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CHIC A CHEVAL
HISTOIRE PITTORESQUE DE L'EQUIT�TION
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TYPOGRAPHIE FIRMIN- DIDOT. ---- MESNIL (EURE).
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OFFICIER DU 5e DE HUSSARDS. C"> D'ELITE;
1806. |
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Mb*- 2 S"D
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L. VALLET
ANCIEN CAVALTRR-�L�VE TE l/�COLE DE SAUMUR
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LE
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CHIC A CHEVAL
HISTOIRE PITTORESQUE DE L'�QUITATION
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PR�FACE DE M. HENRI LAVEDAN
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OUVRAGE ILLUSTR�
DE PLUS DE 300 GRAVURES DONT 50 EN COULEURS
d'apr�s les dessins de l'auteur
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PARIS
LIBRAIRIE DE FIRMIN-DIDOT ET C'K
IMPRIMEURS DE 1/INSTITUT, RUE JACOB, 56
1891
Reproduction cl traduction r�serv�es. |
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Bibliothrck der
Rijksuniv�rsurtt te Utre*�l
Afd. Diergemeskunde
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A
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EDOUARD DETAILLE
SON ADMIRATEUR LE PLUS FERVENT ET LE PLUS RECONNAISSANT
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L. Vam,et.
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_J f*~ f*.
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Mon Cher VALLET,
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Vous avez retrouv� � le long d'un quai probablement? � quelques lignes sur
notre ami le Cheval �crites par moi autour de la vingti�me ann�e dans une heure de lyrisme juv�nile, et vous me demandez la permission de les placer, � la fa�on d'une pr�face, en t�te de votre amusant et beau livre : Le chic � cheval. Jamais celte modeste fantaisie n'e�t esp�r� se trouver � pareille f�te ; aussi c'est
de bon c�ur que je vous en fais le mince cadeau, et que je vous prie de me croire toujours, Votre
Henri LA VEDAN.
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SYMPHONIE DU CHEVAL
Mon royaume pour un cheval!
BOABDIL. Il y a des gens qui adorent les chiens et qui en font la passion de leur vie, des vieilles
filles qui s'�namourent de kakato�s au plumage aveuglant; des po�tes, comme Baude- laire, ch�rissant les angoras fourr�s; moi, j'ai toujours eu pour le cheval un vaste et profond amour. Comme l'�crivain aux manchettes, je ne suis pas �loign� de croire que ce soit la plus
noble conqu�te que l'homme ait jamais faite. 11 r�unit en lui toutes les beaut�s des autres animaux. Du chien il a l'intelligence et la tendresse, moins la rage; du chat la souplesse et l'agilit�, moins les griffes et le caract�re lubrique; il a les pieds du cerf, la patience du b�uf, l'�il doux de la gazelle, et la crini�re du lion. 0 cheval superbe et divin, de quelque c�t� qu'on tourne les yeux, on aper�oit aus-
sit�t ta silhouette �l�gante et majestueuse. Tu es partout, mon beau vaniteux ! Dans la Mythologie, tu piaffes parmi les splendeurs et les apoth�oses. Tu as pour co-
chers le Soleil, la Nuit; et tu roules les D�esses nonchalamment �tendues dans la gloire de leurs conques a�riennes. Pas un chemin sauvage et perdu de la l�gende o� ne retentisse ton hennissement. Pas un sentier battu de l'histoire o� ton sabot n'ait laiss� son empreinte et fait jaillir une �tincelle. Pas un �v�nement joyeux de la vie romanes- que o� tu ne joues ton r�le. Tu vas des batailles o� l'on se tue, aux escapades o� l'on s'aime. Tu es le fid�le ami des pr�somptueux cavaliers, le complice hardi de don Juan. Tu sais marcher sans bruit sous les balcons, au clair de lune, et tu fr�mis quand tu sens ployer en travers de ta selle le corps des belles filles � moiti� p�m�es. Et voil� que tu passes � travers les �ges et les si�cles avec la diversit� de tes races,
la vari�t� infinie de tes formes, les mille nuances de tes robes, sous un aspect toujours multiple et toujours nouveau ! Toi, d'abord, fils de Neptune et de M�duse, P�gase aux crins d'argent, qui, d'un coup d'aile, ravis le po�te aux sommets de l'H�licon; vous, nobles coursiers qui, t�te baiss�e, tra�niez � pas lents le char d'Hippolyte au bord de la mer retentissante! Buc�phale, �cumant sous la cuisse nerveuse du vainqueur d'Ar- belles, tu� sur les rives de l'Hydaspe, et pleur� par ton royal ma�tre qui fit b�tir une |
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ville portant ton nom, au lieu m�me o� tu t'�tais abattu pour la premi�re et la der-
ni�re fois! Vainqueur des jeux Olympiques, d'encolure puissante, � la crini�re carr� ment coup�e en brosse comme le cimier d'un casque, parcourant la carri�re d'un galop sonore! Hippogriffe velu, farouche, descendu des steppes du Nord aux heures d'in- vasion, aimant � sentir battre sur tes flancs creux la t�te de l'ennemi vaincu, et s�chant l'herbe o� tu passes! Veillantif, bon cheval de Roland, qui, la bouche d�gouttante et vermeille, si bien mordais les Sarrasins au visage, dans les gorges de Roncevaux! Cheval-bourreau meurtrissant � travers monts et plaines les membres ab�m�s de Ma- zeppa, ou broyant aux arbres des for�ts le corps blanc de Brunehaut, que les loups suivaient � la trace, langue pendante; Syrien qui galopais si vite, emportant Mohammed dans le vent de l'H�gire! Cheval du Moyen Age capara�onn� de fer et d'acier aux tour- nois, costum� de soie et de velours � la chasse aux faucons, aim� des suzerains, choy� des pages, caress� des reines! Tu restes bien un peu � l'�curie pendant qu'Henri III et ses mignons jouent au bilboquet, mais le B�arnais t'enfourche � nu, tu bondis sous l'�peron de ses robustes bottes, et, plus tard, les enfants aiment � te voir passer sur le Pont-Neuf; tu fais du pas espagnol au man�ge avec les raffin�s de Louis XIII; la queue cravat�e de rubans et de passequilles, les jambes en guillemet, tu galopes sur place avec emphase � la porte des somptueux carrosses, dans les rues de Versailles, et tu conduis par les casse-cou du Saint-Bernard le grand petit homme � la redingote grise! Oh! qui que tu sois, Rossinante ou Buc�phale, cheval glorieux ou dada ignor�, anglais souple et plein de feu que Byron mena tant de fois sur le sable du Lido, ou gros percheron em- portant la royaut� dans une berline et la faisant verser � Varennes, qui que tu sois, h�ros de l'histoire, personnage de la fable, enfant de la l�gende, je t'aime! Je t'ai vu en marbre dans les frises du Parth�non, je t'ai vu en pierre, je t'ai vu en bronze, au fron- ton des arcs de triomphe, et sur le m�tal des m�dailles; on a ceint ton front de laurier, tu as �t� consul, tu as eu des pr�tres et des autels! Dieu t'a cr��, M. de Buffon t'a d�- couvert, Lamartine et les po�tes de J�richo t'ont chant�, Van cler Meulen, Rubens, G�- ricault, Carie Vernet, Fromentin, Meissonnier ont fix� sur la toile ta radieuse image, les Coysevox et les Coustou t'ont fait jaillir du plus pur Carrare, tu n'as rien � envier! tu es le vrai roi des animaux, tu m�rites qu'on t'honore, et si tu n'as pas d'Invalides ici- bas, on te reverra du moins � un Jour � dans de plus sereines r�gions o� tu auras, comme P�gase, de grandes ailes... O�, joyeux, tu galoperas
Sur des bruy�res immortelles !
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* * Humble cheval de troupe, glorieux serviteur, infatigable compagnon du soldat, c'est
toi qui es encore le plus noble et le plus touchant! Tu es de tous les triomphes et de |
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� XI �
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toutes les d�faites : tu te bats par tous les temps et sous tous les cieux, aux Pyramides
et � la B�r�sina, � S�bastopol aussi bien qu'� Reischoffen, et quand sonne le tocsin de la faim..., nous savons qu'on te mange. Le luxe et le confort anglais ne sont point faits pour toi. Tu n'as pas de r�teliers dor�s, de stalles dall�es en marbre, un peuple de grooms et de valets pour te peigner et te brosser. On ne t'entoure pas les jambes de flanelles, on ne t'emmitoufle pas de paletots armori�s, on ne te fait pas boire de Cham- pagne... Tu ne connais pas non plus les aboiements de la meute l�ch�e sous bois les habits rouges laissant de leur laine aux branches vertes, le refrain de l'hallali emport� par la brise d'automne, tout le grand concert de la chasse... Non, tu tra�nes cinq six., dix ans au plus, et quand tu as lutt�, souffert, travaill�, que ton col se penche vers la terre et que ton pied devient moins s�r, te voil� fatalement condamn� � la r�forme. On t'avait achet� tr�s cher, on te revend cinquante francs, � peine le prix des os qui cr�vent ta peau parchemin�e..., ta peau qui fait p�tiller d'aise les yeux de l'�quarrisseur chafouin. Si tu es laid, ce que je te souhaite, tu tombes entre les mains d'un paysan, tu te rem-
plumes un peu au vert, les gamins te grimpent sur le dos en sortant de l'�cole, et les jours de march� tu tires la voiture aux l�gumes; � moins que tu ne passes � l'�tat de cheval de fiacre... et tu connais toutes les mis�res, des coups tant qu'on en veut, de la nourriture par-ci par-l�, entre deux courses, et dame! pas de gloire. Enfin, si malgr� l'�ge et les fatigues tu portes encore beau, ah! je te plains, mon
pauvre bonhomme! tu iras dans un cirque forain, on te mettra une serviette autour du cou, tu d�neras tous les soirs avec le clown en pl�tre qui dit : Miousique! tu indiqueras la jeune personne qui doit se marier dans l'ann�e, et sur un signe du ma�tre, pour ra- masser le mouchoir, tu plongeras dans le sable tes vieux genoux r�p�s - jusqu'au jour o� perclus, les dents trop longues, �chou� sur le flanc, tu rendras � Dieu ta pauvre ame de b�te qui vaut mieux que bien des �mes d'homme. |
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Henri LAVEDAN.
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CHIC A CHEVAL
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HISTOIRE PITTORESQUE DE L'�QUITATION
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CHAPITRE PREMIER.
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NEPTUNE. � BELL�ROPHON. � LES CENTAURES. -- LES A
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MAZONES.
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travers les fables de la mythologie et les r�cits
de l'histoire primitive, les premiers noms int�- ressants pour l'histoire de l'�quitation, sont ceux de Neptune et de Bell�rophon. Les l�gendes grecques attribuent � Neptune
^^Ut la cr�ation du premier cheval. Voulant, � l'exemple de Minerve, qui leur avait fait don d'un arbre pr�cieux, l'olivier, accorder aux Ath�- niens une marque de sa bienveillance, le Dieu frappa la terre de son trident; et, bondissant *>",-~ de l'ouverture b�ante, le cheval, le plus noble des animaux, foula, pour la premi�re fois, le sol de l'Attique.
Quant � Bell�rophon, dont le nom est ins�parable de celui du cheval ail� P�gase,
il est probable qu'il osa le premier employer le cheval comme monture. Il ne faut donc pas s'�tonner que ses contemporains, surpris de cette nouveaut� et de l'allure rapide du coursier qu'il montait, aient attribu� des ailes � P�gase. Un fait incontestablement plus certain, c'est que les Thessaliens, avant tous les
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crue a cheval.
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LE CHIC A CHEVAL.
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autres peuples de la Gr�ce, dompt�rent des chevaux et s'en servirent pour voyager et
pour combattre, ce qui les fit renoncer � l'emploi des chars, dont Erichtonius leur avait appris l'usage. L'apparition des premiers cavaliers causa aux populations hell�niques un tel �ton-
nement, qu'elles les consid�r�rent comme des �tres extraordinaires, moiti� chevaux et moiti� hommes. Comme ces derniers, pour augmenter leur adresse et leur force, s'exer�aient �
percer des taureaux de leurs fl�ches ou les terrassaient en les saisissant par les cornes, les Grecs leur donn�rent le nom de Tueurs de taureaux (K�vraupoi). C'est l� l'�tymolog�e du mot Centaures. Les anciens �taient poss�d�s de l'irr�sistible besoin d'attribuer � toutes choses une
origine merveilleuse; ils ne manqu�rent donc pas de se donner carri�re au sujet des Centaures. D'apr�s la l�gende, ceux-ci avaient eu pour premiers parents Ixion, roi des Lapithes,
et un fant�me, une nu�e � laquelle Jupiter avait donn� une compl�te ressemblance avec Junon, la reine des dieux. Cette fable, comme la plupart des traditions mythologiques, masquait ou, plut�t,
d�naturait un fait v�ritable. Le Jupiter en question, celui dont la femme avait inspir� une vive passion � Ixion,
�tait un roi de Thessalie. Au lieu de s'irriter de l'amour qu'Ixion �prouvait pour sa femme, ce souverain le maria � l'une des filles d'honneur de la reine. Cette jeune fille s'appelait N�ph�l� dont le nom a, en grec, le sens de nu�e. De ce mariage naquit une race d'hommes intr�pides et hardis cavaliers. 11 est, du reste, d'autres l�gendes relatives � l'origine des Centaures. D'apr�s l'une
d'elles, ils auraient eu pour p�re Jupiter. Une autre donne pour parents, � l'un des plus c�l�bres de ces �tres fabuleux, Saturne et Philyre. Apr�s la mort de leur p�re, les Centaures r�clam�rent � Piritho�s, autre fils d'Lxion,
leur part de l'h�ritage paternel. Leur demande ne fut pas accueillie par Piritho�s. Ir- rit�s de se voir frustr�s de leurs droits et, sans doute aussi, d'�tre consid�r�s plut�t comme des animaux que comme des cr�atures humaines, les Centaures d�cla- r�rent la guerre � Piritho�s. Cependant, un accommodement intervint entre les deux peuples, et, en signe de *
r�conciliation, Piritho�s invita les Centaures � assister aux f�tes de son mariage avec Hippodamie. Au milieu du festin, les Centaures, en h�tes mal appris et peu courtois, se mirent
en devoir d'enlever la nouvelle �pous�e et plusieurs des femmes pr�sentes � la f�te. C'�tait, on en conviendra, manquer aux r�gles de la plus �l�mentaire politesse. Par malheur pour les Centaures, Hercule, que les liens d'une �troite amiti� unissaient � Piritho�s, se trouvait au nombre des invit�s. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Ce h�ros, qui employait ses loisirs au redressement des torts, qui s'�tait vou� au
r�le ingrat de faire la police de l'univers, ne pouvait laisser impunie une aussi grave infraction au code de la civilit�. Assist� de Th�s�e et de Nestor, qui �taient aussi de la f�te, il s'opposa aux violences de mauvais go�t des Centaures, qui expi�rent cruellement la grossi�ret� de leurs proc�d�s. En effet, ils tomb�rent en grand nombre sous les coups de leurs adversaires justement exasp�r�s. C'est l� le fameux combat des Centaures et des Lapithes. A la suite de cette sc�ne de carnage, les Centaures furent compl�tement expuls�s de
la Thessalie et se virent dans la n�cessit� de se r�fugier dans les montagnes de l'Arca- die. Ils furent du reste loin de s'y tenir tranquilles, et, � tous moments, ils s'�lan�aient hors de leur repaire pour piller et d�vaster les contr�es voisines. 11 faut pourtant admettre que tous les Centaures n'�taient pas d�pourvus de civilit�,
de sentiments de g�n�rosit�, car l'un d'eux, Pholus, oubliant la rude le�on qu'Hercule avait inflig�e � ses semblables, lui offrit l'hospitalit� pendant qu'il �tait � la recherche d un sanglier redoutable, le sanglier d'�rymanthe, dont il voulait d�barrasser l'Arca- �ie. Le Centaure fit fort bien les choses et ne m�nagea pas ses meilleurs vins. irries de ne pas �tre de la f�te, les autres Centaures, qui avaient un go�t prononc�
pour les vins de choix, ne surent pas r�sister � la tentation de prendre de force ce qu on ne leur offrait pas de bon gr�. Ils vinrent donc troubler la f�te; mais, malgr� les armes formidables dont ils avaient eu soin de se munir, � savoir des troncs d'arbres avec leurs racines et des miawio� ^ ^ ues quartiers de roc, ils essuy�rent une d�faite compl�te. Les
redoutables fl�ches d'Hercule firpnt mo,,i i �-
wouie nrent mordre la poussi�re � un grand nombre d'entre eux.
Le combat termin�, Pholus se mmnn,in � �
�� , . , ' ° comporta avec une insigne magnanimit� envers ses
on patriotes morts. Laissant de c�t� toute rancune, il leur rendit les derniers devoirs
comme a ses parents. Il fut du reste fort mal r�compens� de sa g�n�rosit� : en effet, il se blessa avec une fl�che arrach�e du corps d'une des victimes d'Hercule et mourut peu de jours apr�s. Hercule fit de magnifiques fun�railles � Pholus, et lui �leva un tombeau sur la mon-
tagne appel�e depuis Pholo�. Rendant les Centaures responsables de la mort de son h�te, Hercule r�solut de leur
m iger un ch�timent exemplaire. Il se mit donc � leur poursuite. Connaissant par
exp�rience la puissance des fl�ches du h�ros, ceux-ci cherch�rent le salut dans la fuite;
eaucoup d'entre eux, cependant, tomb�rent sous les coups de leur terrible ennemi.
s survivants se r�fugi�rent � Mal�e et se mirent sous la protection de Chiron, le plus
sage des Centaures, qui avait enseign� l'astronomie � Hercule. ^ Hercule attaqua de nouveau les Centaures aupr�s de Mal�e; et, pendant le combat,
Chiron fut bless� au genou par une fl�che destin�e � un autre. Chiron �tait immortel; mais, comme sa blessure, faite par une fl�che empoisonn�e, �tait ingu�rissable et lui causait d'atroces souffrances, il supplia avec tant d'instance les dieux de le soustraire |
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4 LE CHIC A CHEVAL.
au supplice incessant qu'il �prouvait, que ceux-ci consentirent � exaucer ses pri�res et
le plac�rent dans le ciel, parmi les signes du Zodiaque. C'est le Sagittaire. L'accident arriv� � Chiron augmenta encore l'irritation qu'Hercule �prouvait contre
les Centaures. Il extermina sans piti� tous ceux qu'il put atteindre. Ceux qui �chap- p�rent � ses coups se r�fugi�rent dans les cavernes du promontoire de Mal�e, d'o�, gr�ce � la protection de Neptune, ils purent gagner l'�le des Sir�nes, dont le s�jour fut loin de leur �tre favorable, car leur race ne tarda pas � s'�teindre. M. Paravey, qui s'est beaucoup occup� de recherches sur l'origine des Centaures,
croit en avoir retrouv� la trace dans des documents chinois remontant � une tr�s haute antiquit�. Un ouvrage chinois qui ne traite que des nations �trang�res � la Chine, le Pian-
y-Tien, parle en effet d'un peuple qu'il appelle Ting-Ling, nation de cavaliers adroits et infatigables, dans laquelle M. Paravey croit reconna�tre la tige des anciens Sarmates, des Polonais et des Russes de l'�poque actuelle. « L'ouvrage chinois contient m�me un dessin repr�sentant un homme de cette na-
tion, et sa configuration est en effet assez caract�ristique. Il a les cheveux longs, l�g�- rement boucl�s, et ses jambes sont des jambes de cheval avec des sabots parfaitement reconnaissables. Certes c'est l� une co�ncidence au moins �trange. « Les Ting-Ling faisaient trente lieues par jour, habitaient les steppes du nord de
l'Asie et ne gravissaient pas les montagnes. Il est impossible de ne pas reconna�tre dans les Ting-Ling un peuple essentiellement cavalier. » Ajoutons qu'un autre ouvrage chinois, le Chanhay-King, livre de mythologie auquel
on donne pr�s de 4000 ans d'antiquit�, parle, lui aussi, de ces m�mes Ting-Ling. Si, d'autre part, on se souvient que, chez les Grecs, les Centaures �taient souvent pris
comme le type de l'intelligence et de la science, tel Chiron, le savant pr�cepteur de Castor et de Pollux, de Palam�de et de Th�s�e, le p�re adoptif d'Esculape, on est frapp� du nom ethnique des Ting-Ling qui, en chinois, signifie pr�cis�ment « intelligence su- pr�me ». Un autre rapprochement assez curieux, c'est que le second mot de ce nom, Ling,
contient, en chinois, le caract�re id�ographique de la pluie ou des nu�es, ce qui pr�sente quelque int�r�t, car nous avons parl� pr�c�demment du mariage d'Ixion avec N�ph�l� (nu�e en grec), mariage d'o� sont issus les Centaures, d'apr�s les fables hell�niques. Notons encore que, sur les cartes japonaises, la Russie actuelle est d�sign�e par le
nom de Kontourya, qui signifie pays des Centaures. De plus, un c�l�bre orientaliste, M. deHammer Purgstall, nous apprend que les Russes asiatiques ont pour anc�tre Thiras ou Ros, fils de Japhet; or, ces noms pr�sentent une certaine ressemblance avec ceux de Taures et de Centaures. Les �gyptiens, eux aussi, ont imagin� des monstres moiti� hommes et moiti� che-
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UN CENTAURE.
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LE CHIC A CHEVAL. 5
vaux. On en trouve la trace clans plusieurs de leurs monuments. Pline l'Ancien assure
m�me avoir vu, � Rome, une momie de Centaure embaum�e dans du miel et venant d'Egypte. C'est l� un fait dont il convient de ne point trop s'�tonner, car les �gyptiens �taient des ma�tres en charlatanisme. Quoi qu'il en soit de toutes ces l�gendes, une chose est certaine, c'est que l'apparition
d�s premiers cavaliers provoqua, chez les peuples qui ignoraient l'art de monter les chevaux, un sentiment d'�tonnement et d'�pouvante; et que leur imagination en fit des monstres tout � la fois hommes et chevaux. L'antiquit� croyait aussi � l'existence de femmes vou�es au m�tier des armes et com-
battant � cheval. Ce sont les Amazones. A plusieurs reprises, elles eurent � soutenir f
des luttes contre les Centaures.
D'apr�s les �crivains anciens qui en par-
lent, elles habitaient sur di/ers points de l'Asie et m�me de l'Afrique. Strabon, Pal�- phate, Arrien et plusieurs �crivains mo- dernes ont regard� leur existence comme fabuleuse. Dans l'origine, elles habitaient, dit-on,
les rives du Thormodon, dans le Pont, et avaient pour capitale Th�miscyre. Elles �tendirent leurs conqu�tes des fronti�res de l'Assyrie au Tana�s, et b�tirent �ph�se, Smyrne et Magn�sie. Voici ce qu'en racontent les anciens :
« Apr�s la mort de Ninus, fondateur______________________________________
de l'empire assyrien et vainqueur des Scythes, sa femme et son fils, Ninus et Scolo-
pites, tous deux du sang royal des Scythes, exclus de sa succession, se retir�rent avec leurs partisans clans la Sarmatie asiatique, au del� du Caucase, o� ils form�rent un �tablissement et d'o� ils firent des courses dans les pays qui avoisinent le Pont-Euxin. Fatigu�s de ces hostilit�s, leurs voisins se r�unirent et extermin�rent tous les m�les. Les femmes, pour venger le massacre de leurs maris et pourvoir � leur s�ret�,
�tablirent une nouvelle forme de gouvernement, �lurent une reine, r�solurent d'exclure tous les hommes et de renoncer pour jamais au mariage. Dans cette vue, elles mirent � mort tous les hommes que le hasard avait �pargn�s. « Mais, pour perp�tuer cette soci�t� nouvelle, elles se rendaient, tous les ans, sur les
fronti�res, pour contracter, avec leurs voisins, des unions passag�res; encore fallait-il que chacune e�t tu� auparavant trois ennemis. Les filles qui naissaient de ces alliances |
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LE CHIC A CHEVAL.
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�taient �lev�es avec soin, mais les gar�ons �taient mis � mort, dit Justin, ou estropi�s
(Diodore), ou renvoy�s � leur p�re (Quinte-Curce). « Vers l'�ge de huit ans, au plus tard, elles br�laient ou oblit�raient par une forte
pression, la mamelle droite de leurs filles (d'o� leur vient leur nom : a privatif et px�d� mamelle), pour les rendre plus habiles � tirer de l'arc. « Leurs habits �taient les peaux de b�tes qu'elles tuaient � la chasse ; ils s'attachaient
sur l'�paule gauche, et, tombant sur le genou, laissaient � d�couvert toute la partie droite du corps. En guerre, la reine et les autres chefs portaient un corselet form� de petites �cailles de fer, attach� avec une ceinture, et leur t�te �tait d�fendue par un casque orn� de plumes. Le reste de leurs armes consistait en arcs, fl�ches, javelines et une hache d'armes, invent�e, dit-on, par Penth�sil�e, une de leurs reines. Leur bouclier avait la forme d'un croissant. « Apr�s avoir fait de grandes conqu�tes, soumis la Crim�e et la Circassie, rendu
l'Ib�rie, la Colchide et l'Albanie tributaires, elles furent presque enti�rement d�truites par Hercule, qui fit leur reine prisonni�re et la donna � Th�s�e pour prix de sa valeur. » Les plus c�l�bres des Amazones sont : Sphione, qui vint f�liciter Jason; M�nalippe,
qui donna sa ceinture � Hercule; Hippolyte, qui envahit l'Attique; Antiope, qui fut vaincue par Th�s�e; Penth�sil�e, qui marcha au secours de Troie et tomba sous les coups d'Achille; Thalestris, qui visita Alexandre; Thomyris, qui infligea une sanglante d�faite � Cyrus et le fit mettre � mort. Les anciens mentionnent aussi l'existence d'Amazones en Afrique. Ces Amazones sub-
jugu�rent les Atlantes et furent, elles-m�mes, vaincues par Hercule. Les habitants de la Phrygie et de la plupart des contr�es de l'Asie Mineure pr�ten-
daient descendre des Amazones. Sur l�s m�dailles de la ville de Trajanopolis, on remarque une Amazone � cheval.
Parmi les plus belles sculptures o� figurent des Amazones, il faut citer, en premi�re
ligne, le groupe en bronze connu sous le nom �'Amazone du Thermodon. Ce groupe, qui est admirable de vie et de mouvement, orne le p�ristyle ext�rieur du mus�e de Ber- lin. OEuvre de Kiss, il repr�sente une guerri�re � cheval luttant contre un lion. Chose curieuse, si l'on examine les monuments de l'art antique : statues, bas-reliefs,
m�dailles, o� sont figur�es des Amazones, on constate que rien ne vient confirmer l'o- pinion de ceux qui pr�tendent qu'elles se d�formaient la poitrine. Sur tous ces monu- ments, l'Amazone est repr�sent�e telle que la nature a form� toutes les femmes; et, si elles ont r�ellement exist�, ce qui ne nous semble pas impossible, il y atout lieu de croire que la coutume barbare, mentionn�e par certains auteurs, �taitloin d'�tre g�n�rale parmi ces femmes guerri�res. S'enlaidir, en effet, n'est pas le moyen de plaire; or, si les Amazones aimaient les
aventures, les plaisirs de la chasse et les �motions violentes des champs de bataille, les l�gendes disent aussi qu'elles n'avaient pas un complet d�dain pour l'art de plaire. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Les Amazones de l'antiquit� ne sont pas les seules dont on ait conserv� le souvenir.
Au huiti�me si�cle, d'apr�s une l�gende boh�mienne, une princesse de Boh�me, nom-
m�e Libussa, s'�tait form�e une garde du corps enti�rement compos�e d�jeunes filles. Elle avait mis � la t�te de cette aimable troupe une jeune fille appel�e Wlasta, qui �tait, parait-il, « d'une force et d'une adresse peu communes ». Libussa mourut en 735. Wlasta persuada alors � ses compagnes de se rendre in-
d�pendantes; puis, elle fit b�tir, sur le mont Widowl�, un fort o� elle s'�tablit avec ces nouvelles Amazones. Przemyslas, duc de Boh�me, envoya �
ces insurg�es d'un nouveau genre, un de ses officiers, qui avait mission de les som- mer de rentrer dans le devoir et de resti- tuer les domaines qu'elles avaient usurp�s. Wlasta ne tint aucun compte des ordres de son souverain et, pour toute r�ponse, elle lui renvoya son repr�sentant, apr�s lui avoir inflig� d'horribles traitements. Ensuite, elle fit construire, aupr�s de Wissegrad, un nouveau fort, auquel on donna le nom de Diewin; et, avec sa troupe, qui s'�tait singuli�rement accrue, elle ran�onna sans |
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Penth�sil�e, reine des Amazones.
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piti� tous les pays environnants. Przemys-
las eut alors recours � la force; il envoya une arm�e pour r�duire les rebelles; mais cette arm�e subit une honteuse d�faite. Wlasta ne fut pas seulement une femme de guerre remarquable, elle donna aussi
des lois � son peuple. « Elle publia », dit Gley, « un code dont les trois derniers articles statuaient qu'il �tait
d�fendu aux hommes de porter les armes sous peine de mort; qu'ils ne pouvaient aller � cheval que les jambes jointes et pendantes sur le c�t� gauche du cheval; que celui qui oserait monter autrement serait puni de mort; que les hommes, � quelque classe qu'ils pussent appartenir, devraient conduire la charrue et faire tous les travaux, tandis que les femmes combattraient pour eux; que les jeunes filles choisiraient elles-m�mes leurs maris, et que celui qui rejetterait leur choix serait puni de mort. » Pendant huit ann�es cons�cutives, Wlasta ravagea les r�gions avoisinant les deux
positions qu'elle occupait. Przemyslas se d�cida alors � mettre fin � cet �tat de choses insupportable. 11 marcha en personne contre les rebelles et prit d'assaut le fort de Wi- dowl�. Les Amazones qui le d�fendaient ayant obstin�ment refus� de se rendre, il les fit toutes passer au fil de l'�p�e. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Wlasta se trouvait � Diewin lorsqu'elle apprit la chute de Widowl�. Aussit�t, elle
donna l'ordre d'�gorger vingt-quatre prisonniers qu'elle avait en son pouvoir, et, r�unissant tout ce qui lui restait de combattantes, elle marcha � la rencontre de Prze- myslas. Apr�s une lutte acharn�e, la fortune des armes se pronon�a contre les Ama- zones, qui p�rirent toutes les armes � la main. |
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Equ�ias. buste de la d�esse protectrice des cochers et des chevaux.
D�couvert en 1807 � Milrowicz (Hongrie). |
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AMAZONE.
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CHAPITRE
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II.
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LES ASSYRIENS ET LES BABYLONIENS.
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es l�gendes concernant les Centaures attestent que
l'usage du cheval de selle remonte, en Europe, � une tr�s haute antiquit�; mais il est � peu pr�s �tabli ou, du moins, on a tout lieu de supposer que les peuples de l'Asie ont �t� les premiers � se servir du cheval comme monture et, surtout, � employer � la guerre de grandes masses d'hommes � cheval. L'Egypte, dont d'innombrables monuments ont
permis de reconstituer les annales et la civilisation, qui est consid�r�e comme la plus ancienne du 1 Egypte, aux temps recul�s de son histoire, ne poss�dait pas de cavalerie, s �gyptiens savaient dompter le cheval, ils le harnachaient, souvent avec un grand /e5 ils l'attelaient, mais il ne leur vint jamais � l'id�e de l'enfourcher. Dans leurs aim�es, les chars de guerre tenaient lieu de cavalerie. Les Assyriens et les Babyloniens, au contraire, �taient des cavaliers adroits et hardis, our s en convaincre, il suffit de jeter un coup d'�il sur les admirables bas-reliefs que °n a d�couverts dans les ruines des �difices grandioses �lev�s par ces deux peuples. n y trouve une preuve absolument documentaire de l'antiquit� de l'�quitation. C est incontestablement � ces peuples, dont la civilisation pr�sente un caract�re si par- ticulier, � ces peuples, qui avaient, tout � la fois, des go�ts si raffin�s et des instincts si cruels, qui cultivaient avec passion les arts de la paix et �taient poss�d�s de la soif t'es aventures et de l'amour des conqu�tes, que revient l'honneur d'�tre les p�res de �'�quitation. |
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CHIC A CIIE\AL.
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Du reste, les Assyriens et les Babyloniens ne se born�rent pas � �tre des �cuyers
�m�rites; et tout porte � croire que s'ils remport�rent d'�clatants triomphes, comme celui de Mageddo, s'ils firent de rapides et vastes conqu�tes, si Sennach�rib et Assur- bani-pal purent parcourir en vainqueurs l'espace qui s�pare l'Euphrate du Nil, fouler aux pieds le sol sacr� de Th�bes, ils le durent, en grande partie, � leurs redoutables es- cadrons. Un des bas-reliefs du palais de Nimrod, qui, gr�ce � M. Layard, figurent au British
Mus�um, nous montre le souverain chassant � courre. Il est accompagn� de deux �cuyers qui portent l'un des fl�ches, l'autre une lance. Le souverain, dont les cheveux et la barbe sont soigneusement calamistr�s, est coiff� d'un riche diad�me. Il est v�tu d'une robe couverte d'�l�gantes brode- ries, robe serr�e � la taille par une double ceinture rehauss�e d'or et de pierreries. Ses jambes sont serr�es dans une sorte de maillot assez semblable aux tissus de mailles dont se servirent plus tard les guerriers du moyen �ge. Il est chauss� de sandales � quartiers, montant � mi-jambes et lac�es sur le devant. C'est l� un costume fort appropri� � l'�quitation et bien plus pratique que celui des �l�gants d'aujourd'hui, dont le pantalon ou la culotte dite anglaise, d'une largeur exag�r�e, ne manque pas d'un certain cachet de ridicule. Bride assyrienne. Le harnais des chevaux assyriens, harnais bien asiatique par sa richesse, atteste que les Assyriens �taient un peuple
cavalier, qu'ils aimaient les chevaux, qu'ils savaient les soigner et les parer. La crini�re des chevaux assyriens est coup�e en brosse, et la queue, qui semble on-
dul�e, est prolong�e par un long gland effiloch�. Les crins des boulets paraissent soi- gneusement faits. La bride, que d�corent de multiples ornements, est bien mieux entendue, bien plus
simple que celles qui furent en usage au moyen �ge et pendant le dix-septi�me et le dix-huiti�me si�cle. Le mors est une sorte de filet, � branches recourb�es; sa branche inf�rieure forme un
anneau, o� s'attachent les r�nes. Les montants s'�largissent aux oreilles, pourconstituer la t�ti�re, � laquelle est adapt� un ornement, dont la forme rappelle celle du cimier du casque assyrien. La sous-gorge est simple, et semble bien � sa place. Le frontal est fait d'une sorte de gros bourrelet, probablement teint d'une couleur �clatante; il se termine par deux glands de passementerie. Enfin, de chaque c�t� du front, partent des croisillons, qui viennent se rattacher au-dessus du mors. Les r�nes sont divis�es en deux parties : la premi�re, assez fine, est double et se fixe
� l'anneau du mors ; la seconde, plus grosse, a la forme d'une corde � n�uds, et vient se r�unir � la premi�re par un �norme gland. |
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Un riche tapis remplace la selle, et ne semble assujetti au cheval qu'au moyen d'un
large poitrail, garni d'ornements de m�tal et d'effil�s. En outre, le cheval porte deux tr�s beaux colliers : le plus large est compos� de pi�ces
de m�tal ouvr�es; l'autre, plus �troit, est orn� de petits glands. Les chevaux semblent �tre d'un fort beau mod�le. Leur t�te est petite, l'�il grand,
les naseaux larges; l'encolure est longue, la ligne du dos courte et bien soud�e, l'�paule longue et oblique; la cuisse, bien muscl�e, pr�sente une plus belle culotte que celle des chevaux orientaux modernes. Le cheval assyrien a des membres nets, avec des muscles |
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Chasse � courre. Ras-rclicr assyrien de Ninive.
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< es tendons bien d�tach�s. Il a du boyau, et ne m�rite, en somme, que deux re-
proches : de manquer un peu de garrot, ce qui se comprend si on consid�re qu'il est entier; et d'avoir les canons un peu longs. Le bas-relief dont nous avons fait mention, un peu plus haut, nous apprend aussi que
les Assyriens �taient d'excellents cavaliers. E n effet, sur ce bas-relief, qui repr�sente une chasse, les chevaux du roi et de sa suite sont au galop allong�; et le roi, qui a band� son arc, et se pr�pare � tirer sur le fauve qu'il poursuit, a d� abandonner les r�nes de sa mon- ture. Il vise en se penchant l�g�rement en avant, et son attitude atteste qu'il est aussi � l'aise que possible. Pas plus que lui, du reste, ses �cuyers n'ont l'air de novices en �quitation. Le premier
tend � son ma�tre des fl�ches de rechange; et le second, comme nous l'avons dit, porte |
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LE CHIC A CHEVAL.
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la lance du roi. Leur costume est moins riche que celui du souverain. Il en est de m�me
pour le harnachement de leurs chevaux. Le tapis qui leur sert de selle consiste en une peau de b�te. A cette m�me �poque, c'est-�-dire plus de 1000 ans avant J.-C, nul autre peuple n'a-
vait pouss� aussi loin, que les Assyriens, l'art difficile de l'�quitation. |
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Longue �p�e des cavaliers assyriens.
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CHAPITRE III.
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LES GRECS, HOM�RE, X�NOPHON, LES MAC�DONIENS.
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es l�gendes relatives aux Centaures et aux Amazones sont une
preuve indubitable que, vers l'an 1000 avant J.-C, certaines peuplades voyageaient et combattaient � cheval; mais, si l'on consid�re combien cette pratique parut extraordinaire aux Grecs, on est forc� d'admettre que l'emploi du cheval de selle n'�tait alors qu'une rare exception. C'est vers cette �poque, sans doute, qu'Hom�re composa
ses deux immortelles �pop�es. Un point important � noter,
c est qu il n'y fait pas mention de cavaliers; Grecs et Troyens ne se servent du cheval
que pour l'atteler � leurs chars de guerre. Du reste, ces deux peuples consid�raient
e cneval comme un animal noble entre tous; ils l'entouraient de soins particuliers, et
le harnachaient avec recherche.
« Alcimus et Autom�don, les �cuyers d'Achille, placent les chevaux sous le joug,
qu ils lient avec de riches courroies; ils mettent le mors dans la bouche des coursiers,
" a"ongent les r�nes en arri�re jusqu'� ce qu'elles touchent au si�ge solide. Autom�don
le fouet �clatant, et monte sur.le char; Achille y monte apr�s lui; son armure
celle comme l'astre brillant du jour; et, d'une voix formidable, il adresse ces paroles
aux coursiers de son p�re :
Aanthe et Balie, noble race de Podarge, songez � ramener votre guide au milieu
es Grecs, quand nous serons las de la guerre; et, comme Patrocle, ne le laissez pas p�rir dans la plaine. » |
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U LE CHIC A CHEVAL.
« Xanthe, coursier imp�tueux, incline la t�te, et lui r�pond aussit�t, en laissant flotter
sur le joug sa longue crini�re, qui retombe jusqu'� terre; ce fut la d�esse Junon qui lui donna la voix : « Nous te sauverons aujourd'hui, terrible Achille; mais le jour de ta mort approche,
et ce n'est point nous qui en serons coupables, mais une divinit� puissante et ta des- tin�e funeste; ce n'est point non plus par notre lenteur ou notre paresse que les Troyens arrach�rent les armes des �paules de Patrocle; un dieu puissant, n� de la blonde La- tone, l'immola, aux premiers rangs, et donna la victoire � Hector. Quand nous volerions aussi vite que Z�phyr, qu'on dit �tre le plus rapide des vents, ton destin sera toujours de p�rir, sous les coups d'un dieu et d'un h�ros. » A ces mots, les Furies arr�tent sa voix; alors Achille indign� lui r�pond : « Xanthe, pourquoi me pr�dire la mort? De tels soins ne t'appartiennent pas. Je sais
que je dois p�rir sur ce rivage, loin de ma m�re et d'un p�re ch�ri; cependant je n'a- bandonnerai point les batailles avant que les Troyens soient rassasi�s de guerre. » « Il dit, et, jetant de grands cris, le h�ros pousse aux premiers rangs ses coursiers vi-
goureux. » Au chant vingt-troisi�me, Hom�re raconte les fun�railles de Patrocle. Les fun�-
railles, chez les anciens, se terminaient par des jeux en l'honneur des dieux et du d�funt; parmi ces jeux viennent en premi�re ligne les courses de chars; et je ne puis r�sister au d�sir de citer ces magnifiques pages, qui montrent que les Grecs d�cernaient " de grands honneurs aux vainqueurs de ces courses, auxquelles les plus illustres de leurs chefs ne d�daignaient pas de prendre part. « D'abord Achille destine des prix superbes aux agiles conducteurs de chars : le pre-
mier recevra une belle captive, habile en toutes sortes d'ouvrages; il recevra aussi un vase � trois pieds garni de ses anses, et contenant vingt-deux mesures; � celui qui le suivra de plus pr�s, le h�ros donnera une cavale indompt�e, �g�e de six ans, et portant un mulet dans son sein; au troisi�me, il r�serve un riche bassin qui contient quatre mesures, et qui n'a point encore �t� noirci par le feu; le quatri�me aura deux talents d'or; et le cinqui�me, une urne � double fond, qui jamais n'approcha de la flamme. Alors, debout au milieu des Argiens, Achille parle en ces termes : « Atrides, et vous, vaillants capitaines des Grecs, voici dans celte enceinte les prix
r�serv�s aux �cuyers vainqueurs. Si, pour un autre guerrier, les Grecs c�l�braient ces jeux, moi seul, dans ma tente, j'emporterais tous ces prix, tant, sur les autres, mes cour- siers excellent en valeur, car ils sont immortels. .Ce fut Neptune qui les donna � mon p�re Pel�e, et mon p�re me les a confi�s. Je resterai spectateur des combats, moi et mes chevaux imp�tueux. H�las! ils ont perdu l'�cuyer, � la fois doux et vaillant, qui jadis oi- gnait d'une huile brillante leur superbe crini�re, apr�s l'avoir lav�e dans une onde lim- pide : maintenant, immobiles, ils pleurent ce guide ch�ri; leurs longs crins flottent en d�sordre dans la poudre; et ils sont accabl�s de tristesse. Cependant entrez dans la car- |
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LE CHIC A CHEVAL.
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ri�re, vous tous qui, parmi les Grecs, �tes pleins de confiance en vos coursiers et en vos
chars. » « Ainsi parlait le fils de Pel�e. Soudain s'avancent des �cuyers habiles : le premier est
le roi Eum�le, fils ch�ri d'Adm�te, et savant � conduire un char. Apr�s lui vient le fort Diom�de, fils de Tyd�e; il met sous le joug les coursiers de Tros, que nagu�re il enleva � En�e, garanti, lui-m�me, de la mort par Apollon. Ensuite, para�t le fils d'Atr�e, le |
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superbe M�n�las; il at-
telle deux nobles cour- siers, son fid�le Podarge et la cavale /Eth�, qui appartient � Agamem- non. Jadis, Ech�polus, |
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U est bon de les exercer � mute,
un mur. , - X�kophon. |
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M1�|
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fils d'Anchise, la donna
� ce roi, pour se dispenser e suivie au rivage de la superbe Ilion, heureux de go�ter le repos clans ses foyers; P er 'avait combl� de richesses, et il habitait Sicyone, situ�e au milieu d'une P aine. M�n�las place sous le joug cette jeune cavale, impatiente de franchir la e. Le quatri�me, qui pr�pare ses coursiers aux crins ondoyants, est Antiloque, aillant de Nestor, prince du sang de N�l�e. Les chevaux vigoureux qui en- ent son char naquirent dans Pylos. A ses c�t�s, son p�re, Nestor, lui donne d'utiles nseils, quoique Antiloque soit, lui-m�me, rempli de sagesse. » |
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LE CHIC � CHEVAL.
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Ces conseils r�sument les connaissances qu'avaient les anciens sur l'art de conduire
des coursiers, et les r�gles qui pr�sidaient � ces sortes de courses. « Antiloque », dit-il, « d�s ta plus tendre enfance, tu fus aim� de Jupiter et de Neptune ;
eux-m�mes t'enseign�rent � diriger un char : il n'est plus besoin de t'instruire, et tu sais avec dext�rit� tourner autour de la borne; mais tes coursiers sont pesants; et je redoute quelque accident funeste. Tes rivaux ne sont pas plus habiles que toi, mais leurs chevaux sont plus rapides. Courage, ami, rappelle en ton esprit toutes les ressources de la prudence, afin de ne pas laisser �chapper le prix. L'ouvrier qui fa�onne le ch�ne doit plus � son adresse qu'� sa force; c'est aussi par son adresse que le pilote dirige sur la mer profonde le navire que ballottent les vents ; de m�me, par son adresse, l'�cuyer peut triompher de son rival; celui qui se confie t�m�rairement � ses coursiers et � son char, erre �� et l�, sur la plaine : ses chevaux s'�garent dans la carri�re, et il ne peut les re- tenir; mais celui qui agit avec prudence triomphe, quoique ses chevaux soient moins prompts; sans cesse, il regarde le but, et tourne tout aupr�s; il n'oublie point qu'il ne faut pas d'abord abandonner les r�nes; il les tient d'une main assur�e, et observe avec soin celui qui le devance. Je vais te d�signer la borne; tu la reconna�tras ais�ment; c'est l� o� tu vois s'�lever de terre, � la hauteur de trois coud�es, le tronc aride d'un ch�ne ou d'un pin, que n'ont point endommag� les pluies; des deux c�t�s, sont des pierres blanches, plac�es � l'endroit o� le chemin a le moins de largeur, et, tout autour, la lice offre une surface unie : c'est sans doute la tombe d'un h�ros, mort anciennement, ou, peut-�tre, une limite pos�e par les hommes des premiers �ges. Telle est la borne qu'a d�sign�e l'imp�tueux Achille : c'est pr�s de ce but que tu dois diriger tes chevaux et ton char. Assis sur le si�ge �l�gant, penche-toi vers la gauche, anime de la voix le cour- sier qui est � ta droite, et que tes mains lui abandonnent les r�nes. En m�me temps, pousse le coursier qui est � ta gauche, de telle sorte que le moyeu de la roue br�lante semble effleurer la borne; mais �vite de heurter la pierre; tu pourrais ou blesser tes chevaux ou briser ton char. Quelle joie pour tes rivaux ; et, pour toi, quel opprobre ! Mon fils, agis toujours avec prudence; si tu doubles la borne dans ta course rapide, nul ne pourra t'atteindre ni te devancer; non, lors m�me que, derri�re toi, un h�ros exciterai l'ardeur du noble Areion, rapide coursier d'Adraste, et d'une origine c�leste, ou les che- vaux imp�tueux deLaom�don, chevaux vaillants, qui furent nourris sur ce rivage. » Lorsque tous les concurrents sont r�unis, on tire les places au sort, Achille donne le
signal, et la course commence. Antiloque exhorte alors, en ces termes, les coursiers de son p�re : « �lancez-vous », disait-il, « h�tez votre course rapide; je ne vous demande point de
lutter de vitesse avec les chevaux du fils de Tyd�e, puisque Minerve les a remplis de force, et veut combler de gloire ce h�ros; mais, du moins, atteignez le char du fils d'Atr�e; ne mod�rez pas votre ardeur, et ne soyez pas honteusement vaincus par ^th�, qui n'est qu'une faible jument; pourquoi rester en arri�re, coursiers intr�pides? Je le |
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WLASTA, AMAZONES DE BOH�ME;
735. |
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LE CHIC A CHEVAL. 17
jure, et j'accomplirai ce serment, vous ne recevrez plus les soins de Nestor, pasteur des
peuples, et lui-m�me vous immolera de son fer aigu, si, par votre l�chet�, nous ne rem- portons qu'un prix inf�rieur... » « Il dit : les coursiers effray�s des menaces de leur ma�tre, acc�l�rent, pendant quelque
temps, leur allure. » D�pass� par Antiloque, M�n�las, � son tour, gourmande vivement ses chevaux.
Le chef des Cretois, Idom�n�e, qui �tait plac� hors de l'enceinte, dans un endroit �lev�, d'o� il dominait tous les autres, se rendit compte, le premier, du r�sultat de la |
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*-gL*
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< urse. Il entencht la voix de Diom�de, qui excitait ses coursiers, et ne tarda pas � distin-
guer le cheval qui tenait la t�te : « Son poil est d'une couleur fauve �clatante; et, sur le ont, il porte une marque blanche arrondie, semblable � la lune dans tout son �clat. � ^course termin�e, bien des paroles am�res, bien des propos injurieux sont �chang�s entre les concurrents; mais Achille calme ses amis et les jeux continuent. ',""me °° Peut facilement s'en rendre compte en parcourant l'Iliade, Hom�re n'y fait
paginention de cavaliers. On peut pourtant se demander si Achille n'avait pas appris
c,. , equitatl0n> car il avait eu, pour pr�cepteur, un cavalier fameux, le Centaure
^ UI^'C e il est bien difficile d'admettre que Chiron, qui avait form� son �l�ve avec tant
ici ude, n'ait pas fait de lui un homme de cheval accompli.
i ion veut aussi que les Amazones soient venues au secours des Troyens ; mais,
cest la, on le comprend, un point bien difficile � �claircir. n tout cas, un fait est certain, c'est que, ni dans l'Iliade ni dans l'Odyss�e, on ne voit
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'"�"in a ciieval.
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LE CHIC A CHEVAL.
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aux prises des troupes d'hommes � cheval; il n'y est pas fait mention de cavaliers; les
chevaux paraissent bien sur les champs de bataille, ils y font fort bonne figure; mais en tant que chevaux de trait attel�s � des chars de guerre. Du reste, on ne peut conclure du silence de l'auteur des po�mes en question, que
l'�quitation f�t encore inconnue de son temps; car il para�t bien probable qu'il avait sous les yeux une civilisation beaucoup plus avanc�e que celle dont il retra�ait les m�urs. Quoi qu'il en soit, ce n'est que vers le sixi�me si�cle avant notre �re que l'on trouve sur
l'�quitation des renseignements pr�sentant le caract�re de la certitude historique. Le premier ouvrage sur l'art de monter � cheval dont il soit fait mention dans l'his-
toire, est celui de Simon. Simon d'Ath�nes vivait vers le sixi�me si�cle avant notre �re; Pline l'Ancien en
parle dans son Histoire naturelle (XXXIV, XIX. 15). L'ouvrage de ce Simon �tait inti- tul� : « Ilipposcopique ou le Parfait Mar�chal. » Et c'est tout ce qu'on en sait, puisque, malheureusement, il n'est pas parvenu jusqu'� nous. C'est lui qui, d'apr�s X�nophon, avait �rig� le cheval d'airain qu'on voyait dans l'�leusinium (Temple de C�r�s et de Proserpine), et qui avait grav� ses faits et gestes sur le pi�destal sur lequel �tait plac� ce cheval. Ce sont l� tous les renseignements que l'on poss�de sur Simon d'Ath�nes et sur ses �uvres. J'ai prononc� le nom de X�nophon. Personne n'ignore que ce merveilleux �crivain
fut un des grands capitaines de cavalerie de l'antiquit�, en m�me temps qu'un des plus beaux hommes de son temps; ce qu'on sait moins, peut-�tre, c'est qu'il a laiss� sur l'�- quitation, le dressage et l'achat du cheval de guerre un admirable trait�. Je parlerai un peu plus loin de ce trait�, mais il convient d'abord de r�sumer, en quelques mots, la vie de cet homme remarquable, qui fut � la fois grand �crivain, philosophe �minent, ca- pitaine habile et �cuyer consomm�. On fixe g�n�ralement la date de la naissance de X�nophon � la quatri�me ann�e de la quatre-vingt-troisi�me olympiade, 445 ans avant J.-C. Son p�re s'appelait Gryllus, et �tait, sans doute, ce qu'on appelle, de nos jours, un gentleman far mer. « La premi�re �ducation de X�nophon », dit M. Eug�ne Talbot, � la savante traduction
duquel nous ferons plus d'un emprunt, « fut vraisemblablement celle de tous les jeunes > Ath�niens. Apprendre par c�ur les po�mes d'Hom�re, les sentences de Soion, de Th�o- gnis et de Phocylide, �tudier les �l�ments de la grammaire, les math�matiques et les principes de la strat�gie; se former, sous la direction des p�dotribes, aux exercices de la gymnastique et de la natation, monter � cheval, s'endurcir le corps et �tendre � une distance merveilleuse la port�e de la vue, par une pratique passionn�e et intelligente de la chasse; parcourir, suivi de ses chiens et de ses garde-filets, l'immense for�t d'oliviers qui couvrait le P�dion, asile des essaims d'oiseaux que le printemps ram�ne d'Asie; re- monter vers les plaines accident�es, vers les coteaux bois�s et giboyeux du nord de l'At- tique, ou bien s'enfoncer sous les ch�nes et les sapins du Brilesse, pour y lutter contre |
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LE CHIC A CHEVAL.
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les loups et les ours; telles �taient, selon toute
apparence, les occupations de X�nophon ado- lescent. » Un jour, raconte Diog�ne de La�rte, le jeune
homme rencontre Socrate dans une rue �troite. Celui-ci, lui barrant la route avec son b�ton, lui demande de lui indiquer le march� aux vivres, puis, sans transition, s'il sait o� les hommes se forment � la vertu. X�nophon, sur- pris, on le serait � moins, tarde � r�pondre. « Suis-moi donc », lui dit alors Socrate, « je te l'apprendrai », et le voil� devenu le disciple et l'ami de l'illustre philosophe. A dix-huit ans, il fait ses premi�res armes
dans la milice des P�ripoles, sorte de gardes- fronti�res, qui servaient � l'int�rieur, de dix-huit � vingt ans. A vingt ans, il est incorpor� dans les troupes de la R�publique et il assiste au combat de D�lium. Pen- dant la d�route, le cheval de X�no- phon est tu�, et lui-m�me est bless�. Soerale, heureusement, l'a aper�u; il le charge sur ses �paules, le por- te pendant plu- sieurs stades et lui sauve ainsi la vie. Un peu plus tard, X�nophon, appel� par son ami Prox�ne, se rend |
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, -i
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/.'/, �claireurs
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� Sardes, � la cour
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20 LE CHIC A CHEVAL.
de Cyrus le Jeune, fils du roi de Perse Darius I�. 11 gagne vite l'amiti� du jeune prince et
prend part � la lutte engag�e par Cyrus contre son fr�re Artaxerx�s. Apr�s la bataille de Cunaxa, bient�t suivie du meurtre de Cl�arque et cl�s strat�ges de l'arm�e grecque, X�nophon est nomm� g�n�ral, et dirige alors la retraite fameuse des dix mille volon- taires grecs qu'il ram�ne dans leur patrie, apr�s des prodiges d'�nergie et d'h�ro�sme. Lorsque X�nophon rentra � Ath�nes, il eut la douleur de n'y plus retrouver Socrate,
son ma�tre et son ami, qui avait �t� condamn� � boire la cigu�. Il ne tarda pas � devenir, lui-m�me, suspecta ses concitoyens, qui voyaient en lui un ennemi de leurs institutions. Ces institutions, on le sait, �taient alors ultra-d�mocratiques. Accus� de laconisme, c'est- �-dire d'avoir des sympathies pour la forme de gouvernement qui r�gissait la rivale d'Ath�nes, et d'�tre en trop bons termes avec les ennemis de sa patrie, X�nophon fut condamn� � l'exil. Il quitta donc Ath�nes, avec sa femme et ses deux fils, et se rendit aupr�s d'Ag�silas, qui l'accueillit avec distinction. Emport� par le ressentiment contre ceux qui l'avaient banni, il se laissa aller � porter les armes contre son pays, et combattit, � Coron�e, dans les rangs des Spartiates. Il se retira ensuite � Scillunte, petite ville situ�e � vingt stades d'Olympie, o� il mourut, selon l'abb� Barth�l�my, � l'�ge de quatre-vingt-dix ans, en l'ann�e 354 avant J.-C. Des deux fils de X�nophon : l'un, Diodore, ne fit rien de remarquable; mais l'autre,
Gryllus, qui servait dans la cavalerie, fut tu� � Mantin�e, apr�s avoir, dit-on, bless� �paminondas. Les deux seuls ouvrages de X�nophon qui doivent nous occuper ici, sont ceux inti-
tul�s : « De l'Equilation, » et, « le Commandant de cavalerie. » X�nophon, cavalier accompli et homme de guerre �minent, savait, par l'exp�rience
que lui en avait donn�e la retraite des dix mille, de quelle utilit� peut �tre, en campagne, une cavalerie bien mont�e, bien �quip�e et bien exerc�e ; sa grande pr�occupation fut donc de faire partager ses id�es � ses concitoyens, et de doter Ath�nes, sa patrie, d'une cavalerie disciplin�e et capable de rendre de grands services. « L'absence totale, ou le mauvais �tat de la cavalerie �tait un des c�t�s faibles du sys-
t�me militaire des Ath�niens. Tout entiers � la marine, ils s'appliquaient surtout � former de bonnes troupes navales et une bonne infanterie. » Son syst�me d'�quitation, exclusivement bas� sur la pratique, r�pond absolument �
ce qu'on appelle aujourd'hui Y Equitalion du dehors, syst�me pr�conis� jusqu'� l'exa- g�ration, � l'�poque actuelle, par les Anglais et par les anglomanes fran�ais. « Une longue pratique de l'�quitation nous donnant � penser que nous en avons
quelque exp�rience, nous voulons indiquer aux jeunes gens de nos amis la m�thode que nous croyons la meilleure pour bien manier un cheval (1). » Et, d'abord, X�nophon indique comment il faut choisir et acheter le poulain, �nu-
(1) Tous les passages emprunt�s � X�nophon sont tir�s de l'excellente traduction de M. E. Talbot.
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LE CHIC A CHEVAL. 21
m�rant, pour chaque partie du corps, les d�fauts qu'il importe d'�viter, et les qualit�s
qu'il convient de rechercher. « Au sortir de la poitrine, le cou ne doit pas pencher comme celui d'un sanglier;
mais il doit remonter en ligne droite, comme chez le coq, et �tre �vid� � l'endroit de la flexion. » Le chapitre II est intitul� : « Del'�levage et du dressage. » 11 est des plus int�ressants :
d'abord, parce qu'il nous montre que, comme aujourd'hui, et comme de tout temps, la cavalerie a �t� et est l'arme de pr�dilection de l'aristocratie et des classes sup�rieures : « La cavalerie, en effet, se recrute dans nos villes parmi les citoyens les plus riches, ceux qui ont la plus grande part aux affaires »; et, ensuite, en ce qu'il nous apprend que les anciens regardaient le dressage comme n'�tant pas du ressort du cavalier, mais comme devant �tre attribu� � une classe sp�ciale et inf�rieure, elle-m�me, � la classe des « gens de cheval ». Voici, du reste, ce passage, qui feramieux comprendre ce que nous venons de dire : « et, au lieu de dresser des poulains, il importe beaucoup plus � un jeune homme de fortifier sa sant� et de s'instruire dans l'�quitation, s'il sait d�j� monter et s'exercer au maniement du cheval. D'autre part, il convient mieux � un vieillard de s'occuper de sa maison, de ses amis, des affaires politiques et militaires, que de passer son temps � �lever des chevaux. Celui donc qui pensera comme moi donnera son poulain � dresser. Il doit en �tre sous ce rapport comme d'un enfant qu'on met en apprentissage; on fixera par �crit ce que le cheval doit savoir quand on le reprendra dress�. Ce sera, pour le dres- seur, un programme � suivre exactement, s'il veut toucher le prix convenu. » Cela est certes bien �loign� des principes et des habitudes de notre temps o� l'on pr�-
tend, et avec juste raison, qu'il ne suffit pas de savoir se servir d'un cheval dress�, mais qu'il importe d �tre en �tat de le former; et o� l'homme qui est vraiment cligne du titre de sportman, l'officier surtout, dresse, lui-m�me, le cheval qu'il monte, le prend jeune cheval et le m�ne jusqu'au bout du dressage. Son cheval est donc ce qu'il l'a fait; il a le m�rite des qualit�s qu'il lui a donn�es. Le vrai sportman n'est pas seulement un homme fortun�, montant avec �l�gance et correction un cheval, pour le dressage du- quel il ne s'est donn� aucune peine, mais un homme qui s'est astreint � instruire, lui- m�me, sa monture. Apr�s d'excellents conseils sur les moyens de rendre le cheval « ami de l'homme, »
X�nophon traite de l'achat du cheval dress�. Tout d'abord, il parle de l'�ge. Comme il se sert de l'expression marquer, il est permis de croire que les Grecs contr�laient l'Age du cheval d'apr�s l'usure de ses dents. Les conseils qu'il donne pour le choix et l'achat «lu cheval de guerre, n'ont rien de
surann� et resteront, sans doute, �ternellement vrais. « Quand nous avons l'intention d'acheter un cheval de campagne, il faut essayer
d'abord s'il est dress� � toutes les manoeuvres que la guerre exige; c'est, � savoir, de franchir les foss�s, de sauter les murs, de s'�lancer, de haut en bas et de bas en haut, |
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sur des tertres, de galoper dans les mont�es, dans les descentes
ou sur le flanc des collines. Toutes ces �preuves montrent s'il a le corps sain et le c�ur g�n�reux. Il ne faudrait pourtant pas rejeter- un cheval qui ne ferait pas tout cela dans la perfection; chez un grand nombre de chevaux, ce sont moins les moyens que l'exp�- rience qui manque. Le montage, l'habitude, l'exercice, les am�ne- ront � bien faire, du moment qu'ils sont bien portants et qu'ils ont du c�ur. » Et il termine en disant : « ... mais les chevaux l�ches qui ne vont qu'� force d'aiguillon, de m�me que ceux qui, par trop d'ardeur, exigent beaucoup d'attention et de caresses, occupent trop la main du cavalier et d�couragent dans les moments critiques. » M. de Lancosme-Br�ves, dans sa tr�s int�ressante �tude intitul�e : « Guide de l'ami du cheval », publi�e en 1855, appr�cie ainsi le passage qui pr�c�de : Ce chapitre nous prouve que cet �cuyer c�l�bre connais-
sait parfaitement le cheval de guerre; et il �tait difficile qu'il pouss�t plus loin ses connaissances hippiques, �tant toujours occup� � faire la guerre. 11 dressait le cheval comme le ferait aujourd'hui un hardi coureur de steeple-chase, solide et bien bott�, bien �peronn�; avec cette diff�rence toutefois qu'il se reudait un compte exact de l'animal qu'il avait entre les jambes, et qu'il est tr�s rare qu'un gen- tleman poss�de de telles connaissances. » N'oublions pas que M. de Lancosme-Br�ves �cri- vait en 1855. Le chapitre IV traite de l'�curie, de la nour-
riture et des moyens de fortifier le pied. C'est dans ce chapitre que se trouve le fameux passage, qui a �t� tant de fois cit�, sur le moyen de fortifier la corne du cheval; nous y reviendrons en parlant de cette question qui a soulev� tant de pol�miques; question qui est de savoir : si les anciens ont connu la ferrure � clous. Ce chapitre se termine par ce passage qui prouve combien, d�j�,
on attachait d'importance � la bouche du cheval : « Cependant, autant il faut durcir les sabots, autant on doit chercher � rendre la bouche tendre, et on attendrit par les m�mes moyens la peau de l'homme et la bouche du cheval. » Pour rendre la bouche du cheval fra�che et tendre, on avait l'ha-
bitude, alors, de la laver avec de l'eau ti�de et de l'huile. |
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U
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Troph�e grec.
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Au chapitre V, X�nophon d�crit les devoirs du palefrenier. Ce chapitre et le suivant,
qui n'en est que la suite, sont de nature, dit M. de Lancosme-Br�ves, � m�riter l'at- tention de tout homme de cheval. 11 est termin� par ce curieux passage : « Nous supprimons le lavage tics jambes; cette ablution journali�re est inutile; elle
nuit m�me � la corne, tandis que l'eau conserve les crini�res longues et touffues. On �vitera aussi de laver le dessous du ventre : cette op�ration chagrine beaucoup le cheval ; et, plus cette partie est propre, plus les mouches s'y portent et le g�nent....... pour les
jambes, il suffira de les frotter avec les mains. » Nous avons bien chang� cela.
La fin du chapitre VI m�rite aussi d'�tre cit�e, et pourrait servir de le�on � bon nombre
de nos modernes cavaliers. Apr�s avoir recommand� que le palefrenier sache enlever son ma�tre � la mode persique, c'est-�-dire en lui faisant un point d'appui de ses deux mains, X�nophon ajoute : « Ne jamais user de col�re avec les chevaux est un bon pr�cepte, une excellente habi-
tude. La col�re ne raisonne pas; elle fait souvent l'aire des choses dont on est forc� de se repentir. Quand un cheval s'effraye d'un objet et refuse d'en approcher, il faut lui faire comprendre qu'il n'a rien � craindre, surtout si c'est un cheval de c�ur; autrement, il faut aller toucher, soi-m�me, ce qui lui fait ombrage, et l'y amener ensuite avec douceur. Ceux qui les y contraignent � force de coups ne font qu'augmenter leur frayeur; car les chevaux s'imaginent que la douleur qu'ils ("prouvent, dans cette circonstance, leur vient de l'objet qui les effraye. » Et la derni�re phrase de ce chapitre nous apprend une curieuse habitude des
cavaliers grecs : « Quand le palefrenier, en pr�sentant le cheval au cavalier, le fait plier de mani�re �
rendre le lever plus facile, c'est une mani�re que je ne bl�me nullement; je crois pour- tant n�cessaire de s'exercer � monter sans que le cheval baisse la croupe. » Le chapitre VII nous indique la position � cheval pr�conis�e par X�nophon. L'auteur
ajoute ensuite comment on doit partir graduellement au galop, en passant par le pas et le trot, et nous apprend qu'il �tait re�u de partir au galop du pied gauche. 11 explique cependant, d'une fa�on parfaite, ce que nous appelons galoper aux diff�rentes mains. Puis, il veut qu'on descende de cheval � l'endroit m�me o� l'on a travaill� : « Afin », dit-il, « qu'� l'endroit o� le cheval est contraint de travailler, il y trouve aussi le repos. » Le chapitre VIII est relatif au saut des foss�s, au galop dans les descentes et dans les
mont�es, aux man�uvres pr�paratoires � la guerre. L'auteur y d�crit, entre autres choses, tous les moyens que nous employons actuellement pour apprendre aux chevaux � sauter. Dans le chapitre IX, qui traite des chevaux vicieux, et qui serait � citer tout entier, on
trouve ce remarquable paragraphe : « L'homme ne se met pas en col�re quand on ne l'offense ni en paroles ni en actions:
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de m�me on n'irrite pas un cheval fougueux si l'on �vite de le chagriner. Il faut donc,
tout d'abord, en le montant, avoir soin de ne pas lui causer de souffrance. Une fois � cheval, tenez-le en place plus longtemps que tout autre, et portez-le en avant par les moyens les plus doux. « Vous commencez par les allures les plus lentes, puis, vous passez successivement
au trot et au galop, sans que le cheval s'en aper�oive. Tout ordre transmis brusque- ment par le cavalier trouble un cheval ardent, comme tout ce qu'un homme voit, en- tend ou souffre contre son attente. « Il faut savoir que tout ce qui est subit lui donne de l'inqui�tude. Voulez-vous retenir
un cheval ardent, qui cherche � gagner, il ne faut pas, pour l'arr�ter, tirer toutd'un coup, mais user moelleusement de la bride, le ralentissant avec douceur, et non de force. Les exercices sur la ligne droite apaisent mieux les chevaux que les changements de direc- tion r�p�t�s, et les allures mod�r�es �teignent peu � peu l'ardeur du cheval, dont elles calment la fougue, au lieu de l'animer. Croire que des courses vives et fr�quentes, o� l'on fait renoncer le cheval, servent � le calmer, c'est se tromper du tout au tout : car, men� ainsi, le cheval ardent essaye de gagner de violence; et, dans sa fougue, comme l'homme col�re, il peut se faire, ainsi qu'� son cavalier, des maux sans rem�des. » Nous doutons qu'il soit possible, � notre meilleur homme de cheval moderne, de
mieux parler de la mani�re de calmer un cheval inquiet. Le chapitre X, qui traite du cheval de guerre, de la beaut� des allures et de la mise
en main, est, peut-�tre, le plus curieux et le plus int�ressant de tout l'ouvrage. Il est impossible d'expliquer avec plus de lucidit�, l'embouchure et les moindres parties de la bride, et quand X�nophon �crit : « On peut d'ailleurs corriger autant qu'on veut la du- ret� du mors en l�chant ou en retenant la main. » Il r�sume toute la th�orie de la main. Quant � ce qu'il dit des allures, nous ne saurions mieux faire que de citer le passage
en entier : « Si l'on veut avoir un cheval de guerre qui ait de belles allures, et qui se fasse regar-
der, il ne faut pas lui lever la t�te en m�me temps qu'on l'actionne du fouet et de l'�pe- ron : beaucoup de gens croient lui donner ainsi du brillant; mais il arrive � ces gens-l� le contraire de ce qu'ils veulent. En effet, en lui relevant trop la t�te, on emp�che le cheval de voir devant soi, on le rend aveugle; en l'�peronnant et en le fouettant, on l'effraye au point qu'il se trouble et vous met en danger : or, c'est justement ce qui arrive aux chevaux qui se plient avec le plus de peine aux exercices du man�ge, et qui s'y comportent mal, au lieu de s'y distinguer. Mais, si l'on apprend � un cheval � ma- n�uvrer � brides l�ches, et � relever le cou en ramenant la t�te, on lui fera faire ainsi ce qui lui pla�t et ce qui le flatte. La preuve qu'il y prend plaisir, c'est que, lorsqu'il approche d'une troupe de chevaux, il rel�ve le cou et ram�ne la t�te avec fiert�, l�ve les jambes avec souplesse, et porte la queue haute. |
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CAVALIER GREC; VERS 350 AVANT .).-('.
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« Si donc on exige de lui l'habitude qui lui donne le meilleur air, on se cr�era un
cheval heureux de sa prestance, superbe, brillant, regard�. |
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« Il faut aussi, nous ne nous lassons pas de le dire, il faut, si le cheval a bien fait,
l'en r�compenser. Vous apercevez-vous qu'il se pla�t dans une belle position de t�te et dans un l�ger appui, ne faites rien qui puisse le chagriner, comme si vous vouliez en exiger quelque chose; au contraire, flattez-le, comme si vous n'aviez plus rien � lui demander. |
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« Et alors ceux qui le voient disent : Que voil� un cheval g�n�reux, dispos, bien
dross�, phin de c�ur, superbe, � la fois doux et terrible � voir. Si donc il est quelqu'un qui souhaite pareil succ�s, que cela soit �crit pour lui. » Le chapitre XI, traitant du cheval de parade et des moyens de le dresser, n'est ni
moins remarquable ni surtout moins int�ressant; il nous apprend que X�nophon et ses contemporains savaient ce que c'est que la courbette, et qu'ils employaient pour y arriver des moyens qui sont encore en usage. Il nous dit tout d'abord : « Si vous voulez un cheval de parade qui s'enl�ve, qui ait
de 1 �clat, vous n'aurez pas ces avantages de toute esp�ce de chevaux; mais il en faut un qui r�unisse une grande �me � un corps vigoureux. » Il d�crit ensuite le cheval qui est particuli�rement apte � ces sortes d'exercices, et indique les moyens qu'il pr�conise pour l'y dresser. te sera plut�t celui dont le rein est court, souple et fort,... un cheval ainsi fait
I ura engager franchement les jambes de derri�re sous son avant-main. 8 m, apr�s l'avoir plac� dans cette position, vous marquez un temps d'arr�t, il s'as-
a sur les jarrets, rel�vera l'avant-main de mani�re � montrer � ceux qui lui font acc, son ventre. Quand il fait ce mouvement, rendez-lui la main, et alors on verra �P1 il prend, de lui-m�me, la plus belle pose du cheval. » l uis il nous montre que nos savetiers des man�ges civils et des cirques, qui ne sa-
vent dresser le cheval qu'au moyen de ficelles et non par la science et l'application des principes, n'ont rien invent�. Quelques personnes ont aussi pour m�thode, afin d'apprendre ce mouvement au
cheval : les unes, de toucher le dessous des genoux avec une baguette; les autres, de taire courir, � c�t� du cheval, un homme qui lui frappe, avec un b�ton, le dessous des bras. » Donc rien de nouveau sous le soleil : de tout temps, il y eut seulement quelques hommes
habiles et savants et beaucoup de charlatans; et, h�las! les applaudissements de la foule vont bien plus souvent encourager les derniers que r�compenser les premiers. |
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« C'est sur des chevaux prenant cette belle attitude », dit X�nophon, en terminant,
« qu'on nous repr�sente les dieux et les h�ros; et les hommes qui manient bien les che- vaux ont je ne sais quel air de grandeur. En effet, un cheval qui se dresse est quelque chose de si beau, de si frappant, de si magnifique, qu'il fixe les regards de tous ceux qui le voient, jeunes ou vieux. On ne peut ni le quitter, ni se lasser de le consid�rer, quand il se montre ainsi dans tout son �clat. » Le chapitre XII et dernier de ce remarquable ouvrage traite de l'armure du cavalier et
de celle du cheval. Ce chapitre donne pleinement raison � M. Viollet-Leduc lorsqu'il pr�tend que les armures du cheval �taient connues des anciens; voici, en effet, le passage qui s'y rapporte : « Comme le cavalier court le plus grand p�ril s'il arrive quelque chose � son cheval,
il faut aussi armer le cheval d'un chanfrein, d'un poitrail et de garde-flancs; cette der- ni�re pi�ce pourra couvrir en m�me temps les cuisses du cavalier. » Voil� qui est d�- cisif! Malheureusement, aucune repr�sentation compl�te de ces armures ne nous est parvenue; aussi est-il impossible de savoir, au juste, quelle forme elles affectaient et de quelle fa�on elles �taient attach�es. Passons, maintenant, au second ouvrage de X�nophon, relatif aux questions hippiques :
« 'l7�-ap^r/.o� : Du Commandant de cavalerie. » Il est g�n�ralement admis que ce trait� a �t� �crit par X�nophon pour son fils Gryllus,
chef de la cavalerie ath�nienne, et tu� � Mantin�e. « Avant tout », dit le grand �crivain, « il faut sacrifier aux dieux et les supplier de ne
t'inspirer que des pens�es, des paroles et des actions propres � m�riter, dans ton com- mandement, le suffrage du ciel, le tien, celui de tes amis, ainsi que l'affection de la R�publique. » Magnifique d�but, bien digne de ce grand capitaine et de cet �minent philosophe.
X�nophon dit plus loin : « Les cavaliers que tu enr�les doivent �tre, conform�ment � la loi, des citoyens ais�s et robustes............................ |
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Je regarde comme un bon moyen de faire voir aux jeunes gens le c�t� brillant de la
cavalerie. » Il faut conclure de ce passage que la cavalerie ath�nienne �tait un corps de privil�gi�s, une �lite brillante. Cette cavalerie �tait, du reste, fort peu nombreuse. X�no- phon parle ensuite de ce que nous appellerions, aujourd'hui, les exercices en terrains vari�s; il veut que les cavaliers s'exercent, « dans la campagne ou ailleurs », � galoper sur toute sorte de terrains. Puis, il nous apprend que la cavalerie ath�nienne co�tait � l'�tat, environ 40 talents, soit 220,000 francs ; et il termine le premier chapitre par ces lignes, qui nous fournissent de pr�cieux renseignements sur l'origine des carrousels : « Un motif tr�s puissant, � mon sens, pour que les phylarques(l) aient � c�ur de coni- (1) Officiers sous les ordres de l'IIipparque ou Commandant de la cavalerie et qui r�pondaient, � peu pr�s, � nos
chefs d'escadrons. |
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mander chacun un escadron bien �quip�, c'est d'avoir des �claireurs 1res �l�gamment
arm�s, de les obliger fr�quemment � lancer le javelot et de leur en donner, toi-m�me, l'exemple, apr�s �tre devenu fort � cet exercice. Si, en outre, on pouvait proposer aux tribus des prix pour tous les exercices de cavalerie qui sont offerts en spectacle, ce serait, je crois, un merveilleux stimulant � l'�mulation des Ath�niens : t�moin ce qui se fait pour les ch�urs, o�, pour de faibles prix, on se donne tant de mal, on fait tant de d�- penses. Seulement, il faut, en pareil cas, avoir des juges dont les vainqueurs puissent �tre fiers. » Le chapitre II : « De l'Ordonnance des escadrons », commence ainsi : « Quand tes ca-
valiers seront ainsi exerc�s, il faudra qu'ils sachent se ranger dans un certain ordre, qui rendra plus pompeuses les f�tes des dieux, plus belles les �volutions de ta troupe, plus glorieux ses combats, s'il y a lieu; plus faciles et moins confuses, les marches sur les routes et � travers les passages difficiles. » « Le chef », ajoute-t-il, « doit �tre, sous tous les rap-
ports, un homme propre � la place qu'il occupe. Vaillant, s il s agit de charger l'ennemi, ses ordres communiquent son feu au premier rang; et, s'il faut battre en retraite, sa prudence le met mieux � m�me de sauver ses compa- gnons d'armes. » u chapitre III : « Des Evolutions appropri�es aux
jours de f�te et aux exercices de l'hippodrome », X�- |
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nophon d�crit toutes les �volutions qui se faisaient �
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�peron de cavalier grec.
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l'Acad�mie, au Lyc�e, � Phal�re ou dans l'hippo-
ome, et qui devaient pr�senter un magnifique spectacle, sous le beau ciel bleu de
la Gr�ce. c �apitre IV traite des marches � la guerre, et nous apprend que ces marches se
aisaient partie � cheval et partie � pied, les escadrons mettant pied � terre, tour � tour, -ouiager les chevaux et aussi les hommes, dont les jambes pendantes devaient sin- guli�rement se fatiguer. recommande d'envoyer des �claireurs, absolument comme nous le faisons de nos
joui.s au service en campagne: « Toutefois, quand vous quittez les grands chemins, pour ici dans des pas difficiles, il sera fort utile, en pays ennemi ou ami, d'envoyer des ireurs en avanl de chaque escadron; s'ils rencontrent des bois, ils y p�n�treront et in- quel ont aux cavaliers les man�uvres � faire pour que des files enti�res ne s'�garent »i 1 on marche � proximit� d'un danger, un chef prudent enverra �claireurs sur ireurs pour reconna�tre les positions de l'ennemi..... Presque tout le monde sait
a) et pourtant il en est peu qui veuillent prendre c�de peine, il convient que le
OMMANDANT, DURANT LA PAIX, �TUDIE, LUI-M�ME, NON SEULEMENT le pays ennemi, mais LE
SIEN M�ME... » |
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Il n'est vraiment pas possible de dire mieux, en moins de phrases, et nous n'avons
d�cid�ment pas invent� grand'chose. Au chapitre V : « Des Moyens de surprendre l'ennemi », X�nophon dit, entre autres :
« Mais c'est au commandant � conna�tre les points sur lesquels l'infanterie est sup�rieure � la cavalerie et la cavalerie � l'infanterie. Il faut avoir encore l'adresse de faire pa- ra�tre nombreux un petit corps de cavalerie, ou petite une troupe nombreuse; d'avoir l'air pr�sent quand on est absent, ou absent quand on est pr�sent; de savoir non seule- ment surprendre les secrets de l'ennemi, mais surprendre ses cavaliers m�mes, pour leur faire charger l'ennemi � l'improviste. » Il faudrait tout citer dans cet admirable trait�, o� nous ne voyons pas grand'chose
qui ne puisse �tre mis � profit par l'officier de cavalerie moderne. « En cons�quence », dit-il plus loin, « ou bien il ne faut pas se m�ler de commander,
ou bien, ind�pendamment des autres dispositions, il faut demander aux dieux le savoir-faire, et inventer � votre tour. » Le chapitre VI nous parle des moyens de se concilier l'affection sans compromettre
l'autorit�, et peut se r�sumer dans la phrase remarquable qui en termine le dernier paragraphe. « On n'aura pas de m�pris pour lui, quand on verra, pour tout dire en un mot, que,
quoi que ce soit qu'il ordonne, il le fait mieux que les soldats. Ainsi, � commencer par monter � cheval, il est bon de savoir faire tous les exercices de l'�quitation, afin qu'ils voient leur chef franchir hardiment les foss�s, sauter par-dessus des murs, descendre au galop d'une hauteur et lancer adroitement le javelot. » Le chapitre VII : « De ce que doit �tre le commandant des Ath�niens dans les cir-
constances actuelles », est, comme son titre l'indique, consacr� aux questions du temps et ne contient rien qui nous puisse int�resser. Mais le chapitre VIII : « Des Avantages de l'�quitation », rentre absolument dans notre
sujet et commence par cette phrase qui contient une v�rit� trop souvent m�connue : « Pour parvenir, en toute s�ret�, � faire du mal � une arm�e beaucoup plus nombreuse, il faut �videmment avoir sur elle une sup�riorit� qui vous fasse para�tre forts en �qui- tation militaire et les ennemis des novices. » Nous y trouvons encore cette phrase qui montre bien l'enthousiasme du cavalier fervent
et convaincu. En effet, apr�s avoir dit que les exercices gymniques ne se font qu'avec beaucoup de peine et de sueur, X�nophon ajoute : «... L'�quitation est presque un plaisir. On souhaite quelquefois d'avoir des ailes : il n'est rien qui s'en rapproche davantage. » Bien d'autres emprunts m�riteraient d'�tre faits au remarquable ouvrage de X�no-
phon, mais il faut savoir se borner, m�me quand on puise dans des chefs-d'�uvre. Dans l'impossibilit� o� nous sommes de reproduire ici tout le Commandant de cava-
lerie, nous ne saurions trop engager les officiers de cavalerie, les simples cavaliers m�me, � en faire la lecture compl�te. Ils en tireront, non sans quelque surprise, pen- |
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sons-nous, cette impression que quantit� de choses qu'on leur fait ex�cuter tous les jours,
en vertu de telle ou telle ordonnance, dat�e de 1833, de 1870 ou de 1800, remontent, en r�alit�, � un respectable nombre d'ann�es. Ils trouveront aussi, dans ce trait�, outre des pages d'une admirable �l�vation de sentiments, des conseils qui les frapperont d'autant plus qu'ils s'attendaient moins � les y rencontrer. Une histoire de l'�quitation serait incompl�te, si l'on y passait sous silence le nom
<! Alexandre, qui fut un �cuyer consomm�, avant de se r�v�ler grand homme de guerre. Nous ne saurions mieux faire que d'emprunter � Plutarque le r�cit des moyens aux-
quels il eut recours pour dompter Buc�phale, le noble animal qui partagea si longtemps les fatigues et les dangers du vainqueur de Darius : « Philonicus le Thessalien amena un jour � Philippe un cheval, nomm� Buc�phale,
qu il voulait vendre treize talents. On descendit dans la plaine, pour essayer le cheval; mais on le trouva difficile, et compl�tement rebours : il ne souffrait pas que personne le mont�t; il ne pouvait supporter ;l voix d'aucun des �cuyers de Philippe, et il se cabrait contre tous ceux qui voulaient l'approcher. Philippe, m�content, or- donna qu'on le remmen�t, persuad� qu'on ne tirerait rien d une b�te si sauvage, et qu'on ne la saurait dompter. « Quel cheval ils perdent l�! » s'�crie Alexandre, qui �tait pr�sent; « et c'est par inexp�rience et timidit� qu'ils n'en ont pu venir � bout. » Philippe, qui l'entendait, ne dit rien d'abord; mais |
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Alexandre ayant r�p�t� plusieurs fois la m�me chose, et ayant
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Bride grecque.
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t�moign� le chagrin qu'il �prouvait : « Tu bl�mes des gens
-iges que toi » . dit enfin le p�re, « comme si tu �tais plus habile qu'eux, et que tu
s p us capable de dompter un cheval. � Sans doute », reprit Alexandre, « je vien- ieux qu un autre � bout de celui-ci. � Mais, si tu �choues, quelle peine porte- ras-tu pour ta pr�somption? � Eh bien! » dit Alexandre, « je payerai le prix du cheval. » eponse fit rire tout le monde; et Philippe convint avec son fils que celui qui perdrait payerait les treize talents. « Alexandre s'approche du cheval, prend les r�nes, et lui tourne la t�te en face du
, avant observ� apparemment que Buc�phale �tait effarouch� par son ombre, qui
ombait devant lui et qui suivait tous ses mouvements. Tant qu'il le vit souffler de co-
<, H le natta doucement de la voix et de la main; ensuite, laissant couler son manteau
a |eiTe' jl s'�lance d'un saut l�ger, et il l'enfourche en ma�tre. D'abord il se contente de
enirla t�te haute, sans le frapper ni le harceler; mais, sit�t qu'il s'aper�oit que le
val a rabattu de ses menaces, et qu'il ne demande plus qu'� courir, alors il baisse la
"lain, et il le l�che � toute bride, en lui parlant d'une voix plus rude, et en le frappanl
u ta'on- Philippe et tous les assistants regardaient d'abord avec une inqui�tude mor-
e 'e, et dans un profond silence; mais, quand Alexandre tourna bride, sans embarras,
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LE CHIC A CHEVAL.
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et qu'il revint la t�te haute et tout fier de son exploit, tous les assistants le couvrirent de
leurs applaudissements. Quant au p�re, il en versa, dit-on, des larmes de joie; et, lorsque Alexandre fut descendu de cheval, il le baisa au front : « 0 mon fils! » dit-il, « cherche un royaume qui soit digne de toi! La Mac�doine n'est pas � ta mesure! » (Vie d'Alexandre, traduction E. Talbot.) Les victoires d'Alexandre, sur les Perses, furent surtout dues � la valeur et � la solidit�
de son infanterie, la fameuse phalange mac�donienne, form�e de quatre gros bataillons, s�par�s, les uns des autres, par des intervalles de tr�s peu d'�tendue, phalange contre la- quelle vinrent se briser les efforts de l'innombrable cavalerie de son adversaire. Cependant, si l'infanterie fut, pour Alexandre, le principal facteur de la victoire, sa
cavalerie eut aussi une part consid�rable dans le succ�s de son aventureuse exp�di- tion. A plusieurs reprises, elle mit en fuite les masses de la cavalerie des Perses, et enfon�a les lignes �paisses de leur infanterie. Tout d'abord, la cavalerie mac�donienne se distingua au passage du Granique. A la
bataille d'Issus, ses charges vigoureuses, contre l'aile gauche des Perses, contribu�rent beaucoup � assurer la victoire aux Mac�doniens. A Arbelles, la cavalerie d'Alexandre chargea en colonnes, se pr�cipita dans les intervalles de la ligne d'infanterie des Perses, la fit plier, la rompit et la tailla en pi�ces. Dans l'arm�e mac�donienne, de m�me, du reste, que dans les autres arm�es grecques,
le peu d'intervalle laiss� entre les diff�rentes parties de la phalange ne permettait pas le m�lange des armes; la cavalerie �tait dispos�e sur les flancs de la ligne de bataille. La principale formation de combat, en usage dans la cavalerie grecque, �tait lafor-
mation en carr� long. On disposait aussi la cavalerie en triangle et en losange. Philippe de Mac�doine, p�re
d'Alexandre, fut, dit-on, l'inventeur d'une formation en coin, qui pr�sentait plus d'avan- tage que le losange. Le carr� long, que nous venons de mentionner, �tait ordinairement form� de soixante-
quatre combattants, rang�s sur seize de front et quatre de profondeur, ou bien, sur huit de front et huit de profondeur, etc. L'ensemble de la cavalerie de la phalange portait le nom d'�pitagme. Son effectif
�galait le quart de celui de la phalange, soit 4,096 combattants. L'�pitagme se divisait en deux T�los forts chacun de 2,048 hommes; le T�los, en
deux Ep�porchies comptant 1,024 cavaliers, etc. Voici quel �tait, d'apr�s le colonel Carrion-Nisas, l'armement des cavaliers grecs :
« Les cavaliers combattant en troupe portaient pour armes d�fensives un casque, qui
descendait jusqu'au milieu du visage. 11 parait ainsi les traits qui tombaient en para- bole, et ne g�nait pas le combattant, qui n'avait gu�re � regarder que du haut en bas. Le cavalier portait au bras gauche une sorte de petit bouclier �lastique de forme ronde; le bras droit �tait garni de brassards de cuir avec des plaques d'airain; cette d�fense se |
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LE CHIC A CHEVAL. 31
r�p�tait sur les cuisses; ils avaient, comme nous, des bottes de cuir ann�es d'�perons.
« Leur arme offensive �tait la lance, la petite �p�e pour le besoin et comme secours,
et quelquefois la javeline. « Il y avait aussi des archers � cheval, mais ils ne combattaient pas en troupe. Les
cavaliers et les soldats ainsi isol�s �taient arm�s fort diversement. » � {Histoire g�n�- rale de l'art militaire.) |
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Peinture 4c vase grec. Collection du chevalier Coghill.
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CHAPITRE IV
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LA FERRURE.
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ous avons parl�, un pou plus haut, des pol�miques re-
latives � la ferrure � clous, dans l'antiquit�, On a, en effet, beaucoup discut� sur le vers d'Ho-
m�re qui suit : « il; e�ttiov 6-' �ves�i titusxeto yaXxoicoS' �'ttttw »
(vers 45 du chanl VIII d« l'Iliade),
o� Hom�re, d�crivant le char de Jupiter, dit qu'il
attela ses chevaux aux pieds d'airain. |
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« Qu'a voulu dire le po�te en donnant aux chevaux
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charg�s de tra�ner s�rement et rapidement les divinit�s de l'Olympe, cette
4 incation de pieds d'airain? Pour nous, le sens n'en peut �tre douteux; il a voulu
quer la nature du sabot du cheval, aussi dur que l'airain, et, en m�me temps, le
i que fait la corne du pied du m�me animal lorsqu'il frappe le sol en galopant.
ns la bouche du po�te, le mot aux pieds d'airain doit avoir la m�me signification que
dans les vers de Virgile tir�s des G�orgiques :
« Cavatque
Tellurem, ot solido firaviter sonat ungula cornu... » (Georg. lib. III.)
« Quadrupedante putrem sonitu quatil ungula campum. » {Georg. lib. I.)
« Ne savons-nous pas, en outre, que plusieurs po�tes latins : Virgile, Ovide, Ausone,
ont donn� des pieds d'airain � d'autres animaux, au b�uf et au cerf notamment. « Fixerit �ripedem cervam licet... » (Virgile.)
« Narr�t eta^ripedes Martis arasse boves. » (Ovide.)
<i Vincunt �ripedes ter terno .\csiorc eervi. » (Ausone.)
CtttC A CHEVAL. K
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LE GHIG A CHEVAL.
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« Aucun de ces animaux n'a jamais �t� ferr�.
« Pourquoi s'�tonner de ces �pith�tes, lorsque nous voyons Hom�re donner une voix
d'airain au bouillant Achille, et Virgile parler d'une voix de fer ? ferrea vox. « En discutant, en son lieu et place, le passage du commentaire d'Eustathe sur un autre
vers d'Hom�re, nous verrons qu'� l'�poque o� ce commentateur vivait, la ferrure �tant g�n�ralement connue, en Orient comme en Occident, il �tait naturel qu'il comm�t un anachronisme. Henri Estienne en a fait autant, plus tard. Tous deux ressemblent aux peintres du moyen �ge, qui placent des canons � la suite de l'arm�e d'Alexan- dre. « Les modernes emploient, eux-m�mes, assez souvent, une m�taphore semblable �
celle des po�tes grecs ou latins; ils n'h�sitent pas � dire : un si�cle d'airain, un front d'ai- rain, un c�ur d'airain. Ne disons-nous pas couramment : un bras de fer, une main de fer, une sant� de fer. Hom�re, dans le vers qui a donn� lieu au commentaire d'Eustathe, emploie une m�taphore plus hardie encore : il dit que les chevaux d'Agamemnon d�- chiraient le sol, yj�x.§ Sti�qiovts�, ce que les traductions latines rendent assez improprement par sere inva- dentes. Nous allons voir bient�t qu'Eustathe a donn� au mot i<�x§ la valeur de fer � cheval, tandis |
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Fer saxon. Fer germain. Fer du moyen �ge.
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qu'il a n�glig� d'observer qu'Ho-
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m�re, pas plus qu'aucun autre po�te
grec, n'a emprunt� aux �tincelles que les fers de chevaux engendrent sous leurs pas rapides, des images semblables � celles que nos po�tes modernes ont si souvent pro- digu�es, tandis que les r�nes ou le mors leur en ont abondamment fourni. « Mais, en supposant, contre toute vraisemblance, que l'�pith�te hom�rique p�t signi-
fier chevaux aux pieds d'airain (c'est-�-dire ferr�s d'airain), on serait port� � remarquer qu'aucune invention humaine, d'une utilit� g�n�rale, ne para�t avoir disparu depuis le moment o� elle a commenc�, cette utilit� �tant rest�e la m�me. Si quelques proc�d�s artistiques ont fini par �tre n�glig�s, et m�me par �tre abandonn�s enti�rement, dans la suite des temps, � cause de l'oubli volontaire des arts dans lesquels ces proc�d�s �taient appliqu�s, il para�trait au moins singulier que la ferrure, pratiqu�e � l'�poque hom�rique, e�t cess� de l'�tre, pr�cis�ment au fur et � mesure que l'usage du cheval se r�pandait, et que la n�cessit� de cette ferrure devait �tre reconnue indispensable. Est-il permis d'admettre qu'on ait tout d'un coup cess� de ferrer les chevaux, � ce point qu'au- cun �crivain grec post�rieur � Hom�re n'en ait souffl� mot, qu'aucun monument de l'art n'ait repr�sent�, avec les stigmates de la ferrure, un animal si souvent figur� avec toutes les parties de son harnachement, m�me dans des monuments d'une importance secondaire et d'une assez petite dimension? Et ce qui d�montre, d'une mani�re incontes- |
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LE CHIC A CHEVAL.
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table, que l'invention de la ferrure ne peut remonter � l'antiquit� grecque la plus recu-
l�e, c'est le silence complet de X�nophon � cet �gard. « En pla�ant, suivant l'opinion la plus g�n�ralement adopt�e, et que je ne veux pas
discuter ici, l'�poque o� l'auteur des po�sies hom�riques a v�cu, vers l'an 1000 avant notre �re, et l'exil de X�nophon, qui, comme tout le monde le sait, est ant�rieur � la composition de la plupart de ses ouvrages, vers l'an 393, nous voyons que plus de 600 ans s�parent la r�daction de Y Iliade de l'�poque o� X�nophon a �crit ses deux trait�s. « Certes, si l'art de ferrer les chevaux e�t �t� connu des Grecs, X�nophon en aurait
parl�, il en e�t montr� les avantages et, en m�me temps, les inconv�nients. Dans tous les livres �crits par les modernes, et qui concernent le cheval, aucun d'eux n'a pass� sous silence la ferrure, qui est de la plus grande importance pour l'animal, dont elle sert |
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pied, pour l'a-
vitesse el la so- sent tant celui Mal faite,la fer- cheval inhabile! elle va jusqu'� pied, dont la non entam�e (l'unearmaturc |
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a prot�ger le
nimal dont la lidit� int�res- qui le monte. rure rend le � la marche; d�former le corne nue et Par les clous |
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Fer gallo-romain.
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Fer celtique.
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Fer gaulois.
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m�tallique quelconque, aurait beaucoup mieux support� la fatigue, les mauvais
chemins, l'humidit�, la neige; enfin, elle rend cet animal impropre au service qu'on lui demande habituellement; et, d�s lors, comment supposer, un seul instant, que X�nophon e�t gard� le silence � ce sujet, si l'usage de la ferrure e�t �t� connu de son temps, ou m�me seulement pratiqu� dans certaines circonstances? Or, dans les deux trait�s en question, nulle part il n'est parl� de la ferrure, et cependant, comme cela �tait naturel, l'auteur appelle, � plusieurs reprises, l'attention de ses lecteurs sur l'im- portance du pied du cheval. Et lorsque, en t�te de son trait� -toi Ws�i�, il cite Simon, dont Yllipposcopique para�t avoir joui d'une grande estime chez les Grecs, il n'oublie Pas de rappeler que ce v�t�rinaire assure qu'on reconna�t, au besoin, la bont� du pied � la duret� de la corne : « En quoi, » dit X�nophon, « il a parfaitement raison, cai le sabot creux resonne sur le sol comme une cymbale. » Wep y*? xty�aXov ipy�i^k t<;> Sz-n�Sy r, *°&v) o-a-,;. Nous retrouvons ici le pied d'airain des po�sies d'Hom�re. « Mais X�nophon avait une occasion toute naturelle pour parler de la ferrure des che-
vaux si, � son �poque, elle avait �t� connue et pratiqu�e; comme auteur de l'exp�dition du jeune Cyrus, o� la cavalerie grecque a jou� un r�le important, et durant laquelle, comme nous l'avons dit plus haut, il commandait, lui-m�me, un corps de cette arm�e : or il a gard� � cet �gard un silence complet. N�anmoins, il n'a pas oubli� de mentionner |
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36 LE CHIC A CHEVAL.
que les soldats grecs dont les pieds avaient �t� � moiti� gel�s, pour remplacer les sou-
liers qui leur manquaient, se mirent aux pieds des xap&fcnvai, faits de cuir de b�uf. (X�- nophon, Anabase, liv. IV, chap. v.) Aristote, de son c�t�, nous apprend que ce mot d�- signait, chez les Grecs, les chaussures des chameaux dont les pieds �taient devenus douloureux � la suite d'une longue marche. Le dessous du pied du chameau est charnu, ainsi que celui de l'ours. C'est par cette raison que, lorsqu'on m�ne des chameaux � la suite d'une arm�e, et que la fatigue de la marche leur a rendu le pied malade, on l'enve- loppe d'une chaussure. (Aristote, De animalibus historise, lib. II, cap. n.) « De nos jours, quelques nations chaussent leurs chevaux de la m�me mani�re, les Ja-
ponais notamment, (Kaempfer, Histoire naturelle, civile et eccl�siastique du Japon, t. II, liv. V, page 117.) « Les chevaux portent des esp�ces de souliers faits de paille cor- donn�e, auxquels on attache de longues cordes, aussi de paille, pour les attacher aux pieds des chevaux, � la place de nos fers
d'Europe, dont on ne se sert pas dans ce pays. » « Il arrive assez souvent que les traduc-
teurs latins des �crivains grecs, dont les yeux sont habitu�s � voir des chevaux fer- r�s, ne sachant comment rendre certaines expressions, traduisent ces expressions, qui d�signent des esp�ces de chaussures en usa- ge, notamment pour les b�tes de somme, par des mots latins qu'ils consid�rent comme �quivalant aux mots grecs, ce qui a grandement contribu� � jeter de l'obscurit� sur la question. Mais ce qui est plus d�cisif en faveur de la th�se que nous soutenons, c'est que Pollux, pr�cepteur de l'em- pereur Commode, qui �crivait au deuxi�me si�cle cle notre �re, en �num�rant les parties du harnais du cheval : le mors, xo&ivo'�; la museli�re, xyi^o?, et toutes ses par- ties; les annelets, A�llwv; les brides, vjvwv; les anneaux, cW.-ruli.ov; le licou, «pop�ei'a, et toutes les vari�t�s de mors; la t�ti�re, Kopu�afoc; la housse, �W/ov, �cpCimov; la musette, cwpcttuo�; etc., ne mentionne nulle part les fers � cheval; les Grecs ne les connaissaient donc pas au deuxi�me si�cle de notre �re. Si tous les �crivains que nous avons consult�s � ce sujet, gardent un silence complet sur cette utile invention, ils sont loin d'�tre muets � l'�gard de chaussures � peu pr�s semblables aux semelles faites de cuir que por- taient les hommes de la cavalerie, auxquelles les Grecs donnaient le nom �'^J^a.',. Ces �'z&xTai �taient sans doute des esp�ces de gu�tres, port�es par les cavaliers, et qui ser- vaient tout � la fois de d�fense et de chaussure � la jambe des soldats. Apsyrtus, v�t�ri- naire des arm�es romaines en Orient, sous le r�gne de Constantin, parle assez longue- ment des maux occasionn�s par les d�fenses des pieds du cheval et par les ligatures de ces d�fenses. |
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LES HUNS.
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LE CHIC A CHEVAL. � 37
« Dans tous les cas, rien n'emp�che d'admettre que, si la ferrure proprement dite n'a
pas �t� pratiqu�e par les Romains, ils aient fait usage de soles, de chaussures en cuir ou en paille, auxquelles les Grecs avaient recours, et que les Romains aient chauss� leurs b�tes de somme ou m�me les chevaux malades de sole� ferre�, semblables � celles qui ont �t� retrouv�es, dans le sein de la terre, en nombre assez r�duit, au surplus, et, jusqu'� pr�sent, presque exclusivement sur le sol de,1a France et de l'Allemagne. « Je donne, ici, quelques sp�cimens des fers antiques qui ont figur� � une r�cente expo-
sition de ferrure, � Londres, et je laisse scrupuleusement la d�signation qui leur a �t� donn�e � cette exposition. Du reste, le seul fer romain qui porte des marques de clous me semble de structure bizarre, et j'avoue ne pas comprendre comment il pouvait �tre clou�, le clou du milieu venant se placer ainsi � l'endroit de la fourchette. Je ne le donne donc qu'� titre de curiosit�. |
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« Mais, si ce n'est ni chez les Grecs, ni chez les Romains, ainsi que nous le pr�tendons
dans l'�tat actuel de la science arch�ologique, que l'art de la ferrure a �t� invent�, ne devient-il pas permis d'en attribuer l'invention aux populations barbares qui envahi- rent l'empire romain dans les premiers si�cles de l'�re chr�tienne? Ne peut-on regarder comme ayant �t� fabriqu�s par elles les fers � clous qui ont �t� retrouv�s, en assez grand nombre, dans plusieurs parties de la Gaule et de la Germanie, confondus, � ce qu'on assure, avec les sole� ferre� employ�es, quoique rarement, et sans doute tardi- vement, pour les b�tes de somme, � l'�poque imp�riale, et dont il est quelquefois ques- tion dans les �crivains latins? Ces populations barbares, dont la cavalerie a �t� fr�- quemment au service des Romains, avaient d�, de tr�s bonne heure, reconna�tre la n�cessit� de la ferrure, parce qu'elles habitaient un sol naturellement fangeux, tr�s sou- vent et, surtout, tr�s longtemps recouvert par la glace ou la neige. « Les Grecs, les Latins ont chauss� leurs b�ufs, leurs chevaux, leurs �nes, leurs mules,
t�moin le muletier de Vespasien; ils ne les ont jamais ferr�s comme nous le faisons maintenant. Tout au plus ont-ils employ�, surtout en cas de maladie, les sole� /erreic |
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LE G HIC A CHEVAL.
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de nos collections publiques que certains antiquaires d�crivent et figurent comme des
fers de chevaux romains; ils ne les ont pas attach�s et fix�s au moyen de clous, ils n'ont jamais eu de mar�chaux ferrants (ceux-ci eussent �t� aussi n�cessaires � l'�poque ro- maine que de nos jours) ; et, rien ne s'oppose � ce que les anciens aient re�u les arma- tures en fer dont ils se sont servis, des nations barbares auxquelles ils empruntaient une nombreuse cavalerie. S'ils ne leur ont pas emprunt� plus t�t les fers proprement dits, c'est tr�s probablement qu'ils n'en reconnaissaient pas bien l'utilit�. Quant � nous, jusqu'� preuve du contraire, nous n'h�sitons pas � regarder les fers de chevaux sem- blables � ceux que nous employons, ou qui, du moins, n'en diff�rent pas sensiblement, qui ont �t� d�couverts � une plus ou moins grande profondeur sur divers points de l'Europe, comme �tant d'origine celtique. « Cependant, il n'est pas facile de d�terminer, avec quelque vraisemblance, � quelle
population barbare le cheval, qui n'existe
plus � l'�tat sauvage, si ce n'est peut-�tre sur le plateau de l'Asie centrale, a d� ce stigmate ineffa�able de la domesticit�, cette ferrure qui est pour lui la cause de tant de souffrances. Les nations scythiques, qui buvaient le lait de leurs juments, qui ont imagin� de ch�trer les chevaux m�les pour les rendre plus dociles, pratique que les Ro- |
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Sole� fcrreee.
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mains ont adopt�e, ont peut-�tre �t� les pre-
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mi�res � reconna�tre la n�cessit� de ferrer
ces animaux, tr�s nombreux chez elles. Rien n'emp�cherait alors de penser qu'elles ont fabriqu� les fers � clous, qui n'ont �t�, nulle part, rencontr�s en plus grand nombre que dans le nord de l'Europe, surtout depuis une cinquantaine d'ann�es. » Nous avons cit�, presque en entier, dans les pages qui pr�c�dent, une tr�s curieuse
brochure de M. Pol Nicard, publi�e en novembre 1866, et ins�r�e dans le XXIXe vo- lume des M�moires de la Soci�t� imp�riale des Antiquaires de France, parce que cette question de la ferrure est une de celles qui int�ressent le plus vivement les gens de cheval. Le capitaine Picard, dans son livre si int�ressant sur les origines de l'�cole de cava-
lerie, consacre, lui aussi, plusieurs pages � cette mati�re. «... Avant l'�re chr�tienne, la ferrure � clous �tait certainement en usage en Gaule,
en Bretagne, en Germanie................................. |
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« Il r�sulte de ce qui pr�c�de que la ferrure � clous �tait pratiqu�e bien avant la con-
qu�te de la Gaule; � cette �poque, il existait d�j� plusieurs esp�ces de fers � cheval et, cons�quemment, plusieurs centres de fabrication. Il est donc permis de croire que, si |
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LE CHIC A CHEVAL.
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les Celtes n'en sont pas les inventeurs, c'est par eux, du moins, qu'elle s'est r�pandue en
Occident. » M. Rossignol pr�tend que les fameux myst�res de Samothrace n'�taient autres que
ceux de la m�tallurgie. Il pense �galement que, parmi les trois classes dont �tait com- pos�e la hi�rarchie druidique, c'�tait � la deuxi�me classe, celle des Ovales, qu'�taient r�serv�es les fonctions industrielles. Quoi qu'il en soit, il semble que c'est � peu pr�s au moment o� les �triers ont �t�, si ce
n'est invent�s, du moins g�n�ralement employ�s, que la ferrure para�t avoir �t� adopt�e par toutes les nations qui se servaient du cheval pour les usages de la paix et pour ceux de la guerre. L'invention de la selle, au contraire, invention qui remonte � une haute antiquit�,
mais que les Romains furent assez lents � adopter, eux-m�mes, aurait d� conduire beau- |
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"�dow, dis Ceftes ci cl es
C^o-iaiolS . |
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coup plus t�t � l'invention des �triers. Quant aux Grecs, il para�t certain qu'ils n'ont
jamais employ� la selle. Th�odose, dans un rescrit de l'ann�e 385 {Codex Theodosianus, lib. VIII, tit. V, 47),
d�termine le poids de la selle et ne veut pas qu'elle d�passe (30 livres. « Et quoniam veredorum quoque cura pari ratione tractanda est, sexaginta Iibras sella cum frenis, tngenta
quinque vero averta non transeat. » Au livre VI, vi, 4, V�g�ce dit que c'est de la Perse qu'on tirait les meilleurs chevaux
de selle. C'est �galement en Perse que l'usage des housses para�t avoir pris naissance Quant � l'usage commun des �triers, il ne nous para�t pas plus ancien que celui de
la ferrure. Les mots latins : stapes, slaffa, slapia, staphium employ�s au moyeu �ge Pour d�signer les �triers, paraissent d�river du mot simple allemand stapf, staf. La pre- mi�re mention qui soit faite des �triers se trouve dans un ouvrage du septi�me si�cle, attribu� � l'empereur Maurice et intitul� : « Art mil Un ire » : « M* fyeiv «c toc? c�k*� «oXo� «^vip�� &,0, etc.. » Nous mentionnerons ici quelques t�moignages historiques, invoqu�s par les arch�olo-
gues, pour d�terminer l'�poque o� la ferrure � clous devint d'un usage g�n�ral en Eu- rope. Lorsque Boniface III, le Pieux, marquis de Toscane, alla, en 1038, au devant-de |
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LE CHIC A CHEVAL.
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B�atrix, sa fianc�e, ni�ce de la grande comtesse Mathilde, devenue si c�l�bre pour avoir
constitu�, en partie, le patrimoine de Saint-Pierre, il marchait accompagn� d'un cort�ge aussi brillant que magnifique; ses chevaux, au lieu de porter des fers semblables aux n�tres, sous le rapport de la mati�re, �taient chauss�s d'argent. C'est, en effet, ce que nous apprend Donizone, qui a �crit, envers latins, la vie de la grande comtesse; et les fers d'argent de la monture du fianc� de B�atrix devaient appartenir � celui qui les ramasse- rait sur la route suivie par le cort�ge. Si l'on en croit le P�re Daniel, en France, au neuvi�me si�cle, on ne ferrait les chevaux que pendant la gel�e. Parlant de la cavalerie de Louis le D�bonnaire, il dit que la gel�e, qui avait suivi les pluies de l'automne, avait g�t� les pieds de la plupart des chevaux, qu'on ne pouvait faire ferrer dans un pays devenu tout � coup hostile, au moment o� l'on s'y attendait le moins. Les �crivains anglais attribuent � Guillaume le Conqu�rant l'introduction de la fer-
rure en Angleterre. Nous trouvons, au tome III de YArcheologia Britannica, que Guil- laume avait donn� � Simon Saint-Liz, un de ses compagnons, la ville de Northampton et le comt� de Falkley, estim�s 4 livres sterling de rente, � charge de fournir de fers les chevaux du prince. Henri de Ferres, ou Ferrers, qui accompagnait Guillaume, devait, tr�s probablement,
son nom � sa profession de mar�chal-ferrant, ou � ce qu'il dirigeait les mar�chaux. Du reste, l'auteur du trait� : « Discovery of errorsin the catalogue of nobility » (Londres, 1619) donne comme armoiries � la famille des Ferrers, six fers � cheval; et, Bracy- Cl�rke rapporte que, dans le comt� de Rutland, le plus petit de l'Angleterre, lieu de r�sidence de la famille des Ferrers, il a exist� longtemps un usage assez singulier. Lors- qu'un noble, � cheval, traversait la capitale du comt�, on lui confisquait un des fers de son cheval, � moins qu'il n'aim�t mieux payer une l�g�re redevance. Le fer d�tach� du pied de l'animal, ou tout autre fer admis � le remplacer, �tait clou� aux portes du ch�- teau des Ferrers, et le nom du propri�taire inscrit � c�t�. Il en r�sulta qu'au bout d'un certain nombre d'ann�es, ces portes furent couvertes de fers, dont quelques-uns �taient tr�s grands et quelques autres, dor�s. |
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Fers du moyen �ge.
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CHAPITRE
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V
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LES ROMAINS.
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es Romains ne nous ont laiss� aucun trait� technique sur l'�qui-
tation. Nous ne poss�dons donc pas, pour appr�cier ce qu'�tait l'�quitation chez eux, des renseignements aussi exacts que ceux que nous fournit X�nophon, en ce qui concerne les Grecs. L'�- quitation n'�tait cependant pas d�daign�e � Rome; elle y fut m�me en honneur, d�s les temps les plus recul�s, et parmi les hautes classes de la soci�t�. L'existence des chevaliers, en effet, remonte � l'origine de Rome. _________| Les premiers chevaliers romains formaient la cavalerie de ^ Wr l'arm�e. On les d�signait par les noms de Celeres, t leximenes,
Trossuli.
Plus tard, il cessa d'en �tre de m�me; les chevaliers ne se confondirent plus avec les
cavaliers des l�gions, ils form�rent une classe dans l'�tat, l'ordre �questre, qui �tait la haute bourgeoisie du temps. Ils recherchaient surtout les fonctions financi�res et judi- ciaires. Quant aux cavaliers, ils furent recrut�s de la m�me fa�on que les fantassins des l�gions. A l'�poque royale, les rois d�signaient, eux-m�mes, ceux qui devaient servir dans la
cavalerie. L'�tat leur fournissait un cheval, et la nourriture de ce cheval. Sous la R�publique, ce sont les censeurs qui choisissent les cavaliers parmi lesjeunes
gens poss�dant le census equestris (1). Ils d�signent ceux qui, par leurs bonnes m�urs et leur naissance honorable, sont clignes de figurer sur les r�les de la cavalerie. |
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(1) Sou
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e, le census equestris s'�levn jusqu'� 400,000 sesterces.
<:»i<: A r.iii�vu.. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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i2
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Ce sont encore les censeurs qui veillent � ce qu'une rigoureuse discipline maintienne
cette troupe d'�lite en bon �tat. Chaque ann�e, donc, ils passent une revue de la cavale- rie. Ils proc�dent, � cette revue, � peu pr�s de la m�me fa�on, et � la m�me �poque que les inspecteurs g�n�raux et les intendants, chez nous. Le 15 juillet, ces magistrats se rendent sur la place publique, prennent place � leur tri-
bunal, et font d�filer devant eux, un � un, et � l'appel de leur nom, tous les chevaliers. Chaque homme est � pied, et tient son cheval par la bride. Si quelqu'un a une accusation � formuler contre un chevalier, il sort de la foule, et
�nonce ses griefs. Le chevalier est-il convaincu d'un manquement de quelque importance, le censeur prononce sa d�gradation, par cette sentence, qui le prive de son cheval : « l�ecide equurn. » Not� d'infamie, le coupable est, d�sormais, indigne de servir dans la cavalerie. Si, au contraire, l'accus� est reconnu innocent, le magistrat lui ordonne de passer outre, avec son cheval : « Traduc equum. » Les censeurs se montraient tr�s rigoureux, tr�s s�v�res dans cet examen; ils ne lais-
saient passer aucune faute grave, sans la frapper, et punissaient, m�me, la n�gligence et le manque de soins. Nous citerons, � ce propos, une anecdote emprunt�e � Aulu-Gelle : « Scipion Nasica et Marcus Pompilius �tant censeurs, et passant l'inspection annuelle, virent un cavalier, brillant d'embonpoint, et avec toutes les apparences de la bonne sant�, pr�sentant son cheval maigre, mal pans� et en mauvais �tat. « Pourquoi », lui dirent-ils, « es-tu en meilleur �tat que ton cheval? � C'est », r�pondit-il, « que mon valet,panse mon cheval, et que je me panse moi-m�me. » La plaisanterie ne fut pas go�- t�e, et les censeurs retir�rent son cheval � cet indigne chevalier. Mais, les jugements rendus par les censeurs, en ces mati�res, n'�taient pas toujours dict�s par l'�quit�; par- fois, ces magistrats abusaient de leur pouvoir pour frapper injustement ceux contre qui ils avaient quelque motif d'animosit�. Parmi les anecdotes rapportant des faits de ce genre, nous citerons la suivante : « Maintenant, faisons para�tre deux grands hommes, marchant, comme attach�s au m�me joug, dans la carri�re des vertus et des honneurs, et n�anmoins divis�s entre eux par le sentiment d'une �pre rivalit�. Avec quelle rigueur Claudius N�ron et Livius Salinator, ces deux fermes soutiens de la patrie pendant la se- conde guerre punique, n'exerc�rent-ils pas ensemble la censure! Ils passaient en revue les centuries des chevaliers, dont leur �ge et leur forte constitution leur permettaient encore de faire partie. Quand le tour de la tribu Pollia fut venu, le crieur, apercevant sur la liste le nom de Salinator, s'arr�ta, incertain s'il devait l'appeler. N�ron comprit son embarras; non seulement il fit appeler son coll�gue; il lui commanda encore de vendre son cheval, pour avoir �t� condamn� par un jugement du peuple. Salinator fit subir la m�me peine � N�ron : il en donna pour motif que son coll�gue ne s'�tait pas sinc�rement r�concili� avec lui. » � (Val�re-Maxime, traduction C.-A.-F. Fr�mion.) Quelquefois, les chevaliers auxquels on avait enlev� le cheval qui leur avait �t� confi�
par l'�tat, �taient condamn�s � servir avec un cheval leur appartenant en propre. C'est |
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ce � quoi furent condamn�s tous les cavaliers qui avaient surv�cu � la d�faite de Cannes.
Le privil�ge d'�tre class� parmi ceux � qui l'�tat confiait un cheval, quoique fort hono- rable, �tait tr�s on�reux pour certains citoyens, car la somme allou�e au chevalier n'�tait pas suffisante. Il en r�sultait qu'un certain nombre de ceux qui �taient port�s sur les r�les de la cavalerie, invoquaient les services signal�s qu'ils avaient pu rendre, pour se |
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faire dispenser d'un co�teux honneur.
Le cong� du cavalier avait une dur�e
de dix ans; temps apr�s lequel il remet- tait au censeur le cheval qui lui avait �t� confi�. Apr�s la chute de la R�publique, les
empereurs pass�rent, en personne, la cavalier romain. revue annuelle de la cavalerie, revue ap- pel�e probaUc equitum. Ce n'�tait pas
l� une simple parade. La conduite, la vie de chaque chevalier y �taient soumises � un s�v�re examen. Suivant la nature de la faute commise, le coupable recevait une r�pri- mande, r�primande inscrite sur des tablettes, qu'il lisait � voix basse, en pr�sence du l,euple, ou �tait frapp� d'une peine plus ou moins forte. Certains chevaliers, par exemple, encoururent une p�nalit� pour avoir emprunt�, � un faible int�r�t, de l'argent qu'ils Pla�aient � un taux sup�rieur. T°us les ans, l'ordre �questre, r�uni tout entier, parcourait lentement le Forum, la
t�te couverte de rameaux d'olivier, et montait au Capitule, apr�s avoir salu�, au passage. |
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M LE CHIC A CHEVAL.
le temple de Castor, l'une des divinit�s auxquelles les chevaliers rendaient des honneurs
particuliers. Chaque l�gion romaine comprenait de la cavalerie ; et, la force de cette cavalerie n'at-
teignait pas, d'ordinaire, le dixi�me de l'effectif. La cavalerie de chaque l�gion �tait di- vis�e en dix turmes ou compagnies, fortes de trente hommes, avec un cadre de trois grad�s. La turme �tait, le plus souvent, rang�e sur huit hommes de front et quatre de profondeur, afin de pouvoir circuler facilement dans les intervalles des lignes de l'infan- terie, et de combattre sur tous les terrains. Des trois grad�s, deux figuraient dans le rang, avec les hommes de troupe. « Cet amalgame des armes diff�rentes, se secourant et se p�n�trant mutuellement, a
toujours paru aux ma�tres de l'art anciens et modernes, la partie la plus essentielle, la plus d�licate et la plus savante de la guerre. » � (Carrion-Nisas, Histoire g�n�rale de l'art de la guerre.) Lorsque l'ordonnance de la l�gion fut modifi�e, qu'elle forma une ligne pleine et com-
pacte, au lieu de pr�senter des intervalles, qu'elle fut devenue une sorte de phalange, l'amalgame des diff�rentes armes cessa d'avoir lieu, et la cavalerie l�gionnaire fut dis- pos�e � la droite et � la gauche de la ligne de bataille. Chacun de ces groupes de cava- lerie portait le nom�'aile. D'apr�sHygin, pour une arm�e comptant quatre l�gions, une aile �tait r�guli�rement form�e de seize turmes; c'�tait, � peu pr�s, la cavalerie de deux l�gions. M-arius, on le sait, fit subir aux institutions militaires des Romains des r�formes capi-
tales, r�formes qui atteignirent aussi la cavalerie. Elle cessa d'�tre recrut�e exclusive- ment parmi les chevaliers, mais le fut aussi parmi les citoyens de toutes classes et parmi les alli�s qui, auparavant, n'�taient appel�s sous les armes qu'exceptionnellement. Dans la suite, la cavalerie romaine compta clans ses rangs un grand nombre d'auxi-
liaires gaulois, espagnols et germains. La cavalerie de Jules C�sar �tait, en majeure partie, compos�e d'auxiliaires �trangers. Nous emprunterons, au capitaine Picard, le r�cit d'un engagement livr�, par ces cavaliers, � une tribu gauloise : « Cependant l'esprit national se r�veille, sur les rives del� Loire; un h�ros angevin, Dumnacus, a entrepris de secouer la domination de Rome; il passe le fleuve et s'avance en Poitou. Mais Fabius, g�n�ral romain, accourt avec une nombreuse cavalerie, pour couper la retraite aux Andes. Il occupe le pont que Dumnacus a jet� sur la Loire ; un combat sanglant s'engage ; les Andes sont �cras�s, et douze mille des leurs sont foul�s aux pieds des chevaux. « Les cavaliers romains », dit Hirtius, « �gorg�rent, tant que leurs chevaux purent charger les fuyards, et que leurs bras purent se lever pour frapper. » Les Romains trouv�rent, en Anjou, une r�gion essentiellement favorable � la re-
monte de leur cavalerie, et ils durent user largement de ses resources. Notons, ici, que les Romains et les Grecs, ignorant l'usage des �triers, allaient
fort peu au trot, et avaient une pr�dilection marqu�e pour l'amble et pour le galop. |
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I
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CAVALIER ROMAIN,
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Ajoutons que les v�t�rinaires �taient inconnus clans les arm�es romaines; c'�taient
les m�decins, attach�es aux corps de troupes, qui soignaient les chevaux malades ou bless�s, que l'on r�unissait dans un endroit appel� velerinarium. Les cavaliers romains �taient dress�s avec soin. On s'attachait surtout � les habituer
� se mettre promptement en selle. Voici quels �taient, d'apr�s V�g�ce, les proc�d�s employ�s pour dresser les recrues de la cavalerie : « On mettait, pendant l'hiver, dans un lieu bien couvert, et, pendant l'�t�, dans le Champ de Mars, des chevaux de bois, sur lesquels on faisait sauter les jeunes cavaliers. Pour s'y accoutumer, ils commen�aient d'abord sans armes, ensuite, tout arm�s; et, � force de soin et d'ha- bitude, ils parvenaient � sauter, � cheval et � terre, �galement de droite et de gauche; l'�p�e ou la lance � la main; aussi n'�taient-ils pas embarrass�s de le faire, plus tard, dans le tumulte du combat. » Il dit, plus loin, � propos du d�curion, officier qui com-
mandait une larme : « On doit, tout particuli�rement, cher- cher de la vigueur et de la l�g�ret� dans un d�curion, afin qu a la t�te de sa troupe, il puisse, portant la cuirasse, et avec toutes ses armes, sauter, de bonne gr�ce, sur son cheval, et te bien manier. Il faut qu'il sache se servir adroitement de sa lance, tirer habilement de l'arc, et dresser les cavaliers de sa 'urine � toutes les �volutions de la cavalerie; il doit aussi les obliger � tenir en bon �tat leurs cuirasses, leurs casques, leurs lances et toutes leurs armes, parce que l'�clat qu'elles jettent en |
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Bride romaine
ant�rieure � l'empire. |
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impose � l'ennemi. D'ailleurs, que peut-on penser du courage
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d un soldat qui laisse manger ses armes par la rouille et la mal-
propret�? Mais il n'est pas moins n�cessaire de faire travailler continuellement les chevaux, pour les maintenir en �tat d'entra�nement, que d'exercer les cavaliers : c'est au d�curion � y tenir la main; quant au g�n�ral, il doit veillera l'entretien et � la s�ret� de sa troupe. » D'apr�s Polybe, Scipion l'Africain instruisait admirablement sa cavalerie. Tout
d abord, chaque cavalier �tait accoutum� � tourner, individuellement, sur sa droite ct sur sa gauche. Quand l'instruction individuelle des hommes �tait achev�e, on Proc�dait aux man�uvres par escadron. On leur faisait ex�cuter, dans toutes les di- rections, et avec une pr�cision extr�me, les conversions les plus compliqu�es, simples, doubles ou triples. Ils devaient savoir se rompre promptement, soit par les ailes, soit par le centre, et se reformer avec la m�me promptitude. Scipion veillait, surtout, a ce que sa cavalerie march�t � l'ennemi avec le plus grand ordre, et � ce qu'elle se repli�t de m�me. Il voulait qu'� quelque allure que se fissent les �volutions, les cava- liers gardassent toujours leur rang et maintinssent strictement leurs intervalles. Si nous en croyons Plutarque, C�sar et Pomp�e furent des hommes de cheval hors
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1.1*
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de pair. C�sar ne reculait devant aucun exercice �questre. Bien souvent, mont� sur-
un cheval sans bride, il le faisait �voluer, en conservant les mains derri�re le dos. A cinquante-huit ans, Pomp�e mettait l'�p�e � la main, et la repla�ait dans le fourreau, alors que son cheval �tait lanc� � toute vitesse. « Peu de jeunes gens », ajoute Plutarque, « lan�aient le javelot avec autant de force et d'adresse que le vieux Pomp�e. » Les armes du cavalier romain �taient une �p�e longue, qu'il portait suspendue � un
baudrier (balteus) ; une lance longue et solide (lancea), dont le fer avait la forme d'une feuille de sauge; un bouclier, en bois peint (parma), garni d'un cercle de bronze. Il �tait muni d'un seul �peron, au pied droit. Le harnais du cheval se composait de la bride, avec un mors bris�, et de Yepip-
pium, qui servait de selle, et qui consistait en deux couvertures, de drap, de laine ou de cuir, superpos�es. La couverture sup�rieure �tait de moiti� moins grande que l'inf�rieure. Elles �taient assujetties, sur le cheval, par un
sangle, un poitrail et une croupi�re. Le harnais des chevaux des officiers �tait, d'ordinaire, enrichi d'ornements d'or ou d'argent, voire m�me de pierres pr�cieuses. <^ro^- ^fer ou l*. Les trois ornements distinctifs des chevaliers romains f* «*«-i'«v]p"w« 'K.ma^. �taient : les phal�res, l'anneau d'or et la trab�e.
Les phal�res (phaler�), �taient des colliers que l'on ne
portait qu'en tenue militaire. Il en �tait autrement de l'anneau d'or. On sait qu'� la bataille de Cannes, un si grand nombre de chevaliers romains furent tu�s ou faits prisonniers, qu'�nnibal put envoyer trois boisseaux d'anneaux d'or au s�nat de Car- thage. La trab�e (trabea), n'�tait pas un habit de guerre, mais la robe que rev�taient les chevaliers dans les grandes c�r�monies. De m�me forme que la toge, elle �tait de couleur blanche, avec une bordure de pourpre appel�e angusticlave. De m�me que les Grecs, les Romains se hissaient sur leur cheval, soit �la mani�re per-
sique, c'est-�-dire avec l'aide d'un esclave, soit en appuyant le pied sur une sorte de mar- che-pied, fix� au bas du bois de leur lance. On pla�ait aussi, de distance en distance, le long des routes, des bornes qui permettaient aux cavaliers de monter facilement � che- val. On peut encore voir, � Pomp��, des bornes de ce genre. Sous l'empire, les princes et les g�n�raux avaient, aupr�s d'eux, des hommes nomm�s statores, dont la fonction consistait � les aider � monter � cheval. Le sort des armes infligea � un empereur romain l'humiliation de remplir le m�me office aupr�s du roi de Perse Sapor. Bien avant Horace, qui signale le fait, la passion pour les chevaux �tait grande a
Rome. On leur d�cernait des honneurs, de m�me qu'en Gr�ce. Aux vainqueurs du cirque, on �levait ds statues; on leur b�tissait dee magnifiques tombeaux. L'his- toire a conserv� le souvenir d'un certain nombre d'entre les chevaux qui jouirent d'une grande c�l�brit� � Rome. |
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�taient8"" *' raPP°rte Su�tone' « montait un cheval remarquable, dont les pieds
]en Presque de forme humaine. Ses sabots �taient fendus, de mani�re � pr�senter
^ PParence de doigts. C�sar avait �lev�, avec des soins minutieux. ce cheval, qui �tait
H futT Sa ma!S°n' Car les arusPices avaient promis � son ma�tre l'empire du monde.
e premier qui le monta; jusque-l�, l'animal n'avait souffert aucun cavalier.
ja suite, C�sar lui �leva une statue, devant le temple de V�nus Genitrix »
des i h ^ Ch6Val ^ CaligUl;'' "''^ FlS m°inS C�l�bre- °U Sai' «ue> Ia Vi'ille
le vois^ CUqUe' 1,empereur faisait °^onner le silence le plus strict, dans tout
nage, pour que le repos de son cheval ne f�t pas troubl�. L'�curie d'Incitatus
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lico CG m aVeC Une man-eoire d'ivoire; ses couvertures, de
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pourpre; ses
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^ «s, garnis de pierres pr�cieuses. Caligula fit plus en-
^re; i] ]ui donna UQ ^.^ M CQmposa ^ maison> lui «mit un luxueux mobilier, afin que ceux qu'on inviterai)
^ son nom fussent re�us magnifiquement. On pr�tond
me qu'il avait l'intention de lui d�cerner le titre de
consul. ons encore, parmi les empereurs qui �lev�rent des
^onuments � leur monture, Auguste et Adrien. De plus.
cheval d'Auguste fut c�l�br�, en vers, par Germanicus.
son' T1PereUr V�rUS avait fait fondre, ei1 or, une image de
ne levai, qui s'appelait Volucris. 11 ne se s�parait jamais e cette image; et, quand l'animal fut mort, il lui fit �le- Gr Un tombeau au Vatican. |
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Bride romaine en usage en France
jusque vit* le XIIe si�cle. |
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oici quels �taient les noms par lesquels les Romains d�-
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laient chaque vari�t� de chevaux : ils appelaient can-
' ' , Vlent Probablement le mot canter, les chevaux de selle et de promenade;
s . ".' ambleurs; itinerarii, les chevaux dont on se servait pour voyager; j l�' s c�levaux destin�s � porter les bagages; venatici. les chevaux de (liasse. de | --t * qUe l'°n montait P°«r aller a Ia campagne �tait appel� mannus; le cheval
ja �>3u'mentum. Le mot caballus �tait une expression du latin populaire, et avail signification de mauvais cheval, de rosse, de bidet.
cj ^«e 'es Grecs, qui, on ie sait, �taient passionn�s pour les courses do - pour les jeux �questres, les Romains montr�rent, de bonne heure, un
"t extr�me j, ' e pour ces sortes de spectacles. A mesure que la prosp�rit� de Rome se . *c' os courses et les jeux du cirque prirent une extension de plus en plus
- e' sans faire tort, du reste, � d'autres spectacles, qui procuraient des
ns PIus violentes, tels que les combats de gladiateurs.
|- ' aucteurs de chars, ou cochers, �taient divis�s en quatre troupes ou fac- 4 avaient chacune leur couleur distinctive. Ces couleurs �taient : le blanc,
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le rouge, le bleu, le vert. Les deux factions les plus importantes, celles pour lesquelles
on pariait le plus volontiers, �taient la bleue et la verte. On mentionne aussi, quel- quefois, deux autres factions, la faction dor�e et la faction de pourpre, institu�es par l'empereur Domitien. Ces factions n'eurent jamais la m�me vogue que les pr�c�- dentes. Voici, d'apr�s Nieupoort, la description d'une course de chars, � Rome : « On
tirait au sort la place que les chars devaient occuper devant la barri�re; car il y avait des places plus avantageuses les unes que les autres, et d'o� il y avait moins d'es- pace � parcourir pour arriver au but. Celui qui pr�sidait aux jeux donnait le si- gnal, par un linge ou un morceau d'�toffe qu'il d�ployait. Aussit�t, ils partaient et couraient vers la droite du cirque, afin de tourner � gauche autour de la borne. Celui qui le premier avait achev� sept fois cette course, �tait le vainqueur; en quoi il fallait beaucoup d'adresse et d'habilet�. Ces sept tours autour de la borne s'appe- laient missus et il y en avait ordinairement vingt-trois, chaque jour des jeux du cirque, et, quelquefois, davantage. Et, de peur de se tromper dans le nombre des sept tours, il y avait sept dauphins, ou sept �ufs de bois, plac�s sur la pointe de la borne, dont, � chaque tour, on enlevait un. Le dauphin �tait un animal consacr� � Neptune, en l'honneur duquel les jeux du cirque avaient �t� institu�s. Graevius, qui explique un peu autrement ces dauphins et ces �ufs, pr�tend qu'ils �taient plac�s sur des colonnes. Lorsque les sept tours �taient achev�s, le vainqueur sautait sur la borne; il �tait proclam�, et il recevait le prix, qui souvent �tait consid�rable et en argent comptant. » Quant aux jeux �questres, consistant surtout en exercices de voltige et d'adresse,
ceux que l'on peut voir dans nos cirques donnent une id�e assez exacte de ce qu'�- taient les jeux de cette nature � l'�poque romaine. La citation qui suit fournira, du reste, quelques �claircissements sur ce point : « Les coureurs arrivaient, mont�s, ou debout sur un ou deux chevaux, en tenant d'autres en main, souvent jusqu'au nombre de six, sautant, pendant la course, de l'un sur l'autre....... Ces exhibitions
sc�niques repr�sentaient les perfections du dressage d'alors, un dressage purement
m�canique; on faisait piaffer (1) les chevaux en cadence, on leur apprenait � ex�- cuter certaines danses, on les montait � des allures relev�es, qu'on avait obtenues en leur attachant des rouleaux de bois aux paturons. » |
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(1) Les Romains exprimaient l'id�e .de piaffer par le mot tripudium.
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VI.
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CHAPITRE
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LES NUMIDES, LES PARTHES, LES SARMATES, LES SCYTHES, LES HUNS.
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es Numides, qui, dans l'antiquit�, �taient consid�r�s comme des ca-
valiers hors ligne, �taient des tribus de race libyenne, qui occupaient le nord de l'Afrique, bien avant l'arriv�e des Ph�niciens et la fon- dation de Carthage. Tour � tour tributaires des Carthaginois et des Romains, ils ne furent jamais qu'imparfaitement soumis, et con- serv�rent, en grande partie, leurs qualit�s natives : l'�nergie. l'amour de l'ind�pendance, le go�t des aventures et l'instinct guerrier. Ces qualit�s, on les retrouve, � peu pr�s intactes, chez les Kabyles, qui sont, vraisemblablement, les descendants des Numides, m�tiss�s avec les diverses populations qui domin�rent successivement le nord-ouest de l'Afrique. Dans ces conditions, il ne faut pas s'�tonner que R�tablissement de notre domination en Kabylie nous ait co�t� tant d'efforts. Tout le monde conna�t Iarbas, Masinissa, Micipsa, Jugurtha : nous n'entrepren-
drons donc pas de rappeler, ici, ce que l'on sait d'eux; nous nous bornerons � faire remarquer que le r�le qu'ils ont jou� atteste qu'ils commandaient � un peuple re- dout� et redoutable. Les Numides ne nous ont transmis aucune donn�e relative c� leur histoire; et les
renseignements que l'on poss�de sur eux sont emprunt�s aux historiens grecs et aux historiens latins. Us montaient, para�t-il, � cheval sans selle, et, souvent, sans bride; menant quel-
quefois deux chevaux de front, et sautaient de l'un sur l'autre, pendant le combat, avec une agilit� incroyable. Leur costume devait �tre, � peu de chose pr�s, celui 7
ca�c a cheval.
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LE CHIC A CHEVAL.
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que portent encore les Kabyles, costume qui est, du reste, d'une extr�me simpli-
cit�. Chose singuli�re, ces peuples, qui, jadis, �taient renomm�s par leur hardiesse comme cavaliers, ces peuples qui se distingu�rent comme tels, en maintes rencon- tres, dont les charges, op�r�es � fond, d�cid�rent d'importantes victoires, sont de- venus des montagnards qui combattent presque toujours � pied, et pratiquent admi- rablement la guerre de chicane. Mais, ce qu'il importe de signaler, c'est que les v�tements de dessous courts, la longue �p�e � fourreau de bois, les jambi�res de cuir que portent ces fantassins, sont des legs de l'�poque lointaine o� ils fournissaient une cavalerie incomparable. 11 convient aussi de noter que, conform�ment aux id�es che- valeresques dont sont, d'ordinaire, imbus les peuples cavaliers, les nations amies du cheval, ils ont plus de consid�ration pour les femmes que les Arabes, et leur accordent plus de libert�. En ce qui concerne les Arabes, chez qui l'usage du cheval de selle est tr�s fr�quent, nous dirons, plus loin, ce qu'il faut penser, comme hommes de cheval, de ceux qui ont invent�, pour un animal aussi doux et aussi maniable que le cheval arabe, cet instrument de torture qui s'appelle le mors arabe. Les Numides, qui, avec les mercenaires gaulois et espagnols, formaient la cavalerie
de l'arm�e d'Annibal, contribu�rent, dans une large part, aux succ�s de ce grand homme de guerre. A la bataille de Cannes, ils �taient plac�s � la droite de l'arm�e carthaginoise, en face de la cavalerie des alli�s, dispos�e � l'aile gauche de l'arm�e romaine. Au d�but de l'action, cinq cents d'entre ces Numides, qui, outre leurs armes habituelles, portaient des �p�es cach�es sous leurs cuirasses, quitt�rent les rangs des leurs et se dirig�rent vers les lignes de l'arm�e romaine. Ils avaient eu soin de placer leur bouclier sur leur dos, pour bien montrer qu'ils d�sertaient l'arm�e d'Annibal. Quand ils arriv�rent en pr�sence des Romains, ils descendirent de cheval, et jet�rent � terre leurs boucliers et leurs javelines. On leur fit alors traverser les rangs de l'arm�e romaine, et ils furent conduits sur les derri�res. Ce n'�tait l� qu'une ruse de guerre peu loyale. En effet, lorsque le combat fut chaudement engag�, que les Romains �taient tout occup�s � faire t�te � ceux qui les avaient assaillis de front, les faux transfuges, saisissant des boucliers abandonn�s sur le champ de bataille, attaqu�rent inopin�- ment les Romains � revers, les frappant dans le dos, leur coupant les jarrets. Le carnage fut grand, parmi les Romains, et le d�sordre plus grand encore. Ainsi qu'on le voit, la mani�re de combattre des Numides consistait dans l'emploi de la ruse, aussi bien que dans celui de la force; c'�taient des adversaires avec lesquels il fallait s'attendre � tout; ils �taient aussi peu scrupuleux que ceux pour le compte desquels ils guerroyaient. Les Numides pouvaient mettre sur pied des contingents consid�rables; en effet, si
l'on en croit un historien arabe, An-Abou-Dinar, � la grande bataille livr�e par les Romains aux Carthaginois, sur les bords de l'Oued-Medjerda, l'arm�e carthaginoise comptait 80,000 cavaliers, en majeure partie Numides. |
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LE CHIC A CHEVAL.
Sur les bas-reliefs de la colonne Trajane figurent des ca-
valiers enti�rement couverts d'�caill�s de fer. C'�taient des cavaliers auxiliaires, soldats toujours nombreux dans les arm�es romaines, o� la cavalerie r�guli�re �tait d'un effectif relativement faible, et �tait loin d'avoir la m�me valeur que l'infanterie nationale. De plus, ces auxiliaires, recrut�s dans le pays o� l'on faisait campagne, fournissaient d'excellents �claireurs. Ammien Marcellin, qui appelle ces cavaliers Ca- taphracti, dit qu'ils portaient un v�tement ajust�, embras- sant exactement toutes les formes du corps, et garni de lames de m�tal semblables � celles du crocodile. Ce v�tement, fait de toile ou de cuir, �tait enti�rement recouvert d'�caill�s d'ai- rain, de cuivre, de fer ou de corne, tr�s r�guli�rement im- briqu�es. H para�t �vident que les peuples dont la principale force
militaire consistait clans la cavalerie, les Parthes, les Sar- mates et m�me les Perses, durent �tre les premiers � recon- na�tre la n�cessit� de prot�ger, dans la plus large mesure Possible, le cavalier et son cheval contre les traits de l'ennemi. Ces nations eurent donc, d�s la plus haute antiquit�, des armures compl�tes; et, �vi- demment, ce n'est qu'apr�s en avoir reconnu l'excellence, � leurs d�pens, que les Grecs et les Romains suivirent, jus- qu'� un certain point, l'exemple de peuples qu'ils fl�trissaient du nom de barbares. X�nophon, qui avait vu, chez les Perses, des cavaliers
compl�tement couverts de fer, recommandait aux Ath�niens de s'armer de la m�me mani�re. Ces cavaliers perses avaient la t�te couverte d'un casque d'airain, le corps et les mem- bres prot�g�s par une cotte, des brassards et des cuissards, �galement d'airain; leurs chevaux portaient un chanfrein, un poitrail et, sur la croupe, des bardes de m�me m�tal. Us �taient donc arm�s, d�fensivement, d'une fa�on absolu- ment analogue aux hommes d'armes du moyen �ge. Les Parthes, qui disposaient d'une cavalerie nombreuse
et redoutable, furent, on le sait, de terribles adversaires Pour les Romains, auxquels ils inflig�rent plus d'un sanglant d�sastre. Le plus retentissant de ces d�sastres est celui qu'ils flrent subir � Crassus. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Toutes leurs institutions �taient militaires. Comme les Germains et les Sar-
mates, ils �taient constamment arm�s; comme eux aussi, ils consacraient aux exc�s de la table les temps de repos qui interrompaient leurs exercices. Ils consid�raient les cheveux longs comme le signe de la libert�, et m�me comme une parure r�serv�e aux rangs les plus �lev�s. Ils n'estimaient que l'homme de cheval; leur noblesse ne con- naissait m�me que ce moyen de combattre; leur costume aurait rendu difficile pour eux le service de l'infanterie. Aussi une fois d�mont�s, ils perdaient jusqu'� la fa- cult� de se d�fendre. » � (L. Reynier, De VEconomie publique et rurale des Perses et des Ph�niciens.) Justin nous donne les d�tails suivants sur leur tactique : « Ils ne savent pas com-
battre en ligne et de pr�s, ni assi�ger et prendre les villes. On les voit, dans le combat, tant�t lancer leurs chevaux sur l'ennemi, tant�t fuir � la h�te; souvent m�me ils feignent d�tourner le dos, pour que l'ennemi, dans sa poursuite, se m�fie moins de leurs coups. Le tambour, et non la trompette, est leur signal de bataille. Ils ne peuvent combattre longtemps; mais ils seraient invincibles, si leur force et leur pers�v�rance r�pondaient � l'ardeur de leur choc. Souvent, au plus chaud de la m�l�e, ils se retirent, et reviennent bient�t de la fuite au combat; et, � l'instant o� on les croit vaincus, il faut recommencer la lutte. Cavaliers et chevaux sont enti�re- ment bard�s de lames de fer, en forme de plumes. Ils n'emploient l'or et l'argent que dans leurs armures. » � (Livre XLI, chapitre h.) Les Sarmates �taient coiff�s d'un casque, ordinairement en cuir, garni de lames
de fer ou de bronze, ou m�me enti�rement en m�tal. Leur armure rappelait celle des Parthes. Leur cheval, lui aussi, �tait prot�g� par un capara�on de cuir ou de toile, sur lequel �taient appliqu�es des �cailles de fer ou de bronze. Du reste, cet armement d�fensif du cheval para�t avoir �t� en usage chez un grand nombre de peuplades bar- bares de l'est et du nord-est de l'Europe. Les femmes sarmates, comme celles de presque tous les peuples barbares, accom-
pagnaient leurs maris dans leurs aventureuses exp�ditions, et contribuaient, par leur pr�sence, � enflammer leur courage. Cette coutume des femmes sarmates n'a rien qui puisse �tonner, �tant donn� que les Sarmates, ou Sauromates, pr�tendaient �tre issus des unions temporaires des Scythes avec les Amazones. Quant aux Scythes, de m�me que celle de presque tous les nomades, leur histoire
est des plus vagues. Une chose semble certaine, cependant, c'est que les Scythes n'ap- partenaient pas � la race mongole, ainsi qu'a cherch� � l'�tablir Niebuhr. Voici du reste un passage de M. Charles Lenormant, qui s'est attach� � d�montrer l'erreur dans laquelle �tait tomb� Niebuhr. « Si r�ellement les Scythes d'Europe avaient �t� des Mongols, comment un obser-
vateur aussi exact qu'H�rodote n'aurait-il pas signal� leur face plate, leurs pom- mettes saillantes, leurs larges oreilles, leurs yeux obliques et relev�s par le bord |
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CHEF GAULOIS.
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53
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LE CHIC A CHEVAL.
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kW/pf?>p3Ti
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Lrs Barbares.
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ext�rieur? Comment les Scythes, qui
se mettaient au service d'Ath�nes, ___________________________________I qui faisaient dans la ville office de
gendarmerie, et dont le corps de
garde �tait au milieu de la place publique, n'auraient-ils pas �t� ridiculis�s pour leur Physionomie, si diff�rente de celle des Grecs? Comment Aristophane, qui parle de ces Scythes dans ses com�dies, n'aurait-il pas fourni des arguments � l'opinion de Niebuhr? Comment l'art grec, aussi habile � saisir les expressions comiques cl. les bizarreries de conformation qu'� rendre la beaut� humaine, ne nous aurait-il pas transmis, au milieu de ces N�gres, de ces Pygm�es, de ces satyres chauves et camus dont les collections de marbres et de vases peints abondent, quelque repr�sentation ciui p�t se rapprocher du type mongol? Quand, dans sa description de la Scythie, H�rodote arrive aux peuples qui ne sont pas Scythes, il a grand soin de nous repr�- senter un peuple chauve, camus, dont les joues sont d�velopp�es, et qui parle une langue particuli�re, lequel enfin n'a de ressemblance avec les Scythes que l'habit. Le Portrait de ces peuples ressemble beaucoup � celui des Tartares, niais c'est une raison de Plus pour qu'on croie que les Tartares et les Scythes n'avaient absolument rien «le S(1"iblable. » � {Introduction � l'histoire de l'Asie occidentale.) D'apr�s H�rodote, les Scythes adoraient le Dieu de la guerre sous la forme d un
sabre; ils suspendaient � leur selle les t�tes des ennemis tomb�s sous leurs coups, lls buvaient dans les cr�nes de leurs victimes, se faisaient dos blessures volontaires ;| l;l mort de leur roi, etc., etc. La nation des Scythes se divisait en deux grouj.es. les Scythes d'Asie et les Scythes |
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d'E
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~urope qui, du reste, �taient originaires ,l'Asie. Les Scythes venus d'Asie en
Europe, �tablirent leur domination sur de vastes territoires occup�s par des peu- |
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ity
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LE CHIC A CHEVAL.
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M
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plades cimm�riennes ou sarmates, qu'ils refoul�rent ou qu'ils subjugu�rent. Dans la
suite, les Scythes repouss�rent victorieusement une grande exp�dition dirig�e contre eux par Darius; mais, plus tard, les Sarmates, redevenus redoutables, et plus nom- breux que les Scythes, entreprirent contre ces derniers une guerre d'extermination qui entra�na leur ruine. Ces Sarmates ont �t� la tige de la plupart des nations slaves. Quant � la trace des Scythes, tout semble prouver qu'il faut la suivre parmi les peuples de la Germanie. Les Massag�tes, peuple de hardis cavaliers, eux aussi, formaient un rameau im-
portant de la nation des Scythes. « Jornand�s emploie les mots Scythse, Get�et Gothi, comme absolument synonymes.
Quelques-uns, ainsi qu'on l'a pu voir dans les autorit�s cit�es plus haut, appellent Scythes les G�tes ou Goths; d'autres appellent G�les ou Goths les Scythes. Ces mots sont parfaitement identiques, et m�me, selon toute apparence, ne sont qu'un seul et m�me mot diff�remment orthographi�. » � (J. Pinkerton, Recherches sur l'origine et les divers �tablissements des Scythes ou Goths.) Les Huns, ces cavaliers sauvages, qui firent peser si longtemps la terreur sur l'Eu-
rope et sur l'Asie, �taient des peuplades de race finnoise. On les d�signait par les noms de Khounn, de Hounn. Vers 220 ou 210 avant J.-C, leur conf�d�ration occupait le grand d�sert de Gobi, en Asie. Dans la suite, elle s'�tablit plus � l'ouest, sur les deux versants de l'Oural et dans la vall�e du Volga. « Elle y existait d�s le second si�cle de notre �re, puisqu'un g�ographe de cette
�poque, Ptol�m�e, nous signale l'apparition d'une tribu de Khounn parmi les Slaves du Dnieper; et qu'un autre g�ographe nous montre des Hounn camp�s entre la mer Cas- pienne et le Caucase, d'o� leurs brigandages s'�tendaient en Perse et jusque dans l'Asie Mineure. On croit m�me retrouver, dans les inscriptions cun�iformes de la Perse, ce nom terrible inscrit au catalogue des peuples vaincus par le grand roi. Qu'il nous suffise de dire qu'au quatri�me si�cle la conf�d�ration hunnique s'�tendait tout le long de l'Oural et de la mer Caspienne, comme une barri�re vivante entre l'Asie et l'Europe, appuyant une de ses extr�mit�s contre les montagnes m�diques, tandis que l'autre allait se perdre, � travers la Sib�rie, dans les r�gions d�sertes du p�le. » � (Am�d�e Thierry, Histoire d'Attila et de ses successeurs.) Ces Huns, hideux cavaliers, au cr�ne pointu, au teint jaun�tre des Kalmouks, aux
yeux petits et profond�ment enfonc�s, au nez �cras�, aux �paules larges, ne voyageaient et ne combattaient qu'� cheval; ils vivaient de viande mortifi�e sous leur selle, de ra- cines crues, et buvaient le sang de leurs chevaux quand les vivres leur manquaient. Leurs m�urs se rapprochaient de celles de tous les nomades de l'Asie, � cela
pr�s qu'ils �taient les plus f�roces d'entre eux. Ils habitaient dans de grands cha- riots, qui servaient � transporter leurs familles, poussant devant eux d'innombrables troupeaux razzi�s au passage. |
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LE CHIC A CHEVAL. 53
ri
s de peaux de b�tes, qu'ils laissaient pourrir sur eux, ils portaient des
. ' e bI'aies, en peau de ch�vre, ou s'entouraient les jambes de lambeaux de ' "*» eur chaussure informe les rendait maladroits � pied. n ivlarcellin, t�moin de leur premi�re apparition sur le Danube, en fait un
peu avantageux : « Ils sillonnent profond�ment avec le fer les joues de leurs
ouveau-n�s, afin que les poils de la barbe soient �touff�s sous les cicatrices;
~1]s, jusque dans leur vieillesse, le menton lisse et d�garni. Leur corps
5 ec des membres sup�rieurs �normes et une t�te d�mesur�ment grosse, leur
ne apparence monstrueuse; vous diriez des b�tes � deux pieds, ou quelqu'une
gures en bois, mal charpent�es, dont on orne les parapets des ponts. Au dc-
^ ran , ce sont des �tres qui, sous forme humaine,
eurs chevaux �taient petits et laids, mais infati-
SaMes et rapides comme l'�clair. eritables Centaures, les Huns passaient, en quelque
agr G' Ur vie � cheval, tant�t � califourchon, tant�t asSIS de Cot�, comme des femmes. Ils tenaient leurs ^'em ees, achetaient, vendaient, buvaient et man- daient sans descendre de cheval. Il leur arrivait sou- |
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Ven* de se livrer
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au sommeil inclin�s sur le cou de
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leur
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s montures.
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Cavalier sarmate.
(D'apr�s la colonne Trajane.) |
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An
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0s Imes de Javelots, dont la pointe �tait form�e d'un ^^^^^^^^^^^^
�^pointu, ou d'armes enlev�es aux vaincus, ils atta-
uaient en chargeant � fond de train, poussant des hurlements horribles, semant
1 °ut la terreur, ne laissant que ruines et d�combres derri�re eux, en un mot, jus- l�lnt Cette ParoIe du roi des rois, Attila : « L'herbe ne cro�t plus o� mon cheval a |
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d* a *�' dit Chateaubriand, « du fond de sa ville de bois, dans les herbages
a Pannonie, ne savait lequel de ses deux bras il devait �tendre pour saisir
mpire d'Orient ou celui d'Occident, et s'il arracherait Rome ou Constantinople �
Ja terre. les" °US leS nomades des steppes tartares et sarmates, toutes les tribus slaves, toutes
Populations teutoniques; enfin le monde barbare presque entier, de la mer Cas-
pourne et de Ia mer Noire jusqu'au Rhin et � l'Oc�an du Nord, reconnaissait Attila
ce t^ S61gneur^ et s'�branlait, dans ses plus sombres profondeurs, � l'appel de
errible roi, la barbarie incarn�e : 500,000 ou 600,000 hommes de guerre se le-
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vaient
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au premier ordre d'Attila.
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J°ur, le terrible orage de l'invasion hunnique fondit sur la Gaule, la couvrit
' rUlne* et l'inonda de sang. |
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56 LE CHIC A CHEVAL.
Un grand nombre de villes furent impitoyablement saccag�es, entre autres Tr�ves,
Metz et Reims. A l'approche des hordes d'Attila, l'�pouvante s'�tait empar�e des habitants de
Lut�ce, et ils avaient r�solu d'abandonner leur ville. Les conseils et les exhortations d'une jeune fille, Genevi�ve, c�l�bre par ses vertus et par sa pi�t�, les d�termin�rent cependant � ne pas s'�loigner. « Les Parisiens se laiss�rent persuader et rest�rent. Genevi�ve avait bien vu. Les bandes d'Attila, ralli�es entre la Somme et la Marne, n'approch�rent point de Paris, et cette ville dut sa conservation � l'obstination cou- rageuse d'une pauvre et simple fille. Si ses habitants se fussent alors dispers�s, bien des causes auraient pu emp�cher leur retour, et, selon toute apparence, la petite ville de Lut�ce, r�serv�e � de si hautes destin�es, serait devenue, comme tant de cit�s gauloises plus importantes qu'elle, un d�sert dont l'herbe et les eaux recouvri- raient aujourd'hui les ruines, et o� l'antiquaire chercherait peut-�tre une trace de l'invasion d'Attila. » � (Am�d�e Thierry, Histoire d'Attila et de ses successeurs.) Cependant, A�tius �tait accouru d'Italie pour tenter d'arr�ter le torrent de l'invasion
hunnique. Il n'avait avec lui qu'une poign�e d'hommes; mais sa pr�sence valait une arm�e, elle rendit courage aux Gallo-Romains et aux barbares �tablis en Gaule. Bient�t, A�tius se vit � la t�te d'une arm�e consid�rable, arm�e composite, sans doute, mais r�unie dans une pens�e commune, celle d'expulser les hordes d'Attila. Jornand�s a retrac� en ces termes le principal �pisode de la lutte gigantesque qui
d�termina la retraite d'Attila, lutte dans laquelle la cavalerie joua un r�le important : « La m�l�e s'engage; bataille affreuse, multiple, �pouvantable, opini�tre, telle que l'antiquit� n'en raconte pas de semblable; on rapporte qu'il s'y fit des prodiges de valeur, au point que l'homme priv� de ce merveilleux spectacle n'a pu dans sa vie rien voir de plus beau. Car, si l'on peut ajouter foi � nos p�res, un ruisseau qui, dans les plaines dont nous avons parl�, roule de faibles ondes, gonfl� par le sang qui s'�chappait des blessures des morts, et grossi, non par les pluies, comme � son ordinaire, mais par un liquide inaccoutum�, fut chang� en torrent par les flots de sang m�l�s � ses eaux. Ceux qui, perc�s de blessures, furent pouss�s vers ce ruisseau par une soif br�lante, se virent r�duits � boire de cet horrible m�lange; ainsi, forc�s par un sort mis�rable � une affreuse boisson, ils aval�rent le sang qui avait coul� de leurs plaies. » Notons, en terminant, que ces barbares parmi les barbares, qui inspiraient � l'an-
cien monde une telle frayeur qu'on les disait engendr�s d'unions form�es, dans les d�serts de la Scythie, entre des sorci�res et les esprits infernaux, semblent �tre les premiers qui aient eu l'id�e de se servir d'�triers. Ils r�unissaient trois morceaux de bois en triangle, et, les suspendant � leur selle, s'en servaient pour soutenir le poids de la jambe. On conserve bien, au mus�e de Naples, des �triers dont nous donnons ici le
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LE CHIC A CHEVAL. 57
»sm, et qu'on d�nomme �triers antiques; mais rien ne prouve qu'ils soient ant�rieurs
aU Clnq«i�me si�cle; et, dans tous les cas, ce n'est qu'apr�s les invasions des ar ares> et m�me longtemps apr�s, que nous voyons l'usage des �triers se g�- n�raliser et devenir courant. n voit, par cette rapide revue des peuples dits barbares, que ce sont eux, en r�alit�,
qui ont �t� les premiers peuples cavaliers, et que s'ils n'ont, comme les Grecs, rien aiss� d'�crit sur l'�quitation, ils n'en ont pas moins �t� les premiers � la perfec- 3Dner et Par !a ferrure et par le harnachement. |
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Etriers antiques; mus�e de Naples.
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C�"C A CHEVAL.
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VII.
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CHAPITRE
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LES GAULOIS ET LES FRANCS.
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�] ous avons d� intervertir, quelque peu, l'ordre chronologique,
afin d'en finir avec certains peuples de hardis cavaliers aux- quels on donne le nom commun de Barbares, peuples qui, en g�n�ral, se sont m�lang�s avec d'autres popula- tions, ou ont �t� conquis par des nations plus civi- lis�es, et n'ont pas constitu� des �tats ind�pendants. Retournant maintenant en arri�re, nous allons nous occuper, tout particuli�rement, de l'�quita<ion dans ne j notre beau pays de France, en dehors duquel nous °us permettrons d�sormais que de rares excursions.
■ iNo« cavaliers et nos �cuvers, � toutes les �poques, ont toujours �t� les premiers
u monde. L'�quitation, en tant qu'art d'�l�gance et de finesse, a toujours �t� un art
ktellement fran�ais. Il en est encore ainsi, aujourd'hui, quoique puissent dire
aS Romanes. D'apr�s eux, le cheval ne doit �tre qu'un moyen d'aller vite; il ny
^Ue V�9mtation large, en dehors, etc., etc.. Tout se r�sume pour eux en ces mots :
*a comme je te pousse! »
;ela e*t, nous en convenons, plus facile, et moins compliqu� que l'art v�ritable.
. ls "oublions pas que les fanatiques cle cette th�se n'ont, d'ordinaire, pas mis les In n An8-lete^e; que, pour eux, la pr�occupation principale de l'homme de cheval eu n G �tre le Ch0ix de «>n costume et, surtout, la d�termination de la coupe de sa Que 7 CetlG C°Upe est sa�^ ^ recherch�e, mais elle est aussi grotesque. En elle ^ suffl PlUS ridicuIe' de Plus disgracieux que la largeur d�mesur�e dudit v�tement. raitr-il pas de pavoir juste assez �toff� pour y �tre � son aise? |
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LE GHIG A CHEVAL.
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N'oublions pas, non plus, que s'il est vrai que les Anglais ont su cr�er d'admirables
races de chevaux, s'ils savent les soigner mieux que partout ailleurs, et qu'ils m�nent « comme des anges » dirait notre ami Lavedan, il est �galement incontestable qu'ils sont loin de monter � cheval comme on monte chez nous. Sans doute, au mo- ment de la « season » , Hyde Park offre, au Parisien �bahi et toujours admirateur de l'�tranger, un fort joli spectacle; mais les l�gendaires escadrons de jeunes filles aux cheveux dor�s, en dehors du coup d'ceil agr�able qu'ils offrent, laissent l'homme de cheval absolument froid. Suivez ces amazones, si souvent cit�es comme exemple, suivez-les galopant au galop de charge, et regardez-les tourner au « Row », toujours � fond de train, et sur n'importe quel pied; et dites-moi si ces charmantes enfants ont d'autre m�rite que leur hardiesse et d'autres qualit�s que celle qui consiste � avoir d'admirables chevaux, avec lesquels on est dispens� de toute
science ! Voil�, certes, qui ne fait pas l'affaire des fanatiques de l'�-
quitation anglaise, et de tout ce qui vient de l'autre c�t� du d�troit. Nous voyons d'ici l'un de ces anglomanes convaincus, qui pense fermement que le bon go�t est d'origine britanni- que, qui envoie blanchir son linge � Londres, mais qui, moins heureux que ses chemises, n'a probablement jamais franchi la Manche, nous objecter que les Anglais sautent, � la chasse, |
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Mors ayant appartenu � l'empe-
reur Constantin, fait avec un des clous de la croix. Conserv� sous le nom de ■ saint clou » dans l'�- glise Saint-Si/frcin de Carpen- tras. |
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des obstacles dont nous n'avons pas id�e, qu'ils sont, par
cons�quent, d'incomparables cavaliers, etc., etc.. « Pardon, Monsieur », lui r�pondrions-nous, « leurs che-
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vaux sautent des obstacles extraordinaires, parfait; mais, ce
sont les chevaux qui sont admirables, et non les cavaliers. Je vous vois hors de vous, ce qui n'est pas anglais, Monsieur, et tous les plis de votre culotte anglaise en fr�missent de rage. Du calme ! Monsieur, du calme! ne chassait-on pas, sous Louis XIII, sous Louis XIV et sous Louis XV, et les airs de man�ge ont-ils arr�t� l'�lan de la maison du roi � Fontenoy? Allez donc faire un tour au concours hippique, et vous verrez que les le�ons des la Gu�rini�re, des Dupaty de Clam, des d'Aure, des L'Hotte, des Cahou�t, des Vaulog� et des Bellegarde ne sont pas que des hors-d'�uvre; et que les vainqueurs du steeple sont ces m�mes cavaliers qui, la tunique noire sur le dos, le petit chapeau en bataille, sur la t�te, faisaient tout � l'heure passager les pur-sang, et apprenaient aux vigoureux sauteurs, ces vieux airs fran�ais : la crou- pacle, la capriole, la ballottacle et la courbette. » Je sais que je ne vous am�nerai pas � vous d�juger, Monsieur, car vous avez la
pr�tention d'�tre un convaincu; je sais que vous continuerez � porter des culottes anglaises, et � dire : « les Anglais! les Anglais! » tant que ce sera la mode de demander � l'Angleterre le mot d'ordre en mati�re d'�l�gance. Aussi, n'est-ce pas pour |
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BRUNEHAUT, REINE D'AUSTRASIE.
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01
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LE CHIC A CHEVAL.
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vous que je parle, mais pour nos officiers de cavalerie, qui, eux, montenl remarqua-
blement, depuis tant�t vingt ans. On ne saurait trop les admirer, et r�p�ter partout qu ils sont les premiers cavaliers du monde, et qu'ils aissent de bien loin derri�re eux leurs brillants col-'
( Rues de l'arm�e anglaise, m�me quand ceux-ci,
comme au moment o� j'�cris (juin 1890), gagnent, avec lm cheval de toute beaut�, et bien sup�rieur � tous les n�tres, le grand military d'Auteuil. 11 appert des documents que nous a transmis l'anti-
quit�, que nos anc�tres, les Gaulois, �taient des cava- 1 *
lers P^ins de hardiesse, de fougue et de bravoure.
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Selle du Y1W
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ont�s sur leurs chevaux, qu'ils dirigeaient avec un
nple bridon, ils parcoururent en vainqueurs une partie de l'Europe et de l'Asie: pillant Delphes, infligeant, sur les bords de l'Allia, une sanglante d�faite aux Romains, entrant victorieux dans Home. Les Romains evaient conserver un souvenir ineffa�able de ce d�sastre. Aussi, chaque fois que,
daus la suite, ils eurent affaire aux Gaulois, ils d�claraient qu'il y avait tumulte, c ost-a-dire que la patrie �tait en danger, et ils levaient tous les hommes en �lal de Porter les armes. rofitant adroitement de la haine que les Gaulois ressentaient pour les Romains,
nnibal en incorpora un grand nombre dans son arm�e, et les lan�a sur l'Italie. Us
ne se m�nag�rent pas pendant cette lutte de Carthage contre Rome; et, � maintes reprises, les l�gions l�ch�rent pied devant les escadrons gaulois. Une fois m�me, Rome put craindre d'�- voir � �prouver le m�me soit |
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qu'apr�s l'Allia, elle put
Une fois ce mot terrible |
craindre d'entendre encore
et si vrai « Malheur aux vain- |
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eus! »
Le cheval du cavalier
c°mpagnon,unami. Sa ^blement li�e � celle de c°mpagnait jus- que dans la tom be. |
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m, un
destin�e �tait indisso- son ma�tre, qu'il ac- |
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gaulois
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3
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C^cron- �. ua obet <(W
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v-ttw�Le
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cU commencement eWXVI» sii<l« , ta t")« <*� °-i1, ,
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_______ pu voir,
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au chapitre de la
lm'ure, que les Celtes connurent l'emploi du fer � cheval longtemps avant les Ro-
"^us; et, c'est probablement au cours de leurs exp�ditions dans la Gaule, que ces ' '''"lers comprirent les avantages qu'il y avait �, ferrer les chevaux. Nous avons �galement dit, en parlant des Huns, qu'ils furent vraisemblablement |
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LE CHIC A CHEVAL:
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les premiers � se servir d'�triers, et qu'ils en r�pandirent l'usage dans la Gaule et
dans le reste de l'empire romain. C'est aussi apr�s les invasions barbares que l'on voit l'emploi de la selle se g�n�ra-
liser en Europe. La selle proprement dite n'appara�t, du reste, que dans les derniers temps de l'empire romain. C'est � Byzance, dit-on, qu'elle fut invent�e, ou plut�t perfectionn�e, car certains peuples barbares, les Huns, par exemple, semblent s'�tre servis d'une selle rudimentaire. Un point qui para�t �galement acquis, c'est que les cavaliers francs faisaient usage de la selle. Quoi qu'il en soit, l'adoption de la selle et des �triers marque une �re nouvelle
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tion; ou, plut�t, c'est � da-
mence l'histoire raison n�e �triers », dit le capitaine
commodit�, une assurance, dans la tenue, inconnues plus de cavaliers glissant � l'arri�re, surchargeant, ri�re-main, et fatiguant le le malaise des cuisses et tions, comme autrefois, par un poids variable, plus dorsale, en prenant toute- et plus de cavaliers entam�s le rapport du combat, les |
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dans l'histoire de l'cquita-
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ter de ce moment que com-
de l'�quitation. « Avec la selle et les
Picard, « on trouva une une solidit� et une fixit� jusqu'alors. D�s ce moment, alternativement de l'avant tour � tour, l'avant ou l'ar- cheval par l'oscillation et des jambes; plus d'affec- plus de chevaux meurtris de chevaux bless�s � l'�pine fois les pr�cautions voulues, |
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par elle. Il y a plus, sous
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�triers donn�rent aux cavaliers un nouveau point d'appui avec les moyens de con-
server leur tenue, au milieu des mouvements les plus irr�guliers, en leur donnant la facilit� d'�tendre l'usage de leurs armes, et de porter leurs coups avec plus de vigueur. Sous le rapport de l'�quitation, il y eut aussi plus de justesse; la selle main- tenait le cavalier dans la position o�, en fatiguant le moins le cheval, il se trouvait le plus commod�ment, lui-m�me, pour sa tenue et pour le gouverner; et, au moyen des �triers, les jambes, venant se placer le long des sangles, se trouv�rent plus voisines du centre de gravit�, et purent op�rer avec plus de pr�cision et de finesse. » C'est sous les M�rovingiens, �galement, que l'emploi de mar�chal, qui, pendant la
p�riode gallo-romaine, avait �t� exerc� par des esclaves, devint un m�tier d'homme libre. Dans les grandes fermes des rois de la premi�re race, les mar�chaux �taient plac�s sous l'autorit� du Cornes stabuli (comte de retable), alors simple intendant, mais qui deviendra bient�t le conn�table, l'un des grands dignitaires cle la couronne. C'est � partir du huiti�me si�cle, apr�s la bataille de Poitiers, que, disent les an-
ciens historiens, les Fran�ais prirent « le go�t exclusif et exag�r� de la cavalerie »■ |
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11:!
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LK CHIC A CHIiVAL. ^^^^^^^^^^^^^^^
e A mesure qu'ils �tendaient leur empire, les rois francs, oblig�s de guerroyer au
01n> avaient d� augmenter leur cavalerie. C'�tait facile, d'ailleurs. Ils disposaient des cUX chevaux gaulois, et les invasions des
Peuples cavaliers, comme les Huns, les Sar-
*ans, les Goths et les Vandales, avaient
) »ui le sol conquis, un grand nombre
cavaliers aguerris et entreprenants. »
Ples la chute de l'empire romain, l'im-
Portance de l'infanterie va en diminuant; la
erie tend, de plus en plus, a former la
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Principale des arm�es. Apr�s la bataille
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de Poit
�tait
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lei'S, o� la cavalerie l�g�re des Arabes
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nue se briser, � maintes reprises,
contre les gros bataillons et les lourds esca- ronsde l'arm�e franque, l'effectif de la ca- |
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i rat
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Selle normande du XI' si rie
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erie s'augmenta sans cesse dans cette der- ^^^^^^^^^^^^^^
er>e arm�e. Sous Charlemagne, les troupes
achevai constituaient une partie consid�rable de l'arm�e; et cette cavalerie avait un 3 Pr�pond�rant sur les champs de bataille. Apr�s Charlemagne, le r�le de la ca- valerie prime, de plus en plus, celui de l'infanterie : tous ceux qui ont les moyens Ce Poss�der un cheval et de le nourrir, combattent � cheval. Son importance, la ca- Valerie deyait la conserver pendant plusieurs si�cles. Il faut arriver au quatorzi�me '* cle5 pour lui voir subir des �checs retentissants, en pr�sence de troupes � pied. Ces �checs, il faut ]e dire^ �ta.ent caug�s^ mo.ns par ]e manque de bravoure ou d'habilet� n cavalier, pris individuellement, que parle mauvais emploi de la cavalerie. Les
C*ecs auxquels nous faisons allusion sont ceux de Courtray, de Cr�cy, de Poitiers, et,
Sl�cle suivant, celui d'Azincourt, Nous avons dit que ces grandes d�faites furent, en
J^ajeure partie, dues � un mauvais emploi de la cavalerie : en effet, � Courtray, la cava-
6rie chargea sur un terrain qui n'avait pas �t� explor�, et elle se pr�cipita dans un ca-
|a I qui couvrait la ligne des fantassins flamands; � Cr�cy, elle se lan�a � l'attaque dvx
Prions anglaises avec des chevaux fatigu�s, et sur un terrain d�tremp� par la pluie;
1 P°itiers, renon�ant � la puissance que lui donne le choc, elle mit pied � terre
Po»r d�loger les archers anglais, bien abrit�s sur une colline couverte de vignes.
n m�me temps que la cavalerie se d�veloppait comme nombre, on s'attachait, de
P,IUS en plus, � prot�ger ses hommes et ses chevaux, et � augmenter ses moyens actlon. L'armure du cavalier et celle du cheval se perfectionnaient donc «l'une fa�on constante. |
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�Poque de Charlemagne, l'armement d�fensif du cavalier �tait d�j� pouss�
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u- J-a citation qui suit en fournit la preuve
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Alors parut Charles, lui-m�me », dit le moine de Saint-Gall, « cet homme de fer,
la t�te couverte d'un casque de fer, les mains garnies de gantelets de fer; sa poitrine de fer et ses �paules de marbre d�fendues par une cuirasse de fer; la main gauche arm�e d'une lance de fer, qu'il soutenait �lev�e en l'air, car sa main droite, il la te- nait toujours �tendue sur son invincible �p�e. L'ext�rieur des cuisses, que les autres, pour avoir plus de facilit� � monter � cheval, d�garnissaient m�me de courroies, il l'avait entour� de lames de fer. Que dirai-je de ses bottines? Toute l'arm�e �tait habitu�e � les porter constamment de fer. Son cheval avait la couleur et la force du fer. » Dans les Capitulaires de Charlemagne, on trouve les prescriptions suivantes, en ce
qui concerne les armes : « Que le comte ait soin que les armes ne manquent
pas aux soldats qu'il doit conduire � l'arm�e, c'est-�-dire qu'ils aient une lance, un bouclier, un arc � deux cordes et douze fl�ches; qu'ils aient des cuirasses et des cas- ques. » Du reste, pendant toute la dur�e de son r�gne, Char-
lemagne d�ploya une constante sollicitude pour la cava- lerie; il la voulait nombreuse et redoutable. C'est sous Charlemagne, et � la suite des guerres con-
tre les Arabes d'Espagne, que le cheval espagnol, cheval |
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Fnuct dont se servaient les dames du moyen
�ge pour monter � cheval. |
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fort estim� depuis longtemps d�j�, puisqu'il est cit� dans
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un �dit d'Honorius : « Arles, o� se trouvent r�unis les
tr�sors de l'Orient, les parfums de l'Arabie, les chevaux de l'Espagne... », fut intro- duit en France sur une assez grande �chelle. Les chevaux espagnols, am�lior�s par des croisements avec les chevaux de race sar-
razine, fournirent, depuis lors, des �talons tr�s recherch�s, dont la r�putation se maintint pendant fort longtemps. En effet, nous voyons, en 1650, le marquis de Newcastle en parler, encore, comme de chevaux hors ligne. «... Son sang oriental, un ciel temp�r� et de riches herbages avaient donn� � ce
cheval plus de hauteur et de corps que son ascendant. Le destrier de ce pays �tait le premier cheval de bataille connu. » � (Capitaine Picard.) Par ce fait qu'� dater, surtout, du r�gne de Charlemagne, l'importance de la cava-
lerie alla sans cesse croissant, que cette cavalerie �tait presque uniquement re- crut�e dans les classes riches, que l'adoption d�plus en plus r�pandue des armures n�cessitait une plus grande pratique du cheval, on s'expliquera ais�ment le go�t pas- sionn� qui se manifesta alors pour l'�quitation, rendue plus facile, du reste, par les perfectionnements qui avaient �t� introduits dans le harnachement des chevaux. L'�levage du cheval se d�veloppe. On s'attache � cr�er des types de chevaux appro |
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CAVALIER NORMAND DU XI" Sf�CLE,
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LE CHIC A CHEVAL. 63
aux besoins du temps, et capables de porter leurs lourds capara�ons et leurs
Paliers bard�s de fer. T >
ri d ge la ferrure se g�n�ralise rapidement, les mar�chaux, qui pendant la p�-
m'f romaine �taient tant�t des proscrits, tant�t des affranchis, voient leur
evenir de plus en plus honor�; quelques auteurs pr�tendent m�me que l'�-
u moyen �ge n'est pas autre chose que l'ancien mar�chal dont la fonction est
devenue honorifique.
l�cv,- ( °0mte de l'�table » va devenir le conn�table, et le b�ton de commandement qu'il
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ux mar�chaux de France est bien la preuve de ses fonctions primitives.
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est
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issement de la f�odalit�, en exag�rant encore la sup�riorit� du cavalier, qui
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des eSqUe t0UJ°urs noble, sur le fantassin, qui appartient � la classe des manants,
iers, des vilains, donnera une nouvelle impulsion � l'�quitation.
les � Petlts"fi]s du grand empereur avaient h�rit� du go�t de Charlemagne pour ^ ^ x militaires; et Nitard, fils d'une des filles de l'empereur, nous raconte que : cice 6UX rois5 Karl et Lodewig, le Germanique, adroits � toute esp�ce d'exer- guerr &lmaient fort ces Jeux- Souvent ils assemblaient la multitude des gens de %al ^ danS Un li<3U convenable- C>n rangeait, d'abord, face � face et en nombre '. eilx troupes de Saxons, de Wascons, d'Austrasiens, de Bretons. Au signal ment ' 3deux bandes se ruaient imp�tueusement l'une sur l'autre; puis, au mo- %ait ' S entreheurter> l'un des escadrons tournait bride; et, le bouclier au dos, nai ' aU �T^op, vers ses camarades, demeur�s en r�serve; les fuyards se retour- les de a °rS' 6t poursuivaient ceux devant lesquels ils avaient fui, jusqu'� ce qu'enfin brand. *' r°ls' et toute la jeunesse, s'�lan�ant de toute la vitesse de leurs chevaux et et nr, Sant leurs Javelines, � grands cris, accourussent se pr�cipiter dans la m�l�e,
P°ursuivre lnniA+ i D�s ] S Uns' tant�t les autres. » m�me °rS' t0Ut ce qui est nobIe' ou asPire a l�tre' monte a cheval : deS femmes
et enfo' ^ C6la Pendant tout le moyen �ge, s'arment quelquefois comme les hommes, pare.lJ1Chent' c°mme eux, le cheval de bataille, le destrier.
^va-t-n 6 Ch°Se' dU reste' s'�tait vue' Plus d'une fois' a r�P0(lue m�rovingienne. N'ar-
si entr PaS fort auvent, par exemple, � Brunehaut, cette reine d'Austrasie si belle, reste lepi>enante et si dissolue, de chevaucher � la t�te de ses leudes? On sait, du servi'dg°mment elle P�rit' attach�e � la queue d'une cavale indompt�e, apr�s avoir d'Ange J°Uet aux ^ldats de Clotaire. De nos jours, �galement, une mode, venue ne cheriT6' naturellement, et frisant le ridicule comme toutes les modes anglaises, tethmj elle Pas � nous priver du spectacle si �l�gant des femmes montant en f°Urch0 T,116 VOudrait-elIe pas essayer de faire monter nos jolies Parisiennes � cali- Nous .,
elles jaig P r°ns bien que les Fran�aises ne se laisseront pas prendre� ce vilain pi�ge;
SSer°nt ,es hommes copier les modes anglaises et garderont, elles, ce cachet, |
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C",C A CHEVAt.
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LE CHIC A CHEVAL.
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ce chic parisien que les filles d'Albion n'auront jamais, quoiqu'elles fassent ; n'est-ce pas
trop d�j� qu'un couturier anglais puisse trouver � Paris, cette reine de l'�l�gance, quel- ques clientes au go�t fauss�, et leur imposer ses modes mesquines et pr�tentieuses? Montez en amazones, Mesdames, et surtout restez Parisiennes : vous �tes adorables
ainsi; laissez les Anglaises se ridiculiser � plaisir; le dernier des trottins parisiens sera toujours plus attrayant que la plus grande dame anglaise. Mais n'anticipons pas et, surtout, ne nous attardons pas � �tudier l'�quitation
d'une �poque sur laquelle on ne poss�de que peu de documents touchant les ma- ti�res hippiques. C'est, en effet, seulement � dater des jours lumineux de la Renais- sance, que l'�quitation deviendra un art v�ritable, r�gi par des r�gles bien d�finies; et qu'elle ira sans cesse se perfectionnant, gr�ce aux efforts des ma�tres �minents qui nous ont laiss� tant de pr�cieux �crits. |
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CHAPITRE VIII.
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LA F�ODALIT�, LES CROISADES, LA CHEVALERIE.
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endant toute la dur�e du moyen �ge, l'�quitation a un caract�re
essentiellement militaire. En effet, "l'�tat de guerre est, en quelque sorte, l'�tat normal ; et l'on peut dire de la soci�t�, � cette �poque, que tout s'y faisait pour la guerre et par la guerre. Apr�s le partage de l'empire de Charlemagne, la civilisa-
tion avait subi un temps d'arr�t, une v�ritable �clipse. La souverainet� s'�miettait, le pouvoir central allait sans cesse s'affaiblissant, les notions de droit et de justice s'obscurcis- saient, le monde n'�tait que trop souvent r�gi par la force. Les luttes �r,^ ,. temps �taient sombres, la vie humaine de peu de prix; les |
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accoure ^f08' incessantes. Pour comble de malheur, les nations demeur�es barbares
,e carnaoGnt � ** CW�e deS DeuPIes civilis�s, pillant, saccageant, semant les incendies et la Scand86' ^ respeclant rien- Ces barbares, c'�taient les Normands, venus par mer de et Plus- maVie Gl deS rivages de la Baltique- Ensuite parurent les Hongrois, plus cruels ^n traitlnPlt°yableS enC°re qUG Ies Normands- Ils n'�pargnaient m�me pas les enfants. °gres de SUffira pour donner id�e de l'�pouvante que provoquaient leurs incursions : les Les ,T legendes Populaires, ces �tres friands de chair humaine, ce sont les Hongrois. tats) qu7f1Sa<�eS eXerc�rent une heureuse influence, non point � cause de leurs r�sul- rieu'reg ' Urent n�gatifs, mais parce qu'elles d�tourn�rent les esprits des rivalit�s int�- loin ^ ' luttes de ch�teau � ch�teau, des guerres priv�es, et qu'elles entra�n�rent au d'une e .Caracl�res turbulents. De plus, ceux qui avaient surv�cu aux rudes �preuves �dition de ce genre revenaient clans leur patrie, ainsi qu'il arrive d'ordi- |
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68 LE CHIC A CHEVAL.
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naire � ceux qui ont vu du pays, avec des id�es nouvelles, qu'ils propageaient autour
d'eux. De nouvelles id�es, de nouvelles coutumes, de nouvelles connaissances, il y avait, en effet, ample moisson � faire parmi ceux que l'on appelait les Infid�les, car ils �taient infiniment plus civilis�s que les
Crois�s. Ces derniers avaient donc beaucoup � gagner � entrer en contact avec les Infid�les. Ajoutons que c'est pendant les croisades qu'ont pris naissance les premiers ordres religieux et militaires de chevalerie, l'ordre des Templiers et celui des Hospitaliers de Saint-Jean. Guid�s par des principes tr�s �lev�s, par des id�es d'un |
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Selles d'armes, d'apr�s ('Histoire du roy Arlus;
ms. du XIII" si�cle. |
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mysticisme d�licat, soutenus par la force in-
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vincible que donne la foi, ces chevaliers reli-
gieux, et aussi les chevaliers la�ques, formaient l'�lite militante de la soci�t�. Disons-le, � l'honneur de notre pays : c'est la France qui, dans ces temps troubl�s,
a �t� la nation chevaleresque par excellence, celle |
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XIIP
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o� le chevalier se montrait le plus enclin � rompre
une lance en faveur du bon droit. « Fay ce que doiz, et aveigne que peut. » Telle
est la devise du chevalier qui pr�te serment d'�tre toujours « courtois sans villenie, d�bonnaire sans folie, piteux envers les souffreteux, large et ap- pareill� de secourir les indigents, pr�t et en- labul� de d�truire les voleurs et les meurtriers, de juger sans amour et sans haine ». O� trouver plus belle et plus noble devise, et
comment ne deviendrait-il pas vaillant et magna- nime ce chevalier qui « ne doit, par paour de mort, faire chose o� l'on puisse honte cognoistre, et qu'il doit plus redoubler honteuse
vie que la mort » ? Voil�, certes, d'admirables principes, une morale
pleine de noblesse et d'�l�vation, formul�e dans des W !m B\l tt r�gles simples et courtes. C'est que la mode n'�tait pas, f /Jj R \a I alors, aux. gros volumes et aux longs discours; on n'en m » V W avait que faire : l'action primait la pens�e, et le br�- /^ __^^^^| viaire de la morale devait �tre de peu d'�tendue. La su- p�riorit� ne s'acqu�rait pas en p�lissant sur les livres,
mais en payant de sa personne. Aussi, � cette �po- �trier en usage du x° au xm° m�cie. que, l'�ducation du jeune noble tend-elle, presque uni- |
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RICHARU CQEUR-DE-LION.
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69
guement f�rir, et pour qu'il
s'accoutumast � l�g�rement lever ses bras, il faisoit le soubresaut, arm� de toutes pi�ces. A un grand homme mont� sur un grand cheval, sailloit de derri�re, � chevau- chon, sur ses �paules, en pre- nant ledit homme par la man- che, � une main, sans autre advantaige. « En mettant une main sur
l'ar�on de la selle du grand coursier, et de l'autre empr�s les oreilles, le prenoit par les crins, en pleine t�te, et sail- loit, par entre ses bras, de l'au- tre part du coursier... Si deux parois de piastre fussent aune brasse, et l'une pr�s de l'autre, qui fussent de la hauteur d'une tour, � force de bras et de jambes, sans autre aide, mon- toit tout au plus haut, sans cheoir au monter ni au d�va- loir. Item, il montoit au revers d'une grande �chelle, dress�e contre un mur, tout au plus haut, sans toucher des pieds, mais seulement sautant, des deux mains ensemble, d'�che- lon en �chelon, arm� d'une cotte d'acier, et, ot�e la cotte, � une main sans plus, montoit plusieurs �chelons..... Quand
il �toit au logis, s'esseyoit avec
les autres �cuyers � jetter la lance, ou autres essais de guerre, n� ja ne cessoit. » |
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LE CHIC A CHEVAL.
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quement, � d�velopper sa for-
�e, son adresse, son courage. page, �cuyer, chevalier, il ap- prend � monter � cheval, � manier une lourde lance; en Un mot, � �tre pr�t � servir, en tout lieu et � toute heure, ( s°n Dieu, son Roi et sa ame »� Qu'il se connaisse en evaux) en chiens, en oiseaux et en armes; qu'il sache ga- ^mment tourner un compli- ment, qu'il soit brave et loyal, en toute rencontre, on ne lui en demande pas plus : il n'a que faire de la tactique pr�- tentieuse et savante des Grecs du Bas-Empire. Il se pr�oc- CuPe peu de tactique et de ma- n°euvres d'ensemble, et corn- pour son propre compte, mettant sa confiance en Dieu et en son �p�e. °n ne s'�tonnera plus de la
aiJle et de la vigueur des
oninies de ce rude temps, si
1 sait par quels exercices le
Jeune noble se pr�parait au
M�tier d'homme d'armes.
:< J1 s'esseyoit � saillir sur
n coursier, tout arm�, et
aloit lortgUement � pied, pour
'accoutUmer � avoir longue
aleine, et souffrir longue-
ent travail ; autres fois f�ris-
d'une coign�e ou d'un
' grande pi�ce. Pour bien
g Ulr au harnois et endurcir
bras et ses mains � lon-
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�t
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,%u^*
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Troph�e d'armes ; XIII" si�cle.
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LE CHIC A CHEVAL.
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Alors, la seule mani�re de se former pour combattre �tait la haie. Cette haie �tait
compos�e de chevaliers dispos�s sur un seul rang, car aucun n'e�t souffert d'�tre plac� au second et masqu� par un autre. Derri�re, venaient les �cuyers, les archers et les coutilliers. Le moyen �ge est aussi l'�poque
des tournois, dont la v�ritable ori- gine para�t remonter aux Ger- |
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mains, ainsi que semble le prouver
ce passage de Tacite : « Ils n'ont qu'un genre de spec-
tacle, uniforme dans toutes leurs r�unions. Des jeunes gens, qui ont l'habitude de ce jeu, sautent nus � travers les pointes mena�an- tes de glaives et de fram�es. L'exer- cice a produit l'adresse, et de l'a- dresse est n�e la gr�ce. Et ici, nul |
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Cavalier chargeant. � D'apr�s un Ms. de 13!i0.
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espoir de r�compenses : l'unique
salaire de ce p�rilleux divertisse- ment, c'est le plaisir des spectateurs. » � (Tacite, M�urs des Germains, cha- pitre XXIV, traduction E. Burnouf.) Voici maintenant ce que dit La Gu�rini�re au sujet de l'origine du tournois. Son
opinion est int�ressante � citer, bien qu'elle ne paraisse point absolument conforme � la
v�rit� historique.
« Les Tournois, suivant quelques auteurs, ont �t� invent�s
par Manuel Comn�ne, empereur de Constantinople. Ce n'�-
toit, clans le commencement, qu'une simple course de che- vaux, qui se m�loient les uns avec les autres, en tournant et retournant de diff�rents c�t�s, ce qui leur a fait donner le nom de Tournois. Les cavaliers se servirent ensuite de b�- tons qu'ils se jettoient les uns aux autres, en se couvrant de leurs boucliers. Ce jeu de b�ton �tait, � peu pr�s, le jeu de Troye qui, de l�, passa chez les Grecs et la jeunesse romaine, et que les Turcs, les Persans et quelques autres nations chanfrein du xiv si�cle. orientales, pratiquoient encore au dix-huiti�me si�cle. |
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LE CHIC A CHEVAL.
« Les Maures furent tr�s adroits dans ces exercices. Ils introduisirent les
eniffres, les enlacements de lettres, les devises et les livr�es dont ils orn�rent eurs armes et les housses de leurs chevaux. Us firent aussi une infinit�
applications myst�rieuses des couleurs, donnant le noir � la tristesse, le Vert � l'esp�rance, le blanc cala puret�, le rouge � la cruaut�, etc., etc.; |
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71
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et, par cette diversit� de couleurs m�l�es, ils expliquoient leurs pen-
eurs desseins. Comme ils �toient tr�s galants, ils donnoient
6 urs Touraois, le bal aux dames, qui distribuoient le prix
Va iers. Les autres nations ajout�rent quelque chose � ces P^eils. Les Goths et les Allemands mirent sur leurs dragons ail�s, des harpies, des mufles de lions et autres es, pour les rendre « plus fiers et plus terribles
jettes, des bouquets de plumes sur de hauts bon- |
s�es et
� la fin
aux che-
sortes d'ap-
casques des
choses sembla-
et, ensuite, des ai-
nets : c'est ce qu'on
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nommoit cimiers.
« Les Fran�ois se servirent de cottes
Un v�tement que les grands seigneurs et SUr leurs cuirasses. Les armoiries 9-Ue Ja connaissance des �cus, el |
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d'armes, qui �toient
les chevaliers portoient ne furent, dans l'origine, les marques de distinctions se faire reconna�tre, et dans nois. De l�, ils pass�rent dans une marque de noblesse, surnomm� l'Oiseleur, introdui- des tournois, dans le dixi�me noblesse et lui donner de l'�mula- |
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^e les nobles employ�rent pou
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combats et dans les tour
les famlHes, o� ils devinrent « Henri ^ empereur,
Slt en Allemagne l'usage Pour exercer la |
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I on .^^^^^^^^
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* Et cequinzi�mflt ia ncice*-» Lstatide* Ton,
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qui furent suivis jusqu'� la fin du
furent interrompus par le m�pris qu'en qui pr�f�ra la mollesse � ces nobles exer- mi�res r�gles des tournois et aussi de l'�- f�odale sont expos�es dans le « R�glement nois », de Geoffroy de Preuilly, gentilhomme mort en 1066. celte �poqtie, donc, les r�gles sont pr�cises et �ta- de fa�on � ce que ces jeux ne d�g�n�rent pas en batailles sanglantes. On doit combattre � armes courtoises, c'est-�-dire avec des lances � fers carr�s obtus, avec des epees sans pointes et « rabattues », c'est-�-dire �mouss�es, avec des masses peu pesantes. Et, encore, il n'est permis de se servir de ces armes que d'une certaine fa�on; il n'est pas loisible d'en tirer tout leur effet utile. Les |
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LK CHIC A CHEVAL.
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chevaliers, en effet, ne doivent frapper leur
adversaire que du haut en bas, « sans le bouter d'estocq ou hachier ». Malgr� toutes ces r�gles s�v�rement �tablies,
on comprend que, bien souvent, les tournois d�g�n�raient en luttes sanglantes. Parfois, en effet, les deux partis s'animaient
outre mesure, s'exasp�raient et changeaient le tournoi, la lutte courtoise, en une v�ritable bataille. C'est ce qui arriva � Ch�lon, en 1274, dans le tournoi o� figuraient, d'un c�t�, le roi Edouard et des chevaliers anglais; de l'autre, le comte de Ch�lon et des chevaliers bourgui- gnons. Plusieurs des champions y rest�rent sur |
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Chien employ� contre la cavalerie;
XIV" si�cle. |
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le carreau. Et, m�me lorsque les adversaires se
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comportaient loyalement, les accidents inh�-
rents � de semblables rencontres faisaient encore bien des victimes. Par exemple, dans un tournoi qui eut lieu � Nuys, pr�s de Cologne, plus de soixante chevaliers p�rirent suffoqu�s par la poussi�re, ou �cras�s sous les pieds des chevaux. Aussi papes et rois fulminent-ils, mais en vain,
contre les tournois. Ordonnances et bulles restent sans effet, et ces f�tes militaires deviennent de plus en plus fr�quentes. Il en fut ainsi jusqu'� la guerre de Cent ans. Les gentilshommes viennent aux tournois en bril- lant �quipage, car ce sont les dames qui d�cernent le prix au vainqueur. Aussi les chevaliers ne se bornent pas � rivaliser de force et d'adresse en combattant; ils rivalisent encore de luxe et de magnificence dans leurs v�tements, leurs armes, le har-
nais de leur monture. « Aussi ces exercices, » dit
M. Viollet-Leduc, « devenaient souvent l'origine de rivalit�s et de haines profondes, et l'on con�oit que les rois, qui avaient bien assez d'embarras lorsqu'il s'agissait de mettre l'accord
entre leurs vassaux, sur des questions d'un int�r�t plus s�- rieux, dussent s'opposer � ces nouveaux pr�textes de rancunes |
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Bride du cheval de Barnabo
Visconli; 13�ii, |
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et de vengeance.
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CHEVALIER DU XII" SI�CLE.
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LE CHIC A CHEVAL. 73
Au douzi�me et treizi�me si�cles, on ne d�ployait pas encore tout le luxe et le c�-
r�monial qui furent d'usage � partir du quatorzi�me. Ainsi, dans « li Romans de Brut, » les chevaliers quittent la table, apr�s le repas, et, pour passer le temps, les uns vont « bohorder », c'est-�-dire jouter de la lance; d'autres organisent des courses de chevaux; quelques-uns combattent � pied ou jouent au palet, sautent des foss�s ou lancent des dards : « Les dames sor le mur montoient,
« Qui les jus agarder voloient,
« Qui ami avoient en la place,
« Tost li montre l'�il et la face. »
Et, dans « U Romans d'Amadas et Ydoine », on lit :
« Ensi a vint qu'� I. haut iour,
« En la court du duc son signour,
« Doi fil � barons du pa�s,
« De haut parage et de haut pris,
« Avoient pris sur le gravier
« I. bouhourde�s mult pleinier,
« De II. pars i ot compaignons
« Mand�s, et lonc et pr�s semons,
« De tout le mix de sa contr�e.
« Apr�s mangier la relev�e,
« Pour bouhourder sunt aprest�
« Et issent hors la cit�.
« Si sunt venu dehors au plain
« Plus sunt de C. ; n'i a vilain,
« Ains sunt tuit gentil damoisel,
« Bien bouhourdant et preu et bel.
« De la vile issent mult grant gent
« Pour veoir le tournoiement;
« Et chevaliers et damoiseles,
« Esquier, bourjois et danseles. »
Dans un autre po�me du treizi�me si�cle, « li Romans de Garin le Loherain, on peut
paiement lire le r�cit de belhourdis ou bouhourdeis, qui se font sans fa�ons et sans aPpr�ts. « Quand mangi� orent et midis fu pass�s,
« Chevaus demandent, on lor a amen�.
« Les escus prennent, beharder vont aspr�s. »
Mais il ne s'agissait l� que de r�cr�ations, de passe-temps, et non de v�ritables tour-
nois. Le v�ritable tournoi, en effet, �tait annonc� assez longtemps � l'avance.
U avait lieu en champ clos, dans un endroit entour� de tribunes, pour les dames et les auts Personnages qui n'y prenaient pas une part effective; et, nous disent Chrestien royes et Godefroi de Ligny, dans « li Romans de la Charette » : |
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CDIC A CHEVAL.
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LE CHIC A CHEVAL.
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« La o� li tornoiz devoit estre
« Ot unes granz loges de fust « Par ce que la Reine i fust « Et les dames et les puceles : « Einz mis ne vit loges si b�les « N� si longues n� si bien faites. » Le po�me si curieux du treizi�me si�cle publi� par M. Michelant, d'apr�s le manus-
crit de Vienne, et intitul� : « Merangis de Portlesguez », nous apprend que le prix du tournoi �tait quelquefois un baiser : « Cui l'ounars parra avenir
« De vainscre le tornoiement, « Si emportera quitement « Un cigne qui elpr� sera; « Et si vouz di qu'il baisera « La pucele de Landemore « Qui n'est mie laide ne more. » On le voit, il y avait dans ce moyen �ge si sombre, o� la force brutale primait sou-
vent le droit, des sentiments pleins de noblesse et de d�licatesse, des usages charmants et v�ritablement chevaleresques. Tout cela est bien loin de nous, et para�t maintenant assez �trange, � une �poque
sceptique qui se qualifie elle-m�me d'�poque « fin de si�cle ». Cependant, n'�tait-ce pas un spectacle charmant, empreint d'une vivante po�sie, de voir ces hommes si valeu- reux, qui portaient si all�grement leur pesant harnais de guerre, ces hommes habi- tu�s � lever haut la t�te devant les autres hommes, plier volontiers le genou devant les femmes, ne f�t-ce que pour en recevoir une rose ou un baiser? Combien elles devaient �tre pittoresques ces « chevauch�es » d'hommes d'armes de
stature gigantesque, mont�s sur des chevaux appropri�s � leur taille, superbes animaux bien dignes de porter leur vaillant cavalier ! C'�tait le temps, alors, de ce qu'on pourrait appeler l'individualisme militaire. Le
courage, la bravoure, l'audace de chaque combattant �taient les principaux facteurs de la victoire. La force physique jouait donc un r�le consid�rable, tant dans les batailles que dans les tournois. Cependant, dans ces rencontres d'homme � homme, dans ces duels multiples, la vigueur physique n'�tait pas tout; elle n'assurait pas toujours la su- p�riorit�; le courage, le sang-froid, l'adresse �taient aussi des �l�ments importants- Assez souvent, le champion le plus habile � manier son cheval, � pointer sa lance, l'em- portait sur un adversaire .pi us vigoureux, mais moins adroit. A la vue des engins de guerre modernes, que dirait Montluc, s'il lui �tait donn� de
revenir sur terre? lui qui, d�s le seizi�me si�cle, s'exprimait ainsi en parlant de l'arque- buse : « Pl�t � Dieu que ce malheureux instrument n'e�t jamais �t� invent�, je n en |
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LE CHIC A CHEVAL.
n'en porterais pas les mar-
et vaillants hommes ne
main le plus souvent des
ches, qui n'oseraient re-
de loin, ils renversent de
par terre; ce sont l� des
nous faire entretuer. »
Un grand nombre d'his-
age sous des couleurs tr�s travaux, ceux de M. Viollet- c°b, entre autres, sont ve- ait de beaucoup que ce
�Poque de barbarie. La role consid�rable; mais binant. Du reste, ce serait |
73
ques..., et tant de braves
fussent pas morts de la plus poltrons et plus l�- garder au visage celui que, leurs malheureuses balles artifices du diable pour toriens ont peint le moyen
sombres; mais de savants Leduc et du bibliophile Ja- nus prouver qu'il s'en fal- f�t v�ritablement une force, certes, y jouait un non point un r�le pr�do- sortir de notre cadre que 1er que la civilisation du brillants, de parler, par |
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Figure du milieu du XIVe si�cle donnant la
position d'un chevalier chargeant dans un tournoi. |
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d'entreprendre de rappe-
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m°.yen �ge avait des c�t�s _______________________________
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^ne6' -dU merVeilleUX d�ve]oppement de certains arts � cette �poque"; carVeTt
de do"6 S1' danS ^ °adre r6streint que nous nous sommes trac�, il nous sera possible de n!reF Une id�G suffisamment exacte de ce qui se rapporte directement � l'objet notre travail : le cavalier et le cheval. : Un point que nous vou-
drions mettre en lumi�re, c'est que tous ces jeux �ques- tres : joutes, tournois, pas |
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. .0,65-....... . . .
�peron d'armes du C du XIV,
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d'armes, « bahourts, quin-
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^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^1 taines », ne demandaient
majs . pas seulement de la force, � ce « T 7 ^^ haUt degr� d'adresse> d'a�^t�, de sang-froid. Voici ce que dit,
Le sujet, le capitaine Picard : U exil"! fallait ^ Seulement de la fQrce, mais aussi de la souplesse et du savoir.
toujo r�gl6S' Gt CeIUi qUi S'J conformait l'emportait
^J urs sur celui gui n'�tait que robuste. Il fallait, d'une
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q^' qUe lG cheva,ier s�t manier son cheval; d'autre part,
^ snt porter un coup de lance, d'�p�e ou de masse. , |
�trier
du
XV" si�cle
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vue d T t0US l6S CaS' Sl 1�0US n<3 jUge°nS qU'au point de
sontl qUltati°n' n'eSM1 paS jUste de se raPPe]er que ce es chevaliers qui ont invent� tous ces airs de man�ge ont Po*+ * rait partie int�grante de l'�quitation pendant plu-
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LE CHIC A CHEVAL.
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sieurs si�cles; dans lesquels nos �cuyers ont �t� sup�rieurs � ceux de toutes les nations,
aux �poques brillantes o� la France, non seulement, ne subissait en rien l'influence de ses voisins, mais encore leur donnait le ton pour tout ce qui demande de l'adresse et du go�t. Sur ce point, nous ferons un nouvel emprunt
au capitaine Picard, dont le beau travail doit servir d�- sormais de base � toute �tude qui touche � l'�quitation : « Le chevalier, sans cesse occup� � guerroyer, � rompre des lances, qui passait d'un tournoi � un autre, devait savoir man�uvrer son cheval en tous sens; aussi, par l'exercice des voltes sur les hanches et sur les �paules, se mettait-il en mesure de faire face � l'ennemi de tous les c�t�s. « Le repolond, par exemple, �tait une esp�ce de demi-
volte ferm�e, pour �viter son ennemi. « La posade ou pesade lui servait � parer un coup, en
faisant enlever son cheval l�g�re- ment du devant, ou � le pr�parer � |
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sauter; c'�tait aussi une gracieuse
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lieuses de chasse du XIV si�cle.
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courbette pour saluer la dame de
ses pens�es. « La passade �tait tr�s utile ; c'�tait une ligne droite sur la-
quelle le cheval passait et repassait, voltant aux extr�mit�s, et lorsqu'un combattant avait donn� un coup de masse, de lance ou |
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Selle avec le hourd ; d'apr�s le
« Roman de Tristan » ; fin du XIVe si�cle. |
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d'�p�e � son adversaire, plus t�t il pouvait retourner son cheval,
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apr�s cette action, plus t�t il �tait en �tat de repartir et de fournir
un nouveau coup. « Il y avait deux sortes de passades : celle au petit galop, tant sur la ligne de la
passade que sur les demi-voltes, et celle qu'on appelait furieuse, dans laquelle on partait � toutes jambes, depuis le milieu de la li- gne droite jusqu'� l'endroit ^^�k Wto^. ou l'on marcluai� l'arr�t
pour commence]- la demi- Jm ^m 1^. volte.
A A si M Ri
« Le passage, enfin, M Wjam'm L �tait un trot relev� et ca-
denc� qui faisait briller m W,M n V ■ *on cavalier dans les tour-
nois. » BP M ■\^B I Ce n'est que vers la fin « Wf m H \1 m du quatorzi�me si�cle que
les nobles adopt�rent, pour ^^^tffl *j�jM W les tournois, des armures
d'une forme particuli�re; ^^ ^r mais ce n'est que vers le
milieu du quinzi�me si�cle ^^^^^ que l'on trouve une des-
�trier ajour� pour recevoir un coussinet ;
cnption d�taill�e de ces fm du xiv si�cle. « adoubements. »
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GENDARME DU XIV* SI�CLE, EN HARNAIS DE GUERRE.
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LE CHIC A CHEVAL. 77
En 1458, Antoine de la Salle compose un trait�
plein d'int�r�t sur les tournois. « Avant le com-
bat, » dit-il, « les tournoyeurs s'enferment dans une salle o� sera grant feu, car les behours requi�rent
le temps plus froid que plus chaut pour le grand
travail qui y est; l� sont jusques aux petiz draps
despoillez tous nudz; lors le maistre et ses plus
suffisans varletz leur mectront ung demy pour-
point de deux toilles, sans plus, et du faulx du corps en bas qui sera
par devant laschi�, et � iceluy leurs (^r
chausses attacheront; et apr�s
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chausseront leurs esp�rons, et puis
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��S
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le bel harnoys de jambes luy ar-
meront; apr�s les armeront de gar- de-braz et avant-braz, et quant est
des jambes et des braz arm�s, ilz
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Tournoyeur du XV si�cle; ms. du roi Ren�.
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arment le corps, et apr�s le chief. » __________________
Ren� d'Anjou, roi de Naples et de Sicile, c�l�bre, � plus d'un titre, sous le nom
de roi Ren�, est celui qui a �crit le trait� le plus complet sur la mati�re des tournois.
Son livre est bien connu, c'est « le Livre de Tournoy », dont le manuscrit est � la
Biblioth�que nationale, enrichi de pr�cieuses miniatures. C'est ce livre qui nous a appris � conna�tre, dans tous ses d�tails, les r�gles du tournoi. Nous n'en citerons que cette phrase
du commencement, qui est pleine de saveur et de couleur locale : « Qui veult faire ung tournoy, faut que ce soit quel- |
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Eperon du XV' si�cle.
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que prince, ou du moins hault baron,
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_____________________________'■ ou banneret, lequel doit faire ainsy que
cy apr�s sera devis�. »
Cet ouvrage est plein de charme et d'int�r�t, et nous regrettons que le cadre res-
treint de notre ouvrage nous interdise d'y puiser quelque passage plus ample que celui que nous venons de citer. <J*i C'est dans un tournoi, en 1338, que Duguesclin fait ses pre
bi�res armes et commence � se faire remarquer. Ag� de vingt ans � peine, il s'�tait �chapp� ^e la maison paternelle, sur un cheval ue labour, et s'�tait rendu � Rennes. Le Jour du tournoi, voyant un chevalier qui Soleret avec l'�peron fixe. |
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LE CHIC A CHEVAL
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quittait le combat, il se jette en pleurant � ses pieds, le suppliant de lui confier une
armure et un cheval : puis, une fois arm�, s'�lan�ant dans l'ar�ne, il fournit quinze courses victorieuses et obtient le prix du tournoi. Toute sa vie ne fut gu�re autre chose qu'une suite de combats singuliers. Avant chaque bataille, en effet, les chevaliers des deux arm�es avaient coutume de s'adresser des d�fis. C'�tait le temps des beaux coups d'�p�es et des prouesses de la lance. L'armure est devenue et va �tre, surtout au quinzi�me si�cle, une merveille d'a-
justement et de l�g�ret� relative; et, � cette �poque, les chevaliers fran�ais comptent |
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et les plus vaillants
r�le de la chevalerie et, malgr� les beaux Fornoue, de Ravenne gr� les beaux coups fanterie commence � batailles, l'artillerie portance. D�sormais, porter sur l'arme cavalerie sera, d'or- � enfoncer les lignes d�tonations des ar-
solument rudimen- port�e, et avec lesquel- de viser, n'avaient frayer les chevaux. 11 |
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parmi les plus braves
du monde. H�las! le touche alors Si Sel fin, poussis de lances de et de Marignan, mal- d'�p�e de Pavie, l'in- devenir la reine des acquiert plus d'im- l'arme � feu va l'em- blanche, le choc de la dinaire, impuissant |
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de l'infanterie.
Tout d'abord, les
mes � feu, armes ab- taires, d'une faible les il �tait malais� |
Plan d'un champ clos r�serv� � un tournoi; d'apr�s les
indications du roi Ren�; XV" si�cle. AA. Tribunes pour les dames et les nobles.
B. Tribunes des juges-diseurs. CO. Entr�es du seigneur appelant et du seigneur d�fendant.
DD. Cordes attach�es aux traverses de la barri�re int�rieure et cou- p�es au moment du laisser-aller. EE. Espace entre les lices r�serv� aux gens de pied. |
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gu�re servi qu'� ef-
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devait en �tre autrement plus tard.
Dans les guerres modernes, on le sait, la cavalerie n'a plus, sur les champs de ba-
taille qu'un r�le accessoire. Mais, en d�pit des modifications de la tactique, dues � l'augmentation de la port�e des armes � feu, la cavalerie fran�aise, digne h�riti�re des traditions de l'ancienne chevalerie, n'a jamais h�sit� � charger � fond. Qu'il nous suffise de rappeler les m�l�es de cavalerie de Rezonville, l'h�ro�que et inutile d�- vouement des troupes � cheval � Waterloo, � Reischoffen, � Sedan! Dans des temps o� la cavalerie constituait l'�l�ment principal des arm�es, o� le
cheval devait porter un poids consid�rable, puisque son cavalier et lui �taient munis d'une armure, l'�levage du cheval de guerre �tait l'objet d'un soin extr�me. Les croisades avaient amen� en Europe nombre de chevaux arabes, dont les bril-
lantes qualit�s avaient d� n�cessairement s�duire les crois�s. Le croisement des races fran�aises avec des chevaux arabes eut certainement une salutaire influence, et la quantit� de « sang » dut singuli�rement s'en accro�tre. Les armures et les harnais |
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LE CHIC A CHEVAL.
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augmentant sans cesse de poids, les chocs devenant de plus en plus violents, on fut
amen� � rechercher et � produire des chevaux de grande et
forte taille. C'�taient les destriers, ou « grands chevaux », race admirable comptant de magnifiques sujets. On peut juger de ce qu'ils �taient en jetant un coup d'�il sur les chevaux de certains r�giments de gardes � cheval qui subsistent encore en Europe. Qui n'a vu et admir� les superbes chevaux noirs des life-guards et des horse-guards, � Londres? Ceux des chevaliers-gardes et des gardes � cheval russes sont �ga- lement fort beaux, et de taille gigantesque. Quant � ceux des gardes du corps et de la plupart des r�gi- ments de cuirassiers allemands, ils sont aussi de grande taille et remarquablement beaux. Du reste, nous dirons plus loin quelques mots des diff�rentes |
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imier d'un tournoyem
du XV" si�cle. |
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remontes de la cavalerie moderne,
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en Europe, et si nous avons men-
chevaux �trangers, c'est parce ^_ blent avoir gard� les qualit�s de
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tionn� ici certains
qu'ils nous sem-
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hJj&J
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taille et de beaut� que devaient avoir les destriers du moyen
�ge, si on en juge par les armures qu'ils �taient capables de
porter, et avec lesquelles ils pouvaient fournir des charges.
Mon spirituel ami Lavedan m'a souvent reproch� de des-
siner des chevaux trop grands. J'avoue que j'ai toujours eu un go�t marqu� pour les chevaux de grande taille, et que, si un petit cavalier n'est jamais ridicule sur une tr�s grande monture, en revanche, un grand cavalier est bien difficilement gracieux sur un
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JE5*-,.,
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■*»-
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petit cheval.
Lorsque le seigneur partait
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1 ""W.*^*
Chanfrein du XV" si�cle.
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en campagne, sa chevauch�e
marchait g�n�ralement dans |
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l'ordre suivant : d'abord les
« grands chevaux » mont�s par les pages; puis l'�-
cuyer, et, derri�re lui, les pages partant les armes. « L'esj^ cuyer se tient plus pr�s que tout autre de son seigneur et maistre, que nul ne se puisse trouver plus � propos de le secourir, car l'escuyer d'honneur doit deffense au chevalier son patron, et si le chevalier est d�mont�, |
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�tr
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ter � fen�tres; XV' si�cle.
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LE CHIC A CHEVAL.
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l'escuyer, mettant pied � terre, t�chera de le monter sur son cheval,
quelque chose qui lui puisse advenir, f�t-ce la mort m�me. « L'escuyer, au partir du logis, s'armera de toutes pi�ces, hormis
la sallade qu'un page lui portera; quand le prince ou seigneur yra � la guerre, l'escuyer m�nera d'ordinaire quatre chevaux de combat, dont au moins le plus fort aye une selle arm�e; et que tous soient bien �quip�s de sangles, surfaix et harnais, et pour les ferrer et pan- ser; il fera marcher avec soy son mareschal, un palefrenier � cheval et un gar�on d'escuyerie � pied, et laissera le maistre palefrenier pour conduire et gouverner le reste des grands chevaux avec leurs �quipages. « L'escuyer doibt �tre curieux d'avoir ses armes si bien
faites qu'� peine on puisse cognoistre s'il a sa cuirasse sur le dos ayant sa cuirasse ceinte, et doibt m�me por- tant ses tassettes, gantelets et sallade, il faut que tout |
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Botle en cuir souple; ms. de Girart de Nevers
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soit si proprement
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agenc� et arrest� en si juste poinct, comme aussi
l'�p�e � son cost�, que rien ne branle ni claque en trottant, courant et maniant, non plus que s'il n'allait que le pas, et n�anmoins que tous ses mou- vements puissent �tre libres. » Le « destrier' » ou « grand cheval » est le che-
val de bataille. Son nom de destrier lui vient de ce qu'en le conduisant en main le page le tenait tou- jours � sa droite. Le ipalefroy », g�n�ralement de moindre taille,
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est le cheval de parade, de chasse.
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Selle de la seconde moiti� du XV" si�cle.
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Le « roussin » est le cheval de voyage; c'est
aussi le cheval d'armes des varlets. C'est souvent une fort bonne b�te; moins brillant que le palefroy, il a plus de solidit� et plus de fond.
La « haquen�e », qu'on choisissait blanche, de pr�f�-
rence, est la monture de la ch�telaine; elle marche l'am- ble. La « haquen�e du gobelet » est celle qui porte les provisions de bouche du ma�tre. L' « ambleur » est celui qui rapportera les chevaliers
bless�s. 11 nous reste, pour terminer ce rapide aper�u des
m�urs �questres du moyen �ge, � dire quelques mots de �lrier � grille; fin du XV" si�cle. 1«* J0U16.
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CHATELAINES DU MILIEU DU XIV SI�CLE.
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LE CHIC A CHEVAL. 81
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La joute, jouste ou jouxte est le combat singulier � la lance,
entre cavaliers. L'usage de
charger, avec la lance en arr�t, sous le bras, ne s'�tant gu�re g�- n�ralis� que vers le douzi�me si�cle, c'est � cette �poque seulement qu'il convient de faire remonter les joutes. Dans la joute � la barri�re, les deux cavaliers s'avan-
cent, � fond de train, l'un sur l'autre, et chacun ayant son adversaire �1 Sel gauche; ils sont seulement s�par�s l'un de l'autre par une palissade ayant environ quatre pieds de hauteur. L'adresse des combattants consiste sur- tout � frapper l'adversaire aux parties sup�rieures du corps, et � le renverser sous le choc, ou � briser le bois de sa lance, d'o� l'ex- pression, rest�e dans la langue « rompre une lance ». C'�tait toujours en l'honneur de quelque dame ou de quelque princesse
que les jouteurs rompaient en lice. Le fer de la lance de joute avait une forme sp�ciale et �tait �mouss�. Il s'appelait « roc » ou « rochet ». C'est encore aux romans du temps que nous ferons appel, pour donner de la couleur locale � la description de ces joutes. « Li Romans dou chastelaing de Coucy », qui date des premi�res
ann�es du treizi�me si�cle, nous raconte que le sire de Coucy, fort �pris de la dame de Fayel, l'invita � embellir de sa pr�sence une joute qui se devoit donner entre Vandeuil et la F�re, et il la supplia de lui octroyer un manche, pi�ce honorable d'�toffe brod�e, que les jouteurs s'attachaient au bras droit, pour l'amour de leur dame. « Rid�e as las, large dessous,
« Qu'en mon destre bras porteroie ;
« Espoir que plus preus en seroie. »
La dame se laisse toucher, elle accorde au sire de Coucy la faveur qu'il
lrnPlore. La joute aura lieu un lundi; nombre de seigneurs et de « gor- Qiases » dames s'y rendent : « De tous l�s venoit li harnois,
« De Poitevins et de Fran�ois,
« De Normans et de Bourgoingnons
« De Loherains et de Bretons,
« Et venoient li Corbiais
« Avecque cilz de Vermandais. »
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c«ic \ cheval.
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'■■-&3uef vous swift fLLl.
' C -cl* l«� ,u v0� d'o^eaufx? 7! iommes loui tawoof;.
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'^«faqnu.J-
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barotsse aty( cXi
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Et le comte de Soissoiis, » ajoute M. Viollet-Le-
duc, « le duc de Limbourg, le comte Philippe de Na- mur, etc. « Le lundi, de grand matin, les h�rauts vont criant
devant les h�tels que les jouteurs aient � s'appr�ter. Alors, de tous c�t�s, sortent valets, �cuyers; les che- vaux sont couverts de leurs harnais. Au mouvement, au bruit de la foule se m�le le son des trompettes. Les jou- teurs vont entendre la messe, puis les dames s'empres- sent de se rendre aux tribunes qui leur sont pr�par�es. D'apr�s le ro- man, qui ne para�t pas avoir �t� compos� post�rieurement � 1230, il ne semble pas qu'une barri�re f�t dispos�e suivant le grand axe de la lice, pour s�parer les jou- teurs, puisque, dans deux �pisodes de ces combats singuliers � la lan- ce, il est dit que les chevaux se * froissent. Les jouteurs se frappent si rudement de leurs lances, que leurs �cus sont bris�s, leurs heau- mes enlev�s, et que tous deux, souvent, sont renvers�s avec leurs chevaux. Lorsque les combattants ne sont pas bless�s, ils retournent � leurs « rens », c'est-�-dire aux deux extr�mit�s de la lice. L� ils remontent d'autres chevaux, remplacent les pi�ces d'armures bris�es et reprennent d'autres lances, pour fournir une nouvelle course; cela jusqu'� trois re- prises, si possible est. » Les plus beaux coups consistaient � rompre les deux
lances sans quitter les ar�ons. « Les chevaus radement brod�rent
« Et si roidement s'adquointi�rent, « Qu'ils ont fait les lances froer, « Et lor escus esquarteler. « Li chevalier, bras estendus, « Escus tro�s, estriers perdus, |
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Pass�rent oultre sans atendre
« Quanque chevaus lor pevent rendre.
« C'este jouste fut moult lo�e
« De ceulz qui Forent esgard�e. »
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« Les joutes � la lance, » continue M. Viollet-Leduc, « plus dangereuses encore
que les tournois, firent adopter de bonne heure un genre
d'�quipement particulier. On renfor�a les heaumes, que les jouteurs frappaient lorsque la lance glissait de bas en haut sur l'�cu, et qui devaient r�sister � un choc ter- rible; on les attacha solidement au corselet d'acier, par devant et par derri�re. On donna aux �cus une forme sp�ciale pour diviser les chocs � droite et � gauche; on renfor�a le bras droit de pi�ces d'armures solides. On �leva beaucoup l'ar�on de la selle, et on l'accompagna d'un hourd comme pour les tournois, afin de garantir les cuisses et les genoux................. « Les jouteurs paraissent, avant tout, s'�tre pr�occup�s
des dispositions particuli�res � donner � la selle de joute.
Ils pr�tendirent opposer aux coups de lance d�vi�s des
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neuse de chasse ou de voyage du XV sic
cle; (Livre de chasse de Gaston Ph�bus.) |
garde-corps et garde-cuisses, puis donner � la selle
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une forme telle que le cavalier ne p�t �tre d�sar�onn�.
Sur les li�ges de l'ar�on de devant on ajouta des b�tes
Qui masquaient compl�tement le ventre du jouteur. A cette b�te s'attachait un collier
lourde, c'est-�-dire fait d'osier, recouvert de toile rembourr�e, puis d'une peau peinte.
Avant cette �poque, vers le milieu du quatorzi�me si�cle, on inventa m�me des selles
ue joute compl�tement ferm�es et dans lesquelles le
cavalier �tait pris comme dans une bo�te : les deux
andes qui r�unissaient la b�te de devant � la b�te
e derri�re �taient � charni�res et boucl�es en avant
au troussequin; la b�te de devant formait hourd
Vec garde-cuisses verticaux. »
ttien n'est plus curieux � lire que le r�cit que
°us fait Froissart de la joute ou plut�t des joutes
qui eurent lieu, enlre l'abbaye de Saint-Ingelberth et
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Cal
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aisj en 1390, dans les derniers jours de mai. Les-----'�
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ants �taient trois jeunes chevaliers fran�ais : Bou-
lcaut le jeune, Regnault de Roye et le sire de Saint- |
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Selle hourd�e; XIV'si�cle.
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LE CHIC A CHEVAL.
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Py. De nombreux chevaliers, profitant de la tr�ve, vinrent d'Angleterre pour jouter.
Les trois tenants, ayant fait
dresser leurs trois pavillons sur
un des c�t�s de la lice, y appen-
dirent une targe de guerre et une
targe de paix. « Et estoit ordonn�
que cil qui courir et faire armes
voudroit � l'un d'eux, devoit tou-
cher ou envoyer faire toucher l'une des targes ou toutes s'il lui
|
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plaisoit; et il seroit recueilli et
d�livr� de joute selon que il de-
|
Harnais de t�te du cheval de
Charles VI; d'apr�s une tapis- serie de la cath�drale de Reims. |
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Bride du XV" si�cle.
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manderoit. »
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Apr�s diff�rentes courses, le comte de Huntingdon,
chevalier anglais, envoie toucher la targe du seigneur de Saint-Py. « Et cil qui jamais n'eust refus�, issit tantost hors de son pavillon et monta � cheval, et prit sa targe et sa lance ; et quant le comte sut qu'il estoit prest et qu'il ne demandoit que la joute, il �peronna le cheval de grand'volont�, et Saint-Py autant bien le sien. Si aval�rent leurs lances et s'adress�rent l'un sur l'autre. Mais � l'entrer ens, les chevaux croi- s�rent, et toutes fois ils se consuivirent ; mais, par la croisure qui fut prise � meschef, le comte fut d�sheaum�. Si retourna vers ses gens et moult tost il se fist renheaumer et prit sa lance, et le sire de Saint-Py la sienne; et �peronn�rent leurs chevaux et |
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s'encontr�rent de plei-
rent es targes dur et le point que de porter mais ils sangl�rent les bes et bien tinrent; et son lez, et se rest�- rent vent et haleine, lande (Huntingdon), avoit de faire honora- reprit sa lance et se �peronna son cheval; Saint-Py le vit venir, s'envint � l'encontre que oneques il put. Si chevaliers de leurs les heaumes d'acier, si �tincelles toutes ver- |
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n�s lances, et se f�ri-
roide; et furent sur l'un l'autre � terre, chevaux de leurs jam- retourn�rent chacun � chirent un petit et pri- Messire Jean de Hol- qui grand'affection blement ses armes, joignit en sa targe, et et quand le sire de il ne refusa pas, mais de luy au plus droit se atteignirent les deux lances de guerre sur dur et si roide que les meilles en vol�rent. |
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Mors du milieu du XV si�cle.
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XVe SI�CLE.
« .... EN T�TE, LE DESTRIER DU SEIGNEUR MONT� PAR UN TR�S PETIT PAGE.... »
[Entr�e dans la ville des tenants d'un tournoi.)
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85
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LE CHIC A CHEVAL.
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De celle atteinte fut le sire de Saint-Py d�sheaum�. Et pass�rent les deux chevaliers
moult frichement outre, et retourna chacun sur son lez. » Au quinzi�me si�cle, les armures de joute deviennent de
v�ritables machines de guerre. Celles des Allemands de cette �poque, en particulier, sont gigantesques et d'un poids colos- sal. Les joutes deviennent surtout, alors, une occasion de d�ployer un grand faste et un luxe magnifique d'armures et de harnais. Olivier de la Marche d�crit, avec force d�tails, le pas d'armes qui se tint sur la place du March� de Bruges, en 1474, � l'occasion du mariage de Charles le T�m�raire avec Marguerite d'York, s�ur du roi d'Angleterre. Ces pas d'armes ou passes d'armes �taient un souvenir
d'une ancienne coutume de la chevalerie errante. On sait |
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Boite de postillon ; XV' si�cle.
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que le chevalier qui voulait m�riter les faveurs de sa dame,
se portait � un d�fil�, pont, passage, enfin, � un « pas », et for�ait tout venant � reconna�tre les m�rites et la beaut� de sa dame. Comme natu- rellement le chevalier qui voulait franchir le passage se refusait, le plus souvent, � faire la d�claration demand�e, il s'ensuivait un combat. Il est bien �vident que cette fa�on de voyager n'�- (^P lait pas pour raccourcir le chemin, et elle fait songer aux vers
de Musset : « Ah ! temps d�pourvus de po�sie,
« Ces grands chemins s�rs nuit et jour,
« Sont ennuyeux comme un amour
« Sans jalousie. »
�trier du XIVe si�cle
Les joutes, du reste, �taient de diverses sortes. Il y avait, par
exemple, la joute � la « large fut�e » ou « � la bavi�re, � la queue, � la po�le ». Toutes ces sortes de joutes furent fort en honneur pendant tout le moyen �ge. C'�tait,
pour les hommes d'armes, une occasion de d�ployer
un grand faste; et, en outre, un excellent exercice qui entretenait la vigueur, aiguisait l'adresse, d�ve- loppait la souplesse et maintenait, parmi les gen- tilshommes, une noble �mulation. Les discoureurs alors n'avaient gu�re beau jeu ; il fallait agir et payer de sa personne, et on prisait plus un beau coup d'�p�e ou un vigoureux coup de lance qu'un long et ennuyeux discours. Terminons ce chapitre par quelques lignes emprun-
t�es � Viollet-Leduc et relatives � l'entr�e en ville des |
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'«!»
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LE CHIC A CHEVAL.
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86
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devaient pren-
tournoi : ainsi pr�pa- gneurs appe- dant doivent la ville o� ils logis, quatre f�te et en gran- |
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seigneurs qui
dre part � un
« Les choses
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r�es, les sei-
lant et d�fen-
entrer dans
prennent leurs
jours avant la
|
||||||||||||||||||||
c'est-�-dire ac-
plus grand ble de tour- dans l'ordre |
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de pompe ,
compagnes du
nombre possi-
noyeurs et
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Selle en ivoire du XIV" si�cle.
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suivant. En
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t�te, le des-
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trier du seigneur rev�tu d'une housse ayant les armes du prince cousues au-dessus des
quatre membres, la t�te orn�e de plumes, des grelots au cou, et mont� par un tr�s
petit page sur une petite selle. Apr�s viennent les chevaux des tournoyeurs de sa
compagnie, deux � deux, housses, avec les armes de chacun d'eux de m�me. Puis
les trompettes, les h�rauts et poursuivants, v�tus de la cotte d'armes; puis enfin les
tournoyeurs � cheval. »
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CHAPITRE IX.
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XVP SI�CLE.
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L. RUSIUS.
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C. FIASCIII.
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FR. GRIS0N.
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LA BROUE.
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vec le seizi�me si�cle commence l'histoire de l'�quitation pro-
prement dite, et, surtout, de l'�quitation th�orique. Jusque- l� les principes et les traditions se sont transmis d'homme � homme, sans �tre fix�s nulle part en corps de doctrine. A partir du seizi�me si�cle, les trait�s d'�quitation vont se succ�der; chaque �poque, chaque r�gne produisant le sien, �dit� avec le go�t artistique qui caract�rise les produc- tions de l'ancienne monarchie, et posant d'une mani�re immuable les bases de cette vieille et savante �quitation fran�aise qui atteindra son apog�e avec La Gu�rini�re, et restera, quoi qu'on en fasse et quoi qu'on en dise, la eule et la vraie �quitation, faite toute de tact, d'�l�gance et de v�ritable science. ^ est vers la fin du quinzi�me si�cle que Benjamin de Hannibale compose ses « Rudi- erds de l'art de monter � cheval ». Vers le m�me temps, l'invention et la propaga- °n de l'imprimerie vont donner toutes facilit�s aux �cuyers pour r�pandre leurs eories, et les livres sur l'�quitation vont se multiplier. Avant d'en commencer l'exa- * en) nous tenons � citer un passage, extrait du « Loyal Serviteur », et relatif � l'�du- IQn de Bayard; il nous apprendra comment, alors, les jeunes nobles s'initiaient au etier des armes et � la science �questre. A treize ans, « esveill� comme ung esm�rillon, » il entend porter noblement le
m de ses anc�tres, et demande � son p�re de suivre la carri�re des armes. Celui-ci
" nsulte, sur cette question, son beau-fr�re, l'�v�que de Grenoble, qui lui r�pond :
"" Mon fr�re, vous s�avez que nous sommes en grosse amiti� avecques le duc Charles
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88 CHIC A CHEVAL.
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de Savoye, et nous tient du nombre de ses bons serviteurs; je croy qu'il le prendra
voulentiers pour ung de ses paiges. Il est � Chamb�ry; c'est pr�s d'icy : si bon vous semble, et � la compaignie, je le lui m�nerai demain au matin, apr�s l'avoir tr�s bien mis en ordre et garny d'ung bas et bon petit roussin... « Alors tout incontinent envoya le dict �vesque � la ville qu�rir son tailleur, au-
quel il manda apporter veloux, satin, et autres choses n�cessaires pour habiller le bon chevalier. Il vint et besogna toute la nuyt, de sorte que le lendemain matin fut tout prest : et apr�s avoir desjeun�, monta sur son roussin, et se pr�senta � toute la compaignie, qui �tait en la basse-court du ch�teau, tout ainsi que si on l'eust voulu pr�senter d�s l'heure au duc de Savoye. Quand le cheval sentit si petit faix (fardeau) sur luy, joinct aussi que le jeune enfant avoit ses esp�rons dont il le picquoit, commencea � faire trois ou quatre saulx; de quoy la compagnie eut paour qu'il affolast le garson. Mais en lieu de ce qu'on cuydoit qu'il deust crier � l'ayde, quand il sentit le cheval si fort remuer sous luy, d'un gentil cueur assur�, comme ung lyon, luy donna trois ou quatre coups d'esperon et une carri�re dedans ladicte basse-court : en sorte qu'il mena le cheval � la raison comme s'il e�t eu trente ans....... «�Sus! sus! » dist le bon �vesque de Grenoble qui estoit prest � partir; «mon nepveu,
mon amy, ne descendez point, et de toute la compaignie prenez cong�. » |
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ARMURE MAXIMILIENNE DU XVIe SI�CLE.
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LE CHIC A CHEVAL.
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89
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Le p�re lui donna alors
Set b�n�diction. « La povre dame de
m�re estoit en une tour du chasteau, qui tendrement ploroit, car combien qu'elle fust joyeuse dont son fils estoit en voye de parvenir, amour de m�re l'admones- toit de larmoyer. « Toutefois, apr�s qu'on
lui fust venu dire : « Ma-
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an�ois I" en harnais de guerre, � Marignan; d'apr�s un des bas-reliefs de son
tombeau, � Saint-Denis. |
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« dame, si voulez venir
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« voir votre fils, il est tout
a cheval prest � partir, » la bonne gentille femme sortit par le derri�re de la tour et
st venir son filz vers elle... Elle lui fit force recommandations avant de le quitter.
* Alors la bonne dame tira de sa manche une petite bourcette en laquelle avoit
� eulement six escus d'or et ung en monnoye, qu'elle donna � son filz; et appela ung
es serviteurs de l'�vesque de Grenoble, son fr�re, auquel elle bailla une petite malette
11 laquelle avoit quelque linge pour la n�cessit� de son fils...
« Sur ce propos, print l'�vesque de Grenoble cong� de la compaignie, et appela son
epveu, qui pour se trouver sur son gentil roussin pensoit estre en ung paradis. Si com-
encerent � marcher le chemin droict � Chamb�ry, o� pour lors estoit le duc Charles
de Savoye.......
(< Apr�s la messe dicte, le duc le mena par la main (l'�v�que de Grenoble) disner
ec luy, o�, durant icelluy, estoit son nepveu le bon chevalier, qui le servoit de boire 1,s bjen en ordre, et tr�s mignonement se contenoit; ce que regarda le duc, pour la nesse qu'il voyait en l'enfant; de sorte qu'il demanda � l'�vesque : ■ Monseigneur de Grenoble, quel est ce jeune enfant qui nous donne le boire?
respondit-il, « c'est ung
vous suis venu pr�senter vous plaist, mais il n'est le veulx donner. Apr�s plaisir, le verrez, le duc, qui desj� l'eust |
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P
P
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bien estrange
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qui tel
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Posent refuserait.
Et le bon cheva-
aux «lorceaulx apr�s le ""C- A CHEVAL.
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lier,... ne s amusagueres
disner; ains s'en va au 12
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Etrier de Fran�ois l"r; muse,: de Cluny.
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90
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LE CHIC A CHEVAL.
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logis faire seller son roussin,... et
s'en vint le beau petit pas en la court de la maison du duc de Sa- voye, qui desj� estoit sorty de sa salle, appuy� sur une gallerie. Si veit entrer le jeune enfant qui fai- soit bondir son cheval, de sorte qu'il sembloit homme de trente ans et |
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Etrier en bois; XVI" si�cle.
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qui toute sa vie eust veu la guerre.
« Lors s'adressa le duc � l'�- vesque, auquel il dis! : « � Monseigneur, je croy que c'est vostre petit mignon
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Mo7°s de la premi�re moiti�
du XVI" si�cle. |
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qui si bien chevauche ce cheval?
« Oui, Monseigneur, » respondit l'�vesque, « c'est mon nep- .
veu; il est d'une race o� il y a eu de gentils chevaliers. Son p�re, qui, par les coups qu'il a receus es guerres et batailles o� il s'est trouv�, est tant myn� de faiblesse et vieillesse qu'il n'a peu venir devers vous, se recommande tr�s humblement � vostre bonne gr�ce, et vous en faict pr�sent. « � En bonne foy, respondit le duc, j'accepte voulentiers; le pr�sent est beau et hon-
neste. Dieu le face preud-homme ! « Lors commanda � ung sien escuyer d'escurie, en qui plus se fioit, qu'il print en sa
garde le jeune Bayard, qui, � son opinion, seroit ung jour homme de bien..... |
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« Le bon chevalier demoura paige avecques le duc Charles de Savoye bien l'espace de
demy an, o� il se fit tant aymer des grands et petits, qu'oneques jeune enfant ne le fust plus. Il estoit serviable aux seigneurs et
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dames, tant que c'estoit merveille. En tou-
tes choses n'y avoit jeune paige ne seigneur qui fust � comparer � luy: car il saultoit, luyttoit, jectoit la barre selon sa grandeur, et chevaulchoit au mieux possible. » Quels beaux et vaillants sentiments, et
avec quelle saveur charmante tout cela est �crit! que ne fait-on lire et relire � nos jeu- nes gens des r�cits de ce genre, qui leur fortifieraient le c�ur et �l�veraient leurs sentiments ! Nos vieilles chroniques sont pleines de ces enseignements sains et vi- goureux, bien autrement int�ressants, pour |
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Selle d'armes allemande.
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LE CHIC A CHEVAL.
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nous autres Fran�ais,
relie de Cic�ron avec r�cit des malheurs Nous ne ferons que
donnance du 1er f�- chevalier dit que : mes monteront des moins six palmes et de hauteur; et que les bien � cheval. » Nous nous conten-
|
que la grande que-
Catilina ou que le d'�n�e. citer, en passant, l'or-
vrier 1534, o� le roi « Les hommes d'ar- chevaux qui auront au quatre doigts (lm,54) chevau-l�gers seront terons �galement de
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Selle italienne du commencement du XVI' si�cle.
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mentionner un ouvrage de la m�me �poque, compos� par Guillaume de Bellay, ou-
vrage qui est intitul� : « De la discipline militaire », et nous signalerons un travail d'un grand int�r�t, dont l'auteur est Laurentius Rusius. « Hippiatricasive marescalia », tel est le titre de ce trait�, int�ressant en plus
d'un endroit. Une �dition, imprim�e � Paris, en 1533, fut d�di�e : « A tr�s noble et magnanime Fran�ois de Montmorency », qui passait pour �tre le meilleur homme de cheval de son temps. Nous emprunterons au capitaine Picard quelques fragments traduits de ce trait�.
« Apollonius demanda � Damis, son compagnon, ce qu'il jugeait �tre le principal devoir et fonction d'un beau chevaulcheur, lequel r�pondit que ce n'�tait autre chose que de se tenir droit sur le cheval et puissamment le dominer, tourner la bride partout °� il voudra aller et le punir avec l'esperon quand il n'ob�ira pas; en outre, de faire en sorte que le cheval, en courant, �vite la boue et de tomber dans les fondri�res, et, en m�me temps, en montant des endroits escarp�s et tortueux, de rendre mod�r�ment Ja bride, et, en descendant, la retirer; lui caresser doucement les oreilles et ne pas |
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le
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piquer continuel-
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lement de l'esperon
verge. manda de rechef de
un sage et prudent d'armes qui fr�quen- alors, lui r�pondit tre dit et ce qui va qu'assaillir et frap- d�fendre; en outre, |
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ni le battre avec la
« Ledit lui de- quel art doit user chevalier homme le la guerre. Lequel, que ce qui vient d'�- �tre dit encore, tel Per son ennemi, se le Poursuivre, se re- est, le chasser et met- c°ustumer son che- Craigne ni ]e son et |
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tirer quand besoin
tre en fuite et ac- val � ce qu'il ne le bruit des armes |
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Selle de joule; �poque de Henri II.
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92 LE CHIC A CHEVAL.
et harnois ni la lueur et clart� des reluisants heaumes, ni que, pareillement, il ne
s'effraye ni s'�pouvante des cris des combattants; qu'ainsi donc, le fait d'un brave chevalier est de dompter et de dresser le cheval en la mani�re susdite, comme ne pourroit le faire celui qui ne conna�troit pas la mati�re et les qualit�s du cheval et toutes les meilleures connaissances qu'on doit savoir. Pour lesquelles choses, � l'hon- neur et grande utilit� de tous nobles, et, principalement, � l'honneur de ton nom, ce pr�sent livre a �t� fait sans �pargner aucuns frais, etc., etc.............. |
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<x Quand on veut monter un cheval, il faut d'abord regarder s'il est ferr�, si la selle
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porte bien sur le dos, ni trop en arri�re ni trop sur le devant; faire que les sangles
soient fermement mises, pour que la selle ne tourne ni ne remue sur le dos. « Pour dresser le cheval, il faut d'abord lui donner un mors l�ger et le plus doux pos-
sible, et, quand on le lui mettra, au commencement, on doit le frotter de miel ou de quelques mati�res douces, car quand il sentira la douceur, il le prendra mieux. « Puis il faudra le monter tout doucement, sans selle et sans esp�rons, le faisant mar-
cher peu � peu, le d�tournant � droite, ensuite � gauche, avec une petite baguette; et, si on le croit n�cessaire, on le fera mener � la main par un homme qui sera � pied, de grand matin, par les lieux unis et non pierreux, jusqu'� ce qu'on puisse le mener partout o� l'on voudra, sans conducteur et sans compagnie. « Mais, d�s qu'il fera froid, il faudra lepromener dans les gu�rets et sillons, tout dou-
cement, le matin, comme je l'ai dit, en le tournant plus � droite qu'� gauche; ainsi qu'il faut que la branche gauche du mors soit un peu plus courte que l'autre, car un cheval se tourne naturellement plut�t � gauche qu'� droite. |
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�
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C�SAR FIASCHI.
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LE CHIC A CHEVAL
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XVI ' «5iecf
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Joui-
nn« ■iou.bbuv Cjuv |
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n cuisses la teste �
u.n.a houlcLui'U |
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'Tou/u fou-b cloeYaw.)( et
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h
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oiula�AS C|m ojvt Tnal a,
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-Se imvtU�
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ta bouche
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« On le m�nera alors plus souvent par terres labour�es que par lieux unis, car les
petites mottes et accidents de terrains apprennent tous les jours au cheval, en l'accoutu- mant � lever les pieds et les jambes, � ployer les jarrets : aussi on devra �galement le mener dans les endroits sablonneux, ce qui lui apprendra � marcher plus s�rement. » Si tout cela n'est pas encore de l'�quitation savante, c'est d�j�, en tout cas, ce que nous appelons un bon d�bourrage; mais voici, maintenant, ce qui est le principe fondamental, l�sine qua non de l'�quitation; voici, tout au long, l'id�e de la mise en main, que nous avons d�j� signal�e chez X�nophon : « Toutefois, je te diroi une chose utile. C'est que
celui qui monte un cheval doit, en le faisant trotter, galoper ou courir, tirer � lui les r�nettes de la bride, et sur le garrot du cheval, pour qu'il plie et recourbe le col, et incline la t�te vers la poitrine; et ceci se fera d�s le commencement, tout doucement et peu � peu, comme on le trouvera n�cessaire. » Et, un peu plus loin, voici toute la th�orie rudimen-
taire de l'entra�nement : «... Et, quand il sera bien embouch�, qu'il aura la
mani�re d'�tre brid�, ce qui ne sera aucunement diffi- cile, le faudra accoustumer � courir bien matin, toutes les semaines, une fois en un lieu uni et nullement sablonneux. Au commencement, un demi-quart de R�m�r� m�me du xri* si�cle. lieue, puis une demi-lieue, en augmentant ainsi qu'il |
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LE CHIC A CHEVAL.
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fois, il faut savoir que tant
cheval court, pourvu que en est plus l�ger et sou- bitude en est cause. » pr�ceptes justes et attes- val, est-on fort surpris et on voit de quels mo}rens seille de se servir pour |
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semblera �tre bon. Toute-
plus et plus souvent le ce soit moyennement, il dain � la course ; et, l'ha- Aussi, apr�s tous ces
tant un homme de che- absolumentr�volt�, quand Laurentius Rusius con- r�duire un cheval r�tif. |
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« Le chevaucheur par-
ferm� pr�alablement dans rante jours sans sortir; il |
�tricr a grille ayant appartenu � Maximi-
lien I", empereur d'Allemagne. |
tira sur le cheval r�tif, en-
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une �curie pendant qua-
aura de grands esp�rons |
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aux talons et des verges � la main, il se fera suivre par un homme ayant un fouet;
ou bien le chevaucheur aura dans la main un b�ton en fer de trois ou quatre pieds, termin� par trois crochets pointus et aigus; et, si le cheval recule, il lui mettra sur la croupe ce rampon qu'il tirera en avant; et, en m�me temps, fera r�sonner un fouet sans toucher le cheval. Une autre fois, il fera chauffer une canne ou une verge et la lui mettra sous la queue, le piquant des �perons de toute sa force. » Il y a l� de quoi faire bondir tout homme de cheval. Rusius traite aussi de la v�t�rinaire de son �poque, mais elle ne se r�sume gu�re
qu'en des pr�ceptes de cette force : « Pour purger le cheval on lui fait avaler deux ou trois ventres de tanches ou de barbeaux, coup�s en petits morceaux, et m�l�s � du vin blanc. » |
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« En r�sum�,
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dit le capitaine Picard, « l'ouvrage de L. Rusius est le point de d�-
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part, bien rudimentaire, il est vrai, d'une th�orie raisonn�e.
« Nous serons plus satisfaits des �cuyers qui ont �crit quelques
ann�es apr�s cet �cuyer v�t�rinaire, mais nous ne marcherons franchement dans la voie du progr�s qu'� partir des �cuyers de la Renaissance, qui nous ont laiss� des souvenirs ineffa�ables de leurs principes �questres. » Six ann�es plus tard, en 1539, para�t le trait� de C�sar
Fiaschi, qui fonde la c�l�bre �cole de Naples, d'o� sont sortis nombre d'�cuyers remarquables, entre autres le fameux Pigna- telli, qui fut le professeur de La Broue et de Pluvinel. De m�me que Rusius, Fiaschi d�crit nombre de mors et de
fers, invent�s par lui ou en usage de son temps. Son travail est divis� en trois parties : « /. De la mani�re de bien emboucher les chevaux et de Le marquis d'Ascoli, seigneur de , , . -77 ^o/T
la suite de charies-Quint. la nature cl iceux. � //. Du moyen de bien marner les chevaux
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LE CHIC A CHEVAL.
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avec les dessins. � III. Du moyen de bien ferrer les chevaux avec les dessins des
fers qui y sont propres. » Lorsque l'on consid�re les mors dessin�s et recommand�s par les �crivains �questres
de toutes ces �poques, on se demande quel pouvait bien �tre exactement le r�sultat obtenu. Il est �vident que l'on employait, de pr�f�rence, de gros et lourds chevaux, cela, surtout, � cause du poids des armures et des harnais que ces chevaux devaient por- ter � la guerre. Ayant moins de sang que les n�tres, ces animaux devaient �videmment avoir besoin de stimulants plus vigoureux; ce- pendant, il est certain qu'avec de pareils mors, sous une main dure ou malhabile, un cheval �tait promptement ruin�. Le grand but pour- suivi, avant tout, semble �tre d'�viter que le cheval ne prenne le mors aux dents. Cette crainle indique combien la pauvre b�te se r�- voltait contre de pareilles tortures. Si la main du cavalier �tait douce et habile, il est clair qu'il pouvait obtenir beaucoup de brillant, ar- river facilement � des allures relev�es et � un assembl� ais�; mais le tout sans grand plai- Slr pour le cheval. Et, par exemple, l'arr�t, avec les proc�d�s du temps, devait fort res- sembler � celui des Arabes, qui arr�tent court et, cons�quemment, sur les jarrets leur mon- ture lanc�e � plein galop. Pareille chose exas- p�re, � bon droit, les gens de cheval, mais cause toujours une profonde admiration aux ignorants. |
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Du reste, plus nous irons et plus nous ver-
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Armure � la Romaine de Charles-Quint.
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°ns tous ces anciens �cuyers chercher � rem-
placer la force et le domptage par l'adresse, la l�g�ret� de main et le dressage, en un m°t, tenter d'obtenir, parla douceur des moyens et par l'�quilibre m�canique, tous as mouvements qu'un cheval mis doit ex�cuter facilement et sans contrainte. foute l'�quitation est l�.
Dans le second livre de son ouvrage, Fiaschi parle des diff�rentes figures de man�ge
en usage de son temps : les voltes au trot et au galop; le galop raccourci, la capriole, la Passage. « C�sar Fiaschi fust un des premiers de son temps, en Italie, qui sceut instruire le
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LE CHIC A CHEVAL.
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grant nombre d'escuyers qui ont acquis une singuli�re recommandation parmi nous.
Ce qui l'a surtout distingu� des aultres, ce sont les diversit�s de mors, de brides et de fers qu'il a r�duit par escript, ce que nul aultre n'a encore fait. Puis la mani�re de dresser les chevaux par les tons et accords de la musique. » Voici comment l'auteur explique l'usage de sa m�thode : « Les Sybarites et Libyens, lorsqu'ils guerroyoient
contre les Crotoniens, domptoient et galopoient leurs chevaux au son des instruments (1), mais la non- chalance de leurs successeurs, � leur grant honte, nous a frustr� de cette industrie. Vue m�mement que les actions des hommes, en toutes choses, ten- dent � une harmonie et contentement qui sont les effets de la musique. La liaison et enclavure des os et membres du corps humain entretiendraient-ils sans accord sa proportion ? Les �l�ments aussi ne feraient rien produire, si tout � coup le discord s'y rencontrait. Le monde s'an�antissant par corruption se verroit dissoudre, ce que Pythagore voulait faire entendre lorsqu'il travailloit � prouver que les es- paces et intervalles de la Terre � la Lune, de la Lune � Mercure, � V�nus et autres plan�tes n'�toient que des tons et demi-tons, et que le tout si propor- tionnellement reigl� de Saturne au firmament, et le ciel �toile faisoit diapason en harmonie universelle. « En terre il n'y a rien que la musique n'attire, et si, d'adventure, quelque gaillard chevalier trouve �trange qu'en ce second livre, j'aie voulu ins�rer et prendre quelques traits et notes de musique, pensant |
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Mors du milieu du XVI' si�cle;
les branches ont 0'",38. |
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qu'il n'en �tait pas besoin, je lui r�ponds que sans
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temps etmesure ne se peut faire aucune bonne chose. »
Chaque mouvement du cheval se fait avec l'accompagnement d'une vocalise sp�- ciale; et il ne faut pas croire, en somme, que cette m�thode soit aussi pu�rile qu'elle le para�t au premier abord. Cette fa�on d'employer le chant, devait �videmment ame- ner une certaine cadence et une certaine mesure, sans jeu de mots, dans l'emploi des moyens et des aides; elle devait, dans tous les cas, d�velopper s�rement la gr�ce et la souplesse du cavalier. Qui de nous, du reste, lorsqu'il s'est trouv� seul au man�ge n a |
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(1) On rapporte que les chevaux de la cavalerie sybarite, dans les revues, dansaient au son des instrunien -■
Cette danse �tait, sans doute, le tripudium dont nous avons parl� dans un chapitre ant�rieur. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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97
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fredonn�, surtout aux allures raccourcies, quelque air dont la mesure s'appropriait � la
cadence de l'allure; et je ne serais pas �tonn� que le cheval, qui est un animal tr�s nervfiiiY o+ +v>Ac �w-..^~.~~~ |
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nerveux et tr�s impression
impressionn�. Ajoutons que, tation est g�n�ralement tr�s vient rappeler au cheval ce trois quarts dans la r�ussite Il est vrai que nos �cuyers haute �cole sans musique, et cun mouvement appr�ciable �cuyers de cirque n'obtien- et de ridicules d�placements |
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nable, n'en soit agr�ablement
dans nos cirques, o� l'�qui- mauvaise (1), la musique, qui qu'il doit faire, est pour les des mouvements, de Saumur font toute leur qu'ils obtiennent, sans au- pour le spectateur, ce que les nent qu'� force de contorsions d'assiette, mais, nous l'avons |
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XVIe si�cle.
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dit d�j�, et nous ne saurions trop le r�p�ter, nos �cuyers militaires sont devenus, depuis
plusieurs ann�es, des ma�tres absolument sup�rieurs; ils ont gard� les traditions �questres des vieux ma�tres fran�ais, et ils en sont les dignes successeurs. Pour en revenir au seizi�me si�cle et � C�sar Fiaschi, voici quel est le jugement que |
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Porte sur lui, le capitaine
« Quant � la mar�cha- blen sup�rieur � ses de- rentius Rusius,etc.. Mais dles des chevaux; son ou- llvre d'�quitation, tandis seurs sont plut�t des li- naire dans lesquels r�qui- ^ment. » Le troisi�me livre de
Un v�ritable trait� de fer-
cl�apitres de ce livre. Ils
er�t, et valent la peine
^ " r- En forme de prologue. �
l"?'e P°ur cognoistre la bont� ^�rencequ'ilyaentreles Qe derri�re, et pareillement ^du cheval.-IV. De quelle |
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Picard :
lerie, C. Fiaschi est aussi
vanciers, Hi�rocl�s, Lau- il ne parle pas des mala- vrage est avant tout un que ceux de ses pr�d�ces- vres de m�decine v�t�ri- tation n'entre qu'accessoi- l'ouvrage de Fiaschi est
rure. Voici les titres des ne sont pas d�nu�s d'in- d'�tre lus : II. Avis touchant la couleur de
et la malice d'itcelle. � III. De mains et les pies de devant et les entre les talons et les pointes des |
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Harnais du cheval de Charles-Quint.
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fa�on doivent �tre les bons fers
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cr s Ples de devant et pour
que S' clous � &lace crert�s, - Parf0ls on me* aux fers des pieds de devant |
les pies de derri�re. �■ V. Des
barbettes et quelques annelets |
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Cartilage du " r-� «■- """""^ �
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VI. De la forme qu'on doit garder pour ouvrir le talon et le
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que doibve J"0 CheVa1' 6t P°Ur VUMer la P°inte de r°ngIe et icelui nettoJ'er Par dedans. - VII. De la forme
avoir ordinairement les fers des pies de devant pour les bien mettre en �uvre. - VIII. Quels doib- |
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qui est 1
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un cavalier tr�s remarquable.
CHIC A CHEVAL.
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quelques �cuyers, comme M»°* �lisa et Emilie Loisset, et surtout M. J. Fillis,
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13
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98 LE CHIC A CHEVAL.
vent �tre ordinairement les fers des pies de derri�re. � IX. De la mani�re d'ajuster le fer et l'ongle du cheval en-
semble. � X. Quels doibvent �tre les clous pour bien asseoir les fers des chevaux. � XI. De la bordure ou pan- cette que l'on met quelquefois au fer. �XII. D'aucun advertissement pour cognoistre le bon pi� du cheval, et du moyen qu'il faut tenir pour le bien ferrer. � XIII. De l'ongle forte, toutefois moyennement temp�r�, avec un discours touchant icelui. � X1III. De l'ongle forte, en temps chauds, laquelle devient seiche.� XV. Des pies ou ongles forts, ou vitriols ou �clatants comme verre, et encore de ceux qui sont un peu ou assez fistellez, plats et pleins comme un bignet. � XVI. Du pied qui a le talon et le cartilage tendre et d�licat. � XVII. Du pi� fort et encastell�. � XVIII. Du pi� fort � la semblance de celui d'un mulet................................. |
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XXII. Advertissement proufitable et honorable pour urig chevalier. �XXIII. Justification de l'auteur avec quelques
advertissements n�cessaires au chevalier. |
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Le trait� qui suit celui de
nologique, est celui de Phi- tato di Marescalia. » C'est et nous ne le citons que « Si nous admettons que
tation viennent d'Italie, ou gi�rent apr�s la prise de Cons- tre para�t avoir �t� pouss� Empire nous donne d'abord, vention des ar�ons, bient�t si�cles plus tard, l'usage des toris� � dire que la pratique grande sup�riorit� dans no- chevaleresques prirent nais- rent si profond�ment qu'elles apr�s s'�tre effac�es chez nos ajouter que, si les nobles manoirs, �cole �questre et de les jeunes gentilshommes |
C. Fiaschi, dans l'ordre chro-
lippode Loghacozzo : « Tra- un ouvrage de peu de valeur pour m�moire, les premiers pr�ceptes d'�qui- mieux encore, qu'ils s'y r�fu- tai! tinople, o� l'art �ques- fort loin, puisque le Bas- dans le quatri�me si�cle, l'in- apr�s celle de la selle, et deux �triers,... nous sommes au- de l'�quitation dut avoir une tre France, o� les m�urs sance, et o� elles s'enracin�- s'y maintinrent longtemps voisins. Toutefois, il faut ch�telains avaient, dans leurs prouesse,et s'ils pr�paraient qu'ils recevaient en bas �ge, |
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igpi
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mm
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XVI" si�cle.
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dans leurs castels, suivant les usages du temps, � para�tre avec honneur dans les
tournois, il faut convenir aussi qu'ils se piquaient si peu de science, qu'ils d�daignaient de savoir lire et �crire, que leurs mains n'�taient habiles qu'� manier la lance ou l'�p�e, dans les joutes et les combats, et qu'ils �taient dans l'impuissance de transmettre leurs m�thodes. « Sans cette cause, quel est l'�cuyer de Naples, de Rome ou cle Ferrare qui l'e�t
disput� au simple gentilhomme qui eut l'honneur de conf�rer � Fran�ois Ier l'ordre de chevalerie, � notre Bayard, au chevalier sans peur et sans reproche, dont le premier pas dans la carri�re des armes fut un immense succ�s �questre, d'abord, devant le duc de Savoie, puis, devant Charles VIII et toute sa suite, qui, d�s ce moment, l'attacha � sa personne comme page, et l'emmena pour son exp�dition de Naples? |
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LE CHIC A CHEVAL
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99
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« Bien mieux, nous sommes autoris� � croire que si Bavard
nous e�t transmis ses pratiques et ses principes, ils n'eussent pas �t� entach�s de ces moyens violents et barbares que cette �qui- tation venue des acad�mies de Naples et de Rome importa en France. 11 suffit, en effet, de jeter un coup d'�il sur les embou- chures en usage alors, sur les branches monstrueuses destin�es � les faire agir. » � (Capitaine Picard, Origines de l'�cole de cavalerie.) Cependant, comme, � cette �poque, il n'y a pas encore en
France d'�cole bien �tablie, c'est en Italie que les Fran�ais vont puiser les principes qui vont renouveler l'�quitation. « Ce sont les Italiens qui ont trouv� des r�gles pour mettre
en pratique les pr�ceptes qu'ils avoient invent�s pour dresser les chevaux et les rendre capables de servir utilement � la guerre, et |
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de donner toute la satisfaction et le plaisir possible dans la car-
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Bride de parade du cheval
de Henri II. |
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ri�re. Et comme ils mettoient eux seuls ce bel art en pratique, les
Fran�ois et les autres nations, d�sireuses d'apprendre, �toient oblig�s d'aller en Italie pour s'y perfectionner. Naples estoit le principal si�ge de l'Acad�mie, et Rome ensuitte, o� les Fran�ois abondoient en foule pour se rendre hommes de cheval, mais ceux qui vouloient parvenir � une plus grande perfection, passoient «� Naples, o� on les tenoit des deux ou trois ans, avant qu'on leur dist seu- lement s'ils estoient capables d'apprendre et de r�ussir en cet exercice; tant ces mes- sieurs les escuyers savoient bien faire valoir leurs talents, lesquels asseur�ment ils ne prodiguoient point comme on fait pr�sentement. Le plus fameux escuyer qui a jamais est� en Italie estoit un signor Jean Baptista Pignatelli, N�apolitain, demeurant � Na- ples, lequel n'a jamais �crit, quoy qu'il en fust tr�s capable et des plus habiles qui ayent jamais est� en Italie. Monsieur de La Broue monta soubs luy cinq ans, mon- sieur de Pluvinel neuf ans, et monsieur de Saint-Antoine plusieurs ann�es. Le mords � libert� de langue, qui est pr�sentement fort en usage,
est nomm�e � la Pignatelli. » Le perfectionnement des armes � feu ayant oblig� l'hom-
me d'armes � diminuer le poids de son armure, cette mo- dification devait fatalement en amener une dans l'�quita- tion. « Cette subversion m�tamorphose les cavaliers en fantassins, et l'�quitation en est cons�quemment amoin- drie. » � (Capitaine Picard.) Une chanson, compos�e vers 1562, et qui fait partie de
la collection Maurepas (t. I, f. 121), nous montrera qu'on
xvi'si�cle. commen�ait d�j�, alors, � railler les hommes d'armes.
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LE CHIC A CHEVAL.
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100
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Le ton de cette chanson, comme on peut le voir, est loin de ressembler � celui des
romans de chevalerie du quinzi�me si�cle. Un corporeau fait ses pr�paratifs
Pour se trouver des derniers � la guerre. S'il en e�t eu, il e�t vendu sa terre ; Mais il vendit une botte d'oignon. Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau avant que de partir,
D�votement fait chanter une messe ; Et si vous a pri� Sainte-Hardiesse De n'assaillir jamais que des oysons, Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau bravement se monta
D'un asne fort qui portoit la poir�e,
Et son varlet d'une pecque (1) escroupp�e (2);
Pour son sommier (3) il prit le poullichon.
Viragon, vignette sur vignon.
Un corporeau gr�ves cuissots (4) et cuissot (5) avoit,
Bien fa�onnez d'une longue citrouille, Clouez de bois qui jamais ne s'enrouille ; Un plat d'�tain il print pour son plastron. Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau des gantelets avoit,
Dont l'un estoit fait d'osier et d'�clisse (6), Pour l'aultre il print une grande ecrevisse Et meit la main dedans le croupion. Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau en son escu portoit
Le rouge et blanc de la sommellerie ; D'ongles de porc sa lance �toit garnie, Et sa devise �toit : « Nous enfuirons. » Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau une arbaleste avoit
D'ung vieil cerceau, d'une pipe (7) rompue; Sa corde estoit d'estouppe toute �crue. De bois tortu estoit le vireton. Viragon, vignette sur vignon. |
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(1) Cheval de rebut.
(2) Morveux.
(3) Cheval qui porte les bagages.
(4) Armure des jambes.
(5) Armure des cuisses.
(6) Petits b�tons de bois flexibles comme de l'osier.
(7) Tonneau.
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JEUNE GENTILHOMME DE LA SUITE DE CHARLES-QUINT.
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LE CHIC A
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CHEVAL.
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Un corporeau une harquebuze avoit
D'ung franc sureau cueilly de ceste ann�e ; Son casque �toit d'une courge escorn�e, Et les boullets (1) de navets de maison. Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau sa brigandine avoit
De vieux drapeaux et de vieille f�raille, Et si gardoit pour ung jour de bataille Ung vieil estoc d'ung viel fer d'Aragon. Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau � la montre (2) s'en va ;
Il a pri� monsieur le commissaire De lui passer sa jument et son haire (3). Et l'advouer pour vaillant champion. Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau au tr�sorier s'en va :
« Morbieu! sangbieu! puisque le roy me paye,
Despechez-vous de me bailler ma paye,
Et me conter des escus ou testons. »
Viragon, vignette sur vignon.
Le tr�sorier en la bource fouilla,
Et lui a dit : « Corporeau vaillant homme, Contentez-vous, tenez, voil� en somme Quarante francs en mereaux (4) et jettons. » Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau retourne en sa maison ;
A son retour ses voisins il convie, Leur dit : « Voyez, je suis encore en vie ; Gard� me suis de six coups de canon. » Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau � ses voisins conta
Qu'il avait eu contre un reistre querelle,
Et toutes fois qu'� grands coups de bouteille,
Il l'avait fait venir � la raison.
Viragon, vignette sur vignon.
Un corporeau � ses amis jura
Ne retourner jamais � la bataille,
Si pour s'armer n'avoit une muraille
Cent pies d'espais, et un voulge (5) aussi long.
Viragon, vignette sur vignon.
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) Projectiles de plomb qu'on lan�ait avec la fronde.
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(2) Parade.
(3) Sorte de v�tement.
« M�reau » signifie ici les petits cailloux qui servaient � compter. ique.
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102 LE CHIC A CHEVAL.
Un corporeau devant Dieu protesta
Que pour la peur qu'il avoit de combattre, Il aimoit mieux chez lui se faire battre, Que de chercher si loing les horions. Viragon, vignette sur vignon. Cette chanson, d'une saveur toute rabelaisienne, fut compos�e apr�s le massacre
de Vassy, o� avait �t� bless� Fran�ois, duc de Guise. Toute la France prit alors les armes, ceux-ci pour Guise, ceux-l� pour Cond�. L'auteur a probablement voulu ridiculiser cette prise d'armes. Mais, puisque nous en sommes aux chansons, qu'on nous permette de remonter
quelques ann�es plus haut, � 1525, et d'en citer une autre, d'un ton bien plus �lev�. Ces deux chansons rompront, du reste, heureusement, la monotonie inh�rente � un expos� chronologique, comme est le pr�sent chapitre. |
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Chanson sur la bataille de Pavie.
1525. |
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H�las ! La Palice (1) est mort,
11 est mort devant Pavie ; H�las ! s'il n'estoit pas mort, Il seroit encore en vie. Quant le roy partit de France,
A la malheur il partit ; Il en partit le dimanche, Et le lundy il fut pris. Il en partit le dimanche,
Et le lundy il fut pris; Rens-toy, rens-toy, roy de France, Rens-toy donc car tu es pris. Rens-toy, rens-toy, roy de France,
Rens-toy donc car tu es pris ; « Je ne suis point roy de France, Vous ne savez qui je suis. Je ne suis point roy de France,
Vous ne savez qui je suis; Je suis pauvre gentilhomme Qui s'en va par le pa�s. |
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(1) La Palice, dont il est ici question, �tait le c�l�bre Jacques de Chabannes, sieur de la Palice, mar�chal de
France, tu� � la bataille de Pavie, le 24 f�vrier 1525. Comme s'il e�t pr�vu la triste fin de cette journ�e, il avait fait tous ses efforts pour emp�cher le roi de livrer bataille. |
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LE CHIC A CHEVAL. 103
Je suis pauvre gentilhommme
Qui s'en va par le pa�s. » Regard�rent � sa casaque Advis�rent trois fleurs de lys. Regard�rent � sa casaque,
Advis�rent trois fleurs de lys. Regard�rent � son esp�e, Fran�ois ils virent escry. Regard�rent � son esp�e :
Fran�ois ils virent escry. Ils le prirent, et le men�rent Droit au ch�teau de Madry. Ils le prirent, et le men�rent
Droit au ch�teau de Madry : Et le mirent dans une chamhre Qu'on ne vo�oit jour ny nuict. Et le mirent dans une chambre
Qu'on ne vo�oit jour ny nuict, Que par une petite fenestre Qu'estoit au chevet du lict. Que par une petite fenestre
Qu'estoit au chevet du lit. Regardant par la fenestre, Un courier par l� passit. Regardant par la fen�tre,
Un courier par l� passit, « Courier qui porte lettre, Que dit-on du roy � Paris? Courier qui porte lettre,
Que dit-on du roy � Paris?
�■ Par ma foy, mon gentilhomme,
On ne s�ait s'il est mort ou vif.
Par ma foy, mon gentilhomme,
On ne s�ait s'il est mort ou vif. � Courier qui porte lettre, Retourne-t'en � Paris. Courier qui porte lettre ,
Retourne-t-en � Paris ; Et va-t-en-dire � ma m�re, Va dire � Montmorency (1), |
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fi) Le mar�chal de Montmorency fut charg� de remettre aux envoy�s de Charles-Quint la ran�on des enfants
de France. |
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104
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LE CHIC A CHEVAL.
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Et va-t'en dire � ma m�re,
Va dire � Montmorency: Qu'on fasse battre monnoye Aux quatre coins de Paris. Qu'on fasse battre monnoye
Aux quatre coins de Paris ; S'il n'y a de l'or en France, Qu'on en prenne � Saint-Denis. S'il n'y a de l'or en France
Qu'on en prenne � Saint-Denis; Que le dauphin on am�ne, Et mon petit-fils Henry (1). Que le dauphin on am�ne,
Et mon petit-fils Henry ; Et � mon cousin de Guise (2), Qu'il vienne ici me requery. Et � mon cousin de Guise,
Qu'il vienne ici me requery. » Pas plus tost dit la parolle Que Monsieur de Guise arrivy. Cette chanson est pleine d'une saveur extr�me; le dernier couplet, surtout, et, en
particulier, les deux derniers vers sont d'un grand effet. Revenons maintenant, aux ma�tres italiens et � l'historique de l'�quitation sous
Henri II. Pendant le r�gne de Henri II, les tournois et les joutes furent plus en honneur que
jamais. On sait que ce roi mourut d'un coup de lance, que lui porta Montgommery, clans une joute qui eut lieu au quartier Saint-Antoine. Apr�s la mort tragique du roi, les joutes furent prohib�es; mais ces f�tes �questres ne tard�rent pas � �tre remplac�es par d'autres f�tes, tout aussi brillantes, mais moins dangereuses : les carrousels. Les gentils- hommes abandonn�rent alors les lourdes armures pour de riches v�tements de soie. Il ne s'agissait plus, en effet, dans ces f�tes, de risquer d'�tre tu� ou estropi�, mais de faire �talage de luxe, de d�ployer de l'adresse et de la gr�ce. A partir de ce moment, les nobles cessent d'�tre ces « rudes jouteurs » dont parlent
sans cesse les anciennes chroniques. La raison d'�tre de cet abandon des tournois et des joutes, il faut, du reste, moins la chercher dans l'accident arriv� � Henri II que dans la transformation que subissait alors l'art de la guerre. En effet, le r�le des hommes d'ar- mes, des cavaliers bard�s de fer, luttant sans ordre, chacun pour leur propre compte, n'�tait plus le m�me sur les champs de bataille. D�s lors, il n'y avait plus grande uti- |
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(1) Henri, duc d'Orl�ans, depuis le roi Henri II.
(2) Claude de Lorraine, premier duc de Guise, cinqui�me fils de Ren� II, duc de Lorraine.
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LE CHIC A CHEVAL.
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105
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lit� � se livrer � des exercices devenus quelque peu surann�s, et qui ne constituaient plus
une bonne pr�paration � la guerre. La mode des carrousels fut, du reste, loin d'�tre nuisible aux progr�s de l'�-
quitation. En effet, pour �tre brillant, « gallant », comme on disait alors, un cheval souple et bien mis �tait indispensable; il fallait, soi-m�me, le monter avec gr�ce et habilet�. Il en r�sulta que l'�quitation raisonn�e prit une place de plus en plus importante. Ce qui le prouve, c'est que les trait�s sur la mati�re se succ�d�rent rapidement; cha-
que auteur affirmant, selon l'habitude, que sa m�thode �tait la meilleure. |
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En 1567, Clau-
un ouvrage sur
le titre est : « Glo- Quelques an-
1573, il fait pa- veau trait�, inti- lerice, de Messire de Pavie, dans le- de la nature des mani�re de les dresser, et de tout te aux chevaux lerice, augment� tr�s utiles et tr�s « D�di� � Vin-
puissant et tr�s de France, |
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dio Corte publie
l'�quitation, dont ria del cavallo. » n�es pi us tard,en ra�tre un nou- tul� : « Le Cava- Claudio Corte, quel il est traict� chevaux, de la dompter, de les ce qui se rappor- et au bon cava- el orn� de choses agr�ables, vincible, tr�s chr�tien roi Charles IX. » |
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En 1583, Fr�d�ric Grison, gentilhomme napolitain, expose une nouvelle m�thode de
dresser les chevaux de guerre. Son ouvrage, qui se divise en quatre livres, « indique », dit le capitaine Picard, « un grand esprit d'observation et une pratique tr�s �clair�e ». Grison veut qu'on emploie, avec le cheval que Ton dresse, toute la douceur pos-
sible; mais, d�s qu'il croit voir de la mauvaise volont�, il exige une grande s�v�rit�; souvent m�me il pr�conise d'une fa�on exag�r�e l'emploi de la violence, comme ses Pr�d�cesseurs. c< Si le cheval, ou par crainte du travail ou par obstination, ne veut pas s'approcher
^u montoir pour se laisser cheminer, alors vous lui donnerez du b�ton entre les oreil- les et sur la t�te (mais gardez les yeux), et sur tous les endroits du corps o� il vous vien- dra mieux � propos, etc. ; et encore le mena�ant avec voix rude et terrible, de sorte ^Ue vous voyant obstin� contre lui, il deviendra doux au montoir comme un agneau, et sans plus faire r�sistance s'en approchera. Mais, aussi, vous faut-il le caresser toutes |
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14
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OHIfi A CHEVAL.
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106
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LE CHIC A CHEVAL.
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les fois qu'il s'y rendra de bon gr� et fera ce que vous
voudrez.
« Et, si tous ces moyens ne r�ussissent pas, il faut
le fatiguer en cercle, tant�t � droite, tant�t � gauche,
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�peron bavarois ; premi�re moiti� du
XVI" si�cle. |
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et le faisant suivre par un ou plusieurs hommes arm�s
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de baguettes. »
Dans son discours sur l'admiration du noble cheval, Grison s'�crie : « Or, qui vous pourroit jamais dire � plus de louanges et la grande vertu du cheval? Qui est celui qui ne le reconnoit Roy des animaux, et tr�s fid�le compagnon des Roys? Mesmement que Buc�phale, accoustr� de ses harnois royaux, ne voulut jamais se laisser chevaucher par un autre que son Alexandre; et, bless� � la prise de Th�bes, ne voulut jamais qu'Alexandre le d�mont�t pour monter sur un autre, semblablement le cheval de C�sar ne voulut jamais porter autre que C�sar. Il est infinis actes g�n�- reux et gestes glorieux d'autres chevaux, pour raison desquels, en leur vie, ils ont �t� caress�s et accoustr� de draps pr�cieux; et, depuis leur mort, honor�s par pompes fun�bres, braves s�pulchres, hautes pyramides et par vers pleins de leurs louanges. Alexandre fit b�tir une ville, l� o� Buc�phale fut enterr�, laquelle il nomma, en sa m�- moire, Buc�phale... Finalement, il ne se peut dire qu'il y eut jamais ny abondances de vivres, ny brave jeu, ny f�tes accomplies, ny bataille grande o� les chevaux n'ayent est�; et il n'est degr�, est�t, qualit� ny profession humaine, soit de religion, de lettres ou d'armes, o� ils ne soient perp�tuellement n�cessaires, etc., etc.. » 11 commence son dressage par le trot, ce qui est assez singulier. La raison de ce
proc�d�, c'est qu'il supposait que, le pas �tant l'allure habituelle du cheval, celui-ci savait marcher naturellement au pas, ce qui est une erreur. Nos �cuyers modernes savent, en effet, qu'il est de toute importance d'avoir, avant tout, un cheval bien droit au pas et de l'�quilibrer � cette allure. « Mettant au cheval, » dit-il, « le cave�on ou simple licol, tenant dans la main gau-
che les cordes ou r�nes attach�es au cave�on, pr�s du chanfrein, un homme suivant par |
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sur le droit et sur les vol-
noter, c'est que l'on com-
la n�cessit� de l'accord
�tre le premier qui ait
jambes.
� droite, vous luy ayderez
vous le faites volter �
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derri�re, il le faut mener
tes ou cercles. » Un point important �
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mence alors � comprendre
des aides ; et Grison semble |
r^w
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conseill� de se servir des
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�peron bourguignon; commencement du
XVI" si�cle. |
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« Si vous le faites volter
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du cost� gauche; et, si
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gauche, vous luy ayderez du c�t� droit.
« 11 sera toujours meilleur, avant de luy apprendre � galoper, de l'exercer sur le
parer et les pesades. » |
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LE CHIC A CHEVAL. 107
Le premier, aussi, il a pens� � donner de la l�g�ret� au cheval en le faisant reculer :
« Quand le cheval p�sera trop sur la bride, et qu'en cheminant il forcera la main du cavalier, il faudra, chaque fois qu'il l'arr�te, le faire reculer quelques pas. « Outre les voltes et les ronds dont je vous ai parl�, qui sont merveilleusement
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Fin du XVI" si�cle et commencement du XVII0.
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propres pour donner haleine et appuy et pour rendre le cheval juste et l�ger, il serait
bon, tous les matins, par l'espace de dix � douze jours, de faire gravir au cheval une longue mont�e d'un mille, au pas furieux, tant qu'il le pourra souffrir, et puis, apr�s, le faire descendre par le m�me chemin; et, encore, si cette mont�e est labour�e � sillons ou raies � travers, d'autant plus le cheval haussera les bras; mais, alors, il faudra aller de mesure et non si vite... et il deviendra plus gaillard, avec meilleure haleine et plus juste de bouche. Et, encore, s'il buttoit des fers de derri�re avec ceux |
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LK CHIC A CHEVAL.
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108
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de devant, le faisant monter en ceste sorte, il se corrigera de fa�on qu'il ne se touchera
plus si souvent. » C'est �galement Grison qui a donn�, le premier, les indications de ce qu'on appelle
les airs; la pesade, qui lui servait � rendre le cheval l�ger du devant, et la ruade, � le rendre l�ger du derri�re. En faisant ex�cuter simul-
tan�ment la pesade puis la ruade, il avait la capriole. Grison recommande d'employer la voix � l'aide de cha-
que mouvement, et de varier ces intonations. Si l'on veut encourager le cheval, on criera : « Hap! hap! » ou : « Hep! hep! » Si l'on se propose de le faire sauter ou ruer : « Hop! hop ! » Si le cheval oppose de la r�sistance, on poussera un cri �pre et mena�ant, et on s'�criera d'une voix propre � l'effrayer : « Or, sus! or l�! or l�! Ha! ha, tra�tre! Ha, ri- baud! Tourne, tourne, arr�te! Tourne cy! Tourne l�! » « Mais, aussi, quand il sera vaincu et r�duit, il faudra in-
continent se taire et, avec un ton plaisant, le caresser sur l'en- colure, etc., etc., disant � voix base : « Ho, ho! Ho, ho! » « A la passade, et pour l'encourager, le chevaulcheur dira :
« Eya, eya! » ou « Vie, vie! etc.. » Le quatri�me livre nous donne la m�thode employ�e par
Fr�d�ric Grison pour dresser le cheval de guerre. « Il commen�ait par aller au pas, puis au trot, parlant
avec douceur � l'animal, la baguette entre les deux oreilles, |
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Chanfrein ; commencement du
XVIe si�cle. |
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puis de chaque c�t� de la t�te, et pr�s des yeux, le cares-
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sant ensuite en la lui passant sur le cou; et, quand il parais-
sait bien tranquillis�, il pla�ait un homme face � face avec lui, un b�ton � la main, fai- sant mine de vouloir le frapper par la t�te. Il caressait alors de nouveau le cheval, le for�ant � marcher sur l'homme, qui reculait aussit�t et semblait fuir. « Apr�s cette premi�re �preuve, l'homme � pied prenait une �p�e et ex�cutait, avec
elle, la m�me pantomime qu'avec le b�ton. Fr�d�ric Grison passait ensuite � plusieurs pi�tons qui renouvelaient, tous ensemble, la premi�re et la seconde �preuve, mena�ant le cheval � haute voix et allant trois fois sur lui : la premi�re, au pas; la deuxi�me, en courant; la troisi�me, en sautant; puis ils prenaient la fuite; alors l'�cuyer fon�ait sur eux. Les hommes devaient bien prendre garde de ne pas frapper l'a- nimal. « Pour accoutumer plus vite un jeune cheval, l'�cuyer le mettait souvent entre deux
chevaux aguerris; puis il faisait sonner la charge, l�cher l'arquebuse; et, pendant ces exercices, il encourageait son cheval de la voix, le caressait, etc.. Apr�s que ces �preuves intelligentes �taient termin�es, Fr�d�ric Grison mettait deux cavaliers en |
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SEIGNEUR ALLEMAND DU XVIe SIECLE.
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109
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LE CHIC A CHEVAL.
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que les deux chevaux se
des cavaliers reculait son courage � l'autre, cices pr�paratoires avaient ne plus rien craindre, il de plusieurs chevau- eux une rencontre et ex�- sades, les courbettes, les |
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pr�sence, de telle fa�on
voyaient face � face : l'un cheval pour donner du « Puis, quand ces exer-
bien dispos� le cheval � faisait une petite guerre cheurs, simulant entre cutant les voltes, les pas- |
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cabrioles, etc., etc..
« A c�t� de judicieuses , remarques, des principes
�trier de Wolfgang de Neubourg,
extraordinaires : il vou- prince de ia maison de Bavi�re. lait que le cheval f�t plac�
la t�te basse, parce qu'il trouvait un avantage,
Pour se servir de ses armes contre un cavalier, d'avoir « le cheval ayant le mufle
entre les jambes, ce qui n'est pas moins profitable contre les hommes � pied qui se jettent toujours � la t�te des chevaux ». La position � cheval qu'il pr�conisait n'�tait pas moins bizarre :
« Je veux que l'on se tienne droit sur les �triers, que l'�trier de droile soit plus court que l'autre pour ce qu'en combattant on s'appuie toujours de ce c�t�, que le nez du cavalier soit sur le toupet, entre les deux oreilles du cheval. Je ne veux pas que, comme les anciens chevaliers, la pointe du pied soit tourn�e en dedans, mais lorsque je tourne la t�te, sans effort, la pointe du pied soit au bout de mon nez et la gaule entre les oreilles du cheval. » En r�sum�, travail de pied ferme, rassembler, mise en main, mobilisation et im- |
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mobilisation des
pesade, ruade, ca- de mains, reculer de c�t�, assouplisse- Peron, travail de la Perche de la l�g�- par�, dressage du de guerre, telles sont n�esde la m�thode « Sans doute ces M�langes incoh�- rees par des moyens nent de la civilisa- |
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membres, jambette,
briole, oppositions mieux compris, pas ments, arr�t sur l'�- jambe oppos�e, re- ret�, �quilibre pr�- cheval aux exercices les principales don- de Fr�d�ric Grison. d�couvertes ont des rents et sont d�natu- empiriques qui tien- tion encore barbare |
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Plaque de devant d'une selle du XVI0 si�cle.
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||||||||||||||||||
ri
cette �poque , mais il faut faire la part de chaque temps et juger le m�rite de
devanciers suivant les moyens d'action qui ont �t� mis en leur pouvoir. » � (Ca- me Picard, Origines de l'�cole de cavalerie.) |
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LE CHIC A CHEVAL.
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110
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En 1559, Francisco Lanfray, �cuyer italien et �l�ve de Grison, publia les principes de
son ma�tre, sous ce titre : « L'�curie du sieur Fr�d�ric Crison, gentilhomme Napolitain, en laquelle est
montr� l'ordre et l'art de choysir, dompter, piquer, dresser et monter les chevaux, |
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tant pour l'usage de la
modit�de l'homme, avec |
guerre qu'autre com-
tes figures de diverses Naguerre traduite d'Ita- vellement revue et aug- dentes impressions. Plus tiers pour les maladies par le signor Fran- italien. » ra�t « YAnatomia del
suoiremedii », par Carlo Saint-Antoine, il n'a rien |
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sortes de mors de bride,
|
», - �
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lien en Fran�ois, et nou-
ment�e outre les pr�c�- |
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les rem�des tr�s singu-
|
F t
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cles chevaux adjoustez
cisco Lanfray, escuyer En 1559 ou 1560, pa-
Cavallo, infirmita et Ruini. Quant � M. de |
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7/
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^,
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�crit; mais, camarade
de Pluvinel, � l'acad�- rest� c�l�bre comme « M. Saint-Antoine,
|
d'�cole de La Broue et
mie de Pignatelli, il est homme de cheval. Fran�ois, estoit fort bon |
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XVII"
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homme de cheval, en-
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voy� de France par
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Henry IV, pour apprendre au prince Henry d'Angleterre. M. de La Coste fut
son page, et travailloit admirablement bien, principalement les chevaux sauteurs. M. de Boyclair monta sous luy et estoit un excellent homme de cheval. M. Fon- tenay, qui estoit ou son neveu ou son fils naturel, car il luy donna tout en mourant, estoit aussi un fort bon homme de cheval, mais pas un de ceux-l� n'a jamais �crit de la m�thode ni l'art de monter � cheval. » Les �crivains dont nous allons avoir � parler maintenant sont des �crivains fran-
�ais. Celui dont nous nous occuperons tout d'abord est le c�l�bre La Broue, n�, �lev� en Gascogne « et nourri page avec beaucoup d'honneur en la maison de Monseigneur le comte d'Anbjoux. » « Cette premi�re saison de ma vie, » dit-il dans son livre, « a �t� occup�e � suivre
Monseigneur aux arm�es, � la cour, � la chasse, et quelquefois � l'exercice de mon- ter � cheval; mais, le plus souvent, � une infinit� de d�bauche et singeries aux- quelles la jeunesse fol�tre et licencieuse, portant l'habit de page, se pla�t d'ordinaire, autant qu'elle est ennemie de l'�tude, qui, avec la vertu, apprend � bien discourir. » Ses deux ouvrages : « l'�ducation de la jeunesse » et « le Cavalerice Fran�ois »
sont rest�s c�l�bres dans les annales de l'�quitation. Le cavalerice Fran�ois, compos� par Salomon de La Broue, escuyer d'escurie
du Roy et de Monseigneur le duc cl'Espernon, contenant les pr�ceptes principaux |
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LE CHIC A CHEVAL. 111
qu'il faut observer ^------->. ^^r~~~^ exactement pour bien
dresser les chevaux // S*~~~\ \\ A f "\ \ aux exercices de la
carri�re et de la cam- ' f il xVH I j pagne. Le tout divis�
en trois livres. v\ lj \%\ il «. Le premier tr aide \\ �3/ \^ LJ de V ordre g�n�ral et
plus facile des susdits Fer , onilUs de chaU ou � Fers. sous_pieds et cram_ exercices et de la pro-
nri�f� dll CflDfl�ipr Varagonnaise. pons, � l'aragonnaise.
« Le second, des modernes et plus
justes proportions de tous les beaux airs de man�ges.
« Le troisiesme, des qualilez de toutes les parties de la bouche du cheval et des di-
vers effets de plusieurs brides diff�rentes pourtraites et repr�sent�es par leurs justes mesures aux lieux n�cessaires. » Son premier chapitre est intitul� : « Avis du sieur de La Broue sur le devoir de
l'escuyer de grande escuirie. » « M. de La Broue, comme tous les grands ma�tres, a excit� un enthousiasme et
un d�vouement difficiles � d�crire parmi ses �l�ves. « Dans ce travail, il prend le jeune page � douze ans et le conduit � l'�ge o� il
devient homme. Il lui apprend ses devoirs civils, religieux et militaires ; il lui indique tout ce qu'il est n�cessaire au chevalier de conna�tre, et l'initie aux d�tails que com- portent les diff�rents arts de sa profession. M. de La Broue passe en revue le temps de paix, le temps de guerre, car les devoirs variaient suivant ces deux phases. Pour bien comprendre la port�e du travail de l'auteur, il faut suivre le jeune page faisant son apprentissage du service � l'�curie, � la carri�re, au tournoi, au carrousel et � la guerre; on aura une id�e juste de l'importance d'une bonne direction dans les tra- vaux de la jeunesse de cette �poque. « Les ha- billements et
Jes armures ^r % i y sont d�crits,
ainsi que tou- ISS� / ."*■' pre"
cautions � Ia/vW» Jlr^%l prendre dans
«te exercices SiSS fif;'®?fl et le combat.»
� (Ca.pita.nc mmimM Mv&�mM� Picard.
La Broue fa 'Il estlepremier,
Cr°yons-nous fMf 1 lll�Sl qai exige le
bl>idon pour p ^' -M E H 1 le commen"
cement du ,s~~( ~ ^IL^ ■mmj�^Mr dressage. Du
reste, avec lui 'i$ff5p fK;i ^88» 1 et ses succes"
«eurs, nous * ^%'l$'$S):., F�W :' %& allons voir
Peu � peu dis- M m JF*��F$ para�tre les
ni°rs � con- Et��auxvi°si�cle. formations
|
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112 LE CHIC A CHEVAL.
extraordinaires. Il faudra, cependant, encore plus d'un si�cle avant qu'on raccourcisse
compl�tement les branches de la bride. En lisant l'ouvrage compos� par La Broue, on comprend ais�ment l'enthousiasme
qu'il excita, l'influence qu'il exer�a, et le renom que lui valut ce travail. Ce travail, en effet, fait �poque dans l'histoire de l'�quitation. La Broue est le premier �crivain fran- �ais qui ait �crit, sur les mati�res hippiques, un livre remarquable � bien des titres. Peu d'ouvrages sur l'�quitation sont trait�s d'une fa�on aussi juste et aussi savante. Du reste, les quelques extraits qui suivent feront mieux appr�cier le m�rite de La Broue, par les hommes du m�tier, que tous les �loges que nous pourrions lui prodiguer : « Ce n'est pas tout que le cavalier soit curieux de s'�quiper proprement et de faire
bien agencer le cheval, je veux aussi que, �tant � cheval, il ait l'assiette juste et belle, � savoir qu'il tienne la t�te droite et le visage directement � l'opposite de la nucque du cheval, espaules �galement droites et nivel�es, plut�t un peu pench�es en arri�re que trop en avant, sans que la droite soit plus recul�e que la gauche, comme il advient d'ordinaire si l'on y pense curieusement, � cause de la posture du bras de la bride, qui n�cessairement est le plus avanc� et aussi de la plus part des actions de celui de l'�- p�e, ou de la gaule, qui de nature se fait plus facilement en arri�re qu'en avant : le poing de la bride, �la hauteur et au niveau du coude d'iceluy et, commun�ment, environ trois ou quatre doigts plus haut que la t�te de l'ar�on de la selle, et deux doigts plus avanc�s que l'os de la hanche, un peu plus ouvert plus souvent et loin du corps que celui de la bride. La gaule, le plus souvent mouvente, ayant pointe en haut, l'estomac un peu avanc� pour ne pas para�tre avoir les �paules vo�t�es ; les fesses avanc�es aussi afin de ne pas se trouver assis trop loin de l'ar�on de devant, ce qui est une particularit� mals�ante; les reins droits et roides; les cuisses fermes et comme coll�es dedans la selle; les genoux serr�s et plut�t tourn�s en dedans qu'en dehors; les jambes autant proches du cheval qu'il se pourra, tendues et droites, comme quand on est � pied. » De m�me que Fr�d�ric Grison, il veut r�trier droit plus court que le gauche, « parce
que le premier soutient davantage la plus grande part des actions du corps et mieux celles du bras droit du chevalier. Et qu'il ne saurait donner un grand coup d'�p�e ni de gaule, empoigner un homme ni faire beaucoup d'autres mouvements forts et vio- lents que s'il ne s'appuye beaucoup plus sur l'estrier droit que sur le gauche ; et aussi parce que s'il re�oit un coup de lance , c'est commun�ment du c�t� gauche, qui par cons�quent _�> le pousse sur l'estrier droit; et
s'il donne un semblable coup, m/ik v^l^� il en est �galement ramen� sur
le m�me c�t�, parce que la lance v^W~i|P se doit rompre croisant un peu en biais sur l'oreille gauche du ^ « tIt cheval ; et pour la moindre rai- son, l'estrier gauche �tant le ^^iMj P^us l°n�n on y me^ P^us. a*s^~
ment le pied pour monter � *>�^7 y cheval. »
Le chapitre sur les chevaux Xvi> si�cle. r�tifs est des mieux faits et des
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HOMMES D'ARMES DU XVI" SI�CLE.
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113
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LE CHIC A CHEVAL.
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plus int�ressants. Les id�es en sont neuves et presque toujours justes. M. de La
Broue, du reste, r�pudie bon nombre des erreurs de ceux qui Font pr�c�d�. Sa mise en main, bien plus rationnelle que celle de Grison, est bas�e sur le principe d'arr�ter |
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et de rendre, au lieu de r�-
ce dernier. Il ne veut pas qu'on batte
bien qu'on lui apprenne � frayent. Ensuite il classe de la fa�on
/. Pour avoir �t� trop battus �t� trop battus et gour- III. Les chevaux r�tifs et vaux r�tifs ou entiers � f�rence du r�tif � l'entier |
sister pour faire c�der, de
le cheval qui a peur, mais
conna�tre les objets qui l'ef- suivante les chevaux r�tifs :
sur la t�te. � //. Pour avoir mand�s des esp�rons. � malicieux. � IV. Les che- quelque main, avec la dif- sur les voltes. |
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XVI" si�cle.
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« Il est difficile, » dit le capitaine Picard, « d'apporter un esprit d'observation
plus droit que ne l'a fait M. de La Broue dans la peinture qu'il a rendue des dif- f�rents caract�res des chevaux, et dans les moyens sages qu'il emploie pour les rendre � leur naturel primitif, quand les maladresses des hommes les en ont sortis. » « Souvent, » dit La Broue, « il arrive que des chevaux m�lancoliques sont vrai-
ment r�tifs de pure malice et, peut-�tre, pour avoir �t� redout�s des chevaliers qui les ont exerc�s. » Il indique tr�s nettement le principe des flexions d'encolure, que Baucher reprendra
plus tard, comme une chose neuve, et que tous les �cuyers un peu habiles ont d� toujours employer, sinon th�oriquement, au moins pratiquement. Notons encore cette phrase qui, � elle seule, suffirait pour mettre M. de La Broue
hors de pair : « La plus grande et g�n�rale preuve que le cheval puisse montrer de |
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Ses forces et de son
faire un bel arrest, fin d'une longue et Il convient de ne
arr�t ferme et l�ger � fond de train, ar- et le nez en l'air, admirer fr�quem- La Broue touche
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ob�issance , est de
ferme et l�ger, h la furieuse course. » pas confondre cet avec celui du cheval r�t� sur les jarrets Ce spectacle, on peut ment en Alg�rie, m�me quelquesmots |
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�triers allemands.
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Ja mise en main � l'�peron : « Aussi le peut-on quelquefois contraindre de baisser
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la t�te
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et d'approcher le nez vers la poitrine (m�mement s'il est ramingue et fort
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sible) en le serrant discr�tement des deux �perons entre l'aisselle et la premi�re
&le, tenant les jambes le plus ferme qu'il sera possible. » |
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C,ll<: A CHEVAL.
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15
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LE CHIC A CHEVAL.
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114
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En lisant ce qui suit, les d�tracteurs actuels du man�ge verront quel �tait le but
que se proposait toute cette savante �quitation : « A quoi servirait au cavalier de ne savoir que tourner � droite et gauche,
parer, volter, etc., s'il ne sait sauter les haies et les foss�s en rase campagne, s'il ne sait apprendre ces exercices au cheval, et tout ce qui est n�cessaire � l'homme de guerre? Le man�ge, selon les meilleurs �cuyers, serait inutile s'il ne condui- sait au r�sultat de pouvoir faire faire au cheval, en rase campagne, toutes les dif- ficult�s �questres; et celui qui sait, dans son man�ge, annihiler les forces instinc- tives du cheval peut fort bien �tre embarrass� quand il a entre les jambes un ani- mal dont les forces instinctives sont autrement d�velopp�es au dehors, o� son ap- pareil de relation est en quelque sorte priv� d'aliment puisqu'il n'a que les quatre murs en face de ses organes. » La Broue indique alors comment il faut apprendre, progressivement, au cheval
� sauter la claie, d'abord, puis le foss�. Naturellement, il recommande la chasse, comme tr�s utile au cheval cle guerre,
puis la course des bagues, etc., etc.. En r�sum�, M. de La Broue fit faire d'immenses progr�s � l'�quitation : on peut
dire, sans exag�ration, qu'il est le fondateur de l'�quitation moderne. Ses principes sont rest�s; et c'est � juste titre que ses contemporains le regardaient comme un des plus �minents entre les hommes de cheval. |
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Selle de la mule d'un pr�lat.
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CHAPITRE X.
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DIX-SEPTIEME SIECLE. � PLUVINEL ET SES SUCCESSEURS.
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ntoine de La Baume Pluvinel! quel est l'homme de cheval
qui n'a entendu retentir ce nom � ses oreilles? Quel est l'artiste qui n'a feuillet� les planches de Crispian de Pas? Quel est l'�cuyer qui n'a lu au moins des ex- traits de « l'Instruction du Roy en l'exercice de mon- ter � cheval »? Certes, voil� un nom dont l'histoire de l'�quitation fran�aise a le droit de s'enorgueillir. Pluvinel naquit en 1555, � Crest, dans le Dauphin�.
D�s l'�ge de dix-sept ans, il se fit remarquer par son habilet� et ses aptitudes �questres. �l�ve de l'�- cole d'Italie, qui �tait la seule o� l'on p�t alors se perfectionner, il en sortit ecuyer accompli. Le duc d'Anjou, qui fut ensuite Henri III, le prit comme premier ecuyer, l'emmena avec lui en Pologne, et le ramena en France, lorsque la mort de Charles IX l'appela au tr�ne de France. Sous Henri IV, il fonda une acad�mie °U �cole d'�quitation. Il devint ensuite directeur de la grande �curie, chambellan, sous-gouverneur du dauphin (Louis XIII), ambassadeur en Hollande, conseiller au c°nseil d'�tat et ecuyer principal. Il fut, plus tard, pr�cepteur du duc de Vend�me; et> enfin, gouverneur de la grosse tour de Bourges. W avait mis par �crit les principales r�gles de sa m�thode, pour l'usage du dau-
phin. Ce manuscrit, il le tenait soigneusement cach� � tous, et il le montra, quel-
le temps seulement avant sa mort, � son �l�ve et ami Ren� de Menou Charnizay. |
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116
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LE CHIC A CHEVAL.
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Celui-ci, sur l'ordre du roi, publia, en 1626, un volume in-4°, accompagn� de 66 plan-
ches, et portant le titre suivant : « L'instruction du Roy en l'exercice de monter � cheval par Messire Antoine
de Pluvinel, son sous-gouverneur, etc., etc., etc.. Lequel respondant � Sa Majest�, luy faict remarquer l'excellence de sa m�thode pour r�duire les chevaux en peu de temps � l'obeyssance des justes proportions de tous les plus beaux airs et maneiges. Le loid enrichy de grandes figures en taille-douce, repr�sentant les vrayes et na�ves actions
des hommes et des chevaux en tous les airs, et ma- neiges, courses de bague, rompre en lice au Quintan et combattre � l'Esp�e : ensemble les figures des brides, les plus n�cessaires � cet usage, desseign�es et grav�es par Crispian de Pas. A Amsterdam, chez- Jean Schirper avec pri- vil�ge du Roy Tres-Chres- |
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i m\
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tien. »
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Selle de VAnneria real de Madrid; fin du XVI" si�cle.
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Ren� de Menou Charnizay
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commence par une d�dicace
au Roi, d�dicace dans laquelle il loue fort, et en termes �mus, son ancien ami : « l'ayant c�gnu pour le plus excellent de tous ceux qui ont jamais chauss� les esp�- rons, pour mettre l'art dont je parle � sa perfection; le plus doux pour faire con- cevoir aux hommes la mani�re d'atteindre au vray poinct de la science, le plus bret en toutes sortes d'inventions, pour tirer des chevaux, sans beaucoup les travailler, ce qu'on d�sire d'eux; le plus poly en ce qui d�pend de la perfection du chevalier; et qui en a rendu de telles preuves, qu'il se peut dire de luy avec v�rit�, qu'il a plus dress� d'hommes et de chevaux, que tous ceux qui s'en sont meslez depuis cent ans. » Comme le dit le titre, l'ouvrage est fait sous forme de questions du Roi et de r�-
ponses de M. de Pluvinel. Le Roi s'adresse d'abord � M. le Grand, c'est-�-dire � M. de Bellegarde. grand �cuyer
de France. Ce nom de Bellegarde n'�veille-t-il pas mille souvenirs chez l'homme de cheval? Le nom de Bellegarde, en effet, est inscrit en lettres d'or partout o� l'on monte � cheval, et il me souvient, pour ma tr�s humble part, lorsque j'�tais ca- valier-�l�ve � Saumur, de m'�tre bien souvent �chapp�, pour aller, en cachette, |
|||||||||||||||||
COESAR-AUGUSTE DE BELLEGARDE,
marquis de Termes, comte de Montbard, chevalier des ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel,
grand ecuyer de france.
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LE CHIC A CHEVAL. 117
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au man�ge des �cuyers, admirer M. de Bellegarde, alors capitaine �cuyer � l'�-
cole; et, s�rement, nul de ceux � qui leur bonne chance a procur� ce plaisir n'ont |
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oubli� quel remar-
cheval il �tait, au mi-
Pl�iade d'�cuyers, de
sous-ma�tres de ma-
lais , apr�s ce juste rendu � un homme
revenons au dialo-
Roi, le grand �cuyer
Louis XIII, donc, Grand lui dit : « Mon-
|
quable homme de
lieu de cette brillante sous-�cuyers et de n�ge. tribut d'admiration
de cheval �minent, gue engag� entre le et Pluvinel. s'adressant � M. le sieur le Grand, puis- force me permettent que j'ay, il y a long- �bien mener un che- |
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que mon aage et ma
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wr"^wm*''
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'«Wi./fllLU-M�MV.-HMj^^.,^,
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de contenter le d�sir
temps, d'apprendre
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Selle � la Pluvinel.
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val pour m'en servir, soit � la teste de nos arm�es, ou sur la Carri�re pour les ac-
ions de plaisir : je veux en s�avoir non seulement ce qui m'est n�cessaire comme ^015 mais aussi ce qu'il en faut pour atteindre � la perfection de cet exercice afin de co- buoistre parmy tous ceux de mon Royaume les plus dignes d'estre estimez. » M. le Grand lui r�pond : « Sire, Vostre Majest� a raison de souhaiter passionn�-
ment d'apprendre le plus beau, et le plus n�cessaire de tous les exercices qui se Pratiquent au monde, non seulement pour le corps, mais aussi pour l'esprit; comme � de Pluvinel luy donnera parfaitement � entendre, estant tr�s aise de ce qu'il a c°re assez de vigueur pour enseigner � Vostre Majest� la perfection de cette science. » U1s� le Roi demande � M. de Pluvinel en quel sens il entend que l'exercice du
eval n'est pas seulement n�cessaire pour le corps, mais aussi pour l'esprit. Voici la r�ponse de Pluvinel : |
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' L'homme ne le peut apprendre qu'en montant sur son cheval, duquel il faut
1U il Se r�solve de souffrir toutes les extravagances qui se peuvent attendre d'un
lmal irraisonnable, les p�rils qui se rencontrent parmy la chol�re, le d�sespoir, et
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118 LE CHIC � CHEVAL.
la laschet� de tels animaux, joincte aux appr�hensions d'en ressentir les effects.
Toutes lesquelles choses ne se peuvent vaincre ny �viter, qu'avec la cognoissance de la science, la bont� de l'esprit, et la solidit� du jugement : lequel faut qu'il agisse dans le plus fort de tous ces tourments, avec la m�me promptitude, et froideur que fait celuy qui, assis dans son cabinet, tasche d'apprendre quelque chose dans un livre. Tellement, que par l�, Vostre Majest� peut cognoistre tr�s clairement, comme quoy ce bel exercice est utile � l'esprit, puis- qu'il l'instruict, et l'accoustume d'ex�cuter nettement, et avec ordre, toutes ces fonctions, parmy le tracas, le bruict, l'agitation et la peur continuelle du p�ril, qui est comme un acheminement pour le rendre capable de faire ces mesmes op�rations parmy les armes, et au mi- lieu des hazards qui s'y rencontrent; y ayant encores une chose Botte � la piuvineiie. tr�s digne de remarques, et tr�s n�cessaire pour les grands Roys : c'est que la plus-part des hommes, et mesmes ceux qui sont destinez pour leur enseigner la vertu, les flattent le plus souvent : mais si, en cette science, je voulois flatter Vostre Majest�, j'aurois la honte qu'un animal sans raison m'ac- cuseroit de faux devant elle, et par cons�quent d'infid�lit� : c'est pourquoy, afin que je n'encoure cet inconv�nient, elle ne trouvera mauvais, s'il luy plaist, si en la re- prenant je dis la v�rit�. « Quant � ce qui touche le profit que le corps re�oit au continuel usage de cet exer-
cice, c'est qu'outre qu'il oblige l'homme � vivre sobrement et reiglement, il le rend libre en toutes les parties, le fait �viter toutes sortes d'excez et de desbauches, qui pour- raient troubler la sant�, s�achant bien estre impossible � celuy qui ressent la moindre incommodit� en sa personne, de pouvoir entreprendre quoy que ce soit, � cheval de bonne gr�ce, ny autrement. » Apr�s avoir d�crit au Roi le costume qu'il trouve le plus propre � l'�quitation, Plu-
vinel, sur une question de Louis XIII, lui explique la diff�rence qui existe entre le bel homme de cheval et le bon homme de cheval; ces lignes auraient pu �tre �crites hier, elles seront bonnes � lire demain, �tant de toute v�rit�, et en dehors de la mode. « Je la fais tr�s grande, cette diff�rence, Sire, car encores qu'il soit bien mal-ais�
d'estre bon homme de cheval, neantmoins on peut estre bel homme � cheval sans �tre bon homme de cheval : d'autant qu'il suffit d'estre bien plac� sur le cheval depuis la teste jusques aux pieds, pour se dire bel homme de cheval; et celuy qu'on aura veu en ceste posture cheminant seulement au pas, se pourra dire beau : et s'il a assez de fermesse pour souffrir un plus rude maniement en gardant sa belle posture, il ac- querra tousjours r�putation de bel homme de cheval, quand mesmele cheval ne feroit rien qui vaille quoique bien dress�. Car si l'homme garde tousjours sa bonne pos- ture, on accusera plust�t son cheval que luy, et n'y aura que les tr�s s�avants qui ve- |
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CHIC A
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CHEVAL.
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connoistront d'o� vient la faute; d'autant que la plus-part ne peuvent pas s'imaginer
qu'un homme puisse �tre ferme, et en bonne posture, sans estre bon homme de cheval. Comme aussi pour bien faire et acqu�rir la perfection de la science, il faut commen- cer, continuer, et finir par la bonne posture du chevalier; parce qu'il y a bien plus de plaisir de voir un bel homme de cheval ignorant en la science, qu'un tr�s s�avant de mauvaise gr�ce. Mais, pour estre parfaitement bon homme � cheval, il faut s�avoir, par pratique et par raison, la mani�re de dresser toutes
| sortes de chevaux � toutes sortes d'airs et de man�ges; jp connoistre leurs forces, leurs inclinations, leurs habi-
V^m<m0m^%s^M^ tudes, leurs perfections et imperfections, et leur nature
-=====A enti�rement; surtout cela faire agir le jugement, pour �peron de l'armure de Louis xiii. scavoir � quoy le cheval peut estre propre, afin de n'en-
treprendre sur luy que ce qu'il pourra ex�cuter de bonne gr�ce : et ayant cette cognoissance commencer, continuer, et achever le cheval avec la patience, et la r�solution, la douceur, et la force requise, pour arriver � la fin o� le bon homme de cheval doit aspirer; lesquelles qualitez se rencontrant en un homme, on le pourra v�ritablement estimer bon homme de cheval. » Rajeunissez les lignes qui pr�c�dent ou, plut�t, changez-en l'orthographe, et mettez-
les en t�te de n'importe quel trait� d'�quitation, vous ne pourrez rien dire de plus sens� et de plus vrai. Naturellement, le Roi demande quelles sont les qualit�s requises pour �tre bon homme de cheval, et M. de Pluvinel, prenant pour mod�le M. de Belle- garde, explique au jeune Roi quelle doit �tre le position de l'homme � cheval. « Vous remarquerez donc, Sire, s'il vous plaist, quelle est sa posture, depuis la
teste jusques aux pieds, » etc.. Et il prononce, entre autres, cette phrase qui para�tra,
sans doute, superficielle aux profanes, mais qui, cependant, a sa grande importance :
« Consid�rez la gayet� de son visage, car c'est une des parties tr�s requises au che-
valier, d'avoir la face riante, en regardant quelquefois la compagnie, sans la gu�re
tourner ny �� ny l�, <ifin que cette gayet� face cognoistre qu'il n'est
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120 LE CHIC A CHEVAL.
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vous le voyez, de mesmes que quand on est sur ses pieds... » Ce pr�cepte est certai-
nement moins bon que ce qui pr�c�de; mais la position que pr�conise Pluvinel est celle qui �tait exig�e depuis le commencement du moyen �ge jusque vers Louis XV, �poque � laquelle on commencera � plier la jambe. «... Et que Vostre Majesl�, » dit-il en forme de p�roraison, « que Vostre Majest�
retienne (s'il luy plaist) que nous n'avons point d'autre tenue, ny n'en devons esp�rer que celle-l�... » Le Roi demande alors � M. de Pluvinel de lui indiquer l'ordre dans lequel il
proc�de et pour le dressage des hommes et pour celui des chevaux. Il s'enquiert aussi s'il faut instruire l'homme et le cheval en m�me temps. Ce � quoi Pluvinel r�pond :
« Sire, encores qu'il ne soit pas impossible de dresser un homme et un cheval tout
ensemble, quoy qu'ils soient tous deux ignorans : n�antmoins, � cause qu'il y a plus de difficult�, s'il m'est possible, je d�sire dresser l'homme le premier, etc., etc.. Ayant estim� que le moyen de parvenir � toutes ces choses, avec la fermet� et la bonne pos- ture que je d�sire du chevalier, estoit de le mettre premi�rement sur un cheval dress�, pour luy donner parfaite cognoissance de ce que je viens de dire, afin qu'apr�s qu'il le s�aura, il puisse plus facilement juger le bien et le mal que le cheval ignorant ex�cutera sous luy, pour le caresser du bien et le ch�tier du mal... Voil� pourquoy, Sire, je voudrois commencer � dresser l'homme le premier... » Louis XIII s'informe alors par quels moyens on peut arriver � cette justesse et �
cette science qu'il admire, et, surtout, comment on peut faire pour l'enseigner : « Et, remarquera Vostre Majest�, » lui r�pond M. de Bellegarde, « que pour atteindre
cette perfection, il convient que celuy qui enseigne, et qui veut pratiquer cette m�- thode soit plein de patience et de r�solution, tout ensemble : deux choses que M. de Pluvinel vous pourra dire en deux mots. » On passe ensuite � l'examen des diverses races de chevaux « les plus propres pour
bien servir soit en guerre, soit sur la carri�re ». Il est assez int�ressant de conna�tre, sur ce point, l'avis de Pluvinel, car cet avis
peut montrer quelles �taient ces races, et ce qu'elles valaient au juste. « Sire, plusieurs provinces nous donnent des chevaux : ceux que nous avons Ie
plus commun�ment viennent d'Italie, o� la plus-part des races � pr�sent sont perdues et abastardies; tellement qu'il ne nous en arrive plus de si bons. D'Espagne nous en avons rarement, encores ceux qui nous passent ne sont pas les meilleurs. De Turquie? |
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il nous en vient si peu que nous n'en devons pas faire cas, quoy qu'ils soient tr�s ex-
cellens, et plus que ceux que j'ay nommez. Les Barbes nous sont plus communs, or- dinairement bons, et tous propres � faire quelque chose. L'Allemagne, la Flandre et l'Angleterre nous en donnent aussi; mais pour moy, je trouve, Sire, que ceux qui naissent en vostre Royaume sont aussi bons, ou meilleurs, qu'aucuns de ceux qui nous viennent de toutes ces nations estrang�res; car j'en ay veu de Gascongne, d'Au- |
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vergne , de
Poictou, de de Bretagne gongne de lents. Et si et la Noblesse Royaume es- rieux de faire vaux, il n'y monde o� il si bons; car que ceux qui ont toutes les qualitez re- beau et bon |
Limosin, de
Normandie, et de Bour- tr�s excel- les Princes, de vostre toi en t cu- race de che- a lieu au y en eust cle j'ai remarqu� y naissent excellentes quises au cheval. » |
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Selle, de l'Armeria real de Madrid.
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On voit que
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ce « butor »,
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comme l'appelle ce bavard de Tallemant des R�aux, lequel, probablement, avait �t�
�vinc� par l'illustre �cuyer qui, sans doute, avait autre chose � faire qu'� « potiner »; °n voit, disons-nous, que Pluvinel n'�tait pas un homme � pr�jug�s, puisqu'il ajoute : « Et pour moy, je ne m'enquiers point de quel pays ils soient, quand je les voy avoir bonne taille, beaux pieds et belles jambes, avec de la force et de la l�g�ret�, et d'une bonne et douce nature... » « Au diable », a-t-il l'air de dire, « les importuns qui ergotent, sans cesse, sur les
choses secondaires; voyons le r�sultat et ne discutons pas �ternellement sur les causes. Pauvre Pluvinel! que n'es-tu n� deux cents ans plus tard; tu aurais bien ri. On am�ne ensuite devant le royal �l�ve le fameux Bonnite, le triomphe du dressage "e M. de Pluvinel. M. le Grand (de Bellegarde) le loue d'une fa�on extraordi- naire, et explique de quelle fa�on Pluvinel est arriv� � en faire un cheval merveil- leusement dress�, alors que M. de la Broiie, « tr�s excellent en l'exercice de la Cava- Jerie »5 et « M. le Connestable » eurent renonc� � en rien tirer : « A cause de Sor* impatience, de sa teste malassur�e, ayant les gencives, et la barbe o� repose la Soumette, si tendre, qu'il ne pouvoit souffrir qu'� grand'peine ny embouchure ny Soumette, et si sensible de tous costez, qu'il n'y avoit nul moyen de branler tant |
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soit peu dessus, qu'il ne le mist en d�sordre : n�antmoins quelque jugement qu'en
fissent ces excellens hommes, M. de Pluvinel m'asseura de le rendre � la perfection o� un cheval pouvoit atteindre. Cela m'obligea (ayant tant de fois veu les preuves de sa suffisance) de luy abandonner mon cheval pour le dresser et manier du tout � sa volont�, � quoy il travailla, de sorte que par sa patience et son industrie, il luy donna le parfait appuy � la main, en lui faisant porter � diverses fois plusieurs sortes de groumettes. La premi�re d'un bien petit ruban de soye, l'autre d'une tresse de soye, l'autre de chevrotin, l'autre de marroquin, l'autre de grosse vache, l'autre de fer en forme de jazeran, et la derni�re, qu'il porte maintenant en servant Vostre Majest�, elle la peut voir semblable � celles que portent d'ordinaire tous les autres chevaux. Peu de jours apr�s il me le monstra � Fontainebleau, o� il le fit manier � courbettes par le droit, apr�s deux voltes � main droite, deux voltes � main gauche, et deux voltes � main droite, toutes six d'une haleine, sans sortir d'un rond � peu pr�s de la lon- gueur du cheval, et puis il le fit manier en avant, en arri�re, de cost�, de��, et de l�, et � une place : en faisant une courbette de cost�, tant de fois qu'il plaisoit au Che- valier. Je nommay tout � l'heure ce Maneige la Sarabande du Bonnite, que nous n'a- vons jamais veu faire qu'� luy, quand M. de Pluvinel estoit dessus. Et pour conclu- sion, il luy fit faire les excellentes passades relev�es, avec la gr�ce et la beaut� du cheval en toutes ces actions, et tout cela en pr�sence de M. le Connestable, qui fut en extr�me admiration de voir (contre le jugement qu'il en avoit donn�) une si grande et juste obeyssance en tous ces Maneiges... » Et lorsque M. de Pluvinel, prenant la parole, apr�s M. de Bellegarde, explique
au Roy les commencements du dressage, il dit entre autres cette phrase qui nous montre que, d�cid�ment, il n'�tait rien moins que « butor » :... « ... En prenant bien garde de ne l'ennuyer (le jeune cheval), si faire se peut, et d'�touffer sa gentillesse : car elle est aux chevaux comme la fleur sur les fruicts, laquelle ost�e ne retourne jamais. » Pluvinel commence le dressage en mettant le cheval autour d'un pilier, parce
que : « la plus grande difficult� qu'ayent les chevaux est de tourner ». « N'y a-t-il point de raison », demande alors le jeune roi, « pourquoy ils sont
portez � tourner plus volontiers � main gauche? » Voici la r�ponse de Pluvinel : « Sire, il y a quelques-uns qui en ont voulu cher-
cher la cause avant la naissance du cheval, et asseurent que le poullain estao dans le ventre de sa m�re, est tout pli� du cost� gauche; d'autres ont dit, qu'ordi- nairement les chevaux se couchent le plus souvent sur le cost� droit, qui les oblige de plier le col et la teste � main gauche. Mais moy, qui ne recherche point tou cette philosophie invisible, et qui m'arreste � ce que je voy apparemment, je ne croy ny aux uns ny aux autres : et puis assurer � Vostre Majest�, que la seule coustum leur produit cette mauvaise habitude, laquelle ils prennent d�s qu'ils sont hors d a |
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pr�s de leur m�re, et at-
tachez dans l'Escurie. Premi�rement le licol, le filet, la bride, la selle et les sangles se mettent du cost� gauche. Ja- mais, ou rarement, le Palefrenier ne com- mence � panser son cheval, ny ne luy donne a manger que de mesme cost�. Et toutes sortes de valets, soit Palefrenier °u autres (s'ils ne sont gauchers) conduisent musjours un cheval de la main droicte, et par ce moyen luy tirent la teste � main gauche. » Pluvinel ayant dit
qu'on ne doit pas battre les chevaux au com- mencement du dres- sage, son royal �l�ve mi demande comment u faut s'y prendre avec Jes chevaux m�chants, car il y en a de di-
Vei'se nature ». Pluvinel lui r�pond :
(< Sire, quand j'ay dit qu'il falloit garder de battre le cheval � ce c°mmencement, pour Ies raisons que j'ay d�- clar�es, j'ay dit si faire ! peut; mais je passe °utre et asseure qu'il ne faut nullement battre |
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au commencement, au
milieu ny � la fin (s'il est possible de s'en em- pescher), estant bien plus n�cessaire de le dresser par la douceur ( s'il y a moyen ), que par la rigueur, en ce que le cheval qui manie par plaisir, va bien de meilleure gr�ce que celuy qui est contraint par la force. Davantage en le for�ant il en ar- rive le plus souvent des accidens � l'homme et au cheval : � l'homme, en ce qu'il court fortune de se blesser, si la force dont il use n'est con- duitte avec grand juge- ment; et au cheval, qui, en courant la mesme risque, estouffe sa gen- tillesse, s'use les pieds et les jambes , se ren- dant par l� incapable de bien servir. Mais d'au- tant que les Fran�ois ne sont pas de l'humeur des autres nations, en ce que leurs chevaux, de quelque nature qu'ils soient, bien que sans force, sans adresse et sans gentillesse, ils veulent, sans consid�rer ces choses, les faire dresser. J'ay creu avant |
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Lance de joule et lance pour la course
de bague; r�gne de Louis XIII. |
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CHIC A CHEVAL.
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que passer outre devoir dire � Vostre Majest� un petit mot de la nature des che-
vaux en particulier. « Premi�rement il est tout certain que j'ay remarqu� par les lieux ou j'ay est�
hors ce Royaume, mesmement en Italie, o� on a tousjours
fait grande profession de l'exercice de la Cavallerie, qu'ils n'entreprennent point un cheval, qu'il n'aye toutes les qua- litez n�cessaires pour bien manier ; et si on leur en m�me qui soient col�res et impatiens, meschans, lasches, pares- seux, de mauvaise bouche et pesante, infailliblement quel- que beaux qu'ils puissent estre, ils ne les entreprennent point, au contraire ils les envoyent au carosse. Ce que les Fran�ois ne trouveroient nullement bon, et accuseroient d'ignorance les Escuyers qui renvoyeroient leurs chevaux de la sorte. C'est l'occasion, Sire, qui m'a fait plus soi- gneusement rechercher la m�thode de laquelle j'use, pour ce que par autre voye il me seroit impossible de r�duire quantit� de chevaux que l'on m'ameine, dont la plus-part ont les mauvaises qualitez ci-dessus. Qui me fait dire, sans vanit� ny pr�somption, que si je n'eusse recognu mes rei- gles plus certaines, et beaucoup plus briefves que toutes les autres que j'avois apprises, je n'aurois pas quitt� la plus grande partie de celles du Seigneur Jean Baptiste Pigna- tel, Gentilhomme Neapolitain, le plus excellent homme de cheval qui ait jamais est� de notre si�cle..... »
Pluvinel veut que l'on s'adresse le plus possible � l'in-
telligence du cheval, t�chant : « peu � peu � gaigner quel- que chose sur sa m�moire ». Il attache le cheval entre deux piliers, apr�s lui avoir donn�, autour du pilier isol�, la le�on du pas, du trot, et du galop ; et lui apprend doucement � ranger les hanches, � l'aide de la houssine. Puis, il fait abattre les �triers pour accoutumer le cheval � les supporter; et, enfin, le fait monter p&r « quelque jeune escolier bien l�ger et bien ferme ». Et, lorsque le cheval est accoutum� � ce « poids l�ger », comme disait � Saumur
un �cuyer c�l�bre, lorsque le cheval est docile sous son jeune cavalier, Pluvinel lui donne la premi�re le�on de la bride, et cette le�on est de tout point remarquable- La voici : « Sire, lorsque je cognoy le cheval accoutum� � porter l'homme, et ob�ir sous
luy sans se deffendre, je mets dessus quelque escolier plus s�avant, et qui aye de pra' tique � la main et au talon, lequel sans luy toucher des talons, s'accourcira douce- ment les r�nes, afin que peu � peu le cheval sente la main, et qu'il s'accoutume |
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PHILIPPE IV: ARMURE FLAMANDE.
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� s'y laisser conduire, le cavesson aidant tousjours comme devant, et se faisant
suivre par celuy qui tient la chambri�re. Si le cheval a tant soit peu de force, il maniera tout seul, et commencera � prendre l'appuy de la main, et on pourra continuer ceste le�on jusques � ce qu'en maniant, il souffre la main, et qu'il s'y laisse conduire : mais il faut que celui qui est dessus, prenne garde de lui donner cette le�on avec discr�tion, et sans l'incommoder de la bride, pour l'en ch�tier en aucune fa�on, mais avec prudence et jugement lascher ou rafermir la main, selon le besoin et le point o� sera le cheval; puis selon l'obeyssance qu'il aura rendue � l'entour du pilier, le renvoyer, ou finir la le�on entre deux piliers... » Le dressage continue, le cheval apprend � ob�ir � la houssine; cela am�ne une ques-
tion du roi, question qui provoque une r�ponse d'une remarquable justesse, et formul�e avec toute l'autorit� et toute la comp�tence qui appartenaient � un professeur comme Pluvinel. Le Roy.
c< ... Mais pourquoi vous servez-vous plustost de la houssine que des talons, puisque
vous d�sirez que la houssine frappe au mesme endroit que feroient les talons? Pluvinel.
« Sire, je le fais parce que je ne me veux servir des talons qu'en toute extr�mit�; car
s* les chevaux n'alloient point par autres aydesque parles coups d'esperon, je confesse franchement que je quitterois l'exercice de la Cavalerie, n'y ayant nul plaisir de faire Manier un cheval par la seule force : parce que jamais l'homme n'aura bonne gr�ce tant ^u il sera contraint de le battre ; et jamais le cheval ne sera plaisant � regarder en son man�ge, s'il ne prend plaisir � toutes les actions qu'il fera. » Lt, plus loin, il dit encore : « ... car s'il est possible, il faut estre avare des coups, et
prodigue des caresses, � fin, comme j'ay desj� dit, et redirai tousjours, d'obliger le che- ai a obeyr, et � manier plustost pour le plaisir que pour le mal. » |
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�poque Louis XIII.
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LE CHIC A CHEVAL.
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Dans la le�on de la courbette, comme dans les autres, Pluvinel veut qu'on confirme le
cheval dans le mouvement en avant. Ensuite viennent les le�ons des demi-courbettes et des demi-terre-�-terre, le tout tou-
jours entrem�l� devoltes autour du pilier; puis, ce quePluvinel appelle : « souffrir l'ayde des talons ». Le roi apprend ensuite comment il faut s'y prendre pour r�veiller les chevaux « qui
ont assez de bonne force, beaux pieds et belles jambes,
mais que le peu de courage rend si lasches et insensibles qu'il faut y apporter bien de l'artifice pour les r�veiller ». Puis, que voici de belles et nobles paroles, sentant bien
leur vaillante �poque, �poque qui recherchait avec passion
la gloire des armes.
ta. « Partant, Sire, Vostre Majest� trouvera bon (s'il luy
toit*1 plaist) de suivre mon conseil, afin d'obliger toutes ces per-
latToi-eb sonnes de qualit�, que voil� devant elle, qui d�sirent, il y
cl aine x '. x
a si long-temps, de la voir en cet est�t, qui leur donne es-
p�rance que bien-tost elle se portera � la teste de ses ar- m�es : donnant un si bon exemple de sa vertu, qu'elle obli- gera, par l�, toute sa noblesse, en l'imitant de le suivre, et de se rendre digne de la bien et dignement servir. » Dans la seconde partie de son ouvrage, M. de Pluvinel
donne la le�on, le roi �tant � cheval. Les conseils qui suivent ont leur importance et peuvent profiter � tous les professeurs. « .. N'estant pas tousjours n�cessaire de reprendre l'homme de toutes les fautes qu'il
fait, soit en la conduite de son cheval, soit en sa posture; � chaque fois qu'il les com- met (au commencement qu'il apprend), mais il faut reprendre, quand il est temps, afin de ne luy embrouiller point la cervelle : appartenant seulement au prudent Escuyer de cognoistre quand il est temps. » Ces autres r�flexions ne sont-elles pas d'une justesse extr�me ; n'�tonnent-elles pas
dans la bouche d'un homme que d'aucuns qualifiaient de « butor » ? « Sire, on peut plus dresser d'hommes en parlant peu, et quand il en est temps, qu'en
criant � toutes heures, comme presque la plus-part de ceux qui enseignent ont accous- tum� : ne croyant pas (plusieurs y a-t-il) estre dignes d'estre appeliez Escuyers si de moment en moment ils n'usoient de menaces, d'injures... « Il n'en peut r�ussir aucun bon effect, en ce que l'homme ignorant, estant desja
assez estonn� de se voir sur un cheval qui l'incommode, dont les extravagances le mettent en crainte; si parmy tout cela celuy qui l'enseigne, va augmenter son appr�hension par ses menaces... Or, Sire, quand l'Escolier qui commence � appren* |
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dre, commet quelque faute, soit en son action, ne gardant la bonne posture
qu'on lui aura enseign�e, soit en la conduite de son cheval; il faut consid�rer s'il est � propos de le reprendre : et pour le cognoistre, il faut juger le sujet qui le fait faillir, si c'est manque de teniie, si c'est �tonnement, ou si c'est faute d'esprit qui l'aye empesch� de retenir ce qu'on luy aura dit. Si c'est manque de teniie, ce seroit une |
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Un cavalier l�ger; Louis XIII.
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tohe bien grande, de reprendre un homme de sa bonne posture, et de manquera la
c°nduite de son cheval, lequel est si empesch� � se tenir, qu'il ne songe � autre chose : 11 faut donc auparavant que d'en venir � la r�pr�hension, luy apprendre � se tenir ferme. Au. semblable, si c'est quelqu'un qui s'estonne, on profiterait fort peu durant cet estonnement de censurer ses fautes, parce qu'il n'a rien devant les yeux qu'une conti- nuelle appr�hension qui rend sourd � tout ce qu'on lui peut dire... Si c'est faute d'es- Drn\ c'est ce qui est plus f�cheux, car il est tr�s difficile d'en donner � celuy qui n'en a Pas : n�antmoins les r�pr�hensions aigres, les menaces et les tourments ne luy en °nneront davantage et ne le rendront plus s�avant; au contraire, elles estoufferont |
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ce peu qu'il en aura, de telle sorte qu'elles le rendront incapable de quoy que ce
soit... » Il faudrait citer tout le livre; car, � propos du passage, que l'on �crivait alors pas-
seige, le roi pose � Pluvinel la question suivante : « Que nommez-vous passeiger, et qu'est-ce que passeige? »
Voici en quels termes Pluvinel explique au roi ce que c'est que le passage : « Sire, le vray passeige est un pas raccourcy que le cheval fait sous luy plus prest que le pas ordinaire et moins que le trot, en une action tousjours dispos�e � obeyr � la main, et aux talons, sans surprise, ayant bon et juste appuy de la main, et s'y laissant con- duire en bonne obeyssance aux talons pour faire le semblable. » Apr�s avoir fait passer le roi par tous les exercices : passades, passades furieuses,
voltes, demi-voltes, etc., etc., Pluvinel termine cette seconde partie par ce qu'il appelle « la conclusion de toutes les justesses. » « Sire, ce sont les bonnes voltes bien rondes, lesquelles il faut que le cheval fasse lar-
ges, moyennes et estroites � la discr�tion du Chevalier : car, comme j'ay dit au commen- cement de mon premier discours, tout ce que le cheval treuve le plus difficile est de tourner et de manier sur les voltes. » La troisi�me partie de l'ouvrage de Pluvinel est consacr�e, d'abord, aux diff�rents airs
de man�ge : « capr�oles, un pas et.un sault, courbettes ». A ce propos, le roi ayant entendu parler « d'un courtaut dress� � M. le Grand, le pa-
rangon v�ritablement de tous les plus excellents saulteurs qui se soient veus en no- tre temps », demande au grand �cuyer ce que c'est que cet excellent sauteur. Celui-ci lui r�pond, d'une fa�on assez amusante, en racontant les exploits de ce fameux cheval : « C'estoit le plus excellent, que je croy, qui aye jamais est� de notre temps et de ce- luyde nos P�res, voire de m�moire d'homme. Car il manioit parfaictement � toutes sor- tes d'airs; � capr�oles, � un pas un sault, � courbettes, et terre-�-terre, et si s�avant et obeyssant, que je luy ay veu tout d'une haleine changer d'air sous M. de Plu- vinel, � tous les temps qu'il luy plaisoit : de tous les quatre que je viens de dire, sans luy desrober un seul temps des autres airs, tant il estoit parfait en obeys- sance. en force et en disposition : ayant compt� quatre- vingt-trois capr�oles qu'il a faites d'une haleine sous le Sieur de Betbez� que voil�, qui estoit encor page de Vostre Majest�, et avec tant de gayet�, qu'il en eust peu encor bien faire davantage s'il eust pieu � Monsieur de Pluvinel : en quoy, Sire, je loue fort sa coustume de ne d�sirer rien tirer d'un cheval qu'� peu pr�s la moiti� de ce qu'il peut; la treuvant appuy�e d'une fort bonne rai- |
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LE CHIC A CHEVAL.
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son, qui est que faisant autrement, le Chevalier et le cheval perdent toute leur bonne
gr�ce; pour ce que si le cheval vient � s'affoiblir de force et d'haleine en maniant, il faut n�cessairement que les aides du Chevalier soient plus grandes et plus apparentes, per- dant par ce moyen la bonne gr�ce en leur action... |
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... « 11 est tr�s vray que personne n'a jamais mont� sur ce cheval qui soit demeur� en
selle, si auparavant que de le faire manier, je ne l'ay adverty. Et cela venoit de la na- |
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ture du cheval, le-
toit quelqu'un sur fort ais�ment con- lors que l'homme premi�re action de prendre une gauche, laquelle souffroit desrober, verty de l'en em- � l'instant des con- et si fascheux, que pr�les deux ar�ons rudesse de son es- possible � quelque �ust, de pouvoir Sans quitter la sel- |
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quel quand il sen-
luy, il se laissoit duiredepas; mais le vouloitlever, la qu'il faisoit, estoit demi-volte � main si le Chevalier luy et qu'il ne fust ad- pescher, il faisoit tretemps si rudes je luy ay veu rom- de sa selle par la quine : estant im- homme que ce souffrir ces efforts le. Et puis asseu- |
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Etriers de Wallenslein, duc de Friedland; 1G00 � 1634.
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rer Vostre Majest�, l'avoir veu en une matin�e jetter quatorze personnes par terre,
^t une autre fois un qui se disoit Escuyer, le faisant manier en un endroit o� il y avoit quelques petits arbres, il l'enleva si haut par-dessus la selle (en pr�sence de plus ®e deux cents personnes) qu'il le jetta sur l'un d'iceux. Mais la souveraine perfection et gentillesse du cheval estoit qu'apr�s avoir jette quelqu'un par terre, au lieu de lui taire du mal, il s'arrestoit tout court, l'alloit sentir, le souffroit relever, et le laissoit reprendre � luy. Je pourrais raconter � Vostre Majest� cent tours pareils qu'il a faits. » Apr�s avoir appris tous les airs de man�ge, le roi veut qu'on lui enseigne corn- ant il se faut comporter dans la course des bagues. (( Car je veux aussi bien me rendre beau et bon gendarme, comme bel et bon °rnnie de cheval, afin de pouvoir aussi parfaictement juger sur la carri�re, dans es triomphes et tournois, de la bonne gr�ce et de l'adresse des Chevaliers, comme Je s?auray faire dans les batailles, de la g�n�rosit� et de leur courage. » ^a r�ponse de Pluvinel sent son vert-galant d'une lieue : <( Cet exercice se fait pour donner plaisir aux Dames, et est le seul de tous pour |
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CIUC A CHEVAL.
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lequel elles donnent prix. Si bien que, pour plaire, chacun t�che avec passion � se
rendre agr�able � toutes en g�n�ral, et � quelqu'une en
particulier... Je conseille � toutes sortes de gallants hom- mes, de ne pratiquer cet exercice en public, qu'ils n'y soient tr�s asseurez auparavant : afin que les Dames et particuli�rement les belles (qui, ce semble, ont plus de loy de se moquer que les autres) ne le fissent � son pr�judice... » Suivent r�mun�ration des « qualitez qu'il faut au bon
cheval de bague, et la proportion que doit avoir la lance ». Pluvinel exige qu'on se tienne fort bien pendant la course : « car en cette action il semble qu'on n'excuse pas si volontiers les mauvaises postures qu'aux autres qui s'exercent � cheval ». La raison de cette s�v�rit� c'est : « que les Chevaliers qui paraissent sur la carri�re le font tout expr�s, et avec dessein de se rendre agr�ables aux Dames qui les regardent, se promettant qu'ils ne peuvent rien faire que de bon en leur pr�sence..........
« Tellement que si par hazard il paroist quelque geste
qui ne soit de bonne gr�ce, soit avant la course, durant icelle ou apr�s, la ris�e s'en fait g�n�rale parmy elles, qui supposent avec raison, que personne ne se doit pr�- senter sur la carri�re, ny dans la lice, pour leur donner du plaisir, qui n'ex�cute gentiment, avec hardiesse, et de bonne fa�on, tout ce qu'il entreprendra sans demeurer court, estant certain que les belles et gentilles prennent davantage de plaisir � voir un gallant Chevalier commencer, continuer et finir une belle course, sa lance ferme dans la main, par un beau dedans, que de consid�rer un mauvais gendarme, mal plac� sur son cheval, mal partir, sa lance tousjours branlante, et vacillante le long de la carri�re : et au lieu d'un beau dedans, brider la potence. » N'avions-nous pas raison d'�voquer l'ombre du Vert-Galant, du roi par excellence,
d'Henri IV, enfin; et, est-il possible d'�tre plus finement gaulois en restant dans le bon ton? Ces vieux livres fran�ais, de notre vieille et belle France, au temps ou tout �tait � sa place, ont pour nous une saveur exquise. Peut-�tre sommes-nous aussi un « butor » comme ce pauvre Pluvinel ; mais nous
avouons que nous nous demandons souvent pourquoi, au lieu de bourrer nos jeunes gens de grec et de latin, et de leur apprendre, de force (car Dieu sait que ce n'eS pas gai), les hauts faits des h�ros grecs et latins, on ne leur met pas plus lib�rale- |
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LE CHIC A CHEVAL. 131
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ment entre les mains, nos vieux auteurs. Nos anciennes chroniques abondent, elles
aussi, en beaux et glorieux faits d'armes. Eh, que diable! Bayard, au pont du Garigliano, vaut bien Horatius Cocl�s, voire m�me Cyn�gire. Il est moins loin de nous, et son histoire, plus certaine, devrait, ce nous semble, nous int�resser davan- tage. Notre vieille langue est, peut-�tre, moins brillante et moins raffin�e que celle de
Platon ou de Virgile, mais on respire dans nombre de r�cits de nos chroniques et de nos chansons de gestes, une franchise, une na�vet� qui n'excluent en rien la finesse. |
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Dans tous les cas, et
sujet, le cheval a ceci de moral, que, pour monter de corps et bien conform�; science du monde ne va- de cheval, quelques gout- Monter � cheval est un veut un homme complet. Qui de nous, militaire
tr�, le matin, � cheval, Mahon? Qui de nous, s'il souvenir des temps glo- que, de Crim�e et d'Italie, cavalier dont la m�le phy- et franchise? La vue de ce �voque la pens�e de ces avons parl�, allant droit arrive. On sent que ce glo- |
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pour en revenir � notre
bon et de profond�ment � cheval, il faut �tre sain tout l'esprit et toute la lent pas, pour �tre homme tes de sang g�n�reux, exercice d'homme, et qui |
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ou Parisien, n'a rencon-
M. le Mar�chal de Mac- vibre un tant soit peu au rieux des guerres d'Afri- n'a admir� ce vigoureux sionomie respire loyaut� vaillant homme de guerre preux chevaliers dont nous leur chemin, quoi qu'il rieux cavalier est le digne |
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Muserolle allemande dat�e de lOOi;
collection A. Jubinal. |
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descendant de Duguesclin, de Bayard, et que, comme le mar�chal P�lissier, il pourrait
prendre pour devise : « May d'honour que d'honnours. » � « Plus d'honneur que d'honneurs. » Mais, revenons au roi Louis XIII. Apr�s avoir, sous l'�il vigilant de Pluvinel et
du grand �cuyer, puis devant toute la cour, place Royale, couru brillamment la bague, il apprend � rompre en lice. Nous avons suffisamment parl� de cet exercice, dans un des chapitres pr�c�dents, pour n'y plus revenir. Voici donc le Roi parfait cavalier et parfait gendarme. Il en t�moigne sa gratitude
a son excellent professeur; et celui-ci en profite pour lui donner quelques conseils. ** lui demande, en outre, d'aider les « acad�mies » de sa munificence. Nous terminerons nos emprunts au livre de Pluvinel par l'extrait qui suit :
Le Roy : � « Pourquoy ceux qui tiennent � pr�sent les acad�mies ne le peuvent-
1 s faire avec la splendeur que m�rite la chose? |
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132 LE CHIC A CHEVAL.
Pluvinel : � Sire, c'est qu'il y a fort peu de gens de qualit� en cet est�t qui
se m�lent de cet exercice, et que la plus-part de ceux qui y vaquent n'ayant d'autre but que leur profit particulier, il est impossible que par cette voye ils puissent bien |
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s'acquiter de leur devoir :
AFFAIRES DOMESTIQUES ONT TOUS-
PUBLIQUES. » Nous avons essay� d'ana-
dentes, aussi bri�vement que M. de Pluvinel. Ce ma�tre justement re-
�l�ves, et la noblesse de principes. M. de Menou, seigneur de
fut en quelque sorte l'ex�- �cuyer si remarquable; il pour son propre compte : « La pratique du cavalier
cheval, qui enseigne la m�- dans l'ob�issance des plus |
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ESTANT TOUT CERTAIN QUE LES
JOURS NUY, ET NUIRONT AUX lyser, dans les pages pr�c�-
possible, la m�thode de nomm� laissa de nombreux
France se passionna pour ses Charnizay, nous l'avons dit,
cuteur testamentaire de cet publia, en outre, vers 1651, ou l'exercice de monter �
thode de r�duire les chevaux beaux airs et man�ges, par |
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messire Ren� de Menou, seigneur de Charnizay. Revu, corrig� et augment� par
luy-mesme, avec les figures, pour en donner l'intelligence. Ensemble, un trait� des moyens d'empescher les duels, et bannir les vices qui les causent. » Ses principes, sa m�thode sont naturellement ceux de son ma�tre; et son ouvrage,
divis� en six parties, dont la sixi�me est relative aux duels, n'est gu�re autre chose que la r�p�tition de celui de M. de Pluvinel. A cette �poque, la science v�t�rinaire n'existait qu'� l'�tat rudimentaire, et les
extraits suivants donneront un exemple des curieuses recettes dont on se servait alors. « Examen et forme de Test�t de mar�chal o� le maistre interroge le compagnon.
d. � Qu'est-ce que l'art de mareschal?
r. � Science, exp�rience, cognoissance et �uvre de main.
d. � Qu'est-ce qu'oeuvre de main?
r. � C'est bien chauffer le fer, le bien souder, bien forger, bien ferrer, bien cau-
t�rizer, bien soigner, estre adroit et hardy � bien panser un cheval des accidents qui luy peuvent survenir. d. � Combien l'animal a-t-il de veines?
r. � Une.
d. � Quelle est-elle?
r. � C'est dans le foye qui est la vraye fontaine et source et gros tuyau, d'o� se
s�parent les branches et ruisseaux, qui courent par toutes les autres parties du corps. |
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MARQUISE DE NEWCASTLE.
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LE CHIC A CHEVAL.
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d. � Qui sont les quatre �l�ments qui baillent nourriture � l'homme et aux ani-
maux? r. � Le feu, l'air, l'eau et la terre.
d. � S�ais-tu bien les douze signes et leurs noms? Et quelles parties gouvernent
ces douze signes? r. � Le B�lier gouverne la teste; le Taureau, le col; les G�meaux, les espaules et
les bras; l'Escrevisse ou le Cancre gouverne l'estomach et la poitrine; le Lyon, le c�ur; la Vierge, le ventre et les boyaux: la Balance, les reins et les fesses; le Scorpion, les parties honteuses; le Sagittaire, les cuisses; le Capricorne, les genouils; le Verse-eau, les jambes; le Poisson, les pieds. » � (Le mareschal expert traictant, etc., par M. Beau- grand, maistre mareschal � Paris, 1619.) Voici maintenant une recette du m�me auteur qui a bien aussi sa saveur.
« Receptes pour le Farcin. Il faut avoir deux esguillettes de chien, et qu'elles soient
rouges, et quand vous les aurez, vous cueillerez neuf feuilles d'herbe porette, et la piller avec neuf grains de sel, et luy metterez dans les aureilles devant que le soleil soit lev�, et lier avec les deux esguillettes, et les y laisserez vingt-quatre heures; et au bout des vingt-quatre heures luy deslierez les aureilles et oterez ladite herbe. » Peu apr�s, vers 1622, para�t le « Grand Mareschal Fran�ois, etc., par J. Prome. »
Les ordonnances du sieur Prome sont fort singuli�res. Nous en citerons une en
raison de son caract�re amusant : « Avvives, c'est un mal que l'on compare � la pleur�sie parce qu'il proc�de d'es-
chauffement et refroidissement. Quand vous voyez que le cheval perd l'app�tit tout d'un coup, et se met � travailler, il a les avvives. Le meilleur et le plus court rem�de c'est de les luy oster; mais parce qu'il ne se trouve pas-toujours un mareschal � la n�cessit�, il se faut servir de l'occasion pour conserver le cheval; et, en ce faisant, faut dire, en tenant l'aureille du montoir en vostre main gauche : « Prseceptis salutaribus vnoniti et divina inslilulione formali audemus dicere : Pater noster, etc. » Il faut r�- p�ter par trois fois ces paroles; puis le seignez de la veine de la langue et luy rafrais- chirla bouche de vinaigre et sel, et lui en mettre dans les aureilles, et le cheval sera gu�ry. » Si, par hasard, vous �prouvez le besoin « d'aller aussi viste que la poste », ma�tre
Prome vous fournira une recette infaillible. La voici, du reste : « Vous vous servirez de cecy pour vostre usage. Pren�s un c�ur de b�uf, et le
c°up�s bien d�licatement, puis le mettes dans une terrine de terre vernie, et la mettes dans un four afin que les morceaux deviennent tous secs, puis apr�s v°us les mettr�s en poudre bien subtille. Quand vous voudr�s faire diligence, quelques Jours de devant vous luy bailler�s de la poudre cy-dessus descrite; et au partir de la Maison vous ir�s environ une poste au grand trot ou au gallop; arrivant � la dite Poste, vous mettr�s incontinent pied � terre; et fer�s tirer hastivement un sceau d'eau; |
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LE CHIC � CHEVAL.
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et, ce fait, vous mettr�s dedans une poign�e de la dite poudre de c�ur de b�uf, que
vous porterez dans un sac de cuir, puis en bailler�s � boire au cheval, vous retour- ner�s le brider, et de l�, adieu. » Cet « adieu » n'est-il pas d�licieux? |
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Selle de postillon de l'attelage du pape Paul V.
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CHAPITRE XL
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LOUIS XIV. � LE MARQUIS DE NEWCASTLE.
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fouis XIV, avec son go�t pour le faste, pour les magnifiques
carrousels, donne une nouvelle impulsion � l'�quitation. Plus que jamais, les chevaux sont enguirland�s de rubans et par�s, pour les f�tes de Versailles et pour les marches triomphales � travers les provinces conquises. Van der Meulen nous a conserv� le type des robustes coursiers du temps, qui �taient, le plus souvent, pie ou blanc tachet� de noir. C'est l'�poque (1658) o� para�t la « M�thode et invention nouvelle de dresser les chevaux, par Ib tr�s noble, haut, et tr�s puissant prince Guillaume, marquis et comte de Newcastle, vicomte de Manfield, baron de Balsover et Ogle, seigneur de Cavendish, Bothel et Hepwel, pair d'Angleterre; qui eid la charge et l'honneur d'estre gouverneur du ser�nissisme Prince de Galles en sa jeunesse, maintenant Roy de la Grande Breta- 9ne ; lieutenant pour le Roy de la comt� de Notlhingham, et de la for�t de Sherwood; capitaine g�n�ral en toutes les provinces entre la rivi�re de Trent, et autres endroits u royaume d'Angleterre ; Gentilhomme de la chambre du lit du Roy ; conseiller $ &tat et priv� ; chevalier du tr�s noble ordre de la Jarreti�re, etc. �uvre auquel on aPprend � travailler les chevaux selon la nature, et � parfaire la nature par la Suotilit� de l'art; traduit de l'anglois de l'auteur, par son commandement, et en- rtchy de plus de quarante belles figures en taille douce. » ^e frontispice repr�sente le noble marquis sur un cheval ail� et entour� de rayons ; Ut autour, des chevaux agenouill�s rendent hommage au tr�s titr� et peu modeste ecuyer. C'est qu'il y a loin, en effet, de la bonhomie modeste et savante du vieux Plu- |
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136 LE CHIC A CHEVAL.
vinel � l'assurance affirmative du marquis de Newcastle. On en jugera par ce qui suit :
Le marquis de Newcastle d�crit sa selle, en donne la figure, et �crit carr�ment au-des- sous : « V�cy la plus excellente selle qui puisse �tre. » Quant � sa m�thode, il la pr�- sente comme « assur�ment infaillible ». Il ne faut pas croire cependant que Newcastle n'ait aucun m�rite; il parle tr�s excellemment de l'assouplissement des �paules « pivot sur lequel tout roule », et de l'emploi du bridon. « Le bridon n'appuie que sur les l�vres et peu sur les barres, et la barbe se conserve
en son entier. Il est bon pour les chevaux qui p�sent � la main, portent bas, et s'ar- ment, pour les relever. On peut gourmander un cheval en tirant les deux r�nes du bridon l'une apr�s l'autre, fortement et plusieurs fois de suite, comme si on voulait lui scier la bouche. 11 est encore bon, pour acheminer un jeune cheval, lui apprendre � tourner au pas, au trot, l'arr�ter. La sujettion de la bride lui peut donner occasion de se d�fendre, et le bridon le dispose � mieux ob�ir � la bride... Il n'est pas bon pour ceux qui n'ont point d'appui, qui battent � la main ; car, comme il �te l'appui � ceux qui en ont trop, il g�te ceux qui n'en ont point. » 11 inventa un cave�on, dont il se servait � cheval pour le dressage. « Ce cave�on �tait
pourvu de deux anneaux lat�raux fix�s � un pouce du chanfrein; une r�ne partait de chaque c�t� de la batte de la selle, traversait l'anneau et revenait dans la main du ca- valier; l'effet en �tait tr�s puissant, et �tait destin� � assurer la position de l'encolure et de la t�te r�clam�e par le mouvement � ex�cuter. » Il se servait, en outre, d'une cravache dont le bout �tait muni d'une molette d'�-
peron. On voit de suite quels r�sultats l'�cuyer pouvait obtenir avec de pareils moyens. Amenant de force le bout du nez du cheval � la botte, il mettait la malheureuse b�te fort mal � son aise, et, sans doute, bien emp�ch�e d'ex�cuter le mouvement qu'il lui demandait. On sent cependant au milieu de tout le fatras pr�tentieux de son livre, le d�sir du
marquis de Newcastle de conserver « la bouche saine et enti�re, les barres et la- place de la gourmette ». Il n'est, du reste, pas partisan des piliers que Pluvinel pr�conisait, et on sent fort bien
qu'il est jaloux de la juste renomm�e de ce dernier. Le marquis de Newcastle a tout lu, approfondi toutes les m�thodes et n'y a rien trouv� de bon. Lui seul est infaillible, lui qui �crit que le cavalier doit se « seoir droit sur l'enfourchure et non sur les fesses, combien que plusieurs croient que la nature les a faites pour s'asseoir dessus ». En r�sum�, le marquis de Newcastle nous appara�t comme un �cuyer, non sans m�-
rite, sans doute, mais chez lequel l'orgueil et la suffisance dominent � ce point qu'il pense avoir invent� la seule et vraie �quitation. Il publia � Londres, en 1667, une seconde �dition de ses principes. La premi�re �di-
tion avait paru � Anvers. Les deux ouvrages sont loin, m�me au point de vue purement artistique, de valoir celui de M. de Pluvinel. La France demeurait donc alors, vraiment |
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LE CHIC A CHKVAL.
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sup�rieure aux autres peuples en �quitation; d�sormais, du reste, c'est elle qui tiendra
de ce chef, pour longtemps encore, la t�te des nations civilis�es. C'est avec Louis XIV que commence la r�putation de la c�l�bre �cole de Versailles
qui, jusqu'� la R�volution, tiendra le haut du pav�, non seulement comme �cole d'�- |
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comme foyer de l'�l�-
la politesse. Elle ne avoir jet� le plus vif de et aux belles ma- calculable de jeunes invoquera toutes les pirer des bonnes tra- c'est d'elle que sorti- plus justement renom- dudix-neuvi�mesi�cle. blier, dans le courant un grand nombre de et de v�t�rinaire, mais teurs �taient absolu- connaissances en ana- aucune valeur m�di- qu'un int�r�t de cu- m�me, qui publie le
ment s�rieux de mar�- du « Parfait Mares- la pratique des op�ra- ge � cette �poque, ni des de ses devanciers, ter ici comment il traite nousconseillons � ceux sont pasennemis d'une dans le beau livre de le proc�d� pr�conis� |
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quitation, mais encore
gance, du go�t et de dispara�tra qu'apr�s �clat et form� au mon- ni�res un nombre in- gens. C'est elle qu'on fois qu'on voudra s'ins- ditions �questres; et font les �cuyers les mes du dix-huiti�me et On continue � pu-
du dix-septi�me si�cle, trait�s d'hippiatrique ces trait�s, dont les au- ment d�pourvus de tomie hippique, n'ont cale et ne pr�sentent riosit�. M. de Solleysel lui-
premier trait� vrai- chalerie, sous le titre chal: » n'�chappe ni � lions barbares, enusa- aux incroyables rem�- Nous ne pouvons ci-
le cheval fourbu, mais de nos lecteurs qui ne douce gaiet�, de lire, M- le capitaine Picard, |
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Fonte de pistolet;
XVIIe si�cle. |
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Par M. de Solleysel.
M. de Solleysel, qui traduisit et annota en fran�ais l'ouvrage du marquis de Newcastle,
0rs assez peu connu en France, nous apprend � quel point exact en �tait l'entra�ne- nt des chevaux de courses en Angleterre. Nous ne pouvons passer sous silence un °cument de cette importance; le voici donc tout entier : c< En Angleterre, ils ont des chevaux destin�s seulement pous faire de grandes cour- |
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C'IIC A CHEVAL.
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138 LE CHIC A CHEVAL.
ses; ils sont si curieux de ce divertissement qu'ils les nourrissent expr�s pour cela, et
leurs chevaux, qui sont naturellement de grande haleine, et qui ont une extr�me vi- tesse, sont mis en un tel est�t par cette sorte de pr�paration, qu'ils fournissent et font des courses incroyables, non pas au petit et au grand galop comme les nostres, mais � toutes jambes; en sorte que ceux qui ne l'ont jamais veu, ont peine � se persuader comme un cheval peut r�sister � la violence de leurs courses pendant cinq et six milles, et on en voit beaucoup, en ce pays-l�, fournir des courses de cette longueur. « Pour choisir un cheval de course, il le faut long de corps, nerveux, de grande
ressource et fort vite, lequel, outre la bonne haleine, doit avoir l'�peron fin et �tre grand mangeur. Le cheval, avec tout cela, doit estre anglais, barbe ou au moins de l�g�re taille,. la jambe assez mince, mais le nerf d�tach� de l'os, court jointe et le pied bien fait; les pieds larges n'ont jamais r�ussi � ce m�tier. Pour pr�parer le cheval de course, il ne luy faut point donner d'avoine ni de foin; mais luy faire du pain moiti� orge, moiti� f�ves, le faisant bien cuire en forme de g�teau plat, et n'en donner jamais au cheval qu'il ne soit rassis, et plut�t dur que tendre; trois livres � midy et trois livres au soir suffisent pour son ordinaire, et cela au lieu d'avoine; de la gerb�e de froment au lieu de foin; de l'eau ti�de � boire, o� vous mettrez sur un seau une joint�e de farine de f�ves et d'orge; le tenir bien couvert avec un drap et couverture, dans une �curie o� il n'y ait aucun jour, bonne liti�re nuit et jour et toujours couvert; l'ayant nourry quatre jours de la sorte, le cinqui�me, au matin, l'ayant tenu brid� pendant trois heures, donnez-luy des pillules, compos�es d'une livre de beurre frais, qui n'ait pas �t� lav�, c'est-�-dire d'abord que la cresme est chang�e en beurre, sans le laver, m�lez parmy vingt-cinq ou trente gousses d'ail concass�es, de tout faites pillules grosses comme de grosses noix, que vous ferez avaller au cheval, avec une pinte de vin blanc, puis le tenir trois heures brid�, la teste fort haute; ensuite le trailer � l'ordinaire avec son pain, son eau et de la paille m�diocrement, car il ne le faut pas engraisser, mais au contraire, en l'amai- grissant, luy augmenter la vigueur et l'haleine. Le septi�me jour, c'est-�-dire un jour pass� apr�s la prise des pillules, promenez-le au matin une heure avant soleil lev�, et une heure apr�s soleil couch�, au pas et au galop. Si le cheval demeurait trop gras, il le faut promener une heure apr�s soleil lev�, et une heure
avant soleil couch�, puis le ramener � l'�curie, l'essuyer et le bien couvrir, et le nourrir � son ordinaire, et continuer � le promener tous les jours, et luy donner tous les cinqui�mes jours les pillules de beurre, observant le jour de la prise ny le lendemain de le point promener. « Quand il aura pris trois prises de pillules, c'est-�-dire
quinze jors apr�s qu'on l'a commenc�, il le faut promener au matin deux heures, et autant au soir, au galop, � toute bride, et au pas, pour luy laisser reprendre haleine de temps |
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LE CHIC A CHEVAL. 139
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en temps, observant toujours de ne le point courrir les jours de pillules, ny le lende-
main; il le faut ramener en main, au petit pas, bien couvert; le bien essuyer, le frottant jusqu'� ce qu'il soit sec, l'attacher la teste haute,' le laisser brid� trois heures, puis luy donner � boire de son eau plus que ti�de, puis le nourrir � l'ordinaire : il le faut nourrir son mois entier de cette m�thode, prenant les pillules toujours apr�s les quatre jours; et, les cinq ou six derniers jours du mois, le courre tant qu'on juge que son haleine peut fournir, le galopant pour le laisser souffler, ne le travaillant n�an- moins que deux heures au matin et deux heures au soir, le ramenant au petit pas, en main, bien couvert d'un drap et d'une couverture, puis l'essuyant et le faisant boire comme j'ai enseign�. Au bout de ce temps, si la fiente est encore gluante ou humide, |
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il n'est pas bien
continuer jus- fiente s'�mie humidit�; lors en �tat de faire vous voudrez, de faire la cour- toute la nuit; � matin, luy fai- chopinesdevin dans lequel on vingt ou vingt- d'�uf, le rebri- aPr�s la prise, |
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pr�par� ; il faut
qu'� ce que la sans aucune le cheval sera les courses que Un jour avant se, il sera brid� deux heures du re avaler deux d'Esp agne, aura d�lay� cinq jaunes cler deux heures puis le monter |
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Voicy la plus excellente selle qui puisse �tre (comte de Newcastle).
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au petit galop d'abord, puis � toute bride, autant que son haleine pourra fournir, en-
suite au petit galop pour prendre haleine, et apr�s � toute bride, et cela pendant trois heures; le bien couvrir, le ramener au petit pas, le bien essuyer, puis le laisser trois heures brid�, la teste haute* et apr�s lui donner son eau, mais il la faut le plus chaude (�11 il la pourra boire, puis le traiter � l'ordinaire. Le jour de la course, il faut qu'il ait aval� le vin d'Espagne et les jaunes d'�ufs deux heures avant la course, et qu'il clt est� brid� six heures avant de prendre son vin d'Espagne. Vous notterez que le jour vant la course et le jour d'icelle il ne doit manger que moiti� de son foin � chaque
epas, et moiti� de la paille qu'on avait coutume de luy donner. Les jours que les
_ vaux ne font pas les courses, et lorsqu'on ne s'en sert pas � cela, il les faut tou- jours nourrir et promener comme j'ai dit, hors que, depuis qu"ils sont pr�parez, on e donne les pillules qu'au bout de huit jours seulement.
* Si le cheval �tait d�go�t� et fort resserr�, pendant cette pr�paration ou apr�s, taut lui donner de bons lavements avec deux pintes de lait et une chopine d'huile °'ive, le tout ti�de. On ne doit courre ces chevaux qu'avec des filets fort menus,
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LE CHIC A CHEVAL.
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afin de ne leur �ter l'haleine, comme feroit un de nos mors, se courber sur le
col en courant pour emp�cher que le vent ne vous prenne, avoir des habits fort joints au corps, point de casaque volante, un bonnet au lieu de chapeau, de petits esp�rons fort aigus, et picoter le cheval aux flancs, les grands coups arrestent les chevaux, et ne les font pas courre; point de croupi�re, ni de poitrail, une selle fort l�g�re et le cavalier aussi. « Voil� ce que ce cavalier m'a appris de la course des chevaux anglais. En voil�
assez pour satisfaire la curiosit� de ceux qui auront envie de pr�parer des chevaux, comme on le pratique en Angleterre; pour moi j'aime mieux dresser un cheval pour la guerre, ou pour le man�ge, que de le pr�parer � pareilles courses, o� le soin et la peine sont plus grands que le plaisir qu'on en retire. Adieu. » En 1665, M. de Beaurep�re, �cuyer de la Grande �curie, publie « le Mod�le du ca-
valier fran�ais. » 11 fait para�tre, en 1690, un « Trait� des rem�des les plus utiles et n�cessaires pour la gu�rison des chevaux. » Nous en extrairons le passage qui suit : « Pour les blessures : Prenez les trois parts de fiente de mouton et de la fleur de
farine de seigle, meslez bien le tout et le faites cuire moyennement, puis en pansez la plaie; nostez en ce lieu que le jus d'�clair� est tr�s souverain pour toutes sortes de playes sous la celle; la fiente de poule ard�e, brusl�e et mise en poudre et appli- qu�e sur le mal, a le m�me effet. » Pour terminer ce chapitre, nous emprunterons quelques renseignements au capi-
taine Picard, touchant l'organisation de la cavalerie fran�aise � cette �poque. « Pour ce qui regarde plus particuli�rement l'�quitation militaire, nous devons dire
qu'il n'y avait pas d'uniformit� adopt�e ni pour les exercices d'�quitation, ni pour le service int�rieur, ni pour les man�uvres; en un mot, pas encore de r�glement d'exer- cices. Les capitaines de compagnies faisaient l'instruction, chacun � sa mani�re, en s'ins- pirant des m�thodes d'�quitation en vogue ; ils n'�taient tenus qu'� certaines lois tr�s larges, ordonnances et r�glements du roi, auxquels il ne faudrait pas donner la signi- fication qu'on attribue aujourd'hui � ces noms. Si l'on veut une comparaison, ces ordon- nances ressembleraient plut�t aux d�crets de notre Journal militaire. Donc, pas de m�thode, m�me g�n�rale qu'on puisse analyser. Un but d'instruction � atteindre, et c'est tout comme direction. » Et M. le capitaine Picard cite le « Manuel de Cavalerie par le Sieur de Birac. »
� (La Haye, 1693.) Il n'entre pas dans le cadre de ce modeste ouvrage de parler de toutes les r�formes
importantes qui signal�rent le r�gne du grand Roi, nous mentionnerons donc seu- lement quelques-unes de celles qui touchent directement � notre sujet. C'est sous Louis XIV que les hussards, cavaliers d'origine hongroise, font leur
apparition dans l'arm�e fran�aise, o�, apr�s des fortunes diverses, ils ont vite acquis |
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UN �L�VE DU MARQUIS DE NEWCASTLE.
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LE CHIC A CHEVAL. 141
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un renom l�gendaire de bravoure et d'�l�gance. Ce sont eux qui introduisirent,
dans notre arm�e, l'usage de la schabraque et de la sabretache. Leur armement pri- mitif consistait en deux sabres, l'un recourb�, pour attaquer et combattre; l'autre, sorte de longue latte qu'ils portaient sous le genou, � peu pr�s de la m�me fa�on que nos spahis, leur servait � poursuivre l'ennemi. C'est �galement sous Louis XIV qu'on adopta l'usage de combattre sur trois rangs.
L'introduction de v�tements uniformes (r�forme si importante au point de vue de la
discipline) dans la cavalerie, date de 1690. C'est Colbert qui, en 1680, cr�e les haras nationaux.
Nous citerons, pour m�moire seulement, les noms des principaux �crivains sp�ciaux
ou �cuyers du r�gne de Louis XIV. Ce sont : M. de Beaumont, qui publie en 1682 « l'Escuyer Fran�ois ».MM. Coulon, de Qu�rinay, de Rochefort, Dugard, �cuyer de la Grande �curie; MM. d'Ainaut, Bernardi, Duvernet et de Moismont, de Long-Pr�, de Bournonville, du Plessis, que Saint-Simon appelle le premier homme de cheval de son temps; les fr�res de La Vall�e; MM. de Neuville, Delcampe, qui �crit en 1690 : « L'art monter � cheval. » Rappelons encore M. de Vendeuil, qui eut la gloire d'�tre le professeur de M. de La
Gu�rini�re. |
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CHAPITRE
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XII.
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GASPART DE SAUNIER.
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LA GUERINIERE.
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ous voici arriv�s � une des �poques les plus brillantes et
les plus aimables de l'histoire de la soci�t� fran�aise. Le spectacle qu'offrent les classes sup�rieures de cette so- ci�t� est plein de charme. Tout y para�t fait pour le plaisir des yeux; l'art, le go�t, cette qualit� si �minem- ment fran�aise, sont partout et dans tout. Hommes et femmes rivalisent de gr�ce, d'�l�gance; un nuage de poudre � la mar�chale semble planer dans l'air, affinant les �tres et les choses. Le moindre meuble, le plus petit objet cle ces temps charmants portent l'empreinte d'un go�t exquis, un peu affect�, un peu mani�r� quelquefois, |
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prrSW
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mais toujours ravissant.
Au dix-huiti�me si�cle, nulle nation, en Europe, ne peut rivaliser avec la France en mati�re artistique; tout ce que peuvent faire les �trangers, c'est de nous imiter, mais de loin. La royaut� du bon go�t appartient � la France. ^a mode fran�aise, la langue fran�aise r�gnent en ma�tresses dans toute l'Europe.
^ 2ela est si vrai, que si l'on se prom�ne dans les grands mus�es de l'Europe, au
^0�th-Kensington, par exemple, qui renferme tant de tr�sors, toutes les fois que l'�il
3st arr�t� sur un joli meuble, sur un bibelot gracieux, on est s�r de lire au-dessous :
Prance, XVIIIe si�cle.
L'�quitation, elle aussi, a sa part de cette gloire. Le nom seul de La Gu�rini�re en
" assez; son livre, qui est intitul� : « �cole de cavalerie », est certes le plus beau et
Plus artistique monument �lev� � l'�quitation.
Mais avant de parler de cet ouvrage si remarquable, il convient de dire quelques
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LE CHIC A CHEVAL.
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U4
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mots d'un �cuyer �galement c�l�bre, et dont les aventures romanesques sont bien
connues. J'ai cit� Gaspart de Saunier. Je n'entreprendrai du reste pas ici de raconter la vie agit�e du jeune Saunier, et je
m'occuperai seulement de ses ouvrages. « La parfaite connaissance des chevaux » est de 1732; c'est un simple trait� d'hippia-
trique. Saunier publia ensuite « Les vrais principes de la cavalerie » et, enfin, son dernier livre : « L'art de la cavalerie. » Il est un des premiers � r�agir contre les doctrines de Newcastle. Il condamne l'abus
du cave�on et ne veut plus qu'on se serve des mors extraordinaires jusque-l� en usage. « Moins le cheval », dit-il, « a de fer dans la bouche, et plus il est � son aise. » Dans les lignes qui suivent, Saunier s'attache � d�montrer que l'officier de cavalerie
doit �tre tr�s expert en �quitation. « Il est n�cessaire qu'un cheval de guerre et de combat entende bien les aides; car
plus il les entendra, plus le cavalier, qui sera dessus, aura l'avantage sur son ennemi, soit dans une bataille, soit dans un combat particulier. Mais aujourd'hui la mollesse r�gne parmy les jeunes gens, ils pensent que pour peu qu'ils puissent se tenir sur un cheval qui va droit son chemin sans tomber; que cela, dis-je, doit leur suffire. Mais je voudrais bien voir comment tous ces messieurs les petits-ma�tres, dans un jour d'action, se tireraient d'affaire. « Je parle ici pour avoir vu ; que de braves gens se sont fait tuer faute de savoir
gouverner leur cheval ! « Que l'on juge donc de la perte que fait un officier � la t�te d'une troupe, lorsqu'il
ne peut pas conduire son cheval. Outre sa vie qu'il risque, il expose au m�me danger toute sa troupe. Outre ce malheur, si l'officier n'est pas bon homme de cheval, |
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seigner � ses cavaliers la
chevaux? D'un autre c�- pas mieux que leur offl- ils parer les coups, tandis leurs deux mains � con- quelle main pourront-ils et se d�fendre? » preuve, l'auteur raconte cheval qui sautait parfai- Italie, � un parti de hus- dont il fait usage sont : |
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comment pourra-t-il en-
mani�re de cond uire leurs t�, si ceux-ci ne le savent cier, comment pourront- qu'ils seront occup�s de duire leur cheval? De combattre leurs ennemis Et, en mani�re de comme quoi, ayant un tement, il �chappa, en sards. Les diff�rents airs |
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Selle anglaise; 1740.
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le manier terre-�-terre, le mezair, les courbettes, les voltes relev�es, les voltes � crou-
pades et les voltes � bollotades; « quant aux voltes � caprioles, elles ne consistent que dans l'imagination de quelques auteurs qui ne les ont jamais faites ». Tous ces mouvements s'ex�cutent de deux pistes. |
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GUERRIER JAPONAIS.
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LE CHIC A C H H VAL.
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Gaspard Saunier s'occupe aussi de l'�quitation anglaise; et son jugement est si net,
sa mani�re de voir si juste, qu'il n'y trouverait, en somme, que peu de chose � modifier s'il lui �tait donn� de les formuler aujourd'hui. « Autrefois, l'Angleterre avoit quantit� de bons �cuyers, mais pr�sentement la
nation fait peu de cas de cette science; de mani�re que si un �tranger alloit � pr�sent dans ce royaume, f�t-il le plus habile qui ait paru dans le monde, n'�tant point n� en An- gleterre, il ne seroit ni �cout�, ni m�me regar- d�. Mais un jeune valet, tort l�ger et hardi, ca- pable de monter un che- val de course � New- tnarquet ou ailleurs, sera plus estim�, de |
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m�me que le ma�tre va-
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Selle anglaise � la Ragotski.
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let qui auroit mis le
cheval en haleine, en t�chant de gagner la course; ces deux hommes, dis-je, seront plus estim�s que les plus habiles �cuyers de l'univers, ce qui provient de ce que les Man�ges sont pr�sentement n�glig�s en Angleterre. « Je me souviens aussi que, lorsque le roy Jacques quitta l'Angleterre pour passer
en France, plusieurs seigneurs et milords le suivirent, et lorsque Louis XIV fut � Fontainebleau, plusieurs de ces seigneurs anglais crurent pouvoir chasser comme chez eux, c'est-�-dire avec leurs bridons, et leur petite selle � l'angloise; mais ils trouv�rent bien du changement par rapport au terrain et aux bois remplis de mon- tagnes tr�s escarp�es, rencontrant partout des rochers et de grosses pierres. C'est ce lui obligea Louis XIV de faire aplanir le terrain en beaucoup d'endroits, et d'y faire tirer de grandes all�es qui r�pondaient souvent les unes aux autres, ce qui n'�toit pas auparavant. Louis XIV vouloit alors courir le cerf dans une esp�ce de voiture � quatre r°ues, ce qui n'est cependant pas la mani�re des v�ritables chasseurs, qui doivent 0ujours suivre la queue des chiens ; ce que les piqueurs et les amateurs de chasse assoient � travers les bois et les rochers. Tous ces lords et seigneurs �trangers, qui Soient pr�sens, pr�tendoient alors l'emporter sur les Fran�ois, et c'est en quoi ils Uroient r�ussi, s'ils eussent trouv� un terrain comme dans leurs pa�s; mais avec eurs bridons, leurs petites selles et leurs petites bottines, aussi souples qu'elles doi- ent �tre dans un man�ge, pour passer � travers toutes les grandes for�ts remplies de ls-taillis, de gros et de petits arbres, entre les rochers et les cailloux, tant�t l'un se |
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'�HIC A CHEVAL.
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146 LE CHIC A CHEVAL.
cassoit la jambe en donnant de vitesse contre les arbres pour �viter les rochers; tant�t
d'autres ne pouvant conduire leurs chevaux comme ils auroient pu faire avec la bride, les branches d'arbres les emportaient de dessus leurs petites selles; tant�t, apr�s avoir mont� une �minence, trouvant de l'autre c�t� un pr�cipice, ils ne manquoient pas de faire la culbute, de se casser le cou ou une jambe, faute de pouvoir retenir leurs chevaux, qui, quelquefois m�me, se trouv�rent fort estropi�s. « Je cite tout cela pour l'avoir vu arriver plusieurs fois; mais
l'ann�e suivante, je vis ces seigneurs et lords, qui �toient venus en France, oblig�s de prendre les mani�res fran�oises, c'est-�-dire de se servir de bride et de selles vulgairement nomm�es � la royale, qui ont �t� invent�es pour la commodit� de Louis XIV. Ces sei- gneurs furent aussi contraints de prendre des bottes fortes, afin de pouvoir passer en s�ret� � travers les bois-taillis et autres brous- sailles. Cette seconde ann�e donc, il ne fut plus question ni de bridons, ni de selles � l'angloise, ni de bottines l�g�res. » Nous avons, il est vrai, adopt� la selle anglaise, comme infi-
niment plus commode que la vieille selle � la fran�aise. Mais, � l'�poque o� �crivait Saunier, les for�ts �taient bien moins perc�es de routes et de chemins accessibles qu'elles ne le sont aujourd'hui; et il est encore certains pays, le Limousin, par exemple, o� les « chantilly » vernies font triste figure. Il y faut chausser la grosse botte de cuir fauve, ce qui, du reste, est loin d'�tre moins pitto- resque. A l'appr�ciation de Saunier sur l'�quitation anglaise, nous join-
drons celle du capitaine Picard, appr�ciation qui trouve tout natu- Masiicadour. Tellement place ici, et qui r�sume admirablement, et avec toute l'autorit� que donne la comp�tence d'un pareil juge, les principes
ou plut�t le manque cle principes qui caract�rise l'�cole anglaise. « L'�cole anglaise a fait une r�volution compl�te dans le monde hippique. C'est
elle qui a institu� les courses de vitesse et a r�g�n�r� les races de chevaux. Mais si, tout d'abord, elle a eu une m�thode et des ma�tres, elle est bient�t tomb�e � un �tat latent. Il en est rest� dans le pays un go�t tr�s d�velopp� du cheval ; quant aux pr�- ceptes �questres, ils ont compl�tement disparu. Les cavaliers ont une hardiesse incon- testable , mais de m�thode, point. » Le capitaine Picard pourrait ajouter, ce que nous avons d�j� dit, � savoir que leurs
plus grandes qualit�s hippiques sont celles de leurs chevaux. En 1733, Fr. R. de la Gu�rini�re publie le si remarquable ouvrage dont nous avon
d�j� mentionn� le titre : Ecole de Cavalerie. On a dit, avec juste raison, que La Gu�rini�re �tait « le p�re de l'�quitation a
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LE CHIC A CHEVAL.
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tuelle ». En effet, tout ce qu'il a �crit est aussi
vrai aujourd'hui qu'il l'�tait de son temps, et son livre justifie le titre qu'il lui a donn�, car il r�sume toutes les connaissances en mati�re d'�quitation. L'�cole de Cavalerie est d�di�e « � Son Al-
tesse Monseigneur le prince Charles de Lor- raine, comte d'Armagnac, de Charny, etc., pair et grand �cuyer de France, chevalier des ordres du Roy, lieutenant g�n�ral de ses ar- m�es, gouverneur et lieutenant g�n�ral de Sa Majest� en la province de Picardie, Artois, Boulonnais, et pays reconquis, grand s�n�- chal h�r�ditaire de Bourgogne, gouverneur des ville et citadelle de Montreuil-sur-Mer ». Voici, d'apr�s ce que dit l'auteur lui-m�me,
comment il a divis� son travail. « Dans la premi�re partie, je donne le nom
et la situation des parties ext�rieures du che- val, avec leurs beaut�s et leurs d�fauts : et je |
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148 LE CHIC A CHEVAL.
traite de l'�ge, de la diff�rence des poils, des chevaux de diff�rents pays, de l'embou-
chure, de la ferrure et de la selle. La deuxi�me renferme les principes pour dresser les chevaux, soit pour le man�ge,
soit pour la guerre, pour la chasse ou pour le carrosse : en un mot, suivant les diff�- rents usages auxquels on les destine. J'ai joint � cette partie un Trait� des tournois, des joutes, des carrousels et des courses de t�tes et de bague. La troisi�me partie contient l'ost�ologie du cheval, la d�finition de ses maladies, les rem�des pour les gu�rir, avec un Trait� des op�rations de chirurgie qui se pratiquent sur cet animal...... » « Enfin », dit-il dans sa pr�face, « j'ai tout mis en usage pour r�veiller cette an-
cienne �mulation qui r�gnoit dans les beaux jours de la cavalerie : Et c'est dans cette vue que j'ai cherch� � d�voiler des myst�res qui sembloient n'�tre r�serv�s que pour |
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personnes... Il faut l'a-
mour du vrai beau de ralenti de nos jours; on d'une ex�cution un peu qu'autrefois on recher- faisoient l'ornement de lant des revues, des des. » premi�re partie, qui est
connaissances et de pr�- |
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un tr�s petit nombre de
vouer � notre honte, l'a- cet exercice s'est bien se contente pr�sentement trop n�glig�e, au lieu choit les beaux airs, qui nos man�ges et le bril- pompes et des para- |
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Laissant de c�t� la
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Selle � la royale; 1740.
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pourtant remplie d'utiles
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cieux conseils, nous analyserons la seconde : « De la mani�re de dresser les chevaux
suivant l'usage auquel on les destine, » qui est de beaucoup plus importante. Voici le d�but de cette seconde partie : « Toutes les sciences et tous les arts ont des principes et des r�gles, par le moyen
desquels on fait des d�couvertes qui conduisent � leur perfection. La cavalerie est le seul art pour lequel il semble qu'on n'ait besoin que de pratique; cependant la pratique d�pourvue de vrais principes, n'est autre chose qu'une routine, dont tout le fruit est une ex�cution forc�e et incertaine, et un faux brillant qui �blouit des demi- connoiseurs, surpris souvent par la gentillesse du cheval, plut�t que par le m�rite de celui qui le monte.................Le sentiment de ceux qui comptent pour
rien la th�orie dans l'art de monter � cheval, ne m'emp�chera pas de soutenir que
c'est une des choses les plus n�cessaires pour atteindre � la perfection. Sans cette th�orie, la pratique est toujours incertaine. Je conviens que dans un exercice o� le corps a tant de part, la pratique doit �tre ins�parable del� th�orie, puisqu'elle nous fait d�- couvrir la nature, l'inclination et les forces du cheval ; et par ce moyen on d�terre sa ressource et sa gentillesse, ensevelies pour ainsi dire dans l'engourdissement de ses membres. Mais pour parvenir � l'excellence de cet art, il faut n�cessairement �tre pr�- par� sur les difficult�s de cette pratique par une th�orie claire et solide. La th�orie nous |
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UN MAR�CHAL DE FRANCE;
1712. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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enseigne � travailler sur
principes, au lieu de s'op- servir � la perfectionner « La pratique nous don-
ex�cution ce que la th�orie acqu�rir cette facilit�, il �tre vigoureux et hardi, tience. Ce sont l� les prin- le v�ritable homme de « Quand je dis qu'il faut
diesse, je ne pr�tends pas lente, et cette t�m�rit� im- cavaliers se parent, et qui grands dangers, qui d�ses- tiennent dans un conti- une force haute, qui main- crainte et dans la soumis- les ch�timents du cava- |
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de bons principes; et ces
poser � la nature, doivent par le secours de l'art, ne la facilit� de mettre � nous enseigne; et pour faut aimer les chevaux, et avoir beaucoup de pa- cipales qualit�s qui font cheval. de la vigueur et de la har-
que ce soit cette force vio- prudente, dont quelques leur fait essuyer de si p�rent un cheval et le nue! d�sordre; j'entends tienne un cheval dans la sion pour les aides et pour lier, qui conserve l'aisan- |
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Bolte de postillon.
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ce, l'�liquibre et la gr�ce, qui doivent �tre le propre du bel homme de cheval, et qui
sont d'un grand acheminement � la science. « La difficult� d'acqu�rir ces qualit�s, et le temps qu'il faut pour se perfectionner
dans cet exercice, font dire � plusieurs personnes, qui affectent un air de capacit�, que le man�ge ne vaut rien, qu'il use et ruine les chevaux, et qu'il ne sert qu'� leur apprendre � sauter et � danser. Ce qui, par cons�quent, les rend inutiles pour l'usage ordinaire. Ce faux pr�jug� est cause qu'une infinit� de gens n�gligent un si noble et si utile exercice, dont tout le but est d'assouplir les chevaux, de les rendre doux et ob�is- sants, et de les asseoir sur les hanches, sans quoi un cheval, soit de guerre, de chasse, ou d'�cole, ne peut �tre agr�able dans ses mouvements, ni commode pour le cavalier; ainsi la d�cision de ceux qui tiennent Un pareil langage �tant sans fonde- ment, il seroit inu- tile de combattre des opinions qui se d�truisent suffisam- ment d'elles-m�- mes. » NOUS lie pOUVOnS, Selle de postillon.
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LE CHIC A CHEVAL.
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malheureusement, citer tout ce qui int�resse l'homme de cheval dans ce remarquable
livre; cela nous entra�nerait � des citations par trop longues, car l'ouvrage est excel- lent. Nous nous contenterons donc d'en extraire �� et l� quelques passages. Ceux qui ont d�j� lu ces fragments les retrouveront, nous n'en doutons pas, avec plaisir; quant aux autres, nous esp�rons que ces quelques citations leur donneront le d�sir de lire en entier un ouvrage qu'il faut absolument conna�tre si l'on veut se dire homme de cheval. Dans l'endroit o� il parle du dressage du jeune cheval, La Gu�rini�re nous apprend
un ancien usage, dont il d�plore l'abandon � bien juste titre. « Il y avoit autrefois des personnes pr�pos�es pour exercer les poulains au sortir du
haras, lorsqu'ils �toient encore sauvages. On les appelloit Calvalcadours de bardelle ; on les choisissoit parmi ceux qui avoient le plus de patience, d'industrie, de hardiesse et de diligence ; la perfection de ces qualit�s n'�tant pas si n�cessaire pour les chevaux qui ont d�j� �t� mont�s, ils accoutumoient les jeunes chevaux � souffrir qu'on les ap- proch�t dans l'�curie, � se laisser lever les quatre pies, toucher de la main, � souffrir la bride, la selle, la croupi�re, les sangles, etc. Ils les assuroient et les rendoient doux au montoir. Ils n'employoient jamais la rigueur ni la force, qu'auparavant ils n'eussent essay� les plus doux moyens dont ils pussent s'aviser ; et par cette ing�nieuse patience, ils rendoient un jeune cheval familier et ami de l'homme; lui conservoient la vigueur et le courage; le rendoient ob�issant aux premi�res r�gles. Si l'on imitoit � pr�sent la conduite de ces anciens amateurs, on verroit moins de chevaux estropi�s, ruin�s, re- bours, roides et vicieux. » Le chapitre iv, intitul� : « Des termes de l'art », est particuli�rement int�ressant. H
montre quels progr�s �normes l'�quitation avait faits, � cette �poque, et quel homme de cheval �tait celui qui les d�crivait. L'�quitation est un
art sp�cial qui a ses termes particuliers connus et compris seulement des initi�s; d�telle sorte que rien qu'� la conver- sation d'un homme ou � son style, on voit de suite s'il sait ce que c'est qu'un cheval ou s'il l'ignore. L�-dessus, comme dans tout ce qui concerne le cheval, le moindre valet d e- curie en sait plus que l'homme le plus savant de l'Universit�. Il en est de cela comme du m�tier militaire, la compilation de tous les livres possibles, toute la strat�gie en chambre du monde, ne font pas conna�tre l'arm�e. Il faut en �tre ou en avoir �t� longtemps, pour en pouvoir parler sans provoquer le haussement d'�paules des gens du m�tier. L -, du reste, il en est de m�me en toutes choses, et le vieu proverbe qui dit : « Chacun son m�tier et les vaches serou trousse-queue. bien gard�es », sera �ternellement vrai. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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loi
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Cela �tabli, voici quelques-uns des principaux termes hippiques employ�s par La
Gu�rini�re ; ces termes sont aussi exacts aujourd'hui que nagu�re. |
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« Man�ge. Ce mot a deux si-
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gniflcations
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savoir, le lieu o�
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l'on exerce les chevaux et l'exer-
« Air est la belle attitude que
diff�rentes allures; c'est aussi la |
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cice qu'on leur fait faire,
doit avoir un cheval dans ses cadence propre � chaque mouve- re, soit naturelle, ou artificielle, le cavalier se sert pour faire aller moyens consistent dans les diff�- des jambes. On dit qu'un homme |
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ment qu'il fait dans chaque allu-
« Aides sont les moyens dont
son cheval et le secourir : ces
rents mouvements de la main et
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Fer de chef-d'�uvre.
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de cheval a des aides fines lorsque ses mouvements sont peu apparents, et qu'en
gardant un juste �quilibre, il aide son cheval avec science, avec aisance et avec gr�ce; ce qu'on appelle aussi aides secrettes. On dit qu'un cheval a les aides fines, lorsqu'il ob�it promptement et avec facilit� au moindre mouvement de la main et des jambes du cavalier. « Rendre la main, c'est le mouvement que l'on fait en baissant la main de la bride,
soit pour adoucir, ou pour faire quitter le sentiment du mors sur les barres. Il faut remarquer qu'on entend toujours par la main de la bride, la main gauche du cavalier; car, qu'on se serve quelquefois de la main droite pour tirer la r�ne droite, ce n'est alors qu'une aide � la main gauche, qui reste toujours la main de la bride. « Tirer � la main. Ce d�faut regarde le cheval ; c'est lorsque sa bouche se roidit contre
'a main du cavalier, en tirant et en levant le nez par ignorance ou par d�sob�issance. « Battre � la main, c'est le d�faut des chevaux qui n'ont pas la t�te assur�e, ni la
bouche faite, et qui, pour �viter la suj�tion du mors, secouent la bride, et donnent des coups de t�te. |
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Bottes Louis XV.
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« Appui est le sentiment que produit l'action de la bride dans la main du cavalier,
ei r�ciproquement l'action que la main du cavalier op�re sur les barres du cheval. " V a des chevaux qui n'ont point d'appui, d'aidres qui en ont trop et d'autres |
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LE CHIC A CHEVAL.
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152
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qui ont l'appui � pleine main. Ceux qui n'ont pas d'appui, sont ceux qui crai-
gnent le mors, et ne peuvent souffrir qu'il appuie sur les barres ; ce qui les fait battre � la main et donner des coups de t�te. Les chevaux qui ont trop d'appui, sont ceux qui s'appesantissent sur la main. L'appui � pleine main, qui fait la meil- leure bouche, c'est lorsque le cheval, sans peser ni battre � la main, a l'appui ferme, l�ger, et temp�r� : Ces trois qualit�s sont celles de la bonne bouche d'un cheval, les- quelles r�pondent � celles de la bonne bouche d'un cheval qui doit �tre l�g�re, douce et ferm,e. » Les quelques lignes qui pr�c�dent r�sument toute la th�orie la plus fine de la bouche;
elles sont de celles qui int�ressent au plus haut point l'homme de cheval. Il est impos- sible de mieux parler d'une chose aussi importante et, dirons-nous, aussi passionnante pour le cavalier. En transcrivant ces lignes je me reportais de plusieurs ann�es en arri�re, et mes souvenirs rappelaient une conf�rence que nous fit, sur la bouche et la main, M. de Cahou�t, si justement renomm� comme homme de cheval, et alors sous-�cuyer � Saumur. Je revois encore la salle d'�tude, tout l�-haut, avec une fen�tre ouverte sur le Chardonnet, et l'autre sur la colline de Bagneux. Nous �tions l� une tren- taine de cavaliers-�l�ves, tous grands admirateurs du c�l�bre �cuyer. Pendant une heure, il nous tint sous le charme d'un sujet qu'il �tait plus apte que personne � traiter; et cette le�on, ou plut�t cette causerie, demeure dans mon souvenir comme une des plus int�ressantes et des plus attrayantes de tout le cours. « Rassembler un cheval, c'est le raccourcir dans son allure, ou dans son air, pour
le mettre sur les hanches : ce qui se fait en retenant doucement le devant avec la main de la bride et chassant les hanches sous lui avec le gras des jambes, pour le pr�parer � le mettre dans la main et dans les talons. « Bien mis, c'est-�-dire bien dress�; bien mis dans la main et dans les talons.
« Travailler de la main � la main, c'est lorsqu'on tourne un cheval d'une piste
avec la main seule et peu d'aide des jambes; ce qui est bon pour le man�ge de guerre. « Dedans et dehors. C'est une fa�on de parler dont on se sert, au lieu de droite
et de gauche, etc.. » On sait que M. de La Gu�rini�re, pour employer une expression militaire, « con-
naissait son tabac ». Le d�faut d'espace nous a contraint � ne citer que quelques-uns des termes d'�quitation d�finis par La Gu�rini�re; mais tous ceux qu'il a employ�s sont rest�s dans la langue hippique et y ont conserv� la m�me signification. Dans le chapitre vi, « De la belle posture de l'homme de cheval, etc.. », nous trouvons
le passage suivant : « La gr�ce est un si grand ornement pour un cavalier, et un si grand acheminement � la science, que tous ceux qui veulent devenir hommes de cheval doivent, avant toutes choses, employer le temps n�cessaire pour acqu�rir cette qualit�. J'entends par gr�ce, un air d'aisance et de libert�, qu'il faut conserver dans une pos- |
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LE CHIC A CHEVAL.
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133
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ture droite et libre, soit pour se tenir et s'affermir � cheval, soit pour se rel�cher �
propos, en gardant autant qu'on le peut, dans tous les mouvements que fait un cheval, ce juste �quilibre qui d�pend du contre-poids du corps bien observ�, et 'que les mou- vements du cavalier soient si subtils qu'ils servent plus � embellir son assiette qu'� para�tre aider son cheval. » Que dirait donc l'auteur s'il voyait les mouvements exag�r�s des �cuyers de cirque
que le b$n public ne se lasse pas d'applaudir; mais, aussi, quelle ne serait pas sa satisfaction s'il assistait, � Saumur, au man�ge des �cuyers, � une reprise de ces ad- |
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mirables
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sang
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pur
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dress�s et
des �cuyers gnes d'eux, sont l'hon- tre �cole de pourrait di- eu n lieu du n'existe un plus suscep- battre le l'homme de M. de La
termine son par cette |
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mont�s par
bien di- �cuyers qui neur de no- cavalerie. Il re qu'en au- monde, il spectacle tiblede faire c�ur de cheval. Gu�rini�re |
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Selle � piquer.
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vi° chapitre
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remarque
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qui nous semble fort juste :
« Dans une �cole bien r�gl�e, on devroit, apr�s le trot, mettre un cavalier au piafer
dans les pilliers; il apprendroit dans cette action, qui est tr�s ais�e, � se tenir de bonne gr�ce. Apr�s le piafer, il faudroit un cheval qui all�t � demi courbette ; ensuite un � courbette; un autre � ballotade ou � croupade, enfin un � capriole. Insensiblement, et sans s'en apercevoir, un cavalier prendroit avec le temps, la mani�re de se tenir ferme et droit sans �tre roide ni g�n�... » Le chapitre xi traite de « l'�paule en dedans, » et s'�tend longuement sur ce mou-
vement, qui est une innovation d'une grande importance, due � la Gu�rini�re. Au chapitre xix : « Des chevaux de guerre », l'auteur explique la relation qui existe
entre chaque �volution de cavalerie et un air de man�ge. « Enfin », dit-il, « il est constant que le succ�s de la plupart des actions militaires
est d� � l'uniformit� des mouvements d'une troupe, laquelle uniformit� ne vient que d'une bonne instruction; et qu'au contraire, le d�sordre qui se met souvent dans un escadron, est caus� ordinairement par des chevaux mal dress�s ou mal conduits. » Le chap. xx est consacr� aux chevaux de chasse. r.mr. a cheval. 20
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LE CHIC A CHEVAL.
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La chasse, dont les clan-
lent dans une certaine me- d'apr�s LaGu�rini�re, « un port aux sentiments d'h�- grands princes ». « Bien des gens », diten-
sent que la fa�on de dresser de chasse est tout � fait op- ge. Une opinion si mal fon- trop g�n�rale, fait n�gliger donc pour guide que la ont fait na�tre et qui favo- quiert qu'une fermet� sans c�e et sans fondement, de jugement, avancer qu'un quer les principes d'une il est en �tat de juger de la lui former un air, n'a pas |
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gers et les �motions rappel-
sure ceux de la guerre, est, exercice qui a tant de rap- ro�sme ins�parables des suite La Gu�rini�re, « pen-
des chevaux de guerre et pos�e aux r�gles du man�- d�e, et malheureusement les vrais principes. N'ayant fausse pratique de ceux qui risent cette erreur, on n'ac- gr�ce et une ex�cution for- Pourroit-on, avec un peu cavalier capable de prati- bonne �cole, et par lesquels |
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Sac qui servait � enfermer la queue
du cheval. |
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nature de son cheval, et de
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plus de facilit� encore pour
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assouplir et rendre ob�issant celui qu'on destine � la guerre, et pour �tendre et donner
de l'haleine � celui qu'il juge propre pour la chasse, puisque ce ne sont l� que les pre- miers �l�ments de l'art de monter � cheval. » Le chapitre xxi, qui parle des chevaux de carrosse, est tr�s curieux, tr�s int�ressant,
mais nous nous contentons de le signaler, car il ne rentre pas dans le cadre de ce livre. Le chapitre xxn traite des tournois, des joutes et enfin des car-
rousels. Voici quelle �tait la physionomie d'un carrousel au dix-huiti�me
si�cle et quelles en �taient les r�gles : « Le carrousel est une f�te militaire ou imaige du combat, re-
pr�sent�e par une troupe de cavaliers, divis�e en plusieurs qua- drilles destin�s � faire des courses pour lesquelles on donne des prix. « Ce spectacle doit �tre orn� de chariots, de machines, de d�co-
rations, de devises, de r�cits, de concerts et de ballets de che- vaux, dont la diversit� forme un magnifique coup d'oeil. « Comme ces f�tes se font dans la vue d'instruire les princes et
les personnes illustres en faveur de qui elles se font, ou d'honorer leur m�rite, le sujet doit en �tre ing�nieux, militaire, et convenable Bride italienne;
xvni'si�cle. aux temps, aux lieux et aux personnes.
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LE CHIC A CHEVAL.
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Joo
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« 11 y a plusieurs choses � consid�rer dans un v�ritable carrousel :
« 1° Le mestre de camp et ses aides.
« 2° Les cavaliers qui composent chaque quadrille.
« 3° Leurs cartels, leurs noms, leurs habits, leurs devises, leurs armes, leurs ma-
chines, leurs pages, leurs esclaves, leurs valets-de-pi�s, leurs estafiers, leurs chevaux et leurs ornements. « 4° Les personnes des r�cits et des machines, et les musiciens.
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« 5° Les diff�ren-
ts cavaliers et pour des prix. « Le mestre de
conduit toute la marche; qui fait fl- leurs �quipages; qui carri�re et dans les cavaliers dans leurs que le lieu des ma- « Les aides de
le servent dans ces sent que par ses or- comme lui, des b�- ment. « Le moindre
les pour un v�rita- quatre, et le plus |
tes courses que font
lesquelles on donne camp est celui qui
pompe; qui r�gle la 1er les quadrilles et introduit dans la lices; qui place les postes; et qui indi- chines. camp sont ceux qui
fonctions. Ils n'agis- dres, en portant, tons de commande- nombre des quadril- ble carrousel est de grand de douze. |
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Cavalier de la grande fauconnerie.
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Elles doivent �tre toutes de nombre pair, afin que les partis soient �gaux entre eux
pour combattre et pour faire les courses doubles. « Le nombre de cavaliers dont chaque quadrille est compos�e, est ordinairement de
quatre, quelquefois de six, de huit, de dix ou de douze, non compris le chef, qui est la personne la plus qualifi�e, � moins que les cavaliers ne soient de condition �gale; et, alors, on tire au sort celui qui doit l'�tre, pour �viter les contestations. Dans les carrousels c�l�bres, ce sont ordinairement les princes qui sont chefs. « Il y a deux sortes de quadrilles; celle des tenants et celle des assaillants. La qua-
drille des tenants est la plus consid�rable. « Les tenants sont ceux qui ouvrent le carrousel, et qui font les premiers d�fis par
des cartels que des h�rauts publient. Ils sont dits tenants, parce qu'ils avancent cer- taines propositions qu'ils s'engagent de soutenir les armes � la main contre tout venant. « Ils composent les premi�res quadrilles.
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Les assaillants sont ceux qui s'offrent, par leurs r�ponses, aux d�sirs et aux cartels
des tenants, � soutenir le contraire; ils composent les quadrilles oppos�es. « Le cartel se fait au nom du chef de la quadrille qui lui donne ses livr�es. »
Les cartels contiennent ordinairement cinq choses :
« 1° Le nom et l'adresse de ceux que les tenants envoient d�fier;
« 2° Le sujet que les tenants ont de d�fier au combat ceux qu'ils attaquent;
« 3° Quelques autres propositions qu'ils veulent soutenir les armes � la main contre
tous venants; « 4° Le lieu et la mani�re du combat;
« 5° Le nom des tenants qui envoient le d�fi ou le cartel ; lesquels noms sont
tir�s de l'histoire ou de la fable. « Ces cartels peuvent �tre en prose ou en vers; et comme l'occasion de ces d�fis
est le d�sir d'acqu�rir de la gloire et de se faire conna�tre, ils sont assaisonn�s de quelques rodomontades. On excepte les princes des d�fis et des cartels que l'on donne aux autres. Comme les sujets des carrousels sont historiques, fabuleux et embl�- matiques, les tenants et les assaillants y prennent ordinairement des noms conformes au sujet qu'ils repr�sentent. Par exemple, ceux qui repr�sentent des illustres Romains, prennent le nom de J. C�sar Auguste, etc.. « On prend aussi des noms de romans, comme les chevaliers du Lys, du Soleil, de
la Rose, etc.. Quelquefois ils sont de pure invention comme Florimond, Lysandre, etc.. « Les noms doivent r�pondre aux devises des cavaliers, et la quadrille doit aussi
en porter le nom. Leurs habits, leurs livr�es, leurs armes, leurs machines, leurs esclaves, leurs cartels doivent �tre uniformes. « Les pages sont ordinairement � cheval; ils portent les lances et les devises.
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et les estafiers conduisent
se tiennent aupr�s des en Turcs, en Maures, en en Arm�niens, en singes, et la volont� du chef de sique, et la plupart des
la pompe du carrousel, Italiens, qui ont toujours ses la fin de l'application |
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« Les valets de pieds
les chevaux de main et machines. On les d�guise |
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esclaves, en
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sauvages,
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en ours, suivant le sujet
la quadrille. « Les r�cits, la mu-
machines qui servent � |
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sont de l'invention des
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Selle rase; 1731.
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recherch� en toutes cho-
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et qui ont excell� dans ce genre.
« Les personnes des r�cits et des machines sont comme des acteurs de th��tre,
qui repr�sentent diverses choses, selon le sujet; il y a aussi quelquefois des vers all�- goriques en l'honneur de ceux pour qui l'on fait ces f�tes. « Les musiciens sont employ�s aux concerts de voix et d'instruments, et l'harinoni
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LE PASSEGE A LA NAPOLITAINE; 1727.
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LE CHIC A CHEVAL. 157
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qu'on employ� � ces f�tes est de deux sortes; l'une militaire, c'est-�-dire, fi�re et
guerri�re; l'autre douce et agr�able. La premi�re est � la t�te de chaque quadrille, pour animer les cavaliers et pour annoncer leur venue, leur entr�e dans la car- |
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ri�re, qu'on nomme comparse, et leurs courses; l'autre ne sert qu'aux r�cits, aux
machines et � la pompe. « Pour l'harmonie guerri�re, on emploie des trompettes, des tambours, des tim-
bales, des haut-bois et des fifres. |
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« Pour celle qui accompagne les chars et les machines, ce sont des violons, des
fl�tes, des haut-bois, etc.. On fait aussi au son de ces instruments des danses et des ballets de chevaux. » Dans la IIP partie, nous citerons entre autres choses curieuses ou int�ressantes,
dignes d'attirer l'attention : « La mani�re de faire les pelotes blanches ou �toiles. »
« Il y a plusieurs mani�res pour faire une pelote blanche : mais la meilleure est
celle qui suit : « Il faut avec un poin�on, fait en forme de grosse al�ne de cordonnier, percer la
peau au milieu du front, de travers en travers, et d�tacher la peau de l'os avec le dit pom�on; il faut prendre ensuite qua- tre petites lames de plomb, �troites et longues d'environ quatre doigts, et � chaque trou que l'on fait, y pas- ser une lame, en sorte que les deux bouts de la dite lame, sortent par Jes deux extr�mit�s : on en met de cette fa�on quatre en forme d'�toile, �peron arabe en acier incrust�. |
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LePass�ge au F
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Napolitaine
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... <4.cu.rs cbe/o-U.^ iont h�ui cl^vV it
Le*. Ib«,n.ohe Ow,a vcv ivoires .... ^ .e p |
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o
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138 LE CHIC A CHEVAL.
qui passent les uns sur autres, et forment une esp�ce de bosse dans le milieu du
front. Cela �tant fait, il faut avec une ficelle serrer les extr�mit�s des dites lames, en serrant la ficelle de plus en plus, et l'arr�ter : on laisse le plomb et la ficelle deux fois vingt-quatre heures; on l'�te ensuite, on laisse suppurer la plaie sans y toucher; il s'y fait une esp�ce de cro�te, le poil tombe de soi-m�me, et celui qui revient est blanc. « D'autres se servent d'une tuile ou brique, en frottent la partie jusqu'� ce que le
poil soit tomb� et la peau �corch�e, et frottent ensuite l'endroit avec du miel. « D'autres se servent d'une pomme qu'ils font r�tir au feu, et l'appliquent toute
br�lante sur la partie; ce qui forme une escarre, et le premier poil qui revient, est blanc. « D'autres rasent la partie, la frottent avec du jus d'oignon ou de poireau, appli-
quent ensuite sur l'endroit ras�, une mie de pain sortant du four, l'y laissent jusqu'� ce qu'elle soit refroidie, et frottent ensuite la partie avec du miel. » Nous citerons aussi, � titre de curiosit�, de quelle mani�re on s'y prenait pour faire
sur les chevaux blancs ou gris ces taches noires que nous remarquons dans pres- que tous les tableaux du temps, car, alors, les chevaux tachet�s �taient pour le moins aussi � la mode que les chevaux pies. « Il faut prendre environ une demi-livre de chaux vive, un quarteron de savon d'Es-
pagne coup� bien-menu, et une demi-livre de litarge d'or en poudre, dans un pot o� on aura mis de l'eau de
pluie suffisamment. On met cette composition sur le charbon, on remue comme pour faire de la bouillie : lorsque le tout est cuit et bien m�l� en- semble, on le laisse re- froidir en le m�lant tou- jours, jusqu'� ce qu on puisse y toucher avec la main; on l'applique en- suite sur le poil qu'on veut teindre en noir, apr�s quoi
on met un linge blanc avec un bandeau l�ger, Selle arabe . � la genette ». jusqu'� Ce que la Hiatie
soit s�che ; on lave ensuite
la place avec de l'eau fra�che. Afin- que cette teinture dure longtemps, il faut 1 aP |
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LE CHIC A CHEVAL.
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que pas de saveur.
« Deux poign�es de
crotte de ch�vre fra�- che , une demi-livre demie], une once d'a- lun en poudre, une chopine de sang de porc; faites bouillir le tout ensemble et frottez en les crins. « On assure que ce
rem�de est excellent non seulement pour faire cro�tre les crins, mais encore pour les faire revenir o� ils sont tomb�s. » Voici maintenant
comment on s'y pre- nait, en Angleterre, pour couper la queue aux chevaux : « Les mar�chaux
anglais, apr�s avoir coup� la queue assez longue, font cinq ou six incisions d'�gale distance, depuis la naissance de la queue en dessous, jusqu'� l'extr�mit� si elle est coup�e. Ils laissent une suffisante quan- tit� de crin au bout de la queue, pour y attacher une longue corde de la grosseur du petit doigt; ils passent ensuite l'an- |
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pliquer lorsque le che-
val aura mu�, et cela durera un an sans changer de couleur. « Pour faire des
marques de couleur de poil de ch�taigne, il faut prendre une livre d'eau-forte, une once d'argent br�l�, une once de vitriol en poudre, une once de noix de galle en pou- dre; mettre le tout dans une grande bou- teille , ayant- aupara- vant fait consumer l'argent par l'eau- forte ; on laisse le tout ensemble l'espace de neuf jours avant que de s'en servir, et il faut que ce soit avec un pinceau, et plus d�licatement qu'avec l'autre composition ; si l'on veut seulement une couleur d'alezan, ^ faut mettre plus ou moins d'argent br�l� dans l'eau-forte, et la couleur sera plus ou moins fonc�e. » Un peu plus loin,
La Gu�rini�re indi- que une recette pour faire cro�tre la cri- t�re et la queue, recette qui ne man- |
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XVIII*
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Jm, a. eercu. ol lui c\^in<A-
cU SeWe. J=,°w*, Jl�tn, Ou b>a*t. k-Ccrm�e, �Jl ex\h.t- |
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160 LE CHIC A CHEVAL.
tre extr�mit� de cette corde dans une poulie qui est attach�e au plancher, positi-
vement au-dessus du milieu du dos du cheval, lorsqu'il a la t�te � la mangeoire; la m�me corde doit passer ensuite dans une autre poulie, aussi attach�e au plancher, derri�re la croupe, au milieu de l'�curie; on suspend au bout de cette corde un poids d'une certaine pesanteur, de sorte que le cheval �tant couch� ou relev�, ait toujours la queue soulev�e et renvers�e sur la croupe. On laisse cette corde jusqu'� ce que les cicatrices soient ferm�es. Cette op�ration leur fait porter ce qu'on appelle la queue � l'anglaise. » La sensibilit� �tait du reste loin d'�tre exag�r�e � l'�poque o� vivait La Gu�rini�re;
et si les lignes qui pr�c�dent n'ont pas convaincu le lecteur, qu'il �coute ce que dit le |
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m�me �crivain touchant la mani�re de tailler les grandes oreilles pour les rendre
petites. « Il faut faire faire deux moules de forte t�le, par un habile serrurier, qui prendra la
mesure juste d'une oreille bien faite; il formera les moules de m�me : il faut qu'il y en ait un plus petit que l'autre; le plus petit sera mis en dedans de l'oreille du cheval et le plus grand en dehors. L'oreille �tant ainsi prise entre ces deux moules, il faut la serrer fortement en dedans et en dehors par le moyen d'un instrument � vis, en- suite, avec un bistouri, on coupera ce qui d�borde de l'oreille. « L'op�ration �tant ainsi faite aux deux oreilles, on �te les moules, et il faut laisser
le cheval quatre ou cinq heures au filet, attach� entre les deux pilliers dans l'�curie, de mani�re qu'il ne se frotte pas. Lorsque le sang sera arr�t�, il se formera une cro�te autour des oreilles, et le lendemain on frottera la plaie tout autour avec de l'onguent pour la br�lure, ou parties �gales d'altheax, de miel et de saindoux fondues ensemble on applique de l'un ou de l'autre onguent avec la barbe d'une plume, soir et matin, jusqu'� ce que cette cro�te tombe d'elle-m�me. Avant de faire cette op�ration, w faut couper ou raser le poil des oreilles en dedans et en dehors le plus pr�s qu on pourra. |
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LA COURBETTE,
1750. |
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LE CHIC A CHEVAL. 161
« Pour relever les oreilles des chevaux qui les ont �cart�es et pendantes (d'o� vient
qu'on les appelle vieillards), on leur coupe environ deux doigts de la peau au-dessus de la t�te, entre les deux oreilles; il faut ensuite rapprocher et coudre les deux peaux pour les rejoindre; on pansera la plaie � l'ordinaire jusqu'� gu�rison. » Ces cruaut�s ne sont pas sans inspirer quelques scrupules au bon La Gu�rini�re, mais
il ne s'agit � proprement parler que d'un doute, d'un soup�on de scrupule; car apr�s avoir �mis ce doute, il indique, avec une na�vet� charmante, une raison pour ne pas condamner ces barbares traitements. « Il parait qu'il y a un peu de cruaut� dans les op�rations ci-dessus; mais il y a
les curieux � qui cela pla�t. » Notons ici, pour corroborer les citations ant�rieures, que le cheval que monte le baron
Eisemberg, dans le dessin intitul� « Pass�ge � la Napolitaine », a les oreilles coup�es,
t m�me assez courtes. Ce cheval, qui s'appelait « le Galant », appartenait � M. le comte e Daun, vice-roi de Naples, dont le baron d'Eisemberg �tait le grand �cuyer. Voici du reste ce qu'en dit le baron et comment il parle du passage � l'Italienne : « Dans le temps que j'avais l'honneur d'�tre Grand-�cuyer de son Excellence, il y
avait parmi les autres chevaux de man�ge, un cheval qui passageoit de la m�me ma- ni�re qu'on voit ici, et dont la figure �toit si jolie sous son homme, que tous ceux qui le voyaient en �toient charm�s, et que moi-m�me je l'estimois au-dessus de tous, non seulement parce qu'il passageoit si bien, mais parce qu'il galoppoit d'une mani�re extr�- mement relev�e et tout � fait brillante. Il faisoit des passades de trois temps o� il n'y avoit rien � d�sirer. En un mot, il �toit aussi adroit qu'aucun cheval de man�ge puisse l'�tre.Le cavalier doit repr�senter l'assiette que j'avais en le montant, qui �toit ais�e et libre et j'ose dire que je l'ai fait manier sous moi, sans faire para�tre des aides fortes; et ce qu'il y avoit de plus difficile, c'est que je l'ai passage sur la volte, et chang� de main sans perdre un seul temps, ni d�rang� sa cadence, qui �tait si juste et si �gale, que je n'ai jamais vu un cheval qui l'ait surpass� en fait de man�ge. Je dirai ici en peu de mots en quoi consiste la diff�rence du Pass�ge italien d'avec celui des autres. Leurs chevaux sont plus assis sur la hanche que les n�tres, mais par cette m�me raison ils ne l�vent pas si haut la jambe de derri�re qui doit r�pondre � proportion � la jambe de devant; ce qui est compt� ailleurs pour la beaut� du pass�ge. On nomme en italien l'action du cheval qui passage : « la Ciambella ». Pour r�sumer et pour terminer ce chapitre, tout entier consacr� � M. de La Gu�ri-
ni�re, nous ne saurions mieux faire que de citer l'opinion de M. le capitaine Picard sur ce c�l�bre �cuyer. « ... En simplifiant les moyens de dressage, il enseigna au cavalier � chercher
ses moyens de tenue dans l'�quilibre et dans la rectitude de la position. L'�quitation qu'il professa fut raisonn�e et naturelle. Il parla de l'�quilibre du cheval, fit usage du mouvement de l'�paule en devant pour l'assouplir; il alla jusqu'� recommander, CHIC A CHEVAL. 2'
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162 LE CHIC A CHEVAL.
pour les chevaux de chasse, de les habituer � tourner � faux et � serpenter au
galop en changeant de pied.... « En r�sum�, M. de La Gu�rini�re fit faire � l'�quitation une �volution compl�te...
« Ce fut lui qui, le premier, prescrivit l'aisance � cheval, et indiqua les moyens
de l'obtenir. » |
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CHAPITRE XIII.
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Les
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SUCCESSEURS DE La Gu�RINI�RE.
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ous avons essay�, dans le chapitre qui pr�c�de, d'ana-
lyser les principes de la Gu�rini�re et de donner un rapide aper�u de sa m�thode. On a pu juger quel im- mense progr�s il avait fait faire � l'�quitation. Apr�s lui, tous, qu'ils le veuillent ou non, s'inspirent de ses id�es. C'est vers cette �poque que l'�quitation mi- litaire commence � se s�parer de l'�quitation civile; et nombre d'�cuyers �crivent sp�cialement pour l'ar- m�e, et cherchent � lui inculquer des principes plus rationnels, plus pratiques que ceux qui avaient cours alors, � l'arracher � la routine, � lui faire rejeter des erreurs o�, faute d'une direction �clair�e et comp�- tente, elle est retomb�e � plusieurs reprises. Un des premiers, le mar�chal de Saxe s'�tait pr�occup� d'am�liorer la cavalerie. L'extrait suivant indique d'une mani�re bien nette comment il entendait que f�t
men�e l'instruction des troupes � cheval. « 11 faut que la cavalerie soit leste, qu'elle soit mont�e sur des chevaux rendus
propres � la fatigue, et surtout qu'elle ne fasse point son point d'honneur d'avoir des chevaux gras. Il est certain que l'on ne conna�t pas la force de la cavalerie, ni les avantages qu'on en peut tirer. D'o� vient cela? De l'amour que l'on a pour les che- vaux. J'ai eu un r�giment de cavalerie allemande, en Pologne, avec lequel j'ai fait, en dix-huit mois plus de 1,500 lieues, soit en marches ou en courses, et je puis assurer que ce r�giment �tait plus en �tat de tenir au bout de ce temps-l� qu'un autre qui |
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164 LE CHIC A CHEVAL.
e�t eu des chevaux gras. Mais pour cela, il faut faire les chevaux peu � peu au mal, et
les endurcir � la fatigue par des courses et des exercices violents, ce qui les con- serve plus sains et les fait durer bien davantage. Quand ils y sont faits, vous pouvez compter avoir de la cavalerie, au lieu que vous n'en aviez pas auparavant. De plus, cela rompt et style nos cavaliers, leur donne un air de guerre qui sied bien; mais il faut faire galoper les chevaux, il faut les faire courir � toutes jambes en escadrons et les mettre peu � peu en haleine. On ne doit pas se contenter de man�uvrer tous les trois ans une fois avec une lenteur extr�me, de peur que ces pauvres b�tes se tuent... etc., etc. » Sous l'inspiration de ce grand homme de guerre, le comte Drumont de Melfort
�crit en 1748 son « Essai sur la cavalerie l�g�re », qui fut le point du d�part de tous les r�glements ou ordonnances de cavalerie. Une grande partie des innovations pr�conis�es par les �crivains finirent par passer dans la pratique. Le comte de Melfort ne s'occupe, du reste, que de la cavalerie et des am�liorations qu'il juge indis- pensable d'y introduire. Loin de m�priser l'�quitation savante, on sent, au contraire, qu'il l'estime � sa valeur; mais il s'oppose � ce qu'on en embarrasse le cerveau sou- vent assez �troit des cavaliers de r�giment : il veut des cavaliers vite � chaval et recommande qu'on ne les attarde pas � des finesses qui ne seraient pas comprises et, partant, pr�senteraient plus d'inconv�nients que d'utilit�. Ses id�es sont d'une grande justesse et, aujourd'hui encore, la lecture de son
livre n'est point d�nu�e d'int�r�t. « Toutes les finesses de l'art », dit-il � ce propos, « tels que peser sur un �trier
plus que sur l'autre, de serrer le jarret ou le talon du dehors, pour porter le cheval en dedans, sont superflues � la cavalerie; on se contentera de dire que le ca- valier doit �viter de se servir de l'�peron, toutes les fois que par la vigueur de ses jarrets il pourra d�terminer son cheval en avant; et que l'aide du gras des jambes est fait pour avertir le cheval, qui n'a pas r�pondu � l'aide des cuisses, que les �perons sont pr�ts � agir, s'il n'ob�it pas � ce second avertissement. » En 1754, para�t le livre de M. de la Porterie « Instructions militaires pour la ca- |
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valerie et les dra-
Porterie,mestre-de- major du r�giment, n�ral des dragons. » L'ann�e 1753 voit tion provisoire du 1755 « l'Ordonnance premiers r�glements |
gons, par M. de la
camp de dragons, Mestre-de-camp Re- para�tre « l'Instruc- 14 mai », et l'ann�e du roi » qui sont les officiels de cavalerie. |
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mo
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Fer � planche;
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■fer � sous-jneds.
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A cette �poque, de nombreuses Ecoles d'�quitation s'�taient form�es, et chacune
avait produit des �cuyers renomm�s. |
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O -H Z |
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LE GHIG A CHEVAL. 165
Parmi les �cuyers de l'�cole de Versailles, on remarque MM. de Nestier, de Salvert,
de Neuilly. MM. de Lubersac, de Montfaucon deRogles appartenaient � l'�cole des chevau-l�gers.
Au nombre des �cuyers de l'�cole militaire figuraient MM. d'Auvergne et de Bois-
deffre. L'�cole ou le Man�ge de Lun�ville comptait, parmi les siens, MM. Mottin de
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La Balme et de Bo-
M. Dugaste el M.
s�rent avec �clat au ries ou �cole des ce m�me man�ge vait devenir si triste- ies annales r�volu- apr�s avoir abrit� plus �l�gants et les leur �ducation et lait voir l'immonde venir d�biter ses ha- |
han.
de Villemotte profes-
Man�ge des Tuile- pages d'Orl�ans. C'est des Tuileries qui d�- ment c�l�bre dans tionnaires et qui, les jeunes gens les plus distingu�s par leur naissance, al- tourbe jacobine y rangues haineuses |
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et criminelles.
M. de Nestier, qui
Man�ge de Versail- c�demment, inventa caract�rise ce mors, courtes que celles du temps. |
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fut l'un des plus brillants �cuyers du
les, ainsi que nous l'avons dit pr�- le mors qui porte son nom. Ce qui c'est que les branches en sont plus mors g�n�ralement en usage de son tampe de Daull� devenue tr�s rare et
tableau de Delarue, dat�e de 1753, |
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Une tr�s belle es-
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Selle orientale, prise � Belgrade,
par Max-Emmanuel. |
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grav�e, d'apr�s un
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repr�sente M. de Nestier montant Florido, cheval andalou que le roi d'Espagne avait
envoy� � Louis XV. La vogue obtenue par cette gravure fut consid�rable ; on la voyait chez tous ceux qui avaient la pr�tention d'�tre hommes de cheval. M. de Lubersac, qui fut le fondateur de la c�l�bre �cole des chevau-l�gers, est aussi
rest� en possession d'une renomm�e bien m�rit�e : « Le fameux M. de Lubersac ne se servait que du pas pour dresser ses chevaux, il s'en emparait sit�t qu'ils �taient ce qu'on appelle d�bourr�s; il les montait pendant dix mois ou deux ans, toujours au pas, et quand, au bout de ce temps, il les mettait sous ses plus forts �coliers, ils �taient tout �tonn�s de trouver � ses chevaux le passage le plus cadenc�, et la galo- pade la plus �cout�e et la plus juste. » M. d'Auvergne, lieutenant-colonel de cavalerie, fut longtemps chef de l'�quitation �
l'�cole royale militaire. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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166
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« A l'�poque o� d'Auvergne fut l'�cuyer en chef de l'�cole militaire, les id�es nou-
velles sur la position �questre prouv�es par la m�canique s'�taient d�j� fait place. Il les adopta, mais en les d�gageant des erreurs sp�culatives dans lesquelles plusieurs |
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de Clam, voulaient les entra�-
se montre tr�s partisan de la sous son patronage, la ca- l'�quitation militaire sur l'�- pas voulu souscrire � cette �poque que date surtout la maintenue si longtemps, entre dite acad�mique, qui eut son man�ge de la maison du roi, man�ge de Versailles, et ceux pr�sent�e successivement par sailles, de Lun�ville, d'An- Saumur; enfin, en dernier de cavalerie. » (Capitaine Pi- cavalerie.) |
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th�oriciens, tels que Dupaty
ner. N�anmoins d'Auvergne nouvelle science qui devint, ract�ristique du progr�s de quitation civile, qui n'avait innovation. C'est de cette scission profonde, qui s'est les principes de l'�quitation origine et sa source dans le repr�sent� plus tard par le de l'�quitation militaire, re- les �coles d'�quitation de Ver- gers, de Saint-Germain, de lieu, par le man�ge de l'�cole card, Origine de l'�cole de |
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Bride � la Neslicr.
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L'�uvre de Dupaty de Clam se compose des ouvrages suivants :
« La pratique de l'�quitation », 1769. � « Trait� de cavalerie », traduit de X�no- phon, 1771. � « La science et l'art de l'�quitation d�montr�s d'apr�s nature », 1776. � « Les diff�rentes parties de l'�quitation », 1781. M. de Montfaucon de Rogles avait �crit un important ouvrage qui ne fut publi�
qu'apr�s sa mort, par les soins de son fr�re, en 1778. C'est le : Trait� d'�quitation par feu M. de Montfaucon de Rogles, �cuyer ordinaire de la petite �curie du Roi commandant l'�quipage de feu Monseigneur le Dauphin. » Ce trait�, r��dit� en 1803, � une �poque o� les �cuyers, dispers�s par la R�volution,
faisaient presque compl�tement d�faut, « eut une grande influence sur les m�thodes militaires qui se r�organisaient alors ». En 1814, lorsqu'on proc�da � l'installation de l'�cole de Saumur, c'est de l'ouvrage
de M. de Montfaucon que l'on s'inspira pour r�diger le manuel d'instruction �ques- tre destin� � cette �cole. « C'est donc par l'interm�diaire de Montfaucon que l'�quita- tion militaire s'est renou�e � la tradition acad�mique dont elle s'�tait �cart�e. » Notons ici, en passant, que l'origine premi�re de l'�cole de Saumur est
ant�rieure � 1814; elle remonte � 1763. A cette date, en effet, le Royal- carabiniers, qui avait pour chef honoraire le comte de Provence, qui fut Ferpathoiogi- depuis Louis XVIII, vint tenir garnison � Saumur. C'est l� un fait im- que� pince Iron- , . 'p
qu�e. portant dans les fastes de l'histoire de la cavalerie, car c'est de 1 arriv�e
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LE CHIC A CHEVAL.
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167
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dans cette ville de ce corps, si justement renomm� pour son �cole
d'�quitation, que date l'histoire de l'�cole de cavalerie de Saumur. Les « Essais sur l'�quitation », de Mottin de La Balme, ont �t� publi�s en 1773. Quelques ann�es plus tard, en 1781, parut l'ouvrage le
plus clair et le plus �tudi� qui e�t encore �t� compos�
sur la cavalerie. Cet ouvrage, qui resta longtemps la
pierre d'angle de toutes les instructions et de toutes
les ordonnances qui suivirent, est demeur� jus-
ment c�l�bre.
teur de l'ouvrage en question est le g�n�ral
han. Son travail a pour titre : « Examen du militaire fran�ais. » C'est dans le volume, qui est intitul� : « Principes � cheval et dresser les chevaux de sont expos�s les principes de l'�- Mieux que tous les commentai- traits, j udicieusement choisis, de la valeur de l'�uvre du |
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te-
L'au-
de Bo- critique troisi�me pour monter guerre », que minent �crivain. res, quelques ex |
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permettront de jug
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g�n�ral de Bohan.
Voici, tout d'abord, l'o-
Bohan au sujet du travail � « On se gardera bien de se
thode usit�e dans presque toutes commencer par faire trotter les ca- longe sur des cercles, et, souvent, sur chevaux dont l'allure irr�guli�re exige gue pratique pour n'�tre pas d�plac�s ; mais, m�me on choisirait le cheval le plus doux, le sage et qui trotte le plus r�guli�rement, corps, dans le mouvement circulaire, en proie aux forces centrifuges et centrip�tes, pr�sente des difficult�s pour conserver son aplomb, difficult�s qu'un commen�ant ne saurait vaincre, s'il n'est, dans ses le- �ons, occup� qu'� se tenir par des moyens de force. » M. de Bohan se montre tr�s oppos� � l'emploi des vieux
airs de man�ge; il est adversaire d�cid� de toutes les finesses du dressage de haute �cole pour la cavalerie. De son temps, on ne faisait sortir les chevaux cle la cavalerie
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pinion du g�n�ral de
la longe : servir de la m�- |
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les �coles, de
valiers � la
de jeunes
une lon-
quand
plus
le
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Mors de l'Ecole de Versailles.
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168 LE CHIC A CHEVAL.
que huit fois par mois. Il recommande, et avec juste raison, qu'on les exerce tous les jours.
Ajoutons que, tout en insistant pour que le cheval de guerre soit mis aux grandes allures, sur des lignes droites, ce qui est absolument juste, et en tout conforme aux id�es actuelles, M. de Bohan est un homme de cheval trop habile pour nier l'utilit� du man�ge. Aussi, quand il parle du dressage du cheval de man�ge, il reconna�t qu'il doit avoir l'�ducation la plus perfectionn�e. « Des piliers. � Je ne conseille pas � la cavalerie de faire usage des piliers dans l'�-
ducation des chevaux; il y a peu d'avantage � en tirer, et la perte d'un temps qu'on emploierait beaucoup mieux � allonger les chevaux sur de grands cercles, et plus encore sur des lignes droites; mais cette le�on donn�e par un habile ma�tre, � un jeune cheval destin� au man�ge, devient tr�s utile, en donnant une grande justesse et un grand liant aux ressorts de l'animal, en lui faisant plier les articulations avec gr�ce et agilit�, et lui apprenant � r�partir proportionnellement le poids de son corps sur les jambes posant � terre, ce que j'appelle se rassembler. » Ce que dit M. de Bohan au sujet de l'embouchure est d'une justesse extr�me et,
de plus, fort spirituellement pr�sent� : « Si je ne consid�rais l'embouchure des chevaux que relativement � l'�quitation, �
peine ce chapitre trouverait-il place ici, puisque la plus l�g�re attention suffit pour donner au cheval un mors qui lui convienne. C'est ainsi, du moins, que l'homme de cheval envisage cette partie : il ne regarde la bride que comme un moyen secondaire; il rapproche les diff�rences que l'on a multipli�es � l'infini sur les formes et propor- tions de mors. C'est l'ignorance des �cuyers qui a fait de l'�peronnerie un art de char- latanisme ; tout le monde veut monter, ma�triser et dresser des chevaux, et peu de gens ont fait un suffisant apprentissage de ce m�tier difficile... On s'adresse � un �peronnier pour trouver les moyens de mener un cheval
qu'une mauvaise assiette et une mauvaise main ont mis de travers et ont fait d�fendre; on encourage l'artiste mercenaire, on lui persuade ais�ment que son art est un art essentiel et profond : il faut bien que celui-ci, � son tour, prenne un air scientifique; il passe les doigts dans la bouche du cheval, palpe les l�vres, les barres, la langue; le voil� magicien, il parle beaucoup, vous dit des mots qu'il ne comprend certaine- ment pas lui-m�me; n'importe, il ajuste un mors; il vous r�- pond de son effet, et vous vous retirez content. Le cheval, �tonn� et intimid� de la nouvelle machine qu'on lui a mis clans la bou- che, para�t en effet plus ob�issant, mais la victoire n'est pas longue..............................� |
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Costume de cheval � l'anglaise;
usa.
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« Ce n'est jamais par la force qu'il faut pr�tendre ma�triser
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EN L'AN VIII.
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LE CHIC A CHEVAL. 169
les chevaux, ses effets sont insuffisants; s'ils semblent r�ussir quelquefois, c'est tou-
jours en produisant d'extr�mes d�sordres et d'extr�mes dangers........... « Tous les poulains quelconques sont ob�issants au bridon. C'est avec cet ajustement
que l'homme de cheval les accoutume au joug, et avec un, un peu plus fort, il d�ses- p�rerait l'animal. » Sur ce sujet si int�ressant, M. de Bohan ajoute encore :
« Ce n'est donc pas la pression sur les l�vres, ni sur les barres, qu'il faut augmenter,
mais il faut apaiser le cheval, l'assouplir; et, dans le dernier cas, surtout, r�duire presque � rien l'effet des mains. » |
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Selle de poste; XVIII» si�cle.
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Comment mieux r�sumer, et en moins de mots, la th�orie de la main?
M. de Bohan continue ainsi :
« Ce sera assez clair pour ceux qui ont vu beaucoup de chevaux, parce qu'ils ont
rencontr� souvent des hommes tr�s vigoureux, employant toute la force dont ils �taient capables, emport�s par des chevaux qu'un homme plus habile qu'eux menait avec la plus grande facilit�, en ne se servant que d'un seul bridon. » Nous recommandons de m�diter ce passage � ces cavaliers qui pensent que la vi-
gueur des biceps peut tenir lieu d'art et de pratique, et qui disent avec une na�ve suf- fisance : « Oh! j'ai des bras, » La force de leurs poignets, il faut en effet qu'ils la d�ploient tout enti�re par d�faut d'exp�rience, pour parvenir � arr�ter leurs chevaux. Cela se voit surtout � la chasse. Il convient de faire remarquer ici que le passage en question n'a pas �t� �crit par
un « cavalcadour », un de ces vieux ma�tres ne connaissant que le man�ge, mais par un homme qui ne pr�conisait que la grande ligne et l'allure franche, par un homme dont les id�es �taient en avance d'un si�cle sur celles de ses contemporains. CHIC A CHEVAL. 22*
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m\
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LE CHIC A CHEVAL.
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C'est pour ce motif que nous avons fait au livre de M. de Bohan d'assez amples
emprunts, et que nous y puisons encore les quelques extraits qui vont suivre : « Dans ce m�tier-ci, la th�orie ne suffit pas; je l'ai d�j� dit, et il est n�cessaire de
le r�p�ter, il faut pratiquer, et beaucoup voir. J'engage donc mon lecteur � se trans- porter souvent sur ces terrains o� l'on pousse les chevaux � des courses rapides, o� des escadrons font des simulacres de charges qui ressemblent si souvent � des simu- lacres de fuite, par le d�sordre qui y r�gne : c'est l� o� il verra les hommes les plus forts emport�s par les plus petits chevaux, dont ils mettent pourtant la bouche en sang, etc. » On ne saurait mieux dire, assur�ment; et ces conseils, formul�s il y a plus d'un si�cle,
n'ont rien perdu de leur valeur. A ce propos, il nous semble que si l'on voulait composer un trait� d'�quitation re-
marquable par la science et par la saveur, un trait� bien sup�rieur � ceux que peuvent �crire tels ou tels chefs d'�cole, il n'y aurait qu'� faire un choix judicieux dans les ou- vrages des anciens ma�tres, qui, certes, ne se piquaient pas, eux, de litt�rature, mais qui �crivaient de ce qu'ils savaient bien pour y avoir consacr� leur vie. Les id�es contenues dans le passage qui suit sont pleines de justesse:
« La lenteur du progr�s, dans tous les arts, doit �tre plus souvent imput�e � la m�-
diocrit� des ma�tres qu'au manque de dispositions des �coliers; rien n'est si difficile que de bien monter; nul n'est trop savant pour cet emploi; voil� mon avis, d'apr�s lequel on peut juger combien je bl�me l'usage g�n�ral o� est la cavalerie d'abandonner le soin |
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de l'instruction � des sous-
rement qu'une grossi�re pour juger les d�fauts de pour s'�noncer d'une ma- muniquer leurs pens�es sur en �tat d'exposer les prin- fond. » Les id�es du g�n�ral de
tes et les haras sont loin |
officiers qui n'ont ordinai-
routine, sont sans aptitude leurs �l�ves, et sans talent ni�re juste et pr�cise, com- un art dont on n'est jamais cipes si on ne les poss�de � Bohan touchant les remon-
d'�tre banales. Elles attes- une grande comp�tence de que l'on remont�t la cava-
Les arguments qu'il em- |
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tent un esprit sup�rieur,
la mati�re. M. de Bohan aurait voulu
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Jll o»v^w.i-vr =it Jie.iti.fcV-
1?5J |
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lerie en chevaux entiers,
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ploie pour soutenir sa mani�re de voir sont fort int�ressants, et il termine ainsi son
plaidoyer : « Je para�trai peut-�tre extravagant, mais j'opinerai pour que la cavalerie soit mont�e
sur des chevaux entiers, qu'elle soit exerc�e tous les jours, qu'elle entreprenne des marches qne l'on appelle aujourd'hui marches forc�es, et qu'on l'habitue � passer les |
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LE CHIC A CHEVAL.
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plus mauvais pas, et m�me � sauter et franchir les obstacles qui l'arr�tent actuellement.»
Je terminerai cette rapide analyse d'un ouvrage qui m�rite d'�tre lu et relu, par
cette seule appr�ciation : qu'il est regrettable que de semblables livres ne soient pas non seulement classiques mais obligatoires dans la cavalerie, et que, dans les examens, leur connaissance ne soit pas exig�e de pr�f�rence � celle de l'histoire des Gracques. On ne peut �videmment tout savoir; pourquoi s'obstiner � tirer de leur poussi�re des gens qui ne demandent qu'� y dormir en paix, alors que, quelquefois, on ignore des choses qui touchent de si pr�s � notre m�tier. Pendant qu'en France les
hommes comp�tents r�cla- maient des r�formes et deman- daient que la cavalerie f�t sur- tout instruite en vue de la guerre, une r�forme de ce genre s'�tait accomplie en Prusse. Gr�ce au g�nie et � l'�- nergie du grand Fr�d�ric, cette puissance avait �t� dot�e d'une cavalerie v�ritablement hors ligne. « C'est lui » , dit le capitaine
Picard, « qui fit faire � l'�- quitation militaire le plus grand pas, en voulant une cavalerie mobile, avec de la vitesse et du choc. Avec des cavaliers montant bien et ayant |
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beaucoup d'allant, il adopte
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Cavalier velu " � l'espagnole"; XVIII6 si�cle.
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l'ordre mince, le combat �
l'arme blanche, ploie et d�ploie rapidement ses escadrons. L'�quitation devenait plus
hardie, en m�me temps que la cavalerie devenait ce qu'elle est toujours, l'arme de vitesse. » Le grand Fr�d�ric fut singuli�rement aid�, clans l'accomplissement de son �uvre
de r�organisation, par Ziethen et Seydlitz, qui �taient � la fois des �ducateurs �minents et de vaillants et habiles entra�neurs d'escadrons. Voici comment l'ami de Voltaire, le roi c�l�br� par les philosophes, manifestait sa
mauvaise humeur lorsque les exercices qui s'accomplissaient sous ses yeux ne le satis- faisaient pas : « Je vais vous secouer le poil; il faut que cela change, ou nous ver- |
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112 LE CHIC A CHEVAL.
rons. » � « Pas de sang, pas de vie, pas d'ordre. Les bougres montent comme des
savetiers. Vous aurez affaire � moi. » Et il tenait parole. Le grand Fr�d�ric avait du reste une id�e fort �lev�e de la mission qui
incombe aux officiers de cavalerie. Il leur disait en effet : « Votre service est tel que je dois obtenir davantage d'un lieutenant de cavalerie que d'un major d'infan- terie. » Pendant la guerre de Sept ans, la cavalerie prussienne, qui comprenait admira-
blement le r�le qu'ont � remplir, en campagne, les troupes � cheval, se montra presque toujours sup�rieure � la cavalerie fran�aise. Ces �checs r�p�t�s firent comprendre, en France, qu'il importait de rem�dier au mal,
de renoncer � d'anciens et d�plorables errements, que des r�formes profondes �taient indispensables. Faire des r�formes, �tant donn�e l'organisation de la cavalerie, o� les capitaines
�taient encore propri�taires de leurs compagnies, c'�tait l� une t�che bien difficile. On devait fatalement se heurter � une foule de mauvais vouloirs et de r�sistances int�ress�es. Il fallait, pour r�ussir, un homme dou� � la fois d'une forte dose de courage et
d'habilet�. Les talents et la fermet� n�cessaire pour mener � bonne fin l'�uvre de r�organisation qu'il avait entreprise, le duc de Choiseul, ce ministre si �minent, les poss�dait. Il commen�a par d�cider que les compagnies ne seraient plus la propri�t� de leurs capitaines, mais que toutes les troupes seraient entretenues par le roi. C'�tait l� une r�forme capitale, qui devait bient�t porter ses fruits. La cavalerie, en effet, ne tarda pas � changer de face; et l'on peut dire que c'est en grande partie au duc de Choiseul, qu'elle dut la juste renomm�e qu'elle acquit depuis. De plus, le duc de Choiseul r�organisa les haras et encouragea, de tout son pouvoir, la cr�ation de nouveaux man�ges et de nouvelles acad�mies. C'est en 1776 que le sport des courses fit son apparition en France.
L'ann�e suivante, il y eut, � Fontainebleau, une grande course � laquelle pri- rent part quarante chevaux. Elle fut suivie d'une autre course o� figuraient quarante �nes. Patronn�es par de grands seigneurs
comme le comte d'Artois, fr�re du roi, l'un des anglomanes les plus passionn�s du temps, le duc de Chartres, le prince de Nassau, le prince de Gu�m�n�, le marquis de Conflans, le duc de Fitz- James, ces courses ne tard�rent pas � obtenir une vogue extr�me. |
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I.A RENCONTRE
1805.
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�173
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LE CHIC A CHEVAL, ^^^
La faveur dont jouissait ce sport, nouveau en France, �tait du reste loin de plaire
� ceux qui avaient � c�ur de conserver les traditions de l'�cole fran�aise. c< L'anglomanie faisait des progr�s rapides et soulevait de vives r�criminations c
la part des �cuyers aux m�thodes classiques, qui voyaient leurs principes s�v�res de tenue et de correction battus en br�che par le laisser-aller des anglomanes. » |
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Selle orientale.
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Le man�ge de Versailles », dit le capitaine Picard,
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co
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ntinuait d'�tre le mod�le
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acad�mique
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«
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de l'�quitation fran�aise, �quitation classique s il en lui, l
pour en faire b�n�ficier l'arm�e. » avec beauC0up
L'auteur des : Origines de l'�cole de ^" °^ le chevalier d'Abzac,
de saveur, quelques anecdotes sur le marquis de la uib
deux des plus brillants �cuyers de l'Acad�mie de J*^^. d>Abzac sont rest�s
« Les noms de M. le marquis de la Bigne et de . & ^ ^ l�gendaires comme les plus parfaites expressions. de c»i^ ^ ^ ^^ destructeur
voulu s'incarner tout enti�re en eux, avant de s ^J ^ deux hommes de cheval
de l'ouragan r�volutionnaire. En effet, la sup�riori e
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%sm
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1820
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174 LE CHIC A CHEVAL.
�tait si �clatante aux yeux de tous leurs contemporains, qu'ils n'ont pas os� se pro-
noncer sur la priorit� de l'un ou de l'autre. Cependant, pour formuler une appr�ciation quelconque, ils ont d� recourir � un subterfuge, du reste assez ing�nieux. Pour faire un �cuyer qui n'a jamais exist�, disait-on � cette �poque, il faudrait les jambes de La Bigne et la main de d'Abzac. « Quanta M. de La Bigne, son nom restera attach� au souvenir d'un exploit que
nous allons rapporter. « 11 fit et gagna le pari de mettre une heure, sans quitter le galop un instant, �
se rendre de la porte de la grande �curie � la grille du ch�teau de Versailles, c'est- � dire, � traverser la place d'Armes, son cheval ayant pour toute embouchure un fil de soie pass� dans la bouche! Ah! oui, il lui a fallu des jambes, mais il n'a pas d� manquer de main non plus. » Une chose certaine, c'est qu'un pareil cavalier n'aurait �t� aucunement embarrass�
de suivre, sur un terrain difficile, et sur le cheval anglais le plus vite, la chasse la plus rapidement men�e. Reste � savoir, par contre, quelle aurait bien pu �tre l'atti- tude d'un chasseur de renard quelconque sur le cheval avec lequel M. de la Bigne gagna son pari. Mais l'anglomanie s�vissait ferme sous le patronage du comte d'Artois. Du reste,
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Selle mauresque � lagenette; armeria de Madrid.
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la r�volution approchait rapidement; toute �l�gance allait dispara�tre, d�truite par
la m�diocrit� ou l'envie que toute sup�riorit� blessait. Il ne fallait plus ni grand seigneur aux �l�gantes mani�res, ni �cuyers au talent incontestable, � ces hallucin�s |
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�7S
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qui osaient dire en parlant de Lavoisier : « La nation n'a pas besoin de chimistes. »
Parmi les adversaires d�clar�s de l'anglomanie, dans laquelle on donnait en plein vers la fin de l'ancien r�gime, il convient encore de citer M. de Boisdeffre, l'un des �cuyers les plus distingu�s de l'�cole militaire. Dans ses Principes de cavalerie, publi�s en 1788, il prend vivement � partie les fanatiques de l'�quitation anglaise. « La mode, cette reine fantasque qui gouverne avec d'autant plus d'empire qu'elle
se montre plus bizarre, a fait adopter sans discernement la mani�re de la m�thode anglaise, par laquelle l'animal est mis dans une attitude d�plorable � sa beaut� et � la s�ret� de sa marche, et o� la position de l'homme est aussi ridicule que d�fec- tueuse. » M. Levaillant de Saint-Denis, qui �crivait en 1789, ne se montrait pas moins s�v�re
� l'�gard des anglomanes. «■ Ne nous �tions-nous pas d�j� rendus assez ridicules, en suivant indistinctement
les modes et les costumes anglais, sans vouloir encore pousser la folie jusqu'� brider et seller nos chevaux comme cela se pratique en Angleterre; en un mot, � de- venir les singes des jockeys... Les Anglais, dont on vante les longues courses, mon- tent des chevaux d'excellentes races; ils n'�pargnent rien pour avoir des montures de qualit� sup�rieure; encore durent-elles bien peu sous eux, soit par la mani�re dont elles sont men�es, soit faute d'avoir su les dresser et de leur avoir donn� le temps de se fortifier; aussi voit-on souvent, en Angleterre, beaucoup de chevaux de quatre ans totalement us�s, que l'on met dans les pr�s, et dont on nous revend la plu- part de ceux qui ont pu se remettre. » Qu'il y ait un peu d'exag�ration dans
cette mani�re de juger les Anglais, en tant qu'hommes de cheval, nous ne saurions le contester; mais, pour nous, le fond en |
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>� Max-Eumanuel.
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reste vrai.
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Selle orientale prise � Belgrade pat
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Cependant, je ne veux pas passer pour
un d�tracteur syst�matique des Anglais; je reconnais, en effet, qu'ils ont eu le m�rite insigne d'avoir su faire une race de chevaux hors de pair. La passion du che- val, si je puis m'exprimer ainsi, est plus r�pandue chez eux qu'en France; et je n hesi e |
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LE CHIC A CHEVAL.
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pas � dire que nous aurions tout avantage � �tudier de plus pr�s la fa�on dont ils
soignent les chevaux. Ces concessions faites, je me h�te d'ajouter que nos officiers montent beaucoup mieux
que les officiers anglais et que les sportmen les plus distingu�s de la Grande-Bretagne. Quant au coup d'�il que pr�sente la cavalerie anglaise, il est admirable, nous
n'h�sitons pas � le reconna�tre ; mais si le revenu des officiers fran�ais �galait celui des officiers anglais, si le budget du cavalier �tait aussi �lev� en France qu'en Angle- terre, la r�putation de sup�riorit� de la cavalerie anglaise ne serait bient�t qu'un souvenir. Notre historique de ce que fut l'�quitation en France, au dix-huiti�me si�cle, serait
incomplet si nous n'y tracions une rapide esquisse de l'organisation de ce qu'on a appel�, jusqu'� la R�volution, les �curies du roi. Ces �curies comprenaient, la grande �curie et la petite �curie ; la premi�re contenant les chevaux de selle, de man�ge, de chasse et de guerre ; la seconde, les chevaux de carrosse. Le grand �cuyer, M. le Grand, �tait le chef sup�rieur et le ma�tre absolu des �curies.
De plus, nulle acad�mie priv�e ne se pouvait �tablir sans sa permission. Il avait sous ses ordres : un intendant, un tr�sorier, deux pages d'armes et g�n�alogistes, huit four- riers , douze chevaucheurs, douze h�rauts, deux poursuivants d'armes, trois porte- �p�e de parement, deux porte-manteau, deux porte-caban, deux m�decins, quatre chirurgiens, deux apothicaires, des gardes-malades, gardes-meubles, lavancliers, portiers, drapiers, passementiers, merciers, tailleurs, selliers, �peronniers, char- rons, bourreliers, brodeurs, menuisiers, trompettes, joueurs de violon, hatdbois, sa- queboutes, cornets, musettes de poiron, joueur de fifre, tambours, cromornes et trompettes marines, un ambleur et conducteur de chariot; notons encore des ma�- tres : en fait d'armes, des ma�tres des exercices de guerre, des ma�tres � danser, des ma�tres de math�matiques, des ma�tres � �crire, � dessiner, � voltiger. Il y avait aussi : un argentier proviseur, un �cuyer commandant, quatre �cuyers
pour le man�ge, un �cuyer ordinaire et un cavalcadour, quatre ou cinq �cuyers or- dinaires sans fonctions, quarante pages, un gouverneur, deux sous-gouverneurs, un pr�cepteur, un aum�nier, huit premiers valets des pages, quatorze palefreniers, quatre mar�chaux, un arroseur de man�ge, un concierge, quarante-deux grands valets de pied. Ce personnel du haras royal comprenait : un �cuyer capitaine du haras, six gardes
du haras, deux mar�chaux, deux pages; d�plus, un m�decin, un chirurgien, un apothicaire, un taulpier, �taient attach�s � ce haras. Pour le service sp�cial de la petite �curie, on comptait un �cuyer de main ordinaire
et vingt �cuyers de quartier, un �cuyer ordinaire commandant la petite �curie, et deux autres �cuyers ordinaires; vingt pages, un argentier proviseur, un gouverneur, un pr�cepteur, un aum�nier et seize petits valets de pied. |
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PAYSANNE DES ENVIRONS DE CAEN, CT DU SI�CLE;
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LE CHIC A
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CHEVAL.
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On comprend combien un pareil luxe, bien digne de la vieille Maison de France et
admirablement organis� pour augmenter le prestige de la royaut�, devait exciter la haine et l'envie des philosophes. Parmi les grands seigneurs qui, au dix-huiti�me si�cle, occup�rent avec le plus d'�-
clat les hautes fonctions de grand �cuyeret de chef des �curies royales, qui formaient une seule charge, une place � part doit �tre faite au prince de Lambesc, l'un des princes lorrains qui vinrent s'�tablir en France � la suite du mariage de Marie-Antoinette d'Autriche avec le Dauphin (Louis XVI). On trouvera dans la citation qui suit d'int�ressants d�tails sur le prince de Lambesc.
« Dans notre pays, � toutes les �poques, il y a toujours eu de grands personnages que
l'on a pris pour mod�le de ton, de mani�re et de mise. Dans le beau temps de l'�qui- tation, personne n'�tait plus recherch� que le prince de Lambesc, dans sa tenue de ma- n�ge; il passait pour le cavalier de France le mieux bott� � l'�cuy�re, genre de bottes le plus convenable pour monter � cheval. Tout le monde �questre voulait �tre bott� et �peronn� comme M. le Grand �cuyer, qui �tait un des plus beaux officiers de la cour, et qui savait relever le costume tr�s simple qu'il avait adopt�. « Le prince de Lambesc excellait dans l'art de l'�quitation; il �tait grand �cuyer de
France, tr�s proche parent de la reine, tr�s bel homme, et, cons�quemment, en posi- tion de donner le genre dans le monde �l�gant : on n'�tait pas encore dans l'usage de copier la mise, la tournure des jockeys de l'Angleterre. « Quelques �cuyers faisaient un mouvement qui �tait assez gracieux quand il n'�tait
pas Irop grand ; c'�tait d'ouvrir un peu le bas de la jambe � chaque temps de galop o� le cheval retombe sur le sol; le cavalier saissisait ce moment pour baisser les talons, se grandissant du haut du corps en se liant au mouvement du cheval; quand ce temps �tait pris juste, les jambes du cavalier faisaient, en petit, le mouvement de celles du du nageur; mais il ne fallait pas l'outrer, car il serait devenu ridicule. On appelait cela le temps d'�triers du prince de Lambesc. » Nous emprunterons encore au m�me ou- vrage la citation d'une vieille coutume des man�ges fran�ais : « Il y avait toujours des paquets de gaules � la disposition des �l�ves; ces derniers
payaient une l�g�re r�tribution pour cet objet, qui regardait uniquement les palefre- niers charg�s de pr�parer et de fournir ces gaules. Il �tait d'usage, quand une per- sonne de distinction visitait un man�ge et les �curies qui en d�pendaient, que l'�cuyer lui pr�sent�t une gaule, bien que cette personne ne d�t point y monter � cheval; et comme dans ce temps, les rois, les princes et les princesses avaient g�n�ralement le go�t de l'�quitation, ils ne passaient jamais dans une ville fran�aise ou �trang�re sans en visiter le man�ge. On con�oit que c'�tait peu, pour de tels visiteurs, de laisser vingt-cinq louis aux palefreniers pour les gaules. » Mais il nous faut dire adieu pour jamais � cette brillante soci�t� fran�aise qui va dis-
para�tre pour toujours. La guillotine physique et morale va saper toutes les �l�gances, CHIC A CHEVAL. 23
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et, comme l'a dit Musset, ce qui survivra au monde va prendre le deuil et se v�tir de
noir, autre victoire de la m�diocrit� sur le go�t. La mode anglaise restera ma�tresse de la France et, apr�s la brillante �pop�e napol�onienne, chassera de l'arm�e le vieil ha- bit « � la fran�aise » qui avait vu Fontenoy eti�na; on donnera aux soldats la redingote sous le nom de tunique, en attendant qu'on lui inflige le veston sous le nom de clolman. |
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Hottes de la fin du XVIJI" si�cle.
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CHAPITRE XIV
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IA R�VOLUTION, LE PREMIER EMPIRE.
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a cavalerie eut beaucoup moins � souffrir que l'infanterie
des secousses de la r�volution. Cette arme aristocratique devait cependant lui inspirer plus de m�fiance. Mais la difficult�, l'impossibilit� m�me d'improviser rapidement des troupes � cheval retinrent les soup�ons des plus fa- rouches conventionnels. En effet, pour maintenir une ca- valerie en bon �tat, il faut non seulement des chevaux dress�s, des cavaliers habitu�s � les monter en maniant ,leurs armes, soignant et faisant vivre leurs b�tes, les ani- mant et s'identifiant en quelque sorte � leur existence, mais aussi des chefs qui poss�- dent au plus haut degr� l'exp�rience et l'amour des d�tails de leur m�tier. » (Jules Richard, Histoire de l'arm�e fran�aise, illustr�e par Edouard D�taille.) Voil� qui est parfaitement dit, mais si la cavalerie garda un tant soit peu de coh�sion
et put encore faire son service, elle le dut � ce qu'un grand nombre de nobles ou de royalistes s'y r�fugi�rent sous des noms d'emprunt. Quant � l'�quitation, elle subit une telle �clipse, elle tomba dans une telle d�cadence, que, lorsque le calme com- men�a � se r�tablir, on constata que tout �tait � refaire. Nous avons vu qu'avant le commencement des troubles, le man�ge de Versailles bril-
lait d'un tr�s vif �clat. Ce man�ge poss�dait, au moment m�me o� les exigences de la politique emp�chaient d'y consacrer les soins n�cessaires : « outre les deux cents che- vaux entiers espagnols, napolitains, navarrins, etc., qui �taient le fonds du man�ge permanent de Versailles, environ cinq cents hongres, tant anglais que normands et |
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limousins, etc., que l'on dressait tous les ans au man�ge pour les autres services de la
maison du roi; une grande quantit� de sauteurs de piliers en libert�; et, enfin, des che- vaux de haute �cole, au rang particulier des �cuyers. Les piqueurs cle man�ge, qui �taient g�n�ralement des gens de m�rite, dressaient les jeunes chevaux et rectifiaient les chevaux de man�ge qui avaient �t� d�rang�s par les clercs. » Lorsque la tourmente r�volutionnaire sera pass�e, c'est � ces piqueurs que l'on aura
recours pour reconstituer une nouvelle �cole d'�quitation. |
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L'abandon de Versailles
le manque d'�nergie de- malheurs , fut naturelle- cette brillante �cole, qui est comme le plus parfait mo- bonne tenue � cheval, et de L'anglomanie n'y p�n�tra �ais et bien fran�ais tant me mani�res; et les che- « puissants dans les hanches ont joui d'une r�putation |
par le roi Louis XVI, dont
vait �tre la cause de tant de ment l'arr�t de mort de rest�e dans la tradition d�le de l'�l�gance, de la l'accord parfait des aides, jamais, tout y resta fran- comme principes que com- vaux dress�s � cette �cole, et galants dans la bouche », m�rit�e. men�a � reconna�tre que
des choses dans les institu- |
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A l'�poque o� l'on com-
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Selle anglaise du commencement du si�cle.
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l'on aurait d� �pargner bien
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tions et dans les coutumes � l'�gard desquelles on s'�tait montr� si impitoyable, c'est
avec les d�bris de l'�cole de Versailles, peu auparavant si brillante, que les hommes nouveaux s'efforc�rent d'�tablir, en 1796, une �cole nationale d'�quitation. Cette �cole eut le m�rite de sauver ce qui pouvait �tre sauv� alors, de renouer la cha�ne de la tra- dition. Ses principaux �cuyers furent Coup�, Jardin, Gervais, Cordier, Rousselet et « quel-
ques autres, d�bris du man�ge de Versailles; la plupart anciens piqueurs des �curies du Roi, �l�ves de d'Abzac ». Mais, depuis le d�but de la p�riode r�volutionnaire, surtout depuis le commencement
de l'�migration, l'�quitation avait �t� presque compl�tement d�laiss�e, car les profes- seurs manquaient. Le trouble et la d�sorganisation �taient partout. Quant aux livres sur l'�quitation, � peine est-il besoin de dire qu'on n'en vit point
para�tre pendant la R�volution. Ces ouvrages, on le comprend, n'auraient pas trouv� de lecteurs; ils ne convenaient pas � des temps aussi troubl�s, aussi tragiques. Nous venons de dire que la p�riode r�volutionnaire fut compl�tement st�rile en ce qui
concerne la litt�rature hippique. C'est l� une exag�ration, car c'est en l'an VII, par cons�- quent vers la fin de la R�volution, que le citoyen Charles Thiroux publia un volume sur l'�quitation. Ce volume m�rite une mention toute particuli�re.
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OFFICIER DES CHEVAU-LEGERS LANCIERS;
1813. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Mais il est indispensable, pour �clairer ce qui va suivre,
de faire observer que ce fac�tieux �crivain avait, avant la R�- volution, sollicit� et obtenu du prince de Lambesc l'auto- risation d'ouvrir un man�ge aux Madelonnettes ; et qu'ayant manqu� � des engagements formels, contract�s avec le grand �cuyer, son �tablissement avait �t� ferm�, « ce qui rendit le directeur tr�s partisan des doctrines r�volution- naires; aussi devons-nous � cette circonstance un ouvrage d'�quitation fort divertissant. L'auteur annonce partout l'intention bien formelle d'instruire avec plus de soin le domestique que le ma�tre. « J'�cris pour tous de peur d'�tre confondu avec l'inf�me Pluvinel, qui osait se glorifier d'avoir mis un jeune tyran � cheval. » Partisan bien d�termin� des id�es de violence qui avaient
cours alors, Charles Thiroux approuve hautement les actes de vandalisme dont avaient �t� l'objet les statues des an- ciens souverains du pays. Cette guerre aux statues lui para�t on ne peut plus l�gitime. Notons cependant une circonstance att�nuante en faveur de Thiroux : il ne peut s'emp�cher de regretter le cheval de Louis XIII, victime, comme ceux de Lyon, de la fureur populaire. On sait que la statue �questre de Louis XIII d�corait la
place Royale. |
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France ; coiffures de la cavalerie l�-
g�re; 1789-1830. |
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Les opinions hippiques de Charles Thiroux ne sont pas
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moins curieuses que ses principes politiques.
Il veut, par exemple, m�tamorphoser chaque �curie en un petit haras; composer
chaque attelage d'un cheval et d'une jument, qui travailleront dans un �tat de mariage aussi heureux que moral. L'id�e n'est-elle pas plaisante?
Voici maintenant, d'apr�s Charles Thiroux, quelle est la position la plus solide et la
plus �l�gante pour le cavalier : «... Le ventre gonfl�, le bas des reins creus�, ceinture |
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182 LE CHIC A CHEVAL.
et hanches en avant, croupion pos� sur la selle...... ayant tous les cercles de devant du
corps le plus ouverts qu'il peut, ce qui lui fait prendre la tournure d'un S. »
Impossible, n'est-ce pas, d'imaginer une position plus simple et plus conforme � la
nature. L'inf�me Pluvinel n'aurait s�rement pas imagin� pareille chose. Du reste, tout le trait� de Charles Thiroux est rempli d'une phras�ologie pr�tentieuse, de laquelle il se d�gage peu d'id�es pratiques, mais qui atteste que l'auteur est un excellent patriote! Franchement, le moindre �cuyer ferait bien mieux notre affaire; mais on sait que dans ces temps singuliers, le brevet de civisme tenait lieu de toute capacit�. Notons, en passant, que Thiroux se piquait d'�tre expert en �tymologies. Il veut bien,
par exemple, nous expliquer l'origine du mot chambri�re. Cette explication, nous ne saurions r�sister au d�sir de la citer; c'est une perle, en effet : « Que de donneurs de le�ons d'�quitation, qui ne savent pas pourquoi l'on appelle une chambri�re, le fouet avec lequel ils se pavanent au milieu de leurs �l�ves! Sauvons-leur l'embarras de la r�ponse. Si l'on se rappelle que les fonctions d'une fille, rangeant les meubles autour d'une chambre, lui ont fait donner le nom de chambri�re, on sentira la justesse de l'application du m�me nom � l'instrument qui sert, au man�ge, � ranger, bon gr� mal gr�, dans la piste qui r�gne le long des murs, des chevaux... etc. » Bravo! excellent Thiroux! voil�, en effet, qui est d'une grande importance en fait
d'�quitation. Et que l'on go�te la simplicit� des d�finitions par cet exemple : « Le cheval marche au pas d'�cole, toutes les fois que son �ducation achev�e sert �
faire conna�tre aux �l�ves ce que c'est que le travail du man�ge ; et le cheval est au pas rassembl�, lorsque c'est l'�cuyer qui donne cette premi�re le�on du travail; ainsi le pas d'�cole a lieu quand le cheval en sait plus que le cavalier, et la m�me erre {sic) devient le pas rassembl� si c'est le cheval qui apprend � travailler, dessous un cavalier qui en sait plus que lui. » C'est simple et clair, n'est-ce pas? Les autres d�finitions de Thiroux valent, � peu pr�s toutes, celle qui pr�c�de, et c'est
bien le cas de dire : Ab uno disce omnes. Nous nous abstiendrons donc de faire de plus amples
emprunts � l'�trange ouvrage de cet �cuyer; et, pour qu'on ne nous accuse pas d'une s�v�rit� outr�e � son �gard, ni d'un parti pris de d�dain et de d�nigrement, nous reproduirons le jugement qui a �t� port� sur Thi- roux par un de nos hommes de cheval les plus autoris�s. « En r�sum�, Thiroux, malgr� son gros livre, ses grandes phrases et ses belles prouesses, n'a fait faire aucun progr�s � l'�quitation ; son style pr�tentieux a certainement contribu� � en embrouiller les plus sim- Cavalier de la garde imp�riale -
en petite tenue. pleS principes. »
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LE CHIC A GHEVjAL.
Enfin voici venir la fin de ces tristes temps o� il n'y a
rien � glaner dans aucun art. Napol�on le Grand, d'abord consul puis empereur, va reconstituer la soci�t� fran�aise. Sa main puissante va faire rentrer dans l'ombre les inca- pables qui avaient g�r� les affaires de la France pendant le Directoire. D�s lors, le r�gne des bavards et des dis- coureurs sera fini et bien fini d�sormais, plus de phrases creuses et pr�tentieuses, plus de discussions st�riles, mais des actes. Il ne nous appartient naturellement pas de raconter
ici l'admirable �pop�e des guerres du Consulat et de l'Empire, de suivre le demi-dieu entrant en vainqueur dans toutes les capitales de l'Europe; nous ne parlerons que des mesures qu'il prit pour faire rena�tre l'�quitation. Un de ses premiers soins fut de d�cider que sa maison
et ses �quipages seraient organis�s � la fran�aise; et il voulut qu'il en f�t de m�me « pour ses ministres, et les officiers sup�rieurs de son �tat-major ». C'�tait l� une me- sure en compl�te opposition avec la mode du moment, car sous le Directoire et m�me sous le Consulat l'anglomanie avait �t� pouss�e jusqu'au dernier ridicule. « Il y avait beaucoup d'anglomanes � Paris, qui n'avaient jamais mis le pied en Angleterre, mais qui donnaient le genre an- glais. » C'est de cette �poque que M. M. de Goncourt a dit : « Autour des hommasses, dulcin�es garrott�es sur leurs selles avec de fortes sangles et de bonnes courroies de cuir de Hongrie, les anglo- cavalcadours paradent � cheval, �cuyers improvis�s plus heureux qu'ha- biles, se criant de l'un � l'autre « Weri-woel » (sic). Le Weri-woel est le salut du jour. » Le grand homme devait faire prompte ex�cution de tous ces ridi-
cules et envoyer � l'arm�e bon nombre de ces jeunes gens � la mode, de ces « incroyables », o�, du reste, ils se conduisirent fort bien. L'empereur prit pour piqueur M. Jardin, ancien piqueur du
man�ge de Versailles; il l'autorisa � rendre le man�ge des Tuile- ries, ancien man�ge des pages d'Orl�ans, � sa premi�re destina- tion. Il encouragea tous les �cuyers qui avaient gard� les saines
traditions de l'�cole fran�aise : les Coup�, les Jardin, les Pel- lier, les fr�res Le Roux, les Aubert, les Chapelle, etc., etc. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Une anecdote montrera, du reste, quelle importance l'empereur attachait �l'�quitation.
On sait qu'il avait fait construire, � Saint-Cloud, un man�ge sur le plan de celui des Tuileries, mais arrondi aux extr�mit�s. Ce man�ge �tait destin� � l'institution de ses pages. Un jour l'Empereur, qui assistait � une reprise, fait appeler M. Jardin qui donnait la le�on et lui ordonna de porter de sa part un billet � M. Est�ve, tr�sorier de sa maison. Ce billet contenait un ordre de payer � M. Jardin une gratification de 30,000 francs. Qu'aurait dit l'int�gre Thiroux? il aurait probablement empoch� sans fa�on, lui aussi, les 30,000 francs du tyran. En 1803, parut un ouvage destin� � servir de manuel pour les troupes � cheval.
C'est F « �cole du cavalier � pied, jjar demandes et r�ponses, pour servir d'in-
troduction � l'instruction d�taill�e concernant les man�uvres de cavalerie, mises en pratique � l'�cole de Versailles. » L'ann�e 1803 vit �galement para�tre un autre ouvrage d'�quitation militaire,
1'« �cole d'escadron par demandes et par r�ponses, bas�e sur l'ordonnance de 1788... mise en pratique � l'Ecole d'instruction des troupes � cheval �tablie � Versailles, par le citoyen Cordier, officier au 19e r�giment de chasseurs � cheval, �l�ve de l'�cole d'instruction. » L'auteur, le citoyen Cordier, �tait le m�me qui devait, par la suite, diriger si ha-
bilement le man�ge de Saumur. Nous avons dit plus haut que l'Empereur avait affect� le man�ge de Saint-Cloud �
l'instruction de ses pages. Napol�on, en effet, avait r�tabli cette institution de la mo- narchie : trente-quatre jeunes gens, appartenant aux meilleures familles de France ou des pays conquis, formaient cette �cole, plac�e sous l'autorit� du grand-�cuyer et la direction d'un gouverneur et de deux sous-gouverneurs � l'un officier g�n�ral, l'autre eccl�siastique � auxquels �taient adjoints dix professeurs et quatre r�p�titeurs. Ces pages �taient destin�s � devenir officiers; et ils ont fourni plusieurs officiers g�- n�raux. C'�tait un page qui, en campagne, portait la lunette de l'empereur. Notons encore qu'� son av�nement au tr�ne Napol�on avait admis clans ses �curies
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ce qui restait des piqueurs de
En 1806, Napol�on r�orga-
d�cret, il cr�a deux �coles d'ex- « Ainsi, » dit l'auteur �
du premier coup d'�il, Napo- qu� tous ceux qui avaient ad- �poque. La cr�ation de deux t�te, � l'article premier de son rait. Il mettait le savoir en partout, par ce moyen il �tait |
Louis XVI.
nisa les haras; et, par le m�me
p�rience.
Des origines de la cavalerie ».
l�on vit par o� avaient man-
ministr� les haras avant son
�coles sp�ciales marchait en
d�cret. C'�tait ainsi qu'il op�-
premi�re ligne toujours et
assur� du succ�s; il ne lui
qu'en cette mati�re comme en
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Bride de compagnie l�g�re ,
premier Empire. |
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avait jamais failli. » On voit
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LE PANTALON A LA COSAQUE;
1817. |
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LE CHIC A CHU VAL.
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-185
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presque toutes les autres, le g�nie du grand empereur dominait le pass� et le pr�sent.
Napol�on, du reste, savait tirer un profit pratique de ses victoires; il usait large- ment, par exemple, des ressources en chevaux des pays conquis pour remonter sa cavalerie. C'est ainsi qu'en 1806 les dragons de la garde imp�riale furent remont�s en entier,
� Postdam, et que les cavaleries autrichienne,
prussienne, hanovrienne, hessoise, sarde et espa- gnole c�d�rent, � plusieurs reprises, leurs che- vaux � nos r�giments victorieux. Jusqu'en 1809, l'�cole militaire �tablie par
l'empereur � Fontainebleau, puis transf�r�e � Saint-Cyr, avait fourni des sous-lieutenants � la cavalerie. A cette �poque, au milieu des pr�paratifs d'une
campagne contre l'Autriche, l'empereur d�cida la fondation d'une �cole sp�ciale de cavalerie, fondation qu'il avait en vue depuis l'ann�e pr�- c�dente. En cons�quence, le 8 mars 1809, l'�cole de
Versailles fut supprim�e et une �cole sp�ciale de cavalerie cr��e � Saint-Germain. Cette �cole ne |
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CHIC A CHEVAL.
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LE CHIC A CHEVAL.
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recevait que des �l�ves pensionnaires, de l'�ge de seize ans,
et payant 2,400 francs de pension. Le colonel du g�nie, M. de Montfort, proc�da aux travaux n�cessaires pour approprier � sa nouvelle destination le ch�teau de Saint-Germain, d�sert depuis l'�poque o� il avait servi d'asile � Jacques II. Le colonel de Mont- fort avait estim� les d�penses � faire � 160,000 francs. L'em- pereur, dont les projets, lorsqu'il les reconnaissait utiles au pays, ne s'�ternisaient pas dans les commissions, sous-commis- sions, comit�s, sous-comit�s, etc., etc., pour en sortir m�connais- |
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Bottes d'officier] de cavalerie
l�g�re ; premier Empire. |
sables ou inopportuns, accorda 30,000 francs, et mit � la dispo-
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sition du g�nie tous les terrains appartenant � l'�tat; puis il
partit pour se rendre sur le Danube. C'est de Sch�nbriinn, le 17 mai 1809, quatre jours apr�s l'occupation de Vienne, qu'est
dat� le d�cret qui donna � l'�cole de Saint-Germain son organisation d�finitive. « Le soin que l'empereur prit, lui-m�me, de r�gler tous ces d�tails, malgr� la pr�oc-
cupation de la gigantesque campagne qui devait aboutir au coup de foudre de Wagram, indique l'importance qu'il attachait � cette institution, l'espoir qu'il fondait sur elle, et la mesure des services qu'il attendait de sa cavalerie, pendant la guerre, puisqu'il voulait tirer tous les ans de Saint-Germain 150 sous-lieutenants, le double environ de ce que fournit aujourd'hui � cette arme l'Ecole sp�ciale militaire. Un s�jour de trois ou de quatre ann�es dans une telle �cole attestait, en outre, la volont� d'incul- quer � ces jeunes officiers l'instruction la plus solide; et le chiffre �lev� de la pension, celle de ne les puiser qu'au sein des familles opulentes de l'Empire, et, parce moyen, assurer leur bonne composition. » Dans une lettre du 11 d�cembre 1809, adress�e par le ministre de la guerre au commandant de l'�cole, et relative au choix des �l�ves, le ministre insiste sur ce point « que la fortune est n�cessaire pour servir dans les trou- pes � cheval ». Le grand empereur dut �tre pleinement satisfait, lorsqu'il vit avec quel empres-
sement toutes les grandes familles de la France, de l'Italie, de la Belgique et de la Hollande r�pondaient � son appel. Les listes d'admission contiennent nombre de noms illustres, et il en sera toujours ainsi. En effet, quoi qu'on fasse, quoi qu'on d�clame, la cavalerie a �t�, est et sera l'arme de l'aristocratie, et il faudra en passer par l� tant qu'on voudra garder � cette arme ses qualit�s les plus importantes, l'entrain, le savoir �questre et le brillant que donne non seulement l'instruction, mais surtout l'�ducation et les sentiments de gentilhommerie inh�rents � certaines classes de la soci�t�. L'uniforme des �l�ves de l'�cole de Saint-Germain �tait, du reste, parfaitement choisi
pour inspirer aux jeunes gens le d�sir de le porter. Voici quel �tait cet uniforme : casque de dragon, habit vert, lis�r� de blanc et doubl� de rouge, culotte de peau |
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LE CHIC A CHEVAL.
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blanche et bottes � l'�cuy�re; et, � pied, culotte verte et gu�tres noires. Combien cette
tenue �tait plus �l�gante que l'horrible et incommode pantalon de cheval basan� et la tunique � longs pans dont on nous affublait � Saumur, il y a quelques ann�es! C'est qu'� cette �poque o�, pourtant, on ne songeait pas qu'� la parade, on ne voyait pas des escadrons traverser les villes en bourgeron,
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pour aller � la man�uvre; on man�uvrait et on se
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battait en grande tenue, plumet au vent. Ajoutons,
ce qui a son imporlance, que l'effectif moyen de la cavalerie s'�levait alors � quatre-vingt-quatorze r�giments ! Pour en revenir � l'�cole de Saint-Germain, �cole
qui fournit � l'arm�e bon nombre de tr�s remar- quables officiers de cavalerie, disons que sa-vogue, tout d'abord tr�s grande, finit par d�cliner sensi- blement, et cela pour des causes d'organisation in- t�rieure. Aussi, le 3 avril 1812, l'empereur adressa au ministre une lettre de reproches dans laquelle il disait entre autres choses : « Monsieur le duc de Feltre, il me revient toutes
sortes de plaintes sur l'�cole de Saint-Germain..... |
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e
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Cette �cole ne rem-
plit pas mon attente. Elle est destin�e � re- cevoir les enfants des familles les plus riches de France, et on les en �loigne, etc. » |
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188 LE CH1G A CHEVAL.
Le 14 avril, l'empereur arrivait � l'�cole sans s'�tre fait
annoncer. Sa visite fut loin de le satisfaire, bien que les �l�ves eussent fait de leur mieux. « Ils man�uvr�rent avec cet amour-propre qui se d�veloppe d'une fa�on in- croyable dans notre milieu militaire, sous le regard d'un personnage illustre, �lectrise les c�urs et conduit � la perfection par l'accord des volont�s », dit le capitaine Pi- card, qui raconte dans tous ses d�tails cette visite imp�- riale. L'empereur ordonna d'importants changements dans
l'�conomie int�rieure de l'�cole, qui, sous le commande- seiu de posmion. ment du g�n�ral de Maupoint, changea compl�tement d'aspect, et entra dans une �re nouvelle de prosp�rit�.
Mais cette p�riode de prosp�rit� n'�tait pas destin�e � durer longtemps. En effet, l'horizon s'�tait subitement assombri en 1812. Apr�s les grandes victoires, �taient venus les grands revers. Bien que nous eussions �t� vainqueurs des Russes dans presque toutes les rencontres, la campagne entreprise contre eux s'�tait termin�e par un immense d�sastre. Cette campagne fut particuli�rement funeste � notre cavalerie : des nombreux et bril-
lants escadrons qui avaient franchi le Ni�men, il ne revint que des d�bris. « Quel magnifique spectacle que celui de cette cavalerie europ�enne, resplendissante
d'or et d'acier, aux rayons d'un soleil du mois de juin, �talant ses lignes sur les flancs des coteaux du Ni�men, et brillante d'ardeur et d'audace. Quels amers souvenirs que ceux de ces vaines man�uvres qui l'ont �puis�e, contre des Cosaques jusqu'alors si d�- daign�s et qui ont plus fait pour le salut de la Russie que les autres arm�es de cet em- |
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pire; chaque jour on les
sur une ligne immense, agiles venaient nous bra- on se formait, on marchait ment d'�tre atteinte, dispa- montrait plus que des bou- heure apr�s, lorsque nos manger, l'attaque recom- se d�veloppait de nouveau; man�uvres qui avaient le que la plus belle et la plus puisa et se consuma devant |
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voyait � l'horizon, �tendus
tandis que leurs �claireurs ver jusque dans nos rangs; � cette ligne, qui au mo- raissait; et l'horizon ne leauxet des pins; mais une chevaux commen�aient � men�ait, et une ligne noire on renouvelait les m�mes m�me r�sultat. C'est ainsi valeureuse cavalerie s'�- des hommes qu'elle jugeait |
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Brida de Cosaque.
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indignes de sa valeur, et qui cependant suffirent pour sauver l'empire dont ils sont les vrais
soutiens et les seuls lib�rateurs. » � (L'Arm�e selon la Charte, parle comte Morand.) |
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1834.
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LE CHIC A CHEVAL.
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La fortune nous avait abandonn�s en 1812, elle nous fut encore contraire en 1813.11
en fut de m�me l'ann�e suivante malgr� l'immortelle campagne de 1814. La France fut envahie. Oblig� de tenir t�te � d'innombrables adversaires, trahi ou mal second� par plusieurs de ceux qu'il avait combl�s de faveur, et qui avaient assez de la guerre, le grand homme qui avait conduit nos arm�es � de si prodigieux triomphes, fut contraint de descendre du pouvoir. L'�cole de Saint-Germain avait ressenti le contre-coup de ces funestes �v�nements.
En 1814 on ne put lui consacrer que de faibles sommes, car les fonds manquaient. Apr�s la chute de Napol�on, elle fut supprim�e, et ses �l�ves r�unis � ceux de l'�cole de Saint-Cyr. Le premier �l�ve de l'�cole de Saint-Germain promu sous-lieutenant avait �t� M. de
Clermont-Tonnerre, nomm� au 13e de cuirassiers, le 20 juin 1810. La derni�re promo- tion fut celle de M. de Saint-Firmin, � la date du 14 juillet 1814. |
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CHAPITRE XV
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LA RESTAURATION, LOUIS-PHILIPPE.
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pr�s les tristes �v�nements de
1814 et de 1815, nous allons peu � peu voir rena�tre en France le go�t de l'�quitation, dont on n'avait gu�re eu le loi- sir de se pr�occuper pendant les derni�res ann�es de l'Em- pire troubl�es par des guerres incessantes et par deux inva- sions. « Les cavaliers appre- naient � monter � cheval sou- vent entre deux �tapes. » Le 23 d�cembre 1814, le ma-
r�chal Soult �tablit � Saumur, dans l'ancien quartier occup� jadis par les carabiniers, dont le man�ge avait acquis une notori�t� m�rit�e, l'�cole d'instruction des troupes � cheval. Le g�n�ral L�vesque de la Ferri�re, glorieux d�bris de l'�poque imp�riale, en eut le commandement. Deux hommes de grande valeur, tous deux, mais ayant des principes oppos�s, furent
mis � la t�te des man�ges de l'�cole. Quant aux profondes divergences de vues qui divisaient ces hommes �minents, voici en quoi elles consistaient : M. le marquis Du- croc de Chabannes, �l�ve de d'Auvergne et de l'�cole militaire, condisciple de Bohan, voulait restreindre l'instruction �questre � l'�quitation purement militaire; le second professeur, M. Cordier, �l�ve de l'�cole de Versailles, �tait partisan de l'�qui- |
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LE CHIC A CHEVAL.
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tation acad�mique et s'appuyait sur les principes de Montfaucon de Rogles, partant
sur ceux de la Gu�rini�re. M. Cordier l'emporta sur son coll�gue, dont le m�rite �tait, du reste, aussi incontes-
table que le sien. Et, quoi qu'on en ait dit, ce fut peut-�tre un grand bien que cette vic- toire des vieilles traditions; ce fut elle, sans nul doute, qui pr�para l'alliance f�conde, alliance si longtemps cherch�e, des vieux principes, appliqu�s avec justesse et ayant la |
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force des traditions,
moderne, large et en v�e, par une certaine n�s m�thodes, des exa- quelles donnaient les homme de cheval en M. Cordier resta donc
de Saumur. Son nom � c�t� de celui de toutes L'�cole fut, d�s lors,
chose pr�s, comme elle de cette �poque que date |
avec l'�quitation toute
dehors; mais pr�ser- fusion avec les ancien- g�rations dans les- anglomanes et tous les g�n�ral. directeur de man�ge
y brille en lettres d'or les c�l�brit�s �questres, organis�e, � peu de l'est actuellement. C'est le costume, rest� l�gen- |
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Jeune sportman, 1833.
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cole : l'habit veste, la
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daire, des �l�ves de l'�-
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culotte, les bottes et le petit chapeau lampion, dernier reste de l'ancien costume fran-
�ais, costume simple, s�v�re et �l�gant s'il en fut. Nous ne saurions trop regretter que ce costume ait �t� modifi� dans ces derni�res
ann�es; qu'au chapeau lampion on ait substitu� le shako, cette coiffure si disgracieuse et si peu commode, et qu'on ait remplac� l'habit par l'in�vitable dolman-veston, en at- tendant probablement la sainte blouse ! D'un autre c�t�, le man�ge de Versailles avait �t� r�tabli, et sa direction confi�e �
un �cuyer �minent, M. le chevalier d'Abzac. Cet homme de cheval de haut m�rite fit briller d'un nouveau lustre cette �cole, dont la r�putation avait �t� si consid�rable. Il la dirigea avec un grand savoir et une in�branlable fermet�. Il fut second� dans sa t�- che par des �cuyers de premier ordre, tels que le vicomte d'Aure, le vicomte O'Hegerty, MM. de Vandi�re, de Millange, de Cubi�res, etc., etc.. L'�cole de Versailles redevint le sanctuaire des traditions, de l'�l�gance, de .la bonne
tenue. Les chevaux anglais y tinrent la place qui �tait due � leurs grandes qualit�s, mais l'�quitation resta fran�aise. Son vieux et illustre directeur donna, lui-m�me, tou- jours l'exemple, veillant � ce que chaque �cuyer mont�t � cheval tous les jours. Il payait du reste d'exemple, car il monta r�guli�rement ses chevaux jusqu'� ce que la mort l'enlev�t � son �uvre de r�g�n�ration de l'�cole fran�aise. 11 mourut � l'�ge de quatre-vingt-huit ans. Son rival en c�l�brit�, le marquis de la Bigne, dont nous avons parl� pr�c�demment,
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LE TROT A L'ANGLAISE; 1835.
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mourut � quatre-vingt-dix ans. Il avait mont� deux chevaux le jour o� il rendit le
dernier soupir. Le marquis de la Bigne avait servi pendant trente-six ans dans la mai- son du roi. En 1821, l'�cole des pages avait �t� �galement reconstitu�e. Cette �cole d�pendait de
celle de Versailles. Le vicomte O'Hegerty �tait le chef du man�ge. Les pages ont laiss� le renom d'excellents cavaliers, et ont fourni � l'arm�e des officiers tr�s remarquables. En 1822, une conspiration, dont le g�n�ral Berton �tait l'instigateur, �clata � Sau- mur. A la suite de cette conspiration, l'�cole est licenci�e, et un r�giment de carabi- niers, tout d�vou� aux Bourbons, vient tenir garnison dans les b�timents de l'�cole. Les effets de la suppression de l'�cole de Saumur ne tard�rent pas � se faire sentir; et, pour y rem�dier, une ordonnance du 5 novembre 1823 cr�a � Versailles une �cole d'application de cavalerie. D�s le 17 novembre 1824, cette �cole fut transf�r�e de Versailles � Saumur. Le g�-
n�ral marquis Oudinot pr�sida � sa r�organisation. Cet homme si remarquable y a laiss� d'ineffa�ables souvenirs. Autour du g�n�ral se group�rent M. Cordier, �cuyer en chef; MM. Le Roy, Ducroc de
Chabannes, que le g�n�ral Oudinot eut le m�rite de rappeler; MM. Rousselet, Flandrin, Deleuze etBeucher de Saint-Ange, presque tous anciens officiers de cavalerie distingu�s, et tous hommes de cheval d'un grand m�rite. M. Cordier, dont le nom revient si souvent dans l'histoire de l'�quitation, sous la
Restauration, a laiss� un fort remarquable trait�, intitul� : « Trait� raisonn� d'�quitation, en harmonie avec l'ordonnance de cavalerie, r�-
dig� par M. Cordier, chevalier des ordres royaux de Saint-Louis et de la L�gion |
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d'honneur, premier �cuyer
n�ge de l'Acad�mie de la Ce trait�, on ne peut gu�- proche, celui de rejeter qui est s�rement une des nous devions � l'�quitation M. Cordier �tait d'accord cienne �cole, devant qui le mais trouv� gr�ce. Puisque ques bienfaits que l'on peut se, signalons une mesure qui fut accomplie pendant le g�n�ral Oudinot. En 1826, |
ayant la direction du ma-
dite �cole. » � (1824). re lui faire qu'un seul re- Temploi du trot � l'anglaise, rares pratiques utiles que anglaise. En cela, du reste, avec les �cuyers de l'an- trot � l'anglaise n'avait ja- nous en sommes aux quel- devoir � l'�quitation anglai- d'une grande importance que l'�cole �tait dirig�e par le g�n�ral fit accorder au |
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1840.
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man�ge une remonte de vingt-cinq chevaux irlandais, co�tant en moyenne 1,200 francs;
il obtint en outre l'autorisation de faire fabriquer vingt-quatre selles anglaises, le tout destin� au travail de carri�re. On sait � quel degr� de perfection ce travail en carri�re CntC A CHEVAL. 25
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LE CHIC A CHEVAL.
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a �t� port� depuis. C'est le v�ritable compl�ment de l'instruction acad�mique donn�e
au man�ge. Ces magnifiques chevaux de carri�re, si admirablement soign�s, aux allures si franches et si rapides, sont une des gloires, et non des moindres, de l'�cole de Saumur. Je ne crois pas qu'il en puisse exister actuellement une plus belle r�union en aucune �cole d'Europe. Le 20 juin 1828, l'�cole donna un carrousel en l'honneur de la duchesse de Berrv. Cette princesse, jolie femme, et qui repr�sentait � la cour le c�t� vivant et �l�gant, par opposition � la duchesse d'Angoul�me, fut tr�s acclam�e par tous ces jeunes gens � l'esprit enthousiaste et chevaleresque. Ce carrousel eut du reste plein succ�s. Ce qui l'atteste, c'est qu'un �cuyer de renom
qui �tait venu y assister, non sans pr�vention, s'en retourna tr�s satisfait de ce qu'il avait vu, et termina par ces lignes ses appr�ciations sur cette belle f�te militaire : « J'ai vu avec plaisir que plusieurs anglomanes, bien prononc�s contre la tenue fran- �aise, apr�s avoir �t� t�moin des f�tes de Saumur, convenaient que les bottes � l'�- cuy�re et le chapeau � trois cornes allaient parfaitement bien avec les �paulettes, les d�corations militaires des �cuyers, et ne d�paraient pas non plus le grand cordon rouge du commandant, M. le g�n�ral Oudinot. » A cette �poque, l'anglomanie �tait le dernier mot du bon go�t �questre et d�sesp�rait
les vieux �cuyers. Depuis lors, cette manie de singer les Anglais n'a fait que cro�tre, et elle a gard� les plus grandes chances d'�tre toujours � la mode, pour une raison bien simple, c'est qu'il sera toujours plus facile d'�tre ignorant que savant, et que le manque de savoir et de tenue se masquent admirablement par ce qu'on qualifie de « mani�re an- glaise ». Il faut �tre juste, du reste, et constater que c'est surtout parmi les cavaliers ci- vils que l'anglomanie a rencontr� les adeptes les plus fervents, et pour cause... L'�qui- tation militaire en fut toujours sauvegard�e par les bonnes traditions conserv�es � Saumur. Ventre Saint-Gris! comme disait quelqu'un de bien fran�ais,
quand donc redeviendrons-nous Fran�ais? Fran�ais tout d'une pi�ce, avec nos d�fauts, mais aussi avec nos qualit�s? Quand, ces mots : « II a tout � fait l'air d'un gentleman anglais » cesseront-ils d'�tre le plus doux compliment qu'on puisse adresser � une classe d'hommes qui ont dans leur nom, dans leur race, dans leur �l�gance naturelle vingt fois le « chic » des Anglais? Les Fran- �aises, heureusement, n'ont pas donn� dans ce travers ; elles ont compris qu'elles n'avaient qu'� rester elles-m�mes pour demeurer les reines du go�t et de la mode. Essayez donc de dire � une Pa- risienne qu'elle a l'air d'une Anglaise. Vous verrez si elle prend cela pour un compliment. |
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Amazone; 183")
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Tr�s affect� des progr�s incessants de l'anglomanie, un con-
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LE CHIC A CHEVAL.
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temporain en d�plorait en ces termes les fu-
nestes effets : « Beaucoup de jeunes gens qui ont appris dans les man�ges � bien placer leurs jambes et � en faire un juste emploi, se privent de cet aide pour se conformer au genre dit Anglais. » D�s 1824, le g�n�ral, marquis de Cler-
mont-Tonnerre, avait d�cid� l'�tablissement d'un camp, � Lun�ville, pour �tudier les moyens de reviser l'ordonnance de l'an XIII. Une commission fut nomm�e, dont faisaient partie les g�n�raux Oudinot, Dujeon, de Saint- Alphonse, Grouvel, Cavaignac, de France. Elle �tait pr�sid�e par le g�n�ral comte Mer- met. (A cette �poque la commission charg�e des choses de l'arm�e �tait compos�e unique- ment de gens du m�tier; on n'avait pas encore trouv�, le progr�s aidant, qu'il valait mieux les composer de m�decins et d'avocats.) Un nouveau r�glement de cavalerie, qui parut en 1829, fut le r�sultat des exp�riences
faites � Lun�ville. En 1828, le g�n�ral de la Roche-Ay mon fit para�tre un ouvrage ayant pour titre :
« De la cavalerie ou des changements n�cessaires dans la composition et l'instruction |
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LE CHIC � CHEVAL.
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des troupes � cheval. » Cet ouvrage, remarquable
� bien des points de vue, n'eut malheureusement pas l'influence qu'il aurait d� avoir. On jugera de sa valeur, au point de vue de la question de l'instruc- tion militaire par ce simple extrait : « Jusqu'ici, dans l'ordonnance de la cavalerie fran-
�aise, la premi�re le�on a �t� consacr�e � faire monter le recrue � cheval sur une couverture. Je n'ai jamais pu me rendre compte du motif'qui a fait adopter cette �lrier japonais,
m�thode... Dans tous les man�ges, celui qui apprend
� monter � cheval est plac� de suite sur une selle; pourquoi donc, dans l'�quitation militaire, s'�loigner de ce principe? D'ailleurs la position du recrue n'est plus en harmonie avec celle qu'il sera oblig�e d'avoir une fois sur la selle........, . . .
............Pourquoi donc ces deux principes?....................
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« Tous les peuples cavaliers, tous les chasseurs, conservent le pied horizontal et
l'�trier chauss�. L'exp�rience leur en a s�rement d�montr� l'utilit�; et, en effet, elle est r�elle. Par cette position, qui est toute naturelle, l'�trier ne se perd jamais, et l'�peron �tant plus pr�s du corps, son aide est plus instantan�e que quand il s'agit d'approcher du corps du cheval le talon qui en est plus �loign� par sa position baiss�e... » Chose assez ignor�e, le judicieux g�n�ral avait pr�vu et conseill� presque toutes les
r�formes op�r�es aujourd'hui : la r�glementation des allures, la suppression des guides g�n�raux et la seule direction donn�e par le point de direction, l'alignement par les grandes man�uvres mi-
les ordres de chefs atti- manence de leurs com- |
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tr�s et pourvus en per-
mandements respectifs. |
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un autre oificier de ca-
bot, disait : mouvements pr�par�- tes troupes en parade, les �volutions du champ ception, le simulacre de |
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0.0} S
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Etrier d'Indien Pahuenche (Patagonie). Le cava-
lier ne se sert de l'�trier que pour poser l'orteil. |
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� la
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ce qui se passe
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guerre, et la man�uvre
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qui ne remplit pas ces
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conditions est inutile et
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doit �tre bannie des ordonnances. »
La r�volution de 1830 eut naturellement une influence f�cheuse sur l'�quitation.
Le man�ge de Versailles fut supprim�. « Les �cuyers et les piqueurs form�s � cette belle �cole furent encore une fois dispers�s, et leurs talents n'eurent plus m�me de |
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HABILL�E PAR HUMANN!
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LE CHIC A CHEVAL.
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cr�dit aupr�s des anglomanes de la nouvelle mode. » C'est cependant
de ce man�ge qu'on a pu dire : « Il n'y a pas de man�ge o� l'on parle moins que celui de Versailles, et il n'y en a pas o� l'on monte mieux � cheval. » La crise subie, � cette �poque, par l'�quitation* fran�aise, inspire �
un �cuyer de valeur, M. Aubert, des r�flexions empreintes de tristesse, r�flexions qui, aujourd'hui, n'ont rien perdu de leur v�rit�. « Tel est, dans notre pays, l'empire de la mode, qu'on ne peut aujourd'hui se montrer � la promenade en bottes � l'�cuy�re, sans �tre montr� au doigt et pris souvent pour un gendarme. Or beaucoup de gens sont persuad�s qu'un tr�s ample pantalon de coutil, de grands �perons et un gourdin � la main sont, pour monter � cheval, d'une imp�rieuse n�cessit�, et surtout d'un go�t exquis, comme mise; il ne faudrait plus qu'une pipe pour compl�ter cette tenue �questre. » Et le capitaine Picard d'ajouter fort spirituellement : « Le progr�s
s'est accompli; de nos jours la pipe est de rigueur. » L'auteur �minent des « Origines de l'�cole de cavalerie », d�peint
ensuite, de main de ma�tre, les causes qui firent �voluer l'�quitation apr�s les « trois glorieuses ». « Le steeple-chase », dit-il, « a servi de transition et de pr�texte �
cette transformation de l'�quitation fran�aise. Apr�s la r�volution de 1830, une jeunesse riche, �l�gante et appartenant � un certain milieu social, profila de ce mouvement politique pour prendre en main la direction de la mode et de la fashion parisienne. Elle arrivait aux affaires � que l'on veuille bien nous passer cette expression passa- blement hasard�e � imbue des habitudes anglaises. Jetant loin d'elle les errements de la vieille tradition fran�aise, elle op�ra � son tour une r�volution dans l'ordre d'id�es dont elle �tait l'expression. On fonda le Jockey-Club. Le pompeux c�r�monial de la v�nerie fut rel�gu� au cabinet des antiques, l'habit rouge et la botte � revers rempla�ant l'uniforme galonn�, le lampion et les bottes � chaudron. Puis comme il fallait bien encore fonder quelque chose, le steeple-chase, jusqu'alors inconnu en France, m�me de nom, fit brusquement son apparition, sous le patronage de quelques cavaliers hardis, aventureux, ayant fait � � huis-clos � leur indispensable apprentissage en Angleterre. « A son origine, la course au clocher n'�tait courue que des chas-
seurs de renard, c'est-�-dire des gentlemen. Pour exercer leurs chevaux avant l'ouverture de la saison, ou pour se rendre compte de leurs qualit�s respectives, on se r�unissait dans une contr�e connue pour |
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LE CHIC A CHEVAL.
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pr�senter de s�rieuses difficult�s. On avisait un clocher, dans le lointain, et on le pre-
nait pour poteau d'arriv�e. Puis les coureurs partaient, chacun suivant la ligne qui lui convenait, en affrontant, au train qu'il voulait, toutes les chances diverses de cette route inconnue. Le premier arriv� au clocher �tait proclam� vainqueur de la course. « Dans ce cemps, ce sport �tait donc le partage exclusif des gentlemen-riders. Cet
exercice rentrait, d'ailleurs, beaucoup plus dans leurs aptitudes que dans celle des jockeys de profession. Un steepe-chase de cette nature, en effet, doit �tre mont� dans un style se rapprochant plus de l'�quitation ordinaire que de la sp�cialit� du jockey. « Aussi, en consid�rant attentivement les vieilles gravures anglaises, voit-on tous les
cavaliers de steeple-chase de cette �poque bien assis dans leurs selles, les chevaux em- bouch�s avec des mors de bride, en un mot, les uns et les autres agenc�s en vue du but auquel ils voulaient atteindre. En course plate, au contraire, tout est calcul� pour tirer la quintessence de la vitesse de l'animal. L'effort d'un cheval ne dure et ne peut durer que quelques minutes; mais il n'est pas n�cessaire d'�tre un homme de cheval bien complet pour s'imaginer la figure que pourrait faire un jockey sur une selle de trois ou quatre livres, droit sur ses �triers, emmen� � travers pays par un cheval avec un filet tirant � plein bras ; tous deux n'en auraient pas pour trois mi- nutes. « Il y a bien loin de l'organisation toute primordiale de la course au clocher � la
physionomie de steeple-chase de nos jours, qui ne pr�sente plus que l'aspect d'une course d�guis�e. « Cette transformation fort regrettable s'est op�r�e progressivement, � mesure que
les chevaux de pur-sang ont pris part � ces luttes, autrefois r�serv�es � des chevaux de demi-sang et d'origine non trac�e au stud-book. » L'auteur termine par cette p�roraison fort judicieuse :
« Les man�ges ne tard�rent pas � �tre n�glig�s, puis d�laiss�s, enfin compl�tement
abandonn�s. A cela il y aurait eu au moins une compensation, si le nouvel �tat de choses e�t conserv� la physionomie qu'il affectait � son d�but : au lieu d'�cuyers fins et savants, comme MM. le marquis de La Bigne, le chevalier d'Abzac, le vicomte d'Aure et Baucher, nous aurions eu d'intr�pides et aventureux cavaliers, poss�dant une pratique pouvant tenir lieu de la science, tels que d'abord MM. le comte de Vaublanc, capitaine Allouard, de Saint-Pol, de Normandie, comte Le Coulteux, formant la premi�re g�n�ration de ces transformations de l'�quitation fran�aise proprement dite; puis, apr�s eux, MM. le comte et le vicomte de Montecot, du Bou�xie, de la Mothe, comte deTournon,Mackensie-Gri�ves; enfin la derni�re pl�iade, plus nombreuse encore, compos�e de MM. le vicomte Artus Talon, vicomte A. de Lauriston, ducdeGra�u- mont, de Saint-Germain, marquis de Saint-Sauveur, comte de Cossette, marquis de La Bigne, etc.. » |
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M. Aubert, ex-�cuyer de l'�cole royale d'applica-
tion d'�tat-major, dont nous avons parl� ant�rieu- rement publia, apr�s 1830, son : « Trait� raisonn� d'�quitation. » Ce trait�, qui contient d'excellentes choses bas�es sur ces deux principes : « Tout dans la belle position quand on commence. � Tout dans le sentiment du temps de jambe par lev�e et foul�e quand on aspire � devenir �cuyer consomm�. Dans son pr�ambule, M. Aubert traduit l'impres-
sion de tristesse qu'�prouvaient les hommes du m�tier en pr�sence de la vogue des id�es anglaises. « Malheureusement l'anglomanie est le mal du pays; c'est surtout depuis que tout le monde v cl cl cheval � l'anglaise c'est-�-dire ridiculement et sans aucune r�gle ni principes, que personne n'apprend � conduire ses chevaux s�rement et habile- ment. Je ne pouvais donc choisir |
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une �poque plus d�favorable pour publier
un trait� d'�quitation, que celle o� tant de gens influents n'ont que des paroles mo- queuses pour le man�ge et les �cuyers fran- �ais, et citent avec extase les jockeys anglais, comme le beau type du cavalier mod�le. » Ce n'�tait cependant pas un homme sans valeur celui qui �crivait ce qui suit : « Il est vraiment p�nible que, dans un temps aussi �clair� que le n�tre, il y ait encore des �cuyers dont les le�ons, calqu�es sur celles |
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des temps de barbare ignorance, tendent toujours � monter le jeune cheval qu'on
dresse comme un ennemi qu'il faut combattre, en le tenant dans une crainte conti- nuelle, quand il faut, au contraire, le consid�rer comme un enfant qu'il faut instruire en lui inspirant une grande confiance. » Voici encore un extrait du m�me auteur qui contient des conseils dont les �cuyers
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de cirque devraient bien
avertir qu'il n'y a rien de principes de la bonne �cole, que font certains �cuyers cheval change de pied en qu'affectent particuli�re- point �t� form�s au man�ge, changer de pied, ne l'aide il ne fait que rendre le ca- des connaisseurs. » C'est vers la fin de l'ann�e
ci�t� d'encouragement pour en France. L'id�e �tait loua- de bons r�sultats, elle con- la fureur des paris, ainsi joint : « Les r�unions de r�unions de parieurs et les en minime partie sur le |
faire leur profit : « je dois
si faux, de si contraire aux que ce mouvement de corps dans le moment o� leur l'air. Ce d�hanchement ment les cavaliers qui n'ont croyant aider le chevaP� nullement dans cette action, valier ridicide aux yeux 1833 que se constitue la So-
l'am�lioration des chevaux ble, mais, si elle produisit tribua aussi � . d�velopper que l'atteste l'extrait ci- courses se transforment en amateurs d'�quitation sont turf. » Cette d�viation du |
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Amazone; -I8M.
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but des courses, on le sait,
mais nous n'insisterons pas |
n'a fait qu'aller croissant;
sur ce point. |
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Veut-on savoir quels �taient, pendant les premi�res ann�es du r�gne de Louis-Phi-
lippe, les hommes les plus marquants dans le sport? Voici une liste de leurs noms, liste qui, bien entendu, n'a pas la pr�tention d'�tre compl�te. MM. le baron Daru, baron d'Aubigny, baron de Grandmaison, Gatoryes, �ler, baron
de Curnieu, Gaussen, marquis de Miramon, comte de Montigny, Pellier, comte de Tour- non, comte d'Imecourt, Villars, comte de Rochefort, l'une des plus pures gloires de la cavalerie; marquis de Mac-Mahon, vicomte James O'Hegerty, comte d'Hinnisdal, Denormandie, marquis et comte de l'Aigle, baron de Vaublanc, comte E. Ney, de Beaurepaire, de Morny, de Nieuwerkerke, comte A. deNoailles, Pradeau, prince de Cha- lais, marquis de Perthuis, comte Max de B�thune, comte Ch. de B�thune-Sully, comte de P�rigord, comte de Jouffroy, comte de Mac-Carthy, comte de Sainte-Ald�gonde, marquis de Saint-Vallier, marquis de Saint-Mars, prince de Wagram, comte de Champ- chevrier, comte de Saint-Roman, comte de Valanglard, marquis de Lign�ries, etc., etc. Je m'arr�te, car il y a l� de quoi rendre fou de col�re cet excellent Thiroux, l'ennemi |
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AMAZONES U'HUMANN;
1837. |
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des tyrans. Les �crivains �questres abondent aussi � ce moment; c'est, en effet, en
1835, que para�t le « Dialogue sur V�quitation entre MM. Baucher et Pellier », qui professaient au m�me man�ge. M. de Lancosme-Br�ves, qui avait vou� sa vie � l'�tude et � la pratique du cheval,
fut aussi un �crivain f�cond et fort distingu�. L'un des plus importants, parmi ses nombreux travaux, est certainement le
« Trait� de V�quitation et des haras ». Nous nous bornerons � citer quelques-uns des principes de M. de Lancosme-Br�-
ves; ils suffiront � �tablir qu'il �tait un homme de cheval hors ligne. « Les moyens les plus doux sont les meilleurs pour an�antir les forces instinctives
du cheval, qu'on ne doit jamais provoquer � des luttes imprudentes. » « La sensibilit� del� bouche n'influe pas sur l'�quilibre, c'est l'�quilibre qui influe
sur la bouche. » « Les deux centres de gravit� de l'homme et du cheval ne doivent faire qu'un.
Mais le principe change si le cheval est � l'�tat de r�volte. » Voici le jugement port� sur M. de Lancosme-Br�ves par M. le capitaine Picard :
« C'est un �cuyer savant, trop savant peut-�tre; mais il ne faut pas oublier qu'il
avait fort � faire, � son �poque, pour aider au triomphe des principes de l'ancienne �cole, sur les ridicules innovations qui se flattaient de n'en pas avoir, et de dispenser leurs adeptes d'une �tude souvent fastidieuse et toujours mortifiante pour leurs pr�ten- tions orgueilleuses. » Il est un livre dont on a dit souvent qu'il �tait le « br�viaire de toid officier de
cavalerie ». Nous voulons parler des « Souvenirs d'avant-postes de cavalerie l�g�re ». On n'a rien �crit de mieux sur cette mati�re si importante; nul �crivain n'a mieux |
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Pari gagn�en 1844pat un petit cheval anglais de demi-sang appel� Kol> et qui a pr�c�d� pendant cent milles (33 lieues)
la malle-poste de Boston.
r.inn A cheval. 26
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indiqu� la t�che qui incombe � la cavalerie l�g�re. Ce
livre, si plein de faits et de critique, est � juste titre populaire dans l'arm�e, et nous aimons � croire qu'il n'est ignor� d'aucun de ceux qui ont eu l'honneur de |
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Eperon des Indiens du Chili.
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servir dans la cavalerie.
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Bien que son auteur n'ait pas �t�, de son temps,
compl�tement appr�ci� comme il m�ritait de l'�tre, il fut cependant appel� au com- mandement de l'�cole de cavalerie, le 2 septembre 1838. C'�tait le g�n�ral de Brack, qui avait �t� contemporain des Mur�t, des Lasalle, des
Montbrun, des Colbert, des Cur�ly et de tant d'autres, et form�, par cons�quent, � la grande �cole de Napol�on qui, on le sait, excellait dans l'art de se servir de la cava- lerie l�g�re pour le service de s�ret� et pour celui des renseignements. Le g�n�ral de Brack a laiss� � Saumur, o� il fut estim� � sa juste valeur, le sou-
venir le plus brillant. Son nom, qui resplendit dans ce temple de la cavalerie � c�t� de celui des Oudinot, des Rochefort, des Thorthon et des L'Hotte, restera toujours grav� dans la m�moire des cavaliers. Mais il est temps de parler d'une de nos plus grandes c�l�brit�s hippiques, du comte
d'Aure, �l�ve du chevalier d'Abzac et de la c�l�bre �cole de Versailles. Le comte d'Aure �tait sorti du Prytan�e militaire de la Fl�che et de l'�cole de Saint-Cyr. Il entra, en 1813, comme sous-lieutenant dans l'infanterie; de l� il passa aux gardes-clu-corps, d'o� il fut d�tach� au man�ge de Versailles. En 1817, Louis XVIII l'attacha � sa maison, en qualit� d'�cuyer, et il conserva cette fonction jusqu'en 1830. Apr�s la chute de Charles X, il donna sa d�mission, et se mit � la t�te de ceux qui
pr�conisaient l'�quitation du dehors et le saut d'obstacles. Le comte d'Aure est s�rement un de ceux auxquels l'�cole de Saumur doit sa grande
sup�riorit� sur toutes les �coles qui l'ont pr�c�d�e; sup�riorit� qui consiste � avoir su �tre raisonnablement �clectique dans l'alliance des vieux principes acad�miques du man�ge, et de ceux, plus modernes, de l'�quitation large, vigoureuse de l'ext�rieur. Ce sera l'honneur des officiers qui ont command� l'�cole, et des �cuyers qui en ont dirig� le man�ge, d'avoir su se garder, en m�me temps, des exag�rations de la la nouvelle; d'avoir, par
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une direction raisonn�e,
toute esp�ce de pr�jug�, qui paraissait impossible, � traditions de l'�cole de Ver- bon dans la m�thode qu'on glaise; bien � tort, en effet, |
intelligente et d�gag�e de
men� � bien cette �uvre, savoir : la fusion des saines sailles et de tout ce qui est a, bien � tort, appel�e an- puisque l'�quitation an- |
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�peron br�silien.
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glaise r�elle est surtout caract�ris�e par le manque de m�thode.
En un mot, tous ces remarquables �cuyers, et le comte d'Aure peut revendiquer
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une large part de leur gloire, sont arriv�s par leur fermet� et leurs talents � cr�er une
�cole qui est sans rivale au monde; �cole o�, non seulement le savoir et les qualit�s militaires sont exig�es, mais o� les bonnes mani�res, la politesse et l'�l�gance de la tenue, si importante � plus d'un point de vue, sont �galement � l'ordre du jour. Le 24 novembre 1838, l'�cole recevait la visite du c�l�bre comte d'Aure, qui, plus
tard, devait en commander si brillamment le man�ge. Cette visite donna lieu � une grande solennit�; et les �l�ves de l'�cole firent � l'�minent �cuyer une sympathique et chaleureuse ovation. Ecoutez, cher lecteur, le r�cit �mu qu'en fit un t�moin; et, si vous-m�me n'�tes pas
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vous n'�tes pas
cheval, vous n'�- glais! Royale de cava-
voir une v�ri- M. le vicomte yer si justement France est fi�- jaloux, a visit� retenu par les n�ral comman- des officiers et la plus aimable nouvel� cinq fois son �quitation si |
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remu� et �mu,
un homme de tes qu'un... An- ce Notre �cole lerie vient d'a- table solennit� ; d'Aure, cet �cu- c�l�bre, dont la re, et l'�tranger son man�ge, o�, instances du g�- dant et celles �l�ves, il a, avec obligeance, re- |
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les miracles de
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Jockey.
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pure et si hardie,
qu'il a produit |
L ' enthousiasme
est difficile � d�- |
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crire, et, sans le respect inspir� par le lieu, il se serait �chapp� un cri d'admiration.
« Il �tait curieux d'observer l'aspect du man�ge; tandis que l'�cuyer unique domi- nait, magn�tisait, pour ainsi dire, ployait � sa moindre volont� le cheval qu'il montait pour la premi�re fois, les tribunes �taient encombr�es d'officiers et d'�l�ves au regard fixe, � la respiration suspendue; puis, apr�s les exercices, ces �l�ves, convi�s par M. d'Aure, entourant son cheval, �coutant chacune des explications que suivait imm�- diatement l'exemple, tout cela compl�tait le spectacle le plus �lectrisant et le plus atta- chant auquel j'aie jamais assist�. « Pour compl�ter l'�motion, MM. les officiers du man�ge, par un sentiment des plus
vrais et des plus nobles, ont vivement touch� le c�l�bre �cuyer en lui disant : « Vous �tes notre ma�tre, commandez-nous. » Puis, mont�s sur des chevaux simplement har- nach�s, ils en ont pr�sent� un richement capara�onn� � M. d'Aure, qui a ex�cut� � leur t�te une des savantes reprises de l'ancien man�ge de Versailles. |
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« En descendant de cheval, MM. les officiers du man�ge ont r�clam� la cravache de
M. d'Aure, qu'ils ont aussit�t �chang�e contre une autre, sur laquelle �tait inscrite l'ex- pression de leur admiration. » C'est aussi en 1838 que se passa, � Saumur, un �v�nement qui fit grand honneur �
M. Rousselet, l'�cuyer en chef du man�ge de l'�cole. Un jour, pendant une le�on, un cheval emballa son cavalier; M. Rousselet se fit amener le cheval, le caressa, lui �ta son mors et le rempla�a par un fil de soie; puis, montant l'animal, il le lan�a � fond de train, et l'arr�ta court, montrant ainsi quel tact merveilleux il avait comme �cuyer. En 1842, Baucher, qui, depuis quelque temps, faisait fort parler de lui, fut admis �
exp�rimenter son syst�me de dressage sur les chevaux de l'arm�e. L'exp�rience eut lieu � Saumur o�, malgr� tout l'enthousiasme que le c�l�bre �cuyer excita, les partisans fanatiques qu'il se concilia, on reconnut bien vite que sa m�thode �tait absolument inapplicable aux chevaux de l'arm�e. Cette m�thode, qu'il qualifie lui-m�me ainsi : « un rasoir entre les mains d'un singe », a �t� formul�e par son auteur de la fa�on suivante : « remplacer les forces instinctives par les forces transmises ». Le syst�me de Baucher consiste � annuler, tout d'abord, par une s�rie d'assouplissements tr�s compliqu�s, toutes les forces naturelles du cheval, puis � les remplacer par ce qu'il nomme des effets d'ensemble. Il est hors de doute, maintenant, que plac� plus � distance on peut mieux juger
l'homme et sa m�thode; il est hors de doute que Baucher fut un �cuyer de haute �cole, absolument hors ligne; qu'il obtint, par exemple, sur des chevaux tout � fait ordinai- res, comme Topaze ou Robert de Normandie, des r�sultats v�ritablement �tourdis- sants; mais, outre que ses principes n'�taient pas nouveaux, n'�tant autres que ceux des vieux �cuyers du dix-septi�me si�cle, plus perfectionn�s, il est vrai, et appliqu�s avec une science, une s�ret� de main tout � fait exceptionnelles, son �quitation se confinait dans le man�ge. Elle s'�levait � une perfection que depuis Ton n'a jamais pu atteindre dans les cirques, et c'�tait tout. Elle n'avait rien des franches allures de l'ext�rieur et ne pratiquait pas les sauts d'obstacles. On comprend donc, maintenant qu'on raisonne sans passion, quels dangers une pareille instruction pouvait faire courir � la cavalerie. Baucher n'avait pas trouv� � Saumur des gens inaptes � appr�cier ses id�es, ou hos-
tiles, de parti pris, � sa m�thode; mais, il affecta une telle morgue � l'�gard des gens tr�s comp�tents, comme le g�n�ral de Sparre, par exemple, qui �taient charg�s d'ap- pr�cier son syst�me, qu'il fut, lui-m�me, une des causes de son insucc�s. Naturellement les journaux de l'opposition firent de Baucher un martyr, et les po-
l�miques violentes all�rent bon train, embrouillant les cartes comme toujours Mais, sur ce point d'histoire de l'�quitation, nous laisserons la parole � des gens plus com- p�tents que nous, et dont l'autorit� en pareille mati�re ne saurait �tre contest�e. Voici d'abord l'opinion d'un de nos plus brillants officiers de cavalerie .
« M. Baucher a �t� un admirable �cuyer de haute �cole... Mais, l'ambition aidant, il
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a voulu universaliser ses proc�d�s, cr�er l'�quitation de l'avenir, et il s'est tromp� ab-
solument. Entre les moyens de dressage employ�s pour un cheval uniquement destin� � la haute �cole, qui r�p�te son r�le tous les jours, et ceux qui conviennent aux chevaux de guerre, de selle ou de chasse, il y a un ab�me. |
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« En peu de temps, Baucher se posa en homme de progr�s, sorti des rangs du peuple,
simple travailleur.....................................
La presse se mit de la partie et apporta ce qu'elle nomme sans rire son sacerdoce.
Lisez les gazetiers du temps, vous y verrez qu'avant la venue du Proph�te on ne savait |
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pas monter � cheval :
tes lettres; � peine que�- avaient la pr�tention, du seigneur. Aujour- nale est n�e. » Voici maintenant l'ap-
Hohenlohe : « Baucher s'�tait en-
cirque Dejean, � Berlin, � un certain nombre d'of- trente le�ons, parce qu'il livre avait �t� mal com- prendre � monter en si aussi bien que vous et l'ennemi de la pr�cipita- |
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c'est �crit presque en tou-
ques vieux marquis en reste des anciens droits d'hui, l'�quitation' natio- pr�ciation du prince de
gag�, alors qu'il �tait au
� enseigner son syst�me ficiers dans un cours de s'�tait aper�u que son pris. Qu'on ne p�t ap- peu de temps, il le savait moi. Il �tait au contraire tion dans le dressage des |
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Cavalier espagnol.
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chevaux, et son mot favori �tait : « Plus vous irez lent (sic) plus vous irez vite! » Je
reconnus, pendant le temps que je montais avec lui, que personne ne lui nuisait plus que ceux qui montaient d'apr�s son livre sans l'avoir compris. La pauvret� de la lan- gue lui a jou� de mauvais tours : il demande, comme tout vrai cavalier, que le cheval soit entre la jambe et la r�ne, et conclut logiquement qu'il doit �tre en avant de la jambe et en arri�re de la main. « Mais ce qu'il appelle en arri�re de la main, c'est �tre dans les r�nes selon nos
�cuyers; o� nous disons que le cheval est en arri�re de la main, Baucher dit qu'il est en arri�re de la jambe...............C'est pourquoi tous ceux qui ne
montent que d'apr�s son livre, mettent le plus souvent leurs chevaux en arri�re de la
main, au sens o� nous le comprenons, et perdent la r�putation du ma�tre en rendant leurs chevaux r�tifs....................................
« A tout prendre, il a fait sensation; il a ramen� l'attention sur l'art de l'�quitation,
� l'�poque du r�gne de l'anglomanie; il a provoqu� la discussion et la r�flexion. Et quand bien m�me il aurait toujours eu tort, quand il n'aurait fait qu'amener ses ad- |
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206 LE CHIC A CHEVAL.
versaires � retrouver la vraie voie, � la faire rechercher, ce serait d�j� un bien grand
m�rite. » Baucher �tait un homme de trop grande valeur pour ne pas avoir fait �cole, pour ne
pas avoir recrut� de fervents disciples. Parmi ses partisans les plus fanatiques nous citerons M. Delherm de Novital, qui fut longtemps �cuyer en chef � Saumur;M. de Gerhardt, qui fut depuis capitaine instructeur aux lanciers de la garde imp�riale; le capitaine Raabe. Tous �taient des cavaliers fort remarquables; mais les �l�ves qu'ils for- m�rent �taient loin de leur ressembler. Comme l'avait dit tr�s judicieusement le prince de Hohenlohe, toutes ces controverses
eurent au moins pour r�sultat de donner un nouveau stimulant � l'�quitation. L'�quitation fut, du reste, tr�s en honneur sous le gouvernement de Juillet. Les
princes, fils du roi, jeunes, �l�gants, tous entour�s d'une aur�ole de gloire militaire, comptaient parmi les hommes de sport les plus renomm�s. C'�taient le duc d'Orl�ans, le duc d'Aumale, le duc de Nemours, dont tous ceux qui man�uvraient, vers 1846, sur le Champ de Mars, ont pu admirer la belle prestance en uniforme et aussi le ma- gnifique cheval de pur-sang noir. M. Mackensie-Grieves, qui est rest� l'un de nos hom- mes de cheval les plus �l�gants, peut donner une id�e � notre jeune g�n�ration de la fa�on dont on montait alors. Nous reproduirons, pour terminer ce chapitre, quelques-unes des appr�ciations sur-
la cavalerie de cette �poque, par M. J. Richard, dont le beau livre « l'Arm�e fran�aise » a �t� illustr� avec un si magistral talent par M. Edouard D�taille. « Nous avons d�j� fait allusion aux magnifiques man�uvres et � la belle tenue de
de notre cavalerie de 1830 � 1848, et nous avons dit que c'�tait l'�uvre des anciens divi- sionnaires de l'Empire; nous avons indiqu� �galement que leurs �l�ves surench�rirent encore dans cette voie. Jamais, m�me sous le second Empire,
o� l'on porta tr�s loin le go�t des beaux uniformes et l'amour des man�uvres rectilignes, jamais les r�giments de cavalerie n'ont �t� mieux tenus que sous Louis-Philippe.......
......D�s le lendemain de la r�volution de 1830, un des
officiers de cavalerie l�g�re du premier Empire, tr�s amusant,
tr�s actif, dans les veines duquel coulait le sang des Lasalle, des Montbrun, des Colbert, des Pajol, avait �t� rappel� au service. Plac� peu de temps apr�s � la t�te du 4° hussards, le colonel de Brack essaya de faire revivre dans son r�gi- ment les traditions de hardiesse de la R�publique et de l'Empire. Il fut un des premiers promoteurs du travail indi- viduel ......... « Il a laiss� sur la mati�re un livre aussi utile que char-
�l�gants de 1841. mant : « Avant-postes de cavalerie l�g�re; souvenirs », qui est |
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un des classiques de l'arm�e. Malheureusement cet ancien chef d'escadron des lan-
ciers rouges portait bien son nom; c'�tait une t�te chaude; on ne le prit pas assez au s�rieux, on ne fit attention qu'aux timbaliers qu'il amena un jour au Champ de Mars, et qui lui m�rit�rent des arr�ts. L'influence de la grosse cavalerie ne fut en ce temps de paix contrecarr�e par rien. La cavalerie l�g�re avait, il est vrai, l'Afri- que ...........................L'ombre des cuirassiers de Mil- haud et de Kellermam, l'ombre des immortels cuirassiers de Waterloo, si follement
sacrifi�s par Ney, planait sur la cavalerie........................ « Sous la Restauration, les princes �taient rentr�s avec deux sortes de vues, les unes
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�trang�res, les autres r�trogrades; mais comme, apr�s tout, ils �taient des hommes intel-
ligents et bien �lev�s, ils avaient tr�s vite compris que les m�thodes militaires des com- pagnons de Napol�on �taient sup�rieures atout ce que pouvaient dicter leurs rancunes ou leurs souvenirs. Ils aimaient sinc�rement l'arm�e et la France; ils firent pour le mieux. C'est de leur haute direction que sont sortis les comit�s d'armes, impuissants � faire vite le bien, toujours pr�par�s � laisser le mal se perp�tuer. « Sous Louis-Philippe, les comit�s prirent une proportion �pique. Le parlementarisme
et ses discussions minuscules s'introduisirent dans les m�urs du haut �tat-major . . . .... ........La th�orie d�passait de beaucoup la pratique, et les choses en
arriv�rent � ce point que le ministre rejetait la responsabilit� de tout ce qui se passait
sur le comit�; le comit� se plaignait de l'influence de la cour, et la cour, anim�e de tr�s bons sentiments, mai-s oblig�e de se d�fendre, accusait et le ministre et le comit�. Tous �taient �galement en dehors de la v�rit�. « La raison, le motif et la cause du luxe des documents administratifs, r�glements
d'instruction, d'habillement, d'administration, sous le r�gne de Louis-Philippe, c'�tait la paix, la paix trop longue pour une nation qui d�pensait trois cents et quelques millions par an pour son arm�e, et trop longue pour une arm�e qui se sentait vaillante, forte, |
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unie et qui portait lourdement, surtout dans la cavalerie, une inaction co�teuse pour le
pays. » En somme, et pour nous r�sumer en quelques mots, le r�gne de Louis-Philippe est
loin d'avoir �t� st�rile au point de vue hippique. Trop de discussions et de t�tonnements peut-�tre, mais, en r�alit�, un d�veloppement
tr�s significatif du sport et du go�t des choses du cheval. |
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OFFICIER DES GUIDES DE LA GARDE; SECOND EMPIRE.
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CHAPITRE XVI.
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LE SECOND EMPIRE.
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n revirement en faveur de l'arm�e se produisit � la suite des �v�-
nements qui mirent fin au r�gime de 1848 ; � la fin de l'ann�e 1851, on vit jusqu'� neuf r�giments de cavalerie � Paris; la bour- geoisie, peu brave de sa nature, comprenait que c'�tait par les troupes r�guli�res qu'elle venait d'�tre sauv�e. La R�publique de 1848, pas plus que sa grrrande devanci�re!
n'avait rien fait et n'avait d'ailleurs rien pu faire pour l'�quitation, ni pour la cavalerie; mais l'Empereur aimait les chevaux, et �tait fort bel homme de cheval ; aussi « lorsque le chef de l'�tat aime les chevaux, on peut �tre certain que la cavalerie sera sup�rieu- rement mont�e; lorsqu'il se conna�t en chevaux, qu'il les monte avec prestesse, �l�gance et s�ret�, les r�giments deviennent vite magnifiques. Le neveu de l'Empe- reur.........encouragea donc les bruits qui se formaient dans l'arm�e � propos de son humeur guerri�re, et la cavalerie, fut peut-�tre l'arme qui y fit le meilleur accueil. »
(Jules Richard, l'Arm�e fran�aise.) Et, plus loin, M. Jules Richard , dont la comp�tence ne saurait �tre ni�e, ajoute : « Il
convient donc de marquer l'apog�e de la valeur de notre cavalerie sous le second Empire aux ann�es 1855 � 1859, c'est-�-dire de la p�riode qui s'�tend de la guerre d'Orient � la campagne d'Italie...........Si l'on songe que tous les r�giments de cavalerie d�sign�s
comptaient un nombre suffisant de cavaliers exerc�s, mont�s d'excellents chevaux,
ayant tous cinq ans au moins, purent ais�ment, sans demander du secours � des r�gi- ments voisins ou � une remonte h�tive, mettre quatre beaux escadrons en ligne, on est forc� de reconna�tre que le minist�re Randon, qui succ�da au minist�re Vaillant, a port� chic a cheval. 27
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LE CHIC A CHEVAL.
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210
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un coup funeste � l'organisme de la France.
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Sous l'Empire, la cavalerie n'eut pas toutefois de moments de
repos absolu. Tous les ans, depuis 1858, quatre, cinq et jus- qu'� sept r�giments allaient s'exercer au camp de Ch�lons. En 1868 et en 1869, il y eut m�me deux s�ries. Il passa donc, dans les treize ann�es de l'Empire, en d�falquant les ann�es o� le camp fut r�serv� � la garde imp�riale, 70 r�giments par les plaines de Ch�lons, c'est-�-dire que plusieurs r�giments durent y revenir une ou deux fois. Avec l'Afrique et les campagnes de guerre; avec Lun�ville, Sathonay, Versailles, la cavalerie avait donc des occupations suffisantes, et l'habitude du grou- |
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1850.
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pement ne devait pas lui manquer....... Mais j'ai entendu alors
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vingt fois des colonels de cavalerie d�plorer que les mar�chaux
ou les g�n�raux de division � qui pr�sidaient d'ordinaire les solennit�s militaires cle Ch�lons � oubliassent trop souvent, les jours de simulacres d'un grand combat, qu'ils avaient sous leurs ordres une division de troupes � cheval. G�n�ralement ils ne se le rappelaient qu'au moment du d�fil�; alors un aide de camp partait au galop lui ordon- ner de se mettre en mouvement, et les journaux militaires � cette plaie de la publi- cit� � c�l�braient � l'unisson sa belle tenue.......... » Un fait incontestable, c'est que la cavalerie accueillit le r�tablissement de l'Empire
avec un grand enthousiasme. Victor Hugo, dans son Histoire d'un crime, lance � la |
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cavalerie ce sanglant repro-
du poulet, l'infanterie n'avait Au d�but de son r�gne,
une arme qui s'�tait pronon- qu'il estimait, arme dont plu- intimes faisaient partie et dont veille �la haute id�e qu'il avait Mais, comme le fait re-
on eut le tort, en 1865, de fectif agissant de la cavalerie : s�ment surpris lorsqu'on lui plus temps de r�agir; le r�- celui du parlementarisme lui L'opposition, devenue de
surtout l'arm�e qu'elle savait cesse donc de demander des d'effectifs. « M. Thiers de- |
che ! « La cavalerie avait eu
re�u que du veau??? » l'Empereur fit beaucoup pour c�e la premi�re en sa faveur, sieurs de ses familiers les plus le brillant convenait � mer- du prestige d'un chef d'�tat, marquer M. Jules Richard, supprimer le septi�me de l'ef- « L'Empereur fut douloureu- apprit la v�rit�. Mais il n'�tait gne de l'autorit� �tait pass�, succ�dait. » plus en plus violente, visa
d�vou�e � l'Empire. Elle ne �conomies et des r�ductions manda et obtint de M. �. 01- |
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Coslumc de chasse; 18">3.
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LE CHIC A CHEVAL
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livier que le contingent annuel f�t r�duit de 10,000 hommes. Ce sont l� des faits qui
ne sauraient �tre pass�s sous silence dans l'histoire d'une arme o� l'on n'improvise pas des r�giments. » On a tant reproch� � la cavalerie de n'avoir pas su �clairer l'arm�e, en 1870, que
nous avons voulu essayer, en quelques lignes, de montrer par quelles vicissitudes avait pass�, sous le second Empire, cette arme si impressionnable et si int�ressante. |
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Ces vicissitudes expli-
r�le que la cavalerie joua Nous allons reprendre
des faits. On a vu que sous le gou-
quitation avait �t� fort � la les sympathies qui nous pour l'Empire, nous ne reconna�tre que l'�quitation ment brillante au d�but du par d�cliner d'une fa�on tamment, de l'avis m�me monta aussi mal dans l'ar- L'une des causes principa- choses fut s�rement le trou- la m�thode Baucher, m�- g�r�e par certains �cuyers, Une autre cause aussi fut sieurs officiers g�n�raux, n�ral Grand, en 1856 et en ment les courses d'officiers, |
quent en grande partie le
en 1870.
maintenant la chronologie
vernement de Juillet, r�-
mode ; mais, malgr� toutes portent � �tre indulgent pouvons nous emp�cher de militaire, d'abord relative- r�gne de Napol�on III, finit assez sensible. Jamais, no- des anciens officiers, on ne m�e qu'� la fin de l'Empire, les de ce regrettable �tat de ble jet� dans les esprits par thode qui fut encore exa- comme le capitaine Raabe. qu'� diverses reprises, plu- comme par exemple le g�- 1858, interdirent formelle- motivant ainsi cette d�fen- |
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cieraeCavaleri
petite tenue.
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se : « Ces d�plorables exercices, sans aucune utilit� pour l'instruction, ne peuvent
avoir pour r�sultat que la ruine des meilleurs chevaux de l'�cole (1) et devenir la cause des accidents les plus graves, compromettant l'avenir des officiers. » On se fit d'autre pan, dans certains r�giments, pour ne pas dire tous, un grand
point d'honneur des chevaux gras, qu'on appelait alors, « en bon �tat ». Il est juste de dire qu'en revanche ces chevaux �taient merveilleusement soign�s par les vieux cava- liers, auxquels on ne pouvait les �ter lorsqu'ils les avaient « tir�s ». Quant � l'�quitation civile, voici ce qu'en disait un contemporain, vers 1860 :
« Parlons maintenant de l'�quitation du dehors, de ces gens qui ne veulent pas tra- vailler dans les man�ges, et ne veulent pas pratiquer davantage en plein champ; car |
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(1) Le g�n�ral inspectait l'�cole de Saumur.
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LE CHIC A CHEVAL.
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il ne faut pas croire que la haine de la demi-volte et du contre-changement de main de
deux pistes entra�ne jusqu'au full-cry, au saut de fence, au furious speed ; non, on trouve qu'il est ridicule de se casser le cou; on arrive, � force de prudence, � ne pas se mettre � l'eau sans savoir nager. Jamais les chevaux sages n'ont �t� aussi en vogue; on en demande partout, � tout le monde, � toutes les races, � toutes les m�thodes; il n'est pas de fr�n�tique amateur du turf qui n'envoie son hackdans un man�ge borgne pour le mettre dans la main. » Et cependant, malgr� la d�faveur que subissait l'�quitation, malgr� cet �vanouisse-
ment �vident du go�t pour le cheval,il y eut, pendant toute la dur�e de l'Empire, un endroit o� l'art �questre fut toujours en grand honneur, l'�cole de Saumur, et dans l'arm�e comme dans la soci�t�, des gens de cheval d'une tr�s grande valeur. L'Empe- reur, le premier, contribua plus que personne � d�velopper le go�t des beaux chevaux, bien soign�s et harnach�s avec « chic » ; ses �curies ont toujours �t� cit�es comme des merveilles de bonne tenue. Le g�n�ral Fleury, qui en avait la surveillance, �tait un cavalier des plus distingu�s; son fils, du reste, a suivi les traditions paternelles ; il est, ainsi que le capitaine Conneau, instruit � la m�me �cole, et un des plus brillants et des meilleurs cavaliers de l'arm�e. Le g�n�ral de Rochefort, qui commanda l'�cole de cava- lerie apr�s 1852, fut aussi une c�l�brit� hippique; il a laiss� � Saumur le renom d'un officier de grand m�rite. M. de Montigny, ancien �l�ve du vicomte d'Aure, ami personnel de Baucher. et
auteur de nombreux et tr�s estim�s ouvrages sur l'�quitation, professa aussi � Saumur. Voici le jugement qu'il portait sur Baucher, apr�s la c�l�bre conversion de ce dernier : « Baucher �tait un g�nie ; il m'a appris � raisonner, � chercher. Dans sa premi�re �cole il y avait du bon pour le cirque (pour vingt minutes de repr�sentation) : pour le dehors et l'�quitation militaire, ce n'�tait rien, absolument rien. Dans la seconde �cole de Baucher, qui se rapprochait un peu de l'ancienne �cole, le cheval avait plus de per�ant. Mais l'arri�re-main �cras�e, le devant trop haut �taient contraires � l'�quilibre horizontal et � la progression harmonieuse du cheval de service. »
Le comte de Montigny a publi�, ainsi que nous venons de le
dire, plusieurs ouvrages qui sont bien connus des gens de cheval. Nous mentionnerons, entre autres : « Le Manuel oie l'�leveur ou M�thode simplifi�e de dres-
sage des chevaux au monloir et au trait par M. de Mon- tigny, ancien officier de cavalerie hongroise, ex-�cuyer, professeur � l'Ecole d'�tat-Major, professeur � l'Ecole na- tionale de haras. » « Le Manuel des Piqueurs » a �t� fort bien accueilli lors
de sa publication, et il est depuis rest� classique. C'est un vo- Bride de la cavalerie de la garde
imp�riale ; im. lume qui, sous un format restreint, contient nombre d excel-
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TROMPETTE DES CUIRASSIERS DE LA GARDE IMP�RIALE
1860.
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LE CHIC A CHEVAL.
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lents renseignements, et sur la mani�re de monter et sur celle de mener.
Un petit trait� d'entra�nement, traduit de l'anglais, est joint � ce vo- lume qui est un de ceux dont la place est marqu�e dans la biblio- th�que du sportman. A Saumur, le comte de Montigny, qui succ�da � la
personnalit� tr�s marquante de M. Rousselet, fut un de ceux qui contribu�rent � donner � l'�cole ce cachet d'�clectisme bien entendu qui a �t� une des forces de cette �cole. |
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En
ta un porain « Lune mque le
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1852, un M. Casimir No�l de Memors r�gulateur, sur lequel un
connu, M. Raabe, a �crit ces mors vraiment ex tion nouvelle, tout dit-il, « pren- |
�nven-
contem- 1 ign�s : traordinaire, cr�e aussi extraordinaire dre un certain nombre faire diiHger imm�diate- en �quitation. tageux pour les ignorants en tion, un cavalier sera plut�t immense progr�s pour les la nouvelle position de la la main fix�e sans rendre et �tre aussi commode que gra- |
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de jeunes chevaux et les
ment par les plus ignorants « Voil�, certes, qui est avan-
�quitation. Avec cette innova- forme qu'un fantassin. Quel troupes � cheval, surtout avec main de la bride. « En tenant sur la ceinture m�me. Ce doit cieux. » « L'�quilation enseign�e
« Nous ne sommes plus
temps � M. No�l de Meaux qu'un fantassin; peste, Et, puisque nous
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en vingt-cinq minutes. »
�tonn� s'il faut moins de
pour former un cavalier
vingt cinq minutes ! »
venons de parler de
ment qu'a port�
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'J to*i
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V
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M. Raabe, don
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tout de suite le juge-
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nons
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des « Origines de l'�cole de la
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cavalerie ».
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latons la perturbation jet
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le monde
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par l'ouvrage du capitaine Raabe, r�futa-
visible du cours d'�quitation de Saumur, que en fut r�primand� par le ministre de la guerre, que ce cours d'�quitation du comte d'Aure avait une cons�cration officielle; on se rappelle que le ministre de 1 guerre en avait ordonn� et dirig� la r�daction. Le capita Raabe, partisan, m�me exag�r�, du syst�me Baucher, �tait natur |
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y
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214 LE CHIC A CHEVAL.
lement l'ennemi de cette m�thode; il s'�tait cr�� une nombreuse client�le d'admirateurs
avec ses tours de force d'�quitation; et, soit par fanatisme, soit par esprit d'ind�pendance � le fond de son caract�re � il avait �crit d'une plume ac�r�e ses principes �questres, qui devaient fatalement repr�senter une attaque en r�gle contre le syst�me d'Aure. « Le capitaine Raabe commandait alors un escadron du 6e de dragons, qui partit
bient�t pour la guerre de Crim�e. Ce d�part �teignit, pour le moment, cette pol�mique �questre renouvel�e des luttes de M. Baucher. M. Raabe continua l�-bas ses prodiges, et il trouva un brillant champion dans l'arm�e anglaise, le capitaine Nolan, qui fit plus d'un assaut �questre avec lui. Mais les �chos de cette remarquable rivalit� n'arriv�rent que bien affaiblis jusqu'en France, domin�s par le bruit des batailles et par bien d'autres |
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nouvelles plus absor-
auxquels nous faisons nus que du plus petit part, le capitaine Raabe « Cependant, nous ser supposer que les sent les seuls m�rites �tait, au contraire, un remarquable, ayant un |
ba.ntes. Aussi les traits
allusion ne sont-ils con- nombre, et, pourlaplu- fut oubli�. ne voudrions pas lais-
talents �questres fus- decet officier; M. Raabe capitaine commandant grand ascendant sur |
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Fers sans clous, maintenus avec une bande de caout-
chouc; employ� pendant la guerre de Crim�e, poul- ies chevaux d�ferr�s. |
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ses hommes, et de grandes qualit�s militaires; mais � coup s�r ses talents �questres,
mieux que tout autre don, le mettaient hors de pair. « Revenu en France, le capitaine Raabe reprit sa lutte de syst�me, au point o� il
l'avait laiss�e, et par la particularit� de sa m�thode et son refus de concessions il se fit le nom que tout le monde conna�t. » Du reste les m�thodes plus ou moins bonnes ne manquaient pas alors, et les exp�-
riences se succ�daient � de courts intervalles dans la cavalerie, ce qui ne laissait pas que d'y jeter un certain trouble; car, m�me mauvaise, une id�e nouvelle rencontre tou- jours des adh�rents qui, la plupart du temps, sont gens en qu�te des moyens cle se faire remarquer, et esp�rent toujours avoir, comme disent les soldats, « trouv� le joint ». C'est ainsi qu'en 1854 on fit grand bruit autour du nom d'une �cuy�re Mme Marie Isabelle. Et comme, en tout temps, le plus grand d�sir des civils a �t� cle se m�ler des choses militaires, tout en interdisant formellement aux militaires de se m�ler des choses civiles, Mme Isabelle, de m�me que Baucher, avait grande envie de voir sa m�thode exp�riment�e et appliqu�e par l'arm�e. Gr�ce aux nombreuses influences dont elle disposait, elle obtint qu'une commission,
pr�sid�e par le g�n�ral Regnault de Saint-Jean d'Angely, qui commandait alors la garde, examin�t sa m�thode. Cette commission, dont faisait partie le comte d'Aure, se r�u- nit au man�ge de l'�cole d'�tat-Major. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Cela se passait en juillet 1854.
En novembre de la m�me ann�e, Mme Isabelle fut envoy�e � Sau-
mur pour y d�montrer ses principes de dressage. C'est ce qui a pu faire dire � un �crivain, �videmment mal renseign�, que le man�ge, � une certaine �poque de l'Empire, avait �t� sous les ordres de Mlle Isa- belle, confondant sans doute cette derni�re avec la bouqueti�re du Jockey-Club. Commenc�s le 14 novembre 1854, les cours de cette dame se conti-
nu�rent jusqu'en avril 1855, et se termin�rent par le fiasco le plus com- plet qu'on puisse r�ver. Naturellement, l'�cuy�re se pr�tendit victime des pr�jug�s surann�s et
d'une opposition malveillante. Un des aides de camp du roi de Portugal, le capitaine de Canha Salgado, �tant venu visiter l'�cole, on lui montra le dressage des chevaux confi�s � Mme Isabelle. « Ce fut simplement pitoyable; les �gards qu'on doit � une dame,
quand m�me, nous emp�chent de r�p�ter le mot dont s'est servi l'of- ficier portugais pour juger une m�thode qui offrait de pareils r�sul- tats. » En autorisant de semblables exp�riences, il est incontestable que le
ministre de la guerre engageait grandement sa responsabilit�. N'�tait- ce pas, du reste, ce m�me ministre qui d�fendait formellement aux of- ficiers de suivre les chasses � courre, « qui ne pouvaient que d�tour- ner des �tudes essentielles et s�rieuses ». On comprend qu'avec d�telles d�fenses, dont on peut rapprocher celle
�dict�e le 23 juin 1869, �poque � laquelle un autre ministre rappela qu'il �tait formellement interdit aux officiers de « figurer sur aucun hippo- drome avec leurs chevaux d'armes, � aucune course plate ni m�me � aucun steeple chase ». On comprend, r�p�terons-nous, que les officiers de cavalerie, laiss�s aux seules ressources de la man�uvre, trois fois par semaine, et qu'on voyait d'un mauvais �il monter leurs chevaux isol�ment, eurent vite perdu le go�t de l'�quitation. Ces malheureux principes subsist�rent du reste fort longtemps; et
je me souviens d'avoir servi, en 1876, sous les ordres d'officiers de la vieille �cole, lesquels ne comptaient l'�quitation absolument que com- me une chose secondaire, comme du « fricotage », pour employer leur expression. Il est juste d'ajouter que d�s lors une vigoureuse r�ac- tion contre ce singulier �tat de choses commen�ait � se produire; mais nous en parlerons en temps et lieu. Nous avons d�j� cit� le nom de M. le comte Savary de Lancosme-
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LE CHIC A CHEVAL.
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Br�ves : en 1855 il fit
l'ami du cheval », qui historique, scientifi- choses qui ont rapport �uvre remarquable � n'a malheureusement Un peu plus tard, cosmes-Br�ves publia taurisation », ou - dont les principes fu- des d�tachements du niers envoy�s � coteffet mission fut constitu�e g�n�ral pr�sident le compos�e du lieute- |
para�tre son « Guide de
est � la fois une revue que et pratique des � l'�quitation. Cette tous les points de vue pas �t� termin�e, en 1860, M. de Lan- son trait� de la « Cen- vrage rest� c�l�bre, et rent exp�riment�s par 1er et du 2° de carabi- � Saumur. Une com- sous la pr�sidence du comit� de cavalerie, et nant-colonel d'Avo- |
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i.Wtt
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Russie; chevaliers gardes.
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court, du 6e de dragons; du chef d'escadron de La Jaille, du 7e de dragons; du ca-
pitaine Effantin, du 7� de dragons et du capitaine de Mauduit, du 6e de dragons. Elle avait pour mission de juger la nouvelle m�thode. Voici quelles furent les conclusions de cette commission. « En r�sum�, le travail
des trente premi�res le�ons a donn� les r�sultats suivants : «Les hommes ont le corps et les jambes parfaitement plac�s ; ils se servent de leurs
agents sans d�ranger pour cela ni leur assiette ni leur position, et ils sont en �tat d'ex�cuter, avec toute la r�gularit� d�sirable, les mouvements des hanches et le recu- ler, mouvements difficiles pour le jeune cheval; ils savent galoper sur l'un et l'autre pied et s'enl�vent sans effort � cette allure. « Enfin, cavaliers et chevaux poss�dent une instruction de beaucoup sup�rieure � celle
qu'ils acqui�rent d'habitude dans nos r�giments. « Un pareil r�sultat est �vident, incontestable et parle de lui-m�me. Est-il besoin de
rien dire de plus en faveur d'une m�thode qui n'est nullement en contradiction avec les principes de l'Ordonnance, en tous points applicable � l'instruction de la cavalerie et qui habitue les hommes � conduire les chevaux avec patience et douceur? « Paris, le 15 avril 1860. »
Comme tous les gens de m�rite, M. de Lancosmes-Br�ves eut ses d�tracteurs et ses
tr�s chauds partisans; les premiers l'accusant de renier les principes du ma�tre (on sait que M. de Lancosmes-Br�ves avait �t� l'�l�ve et l'ami de Baucher), les seconds lui reprochant d'avoir trahi l'�cole de Versailles. Il s'en est d�fendu, lui-m�me, mieux que personne ne l'aurait pu faire et en ces termes :
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COSAQUE DE LA GARDE.
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Il est difficile d'expliquer les attaques qui me sont adress�es par quelques parti-
sans exalt�s de M. Baucher, puisque, malgr� mon d�saccord avec lui sur un grand |
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nombre de questions,
ceux de ses plus fer- conjurer l'insucc�s g�- France et � l'�tranger, veut la sortir de son du dressage. Si la ques- je garderais encore le consid�ration pour le ma�tre; mais il s'agit quitation, et admettre |
j'ai joint mes efforts �
vents disciples, pour n�ral de sa m�thode en insucc�s m�rit�, si on v�ritable cadre, celui tion me concernait seul, silence, tant j'ai de talent personnel du ici des progr�s de l'�- son travail tel qu'il le tique, c'est s'associer sible, c'est conduire |
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donne, sans aucune cri-
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Un des chevaux du shah de Perse cl son gelodar.
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� une instruction nui-
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soi-m�me tout cavalier cr�dule dans une voie aboutissant � de f�cheux r�sultats.
« Je vais donc m'exprimer nettement sur la nouvelle �quitation de M. Baucher. Je tiens
� montrer que nos deux �coles sont enti�rement distinctes, et qu'il y a, entre celle de ce ma�tre et la mienne, la m�me diff�rence qu'entre le p�rim�tre du Champ de Mars et celui du Cirque. Apr�s cette d�claration franche et claire, provoqu�e par la conduite de nos adversaires � mon �gard, j'esp�re que les partisans de la m�thode Baucher ne chercheront plus � confondre les principes de leur ma�tre avec ceux que je professe. Il est sans doute impossible de ne pas se rencontrer quelquefois sur certains prin- cipes; mais il n'en est pas moins r�el que notre point de d�part et nos r�sultats ne sont pas les m�mes, ainsi que je vais l'expliquer. » |
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critique tr�s juste et tr�s serr�e
vant citer toute cette discussion, ces quelques passages. de solidit� pr�sent�s par M. Bau- � toutes les lois de l'aisance, cheval ; ils nuisent � la parfaite cavalier et l'animal; cette pre- je le dis avec regret, enti�re- |
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Et l'auteur continue par une
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de la m�thode Baucher. Ne pou-
nous en transcrivons seulement « Les principes de tenue et cher sont, selon moi, contraires de la solidit� et de la gr�ce � union qui doit exister entre le mi�re partie de la m�thode est, ment manqu�e......... « La mise en main par les
par ceux qui sont non seulement tre, familiaris�s avec les prin- ce Et remarquons, en outre, embarrass� qu'on ne le peut CHIC A CHEVAL.
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attaques n'est applicable que
de bons cavaliers, mais, en ou- cipes anciens..........
que le cavalier est bien plus
supposer, s'il n'est �l�ve que �28
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Piqueur d'attelage de l'empe-
reur Napol�on III; livr�e � l'anglaise. |
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218 LE CHIC A CHEVAL.
de M. Baucher, car il doit �tre roide, s'il a suivi exactement les principes du ma�tre,
notamment celui qui, selon moi, emp�che d'acqu�rir de l'aisance et de la solidit� � cheval : « C'est par la force que l'�l�ve arrivera � �tre liant, et non par l'abandon, tant et si inutilement recommand�. » Principe pernicieux et qui doit �tre rejet� bien loin. |
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« Pour sortir de ce dilemme �questre, ou plut�t pour faire partir son cheval, le
cavalier est tr�s heureux de retrouver les principes de l'�cole de Versailles, qui appre- nait � ses �l�ves comment il faut porter son cheval en avant. Mais le baucheriseur proprement dit, se d�courage et reste sans moyens de d�fense, livr� � un animal de- venu son ma�tre. Aussi vouloir citer le travail remarquable de plusieurs officiers de Tarm�e, comme une preuve de l'excellence de la m�thode Baucher, ne prouve abso- lument rien; les bons cavaliers savent toujours remplir, sans h�siter, les lacunes d'une th�orie mauvaise ou incompl�te, � plus forte raison quand ces cavaliers sont des �cuyers sortis de l'�cole de Saumur. Et parce que ces derniers travaillent eux-m�mes avec un fonds de science qui leur appartient, dira-t-on, pour cela, que leur succ�s vient de la m�thode Baucher? Tandis qu'il est plus vrai de dire qu'il est, avant tout, le r�sultat des bons enseignements de MM. Rousselet, d'Aure, Saint-Ange, Gu�rin et Briffaut etc., qui ont mis ces officiers en �tat d'appliquer toutes les m�thodes connues ou � conna�tre. |
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« En un mot, la m�thode Baucher, isol�e, ne fera que des cavaliers disgracieux,
taquins, f�cheux pour le cheval, qu'ils rendent r�tif; accept�e comme appendice, elle est d'une utilit� incontestable, si on la d�pouille de ses erreurs, et les exp�riences nous prouvent chaque jour que les cavaliers qui savent en faire une bonne application, avaient pr�alablement appris � monter � cheval avant de chercher � l'appliquer. « Comment en serait-il autrement? La m�thode Baucher est un r�sum� philoso-
phique de l'�quitati�n des �cuyers anciens, pr�sent� sous une forme nouvelle par un praticien hors ligne dans sa sp�cialit�. Et ne lit pas qui veut dans ce livre o� le g�nie, si longtemps m�connu des Fr�d�ric Grison, des
de La Broue, etc., se refl�te � chaque instant. » On voit que ce jugement, trac� de main de ma�tre,
et par un homme dont la haute comp�tence ne sau- rait �tre mise en doute, r�sume bien plus clairement la question que les pol�miques violentes de ceux qui n'ont cherch�, en se faisant les champions de Bau- cher et de ses principes, qu'� attirer l'attention sur leur nom ou � « donner une bonne le�on au gou- vernement ». Mais, nous avons quelque peu anticip� sur l'ordre
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LE CHIC A CHEVAL.
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chronologique, pour r�sumer en un seul contexte les principes de M. de Lancosmes-
Br�ves, et il nous faut maintenant revenir � l'ann�e 1855. C'est en effet � cette date que parut un ouvrage d'�quitation d'un tr�s grand m�-
rite pratique : « Le�ons de science hippique g�n�rale, ou Trait� coinplet de l'art de conna�tre et gouverner et d'�lever le cheval, par la baron de Curnieu. » En 1856, nouvelle d�cision minist�rielle interdisant, d'une mani�re formelle, la par-
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ticipation des offi-
ciers de F�cole de courses plates ou On con�oit sans
sagr�ables im- reilles prohibi- causer dans la ca- voulu, de propos . ger toute vell�it� duel, qu'on ne s'y trement. Il n'y a des r�sultats sionsdece genre; gie, l'amour du t�risenos officiers que leur arme |
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tiers et sous-offi-
cavalerie aux auxsteeple-chase. peine quelles d�- pressions de pa- tions devaient valerie. E�t-on d�lib�r�, d�coura- de travail indivi- serait pas pris au- pas � s'�tonner qu'eurentdesd�ci- et il a fallu l'�ner- m�tier qui carac- de cavalerie, pour n'ait pas �t� com- v�e par de sem- |
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pl�tement �ner-
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Le Prince Imp�rial en 480fi.
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blables h�r�sies.
C'est aussi de cette m�me ann�e 1856 que commence la r�putation du capitaine Ger-
hardt, qui tient une place honorable dans l'histoire de l'�quitation. Alors capitaine instructeur au 1er de lanciers, il fut appel�, avec son grade, aux lanciers de la garde im- p�riale lors de la formation de ce magnifique r�giment; et le g�n�ral Morris, qui com- mandait la cavalerie de la garde, lui ayant laiss� toute latitude, il exp�rimenta avec grand succ�s sa m�thode sur des chevaux r�tifs de diff�rents r�giments. C'est �galement en 1S56, que le comte de Lancosmes-Br�ves gagna son fameux pari
de trot en arri�re. Parti des Champs-Elys�es, � la hauteur de la porte du palais de l'Industrie, il arriva, en cinq minutes trente sept secondes, � l'ob�lisque, but de sa course. Il avait forc� tous les chevaux pr�sents � le suivre au trot. En feuilletant le beau livre de M. le capitaine Picard, auquel nous avons fait de si
nombreux emprunts, et qui nous a servi de guide pour notre travail, persuad� que nous �tions de ne pouvoir faire mieux que de suivre un si parfait mod�le, nous trouvons le r�cit du d�part du g�n�ral de Rochefort qui commandait l'�cole de cava- lerie depuis 1852. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Nous croyons bon de citer en entier ce passage; car il atteste quel vigoureux esprit
r�gnait alors dans la cavalerie. « Le mardi 8 juin 1859, le g�n�ral de Rochefort re�ut l'ordre de partir imm�diatement
pour l'Italie. Il avait le commandement d'une brigade dans le 4e corps, division Niel. « M. de Rochefort re�ut des t�moignages de sympathie de toute l'�cole et de la
ville enti�re. Apr�s la revue, un vieux cavalier de remonte, � l'�il p�tillant, la moustache retrouss�e, le front couvert de rides, le type de ce soldat fran�ais dont l'allure atteste l'�nergie et la franchise, s'avan�a d'un pas ferme vers son g�n�ral et, lui pr�sentant un sabre, se fit en ces termes l'interpr�te de la compagnie. « Mon g�n�ral, je viens au nom de la compagnie enti�re et comme doyen des ca-
valiers de remonte, vous offrir ce sabre. Nous savons qu'il sera bien port� (1). Que Dieu vous prot�ge et prot�ge l'Fmpereur, vive l'Empereur. Vive le g�n�ral! M. de Rochefort, tout �mu, re�ut dans ses bras ce vieux soldat, le remercia de son
t�moignage, et lui dit avec effusion qu'il saurait r�pondre � leur attente. « Au d�fil� de la revue, les cris de vive le g�n�ral de Rochefort! �taient m�l�s �
ceux de vive l'Empereur! Toute la journ�e, l'h�tel du g�n�ral fut envahi par ses nombreux amis, qui venaient lui exprimer leurs v�ux. « Le jeudi soir, � neuf heures, M. de Rochefort quitta Saumur. Les officiers, en corps,
l'escort�rent avec des torches jusqu'� la gare; plus de cinq � six mille personnes, tant civiles que militaires, se trouv�rent r�unies sur la place du chemin de fer. Avant de descendre de cheval, le g�n�ral adressa quelques paroles, Sa voix fut couverte des cris de vive l'Empereur! vive le g�n�ral! vive
l'arm�e d'Italie! Au moment o� il entra dans la salle, la foule se pr�cipita dans la gare, le recon- duisit jusque sous la marquise. L�, plusieurs sol- dats lui serr�rent la main; M. de Rochefort, tout |
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P>
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�mu, les remercia et leur dit qu'il se rappellerait
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toute sa vie d'avoir �t� � l'�cole de cavalerie.
« Aussit�t MM. les officiers se port�rent, arm�s
de torches, sur le passage du train et salu�rent une derni�re fois M. de Rochefort des cris de vive le g�n�ral ! » En f�vrier 1861, le mar�chal Randon, ministre
de la guerre, ordonna de faire une �tude com- (1) L'Allemand Offenbach n'avait pas encore compos� \a.Grande-
Duchesse et commenc� a « blaguer » avec un esprit contestable, les choses qu'on avait auparavant le go�t �videmment « vieux jeu » de respecter ; et ce vieux cavalier de remonte �tait probablement de ceux qui, selon la railleuse expression du regrett� Villiers de l'Isle-Adam, « donnaient encore dans ces ponts-l� ». (L. Vallet.) |
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SUR LES HAUTS PLATEAUX;
1881. |
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LE CHIC A CHEVAL. 221
parative sur les moyens relatifs des chevaux anglais et des chevaux normands.
Voici ce que dit France hippique de cette exp�rience, qui se termina un an plus
tard, en f�vrier 1862. « Son Exe. M. le Mar�chal Randon, d�sirant se rendre compte de la valeur
r�elle des chevaux anglais et des chevaux normands employ�s � l'�cole de cavalerie de Saumur, pour le service de la carri�re, sous le rapport de la vigueur, des allures et du fond, donna des instructions � M. le g�n�ral commandant l'�cole pour que l'�tude comparative e�t lieu, pendant un an, entre dix chevaux achet�s par l'�cole � un mar- chand de Paris, et dix chevaux normands achet�s par le d�p�t de remonte de Caen. |
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Le r�sultat de cette exp�rience vient d'�tre consign� clans le rapport suivant adress�
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D'apr�s des documents anglais.
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par le g�n�ral Crespin, commandant l'�cole de Saumur, � son Exe. M. le Mar�-
chal Randon qui a bien voulu nous en donner communication. Ce document int�- ressera nos lecteurs et surtout nos �leveurs. 11 prouvera une fois de plus que la France peut, aussi bien que l'Angleterre, fournir de beaux et bons chevaux, et qu'a- vec un �levage rationnel et des soins intelligents, elle peut rivaliser avec les autres pays �trangers, et m�me devenir, � son tour, le grand march� de l'Europe, puisqu'elle peut cr�er toutes les vari�t�s de l'esp�ce chevaline. «. �cole imp�riale de Cavalerie. � Rapport sur l'�tude comparative faite entre dix
chevaux achet�s par l'�cole � M. Perrault, marchand de chevaux � Paris, et dix chevaux livr�s par le d�p�t de remonte de Caen pour le service de la carri�re. « Conform�ment aux prescriptions d'une d�p�che de son Exe. M. le Mar�chal mi-
nistre de la Guerre, en date du 28 f�vrier 1861, les dix chevaux anglais achet�s par l'�cole � M. Perrault, et les dix chevaux livr�s par le d�p�t de remonte de Caen, dans le courant du mois de f�vrier 1861, pour le service de la carri�re, ont �t� suivis � part et �tudi�s parall�lement jusqu'ici. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Pendant les premiers mois d'examen, la sup�riorit�
semblait acquise aux chevaux anglais, parce que, habi- tu�s au travail et � peu pr�s dress�s au moment de l'achat, ils ont pu �tre mis en service quelques semaines apr�s leur arriv�e; mais � mesure que les influences du r�gime et de l'acclimatation ont disparu, les chevaux normands ont pris peu � peu le dessus, et aujourd'hui, quoique ces derniers, �g�s de cinq ans en moyenne, n'aient pas atteint tout � fait leur complet d�veloppement, il est facile |
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Joueur de polo.
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de conclure en faveur des chevaux fran�ais, car les An-
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glais, plus �g�s, ne peuvent que perdre, tandis que les
autres ont encore � gagner. « En r�sum�, comme vigueur, allure et �nergie, les chevaux normands me paraissent
l'emporter, jusqu'� ce jour, sur les chevaux anglais. » Nous ne nous permettrons pas de formuler un avis sur cette question, n'ayant certes
pas la comp�tence n�cessaire, et nous nous contenterons de noter que parmi l'�tat-major de l'�cole se trouvaient, � cette �poque, les personnes dont les noms suivent : MM. Gu�rin, �cuyer en chef; Vallon, v�t�rinaire principal ; Grandin, capitaine instruc- teur; Dutilh, capitaine �cuyer; Lenfum� de Ligni�res et Pi�tu qui, tous trois, sont au premier rang parmi les c�l�brit�s hippiques, et qui ont, aussi tous les trois, com- mand� successivement le man�ge de Saumur. Il serait curieux, en tous cas, �tant donn�e la sup�riorit� incontestable de l'�poque
actuelle sur celle dont nous esquissons l'histoire, de faire une nouvelle exp�rience et d'y convier non pas les gens dont les coudes en dehors, la culotte grotesque et le filet de courses sont les seuls titres en �quitation, mais des �cuyers dont la notori�t� bien �tablie |
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serait un s�r garant de leur
C'est en 1861 �galement que d'hui g�n�ral des plus en vue, puis d�finitivement adopter, sa quelle se trouvaient des prin- ce La qualit� essentielle du ter franchement en avant; on lui donner. » « La souplesse de la m�-
est pr�t � c�der; il faut donc, vement, s'assurer que cette |
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impartialit�.
M. le capitaine Bonie, aujour-
obtint de faire exp�rimenter,
m�thode de dressage dans la-
cipes de cette valeur :
cheval de guerre est de se por-
doit tout faire pour arriver � la
choire indique que le cheval
avant l'ex�cution de tout mou- souplesse existe. » |
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Bride d'officiers
de hussards allemands. |
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« Il est indispensable pour la sant� du jeune cheval qu'il soit au grand air le plus
possible. » « Porter en avant le cheval qui se d�fend doit �tre signal� au cavalier comme but principal de ses efforts. » |
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Il (le cheval) ne deviendra r�ellement cheval de guerre qu'apr�s avoir acquis, au
dehors, du fond et de la vitesse par l'entra�nement. » Remarquons que le capitaine Bonie est le premier �crivain militaire qui ait os� parler |
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de l'entra�nement. Pour se rendre un compte exact de toute la hardiesse qu'il y avait
alors � pr�coniser, une m�thode o� l'entra�nement tenait une place importante, il est in- dispensable de se souvenir des id�es qui avaient alors cours sur ladite mati�re dans la majeure partie des gens du m�tier. La commission r�unie pour examiner les r�sultats de l'application des principes du
jeune capitaine fut du reste �merveill�e de ces r�sultats. Elle constata que les chevaux entra�n�s par la m�thode du capitaine Bonie avaient pu parcourir d'abord 3,500 m�tres au galop puis fournir une charge d'un kilom�tre. Notons que c'est en 1862 qu'on envoya, pour la premi�re fois, � Saumur des jeunes
Arabes. Ils suivirent les cours comme cavaliers-�l�ves, et devaient sortir comme mar�- |
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coutume s'est conserv�e
des cavaliers-�l�ves en qui, comme moi, ont eu ti�de l'�cole, ont pu voir ces fameux cavaliers lors- fauteuil qui leur sert de tre assis commod�ment les r�actions sont nul- des juments de pur sang. enfants du d�sert nous bon moment. L'un d'en- pas citer le nom, mon- mes, une certaine ju- rah, tr�s ensell�e et tr�s |
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chaux des logis. Cette
jusqu'� la suppression 1879. Ajoutons que ceux l'honneur de faire par- quelle triste mine font qu'ils sont priv�s du selle, et qu'au lieu d'�- sur un cheval arabe dont les, ils sont camp�s sur Je me souviens que ces ont fait passer plus d'un tre eux, dont je ne veux tait, comme cheval d'ar- ment nomm�e Basso- |
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Monsieur Loyal !
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charg�e en ganache, qui remmenait tr�s tranquillement notre ben.....etc., �
l'�curie, malgr� tous les conseils que lui prodiguait M. de Gontaut-Biron, qui �tait
alors notre tr�s excellent instructeur. |
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224 LE CHIC A CHEVAL.
En 1863, parut le « Cours d'hippologie » de M. Vallon, v�t�rinaire principal � l'�cole
de cavalerie. Ce cours est devenu classique. Les jeunes cavaliers de Saurour ont fait sur M. Vallon une chanson qui est un petit
chef-d'�uvre empreint d'un vif sentiment de gaiet� militaire. Nous demandons la permission d'en citer quelques couplets, regrettant de ne la pou-
voir reproduire dans son entier � cause du ton un peu gaulois de certains de ses couplets. Que les puristes en litt�rature ne se montrent pas trop s�v�res � l'�gard de cette chan- son; ils ont fait bien des vers qui, pour �tre plus corrects que ceux que nous citons, ne survivront pas aussi longtemps. L'ennui qu'ils distillent les a condamn�s � un oubli �ternel; ceux-ci sont sans fa�on et ne visent qu'� faire rire, c'est ce qui les fera se trans- mettre de g�n�ration en g�n�ration......tant qu'il y aura des Saumuriens. |
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VALLON A L'OLYMPE.
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Un jour
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Jupin. l� haut �tait tout attrist�,
Car dans l'Olympe,
Quand on y grimpe,
On ne trouve pas toujours la ga�t� ! C'�tait lundi, les dieux avaient man�ge;
D�j� V�nus �tait sur le sauteur, Quand retentit une voix sacril�ge; Vulcain fr�mit et Mars trembla de peur ! Dans l'assembl�e
Tout �tonn�e,
Un vieux savant s'avan�ait � cheval, Et la structure
De sa monture
Etait des os avec du fil d'archal. Tranquillement il marchait sur la piste,
Le front soucieux, deux bouquins sous son bras;
Mais Jupiter avait le nectar triste,
Il s'�cria : Mortel, on n'entre pas ici;
Quelle imprudence !
Quelle insolence!
Oser troubler la reprise des dieux! Quelle est ta vie
Et ton g�nie?
Qui t'a permis de venir en ces lieux ? Mai le savant rassembla son squelette,
Dont les os craqu�rent tout � coup, Et puis il dit en faisant la courbette : 0 Jupiter, de gr�ce! pas d'� coup! |
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UN OFFICIER DU 9« DE CHASSEURS EN COLONNE;
SUD ORANAIS 1881. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Daigne m'entendre
Et me comprendre ; Bien que je parle un dr�le de fran�ais Les dieux, j'esp�re, Comme sur terre, Appr�cieront mon nom et mes succ�s. Je suis Vallon, j'ai fait l'Hippologie,
J'ai diss�qu� plus d'un carcan morveux; A bouquiner, j'ai br�l� ma bougie, Pour abrutir tous nos petits-neveux. Qu'un autre raille
Et puis travaille ;
Mon cr�ne us�, s'il veut, lui servira. Mais � l'�cole,
Sur ma parole,
Apr�s ma mort mon nom retentira. J'ai bien des fois pill� ce bon Saint-Ange,
En bien des points j'ai fait plus mal que lui. Peut-�tre un jour quelque affreux m�lange M'enfoncera, mais je r�gne aujourd'hui. Un exemplaire
Peut-il vous plaire ?
Ce n'est pas fort, mais on a fait plus mal, Et puis, cher Sire,
Il faut vous dire
Qu'� l'instant m�me je sors de l'h�pital. Pour douze francs j'ai vendu ma science,
C'est pour les frais de mon enterrement; Mais les sous-offs n'ont pas pay� d'avance, Cela viendra je ne sais trop comment. Pour le vulgaire
La chose est ch�re,
Surtout au prix qu'est le beurre � Saumur; Mais la gravure,
D'apr�s nature,
Est abondante et du trait le plus pur. Mais Jupiter le lendemain lui dit : La renomm�e
Mon vieux savant, toujours te survivra; Ta mort soudaine a fait g�mir l'arm�e, Mais ta m�moire longtemps y restera. Prends ma couronne,
Car je m'abonne.
Je veux agir comme un sous-officier |
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Etc . . . etc . . etc . . . .
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La chanson de Saint-Georges, que nous empruntons �galement au r�pertoire des �l�ves
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CHIC A CHEVAL.
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226 LE CHIC A CHEVAL.
de Saumur est pleine, elle aussi, de finesse et d'une franche gaiet�. Elle se chante sur
un air bien connu des troupiers. |
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LA SAINT-GEORGES
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Depuis longtemps les artilleurs
F�tent la Sainte-Barbe,
Les laisserons-nous, mes amis,
Trinquer � notre barbe?
Je vous entends r�pondre non,
La faridondaine, la faridondon,
Nous aurons notre f�te aussi, biribi,
A la fa�on de Barbari, mon ami.
Nous avons un saint cavalier
Qui fait bien notre affaire,
Saint Georges fut un �cuyer
Et un grand militaire.
Nous le choisissons pour patron,
La faridondaine, la faridondon,
Et nous trinquerons avec lui, biribi,
A la fa�on de Barbari, mon ami.
Nous aurions bien pris saint Martin,
Sans sa f�cheuse affaire, Couper un manteau de sa main �a vaut le conseil de guerre, Et rhabillement, songez-y donc ! La faridondaine, la faridondon, A qui donc l'imputerait-il? biribi, A la fa�on de Barbari, mon ami. Vous savez tous, les cuirassiers,
Que saint Georges fut un gros fr�re,
Il a servi dans les lanciers,
Et m�me dans la l�g�re,
Il terrassa bien un dragon,
La faridondaine, la faridondon,
Mais pas un de ceux d'aujourd'hui, biribi,
A la fa�on de Barbari, mon ami.
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LE CHIC A CHEVAL. 227
Mais il faut que bas nous chantions
De peur des jalousies,
On prendrait pour conspiration
L'�clat de nos bougies,
Et comme une congr�gation,
La faridondaine, la faridondon,
Ou nous expulserait, biribi,
A la fa�on de Barbari, mon ami.
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Or j'ai r�v� pour notre saint
Un brillant mariage,
Que l'artillerie nous donne la main,
Nous entrons en m�nage;
Que sainte Barbe ne dise pas non,
La faridondaine, la faridondon.
Je r�ponds que saint Georges dira oui, biribi,
A la fa�on de Barbari, mon ami.
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Pour dot nous lui demanderons
Trois ou quatre batteries Pour faire � nos belles divisions, Un peu de bijouterie, Et avec �a nous nous ficherons, La faridondaine, la faridondon, De tout le reste du fourbi, biribi, A la fa�on de Barbari, mon ami. |
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Voil� qui certes vaut bien « En revenant de larevue ». C'est moins pr�tentieux, mais
c'est � coup s�r plus militaire et beaucoup plus fin. Mais nous voil� bien loin de l'ann�e 1863. Il nous faut cependant y revenir pour parler
de nouveau du capitaine Raabe. Nous n'en dirons du reste qu'un mot, car nous avons d�j� exprim� notre fa�on de penser sur ce disciple de Baucher. Nous nous bornerons donc � indiquer sa « M�thode de haute �cole d'�quitation », avec atlas, . . . qui parut en 1863, et souleva de nouvelles et interminables pol�miques. Le capitaine Picard a r�sum� cette m�thode en une ligne :
« Dressage m�canique second� par un tact tout sp�cial. »
En 1865, vingt-cinq cavaliers, choisis dans l'escadron des cent-gardes, ex�cut�rent,
sous les ordres de M. de Lancosmes-Br�ves, et d'apr�s ses principes, l'�cole de peloton, les sauts et la charge. Ceci se passait sur le Champ de Mars; et, pour l'exp�rience finale, les cavaliers d�bri-
d�rent leurs chevaux, d�pos�rent � terre bride et filet, et, n'ayant comme aides que les diverses r�partitions du poids du corps et la cravache, ils man�uvr�rent au commande- ment du comte de Lancosme-Br�ves. Ce r�sultat si curieux et si probant avait �t� obtenu en six semaines, par les exercices
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LE CHIC A CHEVAL.
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gradu�s de l'instructeur qui ne cessait de r�p�ter � ses �l�ves :
qu'il n'y a pas d'�quitation possible sans l'union physique et mo- rale entre le cavalier et sa monture. La serpentine �tait un des exercices auxquels le comte de Lan-
cosme-Br�ves attachait la plus grande importance pour faire saisir ses principes. (Origines de l'�cole de cavalerie.) En 1866, le 19 avril, l'�cole de Saumur donna un grand car-
rousel � Paris au palais de l'Industrie. L'Empereur, qui assistait � ce carrousel avec l'imp�ratrice et
le prince imp�rial, t�moigna sa vive satisfaction de la fa�on dont furent ex�cut�es les diff�rentes reprises, et le lieutenant-colonel L'Hotte, qui les commandait, fut fait officier de la L�gion d'hon- neur. En 1867, nouvelle interdiction fut faite aux officiers de pren-
dre part aux courses avec leurs chevaux d'armes; « les courses militaires n'ayant produit depuis leur institution aucun r�sultat au point de vue de l'am�loriation de l'instruction �questre de nos officiers, elles ont �t� d�finitivement abandonn�es!!! ». En 1869 on �dicta encore une d�fense du m�me genre.
Arrivent les temps noirs de 1870-1871. Nous n'en dirons qu'un
mot ; la cavalerie y fit h�ro�quement son devoir. Si elle �claira mal l'arm�e, il faut dire qu'elle n'y avait �t� nullement pr�- par�e et se reporter aux causes d'�nervement et d'�masculation que nous avons soulign�es. Les diff�rents ministres qui s'�taient succ�d� pouvaient avoir des qualit�s tr�s grandes ; ils ne sor- taient pas de la cavalerie. La cavalerie n'avait eu qu'un r�le tr�s restreint en Crim�e
et en Italie. Apr�s le Mexique elle fut sacrifi�e aux �conomies r�clam�es par l'opposition. N�anmoins, on ne saurait le dire trop haut, les qualit�s de bravoure personnelle et d'abn�gation qui y ont �t� toujours tr�s d�velopp�es ont suppl��, autant qu'elles l'ont pu, au nombre qui manquait. Reischoffen, Gravelotte, Sedan ont montr� quel parti on aurait
pu tirer de ceux qui ont si vaillamment ramen� la brigade Von Bredow et qui, quelques jours plus tard, l'h�ro�que g�n�ral marquis de Galliffet ayant r�pondu qu'on chargerait « tant qu'il en resterait un ! » arrachait au roi victorieux ces mots : « Ah! les braves gens! » Montrons-nous donc un peu moins s�v�res pour ceux qui |
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UN PIQUEUX.
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LE CHIC A CHEVAL.
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ont su prouver qu'apr�s tout, ils �taient les dignes fils des braves qui avaient fourni les
charges l�gendaires de Waterloo. Beaucoup de ceux qui n'�pargnent gu�re la critique, d'abord parce que les critiqu�s
n'ont pas droit de r�ponse, beaucoup de ceux-l� auraient peut-�tre eu pi�tre mine s'ils s'�taient trouv�s � cheval, dans les houblonni�res de Reischoffen, le jour o� « ca chauffait ». |
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Selle de cavalerie allemande.
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'feTi^Sc
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J
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CHAPITRE XVII.
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CONTEMPORAINS.
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l faut dire qu'une des plus grandes qualit�s de la cavalerie � l'heure
pr�sente, c'est de monter admirablement � cheval. Apr�s les temps sombres de 1870 et de 1871, on comprit qu'il fallait de toute n�ces- sit� refaire une cavalerie alerte, vigoureuse et surtout sachant monter � cheval. Nos g�n�raux ne se laiss�rent pas abattre par la d�faite, et avec une
abn�gation, un courage qu'on ne saurait trop exalter, ceux m�mes qui ne pouvaient gu�re esp�rer voir la revanche, se mirent � l'�uvre sans se laisser intimider par les roquets qui leur aboyaient dans les jambes. La t�che �tait lourde, l'heure peu encourageante ; il s'agissait de semer la moisson que d'autres cueilleront, qu'importe! le vieux sang fian�ais �tait l�. 11 ne peut mentir. O� le p�re n'avait pu passer il fallait que l'enfant passe! Et eux qui avaient pu, � juste titre, esp�rer une retraite glorieuse sous les lau- riers si vaillamment cueillis, ils consentirent � tout pour pr�parer cette tardive revan- che; � tout, m�me � laisser discuter les choses qui leur �taient les plus ch�res par des avocats, et � passer en revue des bataillons de gamins dont le b�ton de r�glisse de- vrait �tre la seule arme. Tous les officiers ont droit � leur large part des r�sultats acquis; tous ont donn�
sans marchander et leur temps et leurs forces � l'�uvre entreprise, en comptant pour ce qu'elles valaient, les critiques des militaires en chambre. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Parmi tous ces officiers, trois hommes surtout ont fait faire � la cavalerie tous les
progr�s qu'elle �tait capable de faire en les circonstances actuelles. Le g�n�ral Thornton, le g�n�ral marquis de Galliffet, le g�n�ral L'Hotte. Essayons de notre mieux de rendre un juste hommage aux efforts de ces illustres officiers g�n�raux, tous les trois cavaliers des plus remarquables. Et d'abord disons, et disons-le bien haut, jamais � aucune �poque de l'histoire nos
officiers de cavalerie n'ont �t� ma�tres en �quitation comme ils le sont aujourd'hui. A coup s�r ils tiennent le haut du pav�, sur tout ce qui monte � cheval. Beaucoup de civils montent certainement tr�s bien, mais la plupart sont d'anciens officiers. Un grand nombre de sportsmen ont du reste admir� trop exclusivement les Anglais, se contentant, lorsque leur fortune le leur permet, de monter de tr�s jolies b�tes, nullement mises, du reste ou mises avant qu'ils les ach�tent. Nous l'avons dit et ne cesserons de le r�p�ter, pour beaucoup, la culotte, la « Chantilly » impeccable sont tout; il ne s'agit que d'aller faire un tour chaque matin « aux poteaux » ou de para�tre � quelque chasse pas trop p�nible, qu'on peut du reste suivre jusqu'au bout sans m�me froisser son col de chemise; l'habit rouge sort intact de cette petite promenade. 11 est certain que si c'est en cela que consiste l'�quitation, les Anglais sont de beaucoup nos ma�tres. Hyde Park est rempli de sportsmen et sportswomen �m�rites, et le « Row » les voit chaque jour depuis l'�ge le plus tendre jusqu'au plus avanc� faire « a good walking », parcourant les all�es cavali�res de cette paisible promenade « in a furious speed » sur n'importe quel pied du reste et exactement comme si, tous, ils faisaient de l'entra�nement. �videmment l'�il est charm� de cette nombreuse r�union d'hommes impeccable-
ment habill�s, la boutonni�re fleurie, et de jeunes misses ou ladies la plupart fort jolies, le tout mont� sur d'admirables animaux de pur-sang. Mais vo}'ons, la main sur la conscience, l'homme de cheval, qui a admir� ce spectacle, car il vaut certes qu'on l'admire, peut-il trouver l� rien qui soit de l'�quitation. C'est « chic », assur�ment tr�s chic, mais r�ellement ce n'est que cela, et la moindre reprise de sous-ma�tres est bien autrement int�ressante.
Je ne puis nommer personne, mais un de nos officiers
de cavalerie l�g�re dont les succ�s hippiques ou autres ne se comptent plus, m'a bien des fois racont� qu'en Angle- terre, au temps ou il montait � c�t� d'un noble et vaillant prince dont la mort a mis en deuil tous les gens de c�ur, les murmures admiratifs susurraient sur tout leur pas- sage. Et que ceux qui reconna�tront de qui je veux parler, me disent si jamais ils ont vu un Anglais monter aussi �l�gamment et aussi bien. Ah ! je sais ce que vous allez me dire, anglomanes incor- Fuetde course, rigibles que vous �tes : il y a la chasse; les avez-vous vus |
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EN ROUTE POUR LE DRAG.
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LK CHIC A CHEVAL.
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les Anglais � la chasse? Oui je les ai vus, oui ils ont des hunters merveilleux, oui
ils sautent cr�nement. Mais j'ai vu aussi nos �quipages fran�ais. Et croyez-vous que ces braves gens en jaquette rouge et en « tube » gris, qui s'en vont soufflant dans des cornets de conducteurs de tramways et galopant comme des aveugles � la queue de chiens muets, ont un chic quelconque aupr�s de nos vieux �quipages � la fran�aise? L�, la chasse est une science et une vraie science, depuis celui qui « fait le bois » jus- qu'aux vaillants « Piqueux » qui sonnent si all�grement dans la grande « Dampierre » |
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et font r�son-
vieilles for�ts de Vend�e, la Per- Puys�gur. Ilya-t-il,pour
man(l),unemu- tante que celle trompe de chas- de nos bons tou- fran�ais, et de la Mais aussi c'est � cheval, c'est pour de bon, |
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ner, dans les
Sologne ou de thuis ou la le vrai sport-
sique plus exal- que font, et la se, et la « voix » tous; l�, tout est bonne marque, l� qu'on monte l� qu'on chasse ne se contentant |
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Filet de course.
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pas, comme dans la triste Angleterre, de galoper une demi-heure � toute bride apr�s
un malheureux chevreuil qu'on sort de sa bo�te au moment de la chasse. Croyez-moi, anglomanes, mes amis, notre France vaut largement tous les pays du
monde, et le jour o� nous aurons le courage d'�tre Fran�ais, fiers d'�tre Fran�ais et rien que Fran�ais, nous serons tout �tonn�s, vous anglomanes les premiers, de voir que le vrai chic c'est le n�tre et que, si nous voulions, c'est chez nous qu'on prendrait le mot de la mode. Et ce jour-l� arrivera, ou plut�t il reviendra le jour o� quelque jeune prince ou quelque grand seigneur aura le courage de remettre la France � la mode. Nous avons dit que le g�n�ral Thornton avait contribu� dans une large part � la r�or-
ganisation de notre cavalerie. Tous ceux qui ont servi connaissent et saluent avec respect ce beau soldat, dont la
rude physionomie respire la droiture, la franchise et la vaillance. Tous ceux qui ont �t� cavaliers-�l�ves de 1872 � 1876 ont eu l'honneur de s'asseoir � la table du g�n�ral commandant l'�cole (2) et ne peuvent se rappeler, sans �motion, de quelle respectueuse |
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(1) Je suis bien oblig� d'employer ce mot anglais puisqu'il n'a pas son �quivalent dans notre langue hippique.
« �cuyer » est bien d�mon�tis� ! (2) Le g�n�ral Thornton, lorsqu'il commandait � Saumur, avait comme planton un brigadier-�l�ve et invariable-
ment ce planton �tait invit� � d�jeuner entre le g�n�ral et MUo Thornton, sa s�ur. Ces souvenirs sont de ceux qu'on n'oublie pas. Qui ne se rappelle de « Punch » et de la belle jument neig�e. |
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CHIC A CHEVAL.
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affection �tait entour� ce brillant officier, qui nous connaissait tous, du plus petit au
plus grand, par notre nom. Ce sera, certes, une de mes plus grandes joies d'avoir pu, dans ce modeste livre, parler d'un g�n�ral que nous aimions, � l'�cole, de toute la force de nos jeunes c�urs et qui a laiss� dans la m�moire de tous ceux qui ont servi sous ses ordres le souvenir le plus sympathique qui se puisse �tre. Les titres de service du g�n�ral sont du reste aussi brillants que possible :
Engag� volontaire en 1842 au 59e d'infanterie, il entre � Saint-Cyr et en sort le 1er |
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octobre 1845 comme sous-lieu-
un coursa Saumur du 1er jan- |
tenant au 8° de dragons. Il suit
vier 1846 au 1er octobre 1847 et Lieutenantlel 1 novembre 1848, vier 1850 au 1er octobre 1851. 1851, il est successivement ad- teur, capitaine �cuyer � Saint- officier d'ordonnance du g�- m�e. Le 2 ao�t il est chef d'es- 14 mars 1859, il passe aux cui- avec ce beau r�giment qu'il |
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passe au 4° de cuirassiers,
il revient � Saumur du 1er jan- Capitaine du 30 septembre j udant-major, capitaine instruc- Cyr. Le 1er juin 1854, il est n�ral Morris et part en Cri- cadron au 4e de hussards. Le rassiers de la garde, et c'est fait la campagne d'Italie. Che- |
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Bride moderne, dite « bride
anglaise *. |
valier de la L�gion d'honneur
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lieutenant-colonel au 1er de
carabiniers le 11 ao�t 1862 et colonel au 7e de chasseurs le 12 ao�t 1866. � Il fait partie du corps exp�ditionnaire de Rome du 4 novembre 1867 au 10 f�vrier 1868. � Officier de la L�gion d'honneur le 24 d�cembre 1869. � En 1870, il est � l'arm�e du Rhin du 8 ao�t au 9 septembre, et � l'arm�e de l'Est du 26 septembre jusqu'� l'entr�e en Suisse. Le 3 octobre, il est nomm� g�n�ral de brigade, et on lui donne le comman- dement d'une division d'infanterie. Le 24 novembre 1870, il est nomm� divisionnaire au titre provisoire, mais la revision des grades le remet g�n�ral de brigade. Le 12 f�vrier 1872, il est nomm� au commandement de l'�cole de cavalerie. Il y a trois noms qui, � Saumur, ont marqu� plus que tous les autres et qui feront
toujours partie de la l�gende de l'�cole : Oudinot, de Rochefort, Thornton. Il est hors de doute que tous les directeurs de cette c�l�bre �cole ont �t� des per-
sonnalit�s de grande valeur; mais les trois noms que nous venons de citer sont assur�- ment ceux qui, � l'�cole, ont personnifi� le brio, le « chic » pour tout r�sumer en un seul mot, qui a toujours pass� pour �tre l'apanage de la cavalerie en g�n�ral et de Saumur en particulier. Dans le cours de cette rapide revue des grands �v�nements hippiques, nous avons
constamment fait remarquer que Saumur avait eu le discernement d'un �clectisme abso- lument n�cessaire � tout progr�s. Nous avons montr� comment cette �cole avait su d'a- bord, � sa fondation, remettre en honneur les vieilles traditions �questres, alors que tous les principes �taient partis � vau-l'eau; comment, se gardant intelligemment |
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LE CHIC A CHEVAL. 235
des exag�rations de l'anglomanie, elle en avait n�anmoins accueilli ce qu'il y avait
de bon; puis, pendant la grande dispute d'Aure-Baucher, de quelle intelligente fa�on ell© avait conserv� la solide m�thode du premier, tout en ne se d�fendant pas d'accueillir ce que celle du second pouvait avoir de brillant etdejuste. Aujourd'hui, la r�putation de cette admirable �cole n'est plus � faire. Les services qu'elle a rendus � l'�quitation en g�n�ral et � la cavalerie en particulier ne se comptent plus; pas un progr�s s�rieux qui n'y soit bien accueilli, pas une id�e juste qui n'y soit imm�diatement adopt�e. Sa brillante r�putation est europ�enne; des officiers de toutes les nations sont venus successivement la visiter, rendant un juste hommage � ses m�rites. Son �clat d�- passe m�me celui, si vif cependant, de l'ancienne �cole de Versailles. Peut-�tre les successeurs du g�n�ral Thornton ont-ils trop cherch� � rapprocher la
mani�re d'�tre de l'�cole de celle d'un quartier mod�le, enlevant ainsi, � ce temple du brio et de l'�l�gance, un peu de ces deux qualit�s si n�cessaires � l'arme. Mais il ne nous appartient certainement pas de les juger sans appel : leur person- nalit� est trop haute, leurs qualit�s trop �videntes pour que nous osions les critiquer. Les commencements du g�n�ral Thornton � Saumur furent loin d'�tre faciles, il
fallait tout r�organiser, pour ainsi dire tout fonder; la base, le recrutement de l'ar- m�e �tant absolument chang�. Sans inutiles t�tonnements, sans h�sitations, ce remarquable officier dont on a pu
dire qu'il « avait le g�nie de ce commandement difficile », fit du premier coup de l'�cole ce qu'elle est rest�e, la premi�re du monde; aussi, lorsque M. le Mar�chal de Mac-Mahon, pr�sident de la R�publique, vint � Saumur le 4 mai 1874, « il f�licita le g�n�ral Thornton des r�sultats qu'il avait obtenus; il ne croyait pas qu'apr�s la d�sorganisation qui avait suivi les ann�es n�fastes de 1870-1871, on e�t pu, en si peu de temps, ramener l'�cole de cavalerie � un degr� aussi prosp�re ». Le premier soin du g�n�ral fut de s'entourer d'officiers qui tous avaient fait leurs
preuves et dont la comp�tence �tait indiscutable. Le commandant Lenfum� de Ligni�res eut la direction
du man�ge. Le commandant Tordeux, qui passait � juste titre pour
un des officiers les plus remarquables de l'�tat-major, fut charg� de la direction des �tudes. Des capitaines tels que MM. de Quincerot, de Boysson,
de Mazieux, de Bellaing, de Cl�ric furent nomm�s capi- taines instructeurs. Quant au man�ge, les noms de MM. de Bellegarde,
de Benoist, de Briey, Joannard, de Marc�, de Piolant comme �cuyers, de Peter, etc.. comme sous-ma�tres, en disent assez pour se passer de tout comment aire. Bride de la cavalerie anglaise. |
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Un des premiers et des plus heureux r�sultats d'une semblable col-
laboration fut l'introduction du cheval de pur sang � Saumur. L'�cuyer en chef, M.deLigni�res, �tait un sportman fanatique. C'est
lui qui r�tablit � Saumur les courses si peu encourag�es dans les der- ni�res ann�es qui pr�c�d�rent la guerre; et son but, but atteint du reste, �tait de donner � Saumur d'abord, � la cavalerie ensuite, un allant et une vigueur qui lui avaient manqu� jusque-l�. Il eut le tr�s grand m�rite de prouver, le premier, que le cheval de pur sang est un merveilleux ins- trument, pr�t � ex�cuter tout ce qu'on veut lui demander. C'est ainsi qu'il pr�tendait, ajuste titre, que le cavalier et le cheval devaient �tre aussi propres au man�ge qu'au dehors. Et le fameux cheval « Le Chat » admirable pur sang alezan, �tait � la fois un cheval de courses de premier ordre et un cheval de |
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Selle de voltige et chambri�re modernes.
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haute �cole tr�s brillant. Pas commode tous
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les jours, par exemple, « Le Chat! »
M. de Ligni�res eut donc le grand talent de prouver que le v�ritable homme de cheval devait �tre � la fois un brillant �cuyer de man�ge et un sportman �m�rite. Et c'est de cette �poque que date la grande sup�riorit� des cavaliers militaires sur les cavaliers civils. Tout aussi bien que ces derniers, et avec plus de m�rite, car leurs chevaux d'armes sont loin de valoir les purs sang que certains sportmen payent une dizaine de mille francs, ils courent un « steeple » ou suivent un « drag », et, ce dont sont incapables la plupart de nos jeunes �l�gants, ces m�mes officiers m�nent jus- qu'au bout un dressage de haute �cole entre les quatre murs d'un man�ge. Le commandant de Ligni�res savait donc conduire tr�s brillamment une reprise de
man�ge sur Born�o, et donner un vigoureux « canter » sur Nicanor. Aussi, d�s les premi�res courses de Saumur, voyons-nous parmi les vainqueurs, les
noms d'officiers qui tous sont rest�s des hommes de cheval de grande valeur. Entre autres, et pour ne pas les citer tous : MM. de Saint-Geni�s, le m�me qui, sous le nom de Richard 0' Monroy, a �crit de si amusantes nouvelles militaires ; de Canisy, dont le nom est connu de tout ce qui monte � cheval; de Damas, de Seroux, Pinot, de Nexon, Le Chanoine du Manoir de Juaye, tous brillants cavaliers et officiers de cavalerie des plus remarquables. Il est impossible d'�crire un r�sum� de l'histoire de l'�quitation sans parler de M. le
commandant Dutilh. Ici ouvrons une parenth�se. On me reprochera sans doute de ne parler que de l'�-
quitation militaire. Il y a � cela deux raisons : la premi�re, c'estque pour le moment l'�- |
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A LA CAMPAGNE.
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LE CHIC A CHEVAL. 237
quitation militaire tient la t�te; elle seule fait �cole et a encore une �cole, les �cuyers
militaires seuls ont �crit depuis une vingtaine d'ann�es et, qu'on le veuille ou non, Saumur est l'h�riti�re directe et unique des �coles dont la filiation constitue l'histoire de l'�quitation. Seconde raison ; je suis loin de nier qu'il y ait des civils montant remarquablement,
je dois m�me dire que l'�quiiation, sauf aux temps brillants des La Gu�rini�re, des Nestier et des d'Abzac, n'a jamais �t� aussi en honneur; mais, les gens de sport se divisent en deux classes : celle des sportmen parisiens (celle-l�, M. le baron de Vaux en a parl� avec une bien plus grande autorit� que je ne le saurais faire dans son beau livre, les hommes de sport), l'autre est celle des chasseurs � courre, des gent- lemen-farmers ; ceux-l�, � mon avis, sont de v�ritables hommes de cheval, montant s�rement, justement, sans souci de la galerie. Leur �quitation est exactement la m�me que celle des militaires avec lesquels, du reste, ils sont en constant contact, car il ne faut pas se dissimuler qu'on monte bien plus s�rieusement et surtout bien plus, en Touraine par exemple, qu'� Paris. Au Bois, la tenue est parfaite, les culottes ont certes toute la largeur voulue pour �tre suffisamment ridicules, mais quand on a fait son tour de Bois, c'est tout le temps qu'on puisse donner au cheval. En province, on monte il est vrai bien souvent avec la vieille culotte toute rapi�c�e aux genoux, mais on a du chemin et du temps devant soi. Le cheval est la seule distraction; aussi est-ce bien en province qu'il faut aller pour juger de l'�quitation civile, et n'allez pas croire, ami lecteur, que par province j'entends petite ville. Non, les sportmen des petites villes sont en g�n�ral de tristes �chantillons du sport. Par province, j'entends les ch�teaux, la Normandie, la Touraine, la Sologne, le Limousin, etc. Donc fermons la parenth�se et retournons � Saumur, comme nous sommes rest�s �
Versailles pendant tout le dix-huiti�me si�cle. J'ai parl� du commandant Dutilh, c'est-�-dire d'une des personnalit�s les plus bril-
lantes et les plus justement estim�es du l'histoire de sport moderne. M. Dutilh avait �t� huit ans sous-ma�tre sous les ordres du comte d'Aure. De l'avis de tous ceux qui ont |
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LE CHIC A
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CHEVAL.
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eu le plaisir de le voir achevai, il est certes un des �cuyers les plus complets qui aient �t�.
Presque toute sa carri�re militaire s'est faite � l'�cole de cavalerie o� il arrivait, en 1846, comme cavalier de 2e classe pour en sortir capitaine en 1861. En 1874, il revient prendre la direction de ce man�ge qui l'avait si souvent vu � cheval. Professeur comme il s'en est peu rencontr�, M. Dutilh a fait de chacun de ses �l�ves autant de fanatiques. Il �tait pour nous autres, pauvres petits cavaliers-�l�ves qui ne pouvions que l'admirer de loin, comme une sorte de dieu de l'�quitation. C'est qu'en r�alit�, ceux qui ont vu le commandant Dutilh sautant les haies sur Betting ou conduisant une reprise des �cuyers sur Le Drille, admirable petit pur sang alezan br�l�, ne pour- ront jamais l'oublier et ne verront rien d'aussi parfait comme �quitation. M. Dutilh fut un des premiers �cuyers qui pr�conisa la conduite � quatre r�nes,
embouchant son cheval avec pelharn et un filet. Aussi il fallait voir quelle finesse de touche, quel merveilleux doigt� avait le ma�tre. C'est de lui, du reste, que vient l'ex- pression qui fait image : « Jouez du piano », r�p�tait-il souvent, voulant que la main du cavalier et la bouche du cheval fussent dans un constant contact, « le cavalier devant conserver constamment le sentiment de la bouche du cheval et la r�sistance devant produire l'effet de r�nes en caoutchouc. » Il voulait de fr�quentes descentes de main, mais conduites par le cavalier et non impos�es par le cheval. « La progression de dressage qu'il a laiss�e, est une m�thode des plus s�res; il
l'appelait sa gymnastique �questre, et elle donne des r�sultats certains. C'est une �qui- tation coulante et pour ainsi dire naturelle, qui peut �tre pouss�e aussi loin qu'on veut la mener, les allures artificielles venant comme couronnement du dressage et deve- nant pour ainsi dire naturelles. Mais ce crit�rium a manqu� au commandant Dutilh, car le g�n�ral l'Hotte, en prenant le commandement de l'�cole, rappela son interdic- tion formelle d'user des allures artificielles dans l'�quitation militaire. « N�anmoins, le nouvel �cuyer en chef a marqu� comme auteur d'une v�ritable
m�thode, simple, pr�cise, pratique. Tout ce qu'il a pro-
fess� pour l'entra�nement du jeune cheval de service est des plus remarquables. Aucun homme de cheval n'a mieux compris l'application des id�es nouvelles appro- pri�es au dressage du cheval d'armes. Personne n'a mieux d�fini l'appui sur la main associ� � la l�g�ret� qui r�sulte de l'assouplissement et de la r�partition du poids. Il appliqua la fusion des deux �quitations (celle du man�ge et celle du dehors) qui, avant lui, se pra- tiquaient pour ainsi dire parall�lement, sans trait d'u- nion. i j 'c J, -?- \C Les hommes comme les chevaux furent soumis � cette Jeune Anglaise. dualit� d'aptitudes.
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« La fa�on dont le commandant Dutilh d�ployait son cheval en le faisant passer du trot ou
du galop ralenti au trot ou au galop allong�, tout en tenant des hanches sur un change- ment de main diagonal, �tait on ne peut plus remarquable et empreinte d'une perfec- tion et d'un brio tout particuliers. Il excellait � ex�cuter un changement de pied sur un changement de main diagonal, dans la pl�nitude de l'allure, par une seule opposi- tion de r�ne, ce qui faisait un mouvement tr�s d�tendu au lieu de ce brusque saut de pie qu'accuse le cheval trop renferm�. » (Origines de l'�cole de cavalerie.) Oh voit par ce qui pr�c�de que nous ne sommes pas seul � admirer passionn�ment
le commandant Dutilh et � pr�tendre qu'il a �t� un des �cuyers les plus remarquables qui aient eu la direction du man�ge de l'�cole. Si je cite quelques-uns des �cuyers qui ont pro- fess� sous lui, et des sous-ma�tres qu'il a form�s, on conviendra qu'il s'est rarement rencontr� aussi brillante et aussi compl�te r�union de cavaliers absolument hors de pair. Je prends au hasard MM. Joannard, de Piolant, de Witte, de Sesmaisons, Picot de Vaulog�, Siey�s, de Cahou�t, Froger-Desch�nes, de Canisy, Mallet, Leddet, �cuyers et sous-�cuyers ; de Boisgelin, d'Hebray, Vincent, Bastien, de Lizaranzu, Barbier, Caffarelli, Breuil, de Gontaut-Biron, de Blacas, d'Amilly, de Mirandol. Aucun de ces noms n'est inconnu � quiconque s'occupe de cheval, et plusieurs brillent en toute pre- mi�re ligne dans les annales de l'�quitation. Le commandant Dutilh, sur les instantes sollicitations de ses �l�ves, a �crit un r�sum�
de sa m�thode. Ce petit livre, qui parut en 1875, est un chef-d'�uvre de justesse, de simplicit� et de science. Son �loge n'est du reste plus � faire. Pas un homme de cheval qui ne l'ait lu. En voici le titre et quelques trop courts extraits, qui, mieux que tout ce qu'on en
pourraitdire, feront juger l'�cuyer. M�thode progressive applicable au dressage du cheval de troupe, d'officier et d'a-
mateur, par M. M.-F. Dutilh. Tout le monde conna�t sa mani�re de placer les r�nes; elle a �t� adopt�e par tous
ceux qui en ont essay� : « Pour faire placer les quatre r�nes dans la main gauche, en les supposant abandon-
n�es sur l'encolure du cheval, l'instructeur prescrit aux cavaliers de prendre le filet par le milieu � pleine main, avec la main gauche, et d'ajuster alors les r�nes de bride dans cette m�me main sans avoir �gard au filet, le second doigt, c'est-�-dire l'annulaire, entre les deux r�nes de bride au lieu du petit doigt. Faire placer la main gauche au-des- sus du pommeau de la selle, � la position indiqu�e par l'ordonnance. De cette fa�on, les quatre r�nes sont �galement tendues dans la main gauche ; le petit doigt s�pare les deux r�nes gauches et agit particuli�rement sur la r�ne du filet qui, par rapport � la r�ne de bride du m�me c�t�, est ext�rieure et sup�rieure. De la main droite, pren- dre la r�ne droite du filet avec le petit doigt et l'annulaire remis par-dessus la r�ne de |
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240 LE GHIG A CHEVAL.
bride, et cette derni�re avec le m�dium et l'indicateur �galement r�unis; en d'autres
termes, deux doigts pour chaque r�ne, celle du filet en dehors. Conserver cette main les ongles en dessous, le bras demi-tendu », comme le dit tr�s bien M. Dutilh : « La conduite avec quatre r�nes a l'avantage, en offrant au cheval l'appui du bridon qui lui est connu, de le conduire insensiblement et sans qu'il s'en doute, � l'action plus complexe du mors de bride agissant seul. L'effet du bridon, dans ce cas, est de produire une esp�ce d'enr�nement qui encadre la t�te et l'encolure dans le plan m�dian du corps. » Quant � ce qui regarde les assouplissements, loin de les nier, le commandant Dutilh
les d�finit d'une fa�on juste, simple et absolument claire. « Les assouplissements ont pour premier but de rendre la t�te l�g�re sur l'encolure, d'habituer cette derni�re � se d�tendre, droit devant elle, pour favoriser la locomotion, particuli�rement les allures vives, et � revenir sur elle-m�me, en se rouant sup�rieurement, puis les mouvements cadenc�s ou raccourcis, pour les ralentissements ou changements d'allures et pour les arr�ts. » Impossible, n'est-ce pas, d'�tre plus pr�cis et de mieux dire en moins de mots? Et voici, quelques lignes plus loin, un principe formel, admirablement �nonc� et
qui devrait �tre la base de tout trait� d'�quitation, en m�me temps qu'une r�futation sans r�plique des exag�rations du baucherisme : « La t�te et les deux premi�res vert�bres de l'encolure sont les seules parties de la
r�gion cervicale qu'on doive assouplir. « Il ne faut que monter une seule fois un cheval dont toute l'�tendue de l'encolure a
�t� soumise � des applaudissements lat�raux qui am�nent la t�te jusqu'� la botte du cavalier, pour bien se rendre compte des �normes difficult�s qu'il pr�sente dans sa conduite. » Suit la fa�on de proc�der pour ex�cuter les assouplissements.
A citer encore, entre mille autres, le passage relatif aux descentes de main lat�rales.
« Pour obtenir la descente de main lat�rale � droite, par exemple, le cavalier, tenant
les quatre r�nes comme il a �t� prescrit, place son cheval � droite et provoque la mobilit� de la m�choire en divisant les appuis sur l'embouchure. D�s que l'encolure se d�tend, le cavalier suit le mouvement de la t�te en maintenant la r�ne droite l�g�rement tendue pour que le d�placement ait lieu dans la direction du plan diagonal, qui passe- rait par la hanche et par l'�paule droite. » Et encore ce passage qu'on ne peut passer sous silence : « Comme r�gle, l'action
combin�e des r�nes et des jambes a lieu comme les allures du cheval, c'est-�-dire en diagonale ; ce qui revient � dire que tout d�placement de la t�te � gauche, par exemple, n�cessite une action plus marqu�e de la jambe droite que de la jambe gauche et vice versa. » Enfin et pour finir, voici en quelques mots quel but le commandant Dutilh voulait que
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PROMENADE AU BORD DE LA MER.
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LE CHIC A CHEVAL.
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l'�cuyer poursuive. Les quelques lignes qui suivent montre-
ront bien [quel remarquable homme de cheval la mort a ravi � l'arm�e. Personne n'a mieux que lui d�fini la fusion des deux �quitations, celle de course et celle de man�ge. Un che- val pour �tre r�ellement mis doit r�aliser ce desideratum. C'est la grande sup�riorit� de l'�cole moderne sur toutes celles qui l'ont pr�c�d�e, c'est celle qui laisse bien loin der- ri�re elle l'�quitation anglaise, par l'excellente raison que celle-ci n'est, pour ainsi dire, qu'un seul des deux chapitres qui doivent �tre r�unis pour faire le livre complet. « Le cheval de course rentrant � l'int�rieur y doit deve-
nir le cheval de man�ge le plus docile... L'officier doit pou- voir maintenir les allures ralenties d'une colonne de route, par exemple, aussi bien que produire le maximum de vi- tesse de l'attaque... pourtant, dans les deux cas, le cheval doit �tre conduit ais�ment, sans efforts ni fatigues inutiles |
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fc� V.r: v* ■
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pour le cavalier, deux
n�cessit�s contraires auxquelles il faut �gale- ment satisfaire. Voyez le ^^^^^^^^^^^^^^^ cheval de course galo- pant sur l'hippodrome, son encolure est basse, elle est droite, elle est compl�tement allong�e; la t�te elle-m�me tend � se placer dans son prolongement. Ces deux positions oppos�es sont absolument n�ces- saires pour que l'animal puisse, au man�ge, donner des allures brillantes et cadenc�es, et sur la pelouse, le maximum de sa vitesse : sa conformation l'exige. |
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CHIC A CHEVAL.
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242 LE CHIC A CHEVAL.
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soit pour allonger le jeu de la machine. »
C'est ainsi qu'un des plus brillants �l�ves de Dutilh, le capitaine Siey�s, commente la
m�thode de ce remarquable professeur, dans une brochure parue en 1885 et qui prenait ce modeste titre : « Dressage du cheval de guerre et du cheval de chasse suivant la m�- thode de feu M. le commandant Dutilh, par un de ses �l�ves ». En effet, le seul reproche qui a pu �tre fait � Dutilh, c'est de ne pouvoir gu�re �tre compris que par les initi�s. M. Siey�s entreprit de combler cette lacune en vulgarisant cette admirable m�thode. J'ai eu l'honneur, en 1875, de monter � l'ancien petit man�ge, sous les ordres de
M. Siey�s, � cette �poque, sous-lieutenant-�cuyer. A tous tant que nous �tions, cavaliers- �l�ves, gamins � peine �chapp�s du coll�ge, nul mieux que M. Siey�s n'a su inspirer, en m�me temps qu'une grande et respectueuse admiration pour son talent, un vif amour des choses du cheval. Notre professeur repr�sentait pour nous, jeunes enthousiastes pr�ts � vibrer � toutes
les belles choses, l'id�al le plus complet que nous nous faisions de l'�cuyer; tenue toujours absolument correcte et de l'�l�gance la plus raffin�e, politesse exquise, patience � toute �preuve (et il en fallait), mani�res de la plus parfaite distinction, montant admirablement et professant avec la plus grande simplicit�, en un mot, gentilhomme et gentleman, c'est tout dire. Le livre du capitaine Siey�s est une merveille de clart� et de pr�cision; je ne connais
pas de meilleur trait� d'�quitation. Il n'entre pas dans notre cadre de parler du R�glement de 1876 qui modifia absolu-
ment l'aspect des man�uvres de cavalerie ; nous ne citons donc qu'� titre de m�moire les noms des membres de la commission � laquelle on dut ce nouveau r�glement. |
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LE CHIC A CHEVAL. 243
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G�n�ral du Barrail, pr�sident; g�n�raux Thornton, Corn�t, de Vouges de Chanteclair,
L'Hotte; colonels Savin de Larclause, Grandin; lieutenants-colonels de Jess�, Robert d'Orl�ans, duc de Chartres; capitaines Ghis et Meynier. En 1877, le lieutenant-colonel A. Gerhardt publie un livre justement appr�ci� :
« Trait� des r�sistances du cheval. » Le sous-titre de cet ouvrage le r�sumera admi-
rablement : « M�thode raisonn�e du dressage des chevaux difficiles, donnant la solu- tion de tous les probl�mes embarrassants qui peuvent se pr�senter dans le dressage du cheval de selle, et en g�n�ral dans la pratique de l'�quitation,et philosophie hippique d�duite de la physiologie et de la m�canique animale. » En 1880, M. Gaume, d�j� connu par ses « Causeries chevalines » et ses « Remarques
sur les chevaux de guerre », publie un livre plein de v�rit�s et d'humour intitul� « Recher- ches sur l'�quitation militaire par un ancien soldat ». M. Gaume a, comme nous, comme tous les gens qui aiment vraiment le cheval pour le cheval, une opinion bien arr�t�e sur l'�quitation des Anglais. Cette mani�re de voir est trop pr�s de celle que nous avons nous-m�me pour ne pas citer les quelques lignes qui suivent. « Il nous para�t urgent de mettre une sourdine � notre anglomanie, ou plut�t de la
r�duire � ses v�ritables proportions. Nous aimons des Anglais la fa�on de produire, d'�lever, de soigner les chevaux, de les entra�ner et de les monter en course ou derri�re les chiens; mais il y a des bornes � tout. Nous d�testons, en g�n�ral, la tenue des An- glais � cheval en dehors du turf; � force de vouloir poser pour la nonchalance, ils ressemblent � des gens qui ont d�n� trop copieusement et que la digestion incommode. Quant � leurs chevaux de selle (nous ne parlons pas ici du m�rite intrins�que du cheval, mais de l'�quitation du cavalier), ils n'ont, mont�s par eux, rien de gai, de souple ni de brillant; ils sont raides, moroses et aussi peu gracieux que leurs ma�tres. « L'�quitation d'�cole, acad�mique, classique, est aujourd'hui � peu pr�s tomb�e en d�-
su�tude, elle n'est plus de mode; le temps est � la vitesse en toutes choses. Or, un cheval de haute �cole n'est pas vite, et un cavalier capable de le dresser est encore plus lent... � former. « C'est saltimbanque, dit-on. (Il y a un si�cle, c'�tait encore l'occupation des princes.)
Saltimbanque, pourquoi? Parce que, dit La Bruy�re, dire d'une chose qu'elle est bonne demande du bon sens. Il est plus court de prononcer d'un ton d�cisif, et qui em- porte la preuve de ce qu'on avance, qu'elle est ex�crable. « La loyaut� serait de dire que l'�quitation d'�cole n'est
plus dans nos go�ts ni dans nos habitudes, qu'elle de- mande un apprentissage long et p�nible auquel personne ne veut plus s'astreindre, parce que les r�sultats n'en sont ni compris ni appr�ci�s; mais la trouver ridicule, . Selles' anglaises modernes, avee
c est agir sottement. » et mns avances.
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244 LE CHIC A CHEVAL.
Mais, cher M. Gaume, ceux qui vous lisent sont convaincus � l'avance; quant aux autres,
les anglomanes ind�crottables, comment les convaincre... ils ne lisent jamais! M. Gaume n'est pas, du reste, le seul �crivain hippique qui voudrait qu'on regar-
d�t Un peu en arri�re, de temps en temps. M. le baron d'�treillis, dont personne, je pense, ne niera la comp�tence en �quitation, soutient la m�me th�se dans son livre paru en 1883, « �cuyers et Cavaliers, autrefois et aujourd'hui ». Le seul reproche que nous ferons � ces deux auteurs, dont, du reste, nous partageons
absolument la haine de l'anglomanie, le seul reproche, dis-je, c'est de ne pas s'�tre assez rappel� qu'� Saumur on professe encore, qu'on y monte encore avec des principes, et que toute la hardiesse du steeple, si n�cessaire aux cavaliers, s'y concilie fort bien avec une tenue et une m�thode impeccables. Il nous faut citer, en cette ann�e 1884, le raid ex�cut� par plusieurs officiers du
2e de chasseurs, sous les ordres du colonel de Ligni�res. Nous allons de nouveau retrouver des noms bien connus : MM. de Cahouet, Grellet,
Des Francs, d'Harambure, de Fleury, de Moracin et Caillau, partis de Tours le 30 juin � 2 heures du matin, y rentr�rent le 3 juillet � midi, apr�s avoir fait, sans changer de chevaux, un trajet de 400 kilom�tres en 82 heures, entre Ch�tellerault, Poitiers, Bres- suire, Angers, Saumur. Voil� un exploit hippique bien digne d'hommes de cheval comme M. de Ligni�res
et comme les officiers qui l'accompagnaient. Le g�n�ral Boulanger, ministre, faillit porter un coup funeste � l'�quitation militaire, en
supprimant pour les officiers de cavalerie l'autorisation de participer aux concours hip- piques, mesquine mesure qui �tonne peu quand on sait que le g�n�ral �tait un cavalier |
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tr�s ordinaire, et si l'on se
qu'avait, aux yeux des con- s�duisait tant les ignorants C'est par ce ministre �ga-
� Saumur les aiguillettes qui Aciers du cadre de Saumur n�ge, pas bien co�teux pour- tant � Saumur, par tradi- une marque distinctive sp�- |
souvient du peu de valeur
naisseurs, le cheval noir qui des choses du sport, lement que furent supprim�s relevaient la tenue des of- et le petit chapeau de ma- tant, et auquel on tenait tion, et parce qu'il �tait bien ciale � l'�cole. La tenue des distinction et d'�l�gance s�- modifi�e; � la place de la |
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�cuyers, tenue admirable de
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Selle de cavalerie l�g�re; mod�le 1874.
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v�re, fut en m�me temps
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tunique noire qui seyait merveilleusement � cheval et qui, avec les aiguillettes
d'or et le petit chapeau en bataille, constituait un costume absolument unique au monde, donnant � son homme un l�ger cachet Louis XVI tr�s appropri� au man�ge, on a affu- bl� les pauvres �cuyers de l'in�vitable dolman noir, et comme coiffure absolument prati- que pour monter � cheval on leur a donn� quoi? un shako � plumet rouge. Impossible, |
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LE CHIC � CHEVAL.
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n'est-ce pas, de choisir avec un
plus mauvais go�t et une igno- rance plus absolue de l'esth�tique �questre. Quel est donc le spiri- tuel chroniqueur qui a dit que c'�tait une tenue de major hollan- dais? Avec la barbe, le costume |
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A
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LE CHIC A CHEVAL.
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serait absolument complet. Mais pourquoi ne pas donner tout de suite � ces pauvres
officiers, auxquels on semble faire un crime de leur �l�gance et de leur distinction, le charmant petit veston coin de feu en drap gris bleu que portent les officiers d'infanterie? Avec cela, un bon bonnet grec, et on sera � son aise, au moins. Ah! nous sommes loin des houzards, des grenadiers et de tous les brillants soldats du
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premier Empire ; ceux-l� se battaient en grande tenue, plumets au vent, et je ne sache pas
que les grognards de la vieille garde aient retir�leurs hauts bonnets � poil pour accomplir ces fameuses marches forc�es de la Seine � la Marne en 1814. N'a-t-on pas �crit mille fois que nos pauvres soldats �taient les plus mal habill�s de l'Europe? Il faut n'avoir jamais voyag� pour ne pas �tre persuad� que cela est absolument juste. Le supr�me de- sideratum en France, c'est qu'un homme ait un uniforme fait pour une taille sup�rieure � la sienne; alors, voil� un homme bien habill�, et qui doit �tre fier de ce qu'il porte! Aucune grande nation militaire, ni la Russie, ni l'Allemagne, ni l'Autriche, ni l'Angleterre, n'a voulu de l'horrible et incommode pantalon de cheval. La France seule garde le monopole de ce v�tement lourd, disgracieux, co�teux et insupportable � por- ter. On a bien mis en essai dans diff�rents r�giments la culote demi-collante et les hautes bottes jaunes. Cela suffisait pour changer l'aspect des troupes du tout au tout; le soldat d�gag�, mieux � cheval, reprenait un peu de l'allure pimpante de ses pr�d�cesseurs. C'�tait fort joli, tr�s commode, d'un entretien peu co�teux et passionn�ment souhait� par les sous-officiers et tous les hommes. Tous les avis des officiers ont �t� favorables, mais il y a les rapports, sous-rapports, commissions, sous-commissions, comit�s et sous- comit�s, toute la paperasse, enfin! C'est assez dire que ce ne sera jamais adopt� et que nous verrons, longtemps encore, nos pauvres cavaliers porter ce mis�rable pantalon dont le seul et unique m�rite est d'avoir �t� invent� par un officier de cavalerie � coup s�r tr�s brillant g�n�ral, mais sans cloute pas tr�s cavalier. |
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On ne saurait trop le r�p�ter, et tous les grands capitaines ont �t� de cet avis, la cava-
lerie �tant une arme d'effet moral et se recrutant forc�ment parmi les classes sup�rieures de la nation, doit �tre tr�s soign�e comme tenue; les chamarrures ne sont du reste pas n�- cessaires pour cela : le choix judicieux des couleurs, le go�t pr�sidant � la coupe des v�te- ________ ments, remplacent avantageusement toute
esp�ce de clinquant. Et qu'on n'aille pas
objecter le fameux « pratique ». D'a- |
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bord les hommes ont besoin
d'�tre maintenus un peu , sous \ peine de les voir glisser dans le ' i . - \ n�glig�; ensuite je ne sache pas
,/ ( "U ' \ que le haut plumet de son col-
WW- : ' '-■ :\...........�,........=.........�■
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back ni sa brillante pelisse rouge
aient emp�ch� le mar�chal des logis Guindet de. si bien occire certain prince, � certaine bataille, en 1806. Tout cela, il faut bien le dire, c'est encore l'influence des modes an- glaises , non pas de leurs modes mi- litaires qui sont fort belles, mais de leurs horribles modes civiles ; n'est- il pas du dernier chic, de l'�l�gance la mieux entendue, d'avoir un pale- tot qui semble avoir �t� fait pour un monsieur deux fois gros comme celui qui le porte? La si gracieuse |
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Paper-hunt donn� en juin 1890 par les officiers
du 8e de dragons dans les environs de Meaux. |
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LE CHIC A
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CHEVAL.
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culotte anglaise (que du reste les officiers anglais se gardent bien de porter en uniforme)
ne doit-elle pas, pour �tre portable par un homme qui se respecte, ressembler � un cale�on de g�teux? Et qu'on n'aille pas croire que je pr�conise la culotte extra collante. Certes non ; pour
monter �. cheval il faut �tre � son aise, mais il n'est pas n�cessaire d'�tre ridicule. Certainement si le go�t changeait (et il changera lorsque quelque jeune prince
ou quelque homme �l�gant aura le courage de porter des effets taill�s pour lui et non pour le voisin), chacun hausserait les �paules quand on lui montrerait les culottes actuel- les. C'est assur�ment aussi laid que l'�tait la crinoline sous l'Empire. Et n'y aurait-il pas un moyen bien simple, pour un ministre un peu... gaulois, de
faire tomber cette vilaine mode? Tout simplement : circulaire portant d�fense formelle d'user de la culotte dite an-
glaise ; les chefs de corps, cependant, pourront en autoriser le port aux officiers dont la mauvaise conformation naturelle doit �tre soigneusement cach�e aux yeux du public!! La culotte anglaise aurait v�cu. On a beaucoup cri� aussi contre le grand k�pi qui s'enfonce jusqu'aux oreilles. Cela,
c'est � tort et sans connaissance de cause; il est absolument n�cessaire � l'homme qui monte � cheval, galope, saute les obstacles, d'avoir une coiffure qui tienne sur la t�te, or le petit k�pi n�cessite l'emploi si laid et si incommode de la jugulaire de cuir; le k�pi un peu grand et tenant bien est donc indispensable. Tous les gens qui montent � cheval ont des coiffures embo�tant toute la t�te, exemple :
les chasseurs, les jockeys; le grand k�pi est donc absolument n�cessaire, en outre il n'est pas disgracieux et se rapproche beaucoup par la forme nouvelle qu'on lui a donn�e de la casquette autrichienne, laquelle est fort jolie. Ce qui, par exemple, est la continuation de ce mauvais go�t qui voulait imposer le
veston m�me � la garde municipale (dernier reste de r�giments compos�s de vrais soldats et ayant gard� une apparence de belle tenue), c'est d'avoir cru faire d'une casquette de n�glig�, car au fond ce n'est que cela, une coiffure distinctive en y ajou- tant de mesquins attributs. Regardez un peu si les Allemands,� qui cependant on ne saurait reprocher le sens militaire pratique, ne conservent pas avec soin colbacks et schapskas, plumets et fourrag�res. Toutes ces suppressions, tous ces enlaidissements de la tenue,
surtout dans celle de la cavalerie, ont bien une raison. Je ne puis la dire ici, craignant d'�tre accus� de parti pris, mais elle est bien connue de ceux qui en font partie. Pour terminer, examinons, en quelques lignes rapides, les
diff�rents peuples qui s'occupent du cheval. J'ai dit � plusieurs reprises, dans le cours de cet ouvrage, ce 1878 ; boite Chantilly � tige
en drap. qU 'il faut penser de « l'Arabe et son coursier ». Les Arabes grands,
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CIRCASSIENS DE L'ESCORTE DU CZAR.
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LE CHIC A CHEVAL.
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d'une fort belle race guerri�re, ayant conserv� un costume tr�s
pittoresque sont, �videmment, fort curieux � voir lorsqu'ils Se Espagn livrent, en l'honneur de quelque grand mariage ou de la r�cep- tion de quelque g�n�ral, � leurs l�gendaires « fantasias » ; leurs chevaux, tr�s jolies b�tes (jolie est le mot), aux al- 0 XJ ' Hollande
lures brillantes, dou�s d'une grande souplesse et de tr�s
gracieux mouvements, sont tout indiqu�s pour un semblable exercice. Mais, � coup s�r, si on retirait manteaux flottants et les selles richement |
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les grands
brod�es; si |
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Belgique
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de ce pays,
drait pas grand morte. �trier embo�tant le
bon sens, �perons un fauteuil , voil� bes. Si on ajoute � cela r�actions � peu pr�s nulles dress�s en naissant, on com- comme le sont g�n�rale- pas grand m�rite � dompter |
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surtout on voilait le soleil, grand magicien
on serait fort d�sillusionn� et on ne pren- plaisir � un exercice o� l'�quitation est lettre Instrument de torture comme mors,
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Italie
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pied et raccourci au del� de tout
criminels, selle ressemblant fort � tout le bilan de l'�quitation des Ara- que leurs chevaux ont des |
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et sont, pour ainsi dire,
prendra que des g�ants ment les Arabes, n'aient leurs petites montures. J'ai dit plus haut,
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ieterre
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du reste, quelle triste mine faisaient
voy�s des spahis � Saumur lorsqu'on anglaise sur un cheval de carri�re, terium auquel il n'y a rien � ajouter, n�es pass�es sur les hauts plateaux alg�riens |
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les cavaliers en-
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A llemagne
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les mettait en selle
Cela est un cri- Trois an- |
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m'ont ab-
T r es avec un vaux de bien au- Russie
France |
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Autriche
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solument confirm� dans cette id�e,
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cavaliers, au contraire, les Cosaques, qui,
simple bridon dans la bouche de leurs che- ch�tive apparence, ex�cutent des tours de force trement difficiles et des fantasias bien autrement cu- rieuses que celles des Arabes. Les Cosaques, en effet, sont un peuple cavalier par excel-
lence, et comment en douter lorsqu'on conna�t quelques- unes de leurs pens�es hippiques : « les chevaux demandent a dieu de les faire aimer par leurs ma�-
tres. » « le cheval marche avec la nourriture de la veille et non avec
celle du jour. » CHIC A CHEVAL. 3'2
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Coiffures d'officiers
de cavalerie (petite tenue). |
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250 LE CHIC A CHEVAL.
« LES PLUS GRANDS ENNEMIS DU CHEVAL SONT LE REPOS ET LA GRAISSE. »
On conna�t aussi la l�gende du lion et du cheval.
Le lion et le cheval, nobles b�tes entre toutes, se disputaient un jour pour savoir
lequel des deux avait la vue la plus per�ante; on attendit la nuit obscure, et le lion vit, � travers les t�n�bres et � une grande distance, un poil blanc dans du lait; le cheval fit mieux encore : il distingua un poil noir dans du goudron. Le cheval �tait vainqueur. De m�me que les anciens,
et que tous les peuples orien- taux, les Cosaques attachent une grande importance � |
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la robe du cheval et � ses particularit�s.
Ainsi, la pelote brod�e irr�guli�rement est un signe peu estim�. Comme nous,
ils appr�cient peu le cheval belle face, celui qui boit dans son blanc et les quatre balzanes. Nous connaissons tous le proverbe fran�ais : « Balzane un... balzane deux, cheval
de gueux; balzane trois, cheval de roi; balzane quatre, cheval � abattre. » Les Cosaques disent qu'un cheval qui a trop de blanc porte son linceul avec lui.
Les chevaux qui ont pelotes, listes ou balzanes se vendent infiniment moins chers que les autres dans leur pays. A quatre ans les jeunes Cosaques sont mis � cheval, et pour de bon; aussi, arriv�s
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LE CHIC A CHEVAL. 251
� l'adolescence, sont-ils tout � fait extraordinaires, ex�cutant sur le cheval lanc� � fond
de galop tout ce que le gymnasiarque ex�cute sur une barre fixe, tout ce que le fan- tassin le plus d�gourdi peut faire sur « le plancher des vaches ». L'homme et le che- val semblent n'avoir qu'une seule volont�, l'animal se couchant pour abriter de son corps le cavalier qui tire son coup de fusil, puis tous deux se relevant, repartent au triple galop ; le Cosaque montant debout sur la selle, se couchant, se collant aux flancs du cheval, ramassant � toute allure son fusil ou m�me une pi�ce de monnaie. Un cheval tu�, deux, trois Cosaques montent sur le m�me et continuent � com- battre. Ils ont une haine inv�t�r�e pour l'Allemand auquel ils infligent le nom de « Nie-
metz », terme le plus m�prisant dont on puisse fl�trir un coquin. On sait quelle remarquable course � travers la Sib�rie vient d'accomplir un officier
russe, le lieutenant des Cosaques de l'Amour, Dmitri Peschkoff. Parti le 7 nov. (V. S.) 1889 de Blagoveschtchensk , ville de la Sib�rie Orientale, il est arriv� � Saint-P�ters- bourg le 19 mai 1890 apr�s avoir parcouru � cheval 8,283 verstes (8,829 kil.) en 1,109 heures; voyageant souvent par un froid de 50° centigrades et se frayant quel- quefois un passage avec son sabre � travers les masses de neige durcies. Son che- val, hongre gris �g� de 15 ans, �tait sa monture ordinaire, au r�giment, et il ne lui avait fait subir aucun entra�nement pr�alable; l'illustre ataman des Cosaques, le grand-duc Nicolas, a fait placer dans ses propres �curies la brave b�te, qui, durant ce tour de force hippique, a franchi jusqu'� 93 kil. en 9 heures par un froid des plus rigoureux et � travers des routes presque impraticables. En un mot, la Russie poss�de une fort belle et fort nombreuse cavalerie. Les uni-
formes, quoique bien simplifi�s depuis le dernier r�gne, ont cependant gard� une cer- taine originalit�, et quelques r�giments, tels que les admirables chevaliers-gardes et les brillants hussards n° 1 et 2, ont conserv� leurs riches tenues. Quant � l'escorte de l'Empereur, elle est l�gendaire, et aucun souverain n'en peut avoir une semblable. Il est malheureusement superflu de dire que l'Allemagne, elle aussi, revendique une des premi�res places, sinon la premi�re, parmi la cavalerie europ�enne. Les offi- ciers, bien moins sportmen que chez nous, montent un peu raides mais tr�s militaire- ment, et leur tenue est g�n�ralement irr�prochable, quoique d'une �l�gance qui n'est pas la n�tre. Les Autrichiens, dont la cavalerie, bien souvent battue, a tou-
jours joui d'une grande renomm�e, ont, depuis plusieurs ann�es d�j�, perdu les splendides costumes dont ils semblaient avoir le monopole. Je dois m�me dire que ceux actuellement en usage sont assez disgracieux. Cependant leurs officiers, tr�s distingu�s de race et de mani�res, s'efforcent de conserver le renom d'�l�gance Botte moderne, dite, « chan-
tuiy ». qu ont eu jadis les troupes austro-hongroises.
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Les Italiens sont fort laids de tenue, montant mal de tr�s vilains chevaux, et d'une
�l�gance dont on laisse dans les autres pays la sp�cialit� aux gar�ons coiffeurs. Rien de plus � en dire, n'est-ce pas ? Les Anglais, superbes ! ! chevaux magnifiques , quoique quelquefois un peu lourds.
Les uniformes, du plus grand luxe et surtout de la coupe la plus �l�gante qu'on puisse d�sirer; les hommes, tr�s beaux et tr�s fiers avec juste raison de leurs beaux costumes, ont une tr�s belle et tr�s grande allure. On se demande comment un peuple ayant aussi peu de go�t, a pu trouver une r�union d'aussi beaux uniformes (je ne parle que de l'arm�e r�guli�re). Tout militaire qui a vu, � la parade de White-Hall, les Horse-guards relever le poste de Life-guards peut se dire qu'il a admir� les plus beaux soldats et les plus beaux chevaux du monde. Voil� ce que les anglomanes devraient bien t�cher de copier. L'Espagne a bien baiss�, en �quitation comme dans tout le reste, depuis les
beaux temps de la monarchie espagnole. Il est juste de dire, cependant, qu'elle ren- ferme encore quelques fort bons cavaliers ; les Parisiens ont pu admirer de quelle fa�on montent certains caballeros en plaza. J'ai donn�, page250, un dessin de ce qu'on appelle dans le pays du Cid : Derribar in
campo abierto. C'est, en d'autres termes, ce qui sert d'�preuves pour le choix des novillos (jeunes taureaux). Deux cavaliers, bien mont�s, et arm�s de lances ayant dix ou douze pieds de long,
foncent en plein champ sur le novillo, qui, g�n�ralement, s'enfuit en droite ligne avec une vitesse surprenante, et telle que les cavaliers ne le rattrapent qu'au bout de deux ou trois kilom�tres. Piqu� et renvers� par la violence du coup, le novillo est d'abord �tonn�, puis s'il charge sur ses agresseurs, il est imm�diatement class� comme bon pour la course, sinon on en fait imm�diatement un b�uf, et il finit ses jours � l'abat- toir. En somme, tout cela est assez brutal, et on ne peut qualifier d'ami du cheval un peuple qui met son plus grand plaisir dans l'�ventrement de malheureux chevaux hors d'�tat de se d�fendre. Nous donnons �galement, mais � titre de simple curiosit�, un cavalier japonais du
temps o�, ayant conserv� leur grande originalit� artistique, ils �taient int�ressants. Aujourd'hui que l'imitation des Europ�ens leur a �t� tout cachet, ils n'ont plus aucun int�r�t. |
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Nous voici arriv�s � la fin de cette courte �tude sur le cheval et ce qui s'y rapporte
comme �quitation. Loin de moi la pr�tention d'avoir trait� � fond ce sujet in�puisable. Je n'ai fait que l'effleurer: il faudrait cent volumes pour tout dire sur le cheval, et |
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LE CHIC A CHEVAL.
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il faudrait surtout une autre comp�tence que la mienne pour le bien dire, car : « pas
UN SENTIER BATTU DE L'HISTOIRE O� SON SABOT N'AIT LAISS� SON EMPREINTE ET FAIT JAILLIR UNE
�TINCELLE. » |
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LE CADRE D'OR
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COMPOSITION
DU MAN�GE DE L'�COLE DE CAVALERIE
DEPUIS 1872.
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1872.
Lenfum� de Ligni�res.......................| Chef d'escadron, �cuyer en chef.
Laforgue de Bellegarde...................... ]
De Benoist.......... ....................... f � . .
DeBriey................................. Capiten.es �cuyers.
JOANNARD .................................. I
De Marc�.................................... ) T .
_, . _ > Lieutenants sous-ecuyers.
D AVIAU DE PlOLANT........................... ( J
1873.
Lenfum� de Ligni�res....................... I Chef d'escadron, �cuyer en chef.
De Benoist................................ i
De Briey...................................j Capitaines �cuyers.
Laforgue de Bellegarde..................... j
D'Aviau de Piolant..........................
De Marc�..................................
Gay de Nexon..............................
Pinot........................................y Lieutenants sous-�cuyers.
Fr�vols d'�ubignac.......................
De Ribains................ ..................
Tremeau...................... .............
1874.
Lenfum� de Ligni�res........................ I Chef d'escadron, �cuyer en chef.
De Benoist.................................
Laforgue de Bellegarde....................
Joannard.....................................\ Capitaines �cuyers.
D'Aviau de Piolant...........................
De Witte...................................
|
|||||||
256 LE CHIC � CHEVAL.
De Marc�..................................... i
Gay de Nexon................................ > Lieutenants sous-�cuyers.
Pinot........................................)
De Frevol d'Aubignac de Ribains............
|
|||||||||||||||||
De Damas...................................
|
Sous-lieutenants sous-�cuyers.
|
||||||||||||||||
Laperrine................................
Baroux.....................................
|
|||||||||||||||||
1875.
|
|||||||||||||||||
Dutilh...................................... I Chef d'escadron, �cuver en chef.
JOANNARD................�...................
D'AVIAU DE PlOLANT........................
De Sesmaisons...............................) Capitaines �cuyers.
De Witte...............................|
De Lamerville...........................,'
De Damas...............................| Lieutenant.
Picot de Vaulog�.........................\
Siey�s...................................j
De Cahouet.............................■ f �
^, ^ > Sous-lieutenants sous-ecuyers.
Froger-Deschekes.....................1
Carbonnel de Canisy....................j
D'Espinay Saint-Luc...................../
|
|||||||||||||||||
1876.
|
|||||||||||||||||
Dutilh..............................I Chef d'escadron, �cuyer en chef.
D'AVIAU DE PlOLANT..................
De Sesmaisons........................
> Capitaines ecuyers.
De Witte........................... De Lamebville.......................
Mallet.............................
De Lur-Saluces......................
Picot de Vaulog�....................../ Lieutenants sous-�cuyers.
Siey�s...............................I
De Cahouet . . . . ,...................../
Froger Desch�nes......................I �
; Sous-lieutenants sous-ccuyers.
Leddet.............................. |
|||||||||||||||||
1877.
|
|||||||||||||||||
Pi�tu...............................I Chef d'escadron, �cuyer en chef.
D'AVIAU DE PlOLANT....................
De Sesmaisons.......................
De Witte............................[� Capitaines �cuyers
Heurtaut de Lamerville................
Renouard de Bussi�res.................
|
|||||||||||||||||
MONSIEUR DE B***n, SOUS-MAITRE DE MAN�GE,
MONTANT SON SAUTEUR, ARISTOPHANE, EN.LIBERT�; 1875.
|
|||||
L
|
|||||
LE CHIC A CHEVAL.
Mallet.............................
De Lur-Saluces......................
Picot de Vaulog�.....................
Siey�s.............................../■ Lieutenants sous-ccuyers.
De Cahouet..................�.......
Froger-Desck�nes.....................
Leddet ............................
1878.
Pi�tu...............................j Chef d'escadron, �cuyer en chef.
d'aviau de piolant....................
De Sesmaisons.......................
Heurtaut de Lamerville.................j* Capitaines �cuyers.
Rexouard de Bussi�res.................
Mallet............................
De Lur-Saluces.......................
Picot de Vaulog�......................
^ �. > Lieutenants sous-ecuyers.
De Cahouet .........................
Leddet ............................
Gay de Nexon......................... \
Coust�............................. \ Sous-lieutenants.
Chrestien de Poly...................... )
1879.
Pi�tu..............................| Chef d'escadron, �cuyer en chef.
D'Aviau de Piolant....................
De Sesmaisons.......................
De Lachoue de la Mettrie...............^ Capitaines �cuyers.
isle de bauchaine....................
Mallet............................
De Lur-Saluces......................
Picot de Vaulog�......................
_ � > Lieutenants sous-ccuyers.
De Cahouet..........................{
Leddet ............................
Gay de Nexon.........................)
Chrestien de Poly......................> Sous-lieutenants.
Le Moine des Mares....................)
1880.
Pi�tu...............................I Chef d'escadron, �cuyer en chef.
D'Aviau de Piolant....................
De Sesmaisons........................
Isle de Bauchaine......................\ Capitaines �cuyers
Mallet............................
Marette de la Garenne.................
CHIC A CHEVAL.
|
||||||
257
|
||||||
33
|
||||||
l-WW
|
||||
^r
|
||||
258
|
||||||||||||||||
LE CHIC A
|
CHEVAL.
|
|||||||||||||||
Picot de Vaulog� . .
Siey�s..........
De Cahouet ......
Leddet .........
Gay de Nexon ....
Chresties de Poly . Le Moine des Mares |
||||||||||||||||
) Lieutenants sous-�cuyers.
. . . j Sous-lieutenants. . . . ]
1881. . . . I Chef d'escadron, �cuyer en chef
> Lieutenants sous-�cuyers.
. . > Sous-lieutenants. 1882.
. . ] Chef d'escadron, �cuyer en chef.
' Capitaines �cuyers. . . > Lieutenants sous-�cuyers.
Sous-lieutenants. 1883.
. . j Chef d'escadron, �cuyer en chef.
> Capitaines �cuyers.
. . > Lieutenants sous-�cuyers.
|
||||||||||||||||
Pl�TU ............
D'AviAU DE PlOLANT . .
isle de beauchaine . . .
Mallet...........
Marette de Lagarexne
Picot de Vaulog� .... De Cahouet ........
Leddet ...........
Lhuillier.........
moreau de bellaing . .
Andr� ............
De Gontaut-Biron ....
|
||||||||||||||||
De La Forgue de Bellegardb
D'AVIAU DE PlOLANT......
Durand de Villers.......
De Merval.............
Carbonel de Canisy.......
De Scourion de Beaufort . .
Voisin................
Moreau de Bellaing......
Andr� ................
De Gontaut-Biron.......
|
||||||||||||||||
De La Forgue de Bellegarde
De Merval..............
De Carbonnel de Canisy . . . .
De Lestatts.............
Charlerie de la Masseli�re .
Peter .................
Hache.................
Ta�ip�.................
JOCHAUX DU PlESSIX........
Andr� Joubert...........
|
||||||||||||||||
LE CHIC A CHEVAL.
|
|||||||||||||||
De Beaurepaire de Louvagny
Laparre de Saint-Sernin .... |
|||||||||||||||
Sous-lieutenants.
1884.
. . | Chef d'escadron, �cuyer en chef.
> Capitaines couvera.
> Lieutenants sous-�cuyers.
1885. �
. . [ Chef d'escadron, �cuyer en chef.
. . > Capitaines �cuyers. > Lieutenants sous-�cuyers.
Sous-lieutenants. 1886.
. . j Chef d'escadron, �cuyer en chef.
. . J> Capitaines �cuyers. > Lieutenants sous-�cuyers.
1887.
| Chef d'escadron, �cuyer en chef.
> Capitaines �cuyers.
|
|||||||||||||||
De la Forgue de Bellegarde
Carbonnel de Canisy......
De Lestapis............
Charlerie de la Masseliere. .
De Ferluc .............
Picot de Vaulog�........
jochaud du plessix.......
Peter ................
Hache ................
Tamp� ................
De Lizaranzu...........
|
|||||||||||||||
De la Forgue de Bellegarde
Carbonnel de Canisy......
De Lestapis............
Charlerie de la Masseliere .
Picot de Vaulog�........
jochaud du plessix.......
Durand de Mareuil......
De Lizaranzu...........
De Contades-Gizeux......
Doynel de Quincey.......
|
|||||||||||||||
De la Forgue de Bellegarde
Carbonnel de Canisy......
Charlerie de la Masseliere.
Picot de Vaulog�........
jochaud du plessix.......
DoMENECH DE CELLES......
Durand de Mareuil......
De Lizaranzu...........
De Contades-Gizeux......
Doynel de Quincey .......
|
|||||||||||||||
D'Aviau de Piolant
Carbonnel de Canisy Picot de Vaulog� . . Mahot..........
jochaud du plessix .
|
|||||||||||||||
l;e chic a cheval.
|
||||||||||||||||||||||||||
260
|
||||||||||||||||||||||||||
De Lizaranzu........................j
Doynel de Quincey.....................> Lieutenants sous-�cuyers.
L'Hotte.............................)
Champion............................I Sous-lieutenant.
1888.
|
||||||||||||||||||||||||||
D'AVIAU DE PlOLANT .
Carbonnel de Canisy
Picot de Vaulog� . . Mahot..........
|
| Chef d'escadron, �cuyer en chef.
)
> Capitaines �cuyers.
|
|||||||||||||||||||||||||
jochaud du plessix
domenech de celles De Lizaranzu.....
|
||||||||||||||||||||||||||
doynel de quincey .
L'Hotte.........
Champion........
Morgon .........
|
1 Lieutenants sous-�cuyers.
I Sous-lieutenant. |
|||||||||||||||||||||||||
I Chef d escadron, �cuyer en chef.
> Capitaines �cuyers. � Lieutenants sous-�cuyers.
Sous-lieutenants. |
||||||||||||||||||||||||||
D'AVIAU DE PlOLANT .
Carbonnel de Canisy
Picot de Vaulog� . . Mahot..........
jochauddu plessix .
domenech de celles doynel de quincey . Champion........
De Marcieu......
Morgon.........
|
||||||||||||||||||||||||||
noblemaire......
1890.
Carbonnel de Canisy....................| Chef d'escadron, �cuyer en chef.
Mahot..............................\
Voisin................................I
Tamp�..................................> Capitaines sous-�cuyers.
jochaud du plessix........................\
domenech de celles.......................'
doynel de quincey
|
||||||||||||||||||||||||||
L'Hotte .........
|
Lieutenants.
|
|||||||||||||||||||||||||
GaBORIT DE MONTJON
Morgon.........
Noblemaire..............................| Sons-lieutenant.
|
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PRINCIPALES SOURCES CONSULT�ES
|
|||||||
Girard de Nevers (XVe s.).
Mirou�r historial (XIVe s.).
De Goncourt. � Madame de Pompadour. � La
Femme au XVIIIe si�cle. � La Soci�t� sous te Di- rectoire. Le comte d'Hezecques. � Souvenirs d'un page de
la cour de Louis XVI. Baron d'Eisemberg. � Description du man�ge mo-
derne dans sa perfection. Montfaucon de Rogles. � Trait� d'�quitation.
G. Demay. � Le Costume au moyen �ge, d'apr�s les
sceaux. Baron de Rohan. � Principes pour monter et dresser
les chevaux de guerre. Ed. D�taille et J. Richard. � L'Arm�e fran�aise.
BauCHER. � M�thode d'�quitation.
Comte d'Aure. � Trait� d'�quitation.
Cordier. � Trait� d'�quitation.
Baucher. � Souvenirs �questres.
Debost. � Trait� d'�quitation rationnelle.
De Pons d'Hostun. � L'�cuyer de* Dames.
Comte de Montigny. � L'�quitation des Dames. �
Manuel. Pichard. � Manuel des Haras.
Bourgelat. � Le Nouveau Newcastle.
Comte Savary de Lancosme-Br�ves. � Th�orie
de la centaurisation. Vallon. � Cours d!Hippologie.
Capitaine Picard. � Origines de l'�cole de cavalerie.
Dictionnaire des science* (XVIII0 s.).
|
|||||||
Hom�re. � Iliade.
X�nophon. � De VEquitation. Traduction Talbot.
� Du commandant de cavalerie. Traduction Talbot.
Plutarque. � Vie d'Alexandre.
Pol Nicard. � Les anciens ont-ils connu la ferrure
� clous. Colonel Carrion-Nisas. � Histoire g�n�rale de
l'Art militaire. Codex Theodosianus.
Discovery oferrors in the Catalogue of noiilily.
Veg�oe. � Passim.
Ren� d'Anjou. � Trait� de la forme et devis d'ung
Tournois. Ephrem Houel. � Histoire du cheval.
Froissard. � Chroniques.
Penguilly l'Haridon. � Catalogue du Mus�e d'ar-
tillerie. Viollet-Leduc. � Dictionnaire raisonn� du Moliilier
fran�ais. Roumans d'Alexandre (XIII0 s.).
Histoire du roi Artus (XIIIe s.).
Roman de Tristan (XIV s.).
Le Livre de Guyron le Courtois (XVe 3.).
Lancelot du Lac (XVe s.).
Girard de Nevers. � Miroir historial (XVe s.).
G�n�ral Susane. � Histoire de la cavalerie.
Jehan de Vicnay. � Le Livre des esc�ts.
Tristan et IseuU (XVe s.).
Le Livre de Guyron le Courtois (XVe s.).
Le Roman d'Amadas cl Tdoine (XIIIe s.).
|
|||||||
262
|
||||||||||
LE CHIC A CHEVAL.
|
||||||||||
De la Bboue. � Le Cavaleries Fran�ois.
De Pluyinel. � L'Art de monter � cheval. Newcastle. � M�thode nouvelle pour dresser les chc vaux (Anvers, 1658). � Nouvelle M�thode pour
dresser les chevaux (Londres, 1667).
De la Gu�eini�be. � �cole de cavalerie. Du Paty de Clam. � Pratique de l'�quitation, 1769. � La Science et l'Art de l'�quitation d�montr�s d'apr�s
nature (1775). � Diff�rentes parties de l'�quitation
(1781).
Thiboux de Mond�sib.�Manuel du Dragon (1781). Fbeudenbeeg. � Monument du costume physique et moral � la fin du XVLIL0 si�cle.
Cabinet des Modes (1786). La M�sang�be. � Le Costume parisien. Racinet. � Le Costume historiqiee. |
||||||||||
Armeria re�u de maana.
� de Turin. Cil. Aubby. � Histoire pittoresque de l'�quitation.
La Cuene de Sainte-Palave. � M�moires de l'an-
cienne chevalerie. Le Roman de Cari le Loherain (XIIIe s.).
Le Roman de la Charetle (XIIIe s.).
Merangis de Portlesguez (XIIIe s.).
Les Romans dou chastelain de Goucy (XIIIe s.).
Le Livre du roy Modus et de la rogne Racio (XIVe s.).
Des d�duis de la chasse des lestes sauvaiges et des ogseaux
de proye (Gaston Ph�bus XIVe s.). Laueentius Rusius. � Hippiatrica sive marescalia.
C�sar Fiaschi.
Claudio Coete. � Gloria del Cavallo. � Le Cava-
lerice. L'Ecurie du sieur Griscm.
|
||||||||||
Bride de l'�poque de Louis XV.
|
||||||||||
TABLE DES ILLUSTRATIONS
|
|||||
PLANCHES HORS TEXTE.
Pages.
PI. 1. Officier du 5e de hussards, compagnie d'�lite; 1806..................... Frontispice.
PL 2. Un Centaure............................................ 4
PI. 3. Amazone............................................. 8
PL 4. Wlasta; amazones de Boh�me; 735............................... 16
PL 5. Cavalier grec; vers 850 avant J.-C................................ 25
PL 6. Les Huns.................................:........... 86
PL 7. Cavalier romain......................................... 44
PL 8. Chef gaulois........................................... 52
PL 9. Brunehaut, reine d'Austrasie................................... 60
PL 10. Cavalier normand; XIe si�cle................................... 64
PL 11. Richard C�ur-de-Lion....................................... 68
PL 12. Chevalier du XIIe si�cle..................................... 72
PL 13. Gendarme du XIVe si�cle, en harnais de guerre.......................... 76
PL 14. Ch�telaines du milieu du XIVe si�cle............................... 80
PL 15. XV0 si�cle. «... En t�te, le destrier du seigneur mont� par un tr�s petit page....... » � Entr�e
dans la ville des tenants d'an tournoi.............................. 84
PL 16. Armure maximilienne du XYI si�cle............................... 88
PL 17. C�sar Fiaschi........................................... 92
PL 18. Jeune gentilhomme de la suite de Charles-Quint......................... 100
PL 19. Seigneur allemand du XVIe si�cle................................ 108
PL 20. Homme d'armes du XVIe si�cle.................................. 112
PL 21. C�sar-Auguste de Bellegarde, marquis de Termes........................ 116
PL 22. Philippe IV; armure flamande.................................... 124
PL 28. Marquise de Newcastle...................................... 132
PL 24. Un �l�ve du marquis de Newcastle............................... 140
PL 25. Guerrier japonais........................................ 144
PL 26. Un mar�chal de France; 1712................................. 148
|
|||||
264
|
LE CHIC A CHEVAL.
|
|||||||
Pages.
PI. 27. Le « pass�ge » � la Napolitaine ; 1727.............................. 156
PI. 28. La courbette; 1750....................................... 160
PI. 29. Man�ge ouvert; 1751...................................... 164
PI. 80. En l'an YIII.......................................... 168
PI. 81. La rencontre; 1805....................................... 172
PL 32. Paysanne des environs de Caen ; commencement du si�cle.................... 176
PL 33.' Officier des chevau-l�gers lanciers ; 1813............................. 180
PL 34. Le pantalon ce � la Cosaque » ; 1817............................... 184
PL 35. 1834............................................... 188
PL 36. Le trot � l'anglaise; 1835.................................... 192
PL 87. Habill�e par Humann !..................................... 196
PL 38. Amazones d'Humann ; 1837.................................... 200
PL 39. Au man�ge Pellier; 1836.................................... 204
PL 40. Officier des guides de la garde imp�riale ; second empire..................... 208
PL 41. Trompette des cuirassiers de la garde imp�riale.......................... 212
PL 42. Cosaque de la garde........................................ 216
PL 48. Sur les hauts plateaux; 1881................................... 220
PL 44. Officier du 9e de chasseurs en colonne; Sud-Oranais, 1881.................... 224
PL 45. Un piqueux........................................... 228
PL 46. En route pour le drag...................................... 282
PL 47. A la campagne.......................................... 236
PL 48. Promenade au bord de la mer.................................. 240
PL 49. Circassien de l'escorte du czar.................................. 248
PL 50. Monsieur de B****n, sous-ma�tre de man�ge, montant son sauteur, Aristophane, en libert�;
1875............................................. 256
|
||||||||
Chanfrein du cheval de Louis, dauphin de Viennois; 1409.
|
||||||||
GRAVURES DANS LE TEXTE
|
|||||
CHAPITRE PREMIER.
NEPTUNE. � BELL�ROPHON. � LES CENTAURES. � LES AMAZONES.
Pages.
Fig. 1. Lettre orn�e......................................... 1
Fig. 2. Amazone.......................................... 5
Fig. 3. Penth�sil�e , reine des Amazones............................... 7
Fig. 4. Equi�as; buste de la d�esse protectrice des cochers et des chevaux............... 8
CHAPITRE II.
LES ASSYRIENS ET LES BABYLONIENS.
Fig. 5. Lettre orn�e......................................... 9
Fig. G. Bride assyrienne...................................... 10
Fig. 7. Chasse � courre. Bas-relief assyrien de Ninive......................... H
Fig. 8. Longue �p�e des cavaliers assyriens.............................. 12
CHAPITRE III.
LES GRECS; HOM�RE, X�NOPIION, LES MAC�DONIENS.
Fig. 9. Lettre orn�e...................................... . . 13
Fig. 10. « Il est bon de les exercer � sauter un mur ». � X�nophon.................. 15
Fig. 11. Cavaliers grecs traversant un gu�.............................. 17
Fig. 12. En �claireurs..................................... 19
Fig. 13. Troph�e grec........................................ 22
Fig. 14. Eperon de cavalier grec................................... 27
Fig. 15. Bride grecque....................................... 29
Fig. 16. Peinture de vase grec. Collection du chevalier Coghill.................... 31
CHAPITRE IV.
LA FERRURE.
Fig. 17. Lettre orn�e........................................ 33
Fig. 18. Fer saxon ; fer germain ; fer du moyen �ge.......................... 34
CHIC A CHEVAL. 3i
|
|||||
LE CHIC A CHEVAL.
|
|||||||
266
|
|||||||
Pages.
Fig. 19. Fer gaulois; fer celtique; fer gallo-romain........... . . . . ..... 35
Fig. 20. Hipposandales ....................................... 35
Fig. 21. Fers Scandinaves et romains................................ 37
Fig. 22. Sole� ferrese........................................ 38
Fig. 23. Mors romains, celtes, gaulois et visigoths.......................... 39
Fig. 24. Fers du moyen �ge..................................... 40
CHAPITRE V.
LES ROMAINS.
Fig. 25. Lettre orn�e........................................ 41
Fig. 26. Cavalier romain....................................... 43
Fig. 27. Bride romaine ant�rieure � l'empire............................. 45
Fig. 28. Eperon en fer de la fin de l'empire romain.......................... 46
Fig. 29. Bride romaine en usage en France jusque vers le XIIe si�cle.................. 47
CHAPITRE VI.
LES NUMIDES, LES PARTHES, LES SARMATES, LES SCYTHES, LES HUNS.
Fig. 30. Lettre orn�e........................................ 49
Fig. 31. Troph�e barbare...................................... 51
Fig. 32. Les barbares........................................ 53
Fig. 33. Cavalier sarmate ; d'apr�s la colonne Trajane.......................... 55
Fig. 34. �triers antiques; Mus�e de Naples............................. . 57
CHAPITRE VII.
LES GAULOIS ET LES FRANCS.
Fig. 35. Lettre orn�e........................................ 59
Fig. 36. Mors ayant appartenu � l'empereur Constantin........................ 60
Fig. 37. Selle du VHP si�cle..................................... 61
Fig. 38. Eperon de chevalier recueilli sur le champ de bataille d'Azincourt; �peron d'un chef m�rovingien ;
�peron du commencement du XVIe si�cle........................ »
Fig. 39. �perons des IXe, Xe et XIe si�cles............................... 62
Fig. 40. Selle normande du XIe si�cle..................... . ......... 03
Fig. 41. Fouet dont se servaient les dames du moyen �ge pour monter � cheval.............. 64
Fig. 42. Cavalier franc....................�.................. 66
CHAPITRE VIII.
LA F�ODALIT�, LES CROISADES, LA CHEVALERIE.
Fig. 43. Lettre orn�e........................................ 67
Fig. 44. Selles d'armes, d'apr�s VHistoire du roy Artus; ms. du XIIIe si�cle............... 68
Fig. 45. XIIIe si�cle; �peron de roussin; �peron d'armes........................ »
Fig. 46. �trier en usage du Xe au XIIIe si�cle............................. »
Fig. 47. Troph�e d'armes; XIIIe si�cle................................ 69
Fig. 48. Cavalier chargeant; d'apr�s un ms. de 1360......................... . 70
Fig. 49. Chanfrein du XIVe si�cle.................................. »
Fig. 50. Troph�e XIVe si�cle...................................� . 71
|
|||||||
LE GHIG A CHEVAL. 267
Pages.
Fig. 51. Chien employ� contre la cavalerie ; XIV0 si�cle........................ 72
Fig. 52. Mors d'armes du XVe si�cle................................. »
Fig. 53. Bride du cheval de Barnabo Visconti; 1354.......................... »
Fig. 54. Figure du milieu du XIV0 si�cle donnant la position d'un chevalier chargeant dans un tournoi . . 75
Fig. 55. �peron d'armes du commencement du XIV0 si�cle...................... »
Fig. 56. Etrier du XV0 si�cle..................................... »
Fig. 57. Heuses de chasse du XIV0 si�cle............................... 76
Fig. 58. Selle avec le hourd; d'apr�s le « Roman de Tristan » ; fin du XI0 si�cle............ »
Fig. 59. Etrier ajour� pour recevoir un coussinet; fin du XIVe si�cle................... »
Fig. 60. Tournoyeur du XVe si�cle ; ms. du roi Ren�......................... 77
Fig. 61. �peron du XVe si�cle.................................. . »
Fig. 62. Soleret avec l'�peron fixe.................................. »
Fig. 63. Plan d'un champ clos r�serv� � un tournoi; d'apr�s les indications du roi Ren�; XVe si�cle ... 78
Fig. 64. Cimier d'un tournoyeur; XV0 si�cle.............................. 79
Fig. 65. Chanfrein ; XVe si�cle................................... »
Fig. 65. Etrier � fen�tres; XVe si�cle................................. »
Fig. 67. Botte en cuir souple ; ms. de Girart de Nevers........................ 80
Fig. 68. Selle de la seconde moiti� du XV0 si�cle............................ »
Fig. 69. Etrier � grille ; fin du XV0 si�cle............................... »
Fig. 70. Encadrement de page; XVe si�cle.............................. 81
Fig. 71. Mors des XIV0 et XV0 si�cles................................. »
Fig. 72. Harnais de cheval ; XVe si�cle................................ 82
Fig. 73. lieuse de chasse ou de voyage du XV0 si�cle; (Livre de chasse de Gaston Ph�bus)....... 83
Fig. 74. Selle hourd�e; XIV0 si�cle.................................. »
Fig. 75. Bride du XV0 si�cle..................................... 84
Fig. 76. Harnais de t�te du cheval de Charles VI ; d'apr�s une tapisserie de la cath�drale de Reims .... »
Fig. 77. Mors du milieu du XVe si�cle................................. »
Fig. 78. Botte de postillon; XVe si�cle................................ 85
Fig. 79. Etrier du XIV0 si�cle.................................... »
Fig. 80. Etrier de la fin du XV0 si�cle................................. »
Fig. 81. Selle en ivoire du XIV0 si�cle................................ 86
Fig. 82. Cul-de-lampe........................................ »
CHAPITRE IX.
XVIe SI�CLE.
L. RUSIUS. � C. FIASCHI. � FT. GRISON. � LA BROUE.
Fig. 83. Lettre orn�e........................................ 87
Fig. 84. Mors du XVIe si�cle..................................... 88
Fig. 85. id.................................... »
Fig. 86. Fran�ois Ier en harnais de guerre, � Marignan; d'apr�s un des bas-reliefs de son tombeau, � Saint-
Denis ........................................ 89 Fig. 87. Etrier de Fran�ois Ior ; mus�e de Cluny............................ »
Fig. 88. Etrier en bois; XVIe si�cle.................................. 90
Fig. 89. Mors de la premi�re moiti� du XVIe si�cle ......................... »
Fig. 90. Selle d'armes allemande.................................. »
Fig. 91. Selle italienne; commencement du XVIe si�cle........................ 91
Fig. 92. Selle de joute; �poque de Henri II .............................. »
Fig. 93. Mors d�crits par Rusius ; 1530................................ 92
F�g. 94. id. ............................... 93
Fig. 95. Bride de la premi�re moiti� du XVIe si�cle......................... . »
Fig. 96. Etrier � grille ayant appartenu � Maximilien Ier, empereur d'Allemagne ............. 94
Fig. 97. Le marquis d'Ascoli, seigneur de la suite de Charles-Quint................... »
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268 LE CHIC A CHEVAL.
Pages.
Fig. 98. Armure � la romaine de Charles-Quint........................... 95
Fig. 99. Mors du milieu du XVIe si�cle; les branche sont Om,38..................... 96
Fig. 100. Harnais de cheval; XVIe si�cle............................... 97
Fig. 101. Harnais du cheval de Charles-Quint. ............................ »
Fig. 102. Chanfrein du XVIe si�cle. .............'..................... 98
Fig. 103. Bride de parade du cheval de Henri II............................ 99
Fig. 104. Bottes du XVIe si�cle................................... »
Fig. 105. « Mors descripts par F. Grison » ; 1560............................ 105
Fig. 106. Eperon bavarois; premi�re moiti� du XVIe si�cle...................... 106
Fig. 107. �peron bourguignon ; commencement du XVIe si�cle..................... »
Fig. 108. Chevalier en harnais de guerre; fin du XVIe si�cle et commencement du XVIIe si�cle..... 107
Fig. 109. Chanfrein; commencement du XVIe si�cle......................... 108
Fig. 110. � Etrier de Wolfgang de Neubourg, prince de la maison de Bavi�re............... 109
Fig. 111. Plaque de devant d'une selle du XVIe si�cle......................... »
Fig. 112, Chanfrein du XVIIe si�cle................................. 110
Fig. 113. Fer � oreilles de chat, ou � l'aragonnaise; fer � sous-pieds et � crampons........... 111
Fig. 114. �triers du XVIe si�cle.................................... »
Fig. 115. Bottes du XVIe si�cle.................................... 112
Fig. 116. id....................................113
Fig. 117. Etriers allemands..................................... »
Fig. 118. Selle de la mule d'un pr�lat................................. 114
CHAPITRE X.
DIX-SEPTI�ME SI�CLE. � PLDVINKL ET SES SUCCESSEURS.
Fig. 119. Lettre orn�e........................................ 115
Fig. 120. Selle de l'Armeria real de Madrid ; fin du XVIe si�cle..................... 116
Fig. 121. Selle � la Pluvinel..................................... 117
Fig. 122. Le Quintan; mannequin qui frappait de son sabre celui qui le touchait autre part qu'au front. . »
Fig. 123. Botte � la Pluvinel . .................................... 118
Fig. 124. Eperon de l'armure de Louis XIII..................� ........... 119
Fig. 125. Louis XIII rompant en lice; 1617...............................»
Fig. 126. Fa�on de la chambri�re ou fouet; XVIIe si�cle........................ 120
Fig. 127. Selle de l'Armeria real de Madrid.............................. 121
Fig. 128. Lance de joute et lance pour la course de bague ; r�gne de Louis XIII. . ......... . 123
Fig. 129. Canon � la Pignatelle; XVIIe si�cle.............................. 124
Fig. 130. Bottes de l'�poque Louis XIII................................ 125
Fig. 131. Embouchure � la Pignatelle; XVIIe si�cle.......................... 126
Fig. 132. Un cavalier l�ger; Louis XIII................................ 127
Fig. 133. Cavalier; 1638....................................... 128
Fig. 134. �triers de Wallenstein, duc de Friedland; 1600 � 1634.................... 129
Fig. 135. Mors avec des escaches � la Pignatelle............................ 130
Fig. 136. Muserolle allemande dat�e de 1604; collection A. Jubinal................... 131
Fig. 137. Embouchure garnie d'annelettes avec le campanelle; XVIIe si�cle........... ... 132
Fig. 138. Selle de postillon de l'attelage du pape Paul V........................ 134
CHAPITRE XI.
LOUIS XIV. � LE MARQUIS DE NEWCASTLE.
Fig. 139. Lettre orn�e...................................... . 135
Fig. 140. Fonte de pistolet; XVIIe si�cle................................ 137
Fig. 141. Bottes Louis XIV...................................... 138
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LE CHIC A CHEVAL. 269
Pages.
Fig. 142. « Voicy la plus excellente selle qui puisse �tre ». � Comte de Newcastle........... 139
Fig. 143. Cul-de-lampe....................................... 141
CHAPITRE XII.
GASPART DE SAUNIER. � LA GU�PJNI�RE.
Fig. 144. Lettre orn�e....................................... 143
Fig. 145. Selle anglaise ; 1740..................................... 144
Fig. 14G. Selle anglaise � la Ragotski................................. 145
Fig. 147. Masticadour........................................ 140
Fig. 148. Mors vers 1755....................................... 147
Fig. 149. Selle � la royale ; 1740................................... 148
Fig. 150. Botte de postillon..................................... 149
Fig. 151. Selle de postillon..................................... >>
Fig. 152. Trousse-queue........................................ 150
Fig. 153. Fer de chef-d'�uvre.................................... 151
Fig. 154. Bottes Louis XV . . .'................................... »
Fig. 155. Selle � piquer....................................... 153
Fig. 150. Sac qui servait � enfermer la queue du cheval........................ 154
Fig. 157. Bride italienne; XVIIIe si�cle................................ »
Fig. 158. Cavalier de la grande fauconnerie......'....................... 155
Fig. 159. Selle-rase; 1751...................................... 150
Fig. 100. �triers � grilles; XVIIIe si�cle............................... 157
Fig. 101. Eperon arabe en acier incrust�............................... »
Fig. 102. Selle arabe « � la genette »................................. 158
Fig. 163. Fers � cercle, � demi-cercle, � tous pieds, etc................ ....... 159
Fig. 164. Fers anglais, espagnol, allemand, � la turque, etc...................... 160
Fig. 165. Fer � �crou invent� par le comte de Charolais.................... . . . � 102
CHAPITRE XIII.
LES SUCCESSEURS DE LA GU�RIiNIEKE.
Fig. 100. Lettre orn�e........................................ 103
Fig. 107. Fer � planche ; fer � sous-pieds ; 1770........................... 104
Fig. 108. Selle orientale, prise � Belgrade, par Max-Emmanuel..................... 105
Fig. 169. Bride « � la Nestier »................................... 160
Fig. 170. Fer pathologique � pince tronqu�e............................. »
Fig. 171. Mors de l'�cole de Versailles................................. 107
Fig. 172. Costume de cheval � l'anglaise; 1786............................ 108
Fig. 173. Selle de poste; XVIIIe si�cle................................ 169
Fig. 174. Monsieur de Nestier, �cuyer ordinaire de la grande �curie du Roy; 1751............ 170
Fig. 175. Cavalier v�tu » � l'Espagnole »; XVIIIe si�cle......................... 171
Fig. 176. �trier sarrazin....................................... 172
Fig. 177. Selle orientale....................................... 173
Fig. 178. Selle mauresque « � la genette » ; Armeria de Madrid.................... . 174
Fig. 179. Selle orientale prise � Belgrade par Max-Emmanuel...................... 175
Fig. 180. Bottes de la fin du XVIIIe si�cle............................. . 178
CHAPITRE XIV.
LA R�VOLUTION, LE PREMIER EMPIRE.
Fig. 181. Lettre orn�e. ....................................... 179
Fig. 182. Selle anglaise du commencement du si�cle.......................... 180
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270
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LE CHIC A CHEVAL.
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Pages.
Fig. 183. France ; coiffures de la cavalerie l�g�re ; 1789-1830....................... 181
Fig. 184. Cavalier de la garde imp�riale en petite tenue........................ 182
Fig. 185. Troph�e de drapeaux.................................... 183
Fig. 186. Bride de cavalerie l�g�re ; premier Empire.......................... 184
Fig. 187. Paysan du commencement du si�cle............................. 185
Fig. 188. Bottes d'officiers de cavalerie l�g�re ; premier Empire..................... 186
Fig. 189. Amazones premier Empire.................................. 187
Fig. 190. Selle de postillon...................................... 188
Fig. 191. Bride de Cosaque...................................... »
Fig. 192. Uniforme de cuirassier russe. ............................... 189
CHAPITRE XV.
LA RESTAURATION. � LOUIS-PHILIPPE.
Fig. 193. Lettre orn�e........................................ 191
Fig. 194. Jeune sportman; 1833......................'............. 192
Fig. 195. Amazone; 1840.......................................193
Fig. 196. id. ; 1835....................................... 194
Fig. 197. En promenade; 1840.................................... 195
Fig. 198. �trier japonais........................................ 190
Fig. 199. Etrier d'Indien Pahuenche; Patagonie............................ »
Fig. 200. Lance de carrousel ; Saumur................................. 197
Fig. 201. Chevauch�e; 1840.................................... 199
Fig. 202. Amazone; 1841...................................... 200
Fig. 203. Pari gagn� en 1844 par un petit cheval anglais de demi-sang appel� Kob, et qui a pr�c�d� pendant
cent milles (33 lieues) la malle-poste de Boston...................... 201
Fig. 204. �peron des Indiens du Chili................................ 202
Fig. 205. �peron br�silien...................................... »
Fig. 206. Jockey.......................................... 203
Fig. 207. Cavalier espagnol...................................... 205
Fig. 208. �l�gants de 1841...................................... 200
Fig. 209. Le d�part......................................... 207
Fig. 210. Cul-de-lampe....................................... 208
CHAPITRE XVI.
LE SECOND EMPIRE.
Fig. 211. Lettre orn�e........................................ 209
Fig. 212. Amazone; 1850....................................... 210
Fig. 213. Costume de chasse ; 1853.................................. »
Fig. 214. Officier de cavalerie l�g�re; petite tenue........................... 211
Fig. 215. Bride de cavalerie; garde imp�riale, 1859......................... . 212
Fig. 216. Lances ancien mod�le et mod�le 1889............................ 213
Fig. 217. Fers sans clous maintenus avec une bande de caoutchouc, employ�s pendant la guerre de Crim�e
pour les chevaux d�ferr�s. ............................... 214
Fig. 218. Troph�e d'armes russes.................................. 215
Fig. 219. Russie ; chevaliers-gardes.................................. 216
Fig. 220. Un des chevaux du shah de Perse et son gelodar ....................... 217
Fig. 221. Piqueur d'attelage de l'empereur Napol�on III; livr�e � l'anglaise................ »
Fig. 222. Selle de dragons, en usage avant le mod�le actuel...................... 218
Fig. 223. Le prince imp�rial en 1866................................. 219
Fig. 224. Le polo-game........................................ 220
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CHIC A CHEVAL.
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LE
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Pages.
Fig. 225. Aux Indes anglaises. � Courses d'officiers « Ponies races ».................. 221
Fig. 226. Joueur de polo...................................... . 222
Fig. 227. Bride d'officiers de hussards allemands........................... »
Fig. 228. Fera cheval; chambri�re et gants............................. 223
Fig. 229. Monsieur Loyal !...................................... »
Fig. 230. Troph�e de la cavalerie allemande.............................. 228
Fig. 231. Selle allemande......... . '............................ 229
CHAPITRE XVII.
CONTEMPORAINS.
Fig. 232. Lettre orn�e......................................, . 231
Fig. 233. Filet de course...................................... 232
Fig. 234. id........................................... 233
Fig. 235. Bride moderne, dite « bride anglaise »........................... 234
Fig. 236. Bride de la cavalerie anglaise..........■...................... 235
Fig. 237. Selle de voltige et chambri�re modernes........................... 236
Fig. 238. « Going to the meet.................................... 237
Fig. 239. Jeune anglaise..................................... . . 238
Fig. 240. Promenade du matin. ................................... 241
Fig 241. En plaine!. ........................................ 242
Fig. 242. Selles anglaises modernes, avec et sans avances....................... 243
Fig. 243. Selle de cavalerie l�g�re; mod�le 1874............................ 244
Fig. 244. Aux man�uvres...................................... 245
Fig. 245. Carte d'invitation du 8e de dragons....................... ..... 246
Fig. 246. « Paper hunt » donn� en juin 1890 par les officiers du 8e dragons dans les environs de Meaux. . . 247
Fig. 247. 1878; botte Chantilly � tige en drap............................. 248
Fig. 248, Coiffures d'officiers de cavalerie (petite tenue)........................ 249
Fig. 249. « Derribar in campo abierto »................................ 250
Fig. 250. Botte moderne, dite « Chantilly »..........................� . . . . 251
Fig. 251. Cul-de-lampe........................................ 253
Fig. 252. Bride Louis XV (principales sources consult�es ; cul-de-lampe)............... 262
Fig. 253. Chanfrein du cheval de Louis, dauphin de Viennois; 1409 (table des planches hors texte; cul-
de-lampe)........................................ 264 Fig. 254. Harnachement de mule, d'apr�s un dessin du Mus�e du Louvre attribu� au Pisan; fin du
XVe si�cle (table des gravures dans le texte; cul-de-lampe)................ 271
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Harnachement de mule, d'apr�s un dessin du Mus�e du Louvre
attribu� au Pisan; fin du XV" si�cle. |
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TABLE DES MATI�RES
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Pages.
Lettre de M. Henri Lavedax.................................... vu Symphonie du cheval.......................................... ix
CHAPITEE PEEMIER.
Neptune. � Bell�rophon. � Les Centaures. � Les Amazones..................... 1
CHAPITRE II.
Les Assyriens et les Babyloniens...................................... 9
CHAPITRE III.
Les Grecs ; Hom�re, X�nophon , les Mac�doniens............................. 1 :� CHAPITRE IV.
La Ferrure................................................. 3:�
CHAPITRE Y.
Les Romains........................."....................... 41 CHAPITRE VI.
Les Numides, lesParthes, les Sarmates, les Scythes, les Huns....................... 49
CHAPITRE VIL
Les Gaulois et les Francs........................................... 59
CIHC A CHEVAL. 35
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274
|
LE CHIC A CHEVAL.
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CHAPITRE VIII.
Pages
La f�odalit�, les croisades, la chevalerie.................................. 67 CHAPITRE IX.
XVI0 si�cle. � L. Rusius. � C. Fiaschi. � Fr. Grison. � La Broue.................. 87 CHAPITRE X.
XVIIe si�cle. �Pluvinel et ses successeurs................................ 115
CHAPITRE XL
Louis XIV. � Le marquis de Xeweastle.................................. 135 CHAPITRE XII.
Gaspart de Saunier. � La Gu�riai�re................................... 1-13
CHAPITRE XIII.
Les successeurs de La Gu�rini�re...................................... 103
CHAPITRE XrV.
La R�volution; le premier Empire.................................... 179 CHAPITRE XV.
La Restauration. � Louis-Philippe................................... 191
CHAPITRE XVI.
Le second Empire.............................................. 209
m
CHAPITRE XVII.
Contemporains............................................... 231 Le livre d'or. � Composition du man�ge de l'�cole de cavalerie depuis 1872............. 255
Principales sources consult�es........................................ 261
Table des illustrations............................................ 263
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