épaule, afin de l'entraver de nouveau; pour cela, l'aide, d, retenant toujours Ie membre, afin d'éviter tout mouvement violent de Tanimal, reläche peu ä peu la plate-longe, dont l'animal n'est tout-ä-fait débarrassé que lorsque Ie pied est repris dans l'entrave. Puis, les deux aides, se placant vis-ä-vis des pieds, débouclent ensemble et sans effort les entravons de
Fis. 7.
dessous, mais ne les retirent pas encore tout-a-fait du pied. Ils débouclent ensuite ceux de dessus; cela fait, tirant sur Ie lacs, ils enlèvent ensemble les quatre entravons, de sorte que les quatre membres de l'animal se trouvent ä la fois en liberté. Si, au lieu d'agir avec ces precautions, on désentravait les pieds les uns après les autres, Ie cheval pourrait chercher a se relever des qu'il se sentirait un pied ou deux en liberté; il retomberait alors néces-sairement, et serait exposé a se heurter sur Ie sol, et peutrêtre a blesser les assistants. Dès que l'animal est désentravé, son premier mouvement est de
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porter en avant son membre antérieur, qui peut ainsi aller frapper l'aide tenant la tête. Pour éviter cette atteinte, celui-ci doit aussi-tót se porter en arrière. Puis il aide l'animal ä se relever, en tirant sur le licol on la rêne du bridon, de maniere ä ramener du cóté du corps la tête et l'encolure. Cela fournit ä Fanimal une sorte de point d'appui, qui lui est, encemoment, d'autant plus nécessaire, que ses jambes étant encore engourdies par la situation gênante qu'elles ont gardée pendant l'opération, il est davantage exposé k retomber et ä frapper ainsi de la tête sur le sol. Des qu'il est debout, on óte la capote, on le bouchonne s'il est en sueur, et on le conduit ä l'écurie ou on le promène, suivant l'indication.
Quand on a un grand nombre de castrations a faire en même temps, il est avantageux d'avoir un double appareil pour abattre et fixer les animaux, c'est-ä-dire deux lits, deux paires d'en-traves et deux plates-longes, de teile sorte qu'on puisse conßer ä un aide le soin d'assujétir un animal pendant qu'on en opère un autre, et ainsi de suite; cette simple precaution évite une perte de temps considerable.
Le mode d'assujétion que nous venons de décrire est a la fois le plus commode , le plus sür, et, aussi, le plus universellement on usage. 11 est des cas, toutefois, oü Ton manque des uslensiles nécessaires ä sa mise en pratique; il s'agit alors de les remplacer par des objets equivalents. Une longue corde tient lieu de plate-longe; une couverture remplace la capote. Quant auxentravons, on y supplée par de simples anneaux de corde, plusieurs fois enroulés autour des paturons, et auxquels on a préalablement attaché des anneaux de fer pour faire passer le lacs. Lorsqu'on n'a pas d'anneaux de fer, on les remplace par des anses faites, au moyen d'un nceud, sur les cordes qui servent d'entraves; ou bien encore on se borne ä ménager, entre les tours qui embrassent le paturon, assez d'espace pour laisser un passage au lacs. On conceit que ces moyens sont bien inférieurs, pour la commodité d'application, aux véritables entraves, outre l'inconvénient qu'ils offrent d'exposer le paturon ä êlre blessé par les cordes. Mais, a défaut d'autre appa­reil , ils peuvent cependant être utilises avec avantage; seulement il convient, pour éviter le frottement des cordes, d'envelopper celles-ci avec des étoupes ou du vieux linge.
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Quelquefois les animaux qu'il s'agit d'abattre sont méchants ou ombrageux, au point de rendre impossible rapplication desentraves. En ces circonstances, il y a des precautions spéciales a prendre. U faut d'abord deux plates-longes : l'une est passée autour du thorax, comme dans les cas ordinaires; l'autre, fixée au paturon antérieur, du cóté oü Ie sujet doit tomber, est tenue en arrière. Pour placer cette dernière, l'animal étant suppose dangereux ä approcher, on commence par l'étendre ä terre, avee Ie noeud cou­lant développé en un cercle d'une certaine grandeur, pres du bord antérieur du lit; cela fait, on amëne Ie cheval, contenu par Ie nombre d'aides nécessaire, et on Ie manoeuvre jusqu'ä ce qu'il mette Ie pied antérieur désigné dans Ie cercle formé par Ie noeud ; alors on tire promptement la plate-longe en haut, et on serre Ie noeud coulant dans Ie paturon. Le pied ainsi pris, on passe immé-diatement l'autre plate-longe autour du corps, on approche l'ani­mal le plus pres possible du lit, au besoin on approche le lit lui-même; et, au signal donné, tons les aides agissent simultanément pour determiner la chute du sujet. Les uns tirent sur la tête, sur la queue, sur la plate-longe qui entoure le corps, comme dansles cas ordinaires, pendant que deux autres tirent en arrière la plate-longe qui tient le pied, de maniere ä lui faire perdre son appui sur le sol. Aussitót l'animal tombe, la tête étant maintenue solide-ment , par autant d'aides qu'il est nécessaire, on lie chaque bipède par la partie moyenne; et, les tenant suffisamment écartés l'un de l'autre pour éviter les atteintes, au moyen de deux plates-longes, que plusieurs aides tirent en avant et en arrière, on peut mettre les entraves que Ton rassemble ensuite ä la maniere ordinaire.
L'important, quand on abat un cheval de la sorte, est de pro-céder avec promptitude et surtout avec ensemble, afin de ne pas manquer la manoeuvre, car, ayant affaire ä im sujet irritable, dif­ficile k manier, il deviendra plus empörte encore, après avoir étó ainsi tourmenté, et donnera d'autant plus de peine pour recommencer qu'il se tiendra sur ses gardes.
Voici un autre moyen employé quelquefois pour abattre les che-vaux méchants. Avec une plate-longe ou un lacs très-long, on forme, dans son milieu, une large ganse avec laquelle on entoure le corps 5 on en dirige ensuite les deux bouls entre les membres
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postérieurs, on les replie ensuite, de dedans en dehors, un autour de chaque paturon, et tirant brusquement de chaque cöté et d'ar-riere en avant, pendant que l'aide qui tient la tête repousse celle-ci en arrière en la renversant, on fait tomber I'animal sans I'ex-poser ä se blesser. On sera plus sür encore du résultat si on entoure les deux paturons antérieurs avec une plate-longe, dont le bout, dirigé en arrière, entre les membres postérieurs, est confié ä un aide qui tire k lui pendant que les autres agissent sur la tête et sur les membres postérieurs, comme il a été dit. L'animal ä terre, on acheve de l'assujétir en placant les entraves.
Tels sont les moyens les plus efficaces dont on puisse faire usage pour maltriser et assujétir les poulains et les chevaux qui doivent subir la castration. Il en est d'autres encore que Ton pourrait uti-liser 'quot;dans les mêmes circonstances; mais, attendu qu'ils n'offrent pas d'avantages particuliers sur ceux qui precedent, nous n'avons pas a les décrire ici, ren voyant d'ailleurs aux traites généraux de chirurgie les lecteurs qui désireraient les connattre. Toutefois, nous ne devons pas quitter ce sujet sans dire un mot de certains modes spéciaux d'assujétion propres ä la castration, encore en usage dans certaines localités.
En Normandie et dans un grand nombre de localités du nord de la France, oü l'on chätre beaucoup de chevaux, on emploie depuis longtempsle mode spécial d'abattage suivant, qui a pour prin­cipal avantage de pouvoir être mis en pratique par deux hommes seulement, au besoin par un seul, et permet ainsi de se passer des aides nombreux reclames par la methode ordinaire avec les entravons, et que l'on peut n'avoir pas toujours a sa disposition. Void ce procédé (fig. 8):
Le cheval est place, le cóté droit centre un mur, au bord d'un bon lit de paille. On met une enlrave a chacun des deux pieds antérieurs; puis on fixe, par unnceud coulant, l'extrémité d'une longue et forte corde, a, au paturon postérieur gauche. Cette corde passe, de gauche ä droite, par les deux anneaux des entraves de devant, réunies quelquefois en une seule entrave double, et va ensuite se fixer a un anneau scellé dans le mur, ou bien a une roue de charrette, soit en dessous du veotre, soit en arrière et au-dessus du corps de ranimal.
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Cela fait, on fixe une autre corde, b, de la même maniere, au membre postérieur droit; puis on la fait remonter vers Ie garrot oü on la maintient pendant que Fextrémité contourne l'encolure, en passant par dessous, de droite a gauche, pour venir rejoindre la corde au-dessus du garrot, passer dans l'anse qu'elle forme en ce point, et se replier de maniere ä tomber sur Ie cötó gauche, en c.
L'animal entravé de la sorte, un aide tient la longe du licol par Ie bout, un autre, si on l'a ä sa disposition, tient la queue, et Ie cheval, excité par Ie fouet ou par un moyen quelconque ä faire
Fig. 8.
un mouvement en avant, tombe aussitót sur son cóté gauche. Des qu'il est ä terre, l'opérateur saisit la corde qui pend sur Ie garrot, et il s'en sort pour ramener Ie pled droit sur l'épaule, et fixer ce membre dans cette position, par quelques noeuds ordinaires, jus-qu'ä ce que l'opération soit achevée.
La coutume était fort répandue autrefois, et n'est pa^ encore tout-a-fait perdue aujourd'hui, de placer l'animal sur Ie dos pour opérer la castration. On avait pour cela plusieurs moyens, dont voici Ie plus simple et Ie plus solide en même temps (fig. 9).
11 faut avoir quatre entraves, dont deux portent un lacs. On commence par ceindre Ie corps avec une sangle large et solide, munie de deux anneaux de fer, a, fixés de chaque cóté de la poi-trine, a environ 45 centimetres Tun de l'autre. On met ensuite
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les quatre entravons, -de maniere ä placer en diagonale, Tun devant, l'autre derrière, les deux qui portent un lacs. Ces lacs sont ramenés séparément, en avant d'une part, en arrière de l'autre, dans l'anneau libre de l'entravon du rnême bipède lateral, et de dehors en dedans; puis, dirigés de nouveau en sens inverse, de facon que Ie lacs fixé a un pied antérieur vient passer entre les jarrets, et celui fixé ä un pied postérieur entre les genoux. Les lacs ainsi disposes sont confiés ä deux aides places, l'un en avant, l'autre en arrière, et qui tirent en sens inverse. Les deux pieds de
Fig. 9.
chaque bipède lateral se rapprochent, et un troisième aide, qui tient la tête, determine la chute de lanimal. Aussitót qu'il est abattu, on passe les cordes qui ont réuni les pieds dans les anneaux de la sangle, et on les fixe a ces anneaux par un noeud facile ä défaire. Les membres, dans cette position, se trou-vent fortement fléchis contre Ie corps, ce qui met plus compléte-ment la region inguinale a découvert quand l'animal, ensuite, est ramene dans la position dorsale oü Ie retiennent des aides places de chaque cóté.
Il est d'aulres moyens de maintenir Ie cheval dans cette posi­tion; nous les ferons connaltre en décrivant les procédés oü cette position est réclamée.
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DK LA CASTRATION CHEZ LES SOLll'iiUKS.
Article III.
PESCRIPTION DES DIVERS PROCÉDÉS DE CASTRATION EN USAGE SUR LES SOLIPÈDES.
La castration, nous l'avons dit, se pratique par un grand nombre de methodes différentes, qui, pour Ie cheval et les autres solipèdes, notamment, comportent chacune un certain nombre de variétés, constituant autant de procédés particuliers, dont Ie nombre avec Ie temps s'est fort multiplié. Chez les anciens, on ne connaissait guere, pour la castration du cheval, que l'écrasement etl'emploi du feu. Plus tard, onimagina l'usage de la ligature, des casseaux, etc. De sorte que déja, au siècle dernier, alors que l'opération était bien loin encore d'etre aussi commune qu'elle Test devenue depuis, on chätrait les chevaux par cinq on six procédés: par le feu, par las casseaux, par la ligature, par bistournage, par écrasement, etc., auxquels se sont ajoulées quelques autres methodes indiquées depuis, telles que : le ratissage, la torsion bornée et l'écrasement lineaire.
De ces différents modes de castration, offrant des avantages iné-gaux, quelques-uns seulement se sont generalises dans la prati­que. Nous les ferons connaitre, néanmoins, les uns et les autres, sauf ä apprécier ensuite le degró d'utilitó de chacun d'eux.
Lorsqu'on procédé a la castration par l'un ou par l'autre de ces divers modes opératoires, tantót on opère sur les testicules après les avoir mis a découvert par une incision des bourses, et tantót on opère sans diviser les enveloppes. Quand on met a nu le testi-cule, ou bien on le sépare immédiatement par section totale du cordon, ou bien on fait précéder la division du cordon de l'appli-cation d'un lien compresseur maintenu en place plus ou moins longtemps. Ces modifications principales dans la maniere d'opérer pen vent servir de base ä une classification rationnelle des différentes methodes de castration aujourd'hui en usage.
Ainsi, on peut partager ces methodes en trois groupes:
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EXCISION SIMPLE.
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I.
Methodes par incision des bourses et division immediate du cordon.
4. — Excision simple.
2.nbsp; Ratissage.
3.nbsp; Arrachement et Torsion.
4.nbsp; nbsp;— Ecrasement lineaire. b. — Castration par le feu.
II.
Methodes par incision des bourses et interruption de la continuité, entre le teslicule et le cordon, par application d'un appareil de compression.
6.nbsp; Castration par la ligature.
7.nbsp; nbsp;— Castration par les casseaux.
III.
Methodes sans incision des bourses.
8.nbsp; Ecrasement.
9. ---- BlSTOURNAGE.
Nous suivrons, ci-apres, cette classification, résumant les carao-teres principaux des methodes usitées dans la castration du cheval.
S Ier. — Castration par Excision simple.
L'excision simple est un mode de castration, consistant dans la section du cordon testiculaire, par I'instrument tranchant, sans emploi d'aucun moyen complémentaire pour arrêter l'hémorrhagie. Ce procédé, tout-ä-fait élémentaire, est en usage, de teute anti-quité, sur les petits animaux domestiques; mais il n'a pas été employé chez les grands quadrupèdes, ä cause des dangers pouvant
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36nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DK LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPËDES.
résulter de la perte de sang qui raccompagne. Lafosse est Ie pre­mier, et a peu pres Ie seul, qui en conseille 1'application usuelle. Dans l'article qu'il consacre a cette question, il exprime soa éton-nement des precautions qu'on prend habituellement pour couper les chevaux; il declare en avoir opéré un grand nombre sans faire de ligature et sans appliquer Ie feu, ce qui n'a pas, selon lui, empêché leur guérison, et il termine en disant qu'il n'y a point d'exemple, que la perte de sang, qui en résulte, ait amené Ia mort d'aucun opéréi.
Malgré cette declaration de Lafosse, la castration par excision simple ne s'est pas répandue dans la pratique, aucun praticien n'ayant osé encourir la responsabilité des accidents qui pourraient résulter d'une teile maniere d'opérer. Elle a cependant, depuis, plusieurs fois été tentée, mais seulement ä titre d'expérience.
Le manuel opératoire est des plus simples. L'animal étant fixé ä lerre, on met un des testicules a découvert par une incision longitudinale, assezprofondepourcomprendretoutel'épaisseur des enveloppes; on saisitensuite l'organe avecla main gauche, etd'un coup de bistouri, on divise le cordon au-dessus de l'épididyme par une section transversale. Le cordon, cédant ä sa rétractilité naturelle, remonte aussitót dans la gaine vaginale. On procédé de même pour le second testicule, et l'opération est terminée, L'animal est recon-duit dans son écurie, sans qu'on prenne d'autre sein pour empê-cher le sang de couler, que de maintenir l'animal dans une par-faite immobilité pendant deux ou trois jours.
L'effet immédiat, resultant d'une semblable operation, est l'hé-morrhagie, qui se manifeste des que l'animal, délivré de ses liens, est relevé et abandonné a la liberté de ses mouvements. Elle dure un certain temps, et finit par s'arrêter spontanément, grace a la formation d'un caillot obturateur a l'extrémité des vais-seaux testiculaires.
L'abondance et la durée de cette hémorrhagie n'ont du reste rien de fixe, et varient suivant une infinite de circonstances : la taille et l'äge des animaux; leur état de force ou de débilité; le volume des artères ; le plus ou moins d'intégrité, de rétractilité
i Uicüonn. d'hippiat., 1T7Ö, l. Iquot;, p. 196.
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EXCISION MMl'J.i:.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 57
vitale de ces vaisseaux; l'état de repos ou de mouvement dans lequel restent les animaux après l'opération, etc. Une autre cause, influant sur la quantité de sang perdue, est' l'étendue de l'inci-sion faite aux bourses. Ce qui, en effet, h ia suite de cette' ope­ration , contribue Ie plus efficacement a arrêter rhémorrhagie est l'accumulation du sang dans la cavité vaginale, oü il se coagUlé et constitue un obstacle direct ä l'écoulement d'une plus grande quan­tité de ce fluïde. O, ce caillot se formera avec d'autant plus de facilité que la plaie des bourses, étant plus petite, se trouvera fermee avec plus de rapidité.
Des experiences sur ce mode de castration ont été tentées ä diverses époques. En les rappelant sommairement, nous ferons mieux apprécier la valeur pratique de cette operation. G'est d'abord Matheron, ei té par H. d'Arboval ^ lequel excisa les deux testicules sur un cheval morveux; ranimal, après avoir saigné abondamment pendant quatre heures, tomba dans un grand état de faiblesse, resta six heures couché, puis se releva, mangea, et paraissait guéri quand, au bout de cinq jours, on Ie sacrifia. Mathieu, toujours d'après H. d'Arboval, fit lamême experience, äTurin, en presence de Toggia, et le cheval guérit. Fr. de Feugré 2, de son cóté, l'a répétée plusieurs fois avec succes. Il en fut de même sur un jeune cheval, très-vigoureux, opéré ä l'école d'Alfort, en presence des professeurs Gilbert et Barruel. Plus tard, Barthélemy 3, désirant s'assurer définitivement si l'hémorrhagie, qui survient ä la suite de cette operation, compromet la vie de l'animal, renouvela l'expé-rience sur cinq chevaux, et dans chacun d'eux l'opération réussit. Sur un sujet, rhémorrhagie ne commenca qu'au bout d'un quart d'heure; un autre ne perdit pas un litre de sang; un troisième n'en perdit pas 6 centilitres. On observa que les chevaux les plus faibles furent ceux chez lesquels l'hémorrhagie dura ie plus long-temps. Ces résultats, exceptionnellement heureux, ne furent pas toujours obtenus. Ainsi, Gohier i, qui expérimenta sur six che-
i Dictionn. de Méd. vét., 1838, t. Iquot;, art. Castration.
2nbsp; Dictionn. univ. d'Agr. pratiq., 1809, t. II, p. 90.
3nbsp; Comptes-Rendus de l'école d'Alfort. (Séance du 12 novembre 1815.) #9830; Mém. et Observ. sur la. Chir. vét, etc, 1816, t. II, p. 32.
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58nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPËDES.
vaux et divers petits animaux, en vil périr trois dans les vingt-quatre heures, apres qu'ils eurent perdu dix, onze et dix-huit litres de sang; les autres en perdirent ä pen pres la même quan-tité, mais ils résistèrent davantage; ils furent sacrifiés. Chez les uns et les autres, rhémorrhagie se continuait pendant une durée moyenne de 1 ä 2 heures.
M. Goubaux a, dans uu autre but, repris ces experiences ', se proposant, non de juger ce mode opératoire, comparativement aux autres procédés, mais de rechercher la quantité de sang qui peut s'écouler ä la suite de cette operation; il la pratiqua sur deux che-vaux, et constata les résultats suivants :
1re Exp. — Le sujet de l'expérience est un cheval de gros trait, de taille élevée, agé de dix ans, et depuis environ soixante heures ä la diète. On pratique l'excisiou du testicule sur l'animal abattu'; l'hémorrhagie ne se manifeste que lorsque l'animal est relevé, un quart d'heure après la section du cordon. Pendant une demi-heure, eile donne environ 1 decilitre de sang par minute, puis eile diminue, et finit par s'arrêter; eile reparait, une heure après, sous I'influenee des mouvements violents auxquels se livre l'animal, et s'arrête définitivement, trois heures cinquante minutes après l'opération, ayant donné environ 7 litres 3 decilitres de sang.
On conserve l'animal pendant trois jours, durant lesquels sa santé ne paratt pas sensiblement altérée, et au bout de ce temps on le sacrifie. On constate alors que les bourses ont la même forme et le même volume qu'avant l'opération; un caillot sanguin occupe la place des testicules, et fait suite ä un autre caillot resistant qui existe a l'extrémité du cordon testiculaire, et en obstrue les vais-seaux dans l'intérieur desquels le sang est coagulé. La plaie des bourses est fermée par du sang desséché qui en maintient les bords agglutinés.
2e Exp. — Exécutée sur un cheval de race normande, taille moyenne, ègé de cinq ans, affecté de morve chronique. L'hémor­rhagie commence des que l'animal est debout, dure une heure et demie, et donne environ 5 litres de sang; reparaït trois quarts d'heure après, dure cinquante-cinq minutes et donne 2 litres;
i Reo. de Uéd. vet., 1853, p. 1099.
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cesse jusqu'au lendemain, puis se manifeste de nouveau, juste vingt-quatre heures apres Fopération, dure quatre heures, donne alors 6 litres et demi, et, enfin, cesse tout-ä-fait, après avoir donné en tout 13 litres et demi de sang. L'animal est sacrifié qua-rante-huit heures après l'opération, et Ton constate, dans la region opérée, les mêmes phénomenes.
De toutes ces experiences, ressort un fait general, c'est qu'a la suite de la castration par excision simple, l'hémorrhagie, après avoir dure un temps plus ou moins long, finit presque toujours par s'arrêter spontanément, d'autant plus vite, que l'animal est plus jeune et plus vigoureux; ce résultat paralt dü principalement ä la fermeture de l'ouverture pratiquée sur les enveloppes. Toutefois, cette terminaison heureuse n'est pas tellement certaine qu'elle puisse justifier I'mtroduction dans la pratique d'un semblable pro­cédé opératoire, d'autant que, lorsque l'hémorrhagie qui l'ac-compagne ne determine pas la mort, eile réagit toujours, d'une maniere facheuse, sur la santé de l'animal, par la perte de sang qu'elle entralne.
A la methode par excision simple appartient Ie procédé suivant, qui, après avoir été publié dans un journal de Prague, en Autri-che, a été reproduit par un journal francais 1. L'auteur, Anson Graëf, dit que cette methode lui est particuliere, et qu'il est Ie seul, dans la monarchie autrichienne, qui pratique ainsi la castration, sur Ie cheval, Ie taureau ou Ie bélier. L'animal reste debout, et l'opérateur commence par fixer les bourses au moyen d'un cordon de soie, qu'il serre par un noeud particulier; puis il fait au scrotum deux très-petites incisions, et par une forte pression, en fait sortir les testicules. Après cela, il tient appliqué sur les incisions, pen­dant un quart d'heure, un morceau de glacé, détache ensuite Ie cordon avec precaution, et l'opération se trouve terminée sans qu'il soit besoin de ligature, d'onguent ni d'autre chose. Les che-vaux peuvent immédiatement être employés ä leur service ordinaire.
Teile est la courte description donnée par l'auteur autrichien; il n'ajoute pas si Ie cheval est ou non eutravé, de quelle maniere
i Journal des Haras, année 1841, t. XXVII, p. 242,
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est fixé Ie cordon de soie, quelle est sa destination, et ä quel mo­ment il opere l'ablation des teslicules; autant d'omissions qui ren-dent impossible une appreciation molivée de cette methode. Quant ä l'eraploi du refrigerant, nous n'y voyons qu'un moyen hémos-talique parfaitement fationnel, mais beaucoup plus long et d'un résultat moins sür que l'emploi d'une ligature, d'un cässeau ou même simplement du feu.
On a propose encore la division simple du canal deferent, comme moyen de castration. D'expériences faites par un Chirurgien an­glais, Lambert, il paratt résultér qu'en interrompant la continuité du canal par une division, on determine l'atrophie du testicule. Ee fait est possible, mais il paratt peu probable qu'on use jamais de ce mode d'émasculation.
$2___Castration par Ratissage ou Riclement.
Le ratissage est un mode de castration consistant a séparer le testicule du cordon, en promenant le tranchant d'un instrument sur ce dernier organe, jusqu'a ce que Ton en ait obtenu la divi­sion complete.
Ce procédé paralt originaire de l'Inde. La première mention scientifique qui en ait été faite en Europe se trouve consignee dans un rapport présenté ä la Société d'agriculture de la Seine (séance du 25 avril 1815), et dans lequel on lit • : laquo; M. Beugnot, vétéri­naire a Avallon (Yonne), qui a rempli, pendant plusieurs années, les fonctions de vétérinaire au 4e regiment de chasseurs ä cheval, en Espagne , a fait connaltre a la Société une nouvelle methode de praliquer la castration des chevaux. Elle a fait l'objet d'un mé-moire présenté au general Digeon, par M. Beugnot, et par M. Ber­nard, vétérinaire au 17e dragons. Cette methode, qui consiste k user et a ratisser le cordon spermatique avec un rasoir, jusqu'a ce qu'il soit entièrement détruit, a été pratiquée avec succes par plusieurs vétérinaires en Espagne; eile leur a été communiquée par des maréchaux anglais, fails prisonniers, et parait être usitée
i Amal, de l'Agrimlt. frang., 1815, t. LV, p. 20.
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II ATISSAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 61
aux Indes-Orientales. Elle n'est suivie d'aucun des accidents qui accompagnent quelquefois l'emploi des casseaux 1, raquo;
Depuis lors, ce même procédé a été décrit par plusieurs vétéri-naires anglais qui l'avaient également rapporté de l'Inde, notam-ment par M. Crundall, de l'armée anglaise a Madras 2, et par M. Hurford, du 1 olaquo; King's-hussars 3, qui Tun et l'aulre le donnent comme un moyen simple et expéditif, et d'un succes certain chez les vieux chevaux comme chez les jeunes. En France, le ralissage a été soumis è l'expérience par Gohier * et par Geffroy 5, ä qui il a réussi comme aux vétérinaires anglais; après quoi, malgré les succes obtenus, la methode est généralement tombée dans l'oubli.
Le manuel opératoire, bien qu'un peu plus compliqué que celui de l'excision simple, n'offre pas plus de difficultés sérieuses. Dans l'Inde, d'après MM. Crundall et Hurford, après avoir mis le testi-cule ä nu, on le saisit de la main gauche, puis on coupe toutes les parties Constituantes du cordon, ä 1'exception du faisceau vas­culaire que l'on sépare, avec les doigts, des tissus environnants; cela fait, avec un bistouri, dont le tranchant rugueux ne coupe pas, on ratisse l'artère jusqu'ä ce qu'elle soit rompue, operation qui, suivant M. Hurford, n'exige pas plus de vingt secondes. Il n'y a pas d'hémorrhagie consecutive. Le scrotum se remplit d'un coagulum sanguin qui est éliminé en quelques jours; puis la sup­puration s'établit, et au bout d'une vingtaine de jours, l'animal peut reprendre son service.
Gohier, dans les experiences qu'il fit pour s'assurer de la valeur de cette methode, après avoir appris les succes qu'en avait obtenus Beugnot, sur un grand nombre de chevaux, essaya le pro-
i Ce rapport, donnant comme tout-a-fait nouveau le procédé indien, manquait en partie de vérilé, le ralissage paraissant avoir été usité en France bien avant la communication de MM. Beugnot et Bernard. Mais étant resté le partage exclusif des cbätreurs de profession , il ne fut pas connu des vétérinaires, qui, depuis leur institution officielle, s'étant toujours tenus, systématiquement, al'écartde ces operateurs empiriqucs, ont eu le tort trop souvent d'en ignorer les pratiques.
2nbsp; The Veterinarian, de Londres, 1881, ndeg; de décembre.
3nbsp; /Wd., 1852, nlaquo; de septembre.
'S Jtfe'm. et Observ. sur la Chir. vét., 1813, 1.1quot;, p. 222; 1816, t. 11, p. 144. s Mém. de la Soc. vét. du Calv. et de la Manche, 1830, t. Iquot;, p. 87.
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62nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
cédó suivi par ce dernier. L'aniraal étant fixe ä la maniere ordi­naire ou sur Ie dos, ainsi qu'on Ie fait en Allemagne, il incisa Ie scrotum , mit la glande ä nu, la saisit de la main gauche, et avec la drei te, tenant un bistouri bien tranchant ou un rasoir, il ratissa Ie cordon jusqu'ä ce que Ie testicule, se délachant, restèt dans la main de l'opérateur. L'ampulation des deux testicules achevée, il abandonna ä la nature l'hémorrhagie légere qui se produisit et finit par s'arrêter spontanément.
H. d'Arboval, après avoir rappelé les essais de Gohier, ajoute que, lorsqu'on a mis Ie testicule ä découvert, il faut isoler Ie canal déférent, s'il est trop gros, sinon on peut Ie laisser; qu'il convient de tordre d'abord Ie cordon, et de racier ensuite en tenant l'ins-trument tranchant dans une direction transversale, avec sa lame couchée sur Ie cordon, de maniere è Ie couper par petites lamelles jusqu'a sa destruction complete. Geffroy {loc. cit.) opérait en tenant Ie bistouri obliquement, Ie tranchant tourné vers Tabdomen; il Ie faisait agir de haut en bas, en räclant Ie cordon et en appuyant dessus; en quinze ou vingt coups, il obtenait la division du cordon.
Quel que soit Ie procédé employé, Ie premier effet, resultant im-médiatement du ratissage, est l'éraillement suivi de la déchirure des vaisseaux, lesquels, une fois divisés, se retirent sur eux-mêmes, et se ferment, äleur extrémité, par l'enchevêtrement des franges déchirées que produit Faction de l'instrument sur les tuniques vasculaires. De teile sorte qu'il n'y a aucune perte de sang, ce qui permet d'abandonner 1'animal, sans autre precau­tion, aux soins de la nature.
Les effets consécutifs de l'opéralion sont généralement favorables. Nous avons vu que les vétérinaires anglais signalent ce procédé comme absolument sans danger. M. Geffroy declare de même que ce moyen fort simple lui a toujours réussi et lui a paru exempt des inconvénients de la castration par casseaux. Gohier, il est vrai, a toujours eu une hémorrhagie de 1 a Slivres de sang chez cinq sujets, de 6 a 121 livres chez trois autres, suivie, chez tons, d'un fort engorgement du fourreau et des bourses, se declarant au bout de peu de jours; mais aucun des animaux en experience ne mourut. De son cóté, M. Beugnot, qui avait opéré en Espagne pres de trois cents chevaux, sans éprouver d'accidents, raconte
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TORSION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;63
plus tard, dans une lettre ä Gohier, qu'ayant chätre, ä Avallon, quatre chevaux, en suivant la methode indiquée, deux de ces chevaux furent atteints d'une hémorrhagie considerable #9632;, qu'il fut oblige, n'ayant pu saisir las vaisseaux, d'arrêter par des points de suture au scrotum, et qu'il en résulta un fort engorgement des parties génitales : les points de sutures enlevés Ie cinquième jour, et l'accident soigné a la maniere ordinaire, la guérison s'en suivit néanmoins.
De ces faits, il résulte que la castration par ratissage, bien que moins dangereuse que la simple excision, a aussi ses inconvé-nients, que Ton ne peut éviter qu'en opérant avec soin, lentement, de facon ä produire une dilacération complete des parois vascu-laires et, par suite, l'oblitération exacte de l'artère. Mais alors l'opération devient très-longue, ce qui est un inconvenient sérieux quand on a un grand nombre d'animaux a opérer en meine temps, indépendamment de la souffrance plus prolongée qu'on fait endurer a chacun. C'est pourquoi, toutes au tres choses étantégales d'ail-leurs, on préféré généralement au ratissage, l'une ou l'autre des methodes suivantes, non moins efficaces et plus expéditives.
sect; 3. — Castration par Arrachement ou Torsion.
1 o Definition. Historique. — La castration par arrache' ment ou torsion est un mode d'émasculation qui consiste ä séparer Ie testicule du cordon par une traction plus ou moins forte, après avoir vaincu la resistance de ce derniér organe én Ie tordant plu-sieurs fois sur lui-même.
Cette methode de castration est une des plus anciennes qui aient été mises en usage, ce qu'explique suffisamment la simpli-cité du manuel opératoire, qui n'exclut pas I'efficacité du résultat obtenu. Se confondant dans les descriptions sommaires laissées par les auteurs anciens, avec les methodes par excision simple et par écrasement', eile paralt sur tout avoir été mise en usage, dans le principe, chez les jeunes animaux des espèces bovine et ovine. Etait-elle alors également usitée chez le cheval? On peut le présu-
laquo; Abist., Bist.anim., IX, 80;CoLtiM., VI, 26; Pallad., VI, 7.
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64nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE IA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
mer, par analogie, mais sans avoir ä eet égard aucune certitude; car il faut arriver ä une époque relativement tres-moderne pour trouver, dans les auteurs, la première mention écrite touchant l'application au cheval de ce mode de castration.
C'est dans les écrivains hippiatres du siècle dernier que Ton commence seulement ä en parier; il est vrai de dire qu'on le cite alors comme étant depuis longtemps en usage en Allemagne et dans les autres Etats du nord de l'Europe , oü il était choisi de preference ä tout autre par les chätreurs de profession. Le procédé allemand fut pour la première fois porté ä la connaissance de l'école d'Alfort et des vétérinair es francais, en 1816 •; depuis il acquit une certaine popularité par la pratique dun operateur, se disant Polonais et connu sous ce nom, qui vint en 1826 se fixer a Caen, ou il réussit a se faire une sorte de célébrité, dans l'exer-cice de sa profession, par sa maniere d'opérer, consistant, comme dója nous l'avons dit, a laisser l'animal debout.
Avant cette époque, quelques vélérinaires avaient tenté d'intro-duire la torsion dans la pratique chirurgicale. Le premier qui paralt Favoir essayée est Delaguette, vétérinaire de la Garde impé­riale, dont les experiences, entreprises de concert avec Lavigne et Méné, également vélérinaires dans la Garde, sont antérieures a 1811. M. Decoste, en 1829 2, annonce aussi l'avoir employee avec avantage. M. Renault, en 1837 3, mentionne a son tour ce pro­cédé , et complete la description du manuel opératoire, donnée jusque-lä d'une maniere fort abrégée. Enfin parut, en 1839, l'ar-ticle de M. Chevrier 4 qui, en presence des succes obtenus par le Polonais, tenta d'introduire la castration par torsion dans la pra­tique usuelle; il fit quelques essais et-donna, avec détail, dans son article, la description du procédé employé par lui.
A ce moment, il n'avait encore été question que de la torsion pratiquée avec la main seule. Mais ce mode exige une grande force de la main qui retient le cordon testiculaire, pendant que l'autre
laquo; Compies-Rendus de l'école d'Alfort. (Scance du 10 novembre 1816.)
2nbsp; Ree. deMéd. vit., 1829, p. S02.
3nbsp; Maison mstiq. du XIX* siéele, i. II, p. 262. 'gt; Ree. de Méd. vét.. 1839, p. 132.
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TORSION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 65
imprime au testicule Ie mouvement rotatoire qui determine la tor­sion; de la, dans l'exéeution de l'opération, une assez grande difficulté, qui fit nattre l'idée de suppleer ä la force souvent insuf-fisante de la main ä 1'aide d'inslruments appropriés. Depuis long-temps, en Allemagne, on emploie des instruments semblables. En France, ce furent MM. Renault et Delafond qui, d'abord, essayèrent d'apporter ä la pratique de Toperation cetle modification impor­tante. On lit, en effet, dans les Comptes-Rendus de Tecole d'Alfort pour 1833, que ces deux professeurs, en vue de remédier aux accidents que peut provoquer l'application des casseaux, ont songé ä substituer la torsion au mode opératoire actuel, et ont fait, en consequence, construire un instrument particulier pour exécuter les difficiles manipulations que cette operation nécessite 1. Les essais auxquels se livrèrent les auteurs de ce procédé nouveau n'eurent sans doute que peu de succes, puisque i'un d'eux, M. Renault, n'en fait pas mention dans l'article castration de la Maison rustique, écrit par lui et publió en 1837.
L'innovation, toutefois, fit son chemin; et, soit que l'on n'ait fait qu'adopter Ie procédé des deux professeurs d'Alfort, soit que la même idéé ait été concue par d'autres que par eux , plusieurs vétérinaires mirent peu après en pratique ce mode de torsion, qui recut Ie nom de torsion hornée, et en oblinrent des résultats plus ou moins avantageux. M. Molyneux, vétérinaire ä Londres, l'essaya un des premiers. Il fit usage du nouveau procédé en 1834, en se servant, pour fixer Ie cordon, de deux casseaux, et, pour Ie tordre, d'une pince particuliere qu'il nomme forceps ä torsion (tor­sion-forceps) 2. Plusieurs vétérinaires anglais, la même année et plus tard, imitèrent la pratique de M. Molyneux, et en obtinrent des résultats analogues.
En France, M. Périer, vétérinaire au 2e carabiniers, songea aussi, de son cöté 3, vers la même époque, ä faire usage, pour pratiquer la castration par torsion, d'instruments semblables, dont il déposa les modèles, quelques années après, dans Ie
laquo; iJec. de Méd. vét, 1833, p. S26.
2nbsp; The Veterinarian, 1835, nlaquo; d'avril.
3nbsp; Ree. de Méd. vél., 1833, p. 831.
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66nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÊDES.
cabinet des collections de l'école d'Alfort. Le procédé alors n'était pas encore sorti du domaine limité de la pratique expérimentale , lorsque la Sociétó centrale de médecine vétérinaire, ayant mis au concours , en 1848, la question de la castration, recut deux mé­moires, l'un de M. Benjamin, l'autre de M. Dillon, qui tousdeux annoncaient avoir mis en usage, sur une large échelle, dans leur clientèle, la torsion bornée, et se prononcaient également en faveur de cette methode opératoire, préférablement ä tons les autres modes de castration.
A une époque ultérieure, l'auteurd'un des mémoires, M. Dillon, a voulu réclamer en sa faveur la priorité du nouveau procédé. Mais la declaration faite par lui-même, dans son premier travail, oü il dit tenir de M. Périer la connaissance et l'usage des instru­ments de torsion, laisse cette reclamation, qui s'est plusieurs fois renouvelée avec une certaine ardeur, absolument sans fondement. Quant a M. Benjamin, il se borne ä faire mention des résultats obtenus, dans sa pratique, par l'emploi de la torsion bornée, en rapportant d'ailleurs la connaissance des instruments dont il a fait usage, a M. Dabrigeon, lequel n'avait fait, de son propre aveu, qu'imiter les pinces de MM. Renault et Delafond.
A la suite de ces travaux et de ces communications, divers essais furent tentés pour apprécier la valeur du nouveau mode opératoire. Dans le nombre doivent être principalement citées les experiences de M. H. Bouley i, qui a le mieux fait connaitre le manuel de l'opération, et le plus contribué ä en fixer l'importance absolue et relative.
2deg; Manuel de l'opération. — La torsion, comme on l'a vu par ce qui precede, peut s'exécuter de deux manières diffé-rentes, soit ä 1'aide des mains seules, ce que nous nommerons la torsion libre, soit en faisant usage de pinces spéciales, ce qui constitue la torsion bornée. De la deux modes principaux, que nous étudierons séparément.
I. Torsion libre. — Ce mode de torsion peut se faire en tordant le cordon, soit au-dessus, soit au-dessous de l'épididyme.
o. — Torsion au-dessus de l'épididyme. — G'est le procédé de
l Ree. de Wéd. vét, 1883, p. 673 el 833.
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TORSION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 67
torsion ancien, Ie seul employé en Allemagne, celui du Polonais et des chätreurs de profession. On l'a mis en pratique de plusieurs facons. Les chätreurs, autrefois, comtnengaient par mettre le tes-ticule a nu en ouvrant le scrotum avec un couteau, puis extir-paient I'organe avec les dents ou avec les mains.
L'arrachement avec les dents avait lieu surtout sur les animaux jeunes ou de petite taille. Pourtant, s'il faut en croire Godine jeune, le même moyen serait usité, dans certaines contrées, sur les grands quadrupèdes. Ainsi eet auteur a cité * l'exemple d'un Russe qui, vers 1830, ä Paris, pour chätrer un cheval ä la mode de son pays, saisissait les cuisses et les jarrets de l'animal, les maintenait avec vigueur dans sesbras, et, par un mouvement rapide, lui arrachait les testicules — sans doute après avoir ouvert les bourses — avec les dents, dont il faisait, de lasorte, laquo; des instruments de torsion et d'arrachement. raquo; Le même indi­vidu pratiqua cette operation avec succes au haras de Viroflay, et dans les écuries de quelques amateurs.
Nous n'insisterons pas pour faire ressortir tout ce qu'a de repu­gnant une semblable maniere de procéder, et nous passerons de suite ä la description de l'opération pratiquée ä l'aide des mains seulement, teile que l'exécutent beaucoup plus généralement les chätreurs de profession, et teile que la faisait nolamment le Po/o-nais, dont nous avons déja plusieurs fois parlé.
Ce dernier, dont le procédé fut longtemps un mystère, avait réussi ä attirer l'attention sur lui en opérant sur l'animal debout, sans l'entraver ni le retenir par aucun lien. Il se placait contre le membre postérieur gauche de l'animal, passait le bras gauche en avant du grasset, saisissait avec cette main un des testicules ; puis, passant, derrière le membre. Ia main droite armee d'un bis-touri ä serpette, il incisait longitudinalement le scrotum ä sa partie inférieure. Le testicule sortait ä l'inslant de ses enveloppes. L'opé-rateur, deposant le bistouri entre ses dents, prenait le testicule en entieravec la main droite, saisissait le cordon.entre le pouce et l'index gauches, le comprimait fortement, et exécutait la torsion avec la main droite, jusqu'ä ce que le testicule se détachèt. Il
1 Joum. de Méd. vét. théoriq. etpratiq., 183tj p. 366,
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68nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE IA CASTRATION CHEZ tES SOLIPÈDES.
opérait de même sur Ie second testicule, et l'opération se trouvail termlnée, sans que l'animal, chose remarquable, eut cherché ä se défendre, sans même qu'il füt sorti de la complete immobilitó dans laquelle il tombait des Ie moment oü était pratiquee l'incision des bourses, et qu'il faut attribuer, sans doute, ä une sorte de stupe­faction produite par l'intensité de la douleur.
Comme il estpeu probable, malgré l'expérience faite, que beau-coup de vétérinaires osent tenter de pratiquer l'opération de la sorte, nous considèrerons cette maniere de procéder comme pure-ment exceptionnelle, et poserons en principe la nécessitó d'opérer sur l'animal abattu et convenablement fixé, en observant les pre­cautions suivantes propres ä faciliter la manoeuvre opératoire.
Ainsi, après avoir mis Ie testicule ä nu par une incision des enveloppes, au lieu de procéder immédiatement a la torsion, on commence par inciser ou déchirer, au-dessus du testicule, toute la portion du cordon, septum et canal déférent, située en arrière du faisceau vasculaire; puis, saisissant Ie cordon de la main gau­che , Ie plus haut possible, on Ie serre fortement entre Ie pouce et l'index, afin de limiter Ie point oü la torsion dolt s'opérer. Cela fait, on saisit Ie testicule de la main droite, en passant un doigt, pour Ie maintenir avec plus de solidité, entre l'épididyme et la glande, et on fait tourner plusieurs fois Ie testicule sur lui-même, jusqu'ä ce que Ie cordon, se trouvant assez affaibli, on puisse, en tirant avec la main droite, tandis que la main gauche continue ä retenir Ie cordon, séparer complétement Ie testicule.
Ge procédé, très-simple en apparence, est d'une extreme diffi-culté pratique, car il exige une grande force des doigts, dont les operateurs ne sont pas tous également pourvus. De plus, comme malgré tous les efforts, la compression qu'on exerce sur Ie cordon n'est jamais fort énergique, eet organe se tord sur une certaine étendue, et, par suite, l'occlusion des vaisseaux testicu-laires peut n'avoir lieu que d'une maniere incomplete. C'est pour remédier ä eet inconvenient que l'on tenla d'abord de pratiquer la torsion au^dessous de Fépididyme, mode opératoire dont nous allons maintenant parier.
b. Torsion au-dessous de Vépididyme. — Ce procédé est celui qui a été mis en pratique par M. Chevrier. Comme les vétérinaires
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qui les premiers avaient essayé la castration par torsion, M. Che-vrier commenca par tordre le cordon au-dessus de l'épididyme; mais redoutant les douleurs produites par la déchirure des tissus, il renonca ä ce moyen, et essaya de tordre ä la partie la plus infé­rieure du cordon. Pour cela, l'animal étant abattu, le testicule mis ä nu par une incision des bourses, il commencait par déchirer, avec les doigts, la portion du septum qui unit l'épididyme au testi­cule, ou, quandl'adhérenceétait trop forte, incisait aveclebistouri le tissu serre et resistant qui forme la partie postérieure de ce sep­tum, puis déchirait le reste avec les doigts, de maniere que les deux organes n'étaient plus unis que par les vaisseaux testicu-laires et le canal déférent; cela fait, il saisissait l'épididyme de la main gauche, en le soutenant pour former point d'appui, et de la droite, prenant le testicule, il lui faisait subir un mouvement de rotation; au bout de huit ä dix tours, il se trouvait entièrement détaché du cordon. L'épididyme étant rentré, un point de suture pratique au milieu de l'incision du scrotum l'empêchait de sortir des enveloppes. Le second testicule était enlevé de même, et on faisait relever l'animal.
Cette methode opératoire, qui a surtout pour objet de faciliter l'extirpation de la glande testiculaire, a été essayée par quelques vétcrinaires, MM. Olivier ', Lagrange2, etc., qui tons annoncent en avoir obtenu de bons résultats. Nous aurons plus loin occasion d'examiner si ce procédé justifie ces appreciations favorables, re-posant sur un trop petit nombre d'essais pour avoir la valeur d'un jugement définitif.
c. Bistournage ä découvert. — Sous ce nom, M. Miquel, de Bé-ziers, a publié 3 l'observation d'une operation pratiquée sur un äne, et qui n'est autre chose qu'un mode différent de pratiquer Ia tor­sion libre. Ayant percé le septum, au-dessus de l'épididyme, il passa deux fois le testicule dans cette ouverture, après quoi il fit relever l'animal et l'abandonna ä lui-même. Au bout de 36 heures, les testicules mortifies se détachèrent d'eux-mêmes sans occasion-
i Mém. de la Soc. vét. de VHérault, 1840, 3laquo;: série, p. 33.
2nbsp; Mém. de l'Associat. vet. du Nord et du Pas-de-Calais, 1843, t. !laquo;•, p. 93.
3nbsp; Journ. des Yét. du Midi, 1846, p. 19.
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70nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION GBEZ LES SOLIPÈDES.
ner d'hémorragie, et la guérisoa fut achevée en quelques jours. L'expérience n'ayaut pas encore donné ä ce fait una valeur prati­que, nous nous bornons ä Ie citer sans commentaires.
II. Torsion BoanÉB. — Comme'déja nous l'avons dit. Ia torsion, avec la main seule, constitue une operation difficile, qui ne donne souvent qu'un résultat incomplet,, par suite de l'exlension du mouvement rotatoire vers la parlie supérieure du cordom De plus, en procédant de la sorte, on est exposé a ce que, pendant Faction, quand on veut reprendre position pour faire un nouveau tour, Ie testicule se détorde. C'est en vue de remédier a ce double inconvenient que You a imagine la torsion hornée, consistant spé-cialement a étreindre le cordon, dépouillé de ses enveloppes, entre les mors d'une pince placée en travers, et ä rompre sa con-tinuité, avec une autre pince, de maniere ä ce que la torsion se trouve limitée au point exact oü on la pratique.
On fait usage, pour cette operation, d'instruments spéciaux, au nombre de deux, mais a chacun desquels on a donné des formes variées. Ces instruments sont : la pince fixe ou limitative et la pince mobile.
La pince fixe ou limitative est celle destinée a maintenir le cordon, pendant qu'avec l'autre instrument on opère la torsion. Elle a été confectionnée sur différents modèles. La première, cons-truite, et en même temps la plus simple, est celle de MM. Renault etDelafond {fig. 40). Elle est formée de deux branches aplaties, articulées ä leur extrémité comme un compas, d'une longueur totale de 40 a 45 centimetres, larges de 1 ä 2 centimetres et épaisses d'un demi-centimètre. L'une des deux branches, dite branche femelle, porte, ä 4 ou 5 centimetres de l'articulation, une échancrure ovalaire, de 9 ä 10 centimetres de contour, dans laquelle s'engage une saillie exactement correspondante de l'autre branche ou branche male. C'est dans cette échancrure qu'est retenu et comprimé, par la saillie de la branche mèle, le cordon testiculaire, que l'on fixe plus solidement encore en ménageant de légères crénelures sur les bords des branches qui doivent être en contact.
Une autre pince fixe, celle de M. Périer {fig. 11), a I'échancrure, ainsi que la saillie correspondante, de forme quadrangulaire,
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TORSION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; '
profonde de 9 ceatimètres et large de 10. Cette forme est prefera­ble ä la précédente, vu que l'échancrure alors, par sa forme et par son étendue, retient mieuxle cordon, lorsque celui-ci s'étale et tend ä déborder sous la pression que lui fait subir Ie rapprochement des branches. De plus, dans ce dernier modèle, les branches sent légèreraent courbées au lieu d'etre droites, comme dans Ie premier,
Fig. 11.
Fig. 12.
ce qui la rend plus facile a tenir dans la main. L'une et l'autre, d'ailleurs, portent une vis de pression qui permet de maintenir la pince serrée quand les branches ont été rapprochées.
On a fait subir encore, ä la pince fixe, d'autres modifications, notamment, en substituant, ä la forme de compas, celle de la pince-tenaille ordinaire [fig. 12), en conservant, d'ailleurs, a l'échancrure et ä la saillie correspondante, entre lesquelles Ie cor­don est maintenu, la forme rectangulaire ? nécessaire peur bien
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72nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE IA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
retenir eet organe. Void une autre forme donnée ä eet instru­ment {fig. 13); Ie mors inférieur, pour former l'échancrure, est
Fig. 13.
relevé ä sas deux extrémités, ä chacune desquelles est une fente dans laquelle s'engage l'extrémité correspondante, amincie, de l'autre mors.
La pince mobile {fig. 14 et 15), longue de 30 ä 35 centimetres,
Fig. 14.
Fig. 13.
I
a la forme d'une pinee ordinaire; ses mors, au lieu de se terminer en ligne droite, ferment angle droit ä leur extrémité, de ma­niere ä ce qu'on puisse sans difficulté saisir Ie cordon transversale-ment, en tenant la pince dans une direction parallele ä la longueur de cet organe, et manoeuvrer sans gêne pour exécuter la torsion. Le mors inférieur est relevé ä ses deux extrémités, de maniere
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TORSION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;73
ä former dans sa longueur une excavation rectangulaire oü se loge le cordon, que Ton maintient serre par le rapprochement de l'autre mors formant seulement une tige droite s'adaptant exacte-ment ä Texcavation. Il est utile qu'ä leur surface de contact, ces mors soient crénelés, afin d'accroltre leur adherence avec le cordon ä étreindre. Comme pour la pince fixe, les branches de la pince mobile peuvent être maintenues rapprochées par une vis de pres-sion ou une crémaillère ä ressort, permettant de rendre leur effet plus durable sans fatiguer la main.
A défaut de ces instruments spéciaux, on pourrait faire usage, pour remplacer la pince fixe, de casseaux longs et étroits, ou de morailles en bols; et, pour remplacer la pince mobile, d'un instru­ment quelconque, agissant de la même maniere. Mais on n'opére-rait jamais, ainsi, avec autant de promptitude et de commodité, que lorsqu'on fait usage des pinces décrites ci-dessus, qui écrasent le cordon dans une partie beaucoup plus circonscrite, et en ren^ dent la torsion d'autant plus aisée.
Les instruments prepares, on commence l'opération. L'animalest abattu, fixé comme dans les autres procédés. Le testicule mis ä nu par une incision longitudinale des enveloppes, avec le bistouri droit on isole le cordon, d'abord en incisant, immédiatement au-dessus de la queue de l'épididyme, le ligament qui unit cet épididyme au fond de la gaine vaginale, puis en continuant cettc incision de maniere ä couper tout le septum postérieur, et en com-prenant dans l'incision le canal déférent, jusqu'ä la partie anté-rieure du cordon, oü se trouve l'artère grande testiculaire qu'il suffit de tordre seule.
Cela fait, on étreint le cordon dans l'échancrure de la pince fixe, on le serre par le rapprochement des branches de l'instru-ment, ä 2 ou 3 centimetres au-dessus de la tête de l'épididyme; puis on confie la pince ä un aide, qui la maintient exactemenl serrée, et évite, avec soin, d'exercer sur le cordon des tiraille-ments qui, se transmettant aux parties supérieures, ne seraient pas sans danger. On s'empare alors de la pince mobile, on engage le cordon entre ses mors, au-dessous de la pince fixe, on la serre forlement des deux mains, et on commence ä tordre on tournanl l'instrument de droite ä gauche. Le même mouvement de
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torsion est continue jusqu'ä ce que Ie cordon cède et se rompe; il faut généralement, pour cela, de dix ä quinze tours complets. Cast toujours Tariere, dans ce cas, qui résiste Ie plus, sa dispo­sition flexueuse lui permettant de s'allonger beaucoup plus que les parties qui l'environnent. Néanmoins, eile finit toujours par ceder. Quandelle est rompue, on ouvre la pince fixe, de laquelle s'échappe aussitót Ie cordon, qui remonte dans la gaine vaginale, par Ie fait de la rétractilité de ses fibres musculaires. On répete la même manoeuvre pour l'autre testicule, et, en moins de deux minutes, l'opération peut être terminée. Les cordons n'ont plus alors qu'une longueur de 15 a 18 centimetres, et ä cause même de leur grande rétractilité, il importe de tordre Ie plus pres possible de l'épidi-dyme, afin de prévenir un retrait dans la cavité abdominale, qui pourrait avoir d'assez graves consequences.
Il est des operateurs qui, pour éviler toute chance d'hemor-rhagie, notamment celle par l'artère petite testiculaire, tordent Ie cordon tout entier. Mais, de la sorte, outre que Ton a moins de facilité pour saisir l'organe dans la pince limitative, la torsion de l'artère grande testiculaire est, elle-même, bien moins exactement faite. Or, comme c'est l'oblitération de cette dernière artère qui est Ie but essential de l'opération, mieux vaut la comprendre seule entre les mors de la pince, et assurer, de la sorte, sa torsion complete, en ayant soin, en tordant, de ne pas agir avec trop de rapidite et de violence, ce qui exposerait ä rompre l'artère avant qu'elle ne füt fermée par Tentortillement de ses fibres dilacérées, et rendrait rhémorrhagie inevitable. Il faut tourner lentement, sans secousses, de maniere ä distendre peu ä peu les fibres du vaisseau, et ne desserrer la pince limitative qu'après s'être assure que Ie petit tourillon vasculaire, produit par la torsion du vaisseau, offre la solidité nécessaire pour opposer un obstacle invincible ä la sortie du sang.
III. Torsion de l'artère seule. — La torsion exclusive de l'ar­tère testiculaire est im procédé opératoire qui a été particulièrement mis en usage par les vétérinaires anglais, MM. Molyneux, Richard­son , Simonds, Dawr, etc. ^ qui s'accordent ä en signaler les
l The Veterinarian , 1833 a 1840, passim.
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ÉCHASEME.\T LINEAIRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 73
excellents résultats, lui attribuant surtout l'avantage de ne causer que peu de douleur, et d'etre suivi d'une prompte guérison,
Le procédé est des plus simples a metlre en pratique. Apres avoir découvert le cordon par une incision du scrotum, on prati­que , sur le milieu du corps pampiniforme, une incision longitu­dinale, longue environ de 2 centimetres; par cette ouverture, on extrait et on isole une des circonvolutions de 1'artère testiculaire; quand eile est suffisamment déplissée, on la divise transversa-lement, et on tord le. bout supérieur par le procédé suivi pour toutes les artères, et consistant, après avoir fixé le vaisseau entre les deux mors d'une pince ä baguette, ä 2 centimetres environ au-dessus du point coupé, èt saisir l'extrémité avecune pince anato-mique ordinaire, etä faire faire a celle-ci quinze ä vingt tours complets, de maniere ä fermer complétement la lumière du vais­seau tordu. Gela fait, on acheve Topération en divisant le reste du cordon, au niveau du point oü l'artère a été tordue, par une section transversale.
De cette maniere, tout en arrivant au résultat essentiel de 1'opé-ration, qui est l'oblitération de l'artère, on évite les tlraillements violents sur le plexus nerveux du cordon, qui sont la consequence de la torsion du cordon entier, et la vive douleur qui en résulte. Un tel procédé est done rationnel en soi, et son introduction dans la pratique pourrait, ä juste titre, être envisagée comme un per-fectionnement apporté ä Fopération.
$ 4. — Castration par Eerasement lineaire.
Sous le nom 6!eerasement lineaire, ondésigne une methode chi-rurgicale nouvellement introduite dans la pratique, par M. le doc-teur Chassaignac, ayant pour but d'obtenir la division des tissus sans effusion de sang, et consistant dans l'application, autour des tissus qu'on veut diviser, d'une chalne métallique mise en mou­vement par un mécanisme puissant'.
L'application, ä la castration des animaux, de ce mode de divi­sion des tissus a suivi de pres la publication de l'ouvrage dq
i Chassaignac, Traite del'Eerasement lineaire. Paris, 1836,
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M. Chassaignac. C'est ä M. H. Bouley que l'on est redevable des premières tentatives de castration ä l'aide de ce procédé, ainsi que de la determination des circonstances dans lesquelles ce moyen peut être employé avec avantage i. Il n'est pas ä notre connaissance que d'autres essais de ce genre, sans doute ä cause du prix élevé de l'instrument dont on se sert, aient été répétés en France. Mais des experiences ont été faites ä Saint-Pétersbourg par MM. Prosavof, Roschnof, ainsi que le constate un Mémoire envoyé au rédacteur du Recueil, par M. Buhse, vétérinaire des écuries de Fempereur de Russie, lequel même revendique pour M. Pro­savof la priorité de l'application de l'écrasement lineaire ä la cas­tration du ehe val. M. H. Bouley, qui analyse 2 le Mémoire de M. Buhse, date du 26 aoüt 1858, démontre aisément Terreur invo-lontaire, commise par ce dernier, dans sa revendication en faveur de M. Prosavof, en rappelant que lui-même, M. II. Bouley, avait adressó sa première communication a la Sociétó centrale de méde-cine vétérinaire, le 10 juillet 1856.
Disons maintenant en quoi consiste le nouveau mode opératoire.
On se sert, pour le mettre en pratique, d'un instrument spécial, l'écraseur lineaire {fig. 16), consistant essentiellement en une chaine métallique, a, formée d'une série de petites pieces ova-laires, articulées entre elles comme les pieces de la scie ä chaï-nette. Cette chatne est adaptée, par chacune de ses extrémités, k deux branches de fer paralleles, b, en contact par leur bord interne, portant ä leur bord externe une série de dentelures, d, en scie, renfermées dans l'intérieur d'une gaine métallique, g, munie par-fois, sur une de ses faces, d'une fenêtre longitudinale; elles glis-sent avec facililé dans cette gaine, et sont fixées, ä leur extré-mité inférieure, ä la partie moyenne d'un levier ä deux branches, l, qui peut, en s'inclinant d'un cóté ou de l'autre, les faire mou-voir alternativement. La gaine, contenue inférieurement dans un renflement en bois, m, qui sert de poignée, por te de chaque cóté un cliquet, c, a ressort, qui, en s'abaissant, s'engrène par son
laquo; Ree. de Méd. vét. (Buil. de la Soc. centr. de méd. vét.), 1836, pag. 704; Nouv. Diet, pratiq. deméd. vét.. Paris, 1857, t. HI, p. 144. 2 ifec. de Méd. vét., 1838, p. 1181.
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ÊCRASKMERT UNÉAIRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;77
bout inférieur dans les dentelures laterales des branches, retient celles-ci, et, en lesempêchant de remonter, ne laisse pas a l'anse formée par la chalnette la possibilitó de s'agrandir ä mesure qu'elle se trouve resserrée par l'action du levier inférieur.
En appuyant sur Ie bout supérieur du cliquet, les deux grandes branches, que la se­conde figure représente libres et dégagées de la gaine qui les ren­ferme, reprennent toute la liberté de leurs mouvements, ce qui permet de les remonter autant qu'il est nécessaire pour donner ä l'anse de la chainette la gran­deur voulue pour ropéralion.
Pour faire usage de l'écraseur, on embrasse avec la chainette, a, la partie dont on vent opérer la separation; puls, tenant de la main gauche Ie manche, m, de la gaine métallique, et Ie levier inférieur, I, dans la main droite, on presse alternativement sur l'un et sur l'autre bras, de ma­niere ä faire descendre d'un cran, ä chaque mouvement du levier, une des branches de l'appareil. Les deux branches s'engagent ainsi peu ä peu dans la gaine, entrainant avec elles la chainette métallique, et retrécissant, ä mesure, l'anse formée par celle-ci. La chainette étreint d'abord étroitement les tissus qu'elle entoure; puis, quand eile les a reduits ä leur plus petit volume, eile pénètre progressivement dans leur substance, et finit par les divi*-ser complétement, en raison de la force irresistible qui lui est communiquée par l'action du levier inférieur.
L'instrument, dont nous venons de faire connaitre la construction
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et Ie mécanisme, est l'écraseur tel qu'il est sorti primitivement des mains de Tinventeur. Depuis, il a été modifió dans sa forme, mals non dans son principe. Au lieu de deux branches paralleles, il n'en a plus qu'une seule, dentée d'un seul cóté, et mue par la pression dun petit levier ä ressort place sur Ie cöté de la gaine, et qui, ä travers une ouverture de celle-ci, vient, parson extrémité, appuyer, chaque fois qu'on abaisse Ie levier avec Ie doigt, sur une des dents de la branche principale de l'instrument, et Ie fait ainsi descendre. De la sorte, les deux extrémités de la chatnette sont entralnées a la fois, ce qui fait que la section des tissus s'exécute par pression seule; tandis qu'avec Ie premier appareil, en tirant alternativement sur les deux extrémités de la chainette, il y a, en outre, un léger mouvement de scie, qui rend plus complete raction de l'instrument.
On se rend aisément compte des effets de l'écraseur lineaire. Les vaisseaux, divisés par la pression mécanique qu'exerce l'ins­trument, présentent, après leur section, la même disposition physi­que , ä leur extrémité tronquée, que s'ils avaient été tordus ou arrachés; leurs tuniques interne et moyenne, divisées les pre­mières, sontplissées et refoulées en dedans du vaisseau, de ma­niere ä former une espèce de tampon qui en ferme la lumière, tandis que la membrane celluleuse, s'allongeant comme un tube de verre étiré ä la lampe ä émailleur, et s'agglutinant avec elle-même, achève de constituer un obstacle infranchissable au cours du sang. La section des parties s'opère, de la sorte, sansdonner lieu ä aucune hémorrhagie. Mais, pour assurer ce résultat, il Importe d'opérer avec lenteur, de laisser au moins, suivant la nature des tissus, de quinze ä trente secondes, entre chaque mouvement imprimé au levier. Si on divisait les tissus trop rapi-dement, la section des vaisseaux serait trop nette et les hémorrha-gies seraient presque autant ä redouter qu'après la division avec l'instrument tranchant.
La castration, avec l'écraseur lineaire, se pratique en observant exactement les regies qui viennent d'etre retracées. Le testicule étant mis a nu, on entoure avec la chaïnette le cordon en bloc, afin d'avoir une plus grande masse de tissus a serrer, et de pou-voir, de la sorte, prolonger la constriction. Cela fait, mettant le
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ËGRASEHENT LINEAIRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;79
levier en mouvement, on serre peu h peu l'anse de la chaïne jus-qu'è ce qu'on ait opéré la division complete du cordon, en ayant soin d'agir avec assez de lenteur pour prévenir toule hémorrhagie par l'artère testiculaire. Il faut ainsi, pour chaque lesticule, cinq, six minutes, et même. da vantage. Cette lenteur, nécessaire a l'opé-ration, est le premier inconvenient de la castration par l'écrasement lineaire, et suffira pour l'empêcher de devenir jamais un procédé pratique, surtout pour les operateurs ayant h chätrer un grand nombre d'animaux ä la fois. Toutefois, cette methode, en certains cas particuliers et sur des sujets isolés, pourra être utilisée avec avantage, en raison des suites généralement favorables de l'opé-ration.
Ainsi, comme Fa constaté M. H. Bouley, on determine, a l'aide de l'écraseur lineaire, une section nette du cordon, sans perte de sang, laissant une plaie simple, non compliquée de meurtrissure de tissus, de la presence de corps étrangers, ne produisant qu'un faible engorgement, suivi d'une suppuration peu abondante, et marchant promplement h la cicatrisation. En outre, une fois les testicules enlevés, l'opération se trouve entièrement terminée et l'animal peut être abandonné k lui-même, sans qu'il soit nécessaire de recourir a aucune autre manipulation. D'autres avantages sont encore attribués, par M. Buhse, è l'écrasement lineaire; mais ils nous paraissent d'un caractère trop hypothétique pour que nous ayons a nous y arrêter. L'auteur russe, qui leur accorde une va-leur réelle, en tire la conclusion que l'écrasement lineaire est un mode de castration appelé ä remplacer, dans l'avenir, tons les autres procédés.
M. H. Bouley, moins absolu, ou plutót mieux éclairé parl'expé-rience, ne croit pas que l'écrasement lineaire, malgré les avantages attribués par lui-même a ce procédé, puisse jamais devenir un mode usuel de castration, a cause d'un grave inconvenient qu'il lui a reconnu, celui d'exposer au développement des hemies, par suite de l'extrême lenteur nécessaire a son execution, pendant laquelle les animaux sont sollicités è se Hvrer aux mou-vements expulsifs les plus violents, chaque fois que l'on serre la chaine de l'écraseur. Aussi, recommande-t-il, de la maniere la plus expresse, de n'employer jamais l'écrasement lineaire pour
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80nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
chätrer un cheval, sans avoir, au préalable, éthérisé Fanimal. De la sorte, les chances de hernie sont évitées, et Ton profile de tous les avantages qui se rattachent a l'emploi de cette methode.
Dans tous les cas, si les avantages de l'écrasement lineaire, comme moyen usuel de castration, restent agsez contestables pour qu'il n'y ait pas lieu d'espérer de Ie voir adopter par la généralité des vétérinaires, ce n'en est pas moins un procédé utile, dont on pourra tirer parti en teile circonstance donnée, et, notamment, comme nous Ie verrons plus loin, pour l'amputation des tumeurs formées par l'induration du cordon testiculaire.
sect; 5. — Castration par Ie Feu.
1 o Definition. Historique. — La castration par Ie feu est
un procédé d'émasculation, dans lequel on fait usage, comme moyen hémostatique, d'un fer chauffé ä blanc avec lequel on opère la section du cordon, ou que Ton applique ä l'extrémité du cordon après en avoir séparé Ie teslicule par l'instrument tranchant.
Ge mode de castration est un des plus anciens qui aient été em­ployés chez Ie cheval. Déja il est décrit comme procédé usuel dans Absyrte; il est mentionné également dans Végèce, puis dans Pal-ladius, qui Ie cite comme un moyen d'application récente sur les veaux. On Ie voit reparattre ensuite dans la plupart des traites de mareschallerie des xviie et xyiii6 siècles, notamment dans Mar­kham , La Guérinière, Gaspard Saunier, Garsault, Lafosse, Hartmann, qui ne font guère, au surplus, que se répéter les uns les autres , sans rien ajouter aux détails donnés, par les auteurs grecs et latins, sur Ie manuel opératoire. Des auteurs plus mo­dernes : Rozier, Huzard, Delabère-Blaine, Fr. de Feugré, Va tel, H. d'Arboval, etc, qui ont parlé ä leur tour de la castration par Ie feu, se bornent également ä transcrire, avec plus ou moins de brièveté, la description des anciens hippiatres; ce qui prouve que, jusque-lä, l'opération n'avait encore été l'objet d'aucune étude suivie de la part des hommes de Tart. Aussi, ce moyen de cas­tration est-il un de ceux qui sont Ie plus exclusivement demeurés aux mains des empiriques et chätreurs de profession, et cela, autrefois plus encore qu'aujourd'hui, comme en fait foi Ie reproche
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CASTRATION PAR LE FEU.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 81
que Garsault, il y a un siècle, adressait aux maréchaux ä ce sujet.
De nos jours, il en est ä peil pres de même. Malgré la facilité de l'opéralion, il n'y a encore qu'un Irès-petit nombre de véléri-naires qui la conseillent et la metlent en pratique. Doivent êlre cilés, parmi ces derniers, MM. Carrière ', Huart2, Pelitclerc 3, dont les essais constituent a peu prés tout ce qui a été tenté pour établir la valeur scientifique de ce mode de castration, que meitent acluellement en usage les frères Chéret, chälreurs renommés dans Ie nord de la France, sous Ie nom de Coupeurs de Bapaume, et dont M. Huart, vétérinaire a Valenciennes, a divul-gué Ie procédé {loc. cit.).
La castration par Ie feu est encore employee dans plusieurs con-trées autres que la France. C'est Ie procédé Ie plus communément usité en Angleterre, en Amérique et dans les pays tropicaux. Il est en usage aussi en Allemagne et même chez les Arabes, non parmi les tribus du Teil, tnais seulement dans Ie Désert, chez les genspauvres, comme mesure de precaution centre la fougue de leurs chevaux.
2deg; Instruments servant a l'opération. — Pour prati-quer la castration par Ie feu, on fait usage d'instruments spéciaux, qui sont principalement: une pince, pour fixer Ie cordon ä cauté-riser, etun cautère, pour l'application du feu sur l'organe.
La pince, désignée autrefois sous les noms de /er ä chätrer, de morailles ä chätrer, a varié de forme suivant les époques et suivant les operateurs. Construite en fer ou en bois, eile se compose, en principe, de deux ou de Irois branches droiles, larges, aplalies, articulées ä charnière par une extrémité, et se serrant, ä l'autre extrémité, soit avec la main seule, soit ä l'aide d'une vis, d'une crémaillère, d'une courroie ou d'une simple corde, permeltant d'exercer sur les branches de l'instrument toute la pression que l'opération exige. A défaut d'une pince serablable, on peut se ^er-vir d'un long casseau, de morailles en bois ordinaires, de deux simples morceaux de bois attaches avec une corde ä leurs extré-
laquo; Journ. des Vét. du Midi, 1848, p. 309.
2nbsp; Rec. de Méd. vét., 1854, p. 82: 18Ö5, p. 641; 1837, p. 36.
3nbsp; Ibid., 1833, p. 643.
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82nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
mités (Absyrte). Mais ces appareils, bien qn'a la rigueur pouvant suffire pour retenir Ie cordon, ne conviennent pas cependant en ce que, étant trop étroils, ils ne peuvent suffisamment preserver les parties voisines de l'action du calorique. A plus forte raison serait-il irrationnel do n'employer, pour fixer Ie cordon, aucun instru­ment et d'y substituer la seule pression de la main. C'est pourquoi il est preferable, dans tous les cas, de se servir des pinces spécia-leraent construites en vue de cette operation.
Ces pinces, avons-nous dit plus haut, sont ä deux ou ä trois
Fik. 17.
Fig. 18.
Fig. 19.
branches. La pince ä deux branches, ou simple, peut être en bois ou en fer. La pince en bois (/*lt;/. 17), forte et résistante, pré­sente une longueur de 25 a 3(f centimetres, une épaisseur de 1 centimetre, une largeur de 7 ä 8 centimetres. Ses deux bran­ches , en contact par leur face interne dans la moitié ä peu pres de leur étendue, se terminent en se retrécissant de maniere a figurer deux manches que l'on maintient rapprochés avec une corde. Sur la face qui doit être en rapport avec Ie cautère, l'ins-trument est reconvert d'une plaque métallique qui Ie garantit de l'action destructive du feu. La pince simple en fer {fig. 18) a ses deux branches amincies en lame de couteau vers leur bord in­terne; on peut les maintenir rapprochées, soit, comme on Ie voil
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CASTRATION PAR LE FEU.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 83
dans la figure, par une vis de pression agissant sur une tige fixee ä demeure d'un cóté, et glissant, del'autre, dans une cou­lisse ; soit par tout autre Systeme.
La pince ä trois branches, on double, permet de saisir en même temps et de cautériser ä la fois les deux cordons testiculaires. Elle est beaucoup plus communément usitée que la précédente, et en usage depuis longtemps; on la trouve décrite et figurée pour la
Fig. 20
première fois dans Garsault ^ On a donné, d'ailleurs, a cette pince, des formes assez variées. Geile de Garsault {fig. 19), la plus anciennement connue, en même temps la plus simple, et celle dont se sert encore M. Petitclerc 2, est formée de trois branches en far, aplaties, longues de 10 a 15 centimetres; deux de ces bran­ches, mobiles par rapport ä la troisième,quot; s'articulent sur l'extré-mité, recourbée a angle droit de celle-ci. Elles peuvent encore être réunies toutes trois k une charnière commune. Ä l'autre extré-
i Nouveau Parfait marcschal. Paris, 1741. PI. XXII, fig, 4. 2 Ree. de Méd. vit., 1835, p. 0i7.
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84nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ tES SOLIPÈDES.
mité, l'appareil se serre par un anneau s'accrochant aux crans d'une cremaillere comme dans les morailles ordinaires.
La pince des freres Chéret [fig. 20 ), dent M.^Huart a fait con-naitre Ie procédé, offre une forme un peu différente. Les trois branches, arliculées ä une seule charniere, sont de dimensions inegales; ainsi les deux branches externes sont d'une longueur de 30 centimetres, tandis quecelle du milieu n'a que 17 centimetres, sur 1 centimetre d'épaisseur. Par leur face interne, les deux branches laterales sont amincies en lame de couteau et réduites a 5 millimetres d'épaisseur, de sorle que lorsqu'elles sont appuyées sur la tige centrale, elles ferment un angle rentrant ou se loge plus aisément la portion du cordon a cautériser. A leur extrémiló libre, ces branches se terminent en poignées, donnant prise ä la main pour l'opéralion.
M. Huart, qui a donné dans Ie Recueil {loc. cit.) la figure de cette pince, écrit plus tard, au même journal lt;, qu'ayant fait usage de l'instrument ainsi conslruit, 11 a trouvé la tige moyenne trop courte, surtout pour les cas oü le cordon est engorge, et il propose en consequence de donner aux trois branches la même longueur, ce qui permettra d'opérer, dans tous les cas, avec une egale facilité. On peut d'ailleurs varier la forme de ces bran­ches, leur donner ä chacune une poignée {fig. 21), les maintenir rapprochées par une simple corde, ou bien y adapter une cre­maillere combinée avec une tige se vissant a un écrou mobile {fig. 22); a cetle dernière pince se voit encore, sur la partie des branches oü est serre le cordon, une tige transversale fixée ä la branche moyenne,quot; et destinée ä retenir le cordon lorsque celui-ci tend ä fuir en arrière, pendant qu'on serre la crémaillère.
Le caütère en usage pour la castration n'affecte pas une forme absolument fixe. On peut se servir du cautère cultellaire ordi­naire {fig. 23), du cautère hastile {fig. 24), ou du couteau de feu (fig. 25) usilé surtout chez les anciens. Mais afin de pouvoir con-centrer dans l'instrument une assez grande quanlité de calorique pour la formation prompte de l'eschare, il est preferable d'avoir un cautère spécial fort et épais, et par cela même plus lent a se
gt; Bee. de Méd. ret., 1837, p. 35.
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CASTRATION PAR IE FED.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;85
refroidir. Tel est Ie cautere {fig. 26) des freres Chérel, dont la parlie cautérisante est épaisse et courte, et dont la lige fait con-tinuité avec le dos de celte parlie, disposition qui a l'avantage de diminuer les dimensions de l'instrument, sans nuife ä son action, et, par suite, de moins exposer les organes environnanls ä être brölés par son approche. On peut donner encore au cautere la forme d'un prisme trapezoïde (fig. 27), présentant de la sorte deux tranchants et une surface plane inférieure, avanlageuse pour cau-
Fig. 23.
Fig. 24.
Fig. 26. Fig. 27.
Fig. 2raquo;.
tériser de nouveau le cordon, lorsque, après l'ablation du testi-cule, on juge utile une nouvelle application du feu.
Outre la pince et le cautere, on devra se munir encore, pour l'opération, d'un bistouri convexe, d'un peu de poudre de colo-pbane ou de toute aulre résine, et enfin de quelques lambeaux de vieilles toiles trempées dans l'eau pour preserver les parties voi-sines de Faction du calorique.
3deg; Manuel de l'opération. — L'animal abattu et le testi-cule mis a nu, comme dans les autres methodes, il faut d'abord
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86nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ LES SOL1PÈDES.
procéder a l'application de la pince. Celle-ci doit embrasser Ie cordon d'avant en arrière. Les frères Chéret, M. Petitclerc, et la plupart de ceux qui font usage de ce procédé, comprennent dans la pince la totalité du cordon, qu'ils saisissent immédiatement au-dessus de l'épididyme. M. Petitclerc recommande seulement, une fois Ie cordon isolé, de lui faire subir deux ou trois torsions, de maniere ä en former un faisceau plus ramassé qui permette de cautériser en même temps les artères grande et petite testiculaire. M. H. Bouley 1 ne croit pas ce surcroit de precaution nécessaire, et conseille, au contraire, d'isoler d'abord Ie faisceau antérieur du cordon par la section transversale du septum postérieur, com-prenant l'artère petite testiculaire et Ie canal deferent. De la sorte, Ie champ de la cauterisation se trouve borné ä la partie du cordon ou se trouve placée l'artère principale, et cela suffit au bul qu'on se propose, l'hémorrhagie par la petite testiculaire n'étant nulle-ment ä redouter.
Avant d'appliqucr la pince, on a eu soin de la graisser pour empêcher Ie cordon d'y adherer. Quand eile est en place, on fait, avant de la serrer, remonter les enveloppes, puis on étreint Ie cordon ä l'aide de l'appareil mécanique dont elle peut être munie.-vis, crémaillère, courroie bouclée ou simplecorde, et on la confie k un aide, qui se borne ä la soutenir, en la maintenant toujours appliquée contre l'animal, quelques mouvements qu'il fasse. Lors-que la pince, comme celle des frères Chéret, est dépourvue de tout appareil, l'aide a en outre pour mission de la serrer fortement entre ses doigts, par les deux poignées qui la terminent.
Quand on fait usage de la pince double ou a trois branches, il faut, avant de cautériser, mettre ä découvert les deux testicules, puis les introduire simultanément entre les mors de l'instrument; cela fait, on serre, ä 1 centimetre environ, au-dessus de l'épidi­dyme, comme avec la pince simple.
Le cordon étant fixé entre les branches de la pince, il reste k en opérer la section, ce que l'on peut faire, soit avec le bistouri, soit avec le cautère lui-même.
La section avec le bistouri, conseillée par Fr. de Feugré, prati-
i iVour. Diet. deMéd. vét., t. Ill, p. 142.
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CASTRATION PAR LE FEU.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 87
quee par M. Carrière, est peu usitée. Elle se fait immediatement au-dessus de l'épididyme, ä un travers de doigt de la pince, après quoi on applique Ie plat du cautère chauffé a blanc ä 1'extrémité du cordon coupé, en refoulant celle-ci conlre la pince; on deter­mine ainsi la formation d'une eschare qui suffit pour mettre obstacle ä l'hémorrhagie, et dont on augmente l'épaisseur et l'im-perméabilité en la recouvrant d'une couche de poudre de résine que l'on fait fondre ä sa surface par une nouvelle application du fer rouge.
La section avec Ie cautère lui-même est Ie mode Ie plus en usage, celui dont les anciens se servaient et que pratiquent encóre généralement les vétérinaires et les chätreurs de profession. L'em-ploi du cautère tranchant devient alors indispensable. On Ie fait chauffer a blanc, et on en applique perpendiculairement la partie tranchante sur Ie cordon, ä 1 centimetre de la pince, au point même oü Ton aurait incise avec Ie bistouri. Pour en faciliter Fac­tion, on tend Ie cordon avec la main gauche, puis en pressant et sciant, on fait mouvoir Ie cautère jusqu'ä ce que soit opérée la di­vision complete du cordon. Cela fait, comme dans l'autre procédé, on etend une couche de poudre de colophane sur Ie bout du cordon coupé, el on achève de Ie transformeren eschare en y appliquant de nouveau Ie cautère chauffé au même degré.
On opère avec la pince simple comme avec la pince double; et, dans les deux cas, on commence par Ie testicule droit, qui se trouve en dessus, afin que sa presence ne gêne pas l'amputa-tion du second testicule.
La cauterisation achevée, on desserre la pince, sans 1'enlever, afin de voir si Ie sang ne coule plus par l'artère. Si les parties restent sèches, la cauterisation est süffisante, et l'on peut aban­donner Ie cordon ä sa rétractilité. Mais s'il y a encore un peu d'hé-morrhagie, il faut de nouveau serrer les pinces au-dessus du premier point, et réappliquer Ie cautère sur la partie excédantc saupoudrée de colophane, de maniere a la transformer définitive-ment en une eschare suffisamment résistante.
L'emploi de la résine, seule ou* mélangée avec de la eire ou de l'huile, pour donner plus de force a l'eschare, est un complément de l'opóration aussi anciennement usité que l'opération elle-même.
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88nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
Les hippiatres grecs, et eeux du moyen-age, en prescrivenl l'emploi toul comme les auteurs modernes. Il est, cependant, des chälreurs qui remplacent ces substances par d'autres plus ou moins efficaces: tels sont les freres Chéret, qui se servent d'une pommade formée d'un mélange de populéum et de sulfate de cuivre, et qu'ils font passer aux yeux du propriétaire comme la chose principale dans la réussite de l'opération. Cette pommade, qui se fond sans se carboniser, ne saurait avoir évidemment l'ef-ficacité de la résine; et, quoi qu'en dise M. Huart, qui lui attribue l'avantage d'empêcher l'agglutination des levres de la plaie du scrotum, et de favoriser ainsi Ie travail de la suppuration, eile ne nous paralt guère servir qu'è en imposer, par sa couleur bleue, a la crédulité des propriélaires.
La cauterisation des deux cordons terminée, on conseille de faire, sur la region scrotale, des lotions avec de l'eau froide, afin, dit-on, de ralentir Ie cours du sang dans Tariere, et de hater la so­lidification du caillot qui doit se former dans son intérieur. N'est-il pas ä craindre, au contraire, que la reaction qui suit Ie refroi-dissement, en accelerant Ie mouvement circulatoire, ne produise un effet tout oppose? Les lotions froides sont done, sinon dange-reuses, au moins inutiles, envisagées de la sorte; mais elles peu-vent servir a combattre l'érythème léger que l'approche du fer rouge a pu determiner sur les parlies voisines; et, ä ce litre, il y a lieu d'en conseiller l'usage, si, par l'application de linges mouillés autour de la region scrotale, on n'a pas prévenu eet effet du rayon-nemeut calorifique.
Après la cauterisation et les lotions, on fait relever l'animal. Quelquefois, alors, les enveloppes testiculaires donnentdu sang; mais cette légere hémorrhagie s'arrête toujours d'elle-même, et ne reclame aucun soin particulier.
Le mode opéraloire que nous venons de décrire est celui que suivent la grande généralité des operateurs, en Europe et en Amé-rique. Il nous resle, maintenant, pour completer l'histoire de la castration par le feu, ä dire un mot du procédé suivi par les Arabes du Désert, procédé qui offre, d'ailleurs, une grande analogie avec le precedent, et se trouve, de plus, exactement semblable è celui décrit par Absyrte. Voici ce procédé : Ie cheval abattu, on
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CASTRATION PAR LIGATURE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 89
serre fortement, entre deux morceauxdebois, lapartie supérieure des bourses; puis, avec un instrument tranchant, rougi au feu, on fend inférieurement Ie scrotum. Les testicules sortis, on serre, dans un lien de soie ou de chanvre, le cordon lesticulaire, et, entre la ligature et la glande, on coupe ce cordon avec le fer rouge; la faucille est l'instrument habiluellement en usage pour cette double section. Cela fait, on cauterise de nouveau, avec le fer porté au rouge seulement, l'extrémité tronquée du cordon, en ayant soin de ne pas brüler la ligature. Puis, on pause la plaie avec un topique, que les Arabes appliquent dans toute solu­tion de continuité, confectionné le plus souvent avec du sei trempé dans de l'huile chaude, et que l'on maintient par un bandage qui va s'attacher sur les reins.
{S. — Castration par Ligature.
1deg; Definition. Ilistoriciue. — La castration par ligature consiste ä étreindre, dans un lien flexible, la tolalité ou une partie seulement du cordon spermatique, de maniere k interrompre la circulation dans le testicule, et ä prévenir ainsi tout danger d'hé-morrhagie.
Ce procédé, auquel sa simplicité pratique permet d'attribuer une origine assez-reculée, ne se trouve pas, néanmoins, indiqué dans les anciens auteurs. G'esl ä tort que la plupart des écrivains qui, a l'époque moderne, ont écrit sur la castration, attribuent ce procédé ä Hiéroclès, lequel se borne ä répéter, en l'abrégeant, la description, donnée par Absyrte, de la castration par le feu, et consistant, comme nous venons de le voir, a lier préalablement les bourses avec un cordon, afin de relenir l'organe qu'on doit amputer avec le fer rouge.
En réalité, ce sont les hippiatres du siècle deruier, Gaspard de Saunier (1734), Bartlet (1756), qui les premiers en parlent; seu­lement, ils le citent comme un procédé depuis longtemps en usage, soit en France, soit en Angleterre. Lafosse, ä son tour, le recommande, comme supérieur ä toutautre moyen de castration,
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et il en donne la description, en introduisant, dans Ie manuel ope-ratoire, une modification consistant ä ne comprendre, dans la ligature, que l'artère testiculaire, et non, comme on Ie faisait avant lui, la totalité du cordon : innovation qui a fait attribuer ä eet auteur la remise en pratique de la castration par ligature.
Delabère-BIaine ', Vatel2, et quelques autres, loin d'adopter les idees de Lafosse, se sont, au contraire, élevés centre ce mode d'opérer, qu'ils considèrent comme nuisible et pouvant en trainer, plus souvent que les autres methodes, la perte des sujets opérés. D'un autre cóte, plusieurs praticiens modernes, qui ne partagent pas ces craintes, sont revenus a ce moyen de castration, auxquels ils attribuent divers avantages. Tels sont: Sire 3, Delaguette 4, Miquel 5, M. Chiquot-Fontenille6, M. Goux ', qui conseille parti-culièrement l'emploi de la ligature pour la castration des animaux ä la mamelle, et, enfin, M. Macé 8, qui s'est formellement pro-noncé pour ce mode d'émasculation, de preference ä tout autre. Il est difficile de concilier ces opinions contradictoires, sinon en admettant que les operateurs ont dü se trouver dans des condi­tions différentes, adopter des methodes opératoires dissemblables. On va voir, en effet, par l'indication des procédés divers de cas­tration par ligature, et par l'énumération des circonstances dans lesquelles il y a lieu de préférer les uns ou les autres, que cette methode peut offrir des résultats assez varies, de nature ä motiver les appreciations les plus opposées.
2deg; Manuel de 1'opération. — La castration par ligature, qui n'exige d'autre instrument qu'un simple bistouri convexe, avec un fil de soie ou de chanvre ciré, se pratique par plusieurs pro­cédés, comprenant principalement:
i Notions fondamentales de l'Ärt vétérin. (Trad. de l'anglais.) Paris, 1828.
2nbsp; EUm. de Pathol. vétérin. Paris, 4828.
3nbsp; Manuel de l'Ecuyer et du Vétérinaire, 1809, p. 198.
4nbsp; Journ. de Méd. vétérinaire théoriq. et praiiq., 1831, p. 338.
5nbsp; Journ. des Vétérinaires du Midi, 1846, p. 14. e ld., 1847, p. 260.
' Mém. sur la Cast. du cheval, 1849, p. 34. 8 Sec. de Méd. vét., 1832, p. 233.
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CASTRATION PAK LIGATDRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;91
La ligature du cordon et du scrotum ensemble;
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; du cordon mis ä nu;
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; sous-culanée;
—nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; du canal deferent.
I.nbsp; Ligature du cordon et du scrotum. — Ce mode de ligature consiste a embrasser, avec un fil ciré, le scrotum au-dessus des lesticules, de maniere ä comprendre, dansl'anse forméepar le fil, le cordon et toutes les enveloppes. Le noeud est fortement serre, et on laisse tomber ensuite le scrotum et les testicules par morti­fication, ou bien on les ampute avant leur chute complete. Cette operation, qui participe de la castration par écrasement, dont il sera question plus tard, a cessé d'etre employee chez le cheyal. Elle n'est usitée, et dans quelques circonstances seulement, que chez les petits et les grands ruminants, sous le nom de fouettage, qu'on a aussi donné (G. de Saunier, 1741) ä Fopération par le procédé qui va suivre.
II.nbsp; Ligatüre du cordon mis a nu. — Ce mode d'application de la ligature est le plus simple et, en même temps, le plus générale-ment en usage. Il convient surtout pour les animaux jeunes, encore ä la mamelle, chez lesquels l'emploi d'une autre methode, rapplication des casseaux, notamment, pourrait n'être pas sans difficulté.
On pratique la ligature du cordon par deux procédés : a testi­cules converts et a testicules découverts.
a. Ligature ä testicules converts. — Le testicule recouvert par les enveloppes étant saisi avec la main, on incise le scrotum inférieurement, en ayant soin de ne pas aller au-delä du dartos, et de conserver la tunique fibreuse qui recouvre et soutient l'or-gane. Cette tunique étant dégagée de ses adhérences avec le dartos, on applique la ligature ä sa partie supé-nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;_,. „„
rieure, et on serre avec force. On se sert pour cela de la ficelle de fouet cirée, avec laquelle on forme une anse double comme pour le noeud de la saignée {fig. 28); quelques operateurs ne font qu'un noeudj simple, qui est bien süffisant, surtout chez lesjeunes animaux. L'important est de serrer avec énergie, sans toutefois entamer
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la tunique érylhroïde; on y parvient plus aisément, en attachant un petit bälonnet ä chaque exlremilé de la ficelle. Quand on a serre au degré voulu, on arrête la ligature par un noeud drolt.
Au bout de vingt-quatre ou quarante-huit heures, on excise Ie teslicule au-dessous de la ligature, et on laisse en place celle-ci, qui est eliminée ensuite par les progrès de la suppuration. Si on amputait Ie testicule immédiatement aprèsl'opération, la ligature pourrait glisser et tomber; et l'hémorrhagie qui en résulterait serait d'autant plus grave, que l'on éprouverait alors de très-grandes difficultés pour replacer Ie lien.
M. Goux, qui a particulièrement préconisé ce mode de castra­tion pour Ie poulain ä la mamelle, prévient la chute de la liga­ture, en passant la ficelle, ä l'aide d'une aiguille tenant ä Fun de ses bouts, ä travers Ie cordon et au-dessóus du premier noeud, auquel il en ajoute un second, un troisième si cela est nécessaire. De la sorte, il peut enlever immédiatement Ie testicule, sans avoir ä craindre d'hémorrhagie consecutive.
b. Ligature ä testicules découverts. —Cette ligature s'applique immédiatement sur Ie cordon, et comprend la totalité ou une partie seulement de eet organe. La ligature totale ou de la masse entière du cordon est la plus anciennement en usage; c'est celle indiquée pour la première fois par Gaspard de Saunier etdepuis décritepar la plupart des auteurs. Pour la pratiquer, on met Ie testicule a nu par une incision comprenant la totalité des enveloppes, et on applique la ficelle au-dessus de l'épididyme, en prenant les mêmes precautions que pour la ligature a testicules converts. Comme il est alors plus facile d'opérer la striction complete des parties, on peut, aussitót après l'application du lien, faire ramputation du testicule. Quelques praticiens, cependant, pour plus de süreté, attendent un jour avant d'exciser l'organe. On obtient Ie même résullat en relranchant Ie testicule seul et laissant l'épididyme, qui suffit pour empêcher la ligature de glisser.
La ligature partielle se pratique en incisant d'abord la partie postérieure du cordon, comprenant Ie canal déférent et l'artère petite testiculaire, et en appliquant ensuite la ligature sur Ie faisceau antérieur. La striction s'exercant sur une masse moindre de tissus est d'autant plus efficace. Certains praticiens pensent
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arriver au même résultat en liant le cordon a son origine, c'est-a-dire a son point de jonction avec la glande, après avoir incise le ligament et le petit septum qui unissent le testicule ä l'épidi-dyme dans loute leur parlie postérieure. Ce procédé est défectueux, altendu qu'il est toujours dangereux, comme nous le verrons plus tard, de laisser l'épididyme pendre en liberté au bout du cordon.
Quelque methode que l'on adopte, une precaution qu'on ne doit jamais négliger, c'est d'inciser largement les enveloppes afin d'éviter les inconvénients d'une cicatrisation trop prompte. Il faut aussi avoir sein, après l'opéralion, de laisser la plaie ouverte, pour faciliter l'écoulement des malières; quand on a voulu obtenir la reunion immediate de la plaie, on n'a réussi qu'ä determiner la gangrene, et la mort des sujets. Afin d'empêcher cette cicatri­sation trop prompte, le moyen le plus simple est de laisser les fils assez longs pour qu'ils dépassent le niveau de la plaie; les liquides séro-sanguinolents coulent alors le long de ces fils, et cela suffit pour prévenir l'inconvénient que nous venons de signaler. On fera bien encore, ainsi que le conseille M. H. Bouley, en laissant pendre un fil de chaque cordon lié, de nouer ensemble les deux fils par-dessus la portion de scrotum intermediaire aux deux inci­sions pratiquées. Par ce moyen, on s'oppose ä la rétractilité trop grande du cordon, qui peut aller, lorsque rien ne lui fait obstacle, jusqu'a rentrer en totalité dans l'abdomen, et determiner des acci­dents parfois d'une extreme gravité.
c. — Ligature de l'artère testiculaire seule. — Gelte ligature se pra­tique sur le cordon mis a nu, comme dans l'opération ä testicules découverts; seulement, le lien esl appliqué sur l'artère exclusive-ment, sans intéresser le resle du cordon. Lafosse, le premier, a parló de cette operation, mais sans en préciser exactement la limite anatomique. Il se borne ä dire que l'on passe un fil double et ciré, ä l'aide d'une aiguille courbe, au travers du cordon, a un travers de doigt au-dessus du testicule, de maniere a ne compren-dre, dans le Hen, que la partie vasculaire, et ä éviter le laquo; nerf spermatique. raquo; Ilya possibilitéde limiter l'opération d'une maniere plus rigoureuse, et de ne comprendre réellement dans le lien que le vaisseau lui- même. Pour cela, après avoir découvert le cordon,
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on pratique, sur Ie faisceau antérieur soulevé par Ie doigt, una incision longitudinale, de 2 ä 3 centimetres d'étendue, qui découvre Fartère flexueuse. Cela fait, avec una aiguille courbe munie d'un fil ciré, on circonscrit la tolalité du paquet arterial qui sa trouve au niveau du fil ciré, et on serre Ie fil par-dessus. Comme la ramarque M. H. Boulay, si on se bornait ä saisir una anse arte­rielle isoléa, on serait exposé ä liar seulement una flexuosité ascen-dante, inférieure, par conséquent, ä la portion d'artère que 1'on couperait ensuite, et l'hémorrhagie sa produirait tout naturelle-ment, quand on farait celta section. Ce danger cesse d'etre ä craindre, en liant ä la fois toutes les circonvolutions qui se pré-sentent. La ligature appliquéa, la cordon est coupé au-dessous, et on attend la cicatrisation an pranant les mêmas precautions que dans Ie cas precedent.
III. Ligature sous-cütanée. —#9632; Ce mode de castration, connu autrefois sous Ie nom de point doré, nommé encore castration ä l'aiguille, consiste ä lier la cordon dans l'intériaur même des bourses, sans mettre Ie testicule a découvert. Appliqué avec quel-ques succes sur la taureau, notamment pour remédier au bis-tournage manqué, on I'a assayé aussi sur les solipèdes; mais on n'a pas encore obtenu, chez ces darniers, des résultats assez en-couragaants pour persévérar dans la pratique de catte operation.
Le manual opératoire est d'aillaurs fort simple: avec une aiguille munia d'un fil ciré, on traverse la scrotum da part an part sans toucher au cordon, puis on rapassa ce fil dans les mêmes trous, en sens inverse, en ayant soin da pousser le cordon du cóté oppose; on forme ainsi una anse dans laquelle le cordon se trouve compris, et en serrant avec force les deux bouts qui ressortenl au dehors, la cordon se trouve étraint; il na tarda pas ensuita a s'atrophiar.
M. Miquel1, au lieu de faire ressortir le fil par la piqöre primi-tivement faite, lui donne issue ä 1 ou2 centimetres en arrière, de talie sorta qu'une faible partie du scrotum sa trouve comprise dans la ligature. On fixe ainsi aux enveloppas la partie liée du cordon, on l'empêche de flotter dans l'intérieur des bourses, et on a l'avan-
' Journ. des Yélénnaires du Midi, 1846, p. 23.
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lil:
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lage, en outre, de donner une plus facile issue au pus, qui s'écoule au dehors en suivant le fil.
M. Chiquot-Fontenille (loc. cit.) a imagine, pour opérer une constriction plus parfaite, d'attacher les extremites du fil en dehors du scrotum, sur un billot que Ton tord comme un garrot, Ce billot est long de 9 centimetres, sur un diametro de 1 centimetre, et porte une rainure circulaire ä une de ses extrémités. Le billot esl applique contre le scrotum, la rainure au niveau du fil, que Ton noue par-dessus en serrant un pen. Cela fait, on opfere, ä l'aide du billot, un mouvement de torsion sur les fils jusqu'ä ce qu'on juge la compression süffisante; puis on fixe le billot ä l'aide des bouts du fil, que Ton a laissés assez longs pour qu'ils puissent faire deux fois le tour du scotum, et passer ensuite entre le billot et la peau, afin d'assujétir les fils, le tout saus serrer. Le billot, qui ainsi n'est pas exposé ä être dérangé, est enlevé trente heures après l'opéra-tion. Il est survenu alors un engorgement assez considerable qui disparattra avec le temps.
La ligature sous-cutanée, qu'on a proposée pour remplacer le bistournage dessolipèdes, n'entrera jamais dans la pratique ä cause du grave inconvenient qu'elle présente, lorsque la ligature serre exactement le cordon, de laisser dans l'intérieur du scrotum un organe mortifié qui peut, si la gangrene s'en empare, devenir la source des plus graves accidents. D'un autre cóté, si la compres­sion, produite par la ligature, est insuffisante, le testicule conserve une demi-vitalitó non moins ä redouter, a cause de l'inflammation suppurative qui l'accompagne toujours, et qui pent devenir assez intense pour entrainer la perte du sujet. Tout au plus, cette methode est-elle applicable aux jeunes animaux, chez lesquels le faible volume des cordons permet d'exercer une compression süffisante pour oblitérer complétement les vaisseaux, et dont les tissus deviennent moins aisément le siege de cette reaction vitale, qui expose les sujets plus avances en ège au développement de la gangrene.
Dans la ligature sous-cutanée, on peut ne lier que l'artère testi-culaire, soit en procédant comme pour la ligature totale, mais en ayant soin de ne comprendre dans l'anse du fil que le faisceau antérieur du cordonj soit en incisant légferement le scrotum, k sa
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partie supérieure et antérieure, de facon ä mettre a découvert l'artère, que Ton lie ensuite comme il a élé dit. Dans ces deux cas, on laisse Ie teslicule dans les bourses, et il s'atrophie comme lorsqu'on lie Ie cordon en enlier '.
Ge procédé offre les mêmes inconvénients que Ie precedent; il determine un fort engorgement gangréneux, occasionnó par la presence dans les bourses des testicules mortifies, et les suites n'en sont pas moins ä craindre.
IV. Ligature du canal déférent seül. L'idée de cette operation a été concue en vue de conserver aux animaux leur vigueur et leur énergie, tout en éteignant en eux les désirs de rapprochements sexuels, cause principale des inconvénients offerts par les che-vaux enliers. On s'est basé, pour émetlre cette opinion, sur ce que l'appélit vénérien semble determine, surtout, par la stimula­tion resultant du contact du sperme avee les vésicules séminales; de sorle que, si l'on supprime l'arrivée de ce fluide dans les vési­cules , en liant Ie canal, on délruit chez l'animal toute envie de rapprochement, sans porter atteinte d'ailleurs a l'influence favorable que Ia presence des organes reproducteurs exerce sur l'ensemble de réconomie. Teile est au moins l'idée émise il y a quelques années par un Chirurgien anglais, Taylor 2, lequel, ä l'appui de sa doctrine, cite un fait d'application, suivie de succes, sur un chien.
A supposer qu'il y ait avantage, chose douteuse, quand on con-sidère l'objet veritable de la castration, ä obtenir des animaux offrant tons les caraclères de la masculinilé, sauf l'aplitude ä se reproduire, la methode du docleur Taylor serail, jusqu'a un cer­tain point, acceptable si Ie fait physiologique sur lequel eile repose était vrai. Mais l'expérience a prouvé Ie contraire. Ainsi M. Miquel (loc. cit.), qui a essayé cette ligature sur un bandet, a constaté
' Ce procédé était employé -autrefois lorsqu'on voulait, sans enlever les tes­ticules, priver lanimal de la faculté de reproduire. Le plus souvent, alors, on praliquait ce qu'on nommait le barrage, en liant Tariere en deux points et cou-pant entre les deux ligatures; ou bien on battait l'artère avec un morceau de bois, comme l'indique un ancien auteur (Simon Winter , Traite des Races de chevaux. Nuremberg, 1709).
#9632;2 The Lancet, 18S1.
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que eet animal n'avait rien perdu de son ardeur pour Ie coït. Loin de la, l'impossibilité de la satisfaire complétement ne servait qu'a l'entretenir dans un état d'excitalion bien loin du but qu'on devait se proposer, sans compter que les deux sujels sur lesquels l'expérience fut faite, moururent de la gangrene a la suite d'épan-chement dans l'intérieur des bourses.
Cela doit suffire pour faire considérer la ligature du canal defe­rent, que l'on peut, au reste, pratiquer expérimentalement, soit sur Ie cordon mis ä nu, soit par la methode sous-cutanée, comme une operation hors du domaine de la pratique, et qu'il n'y a lieu en aucune facon de recommander.
$7. — Castration par les Casseaux.
1deg; Definition. Historique. — Sous lesnoms de casseaux, cassots ou billots, on désigne un petit appareil forme de deux pieces de bois s'appliquant Tune contre l'autre et que l'on main-tient réunies ä l'aide d'un lien plus ou moins serre. L'écrasement du cordon testiculaire entre ces deux pieces de bois est ce qui cons-titue la methode de castration par les casseaux.
L'émasculation par les casseaux -est une combinaison évidente des deux moyens de castration les plus anciennement en usage: l'excision et l'écrasement. Cependant l'application de ce procédé ne remonte pas aussi loin que cette origine présumée pourrait Ie faire supposer. Loin de la, il parait être, de tous les moyens usuels de castration, Ie plus récent. Nous remarquerons d'abord qu'il n'en est aueunement question dans les auteurs anciens, et que e'est a tort que H. d'Arboval en attribue l'invention ä Hiéroclès, eet hip-piatre s'étant borné, pour ce qui se rattache ä cette question, ä répéter Absyrte. Même silence dans les auteurs qui ont suivi, jus-qu'au xvme siècle. Le seul document connu, relatif a la castration par les casseaux, antérieur ä cette époque, est un manuscrit date de l'an 1600, dd au capilaine Emilio Asinarii, faisant partie de la bibliothèque du due de Gênes, et découvert tout récemment par M. Ercolani, de Turin, lequel en a fait 1'objet d'un travail que M. Prangó a traduit et publié en francais '. Les casseaux, dans le
laquo; Ree. de Méd. vit., 1836, p. 753.
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98nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLII'ÈDES.
procédé décrit par l'auteur de ce manuscrit, s'appliquent non im-médiatement sur Ie cordon, mais par-dessus les en veloppes, ce qui rapproche beaucoup plus ce procédé de récrasemenl par la férule fendue [ferula fistula), tel qu'il est décrit dans les agronomes latins, que de la castration par les casseaux, comme on la pratique aujourd'hui, el qui, apparemment, vu Ie silence unanime garde ä ce sujet par tous les écrivains antérieurs au xviiie siècle, ne devail pas êlre connue avant celte époque.
Combien de temps fut en usage l'application des casseaux par-dessus les en veloppes? On l'ignore également. Tout ce qu'on peut dire, c'est que cetle methode fut continuée plus d'un siècle encore, car on la (rouve décrite dans Gaspard de Saunier (1734). Quant au procédé actuel, les premiers auteurs qui en fassent mention sont: Garsault d'abord ', et après lui Lafosse -. Cependant on ne saurait aüribuer au premier de ces deux auteurs Ie mérite de celte inno­vation, car, par la maniere donl il s'exprime, on reconnait que l'opération devait ótre déja assez répandue. Lafosse blame l'emploi des casseaux comme dangereux pour la vie des sujels; mais cette opinion défavorable est suspecte de la part de celui qui préconi-sait l'excision simple comme Ie mode de castration Ie plus avanta-geux; dans tous les cas, eile démontre que la castralion par cas­seaux élait encore alors mal appréciée, faule de rexpérimentalion élendue qui a fourni plus tard la preuve de sa complèle innocuité. Quoi qu'il en soit, è partir de ce moment, ia methode se répan-dit vite, se subsliluant de plus en plus a tous les autres moyens de castration , ä mesure que l'expérience permellait d'en conslaler la supériorité et les avanlages, tellement qu'ä la fin du siècle der­nier, eile étail déja, comme de nos jours, la methode opéraloire la plusuniversellementusitée, Ie moyen de castration par excel­lence. En raison du caustique qu'on appliquait sur les casseaux, on l'appelait alors castration par les caustiques, nora sous lequel eile est décrite dans les auteurs de ce temps. On l'appelait aussi billotage, du nom de billots donné primilivement aux casseaux. Jusqu'a une époque relativement rapprochée de nous, on appli-
gt; Xouv. Parfait mareschal. Paris, 1741. 2 Diet, d'hippiatriq. Patis, 1784.
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CASTRATION PAR LES CASSEAÜX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;99
quait les casseaux, exclusivement, sur le cordon testiculaire mis ä nu par une incision comprenant loute l'épaisseur des enveloppes. Depuis on a perfectionné le procédé en imaginant de i'appliquer sur le cordon reconvert de la tunique fibreuse, ce qui constitucle procédé dit ä testicules coüverls, le premier étant Fig. 29. Fig. 30, dénommé, par comparaison, procédé a testicules découverts. Le procédé ä testicules couverts, in-connu au siècle dernier, parait dü aux vétéri-naires de Normandie. Ce sont eux au moins qui las premiers l'ont décrit et en ont fait connaitre les avantages. Aujourd'hui les deux procédés sont connus et adoptés partout.
2deg; Instruments servant ä l'opération. — Les instruments employés pour pratiquer la castration par les casseaux sont.- un bistouri, une double paire de casseaux, une pince spéciale, des ciseaux et de la ficelle.
Le bistouri doit être convexe sur Ie tranchant; le bistouri convexe ordinaire convient parfaite-ment dans ce cas. Cependant quelques vétéri-naires, dans la crainte des accidents que deter­mine parfois la pointe de l'instrument, pendant les mouvements auxquels l'animal peut se livrer, ont adopté l'usage d'un bistouri sans pointe. Tel est le bistouri Cailleux [fig. 29), légèrement courbé sur le tranchant, et terminé carrément ä son ex-trémité comme un rasoir '. Tel est encore le bis­touri Lacoste {ßg. 30) séparé, par une sorte de cran, en deux parties, dont l'une, celle de la base, sert a couper la ficelle, et l'aufre, celle de la pointe, sert a diviser les enveloppes 2, Quelque instrument qu'on eraploie, l'essentiel toujours est de l'avoir propre, bien tranchant, de maniere a faire une plaie siimple, sans déchirure ni éraillement.
quot; Ree. de Méd.vét., 1832, p. 199.
2 Journ. des Vet. du Midi, 1831 , p. 160.
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i|00nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
Les casseaux {fig. 31) sont formés de deux pieces demi-cylin-driques, qui sejoigaent par leur surface plane, et figurent, lors-qu'elles sont réunies, un cylindre droit, long de U a 16 centimetres, et de 25 ä 30 millimetres de diamètre, dimensions qui varient nécessairement suivant la taille de l'animal, ou mieux, suivant
Fig. 31.
ii
l'étendue des parties a comprimer. Les extrémités sont arrondies pour éviter les contacts irritants avec les parlies voisines. A 2 cen­timetres de chaque bout existe une entaille circulaire, profonde d'environ 3 millimetres, et destines a recevoirle lien qui doit unir les casseaux mis en place. Chaque extrémité du casseau porte la moilié de celle entaille, et, ä sa face interne, forme un biseau de 3 centimetres d'étendue, qui dépasse par conséquent l'entaille cir­culaire, et a pour effet, lorsque les casseaux sont serres a un bout par la ficelle, de teuir les deux autres bouts écartés. Cette dispo­sition offreun double avantage, d'abord de rendre plus énergi-que la constriction du premier lien quand on rapproche les deux autres bouts pour comprimer le cordon, et en second lieu de favo-riser l'écartement spontane des casseaux, quand on vent les enle-ver, après la mortification complete du cordon.
La surface interne des casseaux peut être entièrement plane, et certains praticiens emploient ces instruments construits de la sorte. Mais, le plus généralement, ils sont creusés, ä leur partie moyenne, d'une gouttière ou cannelure longitudinale, deslinée ä loger des substances caustiques, par lesquelles on se propose, en ajoutant leur action corrosive ä la compression opérée par les cas­seaux , de determiner une mortification plus prompte et plus com­plete du cordon. Le causlique le plus anciennement en usage ä eet effet est le sublime corrosif retenu sur Vappareil a I'aide d'une ptUe formée avec de la farine. C'est encore la substance que 1'on
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CASTRATION PAR IES CASSEAUX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;101
emploie le plus communément, aujourd'hui, dans cette operation. Le mode d'application varie : tantót on mêle la poudre de sublime avec la päte; tantót on garnit d'abord la cannelure avec de la pète seule et on met la poudre caustique par-dessus; enfin, on pent remplacer le sublime par du sulfate de cuivre, de l'acide arsé-nieux, par de la päte de Canquoin, etc.
Beaucoup de praticiens acluellement, et nous sommes de leur avis, rejetlent l'emploi du caustique, qu'ils considèrent comme au moins inutile, altendu que la compression énergique subie par le cordon amène cat organe ä un degré de mortification tel, qu'il se trouve transformé en un tissu inerte sur lequel le caustique est absolument sans action. Ce corps a d'ailleurs un autre inconve­nient : quand on enlève les casseaux, il en reste toujours une cer-taine quantitéimprégnée ä l'extrémité du cordon, et lorsque celui-ci remonte dans l'anneau, il occasionne, sur les parties qu'il touche, un engorgement qui augmente les cbances d'accidents. Cependant, tout en rejelant l'emploi de substances irritantes, nous croyons utile de conserver la cannelure du casseau, attendu que la com­pression, en s'exercant entre des surfaces moins étendues et en deux points différents du cordon, est, par cela seul, plus complete et plus exacte.
Yu leur mode d'application et l'effort énergique qu'ils doivent supporter, les casseaux doivent être confectionnés avec un bois assez dur et resistant pour qu'ils ne puissent se briser quand on les serre sur le cordon, et assez sec cependant pourne pas fléchir sous la pression, et annuler ainsi toute action compressive. Le chêne, l'orme, le noisetier ou le coudrier coupé l'année avant, le sureau sec sont les bois qui remplissent le mieux ces conditions diverses. Pour fabriquer économiquement des casseaux, on peut prendre un rameau de vieux sureau, présentant les dimensions voulues, le fendre dans son milieu en deux parties égales, enlever l'écorce et la moelle, puis faire l'entaille et le biseau des extré-mités.
Les casseaux prepares, comme il vient d'etre dit, il ne reste plus, pour s'en servir, qu'ä les assembler deux a deux, en les nouant au moyen de deux tours de ficelle places dans l'entaille d'une des extrémités. On ne donne pas toujours exactement aux
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casseaux la forme et la disposition que nous venons de décrire. Ainsi, quelquefois, on ne ménage aucun biseau äleur face interne, ce qui rend a la fois leur application moins facile et leur action moins parfaite. D'autres fois, au lieu de les assembier avec de la ficelle, on eraploie, comme M. Bouillard, dont nous décrirons plus loin Ie procédé avec détail, une virole de fer; ou bien, comme M. Charlier, on réunit par un bout les deux casseaux au moyen d'une vis en fer, faisant office de cbarnière, sur laquelle ils s'ou-vreutet se ferment comme les branches d'un compas; et a l'autre bout, on les unit par une ficelle comme ä l'ordinaire. Mais ces modifications, d'un caraclère tout exceptionnel, ne sont que des complications qui ne prévaudront pas sur 1'appareil simple géné-ralement en usage.
Quelle que soit d'ailleurs l'espèce de casseaux employés, il faut nécessairement en préparer deux paires semblables pour cliaque animal; de plus, on fera toujours bien, pour Ie cas oü les casseaux dont on se sert viendraient a se briser, d'en avoir une ou plusieurs autres paires de rechange.
Quant a la ficelle, il n'est pas indifférent de la bien choisir. Elle doit être d'un diametro uniforme, avec la surface lisse, afin qu'on puisse la serrer facilement, mais non cependant trop glissante, ce qui rendrait Ie premier tour plus aisé a se relächer. La ficelle de fouet un peu forte remplit ces conditions; on en fait trois tours; deux suffisent avec la ficelle dite en Irois. Pour serrer chaque casseau en place, il faut en préparer une longueur de 40 ä 50 cen­timetres. Avant d'en faire usage, on a la coutume de la cirer pour
la rendre plus glissante d'abord
et augmenter
ensuite sou
adherence, quand eile est enroulée. Quelquefois, afin de la serrer plus aisément, on attache a ses extrémilés de petits batonnels; cette precaution est inutile, la ficelle n'ayant pas a exercer de com­pression sur les casseaux, préalablement serres au degré convena-ble, et l'effort devant se bomer a la faire porter exactement elle-même autour de l'appareil. Dans tous les cas, il est bon d'avoir une certaine étendue de cette ficelle de rechange, afin de ne pas être arrêté dans l'opération si eile venait a se casser.
La pince ä castration est destinée a serrer aussi exactement que possible los casseaux mis en place et a faciliter ainsi 1'application
Nu
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de la ficelle. De simples tenailles de forges pourraient, au besoin, servir ä cel usage. Mais cet instrument serail d'un emploi peu commode. On se serlgénéralemenl, el avecbeaucoup piusd'avan-lage, d'uhe pince spéciale {fig. 32), dont les mors, incurves en demi cercle a concavilé inlerne, forment, en se rapprochant, un anneau complet qui embrasse exaclemenl les deux casseaux et les maintient rapprochés avec toule la soliditó desirable. Pour que la compression s'exerce sans obstacle, il convient que l'écarlement
Fis. 32.
Fig. 33.
des mors soit moindre que Ie diamelre du cylindre forme par les deux casseaux réunis. Il est bon, en outre, de ménager au bord interne des mors des dentelures qui entrent dans Ie bois et assu-rent la fixilé de l'instrument.
On donne ä la pïnce ä castration une longueur de 30 a 35 cen­timetres. Plus longue, eile aurait plus de force; mais eile serait moins portative, et cet inconvenient ne serait pas compensé par 1'avanlage inutile d'un surcrolt de force non exigé par le peu d'effort reel que doit exercer eel instrument. Enfin, les mors
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de la pince ne doivent pas présenter une épaisseur de plus de 1 centimetre, et cela, afin qu'ils puissent serrer les casseaux entre Ie bord du cordon comprimé et réchancrure oü l'on place la ficelle, sans gêner l'application de celle-ci.
Outre cette pince, on a imagine, pour remplir Ie même office, un petit appareil, sorte d'étau portatif (fig. 33), ä l'aide duquel l'opérateur peut exercer seul la compression des casseaux saus avoir besoin de recourir a un aide. M. Bouley 1 donne la descrip-Fig. 34.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;tion de ce petit instrument, existant dans les col-
lections de l'école d'Alfort, et dont il ignore l'in-venteur. Il est forme de deux mors concaves, représentant, lorsqu'ils sont rapprochés, une ou­verture elliptique dont Ie plus petit diamètre est moindre que celui du cyljndre des casseaux. Le mors supérieur est fixe, et supporté par deux tiges de fer cylindriques et paralleles, réunies infé-rieurement par une autre tige transversale. Le second mors est mobile, et glisse le long des deux tiges paralleles qui le traversent a ses extrémités; il peut être rapproché ou écarté du premier, a l'aide d'une vis qui se meut dans un écrou soutenu par la traverse qui réunit inférieurement les deux tiges paralleles. Ferme, ce petit étau présente une hauteur de 12 centimetres, sur 6 de largeur, ce qui le rend très-portatif et d'un usage tres-com­mode. Il mériterait, dit M. Bouley, d'etre plus répandu.
Restent les ciseaux {fig. 34), dernier instrument utile pour la pratique de la castration. Comme ils n'ont guère d'autre usage que celui de couper l'excédant de la ficelle employee pour serrer les casseaux, on peut a la rigueur s'ea passer, et se servir du bistouri, si Ton n'a qu'une seule operation ä faire. Mais quand on a plusieurs castrations a pratiquer de suite, il faut éviter de couper la ficelle avec le bistouri qui dolt servir a inciser les enve-
i iVoui-. Diet, etc., 1837, t. III, p. 116.
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loppes, afin de ne pas en émousser Ie tranchant. Alors les ciseaux sont indispensables, a moins que Ton ne fasse usage du bistouri Lacoste dont nous avons parlé plus haut.
3o Manuel de l'operation. — La castration par les cas-seaux peut s'exécuter, ainsi que nous l'avons dit déja, suivant deux procédés: a testicules découverts, procédé ancien, et ä tes-ticules couverts, procédé nouveau, celui-ci différant du premier en ce que, au lieu de saisir, dans les casseaux, Ie cordon testicu-laire seul, on y comprend en même temps la tunique fibro-sé-reuse qui sort d'enveloppe immediate au cordon et au testicule.
I. Procédé a testicules découverts. — L'animal étant abattu sur Ie cóté gauche, si, comme c'est Ie cas Ie plus ordinaire, on se sert de la main droite, ou sur Ie cóté droit, si on opère de la main gauche, les instruments tenus par un aide ou places a la portee de l'opérateur, celui-ci se met k genou vers la croupe de Fanimal, ä l'origine de la queue et procédé k Topération ainsi qu'il suit:
Il commence par saisir Ie testicule. Prenant d'abord Ie gauche, s'il opère de la main droite, et réciproquement, c'est-ä-dire celui qui occupe la position la plus inférieure, afin que, l'opération étant terminée d'un cóté, ni l'écoulement du sang et des autres liquides qui s'échappent de la plaie, ni la presence du casseau déja en place, ne soient une cause de gêne quand on opère sur l'autre testicule.
Pour exécuter ce premier temps, l'opérateur passe les quatre doigts de la main droite en dessous de l'organe et Ie pouce en des­sus , et tire en bas, de maniere ä distendre ä la fois les envelop-pes et Ie cordon, et ä donner supérieurement prise a l'autre main. Quelquefois, par suite du gros volume du testicule ou de l'extrême retraction du cordon, une seule main ne suffit pas pour amener l'organe au fond des bourses. Alors, il faut y mettre les deux mains, une en avant, l'autre en arrière, et, en les rapprochant l'une de l'autre, forcer Ie testicule ä descendre. Si la resistance persiste, on change de position : on se place en face de la region inguinale, et saisissant a poignée la mässe scrotale, on la serre fortement en faisant remonter Ie testicule vers l'anneau inguinal, puis on Ie fait redescendre au fond des bourses qu'on tire de nou­veau a soi. Par ce moyen, on détruit la plus grande partie des
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adhérences de l'organe , et on facilite d'autanl sa prehension. Aussi est-il rare qu'après cetle double manoeuvre, le testicule le plus difficile a saisir d'abord ne se laisse pas prendre sans peine eulre les seuls doigls de la main.
On use parfois d'un autre moyen pour faire cesser la retraction spasmodique du cordon, et faire descendre dans les bourses le testicule remonte vers l'anneau. II consiste a donner de petits coups de verge sur le nez ou les lèvres de Tanimal, et même ä piquer ces parties, qui sont très-sensibles, avec une épingle; la douleur qui en résulte produit sur l'attention de 1'animal un effet de derivation qui livre le cordon testiculaire a son extensibiiité naturelle. Quand ce moyen suffit, il est preferable è la manipula­tion violente plus haut indiquée, et è laquelle il ne faut recourir qu'ä la dernière extrémité; car, par le surcrolt d'innamraation dont eile est suivie, eile ne peut qu'ajouter aux chances fächeuses de l'opération. Un moyen, dans tous les cas preferable, est l'eni-ploi des inhalations d'élher ou de chloroforme, qui, en relAchant instantanément le Systeme musculaire, laissent a l'opération toutes les facilités que peuvent permettre la disposition anatomique des parties.
Quand le testicule descend aisément au fond des bourses, quel-que moyen qu'on ait employé pour obtenirce résultat, on revient è sa position première vers la croupe; et saisissant alors le testi­cule de la main droite, on embrasse le cordon en avant avec la main gauche, que l'on fait remonter le plus haut possible, afin de pouvoir serrer fortement au-dessus de l'épididyrae. On tient ainsi l'organe pressant sur le fond des enveloppes, et, en compriraant, tout en tirant en bas, on amène celles-ci au degré de distention nécessaire pour pouvoir les inciser.
Le testicule maintenu comme nous venons de le dire, et, le plus possible, dans une direction parallele au raphé, c'est-è-dire è la ligne médiane du corps, on procédé ä l'incision des enveloppes. Pour cela, prenant le bistouri de la main droite, on en promène le tranchant, d'avant en arrière, sur la grande convexité du tes­ticule mise en relief, de facon a diviser les bourses dans leur partie la plus inférieure, precaution utile pour favoriser l'écoule-ment subsequent des produits de la suppuration. En un seul coup
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ou en deux coups au plus, loutes les enveloppes : scrotum, dar-tos, tunique fibro-séreuse, doivent êlre inciséeset Ie testicule mis ä nu. L'incision sera parallele au raphé, et d'une étendue qui de-passera un peu celle de la glande, afin qu'ensuite eile ne se ferme pas avec trop de promptitude. On recommande également d'épar-gner le testicule quand on fait agir Ie bistouri, non pas que cela modifie en rien les suites de 1'opération, puisque l'organe doitêtre enlevé, mais pour éviter a l'animal une douleur inutile.
L'incision faite, le testicule paratt immédiatement el s'échappe au dehors. L'opérateur, qui a déposé le bistouri, saisit l'organe de la main droite, saus opérer aucun tiraillemenl, se bornant, si le cordon se rétracte, comme il arrive presque toujours, a le sou-tenir, en cédant même un peu a cetle retraction. Afin de l'annuler d'une maniere complete, et d'exercer en même temps une com­pression plus parfaite, M. Vautherin a conseillé d'inciser trans-versalement le septum postérieur, avec le canal déférentetl'artère petite testiculaire, et de ne compreudre ainsi dans les casseaux que le faisceau antérieur ou vasculaire '. La plupart des operateurs negligent, sans inconvenient, cette precaution.
Les choses en eet état, on procédé a Yapplication des casseaux. Pour cela, tandis que l'opérateur mainlient, avec la main gauche, les enveloppes relevées, et que, avec la main droite, il tire en bas le testicule de maniere a tendre le cordon, un aide prend une paire de casseaux lies par un bout, les tient écartés, et les portant en avant, il embrasse entre eux le cordon, d'avant en arrière. L'opérateur alors, avec la main droite, qui a abandonné le testicule, saisit les casseaux par leurs bouts écartés, les rapproche, puis avec la main gauche il ajuste l'appareil a sa place, s'assure qu'auqune portion des enveloppes n'a élé prise avec le cordon, étale ce dernier organe, afin que sa compression soit plus com­plete , et enfin pousse le casseau en arrière, pour laisser le plus de prise possible ä la pince sur les bouts postérieurs encore fibres. Apres quoi, il rapproche encore, avec les doigts, les deux cas­seaux, le plus qu'ilpeut; et l'aide, alors, les saisissant en dedans de l'entaille circulaire, entre les deux mors de la pince ä castration
' Clinique vétérinaire, 1844, p. 931.
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tenue horizontalement, les serre jusqu'äce qu'ils soienten contact.
A ce moment, la douleur étant tres-vive, Tanimal se livre ä des mouvements plus ou moins violente, que l'aide, qui tient la pince, doit suivre, afin d'éviter tout tiraillement du cordon; il y par-viendra plus söremenl, en ayant la precaution, au lieu de tirer sur les casseaux, de pousser ceux-ci contre la paroi abdominale, de maniere ä maintenir Ie cordon dans un état de relächement propre ä prévenir tout accident. Le plus souvent, surtout lorsque l'opérateur n'est pas sür de son aide, il execute lui-même ce temps de l'opération; puis, quand les casseaux sont suffisam-ment serres, et la douleur éteinte par la compression du cordon, il confie ä l'aide le soin de les assujélir dans cette position, au moyen de deux ou trois tours de ficelle serres dans 1'entaille circu­laire de leur extrémité, et arrêtés au moyen d'un noeud droit. Il n'est pas nécessaire, quand on applique cette ficelle, de la serrer avecune force extreme, ce qui expose a la casser; ilsuffit, les casseaux étant déja au contact par l'action de la pince, de les entourer exactement avec cette ficelle, et de faire un noeud solide. Afin d'opérer une striction plus complete avec les casseaux, il est des operateurs qui, avant de placer eet appareil, trempent dans l'eau le bout par lequel il est lié, ce qui a pour effet de contractor la ficelle, et de determiner, par suite, un rapprochement plus intime des casseaux. Si les casseaux se trouvaienl trop longs pour le cordon, ou si leur coaptation ne paraissait pas süffisante, on pourrait, en dedans du premier lien, en mettre un second qui achèverait de consolider l'appareil.
La position du casseau sur le cordon testiculaire n'est pas indif­férente ä considérer. H. d'Arboval conseillait de le placer le plus haut possible au-dessus de l'épididyme. Cette methode est irralion-nelle, ä cause du gonflement consécutif des enveloppes, qui, tendant ä repousser les casseaux avec d'autant plus d'énergie que ceux-ci sont plus remontes, peut, de la sorte, occasionuer de dangereux tiraillements. D'un autre cóté, il ne faudrait pas que, une fois les casseaux en place, une certaine étendue du cordon se trouvät a découvert au-dessous et en dehors de la gaine vaginale, circon-stance des plus favorables au développement de l'affeclion spéciale du cordon, connue sous le nom de champignon. Entre ces deux
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inconvénients extremes, et pour les éviter 1'un et l'autre, l'opéra-teur devra placer les casseaux immédiatement au-dessus de l'épi-didyme, de teile sorte que, sans être tiralllé, Ie cordon reste néanmoins entièrement couvert par les enveloppes.
A une époque encore peu éloignée de nous, on avait l'habitude de placer les casseaux ä l'origine même du cordon, sous l'épidi-dyme, qu'on laissait ainsi en partie ou en totalité, afin, disait-on, de conserver en partie ä l'animal son caractère male, sa vigueur primitive. On a complétement abandonné cette coutume, dont Ie résultat Ie plus sür était d'exposer Ie sujet k des vegetations plus ou moins graves sur l'excédant du cordon pendant hors des bourses. De nos jours, on applique exclusivement les casseaux au-dessus de l'épididyme.
Une precaution essentielle ä observer, quand on fait usage de casseaux garnis de caustique, est de ne pas laisser toraber de cette substance sur les parties autres que celles qui doivent être compri-mées ou retranchées. Pour cela, avant d'appliquer les casseaux, on commence par les essuyer de maniere ä enlever toute la poudre escharotique qui se trouve en exces au-delä des bords de la rainure moyenne; puis, en les placant, on a Ie soin de les poser de suite ä l'endroit oü ils doivent rester, en évitant surtout de les faire remonter en haut du cordon, oü ils pourraient déposer une partie du caustique. Enfin, quand ils sont définilivement fixes, avec un linge ou unpeu d'étoupes, on enlève toutes les parcelles de la sub­stance caustique qui pourraient être tombées dans l'intérieur ou au pourtour de la plaie.
Les casseaux appliques ainsi que nous l'avons dit, on achève l'opération en amputant le testicule devenu libre au-dessous de l'épididyme, lequel est laissó en place, afin d'empêcher le glisse-ment de l'appareil compresseur. Quelquefois on laisse le testicule lui-même, et il reste jusqu'ä sa mortification complete; mais il est preferable de l'amputer avant de faire relever l'animal , cela évitant au cordon le tiraillement cause par le poids d'un corps inutile.
L'animal étant relevé, les deux casseaux en place prenant la direction du cordon, détermlnée par celledu trajet inguinal, figu-rent un V, dont l'ouverture est en avant et embrasse les cótés du
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fourreau. De plus, les deux casseaux, quand ils ont été bien places, se trouvent un peu obliques en bas et en arrière, de teile sorte que leur extrémité postérieure, plus descendue que l'autre, ne frotte pas a la face interne des cuisses pendant la marche.
II. Procédé a testicüles couterts. — Ce procédé, nous l'avons dit déja, diffère du precedent en ce qu'au Heu de diviser la tolalité des enveloppes, on limite 1'incision aux deux premières tuniques, Ie scrotum et Ie darlos, laissant intacte la tunique érythroïde sur laquelle on place les casseaux.
Pour cette operation, l'animal est abattu, Ie testicule saisi et refoulé au fond des enveloppes comme lorsqu'on veut chätrer è tes­ticüles découverts. L'incision est faite dans Ie même point, dirigée dans Ie même sens, mais avec plus d'attenlion, afin de ne pas aller plus loin qu'il ne faut. A eet effet, tenant solidement Ie bis-touri de la main droite, on en promène Ie Iranchant, avec lége-reté, sur la convexité du testicule, de maniere è n'intéresser que Ie scrotum; repassant ensuite Ie bislouri dans Ie même trajet, on complete, si alle ne l'a pas été d'abord, la division du darlos, et celle du tissu lamineux sous-jacent qui l'unit a la tunique éry­throïde; aussilót aprèsles deux lèvres de la plaie s'écartent, d'au-tant plus que l'animal est plus jeune. Mais la separation ne s'opère pas encore entre Ie dartos et la tunique fibreuse, qu'unit assez inlimement, surtout vers la parlie postérieure du testicule, la couche celluleuse interposée. Pour commencer a détruire leur adherence, on repousse en bas Ie testicule, avec les doigts de la main gauche, en mème temps qu'on délruit avec Ie tranchant du. bistouri, légèrement promené sur la convexité du testicule, les dernières couches celluleuses qui retiennent la tunique dartoïque. Cette dissection sera faite avec plus de soin vers la queue de l'épididyme oü l'adhérence est plus intime, et continuera jusqu'a ce que les lèvres de la plaie scrotale cessent de s'écarter.
L'opérateur alors, quittant Ie bistouri, se sert de ses doigts pour achever de détruire les adhérences existant entre Ie dartos et Ia tunique fibreuse. A eet effet, il passe l'index en dessous du testi­cule , Ie pouce en dessus, et en faisant agir ces deux doigts, il parvient, assez aisément, ä faire remonter vers l'anneau Ie dartos
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détaché. II Irouve plus de resistance a la parlie postérieure; pour la vaincre, il saisit Ie testicule de la main droite, remonte les enveloppes contre le cordon avec la main gauche, et pendant qu'il les retient dans cette position, avec l'indicateur de la main droite, il traverse, en arrière du cordon, au niveau de la queue de Tépididyme, les couches cellulo-fibreuses condensées en ce point, el les decfiire par une forte traction, qui a pour résultat de dégager complétement l'organe couvert de sa tunique fibreuse. S'il éprouvait trop de resistance pour effectuer ce temps de l'ope-ration, ainsi qu'il arrive chez les aniraaux avances en Age, mieux vaudrait alors faire usage du bistouri droit, que l'on plongerait, le tranchant en arrière, a travers ces couches, lesquelles ensuite seraient divisées transversalement el d'un seul coup.
Reste a placer lescasseaux. Pour cela, on met le cordon ä décou-vert jusqu'ä 5 ou 6 centimetres au-dessus de Tépididyme, en évi-tant de dépouiller au-dela la tunique érythroïde qui le recouvre; el pendant que l'on tient les enveloppes ä cette hauteur, on pro-cede ä l'application du casseau comme lorsqu'on chälre a testicules découverts. Seulemenl l'opération offre plus de difficulté è cause du plus grand volume du cordon.
L'application des casseaux terminée sur les deux testicules, on fait relever 1'animal sans amputer les organes, comme on le fait dans l'antre procédé. Il est ulile d'agir de la sorte, car la com­pression, s'exercant sur une masse plus considerable, peut ètre ainsi moins parfaite, el qu'il est bon, en laissant le testicule, de prévenir, d'une maniere certaine, la chute du casseau; cela d'ailleurs est alors sans inconvenient, vu que, la tunique fibreuse supporlant l'organe, on n'a pas a craindre les tiraillemenls que la masse testiculaire, par son poids, pourrait exercer sur le cordon.
Telles soril les différenles manoeuvres opéraloires de la castration par casseaux, ainsi qu'elle doil être praliquée chez les animaux qui présenlent une conformation normale. Mais, quelquefois, le cordon est si court et le testicule si petit qu'il est impossible de procéder comme nous venons de l'indiquer. laquo; En ce cas, dit M. H. Bouley, ü faut renoncer a saisir l'organe avant l'incision des premières enveloppes. L'opérateur doit recourir h l'assislance d'un aide pour remplacer sa main droite, dans le premier temps opératoire, et
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tendre la peau, au fond de l'aine, sur Ie testicule rétracté, afin de donner a l'incision du scrotum la direction et la netteté voulues; ou bien encore, de concert avec son aide, il fait ä la peau un pli transversal au raphé, et il l'entame de son sommet vers sa base. Les enveloppes une fois incisées, l'aide maintient leurs lèvres ten-dues , en exefcant une traction, avec ses deux mains, sur leurs commissures, et l'opérateur continue la dissection jusqu'a ce qu'il soit arrive aux demières couches celluleuses sus-jacentes ä la tuni-que fibreuse {Nouv. Diet, cité, p. 121). raquo;
Arrive la, restek saisir le testicule, couvert de son enveloppe, si Ton vent opérer ä testicules converts; mais, rimpossibilité d'ap-pliquer ce procédé fait que, le plus souvent, alors, 11 y a nécessité d'inciser la tunique érythroïde et d'opérer ä testicules découverts.
4deg; Enlèvement des casseanx. — Lorsque les casseaux sont restés appliques assez longtemps pour determiner la mortifi­cation du cordon et, par suite, l'arrêt du sang dans les vaisseaux testiculaires, il y a nécessité de les enlever afin que puisse s'accom-plir sans obstacle le travail de la cicatrisation. Dans le principe, on s'épargnait celte precaution; Topération faite, on laissait les casseaux en place jusqu'ä ce qu'ils tombassent d'eux-mêmes, ce qui avait lieu au bout de dix, quinze, vingl jours et quelquefois davantage, suivantla saison, les chaleurs Mtant leur chute. G'est ainsi que recommandent d'opérer Gasp, de Saunier et Garsault. De nos jours, cette coutume est suivie encore par quelques prati-ciens. On ne peut que condamner une teile maniere de procéder, qui n'a que des inconvénients saus offrir aucun avantage en com­pensation.
Ainsi, dès le moment ou 'Js ont produit tout leur effet; oü les artères, suffisamment oblitérées par les caillots qu'elles renfer-ment, ne laissent plus craindre le retour de l'hémorrhagie; dès le moment, enfin, oü ils ne sont plus utiles, les casseaux ne sont plus autre chose que des corps étrangers, et tout au moins nuisi-bles par l'irritation qu'ils entretiennent dans la plaie. D'un autre cöté, en donnant prise aux dents de l'animal, aux crins de la queue, ils laissent, jusqu'au moment oü ils sont tombes, le sujet exposé ä des tiraillements plus ou moins graves du cordon. De plus, comme ils dépassent les bords de la plaie, ils font obstacle
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a I'engorgement scrotal, parfois assez considerable, qui survient ä la suite de ropération, et cela peut amener, comme Ie remarque M. H. Bouley {Nouv. Diet., Ill, p. 165), des tiraillement doulou­reux de la partie supérieure du cordon, par Ie fait de l'effort que produit sur Ie casseau la masse scrotale distendue par l'oedème, effort qui peut êlre assez considerable pour determiner la rupture même du cordon et donner lieu ainsi a des hémorrhagies redoula-bles. Oubien, si le cordon cede, il s'allonge, et quand I'engorge­ment a cessé, il resteune portion de ce cordon è découvert, hors des enveloppes, qui peut devenir le siege d'une vegetation et d'une induration, plus ou moins prononcées. Quand les casseaux sont laissés en permanence jusqu'a leur chute spontanée, ils ont d'autres désavantages encore. Ainsi, ils peuvenl produire des ex­coriations sur les parties qui les environnent, sur le fourreau, ä la face interne des cuisses, etc. Ou bien, s'ils sont de petite dimension, ils entrent dans les plaies, en partie ou en totalité, d'oü résulte la formation de foyers purulents , de fistules, qui ne disparaissent que lorsque les casseaux ont été extraits comme pourraient l'être des corps étrangers accidentellement introduits.
Ces motifs réunis paraltront plus que suffisants pour faire rejeter, comme irrationnelie, la pratique consistant a laisser les casseaux en place jusqu'ä ce qu'ils tombent d'eux-mêmes, et pour faire admettre, en principe, qu'il convient de les enlever des que leur presence cesse rigoureusement d'etre utile. Ce moment est fixé, par la généralité des praticiens, et avec raison, du Iroisième au quatrième jour. Alors la mortification du cordon est complete, Ie cours du sang suspendu, et l'hémorrhagie n'est plus a redouiter. Quand on a opéré a testicules découverts, la compression du cordon ayant été plus immediate, l'effet est plus prompt, et la mortification achevée en quarante-huit heures. Mais il n'y a pas d'inconvénient ä attendre un jour de plus, au cas oü rartkie ne serait pas encore parfaitement oblilérée. Quand l'opération a été faite a testicules converts, vu la plus grande épaisseur du cordon, 11 est prudent de n'enlever les casseaux qu'au bout de quatre jours accomplis. On est sür alors d'éviter tous les accidents pouvant être la consequence d'une mortification incomplete de eet organe.
D'un autre cóté, il serait imprudent, comme le faisaient autre-
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fois certains praliciens qui, n'envisageant dans l'application des casseaux que l'effet des causliques, et supposant que raclion de ces substances était parfaite au bout de vingt-quatre heures, en-levaient les casseaux apres ce temps ecouló; comme Ie praliquent encore quelques vétérinaires, se faisant une idéé exagérée des inconvenient pouvant résulter de la presence des casseaux; il serait imprudent, disons-nous, d'enlever ceux-ci avant les délais fixes, car ce serait s'exposer sans motif reel au retour presque certain de l'hémorrhagie.
Le moment de faire lomber les casseaux étant fixe, on procédé a cetle pctile operation sur l'animal deboul, mainlenu avec un lord-nez, el le pied postérieur droit, ou un pied anlérieur, tenu leve par un aide, moyen d'assujélion bien süffisant, dans l'élat d'abaltement ou se trouve alors ie sujet. On se munil d'une feuille de sauge et d'une paire de ciseaux , et se placanl en arrière du membre postérieur gauche, on appuie la main gauche sur la base de la queue; ainsi place, avec les ciseaux, on commence par couper tout ce qui dépasse au-dessous des casseaux: soit le leslicule enlier, devenu alors noir el racorni, soit l'epididyme seulement, suivant le procédé opératoire suivi, de maniere qu'après la chute des casseaux, les cordons, en se rélractanl, n'en trainen l, dans la plaio, que le moins possible de lissu mortifié.
Apres cela, saisissanl la feuille de sauge, el appuyantle pouce sur le bout postérieur des casseaux, afin d'y prendre un point d'appui, on coupe en travers, au niveau de la ligne de reunion des deux casseaux, le lien qui les maintient rapprochés ä cette extrcmilé. lis s'écartenl alors, si le lien anlérieur a éló assez serre pour faire reveair sur eux-mêmes les deux biseaux du plan interne; ou bien, ce qui arrive plus communément, ils restent adherents ä la couche de malière organique qui les sépare; il suffit en ce cas, pour les désunir, d'inlroduire ä plat la lame de la feuille de sauge entre les deux casseaux, et de la faire pi voter sur elle-mème; de la sorte, on écarté assez les deux casseaux pour détruire toule adherence entre eux et le cordon, et ils tombenl d'eux-mêmes, ou bien n'exigent plus, pour se detacher, qu'un Irès-léger effort.
Lorsqueles casseaux sont tombes, reste, èrextrémitó du cordon.
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une lame de tissu parcheminée, brunètre, mesurant en hauteur le diametre du casseau, et qui n'est autre chose qua I'eschare pro-duile par l'action compressive de rinstrument. Il est inutile de chercher ä exciser cetle eschare, ce qui exposerait ä couper trop pres du vif et a produire ainsi une hémorrhagie; tandis qu'en la laissant entière, eile assure la parfaite obliteration de Tariere; de plus, eile contribue ä tenir béante l'ouverlure de la plaio et a favo-riser ainsi récoulement de la suppuration. Dès que les casseaux sont enlevés, eile disparait dans la plaie, oü eile est entrainée par la rélraclilité du cordon, puis se délache peu a peu et finit par être chassée au dehors par l'inDammation éliminalrice.
3a Operation par Ie procédé Bouillard. — M. Bouil-lard, vétérinaire ä Pont-de-Vaux (Ain), est l'auteur de modifica­tions nombreuses a la methode ordinaire de castration par cas­seaux. Ces modifications portent sur tous les temps de l'opération, sur la nature des instruments, sur la maniere de fixer l'animal, sur la position de l'opórateur et sur le manuel opératoirc. Nous allons indiquer succinctement la maniere d'opérer de M. Bouillard, sans nous arrêter a signaler les differences exislant entre sa me­thode el 1'ancienne, differences qui ressorliront d'elles-mêmes de cette description.
a. Instruments servant ä Voperation. — Dans le principe, les casseaux employés par M. Bouillard ne différaient pas sensi-blement des casseaux ordinaires. Leur construction était la même, seulement Tune des extrémités se trouvait évidée a partir de l'en-taille, de maniere ä pouvoir y adapter une virole enfer-blanc, rempla9ant la ficelle, pour fermer le casseau.
Fig. 33.
Depuis lors, M. Bouillard a change la forme de ces instruments. Actuellement, il se sert de casseaux en chêne (fig, 33), longs de
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45 ä 18 centimetres, formes de deux branches plates, se joignant sur champ, épaisses chacune de 10 ä 14 millimetres et larges de 20 ä 25. Les faces qui se joignent sont amincies, par un double biseau, en lame de couteau, de maniere a n'avoir pas plus de 5 a 6 millimetres de largeur, et sont creusées d'une gouttière longitu­dinale. Les deux bouts qui doivent êlre réunis, sont fixes I'un a l'autre au moyen d'un anneau en fort fil de fer recuit qui passe dans un trou existant sur chacune des branches, et dont les bouts réunis sont tordus ensemble. A l'autre extrémité, l'une des bran­ches porte un trou semblable dans lequel passe une ficelle solide, longue de 50 a 60 centimetres, avec un nceud ä chaque bout pour l'empêcher de glisser, soit dans Ie trou oü eile est maintenue, soit dans les doigts,et que Ton none sur une échancrure correspon­dente que porte l'autre branche. Un évidement ménage tout-a-fait a l'extrémité des branches sert ä rapplicalion des pinces. Enfin, des biseaux, tailles au bout et en dedans de chaque branche, faci-Fig. 36.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;litent, d'un cóté, leur écartement, et de l'autre,
Ie passage de la lame du bistouri quand onveut plus lard couper la ficelle.
Au moment de s'en servir, M. Bouillard mouille ses casseaux, et place un peu de su­blime corrosif dans les rainures, puis essuie exaclement, avec un peu d'éloupes, loules les faces oü il peul ölre tombe du caustique. Ces casseaux, dit l'auteur, en comprimant Ie cordon sur une moindre épaisseur, onl l'avantage de moins faire souffrir les animaux, d'etre plus commodes ä placer que les autres. Ils peuvent servir plusieurs fois; mais a chaque applica­tion , il faut s'assurer que les branches se joi­gnent bien. Leur prix ne doit pas s'élever au-dessus de 50 centimes la paire.
La pince a castration de M. Bouillard {ßg. 36), longue seulement de 20 centimetres, est tres-légere. Les mors, ressemblant ä ceux des tricoises, serrent les casseaux en les prenant par Ie bout; a eet effet, une petite échan­crure , semi-lunaire et dentelée, est pratiquée a chaque mors. A
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l'autre extrémité, se trouve une crémaillere pareille a celle des morailles, et ä l'aide de laquelle la pince se tient toute seule serrée sur les casseaux pendant que l'opérateur noue la ficelle autour de ceux-ci. On confeclionne ces pinces en acier non Irempé, moins lourd et plus raide que le fer.
L'operation peut fttre pratiquée ä l'aide d'un bistouri convexe ordinaire. M. Bouillard trouve plus commode Temploi d'une Zamc de rasotrprivee de son manche, lequel pourrait gêner l'action de la main; en outre, cet instrument, sans pointe, a I'avantage de n'exposer a blessen ni l'opérateur ni I'animal.
b. Fixation de I'animal; manuel de l'operation. — C'est par le mode de fixation du sujet, avons-nous dit dejä, que le procédé de M. Bouillard se distingue plus spécialement du mode de cas­tration généralement en usage. Ce vétérinaire opère sur I'animal debout. Il ne fait exception que pour les poulains agés de quelques semaines, plus faciles que les animaux adulles a maintenir sans danger dans la position couchée. Les sujets plus Ages reslent de-bout, siraplement attaches, ou bien sont tenus a la main par un licol ou une bride. On met en outre un tord-nez, et l'aide chargé de le tenir se place du m6me cóté que ropérateur, contraignant I'animal, au moyen du tord-noz, a tourner la tête comme pour voir celui-ci. M. Bouillard recommande, d'ailleurs, de n'entraver aucun des membres pendant l'operation, ce qui porterait I'ani­mal h se laisser tomber. Il suffit, quand il est trop indocile, outre l'applicalion du tord-nez , de lui mettre une capote et de lever un pied antérieur.
L'opérateur peut indifféremment se placer a droite ou ä gauche.-il commence par appuyer une main sur la croupe pour prévenir I'animal; aprèsquoi, avec l'autre main, il embrasseles testicules, s'assure ainsi qu'ils sont bien descendus, que les cordons sont sains, que rien enfin ne contre-indique l'operation.
Lorsque I'animal est tranquille, l'opérateur, avec la main gau­che , saisit un des testicules, ordinairement celui du cóté oppose, en touchant le moins possible les parties environnantes, tire l'or-gane en bas pour tendre la peau des bourses, puis, serrant le cordon entre le pouce et l'index, et faisant saillir Ie testicule a la partie inférieure des enveloppes, avec la lame de rasoir tenue
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dans la main droile, il incise ces membranes d'un seul coup, dans Ie sens longitudinal. Durant cetle operation, de quelque cótéqu'on se place, il faut, pour agir commodément, erabrasser Ie raerabre postérieur que l'on a contra soi, passant une main par derrière, entre les cuisses, l'autre par devant la rotule, et l'on incise alors: davant en arrière, si l'on se tient a gauche, et d'arrière en avant, si l'on se place ä droite. Mais cette position est difficile a prendre quand Vanimal est de forte taille; on se place, en cecas, en avant, et presque sous Ie ventre, oü l'on peut aisément, sans trop se Laisser, saisir les testicules et faire l'opéralion.
M. Bouillard opère généralement è testicules découveris, de sorte que l'incision praliquée, Ie teslicule se trouve aussitót ä nu. Parfois, cependant, il ne descend pas immédiatement: il faut alors Ie tirer légèrement, détourner l'attention de l'animal en Ie frappant, en Ie poussant et Ie lirant pour Ie faire tourner ou lui faire écarter les jambes. Le teslicule descendu , on place Ie cas-seau au-dessus de Tépididyme, en ayant soin, pendant qu'on le serre, de tenir tendue la partie anléricure du cordon, afin qu'elle ne puisse remonter au-dessus du casseau et échapper ainsi ä raclion compressive de l'instrument. Avant delier le casseau, on s'assure encore qu'il est place horizonlalement et qu'il ne~pince pas la peau. La ligature faite, on retranche le testicule en laissant l'épididyme, comme dans le procédé ordinaire; on peut mftme laisser l'organe en lotalilé s'il est d'un petit volume.
Quand l'opéralion est faile d'un cóté, on opère de l'autre sans changer deposition, ou bien on passe soi-même de l'autre cóté de l'animal, oü l'aide a déja eu le soin de se placer, et on agit comme précédemment. Si, après que les casseaux sont appliques, on voit s'écouler un peu de sang par les artérioles des enveloppes teslicu-laires, on mainlient, au-dessus des casseaux, une petite masse d'étoupe imbibée d'eau fratche, et Thémorrhagie cesse.
M. Bouillard ne laisse les casseaux en place qu'un jour ou deux, et les enlève comme les autres casseaux, en excisant d'abord, avec des ciseaux courbes, lout ce qui est au-dessous, puis en coupant la ficelle qui les tient réunis. Les soins conséculifs, les precau­tions a prendre en cas d'accidents, ne different pas de ce que l'on fait dans la methode ordinaire.
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ÉCRASBMENT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 419
En résumé, suivant M. Bouillard, ce mode opératoire, sans offrir plus de danger pour l'opérateur , évite k l'animal une position qui l'expose ä beaucoup d'accidents; outre l'avantage qu'il lui a reconnu, dans quelques circonstances, oü s'est mani-feslée accidentellement la hernie inguinale, de rendre la reduc­tion de cette hernie plus facile que par les moyens ordinaires. Nous Ie répélons cependant, malgró ces affirmations, corroborées par une longue experience pratique, il nous paralt douleux que Ie procédé de M. Bouillard soit jamais adoplé par la généralilé des praticiens. Pour oser opérer la castration de la sorte, il faut plus que de la force et de l'adresse; il faut un instinct inné de resolution que les operateurs ne possèdent qu'exceplionnelle-ment, alorsque lous peuvent aisément acquérir Ie degré d'habileté nécessaire pour faire l'opéralion sur l'animal abattu.
$ 8. — Castration par Ecrasement.
iquot; Definition. Historique. Vécrasement des testicules et du cordon testiculaire, encore appelé froissement, meurlrissure, collision, contusion, histournage, est un procédé d'émasculation spécialement caractérisé en ce qu'il se pratique sans incision des enveloppes, et qui semble avoir été imagine en vue de conserver aux aniraaux uneparüe de leur énergie, tout en éleignant en eux la facullé génératrice.
L'écrasement, concurremment avec l'incision simple, est Tun des premiers modes de castration dont on ait fait usage. Son emploi remonte aux temps les plus reculcs de l'antiquilé. Ainsi, déja, il se trouve mentionné dans les Ecritures *. Hippocrate Ie décrit comme Ie procédé spécialement mis en pratique, sur les jeunes enfants, pour oblenir l'espèce d'eunuques connus sous les noms de thlibiw ou de thlasice 2. Arislole, de son cótc, nous apprend que ce mode opératoire convenait parliculièrcment aux jeunes animaux 3; et les auteurs latins, qui repetent Aristote, d'après Magon, parlcnt
' Levitiq., cap. XXII, v. 21, 25.
i Hippocrate, Tr. de la generation, III.
3 Aristote, fitst, detamnt., III, i.
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de l'application de cette methode dans les mêmes circonstances, en ajoutant qu'elle était principalement employee sur les veaux '.
L'écrasement a aussi, dans l'antiquité, été mis en pratique sur les chevaux, et cela depuis une époque qu'on ne saurait préciser, mais qui doit êlre fort reculée. Absyrte, au ive siècle, rapporte que c'est par ce moyen que les Sarmates opéraient la castration de leurs poulains 2. Plus tard, Laurent Rusé, qui écrivait vers Ie commencement du xive siècle, rappelle que c'élait Ie procédé usité chez les Maures et les autres peuples orientaux se servant de chevaux hongres, et il donne même une description assez détaillée du manuel de l'opération. Depuis lors, la methode n'a pas cessé d'etre en usage en Orient, et de nos jours encore, eile est suivie par les Arabes du Désert, qui 1'appliquent parliculière-ment sur les jeunes chevaux. Elle est également usitée dans l'Inde, oü il serait possible qu'elle eüt pris naissance.
En Europe, la castration par écrasement s'est perpétuée long-temps, et a été appliquée sur la plupart des espèces doraestiques: sur les veaux, les agneaux, les chiens, les porcs, et, enfin, sur les poulains. Elle a été recommandée, chez Ie cheval, par les auteurs de l'ancienne Maison rustique (1565), comme preferable k l'ampulation des testicules, en ce qu'elle offre moins de danger et laisse ä l'animalplus de vigueur. Ce motif, passé en principe, a suffi pour maintenir encore, pendant plusieurs siècles, la castration par écrasement en faveur dans diverses contrées de l'Europe, notam-ment en Italië, en France et en Allemagne. Aussi la trouve-t-on encore mentionnée dans quelques auteurs de la fin du siècle dernier, qui continuent a lui attribuer l'avanlage spécial de conserver aux animaux opérés de cette maniere, une plus grande vivacité, les rapprochant des chevaux entiers, d'oü Ie nom de castrati allegro, donné en Italië aux chevaux qui avaient subi cette operation 3. En Allemagne, on désignait l'animal opéré par écrasement, sous Ie nom de klopthengst, cheval froissé 4; en France, on l'appelait
i Cou.'MELi.K , VI, 26; Palladiüs, VI, 7.
ï Medicin. veterin., XXII, 98. (Edit, de Jean Rcel. Paris, 1330.)
3 Brdgnoke, Trattado dellejazze di Cavalli. Turm, i7Si.
raquo; Habtsiann), Traite des Baros. Paris, 1788.
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ËCRASEMENT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;121
quelquefois cheval bistourné, bien que cette qualification, comme nous Ie verrons plus loin, rappelle une operation qui differe en quelques points de l'écrasement proprement dit.
Aujourd'hui la methode par écrasement est généralement abandonnée, au moins en Europe. Les auteurs qui en parlent, F. de Feugré, Vatel, H. d'Arboval, etc., se bornent ä quelques brèves indications, puisées aux sources que nous venons de men-tionner, sans rien ajouter ä ce qu'on trouve dans les anciens auteurs, touchant Ie manual de l'opération, et d'apres cela proscrivent ce procédé comme douloureux et barbare; juge-ment rigoureux qui a erapêché l'écrasement d'etre l'objet d'aucun essai mélhodique de la part des vétérinaires, et l'a classé, pour ainsi dire, en dehors de la veritable chirurgie. Une teile appre­ciation serait fondée s'il s'agissait, ce qui n'a jamais eu lieu, de l'applicalion de ce mode opératoire sur l'animal adulte; mais, eile ne saurait être acceptée pour ce qui regarde l'opération sur les jeunes sujets, chez lesquels Ie froissement ou l'écrasement du tes-ticule, convenablement pratique, pourrait, aujourd'hui comme autrefois, être employé avee avantage, et constituer un moyen d'émasculation non moins ralionnel que Ie martelage ou Ie bistour-nage, qui, au surplus, ne sont autre chose eux-mêmes que des modifications du procédé primitif par écrasement, en vue de son application chez l'animal adulte1.
2deg; Manuel de l'opération. — L'écrasement, qui se pratique sans incision préalable des bourses, consiste a comprimer entre deux corps résistants, ou ä froisser plus ou moins énergiquement a vee la main, soit Ie teslicule, soit le cordon testiculaire. De lä deux procédés principaux dans l'exécution de cette methode de castration : l'écrasement total et l'écrasement du cordon seul.
I. Écrasement total. — Ce mode d'écrasement est le plus anciennement en usage. Cast celui de la Bible, d'Aristote et des
' Les auteurs francais qui ent parlé de l'écrasement ont tous cité un récit de Levaillant, relalif ä une coutume d'un peuple d'Afrique , les Gonaquois, lesquels, suivant Ie célèbre voyageur, écrasent entre deux pierres plates les testicules de leursanimaux, de maniere qu'avec le temps ces organes acquièrent un volume prodigieux, et deviennent un mets très-délical. On ne volt guère ce que cette. coutume a de commun avec la castration proprement dite.
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auteurs latins; c'est égalementle procédé des Orientaux, tel que, de nos jours, ils l'appliquent encore. Il a été décrit, pour la pre­mière fois, par Hippocrale, qui Ie cite, nousl'avons dit, comme un des moyens employés pour faire des eunuques.
laquo; L'enfaut, dit Hippocrale, étant place dans un bain, on lui froisse peu a peu les testicuies entre les doigts, pendant Ie temps nécessaire pour en meurtrir la substance et en détruire l'organisa-tion. Ou bien \'on iord Ie cordon spermatique, jusqu'au point d'intercepter Ie cours des liquides destines ä la nutrition des parlies; et Ie teslicule ne tarde pas ä se durcir et ä se transformer en squirrhe [De genit., 111). raquo;
Il est aisé de voir, dans cette description, la première trace de ce que, plus tard, en l'appliquant aux aniraaux, on a appelé Ie bistournage. 11 est probable, en outre, que Ie procédé décrit par Ie grand médecin grec devait servir pour les veaux et les agneaux comme pour les enfants; mais on ne saurait affirmer s'il était également en usage sur les solipèdes. On peut seulement présumer que c'était Ie procédé suivi par les anciens Sarmates, les seuls connus dans l'antiquité comme praliquant sur leurs chevaux la castration par écraseraent, ce mode opératoire offrant la plus grande ressemblance avec celui des anciens Orientaux, tel que Ie fait connailre Laurent Rusé, au xivc siècle, lequel procédé, enfin, est lui-même ä peu pres idenlique ä celui actuellement suivi par les Arabes du Désert. Voici la methode décrile par L. Rusé:
laquo; L'animal étant abatlu, les pieds lies, on Ie met sur Ie dos; puis, on prend une tabletle de bois bien unie, arrondie et polie de tous cólés, et aussi large qu'il faut pour y étendre les enveloppes lesti-culaires. On perce celte planche a chaque extrémilé, de maniere a ce qu'il y ait une palrae (environ 25 centimetres) d'une ouver­ture ä l'autre. On prend ensuite une forte corde de chanvre ou de erin qu'on passe dans les trous de la tabletle, et Ton a un bèlon rond, de la grosseur d'une lance, également percé, ä chaque extrémilé, d'un trou oü passe la corde, de maniere que Ie bóton vienne se fixer conlre la planche. Après avoir convenablement élalé, entre les mains, la masse des enveloppes testiculaires, on les fait passer entre la tabletle et Ie béton, que l'on serre l'un contre l'autre, aussi forlement que l'on peut, avec la corde. Cela fait,
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ÉC1USEMENT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 423
avec un maillet en bois, on frappe tout doucement sur Ie baton, de maniere ä rompre, en totalité ou en partie, lesnerfs (Iecordon) du testicule. Après l'opéralion, les testicules se dessèchent, se réduisent ä rien, tandis que les bourses restent entières. raquo;
Quant au procédé acluel des Arabes, il consiste a saisir, entre un morceau de bois et une corde, la parlle supérieure des bourses, ä écraser Ie cordon, ainsi retenu, ä pelits coups de maillet, pen­dant qu'un aide achève de meurtrir les lesticules, en les massant entre les doigts.
L'analogie est évidente entre les deux modes opératoires; ils ne different essentiellement que sur un seul point: Ie massage des testicules entre les doigts, dont ne parle pas Laurent Rusé. Mais, si Ton considère que Ie froissemént de la substance testiculaire était habituellement pratique dans l'antiquité, comme en témoigne Hip-pocrate; que les Arabes aujourd'hui encore suivent cette coutume qu'ils doivent tenir, ainsi que toutes leurs autres pratiques médi-cales, d'une ancienne tradition, il y a lieu d'admettre que Ie silence garde sur ce point, par l'auteurdu xive siècle, n'est qu'une simple omission. D'oü nous pouvons conclure que Ie procédé de castration par écrasement du cordon el froissemént du testicule entre les doigts, a été de tout temps et est encore Ie mode parli-culièreraent employé chez les Orientaux pour les jeunes cbevaux, la castration par Ie feu étant réservée, chez ces peuples, ainsi qu'on l'a yu précédemment, aux animaux d'un Age plus avance.
Un autre mode d'écrasement total a été indiqué par les auteurs de la Maison ruslique du xvie siècle, comme étant surtout en usage sur les poulains d'un an; il consiste a comprimer les testi­cules entre les mors plats d'une tenaille, jusqu'a complete mortifi­cation de ces organes. Brugnone, a son tour, parle de ce mode opératoire, en ajoutant que l'on peut rem placer la paire de tenailles par tout autre instrument semblable. Ces indications nous autori-sent a penser que ce fut la Ie moyen mis en usage, pour opérer les poulains par écrasement, dans les localités de l'Europe oü l'on recourait a ce mode de castration. Aujourd'hui il n'est plus guère en usage que dans quelques parties de l'Italie, dans les campagnes du Piémont, notamment. Néanmoins, chez les sujets trop jeunes pour être bistournés, et en prenant quelques precautions, il y
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il'
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aurait peut-être possibilité de l'utiliser avec avantage, lesinconvé-nients qu'on lui reproche étant pour Ie moins imaginaires.
II. Ecrasement du cordon sell. — L'ecrasement du cordon seul n'est autre chose que Ie martelage, particulierement en usage sur Fespèce bovine, mais que Ie pen de longueur des bourses et des cordons rend, sinon impossible, au moins tres-difficilement execu­table chez les solipèdes, ce qui nous dispense d'en décrire ici Ie manuel opératoire.
Un autre moded'écrasement du cordon, spécialement usité chez Ie cheval, est Ie procédé suivi dans l'Inde, et qu'a fait connattre, il y a quelques années, M. Tapp, officier de l'armée anglaise1. On couche l'animal sur Ie dos; puis ayant ramene Ie testiculc dans Ie fond des bourses, un aide applique une ficelle qu'il serre par un noeud coulant, aulour des bourses, afin d'empêcher Ie testicule de descendre vers l'anneau inguinal. Un autre aide, avec ses mains, enduites d'une pommade falle de beurre et de curcuma, serre fortement Ie cordon testiculaire pendant environ vingt minules. Les cordons se ramollissent sous cetle pression, que l'on prolonge en appliquant, sur les enveloppes, une sorte de casseau en bambou qui est serre fortement, et qui reste en place jusqu'ä ce que l'animal, ayant été relevé et conduit ä sa place, ait urine une première fois. Alors on enlève Ie casseau, et de celte com­pression résulte une tumefaction considerable, sur laquelle on se borne ä faire des affusions d'eau fraiche. Peu après commence, dans les testicules mortifies, un travail de résorption qui se ter-mine par une atropine complete.
11 n'est pas a notre connaissance que ce mode de castration ait jamais été usité en Europe.
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sect; 9. — Castration par Bistournage.
traquo; Definition. Historique. — Souslenom de bis tour nag e, on désigne un mode de castration consistant ä tordre, sans le déchirer, le cordon testiculaire, jusqu'au degré nécessaire pour amener 1'oblitéralion complete des vaisseaux spermatiques, et,
i The Veterinarian, 1834.
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BISTOURNAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;125
par suite, l'atrophie de la glande séminale. Ce procédé diffère de la torsion déja décrite, en ce qu'on l'exécute sans inciser les bourses, et en laissant, par conséquent, les parties ä la place occupée par elles, après que Ie cordon a été tordu. C'est, en un mot, une veritable torsion sous-cutanée.
A ne consuller que les auteurs qui ont écrit sur la castration desanimaux, il serait difficile de determiner l'origine reelle du bistournage. Mals, si l'onconsidèrequeceüe operation n'estqu'une modification du procédé par écrasement, un perfectionnement qui a eu pour résultat essentiel de rendre celui-ci applicable aux animaux qui ont passé Ie premier äge, on est aulorisé ä admettre que la pratique du bistournage a dA suivre de prés l'usage du procédé par écrasement, c'est-a-dire qu'elle remonte ä l'origine même de la castration. Gelte opinion se trouve, en partie, con­firmee par Ie texte d'Hippocrate, cité plus haut, concernantla cas­tration des enfants, et dans lequel il est dit que la torsion s'em-ployail, simultanément avec l'écraseraent du cordon, pour anéantir la vie dans Ie testicule. Or, la chirurgie des animaux, chez les anciens, étant généralement calquée sur celle de l'homme, rien ne s'oppose a ce que l'on considère la torsion sous-cutanée du cordon chez les animaux comme déja en usage en ces temps reculés.
Toulefois, il n'est possible de rien affirmer ä eet égard, Ie bis­tournage ne se Irouvant mentionné dans aucundes auteurs anciens, grecs ou latins. C'est dans VHippintrique, de Laurent Rusé, au xive siècle, qu'il en est pour la première fois question; et, encore, n'est-il possible de tirer, du texte bref et assez vague de eet auteur, que de bien faibles éclaircissements, relativement a l'his-toire du bistournage. L. Rusé se borne ä dire, en effet, que la castration par Ie fer étant dangereuse, mieux vaut tordre, comme on Ie fait aux boeufs; mais que cela ne se peut faire qu'aux pou-lains, les chevaux ayant les nerfs (les cordons) trop forts et trop durs, ce qui, dit l'auteur que nous citons, exposerait a rompre Ie cuir avant les cordons, et pourrait meltre la vie de l'animal en danger.
11 résulte de ce texte que l'opération dont il s'agit avait com­mence a être mise en pratique, a une époque a peu prés ignorée.
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sur les animaux de l'espèce bovine, et que lui, L. Rusé, a dö être un des premiers ä la conseiller pour l'espèce chevaline, en faisant d'ailleurs observer qu'elle n'est possible que sur Ie poulain. 11 en résulle aussi que l'opéralion praliquée ä cette époque n'est pas pré-cisément idenlique au bistournage, tel que nous Ie connaissons, car, alors, contrairement a ce qui se fait aujourd'hui, on compre-nait les enveloppes tesliculaires dans Ie mouvement de torsion imprimé au cordon.
Ce n'est done que plus tard que Ie veritable bistournage fut connu, mais sans qu'on puisse assignor aucune date precise h sa découverte, les renseignem en ts nécessaires, pour cela, faisant totaleraent défaut dans les auteurs anlérieurs ä noire époque. Jean Liébault, de l'ancienne Maison rustique ( 1565), Olivier de Serres (1600), font déja, il est vrai, allusion ä ce mode opéra-toire, lorsqu'ils conseillent la torsion du cordon, de preference ä l'amputation des testicules, pour conserver aux animaux une cer-laine vigueur; mais la description qu'ils donnent de l'opéralion est trop incomplete pour qu'on en puisse rien conclure sur la nature exacte du procédé donl ils veulent parier.
Le mot de bistournage même n'élait alors pas encore connu. On ne le Irouve, au raoins, dans aucun auteur antérieur au xvme siècle; et ceux des écrivains de ce temps qui remploient, Iels que ; Delcampe, Lafosse, Hartmann, etc., se bornent ä le définir en ces termes : operation consislant ä saisir et ä lordre violemment, par deux fois, les testicules sur eux-mêmes, sans ouvrir le scrotum, jusqu'ä anéanlir la vie dans les testicules.
Cette operation, ajoule Lafosse, n'est plus pratiquée que par de vrais ignorants; reste ä se demand er si l'auteur du Dictionnaire d'Hippialrique entendait parier de la torsion en masse indiquée par L. Rusé, ou du bistournage, rationnellement pratique, seul en usage aujourd'hui: question d'autant plus difficile ä résoudre, que l'opération, par suite de la difference exislant dans la disposition anatomique des organes, ne se fait pas de même chez les rumi­nants et chez les solipèdes.
Quoi qu'il en soit, il reste au moins acquis, de ce qui precede, que le bistournage, en general, jusqu'ä une époque relativeraent très-rapprochée de nous, n'avait été ni véritablement connu,
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ni scieatifiquement décrit. Le bistournage des solipëdes, en par­ticulier, bien qu'encore fort en usage dans les départements du centreet du sud-ouest de la France, ainsi qu'en Provence, oü on le réserve presque exclusivetnent aux chevaux de la Camargue, a trouvé peu de faveur auprès des hommes de science. Aussi 1'opé-ration, n'étant pas enseignée dans les Ecoles ni dans les livres, a-t-elle été négligée et repoussée par la généralilé des vélérinaires, qui la considèrent comme une pratique barbare et grossière, et est-elle restée exclusivement aux mains des empiriques et des chälreurs de profession *.
Toutefois, il faut dire que l'opinion, sur ce point, depuis quel-ques années, tend sensiblement ä se modifier. I'lusieurs vétéri-naires éclairés, bravant le prejugé, n'ont pas craint de le com-ballre, en cherchant ä atténuer les preventions qui pèsent encore sur le bistournage des solipèdes. Un des premiers, M. Miquel, de Béziers 2, a tenté de réhabililer cetle operation qu'il considère comme la methode de castration sous-culanée par excellence, ajoutant que l'empirique qui l'exécute fait sans s'en doufer une des plus difficiles et des plus savanles operations de la chirurgie moderne; et il cite a ce propos Topinion de Bernard, l'ancien di­recteur de l'école de Toulouse, qui n'hésitait pas k voir dans le bistournage une pratique tout-a-fait rationnelle.
A peu pres ä la même époque , M. Géraud, alors vétérinaire ä Clérans (Dordogne), dans un mémoire, dont l'analyse seule a été publiée 3, vint, a son tour, préconiser le bistournage qu'il présente
gt; Dans le sud-ouest, les chitreurs de profession, en assez grand nombre, sont presque tous béarnais. Quelques uns sont sédenlaircs et se bornent a opérer, dans un rayon plus ou raoins élendu, les animaux de la region qu'ils babitent. Les autres sont nomades; ils ont leur habitation au pays natal, arrivent au printemps dans la localité qu'ils ont coulutne d'exploiler, courent les foires , les villages, porlanl une ceinlure rouge qui les fait partout reconnattrc; puis, la saison terminée, ils s'en retournent. Le bistournage du cheval appartient spécialement è ces chätreurs béarnais. On considère mime l'opération, dans le pays , comme le privilege de quelques families, qui s'en transmettent Ie manuel, de generation en generation, et dont quelques-unes pretendent le posséder depuis plusieurs siècles.
3 Journ. des Vét. du Midi, 1846, p. 16.
3 Arm. de la Soc. Yét. de Liboume, 1846.
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USnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;m LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
comme bien supérieur aux procédés par division des tissus. Puis il donne de l'opéralion une description s'appliquant si exactement au bistournage du taureau, qu'il est permis de soupconner que M. Géraud, au moment oü il écrivait, n'avait pas vu encore bis-tourner de soli pede. Aussi, lorsque plus tard on a invoqué ce travail comme un témoignage en faveur du bistournage, l'a-t-on fait, croyons-nous, sans l'avoir lu; et M. Goux, d'Agen, qui peu après, dans son mémoire couronné par la Société centrale de Médecine vétérinaire, fit connailre incidemment, et pour la pre­mière fois, Ie procédé suivi par les chätreurs, est-il plus dans Ie vrai lorsqu'il dit que M. Géraud, sans doute, devait avoir fait laquo; de la chirurgie du cheval sous la peau du taureau. raquo;
La question en élait la lorsque M. Delorme, vétérinaire ä Aries, dans une série de lettres écrites a différents journaux ', el provo-quées par la publication de divers travaux relatifs ä l'histoire de la castration, a essayé de nouveau d'appeler l'attention des vété-rinaires sur Ie bistournage, en Ie présentant comme laquo; un moyen d'éraasculalion preferable a tous les procédés connus, raquo; et a sou-tenu, ä ce sujet, avec M. Ercolani, de Turin, répondant par la même voie 2, une polémique qui a fourni, au vétérinaire d'Arles, l'occasion de développer, en faveur de cette operation, tousles arguments propres ä la faire apprécier d'une maniere favorable. M. Prange, traducteur de M. Ercolani, est intervenu dans Ie debat, en donnant, d'après M. Marc Clamour, d'Arles, une des­cription du procédé suivi dans la Camargue, qui ne parait pas différer essentiellement de celui que Ton suit dans les départe-ments du sud-ouesls. M. Pinaud, vétérinaire ä Carcassonne, s'est joint ä M. Delorme pour approuver l'opération, qui se pratique, dit-il, avec beaucoup de succes dans tout Ie Midi, par les chä-treurs de profession i. Plus récemment encore, la cause du bis­tournage des solipèdes a été plaidée, avec une grande chaleur
i Journ. de Méd. vét. de Lyon, 1833. p. 402; Ree. de Méd. vét., 1836, p. 929; Ibid., 1837, p. 124 et 201. #9632;2 Ree. de Méd. vét., 1837, p. 129. 3 Ibid., 1837, p. 200. i Ibid., 1839, p. 6laquo;5.
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BISTOÜRNAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 129
d'expressions, par MM. Reboul pere et fils, vétérinaires a Coursan (Aude), qui out traite la question, le premier, dans un mémoire adressé ä la Société impériale et centrale de Médecine vétérinaire, et qui a été l'objet d'un rapport lu, par M. Sanson, dans Ia séance du la janvier 1860 '; le second, dans deux lettres adressées au rédacteur du Journal des Vétérinaires du Midi 2, en vue spécia-lement, l'un et l'autre, de recommander le procédé d'un chätreur, M. Turon Soubervie, dit Lamarche, auquel ces deux honorables vétérinaires, mus par un zèle plus loaable, peut-être, que fondé, paraissent tenir a faire une reputation.
Ces opinions concordantes-, émises par plusieurs praticiens également recommandables, devront, ce nous semble, modifier dans un sens favorable le préjugé régnant relatif au bistournage des solipèdes, et permettre ä celle operation de prendre désor-mais sa place dans la chirurgie rationnelle. Sans doute, les diffi-cultés pratiques qu'offre son execution lui donnent un caractère exceptionnel, qui pour longtemps encore peut-être sera un obsta­cle a sa vulgarisation parmi les vétérinaires qui peuvent arriver au mêrae résultatpar des moyens d'une bien plus facile execution. Mais cela ne saurait être, pour eux, une raison d'ignorer ou de paraltre ignorer plus longtemps une pratique populaire, après tout, dans le Midi, ou eile donne de bons résultats, et qu'un peu d'habitude les mettrait bien vite en état d'exécuter aussi bien que les chätreurs eux-mêmes.
Guidé par ces motifs, nous avons cru devoir faire une étude nouvelle de cette operation. Nous nous sommes adressé, a cel effet, ä plusieurs des plus habiles operateurs du pays, qui nous en ont donné la demonstration complete, et nous ont ainsi permis de reconnaitre que tous opèrent exactement de la même maniere, prennent les mêmes precautions; raison süffisante pour admeUre la complete analogie du procédé que nous avons vu pratiquer, avec celui mis en usage dans les autres regions du Midi ou nous n'avonspu le constater personnellement, et dont les meilleures descriptions jusqu'ä ce jour publiées, n'avaient donné encore
i Ree. de Méd. vét., 1860 (Buil. de Ia Soc), p. 227. ï Joum. des Vét. du Midi, 1860. p. 61 et 180.
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qu'une idéé incomplete. Nous ne faisons pas exception pour Ie pro­cédé Lamarche, préconisé par MM. Reboul, lequel, ainsi qu'il sera plus loin aisé de s'en convaincre, malgré Ie témoignage contraire de ces deux vétérinaires, ne differe en rien du procédé suivi par les autres chätreurs méridionaux.
2deg; Age convenable. Soins préliminaires. — C'est vers l'fige de deux a quatre ans que Ton pratique habituellement Ie bistournage des chevaux. On coraprend qu'il serait difficile d'opérer avant eet age, les leslicules alors n'étant pas assez deve-loppés pour que les doigts puissent aisément les saisir; et plus tard, les tissus offrant, a l'opérateur, une resistance quelquefois insurmontable.
L'animal ä bistourner n'exige pas de soins préalables, ni aucune preparation générale ou locale, sinon la diète quelques heures avant l'opération. On se bornera done, Ie moment venu, ä l'assu-jélir convenablement. Pour celte operation, on Ie fixe habituelle­ment couché et maintenu sur Ie dos.
A eet effet, on commence par abattre Ie sujet ä la maniere ordi­naire avec les entraves et la plate-longe. A défaut d'entraves, les chfttreurs du Midi font usage du procédé suivant que l'on pour-rait appliquer en d'autres circonslances. Ayant une longue corde ou deux lacs, de 3 ou 4 metres de long chacun, ils les réunis-sent bout k bout, et les rapprochant ensuite l'un de l'autre, ils ferment, avec l'extrémité oü ils sont réunis, un nceud coulant double (fig. 37), en 8 de chiffre, dans chacun des anneaux duquel est passé un paturon antérieur. Les bouts libres des deux cordes
Fijr. 37.
sont dirigés en arrière et vont
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embrasser chacun, de dehors en dedans, l'un des paturons posté­rieurs. Ils sont ramenés ensuite entre les membres antérieurs, et
confiés ä un aide qui se place en avant, pres de celui qui tient la tête et du cöté oppose au lit. Get aide, en tirant les cordes a lui, rapproche les membres pos­térieurs des membres antérieurs, et préparé ainsi la chute de l'ani­mal , qui est déterminée par l'action combinée de l'aide qui tient la tête, d'un autre tenant la queue, et d'un troisième qui tire
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BISTOUKNAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;131
sur une plate-longe enlourant Ie corps, comme dans la methode ordinaire.
Lorsque Ie sujet est de haute taille et d'une certaine force, au lieu d'embrasser avec les cordes mêmes les paturons postérieurs, il est plus sür d'y placer préalablement deux entravons, dans les anneaux desquels on fait passer les cordes. Nous avons vu procéder de Tune et de l'autre maniere, qui sont indifféremment adoptées par les chatreurs. Quel que soit, au surplus, Ie mode suivi, dès que l'animal est ä terre, on assujétit les pieds, en tirant d'abord forlement en avant les cordes qui retiennent les paturons posté­rieurs, puis, après avoir enroulées celles-ci plusieurs fois autour des paturons et des canons, en les nouant d'une maniere solide sur les canons.
L'animal ensuite est mis sur Ie dos, la croupe un peu plus haut que Ie garrot; on facilite son maintien dans cette position en creu-sant Ie lit de paille sur lequel il se trouve couché. Puis, afin d'an-nuler la forte tension musculaire des membres qui pourrait gêner l'opóralion, on les amène en élat de flexion, les quatre pieds rap-prochés du ventre, au moyen d'une troisiëme corde ou d'une plate-longe, qui passe sur Ie dos et dont les deux extrémilés sont fixéos aux pieds. Pour poser cette corde, on fait d'abord, ä l'une de ses extrémités, une anse que l'on fixe a Fun des pieds posté­rieurs relenus en fair; puis on passe l'autre bout sous Ie dos, on ramene la corde vers l'autre pied postérieur que l'on embrasse avec ce memo bout, et en tirant fortement, on oblige les quatre pieds réunis ä se rapprocher du ventre. Cela fait, la corde est nouée d'une maniere solide, et les quatre membres restent ainsi fléchis. Avant de fixer cette corde, il est toujours bon d'interposer un linge épais, un sac plié en plusieurs doubles, un coussin quelcon-que, entre eile et la peau, cela afin d'éviter que celle-ci ne soit entamée par les frottemenls de la corde.
Quand les membres sont ainsi assujétis, deux aides se placent dechaque cóté du sujet, pres des cuisses et Ie soutiennent dans la position qu'on lui a donnée, en même temps qu'ils tirent en avant les membres postérieurs de facon ä dégager Ie plus possible la region inguinale. Enfin, un autre aide, chargé de la têle, tient celle-ci relevée, Ie nez tourné en l'air et non trop fléchie sur l'en-
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UK LA CASTRATION C11EZ LES SOLIPEDES.
colure, de maniere a laisser a 1'animäl loute facilite pour respirer.
3deg; Manuel de l'opération. — Jusqu'ä présent, la pres-que totalité des auteurs, y compris MM. Reboul, qui ont écrit sur 1c bistournage, l'ont considéré eomme n'étant autre chose que la torsion du cordon testiculaire seul, dans l'intérieur de la gaine séreuse, après rupture du septum postérieur et de la bride fibreuse qui unit la queue de l'épididyme a la face interne et postérieure de la tunique. érytbroïde.
Il n'en est rien. Chcz Ie cheval, comme chez Ie boeuf et Ie mou-ton, en pratiquant Ie bistournage, on lord, tout ä la fois, Ie cordon, la tunique érythroïde et Ie crèmaster uni a cette dernière. L'opé­ration consiste done, en réalitó, a séparer cette tunique du dartos qui la recouvre, en détruisant les adhérences qui unissent ces deux membranes, vers Ie fond des bourses principalement; puis ;i faire exécuter au cordon deux, trois ou un plus grand nombre de tours sur lui-même, jusqu'ä ce qu'il offre une durelé süffisante, indiquant que la torsion a atteint Ie degré voulu.
Cette operation, fort simple en soi, n'en est pas moins d'une grande difficulté pratique en raison de l'effort considerable, chez certains sujets surtout, que nécessite la destruction des adhérences sous-dartoïques. Elle exige on consequence une série de precautions qui en rendent Ie manuel assez compliqué, et dont aucune pour-tant ne doit ètre omise, si l'on veut opérer avec chance de succes. La manoeuvre comprend quatre temps principaux, que nous allons étudier successivement, savoir:
L'assouplisseraent des bourses;
La rupture des adhérences entre Ie dartos et la tunique éry­throïde ;
La torsion du cordon;
L'application de la ligature.
Ier Tejips. Assouplissement préalable des bourses. — Le sujet étant fixé, comme nous venons de le dire, l'opérateur se place k genoux, pres de la queue, et commence l'opération. Il jelte habi-tuellement sur les bourses un verre de vinaigre, quelquefois un simple verre d'eau froide, ce qui est surtout utile chez les ani-maux agés, chez les änes, dont le scrotum présente une cerlaine rigidité. Chez les animaux jeunes, ce som est inutile, d'aulanl
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BiSTOURNAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;133
que, chez la plupart, l'opération elle-même ne tarde pas ii pro-voquer une abondante transpiration qui suffit amplement ä l'as-souplissement de la peau scrotale.
Cela fait, il saisit a pleines mains la masse scrotale ä son origine, et faisant glisser les testicules entre les doigts, il les amene au fond des bourses, tout en tirant sur les cordons; puis, aban-donnant les organes, il saisit de la main gauche les enveloppes vides, Ie plus pres possible de l'abdomen, de maniere a en laisser Ie fond libre au-dessus de la main; alors, appliquant la main droite h plat sur cette portion des enveloppes, par un mouvement circu­laire et rapide, il la malaxe vigoureusement, la froisse, comme dans l'action de savonner.
De la sorte, on produit un double effet. D'abord on distend, on élargit les bourses tout en commencant a rompre quelques adhe-rences; puis on dépouille la peau scrotale de la matière grasse qui la recouvre; cette peau est alors moins glissante et se prête mieux aux manipulations qui doivent suivre.
2deg; Temps. Rupture des adhêrences entre Ie dartos et la tunique érythroïde. — Ce temps de l'opération est Ie plus difficile a exécuter; il exige une manipulation spéciale, celle qui précisé-ment constitue Ie secret des bistourneurs, et que l'on ne peut bien faire sans une grande habitude et beaucoup de force. La manoeu­vre consislc, en résumé, ii pénétrer, avee Ie poucc, entre la tu­nique érythroïde et Ie dartos, par une déchirure pratiquée a cette dernière membrane, en pressant forleraeut sur ellc a travers Ie scrotum ; puis, une fois Ie pouce introduit de la sorte, ä achever, avec ce möme doigt, la separation des deux membranes, a peu pres comme on Ie fait quand on chätre a testicules converts.
Pour cela, l'opératenr commence par faire saillir les testicules au fond des bourses, en pressant des deux mains sur les cordons. Puis il tire les enveloppes seules en rcfoulant les testicules. Ayanl ainsi achevé d'assouplir Ie scrotum, avec les deux mains, il Ie pince vers son fond et de chaque cöté, cl 1'élend en arrière de maniere ä l'étaler horizontalement sur Ie pérince. Gelte disposition du scrotum est nécessaire pour en bien reconnaitre la parlie mé-diane, d'ou il faut toujours parlir pour assurer l'action du poucc.
Les choses en eet état, si l'on commence par Ie testicule gauche.
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qui est a droite de l'opérateur, — cas Ie plus ordinaire, — on applique l'extrémité du pouce de la main droite, vers Ie bord extreme du repli des bourses, l'ongle contre Ie raphé. La main est teute ouverte, étendue, placée de champ, dans Ie plan median, Ie petit doigt en dessus. On porie aussitót, en avant, Ie pouce plongé dans Ie scrotum, en glissant sur la verge, et en poussant les bourses devant soi, puis sur Ie cólé, jusqu'a ce que celles-ci, ne pouvant plus s'étendre du cóté du ventre, fassent resistance.
Le pouce se trouve alors arrive au bord antérieur du cordon. En repliant la main, on saisit ä la fois eet organe et le testicule que l'on maintient fixes; puis on presse fortement, avec l'extrémité du pouce, au niveau du bord supérieur, alors inférieur, de l'épi-didyme. Cette pression, ainsi exécutée, s'exerce extérieuremenl ä la tunique érylhroïde, entre cette tunique et la face interne du scrotum, et par conséquent eile ne porte que sur la lame dartoïque sous-jacente au scrotum. On la continue jusqu'a ce que l'absence de toute resistance entre les deux faces internes de la cavité scrotale doublée sur elle-même indique que cette lame, également doublée par le pli des bourses, est déchiréc, transpercée par cette pres­sion du doigt.
Tel est, dans toute sa simplicité théorique, ce fameux coup de jjowce que les chätreurs empiriques pretendent aujourd'hui, sou­vent avec raison, savoir seuls exécuter. Il n'offre pas do difficulté sérieusecbez le cheval, quand Vanimal est jeune, car le dartos alors ne résisle que faiblement a l'effort du pouce. Mais sur l'anc et le mulet, comme sur le cheval figé, la resistance est quelquefois excessive, au point que ce n'est qu'en déployant la plus grande force que l'opérateur peut déchirer ce qu'il nomme le häliment, c'esl-ä-dire le dartos. Pour y parvenir, il est, dans certains cas, oblige de prendre un point d'appui, avec un de ses pieds, contre un corps resistant quelconque, afin de pouvoir peser de toute la force de son corps sur la lame doublée du dartos. Quand un pre­mier effort n'a pas suffi, l'opérateur recommence, et toujours dans ce cas, il procédé comme en premier lieu, c'est-a-dire étale d'abord le scrotum en arrière, replace le pouce a son point primitif d'ap-plication, marqué par l'empreinte de l'ongle, et le dirige en avant.
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ainsi qu'il a été dit, de facon h ne comprendre jamais sous Ie doigt que la couche dartoïque propre au testicule sur lequel il opere.
Lorsqu'ils ne peuvent, avec Ie pouce seul, rompre Ie bütiment, certains operateurs font usage d'un petit béton de la grosseur du doigt, avec rextrémité duquel ils pressent sur les bourses. Mais par ce moyen, on est exposé a déchirer les parties plus qu'il n'est nécessaire, et ä donner lieu ainsi ä des accidents. Il exige, pour être mis en pratique sans danger, une main exercée, et les pra-ticiens habiles s'en passent toujours. L'emploi du bätonnet doit done être rejeté.
Le dartos une fois transpercé, comme il vient d'etre dit, vers Ie bord antérieur du cordon, l'opérateur sent sur sou pouce une bride résistanle, qui n'est autre chose que la lame dartoïque séparée de la tunique érythroïde. Pour terminer le 2e temps de ['operation, il ne s'agit plus que de détruire cette bride, en pro-longeant de bas en haut, — de haut en bas, si l'animal était dans sa position naturelle,—la déchirure déja faite avec le pouce. Pour cela, ce même doigt étant introduit dans la déchirure, soutient, avec l'ongle, la bride dont il a été parlé, pendant que l'autre main, par sa face palmaire, pressant sur la face antérieure du scrotum, fait contre-appui au pouce, lequel alors se relevant avec force, prolonge de bas en haut la déchirure du dartos, et met ainsi ä nu, dans sa plus grande étendue, la tunique fibreuse. On recommence la manceuvre une seconde, une troisième fois, s'il est nécessaire, et jusqu'a ce qu'on ne sente plus aucune bride en avant du cordon. Avec le mêrae doigt, on achève la dilacération du dartos dans tous les points oü il reste quelque adherence, et quand on u'en reconnait plus aucune, ce temps de l'opéralion est terminé.
Le testicule alors se trouve en parfaite liberté dans le scrotum; il ne suit plus cette enveloppe quand on la tire en haut; ou bien si on l'a soulevé en même temps, il retombe aussitót des qu'on cesse dele soutenir. En eet état, il est aisé d'agir sur le cordon, qu'aucune adherence ne retient plus dans une position fixe, et de pratiquer la torsion, objet essentiel de l'opération '.
i C'est dans l'exécution de cc 2= temps de l'opéralion que le procédé Lamarche. suivant MM. Reboul, se distingue essentiellement des autres procédés et leur est
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3e Temps. Torsion du cordon. — Cette torsion, généralemenl facile a executer, se fait sans basculer préalablement le testicule,
k incontestablement supérieur. raquo; Alia que Ton puisse comparer, et apprécier a son exacte valeur cette prétendue supériorité, nous allons transcrire ici la des­cription de cette partie de l'opération, pratiquée suivant la methode Lamarebe, teile que la donne M. Reboul père, lui-même, dans son Mémoire, plus haut cité, cnvoyé a la Société impériale et centrale de Médecine vétérinaire:
laquo; Prenant, dit M. Reboul, — l'assouplissement des bourses étant achevé, — le testicule gauche dans la main droite élendue, on promène 1c pouce d'arrière en avant, et en suivant le bord supérieur de l'épididyme, afin de s'assurer de la posi­tion du canal deferent. Celle-ci une fois bien reconnue, l'opérateur devra placer l'extrémité du doigt précilé (le pouce^ un peu en arrière de eet Organe, et pousser alors avec force, obliquemcnt en avant et de dedans en debors, dans la direction de l'aine, comme s'il s'agissait de percer les premières enveloppes testiculaires et de pénétrer dans l'intérieur des bourses. Après quelques efforts bien soutcnus, le pouce, qui, tout d'abord, avait rencontre une assez forte resistance, ne tarde pas a se frayer un passage, ou pour mieux dire a rompre d'une maniere plus ou moins brusque 1c tissu des deux tuniques érythroïde et vaginale. La décbirure se pro-duit ordinairement a l'cndroit oü l'expansion des fibres charnues du crémaster ol'fre le moins de resistance.
(c II nc reste plus, peur completer cettc première partie de l'opération, qu'a séparer du bord supérieur et particulièrement de la queue de l'épididyme, la portion repliéc de la tunique séreuse dite septum postérieur de la tunique vaginale. Peur cela faire, et tout en maintenant le pouce dans l'ouverture susindiquée, on doit laisser échappcr la glande, sur laqucllc il convient de n'excrccr jamais que de bien faibles et bien légères pressions. La position de la main étant ensuitc subite-rnent renversée, on pratique, d'une maniere continue cl d'avant en arrière, une traction plus ou moins forte, suivant les cas, et l'on agrandit ainsi facilement la voic déja tracée dans l'intérieur des membranes précitées. Un petit bruit sec, res-semblant assez au léger craquement d'une étoffe qu'on déchire, annonce dans lous les cas quele but est alteint (.Ree. de Méd. vét., 1860, p. 234). raquo;
Tel est le procédé Lamarche. Point n'est bcsoin d'une attention très-grande pour reconnaitre, dans cette description, une manipulation absolument identique ä celle que nous avons, de notre cuté, observéc et décrite. Toute la difference porte sur la designation des parties déchirées par l'action du pouce, parties que M. Reboul, persistant dans une erreuraujourd'huidémontrée, croit encore être constituéespar les tuniques érythroïde et séreuse, bien que, ainsi que nousle verrons plus loin, il n'y a et nc peut y avoir d'atteint, en cette circonstance, que l'enveloppe dartoïque.
Ce point rectifié, nous ne nnus occupcrons pas davantage du procédé Lamar­che, que rien ne distingue, pas plus dans les autres temps de l'opération que dans celui-ci, du procédé suivi par la généralité des operateurs du Midi.
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comme cela a lieu dans Ie bistournage des ruminants, et en con-servant ä l'organe sa position naturelle a l'extrémité du cordon. L'opération consiste done simplement a tourner plusieurs fois Ie cordon sur lui-même, jusqu'ä ce qu'on Ie sente, sous Ie doigt, suffisamment tendu et resistant. Voici comment on y procédé:
Avec la main droite, — supposant toujours qu'il s'agisse du testicule gauche, — dont Ie pouce est engage comme au début de l'opération, on va saisir Ie cordon, puis on rabat la main en dehors des bourses, de facon a laisser Ie testicule en saillie au-dessus du pouce et de l'index. Alors, avec l'autremain, onprend Ie testicule, et appuyant Ie pouce de cette main centre l'extrémité postérieure de l'organe, on la pousse en dehors et en avant, pour lui faire commencer un tour que l'on achève en faisant manoeuvrer a la fois tous les doigts de la main; alors l'extrémité antérieure se porie en dedans et en arrière, et l'on continue jusqu'ä ce qu'il y ait un demi-tour accompli. On poursuit la manoeuvre, a laquelle concourt la idain droite en empêchant Ie cordon de se détordre, jusqu'ä ce que l'extrémité antérieure soit revenue en avant, ce qui fait un tour complet. On recommence ainsi plusieurs fois, ne s'ar-rêtant que lorsque Ie cordon a atteint Ie degré voulu de rigidité. Chez certains animaux, deux tours suffisent; mais chez ceux dont Ie cordon est long, ou qui out les tissus relachés, il en faut trois, quatre, et parfois même davantage.
Dans la Camargue, suivant la description donnée par M. Prangé et celle donnée par M. Delorme, Ie manuel, suivi pour la torsion du cordon, parait différer en quelques points de celui que nous venons de faire connaitre. L'opérateur, embrassant et soutenant Ie cordon de la main gauche, saisit avec la main droite Ie testicule couvert de ses enveloppes, et lui fait exécuter de gauche ä droite un mouvement de torsion, aussi étendu que Ie permet la resis­tance du scrotum. La main gauche, retenant Ie cordon tordu, on lache Ie testicule pour laisser Ie scrotum revenir ä sa position pre­mière, puis on fait une nouvelle torsion, continuant ainsi, en empêchant toujours, avec la main gauche, Ie cordon de se détordre, jusqu'ä ce qu'on ait fait deux ou trois tours complets. La torsion étant jugée süffisante, pendant qu'on serre Ie testicule dans la main droite, on presse fortement, avec Ie pouce de la main gau-
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ehe, sur Ie cordon tordu qui, devenu plus friable par Ie fait de I'opération, se rompt en plusieurs points, en faisant entendre Ie bruit d'un tissu qui se déchire. Quand Ie cordon n'offre plus de resistance, on lache Ie testicule, et par Ie seul fait de la retrac­tion de ce qui reste du cordon, il vient immédiatement s'appliquer centre l'anneau inguinal.
L'opération terminée, Ie testicule ne se maintient pas dans une position absolument fixe. Generalement, il reprend sa position normale, l'extremité anlérieure en avant; quelquefois, cette extrémité reste en arrière. Dans tousles cas, Ie cordon, rétracté paria torsion, se retire, et Ie testicule se tient, par suite, fixé centre l'anneau.
Sur Ie second testicule, l'opération se fait de la même maniere, mais en sens inverse et en changeant de main.
4e Tejips. Application de la ligature. — La torsion terminée, on a coulume, pour maintenir en place les testicules remontes centre l'abdomen et empêcher les cordons de se délordre, d'appli-quer au-dessous des organes, et sur les enveloppes, une ligature qu'on laisse en place pendantun certain temps. Quelques operateurs se servent pour cela d'un gros fil plié en quatre ou huit doubles, suivant sa force; d'autres emploient une ficelle ordinaire; d'au-tres, enfin, preferent de la filasso demi-tordue, de maniere ä avoir un lien moins dur, moins coupant. On Ie double sur lui-même pour qu'il ait plus de force, et on lui donne une longueur d'environ 2 metres.
Pour placer cette ligature, on commence par tendre les bourses en les tirant ä soi, et après s'être assure que les testicules sont bien appliqués contre les anneaux inguinaux, avec la main gau­che, on saisit Ie scrotum a poignée, Ie plus pres possible de l'ab­domen ; puis on enroule Ie lien a sa base, tout contre les testicules, en serrant avec une certaine force. Afin de pouvoir convenable-ment serrer, l'opérateur a l'habitude de fixer Tun des bouts de la corde, en Tenroulant, soit auteur de son bras gauche, soitautour de l'index de la même main qui serre les enveloppes, et avec l'autre main il I'enroule. 11 fait ainsi huit a dix tours, et les arrête par une boucle simple, que Ie propriétaire dénoue lui-même en tirant un des bouts, qu'on a eu soin, ä eet effet, de laisser plus
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long. On enlève généralement Ie lien au bout de vingt-quatre heures; si aucun engorgement ne s'était alors manifesté, on pour-rait Ie laisser un jour de plus.
Apres l'opération, certains chatreurs ont l'habitude de verser un demi-litre de vin sur les bourses, en vue de raffermir les par­ties. C'estlä une precaution inutile, qui peut même devenir dan-gereuse, sartout l'hiver, par Ie refroidissement subit qu'eile cause. Mieux vaut, avee un linge, sécher, essuyer les parties en sueur.
On délie ensuite l'animal, on Ie fait relever, et Ton n'a plus autrement ä s'en occuper.
4deg; Resultats anatomiiiues de l'opération. — Comme deja nous l'avons fait observer, Ie bistournage n'est pas ce qu'on a cru généralement jusqu'a ce jour, la torsion du cordon testicu-laire seul, isolé dans Fintérieur de la gaine séreuse. Il consiste, en réalité, dans Ia torsion simultanée du cordon et de la tunique érythroïde qui Ie recouvre. M. Serres a, Ie premier, mentionné 1 fait, après l'avoir observe, en 1851, sur un poulain ègé de deux ans, qui, s'étant fracture Ie fémur pendant l'opération, dut être sacrifié, ce qui permit, I'autopsie étant faite, d'éludier I'état des parties. Voici Ie résullat de eet examen:
laquo; Le testicule gauche, perpendiculaire a son cordon, est renferme dans sa tunique érythroïde; celle-ci est séparée entièrement du darlos; le cordon testiculaire, y compris le crémaster, offre huit a dix tours; les fibres de ce muscle, celles de la (unique érythroïde, sont fortement tiraillées; le cordon testiculaire est aussi très-allongé. Les rapports du testicule et de l'épididynie ne sont nulle-ment changes, si ce n'est que ces organes, au lieu d'etre super­poses, étaient paralleles ', raquo;
Ayant eu équot;alement occasion , de notre cóté, de faire I'autopsie d'un cheval bistourné par un Irès-habile chAtreur des environs de Toulouse, et mort au moment oü l'opération venait d'etre terminée, c'est-ä-dire dans les meilleures conditions possibles pour rencontrer les parties exactement dans I'état oü les avaient mises les manneuvres operatoires, nous avons pu verifier rexacti-tude des détails anatomiques donnés par M. Serres,
1 Jvurn. des Vétér. du Midi, 1833. p. 38.
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La planche ci-jointe (fig. 38), donne ranatomie de la region opérée, teile qu'elle s'offrit a nous, après une dissection attentive. A, est Ie testicule droit, encore reconvert de la lunique érythroïde, tordue, avec Ie cordon, ä sa parlie supérieure. Tout autour se trouvent étalés les debris du dartos, D, complétement séparés du cordon, afin de mettre celui-ci a découvert. £, représente Ie testicule gauche mis a nu par une incision pratiquée ä la partie
Fig. 38.
114 [f' H
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urn
inférieure de la tunique érythroïde, relevée en 2?, de maniere ;i laisser voir, par sa face interne, Ie testicule avec son faisceau vasculaire antérieur, la queue de Tépididyrae et la naissance du canal déférent, s'engageant, avec Ie septum séreux qui sépare celui-ci du faisceau antérieur, dans la masse spiroïde ou cordée, C, formée par Ie cordon testiculaire, la tunique fibreuse el Ie cré-raaster tordus ensemble '[.
' MM. Ileboul, de Coursan , lout récemment', ont \ivemcnt conlesté ces eifels anatomiques du bistournage, croyant encore, malgré l'observation depuis
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On reconnalt, dans celte figure, que la position relative des lestieules a change; ainsi, 1'extrémite antérieure est devenue pos­térieure , ce qui donne une idee plus complete encore des modifi­cations que le bistournage fait subir aux rapports de situation des organes. Mais on reconnalt aussi que Ie testicule est resté dans la raême situation, par rapport an cordon, qu'il n'a pas été bascule, et n'a subi lui-même aucune alteration, aucune déchirure.
Cette torsion du cordon a pour consequence Tarrêt de la circu-
longtcmps publiec, ct plus haut rappelée, de M. Serres, que Von tordie cordon scul après avoir déchiré les tuniques érythroïde et séreuse, bien que Ia resistance comiue de la première de ces deux membranes eüt pu suffire, a défaut d'obser-vation directe, pour faire exclurc la possibilité de sa dilacération, a travers le scrotum, par la seule pression du doigt. A l'appui de cette opinion, néanmoins. U. Reboul fils, dans sa seconde lettre, rapporto Vexpérience suivante:
Sur uncheval dcquatre ans, que venait de bistourner M. Lamarche, alors que, la torsion étant achevcc, il ne restait plus qu'a placer le Hen, une incision fut faite sur le milieu du testicule; le scrotum et le dartos furent sucecssivement divisés, a l'aide de rinstrumcnl tranchant, laquo; et dès-lors, dit M. Reboul, j'ai vu, de mes propres yeux vu, sortir, par l'ouverture béante, la glande spermatique revèluc seulement de la tunique albuginéc. Le septum postérieur de la gaine vagi­nale était rornpu ct rctombail le long du cordon trois fois tordu sur lui-même; les tuniques fibrcuse et séreuse, entrainécs par le crémaster, formaient, un peu au-dessous de l'organe sécréteur du sperme, une sorte de collerette enrodlee autour de ce même cordon. Cola fait, le testicule a été replace dans les bourses et Ton a applique le lien ( Journ. des Vét. du Midi, 1SC0, p. 181). )gt;
A cela, nous pourrions répondre en demandant a M. Reboul: 1deg; s'il est bien certain de n'avoir pas pris, pour Ia tunique albuginée, la tunique fibreuse, con­fusion d'autant plus facile que cette dernière, dégagée de ses adhérences avec le darlos, par le fait même de l'opération, a dü sëebapper a travers l'ouverture, tout comme le fait le testicule quand on incise pour la castration ä teslicules découvcrls; 2n s'il n'a pas, non plus, pris le dartos pour le septum postérieur laquo; relombantle long du cordon; raquo; 3quot; pourquoi, enfin, il ne fait pas mention de l'épidldyme, qui eütdü nécessairement sortir de l'ouverture avec le testicule el apparaltre au dehors si la tunique (ibreuse eüt été réellement divisée. Mals il n'est pas besoin d'invoquer la possibilité de ces causes d'erreurs pour infirmer l'intcrprétation, donnée par M. Reboul, de l'cxpérience en question, la phrase sou-lignée du passage plus haut cilé süffisant pour dissiper tous les doutcs. Comment, en effel, les tuniques érythroïde et séreuse se scraienl-elles trouvées laquo; enroulées autour du cordon, raquo; si ellcs n'avaient été tordues en même temps que eet organe ?
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lation dans Tariere testiculaire, d'ou résulte, dans Ie teslicule, une suspension de vitalite qui en determine peu ä peu l'atro­phic , but définitif qu'on se propose d'atteindre.
5deg; Difficultés 9 dangers de l'opération. — Le bistour-nage du cheval, comme on a pu s'en convaincre, est une opera­tion non moins rationnclle que la plupart des aulres procédés de castration, et qui n'a pas moins de droits que le bistournage des ruminants ä prendre place dans le cadre de la chirurgie reguliere. Mais un obstacle sérieux, qui s'opposera longtemps a son adoption par les vétérinaires, est sa difficulté d'execution. Elle exige, en effet, non-seulement de l'adresse, de l'habitude, mais encore une certaine force de poignet, dont les vétérinaires, même les plus habiles, peuvent n'être pas tous également pourvus.
Cette difficulté, toutefois, n'est pas absolue, et dépend beaucoup de l'espèce et de l'élat du sujet. Ainsi, l'opération se fait mieux sur le cheval que sur les aulres solipèdes, et eile est d'autantplus facile que l'animal est plus jeune, qu'il a le cordon plus long. Sur l'äne, par exemple, eile est très-pénible, exige plus de temps, et quclquefois, surtout lorsque ranimal est Agé, eile est impraticable.
D'après cela, on concoit que la durée de l'opération est excessi-vement variable suivant la force , Tage du sujet, l'état des organes. Elle ne demande pas plus de deux ou Irois minutes quand l'animal est dans de bonnes conditions; tandis que d'autres fois il faut un quart d'heure, une demi-heure, une heure méme pour l'ache-ver. En ce cas, mieux vaut y renoncer de suite, et pratiquer la castration par un autre procédé, plutót que prolonger les souf-frances de l'animal pour n'arriver qu'ä un résultat douteux.
Outre les difficultés dependant de l'élal general du sujet, que nous venons de menlionner, on en rencontre d'autres tenant a la disposition particuliere des parlies. Ainsi le testicule peut êlre trop gros, trop mou, trop rond, engorge, ou avoir contracté des adhérences anormales, et chacun de ces cas offre ä l'opération un nouvel obstacle ä vaincre. Le teslicule trop gros oblige a ouvrir davantage la main qui le tient, et l'on a de la peine, au moment oü on a soulevé la bride formée par le plissement du dartos, a la soule-nir, lorsqu'on veut abandonner la glande pour achever la déchirure de la tuniquedartoïque; en outre, le testicule, tenant le dartos plus
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tendu, fait qu'on plisse et retienl celui-ci sur Ie pouce avec moins d'aisance. Si l'organe est trop mou, l'inconvénieQt se manifeste, non par rapport au testicule lui-même, mais par rapport au cordon, qui, participant ace défaut de consi stance, ne se distingue pas du dartos, de sorte qu'on a de la peine a les séparer Tun de l'autre en pressant avec Ie pouce, et que l'on est exposé ä rompre Ie cordon au lieu du dartos, et ä donner ainsi lieu a une hémor-rhagie grave. Le testicule tivp rond, se tord moins aisément, en ce qu'il n'offre pas autant de prise ä la paume de la main, qui execute le mouvement de torsion. Quand il est engorgé, il expose ä des déchirures, ä des dilacérations étendues, toujours suivies d'une forte tumefaction et qui retardent plus ou moins la guérison. Il en est de même lorsqu'il existe des adhêrences morbides, congénitales ou accidentelies, dont la rupture exige des efforts toujours com-promettants pour les suites de l'opération, et qui, parfois, en rendent l'exécution impossible.
Quand l'une ou l'autre de ces diverses circonstances se présente, ou l'opération est tout-ä-fait impraticable, ou bien eile ne peut s'exécuter que d'une maniere imparfaile. Les organes alors conser-vent une partie de leur vitalité, et, les animaux, bien qu'ils per-dent la faculté d'engendrer, restent tout aussi bruyants et dange-reux qu'auparavant. C'est pourquoi, il est de beaucoup preferable, lorsque de tels cas se présentent, de pratiquer, au lieu du bistour-nage, la castration par ablation, seul moyen d'éteindre d'une ma­niere complete, chez ces animaux, les ardeurs genésiques qui les entretiennent dans leur indocilité.
Dans quelque circonstance qu'on opère, outre l'adresse et la force, le bistournage des solipèdes exige encore, pour être bien execute, une certaine douceur de main, sans laquelle on est exposé, soit a froisser, a déchirer, le testicule et le cordon; soit ä dépasser le degré de déchirure ou de torsion nécessilé pour la réussite de l'opération, ce qui, sans produire aucun effet utile, peut devenir la source de quelques accidents. Parmi les dangers aux-quels on s'expose en agissant sans moderation, il en est deux sur-tout qu'il Importe de signaler. L'un est la penetration dupouce dans Vabdomen, ce qui arrive lorsque, se hätant trop et croyant passer entre le dartos et le cordon, on enfonce le doigt dans l'anneau
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inguinal; Ie fait a été observe, et la mort du sujet en a élé la suite. L'autre accident, dft ä l'inattention de l'opérateur, est Vhémorrha-gie, par rupture du cordon tesliculaire. Elle est surtout ä craindre avec un cordon mou, petit, tres-détaché. Elle se produit, soit quand, au lieu de presser sur les lames dartoïques, on appuie Ie pouce sur Ie cordon même; soit quand on opère la torsion avec trop de rapidité. Quelle qu'en soit la cause, lorsque l'hémorrhagie a lieu, on voit bienlót Ie scrotum se remplir par Ie sang qui s'y accumule et former une tumeur ayant Ie volume des bourses avant l'opération. Dans ce cas, ou l'animal succombe, ou bien il survit, et la tumeur reste alors plusieurs mois avant d'etre résorbée.
Une autre circonstance, exigeant de l'opérateur la plus grande attention, est la coexistence d'une hernie inguinale. Pour éviter toute erreur sous ce rapport, il est indispensable de toujours s'as-surer, avant d'opérer, si cette affection existe ou non. Quand on la rencontre, il faut la réduire avant d'agir sur l'appareil scrotal. L'oubli de ce soin peut être cause d'accidents mortels, tandis que, en opérant convenablement, après avoir reduit la hernie, Ie bistour-nage, au contraire, devient un excellent procédé pour en prévenir Ie retour et amener une guérison definitive.
Au moment oü eet article est mis sous presse, parait une note de M. J. Cauvet1, vétérinaire a Narbonne, intervenant dans la discussion soulevée a propos du procédé Lamarche, pour faire connaltre quelques-uns des accidents survenus ä la suite du bis-tournage, pratique par M. Lamarche lui-même, en dépit des pre­tentious ä l'infaillibilité affichées par ce dernier. Les accidents signalés par M. Cauvet, sont : 1deg; l'engorgement énorme des bourses, suivi d'abcès avec mortification des tissus, puis de fis-tule avec induration du cordon; 2deg; l'inflammation locale extreme suivie de la chute du scrotum par gangrene, laissant une plaie large et profonde longue a se cicatriser; 3deg; la mort du sujet, au bout de trois jours, avec tous les symptómes de ce que nous ver-rons, plus tard, constituer la péritonite de castration; 4deg; la mort du sujet, Ie lendemain de l'opération, avec une gangrene complete des orgaues génitaux.
i Journ. des Vet. du Midi, 1800, p. 245.
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Il résulte de ces faits que Ie bistournage, bien que rarement suivi d'accidents, lorsqu'il est pratique par un operateur habile, n'en est cependant pas aussi complétement ä l'abri que certaines affirmations, trop légerement prodiguées, tendraient a Ie faire croire: preuve nouvelle de la nécessité, pour les éviter, d'observer exactement, dansl'exécution de ce mode opératoire, les precau­tions ci-dessus recommandées.
Article IV.
PHÉNOMÈNES CONSÉCUTIFS A LA CASTRATION.
Les phénomènes qui se manifestant ä la suite de la castration chez les solipèdes doivent êlre distingués en ceux qui suivent l'opération pratiquée sans incision des bourses, et ceux qui sur-viennenl quand on a divisé les enveloppes testiculaires. Les syrap-tómes apparents, dans Ie premier cas, ont peu d'importance, et tout l'intérêt de cette étude pathologique se porie sur Ie travail intérieur qui, ä la suite de l'opération, amènepeua pen la trans­formation des parties et l'anéantissement de la faculté reproduc­tive. Au surplus, ces phénomènes se trouvant de tous points semblables a ceux qui suivent Tapplication des mêmes procédés opératoires sur les grands ruminants, pour n'avoir pas ä nous répéler, nous en renvoyons l'exposé au paragraphe qui sera con-sacré plus loin ä l'étude des effets du bistournage chez Ie bceuf, et nous n'envisagerons ici que les effets produits quand il y a eu division des enveloppes et ablation de l'organe.
A la suite de la castration ainsi pratiquée, quel que soit d'ail-leurs Ie procédé dont on ait fait usage, il reste une plaie élendue, de nature complexe par Ie nombre et la diversité des tissus lésés, et dans laquelle se succèdent différents phénomènes qui apparais-sent, soit pendant l'opération ou immédiatement après, soitau bout d'un temps plus ou moins éloigné. Les premiers sont dits phénomènes primitifs ou immédiats, les autres sont les phéno­mènes consécutifs ou secondaires.
Indépendamment de ces phénomènes, qui se manifestent d'une maniere constante, bien qu'ä des degrés variables suivant les cir-
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Constances, et donl la succession ne représente autre chose que la manche normnle de la plaie vers la .cucrison, peuvcnt se montrer d'autrcs symplómos, propres h ccrlaines complicalions qui parfois survicnnent dans Ie cours du travail indammaloire, Taygravcnt et en prolongenl Ia duree. Ces lésions accldentellcs devanl êlre, plus loin, l'objct d'une étude speciale, ne nous occuperons pas non plus dans Ie présent article.
$ 1quot;. — Phénomènoraquo; immédlati.
Doivent ètre considérés comme phénomènes immédiats ou pri-
. mitils los effets divers qui accompagnent ou suivent immédiate-
mont l'opération; nous y comprendrons : la douleur, l'embarras
dos mouvomenls, rhéraorrhagie, récoulement séreux par la plaie,
1'introduction de lair dans l'abdomon.
1deg; Douleur. — La douleur est la consequence inevitable de l'opération. Elle se produil: d'abord quand on incise les envelop-pes; puis, quand on écrase, lord ou soclionne, d'une maniere quelconque, Ie cordon lesliculaire; el clle porsiste plus ou moins après qu'on a cessé loute manoeuvre opéraloire, d'autanl plus longtomps que la division ou la morlificalion du cordon a etc moins complete, c'est-ä-dire que los parties lóséos ont conserve plus de rapports avoc l'appareil nerveus du cordon.
La douleur, en outre, varie d'inlonsilé, suivant Ie procédé opé-ratoire mis on usage. Il est loulefois difficile d'établir, a ce point de vuc, une classificalion iiTcprochable entre les diverses mé­tbodes de castration, la douleur ressentie par l'animal dependant bicn moins du mode opéraloire considéré enlui-mcVne, que de la maniere donl il est appliqué, du degré de dexlérilé de l'opéra-leur. On concoil, en effet, toul procédé ä part, que la douleur sera loujours moindre si l'on a soin d'éviler les manoeuvres intem-pestives et Irop prolongées, de produire la cessation prompte des fonctions nerveuses du cordon, que si l'on négligé ces precau­tions, el que, en these générale, les procédés les moins doulou­reux seront ceux, (oujours, qui éleindront Ie plus promplemenl la sensibilité des parlies.
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Pour ce molif, nous inclinons a penser, contra Topinion génó-ralemenl adoptée, que Ia mélhode par les cassoaux, permetlant d'oblcnir, par une compression rapide el éncrgique, une très-prompte morlilicalion du cordon, n'esl pas plus douloureuse que n'imporle quelle autre mólhode. Elle est comparable, sous ce rapport, ii la castration par ligature, n'occasionnantqii'unedouleur de courle durée, qui cessc, ainsi qu'on Ta observe chez Ihomme, aussilól que la slriclion est opcréc. Taudis quo la torsion, par excmple, qui exige tonjours un certain temps pour ólre terminóe, et laisse nécessairement une petite portion de lissus meurtne et cmlolorie ä rextrémilé du cordon, doit entralner, pour Tanimal, des souffrances plus viyesel plus durables.
On a suppose que la douleur resultant de Vopéralion peul ölre assez forte pour donner lieu a cos coliques plus ou moins vives qui se nianifeslenl parfois lorsque l'animal se relève. Nous ne pensons pas, vu Ia courte duréo de cetle douleur, que lelie puisse êlre la cause de ces coliques; il nous parait plus ralionnel de les altri-buer, quand elles se manifeslent, aux tiraillemenls éprouvés, dumnt ropóralion, par Ie cordon lesliculaire.
2deg; Embarras des mouvements. — Cel embarras se manifeste aussilól que l'animal est relevé. Celui-ci semble alors élontié; il porie la queue entre les membres, et son train posté­rieur, surlouf, paraïl gAnc pendant la progression. Le sujet mar-che en écarlnnt les cuissos, et quand il est remis en place, son embarras se dccole par des piélinements, par les efforts auxquels il parait quolquefois se livrer comme pour se dóbarrasscr des cassoaux qui le giMienl.
Cesphcnomèr.es, on le comprend, n'ont aucune gravité et no réclamenl pas de soins particuliers. Ils disparaisscnl le jour mAme de Topéralion ou le lendemain, el nc doivenl appcler rallenlion du pralicien qu'autanl qu'on les voit prendre un caractère de persislance ou d'exaccrbation inaccoulumée; car alors ils sonl l'in-dice d'accidcnls plus graves auxquels il peul devenir necessaire de remédier. Hors ces cas cxceplionnels, quelqucs heures de promenade rendent a la marche sa régularilé habituelle. La gêne des mouvements peul encore apparatlre au bout de quelques jours, quand rinüammalion se développe; eile ne conslilue en
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ce cas cpi'un Symptome secondaire, ne reclamant d'autres soins que ceux indiqués par l'état local qui en est la cause.
3deg; Hémorrtaagie. — Après la castration, dans les cas ordi-naires, l'hémorrhagie doit être nulle, l'opération ayant eu précisé-ment pour objet principal, outre l'anéantissement de la fonction testiculaire, de faire obstacle ä tout écoulement sanguin. C'est effectivement ce qui a lieu quand on opère la castration par un procédé produisant, d'une maniere certaine, l'oblitération com­plete de l'artère grande testiculaire, comme Ie font les casseaux ou la ligature; alors l'artère petite testiculaire seule, si eile n'élait pas liée, pourrait, avant de se fermer, donner quelques gouttes de sang, mais sans que cela ait aucune suite fächeuse.
Avec les aulres procédés opératoires, Thémorrliagie est plus ou moins a craindre. Ainsi, eile peut se manifester après la castration par Ie feu, par la torsion, par l'écrasement lineaire, qui n'oppo-sent qu'un obstacle relativement faible ä récoulement sanguin. Cependant l'hémorrhagie, quand on use de l'une ou de l'autre de ces methodes, est encore peu ä craindre, ä moins que l'opéra­tion ait été mal exécutée, et si eile se declare, quelques lotions réfrigérantes suffisent pour l'arrêter. La castration par ratissage expose davantage ä la perte de sang, mais non encore d'une ma­niere scrieuse. C'est après l'excision simple que Ie phénomène se manifeste avec Ie plus d'intensilé; il peut aller, dans ce cas, jus-qu'ä compromettre la vie du sujet.
Dans tous les cas, l'hémorrhagie est d'autant plus imminente, que l'animal est dans un plus mauvais élat de santé, a un sang plus pauvre, plus üuide. Elle est peu a redouter lorsqu'elle ne dépasse pas certaines limites; eile peut alors suppleer utilement une saignée, et ne doit, en consequence, inspirer aucune inquie­tude , d'autant que, Ie plus souvent, eile cesse d'elle-même. Ce n'est que lorsqu'elle est abondante et persiste malgré tous les efforts, qu'il y a lieu de s'en préoccuper. Elle constitue alors un veritable accident, dont nous étudierons plus loin les caractères et le mode de traitement.
4deg; Écoulement séreux par la plaie. — Cet écou­lement, qui accompagne l'hémorrhagie ou apparait seulement lorsque celle-ci a cessé, provient de la secretion qui s'effectue
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continuellement è la surface interne de la gaine séreuse, et dont ie produit, n'étant plus retenu dans les cavités de cette gaine , s'echappe en dehors. Cet écoulement est intermittent; il a lieu par goultes ou par jets discontinus, et augmente pendant les mouve-ments de l'animal.
Au début, Ie liquide épanché offre tous les caractères de la sérosité ordinaire; il est très-fluide, de couleur jaune citrine, et coagulable seulement par la chaleur. Mais bientót il se mélange avec la lymphe plaslique qui s'exhale, ä la fois, de la surface du cordon au-dessus du point oü la circulation de cet organe a été interrompue, et des lèvres de la plaie scrotale, quand l'écoulement du sang a cessé; Ie fluide acquiert alors une consistance gélatineuse et se prend en masse, comme Ie sang lui-même, lorsqu'on Ie recoit dans un vase. Cet écoulement séro-plastique marque la période qui s'écoule entre la fin de l'opération et l'invasion des symptómes inflammatoires. Il cesse des que l'engorgement des bourses commence ä se manifester, c'est-a-dire avant que se soient écoulées vingt-quatre heures, Ie premier effet de TinDamma-tion qui envahitla tunique vaginale étantde suspendre 1'exhalation séreuse qui dans Tetat normal s'opère ä sa surface.
5deg; Introduction de 1'afr dans l'abdomen. — Ce phé-notnène consécutif de la castration, possible seulement quand la gaine séreuse a été ouverte, consiste dans Ie passage de Fair k travers cette gaine, d'oü il pénèlre ensuite dans la cavilé abdomi­nale par l'anneau inguinal. Fort souvent observée, et devant sans doute se produire plus fréquemment encore, cette introduction d'air, quand on réussit ä l'observer, se manifeste, dit-on, par un bruit de glottglou, comparable ä ce qu'on entend lors de l'entrée de Fair dans les veines. Mals Ie plus ordinairement eile passe inapercue, bien que pouvant se continuer plusieurs heures après l'opération; eile se produit alors avec lenteur, favorisée par Ie mouvement inspirateur du diaphragme, et cesse des que les adhé-rences entre Ie cordon el la gaine s'établissent.
Pendant longtemps on a considéré cette introduction d'air dans Tabdomen comme un accident grave , pouvant être suivi de Tinflammation du péritoine. Mais ä en juger par Ie grand nombre des cas oü ce phénomène a pu avoir lieu sans qu'aucun sym-
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lome caraclérislique se soit manifesté, il paratt plus que probable que c'est la un phénomène d'une faible gravilé, qui n'influe en rien sur la marche naturelle de l'opération, et qu'il n'esl utile de signaler que pour dissiper les crainles qu'il a pu faire concevoir.
$2. — Phénomènea secondaire!.
Les ph6noniènes secondaires sont ceux qui accompagnent Ie développcmcnt de l'état indaminatoire consccutif ïi ropcralion. On y comprcnd : la fièvre de reaction, rinflammation du cordon el des bourses, la cicalrisadon de la plaie.
1deg; Fièvre de reaction. — La fièvre de röaction ou fièvre Iraumatique se manifeste ä la suite de la castration comme a la suite de totite autre lesion traumalique. Précédanl la suppuration, eile apparalt du deuxième au troisième jour, caractérisée par les mêmes symptAmcs que dans tous les aulrcs cas on eile se dcve-loppe : perle de i'appélit, constipation, raideiir des reins, respi-nlion a.yilóe, muquenscs injuctécs, pouls accélórc, dur, serró, démarche omharrasséc, etc.
Ces symptAmes varient en inlcnsilc suivant la conslilulion des animaux, lo inodeopórnloire mis en usage, la durée de ['operation. Ainsi la fièvre sera légere, de courle durée, si l'animal est de race commune, doué d'une faible sensibilité; si lopéralion a élé promplemenl faite. Elle sera intense, au contraire, chez un sujet de race distinguce, d'un lempéramcnt nerveux, et qui aura éprouvé de vives souffrances pendant lopéralion.
Sa durée, dans les cas ordinaires, varie de Irois a quatre jours; eile se lerminc par l'élablissement de la suppuration dans la plaio scrotale. A mesure que Ia secretion pyogénique devient plus par-faile, on voit disparailro peu a peu los signos généraux de la fièvre. L'appétil se réveille; l'animal relève la IcMe, paratt plus gai; en un mot, loules les fonclions un moment Iroublécs reviennent a leur élal primilif, el la santé se rélablit complclcment.
Ycrs Ie dixième ou Ie douzièmo jour au plus lard , la fièvre trau­malique a lout-a-fail ecssé, si la plaie a suivi sa marche naturelle. Quand eile passe cetle limile, cela ne peut èlro dü qu'a unc com­plication survenue durant Ie travail inflammatoire; eile reclame
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alors une surveillance plus attentive et de nouveaux soins qui seront plus loin exposes.
2deg; Inflammation du cordon et des bourses. — L'in-flammation du cordon et des enveloppes sorotales est la conse­quence nécessaire do la lésion Iraumalique rcsullnnt de ropération; c'est Ie travail préparaloire ä la cicatrisation de la plaie.
Celle-ci, suivant Ie procédé de caslntion mis en usage, offre des caractères différents. Ainsi, dansles procédés paries casseaux, par ligature a lesliculcs couvcrls, Ie cordon, relcnu au dehors par son exlrómité, se trouve tendu dans la tunique vaginale; landis qu'avcc tons les nutres procédés, Ie cordon, que rien ne retient, se rétracte vers Ia partie supérieure de la gaine, enlralnant avec lui:lefil, quand on a pratique Ia ligature simple; l'eschare, quand on a opéré par Ie feu; Ie bout lordu, quand on fait usage de la torsion , elc. Dans ces cas divers, Tintensité de rinflamma-tion peut varier suivant Ie plus ou moiiis de retraction du cordon, Ie volunie du corps ctrnngrr ou de l'eschare qu'il enlraine, etc; mais il y a toujoursunc plaie mulliplo, complexe, dans laquelle se rencontrent de nomliroux tissus divisés, qui, ne pouvant se rcunir par première intention, duviennen.t nécessairemenl Ie siégo d'une indnmnialion snppumlivc, précédée par un engorgement plus ou moins considerable dos parlies affectées.
Cot engorgement, premier symplóuie de Ia période inflamma-toire, est eommun au cordon et aux enveloppes. Dans Ie cordon, il a pour cause première l'interruplion de la circulation , d'oü ré-sulte Ia formation, dans lartère el les veines spermatiques, do caillots sanguins qui servent plus tard a I'oblilération de ces vais-seaux. Au-dessus du point oü la circulation a etc interrompue, soit par les casseaux, soit par la ligature, soit par le feu ou par toutaulre procédé, le tissu cellulaire du cordon s'infiltre de séro-silé, et cette infiltration donne au cordon un volume considerable qui lui perraet de remplir complélemcnt Ia cavité vaginale. En moins de vingl-qunlre heures, eet engorgement est lid que l'or-gane semble alors distendre la gatne, d\.u résulte un rapport plus intime entre les deux feuillets parietal el visceral de la tunique séreuse.
Bienlót après, les liquides qui distendent le cordon commencent
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ä être résorbés, et celui-ci diminue de volume, tout en conservant une certaine rigidité qu'il doit aux caillots sanguins formés dans les vaisseaux testiculaires et qui doivent plus tard s'organiser.
Dans les bourses, 1'engorgeraent commence également ä appa-raitre vers Ie second jour. Il a pour cause immediate une infiltra­tion séreuse du tissu cellulaire sous-jacent au scrotum. Il est chaud, douloureux, s'étend plusou moins sous Ie venire, au fourreau, dont la muqueuse, refoulée en avant, forme un bourrelet qui parfois acquiert des proportions considerables. Tant que cette tumefaction reste limitée a la face inférieure de la paroi abdomi­nale , alors même qu'elle devient très-volumineuse, qu'elle gagne la partie antérieure du ventre et arrive jusqu'au-dessous du poi-trail, eile est sans gravité reelle; car après qu'elle a disparu de ia region scrotale, eile ne forme plus qu'un cedème qui se résout en-suite peu ä peu.
Mais Ie cas est plus sérieux lorsque l'engorgement, au lieu de gagner les parties déclives, remonte sur les cótés de l'abdomen, puis atteint la face interne des cuisses, en devenant de plus en plus tendu et douloureux. On peut craindre alors l'apparition de la gangrene, grave accident, sur lequel nous reviendrons plus loin, et que tous les efforts du praticien doivent, en ce cas , avoir pour objet de prévenir.
Get engorgement inflammatoire, volumineux surtout cbez les animaux d'un temperament mou et lymphalique, ou chez les sujets usés par les maladies ou les fatigues, varie encore suivant Ie pro­cédé mis en usage. Ainsi, il est toujours moindre quand on a pra­tique la castration par les casseaux, que lorsqu'on a fait Topération par un aulre procédé, notamment par la torsion ou la ligature, dont l'applicalion est toujours suivie d'une très-forte tumefaction, pouvant alleindre Ie volume d'une lête d'homme, et aller jusqu'ä produire l'occlusion prémalurée des lèvres de la plaie, ce qui empêche l'écoulement au dehors des produils de la secretion pu-rulente succédant ä l'engorgement, et a pour consequence la for­mation d'un abces dans l'inlérieur de la gatne vaginale.
La suppuration, consecutive a l'engorgement inflammatoire, commence par un léger suinlement séro-purulent qui s'échappe des bords de la plaie, devient peu a peu plus abondant, plus
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épais, et finit par revêtir les caracteres du veritable pus. Cette suppuration s'étend plus ou moins profondément, suivant Ie mode de castration mis en pratique. Ainsi, quand on a opéré par les casseaux, qui maintiennent Ie cordon tendu dans l'intérieur du sac vaginal, la secretion purulente, se limitant a l'extrémité du cordon et aux lèvres de l'incision faite aux enveloppes, reste en quelque sorte superficielle, extérieure; tandis que lorsque Ie cordon est rétracté, comme il arrive après la castration par la torsion, par la ligature, par Ie feu, etc., la suppuration, pour atteindre la portion de ce cordon qui doit êlre éliminée, est forcée de s'éten-dre ä une plus grande profondeur. Teile est précisément la causa de l'engorgement plus considerable qui se manifeste quand on a fait usage de l'un de ces procédés qui, en laissant la retraction du cordon s'opérer, ne font qu'ajouter, par cela seul, ä la gravité de l'état inflammatoire.
Les casseaux sont encore avantageux, en cette circonstance, d'abord en faisant eux-mêmes obstacle direct au développement de la tumefaction; puis, parce que, en maintenant béantes les lèvres de la plaie, ils empêchent l'accumulation , dans Ie sac va­ginal, des produits de la secretion purulente. 11 est utile, en effet, que, pendant Ie travail de la suppuration, la plaie reste ouverte, afin que les produits sécrétés puissent s'écouler au dehors; car si eet écoulement, par Ie fait du rapprochement des lèvres de la plaie, ne peut avoir lieu, comme il arrive quand on a opéré par un procédé autre que les casseaux, ou bien après que ceux-ci ont été enlevés, et nolarament quand il y a eu retrait du cordon dans la gaine, il se produit, comme nous l'avonsdit, dans la cavité vagi­nale, une accumulation de matières, séreuses d'abord, devenant plus tard purulentes, et constituant alors, par leur séjour, un ve­ritable abces, dont il faut ensuite pratiquer la ponction pour en obtenir la guérison.
Indépendamment des circonstances qui precedent, la durée, l'abondance de la suppuration, sont subordonnées encore h la net-teté de la plaie, a l'étendue des parties lésées. Ainsi, eile est géné-ralement plus abondante après l'opération a testicules converts, oü, par l'application du casseau sur la tunique fibreuse, on met ä nu une plus grande surface celluleuse, qu'après l'opération a tes-
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ticules découverts, ne comportant d'autre lésion qu'unc incision nelte des enveloppcs scrotales. Enlretenue principalement par la presence, soit des Hls appliques aulour du cordon, soit des parties escharifiées ou gangrénées qui rcslent dans Ia plaie après l'opéra-tion, la durée de la suppuration dépend encore de la plus ou moins prompte elimination de ces corps étrangers. Elle est, con-séquemment, d'autant plus longue, que ces corps se délachcnt et tombent plus difficilemenl; de la l'avantage general des procédés qui déterminent ia prompte mortification, et, par suite, la rapide separation des parties qui doivent être soustraitcs.
Quelquefois, lorsqus par negligence, ou tout autre motif, on n'a pas procédé, au moment voulu, ä l'enlevenient des casscaux, les bourgeons charnus, continuant a se développer tout autour, finis-sent par les recouvrir, et ceux-ci restent alors caches au milieu des tissus indurés. Cela n'a d'autre consequence que la persislance de la suppuration et de la plaie jusqu'au moment oü, les casseaux étant extraits, la solution de conliuuité est rendue a ses conditions normales.
3deg; Cicatrisation de la plaic. — La maniere dont s'opère la cicatrisation des plaics do castration , bien quo dependant, en partie, de la nature de la lesion, variable cile-m^me avec lo procédé opcraloire. a lieu d'unc facon assez génóraiement uni­forme, et que M. H. Bouley a exactemenl caractérisée en disant que cetle cicatrisation s'accomplit suivanl deux modes : par in­flammation adhesive dans la partie supérieure du cordon, au point oü Ie feuillet séreux pariétid se trouve en contact avec Ie feuillet qui enveloppe Ie reste du cordon; et par indammation suppurative, a Texlrémité tronquée du cordon et dans la plaie scrotale.
La reunion adhesive de la partie supérieure du cordon est prompte a s'effectuer. Elle commence quelques heures après l'opération, favorisée par Ie contact intime que Ie gonflement du cordon établit entre la face externe de eet organe et la séreuse vaginale. Elle a lieu par l'intermédiaire de la lymphe plastique exhalée par la surface de celte séreuse, cl qui, en s'organisant, consolide l'union entre le moignon du cordon et le feuillet parietal de la gaine.
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Cette adhesion, veritable reunion par première intention, est complete, sans ètre encore très-inlime, dès le second jour, lorsqu'on opère è teslicules dccouverts. Elle se reproduit avec une grande promptitude si on la délruit avec le doigt; et cette puissance adhesive n'est pas le fait le moins remarquable ä signaler parmi les phénomènes consócutifs de la castration. La reunion est plus immediate encore quand on opère a teslicules converts, les deux feuillets qui doivent s'unir se trouvant alors maintenns dans le rapport le plus parfait par la pression descasseaux. Avec le temps, l'adhésion entre le cordon et Ia tuniqne séreuse devient de plus en plus intime, et le cordon lui-mème finit par se transformer en une sorte de ligament fibreux, uni aux parties qui l'enveloppent, et qui lient lieu du cordon normal devenu sans emploi.
Une condition essentielle pour que cette reunion primitive s'opère, c'ost que rindammalion des parties se mainlienne a un degré modéré. Si eile est trop intense, le liquide exhale perd ses propriétés organisables, change de nature, se rapproche du pus et ne peut plus sorvir de moyen d'union onlre le cordon et ia gaine. Le cordon nlors roste do Ions cólés isolé au centre do In plaie, devient le siége d'uno irrilation anormale, et acquiert un plus grand volume; les bourgeons de son exlrcmiló necontraclont pas d'adhércnces avec ccux des lissus ambianls, se développent a l'excès, et donnent lieu ainsi a l'altéralion palhologique que nous décrirons plus tard sous le nom de champignon.
Nous venons de voir de quelle maniere se ferme la partie la plus profonde de la plaie. A sa parlie inférieure, ä rexlrémité du cordon el entre les lèvres mfimes de la solution de conlinuité, les phénomènes se succèdent, comme dans toules les autres plaies, par le dcveloppement de granulations qui secrétent du pus, se­cretion qui amène peu h peu le dógorgemenl du cordon , dont le bout se cicatrise ensuile comme un moignon, auquel ahoutissent les vaisseaux spermaliques oblitcrés; puis enfin le rosserrement, jusqu'ä fermelure complete, de la solution de conlinuité des enve-loppes. Nous avons vu que ce résultal esl plus ou moins prompt, suivant le procédé opératoire mis en usage; que, par exemple, la suppuration est plus longue après le procédé h teslicules con­verts qu'après le procédé ä teslicules découverts; mais si Ton con-
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sidere d'un autre cóté, que, dans Ie premier de ces deux modes, l'adhésion de la partie profonde de la plaie est plus prompte, plus complete, l'avantage reste encore, teute compensation de durée établie, au procédé par teslicules converts.
Toutefois, Ie temps exigé pour la cicatrisation varie peu d'un procédé ä l'autre, attendu que, une fois l'extrémité inférieure du cordon escharifiée, la plaie se trouve toujours, quelque moyen qu'on ait employé peur produire cette escharification, dans des conditions organiques semblables. La moyenne, dans tous les cas, est de trente-cinq è quarante jours; s'il y a une difference de durée, dependant du mode opératoire, eile est en faveur de la methode par les casseaux.
Article V.
SOINS A DONNER AUX AN1MAUX QUI ONT SÜBI LA CASTRATION.
1deg; Soins immédiats ä l'opération. — Les premiers soins ä donner aux animaux auxquels on fait subir la castration, sont exigés pendant Topéralion raême, qui devra toujours être pra-tiquée, non avec une bäte malhabile, de nature ä en compro-mettre Ie succes, mais avec assez de rapidité pour ne pas pro-longer inutilement les souffrances du sujet. A eet effet, on a dü préparer d'avanco tout ce dent on pouvait avoir besoin, afin que la recherche d'un ohjet utile ne devint pas ensuite une cause de retard. Puis, en faisant agir l'instrument tranchant, on a divisó les lissus d'une maniere franche, nette, sans tètonneraent ni hési-sitation; et les bourses incisées, on a achevé sans interruption, de facon h éviler, dans tous les temps de l'opération, en agissant avec promptitude, attention et dextérité, citö, tutö et jucundè, les lesions complexes, les meurtrissures, les tiraillements du cor­don, dont Ie premier effet est de nuire a la marche de la cicatri­sation , et qui contribuent, plus encore que Ie choix d'un procédé opératoire défectueux, a faire nattre les complications qui parfois viennent retarder la guérison.
C'est surtout dans la pratique de la castration qu'il est tenu compte k l'opéraleur du temps qu'il emploie, et que son habileté
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soms CONSÉCÜTIFS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;157
est éxposee a être mise en doute, quand on Ie voit opérer avec trop de lenteur. Avec un peu d'habitude, il ne doit pas lui falloir, pour opérer des deux cótés, par la methode des casseaux, plus d'une minute. En y comprenant Ie temps nécessaire pour abattre Ie sujet et Ie mettre en position convenable, trois a cinq minutes suffisent. Les vétérinaires de Normandie, avec Ie mode d'abatlage que nous avons décrit, nedemandent pour Ie tout, dans la plupart des cas, quo deux minutes.
Une fois l'opération achevée, la plupart des auteurs conseillent de faire, sur la region inguinale et scrolale, des affusions d'eau froide, ayant pour objet de débarrasser la peau du sang répandu ä sa surface, et d'arrêter, en même temps, la légere hémor-rhagie capillaire qui se produit par la solution de continuité des enveloppes. Nous ne saurions approuver une teile pratique, ä cause des refroidissements dont eile peut devenir la cause, et qui sont d'autant plus a redouter, en cette circonstance, que la region qua Ton recommande de lotionner de la sorte se trouve presque toujours en sueur, par le fail même de l'opération. On ne peut pas espérer, d'ailleurs, que ces affusions froides fassent obstacle au développement de I'inDammation, tandis que Ton peut toujours craindre qu'elles ne provoquent une reaction plus vive.
Les. lotions chaudes ou tièdes ne sont pas non plus utiles, si ce n'est a favoriser l'hémorrhagie dans la solution de continuité, outre que l'eau tiède, lancée sur la plaie, se refroidit vite, et peut pro-duire, alors, les mêmes effets que l'eau froide.
Quand il est nécessaire d'enlever le sang répandu autour de la region opérée, ainsi que les substances caustiques qui out pu tomber du casseau, il vaut mieux se borner è nelloyer les parties avec une boulelte d'étoupe ou une éponge humectée, puis ä les essuyer avec de l'étoupe ou un linge sec, de maniere a laisser la plaie et les parties voisines parfaitement sèches, et ä l'abri ainsi des refroidissements par evaporation. On aura soin, d'ailleurs, durant ce nettoyage, de toucher le moins possible ä l'endroit opéré, d'éviler surtout le frottement de l'éponge sur la solution de conti­nuité. On se bornera done a laver le plat des cuisses, les jambes, le ventre, etc, et è sécher ensuite soigneusement toutes les par­lies , jusqu'a ce qu'il n'y reste aucune humidilé.
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Cela terminé, on fait relever ranimal, et, autant que possible, sans secousses, surloul quand on a opéré par un procédé aulre que les casseaux on la ligature, Ie moindre effort alors pouvant rompre Ie faible obstacle oppose a l'écoulement du sang, el deter­miner {'apparition de riiémorrhagie.
Dès que l'animal est debout, on Ie bouchonne, on l'essuie soi-gneusement pour séchcr la sucur qui ie recouvre; puis on l'en-veioppe d'unc couverlure plus ou moins chaude, suivant la saison. Ensuite on lui fait faire une promenade d'une heure ou deux, qu'on prolonge davanlnge si l'animal éprouve des coliques, pen­dant lesquelles il est porto a se débattre, a se roulor sur Ie sol, è se mordre; la marche alors met Ie sujet a l'abri des meurlrissures, des coups auxquels il est exposé en se livrant, sur place, ä des mouvemenls desordonnés, en mfrne temps quelle contribue è calmer les douleurs abdominales qu'il éprouve.
La promenade est contre-indiquée quand 1c temps est peu favo­rable, ou bien encore quand, par suile du procédé employé, on peut craindre de voir, sous rinduence de la locomotion, l'hémor-rhagie apparaitre, comme il arrive quand ou a opéré par Ie feu, par la torsion, ou tout autre procédé n'opposant qu'une faible barrière a la perte du sang.
Outre l'exercice, on a encore parfois prescrit, après l'opération, l'usage des bains froidsjusqua mi-venlre; aucune coutume ne saurait dire plus pernicieuse; c'est, comme nous Ie verrons plus loin, Ie moven Ie plus sür de provoquer la manifestation du tétanos chez les aniniaux opérés.
2deg; Placement ä l'eeuric du sujet opéré. — Après la promenade, l'animal sera conduit ä la place qu'il doit ocenper dans l'écurie. Autant que faire se pourra, on ie laissera enliberté dans un local isolé, suffisamtnent spacieux, éclairé, bien aéré, mais a l'abri des courants d'air.Si Ton n'a ni boxe, ni stalle pour Ie loger, et qu'il faille la metlre dans une écurie commune ä d'aulres chevaux, on aura soin de Ie séparer de ces derniers, afin qu'il ne soit ni tracassé par eux, ni exposé a leurs atleinles. Dans tous les cas, on lui donnera une bonne lilière, et on évitera de Ie laisser exposé ä l'humidité et aux intempéries atmosphé-riques. Daran l la belle saison, on peut laisser les sujets opérés
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soms ccwsécdtifs.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 459
au pamp;turage; mais en ayant soin encore de leur réserver des abris conlre la pluie et les vents froids, qui, dans l'élal d'excila-bililé oü l'opéralion les a mis, pourraieni les impressionner de la maniere la plus défavorable.
On évilera aussi l'excès conlraire, consistant ä laisser les ani-maux renfcrmós dans des ccuries trop chaudes, exactement closes, oü l'air se renouveile difficilemenl, rien n'etant plus nuisible ä Ia marche des plaies el au prompt retour de la santé qu'une atmo­sphere chaude, humide, chargée de vapeurs ammoniacales ou allcrée par des miasmes putrides. La circonstance est surlout fócheuse quand plusieurs animaux opérés logent ensemble dans une même écurie, et rendent la vicialion de l'air plus rapide en­core; il Importe alors, pour faire disparaïtre la mauvaise odeur, les miasmes exhales par la plaic du scrotum, de renouvcler eet air fréquemment, si Ton ne veut pas avoir a constater les effels pernicieux ce ces emanations putrides sur réconomie des animaux malados.
Apres l'opéralion par les casseaux, Ie placementde l'animal exige quolques precautions spéciales, ayant surtout pour bul d'empöcher que les casseaux ne soient arrachés prómaturéraent par Ie sujet lui-mt'me. Ainsi, pendant
Fig. 39.
tout Ie temps que cos instru-
ments reslonl en place, il convient de ne pas aban­donner l'animal en libertc, ni dans les paturages, ni
dans une boxe; car il pour-rait tenter de les arracher avec les dents et donner lieu ainsi a des accidents parfois redoulablcs, qu'on évilera, soit en altachant les animaux a l'écurie avec deux longes, soit en leur
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mettant Ie collier a chape-let {fig. 39) ou Ie beton ä surfaix. Les animaux opérès onl encore la possibilité de se frotter sur l'exlrémilé des barres de
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separation, danger qu'on ne peut éviter, indépendamment des autres precautions prises, qu'en exercant, pendant tout Ie temps que les casseaux restent en place, une surveillance attentive. Une precaution supplementaire, tendant au même but, est de trousser la queue de l'animal ou de la lui tenir fixée de cóte, en la laissant ainsi jusqu'a ce que les casseaux soient enlevés, ce qui empêche les crins de s'accrocher aux casseaux et d'opérer des tiraillements dangereux pouvant donner lieu ä des hémorrhagies plus ou moins difficiles ä arrêter.
3deg; Regime du sujet opéré. — L'animal, après l'opéra-tion, outre les soins ci-dessus, doit être soumis ä un certain régime, c'est-a-dire ä une diète plus ou moins rigoureuse en raison de ses forces et de sa constitution. S'il est en bon état, on ne lui donne, pendant les premiers jours qui suivent l'opération, que de la paille, de l'eau blanchie par de la farine d'orge et du son, quelques racines ou quelques herbes; ce régime est continue pendant tout Ie temps que dure la fievre traumalique. Quand cette période est passée, vers Ie dixième jour environ, on rend, peu a peu, la nourriture plus substantielle, jusqu'a ce qu'on soit arrive è rétablir la ration accoutumée.
Quelques vétérinaires recommandent une diète plus severe en­core. Ainsi, Cailleux, qui a tanl contribué par sa pratique et ses écrils a préciser les regies de la castration, maintenait pendant trois semaines l'animal ä la diète, et, au bout de ce temps-la seulement, commencait ä augmenter progressivem ent la ration. Disons que, sous ce rapport, il ne saurait y avoir de regle absolue; la ligne de conduite ä observer dependant uniquement de la force du sujet et de son temperament. L'essentiel est de nepas modifier trop profon-dément, pendant cette période, le mode d'alimentation antérieure-ment suivi par le sujet. Par exemple, s'il était au vert, au mo­ment de l'opération, il sera avanlageux de continuer ce régime a l'écurie, et de même dans les autres cas.
Il est bon, pendant que l'animal est au régime, de lui faire faire un peu d'exercice, quelques promenades. Certains praticiens, allant plus loin, recommandent une promenade de trois ou quatre heures chaque jour. On ne volt pas l'utilité d'un semblable exer-cice; landis que, d'un autre cóté, on en con^oit aisément les in-
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convénienls. Ainsi, on expose Faniinal ä des refroidissements, outre que la plaie peut être aggravée par Ie froissement des sur­faces traumaliques, lefroltement des casseaux, etc.
4o Soins locaux; pansement des plaies du scro-tuin. — Les plaies du scrotum, consécutives a Topération, récla-ment aussi quelques soins. Toutefois , pendant les trois ou quatre premiers jours, il convient de s'abstenir de toute action directe sur les parties opérées; il faut laisser s'établir, sans y apporter aucua obstacle, Ie travail inflammatoire; après quoi, seulement, il est utile d'intervenir.
11 faut commencer, quand on s'est servi des casseaux, par enlever ces instruments, ce que 1'on fait des que la mortification du cordon est complete, c'est-a-dire, comme nous Tavons vu, vers Ie quatrième ou Ie cinquième jour. Après leur chute, reste une lame de tissus mortifies, parcheminés, et mesurant en hauteur la largeur mème des casseaux : c'est l'eschare produite par l'aclion compressive de ces derniers sur Ie cordon, et qu'on laisse entière pour prévenir toute hémorrhagie; eile rentre dans la plaie, oh l'entratne la retraction du cordon, se ramollit, et se détache ensuite peu ä peu.
Aprèsl'enlèvement des casseaux, ou bien immédiatement après Fopéralion, quand on a chatré par une autre methode, il est essentiel de s'opp'oser a l'adhésion des lèvres de la plaie scrotale, qui aurait pour consequence de retenir, dans l'intérieur du sac vaginal, soit l'extrémité mortifiée du cordon, soit reschare pro­duite par Ie feu, quand on a employé ce procédé, soit Ie lien quand on a opéré par ligature, etc., et d'ajouter, ä la lesion exis-tante, un surcroit d'inflammation determine par la presence de ces corps étrangers. Le sang et le liquide séro-purulent qui s'épan-chent de l'intérieur de cette cavitó, y sont également retenus, quand les lèvres de la plaie extérieure se rapprochent trop tót, et deviennenl la cause de ces forts engorgements des bourses et du fourreau si frequents ä la suite de la castration.
Pour rompre ces adhérences, il suffit, l'aniraal restant ä sa place, d'introduire le doigt dans l'intérieur de la plaie; cela a pour effel de donner immédiatement issue ä une certaine quantité de liquides, et d'amener aussitdt la dimiuuliou de la tumeur scrotale.
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Oa avait l'habitude autrefois, aussitót après 1'opération, d'en-duire d'un corps gras les levres de la plaie. Peut-êlre cette prati­que avait-elle pour but de remplir rindication que nous signalons. Actuellement, eile est encore mise en usage par certains praticiens, notamment par ceux qui opèreut la castration par Ie feu; et quel-que idéé que peuvent s'en faire ceux qui la suivent, il est permis de la considérer, au point de vue que nous indiquons, comme une coutume rationnelle.
Lorsque la suppuration est établie, la plaie ne reclame plus que des soins de propreté. Il faut éviter, d'abord, que Ie pus séjourne a l'entour de la solution de continuité; pour ceia, il suffit de laver les parties une fois par jour avec de l'eau tiède savonneuse, vineuse ou chlorurée, en ayant ensuite la precaution d'enlever exactement, ä l'aide d'une éponge ou d'un linge sec, l'humidité qui reste sur Ie scrotum ou ä la face interne des cuisses.
Dans tous les cas, on doit absolument s'interdire d'explorer, avec Ie doigt ou un instrument quelconque, l'intérieur des plaies au-delä de 1'extrémité tronquée du cordon, une semblable manoeuvre ne pouvant avoir d'autre résultat que de détruire les adhérences qui s'établissent entre la face externe du cordon et Ie feuillet parietal de la gaine séreuse, et qui constituent précisément Ie phé-nomène essentiel de la cicatrisation des plaies de castration. En rompant ces adhérences, non-seulement on entrave la marche naturelle de la guérison, mais on provoque la tumefaction du cordon testiculaire, et on donne lieu ainsi au développement de eet accident qui sera plus tard étudié sous Ie nom de champignon.
Peur Ie même motif, on s'abstiendra encore de pratiquer, dans la solution de continuité, les injections detersives recommandées par quelques auteurs. Tout au plus ces injections sont-elles indiquées quand, ä la suite d'une hémorrhagie prolongée, Ie sac vaginal se trouve rempli de caillots sanguins qui pourraient, en se décompo-sant, devenir la source d'accidents gangréneux. Mais une fois les caillots évacués, la regle est de s'abstenir de toute injection nou­velle el de laisser la cicatrisation s opérer sans l'aider d'aucun con­cours intempestif ou dangereux.
go Soins généraux et snpplémentaires. — Les soins généraux que reclame l'animal pendant la durée du travail
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SOINS CONSÉCUTIFS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 163
inflammatoire, se bomeront, dans la plupart des cas, a l'obser-vation des precautions hygiéniques précédemment indiquées : séjour dans un lieu sain et aéré; courtes promenades journalieres, quand Ie temps Ie permet, avec soin d'éviter les refroidissements, les courants d'air; régime rigoureux d'abord, pendant la durée de la fievre, puis, de plus en plus substantial, ä mesure que Ie travail inflammatoire s'apaise; enfin, remise de l'animal ä son travail quand la fièvre ä complétement cessé, c'est-ä-dire du dixième au quinzième jour.
Ces soins ordinaires seront, dans certains cas, completes par quelques soins supplémentaires, suivant Vindication qui pourra s'offrir. Teile est la saignée après l'opération, recommandée par beaucoup de praticiens, par Cailleux , notammeut, qui la jugeait indispensable pour les chevaux nouvellement caslrés, se trouvant en état d'embonpoint, et qui la faisait immédiatement après l'opé­ration , quelquefois Ie lendemain; il tirait alors environ 3 kilog. de sang a l'animal. Mais Ie plus grand nombre des vétérinaires considèrent cette saignée comme inutile, et bonne, tout au plus, ä débiliter Ie sujet et a Ie rendre plus impressionnable aux influences extérieures. Nous partageons cetle maniere de voir.
Une diète rigoureusement observée suffit dans la grande majo-rité des cas pour prévenir une fièvre de reaction trop vive. Quand néanmoins cette fièvre se manifeste et s'accompagne de constipa­tion , quelques lavements emollients et des boissons laxatives suf-fisent pour en atténuer les effets les plus marqués.
Il convient ensuite de porter attention aux accidents locaux qui peuvent survenir, et dont les plus ordinaires sont l'héraorrhagie et l'engorgement des bourses. Quand l'hémorrhagie est légere, eile s'arrête spontanément, peu de temps après l'opération. Si eile se prolonge au-dela de quelques instants, on applique des dou­ches fratches sur les lombes, on fait des lotions d'eau fratche sur Ia region opérée; en même temps qu'on laisse l'animal au repos, la marche ne pouvant que favoriser Ie retour du sang. Si, malgré ces moyens, l'hémorrhagie persiste, elle devient un verita­ble accident, reclamant des soins nouveaux qui seront mdiqués plus loin.
L'engorgement des bourses, ainsique I'oedème qui l'accompagne
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habituellement, ne réclament, dans la plupart des cas, aucun soin particulier. Ce n'est que lorsque la tumefaction est considera­ble, qu'il est utile, pour en amener Ie dégorgement, de pratiquer avec Ie bistouri droit un certain nombre de mouchetures, de 2 ä 3 centimetres de profondeur. Le liquide épanché s'écoule par ces ouvertures, et en peu d'heures, le volume de la tumefaction se trouve (onsidérablement reduit. Si l'redeme persiste après la cicatrisation de la plaie, et si l'on est dans la belle saison, on fait prendre a l'animal quelques bains d'eau courante, dont l'action ré-solutive achève de faire disparattre ce qui reste de l'engorgement.
Article VI.
ACCIDENTS POÜVANT SÜRVENIR A LA SUITE DE LA CASTRATION.
La castration, bien que d'une execution facile, est une opera­tion toujours compliquée par suite du nombre, de l'importance fonctionnelle, de la vive sensibilité des parlies qu'elle intéresse, des modifications variées, locales ou générales, et plus ou moins profondes, qu'elle enlratne. Ainsi, non-seulement, par la vive douleur qui l'accompagne, eile peut devenir le point de depart d'une reaction fècheuse dans toute l'économie; non-seulement, en raison de la lésion locale qu'elle nécessite, eile peut se compliquer de tous les désordres consécutifs aux affections indaramatoires et au développement de la fièvre traumatique; mais encore, en supprimant un organe essenliel exercant une influence marquee sur tous les actes de la vie, la castration doit troubler profondé-ment l'équilibre fonctionnel de l'animal qui la subit, et peut devenir, de la sorte, une source féconde d'accidents graves.
Nous ferons remarquer, cependant, que ces accidents, bien que varies dans leur nature, sont loin d'etre aussi frequents que pour-rait le faire supposer eet ensemble de conditions favorables a leur développement. Ce n'est qu'exceptionnellement, en la supposant pratiquée d'une maniere rationneile, que la castration offre des dangers, et encore, lorsqu'elle a des suites fAcheuses, cela tient-il le plus souvent a un mauvais état antérieur du sujet, ou bien ä l'influence de certaines causes extérieures, indépendantes de l'opé-
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ACCIDENTS. COtIQUES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 165
ration elle-mème. Quoi qu'il en soit, voici, sans prétendre les indiquer tons, — dans l'inipossibilité oü nous sommes de prévoir l'infinité des circonstances palhologiques accessoires, dependant: d'obstacles imprévus apportés ä la marche de la plaie, du mode d'abattage, de l'absence des soins prescrits, etc, qui peuvent compliquer l'opération et dont l'étude nous éloignerail de notre sujet, — voici, disons-nous, ceux de ces accidents qu'il est per­mis de considérer comme parliculièremenl lies ä la pratique de la castration. Ce sont:
Les coliques,
L'arrachement des casseaux,
L'hémorrbagie,
L'engorgement de la region scrotale,
La gangrene,
Les abces des bourses et de 1'aine,
L'inDammation du cordon ou champignon,
Les fislules,
La hernie inguinale,
La péritonite,
Le télanos,
L'amaurose.
1 o Coliques. — Les coliques sont un des accidents les plus ordinaires et les moins graves qui puissent survenir a la suite de Ia castration; elles sont dues, soit a la douleur que fait éprouver au sujet le tiraillement du cordon exercé par le casseau, soit ä un derangement intestinal survenu ä la suite des raouvements désor-donnés provoqués par l'opération. Elles apparaissent quelquefois aussitót apres que l'animal est relevé; d'aulres fois, elles ne se manifeslent qu'au bout de quelques heures. Elles sont d'autant plus vives, en general, que le procédé de castration a été plus doulou­reux ; c'est ainsi que le procédé par torsion en provoque parfois d'une extreme violence, et pouvant alteindre une durée moyenne de quatre ou cinq heures.
Les soins reclames par les coliques de castration sont, en gene­ral, très-simples. Le plus souvent, une promenade suffit, en atten­dant que le cordon ait pris l'habitude de sa position nouvelle. Si les symplómes s'aggravent, on a recours aux lavements, ä la sai-
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gnée, après quoi on laisse l'animal au repos, eet accident n'ayant pas d'ailleurs, ä moins de circonstances tout^ä-fait exceptionnelles, des suites autrement dangereuses.
Quelquefois les coliques surviennent après ropéralion de la hernie inguinale, par suite du pincement d'une anse intestinale entre les deux branches du casseau. Nous verrons, en nous occu­pant de la hernie de castration, les soins qui sont indiqués quand un semblable accident se manifeste.
2deg; Arrachement des casseaux. — Cet accident peut arriver lorsque l'animal, provoqué par la gêne qu'occasionne la presence des casseaux, porte les dents sur la region opérée, ou frotte violemment cette partie contre les corps résistants places a sa portee; ou bien encore, lorsque les crins de la queue s'étant attaches aux casseaux, l'animal frotte cette partie contre lè mur ou l'accroche a quelque aspérité. Ajoutons que la facililé que l'on a toujours de prévenir un semblable accident, en altachant l'ani­mal très-court ou a deux longes, en lui mettant Ie collier ä cha-pelet ou Ie baton a surfaix, ne laisse pas, quand il arrive, que d'en faire peser la responsabilité sur l'opérateur, pour peu que celui-ci ait négligé ces fort simples precautions.
La consequence la plus grave qui puisse résulter de l'arrache-ment des casseaux ou de l'un des deux est l'hémorrhagie. On y remédié en réappliquant Ie casseau et en mettant l'animal dans l'impossibilité de l'arracher de nouveau. Si on ne peut remettre Ie casseau en place, l'accident devient un cas d'hémorrhagie ordinaire, a laquelle on remédié comme il sera dit ci-après.
3raquo; Hémorrliagie. — L'hémorrhagie est un des accidents les plus fréquemment observes ä la suite de la castration. Elle est pro-duite par l'ouverlure de la grande testiculaire, soit que cette artère n'ait pas été complétement oblitérée par suite de l'insuffi-sance du procédé de castration mis en pratique, soit qu'une cir-constance particuliere en ait provoqué la réouverture accidentelle.
Suivant l'époque ä laquelle eile se manifeste, l'hémorrhagie peut être primitive ou consecutive. On la dit primitive toutes les fois qu'elle apparatt comme consequence immediate de l'opération; eile est, dans ce cas, d'autant plus ä redouter, que Ie procédé mis en usage offre moins de süreté pour empêcher 1'écoulement du
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ACCIDENTS. HÉHORRBAGIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;167
sang. Ainsi, eile est surtout frequente a la suite de la castration parl'une des methodes : excision, torsion, emploi du feu, etc., oü Ton ne se sort ni de fil ni de casseau pour élreindre le cordon. En parlant de ces methodes en particulier, nous avons déja men-tionné les dangers qu'elles peuvent offrir sous ce rapport, et que tonte l'habileté de l'opérateur ne réussit pas toujours ä conjurer. Tandis qu'avec les casseaux, un semblable accident n'est pour ainsi dire jamais äcraindre, au moins primitivement. Quand alors l'hémorrhagie se declare, eile peut tenir è l'irrégularité de forme de ces instruments, ä une compression inegale et, parlant, insuf-fisante en certains points; ä leur confection, soit en bois trop sec, ce qui les expose ä se rompre par les efforts de l'animal, soit en bois trop flexible, ployant sous l'effort du lien sans comprimer le cordon; ä l'application d'un lien mal noué, ou non assez serre, etc. La ligature expose également aux hémorrhagies, quand eile n'est pas serrée d'une maniere süffisante, ou bien quand on opère sur une artère d'un tissu fragile, prompt ä se rompre au-dessus du lien; quand on fait usage d'un fil trop fin, ou quand on exerce une trop forte striction pouvant amener la division des tuniques arterielles.
L'hémorrhagie consecutive peut être le résullat d'un fait acci-dentel, survenant lorsque l'opération est terminée, ou d'une cicatrisation imparfaite du cordon. Contrairement ä ce qui a lieu pour l'hémorrhagie primitive, rare surtout après la castration par les casseaux ou la ligature, l'hémorrhagie consecutive est plus commune a la suite de la castration par ces procédés que dans les autres cas, oü le cordon retire dans le sac vaginal se trouve mieux ä l'abri de toute violence extérieure; en outre, Tariere, ayant pu obéir librement ä sa retraction, s'est fermée d'une ma­niere plus complete, enlourée des tissus de nouvelle formation créés par le travail organisateur qui s'opère autour et a l'extrémité du cordon. L'hémorrhagie consecutive k la castration par casseaux peut se produire quand l'animal arrache les casseaux avec les dents, ou bien quand ils sont pris et tiraillés par les crins de la queue. Elle est ä craindre encore quand on enlève trop lot les casseaux, surtout quand ils n'ont pas été assez serres. Enfin, l'hémorrhagie peut être une consequence de l'enlèvement même des
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casseaux, pour peu qu'on exerce sur eux de trop fortes tractions, qu'on excise l'eschare trop pres des parties vives, au lieu de la laisser entière pour fermer solidement l'artère et résister ä l'afflux du sang.
A ces causes tout accidentelies des hémorrhagies testiculaires, s'ajoutent quelquefoisrinDammation, l'induration du cordon, qui, en empêchant la retraction de Tariere, provoquent l'écoulement sanguin et Ie rendent plus redoutable. Quelquefois même l'affec-tion du cordon s'accompagne d'un développement plus ou moins considerable des vaisseaux, constituant pour l'héraorrhagie une predisposition fächeuse qui ajoule encore a la gravilé du cas. 11 en est de même lorsque Ie sujet présente eet élat de fluidilé du sang si favorable au développement des hémorrhagies, et que l'on observe principalement chez les animaux lymphatiques, chétifs, ou qui ont éprouvó de longues souffrances.
Peur chaque espèce d'hémorrhagie, lemoment oü eile apparait varia suivant les circonslances qui la font natlre. Primitive, eile peut se manifester immédialement ou quelques heures aprèsl'opé-ration, quelquefois plus tard, suivant Ie degré de solidité de l'oc-clusion du vaisseau. Consecutive, eile survient, en certains cas, aussilót après Farrachement ou Tenlèvement du casseau; d'autres fois, plusieurs heures ou même plusieurs jours après.
Quand l'hémorrhagie se declare, eile se reconnalt aisément a son Symptome caraclérislique .- l'écoulement du sang au dehors. Très-faible, eile se décèle aux traces de sang répandues sur Ie sol, et qui vont s'augmentant d'une maniere continue. Plus intense, eile forme un jet sanguin parfois considerable, rapide, de la gros-seur d'une tige de paille, que Ton voit tomber de la region testi-culaire. D'abord continu et pouvant alors donner environ 1 deci­litre de sang par minute, ce jet se ralentit, devientun mince filet; puis Ie sang tombe goutle a goulte, et finit par cesser définitive-ment; ou bien il s'interrompt seulement, pour recommencer dès que l'animal se livre ä quelques mouvements.
Parfois, surtout lorsque l'ouverturede la piaieest étroite, l'écou­lement cesse sans que pour cela l'hémorrhagie s'arrête. Alors le sang resle dans le sac vaginal qui se remplit, se distend, et constilue une tumeur molle, rappelant par sa forme le scrotum
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ACCIDENTS. HËHORRHAGIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;169
du cheval entier. Si on comprimé celle tumeur, eile se vide du sang qu'elle contient, l'hémorrhagie recommence, et ainsi de suite tant que Ie vaisseau n'est pas oblitéré par la constriction de ses parois. Lorsque le sang s'accumule ainsi au-dessous du cordon, il contribue, en se formant en caillot, ä arrêter l'hémorrhagie; il serait done irrationnel de chercher a l'extraire avant d'etre assure de roblitération complete de l'artère.
Quand l'écoulement a cessé par la formation, au-dessous du cordon, d'un caillot obturateur, on observe , peu après, un suin-tement, produit par le serum du sang épanché, qui se sépare du caillot et se trouve, par suite, chassé au dehors. Ce phénomène est important a constater; car il indique que l'hémorrhagie a tout-ä-fait cessé. On ne confondra pas d'ailleurs ce liquide avec la sé-rosité qui, chez certains sujets, s'échappe au dehors, quand on ouvre la tunique vaginale, et parfois continue de couler plus ou moins longtemps après l'opération.
Quelquefois, au lieu d'etre continu, Tecoulement, comme nous l'avons dit, est intermittent, ce qu'on observe surlout dans les hémorrhagies violentes, alors que le sang, raréfié, est retenu mo-mentanément dans les vaisseaux, pour recom meneer ä couler des quil s'est reconstitué dans l'appareil circulatoire. Les faiblesses, les syncopes surviennent alors, avec une intensilé variable, s'ac-compagnant d'un engorgement de la region opérée, rendu plus considerable par l'état d'appauvrissement du sang. En ce cas, ne tarde pas ä se manifester une suppuration abondante, sanieuse, odorante, de mauvaise nature, dont les produits, se mêlant au sang qui continue de couler, conslitueraient un veritable foyer de putrefaction, si les soins de propreté et l'emploi rationnel des moyens hémostaliques ne venaient s'opposer ä cette aggravation de l'accident.
Le pronostic ä porter sur la gravilé de l'hémorrhagie ne dépend pas seulement de l'abondance de la perte du sang. Il varie encore suivant le moment ou apparatt l'accident, suivant sa cause imme­diate , etc. Ainsi, ce pronostic est d'autant plus facheux, que l'acci­dent apparalt plus longtemps après l'opération, ce qui indique une artère d'un volume considerable et d'une difficile obstruction. Il est grave également lorsque le cordon a été déchiró par arrachement du
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casseau, et surtout si l'organe, fortement rétractó dans Ie trajet ingui­nal, est difficile ä atteindre. Ledanger, au contraire, est presque nul, quand l'hémorrhagie ne dépend que d'un défaut de compres­sion de la ligature ou du casseau, ou bien lorsque, la castration ayant été faite par un autre procédé que les casseaux ou la liga­ture, Ie sang se montre aussilót après l'opération, attendu qu'il est facile encore en ce moment de l'arrêter d'une maniere definitive, par una nouvelle application du procédé d'abord employé.
On prévient toujours l'hémorrbagie de Tariere testiculaire en s'assurant, des que la castration est opérée, que l'oblitération de l'artère est complete, et que tout écoulement de sang est rendu impossible; en prenant ensuite toutes les precautions indiquées pour empêcber l'animal de se frotter sur la plaie, d'y porter les dents; en l'observant assiduement pour pouvoir remédier de suite a rhémorrhagie, si eile se manifeste. Dans Ie cas ou on aurait opéré par un procédé autre que les casseaux ou la ligature, on main-tiendrait une éponge mouillée sur la plaie jusqu'ä ce qu'on n'ait plus ä redouter Touverture du vaisseau, etc.
Si, malgré ces precautions, l'hémorrhagie apparatt, un traite-ment approprié doit aussitót être mis en usage. Quand eile est légere, il suffit ordinairement, pour la faire cesser, de quelques douches fratches sur les lombes, accompagnées de lavements froids, de lotions d'eau fraiche sur les parties, de la compression des enveloppes avec la main; on favorise ainsi la formation de caillots obstructeurs a l'extrémité des vaisseaux. Lorsque ces moyens ne suffisent pas, on introduit dans la plaie un tampon d'éponge ou d'étoupes, mouillé de parties égales d'eau et de vinai-gre, et onl'y maintient, en resserrant par-dessus les enveloppes, jusqu'ä ce que l'hémorrhagie soit arrêtée.
Si, malgré tout cela, l'écoulement du sang persiste, il y a néces-sité de recourir a une methode plus efficace, k la cauterisation, k la ligature ou au tamponnement.
La cauterisation pourra être mise en usage quand, après avoir pratique la castration par Ie feu, l'hémorrhagie survient et résiste k tous les moyens. Alors on abat Ie cheval de nouveau, on täche d'atteindre Ie cordon avec la main, on replace la pince et on recommence la cauterisation. C'est, dit M. Petitclerc, une opéra-
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ACCIDENTS. HÉHORRBAGIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;471
tion très-dólicate, qui demande beaucoup de precautions pour ne pas dilacérer le cordon, et pouvoir le ramener au dehors sans déchirnre '. On a conseillé encore la cauterisation de la plaie au moyen d'un fer chaud, complétée par la combustion d'un peu de crins ou d'une autre substance pouvant brüler en produisant une couche carbonisée qui ajoute ä la resistance de l'eschare. Ce moyen est insuffisant et mêrue dangereux, rhémorrbagie pouvant repa-raïtre quand l'eschare tombe, et se montrer alors d'autant plus redoutable qu'elle s'accompagne d'une vive inflammation des parties.
Mais le plus souvent, pour arrêter les hémorrhagies qui ne cedent pas aux applications froides, on a recours ä la ligature. Pour la praliquer, l'animal est abaltu et fixé comme lorsqu'on veut faire la castration. On met un tord-nez, on pince la region dorsale pour favoriser le relächement du cordon; puis, après avoir débarrassé le sac vaginal du coagulum sanguin, qui s'y est formé, on introduit la main pour rechercher l'extrémité tronquée du cordon; on la saisit et on têche de l'amener au dehors par une traction modérée. Si, aux premières tentatives, on ne peut trouver le cordon, on cherche, avec les doigts, le repli séreux qui fixe le bord postérieur du cordon a la face interne du sac vaginal, on l'attire en gagnant sa partie antérieure, et le cordon arrive a la suite. Si Ia plaie scrotale se trouvait trop étroite pour permettre l'introduclion de la main, il faudrait la dilater par une incision praliquée en avant ou en arrière. On a conseillé encore, pour faci-liter cette manoeuvre, d'inciser verticalement la lèvre externe de la plaie, ce qui peut se pratiquer sans trop de difficulté, en fai-sant suffisamment relever la cuisse de l'animal.
Le cordon mis ä nu, on le lie dans sa totalité, avec un fort fil ciré ou avec une ficelle, ou encore, ce qui vaut mieux, on appli­que un casseau ä son extrémité libre. Quelquefois, surtout quand le cordon est tuméfié, on se contente de lier l'artère seulc. A eet effet, on plonge l'aiguille, munie d'un fil ciré, dans le faisceau antérieur du cordon, en arrière du paquet vasculaire, sur lequel ensuite, en ramenant les fils en avant, on -none étroitement l'anse
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serrée du fit Cela fait, principalement si Ie cordon est court, il est utile de s'opposer ä son ascension vers Ie trajet inguinal; on y parvient en arrêtant Ie fil, noué sur Ie cordon, aux levres de la plaie scrotale.
Malgré ses avantages, la ligature est une operation souvent dangereuse, difficile loujours, parfois même impossible. Dans ce dernier cas, on pratique Ie tamponnement, seule ressource du praticien, quand tout a échoué. On se sert, a eet effet, de plu-masseaux ou d'étoupes mouillées, qu'on fait pénétrer Ie plus profon-dément possible dans la gatne testiculaire, de maniere a en remplir la cavilé. L'étoupe sèche, qui ne serait mouillée que par l'imbi-bition du sang, se resserrerait par Ie tasseraent de ses filaments et formerait une masse moins considerable ä opposer ä l'hémorrhagie. On peut rendre ce tamponnement plus efficace, en recouvrant les premiers plumasseaux de résine pulvérisée, d'araadou oud'agaric préparé, ainsi que l'ont essayé avec succes quelques vétérinaires.
Reste a fixer Ie tamponnement, ce que l'on fait a l'aide de la suture è bourdonnets ou de la suture des pelletiers. La première suture est preferable, a cause de la facilité qu'elle offre de pouvoir être desserrée des que survient l'engorgeraent qui suit loujours l'opération; tandis que, avec la suture fixe des pelletiers, on expose la peau ä êtredéchirée, et Ie tamponnement ä tomber; on a essayé, il est vrai, de prévenir cette complication par l'applica-tion d'un bandage triangulaire, muni de trois liens, dont deux simples, remontant Ie long des Danes, se nouant Tun a l'autre sur les reins, et un troisième double, dirigé en arrière, passant sur les deux cótés de la queue el se nouant sur les lombes aux deux premiers. Mais un tel bandage ne porte pas, d'une maniere assez exacte sur l'appareil pour Ie soutenir complétement et en empêcher la chute; il ne peut done dispenser de l'emploi de la suture.
Lorsque, par une cause ou une aulre, viennent ä tomber les plumasseaux introduits dans la plaie, ou l'hémorrhagie a cessé, et alors tout traitement est terminé; ou eile continue, et, dans ce cas, il faut replacer Ie tamponnement comme en premier lieu. Quand, au bout de trois ou quatre jours, rien n'est survenu, on se borne a couper les fils, laissant les tampons se detacher d'eux-mêmes, car si on les arrachait avant que se soient spontanément
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ACCIDENTS. ENGORGEMENT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;173
détruites les adhérences qu'ils ont pu contracter avec les caillots des vaisseaux, on s'exposerait a provoquer de nouveau Técoule-ment du sang.
Si, maigré un lamponnement persévérant, l'hémorrhagie con­tinue , ce qui ne peut êlre dö qu'ä une Quidité extreme du sang, on a recours aux hémostatiques les plus énergiques, et notam-ment au perchlorure de fer, employé ä 1'extérieur et ä l'inté-rieur. Lorsque ce medicament puissant reste sans effet, ce qui ne peut arriver que très-exceptionnellement, il y a lieu de considérer Ie ma! comme au-dessus de teute ressource. Néanmoins, on fera bien de persévérer, jusqu'au dernier moment, dans l'emploi des moyens recommandés, Ie sujet pouvant être sauvé tant qu'il lui reste quelques forces. On a vu guérir des animaux qui avaient perdu, de la sorle, d'énormes quantités de sang, et tromper ainsi les pronostics les plus fächeux.
4deg; Engorgement de la region scrotale. — Get engor­gement est la consequence a peu pres inevitable de l'inDammation consecutive ä l'opération, aggravée par la presence de l'appareil coustricteur du cordon, par l'état de compression des organes. Sur-tout considerable chez les Jeunes sujets, il se montre du deuxième au troisième jour de l'opération, et precede ainsi l'établissement de la suppuration.
D'une étendue très-variable, l'engorgement des bourses n'affecte parfois que Ie fourreau, finit par se fixer a la partie antérieure de ce repli cutané et se dissipe en peu de jours ä mesure que la cica­trisation s'achève. Il rentre alors tout-ä-fait dans les phénoraènes normaux qui accompagnent la castration, et n'exige d'autre soin qu'un peu d'exercice. D'autres fois, comme on l'a particulièrement observe ä la suite de la torsion, eet engorgement est plus conside­rable, s'étend aulour desplaies, sous Ie ventre, arrive jusqu'aux parois thoraciques; alors l'animal paralt souffrir davantage; sa marche est erabarrassée, et la tension du fourreau determine une sorte de phimosis qui retarde la guérison.
Il n'y a pas lieu pourlanl de s'inquiéter, surtout si la tumefaction n'arrive pas a la region de l'aine, si la suppuration de la plaie est de bonne nature, si, enfin, l'état general du cheval n'en parait pas trop affeclé. Assez souvent la tumefaction des bourses s'accom-
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pagne de la formation d'un oedeme sous le venire; ce n'est lä une complication sérieuse que si roedème se forme et se développe avec une certaine rapidité, car alors il peut annoncer l'apparition de la gangrene. Dans le cas contraire, lorsqu'il se borne a occuper les parties déclives, il est sans gravité. Une diète modérée, la pro­menade, une saignée légere, quand l'animal a des dispositions ä l'état pléthorique, suffisent en general pour combattre eet engor­gement. S'il est considerable et persistant, on pratique quelques mouchetures, aßn de dégorger les parties; on nettoie l'intérieur du fourreau pour enlever la matière sébacée qui entretient l'irri-tation, et la tumefaction se dissipe sans laisser de trace.
En certains cas, l'engorgement se développe d'une maniere plus tardive; il apparalt alors vers le septième ou le buitième jour seu-lement et coincide avee'la diminution de la suppuration, l'affaiblis-sement de la fievre, etc. Quand cela arrive, il y a lieu de penser que l'inflammation a envahi le cordon, ce qui constitue un accident d'un autre ordre dont nous nous occuperons plus loin.
5deg; Gangrene. — La gangrene est une complication fort redoutable et malheureusement assez frequente de la castration. Provoquée par I'inQammation consecutive ä l'opération, eile se manifeste en ce cas sous l'influence de causes semblables ä celles qui déterminent son apparition dans toutes les lesions trauma-tiques. Ainsi, eile est commune surtout: dans les contrées méri-dionales, pendant les saisons oü la temperature est chaude et humide, sur les animaux affaiblis ou de mauvaise constitution, et se declare d'autant plus aisément que les plaies de castration, pro­fondes, étendues, interessant les tissus les plus divers, exposées ä l'air, susceplibles par leur position déclive d'etre le siége d'infil-tralions sanguines ou séreuses propres ä modifier plus ou moins la vitalité des tissus envahis, que ces plaies, disons-nous, sont dans les conditions les plus favorables au développement des acci­dents gangréneux. L'apparition peut être favorisée encore par le mode opératoire, quand ce mode est de nature ä donner lieu a des infiltrations considerables; par une operation imparfaitement exécutée, après laquelle on a laissé une partie du cordon dans un état de mortification incomplete, offrant une cause d'irritation nouvelle; par l'enlèvement premature des casseaux, produisant
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ACCIDENTS. GANGRENE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;175
Ie même effet; par Ie séjour daas la plaie d'une partie du caus-tique joint aux casseaux; par toutes les causes, enfin, qui ont pour effet d'ajouter ä l'intensité des symplömes inflammatoires.
Quand eile survient, la gangrene s'annonce par les signes divers qui la décelent ea loute circonstance. A la region inguinale, on voit apparaitre un fort engorgement qui acquiert promptement une très-grande étendue, et finil par atleindre, pour peu que le mal fasse quelques progrès, le périnée, le plat des cuisses, les flancs et toute la region abdominale jusqu'au thorax. Cette tumefaction se distingue aisément, par la rapidité avec laquelle eile s'étend, de Fengorgement simple dont nous avons parlé. Elle en diffère encore par d'autres caractères. Ainsi eile se montre plus tardivement, est douloureuse au début, puis froide, cedémateuse, et en même temps crépitante sous le doigt. Du cóté de la plaie, la sensibilité est très-vive; la suppuration est arrêtée et remplacée par un écou-lement de matière séro-sanguinolente, sanieuse, exhalant une odeur fétide prononcée et caracléristique. A ces phénomènes locaux se joignenl tous les signes d'une fievre intense. L'auimal perd 1'appétit, éprouvé des frissons, respire avec difficulté, tombe dans un élat de proslation plus ou moins prononcé; et, si rien ne vient en traver la marche de ces graves symptómes, en cinq ou six jours il succombe ä la violence du mal.
Les soins a donner quand de tels phénomènes se déclarent sont ceux qui conviennent ä tous les cas de gangrene, et que nous n'avons, en consequence, qu'a rappeler sommairement. En pre­mier lieu, on procèdera ä la destruction rapide de toutes les parties, de tous les tissus déja atteints par le mal. L'excision des parties at-teintes et la cauterisation par le fer rougi a blanc, sont les procédés ä mettre alors en usage et dont l'efficaeité sera d'autant plus grande qu'on les aura appliques avec plus d'énergie, qu'on aura eu soin de dépasser les limiles même du mal, afin d'assurerla destruction complete de tous les tissus atteints de mortification. On continuera par des lotions d'eau chlorurée, par l'application de poudres de quinquina, d'alun calciné, et autres poudres escharotiques el anti-septiques; par 1'administralion, ä l'intérieur, d'infusions aromati-ques, etc. Il Importe surtout que ces moyens, et quelques autres analogues que pourront dicter les circonstances, soient appliqués
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avec toute la promptitude possible. S'ils restant sans effet, si malgré la medication la plus énergique, la gangrene continue ses progrès, il n'y a plus d'espoir a conserver; une mort rapide ne tarde pas ä survenir.
6raquo; Abces des bourses et de I'aine. — Dans certains cas, alors qu'on a lieu de croire guérie la plaie resultant de la cas­tration , on voit l'animal êlre pris d'une certaine raideur de l'un de ses membres postérieurs; et si Ton examine la region opérée, on constate la presence d'un abces, soit dans les bourses, soit au pli de I'aine, du cólé de ce membre. L'abces des bourses, qui se montre surlout quand on a fait Fopération par la ligature, a, pour double cause, la brieveté de l'incision des enveloppes, et l'occlusion trop rapide des lèvres de la plaie, fermée avant l'achevement du travail de cicatrisation autour et a l'extrémité du cordon. En ce cas, les produils de secretion formes au fond de la plaie, ne trouvant plus d'issue pour s'échapper, s'accumulent dans la partie inférieure du sac vaginal, et formant une tumeur purulente qui a tous les caraclères de l'abcès. Le sein de conserver assez longs les bouts de la ligature, de maniere ä ce qu'ils dépas-sent las lèvres de la plaie, ne suffit pas loujours pour empècher celle-ci da se fermer; ellese ressarra alors peu ä peu autour des fils, et finit raême par empècher leur chute après qu'ils se sont détachés du cordon. Mais en ce cas una légere traction suffit pour rompra l'obstacle et donnar issue ä la matière purulente accu-mulée dans la tumeur.
En résumé, l'abcès des bourses est un accident généralement sans gravité; une large incision avec le bistouri, suivie de l'éva-cuation du pus, suffit pour en amener promptement la guérison.
L'abcès, au lieu de se former dans les bourses, apparait quel-quefois dans la region de I'aine. Il se montre alors beaucoup plus tardivement, trois semaines, un mois et plus, après Toperation, et s'annonce par l'apparition, dans l'un des plis de I'aine, d'un engorgement qui peu a peu augmente, fait bolter l'animal, gêne sa marche et prend parfois des proportions considerables. La dou-leur est vive, le décubitus impossible. Enfin, au bout d'un temps de souffrance plus ou moins prolongé, on sent la fluctuation carac-téristique de l'abcès. Cet accident est dü également a la trop
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ACCIDENTS. CHAMPIGNON.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;177
grande promptitude de la fermeture de la plaie; seulement. dans ce cas, le pus, au lieu de s'accumuler sur place, va se faire jour plus loin, occasionnant, quelquefois, par sa presence, des phé-nomènes inflammatoires assez intenses. On les prévient en surveil­lant la cicatrisation de la plaie. Si, malgré toutes les precautions, l'abcès se forme, il ne reste plus qu'k I'ouvrir d'un coup de bis-touri. L'animal, aussiiót soulagé, guérit ensuite en peu de jours.
7deg; Inflammation du cordon; Champignon. — L'in-flammation des bourses, sous I'inDuence de causes diverses, peut, en certains cas, s'étendre jusqu'au cordon testiculaire, et alors eile donne naissance ä un accident nouveau, qui, lorsqu'il a atteint un certain degré de complication, recoit le nom de champi­gnon, et que Ton considère, a juste titre, comme un des plus graves qui puissent survenir ä la suite de la castration.
11 Importe de ne pas confondre celte inflammation essentielle-ment anormale du cordon avec les phénomènes inflammatoires qui se manifestent constamment après l'opération, et par lesquels commence le travail organique de la cicatrisation. L'inflammation, en ce cas, loin de constituer un accident, est un phénomene utile, d'un caractere tout-ä-fait reparateur, nécessaire enfin ä la guérison de la solution de continuité.
Mais quand riuflammation dépasse ces limites normales, et, par sa persistance, provoque de nouveaux désordres, elledevient une complication veritable, pouvant affecter une plus ou moins grande élendue du cordon. Quelquefois eile se borne a l'extrémité libre de eet orgaue, laquelle alors devient le siege d'une vegetation cellulo-vasculaire, en forme de champignon, d'oü le nom donné ä cette production pathologique. D'autres fois le cordon entier se trouve envahi et offre l'aspect d'une masse indurée, a laquelle, pendant longtemps, on a donné le nom de squirrhe du cordon, bien qu'il n'y ait rien dans la lumeur qui rappelle le tissu cancéreux; les Allemands, avec plus de raison, désignent eet état sous les noms de induration ou fistule du cordon spermatique; ce n'est, en defi­nitive , qu'une forme particuliere, que le degré le plus avance du champignon.
Entre ces deux états extremes, l'inflammation du cordon peut offrir des variétés infinies, de forme et d'étendue diverses, mais
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qu'on peut ramener, suivant la distinction élablie par M. H. Bouley, a deux principales: Ie champignon externe o\i extra-scrotal, exis-tant a l'extrérnilé inférieure du cordon et faisant saillie hors de l'ouverture des bourses, et Ie champignon interne ou intra-scrotal, lequel, suivant l'étendue du cordon qu'il affecte, peut être encore inlra-inguinal ou intra-abdominal, l'accident, en ce dernier cas, ayant atteint son maximum de gravité.
L'elt;io/olt;/te du champignon est un point fort obscur encore de l'histoire de cetle affection. Se développant, d'une maniere a peu pres exclusive, a Ia suite de la castration par incision des bourses et mise a jour du cordon, quel que soit, d'ailleurs, Ie procédé em­ployé, Ie champignon peut nattre dans les circonstances les plus opposées et les moins propres a faire prévoir son apparition. Ainsi, tandis que parfois ou ie voit se manifester chez des animaux opérés dans les meilleures conditions possibles, chez d'autres sujels on attendrait en vain qu'il se montrftt, alors que pourtant toutes les circonstances présumées favorables a son développement semblent avoir exercé leur influence.
Nonobstant, diverses causes ont été signalées comme étant de nature ä favoriser l'apparilion du champignon. La principale est Fexccs d'inOammation de la plaie de castration, quelle que puisse être l'origine de eet élat anormal de phlogose. Cetle inflamma­tion, par sa persistance, provoque, dans la region affectée, un afflux d'humeurs qui change Ie cordon en une masse dans la-quelle la circulation, ne pouvant régulièrement s'élabiir, bien que Ie sang continue d'y être apporlé par l'artère grande testiculaire, donne lieu a une hypertrophie d'une élendue variable; cette ex-croissance anormale est ce qui conslilue Ie champignon.
D'après cela, il est permis de considérer comme causes indi-rectes de l'accident qui nous occupe toutes les circonstances de natureä provoquerou a entretenir l'irrilatjon du cordon testicu­laire : — des manipulations prolongées, des tractions violentes exercées pendant l'opération, — la distension du cordon exercée par les casseaux, soit que ceux-ci aient été places trop haut, soit que Ie cordon se trouve lui-même trop court;—l'exposition du cordon ä l'air quand il présente une longueur excessive, el se trouve ainsi en parlie ä découvert au-dessous des bords de la
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ACCIDENTS. CHAUPIGNON.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;179
plaie; — des manoeuvres inconsidérées cxercées pendant le travail de cicalrisalion, telles que l'introcluclion du doigt entre le cordon et la face interne du sac vaginal, 1'usage d'injeclions detersives au fond de la plaie, etc.; —une compression ou une mortification insuffisante du cordon, par le fail d'une operation mal exéculée, de l'enlèvement premature des casseaux, ce qui a pour résultat de laisser lesang affluer de nouveau, par les vaisseauxnon oblitérés, au-dela de ia parlie saine du cordon, el d'y provoquer secondai-rement un engorgement inllammaloire el les vegetations constitu-tives de cetle affeclion du cordon.
Une autre cause généralement admise du champignon est l'élranglement du cordon par les lèvres de la plaie, alors que, se cicalrisant d'une maniere (rop rapide, celle-ci se resserre aulour de la parlie saine du cordon, è une cerlaine distance de son exlré-milé iibre, laquelle, par suite, devient ie siége de ce développe-menl vasculaire, plus ou moins considerable, qui caraclérise la lumeur fongi forme.
Doivent encore être menlionnées parmi les causes qui peuvent favoriser l'apparition de cel accident, certaines circonstances géné­rales, dont l'influence, bieu qu'indirecle, n'en parait pas moins, en cerlains cas, effective. Ainsi, par excmple: — la castration pratiquée : chez un animal trop jeune, qui n'a pas encore jeté sa gourme, el chez lequel, par cela mêrae, toutes les lesions trau-matiques sont plus particulièremenl prédisposées aux engorge­ments inflammatoires; ou chez un étalon agé, dont les organes ayant acquis loule leur aclivité vilale, souffrent davanlage de l'opération; —les marches forcées, les grands mouvements, les efforts excessifs que l'animal chèlré peut êlre exposé a faire avant la cicalrisalion de la plaie, loules causes devant nécessairement occasionner, entre les lèvres de celle-ci, des froltements, des disten­sions, des froissements qui deviennent, pour la lésion déja exis-tante, une source nouvelle de complications; — l'abaissement de la temperature, qui dans ce casagit, soit direclement, par l'im-pression vive du froid sur la plaie, soit indireclement, par reper­cussion sur l'organe enflammé, lorsque l'animal, sortantd'un lieu chaud, est exposé brusquemenl a l'air froid.
M. Schuit, vétérinaire ä Saiut-Pélersbourg, dans un Mémoire
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récemmeut publié *, a particulierement insisté sur cette influence du refroidissement, comme cause du champignon ou induratio funiculi spermatici, ainsi qu'il désigne cetle affection, a l'exemple de tous les vélérinaires russes et allemands. La castration des étalons, remarque M. Schutt, ayant ordinairement lieu au prin-temps et a l'automne, saisons oü Ie temps, surtout en Russie, est froid, humide et rude, les animaux chatrés se trouvent exposes, des qu'on les conduit dehors pour leur faire prendre de Vexercice, a ressentir l'impression du froid, d'autant plus -vivement qu'ils sont alors dans un état exceptionnel d'irritation et de sensibilité; de la, des arrêts de transpiration, des afflux du sang vers Ie centre, et, par suite, vers les parties irritées et souffrantes, qui en éprouvent une surexcitation défavorable, point de depart de l'induration, laquelle commence a se produire, en ca;s pareil, du sixième au septième jour après l'opération. Et la preuve de cette influence du froid, c'est que Ie champignon, qui était très-commun, sui-vant M. Schutt, lorsque les animaux nouvellement opérés étaient promenés en plein air, est devenu rare depuis qu'on leur fait prendre de l'exercice dans des manéges converts.
Le même auteur mentionne d'autres causes pouvant donner naissance ä l'induration du cordon; telles sont, par exemple: —le trop pen de mouvements de l'animal pendant le travail de la cica­trisation, d'oü une moindre activité dans la circulation générale et, par suite, depletion plus lente des vaisseaux testiculaires; —les métastases, lorsque, sur les animaux chatrés, se déclarent cer-taines maladies générales, teile que l'affeclion typhoïde, dont l'in-fluence modificatrice s'exerce jusque sur le cordon testiculaire enflammé; — le séjour des animaux dans des écuries humides et malpropres, oü séjournent des emanations miasmatiques, etc.; toutes causes dont Faction reelle, sans être pour chacune égale-ment démontrée, offre cependant assez de probabilité pour qu'il soit ä propos d'y souslraire les animaux opérés.
Les symptómes du champignon varient suivant l'intensité du mal, l'étendue du cordon envahie par l'induration, la période
lt; Memorabilien der Yeterinair-Medizin in Itussland, elc, 18S5, traduil par M. Fischer dans le Ree. de Méd. vét., 1858, p. 497.
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plus ou moins avancée de la maladie. Au début, l'accident s'an-nonce par certains signes géaéraux trahissant, dans la partie ma-lade , l'existence d'une sensibilité anormale. Le train postérieur est gêne dans ses mouvements, les reins sont voussés et raides, comme pliés de cóté. Si un seul cordon est malade, le membre correspondant se tient écarté; 1'animal, en marchant, fauche ou tratne la jambe, éprouvant, pendant la progression, une gêne qui ne disparait pas par Texercice. Quand les deux cótés ä la fois, cas plus rare, sont atteints, les deux membres s'écartent Tun de l'au-tre, comme pour éviter de comprimer le cordon, et Tanimal, qui peut a peine marcher, ne se couche plus. Il perd l'appétit et offre tous les symptömes d'un trouble general prononcó. Son poll est piqué, son flaue retrousse; et son pouls accuse un état de fievre plus ou moins intense. En outre, la region inguinale est doulou-reuse, le scrotum infiltré; la plaie ne se cicatrise pas, et les bour­geons terminaux du cordon, au lieu d'adhérer avec ceux du sac vaginal, et de clore ainsi la communication de cette cavité séreuse avec l'air extérieur, restent libres, continuent a suppurer et ä se développer. Si, ä ce moment, on introduit le doigt dans la plaie, on sent le cordon plus volumineux qu'a l'ordinaire, douloureux, dur et inégalement renflé.
Quand l'induration se borne ä l'extrémité inférieure du cordon, c'est-a-dire a la partie de ce cordon restée en dehors des bourses, de maniere a constituer le champignon extra-scrotal, il apparait, a son début, sous Ia forme d'une tumeur rougeätre, cellulo-vascu-laire, du volume d'une noix a peu prés et situé au centre de la plaie scrotale. Cette production, qu'alimente le sang de l'artère grande testiculaire, s'accroit avec une extreme rapidité, pendant que les lèvres de la plaie qui l'entourent, se resserrant au-dessus d'elle, finissent par s'appliquer sur le cordon, dont l'extrémité hypertrophiée se détache alors au fond de la plaie creusée comme une sorte d'infundibulum.
Le champignon présente, quand il est arriveä ce point, l'aspect d'une vegetation rougeätre, granuleuse, saignante, évaséeentêle de clou, rétrécie a sa base, et de laquelle suinte constamment One matière séro-purulente qui se dessëche a sa surface en for­mant des croAtes brunes. Le volume de cette tumeur est variable.
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Parfois eile rests stationnaire; le plus souvent eile augmente et prend des proportions enormes, égales au volume du poing, a celui do la tftte et même davanlage. Eile pourrait ainsi s'accrottre indéfiniment si on n'y mettait un terme par une operation chirur-gicale. Quelquefois, après avoir acquis un certain développe-ment, eile passe ä l'élat de turneur chronique, et persiste ensuite durant des années sans nuire aulremont ä la santó ni au service dos animaux; tout au plus, conlribue-t-elle a enlrelenir une boi-terie dont on peut, en quelques cas, méconnatlre la cause, mais a laqueile il est aisé de rcmédier, des que la source du mal est décou verte.
Quelle que soit son étendue, lorsque le champignon reste, de la sorte, extérieur ou borné ä rexlrémilé du cordon, il n'occasionne qu'une douleur légere, non accompagnée de symptftmesgénéraux. Une cerlaine g^ne dans les mouvements, plus, un peu d'amai-grissement, quand le champignon est volumineux elentratne une plus grande déperdition des üuides, sont les seuls phénomènes que Ton observe alors. Mais l'indaralion, au lieu de rester termi­nale, peut se prolonger dans le trajet inguinal, envahir une plus ou moins grande étendue du cordon, arriver jusqu'ä l'anneau inguinal supérieur, s'élendre même au-delä de eet orifice, dans la cavité abdominale, et jusqu'ä la region sous-lombaire, en suivant la direction des vaisseaux du cordon. Cet élat, le plus grave, cons-titue le champignon interne, profond ou intm-scrotal, ou la veri­table induration du cordon. 11 s'aocompagne de tous les symptómes généraux, voussure et raideur des reins, marche embarrassée, perte d'appétit, fièvre, etc., plus haut signalés, et plus parliculiè-rement remarquables alors par leur persistance et leur intensité.
Comme symptómes locaux , on observe d'abord un cedème plus considerable des bourses; puis, en inlroduisant le doigt dans la plaie, on sent l'engorgement remontant ä une hauteur dont on ne peut pas toujours reconnallre la limite supérieure.
Avee Ie temps, ces premiers symptómes se modifient, suivant l'étendue de l'induration, les complications dont eile peut devenir le siége. Quand eile ne dépasse pas les limites du trajet inguinal, il peut arriver que, une fois forme, le champignon n'augmente plus; en ce cas, la douleur cesse; tous les symptómes généraux
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s'apaisent, etl'animal, malgré la claudicalion que determine la presence de la lumeur, et Tecoulement purulent qu'elle enlretienl, peut encore rendre des services. Mais si l'induralion dépasse i'ori-fice supérieur du trajet inguinal et pénelre dans l'abdomen, ce dont on s'assure par l'exploration rectale, Ie cas est plus grave. La tristesse, raballement, la perte de l'appélit, ramaigrissement, Faffaiblissement excessif, tout indique l'intensiló et la conlinuité des souffrances endurées par l'animal. La tumefaction de la region inguinale reste considerable et envahit les parlies voisines, pen­dant que, de l'intórieur de la plaie, continue ä s'écoulerune quan-tité abondanle d'un pus séreux qui s'échappe par diverses fistules.
En cel élat, la maladie du cordon testiculaire peut encore se ter­miner heureusement, par une suppuration abondante. 11 se forme alors un abces au sein du cordon , et Tissue, au dehors, du pus accumulé dans cette poche, est suivie d'un retour plus ou moins prompt a la santé, et de l'affaissement de la tumefaction, qui dis-parait au bout de six mois ä un an, a moins que l'animal, épuisé par de longues souffrances, ne succombe avant ce terme. Les suites sont encore plus a redouter lorsque Ie pus, accumulé dans Ie foyer, ne trouve aucune issue pour s'échapper au dehors; alors la mort peul survenir, soit par suite des vives souffrances que l'animal endure, soit par l'ouverlure du foyer dans l'intérieur du périloine, soit par infection purulonle. De toute maniere, dans ces derniers cas, Ie danger est extreme, et doit faire porter Ie pronostic Ie plus défavorable sur Tissue de la maladie, si Ton ne peul appliquer a temps les moyens convenables.
Considéré isolement, Ie cordon testiculaire affecté d'induration, suivant Ie degré auquel Ie mal est arrive, offre des caractères divers de volume, de forme, d'altéralion. Au début, on ne trouve, dans son épaisseur, que les produits organises de Tinflammalion adhe­sive; il parall alors forme d'un tissu homogene, blanc, dur, irré-gulièrement fibreux, criant sous Ie scalpel, au milieu duquel ont disparu les paiHies constitutives du cordon, a Texception des arlères qui ont continue d'apporter Ie sang a Torgane malade, et des veines, ordinairement oblitérées par des caillots sanguins qu'a produits , dans ces vaisseaux, Ie ralentissement du mouvement circulaloire.
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Après un certain temps, la masse indurée du cordon, qui parfois atleint la grosseur du bras, se creuse, en différents points, de cavités purulentes contenant une matière sanieuse, noire, d'une odeur fétide. Ces cavités, d'abord petites et isolées, se réunissent peu a peu en foyers plus grands qui finissent par ne plus former qu'un abces unique, lequel s'ouvre au dehors, en bas ou sur les cótés du scrotum, cas Ie plus heureux, ou bien se dirige vers l'abdomen, et peut, alors, amener une terminaison funeste.
Par sa face externe, Ie cordon induré n'est presque jamais libre. Le plus souvent, des adhérences s'établissent entre le-cordon et les enveloppes scrotales qui le recouvrent, soit dans sa partie inférieure seulement, soit dans une plus grande étendue, et il en résulte une union intime qui ne peut plus être détruite qu'a l'aide de rinstrument tranchant. Au-delä du cordon, d'autres alterations se manifestent. Quelquefois, le rein, la cuisse, la partie du bassin correspondant au cóté malade, deviennent le siége d'ulcéralions fistuleuses; les parois de la vessie s'épaississent. Enün, quand le mal est avance, ces différentes alterations se rencontrenl a la fois, et tous les organes environnants parlicipent plus ou moins ä cette désorganisation du cordon.
Il est rare que le cordon malade tout entier soit adherent aux enveloppes. Le plus ordinairement, une certaine étendue de sa surface, celle qui correspond a l'extrémité inférieure du cordon, reste libre, et devient la source d'une secretion continue, qui en-tretient ä la partie déclive du scrotum une ou plusieurs fistulas, lesquelles parfois se prolongent jusque dans l'intérieur du cordon induré, notamment lorsqu'il y existe des abces. Dans d'autres cas, la peau se ferme tout-ä-fait au-dessous du cordon; le pus alors continuant a être sécrété profondément, el, ne trouvant aucune issue, s'accumule sous forme d'un abces sous-cutané.
Des notions qui precedent touchant les formes diverses que peut affecter le champignon, il est permis maintenant de conclure sur le degré de gravité offert par eet accident. Quand il est simple-ment extérieur, borné ä la partie terminale du cordon, il ne cons-titue qu'une affection locale, peu dangereuse en elle-même, ne portant aucun obstacle au service de l'animal, et d'ailleurs, par
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le fait de sa position superficielle, d'une guérison généralement facile.
Quand, au contraire, l'alteration atteint les parties supérieures du cordon, il en résulte toujours un état fort grave, d'autant plus ä redouter dans ses suites que l'induration s'étend davantage vers la cavité abdominale, oü il devient plus difficile de l'atteiiidre pour la combattre. Avec le champignon se manifestent alors des trou­bles généraux plus ou moins persislanls : la constitution du sujet s'altère, et la maladie peut se terminer par la mort, si la fonte purulente n'amène la disparition graduelle de l'induration, ou si, par un traitem ent approprié, on ne s'oppose aux progrès de la maladie.
Le traitement du champignon comprend des moyens assez nom-breux, avant les uns et les autres leur utilité relative, mais dont aucun ne convient également ä tous les cas. Se résumant dans l'application de certains topiques, dans la cauterisation et dans l'extirpalion par l'inslrument tranchant, ces procédés divers rem-plissent chacun des indications spéciales; de teile sorte que le choix ä faire entre eux dépend surtout de l'état du cordon malade.
En premier lieu, lorsque le champignon se declare, et se distin­gue a peine encore de Tinfiltration extérieure qui raccompagne , on peut s'en tenir au traitement antiphlogislique qui convient a toutes les tumeurs inflammatoires : applications émollientes, mou-chetures a la surface de la tumeur , saignée générale, s'il y a fièvre, etc, avec ponction des abces formes dans la region scrotale ou dans l'aine, des qu'ils sont arrivés ä maturité.
Lorsque l'engorgement du cordon persiste et s'étend, on essaie d'en amener la resolution par l'application de topiques résolutifs ou fondants, tels que le vésicatoire, la pommade mercurielle, la pommade d'iodure de potassium, etc., dont on peut aider l'action par quelques pointes de feu penetrantes dans l'engorgement scrotal. Si l'usage de ces substances médicamenteuses reste sans effet, il ne reste qu'un parti a prendre, c'est de procéder ä l'ablation com­plete de la tumeur indurée. La methode d'extirpation qu'il convient d'employer alors varie suivant l'état du cordon, sou plus ou moins d'isolement et d'adhérence, etc.
Lorsqu'on reconnalt n'avoir affaire qu'ä un champignon externe,
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simple, limilé ä la parlie inférieure du cordon, et formant un gros bourgeon facile a isoler, on peut faire disparaUre la tumeur, soit par des applications réilérées d'alun calciné, soit en 1'exci-sant .i sa base el caulérisanl rextremilé du cordon, soit par l'ap-plicalion d'une ligature sur Ie pédicule de la lumeur. Lorsque celle-ci prend un plus grand dévcloppement, lout en restant exté­rieure, ou au moins parfailement accessible, Ie moyen Ie plus sür el Ie plus prompt est rexlirpalion, exécutée comme la castration elle-mème, par les casseaux ou par la ligature , dont l'effet est d'isoler, de la maniere la plus coraplèle possible, la parlie saine du cordon de la partie malade, el, en favorisanl la chute de celle-ci, de determiner 1'obliléralion complete des vaisseaux lesticulaires. De ces deux moyens, les casseaux, loules lesfois qu'on pourra les appliquer sans trop tirailler la portion saine du cordon, seronl, en raison de la compression plus complete qu'ils exercenl, préfé-rables a la ligature. Pour en faire l'applicalion, on couche l'ani-mal, et on Ie fixe comme lorsqu'on veul opérer la caslralion; on incise longiludinalemenl Ie scrotum a sa parlie inférieure, dans l'élendue nécessaire pour meltre la lumeur a découverl, on délruit avec Tinstrumenl Iranchanl, ou mieux, avee Ie doigt, pour éviler les hémorrhagies, les quelques adhérences pouvant exisler entre les enveloppes scrolales et la pénphérie da champignon ; elquand on a mis ainsi la lumeur en complete liberlé, on applique Ie cas-sean, loujours par-dessus Ie crémasler, comme dans ie procédé de caslralion a leslicules converts
Si Ie champignon est volumineux ou remonte Irès-haul, au lieu d'un casseau droit, on prend un casseau courbe {fig. 40), auquel on donue plus de longueur et qui par sa forma peul êlre serre sur Ie cordon ä une plus grande profondeur. Le casseau appliqué est
mainlenu en place plus ou moins longfemps. Quel­ques operateurs l'enlevenl iÉtf^^^^^ IS^isw au boul de trois ou qua-tre jours, craignant les effels irritants resultant de la presence de eet appareil. Une teile crainte n'est nullement fondée; tandis que, d'un autre cóté, l'enlèvement premature
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du casseau, avant que la masse induree du cordon ne soit entiè-reraent morlifiee, peul offrir les plus graves iaconvénients, dont le moindre est le retour du champignon Aussi, le plus souvent, laisse-t-on le casseau de six a huit jours; certains operateurs atlendent niême qu'il tombe tout seul, sans que la guérison en soit pour cela plus compromise.
Lorsque l'induration du cordon remonte a une teile hauteur qu'on ne peut appliquer le casseau sans lirailler forlement cet organe, et sans donner lieu ainsi a de nouveaux accidents, il y a nécessilé de recourir a l'empioi de la ligature.
On se sert, a cet effet, d'un mince cordonnet de fil ou de sole, ou biend'un fil ciré très-solide, que parfois on remplace par ua fil de plomb. La maniere d'appliquer le fil dépend du volume de la tumeur a embrasser. Dans tons les cas, il faut cornmencer par isoler le cordon en détruisant les adhérences existant a son pour-tour. Cela fait, si la tumeur est facile a circonscrire vers sa parlie supérieure, on fait avec le fil une anse double que Ton passe sur la parlie saino du cordon, pendant que deux aides, tenant chacun une des extrémités de ce fil, tirent avec mesure el en sens in­verse, perpendiculairemenl a la direction du cordon, jusqu'ä ce que l'opérateur, en placant le doigt au point oü la constriction s'exerce, juge qu'elle est portee au degré süffisant.
Si la racine du champignon se trouvait Irop volumineuse pour pouvoir êlre efficacemenl comprimée par un seul fil erabrassant sa circonférence, on pourrait fendre le cordon, dans le sens de sa longueur, en deux ou quatre parties et lier chacune d'elles le plus pres possible de leur origine. On pourrait encore faire usage des ligatures multiples [ßg. 41 et 42), qui, n'embrassant, dans leurs anses respectives, qu'une parlie de la masse a lier, l'élreignent avec une plus grande énergie. A cet effet, on a une forte aiguille portantuntil double, avec laquelle on traverse la tumeur une ou plusieurs fois. On divise chaque fois l'anse de fil entratnée par l'aiguille, et Von a ainsi une série de ligatures que l'on noue, cha­cune, sur la portion de la masse indurée qu'elles embrassent. On en complete l'effet par une ligature commune étroilement serrée au niveau même des ligatures partielles.
Quand la tumeur remonte trop haut pour que l'on puisse, le fil
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étant appliqué sur la portion saine du cordon, Ie serrer par des tractions perpendiculaires ä la direction de eet organe, il faut, pour pouvoir amener ce fil au degré de constriction nécessaire, se servir d'appareils particuliers, semblables aux serre-noeuds dont les chirurgiens font usage.
Le plus usilé et Ie plus commode de ces appareils est un tube simple en bois ou en métal, ou mieux un tube double, imité du porte-noeud de Levret {fig. 43), plus long que le cordon testicu-laire, mesure de l'anneau inguinal ä son extrémité libre. Chacun
Fig. 43.
Fig. 44.
Fig. 41.
ï
Fig. 42.
PP
1
des bouts du lien étant engage dans un des tubes, on embrasse, Ie plus haut possible, le champignon avec l'anse supérieure formée par ce lien, et on étreint le cordon en tirant avec force les deux fils qui débouchent de l'extrémité inférieure du tube; quand la slriction est jugée süffisante, on noue ces deux fils sur le tube, ou bien si celui-ci est simple, on interpose, entre son extrémité et les deux bouts du lien, un petit bätonnet sur lequel on fait le nceud. Puison fixe le porte-noeud lui-même, soit au cordon, soit aux enveloppes, et de maniere ä ce que l'animal étant debout ne puisse l'arracher avec les dents. On peut faire usage encore, dans le même but, de deux porte-
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ligature ou porte-mêche {fig. 44), formés d'une tige bifurquée ä une exlrémité, et sur Fentaille de chacun desquels, une fois Ie fil noué mis en place, on fait passer les bouts de ce fil, l'un en avant, l'autre en arrière du cordon; des aides tirent sur ces fils en dehors du trajet inguinal, pendant que I'opérateur, avee ses porte-liga-ture faisant office de poulies de renvoi, les maintient perpendicu-laires ä Taxe du cordon. Cette constriction, il faut Ie dire, n'est jamais aussi efficace que celle exercée a l'aide du tube porte-noeud ; mais eile peut suffire dans la grande majorité des cas.
Quand on étreint de la sorte uu cordon volumineus, 11 est rare qu'on puisse, des Ie premier jour, exercer une compression süffi­sante pour amener Toblitération complete des vaisseaux testicu-laires. D'oü la nécessité, ä mesure que Ie fil se relèche par la flé-trissure des parlies comprimées, de serrer de nouveau Ie Hen, pour éviter que la circulation, continuant dans l'organe induré, ne Ie fasse de nouveau végéter et s'accroitre. Avec Ie porte-nceud ä double canule, il suffit, pour rétrécir progressivement l'anse de la ligature, de faire tous les jours pivoter l'instrument sur lui-même, jusqu'ä ce que les parlies se trouvenl complélement divisées. Si Ton n'a qu'untube simple, on serre Ie fil en faisant tourner comme un levier Ie petit bêlonnet sur lequel les fils sont noués, et qui, alors, se serrent a la facon d'un garrot. Avec les porte-ligature entaillés, on n'a pas la possibilité d'exercer ainsi, avecun même fil, la slriclion progressive. En ce cas, il faut chaque fois appli-quer un fil nouveau qu'on serre sur Ie precedent.
Un autre mode de ligature, permetlanl d'exercer aisément une forte compression, dont on peut ensuite chaque jour augmenter les effets, consiste dans l'emploi d'un fil de plomb, que l'on serre auteur du cordon avec une pince ä mors plats, et auquel on ajoule de nouveaux tours de torsion, ä mesure que Ie rend néces­saire la diminution de volume des tissus.
Ces procédés divers, malgré leur efficacité, présentent tons Ie même inconvenient: celui de n'agir qu'avec lenteur, et de laisser ainsi séjourner pendant longlemps, dans la plaie, loute la masse des tissus mortifies qui, par leur presence, peuvent devenir la source d'accidents gangréneux redoutables. Afin d'éviler eet incon­venient, on peut substituer, ä la ligature, un mode de division
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depuis longtemps en usage en pareil cas, et consistant dans Vem-ploi d'un cautere acluel tranchanl, avee lequel, après l'avoir porlé au rouge blanc, on ampule immédiatement la partie ma-lade du cordon, comme on Ie fait dans Ie procédé de castration par cauterisation. M. Goux (loc. cit.) fait connallre un autre moyen de pratiquer ce mode d'amputation, dü a M. Dupuy, de Marmande. L'instrument employé est une espèce de pince, en forme de fortes tricoises, dont Ie tranchant est très-gros et très-mousse, et avec laquelle, après l'avoir chauffée a blanc, on mord et on ampute Ie cordon. A eet effet, Ie cordon étanl d'abord mis è nu, on traverse Ie champignon avec une ficelle qui sert ä Ie tirer au dehors, puis on engnge Ie cordon dans la fente d'une planchetle tenue de la main gauche et qui sert a faire remonter et a soutenir les enveloppes contre l'anneau, ainsi qu'a les pre­server des atleintes du fer rouge. Un aide tire sur la ficelle passée dans Ie champignon, et l'opéraleur saisissant Ie cordon Ie plus haut possible avec la pince chauffée a blanc, l'étreint graduelle-ment de maniere a ne pas determiner une chute trop rapide des tissus indurés, et ä laisser h l'eschare préservatrice de l'hémor-rhagie Ie temps de se former.
Un mode d'amputation qui atteint, d'une maniere plus simple, etpeul-èlre plus süre, au même but, est la division par l'écrase-ment lineaire. Avec la chatne de l'écraseur, on embrasse la base du champignon mis ä découvert, et l'on serre graduellement en ayant soin de mettre un certain temps, une demi-minute environ, entre chaque mouvement du levier moleur de la chatne. En dix ou vingt minutes, suivant Ie volume du cordon, on en opèrela separation complete. laquo; Les avantages immédiats et éloignés qui se raltachenta l'application de ce procédé, dit M. H. Bouley, sont si considerables qu'ils doivent faire passer par-dessus Ie seul incon­venient qu'il présente, celui d'exiger un temps assez long pour l'achèvement de l'opération. El effeclivement, par l'emploi de ce moyen, on realise tous les bénéfices de l'excision simple , sans en avoir les inconvénients; une fois l'opération terminée, toute la masse du champignon étanléliminée d'emblée el sans hémorrhagie, la plaie se (rouve conséquemment transformée en une plaie simple, dans laquelle ricn ne peul plus mettre obstacle a la cicalrisa-
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tion raquo;. raquo; On n'a plus ä redouter, ajoule Ie même auteur, ni les longues suppurations qu'enlralne toujours Ie séjour dans les tissus de fils et de parties mortifiées, ni des infiltrations consécutives de nature a provoquer une nouvelle induration au-dessus du point divisé, comme il arrive souvent après l'applicalion de la ligature. La douleur elle-mème, bien qu'ayant plus de durée au moment de l'opéralion, est moins longue, en somme, puisqu'elle ne se pro-longe pas au-dela et qu'il n'y a pas lieu d'y revenir. Tout milile done en faveur de ce procédé, récemment introduit, par M. H. Bouley, dans la chirurgie des animaux domesliques, et a laquelle, dans ce cas particulièrement, il est appeié a rendre d'utiles services.
Nous avons jusqu'a présent considéré Ie champignon comme étant ou pouvant ètre facilement isolé des parties qui l'enlourent. Mais il se peut que l'induration ait conlraclé des adhérences avec les enveloppes scrolales et les autres tissus de la region de l'aine; ou bien qu'elle se prolonge jusque dans l'abdomen. Quand il en est ainsi, les procédés que nous venons de décrire cessent d'etre applicables. II y a lien alors de subsliluer ä 1'ablalion totale de la partie indurée du cordon, la destruction partielle de celte indura­tion , au moyen de I'mstrument tranchant seul ou combine avec Taction de la cauterisation. M. Schutt , de Saint-Pétersbourg {loc. cit.)? povu'1'wtlirpation partielle avec Tinstrumenl tranchant seul, recommande Ie procédé suivant : Ie scrotum est fendu d'avant en arrière, et transversalement, pour éviter teute tension ullérieure; puis; par la dissection, on détacheaussi haut que pos­sible Ie cordon spermatique des parties cnvironnantes; cela fait, Ie cordon est fendu cruciaieraenl jusqu'au fond de l'induration, et avec une feuille de sauge, on enlève de chacun des fragments du cordon une partie en bec de flöte, de maniere que la pointe des parties enlevées se dirige vers Ie fond, oü doit rester au moins encore un pouce de l'induration. On met ensuite des étonpesdans les incisions et autour du bout du cordon pour en empècher la reunion par première intention; on remplil l'espace par une étou-pade compressive, et on réunit les lèvres de la plaie par une suture. Ce pansemenl reste en place jusqu'a ce qu'il tombe de lui-
i Nouv. Diet, pratiq. denied, vét., elc, 1857, t. III, p.
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même, ce qui arrive ordinairement du troisième au quatrième jour, moment oü la suppuration se trouve déja établie, et doit, en continuant, achever la fonte de la tumeur indurée.
Ce procédé est rationnel; mais comme il exige, pour pouvoir être appliqué, l'isolement préalable du cordon, il ne peut guère que remplacer la ligature ou l'écraseur lineaire, dans les cas oü ces derniers procédés sont recommandés. Quand l'adhérence entre Ie cordon et les parlies qui Tentourent est lelie qu'on ne pourrait la détruire sans s'exposer ä de graves hémorrhagies, ou bien quand la tumeur se prolonge jusque dans l'abdomen , il faut renoncer ä isoler Ie cordon, et lächer d'atteindre les parlies qui se dérobent a Faction du bislouri, par la cauterisation avec Ie fer rouge ou par les caustiques polentiels. De la sorte, on peut détruire d'abord la plus grande partie de la masse indurée , faciliter l'évacuation des foyers purulents qui se sont formés dans sou intérieur, et enfin, obtenir la fonte ultérieure, par suppuration, de la portion restante de Vinduration.
On applique la cauterisation par divers procédés. Le plus simple consiste ä faire pénélrer dans la tumeur de longs caulères droits, coniques ou olivaires [fig. 45, 46, 47) de dimensions proportionnées ä la profondeur de l'engorgement. L'animal étant abatlu et fixé
Fig. 4ä.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Fig. 46.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Fig. 47.
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sur le dos, on commence par débrider la fistule qui aboutit au cordon induré; on enlève en même temps, si on le peut, une partie de la tumeur; puis, s'emparant du cautère chauffó a blanc, on le fait pénélrer dans l'épaisseur et au centre du cordon, en impri-mant au cautère, pour faciliter son introduction, un léger mouve­ment de rotation. Dès qu'il commence a se refroidir, on doit en avoir un aulre, porté ä la même temperature, que Ton enfonce davantage; et on continue ainsi jusqu'ä ce qu'on soit parvenu k la limite supérieure de l'induration, qu'il Importe de ne pas dépasser.
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ACCIDENTS. CHAMPIGNON.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 193
Si Ton rencontre un foyer purulent, on ne va pas au-delä, afin de laisser è la suppuration Ie soin d'achever ce que Ie cautère a commence. Il suffit, après avoir ainsi attaque Ie cordon, d'appli-quer autour de lui, dans la masse indurée qui l'enveloppe, quel-ques pointes de feu penetrantes qui hètent sa résolulioo.
Un aulre mode de cauterisation consiste ä extirper d'abord, Ie plus complétement que l'on peut, la tumeur indurée, puis ä cau-tériser sa racine avec Ie fer rouge. Mals, altendu que, par suite de la profondeur des par lies que ron attaque avec Ie cautère, on n'est jamais certain d'opposer ä l'hémorrhagie un obstacle offrant une resistance süffisante, outre que la penetration du fer rouge dans une partie si voisine du péritoine, expose a de sérieux accidents inflammatoires, il est preferable de substituer ä ce mode opératoire, soit la cauterisation simple plus haut décrile, soit, dans les cas oü la tumeur pénètre trop profondément pour pouvoir être atteinte dans toute son étendue par Ie fer rouge, 1'emploi des caus-tiques, tels que la potasse, l'acide arsénieux, Ie beurre d'antimoine, Ie sublime corrosif, etc. Pour les appliquer, on fend Ie cordon en quatre, par une incision cruciale, et au point de reunion des frag­ments, on place un cóne préparé avec la substance caustique, que l'on mainlient par une étoupade et quelques points de suture, laissant Ie tout en place jusqu'a la chute de l'eschare.
On obtient encore des résultats heureux par l'action combinée du cautère acluel et des caustiques, dont on peut renouveler l'application si, après la chute de Teschare , on juge la cauterisa­tion insuffisante. Quelques observations, constatant l'efficacité dë cette methode, ont été publiées. L'une d'elles, due a Bernard, de Toulouse \ est relative a un cheval affecté d'un énorme champi­gnon , s'étendant jusque dans l'abdornen, et auquel on ne pouvait appliquer aucune ligature. Toute la partie ramollie du cordon ayantété détruite, on plongea ä plusieurs reprises, dans la tumeur, un long cautère chauffé ä blanc, et dirigé au milieu de l'induration par la cannelure d'un baton de sureau coupé par Ie milieu, taille en pointe, et penetrant dans Ie cordon. Cela fait, dans 1'infundibulum formé par Ie cautère, on introduisit, aussi profondément qu'il fut
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possible, un morceau de potasse caustique, que Ton retint dans la partie a I'aide d'an fort tampon d'étoupes. On appliqua autour du cordon de nouvelles étoupes qu'on fixa par quelques points de suture, et on fit relever Tanimal. Trois jours après, se trouva établie une abondante suppuration, qui finit par amener la fonte totale de la tumeur.
M. Tevenart 1, dans deux cas analogues, a agi de même, en substituaut seulement le sublime corrosif ä la potasse, et il a obtenu de ce procédé un succes plus complet encore. De tels résullats aulorisent ä prescrire ce procédé pour tous les cas graves oü les autres moyens parallront inapplicables.
8deg; Fistule du scrotum. — Quelquefois, ä la suite de la castration, la plaie du scrotum, au lieu de se fermer, persiste. Alors ses bords se rapprochent; eile devient étroite et profonde, et continue de suppurer a une époque oudéja la cicatrisation devrait être achevée. Elle constitue alors la fistule, complication assez frequente de la castration, qui survient presque chaque foisqu'un obstacle empèche la plaie de se cicatriser d'une maniere reguliere. Dans les cas les moins graves, eile est due simplement a la pre­sence d'une fausse muqueuse produite par le frottement qui a lieu dans la plaie pendant la manche. Mais le plus ordinairement la fistule a pour cause l'inflammalion et l'induration du cordon, dent eile constitue mème un des caractères. Elle peut encore être due ä la presence d'un corps étranger, de la ligature , par exemple, appliquée sur le cordon, et retenue dans les tissus par rocclusion trop rapide des lèvres de la plaie. M. H. Bouley cite le cas d'une fistule entretenue par le séjour d'une paire de casseaux, par-dessus lesquels la peau s'était presque complétement cicatrisée [Nouv. Liet., etc).
Les animaux chez lesquels existe une fistule n'en paraissent pas sensiblement affectés, sauf dans les cas oü eile est accompagnée d'un engorgement douloureux du cordon. La fistule est indiquée par la persistance de l'écoulement du pus, et par l'aspect de ce produit, ordinairement peu abondant, filant et d'une odeur fai-blement prononcée; et, enfin, par Fengorgement du cordon et
Journ. de Méd. vit., de Lyon . 18ö7, p. 249.
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ACCIDENTS. FISTULE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;195
des ganglions de l'aine du même cóté. Le trajet fistuleux peut atteindreune tres-grande profondeur, pénétrer jusque dans l'épais-seur du cordon induré, ce qui arrive lorsqu'un foyer purulent s'est formé au sein de cette parlie. Parfois, on n'en peut trouver le fond, et la sonde qu'on y introduit fait reconnatlre un trajet ine­gal, irregulier, sinueux, en certains points étranglé par des brides trans versal es.
Dans quelques cas, après un espace de temps variable, l'écou-lement du pus s'arrête; et peu après, on voit apparallre sous le ventre un oedème plus ou moins considerable; l'engorgement s'étend ä l'aine, dans les muscles de la jambe, et des abces ne tardent pas ä se former dans ces diverses regions. Malgré ces symptómes, la fislule est un accident généralement sans danger. Le pronostic n'en est fècheux que lorsqu'elle est consecutive a un champignon profond, ou quandelle estsuivie d'abcès allant s'ouvrir intérieurement. Le traitement ä mettre alors en usage doit tendre surtout a éviter les suites également redoutables qui peuvent sur-venir dans l'un ou dans l'autre de ces cas.
Ce traitement, au surplus, varie suivant la causa qui entretient la fistule. Quand celle-ci n'est due qu'ä l'inflammation des mem­branes scrotales au milieu desquelles eile exisle, a la presence d'une fausse muqueuse que l'irritation des parties empêche de se cicatriser, on fait usage des injections caustiques, avec de l'eau de Rabel, du nitrate acide de mercure, uneeau acidulée quelconque, une solution de sulfate de zinc, etc., qu'on répète plusieurs foisle même jour; on laisse ensuite pendant quelque temps 1'animal au repos. L'engorgement augmente a la suite de ces injections; une légere eschare se forme, est entrainée par la suppuration; après quoi la cicatrisation peut avoir lieu. Si la fistule persiste, on revient a une seconde, ä une troisième cauterisation; on remplace les caustiques, si on lejuge ä propos, par l'introduclion d'un cau-tère actuel long et étroit {fig. 45), chauffé ä blanc, en ayant soin de ne pas pénétrer au-delä de l'anneau inguinal; après quoi, si le cordon n'offre d'ailleurs aucune induration, la guérison peut être considérée comme assurée. Quand la fistule existe au milieu d'une masse indurée, il convient de la débrider, dans une élendue plus ou moins grande, a son orifice inférieur, avant de pratiquer la
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cauterisation. Lorsqu'elle a pour cause la presence d'un corps étranger, lien ou casseau, il faut en faire l'extraction, après avoir convenablement dilate Ie trajet fistuleux, de même que, lorsqu'elle est entre tenue par une induration du cordon, il est nécessaire, pour guérir la fistule, de faire disparaitre sa cause première, en pratiquant l'opération du champignon plus haut décrite.
9deg; Hernie inguinale. — La hernie inguinale est la sortie accidentelle, par l'anneau inguinal, d'une portion plus ou moins considerable de l'inteslin ou de l'épiploon, conslituant, ainsi, soit l'entérocèle, soit 1'épiplocèle. Cet accident peut se manifester chez les sujets auxquels on pratique la castration, dont il constitue alors une dangereuse complication. La hernie, alors, n'est pas toujours un résultat immédiat et particulier de la castration. Dans la plupart des cas, quand eile se declare, c'est qu'elle exislait avant, depuis une époque plus ou moins éloignée; et au moment de l'opération, eile ne fait qu'apparaitre, avec un plus haut degré de gravité, par Ie fait de l'ouverture de la gaine séreuse au milieu de laquelle se trouvait renfermée la masse hernióe. Elle est alors d'autant plus ä craindre, que l'anneau inguinal, dilate par Ie passage frequent et Ie séjour de l'anse intestinale herniée, offre un facile acces a l'intestin, qui, sous l'influence de la pression a laquelle il est soumis dans l'intérieur de la cavité abdominale, tend sans cesse ä s'échapper.
La hernie peut se manifester, soit sur l'animal encore entravé , au moment même oü Ton pratique l'opération, soit après que Ie cheval s'est relevé. Dans Ie premier cas, eile peut resul ter seule-ment des efforts violenls, des mouvements énergiques auxquels se livre Ie sujet pendant qu'on l'opère, surtout s'il est d'un tempera­ment irritable, si l'inteslin est rcmpli par une grande masse d'ali-ments, et si l'anneau se trouve en même temps dilate par une entérocèle ancienne. Quand la hernie se montre sur l'animal de-bout, son unique cause déterminante est la dilatation de l'anneau.
L'entérocèle est plus ä craindre chez les jeunes sujets, dont les tissus, plus mous, plus relachés, favorisent et permettent plus aisément ä l'anneau de s'agrandir. Elle devient moins a redou-ter ä mesure que les animaux prennent de la force, que les tissus acquièrent une plus grande rigidité. Par une raison sem-
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blable, les animaux epuisés, a temperament faible et lymphati-que, y sent plus exposes que ceux qui se trouvent dans des conditions opposées; mais par compensation, chez ces derniers, lorsque la hernie se forme, eile se reduit plus difficilement; eile est sujette ä s'engouer, a s'étrangler, et, par conséquent, eile offre toujours plus de gravité.
La condition essentielle pour que la hernie de castration se manifeste, est l'ouverture, pendant l'opération, de la tunique vaginale, l'inteslin, dans ce cas seulement, pouvant s'échapper et apparaltre au dehors. De lä, Fun des avantages sur lequel nous avons deja insisté, du bistournage, qui n'expose jamais Ie sujet ä de tels dangers; de lä encore , la supériorité du procédé de cas­tration ä teslicules couverts, dans lequel le sac vaginal restant ferme par l'application sur la tunique fibreuse du casseau, qui, en maintenant appliquées Tune centre l'autre les deux parois de cettegatne, oppose a la sortie de l'intestin un obstacle infranchis-sable. Tandis qu'avec le procédé ä teslicules découverls, en inci-sant la tunique séreuse, on ouvre a l'intestin une voie par laquelle aussilót il s'échappe au dehors. Ce n'est pas qu'en chätrant a testicules couverts, la hernie, comme on 1'a dit a tort, ne puisse avoir lieu, puisque souvent eile préexiste ä l'opération, mais alors eile n'est pas le fait de la castration elle-même ; loin de la, l'anse intestinale herniée étant retenue au-dessus du casseau, l'opération devient précisément un moyen d'en opérer la guérison.
L'organe qui forme la hernie est le plus souvent l'intestin grêle; quelquefois c'est la portion flottante du colon, que Ton distingue aisément du precedent a ses replis et a ses bandes blanches mus-culaires. L'étendue de l'intestin qui fait hernie varie beaucoup; quand c'est l'intestin grêle, eile est toujours plus considerable, devient vite très-grande, augmente ä chaque mouvement que fait l'animal; et lorsque celui-ci est debout, l'anse intestinale peut des-eendre assez pour trainer sur le sol. Si l'accident est récent, l'or­gane offre sa couleur naturelle; mais si la hernie a seulement quelques heures de durée, l'intestin devient rouge, brunätre; et pour peu qu'un obstacle s'oppose k sa rentree, sa couleur devient rapidement foncée; les matières solides ou gazeuses s'y accumulent. L'organe parall alors enflammé, distendu; il y a engouement,
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étranglement, et la vie du sujet se Irouve gravement comprise. Parfois, au lieu d'une anse intestinale, on voit apparaltre, par l'ouverlure scrolale, une masse membraneuse, vasculaire, foncée en couleur, parsemee de bandes de graisse, formant un paquet irregulier ou une sorte de corde allongée, pendant jusqu'ä terre; c'est l'épiploon qui, dans ce cas, a fait hernie. L'épiplocèle est un accident très-commun, plus même que l'enlérocèle, que souvent eile complique. L'épiploon hernié est libra ou adherent avec les parois du sac vaginal, et, dans ce dernier cas, il présente tou-jours une plus grande épaisseur.
L'enlérocèle de castration est toujours grave, è cause de la dif-ficulté qu'on éprouve pour faire rentrer l'inteslin dans l'abdomen. On a réussi, parfois, ä la réduire, et ä obtenir ainsi une guérison definitive. Mais cette reduction peut rencontrer des obslacles invin-cibles, ce qui a pour consequence inevitable la mort de l'animal; ou bien l'intestin, pendant son séjour prolongé hors de l'abdomen, ou par Ie fait des manoeuvres de la reduction, peut avoir été blessé, lésé, et, quand il est remis en place, devenir Ie siége d'une inflammation également mortelle. L'épiplocèle n'offre pas les mêmes dangers; elleguérit, au contraire, presque toujours.
Pouréviter la hernie de castration, la première chose est d'explo-rer soigneusement, avant ropéralion , la region inguinale, en s'entourant de tous les renseigneraents propres ä faire savoir si la hernie existe ou non. Si on trouvait une anse intestinale engagée dans les bourses, peut-êlre conviendrait-il de surseoir ä l'opéra-tion, et d'attendre pour la pratiquer que Tinlestin föt rentré dans l'abdomen. 11 est cependant des cas ou la presence de la her­nie, loin d'etre une contre-indication de la castration, exige, au contraire, cette operation, qui conslitue alors Ie seul moyen de reduction qu'on puisse lui opposer. Seulement, quand un cas sem-blable se présente, il est indispensable de pratiquer l'opéralion de maniere a atleindre au but qu'on se propose sans aggraver, par de fausses manoeuvres, les dangers de la lésion existante. A eet effet, il convient d'abord de chercher a diminuer la masse intes­tinale en laissant l'animal a la diète au moins vingt-qualre heures d'avance; puis, de vider Ie rectum par quelques lavements, d'abattre Ie sujet sur un lit plus élevé sous Ie train postérieur;
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d'agir avec lenteur, avec moderation, quand on l'assujétit, de maniere ä ne provoquer aucun effort; de ne commencer ä opérer que lorsque Ie sujet est lout-a-fait tranquiliisé, et dele faire relever ensuite en soulevant en premier lieu Ie train postérieur; d'éviter de Ie faire courir durant les premiers jours qui suivent, etc.
Quant k ropération elle-même , eile doit être pratiquée exclusi-vement par Ie bistournage ou par les casseaux ä testicules cou-verts, seuls procédés capables de prévenir tout accident quand la hernie existe, et d'en héter la reduction consecutive.
Quand la hernie s'est montrée, il faut tout d'abord, pouréviter les complications ullérieures, chercher a la réduire. Gelte reduc­tion est facile lorsque la hernie est ancienne, l'anneau plusou moins dilaté. Elle offre, au contraire, la plus grande difficullé quand l'anse intestinale est déja engouée, enflammée, quand la hernie, en un mot, présente les symptómes de l'étranglement.
Pour opérer cette reduction, on commence, Ie plus tót qu'on Ie peut, par fixer l'animal sur Ie dos, Ie train postérieur un peu plus élevé, afin que l'intestin soit déja, par son propre poids, entratné vers l'abdomen, ce qui parfois suffit pour Ie faire rentrer sponta-nément. Sinon, sans déranger ni enlever Ie casseau, et en Ie fai-sant seulement tenir de culé, on essaie de repousser avec les mains l'intestin dans la cavité abdominale; après sêlre assure qu'aucune malproprelé n'existe a sa surface, on Ie fait soutenir dans un linge imbibé d'une solution mucilagineuse, puis on commence Ie taxis. A eet effet, on tient dans chaque main ane des extrémités de l'anse intestinale qui s'engage dans l'anneau; et pendant que l'une des mains se borne a raainlenir immobile la partie de l'intestin qu'elle soutient, l'autre refoule peu ä peu l'organe dans l'abdomen. En agissant ainsi, la reduction se fait plus lentement, mais d'une maniere certaine et continue, tandis que si l'on faisait agir les deux mains a la fois, on serail exposé a voir l'intestin ressor-tir ä chaque effort de l'animal. 11 convient d'ailleurs de ne cher­cher ä faire entrer l'inteslin que lorsque Ie sujet reste calme, et de suspendre loute manoeuvre des qu'il s'agite ou contracte ses muscles, en se bornant, pendant les temps d'arrêt, ä appliquer les deux mains contre l'anneau, afin d'empêcher la sortie des por­tions déja réintégrées. La reduction opérée, on termine par quel-
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ques points de suture comprenant la peau et toutes les membranes divisées. Survient un prompt engorgement, qui suffit, Ie plus souvent, pour empêcher une nouvelle descente, et determine ainsi la cure radicale de la hernie.
Si la reduction est difficile ä opérer de cette maniere, ce qui arrive lorsque l'anse intestinale herniée, ayant atteint une cer-taine longueur, est rouge et tuméfiée, on procédé différemment. D'abord, il faut enlever Ie casseau qui gêne l'opération, après avoir préalablement fixé Ie bout du cordon testiculalre par un gros fil ciré, que l'on fait tirer de cóté; puis l'on essaie Ie taxis, d'après les regies ci-dessus indiquées. A ce moment, si l'on éprouve des dif-ficullés tropgrandes, on peut, pour diminuer la resistance des tissus qui ferment Ie passage inguinal, recourir h la saignée, aux fomentations avecun liquide emollient ou une décoction de feuilles de belladone. Si des matières solides ou liquides remplissent l'in-testin, on leur donne plus d'espace en tirant en dehors une nou­velle portion dintestin; s'il est distendu par des gaz, on Ie vide partiellement en Ie ponctionnant avec une aiguille a coudre. On facilite encore sa rentree, en introduisantla main dans Ie rectum, eten essayant, ä travers la paroi de eet intestin, de saisir, au-dessus de l'orifice interne du canal inguinal, l'anse intestinale herniée, et de la faire rentrer dans l'abdomen en la tirant modé-rément, pendant que l'aulre main repousse Ie viscère vers l'an-neau. M. Renault a conseillé d'opérer cette reduction au raoyen dune incision pratiquée au flanc et permettant Ie passage de la main. Ce moyen périlleux n'a pas été tenté dans la pratique.
M. Bouillard, qui opère, comme nous l'avons vu, la castration sur l'animal debout 1, maintient Ie sujet dans la même position pour réduire la hernie, lorsque Ie cas se présente. Il Ie place seu-lement de maniere 'a ce que Ie train postérieur soit d'environ 40 centimetres plus élevé que Ie train antérieur. Il introduit ensuite la main dans Ie rectum, saisit la portion d'intestin enga-gée dans l'anneau, et par des tractions assez modérées pour éviter toute déchirure, il attire l'organe dans l'abdomen, pendant que de l'autre main il Ie refoule de bas en haut. Il a obtenu ainsi tres-
i Journ. de Méd. vét., de Lyon, 1847, p. 319; 1838, p. 199.
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ACCIDENTS. HERME INGUINALE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 201
aisément la reduction de la hernie, qui s'est maintenue réduite seulement en ayant soin de conserver la même position inclinée au sujet place dans l'écurie.
Lorsque, par ces différentes manoeuvres, on n'a pu parvenir a faire rentrer Hntestin, il ne reste plus qu'une ressource, c'est d'opérer Ie débridement de l'anneau. Avant d'y procéder, on pour-rait , avec le plus grand avantage, soumettre les animaux ä l'anes-thénisalion avec l'éther ou le chloroforme, qui les mettrait dans un élat de relächement tout-ä-fait favorable ä la reduction de la hernie, et, danstous les cas, aideraitsingulierement ä la réussite de l'opéralion, si eile était encore nécessaire.
Les instruments servant ä pratiquer le débridement sont un bistouri boutonné et une sonde cannelée. Le bistouri peut être droit ou concave sur tranchant. A défaut d'un instrument sembla-ble, on peut se servir d'un bistouri droit ordinaire , muni, ä sa pointe, d'une petite boule de eire, ou même encore d'un simple canif a pointe éraoussée. La sonde, qui sert ä conduire la lame du bistouri dans le trajet inguinal, peut être remplacée par le doigt indicateur. Pour faire l'opération, l'animal étant toujours maintenu sur le dos, on introduit le doigt ou la sonde dans le canal inguinal jusqu'ä son orifice interne, siege ordinaire de l'étran-glement; puis on glisse le bistouri dans la cannelure ou sur l'index, en ayant le plus grand soin de ne pas léser l'intestin, que Ton refoule avec le doigt, et, en appuyant le tranchant de l'instrument sur la bride fibreuse qui forme l'anneau inguinal interne, on incise celui-ci par une légere pression.
Le point indiqué pour le débridement est la partie antérieure et externe de l'anneau, ou l'on agit avec plus d'aisance et ou l'on n'est pas exposé ä renconlrer les branches arterielles de l'épigastrique ou prépublenne. Il faut éviter de faire une trop grande incision, par laquelle, surtout si l'animal se livrait a quelque effort, pour-rait s'échapper une nouvelle portion d'intestin, qui rendrait la reduction plus difficile, sinon impraticable. Mieux vaut, quand la première incision est insuffisante, en faire une autre ä cóté, que d'aggrandir la première, car cela exposerait a dépasser l'anneau fibreux, et a atteindre ainsi la portion charnue des parois abdo­minales , qui, se déchirant avec facilité, aurait pour résultat la
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formation d'une dilatation considerable, peut-être sans remede.
Quand Ie débridement est opéré, on procédé ä la reduction de l'inlestin suivant les regies plus haut indiquées, puis on s'occupe de mainlenir l'inteslin reduit en fermant le sac vaginal. A cet effet, on commence par detacher le dartos de la tunique fibreuse par une dissection assez facile ä pratiquer; on fait allonger simul-tanément cette tunique et le cordon tesliculaire, et, par-dessus Tun et l'autre, on place un casseau que Ton remonte aussi haut que possible vers rabdomen, et qui se trouve ainsi dans la même position qu'apres la castration ä testicules converts.
L'opération ainsi terminée, il est bon de ne pas relever immédia-tement l'animal, de le laisser même quelques heures, s'il peut s'y maintenir, en position dorsale. Pendant ce temps, on le bou-chonne, on l'essuie, on le sèche; après quoi, on le fait relever. On applique alors, si on le juge utile, un bandage contenlif, et on maintient le sujet opéré, pendant huit ä dix jours, ä un régime diététique et calmant, qui a pour double effet d'atténuer la puis­sance des efforts auxquels il peut se livrer, et de diminuer le vo­lume de la masse intestinale.
Malgré loutes les precautions, la reduction de la hernie de cas­tration n'est pas toujours suivie de succes. Quand eile est volumi-neuse, ancienne, quand le viscère est.lésé, flétri, gangréné, rien ne peut alors empêcher l'animal de succomber aux suites de ce grave accident. Il peut se faire aussi qu'en placant le casseau, on pince une anse intestinale, retenue dans la gaine après la reduction. L'animal, dans ce cas, parait enproie, dès qu'il est relevé, a de violentes coliques, qu'indiquent des mouvements désordonnés, des convulsions, des sueurs abondantes. Ces symptómes, appa-raissant en de telles circonstances, doivent éveiller sans retard l'attention de l'opérateur. Celui-ci fera de nouveau coucher l'animal sur le dos, enlèvera le casseau après avoir préalablement fixé le cordon par un lien, et opèrera la reduction avant d'exercer une nouvelle compression sur la tunique fibreuse.
L'épiplocèle est infiniment plus facile a guérir que l'entérocèle. Quand une portion de l'épiploon s'échappe par la gatne vaginale, il n'est pas nécessaire d'en essayer la reduction; il suffit de retrancher la partie herniée pour mettre fin a l'accident. On peut
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ACCIDENTS. PÉRITONITE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 203
l'arracher, ce qui determine une obliteration plus complete des vaisseaux qui sillonnent eet organe, et prévient sürement toute hémorrhagie; il faut seulement avoir Ie soin d'exercer sur l'anneau inguinal une compression süffisante, pour eviler de tirailler l'epi-ploon ä l'intérieur. On peut aussi se bomer 'a l'excision pure et sim­ple avec l'instrument tranchanl, de nombreuses observations de MM. Barthélemy, Dillon, desfaitscitésparMM. Roupp1, Mathieu2, Lacoste3, etc., ay ant démontré que cette operation peut se faire sans danger.
10deg; Péritonite. — La pêritonite est une affection, mal dé-finie, qui se manifeste fréquemment a la suite de la castration, et en constitue l'une des complications les plus graves. La denomi­nation de pêritonite, affectée a cette maladie, en indique assez la nature, teile au moins qu'on l'admet généralement, pour nous dispenser d'en donner une autre definition. Cependant, si l'on tient compte des causes sous l'inüuence desquelles la maladie se déve-loppe, de ses symptómes, de ses caraclères analomiques, tout autorise a penser que, dans ce qu'on appelle la pêritonite, surve-nant consécutivement a la castration, il y a quelque chose de plus qu'une simple inflammation du péritoine. Get état n'est pas sans analogie avec ce qu'on a nommé, chez la femme, la fievre puerpérale; chez la vache, la fièvre vitulaire, etc.; cequirevient ä dire que sa nature intime s'enveloppe de la même obscurité. ïoutefois, a défaut d'une denomination plus satisfaisante, nous conserverons ä cette maladie Ie nom de pêritonite, sous lequel eile estconnue, et qui a l'avantage de représenter, pour tous, unétat determine, sinon parfaitement défini dans son essence.
Les causes de cette affection sont, comme sa veritable nature, inconnues ou ä peu pres. Partant de l'idée qu'elle était constituée tout entière par I'mOammalion du péritoine, on a admis qu'elle pouvait être produite par l'extension, jusqu'a cette séreuse, de l'inflammation locale, resultant de l'opération même, et se pro-pageant par continuité de tissu. Mais la rareté relative de la péri-
i Mee. de Méi. vit., 1826, p. 44.
2nbsp; Joum. prat. de Mid, vét., 1826, p. 123.
3nbsp; Mém, de la Soe. vét. du Calvados et de la Manche, 1837, t. Ill, p. 1S7.
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204nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION CHEZ LES SOL1PÈDES.
tonite en dehors des cas qui se manifestent par des causes pure-ment extérieures , prouve combien pau est a redouter l'appari-tion de la maladie consécutivement ä rirritaüon locale resultant du fait même de la castration, quelles que soient d'ailleurs les manoeuvres dont on ait usé pendant ropération. Nous en dirons autant, et a plus forte raison, de certaines causes tout hypolhéti-ques, telles que l'introduction, dans l'abdomen, de la sérosité contenue dans les bourses, ou du sang qui a pu s'épancher dans Ie cours de l'opération, ou bien de l'eau avec laquelle on a Ia mauvaise habitude de lotionner la region opérée, ou bien encore de l'air atmosphérique, quand on opère par incision de la tunique fibreuse; circonstances dont l'influence n'est établie par aucun fait, et qu'il n'y a conséquemment pas lieu de discuter.
Une cause locale, naoins contestable, du développement de la périlonite, est Ie retrait du cordon dans labdomen , après la separation du teslicule, lorsque ce cordon, coupé court, reste libre ä son extrémilé, ainsi qu'il arrive après la castration par tor­sion, par ligature, par Ie feu, etc. Plusieurs fails, observes jusqu'ä présent, tendent, en effet, a prouver que la presence de l'extré-mité du cordon dans Ie péritoine peut donner lieu è cette affec­tion. L'inQuence immediate de cette cause est d'autant plus a remarquer, qu'elle constitue en réalité Ie seul fait que I'on puisse invoquer en faveur de la doctrine de Tinflammation du péri­toine, -vu la difficulté apparente d'expliquer autrement les phé-nomenes morbides qui accompagnent ce retrait du cordon; bien qu'il füt peut-être possible d'attribuer les syraptómes graves, qui se manifestent alors, ä une infection putride resultant de Ia presence, au sein des organes vivants , de Ia portion de tissus mortifies restée au bout du cordon a la suite de l'opération.
L'action du froid, ainsi que les arrèts de transpiration qui en résultent, ont étó également signalés comme pouvant occasionner Ia péritonite, et avec d'autant plus d'apparence de raison, que Ia maladie s'est Ie plus ordinairement manifestée sur des sujets chä-trés en hiver. Mais si I'on considère que Ia péritonite a pu se déve-lopper, et non moins aisément, chez des animaux qui n'avaient pas quitte une seule fois leur place depuis l'opération, il est permis d'en conclure qu'elle n'a pas pour cause essentielle les arrêts
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de transpiration, pas plus que l'exces d'alimentalion avant la fin des symptómes febriles, la maladie s'étant également montrée chez des animaux tenus a la diète la plus severe. Enfin, les ani-maux qui ont beaucoup travaillé, qui ont souffert, éprouvé des privations, n'y sent pas plus exposes que ceux qui ne font rien et qui sent bien nourris. D'oü il faut conclure que, dans la grande majorité des cas, l'étiologie de la péritonite est encore fort obs­cure, et que, de loutes les causes indiquées comme pouvant la faire naitre, il n'enest aucune, sauf Ie retrail accidentel du cordon dans l'abdomen, que Ton puisse accepter, nous ne dirons pas comme démontrée, mais seulement comme probable.
Ce qui doit plus encore contribuer k maintenir l'esprit en doute sur la veritable origine de la péritonite, c'est Tapparilion plusieurs fois observée de la maladie, sous la forme d'une endémie passa­gere, affectant alors un caraclère presque foudroyant, et cela dans des circonstances tout-ä-fait ordinaires, au milieu desquelles l'examen Ie plus minutieux n'a fait rien découvrir qu'on n'ait pu retrouver exactement dans les conditions qui entourent les ani­maux opérés qui échappent ä cette complication. C'est particuliè-rement en Normandie, dans les divers depots de remonte de cette conlrée d'élève, oü se Irouvent réunis cheque année un grand nombre de jeunes chevaux chatrés en mème temps, que Ton a eu occasion de conslaler a plusieurs reprises cette espèce d'enzootie. Ainsi, M. Texier, vétérinaire du train, aEvreux, sur 2,000 che­vaux qu'il recut pour son corps, et qui furent chatrés dans Ie cours de l'hiver de 1830 ä 1831, en eut 200 affeclés de périto­nite, dont un grand nombre périrent1. Un autre exemple plus remarquable encore est cilé par Lacoste2. En 1838, élant alors vétérinaire du dépót de remonte de Caen, il praliqua la castra­tion, du 5 novembre au 12 décembre, sur 177 chevaux, sans éprouver aucun accident. Puis a partir du 13 jusqu'au 22 décem­bre, sur 62 chevaux qu'il opéra, 46 furent atteints de péritonite, sur lesquels 42 périrent. Cette mortalité fit suspendre l'opération ; Lacoste la reprit Ie 15 janvier suivant, et ne perdit plus aucun
' Journ. de Méd. vét. théor. et prat., 1833, p. 301. 2 Journ. des Vét. du Midi, 1831, p. 324.
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206nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
animal. Dans d'autres circonstances, ce fut Ie létanos qui se mani-festa au lieu de la perilonite; et d'une maniere également sou-daine, imprévue, foudroyante, cessant de même tout-a-coup sans qu'on püt mieux s'expliquer pourquoi Ia maladie avait éclaté, pourquoi eile avait disparu.
Cette sorte d'enzootie s'étant toujours manifestée dans Ie cours de l'hiver ou du printemps, on a généralement été porté a l'attri-buer aux interapéries atmosphériques régnant k cette époque de l'année, indépendamment de l'influence, également admise, des mauvais soins, des habitations malsaines, etc. Maïs, comme Ie fait, avec raison, observer Lacoste, des quantités de chevaux sontopérés chaque année, exactement dans les mêmes conditions, sans éprouverle moindre accident. lis habitent les mêmes écuries, recoivent des soins identiques, sont soumis ä la même alimenta­tion , sont exposes quelquefois ä des refroidissements, ä des varia­tions de temperature plus considerables, et cependant ils n'en sont nullement incommodes.
Ne pouvant attribuer ä des causes appréciables de si graves ac­cidents , Lacoste cherche a les expliquer par une influence atmo-sphérique délélère, qui, dominant alors dans Ie pays, aurait agi mortellement sur les chevaux nouvellement chatrés. Il fut, comme il Ie dit, forlifié dans cette idéé, par Fapparilion, en ce moment, dans Ie pays, de la maladie aphlheuse, qu'on n'y connaissait pas encore, et qui arrival t de l'Est. Il demande k ceux qui refuse-raient de croire a cette influence atmosphérique éphémère, comment on pourrait autrement se rendre compte de ces avorte-ments épizooliques qui se développent parfois, dans certaines con-trées, sur un nombre considerable de juments ä la fois, alors que rien n'est change dans les conditions qui entourent les animaux. L'explication de Lacoste peut être admise; eile peut aussi être contestée. Mais comme en la tenant pour une simple hypothese , on ne pourrait la combattre qu'en y substituant une aulre hypo­these non moins contestable, il nous paralt inutile, tant que de nouveaux fails bien observes n'auront pas apporté a la question les éclaircissements qui lui font encore défaut, d'entamer sur ce point une discussion qui ne pourrait, au moins dans l'état actuel de la question, aboutir ä aucune solution pratique.
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Signaions toutefois une remarque faite par Lacoste, et qu'appuie la longue experience de ce praticien; c'est la predisposition pres-que exclusive, ä contractor la maladie, qu'offrent les animauxchä-trés dans Ie jeune äge, de un an ä dix-huit mois, comparativement a ceux opérés ä une période plus avancée de la vie. Ainsi, Ie plus grand nombre des animaux morts qu'il a observes avaient moins de quatre ans; une minime proportion a succombé dans la période de quatre a cinq ans; parmi ceux äges de plus de cinq ans, il n'en a perdu aucun. ün tel résultat s'explique jusqu'ä un certain point par la force moindre de resistance qu'opposent, a I'lnvasion de la maladie, des animaux qui n'ont pas encore acquis leur entier développement. Dans tous les cas, il montre Ie peu de fondement de l'opinion, assez répandue, d'après laquelle les jeunes sujels seraient moins exposes que les chevaux adultes ä eet accident de la castration.
Les symptómes de la péritonite, dans les circonstances variées au milieu desquelles la maladie a été observée, présentent une remarquable uniformité. L'affeclion se declare, Ie plus souvent, du deuxième au sixième jour qui suit Topération; quelquefois eile n'apparalt que Ie huitième, Ie dixième jour, el d'autres fois, mais beaucoup plus rarement, après quinze jours, un mois, deux mois.
Divers signes annoncent son invasion. L'animal a la tête basse, se lient au bout de sa longe, refuse de manger. La plaie du scro­tum cesse tout-ä-coup de suppurer, et un fort engorgement, chaud, dur et douloureux, des bourses et des parties environ-nantes, se manifeste. Les quatre membres sont rapprochés, Ie dos est voüté, raide, ne cède pas ä la pression des doigts. Les flaues sont retroussés, l'abdomen est douloureux, lepouls est petit, dur et frequent. Les jours suivants, Ie mal faisant des progrès rapides, tous les symptómes s'aggravent. La tumeur des bourses, dontles bords sont nettement dessinés, s'étend de plus en plus, arrive jusque sous Ie thorax, descend Ie long des cuisses, et preud alors un caractère oedémateux; eile est moins chaude, moins dure, moins douloureuse, et garde l'empreinte du doigt. De légères coli-ques se manifestent; l'animal gratte Ie sol avec ses membres anté-rieurs. La defecation est rare, ainsi que remission des urines. Les
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parois abdominales montrent plus de sensibilité ä la pression. Puis Ie pouls devient petit, intermittent; la respiration s'accélère. L'anitnal, qui ne s'est jamais couché, devient faible, chancelant, écarté les membres postérieurs, autant pour agrandir sa base de sustentation, qu'ä cause de Tengorgement qui occupe la face interne des cuisses. Puis, la gangrene envahissant les parties affec-tées, Ie malade finit par tomber, et meurt en peu de temps, du cinquième au sixième jour après l'invasion du mal.
La rapidité avec laquelle apparaissent et se succèdent ces divers symplómes, la terminaison fatale a laquelle ils aboulissent avec tant de promptitude, montrent surabondamraent tout Ie danger de cette grave affection, que viennent encore parfois compliquer des maladies de poitrine, des pleurésies , et qui est d'autant plus k redouter, qu'on ne connait aucun moyen de la prévenir.
A. l'autopsie des sujets qui ont succombé ä la péritonite conse­cutive ä la castration, on rencontre les lesions suivantes : sur toute la region abdominale, au siége de l'engorgement, existe une infil­tration séreuse jaunätre ou livide, répandue jusque dans Ie tissu cellulaire intermusculaire. L'extremile amputee des cordons est sèche, facile a écraser, d'un brun noirätre; ä leur partie supé­rieure, ces organes sont devenus Ie siége d'une infiltration plus ou moins abondante. Dans la cavité abdominale, se trouve épanché, en quantité variable, un liquide roussätre, trouble, coloré, parfois sanguinolent, au milieu duquel flottent des flocons jaunatres, d'aspect graisseux. En plusieurs points, les vaisseaux sous-séreux, tant ä la surface viscérale qu'ä la surface pariélale, sont injectés, ce qui forme, en différentes regions du tissu sous-péritonéal, des plaques, des zones rougeatres. Les vaisseaux de l'épiploon sont également injectés, et donnent, ä eet organe membraneux, l'aspect d'un caillot sanguin. Quant au péritoine lui-même, il est Ie plus souvent intact; on n'y trouve jamais de fausses membranes, et dans quelques points seulement, on remarque de petites saillies coniques, qui donneut a la séreuse un aspect floconneux. Dans quelques rares circonstances, on y rencontre des brides fibreuses, des adhérences centre nature, dont Ie degré d'organisation indi-que une origine ancienne, par conséquent étrangère ä la maladie a marche rapide qui a occasionné la mort.
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A considérer en elles-mêmes les lesions que nous venons d'énu-merer, peut-on admeltre que ce soit bien la les véritables carac-tères d'une péritonite? et n'a-t-il pas un peu fallu l'influence toule-puissanlo d'une idéé recue, pour altribuer, en pareil cas, la cause de la mort a l'inflamination d'un organe qui n'offre a l'au-topsle aucune alteration sensible? Le manque absolu de propor­tions entre l'effet et sa cause supposée a été senti depuis longlemps, mais sans que l'attenlion s'y soit arrêtée. H. d'Arboval dit a ce sujet : laquo; Lorsqu'on ouvre les cadavres des animaux qui ont été affectés de péritonite, il est rare qu'on n'apergoive pas les traces de la phlegraasie qui a existé pendant Ia vie. raquo;Si le fait n'est que rare, il n'est pas impossible; c'est-ä-dire qu'il peut arriver qu'un animal snccombe a la péritonite sans qu'il y ait péritonite. En ce cas, ä quoi done atlribuer la mort?
Voila ce que personne, du moins a notre connaissance, n'a cherché a savoir. La question pourtant en vaut la peine, ne serait-ce qu'au point de vue du traitement, qui ne peut être dirigó d'une maniere rationnelle tant qu'on méconnailra, nous ne disons pas la nature intime, mais le caractère essentie! de la maladie.
Ainsi, jusqu'a ce jour, dans l'idée que ia péritonite n'était qu'une simple phlegraasie, on a essayé de la cornbatlre a peu pres exclusivement par les antiphiogistiques. On a perdu de la sorte la plus grande partie des malades. Citons pour exemple Lacoste qui, sur 46 en perd 42, ce qui ne l'empAche pas de recommander avec instance ce mode de traitement qui lui a si mal réussi.
M. Texier, dans une circonstance analogue, plus haut rappelée, a agi d'une facon moins absolument systématique et s'en est bien trouvé II appliqua d'abord, comme le recommandent II. d'Arboval et tous les classiques, la methode anliphlogistique pure : diète sévère, plusieurs saignées chaque jour; onctions de populeura et lotions émollientes sur la tumeur, bains de vapeur, boissons ch au des et mucilagineuses, lavements emollients, scarifications sur toute l'étendue de l'engorgement. 20 chevaux, soumis ä ce traitement, périrent tous en trois ou qua(re jours. M. Texier, éclairé par ce résultat, changea de medication. 11 pratiqua une seule saiguée, le premier jour; puis, après quelques scarifications, plongea des caulères dans l'engorgement, fit par-dessus des fric-
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tions avec un liniment forme de parlies égales d'ammoniaque et d'huiled'olivc, lotionna, avecce même liquide, l'extrémilé inférieure des cordons. Ces frictions et ces lotions, répétées quatre ou cinq fois durant la première journée, eurent un prompt effet. Au bout de douze heures, la tumeur était moins circonscrile, devenait phlegmoneuse; Ie liquide, s'écoulant par les plaies resultant des scarifications, élait moins fluide; l'extrémité sèche des cordons était devenu humide. L'animal cessait de piétiner et cherchait a manger.
On continua, les jours suivanls, l'emploi des mèmes moyens, sauf la saignée, et en diminuantchaque jour Ie nombredes appli­cations topiques. Bienlót on vit s'élablir la suppuration dans les plaies scarifiées et dans celle du scrotum; la tumeur se résoudre a la maniere d'une phlegmasie ordinaire; tous les symptómes gé-néraux disparaitre; les raaiades reprendre leur gailé, el la santé revenir; seulement, ayant maigri beaucoup pendant la maladie, ils restèrent longtemps a se remetlre toul-a-fail. M. Texiertraita de celle maniere 180 chevaux sur lesquels 160 guérirenl. Les 20 autres succombèrent ä une complication de pleurite, qui se dé-clara exceptionnellement chez ces animaux.
Le succes de celle medication, qui a réussi dans une circon-slance oü échouenl la plupart des aulres moyens les plus généra-leraent recommandés, peul nous dispenser d'énumérer ces moyens, donl l'indication serail ici un hors-d'oeuvre. N'ayant, en effet, a envisager celle affection qu'au point de vue spécial de ses rapports avec la castration, il doil nous suffire de faire connaitre, aulant qu'il est possible, les moyens d'en triompher sanclionnés par la pratique. Ajoutons seulement, d'après une experience puisée dans l'exercice de Ia médecine de l'homme, que par l'emploi simultane des alcalins et des purgatifs salins ä doses répétées, el par le soin de ne pas Imp insisler sur la diète, nous croyons qu'on pourrait ajouler beaucoup a refficacité de la methode de M. Texier, tout en abrégeant la convalescence.
N'omeltons pas, en terminant, de faire ressorlir la valeur de l'argumenl fourni par les résullats heureux d'un tel mode de trai-tement, en faveur de la doctrine que nous cherchons ä faire pré-valoir touchant la nature de la péritonile, moins en vue d'élablir
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ACCIDENTS. TÉTANOS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 211
ce qu'elle est, que de faire voir es qu'elle n'est pas : une deml-vé-rilé, en attendant que la lumiere se fasse sur la vérilé entière. Evidemment, il n'y a plus possibilité, après les faits puisés dans l'étiologie, dans les caractères anatomiques, dans la thérapeutique de la maladie, que nous avons rappelés, de considérer la péri-tonite comme une ph'egmasie, pas plus du péritoine que d'aucun autre organe. Teut Ie prouve : la forme épizootique que peut affec-ter la maladie, fournissant l'indice d'un trouble beaucoup plus general, indépendant des circonstances particulières de l'opération; son apparition dans des circonstances identiques a celles au milieu desquelles se declare Ie télanos, d'essence également incon-nue; l'absence de lésions cadavériques caracterisliques; les dan­gers du Iraitement antiphlogistique appliqué ä celle affection.
Si la périlonite n'est pas une inflammation du péritoine, qu'est-ce done? Nous l'ignorons. Peut être n'est-ce qu'une autre forme d'altération du sang, un état typhoïde particulier, ou simplement une infection putride. C'est ce que l'avenir apprendra.
11deg; Tétanos. — Le tétanos ou mal-de-cerf, caractérisé par une raideur et une tension extremes du Systeme musculaire, est une complication des plus graves de la castration. Doja mentionné dans Végèce1, et rappelé dans la plupart des aulres écrivains hippialres, on peut le considérer comme le plus anciennement signalé des accidents conséculifs a celte operation.
Les causes délerminanles du tétanos sont peu connues. L'äge des animaux, leur élat particulier au moment de l'opération, n'ont pas d'induence sensible sur le développcmenl de celle redoulable affection, qui choisit ses viclimes dans les conditions les plus oppo-sées. La douieur trèsvive que le sujet éprouve au moment de l'opéralion, ne parait pas davantage contribuer a la faire naitre, le tétanos se manifestant le plus souvent ä une époque oü la dou­ieur est depuis longtemps calmée. La mème incertitude règne quant ä l'inlluence supposée que tel procédé de castration aurait d'y prédisposer particulièrement les sujets opérés, plutót que tel autre, aucun fait, aucune statistique bien établie ne prouvant, par exemple, ainsi qu'on 1'a avance, que la castration par torsion
' Veg., Artii veterin. sive Mulomedic, lib. Ill, cap. 24.
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y expose moins les animaux que la castration par les casseaux; que lorsqu'on suil cette dernière methode, il y a plus de danger, sous ce rapport, ä opérer a testicules couverts qu'ä testicules découverts, etc.; que l'opéralion par Ie feu , comme on l'a dit encore, mette plus complétement les animaux è 1'abri de eet acci­dent que les autpes methodes, ce qui motiverait la preference qu'on lui accorde dans certaines localités. Pour la castration par Ie feu, nolamment, loin qu'il en soit ainsi, nous ferons remarquer que c'est précisément a la suite de l'application de ce mode opéra-toire, ainsi qu'on Ie voit dans Végèce, cité plus haut, que Ie tétanos, comme accident de la castration, a été signalé pour la premiere fois ; et aujourd'hui encore, en Amérique, ou 1'on chätre ä peu pres uniquement par Ie feu les chevaux et.les mulcts, Ie tétanos est si frequent, que les animaux sauvés de la castration y augmentent considérablement de prix.
Une cause de tétanos beaucoup plus réelle, et sur laquelle, par exception, tous les auteurs s'accordent, ce sont les refroidisse-ments subits, les changements brusques de temperature auxquels 1'animal peut se trouver exposé en passant sans transition d'un lieu chaud a un lieu plus froid; en restant, dans son écurie, pres d'une porte ou d'une fenêtre, soumis a un courant d'air; pendant une promenade a Ia pluie ou par un temps froid. Le tétanos, en ces différents cas, est d'aulant plus ä redouter, que les animaux sont généralement reslés longtemps renfermés aprèsl'opéralion, et ont acquis pendant ce repos une scnsibilité plus grande. Les bains froids surlout, que l'on fait quelquefois prendre aux animaux récemment opérés de la castration, ont une influence remarqua-blement decisive sur le développement de cette grave complica­tion. H. d'Arboval rapporte le fait d'un cheval chatré a testi­cules découverts, auquel, a litre d'expérience, après l'avoir fait courir jusqu'a ce qu'il füt en sueur, on fit prendre un bain de rivière; on réiléra Irois fois la sueur et le bain, et bienlót le che­val ful pris d'un télanos complet dont il mourut. Le ni^me auteur rapporto que, dans un dépót de remonte ou l'on fit le mAme jour la castration h 24 chevaux, qui ensuite prirent chaque jour quatre bains dans une eau de basse temperature, 16 de ces chevaux mou-rurent du tétanos du dixième au quinzième jour.
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ACCIDENTS. TÉTANOS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 213
Les mouvements désordonnés, excessifs, auxquels se livrent parfois les animaux opérés des qu'ils sonl en liberló, les coups qu'ils recoivent, les contrainles qu'ils peuvenl subir avant leur entière guórison, onl également, dans certains cas, provoquó Ie tétanos. A cóté de ces causes sporadiqiies ou parliculières, doit encore (Mre signalée comme poüvant donner lieu a celle affection, une cerlaine influence épidémique, semblable a celle qui provoque en cerlaines circonstances, la péritonite, et qui , plus souvent encore, donne naissance au tétanos. Ainsi, Lacoste mentionne cinq cas d'invasion de cetle sorle d'enzootie, observes en 1831, en 1832, en 1835 el 1837, par différents vélérinaires, el en 1847 par lui móme, dans les dépóts de remonte de Sainl-Ló et de Caen, qui tous onl eu lieu pendant l'hiver eile printemps, etont fait de nombreuses victimes. Dans ce cas comme dans celui de la péritonite, Lacoste croit ä une influence atmosphérique délélère. Sans plus contester une teile influence que nous ne Tavons fait a propos de cette dernière maladie, il nous semble qu'il y aurait peut-élre lieu de lenir comple davanlage en celle circonslance de la saison durant laquelle ropéralion a élé faite.
Le moment de Tapparition du tétanos conséculif ä la castration est assez variable. Lacoste rapporle que dans le cas oü la maladie s'est monlrée sous forme enzoolique , eile apparaissail invariable-ment du 7e au 8e jour. Le tétanos sporadique est en general plus tardif; c'est du 13e au 2oe jour, plus rarement après un mois, qu'on le voit ordinairemenl se manifester.
Le mal se declare toul-ä-coup, alors que l'on croit l'animal guéri, et ne tarde pas ä offrir les symplómes les plus graves. Il commence presque toujours par le Irismus ou contraction des muscles des mSchoires, et la raideur se propage ensuite successi-vement aux muscles du cou, du tronc, des membres. Laphysio-nomie offre un aspect élrange, loul-ä-fait caractéristique. Les yeux fixes et brillants, Irès ou veris, onl la cornée recou verte par le corps clignotant; les oreilles sonl droilcs, les narines dilatées, la beuche serrée; la lête est haute; la queue est relevée presque horizontale. La raideur augmentant toujours, finit par rendre teut mouvement impossible; l'animal ne peut plus se porternien avant ni en arrière, ni exécuter aucune flexion; si on le force a se
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214nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
déplaoer, il se meut tout d'une piece, resle debout tant que ses forces Ie lui permellenl; maïs au bout de 24, 36, 48 heures et même davantage, il finit par se laisser tomber el ne peut plus se relever. Par suite de la contraction des muscles coslaux, Ie mouvement respiratoire se trouve suspendu, la respiration devient courte, difficile, anxieuse, et l'animal, au bout de deux ou trois jours, succombe par asphyxie.
Du cólé de la plaie, la suppuration s'arnMe des que les symp-tómes télaniqucs sent pres de se declarer. On n'y observe, habituellement, ni engorgement, ni cedèrne; la cicatrisation ne se fait que d'une maniere incomplete, et rexlrémité du cordon est ä peine dooloureuse.
Le tétanos de castration offre d'aulant plus de danger qu'il s'est declare plus promptement, que le trismns est plus complet. 11 offre plus de chances de guórison quand sa durée se prolonge, quand il paratt s'arrêter dans ses progrès. A l'autopsie des animaux morts du télanos, on ne trouve rien qui puisse en révéler la nature réelle. Les cordons tesliculaires portent encore la trace de Tinflam-mation dont ils ont été le siége; la plaie est plus ou moins sèche; dans le reste du corps, on voit des ecchymoses, des infiltrations, des dépóts de sang noir non coagulés, signes de Tétat apopleclique qui a été cause de la mort, mais sans aucune autre alteration sensible de tissu.
Le traitement du tétanos se ressent de l'incertitude qui règne et règnera probablement encore longtemps sur la nature de la mala-die. 11 faut en faire l'aveu : on ne connait aujourd'hui aucun moyen de le combattre avec efficacité; et, comme il arrive toujours pour les maladies d'une difficile guérison, une multitude de moyens divers ont été proposes centre celle qui nous occupe: l'opium et ses derives, le camphre, la belladone, la stramoine, les anesthésiques, tous les modificateurs , en un mot, du Systeme nerveux. On a essayé de mème lés antiphlogisliques, y compris la saignée, les purgalifs, et d'autres encore. Ne pouvant admi-nistrer les remèdes par la bouche, on a essayé de les inlroduire en lavements, en frictions cutanées, en injections dans le tissu cellulaire ou dans les veines; et par tous ces moyens, répétés, combines d'une infinite de manières, on a obtenu des résultats si
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ACCIDENTS. AMAÜROSE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;215
différents, si opposes, qu'on est acluellemenf, comme on l'a lou-jours élé, dans l'impossibilile de rien en conciure sur Fefficacile relative d'aucun d'entre eux, el qu'il y aurait peut-être témérite ä accorder Ie mérite d'une seule guérison ä Fun quelconque des traitements employés.
Entre tousces remèdes, si nous avions ä en recommanderun, nous donnerions la preference aux bains de vapeur répétés, aux transpirations excessives produites en recouvrant les malades avec de grandes couverlures de laine, soutenues sur la peau par une couche de paille ou de foin dans les interstices de laquelle peut circuler la vapeur d'un vase d'eau bouillante, place sous Ie ventre. Ce moyen, complete par des frictions sèches et répété plusieurs fois par jour, jusqu'ä ce que se produise la détente des muscles, est celui qui, jusqu'ä présent, parait avoir été suivi des meilleurs résultats, bien que souvent aussi, comme les aulres, il ait échoué. On a obtenu également de bons effets des inhalations anesthésiques avec l'éther ou Ie chloroforrne; mals rien d'assez positif encore n'est acquis relalivement ä l'efficacité de ces agents, pour qu'on puisse, a leur égard, se prononcer avec certitude.
En somme, Ie tétanos est une maladie d'une guérison toujours douteuse, quel que soit Ie trailement qu'on lui oppose. De la l'uti-lité absolue, pour soustraire les animaux opérés ä cette redou-table complication, des soins préventifs, puisés tout entiers dans Ia connaissance des causes plus haut indiquées. Quand, malgré toutes les precautions, la maladie se declare, on peut encore en espérer la guérison si eile tarde ä se développer et si eile marche avec lenteur. Mais chez les chevaux pris du tétanos sept è huit joursaprès l'opération, il n'y a rien a espérer; la mort arrive en moins de deux ou trois jours et tout traitement est inutile.
12deg; Amaurose. Vamaurose, mydriase ou goutte-sereine, consistant en une abolition plus ou moins complete de la fonction visuelle, avec conservation de la transparence des milieux de l'oeil, est un dernier accident qu'on a parfois observe a la suite de la castration. Quand eile s'est manifestée de la sorte, l'amaurose a toujours été consecutive è une hémorrhagie de 1'artère testiculaire. C'estau moins ce qu'établissent chacune des observations, encore en petit nombre, il est vrai, publiées par Fr. de Feugré, Gohier,
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216nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA GASTRATION CHEZ LES SOLIPËDES.
H. d'Arboval, et par MM. Riss 1 et Delwart2, et qui ont fourni l'occasion d'eludier le phenomena.
L'amaurose peul apparaltre plus ou moins longtemps après que les animaux ont été opérés, durer ensuite indéfinimeni ou bien disparailre peu ä peu. Dans ces différentes circonslances, il est également difficile, pour ne pas dire impossible, d'apprécier les causes vérilables de la maladie, de donner, aulrement que par une hypothese, la raison intime de son developperm-nt. On peut constater le mal, en indiquer les phénomènes apparents; mais 11 faut laisser au temps le soin d'expliquer le reste.
Quand l'amaurose se declare, on la reconnalt ä son caractère essenliel, rimmobililé de la pupille, que Ton constate en placant successivement I'animal dans un lieu obscur et dans un lieu éclairé. La pupille alors, au lieu de se fermer et de s'ouvrir alternalive-ment, ä mesure qu'elle recoit une plus ou moins grande quantité de lumiere, comme on l'observe sur un oeil sain, conserve toujours son même diamèlre. En outre, le fond de l'opil amaurotique offre une teinte glauque, jaunätre, tout-ä-fait particuliere a cette alte­ration. Enfin, l'animal, donl IVeil est comme paralyse, offre lous les signes de la cécite. Il a le regard éleint, les mouvements irré-solus, les allures incertaines du cheval aveugle.
Le pronoslic de l'amaurose, qui enlralne la perte de la vue, ne laisse pas, a ce point de vue, que d'etre grave. Toulefois, la possibililé de la guérison atténue cette gravité, toujours bien moindre quand la maladie est la suite d'une hémorrhagie, que lorsqu'elle est la consequence d'une lésion des centres nerveus.
Le traitement sera en rapport avec l'unique cause connue qui a provoqué Ia maladie. Ainsi, le repos, une bonne alimentation, la medication tonique reconstituante, par le fer, la gentiane, etc, suffiront ordinairement, si l'animal peut être guéri, pour lui ren-dre la vue. A ces moyens, on pourrait joiudre l'emploi des exci­tants locaux de l'ceil. Si cette medication, a la fois générale et locale, échoue, on peut considérer le cas comme incurable et s'abs-tenir de tout nouveau traitement.
i Bec, de Uéd. vit., 1831, p. 638. 2 Traite de Méd. vét., p. 24.
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. EXAMEN COMPARATIF DES PROCÉDÉS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;217
Article VII.
EXAMEN COMPARATIF DES DITERS PROCÉDÉS DE CASTRATION USITÉS CHEZ LES SOLIPÈDES.
Arrive au terme de celle étude de la castration des solipèdes, une dernière question a résoudre s'offre a nous: üélerminer la valeur relative des divers procédés opératoires qui ont élé dècrils, et indiquer quel est entre tous celui que l'on peul, considérer comme Ie plus favorable, lanl sous Ie rapport de la lacililé de {'operation, que sous celui de ses suites et de son immunité aux chances nombreuses d'accidents qu'entratne toujours la pratique de la cas­tration.
La question ainsi posée, est difficile a résoudre d'une maniere definitive et absolue. Tons les procédés ont leurs avantages et leurs inconvénients, qui, se compensant plus ou moins, moti-vent, suivant les circonstances, la preference accordée a 1'un ou a l'autre, sans qu'il y ait lieu de préconisor celui-ci ou cclui-lä , ä l'exclusion de tous les autres. Il est pourtant, dans Ie nombre , plusieurs de ces procédés offrant des avanlagos reels, qui les placenl, d'une maniere incontestable, au-dessus des autres. Eux-mèmes a peu pres d'égale valeur, en ce qu'ils réunissent tons les principales conditions exigées pour l'emploi pratique, leur supério-rité relative dépend plus de l'habilelé personnelle des praticiens qui les mettent en usage que de leur valeur inlrinsèque. Ceux-lä sont les plus répandus; ils jouissent, dans certaines localités, d'une preference exclusive; el, dans tous les cas, ont un caractère de généralité qui leur donne une importance que sont loin d'offrir les autres procédés, d'un caractère plus exceptionnel, d'invention récente ou d'une application infinimenl plus restreinte.
Parmi les methodes opératoires auxquelles une application plus générale, la consecration d'une experimentation étendue, don-nent une place tout-a-fait a part, se rangent les methodes par les casseaux, par Ie feu, par la torsion, par la ligature et par Ie bistournage, qui toutes, comme nous l'avons vu en étudiant chacune d'elles en particulier, ont donné d'assez heureux resul-
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218nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATIOK CIIEZ LES SOLIPËDES.
tats pour pouvoir êlre considérées comme les plus vérilablement pratiques, cellos entre lesquelles Ie praticien appelé a exercer aura, en quelque sorle, h limiter son choix, avec la presque certitude, d'aiileurs, d'obtenir, soit avec 1'une, soit avec l'autre, desrésuitats a pcu pres égalemenl favorables. Son goot, ses apti­tudes, Ie désir du propriétaire, la coutume du pays, la desti­nation el aussi l'état particulier de chaque sujet, pourront motiver la preference accordée ä teile ou teile de ces methodes plutót qu'ä teile autre; mais ce choix ne saurait jamais impliquer, en faveur de la methode adoplée, une supéricrité absolue que l'expérience n'a encore établie pour aucune.
Est-ce a dire, cependanl, que ces divers modes de castration aient tousune valeur egale, el que l'on pourrail avec tous indis-tinctementréussir égaiement bien? Nous n'oserions l'affirmer, en l'absence d'expériencescomparatives, en assez grand nombre pour trancher la question d'une maniere definitive, pour faire connattre quel est, dans tous les cas, Ie procédé opcraloire qui réussit Ie mieux, qui expose Ie moins les animaux aux accidents ullérieurs de l'opéralion.
En attendant que des recherches statistiques, entreprises sur une large échelle, viennenl fournir, ä la solution du problème, des elements d'une certitude plus rigoureuse que ceux qui onl été réunis jusqu'a ce jour, doit êlre signalée comme digne, par sa supénorité relative, de figurer en première ligne, la methode par casseaux, aujourd'hui la plus généralement adoplée, la plus ré-pandue, sinon la plus ancienne, et justifiant cette faveur par des avantages réels que démontre journellement une experience des plus étendues.
Ainsi les casseaux, en premier lieu, par la compression énergi-que qu'ils exercenl sur Ie cordon testiculaire, sont plus propres qu'aucun autre moyen a determiner la complete obliteration de l'artère. De plus, en maintenant Ie cordon tendu dans la gatne séreuse, ils offrent Ie double avantage de l'etnpècher de remonter dans l'anneau inguinal et dans l'abdomen, el de favoriser l'adhé-sion de ce même cordon avec les parois du sac vaginal, c'est-ä-dire de rendre plus parfaile Tocclusion de celui-ci.
Ces avantages posilifs et sérieux onl été plus ou moins mécon-
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EXAMEN COMPARATIF DES PROCÉDÉS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;219
mis par ceux qui, ayant inlérêt h faire triompher un autre mode opératoire, se sont trouvés enlratnés a allribuer a la mélhode par casseaux loute une série d'inconvénienls plus ou moinsinvrai-semblables. C'esl ce qu'ont fait, par exemple, M.M. Benjamin et Dillon, qui, pour mieux faire ressorlir les avanlages de la lorsion, reprochcnt aux casseaux : de produire une douleur extreme, de tirailler Ie cordon, d'irriter les plaies de castration el de les main-tenir béantes, d'exiger une operation secondaire pour leur enleve-ment, de pouvoir être arrachés par les dents, par les crins de la queue, etc.
Ces reproches , empreints d'une évidente exagéralion, sont reconnus aujourd'hui n'avoir plus aucun fondement. Ainsi, Ia douleur excessive, pou vant durer de douze a quarante-huit heures après l'opéralion, que l'on pretend être la suite de l'emploi des casseaux, n'estqu'une pure supposition. Si vive que soit cette dou­leur au moment de la compression des cordons, il est facile de voir, a la rapidité avec laquclle se remet un animal opéré, a l'ab-sence chez lui, dès qu'on l'a fait relevcr, de loute anxiélé appa-rente, que celle douleur, si eile existe encore, est déja singuliè-rement affaiblie. D'ailleurs, esl-ce que la sensibililé ne s'éleint pas, dans.Ie cordon, en mème temps que la vitalilé, par Ie fait mème de la compression? L'homme chez lequel on pratique la castration , exigée dans certains cas palhologiques, et sur qui on suit généralement Ie procédé par ligature, ressent, ainsi que nous avons eu occasion de l'observer, une douleur très-vive au moment oü l'on serre Ie fil; mais cette douleur disparalt presque aussitót après. Pourquoi en serait-il autrement chez les animaux?
Les autres inconvénienls reproches aux casseaux ne sont pas mieux fondés. Ainsi, Ie liraillement suppose des cordons ne peut avoir lieu, car Ie poids des casseaux ne dépasse pas, tant s'eu faut, celui des lesticules qu'ils remplacent; et on ne comprend pas davantage qu'ils puissent, plus que ne Ie faisaient ces orga-nes, produire l'allongement des cordons au-dela de leurs dimen­sions normales. Quant ä l'irritation qu'ils causent dans la plaie, eile n'a pas de consequence grave. Nous ne parlons pas de l'objec-tion puisée dans l'obstacle que la presence des casseaux , entre les lèvres de la solution de continuité, apporte ä la prompte fermeture
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220nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE tA CASTBATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
de celle-ci, atlendu que c'esf iä un avanlage et non un inconve­nient , le moyen le plus cerlain de s'opposer au séjour du pus et des autres produits morbides dans 1'inlcrieur de la plaie.
L'operalion secondaire, nécessitée par 1'enlèvemenl des casseaux, ne peut (Mre non plus considórée comme un inconvenient, car eile se pratique aisérnenl et sans danger, surtout quand on a Fex-cellente habitude de laisser les casseaux en place tout le temps voulu après 1'opération. Reste rarrachement possible des casseaux par les crins de la queue ou par les dents; mals ces petits acci­dents peuvent trop facilement Mre évités, a ('aide des plus simples precautions, pour qu'il y ait lieu d'en tenir compte.
Ainsi, en résumé : des avantages véritables au point de vue du but essentiel de la castration, et pas d'inconvénients sérieux, autres que ceux resultant de la plaie falte au scrotum et auxquels parlicipent tous les procédés entrainant la mème lésion traumati-que, tels sont les tilres par lesquels se recommanrie la castration par casseaux; ils suffisent amplement pour motiver la supério-rité généralement accordée ä cette methode opéraloire.
Que si maintenant on cherche a comparer les deux procédés de castration par casseaux : le procédé ä teslirules découverts et le procédé ä lesticules rouverts, afin de determiner lequel mérite la preference, nous devons dire, tout d'abord , que celte preference ne serait justifiée, ni pour Tun ni pour l'autre, d'une maniere absolue; car ils donnent dans la pratique des résullats identiques, et sont ä peu pres indifféremmenl mis en usage.
Toulefois, l'un d'eux, le procédé a testicules découverts, est beaucoup plus généralement usité que l'autre, ce qui lient ä ce qu'il est plus rapide, d'une plus facile execution. Il y a une tren-taine d'années, ce mode opéraloire était mème presque seul usité, lorsque Rigot ', un des premiers, tenla d'en démontrerles incon-vénients; il exposa pour motif principal que ce procédé, en for-cant d'ouvrir la tunique séreuse, peut permetlre l'introduction de l'air dans la cavité péritonéale. L'expérience ayant démontré la parfaite innocuité de ce phénomène, l'objection de Rigot tombe d'elle-même.
i Bec. de Méd. vét., 1827, p. 4K.
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EXAMEN' COMPARATIF DES I'BOCÉDÊS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 221
ün inconvenient plus réel de la castration a testicules décou-verls se manifeste lorsqu'il existe une hernie inguinale, antórieure a l'opéralioa, ou se produisant, au moment oü l'on ouvre les bour­ses, par Ie fait des mouvemenls violentset désordonnés de l'animal. En opérant ä teslioules converts, un semblable accident est im­possible, outre que l'on a ainsi Ie meilleur moyen de remédier a cetle affection, lorsqu'elle préexiste ä ropéralion.
Ce dernier procédé offre encore l'avantage de favoriser l'adhé-sion du cordon avec les parois de la gaine, et par suite de hater la guérison. Il est vrai qu'on lui reproche de forcer a laisser les testicules en place pendant quelques jours, après l'application des casseaüx; mais on ne comprend guère ce qu'il peut y avoir de fä-cheux ä ce que ces organes restent dans la position occupée pareux al'état normal, et soutenusde mêmedans leur enveloppe flbreuse. Avec plus de raison, on a objecté, contre cette maniere d'opérer, Ie plus de temps qu'eile exige; mais un pen d'habitude suffit pour rendre ce surcroit de temps presque inappreciable. 11 peut même se trouver teile circonslance ou l'avantage reste tout enlier au pro­cédé a testicules converts. C'est ce qui arrive, par exemple, quand on a un grand nombre d'animaux a chatrcra la fois. Dans ce cas, comme l'a depuis longlemps étabii Lacoste, ce dernier procédé devient plus expédilif en ce que la peau, seulemenl, étant divisée, il laisse les mains de l'opérateur toujours sèches, et lui permet ainsi d'exécuter toutes les mameuvres de {'operation, plus facile-ment qu'cn opérant ä testicules découverts, oü les mains sont de suite mouillées par Ie sang répandu et par Ie liquide qui s'échappe de la gaine séreuse; c'est au point, ajoute Ie même pralicien, que, quand on a un grand nombre d'animaux ä chAtrer a la fois, la methode 'a testicules converts est la seule praticable '. Cailleux, dont l'expérience, sous ce rapport, n'était pas moins étendue, a signalé aussi, dans plusieurs mémoires, cette dernière methode comme plus expóditive.
Si l'on considère, enfin, que Ie procédé a testicules couverts, en mainlenant rapprochées les parois du sac vaginal avec celles du cordon, favorise l'adhésion entre ces parlies, et par suite,
Mém. de la Soc. vét. du Calvados et de la Manche, 1837, t. III, p. 168.
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rend plus prompte la cicatrisation de la plaie; qu'il offre un carac-tère plus chirurgical que l'aulre; qu'il exige certaines connais-sances anatomiques que possède seul Ihomme de Tart, et qui peuvent Ie dislinguer du praticien qui n'a dautres regies que la routine, nous croyons qu'il y a lieu de recommander aux vétéri-naires ce procédé de preference au premier, sans contester, toute-fois, quel'on ne puisse, dans un grand nombre de cas, trouver des avanlages a mettre celui-ci en usage.
Après ia caslralion par les casseaux, la methode qui, par son anliquité et la généralilé de son application, vient en première ligne est la caslralion, par Ie feu, usilée en Angleterre , en Améri-que, en Espagne, ainsi que dans d'autres coatrées de l'Europe, el dout en France même plusieurs praticiens font usage actuelle-ment avec succes.
La caslralion par celte methode est aisée ä exécuter, produil une emasculation complete, n'exige aucun soin secondaire. Mais en compensation, eile est peu expédilive, Ie cautère devant être maintenu appuyé pendant assez longtemps, afin d'assurer son action hémostatique. En outre, on doit craindre l'inQuence irri­tante du calorique rayonnant du fer rouge sur les enveloppes, pouvant devenir la cause d'engorgements plus ou moins considera­bles, et, quelquefois, entrainer la formation de phlyclènes a la face interne des cuisses. Enfin, par ce procédé, on est moins certain de l'arrêl complet de rhémorrhagie, pouvant se manifester dès qu'on desserre les pincesqul retiennent Ie cordon, ou plus ou moins longtemps après que l'animal est relevé, el avant pour cause Ie peu d'épaisseur de l'eschare, joinle a la mobililé des parlies sur lesquelles eile est formée. Pour prévenir celte hémorrhagie, on est oblige de lenir les animaux dans une immobilité prolongéequi n'est pas non plus sans inconvenient, surtout lorsque se déclarent des coliques qui rendentla promenade nécessaire. Ajoulonsquela cas­tration par Ie feu est absolumenl impratieable lorsqu'il existe une hernie inguinale ä laquelle ce mode opératoire n'offre aucun moyen de remédier.
Malgré ces quelques désavantages, la castration par Ie feu offre encore d'assez nombreux succes pour qu'on puisse continuer de l'admettre comme methode usuelle. Dans tous les cas, nous la
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EXAMEN COMPARATIF DES PROCÉDÉS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;223
croyons preferable a la torsion, dent nous allons maintenant par­ier, et que Ie zèle de quelques praticiens ardenls, plutót qu'une longue experience pratique, a seul pu réussir ä populariser.
La tomon, nous l'avons vu en étudiant cette operation, est une des methodes qui ont élé Ie plus vivement préconisées, en ces derniers temps, pour remplacer tout autre mode de castration. Ses patrons, MM. Dillon et Benjamin, notammeut, ont prétendu l'avoir constamment employee avec Ie même succes sur un grand nombre d'animaux, et avoir trouvé dans son usage des avantages que ne leur avail pas offerts, par exemple, l'emploi des casseaux. La torsion, suivant ces honorables vétérinaires, serait peu dou-loureuse, ou ne produirait qu'une douleur passagere; serait plus simple , plus facile ä exécuter, plus expéditivo ; ne déter-minerait pas de tiraillements du cordon ; éviterait de laisser dans la plaie, pendant quelques jours, des morceaux de bois qui en maintiennentl'irritation ; n'exposerait pas l'animal aux vegeta­tions du cordon, ä la hernie, ä la gangrene, au tétanos, et, en un mot, mettrait les animaux ä l'abri de la plupart des inconvé-nients qu'on suppose, pour ce motif, être attaches ä l'emploi des casseaux.
Si ces avantages élaient tons reels, il ne faudrait s'étonner que d'une chose, c'est que la torsion ne füt pas d'un usage plus gene­ral. Mais une experience , aujourd'hui suffisamment étendue , a permis de constater qu'ils sont la plupart au moins fort exagérés. En réaiilé, la torsion, la torsion bornée cela s'entend, simple et expéditive dans son manual, laissanl une plaie qui cicatrise sans se compliquer d'un travail élimmateur analogue a celui qui se produit iorsqu'il y a formation d'une eschare, ä l'abri des acci­dents pouvant résulter de l'arrachemenl des casseaux, offre les conditions principales qu'on peut réclamer d'une methode tendant a prendre un rang avantageux dans la pratique chirurgicale. Mais il n'en résulte pas qu'elle soit plus que les autres procédés ä l'abri des accidents qui peuvent compliquer Ie travail inflammatoire, par Ie seul fait de la lésion traumatique exislante.
D'abord la torsion est tonjours accompagnée d'une très-vive dou­leur, accusée par les mouvements violents de l'animal au moment oü Ton applique la pince limilalrice, et quand on tord Ie cordon avec
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224nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION CHEZ LES SOL1PÈDES.
la pince mobile ; par les sueurs dont son corps se couvre; par les coliques intenses et persislanles qui se manifeslenl lorsqu'il est rplevé, coliques.qui se prolongent beaucoup plus qu'après l'emploi des casseaux , plus mème qu'a la suile de rapplication de n'im-porte quel au Ire procédé, el donl la durée moyenne est de quatre 'a cinq heures.
En second lieu, la torsion offre Ie grave inconvenient de deter­miner un très-fort engorgement du cordon, des bourses et de l'abdomen , une tumefaction beaucoup plus considerable que celle qui suit la methode par les casseaux. Ce fait, qu'ont observe tons lesexpérimentateurs qui ont essayé la torsion, a été positivement reconnu par un des premiers partisans de l'opération, M. Benja­min, lequel , après avoir pratique la torsion bornée ä Paris , sur un grand nornbre de sajets , a dA avouer, que, sans avoir perdu plus de malades, il a toujours vu, après l'application de cette methode, des engorgements vokimineux que ne produit pas la castration par casseaux essayée conourrerament K En résumé, ont été observes, a la suile de la torsion : Ie tétanos, la péritonile, les champignons, les fistules, les hémorrhagies 2; tous les accidents, les plus graves en un mol, que la castration peut occasionner, et précisément ceux qu'on supposail devoir êlre supprimés par l'ap-plicalion de ce procédé. Sous ce rapport, la torsion est done sans avanlage , tandis que, sous bien d'autres , eile constilue un mode d'opérer inférieur a l'emploi des casseaux , ä moins , comme on 1'a dit en dernière analyse , que 1'animal ne se Irouve dans d'ex-cellentes conditions hygiéniques, auquel casla torsion réussitaussi bien que l'aulre methode. Mais Ie benefice de celte circonstance ne se retrouvera-l-il pas, el a plus forte raison, en adoptant un procédé plus avanlageux parlui-même?
Un aulre inconvenient de la torsion a été signalé en ces termes parCailleux : laquo; Chez un grand nombre d'animaux ainsi opérés, la colonne vertebrale se laquo;ousslaquo; en conlre-haut, depuis Ie garrot jusqu'a la croupe, et alors Ie dos parait semblable a celui du mulet. Le paysan dit alors que sou cbeval est bossu. Celte dif-
i Ree. de Méd. vét., 1837, p. 32. 2 Idem, 1833, p. 847.
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EXAMEN COMPARATIF DES PROCÉDÉS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;225
formité n'apparalt que trois ou quatre semaines après l'opéra-tion. La region lombaire ne jouissant plus d'aucune flexibililé et Ie cheval n'exécutant plus ses mouvements qu'avec raideur, il deviant peu propre au service de la seile. Ce triste résullat a prompteraent fait abandonner la methode. raquo; En s'expriraant ainsi, Cailieux, il est vrai, avait surtout en vue Ie procédé du Polonais; mais il constate, dans une note, qu'a la suite de la torsion bornée plusieurs chevaux onl présenté la mème difformilé ,.
Outre ces inconvénienls multiplies, auxquels se joint celui de produire une plaie plus longue ä cicalriser, la torsion laisse tou-jours ropérateur, un certain temps, dans l'incerlitude sur Ie retour possible de Thémorrhagie, laquelle, quand eile appa-ratt, esl d'autant plus grave qu'on ne peut plus que fort difficile-menl aller saisir, pour Ie lier, Ie cordon au fond de la plaie. Enfin, ce retrait mème du cordon vers l'anneau inguinal n'est pas sans danger, Ie cordon, en se rélractant de la sorte, pouvanl rentrer entotalité dans l'abdomen et causer, par suite, des accidents mor-tels. Ces motifs réunis sont plus que suffisanls, ce nous semble , pour nous autoriser ä considérer la torsion comme un procédé de médiocre valeur et pcu susceptible d'une application générale.
Nous ne porlerons pas de la torsion libre ou non bornée, opera­tion trop irralionnelle pour pouvoir jamais être conseillée; ni de la torsion sousl'épididyme, methode non moins défeclueuse, laissant, après la separation du teslicule, une trop grande étendue de cordon, qu'il faut relenir dans la plaie parun point de suture, ce qui ne conslitue rien moins qu'une des conditions les plus favora-bles au développemenl du champignon.
La ligature est un autre mode d emasculation appartenant a la pratique générale, et dont beaucoup d'opéraleurs font usage de preference aux casseaux, a l'emploi du feu, a la torsion. Ce pro­cédé, en effet, est d'une simplicité dexéculion qui Ie recom-mande loald'abord; il n'exige aucun instrument spécial, ni Ie secours d'aucun aide; enfin, il est d'une efficacité süffisante, per-mellant d'y recourir avec avantage loules les fois qu'il y a obsta­cle ä Temploi d'une autre methode.
i JUoniteur des Cornices. 1838, p. 311.
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226nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLII'ÈDES.
Mais ä cölé de ces avantages, les seuls reels que présente la liga­ture, ce procédé a de graves iaconvénients. Le premier est de ne per-metlre qu'une compression insuffisante du cordon, lorsque celui-ci est embrassé en bloc par le Hen; de la , vu l'épaisseur des tissus qui les recouvrent, une obliteration incomplete des vaisseaux tes-ticulaires, qui a pour consequence l'engorgement et l'induration du cordon. Aussi, est-ce principalement sous ce rapport que les casseaux, exercant sur l'artère une compression beaucoup plus immediate, constituent un procédé bien supérieur ä la ligature. Cette supériorité n'est pas uu fait d'observation nouvelle; eile avait été constatée par un auteur du siècle dernier, Brugnone, lequel avance que la ligature donne lieu a des douleurs, ä des fièvres intenses et autres accidents très-dangereux, qu'on n'observe jamais lorsqu'au lieu de serrer le cordon circulairement on le comprimé ä plat entre des casseaux1.
Mais la ligature, outre l'engorgement toujours considerable du fourreau et des bourses, le retard dans l'élablissement de la sup­puration qu'elle occasionne, offre encore le desa vantage, qu'elle partage avec la torsion, de laisser le cordon libre de remonter dans I'anneau inguinal, et d'exposer I'animal aux accidents qui peuvent être la consequence de ce retrait.
Ces inconvénients, toutefois, s'atténuent beaucoup s'il s'agit d'un animal très-jeune, encore a la mamelle, car le cordon alors ne présente qu'un très-petit volume et se rétracte plus difficile-ment. La ligatm'e, dans ce cas, comme l'a parfaitement démontré M. Goux, est non-seulement applicable, mais conslitue même le moyen le plus avantageux qu'on puisse mettre en usage. Elle sup-plée très-bien aux casseaux dont le poids pourrait exercer, sur des cordons faibles encore, des tiraillements fächeux; et eile est plus süre que tons les autres procédés. Ce cas excepté , c'est-ä-dire chez les animaux adultes, la ligature est un mode de castration dont rien n'autorise a recommander l'emploi.
Quant a la ligature sous-cutanée du cordon et ä la ligature exclusive de l'artère testiculaire, ce sont la des procédés d'un caractère tout exceptionnel, et qui n'ont pas d'ailleurs donné des
i Trattudo delle razze dieavalli, etc. Turin, 1781 , p. 374.
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EXAMEN COMPARATIF DES PROCÉDÉS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 227
résultats assez avantageux pour qu'il y ait lieu ä un litre quel-conque de les préconiser.
Nous arrivons au bistournage, Ie dernier des procédés de castralion d'applicalion générale dont il nous reste a parier , et que les vétérinaires, sur la foi de leurs livres d'études et des lecons qu'ils ont recueillies dans les Ecoles, ont jusqu'a cejour repousse d'un commun accord, bien qu'il ait eu au moins autant de droits que Ie bistournage des ruminants a figurer dans l'en-seignement classique. Dans la plupart des cas , il faut Ie dire , on a condamné Ie bistournage des solipèdes sans Ie connaitre, uni-quement pour se conformer a la tradition , se laissant entralner , sous l'influence d'une prevention mal fondée, ä en exagérer les inconvénients et les dangers.
Gelte operation mieux connue, il est permis d'espérer que l'opi-nion se modifiera è sou égard, et que les vétérinaires, en cher-chant ä l'exécuter eux-mêmes , contribueront a réhabiliter une pratique qui n'a rien du caraclère grossier, barbare et empirique qu'on lui a prêté trop graluilement; ils serviront d'ailleurs leurs propres interets, en enlevant aux chätreurs de profession un monopole que ceux-ci exploitent ä leur prejudice , surlout dans les localités, comme Ie Midi, oü les propriélaires preferent ce mode d'émasculalion , dans la persuasion oü ils sont que les animaux bislournés conservent plus de force et d'énergie que ceux auxquels on a fait Tablalion complete des teslicules.
Envisage en lui-même, Ie bistournage, chez les solipèdes, cons-titue un mode de castralion éminemment rationnel, produisant une emasculation aussi complete que celle qu'on peut obtenir par les autres procédés, et celui de tous qui offre Ie moins de mau-vaises chances dans ses résultats. Il n'occasionne jamais, en effet, ä moins d'une excessive maladresse, la mort des sujets qui Ie subissent, et n'entraine que de très-rares accidents. N'exigeant aucune incision , n'enlrainant la formation d'aucune plaie, il met nécessairemenl Tanimal opéré a l'abri des complications du trau-matisme : l'atrophie des testicules , une fois la torsion exéculée, s'opérant sans trouble et sans secousse.
Le bistournage, pas plus que les autres methodes de castration, n'exige que le sujet soit préparé k l'avance, quels que soient sou
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228nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
Age et son tempéramraent. Puis, ropération peut être pratiquée a toute heure du jour, ä toutes les époques de l'année; et pour l'animal opéré, iln'est besoin d'aucun soin ullérieur, ce qui rend cetle methode surtout avanlageuse pour les chevaux sauvages, chez lesquels on n'applique pas de ficelle, et qu'on abandonne a eux-mêmes silót après l'opération, sans avoir plus as'en occuper. Le bistournage enfin conslitue, pour la eure de la hernie ingui-nale, un procédé excellent et supérieur è tout autre, car le les-licule, après la torsion du cordon, s'appliquant exaclement contre l'anneau, devient un obstacle radical ä une nouvelle descente de 1'anse intestinale.
En opposition ä ces avantages, on a reproché, il est vrai, au bistournage de pouvoir devenir la source d'unassez grand nombre d'accidents, parmi lesquelsdoivent ótre compris, suivantM Goux : 1deg; les coliques violentes , qui surviennent iramédiatemenl après l'opéralion, et durent quelquefois un ou deux jours; Sola détorsion du cordon, par suite de la chute prématurée de la ligature, occa-sionnée par les mouvements désordonncs de l'animal ou par toute autre cause, et rendant l'opération nulle; 3deg; un engorgement con-sécutif considerable, provoqué par la violence des manipulations exercées ; 4deg; la chuledu scrolum, par le fait d'une ligature (rop serrée ou iaissce en place trop longlemps; 5deg; la formation d'un hy-drocèle, d'un sarcocèle, la chute même du testicule, resultant de la meurlrissure de la glande ou du déchirement parliel ou total du cordon; 60Vinêgale atrop/uc des deux lesticules, provcnanf, soit de ce qu'on n'a pu opérer une torsion reguliere, soit parce que les mouvements de l'animal ont dérangé les organes tordus ; 7raquo; une difficullé de locomotion , qui survient assez fréquemment, rend l'allure anormale, la démarche embarrassée, et dont la durée, de deux mois ordinairement, peut être d'une année enlière.
De toute celle série d'accidents, le dernier seul est de nature ä fournir un argument conlre lo bistournage, bien qu'il n'offre en soi aucune gravité, et qu'il ne puisse aucunement compromeltre la vie du sujet, ni seulement tnettre obstacle a son travail. Quant aux autres, provenant uniquement de l'inhabileté ou de la negli­gence de l'opérateur, il est loujours possible de les éviler en pre-nant quelques precautions.
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EXAMEN COMPARATIF DES FROCËDËS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;229
Un reproche plus sérieux ä faire au bislournage, c'est qu'il n'est pas applicable ä tous les cas. Ainsi, il est conlre-indiqué chez les animaux tres-jeunes, sur les poulains ä la mamelle, dont les lesti-cules Irop mous ne pourraient être aisément lordus, ainsi que chez les animaux agés, les baudets, oü il est difficile de vaincre les adhé-rencesdu darlos et de la tunique érylhroïde. L'opéralion est égale-ment impraticable, et, par suite, contre-indiquée, chez les sujets qui ont les testicules trop gros, trop mous, malades, ou ayant conlracté des adhérences anormales, etc.; ce qui met dans la nécessilé, si l'on ne veut pas faire une castration incomplete, de recourir a Tun des autres procédés connus. Mais quelle methode chirurgicalo n'a ses conlre-indicalions?
En résumé, les avantages du bislournage chez les solipèdes, dépassant la somme des inconvénients , il est permis de recom-mander ce procédé aux praliciens, au mftme litre que la castra­tion par Ie feu ou par les casseaux, pour tous les cas oü il y a possibililé d'en faire usage. Le seul obstacle qui, pcul-être, rempêchera longlemps encore d'etre adopté par la généralilé des vélérinaires, est sa difficullé pratique d'exéculion. Mais cette diffi-culté même, nous l'avons dit déja , doil étre un motif pour engager les hommes de Tart ä faire lous leurs efforts pour la vaincre, afin de ne pas laisser aux chAtreurs de profession le privilege exclusif de celle operation, et d'effacer ainsi l'espèce de supériorilé sur eux, que ces derniers, aux yeux des propriétaires, possèdent encore.
Après l'examen comparalif que nous venons de faire des procé­dés de castration les plus fréquemment en usage, nous n'aurons qu'un mot a dire des autres methodes opératoires précédemment décrites, savoir : l'écrasfmenï, Vécrasement lineaire, le ratissage et Vexcision, methodes d'un caractère plus exceptionnel, et pour l'appréciation desquelles nous n'avons qu'a renvoyer aux articles que nous avons consacrés a chacune d'elles. Bappelons seulemeut qu'enlre ces diverses methodes, l'efrasmenf, borné au massage du testicule entre les doigls et appliqué exclusivement aux tres-jeunes animaux, suivant la coutume des anciens, est celle qui offre le plus de chance de succes. Elle constilue, en effet, l'unique moyen de suppleer au bislournage et d'en obtenir tous les avan-
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230 'nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION CHEZ LES SOLIPÈDES.
tages, chez les animaux non encore en äge de subir celte der-nière opóralion. Quant a récrasemcnt chez l'animal adulte, qui n'a jamais élé mis en pratique, il n'y a pas lieu d'en parier.
L'ècrasement lineaire pourrait ógalement 6(re employé avec succes, si, en raison du lemps qu'il exige, il n'exposait les ani­maux, ainsi que Fa constaté M. H. Bouley, au développement des hernics, inconvenient grave, non compensé par des avantages proporlionnés et qui, outre la nécessité de l'acquisition d'un ins­trument de prix, suffira pour empêcher ce mode opératoire de devenir jamais un procédé d'applicalion usuelle. Nous en dirons aulant du ratissage, qui, malgré la supériorité que lui altribuent quelques vétérinaires anglais de l'armée de Finde, ne nous parait pas constituer un moyen assez sür d'arrèter l'hémorrhagie de Tariere testiculaire, pour qu'il y ait lieu d'en conseiller l'emploi. Quant a Yexcision simple, procédé dangereux condamnépar l'ex-périence depuis Ie jour oü il a été propose par Lafosse, il est a rejeter définitivement de la pratique ralionnelle.
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•231
CHAPITRE II. Castration dans l'espèce bovine.
La castration des animaux mäles de l'espèce bovine, comme moven d'éteindre en eux, avec Ie sens genital, Ie caractere farou­che propre a celte espèce, et de les rendre ainsi plus propres a être utilises par l'homrae, soit comme bêtesde travail, soit comme animaux de boucherie, est en usage, de mêrae que la castration des solipèdes, depuis la plus haute antiquité. Et si l'on en juge par les textes anciens que nous avons rappelés, il semble même que la castration du taureau a été, autrefois, d'une application plus générale encore que celle du cheval. Ainsi, tandis qu'on ne peut, touchant l'opération dans cette dernière espèce, recueillir chez les auteurs grecs et romains que des notions vagues, em-pruntant a leur origine un caractere en quelque sorte accidentel, la castration du taureau, au contraire, s'y trouve directement mentionnée, et des chapitres spéciaux sont consacrés a la descrip­tion du manuel opératoire. Aristote, par exemple, s'étend sur la castration du taureau plus que sur celle d'aucun autre animal; il fixe l'äge convenable, décrit Ie procédé, indique les effets de l'opération, et sur tous ces points, s'exprime de maniere ä faire juger que ce devait être une operation fort commune, et depuis longtemps alors d'usage general.
Les agronomes latins ne sont pas moins explicites ä eet égard. Varron, Columelle et Palladius traitent, chacun de leur cóté, de la castration du taureau, font connaitre les procédés opéra-toires alors en usage, se rapprochant beaucoup de ceux décrits par Aristote, et auxquels Palladius ajoute l'excision par Ie fer rouge, qu'il donne comme un procédé nouveau, et que, sans doute, il devait tenir des hippiatres grecs.
Depuislors, les différents auteurs qui, jusqu'a nous, ont traite de l'économie rurale, ont répété ou a peu pres, relativement a la castration du taureau, tout ce qu'avaient écrit les anciens. Quel-ques-uns ontajouté, a ces notions premières, Vindication des pro-
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232nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
cédés nouveaux dont le temps a successivement amené la décou-verte, el tout cela, sans que jamais, contrairement ä ce qui s'est prodnit pour le cheval, l'opinion se soit modifiée sur le principe même de 1'utilité de l'opéralion. En effet, de nos jours, comme aux premiers temps oü eile fut mise en usage, la castration des males de l'espèce bovine n'a cessé d'etre considérée comme l'uni-que moyen d'approprier è nos besoins un animal précieux, que , sans cela, son naturel dangereux et indompté eüt éloigné de la domesticité et rendu inutile a Thomme.
Article Iquot;.
NOTIONS PRÉLIMINAIRES.
1deg; Anatomie de la region testieulaire. — L'appareil testiculaire, chez le taureau, présente la même disposition essen­tielle que chez le cheval. Les enveloppes, ainsi que les organes qu'elles renferment, sont en nombre égal et offrent enlre eux les marnes rapports. La seule difference a constater est dans la forme générale des parties. Mais cette difference de configuration est importante ä signaler, au point de vue chirurgical, en raison des modifications qu'cile entraine dans les procédés opératoires.
Ce qui caractérise parliculièrement, chez le taureau, l'appareil testiculaire est sa grande longueur. Les bourses descendent beau-coup plus bas que chez le cheval; le cordon [fig. 48, c) est très-long, et maintient ainsi les lesticules a une plus grande distance de la paroi abdominale. Le testicule lui-mème, a, — vu dans la figure par sa face interne, — de formeovoïde, se trouve suspendu au cordon par une de ses extrémités, en sorte que son grand axe affecte une direction verticale.
L'épididyme s'étend, comme chez le cheval, d'une extrémilé a l'autre du testicule, auquel il est uni par un repli élroit de la séreuse. Seulernent, vu la position verticale de eet organe, il suit une direction descendante, en arrière et en dehors de la glande; sa queue, ainsi, se trouve inférieure, en e, et de la part le canal déférent, qui remonte le long de la glande et du cordon, en b et en d, parallèlement ä la direction du corps pampiniforme beau-coup plus développé que chez le cheval.
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AGE CONVENABLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 233
La lunique érythroïde, qui recouvre la glande, forme un sac allonge, dans lequel le testicule libre peut se mouvoir seulement dans de certaines limiles, el serait, par exemple, dans I'impossi-bililé de basculer, de maniere a changer la disposition respective de ses deux extrémilés. Par sa face externe, que recouvre le dartos, la (unique érythroïde se trouve séparee de cette membrane par un lissu cellulaire d'une grande laxité et facile ä déchirer.
20 Age convenable pour 1'opération. — L'äge auquel Fis- 48.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;il comient de pratiquer la castration chez
le taureau est subordonné ä la destination ultérieure de l'animal. Ainsi, tenant compte des modifications que Toperation imprime a toute réconomie, on conceit qu'il y a ncces-sité d'opérer beaucoup plus lót les sujets destines exclusivement ä l'alimentation de l'homme , que ceux devant être utilises d'abord pour le travail.
Quand i'animal est clifitré jeune, en effet, il acquiert, d'une maniere plus complete, les qualités distinctives de la béte de boucherie. Non-seulement il est alors moins turbulent, plus doux, plus tranquiile dans les pacages, ce qui lui permet d'uliliser davanlage, au profit de son développemcnt, les matières qui formenl la base de son alimentation; mais encore il prend une conformation générale qui répond mieux ä sa destination definitive. Le train postérieur se déve-loppe, la croupe, les reins s'élargissent, la cuisse descend da vantage; tandis que, par opposition, la tète reste mince, effilée, l'en-cólure serrée, la poilrine étroite, la mem-brure plus grêle, et les formes dans leur ensemble deviennent plus arrondies. Les animaux chfUrés jeunes, en outre, sont sobres, mais plus délicals pour leur nourriture, et sont doués d'une moins grande énergie musculaire; enfin, et c'est la le plus
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234nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÊCE BOTINE.
grand avantage de la castration pratiquée dans Ie tres-jeune Age, les bêtes, en même temps qu'elles prennent des caraclère exté­rieurs qui les rapprochent de la femelle de l'espèce, acquièrent una précocité remarquable pour l'engraissenient, et deviennent ainsi de bonne heure aptes a être livrées ä la boucherie.
Guides par ces considerations, la plupart des éleveurs. qui ne produisent que des animaux de boucherie, font chälrer leurs veaux avant Ie sevrage, dans les premiers mois de la vie, ä l'exemple des Anglais qui font faire cetle operation a un mois, et doivent a ce moyen, en grande partie, les prodiges d'engrais qui ont fait la renommée de leur bétail.
On a remarqué, toutefois, que lorsque la castration est prati­quée de très-bonne heure, ä six semaines, par exemple, l'animal prend moins de taille que celui qui n'a élé castré qu'ä l'äge seu-lement de six mois ä un an. En même temps son corps resle plus grêle, il donne une viande légere, et s'il a plus de disposition ä former de la graisse de bonne heure, cette graisse est principale-ment extérieure, et se produit toujours, d'ailleurs, aux dépens du poids net en viande. D'oü il résulte que, sous Ie rapport de la production effective, il y a plus d'inconvénients que d'avantages h chètrer les veaux, comme Ie conseillent beaucoup d'auteurs, dans les deux ou trois premiers mois de la vie. Mieux vaut attendre qu'ils aient atteint l'êge de six mois et même d'un an, s'ils appar-tiennent a une race précoce et facile a engraisser. Alors, sans doute, ils prendront de la graisse avec moins de promptitude, mais ils donneront une viande tout aussi abondante, plus savou-reuse et par conséquent preferable pour la consommation.
11 n'y a d'exception ä faire ä cette regle que pour les veaux qui doivent être livrés avant im an ä la boucherie. Chez ces derniers, la castration peut être pratiquée plus tót, ä un, deux ou trois mois, de maniere a laisser plus longtemps l'appareil digestif sous-trait a l'inQuence de l'organe générateur, et ä lui permettre ainsi d'accumuler dansles tissus, pour Ie moment oü l'animal sera sa-crifié, la plus grande somme possible des produits de nutrition. Quant aux veaux qui doivent être tués ä deux ou trois mois, l'opé-ration est inutile.
Lorsque les veaux, comme c'est Ie cas, en France, dans un
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ÉPOQUE FAYORABLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 23b
grand nombre de localités, doivent travailler pendant un certain temps, il faut attendre, pourpratiquer la castration, un Hge plus avance, afin que l'appareil reproductcur ait Ie lemps d'exercer, sur rorganisme, son inOuence spécialement favorable au déve-loppement du squelette el du Systeme musculaire. En relardant ropéraiion, Vanimal acquiert plus de force, plus d'énergie; sa poitrine devient plus ample; il résisle mieux ä la fatigue; en un mot, il prend de la sorle toutes les facultés qui Ie rapprochent de son état naturel, et Ie rendent par la même plus propre au travail. Mais, d'un aulre cóte, il perd quelques-unes de ses qualilés comme béte de boucherie. Afin de concilier cette double exigence, Ie travail et l'emploi dans la consommalion, ä laquelle sont destines, en definitive, tous les individus de l'espèce bovine, on a généralement adopté l'ège de dix-huit ä vingt mois comme Ie plus favorable pour l'opération. On fait de la sorte d'excellents boeufs de travail qui, au bout de quelques années de service, sont encore d'un très-bon rendement a la boucherie.
On ne chätre ä un age plus avance que les taureaux employés a la reproduction. Encore convient-il d'opérer ces derniers dès qu'ils sont arrivés vers trois ou quatre ans; car, passé eet êge, lis deviennent farouches, difficiles a conduire, dangereux, s'engrais-sent mal, et ne donnent plus qu'une viande coriace et de mauvais gout. On ne fait exception que pour les taureaux de prix, quil est plus avantageux de conserver pour la reproduction, que de livrer a la boucherie, et que Ton chatre conséquemment ä un ège indé-terminé, c'est-ä-dire lorsqu'on ne peut plus enobtenir des produits de choix.
3o Epoque favorable pour l'opération. — Le moment a. choisir pour praliquer la castration sur les animaux de l'espèce bovine dépend principalement de l'äge auquel on juge ä propos de les opérer. Et comme ils naissent ä peu pres tous dans les pre­miers mois de l'année, il arrive que, par la variation existant dans le choix de l'äge, on peut avoir ä opérer ces animaux dans toutes les saisons. Cette consideration ä part, le printeraps et l'au-tomne restent, comme toujours, les saisons les plus favorables , en ce qu'on évite ainsi les exces de chaud et de froid, également défavorables a la guérison de l'affection locale. En outre, au
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Ï36nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
printemps, par suite de l'état de la végélalion, on a l'avantage de pouvoir donner aux anitnaux opérés une alimentation plus abondanle et plus substantielle, propre a les ramener prompte-menta la santé. Mais on opère plus souvent en aufomne, parce qu'alors les animaux qui doivent travailler ont atteint leur dix-huitième mois, äge que nous avons vu convenir Ie mieux pour l'opération. En toule saison , principalement dans Ie Midi, il con-vient, d'ailleurs, d'éviler Faction des venls, des venls du sud, surlout, qui, mème chez les animaux opérés de facon a n'éprouver presque aucun syrnplorae fébrile consécutif, réagissent d'une ma­niere facheuse sur 1 elat du sujet. Enfin , bien qu'on puisse géné-ralement caslrer les veaux et les taureaux sans leur faire subir aucune preparation, il convient, lorsqu'ils sont trop maigres, d'at-tendre qu'ils aient repris nn peu d'erabonpoint, afin qu'ils ne restent pas, ensuite, aussi longtemps ä revenir ä leur état pri-mitif de santé.
Article II.
DESCRIPTION DES DIVERS PROCÉDÉS DE CASTRATION USITÉS DANS L'eSPÈCE
BOVINE.
Tous les procédés de castration en usage chez les solipèdes, el dont nous avons plus haut donné la description , sont applicables a l'espèce bovine, veaux ou taureaux , sauf les modifications ren-dues nécessaires par la disposition anatomique spéciale de l'organe testiculaire. Ces procédés divers, néanmoins, ne sont pas tous employés indistinctement. Il y a plus : soit a cause des facililés différentes d'exécution qu'elles offrent dans l'une et l'autre espèces; soit a cause du résultal particulier que l'cn se propose d'obtenir, les methodes opéraloires préférées pour la castration des solipèdes ne sont pas toujours celles qui conviennent Ie plus pour les ani­maux de l'espèce bovine. Ainsi , tandis que généralement on chä-tre les chevaux par ablation des testicules, Ie plus souvent on opère les veaux et les taureaux par les methodes qui ont pour effetd'anéantir la faculté reproductrice sans amputation des orga-nes, mais seulement en determinant, au sein des enveloppes non divisées, leur alrophie par interruption de la fonclion circulatoire.
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BISTOURNAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 237
Parmi ces dernières methodes, sont comprises Ie bistournage, Ie martelage et la castration ä Vaiguilk, desquelles, en conse­quence, nous aurons ci-apres principalement ä nous occuper. Nous dirons ensuite quelques mots des procédés divers par ablation des testicules, que nous n'aurons pas ä décrire de nouveau en détail, et dont il nous suffira de faire connattre ce qu'ils ont de spécialement applicable ä l'espèee bovine.
$ 1er. — Bistournage.
1deg; Historique.Le bistournage, comme nous Tavons dit précédemment, est un mode spécial de castration consistant dans la torsion sous-cutanée du cordon testiculaire. Avant tracé, en étu-diant Ie bistournage chnz le cheval, Thistorique de ce mode opé-ratoire, nous n'y reviendrons pas ici, et nous nous bornerons a rap­peler sommairement :
Que le point de depart de cette operation, chez les animaux de l'espèee bovine, est anlérieur au xive siècle , époque oü il en est fait mention, pour la première fois, dans l'Hippiatrique de Laurent Rusé, lequel en parle comme d'un mode de castration alors usuel sur les boeufs;
Que plus d:un siècle plus tard, le mème procédé, consistant laquo; ä tordre el amorlir les testicules avec des tcnailles, laquo; se trouve indiqué dans la Maison rustique (1565) de Ch. Estienne el Jean Liébault, comme moins dangereux que l'excision par 1'inslrument tranchanl, et preferable pour conserver quelque vigueuraux ani­maux ;
Que Olivier de Serres (en 1600), se bornanl a répéter les auteurs que nous venons de citer, ajoute seulement, dans la description de l'opération, que Ton repousse les testicules*laquo; dans le venireraquo; après en avoir opéré la torsion.
A cela se borne tout ce qu'on peut savoir du bistournage du taureau, lel qu'il élait pratique autrefois, h une époque éloignée de nous seulement de quelques siècles. Autant qu'on peut en juger par ces notions sommaires, l'opération se pratiquait alors en tor-danla la fois, ä l'aide d'une espèce de lenailles , le cordon et ses enveloppes , procédé qui tient au moins autant de celui qu'on a
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238nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
depuis nomrne Ie martelage , que du veritable bistournage, dans lequel on tord Ie teslicule sans intéresser les bourses.
Reste ä determiner rorigine de ce dernier procédé; mais en l'absence de renseignements suffisants, tout au plus est-on auto-risé a émeltre sur ce point quelques conjectures. Ainsi , en se bornant ä consulter les ouvrages oü il est fail mention de l'opéra-tion , il y aurait lieu de considérer Ie procédé en question comme récent, car jusqu'a une époque extrèmement rapprochée de nous, lous les auteurs qui, d'une maniere principale ou acces­soire, parlent du bistournage, font exclusiveraent allusion ä Ia methode ancienne. Huzard lui-même donne encore ce nom a une operation consistant laquo; a. tordre et broyer Ie cordon au-dessus du testicule, avec des tenailles en fer ou en bois , jusqu'ä ce qu'on l'ait désorganisé K laquo; D'uu autre cóté, dans les regions du midi et de l'ouest de la France, la tradition est unanimea attribuer au bis­tournage , tel qu'on Ie pratique aujourd'bui, une anliquité fort reculée.
Sans nous arrêter a discuter la valeur de celte tradition , nous avons ä faire remarquer que la première description mélhodique du bistournage, est due a un auteur contemporain , M. Leblanc, vétérinaire a Paris 2. Nous citerons ensuite, parmi les travaux spéciaux, en petit nombre d'ailleurs, qui ont paru sur cette ques­tion , une étude assez complete de M. Festal3, une monographic de M. Serres , contenant les détails les plus étendus qui aient été publiés jusqu'ä ce jour, sur la pratique de ropéralion4, el enfin un petit mémoire de M. Coculet, ajoutant quelques remarques utiles aux travaux precedents5,
Le bistournage des grands ruminants est une operation d'exé-cution difficile, exigeant une certaine force, de l'adresse et une grande habitude. Aussi, bien que jouissant de plus de crédit, au point de vue scientifique, que le bistournage du cheval, étant
i Notes jointes a la dernière edition du Theatre d'Agriculture, d'Olivier de Serres j Paris, 1804, l. Iquot;, p. 624, note. 93.
2nbsp; Sec. de Méd. vét., 1826, p. 233.
3nbsp; Journ, des Vet. du Midi, 1843, p. 3. i Ibid., 1833 (six articles}.
i Ibid., 1837, p. 263.
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même pratiquée par quelques vétérinaires, est^elle encore, Ie plus généralemenl, une sorts de monopole pour les chätreurs de pro­fession. Elle est surtout en usage dans les provinces de l'ouest et du midi; parlout ailleurs, dans Ie nord de la France et a l'étran-ger, on la connalt ä peine. En Italië, on pratique bien aussi Ie bistournage, mais on en est toujours a la methode ancienne qui, chez nous, est tout-è-fait abandonnée. Dans quelques localilés de ce dernier pays, on suit encore un autre procédé, différaat du veritable bistournage en ce qu'on déchire en même temps Ie cordon testiculaire, et sur lequel nous reviendrons.
2deg; Contention du sujet. — Avant de pratiquer Ie bistour­nage , il est nécessaire d'assujétir l'animal, de maniere ä Ie main-tenir dans l'immobilite exigée pour l'exécution des manoeuvres opéraloires, et, en même temps, pour mettre l'opérateur ä I'abri de toute atteinte. Les moyens ä employer, dans ce cas, devant être proportionnés ä la resistance a vaincre, varieront, en conse­quence, suivant Tage de l'animal ä opérer, et, surtout, suivant qu'on aura a opérer un veau de quelques mois ou un animal d'un äge avance.
En regle générale, Ie veau ou taureau qui doit subir Ie bistour­nage est toujours fixé dans la position debout, et, autant que pos­sible, maintenu ä sa place dans l'étable , a cóté des animaux qu'il est habitué a avoir pour voisins; il se tourmente ainsi beaucoup moins, et l'opération en est d'autant plus facile. 11 est attaché court; un aide vigoureux tient la tête et se place, pour cela, au cóté gauche de Tencolure, d'oü avec la main droite, dont deux doigts sonl passés dans les naseaux, il serre la cloison nasale, pendant que l'autre tient la corne, et agit de facon ä renverser la tête en arrière et du cóté de l'épaule droite. On peut fixer la tête d'une autre maniere; une forte corde, embrassant les deux cornes, descend sur Ie mufle au tour duquel eile se replie en formant une anse et va s'attacher au-dessus de la mangeoire de maniere ä porler la tête en haut; un aide alors tient d'une main cette corde, Ie plus pres possible de la tête, et avec l'autre il saisit les cavités nasales. L'imporlant, quelque moyen qu'on emploie, est d'empê-cher Ie sujet de porter la tête ä droite ou ä gauche, et de se frac-turer les cornes en frappant sur les corps environnants.
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240nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÈCK BOVINE.
Ces inoyens de fixer la tête suffisent pour les animaux jeunes, dociles ou pau énergiques. Mais sur des taureaux doués d'une cerlaine force, ils seraient insuffisants. En ce cas, Ie moyen Ie plus simple ä mettre en usage, consiste ä atlacher solidement la tête, au moyen d'un lacs assez fort, soit au rätelier, soit a un po-teau ou ä un arbre, suivant l'objet qu'on trouve ä porlée. Le lacs n'est pas arrêté complétement, afin qu'on puisse promptement de-gager la tête au cas oiranimal viendraita tomber. On peul encore mettre le taureau au joug en le liant avec un autre animal habitué a eet instrument.
Outre la tête, il est parfois utile de maintenir les membres postérieurs. On peut se dispenser de cette precaution quand l'ani-mal est jeune ou d'un caractère très-docile, attendu que, une fois saisi par les teslicules, il cesse, ordinairement, de se défendre; mais cela est nécessaire chez les sujets que Ton prévoit devoir faire une certaine resistance. On assujélit ces membres de plusieurs manières. Quelquefois on fixe, par un nosud coulant, l'extrémité d'un lacs au canon d'un des membres postérieurs, puis l'on va attacher l'autre bout du lacs, soit au joug, soit aux cornes, soit autour de l'encolure, de maniere a maintenir porté en avant le membre auquel tient la corde. Mais ce mode d'assujction excite l'animal a se tourmenler. On évile eet inconvenient en arrêlanl le lacs au membre antérieur du mème cóté. A eet effet, après avoir fixé le lacs, soit au-dessus du jarrel, soit nu canon ou au paturon, on le dirige en avant , puis on fait peu raquo; peu avancer ce membre, jusqu'ä ce que l'animal n'y puisse plus pren-dre un point dappui solide ; alors on noue le lacs par une anse double, au-dessus du genou du membre correspondant, et on en donne le bout a tenir a un aide. Quelques praticiens prennent les deux pieds de derrière dans un lacs dom l'autre extrémilé va se fixer en avant; ce moyen est défeqtueux; il porte l'animal a se coucher, et, en rapprochant les membres, il gêne l'opération. D'autres preferent atlacher les membres la téraux deux è deux; c'esl un procédé qu'on pourra appliquer ulilement chez certains sujets. Un autre mode d'assujétion, quelquefois employé, consiste ä lever un membre antérieur au moyen d'une corde fixée au-dessus de la mangeoire; ce procédé a i'inconvémenl d'engager l'animal ä
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se cabrer. D'autres fois, c'est l'une des extrémités postérieures que l'on soulève ainsi, a l'aide d'une longue cordequi entoure Ie jarret, passe sur l'une des poutres que l'on Irouve dans presque toutes les élables, puis est tirée par plusieurs aides qui forcent Ie membre ä quitter Ie sol. Ce dernier procédé, comme Ie remarque M. Serres, est très-défectueux, en ce que l'animal peut se laisser aller tout-a-coup, et donner lieu ainsi ä des tiraillements dans les muscles et dans les ligaments articulaires , ä des luxations, ä des fractures, etc.
Outre les membres, il faut encore tenir la queue, avec laquelle l'animal peut frapper l'opérateur, et, dans tous les cas, Ie gêner pendant Topération. On la confie a un aide qui, se placant au niveau de la croupe, pousse l'animal et Ie tire avec la queue, alternalivement, de maniere a Ie distraire et a lui faire écarter les membres tant que dure l'opéralion. Si l'on n'a pas des aides en nombre süffisant, on confie la queue ä celui qui tient Ie lacs, sinon ä celui qui tient la tête, au moyen d'une corde partant de l'extrémité de la queue et que l'aide retient avec la main placée a la corne.
En tout état de choses, il faut éviter de soutenir, d'appuyer l'animal, cela n'ayant d'aulre résultat que de l'engager a se lais­ser tomber. Parfois, sans qu'on Ie touche, on Ie voit se coucher des que commence l'opération, sous l'impression des premières dou-leurs; mais il se relève bientót, et l'on peut continuer. Seulement comme, lorsqu'il s'est laissé tomber une première fois, il est porté k recommencer ä chaque douleur nouvelle, il est utile d'avoir prés de soi un aide muni d'un aiguillon pour l'en empècher. Malgré cette precaution, on est quelquefois oblige, pour terminer Ie bis-tournage, de recourir a des appareils de suspension, formés de larges draps ou couvertures pliés en plusieurs doubles, et soutenus de chaque cóté par plusieurs aides.
L'animal, d'ailleurs, ne subit aucune autre preparation. Il con-vient seulement qu'il soit ä jeön Ie jour de l'opération. Celle-ci, au reste, sera d'autant plus facile que Ie sujet sera plus jeune, aura la peau fine, les jambes minces, les testicules allonges, les bourses amples et souples.
3quot; Manuel de l'opération. — Dans l'espèce bovine comme
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242nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'bSPÈCE BOVINE.
chez le cheval, le bistournage consiste essentiellement dans la tors,on simullanée du lesticule et de son enveloppe fibreuse, préa-ablement séparée du darlos. La torsion elle-même, en raison de la forme allongée du testicule, consiste, apres avoir fait basculer eet organe de haut en bas, ä le faire tourner plusieurs fois autour du cordon. Cetle operation comprend plusieurs temps, qu'a 1 example de M. Serres, dont le travail sera notre principal guide dans la description qui va suivre, nous réduirons a quatre, com-prenant, dune maniere assez exacte, les différentesmanipulations a exercer pour produire une emasculation complete.
1quot; temps. Assouplissement des bourses,- separation du dartos et de la tunique érylhroïde. - L'opérateur se place derrière 1 animal, en se porlant a lopposé du testicule qu'il opère, pour se mieux garantir des coups de pieds du sujet, lequel cherche surtout ä frapper du cólé oü il sent le testicule saisi. Il fléchit les genoux, puis saisissant a deux mains les enveloppes il entraine les lesticules au fond [fig. 49), oü il les retient avec la
Fig. SO.
Fisr. 49,
main droite, pendant que, de la gauche, il pince la partie infé­rieure du scrotum, la tire fortement en bas et un peu en arrière • alors la mam droite, portee immédiatement au-dessus de la gauche, embrasse les enveloppes en soulevant les testicules de maniere a les faire remonter vers l'anneau inguinal [Rg. 50) Gelte manipulation rompt l'adhérence exislant entre le dartos ét
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la tunique érythroïde, et facilite ainsi Ie mouvement de haut en bas des testicules dans les bourses. Elle est d'autant plus facile ä exécuter que l'animal est plus jeune, que Ie tissu cellulaire unis-santles deux membranes est plus lêche. Souvent une seule impul­sion sufßt pour cela ; d'autres fois on n'y parvient qu'après beau-coup de temps et de fatigue. Dans tous les ces, il Importe, pour Ie succes des manipulations ultérieures, que ce premier temps de Fopération soit complet; c'est pourquoi, avant de passer outre, il est bon de faire remonter et descendre plusieurs fois les testicules, de maniere a être assure qu'ils se meuvent dans leurs enveloppes sans difficullé aucune.
2e Temps. Bascule des testicules. — Les testicules étant re­montes, la main gauche ramene au fond des bourses Ie testicule gauche, saisit ensuile Ie cordon tesliculaire a son point d'union avecl'épididyme, en appliquant le pouce ä la face postérieure du cordon, l'index et le medius sur la face anlérieure, de teile sorte que le cordon se trouve serre entre le pouce el l'index de cette même main gauche ; après quoi, avec la main droite flechie et présentant sa face dorsale è l'opérateur, on saisit Ia parlie infé­rieure du scrotum, correspondante ä ce testicule gauche. Les par­ties étant dans cette position, pendant que la main gauche pousse Ie testicule en bas et en arrière, au-dessus de la main droite celle-ci se soulevant, sans lächer les enveloppes , pousse en haut I'extrémité inférieure du testicule, en appuyant sur sa face anlé­rieure devenue ainsi postérieure, jusqu'a ce que l'organe, complé-tement bascule, se trouve de nouveau vertical, mais renversé de haut en bas(^. 51). Au moment oü le testicule, presque redressé, va s'appliquer centre le cordon, le pouce, comprimant celui-ci, se déplace, et vient appuyer sur I'extrémité inférieure devenue supérieure du testicule, pour achever son redressement et le maintenir dans cette position; Ie testicule alors se trouve place parallèlement et en arrière du cordon. On termine en poussant l'organe vers I'anneau. afin de détruire, s'il en existe encore, les filaments celluleux qui pourraient gêner la torsion du cordon. Ce temps de 1'opération est des plus difficiles; c'est celui que les commencants acquièrent avec Ie plus de peine, et qui rend I'opé-ration inaccessible a un grand nombre de praticiens.
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244nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
3laquo; Temps. Torsion des cordons. — Le teslicule étant redes-cendu au fond des bourses, et la main gauche soutenant le cor­don, on elend surle teslicule, parallelement ä son grand axe, les doigtsde la main droite {fig. 52). Avec ces doigts, on imprime ensuile a l'organe un mouvement de gauche a droite, pendant
Fisr. 51.
Fisr. 32.
que de l'autre main on altire le cordon de droite ä gauche, et de dedans en dehors. Cetle manoeuvre suffit pour faire exécuter au teslicule un demi-tour aulour du cordon servant d'axe, et qui devient, par ce fait, postérieur.
Dans cetle position [fig. 53), le róle des mains change. Le pouce
Fijr. 33.-
droit, appuyant sur le cordon, I'amène ä droite, et lui donne une impulsion qui est conlinuée par l'index el le medius de la même main, pendant que les doigts de l'autre main entralnenl le
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testicule ä gauche et en dehors , puis en arrière, oü il arrive apres avoir fait un tour entier {fig. 54). Ce dernier mouvement est aide par le pouce de la main droite, qui agit sur le testicule, comme
Fifr. 84.
il l'a fait sur le cordon, et concourt efficacement, de la sorte, a amener le testicule en arrière. On procédé de la même maniere pour les tours subséquents, qui se font toujours plus facilement que le premier, et dont le nombre, variable, sera d'autant plus grand que le cordon sera plus long. Toutefois, on n'en fait jamais moins de deux, ni plus de qualre ou cinq. On est assure, d'ail-leurs, qu'ils sont assez multiplies lorsqu'on sent le cordon forte-ment tendu et offrant une grande resistance ä la pression. Enfin, en bonne pratique, il convient de remonter, après cbaque lour, le testicule ä la place qu'il doit définitivement occuper, pourn'être pas exposé ensuite ä ne pouvoir plus le faire qu'avec difficulté quand tous les tours seront achevés.
La torsion operée du cólé gauche, on passe au testicule droit, pour lequel on procédé exactement de mAme, avec la seule diffe­rence que la torsion se fail dans un sens oppose, et que le role des mains se trouve change, c'est-a-dire que les manipulations faites dans le premier cas par la main gauche se font ici par la droite, et réciproquement. La torsion terminée, les lesücules reslent appli­ques è la face antérieure ou au hord externe des cordons, oü on les fixe ensuite comme il sera dit plus bas.
4e Temps. Refoulement des testicules vers l'anneau inguinal, et fixation dans cetle position. — Les cordons une fois tordus, il faut faire remonler aussi haut que possible les testicules dans
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246nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
Ie sac scrotal. Pour cela, on embrasse Ie scrotum avec les deux mains , immédiatemenl au-dessous des teslicules, absolument comme on a fait au début de ropération {fig. 50); et on repousse ces organes, de bas en haut, jusqu'a la place qu'ils doivent défi-nitivement occuper, en ayant soln de les bien mettre de niveau, afin qu'ils soient également soulenus par Ie lien qu'on doit placer au-dessous. Reste ä atlacher Ie Hen. A eet effet, la position des tes­licules étant régularisée, avec la main gauche, on saisit Ie scrotum vide; puis, prenant dans la main droite Ie lien dontune extré-mité est retenue entre les denls, on l'enroule trois ou quatre fois autour du scrotum, immédiatement au-dessous des testicules, en ne serrant que jusqu'au degré nécessaire pour l'empêcher de glisser; ensuite, on I'arrete par un double noeud {fig. 55). Quelques pra-ticiens recommandent, avant de placer ce lien, qui peut fttre un Fiquot;. öö. cordon de laine ou un ruban de fil, de pousser les deux testicules en dehors des cordons, ä la plus grande distance possible Tun de l'autre, de maniere ä faire des bourses larges, cette condi­tion étant recherchée par les propriétaires.
On peut laisser cette ligature en place deux ou trois jours, s'il ne survient que peu ou point d'engorgeracnl après l'operalion. Mais Ie plus sou­vent se declare une tumefaction assez considera­ble , qui rend nécessaire l'enlèvement du fil au bout de vingt-quatre heures, la mortification des parlies étant a craindre si on Ie laissait plus longtemps. On a d'aulant plus de raison de retirer alors la ligature, que la fumé-faclion elle-même suffit pour retenir les testicules dans la position qui leur a élé donnée.
4deg; Difficultês de ropération. modifications du malaquo; nuel opëratoire. — Nous venons de décrire Ie manuel du bistournage des grands ruminants, tel qu'il se pratique dans la presque généralité des cas. Mais il est des circonstances qui en rendent l'application, sinon impossible, du moins fort difficile. On est alors oblige de lui faire subir quelques modifications, en rap­port avec les difficultês ä vaincre. C'est ce qui arrive, par exemple, chez les animaux qui ontles
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testicules volumineux, ou chez ceux qui ont les testicules petits, arrondis, les bourses épaisses, Ie cordon gros et court: Ie renver-sement et la torsion du testicule, chez les uns et les autres, étant également difficiles. Cela arrive encore chez les animaux öges, vigoureux, oü Ie tissu cellulaire dense , resistant, rend peu facile la separation du dartos et de la lunique érythroïde; chez ceux, enfin, qui ont souffert de quelques lesions des enveloppes testicu-laires, suivies d'adhérences anormales entre ces parties.
Dans ces cas divers, dès Ie premier temps de l'opération, les difficultés commencent, et l'opérateur risquerait d'y épuiser ses forces, s'il ne pouvait se faire aider d'un homme vigoureux auquel il confie Ie soin de détruire les adhérences. Lorsque eet aide ne peut, seul, y parvenir, l'opérateur lui fait au moins tenir Ie scrotum forlement tiré en bas, pendant que lui-même, avec ses deux mains, pousse les testicules dans un sens oppose. Il réussit mieux dans cette manoeuvre en n'agissant que sur un seul lesli-cule a la fois. S'il éprouve une grande resistance, il ne doit pas se décourager de l'insuccès de ses premières tentatives, atlendu qu'il faut, parfois, plus d'une demi-heure pour faire ceder ces adhérences. On les rompt alors d'aulant plus facilement que les manipulations ont determine, dans la region, une infiltration séro-sanguinolente qui diminue la cohesion, la densité du tissu cellulaire sous-darloïque, et facilite ainsi la separation des parties. M. Festal recommande même alors, quand l'opération est trop difficile, de l'ajourner ä vingt-quatre heures, l'aftlux des liquides süffisant alors pour donner aux manipulations l'aisance qui man-quait d'abord.
Lorsque les bourses sont étroites, lorsque Ie testicule est long, volumineux, Ie cordon court et gros, la difficulté existe pour Ie 2e et Ie 3quot; temps de l'opération. On réussit souvent a la surmonter en lordant, tout ä la fois, Ie premier temps étant achevé, les bourses, les testicules et les cordons; puis, Ie tout rélabli dans la situation normale, en dirigeant Ie testicule, pour Ie faire basculer, unpeu obliquement par rapport ä la direction de son cordon. Dans un cas de cette nature, oü la longueur du testicule était la seule difficulté pour opérer la culbute, M. Filhol, vétérinaire ä Mont-flanquin (Lot-et-Garonne), eut l'idée d'inciser les enveloppes, et
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de faire sorlir, pour lebasculer, Ie testicule par celte ouverture '. Le moyen lui réussit complétement, et pourra êlre essayé par d'autres avec le même succes. Une fois le testicule bascule, si Ton éprouve de la resistance pour le faire tourner autour du cordon, on tord de nouveau tout ensemble, enveloppes, testicules et cor­don , en saisissant le testicule avec les deux mains, une ä chaque extrémite de l'organe, et lui faisant subir, apres l'avoir rendu presque horizontal, un mouvement de rotation. Apres cela, on ramene les parties dans leur première position et on termine comme ä l'ordinaire.
Quelquefois le testicule est petit, presque rond, comme flottant dans des enveloppes tres-larges, et suspendu ä un cordon pen volumineux. Celte disposition n'entraine pas de grandes difficultés pour un operateur exercé; mais eile s'oppose a ce qu'on puisse fixer, d'une maniere solide, le testicule vers l'anneau inguinal, car, des que la ligature est appliquée, il revient a sa position première, et l'opération est manquée. M. Serres indique deux moyensde prévenir un semblable accident. Le premier consiste, une fois le testicule culbuté, ä ne pas le faire monter, ni avant ni après la torsion, vers l'anneau inguinal, altendu que pendant ce mouvement d'ascension il peut se ren verser et se placer perpendi-culairement au cordon. Le second moyen, plus sür que le pre­mier, consiste a lier les bourses, après l'opéralion, au-dessus et au-dessous des testicules. Pour cela, on se sert du même lien ; on le noue d'abord au-dessous, ä la maniere ordinaire; puis on tor-tille les deux bouts, on les fait remonter en arrière au milieu des bourses, jusqu'a la partie supérieure des testicules; la on sépare ces deux bouts du fil, avec lesquels on embrasse et on serre les enveloppes, puis on les réunit par un noeud.
De toute maniere, lorsqu'on éprouve de trop grandes difficultés äla première tentative, le mieux est d'ajourner a 12 ou 24 heures la reprise de l'opération, pour profiter de la laxité plus grande que donne au tissu cellulaire, comme on Fa vu plus haut, linfiltralion déterminée par les manipulations auxquelles on s'esi livré d'abord. On réussit souvent alorsoü primitivementonavait échoué tout-è-
i Mém. de la Soc. vél. de Lot-et-Garonne. 1830, IXlaquo; série, p. S8.
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fait. Quelquefois, après avoir execute la torsion d'un testicule, la fatigue empêche Fopérateur de continuer. Ce qu'ii y a de mieux a faire, en ce cas, est de lier les bourses pour éviter que Ie testicule bascule se renverse , et ne reprendre que plus tard l'opération.
L'ajournement est encore nécessaire lorsqu'on a affaire a des testicules qui, malgré les precautions voulues, ne peuvent rester paralleles aux cordons. L'infiltration fait ici l'office d'un bandage contentif süffisant pour maintenir les testicules; cela ne doit pour-tant pas empêcher d'appliquer une ligature.
Les difficultés que nous venons de signaler peuvent enfin, dans quelques cas, être portées a un degré tel qu'elles rendent Ie bis-tournage absolument impossible. 11 ne reste plus alors qu'a recou-rir a un autre mode de castration, soit au martelage ou a la cas­tration a l'aiguille , si Ton tient a determiner seulement l'atrophie des testicules, soit ä Tun des procédés entrainant l'ablation com­plete de ces organes, quand Ie propriétaire du sujet y consent.
Quelquefois il arrive que , par suite d'une modification surve-nue dans l'état des organes. Ton ne peut bistourner qu'un seul tes­ticule. Si Ie cas est imprévu et n'est reconnu qu'après que l'opéra­tion est déja commencée, on achève comme on peut, en s'aidant du mode opératoire Ie mieux approprié a la circonstance. Mais quand l'exploration de la region a permis de prévoir cette diffi-culté, on peut procéder de deux manières : bistourner d'un cólé et employer un autre procédé sur Ie cótó malade; ou bien appliquer aux deux testicules un même procédé, autre que Ie bistournage. Ce dernier parti sera toujours adopté de preference, la castration opérée par deux methodes différentes, sur un même animal, étant toujours suivie d'accidents locaux et généraux plus graves que ceux auxqueis est exposé Ie sujet cMtre par un seul mode opératoire appliqué des deux cótés. L'opérateur, dans ce cas, pourra encore choisir, avec l'assentimenl du propriétaire, entre les methodes qui permettent de conserver les testicules simplement atrophies, et celles qui entralnent l'ablation totale des organes.
Bistournage par ie procédé Italien. —Ce mode particulier de cas­tration, consistant dans Ia torsion suivie de la déchirure du cordon, a été décrit par M. Carlo Corradi, après qu'il l'eut vu praliquer par
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un vétérinaire Italien, M. Rocco '. 11 est usité sur les veaux et sur les moulons, et cornmence comme Ie bistournage. Quand Ie testicule a élé renversé, et qu'on a amené, en Ie passant plusieurs ibis autour du cordon, ce dernier organe au degré de torsion con-venable, l'opérateur, saisissant Ie teslicule a deux mains, par un effort de traction prompt et violent, de haut en bas, determine la rupture du cordon testiculaire , manoeuvre d'aulant plus facile que la torsion est plus complete. Cette déchirure opérée, Ie testi­cule tombe, comme détaché, au fond des bourses. L'opéralion faite des deux cólés, on repousse les deux teslicules vers les anneaux inguinaux, et on les retient dans cette position par une ligature embrassant Ie scrotum et placée immédiatement au-dessous. Au bout de 24 heures, on enlève cette ligature. En restant plus long-tempselle pourraitentrainer la mortification des bourses, puis leur chute; d'autrepart, eile serait inutile, 1'engorgement qui s'est pro-duit süffisant pour empêcher les teslicules de descendre. Bienlót ces organes s'atrophient, et plus tard il ne resle aucune trace de l'opéralion.
Cetle methode, exclusivement applicable aux ruminants, n'est jamais suivie, au rapport de M. Corradi, d'accidenls graves; sa mise en pratique n'exige aucun soin préliminaire, et les animaux opérés peuvent se rendre Ie jour même au pälurage. On lui recon-nait, en un mol, lous les avanlages que nous attribuons au bis­tournage , avec cette difference que, Ie cordon étant rupturé, Fémasculalion est plus complete que quand il y a simple lorsion, et ne laisse plus craindre l'inconvénienl de la délorsion. Cel avan-tage est réel, mais cette rupture du cordon est-elle loujours aussi facile , surtoul chez les animaux ègés qui ont un cordon exlrême-ment résislant, que Ie pretendent MM. Rocco et Corradi? G'est ce que nous ne saurions dire.
6deg; Suite de l'opération. Soins consécutifs. —Après Ie bistournage, les animaux, assez généralement, ne manifestent aucun trouble, et paraissent n'avoir ressenli aucun effet de l'opé­ralion. Quelquefois, surlout chez les sujels irritables, chez ceux dont l'ège a augmenté la sensibililó et a accru les difficullés de
lt; Giornaledi Yeterinaria. 1835, nod'aoiU.
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l'opération, se manifestent des coliques plus ou moins intenses, mais dont la durée ne s'étend presque jamais au-dela de quel-ques heures. Alors les animaux s'agitent, trépignent, se portent ä droite et a gauche, se couchent et se relèvent, font entendre des plaintes, tiennent Ie cou tendu comme s'ils éprouvaient un acces télanique. Puis ces symptómes s'affaiblissenl et disparais-sent avant la fin de Ia première journée, laissant l'animal dans un état d'affaissement proportionné ä la surexcitation qu'il a éprouvée.
Le deuxième jour, les bourses sont devenues Ie siége d'un engorgement assez considerable, d'un caractère oedémaleux. Elles sont lendues, chaudes, douloureuses; en même temps Ton ob­serve, lorsque ropéralion a élé laborieuse, des taches ecchymoli-ques sur le scrotum. Get engorgement, très-prononcé au-dessus de la ligature, et d'autant plus considerable que les animaux sont plus maigres, d'un temperament mou et lympbalique, s'étend promptement au fond des bourses, des qu'on enlève le lien. La masse scrotale prend alors une forme cylindrique qui fait croire aux propriélaires que les testicules sont redescendus et que le bis-tournage est manqué. Mais le toucher permet aisément de recon-naltre qu'il n'en est rien.
Cet état inflammaloire affecte un caractère tout local, et 'n'ap-porte habiluellement aucun trouble dans I'organisme. L'animal conserve son appélit et l'integrite de toutes ses aulres fonclions. La marche seulement est embarrassée; l'animal écarté les mem­bres postérieurs, afin d'éviter la douleur occasionnée par le ballot-tement des bourses enflammées sur les cuisses. Au bout de cinq ä six jours, ces symptómes ont acquis ordinairement leur plus haut degré d'intensilé; dès-lors ils commencent è décroitre, et leur resolution est complete en quinze ou vingt jours.
Get engorgement des bourses est une des conditions nécessaires au succes de l'opération. 11 est determine par une infiltration de toute la masse scrotale, dont l'effet est de maintenir les parties dans l'état oü elles se trouvent sitót après la torsion des cordons, en attendant que s'élablissent entre elles des adhérences defini­tives. Vers le quinzième jour, ces adhérences ont acquis, déja, une assez grande solidité. La plus importante, au point de vuede
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l'opération, se trouve a ce moment établie entre la tunique éry-throïde et la coque albuginée du testicule, par la coagulation de la lymphe plastique épanchée dans Ie sac vaginal. Les différents tours du cordon sonl retenus dans ce coagulum, qui s'oppose ainsi ä la détorsion spontanée de l'organe, et qui, lui-même, s'étend jusque dans l'anneau inguinal qu'il remplit en totalité, for­mant une masse fibreuse blanchétre, non moins adhérente aux parois de l'anneau qu'au cordon qu'elle fixe solidement.
Les vaisseaux alors, bien qu'ayant conserve leur diamètre, sont déja, comme nousavons eu occasion de nous en assurer, inacces-sibles a I'injeclion. Et par suite de cette obliteration des principaux vaisseaux nourriciers de la glande, celle-ci continue a être le siége de phénomènes d'atrophie, d'oü résulte la destruction pro­gressive de sa structure normale et de ses aptitudes, sans cepen-dant qu'il y ait mortification complete, a cause des elements nutritifs que l'organe continue k recevoir par l'intermédiaire des enveloppes.
Six mois après l'opération, la masse scrotale se trouve réduite au quart ä peu pres de son volume primitif. Les diverses enve­loppes , unies entre elles, forment une seule tunique blanchä-tre, dans l'intérieur de laquelle se trouve le testicule, gros comme une noix ou un petit oeuf de poule; sa substance, blanche ou jaune, est dure, résistante, presque exclusivement formée par le canevas fibreux de l'organe, et par les canaux vasculaires et séminifères, oblitérés et adherents entre eux. Souvent existent, au pourtour de la glande et dans les parties correspondant a l'épi-didyme, surtout chez les vieux bceufs, des infiltrations tubercu-leuses sous formes de lames minces ou de granulations arrondies. Le cordon tesliculaire est lui-même complétement atrophié; les artères, les veines et le canal déférent sont transformés en cordons fibreux, dépourvus de toute cavité intérieure. Le crémaster est décoloré; mais il a conserve .encore, cependant, une certaine con-tractilité.
Les soins consccutifs exigés par les sujets bislournés ne nous arrêteront pas longtemps; car de même que le bistournage peut être pratique sans qu'il soit besoin de faire subir a I'animal aucune preparation particuliere, il n'est égaleraent d'aucune né-
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cessité, après l'opération, de modifier son régime, de rien changer aux conditions dans lesqnelles il se trouväit auparavant place: circonslance d'aulant plus heureuse qu'il est souvent fort difficile, dans les campagnes, d'obtenir, des personnes chargées de soigner les animaux, qu'elles observent les precautions parfois tres-sim­ples qui peuvenl leur être recommandées.
On se bornera done, une fois l'animal opéré, ä Ie tenir attaché la lête haute pendant quelques heures, pour l'empêcher de se coucher. Si des coliques surviennent, on Ie surveillera pendant tout Ie temps qu'elles dureront, de crainte qu'en se couchant et en appuyant sur les testicules, il ne vienne a changer leur posi­tion. On attend ensuite le moment favorable pour enlever la liga­ture. Ce moment est indiqué par le plus ou moins d'intensité de l'engorgement des bourses. Quand celles-ci sont fortement disten-dues, quand onjuge I'infiUration assez considerable pour retenir les testicules dans lenr position renversée, et empêcher les cordons de se détordre, on peut retirer le lien. Cela arrive quelquefois au bout de vingt-qualre heures; raais le plus généralement on ne l'enlève qu'au bout de quarante-huit heures. Cette operation se fait de la maniere la plus simple et sans avoir recours aux moyens contentifs. 11 suffit de tirer un des bouts de la ligature que, dans ce but, on a laissé plus long que l'autre. La ligature enlevée, on s'abstient de toute application locale. On doit non moins éviter de pratiquer des saignées, recommandées par quelques vétéri-naires, et qui n'ont d'autre résultat que d'affaiblir Tanimal sans utilité, de prolonger ainsi la durée de la convalescence. Cette .pratique serait surtout irrationnelle chez des animaux maigres , faibles, dont eile ne ferait qu'accroltre l'état adynamique. La saignée cependant est parfois indiquée, mais ce n'est que dans des circonstances toutes particulières sur lesquelles nous aurons plus loin occasion de revenir.
Comme moyen de faciliter le dégorgement des bourses, on a conseillé la promenade pour les animaux opérés. Mais il est a craindre que le ballotement des bourses contre les cuisses, surtout pendant la période inflammatoire, accroisse eet engorgement au lieu de le diminuer, et fasse naitre une fièvre de reaction. Aussi vaut-il mieux, pendant la durée de eet élat, maintenir les ani-
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maux dans un repos complet. On les y laisse pendant 12 a 15 jours, ou davanlage si le temps est défavorable, apres quoi on les rend a leur travail.
6deg; Accidents pouvant survenir h la suite du lraquo;is-tournage. — Nous avons exposé précédemment les phéno-mènes conséculifs au bistournage, tels qu'ils se manifestent dans les circonstances ordinaires, alors que rien n'en contrarie la mar-che naturelle. Il nous reste maintenant ä faire connattre les acci­dents qui, parfois, viennent compliquer l'opéralion et en com-promettre les résultats. Les principaux de ces accidents que nous aurons ä signaler, sont : la rupture des enveloppes du cordon, la détorsion, l'applicalion d'une ligature trop serrée, l'inflammation anormale des bourses , du testicule et de ses annexes.
a. — Rupture des enveloppes. — Get accident n'a encore éló signalé que par M. Nicouleau , vétérinaire ä Aiguillon (Lot-et-Ga-ronne)', qui l'a observe dans les circonstances suivanles : Elant k pratiquer le bistournage sur un laureau de 22 mois, il avait déja fait passer deux fois la glande autour du cordon, lorsque, voulant tenter un Iroisième tour, le cordon, sans doule trop distendu, se relächa tout d'un coup, comme la corde d'un are qui se. rompt sous un effort violent. Dès-lors plus de resistance; le cordon avait perdu toute rigidité, et le testicule tournail autour avee facilité. Il semblait même ne plus tenir a rien ; il flottait, se renversait d'un cóté ä l'autre, tendant sans cesse a redescendre au fond des bourses. M. Nicouleau essaya alors un 3e, un 4e, un be tour, qui ne modifièrent en rien 1'état des choses. Après un 6e tour cependant, le cordon perdit un peu de sa laxité. Deux nouveaux tours lui rendirent sa rigidité première, et le testicule put être maintenu dans Ia position voulue. La ligature fut placée avec soin et la guérison s'opéra dans le délai ordinaire.
M. Nicouleau se demande ä quoi il faut attribuer ce reläche-ment insolite. Il ne peut rien affirmer ä eet égard, faute des lumières fournies par l'autopsie de la region; mais il suppose, avec raison, ce nous semble, qu'il ne peut être dü qu'è la déchirure de !a tuni-que érythroïde et du crémaster, sans lésion spéciale du cordon.
i Journ. des Vétér. du Midi, 18S9, p. 288.
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Gelte maniere de voir paralt établie par la possibilité de remédier a raccident en continuant la torsion , ce qui ne pourrail être si Ie cordon lui-même se trouvait rompu.
On évitera cette rupture en ayant soin de ne pas pousser trop loin Ia torsion, en s'arrêtant des que Ie cordon offrira a la pression des doigts une resistance süffisante, d'autant plus tót, par consé­quent, que Ie cordon sera plus bref, plus gros, plus raide.
Bien qu'aucun auteur n'ait encore parlé de eet accident, ajoute M. Nicouleau, on peut affirmer qu'il se présente fréquemment et que la plupart des bistourneurs ont eu occasion de Ie constater. Il est plus frequent chez Ie bélier que chez Ie taureau, et n:offre d'ailleurs aucun danger, 1'opérateur ayant Ie moyen, en faisant faire de nouveaux tours au testicuie, d'y porter remede aussitót, sans que Ie propriétaire même puisse en soupconner l'existence.
Quant a la rupture du cordon lui-même, eile n'a pas élé ob-servée; mals si eile se produisail, il n'y aurait pas lieu de s'en préoccuper, car 1'opéralion rentrerait aiors dans Ie procédé Italien.
b. Deplacement du testicuie; détorsion du cordon. — Un des accidents les plus ordinaires ä la suite du bistournage est Ie dépla-cement du testicuie, et son retour plus ou moins complet a la place qu'il occupait avant l'opération; d'oü Ie rétablissement de la circulation et des fonclions du testicuie. Le but qu'on se proposait n'est alors pas atteint, ce que l'on exprime en disant que le tau­reau est manqué. Dans le Midi, on donne le nom de mngouils aux animaux qui sont dans ce cas.
Le déplacement du testicuie peut s'opérer deplusieurs manières, avec ou sans détorsion du cordon. Ainsi il peuty avoir une simple détorsion , renversement sans détorsion, enfin, renversement et détorsion simultanes, ce qui constilue autant de degrés divers du déplacement.
Nous avons signalé, en décrivant le manual de l'opération, les dispositions organiques qui facilitent eet accident. Mais ce n'en sont pas la les seules causes. Une plus directe est Ia chute de la ligature, qui peut aisément glisser si eile n'est pas assez serrée, surtout quand l'animal, après l'opération, comme il arrive quelquefois, se livre ä des mouvemenls désordonnés; parfois, c'est le sujet lui-même qui, avec les dents, va la detacher. Et quand cela arrive
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avant que l'engorgement, faisant office d'appareil contenlif, se soil declare, Ie teslicule se renverse, Ie cordon se détord et l'opé-ralion est manquée. Chez quelques sujets, ce déplacement a lieu par Ie seul fait de la laxitédes lissus, sans que la ligature aitbougé de place, tout comme on voit chez d'aulres la ligature glisser et tomber sans que Ie déplacement du teslicule en soit la consequence. Enfin, l'operalion peut se trouver incomplete du propre fait de l'opérateur, comme, par exemple , lorsqu'après avoir bascule Ie teslicule, il n'a pu, pour une raison ou pour une autre, faire la torsion, et que, néanmoins, il abandonne l'animal, laissanlcroire au propriélaire que l'opéralion est bien faite.
La détorsion est sans danger si l'on est appelé assez a temps pour y remédier. Il suffit alors de recommencer l'opéralion en prenant ses precautions pour éviter un déplacement nouveau. Mais lors-que déja Ie travail inflammaloire a determine la formation, entre les diverses enveloppes testiculaires, d'adhérences qui acquièrent promptement une grande resistance, une nouvelle operation devient beaucoup plus difficile. On doit néanmoins la tenter sans retard, afin de ne pas laisser s'accroltre les difficultés ä surmonter.
Avant d'opérer, on se rendra compte, par Ie toucher, de la nature de l'accident, qui ne se revele pas toujours au seul aspect, sauf dans les cas oü un seul des deux testicules est renverse, l'oeil pouvant alors, aiséraent, apprécier une difference de volume entre les deux cótés des bourses. En ce cas, on reconnait, en outre, au toucher, du cóté oü existe Ie déplacement, un corps dur, doulou­reux a la pression; c'est Ie teslicule, au-dessus duquel on sent Ie cordon, moins volumineux, mais aussi resistant. En tirant en bas Ie fond des bourses, on fait remonler Ie teslicule, et cela aide encore ä Ie reconnattre. Quand Ie cordon ne s'esl pas détordu, il est dur, resistant sous la pression de la main ; landis qu'il est mou, facile ä déprimer lorsque la détorsion a eu lieu.
Quand on a constate Ie renversement avec détorsion, l'opéralion doit être reprise comme en premier lieu. Mais si Ie teslicule est seulement renverse sans être détordu , on peut, la plupart du temps, se dispenser de toule manoeuvre, Ie succes de l'opéralion n'élant pas, pour cela, compromis. Si pourtant on peut agir assez t6t, il n'y a pas d'inconvénient ä essay er de rebasculer Ie teslicule,
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que l'oa retient en appliquant une ligature plus serrée. Mais si déja il y a des adhérences qui rendent ropératioti difficile, mieux vaut s'abslenir que de tourmenter inutilement les animaux, Ie résullat ä oblenir, dans ce cas, élant d'ailleurs Ie même, allendu que la circulation restant suspendue, Ie testicule tordu s'atropbie comme s'il n'avait pas été renversé.
11 est facile deconcevoir comment Ie testicule renversé peut ne passe délordre. Gela tient a 1'exsudation plaslique, qui se produit, aprèsl'opéralion, non-seulement autour du testicule, mais encore autourdu cordon, de teile sorte que ce dernier organe se trouve fixé solidement, dans la position nouvelle qu'il a acquise, parcette malière de nouvelle formation, laquelle acquiert Irès-vite une grande consistance, surtout vers Ie haut, et ne peut alors ni se séparer du cordon, ni en permetlre la détorsion. Ce travail orga-nique s'accorapagne même du retrait du cordon ; toutefois, ce retrait n'est jamais assez considerable pour faire remonter Ie testi­cule, vers l'anneau inguinal, jusqu'au point oü il avait été primi-tivemenl place.
Aux yeux des propriétaires, eet accident offre plus de gravité qu'il n'en a réellement. Il fait supposer que Ie bistournage est manqué, et diminue la valeur des sujets chez lesquels on l'ob-serve; celte crainte est sans fondement, les résultats de l'opération étant aussi complets que si rien n'élait survenu.
Enfin, il peul se faire que la détorsion ait lieu sans que Ie testi­cule se renversé. Si l'on est encore a temps, il est facile de remé-dier a eet accident en opérant de nouveau la lorsion. Mais comme la détorsion n'est guère reconnaissable que pour Thomme exercé , Ie plus souvent on est consultó trop tard, lorsque Ie propriétaire s'apercoil que les parties ne s'atrophient pas, et que l'animal conserve lesattributs de son sexe. Alors les phénomènes infiamma-toires sont dissipés , la peau des bourses est rétractée, épaissie, moins souple ; des adhérences nouvelles se sont formées, et quand on veut tenter une nouvelle operation, on reconnait qu'elle est im­possible. Cel accident csl grave relativemenl, et il n'y a d'autre moyen d'y remcditT que de recourir ä un autre mode de castra­tion, ä la caslralion ä l'aiguille, par exemple.
Les accidents divers que nous venons de signaler peuvent s'ob-
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258nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
server sur Tun ou sur les deux leslicules. Ce dernier cas est Ie plusgraxe ; c'est aussi Ie plus rare, et dans une très-large pro-porlion. Ainsi M. Serres a pu constaler, dans sa pratique, que, sur 30 cas de ce genre par lui observes, il y en a eu 29 oü l'acci-denl se bornail a un seul leslicule.
c.nbsp; Ligature trop serrée. —On ne saurait fixér précisément Ie degré de compression que dolt exercer ia ligature, pour retenir les leslicules dans la posilion que leur a donnée Ie bistournage, sans qu'il y ail lieü de craindre rélranglemenl des bourses. L'expérience seule peut l'apprendre. Toulefois, comme les accidents resultant d'un exces de compression, sont moins fächeux, au point de vue du but qu'on se propose, que ccux qui sent la consequence de l'excès oppose, il vaut loujours mieux serrer trop que pas assez.
Les suites d'une trop forte compression sont la mortification des tissus places au-dessous de la ligature, puis leur elimination plus ou moins complete, ün engorgement excessif, n'alteignant pas les parties supérieures des bourses, est Ie symptóme qui annonce eet accident. On y remédié en desserrant Ie lien, si on peut Ie faire ä temps, sinon en aidant ä l'elimination des parties morlifiócs, lorsque déja la gangrene s'est emparée des tissus. Ce qu'on a de plus grave alors ä redouter, est la depreciation du sujet aux yeux des personnes qui accordent la preference au bis­tournage pour l'avantage surtout qu'il présente de permettre la conservation des bourses.
d.nbsp; Inflammation des bourses. — Assez communément, soit par Ie fait d'une predisposition organique du sujet, soit par l'inOuence pernicieuse des vents, du froid, d'un mauvais regime, soit par suite de manipulations trop prolongées, les symptömes inflatnma-toires qui accompagnent ordinairement Ie bistournage se trouvent accrus jusqu'au point de constiluer un veritable accident. Les phé-nomènes observes alors se dcclarent en general avec rapidilé et inlensité; l'engorgement, au lieu d'etre limilé aux bourses, s'élend aux aines et a la partie supérieure du fourreau , et lous les signes d'une fievre générale viennent compliquer l'accident local, dont l'apparilion ne larde pas au-dela des douze ou quatorze premières heures qui suivent l'opéralion.
Cct état s'aggrave rapidement. La partie des bourses inférieure
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a la ligature s'engorge; la masse scrotale devient chaude, dure, tres-douloureuse, se recouvre d'ecchymoses. L'animal resle cou-ché, en portant en avant la jambe postérieure opposée a celle sur laquelle il est couché; ou bien il marche les cuisses écartées. Cet élat progresse plus ou moins, et dure cinq, six ou dix jours. Quand Ie mal est parvenu a un haut degré d'inlensité, rinfiltralion gagne la face interne des cuisses, l'abdomen, Ie dessous de la poitrine, pendant que les bourses descendent jusqu'au niveau du jarret; en même temps, les fonclions générales sont troublées ou suspendues par la violence de la fievre.
Gelte inflammation quelquefois se résout en dix, quinze ou vingt jours, sans amener d'aulres désordres, sans laisser de traces. D'autresfoisla resolution s'opère d'une maniere incomplete, laissant, après la disparition de la douleur et de la chaleur , une tumefac­tion des bourses qui persiste encore après vingt-cinq ou quarante jours, offrant un volume variable, ne s'accompagnant d'aucun trouble dans l'élat general du sujet, et pouvant durer des mois, des années, sans se modifier. Dans certains cas, on la voit se ramollir en un ou plusieurs points, oü se forment alors des abces qui s'ouvrent, se transforment par leur reunion, en vastes foyers de suppuration qui finissent par se cicatriser, sans faire disparaltre l'induralion. Cet état offre peu de danger, car Ie plus souvent il n'atteintque les parties siluées au dehors de la tunique érylhróïde, celle-ci, ainsi que Ie testicule qu'elle renferme, ne subissanl d'aulres modifications que celles qui accompagnent habi-tuellement Ie bistournage.
Une autre tcrminaison de l'inOammation anormale des bourses est la suppuration. Elle s'annonce par Ia persislance des symptó-mes locaux et généraux, par l'apparilion au milieu des bourses, vers Ie vinglième ou Ie trentièmejour ou plus, d'une tumeur sail­lante, Ouctuante, qui bienlót s'ouvre et laisse écouler du pus. La plaiese ferme d'habitude assez vile; mais quelquefois il reste une fistule. Quand la suppuration se prolonge, eile peut alleindre les membranes qui enveloppent immédiatemcnt Ie testicule, el les détruire; en ce cas, l'organe se montre dans Ie foyer, et peut même eire éliminé. Le plus souvent, lorsque cela arrive, l'effet se borne ä un seul testicule.
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L'engorgeraent anormal conséculif au bistournage, chez quel-ques sujels, n'est pas toujours Ie résultat d'un violent état inflam-matoire. Parfois, comme on l'observe spéciaiement chez les ani-maux maigres, faibles, lymphatiques, places sous 1'inQuence d'une atmosphere énervante et humide, il décèle un état tout oppose. La tumefaction est alors indolente, essentiellement oedémateuse, et se propage dans le sens de la pesanteur; eile finit par se résoudre sponlanément, mais avec une grande lenteur.
Le traitement ä opposer ä rinflamraation des bourses n'offre rien de particulier. 11 doit être en rapport avec l'état du malade. Au début, les antiphlogistiques généraux et locaux : saignée, re­frigerants, scarifications, lotions calmantes, tisanes, en forment la base. Quand l'induration estsurvenue, les lotions résolutives, les vesicants, les fondants, l'excision du tissu induré, les causti-ques, sont indiqués tour-ä-tour. Un abces s'est-il formé, on l'ouvre largement, ou bien s'il s'estouverl, on débride, pour faciliter la sortie du pus, et celle du testicule, au cas oü celui-ci serait déta-ché; si eet organs, mis ä nu, tient encore par le cordon, on l'excise. L'opération faite, quelle qu'elle soit, on procédé au pan-sement; et il Importe de le conlinuer avec soin, jusqua complete cicatrisation, sans quoi on serait exposé a voir se former des pro-duils morbides, indurations rebelles, cancers, etc., dont la gué-rison pourrait offrir ensuite de grandes difficullés.
Quant ä l'infillralion asthénique que nous avons signalée, les scarifications, les frictions excilanles, les toniques, un bon régime, sont les meilleurs moyens d'en triompher.
e. fnßammalion du fourreau (acrobustite). — Cet accident se manifeste parfois lorsque l'inOammation des bourses, atteignant le fourreau, gagne la face interne de cet organe. Des douleurs vives lors de remission des urines; le peu d'ahondance de ce liquide; l'état de la muqueuse du fourreau, injectée, sèche, tres-cbaude, se ren versant quelquefois au dehors, et apparaissant alors comme une tumeur rouge, ombiliquée ä son cenlre, vers rorifice du fourreau; Iels sont les signes caracléristiques de cette inflammation. Elle n'offre aucun danger, dure de qualre ä huit jours, et se lermine toujours par resolution. Quelques douches froides au début, des scarifications sur la muqueuse, quand
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celle-ci fait hernie; la section des poils autour de l'orifice du four-reau, l'applicalion d'un bandage sous Tabdomcn pour éviter Ie conlact de la muqueuse avec la lilière, suflisent pour triompher de celte légere coin plication.
f. Inßammalion du Usticule (orchite). — L'apparition de l'orchite a la suite du bistournage ne peut avoir d'aulre cause que les compressions exercecs sur Ie tcsliculo pendant l'opóralion. Cet accident se décèle, d'abord, a la vive douleur qu'éprouve l'organe a la pression de la main. En móme lemps, Ie membre correspon-dant au teslicule malade s'ccarle en dehors, la colonne dorso-lombaire se vousse en conlre-haut; il y a fièvre de reaction, et ces divers symplómes se manifeslent, point important a noter pour Ie diagnoslic, sans que la luméfaction des bourses soit exces­sive. Quelquefois, cependant, rorchile peut êlre temporaireraent cachée par l'inßltratipn des bourses. On ne la reconnalt alors que plus tard, è une légere augmentation de volume du testicule et ä la douleur que ressent cet organe ä la pression. La maladie, dans ce dernier cas, a une durée beaucoup plus longue.
Les terminaisons de Torchile sont celles de loules les inflamma­tions.. Parfois eile se résout sans laisser de traces. Dautres fois, ce qui arrive principalemenl quand la maladie a parcouru loutcs ses périodes, il n'y a qu'une resolution incomplete; les symptómes qui caractérisent l'état aigu disparaissent; mais au bout d'un certain temps, Ie teslicule conserve encore un volume supérieur a celui de l'état normal; il offre au toucher une consistance inégale. Cela peut se prolonger fort longtemps, des années même, sans que l'état general en paraisse influence. Toutefois, il est ä noter que si Ie bistournage a été complet, les attributs du taureau disparaissent; tandis que s'il a été manqué, ne fut-ce que d'un testicule, la maladie ne délruit pas les désirs d'accouplement.
L'orchite peut se terminer aussi par suppuration. On prévoit cette terminaison lorsque la maladie, arrivée ä son plus haul degré, sem-ble rester stationnaire; en ce cas, rinfiltration des bourses s'accrolt; la chaleur, la douleur augmentent dansun point circonscril; l'état general s'améliore, el au bout de vingt ä vingl-cinq jours, l'abcès s'ouvre, el Ie pus s'échappe, enlrainant avec lui des débris de la glande et de la tunique érythroïde. En explorant alors la plaie, on
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reconnalt que rarement Ie teslicule enlier est atteint par la sup­puration ; il en resle loujours quelques débris qui finissent cepen-dant par êlre délruils plus lard. La plaie, par ou s'écoule Ie pus, a une grande tendance craquo; se fermer. Il faut s'y opposer pour éviter la formation d'un nouvel abces. Quand Ia ciralrisation est mal dirigée, les lissus atleints par la suppuration peuvent devenir Ie siége de productions variées qui, dans certains cas, apparaissent malgré tous les soins.
Ces productions hélérologues, de même que les indurations qui se ferment sans qu'il y ait eu suppuration, peuvent subir, avecle temps, diverses modifications de texture, prendre Ie caraclère fibreux, fibro-plastique, cancéreux , tuberculeux, etc, tissus accidenlels, dont rien ne peut faire prévoir Ie développcment, et auxquels il imporlo d'opposer, des qu'ils commencent a se montrer, un traitement énergique.
Nous n'aurons pas ä nous élendre sur Ie traitement del'orchite, qui n'offre, dans Ie cas actuel, rien de spécial ä signaler, et ne diffère que fort peu de celui a mettre en usage contrel'inDamma-tion des bourses. Dans certains cas d'induration, ou quand il se forme des productions accidentelies, il y a nécessilé d'en venir a une operation, l'ablation de l'organe, que Ton pratique en ayant soin d'appliquer une ligature sur la partie saine du oordon, pour éviter l'hémorrhagie. La precaution serait inutile si Tariere tes-ticulaire se trouvait déja suffisamment oblitérée.
g. Engorgement du cordon testiculaire. — Cet accident est une consequence ordinaire de l'orchite, avec laquelle il se confond dans la majorité des cas. On ne Ie signale comme affection spéciale que lorsque la tumefaction, la douieur et la chaleur se manifestent d'une maniere plus évidente a la partie du cordon immédiatement située au-dessous de l'anneau inguinal. Parfois la maladie s'étend plus haut encore, vers l'origine du cordon, ce dont on s'assure par l'exploration rectale. Au dehors, la peau qui enloure Ie cordon est tendue sans que la tumefaction générale des bourses dépasse Ie degré observe ordinairement a la suite du bistournage. On cons­tate, quand cet engorgement existe, les mêmes symplómes géné-raux que pendant l'orchite, dont l'accident qui nous occupe peut offrir toutes les terminaisons.
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MARTELACE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 263
Lorsque rinflammation s'élend dans la partie abdominale du cordon, les suites offrent beaucoup plus de gravilé quequand eile reste limilee ïi la region scrotale. La resolution alors esl plus rare. L'induration survienl ie plus souvent, el comme on ne peut y porter aucun remede, Tanimal maigril, dépcrit de jour en jour, et au bout de deux ou trois mois, finit par périr. On concoit que si ia suppuration envahissait celte nióme partie du cordon, une terminaison fatale, plus rapide encore que dans Ie cas prece­dent, serail ia consequence de celte complication. Les tissus hété-rologues que nous avons signalés a propos de l'orchitc peuvenl se former également a la suite de rengorgement du cordon, et aggraver d'autant Ie mnl préexistant.
A quelques modifications pres, Ie trailement de l'engorgement du cordon est celui de l'orchite. Si l'opéralion est necessaire, il ne faudra appliquer de ligature qu'aulanl qu'on pourra Ie faire sur une partie saine du cordon. Sinon, il est preferable, après avoir enlevé tout ce qu'on peut du tissu induré, de porler Ie caulère a blanc sur 1'exlrérailé du cordon, fallöt-il pour cela pónétrer dans l'anneau inguinal. M. Serres, toutefois, conseille de ne pas opérer quand on ne peut arriver a la partie saine du cordon, a plus forte raison quand I'inDammation Talteinl dans son trajet abdomi­nal, l'opéralion ne pouvant alors avoir aucun effet utile, et l'ani-mal, de toule facon , étant condamné ä une mort certaine, è moins qu'on ne se decide ä Ie sacrifier assez lot pour lirer encore quelque parti de la viande.
$ 2. — MarteUclaquo;.
1deg; Definition. Historique. — Le martelage est un mode de castration parliculièrement en usage chez les animaux de l'es-pèce bovine, el qui consiste dans Tecrasement, au moyen d'un marteau a bouche plane, du cordon testiculaire sur lequel on frappe une ou plusieurs fois, de maniere ä en determiner la désor-ganisation.
Gelte operation n'est que l'application méthodique du procédé general par écrasement en usage chez les anciens, et dontColu-raelle, d'apres Magon, donne le premier la description, en le
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264nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
citanl comme parlirulièremonl applicable sur les veaux ; procédé qui lt; onsisiail ä écraser peu a peu les lesticules entre les deux branches d'une hagnetie fendue ', et avail l'avantage, suivant raulcur latin, de n'occasionner aucune plaie et d'cHre ainsi prefe­rable a toutautrepour les vpaux d'un äge tendre. On s'esl servi, plus tard , pour comprinicr les testicules, au lieu d'une baguette fendue, d'une lenaille ä larges mors plats 2, instrument encore en usage dans quclqucs contrécs de l'ltalie. Le marlelage, lt;lont l'ori-gine se confond avcc eelle du bislournage dans les texles obscurs el les vagues li-aditions que nous onl légués les siècles passés, est, de toute evidence, a plus de litres encore que le bistournage, leperfectionnemenl direct, reel, de la methode ancienne, a laquelle eile est supérieure en ce que 1'écrasemenl, au lieu de comprendre toule la masse testiculaire, ne comprend que les cordons.
Pas plus que pour le bislournage d'ailleurs', on ne saurait dire au juste en quel temps le marlelage a pris naissance. Le seul document historique que Ton possède sur celte operation est d'une époque leute récente; on le doil a M. Chanel, vétérinaire ä Bourg, qui, le premier, a fait connailre le procédé sous son nom aeluel, et en a donné la description, en présentant, au reste, ce mode opératoire comme depuis longtemps en usage dans le département de l'Ain et les conlrées circonvoisines, presque a Texclusion de toule aulre methode 3. Depuis, il a élé essayé avec succes par plusieurs vétérinaires, et notamment, ä l'école de Lyon, par M. le professeur Hey, qui aussi, de son cóté, en a décrit le mode opératoire. Le marlelage, encore peu répandu de nos jours, commenceä êlre pratique dans quelques conlrées de la Suisse; et nous le croyons destine ä se vulgariser de plus en plus a mesure que s'óleindra le préjugó mal fondé qui s'oppose encore ä sa propagation.
2o Alanuel de ropépation. — Quelques instruments sont nécessaires pour praliquer le marlelage, ce sont: 1 o deux batons
gt; ... Fissa ferula comprimere iesticulos et panlatim confingere. (Colüm., De Me rust., VI, 26.)
2nbsp; Maïs. Bustiq., par Ch. Estiekne el J. Liébadlt. Paris, ISCiJ.
3nbsp; Jourraquo;, pratiq. de Méd. vét,, 1826, p. 86.
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HABTELAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;265
de bois dur, cylindriques, de 1 metre de longueur sur 5 centime-tros de diamelre; 2deg; un marteau ä Louche large, fait avee de la racine de Luis, dans lequel on a coulé du {ilonib pour Ie rendre plus pesanl; un marlcau de cordonnier, un hrochoir de maréchal, un petit marlcau de forge ordinaire, pourraient êlre également employés.
L'anitnal est assujéti debout, comme pour Ie bistournage. Pour mieux Ie mainlenir, M. Chanel recommande de l'enlraver des deux pieds de derrière et de ramener Ie lacs fixé aux enlravons sur Ie cou ; pnis de placer en croix , sous Ie venire, deux longues Larrcs de bois qui se croisent verlicalemenl en avant des deux membres postérieurs, el que souliennent sur leur épaule deux aides, donl l'un lienl relevée la queue du laureau.
L'animal en position, Topérateur se place en arrière, explore la region scrotale, lire a lui les bourses, et dispose transversale-ment les deux batons cylindriques, l'un en avant, l'autre en arrière du sac scrolal, ä 3 ou 4 centimetres au-dossus des lesü-cules; deux autres aides. Tun ä droile, l'autre ä gauche, s'empa-rent de ces batons ä leur extrémité, et les rapprochent avec force, en tirant en arrière , de maniere ä serrer les deux cordons testi-culaires interposes entre eux. Ces batons étant ensuite réunis par descordes, l'operaleur leur fait décrire, par un mouvement de rotation sur leur axe, un are de cercle assez élendu pour que Ie baton qui est en avant des bourses devienne inférieur et l'autre supérieur. Les aides maintiennent alors ces batons immobiles en les appuyant par les extrémités sur leurs genoux.
Dans oelte position, les cordons, fortemenl tendus entre les bétons, se présentent aussi dégagés que possible ä l'opérateur. Celui-ci alors, fléchissant Ie genoux, saisit de la main gauche les testicules pour les fixer en place; puis de la main droite, armee du marteau, il frappe, sur chaque cordon, au point oü il appuie sur Ie baton inférieur, c'est-a-dire immédialement au-dessus des testicules. Le nombre de coups nécessaire varia suivant la force du sujet et l'habilude de l'opérateur; mais ils doivent toujours être donnés bien a plat et sans precipitation, de maniere ä pré-venir tout derangement du cordon. Quand on juge l'écrasement süffisant, on applique, suivant M. Chanel, une ligature peu serrée
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366nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DARS l'eSPÈCE BOVINE.
an-dessns des tesliculcs pour les empêcher de remonler; celte precaution n'est pas indispensable. Puis on remet Tanimal en liberlé; lopéralionestterminée, n'ayanl pas exigé, suivantM. Rey, plus d'une minute.
Pendant qu'il subit Ie martelage, Ie taureau ne parait pas éprouver dedouleurs vives. Apres un certain temps, les bourses s'engorgent, devienncnl rouges, douloureuses; mais la fièvre de reaction est peu intense. Au bout de huit a dix jours, la tumefac­tion commence a se résoudre; puis commence Ie travail de résorp-tion entralnant l'atrophie des testicules, travail qui s'accomplit exaclement de la même maniere quaprès Ie bislournage, et pro-duil les mêmes résullats.
L'animal n'exige aucun soin a la suite de l'opération, si ce n'est l'enlèvement de la ligature, quand on a juge a propos d'en appli-quer une. Quelquefois, on s'apercoit, plus bu moins longtemps après la cessation de l'engorgement, que les testicules ont a peine diminué de volume; c'est une preuve que l'écrasemenl du cordon a été incomplet; on recommence alors l'opération, ce qui n'offre ni difficulté, ni danger. On peutainsi y revenir plusieurs fois sans inconvenient, et quel que soit l'état da teslicuie. C'est la un des grands avantages du martelage sur Ie bistournage auquel il faut renoncer des que l'animal a été manqué une première fois. Le martelage offre encore, sur ce dernier procédé, outre son applica­tion beaucoup plus générale, la supériorité d'une execution plus facile, plus prompte, qui le met, sans apprentissage spécial, ala portee de lous les praticiens. Enfin, il est moins douloureux, et, conséquemment, expose moins l'animal opéré aux complications qui peuvenl survenir a la suite de la castration.
Les accidents resultant du martelage doivent être les mêmes que ceux occasionnés par le bislournage; mais ils sonl beaucoup plus rares, aucun encore n'ayant élé signalé.
JS.— Castration a I'aigoille.
Ce qu'on nomme la castration ä Vaiguilh n'est autre que la ligature sous-cutanée du cordon, procédé particulièrement usité chez les animaux de l'espèce bovine, dans des circonstances
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CASTRATION A l'aIGUILLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;267
données. Nous avons decrit ce mode oporaloire en traitant de la ligature sous-culanée chcz le cheval (voy. p. 94). Nous nous bor-nerons ici, en consequence, a indiquer ce qu'offre de spécial son application sur le taureau.
La castration ä l'aiguilie est particulièremcnt en usage, et de-puis longlemps, dans les déparlements du Midi de la France, pour suppleer au bistournage, quand, celte dernière operation élant impraticable, on ne veut cependant point amputer les testicules. Eile convient encore très-bien sur les animaux mnnqués, et que l'on ne peut bistourner de nouveau, a cause des adhérences qui se sonl ctablies. Elle a été menlionnée, pour Ia première fois, par Bouchon, vétérinaire de la Dordogne, qui la définit suffisamment en disant qu'elle consisle a lier le cordon au moyen d'une aiguille courbe, sans comprendre dans la ligature aucune parlie du scro­tum '.
Pour cette operation, on a suivi d'abord le procédé précédem-ment déerit, en usage chez le cheval, et consislant ä traverser le scrotum d'outre en outre, pres du cordon, avec une grosse aiguille munie d'un fil ciré, puis a repasser celte aiguille dans le même trou en ayant soin de comprendre le cordon dans l'anse du fil dont on serre ensuite les deux bouts avec force 2.
M. Serres, voulant éviter de faire deux ouvertures ä la peau, apporla une légere modification a ce mode opératoire. Void son procédé: L'animal fixé en position debout, le membre correspondant au testicule oü Ton doit opérer est maintenu en avant au moyen d'une plate-longe. L'opérateur se placant en arrière, comme pour le bistournage, fait tenir le testicule par un aide, qui le tend au fond des bourses. Cela fait, s'il opère ä gauche, il saisit aussi haut que possible le cordon testiculaire de ce cólé, le rassemble sous ses doigls, et plonge dans les enveloppes, vis-a-vis le pouce qui appuie sur le cordon, une aiguille courbe assez forte, munie d'un fil ciré, long d'environ 80 centimetres. Quand l'aiguilie a pénélré dans la cavité séreuse, il lui fait circonscrire le cordon, en la guidant avec l'index oppose, et la fait ressortir par son ouverture
i Comptes-Rendus de l'école de Lyon , 181S.
ï Vatel, Elém. de Pathol. vétérin., 1828, l. II, p. 443.
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268nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
d'enirée. Il enleve alors l'aiguille, rassemble les deux bouls de la ficelle, h chacun desquels il a allaché un peilt bètonnet pour avoir plus de prise, el il élreint enfin Ie cordon dans un premier nceud serre énergiquemonl et assujéti par un second; ensuite, il coupe la ficelle en laissanl une cerlaine longueur è chaque bout'.
M. Feslal aussi a décrit Ie manuel de la castration a l'aiguille 2. Il fait coucher l'animal, ce qui est inutile; quant a l'opération, il s'en lient au procédé ancien, par une double ouverture aux enve-loppes. Il critique la modification apportée par M. Serres, et con-sistant ä ne faire qu'une seule ouverture au scrotum, ce qui pro-longe,sans utililé veritable, la durée de l'opération. M. Serres lui-mème paratt èlre de eet avis, car dans sa monographie sur Ie bislournage (1853), il dit avoir opéré, depuis 1842, époque ou parut son premier article, beaucoup d'aniraaux par Ie procédé ancjen non modifié, c'est-ä-dire en faisant deux ouvertures aux enveloppes, et n'avoir pas observe plus d'accidents que par son procédé propre.
M. Chiquot-Fontenille a apporté ä la métbode ancienne une modification déja décrite a propos de la castration du cheval (voy. p. 95), et consistanta interposer entre Ie fil et Ie sac scrotal un petit billot de bois, de 9 a 10 centimetres, et ä s'en servir comme garrot pour opérer une striclion plus parfaite du cordon 3. Il n'est pas venu a notre connaissance que ce procédé se soit ré-pandu dans la pratique.
M, Filhol, vétérinaire aMonlflanquin (Lot-el-Garonne), s'y prend d'une autre maniere pour appliquer la ligature sur les aniraaux manquésraquo; Il incise Ie scrotum en avant, met Ie cordon a nu, Ie saisit avec l'index de Ia main droite, passe, par derrière, une forte aiguille munie d'un fil épais, lie celui-ci fortement sur Ie cordon; fait remonter Ie testicule aussi haut que possible, et place, comme pour Ie bislournage, une seconde ligature qui serre Ie scrotum en desgous de la glande et que l'on enlève Ie lendemain. Le fil du
i Jourraquo;, des Vét. du Midi, 1842, p. 173.
2nbsp; IWd.,184S, p. 18.
3nbsp; Ibid., 1847, p. 262.
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CASTRATION A l'aIGUIILE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 269
cordon tombe de lui-même au bout de quelque temps, et la plaie se cicatrise toute seule 1.
Les effets immédiats de la castration a l'aiguille sont a pen pres les mêmes que ceux du bistournage. Seulement, rinflammation consecutive qui survient, deux ou Irois joursaprès l'opération, est presque toujours moins considerable. Vers Ie cinquième ou Ie sixième jour, il s'écoule un peu de pus par Fouverlure qui donne passage auxextrémilésdu 61, et celuici tombevers Ie douzièmeou Ie quinzième jour. Après Ia chute des fils, Ie teslicule monte vers l'anneau inguinal et s'alrophie. Quelquefois l'opéralion est suivie de réiimination du teslicule par suppuration ou gangrene. Cela arrive surtout quand l'opéralion a été faile sur les organes a l'état sain. Mais Ie plus souvent les phénomènes se succèdent comme lorsque l'animal a élé bislourné, les rapporls qui persistent avec les enveloppes lesticulaires süffisant pour enlrelenir la circulation dans les testicules, et leur conserver une faible vitalité qui les empMie de tomber en gangrene.
M. Miquel allribue la non-éliminalion du teslicule, après l'appli-cation de la ligature, aux adbérences établies entre les testicules et leurs enveloppes, admellant que les vaisseaux qui les parcou-rent suffisent pour alimenter les glandes spermaliques et les empêcher de se gangréner 2. Le fait est hors de doute quand il exisle des adbérences, ainsi que cela a lieu chez les animanx manqués et passés ä l'aiguille; mais dans les autres cas, c'est-a-dire lorsque l'opéralion ne succède pas au bistournage, la vitalilé obscure de l'organe ne peut évidemmenl êlre entretenue que par l'inlermédiaire des enveloppes seules, comme cela arrive d'ailleurs après le bistournage lui-même.
On ne saurait disconvenir, toutefois, que la presence des adbé­rences ne multiplie les moyens de communication des testicules avec les enveloppes et ne mainlienne dans ces organes une vilalilé plus prononcée. Aiusi s'explique rinnocuité plus grande de la cas­tration a l'aiguille sur les animaux déja bistournés, comparati-vement ä l'opéralion faile sur des testicules ä l'état sain.
Mém de la Soc. vét. de Lot-et-Garonne, 1830, IX' série, p. 59. 2 Journ. des Vét. du Midi, 1S46, p. 21.
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270nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DANS l'ESPËCK BOVINE.
La castration ä l'aiguille peut être suivie des divers accidents observes a la suite du bislournage; ils reclamant un traitement identique, et guérissent de même.
$ 4. —Methodes diverses par ablation des teaticulea.
Ces procédés, principalement en usage chez les animaux desti­nes ä l'engrais el ä Ia boucherie, et auxquels il faut absolument recourir quand Ie bistournage et les methodes congénères sont inapplicables, ne different pas de ceux mis en pratique chez Ie cheval. Nous n'avons done pas besoin de les décrire de nouveau; il nous suffira d'indiquer ce qu'ils offrent de particulier appliqués ä l'espèce bovine; nous les étudierons pour cela dans l'ordre de leur frequence d'application.
1deg; niétliude par les casseaux. — Dans l'espèce bovine, la castration par les casseaux se pratique suivant deux procédés différents: en appliquanl l'appareil sur Ie cordon mis ä nu comme on Ie fait chez Ie cbeval, ou bien en l'appliquant sur les enve-loppes.
I. Casseaux appliqués sur le cordon. — Ce procédé, bien que parliculièremenl réserve aux solipèdes, a élé employé aussi sur les animaux de l'espèce bovine. Le manuel opératoireest le móme, seulement, le cordon testiculaire, chez le boeuf, étant bcaucoup plus volumineux el plus resistant que chez le cheval, sa com­pression entre les casseaux est tonjours plus difficile a oblenir; ce qui ajoule aux chances défavorabies de l'opération, et fait com-prendre pourquoi ce mode opératoire convienl peu ä l'espèce bovine sur laquelle on n'en fait usage que fort rarement.
M. Bouillard, qui a fait subir au procédé de castration par cas­seaux d'assez imporlantes modifications que nous avons rapportées, a appliqué sa methode au boeuf comme au cheval, et en a oblenu des résultats non moins satisfaisanls. 11 opère généralement a testi-cules découverts, sauf les cas ou il y a des adhérences difficiles ä délruire, comme, par exemplc, chez les animaux qui onl subi infructueusement le martelage, procédé en usage dans le pays qu'habite M. Bouillard. 11 laisse l'animaldebout, comme Ie cheval, en se bornaat a placer une corde autour des jarrels pour les
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UËTUODE PAR LES CASSEAL'X.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;271
lenir réunis ä une petile distance Tune de l'autre, pendant que la lêle est contenue par un aide, a ia maniere ordinaire. Quelque-fols, chez les taureaux très-méchants, il applique lo mors d'Alle-magne, corde passant dans la bouche et sur la nuque, et que l'on serre sur les cólés de la lèle avec un tólonnet faisant office de garrot; et il opère alors en teute sécurité.
II. Casseaüx appliqüés sür les ENVELOPPES. — Ce mode de cas­tration paries casseaux, consistanl ä appliquerl'appareil, non plus direclement sur Ie cordon, mais bien par-dessus les enveloppes, qui ainsi se mortifient el lombent avec la glande, est fort ancien. Ayant son origine, comme Ie marlelage, et d'une maniere plus directe encore, dans Ie procédé décrit par Columelle (VI, 26, v. la note 1re, p. 264), il a precede et comme préparé Ie procédé generalaujourd'hui en usage, principalement chez Ie eheval, sans pour cela êlre abandonné lui-même; ainsi il est encore usité, sur les animaux de l'espèce bovine, dans un assez grand nombre de localités: en France, nolammenl dans les départemenls du centre et du nord; en Allemagne; dans la campagne de Rome, en Italië; en Espagne.
Plusieurs auteurs ont décrit les procédés suivis dans ces diffé-rentes regions, et ces descriptions nous montrent que parlout oü l'on chätre les boeufs de cetle maniere, on suit une methode abso-lument idenlique. Tous ceux qui en ont parlé s'accordent ä dire que l'opéralion est facile, économique et sans dangers. Nous cilerons, dans Ie nombre, M. Mangin, dans un mémoire adressé è la Sociélé centrale d'agriculture pour Ie concours de 1835; M. Déhan, de Lunéville (Meurlhe) '; M. Villeroy, de Rittershoff (Bavière) J; M. Cluzot, de Monlbrison (Loire), qui répèle a peu pres mot pour mot l'article do M. Villeroy 3; M. Ercolani, de Turin 4; M. Vialard, professeur a 1'école de Saulsaie 5; enfin, M. Yvoy, lequel, comme nous l'apprend M. Bouley 6, a déposé
Itlém. inéd. de la Soc. d'Agricult., 183S.
3 Jourlaquo;. d'Agricult pratiq., 1831, III' série, t. II, p. 376.
s Jourraquo;, de Méd. vet., de Lynn, 1832, p. 114.
lt; Ree. de Méd. vit., 1SS7, p. 131.
5 De la Rice bovine de Salers, 1837.
laquo; Now. Diet, pratiq. de méd. vét., etc., 1837. t. Ill, p. 208.
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272nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
dans le cabinet de colleclions de l'école d'Alfort un modele des casseaux donl se servent les bouviers espagnols pour cette opera­tion ; cet instrument est en lout semblable ä celui dont on fait usage dans les aulres localités.
Le manuel de l'opération est d'une extreme simplicilé. L'ins-trument essenliel qui sert ä la praliquer est une paire de cas­seaux, d'une forme variable, el cousislant en deux pieces de bois arliculées par Tune de leurs exlrémilés, ä l'aide d'une forte char-nière, et se réunissant ä l'aulre bout au moyen d'une vis passant dans un trou percé a travers les deux pieces et que l'on serre , soit avec un écrou [fig. 57;, soit avec la vis elle-même (fig. 08). Quelquefois, au lieu d'une charnière, il y a une vis a chaque extrémilé; 1'appareil alors est plus long ä placer.
Ces deux pieces de bois, longues chacune de 20 ä 30 centimè-Fig. 37.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Fig. 38.
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tres, suivant Tftge du sujet, larges ensemble de 5 a 6 cenlimèlres, épaissesde 2 cenliiuètres, sonl laillées en biseau par leur face
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METHODE PAK LES CASSEAUX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 273
interne, réduite a une épaisseur de 5 millimetres, de facon a n'exercer la compression que sur une surface étroite; elles sent, en outre, légèrement incurvées dans Ie sens de leur longueur, en sorte que, lorsque l'inslrument est ferme et la vis complétement serrée, il resle entre elles, vers leur milieu, un vide de 2 a 3 millimetres. Quelquefois Ie tranchant du biseau est creusé d'une cannelure danslaquelie on loge, sur une des pieces, un cylindre de bois de même diametro, qui fait saillie en dehors, et qui, lorsque l'inslru­ment est serre, refoule les lissus dans la cannelure de l'autre pièce, ce qui determine une plus forte pression. Quant ä la charnière, il imporle, pour que I'lnslrument ait assez de solidilé, que les mon-tanls de fer qui la ferment se prolongent sur toute la face externe des pieces du casseau, et y soient fixés par plusieurs vis.
L'instrument préparé, Ie taureau assujéli debout, l'opérateur se place en arrière, saisit les bourses, fait descendre les lesticules Ie plus bas possible, puis il erabrasse, par-dessus les enveloppes, les deux cordons a la fois, enlre les branches de l'inslrument, qui se trouve ainsi place de droite a gauche, ä 4 ou 3 centimetres au-des-sus des épididymes. Cela fait, on rapproche les branches, puis on place la vis, que l'on serre d'abord modérémenl. On augmenle pro­gress! vement la pression, en serrant un peu plus chaque jour, pen­dant huita dix jours. Au bout de ce temps , les deux parlies de l'inslrument, au niveau de la vis, doivent se toucher. On retranche alors les lesticules, et deux jours après, on retire l'appareil. La guérison s'achève sans suppuration, presque sans engorgement. Parfois on se dispense de relrancher les lesticules, ce que font, par exemple, les bouviers de la campagne de Rome. On peut, quand l'animal est trop méchanl, imiter leur exemple, et attendre que les organes mortifies tombent d'eux-mêmes.
En d'aulres eirconslances, on héte la terminaison, en opérant des Ie premier jour une compression complete. C'est ainsi que procèdent, dit M. Déhan, les bouviers de la Meurthe, qui serrent tout d'abord la vis autant qu'elle peut se serrer, usant même de tenailles ou de tricoises pour la forcer, s'il y a de la resistance. On est assure, dans ce cas, que la pression est süffisante, si, au bout de dix minutes, la masse scrotale est froide. On laisse éga-lement les casseaux huit a dix jours en place; au bout de ce
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274nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÊCE BOVINE.
temps, on excise au-dessous tout le sac scrotal, puis on enleve rinstrument. Il se délache plus facilement si on a eu soin, avant de l'appliquer, d'enduire ses bords internes d'un corps gras qui empêche la formation des adhérences.
Gelte operation, d'une extreme siraplicité, peut être faite sur des animaux de tout äge, sans preparation aucune, et n'expose l'animai a aucune suite grave. Son principal, presque son seul inconvenient, est d'amener la chute des bourses avec celles des tes-ticules, ce qui peut être une cause de depreciation aux yeux des bouchers, lesquels reconnaissent ä cela que l'animai a éle chatré a un äge avance. Si l'opération se généralisait assez pour qu'on se mit ä la faire sur les animaux jeunes, el si les propriétaires sur-toularrivaienl ä ne plus lenir aulant k la presence des bourses, l'objeclion lomberait d'elle-même. On a encore reproché, a ce procédé, la douleur dont il est cause; mais eile ne peut être plus grande que celle occasionnée par les aulres methodes, surtoul si la compression est tout d'abord assez énergique pour éteindre la vie et par conséquent la sensibilité dans les parlies. On lui reprochera, a plus juste litre, la gêne que la presence de rinstru­ment occasionne a l'animai, lorsqu'il veut se coucher. On ne peut qu'atténuer eet inconvenient en réduisant, le plus possible, le volume de l'appareil et en arrondissant ses angles.
2deg; Castration pap ligature. — La castration par ligature, suivant leute probabiiité, a élé appliquée, aux animaux de I'es-pèce bovine, en même temps el dans les mêmes circonslances que surles solipèdes, bien qu'elle n'ait élé menlionnée comme mode de castration propre a celle espèce qu'ä une époque relalivement récente. Huzard est le premier auteur qui en parle 1. Vatel, a son tour, en fail mention, mais d'une maniere fort succincte 2. Le seul auteur qui ait donné une description complete de ropéralion est M. Drouard, vétérinaire ä Montbard 3, qui signale ce procédé comme laquo; le plus simple, le plus facile, le plus expédilif et le moins dangereux de tons ceux en usage. raquo;
i iVotes jointes a Tedition de 1804 du Thédt. d'Agrietlt. de Olivier de Serres , t. Iquot;-, p. 623. i Elém. de Pathol vét., 1828, t. II, p. 443. S Bee. de Mét. vét., 1837, p. 492.
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LIGATl'RE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 275
L'opération, suivant M. Drouard, peut se faire sur les taurillons de dix-huit mois, ainsi que sur les animaux plus agés qui ont servi ä la reproduction. Pour la metlre en pratique, ranimal est fixé debout, comme pour Ie bistournage. L'opérateur, se tenant derrière, saisit les testicules, les fait descendreau fond des bour­ses, refoule en haut Ie testicule gauche, de la main gauche tend la peau du testicule droit, et avec l'aulre main, armee de son bistouri, il pratique une incision d'avant en arrière, dans Ie mi­lieu et 'a la partie inférieure du même testicule droit. En pressant un peu sur Ie cordon, Ie testicule s'engage par cette ouverture; il est saisi par un aide, qui fait passer Torgane dans l'anse d'une forte ficelle formant Ie noeud de la saignée (v. fig. 28). L'opérateur alors n'a plus qu'ä lier fortement Ie cordon au-dessus de l'épididyme; il fait ensuite descendre Ie testicule gauche et l'opère de la même maniere. S'il existe quelques adhérences, il les délruit avec Ie bistouri ou avec les doigts, puis il s'assure qu'il n'a pas compris dans la ligature quelques replis de la peau.
Le fil place, lorsque l'animal est jeune, Ie cordon peu volumi-neux, l'artère étant alors complétement fermée par la compres­sion , on peut amputer au-dessous du lien. Mais le plus ordi-nairemont, on laisse les testicules en place jusqu'è ce qu'ils se détachent d'eux-mêmes, ce qui ne tarde jamais beaucoup. Ils deviennent flasques, noircissent, se dessèchent et tombent du cinquième au septième jour.
Onpourrait, au lieu des deux ouvertures, n'en pratiquer qu'une seule au milieu du scrotum, par laquelle sortirait les deux testi­cules. Mais de cette maniere, l'opération est tout aussi longue et aussi douloureuse, en ce qu'on est oblige d'inciser, d'abord, le scrotum seul; puis, de diriger, toujours en tendant bien la peau, la partie inférieure du testicule vis-ä-vis la première incision, ou il faut ensuite porter deux fois l'instrument pour diviser les autres enveloppes.
On voit assez souvent, après qu'on a appliqué la ligature, le cordon descendre au-delä de l'ouverture du scrotum, et laisser ainsi, entre les bourses et le lien, une étendue plus ou moins grande du cordon sain. Comme cette portion du cordon est expo-sée a s'enflammer et a devenir, presque inévitablement, le siége
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276nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
d'une induration qui devient un veritable champignon, il est essenliel, pour prévenir un tel accident, d'appliquer une nouvelle ligature le plus haut possible au-dessus de la premiere.
A cólé du mode de ligature que nous venons de décrire, le seul rationnel et dont Fusage puisse être recommandé, nous citerons, pour mémoire seulemenl, et dans l'unique but de le condamner, un procédé usilé dans cerlaines contrées du Piémont, et dans lequel, avant d'appliquer le fil, on commence par dépouiiler, avec les ongles laissés a eet effet longs et aigus, les testicules et le cordon de leur enveloppe péritonéale i.
Un autre genre de ligature a été encore recommandé pour le taureau; c'est celui connu sous le nom de fouettage, et consistant dans rapplication du lien par-dessus les enveloppes. Nous revien-drons sur ce procédé en nous occupant de la castration du bélier sur lequel il est particulièretnent employé, et qui pourrait être appliqué au taureau suivant le même procédé.
3o Castration par le feu. — La castration par le feu, chez les animaux de l'espèce bovine, est, comme chez lecheval, depuis fort longtemps en usage. Palladius, au ive siècle, le premier, en parle comme d'un procédé alors depuis peu découvert, et prefe­rable aux moyens précédemraent en usage. Il le décrit ainsi qu'il suit : Le jeune taureau ayant été abattu et convenablement assu-jéti, on lend les bourses par-dessus les testicules, puis, les tenant comprimés par une double attelle en bois, on les coupe avec une hache rougie au feu, ou, ce qui vaut mieux, avec un instrument spécial ayant la forme d'un glaive. Le tranchant brölant du fer est appliqué auprès de l'attelle, et la section qui en résulte est ainsi moins douloureuse, en même temps que la cicatrice, qui se forme aussi promptement que la plaie, empêche l'effusion du sang 2.
1nbsp; nbsp;Gtorn. diJWed. vet., di Torino, 18Ö7 , p. 329.
2nbsp; Alligato enim juvenco atque dejecto, testiculi stricta pelle dauduntur , atque ibi lignea regula premente deciduntur ignitis securibus vel dolabris, vel, quod est melius, formato ad hoc ferramento, ut gladii simiütudinem ieneat. Jta enim circa ipsam regulam ferri acies ardentis imprimitur, unoque ictu et moram doloris beneficia celeritatis absumit, et ustis venis ac pellibus fluxu sanguinis [strictis, plagam) cicatrix quodammodo cum ipso vulnere nata defendit. ( Palladius , De Re rust., VI, 7.)
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A.RRACHEMENT OU TORSION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 277
Après Palladius, dont la description délaillée se distingue, en égard ä l'époque, par un remarquable caractère de précision, les auteurs se taisent unanimement sur la castration par Ie feu appli-quée a l'espèce bovine. C'est au point qu'on aurait lieu de douter de l'emploi de ce mode opératoire sur cette espèce , pendant une longue période de siècles, durant lesquels nous avons vu qu'il n'avait cessé d'etre appliqué sur Ie cheval, si l'habitude qu'on a toujours eu d'étendre a toutes les espèces domestiques l'application des procédés recommandés pour l'une ou l'autre d'entr'elles, ne permettait de trancher la question par raffirmative.
Quoi qu'il en soit, la castration par Ie feu est un des procédés encore employés de nos jours par certains praticiens pour prati-quer la castration des taureaux. L'opération se fait sur l'animal abattu, et par un procédé tout-ä-fait identique a celui mis en pratique sur Ie cheval, a la description duquel conséquemment nous renvoyons Ie lecteur.
4deg; Castration par arrachement ou torsion. — La castration par arracbement ou torsion, que nous avons étudiée déja en traitant de la castration du cheval, 'a été également mise en usage sur les animaux de l'espèce bovine, chez lesquels son appli­cation paralt même, ainsi que nous l'avons fait observer, avoir pre­cede son emploi sur le cheval et les autres solipèdes. Ainsi, tandis que Thisloire de la torsion chez ces derniers manque de tout ele­ment positif au-dela du xviiie siècle, on peut en retrouver la trace, lorsqu'on la considère par rapport a l'espèce bovine, jusque dans les auteurs de l'antiquité.
Aristote, parlant de la castration des veaux, qu'on chatre, dit-il, äunan, décrit ainsi le manuel opératoire suivi alors: laquo; Les aniraaux étant renversés et les bourses ayant été incisées, on fait sortir les testicules par pression, et on les arrache 1; puis on repousse les cordons vers le haut le plus qu'on peut, et on remplit la blessure avec du poll pour que le pus puisse s'écouler. raquo;
i KixtmOïv tm; opxEtgt; aitoO/USwaiv (Hïsf. des anim., IX, 30). Le verbe iraOJiëlaquo;, employé par Aristote, ciprime très-bien cette action complexe, consistant ii extraire un corps par la force après l'avoir fait sortir, par une vio­lente pression, de sa position normale, et que nous réalisons, dans le cas qui nous occupe, par la torsion du cordon.
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Ü78nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVmK.
Columelle, d'après Magon, de Carthage, qui paralt s'être ins­pire d'Aristote, parlant de la castration des jeunes veaux, indique, pour tout procédé, l'écrasement sans ouverture des bourses. Mais si l'on considère que Palladius, qui d'ailleurs Ie répèle de point en point, ajoule qu'après avoir comprimé les testicules, on sépare ceux-ci, tesliculi confracti resolvuntur, on peut admettre que Columelle n'a fait que rendre inexactement Ie procédé de 1'auteur grec, en usage évidemment, comme en fait foi ce texte de Palla­dius , parmi les agronomes latins.
Qnoi qu'il en soit, voila les seuls renseignements, sur l'his-toire de cette methode opératoire avant l'époque moderne, que nous possédions. Il faut arriver ensuite, pour trouver une mention de l'opération, ä Vatel (1828), lequel se borne a dire que Ton opère sur les veaux comme sur les agneaux. M. Villeroy ', de son cóté, a décrit Ie procédé suivi chez les jeunes animaux, et qui n'est autre chose, ä très-peu pres, que Ie procédé antique. Enfin est venu M. Dillon 2, qui a appliqué au taureau Ie même procédé qu'au cheval, c'est-ä-dire la torsion bornée, et dit en avoir égale-ment obtenu de bons effets.
Parliculièrement applicable aux très-jeunes animaux, c'est-a-dire aux veaux qui ne dépassent par l'ège de six mois, la torsion suivie de l'arrachement du testicule se pratique généralement sans beaucoup de difficulté. L'animal étant maintenu debout, ou bien, pour plus de commodité, abattu sur Ie cóté gauche, l'opérateur fait une double incision dans Ie sens longitudinal a la partie infé­rieure du scrotum. Puis, pressant vers Ie haut des bourses, il fait sortir les deux testicules, qu'il tord successivement jusqu'ä produire la rupture de chaque cordon. Certains operateurs se mon-trent plus expéditifs : ils saisissent les testicules avec les dents et les arrachent ainsi brusquement. D'une maniere ou de l'autre, la déchirure du cordon suffit pour empêcher l'hémorrhagie. On n'a ensuite qu'ä entretenir la plaie. en état de propreté pour obtenir une prompte guérison sans avoir, Ie plus souvent, è redouter aucun accident consécutif.
Joum. d'Aijricult. pmtiq., 1843, Ilaquo; série, t. VI, p. 407. 2 Ibid., 1851, ill' serie, t. III, p. 493.
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EXCISION SIMPLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;279
Sur les anhnaux d'un ège plus avance, l'opération serait beau-coup moins facile, ä cause du volume et de la grande resistance du cordon. II faudrait employer une force considerable, et cela, sans être bien sür de réussir. Aussi, n'eraploie-t-on pas ce procédé chez ces animaux, que Ton peut opérer plus aisément, et avec plus de chance de succes, de plusieurs autres manières.
M. Dillon, toutefois, a essayé chez Ie taureau, comme chez tous les autres animaux, d'ailleurs, Ie procédé dit par torsion bornée, en opérant exactement comme il a été dit pour la castra­tion du cheval. 11 a réussi, dit-il, pleinement; on Ie croira sans peine; mals Ie volume du cordon, même quand on borne la tor­sion avec la pince ad hoc, n'en reste pas moins une difficulté qui suffira loujours pour empêcher la torsion de devenir une methode pratique chez Ie taureau adulte.
3deg; Castration par excision simple. — L'excision simple, comme mode de castration, a été appliquée aux animaux de l'es-pèce bovine des la plus haute antiquité. Elle est comprise dans les procédés divers que mentionne la Bible, et, peut-être, doit-on la sous-entendre dans ce passage d'Aristote (111, 1), ou il est dit que la castration se pratique, chez les animaux adultes, par l'excision des testicules. Tonjours est-il que Ie procédé se trouve décrit, avec assez de détails, dans les auteurs latins, et que les écrivains qui depuis en ont parlé n'ont fait autre chose que répéter ces auteurs de point en point.
Coluraelle, Ie premier, donne quelques détails sur l'opération. 11 dit qu'on la pratique sur les animaux de deux ans, que Ton a attendu de chätrer a cette époque pour leur laisser acquérir plus de force; et décrit ainsi Ie mode opératoire 1: on saisit, dit-il, les cordons entre deux lattes de bois étroites, comme avec des tenailles; puis on ouvre les bourses avec l'instrament tranchant,
i ... Prius quam ferrum admoveas, duabus angustis ligneis regulis veluti forcipibus apprehendere testium nervös, quos Groeci zp^aacTvjsa; ab eo appellant, quod ex Ulis genitales partes dependent. Comprehensos deinde testes ferro resecare, et expressos iia recidere, ut extrema pars eorum adharens proedictis nervis relinquatur. Nam hoc modo nee eruptione sanguinis pcriclitatur juven-ctis, nee in totum effeeminatur adempta omni virililate, etc. ( Colum., De lic nwf., VI, 26.)
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280nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
et apres avoir fait sortir les glandes, on coupe les cordons, nom-més crémasters par les Grecs, en laissant ä leur extrémité une portion du teslicule , qui suffit pour empêcher l'effusion de sang. Cela fait, on panse la plaie ä l'aide de diverses substances grasses, et on attend sa cicatrisation. — On avait do enlever, bien que Golumelie ne Ie dise pas, l'espèce de pince en bois avec laquelle on avait d'abord étreint le cordon; autrement le soin de laisser une partie du testicule pour empêcher l'hémorrhagie eüt été sans objet.
Palladius répète cette même description, mais en disant qu'on se sert de régies d'étain pour élreindre d'abord le cordon, ce qui nous confirtne encore davantage dans l'opinion que eet instrument ne servait que pendant le temps de Toperation, altendu qu'on n'eut pas laissé a demeure un objet aussi lourd qu'une regle d'étain, pouvant exposer le sujet ä de fächeux liraillements.
Postérieurement a cette époque, la castration du taureau par excision simple fut pratiquée sans doute; mais il en est pen fait mention dans les auteurs qui suivent. Seuls, les écrivains de l'an-cienne Maison rustique déja citée en parlent, se bornant, d'ailleurs, ä répéter Columelle, sans y rien ajouler absolument. Olivier de Serres, qui vint ensuite, mentionne l'excision comme procédé general; mais sous cette denomination vague, il est permis d'en-tendre toute autre chose que l'opération que nous avons ici en vue. Huzard, dansles notes qu'il a jointes a 1'édilion de 1804 de eet auteur, signale, ä son tour, ce procédé. Et depuis, il n'en est plus question dans aucun auteur.
Quant au manuel opératoire, a part le procédé ancien que nous avons rappelé plus haut, on n'en connait d'autre que celui appli­cable a toutes les espèces. L'opération ne peut se pratiquer avec succes que sur des animaux très-jeunes, et eile consisle: soit raquo; ouvrir le scrotum par une on par deux incisions, et a couper les glandes, mises a nu, au-dessous de l'épididyme; soit ä amputer d'un seul coup et tout ä la fois le testicule et les bourses. Quelque procédé que l'on choisisse d'ailleurs, l'hémorrhagie, vu l'êge de l'animal, est peu a redouter.
Indépendamment de ces divers modes d'opérer la castration par simple excision, il en est un autre encore en usage dans certaines
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EXCISION SIMPLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;281
contrées du Piémont, oü il est connu de temps immemorial et employé ä l'exclusion de tout autre. M. Ercolani Ie décrit de la maniere suivante 1:
L'opérateur est Ie bouvier lui-même, qui n'a d'autre instrument que son couteau de poche. Quand il veut opérer, il commence par prehdre, dans la main gauche, Ie scrotum du veau, Ie serre de maniere a faire tendrè en bas les enveloppes sur Ie testicule, et au point Ie plus saillant, il fait de chaque cóté, sur Ie scrotum, une incision assez élenduepour permettre la sortie des deux testicules; il les lire au dehors pendant que les enveloppes sont remontées vers Ie ventre; puis l'animal èst abahdonné ä lui-même. Peu après les testicules et la portion des cordons expöséê a l'air s'enflamment, se dessècbent, et l'engorgement des bourses, en determinant une certaine compression sur les cordons, favorise la chute des organes mis a découvert. En trois ou quatre jours, les testicules tombent et l'opération est terminée. Les animaux ne sont pas plus malades que par tout aulre procédé.
Enfin, voici un dernier procédé, décrit par M. Ph. Festal 2, qui Ie donne sans öser garantir qu'il en a eu Ie premier 1'idée, et que nous pouvons, jusqu'ä un certain point, rassurer a eet égard, n'ayarit rencontre, nulle part ailleurs que dans son article, l'indi-cation de ce mode opératoire. Nous Ie citons:
laquo; J'ouvre les bourses, dit M. Festal, comme pour la castration ä testicules découverts; je saisis Ie testicule entre l'index et Ie pöuce de la main gauche, etavec Ie bistouri convexe, je pratique, a sa grande courbure, une incision qui divise la membrane albu-ginée, et je comprimé Ie testicule assez fortement, pour que tout Ie parenchyme testiculaire sorte par rincision pratiquée ä la mem­brane corticale.
laquo; Ce procédé n'est facile ä appliquer que sur les jeunes ani­maux ; il m'a paru surtout facile et convenable lorsqu'on a ä prati-quer la castration sur un taureau manqué; la membrane albu-ginée, qui demeure fixée ä l'extrémité du cordon, forme une
i ifec. de Méd. vét., 1857, p. 131.
2 Mém. de la Soc. vét. du Calvados et de la Manche, 184S-I846, XVl' an-née,i). 233.
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282nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
grosseur qui, jusqu'a un certain point, représente un teslicule émacié par Ie bistournage; or, on sait quel prix attachent les bou­viers du Midi ä la conservation des testicules chez les boeufs de travail. raquo;
M. Festal ajoute qu'il a appliqué ce procédé aux agneaux, aux poulains, et qu'il n'a eu qu'a s'en louer. Il lui a reconnu l'avantage d'abréger la durée de l'opération, d'éviter les hémorrhagies, les douleurs resultant de la torsion des cordons, avec tous les acci­dents qui en résultent, etc. Nous ne savons si l'expérience, au cas oüelle aurait lieu, confirmerait ces différents avantages; mais Ie procédé est d'assez facile execution pour être essayé.
6deg; Castration pap ratissage. — Aucun auteur ancien ne mentionne Ie ratissage comme procédé de castration, pour Ie bosuf non plus que pour Ie cheval. H. d'Arboval seul, d'après Gelin, auteur dont nous n'avons trouvé Ie nom dans aucune biographic, nous apprend que la methode est en usage ä Saint-Domingue, ou l'on procédé comme il suit: l'animal étant assujéli dans la position debout, comme pour Ie bistournage, un pied leve par une corde qui passe autour du cou, on ampute a son fond une partie du scrotum, on fait sortir les testicules, et on les attire a soi; puis on racle les cordons spermatiques jusqu'a leur section parfaite. On arrête l'hémorrhagie en lancant dans la plaie de la eendre de ba­gasses , — cannes a sucre dont on a extrait Ie sue par la pression. — On ne fait aucun pansement ultérieur. Les lambeaux des cor­dons tombent vers Ie quinzième jour, et l'on assure qu'il ne périt jamais d'animaux de cetle maniere.
Nous nous bornons ä cette simple mention, n'ayant pas appris que ce procédé ait été jamais mis en pratique en Europe.
Article III.
ACCIDENTS POUVANT SURVENIR A LA SUITE DE LA CASTRATION DU
TAÜREAÜ.
Les accidents consécutifs ä la castration, dans 1'espèce bovine , sont de deux ordres: ceux qui surviennent ä la suite des procédés dans lesquels on se borne ä determiner l'atrophie des testicules
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ACCIDENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;283
sans pratiquer aux bourses aucune solution de continuité, et ceux qui accompagnent les procédés par incision des bourses et ablation des testicules. Nous avons étudié les premiers de ces accidents en nous occupant du bistournage. Quant aux aulres, ils sont iden-tiques è ceux que Ton observe chez le cheval, avec cette seule difference qu'ils sont plus rares dans l'espèce bovine, douée, comme le fait fort bien remarquer M. H. Bouley {Nouv. Diet, cite), d'une force de reparation très-puissante, et chez laquelle les adhé-rences plastiques se manifestant très-rapidement è la suite d'une action traumatique, et par cela même en circonscrivent les effets dans un champ beaucoup plus limité.
Parmi ces accidents, le champignon et le tétanos sont ceüx qui paraissent se manifester avec le plus de frequence. Le champi­gnon, que Ton observe surtout ä la suite de l'emploi des casseaux, de la ligature, etc., est principalement occasionné par la longueur du cordon, qui, après l'opération, descend plus ou moins, lais-sant de la sorte, entre le fond des bourses et la partie mortifiée du cordon, une partie de ce dernier organe ä nu, laquelle devient alors le siege d'une inflammation plus ou moins vive et suivie d'induration. Les symptómes de cette affection et le traitement chirurgical a mettre en usage sont d'ailleurs les mêtnes que pour le cheval.
Quant au tétanos, que Ton n'observe guère sur l'espèce bovine que dans cette circonstance, il est assez frequent, surtout chez le veau. Il se manifeste, en ce cas, du quinzième au vingtième jour après l'opération, offre les mêmes symptómes que chez le cheval, et, on peut ajouter, la même incertitude ä l'égard du traitement. Il paraltrait cependant, d'aprèsM. Brusasco, vétérinaire a Refran-core, en Italië ', que les purgatifs drastiques en general, et la gomme-gutte en particulier, ä la dose de 20 k 25 grammes en une seule fois, conslitue, chez ces animaux, un excellent moyen de triompher de cette redoutable affection. A l'appui de ce mode thé-rapeutique, M. Brusasco fournit sept observations de guérison qui paraissent concluantes et devront, dans tous les cas, engager a répéter des essais qui ont donné d'aussi favorables résultats.
raquo; Giornale di Medicina veterinaria, di Torino , 1837, p. 329.
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284nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÈCE BOVINE.
Article IV.
EXAMEN COMPARATIF DES DIVERS PROGËDÉS DE CASTRATION DU TAUREAU.
Tóus les procédés de castration qui oat été décrits jusqu'è pré­sent peuvent être appliqués sur Ie veau ou Ie taureau avec les raêmes chances relatives de réussite que sur Ie cheval. Aussi nous serait-il possible, a la rigueur, de renvoyer Texamen comparatif de ces procédés, pour ce qui concerne l'espèce bovine, ä ce que nous en avons dit précédemment louchant leur application aux solipëdes. Mais un tel mode d'appréciation s'éloignerait de la réa-lité pratique, les mêmes procédés n'étant pas également préférés dans l'une et dans l'autre espèce.
Ainsi, tandis que chez Ie cheval, la methode par les casseaux est la plus en usage, chez les grands ruminants, c'est Ie bistour-nage qui est Ie plus généralement préféré. L'avantage principal qu'on reconnatt ä cemode de castration, c'est de pouvoir être pra­tique partout, sans qu'on ait besoin d'abattre les animaux ni de préparer aucun appareil instrumental, qu'il pourrait être gênant de transporter avec soi dans les campagnes. En outre, le bistour-nage, se faisantsans plaie, met I'animal a l'abri de tous les acci­dents du traumatisme; il n'occasionne jamais la mort et n'est que fort rarement accompagné de suites réellement graves. Enfin, en conservant les bourses intactes, celles-ci deviennent plus tard un lieu d'électron oü se dépose la graisse, et constiluant ainsi un des points de maniement oü l'on juge le degré d'embonpoint de l'animal.
A cóté de ces avantages réels du bistournage, süffisant ä eux seuls pour justifier la faveur dont jouit ce procédé chez la grande majorilé des propriétaires, l'opinion publique lui en attribue depuis longtemps un autre, particulièrement apprécié dans les loealités oüle boeuf est soumis au travail: celui de conserver a l'animal plus de force et de vigueur que lorsqu'on l'opère par abla­tion totale du teslicule. Cette maniere de voir, que partagent quel-ques vélérinaires, est combattue par la majorité de ces derniers , lesquels soutiennent que le bistournage, du moment qu'il est bien
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EXAMEN COnPARATIF DES PROCÉDÉS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 285
execute, produit une emasculation complete, sous l'influence de laquelle l'animal perd toutes les facultés de son sexe, aussi bien que lorsqu'on a tout-ä-fait amputó les testicules; ajoutant que, si Ie bistoumage semble parfois produire des effels différents, cela tient uniquement ä ce que l'opération a été mal faite ou pratiques dans un ège avance, alors que les organes ont déja eu Ie temps d'imprimer leur cachet ä 1'économie, de la doler, d'une certaine énergie, que l'on attribuerait k tort, en consequence, au choix du mode opératoire.
Tout en reconnaissant ce qu'offre de rationnel cette doctrine, qui parait reposer sur la vérité physiologique, nous croyons cependant que Ton aurait tort de repousser, d'une maniere absolue, la doc­trine contraire, qui règne d'une maniere trop positive et trop géné­rale dans les pays d'élève, pour n'avoir pas quelque fondement. Le testicule du taureau bistourné, il est vrai, n'est guère autre chose qu'une trame fibreuse, oü l'on ne retrouve plus l'organi-sation normale de la glande spermatique; sa fonction essentielle s'est éteinte; mais il nest pas mortifié, sans quoi il tomberait en gangrene; il est simplement atrophié, et il continue de vivre. Or, en quoi serait-il contraire ä la raison d'admettre que le testicule, en eet état de demi-vitalité, puisse encore exercer sur l'organisme une certaine influence, proporliounée si l'on veut k cette faible vitalité, mais reelle pourlant. Ge n'est pas la faculté reproduc-trice elle-même, disons mieux, l'aptitude ä la secretion spermati­que, qui donne ä l'appareil générateur son pouvoir de reaction sur l'économie entière, e'est la presence de l'organe lui-même, et ce pouvoir s'exerce indépendamment du plus ou moins de perfection de sa structure. On en voit la preuve dans les animaux cryptor-chides, lesquels, bien que ne possédant que des testicules arrêtés dans leur développement et incapables, par cela même, de sócré-ter le fluide séminal, n'en acquièrent pas moins tous les attributs extérieurs de leur sexe.
Quoi qu'il en soit, danslespays oü l'on fait travailler les boeufs, la question, aux yeux des propriétaires, n'en est plus une, et suivant toute probabilité, on continuera, malgré toutes les raisons contraires, ä préférer le bistoumage ä 1'ablation des testicules, en vue de conserver a l'animal une plus grande énepgie,. De mêflae
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286nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPÊCE BOVINE.
que, dans les contrées oü l'on se livre ä la production des aniraaux de boucherie, on donnera toujours la preference aux procédés qui déterrainent une emasculation complete. Les engraisseurs, d'ail-leurs, sont si généralement convaincus de rinfluence persislante des testicules après Ie bistournage, qu'ils onl l'habitude, avant de soumettre les animaux ä l'engrais, d'enlever, par une operation fort simple et sans danger, ces glandes alrophiées, dont la pre­sence est un obstacle au facile dépót de la graisse dans les lissus.
En résumé, Ie bistournage, avantageux pour les taureaux qui doivenl être livrés au travail, est contre-indiqué chez les aniraaux exclusivement élevés pour la boucherie, et avec d'autanl plus de raisonque, souvent, l'opération est, sinon tout-ä-fait manquée, du moins exécutée d'une maniere imparfaite, ce qui fait que les animaux s'excitent encore en presence des femelles, s'engraissent mal, et ne donnent qu'une viande de médiocre qualité.
Le bistournage ne convient pas non plus dans les cas oü, la rigidité des parties par suite de 1'ège avance de 1'animal, l'existence d'adhérences anormales, ou toule autre circonstance, fait prévoir une operation longue, difficile, sinon impossible. En pareil cas, au lieu de fatiguer le sujet par des manipulations penibles, dou-loureuses, qui n'auraient, d'ailleurs, qu'un résultat insuffisant, mieux vaut recourir de suite ä un autre procédé, de plus facile execution et determinant une emasculation plus complete, et qui serait alors d'autant plus nécessaire que les animaux qui se pré-sentent en de telles conditions sont généralement des taureaux d'un äge avance, que l'on chälre pour les livrer, aussitót après, ä l'engrais d'abord, puis ä la boucherie.
Ajoutons que le bistournage, même dans les cas ordinaires, est toujours une operation difficile, exigeant un assez long apprentis-sage, et que tous les praticiens ne sont pas également en état d'exécuter. En ce cas, ils peuvent recourir au martelage, qui permet d'arriver beaucoup plus aisément au même résultat.
Le martelage, qui produit les raêraes effets que le bistournage , c'est-a-dire determine l'atrophie des testicules sans nécessiter aucune ouverture des bourses, peut être employé dans toutes les circonstance's spéciales qui réclament ce dernier procédé, et avec un égal succes. Bien que moins répandu que le bistournage, il
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EXAMEN COMPARATIF DES PROCÉDÉS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;287
a sur ce mode opératoire l'avanlage d'etre d'une application beau-coup plus générale, d'abord, parce qu'il est plus facile ä exécuter, n'exigeant pas de l'opérateur cetle longue pratique que reclame le bistournage; en second lieu, parce qu'on peut en faire usage, dans tous les cas, sur les animaux vieux, comme sur les jeunes, que le testicule soit sain ou malade, le cordon mou ou rigide, qu'il y ait ou non des adherences. Le seul inconvenient a reprocber ä ce procédé est d'exiger un appareil instrumental assez embar-rassaut; mais comme ces instruments peuvent se trouver partout, être confeclionnés sur place, il n'y a pas cependant de difficulté sérieuse a eet égard. Le martelage, en résumé, constitue done un procédé rationnel, aussi efficace que le bistournage, appelé ä le suppleer avanlageusement dans tous les cas oü une circonslaace quelconque rendra plus ou moins difficile ou impossible Texécution de ce dernier procédé.
La castration ä l'aiguille, qui donne le même résultat que le bistournage, ne parait pas destinée, bien que d'un manuel plus facile, a remplacer jamais, d'une maniere definitive, ce dernier mode opératoire, et cela, soit parce que, malgré sa simplicité apparente, il exige certaines connaissances anatomiques que ne possèdent pas habituellement les cbètreurs, ceux qui auraient le plus souvent occasion de le metlre en pratique; soit a cause des accidents qu'il entraine, en interrompant, d'une maniere plus com­plete que le bistournage, la circulation dans le testicule. Mais si la castration ä Taiguille ne devient jamais une methode générale, eile sera toujours un moyen avantageux pour acbever l'émascula-tion des taureaux bistournés d'une maniere incomplete, chez lesquels, par suite des adhérences anormales établies alors entre l'organe et les bourses, et qui out pour effet d'empêcher la mor­tification trop prompte de la glande spermatique, eile réussit mieux que sur les animaux qui n'ont encore subi aucune mani­pulation.
Quant aux procédés par afttofiore des testicules, ils conviennent surtout, avons-nous dit, pour les animaux de boucherie, dont ils rendent la viande meilleure et chez lesquels ils augmentent l'apti-tude a l'engraissement. Entre les uns et les autres, on peut cboisir indistinctement en prenant pour guide le plus ou moins de facilité
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pratique de la methode opéraloire, variable avec l'ège du sujet, avec l'aptitude propre de chaque operateur, ou les usages de la conlrée qu'on habite. Néanmoins, parmi ces procédés, il en est quelques-uns qui semblent jouir d'une preference plus générale, et auxquels on peut assignor une valeur pratique permetlant de les recommander d'une maniere plus spéciale. Teile est, par exemple, la methode par les casseaux appliques par-dessus les enveloppes, remarquable par sa simplicité, la grande généralité de son appli­cation, son efficacité complete dans tous les cas, son peu de danger, la promptitude de cicatrisation de la plaie qui reste quand se détache l'eschare. En seconde ligne peut être recommandée la castration par ligature, convenable surlout pour les aniraaux tres­jeunes, et pour les cas oü on aurait ä la fois un grand nombre d'animaux ä chètrer sans avoir a sa disposition des casseaux con-venables en nombre sufßsant.
Les autres procédés entrainant Tablation des testicules, bien moins en usage que les precedents, pourraient exceptionnellement les suppleer. Mais, comme ils n'offrenl pas d'avantages particuliers qui puissent auloriser a en recommander spécialement la mise en pratique, nous laissons aux praticiens Ie soin de faire entre eux Ie choix qui leur paraltra Ie plus convenable.
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CHAPITRE III. De la Castration dans les espèces ovine et caprine.
La castration, chez les petits ruminants, est praliquée, de même que dans I'espece bovine, depuis Tantiquite la plus reculée. Elle était en usage chez les Grecs et les Romains, qui ulilisaient, comme les nations modernes, ces espèces animales pour la con-sommation. Il parait, toutefois, que l'opération, dans l'espèce ovine, était, chez les Grecs, moins ordinaire que la castration du taureau, car il n'y avait point chez eux de nom particulier pour designer Ie bélier chätre, comme ils en avaient un pour Ie tau­reau qui avait subi ropération '. D'un autre cóté, il est a remar-quer qu'Aristote, qui mentionne la castration de la plupart des espèces domestiques, garde Ie silence sur la castration du bélier. C'est dans les agronomes latins qu'il en est pour la première fois question; dans Varron (II, 2), cjui indique l'age auquel il con-vientde la faire, et dans Columelle (VI, 5), lequel, d'aillcurs, se borne è dire que l'opération se pratique sur les agneaux comme sur les grands quadrupèdes.
Il faut arriver ensuite jusqu'a Olivier de Serres pour retrouver quelques indications touchant la castration des espèces ovine et caprine. Get auteur fixe l'äge convenable pour l'opération; puis, s'occupant du procédé, il dit que laquo; l'on peut tordre les testicules sans les óter, comme on Ie fait pour les taureaux. raquo; Cela signifie-rail-il que Ie bistournage, alors, pour les petites espèces au moins, n'était pas encore en usage ? C'est ce qu'on ne peut savoir. Il parle ensuite des agneaux cryptorchides, ou laquo;chalrés naturellement, raquo; comme il les appelle, et enfin il fixe les indications de la castra­tion du bouc. Après Olivier de Serres, la castration du bélier ne se trouve plus mentionnée que dans Daubenton, dont les préceptes
• Les Grecs nommaient tkuso; Ie taureau, et pos Ie boeuf, tandis qu'ils nora-niaicnt simpleraent Ie mouton : bélier chütré ou coupé, zptös to/uïc.;. (Voy. Atbénbe, Les Deïpnosoph., liv. IX.)
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290nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DANS l'eSPECE OVINE.
répétés par lous les auteurs qui l'ünt suivi, sonl encore aujourd'hui adoplés en theorie et en pratique.
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Indications. Age, époque convenables.
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Le but de la castration des petits ruminants est principalemenl de modifier en eux la qualité de la viande, en lui enlevant ce mau-vais gout, cette senteur forte et dósajiróable qu'elle possède natu-rellemenl, et qu'elle garde chez l'animal enlier, eten la rendant plus tendre, plus savoureuse; de disposer l'animal a prendre plus de graisse; de lui donner une laine plus fineet plusabondante; de le rendre enfin lui-même plus doux, plus aisé ä conduire. La cas­tration est utile encore dans la pratique du mélissage pour eloigner de la reproduction les agneaux qui ne doivent pas y concourir. G'est ainsi que Gilbert, en indiquant les nioyens ä employer pour conserver et propagcr en France la race mérine, recommandait de chlUrcr tous les métis des trois premières generations, a la quatrième seulemonl les caractères étant assez fixes pour que la transmission en fót assurée.
Chez lebouc, suivant Olivier de Serres, indépendamment des indications communes avec l'espèce ovine , la castration est encore utile pour enlever l'odeur caractérislique de eet animal, d'abord ä la chair, puis a la peau, chose surlout nécessaire quand cclle-ci est deslinée ä la conIVction des oulres dans lesquelles, comme cela se fait encore en certains pays, on transporte le vin ou les huiles. Enfin, le menon ou bouc chatre, devenu gras ou pesant, est plus apte a conduire les troupeaux de chevres que le bouc entier.
L'age auquel il convient de chatrer les agneaux a étó diverse-menl fixé. Varren indique l'äge de cinq mois. Olivier de Serres, après avoir dit que l'on peut faire l'opération ä toutège, mais que le plus löl est le meilleur pour mieux gt;lt; affranchir la chair, raquo; ajoute, par une inconsequence qui ne s'explique guère, que l'on doit atlendre le quinzième ou seizième mois, les testicules avant cette époque étant trop petits.
Les auteurs modernes s'aecordent tous, depuis Daubenton, k fixer ITigede huit ä quin/.e jours comme preferable. A Ia rigueur, on pourrail chätrer l'agneau des que les testicules sont descendus
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MODES OPÉRAT01RES DIVERS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;291
dans les bourses, ee qui a lieu genéralement au moment de la naissance; mais avant de l'opérer, il faut laisser l'animal prendre un peu de force. Quelquefois on diffère, peur les agneaux comme pour les chevreaux, jusqu'au cinquième ou au sixième mois; cela ne doit avoir lieu qu'exceptionnelleraent, car plus tól l'opération est faile, mieux cela vaut pour la qualité de la chair, et moins l'animal est exposé aux accidents qui peuvent suivre ropéralion.
Outre les agneaux, on chiUre encore les bcliers et les boucs qui ont servi pour ia monte, quand ils ont atleint l'Age de trois, qua-tre ou cinq ans; il n'y a pas de regle alors pour la fixation du moment favorable, les animaux devant êlre opérés des qu'ils sent hors d'usage.
On choisit, comme toujours, pour faire cette operation, un temps favorable et une saison de moyenne temperature, l'excès de chaleur prédisposant a la gangrene, et Ie froid nuisant ä la cica­trisation de la plaie. On opère genéralement les béliers au prin-temps, avant ou après la première tonte.
Lorsqu'on a un nombreux troupeau ä opérer, il est utile de diviser la bergerie en deux parties, permeltant de séparer les animaux opérés de ceux qui ne Ie sent pas encore; avec Ie nombre d'aides convenable, l'opération alors marche assez rapidement.
$ 2. — Modes divers de castration en usage chez les petits ruminant*.
Les procédés de castration usités chez les petits ruminants sont différents, suivant que l'on opère sur des agneaux ou sur des béliers plus ou moins avances en Age. Chez les premiers , les pro­cédés habituellement mis en pratique sont l'excision simple du testicule et Varrachement seul ou combine avec la torsion. Chez les béliers, les methodes en usage sont ie histournageel Ie fowtlage. On pourrait encore pratiquer la castration che^ ces animaux par d'autres moyens : par Ie feu, procédé appliqué en \ngleterre, et a peu prés de la même maniere que chez Ie cheval; par Ie mnr-telnge, essayé avec succes è l'Ecoie vétérinaire de Lyon, oü l'on a remarqné, toutefois, que Ie développement de la gangrene est ä craindre si l'on donne les coups de marleau avec trop de
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CASTRATION DANS LBSPÈGE OVISE.
force, etc.1. Mais ces procédés, déja connus d'ailleurs par les descriptions qui precedent, n'ont pas encore recu, dans leur appli­cation chez les petits ruminants, une consecration pratique süffi­sante pour que nous ayons a nous y arrêter davanlage.
1nbsp;o Excision simple. — L'excision simple est un des procé­dés les plus anciennement mis en usage pour la castration des agneaux. Elle est indiquée par les agronomes latins, qui recomman-dent, lorsqu'on la meten pratique, d'exciser, afin d'éviter l'effu-sion de sang, dans la substance mème du testicule, de maniere a laisser une partie de l'organc a l'extrémité du cordon. Ce mode d'opérer, que ses inconvénients ont depuis longtemps fait aban­donner, montre, par le danger mème qu'il a pour but d'éviter, que l'opération devait être usitée non-seulement sur les jeunes agneaux, mais encore sur les animaux d'un age plus avance. Actuel-lement l'excision, teile qu'on la pratique, c'est-a-dire par section du cordon testiculaire, est applicable seulement chez l'agneau, attendu que sur le bélier, comme 1'a établi depuis longtemps une experience de Gohier 2, eile pourrait être suivie d'une hémorrha-gie grave, capable d'entrainer, sinon la mort du sujet, au moins de sérieux accidents.
Pour faire cette operation, le jeune animal doit être assujéti sur le dos par un aide qui ramene en avant les deux membres posté­rieurs, de maniere ä mettre a découvert la region testiculaire. L'aide peut être debout; il tient alors le dos de l'agneau appliqué centre son ventre et sa poitrine, la tête en haut, et il le présente ä l'opérateur en tenant d'une main les qualre membres réunis par les canons appliqués parallèlement les uns auxautres, les posté­rieurs dans une direction opposée ä celle des antérieurs. Ou bien encore l'aide peut être assis et avoir l'agneau sur ses genoux, en laissant, de la même maniere, les bourses ä découvert. Enfin, l'opérateur peut lui-même prendre l'agneau sur ses genoux, tandis qu'un aide tient d'une main les quatre jambes, et de l'autre appuie sur le ventre de l'animal pour lempêcher de remuer.
De quelque maniere que l'agneau ait été place, quand on opère
i Journ. de Mécl. vet., de Lyon, 18öl, p. 493.
2nbsp; ,1/em. et Observ. sur la Chir. et la Méd. vét., 1816, t. II, p. 36.
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ARRACHEMEST. TORSION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;293
sur un Ires-jeune sujet, on pratique au fond des bourses une seule incision. Pour cela, on saisit entre deux doigts Ie fond du scrotum, et on l'excise d'un seul coup par une incision horizon­tale; ou bien, saisissant Ie sac scrotal pres de l'abdomen, et pres­sant de maniere a faire tendre Ie scrotum par les testicules, on pratique une incision transversale commune aux deux bourses, et comprenant toute l'épaisseur des enveloppes. Dans l'un et l'autre cas, les testicules mis ä nu s'échappent aussitót a travers l'ouverture faite par l'instrument, et on les enlève en coupant les cordons. Quand les animaux sont plus ages, out alteint 5 ä 6 mois, au lieu d'une seule incision pour extraire les deux testicules, on fait habituellementune incision pour chacun de ces organes, qu'on excise ainsi l'un après l'autre. Le premier de ces deux procédés est ce qu'on norame chdtrer en agneau; le second se dit chdtrer en veau.
L'opération terminée , on ferme l'ouverture en pressant douce-ment avec les doigts les bords de la plaie; on n'y applique aucun topique, et la cicatrisation ne tarde pas ä s'opérer sans autres soins ultérieurs. On tient seulement les agneaux au repos pendant deux ou trois jours, après quoi on les rend ä leur vie habituelle.
2deg; Arraclieincnt, torsion. — L'arrachement se pratique dans les mêmes circonstances que l'excision. Le sujet est fixé de la même maniere , et l'incision des bourses est faite de même, simple ou double, suivant l'^ge du sujet. Seulement, quand le testicule est sorti des enveloppes, au lieu de l'exciser, on l'arrache d'une main, pendant que de l'autre on tient les bourses et les cordons presses centre le ventre. Quelquefois , après avoir fait sortir le testicule, on tord le cordon, ce qui rend l'arrachement plus facile, et expose moins ä des déchirures intérieures. Les bergers ehätreurs fontcette operation d'une autre maniere : ils saisissentle testicule avec les dents, et appliquant leurs deux mains de chaque cóté du cordon, ils retiennent celui-ci pendant que, relevant brusquement la tête, ils le distendent et en opèrent la rupture. Ce procédé vicieux et peu chirurgical ne saurait être recommandé; mieux vaut se servir de pinces semblables ä celles avec lesquelles on pratique la torsion chez le cheval, ou nièrae n'agir qu'avec les mains , qui suffisent pour opérer sans tiraillements, en cette oir-
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294nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DANS L'ESPfeCE OVINE.
Constance, la torsion et la rupture du cordon testiculaire. Après rarrachcraenl, la plaie n'exige pas d'autres soins que lorsqu'on a op^ré par excision simple, et Tanimal se remet avec la même facililé.
3deg; Bistournage. — La pratique du bistournage chez les petits ruminants a la même origine que chez les mMes de l'espèce bovine ; nous n'avons pas a revenir , par conséquent, sur l'histo-rique de cotle operation. Nous rappellerons seulement que Olivier de Serres est Ie premier auteur qui en fasse mention en ces termes: laquo; Ala mode des taureaux chastre-on communémcnlles aigneaux, laquo; c'est en leur estordant les tjénitoires sans les leur oster '. raquo; Il ajoule quel'opération se faisant sans incision, leur cause moins de mal et est plus tót guérie; et enfin qu'il faut altendre que les agneaux aient atteint leur 15e ou I6e mois, les teslicules, avant cel eige, étant difficiles a distinguer. Après Olivier de Serres, les seuls auteurs qui parlent du bislournage appliqué au bélier sont Daubenton et Tessier, et encore ne donnent-ilsqu'uneidée fortsom-mairedel'opéralion. Us se bornenl a dire que, après avoir saisi les bourses au-dessus du lesticule, on les tord assez fortement pour suspendre leurs fonctions: après quoi on les fait remonter jusqu'au ventre, et on applique au-dessous une ligalurequ'onlaisse troisou qualre jours , pour les empêcher de redescendre. Les auteurs plus modernes ne sont guère plus explicites; ils se conlententgénérale-ment de menlionner l'opération , el renvoient, pour la description du procédé opéraloire, a 1'operation qui se pratique chez Ie tau-reau.
Le bislournage est pratique dans un assez grand nombre de loca-lités, principalement dans les déparlements de l'ouest, du centre et du midi de la France, en Espagne, dans quelques conlrées de rAilemagne el en Russie. On Ie préféré aux autres procédés, parce que, n'exigeant aucune plaie, il semble offrir moins de danger, quant aux suites de I'operation. Toutefois, si l'on considère Ie but k atteindre, nolamment chez le moulon , principalement destine a la boucherie, il est permis de contester I'avanlage de ce mode opé­raloire. Déja Tessier assurait que les boeufs et les moutons bistour-
gt; Oliv, de Serres , Théamp;tre d'Agricult., IV' lieu, chap. 13. Paris, 1600.
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BISTOURÏUGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;295
nes ont la chair moins delicate que ceux qui ont été chrUrós par ampulalion des teslicules. Et cette observation a óte maintes (bis confirmee; ainsi les bouchers disent que Ie bislournage laisse a la viande des moulons un gout désagréable qu'elle n'a pas quand oa les a opérés par excision des teslicules. On a rcmarquó aussi qu'après ie bislournage , les moutons restenl plus grands el moins aptes a l'engraissement qu'après ['excision. Ces fails, bien élablis, devraienl contribuer beaucoup , ce nous semble, a reslreindre la pratique du bislournage chez los animaux de 1'espèce ovine.
Envisagée en elle-rn^mo, l'opération convient principalementsur les bellers et les boucs qui n'ont pas élé chiitrés dans les premiers rnoisde leur naissance, etdont les teslicules ontalteint un certain développement, parliculièrement chez les bóliers d'un an et au-delä. Quelquefois on bislourne les agneaux de l'année, soit avant l'hiver, soit, Ie plus souvent, au printemps, peu de temps avant ou après la première tonte. Sur les bóliers qui ont fait la saillie, Daubcnton recommande d'opérer trois mois avant de les tuer. Quand les bóliers sont trop vieux , les adhcrences rendent Ie bis­lournage plus difficile, quekjuefois impossible; il faut nécessaire-ment alors avoir recours ä un aulre procédé.
Pour pratiquer l'opéralion, l'animal doil êlre fixé sur Ie dos. A eet effet, un aide, se placant ä sa gauche, Ie saisit de la main gauche par la laine du cou, de la main droile par la laine du flanc, et il Ie renverse. 11 peut encore Ie renverser en Ie saisissant par les jambes de devant. Cela fait, s'asseyant a terre, sur une botte de paille ou sur une chaise, il tionl entre ses jambes l'animal ren­verse , la t^te el l'encolure, un peu relevées, appuyées centre sa poilrine et son venire. Dans celte position, l'aide lient les mem­bres du bélier de maniere a fixer dans chaque main les membres d'un mAme cóté ; ou bien , il se borne ä saisir les membres anlé-rieurs qu'il retient de chaque cóté, qu'il peut m^me faire passer sous les cornes, pendant que l'opéraleur, faisant face au ventre du sujet, élend en arrière et écarté les membres postérieurs de ce dernier, sur lesquels, pour les maintenir dans celte position, il appuie ensuite la pointe despieds.
Quant au manual de l'opération, il est Ie même que pour Ie lau-reau, avec la difference, vu la position inverse de l'animal, que la
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296nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DANS l'eSPÈCE OVINE.
culbute du testicule et la torsion du cordon se font dans un sens oppose. Ainsi, pour renverser le testicule, Ie pouce de la main gauche est appliqué sur la partie antérieure du cordon, l'index et le médius sur la face postérieure; le cordon est tiré en arrière par la main droite, et la culbute a lieu en avant, de maniere que , lorsque le testicule est renversé, le cordon se trouve postérieur a eet organe. La torsion s'opère de dedans en dehors et d'avant en arrière , contrairement a ce que 1'on fait chez le taureau, et l'on fait faire au cordon un plus grand nombre de tours que dans cette dernière espèce, quatre ou cinq, quelquefois davantage, suivant que le cordon offre une plus ou moins grande laxité. La torsion terminée, le cordon reste en avant du testicule, oü on le maintient en appliquant la ligature.
Indépendamment de ces modifications générales , le bistournage du mouton reclame encore quelques precautions particulières. Ainsi, les testicules , chez le bélier , se trouvant très-enfoncés dans l'aine, il faut, pour pouvoir opérer commodément la torsion, saisir les cordons le plus haut possible, et tordre court, pres de l'épididyrae, en ne faisant basculer le testicule que jusqu'ä ce qu'il forme a peu pres un angle droit avec le cordon. Chez les agneaux, il faut faire la torsion plus longue , sans quoi on serait exposé a ' ne tordre que la substance testiculaire qui offre peu de resistance, et l'opération serait manquée. On doit encore avoir soin chez ces jeunes animaux, en faisant Ia torsion , de ne pas trop pousser sur les testicules, car ils rentreraient dans l'anneau inguinal et on ne pourrait plus les faire mouvoir autour du cordon.
Ainsi que le remarque M. Coculet 1, a mesure que le testicule tourne dans scs enveloppes, le cordon testiculaire se corde, se durcit, et l'on sent, ä son point de flexion, une nodosilé indi-quant, lorsqu'elle est grosse , superficielle, que l'opération est bien faite, quelque soit, d'ailleurs, le nombre de tours faits. Quand la torsion est longue , la nodosité est plus profonde, allongée et melasse. On peut la durcir en multipliant les tours, ou en rele­vant davantage le testicule contre le cordon, pour limiter l'étendue de la torsion. Dans ce cas, si le cordon est tres-läche, il peut se
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Jmirn. des Vétér. du Midi, 1PJ57, p. 27:!.
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FOUETTAGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 297
former deux noeuds, Tun profond, provenant de la torsion longue, l'autre superficiel, produit par la torsion bornée.
La torsion achevée, les testicules sont repoussés vers l'aine, et on met la ligature. Celle-ci a une longueur de 40 ä 50 centimetres ; on l'applique Ie plus haut possible. Pour la fixer, on en maintienl une exlrémlté aveclepouce etl'indexd'une main, pendant qu'avec l'autre main on la contourne autour des bourses. On la laisse en place 24 heures, temps süffisant pour que se manifeste l'engorge-ment inflammatoire qui retient le cordon et empêche sa détorsion.
Les phénomènes externes et internes se succèdent ensuite exac-tement comme chez le boeuf, et l'animal guérit sans exiger aucun soin particulier.
4deg; Fouettage. — Sous le nom de fouettage ou billonnage, on désigne un mode de castration consistant dans l'application ä l'extérieur des bourses, d'un lien constricteur fortement serre , et dont l'application est suivie de la mortification complete des testi­cules et du sac scrolal. Son nom vient de ce qu'on fait habituelle-ment usage, comme lien, de ficelle de fouet; pomme l'emploi de petits billots pour opérer la constriction des enveloppes, explique le mot billonnage. Gelte operation est fort anciennement usilée; on en trouve l'origine dans le procédé indiqué par les auteurs latins et consistant a comprimer le sac scrotal entre les deux branches d'une baguette fendue. Par l'un et l'autre procédés, en effet, de même que par l'application des casseaux sur le scrotum, en usage chez le taureau, on arrive toujours ä ce même résultat: la mortifica­tion et la chute des testicules et de leurs enveloppes. Mais on ignore a quelle époque on a commence a faire usage de la ficelle pour étreindre le scrotum. Boutrolle 1 parle le premier de ce pro­cédé, qu'il indique comme étant généralement suivi alors pour chètrer les béliers qui ont fait la monte et qu'il n'est plus temps d'opérer comme agneaux. Depuis il a continue d'etre mis en usage, principalement en France et dans les grandes bergeries de l'Allemagne. Dans quelques départements, les cMtreurs l'appliquent au taureau.
Ce mode de castration, facile a exécuter, convient surtout pour
i Le Parfait Bouvier. Varia. ITtiO,
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298nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DANS l'eSPÈCE OVINE.
les vieux béliers , dont les testicules volumineux ne se prêtent que difncilement au bistournnge. Quelques vélórinnires Ie preferent rn^rae , dans tous les cas, comme plus sür, plus fncile a exéculer que cette dernière opéraliou. Mais, d'un aulrecólé, oq Ie considcre comme pouvanl èlre plus souvent suivi cTaccidenls.
On peut faire Fopération en lout temps et sans preparation. II est mieux, toulefois, lie choisir pourcela les mois de mars el d'oc-tobre; d'opérer Ie malin, sur l'aniiual a jeün, et de s'assurer enfin qu'il n'a pas le corps mouillé.
Avant de procéder ä 1'opération, il faut préparer le lien qui dolt exercer la constriction. Sa grossenr n'ost pas indifférente; trop fin, il peut se casser , ou determiner la prompte section des organes; trop fort, il ne serre pas assez. La ficelle de fouet ordinaire, formée d'un fil tors, convient peu; eile est trop fine, trop serrée el peut couper. 11 faut une corde lisse, coulante, graissée au besoin, Irès-solide, ayant une grosseur double ä peu pres de celle de la ficelle de fouet, et falle expres pour cette operation. On en prend une longueur de 70 a 80 centimetres, et on attache a chaque cxtrcraité un Mlonnet long de 12 a 15 centimetres sur 4 centimetres de cir-conférence.
On assujétitensuite le bélier. A cet effet, on commence par le renverser suruneliticre; puis on lui lie les qnatre jambes de ma­niere ä ce que celles do derrière soient rapprochécs le plus possible de celles de devanl, sans que cependant il en résulte une trop grande gêne pour la respiration. Cela fait, un aide maintient I'ani-mal couché sur le dos, en se placant lui-tnême assis a terre, en avant du sujet, qu'il serre entre ses jambes en appuyant contre son ventre la tête de celui-ci.
Alors l'opérateur arrache avec ses doigts la laine qui recouvre le scrotum au niveau et au-dessous du point ou doit ètre appliqué le lien, ce qui vaut mieux que de la couper avec desciseaux. Pji's ayant fait a la corde préparée un noeud de saignée, il enlace les bourses au-dessus des testicules après avoir eu soin de remonter la peau du scrotum, le plus pres possible de l'abdomen, de maniere a ne laisser au-dessous du Hen que l'étendue d'enveloppes néces­saire pour recouvrir les organes.
Le sac scrolal passé dans le noeud, l'opérateur confie 1'un des
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ACCIDENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;299
bätonnets de la corde a un aide place en face de lui, de l'autre cólé du sujet, saisit l'autre bAtonnet, et tous les deux, s'arc-boulant pied conlre pied pour accroitre leur force , tirent simulla-némenl et en sens inverse sur les bfitonnets saisis ä pleine main. La constriction du sac scrotal doit ^tre opérée d'une maniere lente, graduée, jusqu'au point nécesssaire pour suspendre la circulation dans les lesticules et leurs enveloppes, sans cependant pénétrer dans la peau. 11 n'y a pas de caractère précis indiquanl le moment oü il faut s'arnHer; c'est l'habitude qui apprend a connailre jus-qu'oü il faut aller pour ne pas opérer une section complete. Il arrive parfois, quand on opère la traction, que la ficelle casse. Il faut, en ce cas, en avoir une seconde toule prête que Ton appli­que de la mfane maniere et sans óter la première.
Quand le Hen est serre au degré voulu, on 1c rclient par un noeud simple que l'on arrète en le doublant; on coupe les deux bouts de la corde a 4 centimetres environ du nceud d'arrêt, et l'opéralion est terminée. On délie l'animal, on fait sorlir la verge de son four-reau, on met le bóliersur ses pieds, el on l'abandonne 'a lui-m^me. Souvent, alors, on le voit se seconer; aux yeux des bergers, cela annonce que l'opération a élé bien faite.
Au boul de raquo;rois jours, quelquefois da vantage, on ampule, ä 3 centimetres au-dessous du lien , les testicules et leurs envelop­pes , qui se trouvent alors clans un état de mortificalion avance. Ce qui reste est détaché par rinflammation éliminatrice; et après la chute des parties morlifiées, la cicatrisation delaplaie s'effeclue promptement.
On pourrait substituer au lien constricteur un casseau ordi­naire qu'on appliqucrait, comme chez le taureau, sur les enve­loppes. Le résullat serail absolument le mêuie.
$3. — Accidents pouvant survenir après la castration chez le beller.
Les accidents conséculifs 'a la castration sent très-peu nombreux chez les petits ruminants. Nous citerons d'abord Vengorgement gangréneux, qui peul se manifester a la suite du fouettage lors-que la ligature élant imparfaitement serrée, il reste, entre la masse scrolale et les parlies supérieures, quelques communica-
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300nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DANS l'eSPÈCE OVINE.
üons vasculaires qui, bien qu'impropres ä entretenir la vie, suf-fisent néanmoins pour provoquer Ie développement de l'état inflammatoire. On remédié aisément ä cette complication, en opérant une constriction plus complete avec la ligature.
Un autre accident, assez commun chez les animaux de 1'espèce ovine qui ent subi la castration, est Ie tétanos, qui se montre chez l'agueau comme chez Ie bélier, principalement chez les individus les plus vigoureux. La maladie, dans ce cas, est ordinairement la consequence, non pas de rinflammation consecutive, comme il arrive chez les grands quadrupèdes, mais bien de la secousse nerveuse éprouvée par l'animal au moment de 1'opération. Ainsi, quand Ie tétanos doit apparaitre, l'animal, pendant l'opération, tombe dans un état convulsif ou de contraction; en se relevant, il a les mächoires serrées, et bientót après on voit survenir Ie tétanos, a un moment plus ou moins rapproché de l'opération, et toujours avant que rinflammation se soit déclarée. La maladie, qui apparait ainsi, est presque toujours mortelle. On recommande, pour l'éviter, des que l'animal est relevé, de lui passer un doigt dans la bouche, de Ie faire machonner un peu, de lui desserrer les mächoires, de maniere a s'opposer au trismus, point de depart ordinaire de la maladie, que 1'on croit arrêter ainsi dans son prin­cipe.
La tremblante, maladie nerveuse, très-commune sur les jeunes agneaux, est quelquefois la consequence de la castration, notam-ment, suivant M. Charlier, quand on pratique l'arrachement des testicules avec les dents. Une medication tonique et antispasmodi-que, une meilleure nourriture, sont les moyens connus de triom-pher de cette affection, assez souvent mortelle.
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CHAP1TRE IV.
Castration dans 1'espèce porcine.
La castration des males de l'espèce porcine date, comme celle des autres animaux domestiques, de l'antiquité. II semble toute-tbis résulter d'un texte d'Aristote que cette operation n'était pas en usage chez les Grecs. laquo; Ce qui fait, dit eet auteur, qu'il y a des sangliers chêtres, e'est que, étant jeunes, ils ont des déman-geaisons aux testicules, se grattenl coulrc les arbres, et détruisent ainsi les organes de la generation {Hist, des anim., VI, 28). raquo; Chez les Romains, au contraire, la castration des pores était fort répandue. Elle est mentionnée dans Varren, qui nous apprend que ropération était pratiquée de six mois ä un an, et que les animaux qui l'avaient subie s'appelaient maiales, du nom de la déesse Maïa, è laquelle on sacrifiait des pores ctótrés. Columelle en parle également et avec plus de détails; il fixe l'ège auquel il convient de chätrer les verrats qui ont servi a la reproduction, et fait connaitre Ie mode opératoire. A son tour, Olivier de Serres (IV, 1b) parle de cette operation, en fixe les indications, indique Tage favorable pour la pratiquer, ainsi que Ie manuel de l'opéra-tion. De nos jours, Viborg a le premier décrit ce manuel avec les détails nécessaires, et fait connaitre les divers procédés en usage. Les auteurs qui l'ont suivi n'onl presque rien ajouté aux descrip­tions de l'auteur danois.
$ Ier. — Indications. Age favorable. Disposition anatomique des parties.
Chez le pore, animal de produit, exclusivement destine ä Mi-mentation de l'homme, auquel il fournit sa chair et ses debris, la castration a pour but essentiel d'accroltre son aptitude nutritive, ses facultés assimilatrices, de le mettre ainsi en état d'utiliser le plus complétement possible les substances dont il se nourrit, et en même temps d'accélérer son engraissement. L'opération, dans ce dernier cas, est d'autant plus nécessaire que la propension extreme
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302nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DANS l'eSPÈCE PORCINE.
de ces animaux a la reproduction lesempêche de prendre graisse, même quand on les tient renfermés sous le toil. Chez ceux qu'on laisse reunis avec les autres, l'operalion est plus utile encore, car alors ilsse multiplieraient quand même, malgré les efforts du pro-priélaire, et ne pourraient jamais arriver au degré d'erabonpoint exigé pour la consummation. Dans tons les cas, enfin, la castra­tion du pore est utile pour adoucir le caractere nalurellement féroce de cel animal.
L'äge auquel il convient de chätrer les pores varie suivant les circonstances. Olivier de Serres pretend que plus on relarde l'opération, plus les animaux grandissent, mais plus aussi les suites en sonl a redouter, outre que, dans ce cas, les animaux donnent une chair dure et de mauvais gout; que le mieux. quand on tient surtout a la qualilé de la chair, est d'opérer dans le pre­mier inois de la vie. Ces principes n'ont pas cessé d'etre vrais. De nosjours, on a généralemenl I'liabilude de chAtrer les jeunes pores ou goreis ä lage de six semaines a deux mois. Cependant, d'après Viborg, quand on peut atlomdre, pour faire l'opération , jusqu'a six mois. sans avoir a craindre que les animaux s'accou-plent, le lard qu'ils donnent est plus charnu. On chfUre encore les pores qui ont servi a la reproduclion ou verrats; pour ceux-la, il faut nécessairement attt-ndre qu'ils aiont atieml un fige plus avance. C'est vers deux ans et demi a trois ans qu'ii convient alors de pra-tiquer 1'opéralioD; quelquefois on diffère jusqu'a quatre ans et même davantage, s'il s'agit d'un animal de choix dont on altend des produits de valeur. En ce cas, il est vrai, le porc ne fournit ä l'abaltage qu'une chair dure, coriace, et de qualité d'autant plus inférieure qu'on a altendu plus longtemps. Mais celte perte est légere en comparaison des bénéfices realises par la vente des pro­duits.
Quant a 'a disposition anatomique de la region testiculaire, bien qu'essentiellement la même que chez les autres animaux, eile diffère cependant, en quelques points, dans l'espèce porcine, de la disposition affectée par ces mêmes parlies chez les herbivores. Ainsi 1'appareil testiculaire, au lieu d'occuper la region inguiiiale, se trouve situé en arrière du bassin , au-dessous de l'anus. En outre, les teslicules, beaucoup moins detaches, sonl comme serres
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EXCISION. TORSION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 303
dans leurs enveloppes, moins amples et moins sonples. La masse scrotnle, en un mot, au lieu d'etre psndanle, forme une sorle de tumeur sessile, arrondie, allongée verlicalement, pour ainsi dire plaquée sur la region périnéale.
$ 2. — Modes divers de castration en usage dans I'espece porcine.
Les procédés en usagepouropérerla castration du pore variant suivant l'ège auquel on fait l'opération. Les gorels sont chatrés par Xexcision, seule ou complétée par la torsion; les animaux plus Agés, les verrats, sont opérés par ligature et par les cas-seaux. Indépendamment de ces procédés principaux, on peut encore mellre en usage sur les pores les autres modes opéraloires usités chez Ie cheval: Ie ratissage, par exemple, essayé plusieurs fois sur des gorcts de trois ou quatre mois, par F. de Feugré; Ie fiu, etc. Mais ces moyens n'ont pas encore recu d'applications pratiques süffisantes pour qu'ii soit ulile iei de nous y arrêter.
1deg; Exeiüion. Torsion. Arracliement. — L'excision simple du teslicule, mode de castration parfaitement applicable aux gorels de un a deux mois, est Ie procédé Ie plus ancienne-ment et Ie plus généralement en usage chez ces jeunes animaux. Déja décrit par Columelle, lequel recommande, pour extraire les testicules, de faire deux overtures chez les animaux les plus forls, et une seule chez les plus jeunes, puis de les amputer avec Ie fer; rappelé ensuile par Olivier de Serres , qui n'indique mème que ce procédé, se bornant a dire, ä propos de la castration des cochons, que l'on opère ces aniraaux par incision, laquo; en leur ótant les testicules; raquo; ce mode opératoire est encore aujourd'hui ä peu pres Ie seul en usage chez les Irès-jeunes pores. raquo;
Pour Ie mettre en pratique, on couche Ie sujet sur Ie cólé gau­che; un aide tient et porte en avant Ie membre postérieur droil; l'opérateur alors commence par faire sur Ie testicule gauche une incision longitudinale qui comprend loute l'épaisseur des envelop­pes, et par laquelle il fait sorlir l'organe en pressant légèrement; il tord deux ou trois fois Ie cordon, Ie coupe avec l'instrument trenchant; répète la mème operation sur Ie testicule droit, et fait relever l'animal.
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L'excision ainsi pratiquée pourrait, passé Tage de six semaines ä deux naois, donner lieu ä une hemorrhagie. On prévienl eet accident en arrachant ou tordant Ie testicule au lieu de l'exciser. Il est des chètreurs qui font celte operation sur des animaux plus äges, sur des verrats de deux ou trois ans. Les uns arrachent tout simplement les testicules; d'autres se bornent ä rompre Ie cordon sans exercer de traction violente; ä eet effet, ils pincent Ie cordon, Ie soutiennent du cóté de l'anneau avec Ie pouce et 1'index gauches, pendant que de la main droite, ils tordent l'or-gane, en tirant doucement, jusqu'ä ce qu'il se déchire. Dans ce cas, au lieu des mains seules , on peut faire usage de pinces analogues ä celles qui ont été décrites pour la torsion du cheval, et l'opéra-tion, dès-lors, se fait exactement de la mêrae maniere.
2deg; Ligature. — Le castration par ligature convient particu-lièrement sur les animaux un peu äges, d'une certaine stature, chez lesquels l'hémorrhagie serail ä craindre, si l'on se bornait a la simple excision. Elle commence ä ötre utile des que l'animal opéré atteint Tage de six mois; eile peut être ensuite mise en pra­tique tout le reste de la vie.
On assujétit l'animal, quand il est jeune, comme lorsqu'on veut chAtrer par excision et torsion.'Mais si le verrat est fort et capable de mordro, il faut le coucher a terre, sur le cóté gauche, le mu­seier assez fortement pour l'empêcher de crier, de blesser et de mordre personne. Un aide mainlient solidement la tète, tandis qu'un second aide porte les deux membres postérieurs en avant et les écarté l'un de l'autre, afin de mettre plus a découvert la re­gion testiculaire.
L'opéralion se fait, comme chez le cheval, par Fun des procédés de ligature plus haut décrits. Viborg conseille de lier seulement les vaisseaux testiculaires; ä eet effet, dit-il, après avoir mis le testicule a nu, on traverse le cordon avec une aiguille munie d'un fil, on serre ensuite fortement ce fil sur les vaisseaux, et on l'ar-rête par un double noeud.
Ce procédé convient quand le cordon est fort. Mais le plus sou­vent on comprend dans la ligature le cordon entier. Avec une corde de fouet ou une forte ficelle , on prepare d'avance le noeud de la saignée (v. fig. 28), on y engage le testicule mis ä nu, on remonte
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OPERATION PAR LES CASSEAÜX.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 305
Ie noeud sur Ie cordon, et on serre aussi fortement que possible, en ayant soin cependant de ne pas aller jusqu'ä la section de cette partie. On procédé de même pour l'autre testicule, et l'opé-ration est terminée.
On peut alors abandonner l'animal ä lui-même. La mortifica­tion s'empare des testicules, et, après que la suppuration les a fait tomber en mAme temps que les ligatures, les plaies se cicatrisent. Il y a de l'inconvénient, toutefois, a attendre que les parties, com-plétement désorganisées, tombent d'elles-mêmes; mieux vaut, au bout de vingt-quatre heures environ, exciser les portions d'organes mortifiées au-dessous du lien, et, plus tard, couper celui-ci; la suppuration, suivie d'un léger engorgement, s'empare des parties, et la guérison s'achève ensuite sans difficulté.
3deg; Operation par les casseaux. — L'emploi des cas-seaux pour la castration des verrats se trouve indiqué ä peu prés dans les mêmes cas que la ligature. Toutefois, leur application est preferable pour les animaux d'une certaine force, pour les verrats qui ont servi comme reproducteurs et chez lesquels les testicules atteignent, parfois, Ie même volume que chez Ie cheval.
L'opération se fait comme chez ce dernier animal, si ce n'est que les casseaux employés sont moins forts. Ceux-ci ont 6 a 8 cen­timetres de longueur, sur 1,5 ä 2,5 centimetres de largeur, sui-vant les individus. L'animal est fixe sur Ie sol comme lorsqu'on veut pratiquer la ligature ; ou bien encore, après lui avoir forte­ment lie le groin, un homme debout Ie tient entre ses jambes. L'opérateur alors saisit un des testicules de la main gauche, et d'un coup de bistouri incise verticalement le scrotum ; le testicule sort: il le tire un peu vers le haut de l'ouverture, et place un des casseaux, de haut en bas, sur le cordon. Après avoir lie le cas-seau, avec une ficelle, a sa partie inférieure, il coupe le testicule, en laissant une partie de l'épididyme pour retenir I'appareil: on procédé de même pour l'autre testicule, et au bout de vingt-quatre heures, on peut enlever les casseaux. La cicatrisation s'achève avec plus de facilité encore que lorsqu'on a fait la cas­tration par ligature.
Après l'opération, l'animal n'exige pas de soins particuliers. La diète pour le reste de la journée, le maintien au régime pendant
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les quelques jours qui suivent, suffisent ordinairement, et sont d'autant moins nécessaires, d'ailleurs, que Ie sujet est plus jeune. Sur la plaie, qui ne donne lieu qu'ä un faible engorgement et ä une suppuration peu abondante, il n'y a aucune application ä faire. Quand les casseaux sont tombes, la cicatrisation commence et s'achève d'elle-même sans qu'on ait ordinairement ä redouter aucune suite fècheuse.
$ 3. — Complications et accidents de la castration chez Ie porc.
Les complications et les accidents viennent très-rarement ajouter au danger de la castration chez les animaux mäles de l'espèce porcine. M. Festal a seul, jusqu'a présent, parlé de la possibilité de ces circonstances aggravantes, et les signale comme il suil •:
Les complications, d'après eet auteur, sont les hernies et l'hy-drocèle, que Ton observe principalement chez les gorels.
La hernie, intestinale ou épiploïque, peut exister d'un seul cóté ou des deux a la fois. La hernie intestinale se montre sous forme d'une tumeur de volume variable, indolente, piUeuse, laissant entendre quelques borborygmes et crépilante sous Ie doigt. Quand eile existe, la reduction se fait suivant la methode ordinaire, et on ferme la plaie scrotale en opérant ä testicules couverts. Si la hernie est formée par l'épiploon, on retranche la portion herniée de eet organe, et la guérison n'en est pas compromise.
L'hydrocèle donne aux bourses la forme d'une tumeur plus ou moins considerable, très-dure, du volume d'une petite pomme, quelquefois offrant une cerlaine transparence quand on l'interpose entre l'oeil et une bougie, indolente, et ne laissant entendre aucun bruit de borborygmes. Cette complication est sans gravité. On incise les bourses, Ie liquide s'écoule; puis on achève l'opération, et la guérison a lieu comme a l'ordinaire.
Quant aux accidents consécutifs signalés par M. Festal, ils com-prennent: l'hémorrhagie, la hernie, l'induration du cordon, et la formation d'un abces ä l'extrémité du cordon.
L'hémorrhagie est la consequence ordinaire de l'excision; eile
i Ree. de Méd. vét., 1831, p. 836.
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s'arrêle spontanément au bout de quelques minutes. Elle peut devenir inquiélante, lorsque Fanimal a acquis déja un certain dé-veloppement, si Ia torsion est insuffisante, la section du cordon trop nette, et si ie sujet se livre ä des mouvements violents peu de lemps apres l'opération. L'énumération des causes de eet acci­dent suffit pour indiquer les soins a donner quand il se présente ; les ablutions froides, la ligature du cordon, la suture de la plaie sont les moyens divers auxquels on peut avoir recours avee pres-que certitude de succes.
La hernie inguinale apparait quelquefois, fort rarement il est vrai, h la suite de la castration, sous l'influence de circonstances en tous points analogues a celles qui provoquent Ie même accident chez les grands quadrupèdes. On y remédié par des moyens sem-blables: reduction par Ie taxis, avec les doigts, en ayant soin de tenir la tête de l'animal en bas; débridement, s'il y a lieu, de l'anneau inguinal, fermeture de la plaie ä l'aide de la suture ou d'un casseau; et presque toujours on obtient de la sorte une gué-rison radicale. Quant a l'épiplocèle, il suffit de retrancher avec l'instrument tranchant la portion de l'épiploon, de fermer ensuite la plaie, comme il vient d'etre dit, et l'accident n'a pas d'autre suite.
L'indumtion du cordon testiculaire est très-rare. Elle peut être produite par des tiraillements répétés du cordon, et se montre surlout chez les animaux chétifs, d'un temperament débile. L'em-barras de la marche , l'engorgement de la partie postérieure de la region inguinale, l'augmentation de volume et de consistance du cordon, en sont les symplómes ordinaires. Cost done un veritable champignon , pouvanl offrir les mêmes variétés anatomiques que chez Ie cheval, el que l'on guérit de même par l'excisionde toute la partie malade.
L'abcès, qui se développe parfois ä i'extrémité du cordon, forme une tumeur dure, ronde, de volume variable, indolente, située ä la place auparavant occupée par Ie testicule. Get abces, assez fre­quent , n'offre aucune gravité. Mais comme il se reproduit aisó-ment quand on Ie ponctionne, il faut, pour Ie guérir, extraire la tumeur en entier, après avoir place une ligature sur Ie cordon.
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CHAPITRE V. Castration du ctaien, du cliat et du lapin.
La castration du chien élait déja pratiquée chez les anciens. Ainsi Varron rapporte (II, 9) que certains bergers chätraient les chiens pour les empêcher de s'éloigner de la garde des troupeaux; mais il ajoute que cette operation enlevait leur énergie ä ces animaux. Olivier de Serres recommande aussi la castration du chien, comme moyen de Ie retenir avec les troupeaux. II ajoute qu'on peut faire Topération en tout temps et a tout äge; il donne ensuite la description du mode opératoire alors employé, consistant, non ä tordre les testicules, mais ä les exciser complétement et a recoudre Tincision *.
Actuellement, la castration chez Ie chien n'est usitée que d'une maniere tout-ä-fait exceptionnelle , dans certains buts de conve-nance, attendu que ropération privé l'animal de ses qualités les plus essentielles, atténue ses aptitudes. H. d'Arboval résumé par-faitement, en quelques mots, les effets de la castration du chien : laquo; Elle rend, dit-il, l'animal plus doux, plus soumis, plus fidele a la garde qui lui est confiée; on Ie dit plus attaché a son maitre, ce que nous n'osons affirmer; il n'en est peut-être que plus depen­dant. Elle l'empêche de courir après les chiennes et Ie rend plus fixe ä l'habitation. Mais Ie chien chatré perd de sa force, de son courage, de son énergie ; il devient lache, paresseux et s'engraisse promptement. On assure qu'il a l'odorat moins fin, et qu'il est par conséquent moins propre a découvrir Ie gibier. raquo;
Si l'on considère enfin, comme fondée, une doctrine qui depuis quelques années a acquis un certain poids, et d'après laquelle il y aurait lieu de voir dans la privation des rapprochements sexuels une des causes de la rage sponlanée, la castration devient alors un moyen de prévenir cette terrible affection.
laquo; Oliv, de Serres, Théat. d'Agricult., IYe lieu , ch. 16.
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CASTRATION DU CHIEN, DU CHAT ET DU LAPIN.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 309
Les chiens peuvent être chätres ä tout äge; mais plus ils sont jeunes, moins se développent leurs forces et leur intelligence.
L'opération peut être faite par excision simple ou par ligature.
L'excision simple suffit pour les animaux jeunes ou de tres-petite taille. On couche la chien sur une table après Tavoir muselé, on lui fait tenir la tête par un aide, ä défaut duquel on la retient entre une porte et son montant, en maintenant élevé Ie train postérieur. L'animal ainsi fixé, l'opérateur, d'un, coup de bistouri, incise toutes les enveloppes testiculaires, saisit de la main gauche Ie testicule sorti, el remonte ces mêmes enveloppes. Le cordon mis k nu est coupé transversalem ent au-dessus de l'épidi-dyme, et la portion restante remonte aussitót dans la gaïne. L'hémorrhagie qui en resul te est de pau d'importance; eile fournit ä peine quelques grammes de sang, at bientót s'arrête d'elle-même.
Quand le chien est de forte taille, la quantité de sang qui s'é-coule peut monter jusqu'ä 1,000 ou 1,500 grammes; mais, ainsi qu'il résulte d'anciennes experiences de Gohier, eile na dépasse jamais cette quantité, même chez les animaux les plus forts, et ceux-ci, dans tous les cas , guérissent sans éprouver d'autra acci­dent qu'une faiblesse plus ou moins prolongée. 11 est d'ailleurs facile d'éviter l'hémorrhagie en pratiquant, comme on le fait quel-quefois, soit la torsion, soit le ratissage du cordon, avant de séparer le testicule.
Maisle plus souvent, quand on redoute l'hémorrhagie, on cpère par ligature. On emploie une ficelle de fouet avec laquelle on fait un noeud de saignée, on y engage le testicule, on serre très-forte-ment aa-dessus de l'épididyme , on coupe ensuite le testicule au-dessus du lien et on abandonne l'animal ä lui-même. La f uérison a lieu sans qu'il survienne aucun accident.
On pratique la castration, chez le chat, beaucourplus frequem-ment qua chez le chien. Elle est surtout en u^age, dans cette espèce, lorsque Ie chat est conserve como^ béte d'agrément. L'opération a pour avantagas, sans rien fair* perdre ä l'animal de sa beauté, da le rendre plus 4pux, plus jédentaire. En outre, le chat chatré prend plus de développemed, s'engraisse, acquiert une fourrure plus épaisse et plus soyeusf- Puis, et ce n'est pas la un
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310nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DU CHIEN,
des moindres avantages de l'opération, il perd l'habitude de lancer son urine en arrière, et ce liquide lui-même, ainsi que les autres matières excrenientielles de l'aniraal, se dépouillent de cette odeur spéciale, désagréable et persistante , qui fait du chat un hóte si incommode dans les habitations. Mais en acquiérant ces diverses qualités , Ie chat soumis a la castration devient plus paresseux, plus pacifique surtout, et partant moins disposé ä la destruction des rats et des souris. Pour ce motif, l'opération, fort convenable quand il s'agit de chats qui doivent séjourner dans des apparte-menfs habilés, est tout-è-fait contre-indiquée quand ces ani-maux sont destines ä faire une guerre active aux petits ron-geurs.
L'opération, d'ailleurs, se fait de la maniere la plus simple. On la pratique seulement par excision et torsion, et l'on n'a jamais è craindre d'accident ullérieur. Le plus difficile , quand on vent opérer, est de fixer l'animal, de maniere a se garanlir de ses dents et de ses griffes. Pour cela , on peut introduire !a tête et les pattes antérieures dans une espèce de sac; mais il est plus simple de confier l'aniraal è un aide qui tient fortement, d'une main, la peau du cou, de 1'autre les pattes antérieures, pendant qu'un second aide écarté les pattes postérieures. L'opérateur alors prati­que, sur le scrotum , une incision unique, sur la ligne médiane, ou bien une incision double, si les teslicules sont volumineux, fait sortir les organes en pressant un peu sur les cordons , les excise ou 'les arrache par torsion, et abandonne l'animal ä lui-même. Aucuf-e hémorrhagie n'a lieu et la guérison ne tarde pas a s'effec-tuei
Chez les lapins, la castration est depuis( fort longtemps en usage, 0, öftre, au point de vue de l'cconomie domestique, d'assez grands avantages. Sous son influence, ces animaux prennent plus de développenent, acquièrent le volume du lièvre, s'engraissent mieux , fournis-.enl une chair plus tendre el plus savoureuse, et en même temps j.rivée de cette odeur forte et désagréable dont eile est iraprégnée , principalement a l'époque du rut. Outre que leur peau se recouvre i'am fourryre plus touffue, les lapins qui ont subi la castration pewent rester mêlés aux femelles, ce qui facilite beaucoup leur élevt^e. 11 faut avoir le soin seulement de
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DO GHAT ET DU LAl'IN.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 311
les séparer des mèles entiers qui pourraient les tourmenter et les empêcher de profiter de leur nourrilure.
La castration, cbez Ie lapin, se fait ä l'ège de 2 ou 3 mois. On opère seulement par excision simple , la torsion suivie d'arrache-ment offrant des dangers, ä cause de la dilatation, dans cette es-pèce, de l'anneau inguinal, dilatation qui, lorsqu'on tiraille le cordon pour le rompre, peut être cause d'une hernie intestinale parfois mortelle.
Pour ropération, un aide tient I'animal par les oreilles et les pattes de derrière; l'opérateur saisit les testicules l'un après l'au-tre, sans trop les presser, avec les deux premiers doigls de la main gauche; de la droite, il incise longitudinalement le scrotum, fait sorlir les testicules, et les ampute, sans exercer de tiraille-menls, par la section du cordon. On laisse la plaie se reformer , on abandonne l'animal, et, sans autres soins, eu peu de temps la guérison est achevée.
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CHAPITRE VI. Castration des animanx cpjptorcliidcs.
Nous avons, jusqu'ä present, étudié la castration, dans le sexe male, lelie qu'elle se pratique chez les animaux présentant line conformation reguliere, c'est-ä-dire dont les deux testicules occu-pent leur position normale au fond des bourses. Mais cette dispo­sition analomique des parties, bien que de beaucoup la plus ordi­naire, n'est pas rigoureusement constante; eile offre des exceptions assez nombreuses. Ainsi, il existe des animaux chez lesquels 1'un des testicules ou les deux ensemble, au lieu de se rencontrer dans le sac scrotal et d'etre, par suite, apparents au dehors, res-tent caches, soit dans Fintérieur du canal inguinal, soit dans la cavité abdominale, de teile sorte que les sujets semblent alors privés des organes essentiels de la reproduction. C'est de la castra­tion de ces animaux, connus sous le nom de cryptorchides, que nous allons avoir actuellement a nous occuper; nous en feronspré-céder la description d'une étude sommaire de la cryptorchidie elle-même, nécessaire pour fixer les indications de l'opération, et apprécier la valeur des methodes opératoires mises en usage.
Article Ier.
DE LA CRYPTORCHIDIE CONSIDÊRÉE EN GENERAL. S Ier. — Definition, synonymie , historiqae.
Sous le nom de cryptorchides, on désigne, ainsi que nous venons de le dire, des individus soit de l'espèce humaine, soit des diverses espèces animales, privés en apparence des testicules, par le fait de la situation de ces organes en des regions profondes oü ils ne doivent pas se rencontrer ä l'élat normal.
On a encore dpnné aux individus affectés de ce vice de confor­mation, les noms de anorchides ou énorchides (de a priv. et op/i;, testicule), quand les deux testicules manquent dans les bourses,
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DE LA CRYPTORCHIDIE EN GENERAL.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 313
et de monorchides (de jjtovo;, un seul, et öp^'?) quand un seul fait défaut. Ces mots sont généralement impropres en ce qu'ils sem-blentimpliquerl'absenced'unseul ou des deux testicules, alorsque, Ie plus souvent, ils existent en réalité, et sont seulement sous-traits a la vue par leur position. Le nom de parorchide, ou mieux eneore celui de cryptorchide ou de crypsorchide (xpwcEtv, cacher, etópja;), se bornant a indiquer que les testicules sout caches, et préférables en ce qu'ils expriraent mieux le veritable état des choses, sont, avec raison, plus généralement adoptés, les ex­pressions de monorchide, d'anorchide, restant d'ailleurs réser-vées pour designer les sujets chez lesquels il y a absence réelle d'un ou deux testicules. Dans le langage vulgaire, on donne encore aux uns et aux autres les noms de pifs, riles, rots, etc, mots qui n'ont aucun sens et sont plus communément en usage pour les espèces ovine et porcine.
Bien qu'ayant été depuis longtemps observée, l'absence de testi­cules dans les bourses, jusqu'ä une époque assez rapprochée de nous ,• n'avait jamais été l'objet d'une étude reguliere. Non pas que les observations fissent défaut dans les annales de la médecine; loin de la, il s'en trouve, au contraire, un assez grand nombre dans les ouvrages des anatomistes anciens. Mais ces faits isolés, que n'unissaient aucun Hen dogmatique, aucun rapport d'ensem-ble, restaient a peu pres sans signification pour la science. Et d'abord, ils n'ont pu fournir aucun indice pour établir, même d'une maniere très-approximative, le degré de frequence de eet accident, pas plus chez l'homme que chez les animaux , car a c6té des faits, en petit nombre, recueillis par les auteurs, il en est sans doute üne multitude d'autres qui ont passé inapercus ou que ceux qui les out observes ont négligé de faire connaïtre. La cryptorchidie est une anomalie rare assurément, eu égard au chiffre considerable des individus pourvus de testicules qui vivent et meurent; mais peut-être trouverait-on qu'elle l'est bien moins qu'on ne suppose s'il était possible de tenir un état exact de tous les sujets chez lesquels eile existe. Nous n'en voulons d'autre preuve que le nombre promptement croissant des faits de ce genre qui ont été signalés depuis que l'attention des observa-teurs a été dirigée de ce cóté par les travaux modernes. Néanmoins,
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314nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTBATION DES ANIMADX CRYPTORCHIDES.
une semblable statistique sera toujours fort difficile ä établir. Peut-être chez rhomme pourrait-on la tenter parliellemenl, en usant pour cela des facilités offertes par les visites des conseils de revi­sion. Chez les animaux, nous la croyons impossible.
Sous un autre rapport, les fails de cryptorchidie observes par les anciens , principalement chez l'homme, et cités, la plu­part sans reflexions et sans commentaires, ne pouvaient avoir qu'une valeur scientifique très-secondaire. Il restait a les grouper, a les comparer , a les analyser, de maniere a en tirer des deduc­tions profitables a I'anatomie eta la physiologie. Haller, les deux Hunter, Curling et plusieurs autres médecins ont, les premiers, ouvert la voie par quelques notions sommaires , qui constituaient, 11 y a peu de temps encore, les seuls elements d'étude que Ton possédat sur cette question, lorsque parurent les recherches nou-velles de MM. Goubaux et Follin, qui eurent pour résultat définilif de poser, pour la première fois, la question devant Ie monde medical, au double point de vue scientifique et pratique. Ces recherches onl étó reprises, depuis, par M. Ernest Godard, et elles ont fait la malière d'un livre, récemment publié ', dans lequel l'auteur, résumant loutes les observations recueiilies jusqu'ä ce jour sur Tectopie tesliculaire chez I'honime, fait de cette ques­tion une elude approfondie, a laquelle nous renvoyons le lecteur pour tout ce qui se rattache ä l'hisloire de la cryptorchidie dans l'espèce humaine.
Chez les animaux, oü la question n'offre pas moins d'intérêt, aussi bien sous le rapport anatomique et physiologique que sous le rapport éconoraique et chirurgical, les notions quelque peu précises que Ton possède touchant la cryptorchidie ne sont pas non plus d'une origine fort reculée, bien que déja ce vice ait été depuis assez longtemps signalé sur plusieurs espèces domestiques.
Le premier auteur oü il en soit fait mention est Olivier de Serres, lequel, ä propos de la castration des agneaux, fait observer qu'il y en a de chatrés naturellement, les testicules restant caches dans le venire, ce qui leur donne, dil-il, une chair tenant le milieu
i Etudes sur la Monorchidiraquo; et la Cryptorchidie chez Vhomme, Paris, 1857, 1 vol. in-80.
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DE LA CRYPTOHCHIDIE EN GENERAL.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 315
entre celle du mouton et celle du bélier '. Régnier de Graaf parle aussi des animaux qui ont les teslicules dans le ventre, et re-marque qu'ils sont plus lascifs que les autres, et qu'ils ne sont pas féconds 2. Un autre médecin, Martin Schurig, signals, d'après Dillenius, un cas de monorchidie chez un chien 3. Vient ensuite Bourgelat qui, Tun des premiers, mentionne le même vice chez le cheval, en ajoutant que cela ne conslilue pas un obstacle a la generation 4. Vitet reproduit la même observation, en considérant les chevaux qui n'ont qu'un seul testicule 5. Huzard dit, au con­traire, è propos de l'agneau dont les testicules ne descendent pas dans les bourses, que l'animal reste infécond 6.
Quoi qu'il en soit de ces opinions contradictoires, qui seront, plus loin , l'objet d'un examen spécial, on voit que les auteurs, en petit nombre, dont nous venons de rappeler les noms, se sont bornés a envisager la cryplorchidie, qui ne portalt pas encore ce nom alors, au point de vue exclusif del'anatomie et de la physio­logic. Le cóté chirurgical de la question n'avail pas encore été abordé. La première tentative dans cette voie est due ä Labory, vétérinaire a Marmande (Lot-et-G.), qui, en 1810, publia une ob­servation relative a 1'amputation, chez un pore, d'un testicule qui était reslé dans 1'abdomen '. H. d'Arboval passe sur ce fait, et sans aborder autrement 1'étude de la question, se borne ä indi-quer les precautions a prendre, chez le cheval, pour opérer la cas­tration , quand le testicule n'a pas dépassé l'anneau inguinal8, pendant que M. Ancèze, vétérinaire a Villeneuve-sur-Lot, de son cóté, fait connaltre, pour la première fois, le procédé suivi pour la castration de l'agneau rile 9.
i Oliv, de Serres, Thédt. d'Ägricult. Paris, 1600, IVquot; lieu, chap. 13.
2nbsp; Reg. de Graaf, De worum organis, etc. Leyde, 1668, 1 vol. iii-8deg;, p. 4.
3nbsp; M. Schurigios, Spermatologia. Francfort, 1720, p. 38. i Bourgelat, Extérieur du cheval. Paris, 1768.
5nbsp; Vitet, Médecine vétérinaire. Paris, 1783, t. II, p. 200.
6nbsp; nbsp;Hczard, Notes sur la dcrnière edition (1804) du Thédt. d'Ägricult., de Oliv, de Serres, t. Iquot;, p. 639.
7nbsp; Corresp. sur les Anim. domestiq., de F. de Feügbé. 1810,1.1quot;, p. 72.
8nbsp; Dictionn. de Méd. vét., etc., 2' edit. Paris, 1838, t. Iquot;, p. 323.
9nbsp; Journ. des Vét. du Midi, 1840, p. 351.
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Citons ensuite : Séon-Rochas, qui a signalé les inconvénients offerts par les chevaux cryptorchides dans les corps de cavalerie '; Brogniez, professeur ä l'Eeole vétérinaire de Bruxelles, pour une note fort incomplete, d'ailleurs, oü se trouve indiqué un procédé particulier pour pratiquer la castration des chevaux parorchides (expression créée par Brogniez)2; Marrel, vétérinaire ä Valréas (Vaucluse), pour une observation de castration faite, en 1838, sur un animal solipède affecté de ce vice de conformation 3; et enfin M. Van-Haelst, vétérinaire de l'armée beige, auteur d'une note contenant, sur les chevaux anorchides et monorchides, les pre­mieres notions raisonnées, sous le double point de vue anatomi-que et chirurgical, que possède la science 4.
Bien que fort succinct et incomplet a beaucoup d'égards, ce dernier travail n'en est pas moins important ä signaler, en ce qu'il a été l'objet, de la part de M. Goubaux, professeur ä Alfort, de remarques critiques qui se sent produites ä diverses reprises5, et qui out été le point de depart d'une étude approfondie sur la cryp-torchidie considérée dans l'homme et les animaux , entreprise et publiée en collaboration par MM. Goubaux et Follin6. En ajoutant a ce travail, qui renferme lui-même plusieurs communications inédites de MM. Magne, Benjamin, Mathieu, Dillon, Prangé, Biquet, quelques autres mémoires et observations successivement publiés : par M. Marrel, relatant de nouveaux faits do castration sur des animaux solipèdes cryptorchides7; M. Festal, traitant de la castration du pore rile 8; M. Paugoué, sur l'hérédité de la cryp-torchidie chez le cheval9; M. le docteur Rayer, sur un cas de cryptorchidie, le seul connu, observe chez le taureau 10; M. le
i Hyg. vét. milit. Paris, 1844, p. 31S.
2nbsp; Jourraquo;, vét. et agric. de Belgique, 1843, p. 345.
3nbsp; Hém. de la Soc. vét. de Yaucluse, 1846, 1laquo; sér., p. 13.
4nbsp; nbsp;Ree. de Méd. vét., 1846, p. 799.
5nbsp; Ibid., 1847, p. 131; 1830, p. 1072. c Ibid., 1836, p. S08, 399, 819.
7 Ibid., 1847, p. 1002.
raquo; Ibid., 1831, p. 262.
9 Ibid., 1832, p. 664.
io Mém. de la Société de Biologie, 1834, IIraquo; sér., t. Ier, p. 112.
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professeur Gerlach, de 1'Ecole vétérinaire de Berlin, relativeraent ä la castration du verrat monorchide 1; et enfin, un extrait sur Ie procédé employé par les vétérinaires danois pour la même ope­ration sur Ie cheval2, nous aurons l'ensemble des documents qu'a aujourd'hui la science en sa possession pour l'étude de la cryptor-chidie chez les animaux, et qul nous ont fourni conséquemment les elements du présent chapitre.
Mais avant d'entrer dans Texamen des phénomènes divers qui accompagnent l'ectopie testiculaire chez les animaux, ainsi que des consequences chirurgicales qui en découlent, il est utile de rap-pelerle mode normal de développement du testicule, afin de faire comprendre de quelle maniere peut se produire Ie vice anatomi-que constituant la cryptorchidie.
$2. — Développement et migration du testicule a l'état normal chez Ie foetus.
A leur origine, dans l'état foetal, les testicules se développent, non dans les bourses oü ils doivent séjourner plus tard, mais au sein de la cavité abdominale. Le testicule et l'épididyme naissent d'abord séparément, l'un è la face interne, l'autre ä la face ex­terne du corps de Wolf3; ils se réunissent ensuite par une sorte de soudure, et occupent alors la region sous-lombaire, au voisi-nage et en arrière des reins, a la face externe du péritoine.
En se développant, chaque testicule pousse devantlui la séreuse péritonéale, et pénètre ainsi dans la cavité de cette membrane, qui forme un repli, servant ä l'organe de ligament suspenseur, et dans lequel se trouvent également soutenus: en haut, les vais-seaux spermaliques, en bas, le canal deferent. Continuant ä se déplacer, le testicule descend peu a peu en suivant la paroi
Magazin für die gesammte Thierheilkunde, 1834, 3e cah. trimest.
2nbsp; Ti'dscn/Ï/br Deterifiatrer. Copenhague, 1836.
3nbsp; Les corps de Wolf ou reins primordiaux sont des espèces de glandes tem-poraires, allongées, prismatiques, existant seulement chez le foetus, et que l'on trouve de chaque cólé du rachis, dans toute la longueur de la cavité viscérale de rembryon. Ces glandes, munies d'un canal excréteur qui s'ouvre dans le cloaque, durent peu de temps et s'atrophient dans les premiers mois de la vie foetale. (V. la these de M. Follin : Des corps de Wolf. Paris, 1830.)
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abdominale, dans la direction des fibres du muscle petit-oblique de j'abdomen ; il désunit et refoule en dedans le repli peritoneal qui le soutient, toujours en restant a la face externe du périloine, et il arrive ainsi ä l'orifice supérieur du canal inguinal. La, il continue sa descente dans le trajet inguinal, jusqu'au fond des bourses, ne cessant d'enlrainer avec lui le repli du périloine qui l'enveloppe, et qui va former le feuillet interne ou visceral ainsi que le septum de la tunique séreuse.
Dans sa marche, le testicule entralne aussi le fascia transver-salts qui forme la tunique fibreuse, laquelle reste tapissée par le périloine qui devient alors le feuillet parietal de la tunique séreuse. II entratne encore les vaisseaux spermatiques qui s'allon-gentet le suivent jusqu'au terme de sa migration, toujours sou-ten us, comme l'organe lui-même, dans le repli séreux. C'est généralement, pour le cheval au moins, au moment de la nais-sance, que les testicules, franchissant le dernier espace qui leur reste ä parcourir pour achever leur trajet, arrivent au fond des bourses; mais ce moment varie. Quelquefois les organes descen­dent plus lot; tandis que d'autres fois ils n'apparaissent que plus ou moins longlemps après la naissance. Dans les aulres espè-ces, bovine, ovine el porcine, les testicules descendent durant la vie inlra-uterine. Ils se Irouvenl toujours dansles bourses, suivant M. Goubaux, avant que la peau soit recouverle de son poll naturel: poil, laine ou soie.
On a cherché, de différentes manières, ä expliquer la descente du teslicule. Suivant les uns, cette migralion aurait lieu par le propre poids de l'organe ; mais cette hypothese est inadmissible , le déplacement, par le fait de la position du foetus, se faisant sou­vent en sensinversede lapesanteur. Ona invoqué aussi l'aclion du crémaster; mais a supposer que ce muscle, malgré son état d'im-perfection pendant la vie intra-utérine, puisse exercer une action quelconque sur le teslicule , eile devra nécessairement s'arrêter au niveau de l'orifice inguinal inlerne, et il resterait toujours è expliquer la migralion du teslicule au fond des bourses.
Actuellement, le plus grand nombre des anatomistes et des physiologistes attribuent le phénomène a l'influence d'un organe ligamenteux, particulier au foetus, auquel on a donné le nom de
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gubermculum testis, organe qui fut indiqué pour la premiere fois par John Hunter.
Le gubernaculum ou gouvernail commence ä apparaltre vers les premiers mois de la vie intra-utérine. II constitue une sorte de cordon qui, partant de rexlremité postérieure du testicule et de la queue de l'épididyme, vient s'engager dans l'orifice supérieur du canal inguinal oü il se divise en plusieurs faisceaux, les uns laté-raux qui vont s'insérer au ligament de Poupard, au pubis, et un central, le principal, qui , en partie , s'insère ä la face interne du scrotum, et en partie va se perdre dans le tissu cellulaire des bourses. Dans son trajet, ce cordon est reconvert par un repli du péritoine et fait saillie dans l'intérieur de cetle séreuse.
La structure du gubernaculum laisse encore des doutes dans l'esprit desanalomistes. Primitivement constitué par de la lymphe plaslique organises, il acquiert ensuite une plus grande consis-tance, et se Irouve alors formé, suivant les uns, par du tissu cel­lulaire, suivant d'autres, par du tissu fibreux, dans lequel d'au-tres, enfin, ont prétendu avoir reconnu la presence de fibres musculaires. La nature musculaire du gubernaculum a été admise surloutpour expliquerle róle qu'on prfttea eet organe dans la des-cente du testicule, sur lequel on suppose qu'il exerce une contrac­tion lente. Mais, outre que rien n'est moins prouvé que cette pré-tendue contraction, on ne comprend guère comment eile pourrait s'exercer et être suivie de la disparilion progressive de l'organe, alors que nous savons, au contraire, que la contraction des mus­cles a précisémenl pour effet de favoriser leur développement.
Nous avons tout lieu de croire le phénomène infinimenl plus simple que cela.
Le gubernaculum lui-même n'est d'abord qu'un ligament fibro-celluleux, que Ton peut considérer comme l'état premier, la forme primitive du'ligament étroit qui unit le testicule et la queue de l'épididyme a la face interne de la tunique fibreuse. On peut y voir encore l'origine du dartos qui double extérieurement cette tunique. Ainsi M. Cruveilhier admet l'existence, entre l'enveloppe séreuse et les fibres profondes qui ferment le gubernaculum, d'une couche filamenteuse intermediaire qui ne serait autre chose, sui­vant eet auteur, que ce même dartos.
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Quoi qu'il en soit, il results, de cette disposition des parties, que déja, ä l'état fcetal, Ie testicule se trouve uni ä la face interne du scrotum, par un ligament direct, comme il Ie sera plus tard; mais avec la difference que ce ligament, dans cette première période de la vie, a beaucoup plus d'étendue qu'après que Ie testicule est parvenu dans la region des bourses, de facon a se trouver toujours d'une longueur proportionnée ä l'espaee qui sé-pare ces deux parties.
Comment s'opère Ie raccourcissement du gubernaculum t Ce ne peut être par contraction, comme on l'a dit, car toule contraction a des limites déterminées par Ie volume même de Torgane con-Iracté, et doit ensuile cesser par Ie retour de celui-ci ä son état primilif. Or, tel n'est pas Ie cas ici, oü l'on voit l'orgatie diminuer peu a pen d'étendue, sans jamais reprendre ses proportions pre­mières. Pour se rendre compte du fait, il faut, en consequence, adraettreun phénomène d'atrophie progressive tout-ä-fait analogue ä celle qui determine la retraction incessante du tissu inodulaire des cicatrices , et qui s'exerce , en ce cas, jusqu'ä ce que le testi­cule soit arrive au terme de sa migration. Alors l'organe se trouve uni, en même temps que l'épididyme , ä la parlie postérieure et inférieure du sac testiculaire, par ce court ligament que nous connaissons, et que l'on peut considérer comme la dernière trans­formation, comme un vestige du gubernaculum.
On se demandera peut-être maintenant, l'explication que nous avons donnée étant supposée admise, si l'atrophie du gubernaculum est bien la cause de la descente du testicule, ou si c'est, au contraire, la descente du testicule qui determine l'atrophie du gubernaculum? A cela on peut répondre qu'il exist entre les deux phénomènes une correlation physiologique qui, en excluant toute dépendance absolue de l'un des deux envers l'autre, rend également possible les deux hypotheses. En ce qui nous concerue, nous pouvons, sans inconvenient, nous abstenir de discuter ce point théorique, la simple constatation du fait süffisant pleinement ä notre objet.
sect; 3. — Garactères anatomiques et physiologiques de la Gryptorchidie.
Par les considerations anatomiques et physiologiques qui prece­dent, il est aisé de comprendre actuellement l'origine de l'anoraalie
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DE LA CRYPTORCHIDIE EN GÉNÉRAt.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;321
qui fait l'objet de cetle étude. II suffit, pour qu'elle se produise, que les testicules, par une cause ou par une autre, subissent un temps d'amH dans leur migration , et se fixent, d'une facon plus ou moins definitive, dans un des points du trajet qu'ils avaient ä parcourir. 11s pcuvenl done s'arrêter dans l'abdorapu, ä l'entrée ou dans 1'intérieurdu canal inguinal, et, par ces différentes positions, constituer aulant de variétés particulieres de la cryptorchidie,
Le (esticule peut encore, au lieu de s'arnHersimplement en I'un des points de son trajet normal, s'en écarter, prendre une autre direction, ce qui est d'ailleurs beaucoup moins frequent chez les animaux que chez l'homme, oü Ton a trouvé l'organe, dévié de sa marche, non-seulement dans le trajet inguinal, mais encore dans la fosse iliaque, dans le canal crural, dans le pli cruro-scrolal, dans la region périnéaie. Il peut arriver enfin que le déplacement du testicule se rencontre ou d'un seul cóté, ou des deux ä la fois , ce qui constitue la cryptorchidie simple et la cryptorchidie double, l'anomalie, dans ce dernier cas, pouvant, sur les deux cótés, être au raême degré ou ä des degrés différents.
La plupart de ces variétés ont été observées chez les animaux comme chez l'homme, et l'on a d(i naturellement chercher a les com-prendre dans une classification méthodique. M. Van-Haelst, ne considérant que le cheval, avait cru pouvolr établir quatre degrés, suivant que, dans les positions diverses qu'il occupe, le testi­cule : 1deg; n'a pas franchi l'anneau inguinal; 2deg; est engage en par-tie dans l'anneau; 3deg; a franchi l'anneau et se trouve appliqué cen­tre son ouverture; 4deg; s'est éloignéde l'anneau, mais pas assez pour faire hernie dans la bourse.
M. Goubaux critique, avec raison, cette classification. D'abord, l'emploi exclusif du mot anneau la rend incomprehensible. Il y a, en effet, dans le trajet inguinal, l'anneau supérieur ou orifice abdominal, l'anneau inferieur ou orifice externe, et enfin le canal. Or, ce sont les rapports précis du testicule avec ces différentes parties qui eussent dü ótre indiqués, pour que l'on püt admettre les quatre positions établies par M. Van-Haelst. Quant a lui, M. Goubaux, se basant sur un certain nombre d'observations personnelles, il reduit ces positions ä deux principales, corres-pondant aux deux premières de M. Van-Haelst :
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1deg; ïesticule n'ayant pas franchi l'anneau supérieur , et flottant alors dans la cavité abdominale ;
SoTesticule ayant franchi en partie ouen totalitó l'anneau supé­rieur, et engage plus ou moins dans le canal.
Cette classification tres-siraplenous parait d'autant mieux devoir être adoptée, qu'elle suffit, anatomiqueraent, pour comprendre tousles cas, et que, d'un autre cóte, eile consacre une distinction essentielle au point de vue chirurgical.
Dans ces positions différentes, le testicule reste toujours fixe par ses moyens d'altache naturels, développés en proportion cor­relative. Ainsi, lorsque l'organe est retenu dans rabdomen, il y est attaché comme dans l'élat foetal, autrement dit, s'y trouve flottant et suspendu ä l'exlrémité d'un repli peritoneal, de la même ma­niere que l'intestin grêle dans le mésentère. Quelquefois, le testi­cule est tout-ä-fait libre ; d'autres fois la partie jpostérieure de l'épididyme est plus ou moins engagée dans l'anneau supérieur; alors existe un commencement de gaine séreuse, d'autant plus prononcée, que l'organe est plus desceudu, preuve nouvelle que cette gaine est véritablement formée par la migration du testicule de I'intérieur de 1'abdomon dans le sac scrotal.
Outre la retention du testicule dans une position autre que celle de l'état normal, la cryptorchidie entratne encore d'autres alterations d'une portee plus grave. D'abord , eile s'accompagne constamment d'un arrêt de développement du testicule, d'autant plus prononcé, que l'organe a élé retenu en un point plus éloigné du fond des bourses. Ainsi quand l'organe reste dans l'abdomen, il se conserve a peu pres tel qu'il était pendant la période foetale, n'augmente ni de poids, ni de volume, et garde la consistance molle et flasque propre au testicule du foetus. Quand il est engage dans le canal inguinal, il présente un état d'organisation plus avance, comme si son développement dépendait absolument des progrès de sa migration vers le fond du sac scrotal.
Examine dans sa structure intime, le testicule d'un'animal cryptorchide, suivant MM. Goubaux et Follin, subit une modifica­tion importante. Les parois des canaux séminifères s'affaissent, et ceux-ci prennent le caractère de ligaments fibreux très-minces. Ce retrait de la substance propre de l'organe rend plus visibles les
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cloisons celluleuses qui le constituent, et donne un aspect fibreux ä la masse glandulaire. Quelquefois l'organe subit une transforma­tion plus complete par le dépót d'une matière grasse, se substituant a l'élément normal de l'organe, et dépourvue de toute organisation reguliere. Get état pathologique, particulièremenl observe chez l'homme, n'a pas été vu chez les animaux, ou Ton n'a encore signalé que l'altération caractéristique des canaux seminiferes.
Mais le fait le plus interessant ä noter chez les sujets cryptor-chides, c'est l'absence des spermatozoaires dans le fluide séminal sécrété par la glande non descendue, absence qu'il est aisé de constater, soit en recueillant le sperme éjaculé par un sujet cryptorchide mis en rapport avec une femelle, soit enextrayant ce fluide, après la mort, de Ia vésicule séminale correspondante au testicule cache, et le soumeüant ä 1'examen microscopique. On constate alors aisément la réalité du fait que nous venons de signa­ler, et dont la consequence forcée, vu le role essentiel des sper­matozoaires dans l'acte de la fécondalion, est de frapper de stérilité les sujets affectés de ce vice anatomique.
John Hunter avait déja émis des doutes sur la fécondité des indi-vidus cryptorchides, se basant sur ce que les testicules restés dans l'abdomen, n'offrant qu'une organisation imparfaite , devaient être incapables d'accomplir leurs fonclions naturelles. L'observation a généralement confirraé cctte prevision du grand Chirurgien anglais. Huzard fournit son témoignage al'appui, quandil fait observer [loc. cit.) que lorsque, chez l'agneau, les testicules ne descendent pas dans les bourses , l'animal reste infécond. Mais la demonstration la plus complete de la stérilité, resultant de ce vice de conforma­tion, est due a MM. Goubaux et Follin, qui ont fait de cetle de­monstration l'objet principal du travail que nous avons cité, et dans lequel ils rapportent ou se bornent a rappeler , ä titre de preuves, un assez grand nombre de faits, parmi lesquels un des plus remarquables est celui relatif a l'étalon La Clóture, acquis ily a quelques annces, malgré l'absence des testicules apparents par l'administration des haras , pour être envoyea Pompadour oü il resta deux ans, et qui, durant eet espace de temps, a sailli 40 juments dont aucune n'a été fécondée.
Il est done permis de considérer aujourd'hui, comme parfaite-
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ment demontrée, l'infécondité des animaux cryptorchides , celte mfëcondité , d'ailleurs, nedevant s'entendre d'une maniere abso-lue que lorsque ['anomalie est double, l'animal étanl encore aple a la reproduction quand un des lesticules est descendu , absolument comme s'il se trouvait chatré d'un seul cóté.
54. — Caractéres extérieurs des animaux cryptorchides.
Le diagnostic de la cryptorchidie, sur Ie sujet vivant, se tire de Vexamen de la region scrotate et du caractère general du sujet. Ainsi, on doit admettre l'existence de ce vice loutes les fois que l'animal, dépourvu de teslicules, conserve néanmoins le naturel du mèle enlier; l'ardeur, l'impétuosité, la tendance au rapproche­ment sexuel, qui ne se rencontrent jamais au même degré chez le sujet qui a subi la castration.
Toutefois, avant de se prononcer sur l'existence definitive de l'ectopie testiculaire, il convient de tenir comple de l'fige du sujet; car s'il est très-jeune, alors même que les testicules ne sont pas apparents, on ne peut encore 1c considérer comme véritabiement cryptorchide, ä cause du retard naturel que mettent quelquefois les organes a arriver au fond des bourses. 11 y a done lieu d'at-tendre, en ce cas, avant de se prononcer, que le sujet soit arrive a un certain age, en considérant, toutefois, que l'extrême limite de la descente naturelle n'est jamais fort reculée. Chez le cheval, un de ceux, parrai les animaux domestiques, dont les testicules tardent le plus ä descendre dans le sac scrotal, le passage de ces organes a travers l'anneau inguinal inférieur a lieu aussitót après la naissance. Ils se tiennent, il est vrai, dansles premiers mois de la vie, centre l'anneau; raais au toucher on peut aisé-ment les sentir. Vers six mois, ils sont toujours descend us, et quand ils ne le sont pas encore ä eet äge, il est a présumer, sauf quelques cas trèsrares, qu'ils ne descendront plus et que les ani­maux resteront cryptorchides. M. Van-Haelst etend beaucoup plus ce délai; il conseille d'atlendre jusqu'a trois ans pour decider si la difformité existe réellement. On peut, sans manquer de prudence ni de réserve, porter son diagnostic beaucoup plus tót.
Quand l'animal est arrive ä un äge assez avance pour que l'ab-
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sence des testicules ne puisse plus être considérée comme compa­tible avec l'état normal, on peut être embarrassé pour decider s'il est vrairaent cryptorchide, ou s'il n'a pas déja subi la castration, l'examen de la region testiculaire ne fournissant pas toujours une demonstration complete du veritable état du sujet. Alors, c'est dans l'ensemble des caractères fournis par celui-ci que Ie praticien pourra trouver les signes propres a éclairer son jugement.
Ainsi, quand on trouve un seul testicule descendu dans les bourses, sur un sujet offrant tous les caractères généraux du che-val entier, on reconnatt sans peine la monorchidie. S'il a déja subi la castration de ce cóté, la cicatrice resultant de l'opération, coïn-cidant avec la persistance du naturel fougueux et empörte du sujet, permettent encore de constater, d'une maniere a peu pres cerlaine, l'existence de la cryptorchidie. Le scrotum du testicule retenu n'est pas plus prononcé, d'ailleurs, que celui de Taniraal chatré; seulement on n'y rencontre pas les cicatrices resultant de la castration, a moins que, dans un but frauduleux, on n'ait cherché a en produire, en pratiquant, sur le scrotum atrophie, des incisions simulant celles que Ton est oblige de faire pour l'extirpation des testicules.
Get examen local pouvant laisser toujours quelque doute, le meilleur moyen, pour obtenir une certitude complete, est de met-tre I'animal suspect de cryptorchidie en rapport avec une femelle. Aussitót on voit naïtre en lui une ardeur exceptionnelle, qu'on n'observerait chez aucun sujet cas-'ré; la verge entre en erec­tion etacquiert un volume bien pfus considerable que chez I'ani-mal depourvu d'organes repmJucteurs; en même temps, lorsque l'expérience a lieu sur le cüeval, que ses hennissements forts et prolongés, Texpression générale de sa physionomie, suffisent ä dé-céler Tanimal entier. Enfin, si l'on recueilie le fluide qui s'écoule du canal de l'urèthre sitót après la saillie, qu'a eet effet l'on inter-rompt plus tót en retirant la jument, on conslale que le liquide est plus clair que le sperme ordinaire, n'en offre pas l'odeur caractérislique, et qu'il ne conlient pas, vu au microscope, de spermatozoaires, demière preuve qui ne saurait laisser aucun doute sur l'existence de ce vice de conformation.
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#9632; sect; 5, — Causes de la Gryptorchidie.
Les causes de Fectopie testiculaire sont enveloppées encore d'une assez grande obscurité. Sa cause efficiënte principale, ad-mise par la généralité des auteurs, est Ie défaut de rapport entre les dimensions du testicule et celles de l'ouverture qu'il doit fran-chir, et devanl tenir, dans ce cas, ä rélroitesse du canal plutót qu'ä l'excès de volume de la glande, laquelle, ohez les cryptor-chides, comme nous l'avons dit plus haut, pêche en general par défaut plutót que par exces de développement. Toutefois, il nous parait convenable de tenir corapte aussi, en cette circonstance, de la forme de l'organe, ou plutót du diamètre suivant lequel il se présente a l'orifice supérieur du trajet inguinal, et d'admetlre conséquemment que l'ectopie a d'autanl plus de chance de se pro-dulre, que Ie testicule, par sa position, exige un passage plus large. Il est fort remarquable, en effet, que ce sont précisément les animaux, tels que ceux appartenant aux especes chevaline, ovine et porcine, dont les testicules franchissent Ie canal inguinal suivant leur plus grand axe , qui offrent Ie plus grand nombre, presque la totalité, des cas de cryptorchidie; tandis que les ani­maux, comme ceux de l'espèce bovine , dont les testicules chemi-nent suivant leur plas petit diamètre, et Textrémité la moins développée en avant, ne présentent que fort rarement ce vice de conformation.
Quoi qu'il en soit de cette cause, que nous livrons a l'apprécia-tion des anatomistes, la cryptorchVJie peut être occasionnée en­core : par Ie trop d'étendue du repli peritoneal soutenant Ie testi­cule , et qui, ainsi, éloigne plus ou moins eet organe de l'orifice inguinal supérieur; par des adhérences anormales congéniales du testicule avec l'intestin ou l'épiploon, comme en en cite plusieurs exenaples chez l'homme; enfin, par loute autre disposition vicieuse ou alteration de l'organe, ayant pour effet de mettre obstacle ä sa migration reguliere.
On a range encore, parmi les causes de la cryptorchidie, le défaut d'énergie de la cause active qui attire le testicule vers la region scrotale. MM. Goubaux et Follin placent cette cause dans
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l'inactivité du crémaster. Nous avons fait suffisamment entrevoir combien est problémalique l'aclion de ce muscle dans Ie déplace-ment éprouvé par Ie testicule, pour pouvoir admettreunesetnbla-ble origine de la retention du testicule. Nous comprenons mieux qu'on ait altribué cetle anomalie aux lésions, ä la paralysie, a rabsence du gubernaculum , bien que Ie róle tout passif que joue eet organe dans la migration de la glande séminale ne permette, après tout, de lui attribuer, dans Ie cas de cryptorchidie, qu'une influence fort secondaire.
Enfin, et avecplus de raison, on a signalé, comme cause de propagation de la cryptorchidie, chez l'homme et chez les ani-maux, l'hérédile, qui s'esl manifestée en quelques circonstances de facon a ne pouvoir laisser aucun doute, dans les cas oü les sujets, n'ayant qu'un seul testicule caché, se sont trouvés encore aptes a se reproduire. Entre les exemples encóre peu nombreux qui prou-vent la réalité de cette transmission hereditaire, nous pouvons citer Ie cas du cheval La Clóture, dont nous avons deja parlé, lequel était fils d'un élalon monorchide, Masters-Waggs, qui, outre celui-ci, eut encore, comme l'a rapporto M. Paugoué, plu-sieurs autres produits également atteints de cryptorchidie '. D'ou la nécessilé d'écarler de la reproduction, non-seulemenl les ani-maux affeclés d'ectopie testiculaire double, ce qui découle natu-rellement de la constalation de leur inaptitude a se reproduire, mais encore les sujets simplement monorchides, aptes a transmet-tre, par voie de generation, Ie vice dont ils sont atteints.
$ 6. — Inconvénients offerts par les animaux cryptorchides. Néceasite d'y remédier par la castration.
Les animaux cryptorchides, soumis ä l'influence d'organes re-producteurs incomplétement développés et, par suite, ne pouvant exercer que d'une facon irreguliere leur reaction habituelle sur l'organisme, sont des êtres non-seulement imparfaits au point de vue physiologique, mais encore d'une valeur toujours moindre dans l'état domestique. Et cela, non pas tant a cause de leur
i Ree. de lUéd. laquo;et., 1882, p. 664.
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incapacité de se reproduire, défaut sans gravité reelle, et qui n'a d'autre consequence que de ranger les sujels alteints d'ec-topie testiculaire, dans la categorie nombreuse des animaux qui ont subi Ia castration. La retention des testicules dans l'abdomen ou dans Ie canal inguinal a des inconvénients plus sérieux, celui, entre autres, de modifier profondément, et d'une maniere essentiellement préjudiciable, Ie caraclère des animaux. N'ayant rien perdu de leur ardeur sexuelle, et ne pouvant la satisfaire que d'une maniere incomplete, ils conservent, en effet, Ie naturel incommode des animaux entiers, sans offrir aucun avantage en compensation.
Les cbevaux atteints de cryptorchidie, surtout, doivent inspi-rer une extreme defiance, lis sont fougueux, empörtes, criards, entrent souvent en erection, recherchent les femelles, et les en-tretiennent constamment en chaleur, tout en s'épuisant eux-mêmes en vains efforts. Au repos, ils se détachent, quiltent leur place, frappent les autres cbevaux, portent Ie désordre dans l'écurie, et s'exposent, eux aussi, a de nombreux accidents. Sans être pré-cisément méchants pour l'bomme, ils ne laissent pas, vu leur caractère indocile, d'etre fort souvent ä redouter. Monies, ils sont enclins ä se débarrasser de leur cavalier; altelés, ils s'échap-pent et brisent tout quand des juments passent auprès d'eux; dans les rangs de l'armée, ils troublent les manoeuvres. Partout, enfin, oü ils se trouvent, ils deviennent un sujet d'embarras, sont dangereux, difficiles a conduire, et font toujoürs un plus raauvais service que les chevaux entiers ordinaires, sans qu'on puisse même espérer de les réduire par Ie travail, comme on a quelquefois, mais vainement, essayé de Ie faire.
Chez les autres espèces, la cryptorchidie offre des inconvénients analogues. L'animal de l'espèce ovine, qui présente ce vice de conformation, tient Ie milieu, ainsi que l'avait dé|a observe Oli­vier de Serres, entre Ie bélier et Ie mouton, tant pour les formes du corps que pour la qualité de Ia viande. II est peu estimé pour la boucherie, et comme il ne peut pas, d'un aulre cótó, être utilise pour la reproduction, il se trouve n'avoir presque aucune valeur.
II en est de même dans l'espèce porcine, qui offre de très-fré-quenls exemples de cette anomalie. Les animaux de cette espèce
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qui en sont atleints s'engraissent mal, sont difficiles a mettre aux champs, donnent une chair d'une odeur forte et même repous-sante, ce qui les fait également rejeter des bouchers et des éle-veurs. M. Festal, qui a noté ces faits , ajoute que Ie pore rile a Ie train antérieur plus développé que Ie train postérieur; qu'il saute sur lesautres pores, les mord avec acharnement; écurae, grogne plus fréquemment que Ie cochon ordinaire; que l'étable dans laquelle il est renferme , exhale une odeur forte et nauséabonde 1. De tons ces fails résulte l'absolue nécessité, en tant que la chose est possible, de soumettre n la castration les animaux cryplor-chides, cette operation étant Ie seul moyen : d'abord, d'éteindre en eux ces ardeurs dangereuses et déréglées, qu'iis doivent ä l'in-fluence d'un appareil reproducteur imparfait, et qui font toujours redouter leur approche; en second lieu, de tirer un parti utile d'animaux auparavant dépréciés et d'un mauvais service.
Article II.
DESCRIPTION DE ^OPERATION.
Vindication de la castration chez les animaux cryptorchides étant établie comme nous venons de le dire, il nous reste ä étu-dier cette operation elle-mème, que nous aurons ä considérer, d'abord, dans l'espèce chevaline, puis, chez les petits quadru-pèdes.
$ Ier. — Gastration des Cryptorchides dans l'espèce chevaline.
Avant de procéder a la castration du cheval cryptorchide, il y a lieu de rechercher d'abord si eile est praticable. On conceit, en effet, que l'extirpation du testicule non descendu dans les bourses n'est pas également possible quelle que soit la position que l'or-gane occupe, et d'avance on peut prévoir que toute operation est coutre-indiquée quand il est resté entièrement renferme dans la cavité abdominale. M. Van-Haelst a le premier fait ressortir l'incon-vénienl d'opérer dans une semblable circonslance, en s'appuyant
raquo; ifce. de Méd. vét., 18öl, p. 319.
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330nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES ANIMAÜX CRTPTORCHIDES.
sur ce qu'on ne pourrait alors arriver au testicule qu'ä l'aide d'une excessive dilatation de l'anneau qui serait nécessairement suivie d'une hernie inguinale impossible ä réduire. M. Goubaux est du même avis, en ajoutant, comme nouvelle raison a l'appui de cette maniere de voir, que, vu l'absence d'une lunique vaginale, on serait oblige, après avoir dilate Ie canal inguinal, de faire une ou­verture au péritoine pour arriver jusqu'ä la glande, ce qui ne lais-serait pas que d'offrir des difficullés pratiques peut-être insurmon-tables, indépendamment du danger qu'il y a toujours de pénétrer dans le sac peritoneal. Mais l'opération devient possible des que Ie testicule s'engage dans l'anneau, et les difficullés, on le comprend, sont d'autant moindres, que la glande descendue davantage dans le trajet inguinal se trouve plus a portee de la main de l'opérateur.
Dans tous les cas, il faut, d'avance, s'assurer, par l'exploration rectale, de la position du testicule. S'il se trouve dans l'abdomen, il y a lieu de surseoir a l'opération , ä moins qu'il ne soit proche de l'anneau inguinal. On peut alors tenter l'opération, sauf ä ne pas aller jusqu'au bout si le testicule est trop profondément situé pour qu'on ne puisse espérer de l'extraire sans compromettre les jours du sujet. Mais si on sent 1'organe, en totalité ou en partie, engage dans l'anneau, la castration, a plus forte raison, doit être essayée, car eile offre alors toujours quelques chances de succes.
Quant au mode opératoire, il varie peu en lui-même, malgré la diversité apparente des procédés décrits par les auteurs qui ont eu recours a l'opération. Ces procédés, en effet, reposent tous sur le même principe : l'ouverture du scrotum par la partie inférieure, la dilatation du canal inguinal et la ligature du testicule, et ne different entre eux que sur des points secondaires de l'opération.
La première description que nous ayons d'une operation sem-blable est due a M. Marrel, vétérinaire ä Valréas (Vaucluse). Elle fut pratiquée, en 1838, sur un cheval monorchide, ègé de cinq ans, dont un des testicules apparent avail été bistourné. L'aniraal fut abattu, fixé, comme pour la castration ordinaire. Puis l'opéra­teur laquo;fit une incision au bas-ventre, laléralement, au-dessus du scrotum, et, pendant qu'un aide maintenait les intestins, qui se présentèrent d'abord, il alia chercher Ie testicule dans l'abdomen. 11 reconnut que l'anneau du grand-oblique était ferme et cerné
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par une eminence solide. Il amena Ie teslicule, qui était de la grosseur d'un ceuf de poule, fort dur, avec un cordon testiculaire aplati, carnifié, et replié sur lui-même ä angle aigu. Il en fit la ligature ä deux endroits distants de 6 centimetres, emporta Ie teslicule, et ferma la plaie du bas-ventre par une suture entor-tillée. Des bandelettes agglulinalives, un bandage approprié et convenable furent places; loutes les mesures furent prises pour la réussite de l'opération; trente-trois jours après, les chevilles, les fils tombèrent; la cicatrisation était parfaile '. raquo;
Le même vétérinaire fit, en 1840, une operation en tout sem-blable, et avec le même succes, sur un poulaia monorchide de trois ans et demi; et une autre, en 1844, qui réussit de la même maniere, sur un ane de quatre ans 3. Nous croyons ä l'exactitude des faits rapportés par l'auteur; mais nous ne comprenons pas comment, le teslicule étant engage dans l'anneau inguinal, l'opé-rateur a dirigé sa première incision pour que de suite il soit arrive ä l'inteslin et ait été oblige de faire relenir eet organe par un aide. Il a fallu, pour cela, que l'opéraleur fit son incision, non dans la direction de l'anneau inguinal, mais ä cólé. Ce procédé n'est pas le meilleur, sans doule ; mais enfin il doit être bon puisqu'il a réussi trois fois.
Brogniez a aussi essayé la castration des chevaux cryptorchides. Voici ce qu'il dit a ce sujet dans une note, lue par lui ä la Société de médecine vétérinaire de Belgique, le 7 décembre 1845 3 ; On couche l'animal sur le dos; on incise la peau et le darlos dans une élendue de 5 a 6 centimetres; on dilate l'anneau inguinal au moyen d'une pince que l'on implante dans l'anneau et que Ton fait agir ä parlir de la commissure postérieure, en refoulant en avant le muscle petit-oblique de l'abdomen. Sans ajouler aucun autre dé­tail, sans rien dire, nolamment, de la maniere dont il fait la sec­tion du teslicule, Brogniez se borne ä declarer : que la dilatation que Ton fait suffit pour que le teslicule sorle spontanément par son propre poids quand l'animal est debout; que l'opération est
i lHém. de la Soc. vét. de Vaucluse, 1846, Iquot; série, p. 13.
2nbsp; Ree. de Méd. vét., 1847, p. 1002.
3nbsp; Joura. Vét. et Agric, de Belgique, 184S, p. 346.
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sans danger; que l'animal guéritfacilement, et que l'on n'a même pas ä redouter la sortie des intestins, bien qu'on puisse les toucher. — Nous ne comprenons guere; mais Brogniez n'est pas toujours aisé ä comprendre.
Voici maintenant Ie procédé de M. Van-Haelst: L'animal étant abattu et fixé comme pour la castration ordinaire, on pratique sur Ie scrotum, ä l'endroit oü Ie testicule aurait dd faire saillie, une incision longitudinale assez grande pour passer la main; ondivise ensuite, dans la même étendue , la couche de tissu flbreux jaune sous-jacente ä la peau ; on introduit la main dont les doigts ont été réunis en pointe, dans cette ouverture, et on la dirige vers l'anneau inguinal en déchirant Ie tissu cellulaire qui se pré­sente. Arrive dans Ie canal, on passe Ie doigt entre sa paroi et Ie testicule, et quand , par un mouvement circulaire, on a isolé l'organe de ses moyens d'union, on l'attire au dehors par une traction lente et graduée, et l'on continue jusqu'a ce qu'on puisse appliquer une ligature sur Ie cordon testiculaire. La liga­ture serrée, les bords de la plaie de la peau sont réunis par une suture en surjet, de sorte que Ie testicule reste ä l'intérieur, les deux chefs du Hen étant cependant assez longs pour pendre au dehors. L'animal est relevó, place de maniere ä avoir l'arrière-main plus relevée que Ie train antérieur, ce qui force la masse intestinale a se porter vers Ie diaphragme et empêche ainsi Ia formation de hernies. Au bout de qualre jours, on coupe les fils de la suture. Le testicule et la ligature s'échappent par l'ouverture, la suppuration s'établit, et la guérison a lieu presque aussi rapi-dement que si l'opération avait été faite sur un individu ne pré-sentant aucune anomalie.
Les vétérinaires danois se sont également occupés de cette ope­ration , et Tont tentée par des procédés beaucoup plus hardis que ceu.x que nous venons de rapporier. Voici les fails cites dans une des séances de leur assemblee en 1856, et analyses par M. Héring ':
Dans les cas les plus simples, ils opèrent comme l'indique M. Van-
i Tidskriftfor Veterinairer, 1836, l. IV; el Ann. de Méd. vét., de Bruielles, 1837, p. 473.
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Haelst. Mais quand Ie testicule est resle dans Tabdomen , ils ne s'arrêtent pas , ainsi que Ie prescrit ce dernier el a son imitation M. Goubaux. La main, avec les doigts réunis en cóne, passe outre, traverse Ie péritoine, va saisir Ie testicule dans l'ahdomen, et Tamene au dehors pour y appliquer de suite une paire de casseaux que l'on maintient pendant 24 heures. Le vétérinaire Hoyer, ayanl opéré trois étalons de la sorte, n'en perdit qu'un de péri-tonile.
Quand le cordon est trop court pour que l'on puisse appliquer uncasscau, on fait la ligature el on ampu tele testicule. Mals quand il peut s'allonger assez pour rendre possible l'emploi du casseau, ce moyen est preferable, en ce que la presence de eet appareil, surtout si on lui donne un volume considerable, fait obstacle a la sortie de l'intestin.
Lorsque le testicule ne se trouve pas appliqué centre l'anneau inguinal, remonte, au contraire, plus ou moins pres des reins, ce qu'on peut facilement reconnaitre par 1'exploration rectale, les vétérinaires danois en font Textirpation par le flanc. L'opération est d'une extreme gravité, mais n'est pas sans espoir de guérison. Quelques faits heureux, cités a l'appui par plusieurs de ces vétéri­naires , en sont la preuve.
Une autre methode, mais qui n'a pas róussi, a encore été essayée. Elle consiste a aller chercher le testicule dans l'abdomen par une incision pratiquée sur le cóté du fourreau, en avant de l'anneau inguinal, et comprenant, par conséquent, touts l'épais-seur de la paroi de l'abdomen. Chez nous, une teile operation , aussi bien que la précédente, sera difficilement tenlée autrement que sur un sujet d'expérience.
En Danemark, parait-il, il y a beaucoup d'empiriques qui se font une spécialité assez lucrative de la castration des chevaux cryptorchides. On se demande si ce sont bien toujours les testicules qu'ils enlèvent, et s'ilsn'appliquentpassimplemeut leurs casseaux sur un ganglion lymphatique voisin de l'anneau inguinal? Leurs succes constants autorisent a penser qu'il en est ainsi.
En résumé , pour opérer la castration du cheval cryptorchide, dans les cas oü eile peut être pratiquée d'une maniere utile, et avec chance de succes, il faut successivement :
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Inciser la peau au niveau de l'aiineau, au moyen d'un pli trans­versal fait a la region des bourses, en prolongeant cette incision en avant, lorsqu'elle doit être aggrandie;
Dilater l'anneau avec l'extréinité des doigts rassemblés en cöne , et introduits avec moderation ;,
Saisir letesticule, l'attirer peu ä pau au dehors;
Appliquer ensuite, soit un casseau, si l'allongement du cordon le permet, soit une ligature, si le testicule ne peut être extrait de l'intérieur du canal inguinal, et en faisant alors usage du porte-noeud pour appliquer le lien ;
Quand enfin le testicule est dans I'abdomen, ne I'extraire, par Tun des moyens plus haut indiqués, qu'après s'être assure du consentement du propriétaire, préalablement averti du danger de l'opération.
5 2. — Gastration des Cryptorchides dans les espèces porcine et ovine.
Chez les petits animaux, la castration des sujets monorchides se pratique par un procédé spécial, offrant la plus grande analogie avec le mode opératoire en usage pour les femelles , et consistant ä aller chercher le testicule arrêté dans I'abdomen ä la faveur d'une ouverture artificielle pratiquée dans la region du flanc.
La première operation de ce genre que nous ayons trouvée enre-gislrée dans les annales de la science, est relative a un pore de 15 mois, opéré, en 1810, par M. Labory, vétérinaire a Marmande '. Nous transcrivons la description donnée par I'auteur :
laquo; L'animal abattusur le cóté droit, et bien tenu par deux aides, je fis, avec un bistouri droit, au milieu du Dane gauche, vis-a-vis Tangle externe de l'ilium , une incision longue de 15 centime­tres. J'introduisis le doigt dans le ventre , et le dirigeant d'avant en arrièrelelong de l'épine lombaire, je touchai le cordon sperma-tique. Alors je placai mon pied sur le flanc droit de Taniraal pour soulever cette partie et approcher le testicule vers l'ouverlure. Mon doigt étant insuffisant pour altirer I'organe au dehors , je le traversal par unfil, au moyen d'une aiguille courbe , et le soule-
' Corresp. sur les Anim. domestiq., par F. de Ffi'GRÉ, t. Iquot;-, p. 72.
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DESCRIPTION DE l/oPÉHATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;335
vant plus facilement, je parvins ä Ie faire sortir. Alors j'amputai Ie cordon sperma tique, et je ne fis pas de ligature; j'eus seulement la precaution de tenir Ie doigt pendant un moment dans la plaie, pour faire évacuer Ie sang qui s'etait épanché dans Ie ventre; puis je fis a la plaie une suture lache qui, laissant une ouverture de deux lignes, permettait d'obtenir Ie sang qui pouvait encore sur-venir dans l'intérieur. Bientót la plaie se ferma ; au bout de six jours, Ie coehon avait repris sou appétit; et par la suite il devint très-beau et très-gras. Le testicule était de la grosseur de celui qui était descendu dans les bourses. J'ai fait plusieurs autres operations semblables, mals sur des cochons n'ayant que 4 ou 5 mois. raquo;
M. Festal, dans un mémoire envoyé ä la Société centrale de Médecine vétérinaire, et analyse a la séance du 24 avril 1851 1, revient, ä son tour, sur la castration des pores riles, et fait con-naitre le procédé en usage , lequel n'est autre que le procédé de Labory, dont on vient de lire la description. Avant de le mettre en pratique, il iraporte de s'assurersi l'animal est cryptorchide ou simplement monorchide. Pour cela, ranirnal étant couché sur le cóté, on cherche, dans le cas oü il aurait été chètré, de quel cóté il l'a été, ce qui n'est pas toujours facile quand on n'a d'aulre guide que l'incision déja faite, les chatreurs ne portant habituellement aucune attention a la direction de Fincision qu'ils pratiquent quand ils opèrent la castration d'un jeune goret.
Le cóté oü exisle ie testicule étant trouvé, on renverse l'animal sur le cóté oppose; on pratique dans le flanc une incision de 12 centimetres au moins, en prenant les mêmes precautions que pour la castration de la truie, que nous étudierons plus loin. Cette ouverture faite, commence la difficulté, tenant surtout ä l'inslabi-lité de ia position du testicule, qu'on rencontre, lantól a la region sous-lombaire, tantót reposant sur la paroi abdominale, en un point plus ou moins éloigné de l'anneau inguinal interne, suivant Ia longueur du cordon testiculaire, lequel atteint même parfois une assez grande étendue pour s'entorliller avec une anse intesti­nale, circonstance facheuse qui ajoute a la gravité de l'opération.
' Ree. de Méd. vét., 1851, p. 339.
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336nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DES ANIMAUX CRYPTORCHIDES.
Dans tous les cas, on commence par chereher le testicule a la region sous-lombairé. laquo; Avec I'index, ajoule M. Festal, on refoule en avant les masses intestinales, on cherche un corps molasse, d'un certain volume, mais plus également dur el resistant qu'une portion d'intestin. L'ayant trouvé, on essaye de l'altirer au dehors, en bridant le cordon avec le bout du doigt. Une fois qu'il est de­hors, on applique une ligature bien serrée, on excise le testicule, et on fait une suture a la peau Si I'index est trop court pour saisir le testicule, on soulève la region du flanc au raoyen d'un holillon de paille ou de tout autre corps dur place sous le corps de i'aniraal. Si le testicule est embarrassé dans quelque anse intestinale, on le dégage doucement, avant de l'attirer... Quand le pore est anorchide — cryptorchide double, pour parier plus exactement, — il faut attendre la guérison d'un cóte pour tenter la seconde operation, c'est-ä-dire dix ä dome jours. Jamais cette castration n'a occa-sionné d'accidents entre raes mains, et je l'ai pratiquée une tren-taine de fois. Je dirai aussi que j'ai opéré plusieurs moutonsnïes avec un ógal succes. raquo;
Ce même procédé, que mettent aussi en pratique les ehätreurs de profession, a été employé encore ä l'Ecole vétérinaire de Ber­lin , par M. le professeur Gerlach, sur un verrat monorchide de 9 mois, qui ne souffrit pas plus de ropération que les autres verrats, castrés parle procédé ordinaire'.
Sur ïagneau cryptorchide, M. Ancèze, vétérinaire ä Villeneuve-sur-Lot, a mis en usage un procédé tout-ä-fait identique 2. L'ani-mal étant couché, le cóté droit sur une table , l'opérateur, place en arrière, coupe la laine sur le flanc gauche; puis il fait, dans le milieu de cette region , a 5 centimetres de Tangle externe de Tilium, une incision verticale de 6 centimetres, par laquelle le doigt est introduit dans l'abdomen ; il le dirige vers la region lombaire, oüil saisit le cordon spermatique, et amène au dehors le testicule. Une ligature est appliquée sur Ie cordon, le testicule est amputé, puisle cordon est refoulé dans la cavité abdominale, après quoi la plaie est fermée par une suture de pelletier, sans autre pansement.
Magazin für die gesammte Thierheilkunde, 1834, 3e cah. trimesl. 2 Journ. des Vét. du Midi, 1840, p. 3S1.
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DESCRIPTION DE l'oPÉRATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;337
De la sorte l'opéraleur n'a pu exlraire que Ie teslicule gauche , la brièveté du cordon ne permeltant pas généralement d'exlraire celui du cóté droit. Pour am puler celui-ci, il fait une seconde incision dans Ie Dane droit, et ferme la plaiede la même maniere. Tous les animaux opérés de la sorte ont offert d'abord quelques symptómes febriles , qui ont cessé vers Ie 6e jour; et la guérison chez tous s'est effectuée sans accident.
Il n'a pas été, a notre connaissance, publié d'autre fait relatif ä cette operation. Nous savons néanmoins qu'elle est assez fréquem-ment raise en pratique, et avec succes, par les vétérinaires et les chètreurs; et on doil présuraer qu'on obtiendra toujours ce même résultat, en opérant dans des conditions analogues.
n
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I
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.2e SECTION.
DE LA CASTRATION DES FEMELLES.
La castration des femelies consiste, comme la castration des males, dans l'extirpation des organes essentiels de la generation, qui, chez elles, sent les ovaires.
Dans les ovaires, en effet, est le veritable point de depart de la function reproductive : ce sent oes organes qui entretiennent les instincts sexuels et donnent l'aptitude ä la fécondation. L'utérus auquel on a voulu attribuer, en cette circonstance, une certaine influence, n'en exerce aucune, son unique róle étant de recueillir l'ovule fourni par l'ovaire, de Ie protéger et de lui fournir les ele­ments nécessaires ä son entier développement; fonction physiolo-giquement fort importante, sans doute, mais très-secondaire au point de vue organique, tellement secondaire que l'ovule peut vivre et s'aecroitre, comme il arrive dans les gestations extra-utérines, sans le concours de eet organe.
Ce qui démontre mieux encore l'influence exclusive de l'ovaire sur le développement des instincts génésiques, c'est que l'on voit les chaleurs se manifester tant que les ovaires sent conserves, que l'on ait ou non enlevé l'utérus; tandis que l'extirpation des ovaires, avee conservation de la matrice, supprime tout désir de rapprochement sexuel.
L'enlèvement des ovaires produit chez les femelles des effets analogues a ceux que produit, chez le male, l'ablation des testi-cules. Soustraites ä l'influence du sens genital, les femelles quiont subi 1'opération se modifient dans leurs formes et dans leur carac-tère; les fonctions nutritives deviennent en elles prédominantes, et elles acquièrent de la sorte, notamment, une plus grande apti­tude ä l'engrais.
Malgré ces a vantages, la castration chez les femelles est beau-coup plus rarement pratiquée que chez les mèles, ce qui tient
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340nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHE.
raoins a l'incerlitucle des effels qu'on peut en obtenir, qu'a la dif-ficullé mèrne de l'opération, par Ie fait de la situation profonde des ovaires dans la cavilé abdominale, oü il faut aller les saisir pour les exlraire. Toutes les femelles domestiques, d'ailleurs, peuvenl subir ropéralion. Entre elles, toutefois, la vache el la truie sonl les seules acluellement sur lesquelles eile soit d'unc applicalitfn usuelle, lesautres femelles n'y étanl soumises que dans des cir-conslances exceptionnelles que nous ferons counailre.
CHAPITRE PREMIER. Castration de Ia vache.
Historique.
L'usage de la castration, sur la vache, a pour origine une pensee économique analogue a celle qui a motive cetle même ope­ration chez les autres animaux domestiques. On s'est propose, en Ia pratiquant, de donner plus de valeur k ces femelles, considé-rées comme bêtes de rente, c'est-ä-dire de favoriser la production de la viande, de faciliter l'engrais, el en même temps d'augmen-ler la production du lalt. Les résultats obtenus sous ces divers rapports, ä la suite d'essais nombreux, permeltent, des è présent, d'enlrevoir les avantages que l'on pourra retirer de la vulgarisa­tion de cetle pratique.
La castration des vaches est connue depuis longtemps. On man­que, toutefois, de renseignements sur Ie lieu el l'époque oü eile a commence a êlre raise en pratique. Un passage du livre juridi-que des Juifs, le Talmud, dans lequel est proscrite la castration des femelles, en general, pourrait donner a supposer que l'opéra­tion était, chez les anciens, en usage dans quelques localités, si la formule hébraïque, par sa forme générique et sans designation d'espèce, n'autorisait a admettre qu'il s'agissail seulement des fe­melles domestiques, la truie el la chamelle, par exemple, qui subissaient réellement l'opération, comme en font foi, notamment, Arislole, Pline, Galien, Elien ; el qu'il n'étailnullement question,
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HISTORIQGE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;341
dans ce texte, de la castration de la vache, sur laquelle gardent Ie silence lous les auteurs de l'anliquité.
Le premier document posilif que l'on possède sur ce point est un passage d'Oüvier de Serres, par lequel nous voyons que l'opé-ration, sur les vaches et les chèvres, remonte au moins au xvie siècle'. Le fait est confirmé par Thomas Bartholin, lequel nous apprend que les paysans d'alors chatraient les truies, les juments et les vaches par l'excision des testicules des femelles, ainsi qu'il nomme les ovaires 2. L'opération a depuis continue d'etre usitée en Allemagne, en Styrie et en Prusse, notamment,-et particulièrement sur les jeunes bêtes, que l'on opérait dans le but spécial de favoriser l'engraissement. En Angleterre, aussi, on a pratique, pendant longtemps, la castration des femelles, quel-quefois sur la jument, mais plus souvent sur les vaches, sur les truies et sur les brebis , dans le hut également de les engraisser3. Cette pratique, toutefois, n'avait, jusque-lä, recu encore que des applications fort restreinles; eile élait mêrae tout-ä-fait inconnue de la majorité des propriélaires francais, lorsque, vers l'année 1831, l'atlention fut appelée de nouveau sur eile, par la relation des tenlatives fruclueuses de Thomas quot;Winn, fermier aux Natchez, dans la Louisiane (Etats-Unis d'Amérique).
Jusque-lä, ropéralion n'avait été praüquée qu'en vue de l'en­graissement. T. Winn, le premier, concut le projet de l'utiliser pour favoriser la production du lait, pensant qu'une vache que Von chétreraitqueique temps après qu'elle aurait véle, et au mo­ment ou eile donnerait le plus de lait, pourrait ensuite continuer è en fournir sans interruption pendant plus ou moins longtemps. Des experiences feiles sur trois ou quatre vaches en bon état con-firmèrent ces previsions. La castration fut pratiquée un mois environ après le vélage: la guérison eut lieu assez proraptement,
lt; laquo; On ne fera jamais tuer aucun pourceau, truie, bouc ni beuf, qu'lls ne soient chastrés dcjcuncsse, pour affranchir leur cbair... Des chèvres et vaches ne sera tant scrupuleux : car chastrécs ou non, leurs chairs sent toujours bonnes; loutes fois meillenres chastrées qu'entières, ou y aura du chois.raquo; (Thédt. d'Agr. Paris, 1600, VUI=lieu, chap. 1quot;.)
2nbsp; Anatomia, etc De testibus fcemimrum. La Haye, 1641.
3nbsp; Delabëhe-ülaime , JVot. fondam. de l'art vet. Paris, 1803 , t. II, p. 462.
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342nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA VACHE.
et les vaches continuerent plusieurs années a fournir du lait, sans interruption ni diminution. Malgré ces succes, Thomas Winn, dans la crainte que sa découverte ne föt pas nouvelle, et que les doutes que Ton pourrait concevoir sur son utilité ne portassent atteinte ä sa propre consideration, ne voulut pas livrer sa methode a la publicité, et mourut sans la faire connaltre.
C'est a un voyageur, que Th. Winn avait recu chez lui, et auquel il avait donné du lait de ses vaches chatrées, en lui montrant celles-ci et en lui faisant connaltre, en même temps, l'opération a laquelle ces bêles avaient été soumises, que Ton doit les renseignements, peu après parvenus en Europe, sur la tenta­tive du propriétaire des Natchez 1.
L'heureux résultat de cette experience une fois connu, l'opéra­tion sepropagea, d'abord, en Amérique, puis en Europe, oü eile fut soumise a des essais nouveaux par divers expérimentateurs, parmi lesquels doit particulièrement être cité M. Levrat, vétéri­naire a Lausanne (Suisse), qui fit sa première operation en mai 1832, en presence du docteur Mayor, son célèbre compatriote. Les experiences longtenaps poursuivies deM. Levrat ont été suc-cessivemenl consignees dans plusieurs mémoires publiés a des époques différentes 2, et qui, pendant plusieurs années, ont été Ie guide principal suivi dans la pratique de cette operation.
Doivent être cités ensuite, comme ayant plus ou moins contri-bué, par leurs essais et par leurs écrits, a faire connaitre la cas­tration des vaches, MM. Régère , de Bordeaux3, Putot 4, Des-bans 5, Emile d'Extrane 6, Lorin 'I, Aubin 8, Morin 9, Rey l0,
lt;nbsp; Joum. étrang. et Ree. indust. 1831, nquot; de juillet.
2nbsp; Journ. des Connaiss. utiles., 1833, février, p. 51. — Ree. deMéd. vet., 1834, p. 63; 1833, p. 472; 1838, p. 337, 421.
3nbsp; Ree. deMéd.vét., 1834, p. 167; 1833, p. 308.
lt;nbsp; Mem. de la Soc. vét. du Calvados et de la Manehe, 1838, IVlaquo; sér., p. 37; 1842, VIII'sér., p. 87; 1843, XI*sér., p. 301.
5 Ibid., 1838, IVe sér., p. 43.
s Journ. d'Agricult.pratiq., 1840, I^ série, t. Ill, p. 469.
raquo; Annal. de la Soc. vét. du Finist., 1841, IIIlaquo; année, p. 33.
raquo; Stem, de la Soc. vét. des depart, de l'Ouest, 1844, Iresér., p. 96.
9 Notice sur la cast, des vaches. Pontivy, 1843, br. in-Squot;.
'laquo; Journ. de Méd. vét., de lyon, 1847, p. 67.
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msToniQLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 343
Roche-Lubin ^ Prangé J, et enfin, M. Charlier, alors vétérinaire ä Reims, qui s'est Ie plus spécialement occupé de cette operation, k la vulgarisation de laquelle il a en quelque sorte dévoué sa vie.
Jusqu'ä M. Charlier, la castration des vaches, bien qu'ayant été tentée par un assez grand nombre de praticiens, n'était pas sortie encore du domaine de rexpérimentation pure. Le premier, il essaya de la mettre en pratique sur une large échelle, de l'intro-duire, comme une coutume reguliere, dans l'économie rurale; d'en obtenir, enfin, des effets suivis, des résultats sérieux pour l'agriculture. Pour arriver ä son but, M. Charlier a multiplié ses travaux, n'a reculé devant aucun sacrifice. Depuis son premier mémoire, publié il y a une douzaine d'années 3, il a, dans de nombreux écrits, poursuivi son oeuvre en cherchant ä éclairer la pratique de l'opération; et ces louables efforts, nous avons la satisfaction de le constater, bien que n'ayant pas encore été cou-ronnés d'un succes complet, commencent cependant a porter leurs fruits.
Ce qu'on doit surtout è M. Charlier, et ce qui a le plus con-tribué ä la réussite de son entreprise, est la mise en application d'une nouvelle methode opératoire qui, dépourvue des dangers inhérents au procédé auparavant employé, permet de généra-liser l'opération, au même titre et sans exposer les vaches ä plus d'accidents qu'on n'en observe chez les males domesliques soumis ä la castration. C'est aux vaches qui ont subi Topération par ce procédé que M. Charlier a donné le nom, aujourd'hui généralement adopté, de bmuvonnes, corrélatif feminin de boeuf. L'histoire, au double point de vue économique et chirurgical de ce nouveau mode opératoire, dont la découverte a conquis a M. Char­lier ses plus nombreux adherents, a été publiée d'abord en une série d'articles séparés #9830;, qui réunis ont formé un travail étendu, contenant le résumé de toutes les recherches de l'auteur sur la question 5. Un second travail, sous forme de Mémoire destine aux
i Ree. de Méd. vit., 1830, p. 434.
2nbsp;Ibid., 1850, p. 993; 18S1, p. 353.
3nbsp; Ibid., 1848, p. 27.
4nbsp; laquo;ia., 1834 (7 art.}.
5nbsp; Etud. pratiq. sur la cast, des vaches. Paris, 1834, br. in-8deg;, de 128 pag.
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344nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION OB LA VACHE.
cultivateursi, et adressé a la Société impériale et centrale d'Agri-culture, a succédé au premier, et a élé lui-même suivi d'un arti­cle écrit pour un autre ouvrage 2, dans lequel se trouvent relates divers perfeclionnements apportés a l'opération el constituant Ie travail Ie plus récent sur la question, publié par M. Charlier, travail complete par un article d'un journal agricole, oü se trou­vent figures les instruments en usage et les divers temps de l'opé­ration 3. Nous avons, dans les pages qui vont suivre, essayé de résumer 1'ensemble de ces documents, qui se trouveront completes par les communications inédites que nous devons ä l'obligeance de M. Charlier lui-même.
Article Ier.
i
EFFETS, UTILITÉ, INDICATIONS HE IA CASTRATION DES VACHES
L'influence de la castration, appliquée aux vaches, est analogue a celle qu'elle exerce chez tous les autres aniraaux doraesliques. Elle imprime a l'économie générale une série de modifications qui, réagissant sur les différentes fonctions du sujet, particulièrement sur la secretion lactée et sur l'aptitude a prendre de la graisse, ajoutent a sa valeur économique.
On a, depuis longtemps, constaté les effets avantageux de la castration des vaches ä ces points de vue divers. M. Levrat, qui Ie premier les a considérés dans leur ensemble, les résumé comme il suit, dans les conclusions de son travail.
1nbsp;o Secretion plus abondante et plus constante de lait, lequel acquiert en même temps des qualilés supérieures; d'oü résultent, pour Ie nourrisseur, les avantages suivants ; augmentation d'un tiers dans la production de ce liquide, avec certitude d'en avoir a peu pres constamment la même quantité pour desservir sa clientèle j
i De la Castration des vaches. Vavis, 183b, br. in-Sraquo;, de 90 pages.
2nbsp; Nouv. Diet, pratiq. de méd. vit., etc./par MM. Bodjlky et Retnal. Paris, 1837, t. Ill, art. Castration, par M. Charlier.
3nbsp; Journ. d'Agr. pratiq., 1888, t. Iquot;, p. 480.
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INFLUENCE SÜR LA SECRETION DU LAIT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;345
2deg; Faculté d'engraisser plus facilement les vaches lorsque leur lait commence a tarir;
3raquo; Soustraction aux chances fächeuses des accidents qui accom-pagnent ou suivent quelquefois Ie vélage, ainsi que des accidents pouvant arriver pendant l'époque des chaleurs, lorsque des vaches pesantes mentent sur d'aulres, ou que ces bêtes sont saillies par detrop gros laureaux;
4deg; Epargne des dépenses onéreuses occasionnées par les vaches taurelieres, dont Ie grand nombre, en certaines contrées, peut devenir une cause de ruine pour les propriétaires.
Ces avantages multiplies, non moins interessants peur l'indus-trie privée que sous Ie rapport de l'hygiène publique, ont assez d'importance pour mériter que nous les exposions avec quelque développement, soit pour en démontrer la réalité, soit pour en faire apprécier la portee économique réelle.
$ Ier. — Influence de la castration sur la secretion du lait.
Essentiellement liée a la fonction génératrice, la secretion du lait, qui a pour but unique, au point de vue de la nature, la nourriture du produit nouveau-né, est naturellement destinée ä subir de norabreuses fluctuations par Ie fait même des phases variées qui se succèdent dans raccomplissement de cette fonction. Comraencant ä se développer, pour ne parier que de ce qui se passe chez la vache, dès Ie premier vélage, la production du lait sesoutient, s'accrolt même, tant que ce liquide est nécessaire ä l'entretien du jeune veau, étant, d'ailieurs, activée par la traite journalière ä laquelle les bêtes sont soumises. Son róle terminé, la fonction lend a cesser. On la maintient ou on la rappelle en faisant naitre un second veau, ce qui a pour premier résultat de faire subir une diminution notable a la secretion du lait, vers les derniers mois de la gestation nolamment, alors que la matrice, pour fournir au développement complet du foetus qu'elle renferme, devient le siege d'un afflux de force vitale, de Guides organiques, qui se fait principalement aux dépens de celte secretion, et la tarit plus ou moins. Après le part, l'utérus n'exercant plus sur les fluides vitaux la même influence attractive, ceux-ci se portent
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346nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHE.
sur les mamelles qui les attirent a leur tour, et Ie lait reparalt. Puls survient une nouvelle gestation, avec ses mêmes consequen­ces, et ainsi de suite.
Or, la castration, qui a pour effet principal d'éteindre, chez les vaches qui la subissent, Ie sens génésique , de rendre, consé-quemment, impossible Tacte reproducteur, supprime, du même coup, les interruptions de secretion laiteuse qu'entraine son accomplissement, et, par cela seul, doit élever d'autant Ie chiffre total de la production du lait. Et si l'on considère, en outre, que l'appareil générateur, dépouillé de toute activité, n'a plus la puis­sance de réagir sur cette fonction spéciale, on concoit que celle-ci parvienne a acquérir, par cela même, une énergie nouvelle qui, cessant d'etre contre-balancée périodiquement, se maintient d'une maniere continue ä son chiffre maximum. La castration, chez la vache, peut done ainsi accroitre doublement la production du lait, en élevant Ie chiffre du rendement annuel, et en prolongeant la durée de la lactation.
Thomas Winn, comme nous l'avons dit, en essayant ropération, a agi dans cette vue, et Ie premier, ainsi, a pu constater son influence sur la secretion lactée. Il avait même cru pouvoir établir que , l'époque des chaleurs ne venant plus interrompre cette fonc­tion, la castration des vaches conserve, pendant plusieurs années, la quantité de laitfournie au moment de ropération.
M. Levrat, après un certain nombre d'essais, est arrive ä des conclusions identiques, Men que moins absolues au fond. Il poseen principe que l'effet del'opération n'est pas de maintenir la quan­tité donnée au moment de l'extirpation des ovaires, mais bien d'élever la moyenne du rendement fourni auparavant. L'augmenta-tion, suivant ce pralicien, serait annuellement, pendant les deux premières années qui suivent l'opération, d'un quart ä un tiers en sus de cequ'elles donnaient avant, et la même quantité se conserverait ensuite ä peu pres d'une maniere constante.
Quelques autres faits, qui ont aussi leur importance, out encore été constatés par M. Levrat, opérant de concert avec M. Francillon-Michaud, agronome distingué du canton deVaud, qui lui a fourni Ie plus grand nombre des sujets qui ont servi a ses experiences. Par exemple, ces messieurs avaient renlarqué que, lorsque Ie lait
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INFLUENCE SUR LA SECRETION DU LA1T.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;347
diminue, la compensation s'établit par l'engraissement naturel des vaches, qui est tel que, tout en ne cessant pas de donner du lait: — elles se trouvent, au bout de 12 ä 15 mois, en bon état de graisse pour la boucherle; — que Ie lait est plus crémeux qu'auparavant, la quantité de creme augmentant quand le lait diminue; — que les effets de la castration sur les facultés lactifères sont en raison directe du peu d'influence de l'opération sur la santé de la vache, de teile sorte que moins eile en souffre, plus ensuite eile donne de lait; — que la quantité de ce liquide varia encore suivant la saison ou l'on opère, le mode de nourriture , le tempéramment, le plus ou moins d'irritabilité du sujet; —que malgré la disposition de cer-taines vaches chatrées a manifester parfois, a 1'époque ordinaire , quelques signes de chaleur, cela peul avoir lieu sans que le lait en souffre.
Les faits constates par d'autres observateurs concordent tous plus ou moins avec les conclusions posées par MM. Levrat et Francillon-Michaud. Ainsi, en Anglelerre, bien que l'on ne se proposät pas, en chatrant les vaches , d'accroitre le rendement en lait, on n'avait pas moins remarqué que l'opération produisait des effets varies sur la secretion laclifère; que, par exempie, elleétait suivie d'une lactation d'autant plus abondante, plus prolongée , que la béte offrait un caraclère plus deux, moins irritable; —que l'opération réussit mieux chez les bêtes qui ne retiennent pas tous les ans , el qu'on nomme annalières; — que les vaches chatrées, après avoir donné du lait pendant un certain temps, s'engraissent facilement et donnent une viande plus fine et plus succulente.
M. Régère, de Bordeaux, d'un autre cóté, annoncait que les vaches chatrées donnent, sans interruption, une quantité de lait double de la moyenne fournie avant que ropération ait été prati-quée , et M. Morin, de Langonet, allant plus loin, disait que lors-que la vache était castrée 30 ou 40 jours après la mise bas , épo­que de la plus forte production du lait, eile continue ä en fournir, pendant plusieurs années, autant et quelquefois plus qu'elle en donnait au moment ou eile a subi l'opération. D'une maniere plus precise, eet auteur posailen fait: 1deg; qu'il y a augmentation de lait chez les vaches agées de6 a 8 ans ; 2deg; que le produit reste cons­tant chez celles qui ont dépassé eet age; 3raquo; que le lait fourni alors
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348nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA YAGHE.
est plus gras, plus butyreux, donne un beurre d'une couleur dorée, ayant un arórae et un goot supérieurs ä celui de la vache noncastrée. {Brach, cit., p. 21.)
Sont venues ensuile les experiences de M. Charlier, qui toutes ont plus ou moins conßrme ces différents résultals. La première attestation favorable a eet égard se trouve dans le rapport d'une Commission nommée par TAcademie de Reims pour suivre les operations de M. Charlier ', et qui, dans ses conclusions , crut pouvoir affirmer : que la vache castrée donne autant de lait pendant 18 tnois qu'au moment de Toperation; et qu'il y avait, en faveur des vaches castrées, une difference de plus de 850 litres par an.
Ce qu'il Importe d'établir , pour rester dans la vérité des faits, c'est que 1'augmentation du rendement, k la suite de la castration, tient moins a l'élévation du chiffre de la production journalière, qu'au maintien de cette production pendant un temps prolongé, au degré atteintaprès l'opéralion, sans suspension ni diminution sensible, ce qui constitue un accroissement reel de la moyenne fournie par chaque vache.
Ainsi il est établi que cette moyenne de rendement en lait, en France, en Belgique, en Suisse et dans les diverses contrées de FAUemagne , pour les vaches de choix en bonne santé, bien gou-vernées et bien entretenues, est de 1,900 ä 2,200 litres par an. Or, M. Charlier , sur 6 vaches de race commune, ègées de 9 a 11 ans, chatrées ä des époques assez éloignées du vélage, quand le lait avait déja diminué, a obtenu un rendement annuel moyen de 3,090 litres; el de plus les vaches ont été vendues en bon élatde graisse, au bout de l'année, sans qu'on ait augmenté leur nourriture.
De nouveaux essais sur des vaches mieux choisies, meilleures laitières, et qui ont pu être opérées dans un moment plus rap-proché du vélage, ont fourni a M. Charlier des résullats plus remarquables encore. Ainsi sur 5 vaches, achetées par lui, il a obtenu , après l'opération, 3,727 litres par tête et par an. En y comprenant les rendements de 4 autres vaches appartenant ä
i Ree. de Méd. vét., 1849, p. 972.
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INFLUENCE SUR LA SECRETION DU LAIT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;349
divers propriétaires, et donl la production s'est elevee ä un chiffre supérieur a celui de la préeédenle, il a pu caiculer, sur un total de 9 vaches, une moyenne annuelle de 4,029 litres par vache.
Croyant inutile de rappeler d'autres faits qui n'ajouteraient rien aux enseignements qui precedent, M. Chariier ajoule: laquo; Si 1'on en désirait encore, cependant, je pourraisciter beaucoup d'autres vaches qui, ayant conserve leur lail de un an ä deux ans et plus, ont donné, terme moyen, 8 litres de lait par jour, jusqu'au moment oü elles ont été livrées a la boucherie; ce qui fait un chiffre de 2,920 litres obtenus par année, de vaches qui, suivant leur classe et leur ordre , n'auraient donné, en faisant veau , que 1,650 litres. raquo;
Depuis que M. Chariier a écrit ces lignes (1854), de nouveaux essais ont été tentés et ont donné des résullats identiques. Citons, par exeraple, M. Gustave Hamoir' , qui, ayant fait chètrer par M. Chariier, deux vaches, l'une dont Ie vélage remontait a 3 mois, donnant 16 litres de lait, l'autre ayant mis bas 6 semaines aupara-vant , et qui donnait 19 litres, obtint, après l'opération , 19 et 20litres; et ceschiffres, moyennant un léger surcrolt de nourri-ture accordé seulement durant la mauvaise saison, se maintin-rent pendant 20 mois. De ces faits, joints ä quelques autres ob­serves par Ie même auteur, celui-ci conclut que la castration peut maintenir Ie rendement du lait a son taux maximum pendant 15 a 18 mois , après quoi il convient delivrer l'animal a la bou­cherie , son entretien n'étant plus alors justitie par la valeur des produits obtenus.
M. Ménard, propriétairea Huppemeau (Loir-et-Cher)2, avait, de son cóté, fait opérer par M. Chariier 6 vaches, dont deux, pour des causes étrangères ä l'opération, ne purent être conservées; les 4 restantes donnërent, après 14 mois de vélage, ä peu prés la même quantité de lait qu'au moment de la castration, c'est-è-dire une moyenne double de ce que fournirent les autres vaches de la même étable. Ce succes décida M. Ménard ä faire caslrer toutes ses vaches, et il put, dès l'année suivante, fournir les renseigne-
i Joum. d'Agricult. pratiq., 18bS, IV= sér., t. IV, p. 69. '-' Annal. de VAgricult. franc., 1856, II' vol., p. 169.
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350nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHE.
ments suivants ä M. Conrad de Gourcy, qui les a relates dans Ie récit de Fun de ses nombreux voyages agricoles '. Depuis trois ans, M. Charlier avait chätre alors 67 vaches dans son étable, et ä partir de ce moment, la production moyenne, pendant l'année, s'était élevée de 5 litres 1/2 ä 8 litres. Il avait vendu, pendant ce temps, 30 vaches grasses qui s'étaient engraissées sans frais extra-ordinaires de nourriture, a mesure que la secretion du lait avait diminué; enfin, son inventaire avait constaté, par année, un excédant de 4,000 fr., dus uniquement ä la castration des vaches. Avant d'avoir adopté cette operation, M. Ménard faisait 50 fro-mages avec 100 litres de lait; il en faisait alors 65, preuve de l'amélioration dans Ia qualité du lait.
laquo; Avec mes petites vaches, dit ailleurs M. Ménard, avant la castration, j'obtenais, en moyenne, de chaque bêle, 1,890 litres par an; depuis la castration, les vaches me donnent, pendant la première année, une moyenne de 3,300 litres de lait. Pour la seconde année, je ne puis donner de moyenne , parce que, alors, je pousse mes vaches en graisse et que je ne les conserve pas tou-jours deux ans après l'opération. Toutes mes vaches sont soumises au même régime; celles qui donnent du lait me rendent Ie maxi­mum ; celles dont Ie lait s'en va prennent de la graisse. Je cesse de les traire lorsqu'elles sont descendues ä 4 litres par jour, et un mois après, quelquefois de suite, je les livre au boucher. J'ai eu des bêtes qui ont rendu en suif Ie quart du poids net de la viande. Vous avez fait chez moi 67 castrations depuis Ie 31 mai 1854, et je n'ai pas perdu une seule béte 2. raquo;
De ces fails multiplies , il est actuellement permis de conclure :
10 Que chez les vaches qui, par Ie fait d'une mauvaise santé, d'un tempéramment irritable, ne donnent, après Ie vélage, qu'une faible quantité de lait, et dont la secretion lactée est très-irrégulière, la castration élève Ie rendement et Ie maintient h un chiffre constant;
2deg; Que chez toutes les vaches, la castration pratiquée au mo­ment du rendement maximum, maintient la production du lait è
i lUoniteur des Cornices. 1837, t. II, p. 242.
2 Lettre a M. Charlier, citée dans Ie Journ. des Vet. du Midi. 1836, p. 383.
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INFLUENCE SUR LA SECRETION DU LAIT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 351
ce meine chiffre pendant une durée moyenne de douze, quinze ä dix-huit mois, pouvant exceptionnellement aller jusqu'a deux ans; 3deg; Qu'il est nécessaire, pour obtenir de l'opération tout Ie résul-tat desirable, de lapratiquer sur des bêtes jeunes, en bon état, au moment du rendement maximum en lait, et de ne pas, surtout, attendre qu'elles soient revenues en rut, ce qui tarit Ie lait ets'op-pose a l'engraissement.
Mais raugmentation de la quantité de lait fournie n'est pas Ie seul avantage resultant de la castration de la vache. L'opération est utile encore par les ameliorations qu'elle apporte a la qualité du lait; ainsi eile augmente la proportion de beurre et de caséum qu'il renferme, et Ie rend bien supérieur par cela même ä celui que fournissent les vaches ordinaires.
Ce fait, constaté paries premiers qui ont tenté la castration des vaches, Thomas Winn, MM. Levrat, Régère, Morin, etc., a été depuis constamment observe. Toutes les personnes qui ont fait usage du lait de vaches castrées ontreconnu que ce lait, compa-rativement ä celui foumi par des vaches ordinaires et en bonne santé, laquo; est plus crémeux, plus caséeux , plus nourrissant, plus agréable au gout... A son aspect physique, a sa couleur toute par­ticuliere, è sa saveur agréable, on Ie reconnalt parmi tons les autres laits. On a même vu des enfants, habitués ä en faive usage, refuser opiniätrement Ie lait des vaches non castrées.
laquo; Le beurre, qui, pour la même quantité de crème, est plus abondant, est aussi plus jaune, plus onctueux, et d'une saveur plus exquise. Le caséum, en plus grande quantité, est plus sa-voureux, plus gras, de meilleure qualité '. raquo;
A l'appui de ses assertions, l'infatigable propagateur de la cas­tration des vaches donne les résultats de quelques analyses de laits provenant de vaches ayant subi l'opération, analyses qui, sans permettre de rien conclure quant a la qualité des elements constitutifs de ce liquide, prouvent au moins que leur proportion s'est notablement accrue.
üne première analyse, signalée dans le rapport de la commis­sion déja mentionnée, nommée par TAcadémie de Reims, en
gt; CnARLiEH, A'dlaquo;/. sur la Cast. des vaches. Paris, 1854, p. S6.
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352nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA VACBE.
•J847, et due ä M. Maumené, professeur de chimiedans cette ville, a élé falle sur le lail de 8 vaches, donl 2 non chïUrées el 6 ayant subi l'opéralion. Les 2 premières, sur 1,000 parlies, ont donnó en beurre el caséum réunis : l'une 66, l'aulre 80,4. Les aulres donnèrent: la plus faible 101, la plus riche, 150, les 6, en moyenne, 121,6. — Sur 2 autres vaches, l'une en son étal ordi­naire, ayant toujours fourni un très-bon lail, et l'aulre, vache de Ireize ans, castrée depuis quinze mois, le lail donna a l'ana-lyse, celui de la première, en beurre et caséum réunis ; 85,8, celui de la seconde, 114,2.
D'aulres analyses, dues a M. Grandval, professeur de chiraie ä I'Ecole de médecine de Reims, soul rapporlées dans le travail de M. Charlier; elles constalent les mêmes résullats, et établissent, en résumé, une difference de plus d'un tiers en caséum et en beurre, en faveur des vaches castrées.
A peu de chose pres, c'est ce qu'ont égaletnent obtenu, depuis, divers expérimenlateurs qui ont cherché ä apprécier, par 1'analyse, le lail fourni par les bceuvonnes. Iels que MM. Gust. Hamoir, Marchand, etc. ^
Le seul reproche, suivant M. Charlier, qu'on pourrait faire au lail des vaches castrées, serait d'etre parfois trop gras, trop épais, surtout lorsque la vache est opérée depuis longlemps, et qu'elle recoil une alimentation très-succulenle, du grain cuil, par exem-ple. Pour corriger cela, si on le jugeait ä propos, il n'y aurait qu'ä donner des aliments plus aqueux, a écrémer le lait plus tót, a le mélanger avec celui de vaches non castrées, ce qui ne lais-serait pas de fournir encore un lait d'excellente qualitó.
$ 2. — Influence de la castration sur rengraissement.
Sur la vache, de même que sur les individus males el femelles des aulres espèces animales, l'ablalion des organes essentielsde la generation, enanéanlissant la vie sexuelle, diminuel'activitémus­culaire, reläche les tissus et les rend ainsi plus perméables ä la
i Moniteur agricole, nquot; du 4 décembre 1831; Journ d'Agr. pratiq., 1833 , IVlaquo;sér., t. IV, p. 70; Moniteur des Cornices, 1838, t. IV, p. 181.
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graisse, laquelle se depose alors au milieu des muscles, en modl-fiant plus ou moins les formes extérieures du sujet.
Gelte inQuence de la castration sur l'engraissement a été cons-tatée, chez les vaches, par tons les observateurs, même par les adversaires de l'opéralion. Comme on Ie voit dans les passages d'Olivier de Serres et de Bartholin plus haut rappelés, eile était connue des anciens , et a été pour eux le motif principal de l'opé-ration, a rimitation de ce qui avait lieu pour les autres animaux de consommalion. Le fait est a noter surtout a l'égard des Alle-mands et des Anglais, parmi lesquels la castration des vaches fut longtemps mise en pratique dans I'unique but de favoriser l'en­graissement , d'améliorer la qualité de la viande.
A une époque plus rapprochée de nous , quand la castration des vaches reprit faveur, la même observation fut faite par ceux qui, les premiers, tentèrent l'opération. laquo; Chez les vaches laitières, dit M. Levrat, comme sur celles qui ne donnent pas de lait, la castration produit les effets suivants: Les vaches s'engraissent plus facilement.avec la nourriture ordinaire, et, ä plus forte raison, avec celle de qualité supérieure donnée en quantité süffisante pour favoriser l'engraissement; de plus , chez les vaches chatrées, la viande est mieux entremêlée de graisse; eile est, comme disent les bouchers, bien marbrée; la chair en est aussi plus delicate. Elles ont, comme celles qui n'ont pas subi cette operation et qui ont été engraissées, les rognons bien converts de graisse i, raquo;
M. Desbans constate ainsi l'état d'une vache taurelière qui, ayant subi la castration, fut livrée ensuite ä la boucherie : laquo; L'ouverture fit voir une quantité plus considerable de snif qu'on n'aurait pu le présumer. La viande était d'une qualité supérieure comparative-ment ä celle des autres vaches qui, le plus communément, sont en état de gestation avancée , et dont la chair est toujours molle ; celle-ci, au contraire, avait une chair ferme, relevée en couleur et d'un gout excellent; en un mot, eile avait la plus grande ana­logie avec la chair du boeuf2. raquo;
Depuis, tous les observateurs vétérinaires ou propriétaires, tous
i Ree. de Méd. vél., 183amp;, p. 431.
ï .Wem. de la Soc. vét. du Calvados et de la Manche, 183S, ir 4, p. 4quot;.
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354nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VAGHE.
ceux qui, enfin, ont eu occasion d etudier les effets de la castration sur la vache, et notamment MM. Régere, Morin, Rpche-Lubin, Prange, Gust. Hamoir , Ménard, etc., ont signalé ce même résultat, constaté que les vaches castrées engraissent plus facile-ment et plus vite que les aulres, donnent une viande plus delicate.
On a remarquó, de plus, que la castration tend a rapprocher les vaches qui l'ont subie de la conformation des races que distin­gue spécialement leur aptitude ä l'engrais, des races angiaises améliorées, notamment, chez lesquelles, comme on Ie sait, cette laculté s'est développée surlout aux dépens de la puissance repro-ductrice. Ce fait, physiologiquement acquis, vient de recevoir une nouvelle confirmation sur une vache castrée, hongroise 1, exposée au Concours national agricole de cette année (en juin 1860), et dont un écrivain distingué de la presse agricole, M. Jacq. Valserres, décrit en ces termes la transformation consecutive ä l'opéralion .-
raquo; Aux tormes anguleuses qui caractérisent la race hongroise ont succédé des formes plus arrondies; la chair s'est répandue dans tous les muscles, jusque-la peu volumineux. Ces muscles se sont eux-mêmes entrelardés de graisse. De chaque cóté des hanches et de la queue, il s'est forme des pelotes graisseuses comme il en existe chez Ie durham. La castration a done change complétement la nature de la vache hongroise.
laquo; Ce qui nous frappe le plus dans cette transformation, e'est la presence inaltendue des pelotes graisseuses vers les hanches et vers l'attache de la queue. Pourquoi ces protuberances, que 1'on croyait être l'apanage exclusif des races améliorées de la Grande-Bretagne 1 Pourquoi, chez la boeuvonne hongroise, retrouve-t-on les mêmes signes que chez la vache durham? C'est sans doute parce que les mêmes causes produisent les mêmes résultals. Chez la vache durham, les pelotes graisseuses sont la consequence
i Cette vache est une de celles qui ont figure au Concours agricole univcrsel de 1836. Elle avait 7 ans, et en clait ä son S' veau. Acheléc par M. Giot, cultivateur de Seine-et-Marne, eile a, depuis, fait 3 veaux. Elle avait été chalrée par M. Charlier, le 3 juin 1839; aballue après le Concours de 1860, eile a donné 62,3 p. % de viande nette, moyenne de rendement egale a celle fournie par les meilleurs boeufs de boucherie.
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isfluence sun l'enguaissemrist.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 33a
d'une amelioration centre nature qui conduit a la stérilité. Chez la vache hongroise, les mêmes signes apparaissent apres la cas­tration, c'est-ä-dire lorsque Ie sujet est devenu sterile. N'y a-t-il pas, dans celte coincidence, un fait curieux qui ouvredenou-veaux horizons ä la zootechnie, et qui pose a ramélioration du hétail des bornes qu'on ne saurait francbir? Notre hypothese est d'autant plus digne d'exarnen, que chez toutes les races bovines améliorées, les pelotes graisseuses sont presque toujours, pour les sujets qui les possèdent, un signe certain de leur impuissance comme reproducteurs. raquo;
Exposant, plus loin , dans Ie même article, les effets de la cas­tration chez celte même vache hongroise, constatés après l'abat-tage, M. Jacq. quot;Valserres en fait ainsi qu'il suit rénumération:
si Le suif, au lieu de s'altacher autourdes muscles, comme chez les vaches cpuisees, les pénétrait dans tous les sens. La viande était ainsi bien persillée, bien raarbrée , exactement comme celle des breufs de concours. La graisse était d'un beau jaune, et les chairs élaient très-fermes. La dégustation est encore venue confir-mer les apparences. La viande de la vache hongroise, préparée sur le gril, a la broche et dans le pot-au-feu, a présenté une saveur et une delicatesse exceptionnelles; nous avons surtout remarqué combien eile était nourrissante et d'une digestion fa­cile1. raquo;
Avant cette dernière experience, on avait contesté la disposi­tion a l'engraisscment acquise par les vaches qui ont subi la cas­tration, se fondant sur ce qu'il est physiologiquement impossible d'obtenir du lait et de la viande du même animal. M. Charlier, discutant celle objection, L'a combattue par l'argument le plus décisif, en rappelant tous les fails observes, soit par ses devan-ciers, soit par lui-même, et qui, a très-peu d'exceplion pres, démontrent que les vaches castrées, convenablement nourries, s'engraissent tout en dormant du lait, et que la quanlité de ce liquide ne commence ä diminuer sensiblement que lorsque la for­mation de la graisse devient plus active.
Or, c'est lä préciseraent ce qu'on doit chercher a obtenir,
a Hevue d'ér.on. mr., 1quot; année, n0 du 12 juillcl 18G0. p. 330.
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356nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHE.
attendu qu'il n'est pas habituellement avantageux de conserver, pendant trop longtemps, las vaches ä l'élable, oü leur santé s'altère, et oü, en prenant de Tage, leur valeur commerciale se déprécie de plus en plus. Le but économique qu'on doit se proposer en pareil cas est de rendre l'engraissement facile pour le moment oü, par la diminution du rendement en lait, il n'y a plus profit decontinuer ä entretenir la vache. C'est ce qu'on cherche ä obtenir , et a quoi on parvient plus ou moins, dans les circonslances ordinaires, en mettant les vaches qui ne donnent plus de lait, en état de ges­tation; de la sorte, on calme leur ardeur genitale, on les rend plus tranquilles, plus aptes ä Tengrais, et, par conséquent, d'une vente plus fructueuse a la boucherie. Mais ce moyen, qui n'est pas toujours d'une egale efficacité , ne convient guère que pour les vaches qu'on peut engraisser dans les herbages, oü elles trouvent réunies toutes les conditions d'un fructueux et facile entretien; bonne nourriture , léger exercice , facilité de recevoir le male des qu'elles entrent en chaleur, etc. Or, même dans de telles conditions, la castration sera encore preferable; car, ainsi que 1'observejudicieu-sement M. Charlier, il vaut mieux employer ses fourrages ä fabri-quer du lait et de la viande que de les faire servir a la formation et au développement d'un foetus et de ses annexes, qui seront jetés ä la voirie, et avec d'autant plus de raison, que la viande des vaches pleines, bien que tendre et grasse, est de mauvaise qualité; eile est bouffie, melasse, légere, se corrompt facilement etne donne qu'un médiocre bouillon.
Il résulte, en definitive, de tout ce qui precede, que la cas­tration, par les résultats dont eile est suivie, peut être considérée comme le moyen par excellence pour l'utilisation complete des vaches , trop généralement considérées comme une sorte de non-valeur des qu'elles cessent d'avoir du lait. En effet, la vache chatrée, s'engraissant facilement, donnant une meilleure viande, pourrait être d'un produit avantageux pour la consommation au lieu d'etre échangée a perte, puis abattue et mise en vente comme viande de basse boucherie. Ainsi se résoudrait, sans difficulté, et de la maniere la plus généralement utile, un important problème d'économie publique depuis longtemps soumis a la discussion sans résultat, savoir : la rehabilitation de la viande de vache.
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INFLUENCE DE l'eNGRAISSEMENT.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;357
Bien des préjugés, on le sail, s'élèvent encore centre cette viande, qu'on est convenu de considérer comme de qualité infé­rieure , bien que, dans l'espèce bovine, tout comme dans les autres espèces de boucherie, la femelle donne une viande non-seulement aussi bonne que celle du male, mais souvent même plus tendre , plus delicate, plus savoureuse.
Peur qu'il en soit ainsi, la béte, il est vrai, doit être abattue non trop vieille, et dans un état satisfaisant de santé et d'em-bonpoint. Cette condition est observée pour la brebis, pour la truie, tandis que souvent on la négligé quand il s'agit de la vache, que l'on engraisse seulement lorsqu'elle est déja vieille , épuisée par la lactation; et que, plus souvent encore, on livre a la bou­cherie sans l'avoir engraissée, soit que, par suite de I'excitation genitale dans laquelle eile se trouve si fréquemment, on n'ait pu réussir ä lui faire prendre de la graisse , soit que, sous l'em-pire du préjugé et pour épargner l'inutile dépense de refaire une béte mal appréciée, l'opération n'ait pas méme été entreprise.
Voilä comment beaucoup de vaches sont livrées ä l'abattoir dans les plus mauvaises conditions, conlribuant ainsi ä entretenir, contre la viande de ces bêtes, des preventions qui s'étendent a l'espèce tout entière, et a l'appui desquelles viennent encore se joindre certains arrétés administratifs qui, en classant la viande de vache ä une categorie inférieure, empêchent encore les ele­ven rs de faire le moindre effort pour améliorer un produit d'avance stigmatise et declare presque sans valeur.
Et quand on considère que dans la population bovine de la France, — comprenant environ 10,000,000 de têtes, soit2,000,000 beeufs, 5,500,000 vaches, le surplus en veaux et génisses , — le nombre des vaches est trois fois plus considerable que celui des bceufs, on peut se rendre compte du prejudice énorme que cette depreciation de la viande de vache occasionne ä l'agriculture et du grand intérêt économique que l'on aurait a pouvoir livrer ä la consommatlon , avec sa valeur toute entière, une masse de pro-duits aussi considerable. Or, tel est précisément le résultat que l'on obtiendrait si la coutume se répandait de ne livrer aucune vache ä la boucherie avant de l'avoir chatrée , comme on le fait pour les boeufs, pour les moutons, pour les pores, pour les truies.
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358nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHE.
G'est par la castration seule, en effet, que Ton parvient ä trans­former les individus de ces différentes espèces en animaux de boucherie, et il ne saurait en être autrement pour la vache, dont la viande, sous l'influence des désirs génésiques qu'elle conserve quelquefois jusqu'au dernier moment, reste dure, sèche, filan-dreuse, dépourvue de graisse ou d'une difficile digestion, et ä laquelle la castration seule pourrait donner les qualités requises pour la consommation.
laquo; De même que Ie boeuf, dit avee raison M. Charlier, est meil-leur que Ie taureau, Ie mouton que Ie bélier, la moutonne que la brebis, la coche que la truie, etc, la vache castrée est supérieure äla meilleure des vacbes qui n'ont point subi l'opération; sa chair est tendre, succulente, les fibres musculaires sent entremêlées de graisse, son grain est plus fin; eile contient, sous un même poids, plus de matériaux nutritifs, plus d'osmazóme, plus de jus; sa saveur est toujours plus agréable et la digestion en est plus facilei.raquo;
L'habitude de chätrer les vaches, avant de les livrer a la bouche­rie , offrirait d'ailleurs d'autant plus d'avantages, que les vaches coütent bien moins et sont beaucoup plus faciles a engraisser que les boeufs. L'engrais d'un boeuf, surtout a l'étable, entratne tou­jours , par les frais snpplémentaires de nourriture exigés, une forte dépense , teile que, bien souvent, cette operation se solde en perte, et que Ie cultivateur, pour y trouver son compte, est dans la nécessité de se borner , pour tout engraissement, ä raaintenir l'animal au repos pendant quelques jours, en n'ajoutant rien ou presque rien a la ration ordinaire.
Avee la vache castrée, qui, tout en s'engraissant, donnedu lait jusqu'au dernier moment, on évite ces frais considerables. Et lors même qu'a la ration d'entretien ordinaire on croit devoir ajouter un supplément de nourriture , Ie surcroit en rendement de lait qu'on en obtient, surtout quand la vache est bonne laitière, couvre assez largement ce léger excédant de dépense, pour que l'opération n'en soit pas moins encore très-fructueuse.
L'engraissement ne suit pas immédiatement la castration, a moins qu'on ne la pratique longtemps après Ie vélage. II ne cotn-
1 \*. Charuer . Ettid. sur la Cast. des vaches , p. 39.
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mence que lorsque la secretion du lait diminue, après 12, 15, 18 mois; en attendant, la bete prend peu h peu de la chair, se développe en se rapprochant du bosuf, et devient ainsi de qualité meilleure peur la boucherie, mème avant que la graisse ait com­mence a s'accumuler dans les tissus; de la résulte que ce retard de l'engraissement, présenté comme une objection a la castration des vaches par les adversaires de l'opération, est, au contraire, une circonstance des plus favorables pour l'usage alimentaire de cette viande.
Malgré ces avantages multiplies, M. Magne % se fondant: sur ce que les vaches maigrissent après l'opération et ne payent pas alors leur nourriture ; sur ce que fort souvent l'on ne chètre même pas les taureaux, qui cependant souffrent a peine de l'opération, croit que la castration se généralisera difficilement sur les vaches desti-nées a la boucherie... A moins qu'elle ne signifie que la question, avant de triompher, aura encore 'a lulier centre l'empire de l'babi-tude, nous ne comprenons pas la portee de l'objection du savant professeur. Quel progrès, en effet, s'est jamais accompli sans ren-contrer cette difficultéquot;? Une cause qui n'est plus combattue que par ces arguments est gagnée devant la science et la raison. A l'expérience et au temps de faire Ie reste.
5 3. — Influence de la castration sur Ie caractère et la santé des vaches.
La castration, chez la vache, comme chez les autres animaux domestiques, modifie Ie caractère, en atténuant plus ou moins la rudesse et lasauvagerie natives du sujet, rend celui-ci plus doux, plus tranquille, lui donne une docilité plus grande. Ces change-ments, il est vrai, sont peu sensibles sur Ie plus grand nombre de nes vaches domestiques, dont la douceur naturelle de caractère, consequence de leur education spéciale, des bons traitements dont elles sont généralement l'objet, ne saurait être manifestement accrue par l'extinction de la faculté reproductrice.
Mais ce qui n'a pas lieu pour les bêtes constamment entretenues
i Hyg. nét. appliq., 2laquo; édit. Paris, 1837, l. II, y. 401.
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360nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; GASTRATION DE LA VACHE.
ä 1'étable, sous les yeux et par les soins constants des femmes et des enfants de Ia ferme, apparatt, au contraire, de la maniere la plus évidente, quand il s'aglt de vaches élevées en liberté et ayant plus ou moins conserve du naturel farouche et indompté de leur espèce. Sur celles-ci, les effets de la castration sont toujours tres-prononcés, ainsi qu'en a fourni un remarquable exemple Ia vache hongroise, figurant au Concours national agricole de 1860, dont nous avons précédemment parlé (v. p. 354). laquo; Appartenant ä une race qui vitä demi-sauvage, cette vache, dit M. Jacq. Valserres (art. cit.), supportait difflcilement la domesticité, et ne souffrait guère I'approche de l'homme, si ce n'est de son gardien. Après la castration, cette béte, sans être aussi douce que nos vaches, est devenue beaucoup plus maniable; on a pu facllement Fapprocher sans craindre des coups de corne. Un grand changement s'est opéré dans tout son être : d'abord vive, alerte, impressionnable, on l'a vue tout-ä-coup calme, tranquille, indifférente. raquo;
Mais c'est surtout en l'affranchissant des tourments et des inquie­tudes qu'impose a tous les êtres Ia lol de reproduction, que Ia castration exerce sur la vache une influence favorable au point de vue de l'économie domestique. Ainsi, ä considérer seulement les accidents si nombreux qu'entratne I'accomplissement de Ia fonclion reproductrice, et qui se produisent avant, pendant et après la gestation, il est aisé de concevoir l'utilité, ä ce point de vue, de Ia castration, dont Ie premier effet est naturellement de mettre les vaches ä l'abri de ces accidents.
Par cette operation, on soustrait d'abord Ia vache ä tous les dangers auxquels l'expose la période du rut, durant laquelle ces bêtes deviennent ardentes, indociles, difficilesä gouverner ; peu-vent se blesser ou blesser ceux qui les approchent; montent sur les aulres vaches qui sont ä leur portee, les tourmentent, et attaquent même quelquefois leurs gardiens.
Cet état, généralement de courte durée, ne dépasse guère vingt-
quatre heures. Mais si la vache n'est pas satisfaite par I'approche
j raquo;aureau, il reparait a des intervalles plus ou moins rappro-
. ' 'went tous les huit ou dix jours, et finit par prendre tous
gt; sounbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;rie ia pius vive exaltation.
^aclères „nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;•laquo; inquiète et tourmentée, s'agite dans l'étable,
^^e est aio,.
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frappe Ie sol, Jbeugle, fait de violenls efforts pour rompre sa chatne, et si eile parvient k se detacher, s'élance sur tous les ani-maux qu'elle rencontre, vaches, boeufs, ènes ou chevaux. Elle attaque même la trayeuse qu'auparavant eile accueillait avec tous les signes d'une satisfaction manifeste.
Cet état, en se pralongeant et en se renouvelant, determine, vers l'appareil génital et les organes environnants, une sorte de fluxion sanguine et nerveuse, qui peut, avec Ie temps, devenir Ie point de depart de diverses affections locales, telles que : l'engor-gement inflammatoire des mamelies, avec eruption érysipéla-teuse ou pustuleuse sur Ie pis, au pourtoür de la vulve, k la face interne des cuisses, s'étendant quelquefois jusqu'aux onglons; formation d'abcès, de tumeurs squirrheuses, dans Ie tissu de la glande; chute d'un ou de deux trayons, etc. Ces accidents varies s'accompagnent toujours d'une profonde alteration de la secretion du lait; ainsi, ce liquide diminue d'abord de quantité, puis se trouble, devient séreux, et quelquefois même sanguinolent. En même temps se declarant divers symptómes généraux, la perte d'appétit, Hnrumination, Ie météorisme , la constipation , la dyspnée, la toux, la fievre, la rareté des urines, la maigreur rapide, etc., qui indiquent suffisamment Ie désordre fonclionnel survenu dans toute l'éoonomie.
Voilä les accidents nombreux auxquels, suivant M. Charlier, se trouve exposée la vache par Ie seul fait de sa predisposition naturelle au rapprochement sexuel, et que la castration, par conséquent, en éteignant tout désir génésique , doit aussitót faire disparaïtre. Les avantages de l'opération, sous ce rapport, ne sauraient être contestés; mais peut-être, dans cette enumeration étendue des désordres multiplies que l'apparilion des chaleurs peut entrainer chez la vache, et dont nous n'avons donné ici qu'un court résumé, M. Charlier, entralné par les besoins de sa de­monstration , a-t-il un peu forcé les couleurs.
Teile n'est cependant pas la pensee du zélé et intelligent propa-gateur de la castration des vaches, qui croit, au contraire, en tracant ce tableau, être resté au-dessous de la vérité, et n'hésite pas ä Ie charger d'un inconvenient plus grave encore. Ainsi, tout en admettant, comme vraies, les causes diverses auxquelles on a
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362nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTKATION DE LA VACUE.
coutume d'attribuer Ie développement de Ia maladie la plus com­mune des vaches laitières, c'est-ä-dire la phlhisie ou potnmeliere, telles que : l'excès de la secretion laiteuse, dent on connalt Tin-fluence épuisante des plus actives; la respiration longlemps con-tinuée de Fair confine des étables; 1'usage d'une nourriture trop échauffante, etc. M. Charlier croit, de plus, que la privation du male est, plus souvent qu'on ne le pense généralement, chez les vaches, la cause déterminante de la maladie de poitrine; il met ainsi, sur le même rang, l'absence el l'abus de la fonction geni­tale, se fondant sur ce que, dans Tun et l'autre cas, il y a échauffement, surexcitation générale avec reaction plus prononcée du cole de l'appareil respiratoire, d'oü le développement de l'af-fection redoutable dont il s'agil.
M. Charlier cite, ä l'appui de cette maniere de voir, quel-ques faits, desquels il résullerait que, sous l'influence de cette surexcilalion spéciale, la phlogose qui se porte sur les poumons,
M
tantól produit la pleuropneumonie, comme cela arrive chez les
aniraaux bien nourris, ayant un sang riche el fibrineux, pouvant fournir tous les elements d'une exsudation de lymphe plastique coagulable: tantót dégénère en phthisie luberculeuse, ainsi qu'on l'observe chez les animaux d'une constitution affaiblie, et nourris avec des aliments de nature ä faire prédominer le phosphate et le carbonate de chaux dans le sang.
Gelte consequence de l'érélhisme genital non calmé par l'appro-chedumèle, sans être dénuée de lout fondement, ne laissera pas que de parattre exagérée; il y a du danger quelquefois ä vou-loir trop prouver. En se bornant a faire remarquer que les vieilles vaches laitières ont presque toutes la pommelière, ce qui tienl a la production soutenue du lait, agissant coucurremment avec la fonction épuisante des organes générateurs, et que la castration, en supprimant cetle fonction, diminue, par cela même , de moilié les chances de développement de la maladie, M. Charlier, sans nul doute, se ftlt moins écarté de la réalilé des fails. Quoi qu'il en soit, même en les réduisant aux plus strides proportions, on voit que les inconvénients, pour la santé des vaches, resultant de l'apparition des chaleurs, ont une importance assez grande encore pour justifier 1'emploi de la castration , seul moyen de soustraire
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les bêtes è l'inflaèncé eventuelle de eet état physiologique.
Au moment de la saillie, la vache est exposée ä d'aulres dan­gers; ainsi, eile peut être blessée par Ie taureau, saillie par un taureau trop gros pour eile. Après qu'elle est fécondée, eile peut se raaintenir en rut, rester échauffée , et s'épuiser dans de nou-velles approches. Enfin, plus tard, sont a craindre les accidents et maladies sans nombre qui d'ordinaire accompagnent la gesta­tion : indigestions, avortemenls, paris laborieux, non délivrance, chute de l'utérus et du vagin, inflammation des mamelies avec toutes sescomplications, perte du lait, etc.; et ces dangers divers sont également supprimés dans leur source par l'annihilation de ia fonction reproductrice.
Mals une des circonstances oü la castration est particulièrement appelée h exercer une influence heureuse, c'est lorsqu'elle est mise en usage comme moyen de calmer celte ardeur érotique perma­nente , connue sous les noms de nymphomanie, d'hysterie, de fureur utérine, affection que l'on rencontre fort coramunément dans les herbages et dans les étables, et qui a fait donner partout, aux vaches qui en sont atteintes, les noms de brutes ou taure-lières. Déja connue des anciens, qui appelaient taurce (Varros, II, 5) les vaches souffrant de cette maladie, la nymphomanie constilue un état assez grave, d'aulant plus facheux, qu'il est généralement sans espoir de guérison, et ne laisse guère d'autre ressource que Ie sacrifice pour la boucherie, dans Ie plus brei' délai possible, de la vache affectée, a cause des dangers pouvant résulter de sa conservation au milieu des autres animaux.
En effet, les vaches, en eet état, habituellement provoqué par Ie séjour prolongé dans une étable chaude, par une nourriture excitante, par la privation du male, etc, se trouvant constam-rnent en surexcitation, sont sauvages, difficiles, dangereuses même a conduire, tracassent et attaquent sans cesse les autres bêtes avec lesquelles elles se trouvent, et peuvent ainsi donner Heu ä de nom-breux accidents.
Les taurelières ont, de plus, l'inconvénient d'etre d'un entretien lort dispendieux, en ce sens qu'elles ne profitent pas de la nour­riture qui leur est distribuée, et ne sont qu'une charge pour leurs propriétaires. Elles ne donnent, d'abord, qu'une très-petite quan^
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364nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA VACHE.
lité d'un lait clair, bleu, séreux, acide, tournant ä l'ébuUition, nuisible ä la santé, et qu'il faut souvent naettre ä part, si on ne veut pas, en Ie mêlant au lait fourni par les bonnes vaches, allerer tous les produits de la laiterie.
A la boucherie, les vaches laurelières ne sont pas plus produc-lives. Utilisant fort mal leur nourriture, elles dépérissent d'une maniere rapide, contractent des phthisies, des métriles, et diffé-renles autres maladies chroniques; ne rendent ä l'étable qu'un mauvais furnier, et ä rabatlage qu'une viande maigre, seche, coriace, échauffée, d'un goüt désagréable, dépreciée a l'égal de celle du laureau, et vendue uniquement comme viande de moyenne et basse boucherie 1. Ajoutons a cela l'inaplitude ä êlre fécondées propre aux vaches atleinles de nymphomanie, et nous aurons loule la série des inconvénienls resultant de celle affection Irop commune, dont l'effet Ie plus certain est d'allénuer considé-rablement la valeur d'un grand nombre des vaches livrées annuel-lement a la boucherie.
Paria castration, on remédié efficacement ä ces maux divers. Tous les auteurs qui onl traite de celle operation se sont accordés ä la présenter comme spécialement et constamment indiquée, dans ce cas, pour ramener la béte a son état normal, et la rendre apte ä êlre utilisée avee avantage. La castration, en effet, appliquée a la vache taureliëre, commence toujours par ramener chez eile Ie calme et la tranquillité. La béte qui a subi l'opération, ne saute plus sur les autres, se tient ä l'écart, cherchele repos pour manger et dormir. Son lait tari revient, quelquefois avec assez d'abon-dance, et toujours, alors, il est de bonne qualité. La vache, aupa-ravant amaigrie, acquiert de l'embonpoint, devient aussi belle que les autres, et donne ä la boucherie autant de suif et une viande aussi belle que celle fournie par les bonnes vaches castrées dans un parfait état de santé, et non moins estimée que la raeil-leure viande de boeuf.
C'est la un résultat d'extrême importance, eu égard surtout au
#9632; Certains bouchers, dits touchers rouges, luent chaque année un grand norabre de ces vaches taurelières, dont ils semblent se faire une sorte de spé­cial ilé.
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nombre considerable de taurelieres existent en France, évalué ä pres du dixième de noire population en vaches, et que Ton peut considérer comme ä pen pres perdues pour la consommation, indépendamment de la dépense, calculée a 1 fr. par jour, qu'elles occasionnent sans offrir aucun profit en compensation. Et cela seul suffirait pour démontrer l'imporlante pratique de la castration des vaches, si déjè les considerations dans lesquelles nous sommes pré-cédemment entre ne suffisaient pour la meltre hors de toute con­testation.
Üne particularité remarquable, utile ä citer en terminant, c'est que la castration, chez une vache taurelière, pratiquée d'un cöté seulement, peut suffire quelquefois pour faire disparattre cel état, tout en conservant ä la béte ses facultés ordinaires. Ainsi M. Putot a mentionné Ie cas d'une vache atteinte de nympho-manie qui, n'ayant pu être opérée que d'un cólé, entra en rut avec les caractères ordinaires de eet état physiologique, fut saillie, fécondée, donna un veau, fut la meilleure lailière de 1'étable et s'engraissa facilement '. Le faitne pourrait-il se renouveler? C'est la une experience utile ä faire.
S 4. — Essais défavorables a Ia castration des vaches.
Tous les essais relatifs a la castration des vaches n'ont pas été également heureux. Bien que, le plus souvent, lorsqu'elle avait été pratiquée dans des conditions favorables, l'opération ait réussi, eile n'a pas moins, en certaines circonstances, fort rares ä la vérité, donné des résultats moins satisfaisants, qui, sans modifier sensiblement les conclusions a lirer des fails précédemment cités, doivent toutefois être pris en consideration dans lappréciation des avantages de l'opération, d'autant qu'ayant été, a diverses repri­ses, invoqués par les adversaires de cette dernière, il Importe de réduire a leur juste valeur les arguments qu'on a cru pouvoir tirer de ces essais.
Prévost, de Genève , a, le premier, mis en doule les avantages de la castration des vaches , en s'appuyant, pour soulenir cetle
' Mém. de la Soc. vét. du Calvados et de la Manche, 1840, no 8, p. 87.
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366nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTIUTIOX DE LA VACHK.
opinion, sur 4 fails qu'il rapported'une maniere fort incomplete, et qui lui suffisent néanmoins pour affirmer que Ie lalt diminue après la castration, ne s'expliquant pas d'ailleurs quelle pouvait être l'influence des ovaires sur l'aclion laclifère, ni comment la castra­tion pouvait augmenter la secretion du lait. Ces doutes de Prévost ne sauraient ajouter aucune force ä sa critique, vu qu'un fait établi est toujours vrai, alors même qu'on en ignore la cause, et qu'en physiologic surtout il convient souvent de faire fléchir Ie raisonne-ment devant l'expérience. Dans tous les cas, ils n'ont pas réussi ä infirmer les résultats heureux, et alors tout récents, de MM. Le-vrat, Francillon et Regere, centre lesquels aparu surtout dirigée l'attaque de Prévost.
M. Emile d'Extrane 1 a cru aussi pouvoir conclure de ses expe­riences que Ia castration n'augmente pas chez les vaches la durée de la secretion lactée. Il a fait des essais sur 5 vaches, sur lesquelles
1nbsp; a été manquée, 2 sont mortes des suites de 1'opération. Restent
2nbsp; seulement pouvant servir de base ä une appreciation fondée. Or, de ces deux vaches, qui furent castrées I'une et l'autre 44 jours après Ie vélage , l'une était très-vieille et fort maigre, l'au­tre ögée de 7 ans et très-grasse. La première, après la guérison de la plaie , reprit la même quantilé de lait qu'avant l'opération, et Ie perdit au bout de 10 mois ; la seconde, qui produisait 7 li­tres 1/2, n'en donna ensuite que ö litres; puis, au bout de trois mois, Ie lait baissa et finit par se perdre. De ces deux experiences, une seule, Ia seconde, a été réellement suivie d'un résullat désa-vantageux; mais en seprésentant ainsiisolée, dépouillée de toutes les garanties qu'eussent pu lui donner des essais plus nombreux et comparatifs, tentés dans des conditions identiques, eile ne saurait avoir Ia valeur d'une épreuve decisive.
Les adversaires de Ia castration des vaches ont invoqué encore les experiences de Roche-Lubin, qui ont eu lieu sur 8 vaches opé-rées de 1838 ä 1843 2. De ces essais, souvent rappelés, Roche-Lubin conclut:
i Buil. de la Soc. d'Arjr. du Gard; févricr J840. — Jount. it'Ayi: praliq., 1840, l'laquo;sér., I. III, p. 469.
xjmini. des Vét. du Midi, 1800, p. 201.—laquo;cc de Méd. vél. . 1800. p. '(34.
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laquo;l0 Que la castration des vaches ne produit pas toujours une secretion plus abondante et plus constante de lait; — 2deg; que Ie lait n'acquiert pas de qualité supérieure è celui des vaches non chètrées ; — 3deg; que Ie seul avantage démontré de cette operation est une très-grande disposition a l'engraissement, en rendant la viande plus succulente; — 4deg; que cel engraissement, arrive ä une certaine période, fait tarir la secretion laileuse chez la vache chè-trée ; — 5deg; que les suites fècheuses de la castration dépassent les chances funestes du vélage ; — 6deg; qu'il est plus avantageux aux cultivateurs de plusieurs départements de se livrer a l'élevage des veaux; — 7deg; enfin, qu'il faut abandonner la pratique de la cas­tration des vaches aux agriculteurs opulents et a certains nourris-seursdes grandes villes. raquo;
De ces conclusions, les deux dernières, touchant ia portee écono-mique de l'opéralion, sont aujourd'hni admises sans discussion. Il en est de même de la 3deg;, touts favorable a la castration; ainsi que de la 4e, expriraant uu fait qui ne serait un inconvenient qu'autant que la secretion lactée tarirait de suite, ce qui n'est pas. Quant h la 5e conclusion , eile n'a plus de raison d'etre depuis que l'em-ploi du procédé vaginal a fait disparaitre les dangers de l'opé-ration.
Restent done , comme seules objections sérieuses faites a la cas­tration des vaches par Roche - Lubi n, les conclusions 1re et 2e, tendant a établir que l'opération est sans avantage pour la secre­tion du lait. 11 est facile de réfuter ces objections avec les chiffres mêmes fournis par l'auteur. D'abord sur les huit faits cités, il faut en éliminerdeux, une des vaches étant morte après l'opération et une aulre avant été sacrifiée. Si maintenant on additionne les quantités de lait fournies par chacune des 6 vaches restantes, durant l'année qui a suivi l'opération , on arrive k un total de 20,203 litres, soit par tête, annuellement, 3,367 litres, ce qui fait 9 a 10 litres par jour, chiffre égal h la moyenne fournie par les bonnes vaches dliurope, et qu'elles n'auraient probablement pas atteintsi elles eussent renouvelé, c'est-ä-dire si, pour leur conser-ver Ie lait, on leur eüt fait porter un nouveau produit.
On voit, d'ailleurs, en examinant chacun des cas cités par Roche-Lubin, que les 6 vaches opérées qui ont survécu onl toutes.
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tres-vile, non-seulement repris leur lait apres fopération, mais en ont donné plus qu'auparavant; ainsi, 3 ont augmenté de 1 litre, 1 de 2 litres et 1 autre de 6; en prenant le total de la quantité fournie avant l'opération et celui obtenu après la guéri-son complete, dont la plus tardive a exigé vingt jours , on trouve una augmentation moyenne de 2 litres par tête. Done, s'il y a une conclusion è tirer des experiences de Roche-Lubin, eile nous paratt devoir être dans un tout autre sens que celui qui leur a été attribué, jusqu'ä ce jour, par ceux qui ont combatlu la cas­tration des vaches.
Mais voici d'aulres essais, dus è M. Copeman, vétérinaire anglais, qui pourront, ä plus juste Utre, être invoqués comme arguments contre l'opération. En raison de l'importance et des résultats aussi inattendusqu'exceptionnels, enapparence, decette experience, nous croyons devoir donner ici la relation même de l'auteur anglais, que nous traduisons textuellement ^
laquo; Un de mes amis, M. N. quot;Wilcox, de Winfield, dit M. Copeman, ayant résolu de tenter une grande et complete experience sur la castration des vaches, je choisis, en juin 1849, 50 vaches dans sa laiterie, sur une centaine environ donnant du lait. Leur ège va-riait de quatre k douze ans. Elles présentaient toutes les apparences d'une bonne santé, et avaient allaité leurs produits durant les deux mois precedents.
laquo; L'opération fut faite le 8 et le 9 juin. Une vache agée, dontle Systeme nerveux recut une vive commotion, mourutle troisième jour. Une autre, une des meilleures, tomba dans un état d'éma-ciation de plus en plus prononcé, et mourut quarante-deux jours après l'opération. — Chez plusieurs, le Qanc, autour de l'incision, fut le siége d'une tumefaction considerable, et peu après le pus s'écoula librement des plaies.
laquo; Comme la quantité totale du lait donnée par les vaches avait seule été déterminée avant l'opération, la perte, dans chaque cas en particulier, ne put être fixée d'une maniere positive; tout ce qu'il fut possible de constater, c'est que cette quantité fut réduite de prés de moitié pendant les deux premières semaines qui suivi-
i The Veterinarian, 185a, nquot; d'aoAt, p. 449.
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rent l'opération. Beaucoup de vaches perdirent toul-a-fait leur lait, tandis qu'un petit norabre seulernent revinrent ä en donner la même quantité qu'auparavant. Le 15 juillet, 10 n'en donnèrent plus assez pour payer leur entretien, et furent vendues ä un fer­mier du voisinage.
laquo; Deux vaches, qui perdirent leur lait, devinrent en bon état, mais ne fournirent cependant qu'une viande médiocre, malgré qu'elles fussent enlretenues dans un excellent piUurage. Au mois de novembre, M. Wilcox en vendit 30 autres, loutes taries, ä M. Brewsler, de celte ville, qui les fit abattre et préparer pour l'usage de la marine.
laquo; Rien ä reprocher ä l'entretien de ces vaches; aucun soin ne fut négligé pour leur conserver le lait; cependant, il fut impossi­ble, exceplé chez 10 d'entre alles, d'élever le rendement de ce produit a un chiffre profitable. L'élé suivant, les meilleures de ces 10 donnèrent environ les deux tiers de leur quantité ordinaire; et vu la diminution graduelle du lait, 9 d'entre elles durent être livrées a la boucherie. Une seule continua a avoir du lait deux ans après l'opération. Chez aucune, la qualilé du lait ne fut améliorée, ni pour la production du fromage, ni pour celle du beurre. raquo;
On ne saurait évidemment, sans forcer la vérité, interpreter d'une maniere favorable a la castration des vaches l'expérience donl on vient de lire le récit. Toutefois , si l'on considère:
Que les sujets opérés étaienl probablement des vaches durham, race très-peu laitière, disposée surtout a la production de la graisse , et dont le lait par ceia même tarit aisément sous la moin^ dre influence perturbatrice;
Que l'opération, pratiquée par le (lane, en donnant lieu a une fièvre traumatique assez intense, a pu älterer assez la secretion lactifère pour l'empêcher de revenir ä son point primitif;
Qu'enfin, le sens genital, chez ces vaches, est a peine déve-loppé, comme le prouve la rarelé de la nymphomanie, de teile sorte que l'opération, en annihilant une fonction qui ne réagitque faibleraent sur réconomie, n'apporte presque aucune modification ä l'état organique des sujets, et ne saurait par suite provoquer, du cóté des mamelles, un afflux vital de nature ä contfebalancer les effets fächeux de raclion traumatique,
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On concoit que les fails constates par M. Copeman perdent beaucoup de leur importance , eu égard aux conditions diffé-rentes dans lesquelles se trouvent généralement les vaches de nos pays; et que, si on ne peut en tirer un argument en faveur de Topération, il n'y a pas lieu non plus de les invoqner contre eile comme un témoignage sans répiique. Cette experience montre très-bien I'une des circonstances oü la castration des vaches est conlre-indiquée; mais c'est la, au fond, son unique valeur.
M. Prangé a aussi rapporté queiques faits défavorables ä la cas­tration des vaches '. Il s'agitde 11 vaches, chiUrées par M. Félizet, vétérinaire a Elbeuf, et sur lesquelles 6 perdirent, a la suite de l'opération, une grande parlie de leur lait; i en donnèrent pen­dant trois mois la mêrae qnanlilé qu'auparavant; 1 seule Ie con-serva pendant huit mois, puis Ie perdit tout-ä-coup. Toutes ces bêtes, d'ailleurs, sauf la dernière qui était phlhisique, s'engrais-sèrent facilernent, et donnèrent a la boucherie une viande plus belle, plus ferme et plus savoureuse, un suif plus dense et plus blanc que les vaches non chalrées.
Ce résultat, de même que ceux obtenus dans les autres expe­riences non favorabies, ne prouve guère que ceci, savoir, que la castration n'augmente pas la quanlité du lait chez toutes les vaches. La conclusion a sa valeur, mais eile pouvait être prévue, rien n'étant absoluraent parfait, et la meilieure chose ayant ses revers. Ouant aux faits cités eux-mêmes , malgré l'imporlance qu'on a essayé de leur donner, ils sont trop peu nombreux et d'un caractère trop exceptionnel, en presence de la multitude des essais qui ont eu des résultatscontraires, pour faire regie, lis pourront fournir, tout au plus, un enseignement utile sur les chances défavorables que l'opération peut renconlrer et qu'il faut conséquemment admellre dans ses previsions; mais rien n'autorise a en étendre autrement la signification.
Ces chances facheuses pouvant nuire au succes de la castration des vaches , n'ont d'ailleurs jamais été contestées. M. Charlier lui-mêrne les admet, tout en cherchant ä en exposer les causes , ce qu'il fait en ces termes ;laquo; S'il est, dit-il, des vaches caslréesqui
i Bec. deJUéd. iet., 1831, p. 338.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; *
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ESSAIS DÉFAVORADLES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 371
donnent peu de lait et restent maigres, il faut en accuser les diver­ses conditions oü elles se trouvent, et non l'opéralion. Ainsi j'ai opéré des vaches phlhisiques ou affeelóes de pleuropneumonic chronique, fort maigres, qui donnèrent peu de lait el ne s'engrais-sèrent point. J'en ai opéré d'a ui res qui, épuisées par des dósirs éroliques, prirent peu d'état après ia castration, el donnèrent peu de satisfaction a leur propriétaire sous Ie rapport de la production du lait. J'en opérai une chez moi qui ne paraissait pas malade; eile donna d'abord passablement de lait, puis diminua sensible-ment, mais nc s'engraissa pas au milieu des aulres. Je la mis ä part, jelui fis donncr du grain cuit en sus de sa nourrilure ordi­naire : eile ne s'engraissa pas da vantage. Enfin, je la vendis au boucher en moyenne chair, et a l'abaltoir je reconnus que Ie foie était rempli de dépóls luberculeux. N'en serait-il pas de même pour des boeufs qui seraient dans de sembiables conditions'?
laquo; L'age de la béte, sa conformation, son tempéramment, sa santé , ses qualilés laclifères ou son aptitude ä s'engraisser; les bons ou mauvais traitemenfs qu'elle recoil, l'endroit oü eile est logee; la nature, la qualilé et la quantitó des aliments qu'on lui donne , l'eau dont on l'abreuve; les fatigues, si eile tra-vaille ; les intempéries almosphériques, si eile va en päture; la maniere dont la traite est faile; la saison pendant laquelle on a opéré; Ie temps qui s'esl écoulé entre Ie vélage el la cas­tration; enfin, l'habileté de l'opérateur et la plus ou moins réus-site de l'opéralion, sonl encore des causes qui influent évidera-menl sur les résullats de la castration , et dont il faut tenir compte pour l'apprécier a sa juste valeur 1. laquo;
Pour en finir avec les cas défavorables rappelés dans ce para-graphe , nous remarquerons : d'abord, que les résultals désavan-tageux constalés se rapporlent presque exclusivemenl a la secre­tion laclée, la disposition a l'engraissement et l'amélioralion de la viande, s'ctanl toujours soutenues de facon ä meltre hors de dis­cussion l'utililé de l'opéralion pour les vacbes deslinées a la bou-cherie, et ä restreindre d'autant la portee des essais infruclueux ; et, en second lieu, qu'il s'agil uniquement de caslralions pratiquées
' CuARLisn, Etud. sur la Castr. des vaches, p. 42.
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372nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTHATION DE LA. VACUE.
par l'ancien procédé, lequel, bien qu'ayant donné en maintes cir-conslances d'excellenls résullats, n'en offrait pas moins de graves dangers , allant jusqu'a metlre la vie de Tanimal en peril, outre que, elant d'une execution fort douloureuse, d'une guérison lon­gue et incertaine, il faisait nattre chez Ie sujet opéré un état de fievre et de souffrance süffisant pour entratner la perte du lait, et expliquer les résultats défavorables obtenus : ce qu'on n'a pas a redouter avec Ie procédé opéraloire nouveau, dont la raise en pratique a ainsi mis ä néant la dernière objection sérieuse faite a la castration des vaches.
$ 5. — Résumé general sur les ^vantages economiques de la castration dee vachea.
Nous avons, dans les paragraphes qui precedent, cherché a faire ressortir les effets immédiats, les avantages particuliers ä divers points de vue, de la castration des vaches, pratiquée dans des conditions favorables. II nous reste actuellement ä considérer, d'une maniere générale, les résullats de cette operation, dont Timportance économique reelle est encore aujourd'hui, dans la généralité des cas, mal comprise, soumise aux appreciations les plus contradictoires, les uns exagéranl peut-être les résullats utiles a attendre de cette pratique, les autres ne lui reconnaissant aucune utilité, et sur laquelle on ne peut formuler un jugemenl fondé qu'en se tenant entre ces termes extremes, comme loujours, éga-lement éloignés de la vérilé.
Ainsi, il est reconnu actuellement, et on peut l'établir en prin­cipe, que la castration, sur Ie plus grand nombre des vaches, est favorable ä la secretion du lait, ä l'engraissement et souvent même ä la santé du sujet. Ce sont la des résultats individuels, hors de toute contestation, et qui, ä supposer que l'opération ne produise pas tout l'effet attendu, n'ont d'autre consequence que celle de faire défaut. Ceci établi, on peut 5e demander s'il est avantageux toujours, au point de vue de l'économie générale et particuliere, de chercher, par la castration, a réaliserces effets divers; si une teile pratique pourrait êlre généralisée sans nuire ä la reproduc­tion et a l'élève de l'espèce.
La réponse ne saurait être douteuse pour ce qui concerne les
A-^
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HÉSüMÉ SUR LES AVANTAGES DE l'oPÉRATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;373
vaches malades et improduclives, et celles exclusivement destinées ä la consornmatioii. En ce cas, la castration est utile au même titre que sur tous les autres animaux de boucherie. On ne con-testeplus, en effet, que cetle operation ne soit Ie moyen par excellence de guérir la nymphomanie, de steriliser les vaches qui ne donnent que des produits défectueux , aussi bien que celles qui sonl infécondes, exposées a avorter ou a éprouver des acci­dents au moment du part; de häter l'engraissement des vaches trop vieilles, ou qu'on ne veut plus livrer a la reproduction; d'améliorer, enfin, chez toutes, la qualité de la viande. Sous ces divers rapports, les avantages de Ia castration des vaches sont absolus, indépendants de toute condition spéciale, et pourront, dans tous les cas, être obtenus, sans que cela entraine a d'aulre consequence fêcheuse que celle due aux dangers, a pen pres nu Is aujourd'hui, pouvant résulter de l'opération elle-même.
M. Charlier a cherché a évaluer en numéraire Ie benefice que l'on pourrait retirer, dans ces différentes circonstances, de la mise en pratique, suffisamment généralisée , de la castration; il lui a suffi, pour cela, de calculer Ie total des pertes que l'on éprouve, dans l'état actuel des choses, par Ie seul fait de la mise en consommation de vaches non castrées, comprenant: les vaches taurelières, celles qu'on fait saillir afin de faciliter l'engrais, et celles enfin qu'on engraisse sans les faire saillir.
Le nombre total de ces vaches, livrées chaque année ä la bou­cherie, est, en chiffre rond, d'environ 800,000. En admettant que sur cette quantité, il y en ait ä peu prés 10 p. 0/o de taure­lières, soit 80,000; que chacune d'elles, ne prenant pas de graisse, pèse, en moyenne, 100 kil. de moins que celles qu'on engraisse, cela fait, a 1 fr. le kil., un total de 8 millions de fr. perdus chaque année. En outre, ces vaches ne fournissent qu'une viande de mauvaise qualité, payée 60 centimes, au lieu de 1 fr. Cela fait, sur 200 kil., poids moyen des vaches francaises, 80 fr. deperte pour chaque béte, soit, sur la totalité des taurelières, 6,400,000 fr. A quoi on peut ajouter, vu qu'elles ne font pas de suif, une moyenne de 25 fr. par têle, également perdus; en tout, 2,000,000 de fr.; ce qui, joint au reste, fait un total de 16 mil­lions 400,000 fr. Si l'on ajoute k cette somme la perte journalière.
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374nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHE.
pour chaque bete, provenanl de son mauvais entrelien, en raison du peu de furnier qu'elles fonl et de leur rendement en lait presque nul, perle qui, evaluée seulement k 1 fr., forme, par an, la sorame énorme de 86 millions environ, on arrive, pour la perle totale annuelle occasionnée par les seules vaches taurelières, au chiffre considerable de 100 millions de fr. environ.
Quant aux vaches pleines, c'est-ä-dire que Ton met en élatde gestation pour les engraisser, et dont le nombre peut être évalué ä la raoilié de celles qu'on tue chaque année, defalcation faite des taurelières, soit a 360,000; si 1'on admet qu'elles prennenl toutes graisse, qu'elles font ä peu pres aulant de suif que les vaches grasses non pleines, on peut compter au moins, pour chacuae, une perte de 30 kil. pour le veau el ses annexes jetes a la voirie , soit, pour Ie lout, 10,800,000 kil. de viande perdue, qui, è 1 fr. le kil., font une nouvelle somme de 10 millions 800,000 fr.
Viennent ensuite les vaches qu'on ne fait pas saillir et qui, sans être taurelières, enlrent en rut tons les mois, vaches qui engraissent mal et donnent une viande de qualité inférieure, dite viande verte. En admettant qu'elles forment la moitié du chiffre restant ou 180,000, et qu'elles perdent 20 fr. par 100 kil. ou 40 fr. par tête, cela fait, pour un poids moyen des vaches de 200 kil., un total de 7 millions 200,000 fr. —Mais avecce poids, les vaches sont maigres; grasses, elles feraient au moins 50 kil. de viande de plus; soil, a 1 fr. Ie kil., 9 millions. — En calcu-lant de plus une perte de 15 kil. de suif par tête, cela fait encore 2 millions 700,000 fr. a ajouter aux chiffres qui precedent. — Enfin, ces vaches, a chaque retour de rut, perdent plus ou moins de leur embonpoint, ou restent tout au moins dans le même état pendant huit jours; c'est done, sur quatre mois d'engraissemenl, un mois de perte, pendant lequel la vache consomme, sans rien produire, 1 fr. par jour de nourriture, soit, 30 fr. par tête, ou en totalité, 5 millions 400,000 fr. Total de la perte pour les vaches qu'on ne fait pas saillir, 24 millions 300,000 fr.
Restent les vaches grasses, formant le dernier quart, sur les-quelles il semblerait qu'il n'y ait aucune perte a signaler. II n'en est pas ainsi, toutefois, la viande d'un animal non castré n'ayant jamais la valeur de celle de l'animal qui a subi l'opération. Celui-
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RÉSUMÉ SUR LES AVANTAGES DE l'OPÉRATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;375
ci fait plus de poids a l'abattage, donne une viande plus ferme, mieux garnie de sues graisseux et albumineux, plus lourde sous un même volume. Les vaches caslrées, en particulier, comme l'ont remarqué les bouchers qui en ont tué, pèsent toujours, avecla même apparence, les mêraes maniements, 12 a 15 kil. en plus que les vaches non caslrées. C'est done une moyenne par lête de 13 kil. 500 gr. de viande en plus, qui, pour les 180,000 vaches de cetle categorie, ferait une augmentation de 2 millions 430,000 fr. De plus, la viande de ces vaches élant de meilleure qualité, sera pour le moins payee 10 fr. par 100 kil. en sus de ce qu'elle est payee d'ordinaire, toutes les vaches caslrées, en état de graisse, ayant été jusqu'ä présent vendues aux bouchers le même prix que les boeufs; c'est done encore 20 fr. par tele äajou-ter, soil pour le même total de vaches, 3 millions 600,000 fr. En tout 6 millions 30,000 fr.
Ces sommes réunies forment une perle totale annuelle de 141,130,000 fr., en chiffrerond, 140 millions, occasionnéea noire agriculture par les vaches taurelières et les vaches engraissées suivant le syslème actuel; perte réelle, sans compensation, qui pëse ä la fois sur la bourse des cullivateurs et sur l'alimentation publique; qui a poureffet, notamment, de diminuer la quantité de viande de boueherie livrée a la consommalion, et qui pourrait ölreevilée, sinon en totalité, au moins en majeure partie par la pratique de la castration, dont les effets, è ce point de vue, seront d'autant plus prononcés, que Topération aura élé pratiquée dans des conditions plus favorables d'age et de santé.
Cela doit suffire, ce nous semble, même en admettant une reduction dansles chiffrespurementapproximalifs poses ci-dessus, pour donner une idéé exacte de rimportance qu'est appelée k prendre la castration des vaches appliquée aux bêtes steriles, et li toutes celles, en un mot, qu'on destine ä la boueherie. Envisagée de la sorts, l'opération constilue l'une des innovations les plus essentielles a inlroduire et ä répandre dans Véconomie du bétail; et, depuis longlemps, sans doule, eile se serail vulgarisée au même Utre que la castration des autres animaux de boueherie, si les dangers de l'ancienne methode opéraloire n'y eussent fait obstacle. Ce danger aujourd'hui n'exislant plus, rien ne s'oppose
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376nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA VACHE.
désormais ä ce que la castration des vaches d'engrais prenne, dans la pratique, Ie rang que lui assignent ses effets reconnus, ses avantages incontestés.
Arrivons maintenant a la production du lait. Sous ce rapport, nos conclusions ne sauraient êlre aussi absolues que pour ce qui concerne les vaches destinées a la boucherie , attendu que la lac­tation , fonction épuisante et exclusive de lout aulre produit, ne peut être accrue ou prolongée au-dela d'une certaine limite sans porter atteinte è la santé des vaches, non moins qu'ä la conservation de l'espèce. C'est pourquoi, malgré l'augmentation reelle de la quan-tité de lait fournie è la suite de la castration, il serait souvent irra-tionnel et quelquefois très-préjudiciable de pratiquer l'opéralion en vue seulement de ce surcrott d'une production tout artificielle, dont on ne peut véritablement relirer du benefice qu'autant qu'on l'assoeie, pour les completer, aux autres bases de revenu sur lesquelles repose l'induslne des vaches.
D'oü ce précepte general: lorsqu'on pratique la castration, on ne doit pas se proposer, la chose füt-elle loujours possible, d'obtenir. des vaches pouvant conserver, un grand nombre d'années, la même quantité de lait qu'au moment de l'opération, mais uniquement de metlre les vaches que l'on n'a pas intérêl ä livrer a la reproduc­tion , ni ä conserver trop vieilles, en état de fournir, pendant une durée de temps variable, une quantité de lait supérieure, calcu-lée annuellement, a celles que fournissent les vaches ordinaires, et d'avoir, quand Ie lait cesse, des vaches grasses sans plus de sacri­fice, pour la nourriture, que ce qu'exigent les vaches non castrées, pour leur seul enlretien.
Encore est-il nécessaire, même en restreignant dans ces limites I'utilite pratique de la castration, de tenir compte des circonstances au milieu desquelles se rencontre la vache a opérer, des conditions économiques de son entretien. On concoit ainsi que, dans les campagnes, dans les lieux isolés , dans toules les petites localités enfin, ou la production du lait offre trop peu de debouches pour devenir une industrie, ou il est, par conséquent, plus avantageux de se livrer a l'élève, de faire des veaux vendus avec proQl tou-jours, eu égard a la faible dépense qu'exige leur entretien , que de nourrir des vaches laitières qui payeraient a peine leur nourri-
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RÉSUMÉ SliR LES AVANTAGES DE l'oPÉRATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;377
tu re; on concoit, disons-nous, qu'en pareil cas, la castration faisant obstacle a l'éleve, serail une pratique tout-a-fait irration-nelle, excepté, toutefois , pour les vaches steriles et laurelières dont, en cette circonstance comme en toute autre, il n'y a pas d'autre moyen de lirer parti.
Au contraire, au voisinage ou dans l'intérieur des grandes villes, oü les pälurages sont peu abondants, el, par conséquent. Ia nour-rilure plus coAteuse; oü Ie lait, ailment de première nécessité, se vend bien et donne un profil supérieur a l'éleve des veaux; oü les jeunes vaches sont recherchées pour la boucherie, de prefe­rence aux vieiiles qui donnent de la mauvaise viande; chez les nourrisseurs enfin qui se livrent d'une maniere spéciale a la pro­duction du lait, la castration sera toujours une pratique avanta-geuse.
Ainsi, tout en élevant la moyenne du rendement en lait, Ie produil essenliel, en pareil cas, ropération dispense Ie propriétaire defairerenouveler, c'esl-a-dire deconduire la vache au taureau pour entrelenir son lait; lui épargne, par suite, la dépense de la saillie, sinon l'achald'un taureau ; met la vache a l'abri de la non-fécon-dalion, des accidents et des maladies qui peuvent accompagner la gestation et la parturition; évite la perle de lait qui survienl toujours a l'époque du part, etc.
Afin de parer a ces inconvénients divers, de tout tempsreconnus, on a d'abord songé a ne conserver les vaches que pendant Ie temps que dure ia lactation sans jamais les faire reproduire. Mais alors il y a lieu de redouter les consequences facheuses de la privation du mèle. Le danger, il est vrai, n'est pas general, quelques vaches ä tempéramment mou el lymphalique pouvant Alre impu-nément soustrailes aux lois de la nature. Mais il n'en est pas de même avec toules. Quelques-unes en souffrent, jusqu'au point de dépérir , de perdre leur lait el de ne plus pouvoir engraisser.
Tout cela, on le comprend , ne laisse pas que de rendre la pro­duction du lait une operation assez aléatoire, chanceuse , souraise ä des variations incessantes, de nature a compromettre plus ou moins gravement les interets du producteur. De sorte que l'indi-cation d'un moyen propre a fournir è cette industrie les elements de fixité et de certitude qui lui manquent, serail un veritable ser-
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vice rendu a l'industrie lailière. Or, lel est précisément Ie but que doit atteindre la caslralion des vaches, qui, h la fois, élève Ie produit en lait, met les vaches laitieres, ainsi que Ie nourrisseur, a l'abri des mauvaises chances, des inconvénienls divers que nous venons de signaler , et laisse les vaches, quand Ie iait cesse de payer la nourriture , en un plus parfait élat d'embonpoint pour la boucherie.
Chacun peut calculer, eu égard au nombre, a la qualité et è la race des vaches qu'il entretient, 'a ralimenlation qu'elles recoivenl, Ie benefice resultant spécialement de la castration. Deja, par les chiffres déduits des résullats pratiques obtenus, que nous avons précédemment donnés (v. p. 348), il est possible d'apprécier numé-riquement ces bénéfices, au point de vue de l'industrie particu­liere. Quant auxavanlagesgénéraux, qui se composentuniquement de la somme des avantages privés que nous avons constatés , ils ont été calculés par M. Charlier de la maniere suivanle :
Partant de ce principe , que la castration double Ie rendement annuel en lait de la vache opérée, et prenant la moyenne de l'aug-raenlation sur une vache mise en étal de gestation , 6 mois après Ie vélage, et sur une vache non saillie donnant du lait pendant 15 mois, M. Charlier calcule, en supposant un rendement maxi­mum, de 13 litres après Ie vélage, quechaque vache opérée donne -l,39gt;5 litres de lait de plus qu'anparavant. Or, comme en France on ribatannuellement environ 800,000 vaches, si, de ce nombre, on en déduit environ 23 % pour les taurelières et les vaches im-pr'jductives, chiffre posé par Guénon , il en reste 616,600, don-n.'inl plus ou moins de lait pendant leur dernière année. Cela fait, fin admettant pour chacune l'augmentation moyenne de 1,395 li-Ires, un total de 839,320,000 litres de lait, qui, estimés ä 10 cent. quot;Ie litre, ferment Ia somme de 85,932,000 francs.
laquo; On pourra m'objecter, ajoute M. Charlier, que sur les vaches moins bonnes laitieres que celles que j'ai prises pour type, la difference du rendement en lait des vaches castrées doit être moin-dre; je répondrai qu'en calculant sur les vaches donnant seule-ment 10 litres dans leur maximum de rendement, j'ai trouvé un chiffre è peu pres égal. Si done il varie pour les ordres inférieurs, comme il y a des vaches qui donnenl 20 litres et plus par jour, et
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RÉSUMÉ SUR LES AVANTAGES DE l'üPÉRATIOS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 379
que j'ai déja exclu 23 o/o de vaches improduclives ou fort peu lai-tières, Ie chiffre de 1,395 lilres d'augmenlation est bien ce qu'il doit êlre pour des vaches recevant une abondante alimentation'. raquo;
Malgré ces réserves, comme Ie nombre des vaches qui donnent moins de 10 litres est beaucoup plus considerable que celui des vaches dont Ie rendement est au-dessus de 15 litres, eu égard surtout au grand nombre de celles que Ton entretient dans les petites localitéset pour les travaux de la terre ; comme il s'en faut d'ailleurs que toules les vaches doublent après la castration, et qu'il eu est même qui perdent alors tout-a-falt leur lait, nous esti-mons qu'il y a lieu, pour rester dans la réalité , d'abaisser sensi-blement cette evaluation de M. Charlier. A supposer même qu'elle soit exacte, nous ne croyons nullcment que ropéralion, pour ce qui concerne spécialement la production du lait, puisse, ainsi qu'on 1'a avance, faire jamais une revolution dans l'éconotnie rurale et dans l'eleve du gros bétail. C'est un moyen excellent de favori-ser une industrie spéciale, et non autre chose : cela seul d'ailleurs süffisant pour créer, ä la castration des vaches, des droits ä tous les encourageraenls, sans qu'il soit besoin de lui attribuer des avantages imaginaires, source de deceptions qui font ensuite mellre en doule les résultats les moins conlestables de l'opéralion.
Ces points élablis, nous sommes ä l'aise pour répondre a cerlai-nes critiques faites a la castration des vaches, et qui ne paraissent reposer sur aucun fondement sérieux.
Ainsi, quandon objecte a cette pratique qu'elle modifie, è leur desa van tage, rorganisalion des bêtes qui la subissent, on ne dit rien qui lui soit particulier. Cela peut s'appliquer aux alterations de toute nature que la domesticité a fait subir aux animaux dont nous nous servons, et qui, des qu'eiles sont favorables ä nos inte­rets , fut-ce au prejudice de la santé des bêtes , constituent, par cela même, un perfectionnement relatif. Dans notre organisation sociale, oü nous avons rendu les existences animales en quelque sorte artificielles, en les détournant de leurs aptitudes natives pour les approprier ä nos besoins divers, il y a progrès toutes les fois qu'une modification utilisable a notre profit est réalisée. La
Charlier. Etud. pratiq., etc, p. 32.
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castration des vaches, qui ajoute aux profits qu'on retire de l'en-tretien de ces animaux, est doncun progrès, au même Utre que la castration de toutes les espèces doraestiques , laquelle approprie ä nos besoins un grand nombre d'animaux qui, sans cette opera­tion , seraient pour nous parfaitement inutiles ou sans valeur*
On a dit encore que la castration des vaches ferait entrer plus de viande de vache dans la consommation. Nous ne comprenons pas une teile objection , qu'un préjugé enraciné a seul pu faire nattre, car, assurément, la castration n'araènera pasä la boucherie une vache de plus. Eile permettra seulement de les consommer en meilleur état de graisse qu'aujourd'hui, oü Ton en voit tant encore de maigres et décharnées conduites a l'abattoir, et ce n'est pas précisément ce dont il faut se plaindre. La prevention centre la viande de vache n'est pas, en soi, un fait tellement respectable qu'il faille le seconder, même en s'abstenant d'y porter remede, d'en combattre la cause par l'amélioration de la qualité de cette viande, aujourd'hui si peu estimée, et qu'alors on n'aurait plus de raison de rejeter. Nous n'insislerons done pas davantage contre une opposition fondée sur de Iels motifs.
On aprétendu encore que la castration peut porter atteinteä la multiplication de l'espèce. Ce danger n'est pas a redouter, puisque l'onne chAtreque les vaches qui ne doivent plus servir äla repro­duction et qui sent deslinées a êlre, dans un temps plus ou moins rapproché, livrées a la boucherie; puisque, en outre, lors même que ces vaches portent, ce qui arrive quand on les fait renouveler pour conserver le lait, on sacrifie impitoyablement, des leur nais-sance, les veaux qu'elles produisent, et dont Televe, chez les nour-risseurs et les engraisseurs, ne saurait offrir les mêmes profits que la vente journalière du lait.
Pour le dire en passant, e'est même la un fait des plus fècheux, que cette coutume des nourrisseurs de se défaire des jeunes veaux et velles qui naissent dans leurs étables, surtout lorsque ce sont des produits provenant des meilleures races laitiè-res, comme en possèdent aujourd'hui beaucoup de ceux qui se livrent è cette industrie. Combien ne serail-il pas preferable, au lieu de perdre chaque année toute une generation d'excellent bétail, alors que déja le pays est si pauvre sous ce rapport, de
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RÉSUMÉ SUR LES WANTAGES DE l'OPËRATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 384
conserver ces jeunes produits pour les expedier dans les pays d'éleve oü ils se développeraient, en augmentanl dans une pro­gression rapide la fortune nationale en têtes de bélail?
S'ilen élait ainsi, la castration ne serait plusautant nécessaire, et tout Ie monde gagnerait peut-êtrea cette abondante multiplica­tion des veaux; mais en attendant qu'on trouve Ie moyep de par-venir a un tel résultat, on fera mieux , au lieu de renouveler , pour sacrifier ensuite Ie veau , de recourira la castration qui, tout en maintenantle lait et favorisanl l'engrais, épargnera au proprié-taire les chances d'un nouveau part.
Si, dans ces circonstances, en quelque sorte normales, la cas­tration ne porte pas prejudice ä Ia reproduction, eile n'offrira pas plus d'inconvénient sous ce même rapport quand on la mettra en pratique sur des vacbes taurelières ; sur celles qui donnent de mauvais produits , qui soul disposées ä avorler a qui se délivrent mal; sur celles qui sont mauvaises lailières ou peu disposées ä l'engraissement; sur celles qui sont trop vieilles pour pouvoir ser-vir a la reproduction ; sur toules celles enfin qui, pour une cause ou une autre, sont destinées a l'abattoir. Dans ces circonstances, comme l'observe judicieusement M. Charlier, non-seulement la castration ne saurait nuire a la multiplication de l'espèce, mais eile contribuera, au contraire , a Taméliorer, en empêchant les mauvaises vaches de se reproduire, tout en offrant Ie moyen de lirer d'elles un parti plus avanlageux. On ne comprend pas, ajoute Ie même auteur, comment une teile objection a pu être faite, alors qu'on laisse abattre , tous les jours, une immense quantité de vaches pleines.....
Enfin, on a avance que la castration peut nuire ä la consomma-lion en diminuant Ie nombre des veaux. Cette objection n'est pas plusfondée que les précédenles, par la raison exprimée plus haut, a savoir que les veaux qui naissent chez les nourrisseurs, les seuls donl l'usage de la castration pourrait diminuer Ie nombre, au lieu d'etre élevés, sont presque tous, immédiatement après leur naissance, ou sacrifiés, ou bien yendusaux bouchers des campa­gnes pour être consonomés paries classes peu aisées, auxquelles ils ne fournissent qu'une viande molle, blanche, fade, gélati-neuse, relachanle et peu nutritive, qu'il y aurait tout intérêl,
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,f
382nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHE.
pour Ia santé de ceux qui la consomment, a faire disparatlre. La castration, dans ces circonslances, serait done ulile comme me­sure d'hygiène publique, en supprimant une mauvaise alimenta­tion, sans occasionner, d'aillears, aucun prejudice, l'opéralion ne pouvant èlre pratiquée avec profit que sur des vaches qui déja , ayant produit plusieurs veaux, sont uniquement deslinées a four-nir du lait et de la viande de boucherie, ouqui, pour cause de maladie, de vieillesse ou aulrement, ne peuvent plus êlre livrées a la reproduction, et n'ont plus d'autre destination possible que l'abattoir.
Tel est a pen pres l'ensemble des objections qui ont été formu-lées centre la castration des vaches. En debors des restrictions que, a l'exemple des plus ardents promoteursde l'opéralion, nous avons nous-même posées ä sa generalisation excessive, il n'est aucune de ces objections, on 1'a vu, qui puisse résister ä l'examen Ie plus superficiel, et qui soit de nature ä atlénuer sensiblement la confiance dans les résullats avantageux qu'on est en droit d'al-tendre de Toperation, dont la generalisation pourra compler au nombre des plus importantes innovations de la science zoolechni-que moderne.
$ 6. — Conditions favorables è la pratique de roperation.
Les conditions les plus favorables pour obtenir de la castration des vaches d'excellents résultats, indépendamment des circons-tances économiques précédemment exposées (sect; 5), au milieu desquelles l'opéralion est plus spécialement indiquée, sont rela­tives a l'êge de l'animal, a la période de laclalion oü il se trouve, a son élat general de santé, etc. Sous le rapport de l'Age, il Im­porte de remarquer d'abord que la castration, chez les-vaches, ne peut être pratiquée indistinctement, comme sur la plupart des autres animaux domestiques, ä toutes les époques de la vie,'et qu'elle ne precede jamais que de peu de temps, de i an, en moyenne, le moment oü la béte doit être sacrifiée, cela, ä cause de la nécessité oü l'on est, soit pour la conservation de l'espèce, soit pour l'établissement complet de la lactation, de laisser la vache reproduire plusieurs fois avant de procéder a l'ablation des ovaires.
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CONDITIONS FAVORABLES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 383
Ceci posé, en these générale, IVige qui convient le mieux pour l'opéralion, suivant M. Charlier, est, pour les bonnes vaches, de 6 ä 8 ans, après qu'elles ont véle deux ou trois fois. Quanl aux mauvaises, il conseille de les opérer plus tót encore, pour en faire des animaux d'engrais que l'on sacrifie des qu'ils sonl en élal d'etre livrés ä la boucherie. A eet ftge, les vacbes ont donné assez de produils en veaux et en velles pour que l'annihi-lation chez elles de la fonclion reproduclrice ne soit en aucune facon préjudiciable ä la conservation de l'espèce; et d'un autre cóté, on évite de conserver des vaches vieilles, d'un enlretien plus onéreux et d'un rendement plus faible que lesjeunes.
En effet, les vieilles vaches vèlent plus difficilement, donnenl des produits défectueux oü domine le Systeme osseux, un lait peu abondant et moins nutrilif, s'engraissent avec peine, quelquefois pas du tout, n'ont qu'une viande dure, filandreuse, non pénélrée par la graisse, en un mot, de qualité inférieure. Les jeunes vaches, au contraire, donnent en tout de meilleurs produils: des veaux plus robustes, moins osseux; un lait plus abondant et de meilleure qualité ; s'engraissent plus facilement et fournissent a la boucherie une viande supérieure. Si l'on considère, enfin, que par la castration des vaches jeunes on aurait le moven de sacrifier, pendant la durée moyenne de la vie d'une vache conservée jusqu'a im äge avance, une vache et demie, deux vaches même, au lieu d'une seule, ce qui, sans augmentation d'aliments ni de capital, aurait pour résultat de fournir plus de viande 'a la boucherie, plus de suif, de peaux et de. débris ä l'industrie, on concoit mieux encore Uimportance dene pasattendre, pour mettre en pra­tique l'opération, que les vaches aient atteint un äge trop avance.
Eu égard ä la période .de la lactation, Ie moment oü il convient surtout d'opérer est Ie deuxièrae mois qui suit la parturition, soit environ quarante jours après. C'est I'époque de Ia vie, surtout quand on opère après Ie deuxième ou le troisième vélage, oü la vache donne le plus de lait et oü l'on peut espérer en jouir le plus longtemps. Depuis M. Levrat jusqu'a M. Charlier, les divers expé-rimentateurs qui ont pratique la castration ont unanimement fixé cette mème époque, qui offre ainsi toutes les garanties de l'expé-rience. A ce moment, d'ailleurs, les organes génitaux sont revenus
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384nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VAGUE.
ä leur état normal, et Ton n'a plus ä craindre de reaction dange-reuse sur la matrice.
II est d'aulant plus important de choisir, pour faire l'opération, une période oü la lactation est abondante, que l'engraissement simple, pour la vache, est, comme tout engraissement, une ope­ration peu profitable, qui ne donne d'autre produit que la viande, n'équivalant pas loujours a la dépense de la nourrilure consotn-mée, et qui est par conséquent fort negligee. Tandis qu'avec le concours de la castration, pratiquée dans de bonnes conditions, on peut, en obtenant le maximum de la production en lait qui paie largement la nourrilure de la vache, pousser celle-ci, sans dépense, a uu élat d'engrais qu'elle n'eül peut-êlre jamais atteint par les moyens ordinaires.
Les vaches castrées a cette époque, suivant M. Charlier, ayant le temps de se développer, s'élargissent du train postérieur, s'ar-rondisseut dans leurs formes, perdent le goöt et l'odeur de leur sexe, et fournissent une viande non moins bonne que celle du boeuf et plus recherchée des bouchers que la viande des vaches castrées au moment de meltre en graisse. Il faut observer, seule-ment, que les vaches livrees ä la boucherie au moment ou elles donnent encore du lait, dont la production ne laisse pas que d'en-lever ä la viande une parlie de son arörae el de ses sues, n'ont pas la même qualilé que celles que Ton ne trait plus depuis long-lemps; infériorité, au reste, sans importance, et qu'on fait dispa-raltre en larissant la secretion du lail quelques semaines avant de conduire les bêtes a TabaUoir. .
Enfin, entretenanl la lactation pendant qu'a lieu l'engrais , on a encore l'avantage d'éviler la pléthore, les congestions el les mala­dies inüammaloires qui surviennent parfois chez les animaux nourris abondamment et qui ne font aucune déperdilion.
Eu égard a Vétat organique, aux dispositions individuelles du sujet a opérer, la castration exige encore quelques precautions imporlantes , dont l'observation est une garantie de succes. Ainsi, il faut d'abord que la vache ne soit pas en rut, l'ablation des ovaires, alors que les organes sonl Ie siége d'une con­gestion sanguine, pouvant determiner une hémorrhagie plus ou moins grave; ni en élat de gestation, l'opération, en pareil
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A.NAT0M1E DE LA REGION OVARIENNE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 385
cas, exposant la vacheäravortement. Les vaches, de plus, devront être dans un bon état de santé, recevoir une alimenlalion conve-nable, substantielle, continue, teile, en un mot, qu'il la faut pour obtenir, en toute circonstance, un complet engraissement, el seront tenues, enfin, hors de l'inüuence de toute maladie con-tagieuse.
Article II.
NOTIONS ANATOMIQVES SUR LES ORGANES DE IA GENERATION CHEZ LA
VACHE.
Les organes intéresses dans Fopération de la castration, chez la vache, sont Ie vag in , Vulèrus et ses annexes, el Yovaire. Avant d'aborder l'étude de l'opéralion , nous ferons connailre, d'une maniere sommaire, la disposition anatomique des ces différentes parties.
1deg; Vagin. — Cetorgane, par lequel s'établit la communica­tion entre les organes génitaux internes et l'extérieur, est un con­duit membraneux extensible et retractile, disposé horizontalement, a la partie médiane et postérieure du corps, dans la cavité du bassin. Sa forme, chez la vache , est celle d'une poire allongée , d'une longueur de 25 a 30 centimetres, dont la partie la plus ren-llée se trouve en avant, vers Ie fond de l'organe. Aussi son diame-tre, assez grand pour qu'on puisse y introduire ua et même deux bras, est-il très-inégal; a son fond, dans l'état ordinaire, il mesure environ 15 centimetres, landis qu'il ne dépasse pas 8 a 9 centimetres vers l'orifice postérieur de l'organe, resserré comme une sorte de détroit. En outre, dans sa longueur, il présente une jiérie de plis longitudinaux qui lui permettent de se dilater sui-vant l'exigence de ses functions.
Comme tous les conduits, Ie vagin présente deux orifices. L'orifice postérieur ou entree du vagin, est limité ipar ]amp; vulve, et communique au dehors. A la partie inférieure de eet orifice se rencontre 1'ouverture du canal de l'urèthre, recouvert par une sorte de valvule semi-lunaire dont Ie bord libre est tourné en arrière. L'orifice, ou extrémité antérieure, s'unit, au niveau
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386nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHK.
du bord antérieur du pubis , au col de l'utérus , qu'il enveloppe de toutes parts et autour duquel le vagin forme un cul-de-sac cir­culaire , parsemé de plis radiés.
Forme d'une membrane mince, analogue au dartos, recourert, ä sa face interne , d'une muqueuse qui se continue avec celle de l'utérus, le vagin offre , avec les parties qui l'avoisinent, des rap­port multiplies. Par sa paroi supérieure, il est en rapport, en arrière, avec le rectum et avec les ligaments latéraux qui unissent eet organe a la partie moyenne du vagin. Par ses faces laterales, elles-mêrnestrès-vasculaires, il touche aux grosvaisseaux pelviens qui rampent a Ia face interne du bassin. Inférieurement, il se trouve encore en rapport avec ces vaisseaux et avec la vessie sur laquelle il est comme appuyé. Intérieurement, ses deux parois laterales , dans l'élat normal, restent appliquées l'une centre l'autre.
Le vagin sert ä l'accouplement et en même temps ä livrer pas­sage, lors de la parturition, au foetus expulsé de la matrice. Il subit alors une dilatation considerable, après quoi il revient a ses dimensions premières.
2deg; Uterus. — L'utérus, organe essentiel de la gestation, est une cavité membraneuse faisant suite au vagin, située dans le plan median du corps, au niveau du bassin , contenu en partie dans cette cavité et en partie dans l'abdomen.
On y distingue deux parties principales: l'une comprenant le col suivi du corps, l'autre constituée par les deux branches late­rales ou cornes, qui forment l'extrémité antérieure de l'organe.
Le col ou extrémité postérieure de l'ulérus forme un prolonge-ment cylindrique court, ä parois épaisses et résistantes, en saillie dans l'intérieur du vagin, dont la muqueuse l'entoure et se conti­nue avec la sienne propre. Au centre de ce prolongement est l'ori-fice vaginal de l'utérus , ouverture a bords froncés, radiés, tou-jours resserrée sur elle-même, exceptë au terme de la gestation.
En avant, le col est continue par le corps de la matrice, ä peu pres piriforme , plus gros vers sa partie antérieure ou base, laquelle se divise en deux moiliés laterales, se continuant par les cornes. Celles-ci, accolées pendant une certaine partie de leur trajet, se séparent bientót, en s'écartant l'une de l'autre, et se
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AIUTOHIB DE LA REGION OVARIENNE.
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dirigeant l'une a droite et l'autre a gauche. Chacune de ces comes présente une forme conique {fig. 59, u, u'), fait suite, par sa base, au corps de i'utérus, et, par l'autre, se prolonge en pointe, et se
Fig. 59 (#9830;).
continue, par son extrémité, sansligne de demarcation apparente, en z, avec la trompe de Fallope du cóté correspondant.
(') Ovairb DROIT DE la VACHE, orcc les parties anxquelles il est immcdiatement attaché. (Demi-grandeur naturelle.)
ii, Corne droite de I'utérus. — u', Flexuositcs de reitrémité anlérieure de cetle corne. — l, Liga­ment large. — l', Bord antcrieor de ce ligament. — o, Ovaire. — r. Bepli peritoneal dans lequel se trouye soutenu l'ovaire. — s , Bord libre supérieur du repli peritoneal ou ligameut ovarien supérieur. — i. Ligament ovarien inférieur. — o, Artère ovarique. — v, Veines ovariques. — t, Ovlducte ou trompe de Fallope. — p , Pavillon de la trompe —x, Oriücc supérieur de la trompe.—3, Orifice inférieur de la trompe se continuant sans demarcation sensible avee Ie sommet de Tutérus.
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388nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHE.
Prolongées dans rabdomen jusqu'au niveau a peu pres de la 4e ou 5e verlèbre lombaire, aulrement dit ä quelques centimètreis en avant d'une ligne dirigée d'un cóté ä l'autre, au niveau de l'angle interne de l'iliurn, ces cornes se recourbent, suivant leur longueur , en un arc dont la concavité est en bas, contrairement a ce qu'on observe chez la jument, oü les cornes, également incur-vées, se recourbent en haut de maniere a avoir leur coucavilé su­périeure. C'est a ce bord encore que s'altachent les ligaments lar-ges, 1,1', qui soutiennent la ma trice; de sorle que chez la vache, l'extremite des cornes, u', pour se fixer a ce ligament, est dans la nécessité de se tordre en dehors et en haul; la base de la corne, plus rigide, et mainlenue d'ailieurs par Ie corps, ne subit pas cette demi-torsion.
L'incurvation inférieure, ou plutót laterale des cornes, est assez reguliere chez les génisses et les vaches qui n'ont pas encore porlé. Mais après plusieurs parturitions , les cornes décrivent, vers leur extrémité anlérieure, des ondulations ou flexuosilés, qui amènenl un changement de position dans les bords; toutefois, 1'aüache du ligament large permet toujours de disllnguer Ie bord inférieur d'avec Ie bord supérieur.
Les dimensions du corps et des cornes utérines offrenl de nom-breuses variations suivant Vage du sujet, Ie nombre des gestations. La longueur moyenne du corps, vu a l'extérieur , est d'environ 15 centimetres; celle des cornes est de 20 ä 25 centimetres. Ces dimensions prennent un accroissement considerable durant Ie sé-jour du füelns dans la cavité utérine.
Quant aux rapports de la matrice, ils varient également suivant l'état de plenitude de l'organe. Dans les circonstances ordinai-res, l'utérus est en rapport, dans Ie bassin : en haut, avec Ie rectum; en bas, avec la vessie et la parlie antérieure du pubis; sur les cótés, avec les parois laterales du bassin ; dans la cavité abdominale, il Dotte avec Fintestin grêle et la dernière partie du colon. Pendant la gestation , l'utérus, plus volumineux , se porte beaucoup plus en avant, est en contact avec Ie rumen, refoule les autres organes, et contracte des rapports nouveaux qui n'offrent plus aucune fixité.
3deg; Ligaments larges. — Les ligaments larges. I, l',
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OrUOJUE DE LA REGION OVARIENNE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 389
nommés encore ligaments sous-lombaires, ligaments suspenseurs de lamatrice, sent deux larges replis séreux fournis par le peri-loine, servant, comme le dernier de leurs noms I'indique, a sou-lenir l'utérus dans sa position normale.
Très-amples, beaucoup plus que nele sont ceux de la jument, permettant des déplacements d'une grande étendue, ilssont cons-tilues, comme le mésentère, par deux lames séreuses entre les-quelles sont loges l'utérus et les ovaires. Ils affeclent chacun une direction oblique de haut en bas, et de dehors en dedans, lis prennent leur origine aux parois laterales de l'abdomen et du bassin, en un point qui varie, le plus généralement a la hauteur et en dedans de Tangle externe de l'ilium, le repli, vers sou bord anlérieur, se prolongeant ä plusieurs centimetres en avant du mus­cle psoas-iliaque, a la face interne du flanc ; et, en arrière, sui-vant la direction de l'ilium jusque dans la cavitépelvienne, ou il va se replier, en haut sur le rectum, en bas sur l'utérus. Deux ou trois replis, partant du bassin et de la region sous-lombaire dans la même direction que le ligament principal, soutiennent de cbaque cóté ce ligament, eten multipliant les points d'atlache de l'utérus, lui donnent la fixilé dont il a besoin quand il est occupé par le produit de la conception.
Les ligaments larges s'insèrent sur la matrice, au bord inférieur ou concave des cornes, et a la partie laterale et inférieure du corps. Puis ils se continuent d'une corne è l'autre, formant, a la base de celles-ci, une sorte de frein intermediaire qui les main-tient rapprochées l'une de l'autre. Par ce mode d'altache, l'utérus se trouve en saillie au-dessus de l'inserlion des ligaments; cela donne a ces derniers, considérés dans leur ensemble, suivant une comparaison assez juste de M. Chauveau, l'aspect d'une soupente triangulaire, dont un angle est attaché dans le bassin, les deux autres au niveau des hanches, el sur laquelle repose le corps et une partie des cornes de l'utérus; cette soupente, toutefois, étant divisée dans sa partie moyenne, par la separation existant entre les deux cornes de l'utérus.
Le bord antérieur ou libre des ligaments, l', long de 30 ä 40 centimetres, présente une direction flexueuse, surtout en approchant de sa terminaison a la corne utérine, oü il soutient
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390nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHB.
l'oviducte et son pavilion. Les ligaments sont en rapport, ä leur face externe, avec les parois du bassin et de 1'abdomen; ä leur face interne, dans Ie fond du bassin, avec Ie rectum, dont ils écartent en avant, oü ils se trouvent en contact avec la masse intestinale flottante.
Indépendamment des deux lames séreuses cpii les composent, les ligaments larges présentent, particulièrement chez la vache qui a porté, des fibres charnues qui en augmentent la force el l'épaisseur, el qui sont surlout multipliées pendant la gestation. Dans cel élat, les ligaments eux-mêmes augmentent d'élendue, moins dans Ie sens antéro-postérieur, que dans Ie sens lateral, par leur hord antérieur, qui peul s'allonger plus ou moins afin de se prêler au développement de l'organe. Entre les deux lames séreu­ses qui constituent Ie ligament large, se trouvent les vaisseaux et les nerfs destines ä l'ulérus et ä 1'ovaire, et particulièrement Tariere ovarique, a, qui, en approchant de l'ovaire, forme deux branches principales offranl des circonvolutions analogues ä celles de l'arlère lesticulaire; el la veine ovarique, v, moins flexueuse et d'un volume relalivement Irès-considérable.
4deg; Ovaire. L'ovaire, chez la vache, o, forme une petite masse ovoïde, du volume d'une grosse amande, alteignant, au temps du rut, ses plus grandes dimensions, el situé a la face interne, pres du bord antérieur du ligament large, ä 5 ou 6 cen-timèlres au-dessus de la come uterine correspondante. En ce point, l'ovaire, appliqué sur Ie ligament large, se Irouve sou-tenu par un repli séreux, r, détaché du feuillel interne de ce ligament, et contenant l'ovaire entre ses deux lames, pres de son bord antérieur. A l'extrémité supérieure ou externe de l'ovaire, ce repli forme un bord libre, renforcé de quelques fibres grises consliluant un veritable ligament, s. A l'autre extrértiilé existe un ligament semblable, i, dirigé transversalemenl, beaucoup plus fort, plus tenace que Ie precedent, el qui semble formé par Ie prolongemenl des fibres mêmes de la malrice. L'ovaire, tendu entre ces deux ligaments, se Irouve ainsi solidement fixé au ligament large, et n'en peut être détaché que par un assez grand effort.
La duplicature séreuse, en se raballant sur Ie ligament large, constilue une sorte de poche, dont rouverture est tournee en
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ANATOMIE DE LA REGION OVARIESNE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;39't
bas, ayant l'ovaire pour bord interne, et qui peut servir de guide pour la recherche de eet organe.
Entre les deux lames du repli séreux arrivent les vaisseaux ovariques, Yartère, a, petite, flexueuse, comme l'artère testicu-laire, dont eile est l'analogue, et ayant la même origine; les veines, v, très-nombreuses, et beaucoup plus développées, for­mant un réseau qui embrassent l'organe de toutes parts, et se rassemblent en un tronc principal qui se rend dans la veine-cave postérieure.
Comme les testicules, les ovaires sont principalement formes : 1deg; d'une enveloppe fibreuse, blanchätre, épaisse, résistante, sil-lonnée extérieurement de divisions vasculaires, tres- adhérente k la couche séreuse qui la recouvre, el offrant, ä sa face profonde, des prolongements qui s'entre-croisentdans l'épaisseur de l'organe; 2deg; d'un tissu particulier, ou stroma, sorte de gangue cellulo-vas­culaire, confondue avee les prolongements cellulo-fibreux qui Ia soutiennent, et au milieu de laquelle se trouvent ménagées une série de petites cavités tapissées chacune d'une membrane close qui a recu Ie nom de vésicule de Graaf.
Organules essentiels de l'ovaire, ces vésicules, variables de nombre, de volume, de disposition, renferment uu liquide dans lequel nait et se développe l'élément fourni par la femelle ä la generation, Yovule. A l'époque du rut, l'organe abreuvé de sang, se gonfle; une des vésicules dilatées se rompt, et l'ovule s'échappe pour être dirigé, ä l'aide de l'oviducte, dans la matrice. Après sa déhiscence, la vésicule se remplit de sang, forme un corps rouge qui diminue peu ä peu de volume, change de couleur, formant alors ce qu'on nomme Ie corps jaune, qui plus tard, lui-même, n'est plus représenté que par une petite tache grisatre, la cicatricule.
Geile succession d'actes physiologiques imprime è la forme exté­rieure de l'ovaire diverses modifications. Dans l'état ordinaire, il est lisse a sa surface, pale, d'un petit volume, et laisse voir, a travers sa substance corticale, celles de ses vésicules qui se pré-parent a s'ouvrir au moment des chaleurs. Quand on observe l'ovaire durant cette période, sa surface est irrégulièrement bos-selée paries vésicules de Graaf dilatées, ou par les corps jannes
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392nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA VACHE.
qui les ont remplacées. Quelquefois, suivant la remarque de M. Charlier, ces corps sont tellement volumineux et saillants, qu'ils dépassent les dimensions de l'ovaire lui-même, ce qui peut induire en erreur quand on pratique la castration, et faire croire qu'on a extirpé l'ovaire, alors qu'on n'a extrait en réalité qu'un de ces corps.
Ea avant de l'ovaire, se trouve Voviducte ou trompe de Fallope, trompe uterine, t, canal intermediaire ä l'ovaire el ä l'utérus, et servant ä la transmission de l'ovule dans ce dernier organe. Se présentant sous l'aspect d'un tube long, étroit, dur au toucher, occupant Ie bord anlórieur du ligament large , et décrivant dans son trajet de nombreuses flexuosités, l'oviducte s'ouvre supérieu-renaent en j;, au milieu d'une lame membraneuse p, floltante, ä bords découpés, parsemée d'un grand nombre de prolongemenls foliacés, placée en avant de la duplicature péritonéale ovarienne, et connue sous Ie nom de pavilion ou morceau frangé. Ce pavil­ion a pour usage, en s'appliquant sur Tovaire, au moment de 1'ovulation, d'assurer l'inlroduction de Tovule dans la trompe. L'autre extréraité de l'oviducte, z, arrive au soramet de la come uterine correspondante, avec laquelle eile se continue sans demar­cation apparente.
Article III.
OPERATION PAH INCISION DU FLANC.
Le moyen primitivementmis en usage pour la castration de la vache consistait, comme nousl'avons dit, a aller chercher l'ovaire au sein de l'abdomen, ä l'aide d'une ouverture pratiquée dans la re­gion du flanc. C'est la methode, selon toute apparence, employee par Thomas Winn, qui, d'ailleurs, n'a pas fait connaltre le moyen dont il s'est servi; c'est également celle qui a été raise en prati­que par M. Levrat, a qui on doit, conséquemraent, la premiere description connue sur le manuel opératoire de la castration des vaches; c'est de la sorle, entin, qu'ont procédé, jusqu'ä la décou-verte de la methode Charlier, tous les expérimentaleurs qui ont essayé l'opération, en n'apporlant a ce mode primitif que quelques
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OPERATION PAR INCISION DU FLANC.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 393
modifications secondaires, ne pouvant d'ailleurs nulleraent en älterer Ie principe.
Aujourd'hui ce mode opéraloire est généralement abandonné; il n'est plus mis en usage que pour la castration des velles et des jeunes génisses, chez lesquelles l'étroitesse du vagin ne permet pas de procéder autrement ä rexlirpation des ovaires. Nous Ie ferons néanmoins connaltre tel qu'il a été longtemps pratique, ne fftt-ce que pour faire juger, en montrant les dangers qu'il entraïne, l'im-portant progrès realise par Ie procédé vaginal, de la découverte duquel datera véritablement 1'introduction de la castration des vaches parmi les couturaes rationnelles tendant au perfectionne-ment de l'industrie du bétail.
Pour mieux faire apprécier par quels degrés a passé l'opération avant l'important progrès dö a la methode Cbarlier, nous décri-rons d'abord Ie procédé de M. Levrat, tel que eet auteur 1'a pri-mitivement fait connaitre, et nous donnerons ensuite un résumé des modifications partielles qu'on lui a fait subir.
$ Ier- —Manuel de l'opération.
1deg; Procédé Levrat. — M. Levrat opérait les vaches sans leur faire subir de preparation préalable , se bornant, Ie jour de l'opération, a supprimer Ie repas du matin.
Les objets nécessaires étaient: des cordes; une planche ou barre de bois; un bistouri d'une forme spéciale, convexe sur tranchant, avec une lame longue de 6 centimetres, sur 3 dans sa plus grande largeur , ou, a défaut, un bistouri convexe ordinaire ; un bistouri boutonné droit; deux aiguilles courbes ä suture enfiléesde gros fil tors bien ciré; deux chevilles en bois sec de 20 centimetres de long sur un diamèlre de 1 centimetre environ.
1deg; Fixation de la vache. — La vache était, pour l'opération, assujétie debout contre un mur, Ie cóté gauche tourné vers l'opé-rateur. A ce raur étaient trois boucles, tenant ä des anneaux so­lides : 1'une pour arrèter la corde de la tête, l'autre au niveau de la pointe de l'épaule, la troisième en avant du grasset.
La tête fixée par un tour de corde ou tenue par un aide vigou-reux, on attachait a la boucle, placée vers l'épaule, une autre
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394nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;GASTRATION DE LA VACHE.
corde, assez forte, qu'on faisait passer devant le poitrail et qu'on dirigeait, par le cóté gauche du corps, derrière les fesses, pour venir la neuer a la boucle placée au niveau du grasset. Pais, au moyen de la plauche ou barre de bols placée obliquement en avant des membres postérieurs et qu'on donnait a tenir ä un aide, ou bien par une corde nouée autour des jarrets, on se mettait a 1'abri des coups de pieds. Enfin, pour éviter les atteintes de la queue, on la faisait tenir par un aide ou on l'attachait ä la corde qui entourait l'animal. A défaut d'un mur pourvu de boucles, on pouvait utiliter, pour le même objet, une forte palissade, une barrière solide, des arbres convenablement espacés, auxquels on fixait une grosse barre de bois.
2deg; Incision dußanc. — L'animal étant convenablement assujéti, l'opérateur, place vers l'épaule de la vache , la main gauche sur le dos de celle-ci, oü il prenait un point d'appui, tenait de la main droite le bistouri convexe, en portalt le tranchant au milieu et ä peu prés ä la partie supérieure du flanc gauche, et d'un seul coup incisait a la fois, verlicalement, la peau et les muscles de cette region. L'ouverture, ensuite, était agrandie, au moyen du bistouri boutonné, jusqu'au degré nécessaire pour le passage du bras.
3deg; Ablation des ovaires. — L'ouverture faite, l'opérateur intro-duisait la main dans 1'abdomen, derrière le rumen et l'intestin grêle, vers les cornes de l'utérus, en se guidant sur le ligament large, a la face interne duquel la main, étant appliquée, descendait gra-duellement le long de son bord libre; lä eile renconlrait d'abord l'ovaire gauche suspendu en dedans du ligament, pres de l'extré-mité de la come uterine, au bord de la duplicature qui lui sert de ligament propre. Pour trouver ensuite l'ovaire droit, on descendait jusqu'au corps de l'utérus, proéminant au-dessus de l'écharpe que lui forraent ses ligaments propres , et, de la , on remontait le long du bord antérieur du ligament droit, en dehors duquel, comme ä gauche, se trouve suspendu l'ovaire.
L'un des ovaires étant saisi, l'opérateur le tirait légèrement k lui, et, avec 1'ongle du pouce, il ratissait sur l'index les vais-seaux et la trompe de Fallope, jusqu'ä ce que l'organe pöt se deta­cher ä l'aide d'une légere traction. Pour en faciliter la separation,
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M. Levrat, au lieu de ratisser de suite la trompe, commencait quelquefois par rompre, avec Ie pouce et Ie médius , la lame ligamenteuse placée immédiatement ea arrière de l'ovaire, de maniere ä ce que celui-ci ne ttnt plus que par laquo; deux pédoncules,raquo; les ligaments supérieur et inférieur s et i; saisissant alors Ie liga­ment supérieur entre Ie pouce et l'index, il Ie ratissait avec Ie pouce, Ie tordait jusqu'a ce qu'il se détachat; il procédait de raêtne pour Ie ligament inférieur, avec la precaution de ne rompre cette partie qu'en opérant une forte torsion. L'ovaire alors cédait facilement. On opérait de même l'extraction du second ovaire. Dans Ie cas ou l'ongle eül été trop court ou trop faible pour enta-mer les parties ligamenteuses dont il s'agit, on aurait pu faire usage d'un bistouri boutonné tenu dans la main.
M. Levrat a essayé d'anéantir l'action des ovaires sans les enle-ver, en pratiquant une espèce de torsion sans arrachement qu'il nomme bistournage des vaches. Pour cela, après avoir, comme dans la methode précédente , percé la lame ä laquelle est suspen-due l'ovaire , il faisait passer deux fois celui-ci par l'ouverture, puis faisant un nouveau trou, ä trois travers de doigt au-dessus du precedent, il y engageait l'organe, qui y restait maintenu par son propre poids.
Ce procédé, outre sa difficulté d'exécution, nécessitait une dou­ble dilacération, celle du ligament ovarien et celle du ligament large, l'une et l'autre pouvant occasionner des hémorrhagies et des accidents de suppuration plus ou moins redoulables; d'un autre cóté, on n'obtenait ainsi qu'un résultat imparfait, la double torsion de l'ovaire étant insuffisante pour annuler son action phy-siologique.
4deg; Permeture de la plaie. — Après l'ablation des ovaires , on s'occupait immédiatement de fermer la plaie. Il eüt été dangereux de laisser trop longtemps l'abdomen ouvert, surtout pendant un temps froid. S'ii s'écoulait du sang par quelque artériole, on arrê-tait d'abord l'hémorrhagie au moyen de la torsion du vaisseau; on épongeait Ie sang épanché, puis on faisait la suture. Dans Ie principe, M. Levrat employait Ie suture enchevillée, qu'il avait soin de ne pas trop serrer a sa partie inférieure, afin de ménager au pus une issue facile. Plus tard, Ie même operateur donna la
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39(5nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHE.
preference ä la suture des pelletiers, attendu que les chevilles pou-vant être liraillees, soit lorsque les vaches se couchaient du cóté gauche,, soit quand elles restaient debout et se frotlaient centre les murs, au passage des portes, d'ou la possibililé de certains accidents qu'on évitait avec la suture en surjet.
Cela fait, la vache élait conduite a sa place, oü, recevant les soins convenables, Ia guérison, dans les cas les plus favorables, s'achevait en quinze jours ou trois semaines au plus.
2deg; modifications apportées au procédé Levrat. Les expérimentateurs qui, après M. Levrat, ont tenlé de prati-quer la castration des vaches, ont imité son procédé, tont en lui faisant subir, comme nous l'avons dit, quelques modifications, d'ailleurs, sans importance, et portant, soit sur la maniere d'as-sujétir l'animal, soit sur Ie manuel même de l'opération.
Ainsi, pour fixer la vache avec plus de söreté, M. Morin pré-parait d'abord un mur avec 5 boucles au lieu de 3. D'autres ope­rateurs ne se servaient pas d'un mur, se bornant a faire tenir la béte par deux aides, Tun ä la tête, qui saisissait d'une main la corne gauche, et de l'autre serrait l'extrémité inférieure de la cloison nasale, pendant que Ie second aide, place ä la hauteur de la hauche, retenait l'animal en place lorsque la douleur I'exci-tait a faire quelques mouvements (Desbans). D'autres fois, les deux aides élaient places a la tête, les membres postérieurs étant retenus par une corde qui les entourait, leur laissant seulement un jeu de 10 ä 12 centimetres (Putot).
M. Rey, de Lyon, fixait la vache a un mur, comme M. Levrat, mais il ne faisait usage que de deux boucles, l'une pour attacher la tête, l'autre, placée a la hauleur de la croupe et un peu en arrière, pour y faire passer l'extrémité de la queue, qui était mainlenuepar un aide, afin d'empêcher l'animal de se coucher. Pour retenir les membres postérieurs, il leur appliquait deux entraves munies d'un lacs qui venait passer entre les membres antérieurs et se fixer autour de l'encolure.
Les variations toucbant Ie manuel opératoire ont porté princi-palement sur la maniere de pratiquer l'incision du flanc. Ce fut d'abord M. Yvart qui, après avoir essayé l'opération k l'école d'AIfort, recommanda e de vider préalablement Ie rectum ; de ne
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pas prolonger l'incision trop bas, afin d'éviter de couper la bran­che antérieure de la circonflexe de rilium; de tordre ou de lier celle artere si, malgré les precautions prises, il arrivait qu'on en fit la section '. raquo;
Deleurcólé, MM. Putot, Desbans préféraient, pour l'incision, Ie cóté droit au cóté gauche, vu Ie moins de distance qu'on a alors ä parcourir pour arriver ä l'ovaire, Ie flanc, de cecölé, étant moins renüé que du cóté gauche. Us donnaient ä l'incision une direction verticale légèrement inclinée en avant, et au lieu d'entamer, d'un seul coup, touts l'épaisseur de la paroi abdomi­nale, ils commencaient par inciser la peau sur un pli transversal, et n'arrivaient que successivement et par couches dans la cavité de 1'abdomen. L'ovaire était extrait par torsion, et la plaie réunie par une suture enchevillée ou par une sulure en surjet.
M. Morin praliquait de la même maniere l'incision du flanc; mals avant d'ouvrir Ie sac peritoneal, il faisait la ligature des arté-rioles ouvertes, pour éviter rinlroduction du sang dans l'abdo-men; puis il réunissait la plaie par une suture enchevillée, bien que M. Levrat eüt abandonné ce mode de reunion. M. Lorin faisait également l'incision du flanc en plusieurs temps, et la réunissait par une suture enchevillée; puis l'opéralion lerminée, au lieu de ménager un écartement entre les lèvres de la plaie pour l'écoule-ment du pus, il la serrait tout-a-fait, de maniere a obtenir de suite une reunion par première intention, résullat qu'il assurait encore en recouvrant la suture avec un emplètre forme d'un plumasseau térébenthiné qui se maintenait collé ä la peau. La plaie était abandonnée a elle-même, et l'appareil leve seulement du 12e au 15e jour, la guérison étant alors achevée.
Un ancien boucher, dans la Meurthe, qui pratiquait avec quel-que succes la castration des vaches, M. Lehalle, cite par M. Riss, vétérinaire au 1quot; regiment de hussards 2, s'y prenait de même pour faire l'incision, mais il en proportionnait exactement l'étendue ä la grosseur de son bras, afin d'éviter l'introduction de l'air dans la cavité de l'abdomen, la laissant assez grande cependant pour ne
i Ree. deMéd. vit., 1834, p. 73. (Note.)
-' Rapp. ä la Soc. cent. d'Agr. de Nancy. Séancc du ä oclobre 1843.
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pas, quand il introduisait son avant-bras, determiner la déchi-rure des Lords de la plaie; puis il amenait successiveraent les deux ovaires a I'ouverture faite an flanc, et les enlevait a la maniere de M. Levrat.
M. Rey choisissait également le flanc droit pour cette operation. Il incisait vers la partie supérieure, a trois travers de doigt de Tangle de la hauche, ayant remarqué que, faite trop au milieu du flanc, eile tombe au niveau du rumen, ce qui obligeait a contour-ner ce viscère pour arriver aux ovaires. Il employait, au lieu du bistouri convexe, le bistouri droit, qu'il introduisait par sa pointe, et faisait descendre verticalement, divisant la peau et les muscles de celte partie, dans une étendue d'au moins un decimetre , sans pourtant atteindre le péritoine, qu'il déchirait avec les doigts. Cela fait, M. Rey introduisait la main gauche dans l'abdomen, et allail ä la recherche des ovaires qu'il séparait en les tenant dans la main et en pressant avec le pouce, entre le médius et l'index, de maniere ä déchirer sans traction les vaisseaux et la trompe de Fallope. La plaie ensuite était réunie par une suture enchevillée, de preference 'a la suture du pelletier, qui n'opérait pas entre ses lèvres un rapprochement assez intime. Il serrait également dans tous les points, afin d'obtenir la reunion immediate; il était inutile de laisser une ouverture béanle ä la partie inférieure pour l'écoule-ment du pus qui ne devait se produire qu'accidentellement. Vers le quatrième ou le cinquième jour, il fallait enlever les chevilles, car en les laissant davantage, on était exposé a voir les fils devenir une cause de suppuration.
M. Charlier d'abord choisissait aussi le flanc droit pour l'opéra-tion, ayant remarqué qu'en opérant è gauche, non-seulement on pouvait intéresser le rumen, mais encore que eet organe opposait un obstacle assez grand ä la recherche des ovaires, et qu'il con-tractait toujours avec la plaie des adhérences qui nuisaient au libre exercice de sa fonction, inconvénients qui n'étaient pas a redou-ter du cóté droit. 11 incisait couche par couche la paroi abdomi­nale jusqu'au péritoine, et n'attaquait celui-ci qu'après avoir tordu ou lié la branche de l'artère circonflexe de l'ilium si eile était coupée, c'est-ä-dire lorsque l'hémorrhagie des petites veines et artérioles avait cessé, et après avoir épongé avec soin le sang
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ópanché daus la parlie déclive de la plaie; tout cela, pour éviter l'introduction du sang dans I'abdomen. Ensuite, au lieu de séparer les ovaires par l'actiond'uneseule main, M. Gharlier préférait faire l'incision assez large pour introduire les deux avant-bras et enlever les ovaires par Faction combinée des deux mains, l'une, saisissant l'ovaire au niveau de son ligament, entre le pouce et l'index, et lui donnant une grande fixité, taudis que les doigts de l'autre effectuaient les manoeuvres nécessaires pour le rompre. Cette ma­niere d'opérer avail paru ä M. Gharlier beaucoup moins faligante, plus expéditive et moins dangereuse que celle décrite par M. Le-vrat, en ce que les doigts de la main droile, pour ratisser, tordre et rupturer étaient aides et soutenus par la main gauche; et en ce que la traction élait opérée sur la main gauche qui résistait, et non sur un organe dilacérable et très-irritable. L'incision, bien que plus étendue que celle nécessaire pour l'introduction d'une seule main, n'offrait pas plus de gravité et cicatrisait aussi vile.
Arrive ä l'ovaire, au lieu de déchirer le ligament séreux par le milieu, de maniere a ce que cel organe ne lint plus que par ses deux ligaments supérieur et inférieur, M. Gharlier comraencait par déchirer eeux-ci en les serrant au moyen du pouce et de l'index de la main gauche, pendant qu'avec les mêmes doigts de la main droile, il rompait les ligaments et la trompede Fallope, puis ratissait, tordail el rupturait avec precaution la parlie res­tante, conlenant le nerf et les vaisseaux ovariques. Par ce mode de torsion limilée, substilué au simple arrachetnent des glandes, indiqué par M. Levral, M. Gharlier évilait lout effort de traction sur les ligaments larges, et prévenait plus sürement l'hémorrhagie, quelquefois mortelle, de Tariere ovarique. Mais faule d'inslrument, l'effel ne pouvail être constant, et l'opération conservait tous ses dangers. G'est pourquoi il recommandait, comme un procédé bien preferable, 1'extirpation des ovaires, ä l'aide de la pince ä tor­sion [fig. 70), qui sera décrite en parlant du procédé vaginal.
M. Gharlier a essayé aussi de pratiquer 1'extirpation des ovaires en les amenant, comme l'indique M. Riss, ä l'ouverlure du flanc; maisil a dft renoncer a celle maniere d'opérer, qui obligeaita distendre outre mesure les ligaments larges, et pouvait donner lieu, de la sorte, ä quelques accidents.
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Considérant, enfin, que la douleur est Fun des plus graves inconvénienls de l'opération en ce que, réagissant vivement sur Torganisme de l'animal, eile accroit la fievre de reaction et dimi-nue, par suite, la secretion lactée, lorsqu'elle ne contribue pas ä entrainer la mort du sujet, on a eu l'idée de supprimer cette cause d'aggravation en éthérisant préalablement les vaches. Des essais ont étó fails en ce sens par plusieurs expérimentateurs, no-tamment par Ie docteur Seifert, de Graschnitz, Haute-Styrie (Autriche), qui, Ie 15 avril 1847, pratiqua l'éthérisation sur deux vaches de la race Mürzlhal, l'une, d'un temperament vif, agée de 4 ans, et ayanl véle deux fois; l'aulre, d'un tempéramment tranquille, de 7 ans, et ayanl véle cinq fois. La première ne per-dit la sensibililé qu'après une troisième reprise de réthérisation; eile tomba et fut opérée couchée. L'aulre vache, complétetnent engourdie au bout de trois minutes, resta et fut opérée debout. Chez cette dernière, la fièvre de reaction fut moins forte. Trois jours après, l'une et l'aulre se porlaient parfaitement bien; mais, jusqu'au qualrième jour, Ie lait conserva un goül désagréable d'élher. Au huitièrae jour, la quantité de lait, remontée a son maximum primitif, resta constante. D'apres cette experience, rapporlée par M. F. Riedel ', on voit que réthérisation pourrail être appliquée, avec succes, ä la castration des vaches par inci­sion du flanc. Mais halons-nous d'ajouter que i'abandon de cette methode enlève beaucoup de leur importance ä ces tentatives.
S a-
- Suites ordinaires de ropération, Soins conaécutifa.
Les symptömes qui se manifestent a la suite de la castration par incision du flanc ne sont autres que ceux observes après teute operation d'une certaine gravité. Dès Ie premier jour, la vache se plaint, cesse de boire, de manger, de rurainer, éprouve des frissons et perd immédiatement une notable parlie de son lait. Cet élat, consequence de la vive douleur produile par l'opération, s'amende vers Ie second jour. Le troisième, les bords de la plaie sont légèrement tuméfiés, douloureux a la pression. 11 y a com-
i Journ. d'Agricult. pratiq., 1848, IIquot; sér., t. V, p. -ilö.
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meneeraent d'organisalion de la lymphe plastique épanchée entre les lèvres de la double plaie falle ä la peau et aux muscles abdo-minaux.
A ce moment, dans les cas les plus heureux, la fièvre de reac­tion est pres de cesser , et tout annonce un prochain retour du sujet a la santé. La vacbe a repris son appétit, rumine de nou­veau , se coucbe et se leve comme ä l'ordinaire; toutes ses fonc-tions, enfin, sont revenues ä leur élat normal; et il ne reste plus d'autre trace de l'opération que la plaie du flanc, en voie de cica­trisation. Quelquefois les bêtes maigrissent , mais pour revenir bientót a leur élat primilif. Au bout de 8 ou 15 jours la guérison est achevée , et la secretion du lait, qui avait subi d'abord une forte diminution, notamment pendant la période de la fièvre de reaction, ne larde pas ä remonter au même chiffre qu'auparavanl, et souvent même a Ie dépasser.
Dans Ie cours de la période inflammatoire et jusqu'ä la guérison, l'animal devra êlre enlouré de quelques soins ayant surtout pour but de prévenir les accidents qui, trop fréquemment, compliquent l'opération.
La dièle, Ie repos, Ie séjour dans une élable convenablement aérée, rattenlion surtoul d'évilerles courants d'air froid, tant que dure l'état fébrile, sont les premiers soins que reclame la béte opérée, et leur negligence, quelque simples qu'ils paraissent, ne laisserait pas que d'avoir, parfois, des consequences assez re-doulables.
Chez les bêtes bien nourries, fortes, plétboriques, M. Cbarlier conseillait, en celle circonslance , l'emploi de la saignée, en vue de prévenir la fièvre traumatique, et Ie développemenl des symp-tömes inflammaloires sur les parties alleintes par ['operation. Nous sommes peu disposé 'a admellre l'efficacilé de ces saignées preven-lives, a moins d'une indication bien precise puisée dans l'état du sujet. La dièle et quelques purgatifs salins alteignenl au même bul, et n'affaiblissent pas comme les emissions sanguines. On dit, il est vrai, que la saignée ne nuit pas a la secretion lactée, partant de ce principe que la production du lait élant d'aulant plus abondante que la vache est plus faible et plus lymphalique, une souslraction de sang qui accrolt cette faiblesse ne saurait nuire
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h un phénomène que eet é.tat favorise. Mais ä supposer qu'une teile assimilation puisse être établie entre la faiblesse naturelle des vaches bonnes laitières, et celle produite artificiellement par la saignée, 11 n'en résulte pas, tant s'en faut, que Ie sujet en lui-même se trouve mieux de cette pratique, laquelle se trouve, conséquemment, toujours contre-indiquée dans Ie cas actual.
On donnera , comme nourriture, de bonnes herbes de prairies naturelles ou artificielles , non capables de fermenter ; ou, a dé-faut, quelques kilogrammes de bon foin ou de regain secavec une petite quantité de paille et de racines fourragères. Pour boissons, de l'eau blanchie avec du son ou de Ia farine d'orge. Vers Ie 9e ou Ie lO6 jour seulement, onremetlabête a une demi-ration, et quel­ques jours après ä son régime ordinaire.
La vache, convenablement couverte si Ie temps est froid, est mise a part, dans un coin de l'étable, éloignée Ie plus possible de la porte d'entrée et des autres ouvertures, et, s'il se peut, Ie flanc malade tourné du cóté du mur , dans tous les cas ä l'abri de l'at-teinte des autres bêtes. Elle sera attachée a deux longes pour l'empêcher de lécher sa plaie, aura une abondante lilière pour lui épargner la douleur et Ie malaise du décubitus sur Ie sol, et entretenir sa temperature. On la traitera enfin avec douceur, et on évitera de la tourmenter.
La plaie reclame les mêmes soins que ceux exigés par toutes les lésions de cette nature. Si eile se réunit par première inten­tion, on peut couper et enlever les fils dès que l'adhésion des lèvres de la plaie est parfaite. Sinon on laisse les fils tomber d'eux-mêmes, en favorisant leur chute par des onctions avec de l'axonge faites vers Ie ie ou Ie 5e jour. Après quoi on attend que la cica­trisation s'opère, se bornant, jusqu'ä guérison parfaite, ä entre­tenir la solution de continuité en état de propreté.
$ 3. — Accidents consécutifs amp; ropération.
Divers accidents, plus ou moins redoutables, peuvent survenir a la suite de la castration par incision du flanc, et entraïner une diminution ou une suspension plus ou moins prolongée de la secre­tion lactée, quelquefois même la mort du sujet. L'eraphysème,
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1'hémorrhagie dans la plaie du flanc, Themorrhagie par les arteres ovariques , la fièvre de reaction prolongee, la suppuration de la plaie, la péritonite, Ie retour des chaleurs, sont les principaux de ces accidents, assez norabreux, comme on le voit, et dont Toc-currence, pour ainsi dire constante, constilue, pour Toperation par le flanc, une source de complications graves toujours a redouter.
1deg; Emphyseme. —L'emphyseme, ou introduction de Fair dans le tissu cellulaire sous-cutané , est le plus ordinaire , mais heureusement le moins grave des accidents consécutifs ä la castra­tion par le flanc. II se manifeste dans la grande généralité des cas, et apparait peu d'heures, quelquefois immédiatement après l'opé-ration, sous la forme d'une tumefaction diffuse, d'une étendue variable, crépitante sous le doigt, qui envahit la region opérée. M. Charlier considère eet emphysème, dans les premiers moments de son apparition, comme un météorisme du ventre qu'il attribue, soit h l'air introduit dans l'abdomen par la plaie du flanc, soit ä l'évaporation du sang épanché dans cette cavité par suite de la division des artères ovariques. Ges causes ne sont pas moins hypo-thétiques que le météorisme qu'elles onl pour objet d'expliquer, aucun gaz ni aucune vapeur ne pouvant séjourner dans un milieu tel que l'intérieur de la cavité péritonéale, soumise a une pression constante, et de toutes parts enveloppée de voies absorbantes d'une extreme activité.
Ce que M. Charlier appelle un météorisme du venire n'est done que l'emphysème observe par tous les expérimentateurs, et pa-raissant résulter de Faction aspirante qu'exerce le diaphragms sur les organes abdominaux, dans les mouvements d'expiration, et se transmettant, par ces organes, ä l'air extérieur, lequel alors pé-nètre entre les lèvres de la plaie, que la suture ne saurait mainte-nir dans un rapprochement absolu. On a bien admis encore, pen­sant que les bords de la solution de continuité pouvaient se trouver assez approchés pour fermer tout acces a l'air extérieur, que l'em­physème provenait alors de l'air entre dans le péritoine au mo­ment de l'opération; cette theorie est inacceptable, car il faudrait pour cela que l'air püt séjourner un certain temps dans la cavité péritonéale; chose impossible, en vertu d'une loi physique bien
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404nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHE.
connue, concernant l'équilibre des gaz renfermés dans des cavités closes et ä parois absorbantes.
Quellequ'en soitla cause, après que Femphysème s'est monlré dans la region opérée, il ne tarde pas a s'étendre et ä envahir tout Ie cóté correspondant du corps. Des Ie second jour, il remonte vers la croupe, lesreius, Ie dos, et peut arriver ainsi jusqu'au garrot, aux épaules et a Tencolure. Il atleint quelquefois Ie cóté oppose; mais Ie plus ordinairement il s'arrète a la ligne dorsale.
Malgré son étendue, l'ernphysème n'offre jamais rlen d'inquié-lant et ne tarde pas ä se dissiper de lui-même. Quand il persiste au-delä de qualre ou cinq jours, on fait échapper l'air a l'aide de quelques incisions ä la peau et d'une légere pression de la main, et Faccident n'a pas d'autres suites.
2deg; Héniorrliagie dans la plaic elu Hanc. —Gelte hémorrliagie se manifeste au moment oü 1'on fait l'incision. Elle provient de la division de l'artère circor.ilexc iliaque,et parfois eile est assez abondnnle pour offrir un caraclère inquiótant. Bien que généralement eile s'arrète d'elle-mème par la suture de la plaie, cosime il est a craindre que Ie vaisseau ouvert ne continue ä don-ner du sang qui s'épanche dans la cavité péritonéale, mieux vaut toujours appliquer une ligature ou faire Ia torsion de l'artère; dans ce cas, les manipulations qu'exigent la recherche du vais­seau ouvert et l'exlraction du sang épanché dans les interstices musculaires, la presence du fil, deviennent autant de circon-slances aggravantes qui ajoutent encore au danger de l'opération.
3o Hémorrliagie par les artères ovaruiues. — Gelte hémorrhagie était toujours ä redouter avec l'ancien procédé, alors qu'on se servait seulenaent des doigts pour detacher l'ovaire de son ligament suspenseur; car, outre les difficultés qu'on éprouvait de la sorte a extraire Torgane, on ne pouvait jamais opérer qu'une torsion incomplete de Tariere ovarique; celle-ci restail con-séquemmenl ouverte, el donnait lieu, d'une maniere ä pen prés constante , a une hémorrhagie assez considerable pour determiner de graves accidents, parfois même la mort du sujet, au point que l'on a cru pouvoir attribuer précisément ä cette cause la perle d'une grande partie des animaux qui ont succornbé a la castration par Ie flanc.
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OPERATION PAR IJiCISIOS DU PLAXC.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 40igt;
On reconnalt, k divers symptómes, l'existence de rhémorrhagie par les arlères ovariques. L'animal se montre indifférent pour ce qui I'environne, fait entendre des plainles, change de place avec difficulté. A ces signes s'en joignent d'autres: l'abaissement du pouls, les baltements tumultueux du cceur, la respiration courte et accélerée, avec dilatation des naseaux; la pêleur des muqueu-ses; Ie refroidissemenl des oreilles et des extrémités; Faugmenta-tion du volume du ventre vers sa partie inférieure, oü Ton sent en outre la fluctuation d'un liquide; Ie soulèvement des organes intestinaux vers les flancs. Quand ces signes se manifestent, I'ex-pectation et Ie repos absolu de l'animal sont les seules ressources du praticien, jusqu'ä la lerminaison de l'accident par la guérison ou par la mort.
Si on a des raisons de redouter I'hemorrhagie, on peut la pré-venir, en suivant le precede indiqué par M. Riss, et consistant a attirer les ovaires au dehors, puis ä appliquer une ligature sur les artères ovariques, ainsi qu'on le fait pour les vieilles truies.
4deg; Etablissement de la suppuration et ses suites. — La suppuration, dans la plaie du flanc, s'établit toujours quand la solution de continuitó ne se ferme pas par première intention. La presence trop prolongée des fils au milieu de la sur­face traumalique, la pression inegale des chevilles, en sont les causes ordinaires; et lorsque la plaie, néanmoins, se ferme sans autre complication, eile ne constitue qu'une aggravation légere de Fopéralion; il en résulte seulementun retard de la cicatrisation. Quelquefois les fils sont causes de la formation de petits abces dans le trnjet ou au bas de la suture. Ces abces n'ont rien de grave, et s'ouvrent tout seuls, a moins qu'on ne bate leur eva­cuation par un coup de bistouri. D'autres fois se forment sous la peau des depots de matières fibro-albumineuses accompagnées de pus; on extrait ces matières a l'aide d'une incision pratiquée a la partie inférieure de la plaie, et la guérison s'achève comme ä 1'ordinaire.
Des complications plus graves ont été observées ä la suite de cette operation. Ainsi, on a vu, soit par le fait d'une disposition spéciale du sujet, soit è cause de la viciation de l'air ambiant, la gangrene s'emparer de la plaie, et entralner alors, d'une maniere
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406nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VAGUE.
a peu pres inevitable, la mort de la vache. En d'autres circon-stances, sans qu'il y ait gangrene, la plaie du flanc est devenue Ie point de depart d'une inflammation plus ou moins vive, s'étendant aux organes internes et determinant des accidents généraux d'une extreme gravité.
Enfin, la plaie du flanc, commel'a observeM. Charlier, expo-sée au contact de l'air ambiant, aux chocs extérieurs, irritée par la presence des fils de la suture, par la travail de cicatrisa­tion, etc., devenait souvent Ie siége d'une inflammation pseudo-membraneuse, qui déterminait des adhérences entre les couches musculaires du flanc, et quelquefois entre celles-ci et les viscères abdominaux, toutes complications difficiles ä prévoir, autant qu'a combattre, et venant encore ajouter au danger de ce mode opé-ratoire.
5deg; Péritonite. — Suivant M. Charlier, de tous les accidents pouvant survenir a la suite de la castration des vaches par incision du flanc, la péritonite est, sans contredit, Ie plus grave. L'épanchement, dans la cavité péritonéale, du sang pro venant des artères ovariques ouvertes, 1'extension par approche de l'in-flammation survenue dans la plaie du flanc, les refroidissements par l'exposition non ménagée de l'animal a un air froid et humide, la predisposition du sujet, un exces premature de nourriture, quelquefois l'action simultanée de ces diverses influences réunies, sont les causes ordinaires de eet état pathologique, qui, dans cette circonstance, affecte toujours Ie type aigu, et acquiert promptement une grande intensité.
G'est du troisième au sixième jour, suivant la cause, que cette redoutable complication commence ä se manifester. On reconnalt l'invasion prochaine du mal aux signes suivants : la vache cesse tout-ä-coup de donner du lait; devient triste, indifférente aux choses qui l'entourent, éprouve des frissons, mange et boit non-chalamment, comme par acces; cesse de ruminer, parait gênée dans ses mouvements, se meut tout d'une pièce, tire sur sa longe ou s'appuie sur l'auge, grince des dents ou fait entendre des plaintes.
Le mal continuant, Ie ventre se ballonne, devient douloureux sous la presslon dudoigt; la vache éprouve descoliques, trépigne
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des pieds postérieurs, gratie Ie sol, agite la queue, tend les membres, allonge Ie cou et la tête, regarde son ventre, se couche de cóté pour éviter de Ie presser, se relève avec difficulté, reste immobile dans la station debout; la colonne vertebrale se vousse en contre-haut et reste insensible ä la pression du doigt. Le regard est fixe, triste, le poil hérissé; les oreilles tombantes sont alter-nativement froides et chaudes; le corps est chaud et les extrémités glacées; les mamelies sont flétries et prennent une couleur jaune päle.
Les fonctions participent a ce trouble general de 1'économie; la fièvre est plus ou moins intense; le pouls est tantöt dur, petit, serre; tantót plein, inégal et précipité. Quand le mal s'aggrave, le pouls devient plus irregulier, intermittent, insensible. La respi­ration est breve et plaintive. Les defecations sont accompagnées d'épreintes; la fiente est sèche, moulée, peu abondante. Les urines sont jaunä tres, odorantes, expulsées souvent et en petite quantité a la fois. Le lait, quand il est encore sécrété, est jaune, épais, sirupeux, et tourne quand on le soumet k l'ébullition. La plaie elle-même est modifiée dans son aspect; ses bords semblent s'écarter et laissent suinter un liquide sanguinolent.
Quelquefois, des épanchements séreux se ferment dans le sac peritoneal, ce qu'on reconnalt ä l'augmentation du volume du ventre ä sa partie inférieure, et ä la fluctuation du liquide.
Ces différents symptómes, sous l'influence d'un traitement approprié, peuvent s'amender et se terminer au bout d'un temps plus ou moins long, par la guérison. Mais, le plus souvent, la vache, cédant ä la violence de la maladie, maigrit, s'affaiblit en peu de temps; les yeux deviennent ternes, s'enfoncent dans For-bite, la face se grippe, la bouche se dessèche, la tristesse aug-mente, les gémissements se succèdent et la mort arrive.
A l'autopsie, on constate des désordres varies, en rapport avec l'origine du mal. Quand la péritonite est la suite d'un épanche-raent sanguin, on trouve des caillots plus ou moins volumineux répandus dans le péritoine, siége lui-même d'une vive phlogose. Si l'affection provient d'une autre cause, la séreuse est épaisse , tapissée de fausses membranes. Une sérosilé rougeètre coagulable, mêlee de flocons albumineux, la remplit en partie. Lorsque l'in-
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40Snbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACBE.
flammation a eu pour point de depart la plaie du flanc, on trouve tous les tissus de celle region alleres, confondus avec les produits palhologiques, adhérant ensemble et ne formant plus qu'une masse de tissus heterogenes.
Ces divers symptómes cavactérisliques de la péritonite peu-vent varier quant ä leur ordre d'apparition, ä leur intensité res­pective ; mais ils se font toujours remarquer par la rapidité de leur marche, par la promptitude avec laquelle ils arrivent a un denouement fatal, qui rarement se fait altendre au-dela de cinq ou six jours. D'oü la nécessité d'attaquer vigoureusement la ma-ladie des son début. Voici Ie traiteraent conseillé en pareil cas par M. Cbarlier.
Aux premiers signes qui apparaltront, si la béte est forte et sanguine , on fera une saignée de 4 ou 5 livres, qui sera moindre si l'animal est faible ou épuisé. On renouvellera la saignée, si Ie mal persiste, en y adjoignant, a titre de dérivatifs et de déplétifs, les purgatifs salins, Ie sulfate de soude et de magnésie, qui agis-sent également comme diurétiques, et qu'on peut adminislrer ä Ia dose de 500 grammes par jour, en dissolution dans un breuvage tiède. Des lavements emollients, l'application de sinapismes sur les membres, des fumigations générales, au moyen d'un vase d'eau bouillante place sous Ie venire, l'animal élant couvert d'un drap tombant ä terre, des frictions sèches, complèlent Ie traite-ment a mettre en usage en pareil cas. On tiendra, d'ailleurs, la vache a une diète sévère; on la logera dans une élable chaude, modérément aérée, oü eile aura une bonne litière et sera bien couverte; enfin , on conlinuera de la traire.
Tels sont les moyens indiqués par M. Charlier centre la périto­nite consecutive a la castration des vaches. Gelte methode théra-peutique, parfaiteraent convenable contre une phlegmasie réelle, est-elle bien véritablement indiquée dans Ie cas actuel? Nous ne saurions l'ad mettre pour les raisons que nous avons eu déja occasion d'exposer dans l'article consacré a étudier la péritonite chez Ie cheval (v. p. 203), et oü, après avoir exposé nos vues sur la nature mêrae de la maladie, nous avons essayé de montrer les dangers de la methode antiphlogistique appliquée a cette affection, puis indiqué les bases d'un traitement plus rationnel.
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Quoi qu'il en soit, des que la péritonite n'est pas suivie de la mort de la vache, on voit bienlót le venire perdre de son volume, I'animal reprendre sa liberté de mouvement, la secretion laclée revenir, l'appelit, la rumination et loules les autres fonctions se rétablir successivement. On aide ä ce retour de la santé en aug-mentant graduellement la quanlité de nourriture, et en observant, enfin, avec rigueur, toules les precautions exigées en temps de convalescence.
6raquo; Retour des chaleurs. — Un phepomene que Ton a quelquefois observe, a la suite de la castration, esl le retour des chaleurs. M. Levrat a, le premier, signaléle fait. Depuis, d'autres praticiens l'ont également remarqué, bien que dans de fort rares circonstances, puisqu'il ne se trouve mentionné, nulle part, dans les écrits de M. Charlier.
Ce retour, du reste, comme il a été permis de le conslater sur le petit nombre de sujels qui Tont éprouvé, offre une grande irrégularité; il peut avoir lieü un ou plusieurs mois après l'opéra-tion, mais il n'est paspériodique, comme cbez les vaches non chä-trées. Il dure chaque fois peu de temps, quelques minutes seule-ment dans certains cas, se renouvelle alors plusieurs fois dans un jour. Cet état se maintient quelques jours, disparait, se manifeste parfois de nouveau, puis cesse définilivement.
Pendant cet état, toujours momentane et de peu de durée, la vache se tourmente beaucoup, devient d'une extreme violence; et si on lui présente le taureau, eile se laisse saillir. Une autre particularité curieuse ä noter, c'est que le lait, durant cette pé­riode de chaleurs tout-a-fait anormales, n'éprouve pas d'altéralion, comme cela arrive constamment cbez les vaches non chatrées qui entrent en rut, preuve du caractère essentiellement fugace et pas-sager de ce phénomène.
Il serail interessant de rechercher la cause de cet accident, que 1'on pourrait peut-étre expliquer par la formation d'un germe dans une portion non extraite de l'ovaire, comme il peut arriver quand on extirpe seulement, au lieu de l'organe, un corps jaune développé a l'excès, et donnant le change ä l'opérateur,. quand celui-ci cherche a reconnaitre l'organe ä exlraire. En attendant la verification de cette hypothese, remarquons que l'impossibilité de
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410nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA VAC 11 F..
prévoir ce phénomene, nou moins que son peu d'influence sur les suites de Fopération, lui enlèvent, d'ailleurs, toute importance au point de vue pratique.
Teile est la série des accidents principaux auxquels étaient expo-sées les vaches qui subissaient la castration par incision du flanc. Et maintenant a ces complications diverses, si Ton joint:
La nécessité d'imposer a la vache, pour I'assujétir, des moyens de contminte qui la tourmentent, l'irritent, la blessent;
La difficulti de l'opération, surtout pour déchirer, avec les doigts, les ligaments qui retiennent l'ovaire, ce qui expose ä inanquer l'opération ou a la pratiquer d'une maniere incomplete;
Lavive Am/eurproduite par l'incisionde la peau et des muscles, douleur qu'accusaient les beuglements et les mouvemenls désor-donnés de l'animal, et ayant pour effet d'aggraver l'élat general, d'accroitre l'intensité de la fievre de reaction, etc.;
La fièvre de reaction elle-même, portee quelquefois, chez les sujets irritables, ä un haut degré, s'accompagnant de symptómes nerveux, de constipation, diminuant la secretion du lait et réa-gissant toujours, d'une maniere fècheuse, sur les suites de l'opé­ration ;
L'ètendue, la difficulté de guérison de la plaie faile au milieu du ilanc, ä travers des couches musculeuses, aponévrotiques, celluleuses, séreuses, diversement enlre-croisées, et que l'on peut déchirer avec Ie bras, pendant qu'on cherche les ovaires;
La mortalité, enfin, consequence de l'action de ces diverses causes réunies, et que l'on n'a pas estimée a moins de 15 a 18 p. % du total des sujets opérés;
On s'explique suffisamment comment la methode par incision du flanc, après un certain nombre de tentatives plus ou moins malheureuses, a du finir par être complétement abandonnée.
$ 4. — Castration des volles et des jeunes génisses.
\0 Indication. — La castration des génisses, encore peu usitée, pourrait être mise en pratique avec avantage dans les cir-constances oü, par suite de l'abondance des fourrages, on aurait in-térêt è se livrer exclusivementä l'engraissemenldu bétail; ou bicn
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encore pour éloigner de la reproduction, soit les bêtes jeunes, de conformation défectueuse, de mauvaise race, dont on n'attend aucun produit de valeur, ou qui anaoncent devoir être mauvaises laitières; soit les jeunes femelles taurelières, éprouvant de bonne heure des besoins génésiques inlenses, et ne pouvant être ni fé-condées ni engraissées. A l'aide de la castration, les velles, qui auparavant auraient peu profile, acquièrent aussitót une grande aptitude ä l'engrais, atteignent, avant Tage de trois ans, un poids énorme, et produisent une viande très-estimée, veritable viande de luxe. Dans quelques villes du Nord, les génisses castrées sont depuis longtemps fort recherchées; elles proviennent la plupart de la Belgique, et sont désignées sous Ie nom de coinques.
2deg; Manuel opératoire. — La castration, chez les jeunes génisses, ne peut être pratiquée, comme déja il a été dit, que par incision du flanc; l'opération, d'ailleurs, ne se faisant ainsi que pour les bêtes agées de moins d'un an, celles de douze ä quinze mois pouvant déja être chatrées par Ie vagin. Elle ne com­mence, de plus, a être praticable que vers 1'Age de deux ou trois mois, les ovaires, avant cette époque, n'étant encore qu'a l'état rudimentaire. On procédé comme sur les vaches adultes, en ayant soin seulement, vu la petite taille des animaux, de faire l'incision moins étendue et d'introduire une seule main dans l'abdomen.
Suivant M. Charlier, on facili te l'opération : 'l0en faisant cour-ber Ie corps de Tanimal par l'aide place ä l'opposé de l'opérateur, de maniere ä tendre la peau sur Ie flanc; 2deg; en substituant, ä l'arrachement des ovaires, la torsion a l'aide de la pince a anneaux, réduite alors au tiers de ses dimensions; on évite ainsi plus süre-ment Thémorrhagie des artères ovariques, peu ä craindre cepen-dant en pareil cas, et on rend plus complete l'extirpation de l'ovaire ; 3deg; en opérant par Ie flanc gauche, Ie rumen ne formant pas obstacle comme chez les bêtes adultes.
L'incision faite, on introduit la main dans l'abdomen, en la dirigeant obliquement en bas et en arrière, vers l'entrée du bas­sin, sous Ie rectum, oü l'on trouve Ie corps de l'utérus et les ovaires situés de chaque cóté. On saisit ceux-ci l'un aprcs l'autre avec Ie pouce, l'index et Ie médius, on les amène Ie plus pres possible de l'ouverture du flanc, sans lirailler Ie ligament large,
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412nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHE.
on les place entre les mors de la pince qui est introduite par la main droite et qu'on serre sur les ligaments ovariens, en poussant la canule avec Ie pouce. On rocule alors un peu les doigls vers Ie bord du ligament large pour étreindre entre Ie pouce et l'index, après l'avoir cordé et allonge, Ie ligament ovarien inférieur , au moyen de deux ou trois demi-tours de pince, opérósen dehors par Ia main droite. On continue de tordre jusqu'ä rupture de ce liga­ment, on extrait l'ovaire, et enfin on ferme la plaie ä l'aide de la suture des pelleliers ou de la suture enchevillée.
Quant aux soins consécutifs, ils sont les mêmes que ceux indi-qués pour les vaches castrées. Diminution de la nourriture pen­dant quelques jours; séjour dans un lieu convenable pour éviter les refroidissements; attention de laisser les bêtes au repos, de ne pas les tourmonter, les obliger a se lever, sans utilité; application d'une muselière pour éviter que la veile porte sa langue sur la plaie, telles sont les precautions recommandées, et toujours süffi­santes dans les cas ordinaires.
Les accidents, sur les jeunes bêtes, sont beaucoup moins a redouter que sur les vaches adultes. On lesprévient, d'ailleurs, et on les combat, lorsqu'ils surviennent, comme on Ie fait pour celles-ci.
Article IV.
OPÉRATIOX PAR LA METHODE VAGINALE.
S llaquo;
-Notions générales.
1deg; Histprfque. — Le procédé acluellement en usage pour la castration des vaches, consistant ä aller chercher les ovaires dans l'abdomen, non plus par une incision faite dans le (lane, mais par le vagin, et dont la découverte a rendu possible l'exécution en grand d'une operation que ses dangers éloignaient auparavant de toute application pratique, ne date que de 1'année 1850.
L'idée première en a été revendiquée en même temps par deux vétérinaires, M. Prangé et M. Charlier , dont les prétentions res-pectives, ä eet égard, ne sont pas encore aujourd'hui, para!t-il,
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conciliées. Ne pouvant êlre juge dans ce debat, que la conscience des deux compeliteurs peut seule éclairer, nous nous bornerons ä rappeler les documents parvenus a Ia publicité, qui, seuls, pour Ie public, peuvent servir de base a l'histoire de la nouvelle me­thode opératoire.
La première mention relative ä la methode nouvelle est une note de M. Prangé, jointe ä un article publié par eet auteur sur VHistorique de la castration des femelles ', et dans laquelle, après avoir signalé les dangers de la methode par incision du flanc, ä propos, notamment, d'une vache chatrée chez M. Ad. Dailly, k Paris, par M. Charlier, et morte des suites de l'opération, il s'exprime ainsi :
laquo;En presence d'un fait aussi grave que eet accident (l'hémorrha-gie par lesartères ovariques), on se demande si, au lieu d'enlever ces organes par arrachement el par torsion jusqu'a ce'qu'il y alt rupture, il neserait pas plus prudent et preferable de recbercher d'abordsi, par l'oucerture naturelle, levagin, on nepourrait pas, au moyen d'une incision faite sur ses parlies laterales , droite ou gauche, aller praliquer la castration ; ensuite si on ne devrait pas, afin d oviter leshéraorriiagies desarlères, se contenter simplement de la torsion des oviductesau lieu de i'ablalion des ovaires. raquo;
Peu après la publication de cette note, M. Charlier envoyait ä l'Academie des Sciences un mómoire dont un extrait figure au Compte-rendude laséance du29juiüet 18Ö0, etconlenanl une des­cription détailléo du manuel de la castration par Ie vagin, c'est-ä-dire du procédé mis en usage par lui, M. Charlier, qui, Ie premier, venait alors de tenter la mise en pratique de cette ope­ration. AussitólM. Prangé, dont Ie nom n'était pas cité dans ce mémoire, crut devoir adresser, h M. Ie président de l'Academie des Sciences, une lettre que divers journaux ont publiée alors '2, ayant pour objet de protester centre Ie silence garde par M. Charlier ä son égard, et de réclamer la priori té, si non de la raise en pra­tique , maisau moins de l'idée de la castration par Ie vagin, rap-
i Moniteur agricole, 1830, t. III, p. 243.
2 Notamment 1c Monit. agr., 1830, t. III, p. 570; et lo Kec. de Méd. vét., 1830. p. 768.
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pelant ä cet effet la note dent nous avons, plus haut, cité un extrait, ajoutant que c'est pendant une conversation particuliere qu'il eut avec M. Charlier, en presence de plusieurs autres per-sonnes, qu'après avoir exprimé ä ce dernier son opinion défavo-rable sur Ie procédé par incision du flanc, il lui fit entrevoir la possibilité d'aller chercher l'ovaire par Ie vagin, et les chances de réussite qu'offrirait l'opération pratiquée de cette maniere.
M. Gharlier répondit ä cette reclamation en revendiquant pour lui-raême, de la maniere la plus absolue , l'idée première de la découverte ^ 11 rapporte qu'étant venu a Paris, appelé par Ie gouvernement, pour faire des essais de castration sur des vaches laitières, il s'entoura de ses confrères pour leur exposer ses vues sur cette operation; que ce fut ä cette occasion qu'il vit M. Prangé, a qui il paria, comme aux autres, de la castration par incision vaginale , dont la pensee était née en lui dès Ie commencement de ses experiences, mais dont la possibilité d'exécution ne lui avait été révélée que Ie 5 juin 1849 , c'est-a-dire dix mois avant l'im-pression de la note de M. Prangé, en explorant plusieurs vaches qu'un cultivateur de Reiras l'avait chargé d'examiner pour connat-tre si elles étaient ou non en état de gestation.
En même temps que M. Charlier exposait de la sorte ses titres de priorité, un autre vétérinaire , M. Moutonnet, de Paris, qui avait assislé, comme M. Prangé, aux experiences de M. Charlier, et aux discussions, toutes scientifiques d'ailleurs, qu'avait soulevées entr'eux la pratique de cette operation, n'hésilait pas dans une lettre particuliere qui a été publiée 2, ä declarer que c'était bien positivement M. Prangé qui avait conseillé ä M. Charlier de pra-tiquer l'opération par Ie vagin, et que c'est sur 1'insislance seule-ment de sou interlocuteur que ce dernier promit d'essayer l'opéra­tion par l'incision vaginale...
Depuis lors, les deux compétiteurs ont cherché, a différentes reprises, a faire prévaloirleurs droits respectifs, mais sans ajouter aucun argument nouveau ä l'appui de leurs affirmations précé-dentes. Une dernière fois, h l'occasion d'une communication de
i Monit. agr., 18a0, p. 632.
raquo; Ree. de Méd. vét., 1830, p. 941.
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OPERATION PAR LA METHODE VAGI.NALE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 415
M. Colin relative ä une modification apportée au procédé opéra-toire , et sur laquelle nous reviendrons plus loin, MM. Charlier et Prangé ont de nouveau soulevé cette discussion, ä la Société impé­riale et centrale de Médecine vétérinaire 1, mais sans en avancer davantage la solution. C'estdire que la question est encore indécise et Ie sera probablement toujours , dans l'impossibilité oü l'on se trouve de prononcer entre les assertions contradictoires et for­melles de deux honorables vétérinaires dont Ie caractère doit ins-pirer a tous une egale confiance.
Ne se pourrait-il pas, au fait, qu'ils eussent raison l'un et l'au-tre, qu'en presence des inconvénients offerts par l'ancien pro­cédé, l'idée füt venue a tous deux d'y reraédier par l'incision vaginale ? Nous inclinons d'autant plus volontiers vers cette solu­tion simple et naturelle d'un debat sans issue, quil est toujours fort difficile, en principe, de determiner Ie point de depart d'une idéé; et, ensuite parce que la juste consideration qui entoure Ie nom denos deux confrères ne serail nullement atteinte, a ce qu'il nous semble , de cela seul que, renoncant d'eux-mêmes et une fois pour toutes, a des prétentions exclusives qui ne créenl qu'une infructueuse rivalité, ils s'associeraient dans la paternité d'une innovation utile.
Quoi qu'il en soit sur ce point, ä M. Charlier, cependant, revient l'honneur sans partage d'avoir, avant tout autre, fait connaitre Ie manuel de l'opération, qu'il décrit pour la première fois dans Ie mémoire présenté ä l'Académie des Sciences, Ie 29 juillet 1850, et dont il a été plus haut question. Depuis, ce mode opératoire a été perfectionné, modifié plusieurs fois, conformément aux indications fournies par la pratique, mais sans avoir été sensiblement altéré dans son principe. M. Charlier lui-même a apporté ä son procédé primitif d'importants perfectionnements, qui l'ont conduit, par degrés successifs, a celui qu'il emploie aujourd'hui. Plus récem-ment, M. Colin, de l'école d'Alfort , a propose un procédé parti­culier ayant pour objet principal de simplifier l'opération. En joignant a ces procédés divers, la castration par ligature de l'ovaire, préconisée primitivement par M. Prangé, nous aurons l'ensemble
i Ree. de Méd. relaquo;., 1838, p. 974.
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416nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION ÜE LA VACUE.
des modifications apportéos è la castration de la vache par la me­thode vaginale, et conslituant autant de procédés différents que l'on peut actuellement grouper en quatre principaux :
Le procédé Charlier primitif;
Le procédé Charlier perfectionné ;
Le procédé Colin ;
Le procédé Prangé, ou par ligature de l'ovaire, que nous étudierons séparément, afin de mieux faire apprécier les progrès accomplis depuis dix ans par cette methode opératoire. Mais auparavant arrêtons-nous ä quelques points généraux appli-cables ä tons les procédés.
2deg; Lieu oil doit 6trc pratiquée 1'incision. — L'inci-sion nécessaire pour alier ä la recherche de l'ovaire, se fait, dans la methode vaginale , comme l'indique la definition même de ce mode opératoire, dans Tinlérieur du vagin. Quant aux lieux précis ou il convient de pratiquer cette incision, les rapports extérieurs du vagin, non moins que la position même des ovaires ä la region sous-lombaire , ne laissent, en aucune facon, a eet égard, la liberté du choix. Ce lieu est ahsolumcnt limité a la partie supé­rieure et antérieure du vagin, c'est-;raquo;-dire vers le fond et en haut, ä trois travers de doigt environ au-dessus de l'orifice du col utérin, et dans la ligne médiane.
Ence point, on estaussi pres que possible des ovaires ; partout ailleurs ou s'en éloignerait, outre que l'on pourrait occasionner des accidents plus ou moins graves, teuten augmentant les difficultés de l'opération. Ainsi, en incisant plus en arrièreon risquerait d'at-teindre le rectum ou de s'embarrasser dans les ligaments latéraux qui descendent de cetorgane. Sur les cótés, il faudrait faire l'in-cision double ; puis on diviserait les vaisseaux qui rampent ä la surface, en s'exposant a des hémorrhagies plus ou moins abondantes et toujours graves ; on ferait naitre des abces, etc.
A l'endroit ei-dessus indiqué, aucun de ces inconvénients n'esl a redouter. La se rencontre une portion du vagin large et longue a peu pres comme la main , dépourvue de vaisseaux im­portants , dans laquelle on peut sans danger porter l'instrument pour inciser a la fois , et, d'un seul coup , les différentes couches qui concourent a former la paroi vaginale, et dont l'extensibilité,
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la mobilité, offrent a l'opérateur toute I'aisance desirable pour aller saisir les ovaires, avec les doigts passés a travers l'incision de la paroi vaginale.
3deg; Soins préliminaires. — La vache, pour subirl'operation, n'a pas besoin d'etre préparée d'une maniere spéciale. Dans Ie cas seulement oü eile serail nouvellement acbetée, fatiguée et échauf-fée par Ie voyage, il serait utile, avant d'opérer , de la laisser reposer pendant quelques jours, en lui donnant des boissons rafraichissantes. En leute circonslance, au moment de Toperation, la vache devra être ä jeun de son dernier repas.
11 faut encore, au préalable, traire la vache, puis faire évacuer Ie rectum et la vessie. A eet effet, on provoque la defecation au moyen d'un ou deux lavements d'eau salée tiède , et remission de l'urine en litillanl Ie meat urinaire, pres de la commissure infé­rieure de la vulve, avec Ie bout du doigt. Après quoi, la vulve sera bien essuyée ä son pourtour.
On opère dehors, si la temperature est douce ou chaude , dans un endroit abrité quand eile est froide ou pluvieuse, dans l'étable même, si l'air y est pur et si on peut y agir commodément.
La vache doit être assujétie debout, attachée et maintenue par la tête, et de chaque cóté du corps. 11 faut trois aides, Tun ä la tête, les deux autres places un vers chaque hanche, pour empê-cber la vache d'avancer et de se jeter a droite et k gauche. L'aide qui se trouve vers la hanche gauche tient, en outre, la queue relevée sur Ie dos pour faciliter les manoeuvres de l'opérateur. Enfin, on place la vache, autant que possible, sur un terrain in­cline , Ie train postérieur plus élevé, afin que la masse intesti­nale, se portant en avant, laisse h l'opérateur plus d'aisance et de sécurité.
S 2. — Procédé Charlier primitif.
Quand il commenca ä pratiquer la castration par Ie vagin, M. Charlier se servait des quatre instruments suivants;
4deg; Un fixateur vaginal, tige de fer longue d'environ 50 centime-tres, portant ua manche et se terminant par un renflement des­tine a s'appliquer sur Ie col de l'utérus , avec un prolongement de
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4 ä 5 centimetres devant pénétrer dans 1'orifice du col utérin; 2deg; ün bistouri ä serpette {fig. 67), avec une lame rentrant dans le manche;
3deg; Uneptnce fixe ä branches assez longues pour pénétrer jusqu'au fond du vagin , avec des mors recourbés et dentés;
4o Une pince ä torsion, aussi longue que la précédente , et terminée par deux mors plats dentés; ces deux derniers instru­ments, fondés sur Ie même principe et ayant exactement le même usage que les pinces ä torsion fixe et mobile employees pour la castration du ehe val (v. pag. 71).
Muni de ces instruments, l'opérateur, les bras nus, les mains enduites d'un corps gras sur la partie dorsale, cherche d'abord k dilater, ä son entree, le tube vaginal. Quand la vache, qui d'abord fait toujours quelques difficultés, se tient tranquille, il introduit avec precaution le fixateur dans le vagin, en Ie dirigeant a l'aide de la main gauche, avec l'index de laquelle, dès qu'elle est arrivée au fond de cette cavité, il cherche l'ouverture du col de l'utérus pour y loger le prolongement du fixateur. Cela fait, il pousse l'instrument en avant de maniere ä tendre et ä abaisser les parois vaginales, puis retire la main qui vient saisir l'instrument par son manche afin de le tenir dans cette position.
La main droite, armee du bistouri a serpette, est introduite dans le fond du vagin; avecle pouce, on fait sortir la lame, et ayant bien reconnu le plan median de la paroi supérieure, on l'attaque de bas en haut a deux travers de doigt du col de l'utérus, avec la pointe du bistouri; l'opérateur tire ensuite ä lui l'instru­ment, pour inciser longitudinalement et dans son milieu la paroi vaginale, sur une longueur d'ä peu pres 7 ä 8 centimetres. Après quoi, il fait rentrer la lame dans le manche et retire le bistouri du vagin , ainsi que Ie fixateur.
Introduisant de nouveau la main, l'opérateur, avec l'index et le médius, quelquefois avec le pouce, va ä la recherche de 1'ovaire, qu'il trouve au bord du ligament large, l'amène dans le vagin, et l'y maintient ä l'aide de la pince ä mors recourbés serrée sur le ligament ovarien, a 3 ou 4 centimetres de l'ovaire.
Le cordon saisi, il confie la pince a l'aide qui tient la queue de la vache, en lui recommandant de serrer fortement sans tirer ä
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lui. Il introduit ensuite la pince ä torsion , la dirige vers la main restée dans la cavité vaginale, avec laquelle il place l'ovaire entre ses mors ; l'organe étant serre, il tourne cette pince en dehors du vagin, ä plusieurs reprises, en tirant légèrement a cheque mou­vement de torsion, et détache ainsi peu ä peu l'ovaire qu'il extrait en relirant la pince ä torsion. Cela fait, la pince fixe, è son tour, est retirée avec precaution, et Ie ligament rentre dans Tabdomen.
On peut indifféremment commencer l'opération ä droite ou a gauche, Ie procédé étant Ie même pour les deux ovaires, avec la seule difference que , pour aller chercher l'organe dans Tabdomen, il faut se servir de la main gauche pour celui du cóté droit, et de Ia main droite pour Ie gauche.
Quand les vaches sont fortes, ou ont Ie vagin large, on peut se dispenser du fixateur et se servir de la main gauche pour en tenir lieu, repousser Ie col de l'utérus et tendre la muqueuse vaginale au moment oü Ton pratique l'incision.
Tel est Ie procédé, brièvement exposé, primitivement mis en pratique par M. Charlier, pour opérer la castration des vaches par Ie vagin. Ce mode opératoire se recommandait surtout par sa simplicité. Maisä cause de cette siraplicilé même, son application exigeait une extreme attention, constituant, dans la plupart des cas, une difficulté réelle, de nature ä nuire ä la vulgarisation de la methode. C'est afin de remédier a eet inconvenient queM. Char­lier a imagine une série d'instruments nouveaux, qui, en facili-tant Toperation, la rendent accessible a tous. et dont l'emploi constitue Ie procédé perfectionné, que nous allons main tenant éludier.
S3. — Procédé Charlier perfectionné.
Dans l'étude de ce procédé, que l'expérience, sans doute, mo-difiera encore, nous aurons ä examiner : l'appareil instrumental mis en usage, Ie manuel de l'opération, les anomalies qui peuvent en modifier l'application, les suites normales de l'opération, et les accidents dont eile peut être suivie.
1deg; Appareil instrumental. — Les instruments en dernier lieu employés par M. Charlier sont les suivants : un dilatateur
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vaginal, un bistouri ä lame rentrante, une paire deciseaux longs, une pince a torsion et un poucier.
Le 1 dilatateur vaginal était ä l'origine forme principale-ment de deux bandes d'acier (ßg. 60 et 61) a, polies, arron-dies rsur leurs bords, longues de 50 centimetres, larges de 2 centimetres, épaisses de 1 millimetre au plus, recourbées vers leurpartie supérieure, et fixées, inférieurement, ä un manche, supérieurement, ä un axe de rotation. L'une de ces deux bandes
Fig. 60.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Fig. 61.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Fig. 62. Fig. 63.
est fixe, lautre est mobile. Cette dernière fait corps ä sa partie inférieure avec un anneau b, disposé sur Ie manche en maniere de virole, et pouvant tourner sur place; le bouton c, sert de prise pour le faire mouvoir, et quand il tourne, il entratne la bande correspondante qui pivote ainsi sur Faxe de l'instrument, lorsque celui-ci doit s'ouvrir et se fermer.
Deux au tres bandes s, s, en acier trempé, aussi larges, mais moins épaisses que les premières, sont appliquées sur ia
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face externe de celles-ci, dans teute leur longueur. Elles sont rete-nues ä Taxe commun par leur extrémité supérieure, tandis que l'inférieure peut monter ou descendre contre la bande principale correspondante.
Entre les bandes, dans Taxe de l'instrument, se trouve une vis e, ä filet large, longue de 42 centimetres, qui traverse Ie man­che ä son centre, et se trouve assujétie ä l'extrémité libre f, mobile et indépendante de ce manche. Deux brides i, formant écrous, et fixées par des prolongements latéraux ä l'extrémité inférieure des bandes externes, mettent celles-ci en rapport avec la vis, de maniere que quand on imprime ä cette derniëre un mouvement de rotation en faisant tourner l'extrémité libre du manche, on fait remonter les écrous, ce qui force les bandes externes ä se fléchir en s'éloignant des bandes principales qu'elles recouvrent {fig. 61), et ä donner ainsi ä l'instrument un dévelop-pement proportionné ä l'ampleur du vagin.
Supérieurement se trouve une plaque ovale l, également en acier, longue de 18 centimetres, large de 6 centimetres vers son milieu, courbée sur plat vers sa base, arrondie ä ses bords, offrant une certaine élasticité, et enfin percée d'une fenêtre, présentant aussi la forme ovale, de 9 centimetres de long sur 3 centimetres de large. Une distance de 7 centimetres exists entre cette fenêtre et Ie trou par lequel la plaque est fixée a Taxe rola-teur, avec les bandes, pour former la tête du l'extrémité uterine de l'instrument. A sa face inférieure ou concave, la fenêtre de la plaque est garnie dans les deux tiers de sa longueur d'un rebord, o, en forme de col de chemise, plus large sur les cötés que dans son milieu, et qui diminue graduellement jusqu'a sa terminaison. Ce rebord, bien évasé, sert de guide et de point d'appui ä l'opé-rateur pour pratiquer l'incision.
Un petit bouton, fixé a l'extrémité de la face interne de la pla­que, en arrière de l'axe de rotation, etne dépassant guère l'épais-seur des bandes, arrête celles-ci quand l'instrument est ouvert.
Enfin, un petit prolongement ^, long de 4 è 5 centimetres, bien arrondi, formant l'axe rotateur, termine l'instrument ä sa partie supérieure, et sert, en même temps, ä fixer Ie dilatateur dans Ie col utérin.
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422nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VAGHE.
Tel est l'instrument dont M. Gharlier s'est d'abord servi pour Fig. 64.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Fig. 68.
B /
HI
tendre et di later Ie vagin. Malgré les excellents résultats obtenus
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de Temploi de ce dilatateur, il lui reconnut pourtant divers incon-
Fie. 66.
vénients qui I'engagerent 'a le modifier; il fit construire un
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424nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHh.
nouveau dilatateur [fig, 62 et 63) forme : 1deg; d'une tige princi­pale a, recourbée, a sa parlie supérieure et remplacant la plaque fenêtrée, ou mieux n'étant que cette plaque elle-même, prolon-gée et fixée du cóté du manche. Elle porte, ä sa partie supé­rieure, comme la plaque, une fenêtre, longue de 9 centimetres et large de 3 a son milieu;
2deg; D'une espèce d'étui allonge b, auquel se trouve soudée, supérieurement, l'extrémité inférieure de la tige, et fixé par l'aulre bout, formant virole, sur Ie manche de l'instrument. Dans son intérieur, eet étui renferme une tige ä crémaillère, avec un pignon c, qui sert a la faire monter et descendre;
3deg; De quatre bandes flexibles s, s, en partie engagées dans l'étui, fixées inférieureraent ä la crémaillère et supérieurement a une pièce siluée en dessous de rextrétnité recourbée de la tige sur laquelle elles s'articulent. Ces quatre bandes, poussées par la crémaillère, que l'on fait remonter en imprimant au pignon un mouvement de rotation, s'écartent Tune de l'autre, s'élargissent plus ou moins et opèrent ainsi la tension do la paroi supérieure du vagin qui vient, par suite, s'appliquer sur la tige fenêtrée de l'instrument;
4deg; D'un prolongement p, formant écrou ä la tête de l'instru­ment et avant Ie même usage que dans l'autre dilatateur.
Cette dernière modification du dilatateur vaginal n'a pas encore élé considérée comme definitive par M. Charlier, qui, tout en con-servant ä l'appareil sa forme essentielle, dont la pratique a dé-monlré les avantages, a cherché encore, pourtant, ä Ie sirnplifier. Il y est parvenu, tout récemment, en remplacant la bande fenê­trée supérieure, sous laquelle se placait la main, par une sorte d'arc [fig. 64 et 65, C), articulé ä la tête de l'instrument, et pou-vant s'abaisser et se relever entre les deux branches du corps B du dilatateur. Dans un autre appareil, nouvellement construit par M. Mathieu, Tare C peut cheminer, k l'aide d'une lige renfer-mée dans Ie manche et mise en mouvement par un bouten.
Cette pièce nouvelle, ajoutée au dilatateur, sert de guide a la main, qui se trouve de la sorte placée en dessus [fig. 66), et, par suite, plus libre dans ses mouvements. Le prolongement A, formant pivot, les bandes-ressort D D, et les diverses parties E, F, G, H
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sent disposes exactement comme dans le precedent dilatateur 1. Le bistouri, ä lame rentrante {fig. 67 et 68), est forme d'un manche en deux pieces, mobiles 1'une sur l'autre et réunies par un clou a, servant de pivot. La lame l, longue de 4 ä 5 centi­metres, complétement libre, est engagée dans une excavation
Fig. 67.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Fig. 68.
Fig. 72.
d'une des parties du manche et maintenue en place par le rappro­chement des deux pieces. A l'aide du bouton h, que Ton dirige avec le pouce, la lame entre et sort a volonté.
Les ciseaux longs (jig. 69), ä lames courtes etcourbées sur plat, servent a couper, avant la torsion , le bord du ligament ovarien.
La pince ä torsion, longue de 50 centimetres, est formée essentiel-leraent de deux mors en anneau, cannelés supérieurement aleurs faces correspondantes. Les deux branches étaieiit, primilivement, articulées a charnière, comme une pince ordinaire, avec un res­sort intérieur en S, servant a tenir les branches écartées, et une crémaillère d'arrêt, destinée a les maintenir serrées l'une contre l'autre après qu'elles avaient été rapprochées. Cette disposition a été simplifiée. La pince, dont on se sert actuellement, est formée {fig. 70) de deux mors, s'écartant d'eux-mêmes en faisant ressort, et s'unissant a une tige cylindrique qui porte le manche a son
i Nous devons les trois figures, 64, 63 et 66, représentant le nouveau dilata­teur de M. Charlier, instrument quele premier nous faisons connattre, k l'obli-geance de M. Mathieu, coutelicr, a Paris, qui a bien voulu les faire dessincr et graver expres pour nol re ouvrage et nous en expedier les clichés.
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426nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACUE.
extrémité. Sur cette tige glisse im tube qui, en s'approchant des mors, les rapproche Tun de l'autre, et les serre au degré que Ton veut. A rextremité inférieure du tube, se trouve un petit pavil­ion sur lequel appuie Ie pouce pour faire mouvoirce tube, etper-mettant, de la sorte, d'ouvrir et de fermer l'instrument. M. Gharlier, plus récemment, a modifié encore cette pince, en
Fig. 70.
Fig. 71.
Fig. 69.
joignant ä chaque mors [fig. 71), afin de mieux fixer les parties ä saisir, des mèchoires en forme de Ftronqué, s'emboltant per-pendiculairement l'une dans l'autre, et pouvant de la sorte main-tenir rassemblées, sans crainte qu'elles puissent s'échapper, les parties serrées par les pinces.
Le poucier en acier (fig. 72) est une espèce de dé ä coudre, percé ä jour a son extrémité, que l'on place autour du pouce, pour aider ä 1'action de ce doigt quand on veut séparer l'ovaire
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du ligament auquel il est attaché. A sa face inférieure, il est creusé ä mi-épaisseur de petites dents quadrangulaires qui lui permettent de mieux adherer au ligament; il est pourvu, en outre, d'un ongle tranchant servant a déchirer Ie ligament oü les vaisseaux, quand la torsion ne suffit pas ä les rompre.
Depuis l'emploi des ciseaux longs, l'emploi du poucier est de-venu presque inutile '.
gt; L'indication et les arantages spéciaux de ces instruments divers, se trouve retracée dans une lettre interessante que nous a adressée k ce sujet 51. Charlier lui-même, et que nous croyons devoir reproduire a titre de document utile dans Thistoire de l'opération :
laquo; Paris, 2ä novembre 18S9.
n Monsieur, je réponds a la demande que vous m'avez adressée , au sujet des divers instruments de castration de vaches que j'ai tour-a-tour imagines pour arriver a ceux que j'emploie depuis vplusieurs années; il me faut, pour cela , entrer dans bien des détails , et remonter a une époque déja éloignée; car teute simple, prompte et facile qu'est devcnue cette operation, il ne m'en a pas moins fallu beaucoup de temps, d'études et d'essais, pour arriver ;quot;i la pratiquer comme je Ie fais aujourd'hui.
laquo; Dés que je songeai a inciser Ie canal vaginal, une première difficulté se pré-senta. Comment, en effet, transpercer ä l'intérieur un organe mobile, élastique, pourvu de nombreux et gros vaisseaux, entouré d'organes importants qu'il ne fallait point attaquer ? Le bistouri droit ordinaire ne pouvait pas me servir, j'étais trop exposé a me blesser, et a blesser 1'animal, soit en l'introduisant, soit en incisant, soit en le sortant. Celui a lame également droite, mais rentrant dans le manche, que je crus pouvoirlui substituer, ne me réussit pas davantage; il me fallut imaginer le bistouri ä serpette actuel [fig. 67 et 68), qui, après avoir été diversement modifié, remplit enfin parfaitement, tel qu'il est, le hut désiré.
ie Pour seconder eet instrument, il me fallait tendre et Oxer l'organe : je le fis d'abord avec la main gauche, pendant que Ia main droite incisait; mais la nécessité de faire pénélrer les deux mains et les deux avant-bras è la fois, entrai-nait ä de graves inconvénients. Outre la douleur que cette manoiuvre occasion-nait, notamnient chez les vaches a vagin étroit, l'cpérateur était très-mal a l'aise et fort incertain de faire son incision dans l'endroit voulu. J'imaginai alors Ie fixateur vaginal. (V. p. 417.)
cc Cet instrument d'abord droit et sans conducteur fenêtré, puis courbé en s et pourvu d'un conducteur dont les formes ont varié, avait l'inconvénient de ne tendre le conduit vaginal que dans sa longueur, de Ie dévier a droile ou a gauche, ce qui exposait fopérateur k faire l'incision sur les parois laterales, a couper les
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428nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; GASTRATION DE LA VACHE.
Outre ces instruments, M. Charlier employait encore, dans Ie principe, une èponge fine et épaisse, en forme de champignon, tronquée ä son sommet, incisée longitudinalement et montée sur
vaisseaui qui s'y trouvent, quelquefois méme les grosses artères qui rampent ü la face interne du bassin, et k donner Heu ainsi ä une hémorrhagie mortelle.
•c Bien place, ou conduit par Ie hasard, eet instrument me servit néanmoins avec succes pour un assez grand nombre d'opérations; mais divers accidents qui suivirent me forcèrent ä Ie modifier, a l'abandonner ensuite, malgré tous les changements que je lui avais fait subir.
laquo; Je fis construire alors un nouveau fixateur qui avait quelque analogie avec Ie premier, et auquel j'adaptai une serpette ä lame cachée , qui, par un mouvement imprimé du dehors, devait inciser seul. Mais ce second instrument, que j'appelai élytrotome, outre les inconvénients du premier, ne pouvail que Irès-difflcilement servir a pratiquer I'incision , ä cause de l'élasticité de Ia paroi vaginale qui fuyait sous la pointe de la serpette.
laquo; Deui autres instruments succédèrentraquo;celui-ci; je les avais imagines pour opérer l'ineision, Ie vagin étant renversé ä l'entrée de Ia vulve: c'était une grande pince k érigne, servant a saisir Ie col utérin pour attirer Ie vagin, et une espèce de lithotome a dard et ä lame caches, pour faire I'incision. J'abandonnal ces deux instruments après avoir coupé quelques vaisseaux du vagin, cc qui détermina une hémorrhagie abondante suivie de Ia mort d'une de mes vaches.
laquo; Force de recommencer a inciser intérieurement la paroi vaginale comme au début, je repris Ie fixateur, mais un nouvel accident hémorrhagique me détermina ä l'abandonner tout-a-fait. Je Ie remplagai par un ditoateur, sorte de speculum a deux branches recourbées sur plat et mobiles, qui, en s'ouvrant, élargissaicnt l'instrument dans Ie vagin et Ie tendaient en longueur et en largeur. Pourvu éga-lement d'une plaque fenêtrée, servant de guide pour inciser, cel instrument me réussitbien; avec lui, je pus faire convenablement lïncision ä rendroil voulu, dans Ia plupart des cas; cependant, j'eus a lui reprocher de ne pouvoir s'adaplcr k tous les sujets, qu'après avoir été resserré ou élargi avec la main, en recourbant ou redressant les bandes, ce qui me forcait souvent ä Ie sorlir et i Ie rentrer plusieurs fois dans Torganc, avant de pouvoir inciser, et allongeait beaucoup l'opération. Je remedial ä cela en faisant ajouter, par-dessus les bandes fixes, deux bandes ressorts mobiles pouvant se tendre et se resserrer è volonté [fig. 60 et 61).
laquo; L'inconvénient de eet instrument était d'etre assez difficile a introduire et k fixer; de compriraer Ia vessie quand eile était pleine; et, surtout, de serrer Ia main, d'empêcher la liberté de son action, pendant qu'on incisait, a cause de l'abaisse-ment de Ia plaque fenêtrée, qui, tropélastique, subissait I'effet des contractions du vagin.
laquo; Après plusieurs essais encore, je m'arrêtai enfin au dilatateur a cinq bran-
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une espece de bracelet en caoutchouc vulcanise; cette éponge devait être placee sur l'avant-bras, pour empêcher l'air d'entrer dans Tabdomen pendant l'extraction des ovaires. Elle n'est plus
ches (*) (fig. 62 et 63), lequel répond a tout ce que je voulais obtenir, bien qull puisse encore être inoilifié; aussi, je songe au moyen de Ie simpliGer pour en dimi-nuer Ie prix, tout en lui conservant son action dilatatrice dans Ie sens laiéral, dilatation que je regarde comme toul-a-fait indispensable pour opérer avec sécu-rité et précision. En attendant, j'emploie avec avantagel'instrumenttel qu'llest; depuis plusieurs années; j'ai fait, avec, des centaines d'opérations, et beaucoup de nos confrères de France et de l'étranger, et même de simples cultivateurs s'en servent tous les jours avec succes.
laquo; A.près I'incision restait k extraire les ovaires, et a bien opérer Ia torsion des vaisseaux.
laquo; Pour arriver ä ce double résultat, je me servis d'abord d'une pince a mors pleins, ressemblant a celles dont se servent les coiffeurs pour friser les cheveux; seulementleurs surfaces de contact étaient armées de pclites dents.
laquo; A.vec cette pince, je ne pouvais saisir que l'ovaire même: il m'étaitdifficile de I'embrasser en entier; je l'écrasais dans son milieu, et une partie des bords pou-vait resterattaches au ligament et ä Ia trompe de Fallope, Je rempla^ai cette pre­mière pince par une autre a mors creusés en cuillère, de forme différente, qui avait a peu prés les meines inconvénients.
laquo; A ces pinces en succéda une autre ä mors percés et armés de dents de requin sur leurs bords, ayant quelque ressemblance avec les pinces k polypes. Pour les ovaires peu volumineux, eet instrument me réussit assez bien, parce qu'il me permettait de les bien saisir et de les embrasser en entier; mais pour ceux qui ne pouvaient entrer complétement dans l'ouverture des mors, eile les déchirait, les coupait, en quelque sorte, prés de leur collet, la torsion se faisait mal ou pas du tout, et il restait encore une parlie de la glande en rapport avec les centres nerveux et circulatoires.
laquo; Deux autres pinces. Tune a anneaux ronds et l'autre ä anneaux ayant la forme des ovaires, remplacèrent Ia precedentlaquo;; je leur dus de pouvoir enlever les ovaires en entier, en les saisissant au-dela de leur collet, sur Ie ligament même, et leur faisant faire hernie complete dans les anneaux. Mais un inconvenient d'un autre genre s'y rattacha encore. Jusque-lä l'emploi de toutes mes pinces k torsion avait été seconde par une pince limitative, a mors courbés en crochets, que j'ap-pliquai sur Ie ligament, en avant de l'autre pince, pour borner la torsion, ayant reconnu que souvent mes doigts n'étaient pas assez forts pour cela. Mais ici les
(') Ce dilatateur u'eut iTabord que trois branches, mais la paroi vaginale faisant hemie sur les cütéraquo;, ue se lendaut pas bieu sur U feuêtre, j^ai dü en ajouter deux pour dimiuuer les espaces et teodre regu-lièrement Ie vagin.
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employee maintenant. — M. Charlier recommande d'avoir, de plus, ä sa disposition : une petite vannette ou une table pour placer les
deus forces ä peu prés égales, agissant en sens inverse, et qu'on ne pouvait pas diriger convenableraent, déterminaienl souvent la rupture nette du ligament et des vaisscaux, en mcme temps, ce qui donnait Heu ä une hémorrhagie plus ou moins abondante.
laquo; En vain je rendis les mors de Tune de ces pinces tranchants sur les cötés de leur surface de contact, pour que, faisant emporte-pièce, ils pussent couper les bords renQés du ligament qui, dans sa rupture transversale, causait quelque-fois celle des vaisseaux; je n'évitais pas toujours l'hémorrhagie: il m'arrivait même de la determiner en coupant avec celte pince, lorsqu'elle élait mal appliquée, l'artère principale ou ses collatérales, quelquefois fort développées. En vain je réunis ces deux pinces, les mariant ensemble pour qu'elles agissent plus réguliè-rement. Je dus les abandonner, comme toutes celles qui les précédèrent, pour les remplacer par la pince ä anneaux ovales [fig. 70), crénelés a leur surface de contact, ä l'usage de laquelle j'aidai par Ie poucier ou dé d'acier {fig. 72), servant a limiter la torsion avec plus ou moins de force et précision, quand mes doigls n'avaient pas assez de puissance d'aqtion.
ie Définitivement fixé sur la forme générale de cette pince, j'en niodifiai plu-sieurs fois les surfaces dc contact, jusqu'a ce que je fusse arrive a cello quo j'emploie acluellement (fig.Tl), laquelle a I'avantage, par ses machoires s'cmboitant perpendiculairement Tune dans l'autre, de masser le ligament et les vaisseaux, et de les maintenir, sans qu'ils puissent se déranger, sur la même ligne que Taxe de la pince, ce qui est très-important pendant qu'on opère Ia torsion, et dont la lar-geur des surfaces de contact est bien en rapport avec la nécessité de serrer forle-ment le ligament, sans être exposé fe le rompre brusquement a son collet comme avec des pinces ä surfaces de contact étroites.
laquo; Mais de la forme de la pince, si perfectionnée quelle fut, ne dépendait pas encore complétemenl la bonne execution de la torsion. Elle était longue ä opérer, difficile, et produisait des délabrements sur le ligament qu'clle déchirait au loin. J'eus alors l'idée d'entamer préalablement les bords de ce ligament, a la maniere des marchands de tissus qui coupent lalisière, afin de faciliter la déchirure de l'étoffe; et, pour cela, j'imaginai lescweaua; qui, après avoir subi aussi différentes modifications, prirent la forme qu'ils ont aujourd'hui (fig. 69).
laquo; Depuis que je me sers de ces ciseaux, le poucier d'acier m'est presque toujours inutile pour limiter la torsion ; je ne l'emploie que quand j'éprouve une resistance inaccoulumée. Le ligament entamé, décolleté, s'allonge,se détache parfaitement de 1'ovaire, se place plus facilement dans les gouttières des mors de la pince; les vaisseaux ovariques s'isolent mieux et forment, en se lordant, un tourillon oblité-rateur qui ne laisse rien u désirer.
a Je considère ces ciseaux comme trés-utiles pour opérer toujours une bonne
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instruments ä portee de l'opérateur, un seau d'eau chaude et des linges propres.
2deg; Manuel de l'operation. — Le manual de l'opération comprend deux temps principaux : l'incision du vagin et l'extir-pation des ovaires.
a. Incision du vagin. — Pour cette première partie de l'opé­ration, il faut commencer par appliquer le dilatateur, ce qui doit se faire avec certaines precautions, surtout quand on se sert de l'ancien appareil {fig. 60). En premier lieu, l'opérateur, ayantles bras nus et enduits d'un corps gras, dilate modérément la vulve ä l'aide de la main, puis introduit de champ l'instrument ferme, tenu par son manche avec la main droite , l'autre extrémité main-tenue dans la main gauche, les doigts et le pouce serres et allon­ges les uns centre les autres sur la face concave de la plaque fenêtrée, de maniere ä former le sommet d'un cóne qui favorise son introduction.
Des que l'instrument est parvenu dans la portion dilatée du vagin, on lui fait opérer sur lui-même, et de gauche ä droite, un mouvement de semi-rolation, de maniere a ce que le dos de la plaque fenêtrée se trouve place contre la face laterale droite du vagin, position nécessaire pour que la fenêtre arrive juste au mi­lieu de la paroi supérieure quand le dilatateur sera ouvert. Cela
torsion, et enlever les ovaires en entier; ce qui n'avait pas lieu constamment quand on n'en faisait pas usage. Leur emploi, d'ailleurs, est facile et n'offre aucun danger, car les doigts de la main gauche sont lä pour les guider et les bomer dans leur action.
laquo; Tels sont, eher confrère, apeu prés les divers instruments que j'ai successi-vement imagines, pour rendre de plus en plus possible la castration des vaches. Comme vous avez pu en juger, il m'a fallu bien des essais, bien des démarches, pour en reconnaitre toür-a-tour les inconvénients; mais j'avais a coeur de mener cette operation a bien, de la rendre facile pour tous. Aussi aucun sacrifice, aucune dépense ne m'ont fait reculer; j'ai, d'ailleurs, eu le bonheur d'etre seconde par un boucherde maclientèle,qui voululbien melivrcr ses vaches ä abattre, M. Etienne Décarreaux, de Courcelles, prés Reims; et par un fabricant d'instruments, aussi habile que desinteresse, qui avail foi en mon oeuvre, M. Mathieu, de Paris. Je me plais ä vous les signaler, Tun et l'autre, comme méritant, ä juste titre, la recon­naissance des vétérinaires et des agriculleurs...
laquo; Veuillez agréer, etc.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;P. Charlier. )gt;
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fait, l'opérateur, avec l'index de la main gauche, cherche, au fond du vagin oü il fait saillie, l'orifice du col utérin, y introduit le prolongement p, de l'instrument, puis retire la main gauche pendant que la main droite maintient, en appuyant légèrement, le dilatateur dans la position qui lui a été donnée.
Alors, avec le pouce et l'index de la main gauche, devenue libre, on entoure la virole b, le pouce appuyant sur le bouton c, place a droite et correspondant ä la base de la bande mobile; et avec I'autre main qui serre le manche, il execute un mouve­ment de rotation de droite ä gauche qui ouvre l'instrument, en placant les deux branches a dans la position qu'elles occupent figure 61. Le dilatateur ainsi place, on le pousse légèrement vers le fond du vagin, pour tendre celui-ci, l'abaisser et appliquer sa paroi supérieure sur la plaque fenêtrée. Si cette paroi est assez tendue, on peut procéder aussitót ä l'incision. Quand eile ne 1'est pas assez, ce qui arrive le plus souvent, on la tend davantage au moyen des deux bandes-ressort s, que Ton dilate, au degré que Ton vent, en faisant tourner, de gauche a droite, la partie mo­bile f du manche; on s'arrête dès que Ton sent une certaine resistance.
Avec I'autre dilatateur {fig. 62), cette premiere partie de l'opé-ration est de beaucoup simplifiée. Après que l'instrument a pénétré dans le vagin, que la main gauche a introduit le prolongement dans le col utérin, et que cette main a été retiree du vagin, on applique celle-ci autour de l'élui b, pour assujétir l'instrument, et avec la main droite, faisant tourner le pignon c, on fait sortir de eet étui et on dilate les bandes-ressort s, jusqu'au degré qu'il convient pour opérer la tension des parois vaginales, la bande fenêtrée du dilatateur étant toujours maintenue ä la partie supé­rieure. Quand la dilatation est au degré convenable, on introduit de nouveau la main gauche pour s'assurer que l'instrument est bien dans la position voulue, que la paroi supérieure est suffi-samraent tendue; on retire ensuite cette main, avec laquelle on tient le dilatateur poussé centre le fond du vagin, laissant ainsi la droite libre pour l'opération.
Les parties en eet état, l'opérateur saisit dans la main droite le bistouri plus hautdécrit, qu'il tient entre le pouce et les doigts
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allonges en cóne, introduit la main dans le vagin, s'assure avec
I'index que la paroi supérieure est bien tendue sur la plaque
fenêtrée et suffisamment éloignée du rectum, que le prolongement
est toujours dans le col utérin ; puis, par un mouvement du pouce
sur le talon de la lame, il fait sortir celle-ci du manche [fig. 73),
laisse le pouce appuyé sur le bouton , allonge I'index sur le cóté
droit de la lame, pour l'accompagner, borner son action, et ne
point s'exposer è blesser les organes voisins qui pour- Fig. 73.
raient reposer sur la paroi vaginale. L'opérateur
dirige ensuite la lame vers Tangle le plus profond
de l'ouverture de la partie fenêtrée tenue bien droite,
prend un point d'appui centre son rebord avec le dos
de I'index, appuie la pointe de l'instrument sur la
paroi tendue du vagin, et par un mouvement de
bascule imprimé de bas en haut, la transperce, puis
l'incise longitudinalement d'avant en arriëre, jus-
qu'ä l'extrémité postérieure de la fenêtre. Cela donne ü
a l'incision une étendue de 5 a 6 centimetres, dimension nécessaire
pour le passage des ovaires et des dégénérescences plus ou moins
volumineuses qui parfois les accompagnent.
Avec le nouveau dilatateur de M. Gharlier {fig. 64), l'incision se fait ä peu pres de la même maniere. Voici, d'ailleurs, ce que nous écrit l'auteur ä ce sujet:
laquo; Sous ce nouveau et dernier modèle, nous dit M. Gharlier, l'instrument a peu varié dans sa forme générale; on pourrait croire qu'il est seulement retourné. Mais il laisse ä la main, placée au-dessus, au lieu de l'être au-dessous, toute sa liberté d'action; il ne la serre plus pendant l'introduclion et la sortie; lui donne un point d'appui et un point de depart invariables, qui permettront, dans l'immense majorité des cas, si ce n'est toujours, d'inciser la paroi du vagin dans l'endroit voulu, sans qu'il soit besoin d'opérer la dilatation laterale.
raquo; Ainsi, pour les vaches de petite et de moyenne taille, j'ai reconnu qu'avec ce nouvel instrument les bajides-ressort n'étaient plus même nécessaires; avantage notable, car la suppression de ces bandes le rendra beaucoup moins coüte ux et plus facile a net-toyer. Et si, pour les grandes vaches, on trouve plus commode de
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se servir encore du dilatateur avec des bandes, ce ne sera que par exception, car j'ai pu opérer des flamandes et des cotenlines sans y avoir recours. Pour avoir Vinstrument a son dernier degré de simplification, il suffit de soustraire, par la pensee, sur les dessins que je vous adresse, les bandes avec Ie mecanisme qui les fait agir. raquo; (Comm. inéd.)
Quelque procédé qu'on ait suivi, une fois l'incision faite, on renlre la lame dans Ie manche, on retire la main, on resserre Ie dilatateur, et on Ie sort avec precaution en Ie tenant comme on l'avait fait pour l'entrée.
Celte incision ne donne lieu qu'a une très-faible héraorrhagie, et qui n'est pas ä redouter si l'incision a été faite exactement dans la ligne médiane. 11 est bon seulement d'extraire Ie peu de sang épanché dans Ie vagin avant d'aller a la recherche des ovaires.
Pendant Ie séjour du dilatateur dans Ie vagin , la vache quel-quefois fait des efforts expulsifs , en voussant en contre-haut la colonne vertebrale, ce qui peut déranger l'instrument , gèner l'opérateur, 1'exposer a blesser l'intestin ou Ie sac gauche du ru­men , surtout si ces organes, refoulés par les efforts de la vache vers l'entrée du bassin, venaient k se loger entre Ie rectum et Ie vagin On évite ce danger en pincant la region lombaire, ou en faisant appuyer dessus avec uh baton tenu transversalement par deux aides places sur les cótés. Ou bien encore on détourne l'altention de la vache en recommandant a l'aide qui tient la lêle de serrer fortement la cloison nasale entre ses doigts.
Chez les vaches de forte taille ou qui ontles voies génitales trës-larges, on pourrait se passer du dilatateur , en n'employant que la main gauche pour tendre et abaisser Ie vagin. Mais sur les vaches dont les voies génitales sont de dimensions ordinaires, il y aurait des inconvénients ä opérer de la sorte ; la béte alors parait souffrir , s'agile , fait de grands efforts d'expulsion , qui ajoutent aux difficultés que Fon éprouve pour pratiquer l'incision dans l'endroit indiqué, tont en exposant ä déchirer la vulve, par l'extension extreme que produit, sur cette ouverture, rinlroduction simultanée des deux bras.
b. Extirpation de l'ovaire. — Le vagin étant ouvert, il raste, pour completer l'opération, a aller cbercher les ovaires suspendus
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au bord antérieur du ligament large. On pourrait les délruire sur place par écrasement; mais outre que l'on pourrait ne faire ainsi qu'une castration incomplete, on exposerait l'animal soit a des hémorrhagies, soit ä un développement morbide de ces organes incomplétement détruits , de nature ä compromettre la vie même du sujet. L'arrachement seul des ovaires est un procédé non moins dangereux, et constamment suivi d'accidents. Un moyen plus rationnel est la torsion jusqu'a rupture des ligaments. C'esl Ie procédé de M. Charlier, et a peu pres Ie seul aujourd'hui mis en usage.
Voici comment on opère : L'incision du vagin étant faile, Ie dilatateur retire, on introduit la main gauche dans Ie vagin , et avec les trois premiers doigts passés a travers l'incision , l'opéra-teur va k la recherche de l'un des ovaires , qu'il trouve flottants on bord de leur ligament, au-dessous , en avant et ä peu de distance de l'incision, entre la base dos comes utérines. Du bout des doigls, il saisit celui qu'il a choisi, au-dela de son collet, sur Ie ligament même, l'amène dans Ie vagin en Ie tirant avec pre­caution ;i travers l'incision, et Ie maintient dans cette position.
Cela fait, M. Charlier, dans Ie principe, comme déja nous l'avons dit , praliquait la torsion du ligament de l'ovaire, en suivant Ie procédé dit par torsion bornée. Avec une pince fixe ou limitative, ä mors recourbés, il serrait d'abord Ie liga­ment ; puis, saisissant l'ovaire avec la pince a torsion {fig. 70), il Ie tordait jusqu'a ce qu'il se romptt. Ce mode opératoire était vicieux en ce que Ie ligament ovarien, serre dans sa largeur avec la membrane péritonéale qui soutient 1'oviducte, se croisait en X entre les deux pinces , se rompait souvent des Ie 3e ou Ie 4C tour, se détordait aussilót qu'il était libre, et laissait ainsi Ie vais-seau béanl, ce qui donnait lieu a une hémorrhagie parfois mor-telle.
Pour éviter ce danger, M. Charlier essaya d'abord de saisir l'ovaire avec la pince a torsion et de ne placer Ie ligament entre les mors de la pince fixe qu'après l'avoir cordé par quelquos tours de torsion. Ce moyen était encore insuffisant chez certaines vaches a tissus secs; les vaisseauxse rupturaient trop vite et l'hémorrhagie se produisait encore. Ce fut pour éviter eet inconvenient qu'il
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abandonna toul-ä-fait la pince fixe, et la remplaca par le poucier. Voici le procédé qu'il suivit alors :
L'ovaire amené dans le vagin ä travers l'iacision, il introduisait la pince a torsion le long de l'avant-bras gauche, en la faisant passer entre l'éponge-bouchon et la lèvre droite de la vulve, l'ouvrait quand les anneaux étaient arrivés au niveau de l'ovaire, faisait passer celui-ci entre les anneaux, et serrait la partie cannelée des mors sur le ligament, ä 1 centimetre 1/2 environ du collet de l'organe, en poussant le tube vers le haut. La pince étant ainsi fermée {fig, 74), Topérateur la faisait pivoter sur elle-même avee la main droite, — de gauche ä droite pour l'ovaire droit, et de
Fi{,'. 74.
droite ä gauche pour le gauche, — de maniere
ä corder, arrondir et allonger le ligament, soutenu entre le pouce et l'index gauches, avec lesquels était limilée et dirigée la torsion.
Le ligament suffisamment cordé, on serrait da vantage les mors de la pince, jusqu'a ce que la déchirure de Tun de ses bords se füt opérée, ce que Ton sentait entre les doigts, en faisant même entendre un léger bruit de craquement. On lächait alors un pen le cordon, et desser-rant la pincé, pour placer les vaisseaux au mi­lieu de l'extrémité des mors, quand ils étaient
venus sur le cóté, on la resserrait, on tournait de nouveau, tou-jours dans le même sens, en tirant légèrement, après avoir res-saisi entre les doigts les vaisseaux qui alors, sortant de leur gaine celluleuse, s'isolaient, s'allongeaient en même temps qu'ils se cordaient, seuls ou avec l'extrémité de la trorape de Fallope et la duplicature péritonéale qui soutient eet organe. D'abord on serrait médiocrement les vaisseaux, puis on agissait avec plus de force, soit avec les doigts seuls, soit en employant le poucier, comme on le voit dans Ia fig. 74, en commencant ä quelque dis­tance de Ia pince, pour s'en rapprocher ä mesure que la torsion s'achevait par la rupture des ligaments, laquelle avait lieu après 6, 8, 10 et même 15 tours complets de torsion.
Par ce procédé, l'opérateur avait toujours la sensation de ce qui sepassait, beaucoup mieux qu'en se servant de la pince limitative.
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II pouvait, apres avoir, avec Tangle tranchant du poucier, déchiré les bords du ligament, isoló et cordé les vaisseaux, les étreindre avec une force variable ä volonté , les serrer graduellement en deca ou au-dela de Fextrémité tordue, et n'achever de les rompre que lorsqu'il était sör que la torsion était bien faite.
Quoi qu'il en füt, les ligaments déchirés, Fextrémité libre aban-donnée a elle-même rentrait dans Ie bassin; alors on retirail la pince tenant l'ovaire et presque toujours aussi, entre ses mors, une partie des ligaments et des vaisseaux. On agissait de même pour l'extraction du second ovaire, et l'opération se trouvait terminée.
Malgré ses avantages sur Ie mode opératoire primitif, ce procédé, par suite de la resistance et de la largeur du ligament ovarieri, offre encore certaines difficultés d'exécution, s'opposant ä ce que ce ligament puisse être bien saisi et tordu entre les mors de la pince. C'est pour faire disparaitre eet inconvenient que M. Cbarlier a fait construire les ciseaux {fig. 69) et la pince a mächoires perpendiculaires {fig. 74), instruments qui apportent è l'opération une grande simplification.
Leur mode d'emploi se concoit d'ailleurs aisément. Quand l'ovaire a été amené a travers l'incision vaginale, on introduit les ciseaux en les glissant Ie long de l'avant-bras, et l'on va couper Ie liga­ment ovarien inférieur, pres de l'ovaire, en ayant soin de borner avec les doigts l'aclion de rinstrument, de maniere ä ne pas attein-dre les vaisseaux; puis on retourne l'ovaire, et on coupe encore, pres du bout des doigts qui Ie pincent et Ie tendent, Ie bord du ligament ovarien supérieur, ce qui dégage tout-ä-fait 1'organe, et, en facilitant d'autant la torsion, permet de se passer du poucier. Les ciseaux sortis du vagin, on introduit la pince , on l'ouvre, on amène l'ovaire ä l'anneau inférieur, en Ie tirant légèrement, pour lui faire faire hernie dans l'anneau et bien loger ce qui reste de son ligament, ainsi que ses vaisseaux, dans la fourche de la mAchoire inférieure. Après quoi on rapproche les mors, et on opère la torsion en ayant soin de tourner la pince doucement, régulière-ment, jusqu'ä rupture de la portion restante du ligament, et de facon a ce que celle-ci ait lieu d'une maniere graduée, condition essentielle pour obtenir la complete obliteration des vaisseaux
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436nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA VACI1E.
ovariques, dont on determine, de la sorte, l'allongement et la dilaceration, et qui ne se rompent qu'apres s'être effiles et avoir forme un tourillon qui ferme toute issue au sang. Une fois rompus, ces vaisseaux, abandonnés a eux-mêmes, renlrent dans leur gaine celluleuse a la maniere du cordon ombilical chez les nou-veaux-nés.
Pendant qu'on fait la torsion , 1'animal, quelquefois , semble éprouver une certaine douleur , flechit sur ses membres et se jette ä droite et a gauche. 11 faut que l'opérateur suive ces mou-vements, afin de ne point lirailler les vaisseaux et s'exposer 'a les rompre trop tót.
Tel est Ie procédé actuellement mis en usage par M. Charlier, pour la castration des vaches. Bien que satisfaisant a toutes les indi­cations, il pourra sans doute encore recevoir quelqnes perfection-nements, qui en rendront l'application plus générale. Déja, pour plus de simplicité, on a cherché a se passer de la pince; maïs l'opération est alors plus difficile, plus longue, plus fatigantc pour l'opérateur et plus douloureuse pour l'animal, lequel reste, en outre, exposé ä I'liemorrhagie par l'artère ovarique, dont la tor­sion ne peut alors être faite que d'une maniere incomplete.
3deg; Circonstances anormales pouvant modifier l'opei'ation. — Nous venons d'étudier Ie manuel opératoirc de la castration des vaches par Ie vagin, en considérant les organes dans leur état normal, ne présentant ni maladies, ni difforraités. Cet ctat est Ie plus ordinaire. Mais il se présente quelquefois, surlout chez les vaches vieilles, qui ont souvent véle ou qui ont eu des parts laborieux , chez les taurelières, etc, des complications, des états pathologiques qui peuvent embarrasser l'opérateur et qui récla-ment des moyens spéciaux. Voici ceux de ces cas observes par M. Charlier, el que nous citons avec les modifications dans Ie mode opératoire qu'il indique pour chacun d'eux : jjfa. — Dilatation du vagin. — Lc vagin parfois est d'une ampleur extreme, tapisse toute la face interne du bassin et parait avoir perdu sa propriété retractile. Dans ce cas, Ie dilatateur peut n'être pas assez large pour Ie tendre; alors il faut substituer ;i 1'instru-ment Faction de la main gauche, qu'on tend a plat, dans toute sa largeur, au fond du vagin, Ie raédius et 1'annulaire sur Ie col de
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uterus, et sur Ie dos de laquelle la maia droite prend un point d'appui pour inciser la paroi vaginale, bien tendue par la pres-sion de la main gauche en avant. Plus encore que lorsqu'on se sart du dilataleur, il faut avoir soin, peur ne pas blasser les organes enviroanants, de bien inciser sur la ligne médiane en bornant avec l'index raclion de la lame.
Cette operation n'offre pas plus de difficulte qu'avec Ie dilata­leur, préciséraent en raison du plus d'étendue du vagin qui laisse aux deux mains toute leur action. Mais quelquefois, par Ie fait même de cette ampleur anormale, Ie péritoine est détaché de la membrane externe du vagin, et, par suite, devient fort dif­ficile a inciser du même coup que celle-ci. U est alors comme refoulé dans l'abdomen, et ce n'est qu'avec peine que 1'on parvient a Ie pincer du bout des doigts pour l'attirer ä soi et Ie diviser.
b.nbsp; Etroitesse du vagin. — Cette étroitesse s'observe particuliè-rement chez les génisses, même chez les vaches de deux a trois ans, sans constituer précisément une difformité, bien qu'elle constitueun embarras pour l'opérateur, qui, de prime-abord, ne peul y intro-duire la main. 11 y parvient en dilatanl progressivement l'organe avec Ia main allongée en cone et enduile d'un corps gras. Le dila-lateur ne peut pas non plus être ouvert, et il faut se borner a le fixer dans le col utérin; après quoi, avant appliqué la fenêtre contre la paroi supérieure, on fait l'iucision.
Chez quelques-unes de ces jeunes femelles, on rencontre, k l'en-trée du vagin, dit M. Charlier, une membrane semblable ä 1'hymen de la femme. 11 faut la rompre, en fonant doucement avec les doigts rapprocbés, avant dintroduire le dilataleur.
c.nbsp;Deviations, contractions du col utérin. — Le col de l'ulerus peut être dévié en plusieurs sens, ce qui gêne pour y placer Ie prolongement du dilataleur. 11 n'y a pas autre chose ü faire, en co cas, qu'ä repousser la malrice en avant, jusqu'a ce qu'elle soit re­venue ïi sa position normale, de maniere a ce qu'on puisse intro-duire le prolongement. Si le col est resserré spasmodiquement, ou est lout-ä-fait oblitéré, comme on l'a observe quelquefois, on se borne a appuyer le prolongement au milieu du col, en redou-blant de precautions pour maintenir rinstrumenl fixe et bien droit, et pour inciser ä l'endroit voulu.
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438nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA VACHE.
d. Collections purulentes dans le vagin. Plenitude de la ma-trice. — On trouve quelquefois, dans le vagin de certaines vaches, des collections de pus plus ou moins considerables, dues sans doute ä des métro-vaginites chroniques , ou bien a du sang mé­lange ä des malieres glaireuses, épanchées durant la période des chaleurs. Ilfautextraire ces matières, essuyer ensuite l'intérieurde l'organe avec un linge doux et ne commencer l'opération qu'après s'être bien lavé les mains. Comme ces accidents s'observent surtout chez des vaches taurelières ou qui ont mal été délivrées, elles s'en trouveront désormais préservées par le fait même de l'opération.
Quand ces collections purulentes existent dans la matrice, le cas offre plus de difficultés, attendu que l'organe, plus pesant, entratne en avant le conduit vaginal, le retrécit, l'allonge , et rend très-difficile l'application du dilatateur, outre qu'on est en­core oblige, pour terminer l'opération, d'agrandir l'incision, de maniere ä ce que la main puisse pénétrer assez profondément pour arriver ä ces organes entrainés en avant par l'utérus. Quel­quefois même, dans l'impossibilité oü l'on est de les amener dans le vagin, il faut les extraire sur place en allant les chercher avec la pince.
Chez les vaches en état de gestation, on rencontre les mêmes dif­ficultés dans l'extraction des ovaires. Quand elles se présentent, on doit d'abord s'assurer, par l'exploration rectale, de l'état de la vache. Si alle estpleine, par le rectum on sent le foetus, mais on ne peut trouver ni saisir les ovaires, surtout celui de la corne oü le foetus s'est développé, parce qu'il est porté en avant avec cette corne. En pareil cas , il convient de suspendre toute operation , bien qu'on alt pu souvent la pratiquer chez des vaches en eet état, sans craindre autre chose que l'avortement. Si, au contraire, par le rectum, on peut sentir et saisir facilement les ovaires, en diri-geant la main de chaque cóté, un peu en bas de 1'entrée du bassin, il y a lieu de penser que la vache n'est pas en état de gestation, et l'on peut alors, sans inconvenient, chercher k extraire les ovai­res par les moyens indiqués.
e. — Dégénérescences, difformités des ovaires. — Chez les vaches taurelières, et chez celles qui sont plusieurs fois entrees en chaleur sans avoir été conduites au taureau, les ovaires deviennent pres-
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que toujours le siege de kystes plus ou moins gros, de dégénéres-cences diverses qui augmentent leur volume, changent leur conformation et les éloignent même, plus ou moins, de leur siége normal. On les extirpe, en eet état, comme les ovaires sains, mais en ayant soin de ne pas crever les kystes, dont l'humeur pourrait se répandre dans rabdomen. Si l'incision du vagin n'est pas assez grande pour leur donner passage, on la prolonge mo-mentanément en repoussant en avant la paroi vaginale avec la pince fermée appliquée pres de I'lncision, pendant que les doigts vont chercher l'ovaire.
Quelquefois, a la surface de l'ovaire et dans sa substance, se trouvent des corps jaunes développés ä l'exces, qui trompent l'opérateur. Il peut arriver alors qu'on extirpe ces corps seuls, croyant enlever l'ovaire lui-même, et 1'opération se trouve ainsi manquée. Quand le volume de l'organe fait soupconner l'exis-tence d'un corps jaune hypertrophié, il faut aussitót chercher a saisir l'ovaire par son collet, surle ligament, et en évitant de le tirer par ce même corps jaune qui se détacherait et ferait échap-per l'organe des mains.
D'autres fois, au lieu d'etre flottant ä l'extrémité de son liga­ment, l'ovaire adhère au ligament large, a la corne uterine, ou au corps de l'utérus; dans certains cas même, il se confond avec tous ses organes. On doit alors le detacher doucement avec les doigts, afin d'isoler les vaisseaux; puis on les allonge, on les tord, et on extrait l'organe de la même maniere que quand il est a l'état normal.
De toute maniere, il faut chercher a extirper l'organe en totalité, car la plus petite portion laissée a l'extrémité des nerfs et des vaisseaux ovariques, suffit peur régénérer, en quelque sorte, l'ovaire et sécréter de nouveaux ovules, et faire ainsi manquer l'effet de l'opération.
f. Alteration des ligaments et des vaisseaux ovariques. — Ces alterations se montrent parfois chez les vaches vieilles, épuisées, affectées de métrite chronique, et consistent principalement en une friabilité excessive de ces organes, qui, ainsi predisposes ä se rompre, sont dans les plus mauvaises conditions possibles pour subir la torsion. Les vaisseaux alors sont, en quelque sorfe.
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440nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTUATION DE LA VACHE.
confondus avec Ie tissu fibro-séreux du ligament, ne se séparent qu'avec difficulté de leur gatne celluleuse, et quand on les étire pour les tordre, ils se déchirent net, laissant leur canal ouvert.
Cetle alteration des organes ovariques, heureusement assez rare, est fort ä redouter, en ce qu'elle expose ä des hemorrha-gies d'autanl plus graves qu'elles surviennent chez des animaux dont le sang est appauvri et par suite difficile a arrêter. 11 n'y a pas d'autre inoyen de l'éviter que de redoubler de soins en pratiquant la torsion; et encore peut-il arriver qu'on n'y parvienne pas tou-jours. Mieux vaut alors, quand on n'a pu prévoir le cas, et que rhémorrhagie continue, sacrifier l'animal de suite pour la basse boucberie, avant qu'il n'ait succombé et ne soit perdu tout-a-fait.
4deg; Suites de 1'opération. Soins consécutifs. — Nous avons énumeré, en étudiant la castration de la vache par incision du (lane, les suites plus ou moins graves de Fopération, les soins •quelquefois minutieux exigés par les animaux qui 1'avaient subie. Avec le procédé par incision vaginale, ces soins ne sont pas aussi nécessaires, les consequences de Fopération étant infiniment moins redoulables.
La vache, d'abord, cjui a peu souffert de l'opération, en parait peu affeclée. Elle conserve ses habitudes et sa gaité. Quelquefois, cependant, dans les premières heures qui suivent, eile lléchit la colonne vertebrale, agite la queue, comme une vache qui vient d'etre délivrée ou saillie; éprouve de légères coliques. Mais ces phénomènes sont passagers; ils cessent bientót, et la bete se remet ;i boire, k manger, a ruminer comme auparavant. Le laitdiminuc bien quelque pea; mais cela tient a la diète qu'on fait observer h la vache, autant qu'au léger trouble apportó dans Teconomie par Fopération, ainsi qu'il arrive, d'ailleurs, toutes les fois qu'on tourmenle, d'une maniere quelconque, une vache laitièr'e. Cela ne dure pas; au bout de deux ou Irois jours, généralement, la secretion est revenue h sa quantité primitive.
Quant ä la plaie du vagin, au lieu de s'étendre, de s'agrandir, après 1'incision, comme celle du flanc, eile se resserre, par suite de la rétractilité des parois vaginales, des qu'on cessede dilater le vagin , au point que ses bords s'appliquent même sur les doigts pendant qu'on cherche les ovaires. Elle se ferme ensuite toul-a-
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OrÊttATION PAR LA 3IÉTHODE VAGINALE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;441
fait, et se cicatrise en moins de quarante-huit heures par adhe­sion primitive, sans phénomènes inüammatoires sensibles ni fièvre de reaction.
Les soins consécutifs ä la castration par Ie procédé vaginal sont les mêmes que ceux indiqués pour les vaches chatrées par inci­sion du flanc (v. p. 400), avec la difference que les suites étant beaucoup moins ä redouter, les precautions ä prendre sont moins rigoureuses. Ainsi, n'ayant pas, dans Ie cas actuel, ä s'occuper de la plaie, rattention se portera uniquement sur Ie régime auquel il convient de soumettre l'animal et sur Ie choix de son habitation. Pour Ie régime, deux ou trois jours au plus de diète modérée suffisent. A partir du quatrième jour, on augmente gra-duellement la nourriture, de maniere ä donner bientót la ration complete. On observera ensuite toules les precautions déja recom-mandées pour éviter les courants d'air, les refroidissements plus ou moins brusques, non moins a redouter avec Ie procédé vaginal qu'avec Ie procédé ancien , et pouvant également provoquer Ie dé-veloppement de la péritonite. On n'ira pas, toutefois, tombant dans un exces de prudence et pour éviler l'air froid, jusqu'ä fermer toutes les issues, et raettre obstacle ä ['aeration du lieu ou se trouve enfermée la vache opérée.
Lorsque les bètes vont au päturage, on les fait rentrer ä Vétable pendant les buit ou dix jours qui suivent l'opération, et on les noiirrit au vert et avec de l'eau blanche dégourdie. Si Ie temps est beau, on les fait sortir pendant quelques heures, puis toutc la journée, en ayant Ie soiu, d'ailleurs, durant 1c temps prescrit, de les faire rentrer chaque soir.
Quant aux vaches qui mangent ii l'étable et quon est oblige de laisser ïi leur place, pres de leurs camarades, pour qu'elles ne se tourmenlent pas, on les empèche de manger autant que leurs voisines, en leur mettant une muselière pendant une partie du repas.
ö0 Accidents. — Les accidents nombreux qui compliquaient si souvent, et parfois d'une maniere assez redoutable, la castration des vaches par Ie flanc, au point de rendre cette operation im-praticable dans la grande majorité des cas, ne sont plus a redouter avec Ie procédé vaginal, ou s'ils se manifestent encore, n'est-ce
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plus que dans une proportion tellemenl minime qu'ils ne sauraient désormais influer d'une maniere sensible sur les résultats écono-miques de l'opération.
Ainsi , en considérant: que l'on peut désormais pratiquer l'opé­ration sans faire usage d'aucun moyen violent de contrainte; que l'incision faile aux parois du vagin n'occasionne aucune douleur manifeste, a lieu presque sans écoulement de sang, et que Ie peu de ce fluide qui s'épanche tombe dans Ie vagin ou il se coagule et d'ou il peut être ensuite facilement extrait; que cette rnême plaie, a l'abri de tout contact extérieur, n'est jamais Ie siége d'aucune inflammation suppurative et se ferme en moins de 48 heures par adhesion primitive, on concoit que la vache opérée de cette ma­niere, se trouve, parcela seul, ä l'abri de tous les accidents qui ont pour point de depart l'incision des parois abdominales et de la fièvre traumatique qui les accompagnent.
Les seules complications que Ton constate a la suite de la mise en pratique du nouveau mode opératoire, sont celles qui résultent exclusivement de 1'extirpation des ovaires; telles sont l'hémorrha-gie par les artères ovariques et la péritonite , et encore convient-il d'observer que les perfectionnements apportés ä cette partie essentielle de l'opération en ont atténué considérablement Ie danger. Ainsi, tandis qu'avec l'ancien mode opératoire, on ne comptait pas moins de 1 animal mort sur 5 a 6 opérés, avec Ie nouveau on en compte a peine 1 sur 100, proportion qui dimi-nuera encore , quand une étude plus parfaile des indications et du manuel de l'opération aura fait connattre d'une maniere pre­cise les conditions dans lesquelles on peut opérer avec espoir d'une réussite complete.
Ainsi Yhémorrhagie ovarienne, consequence d'une torsion mal exécutée, et d'autant plus a craindre que les üssus sont plus secs , plus friables, moins résistants, et qui ne manquait jamais d'ar-river alors qu'on tordait seulement avec les doigts, n'est plus a redouter lorsqu'on fait usage de la pince ä torsion plus haut décrite, et qu'on a Ie soin d'en limiter l'action avec les doigts seuls armés ou non du poucier, ou bien en coupant les bords du ligament ovarien. Quand l'hémorrhagie se manifeste après qu'on a opéré de la sorte, eile est insignifiante et sans danger, et ne pour-
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rait être ä craindre que dans des circonstances exceptionnelles, et, par cela même, hors de toute prevision.
La pérüonite ne sera pas moins rare avec Ie nouveau procédé opératoire, ses causes principales, la plaie du flanc et l'hémorrhagie ovarique, n'existant plus. Elle ne pourra plus être que la conse­quence de refroidissements ou d'oublis des autres precautions hygié-niques qui ne cessent d'etre obligatoires pour les vaches opérées. Mais, même dans ces circonstances, vu l'immunité de l'opération et l'absence de fièvre traumatique, ce qui laisse l'animal infinimeut moins sensible aux influences extérieures, la péritonite sera encore beaucoup plus rare qu'après l'opération par Ie flanc. Dans tous les cas, si eile se manifestait, on la reconnaitrait aux signes et on la corabattrait par les moyens précédemment indiqués.
Un autre accident récemment observe, et qu'a signalé seul M. Charlier, est la formation d'un abces dans Ie bassin. Get abces, d'un caractère phlegmoneux, se développe dans Ie tissu cellulaire recto-vaginal. Il s'annonce par des coliques avec ballonnement du ventre, la perte de l'appétit, des efforts infructueux pour 1'expul­sion des urines. A l'exploration rectale, on sent la tumeur sur le cólé du rectum et du vagin, dont eile refoule les parois en dedans, et s'étendant plus ou moins loin dans l'abdomen. Située presque toujours du cóté droit, eile est fluctuante, élaslique et d'un carac­tère facile ä saisir.
C'est surtout, dit M. Charlier, lorsqu'on opère pendant 1'hiver, ou quand, après l'opération, survientun brusque abaissement de temperature, qu'on observe cetle complication, qui doit être due a une inflammation par approche du tissu cellulaire voisin de l'in-cision du vagin. Elle n'offrepas une très-grande gravité; quelque-fois l'abcès s'ouvre seul, dans le vagin ou dans le rectum, laisse, en ce cas, échapper du pus mêlé a des produits fibro-albumi-neux, et la béte guérit sans en paraitre sensiblement affectée. Mais il est preferable, quand on peut reconnaitre eet abces , de ne pas attendre l'effort de la nature, et d'en débarrasser l'animal par une ponction pratiquée dans la paroi laterale du vagin.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;'
L'incision se fait vers le fond de la cavité du vagin, soit a l'aide du bistouri ä serpette ordinaire, soit ä l'aide d'un instrument spé­cial imagine par M. Charlier, et consistant (ßg. 75), en un grand
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bistouri renferme dans une gaine et pourvu d'un dard avec tran-chant en arrière. Ce trocart plat, ferme, est introduit avec la Fig. 75. ,nain droite, qui Ie pousse Ie long de l'avant-bras et de ia main gauche , jusqu'ä l'index de cette main, avec la-quelle on a préalablement choisi l'endroit oü Ton doit ponctionner. On applique centre Ie doigt Ie bout a, de la gaine, on fait sortir Ie dard en poussant Ie bouten b, qui se trouve a l'extrétnité opposée; puis on plonge Ie trocart, tenu longitudinalement, dans la cavité purulente, jusqu'au tranchant c, tourné vers Ie haut de la lame. On laisse rentrer Ie dard en cessant d'appuyer sur Ie bouton du dehors, et on incise en sciant de bas en haut el peu ä peu, en accompagnant toujours la gaine avec l'index, jusqu'a ce qu'on puisse introduire les doigts , sinon toute la main, pour faire sortir Ie pus et les autres H produits palhologiques que la cavité renferme.
Quelques soins de propreté suffisent ensuite, et la guérison s'effectue en peu de temps sans complication nouvelle, les vaisseaux latéraux du vagin, ayant élé preserves par la distension de la parol vaginale, qui
/.,
avait amené Ie déplacement préalable de ces mêmes
vaisseaux.
f.—Procédé Colin.
domme on a pu en jager, bien que d'une execution généralement facile, la castration des vaches, par Ie procédé de M. Charlier, rencontrera peut-être encore quelques difficultés pour se ré-pandre dans la pratique, vu la complication et Ie prix élevé des instruments employés. Pour remédier a eet inconvenient et rendre ropéralion plus accessible aux vétérinaires et aux agriculteurs, M. Colin a cherché comme il snit ä simplifier l'appareil instru­mental, ainsi que Ie manuel1.
1deg; Appareil instrumental.— Les instruments qu'ilem-ploie sont au nombre de trois, savoir :
i Ree. de Méd. vét., 1838, p. 9laquo;.
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10Un petit bistouri {fig. 76) ä lame fixe, a, dontle tranchant convexe se masque a I'aide d'un petit croissant mobile c, quele pouce fait jouer sur une des faces de cette lame, en appuyant sur un renflement r, et pouvant être introduit dans le vagin, sans aucun danger, ni pour Topéraleur, ni pour I'animal;
2deg; Une pince ä torsion semblable, dans sa forme générale , k celle dont se sert M. Charlier, en différant seulement par la dis­position tronquée de l'extrémité des mors {fig. 77). Elle se divise, ä son milieu, en deux pieces articulées par une vis, ce qui la rend facile ä nettoyer et peu embarrassante;
3deg; Une autre pelite pince {fig. 78), destinée k limiter la torsion, et formée de deux branches longues de 8 centimetres, articulées
Flg. 76.
Fig. 77.
Fig. 78.
par charnière a une de leurs exlréraités. La branche supérieure porte un anneau pour le pouce, et l'inférieure, un autre pour re-cevoir l'index. Cette pince sert ii maintenirle ligament de l'ovaire, sur lequel eile est maintenue, pendant Ia torsion, paries deux doigts engages dans les anneaux.
Ces trois instruments peuvent entrer dans une boite longue de 26 centimetres, large de 13 et épaisse de ä, ä peu pres les dimen­sions d'un volume in-S0 ordinaire. Ils sont ainsi très-portatifs et par cela même, sous ce rapport, d'un plus commode usage que ceux de M. Charlier. Tls dispensent surtout de l'emploi du dilala-teur, c'est-a-dire précisément de la complication principale du
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procédé Charlier. Reste ä savoir si cette simplification est favorable ä l'opération elle-même; et c'est ce que l'expérience n'a pas encore suffisamment établi.
2raquo; Manuel de ropération. — La vache est maintenue debout par les moyens ordinaires. L'opérateur, ayant I'avant-bras et la face dorsale de la main droite enduits d'un corps gras, pro-cede d'abord a Vexploration du vagin. Pour cela, avec les doigts rassemblés en cóne, on écarté d'abord, et tout doucement, les levres de la vulve, puis on arrive peu ä pen jusqu'au fond du vagin, oü Ton juge de l'état des organes. Pendant ces manipula­tions, l'animal fait habituellement des efforts expulsifs, et les parois du vagin se resserrent sur le bras. Mais eet état dure peu; au bout d'une minute au plus, les parois vaginales se dlstendent, et le bras, auparavant presse de toutes parts, se meut a l'aise dans cette cavité. C'est alors seulement qu'il faut inciser. Si la vache ne se contracte pas et si le vagin se trouve dilaté des qu'on y introduit Ia main, l'incision peutêtre faite immédiatement.
Pour faire l'incision, M. Colin, ne se servant pas du dilatateur, dont l'usage est indispensable quand on incise le vagin au point indiqué par M. Charlier, vu que, sans eet instrument, la pointe du bistouri ne pourrait entamer les membranes imparfaitement tendues, M.Colin, disons-nous, y supplée en attaquanl la paroi vaginale, non plus a 6 ou 7 centimetres du col de l'utérus, mais immédiatement au-dessus de ce col, dans la ligne médiane. En ce point, même quand le vagin est relaché, les parois de l'organe sont tendues, et cette tension augmente par la pression de la main qui pousse en avant le fond du conduit. La, en oulre, les mem­branes constitutives du conduit vaginal sont très-intimement unies entre elles, de sorte que, du même coup, on peut aisément les diviser toutes ensemble, sans risquer de léser aucuu organe im­portant.
L'incision peut même être légèrement écartée de .la ligne mé­diane , soit en restant parallele ä cette ligne, soit en se déjetant obliquement de cöté. Mais il ne faut pas que Ia deviation soit exa-gérée, car on pourrait atteindre, sur les cótés, les veines et les artères flexueuses qui se joignent a celles du ligament large. De plus, on serait exposé ä désunir, dans une étendue plus ou
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mojns grande, Ie péritoine qui se replie en ce point pour former les ligaments larges, et qui, adhérant trës-peu au vagin, pourrait n'être pas divisé par l'instrument tranchant, ce qui enlrainerait la formation d'une poche ou des doigts peu exercés risqueraient de s'égarer. En incisant Ie plus possible dans la ligne médiane, on évite eet inconvenient.
Pour pratiquer l'incision dans Ie point determine par M. Colin, Ie bistouri ä serpette ne pouvait convenir, a cause de la projection trop forte que fait Ie manche en avant de la lame, et qui erapêche de se servir de cette dernière avec facilité. C'est afin de remédier ä eet inconvenient que M. Colin a imagine son nouveau bistouri dont le tranchant, enlièrement libre, donne ä l'opérateur, pour faire agir l'instrument, toute l'aisance desirable.
Ce bistouri est tenu dans la main droite, le tranchant a, tourné en bas et en avant, masqué par le croissant c, que le pouce, appuyé sur le renQement r, fait mouvoir. Cette main, qui tient le bistouri, étant introduite dans le vagin, on refoule en avant le fond de eet organe, on rend le tranchant libre en ramenant en arrière, avec le pouce, le petit croissant qui le recouvrait; puis, par un léger mouvement de bascule communiqué au bistouri, on incise, de haut en bas et d'arrière en avant, les tuniques du vagin, ä 2 ou 3 centimetres au-dessus du col de la matrice. Cela fait, on repousse le croissant, on ramene la main en arrière jusque vers la vulve, puis, avec la main gauche, on retire l'ins­trument, et, engageant de nouveau la main droite, on arrive jusqu'ä l'ouverlure qu'on vient de faire, afin de l'explorer, de l'agrandir, s'il y a lieu , en écartant deux doigts entre ses lèvres, et de déchirer le feuillet séreux qui la recouvre, si avec l'inslru-ment on n'a pas suffisamment divisé cetle membrane.
L'étendue ä donner a l'incision variera suivant le plus ou moins d'habitude de l'opérateur, eile ne sera, si celui-ci est habile, que juste assez grande pour laisser passer deux doigts, l'index et le médius, avec lesquels il va chercher l'ovaire pour l'amener dans le vagin; eile devra, au contraire, si l'opérateur est peu exercé, avoir une dimension süffisante pour laisser passer toute la main , sans dépasser cependant 5 a 6 centimetres, cette longueur, vu l'extrême extensibilitó des tissus, étant toujours süffisante.
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Reste ä pratiquer \'extirpation de l'ovaire. Les regies indiquées par M. Colin pour ce temps de ropération ne different pas sensi-blement de celles suivies par M. Charlier. Il faut, de même, trouver l'organe, le saisir, I'attirer dans la plaie, Ie prendre entre les mors de la pince, et rompre, par la torsion, son ligament et les vaisseaux qui I'accompagnent. Pour cela, on introduit, dans l'ouverture du vagin, l'index et le médius, ou bien la main lout entière; on dirige les doigts horizontalement, sur le cöté du bassin , en dehors du corps de l'utérus et de l'une de ses comes. A un decimetre en avant de l'ouverture , rarement plus loin , se rencontre l'ovaire qui, quelquefois, est situé au-dessous de l'inci-sion , mais que l'on trouve toujours en suivant le ligament large, attaché au bord inférieur des cornes.
L'organe étant trouvé, on le saisit par son pédicule entre les doigts, et on 1'amène dans le vagin ; puis, avec la main gauche, on fait pénétrer la pince ä torsion, on l'ouvre en tirant a soi le pavilion du tube, on fait passer l'ovaire entre ses mors, on la ferme, et, relirant la main droite du vagin, on prend la petite pince {ßg. 78) parses anneaux, et on va la placer sur le ligament ovarien légèrement dislendu, ä 1 centimetre environ de la première pince. Cela fait, pendant que d'une main, la gauche habituellement, on serre les deux branches de la petite pince, avec l'autre, hors de la vulve, on fait tourner la pince ä torsion. Les vaisseaux s'effilenl et se rompent après dix ou quinze tours. On retire alors l'instruraent qui entraine l'ovaire, et l'opération est terminée.
On procédé de même pour l'ovaire du cóté oppose, et lout peut être achevé en trois ou quatre minutes.
Ce mode opératoire se distingue surtout par sa grande simplicité. M. Charlier, toutefois, laquo;pense que, paria maniere dont M. Colin fait son incision , il est fort exposé ä blesser les intestins ou le sac gauche du rumen , l'instrument marchant sur ces organes en éventrant, pour ainsi dire, pendant que la vache, par les efforts qu'elle fait, pousse ces organes de ce cöté, dans le cul-de-sac recto-vaginal. Pour l'extraction des ovaires, il remarque que M. Colin en est lout sitnplement revenu ä ce qu'il avail fail d'abord, et il ne doute pas qu'il ne reconnaisse bientót les inconvénients de ce precede pour la pratique. raquo; (Communie, inéd.)
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Nous nous abstiendrons de nous prononcer sur cette question, non encore suffisamment élucidée par 1'expérience, et dont la solution se trouvera peut-être dans l'adoption d'un procédé inter­mediaire, qui réunira les avantages dés deux procédés ci-dessus décrits, sans en offrir les inconvénients.
SS. — Procédé par Ugaturlaquo; de l'ovaire.
Ce modeopératoire, propose par M. Prange', au moment oü fut découverte et raise en pratique la methode vaginale, devait sur-tout avoir pour but de remédier aux inconvénients de la torsion dont se servait exclusivement M. Charlier.
M. Prangé, d'abord, a commence par nier que Ton put pra-tiquer une veritable torsion, I'ovaire, dit-il, n'étant pas flottant ä l'extrémité de son cordon , mais bien sessile, greffé en quelque sorte sur le ligament large. D'ou il résulle, dit-il, qu'on ne peut saisir laquo; ce cordon raquo; a 3 ou 4 centimetres de I'ovaire, entre les mors d'une pince et le tordre, et qu'en tentant de le faire on s'expose nécessairement a des hémorrhagies. Cette objection n'a pu longtemps subsister, le ligament nié par M. Prangé existant réellement. (Voirsa description, p. 387, fig. 59, r, i, s.)
Quant aux hémorrhagies dont parle le même auteur, et qui étaient réellement ä craindre en suivant le procédé ancien, elles ont cessé d'etre ä redouter avec le mode opératoire adopté aujour-d'hui par M. Charlier.
M. Prangé a objecté encore qu'avec la pince a torsion, armee de dents, on peut décbirer le tissu de I'ovaire, qui, a l'époque rap-prochée de la parturition oü l'on fait l'opération, est encore très-friable. C'est ce qui avait lieu, en effet, avec la pince a mors plats, employee d'abord, laquelle ne pouvait serrer qu'en com-primant tout l'organe. Mais ce danger a disparu dès qu'on a fait usage de la pince a anneaux, qui permet de saisir seul le ligament au-delä de I'ovaire , et d'enlever celui-ci en entier sans dóchirer son tissu.
Enfin , disait encore M. Prangé, en tordant on corde ensemble
gt; Ree. de Mcd. vet., 1850, p. 1001.
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4oSänbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA VACHE.
les lames periloneales , et une pareille manoeuvre ne peut qu'of-frir des dangers. Cela serait, en effet, si l'on tiraillait longue­inent Ie ligament large. Mais comme c'est précisément ce qu'a pour but d'éviter la compression exercée sur Ie ligament ovarien avec les doigts , seuls ou munis du poucier d'acier, compression qui ne devient effective qu'après que Ton a cordé et retréci ce ligament de maniere ä pouvoir Ie maintenir entre les doigts, Tob-jeclion encore tombe d'elle-même. Il se comprend d'ailleurs qu'ii n'est pas question ici des tiraillements que subit ce ligament ova­rien lui-mêrae, altendu qu'on ne peut vouloir enlever l'ovaire sans rien détruire, quel que soit Ie procédé qu'on mette en usage, torsion ou ligature.
Tels sont les inconvénients, aujourd'hui annulés par les modifi­cations diverses apportées au mode opératoire , auxquels a voulu remédier M. Prangé en proposant de substiluer la ligature ä la torsion. Ce procédé consislant, en principe, ä élreindre laquo; Ie collet de l'ovaire raquo; avec un lien circulaire convennblement serre, puis a séparer l'organe par excision, aurait surtout pour avantage de s'opposer complétement k l'hémorrhagie par les artères ovariques. Le voici tel que Ie fait connailre 1'auteur :
Le Hen élant choisi, on ouvre le vagin enrefoulant Tutérus, soit avec la main, soit avec le fixateur vaginal, tin des bouts de la ligature est terminé par une boucle qu'on passe dans le doigt an-nulaire de la main droite, si c'est l'ovaire droit qu'on veut eilie­ver ; l'autre extrémité est leniie alors clans la main gauche. Sur le milieu du Hen, on fait le noeud de la saignée qu'on passe dans les cinq doigts rapprochés en cóne ; et pendant qu'un aide tient le fixateur, on va saisir l'ovaire , on fait glisser le noeud et on l'e-treint a son collet. Ensuite on excise l'ovaire. On peut d'ailleurs, tenant les deux extrémités du lien dans la main, serrer autant qu'on le juge convenable. Quant aux ligatures, on peut les réunir et les fixer en dehors de la vulve, ou les laisser dans le vagin atta-chées ä une beule de liege préparée ä cet effet.
M. Prange, a ce qu'il nous semble, n'a jamais mis en pratique le procédé-propose par lui. Mais M. Gharlier l'a expérimenté, et declare avoir rencontre plus de difficulté pour cette operation que son contradicteur ne semble en reconnaitre. J)'abord, il trouve
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incommode 'de laisser le fixateur ou la main dans Ie vagin pen­dant qu'on cherche l'ovaire avec l'autre main. Outre que c'est la un embarras inutile que Ton se crée , on sollicite de la sorte les efforts expulsifs de la vache, qui ne font qu'ajouter aux difficultés de l'opération.
M. Prange n'indique pas avec quel instrument il excise l'ovaire. Mais , quel qu'il soit, on peut se figurer les difficultés et les dan­gers qu'il y aurail ä porter dans l'abdomen, pour y exciser les ovaires, un instrument tranchant. N'est-on pas exposé a alla-quer le péritoine, le rumen, le mésentère, l'intestinquot;? Ne peut-on pas aussi, par mégarde , couper au-delä du lien?
La ligature offre de plus graves inconvénients encore. N'est-il pas k craindre, en effet, que ce procédé, qui a pour consequence la mortification de la par tie liée, ne provoque, par le contact de cette partie avec les organes sains, une inflammation locale, augmentée encore par la presence des fils, pouvant se propager aux organes voisins; que le bout mortifié, le pus, agissant comme corps étrangers, ne déterrninent une péritonite rnortelle ?
Pour prévenir de tels dangers, M. Prangé, il est vrai, recom-mande de réunir les fils dans le vagin ou en dehors de la vulve, jusqu'i) ce qu'ils se détaclicnt par la mortification et la separation de la partie liée. Mals évidemment, sans empècher les accidents indarnmatoires locaux, la presence des fils dans le vagin ne peut qu'ajouter au mal existant, en irritant la membrane péritonéale de l'utérus et de ses ligaments, par les mouvements de va et vient que ces fils éprouvent quand la vache se couche , se relève, fait des efforts pour fienter, pour uriner, etc.
Et pour peu que les fils soient trop courts, ne peut-on pas craindre aussi que certains mouvements de l'animal ne les attirent tout-ä-fait dans l'abdomen, ou ils deviendraient alors la cause déterminan.te d'une grave péritonite? Si, au contraire, le lil est Irop long, il peut être arrachéaccidentelleraent, avant l'oblitération complete de l'artère, ce qui amènerait aussitót la chute du caillot obturateur et une hémorrhagie secondaire plus grave que l'hé-morrhagie primitive. Dans tous les cas, le passage des fils a tra­vers l'incision du vagin, doit empècher cette incision de se cica-triser par première intention, terrainaison ordinaire quand on
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opere par torsion, et la changer, au contraire, en une plaie sup-purante, pouvant amener un épanchement de pus dans Ie vagin avec toutes les complications qui en seraient la consequence.
Puis, comment retirer les fils ? Si on attend qu'ils se détachent d'eux-mêmes, ils tomberont dans l'abdomen avec la partie morti-fiée. Si on les tire trop tót, l'bémorrhagie peut suivre; double danger que ne peut éviter l'opérateur, dans l'impossibilité ou il se trouve de reconnaltre au juste Ie moment favorable pour enlever ces fils.
Ges inconvénients nombreux, attaches au procédé décrit par M. Prangé, expliquent suffisamment pourquoi ce mode opératoire n'a pu prévaloir sur la torsion, et est resté sans application prati­que. Comme Ie fait justement remarquer M. Charlier, pour que 1'extirpation de l'ovaire par ligature fAt suivie de succes, il fau-drait que Ie fil fót coupé pres du ligament et que l'exsudation de lymphe plastique, resultant de Fopération, -vint emprisonner Ie lien et Ie bout lié, et que la plaie se fermät ainsl sans suppuration. Cela pourrait arriver chez la vache, dont on connait les disposi­tions a sécréter en abondance la lymphe organisable. Mais l'ex-périence n'ayant pas encore démontré que les choses se passent réellement ainsi, on ne saurait aller sur ce point au-delä d'une simple conjecture.
Dans la pensee qu'un tel résultat pourrait être obtenu, M. Char­lier s'est exercé ä pratiquer la ligature par un procédé différant un peu de celui de M. Prangé. Pour cela, il incisa d'abord Ie vagin ä la maniere ordinaire, avec Ie dilatateur; il fut ensuite chercher l'ovaire, Ie serra entre les deux mächoires de la pince ä torsion, en suivant les precautions déja indiquées, et donna la pince h tenir ä un aide. Apres quoi, ayant préparé un lien portant une boucle ä Tun de ses bouts, lenu très-court, ayant l'autre assez long pour pendre hors de la -vulve, il fit, avec ce lien, Ie nceud de la saignée dans lequel il engagea la tige de la pince. La boucle du lien, tenue par l'annulaire de la main gauche, il poussa Ie nceud avec les cinq doigts rapprochés en cóne et Ie pouce posé sur la branche de l'instrument, jusqu'au-delä du collet de l'ovaire, oü il serra Ie lien en tirant sur ses deux extrémilés. Fixant ensuite Ie ligament lié, entre Ie pouce et l'index de la main gauche restée
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OPERATION PAR LA JIÉTUODE VAGINALE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;455
dans le vagin, avec les ciseaux courbes, il excisa Tovaire en même temps que les fils, ä rexlrémité de la pince. L'instrument tenant l'ovaire fut retire, et Ie bout lie du ligament rentra de lui-même dans l'abdomen.
Ce procédé, dit M. Charlier, n'est pas plus difficile ä exécuter que celui de M. Prangé, et ne présente pas les mêmes inconvé-nients. Il est resté toutefois sans application , de teile sorte qu'on ne saurait actuellement se prononcer sur son degré d'innocuilé.
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CHAPITRE II. Castration de la Junient.
I o Historiiiue. Indications de l'opération. — Incon-nue chez les anciens, la castration de la jument parait avoir com­mence a êlre mise en pratique au xviie siècle seulement, par imitation sans doute de ce qui se faisait sur les aulres femelles domestiques, el comme moyen d'accroilre Tutilile économique de la jument, moinsestimée que Ie cheval, et que, par conséquent, on redoutait moins de mutiler. Quel qu'en füt, au surplus, Ie motif determinant, il est certain que cetle coutume alors se géné-ralisa assez pour que Tadministration supérieure se crüt dans la nécessité de la prohiber dans ses réglements de haras '. A partir de ce moment, l'opération, sans cesser tout-ä-fait d'etre en usage, finil peu a peu cependant par être abandonnée; el, bien que Brugnone 2 l'ait conseillée comme moyen d'éviter la période du rut, pendant laquelle les jumenfs sent plus faibles, et principalc-ment pour les juments destinées a la cavalerie, aux promenades et aux voyages; que Delabère-Blaine l'ait monlionnée, sans rien dire toulefois touchanl l'utilité de Fopéralion, on pouvait, de nos jours, la considérer comme complétement oubliée, lorsqu'elle fut proposes de nouveau par M. Charlier, pour les juments de travail qui doivent, toute leur vie, être tenues éloignées de la reproduc­tion 3.
On sail que certaines juments, qui jamais ne recoivent l'étalon, peuvent souffrir de cetle privation, propre a exercer sur leur
' ... laquo; Defense est faite aux propriétaires de pouliches de les faire couper, k quclque ège que ce soit, et h tous raareschaux et parliculiers de faire pareille operation, etc. raquo; (Reglement du Boy, et Instruct, touchant l'administ. des Baras. 1771, in-4'gt;, tit. V, art. XI, p. 30.)
* Trattato dellerazze dicavalli, etc. Turin, 1781.
3 Ree. de Méd. vét., 1837, p. 401; et JVouu. Diet, pratiq. de Méd. vét., I. Ill, art. Castration.
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INDICATIONS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;457
santé, comme sur leur caractère, une fècheuse influence. Par Ie fait de Texcitation genitale non satisfaite, ces juments deviennent indociles, fougueuses, difficiles a conduire, dangereuses pour les animaux comme pour les personnes qui les entourent, travaillent mal, s'échauffent, maigrissent, s'épuisent et peuvent contractor diverses affections.
La castration, en faisant disparattre la cause excitatrice qui maintient eet état, rend è la jument Ie calme et la tranquillité, adoucit son caractère, permet a sa santé de se rétablir, ä l'em-bonpoint de revenir. La castration , ajoute M. Charlier dont nous résumons les idees, ne détruit, chez les juments , ni 1'éner­gie, ni l'intelligence; il peut y avoir de bonnes juments castrées, comme il y a d'excellents chevaux hongres, de très-bons boeufs de travail.
C'est surtout, suivant Ie mème auteur, pour les juments de 1'arraée que la castration serait utile, non pas, il est vrai, pour celles d'un temperament mou el qui ne ressentent que peu ou point les désirs de l'accouplement; mais pour les juments qui, excitées par la presence des autres chevaux, ontrent facilement en rut, deviennent, par cela même, irascibles, difficiles a mon­ter et ii maintenir dans les rangs, et sent ainsi une cause d'em-barras, quelquefois d'accidents, qu'on ne peut éviler qu'en se débarrassant de ces Mtes h vil prix. Ces inconvénients disparais-sent a vee la castration, qui donne Ie moyen d'utiliser ces juments, de les conserver dans I'arraee, sans qu'on n'ait plus aucune crainte ä concevoir.
Il va de soi, d'ailleurs, que l'opération est tout-a-fait contre-indiquée a Tcgard des juments destinées ä la reproduction du cheval ou du mulet, a moins qu'il ne s'agisse de juments affectées de tares, de vices de caractère ou de conformation , de maladies héréditaires, qui les font rejeter de la fonction reproductrice. Et encore la castration n'est-elle réellement utile, en pareil cas, que pour les bêtes steriles et nymphomanes qu'on n'ose pas, parfois, approcher et dont on ne peut rien faire , car ces juments sont, pour la plupart, irritables, vicieuses, méchantes; orient a l'approche de l'homme, mordent, se cabrent, frappent des pieds, et sont impropres a tout travail. Après l'opération, elles perdent
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438nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA JUMEM'.
tous ces vices, se laissent monter, atteler, font un excellent ser­vice , et leur valeur s'accrolt d'autant. Tels sont, au moins, les résultats obtenus par M. Gharlier, sur un certain nombre de ju-ments en eet état, opérées par lui, résultats qui lui paraissent assez avantageux pour l'autoriser a conseiller Ie rélablissement de cette coutume aujourd'hui tombée en desuetude complete.
3deg; AgB, temps favorables. Soins prélfminaires. — On peut chètrer les juments ä tout äge. Cependant, il vautmieux Ie faire sur l'animal jeune, l'opération étant alors plus facile. Bru-gnone {loc. cit.), pour qu'elle pftt s'effectuer sans danger, recom-mandait de la pratiquer sur les pouliches de six ä buit mois, de un an au plus. En opérant par la methode vaginale, on peut, sans inconvenient, altendre un égeplus avance. SuivantM. Ghar­lier, les pouliches pourraient être chatrées des qu'il est possible de pénétrer avec la main dans Ie vagin et d'y introduire Ie dilata-teur, c'est-a-dire du 12e au 4 5laquo; mois.
On cboisira de preference une saison douce et chaude, Ie froid et les variations de temperature étant ä redouter ä la suite de l'opération, plus encore pour les juments que pour les vaches, surtout quand on ne peut pas abriter convenablement les animaux opérés.
La jument n'exige pas, au surplus, d'autres soins préalables que ceux recommandés pour la vache : quelques jours de repos, un régime rafratchissant pour les bêtes ä temperament sanguin, et la diète complete Ie jour de l'opération.
2raquo; Disposition anatomique de Tappareil genital. — Sur la jument, les organes de la generation offrent la même disposition essentielle que chez la vache; ils n'en different que par quelques particularités de détail, utiles toutefois ä connaUre, au point de vue spécial qui nous occupe.
Ainsi, Ie vagin, chez la jument, est plus étroit et un peu plus long. L'utérus s'avance davantage dans la cavité abdominale; et ses comes, dont la courbure est exclusivement tournee vers Ie haut, au lieu de se terminer en cdne, présentent, a leur extré-mité, un cul-de-sac arrondi (fig. 79, laquo;). Les ligaments targes sont plus courts et beaucoup moins prolongés en avant, leur bord libre n'a pas plus de 12 ä 15 centimetres. Attaches ä la region sous-lom-
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AMATOHIE DE LK REGION OVAHIEMIE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 159
baire, ä peu de distance de la ligne médiane, de sorte que l'es-pace entre eux, ä leur origine, ne dépasse pas 15 a 30 centime-tres , ils s'insèrent, non au bord inférieur des comes, comme chez la vache, mais au bord supérieur concave de ces organes, et ä la partie laterale et supérieure du corps de l'utérus, qui ainsi se
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trouve en saillie, non au-dessus, mais au-dessous de l'insertion de ces ligaments. A cause de leur peu d'écartement, ces demiers sont uniquement en rapport, a leur face interne et dans toute leur étendue, avec Ie rectum.
L'ovaire, enfin, de lajument, o, est beaucoup plus développé
C) Otiiiii broit BE il jtoem. (Mèmc legende que pour la fig. 59, v. page 387.)
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4-60nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA JUMENT.
que celui de la vache; son %'olume est trois ou quatre fois aussi considerable; sa forme, différente aussi, est comparable a celle d'un rein, ayant sa convexité externe et supérieure. Il est atta­ché de même au bord antérieur du ligament large, par un repli peritoneal; mais il est plus libre que l'ovaire de la vache, en raison de la plus grande étendue de ce repli, formant, notam-ment, al'extrémité inférieure ou interne de l'organe, un ligament triangulaire i, qui part du bord supérieur de la corne de la ma-trice. Quant au ligament supérieur s, il se confond avec Ie repli entre les deux lames duquel est soutenu Voviducte, s'ouvrant lui-même dans un pavilion p, offrant un moindre diamèlre que celui de la vache.
4deg; Manuel de 1'opcration. — La castration des juments se pratiquait, aulrefois, comme chez toutes les autres femelles , par incision du flanc. Brugnone, Ie seul auteur qui décrive Ie pro­cédé opératoire, après avoir dit que l'opération doit être faite sur les bêtes jeunes , en donne pour raison, que, k eet Age, en faisant une incision longitudinale , ä cóté des muscles droils de l'abdomen, et au-dessus du bord antérieur des os du pubis , il est facile de Irouver les ovaires situés de chaque cóté, au point oü les muscles psoas se joignent avec l'iliaque. Par utio soule in-cision , ajoute-t-il, on peut les extraire tous les deux ïi la fois, en ayant soiu de tordre et de coraprimer avec les doigts les vaisseaux spermaliques (ovariques), avant de les amputer avec l'instrument, une héraorrhagie mortelle pouvant survenir si on relranchait les ovaires sans prendre celte precaution. Une fois les ovaires ampu-tés , on remet l'utérus en place si on Fa dérangé, puis on prati­que la gastromphie, par une suture enchevillée (incavichiatla), sur la partie qui a été incisée , afin que les intestins ne puis­sent sortir quand l'animal se remet en marche. Chez les juments adultes, ajoute l'auteur Italien , Fopération serait plus difficile, et, en même temps, plus dangereuse , en ce que Ie bassin aug-mentantdans toutes ses dimensions, les ovaires seretirent plusou moins en arrière ainsi que l'utérus, et qu'alors il serait plus diffi­cile d'aller les chercher tous deux par une seule incision.
On concoit que les dangers attaches ä un tel mode opératoire, surtout chez la jument, dont la sensibilité organique, plus grande
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MANUEL DE L'OPÉRATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;461
que celle de la vache , augmente encore chez eile la gravité de l'opération, l'ont du depuis longtemps faire abandonner. Aussi, ä supposer que la castration de la jument puisse entrer de nouveau dans la pratique, ne pourra-t-on y procéder que par la methode vaginale déja employee sur la vache, et que l'on peut parfaitement appliquer a la jument, en se bornant ä faire subir, soit aux ins­truments, soit aux manoeuvres opératoires, les quelques modifi­cations, sans importance d'ailleurs, nécessitées par les differences anatomiques existant entre l'une et l'autre espèce.
Ainsi, quant aux instruments, M. Charlier fait observer que la pince ä torsion doit ètre plus forte, plus longue, et avoir les anneaux plus larges, afin de pouvoir embrasser les ovaires, plus volumineux, plus profondément si lues et plus difficiles a extirper chez la jument que chez la vache.
La jument ä castrer doit être, comme la vache , fixée dans la position debout, qui convient mieux que la position couchée, parce qu'elle laisse les ovaires dans leur situation normale, et offre plus de commodité pour la recherche et l'extirpation de ces orga-nes. Seuleraent les bètes sur lesquelles l'opération est indiquée , étant générnlernent vigoureuses , il faut des moyens de contention proportionnós a leur énergie. A eet effet, il convient de placer la jument ü opérer sur un terrain ferme , non glissant; de l'attacher court, la têle haute; d'entraver ensemble les deux membres pos­térieurs, en fixanl les cordes h une bricole placée au cou , comme on Ie fait pour la saillie; de soulenir Ie train de derrière au moyen de deux perches entourées de linges , se croisant en X sous Ie venire , en avant des membres postérieurs , et ayanl une extrémilé porlant sur Ie sol, l'autre tnainlenue sur les épaules des aides places de chaque cólé des hanches. On complete ces moyens en appliquant, sur les yeux, une capote ou une couverture quel-conque , en détournant raltention de l'animal a l'aide d'un serre-nez, ou bien encore en faisant usage des inhalations anesthési-ques avec l'élher et Ie chloroforme , qui pourraient ici óffrir des avanlages réels, vu la grande sensibililé du sujet. Enfin, si l'on avail un travail h sa disposition, on pourrait, plus commodémenf que par un autre moyen, y assujétir la jument.
L'animal ainsi fixé , la queue relevée par un aide, l'operateur
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462nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA JU MENT.
essuie le pourlour de la vulve, puis, avec la main, préalable-ment huilée, il dilate peu a peu cette ouverture et le détroit vaginal, introduit le dilatateur , comme chez la vache , en pre-nant les mêmes precautions. Ce premier temps de Topération , a cause de l'extrème étroitesse du vagin chez la jument, offre plus de difficulté que chez la vache; aussi est-il souvent nécessaire d'y revenir a plusieurs fois avant de pouvoir inlroduire la main, dans les premiers moments surtout , oü l'orifice du détroit vaginal est comme resserré spasmodiquement; mais peu ä peu il se dilate, et la béte qui, d'abord, résistait a Tintromission de la main, finit par s'y prêter volontiers.
Le dilatateur introduit, son prolongement mousse fixé dans le col utérin, le vagin tendu et abaissé sur la tige recourbée de l'instrument, la main droite, tenant le bistouri ä serpette, est in-troduite ä son tour pour inciser le vagin. Cette incision doit être faite dans toute la longueur de la fenêtre, afin d'offrir une étendue assez grande pour laisser passer , dans Ia cavité abdominale , la main tout enlière, les ovaires chez la jument étant trop éloignés du fond du vagin pour que les doigts seuls puissent les atteindre.
L'incision faile, l'opérateur retire la main, puis le dilatateur, en prenant toutes les precautions indiquées; il introduit ensuite la main gauche qu'il fait pénétrer ä travers l'incision, en ayant soin de ne pas déchirer celle-ci, et il va ä Ia recherche des ovai­res , qu'il trouve en avant du bassin, ä Ia region sous-lombaire, au-dessous et de chaque cóté du rectum. Il saisit l'un d'eux au-delä de son collet, tient Ie ligament utéro-ovarien i, a plat en­tre les trois premiers doigts, puis introduit les ciseaux en les faisant glisser le long de I'avant-bras , coupe ce ligament ainsi que la duplicature péritonéale qui Ie retient, mais sans aller trop loin, afin de ne pas attaquer les vaisseaux ovariques. Gela fait, il retire les ciseaux, introduit la pince ä torsion ä travers l'inci­sion du vagin, saisit l'ovaire dans l'anneau, serre les mächoires en poussant le tube , et fait tourner l'instrument de gauche a droite, très-doucement et aussi régulièrement que possible, jus-qu'è la rupture du ligament et des vaisseaux. Il use des mèmes precautions, pour exécuter avec succes ces différentes manoeuvres, que celles qui ont été recommandées pour la vache , avec la seule
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ACCIDENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 463
difference que les ovaires étant trop éloignés dans la cavité péri-tonéale pour qu'il soit possible de les atlirer jusque dans Ie vagin, il y a nécessilé de faire pénétrer les instruments et d'agir jusqu'au terme de l'opéralion, dans la cavité même du péritoine, ce qui accrolt d'autant les difficultés.
Pendant qu'on lord, ajoute M. Charlier, la jument, plus que la vache, éprouve une certaine douleur qui la porte ä fléchir sur ses membres, au point de la faire tomber si eile n'était soutenue. L'opérateur devra suivre tous ses mouvemenls , afin de ne point tirailler les vaisseaux qui, sans cela, pourraient se rompre avant que la torsion füt achevée.
L'ovaire délaché, les ligaments se rétractent aussitót, les lèvres de 1'incision vaginale se resserrent et la cicatrisation s'opère ensuite aussi promptement que chez la vache.
5laquo; Soins consécutifs. — Bien que la jument comme la vache ne paraisse éprouver qu'une faible douleur, au moment de la torsion, eile est plus affectée que cette dernière pendant les 48 heures qui suivent l'opéralion. Il n'y a pas lieu, néanmoins, d'user d'autres soins hygiéniques que ceux recommandés pour la vache , et donl les principaux sont: Ie régime diététique, soutenu modérément pendant une douzaine de jours ; la soustraction de 1'animal au froid el aux courants d'air, une légere promenade si Ie temps est favorable; rallention d'altacher la béte au reteller pendant les premières heures qui suivent l'opération, pour l'em-pêcher de se coucher et de se relever alternativement, ce qui pourrait provoquer la sortie d'une anse intestinale par l'incision du vagin, a cause de la grande étendue qu'il a fallu lui donner. Une légere saignée, si des symptómes inflammatoires se déclarent, quelques lavements quand la jument paralt échauffée, complètent ces moyens, fort simples, sous l'influence desquels la guérison s'achève en general sans complications.
6laquo; Accidents. — Malgré Ie peu de danger qu'offre la castra­tion par Ie procédé vaginal, eile peul, comme toute operation grave, êlre suivie de quelques accidents. Ceux que, d'après M. Charlier, on doit redouter sont: l'hémorrhagie, la péritonite et Ie développement d'une tumeur phlegmoneuse dans Ie bassin.
L'hémorrhagie, qui survient seulement lorsque la torsion est
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464nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; GASTKATIOn DJi LA JUMEST.
mal faite ou lorsque les vaisseaux ovariques sont malades ou fria-bles, ne parait pas, même dans ces cas, êlre tres-dangereuse, Ie sang epanché au sein de la cavité abdominale se résorbant aisé-ment sans occasionner de troubles graves dans réconomie. On n'a pas encore observe de cas oü eile ait été assez forte pour compro-mettre la vie du sujet.
La péritonite peut survenir par des temps froids, sous l'in-fluence de courants d'air ou de boissons glacées. Lorsqu'elle a lieu, eile se manifeste du qualrième au cinquième jour, rarement plus tard. La maladie sera combattue activement par les divers moyens connus, et que nous avons rappelés a propos du ehe val el de la vache.
La tumeur phlegmoneuse du bassin a été précédemment décrite en parlant des accidents qui suivent la castration chez la vachc. Comme cette dernière, la jument qui en est atteinte offre tous les symptómes de la fievre, avec une ceftaine raideur dans la colonne vertebrale; eile est gênée dans ses mouvements, boife parfois d'un membre postérieur, a de fréquentes envies d'uriner, et expulse difficilement les matières fécales. Si on explore par ie rectum ou Ie vagin, on sent sur Tun des cótés du bassin une tumeur volumineuse, immobile, plus ou moins douloureuse a la pression, finissant par devenir fluctuante, et par s'ouvrir dans Ie rectum ou Ie vagin, en laissant écouler une certaine quantité de pus.
Indépendamment des soins généraux que motivent les symp­tómes febriles offerts par l'animal, lo principal moyen de guérison U mettre en usage, dans cette circonstance, est la ponction de la tumeur,'que Ton pratique par Ie procédé décrit (v. p. 444) des qu'on sent la fluctuation. Des soins de propreté et quelques lave­ments suffisent pour amener la guérison de eet accident, qui n'a d'aulre inconvenient sérieux que de faire beaucoup maigrir les animaux chez lesquels on l'observe.
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CHAP1TRE III. Castration de la Truie.
Siquot;. — Notions préliminaires.
1deg; Historiquc. — La truie, de toules les femelles domesti-ques, est celle sur laquelle la castration est depuis le plus long-temps en usage. Menlionnée pour la première fois dans Arislote, qui fait connaitre en niêrae temps le procédé alors en usage, l'opé-ration se trouve ensuite décrile dans des auteurs fort divers qui, a des Utres différents, ent traite des moeurs et de l'organisation des animaux, nolamment dans Pline, Golumelle, Galien, Albert-le-Grand, Gab.-Alph. deHerrera, Olivier de Serres, Bartholin, etc, tous s'inspirant plus ou moins, sur ce point spécial, des notions fournies par le grand naturaliste grec.
On pratique la castration de la truie, dit Aristote, en excisant la matrice. La béte alors ne désire plus le male et engraisse promptement, Le même auteur ajoute qu'on opère après avoir faitjeüner la béte pendant deux jours, et il décrit ainsi le ma-nuel opératoire : laquo; La truie ayant d'abord été suspendue par les piedsde derrière, on lui fait une incision au bas-v entre, a peu prés ä l'endroit oü sont les testicules chez le male, et oü se trouve également la matrice chez les femelles; on coupe une portion de eet organe, et on ferme la plaie par une suture '. raquo; Pline dit égale-
* ETtcc zpïjULiijavTïi twraquo; OTttTÖtwv y/.O.wy , tifivtdvt to yjTpov 17 rots acósyiv oi rjoyzis /jtiitcTa aiJoyTat , evraOOa •yap ÈTit tlaquo;i5 ju^Tpectj £quot;t^éöu/.Mv r, xaTrpia },i siMxpb-j ècwtiiuiovrts, raquo;u^pÄSToisiv. (Ahisiote, Hist, des anim., IX, SO.)
On voit par cette description , assez precise, nialgré sa brièvclé, que l'opéra-lion, teile qu'on la pratique aujourd'hui, nc diffcre pas sensiblement du pro­cédé suivi par les anciens. 11 est difficile, touiefois, d'après ce lexle seul, de decider qu'clle est exactement la parlie qu'Aristote prescrit de rctrancher pour faire la castration; car il se borne a la designer sous le nom de xorapia, capria, mot d'une signifiQalion vague, et qu'il emplole encore dans deux autres circonstances. Ainsi, parlant de Ia fécondation des truies, après avoir
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46Gnbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA TBDIE.
ment que Ton chètre les Iruies comme les chamelles; que, pour cette operation, on les suspend, apres deux jours d'abstinence, par les membres antêrieurs, et qu'on leur coupe ensuite la matrice'. Columelle, plus bref encore, se borne a dire qu'on excise par Ie fer la matrice des feraelles; et que, la plaie fermée par la cica­trice, elles ne sont plus aptes a se reproduire 2. Le même auteur, d'ailleurs, désapprouve cette operation , parce qu'elle entralne, dit-il, la diminution des produits.
Galien, ä son tour, parle de la castration des truies, et avec assez de détail. Il nous apprend que 1'habitude en était répandue chez les populations septentrionales de l'Asie-Mineure jusqu'en Cappadoce; qu'elle a pour but de rendre les truies semblables aux autres animaux chatrés, d'augmenter leur taille, leur apti­tude a l'engrais, la qualité de leur chair. II parle ensuite de l'opé-ration elle-même, etindique, avec plus de précision que cela n'avait encore été fait, les parties qui doivent être excisées. Ainsi
dit qu'ellcs con(;oivent par un scul accouplemenl, il ajoute quit faut leur dotraer le male plusieurs fois pour les erapêcher de rejeter laquo; ce que quelques-uns nommcntla capria, raquo; ri^v xxXoou-ivHraquo; 'Jtiw tivwv xsmputy. {Hist. desanim.,yi, 18.) Dans un autre passage du même chapitre, il caractérise la capria en lul com­parant ce fluide visqueux qui s'écoule de la vulve des cavales en chaleur, et que les Grecs nomment ihtco^kvs;, hippomanès. C'cst une interpretation Inexacte de ces expressions qui, sans doute, a fait dire h Buffon que, sous le iioni de capria, Aristote désignait la liqueur spermatique du male.
Pline et Columelle qui repetent, en 1'abrégeant, fauteur grec , traduisent ce mot par vulva (matrice); et Camus, dans sa traduction francaise d'Aristote, hésite, pour rendre cette expression, entre matrice et vulve. Mais si I'on consi-dère que Galien, plus tard, indique clairement les ovaires comme étant les or-ganes que Ton excise dans l'opéralion; et que d'ailleurs, la soustraction de la matrice seule n'aurait pas rendu les truies plus aptes u l'engrais, il doit paraltre évident que ce sont bien les ovaires, peut-être même les ovaires et la matrice réunis, qui se trouvent désignés, dans le texte grec, sous le nom de capria. M. Alexandre, dans son excellent dictionnaire grec, l'a compris ainsi en donnant pour explication du mot zaTtpilaquo; : laquo; ovaire que l'on coupe aux truies et ä d'autres animaux femelles, raquo; — ce qui n'exclut pas une signification plus élendue de ce mot. • Castrantur femina quoque, sicuti cameli, post bidui inediam suspensw pernis prioribus, vulva recisa. ( Pline , Hist. nat., VIII, TI.)
2 Fwminis quoque vulvoe ferro exulcerantur, et cicatricibus clanduntur, nc sint (jcnitnles. (Columei.le . De Be rust. , VII. 9.)
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MS.
HISTORIQUR.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 467
Ie premier, il désigne clairement les ovaires, sous Ie nom de testes faminarum (testicules des femelles), indique leur position sur les cótés de la matrice , pres de Tariere et de la veine, oü ils recoi-vent la trompe de Fallope, qu'il nomme seminale vas; et dit enfin qu'il faut, pour opérer la castration, couper Tun et l'aulre ovaires, ce qui, ajoute-t-il, est plus difficile et offre plus de danger que chez les males 1.
A une époque moins éloignée de nous, il est encore question de la castration des truies : dans Albert-le-Grand (xme siècle), qui parle également de la castration des autres espèces, et ne fait guère sur cette question que répéter Aristote 2; dans la grande compilation des auteurs agronomiques grecs et latins, rédigée par A. de Herrera, gentilhomme espagnol 3; dans Olivier de Serres, qui s'exprime en ces termes sur cetle operation : laquo; C'est par inci­sion , en taillant les femelles en facon et endroit dont infertile est rendue la matrice, qu'on appelle sower ou saner. Les plaies sont cousues et fermées...4; raquo; enfin, dans T. Bartholin, qui donne de Fopéralion une description precise ä laquelle n'ont rien ajouté d'essentiel les auteurs modernes qui ont écrit sur la question 5.
Parmi ces derniers, nous devons particulièrement citer Viborg 6, et M. Festal Philip. ', auxquels on doit la fixation exacte du ma-
Sues quidem fmminas apud nos, non in Asia tantum, sed in supe-rioribus etiam nationibus in Cappadociam usque , exsecare consueverunt ; qua similes omnino castratis evadunt, obesoe admodum, ac pingues, carniisque suavitate aliis fwminis, quemadmodum etiam castrati mares aliis maribus, prcBstant. Non tarnen ita tuto in foeminis testium extractio administrari potest ob sedem in qua collocati sunt : vulvarum enim lateribus ex utraque parte adjacent ad arteriam et venam, quemadmodum et marium, seminale vas excipientes, quod revolutum ipsis innectitur, atque ad utrumque cornu pertendit, undé utraque ilia scindere necesse est, si quis fmminas castrare voluerit, majusque in hoc, quam in maribus periculum est. (Galien. De Semine, lib. I, cap. 13.)
s Albert. Mag., De anim., lib. VIII, tract. V, cap. 3. — Lyon, iliöi.
3 G. Alf. di Herrera, Obra dèAgricult., lib. V, cap. 40.— Alcala, 1313.
' OUT. de Serres , Thédt. d'Agricult., 1VC lieu, eh. 23.
5nbsp; Th. Bartholin, Epist. Medic., Ccntur. Ill, eplst. 4'(. — La Have, 16i!.
6nbsp; Viborg , Mém. sur le Pore, 1803.
quot; Festal. Journ. des Vélér. du Midi. 1843, p. 332.
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468nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA TRI IK.
nuel opératoire, ainsi que rénuméralion des diverses circonstances qui se raltachent ä la pratique de 1'opéralion. Quelques autres praticiens se sont aussi occupés de la castration des truies; nous les citerons en faisant connattre les particularités auxquelles leurs noms se rattachent.
2deg; Indications. Age, temps convenables. — L'objet de la castration de la truie est de favoriser, en privant l'animal de la faculté de se reproduire, Ie développernent du corps en ge­neral, et d'accélérer l'engraisseraent. Chez la femelle de l'espèce porcine particulièrement, ou l'instinct reproducteur est précoce, énergique, frequent dans ses manifestations, ce besoin, lorsqu'il n'est pas satisfait, a de fächeuses consequences sur relat du sujet. C'est vers l'ège de six mois, quand elles ont été bien entretenues, que les truies commencent ä entrer en chaleur; alors elles s'agi-tent, grognent, tourmentent les autres animaux, se nourrissent mal, dépérissent, ne prennent pas de graisse. Cet état dure quatre ou cinq jours, et reparalt ensuile tous les quinze jours, plus ou moins, jusqu'au moment ou Ton donne satisfaction au besoin violent qui agite la béte. Sinon eile maigrit de plus en plus, reste petite, efQanquée, haute sur jambes. Par la castration, en rendant a la truie Ie calme dont eile est privée, on accrolt l'acti-vité de ses facultés digestives, et l'engrais ensuite s'effectue avec une rapidité proportionnée, en même temps que la viande perd l'odeur particuliere qu'elle répand naturellement; et si Ton fait l'opération a un äge convenable, on peut mettre l'animal en état d'etre livrede bonne heure è la consommation.
On peut done chätrer les truies a tout äge, depuis six semaines jusqu'ä l'époque la plus avancée de la vie. Mais on donne habi-tuelleraent la preference au jeune ège, l'opération étant alors d'une execution plus facile et ses consequences moins a redouter , k cause du peu de vitalité propre des organes ä retrancher, c'est-ä-dire des ovaires. D'après Viborg, lorsqu'on veut livrer les jeunes truies ä l'engrais a Tage de 6 ä 9 mois, il faut les opérer des qu'elles ont atteint six semaines. Si, au contraire, elles sont desti-nées a n'être engraissées que la seconde année, il faut attendre, pour faire la castration , qu'elles aient au moins 6 mois, parce qu'alors Ie lard devient plus charnu. Quant aux truies que 1'on
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DESCRIPTION DE L'OPÉRATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;469
livre ä la reproduction , on les opère a un äge indéterminé, c'est-a-dire aussilót qu'on cesse de les faire porter.
La saison preferable pour celte operation, quand on peut choisir Ie moment, est Ie printemps ou Fautorane ; les grandes chaleurs, comme les grands froids, étant également nuisibles, les premières en favorisant l'apparition de la gangrene, Ie froid en aidant au développement de la périlonite.
Il n'y a pas de preparation particuliere èi faire subir a la truie qui doit être opérée. Une diète, de 24 heures pour les jeunes femelles, de deux jours pour celles qui ont déja porté , afin que les inteslins, dun plus petit volume, apportent moins d'obstacle aux manoeuvres opératoires, est la seule precaution ä prendre. On pourrait encore, dans Ie même but, faire faire ä la béte une petite promenade d'une demi-heure, comme moyen de l'engager ä fienter et ä uriner.
3deg; Disposition anatomique de 1'appareil genital. — Chez la truie, l'appareil reproducleur est semblable, dans ses dispositions essentielles , a celui des grandes femelles domesti-ques. Seulement la matrice a le corps beaucoup plus court, pres-que nul, tandis que les cornes sont, au contraire, fort allongées et constifuent a elles seules presque tout l'organe. Flottantes au milieu des circonvolutions de l'intestin grêle, ces cornes ne s'en distinguent que par l'épaisseur plus considerable de leurs parois. Dans l'état de gestation, les branches utérines pleines reposent sur les parois de l'abdomen.
Quant a Vovaire, il ne diffère que par sa configuration particu­liere de celui de la vache et de la jument. D'un petit volume el formant une seule masse chez les jeunes animaux, il prend, en se développant, une forme lobulée, offrant une certaine ressem-blance avec l'ovaire en grappedes oiseaux, disposition avantageuse au point de vue chirurgical en ce qu'elle rend l'organe plus facile a reconnaltre et ä saisir.
$2. — Description de lopératlon.
La castration de la truie se pratique aujourd'hui encore par le procédé ancien, qu'indiquent sommairement Aristote et Galien,
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470nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA TRU1E.
et dont Thomas Barlholin, avons-nous dit déja, a le premier donné une description claire et exacte.
laquo; Par une ouverture faite au flanc gauche , dit ce dernier au­teur , on extrait, avec la main, les deux ovaires en même temps que l'utérus; puis, ayant extirpé Tun et l'autre ovaires en ména-geant l'utérus, on remet ce dernier organe ä sa place, et sans autre appareil, on ferme la plaiepar une suture '. raquo;
Toute l'opération est dans ces quelques lignes auxquelles les au­teurs modernes, Viborg et M. Festal notamment, ontajouté seule-menl l'indication des precautions supplémenlaires a observer pour l'exécuter avec methode. M. Festal, en outre, a introduit, dans cette description, une distinction utile au point de vue pratique.
Fis. 80.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Fij?. 81.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Fig. 82. Fig. 83.
en considérant successivement l'opération chez les truies jeunes et chez les truies agóes 2.
1deg; Instruments. — Chez les unes et les autres, l'appareil ins-Irumenlal est de la plus grande simplicité. L'instrument principal
i Ex dissecto inguine sinistro manu utrumque testiculum cum utero exi-munt, sed, avulso tantum testiculo utroque, uterum suo loco reponunt, et sine alio apparatu vulnus consuunt. ( Th. Bartbolin , loc. clt.)
2 Journ. des Yét. du Midi, 1845, p. 352.
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3IAM1X OPÉKATOIRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;471
est un bistouri dont la forme a légerement varié. La plupart des chètreurs se servent d'une sorte de couteau long de 8 a 10 centimetres, a lame courte et large , dont le manche, en acier, fait corps avec la lame, elle-même parfois arrondie {fig. 80), d'au-tres fois triangulaire (fig. 81). Viborg conseille I'usage d'un couteau dé la forme ci-dessus figurée {fig. 82), dont la lame a 3 centime­tres de large sur 4 de longueur, avec le tranchant droit et le dos arrondi vers la pointe. Ce même auteur indique un autre instru­ment recommandé, dit-il, par le vétérinaire Helper {fig. 83), comme preferable au precedent, en ce que l'extrémité supérieure Sert ä traverser les teguments sans blesser les intestins. Quelques praticiens font usage, pour cette operation, d'une espèce de lan-celtea lame convexe {fig. 84), qui a, sur les couteaux décrits pré-cédemment, l'avanlage de se fermer et qui peut être contenue dans un portefeuille. Enfin, ä tons ces instruments,nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Fig- 84.
.lés vétérinaires en general substituent le bis­touri convexe ordinaire qui remplit les mêmes .indications. Il faut, en outre, avoir une paire de ciseaux courbes et une aiguille a suture, enfilée d'un fil en quatre on cinq doubles ciré. A cela on peut joindre, dans le cas oü l'on craindrait une hémorrhagie des vaisseaux ova-riques, soit deux pinces anatomiques pour en faire la torsion, soit un morceau de fil retors pour en faire la ligature.
2deg; Manuel opépatoire. — A l'exemple de M. Festal, nous distinguerons l'öpération pratiquée sur les truies jeunes et l'öpération pratiquée sur les truies d'un äge avance.
I. Castration des truies jeunes. — On con-sidère comme truie jeune, la béte agée de six semaines a un an. Pour l'opérer, il faut commencer par l'assujétir. A eet effet, on lui attache d'abord autour du groin, surtout quand eile est douée d'une certaine force, un cordon ou un tord-nez destine ä l'empê-cher de mordre ou de crier. Puis on la couche sur le cóté droit, soit ä terre, sur une litière, soit sur une table ou un baquet ren-versé. Un aide suffit pour maintenir l'aniraal dans cette position;
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472nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA TRÜIE.
il tire modérément en arrière les membres postérieurs, principa-lement Ia jambe gauche, de maniere ä tendre la peau du flanc, pendant que Topérateur, place vers Ie dos de la truie, pose son pied droit sur Ie cou de celle-ci, et son pied gauche sous le Dane, ce qui releve le train postérieur, et tend davantage le ventre ä l'endroit oü Ton doit faire l'incision. Remarquons que, dans le cas oü l'opéraleur serait gaucher, la béte pourrait êlre couchée sur le cole gauche.
La truie ainsi maintenue, avec le couteau ou avec les ciseaux, on enlève les soies a l'endroit oü l'opération doit être faite. Puis on incise la peau du flanc, soit, comme le conseille Viborg, en ligne horizontale, parallèlement a Ia colonne vertebrale, en partant de l'angle externe de la hauche; soit, comme le recommande M. Festal, dans une direction oblique , et au milieu d'une ligne qui partirait de ce même angle pour aller tomber sur la 2e ma-melle abdominale. La première position est preferable , car plus l'ineision est supérieure, plus est facile la recherche de l'utérus et des ovaires, fixés vers le haut du bassin chez les jeunes sujets. L'incision verticale ou oblique, que praliquent certains chätreurs, laisse, en effet, moins de latitude ä l'action des doigts qui doi-vent pénétrer dans l'abdoraen.
Le premier coup de bistouri donné pour faire cette incision, doit comprendre la peau seulement. On entame ensuile, avec mé-nagement, les couches musculaires sous-jacentes, et Ton arrive au péritoine que l'on a eu soin de laisser intact. On le saisit alors avec une pince ou avec les doigts, et on le ponclionne au moven du bistouri, dans une étendue assez grande pour y inlroduire le doigt. Ces precautions out pour but d'éviter les échappées du bis­touri , et les accidents qui seraient a redouter si on venait k at-teindre les organes abdominaux. Pour se meltre, d'une maniere plus cerlaine, ä l'abri de eet accident, Viborg indique, et la plu-part des chätreurs ont l'habitude, après avoir incise la peau, de pénétrer dans l'abdomen en écartant les fibres musculaires avec 1'ongle de l'index, conserve un pen pointu ä eet effet. Mais par ce procédé, on est exposé, comme le fait remarquer M. Festal, au Heu de percer le péritoine, ä le séparer, dans une plus ou moins grande étendue, des parois abdominales, et ä favoriser ainsi la
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MANUEL OPÉRATOIBE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;473
formation d'une hernie par le passage d'une anse intestinale ä tra­vers 1'ouverture péritonéale, ouverture qui, en se cicatrisant, pourrait même amener l'étranglement de celte hernie.
Le péritoine ouvert, il s'agit d'aller chercher l'ovaire, quel'on sent, dit Viborg, ä l'entrée de la cavilé pelvienne. Pour le saisir, ce qui n'est pas toujours facile quand on n'en a pas l'habi-tude, il faut, suivant M. Festal, passer l'index droit entre la co­lonne vertebrale et les intestins, que Ton refoule du cóté des parois inférieures de l'abdomen, et chercher, ä la region sous-lom-baire, un petit corps dur, un peu aplati, de la grosseur et pres-.que de la forme d'une lentille. Quand on l'a trouvé, on l'accroche avec le doigt plié a eet effet, et on le conduit, en le faisant glisser contro la face interne de rabdomen, jusqu'a l'ouverture du Oanc, en appuyant le pouee sur la peau, tout pres de la plaie, afin de saisir l'ovaire entre ce doigt et l'index. L'organe amené au dehors, on tire la corne correspondante de l'utérus jusqu'ä la bifurcation , r'est-a-dire autant qu'il faut pour que la corne droite opposée soit portee aussi ä l'ouverture, et par le moyen de celle-ci, on fait approcber ensuite 1'autre ovaire. Il faut, en tirant la corne gauche, agir avec beancoup de ménagement, car on courrait risque de la déchirer, et l'on aurail ensuite de grandes difficultés pour saisir l'autre branche.
Quand les deux ovaires sont sortis de l'abdornen, on tient les deux cornes de la main gauche, et les ovaires, ainsi que les trompes, sont arrachés, ce qui vaut mieux que de les cou-per, car il y a moins de sang répandu. Si les animaux sont jeunes, on peut cependanl amputer , avec les ovaires, une partie ou la totalité des cornes, saus qu'il en résulte aucun inconvenient. L'essentiel est de bien empörter tout l'ovaire, l'expérience ayant appris que s'il en reste une partie, la truie conserve toujours de la propension a la reproduction.
Quand on n'a pas l'babitude nécessaire pour trouver immédia-tement l'ovaire gauche, au lieu de l'aller chercher d'abord avec le doigt, on commence par prendre la corne du même cóté, quel'on distingue de l'intestin äson moindre volume; on la soulève jusqu'ä l'orifice de la plaie, oü, avec l'autre main, on la tire en arrière, jusqu'a ce qu'on soit arrive a son extréraité terminale, oü se
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47inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTIUTION UE LA truib.
trouve l'ovaire. On peut, alors, amputer de suite celui-ci, ou Ie detacher par la torsion, ou bien passer outre en chercbant d'abord l'ovaire droit, comme il a été dit, et extraire ensuite les deux organes ensemble.
Pendant l'opération, et surtout lors des mouvements désordon-nés, accompagnés de cris aigus, auxquels se livre l'animal, il est assez ordinaire de voir une anse intestinale faire hernie au dehors. Pour éviter cette complication, l'opérateur doit constamment maintenir Ie doigt dans l'abdomen, de maniere que l'ouverture par laquelle la hernie pourrait avoir lieu soit toujours fermée. En outre, il aura sein, dans Ie même but, dene procéder ä la recherche des-ovaires que dans l'intermittence des efforts expulsifs, de facon a n'avoir besoin de vaincre, avec Ie doigt, aucune resistance anor­male. Si, malgré ces precautions, la hernie se produisait, on la ferait rentrer immédiatement, en attendant toutefois la cessation des efforts, durant lesquels cette reduction serait presque impos­sible.
Les ovaires amputés, avec les deux index, agissant alternati-vement, on fait rentrer les deux cornes de la matrice dans la
Fig. 83.
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cavité abdominale, et on termine en réunissant les deux lèvres de la plaie cutanée par quelques points de suture simple ou entre-coupée [fig, 85), ou de la suture des pelletiers {fig. 86), qui offre plus de solidité. Viborg, en ce cas, conseille une suture ä points intérieurs ä la plaie [fig. 87), qui a l'avantage de faciliter récou-lement du pus. Gelte suture est peu rationnelle; sans être plus
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MANUEL OrÊRAlül/lE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;475
avautageuse au point de vue que se propose l'auteur danois, eile a rinconvénient de constituer un obstacle insurmonlable ä la reu­nion par première intention. Avec plus de raison, Ie même auteur recommande de laisser, avant de faire cette suture, la jambe gauche reprendre sa position naturelle; la peau alors venant re-couvrir les muscles abdominaux, il n'est besoin que de la coudre seule pour fermer la plaie.
II. Castration des truies agées. — La truie est considérée comme êgée lorsqu'elle a atteint et passé 12, 15, 18 mois, ou a déja porlé. Quand on chêtre la truie ä eet äge, deux aides sont nécessaires pour l'assujétir, l'un qui tient la tête, 1'aulre, les mem­bres postérieurs. La béte est maintenue, d'ailleurs, dans la posi­tion précédemment indiquée, et Ton incise Ie flanc comme chez les truies jeunes.
Cela fait, on peut de suite, avec l'index introduit dans l'abdo-inen, aller chercher l'ovaire que Ton trouve flottant a la region sous-lombaire, et que l'on reconnaït ä son volume, égal ä celui d'une petite noix, a sa dureté, et aux inégalités granuleuses de sa surface. Ayant accroché l'ovaire gauche avec le doigt, on I'atlire au dehors, et on le détache, par la torsion, des parties ligamen-teuses et vasculaires qui le reliennent. Ce premier ovaire enlevé, il est une precaution essentielle ä observer, e'est de ne pas tirer au dehors, comme on le fait chez lesjeunes feraelles, les deux cornes de la matrice, pour atteindre l'ovaire oppose; car ces cornes élant extrêraement développées, on ne pourrait plus ensuite faire rentrer dans 1'abdomen, sans des manipulations violentes et dan-gereuses, la masse uterine et ses dépendances.
Il faut done, quand la corne gauche est atteinte et son ovaire enlevé, remonter avec la main gauche a l'origine de cette corne, tout en faisant rentrer ä mesure sa partie antérieure avec l'index droit. En arrivant au corps de la matrice, la corne gauche étant alors revenue en place, on parvient, en continuant, ä la corne droite, que Ton fait sortir doucement et sans secousse, en la dé-roulant comme l'autre, d'arrière en avant, de facon qu'en attei-gnant son extrémité terminale, oü se trouve l'ovaire, celui-ci seul reste dehors, toute la corne utérine droite ayant ä mesure repris sa place dans l'abdomen. Quelquefois, a ce moment, une petite
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476nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA TRUIE.
difficulté se présente: l'ovaire se trouve entorlillé au milieu des nombreuses circonvolutions de Ia malrice; alors on introduit l'in-dex et on Ie dégage avec ménagement. Une fois l'ovaire sorti, on l'extirpe comme Ie premier.
Reste è fermer la plaie abdominale, ce que l'on fait, comme pour les truies jeunes, ä l'aide de la suture simple ou de la suture des pelleliers, en ayant soin également de ne la faire, comme Ie recommande Viborg, qu'après avoir laissé les parties reprendre leur place, en ramenant Ie membre postérieur gauche en avant, et en prenant garde encore que quelque anse intestinale, poussée par les efforts expirateurs du sujet, ne soit comprise dans la su­ture et traversée avec l'aiguille, accident qui pourrait entralner la mort de l'animal.
3laquo; De l'amputation de la matrice. — En décrivant Ie manuel de l'opération chez les jeunes truies, nous avons vu que l'on peut, après avoir reconnu les organes, amputer d'un seul coup les cornes^de la matrice avec les ovaires. Cela n'offre effecti-vement aucun danger chez les très-jeunes bêtes que l'on chätre avant Ie développement de l'organe utérin, et chez lesquelles on peutmême, sans plus d'inconvénient, arracher tout l'utérus, qui ne présente qu'une faible resistance vitale. Toutefois, malgré l'in-nocuité de cette operation excessive, comme eile n'est en aucune facon justifiée par Ie but qu'on se propose, il nous paralt plus rationnel de s'en tenir ä l'amputation pure et simple des ovaires, mutilation süffisante pour éteindre les désirs génésiques, ceux-ci ayant leur source exclusive dans ces organes.
Chez les truies agées, en raison du plus grand développement relatif de l'utérus, l'amputation d'une parlie ou de la totalité de eet organe doit offrir des inconvénients iplus graves. Il ne paralt pas, toutefois, si l'on s'en rapporto aux résultats de l'expérience, que cette mutilation soit fort a redouter dans ce dernier cas. Ainsi, tons les auteurs mentionnent ce fait rapporté par M. Cha­nel i) d'une truie pleine a laquelle, en lui pratiquant la cas­tration , on enleva trois foetus avec une portion des comes de la matrice, et qui néanmoins guérit et put, deux mois après,
Ree. de Méd. vét., 1823, p. 237.
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DIFFICULTÉS DE l'oPÉRATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;477
mettre bas cinq petits qu'elle allaita corame a l'ordinaire. M. Soril-lon a également fait voir *, par d'aulres fails, qu'oa peut impuaé-ment manier la matrice d'une truie pleine et même enlever une partie de eet organe, sans provoquer 1'avortement. En voulant chètrer deux truies, qu'il ne savait paspleines, ils'apersect;ut de son erreur au moment oü l'ovaire et la come uterine gauche furent sortis de rabdomen; il repoussa ces parlies dans la cavité abdo­minale , et réunit la plaie par deux points de suture: la santé ne fut pas dérangée, et toutes deux, l'une après trois mois, l'autre après neuf semaines, mirent bas heureusement et ä terme. Chez uneautre truie, l'ovaire et la come gauche trouvée vide, ayant été amputés, on arriva a la corne droite, qu'on ne put faire passer par la plaie, déja très-grande, de rabdomen, a cause du volume qu'elle avail acquis et qu'on reconnut alors être dü a la presence de deux foetus. On remit Ie tout en place; on ferma con-venablement l'ouverture des parois abdominales; la santé ne fut pas dérangée, et au bout de six jours, la béte fut vendue. M. Festal aussi rapporto un cas de celte nature. Sur une truie qu'on ne savait pas pleine, on enleva l'ovaire gauche, sans que la béte en fül incommodée, et, quelques semaines après, eile mit bas six petits qu'elle allaita parfailement (loc. cit.).
Ces faits démontrent la faible sensibilité organique de la truie; mais ils n'autorisent nullement a faire subir aux animaux que l'on chätreune inutile mutilation, qui, dans lelie circonslance donnée, pourrait ne pas offrir la même innocuité, surtout quand la matrice est pleine. Dans ce dernier cas, d'ailleurs, Ie volume de l'organe, en faisant obstacle è sa sortie, s'oppose è ce surcrolt de délabre-inent. Quand Ie fait se rencontre, Ie mieux est de cesser aussilót l'opération, et, après avoir remis Ie tout en place, d'attendre, pour pratiquer la castration, que Ie part soit effeclué.
4deg; Difflcultés de l'opération. — Les régies que nous venons de tracer pour la pratique de la castration de la truie sent applicables dans la grande majorité des cas. Toulefois, il peut se présenter certains faits exceptionnels qui mettent dans la nécessité de modifier plus ou moins Ie manuel opératoire. La brièveté du
i Ree. de Méd. vét., 1829, p. 628.
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478nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA TRÜIE.
doigt, l'excès de volume, les adhérences anormales, l'absence de l'ovaire, la plenitude de la matrice, sont les principales circon-stances de celte nature qui ont eté observées et que Ie premier, M. Festal, a signalées.
La brièveté du doigt n'est qu'une difficulté relative qui survient quand Ia truie est d'un fort volume ou dans un état d'embon-point excessif. L'index alors peut se trouver trop court, pour aller accrocher l'ovaire, par Ie seul fait de la plus grande profondeur de celui-ci. II faut, dans ce cas, placer sous Ie flaue droit de la béte couchée une botte de paille on tout autre objet semblable, qui, en refoulant les inteslins en haut, repousse l'ovaire vers Ie flaue gauche et permet de Ie salsir.
L'excès de volume de Tun ou des deux ovaires peut provenir de diverses causes; la plus frequente est la presence d'un ou de plusieurs kystes dus a l'excès de développement d'un certain nombre des vésicules de l'ovaire. Le seul moyen, en ce cas, de terminer Topération, est de réduire le volume de l'organe ä l'aide d'une ou de plusieurs ponctions, que Ton pratique, aulant que faire se peut, au moyen d'un trocart assez long pour faire écouler hors de l'abdomen le liquide enkysté.
Dans d'autres circonstances, plus rares, le volume anormal de l'ovaiie est dü, soit a une hypertrophie du tissu de l'organe, soit ä la formation d'abcès dans son épaisseur. Il faut alors agrandir, a l'aide du bistouri, l'ouverture des parois abdominales jusqu'au degré voulu pour livrer passage ä l'organe hypertrophie. La gué-rison s'achève ensuite généralement saus autre complication.
Les adhérences anormales de l'ovaire peuvent êlre la suite, soit d'une inflammation propre de l'organe, ce qui est le cas le plus rare, soit d'une péritonite ancienne terminée par la formation de fausses membranes. Si ces adhérences, que l'ovaire peut con-tracter avec les ligaments larges ou avec les autres organes qui 1'avoisinent, sont récentes, on les rompt par une traction lente et graduée que l'on exerce avec les doigts; ou bien on les détruit par rinslrutnent tranchant. Quand elles sont anciennes, comme il peut y avoir du danger a les détruire, il vaut mieux , si on en redoute les suites, ne pas continuer l'opération; sinon on passe outre en attaquant ces adhérences avec les doigts ou avec 1'inslrumenl.
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SOINS CONSÊCUTIFS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;479
L'absence de l'avaire est une anomalie très-rare. M. Festal ne 1'a rencontréeque deux fois. Dans Ie premier cas, manquaient l'ovaire et la corne du même cóté ; mals , par compensation , les mêmes organes du cóté oppose avaient un volume plus considerable que dans l'état normal. Dans Ie second cas , la corne droite était re-présentée simplement par une duplicature du périloine, d'aspect tres-vasculaire, ä l'extrémité de laquelle se faisait voir un petit corps de la grosseur d'une têle d'épingle, tranchant, par sa cou­leur très-rouge, sur les tissus voisins, et qui représentait évidem-ment l'ovaire. On concoit qu'il n'y ait pas lieu , en de telles cir-constances, de faire autre chose que d'exciser la partie que l'on suppose être l'ovaire, ou de cesser lout-a-fait l'opération si rien n'indique que eet organe existe.
La plenitude de la matrice, par suite de la presence du foetus, est une difficulté d'un autre ordre qui peut se présenter quelquefois, ainsi que nous l'avons vu plus haut, et que l'on reconnaït ä la resistance invincible qu'oppose eet organe, ä cause de son volume, a sa sortie hors de l'ouverture abdominale. L'obstacle reconnu, une seule chose reste ä faire , e'est de remettre aussitót toutes les parties en place, et d'attendre, pour opérer la castration , que la truie ait mis bas et terminé l'allaitement de ses petits.
$ 3. — Soins consécutifs.
Les truies jeunes, qui supportent généralement bien l'opéra­tion , n'exigent presque aucun soin après avoir été castrées. La diète pour Ie reste de la journée, la demi-diète Ie lendemain, et des soins de propreté sur la plaie jusqu'a parfaite guérison, suffisent dans la plupart des cas.
Quand la béte est plus avancée en age, eile souffre davantage de la castration. Il faut alors, pendant quelques jours, la tenir dans un lieu frais, bien aéré, et l'empêcher surtout d'aller, pour trouver de l'eau, se jeter dans une mare bourbeuse, ce qui pour-rait, ä la fois, nuire a son état general dans Ie cours de la fievre qu'entralne toujours l'opération, et faire obstacle ä la cicatrisa­tion de !a plaie abdominale. On la maintient ainsi , sur une bonne litière, jusqu'ä ce que la plaie soit fermée et les fils tombes,
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480nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA TRUIE.
ceux-ci se détachant d'eux-mêmes au bout d'uu temps variable , suivant l'ége de l'animal, la forme de la suture, etc. Ilserait plus rationnel de les couper et de les enlever des que la cicatrisation de la plaie est achevée. Mais pour cela, il faudrait que la béte restät, jusqu'a complete guérison, sous la surveillance de l'opéra-teur. Le cas ne se présenlant presque jamais, mieux vaut confier la guérison tout entière aux soins de la nature, plulót que de risquer de la compromeltre en livrant cette petite operation a des mains ignorantes ou inhabiles.
Le jour de l'opéralion, la truie est maintenue a une diète abso-lue, et pendant les trois ou quatre jours qui suivent, on la soumet a un régime modéré, avec l'eau blanche, ou un mélange de son , de farine de seigle et du lait acidulé, auquel on associe des racines cuites. On évite enfin de lui donner des boissons froides. Au bout de trois ou quatre jours, on remet peu ä peu la bete ä sa ration ordinaire.
Quand l'opération a été longue, on peut pratiquer une petite saignée en amputant un fragment de l'oreille, ä moins qu'on ait jugé plus a propos de profiter ä eet effet de i'hémorrhagie légere par les artères ovariques que produit l'excision simple des ovaires.
$ 4. — Accidents pouvant suivre la castration de Ia truie.
Les accidents qui peuvent survenir a la suite de la castration, chez la truie, sont assez varies; mais ils se manifestent très-rarement, ce qui tient autant ä la faible sensibililé de ces ani-maux, qu'ä l'habileté, due ä une grande habitude, avec laquelle cette operation est généralement praliquée. M. Festal a donné l'énumération la plus complete de ces accidents , qui peuvent se produire , les uns au moment de l'opération, et les autres au bout d'un certain temps, ce qui permet de les ranger en deux séries, les accidents immédiats et les accidents secondaires.
1deg; Accidents immédiats. — Dans cette categorie doiveut être compris : la déchirure de la matrice , la lésion de l'intestin, la déchirure de la vessie et I'hémorrhagie.
La déchirure de l'une des comes de la matrice est frequente chez les très-jeunes sujels , pour peu qu'on manque d'habilude dans la
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ACCIDENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;481
pratique de l'opération. Gelte déchirure risque de se produire lors-que, apres avoir fait sortir une corne , on tire sur eile pour faire venir Ie corps de l'utérus qui aidera a saisir l'autre corne ; en effet, ce corps élant genéralement trop court pour arriver au dehors, il peut arriver, si la traction est peu ménagée, que, pendant un des mouvements frequents de la truie, la corne tenue entre les mains se déchire, et que l'on soit ainsi dans Vimpossibilité de retrouver l'autre. On évite cela en cherchant avec Ie doigt, pour les amener seules au dehors, les deux cornes de l'utérus, et en laissant dans l'abdomen la corps de eet organe. Quand un tel accident se manifeste, l'animal, il est vrai, n'en souffre guère; mais conservant un ovaire qui na pu être extrait, l'opération sur lui doit ètre considérée comme manquée.
Quanta la lésion de Vinteslin, produite, soit par Ie bistouri, au moment ou l'on fait l'incision des parois abdominales, soit avec l'aiguille a suture dont on se sert pour fermer la plaie du flanc; quant ä la déchirure de la vessie avec l'index introduit trop brus-quement dans l'abdomen, ce sont lä des accidents irrémédiables, suivis toujours de la mort du sujet, et qui ne peu vent être que Ie résultat d'un défaut d'aüention ou d'habileté, dont l'opérateur supporte la responsabilité tout enlière.
Vhémorrhagie a lieu, par les arlères ovariques, quand on se borne a séparer l'ovaire de ses ligaments, par excision simple, sans tor-dre ni lier ses vaisseaux. Chez les jeunes sujets cette hémorrhagie est toujours minirae et sans gravilé aucune. Elle est plus ä redouter chez les truies ègées, chez celles surtout que Von chätre pendant la période du rut, l'afflux sanguin dont l'ovaire est alors Ie siége, pouvant suffire pour causer une hémorrhagie mortelle après la sec­tion de l'artère ovarienne. Cast pourquoi il est de tonte nécessité, quand on opère des truies agées, de ne séparer l'ovaire qu'après avoir convenablement oblitéré , par la torsion, les artères ovari­ques. Dans Ie cas oü Vhémorrhagie ne serait pas suivie de mort, ä supposerqu'un peu de sang se répandit dans la cavité abdominale, il n'y aurait pas lieu de s'en inquiéter , car il ne tarderait pas a être repris par l'absorption.
Une autre hémorrhagie peut se produire a la plaie abdominale quand, au lieu de séparer avec la doigt senlement les fibres mus-
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482nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA TKUIE.
culaires qu'il faut traverser, on les incise ä l'aide du bistouri, avec lequel on est exposé ä blesser l'artere circonflexe de l'ilium. Une légere compression avec le doigl suffit alors pour arrêter eet écou-lement sanguin, et l'accident n'a pas d'autre suite.
2deg; Aeeidents secondaires. — Dans cette deuxiëme série d'accidents se rangent: les abces de la plaie du flanc, la hernie de l'intestin par 1'ouverlure péritonéale , les adhérences des intes-tins, la métrite et la péritonite.
La formation d'un abces ä la plaie abdominale peut être due , soit ä une hémorrhagie, avec séjour du sang, dans le tissu cellulaire sous-cutané, soit a une inflammation locale tenninée par suppu­ration. Get abces est toujours circonscrit et ne dépasse guère le volume d'une grosse noix , ou du poing d'un enfant. Il forma une tumeur d'abord dure , chaude et douloureuse, puis fluctuante vers son centre. Abandonnée ä elle-même, la tumeur s'ouvre spontanément en moins de sept ä huil jours, la plaie cutanée, mal refermée, ne faisant pas d'obstacle a l'éli mi nation du pus. Get abces pouvant être confondu avec une hernie, il est prudent, lorsque le diagnostic est incertain, de le laisser s'ouvrir de lui-même.
. Quand on est assure de l'existence du foyer purulent, on en bäte la guérison en ouvrant une issue au pus avec le bistouri, que 1'on a soin, d'ailleurs, de faire pénétrer avec prudence et de dehors en dedans, au cas oü une anse intestinale serait engagée dans la poche de l'abcès. Celui - ei ouvert, l'accident guérit assez proraptement, n'exigeant que queiques soins de proprelé. Quand les animaux opérés errent en liberté parmi des chiens, comme ceux-ci se plaisent ä lécher les plaies, ils les tiennent ainsi pro­pres, et cela hate encore leur cicatrisation.
Il est un aulre abces qui se forme, quelquefois, dans la region inguinale, et provenant a peu pres des mêmes causes que le pre­cedent. Son volume peut acquérir celui du poing; et plus encore que l'abcès du flanc, il convient de ne l'ouvrir qu'après s'être bien assure de la nature de la tumeur. Comme la peau n'est pas enta-mée, l'abcès inguinal met beaucoup plus de temps a s'ouvrir spontanément au dehors ; il lui faut, pour cela, de 40 è 60 jours. Ia ponction abrége ce long délai. Si, en la pratiquant, on tombait
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ACCIDEISTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 483
par mégarde sur une anse intestinale, on agirait comme il sera dit ci-après.
La hernie d'une portion intestinale se produit quelquefois entre les levres musculaires de la plaie, lorsque celle-ci est trop élendue, et surtout lorsque, avant de faire la suture de la plaie, on n'a pas eu sein de faire rentrer l'intestin qui a pu s'échapper pendant les efforts du sujet. La sortie de l'intestin est favorisée encore par un exces de nourriture pris avant l'opéralion. Une fois formee, la hernie constitue, au siége de l'opération, une tumeur de volume variable, sans chaleur ni douleur, plus ou moins élastique, s'em-pätant deux ou trois jours après son début, réductible ä la pres-sion, et faisant entendre des borborygmes quand on approche l'oreille. D'abord circonscrile, cette tumeur peut s'étendre, et se propager, lorsqu'elle a acquis ses plus grandes dimensions, jusqu'ä la region inguinale; eile rend alors la marche difficile et oblige l'animal ä faucher.
Tant que la hernie reste a l'état simple, eile peut subsister sans nuire a la santé générale du sujet, bien que, dans ces conditions, l'animal preßte moins de la nourriture qu'on lui donne. Maïs si l'intestin vient ä s'élrangler par inflammation de l'anse herniée, ou par Ie resserrement des lèvres du périloine qui se cicatrisent aulour d'elle, Ie cas devient aussitót beaucoup plus grave; la vie de la truie est compromise. La fièvre générale se développe, l'ap-pétit se perd, Ie ventre se gonfle, la region opérée devient dou-loureuse, crépitante, et bienlöt la mort arrive.
On prévient ces accidents redoutables en opérant la reduction de la hernie dès qu'on en a reconnu l'existence. A eet effet, on enlève la suture, on incise la peau, si déja la plaie esl fermée, et on refoule les inlestins dans 1'abdomen. Lorsque la hernie est ancienne et que les inlestins ont conlraclé des adhérences, on les détache avec ménagement, et on enlève autant qu'on Ie peut les productions membraniformes qui les recouvrent alors. Quand l'ou-verture interne, celle qui a donné passage aux inlestins, est trop étroite, surtout s'il y a élranglement, il faut de suite débrider Ie collet du sac hernlaire, afin d'agrandir celle ouverture jusqu'au degré nécessaire pour la rentree de l'inleslin hernie; et celui-ci refoulé dans l'abdomen, on s'occupe de mettre obstacle ä sa sortie,
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484nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA TRUIE.
par une suture double, pratiquée, Tune aux lèvres musculaires de la plaie, qui ne pourraient se cicatriser par première intention; l'autre comprenant Ia peau seulement
Quand l'inteslin n'est pas enflammé, cette reduction se fait sans difficulté, et la guérison est a peu pres certaine. Dans Ie cas con­traire, les chances étant moins favorables, il vaut quelquefois mieux sacrifier imraediatement Taniraal, plutót que de s'exposer aux suites fächeuses d'un traitement infructueux.
La hernie inguinale s'observe aussi quelquefois a la suite de la castration de la truie. Mais eile ne survient que chez les tres­jeunes sujets de cinq a six semaines. A ce moment, les intestins étant encore d'un très-pelit volume peuvent, pendant les efforts énergiques du jeune sujet, s'engager a travers une ouverture accidentelle provenant de la déchirure des fibres musculaires des parois de l'abdomen, ä la region de l'aine. 11 en resul te une hernie qui s'accroit avec promptitude et peut acquérir, en peu de temps, Ie volume du poing. Cette tumeur, indolente au début, molle, élas-tique, faisant entendre de nombreux borborygmes, offre, lors-qu'elle s'étrangle, les mêmes symptómes que la hernie du flanc. De plus, l'animal prend une position caractéristique : il s'appuie sur Ie sternum et leve Ie dos. Quand on n'apporte aucun remede ä eet accident, on voit tous les phénomènes s'aggraver, et l'animal succomber vers Ie 7e ou Ie 8e jour environ.
Pour prévenir cette terminaison fatale, il faut, des que la her­nie apparait, procéder immédiatement a la reduction en placant l'animal sur Ie dos. On essaie d'abord Ie taxis, et si l'on ne peut y réussir, ce qui est Ie plus ordinaire en pareil cas, on opère comme pour la hernie du flanc, en incisant la tumeur, et l'on peut ainsi aisément faire rentrer 1'intestin. Lorsque l'accident est ancien, l'inlestin engoué, et qu'on ne peut, pour une raison ou une autre, en opérer la reduction, il faut, de teute nécessilé, pra-tiquer Ie débridement, qui doit être fait en avant et en dehors, ä peu pres dans la direction qu'affecte, chez les grands quadrupèdes males, l'ouverture extérieure du canal inguinal, el lui donner l'étendue nécessaire pour que 1'anse intestinale herniée puisse ren­trer dans l'abdomen. On fait quelques points de sulure aux lèvres musculaires de la plaie, oncoud ensuite la peau, on laisse l'animal
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ACCIDENTS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;483
pendant quelques jours ä une diète severe, et la guérison s'effectue sans peine, pourvu que l'intestin n'ait lui-même aucunement souf-fert; dans Ie cas contraire, Ie succes devenant douteux, mieux vaut, sans tarder davantage, faire le sacrifice de Tanimal.
L'adhésion des intestim entre eux, ou avec l'ouverture de la plaie, se produit quelquefois quand rinflammation de la lesion abdominale a été très-vive, et s'est accompagnée de suppuration. Comme un tel accident ne se peut reconnattre pendant la vie, il n'y a pas de traitement a lui opposer. Il ne constitue, d'ailleurs, qu'un tres-léger inconvenient, la santé du sujet n'étant pas pour cela compromise et l'engraissement pouvant se faire avec la même facilité.
La métrite, quand eile apparait, ne se manifeste que sur les truies ègées, qu'on opère au moment oü elles sont en chaleur, et lorsque les manipulations exigées pour l'exlraction des ovaires ont été longues et peu raénagées. La péritonite se développe dans des conditions a peu pres semblables, et, de plus, lorsque le sang qui s'est écoulé des artères ovariques est en trop grande abon­dance pour êlre résorbé; ou bien encore quand l'animal, après l'opéralion, est exposé ä des refroidissements ou est trop promp-tement remis a son alimentation habituelle. Le plus souvent, ces deux affections existent ensemble; elles se confondent, au moins, dans les symplómes et exigent un traitement identique.
Quand la métro-péritonite se declare, on voit la truie, deux ou trois jours oprès l'opération, perdre tout appétit, s'affaiblir, chanceler dans sa marche, vaciller surlout du train postérieur. L'abdomen est douloureux a la pression, les reins aussi sont extrê-mement sensibles. En deux ou trois jours, tons ces phénomènes s'aggravent, la faiblesse est plus grande, la defecation nulle, l'urine est rare et de couleur rouge, les extrémités sont refroidies. Si l'inflammation n'a envahi que la matrice, eile se termine par gangrene vers le 8e ou le iOe jour, ou bien passe ä l'état chroni-que, et le plus souvent entraine la mort du sujet après l'avoir fait languir 40 ou 50 jours. Quand le péritoine seul est enflammé, cas fort rare, la mort arrive par suite de la formation de fausses membranes avec épanchement.
Les moyens thérapeutiques a meltre en usage, quand survient
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186nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA TRL'IE.
une complication de ce genre, sonl bases, suivant M. Festal, sur Ie caraclère phlegmasique de l'affection. Les saignées répétées aux arteres coccygiennes, les lavements frequents, les fumigations émollientes sous Ie ventre, les sinapismes et vésicatoires autour des parois abdominales, l'emploi è l'lntérieur des purgatifs salins, du sulfate de soude, notamment, etc., telles sout les ressources diverses dont ce praticien recommande I'usage en cas semblable, et dont l'application variée sera subordonnée ä l'ège du sujet, a l'intensité, ä la période du mal, etc.
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CHAPITRE IV.
Castration des petites femelies domestiques autres que la truie.
Ces femelles sont la brebis, la chienne et la chatte, sur les-quelles l'opération, objet seulement de quelques tentatives plus ou moins exceptionnelles, n'exigera qu'une étude fort succincte.
$ 1quot;. — Castration de la brebii.
1deg; Historique. Indications. — La castration de la brebis estune operation depuis longtemps en usage, mais dont l'origine reelle est encore inconnue. Gelte pratique est intimement liée, au point de vue historique, a la castration de la vache; eile se trouve mentionnée dans les mêmes textes que cette dernière, par Olivier de Serres, Th. Bartholin, Delabère-Blaine, etc, et paralt avoir été pratiquée dans les mêmes localités, notamment en An-gleterre, en Danemark, en Allemagne, et dans quelques autres con trees du Nord, oü cette coutume doit remonter a une époque assez éloignée, puisque, dans les auteurs oü il en est question, eile est mentionnée comme un fait usuel, ne s'offrant nulle part sous les apparences d'une innovation.
La castration de la brebis a été encore tentée en Italië et même en France, comme on Ie voit par la description détaillée qu'en donne Daubenton, lequel, en même temps, propose d'asssigner aux brebis qui ont subi l'opération le nom de moutonnes, en substitution au nom de chdtrices sous lequel elles étaient désignées auparavant.
De nos jours, la castration de la brebis est généralement aban-dönnée par suite des perfectionnements apportés ä l'éducation de l'espèce ovine. Ainsi, autrefois, on chätrait les brebis pour amé-iiorer la laine et la qualité de la chair, ainsi que pour faciliter l'engraissement; et bien que Tessier conteste les avantages de l'opération, au moins quant a la laine, quin'en est, dit-il, ni plus
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488nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;GASTIIATION DE LA BUUBIS.
fine ni plus abondante, la castration pouvait avoir sa raison d'etre, alors qu'on ne possédait pas d'autre moyen d'accrottre la valeur de ces femelles comme bêtes de boucherie. Mais aujourd'hui que, par des croisemenls méthodiques et une bonne alimentation, on est parvenu a améliorer, ä tous les degrés desirables, la chair et lalaine; que, sous Ie rapport de l'aplitude a l'engraissement, on a pu créer des animaux qui ne Ie cedent en rien aux plus pré-coces parmi ceux qui ont subi la castration et qui, de plus, ont Favantage de pouvoir transmettre ces qualités par voie de genera­tion, 1'opération, qui ne produit qu'une amelioration individuelle, devient sans objet; plus encore, eile peut être désavanlageuse en empêchant les bêtes perfeclionnées de transmettre ces qualités acquises ä d'autres generations.
Toutefois, comme il peut se présenter teile circonstance excep-tionnelle qui rende cette operation nécessaire, nous allons en donner la description teile qu'elle a été traces par Daubenton, et ä laquelle 1'experience ultérieure n'a rien ajouté.
2deg; Manuel de 1'opération. — L'opération se fait sur les agnelles de six semaines a deux mois, age ou les ovaires, ayant acquis a peu pres Ie volume d'un haricot, commencent seulement a être assez gros pour pouvoir être reconnus au toucher et saisis.
Quand on veut opérer, l'agnelle est couchée sur Ie cóté droit, pres du bord dune table, la têle pendante en dehors, et Ie dos centre Ie bord. Un aide, debout ä gauche de l'opérateur, tient et etend en arrière la jambe gauche de l'animal, pour découvrir la region du flanc, pendant qu'un second aide, place ä droite, vers la tête de l'animal, tient rassemblés, dans sa main droite, les deux membres antérieurs et Ie membre postérieur droit de ce dernier.
L'agnelle étant ainsi fixée, l'opérateur, avec la main gauche, saisit la peau, a un point également distant de la pointe de la hauche et du nombril, fait un pli transversal que soutient de son cótél'aide de droite avec sa main gauche, et avec un instrument tranchant, il divise cepli, de maniere a former une incision d'en-viron 5 centimetres de longueur, dans la direction et sur Ie milieu d'une lignequi irait de la partie la plus élevée de l'os de la hauche jusqu'au nombril. La peau incisée, l'opérateur divise, avec precau­tion, les couches muscula ires jusqu'au péritoine.
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TT
CASTHmON DE LA CUIENNE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;489
Après cela, avec l'index droit, il déchire Ie péritoine, pénetre dans rabdomen, et va a la recherche de l'ovaire gauche. Dès qu'il Va senti, il l'attire doucement au dehors, et, continuant ä suivre avec les doigts Ie trajet des cornes utérines , il arrive a l'ovaire droit qu'il ramene de même hors de rouverture. Il enlève alors les deux ovaires, soit par une simple excision, soit par tor­sion, s'il y a lieu de craindre une hémorrhagie, fait rentrer la ma trice dans l'abdomen, et termine l'opération en fermant la plaie par trois points de suture, qui nedoiventcomprendre que l'épais-seur de la peau , ä cause du danger qu'il pourrait y avoir k tra­verser les couches musculaires.
Au bout de 10 ou 12 jours, l'ouverture de la peau étant cica-trisée, on enlève les points de suture, pour prévenir la suppura­tion qu'entretiendrait leur presence. Pour cela, on coupe chaque fil au milieu de la suture, et on retire isolement les bouts qui passent au dehors. Quand quot;operation est bien faite, les agnelles ne s'en ressentenl que le premier jour. Elles ont alors les jambes raides, et refusent de léter; mais, dès le second jour, elles revien-nent ä leur élat ordinaire, et on peut dès ce moment les remettre k leur régime accoutumé.
On n'a pas signalé d'accidents ä la suite de cette operation.
S 2. — Castration de la cbienne.
1raquo; Historique. Indications. —La castration de la chienne a été pour la première fois mentionnée, comme celle de la vache et de la brebis, par Olivier de Serres {IVe lieu, chap. 16), qui, d'ailleurs, après avoir dit qu'on peut rendre, comme les truies, ces femelles steriles, n'ajoute rien concernant l'ulilUé de l'opération. Plus tard, Delabère-Blaine ä son tour parle de la castration des chiennes, el fait ressortir l'ulilité de l'opération pour éviter le désagrémenl de voir ces bêtes en chaleur. De nos jours, les auteurs s'en sont peu occupés; eile a été décrite seulement par uu vétérinaire allemand, professeur ä Munich, M. Hofer ', et par M. H. Bouley 2.
Repertorium der Thierheilkunde, 1849, no de décembre. 2 Diet, de Stéd. vét, cité.
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490nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA OH1ENNE.
La castration de la chienne, en éteignant les ardeurs génésiques qui troublent les habitudes de eet animal et souvent renlratnent hors du logis de son mattre, est done un moyen de Ie retenir et de Ie metlre ainsi a l'abri des accidents, des morsures d'autres chiens, quelquefois enrages, auxquels il se trouve exposé dans ses excursions. Outre cela, si l'opinion, assez répandue aujour-d'hui, que la rage a pour principale cause la privation de rappro­chement sexuel est réellement fondée, la castration peut devenir, en outre, un préservatif de cette terrible affection en anéanlissant a sa source Ie besoin qui la fait naltre.
La castration encore a l'avantage de supprimer, chez les chien-nes, ces écoulements séro-sanguinolents, assez abondants, qui ont lieu par la vulve pendant la période des chaleurs, et qui ont Ie grave inconvenient, surtout chez les chiennes d'appartements, de laisser des traces souillées partout oü les bêtes reposent.
Pour ces motifs divers, la castration de la chienne pourrait être plus répandue qu'elle ne l'est, d'autant qu'elle ne nuit ni ä la santé, ni aux forces, ni k l'intelligence des sujets opérés; que l'opération n'offre pas de difficulté; que les chiennes la supportent facilement, et qu'elle est généralement suivie d'un succes com­plet.
2deg; Manuel de I'operation. — L'opération, chez la chienne, se fait comme chez les autres femelles, mais avec une modifica­tion nécessitée par la disposition anatomique des parties.
Ainsi, dans cette espèce, les ligaments larges de la matrice sent beaucoup plus longs que dans les autres femelles; ils s'éten-dent jusqu'aux hypochondres, oü ils se dédoublent en deux feuil-lets qui vont s'altacher, l'externe en dedans de la dernière cóte, l'inlerne ä la region sous-lombaire, derrière Ie diaphragme, et entre lesquels se trouve compris Ie rein. Les ligaments larges di-minuent de hauteur ä mesure qu'ils arrivent en avant, de sorle que Ie bord antérieur du feuillet externe, qui porte l'ovaire, plus court que la partie moyenne du ligament, donne plus de fixité a l'extrémité antérieure de la corne uterine qu'il tient relevée centre l'hypochondre.
Par suite de cette disposition, il est presque impossible, quand on a fait l'incision d'un cólé, d'entralner l'ovaire du cóté oppose
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CASTRATION DE LA CHATTE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;194
oü il est retenu par la brieveté du ligament auquel il est suspendu. D'ou la nécessité d'une double incision, que Ton doit faire, en outre, plus rapprochée de la dernière cóle et plus bas que chez les aulres femelles. Une aulre difficulté de cette operation est la presence de tissu adipeux sur Ie ligament large qui en est sou­vent chargé comme Tepiploon , tissu sous lequel l'ovaire peut se trouver cache. La situation fixe de ces organes, ä 2 centimetres environ des cornes de la matrice, permet néanmoins de les décou-vrir sans trop de difficullé.
La sortie de l'épiploon, les envies de vomir pendant Fopération, les vomissemenfs aussilót après, sont les suites ordinaires de la castration des chiennes. Comme accidents de cette operation, on a signalé la sortie d'une ou plusieurs anses intestinales, la hernie de la rate ou d'un lobe du foie, l'hémorrhagie, phénomènes sans gravité et auxquels il est aisé toujours de remédier,
S 3. — Castration de la chatte.
La castration de la chatte est une operation qui peut être pra-tiquée avec facilité, pourvu qu'on ait la precaution de bien fixer l'animal. Les ovaires ont un faible volume, et a cause de cela sont difficiles a rencontrer, quand on les cherche directement. Mais comme on reconnatt sans peine les cornes de la matrice ä leur rigidité, par elles on arrive aisémeut ä l'ovaire. La chatte résiste parfaitement ä cette operation, d'ailleurs sans aucune utilité.
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3e SECTION.
DE LA CASTRATION DES ANIHADX NON QOADRÜPÈDES.
CHAP1TRE PREMIER. Castration de la 'Volaille.
$ 1quot;. — Notions historiqnes.
La castration de la volaille, de même que celle de la plupart des aulres espècesdomestiques, remonte ä une époque fort recu-lée. Elle était connue des Grecs et des Romains, quila mettaient en pratique, comme on Ie fait encore de nos jours, pour augmen­ter, chez les animaux opérés, l'aptitude ä l'engrais, et pour leur donnerune chair plus delicate lt;,
On ne saurait dire, toutefois, si les anciens opéraient sur la volaille une veritable castration, les procédés qu'ils indiquent lais-sant sur ce point des doutes difficiles a éclaircir. Ainsi, Aristote rapporte que l'on chètre les oiseaux males en leur brülant, avec deux ou trois fers chauds, la partie du croupion qui touche la femelle dans Faccouplement. Il ajoute que si, lors de cette opera­tion , l'oiseau a déja pris de la croissance, sa crête devient päle,
lt; S'il fuut s'en rapporter au témoignage d'Athénée, ce seraient les habitants de Délos qui, les premiers, auraient imagine de chaponner les coqs pour les en-graisser, d'oü Ie iioin de déliaques (deliaci), donné par les anciens aux individus qui faisaient cette operation. Par extension, on appelait encore déliaque (deliacus gallinarius)) Ie mareband qui vendait les oeufs et la volaille. (V. Cicéron, Quest, académ., liv. IV, n. 8S; Pline, X, 71, 1; Coldiielle, VIII, 2.) — La confection des cbapons (nommés indistinctement galli evirati; capi, Varr.; capones, Mart.; spadones galli, Publ. Syr.), était fort prospère a Rome, et l'engraissement qui en était la consequence, porlé h im baut degré de perfection; on obtenait ainsi des volailles pesant de 3 a fi kilog.
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494nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTKATIOK D£ LA VOLA1LLE.
et qu'il ne cherche plus les femelles; et que, s'il est encore jeune, il n'acquiert pas les atlributs du male '. N'est-il pas a supposer, d'après cela, qu'/Vrislote, qui a parfaitement observe, comme naturaliste, les effets de la castration, n'avait peut-être pas vu faire l'opération elle-même, alors sans doute, comme aujourd'hui, pratiquée exclusivement par les marchands de volaille, et qu'il s'est borné ä la mentionner d'après des notions incomplètes qui lui auront été transmises 1
Mêrae observation ä l'égard des auteurs latins, dont Ie texte, sur ce point, offre matière également a une large interpretation. laquo; On chätre les coqs, dit Varren, pour en faire des ckapons, en leur brülant, avecun far rouge, les ergots a l'extréraité des pattes, jusqu'è ce qu'ils se détachent, et on enduit la plaie avee de la terre ä potier-. raquo; Suivant Columelle, laquo; on ne chätre pas seule-ment les coqs en les privant des organes génitaux, mais encore en leur brólant les ergots avec un fer chaud, et en froltant ensuite la plaie avec de la terre a polier, jusqu'a ce qu'elle soit entière-ment guérie 3. raquo; Pline répete la même chose. laquo; Le coq cbatré, dit-il, cesse de chanter. On fait Toperation de deux manières, en leurbrülant, avecun fer rouge, soit les lorabes, soit la partie inférieure des jambes, et enduisant ensuite la plaie avec de la terre a potier. De cette facon, ajoute-t-il, ils engraissent plus facilement ''. raquo; Il faut bien croire, répétons-le, que si l'opération produisait réellement ce dernier résultat, c'est qu'elle consistaiten quelque chose de plus que dans Ia cauterisation des lombes ou l'amputalion des ergots. Ce complément nécessaire de la castration des volailles paralt, au surplus, être resté assez longtemps ignore
' Arist., Hij/, des anim., IX, SO.
2nbsp; ... Gallos castraat, ut sint capi, candenti ferro inurentes calcaria at in/ima crura, usque dum rumpantur; at quod extat ulous oblinunt figlina creta. (Varb , De agricult., lil., 9.)
3nbsp; JVec tarnen id patiuntur amissis genitalibus, serf ferro candente ealcaribvs inustis, qua; cum ignea vi consumpta sunt, facta ulcera dum consanescant, figu-tari creta linuntur. (Coldm., De Re rust, VIII, 2.)
4nbsp; Desinunt canere castrati: quod duobus fit modis : lumbis adustis candente ferro, atit imis cruribus : mox hulcere oblito figlina creta ; facilius ita pingues-cunt. ( Pline , Hist, nat., X. 23.)
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HISTORIQUE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 495
des écrivains agronomes, car Olivier de Serres même n'en parle pas, se bornant ä dire que l'opération se fait par incision, en ótant certaine pellicule que connaisseut les ménagères 1.
Ce silence des auteurs a l'égard de l'opération, qui, chez les vo-lailles, conslitue véritablement la castration, s'est perpétué assez longlemps, ce qu'il faut attribuer è ce que cette pratique, exclu-sivement abandonnée ä ceux qui élèvent des chapons et des pou­lardes, et pour laquelle n'est jamais reclame Ie concours de 1'homme de l'art, n'était même pas considérée comme une opera­tion chirurgicale. Un des premiers auteurs qui en fasse une men­tion exacte est Valmont de Bomare, lequel, toutefois, se borne ä dire qu'on chaponne les coqs en leur enlevant les teslicules, sans donner aucun détail sur Ie manuel opératoire 2. Ce manuel a élé décrit plus tard, bien que d'une maniere sommaire, par l'abbé Rozier 3, puis par l'abbé Tessier 4, dont les notions succinctes, répétées par la plupart des traites d'agronomie publiés depuis, ont precede les descriptions scientifiques et plus completes données par les auteurs modernes, et nolamment par H. d'Arboval5, M. A. Bixio e, M. Mariot-Didieux ', Mme Millet-Robinet8, M. H. Bou-ley lt;J, qui ont définitivement classé Ie chaponnage au nombre des pratiques cKirurgicales ralionnelles.
Operation généralement fort simple, plus fréquerament en usage dans Ie Nord que dans Ie Midi, oü alle est ä peu pres inconnue, et praliquée d'une maniere presque exclusive par les femmes de la campagne et les ménagères, la castration de la volaille , et parti-culièrement des oiseaux males , mérite cependant quelque atten­tion , surtout ä cause de la particularité offerte par la disposition
' Oliv, de Sgbres, Théat. d'agricul., Vlt;lieu, chap. 2.
2nbsp; Valm. dë Bomare , Diet. rats. d'hist. nat. Paris, IT/JJ, l. 11, p. 666.
3nbsp; nbsp;L'abbé Rozier, Cours compl. d'agricult. Paris, 1783, t. III, p. 14, el 1789, t. VIII, p. 281.
1 L'abbé Tessier, Diet, d'agr. de l'Encyclop. method. Paris, 1791, t. II.
5 H. d'Arboval , Diet, deméd. vét., etc, Paris, 1828, an. Castration.
b A. Bixio , lUais. rustiq. du XIX' siècle. Paris, 1837, t. II, p. 352.
quot; Marioi-Didieüx, Moniteur agricole, 1830, p. 616.
* Mquot;quot; Millet-Robinkt, Maison rustiq. des Dames. Paris, 1836.
9 H. Boiti.ky. -Your. Diet , clc. Paris. 1857, l. III.
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i-96nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DU COQ.
anatomique des parties , notamment des testicules , qui, au lieu d'etre extérieurs et d'occuper la region inguinale, siégent au sein de la cavité abdominale, ce qui oblige, pour aller les chercher, ä pratiquer une ouverture dans Ie flaue comme lorsqu'on veut extraire l'ovaire chez une femelle. Cette circonstance a même longtemps fait confondre l'opération pratiquée chez l'oiseau male avec celle recommandée sur la femelle, bien qu'entre Tune et Fautre, ainsi que nous Ie verrons ci-après, il n'y ait pas de similitude possible. Parmi les oiseaux domestiques, Ie coq est celui sur lequel on pratique Ie plus communément la castration. L'opération pour-rait aussi se faire sur les autres volaliles de basse-cour, les dindons, les oies, les canards, et produirait sur eux les mêmes effets. Mais ä cause de la grande longueur du corps chez ces derniers, circonstance qui rend les organes ä exlirper plus éloi-gnés de l'incision, plus profonds, l'opération offre plus de diffi-culté, et par cela même a des suites plus dangereuses. Aussi est-elle chez eux d'une application beaueoup plus rare que snr le coq, chez lequel nous nous bornerons ä la décrire, l'opéralion sur les aulres oiseaux se pratiquant d'ailleurs par un procédé absolument identique. — Il en est de même quant aux oiseaux femelles de ces diverses espèces, auxquels on pourra appliquer toules les considerations que nous aurons a présenter touchant la castration de la poule.
$2. — Castration du Coq.
]quot; Indications. Age, moment favorables. — La cas­tration sur le coq, comme sur les autres animaux domestiques, a pour objet essentiel de lui faire prendre plus de développement, d'augraenter son aptitude ä l'engrais, de lui donner une chair plus delicate, plus savoureuse. Le coq chatré ou chapon, en outre, se développe avec plus de rapidité en taille et en grosseur, et peut, en quelques mois, acquérir un embonpoint qui permet déja de le vendre, avec un grand benefice, pour la consommation. Enfin, dans certaines localités, on chätre encore les coqs pour les rendre aptes a couver et k conduire les poussins.
On pratique ordinairement la castration sur le coq ii l'ège de
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ANATOUIE DE l'aPPAREIL TESTICULAIRE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;497
4 ou 5 mois , au moment ou les tes(icules sont assez développés pour pouvoir être sais.is etexlirpés. Ea les opérantplus jeunes, ou pourrait nuire a leur développeraent; et ropéralion falie plus tard ne serait pas sans danger. L'opéralion doit se faire par un beau jour, un peu frais, plutöt humide que sec. On choisit de prefe­rence , ä eet effet, la fin du printemps ou Ie commencement de 1'aulomne, évitant toujours les grandes chaleurs de l'été. Si l'on se proposait de chätrer un coq déja adulle , il faudrait alten-dre la fin de l'automne , après la période du rut, durant laquelle l'opéralion serait beaucoup plus dangereuse, ä cause du volume considerable qu'acquiërent les leslicules ä celte époque de leur plus grande aclivité fonclionnelle.
Avant de procéder ä l'opéralion , on réunit sous une cage ou mue lous les jeunes coqs en élat de la subir , et on les examine afin d'épargner ceux que l'on juge pouvoir être employés avec avanlage pour la reproduction.
2deg; Disposition anatoiuiiiue de 1'appareil testicuraquo; laire.— Les leslicules, dans Ie coq et les autres oiseaux males, affectent, avons-nous dit, une position essenlieliement différente de celle qu'ils occupent chez les quadrupèdes. Ils sont silués dans la cavilé abdominale , a la region sous lombaire , au-dessous des reins et immédiatement en arrière du poumon. On ne risque pas , en ce point, de les co'nfondre avec les reins, qui, au lieu de for­mer, comme dans les mammifères, des masses globuleuses, sont conslitués par des couches aplalies , logees de chaque cólé de la colonne vertebrale , dans plusieurs fosses creusées Ie long de la face supérieure du bassin, et s'étendant depuis Ie poumon jusque dans la cavilé pelvienne. Affectant une forma irreguliere, plus ou moins aliongée, dépendante des os et des aulres parties sur les-quels ils sont appliques et se moulent, pour ainsi dire, les reins concourent, au contraire, a conslituer a la region sous-lombaire, une surface a peu pres plane ou les leslicules en saillie sont faciles a sentir sous Texlremile antérieure de ces mêmes organes.
Les testicules chez Ie coq, considérés extérieurement, correspon­dent ä 1'arliculation des deux dernières cótes avec Ia colonne verte­brale. Très-r',pprochés l'un de l'autre, ils sont en contact avec l'aorte et la veine-cave postérieure, qui les séparentdes reins, et
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498nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DU COQ.
auxquels les unissent des vaisseaux testiculaires tres-ténus. Au-dessous d'eux est tendu Ie péritoine, en dehors de la cavité duquel ils sont situés.
Dans les poulets de 3 mois, leur distance de l'anus est de 8 ä 9 centimetres, et de 6 a 7 centimetres du point de la region du flanc oü Tincision doit être faite pour opérer la castration.
D'une forme ovoïde réguliers, les testicules présentent un volume assez variable; généralement tres-petits chez les jeunes poulets, ils se développent considérablement ä l'époque du rut.
3deg; Manuel de I'opération. — Le chaponnage se fait tou-jours le matin , sur l'animal a jeün. On se munil dun bistouri ou de ciseaux bien tranchants, et d'une forte aiguille enfilée d'un fil ciré. Un aide tient sur les genoux de l'opéraleur le jeune poulet couché sur le dos, la tête en bas, le ventre relevé , afin que les viscères , refoulés vers le thorax, soient moins exposes ä être blesses par l'instrument tranchant. Le croupion est tourné vers l'opérateur ; Tune des deux cuisses est mainlenue centre le corps; l'autre, correspondant au flanc sur lequel on doit faire l'incision, est portee en arrière pour découvrir cette region. Dans certaines localités, et notamment dans le Midi, on se passe d'aide pour chaponner. L'opérateur tient lui-même le poulet sous le bras gauche, avec les pattes en l'air dans la main gauche, tandis que la droite procédé ä Vextraction des testicules.
L'incision se fait indistinctement a droite ou a gauche. Dans le flanc droit, le doigt a l'avantage de n'être pas ensuite gêne par la presence du gésier; mais ä gauche, quand on se sert de la main droite, le doigt est dans une position plus commode. L'incision est dirigée obliquement de dedans en dehors et d'avant en arrière, dans le milieu du flanc, depuis le bord postérieur et un peu en dessous de la pointe du sternum, jusqu'ä l'anus, sur une lon­gueur d'environ 4 centimetres. On pourrait aussi la faire dans la \igne médiane; mais on s'éloignerait ainsi davantage de la region sous-lombaire oü sont situés les testicules, et Ton aurait moins de facilité pour aller ensuite saisir ceux-ci avec le doigt.
Avant de faire cette incision, on arrache les plumes dans une certaine étendue, afin de raellre la peau a nu, e' on les chasse au loin , en évitant qu'elies adherent aux doigts et surtout qu'elles
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MANUEL DE l'OPÉRATION.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;499
pénetrent dans l'abdomen. Après quoi on fait ä la peau un pli lon­gitudinal , que Ton incise dans la direction indiquée. La peau divisée, on soulève avec une érigne les muscles très-minces qui ferment la paroi abdominale, et on les coupe avec les ciseaux ou Ie bistouri. On arrive ainsi au péritoine, qu'il faut, avant de Ie ponctionner, soulever avec des pinces pour éviter d'intéresser les intestins. Ceux-ci se présentent aussitót a l'ouverture; mais on les retient, et l'on introduit, dans l'abdomen, l'index de la main droite huilé, en poussant en avant la masse intestinale.
Ge doigt est dirigé ä la region sous-lombaire, au point d'arti-culation des deux dernières cótes , endroit ou se trouvent les deux testicules très-rapprochés l'un de l'autre, et formant saillie sous la colonne vertebrale , oü on les reconnait facilement au toucher. Ils forment deux corps ä surface lisse, du volume d'un petit haricot, et peu adherents. Avec l'ongle du doigt demi-fléchi, on rompt les attaches, formées par un mince repli peritoneal et par les petits vaisseaux qui se rendent ä l'organe, du testicule qui se présente d'abord; puis on amène celui-ci vers l'ouverture pra-tiquée a la paroi abdominale et par laquelle on Ie fait sortir. Cela fait, on introduit de nouveau l'iüdex pour aller a la recherche du second testicule, que l'on détache et que l'on extrait de la même maniere.
Souvent il arrive , pendant cette manipulation , que l'un des testicules, quelquefois les deux, s'échappent avant d'etre extraits, et restent perdus au milieu de la masse intestinale, oü il est im­possible de les retrouver. Cela n'offre pas en general d'inconvé-nient, et n'influe en rien sur les suites de l'opération si l'organe a été bien détaché. Le testicule isolé se greffe dans un point quel-conque de la paroi abdominale, et finit par être entièrement résorbé. Cependant, autant qu'on le peut, il vaut mieux le retirer de l'abdomen avant de fermer la plaie.
Ces temps divers de l'opération s'exécutent plus aisément lorsque l'opérateur tient le poulet sous le bras gauche. Ainsi Faction du doigt qui cherche ä produire l'avulsion du testicule et a l'entratner vers la plaie quand il est détaché, est singulièrement aidée par la facilité que l'on a de mettre le corps toujours dans la position qui convient le mieux, de I'incliner a volonté. De plus, les mouve-
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500nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DU COQ.
ments du jeune poulet sont de la sorte beaucoup mieux maltrisés.
Les teslicules enlevés, la plaie lavée avec un peu d'eau-de-vie étendue d'eau, on rapproche les levres de celle-ci, et on les main-tient en contact par quelques points d'une suture en surjet (v. fig. 86), que Ton pratique en ayant soin de soulever la peau, afin dene pas traverser avec la fil quelque anseintestinale, ce qui déterminerait des accidents mortels. La reunion se fait par pre­miere intention, et, au bout de quelques jours , la cicatrisation est achevée. La plaie ä ce moment resle encore entourée d'une teinte ecchymolique rouge, violette etjaune verdatre, qui disparalt plus tard, et dont il n'y a pas lieu dès-lors de se préoccuper. Parfois on élend, sur la suture, de l'huile et de la eendre, peut-être dans Ie but d'éloigner les mouches. C'est la une pratique nui-sible, qui empêche la reunion immediate de la solution de con-tinuité, et dont on devra en consequence s'abstenir.
Lorsque dans l'opéralion du chaponnage on laisse un des testi-cules, adhérant en lotalité ou en partie, cela suffit pour que le coq conserve un peu de voix et pour qu'il coche encore les poules. On le nomme alors cocälre. II n'est ni chapon , ni coq, ne s'en-graisse pas aussi bien que le chapon ordinaire, at n'a pas, par suite, la memo valeur.
4deg; Soins consécutifs. — L'opération terminée , les jeunes poulets sont replaces sous une mue, dans un lieu paisible oü règne una temperature douce , et oü ils sont, en outre, ä l'abri des at­taques des autres oiseaux de la basse-cour, qui les meltraient dans la nécessité, pour se défendre, de se livrar èdes efforts nuisibles ä leur guérison. On peut aussi les renfermer dans la petite cour du poulailler des couveuses, oü les mères, occupées de laurs pous-sins, nasongeront pas älestourmenter. Dans lous les cas, lesjeu­nes chaponsdoivent coucher ä terre, sur de la paille fraiche; il ne leur faut pas da perchoir, afin de ne pas provoquer des efforts pour jucher qui retarderaient la cicatrisation de la plaie.
Ainsi placées, les jeunes bêtes sont laissées vingf-quatre heures sans autre nourriture qu'un peu de mie do pain trempée dans du vin. On les nourrit ensuite pendant quelques jours avec de la farine et du son délayés dans un peu d'eau; et après on les rend a la liberlé. 11 convient de pas les tenir trop longtemps écartés de la
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SOINS CONSÉGUTIFS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 301
basse-cour, car les coqs ne voudraient plus les reconnaltre, et il leur faudrait soutenir pour s'installer des combats qu'on doit éviter Ie plus possible. Quand Ie moment sera venu de les engraisser, on devra, toutefois, les séqueslrer de nouveau, seul moyen d'empê-cher tout-ä-fait qu'ils soient maltraités par les poules et les coqs, qui ont toujours pour les chapons une extreme aversion, l'expé-rience d'ailleurs ayant démontré que l'engraissement des poulets est impossible quand ils restent en liberlé.
La plaie, quand l'opéralion est bien faite , ne reclame pas ordi-nairementde soins parliculiers. Mais quelquefois, au lieu de se réu-nir immédiatetnent par première intention, eile prend un caractère inflammaloire; quand cela arrive , Ie chapon, Ie lendemain ou les jours qui suivent la castration, paralt languissant. Il faut alors Ie prendre , laver la plaie avec de l'eau tiède et une petite éponge ou un linge fin, puisla frotter une ou deux fois avec de la pom­made campbrée. Si I'lnteslin se trouvait offensé, il n'y aurait rien a faire, Ie sujet ne tardant pas a périr. Quand un semblable accident arrive, au lieu d'attendre cette terminaison inevitable, mieuxvaut Ie saigner de suite , pour pouvoir encore en profiter. C'est egale-ment ce qu'on doit faire quand Ie sujet, soit parce qu'il est plus difficile ä opérer, soit parce que l'opéralion est moins bien faite, meurt presqu'aussitót après Ia castration; en Ie saignant alors, il est encore très-bon a manger. Nous en dirons autant pour Ie cas ou l'on aurait quelque autre raison de redouter les suites de l'ope-ration. Ainsi on a remarquó que ces suites sont ordinairement heureuses chez Ie poulet qui se met a courir aussitót qu'il est chaponné, tandis qu'elles sont a craindre chez celui qui se couche. De sorte que, lorsque cette dernière circonstance se présente, il peut être plus avantageux de sacrifier Ie jeune poulet que de Ie garder.
Après qu'on a enlevé les testicules aux jeunes coqs, on est géné-ralement dans l'usage, afin de leur imprimer un cachet particu­lier et de les reconnaltre plus facilement au milieu des autres, d'exciser la crête au ras de la tête, et, parfois, en outre, les barbillons ou caroncules de la mächoire inférieure. On pourrait, s'il ne s'agissait que de les marquer d'un signe distinctif, épargner aux animaux une douleur inutile en leur coupant les plumes de
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502nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DU COQ.
la queue ä trois centimetres du croupion, ce qui suffirait pour les rendre longlemps reconnaissables; alors il faudrait avoir soin de couper la crête aux chapons des qu'on les aurait tués, ear on vendrait mal ceux qui I'auraient encore. Mais l'absence de la crête, par suite de l'habitude prise, n'est pas seulement une condition nécessaire de vente, eile est une des nécessités de cette industrie, car les crêtes sont vendues ä part, et constituent un des produits de l'exploitation. Et comme la crête, d'ailleurs, après la castration, se flétril, se décolore et tombe d'une maniere dis-gracieuse sur Ie cöté de la tête, son excision ne privé pas Ie cha-pon d'un ornement réel.
Dans certaines localités, on a l'habitude, après qu'on a excise la crête du jeune coq, d'implanter sur la tête un ou deux des éperons ou ergots des pattes de l'animal. Pour cette operation, on amputel'ergotau ras de son insertion; puis, faisanl tenir la tête par un aide, on place l'ergot, qui est de la grosseur d'un grain de chenevis, dans Ie vide formé par la duplicature de la crête, et d'autant plus grand qu'on a coupé celle-ci plus pres: on main-tien l'ergot par une suture qui serre les deux lèvres de la crête, et pour éviter que l'animal ne dérange les parties avant qu'elles soient agglutinées, on lui attache pendant quelques heures les pattes aux ailes. Au bout de quinze jours ou trois semaines, l'er­got, ainsi greffé, a contracté une union parfaite, et prend un accroissement quelquefois considerable. Duhamel, Ie premier au­teur qui ait parlé de cette implantation de l'ergot sur la tête, dit qu'en 4 ou 5 mois il acquiert un demi-pouce (14 millimetres) de longueur, et qu'il en a vus, au bout de 3 ou 4 ans, avoir plus de 4 pouces (11 a 12 centimetres)'. De son cóté, Valm. de Bomare cite un auteur qui en avait vu un de 9 pouces (25 centimetres) 2. En general cependant, la longueur de l'ergot greffé ne dépasse pas un on deux centimetres.
Cette operation, qui fait donner a l'animal qui en est l'objet, Ie nom de chapon ou coq cornu, n'a d'autre utilité que de lui créer un signe distinctif de plus. Suivant M. Mariot-Didieux (loc.
i Duhamel, Mém. de l'Äcad. roy. des Sciences. 1746. * Vaim. de Bomare, Diet, d'hist. nat. cit., t. II, p. 660.
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GASTRATION DE LA POULE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 503
cit.), dans certaines contrées, comme en Flandre, en Artois, et même parmi les Maures d'Afrique, l'usage serait assez répandu d'implanter, dans Ie même but, au lieu de l'ergot, sur la téte du chapon, une alle de serin. Cette greffe, ajoute-t-il, rcussit aussi bien que celle de l'ergot.
$3. — Castration de Ia poule.
La plupart des auteurs qui trailent de la castration du coq mentionnent, en même temps, la castration de la poule, qu'ils présentent comme une operation a peu pres idenlique et tendant au même but, savoir, ä faire des poulardes qui seraient, dit-on, aux poules ce que les chapons sont aux coqs. L'opération a passé longtemps pour aussi ancieanement connue que celle du coq 1, et cette opinion, il y a peu d'années encore, était ä peu pres générale, lorsqu'une observation plus attentive des fails a permis de s'assu-rer que la castration chez la poule n'avait jamais été véritablement pratiquée, et que Ie plus souvant on avail confondu cette operation avec l'engraissement, pur et simple, de la poule ayant conserve d'ailleurs tous ses organes reproducteurs.
Il suffit, au surplus, deparcourir dans les ouvrages spéciaux, les descriptions sommaires qui ont élé données de la castration de la poule, pour reconnaitre combien autrefois les notions que l'on possédait sur cette operation étaient incorapletes ou inexactes. Ainsi, sans remonter jusqu'aux anciens, dontles écrits, sur ce point, ont été plus ou moins fidèlement interprétés, citons Olivier de
lt; Tous les auteurs modernes qui ont parlé de la castration de Ia poule ont répété, les uns après les autres, que les Bomains défendaient cette operation en vue, ajoule-t-on, de favoriser la production des laquo;eufs. Cette prétendue defense se reduit a un article d'un reglement somptuaire rendu par Ie consul C. Fannius, en l'an de Rome S93, oü il est dit qu'on ne doit pas servir sur une table, en fait de volaille, plus d'une poule, et encore une poule non engraissée, qua non esset altilis; article, comme Ie dit Pline (X, 71, 1), qui s'est ensuite promené dans toutes les lois, per omnes leges ambulavit. Cc qui n'a pas empê-ché l'engraissement de Ia volaille d'etre pratique ä Rome sur une large écbelle et avec des raffinements que nous n'avons pas atteints.
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504nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; CASTRATION DE LA POULE.
Serres, qui confonden ces lermes, dans une description unique, la castration de la poule avec celle du coq; laquo; cela se faict, dit-il, par incision, en leuroslant certaine pellicule, ä quoi les moindres ménagères sont entendues (V* lieu, chap. 2).raquo;Il ajoute que cette ope­ration les rend fécondes en ceufs, mais que ceux-ci laquo; demeurent impropres a esclorre,raquo; — ce qui demon tre bien qu'il ne s'agit pas la d'une veritable castration, après laquelle une poule ne pourrait plus pondre.
A une époque plus rapprochée de nous, l'abbé Rozier et quel-ques autres auteurs après lui, partant d'un principe d'analogie rationnel en apparence, mais non fondé en fait, pretendent que la castration des poules consiste dans l'extirpation des ovaires, mais sans donner toulefois aucun détail sur Ie manuel de cette operation, ce qui autorise a croire que ni les uns, ni les autres ne l'avaient faite ni vu faire. Néanmoins, Parmentier et Huzard, dans les notes fournies par ces auteurs a la dernière edition d'Olivier de Serres (1804), indiquent, póur la castration de la poule, deux procédés consislant. Tun ä enlever l'ovaire, l'autre ä faire une incision dont la cicatrice, en obslruant l'oviducte, empêche ainsi les ceufs de se former et de descendre.
H. d'Arboval, a son tour, parle de deux procédés; il raentionne, non-seulement rincision , mais encore l'extirpation de l'oviducte, qui se montre, dit-il, vers les lombes, et qu'on extrait comme les testicules chez Ie coq. Il donne en même temps la description de ce qu'il appelle et de ce qu'on croyait généralement être jus-qu'alors l'extirpation de l'ovaire, operation qu'ont encore décrite d'autres auteurs, notamment Ie rédacteur de la Maison rustique du XIXe siècle 1, et M. Dillon (de Rennes), qui l'a fait connattre avec Ie plus de détail, dans une communication particuliere adressée a M. H. Rouley, et publiée par ce dernier2. Voici en quoi consiste cette operation, parfaitement inconnue dans Ie Midi, mais encore en usage, paratt-il, dans quelques départements du nord de la France.
La poule étant tenue par un aide, renversée, Ie ventre en dessus,
' Mais. Bustiq. duXIX'siècle. Paris, 1837, p. 386. ï iVouu. diet, cilé, t. III, p. 286.
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CASTRATION DE LA POÜLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 505
la queue rabattue sur Ie dos, de maniere k présenter la parlie postérieure du corps a l'opérateur, celui-ci commence par arracher les plumes qui se trouvent sous Ie croupion, entre celte par tie et l'anus; puis avec un instrument tranchant, soit une paire de ciseaux fins, il fait en ce point, ä la partie médiane et ä un demi-centimètre au-dessus de l'anus, une incision transversale, qu'il prolonge ä chaque extrémité par une petite incision perpen­diculaire, d'oü résulte un lambeau cutaué qu'il dissèque en Ie relevant vers Ie croupion. Après quoi, avec la pointe d'un ins­trument aigu quelconque, il dilacère les tissus mis a nu, jusqu'a ce qu'il soit arrive a un petit corps arrondi, qu'il saisit avec une pince et extrait de la plaie, après avoir rompu ses adhérences par la torsion. Il rabat ensuite la peau, et la fixe par quelques points de suture.
La plus légere attention suffit pour faire reconnattre qu'une semblabie operation ne saurait êlre considérée comme une verita­ble castration, attendu que l'organe extrait de la sorte n'est pas du tout l'ovaire, comme on l'a dit par la plus étrange inad-vertance, mais simplement un petit corps glanduleux, analogue aux follicules muqueux, et connu sous Ie nom de bourse de Fabricius. Cette glande, qui se trouve dans les deux sexes, n'a aucun rapport avec les organes de la generation; eile parait avoir pour usage de sécréler un fluide destine ä lubrifier lesparois du cloaque; de sorte que son extirpation, qui ne peut jamais s'exécuter d'une maniere fort nette, vu l'union intime de l'or­gane avec les tissus voisins, n'a d'autre résullat que de priver l'animal d'un appareit utile a la fonclion du cloaque, sans modifier en aucune facon les facullés generatrices du sujet. Cette operation est done de tons points irrationnelle et sans ulilité, et il y a lieu de penser que non-seulement eile ne sera plus considérée comme une castration, mais encore qu'elle disparattra lout-a-fait de la pratique. C'est aux vétérinaires surtout qu'il appar-tient d'éclairer les eultivateurs ä eet égard, afin de les engager ä rejeter au plus tot cetle inutile mutilation.
Une erreur, plus incomprehensible encore, ä l'égard de la cas­tration de la poule, a été commise par M. Mariot-Didieux, dans un mémoire qui recut, lors de son apparition, une assez grande
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006nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA POULE.
publicité1, et qui fut 1'objet, au sein de la Société centrale de Médecine vétérinaire, d'une rectification complete dont M. Gou-baux se fit I'organe2. Dans ce travail, partant des données fournies par ses prédécesseurs, M. Mariot-Didieux répète, comme Parmen-tier et Hazard, comme H. d'Arboval, que la castration des poules se fait de deux manières: par l'enlèvement des ovaires et par l'extirpation de l'oviducte.
Décrivant ensuite Ie premier de ces deux procédés, ilindique comme devant être extirpé, non plus la bourse de Fabricius, mais laquo; deux petits corps ronds, places en dehors de la cavité abdominale, sur Ie croupion, accolés Tun a l'autre, formés d'un tissu fibreux, jaunätre, assez dur, au centre de chacun desquels existe une cavilé dont les parois sont lisses et sécrè-tent ou contiennent une petite quantité d'une liqueur jaunätre, huileuse. raquo;
Ces deux corps, que M. Mariot-Didieux a pris pour les ovaires, bien qu'ils existent sur Ie coq comme sur la poule, et qu'il con-seille d'extirper pour opérer la castration, sont simplement les glandes uropygiennes ( de uropygium, croupion ), destinées ä sécréter une substance huileuse que les oiseaux expriment avec leur bee pour lustrer leurs plumes, et qui n'ont aucune relation avec l'appareil sexuel. Gette operation singuliere n'est évidemment qu'une variante de la laquo; castration raquo; par extirpation de la bourse de Fabricius, plus anciennement en usage et de laquelle, peut-être, ne la connaissant que d'une maniere imparfaite, l'auteur a cru parier, quand il a songé a décrire la castration de la poule. Quoi qu'il en soit, les deux methodes se valent, et témoignent également l'une et l'autre des étranges erreurs auxquelles peut entratner l'oubli des notions anatomiques les plus élémentaires.
M. Prangé pense néanmoins 3 que l'ahlation des glandes uropy­giennes, en détournant de leur but physiologique les matières grasses qu'elles sécrètent, et qui se reportent alors sur toutes les
i Buil. de la Soc. vét. de la Marne; — Ann. des Haras et de l'Ägr., 1847, p. 667; — Moniteur agricole, 1880, p. 616. ï Bec. dt Méd. vét. (Bull, de la Soc. cent. — S. du 12 dec. 18ÜO), 1831, p. 71. 3 Ibid., 18S0, p. 129 ; — Les poules bonnes pondemes. Paris, 1852, p. 37.
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CASTRATION DE LA POÜLE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 507
autres parties du corps, doit favoriser l'engraissement. Mais le fait n'ayant pas été démontré par rexpérience, il conclut cepen-dant ä Finulilité de l'opératioii.
Quant au second procédé de castration de la poule, par extir­pation de l'oviducte, organe compare par M. Mariot-Didieux a l'utérus des autres femelles, eet auteur conseille de la pratiquer en faisant d'abord une incision dans le flanc gauche, comme pour extraire les testicules du coq, puis en soulevant Toviducte avec le doigt, ou, sil'animal est jeune, avec une sonde, que l'on fait passer par le cloaque, que M. Mariot-Didieux nomme laquo; l'ouraque; raquo; et enfin de fermer la plaie par quelques points de suture.
Par cemoyen, on met obstacle a la ponte des oeufs, mais on n'opère nullement une veritable castration, puisqu'on n'attaque pas l'ovaire, seul organe essentiel des instincts générateurs.
En résumé, on le voit par ce qui precede, malgré tout ce qu'on a dit et écrit depuis longtemps sur la castration de la poule, il est extrêmement probable que cette operation n'a jamais été réellement mise en pratique, et que Ton a pris pour teile une mutilation insignifiante, sans influence possible sur l'engraisse­ment. Et de fait, ne sait-on pas que cette mutilation elle-même est inconnue précisément dans les localités oh l'industrie des pou­lardes est portee a son plus haut degré de perfection, ä La Flèche, au Mans et dans la Bresse, qui livrent chaque année ä la consom-mation une immense quantité de ces fines volailles grasses si esti-mées des gourmets? Cela prouve que la castration est au moins inutile pour l'engraissement de la poule, et explique, en même temps, le succes apparent de l'opération jusqu'alors considérée comme teile.
Ce n'est pas que la castration, chez la poule, soit impossible. On pourrait, en effet, comme sur les autres femelles, y procéder par l'extraction de l'ovaire. On se rappellera, a eet effet, que eet organe, chez les oiseaux femelles de basse-cour, est unique, existe du cóté gauche seulement, celui du cólé droit étant tout-ä-fait rudimentaire, et se trouve constitué par un paquet ou grappe d'ovules de différentes grandeurs, situé sous la colonne vertebrale, centre la partie la plus avancée des reins. Get ovaire, quand la poule arrive a l'äge de la ponte, acquiert, par l'accroissement
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508nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DE LA POULE.
successif et considerable des ovules, un grand volume qui de-vient alors un obstacle presque insurmontable pour la castration. A ce moment, dit Mquot;16 Millet-Robinet, laquo;l'opéralion est sans deute praticable; mais eile est tellement difficile, que je n'ai jamais réussi ä Ia pratiquer avee succes, même sur des poules chloroformées et qui ne pouvaient faire aucune resistance gênante lt;; raquo; C'est pourquoi, comme Ie dit de son cóté M. H. Bouley, celte ope­ration ne peut avoir quelque chance de réussi te que si eile est tentée sur les poulettes de trois a qualre mois; laquo; car si on vou-lait Ia faire a una époque plus avancée de la vie, on serait oblige ä des délabrements intérieurs considerables, proportionnels au développement actuel de I'appareil ovarien... Mais cette operation, ajoute Ie même auteur, n'est pasutile; car I'expérience démontre que, sans faire courir aux animaux les dangers des délabrements qu'elle entraine, on peul facilement éteindre en eux l'orgasme génital et porter leur embonpoint aux limites les plus extremes2. raquo; II suffit, peur cela, ainsi qu'oa Ie pratique dans les pays oü I'on se livre ä I'industrie des poulardes, d'isoler les poules, de les condaraner ä une immobililé presque complete, dans des endroits obscurs et chauds, et de les gorger d'aliments farineux qui favo-risent Ie développement de la graisse, d'autant plus aiséraent que Ia faiblesse de l'instinct générateur cbez ces animaux, laisse Ia fonction nutritive profiter exclusivement des substances alimen-taires ingérées.
' Maison Bustiq. des dames, te édit. Paris, 1859, t. Il, p. 487. 2 iVour. Diet, deméd. et de chirurg, vét. cit., t. III, p. 287.
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CHAP1TRE II. Castration des Poissons.
Les effets produits par la castration sur les divers animaux domestiques ontdü faire naitre la pensee de l'appliquer, dans des vues identiques, aux espèces entretenues dans nos viviers. Gelte idéé, toulefois, neremonte pas très-haut; et rienn'indique qu'elle doive être attribuée, comme on l'a avance, ä la sensualilé ro-maine, a laquelle, ä plus juste litre, on reprochera toujours la vie des nombreux esclaves livrés aux murènes ! La première no­tion relative ä la castration des poissons se trouve dans une lettre adressée, au mois de décembre 1741, par M. Hans Sloane, pré­sident de la Société royale de Londres, ä M. Geoffroi, de l'Acadé-mie des Sciences de Paris 1, et oü il lui annonce qu'un nommé Samuel Tuil, fabricant de filets et marchand de poissons, l'était venu voir pour lui communiquer Ie secret qu'il avait trouvé de chätrer Ie poisson et de l'engraisser par ce moyen, prétendant lui donner ainsi une qualité de chair bien supérieure.
La singularité du fait ayant excité la curiosité de M. Sloane, on apporla hult carruchéens, espèce de petites carpes apportées depuis peu de Hambourg en Angleterre, et Samuel Tuil, dit l'auteur de la lettre, fit l'opération laquo; en ouvrant l'ovaire,raquo; eten remplissant la plaie avec un morceau de chapeau noir.
Après eet essai, dont les journaux d'alors rendirent compte, l'opération se répandit peu a peu en Angleterre, et devint, quel-ques années après, 1'objel d'une nouvelle communication adressée par M. Guill. Watson a la Société royale de Londres 2. La castra­tion des poissons ne paralt pas, toutefois, avoir survécu ä son in-venteur, car il n'en est ensuite plus question dans les auteurs d'une époque plus récente. Aussi pouvait-on la considérer comme tout-ä-fait oubliée, lorsqu'elle fut de nouveau préconisée, il y a quelques
' Mémoires de VAcadémie des Sciences; année 1742.
ä Philosoph. Transact. Londres, 1734. t. XLVIII, 2laquo;panic.
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510nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES POISSONS.
années, par M. Mariot-Didieux ', dont plusieurs publications périodiques ont reproduit le travail. Puis on s'est tü de nouveau sur cette operation, qui ne parait pas de nature a se vulgariser, sur-tout a cause du danger que ferait courir aux poissons I'extirpation des organes générateurs. — Ces organes, entièrement situés dans l'intérieur de la cavité abdominale, offrent la plus grande ressem-blance chez le male et chez la femelle. Les testicules du male, plus développés au moment du frai qu'ä toute autre époque, cons­tituent deux énormes glandes, de couleur blanche, de forme peu reguliere, et qui recoivent coramunément le nom de laite on laitance. Quant aux ovaires de la femelle, ils sont formés par deux sacs ä peu pres correspondants aux laites, pour la forme et la grandeur, situés le long de la region dorsale, de chaque cólé de la vessie natatoire, et dans les replis internes desquels sont loges les oeufs.
Cette description sommaire de l'appareil reproducteur des pois­sons suffira pour faire apprécier la difficulté que doit présenter la pratique de la castration chez ces animaux. Nous transcrirons ici, néanmoins, ne füt-ce qu'a titre de document appartenant a l'bis-toire de la question qui fait l'objet de ce livre, ce qu'ont dit, de cette operation, les auteurs que nous avons cités plus haut
Applicable seulement aux poissons osseux, acantoplérygiens et malacoptérygiens, ou poissons proprement dits, tels que carpes, perches, traites, etc., la castration fut employee d'abord par Sa­muel Tuil, comme moyen d'empècher, dans quelques-uns de ses élangs, leur multiplication excessive, qui nuisait ä leur dévelop-pement. 11 observa alors que les poissons qui avaient subi l'opé-ration grossissaient et s'engraissaient bien plus qu'ä l'ordinaire, et, ce qui n'était pas un petit avantage, se trouvaient toujours de saison.
Quanta M. Mariot-Didieux, raisonnant par analogie, il poseen principe que la castration, sur les poissons, doit présenter les mêmes avantages que sur les autres espèces, sous le rapport multiple de la qualité de la chair, du développement du corps et de l'aptitude ä l'engraissement; supprime, en outre, l'agilation excessive ä laquelle sont en proie ces animaux pendant la durée du frai et
i Moniteur agricole, 1880, p. 497.
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CASTRATION DES POISSOKS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;511
qui les fait beaucoup maigrir, et leur procure ainsi un repos en tout favorable ä leur bon entretien.
D'après Samuel Tuil, on peut chètrer les poissons mèles et femelles, et Ie faire en tout temps ; la saison la moins favorable, toutefois, est celle qui succède immédiatement ä l'époque du frai, Ie poisson étant alors trop faible et trop épuisé pour supporter Topération. Cette époque varie suivant les espèces; les truites, par exemple, sont pleines vers Noël, les perches en février, les brochets en mars, les carpes et les tanches en mai, sauf les diffe­rences que Ie climat et la situation peuvent entratner. Le meilleur temps, dit-il, est quelques semaines après le frai, lorsque l'ovaire de la femelle est rempli d'ceufs, et la laite du male remplie de matière séminale, parce qu'alors, sans doute, les organes sont plus faciles a distinguer et ä saisir.
Pour faire l'opération, il faut tenir le poisson dans un linge mouillé, le ventre en dessus. Ensuite, avec un canif affilé, ä tran-chant concave, ou quelque autre instrument fait expres, on incise les teguments du ventre en évitant avec soin de blesser les intes-tins. Des qu'on a fait une petite ouverture, on y introduit le canif avec lequel on prolonge cette ouverture depuis les deux nageoires antérieures jusqu'a l'anus. Gela fait, au moyen de deux petites érignes boutonnées , on fait tenir, par un aide, les lèvres de la plaie écartées, et on repousse en même temps l'intestin de cóté avec une cuiller ou une spatule.
On apercoit alors laquo; l'uretère (?), qui est un petit vaisseau, pres-laquo; que dans la direclion de l'épine, et en même temps l'ovaire, laquo; qui forme un vaisseau plus gros , parait au-devant, plus pres laquo; des parois abdominales. laquo; On soulève eet ovaire avec une autre érigne boutonnée, et l'ayant suffisamment détaché, on le coupe transversalement avec une paire de ciseaux bien tranchants, en observant toujours de ne point offenser les intestins.
Quand on a divisé ainsi i'un des ovaires, il faut procéder ä la même operation sur l'autre; après on réunit les bords de la plaie abdominale par une suture pratiquée avec de la soie, et dont les points seront assez rapprochés les uns des autres.
Pour prévenir la reunion des ovaires coupes, ce qui rendrait l'opération inutile, S. Tuil a essayé même d'en extirper une partie, et cela, ajoule-t-il, n'a pas empêché l'animal de vivre.
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512nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES POISSOSS.
L'opération faite, S. Tuil les metlait dans l'eau oh il se propo-sait de les garder, sans prendre, ä leur égard, aucune precaution particuliere, prétendanl que, pour peu qu'on y fasse attention, il meurt très-peu de poissons de cette operation, lorsqu'elle est faite comme il est dit ci-dessus. Au lieu d'ouvrir Ie poisson par Ie ven-tre, il l'ouvrail d'abord par les cótes, il en perdait ainsi beau-coup, parce qu'il blessait les inteslins et souvent coupait les uretères.
Teile est l'opération de Samuel Tuil, dont nous avons simple-ment transcril la description, et dont Ie langage ne paraltra peut-être pas d'une extreme rigueur anatomique. Ainsi nous n'avons pu determiner quel est précisóraent l'organe qu'il nomme Furelère et qui n'est, sans doute, aulre chose que la vessie nalatoire, ä moins que ce ne soil l'intestin. II est a remarquer, en outre, que l'auteur parle seulement de la division de l'ovaire, c'est-ä-dire de la castra­tion des poissons fomelles. Probablement, bien qu'il ne Ie dise pas, il devait procóder de même chez Ie male, en faisant subir aux testicules une mutilation analogue ä celle qu'il indique pour les organes femelles. Dans lous les cas, on concoit qu'il nous est im­possible de garantir l'efficacité de celte operation, qu'on ne peut considérer comme une veritable castration, et dont les effets signalés sur les poissons sont dus peut-êlre ä des circonstances, indépendantes de la privation des organes reproducteurs, qui échappent actuellement a noire appreciation.
Voici maintenant Ie procédé indiqué par M. Mariot-Didieux.
On se place, pour opérer, prés d'un étang ou d'un réservoir, les poissons élant mis d'avance dans un baquet rempli d'eau. Un aide tient Ie poisson sur Ie dos, en Ie prenant par les deux extré-raités. L'opérateur commence par enlever, sur Ie cóté gauche de la béte, une rangée d'écailles, partant de 1 centimetre environ de l'anus, et se terminant entre Ia nageoire ventrale et la nageoire pectorale du même cóté; c'est sur celte partie ainsi écaillée qu'on doit faire ensuile 1'incision.
Celle-ci se pratique a l'aide du bistouri convexe, qu'on fait agir avec precaution, la peau étant très-mince en eet endroit. Pour plus de sürelé, et afin surtout d'éviter de blesser Ie foie qui don-nerait du sang noir pouvant gêner l'opérateur, on n'incise d'abord
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CASTRATION DES POISSOSS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Öl 3
que la tnoilie de 1'épaisscur du dermc, nprès quoi on soulèvc la peau avec une érignc, ce qui forme, au-dessous, un vide permellant de completer l'incision sans danger. Une première ouverture élant faite, au moyen d'un bistouri droit guide par une sonde cannelée, préalableraent inlroduite, on achève l'incision , que l'on dirige latéralemcnt entre la ligne módiane et les extrémités des arêtes.
Cette incision achevée, on y introduit une érigne plate, qu'on passe doucement derrière l'exlrémité postérieure de la laite du male ou de l'ovairc de la femelle; ensuite on fait arriver Vindex droit huilé derrière la courbure de l'érigne, et on tire au dehors l'instrument, pendant qu'on glisse Ie même doigt en avant, en lon-geant les cotes ou arotes, jusqu'a ce qu'on sente l'exlrémité anlé-rieure des ovaires. Chez Ie male, la laitance est assez facile a dé-gager et a extraire; mais chez la femelle, Ie sac membraneux peritoneal est très-mince et très-facile a déchirer. Les oeufs en s'épanchant se collent aux parois de Tabdomen , aux intestins, a la vessie natatoire, et peuvent donner lieu a une périlonite. En prenant les precautions convcnables, on évite cette déchirure. Si eile avait lieu, on entrainerait, d'ailleurs, facilement au dehors les ceufs épanches dans l'abdomen au moven de quelques injec­tions d'eau fratche.
Bien que la laitance, chez Ie mAle, ainsi que les ovaires chez la femelle, forment deux lobes situés latéralement et séparés par les intestins et Ie foie, une seule incision suffit pour les extraire. Après avoir cnlevé un des lobes, on attire la masse intestinale de ce coté, et on découvre aussitót Ie lobe oppose qu'on extirpe de la même maniere.
Après s'ótre assure une dernière fois qu'il ne reste aucune par-celle des organes a extraire, on ferme la plaie par une suture en surjet, a points assez rapprochés et serres. L'aiguille ne doit pas traverser touto l'épaisseur de la paroi abdominale, et cela afin que Ie fil ne touche pas la membrane péritonéale. On graisse ensuite la plaie avec de la pommade camphrée, et on remet Ie poisson dans l'eau; cette operation dure six ä sept minutes au plus. Pour marquer lespoissonschatrés, on peut leur faire è la queue plu-sieurs ouvertures a l'emporle-pièce.
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514nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;CASTRATION DES POISSONS.
Tel est Ie procédé décrit par M. Mariol-Didieux. Cette operation est sans aucun doute plus efficace que celle de S. Tuil, qui se bornait a la simple division, sans extirpation, de l'ovaire. Mais l'étendue de la plaie, Ie délabrement considerable qu'entratne cette castration complete, sont de nature, en raison des suites graves qui en seraient la consequence, a empêcher I'adoption d'une mutilation sernbiable, dont les chances föcheuses, augmen-tées par Ie séjour dans l'eau des animaux opérés, ne seraient pas compensées par les avantages douteux qu'on pourrait en retirer. Et comme il n'est pas d'autre moyen, en definitive, de priver ces animaux de la facultó reproductrice, il est permis d'en conclure que jamais la castration des poissons ne complera parmi les cou-lumes usuelles de l'économie domestique.
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NOTE ADDITIONNELLE.
#9632;quot;^ 'laquo; castration dans 1'espèce humalne.
1.
La castration, bien que particulièrement réservée aus animaus, p^.4 aussi être pratiquée chez Thomme. Mais eile n'est, chez lui, vraiment nécessaire que dans des circonslances toujours exceptionnelles, lors-qu'il s'agil, par exemple, d'altaquer è leur siége certaines affections du teslicule, rebelles ä tout autre moyen Ihérapeutique. Hors ce cas spé­cial el determine, la castration de rhomme constilue, sans exception, une pratique coupable, que I'liumanite, nos lois et nos moeurs réprou-vent également.
Les maladies qui réclament Femploi de la castration sont d'ailleurs, elles-mèmes, en très-petit nombre. Ainsi, bien que l'opération ail élé conseillée pour des cas assez varies, eile n'est indiquée véritablemenl que lorsqu'il y a une dégénérescence cancéreuse de l'organe, affection connue sous Ie nom de sarcocèle. El comme alors il suffil d'araputer la partie malade, si l'un seul des testicules esl atteint, il esl possible en­core, en conservant l'aulre, ce qui constitue une castration incomplete ou demi-castration, de laisser au sujet la faculté de se reproduire. Enfin, si l'on considère que la recidive de l'affeclion cancéreuse esl presque inevitable , au point de rendre fort douteuse l'utilité de l'opéra-lion pour la prolongation des jours du malade, auquel eile n'apporte presque jamais un espoir de guérison definitive, on congoil corabien se Irouve encore davantage reduit Ie cadre des applications utiles de Ia caslration a l'homme; combien, en d'autres lermes, seprésentenl rare-raenl les cas dans lesquels Ie Chirurgien se trouve réellemenl et con-sciencieusement autorisé a recourir ä cette ressource extreme.
Quand l'opération est jugée utile el praticable, eile se fait d'une ma­niere très-simple, el a peu prés exclusivement par ligature. Le lien, dont le point d'application est determine uniquement par les limilcs du mal, embrasse: soit la totalité du cordon, que l'on étreinl par une liga­ture simple ou multiple, soit les cordons spermatiques seulement, et
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516nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION
son application est suivie , en general, de ramputalion du testicule 'a peu de distance au-dessous. Les procédés ont varié seulement sur Ie choix du lieu oü il convient d'inciser Ie scrotum pour dégager l'organe, et délruire, par la dissection, les adhérences anormales qu'il a pu con-tracter au sein des enveloppes. En principe, ce choix est principaloment subordonné a l'état des parties, qu'il est de régie d'inciser dans Ie point qui paratt prometlre ia plus facile énucléalion de l'organe.
A cólé de ces cas, en fort petit nombre, oü la - -•,,1I0n de l'homrae rentre .lans la categorie des pratique -• •#9632;quot;1S'c;iles rationnelles et auto-risées, on peut citer ce- 'u elle coquot;stitue une mutilation purement accidentelle nnquot;- quot;* rosulter: S011 d'une blessure indépendante de toute Vfgt;1. .^, comme il s'en produit sur les champs de bataille; soit d'un acte de vengeance, ainsi que dans l'exemple si connu d'Abeilard; soit d'un moment d'aliénation d'esprit, comme on l'a vu assez souvent. En ces circonstances fachcuses, Ie mutilé reclame des soins en rapport avec l'étendue de la lésion qu'il a suhie, et dcvant surlout avoir pour but de combattre , par tous les raoyens hémostatiques dont on dispose, l'hé-morrbagie qui se manifeste inévilablement.
La castration, enfin, chez l'liomme, comme cliez les animaux, peut èlre et a óté uno operation failo avec art, en vue de créer, chez les individus qui la subissent, des aptitudes spéciales, ou de les approprier a certaines fonclions, incompatibles, au point de vue de ceux qui les emploient, avec la conservation des organes de la virililé. Ces individus prennent alors le nom d'emuques; ils se dislinguent par des caractères propres, rósnltat des alterations physiques et morales qu'a entrainées en eux la privation des atlributs de leur scxe, et qui en font, pour ainsi dire, des ètrcs ä part dans notre espèce.
Ceschangemcnls produils par la castration, chez I'liomme, ont la plus grande analogie avec ceux dont elle est la source chez les animaux, et ils sont d'autant plus prononcés que l'opéralion a élé pratiquée a un plus bas äge.
Ainsi, l'eunuque opéré élant encore enfant, éprouve un arrèt dans son développement general. Sa constitution reste plus faible; et toules les parties de son corps décèlent un étre incomplet, inachevé. On re-marque surlout, en lui, la rnollesse, la päleur des chairs, la predominance du Systeme cellulaire , d'oü , par suite, une grande aptitude a aequérir de l'erabonpoint. Le squeletle est plus mince que dans l'état normal. Les formes de l'individu sont arrondies, empalées, chargées de graisse: il a les cuisses grosses, les jambes gonflées, les articulations et les saillies osseuses effacées; le ventre mou et reläche.
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DASiS LKSl'ECK HUMAIXK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;-J 1/
Ces modifications physiques, indices d'une profonde alteration orga-nique, tendent essentieliement ä rapprocher 1'eunuque du type feminin, qui se manifeste encore a d'autres signes. Ainsi, la peau est douce, blanche, dépourvue depoils; la barbe, les poils du thorax, des aisselles et du pubis, manquent également; mais en compensation, lescheveux, comme ceux des femmes, sont plus beaux et se conservent plus long-lemps. La transpiration n'a pas l'odeur caractéristique du sexe male. Le larynx reste plus petit, en sorte que la voix est plus aiguë. Le cervelet aussi est plus étroit.
Lrgt; force physique, en outre, fait défaut aux eunuques; ils sont peu capables d'efforls musculaires, de marches forcées. Ils ent raoins d'appélit, et s'entretiennent avec une plus petite quantité d'aliments. L'urlne, peu riebe en uree , indique , d'un autre cóté, que le mouve­ment vital a rnoins de puissance. Aussi, la vie, chez ces ètres degrades, est-elle généralement plus courte : on ne cite parmi eux aucun cen-tenaire.
Sous le rapport moral, les modifications resultant de la castration ne sont pas moins profondes. Outre la perte des sensations et des désirs génésiques, coïncidant avec l'élroitesse plus grande du cervelet, les eunuques se font remarquer par 1'absence en eux de qualités affectives et intellectuelles. Généralement d'un esprit borné et pusillanirae, ils se distinguent encore par de vils senliments. Presque tous esclaves, ils ont de tout temps pris une part active aux plus basses intrigues; et ceux que la fortune a élevés, n'ont, la plupart, usé de leur pouvoir que pour la houle el le malheur des nations.
Aussi ia castration , qui rejelte, en quelque sorte, hors des lois ordi-naires de rhuraanile les malheureux qui la subissent, n'a-t-elle jamais été, en elle-mème, vue avec faveur. Loin de la, réprouvée par la morale , condamnée par toules les religions, eile a été considérée tou-jours comme un signe d'opprobre, comme un stigmate infamant. Cela, malbeureusement, nel'a pas empèchée d'etre en usage depuis les temps les plus reculés. Il est fait mention, eneffet, des eunuques dans l'bistoire de la plupart des peuples anciens, et leur existence s'y manifeste a peu prés invariablement comme une consequence de Ia depravation des moeurs antiques.
II.
On ignore précisément a quelle époque et dans quelle contrée la cas­tration de l'homme a commence ä étre mise en pratique. II parait pre-
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öl 8nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION
bable, cependanl, que celte coutume est originaire de l'Orient, oü deja on Ia Irouve répandue jusqu'a l'excès, dès les premiers temps histori-ques. Une ancienne tradition, recueillie par divers auteurs (1), ia fait remonter a Semiramis , qui, dit-on, par une rigueur comparable aux lois lacédémoniennes, aurait ordonné la mutilation de tous les enfants difformes et d'une faible constitution (2).
Quelque peu de confiance qu'on accorde a ce récit, lequel peut-ètre ne signifie autre chose que l'antiquilé mème de l'usage de la castration , reculée de la sorle , jusqu'aux origines les plus vagues de l'liisloire, ce qui est certain, c'est Ie grand nombre d'eunuques existant autrefois en Assyrie, en Perse et dans la plupart des aulres contrées de l'Orient. Tous les auteurs grecs et latins, Hérodote, Xénophon, Ctésias, Strabon, Diodore de Slcile, Plutarque, Quinte-Curce, Arrien, etc, sont unani-mes ;i eet égard; tous lémoignent de la passion des princes orientaux pour ces èlres abjects, qui ne portaient pas ombrage k leur autorité jalouse, et dont Ia fidélité leur était d'ailleurs assurée par cela seul que n'ayant pas d'autre affection, ces derniers pouvaient mieux se dé-vouer a leur maitre (3). Aussi étaient-ils les favoris, les confidents ordi-naires de ces princes, qui leur confiaient les renes de leurs Etats, Ie sort des armées; pendant que, d'un autre coté, ils devenaient lesprin-cipaux instruments des mille intrigues de palais qui s'agitaient cons-tamment au sein de ces cours corrompues.
(1)nbsp; Ammien-Mabcellik , XIV, 6. Claudien, contre Eutrope, I, v. 339.
(2)nbsp; Diodore de Secile ( Bibliolh. hülotiq., III, 32) rapporte qu'un Sfmblable usage se rencontraitchez tes Troglodytes, habilanl TAfrique orientate. Mais Pexis-tence mème de ce pcuple ayant élé mise en doute, Ie fait que nous rappeions ne sanrail avoir de valeur historique.
(3)nbsp; Xénophon, dans l'bistoire de Cyrus, nous reTele en ces termes les molifg de la preference des reis perses pour les eanuques :
quot; II (Cyrus' les préférait,dit-il, dans la pensee qu'on ne doit jamais compter sur la Gdélité d'un bomtne qui en aimerait un autre plus que celui qu'il est chargé de garder; que ceux qui ont des femmes et des enfants avec lesquels ils vlveiu bien , ou d'autres objels de leur amour, sont naturellement portés ä les chérir plus que tont autre ; tandis que les eunuques , privés de ces affections, se dévouent sans réserve a ceux qui peuvent Icsenrichir, les mettrea l'abri des injustices, les éleveraui hon­neurs; qu'aucun autre que lui (Cyrus) ne pourrait leur procurer ces avantages De plus, comme les eunuques sont ordinairement méprisés, il onlbesoin d'appartenira nn maitre qui les défendent; parce qu'il n'y a point d'homrae qui ne Teui lie en toulc occasion l'emporter sur un eunuqne, si celui-ci n'est protégé par une puissance supérieure. Or, un eunuque Gdèlea son maitre ne lui paraissait point indigne d'oc-cuper une place importante. raquo; (Cyropédie, VII, 5.)
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dans l'espèce humaine.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 319
II n'est pas, on peut. ie dire, un acle important de l'histoire des anciens rois de TOrient, auquei n'aienl parlicipé des eunuques , a com-mencer par Sémiramis qui, d'après Ctésias, aurait élé détrónée ä la suite d'une conspiration qu'aurait soulevée son fils Ninias, par I'entre-mise d'un eunuque. On voit ensuite ce mème Ninias passer sa vie dans la mollesse et la débauche, au milieu d'une cour de femmes et d'eunuques, el ses successeurs continuer cette existence dégradanle et corrompue jusqu'aujour oü vient succomber l'empire d'Assyrie dans Ie bücher de Sardanapale.
Chez les rois mèdes et perses, les eunuques acquirent une influence \)lus grande encore , et a partir de Cyrus-le-Grand, qui en avail 2,000 pour sa garde spéciale (1), on les voit tenir une place de plus en plus considerable dans les récils des historiens, qui nous ont méme trans-mis les noms des plus fameux d'enlre eux, ceux, par exemple, de Petisacas , de Bagapatès, favoris de Cyrus; de Ixabales, Aspadales , Combaphée, favoris de Gambyse; de Natacas, Ie plus puissant des eunuques sous Darius (522-485 av. J.-C.) (2); de Herraotime, favori de (485-470) (3); de Arlaxerxès, en faveur sous Ie prince du mème nom Xerxes(471-424); de Pharnacyas, sous Xerxès II; de Artoxarès, sous Darius II (4); de Bagoas, eunuque égyplien, favori et commandant les armées d'Arlaxerxès-Ochus, et qui empoisonna ce prince (362-338) (5); d'un aulre Bagoas, attaché d'abord ä Darius III, et qui, après la défaite de cc prince a Arbelles (332), devinl favori d'Alexandre-le-Grand , le-quel consul mêrae pour lui une de ces passions honteuses si com­munes dans l'antiquilé (6).
Ces eunuques provenaient de diverses conlrées, et notammenl de l'Egypte, qui, de tout lemps, aeu Ie privilege de cette execrable indus­trie, et oü, alors, en outre, exislait une loi qui, punissant Ie viol par Ia castration (7), offrait Ie moven d'augmenter encore Ie nombre de ces malheureux. Quelle que füt leur provenance, ils élaient ensuite conduits dans les marches è esclaves, établis en différentes villes de l'Orient, et d'oü les tiraient les rois perses. Le plus célèbre de ces
(1)nbsp; Xenophon, Cyropédie,\ll, 5.
(2)nbsp; Ctésias, Hist, dei Perset.
(3)nbsp; nbsp;Hérooote, VIII, 105,106.
(4)nbsp; Ctésias, Bill, des Perses.
(5)nbsp; Strabok,XV. Diod. deSicile, XVI,47, 49, 50; XVII, 5. QoiKTE-CuRrz, VI, 3,12. Arrien, w47io6.. 11,41.
6) Q.-Circe, VI,5;X.,1. PurrAmjor.. .tltac., 67. (7) Diod. de Sicile, 1, 78.
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020nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION
entrepots d'eunuques existail dans Tile de Delos(l). La Perse recevait en outre de Babylone et du reste de 1'Assyrie un tribut annuel de 1,000 ta­lents (ö,S60,900 fr.) et de oOO eunuques {2}; et cela dut se maintenir longtemps, car Claudien, huit siècles plus tard, parle encore du com­merce des eunuques en Assyrie (3). Chacun, d'ailleurs, paratt-il, pou-vait librement se livrer ä ce tralie, comme en témoigne l'exemple d'un certain Panionius, de i'ile de Chios, qui achelait des jeunes gens et les inulilait pour les vendre en eet état auxroisde Perse. C'est précisémenl des mains de ce singulier industrie] que sorlait Ie favori de Xerxès, Hermotime, qui se vengea, plus tard, de son bourreau, en faisant subir a son lour la meme operation a lui et ä ses quatre fils (4).
De la cour de Perse , la coutume d'employer des eunuques passa chez les successeurs d'Alexandre et les autres rois de l'Orient, chez lesquels ressorlent les noms du general Arislonicus, sous Tun des Ptolémée ; de Pliolin , rinsligalour du meurtre de Pompée; de Ménopbile, favori de Milbridale, etc. A ce temps-la se rapporle encore I'histoire de ce Com-babus, qui se mutila lui-mèmo pour no pas ceder äla passion de Stra-tonice, femme d'Anfioclius, roi de Syric (370 av. J.-C.) (3). Uepuis lors, les choses out peu change en Orient, oü les progrès de la civilisation ne se sent pas fait sentir, et n'ont pu, par conséquent, y exercer leur in­fluence moralisanle. Aussi, la pratique de la castration s'y est-elle main-tenue sans obstacle, protegee par les mceurs qu'engendrent ['islamisme et la polygamie , et surtout par suite de la defiance, de la jalousie, qui font rechercher les eunuques pour la garde des femmes dans les harems.
11 n'y a eu d'exception, sousce rapport, que chez les Juifs, la castra­tion ayantete condamnée par les lois de Moïse, pour I'liomme comme pour les animaux. D'après ces lois, on devait fuir et avoir en horreur les eunuques, surlout ceux qui s'étaient mulilés volonlairement, et l'entrée de toutes les assemblees leur était intordite (6). C'est grace ä cette defense que les Hébreux , ainsi que la plupart dos tribus nomades, ont pu seuls, parmi les anciens peuples orientaux , malgrc la contagion de l'exemple, ètre preserves de cette odieuse pratique, sligmate certain de déchéance morale et de servitude.
(1)nbsp; nbsp;PLTiioï^Saïy)-^ XXIII.
(2)nbsp; nbsp;Hébodote, III, 92.
(3)nbsp; Claudiek , cont. Eulrope, 1, v. 58.
(4)nbsp; nbsp;OÉnoDOTt,VIII, 105,107.
(5)nbsp; nbsp;Lucien, De Syria dea (lie siècle).
(6)nbsp; nbsp;.DeM(eron., XX.I1I.1. Flav. Josephe, Anliq. jud., IV, 8.
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DANS t'üsi'fccK hi maim;.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Ö21
III.
Les iiiceurs du paganisme , bien que moins lavorables ä la pratique de la castration, rie I'en laissèrent pus moins subsister et tomber memo dans les plus déplorables exces. En Grèce, d'alllcurs, l'idée de cette mu­tilation devait eire fort ancienne, si on Ia rattache a une vieille croyance, d'aprèslaquelle Celus (oule Ciel)aurait élé cbatrépar son filsSaturne(l). La caslraiion, en outre, depuis une époque assez reculéepour qu'on ne puisse la préciser, enlrait dans Ie culle rendn äcertaines divinités. Ainsi, on la faisait subir aux mégalobuses, ou jeunes prètres consa-crés au service du temple de Diane, a Epbèse (ville d'Ionie , en Asie-Mineure), comme garantie de la pureté de leur vie (2). II en était de mème des corybantes ou prètres de Cybèle, en Phrygie, lesquels, pour honorer cette déesse, cherchaient ä imitor l'exemple d'Atys qui, aimé de Cybèle et lui ayant été infidèle, aurait été privé, par suite, des organes de Ia virilité (3). C'élait pendant leurs fèles, et particulièrement Ie dernier jour des mystères de Pessinunte, ville oü était conslruit Ie temple de Cybèle , que les corybantes, dans un délire l'anatique, prati-quaienl sur eux-mémes cette mulilation. Tout retenlissait alors du bruil du lambour, des cymbales et des crotales ou castagaettes; les corybantes, tenant ä la main un glaive et des torches de pin ardentes, se livrant a des danses furieuses , poussant des cris frénétiques, les cheveux épars.
(1)nbsp; nbsp;CicÉROK , Ve natura tleorum. II, 24.
(2)nbsp; nbsp;Strabok, XIV.
(3)nbsp; nbsp;La fable relative a in mutilatian d'Al}soffre de nombreuscs\ai ianlcs dans Ie.' auleurs de lanliquilé. Suivant les una, Aljs élait un prèlre de Cybèle qui, aprés avoir ohlenu les faveurs de cetle déesse, la sacrifla a la nymplie Sangaride , lille du fleuve Sangar; Cybèle alors lil mourir celle-ci, et Aljs se mutila de désespoir. ( Jd-\ziiih,Sat.j IV, 514.) Selon d'aulres, c'élait un jeune berger phrjgicn qui, après avoir fail nailre l'amour de r.vbélc, meprisa cclle déesse. laquelle se vengea en Ie faisant mutiler. D'aatres disent qu il se punit ainsi lui-mème de son inlidclilc ä la déesse, qui alors Ie mil au nombrc de ses prélrcs. (Ovidk, Les Fastcs, liv. IV, 240.) On a écrit encore qu'Aljs élail Ie premier qui eut enseigné ä cclcbrer les mjslères de Cybèle, ä Pessinunte, ville de Phrygie, auprés de laquelle il gardall les troupeaux, et qu'ayaut raanqué a la promesse qu'il avait faite ä la déesse de n'aimer aucune mortelle, il se mutila pour se punir de sa passion ( Catdi.le). On a ditaussidc Atys qu'il était fils de Cybèle, et qu'il se rendit eunuquedu chagrin de la perte d'une nympbe qu'il aimait, et qui avait été dévorée par un lion (Emp. Julien, Disc). Ces récits divers, reposant sur un fond commun oü l'histoire n'a rien a démèler, n'élablisscnt qu'une chose, la notoriété et Tiniportance , dans 1'anliquité, des fèles de Cybèle
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'#9632;'tiinbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DK LA CASTUATION
courant partout, donnaienl sur leur personne une representation complete du malheur d'Alys , et porlaient en triomphe, ä la main , le témoignage de leur acte insensé.
De la Phrygie, les corybanles se répandirent en Grèce , en Syrie, en Afrique el dans tout l'empire romain. On les connaissnit alors sous le nom plus general de galles igalli) (1), considéré, dans toute l'anti-quité , comme synonyme d'eunuque. Ces galles élaient des charlatans , des devins ou jongleurs qui allaient de ville en ville, jouant des cymbales et des crotales, disant la bonne aventure, et ramassant des offrandes. Bien que leur chef, l'Archigalle, qui portalt a son courimage d'Atys, fut seul dans l'obligation d'èlre eunuque, ils ne s'en souraetlaient pas moins tons a celtc degradation , comme moven de frapper plus vive-ment l'esprit des populations et recueillir de plus abondantes aumónes. Souvent ils se faisaient eunuques au moment méme de leur initiation. Ainsi, Lucien, racontant les cérémonies observées en Syrie, pour la reception de nouveaux galles, ajoute que, pour le dernier acte de sa reception, l'inilié, jetant ses habits è lerre , poussant de grands cris, venait au milieu de la troupe, el, prenant une épée, se mutilait lui-rnême; après quoi il courait par la ville, montrant a tous les preuves de son initiation complete.
Il est inutile de dire que la conduite de ces énergumènes soulevail partout un sentiment non equivoque de reprobation. Néanmoins, leur secte se maintinl fort longtemps en Ilalie, en Grèce et en Asie-Mi-neure; et quelque chose de ces abomin;ibles myslères de la déesse phrygienne subsistait encore aux derniers temps du paganisme.
Mais la corruption des moeurs, plus encore que le fanatisme religieus, conlribua a répandre la coutume de la castration dans l'empire romain. Les eunuques devinrent alors, comme chez les Orientaux, un objelde luxe. Ils entraienl principalement dans l'attirail voluptueux des femmes riches , auprès desquelles ils remplissaient des fonclions toutes femini­nes, veillant prés de leurs lils, les peignant, leur présentant l'eau pour
(1; On a donné diverses interpretations de l'orlgine de ce nom. Les uns onl pre-icmlii qn'il venait de Gallus, nom du premierprëtre de Cybèlc , qui se mulila pour rcssembler a Alys. D'aulres ont dit que les Galles s'étaient ainsi appelés du fleuve Gallus, en Phrygie, sur les bordsduquel aurait été élevc Atys,et qui, de plus, avait la répulation de rendre fous cein qui ve;iaient s'y abreuver. Quoi qu'il en soit de son etymologie doutcusc, ii était bon de faire remarquer que cette qualification ne pro-vinaii pas, comme on Ta avance. de noire pays. Elle a été seulement la source de nombreuses equivoques avec le nom des Gaalois, Galli.
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lUNS L'ESPtCK HIMAINK.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;523
leur toilette, les accompagnant dans leurs promenades, etc. Em­ployés, de plus, dans les theatres pour jouer les róles de femmes; recherches, d'autre part, pour satisfaire les plus infames passions, non-seulement par les hommes, mais encore par les femmes, qui les préféraient surtoul comme moven d'éviler les suites naturelles de leurs debauches, el cela, sans compter les cas nombreux oü la castration était pratiquée comme peine d'adultère, comme acte de vengeance, ou par d'autres motifs de ce genre ; les eunuques , dont tout, ainsi, conlribuait a accroitre Ie nombre, se multiplièrent alors de la fagon la plus deplorable.
Les écrivains satiriques latins se sont tous élevés, avec une grande énergie, et ä différentes reprises, conlre cette funeste coutume, signe d'une depravation morale difficile ä concevoir de nos jours, et qui attei-gnait aux sources de la vie toute une population auparavant puissante eténergique, et tombée peu ä peu sous l'influence de cette pratique énervante, dans le vice , la mollesse , Ie marasme et la mort (1).
Le mal, qui avait fait des progrès rapides, en vint a ce point que I'empereur Domitien (règ. de 81 ä 96) dut, par un édit, défendre la castration des enfants (2). Martial fait plusieurs fois allusion è eet édit(3}, et Ammien-Marcellin, qui en parle a son tour, dit qu'une teile loi, interdisant une pratique devenue une veritable calamité publique , fut une des plus sages de cetempereur (4). La defense de Domitien fut con­firmee par son successeur Nerva. Mais après le regne des Antonius, eile cessa d'etre observée, el de nouveau les eunuques pullulèrenta Rome. Ce devinl un luxed'en posséder le. plus grand nombre possible. C'est ainsi que l'on vil Plautien (vers Pan 200), le favori si générale-ment détesté de Seplime-Sévère, pour créer une suite nombreuse a sa fille Plautille, depuis femme de Caracalla, faire subir en une seule fois la castration a cent jeunes gens et ä un nombre assez considerable de citoyens mariés (5).
Héliogabale (217 a 223), renouvelant les mceurs de Ia cour de Perse, combla les eunuques d'honneurs, de recompenses, leur confia des
(1)nbsp; nbsp;V. notamment: Oviuk, Les Amours, liv. 11,cleg. Ill, v. 3. Petcomj, Sa(y-ricon, 119. Mahtml, quot;VI, 67; X, 91; XI,-82. JuvÉKAt, Sal. I, v. 22, 30; So(. VI, t. 366, 368. Clacdien , contre Eutrope,
(2)nbsp; nbsp;Scetone, Yie de Uomilien, Vil.
(3)nbsp; nbsp;Martial, VI, 2; IX, 7.
(4)nbsp; nbsp;Am5iieilaquo;-Marcellik, XVIII, 4.
(5)nbsp; nbsp;Diok-Cassids. .dir^c, par XiPHii.it..
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024nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION
charges imporlautes dans l'Etat. Alexandre-Sévère, il est vrai, les raraena au rang d'esclaves, les chassa de tous les emplois qu'iis occu-paient. Mais après eet empereur, apparu comme une rare exception au milieu de la corruption dans laquelle s'engloutissait la société ro-maine, Ie nombre des eunuques augmenta encore, a ce point que Aurélien ('iTO ä 275) dut, par un nouvel edit, fixer Ie nombre que pou-vait en posséder un citoyen romain. Notons qu'alors Ie prix des eunu­ques était fort élevé, el qu'il ne fallait rien moins que l'habitude invétéréc d'un luxe inläme pour entretenir une aussi dégradante prodigalité (1).
(Ine teile coulume parait plusétrange encore, quandon trouve, dans les auteurs, Ie téraoignage de I'extrème repulsion, du mépris, dont ces étres avilis étaient I'objet dans tout l'einpire greco-romain. Ainsi ils étaient écartés des sacrifices comme mauvais presages (2) ; c'était également un augure défavorable d'en rencontrer un en sorlant de sa maison; partout, enfin, leur presence était un objet d'horreur et de dégoüt. Ovide, Martial, Juvénal, etc., chez les latins; Philos-trale (3), Phocylide (4), chez les Grecs, sont unanimes sur ce point. La satire de Claudien contre Eutrope, surtout, est caractéristique sous ce rapport, en laisant ressorlir, avec une grande force d'expression , la reprobation profonde, I'lnfarnie attachées a eet état. La jurisprudence elle-méme était en harmonie avec ce sentiment universel. Ainsi, eile défendaitaux eunuques de se marier et d'adopter, et eile punissait Ie fait de castration, pratiquée par raison de débauche ou de commerce, comme l'assassinat. Mais la decadence des moeurs fit tomber ces de­fenses en desuetude. Malgré les lois , sous l'inlluence de cette demorali­sation sans bornes qui s'était emparée du monde romain, et dont les exces confondent aujourd'hui encore noire imagination, les eunuques ne cessèrent de se multiplier. II en fut ainsi jusqu'au dernier jour de I'erapire des Césars, jusqu'a ['invasion des bandes austères du Nord, qui seule put mettre fin a Tun des plus déplorables fléaux de la civilisation antique.
IV.
Il existait, chez les anciens , plusieurs espèces d'eunuques, différen-ciés les uns des aulres par Ie degré de mutilation qu'on leur avail fait subir. On distinguait ainsi:
(1)nbsp; Lampridids, Uisl. ault;j Vies de Héliogabalc^ Alexandre-Sétire, Aurélien.
il]nbsp; Seiseqce , Conlrov j II, 4.
(3)nbsp; Philosthate , Vü des soplusleSj Apollon. Thyan , 1, 'il (illaquo; siècle).
(41nbsp; Pnoc\i,iDE, Sciilences morales , t. 175 (ivquot; siècle).
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DANS LKSPfeCE HUMAINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i)Z:j
1quot; L'tüvevxolaquo;, eunuchtw (de eOlaquo;gt;i, lit, mnriage), ou encore castratus, reunuque propremenl dit, qlaquo;' ötait privé de la tolalile des organes exté­rieurs de \!gt;.amp;iquot;eraüoü, el que recherchaient de preference les débau-„•.c;s pour la salisfaclion de passions contre nature;
Squot; Le t-äJ-Jjv, spado (de iria-j, extraho, arracher;, privé seuleraent des testicules, et conservant le resle de l'appareil extérieur;
3deg; Le o;.i?;a-, lt;/i/i62as (de O/iSlaquo;, premo, comprimer), nomaié encore Siaoia; ou Oiajilaquo;;, thladias ou thlasias (de Oii-j, frango, froisser), auquel rien n'était enlevé , mais dont on avait l'roissé, tordu , comprimé les tes­ticules, pour les rendre impropres a la secretion du sperme.
On les opérait a des époques différenles de la vie. Ainsi, Aristole, décrivanl les effets de la castration sur I'hoiniDe, distingue ces effets, en ceux consécutifs ä ropération pratiquée dans le jeune äge , et ceux qu'on observe quand eile est falie chez l'adulle , preuve qu'aiors on opé­rait déja indislincleruent les enfants el les hommes. Le plus générale-nient, néanmoins, on opérait sur les enfants, el la pluparl du temps pendant qu'ils étaient encore allaités par leur inére (1), C'esl ce qui avait lieu principalemenl pour les eunuques de la première et de la troisième espéce. Quant a ccux de la deuxième espèce, que recherchaient surtoul, on comprend pourquoi, les dames romaines, on atlendait le plus sou­vent qu'ils cusserit atteint un certain age, afin de laisser a Torgane con­serve le temps de prendre son entier développement, raffinement de barbaric et de hixurc plus revoltant encore que l'abas méme des eunu­ques, et que Juvénal stigmatise avec une cnergique indignation (2). Et comme si Ie inal n'eut pas élé assez grand, on avail encore le soin de cboisir, pour les mutiler de la sorte , les enfants les plus beaux el les mieux conformés (3).
L'opération élail ordinairement pratiquée par les lonsores ou barbiers, et par los mangones, induslriels faisant le commerce des eunuques. Par-fois mème des médecins prètaienl ie concours de leur art a cette avilis-sante opéralion. On employait, pour la praliquer, l'instrument tran-chant, avec lequel on amputail les organes, souvent sans prendre aucune precaution; aussi beaucoup de ceux qu'on mutilail de la sorlc succombaient-ils aux suites de l'opération, surtoul quand on retrancliail la totalité de l'appnreil générateur externe, ce qui augmentait d'aulant le prix des survivants. Cesderniers, dans de telles conditions, devaient
(1)nbsp; nbsp;Martial, IX , 9. CtAVDlEK, cont. Eulrope, 1, v. 4i.
(2)nbsp; Juvénal, Snl. VI, v. 308.
(3)nbsp; nbsp;Ibid , Sat. X, y. ?gt;0Cgt;.
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Ö26nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DE LA CASTRATION
éprouver de grandes difficuUés pour la miclion, et sans doute its de-vaient, a l'exemple des eunuques d'Oneuv, faire usaraquo;e d'une canule.
Quant aux thlibia, que Ton opérail sans rien retrauwK^, on |es pr^_ parait par Ie procédé que décrit Hippocrale (v. plus haut, p. Vfej, .raquo; qui n'est autre chose qu'une espèce d'écraseraent gradué, que Ton pra-tiquait exclusivement sur les très-jeunes enfants. On employait encore, dansce cas, une autre methode, consistant a couvrir Ie scrotum d'une couche de sue épaissi de ciguë, a laquelle on attribuait la propriété de produire, a la longue, Ie merne effet (1).
Nous n'avons pas a parier du procédé des prétres de Cybèle, lesquels, comme nous l'avons vu , s'opéraient eux-mémes, soit avec Ie fer, soit avec des fragments de vases samiens (2), sans methode, comme sans raison , ä la honte de leur culte et du genre humain.
Outre la castration, on pr.itiquait encore a Rome une autre opera­tion, qui témoigne des mémes tendances de raceurs. Nous voulons parier de Vinfibulation, consistant dans {'application a travers Ie prépuce d'une espèce de boucle ou anneau,/?6uto, qu'on mettait aux jeunes hommes pour prévenir des rapprochements sexuels prematures (3), et qu'on enlevait a Tage viril {amp;). On s'en servait encore, principalement, pour les histrions, les comédiens, les chanteurs, comme garantie de leur conduite, et en vue de conserver leur beauté et leur voix (5gt; En témoignage de cetle élrange coutume , il est resté quelques statues de chanteurs portant la fibule. Enfin, les dames romaines faisaient quel-quefois infihuler leurs esclaves et leurs eunuques pour leur interdire toute relation avec d'autres femmes et s'en réserver l'usage (6).
Cet anneau étail ordinairement en argent et aussi léger que possible. Celse {loc. cit.) donne avec détail la description du procédé usité pour 1'appliquer. Ce moven consislait, en résumé, a passer avec une aiguille, a travers Ie prépuce , un fil qu'on liait et qu'on laissait en place jusqu'a ce que la cicatrice fut formée autour des trous. Ce résultat obtenu, on enlevait les fils et on plagait la fibule.
A cóté de 1'infibulation peut étre mentionné l'emploi du subligar, espèce de tablier de peau qui s'étendait de l'oinbilic aux genoux; il
(1)nbsp; Makceli-ds Empieiccs, De medicamentis empiricus etc. Bordeaux (an 338).
(2)nbsp; nbsp;Jüvékal, Sa(. VI, t. 514. Martial, III, 81.
(3)nbsp; nbsp;Pline, Bist. nalaquo;., XXXIV, 54. Celse, Traite de la Méd.,yi, 22. (41 Martial , IX, 27.
(5) Martial, V, 41; XIV, 215. Juvénal, Salaquo;. VI, y. 73 et 379. i6) Martial , XI, 76.
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dans l'espèce hijMaixe.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 527
de vail être porté aux bains (I) et par les acteurs en scène (2), et a son usage, parcela rnèrnc, s'attachait une idéé de déconsidération.
Le christianisme, a cette époque de decadence morale universelle qui prépara la chute de I'erapire remain , ne sut pas de suite complète-ment s'affranchir de 1'odieuse couturae de la castration. La religion nou­velle, bien que pour des motifs différents, eul, comme le paganisme, ses eunuques, des fanatiques qui, empörtes par un zèle religieux con-damnable , recouraient ä cette operation comme au moven le plus effi-cace de conserver leur purelé. Le plus célèbre d'entre cos derniers est Origéne, né en 185, a Alexandrie; ä son exemple, Léonce d'Antio-che, etquanlilé de raoines se privèrent sponlanément des organes de la generation pour éviler les tentations de la chair et se conformer textuel-lement au chapitre IX de saint Matlhieu. Les autorités de 1'Eglise durent s'interposer pour faire cesser un tel scandale. Le concile de Nicée (en 325) condamna le système d'Origène ; Léonce d'Antioche fut déposé, el 1'on fit des lois canoniques pour défendre aux eunuques d'aspirer au sacerdoce.
On doit citer encore, parrai les fanatiques du même ordre,dece lemps, une secte de chrétiens héréliques, les valéziens, du nom d'un certain Valézius, leur chef, qui n'admettait, dans son sein, que des eunuques, ou desadeptes qui, avant de pouvoir manger de la viande, devaient le devenir. Ces insensés, a l'exemple des prètres de Cybèle , se mutilaient eux-mémes, et couraient le monde chrétien, armés d'un couteau, afin de contraindre a les imiter, pour faire acte de religion, ceux qu'ils renconlraient (3). Ces coupables superstitions se maintinrent assez longtemps et ne purent être réprimées que par des édits sévères do Conslanlin et de Juslinien.
A la méme époque, les eunuques continuaient a servir a la cour des empereursd'Orient, successeurs de Constantin. Quelques-uns rnèmes, sous ces princes chrétiens, arrivèrent aux plus hautes dignités de I'era­pire. Témoin, Eutrope, centre qui fut dirigée la satire de Claudien.
(1)nbsp; Maiitial, VIII, 34; XI, 76.
(2)nbsp; Mabtial , VII , 82. Cicéhoh, De ofßciis, I.
(3)nbsp; Sk\tgt;t EpiPHAr.E, Panarium, Heres. 58 (iVsiècle). BAROMCs,4nn. ecclesiail., cbron. 249. Rome, 1588-1C93. L.-E. Dcpik, Bibliolh. des aut. eccléüatl. Paris, 1686-1703.
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Ö28nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DK LA CASTRATION
Célaitun esclave arménien, nommé par Theodose eunuque dupalais, qui devinl ensuite favori d'Arcadius , puis chambellan , consul, et finit par suecomber ä unc intrigue de palais (en 299). Citons encore Tun des plus famoux d'enlre eux, Narsès, qui, sous Juslinien , devint cham­bellan , trésorier, ambassadeur, general, chassa les Golhs d'Ilalie et réorganisa Ie pays (en 554), oil plus tard, par vengeance, il appela les Lombards (568). Ce furent la les pródécesseurs, ä Constanlinople , des esclaves du harem. Produits de Tatiuosphère corrompue de l'Orienl, ils avaient triompbé de l'influence moralisante du cbrislianisme, comme ils lui survécurent, quand Ie dogma chrélien lui-méme ful vaincu par l'islam.
VI.
A une époque plus rapprochée de nous, on Irouve encore la castra­tion en usage dans diverses contrées de l'ancien continent. Ainsi, Ta-vernier raconte que Ie roi de Boutan, au sud de ITlimalaya, faisail faire tous les ans 20,000 eunuques pour les vendre dans les foires du voi-sinage (1); el d'après les fréres d'Abbadie, qui ont voyage en Abyssinie, de 1838 a 1843, après la guerre , dans ce pays, les vainqueurs mulilent tous leurs prisonniers.
Mais c'esl surtout dans les contrées soumises ä Tislamisme que la coutume de la castration s'est maintenue de la maniere la plus complete. La, comme personne ne l'ignore , les eunuques se rencontrent encore en grand nombre, employés principalement a la garde des sérails; et leur tralie s'y continue de nos jours comme autrefois. Ils viennent pres-que tous de la Haule-Egypte et de la Nubie, et ce que l'on sait peut-èlre moins, c'ost que ce sont des moines cophtes (chréliens de l'ancienne lierene d'Eutychós), qui préparent les victimes de ce honteux com­merce, et fournissent ainsi d'eunuques la plus grande parlie du monde inusuiman. Ilsachètenl, a ceteffet, de jeunes enfants, qui sont Ie plus souvent des jeunes nègres de six a neuf ans, amenés par les caravaiies, du Sonnaar ou du Darfour, et ils les opèrent d'une maniere vérilablement sauvage. lis amputent d'un seul coup tous les organes extérieurs, et enlerrent ensuite les patients dans Ie sable jusqu'au-dessus du venire; ils restent ainsi 24 hcures. Lorsque les cophtes les relirent, ils les pansentavecun onguent compose d'argile et d'huile. Le quart au moins de ces malheureux succombent aux suites de l'opération , et viennent
il) Tavf.uxif.p. , Voij. en Pene etdan$ l'lnile, IG79.
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DANS l'eSPECE HUUAINE.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 529
ensuite peupler d'immenscs cimetières qui avoisinent les rnonastères de ces moines cupides et barbares. Les survrvanls se vendent ordinaire-ment de 1,500 a 3,000 piastres (325 a 750 fr.).
L'Europe civilisée a cherché a tiiellre un lerme è ce deplorable abus, en fermant les raarcbés ä esclaves; raais eile n'a pu y réussir tout-ä-fait. Ces marches subsistent toujours a Constantinople, moins oslensi-blement, il est vrai, que par Ie passé , raais tout aussi achalandés. Le trafic clandcstin s'est substitué au commerce au grand jour de tout temps autorisé, et le mal persiste. Il en sera ainsi, sans doute, tant que durera Tempire ollomaii, ce dernier asile des abus , de la deprava­tion el de la barbarie des anciennes cours orientales, et dont l'exislence n'est qu'un obstacle permanent, dans ces contrées, au développernent de la civilisation et ä i'amélioration des moeurs.
VIL
En Europe, 1'usage de la castration s'est maintcnu, plus ou moins, dans quelques localités. Ainsi, pendant une assez longue période de temps, en Espagne et en Pologne, on a puni, par ce moyen, les cri-minels convaincus d'adullère. En Allemagne et en France , on recou-rait autrefois a celte operation comme moyen de guérir cerlaiiies mala­dies : la lèpre, lagoulle, l'éléphanliasis, la folie, Ia hernie. Dans ce dernier cas surtout, on la jugeait indispensable, et il a lallu le spectacle des ravages nombreux causes par ce désaslreux procédé pour appeler i'allenlion de l'aulorilé sur ces charlatans d'une espèce particuliere , qui, sous prétexle de prévenir les descentes, privaienl un grand nombre d'enfants des organes générateurs. La Suciété royale de médoeine, en 1776, consultée sur cette question, demanda qu'il fut defendu d'opérer la hernie par la castration; et les lois, règlemenls et ordoiiminces, fai-sant droit a ce voêu, ont du, pour faire cesser un tel abus, inslituer les peines les plus sévcres conlre le fait de castration, qualifié de crime.
Enfin, celte crirninelle pratique s'est perpétuée, dans un pays de l'Europe chrétienne, l'Ilalie, el parliculièrement a Rome, oü il serail, au contraire, naturel de penser que rinfluence des idees reli^ïeuses eüt du depuis longlemps la faire disparaitre. La , eile a pour but de former des chanteurs doués de belles voix de soprano, que Ton y utilise indis-tinclemenl pour les églises et les theatres. On a remarqué, en effet , que l'opéralion, faite sur un enfant, empèche la mutation qui s'opcre dans la voix de l'homme k 1'age nubile et la baisse tout d'un coup d'une octave, de sorte que les castrati, comme on les appelle, conservenl
34
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530nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;DÏ LA CASTRATIOS
une voix plus nette et plus aiguë, approchant beaucoup de la voix de femme.
Get avantage, toutefois, n'est pas sans être compensé par de nom-breux inconvéuienls. Ces individus qui clianlenl si bien, mais sans cha-leur el sans passion, font de trés-mauvais acteurs , de sots et maussades personnages. En oatre, ils perdent leur voix de bonne heure, parlent et prononccnt plus mal que les aulres hommes, ne peuvent mème pas arliculercertaines lettres, telles que l'r, et prennent, en vieillissant, un embonpoint dégoötant.
Cela ne fait pas obstacle a leur succes tant qu'ils conservent leur soprano, et n'a pas empèché quelques-uns d'enlre eux d'arriver aux honneurs; témoin Ie trop célèbre Farinelli, sous Ferdinand III. Et cetle perspective expiique, jusqu'ä un certain point, comment des parents cupides et barbares pouvaient avoir la pensee de faire opérer leurs enfants dans Ie but de les vendre ensuile comme chanteurs, et de leur assurer ainsi un avenir, tout en beneficiant eux-mêmes a ce mons-trueux trafic. Encouragée d'ailleurs par la tolerance de ceux qui préci-sément eussenl dü tout faire pour l'empêcher, la castration fut longtemps considérée comme une chose toule naturelle, et de nomhreux individus, non chirurgiens, pouvaient, sans crainte, se livrer spécialement a cette operation. Ainsi, k Naples, on vit raéme de ces operateurs mettre sur leur porte des inscriptions annon^ant leur infame métier.
Le pape Clément XIV (1769-1774) essaya de réprimer eet affreux usage, en chassant les castrati des églises d'Italie, en renouvelant la rigueur des lois centre les parents qui mutilent leurs enfants. Mais après lui, le mal, trop invétéré et toléré par la coutume, persista; et malgré les lois, on prepare aujourd'hui encore des chanteurs, par ce mème pro­cédé , pour la chapelle Sixtine, l'ombre de repression legale dont cette pratique est l'objet n'ayant guère d'autre résullat que d'élever le prix des malheureux qui en sont la victime.
Ne serait-il pas temps, au xixlaquo; siècle , de voir disparaitre de l'ltalie cette coutume revoltante, qui abaisse la capitale du monde chrétien au niveau des cités corrompues de l'Orient? Pour l'effacer è.tout jamais, il ne suffit point d'une application plus severe et toujours insuffisanle des lois repressives. Il faut encore que l'on cesse de 1'encourager, en renongant, d'une maniere absolue, ä employer les étres degrades qui I'ont subie, et dont la presence, partout oil ils se font entendre, ne peut être qu'un objet de repulsion, de dégoüt et de pitié. Ce n'est pas trop demander aux plus hauls ministres du Dieu chrétien que d'es-pérer d'eux ce sacrifice d'un médiocre plaisir a Ia morale et a Fhumanité.
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HA.NS l'eSPËCE HU1HA1NE.
631
VIII.
II a été question, dans l'histoire, non-seuleraent de la castration des hommes, raais encore de ia castration des femmes, pratique qui, si Ton en croit les auteurs invoqués a ce sujet, remonterait a une assez haute antiquité. Ainsi, Hérodote déja parle d'un certain Adramytte, frère de Crésus, roi de Lydie (w siècleav. J.-C), qui aurait imagine, pour les femmes, une sorte de castration, afin de les employer dans son palais comme les eunuques. Atliénee , d'après Xanlhus, ancien his­toriën grec (503 av. J.-C), cite Ie méme fait, raais saus indiquer qu'on ait rien coupé ou relranché aux femmes soumises ä cette operation (1). D'après Suidas, c'est de Gygès, roi de Lydie , qu'aurait voulu parier Xanthus, en Ie citant comme Ie premier qui ait eu 1'idée d'une semblable operation pour conserver aux femmes leur jeunesse et leur beauté. Les comraentateurs d'Athénée, et entre aulres J. Daleschamps (2), se sont donné carrière sur ces passages des anciens auteurs, pour établir que la castration des femmes était connue dans rantiquilé. Mais ils n'ajou-lent rien aux lumières qu'on peut lirer des textes eux-méraes; tandis que tout porte ä croire , au contraire, qu'il ne s'agissait que d'une sorte d'infibulation, analogue peut-étre a celle que les Ethiopiens faisaient subir a leurs femmes en leur passant, dans les grandes lèvres, un anneau de cuivre (3), coutume existant encore de nos jours parmi les peuplades du Darfour et du Soudan.
Suivanl Alessandre Alessandro(4),il existait autrefois, dans l'Arabie, une peuplade, nommée les Créophages, chez laquelle on avail l'habitude de chatrer, non-seulement les hommes, mais encore les femmes. L'opé-ration, ajoute-t-il, se faisait è la maniere juive , qui élail déja adoptée pour les femmes en Egypte. Mais comme il n'indique pas quelle était cette maniere, il y a lieu de penser, tenant compte de fallération du récil, si commune dans tous les anciens auteurs qui n'ont pas observe par eux-mémes ce qu'ils rapportenl, qu'il s'agissait tout simplemenl, dans ce cas, de la circoncision, en usage depuis un temps immemorial chez la pluparl des peuples orientaux.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;raquo;
ün cas de castration plus reelle de la femme, si Ie fait est vrai, est
(1)nbsp; Athénée, beïpnosoph., XII ,2.
(2)nbsp; J. Daleschamps,/laquo;laquo;of. oiW. XII, .4lt;/ien., 1597.
(3)nbsp; Strabok, Giog., XVII.
(4)nbsp; Aless. Alessab-dro , Dieraquo; geniales, iu-folio. Rome, 15i2.
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532nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DE LA CASTRATION DANS l'eSPÈCE UUMAINE.
celui rapporté par Jean Wierus (1), de Grave-sur-Meuse (1515-1588), relatif ä un chätreur de porc, qui aurait pratique l'opération sur sa Glle, comme il Ie faisait aux truies, pour éleindre en eile l'ardeur d'un temperament érotique. Celle anecdote, répélée par tous les au­teurs, est ce qui sans doule a fait dire, a plusieurs d'enlre eux, que l'opération élait jarlis pratiquée en Allemagne (2), et a fait supposer a d'autres qu'on l'opérait par imitation de ce qui avail lieu chez ia Iruie (3). De tout cela, sauf Ie fait rapporté par J. Wierus, et dont l'aulhen-ticité est au moins discutable, il est permis de conclure qu'on n'a jamais réellemenl pratique la castration chez la femme. L'infibulalion, l'application des ceintures préservalrices , sont les seules pratiques auxquelles elles aient été quelquefois soumises, indépendamment de la circoncision qui leur est imposée chez certains peuples, comme aux hommes, par les lois roligieuses. Mais en aucun pays et a aucune époque, il ne paratt qu'en vue de rendre les femmes infécondes, on leur alt fait subir une mutilation , exigeanl des connaissances anatomi-ques et physiologiques que ne possédaient point les anciens, et qu'on n'eüt pu tenter, d'ailleurs, sans exposer gravement la vie des personnes opérées.
(I) J. WiERts, De prasligis demonum el tncanlationibus (puJjlié après lo morl de l'auleur). Amslcrdam, 16Ö0.
2) Paul Zachus, Quwsl. medico-hg Rome (xvii'siècle I. (3) Jean BnoDF.AU , Miscell., v. Ill, p. 175. Bale, 1555.
Fi.v
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TABLE
DES
MATIÈRES
Pages.
A.VANT-PROPOS.............................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;v
Introduction. De la castration considércc en general................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
I.nbsp; nbsp; nbsp; Definition; notions hisloriqaes........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;1
II.nbsp; nbsp;Effets, utilité, indications de la castration chez les animaux
domestiqucs.........................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;8
i™ SECTION. De la castration chez les qdadrvpëdes males.....nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;17
Chapitbe Ier. Castration du cheval, de l'due et du muht.........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;17
Historique...............................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;17
Artick 1er. Anatomie de la region testiculaire.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20
sect; 1. Enveloppes testiculaires.................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20
1deg; Scrotum..............................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;20
2quot; Dartos...............................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;21
3raquo; Tunique érjthroide....................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;22
4quot; Tunique sércuse.......................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;26
sect; 2. Testicule el ses annexes..................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;27
lraquo; Testicule.............................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;27
2deg; Epididytne............................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;28
3quot; Cordon lesliculaire.....................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;29
Article II. Préliminaires relalifs k la pratique de la castration chez
les solipèdes........................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;31
sect; 1. Age auquel il convienl de pratiquer la castration...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;31
J 2. Conditions favorables älopération. Soins préliminaires.......nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;41
sect; 3. Position a donner a I'animal pendant l'opération.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;44
Article III- Description des divers procédés de castration en usage sur
les solipèdes.......................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;34
sect; 1. Castration par Excision simple...........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;S5
sect; 2. Castration par Ratissage ou Rdclement.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;60
sect; 3. Castration par Arrachemenl ou Torsion....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;63
1quot; Definition. Historiquc..................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;63
io Manuel de l'opération..................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;66
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^inbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;TABLE
Pager
I.nbsp; Torsion libre...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; -.„
..............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; DO
a.nbsp; Torsion au-dcssus de I'épididyme...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;gg
b.nbsp; Torsion aii-dossous de Tépididyme.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 68
c.nbsp; Bisloumage a découvert.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;6g
II.nbsp; Torsion bornee.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 70
III.nbsp; Torsion de l'artère seulc...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 74
sect; 4. Castration par Ecrasemenl lineaire...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^g
sect; Ö. Castration parle Feu................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Sft
lquot; Definition. Historique................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;fift
20nbsp; Instruments servant a lopération..............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;gl
Squot; Manuel de l'opération................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;-v
sect; 6. Castration par Ligature....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;8n
1deg; Definition. Historique...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;fiq
21nbsp; Slanuel de l'opération.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;qlaquo;
I.nbsp; nbsp;Ligature du cordon et du scrotum.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 91
II.nbsp; nbsp; nbsp; — du cordon mis ä nu................ _nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;oi
a.nbsp; nbsp; nbsp;— a leslicules couvcrts...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; gj
b.nbsp; nbsp; nbsp;ä testicules découverts................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;92
c — de Tariere testiculaire seule..................nbsp; nbsp; nbsp; 93
III.nbsp; nbsp; nbsp;— sous-cutanée..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;g^
IV.nbsp; nbsp; nbsp; — du canal deferent seul....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;gg
sect; 7. Castration par les Casseaux................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;97
iraquo; Definition Historique............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ,._
2o Instruments servant a lopération................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;99
3' Manuel de l'opération.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 10L
I.nbsp; Procédé a testicules découverts...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;403
II.nbsp; Procédé ä testicules couvcrts.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 110
4lt;i Enlèvcment des casseaux...........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;**.,
S'Operation par Ie procédé nouillard................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; U3
a.nbsp; Instruments servant ä l'opération.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;ng
b.nbsp; Fixation de l'animal; manuel de l'opération.............nbsp; nbsp; 117
5 8. Castration par Ecrascmcnt.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; jjg
1raquo; Délinition. Historique.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^g
2quot; Manuel de l'opération............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 12i
I.nbsp; Ecrasement total....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; -0l
II.nbsp; Ecrasement du cordon seul......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ^24
sect; 9. Castration par Bistournage.......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;jm
1quot; Definition. Historique..........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;J24
2o Age convenable. Soins prélirainaires......................nbsp; nbsp; 130
3deg; Manuel de l'opération..........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;^32
4quot; Resultats anatomiques de l'opération................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 139
öo.Difficultés, dangers de lopération........................nbsp; nbsp; 142
-ocr page 547-
DES MATIÊRES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;535
Pages.
Article iy. Phénomènes consécutifs ä la castration................nbsp; nbsp; 14ö
sect; 1. Phénomènes immédials.................................nbsp; nbsp; 146
1raquo; Douleur..............................................nbsp; nbsp; l*ß
2deg; Embarras des mouvemenls...............................nbsp; nbsp; 147
3raquo; Hémorrhagie..........................................nbsp; nbsp; 148
4raquo; Ecoulemenl séreux par la plaie...........................nbsp; nbsp; 148
So Introduction de l'air dans Tabdomen.......................nbsp; nbsp; 149
J 2 Phénomènes secondaires................. ...............nbsp; nbsp; 130
1raquo; Flèvre de reaction......................................nbsp; nbsp; ISO
2quot; InQamination du cordon et des bourses....................nbsp; nbsp; 181
3deg; Cicatrisation de la plaie.................................nbsp; nbsp; nbsp;1Ö4
Article V. Seins a donner aux animaux qui ont subi la castration......nbsp; nbsp; 136
to Soins immédiatsa lopéralion............................nbsp; nbsp; 136
2', Placement a l'écurie du sujet opérc........................nbsp; nbsp; 138
3quot; Régime du sujet opéré..................................nbsp; nbsp; 160
4raquo; Soins locaux; panseraents des plaies du scrotum.............nbsp; nbsp; 161
ö0 Soins généraux et supplémentaires........................nbsp; nbsp; 162
Article Vl. Accidents pouvant survcnir ü la suite de la castration.....nbsp; nbsp; 164
1quot; Coliques.............................................nbsp; nbsp; 163
2quot; Arrachemenl des casseaux...............................nbsp; nbsp; 166
3raquo; Hémorrhagie..........................................nbsp; nbsp; nbsp;I66
ilaquo; Engorgement de Ia region scrotale.........................nbsp; nbsp; 173
Sraquo; Gangrene.............................................nbsp; nbsp; lquot;1^
6deg; Abces des bourses el de l'aine............................nbsp; nbsp; 176
7deg; Inflammation du cordon. Champignon.....................nbsp; nbsp; 177
8deg; Fislule du scrotum.....................................nbsp; nbsp; 194
9deg; Hernie inguinale......................................nbsp; nbsp; 196
10quot; Peritonite.............................................nbsp; nbsp; 203
11raquo; Tétanos...............................................nbsp; nbsp; 211
12deg; Amaurose.............................................nbsp; nbsp; 213
Article VII. Examen comparalif des divers procédés de castration usités
chez les solipèdes..................................nbsp; nbsp; 217
Chapithe 2. Castration dans l'espéce bovine.....................nbsp; nbsp; 231
Uistorique..............................................nbsp; nbsp; nbsp;231
Article 1quot;. Notions préliminaires...............................nbsp; nbsp; nbsp;232
1deg; Anatomie de la region lesticulaire.........................nbsp; nbsp; nbsp;232
2deg; Age convenablc pour l'opéralion..........................nbsp; nbsp; nbsp;233
3quot; Epoque favorable pour l'opération........................nbsp; nbsp; 233
Article II. Description des divers procédés de castration usités dans l'es­péce bovine........................................•nbsp; nbsp; 236
sect; I. Bistournage..........................................nbsp; nbsp; 237
lquot; Historique............................................nbsp; nbsp; nbsp;237
X
-ocr page 548-
^36nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TABLE
Pages.
2quot; Conlention du sujet......................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 039
3o Manuel de l'opéralion............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;241
4raquo; Diffkullés de l'opéralion. Modifications du manud opératoire..nbsp; nbsp; 246
Bisloumage par Ie procédé Italien .......................nbsp; nbsp; 249
Sdeg; Suites de l'opéralion. Soins consécutifs.....................nbsp; nbsp; 2öO
60 Accidents pouvant survenir a la suite du bistournage.........nbsp; nbsp; 234
a.nbsp; Rupture des enveloppes...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;234
b.nbsp; Deplacement du teslicule; détorsion du cordon..........nbsp; nbsp; 233
c.nbsp; Ligature trop serrée........... .........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;238
d.nbsp; Innummalion des bourses.................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;.jge
e.nbsp; nbsp;Inflammation du fourreau..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;260
f.nbsp; nbsp;Inflammalion du testicule...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 261
if- Engorgement du cordon tesliculaire...................nbsp; nbsp; 262
sect; 2. Slartelage.......................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 263
10nbsp; Definition. Historique..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; ofiq
2quot; Manuel dc I'Dperation....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; olaquo;*
sect; 3. Castration a I'aiguillc........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;9(.6
sect;4. iMiithndesdiversespar ablation des tcslicules............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 270
1deg; Castration par les Casseauv..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; o-o
I.nbsp; nbsp;Casseaux appliques sur le cordon...................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 270
II.nbsp; nbsp;Casseaux appliques sur les enveloppes...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 271
2quot; Castration par Ligature........................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;274
3o - parleFeu........................'.'.'.'.'.'.'.'.'.'.'.nbsp; nbsp; 276
4deg; — par Arraclicment ou Torsion...................nbsp; nbsp; nbsp; 277
3deg; — par Excision simple.....................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;279
6quot; — par Ratissage................................nbsp; nbsp; nbsp; 282
Article III. Accidents pouvant survenir a la suite de la castration du
taureau.......................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 282
Article IV. Examen comparalif des divers procédés de castration du
taureau......................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;234
Chapithe 3 Castration dans les espéces ovine et caprine...........nbsp; nbsp; 2S9
11nbsp;istorique..................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 2blt;)
sect; 1. Indications. Age, époque convenables....................nbsp; nbsp; 290
sect; 2. Modes divers de castration en usage chez les petits ruminants..nbsp; nbsp; 291
1quot; Excision simple.................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;299
2quot; Arrachement, Torsion.............................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; .klaquo;
3raquo; Bistournage.....................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 294
4deg; Fouettage.....................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 297
sect; 3. Accidents pouvant survenir après la castration chez le bélier...nbsp; nbsp; 299
Cbapitre 4. Castration dans l'espéce porcine..................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;391
Historique..................................nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;onj
sect; 1. Indications. Age favorable. Disposition anatomique des parties.nbsp; nbsp; nbsp;301
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DES MATIÈRES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;337
Vtges.
$ 2. Modes divers de castration en usage dans l'espèce porcine......nbsp; nbsp; 303
1raquo; Eicision. Torsion. Arrachement..........................nbsp; nbsp; 303
2deg; Ligature..............................................nbsp; nbsp; 304
3deg; Operation par les Casseaui..............................nbsp; nbsp; 30S
sect; 3. Complications et accidents de la castration chez le pore.......nbsp; nbsp; 306
Chapitbe S. Castration du chien, du cliat et du lapm.............nbsp; nbsp; 308
Chapitre 6. Castration des animaax cryptorchides...............nbsp; nbsp; 312
Article Iquot;. De la Cryptorchidie considérée en general..............nbsp; nbsp; 312
sect; 1. Definition, synonymie, historique........................nbsp; nbsp; 312
sect; 2. Dévcloppement et migration du testicule a l'état normal chez le
foetus..............................................nbsp; nbsp; 317
sect; 3. Caractères anatomiques et physiologiques de la Cryptorchidie...nbsp; nbsp; 320
sect; 4. Caractères extérieurs des animaux cryptorchides............nbsp; nbsp; 324
sect; 3. Causes dc la cryptorchidie...............................nbsp; nbsp; 326
sect; 6. Inconvénienls offerls par les animaux cryptorchides. IVécessité d'y
remédier par la castration.............................nbsp; nbsp; 327
Article II. Description dc l'opération.......................... .nbsp; nbsp; 329
tj 1. Castration des cryptorchides dans l'espèce chevaline..........nbsp; nbsp; 329
sect; 2. Castration des cryptorchides dans les espèces ovine et porcine...nbsp; nbsp; 334
2laquo; SECTION. De la castration des femelles.................nbsp; nbsp; 339
Cuapitre ilt;quot;. Castration de la Vache...........................nbsp; nbsp; 340
II istorique..............................................nbsp; nbsp; 340
Article Iquot;. Effets, utilité, indications de la castration des vaches.....nbsp; nbsp; 344
sect; 1. Influence dc la castration sur la secretion du lait..... ......nbsp; nbsp; 343
sect; 2. Influence de la castration sur l'engraissement...............nbsp; nbsp; 332
sect; 3. Influence de la castration sur le caractère et la santé des vaches.nbsp; nbsp; 339
sect; 4. Essais défavorables ä la castration des vaches................nbsp; nbsp; 365
sect; 3. Résumé general sur les avantages économiques de Ia castration
des vaches...........................................nbsp; nbsp; 372
sect; 6. Conditions favorables a la pratique de l'opération.............nbsp; nbsp; 382
Article II. Notions anatomiques sur les organes de la generation chez
la vache............................................nbsp; nbsp; 383
1raquo; Vagin................................................nbsp; nbsp; 383
2deg; Uterus...............................................nbsp; nbsp; 386
3raquo; Ligaments larges......................................nbsp; nbsp; nbsp;388
4quot; Ovaire...............................................nbsp; nbsp; 390
Article III. Operation par incision du liane.......................nbsp; nbsp; 392
sect; 1. Manuel de l'opération..................................nbsp; nbsp; 393
1laquo; Procédé Levrat........................................nbsp; nbsp; 393
2raquo; Modifications apportées au procédé Levrat..................nbsp; nbsp; 396
fi 2. Suites ordinaires de l'opération. Soins consécutifs.............nbsp; nbsp; nbsp;400
3 3. Accidents consécutifs a l'opération.........................nbsp; nbsp; 402
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538nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TABLE
Pages.
lo Emphyseme...........................................nbsp; nbsp; WZ
2raquo; Hémorrhagie dans la plaie du flanc........................nbsp; nbsp; ^04
3deg; Hémorrhagie par les arlères ovariques.....................nbsp; nbsp; 404
4o Etablissement de la suppuration et ses suites.................nbsp; nbsp; 403
8deg; Péritonite............................................nbsp; nbsp; 406
6deg; Retour des chaleurs....................................nbsp; nbsp; 409
sect; 4. Castration des velles et des jeunes génisses..................nbsp; nbsp; 410
1deg; Indications...........................................nbsp; nbsp; 410
2deg; Manuel opératoire.....................................nbsp; nbsp; 411
Article IV. Operation par la methode vaginale....................nbsp; nbsp; 412
sect; 1. Notions générales......................................nbsp; nbsp; 412
1 •gt; Historique...........................................nbsp; nbsp; 412
2quot; Lieu oü doit être praliquée l'incision.......................nbsp; nbsp; 416
3deg; Soins préliminaires....................................nbsp; nbsp; 41'
sect; 2. Procédé Charlier primitif................................nbsp; nbsp; 417
sect; 3. Procédé Charlier perfeclionné............................nbsp; nbsp; 419
1raquo; Appareil instrumental..................................nbsp; nbsp; 419
20 Manuel de l'opération..................................nbsp; nbsp; 431
3raquo; Ckconstances anormales pouvant modifier l'opéraüon.........nbsp; nbsp; 436
a.nbsp; nbsp;Dilatation du vagin................................nbsp; nbsp; 436
b.nbsp; nbsp;Etroitesse du vagin.................................nbsp; nbsp; 437
c.nbsp; nbsp;Deviations, contractions du col utérin..................nbsp; nbsp; 437
d.nbsp; nbsp;Collections purulentcs dans le vagin. Plenitude de la matrice.nbsp; nbsp; 438
e.nbsp; nbsp;Dégénérescences, difformités des ovaires................nbsp; nbsp; 438
f.nbsp; nbsp;Alterations des ligaments et des vaisseaux ovariques......nbsp; nbsp; 439
4quot; Suites de l'opération. Soins conséculifs.....................nbsp; nbsp; 440
Slaquo; Accidents.............................................nbsp; nbsp; nbsp;441
sect; 4. Procédé Colin.........................................nbsp; nbsp; 444
1raquo; Appareil instrumental..................................nbsp; nbsp; 444
2raquo; Manuel de l'opération..................................nbsp; nbsp; 446
sect; ö. Procédé par ligature de 1'ovaire...........................nbsp; nbsp; 431
Chapitre 2. Castration de la Jument..........................nbsp; nbsp; 436
1raquo; Historique. Indications de l'opération.....................nbsp; nbsp; 436
2deg; Age, temps favorables. Soins préliminaires.................nbsp; nbsp; nbsp;438
3deg; Disposition anatomique de l'appareil genital................nbsp; nbsp; 438
4quot; Manuel de l'opération...................................nbsp; nbsp; nbsp;460
3quot; Soins consécutifs.......................................nbsp; nbsp; nbsp;463
6deg; Accidents............................................nbsp; nbsp; 463
Chapitre 3. Castration de la Truie............................nbsp; nbsp; 463
sect; 1. Notions préliminaires...................................nbsp; nbsp; 463
1deg; Historique............................................nbsp; nbsp; 463
2laquo; Indications. Age, temps convenables......................nbsp; nbsp; nbsp;468
-ocr page 551-
DES MATIÈRES.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 039
Pages.
3deg; Disposition anatomique de l'appareil genital..........,......nbsp; nbsp; 469
sect; 2. Description de l'opéralioD...............................nbsp; nbsp; 469
1deg; Instruments...........................................nbsp; nbsp; 470
2deg; Manuel opératoire......................................nbsp; nbsp; 471
I.nbsp; Castration des truies jeunes.............................nbsp; nbsp; nbsp;471
II.nbsp; nbsp;Castration des truies ägees.,..........................nbsp; nbsp; 475
3deg; De l'amputation de Ia matrice............................nbsp; nbsp; 476
4deg; Difflcultés de l'opération................................nbsp; nbsp; 477
sect; 3. Soins conséculifs.......................................nbsp; nbsp; 479
sect; 4. Accidents pouvant suivre la castration de la truie............nbsp; nbsp; 480
1deg; Accidents immédiats....................................nbsp; nbsp; 480
2deg; Accidents secondaircs...................................nbsp; nbsp; 482
Cbapitbe 4. Castration des petites femelles domestiques autres que la
truie.........................................nbsp; nbsp; 487
sect; 1. Castration de la brebis..................................nbsp; nbsp; 487
Iraquo; Historique. Indications.................................nbsp; nbsp; 487
2deg; Manuel de l'opération..................................nbsp; nbsp; nbsp;488
sect; 2. Castration de la chienne.................................nbsp; nbsp; 489
1raquo; Historique. Indications.................................nbsp; nbsp; 4S9
20 Manuel de l'opération..................................nbsp; nbsp; 490
sect; 3. Castration de la chatte..................................nbsp; nbsp; 491
3laquo; SECTION. De la castration bes anihalx non QDADRüpfeDES..nbsp; nbsp; 493
Chapitre 1quot;. Castration de la Volaille.........................nbsp; nbsp; 493
sect; t. Notions bistoriques.....................................nbsp; nbsp; 493
sect; 2. Castration du coq......................................nbsp; nbsp; 496
lraquo; Indications. Age. moment favorables......................nbsp; nbsp; 496
2raquo; Disposition anatomique de l'appareil testiculaire.............nbsp; nbsp; 497
3o Manuel de l'opération..................................nbsp; nbsp; 49g
4laquo; Soins conséculifs.......................................nbsp; nbsp; nbsp;SCO
sect; 3. Castration de la poule..................................nbsp; nbsp; nbsp;003
Chapitre 2. Castration des Poissons...........................nbsp; nbsp; nbsp;309
Note additionnelle. De la castration dans l'espèce humaine...........nbsp; nbsp; 313
Table des matières...........................................nbsp; nbsp; 333
Table des figures.............................................nbsp; nbsp; 340
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TABLE
DES
FIGURES
Figures.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;faglaquo;-
1.nbsp; Enveloppes testiculaires ehez le cheval.................nbsp; nbsp; nbsp; 22
2.nbsp; Testicule droit du cheval vu par sa face externe...........nbsp; nbsp; nbsp; 2i
3.nbsp; Testicule droit du cheval vu par sa face interne............nbsp; nbsp; nbsp; 23
4.nbsp; Entravon simple............................nbsp; nbsp; nbsp; 48
5.nbsp; Capote a luntttcs............................nbsp; nbsp; nbsp; 43
6.nbsp; Les quatre enlravons dans leur position respective..........nbsp; nbsp; nbsp; 46
7.nbsp; Cheval fixé sur le lit pour la castration................nbsp; nbsp; nbsp; 48
8.nbsp; nbsp;Procédé usité en Normandie pour aballre les clicvaui k caslrer. . .nbsp; nbsp; nbsp; 52
9.nbsp; Procédé pour fixer ranimal sur le dos................nbsp; nbsp; nbsp; 53
10.nbsp; Pincea torsion fixe, modele Renault et Dclafond..........nbsp; nbsp; nbsp; 71
11.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Idem. modele Périer..................nbsp; nbsp; nbsp; 71
12.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Idem. Ier modele en ciscau...............nbsp; nbsp; nbsp; 71
13.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. 2' modele en ciseau...............nbsp; nbsp; nbsp; 72
14.nbsp; Pince a torsion mobile, modele ancien.................nbsp; nbsp; nbsp; 72
Idem. modele nouveau.................nbsp; nbsp; nbsp; 72
16.nbsp; nbsp;Ecraseur lineaire............................nbsp; nbsp; nbsp; 77
17.nbsp; Pince ä castration par le feu, ä deux branches, en bois........nbsp; nbsp; nbsp; 82
18.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. en fer..................nbsp; nbsp; nbsp; 82
19.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. h trois branches, modele Garsault....nbsp; nbsp; nbsp; 82
20.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. Idem. modèle Chéret ....nbsp; nbsp; nbsp; 83
21.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. Idem. égalcs.........nbsp; nbsp; nbsp; 83
22.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. Idem. avec vis et crémaillérc.nbsp; nbsp; nbsp; 83
23.nbsp; nbsp;Cautère cultellaire ordinaire, pour la castration par le feu.......nbsp; nbsp; nbsp; 83
24.nbsp; nbsp;Caulère hastile, Idem. .......nbsp; nbsp; nbsp; 83
25.nbsp; nbsp;Caulère en couleau de feu. Idem. .......nbsp; nbsp; nbsp; 85
26.nbsp; nbsp;Caulère Huart, Idem. .......nbsp; nbsp; nbsp; 83
27.nbsp; Caulère a deux tranchants, Idem. .......nbsp; nbsp; nbsp; 83
28.nbsp; nbsp;Noeud a double anse, pour la castration par ligature.........nbsp; nbsp; nbsp; 91
2'J. Bistouri Cailleux, pour la castration par les casseaux.........nbsp; nbsp; nbsp; 99
30. Bistouri Lacoste. Idem. .........nbsp; nbsp; nbsp; 99
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TABLE DES FIGDKKS.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 541
Figureraquo;.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; I,aees-
31.nbsp; Casseaux simples....... .....................nbsp; nbsp; 100
32.nbsp; Pince a castralion...........................nbsp; nbsp; 103
33.nbsp; Eiau portaiif ä castration........................nbsp; nbsp; 103
34.nbsp; Ciseaux ordinaires............................nbsp; nbsp; 10*
33. Casseaux pour la castration par Ie procédé Bouillard..........nbsp; nbsp; 118
36.nbsp; Pince Idem. ..........nbsp; nbsp; 116
37.nbsp; Noeud pour la fixation du cheval ä bistourner.............nbsp; nbsp; 130
38.nbsp; Resultats anatomiques du bistournage.................nbsp; nbsp; 140
39.nbsp; Colllerachapelet place..........................nbsp; nbsp; 1S9
40.nbsp; nbsp;Casseau courbe pour le champignon..................nbsp; nbsp; 180
41.nbsp; Ligature en masse double Idem...................nbsp; nbsp; 188
42.nbsp; Ligiilure en masse quadruple Idem...................nbsp; nbsp; 188
43.nbsp; Porte-noeud Levret Idem...................nbsp; nbsp; 188
44.nbsp; Porte-ligature Idem...................nbsp; nbsp; 188
43. Cautère droit Idem...................nbsp; nbsp; 192
40. Cautère conique Idem...................nbsp; nbsp; 192
47.nbsp; Cautère olivairc Idem...................nbsp; nbsp; 192
48.nbsp; Anatomie du tcsticide du boeuf.....................nbsp; nbsp; 233
49.nbsp; Manuel opératoire du bistournage. 1er temps.............nbsp; nbsp; 242
50.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. Idem..............nbsp; nbsp; 242
51.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. 2laquo; temps.............nbsp; nbsp; 244
32.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. gt; temps.............nbsp; nbsp; 244
33.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. Idem..............nbsp; nbsp; 244
34.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem Idem..............nbsp; nbsp; 243
SS. Idem. 4laquo; temps.............nbsp; nbsp; 246
37.nbsp; nbsp;Casseau de boeuf arliculé, a écrou...................nbsp; nbsp; 272
38.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. ä vis simple..........'.......nbsp; nbsp; 272
39.nbsp; Anatomie de la region ovarienne chez lavache.............nbsp; nbsp; 387
00. Dilatateur vaginal primitif, instruinenl fermé.............nbsp; nbsp; 420
61. Idem. instruinenl ouvcrt.............nbsp; nbsp; 420
02. Dilatateur vaginal a étui et ä lige fenètréc, instrument fermé.....nbsp; nbsp; 420
63. Idem. instrument ouverl.....nbsp; nbsp; 420
04.nbsp; nbsp;Dilatateur vaginal dernier modèle (inédit), instrument fermé.....nbsp; nbsp; 422
05.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. inslrumenl ouvert.....nbsp; nbsp; 422
06.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Idem. instrument ouvert , et position de la main entre ses branches.................nbsp; nbsp; 423
67.nbsp; Bistouri ä serpette el a lame renlrante, fermé..............nbsp; nbsp; 423
68.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;Idem. ouvert..............nbsp; nbsp; 423
69.nbsp; nbsp;Ciscaux courbes.............................nbsp; nbsp; 420
70.nbsp; nbsp;Pince a torsion primitive........................nbsp; nbsp; 426
71.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Idem. nouvelle........................nbsp; nbsp; 426
72.nbsp; nbsp;Poucier d'acier..............................nbsp; nbsp; 423
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quot;1quot;
542nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; TABLE DES FIGURES.
Figures.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Pagei.
73.nbsp; Main droite tenant le bistouri pour inciser le vagin...........nbsp; nbsp; 43t
74.nbsp; nbsp;Pince a torsion tenant i'ovaire salsi...................nbsp; nbsp; 434
75.nbsp; Trocarl pour ponclionncr les abces du bassin..............nbsp; nbsp; 444
76.nbsp; nbsp;Bistouri pour la castration des vaches par ie procédé Colin.......nbsp; nbsp; 44S
77.nbsp; nbsp;Pince ä torsion Idem. Idem. .......nbsp; nbsp; 443
78.nbsp; nbsp;Pince limitative Idem. Idem. .......nbsp; nbsp; 44Ö
79.nbsp; Anatomie de la region ovarienne chez la jument...........nbsp; nbsp; 459
80.nbsp; Couteaua chätrer les truies, a lame demi circulaire...........nbsp; nbsp; 470
81.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Idem. a lame triangulaire.............nbsp; nbsp; 470
82.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Idem. modele Viborg...............nbsp; nbsp; 470
83.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Idem. modele Helper...............nbsp; nbsp; 470
84.nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; Idem. modele en lancette.............nbsp; nbsp; 471
83. Suture entrecoupée............................nbsp; nbsp; 474
86.nbsp; Suture des pelletiers...........................nbsp; nbsp; 474
87.nbsp; Suture a points intérieurs........................nbsp; nbsp; 474
Toulouse. Imprijierie de Mlle H. de Labouïsse-Rociiefort.
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