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BOITERIES CHRONIQUES DU CHEVAL
TKAITKES I'.VR
LA NÉVROTOMIE
jVi. W. j-f ARDY
Vétérinaire (!lt;#9632; 1quot; classe au 1quot; regiment des jruiites.
Professeur is. l'Éoole de guerre, vétérinaire des Écuries dd Rm
Cheralier de lquot;Ordre Leopold.
Jb.. j. HUGUES
Vétérinaire de 1quot; classe au 2deg; regiment de lanciers,
Membre correspoudant de 1'Académie royale de médocine de Belgique.
Membre correspondant de ia Societe des sciences médicales
du Grand-Duché de Luxembonrg.
La cliiriirgie vétérinaire doit activement
, quot;jnterVem;r,'gt;-loi'sc[u'il est reconnu que tout
• aiitnv moyen SCrtät inefficace oa plus Ionquot;-
on pjijs f]ispentylt;!ti\,
Gornoo.N.
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H. MANC^WCT^rfKUR.
IMPRIMEliR DE Lquot;ACADl?lSfm!?MÉDKCIi\E DE BEI.G1QUE 1.IBRA1RE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE DK l.'ÉTAT.
8. rue des Trois-Têtes. Montagne de la Cour
1876
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1*
PREFACE.
.
De tons temps, les vieilles boiteries ont fait le désespoir des vétërinaires, tout en occasionnant aux propriétaires des pertes considerables. Gelles-ci, en effet, se traduisent non-seulement par le sacrifice ou par la vente ä vil prix des animaux, mais encore par les frais multiples de nourriture, d'entretien, de medicaments, d'bonoraires, etc., les-quels s elèvent toujours ä une somme considerable, car souvent ces traitements durent plusieurs mois.
La section des nerfs pouvant mettre les animaux qai en sont atteints, dans des conditions ä rendre d'excellents services pendant plusieurs années, nous avons cru qu'il serait utile aux vétërinaires et aux propriétaires, de chercher ä donner ä cette operation toute la confiance quelle mérite. G'est dans ce but que nous livrons a la publicité le résultat de nos experiences et de nos observations cliniques. Nous avons la ferme conviction qu'en implantant la névrotomie dans la pratique usuelle, nous rendons un service marqué ä l'agriculture, aux détenteurs d'animaux de luxe et surtout ä l'armée, dans laquelle tant de chevaux sont réfor-més pour boiterie.
1-1 aoiit 1876.
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DE LA
NEVROTOMIE PLANTAIRE
CHEZ LE CHEVAL.
La pratique des resections nerveuses n'est pas nou­velle ; il y a bon nombre d'années deja qu'elle a été pré-conisée et employee dans Ie but de faire disparaitre certaines claudications, principalement chez les soli-pèdes. Mais, quoique admise dans les cadres de la chi­rurgie vétérinaire, la névrotomie est restée, ä quelques exceptions prés, une operation purement classique. Non pas qu'elle soit tombée dans l'oubli; mais eile est géné-lemènt écartée de la pratique usuelle comme frappée de suspicion et d'ostracisme par les insuccès et les accidents graves dont eile a été accusée. Elle a donné les résultats les plus heureux entre les mains de quelques operateurs; mais, pratiquée timidement ou inopportunément alors qu'il existait des contre-indications pathologiques, ou encore, pratiquée sans avoir été précédée, ou saus étre
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suivie de certaines precautions d'une indispensable nécessité, eile n'a parfois amené que des guérisons mo-mentanées, ou des cures d'une valeur relative, ou meine des désorganisations profbndes, qui Tont fait reléguer au nombre des operations souvent nuisibles.
La névrotomie, dit Steinrüch, reste inefflcace lors-qu'il existe des alterations materielles; si eile parvient a faire disparaitre les boiteries dues ä d'autres causes, cette guérison n'est que momentanée; et, au bout d'un certain temps, Ie nerf se régénérant, les symptómes réapparaissent. Dans tous les cas, ajoute-t-il, les mouve-ments des membres opérés restent incertains.
Branell la considère comme un miserable leurre ne donnant qu'un resultant momentane, augmentant parfois Ie mal, et rendant ainsi la guérison impossible.
M. Brogniez, professeur de l'école de Bruxelles, nc parait pas non plus croire au succes de la resection des deux nerfs plantaires. Du moins, c'est ce qui découle de la definition qu'il donne de la névrotomie dans son traite de chirurgie :
laquo; C'est une operation, écrit-il, qui consiste ä couper raquo; avec perte de substance, un ou plusieurs des cordons ~gt; nerveux qui vont se distribuer au pied, et cela dans Ie i but d'enlever a cette partie un exces de sensibilité, raquo; tout en la laissant jouir des communications süffisantes raquo; pour que la nutrition n'en soit pas altérée, et sans 5gt; nuire au tact, c'est-ä-dire, en conservant k l'animal la raquo; perception des corps extérieurs. raquo;
Il y a une quinzaine d'années, M. C. Leblanc, vétéri­naire instruit et distingue, analysant un mémoire de Stanley, qui rapportait avoir fait plus de cent fois la névrotomie, surtout sous Ie boulet, et n'avoir eu que
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3 —nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; t-
deux accidents, disait (1) laquo;qu'elle n'était, Ie plus souvent, qu'un palliatif quelquefois dangereux. raquo;
En Angleterre, M. Williams, dans son traite de Pra-tice veterinary (2), publié en 1872, dit que les accidents consécutifs ä la névrotomie sont frequents et que, s'il n'est pas fait un choix judicieux des sujets, l'opération peut jeter du discredit sur Ie praticien.
Fort heureusement, les resultats obtenus jadis, meme au temps oü régnait encore l'hippiatrie, alors que la chi­rurgie n'était exercée que par un petit nombre de vété-rinaires initiés aux secrets de l'anatomie, ces résultats n'avaient pas été oubliés. Ils furent remis en faveur par ceux qu'obtinrent plus tard certains praticiens, parmi lesquels figurent en première ligne quelques profes-seurs. Néanmoins, Fopération de la névrotomie prit peu d'extension. Et, lorsque M. Gourdon (3) dit qu'elle est tout a fait dans la pratique usuelle, il conclut, croyons-nous, bien plus d'après ce qui se passe dans les écoles que dans les cliniques privées. D'ailleurs, l'auteur des Elements de chirurgie vétérinaire ne parait lui-méme lui accorder qu'une confiance assez limitée. Si, invoquant l'expérience et l'autorité de M. H.Bouley,il recommande cette operation dans quelques cas, un peu plus loin il fait appel a la prudence. laquo; Malgré, dit-il, les avantages raquo; de la névrotomie, on ne doit pas en faire un usage raquo; abusif. Le nerfs ne sont pas seulement les agents de la
raquo; sensibilité; ils contribuent encore a entretenir la vita-
laquo;
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(1)nbsp; liecueil vétérinaire, année 1858, page 262.
(2)nbsp; The principles and pratice of veterinary surgery, 331.
(3)nbsp; Elements de chirurgie, chapitre Névrotomie.
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raquo; lité des parties oü ils se rendent, et il ne saurait être raquo; sans inconvenient de supprimer cette fbnction; on raquo; diminue ainsi la force do nutrition de l'organe, et raquo; assurément, on nait de la sorte ä la solidité de l'appui raquo; et ä la süreté de la marche, car l'animal, ne sentant raquo; plus son membre, est long a s'habituer ä cette espèce raquo; de corps inerte sur lequel il s'appuie. Pour ces motifs, raquo; la névrotomie ne doit jamais être qu'une dernière res-raquo; source, utile alors qu'il ne reste aucun autre espoir de raquo; guérison. raquo;
Cette prudence ne tarde pas a devenir de la defiance pour l'humble praticien, lorsqu'on lui fait passer sous les yeux une longue liste d'accidents qui seraient la con­sequence ordinaire de la resection des nerfs plantaires.
S'il est des affections contre lesquelles eile ait souvent réussi, ce sont les boiteries provenant d'exostoses pha-langiennes, ce sont les formes. Pourtant Ie professeur Lafosse declare (1) laquo; que cette operation n'offre quel-raquo; ques chances de succes que dans Ie cas oü la forme est raquo; assez limitée pour que l'on puisse se borner ä la sec-raquo; tion des branches antérieures ou postérieures des raquo; nerfs plantaires, oü même encore ä la section de Tune raquo; d'elles. — Lorsque plusieurs branches doivent être raquo; coupées, il faut au moins laisser un mois d'intervalle raquo; entre chaque section. raquo;
Avec quelle prudence Ie savant professeur de Toulouse fait la section de Tune ou des deux branches phalan-giennes! Cette prudence, que nous ne pouvons nous em-pêcher d'appeler de la timidité, ne proscrit-elle pas
(1) Pathologie vétérinaire, par Lafosse, tome II.
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indirectement la section des deux brandies raétacar-piennes ?
A coté de ces avantages comme moyen palliatif ou curatif des boiteries, la névrotomie nous fournit un pré-cieux enseignement relativement ä la localisation de la lésion. Malgré toute l'autorité de Lafosse, qui soutenait que sur cent chevaux boiteux, nonante-neuf boitent du pied, beaucoup de vétérinaires adoptent Ie contraire de cette regle. Eh bien! si jamais principe peut trouver une demonstration peremptoire dans l'expérience et dans l'irréfutable témoignage des faits, c'est bien celui du ve­nerable praticien dont nous venons de citer Ie nom, et auquel il nous est un devoir d'associer celui d'un autre praticien, non moins digne de notre souvenir : nous vou-lons parier de Chabert qui disait : quand votre cheval boite de Vépaule, regardez dans Ie pied.
Malgré, disons-nous, la double autorité d'oü émanaient ces deux régies identiques, quant au fond, les boiteries de l'épaule eurent une vogue étonnante, et aujourd'hui encore, notre impuissance, doublée d'une vieille routine, s'abrite bien souvent derrière Ie mot écart, Vasile de Vignorance, comme l'a si spirituellement qualifiée Renner, un hippiatre russe. Lorsque l'exploration de toutes les parties d'un membre antérieur, atteint d'une claudication, n'accuse nulle part ni lésion materielle, ni exagération de sensibilité, on fait de la diagnose par exclusion, et Ie siége du mal est place dans les masses épaisses qui entourent les os de l'épaule et du bras. Nous n'accordons de foi et de valeur ä cette deduction que dans quelques cas exceptionnels. La pratique de la né­vrotomie pendant une période de dix années nous donne Ie droit de parier avec cette assurance. Du reste, pour
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des raisons anatomiques et mécaniques suffisamraent connues, les rayons inférieurs, et surtout les parties contenues dans le sabot, sent infiniment plus exposes aux alterations que les rayons supérieurs. M. H. Bouley a parfaitement classé par ordre de mérite, les diverses regions, qui sont ordinairement le siege des boiteries. laquo; G'est le pied, dit-il, qui vient en première ligne, puis raquo; les phalanges et leurs articulations, le beulet, les ten-raquo; dons suspenseurs et le genou; au-dessus du genou, les rgt; causes de boiterie sont beaueoup plus rares (1). raquo; Mal-heureusement on rencontre une foule d'animaux boiteux, chez lesquels il n'y a rien de spécial dans le mode d'ex-pression; il n'y a rien qui indique que la claudication procédé d'ime region plutót que d'une autre. On voit bien, dit encore M. Bouley, qu'un cheval boite; mais d'oü? e'est la la question. — La névrotomie n'est-elle pas un criterium précieux, et ne met-elle pas fin a toutes ces hesitations, ä toutes ces tergiversations qui ne peuvent que compromettre la reputation du praticien, et faire perdre au propriétaire les bénéflees d'un traitement rationnel immédiatement appliqué? Evidemment, eile n'indique pas, avec une rigoureuse exactitude mathéma-tique, le siége de l'altération, mais eile pose un jalon qui marquera la route ä suivre et qui indiquera si les inves­tigations doivent être continuées sur les regions situées en dessous, ou sur celles situées au-dessus du point oü la section a été faite ; c'est-ä-dire qu'il n'y aura plus a hésiter entre les deux regions les plus fréquemment accusées, l'épaule et le pied.
(1) Dictionnaire Bouley et Reynal, 2 vol., page 526.
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De ce qui precede, nous pouvons conclure que la névro-tomie est une operation d'importante utilité; et, si eile est peu connue ou délaissée, il faut en accuser ceux qui, peu heureux dans leurs essais, Tont entourée d'épouvan-tails, en chargeant son dossier d'une foule d'accidents dont Topérateur lui-même est peut-étre la principale cause. En lui imputant ces nombreuses suites funestes, tels que Ie ramollissement du tendon, la chute du sabot, la gangrene des extrémités, on lui a interdit l'entrée de la pratique usuelle. Par la, on a été défavorable au pro-grès etäla reputation de la chirurgie des animaux domes-tiques; on a lésé les interets du praticien, ceux du pro-priétaire et partant ceux de la fortune publique.
Nous tacherons de disperser les épouvantails et de dis-siper cette defiance centre laquelle nous réagirons non-seulement en appelant ä notre aide une conviction sin­cere, mais aussi et surtout l'éloquente brutalité des faits.
Puissent nos efforts rendre a cette operation toute l'es-time ä laquelle eile a droit, et lui donner dans la hiërar­chie chirurgicale, Ie rang qu'elle est digne d'occuper!
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f.
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Notions historiques.
Sewell, professeur vétérinaire en Angleterre etMooR-GROFT, vétérinaire dans linde, revendiquent, chacun de leur cóté, rhonneur d'avoir inventé cette operation. Sans pouvoir établir la priorité en faveur de Tun ou de 1'autre, nous savons cependant que les premières publications sur ce sujet, répandues dans Ie continent, émanent du professeur de Londres et datent de 1816. Trois ans plus tard seulement, Moorcroft fit entendre ses reclamations.
D'abord, la névrotomie fut uniquement pratiquée en vue de faire disparaitre la douleur provoquée par la maladie naviculaire, affection d'origine anglaise décrite pour la première fois par Turner.
L'éveil donné par Sewell et Moorcroft fut entendu par quelques-uns de leurs compatriotes, tels que Turner, Godwin et Percivall.
En 1824, ce dernier auteur rapporte que depuis long-temps déja, la simple division nerveuse était pratiquée au college vétérinaire de Londres, ä l'instar de ce qui se faisait en chirurgie humaine, dans Ie but de détruire la douleur; mais que Ie peu de connaissances anatomiques que Ton possédait ä cette époque, fut cause du peu de fruit que l'on en retira.
Sewelt a opéré un grand nombre de chevaux, plus de cing cents, rapporte Percivall, et avec des résultats divers. Il est vrai que l'inventeur de cette methode chirurgicale considérait cette operation comme une dernière res­source centre les boiteries, qui ne laissent aucun espoir
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de guérison. Il opérait, — et ses élèves ont fait comme lui, — en dessous du boulet, et avec une perte de sub­stance de trois'quarts de pouce.
Percivall est convaincu que la nutrition ne devient pas moindre que dans 1 etat naturel, et que parfois même, la secretion de la corne est plus active qu'avant l'opération. Il attribue les insuccès ä la maladresse des operateurs et au mauvais choix des sujets, ainsi qu'aux exces de tra­vail. Aussi a-t-il bien soin de citer comme des contre-indications : les pieds plats, combles, et lorsqu'on soup-conne l'existence des ulcères sur les tendons ou sur les cartilages latéraux. A peu prés ä la même époque, De la Berreblaine, dans la 3rae edition des Notions fondamen-tales de VAri vétérinaire, conseille la névrotomie pour diminuèr la douleur qu'éprouvent certains pieds affectés d'une legére désorganisation stationnaire.
Le premier enthousiasme passé, on ne retrouve plus que de temps en temps une relation ayant trait aux resec­tions nerveuses. James Castely a guéri deux boiteux en faisant l'opération en dessous du boulet, sur la branche postérieure. Ges deux chevaux ont fait la campagne du Portugal et leur guérison s'est maintenue un grand nombre d'années.
En 1852, Gregory relate sept observations de névro­tomie sur des chevaux dont: deux opérés d'un pied anté-rieur, l'un guérit radicalement et l'autre d'une facon incomplete. Ginq autres furent opérés en même temps des deux pieds a la fois. Il y eut guérison chez quatre sujets, et chez le cinquième, les tendons se relachèrent.
En 1858, Stanley assure avoir pratique plus de cent fois la névrotomie, surtout en dessous du boulet et n'avoir eu que deux accidents.
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La se bornent, pour autant que nous ayons pu nous en assurer, les notions bibliographiques sur la névrotomie pratiquée en Angleterre. Pour avoir une idéé du degré d'importance qu'on lui accorde encore aujourd'hui, si nous consultons l'auteur du dernier ouvrage sur la chi­rurgie vétérinaire (1872), M. Williams, nous devons en conclure que cette operation n'est pas très-comnumément usitée; et que la, comme ailleurs, eile est mise en suspi­cion par les praticien.
En France, même engouement d'abord, même indiffe­rence et même defiance ensuite.
Importée par Gérard fils, la névrotomie fut successi-vement pratiquée par Berger, Villat, Renault et Beu­gnot, avec des résultats bien différents. Comme en Angle­terre, eile fut surtout recommandée centre la maladie naviculaire d'abord,puis controles boiteries chroniques, les bleimes,voire même contre Ie crapaud.Elle se montra inefficace contre les alterations materielles, et ses effets ne furent que temporaires contre d'autres lésions. Il est probable que ces operateurs se bornaient k une simple division, ou que la portion enlevée n'était pas süffisante, et qu'ainsi la reunion des bouts nerveux était possible.— De Lafond et Beugnot ont quelquefois vu la boiterie dis-paraitre immédiatement, mais ils ont aussi été témoins des accidents les plus graves.
A propos de l'ouvragedeDe la Berreblaine, Husard fils, qui en fait l'analyse (1), admet qu'on puisse supprimer la douleur momentanément; mais il se demande si l'opéré se tiendra encore ferme sur les pieds, et comment il se
(1) Recueil 1826, page 253.
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ferait que la nature eüt distribué des nerfs dans certaines parties pour que leur enlèvement put se faire impu-nément.
M. Berger, en 1828, publie dans Ie Journal pratique de médecine vétérinaire, une observation sur la névrotomie. A cette occasion, M. Renault d'Alfort adresse une lettre au rédacteur du Recueil (1), dans laquelle il avoue atta-cher une grande importance aux faits rapportés dans cette note. Mais il conseille néanmoins au lêcteur une sage réserve, jusqu'a ce que de nouvelies experiences aient démontré l'efflcacité et l'opportunité de cette ope­ration sur laquelle les premières tentatives avaient déja jeté Ie discredit.
La même année (2), Villate fils, vétérinaire aux écuries du Roi, décrit cinq observations relatives ä des boiteries guéries par la névrotomie. C'est lui Ie premier qui donne ä cette operation Ie qualiflcatif de plantaire. Comme M. Berger, il est d'avis qu'il vaut mieux courir les chances de l'opération que de sacrifier les malades. Ses essais ont été heureux, car en 1830, il declare que les résultats ont dépassé son attente. Sur buit observations qu'il rapporto, cinq ont été suivies de guérison complete, deux de gué-rison incomplete et une de suites funestes. Il est indis­pensable d'ajouter que Ie sujet qui fait l'objet de cette dernière observation était atteint de fourbure chronique. N'oublions pas non plus de dire que Villate opérait, dans une même séance, les deux nerfs plantaires de chacun des deux membres antérieurs.
(1)nbsp; Recueil 1828, février.
(2)nbsp; nbsp; nbsp;ld. 1828, page 400.
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:
MM. Dupuy et Prince ont fait disparaitre par la névro-tomie (1) deux boiteries occasionnées par des exostoses développées dans la partie antérieure de la couronne.
La section des branches antérieures des nerfs digités, faite par M. Renault en 1832, amène la guérison d'une boiterie occasionnée par le resserrement du sabot en pi nee (2).
Les comptes rendus de l'école vétérinaire d'Alfort pour l'année 1833-34 signalent plus de vingt résultats heureux qui ont été obtenus par cette operation. La rupture du tendon du fléchisseur profond a été constatée deux fois, l'autopsie fit voir le ramollissement, Tallongement, la dilacération du tendon et la fracture transversale du petit sésamoïde.
La rupture du tendon fléchisseur profond survint k la suite de la névrotomie plantaire pratiquée le même jour de chaque cóté des deux membres de devant par M. Beu-gnot (3).
En 1835, M. Rabouille a névrotomisé douze membres en faisant la resection, le même jour, du nerf interne et du nerf externe. Il a observe deux fois le ramollissement du tendon perforant et d'autres lesions graves du pied (4).
Pendant le courant de l'année scolaire 1841-42 ä l'école de Lyon, une boiterie déclarée incurable, et causée par une bleime sèche, a disparu a la suite de la section des deux branches posterieures (5).
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1831,nbsp;page 3b.
1832,nbsp;page 205. 1835, page 31. 1835, page 349. 1843, page 130.
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En 1845, Villate obtient huit succes complets et deux accidents gangréneux, ä la suite de la névrotomie haute. Villate proscrit Ie travail pendant les trois mois qui suivent l'opération.
Dans Ie compte-rendu de l'école d'AIfort pour l'an-née 1851-52, M. H. Bouley expose in-eoctenso les indica­tions et les contre-indications de la névrotomie, ainsi que les lésions et les symptómes de la maladie navicu-laire. Il attribue aux filets nerveux du grand sympa-thique qui accompagnent les artères plantaires.lepouvoir de transmettre aux centres nerveux les douleurs intenses dont Ie pied névrotoraisé est Ie siége lorsqu'il est envahi par la gangrene.
M. Benjamin a également faitdisparaitre, paria même operation, une boiterie déterminée par une forme.
M. Ie professeur Key, de Lyon, a guéri une boiterie causée par une forme, en enlevant ie nerf plantaire externe. Même résultat obtenu par M. Cluzet, vétéri­naire a Montbrison, dans un cas analogue.
Depuis un assez grand nombre d'années, les revues périodiques de France sont complétement muettes pour ce qui concerne Ia névrotomie; ce qui tendrait k faire supposer qu'elle est tombée en desuetude, et qu'on ne la pratique que peu ou point.
En Allemagne, ä part un travail de Hertwig dans le-quel il relate les experiences de Brauell, d'après les-quelles il serait démontré que Ia croissance de la corne augmente après Ia névrotomie, a part cela, nous ne sa-chions pas qu'il ait été question de cette operation.
En Russie, M. Brauell, professeur de I'université de Kazan, fut un des premiers ä pratiquer la névrotomie contre ce qu'il appelait Ia destruction de la trochlée,
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c'est-ä-dire contre la podotrochylite. Il croit qu'après la névrotomie complete, le pied appuie plus fortement qu'a l'état normal, que la compression, le frottement, que les effets mécaniques, en im mot, augmentent, et qu'ainsi la guérison devient impossible. De plus, ajoute-t-il, on s'expose ä des accidents funestes.
En Belgique, nous avons vu que le professeur de chi­rurgie Brogniez n'était pas partisan des resections ner-veuses, et que, selon lui, dans les maladies naviculaires, dilater les pieds sufflt. Aussi n'y a-t-il pas lieu d'etre étonné de ce que, dans la longue existence des annales de ce pays, on ne trouve qu'une seule relation de névro­tomie due ä M. Dubois, vétérinaire militaire (1). Et encore, cette operation, faite dans un cas de maladie naviculaire, fut-elle suivie de la rupture du tendon flé-chisseur profond, deux mois après que le cheval eüt repris son service.
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(1) Archives médicales et Annales vétérinaires de Bruxelles, année 1869.
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Faits observes.
Nos premières operations remontent al864, c'est-ä-dire ä plus de douze ans. Durant cette période, nous avons eu l'occasion de trailer un grand nombre de chevaux boi-teux et de suivre la plupart d'entre eux pendant plu-sieurs années encore après qu'ils avaient été névroto-misés. Chez.chacun des sujets, toutes les ressources que peut offrir la thérapeutique ordinaire étaient d'abord mises ä contribution pour combattre ces claudications diverses; et, ce n'était qu'après avoir bien constaté leur impuissance que nous avions recours ä la resection ner-veuse. Cette operation, clans la majeure partie des cas, a été pratiquée sur les cordons métacarpiens, et excep-tionnellement sur les branches phalangiennes.
Que ceci soit dit pour les faits dont la relation va suivre, afin d'éviter les redites fastidieuses. Nous ajou-terons aussi que la plupart des sujets opérés étaient des chevaux de sang, soumis ä un 'service qui exige des allures vives, et des efforts musculaires parfois conside­rables.
Nous nous bornerons a faire l'histoire très-succincte de quarante d'entre eux. Le chiffre des opérés est de
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beaucoup plus considerable, mais nous croyons que quarante exemples dans lesquels nous avons pris sein de comprendre tous ceux qui ont offert des complications, ou qui ont présenté un résultat défavorable, sufflsent pour rassurer les plus déflants sur l'innocuité des resec­tions nerveuses et pour démontrer les bénéfices que ron peut en retirer.
I (a)
En avril 1804, on met a notre disposition, avec faculté d'en faire tel usage que nous jugeons convenable, un cheval anglo-indigène, agé de 9 ans, et boiteux depuis trois ans d'im membre de devant. On avait accuse tour a tour les différentes lésions dont un membre peut souf-frir, depuis la bleime jusqu'ä l'écart; et bon nombre de praticions avaient du s'avouer vaincus, sous Ie triple rapport du siége, de la cause et du traitement de l'affec-tion. Le propriétaire, de guerre lasse, avait flni par faire comme eux; et le malheureux patient allait payer de sa vie, l'ignorance ou l'impnissance de la chirurgie vétéri­naire, ou la timidité des praticiens. Ce fut alors qu'on Ie soumit a notre examen.
Il n'y a aucune modification de forme, de volume, de temperature ou de sensibilité sur teute l'étendue du membre. Les battements de l'artère plantaire sont nor-
(a) Les chevaux dont les noins dos propriélaires ne sont pas cilés, sont des chevaux do troupe.
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maux comme intensité et comme nombre. A récurie, l'animal pointe; en marchant, Ie pied pose ä plat, et Ia boiterie, aussi intense a chaud qu'a froid, augmente sur Ie terrain dur. N'espérant pas être plus heureux que les confrères qui nous avaient precedes, nous vimes une belle occasion de mettre en pratique, sans courir aucun risque de reproche, cette operation dont, disait-on, de si nombreux accidents peuvent être la consequence.
Dans la même séance, nous procédons a la resection des deux nerfs métacarpiens (externe et interne). Remis debout, Ie cheval marche régulièrement; nous Ie faisons trotter; tóute claudication a disparu.
Deux mois plus tard, l'animal reprit son service et. pendant six ans, il n'a cessé de travailler aux allures vives, telles que celles qu'exigent les manoeuvres d'un regiment de cavalerie.
II amp; III
Deux vieux chevaux boiteux pour cause d'écarts bien caractérisés (disait-on) et destines ä être vendus, sont opérés a la fois des deux nerfs externe et interne. Le rêsultat le plus heureux couronne notre hardiesse. Mal-heureusement, peu de temps après leur guérison, nous les perdlmes de vue.
IV
Un officier de cavalerie — M. le major Paty — témoin des résultats extraordinaires obtenus dans les trois cas
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precedents, nous invite a faire la même operation sur un de ses chevaux, hors de service depuis longtemps pour boiterie d'un membre de devant, et declare incurable. Dans ce cas, la responsabilité nous parut plus grande, et bien qu'encouragé parlestrois operations précédentes, nous n'osämes faire la névrotomie que des branches pha-langiennes postérieures du membre souffrant. La gué-rison fut presque complete, et Ie cheval fut vendu très-a vantageusement.
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V amp; VI
Deux boiteux, sans cause connue, sont opérés en 1805, mais aux branches phalangiennes postérieures seulement, c'est-a-dire un peu en dessous du boulet. Une légere claudication persiste chez les deux chevaux.
En presence de ces résultats incomplets, et en presence surtout du maintien et de la persistance de la guérison de celui qui, le premier, a été opéré l'année précédente, nous nous décidons, sauf quand il y aura indication spé­ciale, ä ne plus faire la névrotomie que des branches inères interne et externe au-dessus du boulet.
VII
Un cheval, agé de 13 ans, est atteint d'une vieille boi-torie dont la cause est inconnue. La névrotomie double lui rend les allures régulières, et lui permet de rendre do tres-bons services pendant trois ans. Il avait alors
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- 19 -nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i
16 ans, et l'usure assez prononcée de tout son organisme fut la cause de sa réforme.
VIII
Un cheval irlandais, propriété de M. Ie lieutenant Lefevre, boiteux d'une forme située a la face externe de la couronne d'un membre postérieur, récupère la plus grande régularité dans ses allures a la suite de la resec­tion du nerf métatarsien correspondant. Douze jours après l'opération, Ie cheval monté parcourt une distance de plus de 40 lieues en quelques étapes. Il fut vendu un an plus tard pour 1,200 francs.
IX amp; X
Deux chevaux atteints de boiterie antérieure qui avait défié toute espèce de moyens, furent radicalement guéris a la suite de la névrotomie double métacarpienne faite Ie 20 octobre 1866. Dix mois plus tard, l'un d'eux, apparte-nant au lieutenant Delvaux, agé de 12 ans, fut vendu et soumis, avant de conclure Ie marché, ä l'examen d'un vétérinaire qui n'avait sans doute jamais pratique ni vu pratiquer cette operation, car il constatait, par écrit, que les allures étaient parfaitement réguliéres, mais il avait remarqué deux légères cicatrices, situées a Ia méme hauteur, l'une en dedans, l'autre en dehors du beulet.
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XI
I
Un cheval irlandais de 8 ans.trotteur remarquable, est boiteux depuis deux ans. En désespoir de cause, la névro-tomie double est décidée et pratiquée Ie 10 décembre 1867, en presence de MM. Dumon et Van der Eist, vété-rinaires du gouvernement. Immédiatement après, les allures deviennent aussi régulières et aussi brillantes qu'avant la boiterie.
En juillet 1869, c'est-ä-dire plus d'un an après, dans une manoeuvre faite sur un terrain très-accidenté, deux pelotons se heurtent en pleine charge. Dans ce choc ter­rible, notre sujet se donne une distension du tendon du muscle perforant appartenant au membre opéré. Le siége de cette nouvelle lésion est au paturon; eile se manifeste par une tumeur indolente n'occasionnant pas de boiterie. Nous l'exemptons de service et appli-quons un vésicatoire. Mais, k notre insu et malgré notre defense, le cavalier (1) le monte 4 jours après l'accident. Vers la fin de l'année, la tumeur avait augmenté de volume au point de simuler un fort cedème du membre; le tendon s'était allongé et la face postérieure du beulet arrivait presque ä l'appui. Aussi le sujet devint-il bientót impropre ä tout service.
Nous avons regretté ne pouvoir faire l'autopsie.
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(1). Le maréchal-des-logis Demaziére. actuellement lieutenant an Ier regiment de chasseurs ä cheval.
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XII
Un cheval atteint de bleimes sèches depuis deux ans, dont les sabots sont maigres et fortement dérobés, boite a chaque instant du membre antérieur gauche. La névro-tomie, faite Ie 30 octobre 1868 sur la branche phalan-gienne postérieure, reduit la boiterie k una simple gêne compatible avec les exigences du service auquel il était soumis. Il n'a été vendu qu'en 1870.
XIII
Une belle jument, magnifique steppeuse, agée de 9 ans, appartenant a M. Ie lieutenant De Lacenserie, a été lourbue des membres antérieurs en 1865, c'est-ä-dire trois ans auparavant. Depuis cette époque, eile boite constamment,et,au dire de plusieurs praticiens qui Tont traitée, cette boiterie a son siége alternativement dans 1'épaule droite et dans l'épaule gauche.
En 1866, eile est conflée a nos soins.
Les pieds sont 1'objet de toute notre attention. Ils sont mis dans des emollients et dilates a l'aide d'un fer ä pan-toufle. La boiterie disparait, mais malheureusement la guérison n'est que momentanée. Les différents topiques appliqués sur Ie sabot, les vesicants sur la couronne, les ferrures spéciales et surtout Ie fer périplantaire ä éponges tronquées permirent ä l'animal de rendre de temps en temps quelques services, mais jamais il ne fut complètement exempt de boiterie.
Enfin, en 1868, une claudication trés-forte du membre
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antérieur gauche, rebelle ä tout traitement, enlève ä la bete toute espèce de valeur.
On se decide ä nous laisser faire la névrotomie. Cette operation, pratiquée Ie lOjuillet en presence de trois confrères (1), est faite sur les deux nerfs métacarpiens et amène une guérison radicale.
Le cheval fait un service actif jusqu'en février 1869, époque a laquelle une boiterie du membre antérieur droit, boiterie peu intense, mais qui persiste longtemps, nous engage ä faire, Ie 14 novembre, Topération sur le second membre.
Depuis lors, l'opéré a repris le brillant de ses allures. Il a fait un service des plus actifs, surtout en 1870-71. Ses allures étaient brillantes, franches et stires; il galo-pait ä fond de train sur le pavé, il franchissait énergi-quement les obstacles sans que plus jamais Ia moindre gêne fut remarquée dans les mouvements.
Au mois de juillet 1873, la jument, attachée au piquet, se prit les membres postérieurs dans la corde et tomba d'une facon si malheureuse, qu'elle se fractura les os du bassin. Elle fut abattue, et voici ce que nous révéla I'au-topsie des doigts antérieurs.
Memhre antérieur gauche. Les deux nerfs métacar­piens sont réunis par une gangue de tissu cellulaire, assez condense qui les maintient centre le bord du ten-don. Pour autant que l'on puisse en juger è I'oeil nu, il n'y a pas de reunion par une substance nerveuse. Le bout central est renflé, présente une sorte de névróme de Ia grosseur d'un gros pois; Ie bout périphérique, distant de
(1) MM. Dumon, Vander Bist et Paul.
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;i centimetres environ, ne présente pas de renflement, il est mince, päle et plissé. La petite branche transversale qui, du nerf interne, se rend obliquement a l'externe en passant derrière Ie tendon, est intacte.
Le nerf interne présente Ie meme caractère; seulement ie bout central, dont le renflement est peu considerable, est adherent au ligament suspenseur du beulet et ä l'ar-lóre par un tissu cellulaire.
Le pied a une forme normale bien reguliere. Nulle trace de tumeur osseuse, ni de lésion inflammatoire. Seulement a la face antéro-supérieure du tendon per-forant a l'endroit oü ce tendon s'infléchit derrière et contre l'articulation phalango-sésamoïdienne, nous trouvons comme formant partie intrinsèque du tendon, et faisant légèrement saillie a. la surface, un petit corps dur, gros comme un grain d'orge, adherent de toutes paris. Vu de plus prés, il se trouve étre en continuité avec les fibres tendineuses; sa consistance est cartilagi-neuse dans les couches périphériques, et osseuse dans les couches centrales. Gette tumeur aurait-elle été cause de la boiterie ?
Le pied gauche est également bien conforme, il ne pré­sente, du milieu du canon ä son extrémité, aucune alte­ration de forme ni de texture qui puisse expliquer la claudication. Les bouts des nerfs réséqués ne sont pas réunis et offrent les mêmes caractères que ceux du merabre oppose.
XIV
Un cheval de 11 ans est boiteux du membre antérieur gauche. La cause n'est pas connue, pas plus que le siége. Il nous est arrive boitant a froid, en décembre 1869. Mais
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cette boiterie, qui disparaissait après un léger exercice, s'aggrave et finit par devenir permanente au point de rendre impossible tout travail au trot. La pied est bien fait, il est large, les talons sont un peu bas. Fatigué de Ie voir aussi longtemps ä Tinfirmerie, et ä bout de tous raoyens, la névrotomie plantaire est décidée. Elle est pratiquée sur Ie nerf interne, au-dessus du boulet, Ie 25 mars. La boiterie persiste. Le 30 avril, la même ope­ration est faite au cóté externe. Immédiatement après, la daudication disparait totalement. C'est au point que les plaies, ä peine réunies, mais non encore cicatrisées, nous remettons l'animal au travail le 9 mai, c'est-ä-dire neuf jours après la dernière resection.
Le 15 mai, après une manoeuvre aux allures vives, le cheval revint, a la suite d'une charge, avec le pied antérieur gauche dépourvu de son sabot. L'appui est franc, quoique se faisant sur les tissus vivants, et la souffranceparait nulle. L'extrémité inférieure du membre est froide, répand une odeur de putrefaction, l'artère plantaire est grosse, distendue; il n'y a que très-peu de sang qui suinte du tissu podophylleux. Le tissu feuilleté podophylleux a complétement disparu, il est atrophié a l'exception d'une bande large de 3 ou 4 centimetres, située en pince,et s'étendant de la cutidure au bord plan­taire. Une alteration identique se remarque au tissu feuilleté kéraphylleux. De facon que la boite cornée n'était plus adhérente que par cette partie. La sole, restée unie a la face inférieure du pied, a du se disjoindre de la muraille.
L'animal a bon appétit, nous le conservons ä titre d'étude. Nous faisons un pansement ä la teinture d'ar-nica et plongeons le membre dans un bain aromatique.
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Dans la journée, la fièvre de reaction se declare et se continue Ie lendemain. Le 17, la sole tombe, Ie tissu velouté se détache aussi très-facilement. A la cutidure et dans le creux des arcs-boutants, la plaie est bleuätre, avec bourgeons de mauvaise nature et odeur gangrè-neuse, le bord plantaire antérieur de l'osdu pied est mis ä nu et fait saillie. Les bains sont continues. L'animal tnange et appuie légèrement sur ce membre.
Le 18, une sphacèle du troisième phalangien se dé­tache de la pince.
Le 19, l'os du pied s'est détaché par morceaux qu'on retrouve dans le pansement. La surface articulaire infé­rieure du deuxième phalangien, ainsi que celle du sésa-moïdeest rugueuse et entouréede bourgeons volumineux de mauvaise nature, qui saignent au moindre attouche-ment. Le tendon perforant ne contracte plus d'adhérence, il s'est rompu au niveau de la trochlée, son extré-mité est libre et ramollie; les faisceaux fibreux sont isolés ou séparés les uns des autres sur une longueur d'un centimetre. Parfois, comme inconscient de la dou-leur qu'il pourrait provoquer, le cheval prend appui sur le moignon. Alors les deux phalanges s'inclinent en arrière. Le membre est cedématié jusqu'au genou; eet engorgement est chaud, mais peu douloureux. L'appétit se maintient. — Traitement : — bains aromatiques, pan­sement ä l'alcool camphré et ä l'acide phénique. La carie et l'inflammation font des progrès rapides et gagnent les regions supérieures. Le second phalangien disparait comme le troisième, ainsi que le petit sésamoïde, le ten-don perforant se raccourcit de plus en plus, les attaches du perforé subissent le même ramollissement; l'acte gan-gréneux rend l'air de l'écurie nauséabond.
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Le 30 rnai, l'appétit diminue, ranimal tombe dans un état de prostration, nous abrégeons la durée de ses souffrances.
Autopsie. — Les cordons nerveux ont été recueillis et soumis ä un examen minutieux par M. X..., habile mi-crographe. Voici le résultat de ses investigations.
Dans aucun des deux nerfs, les bouts ne sent soudés; leur reunion est faite a l'aide d'un tissu conjonctif con­dense et la cicatrice présente le caractère d'un flbróme. Dans le nerf le premier opéré, la cicatrice est plus résis-tante, plus dense que dans le second. Il existe un foyer hémorrhagique qui a été ou qui aurait été un obstacle ä la soudure des bouts nerveux. Les bouts centraux sont renflés, le névrilemme est considérablement augmenté et se continue avec le pinceau flbreux, qui sert de trait-d'union entre les deux extrémités. Les bouts périphé-riques ont subi un commencement de dégénérescence, sans qu'il soit possible d'établir d'une facon rigoureuse laquelle des deux extrémités a subi les modifications les plus profondes.
XV
Le cheval de M. Van Remortre, capitaine de cavalerie, est agé de 14 ans; il est atteint d'une boiterie chronique au membre antérieur gauche dont le siége est localise ä l'épaule (?). G'est du moins ce que l'on nous rapporte, et les conclusions que nous sommes autorisés a tirer des traces du traitement. Le sabot est rétréci. L'application d'un fer dilatateur et les vesicants ä la couronne amènent une amelioration marquee, mais jamais nous n'arrivons
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ä une guérison satisfaisante. Celle-ci n'a pu être obtenue d'une facon complete qu'ä la suite de la névrotomie double opérée le 20 juin. Ce cheval ayant été éloigné du lieu de notre domicile, nous n'avons pu le revoir. Dans Ie courant de l'année 1872, un de nos confrères nous dit l'avoir soigné pour une légere boiterie du pied oppose.
XVI
Le docteur Criquelion possèdait un cheval, qui, raide des quatre membres, depuis plusieurs années, était de-venu fortement boiteux du membre antérieur droit, sans qu'il fiit possible de préciser ni la cause, ni le siége de la claudication.
En dernier ressort, la névrotomie fut pratiquée le 2 juillet 1871, et non-seulement toute trace de claudica­tion disparut, mais encore le membre opéré devint moins raide que son congénère. L'animal rendit de bons ser­vices pendant quelques mois, puls fut vendu avanta-geusement.
XVII
Lia, jument de course, ägee de 9 ans, appartenant au baron de Saint-Symphorien, est atteinte d'une boiterie chronique du membre antérieur droit. Elle a été déclarée incurable par plusieurs vétérinaires. Nous ne rencon-trons aucune lésion, qui puisse justifler l'existence de cette claudication dont nous ne parvenons pas davan-tage a préciser le siége. Pourtant, enhardi pas nos succes
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antérieurs, nous n'hésitons pas k declarer au proprié-taire.que son animal boite du pied (celui-ci parait rétréci, mais l'examen minutieux n'y a rien fait découvrir), et nous ajoutons que, vu l'impuissance de tous les moyens employés depuis longtemps, nous n'avons d'espoir que dans la névrotomie.
Notre opinion est approuvée et notre proposition est mise a execution Ie 8 janvier 1871. Les effets de l'opéra-tion sont merveilleux, la boiterie disparait, au grand éba-hissement du propriétaire et du collègue présent(1). Mais quelques mois plus tard, une certaine gêne que l'on avait remarquée depuis quelque temps au membre op­pose, se traduit par une claudication assez intense. Celle-ci ayant a son tour résisté aux moyens ordinaires, nous réséquons les nerfs métacarpiens au membre gauche. Dés lors, les allures reprennent toute leur régu-larité et promettent de la conserver longtemps. Car, en janvier 1873, la jument était encore la monture préférée de M. Ie baron (2).
XVIII
Le cheval de M. R..., äge de 11 ans, est atteint d'une boiterie du membre antérieur droit. Le tendon, un peu tuméfié derrière le boulet, est douloureux a la pression.
Un traitement de quatre mois n'ayant amené aucune amelioration, nous pratiquons la névrotomie des deux cordons métacarpiens, a la suite de laquelle une legére
(1)nbsp; M. Lisbet.
(2)nbsp; Elle fait encore un trés-hon service aujourd'hui, 1870.
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claudication persiste. Six semaines plus tard, nous remar-quons qu'il s'est développé a la partie correspondante au point ou l'opération a été faite, du cóté externe, une tumeur de la grosseur et de la forme d'un haricot, très-douloureuse. La boiterie a augmenté et est devenue très-intense. Le cheval est de nouveau couché, et après dissection, nous reconnaissons que cette tumeur est un névróme réunissant en quelque Sorte les deux bouts du nerf. Cette production est enlevéeavec une nouvelle perte de substance d'une étendue de 6 centimetres environ.
Ge cheval a continue ä boiter un peu ä froid, ce qui ne l'a pas empêché de rendre encore de très-bons services.
XIX
Un cheval de 13 ans, souffre depuis longtemps d'une boiterie antérieure gauche. Aucune lésion ne peut nous indiquer ni la cause, ni le siége du mal. La névrotomie double opérée au mois de février met un terme ä la clau­dication. Depuis lors, l'animal n'a cessé de rendre de très-bons services.
XX
Boiterie du membre antérieur gauche qui, après avoir résisté aux remèdes les plus énergiques, appliqués au pied, a la region phalangienne et sur le trajet des ten-dons fléchisseurs, disparut complétement par la névro­tomie pratiquée au mois de février. Elle n'a plus jamais reparu depuis.
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XXI
Un cheval de 9 ans, appartenant k X....., est atteint de
boiterie chronique qui date du mois d'aout 1870. Cette boiterie plus intense ä froid qu'ä chaud, est surtout sen­sible Ie lendemain d'un exercice force. Rien ne décèle ni Ie siége, ni la nature de l'affection; pourtant, nous croyons ä la maladie naviculaire. Comme dans l'explo-ration du membre faite en suivant les indications de M. Abadie, nous rencontrons un point sensible ä la face antérieure des phalanges, nous appliquons la methode thérapeutique de eet honorable confrère. Mais Ie mal ne fait qu'empirer, et l'animal perd sa valeur, en devenant impropre ätoute espèce de service actif. Le 28 février 1871, nous opérons la névrotomie sur les deux nerfs. La boi­terie disparut immédiatement et le 28 mars suivant, l'opéré reprit insensiblement son service, et, depuis lors, il n'a plus jamais boité, quoique faisant un travail trés-actif.
XXII
Le cheval.....devient boiteux le lendemain d'une étape
de 4 lieues. Il boite ä chaud et a froid; le pied pose a plat; Ie pas est raccourci et le pointer est constant a l'écurie. Aucune lésion, ni aucune sensibilité ne se dé-cèlent; le pied n'accuse rien, ni dans sa conformation générale, ni dans la structure de ses différentes parties explorables. C'est la seconde fois qu'il est conflé a nos soins pour la même claudication. Nous flnissons par reconnaltre la nécessité de la névrotomie et nous prati-quons celle-ci le 30 mars. Guérison complete qui ne s'est jamais démentie un seul instant.
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— 31 — XXIII amp; XXIV
Deux chevaux de médiocre valeur sont boiteux depuis Ie mois de juillet 1870, époque a laquelle ils ont été traites par trois vétérinaires différents. Leurs épaules portent des traces indélébiies qui témoignent de l'opinion que ces confrères se sont faite sur la nature et sur Ie siége de la boiterie et de l'impuissance des moyens énergiques qu'ils ont employés sur les rayons supérieurs. Quant ä nous, nous ne pouvons partager leur maniere de voir ni de faire. Mais, sans pouvoir Fassurer d'une facon positive, nous croyons a l'existence de la podotrochylite.
Chez les deux chevaux, les sabots des membre boiteux sont étroits. Toute notre attention, tous nos soins, comme toutes les ressources de l'art, sont dirigés vers cette re­gion, mais sans la moindre efflcacité. Enfin, en janvier 1872, en une seule séance, nous névrotomisons les nerfs métacarpiens des membres souffrants.
Le résultat a été très-heureux. Ces deux animaux ont pu reprendre leur service; l'un trés-vieux déja a été vendu ä la fin de l'année; l'autre travaille et promet en­core de longs et bons services.
XXV
Un beau cheval anglais de 9 ans, appartenant au comte d'Oultremont.boite depuis trois ans du membre antérieur gauche. L'écart, pour un très-grand nombre de prati-ciens fut accuse être la cause de la claudication.
Le cheval est d'un grand prix, et possède certaines qualités qui le rendent eher ä son propriétaire. — Ap-
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pelé a. émettre notre opinion dans un consultation avec les deuxderniers vétérinaires traitants, nous recommen-cons, pour acquit de conscience seulement, car la chose avait été fréquemment faite, l'examen Ie plus minutieux de tout Ie merabre, depuis Ie pied jusqu'ä l'épaule. Rien dans cette exploration, pas plus que dans les caractères des allures, et dans la maniere d'etre a l'écurie, ne nous autorise a poser un diagnostic précis.
Pourtant le^omter, la longue persistancede l'affection, et l'absence de toute lésion visible, tout cela nous porte ä nous prononcer en faveur de la maladie naviculaire. La névrotomie pratiquée Ie 8 janvier est couronnée du suc­ces Ie plus complet.
L'animal fait activement son service a la seile et a l'attelage pendant quelques mois, lorsqu'il devient boi-teux de l'autre membre, c'est-a-dire du membre anté-rieur droit. Le comte d'Oultremont, craignant que cette claudication ne mit son favori sur la litière pendant un temps très-long, exigea qu'il soit abattu, ou qu'il soit névrotomisé immédiatement. Appelé de nouveau, non plus pour discuter sur la nature de la boiterie, mais pour opérer la resection des cordons nerveux, notre interven­tion se borne a pratiquer celle-ci. Comme pour le membre gauche, le résultat immédiat est on ne peut plus heureux.
Mais les suites éloignées le furent moins. On nous rapporta que deux ou trois mois plus tard, le pus s'était fait jour ä la cutidure du talon interne du dernier mem­bre opéré et que le sabot avait tini par se detacher. Le pied antérieur gauche était resté très-beau. Nous revien-drons plus tard sur ce sujet, et nous dirons si eet acci­dent doit bien être attribué a l'opération elle-même, et
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s'il no doit pas étre plutót mis ä l'actifde la negligence soit dans la preparation préalable du pied, soit dans lo manque de precaution et de surveillance dans la ferruro, soit dans Ie trop d'empressement ä faire travaillcr \a sujet.
XXVI
Un gendarme de Flobecq, X..., possédait en 1872, un cheval de 9 ans qui Loitait depuis plus de trois ans. Les deux vétérinaires qui l'avaient traite, et dont nous possé-dons les declarations écrites, avaient diagnostiqué un écart et avaient, par conséquent, dirigé leur thérapeu-tique vors la region scapulo-humérale. Animés d'une patience et d'une foi mcdicale digncs cl'un meilleur ré-sultat, ces deux praticiens, très-renommés du reste, firent tour a tour succéder les agents pris tant dans Ie domaine pharmaceutique que dans Ie domaine chirurgi-cal, et toujours avec ie même insuccès. Enfin, forces de s'avouer impuissants, ils délivrèrent des certifleats par lesquels ils déclaraient la boiterie incurable et propo-saient la vente de Fanimal.
G'est alors qu'il nous fut présenté. Le sabot de ce membre est encastelé. G'est ä lui rendre ses formes natu­relles que nos efforts tentent tont d'abord; mais, si nous parvenons ä donner au pied ses caractères anatomiques extérieurs, nous ne parvenons pas ä rendre au membre ses propriétés physiologiques et mécaniques.
La névrotomie pratiquée le 23 mars 1872, donne instan-tancment ce que tons les autres moyens, même les plus énergiques, y compris le temps (3 ans)—ceremèdea tant de maux — n'avaient pu donner.
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Ce cheval ne fut pas vendu, et, aujourd'hui encore (1), il fait son service a la grande satisfaction du proprié-taire.
XXVII
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Un cheval de gendarmerie, age de 11 ans, est, nous dit-on, boiteux des deux épaules (?) depuis des années. Pour cette raison, il a été propose et admis pour être vendu comme incapable de faire son service. Quelques jours avant l'époque flxée pour la vente, il nous est présenté.
Les deux pieds antérieurs sont complétement encas-telés. N'ayant pas devant nous Ie temps nécessaire pour tenter de leur rendre une forme plus naturelle, ni même pour leur faire subir une certaine preparation, nous faisons pratiquer par un aide, séance tenante, la section des quatre nerfs plantaires. Malgré une complication survenue dans Ie cours de 1'opération (la section oblique de l'artère), la quadruple resection est faite, et au grand ébahissement de tous ceux qui sont presents, Ie cheval se relève, et marche avec une régularité dans Ie jeu de ses membres comme on ne lui en avait jamais connue (2).
La decision de la vente fut rapportée,et Ie cheval reprit son service quelque temps plus tard.
XXVIII
ün cheval de 10 ans, du 3e regiment de landers, dé-taché a Charleroi, ville dans laquelle nos devoirs nous
1. Fin lt;l'année 1873. (2) Ktaient presents : Ie major Magnin, et Ie capitaino Ceulemans.
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appelèrent, Ie 8 juillet 1872, nous fut présenté pour la réforme comme un sujet boiteux d'un écart incurable. C'est Ie vétérinaire traitant qui nous Ie montra, et qui nous avoua que, sur son avis de l'inutilité de tout traite-ment, la vente du cheval était décidée.Nous ne constatons aucune lésion; mais pourtant, forts de tout ce que nous voyions depuis quelque temps, nous conseillons au con­frère de tenter la névrotomie. Celle-ci est pratiquée Ie lendemain, d'après nos indications. Elle est suivie du succes Ie plus marqué. Plus tard, notre collègue nous dit que Ie cheval avait repris son service 12 jours seule-inent après l'opération.
Cinq mois après , les tissus du pied se désorgani-sèrent par la gangrene sèche, et l'animal mourut.
XXIX
Un cheval de 9 ans, appartenant a M..., boite depuis Ie mois de mars du membre antérieur droit. La boiterie est aussi intense ä froid qu'a chaud, et est plus marquée sur Ie pavé que sur Ie terrain mou; aucune lésion n'est appa-rente, Ie pied est bien conforme; son appui se fait a plat, mais Ie pas est très-raccourci, les épaules sont comme chevillées ; ä 1'écurie, Ie cheval pointe. Les bains emol­lients, les cataplasmes, les différentes ferrures n'ont rien produit sur Ie pied, pas plus que les vésicatoires sur les regions phalangiennes et sur Ie tendon.
Le 23 décembre, la névrotonomie est pratiquée. Immé-diatement après l'opération, le cheval boite visiblement non plus du membre droit, mais du membre oppose. Le 24 janvier suivant, c'est-a-dire un mois plus tard, le membre gauche subit a son tour la même operation.
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— ;{(! —
Le clieval a récupéré la régularité la plus complete dans ses allures;et le 8 avril suivant, il a été remis ä sou service, qu'il a fait jusqu'aujourd'hui d'une facon très-active, et sans aucune interruption.
M
XXX
Pour Ia troisiéme fois en moins dun an, le cheval de
M..... nous est confié le Ier février pour une boiterie du
menibre antérieur droit.
A la suite de chacfue exercice un peil fatiguant, ranimai revient sur trois pieds. II nous a toujours été impossible de localiser Ie siége de sa boiterie et d'en préciser la cause. Les deux premières fois, eile avait cédé au-repos et aux bains émaillients, nou pas d'une I'aron complete, maisavecpersistance d'une gêne marquée. Lanévrotomie pratiquée le 30 mars suivant, rend aux allures leur ré­gularité normale et pennet au cheval de faire un excel­lent service.
XXXI
Le cheval..... est atteint d'une boiterie très-intense
et très-ancienno du membrc antérieur droit. Depuis plus d'un an, le cheval n'a pu rendre Ie moindre service, ce qui fait que le propriétaire se decide ä Ie vendre.
Le membrc ne présente aucune lésion, la boiterie aug-mente en faisant marcher l'animal sur un sol dur. Puis-que tous les moyens ont échoué, nous faisons Ia névro-toinie double le i3 mars. La claudication disparait, et le 16 avril, l'animal reprend son service. Les allures n'ont
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.;v
.jamais été régulières, elles ne Ie sont pas davantage, car­lo cheval est mal conforme; mais toute trace de boiterie n disparu.
XXXII
Le cheval de M. X.....porte au paturon antérieur droit
una forme très-volumineuse qui provoque une boiterie très-forte. Comme cette tumeur osseuse occupe non-seu-iementtoutelaface antérieure de la region phalangienne, mais s'étend sur les faces externe et interne, nous faisons la névrotomie double le 20 mai.
La boiterie disparait immédiatement; et depuis lors, le cheval rend de très-bons services, et n'a plus jamais hoité.
XXXIII
Un cheval, agé de 8 ans, a le pas très-raccourci, il n'entame presque pas de terrain, les épaules paraissent enrayées dans leurs mouvements. Il n'y a pas a propre-ment parier boiterie, mais tel iqu'il est, le cheval ne peut convenir a aucun service qui exige de la vitesse et de la resistance.
Le membre antérieur droit, qui est le plus affecté, est névrotomisé le 13 mars; le gauche l'est le 28, c'est-ä-dire quinze jours après. Quelques semaines plus tard, le che­val est soumis a de petites promenades quotidiennes, au pas d'abord, puis au trot. Enfin, vers le 20 mai, les allures ont gagné un développement qui étonne tout le monde; il n'existe plus la moindre raideur dans les
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membres, les mouvements sont souples, étendus, Ie pas a gagné de l'étendue, l'appui est ferme, et Ie cheval rend les meilleurs services (1).
XXXIV
Un cheval, agé de 12 ans, boite depuis très-longtemps du membre antérieur droit. Il ne porte aucune lésion, sinon des molettes articulaires a la partie supérieure du boulet. La névrotomie double est faite Ie 17 avril. L'opé-ration est difficile a cause des dilatations synoviales et des dilatations variqueuses que présente la veine k la hauteur des boutons du péroné, et nous tenons a faire remarquer qu'elle a été pratiquéeen notre absence. G'est Ie premier insuccès que nous ayons a enregistrer. La boiterie persista et alia même en s'aggravant, au point que Ie cheval devint incapable de faire son service.
XXXV
Second insuccès. — Un cheval, agé de 12 ans, ótait atteint d'une boiterie chronique du membre antérieur gauche sans cause appreciable. La névrotomie double fut opérée Ie 17 mars, k la suite de laquelle la boiterie persista avec Ie même degré d'intensité qu'auparavant.
XXXVI
Un gros cheval propre aux travaux des champs, agé de 4 ans, est atteint d'une forme ä la face externe de la
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(1) Chova! vendu pour asure en 1876 pour ïgt;2ö francs.
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couronno du membre antérieur droit. Cette tumeur, qui determine une assez forte boiterie, a été occasionnée par une alteration du cartilage lateral correspondant, puis s'est développée ou étendue au point d'atteindre la face antériem-e de la seconde phalange. Comme la tumeur a résisté aux fondants et aux pointes de feu et que la boi­terie menace de compromettre pour toujours la valeur de l'animal, Ie propriétaire consent a laisser faire la né-vrotomie.
Cette operation, pratiquée en septembre, a fait dispa-rattre la boiterie et a permis au cheval de travailler d'une facon continue. Nous ignorons si la forme a per-sisté, ou si eile a flni par disparaitre.
XXXVII
Le cheval de M..., agé de 10 ans, boite très-fortement au pas, du membre antérieur droit. Il est k notre infir­merie depuis le mois de septembre de l'année précé-dente. Jamais il ne nous a été possible de préciser ni le siége ni la cause du mal. Nous croyons cependant qu'il y a maladie naviculaire. A bout de ressources, nous fai-sons la névrotomie double le 27 mars. La boiterie dispa-rait immédiatement, et l'animal parait même souffrir du membre oppose. Cette souflrance, d'abord traduite par une gêne peu marquee, devint bientót une boiterie assez intense pour nécessiter la névrotomie du membre op­pose. Cette seconde operation eut lieu le 9 mai, et dés lors les allures devinrent on ne peut plus régulières.
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— 40 — XXXVIII
Le sujet de cette observation est un cheval de 7 ans, qui boite fréquemment et a Ie pas très-raccourci, les membres raides, les épaules froides, chevillées. Pour-tant, il y a deux ans, les allures étaient très-belles. Le propriétaire nous dit qu'insensiblement et sans cause connue, elles étaient devenues ce que nous voyions. X'espérant rien d'aucune espèce de traitement médical, nous pratiquons d'emblée Ia névrotomie double Ie 6 mai, sur un membre, et 12 jours plus tard, sur I'autre.
Une petite tumeur, qui se termina par une suppuration de quelques jours, vint contrarier la cicatrisation de la plaie externe du membre droit. Au commencement de juillet, le cheval posséflait de très-belles allures. Il fut soumis a uu travail actif et soutenu; dernièrement il a fait une étape de plus de i2 lieues. Les membres ont repris toute la souplesse et toute l'étendue de leurs mou-vements.
XXXIX
Le cheval...., agé de 13 ans, est atteint d'une boiterie survenue instantanément sans cause appreciable, ä la suite d'un exercice aux allures vives, et de sauts d'obs-tacles. Il y a sans deute distension, rupture de fibres tendineuses ou musculaires, ou froissement, contusion des surfaces articulaires; mais oü, dans quelle region, e'est ce que nous ne sommes jamais parvenus adécouvrir. II n'y a pas la raoindre exagération de douleur locale ; lias la moindre tumefaction ni chaleur. A l'écurie, le cheval pointe; au pas et au trot, Ie pied pose ä plat;
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après un certain temps d'exercice, Ia claudication di-minue.
Après trois mois de repos et de reraèdes divers, voyant que nous n'obtenons aucune amelioration, nous prati-quons la névrotomie double Ie 3 aoüt. La boiterie dispa-rait totalement, pour revenir avec une faible intensité quatre semaines plus tard. Les cicatrices sont très-sen-sibles, sont douloureuses, et, malgré leur épaisseur, on sent parfaitement de chaque cóté et sous la peau une petite tumeur de la grosseur d'une noisette, dont la com­pression provoque des slgnes non equivoques de dou-leur. Ce sont des névrómes développés aux extrémités de chaque cordon central. L'animal est laissé dans Ie repos Ie plus complet pendant trois semaines, puis, la douleur diminuant graduellement, il est soumis k la promenade au pas, puis au trot. Au commencement d'octobre, il a repris son service avec des allures trés-réguliéres; il n'y avait plus la moindre apparence de boi­terie.
XL
Le cheval M. D... a été boiteux du membre antérieur gauche en décembre 1871 et en mars 1872. Il est age de 12 ans; il est un peu droit sur ses boulets et ceux-ci pré-sentent déja quelques signes d'usure. Gette boiter-ie avait cédé les deux premières fois, au bout de quinze jours a trois semaines, k des bains emollients, k des cataplasmes aux pieds et ä des vésicatoires ä la couronne et au boulet. Mais cette troisième fois tous ces moyens furent ineffl-caces. Voyant qu'au bout de trois mois, nous n'avons rien
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gagné, Ie propriétaire nous autorise ä faire la névrotomie Ie 3 aoüt.
La boiterie disparait, mais ranimal bute souvent. A deux ou trois reprises différentes il s'arrête tout d'un coup, soustrait Ie membre ä 1'appui, 1'étend en avant et en dehors, puis au bout de quelques secondes, il continue sa marche.
Depuis la fin du mois d'octobre, ces phénomènes n'ont plus été observes, et Ie cheval fait un service très-actif et continu.
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Indications.
Qiiand y a-l-il lieu d'avoir recours ä la névrotornie planlaire chez le cheval?
Des faits que nous venons de rapporter, il résulte clai-ment que cette operation n'a été pratiquée qu'après avoii-vainement employé toutes les ressources que peuvent fournir les agents médicamentaux et les moyens chirur-gicaux divers. Mais, si ron compare le temps compris entre Ie début de la boiterie et la resection nerveuse, on constatera que cette période est infiniment plus longue dans les premiers cas que dans les derniers. Cette diffe­rence trouve sa justification dans la defiance, que, — comme la plupart des praticiens — nous nourrissions a l'égard de cette operation. Imbus de cette idéé erronée, que les accidents qu'elle entrainait, étaient graves et frequents, nos premiers essais ne furent tentés que sur un sujet sans valeur, condamné, quoi qu'il en arrivät.
Heureux dans le premier, nous nous hasardämes a affronter un second, puis un troisième et ainsi de suite.
Aujourd'hui encore, il n'est pas rare de rencontrer, dans certaines infirmeries, des chevaux boiteux depuis un an et plus, ayant coüté une bonne partie, si pas la totalité de ce qu'ils vaudront désormais. Qu'arrive-t-il ordinairement ? — Un cheval devient subitement ou insensiblement boiteux; le pied est un peu rétréci, quelque pen sensible, il y a peut-être une bleime. On opère celle-ci, on élargit le sabot, la claudication di-minue, disparalt même pendant quelque temps, pour
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revenir plus tard avec une intensité nouvelle. On recom­mence Ie traitement, qui paraissait avoir antérieuremont réussi; on ajoute des bains, des cataplasmes, des vésica-
toires, etc, etc.....et la boiterie persiste. On compte sur
Ie temps, mais mi mois, deux mois..... s'écoulent, et
c'est tout au plus si des ameliorations passagères, de courte durée, ont permis de soumettre, de temps en temps, l'animal a un travail léger. Un beau jour. Ton trouve que l'épaule est émaciée, que ses mouvements sont bornés, que Ie pas est raccomxi, que les articu­lations manquent de souplesse, et Ton croit avoir fait fausse route; on croit avoir calomnié Ie pied, c'est l'épaule que Ton devait accuser. On commence les frictions irritantes, on les fait suivre de vesicants, de cauterisation, de séton, etc, etc, et Ie tout, au grand désespoir du praticienet du mécontentement du proprié-taire, Ie tout sans Ie moindre avantage.
Parfois aussi, on agit d'une facon tout opposée. En presence d'une boiterie des membres antérieurs, sans lésion extérieure qui justitie cette manifestation de dou-leur, après examen du pied, Ie vétérinaire se retranche derrière Ie diagnostic par exclusion; et, impuissant pour attaquer la lésion morbite qu'il ne peut trouver, il attaque la vaste region scapulo-humérale.— Quelques signes, du reste, semblent lui donner raison. D'abord il ne trouve rien ailleurs, puis les mouvements de l'épaule paraissent un pen gênés, et ä l'écurie Ie membre est souvent porté en avant.
Le temps passe et Ton finit par reconnaitre l'inutilité de tous les tourments que Ton fait subir a l'épaule. Bien plus, on trouve que le pied est fortement rétréci, qu'il est encastelé... Les batteries sont changées; le sabot
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devient Ie siége de toute l'attention, tie tons les soins; il est ramolli, il est élargi, etc, etc.,... et eu dépit de tons les efforts, Ie cheval reste boiteux.
Voilä ce que Ie praticien rencontre fréqnemment et ce qui met ä nne rude épreuve sa perspicacité, son juge-ment, sou tact médical et ce qui peut compromettre sa reputation.
An début, nous faisions comme tont lo monde; nous oidonnions les irritants après los emollients, et les emol­lients aprés les irritants; après Ie pied, nous traitions l'épaule, et après l'épaule Ie pied. Mais la pratique de la névrotomie nous fit bien vite reconnaitre la grande erreur de cette maniere de faire en nous prouvant que la plupart des boiteries avaient leur siége dans les rayons inférieurs, et notamment dans Ie pied. Chaberi et Lafosse avaient raison, 1'expérience directe Ie prouve péremptoi-rement.
Mais cette experience directe est-elle bien nécessaire pour démontrer que les causes de boiterie doivent être bien plus rares dans l'épaule que dans Ie pied? Évidem-ment non; la nature des tisus,'la facon dont ils sont adaptés on agencés les uns aux autres, leurs roles phy-siologiques on mécaniqnes différents, toutes ces consi­derations suffisent pour nous amener, par Ie simple rai-sonnement aux mêmes conclusions que celles que nous retirons de ces nombreuses claudications guéries instan-tanément — ou du moins palliées par la section ner-veuso.
En effef, Ie doigt des solipèdes est compose dune série d'os courts superposes les uns sur les autres, sous des angles plus ou moins prononcés, et maintenus dans ces conditions par des brides ligamenteuses et tendineuses
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très-solides, mais pen élastiques. L'extrémité est enve-loppée cl'une boite cornée dont l'élasticité a des limites. C'est la partie inférieure du membre, qui, frappant Ie sol, recoit Ie choc Ie plus fort, directement et sans inter­mediaire amortissant. La compression, la percussion, la distension, la dilacération en sont facilement les conse­quences. L'extrémité inférieure du tendon perforant, et surtout sa poulie de renvoi, formée par Ie petit sesa-moïde, sont exposées ä des tiraillements, a des froisse-ments et a des lésions de continuité. Toutes ces raisons
—nbsp; et il y en a bien d'autres — anatomiques et méca-niques n'existent pas pour les regions supérieures, oü les rayons sont plus obliquement dirigés et dont les moyens d'attache sont beaucoup plus souples.
Le diagnostic, par exclusion, place Ie siége de la clau-dication a l'épaule. Cette region a été choisie ä cause de l'épaisseur de ses couches musculaires et de la difficulté de constater une alteration dans la profondeur de ces masses. C'est a tort, selon nous; car il est bien plus dif­ficile de découvrir une alteration des organes contenus dans le sabot, qu'une alteration située dans n'importe quelle autre region. Lorsqu'on a fait enlever le fer, que l'on a fait parer le pied ä fond, et que Ton n'a constaté aucune cause deboiterie se traduisant soit par une altera­tion materielle, soit par une exagération de sensibilitó
—nbsp;celle-ci pouvant être provoquée par toutes sortes de moyens— on croit pouvoir declarer que le pied est sain, et qu'il faut chercher ailleurs le siége et la cause de la claudication. C'est encore ia une grave erreur que met en evidence, et d'une facon irrefragable, la section des nerfs plantaires. Il est pour nous trois espèces de boiterie :
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1deg; Celles dont la cause et Ie siége sont dévoilés par des symptomes objectifs.
2deg; Celles dont la cause et Ie siége ne se trahissent a l'extérieur par aucun Symptome objectif, mais seulement par des signes rationnels.
3deg; Celles dans lesquelles les symptomes objectifs et les signes rationnels manquent ou se confondent, se com-binent entre eux de facon ä n'offrir ä l'esprit qu'incerti-tude et confusion.
Or, l'expérience de tons les jours montre que les boi-teries ä symptomes objectifs et ä signes rationnels ont bien plus souvent leur siége dans les rayons inférieurs que dans les rayons supérieurs. S'il en est ainsi pour les boiteries appartenant aux deux premiers groupes, pourquoi en serait-il autrement pour celles du troisième?
L'anatomie pathologique de la region digitée est déja assez complete; peut-on en dire autant de celle de l'épaule ? L'écart est certes Ie chapitre Ie plus insigni-fiant et Ie moins bien connu de toute Ia pathologie.
La maladie naviculaire est beaucoup plus frequente qu'on ne Ie croit généralement. G'est pour en pallier les effets que la névrotomie plantaire a, pour ainsi dire, été pratiquée la première fois, et, depuis cette operation, a été intimement liée a cette affection. Nous ne pouvons que la recommander d'une facon toute spéciale, d'autant plus que les organes ou les tissus qui sont altérés, sont situés trop profondément pour que les agents thérapeu-tiques puissent les atteindre, et que les lesions sont presque toujours difflciles, sinon impossibles ä guérir. Nous ne discuterons pas Ie point de savoir si Ie rétrécis-sement des pieds precede ou amène les lésions de la podo-trochylite, ou si c'est celle-ci qui est la cause indirecte
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de l'encastelure. Si tons les écrivains ne sont pas d'ac-
cord a ce sujet, il y a, du moins, entente complete pour dire que, a la suite du resserrement des sabots,les parties intra-ongulées sabissent I'atrophie, la destruction plus ou moins profonde.et que,plus tard, on aura beau élargir le pied, on ne tera pas disparaitre la claudication.
Dans ces cas, la névrotoraie est le seul moyen qui permettc d'utiliser I'animal pendant longtemps encore. Et, moins on attendra, moins on temporisera, plus on aura les chances non-seulement de pallier Ia maladie, mais d'aider ä la guérir complétement.
Done :
Considérant rimpuissance des moyens thérapeutiques ordinaires, considérant qu'en économie domestique plus que partout ailleurs, Taphorisme anglais : the times is moneij, est d'une rigoureuse vérité ; considérant les nombreux succes, los rares insuccès, et los rares acci­dents, nous posons en principe general que : Lanévro-l.oraie peut, et doü être praliquée lorsgu'une hoüei-ie don/ fa cause est inconnue, et donL le siége ne peut être deter­mine, a résisté plus de trois inois aux moyens thérapeu­tiques ei chirurgicaux ordinaires.
A cóté de ces boiteries, il en est d'autres, dont la cause est patente; comme celles dues k des tumeurs sur los phalanges, ou des alterations de forme et do structure des organes situés en-dessous de l'extréinité inférieure du canon. Si ces lesions sont rebelies ä tout traitemont, la névrotomie est également indiquóe.
M. H. Bouley (1) préconise cette operation : laquo; toutes
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(1) Recueil 1So2, p, 82ö.
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les fois que la region digitale est Ie siége d'une boiterie chronique accusee par une douleur, et conséquemment par une claudication persistante, sans que cependantles alterations materielles qui raccompagnent soient telles qu'elles opposent un obstacle mécanique insurmontable au fonctioonement de l'extrémitédigitable comme rouage essentiel de l'appareil locomoteur. *gt;
Les Anglais, qui font fréquemment usagedusétondans la fourcbette (dans Ie coussinet plantaire), pratiquent la névrotomie, lorsque tous les moyens, y compris ce der­nier, ont été reconnus inefficaces contre la podotro-chylite (1).
laquo; La névrotomie, dit M. Gourdon(2), peut faire cesser, en general, toute boiterie due ä un état douloureux du pied ayant résisté aux different?! moyens thérapeutiques ; l'opération convient même dans beaucoup de cas de boi-teries anciennes dont Ie siége est inconnu, mais qu'on peut admettre Ie plus souvent être dans Ie pied, bien qu'il soit impossible de s'en assurer d'une maniere positivo. raquo;
A cóté de ces boiteries ä cause occulte, se trouvent d'autres dont les lésions se traduisent a l'extérieur par-des tumeurs osseuses, appelées formes. La resection ner-veuse ne peut pas faire disparaitre l'exostose, mais eile permet d'utiliser Ie cheval pendant longtemps. Nous par-tageons l'opinion de M. Gourdon relativement a l'époque ä laquelle doit être faite I'operation. Mieux vaut la faire dés Ie début, vu l'impuissance des agents thérapeutiques.
(1)nbsp; nbsp;l'he principtes and pratice de Véterinay surgery, par Williams p. 330.
(2)nbsp; Elements de chirurgie vétérinaire, t. II, p. 413.
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Ne pourrait-on pas espérer, par cette resection, arrêter lesprogrés du processus hypertrophique? — Ajoutous, pour terminer, rossification des cartilages latéraux, les douleurs qui subsistent après les lesions organiques du pied, etc., etc.
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Contr e-indications.
Certaines conformations défectueuses du pied, certains ótats pathologiques tels que : les pieds plats ou combles, les pieds a talons bas, ceux dont la muraille est mau-vaise, les chevaux dont les allures sont fortement rele-vées et énergiques, ceux qui ont subi les atteintes de la tburbure sont considérés par différents auteurs comme autant de conditions favorablesaux accidents qui pen vent survenir ä la suite de la névrotomie.
Cette operation est contre-indiquée, selon M. Gour-don (i), lorsque : laquo; la boiterie estdueä un étatinflamma-raquo;toire du pied; ä une profonde désorganisation de eet r organe, ä un pied plat, mou, ä une fourbure chronique raquo; compliquée ou non de croissant; ä une affection exté-
-nbsp; rieure sur laquelle on peut appliquer des moyens di-
-nbsp; rects de traitement; eile est encore contre-indiquée
-nbsp; lorsqu'il y a ankylose complete de Tarticulation, et raquo; enfin dans le cas même de maladie naviculaire. très-raquo; avancée, quand le sésamoïde est en grande partie
-nbsp; détruit et le tendon reduit ä quelques fibres. raquo;
M. Williams,clirecteur et professeur du college d'Edim-bourgh, recommande (2) de ne jamais opérer un cheval
(1) Elements de chirurgie vétérinaire, tome II, page 416.
i21 Theprinciptes amipratice de veterinay surgery, page 331.
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très-pesant, ä membres épais, ceux dont les pieds sont minces, les talons bas, la sole pleine, ou ceux qui pré-sentent quelques dispositions k la fourbure. 11 en est de même pour ceux dont Ie lever des membres est haut et énergique.
Ces contre-indications nous paraissent un pen exagé-rées. Evidemment, il ne faut pas tenter lanévrotomie lors-qu'il existe des lésions dans Ie pied, lesions qui pour-raient s'aggraver en annihilant la douleur, cette senti-nelle vigilante qui veille ä mesurer Ie degré d'actiou que peut produire un membre avec la force de resistance qui lui est opposée. Il y a surtout contre-indication quand il existe des alterations profondes, consequences de la fourbure. Mais on peut sans crainte opérer les chevaux dont les actions sont vives et énergiques. Plu-sieurs des sujets sur lesquels la névrotomie a été faite, même aux deux membres, trottaient avec beaucoup d'action, ils sleppaient dans toute la force du termo. Bien plus, ils franchissaient les obstacles, ils galopaient sur les pavés glissants avec autant de facilité qu'avant l'ap-parition de la boiterie qui avait nécessité l'opération.
Les gros chevaux de labour, croyons-nous, peuvent également bien être névrotomisés; si les conditions de pesanteur leur sont défavorables, les allures lentes aux-quelles ils travaillent peuvent établir une compensation süffisante. Notre experience étant assez limitée, pour ce qui concerne cette categorie d'animaux, nous attendrons de nouveaux faits pour nous prononcer d'une facon plus positive.
Une seule ibis, pour une forme, nous avons réséqué Ie nerf plantaire externe d'uh membre de devant (Ie n0 XXXVI) et cela avec succes.
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Lieux d'élection.
La névrotomie étant admise comme une nécessité, fomme Ie seul moyen de faire disparaitre la boiterie, quelle region doit-on choisir pour faire Topération?
La réponse a cette question doit naturellement être basée sur la nature de l'affection, et sur la cause pro­bable ou certaine qui la provoque. Si une alteration ma­terielle se traduit ä l'extérieur, comme une exostose, par exemple, il est évident qu'il sufflra de faire la section du cordon nerveux qui distribue ses filets dans les par­ties correspondantes. Si la tumeur, tout en provoquant la claudication, a pris peu d'extension, il sufflra de résé-quer une des branches phalangiennes qui terminent Ie nerf plantaire. Malheureusement, ces cas oü la cause est facile a localiser, sont les plus rares. Il n'arrive que trop souvent que l'exploration la plus minutieuse ne parvient pas ä la faire découvrir. Alors on se trouve, générale-ment, en presence d'une affection naviculaire. Dés nos premiers essais, nous étions d'une grande prudence, et nous nous bornions a faire la resection des branches di­gitales, soit antérieures, soit postérieures. Mais nous n'obtenions que des résultats relatifs, que des demi-succès; nous arrivämes bien vite a couper la branche-mère, au-dessus du boulet, d'un seul cóté d'abord, puis en dedans et en dehors, et puis enfin, Ie même jour, les deux cordons métacarpiens sur chacun des membres. L'expérience a prouvé que cette quadruple resection pouvait être faite sans qu'il en résultat Ie moindre acci­dent. Règle générale done, ä inoins d'indication spéciale, il
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taut, si l'on veut obtenir un succes complet, opérer sur les branches métacarpiennes.
N'est-ce pas courir au-devant des accidents que de faire, en une seule séauce, ia névrotomie sur les deux nerfs métacarpiens? Ne vaut-il pas mieux raettre un In­tervalle entre les deux operations? Nous croyons que co n'est pas sans inconvenient que Ton pratique une solu­tion de continuité dans les filets sensitivo-moteurs, et qu'ii serait sage de ne pas priver d'une facon brusque, la partie inférieure du membre, de toute relation avec Ie centre nerveux. Mieux vaut done mettre, entre la section de chaque nerf, un Intervalle de dix ä douze jours. Si l'on doit faire l'opération aux deux membres, coraraencer par la pratiquer sur un des deux cordons de chacun de ceux-ci.
Quant au lieu d'élection,. il se trouve parfaitemeut de­termine par la situation topographique du nerf. Nous faisons notre incision verticalement, sur une longueur de 4 a 5 centimetres, contre Ie bord antérieur du tendon, de facon ä ce que l'angle inférieur de la plaie arrive a un centimetre au-dessus du centre articulaire du beulet et l'angle supérieur dépasse quelque peu Ie niveau du bouton du péroné.
M. Williams d'Edimbourgh recommande de ne pas faire les deux sections, a la mème hauteur, et de faire l'incision interne dans Texcavation située sur les cótés de l'articulation du beulet, de maniere que la cicatrice soit protégée contre les atteintes du membre oppose. Cette precaution devient inutile du moment qu'on adopte Ie lieu d'élection que nous venons d'indiquer, lieu d'élec­tion qui est Ie même pour Ie nerf interne comme pour Ie nerf externe.
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Preparation du sujet,
Quolque temps avant d'opérer la névrotomie, il laut faire subir au sabot du membre correspondant, certaines preparations qui sont appelées a assurer Ie succes et ä éviter les accidents. Si Ie pied est rétréci, il sera élargi ä l'aide d'une ferrure ä pantoufle, la corne sera raraollie par des cataplasmes et par des bains emollients, la sole sera bien parée, et Ton s'assurera s'il n'existe aucune alteration teile qu'une bleime, par exemple, dont la ter-minaison par formation de pus pourrait amener des com­plications. Enfin, on cherchera ä rendre au sabot une forme qui se rapproche de la forme normale, et par la dilatation surtout on diminuera et on fera disparaitre la compression k laquelle étaient soumis les tissus intra-cornés.
Quelques jours avant la date fixée, Ie cheval doit être ferré des quatre pieds, puis soumis au régime diététique, ainsi que Ie recommandent les règ-les qui doivent guider Ie vétérinaire, lorsque celui-ci doit coucher et assujetir un cheval pour lui faire subir une operation.
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Manuel opératoire.
L'aniraal est abattu de facon a ce que la region sur laquelle on doit opérer se trouve au-dessus. Si l'on veut faire la section des deux nerts a la ibis, il faut commen-cer par l'interne, et par conséquent coucher Ie cheval sur Ie cóté du membre boiteux. Cette preference n'a d'autre but que de chercher a éviter que, pendant que l'on opère du cóté oppose, Ie cheval en se débattant n'ir-rite la plaie, et ne provoque ainsi des complications. Le membre est alors ramene en arrière et fixé sur la partie inférieure de la jambe du membre postérieur diagonal. Puis les poils sont coupes sur le trajet du nerf, c'est-ä-dire le long du bord antérieur du tendon, depuis le bou-let jusqu'ä une hauteur de 6 a 7 centimetres et sur une largeur de deux. Depuis 1866, l'un de nous applique im garrot (1), le second ne fait pas usage de eet appareil. La compression déterminée par ce garrot a un effet mul­tiple. D'abord, les veines métacarpiennes se gonflent, se dessinent a travers la peau, sur les cótés, et un peu en avant du tendon perforant. G'est la un très-bon point de repaire pour préciser l'endroit ou doit se faire l'incision, puisque l'on sait que les cordons nerveux se trouvent en
(1) Le garrot ou adstricteur, comme l'appelle M. le professeur Bro-laquo;niez, dans son Traite de chirurgie vétérinaire, p. 43, est un lieu circu­laire compose d'une corde, d'une bande de cuir ou d'une autre matière, et que Ton applique pour les cas qui nous occupent, ali-dessus de 1'ar-tioulation du genou
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arrière de ces vaisseaux. Un second effet, c'est la dimi­nution, la reduction considerable de l'hémorragie pro-voquée par la section des vaisseaux situés dans l'épais-seur de la peau. Et enfin, la compression n'est pas sans diminuer la douleur que doit éprouver ie patient.
L'incision est faite a peu prés verticalement, derrière la veine, lorsque celle-ci est visible, et en suivant Ie bord antérieur du tendon, de fa^on que son angle inférieur arrive ä un centimetre environ du centre articulaire du boulet, et lo supérieur ä une hauteur de 4 ä 5 centi­metres. Cette section cutanée doit être faito en deux temps.
Dans le premier temps, l'incision ne doit atteindre que les trois quarts environ de l'épaisseur de la peau. De cette facon on évite les échappées dans les gros vaisseaux qui se trouvent en dessous. Pais, tous les capilaires situés dans l'épaisseur du derme, après avoir donné tout ce qu'ils contiennent de sang, se ferment par l'action de l'air et par l'action de l'eau froide avec laquelle on lave la plaie. Dans le second temps, on complete la section a travers tonte l'épaisseur de la peau. En opérant de cette fagon, l'hémorragie est très-peu abondante, et ne gêne en rien l'opérateur. Il ne reste plus qu'ä disséquer le nerf, ä passer en dessous un fil dans lequel on le serre, puis on le coupe a Tangle supérieur de l'incision, soit a l'aide de ciseaux, soit a l'aide d'un bistouri bien tranchant. Si l'on se sert de ce dernier instrument, la section doit être faite de dedans en dehors. Puis, par une seconde section faite plus bas, on enléve un troncon long de trois centimetres environ.
On fait un pointde sature ä Ia peau, et l'on passe ä un second nerf, s'il y a lieu, en procédant de la même facon.
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Lorsque Ie cheval est relevé, on applique un panse-ment peu compressif.
Voila pour Ja névrotomie haute, c'est-ä-dire pour celle pratiquée au-dessus du boulet. Quant ä Ia section des branches phalangiennes ou digitales, nous ne pouvons inieux faire que de renvoyer aux excellents traites, soit de M. Brogniez, soit de M. Gourdon.
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Soins consécutifs.
Cette operation ne reclame que peu de soins consécu­tifs. Les plaies doivent être traitées comme des plaies simples ordinaires. Le premier pansement est laissé plus ou moins longtemps suivant l'état de la tempera­ture et de la saison. La cicatrisation arrive ordinaire-ment du 12e au 20e jour :
Le cheval doit être place sur une épaisse litière, jamais sur le sol dur, et laissé en repos pendant une dizaine de jours. Au bout de ce laps de temps, on peut ordonner une promenade au pas pendant une demi-heure sur un terrain plutót mou que dur. La durée de cette promenade augmentera insensiblement, mais jamais on ne pourra, sans s'exposer ä des accidents, soumettre Tanimal a un travail soutenu, surtout a un travail qui exigerait de Faction, de l'énergie ei de la vitesse, avant qu'il ue soit écoulé, depuis le jour de l'opération, un laps de temps de six semaines ä deux mois.
Chaque fois que le cheval, qui a été opéré de la double névrotomte, devra être ferré, il sera prudent de visiter soigneusement le pied et s'assurer qu'il n'cxiste pas d'al-térations telles que: bleimes,fourchette pourrie, etc.,etc, afin de faire disparaitre ces alterations si elles existent. Le maréchal-ferrant doit aussi bien prendre garde de piquer ou d'enclouer le pied. Car l'animal n'ayant plus conscience de l'existence de ces lésions et n'éprouvant plus aucun de leurs efféts, la douleur ne peut les traduire ä 1'observation de ceux qui sont chargés de les soigner.
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Un clou-de- rue, une enclouure peuvent alors provoquer les plus grands délabrements, sans que l'on s'en aper-coive, et les accidents sont alors mis sur Ie compte de la névrotomie. Celle-ci en est évidemment la cause indi­recte, mais outre que ces accidents sont très-rares, ils peuvent aisément être évités par quelques precautions et quelques soins particuliers. Nous dirons même plus, c'est que jamais nous n'en avons observe sur Ie grand nombre de chevaux que nous avons opérés et qui depuis longtemps sont soumis, comme tous les chevaux sains, ä im travail actif et régulier.
G'est que nous croyons la chose très-possible, et nous dirons même que nous pouvons attribuer deux des acci­dents qui sont survenus sur des animaux que nous avions opérés, mais qui avaient été remis en d'autres mains dès que la névrotomie était terminée.
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(il —
Phénomènes que l'on remarque après 1'operation.
Dés que l'animal est relevé, si on Ie fait marcher, il hésite d'abord ä poser Ie pied sur Ie sol, comme s'il con-servait Ie souvenir de la douleur que eet appui provo-quait. A l'appui, Ie lever succède lentement comme si les muscles étaient paralyses. Souvent même Ie membre est porté en avant d'une facon si peu énergique que la pince rase Ie sol, que Ie cheval bute, fait un faux pas. Si les deux membres ont été opérés, l'irrégularité est plus ma­nifeste encore. Au bout de quelques pas, n'éprouvant plus la douleur quil ressentait auparavant, il appuie fortement. Mais il arrive aussi que pendant les quelques premières minutes, il est tellement désorienié, qu'il se refuse ä marcher, surtout ä trotter. Si on I'excite par la chambrière, il obéit; et si, comme c'estle cas Ie plus fre­quent, l'opération est suivie de succes, il ne tarde pas ä marcher et ä trotter régulièrement avec un peu plus d'intensité dans la percussion.
Peu de temps après l'opération, l'extrémité inférieure du membre se congestionne, eile devient chaude, Tartère est gonflée et les battements sont forts. Une fièvre de reaction peu intense se declare. Si l'on frappe ou si l'on pique la peau de la region de la couronne et du paturon, on observe encore une légere manifestation de sensibi-lité, car Ie cheval cherche ä soustraire Ie membre ä ces chocs ou ä ces piqüres. Quelques jours plus tard, les phé­nomènes congestifs se dissipent peu ä peu. Pourtant, dans Ie pli du paturon et même dans toutes les parties
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situées en dessous du lieu de l'opération, il subsiste uu peu d'cedème chaud non douloureux.
Il arrive quelquefois qu'après quinze jours ou trois semaines, la boiterie qui avait totalement disparu de-puis l'opération revient de nouveau. Il ne faut pas trop s'empresser de croire que la guérison n'a été que mo-mentanée et d'accuser l'inefRcacité de la névrotomie. Il est facile de constater que les cicatrices sont très-dou-loureuses ä la pression, et, nialgrc leur épaisseur, on l)eut s'assurer que Ie bout central du nerf est gonflé et que ce renflement est lui-méme ie siége et la cause de la boiterie. Cette névrite se dissipe au bout de buit ou dix jours, soit par les seules ressources de la nature, soit par l'application des bains emollients.
Si la boiterie persistait, il serait a présumer qu'il y n formation d'un névróme. Dans ce cas, l'extirpation do cette tumeur met un terme a la claudication. Cette nou­velle resection se fait a peu prés comme la première ; il suffit de disséquer Ie bout central du cordon nerveux, et d'enlever toute la partie renflée.
Dans un grand nombre de cas nous avons remarqué, non-seulement la disparition de la boiterie, Ie retour des allures réguliéres, mais aussi lamelioration notable de ia forme du sabot. Celui-ci, rétréci et cerclé, forme d'une come sèche, cassante, s'élargit, subit une avalure regu­liere et offre une corne de très-bonne nature.
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Accidents qui peuvent survenir pendant l'opération.
Les accidents sont rares et peuvent jusqu'ä un certain point étre facilement évités. Les hémorragies capillaires gènent parfois l'opération.
Dans le but de prévenir celles-ci, M. Ie professeur Williams, en Angieterre, recommande de plonger le membre dans un bain froid pendant uno houre avant l'opération. L'éponge imbibée nous a presque toujours suffi, et dans les cas exceptionnellement rares, nous avons eu recours aux hémosthatiques (perchlorure de fer).
Du reste, en faisant i'incision en deux temps, comme nous l'avons conseillé, et en mettant entre le premier temps et le second un temps moral süffisant pour que les capillaires puissent se vider complétement, il y a très-peu de sang qui gêne l'opérateur. Cette hémorragie n'est abondante que lorsque, depuis peu, le beulet ou le ten-don ont été traites par des vesicants, des irritants, ou par la cauterisation.
A quatre reprises différentes. Tun de nous s'est trouvé ea presence d'une piqüre ou d'une section de l'artère plantaire.
La première fois, la section a été intentionnellement l'aite dans le but d'en étudier les effets concurremment avec ceux de la névrotomie, et pour s'assurer ä quels moyens, en cas de section transversale accidentelle on devrait avoir recours. Or, les segments vasculaires se
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rétractent tellement fort, qu'ils deviennent introuvables, et qu'on a été force d'appliquer une éponge neuve et sèche maintenue par une bande. Cetteépouge, en absor-bant Ie liquide, se gonfla, comprima l'artère.
Chez ce sujet d'expérience, sur Ie membre boiteux du-quel la névrotomie n'avait pas été faite, la claudication a dispara durant quelques semaines.
Doit-on attribuer cette apparence de guérison momen-tanée ä l'obstacle apporté au cours du sang, ou a la com­pression qu'a pu exercer sur Ie nerf ce tampon formé par l'éponge ? G'est ce que nous ne pouvons determiner.
Une autre fois, l'artère fut incisée obliquement. Le garrot fut immédiatement appliqué et l'opération ache-vée sans qu'il fut nécessaire de faire la ligature du vais-seau. Pour pansement on appliqua un tampon d'étoupe et un tour de bande.
Nous avons ä noter deux autres accidents analogues eh qui n'eurent pas la moindre consequence. Dans aucuu cas nous fimes la ligature et nous nous bornämes ä un pansement queique peu compressif.
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Accidents consécutifs è, ropération.
Les accidents consécutifs sont trés-rares; ils sont tout ä fait exceptionnels si l'on opère sur un membra dont les alterations ou les lésions materielles n'ont pas amené de désorganisation profonde, et surtout si on ne négligé aucune des indications que nous avons prescrites, et dont une des principales est d'accorder de six semaines ä deux mois de repos, ou du moins de ne soumettre l'ani-mal qu'ä un exercice léger au pas.
Nous l'avons déja dit,en Angleterre comme en France, les accidents surveuus ä la suite de la névrotomie ont jeté Ie plus grand discredit sur cette operation. M. Wil­liams a constaté la fracture de l'os naviculaire, la rup­ture du tendon, la chute du sabot. Ia gangrene du pièd et une dégénérescence particuliere du tendon et de la gaine (1).
Nos auteurs et nos praticiens francais ont Ie plus sou­vent rencontre la chute de l'ongle et la rupture du per-forant.
Nous avons remarqué une seule fois l'ouverture de la gaine grande sésamoïdienne. L'opéré avait des molettes très-développées, dont la paroi distendue faisait en quelque sorte hernie a travers sa plaie nécessitée par l'opération. Il est très-probable que la membrane syno-viale, entourée de tissus enflammés, se sera ramollie et
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aura cédé ä la pression interne du liquide synovial. Ce n'est lä qu'un phénomène accidentel, local, inherent, non pas ä la section nerveuse, mais ä rinflammation provoquée par l'incision cutanée et la dissection du tissu cellulaire. Du reste, la plaie, après avoir été quel-ques jours bourgeonneuse et de mauvais aspect, se ferma et se cicatrisa bientót sous l'influence de légères cauterisations souvent répétées et de pansements appro-priés, de maniere que la guérison n'a été que quelque peu retardée.
Des quatre accidents sérieux qui sont renseignés dans la relation des faits que nous avons observes, un seul s'est produit dans notre clinique, les trois autres sujets ont bien été opérés par l'un de nous, mais ils appar-tenaient ä des propriétaires très-éloignés de notre domi­cile ; dans ces cas il ne nous a pas été possible ni de bien préparer Ie pied ni de nous assurer si toutes les precau­tions avaient été prises et si les soins consécutifs ont été bien donnés.
Dans Ie cas rapporté n0 XIV, Ie cheval avait repris un service aux allures vifs neuf'jours seulement après l'opé-ration. Le tissu feuilleté kéraphylleux et podophylleux était complétement atropbié, ä l'exception d'une zone située en pince. Nous pourrions nous clemander si ce pro­cessus patbologique est la consequence de la névrotomie, ou si cette alteration ne préexistait pas avant l'opération, si en un mot eile n'était pas la cause de la boiterie. Il ne nous serait pas possible de résoudre cette question avec les elements que nous possédons. Mais admettons néan-moins que la section nerveuse en soit la cause. Il est plus que probable que si les sabots et ses parties contenues n'avaient pas été soumis pendant six jours a des chocs
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d'autant plus puissants que l'animal ne ressentait pas la moindre douleur, 11 est possible que l'acte nutritif aurait réparé l'alteration primitive. Nous invoquerons plus loin des experiences qui ne laissent aucun deute sur la puissance désorganisatrice des frottements et des compressions, lä oil le Systeme nerveux n'existe plus pour régulariser les actes nutritifs. Quant au processus gangréneuxqui, immédiatementaprès la chutede l'ongle détruit les différentes parties du doigt, il n'offre rien d'extraordinaire et sa gravité trouve sa raison clans l'ab-sence même du cordon nerveux, car, dit très-bien Mueller, lä oü existe une inflammation chronique, une fourbure, la gangrene se mettra d'autant plus vite que les parties seront privées de leurs rapports fonctionnels avec les centres nerveux.
Dans l'opération rapportée au n0 XI, le cheval a été opéré et est guéri depuis, lorsque, étant lancé ä fond de train, il se heurta contre des chevaux qui venaient en sens oppose.
De ce choc terrible, notre sujet revint avec une disten­sion du tendon perforant, qui peu k peu se tuméfla, s'allongea, se ruptura sans doute, au point de permettre ä la face postérieure du boulet de toucher le sol lorsque le pied venait k l'appui.
Peut-on sérieusement mettre eet accident sur le compte de la resection nerveuse ? Il est évident qu'il ne faut pas demander ä cette operation plus qu'elle ne peut donner, et que si eile guérit la boiterie, eile ne guérit pas ou du moins pas toujours la lésion organique, cause première de cette boiterie; — eile est avant tout palliative; eile n'est curative qu'indirectement en éloi-gnant le phénomène doulour, en permettant ä eer-
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tains tissus, a certains organes de pouvoir fonctionner et de ne pas s'atrophier par un long repos force. Or, le tendon perforant, siege d'une alteration quelconque, et cause sans doute de la boiterie, n'a pas été guérie par la névrotomie, mais cette operation a permis d'utiliser, dans la mesure du degré de resistance de ce tendon, le cheval jusqu'a ce qu'un choc dépassant les limites de resistance de ses fibres soit venu les allonger outre me­sure, et les rupturer. Bien plus, qui nous dira qu'un tendon perforant sain, jouissant de toutes ses propriétés vitales, n'aurait pas aussi cédé k l'action puissante de ce choc? Qui nous dit qu'avantce jour, le tendon eüt jamais subi la moindre alteration ?
L'observation n0 XXV fournit une troisième termi-naison fatale. Le cheval qui en fait l'objet a d'abord boité pendant trois ans du membre antérieur gauche, boiterie radicalement guérie par la névrotomie. Plus tard, même succes pour une boiterie du membre oppose, et nous n'avons* pu savoir ni bien préciser k quelle lésion il a succombé. Peut-être le pied qui nquot;avait pas été bien pare, renfermait-il une bleirne, qui sera deve-nue suppurante et aura été cause de tons les désordres. Peut-être le pied aura-t-il ramassé un clou-de-rue, car, comme nous l'avons déja dit, une precaution importante k prendre a l'égard des chevaux névrotomisés, c'est d'éviter toute plaie ä la region plantaire; une piqüre, un onclouement, un clou-de-rue, toutes lesions qui peu-vent se produire sans que l'animal en ait conscience, pro-voquent, si Ton ne s'en apercoit ä temps, les désordres •les plus graves.
Enfin, le sujet de l'observation n0 XXVIII, chez lequel la névrotomie opérée par un confrère, d'après nos con-
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sells, avalt fait dlsparaitre la boiterie, nous fournit un quatrlème cas de termlnalson par la gangrene du pied. La encore le cheval a du reprendre son service le dou-zième jour après l'opération.
II est ä regretter que l'autopsle de ces pleds n'alt pas été falte d'une fagon mlnutleuse. Quol qu'11 en solt, si nous considérons le nombre d'animaux opérés, et le nombre d'accidents qui en ont été la suite, 11 y a lieu de se féliciter des résultats obtenus. Nous n'avons parlé que de 40 animaux opérés, et dont quelques-uns sur les deux membres de clevant; mals ces 40 cas expriment ä peine Ia moltiédu chiffreréel auquel s'élève le nombre d'opérés depuis 10 ans. Tous ceux dont nous n'avons pas rapporté I'histolre, sent des cas ordinaires, dans lesquels la gué-rison a toujours suivi l'opération, et cette guérison s'est maintenue. Nous avons tenu a parier de preference de celles dont le résultat a été douteux ou funeste, afin d'aider a rechercher les causes de ces insuccès ou de ces accidents et de les prévenir a l'avenir.
Cost pour n'avoir pas tenu compte de ces precautions que cette operation a été mise en défaveur et enterrée dans un injuste oubli.
Comment ces accidents se produlsent-ils ?
Ladouleurremplit.äl'égard des organeslocomoteurs, dont Ia texture a subi quelque alteration, le róle d'une sentinelle vigilante, toujours prête ä signaler la dispropro-tion entre les efforts dont ils sont le siege et la resistance qu'ils peuvent ofl'rir. Mais qu'un de ces organes ou une partie même de ceux qui ne jouent qu'un róle passif, tels que le sésamoïde, le tendon, etc., soit dégénéré, ra-molli par suite d'une inflammation anclenne, si la sen­tinelle douleur vient ä dlsparaitre, Telfort pourra dé-
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passer la force de resistance et la rupture ou la fracture en sera la consequence.
Qu'arrive-t-il lorsqu'on a pratique la névrotomie sur im membre, se demandeM. H. Bouley(l). raquo; G'est que l'ani-mal, dont les extrémités digitales sent ainsi destituées de la propriété de sentir, ne sait plus proportionner l'énergie des percussions de son pied sur le sol ä la force de resistance des parties qui les constituent; d'une part, parce qu'il n'a pas aussi exactement conscience de la distance qui sépare son pied leve du sol sur lequel il doit être posé, et, d'autre part, parce qu'il n'est plus prévenu par la sensation de l'intensité de la percussion.
laquo; La preuve, continue le savant, M. Bouley, qu'il y a nécessité de l'intervention de percussions sans mesure pour que ces accidents gangréneux se manifestent, c'est qu'on ne les voit le plus souvent survenir que sur des chevaux employés aux rapides allures, et que les ani-maux utilises exclusivement au pas, après l'opération, en sont ordinairément exempts.
quot; Une autre consequence, ajoute-t-il enfin, de l'opéra­tion de la névrotomie, c'est l'incertitude de l'équilibre de la machine, surtout dans les mouvements rapides. L'animal,n'étant plus prévenu ä temps par le toucher du sol, de l'assiette de son membre, ne saii plus prévoir si les rayons de ses colonnes de soutien, actuellement k l'appui, sont disposes dans les conditions géométriques nécessaires pour la solidité du soutien de la masse du corps. De la résulte que ces colonnes défaillantes se dé-robent sous les pressions et entrainent la chute de l'ani
(11 Traite du pied du cheval, p. 259.
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mal, et que les articulations s'altèrent par le fait des efforts qu'olles subissent dans des fausses conditions d'aplomb. raquo;
Nous devons k la vérité de dire que les animaax récemment opérés, sont, pendant quelque temps, plus exposes a buter que les autres. Mais ils prennent bien vite riiabitude, ils font bien vite leur education, et ac-quièrent rapidement une süreté de Tavant-mam, une énergie dans le déploiement des membres, qui leur per-mettent de galoper sur les pierres et de franchir les obstacles.
Comme nous le disions plus haut, il faut donner le temps aux tissus privés de leurs organes régulateurs de s'habituer ä se nourrir sans eux. Le poids du corps ve-nant a comprimer certaines parties qui ne l'étaient pas antérieurement, privé certaines parties de leur sue nourricier. Car cette paralysie n'est pas une paralysie comme celle qui frappe les tissus actifs en les condam-nant au repos absolu. Au contraire! Après l'operation, les mouvements sont plus étendus qu'avant la section nerveuse; ce n'est done pas le cas d'invoquer l'observa-tion de Schroeder Vonderkolk, qui a observe la con­version en graisse et 1'ossiflcation des artères dans les membres paralyses.
Il ne faut pas donner aux cordons sensitivo-moteurs une influence plus grande que celle qu'ils possèdent. Ils régularisent le cours et la distribution du sang, ils régularisent les secretions dans les regions dans les-quelles ils se distribuent, mais la se borne leur action au point de vue de la nutrition. Est-il besoin de rappeler que certains tissus, entre autres le tissu osseux, sont dépourvus de nerfs, et que, dans ces tissus, comme ceux
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qui en sont abondamment pourvus, la nutrition se fait parfaitement bien. Chez l'embryon, la nutrition est indé-pendante du cerveau. Les monstres acépliales se nourris-sent parfaitement; on n'a jamais constaté de tissu ner-veux ou de tissu analogue chez les végétaux.
La nutrition doit être considérée comme indépendante de l'influence nerveuse; eile est une propriété inherente a la matière vivante.
La paralysie du cerveau et de la moëlle épinière n'exerce aucune influence sur la nutrition ; souvent les parties paralysées s'atrophient (par l'inaction) et la gan­grene s'empare aisément de ces parties lorsqu'elles viennent a être lésées, comme l'a constaté M. Muëller.
L'influence nerveuse sur la nutrition, quoique incon­testable, ne parait done pas nécessaire; eile accélère ou affaiblit Ie travail nutritif, dit avcc raison Ie physiolo-giste dont nous venons de citer Ie nom, mais sans eile, ce travail persiste et conserve une certaine activité.
Henle suppose que les alterations des membres para­lyses proviennent des pressions, ou de ce que l'animal appuie sur ce membre, de facon a gêner la circulation. Brown-Sequard prouve la justesse de cette hypothese de la maniere suivante : Il coupe chez Ie lapin et Ie cobaye Ie nerf sciatique aussi haut que possible. Quel-ques-uns de ces animaux restent libres dans un cabinet carrelé. Avant quinze jours, il était survenu des altera­tions graves; tons avaient perdu leurs ongles, les extré-rnités étaient tuméflées; les tissus mis k nu étaient ron-gés, se couvraient de bourgeons; après un mois, les os étaient denudes et gangrenes. Les autres opérés sont places dans des caisses, dont Ie foncl était reconvert d'une couche épaisse de son et de foin : aucune alteration ne
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se manifestait chez les animaux de cette dernière série. Mueller fait la section du nerf sciatique chez Ie lapin; il ne se formait un scharre que la oü se produit l'appui, c'est-k-dire au talon.
Littré conclut de ses experiences que la compression seule ne suffit pas pour produire les accidents; mais il faut la compression et Ie mouvement, ou plutót Ie frotte-ment.
N'est-ce pas ce qui se passe chez les chevaux névroto-misés, dont les uns, laissés au repos pendant un laps de temps süffisant, guérissent, tandis que les autres, soumis au travail peu de temps après l'opération, ont les tissus du pied exposes a des compressions énergiques, ä des inouvements et ä des frottements divers.
Pour termincr, disons qu'il arrive souvent qu'après avoir subi la névrotomie ä un membre, le cheval devient boiteux du membre oppose.
Ce phénomène s'observe surtout dans les boiteries anciennes dont la cause n'est pas appreciable a l'exté-rieur, comme la maladie naviculaire. Dans ces cas I'ani-mal souffre ordinairement des deux membres, mais plus fortement de l'un que de l'autre. En névrotomisant celui dans lequel Ia boiterie se manifeste le plus, on enlève a celui-ci toute sensation penible, et le membre oppose, qui souffrait rclativementmoins, est le seul maintenant a exprimer de la douleur.
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APPENDICE.
A part quelques légères modifications sans importance, les pages qui precedent sont la reproduction de la these que nous avons presentee en 1873 a la Société centrale de Médecine vé­térinaire de Paris. Nous avons tenu a l'offrir au public teile que nous l'avons congue il y a trois ans, pour prouver que depuis cette époque, l'observation et l'expérience n'ont nulle-ment ébranlé ni modifié notre opinion. — Au contraire! — pas plus que ne la ébranlée ni modiflée Ie jugement rendu en 1875 par H. Bouley, organe dune commission dont faisaient égale-ment partie MM.Trasbot et Weber.Nous reproduisons ci-après, ce Rapport, afin que nos collègues puissent apprécier la valeur de la methode que nous préconisons, ainsi que des objections qu'on lui a opposées; et, en juges éclairés, ils pourront ainsi dire si eile a bien mérité la sévérité dont on l'a frappée.
Extrait du rapport sur Ie concours de 1873, de la Société de médecine vétérinaire de Paris.
De la névrotomie plantaire chez Ie cheval, avec cette épigraphe : laquo; La chirurgie vétérinaire dolt activement inter-venir lorsqu'il est reconnu que tout autre moyen serait ou inefflcace, ou plus long, ou plus dispendieux — laquo; (Gourdon)-.
Ce Mémoire est un plaidoyer très-énergique et très-con-vaincu en faveur de la névrotomie plantaire dont, suivant les
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auteurs de ce travail, — car ils sont deux, — on n'a pas su tirer tout le parti qu'elle peut donner; et cela, par crainte des accidents qui peuvent la suivre : accidents dont on a exagéré la frequence. Pour eux, laquo; la névrotomie peut et doit être pra-tiquée lorsqu'une boiterie, dont la cause est inconnue et dont le siége ne peut ètre determine, a résisté plus de trois mois aux moyens thérapeutiques et chirurgicaux ordinaires. gt;gt; Et comme ils adoptent laphorisme de Lafosse et de Chabert que : sur 100 boiteries il y en a 99 qui procèdent du pied, la névrotomie n'est pas seulement pour eux un moyen de traitement; eile con-stitue aussi un criterium a Taide duquel on vérifle presque toujours la justesse de Faphorisme des vieux maitres.
Leur confiance dans la névrotomie, comme ressource théra-peutique, est attestée par quarante observations qu'ils rap­portent avec quelques détails; et afin de faire produire ä l'opé-ration la plus grande somme de ses effets, ils n'liésitent pas ä préconiser la névrotomie métacarpienne, de preference a la névrotomie plialangienne. Ils ne semblent pas attaclier d'im-portance a annular la facullé tactile dans toute l'étendue de la region plialangienne, au lieu de limiter le plus possible le champ oil cette faculté doit disparaitre.
Teile est, en substance, ce Mémoire dans lequel les auteurs ent consacré quelques pages a un résumé historique assez lidèle.
Comme il arrive souvent quand on épouse chaudement une cause, et qu'on veut modifier l'opinion publique k son endroit, les auteurs de ce travail nous paraissent avoir été au-delä de leur but, et s'èfre laissé entrainer k des exagérations.
Quon ne tire pas, dans la pratique, de la névrotomie plan-taire, tous les béneflees qu'elle peut donner : cela nous parait incontestable. Mais 1'appliquer quand mème, toutes les fois qu'un cheval boite, sans qu'on en sache la cause, ca nous parait quelque peu excessif, et ca nous le parait surtout, quand nous considérons le procédé adopté de preference par les au­teurs : celui de la névrotomie supérieure.
Ge retour ä l'ancienne pratique est-il bien justitie? Nous ne le pensons pas. Il n'est pas indifférent, au point de vue de la süreté et de la régularité des allures, qu'un cheval conserve dans son pied la faculté tactile dans une certaine mesure; il n'est pas indifférent, a ce point de vue, que toutes les articu-
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lations phalangiennes soient insensibilisées, ou que l'animal ait encore Ie sentiment de la maniere dont ses os inférieurs se disposent sous lui et s'accommodent aux conditions de l'appui. Sur ce point les enseignements de la pathologie humaine peuvent nous aider ä comprendre les avantages de la sensi-bilité, Ie plus possible conservée dans Ie pied du cheval. Ge nous paraissait la cause gagnée, et nous pensions que la névrotomie inférieure, circonscrite aux branches postérieures, avail realise un veritable progrès.
Mais ce n'est pas seulement au point de vue de la süreté et de la régularité des aplombs qu'il est bon que Ie pied reste sensible dans la plus grande mesure possible, c'est aussi pour que l'animal sache se protéger lui-mème centre les exces des percussions. La sensibilité est la sentinelle vigilante dont a parlé Bichat : supprimez-la, et il ny a plus deraison pour que l'animal cherche ä se soustraire ä ce qui est susceptible de lui nuire. Si les accidents consécutifs a la névrotomie sont moins frequents aujourd'hui qu'ils ne l'étaient autrefois, c'est parce que ce qui reste de sensibilité dans Ie pied met l'animal en garde centre ses propres exces. Mals que Ie pied soit transformé en veritable battoir par la névrotomie complete, les chances s'accroissent pour que Ie cheval ne modère plus ses percus­sions et qu'elles excèdent les limites oü la conservation reste possible. Aussi bien, du reste, sur les quarante observations rapportées dans ce Mémoire, il y a quatre accidents irrémé-diables :
Observation xiv. — Névrotomie au-dessus du beulet, Ie 25 mars et Ie 30 avril, en deux séances. laquo; Le 15 mai, ä la suite d'une manoeuvre, aux allures vives, le cheval revint avec le pied aniérieur gauche dépoiiillé de son sabot. laquo;
Dans I'Obs. xi, il s'agit d'un tendon qui subit une distension teile que lefanon arrivait presque ä Vappui sur le sol.
Dans I'Obs. xv, trois mois après l'opération, le sabot se décollc sur Vim despieds opérés.
Dans I'Obs. xxviii , cinq mois après la névrotomie, les tissus du pied subissent la gangrene sèche, disent les au­teurs, puis se désorganisent et Vanimal meurt.
Somme teute, c'est une proportion de morts de 10 pour 100.
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La névrotomie, sur les divisions inférieures du nerf, ne donne jamais une aussi forte proportion d'accidents.
Ce ne nous parait done pas un progrès que d'etre revenu ä la névrotomie supérieure, comme on la pratiquait au com­mencement de ce siècle. Rien ne justifie ce pas en arrière, et, jusqu'a nouvel ordre, nous maintenons qu'il faut, autant que possible, circonscrire Ie champ de la névrotomie et n'éteindre la sensibilité qu'a l'endroit exact oü l'indication Ie reclame. Pratiquée dans cette mesure, l'opération est bien plus inoffen­sive que lorsque, nous oserons dire, on coupe inconsidérément les nerfs au-dessus du boulet.
Malgré cette critique, nous ne devons pas méconnaitre que Ie Mémoire, dont nous venons de présenter 1'analyse, repre­sente une grande somme de travail et qu'après tout, la part faite a Texagération, il tend a démontrer par de nombreux exemples que la névrotomie plantaire constitue une ressource qu'il y aurait lieu d'appliquer d'une maniere plus étendue qu'on ne Ie fait généralement.
A ce point de vue, ce travail doit ètre particulièrement signalé ä l'attention de la Société.
Votre Commission vous propose de lui accorder une mé­daille de bronze.
Nota du rapporteur. — Je serais d'avis de donner une médaille d'argent.
ün pareil jugement ne peut étre sans appel.
Ce mémoire est un plaidoyer énergique et convaincu, dit M. Bouley, en faveur de la névrotomie. On voudra bien en convenir, s'il y a de l'énergie et de la conviction, on trouvera celles-ci bien plus dans la valeur et dans Ie nombre des faits observes, que dans la maniere dont ils sent relates. Comment, en eflet, pourrait-on donner une image plus frappante d'une chose, qu'enrapportant simplement, maissincèrement, la chose elle-méme ?
Bepuis trois ans que ce travail a été rédigé, bien des exera-
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— Tu­ples son venus, nombreux et probants, confirmer notre opi­nion, nous encourager et même nous enhardir dans certains cas. Car, loin d'avoir l'éclat et l'existance d'une flamme de paille qui étoufle et meurt dans son boucpiet de fumée, nos premiers succes se sont maintenus, et chaque jour en amène de nouveaux, sans que depuis cette époque nous ayons en ä enregistrer d'accidents. Aujourd'hui done, plus que jamais, nous pouvons dire : Non, on ne retire pas de la névrotomie tousles bénéflces qu'elle peut si facilement donner; non, la névrotomie ne produit pas toujours, ni même fréquemment des accidents; ceux-ci sont de très-rares exceptions.
Mais, avant d'affermir la névrotomie métacarpienne par de nouveaux et solides étais qui doivent la rendre inébran-lable, que Ie savant rapporteur nous permette d'attirer son attention sur quelques points essentiels de son analyse. Comme celle-ci a servi de base au jugement des membres de la Société centrale vétérinaire de Paris, ainsi qu'a celui des lecteurs du Bulletin, il nous est un devoir de ne pas laisser l'opinion s'égarer davantage.
On nous reproche de ne pas attacher d'importance è la des­truction de la faculté tactile dans toute l'attendue de la region phalangienne, au lieu de limiter Ie plus possible Ie champ ou cette faculté doit disparaitre.
Ge reproche n'est pas fondé; ou du moins il ne Test qu'en apparence.
Il est élémentaire, il est classique — nous l'avons déjè dit — lorsque la lésion qui cause la douleur est bien déterminée et surtout bien délimitée, de ne faire la section que des rameaux nerveux qui vont porter la sensibilité dans cette partie. Tel est Ie cas d'une tumeur osseuse, d'une forme, par exemple, pour laquelle il ne viendra k l'esprit de personne de couper les nerfs au-dessus du boulet si la tumeur est circonscrite. Mais cette lésion n'est que l'infime minorité des causes de
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boiterie des rayons inférieurs; souvent. Ie siège de la douleur est moins bien determine, moins bien delimité, et la section de Tune des branches digitales n'apporte que pen ou point d'amélioration. Du reste, nos premiers essais témoignent de la crainte sérieuse d'isoler complétement, de toute commu­nication nerveuse, une partie du corps. Et, lorsque la névro-tomie haute lüt tentée la première fois — 1864 — ce fut sur un cheval boiteux depuis plus de trois ans, que cinq vétérinaires avaient traite et abandonné successivement. ISécart (?) avait été declare par tous incurable. Heureux début! la boiterie disparut comme sous leffet dquot;un charme, et Ie cheval rendit encore de bons services jusque en 1871.
Néanmoins, malgré ce précieux encouragement, cette ope­ration était partout depeinte sous des couleurs si sombres, si effrayantes, que nous n'osionslapratiquer d'emblée, Nousfai-sions d'abord la resection des branches phalangiennes. Mais, presque toujours, la boiterie perslstait, un peu moins prohon-cée, il est vrai, mais trop sensible pourtant pour permettre rutilisation complete de Fanimal. Ce nest done que poussés ä bout par ces insuccès, que nous sommes arrivés ä couper les branches mères. D'abord un seul nerf fut sectionné, puis deux è la fois, et aujourd'hui, enhardis par Texpérience, nous fai-sons souvent, en une seule séance, la section des quatre nerfs métacarpiens. Et pour aller jusqu'au bout dans notre confes­sion, nous dirons que, depuis la publication du rapport de M. Bouley, nous avons voulu — tant la parole du raaitre a de riufluence — refaire une série d'essais avec la névrotomie phalangienne. Cette fois, c'est bien fini; nulle autorité, quelque influente qu'elle soit, ne nous y fera revenir. Pour cela, répé-tons Ie, nous avons deux bonnes raisons : la première, c'est que la guérison est incomplete; et la seconde, c'est que la névrotomie haute n'occasionne que de très-rares accidents. Ceux-ci, en nombre restreint, ne se sont plus reproduits depuis 1872.
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En effet, depuis cette époque, nous n'avons remarqué que deux complications sans consequence sur les résultats défi-nitifs de la névrotomie. La première fois, sur un cheval de sang très-vigoureux, agé de 12 ans. La névrotomie haute avait été pratiquée Ie 18 octobre 1875, lorsque Ie 16 décembre, nous constatons a la face antèrieure du päturon, une i)laque trian­gulaire, a base contre la cutidure, laquo; complétement dénudée de poils, et saignante. On ne peut nous dire si Ie cheval s'est mordu ou s'il s'est blossé en frappant Ie membre contre la crèche ou coatre Ie mur. Nous nous bornons ä mettre un bandage qui abrite la partie contre les influences extérieures. La cicatrisation s'est opérée, et les polls out repousse avec une leinte blanchätre. Le cheval, de boiteux qu'il était, après avoir été opéré le 22 janvier suivant da membre oppose, a regagné des allures régulières et brillantes.
La mème plaie, mème situation et meine dimension, s'est produite sur un cheval du mème äge a peu prés, opéré des deux branches phalangiennes postérieures. La section avait été faite le 8 avril 1876, et les plaies se sont montrées le 7 juin, sans que cette fois encore. Ton puisse invoquer, avec certitude, rinfluenco d'une cause extérieure. Un bourrelet protecteur sulllt également pour que la cicatrisation s'achève.
11 est bon de remarquer que clans ce dernier cas, la névroto­mie n'avait porté que sur les branches postérieures, et que ces plaies se sont produites précisément ä la face antèrieure du paturon, c'est-ä-dire, ä l'endroit des parties qui avaient con­serve leur sensibilité nerveuse.
Il est possible que ces plaies ne soient que l'indice d'une lesion de nutrition, comme les expérimentateurs en general, et en particulier MM. Laborde et Leven, Font observe a la suite des sections nerveuses. Le second exemple que nous rapportons, n'est cependant pas de nature a conflrmer cette opinion.
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Ou Lion, faudrait-il admettre que le cheval ressentirait les mèmes sensations subjectives qu'éprouve Famputé?
Gette sensation aurait pu pousser I'animal a so frotter, a so monlre on a frapper le membre centre les objets environnants. Bien gue nous n'ayons pu assister a la formation dos plaies, nous sommes tentés do croire a cetto dernièrc cause, puisquc un seul appareil j)rotecteiir suliit pour que la lésionguérisse el no se reproduise plus.
Devons-nons nous défendre contra I'accusation d'appliquer la névrotomie liauto, quand memo, toutes les foisqu'un cheval lioito sans quon saclie la cause? La chose est inutile, croyons-uous. Coux qui out la attentivement nos observations et les indications que nous prescrivons, ont parfaitement compris que, dans tons los cas od la lósiou est délimitée, nous nous bornons a la section dos brandies postérieures. Quant aux cas oü la cause est introuvable, on peat so convaincre aussi quo ropération n'a Jamais été-faite qu'après avoir vainement essayé de tons los autres moyens. Du reste, pour qui s'est familiarise quelque peu avec ees boiteries chro-niques, ledouto nexiste({uefort rarement. Lesépaules froides, chevillées, lo pas raccourci, le trot menu qui gagne un pen d'ampleur par l'exercice, les boiteries plus intenses ä froid quo a chaud, les boiteries qui après avoir été guéries plusieurs Ibis par 1(3 i-epos et les moyens ordinaires, reviennent après une ferrure nouvelle ou après uno fatigue, le pointer a I'écurie, labsence de lésion extérieure accusable, tels sont les signes ou symptomes qui indiquont clairement : ce cheval ne guérira jamais complétement; la névrotomie phalangienne n'apportera ijue peu ou point de soulagement; seule la névrotomie métacar-pienno rendra aux allures leur régularité et leur développe-ment. Nous l'avons dit, et nous le répétons, il y a quelques années, nous essayions de tout, et nous attendions longtemps avant d'en venir k l'opération; aujourd'hui que plus de 130 cas
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sont la poui- nous autoriser, nous laisons la névrotomie beau-coup plus tut. Qu'on nous tlise après cela •• ce qite notre con­duite peut renfermer d'cxcessi/'. #9632;#9632;
Ce qu'il y aurait d'excessif, ce nous semble, ce serail de vou-loir s'obstiner ä traiter de pareus chevaux par des liniments, par Ie feu ou Ie seton;ce ququot;il y aurait d'excessif encore, serail de continuer h faire vendre el sacrifier les animaux plutot que de les névrotomiser.
Noussavons, et tout !e monde sail cela, qu'11 nest pas indif­férent qu'un chevai conserve dans son pied la faculté taclilc dans une certaine mesure. Ge ralsonnement est parfaltemenl juste, et nous n'aurions rien a y redire, si Fobservation des fails, et des faits nombreux, ne formait pasun argument plus précleux encoredevant lequel on doit s'incliner. La question ne doitpas être envisagée comme si Ton prenaitun chevalphysio-logique Tponr en Faire, par line operation, un chevai patho-logique. Cette Läse de ralsonnement est radicalement fausse. On nous présente un chevai qui bute fréquemment, qui boite de temps en temps, ou qui boite continuellement; on nous présente, en un mot, un chevai dans un état patbologique. Or, ä eet état pathologique, nous ensubstituonsunautre, patbologique aussi. nous Ie voulons bien, mals un état pathologique qui fait dispa-raitre Ie symptóme claudication. A un état anormal, on subsi itue unautreétat anormal qui pennet d'utiliseiTanimaldurant plu-sieurs années. Voile ce que démontre la pratique, voila ce que démontrent les i'aits; et toutes les belles theories du monde ne prouveront jamais que la chose est une utopie. Et, si c'est la faire un pas en arrière, nous n'y comprenons rien. Dans tous les cas, nous souhaitons ä la chirurgie économique d'en faire beaucoup de semblables.
M. Bouley, dans l'analyse de notre mémoire, arrive ä établir une proportion de morts de dix pour cent. Qu'a du étre cette analyse pourarriver a un résultat aussi erroné?
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Avons-nous besoin de dire que la jilus grande sincérité a pre­side a la relation des faits? Aucune observation n'a éte appro-priéeaux besoinsdenotre cause; nulle part, onnetrouvera trace d'exagératlon. Aussi, rien n'est moins justifléque l'insi-nnation du rapporteur; •#9632; Comme il arrive souvent, quand on #9632;#9632; épouse chaudement une cause, et qifon veut modifier I'opi--• nion publique a sou endroit, les auteurs de ce travail nous #9632;• paraissent avoir été au dela de leur but, el s'être laissés •• entralnerè l'exagération. ••
Tons les faits sonl authentiques. Et si Ie témoignage desin­teresse d'un grand nombre d'olüciers, de propriétaires et des vétérinaires ne sufllt pas, nous nous mettrons très-volontiers n la disposition de qui voudra. nous en foumir l'occasion. Il est regrettable que cette sincérité n'ait pas été appréciée comme eile méritait de l'être. En eilet, a la page 15, nous déelaronsne relater que quarante faits pris parmi un grand nombre d'autres; mais, dans ces quarante faits, nous comprenons toüs ceux qui ont été suivis d'accidents; et qui plus est, nous avons décrit ceux de cette dernière categorie avec un soin tout particulier. Cette declaration est encore renouvelée a la page 6'.). Or, que fait Ie rapporteur de la société de Paris? Il prend Ie total des accidents qiCil compare non pas au total des operations faites - chiffre que nous n'avons pas fixé, mais que nous avons dit être beaucoup plus élevé — mais ä une partie de celles-ci, ä celles seulement dont nous avons relate l'histoire. Or. ä cette époque, au lieu de nous bomer ä relater quarante cas, nous eussions pu faire l'histoire de plus du double, et la proportion se füt ainsi trouvée réduite de moitié. Et si aujourd'luii. nous ajoutions Ie résultat des quatre dernières années pendant lesquelles nous n'avons jias observe d'accident, nous pourrions dire que la perte ne s elève pas a deux pour cent. Nous pourrions même aller plus loin : si nous ne tenions compte que des 50 a 60 demiers opérés — depuis
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1872 — nous n'aurions que des succes a enregistrer. Paudrait-il conclure de lä que Jamais la névrotomie n'amène des acci­dents? Evideinment non, car cette maniere d'exprimer los choses ne serait pas plus logique que cello dont nous nous plai-gnons. La vérité est que les accidents sent possibles, inais sont très-rares. Et, f'ussent-ils plus frequents, fussent-ils réelle-niont de 10, 15 et 20 pour cent, i'audrait-il rejeter impitoya-blement la névrotomie comme une operation digne d'un autre äge? N'est-ce rien que de rendre au travail 80 ou 90 pour cent de chevaux hors de service? Cette proportion ne sullit-elle pas pour que chaque fois, ä bout de toute autre ressource, on la tente, on la risque? Un cheval boiteux ne peut guère convenir qu'è la boucherie; la névrotomie ne lui enlève aucune ijualité ;'i cette fin.
Il est encore une autre consideration sur laquello nous n'avons pas voulu insisteret dont i! serait injuste, pourtant, de ne pas vouloir absolument tenir compte. C'est que nous avons généreusement endossé toute la responsabüité des acci­dents ä la section nerveuse, et rien qu'a eile seule : mais, qui nous dit que les terminaisons fatales ne peuvent pasêtre attri-buées — en partie du moins — aux lésions premières qui avaient provoqué la claudication ?
Ainsi, par exemple, clans lobservation XIV, l'autopsie nous a révélé une atropine du tissu podophylleux sur la majeure partie du doigt; il n'y avait plus de lamelies saines que sur une bande en pince. Or, cette atrophie doit-elle forcément être attribuée ä la névrotomie ? Ne peut-on pas la considérer comme alteration primitive?
La distension du tendon dont le cheval n0 XI a été l'objet, est survenue un an après que la névrotomie avait été faite, cest-ä-dire, après une année de travail. De plus, eile s'est pro-duite clans des circonstances extraordinaires ; deux chevaux se rencontrent dans une charge; de la choc terrible suivi de
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chute. Le ciieval boite, et quatre jours aiirès, malgré notre defense et ä notre insu, il est monté par son cavalier. A cpielque temps de la, la maladie du tendon se traduit ostensible-nient. Peut-on ilire quo le tendon d'un membre intact eüt ré-slsté a une semblable épreuve?
Le n0 XXV a été opéré avec succes d'un membre préalable-ment Wen préparé. Le second membre a été névrotomise long-temps plus lai'd, dans d'autres conditions plus délavorables. c'est-è-dire sans preparation aucune. C'est sur ce dernier que ['accident s'est produit. Peut-étre y avait-il une ])!eime pro-fonde susceptible de donner lieu ;i la formation du pus, lequel serail venu se faire jour ;i la cutidure. N'ouWions jias de dire aussi, qu'immédiatement après l'opération, le cheval avait été abandonné en prairie.
Le nquot; XXVIII n'a été ni opéré par nous, ni sous uos yeux. Nous aurions très-bien pu, et même irès-bien fait de le passer sous silence, car nous ne pouvons ètre rendus responsables d'un fait pour lequel nous ne sommes intervenus que pour donner le conseil d'opérer. On ne s'est pas conforme aux pres­criptions que nous faisons relativement a la preparation du pied: le cheval a été remis a son service ^ow^re jours après l'opération. — N'est-ce pas l'artiste, plutot que i'art, que l'on doit accuser?
En sonnne done, ces accidents, qui se réduisent a trois dans notre clinique, sontassez discutables,
Quoiqu'il en soit, nous savions qu'en présentant a la savante société vétérinaire de Paris la rehabilitation de la névrotomie métacarpienne, nous soulèverions des objections de la part d'un de ses membres les plus distingués, grand protecteur de la névrolüiihe phalangienne. Cette consideration n'a même pas été sans quelque poids dans notre decision a lui soumettre notre travail, espérant qu'une discussion viendrait jeter quelque lumière sur la question. A ce dernier point de vue, notre attente a été trompée.
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Quelle interpretation peut-on donner au silence avec lequel les conclusions du rapport-ont été accueillies? De toutes les reflexions qui nous viennent a I'esprit, nous n'en traduirons qu'uno seule : c'est que la névrotomie est peu ou ]ioint jirati-quée en France.
14 aoiit 1876.
FIN.
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TABLE DES MATIÈRES.
1 'ajres
Preface ................
De la névrotomie plantaire..........nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; i
Notions historiques.............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp; 8
Fails observes...............nbsp; nbsp; nbsp; nbsp;15
Indications................nbsp; nbsp; nbsp; 43
Gontre-indications . . ,..........nbsp; nbsp; nbsp; 51
Lieux d election..........• . . .nbsp; nbsp; nbsp; 53
Preparation du sujet.............nbsp; nbsp; nbsp; 55
Manuel opératoire..............nbsp; nbsp; nbsp; 56
Soins consécutifs..............nbsp; nbsp; nbsp; 59
Phénomènes que Ton remarque après 1'opération. . .nbsp; nbsp; nbsp; 61
Accidents qui peuvent survenir pendant l'opération . .nbsp; nbsp; nbsp; 63
Accidents consécutifs ä Topération........nbsp; nbsp; nbsp; 65
Appendice................nbsp; nbsp; nbsp; 75
Extrait du rapport sur Ie concours de 187:5, de ia Société
de médecine vétérinaire de Paris........nbsp; nbsp; nbsp; 75
Réponse ä lextrait du rapport précité.......nbsp; nbsp; nbsp; 7g
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