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CHIC A CHEVAL
HISTOIRE PITTORESQUE DE L'EQUITÀTION
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TYPOGRAPHIE FIRMIN- DIDOT. ---- MESNIL (EURE).
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OFFICIER DU 5e DE HUSSARDS. C"> D'ELITE;
1806. |
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Mb*- 2 S"D
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g5"é
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L. VALLET
ANCIEN CAVALTRR-ÉLÈVE TE l/ÉCOLE DE SAUMUR
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LE
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CHIC A CHEVAL
HISTOIRE PITTORESQUE DE L'ÉQUITATION
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PRÉFACE DE M. HENRI LAVEDAN
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OUVRAGE ILLUSTRÉ
DE PLUS DE 300 GRAVURES DONT 50 EN COULEURS
d'après les dessins de l'auteur
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PARIS
LIBRAIRIE DE FIRMIN-DIDOT ET C'K
IMPRIMEURS DE 1/INSTITUT, RUE JACOB, 56
1891
Reproduction cl traduction réservées. |
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Bibliothrck der
Rijksunivèrsurtt te Utre*àl
Afd. Diergemeskunde
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A
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EDOUARD DETAILLE
SON ADMIRATEUR LE PLUS FERVENT ET LE PLUS RECONNAISSANT
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L. Vam,et.
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_J f*~ f*.
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Mon Cher VALLET,
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Vous avez retrouvé — le long d'un quai probablement? — quelques lignes sur
notre ami le Cheval écrites par moi autour de la vingtième année dans une heure de lyrisme juvénile, et vous me demandez la permission de les placer, à la façon d'une préface, en tête de votre amusant et beau livre : Le chic à cheval. Jamais celte modeste fantaisie n'eût espéré se trouver à pareille fête ; aussi c'est
de bon cœur que je vous en fais le mince cadeau, et que je vous prie de me croire toujours, Votre
Henri LA VEDAN.
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SYMPHONIE DU CHEVAL
Mon royaume pour un cheval!
BOABDIL. Il y a des gens qui adorent les chiens et qui en font la passion de leur vie, des vieilles
filles qui s'énamourent de kakatoès au plumage aveuglant; des poètes, comme Baude- laire, chérissant les angoras fourrés; moi, j'ai toujours eu pour le cheval un vaste et profond amour. Comme l'écrivain aux manchettes, je ne suis pas éloigné de croire que ce soit la plus
noble conquête que l'homme ait jamais faite. 11 réunit en lui toutes les beautés des autres animaux. Du chien il a l'intelligence et la tendresse, moins la rage; du chat la souplesse et l'agilité, moins les griffes et le caractère lubrique; il a les pieds du cerf, la patience du bœuf, l'œil doux de la gazelle, et la crinière du lion. 0 cheval superbe et divin, de quelque côté qu'on tourne les yeux, on aperçoit aus-
sitôt ta silhouette élégante et majestueuse. Tu es partout, mon beau vaniteux ! Dans la Mythologie, tu piaffes parmi les splendeurs et les apothéoses. Tu as pour co-
chers le Soleil, la Nuit; et tu roules les Déesses nonchalamment étendues dans la gloire de leurs conques aériennes. Pas un chemin sauvage et perdu de la légende où ne retentisse ton hennissement. Pas un sentier battu de l'histoire où ton sabot n'ait laissé son empreinte et fait jaillir une étincelle. Pas un événement joyeux de la vie romanes- que où tu ne joues ton rôle. Tu vas des batailles où l'on se tue, aux escapades où l'on s'aime. Tu es le fidèle ami des présomptueux cavaliers, le complice hardi de don Juan. Tu sais marcher sans bruit sous les balcons, au clair de lune, et tu frémis quand tu sens ployer en travers de ta selle le corps des belles filles à moitié pâmées. Et voilà que tu passes à travers les âges et les siècles avec la diversité de tes races,
la variété infinie de tes formes, les mille nuances de tes robes, sous un aspect toujours multiple et toujours nouveau ! Toi, d'abord, fils de Neptune et de Méduse, Pégase aux crins d'argent, qui, d'un coup d'aile, ravis le poète aux sommets de l'Hélicon; vous, nobles coursiers qui, tête baissée, traîniez à pas lents le char d'Hippolyte au bord de la mer retentissante! Bucéphale, écumant sous la cuisse nerveuse du vainqueur d'Ar- belles, tué sur les rives de l'Hydaspe, et pleuré par ton royal maître qui fit bâtir une |
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ville portant ton nom, au lieu même où tu t'étais abattu pour la première et la der-
nière fois! Vainqueur des jeux Olympiques, d'encolure puissante, à la crinière carré ment coupée en brosse comme le cimier d'un casque, parcourant la carrière d'un galop sonore! Hippogriffe velu, farouche, descendu des steppes du Nord aux heures d'in- vasion, aimant à sentir battre sur tes flancs creux la tète de l'ennemi vaincu, et séchant l'herbe où tu passes! Veillantif, bon cheval de Roland, qui, la bouche dégouttante et vermeille, si bien mordais les Sarrasins au visage, dans les gorges de Roncevaux! Cheval-bourreau meurtrissant à travers monts et plaines les membres abîmés de Ma- zeppa, ou broyant aux arbres des forêts le corps blanc de Brunehaut, que les loups suivaient à la trace, langue pendante; Syrien qui galopais si vite, emportant Mohammed dans le vent de l'Hégire! Cheval du Moyen Age caparaçonné de fer et d'acier aux tour- nois, costumé de soie et de velours à la chasse aux faucons, aimé des suzerains, choyé des pages, caressé des reines! Tu restes bien un peu à l'écurie pendant qu'Henri III et ses mignons jouent au bilboquet, mais le Béarnais t'enfourche à nu, tu bondis sous l'éperon de ses robustes bottes, et, plus tard, les enfants aiment à te voir passer sur le Pont-Neuf; tu fais du pas espagnol au manège avec les raffinés de Louis XIII; la queue cravatée de rubans et de passequilles, les jambes en guillemet, tu galopes sur place avec emphase à la porte des somptueux carrosses, dans les rues de Versailles, et tu conduis par les casse-cou du Saint-Bernard le grand petit homme à la redingote grise! Oh! qui que tu sois, Rossinante ou Bucéphale, cheval glorieux ou dada ignoré, anglais souple et plein de feu que Byron mena tant de fois sur le sable du Lido, ou gros percheron em- portant la royauté dans une berline et la faisant verser à Varennes, qui que tu sois, héros de l'histoire, personnage de la fable, enfant de la légende, je t'aime! Je t'ai vu en marbre dans les frises du Parthénon, je t'ai vu en pierre, je t'ai vu en bronze, au fron- ton des arcs de triomphe, et sur le métal des médailles; on a ceint ton front de laurier, tu as été consul, tu as eu des prêtres et des autels! Dieu t'a créé, M. de Buffon t'a dé- couvert, Lamartine et les poètes de Jéricho t'ont chanté, Van cler Meulen, Rubens, Gé- ricault, Carie Vernet, Fromentin, Meissonnier ont fixé sur la toile ta radieuse image, les Coysevox et les Coustou t'ont fait jaillir du plus pur Carrare, tu n'as rien à envier! tu es le vrai roi des animaux, tu mérites qu'on t'honore, et si tu n'as pas d'Invalides ici- bas, on te reverra du moins — un Jour — dans de plus sereines régions où tu auras, comme Pégase, de grandes ailes... Où, joyeux, tu galoperas
Sur des bruyères immortelles !
*
* * Humble cheval de troupe, glorieux serviteur, infatigable compagnon du soldat, c'est
toi qui es encore le plus noble et le plus touchant! Tu es de tous les triomphes et de |
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— XI —
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toutes les défaites : tu te bats par tous les temps et sous tous les cieux, aux Pyramides
et à la Bérésina, à Sébastopol aussi bien qu'à Reischoffen, et quand sonne le tocsin de la faim..., nous savons qu'on te mange. Le luxe et le confort anglais ne sont point faits pour toi. Tu n'as pas de râteliers dorés, de stalles dallées en marbre, un peuple de grooms et de valets pour te peigner et te brosser. On ne t'entoure pas les jambes de flanelles, on ne t'emmitoufle pas de paletots armoriés, on ne te fait pas boire de Cham- pagne... Tu ne connais pas non plus les aboiements de la meute lâchée sous bois les habits rouges laissant de leur laine aux branches vertes, le refrain de l'hallali emporté par la brise d'automne, tout le grand concert de la chasse... Non, tu traînes cinq six., dix ans au plus, et quand tu as lutté, souffert, travaillé, que ton col se penche vers la terre et que ton pied devient moins sûr, te voilà fatalement condamné à la réforme. On t'avait acheté très cher, on te revend cinquante francs, à peine le prix des os qui crèvent ta peau parcheminée..., ta peau qui fait pétiller d'aise les yeux de l'équarrisseur chafouin. Si tu es laid, ce que je te souhaite, tu tombes entre les mains d'un paysan, tu te rem-
plumes un peu au vert, les gamins te grimpent sur le dos en sortant de l'école, et les jours de marché tu tires la voiture aux légumes; à moins que tu ne passes à l'état de cheval de fiacre... et tu connais toutes les misères, des coups tant qu'on en veut, de la nourriture par-ci par-là, entre deux courses, et dame! pas de gloire. Enfin, si malgré l'âge et les fatigues tu portes encore beau, ah! je te plains, mon
pauvre bonhomme! tu iras dans un cirque forain, on te mettra une serviette autour du cou, tu dîneras tous les soirs avec le clown en plâtre qui dit : Miousique! tu indiqueras la jeune personne qui doit se marier dans l'année, et sur un signe du maître, pour ra- masser le mouchoir, tu plongeras dans le sable tes vieux genoux râpés - jusqu'au jour où perclus, les dents trop longues, échoué sur le flanc, tu rendras à Dieu ta pauvre ame de bête qui vaut mieux que bien des âmes d'homme. |
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Henri LAVEDAN.
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LE
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CHIC A CHEVAL
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HISTOIRE PITTORESQUE DE L'ÉQUITATION
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CHAPITRE PREMIER.
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NEPTUNE. — BELLÉROPHON. — LES CENTAURES. -- LES A
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MAZONES.
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travers les fables de la mythologie et les récits
de l'histoire primitive, les premiers noms inté- ressants pour l'histoire de l'équitation, sont ceux de Neptune et de Bellérophon. Les légendes grecques attribuent à Neptune
^^Ut la création du premier cheval. Voulant, à l'exemple de Minerve, qui leur avait fait don d'un arbre précieux, l'olivier, accorder aux Athé- niens une marque de sa bienveillance, le Dieu frappa la terre de son trident; et, bondissant *>",-~ de l'ouverture béante, le cheval, le plus noble des animaux, foula, pour la première fois, le sol de l'Attique.
Quant à Bellérophon, dont le nom est inséparable de celui du cheval ailé Pégase,
il est probable qu'il osa le premier employer le cheval comme monture. Il ne faut donc pas s'étonner que ses contemporains, surpris de cette nouveauté et de l'allure rapide du coursier qu'il montait, aient attribué des ailes à Pégase. Un fait incontestablement plus certain, c'est que les Thessaliens, avant tous les
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crue a cheval.
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LE CHIC A CHEVAL.
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autres peuples de la Grèce, domptèrent des chevaux et s'en servirent pour voyager et
pour combattre, ce qui les fit renoncer à l'emploi des chars, dont Erichtonius leur avait appris l'usage. L'apparition des premiers cavaliers causa aux populations helléniques un tel éton-
nement, qu'elles les considérèrent comme des êtres extraordinaires, moitié chevaux et moitié hommes. Comme ces derniers, pour augmenter leur adresse et leur force, s'exerçaient à
percer des taureaux de leurs flèches ou les terrassaient en les saisissant par les cornes, les Grecs leur donnèrent le nom de Tueurs de taureaux (Kévraupoi). C'est là l'étymologïe du mot Centaures. Les anciens étaient possédés de l'irrésistible besoin d'attribuer à toutes choses une
origine merveilleuse; ils ne manquèrent donc pas de se donner carrière au sujet des Centaures. D'après la légende, ceux-ci avaient eu pour premiers parents Ixion, roi des Lapithes,
et un fantôme, une nuée à laquelle Jupiter avait donné une complète ressemblance avec Junon, la reine des dieux. Cette fable, comme la plupart des traditions mythologiques, masquait ou, plutôt,
dénaturait un fait véritable. Le Jupiter en question, celui dont la femme avait inspiré une vive passion à Ixion,
était un roi de Thessalie. Au lieu de s'irriter de l'amour qu'Ixion éprouvait pour sa femme, ce souverain le maria à l'une des filles d'honneur de la reine. Cette jeune fille s'appelait Néphélé dont le nom a, en grec, le sens de nuée. De ce mariage naquit une race d'hommes intrépides et hardis cavaliers. 11 est, du reste, d'autres légendes relatives à l'origine des Centaures. D'après l'une
d'elles, ils auraient eu pour père Jupiter. Une autre donne pour parents, à l'un des plus célèbres de ces êtres fabuleux, Saturne et Philyre. Après la mort de leur père, les Centaures réclamèrent à Pirithoûs, autre fils d'Lxion,
leur part de l'héritage paternel. Leur demande ne fut pas accueillie par Pirithoûs. Ir- rités de se voir frustrés de leurs droits et, sans doute aussi, d'être considérés plutôt comme des animaux que comme des créatures humaines, les Centaures décla- rèrent la guerre à Pirithoûs. Cependant, un accommodement intervint entre les deux peuples, et, en signe de *
réconciliation, Pirithoûs invita les Centaures à assister aux fêtes de son mariage avec Hippodamie. Au milieu du festin, les Centaures, en hôtes mal appris et peu courtois, se mirent
en devoir d'enlever la nouvelle épousée et plusieurs des femmes présentes à la fête. C'était, on en conviendra, manquer aux règles de la plus élémentaire politesse. Par malheur pour les Centaures, Hercule, que les liens d'une étroite amitié unissaient à Pirithoûs, se trouvait au nombre des invités. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Ce héros, qui employait ses loisirs au redressement des torts, qui s'était voué au
rôle ingrat de faire la police de l'univers, ne pouvait laisser impunie une aussi grave infraction au code de la civilité. Assisté de Thésée et de Nestor, qui étaient aussi de la fête, il s'opposa aux violences de mauvais goût des Centaures, qui expièrent cruellement la grossièreté de leurs procédés. En effet, ils tombèrent en grand nombre sous les coups de leurs adversaires justement exaspérés. C'est là le fameux combat des Centaures et des Lapithes. A la suite de cette scène de carnage, les Centaures furent complètement expulsés de
la Thessalie et se virent dans la nécessité de se réfugier dans les montagnes de l'Arca- die. Ils furent du reste loin de s'y tenir tranquilles, et, à tous moments, ils s'élançaient hors de leur repaire pour piller et dévaster les contrées voisines. 11 faut pourtant admettre que tous les Centaures n'étaient pas dépourvus de civilité,
de sentiments de générosité, car l'un d'eux, Pholus, oubliant la rude leçon qu'Hercule avait infligée à ses semblables, lui offrit l'hospitalité pendant qu'il était à la recherche d un sanglier redoutable, le sanglier d'Érymanthe, dont il voulait débarrasser l'Arca- ûie. Le Centaure fit fort bien les choses et ne ménagea pas ses meilleurs vins. irries de ne pas être de la fête, les autres Centaures, qui avaient un goût prononcé
pour les vins de choix, ne surent pas résister à la tentation de prendre de force ce qu on ne leur offrait pas de bon gré. Ils vinrent donc troubler la fête; mais, malgré les armes formidables dont ils avaient eu soin de se munir, à savoir des troncs d'arbres avec leurs racines et des miawio™ ^ ^ ues quartiers de roc, ils essuyèrent une défaite complète. Les
redoutables flèches d'Hercule firpnt mo,,i i •-
wouie nrent mordre la poussière à un grand nombre d'entre eux.
Le combat terminé, Pholus se mmnn,in • •
„„ , . , ' ° comporta avec une insigne magnanimité envers ses
on patriotes morts. Laissant de côté toute rancune, il leur rendit les derniers devoirs
comme a ses parents. Il fut du reste fort mal récompensé de sa générosité : en effet, il se blessa avec une flèche arrachée du corps d'une des victimes d'Hercule et mourut peu de jours après. Hercule fit de magnifiques funérailles à Pholus, et lui éleva un tombeau sur la mon-
tagne appelée depuis Pholoé. Rendant les Centaures responsables de la mort de son hôte, Hercule résolut de leur
m iger un châtiment exemplaire. Il se mit donc à leur poursuite. Connaissant par
expérience la puissance des flèches du héros, ceux-ci cherchèrent le salut dans la fuite;
eaucoup d'entre eux, cependant, tombèrent sous les coups de leur terrible ennemi.
s survivants se réfugièrent à Malée et se mirent sous la protection de Chiron, le plus
sage des Centaures, qui avait enseigné l'astronomie à Hercule. ^ Hercule attaqua de nouveau les Centaures auprès de Malée; et, pendant le combat,
Chiron fut blessé au genou par une flèche destinée à un autre. Chiron était immortel; mais, comme sa blessure, faite par une flèche empoisonnée, était inguérissable et lui causait d'atroces souffrances, il supplia avec tant d'instance les dieux de le soustraire |
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4 LE CHIC A CHEVAL.
au supplice incessant qu'il éprouvait, que ceux-ci consentirent à exaucer ses prières et
le placèrent dans le ciel, parmi les signes du Zodiaque. C'est le Sagittaire. L'accident arrivé à Chiron augmenta encore l'irritation qu'Hercule éprouvait contre
les Centaures. Il extermina sans pitié tous ceux qu'il put atteindre. Ceux qui échap- pèrent à ses coups se réfugièrent dans les cavernes du promontoire de Malée, d'où, grâce à la protection de Neptune, ils purent gagner l'île des Sirènes, dont le séjour fut loin de leur être favorable, car leur race ne tarda pas à s'éteindre. M. Paravey, qui s'est beaucoup occupé de recherches sur l'origine des Centaures,
croit en avoir retrouvé la trace dans des documents chinois remontant à une très haute antiquité. Un ouvrage chinois qui ne traite que des nations étrangères à la Chine, le Pian-
y-Tien, parle en effet d'un peuple qu'il appelle Ting-Ling, nation de cavaliers adroits et infatigables, dans laquelle M. Paravey croit reconnaître la tige des anciens Sarmates, des Polonais et des Russes de l'époque actuelle. « L'ouvrage chinois contient même un dessin représentant un homme de cette na-
tion, et sa configuration est en effet assez caractéristique. Il a les cheveux longs, légè- rement bouclés, et ses jambes sont des jambes de cheval avec des sabots parfaitement reconnaissables. Certes c'est là une coïncidence au moins étrange. « Les Ting-Ling faisaient trente lieues par jour, habitaient les steppes du nord de
l'Asie et ne gravissaient pas les montagnes. Il est impossible de ne pas reconnaître dans les Ting-Ling un peuple essentiellement cavalier. » Ajoutons qu'un autre ouvrage chinois, le Chanhay-King, livre de mythologie auquel
on donne près de 4000 ans d'antiquité, parle, lui aussi, de ces mêmes Ting-Ling. Si, d'autre part, on se souvient que, chez les Grecs, les Centaures étaient souvent pris
comme le type de l'intelligence et de la science, tel Chiron, le savant précepteur de Castor et de Pollux, de Palamède et de Thésée, le père adoptif d'Esculape, on est frappé du nom ethnique des Ting-Ling qui, en chinois, signifie précisément « intelligence su- prême ». Un autre rapprochement assez curieux, c'est que le second mot de ce nom, Ling,
contient, en chinois, le caractère idéographique de la pluie ou des nuées, ce qui présente quelque intérêt, car nous avons parlé précédemment du mariage d'Ixion avec Néphélé (nuée en grec), mariage d'où sont issus les Centaures, d'après les fables helléniques. Notons encore que, sur les cartes japonaises, la Russie actuelle est désignée par le
nom de Kontourya, qui signifie pays des Centaures. De plus, un célèbre orientaliste, M. deHammer Purgstall, nous apprend que les Russes asiatiques ont pour ancêtre Thiras ou Ros, fils de Japhet; or, ces noms présentent une certaine ressemblance avec ceux de Taures et de Centaures. Les Égyptiens, eux aussi, ont imaginé des monstres moitié hommes et moitié che-
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UN CENTAURE.
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L
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LE CHIC A CHEVAL. 5
vaux. On en trouve la trace clans plusieurs de leurs monuments. Pline l'Ancien assure
même avoir vu, à Rome, une momie de Centaure embaumée dans du miel et venant d'Egypte. C'est là un fait dont il convient de ne point trop s'étonner, car les Égyptiens étaient des maîtres en charlatanisme. Quoi qu'il en soit de toutes ces légendes, une chose est certaine, c'est que l'apparition
dés premiers cavaliers provoqua, chez les peuples qui ignoraient l'art de monter les chevaux, un sentiment d'étonnement et d'épouvante; et que leur imagination en fit des monstres tout à la fois hommes et chevaux. L'antiquité croyait aussi à l'existence de femmes vouées au métier des armes et com-
battant à cheval. Ce sont les Amazones. A plusieurs reprises, elles eurent à soutenir f
des luttes contre les Centaures.
D'après les écrivains anciens qui en par-
lent, elles habitaient sur di/ers points de l'Asie et même de l'Afrique. Strabon, Palé- phate, Arrien et plusieurs écrivains mo- dernes ont regardé leur existence comme fabuleuse. Dans l'origine, elles habitaient, dit-on,
les rives du Thormodon, dans le Pont, et avaient pour capitale Thémiscyre. Elles étendirent leurs conquêtes des frontières de l'Assyrie au Tanaïs, et bâtirent Éphèse, Smyrne et Magnésie. Voici ce qu'en racontent les anciens :
« Après la mort de Ninus, fondateur______________________________________
de l'empire assyrien et vainqueur des Scythes, sa femme et son fils, Ninus et Scolo-
pites, tous deux du sang royal des Scythes, exclus de sa succession, se retirèrent avec leurs partisans clans la Sarmatie asiatique, au delà du Caucase, où ils formèrent un établissement et d'où ils firent des courses dans les pays qui avoisinent le Pont-Euxin. Fatigués de ces hostilités, leurs voisins se réunirent et exterminèrent tous les mâles. Les femmes, pour venger le massacre de leurs maris et pourvoir à leur sûreté,
établirent une nouvelle forme de gouvernement, élurent une reine, résolurent d'exclure tous les hommes et de renoncer pour jamais au mariage. Dans cette vue, elles mirent à mort tous les hommes que le hasard avait épargnés. « Mais, pour perpétuer cette société nouvelle, elles se rendaient, tous les ans, sur les
frontières, pour contracter, avec leurs voisins, des unions passagères; encore fallait-il que chacune eût tué auparavant trois ennemis. Les filles qui naissaient de ces alliances |
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LE CHIC A CHEVAL.
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étaient élevées avec soin, mais les garçons étaient mis à mort, dit Justin, ou estropiés
(Diodore), ou renvoyés à leur père (Quinte-Curce). « Vers l'âge de huit ans, au plus tard, elles brûlaient ou oblitéraient par une forte
pression, la mamelle droite de leurs filles (d'où leur vient leur nom : a privatif et pxÇdç mamelle), pour les rendre plus habiles à tirer de l'arc. « Leurs habits étaient les peaux de bêtes qu'elles tuaient à la chasse ; ils s'attachaient
sur l'épaule gauche, et, tombant sur le genou, laissaient à découvert toute la partie droite du corps. En guerre, la reine et les autres chefs portaient un corselet formé de petites écailles de fer, attaché avec une ceinture, et leur tête était défendue par un casque orné de plumes. Le reste de leurs armes consistait en arcs, flèches, javelines et une hache d'armes, inventée, dit-on, par Penthésilée, une de leurs reines. Leur bouclier avait la forme d'un croissant. « Après avoir fait de grandes conquêtes, soumis la Crimée et la Circassie, rendu
l'Ibérie, la Colchide et l'Albanie tributaires, elles furent presque entièrement détruites par Hercule, qui fit leur reine prisonnière et la donna à Thésée pour prix de sa valeur. » Les plus célèbres des Amazones sont : Sphione, qui vint féliciter Jason; Ménalippe,
qui donna sa ceinture à Hercule; Hippolyte, qui envahit l'Attique; Antiope, qui fut vaincue par Thésée; Penthésilée, qui marcha au secours de Troie et tomba sous les coups d'Achille; Thalestris, qui visita Alexandre; Thomyris, qui infligea une sanglante défaite à Cyrus et le fit mettre à mort. Les anciens mentionnent aussi l'existence d'Amazones en Afrique. Ces Amazones sub-
juguèrent les Atlantes et furent, elles-mêmes, vaincues par Hercule. Les habitants de la Phrygie et de la plupart des contrées de l'Asie Mineure préten-
daient descendre des Amazones. Sur lés médailles de la ville de Trajanopolis, on remarque une Amazone à cheval.
Parmi les plus belles sculptures où figurent des Amazones, il faut citer, en première
ligne, le groupe en bronze connu sous le nom à'Amazone du Thermodon. Ce groupe, qui est admirable de vie et de mouvement, orne le péristyle extérieur du musée de Ber- lin. OEuvre de Kiss, il représente une guerrière à cheval luttant contre un lion. Chose curieuse, si l'on examine les monuments de l'art antique : statues, bas-reliefs,
médailles, où sont figurées des Amazones, on constate que rien ne vient confirmer l'o- pinion de ceux qui prétendent qu'elles se déformaient la poitrine. Sur tous ces monu- ments, l'Amazone est représentée telle que la nature a formé toutes les femmes; et, si elles ont réellement existé, ce qui ne nous semble pas impossible, il y atout lieu de croire que la coutume barbare, mentionnée par certains auteurs, étaitloin d'être générale parmi ces femmes guerrières. S'enlaidir, en effet, n'est pas le moyen de plaire; or, si les Amazones aimaient les
aventures, les plaisirs de la chasse et les émotions violentes des champs de bataille, les légendes disent aussi qu'elles n'avaient pas un complet dédain pour l'art de plaire. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Les Amazones de l'antiquité ne sont pas les seules dont on ait conservé le souvenir.
Au huitième siècle, d'après une légende bohémienne, une princesse de Bohême, nom-
mée Libussa, s'était formée une garde du corps entièrement composée déjeunes filles. Elle avait mis à la tête de cette aimable troupe une jeune fille appelée Wlasta, qui était, parait-il, « d'une force et d'une adresse peu communes ». Libussa mourut en 735. Wlasta persuada alors à ses compagnes de se rendre in-
dépendantes; puis, elle fit bâtir, sur le mont Widowlé, un fort où elle s'établit avec ces nouvelles Amazones. Przemyslas, duc de Bohême, envoya à
ces insurgées d'un nouveau genre, un de ses officiers, qui avait mission de les som- mer de rentrer dans le devoir et de resti- tuer les domaines qu'elles avaient usurpés. Wlasta ne tint aucun compte des ordres de son souverain et, pour toute réponse, elle lui renvoya son représentant, après lui avoir infligé d'horribles traitements. Ensuite, elle fit construire, auprès de Wissegrad, un nouveau fort, auquel on donna le nom de Diewin; et, avec sa troupe, qui s'était singulièrement accrue, elle rançonna sans |
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Penthèsilêe, reine des Amazones.
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pitié tous les pays environnants. Przemys-
las eut alors recours à la force; il envoya une armée pour réduire les rebelles; mais cette armée subit une honteuse défaite. Wlasta ne fut pas seulement une femme de guerre remarquable, elle donna aussi
des lois à son peuple. « Elle publia », dit Gley, « un code dont les trois derniers articles statuaient qu'il était
défendu aux hommes de porter les armes sous peine de mort; qu'ils ne pouvaient aller à cheval que les jambes jointes et pendantes sur le côté gauche du cheval; que celui qui oserait monter autrement serait puni de mort; que les hommes, à quelque classe qu'ils pussent appartenir, devraient conduire la charrue et faire tous les travaux, tandis que les femmes combattraient pour eux; que les jeunes filles choisiraient elles-mêmes leurs maris, et que celui qui rejetterait leur choix serait puni de mort. » Pendant huit années consécutives, Wlasta ravagea les régions avoisinant les deux
positions qu'elle occupait. Przemyslas se décida alors à mettre fin à cet état de choses insupportable. 11 marcha en personne contre les rebelles et prit d'assaut le fort de Wi- dowlé. Les Amazones qui le défendaient ayant obstinément refusé de se rendre, il les fit toutes passer au fil de l'épée. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Wlasta se trouvait à Diewin lorsqu'elle apprit la chute de Widowlé. Aussitôt, elle
donna l'ordre d'égorger vingt-quatre prisonniers qu'elle avait en son pouvoir, et, réunissant tout ce qui lui restait de combattantes, elle marcha à la rencontre de Prze- myslas. Après une lutte acharnée, la fortune des armes se prononça contre les Ama- zones, qui périrent toutes les armes à la main. |
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Equéias. buste de la déesse protectrice des cochers et des chevaux.
Découvert en 1807 à Milrowicz (Hongrie). |
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AMAZONE.
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CHAPITRE
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II.
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LES ASSYRIENS ET LES BABYLONIENS.
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es légendes concernant les Centaures attestent que
l'usage du cheval de selle remonte, en Europe, à une très haute antiquité; mais il est à peu près établi ou, du moins, on a tout lieu de supposer que les peuples de l'Asie ont été les premiers à se servir du cheval comme monture et, surtout, à employer à la guerre de grandes masses d'hommes à cheval. L'Egypte, dont d'innombrables monuments ont
permis de reconstituer les annales et la civilisation, qui est considérée comme la plus ancienne du 1 Egypte, aux temps reculés de son histoire, ne possédait pas de cavalerie, s égyptiens savaient dompter le cheval, ils le harnachaient, souvent avec un grand /e5 ils l'attelaient, mais il ne leur vint jamais à l'idée de l'enfourcher. Dans leurs aimées, les chars de guerre tenaient lieu de cavalerie. Les Assyriens et les Babyloniens, au contraire, étaient des cavaliers adroits et hardis, our s en convaincre, il suffit de jeter un coup d'œil sur les admirables bas-reliefs que °n a découverts dans les ruines des édifices grandioses élevés par ces deux peuples. n y trouve une preuve absolument documentaire de l'antiquité de l'équitation. C est incontestablement à ces peuples, dont la civilisation présente un caractère si par- ticulier, à ces peuples, qui avaient, tout à la fois, des goûts si raffinés et des instincts si cruels, qui cultivaient avec passion les arts de la paix et étaient possédés de la soif t'es aventures et de l'amour des conquêtes, que revient l'honneur d'être les pères de ï'équitation. |
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Du reste, les Assyriens et les Babyloniens ne se bornèrent pas à être des écuyers
émérites; et tout porte à croire que s'ils remportèrent d'éclatants triomphes, comme celui de Mageddo, s'ils firent de rapides et vastes conquêtes, si Sennachérib et Assur- bani-pal purent parcourir en vainqueurs l'espace qui sépare l'Euphrate du Nil, fouler aux pieds le sol sacré de Thèbes, ils le durent, en grande partie, à leurs redoutables es- cadrons. Un des bas-reliefs du palais de Nimrod, qui, grâce à M. Layard, figurent au British
Muséum, nous montre le souverain chassant à courre. Il est accompagné de deux écuyers qui portent l'un des flèches, l'autre une lance. Le souverain, dont les cheveux et la barbe sont soigneusement calamistrés, est coiffé d'un riche diadème. Il est vêtu d'une robe couverte d'élégantes brode- ries, robe serrée à la taille par une double ceinture rehaussée d'or et de pierreries. Ses jambes sont serrées dans une sorte de maillot assez semblable aux tissus de mailles dont se servirent plus tard les guerriers du moyen âge. Il est chaussé de sandales à quartiers, montant à mi-jambes et lacées sur le devant. C'est là un costume fort approprié à l'équitation et bien plus pratique que celui des élégants d'aujourd'hui, dont le pantalon ou la culotte dite anglaise, d'une largeur exagérée, ne manque pas d'un certain cachet de ridicule. Bride assyrienne. Le harnais des chevaux assyriens, harnais bien asiatique par sa richesse, atteste que les Assyriens étaient un peuple
cavalier, qu'ils aimaient les chevaux, qu'ils savaient les soigner et les parer. La crinière des chevaux assyriens est coupée en brosse, et la queue, qui semble on-
dulée, est prolongée par un long gland effiloché. Les crins des boulets paraissent soi- gneusement faits. La bride, que décorent de multiples ornements, est bien mieux entendue, bien plus
simple que celles qui furent en usage au moyen âge et pendant le dix-septième et le dix-huitième siècle. Le mors est une sorte de filet, à branches recourbées; sa branche inférieure forme un
anneau, où s'attachent les rênes. Les montants s'élargissent aux oreilles, pourconstituer la têtière, à laquelle est adapté un ornement, dont la forme rappelle celle du cimier du casque assyrien. La sous-gorge est simple, et semble bien à sa place. Le frontal est fait d'une sorte de gros bourrelet, probablement teint d'une couleur éclatante; il se termine par deux glands de passementerie. Enfin, de chaque côté du front, partent des croisillons, qui viennent se rattacher au-dessus du mors. Les rênes sont divisées en deux parties : la première, assez fine, est double et se fixe
à l'anneau du mors ; la seconde, plus grosse, a la forme d'une corde à nœuds, et vient se réunir à la première par un énorme gland. |
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Un riche tapis remplace la selle, et ne semble assujetti au cheval qu'au moyen d'un
large poitrail, garni d'ornements de métal et d'effilés. En outre, le cheval porte deux très beaux colliers : le plus large est composé de pièces
de métal ouvrées; l'autre, plus étroit, est orné de petits glands. Les chevaux semblent être d'un fort beau modèle. Leur tête est petite, l'œil grand,
les naseaux larges; l'encolure est longue, la ligne du dos courte et bien soudée, l'épaule longue et oblique; la cuisse, bien musclée, présente une plus belle culotte que celle des chevaux orientaux modernes. Le cheval assyrien a des membres nets, avec des muscles |
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Chasse à courre. Ras-rclicr assyrien de Ninive.
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< es tendons bien détachés. Il a du boyau, et ne mérite, en somme, que deux re-
proches : de manquer un peu de garrot, ce qui se comprend si on considère qu'il est entier; et d'avoir les canons un peu longs. Le bas-relief dont nous avons fait mention, un peu plus haut, nous apprend aussi que
les Assyriens étaient d'excellents cavaliers. E n effet, sur ce bas-relief, qui représente une chasse, les chevaux du roi et de sa suite sont au galop allongé; et le roi, qui a bandé son arc, et se prépare à tirer sur le fauve qu'il poursuit, a dû abandonner les rênes de sa mon- ture. Il vise en se penchant légèrement en avant, et son attitude atteste qu'il est aussi à l'aise que possible. Pas plus que lui, du reste, ses écuyers n'ont l'air de novices en équitation. Le premier
tend à son maître des flèches de rechange; et le second, comme nous l'avons dit, porte |
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la lance du roi. Leur costume est moins riche que celui du souverain. Il en est de même
pour le harnachement de leurs chevaux. Le tapis qui leur sert de selle consiste en une peau de bête. A cette môme époque, c'est-à-dire plus de 1000 ans avant J.-C, nul autre peuple n'a-
vait poussé aussi loin, que les Assyriens, l'art difficile de l'équitation. |
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Longue épée des cavaliers assyriens.
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CHAPITRE III.
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LES GRECS, HOMÈRE, XÉNOPHON, LES MACÉDONIENS.
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es légendes relatives aux Centaures et aux Amazones sont une
preuve indubitable que, vers l'an 1000 avant J.-C, certaines peuplades voyageaient et combattaient à cheval; mais, si l'on considère combien cette pratique parut extraordinaire aux Grecs, on est forcé d'admettre que l'emploi du cheval de selle n'était alors qu'une rare exception. C'est vers cette époque, sans doute, qu'Homère composa
ses deux immortelles épopées. Un point important à noter,
c est qu il n'y fait pas mention de cavaliers; Grecs et Troyens ne se servent du cheval
que pour l'atteler à leurs chars de guerre. Du reste, ces deux peuples considéraient
e cneval comme un animal noble entre tous; ils l'entouraient de soins particuliers, et
le harnachaient avec recherche.
« Alcimus et Automédon, les écuyers d'Achille, placent les chevaux sous le joug,
qu ils lient avec de riches courroies; ils mettent le mors dans la bouche des coursiers,
" a"ongent les rênes en arrière jusqu'à ce qu'elles touchent au siège solide. Automédon
le fouet éclatant, et monte sur.le char; Achille y monte après lui; son armure
celle comme l'astre brillant du jour; et, d'une voix formidable, il adresse ces paroles
aux coursiers de son père :
Aanthe et Balie, noble race de Podarge, songez à ramener votre guide au milieu
es Grecs, quand nous serons las de la guerre; et, comme Patrocle, ne le laissez pas périr dans la plaine. » |
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« Xanthe, coursier impétueux, incline la tête, et lui répond aussitôt, en laissant flotter
sur le joug sa longue crinière, qui retombe jusqu'à terre; ce fut la déesse Junon qui lui donna la voix : « Nous te sauverons aujourd'hui, terrible Achille; mais le jour de ta mort approche,
et ce n'est point nous qui en serons coupables, mais une divinité puissante et ta des- tinée funeste; ce n'est point non plus par notre lenteur ou notre paresse que les Troyens arrachèrent les armes des épaules de Patrocle; un dieu puissant, né de la blonde La- tone, l'immola, aux premiers rangs, et donna la victoire à Hector. Quand nous volerions aussi vite que Zéphyr, qu'on dit être le plus rapide des vents, ton destin sera toujours de périr, sous les coups d'un dieu et d'un héros. » A ces mots, les Furies arrêtent sa voix; alors Achille indigné lui répond : « Xanthe, pourquoi me prédire la mort? De tels soins ne t'appartiennent pas. Je sais
que je dois périr sur ce rivage, loin de ma mère et d'un père chéri; cependant je n'a- bandonnerai point les batailles avant que les Troyens soient rassasiés de guerre. » « Il dit, et, jetant de grands cris, le héros pousse aux premiers rangs ses coursiers vi-
goureux. » Au chant vingt-troisième, Homère raconte les funérailles de Patrocle. Les funé-
railles, chez les anciens, se terminaient par des jeux en l'honneur des dieux et du défunt; parmi ces jeux viennent en première ligne les courses de chars; et je ne puis résister au désir de citer ces magnifiques pages, qui montrent que les Grecs décernaient " de grands honneurs aux vainqueurs de ces courses, auxquelles les plus illustres de leurs chefs ne dédaignaient pas de prendre part. « D'abord Achille destine des prix superbes aux agiles conducteurs de chars : le pre-
mier recevra une belle captive, habile en toutes sortes d'ouvrages; il recevra aussi un vase à trois pieds garni de ses anses, et contenant vingt-deux mesures; à celui qui le suivra de plus près, le héros donnera une cavale indomptée, âgée de six ans, et portant un mulet dans son sein; au troisième, il réserve un riche bassin qui contient quatre mesures, et qui n'a point encore été noirci par le feu; le quatrième aura deux talents d'or; et le cinquième, une urne à double fond, qui jamais n'approcha de la flamme. Alors, debout au milieu des Argiens, Achille parle en ces termes : « Atrides, et vous, vaillants capitaines des Grecs, voici dans celte enceinte les prix
réservés aux écuyers vainqueurs. Si, pour un autre guerrier, les Grecs célébraient ces jeux, moi seul, dans ma tente, j'emporterais tous ces prix, tant, sur les autres, mes cour- siers excellent en valeur, car ils sont immortels. .Ce fut Neptune qui les donna à mon père Pelée, et mon père me les a confiés. Je resterai spectateur des combats, moi et mes chevaux impétueux. Hélas! ils ont perdu l'écuyer, à la fois doux et vaillant, qui jadis oi- gnait d'une huile brillante leur superbe crinière, après l'avoir lavée dans une onde lim- pide : maintenant, immobiles, ils pleurent ce guide chéri; leurs longs crins flottent en désordre dans la poudre; et ils sont accablés de tristesse. Cependant entrez dans la car- |
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rière, vous tous qui, parmi les Grecs, êtes pleins de confiance en vos coursiers et en vos
chars. » « Ainsi parlait le fils de Pelée. Soudain s'avancent des écuyers habiles : le premier est
le roi Eumèle, fils chéri d'Admète, et savant à conduire un char. Après lui vient le fort Diomède, fils de Tydée; il met sous le joug les coursiers de Tros, que naguère il enleva à Enée, garanti, lui-même, de la mort par Apollon. Ensuite, paraît le fils d'Atrée, le |
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superbe Ménélas; il at-
telle deux nobles cour- siers, son fidèle Podarge et la cavale /Ethé, qui appartient à Agamem- non. Jadis, Echépolus, |
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U est bon de les exercer à mute,
un mur. , - Xékophon. |
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fils d'Anchise, la donna
à ce roi, pour se dispenser e suivie au rivage de la superbe Ilion, heureux de goûter le repos clans ses foyers; P er 'avait comblé de richesses, et il habitait Sicyone, située au milieu d'une P aine. Ménélas place sous le joug cette jeune cavale, impatiente de franchir la e. Le quatrième, qui prépare ses coursiers aux crins ondoyants, est Antiloque, aillant de Nestor, prince du sang de Nélée. Les chevaux vigoureux qui en- ent son char naquirent dans Pylos. A ses côtés, son père, Nestor, lui donne d'utiles nseils, quoique Antiloque soit, lui-même, rempli de sagesse. » |
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Ces conseils résument les connaissances qu'avaient les anciens sur l'art de conduire
des coursiers, et les règles qui présidaient à ces sortes de courses. « Antiloque », dit-il, « dès ta plus tendre enfance, tu fus aimé de Jupiter et de Neptune ;
eux-mêmes t'enseignèrent à diriger un char : il n'est plus besoin de t'instruire, et tu sais avec dextérité tourner autour de la borne; mais tes coursiers sont pesants; et je redoute quelque accident funeste. Tes rivaux ne sont pas plus habiles que toi, mais leurs chevaux sont plus rapides. Courage, ami, rappelle en ton esprit toutes les ressources de la prudence, afin de ne pas laisser échapper le prix. L'ouvrier qui façonne le chêne doit plus à son adresse qu'à sa force; c'est aussi par son adresse que le pilote dirige sur la mer profonde le navire que ballottent les vents ; de même, par son adresse, l'écuyer peut triompher de son rival; celui qui se confie témérairement à ses coursiers et à son char, erre çà et là, sur la plaine : ses chevaux s'égarent dans la carrière, et il ne peut les re- tenir; mais celui qui agit avec prudence triomphe, quoique ses chevaux soient moins prompts; sans cesse, il regarde le but, et tourne tout auprès; il n'oublie point qu'il ne faut pas d'abord abandonner les rênes; il les tient d'une main assurée, et observe avec soin celui qui le devance. Je vais te désigner la borne; tu la reconnaîtras aisément; c'est là où tu vois s'élever de terre, à la hauteur de trois coudées, le tronc aride d'un chêne ou d'un pin, que n'ont point endommagé les pluies; des deux côtés, sont des pierres blanches, placées à l'endroit où le chemin a le moins de largeur, et, tout autour, la lice offre une surface unie : c'est sans doute la tombe d'un héros, mort anciennement, ou, peut-être, une limite posée par les hommes des premiers âges. Telle est la borne qu'a désignée l'impétueux Achille : c'est près de ce but que tu dois diriger tes chevaux et ton char. Assis sur le siège élégant, penche-toi vers la gauche, anime de la voix le cour- sier qui est à ta droite, et que tes mains lui abandonnent les rênes. En même temps, pousse le coursier qui est à ta gauche, de telle sorte que le moyeu de la roue brûlante semble effleurer la borne; mais évite de heurter la pierre; tu pourrais ou blesser tes chevaux ou briser ton char. Quelle joie pour tes rivaux ; et, pour toi, quel opprobre ! Mon fils, agis toujours avec prudence; si tu doubles la borne dans ta course rapide, nul ne pourra t'atteindre ni te devancer; non, lors même que, derrière toi, un héros exciterai l'ardeur du noble Areion, rapide coursier d'Adraste, et d'une origine céleste, ou les che- vaux impétueux deLaomédon, chevaux vaillants, qui furent nourris sur ce rivage. » Lorsque tous les concurrents sont réunis, on tire les places au sort, Achille donne le
signal, et la course commence. Antiloque exhorte alors, en ces termes, les coursiers de son père : « Élancez-vous », disait-il, « hâtez votre course rapide; je ne vous demande point de
lutter de vitesse avec les chevaux du fils de Tydée, puisque Minerve les a remplis de force, et veut combler de gloire ce héros; mais, du moins, atteignez le char du fils d'Atrée; ne modérez pas votre ardeur, et ne soyez pas honteusement vaincus par ^thé, qui n'est qu'une faible jument; pourquoi rester en arrière, coursiers intrépides? Je le |
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WLASTA, AMAZONES DE BOHÊME;
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jure, et j'accomplirai ce serment, vous ne recevrez plus les soins de Nestor, pasteur des
peuples, et lui-même vous immolera de son fer aigu, si, par votre lâcheté, nous ne rem- portons qu'un prix inférieur... » « Il dit : les coursiers effrayés des menaces de leur maître, accélèrent, pendant quelque
temps, leur allure. » Dépassé par Antiloque, Ménélas, à son tour, gourmande vivement ses chevaux.
Le chef des Cretois, Idoménée, qui était placé hors de l'enceinte, dans un endroit élevé, d'où il dominait tous les autres, se rendit compte, le premier, du résultat de la |
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< urse. Il entencht la voix de Diomède, qui excitait ses coursiers, et ne tarda pas à distin-
guer le cheval qui tenait la tète : « Son poil est d'une couleur fauve éclatante; et, sur le ont, il porte une marque blanche arrondie, semblable à la lune dans tout son éclat. • ^course terminée, bien des paroles amères, bien des propos injurieux sont échangés entre les concurrents; mais Achille calme ses amis et les jeux continuent. ',""me °° Peut facilement s'en rendre compte en parcourant l'Iliade, Homère n'y fait
paginention de cavaliers. On peut pourtant se demander si Achille n'avait pas appris
c,. , equitatl0n> car il avait eu, pour précepteur, un cavalier fameux, le Centaure
^ UI^'C e il est bien difficile d'admettre que Chiron, qui avait formé son élève avec tant
ici ude, n'ait pas fait de lui un homme de cheval accompli.
i ion veut aussi que les Amazones soient venues au secours des Troyens ; mais,
cest la, on le comprend, un point bien difficile à éclaircir. n tout cas, un fait est certain, c'est que, ni dans l'Iliade ni dans l'Odyssée, on ne voit
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'"•"in a ciieval.
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aux prises des troupes d'hommes à cheval; il n'y est pas fait mention de cavaliers; les
chevaux paraissent bien sur les champs de bataille, ils y font fort bonne figure; mais en tant que chevaux de trait attelés à des chars de guerre. Du reste, on ne peut conclure du silence de l'auteur des poèmes en question, que
l'équitation fût encore inconnue de son temps; car il paraît bien probable qu'il avait sous les yeux une civilisation beaucoup plus avancée que celle dont il retraçait les mœurs. Quoi qu'il en soit, ce n'est que vers le sixième siècle avant notre ère que l'on trouve sur
l'équitation des renseignements présentant le caractère de la certitude historique. Le premier ouvrage sur l'art de monter à cheval dont il soit fait mention dans l'his-
toire, est celui de Simon. Simon d'Athènes vivait vers le sixième siècle avant notre ère; Pline l'Ancien en
parle dans son Histoire naturelle (XXXIV, XIX. 15). L'ouvrage de ce Simon était inti- tulé : « Ilipposcopique ou le Parfait Maréchal. » Et c'est tout ce qu'on en sait, puisque, malheureusement, il n'est pas parvenu jusqu'à nous. C'est lui qui, d'après Xénophon, avait érigé le cheval d'airain qu'on voyait dans l'Éleusinium (Temple de Cérès et de Proserpine), et qui avait gravé ses faits et gestes sur le piédestal sur lequel était placé ce cheval. Ce sont là tous les renseignements que l'on possède sur Simon d'Athènes et sur ses œuvres. J'ai prononcé le nom de Xénophon. Personne n'ignore que ce merveilleux écrivain
fut un des grands capitaines de cavalerie de l'antiquité, en même temps qu'un des plus beaux hommes de son temps; ce qu'on sait moins, peut-être, c'est qu'il a laissé sur l'é- quitation, le dressage et l'achat du cheval de guerre un admirable traité. Je parlerai un peu plus loin de ce traité, mais il convient d'abord de résumer, en quelques mots, la vie de cet homme remarquable, qui fut à la fois grand écrivain, philosophe éminent, ca- pitaine habile et écuyer consommé. On fixe généralement la date de la naissance de Xénophon à la quatrième année de la quatre-vingt-troisième olympiade, 445 ans avant J.-C. Son père s'appelait Gryllus, et était, sans doute, ce qu'on appelle, de nos jours, un gentleman far mer. « La première éducation de Xénophon », dit M. Eugène Talbot, à la savante traduction
duquel nous ferons plus d'un emprunt, « fut vraisemblablement celle de tous les jeunes > Athéniens. Apprendre par cœur les poèmes d'Homère, les sentences de Soion, de Théo- gnis et de Phocylide, étudier les éléments de la grammaire, les mathématiques et les principes de la stratégie; se former, sous la direction des pédotribes, aux exercices de la gymnastique et de la natation, monter à cheval, s'endurcir le corps et étendre à une distance merveilleuse la portée de la vue, par une pratique passionnée et intelligente de la chasse; parcourir, suivi de ses chiens et de ses garde-filets, l'immense forêt d'oliviers qui couvrait le Pédion, asile des essaims d'oiseaux que le printemps ramène d'Asie; re- monter vers les plaines accidentées, vers les coteaux boisés et giboyeux du nord de l'At- tique, ou bien s'enfoncer sous les chênes et les sapins du Brilesse, pour y lutter contre |
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les loups et les ours; telles étaient, selon toute
apparence, les occupations de Xénophon ado- lescent. » Un jour, raconte Diogène de Laërte, le jeune
homme rencontre Socrate dans une rue étroite. Celui-ci, lui barrant la route avec son bâton, lui demande de lui indiquer le marché aux vivres, puis, sans transition, s'il sait où les hommes se forment à la vertu. Xénophon, sur- pris, on le serait à moins, tarde à répondre. « Suis-moi donc », lui dit alors Socrate, « je te l'apprendrai », et le voilà devenu le disciple et l'ami de l'illustre philosophe. A dix-huit ans, il fait ses premières armes
dans la milice des Péripoles, sorte de gardes- frontières, qui servaient à l'intérieur, de dix-huit à vingt ans. A vingt ans, il est incorporé dans les troupes de la République et il assiste au combat de Délium. Pen- dant la déroute, le cheval de Xéno- phon est tué, et lui-même est blessé. Soerale, heureusement, l'a aperçu; il le charge sur ses épaules, le por- te pendant plu- sieurs stades et lui sauve ainsi la vie. Un peu plus tard, Xénophon, appelé par son ami Proxène, se rend |
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/.'/, éclaireurs
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à Sardes, à la cour
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de Cyrus le Jeune, fils du roi de Perse Darius Iî. 11 gagne vite l'amitié du jeune prince et
prend part à la lutte engagée par Cyrus contre son frère Artaxerxès. Après la bataille de Cunaxa, bientôt suivie du meurtre de Cléarque et clés stratèges de l'armée grecque, Xénophon est nommé général, et dirige alors la retraite fameuse des dix mille volon- taires grecs qu'il ramène dans leur patrie, après des prodiges d'énergie et d'héroïsme. Lorsque Xénophon rentra à Athènes, il eut la douleur de n'y plus retrouver Socrate,
son maître et son ami, qui avait été condamné à boire la ciguë. Il ne tarda pas à devenir, lui-même, suspecta ses concitoyens, qui voyaient en lui un ennemi de leurs institutions. Ces institutions, on le sait, étaient alors ultra-démocratiques. Accusé de laconisme, c'est- à-dire d'avoir des sympathies pour la forme de gouvernement qui régissait la rivale d'Athènes, et d'être en trop bons termes avec les ennemis de sa patrie, Xénophon fut condamné à l'exil. Il quitta donc Athènes, avec sa femme et ses deux fils, et se rendit auprès d'Agésilas, qui l'accueillit avec distinction. Emporté par le ressentiment contre ceux qui l'avaient banni, il se laissa aller à porter les armes contre son pays, et combattit, à Coronée, dans les rangs des Spartiates. Il se retira ensuite à Scillunte, petite ville située à vingt stades d'Olympie, où il mourut, selon l'abbé Barthélémy, à l'âge de quatre-vingt-dix ans, en l'année 354 avant J.-C. Des deux fils de Xénophon : l'un, Diodore, ne fit rien de remarquable; mais l'autre,
Gryllus, qui servait dans la cavalerie, fut tué à Mantinée, après avoir, dit-on, blessé Épaminondas. Les deux seuls ouvrages de Xénophon qui doivent nous occuper ici, sont ceux inti-
tulés : « De l'Equilation, » et, « le Commandant de cavalerie. » Xénophon, cavalier accompli et homme de guerre éminent, savait, par l'expérience
que lui en avait donnée la retraite des dix mille, de quelle utilité peut être, en campagne, une cavalerie bien montée, bien équipée et bien exercée ; sa grande préoccupation fut donc de faire partager ses idées à ses concitoyens, et de doter Athènes, sa patrie, d'une cavalerie disciplinée et capable de rendre de grands services. « L'absence totale, ou le mauvais état de la cavalerie était un des côtés faibles du sys-
tème militaire des Athéniens. Tout entiers à la marine, ils s'appliquaient surtout à former de bonnes troupes navales et une bonne infanterie. » Son système d'équitation, exclusivement basé sur la pratique, répond absolument à
ce qu'on appelle aujourd'hui Y Equitalion du dehors, système préconisé jusqu'à l'exa- gération, à l'époque actuelle, par les Anglais et par les anglomanes français. « Une longue pratique de l'équitation nous donnant à penser que nous en avons
quelque expérience, nous voulons indiquer aux jeunes gens de nos amis la méthode que nous croyons la meilleure pour bien manier un cheval (1). » Et, d'abord, Xénophon indique comment il faut choisir et acheter le poulain, énu-
(1) Tous les passages empruntés à Xénophon sont tirés de l'excellente traduction de M. E. Talbot.
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mérant, pour chaque partie du corps, les défauts qu'il importe d'éviter, et les qualités
qu'il convient de rechercher. « Au sortir de la poitrine, le cou ne doit pas pencher comme celui d'un sanglier;
mais il doit remonter en ligne droite, comme chez le coq, et être évidé à l'endroit de la flexion. » Le chapitre II est intitulé : « Del'Élevage et du dressage. » 11 est des plus intéressants :
d'abord, parce qu'il nous montre que, comme aujourd'hui, et comme de tout temps, la cavalerie a été et est l'arme de prédilection de l'aristocratie et des classes supérieures : « La cavalerie, en effet, se recrute dans nos villes parmi les citoyens les plus riches, ceux qui ont la plus grande part aux affaires »; et, ensuite, en ce qu'il nous apprend que les anciens regardaient le dressage comme n'étant pas du ressort du cavalier, mais comme devant être attribué à une classe spéciale et inférieure, elle-même, à la classe des « gens de cheval ». Voici, du reste, ce passage, qui feramieux comprendre ce que nous venons de dire : « et, au lieu de dresser des poulains, il importe beaucoup plus à un jeune homme de fortifier sa santé et de s'instruire dans l'équitation, s'il sait déjà monter et s'exercer au maniement du cheval. D'autre part, il convient mieux à un vieillard de s'occuper de sa maison, de ses amis, des affaires politiques et militaires, que de passer son temps à élever des chevaux. Celui donc qui pensera comme moi donnera son poulain à dresser. Il doit en être sous ce rapport comme d'un enfant qu'on met en apprentissage; on fixera par écrit ce que le cheval doit savoir quand on le reprendra dressé. Ce sera, pour le dres- seur, un programme à suivre exactement, s'il veut toucher le prix convenu. » Cela est certes bien éloigné des principes et des habitudes de notre temps où l'on pré-
tend, et avec juste raison, qu'il ne suffit pas de savoir se servir d'un cheval dressé, mais qu'il importe d être en état de le former; et où l'homme qui est vraiment cligne du titre de sportman, l'officier surtout, dresse, lui-même, le cheval qu'il monte, le prend jeune cheval et le mène jusqu'au bout du dressage. Son cheval est donc ce qu'il l'a fait; il a le mérite des qualités qu'il lui a données. Le vrai sportman n'est pas seulement un homme fortuné, montant avec élégance et correction un cheval, pour le dressage du- quel il ne s'est donné aucune peine, mais un homme qui s'est astreint à instruire, lui- même, sa monture. Après d'excellents conseils sur les moyens de rendre le cheval « ami de l'homme, »
Xénophon traite de l'achat du cheval dressé. Tout d'abord, il parle de l'âge. Comme il se sert de l'expression marquer, il est permis de croire que les Grecs contrôlaient l'Age du cheval d'après l'usure de ses dents. Les conseils qu'il donne pour le choix et l'achat «lu cheval de guerre, n'ont rien de
suranné et resteront, sans doute, éternellement vrais. « Quand nous avons l'intention d'acheter un cheval de campagne, il faut essayer
d'abord s'il est dressé à toutes les manoeuvres que la guerre exige; c'est, à savoir, de franchir les fossés, de sauter les murs, de s'élancer, de haut en bas et de bas en haut, |
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sur des tertres, de galoper dans les montées, dans les descentes
ou sur le flanc des collines. Toutes ces épreuves montrent s'il a le corps sain et le cœur généreux. Il ne faudrait pourtant pas rejeter- un cheval qui ne ferait pas tout cela dans la perfection; chez un grand nombre de chevaux, ce sont moins les moyens que l'expé- rience qui manque. Le montage, l'habitude, l'exercice, les amène- ront à bien faire, du moment qu'ils sont bien portants et qu'ils ont du cœur. » Et il termine en disant : « ... mais les chevaux lâches qui ne vont qu'à force d'aiguillon, de même que ceux qui, par trop d'ardeur, exigent beaucoup d'attention et de caresses, occupent trop la main du cavalier et découragent dans les moments critiques. » M. de Lancosme-Brèves, dans sa très intéressante étude intitulée : « Guide de l'ami du cheval », publiée en 1855, apprécie ainsi le passage qui précède : Ce chapitre nous prouve que cet écuyer célèbre connais-
sait parfaitement le cheval de guerre; et il était difficile qu'il poussât plus loin ses connaissances hippiques, étant toujours occupé à faire la guerre. 11 dressait le cheval comme le ferait aujourd'hui un hardi coureur de steeple-chase, solide et bien botté, bien éperonné; avec cette différence toutefois qu'il se reudait un compte exact de l'animal qu'il avait entre les jambes, et qu'il est très rare qu'un gen- tleman possède de telles connaissances. » N'oublions pas que M. de Lancosme-Brèves écri- vait en 1855. Le chapitre IV traite de l'écurie, de la nour-
riture et des moyens de fortifier le pied. C'est dans ce chapitre que se trouve le fameux passage, qui a été tant de fois cité, sur le moyen de fortifier la corne du cheval; nous y reviendrons en parlant de cette question qui a soulevé tant de polémiques; question qui est de savoir : si les anciens ont connu la ferrure à clous. Ce chapitre se termine par ce passage qui prouve combien, déjà,
on attachait d'importance à la bouche du cheval : « Cependant, autant il faut durcir les sabots, autant on doit chercher à rendre la bouche tendre, et on attendrit par les mêmes moyens la peau de l'homme et la bouche du cheval. » Pour rendre la bouche du cheval fraîche et tendre, on avait l'ha-
bitude, alors, de la laver avec de l'eau tiède et de l'huile. |
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U
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Trophée grec.
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LE CHIC A CHEVAL.
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Au chapitre V, Xénophon décrit les devoirs du palefrenier. Ce chapitre et le suivant,
qui n'en est que la suite, sont de nature, dit M. de Lancosme-Brèves, à mériter l'at- tention de tout homme de cheval. 11 est terminé par ce curieux passage : « Nous supprimons le lavage tics jambes; cette ablution journalière est inutile; elle
nuit même à la corne, tandis que l'eau conserve les crinières longues et touffues. On évitera aussi de laver le dessous du ventre : cette opération chagrine beaucoup le cheval ; et, plus cette partie est propre, plus les mouches s'y portent et le gênent....... pour les
jambes, il suffira de les frotter avec les mains. » Nous avons bien changé cela.
La fin du chapitre VI mérite aussi d'être citée, et pourrait servir de leçon à bon nombre
de nos modernes cavaliers. Après avoir recommandé que le palefrenier sache enlever son maître à la mode persique, c'est-à-dire en lui faisant un point d'appui de ses deux mains, Xénophon ajoute : « Ne jamais user de colère avec les chevaux est un bon précepte, une excellente habi-
tude. La colère ne raisonne pas; elle fait souvent l'aire des choses dont on est forcé de se repentir. Quand un cheval s'effraye d'un objet et refuse d'en approcher, il faut lui faire comprendre qu'il n'a rien à craindre, surtout si c'est un cheval de cœur; autrement, il faut aller toucher, soi-même, ce qui lui fait ombrage, et l'y amener ensuite avec douceur. Ceux qui les y contraignent à force de coups ne font qu'augmenter leur frayeur; car les chevaux s'imaginent que la douleur qu'ils ("prouvent, dans cette circonstance, leur vient de l'objet qui les effraye. » Et la dernière phrase de ce chapitre nous apprend une curieuse habitude des
cavaliers grecs : « Quand le palefrenier, en présentant le cheval au cavalier, le fait plier de manière à
rendre le lever plus facile, c'est une manière que je ne blâme nullement; je crois pour- tant nécessaire de s'exercer à monter sans que le cheval baisse la croupe. » Le chapitre VII nous indique la position à cheval préconisée par Xénophon. L'auteur
ajoute ensuite comment on doit partir graduellement au galop, en passant par le pas et le trot, et nous apprend qu'il était reçu de partir au galop du pied gauche. 11 explique cependant, d'une façon parfaite, ce que nous appelons galoper aux différentes mains. Puis, il veut qu'on descende de cheval à l'endroit même où l'on a travaillé : « Afin », dit-il, « qu'à l'endroit où le cheval est contraint de travailler, il y trouve aussi le repos. » Le chapitre VIII est relatif au saut des fossés, au galop dans les descentes et dans les
montées, aux manœuvres préparatoires à la guerre. L'auteur y décrit, entre autres choses, tous les moyens que nous employons actuellement pour apprendre aux chevaux à sauter. Dans le chapitre IX, qui traite des chevaux vicieux, et qui serait à citer tout entier, on
trouve ce remarquable paragraphe : « L'homme ne se met pas en colère quand on ne l'offense ni en paroles ni en actions:
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LE CHIC A CHKVAL.
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de même on n'irrite pas un cheval fougueux si l'on évite de le chagriner. Il faut donc,
tout d'abord, en le montant, avoir soin de ne pas lui causer de souffrance. Une fois à cheval, tenez-le en place plus longtemps que tout autre, et portez-le en avant par les moyens les plus doux. « Vous commencez par les allures les plus lentes, puis, vous passez successivement
au trot et au galop, sans que le cheval s'en aperçoive. Tout ordre transmis brusque- ment par le cavalier trouble un cheval ardent, comme tout ce qu'un homme voit, en- tend ou souffre contre son attente. « Il faut savoir que tout ce qui est subit lui donne de l'inquiétude. Voulez-vous retenir
un cheval ardent, qui cherche à gagner, il ne faut pas, pour l'arrêter, tirer toutd'un coup, mais user moelleusement de la bride, le ralentissant avec douceur, et non de force. Les exercices sur la ligne droite apaisent mieux les chevaux que les changements de direc- tion répétés, et les allures modérées éteignent peu à peu l'ardeur du cheval, dont elles calment la fougue, au lieu de l'animer. Croire que des courses vives et fréquentes, où l'on fait renoncer le cheval, servent à le calmer, c'est se tromper du tout au tout : car, mené ainsi, le cheval ardent essaye de gagner de violence; et, dans sa fougue, comme l'homme colère, il peut se faire, ainsi qu'à son cavalier, des maux sans remèdes. » Nous doutons qu'il soit possible, à notre meilleur homme de cheval moderne, de
mieux parler de la manière de calmer un cheval inquiet. Le chapitre X, qui traite du cheval de guerre, de la beauté des allures et de la mise
en main, est, peut-être, le plus curieux et le plus intéressant de tout l'ouvrage. Il est impossible d'expliquer avec plus de lucidité, l'embouchure et les moindres parties de la bride, et quand Xénophon écrit : « On peut d'ailleurs corriger autant qu'on veut la du- reté du mors en lâchant ou en retenant la main. » Il résume toute la théorie de la main. Quant à ce qu'il dit des allures, nous ne saurions mieux faire que de citer le passage
en entier : « Si l'on veut avoir un cheval de guerre qui ait de belles allures, et qui se fasse regar-
der, il ne faut pas lui lever la tête en même temps qu'on l'actionne du fouet et de l'épe- ron : beaucoup de gens croient lui donner ainsi du brillant; mais il arrive à ces gens-là le contraire de ce qu'ils veulent. En effet, en lui relevant trop la tête, on empêche le cheval de voir devant soi, on le rend aveugle; en l'éperonnant et en le fouettant, on l'effraye au point qu'il se trouble et vous met en danger : or, c'est justement ce qui arrive aux chevaux qui se plient avec le plus de peine aux exercices du manège, et qui s'y comportent mal, au lieu de s'y distinguer. Mais, si l'on apprend à un cheval à ma- nœuvrer à brides lâches, et à relever le cou en ramenant la tête, on lui fera faire ainsi ce qui lui plaît et ce qui le flatte. La preuve qu'il y prend plaisir, c'est que, lorsqu'il approche d'une troupe de chevaux, il relève le cou et ramène la tête avec fierté, lève les jambes avec souplesse, et porte la queue haute. |
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CAVALIER GREC; VERS 350 AVANT .).-('.
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Si donc on exige de lui l'habitude qui lui donne le meilleur air, on se créera un
cheval heureux de sa prestance, superbe, brillant, regardé. |
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« Il faut aussi, nous ne nous lassons pas de le dire, il faut, si le cheval a bien fait,
l'en récompenser. Vous apercevez-vous qu'il se plaît dans une belle position de tête et dans un léger appui, ne faites rien qui puisse le chagriner, comme si vous vouliez en exiger quelque chose; au contraire, flattez-le, comme si vous n'aviez plus rien à lui demander. |
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« Et alors ceux qui le voient disent : Que voilà un cheval généreux, dispos, bien
drossé, phin de cœur, superbe, à la fois doux et terrible à voir. Si donc il est quelqu'un qui souhaite pareil succès, que cela soit écrit pour lui. » Le chapitre XI, traitant du cheval de parade et des moyens de le dresser, n'est ni
moins remarquable ni surtout moins intéressant; il nous apprend que Xénophon et ses contemporains savaient ce que c'est que la courbette, et qu'ils employaient pour y arriver des moyens qui sont encore en usage. Il nous dit tout d'abord : « Si vous voulez un cheval de parade qui s'enlève, qui ait
de 1 éclat, vous n'aurez pas ces avantages de toute espèce de chevaux; mais il en faut un qui réunisse une grande âme à un corps vigoureux. » Il décrit ensuite le cheval qui est particulièrement apte à ces sortes d'exercices, et indique les moyens qu'il préconise pour l'y dresser. te sera plutôt celui dont le rein est court, souple et fort,... un cheval ainsi fait
I ura engager franchement les jambes de derrière sous son avant-main. 8 m, après l'avoir placé dans cette position, vous marquez un temps d'arrêt, il s'as-
a sur les jarrets, relèvera l'avant-main de manière à montrer à ceux qui lui font acc, son ventre. Quand il fait ce mouvement, rendez-lui la main, et alors on verra •P1 il prend, de lui-même, la plus belle pose du cheval. » l uis il nous montre que nos savetiers des manèges civils et des cirques, qui ne sa-
vent dresser le cheval qu'au moyen de ficelles et non par la science et l'application des principes, n'ont rien inventé. Quelques personnes ont aussi pour méthode, afin d'apprendre ce mouvement au
cheval : les unes, de toucher le dessous des genoux avec une baguette; les autres, de taire courir, à côté du cheval, un homme qui lui frappe, avec un bâton, le dessous des bras. » Donc rien de nouveau sous le soleil : de tout temps, il y eut seulement quelques hommes
habiles et savants et beaucoup de charlatans; et, hélas! les applaudissements de la foule vont bien plus souvent encourager les derniers que récompenser les premiers. |
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CHIC \ CHEVAL.
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« C'est sur des chevaux prenant cette belle attitude », dit Xénophon, en terminant,
« qu'on nous représente les dieux et les héros; et les hommes qui manient bien les che- vaux ont je ne sais quel air de grandeur. En effet, un cheval qui se dresse est quelque chose de si beau, de si frappant, de si magnifique, qu'il fixe les regards de tous ceux qui le voient, jeunes ou vieux. On ne peut ni le quitter, ni se lasser de le considérer, quand il se montre ainsi dans tout son éclat. » Le chapitre XII et dernier de ce remarquable ouvrage traite de l'armure du cavalier et
de celle du cheval. Ce chapitre donne pleinement raison à M. Viollet-Leduc lorsqu'il prétend que les armures du cheval étaient connues des anciens; voici, en effet, le passage qui s'y rapporte : « Comme le cavalier court le plus grand péril s'il arrive quelque chose à son cheval,
il faut aussi armer le cheval d'un chanfrein, d'un poitrail et de garde-flancs; cette der- nière pièce pourra couvrir en même temps les cuisses du cavalier. » Voilà qui est dé- cisif! Malheureusement, aucune représentation complète de ces armures ne nous est parvenue; aussi est-il impossible de savoir, au juste, quelle forme elles affectaient et de quelle façon elles étaient attachées. Passons, maintenant, au second ouvrage de Xénophon, relatif aux questions hippiques :
« 'l7ï-ap^r/.oç : Du Commandant de cavalerie. » Il est généralement admis que ce traité a été écrit par Xénophon pour son fils Gryllus,
chef de la cavalerie athénienne, et tué à Mantinée. « Avant tout », dit le grand écrivain, « il faut sacrifier aux dieux et les supplier de ne
t'inspirer que des pensées, des paroles et des actions propres à mériter, dans ton com- mandement, le suffrage du ciel, le tien, celui de tes amis, ainsi que l'affection de la République. » Magnifique début, bien digne de ce grand capitaine et de cet éminent philosophe.
Xénophon dit plus loin : « Les cavaliers que tu enrôles doivent être, conformément à la loi, des citoyens aisés et robustes............................ |
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Je regarde comme un bon moyen de faire voir aux jeunes gens le côté brillant de la
cavalerie. » Il faut conclure de ce passage que la cavalerie athénienne était un corps de privilégiés, une élite brillante. Cette cavalerie était, du reste, fort peu nombreuse. Xéno- phon parle ensuite de ce que nous appellerions, aujourd'hui, les exercices en terrains variés; il veut que les cavaliers s'exercent, « dans la campagne ou ailleurs », à galoper sur toute sorte de terrains. Puis, il nous apprend que la cavalerie athénienne coûtait à l'État, environ 40 talents, soit 220,000 francs ; et il termine le premier chapitre par ces lignes, qui nous fournissent de précieux renseignements sur l'origine des carrousels : « Un motif très puissant, à mon sens, pour que les phylarques(l) aient à cœur de coni- (1) Officiers sous les ordres de l'IIipparque ou Commandant de la cavalerie et qui répondaient, à peu près, à nos
chefs d'escadrons. |
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LE CHIC A CHEVAL. -27
mander chacun un escadron bien équipé, c'est d'avoir des éclaireurs 1res élégamment
armés, de les obliger fréquemment à lancer le javelot et de leur en donner, toi-même, l'exemple, après être devenu fort à cet exercice. Si, en outre, on pouvait proposer aux tribus des prix pour tous les exercices de cavalerie qui sont offerts en spectacle, ce serait, je crois, un merveilleux stimulant à l'émulation des Athéniens : témoin ce qui se fait pour les chœurs, où, pour de faibles prix, on se donne tant de mal, on fait tant de dé- penses. Seulement, il faut, en pareil cas, avoir des juges dont les vainqueurs puissent être fiers. » Le chapitre II : « De l'Ordonnance des escadrons », commence ainsi : « Quand tes ca-
valiers seront ainsi exercés, il faudra qu'ils sachent se ranger dans un certain ordre, qui rendra plus pompeuses les fêtes des dieux, plus belles les évolutions de ta troupe, plus glorieux ses combats, s'il y a lieu; plus faciles et moins confuses, les marches sur les routes et à travers les passages difficiles. » « Le chef », ajoute-t-il, « doit être, sous tous les rap-
ports, un homme propre à la place qu'il occupe. Vaillant, s il s agit de charger l'ennemi, ses ordres communiquent son feu au premier rang; et, s'il faut battre en retraite, sa prudence le met mieux à même de sauver ses compa- gnons d'armes. » u chapitre III : « Des Evolutions appropriées aux
jours de fête et aux exercices de l'hippodrome », Xé- |
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nophon décrit toutes les évolutions qui se faisaient à
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Éperon de cavalier grec.
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l'Académie, au Lycée, à Phalère ou dans l'hippo-
ome, et qui devaient présenter un magnifique spectacle, sous le beau ciel bleu de
la Grèce. c îapitre IV traite des marches à la guerre, et nous apprend que ces marches se
aisaient partie à cheval et partie à pied, les escadrons mettant pied à terre, tour à tour, -ouiager les chevaux et aussi les hommes, dont les jambes pendantes devaient sin- gulièrement se fatiguer. recommande d'envoyer des éclaireurs, absolument comme nous le faisons de nos
joui.s au service en campagne: « Toutefois, quand vous quittez les grands chemins, pour ici dans des pas difficiles, il sera fort utile, en pays ennemi ou ami, d'envoyer des ireurs en avanl de chaque escadron; s'ils rencontrent des bois, ils y pénétreront et in- quel ont aux cavaliers les manœuvres à faire pour que des files entières ne s'égarent »i 1 on marche à proximité d'un danger, un chef prudent enverra éclaireurs sur ireurs pour reconnaître les positions de l'ennemi..... Presque tout le monde sait
a) et pourtant il en est peu qui veuillent prendre cède peine, il convient que le
OMMANDANT, DURANT LA PAIX, ÉTUDIE, LUI-MÊME, NON SEULEMENT le pays ennemi, mais LE
SIEN MÊME... » |
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Il n'est vraiment pas possible de dire mieux, en moins de phrases, et nous n'avons
décidément pas inventé grand'chose. Au chapitre V : « Des Moyens de surprendre l'ennemi », Xénophon dit, entre autres :
« Mais c'est au commandant à connaître les points sur lesquels l'infanterie est supérieure à la cavalerie et la cavalerie à l'infanterie. Il faut avoir encore l'adresse de faire pa- raître nombreux un petit corps de cavalerie, ou petite une troupe nombreuse; d'avoir l'air présent quand on est absent, ou absent quand on est présent; de savoir non seule- ment surprendre les secrets de l'ennemi, mais surprendre ses cavaliers mêmes, pour leur faire charger l'ennemi à l'improviste. » Il faudrait tout citer dans cet admirable traité, où nous ne voyons pas grand'chose
qui ne puisse être mis à profit par l'officier de cavalerie moderne. « En conséquence », dit-il plus loin, « ou bien il ne faut pas se mêler de commander,
ou bien, indépendamment des autres dispositions, il faut demander aux dieux le savoir-faire, et inventer à votre tour. » Le chapitre VI nous parle des moyens de se concilier l'affection sans compromettre
l'autorité, et peut se résumer dans la phrase remarquable qui en termine le dernier paragraphe. « On n'aura pas de mépris pour lui, quand on verra, pour tout dire en un mot, que,
quoi que ce soit qu'il ordonne, il le fait mieux que les soldats. Ainsi, à commencer par monter à cheval, il est bon de savoir faire tous les exercices de l'équitation, afin qu'ils voient leur chef franchir hardiment les fossés, sauter par-dessus des murs, descendre au galop d'une hauteur et lancer adroitement le javelot. » Le chapitre VII : « De ce que doit être le commandant des Athéniens dans les cir-
constances actuelles », est, comme son titre l'indique, consacré aux questions du temps et ne contient rien qui nous puisse intéresser. Mais le chapitre VIII : « Des Avantages de l'équitation », rentre absolument dans notre
sujet et commence par cette phrase qui contient une vérité trop souvent méconnue : « Pour parvenir, en toute sûreté, à faire du mal à une armée beaucoup plus nombreuse, il faut évidemment avoir sur elle une supériorité qui vous fasse paraître forts en équi- tation militaire et les ennemis des novices. » Nous y trouvons encore cette phrase qui montre bien l'enthousiasme du cavalier fervent
et convaincu. En effet, après avoir dit que les exercices gymniques ne se font qu'avec beaucoup de peine et de sueur, Xénophon ajoute : «... L'équitation est presque un plaisir. On souhaite quelquefois d'avoir des ailes : il n'est rien qui s'en rapproche davantage. » Bien d'autres emprunts mériteraient d'être faits au remarquable ouvrage de Xéno-
phon, mais il faut savoir se borner, même quand on puise dans des chefs-d'œuvre. Dans l'impossibilité où nous sommes de reproduire ici tout le Commandant de cava-
lerie, nous ne saurions trop engager les officiers de cavalerie, les simples cavaliers même, à en faire la lecture complète. Ils en tireront, non sans quelque surprise, pen- |
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sons-nous, cette impression que quantité de choses qu'on leur fait exécuter tous les jours,
en vertu de telle ou telle ordonnance, datée de 1833, de 1870 ou de 1800, remontent, en réalité, à un respectable nombre d'années. Ils trouveront aussi, dans ce traité, outre des pages d'une admirable élévation de sentiments, des conseils qui les frapperont d'autant plus qu'ils s'attendaient moins à les y rencontrer. Une histoire de l'équitation serait incomplète, si l'on y passait sous silence le nom
<! Alexandre, qui fut un écuyer consommé, avant de se révéler grand homme de guerre. Nous ne saurions mieux faire que d'emprunter à Plutarque le récit des moyens aux-
quels il eut recours pour dompter Bucéphale, le noble animal qui partagea si longtemps les fatigues et les dangers du vainqueur de Darius : « Philonicus le Thessalien amena un jour à Philippe un cheval, nommé Bucéphale,
qu il voulait vendre treize talents. On descendit dans la plaine, pour essayer le cheval; mais on le trouva difficile, et complètement rebours : il ne souffrait pas que personne le montât; il ne pouvait supporter ;l voix d'aucun des écuyers de Philippe, et il se cabrait contre tous ceux qui voulaient l'approcher. Philippe, mécontent, or- donna qu'on le remmenât, persuadé qu'on ne tirerait rien d une bête si sauvage, et qu'on ne la saurait dompter. « Quel cheval ils perdent là! » s'écrie Alexandre, qui était présent; « et c'est par inexpérience et timidité qu'ils n'en ont pu venir à bout. » Philippe, qui l'entendait, ne dit rien d'abord; mais |
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Alexandre ayant répété plusieurs fois la même chose, et ayant
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Bride grecque.
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témoigné le chagrin qu'il éprouvait : « Tu blâmes des gens
-iges que toi » . dit enfin le père, « comme si tu étais plus habile qu'eux, et que tu
s p us capable de dompter un cheval. — Sans doute », reprit Alexandre, « je vien- ieux qu un autre à bout de celui-ci. — Mais, si tu échoues, quelle peine porte- ras-tu pour ta présomption? — Eh bien! » dit Alexandre, « je payerai le prix du cheval. » eponse fit rire tout le monde; et Philippe convint avec son fils que celui qui perdrait payerait les treize talents. « Alexandre s'approche du cheval, prend les rênes, et lui tourne la tête en face du
, avant observé apparemment que Bucéphale était effarouché par son ombre, qui
ombait devant lui et qui suivait tous ses mouvements. Tant qu'il le vit souffler de co-
<, H le natta doucement de la voix et de la main; ensuite, laissant couler son manteau
a |eiTe' jl s'élance d'un saut léger, et il l'enfourche en maître. D'abord il se contente de
enirla tête haute, sans le frapper ni le harceler; mais, sitôt qu'il s'aperçoit que le
val a rabattu de ses menaces, et qu'il ne demande plus qu'à courir, alors il baisse la
"lain, et il le lâche à toute bride, en lui parlant d'une voix plus rude, et en le frappanl
u ta'on- Philippe et tous les assistants regardaient d'abord avec une inquiétude mor-
e 'e, et dans un profond silence; mais, quand Alexandre tourna bride, sans embarras,
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LE CHIC A CHEVAL.
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et qu'il revint la tête haute et tout fier de son exploit, tous les assistants le couvrirent de
leurs applaudissements. Quant au père, il en versa, dit-on, des larmes de joie; et, lorsque Alexandre fut descendu de cheval, il le baisa au front : « 0 mon fils! » dit-il, « cherche un royaume qui soit digne de toi! La Macédoine n'est pas à ta mesure! » (Vie d'Alexandre, traduction E. Talbot.) Les victoires d'Alexandre, sur les Perses, furent surtout dues à la valeur et à la solidité
de son infanterie, la fameuse phalange macédonienne, formée de quatre gros bataillons, séparés, les uns des autres, par des intervalles de très peu d'étendue, phalange contre la- quelle vinrent se briser les efforts de l'innombrable cavalerie de son adversaire. Cependant, si l'infanterie fut, pour Alexandre, le principal facteur de la victoire, sa
cavalerie eut aussi une part considérable dans le succès de son aventureuse expédi- tion. A plusieurs reprises, elle mit en fuite les masses de la cavalerie des Perses, et enfonça les lignes épaisses de leur infanterie. Tout d'abord, la cavalerie macédonienne se distingua au passage du Granique. A la
bataille d'Issus, ses charges vigoureuses, contre l'aile gauche des Perses, contribuèrent beaucoup à assurer la victoire aux Macédoniens. A Arbelles, la cavalerie d'Alexandre chargea en colonnes, se précipita dans les intervalles de la ligne d'infanterie des Perses, la fit plier, la rompit et la tailla en pièces. Dans l'armée macédonienne, de même, du reste, que dans les autres armées grecques,
le peu d'intervalle laissé entre les différentes parties de la phalange ne permettait pas le mélange des armes; la cavalerie était disposée sur les flancs de la ligne de bataille. La principale formation de combat, en usage dans la cavalerie grecque, était lafor-
mation en carré long. On disposait aussi la cavalerie en triangle et en losange. Philippe de Macédoine, père
d'Alexandre, fut, dit-on, l'inventeur d'une formation en coin, qui présentait plus d'avan- tage que le losange. Le carré long, que nous venons de mentionner, était ordinairement formé de soixante-
quatre combattants, rangés sur seize de front et quatre de profondeur, ou bien, sur huit de front et huit de profondeur, etc. L'ensemble de la cavalerie de la phalange portait le nom d'Épitagme. Son effectif
égalait le quart de celui de la phalange, soit 4,096 combattants. L'Épitagme se divisait en deux Télos forts chacun de 2,048 hommes; le Télos, en
deux Epïporchies comptant 1,024 cavaliers, etc. Voici quel était, d'après le colonel Carrion-Nisas, l'armement des cavaliers grecs :
« Les cavaliers combattant en troupe portaient pour armes défensives un casque, qui
descendait jusqu'au milieu du visage. 11 parait ainsi les traits qui tombaient en para- bole, et ne gênait pas le combattant, qui n'avait guère à regarder que du haut en bas. Le cavalier portait au bras gauche une sorte de petit bouclier élastique de forme ronde; le bras droit était garni de brassards de cuir avec des plaques d'airain; cette défense se |
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LE CHIC A CHEVAL. 31
répétait sur les cuisses; ils avaient, comme nous, des bottes de cuir années d'éperons.
« Leur arme offensive était la lance, la petite épée pour le besoin et comme secours,
et quelquefois la javeline. « Il y avait aussi des archers à cheval, mais ils ne combattaient pas en troupe. Les
cavaliers et les soldats ainsi isolés étaient armés fort diversement. » — {Histoire géné- rale de l'art militaire.) |
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Peinture 4c vase grec. Collection du chevalier Coghill.
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CHAPITRE IV
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LA FERRURE.
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ous avons parlé, un pou plus haut, des polémiques re-
latives à la ferrure à clous, dans l'antiquité, On a, en effet, beaucoup discuté sur le vers d'Ho-
mère qui suit : « il; eÎttiov 6-' ôvesçi titusxeto yaXxoicoS' Î'ttttw »
(vers 45 du chanl VIII d« l'Iliade),
où Homère, décrivant le char de Jupiter, dit qu'il
attela ses chevaux aux pieds d'airain. |
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« Qu'a voulu dire le poète en donnant aux chevaux
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chargés de traîner sûrement et rapidement les divinités de l'Olympe, cette
4 incation de pieds d'airain? Pour nous, le sens n'en peut être douteux; il a voulu
quer la nature du sabot du cheval, aussi dur que l'airain, et, en même temps, le
i que fait la corne du pied du même animal lorsqu'il frappe le sol en galopant.
ns la bouche du poète, le mot aux pieds d'airain doit avoir la même signification que
dans les vers de Virgile tirés des Géorgiques :
« Cavatque
Tellurem, ot solido firaviter sonat ungula cornu... » (Georg. lib. III.)
« Quadrupedante putrem sonitu quatil ungula campum. » {Georg. lib. I.)
« Ne savons-nous pas, en outre, que plusieurs poètes latins : Virgile, Ovide, Ausone,
ont donné des pieds d'airain à d'autres animaux, au bœuf et au cerf notamment. « Fixerit œripedem cervam licet... » (Virgile.)
« Narrât eta^ripedes Martis arasse boves. » (Ovide.)
<i Vincunt œripedes ter terno .\csiorc eervi. » (Ausone.)
CtttC A CHEVAL. K
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LE GHIG A CHEVAL.
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« Aucun de ces animaux n'a jamais été ferré.
« Pourquoi s'étonner de ces épithètes, lorsque nous voyons Homère donner une voix
d'airain au bouillant Achille, et Virgile parler d'une voix de fer ? ferrea vox. « En discutant, en son lieu et place, le passage du commentaire d'Eustathe sur un autre
vers d'Homère, nous verrons qu'à l'époque où ce commentateur vivait, la ferrure étant généralement connue, en Orient comme en Occident, il était naturel qu'il commît un anachronisme. Henri Estienne en a fait autant, plus tard. Tous deux ressemblent aux peintres du moyen âge, qui placent des canons à la suite de l'armée d'Alexan- dre. « Les modernes emploient, eux-mêmes, assez souvent, une métaphore semblable à
celle des poètes grecs ou latins; ils n'hésitent pas à dire : un siècle d'airain, un front d'ai- rain, un cœur d'airain. Ne disons-nous pas couramment : un bras de fer, une main de fer, une santé de fer. Homère, dans le vers qui a donné lieu au commentaire d'Eustathe, emploie une métaphore plus hardie encore : il dit que les chevaux d'Agamemnon dé- chiraient le sol, yjùx.§ Stiïqiovtsç, ce que les traductions latines rendent assez improprement par sere inva- dentes. Nous allons voir bientôt qu'Eustathe a donné au mot i<ùx§ la valeur de fer à cheval, tandis |
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Fer saxon. Fer germain. Fer du moyen âge.
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qu'il a négligé d'observer qu'Ho-
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mère, pas plus qu'aucun autre poète
grec, n'a emprunté aux étincelles que les fers de chevaux engendrent sous leurs pas rapides, des images semblables à celles que nos poètes modernes ont si souvent pro- diguées, tandis que les rênes ou le mors leur en ont abondamment fourni. « Mais, en supposant, contre toute vraisemblance, que l'épithète homérique pût signi-
fier chevaux aux pieds d'airain (c'est-à-dire ferrés d'airain), on serait porté à remarquer qu'aucune invention humaine, d'une utilité générale, ne paraît avoir disparu depuis le moment où elle a commencé, cette utilité étant restée la même. Si quelques procédés artistiques ont fini par être négligés, et même par être abandonnés entièrement, dans la suite des temps, à cause de l'oubli volontaire des arts dans lesquels ces procédés étaient appliqués, il paraîtrait au moins singulier que la ferrure, pratiquée à l'époque homérique, eût cessé de l'être, précisément au fur et à mesure que l'usage du cheval se répandait, et que la nécessité de cette ferrure devait être reconnue indispensable. Est-il permis d'admettre qu'on ait tout d'un coup cessé de ferrer les chevaux, à ce point qu'au- cun écrivain grec postérieur à Homère n'en ait soufflé mot, qu'aucun monument de l'art n'ait représenté, avec les stigmates de la ferrure, un animal si souvent figuré avec toutes les parties de son harnachement, même dans des monuments d'une importance secondaire et d'une assez petite dimension? Et ce qui démontre, d'une manière incontes- |
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table, que l'invention de la ferrure ne peut remonter à l'antiquité grecque la plus recu-
lée, c'est le silence complet de Xénophon à cet égard. « En plaçant, suivant l'opinion la plus généralement adoptée, et que je ne veux pas
discuter ici, l'époque où l'auteur des poésies homériques a vécu, vers l'an 1000 avant notre ère, et l'exil de Xénophon, qui, comme tout le monde le sait, est antérieur à la composition de la plupart de ses ouvrages, vers l'an 393, nous voyons que plus de 600 ans séparent la rédaction de Y Iliade de l'époque où Xénophon a écrit ses deux traités. « Certes, si l'art de ferrer les chevaux eût été connu des Grecs, Xénophon en aurait
parlé, il en eût montré les avantages et, en même temps, les inconvénients. Dans tous les livres écrits par les modernes, et qui concernent le cheval, aucun d'eux n'a passé sous silence la ferrure, qui est de la plus grande importance pour l'animal, dont elle sert |
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pied, pour l'a-
vitesse el la so- sent tant celui Mal faite,la fer- cheval inhabile! elle va jusqu'à pied, dont la non entamée (l'unearmaturc |
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a protéger le
nimal dont la lidité intéres- qui le monte. rure rend le à la marche; déformer le corne nue et Par les clous |
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Fer gallo-romain.
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Fer celtique.
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Fer gaulois.
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métallique quelconque, aurait beaucoup mieux supporté la fatigue, les mauvais
chemins, l'humidité, la neige; enfin, elle rend cet animal impropre au service qu'on lui demande habituellement; et, dès lors, comment supposer, un seul instant, que Xénophon eût gardé le silence à ce sujet, si l'usage de la ferrure eût été connu de son temps, ou même seulement pratiqué dans certaines circonstances? Or, dans les deux traités en question, nulle part il n'est parlé de la ferrure, et cependant, comme cela était naturel, l'auteur appelle, à plusieurs reprises, l'attention de ses lecteurs sur l'im- portance du pied du cheval. Et lorsque, en tête de son traité -toi Wsôiç, il cite Simon, dont Yllipposcopique paraît avoir joui d'une grande estime chez les Grecs, il n'oublie Pas de rappeler que ce vétérinaire assure qu'on reconnaît, au besoin, la bonté du pied à la dureté de la corne : « En quoi, » dit Xénophon, « il a parfaitement raison, cai le sabot creux resonne sur le sol comme une cymbale. » Wep y*? xtyêaXov ipyài^k t<;> Sz-néSy r, *°&v) o-a-,;. Nous retrouvons ici le pied d'airain des poésies d'Homère. « Mais Xénophon avait une occasion toute naturelle pour parler de la ferrure des che-
vaux si, à son époque, elle avait été connue et pratiquée; comme auteur de l'expédition du jeune Cyrus, où la cavalerie grecque a joué un rôle important, et durant laquelle, comme nous l'avons dit plus haut, il commandait, lui-même, un corps de cette armée : or il a gardé à cet égard un silence complet. Néanmoins, il n'a pas oublié de mentionner |
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36 LE CHIC A CHEVAL.
que les soldats grecs dont les pieds avaient été à moitié gelés, pour remplacer les sou-
liers qui leur manquaient, se mirent aux pieds des xap&fcnvai, faits de cuir de bœuf. (Xé- nophon, Anabase, liv. IV, chap. v.) Aristote, de son côté, nous apprend que ce mot dé- signait, chez les Grecs, les chaussures des chameaux dont les pieds étaient devenus douloureux à la suite d'une longue marche. Le dessous du pied du chameau est charnu, ainsi que celui de l'ours. C'est par cette raison que, lorsqu'on mène des chameaux à la suite d'une armée, et que la fatigue de la marche leur a rendu le pied malade, on l'enve- loppe d'une chaussure. (Aristote, De animalibus historise, lib. II, cap. n.) « De nos jours, quelques nations chaussent leurs chevaux de la même manière, les Ja-
ponais notamment, (Kaempfer, Histoire naturelle, civile et ecclésiastique du Japon, t. II, liv. V, page 117.) « Les chevaux portent des espèces de souliers faits de paille cor- donnée, auxquels on attache de longues cordes, aussi de paille, pour les attacher aux pieds des chevaux, à la place de nos fers
d'Europe, dont on ne se sert pas dans ce pays. » « Il arrive assez souvent que les traduc-
teurs latins des écrivains grecs, dont les yeux sont habitués à voir des chevaux fer- rés, ne sachant comment rendre certaines expressions, traduisent ces expressions, qui désignent des espèces de chaussures en usa- ge, notamment pour les bêtes de somme, par des mots latins qu'ils considèrent comme équivalant aux mots grecs, ce qui a grandement contribué à jeter de l'obscurité sur la question. Mais ce qui est plus décisif en faveur de la thèse que nous soutenons, c'est que Pollux, précepteur de l'em- pereur Commode, qui écrivait au deuxième siècle cle notre ère, en énumérant les parties du harnais du cheval : le mors, xo&ivo'ç; la muselière, xyi^o?, et toutes ses par- ties; les annelets, Aéllwv; les brides, vjvwv; les anneaux, cW.-ruli.ov; le licou, «popëei'a, et toutes les variétés de mors; la têtière, Kopuçafoc; la housse, éW/ov, ècpCimov; la musette, cwpcttuoç; etc., ne mentionne nulle part les fers à cheval; les Grecs ne les connaissaient donc pas au deuxième siècle de notre ère. Si tous les écrivains que nous avons consultés à ce sujet, gardent un silence complet sur cette utile invention, ils sont loin d'être muets à l'égard de chaussures à peu près semblables aux semelles faites de cuir que por- taient les hommes de la cavalerie, auxquelles les Grecs donnaient le nom à'^J^a.',. Ces È'z&xTai étaient sans doute des espèces de guêtres, portées par les cavaliers, et qui ser- vaient tout à la fois de défense et de chaussure à la jambe des soldats. Apsyrtus, vétéri- naire des armées romaines en Orient, sous le règne de Constantin, parle assez longue- ment des maux occasionnés par les défenses des pieds du cheval et par les ligatures de ces défenses. |
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LES HUNS.
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LE CHIC A CHEVAL. • 37
« Dans tous les cas, rien n'empêche d'admettre que, si la ferrure proprement dite n'a
pas été pratiquée par les Romains, ils aient fait usage de soles, de chaussures en cuir ou en paille, auxquelles les Grecs avaient recours, et que les Romains aient chaussé leurs bêtes de somme ou même les chevaux malades de soleœ ferreœ, semblables à celles qui ont été retrouvées, dans le sein de la terre, en nombre assez réduit, au surplus, et, jusqu'à présent, presque exclusivement sur le sol de,1a France et de l'Allemagne. « Je donne, ici, quelques spécimens des fers antiques qui ont figuré à une récente expo-
sition de ferrure, à Londres, et je laisse scrupuleusement la désignation qui leur a été donnée à cette exposition. Du reste, le seul fer romain qui porte des marques de clous me semble de structure bizarre, et j'avoue ne pas comprendre comment il pouvait être cloué, le clou du milieu venant se placer ainsi à l'endroit de la fourchette. Je ne le donne donc qu'à titre de curiosité. |
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« Mais, si ce n'est ni chez les Grecs, ni chez les Romains, ainsi que nous le prétendons
dans l'état actuel de la science archéologique, que l'art de la ferrure a été inventé, ne devient-il pas permis d'en attribuer l'invention aux populations barbares qui envahi- rent l'empire romain dans les premiers siècles de l'ère chrétienne? Ne peut-on regarder comme ayant été fabriqués par elles les fers à clous qui ont été retrouvés, en assez grand nombre, dans plusieurs parties de la Gaule et de la Germanie, confondus, à ce qu'on assure, avec les soleœ ferreœ employées, quoique rarement, et sans doute tardi- vement, pour les bêtes de somme, à l'époque impériale, et dont il est quelquefois ques- tion dans les écrivains latins? Ces populations barbares, dont la cavalerie a été fré- quemment au service des Romains, avaient dû, de très bonne heure, reconnaître la nécessité de la ferrure, parce qu'elles habitaient un sol naturellement fangeux, très sou- vent et, surtout, très longtemps recouvert par la glace ou la neige. « Les Grecs, les Latins ont chaussé leurs bœufs, leurs chevaux, leurs ânes, leurs mules,
témoin le muletier de Vespasien; ils ne les ont jamais ferrés comme nous le faisons maintenant. Tout au plus ont-ils employé, surtout en cas de maladie, les soleœ /erreic |
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LE G HIC A CHEVAL.
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de nos collections publiques que certains antiquaires décrivent et figurent comme des
fers de chevaux romains; ils ne les ont pas attachés et fixés au moyen de clous, ils n'ont jamais eu de maréchaux ferrants (ceux-ci eussent été aussi nécessaires à l'époque ro- maine que de nos jours) ; et, rien ne s'oppose à ce que les anciens aient reçu les arma- tures en fer dont ils se sont servis, des nations barbares auxquelles ils empruntaient une nombreuse cavalerie. S'ils ne leur ont pas emprunté plus tôt les fers proprement dits, c'est très probablement qu'ils n'en reconnaissaient pas bien l'utilité. Quant à nous, jusqu'à preuve du contraire, nous n'hésitons pas à regarder les fers de chevaux sem- blables à ceux que nous employons, ou qui, du moins, n'en diffèrent pas sensiblement, qui ont été découverts à une plus ou moins grande profondeur sur divers points de l'Europe, comme étant d'origine celtique. « Cependant, il n'est pas facile de déterminer, avec quelque vraisemblance, à quelle
population barbare le cheval, qui n'existe
plus à l'état sauvage, si ce n'est peut-être sur le plateau de l'Asie centrale, a dû ce stigmate ineffaçable de la domesticité, cette ferrure qui est pour lui la cause de tant de souffrances. Les nations scythiques, qui buvaient le lait de leurs juments, qui ont imaginé de châtrer les chevaux mâles pour les rendre plus dociles, pratique que les Ro- |
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Soleœ fcrreee.
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mains ont adoptée, ont peut-être été les pre-
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mières à reconnaître la nécessité de ferrer
ces animaux, très nombreux chez elles. Rien n'empêcherait alors de penser qu'elles ont fabriqué les fers à clous, qui n'ont été, nulle part, rencontrés en plus grand nombre que dans le nord de l'Europe, surtout depuis une cinquantaine d'années. » Nous avons cité, presque en entier, dans les pages qui précèdent, une très curieuse
brochure de M. Pol Nicard, publiée en novembre 1866, et insérée dans le XXIXe vo- lume des Mémoires de la Société impériale des Antiquaires de France, parce que cette question de la ferrure est une de celles qui intéressent le plus vivement les gens de cheval. Le capitaine Picard, dans son livre si intéressant sur les origines de l'école de cava-
lerie, consacre, lui aussi, plusieurs pages à cette matière. «... Avant l'ère chrétienne, la ferrure à clous était certainement en usage en Gaule,
en Bretagne, en Germanie................................. |
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« Il résulte de ce qui précède que la ferrure à clous était pratiquée bien avant la con-
quête de la Gaule; à cette époque, il existait déjà plusieurs espèces de fers à cheval et, conséquemment, plusieurs centres de fabrication. Il est donc permis de croire que, si |
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les Celtes n'en sont pas les inventeurs, c'est par eux, du moins, qu'elle s'est répandue en
Occident. » M. Rossignol prétend que les fameux mystères de Samothrace n'étaient autres que
ceux de la métallurgie. Il pense également que, parmi les trois classes dont était com- posée la hiérarchie druidique, c'était à la deuxième classe, celle des Ovales, qu'étaient réservées les fonctions industrielles. Quoi qu'il en soit, il semble que c'est à peu près au moment où les étriers ont été, si ce
n'est inventés, du moins généralement employés, que la ferrure paraît avoir été adoptée par toutes les nations qui se servaient du cheval pour les usages de la paix et pour ceux de la guerre. L'invention de la selle, au contraire, invention qui remonte à une haute antiquité,
mais que les Romains furent assez lents à adopter, eux-mêmes, aurait dû conduire beau- |
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"ïdow, dis Ceftes ci cl es
C^o-iaiolS . |
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coup plus tôt à l'invention des étriers. Quant aux Grecs, il paraît certain qu'ils n'ont
jamais employé la selle. Théodose, dans un rescrit de l'année 385 {Codex Theodosianus, lib. VIII, tit. V, 47),
détermine le poids de la selle et ne veut pas qu'elle dépasse (30 livres. « Et quoniam veredorum quoque cura pari ratione tractanda est, sexaginta Iibras sella cum frenis, tngenta
quinque vero averta non transeat. » Au livre VI, vi, 4, Végèce dit que c'est de la Perse qu'on tirait les meilleurs chevaux
de selle. C'est également en Perse que l'usage des housses paraît avoir pris naissance Quant à l'usage commun des étriers, il ne nous paraît pas plus ancien que celui de
la ferrure. Les mots latins : stapes, slaffa, slapia, staphium employés au moyeu âge Pour désigner les étriers, paraissent dériver du mot simple allemand stapf, staf. La pre- mière mention qui soit faite des étriers se trouve dans un ouvrage du septième siècle, attribué à l'empereur Maurice et intitulé : « Art mil Un ire » : « M* fyeiv «c toc? c£k*î «oXoç «^vipàç &,0, etc.. » Nous mentionnerons ici quelques témoignages historiques, invoqués par les archéolo-
gues, pour déterminer l'époque où la ferrure à clous devint d'un usage général en Eu- rope. Lorsque Boniface III, le Pieux, marquis de Toscane, alla, en 1038, au devant-de |
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Béatrix, sa fiancée, nièce de la grande comtesse Mathilde, devenue si célèbre pour avoir
constitué, en partie, le patrimoine de Saint-Pierre, il marchait accompagné d'un cortège aussi brillant que magnifique; ses chevaux, au lieu de porter des fers semblables aux nôtres, sous le rapport de la matière, étaient chaussés d'argent. C'est, en effet, ce que nous apprend Donizone, qui a écrit, envers latins, la vie de la grande comtesse; et les fers d'argent de la monture du fiancé de Béatrix devaient appartenir à celui qui les ramasse- rait sur la route suivie par le cortège. Si l'on en croit le Père Daniel, en France, au neuvième siècle, on ne ferrait les chevaux que pendant la gelée. Parlant de la cavalerie de Louis le Débonnaire, il dit que la gelée, qui avait suivi les pluies de l'automne, avait gâté les pieds de la plupart des chevaux, qu'on ne pouvait faire ferrer dans un pays devenu tout à coup hostile, au moment où l'on s'y attendait le moins. Les écrivains anglais attribuent à Guillaume le Conquérant l'introduction de la fer-
rure en Angleterre. Nous trouvons, au tome III de YArcheologia Britannica, que Guil- laume avait donné à Simon Saint-Liz, un de ses compagnons, la ville de Northampton et le comté de Falkley, estimés 4 livres sterling de rente, à charge de fournir de fers les chevaux du prince. Henri de Ferres, ou Ferrers, qui accompagnait Guillaume, devait, très probablement,
son nom à sa profession de maréchal-ferrant, ou à ce qu'il dirigeait les maréchaux. Du reste, l'auteur du traité : « Discovery of errorsin the catalogue of nobility » (Londres, 1619) donne comme armoiries à la famille des Ferrers, six fers à cheval; et, Bracy- Clàrke rapporte que, dans le comté de Rutland, le plus petit de l'Angleterre, lieu de résidence de la famille des Ferrers, il a existé longtemps un usage assez singulier. Lors- qu'un noble, à cheval, traversait la capitale du comté, on lui confisquait un des fers de son cheval, à moins qu'il n'aimât mieux payer une légère redevance. Le fer détaché du pied de l'animal, ou tout autre fer admis à le remplacer, était cloué aux portes du châ- teau des Ferrers, et le nom du propriétaire inscrit à côté. Il en résulta qu'au bout d'un certain nombre d'années, ces portes furent couvertes de fers, dont quelques-uns étaient très grands et quelques autres, dorés. |
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Fers du moyen âge.
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CHAPITRE
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V
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LES ROMAINS.
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es Romains ne nous ont laissé aucun traité technique sur l'équi-
tation. Nous ne possédons donc pas, pour apprécier ce qu'était l'équitation chez eux, des renseignements aussi exacts que ceux que nous fournit Xénophon, en ce qui concerne les Grecs. L'é- quitation n'était cependant pas dédaignée à Rome; elle y fut même en honneur, dès les temps les plus reculés, et parmi les hautes classes de la société. L'existence des chevaliers, en effet, remonte à l'origine de Rome. _________| Les premiers chevaliers romains formaient la cavalerie de ^ Wr l'armée. On les désignait par les noms de Celeres, t leximenes,
Trossuli.
Plus tard, il cessa d'en être de même; les chevaliers ne se confondirent plus avec les
cavaliers des légions, ils formèrent une classe dans l'État, l'ordre équestre, qui était la haute bourgeoisie du temps. Ils recherchaient surtout les fonctions financières et judi- ciaires. Quant aux cavaliers, ils furent recrutés de la même façon que les fantassins des légions. A l'époque royale, les rois désignaient, eux-mêmes, ceux qui devaient servir dans la
cavalerie. L'État leur fournissait un cheval, et la nourriture de ce cheval. Sous la République, ce sont les censeurs qui choisissent les cavaliers parmi lesjeunes
gens possédant le census equestris (1). Ils désignent ceux qui, par leurs bonnes mœurs et leur naissance honorable, sont clignes de figurer sur les rôles de la cavalerie. |
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(1) Sou
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e, le census equestris s'élevn jusqu'à 400,000 sesterces.
<:»i<: A r.iiiïvu.. |
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i2
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Ce sont encore les censeurs qui veillent à ce qu'une rigoureuse discipline maintienne
cette troupe d'élite en bon état. Chaque année, donc, ils passent une revue de la cavale- rie. Ils procèdent, à cette revue, à peu près de la même façon, et à la même époque que les inspecteurs généraux et les intendants, chez nous. Le 15 juillet, ces magistrats se rendent sur la place publique, prennent place à leur tri-
bunal, et font défiler devant eux, un à un, et à l'appel de leur nom, tous les chevaliers. Chaque homme est à pied, et tient son cheval par la bride. Si quelqu'un a une accusation à formuler contre un chevalier, il sort de la foule, et
énonce ses griefs. Le chevalier est-il convaincu d'un manquement de quelque importance, le censeur prononce sa dégradation, par cette sentence, qui le prive de son cheval : « lîecide equurn. » Noté d'infamie, le coupable est, désormais, indigne de servir dans la cavalerie. Si, au contraire, l'accusé est reconnu innocent, le magistrat lui ordonne de passer outre, avec son cheval : « Traduc equum. » Les censeurs se montraient très rigoureux, très sévères dans cet examen; ils ne lais-
saient passer aucune faute grave, sans la frapper, et punissaient, même, la négligence et le manque de soins. Nous citerons, à ce propos, une anecdote empruntée à Aulu-Gelle : « Scipion Nasica et Marcus Pompilius étant censeurs, et passant l'inspection annuelle, virent un cavalier, brillant d'embonpoint, et avec toutes les apparences de la bonne santé, présentant son cheval maigre, mal pansé et en mauvais état. « Pourquoi », lui dirent-ils, « es-tu en meilleur état que ton cheval? — C'est », répondit-il, « que mon valet,panse mon cheval, et que je me panse moi-même. » La plaisanterie ne fut pas goû- tée, et les censeurs retirèrent son cheval à cet indigne chevalier. Mais, les jugements rendus par les censeurs, en ces matières, n'étaient pas toujours dictés par l'équité; par- fois, ces magistrats abusaient de leur pouvoir pour frapper injustement ceux contre qui ils avaient quelque motif d'animosité. Parmi les anecdotes rapportant des faits de ce genre, nous citerons la suivante : « Maintenant, faisons paraître deux grands hommes, marchant, comme attachés au même joug, dans la carrière des vertus et des honneurs, et néanmoins divisés entre eux par le sentiment d'une âpre rivalité. Avec quelle rigueur Claudius Néron et Livius Salinator, ces deux fermes soutiens de la patrie pendant la se- conde guerre punique, n'exercèrent-ils pas ensemble la censure! Ils passaient en revue les centuries des chevaliers, dont leur âge et leur forte constitution leur permettaient encore de faire partie. Quand le tour de la tribu Pollia fut venu, le crieur, apercevant sur la liste le nom de Salinator, s'arrêta, incertain s'il devait l'appeler. Néron comprit son embarras; non seulement il fit appeler son collègue; il lui commanda encore de vendre son cheval, pour avoir été condamné par un jugement du peuple. Salinator fit subir la même peine à Néron : il en donna pour motif que son collègue ne s'était pas sincèrement réconcilié avec lui. » — (Valère-Maxime, traduction C.-A.-F. Frémion.) Quelquefois, les chevaliers auxquels on avait enlevé le cheval qui leur avait été confié
par l'État, étaient condamnés à servir avec un cheval leur appartenant en propre. C'est |
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ce à quoi furent condamnés tous les cavaliers qui avaient survécu à la défaite de Cannes.
Le privilège d'être classé parmi ceux à qui l'État confiait un cheval, quoique fort hono- rable, était très onéreux pour certains citoyens, car la somme allouée au chevalier n'était pas suffisante. Il en résultait qu'un certain nombre de ceux qui étaient portés sur les rôles de la cavalerie, invoquaient les services signalés qu'ils avaient pu rendre, pour se |
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faire dispenser d'un coûteux honneur.
Le congé du cavalier avait une durée
de dix ans; temps après lequel il remet- tait au censeur le cheval qui lui avait été confié. Après la chute de la République, les
empereurs passèrent, en personne, la cavalier romain. revue annuelle de la cavalerie, revue ap- pelée probaUc equitum. Ce n'était pas
là une simple parade. La conduite, la vie de chaque chevalier y étaient soumises à un sévère examen. Suivant la nature de la faute commise, le coupable recevait une répri- mande, réprimande inscrite sur des tablettes, qu'il lisait à voix basse, en présence du l,euple, ou était frappé d'une peine plus ou moins forte. Certains chevaliers, par exemple, encoururent une pénalité pour avoir emprunté, à un faible intérêt, de l'argent qu'ils Plaçaient à un taux supérieur. T°us les ans, l'ordre équestre, réuni tout entier, parcourait lentement le Forum, la
tête couverte de rameaux d'olivier, et montait au Capitule, après avoir salué, au passage. |
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M LE CHIC A CHEVAL.
le temple de Castor, l'une des divinités auxquelles les chevaliers rendaient des honneurs
particuliers. Chaque légion romaine comprenait de la cavalerie ; et, la force de cette cavalerie n'at-
teignait pas, d'ordinaire, le dixième de l'effectif. La cavalerie de chaque légion était di- visée en dix turmes ou compagnies, fortes de trente hommes, avec un cadre de trois gradés. La turme était, le plus souvent, rangée sur huit hommes de front et quatre de profondeur, afin de pouvoir circuler facilement dans les intervalles des lignes de l'infan- terie, et de combattre sur tous les terrains. Des trois gradés, deux figuraient dans le rang, avec les hommes de troupe. « Cet amalgame des armes différentes, se secourant et se pénétrant mutuellement, a
toujours paru aux maîtres de l'art anciens et modernes, la partie la plus essentielle, la plus délicate et la plus savante de la guerre. » — (Carrion-Nisas, Histoire générale de l'art de la guerre.) Lorsque l'ordonnance de la légion fut modifiée, qu'elle forma une ligne pleine et com-
pacte, au lieu de présenter des intervalles, qu'elle fut devenue une sorte de phalange, l'amalgame des différentes armes cessa d'avoir lieu, et la cavalerie légionnaire fut dis- posée à la droite et à la gauche de la ligne de bataille. Chacun de ces groupes de cava- lerie portait le nomà'aile. D'aprèsHygin, pour une armée comptant quatre légions, une aile était régulièrement formée de seize turmes; c'était, à peu près, la cavalerie de deux légions. M-arius, on le sait, fit subir aux institutions militaires des Romains des réformes capi-
tales, réformes qui atteignirent aussi la cavalerie. Elle cessa d'être recrutée exclusive- ment parmi les chevaliers, mais le fut aussi parmi les citoyens de toutes classes et parmi les alliés qui, auparavant, n'étaient appelés sous les armes qu'exceptionnellement. Dans la suite, la cavalerie romaine compta clans ses rangs un grand nombre d'auxi-
liaires gaulois, espagnols et germains. La cavalerie de Jules César était, en majeure partie, composée d'auxiliaires étrangers. Nous emprunterons, au capitaine Picard, le récit d'un engagement livré, par ces cavaliers, à une tribu gauloise : « Cependant l'esprit national se réveille, sur les rives delà Loire; un héros angevin, Dumnacus, a entrepris de secouer la domination de Rome; il passe le fleuve et s'avance en Poitou. Mais Fabius, général romain, accourt avec une nombreuse cavalerie, pour couper la retraite aux Andes. Il occupe le pont que Dumnacus a jeté sur la Loire ; un combat sanglant s'engage ; les Andes sont écrasés, et douze mille des leurs sont foulés aux pieds des chevaux. « Les cavaliers romains », dit Hirtius, « égorgèrent, tant que leurs chevaux purent charger les fuyards, et que leurs bras purent se lever pour frapper. » Les Romains trouvèrent, en Anjou, une région essentiellement favorable à la re-
monte de leur cavalerie, et ils durent user largement de ses resources. Notons, ici, que les Romains et les Grecs, ignorant l'usage des étriers, allaient
fort peu au trot, et avaient une prédilection marquée pour l'amble et pour le galop. |
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CAVALIER ROMAIN,
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LE CHIC A CHEVAL.
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Ajoutons que les vétérinaires étaient inconnus clans les armées romaines; c'étaient
les médecins, attachées aux corps de troupes, qui soignaient les chevaux malades ou blessés, que l'on réunissait dans un endroit appelé velerinarium. Les cavaliers romains étaient dressés avec soin. On s'attachait surtout à les habituer
à se mettre promptement en selle. Voici quels étaient, d'après Végèce, les procédés employés pour dresser les recrues de la cavalerie : « On mettait, pendant l'hiver, dans un lieu bien couvert, et, pendant l'été, dans le Champ de Mars, des chevaux de bois, sur lesquels on faisait sauter les jeunes cavaliers. Pour s'y accoutumer, ils commençaient d'abord sans armes, ensuite, tout armés; et, à force de soin et d'ha- bitude, ils parvenaient à sauter, à cheval et à terre, également de droite et de gauche; l'épée ou la lance à la main; aussi n'étaient-ils pas embarrassés de le faire, plus tard, dans le tumulte du combat. » Il dit, plus loin, à propos du décurion, officier qui com-
mandait une larme : « On doit, tout particulièrement, cher- cher de la vigueur et de la légèreté dans un décurion, afin qu a la tête de sa troupe, il puisse, portant la cuirasse, et avec toutes ses armes, sauter, de bonne grâce, sur son cheval, et te bien manier. Il faut qu'il sache se servir adroitement de sa lance, tirer habilement de l'arc, et dresser les cavaliers de sa 'urine à toutes les évolutions de la cavalerie; il doit aussi les obliger à tenir en bon état leurs cuirasses, leurs casques, leurs lances et toutes leurs armes, parce que l'éclat qu'elles jettent en |
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Bride romaine
antérieure à l'empire. |
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impose à l'ennemi. D'ailleurs, que peut-on penser du courage
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d un soldat qui laisse manger ses armes par la rouille et la mal-
propreté? Mais il n'est pas moins nécessaire de faire travailler continuellement les chevaux, pour les maintenir en état d'entraînement, que d'exercer les cavaliers : c'est au décurion à y tenir la main; quant au général, il doit veillera l'entretien et à la sûreté de sa troupe. » D'après Polybe, Scipion l'Africain instruisait admirablement sa cavalerie. Tout
d abord, chaque cavalier était accoutumé à tourner, individuellement, sur sa droite ct sur sa gauche. Quand l'instruction individuelle des hommes était achevée, on Procédait aux manœuvres par escadron. On leur faisait exécuter, dans toutes les di- rections, et avec une précision extrême, les conversions les plus compliquées, simples, doubles ou triples. Ils devaient savoir se rompre promptement, soit par les ailes, soit par le centre, et se reformer avec la même promptitude. Scipion veillait, surtout, a ce que sa cavalerie marchât à l'ennemi avec le plus grand ordre, et à ce qu'elle se repliât de même. Il voulait qu'à quelque allure que se fissent les évolutions, les cava- liers gardassent toujours leur rang et maintinssent strictement leurs intervalles. Si nous en croyons Plutarque, César et Pompée furent des hommes de cheval hors
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de pair. César ne reculait devant aucun exercice équestre. Bien souvent, monté sur-
un cheval sans bride, il le faisait évoluer, en conservant les mains derrière le dos. A cinquante-huit ans, Pompée mettait l'épée à la main, et la replaçait dans le fourreau, alors que son cheval était lancé à toute vitesse. « Peu de jeunes gens », ajoute Plutarque, « lançaient le javelot avec autant de force et d'adresse que le vieux Pompée. » Les armes du cavalier romain étaient une épée longue, qu'il portait suspendue à un
baudrier (balteus) ; une lance longue et solide (lancea), dont le fer avait la forme d'une feuille de sauge; un bouclier, en bois peint (parma), garni d'un cercle de bronze. Il était muni d'un seul éperon, au pied droit. Le harnais du cheval se composait de la bride, avec un mors brisé, et de Yepip-
pium, qui servait de selle, et qui consistait en deux couvertures, de drap, de laine ou de cuir, superposées. La couverture supérieure était de moitié moins grande que l'inférieure. Elles étaient assujetties, sur le cheval, par un
sangle, un poitrail et une croupière. Le harnais des chevaux des officiers était, d'ordinaire, enrichi d'ornements d'or ou d'argent, voire même de pierres précieuses. <^ro^- ^fer ou l*. Les trois ornements distinctifs des chevaliers romains f* «*«-i'«v]p"w« 'K.ma^. étaient : les phalères, l'anneau d'or et la trabée.
Les phalères (phalerœ), étaient des colliers que l'on ne
portait qu'en tenue militaire. Il en était autrement de l'anneau d'or. On sait qu'à la bataille de Cannes, un si grand nombre de chevaliers romains furent tués ou faits prisonniers, qu'Ànnibal put envoyer trois boisseaux d'anneaux d'or au sénat de Car- thage. La trabée (trabea), n'était pas un habit de guerre, mais la robe que revêtaient les chevaliers dans les grandes cérémonies. De même forme que la toge, elle était de couleur blanche, avec une bordure de pourpre appelée angusticlave. De même que les Grecs, les Romains se hissaient sur leur cheval, soit àla manière per-
sique, c'est-à-dire avec l'aide d'un esclave, soit en appuyant le pied sur une sorte de mar- che-pied, fixé au bas du bois de leur lance. On plaçait aussi, de distance en distance, le long des routes, des bornes qui permettaient aux cavaliers de monter facilement à che- val. On peut encore voir, à Pompéï, des bornes de ce genre. Sous l'empire, les princes et les généraux avaient, auprès d'eux, des hommes nommés statores, dont la fonction consistait à les aider à monter à cheval. Le sort des armes infligea à un empereur romain l'humiliation de remplir le même office auprès du roi de Perse Sapor. Bien avant Horace, qui signale le fait, la passion pour les chevaux était grande a
Rome. On leur décernait des honneurs, de même qu'en Grèce. Aux vainqueurs du cirque, on élevait ds statues; on leur bâtissait dee magnifiques tombeaux. L'his- toire a conservé le souvenir d'un certain nombre d'entre les chevaux qui jouirent d'une grande célébrité à Rome. |
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étaient8"" *' raPP°rte Suétone' « montait un cheval remarquable, dont les pieds
]en Presque de forme humaine. Ses sabots étaient fendus, de manière à présenter
^ PParence de doigts. César avait élevé, avec des soins minutieux. ce cheval, qui était
H futT Sa ma!S°n' Car les arusPices avaient promis à son maître l'empire du monde.
e premier qui le monta; jusque-là, l'animal n'avait souffert aucun cavalier.
ja suite, César lui éleva une statue, devant le temple de Vénus Genitrix »
des i h ^ Ch6Val ^ CaligUl;'' "''^ FlS m°inS CÙlèbre- °U Sai' «ue> Ia Vi'ille
le vois^ CUqUe' 1,empereur faisait °^onner le silence le plus strict, dans tout
nage, pour que le repos de son cheval ne fût pas troublé. L'écurie d'Incitatus
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lico CG m aVeC Une man-eoire d'ivoire; ses couvertures, de
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pourpre; ses
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^ «s, garnis de pierres précieuses. Caligula fit plus en-
^re; i] ]ui donna UQ ^.^ M CQmposa ^ maison> lui «mit un luxueux mobilier, afin que ceux qu'on inviterai)
^ son nom fussent reçus magnifiquement. On prétond
me qu'il avait l'intention de lui décerner le titre de
consul. ons encore, parmi les empereurs qui élevèrent des
^onuments à leur monture, Auguste et Adrien. De plus.
cheval d'Auguste fut célébré, en vers, par Germanicus.
son' T1PereUr VérUS avait fait fondre, ei1 or, une image de
ne levai, qui s'appelait Volucris. 11 ne se séparait jamais e cette image; et, quand l'animal fut mort, il lui fit éle- Gr Un tombeau au Vatican. |
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Bride romaine en usage en France
jusque vit* le XIIe siècle. |
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oici quels étaient les noms par lesquels les Romains dé-
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laient chaque variété de chevaux : ils appelaient can-
' ' , Vlent Probablement le mot canter, les chevaux de selle et de promenade;
s . ".' ambleurs; itinerarii, les chevaux dont on se servait pour voyager; j lï' s cîlevaux destinés à porter les bagages; venatici. les chevaux de (liasse. de | --t * qUe l'°n montait P°«r aller a Ia campagne était appelé mannus; le cheval
ja •>3u'mentum. Le mot caballus était une expression du latin populaire, et avail signification de mauvais cheval, de rosse, de bidet.
cj ^«e 'es Grecs, qui, on ie sait, étaient passionnés pour les courses do - pour les jeux équestres, les Romains montrèrent, de bonne heure, un
"t extrême j, ' e pour ces sortes de spectacles. A mesure que la prospérité de Rome se . *c' os courses et les jeux du cirque prirent une extension de plus en plus
- e' sans faire tort, du reste, à d'autres spectacles, qui procuraient des
ns PIus violentes, tels que les combats de gladiateurs.
|- ' aucteurs de chars, ou cochers, étaient divisés en quatre troupes ou fac- 4 avaient chacune leur couleur distinctive. Ces couleurs étaient : le blanc,
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le rouge, le bleu, le vert. Les deux factions les plus importantes, celles pour lesquelles
on pariait le plus volontiers, étaient la bleue et la verte. On mentionne aussi, quel- quefois, deux autres factions, la faction dorée et la faction de pourpre, instituées par l'empereur Domitien. Ces factions n'eurent jamais la même vogue que les précé- dentes. Voici, d'après Nieupoort, la description d'une course de chars, à Rome : « On
tirait au sort la place que les chars devaient occuper devant la barrière; car il y avait des places plus avantageuses les unes que les autres, et d'où il y avait moins d'es- pace à parcourir pour arriver au but. Celui qui présidait aux jeux donnait le si- gnal, par un linge ou un morceau d'étoffe qu'il déployait. Aussitôt, ils partaient et couraient vers la droite du cirque, afin de tourner à gauche autour de la borne. Celui qui le premier avait achevé sept fois cette course, était le vainqueur; en quoi il fallait beaucoup d'adresse et d'habileté. Ces sept tours autour de la borne s'appe- laient missus et il y en avait ordinairement vingt-trois, chaque jour des jeux du cirque, et, quelquefois, davantage. Et, de peur de se tromper dans le nombre des sept tours, il y avait sept dauphins, ou sept œufs de bois, placés sur la pointe de la borne, dont, à chaque tour, on enlevait un. Le dauphin était un animal consacré à Neptune, en l'honneur duquel les jeux du cirque avaient été institués. Graevius, qui explique un peu autrement ces dauphins et ces œufs, prétend qu'ils étaient placés sur des colonnes. Lorsque les sept tours étaient achevés, le vainqueur sautait sur la borne; il était proclamé, et il recevait le prix, qui souvent était considérable et en argent comptant. » Quant aux jeux équestres, consistant surtout en exercices de voltige et d'adresse,
ceux que l'on peut voir dans nos cirques donnent une idée assez exacte de ce qu'é- taient les jeux de cette nature à l'époque romaine. La citation qui suit fournira, du reste, quelques éclaircissements sur ce point : « Les coureurs arrivaient, montés, ou debout sur un ou deux chevaux, en tenant d'autres en main, souvent jusqu'au nombre de six, sautant, pendant la course, de l'un sur l'autre....... Ces exhibitions
scéniques représentaient les perfections du dressage d'alors, un dressage purement
mécanique; on faisait piaffer (1) les chevaux en cadence, on leur apprenait à exé- cuter certaines danses, on les montait à des allures relevées, qu'on avait obtenues en leur attachant des rouleaux de bois aux paturons. » |
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(1) Les Romains exprimaient l'idée .de piaffer par le mot tripudium.
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VI.
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CHAPITRE
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LES NUMIDES, LES PARTHES, LES SARMATES, LES SCYTHES, LES HUNS.
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es Numides, qui, dans l'antiquité, étaient considérés comme des ca-
valiers hors ligne, étaient des tribus de race libyenne, qui occupaient le nord de l'Afrique, bien avant l'arrivée des Phéniciens et la fon- dation de Carthage. Tour à tour tributaires des Carthaginois et des Romains, ils ne furent jamais qu'imparfaitement soumis, et con- servèrent, en grande partie, leurs qualités natives : l'énergie. l'amour de l'indépendance, le goût des aventures et l'instinct guerrier. Ces qualités, on les retrouve, à peu près intactes, chez les Kabyles, qui sont, vraisemblablement, les descendants des Numides, métissés avec les diverses populations qui dominèrent successivement le nord-ouest de l'Afrique. Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner que Rétablissement de notre domination en Kabylie nous ait coûté tant d'efforts. Tout le monde connaît Iarbas, Masinissa, Micipsa, Jugurtha : nous n'entrepren-
drons donc pas de rappeler, ici, ce que l'on sait d'eux; nous nous bornerons à faire remarquer que le rôle qu'ils ont joué atteste qu'ils commandaient à un peuple re- douté et redoutable. Les Numides ne nous ont transmis aucune donnée relative cà leur histoire; et les
renseignements que l'on possède sur eux sont empruntés aux historiens grecs et aux historiens latins. Us montaient, paraît-il, à cheval sans selle, et, souvent, sans bride; menant quel-
quefois deux chevaux de front, et sautaient de l'un sur l'autre, pendant le combat, avec une agilité incroyable. Leur costume devait être, à peu de chose près, celui 7
caïc a cheval.
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que portent encore les Kabyles, costume qui est, du reste, d'une extrême simpli-
cité. Chose singulière, ces peuples, qui, jadis, étaient renommés par leur hardiesse comme cavaliers, ces peuples qui se distinguèrent comme tels, en maintes rencon- tres, dont les charges, opérées à fond, décidèrent d'importantes victoires, sont de- venus des montagnards qui combattent presque toujours à pied, et pratiquent admi- rablement la guerre de chicane. Mais, ce qu'il importe de signaler, c'est que les vêtements de dessous courts, la longue épée à fourreau de bois, les jambières de cuir que portent ces fantassins, sont des legs de l'époque lointaine où ils fournissaient une cavalerie incomparable. 11 convient aussi de noter que, conformément aux idées che- valeresques dont sont, d'ordinaire, imbus les peuples cavaliers, les nations amies du cheval, ils ont plus de considération pour les femmes que les Arabes, et leur accordent plus de liberté. En ce qui concerne les Arabes, chez qui l'usage du cheval de selle est très fréquent, nous dirons, plus loin, ce qu'il faut penser, comme hommes de cheval, de ceux qui ont inventé, pour un animal aussi doux et aussi maniable que le cheval arabe, cet instrument de torture qui s'appelle le mors arabe. Les Numides, qui, avec les mercenaires gaulois et espagnols, formaient la cavalerie
de l'armée d'Annibal, contribuèrent, dans une large part, aux succès de ce grand homme de guerre. A la bataille de Cannes, ils étaient placés à la droite de l'armée carthaginoise, en face de la cavalerie des alliés, disposée à l'aile gauche de l'armée romaine. Au début de l'action, cinq cents d'entre ces Numides, qui, outre leurs armes habituelles, portaient des épées cachées sous leurs cuirasses, quittèrent les rangs des leurs et se dirigèrent vers les lignes de l'armée romaine. Ils avaient eu soin de placer leur bouclier sur leur dos, pour bien montrer qu'ils désertaient l'armée d'Annibal. Quand ils arrivèrent en présence des Romains, ils descendirent de cheval, et jetèrent à terre leurs boucliers et leurs javelines. On leur fit alors traverser les rangs de l'armée romaine, et ils furent conduits sur les derrières. Ce n'était là qu'une ruse de guerre peu loyale. En effet, lorsque le combat fut chaudement engagé, que les Romains étaient tout occupés à faire tête à ceux qui les avaient assaillis de front, les faux transfuges, saisissant des boucliers abandonnés sur le champ de bataille, attaquèrent inopiné- ment les Romains à revers, les frappant dans le dos, leur coupant les jarrets. Le carnage fut grand, parmi les Romains, et le désordre plus grand encore. Ainsi qu'on le voit, la manière de combattre des Numides consistait dans l'emploi de la ruse, aussi bien que dans celui de la force; c'étaient des adversaires avec lesquels il fallait s'attendre à tout; ils étaient aussi peu scrupuleux que ceux pour le compte desquels ils guerroyaient. Les Numides pouvaient mettre sur pied des contingents considérables; en effet, si
l'on en croit un historien arabe, An-Abou-Dinar, à la grande bataille livrée par les Romains aux Carthaginois, sur les bords de l'Oued-Medjerda, l'armée carthaginoise comptait 80,000 cavaliers, en majeure partie Numides. |
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Sur les bas-reliefs de la colonne Trajane figurent des ca-
valiers entièrement couverts d'écaillés de fer. C'étaient des cavaliers auxiliaires, soldats toujours nombreux dans les armées romaines, où la cavalerie régulière était d'un effectif relativement faible, et était loin d'avoir la même valeur que l'infanterie nationale. De plus, ces auxiliaires, recrutés dans le pays où l'on faisait campagne, fournissaient d'excellents éclaireurs. Ammien Marcellin, qui appelle ces cavaliers Ca- taphracti, dit qu'ils portaient un vêtement ajusté, embras- sant exactement toutes les formes du corps, et garni de lames de métal semblables à celles du crocodile. Ce vêtement, fait de toile ou de cuir, était entièrement recouvert d'écaillés d'ai- rain, de cuivre, de fer ou de corne, très régulièrement im- briquées. H paraît évident que les peuples dont la principale force
militaire consistait clans la cavalerie, les Parthes, les Sar- mates et même les Perses, durent être les premiers à recon- naître la nécessité de protéger, dans la plus large mesure Possible, le cavalier et son cheval contre les traits de l'ennemi. Ces nations eurent donc, dès la plus haute antiquité, des armures complètes; et, évi- demment, ce n'est qu'après en avoir reconnu l'excellence, à leurs dépens, que les Grecs et les Romains suivirent, jus- qu'à un certain point, l'exemple de peuples qu'ils flétrissaient du nom de barbares. Xénophon, qui avait vu, chez les Perses, des cavaliers
complètement couverts de fer, recommandait aux Athéniens de s'armer de la même manière. Ces cavaliers perses avaient la tète couverte d'un casque d'airain, le corps et les mem- bres protégés par une cotte, des brassards et des cuissards, également d'airain; leurs chevaux portaient un chanfrein, un poitrail et, sur la croupe, des bardes de même métal. Us étaient donc armés, défensivement, d'une façon absolu- ment analogue aux hommes d'armes du moyen âge. Les Parthes, qui disposaient d'une cavalerie nombreuse
et redoutable, furent, on le sait, de terribles adversaires Pour les Romains, auxquels ils infligèrent plus d'un sanglant désastre. Le plus retentissant de ces désastres est celui qu'ils flrent subir à Crassus. |
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« Toutes leurs institutions étaient militaires. Comme les Germains et les Sar-
mates, ils étaient constamment armés; comme eux aussi, ils consacraient aux excès de la table les temps de repos qui interrompaient leurs exercices. Ils considéraient les cheveux longs comme le signe de la liberté, et même comme une parure réservée aux rangs les plus élevés. Ils n'estimaient que l'homme de cheval; leur noblesse ne con- naissait même que ce moyen de combattre; leur costume aurait rendu difficile pour eux le service de l'infanterie. Aussi une fois démontés, ils perdaient jusqu'à la fa- culté de se défendre. » — (L. Reynier, De VEconomie publique et rurale des Perses et des Phéniciens.) Justin nous donne les détails suivants sur leur tactique : « Ils ne savent pas com-
battre en ligne et de près, ni assiéger et prendre les villes. On les voit, dans le combat, tantôt lancer leurs chevaux sur l'ennemi, tantôt fuir à la hâte; souvent même ils feignent détourner le dos, pour que l'ennemi, dans sa poursuite, se méfie moins de leurs coups. Le tambour, et non la trompette, est leur signal de bataille. Ils ne peuvent combattre longtemps; mais ils seraient invincibles, si leur force et leur persévérance répondaient à l'ardeur de leur choc. Souvent, au plus chaud de la mêlée, ils se retirent, et reviennent bientôt de la fuite au combat; et, à l'instant où on les croit vaincus, il faut recommencer la lutte. Cavaliers et chevaux sont entière- ment bardés de lames de fer, en forme de plumes. Ils n'emploient l'or et l'argent que dans leurs armures. » — (Livre XLI, chapitre h.) Les Sarmates étaient coiffés d'un casque, ordinairement en cuir, garni de lames
de fer ou de bronze, ou même entièrement en métal. Leur armure rappelait celle des Parthes. Leur cheval, lui aussi, était protégé par un caparaçon de cuir ou de toile, sur lequel étaient appliquées des écailles de fer ou de bronze. Du reste, cet armement défensif du cheval paraît avoir été en usage chez un grand nombre de peuplades bar- bares de l'est et du nord-est de l'Europe. Les femmes sarmates, comme celles de presque tous les peuples barbares, accom-
pagnaient leurs maris dans leurs aventureuses expéditions, et contribuaient, par leur présence, à enflammer leur courage. Cette coutume des femmes sarmates n'a rien qui puisse étonner, étant donné que les Sarmates, ou Sauromates, prétendaient être issus des unions temporaires des Scythes avec les Amazones. Quant aux Scythes, de même que celle de presque tous les nomades, leur histoire
est des plus vagues. Une chose semble certaine, cependant, c'est que les Scythes n'ap- partenaient pas à la race mongole, ainsi qu'a cherché à l'établir Niebuhr. Voici du reste un passage de M. Charles Lenormant, qui s'est attaché à démontrer l'erreur dans laquelle était tombé Niebuhr. « Si réellement les Scythes d'Europe avaient été des Mongols, comment un obser-
vateur aussi exact qu'Hérodote n'aurait-il pas signalé leur face plate, leurs pom- mettes saillantes, leurs larges oreilles, leurs yeux obliques et relevés par le bord |
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CHEF GAULOIS.
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kW/pf?>p3Ti
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Lrs Barbares.
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extérieur? Comment les Scythes, qui
se mettaient au service d'Athènes, ___________________________________I qui faisaient dans la ville office de
gendarmerie, et dont le corps de
garde était au milieu de la place publique, n'auraient-ils pas été ridiculisés pour leur Physionomie, si différente de celle des Grecs? Comment Aristophane, qui parle de ces Scythes dans ses comédies, n'aurait-il pas fourni des arguments à l'opinion de Niebuhr? Comment l'art grec, aussi habile à saisir les expressions comiques cl. les bizarreries de conformation qu'à rendre la beauté humaine, ne nous aurait-il pas transmis, au milieu de ces Nègres, de ces Pygmées, de ces satyres chauves et camus dont les collections de marbres et de vases peints abondent, quelque représentation ciui pût se rapprocher du type mongol? Quand, dans sa description de la Scythie, Hérodote arrive aux peuples qui ne sont pas Scythes, il a grand soin de nous repré- senter un peuple chauve, camus, dont les joues sont développées, et qui parle une langue particulière, lequel enfin n'a de ressemblance avec les Scythes que l'habit. Le Portrait de ces peuples ressemble beaucoup à celui des Tartares, niais c'est une raison de Plus pour qu'on croie que les Tartares et les Scythes n'avaient absolument rien «le S(1"iblable. » — {Introduction à l'histoire de l'Asie occidentale.) D'après Hérodote, les Scythes adoraient le Dieu de la guerre sous la forme d un
sabre; ils suspendaient à leur selle les tètes des ennemis tombés sous leurs coups, lls buvaient dans les crânes de leurs victimes, se faisaient dos blessures volontaires ;| l;l mort de leur roi, etc., etc. La nation des Scythes se divisait en deux grouj.es. les Scythes d'Asie et les Scythes |
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d'E
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~urope qui, du reste, étaient originaires ,l'Asie. Les Scythes venus d'Asie en
Europe, établirent leur domination sur de vastes territoires occupés par des peu- |
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M
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plades cimmériennes ou sarmates, qu'ils refoulèrent ou qu'ils subjuguèrent. Dans la
suite, les Scythes repoussèrent victorieusement une grande expédition dirigée contre eux par Darius; mais, plus tard, les Sarmates, redevenus redoutables, et plus nom- breux que les Scythes, entreprirent contre ces derniers une guerre d'extermination qui entraîna leur ruine. Ces Sarmates ont été la tige de la plupart des nations slaves. Quant à la trace des Scythes, tout semble prouver qu'il faut la suivre parmi les peuples de la Germanie. Les Massagètes, peuple de hardis cavaliers, eux aussi, formaient un rameau im-
portant de la nation des Scythes. « Jornandès emploie les mots Scythse, Getœet Gothi, comme absolument synonymes.
Quelques-uns, ainsi qu'on l'a pu voir dans les autorités citées plus haut, appellent Scythes les Gètes ou Goths; d'autres appellent Gèles ou Goths les Scythes. Ces mots sont parfaitement identiques, et même, selon toute apparence, ne sont qu'un seul et même mot différemment orthographié. » — (J. Pinkerton, Recherches sur l'origine et les divers établissements des Scythes ou Goths.) Les Huns, ces cavaliers sauvages, qui firent peser si longtemps la terreur sur l'Eu-
rope et sur l'Asie, étaient des peuplades de race finnoise. On les désignait par les noms de Khounn, de Hounn. Vers 220 ou 210 avant J.-C, leur confédération occupait le grand désert de Gobi, en Asie. Dans la suite, elle s'établit plus à l'ouest, sur les deux versants de l'Oural et dans la vallée du Volga. « Elle y existait dès le second siècle de notre ère, puisqu'un géographe de cette
époque, Ptolémée, nous signale l'apparition d'une tribu de Khounn parmi les Slaves du Dnieper; et qu'un autre géographe nous montre des Hounn campés entre la mer Cas- pienne et le Caucase, d'où leurs brigandages s'étendaient en Perse et jusque dans l'Asie Mineure. On croit même retrouver, dans les inscriptions cunéiformes de la Perse, ce nom terrible inscrit au catalogue des peuples vaincus par le grand roi. Qu'il nous suffise de dire qu'au quatrième siècle la confédération hunnique s'étendait tout le long de l'Oural et de la mer Caspienne, comme une barrière vivante entre l'Asie et l'Europe, appuyant une de ses extrémités contre les montagnes médiques, tandis que l'autre allait se perdre, à travers la Sibérie, dans les régions désertes du pôle. » — (Amédée Thierry, Histoire d'Attila et de ses successeurs.) Ces Huns, hideux cavaliers, au crâne pointu, au teint jaunâtre des Kalmouks, aux
yeux petits et profondément enfoncés, au nez écrasé, aux épaules larges, ne voyageaient et ne combattaient qu'à cheval; ils vivaient de viande mortifiée sous leur selle, de ra- cines crues, et buvaient le sang de leurs chevaux quand les vivres leur manquaient. Leurs mœurs se rapprochaient de celles de tous les nomades de l'Asie, à cela
près qu'ils étaient les plus féroces d'entre eux. Ils habitaient dans de grands cha- riots, qui servaient à transporter leurs familles, poussant devant eux d'innombrables troupeaux razziés au passage. |
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ri
s de peaux de bêtes, qu'ils laissaient pourrir sur eux, ils portaient des
. ' e bI'aies, en peau de chèvre, ou s'entouraient les jambes de lambeaux de ' "*» eur chaussure informe les rendait maladroits à pied. n ivlarcellin, témoin de leur première apparition sur le Danube, en fait un
peu avantageux : « Ils sillonnent profondément avec le fer les joues de leurs
ouveau-nés, afin que les poils de la barbe soient étouffés sous les cicatrices;
~1]s, jusque dans leur vieillesse, le menton lisse et dégarni. Leur corps
5 ec des membres supérieurs énormes et une tète démesurément grosse, leur
ne apparence monstrueuse; vous diriez des bêtes à deux pieds, ou quelqu'une
gures en bois, mal charpentées, dont on orne les parapets des ponts. Au dc-
^ ran , ce sont des êtres qui, sous forme humaine,
eurs chevaux étaient petits et laids, mais infati-
SaMes et rapides comme l'éclair. eritables Centaures, les Huns passaient, en quelque
agr G' Ur vie à cheval, tantôt à califourchon, tantôt asSIS de Coté, comme des femmes. Ils tenaient leurs ^'em ees, achetaient, vendaient, buvaient et man- daient sans descendre de cheval. Il leur arrivait sou- |
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Ven* de se livrer
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au sommeil inclinés sur le cou de
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leur
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s montures.
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Cavalier sarmate.
(D'après la colonne Trajane.) |
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An
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0s Imes de Javelots, dont la pointe était formée d'un ^^^^^^^^^^^^
•^pointu, ou d'armes enlevées aux vaincus, ils atta-
uaient en chargeant à fond de train, poussant des hurlements horribles, semant
1 °ut la terreur, ne laissant que ruines et décombres derrière eux, en un mot, jus- l£lnt Cette ParoIe du roi des rois, Attila : « L'herbe ne croît plus où mon cheval a |
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d* a *•' dit Chateaubriand, « du fond de sa ville de bois, dans les herbages
a Pannonie, ne savait lequel de ses deux bras il devait étendre pour saisir
mpire d'Orient ou celui d'Occident, et s'il arracherait Rome ou Constantinople à
Ja terre. les" °US leS nomades des steppes tartares et sarmates, toutes les tribus slaves, toutes
Populations teutoniques; enfin le monde barbare presque entier, de la mer Cas-
pourne et de Ia mer Noire jusqu'au Rhin et à l'Océan du Nord, reconnaissait Attila
ce t^ S61gneur^ et s'ébranlait, dans ses plus sombres profondeurs, à l'appel de
errible roi, la barbarie incarnée : 500,000 ou 600,000 hommes de guerre se le-
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vaient
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au premier ordre d'Attila.
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J°ur, le terrible orage de l'invasion hunnique fondit sur la Gaule, la couvrit
' rUlne* et l'inonda de sang. |
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56 LE CHIC A CHEVAL.
Un grand nombre de villes furent impitoyablement saccagées, entre autres Trêves,
Metz et Reims. A l'approche des hordes d'Attila, l'épouvante s'était emparée des habitants de
Lutèce, et ils avaient résolu d'abandonner leur ville. Les conseils et les exhortations d'une jeune fille, Geneviève, célèbre par ses vertus et par sa piété, les déterminèrent cependant à ne pas s'éloigner. « Les Parisiens se laissèrent persuader et restèrent. Geneviève avait bien vu. Les bandes d'Attila, ralliées entre la Somme et la Marne, n'approchèrent point de Paris, et cette ville dut sa conservation à l'obstination cou- rageuse d'une pauvre et simple fille. Si ses habitants se fussent alors dispersés, bien des causes auraient pu empêcher leur retour, et, selon toute apparence, la petite ville de Lutèce, réservée à de si hautes destinées, serait devenue, comme tant de cités gauloises plus importantes qu'elle, un désert dont l'herbe et les eaux recouvri- raient aujourd'hui les ruines, et où l'antiquaire chercherait peut-être une trace de l'invasion d'Attila. » — (Amédée Thierry, Histoire d'Attila et de ses successeurs.) Cependant, Aétius était accouru d'Italie pour tenter d'arrêter le torrent de l'invasion
hunnique. Il n'avait avec lui qu'une poignée d'hommes; mais sa présence valait une armée, elle rendit courage aux Gallo-Romains et aux barbares établis en Gaule. Bientôt, Aétius se vit à la tête d'une armée considérable, armée composite, sans doute, mais réunie dans une pensée commune, celle d'expulser les hordes d'Attila. Jornandès a retracé en ces termes le principal épisode de la lutte gigantesque qui
détermina la retraite d'Attila, lutte dans laquelle la cavalerie joua un rôle important : « La mêlée s'engage; bataille affreuse, multiple, épouvantable, opiniâtre, telle que l'antiquité n'en raconte pas de semblable; on rapporte qu'il s'y fit des prodiges de valeur, au point que l'homme privé de ce merveilleux spectacle n'a pu dans sa vie rien voir de plus beau. Car, si l'on peut ajouter foi à nos pères, un ruisseau qui, dans les plaines dont nous avons parlé, roule de faibles ondes, gonflé par le sang qui s'échappait des blessures des morts, et grossi, non par les pluies, comme à son ordinaire, mais par un liquide inaccoutumé, fut changé en torrent par les flots de sang mêlés à ses eaux. Ceux qui, percés de blessures, furent poussés vers ce ruisseau par une soif brûlante, se virent réduits à boire de cet horrible mélange; ainsi, forcés par un sort misérable à une affreuse boisson, ils avalèrent le sang qui avait coulé de leurs plaies. » Notons, en terminant, que ces barbares parmi les barbares, qui inspiraient à l'an-
cien monde une telle frayeur qu'on les disait engendrés d'unions formées, dans les déserts de la Scythie, entre des sorcières et les esprits infernaux, semblent être les premiers qui aient eu l'idée de se servir d'étriers. Ils réunissaient trois morceaux de bois en triangle, et, les suspendant à leur selle, s'en servaient pour soutenir le poids de la jambe. On conserve bien, au musée de Naples, des étriers dont nous donnons ici le
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LE CHIC A CHEVAL. 57
»sm, et qu'on dénomme étriers antiques; mais rien ne prouve qu'ils soient antérieurs
aU Clnq«ième siècle; et, dans tous les cas, ce n'est qu'après les invasions des ar ares> et même longtemps après, que nous voyons l'usage des étriers se gé- néraliser et devenir courant. n voit, par cette rapide revue des peuples dits barbares, que ce sont eux, en réalité,
qui ont été les premiers peuples cavaliers, et que s'ils n'ont, comme les Grecs, rien aissé d'écrit sur l'équitation, ils n'en ont pas moins été les premiers à la perfec- 3Dner et Par !a ferrure et par le harnachement. |
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Etriers antiques; musée de Naples.
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Cï"C A CHEVAL.
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VII.
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CHAPITRE
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LES GAULOIS ET LES FRANCS.
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î] ous avons dû intervertir, quelque peu, l'ordre chronologique,
afin d'en finir avec certains peuples de hardis cavaliers aux- quels on donne le nom commun de Barbares, peuples qui, en général, se sont mélangés avec d'autres popula- tions, ou ont été conquis par des nations plus civi- lisées, et n'ont pas constitué des États indépendants. Retournant maintenant en arrière, nous allons nous occuper, tout particulièrement, de l'équita<ion dans ne j notre beau pays de France, en dehors duquel nous °us permettrons désormais que de rares excursions.
■ iNo« cavaliers et nos écuvers, à toutes les époques, ont toujours été les premiers
u monde. L'équitation, en tant qu'art d'élégance et de finesse, a toujours été un art
ktellement français. Il en est encore ainsi, aujourd'hui, quoique puissent dire
aS Romanes. D'après eux, le cheval ne doit être qu'un moyen d'aller vite; il ny
^Ue Vé9mtation large, en dehors, etc., etc.. Tout se résume pour eux en ces mots :
*a comme je te pousse! »
;ela e*t, nous en convenons, plus facile, et moins compliqué que l'art véritable.
. ls "oublions pas que les fanatiques cle cette thèse n'ont, d'ordinaire, pas mis les In n An8-lete^e; que, pour eux, la préoccupation principale de l'homme de cheval eu n G être le Ch0ix de «>n costume et, surtout, la détermination de la coupe de sa Que 7 CetlG C°Upe est sa™^ ^ recherchée, mais elle est aussi grotesque. En elle ^ suffl PlUS ridicuIe' de Plus disgracieux que la largeur démesurée dudit vêtement. raitr-il pas de pavoir juste assez étoffé pour y être à son aise? |
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LE GHIG A CHEVAL.
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60
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N'oublions pas, non plus, que s'il est vrai que les Anglais ont su créer d'admirables
races de chevaux, s'ils savent les soigner mieux que partout ailleurs, et qu'ils mènent « comme des anges » dirait notre ami Lavedan, il est également incontestable qu'ils sont loin de monter à cheval comme on monte chez nous. Sans doute, au mo- ment de la « season » , Hyde Park offre, au Parisien ébahi et toujours admirateur de l'étranger, un fort joli spectacle; mais les légendaires escadrons de jeunes filles aux cheveux dorés, en dehors du coup d'ceil agréable qu'ils offrent, laissent l'homme de cheval absolument froid. Suivez ces amazones, si souvent citées comme exemple, suivez-les galopant au galop de charge, et regardez-les tourner au « Row », toujours à fond de train, et sur n'importe quel pied; et dites-moi si ces charmantes enfants ont d'autre mérite que leur hardiesse et d'autres qualités que celle qui consiste à avoir d'admirables chevaux, avec lesquels on est dispensé de toute
science ! Voilà, certes, qui ne fait pas l'affaire des fanatiques de l'é-
quitation anglaise, et de tout ce qui vient de l'autre côté du détroit. Nous voyons d'ici l'un de ces anglomanes convaincus, qui pense fermement que le bon goût est d'origine britanni- que, qui envoie blanchir son linge à Londres, mais qui, moins heureux que ses chemises, n'a probablement jamais franchi la Manche, nous objecter que les Anglais sautent, à la chasse, |
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Mors ayant appartenu à l'empe-
reur Constantin, fait avec un des clous de la croix. Conservé sous le nom de ■ saint clou » dans l'é- glise Saint-Si/frcin de Carpen- tras. |
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des obstacles dont nous n'avons pas idée, qu'ils sont, par
conséquent, d'incomparables cavaliers, etc., etc.. « Pardon, Monsieur », lui répondrions-nous, « leurs che-
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vaux sautent des obstacles extraordinaires, parfait; mais, ce
sont les chevaux qui sont admirables, et non les cavaliers. Je vous vois hors de vous, ce qui n'est pas anglais, Monsieur, et tous les plis de votre culotte anglaise en frémissent de rage. Du calme ! Monsieur, du calme! ne chassait-on pas, sous Louis XIII, sous Louis XIV et sous Louis XV, et les airs de manège ont-ils arrêté l'élan de la maison du roi à Fontenoy? Allez donc faire un tour au concours hippique, et vous verrez que les leçons des la Guérinière, des Dupaty de Clam, des d'Aure, des L'Hotte, des Cahouët, des Vaulogé et des Bellegarde ne sont pas que des hors-d'œuvre; et que les vainqueurs du steeple sont ces mêmes cavaliers qui, la tunique noire sur le dos, le petit chapeau en bataille, sur la tête, faisaient tout à l'heure passager les pur-sang, et apprenaient aux vigoureux sauteurs, ces vieux airs français : la crou- pacle, la capriole, la ballottacle et la courbette. » Je sais que je ne vous amènerai pas à vous déjuger, Monsieur, car vous avez la
prétention d'être un convaincu; je sais que vous continuerez à porter des culottes anglaises, et à dire : « les Anglais! les Anglais! » tant que ce sera la mode de demander à l'Angleterre le mot d'ordre en matière d'élégance. Aussi, n'est-ce pas pour |
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BRUNEHAUT, REINE D'AUSTRASIE.
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01
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LE CHIC A CHEVAL.
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vous que je parle, mais pour nos officiers de cavalerie, qui, eux, montenl remarqua-
blement, depuis tantôt vingt ans. On ne saurait trop les admirer, et répéter partout qu ils sont les premiers cavaliers du monde, et qu'ils aissent de bien loin derrière eux leurs brillants col-'
( Rues de l'armée anglaise, même quand ceux-ci,
comme au moment où j'écris (juin 1890), gagnent, avec lm cheval de toute beauté, et bien supérieur à tous les nôtres, le grand military d'Auteuil. 11 appert des documents que nous a transmis l'anti-
quité, que nos ancêtres, les Gaulois, étaient des cava- 1 *
lers P^ins de hardiesse, de fougue et de bravoure.
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Selle du Y1W
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ontés sur leurs chevaux, qu'ils dirigeaient avec un
nple bridon, ils parcoururent en vainqueurs une partie de l'Europe et de l'Asie: pillant Delphes, infligeant, sur les bords de l'Allia, une sanglante défaite aux Romains, entrant victorieux dans Home. Les Romains evaient conserver un souvenir ineffaçable de ce désastre. Aussi, chaque fois que,
daus la suite, ils eurent affaire aux Gaulois, ils déclaraient qu'il y avait tumulte, c ost-a-dire que la patrie était en danger, et ils levaient tous les hommes en élal de Porter les armes. rofitant adroitement de la haine que les Gaulois ressentaient pour les Romains,
nnibal en incorpora un grand nombre dans son armée, et les lança sur l'Italie. Us
ne se ménagèrent pas pendant cette lutte de Carthage contre Rome; et, à maintes reprises, les légions lâchèrent pied devant les escadrons gaulois. Une fois même, Rome put craindre d'à- voir à éprouver le même soit |
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qu'après l'Allia, elle put
Une fois ce mot terrible |
craindre d'entendre encore
et si vrai « Malheur aux vain- |
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eus! »
Le cheval du cavalier
c°mpagnon,unami. Sa ^blement liée à celle de c°mpagnait jus- que dans la tom be. |
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m, un
destinée était indisso- son maître, qu'il ac- |
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gaulois
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3
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C^cron- à. ua obet <(W
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v-ttwîLe
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cU commencement eWXVI» sii<l« , ta t")« <*• °-i1, ,
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_______ pu voir,
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au chapitre de la
lm'ure, que les Celtes connurent l'emploi du fer à cheval longtemps avant les Ro-
"^us; et, c'est probablement au cours de leurs expéditions dans la Gaule, que ces ' '''"lers comprirent les avantages qu'il y avait à, ferrer les chevaux. Nous avons également dit, en parlant des Huns, qu'ils furent vraisemblablement |
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les premiers à se servir d'étriers, et qu'ils en répandirent l'usage dans la Gaule et
dans le reste de l'empire romain. C'est aussi après les invasions barbares que l'on voit l'emploi de la selle se généra-
liser en Europe. La selle proprement dite n'apparaît, du reste, que dans les derniers temps de l'empire romain. C'est à Byzance, dit-on, qu'elle fut inventée, ou plutôt perfectionnée, car certains peuples barbares, les Huns, par exemple, semblent s'être servis d'une selle rudimentaire. Un point qui paraît également acquis, c'est que les cavaliers francs faisaient usage de la selle. Quoi qu'il en soit, l'adoption de la selle et des étriers marque une ère nouvelle
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tion; ou, plutôt, c'est à da-
mence l'histoire raison née étriers », dit le capitaine
commodité, une assurance, dans la tenue, inconnues plus de cavaliers glissant à l'arrière, surchargeant, rière-main, et fatiguant le le malaise des cuisses et tions, comme autrefois, par un poids variable, plus dorsale, en prenant toute- et plus de cavaliers entamés le rapport du combat, les |
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dans l'histoire de l'cquita-
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ter de ce moment que com-
de l'équitation. « Avec la selle et les
Picard, « on trouva une une solidité et une fixité jusqu'alors. Dès ce moment, alternativement de l'avant tour à tour, l'avant ou l'ar- cheval par l'oscillation et des jambes; plus d'affec- plus de chevaux meurtris de chevaux blessés à l'épine fois les précautions voulues, |
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par elle. Il y a plus, sous
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étriers donnèrent aux cavaliers un nouveau point d'appui avec les moyens de con-
server leur tenue, au milieu des mouvements les plus irréguliers, en leur donnant la facilité d'étendre l'usage de leurs armes, et de porter leurs coups avec plus de vigueur. Sous le rapport de l'équitation, il y eut aussi plus de justesse; la selle main- tenait le cavalier dans la position où, en fatiguant le moins le cheval, il se trouvait le plus commodément, lui-même, pour sa tenue et pour le gouverner; et, au moyen des étriers, les jambes, venant se placer le long des sangles, se trouvèrent plus voisines du centre de gravité, et purent opérer avec plus de précision et de finesse. » C'est sous les Mérovingiens, également, que l'emploi de maréchal, qui, pendant la
période gallo-romaine, avait été exercé par des esclaves, devint un métier d'homme libre. Dans les grandes fermes des rois de la première race, les maréchaux étaient placés sous l'autorité du Cornes stabuli (comte de retable), alors simple intendant, mais qui deviendra bientôt le connétable, l'un des grands dignitaires cle la couronne. C'est à partir du huitième siècle, après la bataille de Poitiers, que, disent les an-
ciens historiens, les Français prirent « le goût exclusif et exagéré de la cavalerie »■ |
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LK CHIC A CHIiVAL. ^^^^^^^^^^^^^^^
e A mesure qu'ils étendaient leur empire, les rois francs, obligés de guerroyer au
01n> avaient dû augmenter leur cavalerie. C'était facile, d'ailleurs. Ils disposaient des cUX chevaux gaulois, et les invasions des
Peuples cavaliers, comme les Huns, les Sar-
*ans, les Goths et les Vandales, avaient
) »ui le sol conquis, un grand nombre
cavaliers aguerris et entreprenants. »
Ples la chute de l'empire romain, l'im-
Portance de l'infanterie va en diminuant; la
erie tend, de plus en plus, a former la
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Principale des armées. Après la bataille
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de Poit
était
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lei'S, où la cavalerie légère des Arabes
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nue se briser, à maintes reprises,
contre les gros bataillons et les lourds esca- ronsde l'armée franque, l'effectif de la ca- |
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i rat
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Selle normande du XI' si rie
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erie s'augmenta sans cesse dans cette der- ^^^^^^^^^^^^^^
er>e armée. Sous Charlemagne, les troupes
achevai constituaient une partie considérable de l'armée; et cette cavalerie avait un 3 Prépondérant sur les champs de bataille. Après Charlemagne, le rôle de la ca- valerie prime, de plus en plus, celui de l'infanterie : tous ceux qui ont les moyens Ce Posséder un cheval et de le nourrir, combattent à cheval. Son importance, la ca- Valerie deyait la conserver pendant plusieurs siècles. Il faut arriver au quatorzième '* cle5 pour lui voir subir des échecs retentissants, en présence de troupes à pied. Ces échecs, il faut ]e dire^ éta.ent caugés^ mo.ns par ]e manque de bravoure ou d'habileté n cavalier, pris individuellement, que parle mauvais emploi de la cavalerie. Les
C*ecs auxquels nous faisons allusion sont ceux de Courtray, de Crécy, de Poitiers, et,
Slècle suivant, celui d'Azincourt, Nous avons dit que ces grandes défaites furent, en
J^ajeure partie, dues à un mauvais emploi de la cavalerie : en effet, à Courtray, la cava-
6rie chargea sur un terrain qui n'avait pas été exploré, et elle se précipita dans un ca-
|a I qui couvrait la ligne des fantassins flamands; à Crécy, elle se lança à l'attaque dvx
Prions anglaises avec des chevaux fatigués, et sur un terrain détrempé par la pluie;
1 P°itiers, renonçant à la puissance que lui donne le choc, elle mit pied à terre
Po»r déloger les archers anglais, bien abrités sur une colline couverte de vignes.
n même temps que la cavalerie se développait comme nombre, on s'attachait, de
P,IUS en plus, à protéger ses hommes et ses chevaux, et à augmenter ses moyens actlon. L'armure du cavalier et celle du cheval se perfectionnaient donc «l'une façon constante. |
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éPoque de Charlemagne, l'armement défensif du cavalier était déjà poussé
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u- J-a citation qui suit en fournit la preuve
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Alors parut Charles, lui-même », dit le moine de Saint-Gall, « cet homme de fer,
la tête couverte d'un casque de fer, les mains garnies de gantelets de fer; sa poitrine de fer et ses épaules de marbre défendues par une cuirasse de fer; la main gauche armée d'une lance de fer, qu'il soutenait élevée en l'air, car sa main droite, il la te- nait toujours étendue sur son invincible épée. L'extérieur des cuisses, que les autres, pour avoir plus de facilité à monter à cheval, dégarnissaient même de courroies, il l'avait entouré de lames de fer. Que dirai-je de ses bottines? Toute l'armée était habituée à les porter constamment de fer. Son cheval avait la couleur et la force du fer. » Dans les Capitulaires de Charlemagne, on trouve les prescriptions suivantes, en ce
qui concerne les armes : « Que le comte ait soin que les armes ne manquent
pas aux soldats qu'il doit conduire à l'armée, c'est-à-dire qu'ils aient une lance, un bouclier, un arc à deux cordes et douze flèches; qu'ils aient des cuirasses et des cas- ques. » Du reste, pendant toute la durée de son règne, Char-
lemagne déploya une constante sollicitude pour la cava- lerie; il la voulait nombreuse et redoutable. C'est sous Charlemagne, et à la suite des guerres con-
tre les Arabes d'Espagne, que le cheval espagnol, cheval |
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Fnuct dont se servaient les dames du moyen
âge pour monter à cheval. |
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fort estimé depuis longtemps déjà, puisqu'il est cité dans
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un édit d'Honorius : « Arles, où se trouvent réunis les
trésors de l'Orient, les parfums de l'Arabie, les chevaux de l'Espagne... », fut intro- duit en France sur une assez grande échelle. Les chevaux espagnols, améliorés par des croisements avec les chevaux de race sar-
razine, fournirent, depuis lors, des étalons très recherchés, dont la réputation se maintint pendant fort longtemps. En effet, nous voyons, en 1650, le marquis de Newcastle en parler, encore, comme de chevaux hors ligne. «... Son sang oriental, un ciel tempéré et de riches herbages avaient donné à ce
cheval plus de hauteur et de corps que son ascendant. Le destrier de ce pays était le premier cheval de bataille connu. » — (Capitaine Picard.) Par ce fait qu'à dater, surtout, du règne de Charlemagne, l'importance de la cava-
lerie alla sans cesse croissant, que cette cavalerie était presque uniquement re- crutée dans les classes riches, que l'adoption déplus en plus répandue des armures nécessitait une plus grande pratique du cheval, on s'expliquera aisément le goût pas- sionné qui se manifesta alors pour l'équitation, rendue plus facile, du reste, par les perfectionnements qui avaient été introduits dans le harnachement des chevaux. L'élevage du cheval se développe. On s'attache à créer des types de chevaux appro |
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CAVALIER NORMAND DU XI" SfÈCLE,
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LE CHIC A CHEVAL. 63
aux besoins du temps, et capables de porter leurs lourds caparaçons et leurs
Paliers bardés de fer. T >
ri d ge la ferrure se généralise rapidement, les maréchaux, qui pendant la pé-
m'f romaine étaient tantôt des proscrits, tantôt des affranchis, voient leur
evenir de plus en plus honoré; quelques auteurs prétendent même que l'é-
u moyen âge n'est pas autre chose que l'ancien maréchal dont la fonction est
devenue honorifique.
lécv,- ( °0mte de l'étable » va devenir le connétable, et le bâton de commandement qu'il
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ux maréchaux de France est bien la preuve de ses fonctions primitives.
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est
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issement de la féodalité, en exagérant encore la supériorité du cavalier, qui
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des eSqUe t0UJ°urs noble, sur le fantassin, qui appartient à la classe des manants,
iers, des vilains, donnera une nouvelle impulsion à l'équitation.
les • Petlts"fi]s du grand empereur avaient hérité du goût de Charlemagne pour ^ ^ x militaires; et Nitard, fils d'une des filles de l'empereur, nous raconte que : cice 6UX rois5 Karl et Lodewig, le Germanique, adroits à toute espèce d'exer- guerr &lmaient fort ces Jeux- Souvent ils assemblaient la multitude des gens de %al ^ danS Un li<3U convenable- C>n rangeait, d'abord, face à face et en nombre '. eilx troupes de Saxons, de Wascons, d'Austrasiens, de Bretons. Au signal ment ' 3deux bandes se ruaient impétueusement l'une sur l'autre; puis, au mo- %ait ' S entreheurter> l'un des escadrons tournait bride; et, le bouclier au dos, nai ' aU ëT^op, vers ses camarades, demeurés en réserve; les fuyards se retour- les de a °rS' 6t poursuivaient ceux devant lesquels ils avaient fui, jusqu'à ce qu'enfin brand. *' r°ls' et toute la jeunesse, s'élançant de toute la vitesse de leurs chevaux et et nr, Sant leurs Javelines, à grands cris, accourussent se précipiter dans la mêlée,
P°ursuivre lnniA+ i Dès ] S Uns' tantôt les autres. » même °rS' t0Ut ce qui est nobIe' ou asPire a lêtre' monte a cheval : deS femmes
et enfo' ^ C6la Pendant tout le moyen âge, s'arment quelquefois comme les hommes, pare.lJ1Chent' c°mme eux, le cheval de bataille, le destrier.
^va-t-n 6 Ch°Se' dU reste' s'était vue' Plus d'une fois' a réP0(lue mérovingienne. N'ar-
si entr PaS fort auvent, par exemple, à Brunehaut, cette reine d'Austrasie si belle, reste lepi>enante et si dissolue, de chevaucher à la tête de ses leudes? On sait, du servi'dg°mment elle Périt' attachée à la queue d'une cavale indomptée, après avoir d'Ange J°Uet aux ^ldats de Clotaire. De nos jours, également, une mode, venue ne cheriT6' naturellement, et frisant le ridicule comme toutes les modes anglaises, tethmj elle Pas à nous priver du spectacle si élégant des femmes montant en f°Urch0 T,116 VOudrait-elIe pas essayer de faire monter nos jolies Parisiennes à cali- Nous .,
elles jaig P r°ns bien que les Françaises ne se laisseront pas prendreà ce vilain piège;
SSer°nt ,es hommes copier les modes anglaises et garderont, elles, ce cachet, |
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C",C A CHEVAt.
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LE CHIC A CHEVAL.
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ce chic parisien que les filles d'Albion n'auront jamais, quoiqu'elles fassent ; n'est-ce pas
trop déjà qu'un couturier anglais puisse trouver à Paris, cette reine de l'élégance, quel- ques clientes au goût faussé, et leur imposer ses modes mesquines et prétentieuses? Montez en amazones, Mesdames, et surtout restez Parisiennes : vous êtes adorables
ainsi; laissez les Anglaises se ridiculiser à plaisir; le dernier des trottins parisiens sera toujours plus attrayant que la plus grande dame anglaise. Mais n'anticipons pas et, surtout, ne nous attardons pas à étudier l'équitation
d'une époque sur laquelle on ne possède que peu de documents touchant les ma- tières hippiques. C'est, en effet, seulement à dater des jours lumineux de la Renais- sance, que l'équitation deviendra un art véritable, régi par des règles bien définies; et qu'elle ira sans cesse se perfectionnant, grâce aux efforts des maîtres éminents qui nous ont laissé tant de précieux écrits. |
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CHAPITRE VIII.
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LA FÉODALITÉ, LES CROISADES, LA CHEVALERIE.
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endant toute la durée du moyen âge, l'équitation a un caractère
essentiellement militaire. En effet, "l'état de guerre est, en quelque sorte, l'état normal ; et l'on peut dire de la société, à cette époque, que tout s'y faisait pour la guerre et par la guerre. Après le partage de l'empire de Charlemagne, la civilisa-
tion avait subi un temps d'arrêt, une véritable éclipse. La souveraineté s'émiettait, le pouvoir central allait sans cesse s'affaiblissant, les notions de droit et de justice s'obscurcis- saient, le monde n'était que trop souvent régi par la force. Les luttes îr,^ ,. temps étaient sombres, la vie humaine de peu de prix; les |
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accoure ^f08' incessantes. Pour comble de malheur, les nations demeurées barbares
,e carnaoGnt à ** CWée deS DeuPIes civilisés, pillant, saccageant, semant les incendies et la Scand86' ^ respeclant rien- Ces barbares, c'étaient les Normands, venus par mer de et Plus- maVie Gl deS rivages de la Baltique- Ensuite parurent les Hongrois, plus cruels ^n traitlnPlt°yableS enC°re qUG Ies Normands- Ils n'épargnaient même pas les enfants. °gres de SUffira pour donner idée de l'épouvante que provoquaient leurs incursions : les Les ,T legendes Populaires, ces êtres friands de chair humaine, ce sont les Hongrois. tats) qu7f1Sa<îeS eXercèrent une heureuse influence, non point à cause de leurs résul- rieu'reg ' Urent négatifs, mais parce qu'elles détournèrent les esprits des rivalités inté- loin ^ ' luttes de château à château, des guerres privées, et qu'elles entraînèrent au d'une e .Caraclères turbulents. De plus, ceux qui avaient survécu aux rudes épreuves édition de ce genre revenaient clans leur patrie, ainsi qu'il arrive d'ordi- |
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68 LE CHIC A CHEVAL.
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naire à ceux qui ont vu du pays, avec des idées nouvelles, qu'ils propageaient autour
d'eux. De nouvelles idées, de nouvelles coutumes, de nouvelles connaissances, il y avait, en effet, ample moisson à faire parmi ceux que l'on appelait les Infidèles, car ils étaient infiniment plus civilisés que les
Croisés. Ces derniers avaient donc beaucoup à gagner à entrer en contact avec les Infidèles. Ajoutons que c'est pendant les croisades qu'ont pris naissance les premiers ordres religieux et militaires de chevalerie, l'ordre des Templiers et celui des Hospitaliers de Saint-Jean. Guidés par des principes très élevés, par des idées d'un |
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Selles d'armes, d'après ('Histoire du roy Arlus;
ms. du XIII" siècle. |
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mysticisme délicat, soutenus par la force in-
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vincible que donne la foi, ces chevaliers reli-
gieux, et aussi les chevaliers laïques, formaient l'élite militante de la société. Disons-le, à l'honneur de notre pays : c'est la France qui, dans ces temps troublés,
a été la nation chevaleresque par excellence, celle |
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XIIP
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où le chevalier se montrait le plus enclin à rompre
une lance en faveur du bon droit. « Fay ce que doiz, et aveigne que peut. » Telle
est la devise du chevalier qui prête serment d'être toujours « courtois sans villenie, débonnaire sans folie, piteux envers les souffreteux, large et ap- pareillé de secourir les indigents, prêt et en- labulé de détruire les voleurs et les meurtriers, de juger sans amour et sans haine ». Où trouver plus belle et plus noble devise, et
comment ne deviendrait-il pas vaillant et magna- nime ce chevalier qui « ne doit, par paour de mort, faire chose où l'on puisse honte cognoistre, et qu'il doit plus redoubler honteuse
vie que la mort » ? Voilà, certes, d'admirables principes, une morale
pleine de noblesse et d'élévation, formulée dans des W !m B\l tt règles simples et courtes. C'est que la mode n'était pas, f /Jj R \a I alors, aux. gros volumes et aux longs discours; on n'en m » V W avait que faire : l'action primait la pensée, et le bré- /^ __^^^^| viaire de la morale devait être de peu d'étendue. La su- périorité ne s'acquérait pas en pâlissant sur les livres,
mais en payant de sa personne. Aussi, à cette épo- Êtrier en usage du x° au xm° mècie. que, l'éducation du jeune noble tend-elle, presque uni- |
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RICHARU CQEUR-DE-LION.
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guement férir, et pour qu'il
s'accoutumast à légèrement lever ses bras, il faisoit le soubresaut, armé de toutes pièces. A un grand homme monté sur un grand cheval, sailloit de derrière, à chevau- chon, sur ses épaules, en pre- nant ledit homme par la man- che, à une main, sans autre advantaige. « En mettant une main sur
l'arçon de la selle du grand coursier, et de l'autre emprès les oreilles, le prenoit par les crins, en pleine tête, et sail- loit, par entre ses bras, de l'au- tre part du coursier... Si deux parois de piastre fussent aune brasse, et l'une près de l'autre, qui fussent de la hauteur d'une tour, à force de bras et de jambes, sans autre aide, mon- toit tout au plus haut, sans cheoir au monter ni au déva- loir. Item, il montoit au revers d'une grande échelle, dressée contre un mur, tout au plus haut, sans toucher des pieds, mais seulement sautant, des deux mains ensemble, d'éche- lon en échelon, armé d'une cotte d'acier, et, otée la cotte, à une main sans plus, montoit plusieurs échelons..... Quand
il étoit au logis, s'esseyoit avec
les autres écuyers à jetter la lance, ou autres essais de guerre, né ja ne cessoit. » |
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LE CHIC A CHEVAL.
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quement, à développer sa for-
ée, son adresse, son courage. page, écuyer, chevalier, il ap- prend à monter à cheval, à manier une lourde lance; en Un mot, à être prêt à servir, en tout lieu et à toute heure, ( s°n Dieu, son Roi et sa ame »• Qu'il se connaisse en evaux) en chiens, en oiseaux et en armes; qu'il sache ga- ^mment tourner un compli- ment, qu'il soit brave et loyal, en toute rencontre, on ne lui en demande pas plus : il n'a que faire de la tactique pré- tentieuse et savante des Grecs du Bas-Empire. Il se préoc- CuPe peu de tactique et de ma- n°euvres d'ensemble, et corn- pour son propre compte, mettant sa confiance en Dieu et en son épée. °n ne s'étonnera plus de la
aiJle et de la vigueur des
oninies de ce rude temps, si
1 sait par quels exercices le
Jeune noble se préparait au
Métier d'homme d'armes.
:< J1 s'esseyoit à saillir sur
n coursier, tout armé, et
aloit lortgUement à pied, pour
'accoutUmer à avoir longue
aleine, et souffrir longue-
ent travail ; autres fois féris-
d'une coignée ou d'un
' grande pièce. Pour bien
g Ulr au harnois et endurcir
bras et ses mains à lon-
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¥t
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,%u^*
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Trophée d'armes ; XIII" siècle.
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LE CHIC A CHEVAL.
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Alors, la seule manière de se former pour combattre était la haie. Cette haie était
composée de chevaliers disposés sur un seul rang, car aucun n'eût souffert d'être placé au second et masqué par un autre. Derrière, venaient les écuyers, les archers et les coutilliers. Le moyen âge est aussi l'époque
des tournois, dont la véritable ori- gine paraît remonter aux Ger- |
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mains, ainsi que semble le prouver
ce passage de Tacite : « Ils n'ont qu'un genre de spec-
tacle, uniforme dans toutes leurs réunions. Des jeunes gens, qui ont l'habitude de ce jeu, sautent nus à travers les pointes menaçan- tes de glaives et de framées. L'exer- cice a produit l'adresse, et de l'a- dresse est née la grâce. Et ici, nul |
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Cavalier chargeant. — D'après un Ms. de 13!i0.
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espoir de récompenses : l'unique
salaire de ce périlleux divertisse- ment, c'est le plaisir des spectateurs. » — (Tacite, Mœurs des Germains, cha- pitre XXIV, traduction E. Burnouf.) Voici maintenant ce que dit La Guérinière au sujet de l'origine du tournois. Son
opinion est intéressante à citer, bien qu'elle ne paraisse point absolument conforme à la
vérité historique.
« Les Tournois, suivant quelques auteurs, ont été inventés
par Manuel Comnène, empereur de Constantinople. Ce n'é-
toit, clans le commencement, qu'une simple course de che- vaux, qui se mêloient les uns avec les autres, en tournant et retournant de différents côtés, ce qui leur a fait donner le nom de Tournois. Les cavaliers se servirent ensuite de bâ- tons qu'ils se jettoient les uns aux autres, en se couvrant de leurs boucliers. Ce jeu de bâton était, à peu près, le jeu de Troye qui, de là, passa chez les Grecs et la jeunesse romaine, et que les Turcs, les Persans et quelques autres nations chanfrein du xiv siècle. orientales, pratiquoient encore au dix-huitième siècle. |
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LE CHIC A CHEVAL.
« Les Maures furent très adroits dans ces exercices. Ils introduisirent les
eniffres, les enlacements de lettres, les devises et les livrées dont ils ornèrent eurs armes et les housses de leurs chevaux. Us firent aussi une infinité
applications mystérieuses des couleurs, donnant le noir à la tristesse, le Vert à l'espérance, le blanc cala pureté, le rouge à la cruauté, etc., etc.; |
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et, par cette diversité de couleurs mêlées, ils expliquoient leurs pen-
eurs desseins. Comme ils étoient très galants, ils donnoient
6 urs Touraois, le bal aux dames, qui distribuoient le prix
Va iers. Les autres nations ajoutèrent quelque chose à ces P^eils. Les Goths et les Allemands mirent sur leurs dragons ailés, des harpies, des mufles de lions et autres es, pour les rendre « plus fiers et plus terribles
jettes, des bouquets de plumes sur de hauts bon- |
sées et
à la fin
aux che-
sortes d'ap-
casques des
choses sembla-
et, ensuite, des ai-
nets : c'est ce qu'on
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nommoit cimiers.
« Les François se servirent de cottes
Un vêtement que les grands seigneurs et SUr leurs cuirasses. Les armoiries 9-Ue Ja connaissance des écus, el |
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d'armes, qui étoient
les chevaliers portoient ne furent, dans l'origine, les marques de distinctions se faire reconnaître, et dans nois. De là, ils passèrent dans une marque de noblesse, surnommé l'Oiseleur, introdui- des tournois, dans le dixième noblesse et lui donner de l'émula- |
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^e les nobles employèrent pou
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combats et dans les tour
les famlHes, où ils devinrent « Henri ^ empereur,
Slt en Allemagne l'usage Pour exercer la |
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I on .^^^^^^^^
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* Et cequinzièmflt ia ncice*-» Lstatide* Ton,
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qui furent suivis jusqu'à la fin du
furent interrompus par le mépris qu'en qui préféra la mollesse à ces nobles exer- mières règles des tournois et aussi de l'é- féodale sont exposées dans le « Règlement nois », de Geoffroy de Preuilly, gentilhomme mort en 1066. celte époqtie, donc, les règles sont précises et éta- de façon à ce que ces jeux ne dégénèrent pas en batailles sanglantes. On doit combattre à armes courtoises, c'est-à-dire avec des lances à fers carrés obtus, avec des epees sans pointes et « rabattues », c'est-à-dire émoussées, avec des masses peu pesantes. Et, encore, il n'est permis de se servir de ces armes que d'une certaine façon; il n'est pas loisible d'en tirer tout leur effet utile. Les |
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LK CHIC A CHEVAL.
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chevaliers, en effet, ne doivent frapper leur
adversaire que du haut en bas, « sans le bouter d'estocq ou hachier ». Malgré toutes ces règles sévèrement établies,
on comprend que, bien souvent, les tournois dégénéraient en luttes sanglantes. Parfois, en effet, les deux partis s'animaient
outre mesure, s'exaspéraient et changeaient le tournoi, la lutte courtoise, en une véritable bataille. C'est ce qui arriva à Châlon, en 1274, dans le tournoi où figuraient, d'un côté, le roi Edouard et des chevaliers anglais; de l'autre, le comte de Châlon et des chevaliers bourgui- gnons. Plusieurs des champions y restèrent sur |
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Chien employé contre la cavalerie;
XIV" siècle. |
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le carreau. Et, même lorsque les adversaires se
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comportaient loyalement, les accidents inhé-
rents à de semblables rencontres faisaient encore bien des victimes. Par exemple, dans un tournoi qui eut lieu à Nuys, près de Cologne, plus de soixante chevaliers périrent suffoqués par la poussière, ou écrasés sous les pieds des chevaux. Aussi papes et rois fulminent-ils, mais en vain,
contre les tournois. Ordonnances et bulles restent sans effet, et ces fêtes militaires deviennent de plus en plus fréquentes. Il en fut ainsi jusqu'à la guerre de Cent ans. Les gentilshommes viennent aux tournois en bril- lant équipage, car ce sont les dames qui décernent le prix au vainqueur. Aussi les chevaliers ne se bornent pas à rivaliser de force et d'adresse en combattant; ils rivalisent encore de luxe et de magnificence dans leurs vêtements, leurs armes, le har-
nais de leur monture. « Aussi ces exercices, » dit
M. Viollet-Leduc, « devenaient souvent l'origine de rivalités et de haines profondes, et l'on conçoit que les rois, qui avaient bien assez d'embarras lorsqu'il s'agissait de mettre l'accord
entre leurs vassaux, sur des questions d'un intérêt plus sé- rieux, dussent s'opposer à ces nouveaux prétextes de rancunes |
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Bride du cheval de Barnabo
Visconli; 13îii, |
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et de vengeance.
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CHEVALIER DU XII" SIÈCLE.
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LE CHIC A CHEVAL. 73
Au douzième et treizième siècles, on ne déployait pas encore tout le luxe et le cé-
rémonial qui furent d'usage à partir du quatorzième. Ainsi, dans « li Romans de Brut, » les chevaliers quittent la table, après le repas, et, pour passer le temps, les uns vont « bohorder », c'est-à-dire jouter de la lance; d'autres organisent des courses de chevaux; quelques-uns combattent à pied ou jouent au palet, sautent des fossés ou lancent des dards : « Les dames sor le mur montoient,
« Qui les jus agarder voloient,
« Qui ami avoient en la place,
« Tost li montre l'œil et la face. »
Et, dans « U Romans d'Amadas et Ydoine », on lit :
« Ensi a vint qu'à I. haut iour,
« En la court du duc son signour,
« Doi fil à barons du païs,
« De haut parage et de haut pris,
« Avoient pris sur le gravier
« I. bouhourdeïs mult pleinier,
« De II. pars i ot compaignons
« Mandés, et lonc et près semons,
« De tout le mix de sa contrée.
« Après mangier la relevée,
« Pour bouhourder sunt apresté
« Et issent hors la cité.
« Si sunt venu dehors au plain
« Plus sunt de C. ; n'i a vilain,
« Ains sunt tuit gentil damoisel,
« Bien bouhourdant et preu et bel.
« De la vile issent mult grant gent
« Pour veoir le tournoiement;
« Et chevaliers et damoiseles,
« Esquier, bourjois et danseles. »
Dans un autre poème du treizième siècle, « li Romans de Garin le Loherain, on peut
paiement lire le récit de belhourdis ou bouhourdeis, qui se font sans façons et sans aPprêts. « Quand mangié orent et midis fu passés,
« Chevaus demandent, on lor a amené.
« Les escus prennent, beharder vont asprés. »
Mais il ne s'agissait là que de récréations, de passe-temps, et non de véritables tour-
nois. Le véritable tournoi, en effet, était annoncé assez longtemps à l'avance.
U avait lieu en champ clos, dans un endroit entouré de tribunes, pour les dames et les auts Personnages qui n'y prenaient pas une part effective; et, nous disent Chrestien royes et Godefroi de Ligny, dans « li Romans de la Charette » : |
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CDIC A CHEVAL.
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LE CHIC A CHEVAL.
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« La où li tornoiz devoit estre
« Ot unes granz loges de fust « Par ce que la Reine i fust « Et les dames et les puceles : « Einz mis ne vit loges si bêles « Né si longues né si bien faites. » Le poème si curieux du treizième siècle publié par M. Michelant, d'après le manus-
crit de Vienne, et intitulé : « Merangis de Portlesguez », nous apprend que le prix du tournoi était quelquefois un baiser : « Cui l'ounars parra avenir
« De vainscre le tornoiement, « Si emportera quitement « Un cigne qui elpré sera; « Et si vouz di qu'il baisera « La pucele de Landemore « Qui n'est mie laide ne more. » On le voit, il y avait dans ce moyen âge si sombre, où la force brutale primait sou-
vent le droit, des sentiments pleins de noblesse et de délicatesse, des usages charmants et véritablement chevaleresques. Tout cela est bien loin de nous, et paraît maintenant assez étrange, à une époque
sceptique qui se qualifie elle-même d'époque « fin de siècle ». Cependant, n'était-ce pas un spectacle charmant, empreint d'une vivante poésie, de voir ces hommes si valeu- reux, qui portaient si allègrement leur pesant harnais de guerre, ces hommes habi- tués à lever haut la tête devant les autres hommes, plier volontiers le genou devant les femmes, ne fût-ce que pour en recevoir une rose ou un baiser? Combien elles devaient être pittoresques ces « chevauchées » d'hommes d'armes de
stature gigantesque, montés sur des chevaux appropriés à leur taille, superbes animaux bien dignes de porter leur vaillant cavalier ! C'était le temps, alors, de ce qu'on pourrait appeler l'individualisme militaire. Le
courage, la bravoure, l'audace de chaque combattant étaient les principaux facteurs de la victoire. La force physique jouait donc un rôle considérable, tant dans les batailles que dans les tournois. Cependant, dans ces rencontres d'homme à homme, dans ces duels multiples, la vigueur physique n'était pas tout; elle n'assurait pas toujours la su- périorité; le courage, le sang-froid, l'adresse étaient aussi des éléments importants- Assez souvent, le champion le plus habile à manier son cheval, à pointer sa lance, l'em- portait sur un adversaire .pi us vigoureux, mais moins adroit. A la vue des engins de guerre modernes, que dirait Montluc, s'il lui était donné de
revenir sur terre? lui qui, dès le seizième siècle, s'exprimait ainsi en parlant de l'arque- buse : « Plût à Dieu que ce malheureux instrument n'eût jamais été inventé, je n en |
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LE CHIC A CHEVAL.
n'en porterais pas les mar-
et vaillants hommes ne
main le plus souvent des
ches, qui n'oseraient re-
de loin, ils renversent de
par terre; ce sont là des
nous faire entretuer. »
Un grand nombre d'his-
age sous des couleurs très travaux, ceux de M. Viollet- c°b, entre autres, sont ve- ait de beaucoup que ce
éPoque de barbarie. La role considérable; mais binant. Du reste, ce serait |
73
ques..., et tant de braves
fussent pas morts de la plus poltrons et plus lâ- garder au visage celui que, leurs malheureuses balles artifices du diable pour toriens ont peint le moyen
sombres; mais de savants Leduc et du bibliophile Ja- nus prouver qu'il s'en fal- fût véritablement une force, certes, y jouait un non point un rôle prédo- sortir de notre cadre que 1er que la civilisation du brillants, de parler, par |
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Figure du milieu du XIVe siècle donnant la
position d'un chevalier chargeant dans un tournoi. |
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d'entreprendre de rappe-
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m°.yen âge avait des côtés _______________________________
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^ne6' -dU merVeilleUX déve]oppement de certains arts à cette époque"; carVeTt
de do"6 S1' danS ^ °adre r6streint que nous nous sommes tracé, il nous sera possible de n!reF Une idéG suffisamment exacte de ce qui se rapporte directement à l'objet notre travail : le cavalier et le cheval. : Un point que nous vou-
drions mettre en lumière, c'est que tous ces jeux éques- tres : joutes, tournois, pas |
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. .0,65-....... . . .
Éperon d'armes du C du XIV,
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d'armes, « bahourts, quin-
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^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^1 taines », ne demandaient
majs . pas seulement de la force, à ce « T 7 ^^ haUt degré d'adresse> d'aê^té, de sang-froid. Voici ce que dit,
Le sujet, le capitaine Picard : U exil"! fallait ^ Seulement de la fQrce, mais aussi de la souplesse et du savoir.
toujo règl6S' Gt CeIUi qUi S'J conformait l'emportait
^J urs sur celui gui n'était que robuste. Il fallait, d'une
|
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q^' qUe lG cheva,ier sût manier son cheval; d'autre part,
^ snt porter un coup de lance, d'épée ou de masse. , |
Ëtrier
du
XV" siècle
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vue d T t0US l6S CaS' Sl 1Î0US n<3 jUge°nS qU'au point de
sontl qUltati°n' n'eSM1 paS jUste de se raPPe]er que ce es chevaliers qui ont inventé tous ces airs de manège ont Po*+ * rait partie intégrante de l'équitation pendant plu-
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LE CHIC A CHEVAL.
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76
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sieurs siècles; dans lesquels nos écuyers ont été supérieurs à ceux de toutes les nations,
aux époques brillantes où la France, non seulement, ne subissait en rien l'influence de ses voisins, mais encore leur donnait le ton pour tout ce qui demande de l'adresse et du goût. Sur ce point, nous ferons un nouvel emprunt
au capitaine Picard, dont le beau travail doit servir dé- sormais de base à toute étude qui touche à l'équitation : « Le chevalier, sans cesse occupé à guerroyer, à rompre des lances, qui passait d'un tournoi à un autre, devait savoir manœuvrer son cheval en tous sens; aussi, par l'exercice des voltes sur les hanches et sur les épaules, se mettait-il en mesure de faire face à l'ennemi de tous les côtés. « Le repolond, par exemple, était une espèce de demi-
volte fermée, pour éviter son ennemi. « La posade ou pesade lui servait à parer un coup, en
faisant enlever son cheval légère- ment du devant, ou à le préparer à |
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sauter; c'était aussi une gracieuse
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lieuses de chasse du XIV siècle.
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courbette pour saluer la dame de
ses pensées. « La passade était très utile ; c'était une ligne droite sur la-
quelle le cheval passait et repassait, voltant aux extrémités, et lorsqu'un combattant avait donné un coup de masse, de lance ou |
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Selle avec le hourd ; d'après le
« Roman de Tristan » ; fin du XIVe siècle. |
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d'épée à son adversaire, plus tôt il pouvait retourner son cheval,
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après cette action, plus tôt il était en état de repartir et de fournir
un nouveau coup. « Il y avait deux sortes de passades : celle au petit galop, tant sur la ligne de la
passade que sur les demi-voltes, et celle qu'on appelait furieuse, dans laquelle on partait à toutes jambes, depuis le milieu de la li- gne droite jusqu'à l'endroit ^^Êk Wto^. ou l'on marcluaiï l'arrêt
pour commence]- la demi- Jm ^m 1^. volte.
A A si M Ri
« Le passage, enfin, M Wjam'm L était un trot relevé et ca-
dencé qui faisait briller m W,M n V ■ *on cavalier dans les tour-
nois. » BP M ■\^B I Ce n'est que vers la fin « Wf m H \1 m du quatorzième siècle que
les nobles adoptèrent, pour ^^^tffl *j£jM W les tournois, des armures
d'une forme particulière; ^^ ^r mais ce n'est que vers le
milieu du quinzième siècle ^^^^^ que l'on trouve une des-
Ètrier ajouré pour recevoir un coussinet ;
cnption détaillée de ces fm du xiv siècle. « adoubements. »
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GENDARME DU XIV* SIÈCLE, EN HARNAIS DE GUERRE.
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LE CHIC A CHEVAL. 77
En 1458, Antoine de la Salle compose un traité
plein d'intérêt sur les tournois. « Avant le com-
bat, » dit-il, « les tournoyeurs s'enferment dans une salle où sera grant feu, car les behours requièrent
le temps plus froid que plus chaut pour le grand
travail qui y est; là sont jusques aux petiz draps
despoillez tous nudz; lors le maistre et ses plus
suffisans varletz leur mectront ung demy pour-
point de deux toilles, sans plus, et du faulx du corps en bas qui sera
par devant laschié, et à iceluy leurs (^r
chausses attacheront; et après
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chausseront leurs espérons, et puis
|
£éS
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le bel harnoys de jambes luy ar-
meront; après les armeront de gar- de-braz et avant-braz, et quant est
des jambes et des braz armés, ilz
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Tournoyeur du XV siècle; ms. du roi René.
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arment le corps, et après le chief. » __________________
René d'Anjou, roi de Naples et de Sicile, célèbre, à plus d'un titre, sous le nom
de roi René, est celui qui a écrit le traité le plus complet sur la matière des tournois.
Son livre est bien connu, c'est « le Livre de Tournoy », dont le manuscrit est à la
Bibliothèque nationale, enrichi de précieuses miniatures. C'est ce livre qui nous a appris à connaître, dans tous ses détails, les règles du tournoi. Nous n'en citerons que cette phrase
du commencement, qui est pleine de saveur et de couleur locale : « Qui veult faire ung tournoy, faut que ce soit quel- |
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Eperon du XV' siècle.
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que prince, ou du moins hault baron,
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_____________________________'■ ou banneret, lequel doit faire ainsy que
cy après sera devisé. »
Cet ouvrage est plein de charme et d'intérêt, et nous regrettons que le cadre res-
treint de notre ouvrage nous interdise d'y puiser quelque passage plus ample que celui que nous venons de citer. <J*i C'est dans un tournoi, en 1338, que Duguesclin fait ses pre
bières armes et commence à se faire remarquer. Agé de vingt ans à peine, il s'était échappé ^e la maison paternelle, sur un cheval ue labour, et s'était rendu à Rennes. Le Jour du tournoi, voyant un chevalier qui Soleret avec l'éperon fixe. |
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LE CHIC A CHEVAL
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quittait le combat, il se jette en pleurant à ses pieds, le suppliant de lui confier une
armure et un cheval : puis, une fois armé, s'élançant dans l'arène, il fournit quinze courses victorieuses et obtient le prix du tournoi. Toute sa vie ne fut guère autre chose qu'une suite de combats singuliers. Avant chaque bataille, en effet, les chevaliers des deux armées avaient coutume de s'adresser des défis. C'était le temps des beaux coups d'épées et des prouesses de la lance. L'armure est devenue et va être, surtout au quinzième siècle, une merveille d'a-
justement et de légèreté relative; et, à cette époque, les chevaliers français comptent |
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et les plus vaillants
rôle de la chevalerie et, malgré les beaux Fornoue, de Ravenne gré les beaux coups fanterie commence à batailles, l'artillerie portance. Désormais, porter sur l'arme cavalerie sera, d'or- à enfoncer les lignes détonations des ar-
solument rudimen- portée, et avec lesquel- de viser, n'avaient frayer les chevaux. 11 |
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parmi les plus braves
du monde. Hélas! le touche alors Si Sel fin, poussis de lances de et de Marignan, mal- d'épée de Pavie, l'in- devenir la reine des acquiert plus d'im- l'arme à feu va l'em- blanche, le choc de la dinaire, impuissant |
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de l'infanterie.
Tout d'abord, les
mes à feu, armes ab- taires, d'une faible les il était malaisé |
Plan d'un champ clos réservé à un tournoi; d'après les
indications du roi René; XV" siècle. AA. Tribunes pour les dames et les nobles.
B. Tribunes des juges-diseurs. CO. Entrées du seigneur appelant et du seigneur défendant.
DD. Cordes attachées aux traverses de la barrière intérieure et cou- pées au moment du laisser-aller. EE. Espace entre les lices réservé aux gens de pied. |
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guère servi qu'à ef-
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devait en être autrement plus tard.
Dans les guerres modernes, on le sait, la cavalerie n'a plus, sur les champs de ba-
taille qu'un rôle accessoire. Mais, en dépit des modifications de la tactique, dues à l'augmentation de la portée des armes à feu, la cavalerie française, digne héritière des traditions de l'ancienne chevalerie, n'a jamais hésité à charger à fond. Qu'il nous suffise de rappeler les mêlées de cavalerie de Rezonville, l'héroïque et inutile dé- vouement des troupes à cheval à Waterloo, à Reischoffen, à Sedan! Dans des temps où la cavalerie constituait l'élément principal des armées, où le
cheval devait porter un poids considérable, puisque son cavalier et lui étaient munis d'une armure, l'élevage du cheval de guerre était l'objet d'un soin extrême. Les croisades avaient amené en Europe nombre de chevaux arabes, dont les bril-
lantes qualités avaient dû nécessairement séduire les croisés. Le croisement des races françaises avec des chevaux arabes eut certainement une salutaire influence, et la quantité de « sang » dut singulièrement s'en accroître. Les armures et les harnais |
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LE CHIC A CHEVAL.
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augmentant sans cesse de poids, les chocs devenant de plus en plus violents, on fut
amené à rechercher et à produire des chevaux de grande et
forte taille. C'étaient les destriers, ou « grands chevaux », race admirable comptant de magnifiques sujets. On peut juger de ce qu'ils étaient en jetant un coup d'œil sur les chevaux de certains régiments de gardes à cheval qui subsistent encore en Europe. Qui n'a vu et admiré les superbes chevaux noirs des life-guards et des horse-guards, à Londres? Ceux des chevaliers-gardes et des gardes à cheval russes sont éga- lement fort beaux, et de taille gigantesque. Quant à ceux des gardes du corps et de la plupart des régi- ments de cuirassiers allemands, ils sont aussi de grande taille et remarquablement beaux. Du reste, nous dirons plus loin quelques mots des différentes |
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imier d'un tournoyem
du XV" siècle. |
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remontes de la cavalerie moderne,
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en Europe, et si nous avons men-
chevaux étrangers, c'est parce ^_ blent avoir gardé les qualités de
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tionné ici certains
qu'ils nous sem-
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hJj&J
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taille et de beauté que devaient avoir les destriers du moyen
âge, si on en juge par les armures qu'ils étaient capables de
porter, et avec lesquelles ils pouvaient fournir des charges.
Mon spirituel ami Lavedan m'a souvent reproché de des-
siner des chevaux trop grands. J'avoue que j'ai toujours eu un goût marqué pour les chevaux de grande taille, et que, si un petit cavalier n'est jamais ridicule sur une très grande monture, en revanche, un grand cavalier est bien difficilement gracieux sur un
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JE5*-,.,
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■*»-
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petit cheval.
Lorsque le seigneur partait
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1 ""W.*^*
Chanfrein du XV" siècle.
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en campagne, sa chevauchée
marchait généralement dans |
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l'ordre suivant : d'abord les
« grands chevaux » montés par les pages; puis l'é-
cuyer, et, derrière lui, les pages partant les armes. « L'esj^ cuyer se tient plus près que tout autre de son seigneur et maistre, que nul ne se puisse trouver plus à propos de le secourir, car l'escuyer d'honneur doit deffense au chevalier son patron, et si le chevalier est démonté, |
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Ëtr
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ter à fenêtres; XV' siècle.
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80
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LE CHIC A CHEVAL.
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l'escuyer, mettant pied à terre, tâchera de le monter sur son cheval,
quelque chose qui lui puisse advenir, fût-ce la mort même. « L'escuyer, au partir du logis, s'armera de toutes pièces, hormis
la sallade qu'un page lui portera; quand le prince ou seigneur yra à la guerre, l'escuyer mènera d'ordinaire quatre chevaux de combat, dont au moins le plus fort aye une selle armée; et que tous soient bien équipés de sangles, surfaix et harnais, et pour les ferrer et pan- ser; il fera marcher avec soy son mareschal, un palefrenier à cheval et un garçon d'escuyerie à pied, et laissera le maistre palefrenier pour conduire et gouverner le reste des grands chevaux avec leurs équipages. « L'escuyer doibt être curieux d'avoir ses armes si bien
faites qu'à peine on puisse cognoistre s'il a sa cuirasse sur le dos ayant sa cuirasse ceinte, et doibt même por- tant ses tassettes, gantelets et sallade, il faut que tout |
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Botle en cuir souple; ms. de Girart de Nevers
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soit si proprement
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agencé et arresté en si juste poinct, comme aussi
l'épée à son costé, que rien ne branle ni claque en trottant, courant et maniant, non plus que s'il n'allait que le pas, et néanmoins que tous ses mou- vements puissent être libres. » Le « destrier' » ou « grand cheval » est le che-
val de bataille. Son nom de destrier lui vient de ce qu'en le conduisant en main le page le tenait tou- jours à sa droite. Le ipalefroy », généralement de moindre taille,
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est le cheval de parade, de chasse.
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Selle de la seconde moitié du XV" siècle.
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Le « roussin » est le cheval de voyage; c'est
aussi le cheval d'armes des varlets. C'est souvent une fort bonne bête; moins brillant que le palefroy, il a plus de solidité et plus de fond.
La « haquenée », qu'on choisissait blanche, de préfé-
rence, est la monture de la châtelaine; elle marche l'am- ble. La « haquenée du gobelet » est celle qui porte les provisions de bouche du maître. L' « ambleur » est celui qui rapportera les chevaliers
blessés. 11 nous reste, pour terminer ce rapide aperçu des
mœurs équestres du moyen âge, à dire quelques mots de Èlrier à grille; fin du XV" siècle. 1«* J0U16.
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CHATELAINES DU MILIEU DU XIV SIÈCLE.
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LE CHIC A CHEVAL. 81
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La joute, jouste ou jouxte est le combat singulier à la lance,
entre cavaliers. L'usage de
charger, avec la lance en arrêt, sous le bras, ne s'étant guère gé- néralisé que vers le douzième siècle, c'est à cette époque seulement qu'il convient de faire remonter les joutes. Dans la joute à la barrière, les deux cavaliers s'avan-
cent, à fond de train, l'un sur l'autre, et chacun ayant son adversaire £1 Sel gauche; ils sont seulement séparés l'un de l'autre par une palissade ayant environ quatre pieds de hauteur. L'adresse des combattants consiste sur- tout à frapper l'adversaire aux parties supérieures du corps, et à le renverser sous le choc, ou à briser le bois de sa lance, d'où l'ex- pression, restée dans la langue « rompre une lance ». C'était toujours en l'honneur de quelque dame ou de quelque princesse
que les jouteurs rompaient en lice. Le fer de la lance de joute avait une forme spéciale et était émoussé. Il s'appelait « roc » ou « rochet ». C'est encore aux romans du temps que nous ferons appel, pour donner de la couleur locale à la description de ces joutes. « Li Romans dou chastelaing de Coucy », qui date des premières
années du treizième siècle, nous raconte que le sire de Coucy, fort épris de la dame de Fayel, l'invita à embellir de sa présence une joute qui se devoit donner entre Vandeuil et la Fère, et il la supplia de lui octroyer un manche, pièce honorable d'étoffe brodée, que les jouteurs s'attachaient au bras droit, pour l'amour de leur dame. « Ridée as las, large dessous,
« Qu'en mon destre bras porteroie ;
« Espoir que plus preus en seroie. »
La dame se laisse toucher, elle accorde au sire de Coucy la faveur qu'il
lrnPlore. La joute aura lieu un lundi; nombre de seigneurs et de « gor- Qiases » dames s'y rendent : « De tous lès venoit li harnois,
« De Poitevins et de François,
« De Normans et de Bourgoingnons
« De Loherains et de Bretons,
« Et venoient li Corbiais
« Avecque cilz de Vermandais. »
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Et le comte de Soissoiis, » ajoute M. Viollet-Le-
duc, « le duc de Limbourg, le comte Philippe de Na- mur, etc. « Le lundi, de grand matin, les hérauts vont criant
devant les hôtels que les jouteurs aient à s'apprêter. Alors, de tous côtés, sortent valets, écuyers; les che- vaux sont couverts de leurs harnais. Au mouvement, au bruit de la foule se mêle le son des trompettes. Les jou- teurs vont entendre la messe, puis les dames s'empres- sent de se rendre aux tribunes qui leur sont préparées. D'après le ro- man, qui ne paraît pas avoir été composé postérieurement à 1230, il ne semble pas qu'une barrière fût disposée suivant le grand axe de la lice, pour séparer les jou- teurs, puisque, dans deux épisodes de ces combats singuliers à la lan- ce, il est dit que les chevaux se * froissent. Les jouteurs se frappent si rudement de leurs lances, que leurs écus sont brisés, leurs heau- mes enlevés, et que tous deux, souvent, sont renversés avec leurs chevaux. Lorsque les combattants ne sont pas blessés, ils retournent à leurs « rens », c'est-à-dire aux deux extrémités de la lice. Là ils remontent d'autres chevaux, remplacent les pièces d'armures brisées et reprennent d'autres lances, pour fournir une nouvelle course; cela jusqu'à trois re- prises, si possible est. » Les plus beaux coups consistaient à rompre les deux
lances sans quitter les arçons. « Les chevaus radement brodèrent
« Et si roidement s'adquointièrent, « Qu'ils ont fait les lances froer, « Et lor escus esquarteler. « Li chevalier, bras estendus, « Escus troés, estriers perdus, |
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Passèrent oultre sans atendre
« Quanque chevaus lor pevent rendre.
« C'este jouste fut moult loée
« De ceulz qui Forent esgardée. »
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« Les joutes à la lance, » continue M. Viollet-Leduc, « plus dangereuses encore
que les tournois, firent adopter de bonne heure un genre
d'équipement particulier. On renforça les heaumes, que les jouteurs frappaient lorsque la lance glissait de bas en haut sur l'écu, et qui devaient résister à un choc ter- rible; on les attacha solidement au corselet d'acier, par devant et par derrière. On donna aux écus une forme spéciale pour diviser les chocs à droite et à gauche; on renforça le bras droit de pièces d'armures solides. On éleva beaucoup l'arçon de la selle, et on l'accompagna d'un hourd comme pour les tournois, afin de garantir les cuisses et les genoux................. « Les jouteurs paraissent, avant tout, s'être préoccupés
des dispositions particulières à donner à la selle de joute.
Ils prétendirent opposer aux coups de lance déviés des
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neuse de chasse ou de voyage du XV sic
cle; (Livre de chasse de Gaston Phœbus.) |
garde-corps et garde-cuisses, puis donner à la selle
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une forme telle que le cavalier ne pût être désarçonné.
Sur les lièges de l'arçon de devant on ajouta des bâtes
Qui masquaient complètement le ventre du jouteur. A cette bâte s'attachait un collier
lourde, c'est-à-dire fait d'osier, recouvert de toile rembourrée, puis d'une peau peinte.
Avant cette époque, vers le milieu du quatorzième siècle, on inventa même des selles
ue joute complètement fermées et dans lesquelles le
cavalier était pris comme dans une boîte : les deux
andes qui réunissaient la bâte de devant à la bâte
e derrière étaient à charnières et bouclées en avant
au troussequin; la bâte de devant formait hourd
Vec garde-cuisses verticaux. »
ttien n'est plus curieux à lire que le récit que
°us fait Froissart de la joute ou plutôt des joutes
qui eurent lieu, enlre l'abbaye de Saint-Ingelberth et
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Cal
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aisj en 1390, dans les derniers jours de mai. Les-----'—
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ants étaient trois jeunes chevaliers français : Bou-
lcaut le jeune, Regnault de Roye et le sire de Saint- |
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Selle hourdée; XIV'siècle.
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LE CHIC A CHEVAL.
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Py. De nombreux chevaliers, profitant de la trêve, vinrent d'Angleterre pour jouter.
Les trois tenants, ayant fait
dresser leurs trois pavillons sur
un des côtés de la lice, y appen-
dirent une targe de guerre et une
targe de paix. « Et estoit ordonné
que cil qui courir et faire armes
voudroit à l'un d'eux, devoit tou-
cher ou envoyer faire toucher l'une des targes ou toutes s'il lui
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plaisoit; et il seroit recueilli et
délivré de joute selon que il de-
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Harnais de tête du cheval de
Charles VI; d'après une tapis- serie de la cathédrale de Reims. |
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Bride du XV" siècle.
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manderoit. »
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Après différentes courses, le comte de Huntingdon,
chevalier anglais, envoie toucher la targe du seigneur de Saint-Py. « Et cil qui jamais n'eust refusé, issit tantost hors de son pavillon et monta à cheval, et prit sa targe et sa lance ; et quant le comte sut qu'il estoit prest et qu'il ne demandoit que la joute, il éperonna le cheval de grand'volonté, et Saint-Py autant bien le sien. Si avalèrent leurs lances et s'adressèrent l'un sur l'autre. Mais à l'entrer ens, les chevaux croi- sèrent, et toutes fois ils se consuivirent ; mais, par la croisure qui fut prise à meschef, le comte fut désheaumé. Si retourna vers ses gens et moult tost il se fist renheaumer et prit sa lance, et le sire de Saint-Py la sienne; et éperonnèrent leurs chevaux et |
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s'encontrèrent de plei-
rent es targes dur et le point que de porter mais ils sanglèrent les bes et bien tinrent; et son lez, et se restè- rent vent et haleine, lande (Huntingdon), avoit de faire honora- reprit sa lance et se éperonna son cheval; Saint-Py le vit venir, s'envint à l'encontre que oneques il put. Si chevaliers de leurs les heaumes d'acier, si étincelles toutes ver- |
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nés lances, et se féri-
roide; et furent sur l'un l'autre à terre, chevaux de leurs jam- retournèrent chacun à chirent un petit et pri- Messire Jean de Hol- qui grand'affection blement ses armes, joignit en sa targe, et et quand le sire de il ne refusa pas, mais de luy au plus droit se atteignirent les deux lances de guerre sur dur et si roide que les meilles en volèrent. |
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Mors du milieu du XV siècle.
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XVe SIÈCLE.
« .... EN TÈTE, LE DESTRIER DU SEIGNEUR MONTÉ PAR UN TRÈS PETIT PAGE.... »
[Entrée dans la ville des tenants d'un tournoi.)
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85
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LE CHIC A CHEVAL.
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De celle atteinte fut le sire de Saint-Py désheaumé. Et passèrent les deux chevaliers
moult frichement outre, et retourna chacun sur son lez. » Au quinzième siècle, les armures de joute deviennent de
véritables machines de guerre. Celles des Allemands de cette époque, en particulier, sont gigantesques et d'un poids colos- sal. Les joutes deviennent surtout, alors, une occasion de déployer un grand faste et un luxe magnifique d'armures et de harnais. Olivier de la Marche décrit, avec force détails, le pas d'armes qui se tint sur la place du Marché de Bruges, en 1474, à l'occasion du mariage de Charles le Téméraire avec Marguerite d'York, sœur du roi d'Angleterre. Ces pas d'armes ou passes d'armes étaient un souvenir
d'une ancienne coutume de la chevalerie errante. On sait |
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Boite de postillon ; XV' siècle.
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que le chevalier qui voulait mériter les faveurs de sa dame,
se portait à un défilé, pont, passage, enfin, à un « pas », et forçait tout venant à reconnaître les mérites et la beauté de sa dame. Comme natu- rellement le chevalier qui voulait franchir le passage se refusait, le plus souvent, à faire la déclaration demandée, il s'ensuivait un combat. Il est bien évident que cette façon de voyager n'é- (^P lait pas pour raccourcir le chemin, et elle fait songer aux vers
de Musset : « Ah ! temps dépourvus de poésie,
« Ces grands chemins sûrs nuit et jour,
« Sont ennuyeux comme un amour
« Sans jalousie. »
Étrier du XIVe siècle
Les joutes, du reste, étaient de diverses sortes. Il y avait, par
exemple, la joute à la « large futée » ou « à la bavière, à la queue, à la poêle ». Toutes ces sortes de joutes furent fort en honneur pendant tout le moyen âge. C'était,
pour les hommes d'armes, une occasion de déployer
un grand faste; et, en outre, un excellent exercice qui entretenait la vigueur, aiguisait l'adresse, déve- loppait la souplesse et maintenait, parmi les gen- tilshommes, une noble émulation. Les discoureurs alors n'avaient guère beau jeu ; il fallait agir et payer de sa personne, et on prisait plus un beau coup d'épée ou un vigoureux coup de lance qu'un long et ennuyeux discours. Terminons ce chapitre par quelques lignes emprun-
tées à Viollet-Leduc et relatives à l'entrée en ville des |
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'«!»
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LE CHIC A CHEVAL.
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86
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devaient pren-
tournoi : ainsi prépa- gneurs appe- dant doivent la ville où ils logis, quatre fête et en gran- |
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seigneurs qui
dre part à un
« Les choses
|
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rées, les sei-
lant et défen-
entrer dans
prennent leurs
jours avant la
|
||||||||||||||||||||
c'est-à-dire ac-
plus grand ble de tour- dans l'ordre |
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de pompe ,
compagnes du
nombre possi-
noyeurs et
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Selle en ivoire du XIV" siècle.
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suivant. En
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tête, le des-
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trier du seigneur revêtu d'une housse ayant les armes du prince cousues au-dessus des
quatre membres, la tête ornée de plumes, des grelots au cou, et monté par un très
petit page sur une petite selle. Après viennent les chevaux des tournoyeurs de sa
compagnie, deux à deux, housses, avec les armes de chacun d'eux de même. Puis
les trompettes, les hérauts et poursuivants, vêtus de la cotte d'armes; puis enfin les
tournoyeurs à cheval. »
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CHAPITRE IX.
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XVP SIÈCLE.
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L. RUSIUS.
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C. FIASCIII.
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FR. GRIS0N.
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LA BROUE.
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vec le seizième siècle commence l'histoire de l'équitation pro-
prement dite, et, surtout, de l'équitation théorique. Jusque- là les principes et les traditions se sont transmis d'homme à homme, sans être fixés nulle part en corps de doctrine. A partir du seizième siècle, les traités d'équitation vont se succéder; chaque époque, chaque règne produisant le sien, édité avec le goût artistique qui caractérise les produc- tions de l'ancienne monarchie, et posant d'une manière immuable les bases de cette vieille et savante équitation française qui atteindra son apogée avec La Guérinière, et restera, quoi qu'on en fasse et quoi qu'on en dise, la eule et la vraie équitation, faite toute de tact, d'élégance et de véritable science. ^ est vers la fin du quinzième siècle que Benjamin de Hannibale compose ses « Rudi- erds de l'art de monter à cheval ». Vers le même temps, l'invention et la propaga- °n de l'imprimerie vont donner toutes facilités aux écuyers pour répandre leurs eories, et les livres sur l'équitation vont se multiplier. Avant d'en commencer l'exa- * en) nous tenons à citer un passage, extrait du « Loyal Serviteur », et relatif à l'édu- IQn de Bayard; il nous apprendra comment, alors, les jeunes nobles s'initiaient au etier des armes et à la science équestre. A treize ans, « esveillé comme ung esmérillon, » il entend porter noblement le
m de ses ancêtres, et demande à son père de suivre la carrière des armes. Celui-ci
" nsulte, sur cette question, son beau-frère, l'évêque de Grenoble, qui lui répond :
"" Mon frère, vous sçavez que nous sommes en grosse amitié avecques le duc Charles
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88 CHIC A CHEVAL.
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de Savoye, et nous tient du nombre de ses bons serviteurs; je croy qu'il le prendra
voulentiers pour ung de ses paiges. Il est à Chambéry; c'est près d'icy : si bon vous semble, et à la compaignie, je le lui mènerai demain au matin, après l'avoir très bien mis en ordre et garny d'ung bas et bon petit roussin... « Alors tout incontinent envoya le dict évesque à la ville quérir son tailleur, au-
quel il manda apporter veloux, satin, et autres choses nécessaires pour habiller le bon chevalier. Il vint et besogna toute la nuyt, de sorte que le lendemain matin fut tout prest : et après avoir desjeuné, monta sur son roussin, et se présenta à toute la compaignie, qui était en la basse-court du château, tout ainsi que si on l'eust voulu présenter dès l'heure au duc de Savoye. Quand le cheval sentit si petit faix (fardeau) sur luy, joinct aussi que le jeune enfant avoit ses espérons dont il le picquoit, commencea à faire trois ou quatre saulx; de quoy la compagnie eut paour qu'il affolast le garson. Mais en lieu de ce qu'on cuydoit qu'il deust crier à l'ayde, quand il sentit le cheval si fort remuer sous luy, d'un gentil cueur assuré, comme ung lyon, luy donna trois ou quatre coups d'esperon et une carrière dedans ladicte basse-court : en sorte qu'il mena le cheval à la raison comme s'il eût eu trente ans....... «—Sus! sus! » dist le bon évesque de Grenoble qui estoit prest à partir; «mon nepveu,
mon amy, ne descendez point, et de toute la compaignie prenez congé. » |
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ARMURE MAXIMILIENNE DU XVIe SIÈCLE.
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LE CHIC A CHEVAL.
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89
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Le père lui donna alors
Set bénédiction. « La povre dame de
mère estoit en une tour du chasteau, qui tendrement ploroit, car combien qu'elle fust joyeuse dont son fils estoit en voye de parvenir, amour de mère l'admones- toit de larmoyer. « Toutefois, après qu'on
lui fust venu dire : « Ma-
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ançois I" en harnais de guerre, à Marignan; d'après un des bas-reliefs de son
tombeau, à Saint-Denis. |
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« dame, si voulez venir
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« voir votre fils, il est tout
a cheval prest à partir, » la bonne gentille femme sortit par le derrière de la tour et
st venir son filz vers elle... Elle lui fit force recommandations avant de le quitter.
* Alors la bonne dame tira de sa manche une petite bourcette en laquelle avoit
• eulement six escus d'or et ung en monnoye, qu'elle donna à son filz; et appela ung
es serviteurs de l'évesque de Grenoble, son frère, auquel elle bailla une petite malette
11 laquelle avoit quelque linge pour la nécessité de son fils...
« Sur ce propos, print l'évesque de Grenoble congé de la compaignie, et appela son
epveu, qui pour se trouver sur son gentil roussin pensoit estre en ung paradis. Si com-
encerent à marcher le chemin droict à Chambéry, où pour lors estoit le duc Charles
de Savoye.......
(< Après la messe dicte, le duc le mena par la main (l'évêque de Grenoble) disner
ec luy, où, durant icelluy, estoit son nepveu le bon chevalier, qui le servoit de boire 1,s bjen en ordre, et très mignonement se contenoit; ce que regarda le duc, pour la nesse qu'il voyait en l'enfant; de sorte qu'il demanda à l'évesque : ■ Monseigneur de Grenoble, quel est ce jeune enfant qui nous donne le boire?
respondit-il, « c'est ung
vous suis venu présenter vous plaist, mais il n'est le veulx donner. Après plaisir, le verrez, le duc, qui desjà l'eust |
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P
P
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bien estrange
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qui tel
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Posent refuserait.
Et le bon cheva-
aux «lorceaulx après le ""C- A CHEVAL.
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lier,... ne s amusagueres
disner; ains s'en va au 12
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Etrier de François l"r; muse,: de Cluny.
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LE CHIC A CHEVAL.
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logis faire seller son roussin,... et
s'en vint le beau petit pas en la court de la maison du duc de Sa- voye, qui desjà estoit sorty de sa salle, appuyé sur une gallerie. Si veit entrer le jeune enfant qui fai- soit bondir son cheval, de sorte qu'il sembloit homme de trente ans et |
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Etrier en bois; XVI" siècle.
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qui toute sa vie eust veu la guerre.
« Lors s'adressa le duc à l'é- vesque, auquel il dis! : « — Monseigneur, je croy que c'est vostre petit mignon
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Mo7°s de la première moitié
du XVI" siècle. |
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qui si bien chevauche ce cheval?
« Oui, Monseigneur, » respondit l'évesque, « c'est mon nep- .
veu; il est d'une race où il y a eu de gentils chevaliers. Son père, qui, par les coups qu'il a receus es guerres et batailles où il s'est trouvé, est tant myné de faiblesse et vieillesse qu'il n'a peu venir devers vous, se recommande très humblement à vostre bonne grâce, et vous en faict présent. « — En bonne foy, respondit le duc, j'accepte voulentiers; le présent est beau et hon-
neste. Dieu le face preud-homme ! « Lors commanda à ung sien escuyer d'escurie, en qui plus se fioit, qu'il print en sa
garde le jeune Bayard, qui, à son opinion, seroit ung jour homme de bien..... |
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« Le bon chevalier demoura paige avecques le duc Charles de Savoye bien l'espace de
demy an, où il se fit tant aymer des grands et petits, qu'oneques jeune enfant ne le fust plus. Il estoit serviable aux seigneurs et
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dames, tant que c'estoit merveille. En tou-
tes choses n'y avoit jeune paige ne seigneur qui fust à comparer à luy: car il saultoit, luyttoit, jectoit la barre selon sa grandeur, et chevaulchoit au mieux possible. » Quels beaux et vaillants sentiments, et
avec quelle saveur charmante tout cela est écrit! que ne fait-on lire et relire à nos jeu- nes gens des récits de ce genre, qui leur fortifieraient le cœur et élèveraient leurs sentiments ! Nos vieilles chroniques sont pleines de ces enseignements sains et vi- goureux, bien autrement intéressants, pour |
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Selle d'armes allemande.
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LE CHIC A CHEVAL.
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nous autres Français,
relie de Cicéron avec récit des malheurs Nous ne ferons que
donnance du 1er fé- chevalier dit que : mes monteront des moins six palmes et de hauteur; et que les bien à cheval. » Nous nous conten-
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que la grande que-
Catilina ou que le d'Énée. citer, en passant, l'or-
vrier 1534, où le roi « Les hommes d'ar- chevaux qui auront au quatre doigts (lm,54) chevau-légers seront terons également de
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Selle italienne du commencement du XVI' siècle.
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mentionner un ouvrage de la même époque, composé par Guillaume de Bellay, ou-
vrage qui est intitulé : « De la discipline militaire », et nous signalerons un travail d'un grand intérêt, dont l'auteur est Laurentius Rusius. « Hippiatricasive marescalia », tel est le titre de ce traité, intéressant en plus
d'un endroit. Une édition, imprimée à Paris, en 1533, fut dédiée : « A très noble et magnanime François de Montmorency », qui passait pour être le meilleur homme de cheval de son temps. Nous emprunterons au capitaine Picard quelques fragments traduits de ce traité.
« Apollonius demanda à Damis, son compagnon, ce qu'il jugeait être le principal devoir et fonction d'un beau chevaulcheur, lequel répondit que ce n'était autre chose que de se tenir droit sur le cheval et puissamment le dominer, tourner la bride partout °ù il voudra aller et le punir avec l'esperon quand il n'obéira pas; en outre, de faire en sorte que le cheval, en courant, évite la boue et de tomber dans les fondrières, et, en même temps, en montant des endroits escarpés et tortueux, de rendre modérément Ja bride, et, en descendant, la retirer; lui caresser doucement les oreilles et ne pas |
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le
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|||||||||||||||||||||||||
piquer continuel-
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|||||||||||||||||||||||||
lement de l'esperon
verge. manda de rechef de
un sage et prudent d'armes qui fréquen- alors, lui répondit tre dit et ce qui va qu'assaillir et frap- défendre; en outre, |
|||||||||||||||||||||||||
ni le battre avec la
« Ledit lui de- quel art doit user chevalier homme le la guerre. Lequel, que ce qui vient d'ê- être dit encore, tel Per son ennemi, se le Poursuivre, se re- est, le chasser et met- c°ustumer son che- Craigne ni ]e son et |
|||||||||||||||||||||||||
tirer quand besoin
tre en fuite et ac- val à ce qu'il ne le bruit des armes |
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Selle de joule; époque de Henri II.
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92 LE CHIC A CHEVAL.
et harnois ni la lueur et clarté des reluisants heaumes, ni que, pareillement, il ne
s'effraye ni s'épouvante des cris des combattants; qu'ainsi donc, le fait d'un brave chevalier est de dompter et de dresser le cheval en la manière susdite, comme ne pourroit le faire celui qui ne connaîtroit pas la matière et les qualités du cheval et toutes les meilleures connaissances qu'on doit savoir. Pour lesquelles choses, à l'hon- neur et grande utilité de tous nobles, et, principalement, à l'honneur de ton nom, ce présent livre a été fait sans épargner aucuns frais, etc., etc.............. |
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<x Quand on veut monter un cheval, il faut d'abord regarder s'il est ferré, si la selle
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porte bien sur le dos, ni trop en arrière ni trop sur le devant; faire que les sangles
soient fermement mises, pour que la selle ne tourne ni ne remue sur le dos. « Pour dresser le cheval, il faut d'abord lui donner un mors léger et le plus doux pos-
sible, et, quand on le lui mettra, au commencement, on doit le frotter de miel ou de quelques matières douces, car quand il sentira la douceur, il le prendra mieux. « Puis il faudra le monter tout doucement, sans selle et sans espérons, le faisant mar-
cher peu à peu, le détournant à droite, ensuite à gauche, avec une petite baguette; et, si on le croit nécessaire, on le fera mener à la main par un homme qui sera à pied, de grand matin, par les lieux unis et non pierreux, jusqu'à ce qu'on puisse le mener partout où l'on voudra, sans conducteur et sans compagnie. « Mais, dès qu'il fera froid, il faudra lepromener dans les guérets et sillons, tout dou-
cement, le matin, comme je l'ai dit, en le tournant plus à droite qu'à gauche; ainsi qu'il faut que la branche gauche du mors soit un peu plus courte que l'autre, car un cheval se tourne naturellement plutôt à gauche qu'à droite. |
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CÉSAR FIASCHI.
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LE CHIC A CHEVAL
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« On le mènera alors plus souvent par terres labourées que par lieux unis, car les
petites mottes et accidents de terrains apprennent tous les jours au cheval, en l'accoutu- mant à lever les pieds et les jambes, à ployer les jarrets : aussi on devra également le mener dans les endroits sablonneux, ce qui lui apprendra à marcher plus sûrement. » Si tout cela n'est pas encore de l'équitation savante, c'est déjà, en tout cas, ce que nous appelons un bon débourrage; mais voici, maintenant, ce qui est le principe fondamental, lésine qua non de l'équitation; voici, tout au long, l'idée de la mise en main, que nous avons déjà signalée chez Xénophon : « Toutefois, je te diroi une chose utile. C'est que
celui qui monte un cheval doit, en le faisant trotter, galoper ou courir, tirer à lui les rênettes de la bride, et sur le garrot du cheval, pour qu'il plie et recourbe le col, et incline la tête vers la poitrine; et ceci se fera dès le commencement, tout doucement et peu à peu, comme on le trouvera nécessaire. » Et, un peu plus loin, voici toute la théorie rudimen-
taire de l'entraînement : «... Et, quand il sera bien embouché, qu'il aura la
manière d'être bridé, ce qui ne sera aucunement diffi- cile, le faudra accoustumer à courir bien matin, toutes les semaines, une fois en un lieu uni et nullement sablonneux. Au commencement, un demi-quart de Réméré môme du xri* siècle. lieue, puis une demi-lieue, en augmentant ainsi qu'il |
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LE CHIC A CHEVAL.
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fois, il faut savoir que tant
cheval court, pourvu que en est plus léger et sou- bitude en est cause. » préceptes justes et attes- val, est-on fort surpris et on voit de quels mo}rens seille de se servir pour |
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semblera être bon. Toute-
plus et plus souvent le ce soit moyennement, il dain à la course ; et, l'ha- Aussi, après tous ces
tant un homme de che- absolumentrévolté, quand Laurentius Rusius con- réduire un cheval rétif. |
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« Le chevaucheur par-
fermé préalablement dans rante jours sans sortir; il |
Étricr a grille ayant appartenu à Maximi-
lien I", empereur d'Allemagne. |
tira sur le cheval rétif, en-
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une écurie pendant qua-
aura de grands espérons |
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aux talons et des verges à la main, il se fera suivre par un homme ayant un fouet;
ou bien le chevaucheur aura dans la main un bâton en fer de trois ou quatre pieds, terminé par trois crochets pointus et aigus; et, si le cheval recule, il lui mettra sur la croupe ce rampon qu'il tirera en avant; et, en même temps, fera résonner un fouet sans toucher le cheval. Une autre fois, il fera chauffer une canne ou une verge et la lui mettra sous la queue, le piquant des éperons de toute sa force. » Il y a là de quoi faire bondir tout homme de cheval. Rusius traite aussi de la vétérinaire de son époque, mais elle ne se résume guère
qu'en des préceptes de cette force : « Pour purger le cheval on lui fait avaler deux ou trois ventres de tanches ou de barbeaux, coupés en petits morceaux, et mêlés à du vin blanc. » |
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« En résumé,
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dit le capitaine Picard, « l'ouvrage de L. Rusius est le point de dé-
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part, bien rudimentaire, il est vrai, d'une théorie raisonnée.
« Nous serons plus satisfaits des écuyers qui ont écrit quelques
années après cet écuyer vétérinaire, mais nous ne marcherons franchement dans la voie du progrès qu'à partir des écuyers de la Renaissance, qui nous ont laissé des souvenirs ineffaçables de leurs principes équestres. » Six années plus tard, en 1539, paraît le traité de César
Fiaschi, qui fonde la célèbre école de Naples, d'où sont sortis nombre d'écuyers remarquables, entre autres le fameux Pigna- telli, qui fut le professeur de La Broue et de Pluvinel. De même que Rusius, Fiaschi décrit nombre de mors et de
fers, inventés par lui ou en usage de son temps. Son travail est divisé en trois parties : « /. De la manière de bien emboucher les chevaux et de Le marquis d'Ascoli, seigneur de , , . -77 ^o/T
la suite de charies-Quint. la nature cl iceux. — //. Du moyen de bien marner les chevaux
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LE CHIC A CHEVAL.
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avec les dessins. — III. Du moyen de bien ferrer les chevaux avec les dessins des
fers qui y sont propres. » Lorsque l'on considère les mors dessinés et recommandés par les écrivains équestres
de toutes ces époques, on se demande quel pouvait bien être exactement le résultat obtenu. Il est évident que l'on employait, de préférence, de gros et lourds chevaux, cela, surtout, à cause du poids des armures et des harnais que ces chevaux devaient por- ter à la guerre. Ayant moins de sang que les nôtres, ces animaux devaient évidemment avoir besoin de stimulants plus vigoureux; ce- pendant, il est certain qu'avec de pareils mors, sous une main dure ou malhabile, un cheval était promptement ruiné. Le grand but pour- suivi, avant tout, semble être d'éviter que le cheval ne prenne le mors aux dents. Cette crainle indique combien la pauvre bête se ré- voltait contre de pareilles tortures. Si la main du cavalier était douce et habile, il est clair qu'il pouvait obtenir beaucoup de brillant, ar- river facilement à des allures relevées et à un assemblé aisé; mais le tout sans grand plai- Slr pour le cheval. Et, par exemple, l'arrêt, avec les procédés du temps, devait fort res- sembler à celui des Arabes, qui arrêtent court et, conséquemment, sur les jarrets leur mon- ture lancée à plein galop. Pareille chose exas- père, à bon droit, les gens de cheval, mais cause toujours une profonde admiration aux ignorants. |
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Du reste, plus nous irons et plus nous ver-
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Armure à la Romaine de Charles-Quint.
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°ns tous ces anciens écuyers chercher à rem-
placer la force et le domptage par l'adresse, la légèreté de main et le dressage, en un m°t, tenter d'obtenir, parla douceur des moyens et par l'équilibre mécanique, tous as mouvements qu'un cheval mis doit exécuter facilement et sans contrainte. foute l'équitation est là.
Dans le second livre de son ouvrage, Fiaschi parle des différentes figures de manège
en usage de son temps : les voltes au trot et au galop; le galop raccourci, la capriole, la Passage. « César Fiaschi fust un des premiers de son temps, en Italie, qui sceut instruire le
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LE CHIC A CHEVAL.
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grant nombre d'escuyers qui ont acquis une singulière recommandation parmi nous.
Ce qui l'a surtout distingué des aultres, ce sont les diversités de mors, de brides et de fers qu'il a réduit par escript, ce que nul aultre n'a encore fait. Puis la manière de dresser les chevaux par les tons et accords de la musique. » Voici comment l'auteur explique l'usage de sa méthode : « Les Sybarites et Libyens, lorsqu'ils guerroyoient
contre les Crotoniens, domptoient et galopoient leurs chevaux au son des instruments (1), mais la non- chalance de leurs successeurs, à leur grant honte, nous a frustré de cette industrie. Vue mêmement que les actions des hommes, en toutes choses, ten- dent à une harmonie et contentement qui sont les effets de la musique. La liaison et enclavure des os et membres du corps humain entretiendraient-ils sans accord sa proportion ? Les éléments aussi ne feraient rien produire, si tout à coup le discord s'y rencontrait. Le monde s'anéantissant par corruption se verroit dissoudre, ce que Pythagore voulait faire entendre lorsqu'il travailloit à prouver que les es- paces et intervalles de la Terre à la Lune, de la Lune à Mercure, à Vénus et autres planètes n'étoient que des tons et demi-tons, et que le tout si propor- tionnellement reiglé de Saturne au firmament, et le ciel étoile faisoit diapason en harmonie universelle. « En terre il n'y a rien que la musique n'attire, et si, d'adventure, quelque gaillard chevalier trouve étrange qu'en ce second livre, j'aie voulu insérer et prendre quelques traits et notes de musique, pensant |
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Mors du milieu du XVI' siècle;
les branches ont 0'",38. |
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qu'il n'en était pas besoin, je lui réponds que sans
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temps etmesure ne se peut faire aucune bonne chose. »
Chaque mouvement du cheval se fait avec l'accompagnement d'une vocalise spé- ciale; et il ne faut pas croire, en somme, que cette méthode soit aussi puérile qu'elle le paraît au premier abord. Cette façon d'employer le chant, devait évidemment ame- ner une certaine cadence et une certaine mesure, sans jeu de mots, dans l'emploi des moyens et des aides; elle devait, dans tous les cas, développer sûrement la grâce et la souplesse du cavalier. Qui de nous, du reste, lorsqu'il s'est trouvé seul au manège n a |
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(1) On rapporte que les chevaux de la cavalerie sybarite, dans les revues, dansaient au son des instrunien -■
Cette danse était, sans doute, le tripudium dont nous avons parlé dans un chapitre antérieur. |
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fredonné, surtout aux allures raccourcies, quelque air dont la mesure s'appropriait à la
cadence de l'allure; et je ne serais pas étonné que le cheval, qui est un animal très nervfiiiY o+ +v>Ac îw-..^~.~~~ |
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nerveux et très impression
impressionné. Ajoutons que, tation est généralement très vient rappeler au cheval ce trois quarts dans la réussite Il est vrai que nos écuyers haute école sans musique, et cun mouvement appréciable écuyers de cirque n'obtien- et de ridicules déplacements |
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nable, n'en soit agréablement
dans nos cirques, où l'équi- mauvaise (1), la musique, qui qu'il doit faire, est pour les des mouvements, de Saumur font toute leur qu'ils obtiennent, sans au- pour le spectateur, ce que les nent qu'à force de contorsions d'assiette, mais, nous l'avons |
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XVIe siècle.
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dit déjà, et nous ne saurions trop le répéter, nos écuyers militaires sont devenus, depuis
plusieurs années, des maîtres absolument supérieurs; ils ont gardé les traditions équestres des vieux maîtres français, et ils en sont les dignes successeurs. Pour en revenir au seizième siècle et à César Fiaschi, voici quel est le jugement que |
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Porte sur lui, le capitaine
« Quant à la marécha- blen supérieur à ses de- rentius Rusius,etc.. Mais dles des chevaux; son ou- llvre d'équitation, tandis seurs sont plutôt des li- naire dans lesquels réqui- ^ment. » Le troisième livre de
Un véritable traité de fer-
clîapitres de ce livre. Ils
erêt, et valent la peine
^ " r- En forme de prologue. —
l"?'e P°ur cognoistre la bonté ^érencequ'ilyaentreles Qe derrière, et pareillement ^du cheval.-IV. De quelle |
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Picard :
lerie, C. Fiaschi est aussi
vanciers, Hiéroclès, Lau- il ne parle pas des mala- vrage est avant tout un que ceux de ses prédéces- vres de médecine vétéri- tation n'entre qu'accessoi- l'ouvrage de Fiaschi est
rure. Voici les titres des ne sont pas dénués d'in- d'être lus : II. Avis touchant la couleur de
et la malice d'itcelle. — III. De mains et les pies de devant et les entre les talons et les pointes des |
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Harnais du cheval de Charles-Quint.
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façon doivent être les bons fers
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cr s Ples de devant et pour
que S' clous à &lace crertés, - Parf0ls on me* aux fers des pieds de devant |
les pies de derrière. —■ V. Des
barbettes et quelques annelets |
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Cartilage du " r-— «■- """""^ —
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VI. De la forme qu'on doit garder pour ouvrir le talon et le
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que doibve J"0 CheVa1' 6t P°Ur VUMer la P°inte de r°ngIe et icelui nettoJ'er Par dedans. - VII. De la forme
avoir ordinairement les fers des pies de devant pour les bien mettre en œuvre. - VIII. Quels doib- |
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qui est 1
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un cavalier très remarquable.
CHIC A CHEVAL.
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quelques écuyers, comme M»°* Élisa et Emilie Loisset, et surtout M. J. Fillis,
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98 LE CHIC A CHEVAL.
vent être ordinairement les fers des pies de derrière. — IX. De la manière d'ajuster le fer et l'ongle du cheval en-
semble. — X. Quels doibvent être les clous pour bien asseoir les fers des chevaux. — XI. De la bordure ou pan- cette que l'on met quelquefois au fer. —XII. D'aucun advertissement pour cognoistre le bon pié du cheval, et du moyen qu'il faut tenir pour le bien ferrer. — XIII. De l'ongle forte, toutefois moyennement tempéré, avec un discours touchant icelui. — X1III. De l'ongle forte, en temps chauds, laquelle devient seiche.— XV. Des pies ou ongles forts, ou vitriols ou éclatants comme verre, et encore de ceux qui sont un peu ou assez fistellez, plats et pleins comme un bignet. — XVI. Du pied qui a le talon et le cartilage tendre et délicat. — XVII. Du pié fort et encastellé. — XVIII. Du pié fort à la semblance de celui d'un mulet................................. |
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XXII. Advertissement proufitable et honorable pour urig chevalier. —XXIII. Justification de l'auteur avec quelques
advertissements nécessaires au chevalier. |
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Le traité qui suit celui de
nologique, est celui de Phi- tato di Marescalia. » C'est et nous ne le citons que « Si nous admettons que
tation viennent d'Italie, ou gièrent après la prise de Cons- tre paraît avoir été poussé Empire nous donne d'abord, vention des arçons, bientôt siècles plus tard, l'usage des torisé à dire que la pratique grande supériorité dans no- chevaleresques prirent nais- rent si profondément qu'elles après s'être effacées chez nos ajouter que, si les nobles manoirs, école équestre et de les jeunes gentilshommes |
C. Fiaschi, dans l'ordre chro-
lippode Loghacozzo : « Tra- un ouvrage de peu de valeur pour mémoire, les premiers préceptes d'équi- mieux encore, qu'ils s'y réfu- tai! tinople, où l'art éques- fort loin, puisque le Bas- dans le quatrième siècle, l'in- après celle de la selle, et deux étriers,... nous sommes au- de l'équitation dut avoir une tre France, où les mœurs sance, et où elles s'enracinè- s'y maintinrent longtemps voisins. Toutefois, il faut châtelains avaient, dans leurs prouesse,et s'ils préparaient qu'ils recevaient en bas âge, |
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igpi
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mm
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XVI" siècle.
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dans leurs castels, suivant les usages du temps, à paraître avec honneur dans les
tournois, il faut convenir aussi qu'ils se piquaient si peu de science, qu'ils dédaignaient de savoir lire et écrire, que leurs mains n'étaient habiles qu'à manier la lance ou l'épée, dans les joutes et les combats, et qu'ils étaient dans l'impuissance de transmettre leurs méthodes. « Sans cette cause, quel est l'écuyer de Naples, de Rome ou cle Ferrare qui l'eût
disputé au simple gentilhomme qui eut l'honneur de conférer à François Ier l'ordre de chevalerie, à notre Bayard, au chevalier sans peur et sans reproche, dont le premier pas dans la carrière des armes fut un immense succès équestre, d'abord, devant le duc de Savoie, puis, devant Charles VIII et toute sa suite, qui, dès ce moment, l'attacha à sa personne comme page, et l'emmena pour son expédition de Naples? |
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LE CHIC A CHEVAL
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« Bien mieux, nous sommes autorisé à croire que si Bavard
nous eût transmis ses pratiques et ses principes, ils n'eussent pas été entachés de ces moyens violents et barbares que cette équi- tation venue des académies de Naples et de Rome importa en France. 11 suffit, en effet, de jeter un coup d'œil sur les embou- chures en usage alors, sur les branches monstrueuses destinées à les faire agir. » — (Capitaine Picard, Origines de l'école de cavalerie.) Cependant, comme, à cette époque, il n'y a pas encore en
France d'école bien établie, c'est en Italie que les Français vont puiser les principes qui vont renouveler l'équitation. « Ce sont les Italiens qui ont trouvé des règles pour mettre
en pratique les préceptes qu'ils avoient inventés pour dresser les chevaux et les rendre capables de servir utilement à la guerre, et |
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de donner toute la satisfaction et le plaisir possible dans la car-
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Bride de parade du cheval
de Henri II. |
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rière. Et comme ils mettoient eux seuls ce bel art en pratique, les
François et les autres nations, désireuses d'apprendre, étoient obligés d'aller en Italie pour s'y perfectionner. Naples estoit le principal siège de l'Académie, et Rome ensuitte, où les François abondoient en foule pour se rendre hommes de cheval, mais ceux qui vouloient parvenir à une plus grande perfection, passoient «à Naples, où on les tenoit des deux ou trois ans, avant qu'on leur dist seu- lement s'ils estoient capables d'apprendre et de réussir en cet exercice; tant ces mes- sieurs les escuyers savoient bien faire valoir leurs talents, lesquels asseurément ils ne prodiguoient point comme on fait présentement. Le plus fameux escuyer qui a jamais esté en Italie estoit un signor Jean Baptista Pignatelli, Néapolitain, demeurant à Na- ples, lequel n'a jamais écrit, quoy qu'il en fust très capable et des plus habiles qui ayent jamais esté en Italie. Monsieur de La Broue monta soubs luy cinq ans, mon- sieur de Pluvinel neuf ans, et monsieur de Saint-Antoine plusieurs années. Le mords à liberté de langue, qui est présentement fort en usage,
est nommée à la Pignatelli. » Le perfectionnement des armes à feu ayant obligé l'hom-
me d'armes à diminuer le poids de son armure, cette mo- dification devait fatalement en amener une dans l'équita- tion. « Cette subversion métamorphose les cavaliers en fantassins, et l'équitation en est conséquemment amoin- drie. » — (Capitaine Picard.) Une chanson, composée vers 1562, et qui fait partie de
la collection Maurepas (t. I, f. 121), nous montrera qu'on
xvi'siècle. commençait déjà, alors, à railler les hommes d'armes.
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LE CHIC A CHEVAL.
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Le ton de cette chanson, comme on peut le voir, est loin de ressembler à celui des
romans de chevalerie du quinzième siècle. Un corporeau fait ses préparatifs
Pour se trouver des derniers à la guerre. S'il en eût eu, il eût vendu sa terre ; Mais il vendit une botte d'oignon. Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau avant que de partir,
Dévotement fait chanter une messe ; Et si vous a prié Sainte-Hardiesse De n'assaillir jamais que des oysons, Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau bravement se monta
D'un asne fort qui portoit la poirée,
Et son varlet d'une pecque (1) escrouppée (2);
Pour son sommier (3) il prit le poullichon.
Viragon, vignette sur vignon.
Un corporeau grèves cuissots (4) et cuissot (5) avoit,
Bien façonnez d'une longue citrouille, Clouez de bois qui jamais ne s'enrouille ; Un plat d'étain il print pour son plastron. Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau des gantelets avoit,
Dont l'un estoit fait d'osier et d'éclisse (6), Pour l'aultre il print une grande ecrevisse Et meit la main dedans le croupion. Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau en son escu portoit
Le rouge et blanc de la sommellerie ; D'ongles de porc sa lance étoit garnie, Et sa devise étoit : « Nous enfuirons. » Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau une arbaleste avoit
D'ung vieil cerceau, d'une pipe (7) rompue; Sa corde estoit d'estouppe toute écrue. De bois tortu estoit le vireton. Viragon, vignette sur vignon. |
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(1) Cheval de rebut.
(2) Morveux.
(3) Cheval qui porte les bagages.
(4) Armure des jambes.
(5) Armure des cuisses.
(6) Petits bâtons de bois flexibles comme de l'osier.
(7) Tonneau.
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JEUNE GENTILHOMME DE LA SUITE DE CHARLES-QUINT.
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LE CHIC A
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CHEVAL.
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Un corporeau une harquebuze avoit
D'ung franc sureau cueilly de ceste année ; Son casque étoit d'une courge escornée, Et les boullets (1) de navets de maison. Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau sa brigandine avoit
De vieux drapeaux et de vieille féraille, Et si gardoit pour ung jour de bataille Ung vieil estoc d'ung viel fer d'Aragon. Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau à la montre (2) s'en va ;
Il a prié monsieur le commissaire De lui passer sa jument et son haire (3). Et l'advouer pour vaillant champion. Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau au trésorier s'en va :
« Morbieu! sangbieu! puisque le roy me paye,
Despechez-vous de me bailler ma paye,
Et me conter des escus ou testons. »
Viragon, vignette sur vignon.
Le trésorier en la bource fouilla,
Et lui a dit : « Corporeau vaillant homme, Contentez-vous, tenez, voilà en somme Quarante francs en mereaux (4) et jettons. » Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau retourne en sa maison ;
A son retour ses voisins il convie, Leur dit : « Voyez, je suis encore en vie ; Gardé me suis de six coups de canon. » Viragon, vignette sur vignon. Un corporeau à ses voisins conta
Qu'il avait eu contre un reistre querelle,
Et toutes fois qu'à grands coups de bouteille,
Il l'avait fait venir à la raison.
Viragon, vignette sur vignon.
Un corporeau à ses amis jura
Ne retourner jamais à la bataille,
Si pour s'armer n'avoit une muraille
Cent pies d'espais, et un voulge (5) aussi long.
Viragon, vignette sur vignon.
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) Projectiles de plomb qu'on lançait avec la fronde.
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(2) Parade.
(3) Sorte de vêtement.
« Méreau » signifie ici les petits cailloux qui servaient à compter. ique.
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102 LE CHIC A CHEVAL.
Un corporeau devant Dieu protesta
Que pour la peur qu'il avoit de combattre, Il aimoit mieux chez lui se faire battre, Que de chercher si loing les horions. Viragon, vignette sur vignon. Cette chanson, d'une saveur toute rabelaisienne, fut composée après le massacre
de Vassy, où avait été blessé François, duc de Guise. Toute la France prit alors les armes, ceux-ci pour Guise, ceux-là pour Condé. L'auteur a probablement voulu ridiculiser cette prise d'armes. Mais, puisque nous en sommes aux chansons, qu'on nous permette de remonter
quelques années plus haut, à 1525, et d'en citer une autre, d'un ton bien plus élevé. Ces deux chansons rompront, du reste, heureusement, la monotonie inhérente à un exposé chronologique, comme est le présent chapitre. |
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Chanson sur la bataille de Pavie.
1525. |
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Hélas ! La Palice (1) est mort,
11 est mort devant Pavie ; Hélas ! s'il n'estoit pas mort, Il seroit encore en vie. Quant le roy partit de France,
A la malheur il partit ; Il en partit le dimanche, Et le lundy il fut pris. Il en partit le dimanche,
Et le lundy il fut pris; Rens-toy, rens-toy, roy de France, Rens-toy donc car tu es pris. Rens-toy, rens-toy, roy de France,
Rens-toy donc car tu es pris ; « Je ne suis point roy de France, Vous ne savez qui je suis. Je ne suis point roy de France,
Vous ne savez qui je suis; Je suis pauvre gentilhomme Qui s'en va par le païs. |
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(1) La Palice, dont il est ici question, était le célèbre Jacques de Chabannes, sieur de la Palice, maréchal de
France, tué à la bataille de Pavie, le 24 février 1525. Comme s'il eût prévu la triste fin de cette journée, il avait fait tous ses efforts pour empêcher le roi de livrer bataille. |
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LE CHIC A CHEVAL. 103
Je suis pauvre gentilhommme
Qui s'en va par le païs. » Regardèrent à sa casaque Advisèrent trois fleurs de lys. Regardèrent à sa casaque,
Advisèrent trois fleurs de lys. Regardèrent à son espée, François ils virent escry. Regardèrent à son espée :
François ils virent escry. Ils le prirent, et le menèrent Droit au château de Madry. Ils le prirent, et le menèrent
Droit au château de Madry : Et le mirent dans une chamhre Qu'on ne voïoit jour ny nuict. Et le mirent dans une chambre
Qu'on ne voïoit jour ny nuict, Que par une petite fenestre Qu'estoit au chevet du lict. Que par une petite fenestre
Qu'estoit au chevet du lit. Regardant par la fenestre, Un courier par là passit. Regardant par la fenêtre,
Un courier par là passit, « Courier qui porte lettre, Que dit-on du roy à Paris? Courier qui porte lettre,
Que dit-on du roy à Paris?
—■ Par ma foy, mon gentilhomme,
On ne sçait s'il est mort ou vif.
Par ma foy, mon gentilhomme,
On ne sçait s'il est mort ou vif. — Courier qui porte lettre, Retourne-t'en à Paris. Courier qui porte lettre ,
Retourne-t-en à Paris ; Et va-t-en-dire à ma mère, Va dire à Montmorency (1), |
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fi) Le maréchal de Montmorency fut chargé de remettre aux envoyés de Charles-Quint la rançon des enfants
de France. |
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104
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LE CHIC A CHEVAL.
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Et va-t'en dire à ma mère,
Va dire à Montmorency: Qu'on fasse battre monnoye Aux quatre coins de Paris. Qu'on fasse battre monnoye
Aux quatre coins de Paris ; S'il n'y a de l'or en France, Qu'on en prenne à Saint-Denis. S'il n'y a de l'or en France
Qu'on en prenne à Saint-Denis; Que le dauphin on amène, Et mon petit-fils Henry (1). Que le dauphin on amène,
Et mon petit-fils Henry ; Et à mon cousin de Guise (2), Qu'il vienne ici me requery. Et à mon cousin de Guise,
Qu'il vienne ici me requery. » Pas plus tost dit la parolle Que Monsieur de Guise arrivy. Cette chanson est pleine d'une saveur extrême; le dernier couplet, surtout, et, en
particulier, les deux derniers vers sont d'un grand effet. Revenons maintenant, aux maîtres italiens et à l'historique de l'équitation sous
Henri II. Pendant le règne de Henri II, les tournois et les joutes furent plus en honneur que
jamais. On sait que ce roi mourut d'un coup de lance, que lui porta Montgommery, clans une joute qui eut lieu au quartier Saint-Antoine. Après la mort tragique du roi, les joutes furent prohibées; mais ces fêtes équestres ne tardèrent pas à être remplacées par d'autres fêtes, tout aussi brillantes, mais moins dangereuses : les carrousels. Les gentils- hommes abandonnèrent alors les lourdes armures pour de riches vêtements de soie. Il ne s'agissait plus, en effet, dans ces fêtes, de risquer d'être tué ou estropié, mais de faire étalage de luxe, de déployer de l'adresse et de la grâce. A partir de ce moment, les nobles cessent d'être ces « rudes jouteurs » dont parlent
sans cesse les anciennes chroniques. La raison d'être de cet abandon des tournois et des joutes, il faut, du reste, moins la chercher dans l'accident arrivé à Henri II que dans la transformation que subissait alors l'art de la guerre. En effet, le rôle des hommes d'ar- mes, des cavaliers bardés de fer, luttant sans ordre, chacun pour leur propre compte, n'était plus le même sur les champs de bataille. Dès lors, il n'y avait plus grande uti- |
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(1) Henri, duc d'Orléans, depuis le roi Henri II.
(2) Claude de Lorraine, premier duc de Guise, cinquième fils de René II, duc de Lorraine.
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LE CHIC A CHEVAL.
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105
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lité à se livrer à des exercices devenus quelque peu surannés, et qui ne constituaient plus
une bonne préparation à la guerre. La mode des carrousels fut, du reste, loin d'être nuisible aux progrès de l'é-
quitation. En effet, pour être brillant, « gallant », comme on disait alors, un cheval souple et bien mis était indispensable; il fallait, soi-même, le monter avec grâce et habileté. Il en résulta que l'équitation raisonnée prit une place de plus en plus importante. Ce qui le prouve, c'est que les traités sur la matière se succédèrent rapidement; cha-
que auteur affirmant, selon l'habitude, que sa méthode était la meilleure. |
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En 1567, Clau-
un ouvrage sur
le titre est : « Glo- Quelques an-
1573, il fait pa- veau traité, inti- lerice, de Messire de Pavie, dans le- de la nature des manière de les dresser, et de tout te aux chevaux lerice, augmenté très utiles et très « Dédié à Vin-
puissant et très de France, |
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dio Corte publie
l'équitation, dont ria del cavallo. » nées pi us tard,en raître un nou- tulé : « Le Cava- Claudio Corte, quel il est traicté chevaux, de la dompter, de les ce qui se rappor- et au bon cava- el orné de choses agréables, vincible, très chrétien roi Charles IX. » |
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En 1583, Frédéric Grison, gentilhomme napolitain, expose une nouvelle méthode de
dresser les chevaux de guerre. Son ouvrage, qui se divise en quatre livres, « indique », dit le capitaine Picard, « un grand esprit d'observation et une pratique très éclairée ». Grison veut qu'on emploie, avec le cheval que Ton dresse, toute la douceur pos-
sible; mais, dès qu'il croit voir de la mauvaise volonté, il exige une grande sévérité; souvent même il préconise d'une façon exagérée l'emploi de la violence, comme ses Prédécesseurs. c< Si le cheval, ou par crainte du travail ou par obstination, ne veut pas s'approcher
^u montoir pour se laisser cheminer, alors vous lui donnerez du bâton entre les oreil- les et sur la tête (mais gardez les yeux), et sur tous les endroits du corps où il vous vien- dra mieux à propos, etc. ; et encore le menaçant avec voix rude et terrible, de sorte ^Ue vous voyant obstiné contre lui, il deviendra doux au montoir comme un agneau, et sans plus faire résistance s'en approchera. Mais, aussi, vous faut-il le caresser toutes |
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14
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OHIfi A CHEVAL.
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106
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LE CHIC A CHEVAL.
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les fois qu'il s'y rendra de bon gré et fera ce que vous
voudrez.
« Et, si tous ces moyens ne réussissent pas, il faut
le fatiguer en cercle, tantôt à droite, tantôt à gauche,
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Éperon bavarois ; première moitié du
XVI" siècle. |
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et le faisant suivre par un ou plusieurs hommes armés
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de baguettes. »
Dans son discours sur l'admiration du noble cheval, Grison s'écrie : « Or, qui vous pourroit jamais dire à plus de louanges et la grande vertu du cheval? Qui est celui qui ne le reconnoit Roy des animaux, et très fidèle compagnon des Roys? Mesmement que Bucéphale, accoustré de ses harnois royaux, ne voulut jamais se laisser chevaucher par un autre que son Alexandre; et, blessé à la prise de Thèbes, ne voulut jamais qu'Alexandre le démontât pour monter sur un autre, semblablement le cheval de César ne voulut jamais porter autre que César. Il est infinis actes géné- reux et gestes glorieux d'autres chevaux, pour raison desquels, en leur vie, ils ont été caressés et accoustré de draps précieux; et, depuis leur mort, honorés par pompes funèbres, braves sépulchres, hautes pyramides et par vers pleins de leurs louanges. Alexandre fit bâtir une ville, là où Bucéphale fut enterré, laquelle il nomma, en sa mé- moire, Bucéphale... Finalement, il ne se peut dire qu'il y eut jamais ny abondances de vivres, ny brave jeu, ny fêtes accomplies, ny bataille grande où les chevaux n'ayent esté; et il n'est degré, estât, qualité ny profession humaine, soit de religion, de lettres ou d'armes, où ils ne soient perpétuellement nécessaires, etc., etc.. » 11 commence son dressage par le trot, ce qui est assez singulier. La raison de ce
procédé, c'est qu'il supposait que, le pas étant l'allure habituelle du cheval, celui-ci savait marcher naturellement au pas, ce qui est une erreur. Nos écuyers modernes savent, en effet, qu'il est de toute importance d'avoir, avant tout, un cheval bien droit au pas et de l'équilibrer à cette allure. « Mettant au cheval, » dit-il, « le caveçon ou simple licol, tenant dans la main gau-
che les cordes ou rênes attachées au caveçon, près du chanfrein, un homme suivant par |
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sur le droit et sur les vol-
noter, c'est que l'on com-
la nécessité de l'accord
être le premier qui ait
jambes.
à droite, vous luy ayderez
vous le faites volter à
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derrière, il le faut mener
tes ou cercles. » Un point important à
|
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mence alors à comprendre
des aides ; et Grison semble |
r^w
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conseillé de se servir des
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Éperon bourguignon; commencement du
XVI" siècle. |
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« Si vous le faites volter
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du costé gauche; et, si
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gauche, vous luy ayderez du côté droit.
« 11 sera toujours meilleur, avant de luy apprendre à galoper, de l'exercer sur le
parer et les pesades. » |
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LE CHIC A CHEVAL. 107
Le premier, aussi, il a pensé à donner de la légèreté au cheval en le faisant reculer :
« Quand le cheval pèsera trop sur la bride, et qu'en cheminant il forcera la main du cavalier, il faudra, chaque fois qu'il l'arrête, le faire reculer quelques pas. « Outre les voltes et les ronds dont je vous ai parlé, qui sont merveilleusement
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Fin du XVI" siècle et commencement du XVII0.
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propres pour donner haleine et appuy et pour rendre le cheval juste et léger, il serait
bon, tous les matins, par l'espace de dix à douze jours, de faire gravir au cheval une longue montée d'un mille, au pas furieux, tant qu'il le pourra souffrir, et puis, après, le faire descendre par le même chemin; et, encore, si cette montée est labourée à sillons ou raies à travers, d'autant plus le cheval haussera les bras; mais, alors, il faudra aller de mesure et non si vite... et il deviendra plus gaillard, avec meilleure haleine et plus juste de bouche. Et, encore, s'il buttoit des fers de derrière avec ceux |
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LK CHIC A CHEVAL.
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108
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de devant, le faisant monter en ceste sorte, il se corrigera de façon qu'il ne se touchera
plus si souvent. » C'est également Grison qui a donné, le premier, les indications de ce qu'on appelle
les airs; la pesade, qui lui servait à rendre le cheval léger du devant, et la ruade, à le rendre léger du derrière. En faisant exécuter simul-
tanément la pesade puis la ruade, il avait la capriole. Grison recommande d'employer la voix à l'aide de cha-
que mouvement, et de varier ces intonations. Si l'on veut encourager le cheval, on criera : « Hap! hap! » ou : « Hep! hep! » Si l'on se propose de le faire sauter ou ruer : « Hop! hop ! » Si le cheval oppose de la résistance, on poussera un cri âpre et menaçant, et on s'écriera d'une voix propre à l'effrayer : « Or, sus! or là! or là! Ha! ha, traître! Ha, ri- baud! Tourne, tourne, arrête! Tourne cy! Tourne là! » « Mais, aussi, quand il sera vaincu et réduit, il faudra in-
continent se taire et, avec un ton plaisant, le caresser sur l'en- colure, etc., etc., disant à voix base : « Ho, ho! Ho, ho! » « A la passade, et pour l'encourager, le chevaulcheur dira :
« Eya, eya! » ou « Vie, vie! etc.. » Le quatrième livre nous donne la méthode employée par
Frédéric Grison pour dresser le cheval de guerre. « Il commençait par aller au pas, puis au trot, parlant
avec douceur à l'animal, la baguette entre les deux oreilles, |
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Chanfrein ; commencement du
XVIe siècle. |
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puis de chaque côté de la tête, et près des yeux, le cares-
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sant ensuite en la lui passant sur le cou; et, quand il parais-
sait bien tranquillisé, il plaçait un homme face à face avec lui, un bâton à la main, fai- sant mine de vouloir le frapper par la tête. Il caressait alors de nouveau le cheval, le forçant à marcher sur l'homme, qui reculait aussitôt et semblait fuir. « Après cette première épreuve, l'homme à pied prenait une épée et exécutait, avec
elle, la même pantomime qu'avec le bâton. Frédéric Grison passait ensuite à plusieurs piétons qui renouvelaient, tous ensemble, la première et la seconde épreuve, menaçant le cheval à haute voix et allant trois fois sur lui : la première, au pas; la deuxième, en courant; la troisième, en sautant; puis ils prenaient la fuite; alors l'écuyer fonçait sur eux. Les hommes devaient bien prendre garde de ne pas frapper l'a- nimal. « Pour accoutumer plus vite un jeune cheval, l'écuyer le mettait souvent entre deux
chevaux aguerris; puis il faisait sonner la charge, lâcher l'arquebuse; et, pendant ces exercices, il encourageait son cheval de la voix, le caressait, etc.. Après que ces épreuves intelligentes étaient terminées, Frédéric Grison mettait deux cavaliers en |
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SEIGNEUR ALLEMAND DU XVIe SIECLE.
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LE CHIC A CHEVAL.
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que les deux chevaux se
des cavaliers reculait son courage à l'autre, cices préparatoires avaient ne plus rien craindre, il de plusieurs chevau- eux une rencontre et exé- sades, les courbettes, les |
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présence, de telle façon
voyaient face à face : l'un cheval pour donner du « Puis, quand ces exer-
bien disposé le cheval à faisait une petite guerre cheurs, simulant entre cutant les voltes, les pas- |
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cabrioles, etc., etc..
« A côté de judicieuses , remarques, des principes
Ètrier de Wolfgang de Neubourg,
extraordinaires : il vou- prince de ia maison de Bavière. lait que le cheval fût placé
la tête basse, parce qu'il trouvait un avantage,
Pour se servir de ses armes contre un cavalier, d'avoir « le cheval ayant le mufle
entre les jambes, ce qui n'est pas moins profitable contre les hommes à pied qui se jettent toujours à la tête des chevaux ». La position à cheval qu'il préconisait n'était pas moins bizarre :
« Je veux que l'on se tienne droit sur les étriers, que l'étrier de droile soit plus court que l'autre pour ce qu'en combattant on s'appuie toujours de ce côté, que le nez du cavalier soit sur le toupet, entre les deux oreilles du cheval. Je ne veux pas que, comme les anciens chevaliers, la pointe du pied soit tournée en dedans, mais lorsque je tourne la tête, sans effort, la pointe du pied soit au bout de mon nez et la gaule entre les oreilles du cheval. » En résumé, travail de pied ferme, rassembler, mise en main, mobilisation et im- |
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mobilisation des
pesade, ruade, ca- de mains, reculer de côté, assouplisse- Peron, travail de la Perche de la légè- paré, dressage du de guerre, telles sont néesde la méthode « Sans doute ces Mélanges incohé- rees par des moyens nent de la civilisa- |
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membres, jambette,
briole, oppositions mieux compris, pas ments, arrêt sur l'é- jambe opposée, re- reté, équilibre pré- cheval aux exercices les principales don- de Frédéric Grison. découvertes ont des rents et sont dénatu- empiriques qui tien- tion encore barbare |
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Plaque de devant d'une selle du XVI0 siècle.
|
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ri
cette époque , mais il faut faire la part de chaque temps et juger le mérite de
devanciers suivant les moyens d'action qui ont été mis en leur pouvoir. » — (Ca- me Picard, Origines de l'école de cavalerie.) |
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LE CHIC A CHEVAL.
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110
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En 1559, Francisco Lanfray, écuyer italien et élève de Grison, publia les principes de
son maître, sous ce titre : « L'écurie du sieur Frédéric Crison, gentilhomme Napolitain, en laquelle est
montré l'ordre et l'art de choysir, dompter, piquer, dresser et monter les chevaux, |
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tant pour l'usage de la
moditéde l'homme, avec |
guerre qu'autre com-
tes figures de diverses Naguerre traduite d'Ita- vellement revue et aug- dentes impressions. Plus tiers pour les maladies par le signor Fran- italien. » raît « YAnatomia del
suoiremedii », par Carlo Saint-Antoine, il n'a rien |
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sortes de mors de bride,
|
», - •
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lien en François, et nou-
mentée outre les précé- |
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les remèdes très singu-
|
F t
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cles chevaux adjoustez
cisco Lanfray, escuyer En 1559 ou 1560, pa-
Cavallo, infirmita et Ruini. Quant à M. de |
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7/
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^,
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écrit; mais, camarade
de Pluvinel, à l'acadé- resté célèbre comme « M. Saint-Antoine,
|
d'école de La Broue et
mie de Pignatelli, il est homme de cheval. François, estoit fort bon |
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XVII"
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homme de cheval, en-
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voyé de France par
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Henry IV, pour apprendre au prince Henry d'Angleterre. M. de La Coste fut
son page, et travailloit admirablement bien, principalement les chevaux sauteurs. M. de Boyclair monta sous luy et estoit un excellent homme de cheval. M. Fon- tenay, qui estoit ou son neveu ou son fils naturel, car il luy donna tout en mourant, estoit aussi un fort bon homme de cheval, mais pas un de ceux-là n'a jamais écrit de la méthode ni l'art de monter à cheval. » Les écrivains dont nous allons avoir à parler maintenant sont des écrivains fran-
çais. Celui dont nous nous occuperons tout d'abord est le célèbre La Broue, né, élevé en Gascogne « et nourri page avec beaucoup d'honneur en la maison de Monseigneur le comte d'Anbjoux. » « Cette première saison de ma vie, » dit-il dans son livre, « a été occupée à suivre
Monseigneur aux armées, à la cour, à la chasse, et quelquefois à l'exercice de mon- ter à cheval; mais, le plus souvent, à une infinité de débauche et singeries aux- quelles la jeunesse folâtre et licencieuse, portant l'habit de page, se plaît d'ordinaire, autant qu'elle est ennemie de l'étude, qui, avec la vertu, apprend à bien discourir. » Ses deux ouvrages : « l'Éducation de la jeunesse » et « le Cavalerice François »
sont restés célèbres dans les annales de l'équitation. Le cavalerice François, composé par Salomon de La Broue, escuyer d'escurie
du Roy et de Monseigneur le duc cl'Espernon, contenant les préceptes principaux |
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LE CHIC A CHEVAL. 111
qu'il faut observer ^------->. ^^r~~~^ exactement pour bien
dresser les chevaux // S*~~~\ \\ A f "\ \ aux exercices de la
carrière et de la cam- ' f il xVH I j pagne. Le tout divisé
en trois livres. v\ lj \%\ il «. Le premier tr aide \\ £3/ \^ LJ de V ordre général et
plus facile des susdits Fer , onilUs de chaU ou à Fers. sous_pieds et cram_ exercices et de la pro-
nriéfé dll CflDflïipr Varagonnaise. pons, à l'aragonnaise.
« Le second, des modernes et plus
justes proportions de tous les beaux airs de manèges.
« Le troisiesme, des qualilez de toutes les parties de la bouche du cheval et des di-
vers effets de plusieurs brides différentes pourtraites et représentées par leurs justes mesures aux lieux nécessaires. » Son premier chapitre est intitulé : « Avis du sieur de La Broue sur le devoir de
l'escuyer de grande escuirie. » « M. de La Broue, comme tous les grands maîtres, a excité un enthousiasme et
un dévouement difficiles à décrire parmi ses élèves. « Dans ce travail, il prend le jeune page à douze ans et le conduit à l'âge où il
devient homme. Il lui apprend ses devoirs civils, religieux et militaires ; il lui indique tout ce qu'il est nécessaire au chevalier de connaître, et l'initie aux détails que com- portent les différents arts de sa profession. M. de La Broue passe en revue le temps de paix, le temps de guerre, car les devoirs variaient suivant ces deux phases. Pour bien comprendre la portée du travail de l'auteur, il faut suivre le jeune page faisant son apprentissage du service à l'écurie, à la carrière, au tournoi, au carrousel et à la guerre; on aura une idée juste de l'importance d'une bonne direction dans les tra- vaux de la jeunesse de cette époque. « Les ha- billements et
Jes armures ^r % i y sont décrits,
ainsi que tou- ISSÎ / ."*■' pre"
cautions à Ia/vW» Jlr^%l prendre dans
«te exercices SiSS fif;'®?fl et le combat.»
— (Ca.pita.nc mmimM Mv&ûmMà Picard.
La Broue fa 'Il estlepremier,
Cr°yons-nous fMf 1 lllîSl qai exige le
bl>idon pour p ^' -M E H 1 le commen"
cement du ,s~~( ~ ^IL^ ■mmjÊ^Mr dressage. Du
reste, avec lui 'i$ff5p fK;i ^88» 1 et ses succes"
«eurs, nous * ^%'l$'$S):., FéW :' %& allons voir
Peu à peu dis- M m JF*£ÏF$ paraître les
ni°rs à con- Et™™auxvi°siècle. formations
|
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112 LE CHIC A CHEVAL.
extraordinaires. Il faudra, cependant, encore plus d'un siècle avant qu'on raccourcisse
complètement les branches de la bride. En lisant l'ouvrage composé par La Broue, on comprend aisément l'enthousiasme
qu'il excita, l'influence qu'il exerça, et le renom que lui valut ce travail. Ce travail, en effet, fait époque dans l'histoire de l'équitation. La Broue est le premier écrivain fran- çais qui ait écrit, sur les matières hippiques, un livre remarquable à bien des titres. Peu d'ouvrages sur l'équitation sont traités d'une façon aussi juste et aussi savante. Du reste, les quelques extraits qui suivent feront mieux apprécier le mérite de La Broue, par les hommes du métier, que tous les éloges que nous pourrions lui prodiguer : « Ce n'est pas tout que le cavalier soit curieux de s'équiper proprement et de faire
bien agencer le cheval, je veux aussi que, étant à cheval, il ait l'assiette juste et belle, à savoir qu'il tienne la tête droite et le visage directement à l'opposite de la nucque du cheval, espaules également droites et nivelées, plutôt un peu penchées en arrière que trop en avant, sans que la droite soit plus reculée que la gauche, comme il advient d'ordinaire si l'on y pense curieusement, à cause de la posture du bras de la bride, qui nécessairement est le plus avancé et aussi de la plus part des actions de celui de l'é- pée, ou de la gaule, qui de nature se fait plus facilement en arrière qu'en avant : le poing de la bride, àla hauteur et au niveau du coude d'iceluy et, communément, environ trois ou quatre doigts plus haut que la tête de l'arçon de la selle, et deux doigts plus avancés que l'os de la hanche, un peu plus ouvert plus souvent et loin du corps que celui de la bride. La gaule, le plus souvent mouvente, ayant pointe en haut, l'estomac un peu avancé pour ne pas paraître avoir les épaules voûtées ; les fesses avancées aussi afin de ne pas se trouver assis trop loin de l'arçon de devant, ce qui est une particularité malséante; les reins droits et roides; les cuisses fermes et comme collées dedans la selle; les genoux serrés et plutôt tournés en dedans qu'en dehors; les jambes autant proches du cheval qu'il se pourra, tendues et droites, comme quand on est à pied. » De même que Frédéric Grison, il veut rétrier droit plus court que le gauche, « parce
que le premier soutient davantage la plus grande part des actions du corps et mieux celles du bras droit du chevalier. Et qu'il ne saurait donner un grand coup d'épée ni de gaule, empoigner un homme ni faire beaucoup d'autres mouvements forts et vio- lents que s'il ne s'appuye beaucoup plus sur l'estrier droit que sur le gauche ; et aussi parce que s'il reçoit un coup de lance , c'est communément du côté gauche, qui par conséquent _£> le pousse sur l'estrier droit; et
s'il donne un semblable coup, m/ik v^l^Ê il en est également ramené sur
le même côté, parce que la lance v^W~i|P se doit rompre croisant un peu en biais sur l'oreille gauche du ^ « tIt cheval ; et pour la moindre rai- son, l'estrier gauche étant le ^^iMj P^us l°nën on y me^ P^us. a*s^~
ment le pied pour monter à *>—^7 y cheval. »
Le chapitre sur les chevaux Xvi> siècle. rétifs est des mieux faits et des
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HOMMES D'ARMES DU XVI" SIÈCLE.
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LE CHIC A CHEVAL.
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plus intéressants. Les idées en sont neuves et presque toujours justes. M. de La
Broue, du reste, répudie bon nombre des erreurs de ceux qui Font précédé. Sa mise en main, bien plus rationnelle que celle de Grison, est basée sur le principe d'arrêter |
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et de rendre, au lieu de ré-
ce dernier. Il ne veut pas qu'on batte
bien qu'on lui apprenne à frayent. Ensuite il classe de la façon
/. Pour avoir été trop battus été trop battus et gour- III. Les chevaux rétifs et vaux rétifs ou entiers à férence du rétif à l'entier |
sister pour faire céder, de
le cheval qui a peur, mais
connaître les objets qui l'ef- suivante les chevaux rétifs :
sur la tête. — //. Pour avoir mandés des espérons. — malicieux. — IV. Les che- quelque main, avec la dif- sur les voltes. |
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XVI" siècle.
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« Il est difficile, » dit le capitaine Picard, « d'apporter un esprit d'observation
plus droit que ne l'a fait M. de La Broue dans la peinture qu'il a rendue des dif- férents caractères des chevaux, et dans les moyens sages qu'il emploie pour les rendre à leur naturel primitif, quand les maladresses des hommes les en ont sortis. » « Souvent, » dit La Broue, « il arrive que des chevaux mélancoliques sont vrai-
ment rétifs de pure malice et, peut-être, pour avoir été redoutés des chevaliers qui les ont exercés. » Il indique très nettement le principe des flexions d'encolure, que Baucher reprendra
plus tard, comme une chose neuve, et que tous les écuyers un peu habiles ont dû toujours employer, sinon théoriquement, au moins pratiquement. Notons encore cette phrase qui, à elle seule, suffirait pour mettre M. de La Broue
hors de pair : « La plus grande et générale preuve que le cheval puisse montrer de |
|||||||||||||||||||||||||
Ses forces et de son
faire un bel arrest, fin d'une longue et Il convient de ne
arrêt ferme et léger à fond de train, ar- et le nez en l'air, admirer fréquem- La Broue touche
|
|||||||||||||||||||||||||
obéissance , est de
ferme et léger, h la furieuse course. » pas confondre cet avec celui du cheval rêté sur les jarrets Ce spectacle, on peut ment en Algérie, même quelquesmots |
|||||||||||||||||||||||||
Êtriers allemands.
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Ja mise en main à l'éperon : « Aussi le peut-on quelquefois contraindre de baisser
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|||||||||||||||||||||||||
la tête
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et d'approcher le nez vers la poitrine (mêmement s'il est ramingue et fort
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|||||||||||||||||||||||||
sible) en le serrant discrètement des deux éperons entre l'aisselle et la première
&le, tenant les jambes le plus ferme qu'il sera possible. » |
|||||||||||||||||||||||||
C,ll<: A CHEVAL.
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15
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LE CHIC A CHEVAL.
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114
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En lisant ce qui suit, les détracteurs actuels du manège verront quel était le but
que se proposait toute cette savante équitation : « A quoi servirait au cavalier de ne savoir que tourner à droite et gauche,
parer, volter, etc., s'il ne sait sauter les haies et les fossés en rase campagne, s'il ne sait apprendre ces exercices au cheval, et tout ce qui est nécessaire à l'homme de guerre? Le manège, selon les meilleurs écuyers, serait inutile s'il ne condui- sait au résultat de pouvoir faire faire au cheval, en rase campagne, toutes les dif- ficultés équestres; et celui qui sait, dans son manège, annihiler les forces instinc- tives du cheval peut fort bien être embarrassé quand il a entre les jambes un ani- mal dont les forces instinctives sont autrement développées au dehors, où son ap- pareil de relation est en quelque sorte privé d'aliment puisqu'il n'a que les quatre murs en face de ses organes. » La Broue indique alors comment il faut apprendre, progressivement, au cheval
à sauter la claie, d'abord, puis le fossé. Naturellement, il recommande la chasse, comme très utile au cheval cle guerre,
puis la course des bagues, etc., etc.. En résumé, M. de La Broue fit faire d'immenses progrès à l'équitation : on peut
dire, sans exagération, qu'il est le fondateur de l'équitation moderne. Ses principes sont restés; et c'est à juste titre que ses contemporains le regardaient comme un des plus éminents entre les hommes de cheval. |
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Selle de la mule d'un prélat.
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CHAPITRE X.
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DIX-SEPTIEME SIECLE. — PLUVINEL ET SES SUCCESSEURS.
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ntoine de La Baume Pluvinel! quel est l'homme de cheval
qui n'a entendu retentir ce nom à ses oreilles? Quel est l'artiste qui n'a feuilleté les planches de Crispian de Pas? Quel est l'écuyer qui n'a lu au moins des ex- traits de « l'Instruction du Roy en l'exercice de mon- ter à cheval »? Certes, voilà un nom dont l'histoire de l'équitation française a le droit de s'enorgueillir. Pluvinel naquit en 1555, à Crest, dans le Dauphiné.
Dès l'âge de dix-sept ans, il se fit remarquer par son habileté et ses aptitudes équestres. Élève de l'é- cole d'Italie, qui était la seule où l'on pût alors se perfectionner, il en sortit ecuyer accompli. Le duc d'Anjou, qui fut ensuite Henri III, le prit comme premier ecuyer, l'emmena avec lui en Pologne, et le ramena en France, lorsque la mort de Charles IX l'appela au trône de France. Sous Henri IV, il fonda une académie °U école d'équitation. Il devint ensuite directeur de la grande écurie, chambellan, sous-gouverneur du dauphin (Louis XIII), ambassadeur en Hollande, conseiller au c°nseil d'État et ecuyer principal. Il fut, plus tard, précepteur du duc de Vendôme; et> enfin, gouverneur de la grosse tour de Bourges. W avait mis par écrit les principales règles de sa méthode, pour l'usage du dau-
phin. Ce manuscrit, il le tenait soigneusement caché à tous, et il le montra, quel-
le temps seulement avant sa mort, à son élève et ami René de Menou Charnizay. |
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116
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LE CHIC A CHEVAL.
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Celui-ci, sur l'ordre du roi, publia, en 1626, un volume in-4°, accompagné de 66 plan-
ches, et portant le titre suivant : « L'instruction du Roy en l'exercice de monter à cheval par Messire Antoine
de Pluvinel, son sous-gouverneur, etc., etc., etc.. Lequel respondant à Sa Majesté, luy faict remarquer l'excellence de sa méthode pour réduire les chevaux en peu de temps à l'obeyssance des justes proportions de tous les plus beaux airs et maneiges. Le loid enrichy de grandes figures en taille-douce, représentant les vrayes et naïves actions
des hommes et des chevaux en tous les airs, et ma- neiges, courses de bague, rompre en lice au Quintan et combattre à l'Espée : ensemble les figures des brides, les plus nécessaires à cet usage, desseignées et gravées par Crispian de Pas. A Amsterdam, chez- Jean Schirper avec pri- vilège du Roy Tres-Chres- |
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i m\
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tien. »
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Selle de VAnneria real de Madrid; fin du XVI" siècle.
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René de Menou Charnizay
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commence par une dédicace
au Roi, dédicace dans laquelle il loue fort, et en termes émus, son ancien ami : « l'ayant côgnu pour le plus excellent de tous ceux qui ont jamais chaussé les espé- rons, pour mettre l'art dont je parle à sa perfection; le plus doux pour faire con- cevoir aux hommes la manière d'atteindre au vray poinct de la science, le plus bret en toutes sortes d'inventions, pour tirer des chevaux, sans beaucoup les travailler, ce qu'on désire d'eux; le plus poly en ce qui dépend de la perfection du chevalier; et qui en a rendu de telles preuves, qu'il se peut dire de luy avec vérité, qu'il a plus dressé d'hommes et de chevaux, que tous ceux qui s'en sont meslez depuis cent ans. » Comme le dit le titre, l'ouvrage est fait sous forme de questions du Roi et de ré-
ponses de M. de Pluvinel. Le Roi s'adresse d'abord à M. le Grand, c'est-à-dire à M. de Bellegarde. grand écuyer
de France. Ce nom de Bellegarde n'éveille-t-il pas mille souvenirs chez l'homme de cheval? Le nom de Bellegarde, en effet, est inscrit en lettres d'or partout où l'on monte à cheval, et il me souvient, pour ma très humble part, lorsque j'étais ca- valier-élève à Saumur, de m'ôtre bien souvent échappé, pour aller, en cachette, |
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COESAR-AUGUSTE DE BELLEGARDE,
marquis de Termes, comte de Montbard, chevalier des ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel,
grand ecuyer de france.
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LE CHIC A CHEVAL. 117
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au manège des écuyers, admirer M. de Bellegarde, alors capitaine écuyer à l'é-
cole; et, sûrement, nul de ceux à qui leur bonne chance a procuré ce plaisir n'ont |
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oublié quel remar-
cheval il était, au mi-
Pléiade d'écuyers, de
sous-maîtres de ma-
lais , après ce juste rendu à un homme
revenons au dialo-
Roi, le grand écuyer
Louis XIII, donc, Grand lui dit : « Mon-
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quable homme de
lieu de cette brillante sous-écuyers et de nège. tribut d'admiration
de cheval éminent, gue engagé entre le et Pluvinel. s'adressant à M. le sieur le Grand, puis- force me permettent que j'ay, il y a long- àbien mener un che- |
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que mon aage et ma
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'«Wi./fllLU-MùMV.-HMj^^.,^,
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de contenter le désir
temps, d'apprendre
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Selle à la Pluvinel.
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val pour m'en servir, soit à la teste de nos armées, ou sur la Carrière pour les ac-
ions de plaisir : je veux en sçavoir non seulement ce qui m'est nécessaire comme ^015 mais aussi ce qu'il en faut pour atteindre à la perfection de cet exercice afin de co- buoistre parmy tous ceux de mon Royaume les plus dignes d'estre estimez. » M. le Grand lui répond : « Sire, Vostre Majesté a raison de souhaiter passionné-
ment d'apprendre le plus beau, et le plus nécessaire de tous les exercices qui se Pratiquent au monde, non seulement pour le corps, mais aussi pour l'esprit; comme • de Pluvinel luy donnera parfaitement à entendre, estant très aise de ce qu'il a c°re assez de vigueur pour enseigner à Vostre Majesté la perfection de cette science. » U1sî le Roi demande à M. de Pluvinel en quel sens il entend que l'exercice du
eval n'est pas seulement nécessaire pour le corps, mais aussi pour l'esprit. Voici la réponse de Pluvinel : |
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' L'homme ne le peut apprendre qu'en montant sur son cheval, duquel il faut
1U il Se résolve de souffrir toutes les extravagances qui se peuvent attendre d'un
lmal irraisonnable, les périls qui se rencontrent parmy la cholère, le désespoir, et
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118 LE CHIC À CHEVAL.
la lascheté de tels animaux, joincte aux appréhensions d'en ressentir les effects.
Toutes lesquelles choses ne se peuvent vaincre ny éviter, qu'avec la cognoissance de la science, la bonté de l'esprit, et la solidité du jugement : lequel faut qu'il agisse dans le plus fort de tous ces tourments, avec la même promptitude, et froideur que fait celuy qui, assis dans son cabinet, tasche d'apprendre quelque chose dans un livre. Tellement, que par là, Vostre Majesté peut cognoistre très clairement, comme quoy ce bel exercice est utile à l'esprit, puis- qu'il l'instruict, et l'accoustume d'exécuter nettement, et avec ordre, toutes ces fonctions, parmy le tracas, le bruict, l'agitation et la peur continuelle du péril, qui est comme un acheminement pour le rendre capable de faire ces mesmes opérations parmy les armes, et au mi- lieu des hazards qui s'y rencontrent; y ayant encores une chose Botte à la piuvineiie. très digne de remarques, et très nécessaire pour les grands Roys : c'est que la plus-part des hommes, et mesmes ceux qui sont destinez pour leur enseigner la vertu, les flattent le plus souvent : mais si, en cette science, je voulois flatter Vostre Majesté, j'aurois la honte qu'un animal sans raison m'ac- cuseroit de faux devant elle, et par conséquent d'infidélité : c'est pourquoy, afin que je n'encoure cet inconvénient, elle ne trouvera mauvais, s'il luy plaist, si en la re- prenant je dis la vérité. « Quant à ce qui touche le profit que le corps reçoit au continuel usage de cet exer-
cice, c'est qu'outre qu'il oblige l'homme à vivre sobrement et reiglement, il le rend libre en toutes les parties, le fait éviter toutes sortes d'excez et de desbauches, qui pour- raient troubler la santé, sçachant bien estre impossible à celuy qui ressent la moindre incommodité en sa personne, de pouvoir entreprendre quoy que ce soit, à cheval de bonne grâce, ny autrement. » Après avoir décrit au Roi le costume qu'il trouve le plus propre à l'équitation, Plu-
vinel, sur une question de Louis XIII, lui explique la différence qui existe entre le bel homme de cheval et le bon homme de cheval; ces lignes auraient pu être écrites hier, elles seront bonnes à lire demain, étant de toute vérité, et en dehors de la mode. « Je la fais très grande, cette différence, Sire, car encores qu'il soit bien mal-aisé
d'estre bon homme de cheval, neantmoins on peut estre bel homme à cheval sans être bon homme de cheval : d'autant qu'il suffit d'estre bien placé sur le cheval depuis la teste jusques aux pieds, pour se dire bel homme de cheval; et celuy qu'on aura veu en ceste posture cheminant seulement au pas, se pourra dire beau : et s'il a assez de fermesse pour souffrir un plus rude maniement en gardant sa belle posture, il ac- querra tousjours réputation de bel homme de cheval, quand mesmele cheval ne feroit rien qui vaille quoique bien dressé. Car si l'homme garde tousjours sa bonne pos- ture, on accusera plustôt son cheval que luy, et n'y aura que les très sçavants qui ve- |
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CHIC A
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CHEVAL.
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LE
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connoistront d'où vient la faute; d'autant que la plus-part ne peuvent pas s'imaginer
qu'un homme puisse être ferme, et en bonne posture, sans estre bon homme de cheval. Comme aussi pour bien faire et acquérir la perfection de la science, il faut commen- cer, continuer, et finir par la bonne posture du chevalier; parce qu'il y a bien plus de plaisir de voir un bel homme de cheval ignorant en la science, qu'un très sçavant de mauvaise grâce. Mais, pour estre parfaitement bon homme à cheval, il faut sçavoir, par pratique et par raison, la manière de dresser toutes
| sortes de chevaux à toutes sortes d'airs et de manèges; jp connoistre leurs forces, leurs inclinations, leurs habi-
V^m<m0m^%s^M^ tudes, leurs perfections et imperfections, et leur nature
-=====A entièrement; surtout cela faire agir le jugement, pour éperon de l'armure de Louis xiii. scavoir à quoy le cheval peut estre propre, afin de n'en-
treprendre sur luy que ce qu'il pourra exécuter de bonne grâce : et ayant cette cognoissance commencer, continuer, et achever le cheval avec la patience, et la résolution, la douceur, et la force requise, pour arriver à la fin où le bon homme de cheval doit aspirer; lesquelles qualitez se rencontrant en un homme, on le pourra véritablement estimer bon homme de cheval. » Rajeunissez les lignes qui précèdent ou, plutôt, changez-en l'orthographe, et mettez-
les en tête de n'importe quel traité d'équitation, vous ne pourrez rien dire de plus sensé et de plus vrai. Naturellement, le Roi demande quelles sont les qualités requises pour être bon homme de cheval, et M. de Pluvinel, prenant pour modèle M. de Belle- garde, explique au jeune Roi quelle doit être le position de l'homme à cheval. « Vous remarquerez donc, Sire, s'il vous plaist, quelle est sa posture, depuis la
teste jusques aux pieds, » etc.. Et il prononce, entre autres, cette phrase qui paraîtra,
sans doute, superficielle aux profanes, mais qui, cependant, a sa grande importance :
« Considérez la gayeté de son visage, car c'est une des parties très requises au che-
valier, d'avoir la face riante, en regardant quelquefois la compagnie, sans la guère
tourner ny çà ny là, <ifin que cette gayeté face cognoistre qu'il n'est
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120 LE CHIC A CHEVAL.
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vous le voyez, de mesmes que quand on est sur ses pieds... » Ce précepte est certai-
nement moins bon que ce qui précède; mais la position que préconise Pluvinel est celle qui était exigée depuis le commencement du moyen âge jusque vers Louis XV, époque à laquelle on commencera à plier la jambe. «... Et que Vostre Majeslé, » dit-il en forme de péroraison, « que Vostre Majesté
retienne (s'il luy plaist) que nous n'avons point d'autre tenue, ny n'en devons espérer que celle-là... » Le Roi demande alors à M. de Pluvinel de lui indiquer l'ordre dans lequel il
procède et pour le dressage des hommes et pour celui des chevaux. Il s'enquiert aussi s'il faut instruire l'homme et le cheval en même temps. Ce à quoi Pluvinel répond :
« Sire, encores qu'il ne soit pas impossible de dresser un homme et un cheval tout
ensemble, quoy qu'ils soient tous deux ignorans : néantmoins, à cause qu'il y a plus de difficulté, s'il m'est possible, je désire dresser l'homme le premier, etc., etc.. Ayant estimé que le moyen de parvenir à toutes ces choses, avec la fermeté et la bonne pos- ture que je désire du chevalier, estoit de le mettre premièrement sur un cheval dressé, pour luy donner parfaite cognoissance de ce que je viens de dire, afin qu'après qu'il le sçaura, il puisse plus facilement juger le bien et le mal que le cheval ignorant exécutera sous luy, pour le caresser du bien et le châtier du mal... Voilà pourquoy, Sire, je voudrois commencer à dresser l'homme le premier... » Louis XIII s'informe alors par quels moyens on peut arriver à cette justesse et à
cette science qu'il admire, et, surtout, comment on peut faire pour l'enseigner : « Et, remarquera Vostre Majesté, » lui répond M. de Bellegarde, « que pour atteindre
cette perfection, il convient que celuy qui enseigne, et qui veut pratiquer cette mé- thode soit plein de patience et de résolution, tout ensemble : deux choses que M. de Pluvinel vous pourra dire en deux mots. » On passe ensuite à l'examen des diverses races de chevaux « les plus propres pour
bien servir soit en guerre, soit sur la carrière ». Il est assez intéressant de connaître, sur ce point, l'avis de Pluvinel, car cet avis
peut montrer quelles étaient ces races, et ce qu'elles valaient au juste. « Sire, plusieurs provinces nous donnent des chevaux : ceux que nous avons Ie
plus communément viennent d'Italie, où la plus-part des races à présent sont perdues et abastardies; tellement qu'il ne nous en arrive plus de si bons. D'Espagne nous en avons rarement, encores ceux qui nous passent ne sont pas les meilleurs. De Turquie? |
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il nous en vient si peu que nous n'en devons pas faire cas, quoy qu'ils soient très ex-
cellens, et plus que ceux que j'ay nommez. Les Barbes nous sont plus communs, or- dinairement bons, et tous propres à faire quelque chose. L'Allemagne, la Flandre et l'Angleterre nous en donnent aussi; mais pour moy, je trouve, Sire, que ceux qui naissent en vostre Royaume sont aussi bons, ou meilleurs, qu'aucuns de ceux qui nous viennent de toutes ces nations estrangères; car j'en ay veu de Gascongne, d'Au- |
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vergne , de
Poictou, de de Bretagne gongne de lents. Et si et la Noblesse Royaume es- rieux de faire vaux, il n'y monde où il si bons; car que ceux qui ont toutes les qualitez re- beau et bon |
Limosin, de
Normandie, et de Bour- très excel- les Princes, de vostre toi en t cu- race de che- a lieu au y en eust cle j'ai remarqué y naissent excellentes quises au cheval. » |
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Selle, de l'Armeria real de Madrid.
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On voit que
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ce « butor »,
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comme l'appelle ce bavard de Tallemant des Réaux, lequel, probablement, avait été
évincé par l'illustre écuyer qui, sans doute, avait autre chose à faire qu'à « potiner »; °n voit, disons-nous, que Pluvinel n'était pas un homme à préjugés, puisqu'il ajoute : « Et pour moy, je ne m'enquiers point de quel pays ils soient, quand je les voy avoir bonne taille, beaux pieds et belles jambes, avec de la force et de la légèreté, et d'une bonne et douce nature... » « Au diable », a-t-il l'air de dire, « les importuns qui ergotent, sans cesse, sur les
choses secondaires; voyons le résultat et ne discutons pas éternellement sur les causes. Pauvre Pluvinel! que n'es-tu né deux cents ans plus tard; tu aurais bien ri. On amène ensuite devant le royal élève le fameux Bonnite, le triomphe du dressage "e M. de Pluvinel. M. le Grand (de Bellegarde) le loue d'une façon extraordi- naire, et explique de quelle façon Pluvinel est arrivé à en faire un cheval merveil- leusement dressé, alors que M. de la Broiie, « très excellent en l'exercice de la Cava- Jerie »5 et « M. le Connestable » eurent renoncé à en rien tirer : « A cause de Sor* impatience, de sa teste malassurée, ayant les gencives, et la barbe où repose la Soumette, si tendre, qu'il ne pouvoit souffrir qu'à grand'peine ny embouchure ny Soumette, et si sensible de tous costez, qu'il n'y avoit nul moyen de branler tant |
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122 LE CHIC A CHEVAL.
soit peu dessus, qu'il ne le mist en désordre : néantmoins quelque jugement qu'en
fissent ces excellens hommes, M. de Pluvinel m'asseura de le rendre à la perfection où un cheval pouvoit atteindre. Cela m'obligea (ayant tant de fois veu les preuves de sa suffisance) de luy abandonner mon cheval pour le dresser et manier du tout à sa volonté, à quoy il travailla, de sorte que par sa patience et son industrie, il luy donna le parfait appuy à la main, en lui faisant porter à diverses fois plusieurs sortes de groumettes. La première d'un bien petit ruban de soye, l'autre d'une tresse de soye, l'autre de chevrotin, l'autre de marroquin, l'autre de grosse vache, l'autre de fer en forme de jazeran, et la dernière, qu'il porte maintenant en servant Vostre Majesté, elle la peut voir semblable à celles que portent d'ordinaire tous les autres chevaux. Peu de jours après il me le monstra à Fontainebleau, où il le fit manier à courbettes par le droit, après deux voltes à main droite, deux voltes à main gauche, et deux voltes à main droite, toutes six d'une haleine, sans sortir d'un rond à peu près de la lon- gueur du cheval, et puis il le fit manier en avant, en arrière, de costé, deçà, et de là, et à une place : en faisant une courbette de costé, tant de fois qu'il plaisoit au Che- valier. Je nommay tout à l'heure ce Maneige la Sarabande du Bonnite, que nous n'a- vons jamais veu faire qu'à luy, quand M. de Pluvinel estoit dessus. Et pour conclu- sion, il luy fit faire les excellentes passades relevées, avec la grâce et la beauté du cheval en toutes ces actions, et tout cela en présence de M. le Connestable, qui fut en extrême admiration de voir (contre le jugement qu'il en avoit donné) une si grande et juste obeyssance en tous ces Maneiges... » Et lorsque M. de Pluvinel, prenant la parole, après M. de Bellegarde, explique
au Roy les commencements du dressage, il dit entre autres cette phrase qui nous montre que, décidément, il n'était rien moins que « butor » :... « ... En prenant bien garde de ne l'ennuyer (le jeune cheval), si faire se peut, et d'étouffer sa gentillesse : car elle est aux chevaux comme la fleur sur les fruicts, laquelle ostée ne retourne jamais. » Pluvinel commence le dressage en mettant le cheval autour d'un pilier, parce
que : « la plus grande difficulté qu'ayent les chevaux est de tourner ». « N'y a-t-il point de raison », demande alors le jeune roi, « pourquoy ils sont
portez à tourner plus volontiers à main gauche? » Voici la réponse de Pluvinel : « Sire, il y a quelques-uns qui en ont voulu cher-
cher la cause avant la naissance du cheval, et asseurent que le poullain estao dans le ventre de sa mère, est tout plié du costé gauche; d'autres ont dit, qu'ordi- nairement les chevaux se couchent le plus souvent sur le costé droit, qui les oblige de plier le col et la teste à main gauche. Mais moy, qui ne recherche point tou cette philosophie invisible, et qui m'arreste à ce que je voy apparemment, je ne croy ny aux uns ny aux autres : et puis assurer à Vostre Majesté, que la seule coustum leur produit cette mauvaise habitude, laquelle ils prennent dès qu'ils sont hors d a |
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près de leur mère, et at-
tachez dans l'Escurie. Premièrement le licol, le filet, la bride, la selle et les sangles se mettent du costé gauche. Ja- mais, ou rarement, le Palefrenier ne com- mence à panser son cheval, ny ne luy donne a manger que de mesme costé. Et toutes sortes de valets, soit Palefrenier °u autres (s'ils ne sont gauchers) conduisent musjours un cheval de la main droicte, et par ce moyen luy tirent la teste à main gauche. » Pluvinel ayant dit
qu'on ne doit pas battre les chevaux au com- mencement du dres- sage, son royal élève mi demande comment u faut s'y prendre avec Jes chevaux méchants, car il y en a de di-
Vei'se nature ». Pluvinel lui répond :
(< Sire, quand j'ay dit qu'il falloit garder de battre le cheval à ce c°mmencement, pour Ies raisons que j'ay dé- clarées, j'ay dit si faire ! peut; mais je passe °utre et asseure qu'il ne faut nullement battre |
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au commencement, au
milieu ny à la fin (s'il est possible de s'en em- pescher), estant bien plus nécessaire de le dresser par la douceur ( s'il y a moyen ), que par la rigueur, en ce que le cheval qui manie par plaisir, va bien de meilleure grâce que celuy qui est contraint par la force. Davantage en le forçant il en ar- rive le plus souvent des accidens à l'homme et au cheval : à l'homme, en ce qu'il court fortune de se blesser, si la force dont il use n'est con- duitte avec grand juge- ment; et au cheval, qui, en courant la mesme risque, estouffe sa gen- tillesse, s'use les pieds et les jambes , se ren- dant par là incapable de bien servir. Mais d'au- tant que les François ne sont pas de l'humeur des autres nations, en ce que leurs chevaux, de quelque nature qu'ils soient, bien que sans force, sans adresse et sans gentillesse, ils veulent, sans considérer ces choses, les faire dresser. J'ay creu avant |
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Lance de joule et lance pour la course
de bague; règne de Louis XIII. |
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CHIC A CHEVAL.
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LE
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que passer outre devoir dire à Vostre Majesté un petit mot de la nature des che-
vaux en particulier. « Premièrement il est tout certain que j'ay remarqué par les lieux ou j'ay esté
hors ce Royaume, mesmement en Italie, où on a tousjours
fait grande profession de l'exercice de la Cavallerie, qu'ils n'entreprennent point un cheval, qu'il n'aye toutes les qua- litez nécessaires pour bien manier ; et si on leur en même qui soient colères et impatiens, meschans, lasches, pares- seux, de mauvaise bouche et pesante, infailliblement quel- que beaux qu'ils puissent estre, ils ne les entreprennent point, au contraire ils les envoyent au carosse. Ce que les François ne trouveroient nullement bon, et accuseroient d'ignorance les Escuyers qui renvoyeroient leurs chevaux de la sorte. C'est l'occasion, Sire, qui m'a fait plus soi- gneusement rechercher la méthode de laquelle j'use, pour ce que par autre voye il me seroit impossible de réduire quantité de chevaux que l'on m'ameine, dont la plus-part ont les mauvaises qualitez ci-dessus. Qui me fait dire, sans vanité ny présomption, que si je n'eusse recognu mes rei- gles plus certaines, et beaucoup plus briefves que toutes les autres que j'avois apprises, je n'aurois pas quitté la plus grande partie de celles du Seigneur Jean Baptiste Pigna- tel, Gentilhomme Neapolitain, le plus excellent homme de cheval qui ait jamais esté de notre siècle..... »
Pluvinel veut que l'on s'adresse le plus possible à l'in-
telligence du cheval, tâchant : « peu à peu à gaigner quel- que chose sur sa mémoire ». Il attache le cheval entre deux piliers, après lui avoir donné, autour du pilier isolé, la leçon du pas, du trot, et du galop ; et lui apprend doucement à ranger les hanches, à l'aide de la houssine. Puis, il fait abattre les étriers pour accoutumer le cheval à les supporter; et, enfin, le fait monter p&r « quelque jeune escolier bien léger et bien ferme ». Et, lorsque le cheval est accoutumé à ce « poids léger », comme disait à Saumur
un écuyer célèbre, lorsque le cheval est docile sous son jeune cavalier, Pluvinel lui donne la première leçon de la bride, et cette leçon est de tout point remarquable- La voici : « Sire, lorsque je cognoy le cheval accoutumé à porter l'homme, et obéir sous
luy sans se deffendre, je mets dessus quelque escolier plus sçavant, et qui aye de pra' tique à la main et au talon, lequel sans luy toucher des talons, s'accourcira douce- ment les rênes, afin que peu à peu le cheval sente la main, et qu'il s'accoutume |
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PHILIPPE IV: ARMURE FLAMANDE.
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LE CHIC A CHEVAL.
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à s'y laisser conduire, le cavesson aidant tousjours comme devant, et se faisant
suivre par celuy qui tient la chambrière. Si le cheval a tant soit peu de force, il maniera tout seul, et commencera à prendre l'appuy de la main, et on pourra continuer ceste leçon jusques à ce qu'en maniant, il souffre la main, et qu'il s'y laisse conduire : mais il faut que celui qui est dessus, prenne garde de lui donner cette leçon avec discrétion, et sans l'incommoder de la bride, pour l'en châtier en aucune façon, mais avec prudence et jugement lascher ou rafermir la main, selon le besoin et le point où sera le cheval; puis selon l'obeyssance qu'il aura rendue à l'entour du pilier, le renvoyer, ou finir la leçon entre deux piliers... » Le dressage continue, le cheval apprend à obéir à la houssine; cela amène une ques-
tion du roi, question qui provoque une réponse d'une remarquable justesse, et formulée avec toute l'autorité et toute la compétence qui appartenaient à un professeur comme Pluvinel. Le Roy.
c< ... Mais pourquoi vous servez-vous plustost de la houssine que des talons, puisque
vous désirez que la houssine frappe au mesme endroit que feroient les talons? Pluvinel.
« Sire, je le fais parce que je ne me veux servir des talons qu'en toute extrémité; car
s* les chevaux n'alloient point par autres aydesque parles coups d'esperon, je confesse franchement que je quitterois l'exercice de la Cavalerie, n'y ayant nul plaisir de faire Manier un cheval par la seule force : parce que jamais l'homme n'aura bonne grâce tant ^u il sera contraint de le battre ; et jamais le cheval ne sera plaisant à regarder en son manège, s'il ne prend plaisir à toutes les actions qu'il fera. » Lt, plus loin, il dit encore : « ... car s'il est possible, il faut estre avare des coups, et
prodigue des caresses, à fin, comme j'ay desjà dit, et redirai tousjours, d'obliger le che- ai a obeyr, et à manier plustost pour le plaisir que pour le mal. » |
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Époque Louis XIII.
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LE CHIC A CHEVAL.
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Dans la leçon de la courbette, comme dans les autres, Pluvinel veut qu'on confirme le
cheval dans le mouvement en avant. Ensuite viennent les leçons des demi-courbettes et des demi-terre-à-terre, le tout tou-
jours entremêlé devoltes autour du pilier; puis, ce quePluvinel appelle : « souffrir l'ayde des talons ». Le roi apprend ensuite comment il faut s'y prendre pour réveiller les chevaux « qui
ont assez de bonne force, beaux pieds et belles jambes,
mais que le peu de courage rend si lasches et insensibles qu'il faut y apporter bien de l'artifice pour les réveiller ». Puis, que voici de belles et nobles paroles, sentant bien
leur vaillante époque, époque qui recherchait avec passion
la gloire des armes.
ta. « Partant, Sire, Vostre Majesté trouvera bon (s'il luy
toit*1 plaist) de suivre mon conseil, afin d'obliger toutes ces per-
latToi-eb sonnes de qualité, que voilà devant elle, qui désirent, il y
cl aine x '. x
a si long-temps, de la voir en cet estât, qui leur donne es-
pérance que bien-tost elle se portera à la teste de ses ar- mées : donnant un si bon exemple de sa vertu, qu'elle obli- gera, par là, toute sa noblesse, en l'imitant de le suivre, et de se rendre digne de la bien et dignement servir. » Dans la seconde partie de son ouvrage, M. de Pluvinel
donne la leçon, le roi étant à cheval. Les conseils qui suivent ont leur importance et peuvent profiter à tous les professeurs. « .. N'estant pas tousjours nécessaire de reprendre l'homme de toutes les fautes qu'il
fait, soit en la conduite de son cheval, soit en sa posture; à chaque fois qu'il les com- met (au commencement qu'il apprend), mais il faut reprendre, quand il est temps, afin de ne luy embrouiller point la cervelle : appartenant seulement au prudent Escuyer de cognoistre quand il est temps. » Ces autres réflexions ne sont-elles pas d'une justesse extrême ; n'étonnent-elles pas
dans la bouche d'un homme que d'aucuns qualifiaient de « butor » ? « Sire, on peut plus dresser d'hommes en parlant peu, et quand il en est temps, qu'en
criant à toutes heures, comme presque la plus-part de ceux qui enseignent ont accous- tumé : ne croyant pas (plusieurs y a-t-il) estre dignes d'estre appeliez Escuyers si de moment en moment ils n'usoient de menaces, d'injures... « Il n'en peut réussir aucun bon effect, en ce que l'homme ignorant, estant desja
assez estonné de se voir sur un cheval qui l'incommode, dont les extravagances le mettent en crainte; si parmy tout cela celuy qui l'enseigne, va augmenter son appréhension par ses menaces... Or, Sire, quand l'Escolier qui commence à appren* |
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LE CHIC A CHEVAL.
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dre, commet quelque faute, soit en son action, ne gardant la bonne posture
qu'on lui aura enseignée, soit en la conduite de son cheval; il faut considérer s'il est à propos de le reprendre : et pour le cognoistre, il faut juger le sujet qui le fait faillir, si c'est manque de teniie, si c'est étonnement, ou si c'est faute d'esprit qui l'aye empesché de retenir ce qu'on luy aura dit. Si c'est manque de teniie, ce seroit une |
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Un cavalier léger; Louis XIII.
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tohe bien grande, de reprendre un homme de sa bonne posture, et de manquera la
c°nduite de son cheval, lequel est si empesché à se tenir, qu'il ne songe à autre chose : 11 faut donc auparavant que d'en venir à la répréhension, luy apprendre à se tenir ferme. Au. semblable, si c'est quelqu'un qui s'estonne, on profiterait fort peu durant cet estonnement de censurer ses fautes, parce qu'il n'a rien devant les yeux qu'une conti- nuelle appréhension qui rend sourd à tout ce qu'on lui peut dire... Si c'est faute d'es- Drn\ c'est ce qui est plus fâcheux, car il est très difficile d'en donner à celuy qui n'en a Pas : néantmoins les répréhensions aigres, les menaces et les tourments ne luy en °nneront davantage et ne le rendront plus sçavant; au contraire, elles estoufferont |
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LE CHIC A CHEVAL.
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ce peu qu'il en aura, de telle sorte qu'elles le rendront incapable de quoy que ce
soit... » Il faudrait citer tout le livre; car, à propos du passage, que l'on écrivait alors pas-
seige, le roi pose à Pluvinel la question suivante : « Que nommez-vous passeiger, et qu'est-ce que passeige? »
Voici en quels termes Pluvinel explique au roi ce que c'est que le passage : « Sire, le vray passeige est un pas raccourcy que le cheval fait sous luy plus prest que le pas ordinaire et moins que le trot, en une action tousjours disposée à obeyr à la main, et aux talons, sans surprise, ayant bon et juste appuy de la main, et s'y laissant con- duire en bonne obeyssance aux talons pour faire le semblable. » Après avoir fait passer le roi par tous les exercices : passades, passades furieuses,
voltes, demi-voltes, etc., etc., Pluvinel termine cette seconde partie par ce qu'il appelle « la conclusion de toutes les justesses. » « Sire, ce sont les bonnes voltes bien rondes, lesquelles il faut que le cheval fasse lar-
ges, moyennes et estroites à la discrétion du Chevalier : car, comme j'ay dit au commen- cement de mon premier discours, tout ce que le cheval treuve le plus difficile est de tourner et de manier sur les voltes. » La troisième partie de l'ouvrage de Pluvinel est consacrée, d'abord, aux différents airs
de manège : « capréoles, un pas et.un sault, courbettes ». A ce propos, le roi ayant entendu parler « d'un courtaut dressé à M. le Grand, le pa-
rangon véritablement de tous les plus excellents saulteurs qui se soient veus en no- tre temps », demande au grand écuyer ce que c'est que cet excellent sauteur. Celui-ci lui répond, d'une façon assez amusante, en racontant les exploits de ce fameux cheval : « C'estoit le plus excellent, que je croy, qui aye jamais esté de notre temps et de ce- luyde nos Pères, voire de mémoire d'homme. Car il manioit parfaictement à toutes sor- tes d'airs; à capréoles, à un pas un sault, à courbettes, et terre-à-terre, et si sçavant et obeyssant, que je luy ay veu tout d'une haleine changer d'air sous M. de Plu- vinel, à tous les temps qu'il luy plaisoit : de tous les quatre que je viens de dire, sans luy desrober un seul temps des autres airs, tant il estoit parfait en obeys- sance. en force et en disposition : ayant compté quatre- vingt-trois capréoles qu'il a faites d'une haleine sous le Sieur de Betbezé que voilà, qui estoit encor page de Vostre Majesté, et avec tant de gayeté, qu'il en eust peu encor bien faire davantage s'il eust pieu à Monsieur de Pluvinel : en quoy, Sire, je loue fort sa coustume de ne désirer rien tirer d'un cheval qu'à peu près la moitié de ce qu'il peut; la treuvant appuyée d'une fort bonne rai- |
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son, qui est que faisant autrement, le Chevalier et le cheval perdent toute leur bonne
grâce; pour ce que si le cheval vient à s'affoiblir de force et d'haleine en maniant, il faut nécessairement que les aides du Chevalier soient plus grandes et plus apparentes, per- dant par ce moyen la bonne grâce en leur action... |
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... « 11 est très vray que personne n'a jamais monté sur ce cheval qui soit demeuré en
selle, si auparavant que de le faire manier, je ne l'ay adverty. Et cela venoit de la na- |
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ture du cheval, le-
toit quelqu'un sur fort aisément con- lors que l'homme première action de prendre une gauche, laquelle souffroit desrober, verty de l'en em- à l'instant des con- et si fascheux, que prèles deux arçons rudesse de son es- possible à quelque ïust, de pouvoir Sans quitter la sel- |
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quel quand il sen-
luy, il se laissoit duiredepas; mais le vouloitlever, la qu'il faisoit, estoit demi-volte à main si le Chevalier luy et qu'il ne fust ad- pescher, il faisoit tretemps si rudes je luy ay veu rom- de sa selle par la quine : estant im- homme que ce souffrir ces efforts le. Et puis asseu- |
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Etriers de Wallenslein, duc de Friedland; 1G00 à 1634.
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rer Vostre Majesté, l'avoir veu en une matinée jetter quatorze personnes par terre,
^t une autre fois un qui se disoit Escuyer, le faisant manier en un endroit où il y avoit quelques petits arbres, il l'enleva si haut par-dessus la selle (en présence de plus ®e deux cents personnes) qu'il le jetta sur l'un d'iceux. Mais la souveraine perfection et gentillesse du cheval estoit qu'après avoir jette quelqu'un par terre, au lieu de lui taire du mal, il s'arrestoit tout court, l'alloit sentir, le souffroit relever, et le laissoit reprendre à luy. Je pourrais raconter à Vostre Majesté cent tours pareils qu'il a faits. » Après avoir appris tous les airs de manège, le roi veut qu'on lui enseigne corn- ant il se faut comporter dans la course des bagues. (( Car je veux aussi bien me rendre beau et bon gendarme, comme bel et bon °rnnie de cheval, afin de pouvoir aussi parfaictement juger sur la carrière, dans es triomphes et tournois, de la bonne grâce et de l'adresse des Chevaliers, comme Je s?auray faire dans les batailles, de la générosité et de leur courage. » ^a réponse de Pluvinel sent son vert-galant d'une lieue : <( Cet exercice se fait pour donner plaisir aux Dames, et est le seul de tous pour |
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CIUC A CHEVAL.
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lequel elles donnent prix. Si bien que, pour plaire, chacun tâche avec passion à se
rendre agréable à toutes en général, et à quelqu'une en
particulier... Je conseille à toutes sortes de gallants hom- mes, de ne pratiquer cet exercice en public, qu'ils n'y soient très asseurez auparavant : afin que les Dames et particulièrement les belles (qui, ce semble, ont plus de loy de se moquer que les autres) ne le fissent à son préjudice... » Suivent rémunération des « qualitez qu'il faut au bon
cheval de bague, et la proportion que doit avoir la lance ». Pluvinel exige qu'on se tienne fort bien pendant la course : « car en cette action il semble qu'on n'excuse pas si volontiers les mauvaises postures qu'aux autres qui s'exercent à cheval ». La raison de cette sévérité c'est : « que les Chevaliers qui paraissent sur la carrière le font tout exprès, et avec dessein de se rendre agréables aux Dames qui les regardent, se promettant qu'ils ne peuvent rien faire que de bon en leur présence..........
« Tellement que si par hazard il paroist quelque geste
qui ne soit de bonne grâce, soit avant la course, durant icelle ou après, la risée s'en fait générale parmy elles, qui supposent avec raison, que personne ne se doit pré- senter sur la carrière, ny dans la lice, pour leur donner du plaisir, qui n'exécute gentiment, avec hardiesse, et de bonne façon, tout ce qu'il entreprendra sans demeurer court, estant certain que les belles et gentilles prennent davantage de plaisir à voir un gallant Chevalier commencer, continuer et finir une belle course, sa lance ferme dans la main, par un beau dedans, que de considérer un mauvais gendarme, mal placé sur son cheval, mal partir, sa lance tousjours branlante, et vacillante le long de la carrière : et au lieu d'un beau dedans, brider la potence. » N'avions-nous pas raison d'évoquer l'ombre du Vert-Galant, du roi par excellence,
d'Henri IV, enfin; et, est-il possible d'être plus finement gaulois en restant dans le bon ton? Ces vieux livres français, de notre vieille et belle France, au temps ou tout était à sa place, ont pour nous une saveur exquise. Peut-être sommes-nous aussi un « butor » comme ce pauvre Pluvinel ; mais nous
avouons que nous nous demandons souvent pourquoi, au lieu de bourrer nos jeunes gens de grec et de latin, et de leur apprendre, de force (car Dieu sait que ce n'eS pas gai), les hauts faits des héros grecs et latins, on ne leur met pas plus libérale- |
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ment entre les mains, nos vieux auteurs. Nos anciennes chroniques abondent, elles
aussi, en beaux et glorieux faits d'armes. Eh, que diable! Bayard, au pont du Garigliano, vaut bien Horatius Coclès, voire même Cynégire. Il est moins loin de nous, et son histoire, plus certaine, devrait, ce nous semble, nous intéresser davan- tage. Notre vieille langue est, peut-être, moins brillante et moins raffinée que celle de
Platon ou de Virgile, mais on respire dans nombre de récits de nos chroniques et de nos chansons de gestes, une franchise, une naïveté qui n'excluent en rien la finesse. |
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Dans tous les cas, et
sujet, le cheval a ceci de moral, que, pour monter de corps et bien conformé; science du monde ne va- de cheval, quelques gout- Monter à cheval est un veut un homme complet. Qui de nous, militaire
tré, le matin, à cheval, Mahon? Qui de nous, s'il souvenir des temps glo- que, de Crimée et d'Italie, cavalier dont la mâle phy- et franchise? La vue de ce évoque la pensée de ces avons parlé, allant droit arrive. On sent que ce glo- |
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pour en revenir à notre
bon et de profondément à cheval, il faut être sain tout l'esprit et toute la lent pas, pour être homme tes de sang généreux, exercice d'homme, et qui |
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ou Parisien, n'a rencon-
M. le Maréchal de Mac- vibre un tant soit peu au rieux des guerres d'Afri- n'a admiré ce vigoureux sionomie respire loyauté vaillant homme de guerre preux chevaliers dont nous leur chemin, quoi qu'il rieux cavalier est le digne |
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Muserolle allemande datée de lOOi;
collection A. Jubinal. |
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descendant de Duguesclin, de Bayard, et que, comme le maréchal Pélissier, il pourrait
prendre pour devise : « May d'honour que d'honnours. » — « Plus d'honneur que d'honneurs. » Mais, revenons au roi Louis XIII. Après avoir, sous l'œil vigilant de Pluvinel et
du grand écuyer, puis devant toute la cour, place Royale, couru brillamment la bague, il apprend à rompre en lice. Nous avons suffisamment parlé de cet exercice, dans un des chapitres précédents, pour n'y plus revenir. Voici donc le Roi parfait cavalier et parfait gendarme. Il en témoigne sa gratitude
a son excellent professeur; et celui-ci en profite pour lui donner quelques conseils. ** lui demande, en outre, d'aider les « académies » de sa munificence. Nous terminerons nos emprunts au livre de Pluvinel par l'extrait qui suit :
Le Roy : — « Pourquoy ceux qui tiennent à présent les académies ne le peuvent-
1 s faire avec la splendeur que mérite la chose? |
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132 LE CHIC A CHEVAL.
Pluvinel : — Sire, c'est qu'il y a fort peu de gens de qualité en cet estât qui
se mêlent de cet exercice, et que la plus-part de ceux qui y vaquent n'ayant d'autre but que leur profit particulier, il est impossible que par cette voye ils puissent bien |
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s'acquiter de leur devoir :
AFFAIRES DOMESTIQUES ONT TOUS-
PUBLIQUES. » Nous avons essayé d'ana-
dentes, aussi brièvement que M. de Pluvinel. Ce maître justement re-
élèves, et la noblesse de principes. M. de Menou, seigneur de
fut en quelque sorte l'exé- écuyer si remarquable; il pour son propre compte : « La pratique du cavalier
cheval, qui enseigne la mé- dans l'obéissance des plus |
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ESTANT TOUT CERTAIN QUE LES
JOURS NUY, ET NUIRONT AUX lyser, dans les pages précé-
possible, la méthode de nommé laissa de nombreux
France se passionna pour ses Charnizay, nous l'avons dit,
cuteur testamentaire de cet publia, en outre, vers 1651, ou l'exercice de monter à
thode de réduire les chevaux beaux airs et manèges, par |
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messire René de Menou, seigneur de Charnizay. Revu, corrigé et augmenté par
luy-mesme, avec les figures, pour en donner l'intelligence. Ensemble, un traité des moyens d'empescher les duels, et bannir les vices qui les causent. » Ses principes, sa méthode sont naturellement ceux de son maître; et son ouvrage,
divisé en six parties, dont la sixième est relative aux duels, n'est guère autre chose que la répétition de celui de M. de Pluvinel. A cette époque, la science vétérinaire n'existait qu'à l'état rudimentaire, et les
extraits suivants donneront un exemple des curieuses recettes dont on se servait alors. « Examen et forme de Testât de maréchal où le maistre interroge le compagnon.
d. — Qu'est-ce que l'art de mareschal?
r. — Science, expérience, cognoissance et œuvre de main.
d. — Qu'est-ce qu'oeuvre de main?
r. — C'est bien chauffer le fer, le bien souder, bien forger, bien ferrer, bien cau-
térizer, bien soigner, estre adroit et hardy à bien panser un cheval des accidents qui luy peuvent survenir. d. — Combien l'animal a-t-il de veines?
r. — Une.
d. — Quelle est-elle?
r. — C'est dans le foye qui est la vraye fontaine et source et gros tuyau, d'où se
séparent les branches et ruisseaux, qui courent par toutes les autres parties du corps. |
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MARQUISE DE NEWCASTLE.
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LE CHIC A CHEVAL.
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d. — Qui sont les quatre éléments qui baillent nourriture à l'homme et aux ani-
maux? r. — Le feu, l'air, l'eau et la terre.
d. — Sçais-tu bien les douze signes et leurs noms? Et quelles parties gouvernent
ces douze signes? r. — Le Bélier gouverne la teste; le Taureau, le col; les Gémeaux, les espaules et
les bras; l'Escrevisse ou le Cancre gouverne l'estomach et la poitrine; le Lyon, le cœur; la Vierge, le ventre et les boyaux: la Balance, les reins et les fesses; le Scorpion, les parties honteuses; le Sagittaire, les cuisses; le Capricorne, les genouils; le Verse-eau, les jambes; le Poisson, les pieds. » — (Le mareschal expert traictant, etc., par M. Beau- grand, maistre mareschal à Paris, 1619.) Voici maintenant une recette du même auteur qui a bien aussi sa saveur.
« Receptes pour le Farcin. Il faut avoir deux esguillettes de chien, et qu'elles soient
rouges, et quand vous les aurez, vous cueillerez neuf feuilles d'herbe porette, et la piller avec neuf grains de sel, et luy metterez dans les aureilles devant que le soleil soit levé, et lier avec les deux esguillettes, et les y laisserez vingt-quatre heures; et au bout des vingt-quatre heures luy deslierez les aureilles et oterez ladite herbe. » Peu après, vers 1622, paraît le « Grand Mareschal François, etc., par J. Prome. »
Les ordonnances du sieur Prome sont fort singulières. Nous en citerons une en
raison de son caractère amusant : « Avvives, c'est un mal que l'on compare à la pleurésie parce qu'il procède d'es-
chauffement et refroidissement. Quand vous voyez que le cheval perd l'appétit tout d'un coup, et se met à travailler, il a les avvives. Le meilleur et le plus court remède c'est de les luy oster; mais parce qu'il ne se trouve pas-toujours un mareschal à la nécessité, il se faut servir de l'occasion pour conserver le cheval; et, en ce faisant, faut dire, en tenant l'aureille du montoir en vostre main gauche : « Prseceptis salutaribus vnoniti et divina inslilulione formali audemus dicere : Pater noster, etc. » Il faut ré- péter par trois fois ces paroles; puis le seignez de la veine de la langue et luy rafrais- chirla bouche de vinaigre et sel, et lui en mettre dans les aureilles, et le cheval sera guéry. » Si, par hasard, vous éprouvez le besoin « d'aller aussi viste que la poste », maître
Prome vous fournira une recette infaillible. La voici, du reste : « Vous vous servirez de cecy pour vostre usage. Prenés un cœur de bœuf, et le
c°upés bien délicatement, puis le mettes dans une terrine de terre vernie, et la mettes dans un four afin que les morceaux deviennent tous secs, puis après v°us les mettrés en poudre bien subtille. Quand vous voudrés faire diligence, quelques Jours de devant vous luy baillerés de la poudre cy-dessus descrite; et au partir de la Maison vous irés environ une poste au grand trot ou au gallop; arrivant à la dite Poste, vous mettrés incontinent pied à terre; et ferès tirer hastivement un sceau d'eau; |
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LE CHIC Â CHEVAL.
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et, ce fait, vous mettrés dedans une poignée de la dite poudre de cœur de bœuf, que
vous porterez dans un sac de cuir, puis en baillerés à boire au cheval, vous retour- nerés le brider, et de là, adieu. » Cet « adieu » n'est-il pas délicieux? |
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Selle de postillon de l'attelage du pape Paul V.
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CHAPITRE XL
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LOUIS XIV. — LE MARQUIS DE NEWCASTLE.
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fouis XIV, avec son goût pour le faste, pour les magnifiques
carrousels, donne une nouvelle impulsion à l'équitation. Plus que jamais, les chevaux sont enguirlandés de rubans et parés, pour les fêtes de Versailles et pour les marches triomphales à travers les provinces conquises. Van der Meulen nous a conservé le type des robustes coursiers du temps, qui étaient, le plus souvent, pie ou blanc tacheté de noir. C'est l'époque (1658) où paraît la « Méthode et invention nouvelle de dresser les chevaux, par Ib très noble, haut, et très puissant prince Guillaume, marquis et comte de Newcastle, vicomte de Manfield, baron de Balsover et Ogle, seigneur de Cavendish, Bothel et Hepwel, pair d'Angleterre; qui eid la charge et l'honneur d'estre gouverneur du serénissisme Prince de Galles en sa jeunesse, maintenant Roy de la Grande Breta- 9ne ; lieutenant pour le Roy de la comté de Notlhingham, et de la forêt de Sherwood; capitaine général en toutes les provinces entre la rivière de Trent, et autres endroits u royaume d'Angleterre ; Gentilhomme de la chambre du lit du Roy ; conseiller $ &tat et privé ; chevalier du très noble ordre de la Jarretière, etc. Œuvre auquel on aPprend à travailler les chevaux selon la nature, et à parfaire la nature par la Suotilité de l'art; traduit de l'anglois de l'auteur, par son commandement, et en- rtchy de plus de quarante belles figures en taille douce. » ^e frontispice représente le noble marquis sur un cheval ailé et entouré de rayons ; Ut autour, des chevaux agenouillés rendent hommage au très titré et peu modeste ecuyer. C'est qu'il y a loin, en effet, de la bonhomie modeste et savante du vieux Plu- |
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136 LE CHIC A CHEVAL.
vinel à l'assurance affirmative du marquis de Newcastle. On en jugera par ce qui suit :
Le marquis de Newcastle décrit sa selle, en donne la figure, et écrit carrément au-des- sous : « Vëcy la plus excellente selle qui puisse être. » Quant à sa méthode, il la pré- sente comme « assurément infaillible ». Il ne faut pas croire cependant que Newcastle n'ait aucun mérite; il parle très excellemment de l'assouplissement des épaules « pivot sur lequel tout roule », et de l'emploi du bridon. « Le bridon n'appuie que sur les lèvres et peu sur les barres, et la barbe se conserve
en son entier. Il est bon pour les chevaux qui pèsent à la main, portent bas, et s'ar- ment, pour les relever. On peut gourmander un cheval en tirant les deux rênes du bridon l'une après l'autre, fortement et plusieurs fois de suite, comme si on voulait lui scier la bouche. 11 est encore bon, pour acheminer un jeune cheval, lui apprendre à tourner au pas, au trot, l'arrêter. La sujettion de la bride lui peut donner occasion de se défendre, et le bridon le dispose à mieux obéir à la bride... Il n'est pas bon pour ceux qui n'ont point d'appui, qui battent à la main ; car, comme il ôte l'appui à ceux qui en ont trop, il gâte ceux qui n'en ont point. » 11 inventa un caveçon, dont il se servait à cheval pour le dressage. « Ce caveçon était
pourvu de deux anneaux latéraux fixés à un pouce du chanfrein; une rêne partait de chaque côté de la batte de la selle, traversait l'anneau et revenait dans la main du ca- valier; l'effet en était très puissant, et était destiné à assurer la position de l'encolure et de la tête réclamée par le mouvement à exécuter. » Il se servait, en outre, d'une cravache dont le bout était muni d'une molette d'é-
peron. On voit de suite quels résultats l'écuyer pouvait obtenir avec de pareils moyens. Amenant de force le bout du nez du cheval à la botte, il mettait la malheureuse bête fort mal à son aise, et, sans doute, bien empêchée d'exécuter le mouvement qu'il lui demandait. On sent cependant au milieu de tout le fatras prétentieux de son livre, le désir du
marquis de Newcastle de conserver « la bouche saine et entière, les barres et la- place de la gourmette ». Il n'est, du reste, pas partisan des piliers que Pluvinel préconisait, et on sent fort bien
qu'il est jaloux de la juste renommée de ce dernier. Le marquis de Newcastle a tout lu, approfondi toutes les méthodes et n'y a rien trouvé de bon. Lui seul est infaillible, lui qui écrit que le cavalier doit se « seoir droit sur l'enfourchure et non sur les fesses, combien que plusieurs croient que la nature les a faites pour s'asseoir dessus ». En résumé, le marquis de Newcastle nous apparaît comme un écuyer, non sans mé-
rite, sans doute, mais chez lequel l'orgueil et la suffisance dominent à ce point qu'il pense avoir inventé la seule et vraie équitation. Il publia à Londres, en 1667, une seconde édition de ses principes. La première édi-
tion avait paru à Anvers. Les deux ouvrages sont loin, même au point de vue purement artistique, de valoir celui de M. de Pluvinel. La France demeurait donc alors, vraiment |
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LE CHIC A CHKVAL.
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supérieure aux autres peuples en équitation; désormais, du reste, c'est elle qui tiendra
de ce chef, pour longtemps encore, la tête des nations civilisées. C'est avec Louis XIV que commence la réputation de la célèbre école de Versailles
qui, jusqu'à la Révolution, tiendra le haut du pavé, non seulement comme école d'é- |
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comme foyer de l'élé-
la politesse. Elle ne avoir jeté le plus vif de et aux belles ma- calculable de jeunes invoquera toutes les pirer des bonnes tra- c'est d'elle que sorti- plus justement renom- dudix-neuvièmesiècle. blier, dans le courant un grand nombre de et de vétérinaire, mais teurs étaient absolu- connaissances en ana- aucune valeur médi- qu'un intérêt de cu- même, qui publie le
ment sérieux de maré- du « Parfait Mares- la pratique des opéra- ge à cette époque, ni des de ses devanciers, ter ici comment il traite nousconseillons à ceux sont pasennemis d'une dans le beau livre de le procédé préconisé |
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quitation, mais encore
gance, du goût et de disparaîtra qu'après éclat et formé au mon- nières un nombre in- gens. C'est elle qu'on fois qu'on voudra s'ins- ditions équestres; et font les écuyers les mes du dix-huitième et On continue à pu-
du dix-septième siècle, traités d'hippiatrique ces traités, dont les au- ment dépourvus de tomie hippique, n'ont cale et ne présentent riosité. M. de Solleysel lui-
premier traité vrai- chalerie, sous le titre chal: » n'échappe ni à lions barbares, enusa- aux incroyables remè- Nous ne pouvons ci-
le cheval fourbu, mais de nos lecteurs qui ne douce gaieté, de lire, M- le capitaine Picard, |
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Fonte de pistolet;
XVIIe siècle. |
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Par M. de Solleysel.
M. de Solleysel, qui traduisit et annota en français l'ouvrage du marquis de Newcastle,
0rs assez peu connu en France, nous apprend à quel point exact en était l'entraîne- nt des chevaux de courses en Angleterre. Nous ne pouvons passer sous silence un °cument de cette importance; le voici donc tout entier : c< En Angleterre, ils ont des chevaux destinés seulement pous faire de grandes cour- |
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C'IIC A CHEVAL.
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138 LE CHIC A CHEVAL.
ses; ils sont si curieux de ce divertissement qu'ils les nourrissent exprès pour cela, et
leurs chevaux, qui sont naturellement de grande haleine, et qui ont une extrême vi- tesse, sont mis en un tel estât par cette sorte de préparation, qu'ils fournissent et font des courses incroyables, non pas au petit et au grand galop comme les nostres, mais à toutes jambes; en sorte que ceux qui ne l'ont jamais veu, ont peine à se persuader comme un cheval peut résister à la violence de leurs courses pendant cinq et six milles, et on en voit beaucoup, en ce pays-là, fournir des courses de cette longueur. « Pour choisir un cheval de course, il le faut long de corps, nerveux, de grande
ressource et fort vite, lequel, outre la bonne haleine, doit avoir l'éperon fin et être grand mangeur. Le cheval, avec tout cela, doit estre anglais, barbe ou au moins de légère taille,. la jambe assez mince, mais le nerf détaché de l'os, court jointe et le pied bien fait; les pieds larges n'ont jamais réussi à ce métier. Pour préparer le cheval de course, il ne luy faut point donner d'avoine ni de foin; mais luy faire du pain moitié orge, moitié fèves, le faisant bien cuire en forme de gâteau plat, et n'en donner jamais au cheval qu'il ne soit rassis, et plutôt dur que tendre; trois livres à midy et trois livres au soir suffisent pour son ordinaire, et cela au lieu d'avoine; de la gerbée de froment au lieu de foin; de l'eau tiède à boire, où vous mettrez sur un seau une jointée de farine de fèves et d'orge; le tenir bien couvert avec un drap et couverture, dans une écurie où il n'y ait aucun jour, bonne litière nuit et jour et toujours couvert; l'ayant nourry quatre jours de la sorte, le cinquième, au matin, l'ayant tenu bridé pendant trois heures, donnez-luy des pillules, composées d'une livre de beurre frais, qui n'ait pas été lavé, c'est-à-dire d'abord que la cresme est changée en beurre, sans le laver, mêlez parmy vingt-cinq ou trente gousses d'ail concassées, de tout faites pillules grosses comme de grosses noix, que vous ferez avaller au cheval, avec une pinte de vin blanc, puis le tenir trois heures bridé, la teste fort haute; ensuite le trailer à l'ordinaire avec son pain, son eau et de la paille médiocrement, car il ne le faut pas engraisser, mais au contraire, en l'amai- grissant, luy augmenter la vigueur et l'haleine. Le septième jour, c'est-à-dire un jour passé après la prise des pillules, promenez-le au matin une heure avant soleil levé, et une heure après soleil couché, au pas et au galop. Si le cheval demeurait trop gras, il le faut promener une heure après soleil levé, et une heure
avant soleil couché, puis le ramener à l'écurie, l'essuyer et le bien couvrir, et le nourrir à son ordinaire, et continuer à le promener tous les jours, et luy donner tous les cinquièmes jours les pillules de beurre, observant le jour de la prise ny le lendemain de le point promener. « Quand il aura pris trois prises de pillules, c'est-à-dire
quinze jors après qu'on l'a commencé, il le faut promener au matin deux heures, et autant au soir, au galop, à toute bride, et au pas, pour luy laisser reprendre haleine de temps |
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LE CHIC A CHEVAL. 139
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en temps, observant toujours de ne le point courrir les jours de pillules, ny le lende-
main; il le faut ramener en main, au petit pas, bien couvert; le bien essuyer, le frottant jusqu'à ce qu'il soit sec, l'attacher la teste haute,' le laisser bridé trois heures, puis luy donner à boire de son eau plus que tiède, puis le nourrir à l'ordinaire : il le faut nourrir son mois entier de cette méthode, prenant les pillules toujours après les quatre jours; et, les cinq ou six derniers jours du mois, le courre tant qu'on juge que son haleine peut fournir, le galopant pour le laisser souffler, ne le travaillant néan- moins que deux heures au matin et deux heures au soir, le ramenant au petit pas, en main, bien couvert d'un drap et d'une couverture, puis l'essuyant et le faisant boire comme j'ai enseigné. Au bout de ce temps, si la fiente est encore gluante ou humide, |
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il n'est pas bien
continuer jus- fiente s'émie humidité; lors en état de faire vous voudrez, de faire la cour- toute la nuit; à matin, luy fai- chopinesdevin dans lequel on vingt ou vingt- d'œuf, le rebri- aPrès la prise, |
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préparé ; il faut
qu'à ce que la sans aucune le cheval sera les courses que Un jour avant se, il sera bridé deux heures du re avaler deux d'Esp agne, aura délayé cinq jaunes cler deux heures puis le monter |
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Voicy la plus excellente selle qui puisse être (comte de Newcastle).
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au petit galop d'abord, puis à toute bride, autant que son haleine pourra fournir, en-
suite au petit galop pour prendre haleine, et après à toute bride, et cela pendant trois heures; le bien couvrir, le ramener au petit pas, le bien essuyer, puis le laisser trois heures bridé, la teste haute* et après lui donner son eau, mais il la faut le plus chaude (ï11 il la pourra boire, puis le traiter à l'ordinaire. Le jour de la course, il faut qu'il ait avalé le vin d'Espagne et les jaunes d'œufs deux heures avant la course, et qu'il clt esté bridé six heures avant de prendre son vin d'Espagne. Vous notterez que le jour vant la course et le jour d'icelle il ne doit manger que moitié de son foin à chaque
epas, et moitié de la paille qu'on avait coutume de luy donner. Les jours que les
_ vaux ne font pas les courses, et lorsqu'on ne s'en sert pas à cela, il les faut tou- jours nourrir et promener comme j'ai dit, hors que, depuis qu"ils sont préparez, on e donne les pillules qu'au bout de huit jours seulement.
* Si le cheval était dégoûté et fort resserré, pendant cette préparation ou après, taut lui donner de bons lavements avec deux pintes de lait et une chopine d'huile °'ive, le tout tiède. On ne doit courre ces chevaux qu'avec des filets fort menus,
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LE CHIC A CHEVAL.
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afin de ne leur ôter l'haleine, comme feroit un de nos mors, se courber sur le
col en courant pour empêcher que le vent ne vous prenne, avoir des habits fort joints au corps, point de casaque volante, un bonnet au lieu de chapeau, de petits espérons fort aigus, et picoter le cheval aux flancs, les grands coups arrestent les chevaux, et ne les font pas courre; point de croupière, ni de poitrail, une selle fort légère et le cavalier aussi. « Voilà ce que ce cavalier m'a appris de la course des chevaux anglais. En voilà
assez pour satisfaire la curiosité de ceux qui auront envie de préparer des chevaux, comme on le pratique en Angleterre; pour moi j'aime mieux dresser un cheval pour la guerre, ou pour le manège, que de le préparer à pareilles courses, où le soin et la peine sont plus grands que le plaisir qu'on en retire. Adieu. » En 1665, M. de Beaurepère, écuyer de la Grande Écurie, publie « le Modèle du ca-
valier français. » 11 fait paraître, en 1690, un « Traité des remèdes les plus utiles et nécessaires pour la guérison des chevaux. » Nous en extrairons le passage qui suit : « Pour les blessures : Prenez les trois parts de fiente de mouton et de la fleur de
farine de seigle, meslez bien le tout et le faites cuire moyennement, puis en pansez la plaie; nostez en ce lieu que le jus d'éclairé est très souverain pour toutes sortes de playes sous la celle; la fiente de poule ardée, bruslée et mise en poudre et appli- quée sur le mal, a le même effet. » Pour terminer ce chapitre, nous emprunterons quelques renseignements au capi-
taine Picard, touchant l'organisation de la cavalerie française à cette époque. « Pour ce qui regarde plus particulièrement l'équitation militaire, nous devons dire
qu'il n'y avait pas d'uniformité adoptée ni pour les exercices d'équitation, ni pour le service intérieur, ni pour les manœuvres; en un mot, pas encore de règlement d'exer- cices. Les capitaines de compagnies faisaient l'instruction, chacun à sa manière, en s'ins- pirant des méthodes d'équitation en vogue ; ils n'étaient tenus qu'à certaines lois très larges, ordonnances et règlements du roi, auxquels il ne faudrait pas donner la signi- fication qu'on attribue aujourd'hui à ces noms. Si l'on veut une comparaison, ces ordon- nances ressembleraient plutôt aux décrets de notre Journal militaire. Donc, pas de méthode, même générale qu'on puisse analyser. Un but d'instruction à atteindre, et c'est tout comme direction. » Et M. le capitaine Picard cite le « Manuel de Cavalerie par le Sieur de Birac. »
— (La Haye, 1693.) Il n'entre pas dans le cadre de ce modeste ouvrage de parler de toutes les réformes
importantes qui signalèrent le règne du grand Roi, nous mentionnerons donc seu- lement quelques-unes de celles qui touchent directement à notre sujet. C'est sous Louis XIV que les hussards, cavaliers d'origine hongroise, font leur
apparition dans l'armée française, où, après des fortunes diverses, ils ont vite acquis |
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UN ÉLÈVE DU MARQUIS DE NEWCASTLE.
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LE CHIC A CHEVAL. 141
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un renom légendaire de bravoure et d'élégance. Ce sont eux qui introduisirent,
dans notre armée, l'usage de la schabraque et de la sabretache. Leur armement pri- mitif consistait en deux sabres, l'un recourbé, pour attaquer et combattre; l'autre, sorte de longue latte qu'ils portaient sous le genou, à peu près de la même façon que nos spahis, leur servait à poursuivre l'ennemi. C'est également sous Louis XIV qu'on adopta l'usage de combattre sur trois rangs.
L'introduction de vêtements uniformes (réforme si importante au point de vue de la
discipline) dans la cavalerie, date de 1690. C'est Colbert qui, en 1680, crée les haras nationaux.
Nous citerons, pour mémoire seulement, les noms des principaux écrivains spéciaux
ou écuyers du règne de Louis XIV. Ce sont : M. de Beaumont, qui publie en 1682 « l'Escuyer François ».MM. Coulon, de Quérinay, de Rochefort, Dugard, écuyer de la Grande Écurie; MM. d'Ainaut, Bernardi, Duvernet et de Moismont, de Long-Pré, de Bournonville, du Plessis, que Saint-Simon appelle le premier homme de cheval de son temps; les frères de La Vallée; MM. de Neuville, Delcampe, qui écrit en 1690 : « L'art monter à cheval. » Rappelons encore M. de Vendeuil, qui eut la gloire d'être le professeur de M. de La
Guérinière. |
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CHAPITRE
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XII.
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GASPART DE SAUNIER.
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LA GUERINIERE.
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ous voici arrivés à une des époques les plus brillantes et
les plus aimables de l'histoire de la société française. Le spectacle qu'offrent les classes supérieures de cette so- ciété est plein de charme. Tout y paraît fait pour le plaisir des yeux; l'art, le goût, cette qualité si éminem- ment française, sont partout et dans tout. Hommes et femmes rivalisent de grâce, d'élégance; un nuage de poudre à la maréchale semble planer dans l'air, affinant les êtres et les choses. Le moindre meuble, le plus petit objet cle ces temps charmants portent l'empreinte d'un goût exquis, un peu affecté, un peu maniéré quelquefois, |
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prrSW
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mais toujours ravissant.
Au dix-huitième siècle, nulle nation, en Europe, ne peut rivaliser avec la France en matière artistique; tout ce que peuvent faire les étrangers, c'est de nous imiter, mais de loin. La royauté du bon goût appartient à la France. ^a mode française, la langue française régnent en maîtresses dans toute l'Europe.
^ 2ela est si vrai, que si l'on se promène dans les grands musées de l'Europe, au
^0ûth-Kensington, par exemple, qui renferme tant de trésors, toutes les fois que l'œil
3st arrêté sur un joli meuble, sur un bibelot gracieux, on est sûr de lire au-dessous :
Prance, XVIIIe siècle.
L'équitation, elle aussi, a sa part de cette gloire. Le nom seul de La Guérinière en
" assez; son livre, qui est intitulé : « École de cavalerie », est certes le plus beau et
Plus artistique monument élevé à l'équitation.
Mais avant de parler de cet ouvrage si remarquable, il convient de dire quelques
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LE CHIC A CHEVAL.
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U4
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mots d'un écuyer également célèbre, et dont les aventures romanesques sont bien
connues. J'ai cité Gaspart de Saunier. Je n'entreprendrai du reste pas ici de raconter la vie agitée du jeune Saunier, et je
m'occuperai seulement de ses ouvrages. « La parfaite connaissance des chevaux » est de 1732; c'est un simple traité d'hippia-
trique. Saunier publia ensuite « Les vrais principes de la cavalerie » et, enfin, son dernier livre : « L'art de la cavalerie. » Il est un des premiers à réagir contre les doctrines de Newcastle. Il condamne l'abus
du caveçon et ne veut plus qu'on se serve des mors extraordinaires jusque-là en usage. « Moins le cheval », dit-il, « a de fer dans la bouche, et plus il est à son aise. » Dans les lignes qui suivent, Saunier s'attache à démontrer que l'officier de cavalerie
doit être très expert en équitation. « Il est nécessaire qu'un cheval de guerre et de combat entende bien les aides; car
plus il les entendra, plus le cavalier, qui sera dessus, aura l'avantage sur son ennemi, soit dans une bataille, soit dans un combat particulier. Mais aujourd'hui la mollesse règne parmy les jeunes gens, ils pensent que pour peu qu'ils puissent se tenir sur un cheval qui va droit son chemin sans tomber; que cela, dis-je, doit leur suffire. Mais je voudrais bien voir comment tous ces messieurs les petits-maîtres, dans un jour d'action, se tireraient d'affaire. « Je parle ici pour avoir vu ; que de braves gens se sont fait tuer faute de savoir
gouverner leur cheval ! « Que l'on juge donc de la perte que fait un officier à la tête d'une troupe, lorsqu'il
ne peut pas conduire son cheval. Outre sa vie qu'il risque, il expose au même danger toute sa troupe. Outre ce malheur, si l'officier n'est pas bon homme de cheval, |
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seigner à ses cavaliers la
chevaux? D'un autre cô- pas mieux que leur offl- ils parer les coups, tandis leurs deux mains à con- quelle main pourront-ils et se défendre? » preuve, l'auteur raconte cheval qui sautait parfai- Italie, à un parti de hus- dont il fait usage sont : |
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comment pourra-t-il en-
manière de cond uire leurs té, si ceux-ci ne le savent cier, comment pourront- qu'ils seront occupés de duire leur cheval? De combattre leurs ennemis Et, en manière de comme quoi, ayant un tement, il échappa, en sards. Les différents airs |
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Selle anglaise; 1740.
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le manier terre-à-terre, le mezair, les courbettes, les voltes relevées, les voltes à crou-
pades et les voltes à bollotades; « quant aux voltes à caprioles, elles ne consistent que dans l'imagination de quelques auteurs qui ne les ont jamais faites ». Tous ces mouvements s'exécutent de deux pistes. |
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GUERRIER JAPONAIS.
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145
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LE CHIC A C H H VAL.
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Gaspard Saunier s'occupe aussi de l'équitation anglaise; et son jugement est si net,
sa manière de voir si juste, qu'il n'y trouverait, en somme, que peu de chose à modifier s'il lui était donné de les formuler aujourd'hui. « Autrefois, l'Angleterre avoit quantité de bons écuyers, mais présentement la
nation fait peu de cas de cette science; de manière que si un étranger alloit à présent dans ce royaume, fût-il le plus habile qui ait paru dans le monde, n'étant point né en An- gleterre, il ne seroit ni écouté, ni même regar- dé. Mais un jeune valet, tort léger et hardi, ca- pable de monter un che- val de course à New- tnarquet ou ailleurs, sera plus estimé, de |
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même que le maître va-
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Selle anglaise à la Ragotski.
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let qui auroit mis le
cheval en haleine, en tâchant de gagner la course; ces deux hommes, dis-je, seront plus estimés que les plus habiles écuyers de l'univers, ce qui provient de ce que les Manèges sont présentement négligés en Angleterre. « Je me souviens aussi que, lorsque le roy Jacques quitta l'Angleterre pour passer
en France, plusieurs seigneurs et milords le suivirent, et lorsque Louis XIV fut à Fontainebleau, plusieurs de ces seigneurs anglais crurent pouvoir chasser comme chez eux, c'est-à-dire avec leurs bridons, et leur petite selle à l'angloise; mais ils trouvèrent bien du changement par rapport au terrain et aux bois remplis de mon- tagnes très escarpées, rencontrant partout des rochers et de grosses pierres. C'est ce lui obligea Louis XIV de faire aplanir le terrain en beaucoup d'endroits, et d'y faire tirer de grandes allées qui répondaient souvent les unes aux autres, ce qui n'étoit pas auparavant. Louis XIV vouloit alors courir le cerf dans une espèce de voiture à quatre r°ues, ce qui n'est cependant pas la manière des véritables chasseurs, qui doivent 0ujours suivre la queue des chiens ; ce que les piqueurs et les amateurs de chasse assoient à travers les bois et les rochers. Tous ces lords et seigneurs étrangers, qui Soient présens, prétendoient alors l'emporter sur les François, et c'est en quoi ils Uroient réussi, s'ils eussent trouvé un terrain comme dans leurs païs; mais avec eurs bridons, leurs petites selles et leurs petites bottines, aussi souples qu'elles doi- ent être dans un manège, pour passer à travers toutes les grandes forêts remplies de ls-taillis, de gros et de petits arbres, entre les rochers et les cailloux, tantôt l'un se |
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'•HIC A CHEVAL.
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146 LE CHIC A CHEVAL.
cassoit la jambe en donnant de vitesse contre les arbres pour éviter les rochers; tantôt
d'autres ne pouvant conduire leurs chevaux comme ils auroient pu faire avec la bride, les branches d'arbres les emportaient de dessus leurs petites selles; tantôt, après avoir monté une éminence, trouvant de l'autre côté un précipice, ils ne manquoient pas de faire la culbute, de se casser le cou ou une jambe, faute de pouvoir retenir leurs chevaux, qui, quelquefois même, se trouvèrent fort estropiés. « Je cite tout cela pour l'avoir vu arriver plusieurs fois; mais
l'année suivante, je vis ces seigneurs et lords, qui étoient venus en France, obligés de prendre les manières françoises, c'est-à-dire de se servir de bride et de selles vulgairement nommées à la royale, qui ont été inventées pour la commodité de Louis XIV. Ces sei- gneurs furent aussi contraints de prendre des bottes fortes, afin de pouvoir passer en sûreté à travers les bois-taillis et autres brous- sailles. Cette seconde année donc, il ne fut plus question ni de bridons, ni de selles à l'angloise, ni de bottines légères. » Nous avons, il est vrai, adopté la selle anglaise, comme infi-
niment plus commode que la vieille selle à la française. Mais, à l'époque où écrivait Saunier, les forêts étaient bien moins percées de routes et de chemins accessibles qu'elles ne le sont aujourd'hui; et il est encore certains pays, le Limousin, par exemple, où les « chantilly » vernies font triste figure. Il y faut chausser la grosse botte de cuir fauve, ce qui, du reste, est loin d'être moins pitto- resque. A l'appréciation de Saunier sur l'équitation anglaise, nous join-
drons celle du capitaine Picard, appréciation qui trouve tout natu- Masiicadour. Tellement place ici, et qui résume admirablement, et avec toute l'autorité que donne la compétence d'un pareil juge, les principes
ou plutôt le manque cle principes qui caractérise l'école anglaise. « L'école anglaise a fait une révolution complète dans le monde hippique. C'est
elle qui a institué les courses de vitesse et a régénéré les races de chevaux. Mais si, tout d'abord, elle a eu une méthode et des maîtres, elle est bientôt tombée à un état latent. Il en est resté dans le pays un goût très développé du cheval ; quant aux pré- ceptes équestres, ils ont complètement disparu. Les cavaliers ont une hardiesse incon- testable , mais de méthode, point. » Le capitaine Picard pourrait ajouter, ce que nous avons déjà dit, à savoir que leurs
plus grandes qualités hippiques sont celles de leurs chevaux. En 1733, Fr. R. de la Guérinière publie le si remarquable ouvrage dont nous avon
déjà mentionné le titre : Ecole de Cavalerie. On a dit, avec juste raison, que La Guérinière était « le père de l'équitation a
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LE CHIC A CHEVAL.
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tuelle ». En effet, tout ce qu'il a écrit est aussi
vrai aujourd'hui qu'il l'était de son temps, et son livre justifie le titre qu'il lui a donné, car il résume toutes les connaissances en matière d'équitation. L'École de Cavalerie est dédiée « à Son Al-
tesse Monseigneur le prince Charles de Lor- raine, comte d'Armagnac, de Charny, etc., pair et grand écuyer de France, chevalier des ordres du Roy, lieutenant général de ses ar- mées, gouverneur et lieutenant général de Sa Majesté en la province de Picardie, Artois, Boulonnais, et pays reconquis, grand séné- chal héréditaire de Bourgogne, gouverneur des ville et citadelle de Montreuil-sur-Mer ». Voici, d'après ce que dit l'auteur lui-même,
comment il a divisé son travail. « Dans la première partie, je donne le nom
et la situation des parties extérieures du che- val, avec leurs beautés et leurs défauts : et je |
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148 LE CHIC A CHEVAL.
traite de l'âge, de la différence des poils, des chevaux de différents pays, de l'embou-
chure, de la ferrure et de la selle. La deuxième renferme les principes pour dresser les chevaux, soit pour le manège,
soit pour la guerre, pour la chasse ou pour le carrosse : en un mot, suivant les diffé- rents usages auxquels on les destine. J'ai joint à cette partie un Traité des tournois, des joutes, des carrousels et des courses de têtes et de bague. La troisième partie contient l'ostéologie du cheval, la définition de ses maladies, les remèdes pour les guérir, avec un Traité des opérations de chirurgie qui se pratiquent sur cet animal...... » « Enfin », dit-il dans sa préface, « j'ai tout mis en usage pour réveiller cette an-
cienne émulation qui régnoit dans les beaux jours de la cavalerie : Et c'est dans cette vue que j'ai cherché à dévoiler des mystères qui sembloient n'être réservés que pour |
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personnes... Il faut l'a-
mour du vrai beau de ralenti de nos jours; on d'une exécution un peu qu'autrefois on recher- faisoient l'ornement de lant des revues, des des. » première partie, qui est
connaissances et de pré- |
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un très petit nombre de
vouer à notre honte, l'a- cet exercice s'est bien se contente présentement trop négligée, au lieu choit les beaux airs, qui nos manèges et le bril- pompes et des para- |
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Laissant de côté la
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Selle à la royale; 1740.
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pourtant remplie d'utiles
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cieux conseils, nous analyserons la seconde : « De la manière de dresser les chevaux
suivant l'usage auquel on les destine, » qui est de beaucoup plus importante. Voici le début de cette seconde partie : « Toutes les sciences et tous les arts ont des principes et des règles, par le moyen
desquels on fait des découvertes qui conduisent à leur perfection. La cavalerie est le seul art pour lequel il semble qu'on n'ait besoin que de pratique; cependant la pratique dépourvue de vrais principes, n'est autre chose qu'une routine, dont tout le fruit est une exécution forcée et incertaine, et un faux brillant qui éblouit des demi- connoiseurs, surpris souvent par la gentillesse du cheval, plutôt que par le mérite de celui qui le monte.................Le sentiment de ceux qui comptent pour
rien la théorie dans l'art de monter à cheval, ne m'empêchera pas de soutenir que
c'est une des choses les plus nécessaires pour atteindre à la perfection. Sans cette théorie, la pratique est toujours incertaine. Je conviens que dans un exercice où le corps a tant de part, la pratique doit être inséparable delà théorie, puisqu'elle nous fait dé- couvrir la nature, l'inclination et les forces du cheval ; et par ce moyen on déterre sa ressource et sa gentillesse, ensevelies pour ainsi dire dans l'engourdissement de ses membres. Mais pour parvenir à l'excellence de cet art, il faut nécessairement être pré- paré sur les difficultés de cette pratique par une théorie claire et solide. La théorie nous |
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UN MARÉCHAL DE FRANCE;
1712. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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149
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enseigne à travailler sur
principes, au lieu de s'op- servir à la perfectionner « La pratique nous don-
exécution ce que la théorie acquérir cette facilité, il être vigoureux et hardi, tience. Ce sont là les prin- le véritable homme de « Quand je dis qu'il faut
diesse, je ne prétends pas lente, et cette témérité im- cavaliers se parent, et qui grands dangers, qui déses- tiennent dans un conti- une force haute, qui main- crainte et dans la soumis- les châtiments du cava- |
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de bons principes; et ces
poser à la nature, doivent par le secours de l'art, ne la facilité de mettre à nous enseigne; et pour faut aimer les chevaux, et avoir beaucoup de pa- cipales qualités qui font cheval. de la vigueur et de la har-
que ce soit cette force vio- prudente, dont quelques leur fait essuyer de si pèrent un cheval et le nue! désordre; j'entends tienne un cheval dans la sion pour les aides et pour lier, qui conserve l'aisan- |
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Bolte de postillon.
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ce, l'éliquibre et la grâce, qui doivent être le propre du bel homme de cheval, et qui
sont d'un grand acheminement à la science. « La difficulté d'acquérir ces qualités, et le temps qu'il faut pour se perfectionner
dans cet exercice, font dire à plusieurs personnes, qui affectent un air de capacité, que le manège ne vaut rien, qu'il use et ruine les chevaux, et qu'il ne sert qu'à leur apprendre à sauter et à danser. Ce qui, par conséquent, les rend inutiles pour l'usage ordinaire. Ce faux préjugé est cause qu'une infinité de gens négligent un si noble et si utile exercice, dont tout le but est d'assouplir les chevaux, de les rendre doux et obéis- sants, et de les asseoir sur les hanches, sans quoi un cheval, soit de guerre, de chasse, ou d'école, ne peut être agréable dans ses mouvements, ni commode pour le cavalier; ainsi la décision de ceux qui tiennent Un pareil langage étant sans fonde- ment, il seroit inu- tile de combattre des opinions qui se détruisent suffisam- ment d'elles-mê- mes. » NOUS lie pOUVOnS, Selle de postillon.
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LE CHIC A CHEVAL.
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malheureusement, citer tout ce qui intéresse l'homme de cheval dans ce remarquable
livre; cela nous entraînerait à des citations par trop longues, car l'ouvrage est excel- lent. Nous nous contenterons donc d'en extraire çà et là quelques passages. Ceux qui ont déjà lu ces fragments les retrouveront, nous n'en doutons pas, avec plaisir; quant aux autres, nous espérons que ces quelques citations leur donneront le désir de lire en entier un ouvrage qu'il faut absolument connaître si l'on veut se dire homme de cheval. Dans l'endroit où il parle du dressage du jeune cheval, La Guérinière nous apprend
un ancien usage, dont il déplore l'abandon à bien juste titre. « Il y avoit autrefois des personnes préposées pour exercer les poulains au sortir du
haras, lorsqu'ils étoient encore sauvages. On les appelloit Calvalcadours de bardelle ; on les choisissoit parmi ceux qui avoient le plus de patience, d'industrie, de hardiesse et de diligence ; la perfection de ces qualités n'étant pas si nécessaire pour les chevaux qui ont déjà été montés, ils accoutumoient les jeunes chevaux à souffrir qu'on les ap- prochât dans l'écurie, à se laisser lever les quatre pies, toucher de la main, à souffrir la bride, la selle, la croupière, les sangles, etc. Ils les assuroient et les rendoient doux au montoir. Ils n'employoient jamais la rigueur ni la force, qu'auparavant ils n'eussent essayé les plus doux moyens dont ils pussent s'aviser ; et par cette ingénieuse patience, ils rendoient un jeune cheval familier et ami de l'homme; lui conservoient la vigueur et le courage; le rendoient obéissant aux premières règles. Si l'on imitoit à présent la conduite de ces anciens amateurs, on verroit moins de chevaux estropiés, ruinés, re- bours, roides et vicieux. » Le chapitre iv, intitulé : « Des termes de l'art », est particulièrement intéressant. H
montre quels progrès énormes l'équitation avait faits, à cette époque, et quel homme de cheval était celui qui les décrivait. L'équitation est un
art spécial qui a ses termes particuliers connus et compris seulement des initiés; dételle sorte que rien qu'à la conver- sation d'un homme ou à son style, on voit de suite s'il sait ce que c'est qu'un cheval ou s'il l'ignore. Là-dessus, comme dans tout ce qui concerne le cheval, le moindre valet d e- curie en sait plus que l'homme le plus savant de l'Université. Il en est de cela comme du métier militaire, la compilation de tous les livres possibles, toute la stratégie en chambre du monde, ne font pas connaître l'armée. Il faut en être ou en avoir été longtemps, pour en pouvoir parler sans provoquer le haussement d'épaules des gens du métier. L -, du reste, il en est de même en toutes choses, et le vieu proverbe qui dit : « Chacun son métier et les vaches serou trousse-queue. bien gardées », sera éternellement vrai. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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loi
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Cela établi, voici quelques-uns des principaux termes hippiques employés par La
Guérinière ; ces termes sont aussi exacts aujourd'hui que naguère. |
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« Manège. Ce mot a deux si-
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gniflcations
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savoir, le lieu où
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l'on exerce les chevaux et l'exer-
« Air est la belle attitude que
différentes allures; c'est aussi la |
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cice qu'on leur fait faire,
doit avoir un cheval dans ses cadence propre à chaque mouve- re, soit naturelle, ou artificielle, le cavalier se sert pour faire aller moyens consistent dans les diffé- des jambes. On dit qu'un homme |
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ment qu'il fait dans chaque allu-
« Aides sont les moyens dont
son cheval et le secourir : ces
rents mouvements de la main et
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Fer de chef-d'œuvre.
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de cheval a des aides fines lorsque ses mouvements sont peu apparents, et qu'en
gardant un juste équilibre, il aide son cheval avec science, avec aisance et avec grâce; ce qu'on appelle aussi aides secrettes. On dit qu'un cheval a les aides fines, lorsqu'il obéit promptement et avec facilité au moindre mouvement de la main et des jambes du cavalier. « Rendre la main, c'est le mouvement que l'on fait en baissant la main de la bride,
soit pour adoucir, ou pour faire quitter le sentiment du mors sur les barres. Il faut remarquer qu'on entend toujours par la main de la bride, la main gauche du cavalier; car, qu'on se serve quelquefois de la main droite pour tirer la rêne droite, ce n'est alors qu'une aide à la main gauche, qui reste toujours la main de la bride. « Tirer à la main. Ce défaut regarde le cheval ; c'est lorsque sa bouche se roidit contre
'a main du cavalier, en tirant et en levant le nez par ignorance ou par désobéissance. « Battre à la main, c'est le défaut des chevaux qui n'ont pas la tête assurée, ni la
bouche faite, et qui, pour éviter la sujétion du mors, secouent la bride, et donnent des coups de tête. |
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Bottes Louis XV.
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« Appui est le sentiment que produit l'action de la bride dans la main du cavalier,
ei réciproquement l'action que la main du cavalier opère sur les barres du cheval. " V a des chevaux qui n'ont point d'appui, d'aidres qui en ont trop et d'autres |
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LE CHIC A CHEVAL.
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qui ont l'appui à pleine main. Ceux qui n'ont pas d'appui, sont ceux qui crai-
gnent le mors, et ne peuvent souffrir qu'il appuie sur les barres ; ce qui les fait battre à la main et donner des coups de tête. Les chevaux qui ont trop d'appui, sont ceux qui s'appesantissent sur la main. L'appui à pleine main, qui fait la meil- leure bouche, c'est lorsque le cheval, sans peser ni battre à la main, a l'appui ferme, léger, et tempéré : Ces trois qualités sont celles de la bonne bouche d'un cheval, les- quelles répondent à celles de la bonne bouche d'un cheval qui doit être légère, douce et ferm,e. » Les quelques lignes qui précèdent résument toute la théorie la plus fine de la bouche;
elles sont de celles qui intéressent au plus haut point l'homme de cheval. Il est impos- sible de mieux parler d'une chose aussi importante et, dirons-nous, aussi passionnante pour le cavalier. En transcrivant ces lignes je me reportais de plusieurs années en arrière, et mes souvenirs rappelaient une conférence que nous fit, sur la bouche et la main, M. de Cahouët, si justement renommé comme homme de cheval, et alors sous-écuyer à Saumur. Je revois encore la salle d'étude, tout là-haut, avec une fenêtre ouverte sur le Chardonnet, et l'autre sur la colline de Bagneux. Nous étions là une tren- taine de cavaliers-élèves, tous grands admirateurs du célèbre écuyer. Pendant une heure, il nous tint sous le charme d'un sujet qu'il était plus apte que personne à traiter; et cette leçon, ou plutôt cette causerie, demeure dans mon souvenir comme une des plus intéressantes et des plus attrayantes de tout le cours. « Rassembler un cheval, c'est le raccourcir dans son allure, ou dans son air, pour
le mettre sur les hanches : ce qui se fait en retenant doucement le devant avec la main de la bride et chassant les hanches sous lui avec le gras des jambes, pour le préparer à le mettre dans la main et dans les talons. « Bien mis, c'est-à-dire bien dressé; bien mis dans la main et dans les talons.
« Travailler de la main à la main, c'est lorsqu'on tourne un cheval d'une piste
avec la main seule et peu d'aide des jambes; ce qui est bon pour le manège de guerre. « Dedans et dehors. C'est une façon de parler dont on se sert, au lieu de droite
et de gauche, etc.. » On sait que M. de La Guérinière, pour employer une expression militaire, « con-
naissait son tabac ». Le défaut d'espace nous a contraint à ne citer que quelques-uns des termes d'équitation définis par La Guérinière; mais tous ceux qu'il a employés sont restés dans la langue hippique et y ont conservé la même signification. Dans le chapitre vi, « De la belle posture de l'homme de cheval, etc.. », nous trouvons
le passage suivant : « La grâce est un si grand ornement pour un cavalier, et un si grand acheminement à la science, que tous ceux qui veulent devenir hommes de cheval doivent, avant toutes choses, employer le temps nécessaire pour acquérir cette qualité. J'entends par grâce, un air d'aisance et de liberté, qu'il faut conserver dans une pos- |
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LE CHIC A CHEVAL.
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133
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ture droite et libre, soit pour se tenir et s'affermir à cheval, soit pour se relâcher à
propos, en gardant autant qu'on le peut, dans tous les mouvements que fait un cheval, ce juste équilibre qui dépend du contre-poids du corps bien observé, et 'que les mou- vements du cavalier soient si subtils qu'ils servent plus à embellir son assiette qu'à paraître aider son cheval. » Que dirait donc l'auteur s'il voyait les mouvements exagérés des écuyers de cirque
que le b$n public ne se lasse pas d'applaudir; mais, aussi, quelle ne serait pas sa satisfaction s'il assistait, à Saumur, au manège des écuyers, à une reprise de ces ad- |
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mirables
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sang
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pur
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dressés et
des écuyers gnes d'eux, sont l'hon- tre école de pourrait di- eu n lieu du n'existe un plus suscep- battre le l'homme de M. de La
termine son par cette |
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montés par
bien di- écuyers qui neur de no- cavalerie. Il re qu'en au- monde, il spectacle tiblede faire cœur de cheval. Guérinière |
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Selle à piquer.
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vi° chapitre
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remarque
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qui nous semble fort juste :
« Dans une école bien réglée, on devroit, après le trot, mettre un cavalier au piafer
dans les pilliers; il apprendroit dans cette action, qui est très aisée, à se tenir de bonne grâce. Après le piafer, il faudroit un cheval qui allât à demi courbette ; ensuite un à courbette; un autre à ballotade ou à croupade, enfin un à capriole. Insensiblement, et sans s'en apercevoir, un cavalier prendroit avec le temps, la manière de se tenir ferme et droit sans être roide ni gêné... » Le chapitre xi traite de « l'épaule en dedans, » et s'étend longuement sur ce mou-
vement, qui est une innovation d'une grande importance, due à la Guérinière. Au chapitre xix : « Des chevaux de guerre », l'auteur explique la relation qui existe
entre chaque évolution de cavalerie et un air de manège. « Enfin », dit-il, « il est constant que le succès de la plupart des actions militaires
est dû à l'uniformité des mouvements d'une troupe, laquelle uniformité ne vient que d'une bonne instruction; et qu'au contraire, le désordre qui se met souvent dans un escadron, est causé ordinairement par des chevaux mal dressés ou mal conduits. » Le chap. xx est consacré aux chevaux de chasse. r.mr. a cheval. 20
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LE CHIC A CHEVAL.
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La chasse, dont les clan-
lent dans une certaine me- d'après LaGuérinière, « un port aux sentiments d'hé- grands princes ». « Bien des gens », diten-
sent que la façon de dresser de chasse est tout à fait op- ge. Une opinion si mal fon- trop générale, fait négliger donc pour guide que la ont fait naître et qui favo- quiert qu'une fermeté sans cée et sans fondement, de jugement, avancer qu'un quer les principes d'une il est en état de juger de la lui former un air, n'a pas |
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gers et les émotions rappel-
sure ceux de la guerre, est, exercice qui a tant de rap- roïsme inséparables des suite La Guérinière, « pen-
des chevaux de guerre et posée aux règles du manè- dée, et malheureusement les vrais principes. N'ayant fausse pratique de ceux qui risent cette erreur, on n'ac- grâce et une exécution for- Pourroit-on, avec un peu cavalier capable de prati- bonne école, et par lesquels |
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Sac qui servait à enfermer la queue
du cheval. |
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nature de son cheval, et de
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plus de facilité encore pour
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assouplir et rendre obéissant celui qu'on destine à la guerre, et pour étendre et donner
de l'haleine à celui qu'il juge propre pour la chasse, puisque ce ne sont là que les pre- miers éléments de l'art de monter à cheval. » Le chapitre xxi, qui parle des chevaux de carrosse, est très curieux, très intéressant,
mais nous nous contentons de le signaler, car il ne rentre pas dans le cadre de ce livre. Le chapitre xxn traite des tournois, des joutes et enfin des car-
rousels. Voici quelle était la physionomie d'un carrousel au dix-huitième
siècle et quelles en étaient les règles : « Le carrousel est une fête militaire ou imaige du combat, re-
présentée par une troupe de cavaliers, divisée en plusieurs qua- drilles destinés à faire des courses pour lesquelles on donne des prix. « Ce spectacle doit être orné de chariots, de machines, de déco-
rations, de devises, de récits, de concerts et de ballets de che- vaux, dont la diversité forme un magnifique coup d'oeil. « Comme ces fêtes se font dans la vue d'instruire les princes et
les personnes illustres en faveur de qui elles se font, ou d'honorer leur mérite, le sujet doit en être ingénieux, militaire, et convenable Bride italienne;
xvni'siècle. aux temps, aux lieux et aux personnes.
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Joo
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« 11 y a plusieurs choses à considérer dans un véritable carrousel :
« 1° Le mestre de camp et ses aides.
« 2° Les cavaliers qui composent chaque quadrille.
« 3° Leurs cartels, leurs noms, leurs habits, leurs devises, leurs armes, leurs ma-
chines, leurs pages, leurs esclaves, leurs valets-de-piés, leurs estafiers, leurs chevaux et leurs ornements. « 4° Les personnes des récits et des machines, et les musiciens.
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« 5° Les différen-
ts cavaliers et pour des prix. « Le mestre de
conduit toute la marche; qui fait fl- leurs équipages; qui carrière et dans les cavaliers dans leurs que le lieu des ma- « Les aides de
le servent dans ces sent que par ses or- comme lui, des bâ- ment. « Le moindre
les pour un vérita- quatre, et le plus |
tes courses que font
lesquelles on donne camp est celui qui
pompe; qui règle la 1er les quadrilles et introduit dans la lices; qui place les postes; et qui indi- chines. camp sont ceux qui
fonctions. Ils n'agis- dres, en portant, tons de commande- nombre des quadril- ble carrousel est de grand de douze. |
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Cavalier de la grande fauconnerie.
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Elles doivent être toutes de nombre pair, afin que les partis soient égaux entre eux
pour combattre et pour faire les courses doubles. « Le nombre de cavaliers dont chaque quadrille est composée, est ordinairement de
quatre, quelquefois de six, de huit, de dix ou de douze, non compris le chef, qui est la personne la plus qualifiée, à moins que les cavaliers ne soient de condition égale; et, alors, on tire au sort celui qui doit l'être, pour éviter les contestations. Dans les carrousels célèbres, ce sont ordinairement les princes qui sont chefs. « Il y a deux sortes de quadrilles; celle des tenants et celle des assaillants. La qua-
drille des tenants est la plus considérable. « Les tenants sont ceux qui ouvrent le carrousel, et qui font les premiers défis par
des cartels que des hérauts publient. Ils sont dits tenants, parce qu'ils avancent cer- taines propositions qu'ils s'engagent de soutenir les armes à la main contre tout venant. « Ils composent les premières quadrilles.
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« Les assaillants sont ceux qui s'offrent, par leurs réponses, aux désirs et aux cartels
des tenants, à soutenir le contraire; ils composent les quadrilles opposées. « Le cartel se fait au nom du chef de la quadrille qui lui donne ses livrées. »
Les cartels contiennent ordinairement cinq choses :
« 1° Le nom et l'adresse de ceux que les tenants envoient défier;
« 2° Le sujet que les tenants ont de défier au combat ceux qu'ils attaquent;
« 3° Quelques autres propositions qu'ils veulent soutenir les armes à la main contre
tous venants; « 4° Le lieu et la manière du combat;
« 5° Le nom des tenants qui envoient le défi ou le cartel ; lesquels noms sont
tirés de l'histoire ou de la fable. « Ces cartels peuvent être en prose ou en vers; et comme l'occasion de ces défis
est le désir d'acquérir de la gloire et de se faire connaître, ils sont assaisonnés de quelques rodomontades. On excepte les princes des défis et des cartels que l'on donne aux autres. Comme les sujets des carrousels sont historiques, fabuleux et emblé- matiques, les tenants et les assaillants y prennent ordinairement des noms conformes au sujet qu'ils représentent. Par exemple, ceux qui représentent des illustres Romains, prennent le nom de J. César Auguste, etc.. « On prend aussi des noms de romans, comme les chevaliers du Lys, du Soleil, de
la Rose, etc.. Quelquefois ils sont de pure invention comme Florimond, Lysandre, etc.. « Les noms doivent répondre aux devises des cavaliers, et la quadrille doit aussi
en porter le nom. Leurs habits, leurs livrées, leurs armes, leurs machines, leurs esclaves, leurs cartels doivent être uniformes. « Les pages sont ordinairement à cheval; ils portent les lances et les devises.
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et les estafiers conduisent
se tiennent auprès des en Turcs, en Maures, en en Arméniens, en singes, et la volonté du chef de sique, et la plupart des
la pompe du carrousel, Italiens, qui ont toujours ses la fin de l'application |
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« Les valets de pieds
les chevaux de main et machines. On les déguise |
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esclaves, en
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sauvages,
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en ours, suivant le sujet
la quadrille. « Les récits, la mu-
machines qui servent à |
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sont de l'invention des
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Selle rase; 1731.
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recherché en toutes cho-
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et qui ont excellé dans ce genre.
« Les personnes des récits et des machines sont comme des acteurs de théâtre,
qui représentent diverses choses, selon le sujet; il y a aussi quelquefois des vers allé- goriques en l'honneur de ceux pour qui l'on fait ces fêtes. « Les musiciens sont employés aux concerts de voix et d'instruments, et l'harinoni
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LE PASSEGE A LA NAPOLITAINE; 1727.
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LE CHIC A CHEVAL. 157
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qu'on employé à ces fêtes est de deux sortes; l'une militaire, c'est-à-dire, fière et
guerrière; l'autre douce et agréable. La première est à la tête de chaque quadrille, pour animer les cavaliers et pour annoncer leur venue, leur entrée dans la car- |
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rière, qu'on nomme comparse, et leurs courses; l'autre ne sert qu'aux récits, aux
machines et à la pompe. « Pour l'harmonie guerrière, on emploie des trompettes, des tambours, des tim-
bales, des haut-bois et des fifres. |
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« Pour celle qui accompagne les chars et les machines, ce sont des violons, des
flûtes, des haut-bois, etc.. On fait aussi au son de ces instruments des danses et des ballets de chevaux. » Dans la IIP partie, nous citerons entre autres choses curieuses ou intéressantes,
dignes d'attirer l'attention : « La manière de faire les pelotes blanches ou étoiles. »
« Il y a plusieurs manières pour faire une pelote blanche : mais la meilleure est
celle qui suit : « Il faut avec un poinçon, fait en forme de grosse alêne de cordonnier, percer la
peau au milieu du front, de travers en travers, et détacher la peau de l'os avec le dit pomçon; il faut prendre ensuite qua- tre petites lames de plomb, étroites et longues d'environ quatre doigts, et à chaque trou que l'on fait, y pas- ser une lame, en sorte que les deux bouts de la dite lame, sortent par Jes deux extrémités : on en met de cette façon quatre en forme d'étoile, Éperon arabe en acier incrusté. |
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LePassÉge au F
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Napolitaine
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... <4.cu.rs cbe/o-U.^ iont hïui cl^vV it
Le*. Ib«,n.ohe Ow,a vcv ivoires .... ^ .e p |
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138 LE CHIC A CHEVAL.
qui passent les uns sur autres, et forment une espèce de bosse dans le milieu du
front. Cela étant fait, il faut avec une ficelle serrer les extrémités des dites lames, en serrant la ficelle de plus en plus, et l'arrêter : on laisse le plomb et la ficelle deux fois vingt-quatre heures; on l'ôte ensuite, on laisse suppurer la plaie sans y toucher; il s'y fait une espèce de croûte, le poil tombe de soi-même, et celui qui revient est blanc. « D'autres se servent d'une tuile ou brique, en frottent la partie jusqu'à ce que le
poil soit tombé et la peau écorchée, et frottent ensuite l'endroit avec du miel. « D'autres se servent d'une pomme qu'ils font rôtir au feu, et l'appliquent toute
brûlante sur la partie; ce qui forme une escarre, et le premier poil qui revient, est blanc. « D'autres rasent la partie, la frottent avec du jus d'oignon ou de poireau, appli-
quent ensuite sur l'endroit rasé, une mie de pain sortant du four, l'y laissent jusqu'à ce qu'elle soit refroidie, et frottent ensuite la partie avec du miel. » Nous citerons aussi, à titre de curiosité, de quelle manière on s'y prenait pour faire
sur les chevaux blancs ou gris ces taches noires que nous remarquons dans pres- que tous les tableaux du temps, car, alors, les chevaux tachetés étaient pour le moins aussi à la mode que les chevaux pies. « Il faut prendre environ une demi-livre de chaux vive, un quarteron de savon d'Es-
pagne coupé bien-menu, et une demi-livre de litarge d'or en poudre, dans un pot où on aura mis de l'eau de
pluie suffisamment. On met cette composition sur le charbon, on remue comme pour faire de la bouillie : lorsque le tout est cuit et bien mêlé en- semble, on le laisse re- froidir en le mêlant tou- jours, jusqu'à ce qu on puisse y toucher avec la main; on l'applique en- suite sur le poil qu'on veut teindre en noir, après quoi
on met un linge blanc avec un bandeau léger, Selle arabe . à la genette ». jusqu'à Ce que la Hiatie
soit sèche ; on lave ensuite
la place avec de l'eau fraîche. Afin- que cette teinture dure longtemps, il faut 1 aP |
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LE CHIC A CHEVAL.
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que pas de saveur.
« Deux poignées de
crotte de chèvre fraî- che , une demi-livre demie], une once d'a- lun en poudre, une chopine de sang de porc; faites bouillir le tout ensemble et frottez en les crins. « On assure que ce
remède est excellent non seulement pour faire croître les crins, mais encore pour les faire revenir où ils sont tombés. » Voici maintenant
comment on s'y pre- nait, en Angleterre, pour couper la queue aux chevaux : « Les maréchaux
anglais, après avoir coupé la queue assez longue, font cinq ou six incisions d'égale distance, depuis la naissance de la queue en dessous, jusqu'à l'extrémité si elle est coupée. Ils laissent une suffisante quan- tité de crin au bout de la queue, pour y attacher une longue corde de la grosseur du petit doigt; ils passent ensuite l'an- |
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pliquer lorsque le che-
val aura mué, et cela durera un an sans changer de couleur. « Pour faire des
marques de couleur de poil de châtaigne, il faut prendre une livre d'eau-forte, une once d'argent brûlé, une once de vitriol en poudre, une once de noix de galle en pou- dre; mettre le tout dans une grande bou- teille , ayant- aupara- vant fait consumer l'argent par l'eau- forte ; on laisse le tout ensemble l'espace de neuf jours avant que de s'en servir, et il faut que ce soit avec un pinceau, et plus délicatement qu'avec l'autre composition ; si l'on veut seulement une couleur d'alezan, ^ faut mettre plus ou moins d'argent brûlé dans l'eau-forte, et la couleur sera plus ou moins foncée. » Un peu plus loin,
La Guérinière indi- que une recette pour faire croître la cri- tère et la queue, recette qui ne man- |
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XVIII*
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160 LE CHIC A CHEVAL.
tre extrémité de cette corde dans une poulie qui est attachée au plancher, positi-
vement au-dessus du milieu du dos du cheval, lorsqu'il a la tête à la mangeoire; la même corde doit passer ensuite dans une autre poulie, aussi attachée au plancher, derrière la croupe, au milieu de l'écurie; on suspend au bout de cette corde un poids d'une certaine pesanteur, de sorte que le cheval étant couché ou relevé, ait toujours la queue soulevée et renversée sur la croupe. On laisse cette corde jusqu'à ce que les cicatrices soient fermées. Cette opération leur fait porter ce qu'on appelle la queue à l'anglaise. » La sensibilité était du reste loin d'être exagérée à l'époque où vivait La Guérinière;
et si les lignes qui précèdent n'ont pas convaincu le lecteur, qu'il écoute ce que dit le |
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même écrivain touchant la manière de tailler les grandes oreilles pour les rendre
petites. « Il faut faire faire deux moules de forte tôle, par un habile serrurier, qui prendra la
mesure juste d'une oreille bien faite; il formera les moules de même : il faut qu'il y en ait un plus petit que l'autre; le plus petit sera mis en dedans de l'oreille du cheval et le plus grand en dehors. L'oreille étant ainsi prise entre ces deux moules, il faut la serrer fortement en dedans et en dehors par le moyen d'un instrument à vis, en- suite, avec un bistouri, on coupera ce qui déborde de l'oreille. « L'opération étant ainsi faite aux deux oreilles, on ôte les moules, et il faut laisser
le cheval quatre ou cinq heures au filet, attaché entre les deux pilliers dans l'écurie, de manière qu'il ne se frotte pas. Lorsque le sang sera arrêté, il se formera une croûte autour des oreilles, et le lendemain on frottera la plaie tout autour avec de l'onguent pour la brûlure, ou parties égales d'altheax, de miel et de saindoux fondues ensemble on applique de l'un ou de l'autre onguent avec la barbe d'une plume, soir et matin, jusqu'à ce que cette croûte tombe d'elle-même. Avant de faire cette opération, w faut couper ou raser le poil des oreilles en dedans et en dehors le plus près qu on pourra. |
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LA COURBETTE,
1750. |
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LE CHIC A CHEVAL. 161
« Pour relever les oreilles des chevaux qui les ont écartées et pendantes (d'où vient
qu'on les appelle vieillards), on leur coupe environ deux doigts de la peau au-dessus de la tête, entre les deux oreilles; il faut ensuite rapprocher et coudre les deux peaux pour les rejoindre; on pansera la plaie à l'ordinaire jusqu'à guérison. » Ces cruautés ne sont pas sans inspirer quelques scrupules au bon La Guérinière, mais
il ne s'agit à proprement parler que d'un doute, d'un soupçon de scrupule; car après avoir émis ce doute, il indique, avec une naïveté charmante, une raison pour ne pas condamner ces barbares traitements. « Il parait qu'il y a un peu de cruauté dans les opérations ci-dessus; mais il y a
les curieux à qui cela plaît. » Notons ici, pour corroborer les citations antérieures, que le cheval que monte le baron
Eisemberg, dans le dessin intitulé « Passège à la Napolitaine », a les oreilles coupées,
t même assez courtes. Ce cheval, qui s'appelait « le Galant », appartenait à M. le comte e Daun, vice-roi de Naples, dont le baron d'Eisemberg était le grand écuyer. Voici du reste ce qu'en dit le baron et comment il parle du passage à l'Italienne : « Dans le temps que j'avais l'honneur d'être Grand-Écuyer de son Excellence, il y
avait parmi les autres chevaux de manège, un cheval qui passageoit de la même ma- nière qu'on voit ici, et dont la figure étoit si jolie sous son homme, que tous ceux qui le voyaient en étoient charmés, et que moi-même je l'estimois au-dessus de tous, non seulement parce qu'il passageoit si bien, mais parce qu'il galoppoit d'une manière extrê- mement relevée et tout à fait brillante. Il faisoit des passades de trois temps où il n'y avoit rien à désirer. En un mot, il étoit aussi adroit qu'aucun cheval de manège puisse l'être.Le cavalier doit représenter l'assiette que j'avais en le montant, qui étoit aisée et libre et j'ose dire que je l'ai fait manier sous moi, sans faire paraître des aides fortes; et ce qu'il y avoit de plus difficile, c'est que je l'ai passage sur la volte, et changé de main sans perdre un seul temps, ni dérangé sa cadence, qui était si juste et si égale, que je n'ai jamais vu un cheval qui l'ait surpassé en fait de manège. Je dirai ici en peu de mots en quoi consiste la différence du Passège italien d'avec celui des autres. Leurs chevaux sont plus assis sur la hanche que les nôtres, mais par cette même raison ils ne lèvent pas si haut la jambe de derrière qui doit répondre à proportion à la jambe de devant; ce qui est compté ailleurs pour la beauté du passège. On nomme en italien l'action du cheval qui passage : « la Ciambella ». Pour résumer et pour terminer ce chapitre, tout entier consacré à M. de La Guéri-
nière, nous ne saurions mieux faire que de citer l'opinion de M. le capitaine Picard sur ce célèbre écuyer. « ... En simplifiant les moyens de dressage, il enseigna au cavalier à chercher
ses moyens de tenue dans l'équilibre et dans la rectitude de la position. L'équitation qu'il professa fut raisonnée et naturelle. Il parla de l'équilibre du cheval, fit usage du mouvement de l'épaule en devant pour l'assouplir; il alla jusqu'à recommander, CHIC A CHEVAL. 2'
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162 LE CHIC A CHEVAL.
pour les chevaux de chasse, de les habituer à tourner à faux et à serpenter au
galop en changeant de pied.... « En résumé, M. de La Guérinière fit faire à l'équitation une évolution complète...
« Ce fut lui qui, le premier, prescrivit l'aisance à cheval, et indiqua les moyens
de l'obtenir. » |
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CHAPITRE XIII.
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Les
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SUCCESSEURS DE La GuÉRINIÈRE.
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ous avons essayé, dans le chapitre qui précède, d'ana-
lyser les principes de la Guérinière et de donner un rapide aperçu de sa méthode. On a pu juger quel im- mense progrès il avait fait faire à l'équitation. Après lui, tous, qu'ils le veuillent ou non, s'inspirent de ses idées. C'est vers cette époque que l'équitation mi- litaire commence à se séparer de l'équitation civile; et nombre d'écuyers écrivent spécialement pour l'ar- mée, et cherchent à lui inculquer des principes plus rationnels, plus pratiques que ceux qui avaient cours alors, à l'arracher à la routine, à lui faire rejeter des erreurs où, faute d'une direction éclairée et compé- tente, elle est retombée à plusieurs reprises. Un des premiers, le maréchal de Saxe s'était préoccupé d'améliorer la cavalerie. L'extrait suivant indique d'une manière bien nette comment il entendait que fût
menée l'instruction des troupes à cheval. « 11 faut que la cavalerie soit leste, qu'elle soit montée sur des chevaux rendus
propres à la fatigue, et surtout qu'elle ne fasse point son point d'honneur d'avoir des chevaux gras. Il est certain que l'on ne connaît pas la force de la cavalerie, ni les avantages qu'on en peut tirer. D'où vient cela? De l'amour que l'on a pour les che- vaux. J'ai eu un régiment de cavalerie allemande, en Pologne, avec lequel j'ai fait, en dix-huit mois plus de 1,500 lieues, soit en marches ou en courses, et je puis assurer que ce régiment était plus en état de tenir au bout de ce temps-là qu'un autre qui |
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164 LE CHIC A CHEVAL.
eût eu des chevaux gras. Mais pour cela, il faut faire les chevaux peu à peu au mal, et
les endurcir à la fatigue par des courses et des exercices violents, ce qui les con- serve plus sains et les fait durer bien davantage. Quand ils y sont faits, vous pouvez compter avoir de la cavalerie, au lieu que vous n'en aviez pas auparavant. De plus, cela rompt et style nos cavaliers, leur donne un air de guerre qui sied bien; mais il faut faire galoper les chevaux, il faut les faire courir à toutes jambes en escadrons et les mettre peu à peu en haleine. On ne doit pas se contenter de manœuvrer tous les trois ans une fois avec une lenteur extrême, de peur que ces pauvres bêtes se tuent... etc., etc. » Sous l'inspiration de ce grand homme de guerre, le comte Drumont de Melfort
écrit en 1748 son « Essai sur la cavalerie légère », qui fut le point du départ de tous les règlements ou ordonnances de cavalerie. Une grande partie des innovations préconisées par les écrivains finirent par passer dans la pratique. Le comte de Melfort ne s'occupe, du reste, que de la cavalerie et des améliorations qu'il juge indis- pensable d'y introduire. Loin de mépriser l'équitation savante, on sent, au contraire, qu'il l'estime à sa valeur; mais il s'oppose à ce qu'on en embarrasse le cerveau sou- vent assez étroit des cavaliers de régiment : il veut des cavaliers vite à chaval et recommande qu'on ne les attarde pas à des finesses qui ne seraient pas comprises et, partant, présenteraient plus d'inconvénients que d'utilité. Ses idées sont d'une grande justesse et, aujourd'hui encore, la lecture de son
livre n'est point dénuée d'intérêt. « Toutes les finesses de l'art », dit-il à ce propos, « tels que peser sur un étrier
plus que sur l'autre, de serrer le jarret ou le talon du dehors, pour porter le cheval en dedans, sont superflues à la cavalerie; on se contentera de dire que le ca- valier doit éviter de se servir de l'éperon, toutes les fois que par la vigueur de ses jarrets il pourra déterminer son cheval en avant; et que l'aide du gras des jambes est fait pour avertir le cheval, qui n'a pas répondu à l'aide des cuisses, que les éperons sont prêts à agir, s'il n'obéit pas à ce second avertissement. » En 1754, paraît le livre de M. de la Porterie « Instructions militaires pour la ca- |
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valerie et les dra-
Porterie,mestre-de- major du régiment, néral des dragons. » L'année 1753 voit tion provisoire du 1755 « l'Ordonnance premiers règlements |
gons, par M. de la
camp de dragons, Mestre-de-camp Re- paraître « l'Instruc- 14 mai », et l'année du roi » qui sont les officiels de cavalerie. |
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mo
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Fer à planche;
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■fer à sous-jneds.
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A cette époque, de nombreuses Ecoles d'équitation s'étaient formées, et chacune
avait produit des écuyers renommés. |
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O -H Z |
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Z
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LE GHIG A CHEVAL. 165
Parmi les écuyers de l'École de Versailles, on remarque MM. de Nestier, de Salvert,
de Neuilly. MM. de Lubersac, de Montfaucon deRogles appartenaient à l'École des chevau-légers.
Au nombre des écuyers de l'École militaire figuraient MM. d'Auvergne et de Bois-
deffre. L'École ou le Manège de Lunéville comptait, parmi les siens, MM. Mottin de
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La Balme et de Bo-
M. Dugaste el M.
sèrent avec éclat au ries ou École des ce même manège vait devenir si triste- ies annales révolu- après avoir abrité plus élégants et les leur éducation et lait voir l'immonde venir débiter ses ha- |
han.
de Villemotte profes-
Manège des Tuile- pages d'Orléans. C'est des Tuileries qui dé- ment célèbre dans tionnaires et qui, les jeunes gens les plus distingués par leur naissance, al- tourbe jacobine y rangues haineuses |
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et criminelles.
M. de Nestier, qui
Manège de Versail- cédemment, inventa caractérise ce mors, courtes que celles du temps. |
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fut l'un des plus brillants écuyers du
les, ainsi que nous l'avons dit prè- le mors qui porte son nom. Ce qui c'est que les branches en sont plus mors généralement en usage de son tampe de Daullé devenue très rare et
tableau de Delarue, datée de 1753, |
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Une très belle es-
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Selle orientale, prise à Belgrade,
par Max-Emmanuel. |
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gravée, d'après un
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représente M. de Nestier montant Florido, cheval andalou que le roi d'Espagne avait
envoyé à Louis XV. La vogue obtenue par cette gravure fut considérable ; on la voyait chez tous ceux qui avaient la prétention d'être hommes de cheval. M. de Lubersac, qui fut le fondateur de la célèbre École des chevau-légers, est aussi
resté en possession d'une renommée bien méritée : « Le fameux M. de Lubersac ne se servait que du pas pour dresser ses chevaux, il s'en emparait sitôt qu'ils étaient ce qu'on appelle débourrés; il les montait pendant dix mois ou deux ans, toujours au pas, et quand, au bout de ce temps, il les mettait sous ses plus forts écoliers, ils étaient tout étonnés de trouver à ses chevaux le passage le plus cadencé, et la galo- pade la plus écoutée et la plus juste. » M. d'Auvergne, lieutenant-colonel de cavalerie, fut longtemps chef de l'équitation à
l'École royale militaire. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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166
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« A l'époque où d'Auvergne fut l'écuyer en chef de l'École militaire, les idées nou-
velles sur la position équestre prouvées par la mécanique s'étaient déjà fait place. Il les adopta, mais en les dégageant des erreurs spéculatives dans lesquelles plusieurs |
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de Clam, voulaient les entraî-
se montre très partisan de la sous son patronage, la ca- l'équitation militaire sur l'é- pas voulu souscrire à cette époque que date surtout la maintenue si longtemps, entre dite académique, qui eut son manège de la maison du roi, manège de Versailles, et ceux présentée successivement par sailles, de Lunéville, d'An- Saumur; enfin, en dernier de cavalerie. » (Capitaine Pi- cavalerie.) |
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théoriciens, tels que Dupaty
ner. Néanmoins d'Auvergne nouvelle science qui devint, ractéristique du progrès de quitation civile, qui n'avait innovation. C'est de cette scission profonde, qui s'est les principes de l'équitation origine et sa source dans le représenté plus tard par le de l'équitation militaire, re- les écoles d'équitation de Ver- gers, de Saint-Germain, de lieu, par le manège de l'École card, Origine de l'École de |
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Bride à la Neslicr.
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L'œuvre de Dupaty de Clam se compose des ouvrages suivants :
« La pratique de l'équitation », 1769. — « Traité de cavalerie », traduit de Xéno- phon, 1771. — « La science et l'art de l'équitation démontrés d'après nature », 1776. — « Les différentes parties de l'équitation », 1781. M. de Montfaucon de Rogles avait écrit un important ouvrage qui ne fut publié
qu'après sa mort, par les soins de son frère, en 1778. C'est le : Traité d'équitation par feu M. de Montfaucon de Rogles, écuyer ordinaire de la petite écurie du Roi commandant l'équipage de feu Monseigneur le Dauphin. » Ce traité, réédité en 1803, à une époque où les écuyers, dispersés par la Révolution,
faisaient presque complètement défaut, « eut une grande influence sur les méthodes militaires qui se réorganisaient alors ». En 1814, lorsqu'on procéda à l'installation de l'école de Saumur, c'est de l'ouvrage
de M. de Montfaucon que l'on s'inspira pour rédiger le manuel d'instruction éques- tre destiné à cette école. « C'est donc par l'intermédiaire de Montfaucon que l'équita- tion militaire s'est renouée à la tradition académique dont elle s'était écartée. » Notons ici, en passant, que l'origine première de l'école de Saumur est
antérieure à 1814; elle remonte à 1763. A cette date, en effet, le Royal- carabiniers, qui avait pour chef honoraire le comte de Provence, qui fut Ferpathoiogi- depuis Louis XVIII, vint tenir garnison à Saumur. C'est là un fait im- queà pince Iron- , . 'p
quèe. portant dans les fastes de l'histoire de la cavalerie, car c'est de 1 arrivée
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LE CHIC A CHEVAL.
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167
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dans cette ville de ce corps, si justement renommé pour son école
d'équitation, que date l'histoire de l'école de cavalerie de Saumur. Les « Essais sur l'équitation », de Mottin de La Balme, ont été publiés en 1773. Quelques années plus tard, en 1781, parut l'ouvrage le
plus clair et le plus étudié qui eût encore été composé
sur la cavalerie. Cet ouvrage, qui resta longtemps la
pierre d'angle de toutes les instructions et de toutes
les ordonnances qui suivirent, est demeuré jus-
ment célèbre.
teur de l'ouvrage en question est le général
han. Son travail a pour titre : « Examen du militaire français. » C'est dans le volume, qui est intitulé : « Principes à cheval et dresser les chevaux de sont exposés les principes de l'é- Mieux que tous les commentai- traits, j udicieusement choisis, de la valeur de l'œuvre du |
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te-
L'au-
de Bo- critique troisième pour monter guerre », que minent écrivain. res, quelques ex |
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permettront de jug
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général de Bohan.
Voici, tout d'abord, l'o-
Bohan au sujet du travail à « On se gardera bien de se
thode usitée dans presque toutes commencer par faire trotter les ca- longe sur des cercles, et, souvent, sur chevaux dont l'allure irrégulière exige gue pratique pour n'être pas déplacés ; mais, même on choisirait le cheval le plus doux, le sage et qui trotte le plus régulièrement, corps, dans le mouvement circulaire, en proie aux forces centrifuges et centripètes, présente des difficultés pour conserver son aplomb, difficultés qu'un commençant ne saurait vaincre, s'il n'est, dans ses le- çons, occupé qu'à se tenir par des moyens de force. » M. de Bohan se montre très opposé à l'emploi des vieux
airs de manège; il est adversaire décidé de toutes les finesses du dressage de haute école pour la cavalerie. De son temps, on ne faisait sortir les chevaux cle la cavalerie
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pinion du général de
la longe : servir de la mê- |
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les écoles, de
valiers à la
de jeunes
une lon-
quand
plus
le
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Mors de l'Ecole de Versailles.
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168 LE CHIC A CHEVAL.
que huit fois par mois. Il recommande, et avec juste raison, qu'on les exerce tous les jours.
Ajoutons que, tout en insistant pour que le cheval de guerre soit mis aux grandes allures, sur des lignes droites, ce qui est absolument juste, et en tout conforme aux idées actuelles, M. de Bohan est un homme de cheval trop habile pour nier l'utilité du manège. Aussi, quand il parle du dressage du cheval de manège, il reconnaît qu'il doit avoir l'éducation la plus perfectionnée. « Des piliers. — Je ne conseille pas à la cavalerie de faire usage des piliers dans l'é-
ducation des chevaux; il y a peu d'avantage à en tirer, et la perte d'un temps qu'on emploierait beaucoup mieux à allonger les chevaux sur de grands cercles, et plus encore sur des lignes droites; mais cette leçon donnée par un habile maître, à un jeune cheval destiné au manège, devient très utile, en donnant une grande justesse et un grand liant aux ressorts de l'animal, en lui faisant plier les articulations avec grâce et agilité, et lui apprenant à répartir proportionnellement le poids de son corps sur les jambes posant à terre, ce que j'appelle se rassembler. » Ce que dit M. de Bohan au sujet de l'embouchure est d'une justesse extrême et,
de plus, fort spirituellement présenté : « Si je ne considérais l'embouchure des chevaux que relativement à l'équitation, à
peine ce chapitre trouverait-il place ici, puisque la plus légère attention suffit pour donner au cheval un mors qui lui convienne. C'est ainsi, du moins, que l'homme de cheval envisage cette partie : il ne regarde la bride que comme un moyen secondaire; il rapproche les différences que l'on a multipliées à l'infini sur les formes et propor- tions de mors. C'est l'ignorance des écuyers qui a fait de l'éperonnerie un art de char- latanisme ; tout le monde veut monter, maîtriser et dresser des chevaux, et peu de gens ont fait un suffisant apprentissage de ce métier difficile... On s'adresse à un éperonnier pour trouver les moyens de mener un cheval
qu'une mauvaise assiette et une mauvaise main ont mis de travers et ont fait défendre; on encourage l'artiste mercenaire, on lui persuade aisément que son art est un art essentiel et profond : il faut bien que celui-ci, à son tour, prenne un air scientifique; il passe les doigts dans la bouche du cheval, palpe les lèvres, les barres, la langue; le voilà magicien, il parle beaucoup, vous dit des mots qu'il ne comprend certaine- ment pas lui-même; n'importe, il ajuste un mors; il vous ré- pond de son effet, et vous vous retirez content. Le cheval, étonné et intimidé de la nouvelle machine qu'on lui a mis clans la bou- che, paraît en effet plus obéissant, mais la victoire n'est pas longue..............................• |
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Costume de cheval à l'anglaise;
usa.
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« Ce n'est jamais par la force qu'il faut prétendre maîtriser
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EN L'AN VIII.
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LE CHIC A CHEVAL. 169
les chevaux, ses effets sont insuffisants; s'ils semblent réussir quelquefois, c'est tou-
jours en produisant d'extrêmes désordres et d'extrêmes dangers........... « Tous les poulains quelconques sont obéissants au bridon. C'est avec cet ajustement
que l'homme de cheval les accoutume au joug, et avec un, un peu plus fort, il déses- pérerait l'animal. » Sur ce sujet si intéressant, M. de Bohan ajoute encore :
« Ce n'est donc pas la pression sur les lèvres, ni sur les barres, qu'il faut augmenter,
mais il faut apaiser le cheval, l'assouplir; et, dans le dernier cas, surtout, réduire presque à rien l'effet des mains. » |
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Selle de poste; XVIII» siècle.
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Comment mieux résumer, et en moins de mots, la théorie de la main?
M. de Bohan continue ainsi :
« Ce sera assez clair pour ceux qui ont vu beaucoup de chevaux, parce qu'ils ont
rencontré souvent des hommes très vigoureux, employant toute la force dont ils étaient capables, emportés par des chevaux qu'un homme plus habile qu'eux menait avec la plus grande facilité, en ne se servant que d'un seul bridon. » Nous recommandons de méditer ce passage à ces cavaliers qui pensent que la vi-
gueur des biceps peut tenir lieu d'art et de pratique, et qui disent avec une naïve suf- fisance : « Oh! j'ai des bras, » La force de leurs poignets, il faut en effet qu'ils la déploient tout entière par défaut d'expérience, pour parvenir à arrêter leurs chevaux. Cela se voit surtout à la chasse. Il convient de faire remarquer ici que le passage en question n'a pas été écrit par
un « cavalcadour », un de ces vieux maîtres ne connaissant que le manège, mais par un homme qui ne préconisait que la grande ligne et l'allure franche, par un homme dont les idées étaient en avance d'un siècle sur celles de ses contemporains. CHIC A CHEVAL. 22*
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m\
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LE CHIC A CHEVAL.
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C'est pour ce motif que nous avons fait au livre de M. de Bohan d'assez amples
emprunts, et que nous y puisons encore les quelques extraits qui vont suivre : « Dans ce métier-ci, la théorie ne suffit pas; je l'ai déjà dit, et il est nécessaire de
le répéter, il faut pratiquer, et beaucoup voir. J'engage donc mon lecteur à se trans- porter souvent sur ces terrains où l'on pousse les chevaux à des courses rapides, où des escadrons font des simulacres de charges qui ressemblent si souvent à des simu- lacres de fuite, par le désordre qui y règne : c'est là où il verra les hommes les plus forts emportés par les plus petits chevaux, dont ils mettent pourtant la bouche en sang, etc. » On ne saurait mieux dire, assurément; et ces conseils, formulés il y a plus d'un siècle,
n'ont rien perdu de leur valeur. A ce propos, il nous semble que si l'on voulait composer un traité d'équitation re-
marquable par la science et par la saveur, un traité bien supérieur à ceux que peuvent écrire tels ou tels chefs d'école, il n'y aurait qu'à faire un choix judicieux dans les ou- vrages des anciens maîtres, qui, certes, ne se piquaient pas, eux, de littérature, mais qui écrivaient de ce qu'ils savaient bien pour y avoir consacré leur vie. Les idées contenues dans le passage qui suit sont pleines de justesse:
« La lenteur du progrès, dans tous les arts, doit être plus souvent imputée à la mé-
diocrité des maîtres qu'au manque de dispositions des écoliers; rien n'est si difficile que de bien monter; nul n'est trop savant pour cet emploi; voilà mon avis, d'après lequel on peut juger combien je blâme l'usage général où est la cavalerie d'abandonner le soin |
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de l'instruction à des sous-
rement qu'une grossière pour juger les défauts de pour s'énoncer d'une ma- muniquer leurs pensées sur en état d'exposer les prin- fond. » Les idées du général de
tes et les haras sont loin |
officiers qui n'ont ordinai-
routine, sont sans aptitude leurs élèves, et sans talent nière juste et précise, com- un art dont on n'est jamais cipes si on ne les possède à Bohan touchant les remon-
d'être banales. Elles attes- une grande compétence de que l'on remontât la cava-
Les arguments qu'il em- |
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tent un esprit supérieur,
la matière. M. de Bohan aurait voulu
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Jll o»v^w.i-vr =it Jie.iti.fcV-
1?5J |
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lerie en chevaux entiers,
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ploie pour soutenir sa manière de voir sont fort intéressants, et il termine ainsi son
plaidoyer : « Je paraîtrai peut-être extravagant, mais j'opinerai pour que la cavalerie soit montée
sur des chevaux entiers, qu'elle soit exercée tous les jours, qu'elle entreprenne des marches qne l'on appelle aujourd'hui marches forcées, et qu'on l'habitue à passer les |
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LE CHIC A CHEVAL.
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plus mauvais pas, et même à sauter et franchir les obstacles qui l'arrêtent actuellement.»
Je terminerai cette rapide analyse d'un ouvrage qui mérite d'être lu et relu, par
cette seule appréciation : qu'il est regrettable que de semblables livres ne soient pas non seulement classiques mais obligatoires dans la cavalerie, et que, dans les examens, leur connaissance ne soit pas exigée de préférence à celle de l'histoire des Gracques. On ne peut évidemment tout savoir; pourquoi s'obstiner à tirer de leur poussière des gens qui ne demandent qu'à y dormir en paix, alors que, quelquefois, on ignore des choses qui touchent de si près à notre métier. Pendant qu'en France les
hommes compétents récla- maient des réformes et deman- daient que la cavalerie fût sur- tout instruite en vue de la guerre, une réforme de ce genre s'était accomplie en Prusse. Grâce au génie et à l'é- nergie du grand Frédéric, cette puissance avait été dotée d'une cavalerie véritablement hors ligne. « C'est lui » , dit le capitaine
Picard, « qui fit faire à l'é- quitation militaire le plus grand pas, en voulant une cavalerie mobile, avec de la vitesse et du choc. Avec des cavaliers montant bien et ayant |
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beaucoup d'allant, il adopte
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Cavalier velu " à l'espagnole"; XVIII6 siècle.
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l'ordre mince, le combat à
l'arme blanche, ploie et déploie rapidement ses escadrons. L'équitation devenait plus
hardie, en même temps que la cavalerie devenait ce qu'elle est toujours, l'arme de vitesse. » Le grand Frédéric fut singulièrement aidé, clans l'accomplissement de son œuvre
de réorganisation, par Ziethen et Seydlitz, qui étaient à la fois des éducateurs éminents et de vaillants et habiles entraîneurs d'escadrons. Voici comment l'ami de Voltaire, le roi célébré par les philosophes, manifestait sa
mauvaise humeur lorsque les exercices qui s'accomplissaient sous ses yeux ne le satis- faisaient pas : « Je vais vous secouer le poil; il faut que cela change, ou nous ver- |
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112 LE CHIC A CHEVAL.
rons. » — « Pas de sang, pas de vie, pas d'ordre. Les bougres montent comme des
savetiers. Vous aurez affaire à moi. » Et il tenait parole. Le grand Frédéric avait du reste une idée fort élevée de la mission qui
incombe aux officiers de cavalerie. Il leur disait en effet : « Votre service est tel que je dois obtenir davantage d'un lieutenant de cavalerie que d'un major d'infan- terie. » Pendant la guerre de Sept ans, la cavalerie prussienne, qui comprenait admira-
blement le rôle qu'ont à remplir, en campagne, les troupes à cheval, se montra presque toujours supérieure à la cavalerie française. Ces échecs répétés firent comprendre, en France, qu'il importait de remédier au mal,
de renoncer à d'anciens et déplorables errements, que des réformes profondes étaient indispensables. Faire des réformes, étant donnée l'organisation de la cavalerie, où les capitaines
étaient encore propriétaires de leurs compagnies, c'était là une tâche bien difficile. On devait fatalement se heurter à une foule de mauvais vouloirs et de résistances intéressées. Il fallait, pour réussir, un homme doué à la fois d'une forte dose de courage et
d'habileté. Les talents et la fermeté nécessaire pour mener à bonne fin l'œuvre de réorganisation qu'il avait entreprise, le duc de Choiseul, ce ministre si éminent, les possédait. Il commença par décider que les compagnies ne seraient plus la propriété de leurs capitaines, mais que toutes les troupes seraient entretenues par le roi. C'était là une réforme capitale, qui devait bientôt porter ses fruits. La cavalerie, en effet, ne tarda pas à changer de face; et l'on peut dire que c'est en grande partie au duc de Choiseul, qu'elle dut la juste renommée qu'elle acquit depuis. De plus, le duc de Choiseul réorganisa les haras et encouragea, de tout son pouvoir, la création de nouveaux manèges et de nouvelles académies. C'est en 1776 que le sport des courses fit son apparition en France.
L'année suivante, il y eut, à Fontainebleau, une grande course à laquelle pri- rent part quarante chevaux. Elle fut suivie d'une autre course où figuraient quarante ânes. Patronnées par de grands seigneurs
comme le comte d'Artois, frère du roi, l'un des anglomanes les plus passionnés du temps, le duc de Chartres, le prince de Nassau, le prince de Guéméné, le marquis de Conflans, le duc de Fitz- James, ces courses ne tardèrent pas à obtenir une vogue extrême. |
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I.A RENCONTRE
1805.
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•173
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LE CHIC A CHEVAL, ^^^
La faveur dont jouissait ce sport, nouveau en France, était du reste loin de plaire
à ceux qui avaient à cœur de conserver les traditions de l'école française. c< L'anglomanie faisait des progrès rapides et soulevait de vives récriminations c
la part des écuyers aux méthodes classiques, qui voyaient leurs principes sévères de tenue et de correction battus en brèche par le laisser-aller des anglomanes. » |
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Selle orientale.
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Le manège de Versailles », dit le capitaine Picard,
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co
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ntinuait d'être le modèle
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académique
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«
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de l'équitation française, équitation classique s il en lui, l
pour en faire bénéficier l'armée. » avec beauC0up
L'auteur des : Origines de l'École de ^" °^ le chevalier d'Abzac,
de saveur, quelques anecdotes sur le marquis de la uib
deux des plus brillants écuyers de l'Académie de J*^^. d>Abzac sont restés
« Les noms de M. le marquis de la Bigne et de . & ^ ^ légendaires comme les plus parfaites expressions. de c»i^ ^ ^ ^^ destructeur
voulu s'incarner tout entière en eux, avant de s ^J ^ deux hommes de cheval
de l'ouragan révolutionnaire. En effet, la supériori e
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%sm
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1820
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174 LE CHIC A CHEVAL.
était si éclatante aux yeux de tous leurs contemporains, qu'ils n'ont pas osé se pro-
noncer sur la priorité de l'un ou de l'autre. Cependant, pour formuler une appréciation quelconque, ils ont dû recourir à un subterfuge, du reste assez ingénieux. Pour faire un écuyer qui n'a jamais existé, disait-on à cette époque, il faudrait les jambes de La Bigne et la main de d'Abzac. « Quanta M. de La Bigne, son nom restera attaché au souvenir d'un exploit que
nous allons rapporter. « 11 fit et gagna le pari de mettre une heure, sans quitter le galop un instant, à
se rendre de la porte de la grande écurie à la grille du château de Versailles, c'est- à dire, à traverser la place d'Armes, son cheval ayant pour toute embouchure un fil de soie passé dans la bouche! Ah! oui, il lui a fallu des jambes, mais il n'a pas dû manquer de main non plus. » Une chose certaine, c'est qu'un pareil cavalier n'aurait été aucunement embarrassé
de suivre, sur un terrain difficile, et sur le cheval anglais le plus vite, la chasse la plus rapidement menée. Reste à savoir, par contre, quelle aurait bien pu être l'atti- tude d'un chasseur de renard quelconque sur le cheval avec lequel M. de la Bigne gagna son pari. Mais l'anglomanie sévissait ferme sous le patronage du comte d'Artois. Du reste,
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Selle mauresque à lagenette; armeria de Madrid.
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la révolution approchait rapidement; toute élégance allait disparaître, détruite par
la médiocrité ou l'envie que toute supériorité blessait. Il ne fallait plus ni grand seigneur aux élégantes manières, ni écuyers au talent incontestable, à ces hallucinés |
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i
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Ï7S
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LE CHIC A CHEVAL.
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qui osaient dire en parlant de Lavoisier : « La nation n'a pas besoin de chimistes. »
Parmi les adversaires déclarés de l'anglomanie, dans laquelle on donnait en plein vers la fin de l'ancien régime, il convient encore de citer M. de Boisdeffre, l'un des écuyers les plus distingués de l'École militaire. Dans ses Principes de cavalerie, publiés en 1788, il prend vivement à partie les fanatiques de l'équitation anglaise. « La mode, cette reine fantasque qui gouverne avec d'autant plus d'empire qu'elle
se montre plus bizarre, a fait adopter sans discernement la manière de la méthode anglaise, par laquelle l'animal est mis dans une attitude déplorable à sa beauté et à la sûreté de sa marche, et où la position de l'homme est aussi ridicule que défec- tueuse. » M. Levaillant de Saint-Denis, qui écrivait en 1789, ne se montrait pas moins sévère
à l'égard des anglomanes. «■ Ne nous étions-nous pas déjà rendus assez ridicules, en suivant indistinctement
les modes et les costumes anglais, sans vouloir encore pousser la folie jusqu'à brider et seller nos chevaux comme cela se pratique en Angleterre; en un mot, à de- venir les singes des jockeys... Les Anglais, dont on vante les longues courses, mon- tent des chevaux d'excellentes races; ils n'épargnent rien pour avoir des montures de qualité supérieure; encore durent-elles bien peu sous eux, soit par la manière dont elles sont menées, soit faute d'avoir su les dresser et de leur avoir donné le temps de se fortifier; aussi voit-on souvent, en Angleterre, beaucoup de chevaux de quatre ans totalement usés, que l'on met dans les prés, et dont on nous revend la plu- part de ceux qui ont pu se remettre. » Qu'il y ait un peu d'exagération dans
cette manière de juger les Anglais, en tant qu'hommes de cheval, nous ne saurions le contester; mais, pour nous, le fond en |
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>• Max-Eumanuel.
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reste vrai.
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Selle orientale prise à Belgrade pat
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Cependant, je ne veux pas passer pour
un détracteur systématique des Anglais; je reconnais, en effet, qu'ils ont eu le mérite insigne d'avoir su faire une race de chevaux hors de pair. La passion du che- val, si je puis m'exprimer ainsi, est plus répandue chez eux qu'en France; et je n hesi e |
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LE CHIC A CHEVAL.
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pas à dire que nous aurions tout avantage à étudier de plus près la façon dont ils
soignent les chevaux. Ces concessions faites, je me hâte d'ajouter que nos officiers montent beaucoup mieux
que les officiers anglais et que les sportmen les plus distingués de la Grande-Bretagne. Quant au coup d'œil que présente la cavalerie anglaise, il est admirable, nous
n'hésitons pas à le reconnaître ; mais si le revenu des officiers français égalait celui des officiers anglais, si le budget du cavalier était aussi élevé en France qu'en Angle- terre, la réputation de supériorité de la cavalerie anglaise ne serait bientôt qu'un souvenir. Notre historique de ce que fut l'équitation en France, au dix-huitième siècle, serait
incomplet si nous n'y tracions une rapide esquisse de l'organisation de ce qu'on a appelé, jusqu'à la Révolution, les Écuries du roi. Ces écuries comprenaient, la grande écurie et la petite écurie ; la première contenant les chevaux de selle, de manège, de chasse et de guerre ; la seconde, les chevaux de carrosse. Le grand écuyer, M. le Grand, était le chef supérieur et le maître absolu des écuries.
De plus, nulle académie privée ne se pouvait établir sans sa permission. Il avait sous ses ordres : un intendant, un trésorier, deux pages d'armes et généalogistes, huit four- riers , douze chevaucheurs, douze hérauts, deux poursuivants d'armes, trois porte- épée de parement, deux porte-manteau, deux porte-caban, deux médecins, quatre chirurgiens, deux apothicaires, des gardes-malades, gardes-meubles, lavancliers, portiers, drapiers, passementiers, merciers, tailleurs, selliers, éperonniers, char- rons, bourreliers, brodeurs, menuisiers, trompettes, joueurs de violon, hatdbois, sa- queboutes, cornets, musettes de poiron, joueur de fifre, tambours, cromornes et trompettes marines, un ambleur et conducteur de chariot; notons encore des maî- tres : en fait d'armes, des maîtres des exercices de guerre, des maîtres à danser, des maîtres de mathématiques, des maîtres à écrire, à dessiner, à voltiger. Il y avait aussi : un argentier proviseur, un écuyer commandant, quatre écuyers
pour le manège, un écuyer ordinaire et un cavalcadour, quatre ou cinq écuyers or- dinaires sans fonctions, quarante pages, un gouverneur, deux sous-gouverneurs, un précepteur, un aumônier, huit premiers valets des pages, quatorze palefreniers, quatre maréchaux, un arroseur de manège, un concierge, quarante-deux grands valets de pied. Ce personnel du haras royal comprenait : un écuyer capitaine du haras, six gardes
du haras, deux maréchaux, deux pages; déplus, un médecin, un chirurgien, un apothicaire, un taulpier, étaient attachés à ce haras. Pour le service spécial de la petite écurie, on comptait un écuyer de main ordinaire
et vingt écuyers de quartier, un écuyer ordinaire commandant la petite écurie, et deux autres écuyers ordinaires; vingt pages, un argentier proviseur, un gouverneur, un précepteur, un aumônier et seize petits valets de pied. |
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PAYSANNE DES ENVIRONS DE CAEN, CT DU SIÈCLE;
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LE CHIC A
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CHEVAL.
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On comprend combien un pareil luxe, bien digne de la vieille Maison de France et
admirablement organisé pour augmenter le prestige de la royauté, devait exciter la haine et l'envie des philosophes. Parmi les grands seigneurs qui, au dix-huitième siècle, occupèrent avec le plus d'é-
clat les hautes fonctions de grand écuyeret de chef des écuries royales, qui formaient une seule charge, une place à part doit être faite au prince de Lambesc, l'un des princes lorrains qui vinrent s'établir en France à la suite du mariage de Marie-Antoinette d'Autriche avec le Dauphin (Louis XVI). On trouvera dans la citation qui suit d'intéressants détails sur le prince de Lambesc.
« Dans notre pays, à toutes les époques, il y a toujours eu de grands personnages que
l'on a pris pour modèle de ton, de manière et de mise. Dans le beau temps de l'équi- tation, personne n'était plus recherché que le prince de Lambesc, dans sa tenue de ma- nège; il passait pour le cavalier de France le mieux botté à l'écuyère, genre de bottes le plus convenable pour monter à cheval. Tout le monde équestre voulait être botté et éperonné comme M. le Grand Écuyer, qui était un des plus beaux officiers de la cour, et qui savait relever le costume très simple qu'il avait adopté. « Le prince de Lambesc excellait dans l'art de l'équitation; il était grand écuyer de
France, très proche parent de la reine, très bel homme, et, conséquemment, en posi- tion de donner le genre dans le monde élégant : on n'était pas encore dans l'usage de copier la mise, la tournure des jockeys de l'Angleterre. « Quelques écuyers faisaient un mouvement qui était assez gracieux quand il n'était
pas Irop grand ; c'était d'ouvrir un peu le bas de la jambe à chaque temps de galop où le cheval retombe sur le sol; le cavalier saissisait ce moment pour baisser les talons, se grandissant du haut du corps en se liant au mouvement du cheval; quand ce temps était pris juste, les jambes du cavalier faisaient, en petit, le mouvement de celles du du nageur; mais il ne fallait pas l'outrer, car il serait devenu ridicule. On appelait cela le temps d'étriers du prince de Lambesc. » Nous emprunterons encore au même ou- vrage la citation d'une vieille coutume des manèges français : « Il y avait toujours des paquets de gaules à la disposition des élèves; ces derniers
payaient une légère rétribution pour cet objet, qui regardait uniquement les palefre- niers chargés de préparer et de fournir ces gaules. Il était d'usage, quand une per- sonne de distinction visitait un manège et les écuries qui en dépendaient, que l'écuyer lui présentât une gaule, bien que cette personne ne dût point y monter à cheval; et comme dans ce temps, les rois, les princes et les princesses avaient généralement le goût de l'équitation, ils ne passaient jamais dans une ville française ou étrangère sans en visiter le manège. On conçoit que c'était peu, pour de tels visiteurs, de laisser vingt-cinq louis aux palefreniers pour les gaules. » Mais il nous faut dire adieu pour jamais à cette brillante société française qui va dis-
paraître pour toujours. La guillotine physique et morale va saper toutes les élégances, CHIC A CHEVAL. 23
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LE CHIC A CHEVAL.
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et, comme l'a dit Musset, ce qui survivra au monde va prendre le deuil et se vêtir de
noir, autre victoire de la médiocrité sur le goût. La mode anglaise restera maîtresse de la France et, après la brillante épopée napoléonienne, chassera de l'armée le vieil ha- bit « à la française » qui avait vu Fontenoy etiéna; on donnera aux soldats la redingote sous le nom de tunique, en attendant qu'on lui inflige le veston sous le nom de clolman. |
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Hottes de la fin du XVIJI" siècle.
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CHAPITRE XIV
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IA RÉVOLUTION, LE PREMIER EMPIRE.
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a cavalerie eut beaucoup moins à souffrir que l'infanterie
des secousses de la révolution. Cette arme aristocratique devait cependant lui inspirer plus de méfiance. Mais la difficulté, l'impossibilité même d'improviser rapidement des troupes à cheval retinrent les soupçons des plus fa- rouches conventionnels. En effet, pour maintenir une ca- valerie en bon état, il faut non seulement des chevaux dressés, des cavaliers habitués à les monter en maniant ,leurs armes, soignant et faisant vivre leurs bêtes, les ani- mant et s'identifiant en quelque sorte à leur existence, mais aussi des chefs qui possè- dent au plus haut degré l'expérience et l'amour des détails de leur métier. » (Jules Richard, Histoire de l'armée française, illustrée par Edouard Détaille.) Voilà qui est parfaitement dit, mais si la cavalerie garda un tant soit peu de cohésion
et put encore faire son service, elle le dut à ce qu'un grand nombre de nobles ou de royalistes s'y réfugièrent sous des noms d'emprunt. Quant à l'équitation, elle subit une telle éclipse, elle tomba dans une telle décadence, que, lorsque le calme com- mença à se rétablir, on constata que tout était à refaire. Nous avons vu qu'avant le commencement des troubles, le manège de Versailles bril-
lait d'un très vif éclat. Ce manège possédait, au moment même où les exigences de la politique empêchaient d'y consacrer les soins nécessaires : « outre les deux cents che- vaux entiers espagnols, napolitains, navarrins, etc., qui étaient le fonds du manège permanent de Versailles, environ cinq cents hongres, tant anglais que normands et |
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LE CHIC A CHEVAL.
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limousins, etc., que l'on dressait tous les ans au manège pour les autres services de la
maison du roi; une grande quantité de sauteurs de piliers en liberté; et, enfin, des che- vaux de haute école, au rang particulier des écuyers. Les piqueurs cle manège, qui étaient généralement des gens de mérite, dressaient les jeunes chevaux et rectifiaient les chevaux de manège qui avaient été dérangés par les clercs. » Lorsque la tourmente révolutionnaire sera passée, c'est à ces piqueurs que l'on aura
recours pour reconstituer une nouvelle école d'équitation. |
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L'abandon de Versailles
le manque d'énergie de- malheurs , fut naturelle- cette brillante école, qui est comme le plus parfait mo- bonne tenue à cheval, et de L'anglomanie n'y pénétra çais et bien français tant me manières; et les che- « puissants dans les hanches ont joui d'une réputation |
par le roi Louis XVI, dont
vait être la cause de tant de ment l'arrêt de mort de restée dans la tradition dèle de l'élégance, de la l'accord parfait des aides, jamais, tout y resta fran- comme principes que com- vaux dressés à cette école, et galants dans la bouche », méritée. mença à reconnaître que
des choses dans les institu- |
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A l'époque où l'on com-
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Selle anglaise du commencement du siècle.
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l'on aurait dû épargner bien
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tions et dans les coutumes à l'égard desquelles on s'était montré si impitoyable, c'est
avec les débris de l'École de Versailles, peu auparavant si brillante, que les hommes nouveaux s'efforcèrent d'établir, en 1796, une école nationale d'équitation. Cette école eut le mérite de sauver ce qui pouvait être sauvé alors, de renouer la chaîne de la tra- dition. Ses principaux écuyers furent Coupé, Jardin, Gervais, Cordier, Rousselet et « quel-
ques autres, débris du manège de Versailles; la plupart anciens piqueurs des Écuries du Roi, élèves de d'Abzac ». Mais, depuis le début de la période révolutionnaire, surtout depuis le commencement
de l'émigration, l'équitation avait été presque complètement délaissée, car les profes- seurs manquaient. Le trouble et la désorganisation étaient partout. Quant aux livres sur l'équitation, à peine est-il besoin de dire qu'on n'en vit point
paraître pendant la Révolution. Ces ouvrages, on le comprend, n'auraient pas trouvé de lecteurs; ils ne convenaient pas à des temps aussi troublés, aussi tragiques. Nous venons de dire que la période révolutionnaire fut complètement stérile en ce qui
concerne la littérature hippique. C'est là une exagération, car c'est en l'an VII, par consé- quent vers la fin de la Révolution, que le citoyen Charles Thiroux publia un volume sur l'équitation. Ce volume mérite une mention toute particulière.
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OFFICIER DES CHEVAU-LEGERS LANCIERS;
1813. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Mais il est indispensable, pour éclairer ce qui va suivre,
de faire observer que ce facétieux écrivain avait, avant la Ré- volution, sollicité et obtenu du prince de Lambesc l'auto- risation d'ouvrir un manège aux Madelonnettes ; et qu'ayant manqué à des engagements formels, contractés avec le grand écuyer, son établissement avait été fermé, « ce qui rendit le directeur très partisan des doctrines révolution- naires; aussi devons-nous à cette circonstance un ouvrage d'équitation fort divertissant. L'auteur annonce partout l'intention bien formelle d'instruire avec plus de soin le domestique que le maître. « J'écris pour tous de peur d'être confondu avec l'infâme Pluvinel, qui osait se glorifier d'avoir mis un jeune tyran à cheval. » Partisan bien déterminé des idées de violence qui avaient
cours alors, Charles Thiroux approuve hautement les actes de vandalisme dont avaient été l'objet les statues des an- ciens souverains du pays. Cette guerre aux statues lui paraît on ne peut plus légitime. Notons cependant une circonstance atténuante en faveur de Thiroux : il ne peut s'empêcher de regretter le cheval de Louis XIII, victime, comme ceux de Lyon, de la fureur populaire. On sait que la statue équestre de Louis XIII décorait la
place Royale. |
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France ; coiffures de la cavalerie lé-
gère; 1789-1830. |
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Les opinions hippiques de Charles Thiroux ne sont pas
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moins curieuses que ses principes politiques.
Il veut, par exemple, métamorphoser chaque écurie en un petit haras; composer
chaque attelage d'un cheval et d'une jument, qui travailleront dans un état de mariage aussi heureux que moral. L'idée n'est-elle pas plaisante?
Voici maintenant, d'après Charles Thiroux, quelle est la position la plus solide et la
plus élégante pour le cavalier : «... Le ventre gonflé, le bas des reins creusé, ceinture |
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182 LE CHIC A CHEVAL.
et hanches en avant, croupion posé sur la selle...... ayant tous les cercles de devant du
corps le plus ouverts qu'il peut, ce qui lui fait prendre la tournure d'un S. »
Impossible, n'est-ce pas, d'imaginer une position plus simple et plus conforme à la
nature. L'infâme Pluvinel n'aurait sûrement pas imaginé pareille chose. Du reste, tout le traité de Charles Thiroux est rempli d'une phraséologie prétentieuse, de laquelle il se dégage peu d'idées pratiques, mais qui atteste que l'auteur est un excellent patriote! Franchement, le moindre écuyer ferait bien mieux notre affaire; mais on sait que dans ces temps singuliers, le brevet de civisme tenait lieu de toute capacité. Notons, en passant, que Thiroux se piquait d'être expert en étymologies. Il veut bien,
par exemple, nous expliquer l'origine du mot chambrière. Cette explication, nous ne saurions résister au désir de la citer; c'est une perle, en effet : « Que de donneurs de leçons d'équitation, qui ne savent pas pourquoi l'on appelle une chambrière, le fouet avec lequel ils se pavanent au milieu de leurs élèves! Sauvons-leur l'embarras de la réponse. Si l'on se rappelle que les fonctions d'une fille, rangeant les meubles autour d'une chambre, lui ont fait donner le nom de chambrière, on sentira la justesse de l'application du même nom à l'instrument qui sert, au manège, à ranger, bon gré mal gré, dans la piste qui règne le long des murs, des chevaux... etc. » Bravo! excellent Thiroux! voilà, en effet, qui est d'une grande importance en fait
d'équitation. Et que l'on goûte la simplicité des définitions par cet exemple : « Le cheval marche au pas d'école, toutes les fois que son éducation achevée sert à
faire connaître aux élèves ce que c'est que le travail du manège ; et le cheval est au pas rassemblé, lorsque c'est l'écuyer qui donne cette première leçon du travail; ainsi le pas d'école a lieu quand le cheval en sait plus que le cavalier, et la même erre {sic) devient le pas rassemblé si c'est le cheval qui apprend à travailler, dessous un cavalier qui en sait plus que lui. » C'est simple et clair, n'est-ce pas? Les autres définitions de Thiroux valent, à peu près toutes, celle qui précède, et c'est
bien le cas de dire : Ab uno disce omnes. Nous nous abstiendrons donc de faire de plus amples
emprunts à l'étrange ouvrage de cet écuyer; et, pour qu'on ne nous accuse pas d'une sévérité outrée à son égard, ni d'un parti pris de dédain et de dénigrement, nous reproduirons le jugement qui a été porté sur Thi- roux par un de nos hommes de cheval les plus autorisés. « En résumé, Thiroux, malgré son gros livre, ses grandes phrases et ses belles prouesses, n'a fait faire aucun progrès à l'équitation ; son style prétentieux a certainement contribué à en embrouiller les plus sim- Cavalier de la garde impériale -
en petite tenue. pleS principes. »
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LE CHIC A GHEVjAL.
Enfin voici venir la fin de ces tristes temps où il n'y a
rien à glaner dans aucun art. Napoléon le Grand, d'abord consul puis empereur, va reconstituer la société française. Sa main puissante va faire rentrer dans l'ombre les inca- pables qui avaient géré les affaires de la France pendant le Directoire. Dès lors, le règne des bavards et des dis- coureurs sera fini et bien fini désormais, plus de phrases creuses et prétentieuses, plus de discussions stériles, mais des actes. Il ne nous appartient naturellement pas de raconter
ici l'admirable épopée des guerres du Consulat et de l'Empire, de suivre le demi-dieu entrant en vainqueur dans toutes les capitales de l'Europe; nous ne parlerons que des mesures qu'il prit pour faire renaître l'équitation. Un de ses premiers soins fut de décider que sa maison
et ses équipages seraient organisés à la française; et il voulut qu'il en fût de même « pour ses ministres, et les officiers supérieurs de son état-major ». C'était là une me- sure en complète opposition avec la mode du moment, car sous le Directoire et même sous le Consulat l'anglomanie avait été poussée jusqu'au dernier ridicule. « Il y avait beaucoup d'anglomanes à Paris, qui n'avaient jamais mis le pied en Angleterre, mais qui donnaient le genre an- glais. » C'est de cette époque que M. M. de Goncourt a dit : « Autour des hommasses, dulcinées garrottées sur leurs selles avec de fortes sangles et de bonnes courroies de cuir de Hongrie, les anglo- cavalcadours paradent à cheval, écuyers improvisés plus heureux qu'ha- biles, se criant de l'un à l'autre « Weri-woel » (sic). Le Weri-woel est le salut du jour. » Le grand homme devait faire prompte exécution de tous ces ridi-
cules et envoyer à l'armée bon nombre de ces jeunes gens à la mode, de ces « incroyables », où, du reste, ils se conduisirent fort bien. L'empereur prit pour piqueur M. Jardin, ancien piqueur du
manège de Versailles; il l'autorisa à rendre le manège des Tuile- ries, ancien manège des pages d'Orléans, à sa première destina- tion. Il encouragea tous les écuyers qui avaient gardé les saines
traditions de l'école française : les Coupé, les Jardin, les Pel- lier, les frères Le Roux, les Aubert, les Chapelle, etc., etc. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Une anecdote montrera, du reste, quelle importance l'empereur attachait àl'équitation.
On sait qu'il avait fait construire, à Saint-Cloud, un manège sur le plan de celui des Tuileries, mais arrondi aux extrémités. Ce manège était destiné à l'institution de ses pages. Un jour l'Empereur, qui assistait à une reprise, fait appeler M. Jardin qui donnait la leçon et lui ordonna de porter de sa part un billet à M. Estève, trésorier de sa maison. Ce billet contenait un ordre de payer à M. Jardin une gratification de 30,000 francs. Qu'aurait dit l'intègre Thiroux? il aurait probablement empoché sans façon, lui aussi, les 30,000 francs du tyran. En 1803, parut un ouvage destiné à servir de manuel pour les troupes à cheval.
C'est F « École du cavalier à pied, jjar demandes et réponses, pour servir d'in-
troduction à l'instruction détaillée concernant les manœuvres de cavalerie, mises en pratique à l'école de Versailles. » L'année 1803 vit également paraître un autre ouvrage d'équitation militaire,
1'« École d'escadron par demandes et par réponses, basée sur l'ordonnance de 1788... mise en pratique à l'Ecole d'instruction des troupes à cheval établie à Versailles, par le citoyen Cordier, officier au 19e régiment de chasseurs à cheval, élève de l'École d'instruction. » L'auteur, le citoyen Cordier, était le même qui devait, par la suite, diriger si ha-
bilement le manège de Saumur. Nous avons dit plus haut que l'Empereur avait affecté le manège de Saint-Cloud à
l'instruction de ses pages. Napoléon, en effet, avait rétabli cette institution de la mo- narchie : trente-quatre jeunes gens, appartenant aux meilleures familles de France ou des pays conquis, formaient cette école, placée sous l'autorité du grand-écuyer et la direction d'un gouverneur et de deux sous-gouverneurs — l'un officier général, l'autre ecclésiastique — auxquels étaient adjoints dix professeurs et quatre répétiteurs. Ces pages étaient destinés à devenir officiers; et ils ont fourni plusieurs officiers gé- néraux. C'était un page qui, en campagne, portait la lunette de l'empereur. Notons encore qu'à son avènement au trône Napoléon avait admis clans ses écuries
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ce qui restait des piqueurs de
En 1806, Napoléon réorga-
décret, il créa deux écoles d'ex- « Ainsi, » dit l'auteur —
du premier coup d'œil, Napo- qué tous ceux qui avaient ad- époque. La création de deux tête, à l'article premier de son rait. Il mettait le savoir en partout, par ce moyen il était |
Louis XVI.
nisa les haras; et, par le même
périence.
Des origines de la cavalerie ».
léon vit par où avaient man-
ministré les haras avant son
écoles spéciales marchait en
décret. C'était ainsi qu'il opé-
première ligne toujours et
assuré du succès; il ne lui
qu'en cette matière comme en
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Bride de compagnie légère ,
premier Empire. |
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avait jamais failli. » On voit
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LE PANTALON A LA COSAQUE;
1817. |
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LE CHIC A CHU VAL.
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presque toutes les autres, le génie du grand empereur dominait le passé et le présent.
Napoléon, du reste, savait tirer un profit pratique de ses victoires; il usait large- ment, par exemple, des ressources en chevaux des pays conquis pour remonter sa cavalerie. C'est ainsi qu'en 1806 les dragons de la garde impériale furent remontés en entier,
à Postdam, et que les cavaleries autrichienne,
prussienne, hanovrienne, hessoise, sarde et espa- gnole cédèrent, à plusieurs reprises, leurs che- vaux à nos régiments victorieux. Jusqu'en 1809, l'École militaire établie par
l'empereur à Fontainebleau, puis transférée à Saint-Cyr, avait fourni des sous-lieutenants à la cavalerie. A cette époque, au milieu des préparatifs d'une
campagne contre l'Autriche, l'empereur décida la fondation d'une école spéciale de cavalerie, fondation qu'il avait en vue depuis l'année pré- cédente. En conséquence, le 8 mars 1809, l'École de
Versailles fut supprimée et une école spéciale de cavalerie créée à Saint-Germain. Cette école ne |
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CHIC A CHEVAL.
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LE CHIC A CHEVAL.
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recevait que des élèves pensionnaires, de l'âge de seize ans,
et payant 2,400 francs de pension. Le colonel du génie, M. de Montfort, procéda aux travaux nécessaires pour approprier à sa nouvelle destination le château de Saint-Germain, désert depuis l'époque où il avait servi d'asile à Jacques II. Le colonel de Mont- fort avait estimé les dépenses à faire à 160,000 francs. L'em- pereur, dont les projets, lorsqu'il les reconnaissait utiles au pays, ne s'éternisaient pas dans les commissions, sous-commis- sions, comités, sous-comités, etc., etc., pour en sortir méconnais- |
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Bottes d'officier] de cavalerie
légère ; premier Empire. |
sables ou inopportuns, accorda 30,000 francs, et mit à la dispo-
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sition du génie tous les terrains appartenant à l'État; puis il
partit pour se rendre sur le Danube. C'est de Schœnbriinn, le 17 mai 1809, quatre jours après l'occupation de Vienne, qu'est
daté le décret qui donna à l'École de Saint-Germain son organisation définitive. « Le soin que l'empereur prit, lui-même, de régler tous ces détails, malgré la préoc-
cupation de la gigantesque campagne qui devait aboutir au coup de foudre de Wagram, indique l'importance qu'il attachait à cette institution, l'espoir qu'il fondait sur elle, et la mesure des services qu'il attendait de sa cavalerie, pendant la guerre, puisqu'il voulait tirer tous les ans de Saint-Germain 150 sous-lieutenants, le double environ de ce que fournit aujourd'hui à cette arme l'Ecole spéciale militaire. Un séjour de trois ou de quatre années dans une telle école attestait, en outre, la volonté d'incul- quer à ces jeunes officiers l'instruction la plus solide; et le chiffre élevé de la pension, celle de ne les puiser qu'au sein des familles opulentes de l'Empire, et, parce moyen, assurer leur bonne composition. » Dans une lettre du 11 décembre 1809, adressée par le ministre de la guerre au commandant de l'école, et relative au choix des élèves, le ministre insiste sur ce point « que la fortune est nécessaire pour servir dans les trou- pes à cheval ». Le grand empereur dut être pleinement satisfait, lorsqu'il vit avec quel empres-
sement toutes les grandes familles de la France, de l'Italie, de la Belgique et de la Hollande répondaient à son appel. Les listes d'admission contiennent nombre de noms illustres, et il en sera toujours ainsi. En effet, quoi qu'on fasse, quoi qu'on déclame, la cavalerie a été, est et sera l'arme de l'aristocratie, et il faudra en passer par là tant qu'on voudra garder à cette arme ses qualités les plus importantes, l'entrain, le savoir équestre et le brillant que donne non seulement l'instruction, mais surtout l'éducation et les sentiments de gentilhommerie inhérents à certaines classes de la société. L'uniforme des élèves de l'École de Saint-Germain était, du reste, parfaitement choisi
pour inspirer aux jeunes gens le désir de le porter. Voici quel était cet uniforme : casque de dragon, habit vert, liséré de blanc et doublé de rouge, culotte de peau |
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LE CHIC A CHEVAL.
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blanche et bottes à l'écuyère; et, à pied, culotte verte et guêtres noires. Combien cette
tenue était plus élégante que l'horrible et incommode pantalon de cheval basané et la tunique à longs pans dont on nous affublait à Saumur, il y a quelques années! C'est qu'à cette époque où, pourtant, on ne songeait pas qu'à la parade, on ne voyait pas des escadrons traverser les villes en bourgeron,
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pour aller à la manœuvre; on manœuvrait et on se
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battait en grande tenue, plumet au vent. Ajoutons,
ce qui a son imporlance, que l'effectif moyen de la cavalerie s'élevait alors à quatre-vingt-quatorze régiments ! Pour en revenir à l'École de Saint-Germain, école
qui fournit à l'armée bon nombre de très remar- quables officiers de cavalerie, disons que sa-vogue, tout d'abord très grande, finit par décliner sensi- blement, et cela pour des causes d'organisation in- térieure. Aussi, le 3 avril 1812, l'empereur adressa au ministre une lettre de reproches dans laquelle il disait entre autres choses : « Monsieur le duc de Feltre, il me revient toutes
sortes de plaintes sur l'École de Saint-Germain..... |
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Cette école ne rem-
plit pas mon attente. Elle est destinée à re- cevoir les enfants des familles les plus riches de France, et on les en éloigne, etc. » |
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188 LE CH1G A CHEVAL.
Le 14 avril, l'empereur arrivait à l'école sans s'être fait
annoncer. Sa visite fut loin de le satisfaire, bien que les élèves eussent fait de leur mieux. « Ils manœuvrèrent avec cet amour-propre qui se développe d'une façon in- croyable dans notre milieu militaire, sous le regard d'un personnage illustre, électrise les cœurs et conduit à la perfection par l'accord des volontés », dit le capitaine Pi- card, qui raconte dans tous ses détails cette visite impé- riale. L'empereur ordonna d'importants changements dans
l'économie intérieure de l'école, qui, sous le commande- seiu de posmion. ment du général de Maupoint, changea complètement d'aspect, et entra dans une ère nouvelle de prospérité.
Mais cette période de prospérité n'était pas destinée à durer longtemps. En effet, l'horizon s'était subitement assombri en 1812. Après les grandes victoires, étaient venus les grands revers. Bien que nous eussions été vainqueurs des Russes dans presque toutes les rencontres, la campagne entreprise contre eux s'était terminée par un immense désastre. Cette campagne fut particulièrement funeste à notre cavalerie : des nombreux et bril-
lants escadrons qui avaient franchi le Niémen, il ne revint que des débris. « Quel magnifique spectacle que celui de cette cavalerie européenne, resplendissante
d'or et d'acier, aux rayons d'un soleil du mois de juin, étalant ses lignes sur les flancs des coteaux du Niémen, et brillante d'ardeur et d'audace. Quels amers souvenirs que ceux de ces vaines manœuvres qui l'ont épuisée, contre des Cosaques jusqu'alors si dé- daignés et qui ont plus fait pour le salut de la Russie que les autres armées de cet em- |
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pire; chaque jour on les
sur une ligne immense, agiles venaient nous bra- on se formait, on marchait ment d'être atteinte, dispa- montrait plus que des bou- heure après, lorsque nos manger, l'attaque recom- se développait de nouveau; manœuvres qui avaient le que la plus belle et la plus puisa et se consuma devant |
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voyait à l'horizon, étendus
tandis que leurs éclaireurs ver jusque dans nos rangs; à cette ligne, qui au mo- raissait; et l'horizon ne leauxet des pins; mais une chevaux commençaient à mençait, et une ligne noire on renouvelait les mêmes même résultat. C'est ainsi valeureuse cavalerie s'é- des hommes qu'elle jugeait |
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Brida de Cosaque.
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indignes de sa valeur, et qui cependant suffirent pour sauver l'empire dont ils sont les vrais
soutiens et les seuls libérateurs. » — (L'Armée selon la Charte, parle comte Morand.) |
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1834.
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LE CHIC A CHEVAL.
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La fortune nous avait abandonnés en 1812, elle nous fut encore contraire en 1813.11
en fut de même l'année suivante malgré l'immortelle campagne de 1814. La France fut envahie. Obligé de tenir tête à d'innombrables adversaires, trahi ou mal secondé par plusieurs de ceux qu'il avait comblés de faveur, et qui avaient assez de la guerre, le grand homme qui avait conduit nos armées à de si prodigieux triomphes, fut contraint de descendre du pouvoir. L'École de Saint-Germain avait ressenti le contre-coup de ces funestes événements.
En 1814 on ne put lui consacrer que de faibles sommes, car les fonds manquaient. Après la chute de Napoléon, elle fut supprimée, et ses élèves réunis à ceux de l'École de Saint-Cyr. Le premier élève de l'École de Saint-Germain promu sous-lieutenant avait été M. de
Clermont-Tonnerre, nommé au 13e de cuirassiers, le 20 juin 1810. La dernière promo- tion fut celle de M. de Saint-Firmin, à la date du 14 juillet 1814. |
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CHAPITRE XV
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LA RESTAURATION, LOUIS-PHILIPPE.
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près les tristes événements de
1814 et de 1815, nous allons peu à peu voir renaître en France le goût de l'équitation, dont on n'avait guère eu le loi- sir de se préoccuper pendant les dernières années de l'Em- pire troublées par des guerres incessantes et par deux inva- sions. « Les cavaliers appre- naient à monter à cheval sou- vent entre deux étapes. » Le 23 décembre 1814, le ma-
réchal Soult établit à Saumur, dans l'ancien quartier occupé jadis par les carabiniers, dont le manège avait acquis une notoriété méritée, l'École d'instruction des troupes à cheval. Le général Lévesque de la Ferrière, glorieux débris de l'époque impériale, en eut le commandement. Deux hommes de grande valeur, tous deux, mais ayant des principes opposés, furent
mis à la tête des manèges de l'école. Quant aux profondes divergences de vues qui divisaient ces hommes éminents, voici en quoi elles consistaient : M. le marquis Du- croc de Chabannes, élève de d'Auvergne et de l'École militaire, condisciple de Bohan, voulait restreindre l'instruction équestre à l'équitation purement militaire; le second professeur, M. Cordier, élève de l'École de Versailles, était partisan de l'équi- |
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LE CHIC A CHEVAL.
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tation académique et s'appuyait sur les principes de Montfaucon de Rogles, partant
sur ceux de la Guérinière. M. Cordier l'emporta sur son collègue, dont le mérite était, du reste, aussi incontes-
table que le sien. Et, quoi qu'on en ait dit, ce fut peut-être un grand bien que cette vic- toire des vieilles traditions; ce fut elle, sans nul doute, qui prépara l'alliance féconde, alliance si longtemps cherchée, des vieux principes, appliqués avec justesse et ayant la |
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force des traditions,
moderne, large et en vée, par une certaine nés méthodes, des exa- quelles donnaient les homme de cheval en M. Cordier resta donc
de Saumur. Son nom à côté de celui de toutes L'école fut, dès lors,
chose près, comme elle de cette époque que date |
avec l'équitation toute
dehors; mais préser- fusion avec les ancien- gérations dans les- anglomanes et tous les général. directeur de manège
y brille en lettres d'or les célébrités équestres, organisée, à peu de l'est actuellement. C'est le costume, resté légen- |
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Jeune sportman, 1833.
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cole : l'habit veste, la
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daire, des élèves de l'é-
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culotte, les bottes et le petit chapeau lampion, dernier reste de l'ancien costume fran-
çais, costume simple, sévère et élégant s'il en fut. Nous ne saurions trop regretter que ce costume ait été modifié dans ces dernières
années; qu'au chapeau lampion on ait substitué le shako, cette coiffure si disgracieuse et si peu commode, et qu'on ait remplacé l'habit par l'inévitable dolman-veston, en at- tendant probablement la sainte blouse ! D'un autre côté, le manège de Versailles avait été rétabli, et sa direction confiée à
un écuyer éminent, M. le chevalier d'Abzac. Cet homme de cheval de haut mérite fit briller d'un nouveau lustre cette école, dont la réputation avait été si considérable. Il la dirigea avec un grand savoir et une inébranlable fermeté. Il fut secondé dans sa tâ- che par des écuyers de premier ordre, tels que le vicomte d'Aure, le vicomte O'Hegerty, MM. de Vandière, de Millange, de Cubières, etc., etc.. L'École de Versailles redevint le sanctuaire des traditions, de l'élégance, de .la bonne
tenue. Les chevaux anglais y tinrent la place qui était due à leurs grandes qualités, mais l'équitation resta française. Son vieux et illustre directeur donna, lui-même, tou- jours l'exemple, veillant à ce que chaque écuyer montât à cheval tous les jours. Il payait du reste d'exemple, car il monta régulièrement ses chevaux jusqu'à ce que la mort l'enlevât à son œuvre de régénération de l'école française. 11 mourut à l'âge de quatre-vingt-huit ans. Son rival en célébrité, le marquis de la Bigne, dont nous avons parlé précédemment,
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LE TROT A L'ANGLAISE; 1835.
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I
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LE CHIC A CHEVAL.
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mourut à quatre-vingt-dix ans. Il avait monté deux chevaux le jour où il rendit le
dernier soupir. Le marquis de la Bigne avait servi pendant trente-six ans dans la mai- son du roi. En 1821, l'École des pages avait été également reconstituée. Cette école dépendait de
celle de Versailles. Le vicomte O'Hegerty était le chef du manège. Les pages ont laissé le renom d'excellents cavaliers, et ont fourni à l'armée des officiers très remarquables. En 1822, une conspiration, dont le général Berton était l'instigateur, éclata à Sau- mur. A la suite de cette conspiration, l'école est licenciée, et un régiment de carabi- niers, tout dévoué aux Bourbons, vient tenir garnison dans les bâtiments de l'école. Les effets de la suppression de l'École de Saumur ne tardèrent pas à se faire sentir; et, pour y remédier, une ordonnance du 5 novembre 1823 créa à Versailles une école d'application de cavalerie. Dès le 17 novembre 1824, cette école fut transférée de Versailles à Saumur. Le gé-
néral marquis Oudinot présida à sa réorganisation. Cet homme si remarquable y a laissé d'ineffaçables souvenirs. Autour du général se groupèrent M. Cordier, écuyer en chef; MM. Le Roy, Ducroc de
Chabannes, que le général Oudinot eut le mérite de rappeler; MM. Rousselet, Flandrin, Deleuze etBeucher de Saint-Ange, presque tous anciens officiers de cavalerie distingués, et tous hommes de cheval d'un grand mérite. M. Cordier, dont le nom revient si souvent dans l'histoire de l'équitation, sous la
Restauration, a laissé un fort remarquable traité, intitulé : « Traité raisonné d'Équitation, en harmonie avec l'ordonnance de cavalerie, ré-
digé par M. Cordier, chevalier des ordres royaux de Saint-Louis et de la Légion |
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d'honneur, premier écuyer
nège de l'Académie de la Ce traité, on ne peut guè- proche, celui de rejeter qui est sûrement une des nous devions à l'équitation M. Cordier était d'accord cienne école, devant qui le mais trouvé grâce. Puisque ques bienfaits que l'on peut se, signalons une mesure qui fut accomplie pendant le général Oudinot. En 1826, |
ayant la direction du ma-
dite école. » — (1824). re lui faire qu'un seul re- Temploi du trot à l'anglaise, rares pratiques utiles que anglaise. En cela, du reste, avec les écuyers de l'an- trot à l'anglaise n'avait ja- nous en sommes aux quel- devoir à l'équitation anglai- d'une grande importance que l'école était dirigée par le général fit accorder au |
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1840.
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manège une remonte de vingt-cinq chevaux irlandais, coûtant en moyenne 1,200 francs;
il obtint en outre l'autorisation de faire fabriquer vingt-quatre selles anglaises, le tout destiné au travail de carrière. On sait à quel degré de perfection ce travail en carrière CntC A CHEVAL. 25
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xi. W^
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LE CHIC A CHEVAL.
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a été porté depuis. C'est le véritable complément de l'instruction académique donnée
au manège. Ces magnifiques chevaux de carrière, si admirablement soignés, aux allures si franches et si rapides, sont une des gloires, et non des moindres, de l'École de Saumur. Je ne crois pas qu'il en puisse exister actuellement une plus belle réunion en aucune école d'Europe. Le 20 juin 1828, l'école donna un carrousel en l'honneur de la duchesse de Berrv. Cette princesse, jolie femme, et qui représentait à la cour le côté vivant et élégant, par opposition à la duchesse d'Angoulême, fut très acclamée par tous ces jeunes gens à l'esprit enthousiaste et chevaleresque. Ce carrousel eut du reste plein succès. Ce qui l'atteste, c'est qu'un écuyer de renom
qui était venu y assister, non sans prévention, s'en retourna très satisfait de ce qu'il avait vu, et termina par ces lignes ses appréciations sur cette belle fête militaire : « J'ai vu avec plaisir que plusieurs anglomanes, bien prononcés contre la tenue fran- çaise, après avoir été témoin des fêtes de Saumur, convenaient que les bottes à l'é- cuyère et le chapeau à trois cornes allaient parfaitement bien avec les épaulettes, les décorations militaires des écuyers, et ne déparaient pas non plus le grand cordon rouge du commandant, M. le général Oudinot. » A cette époque, l'anglomanie était le dernier mot du bon goût équestre et désespérait
les vieux écuyers. Depuis lors, cette manie de singer les Anglais n'a fait que croître, et elle a gardé les plus grandes chances d'être toujours à la mode, pour une raison bien simple, c'est qu'il sera toujours plus facile d'être ignorant que savant, et que le manque de savoir et de tenue se masquent admirablement par ce qu'on qualifie de « manière an- glaise ». Il faut être juste, du reste, et constater que c'est surtout parmi les cavaliers ci- vils que l'anglomanie a rencontré les adeptes les plus fervents, et pour cause... L'équi- tation militaire en fut toujours sauvegardée par les bonnes traditions conservées à Saumur. Ventre Saint-Gris! comme disait quelqu'un de bien français,
quand donc redeviendrons-nous Français? Français tout d'une pièce, avec nos défauts, mais aussi avec nos qualités? Quand, ces mots : « II a tout à fait l'air d'un gentleman anglais » cesseront-ils d'être le plus doux compliment qu'on puisse adresser à une classe d'hommes qui ont dans leur nom, dans leur race, dans leur élégance naturelle vingt fois le « chic » des Anglais? Les Fran- çaises, heureusement, n'ont pas donné dans ce travers ; elles ont compris qu'elles n'avaient qu'à rester elles-mêmes pour demeurer les reines du goût et de la mode. Essayez donc de dire à une Pa- risienne qu'elle a l'air d'une Anglaise. Vous verrez si elle prend cela pour un compliment. |
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Amazone; 183")
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Très affecté des progrès incessants de l'anglomanie, un con-
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temporain en déplorait en ces termes les fu-
nestes effets : « Beaucoup de jeunes gens qui ont appris dans les manèges à bien placer leurs jambes et à en faire un juste emploi, se privent de cet aide pour se conformer au genre dit Anglais. » Dès 1824, le général, marquis de Cler-
mont-Tonnerre, avait décidé l'établissement d'un camp, à Lunéville, pour étudier les moyens de reviser l'ordonnance de l'an XIII. Une commission fut nommée, dont faisaient partie les généraux Oudinot, Dujeon, de Saint- Alphonse, Grouvel, Cavaignac, de France. Elle était présidée par le général comte Mer- met. (A cette époque la commission chargée des choses de l'armée était composée unique- ment de gens du métier; on n'avait pas encore trouvé, le progrès aidant, qu'il valait mieux les composer de médecins et d'avocats.) Un nouveau règlement de cavalerie, qui parut en 1829, fut le résultat des expériences
faites à Lunéville. En 1828, le général de la Roche-Ay mon fit paraître un ouvrage ayant pour titre :
« De la cavalerie ou des changements nécessaires dans la composition et l'instruction |
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des troupes à cheval. » Cet ouvrage, remarquable
à bien des points de vue, n'eut malheureusement pas l'influence qu'il aurait dû avoir. On jugera de sa valeur, au point de vue de la question de l'instruc- tion militaire par ce simple extrait : « Jusqu'ici, dans l'ordonnance de la cavalerie fran-
çaise, la première leçon a été consacrée à faire monter le recrue à cheval sur une couverture. Je n'ai jamais pu me rendre compte du motif'qui a fait adopter cette Èlrier japonais,
méthode... Dans tous les manèges, celui qui apprend
à monter à cheval est placé de suite sur une selle; pourquoi donc, dans l'équitation militaire, s'éloigner de ce principe? D'ailleurs la position du recrue n'est plus en harmonie avec celle qu'il sera obligée d'avoir une fois sur la selle........, . . .
............Pourquoi donc ces deux principes?....................
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« Tous les peuples cavaliers, tous les chasseurs, conservent le pied horizontal et
l'étrier chaussé. L'expérience leur en a sûrement démontré l'utilité; et, en effet, elle est réelle. Par cette position, qui est toute naturelle, l'étrier ne se perd jamais, et l'éperon étant plus près du corps, son aide est plus instantanée que quand il s'agit d'approcher du corps du cheval le talon qui en est plus éloigné par sa position baissée... » Chose assez ignorée, le judicieux général avait prévu et conseillé presque toutes les
réformes opérées aujourd'hui : la réglementation des allures, la suppression des guides généraux et la seule direction donnée par le point de direction, l'alignement par les grandes manœuvres mi-
les ordres de chefs atti- manence de leurs com- |
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très et pourvus en per-
mandements respectifs. |
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un autre oificier de ca-
bot, disait : mouvements préparâ- tes troupes en parade, les évolutions du champ ception, le simulacre de |
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0.0} S
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Etrier d'Indien Pahuenche (Patagonie). Le cava-
lier ne se sert de l'étrier que pour poser l'orteil. |
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à la
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ce qui se passe
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guerre, et la manœuvre
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qui ne remplit pas ces
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conditions est inutile et
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doit être bannie des ordonnances. »
La révolution de 1830 eut naturellement une influence fâcheuse sur l'équitation.
Le manège de Versailles fut supprimé. « Les écuyers et les piqueurs formés à cette belle école furent encore une fois dispersés, et leurs talents n'eurent plus même de |
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HABILLÉE PAR HUMANN!
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crédit auprès des anglomanes de la nouvelle mode. » C'est cependant
de ce manège qu'on a pu dire : « Il n'y a pas de manège où l'on parle moins que celui de Versailles, et il n'y en a pas où l'on monte mieux à cheval. » La crise subie, à cette époque, par l'équitation* française, inspire à
un écuyer de valeur, M. Aubert, des réflexions empreintes de tristesse, réflexions qui, aujourd'hui, n'ont rien perdu de leur vérité. « Tel est, dans notre pays, l'empire de la mode, qu'on ne peut aujourd'hui se montrer à la promenade en bottes à l'écuyère, sans être montré au doigt et pris souvent pour un gendarme. Or beaucoup de gens sont persuadés qu'un très ample pantalon de coutil, de grands éperons et un gourdin à la main sont, pour monter à cheval, d'une impérieuse nécessité, et surtout d'un goût exquis, comme mise; il ne faudrait plus qu'une pipe pour compléter cette tenue équestre. » Et le capitaine Picard d'ajouter fort spirituellement : « Le progrès
s'est accompli; de nos jours la pipe est de rigueur. » L'auteur éminent des « Origines de l'école de cavalerie », dépeint
ensuite, de main de maître, les causes qui firent évoluer l'équitation après les « trois glorieuses ». « Le steeple-chase », dit-il, « a servi de transition et de prétexte à
cette transformation de l'équitation française. Après la révolution de 1830, une jeunesse riche, élégante et appartenant à un certain milieu social, profila de ce mouvement politique pour prendre en main la direction de la mode et de la fashion parisienne. Elle arrivait aux affaires — que l'on veuille bien nous passer cette expression passa- blement hasardée — imbue des habitudes anglaises. Jetant loin d'elle les errements de la vieille tradition française, elle opéra à son tour une révolution dans l'ordre d'idées dont elle était l'expression. On fonda le Jockey-Club. Le pompeux cérémonial de la vénerie fut relégué au cabinet des antiques, l'habit rouge et la botte à revers remplaçant l'uniforme galonné, le lampion et les bottes à chaudron. Puis comme il fallait bien encore fonder quelque chose, le steeple-chase, jusqu'alors inconnu en France, même de nom, fit brusquement son apparition, sous le patronage de quelques cavaliers hardis, aventureux, ayant fait — à huis-clos — leur indispensable apprentissage en Angleterre. « A son origine, la course au clocher n'était courue que des chas-
seurs de renard, c'est-à-dire des gentlemen. Pour exercer leurs chevaux avant l'ouverture de la saison, ou pour se rendre compte de leurs qualités respectives, on se réunissait dans une contrée connue pour |
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présenter de sérieuses difficultés. On avisait un clocher, dans le lointain, et on le pre-
nait pour poteau d'arrivée. Puis les coureurs partaient, chacun suivant la ligne qui lui convenait, en affrontant, au train qu'il voulait, toutes les chances diverses de cette route inconnue. Le premier arrivé au clocher était proclamé vainqueur de la course. « Dans ce cemps, ce sport était donc le partage exclusif des gentlemen-riders. Cet
exercice rentrait, d'ailleurs, beaucoup plus dans leurs aptitudes que dans celle des jockeys de profession. Un steepe-chase de cette nature, en effet, doit être monté dans un style se rapprochant plus de l'équitation ordinaire que de la spécialité du jockey. « Aussi, en considérant attentivement les vieilles gravures anglaises, voit-on tous les
cavaliers de steeple-chase de cette époque bien assis dans leurs selles, les chevaux em- bouchés avec des mors de bride, en un mot, les uns et les autres agencés en vue du but auquel ils voulaient atteindre. En course plate, au contraire, tout est calculé pour tirer la quintessence de la vitesse de l'animal. L'effort d'un cheval ne dure et ne peut durer que quelques minutes; mais il n'est pas nécessaire d'être un homme de cheval bien complet pour s'imaginer la figure que pourrait faire un jockey sur une selle de trois ou quatre livres, droit sur ses étriers, emmené à travers pays par un cheval avec un filet tirant à plein bras ; tous deux n'en auraient pas pour trois mi- nutes. « Il y a bien loin de l'organisation toute primordiale de la course au clocher à la
physionomie de steeple-chase de nos jours, qui ne présente plus que l'aspect d'une course déguisée. « Cette transformation fort regrettable s'est opérée progressivement, à mesure que
les chevaux de pur-sang ont pris part à ces luttes, autrefois réservées à des chevaux de demi-sang et d'origine non tracée au stud-book. » L'auteur termine par cette péroraison fort judicieuse :
« Les manèges ne tardèrent pas à être négligés, puis délaissés, enfin complètement
abandonnés. A cela il y aurait eu au moins une compensation, si le nouvel état de choses eût conservé la physionomie qu'il affectait à son début : au lieu d'écuyers fins et savants, comme MM. le marquis de La Bigne, le chevalier d'Abzac, le vicomte d'Aure et Baucher, nous aurions eu d'intrépides et aventureux cavaliers, possédant une pratique pouvant tenir lieu de la science, tels que d'abord MM. le comte de Vaublanc, capitaine Allouard, de Saint-Pol, de Normandie, comte Le Coulteux, formant la première génération de ces transformations de l'équitation française proprement dite; puis, après eux, MM. le comte et le vicomte de Montecot, du Bouëxie, de la Mothe, comte deTournon,Mackensie-Grièves; enfin la dernière pléiade, plus nombreuse encore, composée de MM. le vicomte Artus Talon, vicomte A. de Lauriston, ducdeGraïu- mont, de Saint-Germain, marquis de Saint-Sauveur, comte de Cossette, marquis de La Bigne, etc.. » |
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M. Aubert, ex-écuyer de l'École royale d'applica-
tion d'état-major, dont nous avons parlé antérieu- rement publia, après 1830, son : « Traité raisonné d'équitation. » Ce traité, qui contient d'excellentes choses basées sur ces deux principes : « Tout dans la belle position quand on commence. — Tout dans le sentiment du temps de jambe par levée et foulée quand on aspire à devenir écuyer consommé. Dans son préambule, M. Aubert traduit l'impres-
sion de tristesse qu'éprouvaient les hommes du métier en présence de la vogue des idées anglaises. « Malheureusement l'anglomanie est le mal du pays; c'est surtout depuis que tout le monde v cl cl cheval à l'anglaise c'est-à-dire ridiculement et sans aucune règle ni principes, que personne n'apprend à conduire ses chevaux sûrement et habile- ment. Je ne pouvais donc choisir |
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a»»«jSai^É!iSiÉ
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V'.v,.
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une époque plus défavorable pour publier
un traité d'équitation, que celle où tant de gens influents n'ont que des paroles mo- queuses pour le manège et les écuyers fran- çais, et citent avec extase les jockeys anglais, comme le beau type du cavalier modèle. » Ce n'était cependant pas un homme sans valeur celui qui écrivait ce qui suit : « Il est vraiment pénible que, dans un temps aussi éclairé que le nôtre, il y ait encore des écuyers dont les leçons, calquées sur celles |
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des temps de barbare ignorance, tendent toujours à monter le jeune cheval qu'on
dresse comme un ennemi qu'il faut combattre, en le tenant dans une crainte conti- nuelle, quand il faut, au contraire, le considérer comme un enfant qu'il faut instruire en lui inspirant une grande confiance. » Voici encore un extrait du même auteur qui contient des conseils dont les écuyers
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de cirque devraient bien
avertir qu'il n'y a rien de principes de la bonne école, que font certains écuyers cheval change de pied en qu'affectent particulière- point été formés au manège, changer de pied, ne l'aide il ne fait que rendre le ca- des connaisseurs. » C'est vers la fin de l'année
ciété d'encouragement pour en France. L'idée était loua- de bons résultats, elle con- la fureur des paris, ainsi joint : « Les réunions de réunions de parieurs et les en minime partie sur le |
faire leur profit : « je dois
si faux, de si contraire aux que ce mouvement de corps dans le moment où leur l'air. Ce déhanchement ment les cavaliers qui n'ont croyant aider le chevaPà nullement dans cette action, valier ridicide aux yeux 1833 que se constitue la So-
l'amélioration des chevaux ble, mais, si elle produisit tribua aussi à . développer que l'atteste l'extrait ci- courses se transforment en amateurs d'équitation sont turf. » Cette déviation du |
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Amazone; -I8M.
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but des courses, on le sait,
mais nous n'insisterons pas |
n'a fait qu'aller croissant;
sur ce point. |
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Veut-on savoir quels étaient, pendant les premières années du règne de Louis-Phi-
lippe, les hommes les plus marquants dans le sport? Voici une liste de leurs noms, liste qui, bien entendu, n'a pas la prétention d'être complète. MM. le baron Daru, baron d'Aubigny, baron de Grandmaison, Gatoryes, Çler, baron
de Curnieu, Gaussen, marquis de Miramon, comte de Montigny, Pellier, comte de Tour- non, comte d'Imecourt, Villars, comte de Rochefort, l'une des plus pures gloires de la cavalerie; marquis de Mac-Mahon, vicomte James O'Hegerty, comte d'Hinnisdal, Denormandie, marquis et comte de l'Aigle, baron de Vaublanc, comte E. Ney, de Beaurepaire, de Morny, de Nieuwerkerke, comte A. deNoailles, Pradeau, prince de Cha- lais, marquis de Perthuis, comte Max de Béthune, comte Ch. de Béthune-Sully, comte de Périgord, comte de Jouffroy, comte de Mac-Carthy, comte de Sainte-Aldégonde, marquis de Saint-Vallier, marquis de Saint-Mars, prince de Wagram, comte de Champ- chevrier, comte de Saint-Roman, comte de Valanglard, marquis de Lignéries, etc., etc. Je m'arrête, car il y a là de quoi rendre fou de colère cet excellent Thiroux, l'ennemi |
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AMAZONES U'HUMANN;
1837. |
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LE CHIC A CHEVAL
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des tyrans. Les écrivains équestres abondent aussi à ce moment; c'est, en effet, en
1835, que paraît le « Dialogue sur Véquitation entre MM. Baucher et Pellier », qui professaient au même manège. M. de Lancosme-Brèves, qui avait voué sa vie à l'étude et à la pratique du cheval,
fut aussi un écrivain fécond et fort distingué. L'un des plus importants, parmi ses nombreux travaux, est certainement le
« Traité de Véquitation et des haras ». Nous nous bornerons à citer quelques-uns des principes de M. de Lancosme-Brè-
ves; ils suffiront à établir qu'il était un homme de cheval hors ligne. « Les moyens les plus doux sont les meilleurs pour anéantir les forces instinctives
du cheval, qu'on ne doit jamais provoquer à des luttes imprudentes. » « La sensibilité delà bouche n'influe pas sur l'équilibre, c'est l'équilibre qui influe
sur la bouche. » « Les deux centres de gravité de l'homme et du cheval ne doivent faire qu'un.
Mais le principe change si le cheval est à l'état de révolte. » Voici le jugement porté sur M. de Lancosme-Brèves par M. le capitaine Picard :
« C'est un écuyer savant, trop savant peut-être; mais il ne faut pas oublier qu'il
avait fort à faire, à son époque, pour aider au triomphe des principes de l'ancienne école, sur les ridicules innovations qui se flattaient de n'en pas avoir, et de dispenser leurs adeptes d'une étude souvent fastidieuse et toujours mortifiante pour leurs préten- tions orgueilleuses. » Il est un livre dont on a dit souvent qu'il était le « bréviaire de toid officier de
cavalerie ». Nous voulons parler des « Souvenirs d'avant-postes de cavalerie légère ». On n'a rien écrit de mieux sur cette matière si importante; nul écrivain n'a mieux |
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Pari gagnéen 1844pat un petit cheval anglais de demi-sang appelé Kol> et qui a précédé pendant cent milles (33 lieues)
la malle-poste de Boston.
r.inn A cheval. 26
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LE CHIC A CHEVAL.
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indiqué la tâche qui incombe à la cavalerie légère. Ce
livre, si plein de faits et de critique, est à juste titre populaire dans l'armée, et nous aimons à croire qu'il n'est ignoré d'aucun de ceux qui ont eu l'honneur de |
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Eperon des Indiens du Chili.
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servir dans la cavalerie.
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Bien que son auteur n'ait pas été, de son temps,
complètement apprécié comme il méritait de l'être, il fut cependant appelé au com- mandement de l'École de cavalerie, le 2 septembre 1838. C'était le général de Brack, qui avait été contemporain des Murât, des Lasalle, des
Montbrun, des Colbert, des Curély et de tant d'autres, et formé, par conséquent, à la grande école de Napoléon qui, on le sait, excellait dans l'art de se servir de la cava- lerie légère pour le service de sûreté et pour celui des renseignements. Le général de Brack a laissé à Saumur, où il fut estimé à sa juste valeur, le sou-
venir le plus brillant. Son nom, qui resplendit dans ce temple de la cavalerie à côté de celui des Oudinot, des Rochefort, des Thorthon et des L'Hotte, restera toujours gravé dans la mémoire des cavaliers. Mais il est temps de parler d'une de nos plus grandes célébrités hippiques, du comte
d'Aure, élève du chevalier d'Abzac et de la célèbre École de Versailles. Le comte d'Aure était sorti du Prytanée militaire de la Flèche et de l'École de Saint-Cyr. Il entra, en 1813, comme sous-lieutenant dans l'infanterie; de là il passa aux gardes-clu-corps, d'où il fut détaché au manège de Versailles. En 1817, Louis XVIII l'attacha à sa maison, en qualité d'écuyer, et il conserva cette fonction jusqu'en 1830. Après la chute de Charles X, il donna sa démission, et se mit à la tête de ceux qui
préconisaient l'équitation du dehors et le saut d'obstacles. Le comte d'Aure est sûrement un de ceux auxquels l'École de Saumur doit sa grande
supériorité sur toutes les écoles qui l'ont précédée; supériorité qui consiste à avoir su être raisonnablement éclectique dans l'alliance des vieux principes académiques du manège, et de ceux, plus modernes, de l'équitation large, vigoureuse de l'extérieur. Ce sera l'honneur des officiers qui ont commandé l'école, et des écuyers qui en ont dirigé le manège, d'avoir su se garder, en même temps, des exagérations de la la nouvelle; d'avoir, par
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v
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une direction raisonnée,
toute espèce de préjugé, qui paraissait impossible, à traditions de l'École de Ver- bon dans la méthode qu'on glaise; bien à tort, en effet, |
intelligente et dégagée de
mené à bien cette œuvre, savoir : la fusion des saines sailles et de tout ce qui est a, bien à tort, appelée an- puisque l'équitation an- |
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Éperon brésilien.
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glaise réelle est surtout caractérisée par le manque de méthode.
En un mot, tous ces remarquables écuyers, et le comte d'Aure peut revendiquer
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une large part de leur gloire, sont arrivés par leur fermeté et leurs talents à créer une
école qui est sans rivale au monde; école où, non seulement le savoir et les qualités militaires sont exigées, mais où les bonnes manières, la politesse et l'élégance de la tenue, si importante à plus d'un point de vue, sont également à l'ordre du jour. Le 24 novembre 1838, l'école recevait la visite du célèbre comte d'Aure, qui, plus
tard, devait en commander si brillamment le manège. Cette visite donna lieu à une grande solennité; et les élèves de l'école firent à l'éminent écuyer une sympathique et chaleureuse ovation. Ecoutez, cher lecteur, le récit ému qu'en fit un témoin; et, si vous-même n'êtes pas
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vous n'êtes pas
cheval, vous n'ê- glais! Royale de cava-
voir une véri- M. le vicomte yer si justement France est fiè- jaloux, a visité retenu par les néral comman- des officiers et la plus aimable nouvelé cinq fois son équitation si |
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remué et ému,
un homme de tes qu'un... An- ce Notre École lerie vient d'a- table solennité ; d'Aure, cet écu- célèbre, dont la re, et l'étranger son manège, où, instances du gé- dant et celles élèves, il a, avec obligeance, re- |
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les miracles de
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Jockey.
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pure et si hardie,
qu'il a produit |
L ' enthousiasme
est difficile à dé- |
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crire, et, sans le respect inspiré par le lieu, il se serait échappé un cri d'admiration.
« Il était curieux d'observer l'aspect du manège; tandis que l'écuyer unique domi- nait, magnétisait, pour ainsi dire, ployait à sa moindre volonté le cheval qu'il montait pour la première fois, les tribunes étaient encombrées d'officiers et d'élèves au regard fixe, à la respiration suspendue; puis, après les exercices, ces élèves, conviés par M. d'Aure, entourant son cheval, écoutant chacune des explications que suivait immé- diatement l'exemple, tout cela complétait le spectacle le plus électrisant et le plus atta- chant auquel j'aie jamais assisté. « Pour compléter l'émotion, MM. les officiers du manège, par un sentiment des plus
vrais et des plus nobles, ont vivement touché le célèbre écuyer en lui disant : « Vous êtes notre maître, commandez-nous. » Puis, montés sur des chevaux simplement har- nachés, ils en ont présenté un richement caparaçonné à M. d'Aure, qui a exécuté à leur tête une des savantes reprises de l'ancien manège de Versailles. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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« En descendant de cheval, MM. les officiers du manège ont réclamé la cravache de
M. d'Aure, qu'ils ont aussitôt échangée contre une autre, sur laquelle était inscrite l'ex- pression de leur admiration. » C'est aussi en 1838 que se passa, à Saumur, un événement qui fit grand honneur à
M. Rousselet, l'écuyer en chef du manège de l'école. Un jour, pendant une leçon, un cheval emballa son cavalier; M. Rousselet se fit amener le cheval, le caressa, lui ôta son mors et le remplaça par un fil de soie; puis, montant l'animal, il le lança à fond de train, et l'arrêta court, montrant ainsi quel tact merveilleux il avait comme écuyer. En 1842, Baucher, qui, depuis quelque temps, faisait fort parler de lui, fut admis à
expérimenter son système de dressage sur les chevaux de l'armée. L'expérience eut lieu à Saumur où, malgré tout l'enthousiasme que le célèbre écuyer excita, les partisans fanatiques qu'il se concilia, on reconnut bien vite que sa méthode était absolument inapplicable aux chevaux de l'armée. Cette méthode, qu'il qualifie lui-même ainsi : « un rasoir entre les mains d'un singe », a été formulée par son auteur de la façon suivante : « remplacer les forces instinctives par les forces transmises ». Le système de Baucher consiste à annuler, tout d'abord, par une série d'assouplissements très compliqués, toutes les forces naturelles du cheval, puis à les remplacer par ce qu'il nomme des effets d'ensemble. Il est hors de doute, maintenant, que placé plus à distance on peut mieux juger
l'homme et sa méthode; il est hors de doute que Baucher fut un écuyer de haute école, absolument hors ligne; qu'il obtint, par exemple, sur des chevaux tout à fait ordinai- res, comme Topaze ou Robert de Normandie, des résultats véritablement étourdis- sants; mais, outre que ses principes n'étaient pas nouveaux, n'étant autres que ceux des vieux écuyers du dix-septième siècle, plus perfectionnés, il est vrai, et appliqués avec une science, une sûreté de main tout à fait exceptionnelles, son équitation se confinait dans le manège. Elle s'élevait à une perfection que depuis Ton n'a jamais pu atteindre dans les cirques, et c'était tout. Elle n'avait rien des franches allures de l'extérieur et ne pratiquait pas les sauts d'obstacles. On comprend donc, maintenant qu'on raisonne sans passion, quels dangers une pareille instruction pouvait faire courir à la cavalerie. Baucher n'avait pas trouvé à Saumur des gens inaptes à apprécier ses idées, ou hos-
tiles, de parti pris, à sa méthode; mais, il affecta une telle morgue à l'égard des gens très compétents, comme le général de Sparre, par exemple, qui étaient chargés d'ap- précier son système, qu'il fut, lui-même, une des causes de son insuccès. Naturellement les journaux de l'opposition firent de Baucher un martyr, et les po-
lémiques violentes allèrent bon train, embrouillant les cartes comme toujours Mais, sur ce point d'histoire de l'équitation, nous laisserons la parole à des gens plus com- pétents que nous, et dont l'autorité en pareille matière ne saurait être contestée. Voici d'abord l'opinion d'un de nos plus brillants officiers de cavalerie .
« M. Baucher a été un admirable écuyer de haute école... Mais, l'ambition aidant, il
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LE CHIC A CHEVAL. 205
a voulu universaliser ses procédés, créer l'équitation de l'avenir, et il s'est trompé ab-
solument. Entre les moyens de dressage employés pour un cheval uniquement destiné à la haute école, qui répète son rôle tous les jours, et ceux qui conviennent aux chevaux de guerre, de selle ou de chasse, il y a un abîme. |
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« En peu de temps, Baucher se posa en homme de progrès, sorti des rangs du peuple,
simple travailleur.....................................
La presse se mit de la partie et apporta ce qu'elle nomme sans rire son sacerdoce.
Lisez les gazetiers du temps, vous y verrez qu'avant la venue du Prophète on ne savait |
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pas monter à cheval :
tes lettres; à peine queî- avaient la prétention, du seigneur. Aujour- nale est née. » Voici maintenant l'ap-
Hohenlohe : « Baucher s'était en-
cirque Dejean, à Berlin, à un certain nombre d'of- trente leçons, parce qu'il livre avait été mal com- prendre à monter en si aussi bien que vous et l'ennemi de la précipita- |
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c'est écrit presque en tou-
ques vieux marquis en reste des anciens droits d'hui, l'équitation' natio- préciation du prince de
gagé, alors qu'il était au
à enseigner son système ficiers dans un cours de s'était aperçu que son pris. Qu'on ne pût ap- peu de temps, il le savait moi. Il était au contraire tion dans le dressage des |
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Cavalier espagnol.
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chevaux, et son mot favori était : « Plus vous irez lent (sic) plus vous irez vite! » Je
reconnus, pendant le temps que je montais avec lui, que personne ne lui nuisait plus que ceux qui montaient d'après son livre sans l'avoir compris. La pauvreté de la lan- gue lui a joué de mauvais tours : il demande, comme tout vrai cavalier, que le cheval soit entre la jambe et la rêne, et conclut logiquement qu'il doit être en avant de la jambe et en arrière de la main. « Mais ce qu'il appelle en arrière de la main, c'est être dans les rênes selon nos
écuyers; où nous disons que le cheval est en arrière de la main, Baucher dit qu'il est en arrière de la jambe...............C'est pourquoi tous ceux qui ne
montent que d'après son livre, mettent le plus souvent leurs chevaux en arrière de la
main, au sens où nous le comprenons, et perdent la réputation du maître en rendant leurs chevaux rétifs....................................
« A tout prendre, il a fait sensation; il a ramené l'attention sur l'art de l'équitation,
à l'époque du règne de l'anglomanie; il a provoqué la discussion et la réflexion. Et quand bien même il aurait toujours eu tort, quand il n'aurait fait qu'amener ses ad- |
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206 LE CHIC A CHEVAL.
versaires à retrouver la vraie voie, à la faire rechercher, ce serait déjà un bien grand
mérite. » Baucher était un homme de trop grande valeur pour ne pas avoir fait école, pour ne
pas avoir recruté de fervents disciples. Parmi ses partisans les plus fanatiques nous citerons M. Delherm de Novital, qui fut longtemps écuyer en chef à Saumur;M. de Gerhardt, qui fut depuis capitaine instructeur aux lanciers de la garde impériale; le capitaine Raabe. Tous étaient des cavaliers fort remarquables; mais les élèves qu'ils for- mèrent étaient loin de leur ressembler. Comme l'avait dit très judicieusement le prince de Hohenlohe, toutes ces controverses
eurent au moins pour résultat de donner un nouveau stimulant à l'équitation. L'équitation fut, du reste, très en honneur sous le gouvernement de Juillet. Les
princes, fils du roi, jeunes, élégants, tous entourés d'une auréole de gloire militaire, comptaient parmi les hommes de sport les plus renommés. C'étaient le duc d'Orléans, le duc d'Aumale, le duc de Nemours, dont tous ceux qui manœuvraient, vers 1846, sur le Champ de Mars, ont pu admirer la belle prestance en uniforme et aussi le ma- gnifique cheval de pur-sang noir. M. Mackensie-Grieves, qui est resté l'un de nos hom- mes de cheval les plus élégants, peut donner une idée à notre jeune génération de la façon dont on montait alors. Nous reproduirons, pour terminer ce chapitre, quelques-unes des appréciations sur-
la cavalerie de cette époque, par M. J. Richard, dont le beau livre « l'Armée française » a été illustré avec un si magistral talent par M. Edouard Détaille. « Nous avons déjà fait allusion aux magnifiques manœuvres et à la belle tenue de
de notre cavalerie de 1830 à 1848, et nous avons dit que c'était l'œuvre des anciens divi- sionnaires de l'Empire; nous avons indiqué également que leurs élèves surenchérirent encore dans cette voie. Jamais, même sous le second Empire,
où l'on porta très loin le goût des beaux uniformes et l'amour des manœuvres rectilignes, jamais les régiments de cavalerie n'ont été mieux tenus que sous Louis-Philippe.......
......Dès le lendemain de la révolution de 1830, un des
officiers de cavalerie légère du premier Empire, très amusant,
très actif, dans les veines duquel coulait le sang des Lasalle, des Montbrun, des Colbert, des Pajol, avait été rappelé au service. Placé peu de temps après à la tête du 4° hussards, le colonel de Brack essaya de faire revivre dans son régi- ment les traditions de hardiesse de la République et de l'Empire. Il fut un des premiers promoteurs du travail indi- viduel ......... « Il a laissé sur la matière un livre aussi utile que char-
Élégants de 1841. mant : « Avant-postes de cavalerie légère; souvenirs », qui est |
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un des classiques de l'armée. Malheureusement cet ancien chef d'escadron des lan-
ciers rouges portait bien son nom; c'était une tête chaude; on ne le prit pas assez au sérieux, on ne fit attention qu'aux timbaliers qu'il amena un jour au Champ de Mars, et qui lui méritèrent des arrêts. L'influence de la grosse cavalerie ne fut en ce temps de paix contrecarrée par rien. La cavalerie légère avait, il est vrai, l'Afri- que ...........................L'ombre des cuirassiers de Mil- haud et de Kellermam, l'ombre des immortels cuirassiers de Waterloo, si follement
sacrifiés par Ney, planait sur la cavalerie........................ « Sous la Restauration, les princes étaient rentrés avec deux sortes de vues, les unes
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étrangères, les autres rétrogrades; mais comme, après tout, ils étaient des hommes intel-
ligents et bien élevés, ils avaient très vite compris que les méthodes militaires des com- pagnons de Napoléon étaient supérieures atout ce que pouvaient dicter leurs rancunes ou leurs souvenirs. Ils aimaient sincèrement l'armée et la France; ils firent pour le mieux. C'est de leur haute direction que sont sortis les comités d'armes, impuissants à faire vite le bien, toujours préparés à laisser le mal se perpétuer. « Sous Louis-Philippe, les comités prirent une proportion épique. Le parlementarisme
et ses discussions minuscules s'introduisirent dans les mœurs du haut état-major . . . .... ........La théorie dépassait de beaucoup la pratique, et les choses en
arrivèrent à ce point que le ministre rejetait la responsabilité de tout ce qui se passait
sur le comité; le comité se plaignait de l'influence de la cour, et la cour, animée de très bons sentiments, mai-s obligée de se défendre, accusait et le ministre et le comité. Tous étaient également en dehors de la vérité. « La raison, le motif et la cause du luxe des documents administratifs, règlements
d'instruction, d'habillement, d'administration, sous le règne de Louis-Philippe, c'était la paix, la paix trop longue pour une nation qui dépensait trois cents et quelques millions par an pour son armée, et trop longue pour une armée qui se sentait vaillante, forte, |
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unie et qui portait lourdement, surtout dans la cavalerie, une inaction coûteuse pour le
pays. » En somme, et pour nous résumer en quelques mots, le règne de Louis-Philippe est
loin d'avoir été stérile au point de vue hippique. Trop de discussions et de tâtonnements peut-être, mais, en réalité, un développement
très significatif du sport et du goût des choses du cheval. |
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OFFICIER DES GUIDES DE LA GARDE; SECOND EMPIRE.
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CHAPITRE XVI.
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LE SECOND EMPIRE.
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n revirement en faveur de l'armée se produisit à la suite des évé-
nements qui mirent fin au régime de 1848 ; à la fin de l'année 1851, on vit jusqu'à neuf régiments de cavalerie à Paris; la bour- geoisie, peu brave de sa nature, comprenait que c'était par les troupes régulières qu'elle venait d'être sauvée. La République de 1848, pas plus que sa grrrande devancière!
n'avait rien fait et n'avait d'ailleurs rien pu faire pour l'équitation, ni pour la cavalerie; mais l'Empereur aimait les chevaux, et était fort bel homme de cheval ; aussi « lorsque le chef de l'État aime les chevaux, on peut être certain que la cavalerie sera supérieu- rement montée; lorsqu'il se connaît en chevaux, qu'il les monte avec prestesse, élégance et sûreté, les régiments deviennent vite magnifiques. Le neveu de l'Empe- reur.........encouragea donc les bruits qui se formaient dans l'armée à propos de son humeur guerrière, et la cavalerie, fut peut-être l'arme qui y fit le meilleur accueil. »
(Jules Richard, l'Armée française.) Et, plus loin, M. Jules Richard , dont la compétence ne saurait être niée, ajoute : « Il
convient donc de marquer l'apogée de la valeur de notre cavalerie sous le second Empire aux années 1855 à 1859, c'est-à-dire de la période qui s'étend de la guerre d'Orient à la campagne d'Italie...........Si l'on songe que tous les régiments de cavalerie désignés
comptaient un nombre suffisant de cavaliers exercés, montés d'excellents chevaux,
ayant tous cinq ans au moins, purent aisément, sans demander du secours à des régi- ments voisins ou à une remonte hâtive, mettre quatre beaux escadrons en ligne, on est forcé de reconnaître que le ministère Randon, qui succéda au ministère Vaillant, a porté chic a cheval. 27
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LE CHIC A CHEVAL.
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un coup funeste à l'organisme de la France.
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Sous l'Empire, la cavalerie n'eut pas toutefois de moments de
repos absolu. Tous les ans, depuis 1858, quatre, cinq et jus- qu'à sept régiments allaient s'exercer au camp de Châlons. En 1868 et en 1869, il y eut même deux séries. Il passa donc, dans les treize années de l'Empire, en défalquant les années où le camp fut réservé à la garde impériale, 70 régiments par les plaines de Châlons, c'est-à-dire que plusieurs régiments durent y revenir une ou deux fois. Avec l'Afrique et les campagnes de guerre; avec Lunéville, Sathonay, Versailles, la cavalerie avait donc des occupations suffisantes, et l'habitude du grou- |
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1850.
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pement ne devait pas lui manquer....... Mais j'ai entendu alors
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vingt fois des colonels de cavalerie déplorer que les maréchaux
ou les généraux de division — qui présidaient d'ordinaire les solennités militaires cle Châlons — oubliassent trop souvent, les jours de simulacres d'un grand combat, qu'ils avaient sous leurs ordres une division de troupes à cheval. Généralement ils ne se le rappelaient qu'au moment du défilé; alors un aide de camp partait au galop lui ordon- ner de se mettre en mouvement, et les journaux militaires — cette plaie de la publi- cité — célébraient à l'unisson sa belle tenue.......... » Un fait incontestable, c'est que la cavalerie accueillit le rétablissement de l'Empire
avec un grand enthousiasme. Victor Hugo, dans son Histoire d'un crime, lance à la |
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cavalerie ce sanglant repro-
du poulet, l'infanterie n'avait Au début de son règne,
une arme qui s'était pronon- qu'il estimait, arme dont plu- intimes faisaient partie et dont veille àla haute idée qu'il avait Mais, comme le fait re-
on eut le tort, en 1865, de fectif agissant de la cavalerie : sèment surpris lorsqu'on lui plus temps de réagir; le rè- celui du parlementarisme lui L'opposition, devenue de
surtout l'armée qu'elle savait cesse donc de demander des d'effectifs. « M. Thiers de- |
che ! « La cavalerie avait eu
reçu que du veau??? » l'Empereur fit beaucoup pour cée la première en sa faveur, sieurs de ses familiers les plus le brillant convenait à mer- du prestige d'un chef d'État, marquer M. Jules Richard, supprimer le septième de l'ef- « L'Empereur fut douloureu- apprit la vérité. Mais il n'était gne de l'autorité était passé, succédait. » plus en plus violente, visa
dévouée à l'Empire. Elle ne économies et des réductions manda et obtint de M. É. 01- |
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Coslumc de chasse; 18">3.
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LE CHIC A CHEVAL
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livier que le contingent annuel fût réduit de 10,000 hommes. Ce sont là des faits qui
ne sauraient être passés sous silence dans l'histoire d'une arme où l'on n'improvise pas des régiments. » On a tant reproché à la cavalerie de n'avoir pas su éclairer l'armée, en 1870, que
nous avons voulu essayer, en quelques lignes, de montrer par quelles vicissitudes avait passé, sous le second Empire, cette arme si impressionnable et si intéressante. |
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Ces vicissitudes expli-
rôle que la cavalerie joua Nous allons reprendre
des faits. On a vu que sous le gou-
quitation avait été fort à la les sympathies qui nous pour l'Empire, nous ne reconnaître que l'équitation ment brillante au début du par décliner d'une façon tamment, de l'avis même monta aussi mal dans l'ar- L'une des causes principa- choses fut sûrement le trou- la méthode Baucher, mé- gérée par certains écuyers, Une autre cause aussi fut sieurs officiers généraux, néral Grand, en 1856 et en ment les courses d'officiers, |
quent en grande partie le
en 1870.
maintenant la chronologie
vernement de Juillet, ré-
mode ; mais, malgré toutes portent à être indulgent pouvons nous empêcher de militaire, d'abord relative- règne de Napoléon III, finit assez sensible. Jamais, no- des anciens officiers, on ne mée qu'à la fin de l'Empire, les de ce regrettable état de ble jeté dans les esprits par thode qui fut encore exa- comme le capitaine Raabe. qu'à diverses reprises, plu- comme par exemple le gé- 1858, interdirent formelle- motivant ainsi cette défen- |
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cieraeCavaleri
petite tenue.
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se : « Ces déplorables exercices, sans aucune utilité pour l'instruction, ne peuvent
avoir pour résultat que la ruine des meilleurs chevaux de l'École (1) et devenir la cause des accidents les plus graves, compromettant l'avenir des officiers. » On se fit d'autre pan, dans certains régiments, pour ne pas dire tous, un grand
point d'honneur des chevaux gras, qu'on appelait alors, « en bon état ». Il est juste de dire qu'en revanche ces chevaux étaient merveilleusement soignés par les vieux cava- liers, auxquels on ne pouvait les ôter lorsqu'ils les avaient « tirés ». Quant à l'équitation civile, voici ce qu'en disait un contemporain, vers 1860 :
« Parlons maintenant de l'équitation du dehors, de ces gens qui ne veulent pas tra- vailler dans les manèges, et ne veulent pas pratiquer davantage en plein champ; car |
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(1) Le général inspectait l'École de Saumur.
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il ne faut pas croire que la haine de la demi-volte et du contre-changement de main de
deux pistes entraîne jusqu'au full-cry, au saut de fence, au furious speed ; non, on trouve qu'il est ridicule de se casser le cou; on arrive, à force de prudence, à ne pas se mettre à l'eau sans savoir nager. Jamais les chevaux sages n'ont été aussi en vogue; on en demande partout, à tout le monde, à toutes les races, à toutes les méthodes; il n'est pas de frénétique amateur du turf qui n'envoie son hackdans un manège borgne pour le mettre dans la main. » Et cependant, malgré la défaveur que subissait l'équitation, malgré cet évanouisse-
ment évident du goût pour le cheval,il y eut, pendant toute la durée de l'Empire, un endroit où l'art équestre fut toujours en grand honneur, l'École de Saumur, et dans l'armée comme dans la société, des gens de cheval d'une très grande valeur. L'Empe- reur, le premier, contribua plus que personne à développer le goût des beaux chevaux, bien soignés et harnachés avec « chic » ; ses écuries ont toujours été citées comme des merveilles de bonne tenue. Le général Fleury, qui en avait la surveillance, était un cavalier des plus distingués; son fils, du reste, a suivi les traditions paternelles ; il est, ainsi que le capitaine Conneau, instruit à la même école, et un des plus brillants et des meilleurs cavaliers de l'armée. Le général de Rochefort, qui commanda l'École de cava- lerie après 1852, fut aussi une célébrité hippique; il a laissé à Saumur le renom d'un officier de grand mérite. M. de Montigny, ancien élève du vicomte d'Aure, ami personnel de Baucher. et
auteur de nombreux et très estimés ouvrages sur l'équitation, professa aussi à Saumur. Voici le jugement qu'il portait sur Baucher, après la célèbre conversion de ce dernier : « Baucher était un génie ; il m'a appris à raisonner, à chercher. Dans sa première école il y avait du bon pour le cirque (pour vingt minutes de représentation) : pour le dehors et l'équitation militaire, ce n'était rien, absolument rien. Dans la seconde école de Baucher, qui se rapprochait un peu de l'ancienne école, le cheval avait plus de perçant. Mais l'arrière-main écrasée, le devant trop haut étaient contraires à l'équilibre horizontal et à la progression harmonieuse du cheval de service. »
Le comte de Montigny a publié, ainsi que nous venons de le
dire, plusieurs ouvrages qui sont bien connus des gens de cheval. Nous mentionnerons, entre autres : « Le Manuel oie l'éleveur ou Méthode simplifiée de dres-
sage des chevaux au monloir et au trait par M. de Mon- tigny, ancien officier de cavalerie hongroise, ex-écuyer, professeur à l'Ecole d'État-Major, professeur à l'Ecole na- tionale de haras. » « Le Manuel des Piqueurs » a été fort bien accueilli lors
de sa publication, et il est depuis resté classique. C'est un vo- Bride de la cavalerie de la garde
impériale ; im. lume qui, sous un format restreint, contient nombre d excel-
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TROMPETTE DES CUIRASSIERS DE LA GARDE IMPÉRIALE
1860.
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LE CHIC A CHEVAL.
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lents renseignements, et sur la manière de monter et sur celle de mener.
Un petit traité d'entraînement, traduit de l'anglais, est joint à ce vo- lume qui est un de ceux dont la place est marquée dans la biblio- thèque du sportman. A Saumur, le comte de Montigny, qui succéda à la
personnalité très marquante de M. Rousselet, fut un de ceux qui contribuèrent à donner à l'école ce cachet d'éclectisme bien entendu qui a été une des forces de cette école. |
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En
ta un porain « Lune mque le
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1852, un M. Casimir Noël de Memors régulateur, sur lequel un
connu, M. Raabe, a écrit ces mors vraiment ex tion nouvelle, tout dit-il, « pren- |
înven-
contem- 1 ignés : traordinaire, crée aussi extraordinaire dre un certain nombre faire diiHger immédiate- en équitation. tageux pour les ignorants en tion, un cavalier sera plutôt immense progrès pour les la nouvelle position de la la main fixée sans rendre et être aussi commode que gra- |
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de jeunes chevaux et les
ment par les plus ignorants « Voilà, certes, qui est avan-
équitation. Avec cette innova- forme qu'un fantassin. Quel troupes à cheval, surtout avec main de la bride. « En tenant sur la ceinture même. Ce doit cieux. » « L'équilation enseignée
« Nous ne sommes plus
temps à M. Noël de Meaux qu'un fantassin; peste, Et, puisque nous
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en vingt-cinq minutes. »
étonné s'il faut moins de
pour former un cavalier
vingt cinq minutes ! »
venons de parler de
ment qu'a porté
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'J to*i
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V
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M. Raabe, don
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tout de suite le juge-
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nons
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des « Origines de l'école de la
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cavalerie ».
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latons la perturbation jet
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le monde
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par l'ouvrage du capitaine Raabe, réfuta-
visible du cours d'équitation de Saumur, que en fut réprimandé par le ministre de la guerre, que ce cours d'équitation du comte d'Aure avait une consécration officielle; on se rappelle que le ministre de 1 guerre en avait ordonné et dirigé la rédaction. Le capita Raabe, partisan, même exagéré, du système Baucher, était natur |
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y
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214 LE CHIC A CHEVAL.
lement l'ennemi de cette méthode; il s'était créé une nombreuse clientèle d'admirateurs
avec ses tours de force d'équitation; et, soit par fanatisme, soit par esprit d'indépendance — le fond de son caractère — il avait écrit d'une plume acérée ses principes équestres, qui devaient fatalement représenter une attaque en règle contre le système d'Aure. « Le capitaine Raabe commandait alors un escadron du 6e de dragons, qui partit
bientôt pour la guerre de Crimée. Ce départ éteignit, pour le moment, cette polémique équestre renouvelée des luttes de M. Baucher. M. Raabe continua là-bas ses prodiges, et il trouva un brillant champion dans l'armée anglaise, le capitaine Nolan, qui fit plus d'un assaut équestre avec lui. Mais les échos de cette remarquable rivalité n'arrivèrent que bien affaiblis jusqu'en France, dominés par le bruit des batailles et par bien d'autres |
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nouvelles plus absor-
auxquels nous faisons nus que du plus petit part, le capitaine Raabe « Cependant, nous ser supposer que les sent les seuls mérites était, au contraire, un remarquable, ayant un |
ba.ntes. Aussi les traits
allusion ne sont-ils con- nombre, et, pourlaplu- fut oublié. ne voudrions pas lais-
talents équestres fus- decet officier; M. Raabe capitaine commandant grand ascendant sur |
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Fers sans clous, maintenus avec une bande de caout-
chouc; employé pendant la guerre de Crimée, poul- ies chevaux déferrés. |
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ses hommes, et de grandes qualités militaires; mais à coup sûr ses talents équestres,
mieux que tout autre don, le mettaient hors de pair. « Revenu en France, le capitaine Raabe reprit sa lutte de système, au point où il
l'avait laissée, et par la particularité de sa méthode et son refus de concessions il se fit le nom que tout le monde connaît. » Du reste les méthodes plus ou moins bonnes ne manquaient pas alors, et les expé-
riences se succédaient à de courts intervalles dans la cavalerie, ce qui ne laissait pas que d'y jeter un certain trouble; car, même mauvaise, une idée nouvelle rencontre tou- jours des adhérents qui, la plupart du temps, sont gens en quête des moyens cle se faire remarquer, et espèrent toujours avoir, comme disent les soldats, « trouvé le joint ». C'est ainsi qu'en 1854 on fit grand bruit autour du nom d'une écuyère Mme Marie Isabelle. Et comme, en tout temps, le plus grand désir des civils a été cle se mêler des choses militaires, tout en interdisant formellement aux militaires de se mêler des choses civiles, Mme Isabelle, de même que Baucher, avait grande envie de voir sa méthode expérimentée et appliquée par l'armée. Grâce aux nombreuses influences dont elle disposait, elle obtint qu'une commission,
présidée par le général Regnault de Saint-Jean d'Angely, qui commandait alors la garde, examinât sa méthode. Cette commission, dont faisait partie le comte d'Aure, se réu- nit au manège de l'École d'État-Major. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Cela se passait en juillet 1854.
En novembre de la même année, Mme Isabelle fut envoyée à Sau-
mur pour y démontrer ses principes de dressage. C'est ce qui a pu faire dire à un écrivain, évidemment mal renseigné, que le manège, à une certaine époque de l'Empire, avait été sous les ordres de Mlle Isa- belle, confondant sans doute cette dernière avec la bouquetière du Jockey-Club. Commencés le 14 novembre 1854, les cours de cette dame se conti-
nuèrent jusqu'en avril 1855, et se terminèrent par le fiasco le plus com- plet qu'on puisse rêver. Naturellement, l'écuyère se prétendit victime des préjugés surannés et
d'une opposition malveillante. Un des aides de camp du roi de Portugal, le capitaine de Canha Salgado, étant venu visiter l'école, on lui montra le dressage des chevaux confiés à Mme Isabelle. « Ce fut simplement pitoyable; les égards qu'on doit à une dame,
quand même, nous empêchent de répéter le mot dont s'est servi l'of- ficier portugais pour juger une méthode qui offrait de pareils résul- tats. » En autorisant de semblables expériences, il est incontestable que le
ministre de la guerre engageait grandement sa responsabilité. N'était- ce pas, du reste, ce même ministre qui défendait formellement aux of- ficiers de suivre les chasses à courre, « qui ne pouvaient que détour- ner des études essentielles et sérieuses ». On comprend qu'avec dételles défenses, dont on peut rapprocher celle
édictée le 23 juin 1869, époque à laquelle un autre ministre rappela qu'il était formellement interdit aux officiers de « figurer sur aucun hippo- drome avec leurs chevaux d'armes, à aucune course plate ni même à aucun steeple chase ». On comprend, répéterons-nous, que les officiers de cavalerie, laissés aux seules ressources de la manœuvre, trois fois par semaine, et qu'on voyait d'un mauvais œil monter leurs chevaux isolément, eurent vite perdu le goût de l'équitation. Ces malheureux principes subsistèrent du reste fort longtemps; et
je me souviens d'avoir servi, en 1876, sous les ordres d'officiers de la vieille école, lesquels ne comptaient l'équitation absolument que com- me une chose secondaire, comme du « fricotage », pour employer leur expression. Il est juste d'ajouter que dès lors une vigoureuse réac- tion contre ce singulier état de choses commençait à se produire; mais nous en parlerons en temps et lieu. Nous avons déjà cité le nom de M. le comte Savary de Lancosme-
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LE CHIC A CHEVAL.
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Brèves : en 1855 il fit
l'ami du cheval », qui historique, scientifi- choses qui ont rapport œuvre remarquable à n'a malheureusement Un peu plus tard, cosmes-Brèves publia taurisation », ou - dont les principes fu- des détachements du niers envoyés à coteffet mission fut constituée général président le composée du lieute- |
paraître son « Guide de
est à la fois une revue que et pratique des à l'équitation. Cette tous les points de vue pas été terminée, en 1860, M. de Lan- son traité de la « Cen- vrage resté célèbre, et rent expérimentés par 1er et du 2° de carabi- à Saumur. Une com- sous la présidence du comité de cavalerie, et nant-colonel d'Avo- |
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i.Wtt
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Russie; chevaliers gardes.
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court, du 6e de dragons; du chef d'escadron de La Jaille, du 7e de dragons; du ca-
pitaine Effantin, du 7û de dragons et du capitaine de Mauduit, du 6e de dragons. Elle avait pour mission de juger la nouvelle méthode. Voici quelles furent les conclusions de cette commission. « En résumé, le travail
des trente premières leçons a donné les résultats suivants : «Les hommes ont le corps et les jambes parfaitement placés ; ils se servent de leurs
agents sans déranger pour cela ni leur assiette ni leur position, et ils sont en état d'exécuter, avec toute la régularité désirable, les mouvements des hanches et le recu- ler, mouvements difficiles pour le jeune cheval; ils savent galoper sur l'un et l'autre pied et s'enlèvent sans effort à cette allure. « Enfin, cavaliers et chevaux possèdent une instruction de beaucoup supérieure à celle
qu'ils acquièrent d'habitude dans nos régiments. « Un pareil résultat est évident, incontestable et parle de lui-même. Est-il besoin de
rien dire de plus en faveur d'une méthode qui n'est nullement en contradiction avec les principes de l'Ordonnance, en tous points applicable à l'instruction de la cavalerie et qui habitue les hommes à conduire les chevaux avec patience et douceur? « Paris, le 15 avril 1860. »
Comme tous les gens de mérite, M. de Lancosmes-Brèves eut ses détracteurs et ses
très chauds partisans; les premiers l'accusant de renier les principes du maître (on sait que M. de Lancosmes-Brèves avait été l'élève et l'ami de Baucher), les seconds lui reprochant d'avoir trahi l'École de Versailles. Il s'en est défendu, lui-même, mieux que personne ne l'aurait pu faire et en ces termes :
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COSAQUE DE LA GARDE.
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« Il est difficile d'expliquer les attaques qui me sont adressées par quelques parti-
sans exaltés de M. Baucher, puisque, malgré mon désaccord avec lui sur un grand |
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nombre de questions,
ceux de ses plus fer- conjurer l'insuccès gé- France et à l'étranger, veut la sortir de son du dressage. Si la ques- je garderais encore le considération pour le maître; mais il s'agit quitation, et admettre |
j'ai joint mes efforts à
vents disciples, pour néral de sa méthode en insuccès mérité, si on véritable cadre, celui tion me concernait seul, silence, tant j'ai de talent personnel du ici des progrès de l'é- son travail tel qu'il le tique, c'est s'associer sible, c'est conduire |
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donne, sans aucune cri-
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Un des chevaux du shah de Perse cl son gelodar.
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à une instruction nui-
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soi-même tout cavalier crédule dans une voie aboutissant à de fâcheux résultats.
« Je vais donc m'exprimer nettement sur la nouvelle équitation de M. Baucher. Je tiens
à montrer que nos deux écoles sont entièrement distinctes, et qu'il y a, entre celle de ce maître et la mienne, la même différence qu'entre le périmètre du Champ de Mars et celui du Cirque. Après cette déclaration franche et claire, provoquée par la conduite de nos adversaires à mon égard, j'espère que les partisans de la méthode Baucher ne chercheront plus à confondre les principes de leur maître avec ceux que je professe. Il est sans doute impossible de ne pas se rencontrer quelquefois sur certains prin- cipes; mais il n'en est pas moins réel que notre point de départ et nos résultats ne sont pas les mêmes, ainsi que je vais l'expliquer. » |
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critique très juste et très serrée
vant citer toute cette discussion, ces quelques passages. de solidité présentés par M. Bau- à toutes les lois de l'aisance, cheval ; ils nuisent à la parfaite cavalier et l'animal; cette pre- je le dis avec regret, entière- |
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Et l'auteur continue par une
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de la méthode Baucher. Ne pou-
nous en transcrivons seulement « Les principes de tenue et cher sont, selon moi, contraires de la solidité et de la grâce à union qui doit exister entre le mière partie de la méthode est, ment manquée......... « La mise en main par les
par ceux qui sont non seulement tre, familiarisés avec les prin- ce Et remarquons, en outre, embarrassé qu'on ne le peut CHIC A CHEVAL.
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attaques n'est applicable que
de bons cavaliers, mais, en ou- cipes anciens..........
que le cavalier est bien plus
supposer, s'il n'est élève que •28
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Piqueur d'attelage de l'empe-
reur Napoléon III; livrée à l'anglaise. |
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218 LE CHIC A CHEVAL.
de M. Baucher, car il doit être roide, s'il a suivi exactement les principes du maître,
notamment celui qui, selon moi, empêche d'acquérir de l'aisance et de la solidité à cheval : « C'est par la force que l'élève arrivera à être liant, et non par l'abandon, tant et si inutilement recommandé. » Principe pernicieux et qui doit être rejeté bien loin. |
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« Pour sortir de ce dilemme équestre, ou plutôt pour faire partir son cheval, le
cavalier est très heureux de retrouver les principes de l'École de Versailles, qui appre- nait à ses élèves comment il faut porter son cheval en avant. Mais le baucheriseur proprement dit, se décourage et reste sans moyens de défense, livré à un animal de- venu son maître. Aussi vouloir citer le travail remarquable de plusieurs officiers de Tarmée, comme une preuve de l'excellence de la méthode Baucher, ne prouve abso- lument rien; les bons cavaliers savent toujours remplir, sans hésiter, les lacunes d'une théorie mauvaise ou incomplète, à plus forte raison quand ces cavaliers sont des écuyers sortis de l'École de Saumur. Et parce que ces derniers travaillent eux-mêmes avec un fonds de science qui leur appartient, dira-t-on, pour cela, que leur succès vient de la méthode Baucher? Tandis qu'il est plus vrai de dire qu'il est, avant tout, le résultat des bons enseignements de MM. Rousselet, d'Aure, Saint-Ange, Guérin et Briffaut etc., qui ont mis ces officiers en état d'appliquer toutes les méthodes connues ou à connaître. |
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« En un mot, la méthode Baucher, isolée, ne fera que des cavaliers disgracieux,
taquins, fâcheux pour le cheval, qu'ils rendent rétif; acceptée comme appendice, elle est d'une utilité incontestable, si on la dépouille de ses erreurs, et les expériences nous prouvent chaque jour que les cavaliers qui savent en faire une bonne application, avaient préalablement appris à monter à cheval avant de chercher à l'appliquer. « Comment en serait-il autrement? La méthode Baucher est un résumé philoso-
phique de l'équitatiôn des écuyers anciens, présenté sous une forme nouvelle par un praticien hors ligne dans sa spécialité. Et ne lit pas qui veut dans ce livre où le génie, si longtemps méconnu des Frédéric Grison, des
de La Broue, etc., se reflète à chaque instant. » On voit que ce jugement, tracé de main de maître,
et par un homme dont la haute compétence ne sau- rait être mise en doute, résume bien plus clairement la question que les polémiques violentes de ceux qui n'ont cherché, en se faisant les champions de Bau- cher et de ses principes, qu'à attirer l'attention sur leur nom ou à « donner une bonne leçon au gou- vernement ». Mais, nous avons quelque peu anticipé sur l'ordre
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chronologique, pour résumer en un seul contexte les principes de M. de Lancosmes-
Brèves, et il nous faut maintenant revenir à l'année 1855. C'est en effet à cette date que parut un ouvrage d'équitation d'un très grand mé-
rite pratique : « Leçons de science hippique générale, ou Traité coinplet de l'art de connaître et gouverner et d'élever le cheval, par la baron de Curnieu. » En 1856, nouvelle décision ministérielle interdisant, d'une manière formelle, la par-
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ticipation des offi-
ciers de Fécole de courses plates ou On conçoit sans
sagréables im- reilles prohibi- causer dans la ca- voulu, de propos . ger toute velléité duel, qu'on ne s'y trement. Il n'y a des résultats sionsdece genre; gie, l'amour du térisenos officiers que leur arme |
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tiers et sous-offi-
cavalerie aux auxsteeple-chase. peine quelles dé- pressions de pa- tions devaient valerie. Eût-on délibéré, découra- de travail indivi- serait pas pris au- pas à s'étonner qu'eurentdesdéci- et il a fallu l'éner- métier qui carac- de cavalerie, pour n'ait pas été com- vée par de sem- |
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plètement éner-
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Le Prince Impérial en 480fi.
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blables hérésies.
C'est aussi de cette même année 1856 que commence la réputation du capitaine Ger-
hardt, qui tient une place honorable dans l'histoire de l'équitation. Alors capitaine instructeur au 1er de lanciers, il fut appelé, avec son grade, aux lanciers de la garde im- périale lors de la formation de ce magnifique régiment; et le général Morris, qui com- mandait la cavalerie de la garde, lui ayant laissé toute latitude, il expérimenta avec grand succès sa méthode sur des chevaux rétifs de différents régiments. C'est également en 1S56, que le comte de Lancosmes-Brèves gagna son fameux pari
de trot en arrière. Parti des Champs-Elysées, à la hauteur de la porte du palais de l'Industrie, il arriva, en cinq minutes trente sept secondes, à l'obélisque, but de sa course. Il avait forcé tous les chevaux présents à le suivre au trot. En feuilletant le beau livre de M. le capitaine Picard, auquel nous avons fait de si
nombreux emprunts, et qui nous a servi de guide pour notre travail, persuadé que nous étions de ne pouvoir faire mieux que de suivre un si parfait modèle, nous trouvons le récit du départ du général de Rochefort qui commandait l'École de cava- lerie depuis 1852. |
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Nous croyons bon de citer en entier ce passage; car il atteste quel vigoureux esprit
régnait alors dans la cavalerie. « Le mardi 8 juin 1859, le général de Rochefort reçut l'ordre de partir immédiatement
pour l'Italie. Il avait le commandement d'une brigade dans le 4e corps, division Niel. « M. de Rochefort reçut des témoignages de sympathie de toute l'école et de la
ville entière. Après la revue, un vieux cavalier de remonte, à l'œil pétillant, la moustache retroussée, le front couvert de rides, le type de ce soldat français dont l'allure atteste l'énergie et la franchise, s'avança d'un pas ferme vers son général et, lui présentant un sabre, se fit en ces termes l'interprète de la compagnie. « Mon général, je viens au nom de la compagnie entière et comme doyen des ca-
valiers de remonte, vous offrir ce sabre. Nous savons qu'il sera bien porté (1). Que Dieu vous protège et protège l'Fmpereur, vive l'Empereur. Vive le général! M. de Rochefort, tout ému, reçut dans ses bras ce vieux soldat, le remercia de son
témoignage, et lui dit avec effusion qu'il saurait répondre à leur attente. « Au défilé de la revue, les cris de vive le général de Rochefort! étaient mêlés à
ceux de vive l'Empereur! Toute la journée, l'hôtel du général fut envahi par ses nombreux amis, qui venaient lui exprimer leurs vœux. « Le jeudi soir, à neuf heures, M. de Rochefort quitta Saumur. Les officiers, en corps,
l'escortèrent avec des torches jusqu'à la gare; plus de cinq à six mille personnes, tant civiles que militaires, se trouvèrent réunies sur la place du chemin de fer. Avant de descendre de cheval, le général adressa quelques paroles, Sa voix fut couverte des cris de vive l'Empereur! vive le général! vive
l'armée d'Italie! Au moment où il entra dans la salle, la foule se précipita dans la gare, le recon- duisit jusque sous la marquise. Là, plusieurs sol- dats lui serrèrent la main; M. de Rochefort, tout |
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P>
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ému, les remercia et leur dit qu'il se rappellerait
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toute sa vie d'avoir été à l'École de cavalerie.
« Aussitôt MM. les officiers se portèrent, armés
de torches, sur le passage du train et saluèrent une dernière fois M. de Rochefort des cris de vive le général ! » En février 1861, le maréchal Randon, ministre
de la guerre, ordonna de faire une étude com- (1) L'Allemand Offenbach n'avait pas encore composé \a.Grande-
Duchesse et commencé a « blaguer » avec un esprit contestable, les choses qu'on avait auparavant le goût évidemment « vieux jeu » de respecter ; et ce vieux cavalier de remonte était probablement de ceux qui, selon la railleuse expression du regretté Villiers de l'Isle-Adam, « donnaient encore dans ces ponts-là ». (L. Vallet.) |
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SUR LES HAUTS PLATEAUX;
1881. |
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LE CHIC A CHEVAL. 221
parative sur les moyens relatifs des chevaux anglais et des chevaux normands.
Voici ce que dit France hippique de cette expérience, qui se termina un an plus
tard, en février 1862. « Son Exe. M. le Maréchal Randon, désirant se rendre compte de la valeur
réelle des chevaux anglais et des chevaux normands employés à l'École de cavalerie de Saumur, pour le service de la carrière, sous le rapport de la vigueur, des allures et du fond, donna des instructions à M. le général commandant l'École pour que l'étude comparative eût lieu, pendant un an, entre dix chevaux achetés par l'École à un mar- chand de Paris, et dix chevaux normands achetés par le dépôt de remonte de Caen. |
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Le résultat de cette expérience vient d'être consigné clans le rapport suivant adressé
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D'après des documents anglais.
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par le général Crespin, commandant l'École de Saumur, à son Exe. M. le Maré-
chal Randon qui a bien voulu nous en donner communication. Ce document inté- ressera nos lecteurs et surtout nos éleveurs. 11 prouvera une fois de plus que la France peut, aussi bien que l'Angleterre, fournir de beaux et bons chevaux, et qu'a- vec un élevage rationnel et des soins intelligents, elle peut rivaliser avec les autres pays étrangers, et même devenir, à son tour, le grand marché de l'Europe, puisqu'elle peut créer toutes les variétés de l'espèce chevaline. «. École impériale de Cavalerie. — Rapport sur l'étude comparative faite entre dix
chevaux achetés par l'École à M. Perrault, marchand de chevaux à Paris, et dix chevaux livrés par le dépôt de remonte de Caen pour le service de la carrière. « Conformément aux prescriptions d'une dépêche de son Exe. M. le Maréchal mi-
nistre de la Guerre, en date du 28 février 1861, les dix chevaux anglais achetés par l'École à M. Perrault, et les dix chevaux livrés par le dépôt de remonte de Caen, dans le courant du mois de février 1861, pour le service de la carrière, ont été suivis à part et étudiés parallèlement jusqu'ici. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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« Pendant les premiers mois d'examen, la supériorité
semblait acquise aux chevaux anglais, parce que, habi- tués au travail et à peu près dressés au moment de l'achat, ils ont pu être mis en service quelques semaines après leur arrivée; mais à mesure que les influences du régime et de l'acclimatation ont disparu, les chevaux normands ont pris peu à peu le dessus, et aujourd'hui, quoique ces derniers, âgés de cinq ans en moyenne, n'aient pas atteint tout à fait leur complet développement, il est facile |
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Joueur de polo.
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de conclure en faveur des chevaux français, car les An-
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glais, plus âgés, ne peuvent que perdre, tandis que les
autres ont encore à gagner. « En résumé, comme vigueur, allure et énergie, les chevaux normands me paraissent
l'emporter, jusqu'à ce jour, sur les chevaux anglais. » Nous ne nous permettrons pas de formuler un avis sur cette question, n'ayant certes
pas la compétence nécessaire, et nous nous contenterons de noter que parmi l'état-major de l'École se trouvaient, à cette époque, les personnes dont les noms suivent : MM. Guérin, écuyer en chef; Vallon, vétérinaire principal ; Grandin, capitaine instruc- teur; Dutilh, capitaine écuyer; Lenfumé de Lignières et Piétu qui, tous trois, sont au premier rang parmi les célébrités hippiques, et qui ont, aussi tous les trois, com- mandé successivement le manège de Saumur. Il serait curieux, en tous cas, étant donnée la supériorité incontestable de l'époque
actuelle sur celle dont nous esquissons l'histoire, de faire une nouvelle expérience et d'y convier non pas les gens dont les coudes en dehors, la culotte grotesque et le filet de courses sont les seuls titres en équitation, mais des écuyers dont la notoriété bien établie |
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serait un sûr garant de leur
C'est en 1861 également que d'hui général des plus en vue, puis définitivement adopter, sa quelle se trouvaient des prin- ce La qualité essentielle du ter franchement en avant; on lui donner. » « La souplesse de la mâ-
est prêt à céder; il faut donc, vement, s'assurer que cette |
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impartialité.
M. le capitaine Bonie, aujour-
obtint de faire expérimenter,
méthode de dressage dans la-
cipes de cette valeur :
cheval de guerre est de se por-
doit tout faire pour arriver à la
choire indique que le cheval
avant l'exécution de tout mou- souplesse existe. » |
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Bride d'officiers
de hussards allemands. |
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« Il est indispensable pour la santé du jeune cheval qu'il soit au grand air le plus
possible. » « Porter en avant le cheval qui se défend doit être signalé au cavalier comme but principal de ses efforts. » |
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LE CHIC A CHEVAL.
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223
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« Il (le cheval) ne deviendra réellement cheval de guerre qu'après avoir acquis, au
dehors, du fond et de la vitesse par l'entraînement. » Remarquons que le capitaine Bonie est le premier écrivain militaire qui ait osé parler |
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de l'entraînement. Pour se rendre un compte exact de toute la hardiesse qu'il y avait
alors à préconiser, une méthode où l'entraînement tenait une place importante, il est in- dispensable de se souvenir des idées qui avaient alors cours sur ladite matière dans la majeure partie des gens du métier. La commission réunie pour examiner les résultats de l'application des principes du
jeune capitaine fut du reste émerveillée de ces résultats. Elle constata que les chevaux entraînés par la méthode du capitaine Bonie avaient pu parcourir d'abord 3,500 mètres au galop puis fournir une charge d'un kilomètre. Notons que c'est en 1862 qu'on envoya, pour la première fois, à Saumur des jeunes
Arabes. Ils suivirent les cours comme cavaliers-élèves, et devaient sortir comme maré- |
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coutume s'est conservée
des cavaliers-élèves en qui, comme moi, ont eu tiède l'École, ont pu voir ces fameux cavaliers lors- fauteuil qui leur sert de tre assis commodément les réactions sont nul- des juments de pur sang. enfants du désert nous bon moment. L'un d'en- pas citer le nom, mon- mes, une certaine ju- rah, très ensellée et très |
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chaux des logis. Cette
jusqu'à la suppression 1879. Ajoutons que ceux l'honneur de faire par- quelle triste mine font qu'ils sont privés du selle, et qu'au lieu d'ê- sur un cheval arabe dont les, ils sont campés sur Je me souviens que ces ont fait passer plus d'un tre eux, dont je ne veux tait, comme cheval d'ar- ment nommée Basso- |
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Monsieur Loyal !
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chargée en ganache, qui remmenait très tranquillement notre ben.....etc., à
l'écurie, malgré tous les conseils que lui prodiguait M. de Gontaut-Biron, qui était
alors notre très excellent instructeur. |
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224 LE CHIC A CHEVAL.
En 1863, parut le « Cours d'hippologie » de M. Vallon, vétérinaire principal à l'École
de cavalerie. Ce cours est devenu classique. Les jeunes cavaliers de Saurour ont fait sur M. Vallon une chanson qui est un petit
chef-d'œuvre empreint d'un vif sentiment de gaieté militaire. Nous demandons la permission d'en citer quelques couplets, regrettant de ne la pou-
voir reproduire dans son entier à cause du ton un peu gaulois de certains de ses couplets. Que les puristes en littérature ne se montrent pas trop sévères à l'égard de cette chan- son; ils ont fait bien des vers qui, pour être plus corrects que ceux que nous citons, ne survivront pas aussi longtemps. L'ennui qu'ils distillent les a condamnés à un oubli éternel; ceux-ci sont sans façon et ne visent qu'à faire rire, c'est ce qui les fera se trans- mettre de génération en génération......tant qu'il y aura des Saumuriens. |
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VALLON A L'OLYMPE.
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Un jour
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Jupin. là haut était tout attristé,
Car dans l'Olympe,
Quand on y grimpe,
On ne trouve pas toujours la gaîté ! C'était lundi, les dieux avaient manège;
Déjà Vénus était sur le sauteur, Quand retentit une voix sacrilège; Vulcain frémit et Mars trembla de peur ! Dans l'assemblée
Tout étonnée,
Un vieux savant s'avançait à cheval, Et la structure
De sa monture
Etait des os avec du fil d'archal. Tranquillement il marchait sur la piste,
Le front soucieux, deux bouquins sous son bras;
Mais Jupiter avait le nectar triste,
Il s'écria : Mortel, on n'entre pas ici;
Quelle imprudence !
Quelle insolence!
Oser troubler la reprise des dieux! Quelle est ta vie
Et ton génie?
Qui t'a permis de venir en ces lieux ? Mai le savant rassembla son squelette,
Dont les os craquèrent tout à coup, Et puis il dit en faisant la courbette : 0 Jupiter, de grâce! pas d'à coup! |
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UN OFFICIER DU 9« DE CHASSEURS EN COLONNE;
SUD ORANAIS 1881. |
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LE CHIC A CHEVAL.
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Daigne m'entendre
Et me comprendre ; Bien que je parle un drôle de français Les dieux, j'espère, Comme sur terre, Apprécieront mon nom et mes succès. Je suis Vallon, j'ai fait l'Hippologie,
J'ai disséqué plus d'un carcan morveux; A bouquiner, j'ai brûlé ma bougie, Pour abrutir tous nos petits-neveux. Qu'un autre raille
Et puis travaille ;
Mon crâne usé, s'il veut, lui servira. Mais à l'école,
Sur ma parole,
Après ma mort mon nom retentira. J'ai bien des fois pillé ce bon Saint-Ange,
En bien des points j'ai fait plus mal que lui. Peut-être un jour quelque affreux mélange M'enfoncera, mais je règne aujourd'hui. Un exemplaire
Peut-il vous plaire ?
Ce n'est pas fort, mais on a fait plus mal, Et puis, cher Sire,
Il faut vous dire
Qu'à l'instant même je sors de l'hôpital. Pour douze francs j'ai vendu ma science,
C'est pour les frais de mon enterrement; Mais les sous-offs n'ont pas payé d'avance, Cela viendra je ne sais trop comment. Pour le vulgaire
La chose est chère,
Surtout au prix qu'est le beurre à Saumur; Mais la gravure,
D'après nature,
Est abondante et du trait le plus pur. Mais Jupiter le lendemain lui dit : La renommée
Mon vieux savant, toujours te survivra; Ta mort soudaine a fait gémir l'armée, Mais ta mémoire longtemps y restera. Prends ma couronne,
Car je m'abonne.
Je veux agir comme un sous-officier |
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Etc . . . etc . . etc . . . .
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La chanson de Saint-Georges, que nous empruntons également au répertoire des élèves
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CHIC A CHEVAL.
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226 LE CHIC A CHEVAL.
de Saumur est pleine, elle aussi, de finesse et d'une franche gaieté. Elle se chante sur
un air bien connu des troupiers. |
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LA SAINT-GEORGES
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Depuis longtemps les artilleurs
Fêtent la Sainte-Barbe,
Les laisserons-nous, mes amis,
Trinquer à notre barbe?
Je vous entends répondre non,
La faridondaine, la faridondon,
Nous aurons notre fête aussi, biribi,
A la façon de Barbari, mon ami.
Nous avons un saint cavalier
Qui fait bien notre affaire,
Saint Georges fut un écuyer
Et un grand militaire.
Nous le choisissons pour patron,
La faridondaine, la faridondon,
Et nous trinquerons avec lui, biribi,
A la façon de Barbari, mon ami.
Nous aurions bien pris saint Martin,
Sans sa fâcheuse affaire, Couper un manteau de sa main Ça vaut le conseil de guerre, Et rhabillement, songez-y donc ! La faridondaine, la faridondon, A qui donc l'imputerait-il? biribi, A la façon de Barbari, mon ami. Vous savez tous, les cuirassiers,
Que saint Georges fut un gros frère,
Il a servi dans les lanciers,
Et même dans la légère,
Il terrassa bien un dragon,
La faridondaine, la faridondon,
Mais pas un de ceux d'aujourd'hui, biribi,
A la façon de Barbari, mon ami.
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LE CHIC A CHEVAL. 227
Mais il faut que bas nous chantions
De peur des jalousies,
On prendrait pour conspiration
L'éclat de nos bougies,
Et comme une congrégation,
La faridondaine, la faridondon,
Ou nous expulserait, biribi,
A la façon de Barbari, mon ami.
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Or j'ai rêvé pour notre saint
Un brillant mariage,
Que l'artillerie nous donne la main,
Nous entrons en ménage;
Que sainte Barbe ne dise pas non,
La faridondaine, la faridondon.
Je réponds que saint Georges dira oui, biribi,
A la façon de Barbari, mon ami.
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Pour dot nous lui demanderons
Trois ou quatre batteries Pour faire à nos belles divisions, Un peu de bijouterie, Et avec ça nous nous ficherons, La faridondaine, la faridondon, De tout le reste du fourbi, biribi, A la façon de Barbari, mon ami. |
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Voilà qui certes vaut bien « En revenant de larevue ». C'est moins prétentieux, mais
c'est à coup sûr plus militaire et beaucoup plus fin. Mais nous voilà bien loin de l'année 1863. Il nous faut cependant y revenir pour parler
de nouveau du capitaine Raabe. Nous n'en dirons du reste qu'un mot, car nous avons déjà exprimé notre façon de penser sur ce disciple de Baucher. Nous nous bornerons donc à indiquer sa « Méthode de haute école d'équitation », avec atlas, . . . qui parut en 1863, et souleva de nouvelles et interminables polémiques. Le capitaine Picard a résumé cette méthode en une ligne :
« Dressage mécanique secondé par un tact tout spécial. »
En 1865, vingt-cinq cavaliers, choisis dans l'escadron des cent-gardes, exécutèrent,
sous les ordres de M. de Lancosmes-Brèves, et d'après ses principes, l'école de peloton, les sauts et la charge. Ceci se passait sur le Champ de Mars; et, pour l'expérience finale, les cavaliers débri-
dèrent leurs chevaux, déposèrent à terre bride et filet, et, n'ayant comme aides que les diverses répartitions du poids du corps et la cravache, ils manœuvrèrent au commande- ment du comte de Lancosme-Brèves. Ce résultat si curieux et si probant avait été obtenu en six semaines, par les exercices
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gradués de l'instructeur qui ne cessait de répéter à ses élèves :
qu'il n'y a pas d'équitation possible sans l'union physique et mo- rale entre le cavalier et sa monture. La serpentine était un des exercices auxquels le comte de Lan-
cosme-Brèves attachait la plus grande importance pour faire saisir ses principes. (Origines de l'école de cavalerie.) En 1866, le 19 avril, l'École de Saumur donna un grand car-
rousel à Paris au palais de l'Industrie. L'Empereur, qui assistait à ce carrousel avec l'impératrice et
le prince impérial, témoigna sa vive satisfaction de la façon dont furent exécutées les différentes reprises, et le lieutenant-colonel L'Hotte, qui les commandait, fut fait officier de la Légion d'hon- neur. En 1867, nouvelle interdiction fut faite aux officiers de pren-
dre part aux courses avec leurs chevaux d'armes; « les courses militaires n'ayant produit depuis leur institution aucun résultat au point de vue de l'améloriation de l'instruction équestre de nos officiers, elles ont été définitivement abandonnées!!! ». En 1869 on édicta encore une défense du même genre.
Arrivent les temps noirs de 1870-1871. Nous n'en dirons qu'un
mot ; la cavalerie y fit héroïquement son devoir. Si elle éclaira mal l'armée, il faut dire qu'elle n'y avait été nullement pré- parée et se reporter aux causes d'énervement et d'émasculation que nous avons soulignées. Les différents ministres qui s'étaient succédé pouvaient avoir des qualités très grandes ; ils ne sor- taient pas de la cavalerie. La cavalerie n'avait eu qu'un rôle très restreint en Crimée
et en Italie. Après le Mexique elle fut sacrifiée aux économies réclamées par l'opposition. Néanmoins, on ne saurait le dire trop haut, les qualités de bravoure personnelle et d'abnégation qui y ont été toujours très développées ont suppléé, autant qu'elles l'ont pu, au nombre qui manquait. Reischoffen, Gravelotte, Sedan ont montré quel parti on aurait
pu tirer de ceux qui ont si vaillamment ramené la brigade Von Bredow et qui, quelques jours plus tard, l'héroïque général marquis de Galliffet ayant répondu qu'on chargerait « tant qu'il en resterait un ! » arrachait au roi victorieux ces mots : « Ah! les braves gens! » Montrons-nous donc un peu moins sévères pour ceux qui |
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UN PIQUEUX.
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ont su prouver qu'après tout, ils étaient les dignes fils des braves qui avaient fourni les
charges légendaires de Waterloo. Beaucoup de ceux qui n'épargnent guère la critique, d'abord parce que les critiqués
n'ont pas droit de réponse, beaucoup de ceux-là auraient peut-être eu piètre mine s'ils s'étaient trouvés à cheval, dans les houblonnières de Reischoffen, le jour où « ca chauffait ». |
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Selle de cavalerie allemande.
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CHAPITRE XVII.
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CONTEMPORAINS.
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l faut dire qu'une des plus grandes qualités de la cavalerie à l'heure
présente, c'est de monter admirablement à cheval. Après les temps sombres de 1870 et de 1871, on comprit qu'il fallait de toute néces- sité refaire une cavalerie alerte, vigoureuse et surtout sachant monter à cheval. Nos généraux ne se laissèrent pas abattre par la défaite, et avec une
abnégation, un courage qu'on ne saurait trop exalter, ceux mêmes qui ne pouvaient guère espérer voir la revanche, se mirent à l'œuvre sans se laisser intimider par les roquets qui leur aboyaient dans les jambes. La tâche était lourde, l'heure peu encourageante ; il s'agissait de semer la moisson que d'autres cueilleront, qu'importe! le vieux sang fiançais était là. 11 ne peut mentir. Où le père n'avait pu passer il fallait que l'enfant passe! Et eux qui avaient pu, à juste titre, espérer une retraite glorieuse sous les lau- riers si vaillamment cueillis, ils consentirent à tout pour préparer cette tardive revan- che; à tout, même à laisser discuter les choses qui leur étaient les plus chères par des avocats, et à passer en revue des bataillons de gamins dont le bâton de réglisse de- vrait être la seule arme. Tous les officiers ont droit à leur large part des résultats acquis; tous ont donné
sans marchander et leur temps et leurs forces à l'œuvre entreprise, en comptant pour ce qu'elles valaient, les critiques des militaires en chambre. |
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Parmi tous ces officiers, trois hommes surtout ont fait faire à la cavalerie tous les
progrès qu'elle était capable de faire en les circonstances actuelles. Le général Thornton, le général marquis de Galliffet, le général L'Hotte. Essayons de notre mieux de rendre un juste hommage aux efforts de ces illustres officiers généraux, tous les trois cavaliers des plus remarquables. Et d'abord disons, et disons-le bien haut, jamais à aucune époque de l'histoire nos
officiers de cavalerie n'ont été maîtres en équitation comme ils le sont aujourd'hui. A coup sûr ils tiennent le haut du pavé, sur tout ce qui monte à cheval. Beaucoup de civils montent certainement très bien, mais la plupart sont d'anciens officiers. Un grand nombre de sportsmen ont du reste admiré trop exclusivement les Anglais, se contentant, lorsque leur fortune le leur permet, de monter de très jolies bêtes, nullement mises, du reste ou mises avant qu'ils les achètent. Nous l'avons dit et ne cesserons de le répéter, pour beaucoup, la culotte, la « Chantilly » impeccable sont tout; il ne s'agit que d'aller faire un tour chaque matin « aux poteaux » ou de paraître à quelque chasse pas trop pénible, qu'on peut du reste suivre jusqu'au bout sans même froisser son col de chemise; l'habit rouge sort intact de cette petite promenade. 11 est certain que si c'est en cela que consiste l'équitation, les Anglais sont de beaucoup nos maîtres. Hyde Park est rempli de sportsmen et sportswomen émérites, et le « Row » les voit chaque jour depuis l'âge le plus tendre jusqu'au plus avancé faire « a good walking », parcourant les allées cavalières de cette paisible promenade « in a furious speed » sur n'importe quel pied du reste et exactement comme si, tous, ils faisaient de l'entraînement. Évidemment l'œil est charmé de cette nombreuse réunion d'hommes impeccable-
ment habillés, la boutonnière fleurie, et de jeunes misses ou ladies la plupart fort jolies, le tout monté sur d'admirables animaux de pur-sang. Mais vo}'ons, la main sur la conscience, l'homme de cheval, qui a admiré ce spectacle, car il vaut certes qu'on l'admire, peut-il trouver là rien qui soit de l'équitation. C'est « chic », assurément très chic, mais réellement ce n'est que cela, et la moindre reprise de sous-maîtres est bien autrement intéressante.
Je ne puis nommer personne, mais un de nos officiers
de cavalerie légère dont les succès hippiques ou autres ne se comptent plus, m'a bien des fois raconté qu'en Angle- terre, au temps ou il montait à côté d'un noble et vaillant prince dont la mort a mis en deuil tous les gens de cœur, les murmures admiratifs susurraient sur tout leur pas- sage. Et que ceux qui reconnaîtront de qui je veux parler, me disent si jamais ils ont vu un Anglais monter aussi élégamment et aussi bien. Ah ! je sais ce que vous allez me dire, anglomanes incor- Fuetde course, rigibles que vous êtes : il y a la chasse; les avez-vous vus |
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EN ROUTE POUR LE DRAG.
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les Anglais à la chasse? Oui je les ai vus, oui ils ont des hunters merveilleux, oui
ils sautent crânement. Mais j'ai vu aussi nos équipages français. Et croyez-vous que ces braves gens en jaquette rouge et en « tube » gris, qui s'en vont soufflant dans des cornets de conducteurs de tramways et galopant comme des aveugles à la queue de chiens muets, ont un chic quelconque auprès de nos vieux équipages à la française? Là, la chasse est une science et une vraie science, depuis celui qui « fait le bois » jus- qu'aux vaillants « Piqueux » qui sonnent si allègrement dans la grande « Dampierre » |
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et font réson-
vieilles forêts de Vendée, la Per- Puységur. Ilya-t-il,pour
man(l),unemu- tante que celle trompe de chas- de nos bons tou- français, et de la Mais aussi c'est à cheval, c'est pour de bon, |
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ner, dans les
Sologne ou de thuis ou la le vrai sport-
sique plus exal- que font, et la se, et la « voix » tous; là, tout est bonne marque, là qu'on monte là qu'on chasse ne se contentant |
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Filet de course.
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pas, comme dans la triste Angleterre, de galoper une demi-heure à toute bride après
un malheureux chevreuil qu'on sort de sa boîte au moment de la chasse. Croyez-moi, anglomanes, mes amis, notre France vaut largement tous les pays du
monde, et le jour où nous aurons le courage d'être Français, fiers d'être Français et rien que Français, nous serons tout étonnés, vous anglomanes les premiers, de voir que le vrai chic c'est le nôtre et que, si nous voulions, c'est chez nous qu'on prendrait le mot de la mode. Et ce jour-là arrivera, ou plutôt il reviendra le jour où quelque jeune prince ou quelque grand seigneur aura le courage de remettre la France à la mode. Nous avons dit que le général Thornton avait contribué dans une large part à la réor-
ganisation de notre cavalerie. Tous ceux qui ont servi connaissent et saluent avec respect ce beau soldat, dont la
rude physionomie respire la droiture, la franchise et la vaillance. Tous ceux qui ont été cavaliers-élèves de 1872 à 1876 ont eu l'honneur de s'asseoir à la table du général commandant l'École (2) et ne peuvent se rappeler, sans émotion, de quelle respectueuse |
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(1) Je suis bien obligé d'employer ce mot anglais puisqu'il n'a pas son équivalent dans notre langue hippique.
« Écuyer » est bien démonétisé ! (2) Le général Thornton, lorsqu'il commandait à Saumur, avait comme planton un brigadier-élève et invariable-
ment ce planton était invité à déjeuner entre le général et MUo Thornton, sa sœur. Ces souvenirs sont de ceux qu'on n'oublie pas. Qui ne se rappelle de « Punch » et de la belle jument neigée. |
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CHIC A CHEVAL.
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affection était entouré ce brillant officier, qui nous connaissait tous, du plus petit au
plus grand, par notre nom. Ce sera, certes, une de mes plus grandes joies d'avoir pu, dans ce modeste livre, parler d'un général que nous aimions, à l'École, de toute la force de nos jeunes cœurs et qui a laissé dans la mémoire de tous ceux qui ont servi sous ses ordres le souvenir le plus sympathique qui se puisse être. Les titres de service du général sont du reste aussi brillants que possible :
Engagé volontaire en 1842 au 59e d'infanterie, il entre à Saint-Cyr et en sort le 1er |
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octobre 1845 comme sous-lieu-
un coursa Saumur du 1er jan- |
tenant au 8° de dragons. Il suit
vier 1846 au 1er octobre 1847 et Lieutenantlel 1 novembre 1848, vier 1850 au 1er octobre 1851. 1851, il est successivement ad- teur, capitaine écuyer à Saint- officier d'ordonnance du gé- mée. Le 2 août il est chef d'es- 14 mars 1859, il passe aux cui- avec ce beau régiment qu'il |
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passe au 4° de cuirassiers,
il revient à Saumur du 1er jan- Capitaine du 30 septembre j udant-major, capitaine instruc- Cyr. Le 1er juin 1854, il est néral Morris et part en Cri- cadron au 4e de hussards. Le rassiers de la garde, et c'est fait la campagne d'Italie. Che- |
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Bride moderne, dite « bride
anglaise *. |
valier de la Légion d'honneur
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lieutenant-colonel au 1er de
carabiniers le 11 août 1862 et colonel au 7e de chasseurs le 12 août 1866. — Il fait partie du corps expéditionnaire de Rome du 4 novembre 1867 au 10 février 1868. — Officier de la Légion d'honneur le 24 décembre 1869. — En 1870, il est à l'armée du Rhin du 8 août au 9 septembre, et à l'armée de l'Est du 26 septembre jusqu'à l'entrée en Suisse. Le 3 octobre, il est nommé général de brigade, et on lui donne le comman- dement d'une division d'infanterie. Le 24 novembre 1870, il est nommé divisionnaire au titre provisoire, mais la revision des grades le remet général de brigade. Le 12 février 1872, il est nommé au commandement de l'École de cavalerie. Il y a trois noms qui, à Saumur, ont marqué plus que tous les autres et qui feront
toujours partie de la légende de l'École : Oudinot, de Rochefort, Thornton. Il est hors de doute que tous les directeurs de cette célèbre école ont été des per-
sonnalités de grande valeur; mais les trois noms que nous venons de citer sont assuré- ment ceux qui, à l'École, ont personnifié le brio, le « chic » pour tout résumer en un seul mot, qui a toujours passé pour être l'apanage de la cavalerie en général et de Saumur en particulier. Dans le cours de cette rapide revue des grands événements hippiques, nous avons
constamment fait remarquer que Saumur avait eu le discernement d'un éclectisme abso- lument nécessaire à tout progrès. Nous avons montré comment cette école avait su d'a- bord, à sa fondation, remettre en honneur les vieilles traditions équestres, alors que tous les principes étaient partis à vau-l'eau; comment, se gardant intelligemment |
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des exagérations de l'anglomanie, elle en avait néanmoins accueilli ce qu'il y avait
de bon; puis, pendant la grande dispute d'Aure-Baucher, de quelle intelligente façon ell© avait conservé la solide méthode du premier, tout en ne se défendant pas d'accueillir ce que celle du second pouvait avoir de brillant etdejuste. Aujourd'hui, la réputation de cette admirable école n'est plus à faire. Les services qu'elle a rendus à l'équitation en général et à la cavalerie en particulier ne se comptent plus; pas un progrès sérieux qui n'y soit bien accueilli, pas une idée juste qui n'y soit immédiatement adoptée. Sa brillante réputation est européenne; des officiers de toutes les nations sont venus successivement la visiter, rendant un juste hommage à ses mérites. Son éclat dé- passe même celui, si vif cependant, de l'ancienne École de Versailles. Peut-être les successeurs du général Thornton ont-ils trop cherché à rapprocher la
manière d'être de l'École de celle d'un quartier modèle, enlevant ainsi, à ce temple du brio et de l'élégance, un peu de ces deux qualités si nécessaires à l'arme. Mais il ne nous appartient certainement pas de les juger sans appel : leur person- nalité est trop haute, leurs qualités trop évidentes pour que nous osions les critiquer. Les commencements du général Thornton à Saumur furent loin d'être faciles, il
fallait tout réorganiser, pour ainsi dire tout fonder; la base, le recrutement de l'ar- mée étant absolument changé. Sans inutiles tâtonnements, sans hésitations, ce remarquable officier dont on a pu
dire qu'il « avait le génie de ce commandement difficile », fit du premier coup de l'École ce qu'elle est restée, la première du monde; aussi, lorsque M. le Maréchal de Mac-Mahon, président de la République, vint à Saumur le 4 mai 1874, « il félicita le général Thornton des résultats qu'il avait obtenus; il ne croyait pas qu'après la désorganisation qui avait suivi les années néfastes de 1870-1871, on eût pu, en si peu de temps, ramener l'École de cavalerie à un degré aussi prospère ». Le premier soin du général fut de s'entourer d'officiers qui tous avaient fait leurs
preuves et dont la compétence était indiscutable. Le commandant Lenfumé de Lignières eut la direction
du manège. Le commandant Tordeux, qui passait à juste titre pour
un des officiers les plus remarquables de l'état-major, fut chargé de la direction des études. Des capitaines tels que MM. de Quincerot, de Boysson,
de Mazieux, de Bellaing, de Cléric furent nommés capi- taines instructeurs. Quant au manège, les noms de MM. de Bellegarde,
de Benoist, de Briey, Joannard, de Marcé, de Piolant comme écuyers, de Peter, etc.. comme sous-maîtres, en disent assez pour se passer de tout comment aire. Bride de la cavalerie anglaise. |
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Un des premiers et des plus heureux résultats d'une semblable col-
laboration fut l'introduction du cheval de pur sang à Saumur. L'écuyer en chef, M.deLignières, était un sportman fanatique. C'est
lui qui rétablit à Saumur les courses si peu encouragées dans les der- nières années qui précédèrent la guerre; et son but, but atteint du reste, était de donner à Saumur d'abord, à la cavalerie ensuite, un allant et une vigueur qui lui avaient manqué jusque-là. Il eut le très grand mérite de prouver, le premier, que le cheval de pur sang est un merveilleux ins- trument, prêt à exécuter tout ce qu'on veut lui demander. C'est ainsi qu'il prétendait, ajuste titre, que le cavalier et le cheval devaient être aussi propres au manège qu'au dehors. Et le fameux cheval « Le Chat » admirable pur sang alezan, était à la fois un cheval de courses de premier ordre et un cheval de |
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Selle de voltige et chambrière modernes.
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haute école très brillant. Pas commode tous
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les jours, par exemple, « Le Chat! »
M. de Lignières eut donc le grand talent de prouver que le véritable homme de cheval devait être à la fois un brillant écuyer de manège et un sportman émérite. Et c'est de cette époque que date la grande supériorité des cavaliers militaires sur les cavaliers civils. Tout aussi bien que ces derniers, et avec plus de mérite, car leurs chevaux d'armes sont loin de valoir les purs sang que certains sportmen payent une dizaine de mille francs, ils courent un « steeple » ou suivent un « drag », et, ce dont sont incapables la plupart de nos jeunes élégants, ces mêmes officiers mènent jus- qu'au bout un dressage de haute école entre les quatre murs d'un manège. Le commandant de Lignières savait donc conduire très brillamment une reprise de
manège sur Bornéo, et donner un vigoureux « canter » sur Nicanor. Aussi, dès les premières courses de Saumur, voyons-nous parmi les vainqueurs, les
noms d'officiers qui tous sont restés des hommes de cheval de grande valeur. Entre autres, et pour ne pas les citer tous : MM. de Saint-Geniés, le même qui, sous le nom de Richard 0' Monroy, a écrit de si amusantes nouvelles militaires ; de Canisy, dont le nom est connu de tout ce qui monte à cheval; de Damas, de Seroux, Pinot, de Nexon, Le Chanoine du Manoir de Juaye, tous brillants cavaliers et officiers de cavalerie des plus remarquables. Il est impossible d'écrire un résumé de l'histoire de l'équitation sans parler de M. le
commandant Dutilh. Ici ouvrons une parenthèse. On me reprochera sans doute de ne parler que de l'é-
quitation militaire. Il y a à cela deux raisons : la première, c'estque pour le moment l'é- |
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A LA CAMPAGNE.
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LE CHIC A CHEVAL. 237
quitation militaire tient la tête; elle seule fait école et a encore une École, les écuyers
militaires seuls ont écrit depuis une vingtaine d'années et, qu'on le veuille ou non, Saumur est l'héritière directe et unique des écoles dont la filiation constitue l'histoire de l'équitation. Seconde raison ; je suis loin de nier qu'il y ait des civils montant remarquablement,
je dois même dire que l'équiiation, sauf aux temps brillants des La Guérinière, des Nestier et des d'Abzac, n'a jamais été aussi en honneur; mais, les gens de sport se divisent en deux classes : celle des sportmen parisiens (celle-là, M. le baron de Vaux en a parlé avec une bien plus grande autorité que je ne le saurais faire dans son beau livre, les hommes de sport), l'autre est celle des chasseurs à courre, des gent- lemen-farmers ; ceux-là, à mon avis, sont de véritables hommes de cheval, montant sûrement, justement, sans souci de la galerie. Leur équitation est exactement la même que celle des militaires avec lesquels, du reste, ils sont en constant contact, car il ne faut pas se dissimuler qu'on monte bien plus sérieusement et surtout bien plus, en Touraine par exemple, qu'à Paris. Au Bois, la tenue est parfaite, les culottes ont certes toute la largeur voulue pour être suffisamment ridicules, mais quand on a fait son tour de Bois, c'est tout le temps qu'on puisse donner au cheval. En province, on monte il est vrai bien souvent avec la vieille culotte toute rapiécée aux genoux, mais on a du chemin et du temps devant soi. Le cheval est la seule distraction; aussi est-ce bien en province qu'il faut aller pour juger de l'équitation civile, et n'allez pas croire, ami lecteur, que par province j'entends petite ville. Non, les sportmen des petites villes sont en général de tristes échantillons du sport. Par province, j'entends les châteaux, la Normandie, la Touraine, la Sologne, le Limousin, etc. Donc fermons la parenthèse et retournons à Saumur, comme nous sommes restés à
Versailles pendant tout le dix-huitième siècle. J'ai parlé du commandant Dutilh, c'est-à-dire d'une des personnalités les plus bril-
lantes et les plus justement estimées du l'histoire de sport moderne. M. Dutilh avait été huit ans sous-maître sous les ordres du comte d'Aure. De l'avis de tous ceux qui ont |
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CHEVAL.
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eu le plaisir de le voir achevai, il est certes un des écuyers les plus complets qui aient été.
Presque toute sa carrière militaire s'est faite à l'École de cavalerie où il arrivait, en 1846, comme cavalier de 2e classe pour en sortir capitaine en 1861. En 1874, il revient prendre la direction de ce manège qui l'avait si souvent vu à cheval. Professeur comme il s'en est peu rencontré, M. Dutilh a fait de chacun de ses élèves autant de fanatiques. Il était pour nous autres, pauvres petits cavaliers-élèves qui ne pouvions que l'admirer de loin, comme une sorte de dieu de l'équitation. C'est qu'en réalité, ceux qui ont vu le commandant Dutilh sautant les haies sur Betting ou conduisant une reprise des écuyers sur Le Drille, admirable petit pur sang alezan brûlé, ne pour- ront jamais l'oublier et ne verront rien d'aussi parfait comme équitation. M. Dutilh fut un des premiers écuyers qui préconisa la conduite à quatre rênes,
embouchant son cheval avec pelharn et un filet. Aussi il fallait voir quelle finesse de touche, quel merveilleux doigté avait le maître. C'est de lui, du reste, que vient l'ex- pression qui fait image : « Jouez du piano », répétait-il souvent, voulant que la main du cavalier et la bouche du cheval fussent dans un constant contact, « le cavalier devant conserver constamment le sentiment de la bouche du cheval et la résistance devant produire l'effet de rênes en caoutchouc. » Il voulait de fréquentes descentes de main, mais conduites par le cavalier et non imposées par le cheval. « La progression de dressage qu'il a laissée, est une méthode des plus sûres; il
l'appelait sa gymnastique équestre, et elle donne des résultats certains. C'est une équi- tation coulante et pour ainsi dire naturelle, qui peut être poussée aussi loin qu'on veut la mener, les allures artificielles venant comme couronnement du dressage et deve- nant pour ainsi dire naturelles. Mais ce critérium a manqué au commandant Dutilh, car le général l'Hotte, en prenant le commandement de l'École, rappela son interdic- tion formelle d'user des allures artificielles dans l'équitation militaire. « Néanmoins, le nouvel écuyer en chef a marqué comme auteur d'une véritable
méthode, simple, précise, pratique. Tout ce qu'il a pro-
fessé pour l'entraînement du jeune cheval de service est des plus remarquables. Aucun homme de cheval n'a mieux compris l'application des idées nouvelles appro- priées au dressage du cheval d'armes. Personne n'a mieux défini l'appui sur la main associé à la légèreté qui résulte de l'assouplissement et de la répartition du poids. Il appliqua la fusion des deux équitations (celle du manège et celle du dehors) qui, avant lui, se pra- tiquaient pour ainsi dire parallèlement, sans trait d'u- nion. i j 'c J, -?- \C Les hommes comme les chevaux furent soumis à cette Jeune Anglaise. dualité d'aptitudes.
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« La façon dont le commandant Dutilh déployait son cheval en le faisant passer du trot ou
du galop ralenti au trot ou au galop allongé, tout en tenant des hanches sur un change- ment de main diagonal, était on ne peut plus remarquable et empreinte d'une perfec- tion et d'un brio tout particuliers. Il excellait à exécuter un changement de pied sur un changement de main diagonal, dans la plénitude de l'allure, par une seule opposi- tion de rêne, ce qui faisait un mouvement très détendu au lieu de ce brusque saut de pie qu'accuse le cheval trop renfermé. » (Origines de l'École de cavalerie.) Oh voit par ce qui précède que nous ne sommes pas seul à admirer passionnément
le commandant Dutilh et à prétendre qu'il a été un des écuyers les plus remarquables qui aient eu la direction du manège de l'École. Si je cite quelques-uns des écuyers qui ont pro- fessé sous lui, et des sous-maîtres qu'il a formés, on conviendra qu'il s'est rarement rencontré aussi brillante et aussi complète réunion de cavaliers absolument hors de pair. Je prends au hasard MM. Joannard, de Piolant, de Witte, de Sesmaisons, Picot de Vaulogé, Sieyès, de Cahouët, Froger-Deschênes, de Canisy, Mallet, Leddet, écuyers et sous-écuyers ; de Boisgelin, d'Hebray, Vincent, Bastien, de Lizaranzu, Barbier, Caffarelli, Breuil, de Gontaut-Biron, de Blacas, d'Amilly, de Mirandol. Aucun de ces noms n'est inconnu à quiconque s'occupe de cheval, et plusieurs brillent en toute pre- mière ligne dans les annales de l'équitation. Le commandant Dutilh, sur les instantes sollicitations de ses élèves, a écrit un résumé
de sa méthode. Ce petit livre, qui parut en 1875, est un chef-d'œuvre de justesse, de simplicité et de science. Son éloge n'est du reste plus à faire. Pas un homme de cheval qui ne l'ait lu. En voici le titre et quelques trop courts extraits, qui, mieux que tout ce qu'on en
pourraitdire, feront juger l'écuyer. Méthode progressive applicable au dressage du cheval de troupe, d'officier et d'a-
mateur, par M. M.-F. Dutilh. Tout le monde connaît sa manière de placer les rênes; elle a été adoptée par tous
ceux qui en ont essayé : « Pour faire placer les quatre rênes dans la main gauche, en les supposant abandon-
nées sur l'encolure du cheval, l'instructeur prescrit aux cavaliers de prendre le filet par le milieu à pleine main, avec la main gauche, et d'ajuster alors les rênes de bride dans cette même main sans avoir égard au filet, le second doigt, c'est-à-dire l'annulaire, entre les deux rênes de bride au lieu du petit doigt. Faire placer la main gauche au-des- sus du pommeau de la selle, à la position indiquée par l'ordonnance. De cette façon, les quatre rênes sont également tendues dans la main gauche ; le petit doigt sépare les deux rênes gauches et agit particulièrement sur la rêne du filet qui, par rapport à la rêne de bride du même côté, est extérieure et supérieure. De la main droite, pren- dre la rêne droite du filet avec le petit doigt et l'annulaire remis par-dessus la rêne de |
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240 LE GHIG A CHEVAL.
bride, et cette dernière avec le médium et l'indicateur également réunis; en d'autres
termes, deux doigts pour chaque rêne, celle du filet en dehors. Conserver cette main les ongles en dessous, le bras demi-tendu », comme le dit très bien M. Dutilh : « La conduite avec quatre rênes a l'avantage, en offrant au cheval l'appui du bridon qui lui est connu, de le conduire insensiblement et sans qu'il s'en doute, à l'action plus complexe du mors de bride agissant seul. L'effet du bridon, dans ce cas, est de produire une espèce d'enrênement qui encadre la tête et l'encolure dans le plan médian du corps. » Quant à ce qui regarde les assouplissements, loin de les nier, le commandant Dutilh
les définit d'une façon juste, simple et absolument claire. « Les assouplissements ont pour premier but de rendre la tête légère sur l'encolure, d'habituer cette dernière à se détendre, droit devant elle, pour favoriser la locomotion, particulièrement les allures vives, et à revenir sur elle-même, en se rouant supérieurement, puis les mouvements cadencés ou raccourcis, pour les ralentissements ou changements d'allures et pour les arrêts. » Impossible, n'est-ce pas, d'être plus précis et de mieux dire en moins de mots? Et voici, quelques lignes plus loin, un principe formel, admirablement énoncé et
qui devrait être la base de tout traité d'équitation, en même temps qu'une réfutation sans réplique des exagérations du baucherisme : « La tête et les deux premières vertèbres de l'encolure sont les seules parties de la
région cervicale qu'on doive assouplir. « Il ne faut que monter une seule fois un cheval dont toute l'étendue de l'encolure a
été soumise à des applaudissements latéraux qui amènent la tête jusqu'à la botte du cavalier, pour bien se rendre compte des énormes difficultés qu'il présente dans sa conduite. » Suit la façon de procéder pour exécuter les assouplissements.
A citer encore, entre mille autres, le passage relatif aux descentes de main latérales.
« Pour obtenir la descente de main latérale à droite, par exemple, le cavalier, tenant
les quatre rênes comme il a été prescrit, place son cheval à droite et provoque la mobilité de la mâchoire en divisant les appuis sur l'embouchure. Dès que l'encolure se détend, le cavalier suit le mouvement de la tête en maintenant la rêne droite légèrement tendue pour que le déplacement ait lieu dans la direction du plan diagonal, qui passe- rait par la hanche et par l'épaule droite. » Et encore ce passage qu'on ne peut passer sous silence : « Comme règle, l'action
combinée des rênes et des jambes a lieu comme les allures du cheval, c'est-à-dire en diagonale ; ce qui revient à dire que tout déplacement de la tête à gauche, par exemple, nécessite une action plus marquée de la jambe droite que de la jambe gauche et vice versa. » Enfin et pour finir, voici en quelques mots quel but le commandant Dutilh voulait que
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PROMENADE AU BORD DE LA MER.
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LE CHIC A CHEVAL.
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l'écuyer poursuive. Les quelques lignes qui suivent montre-
ront bien [quel remarquable homme de cheval la mort a ravi à l'armée. Personne n'a mieux que lui défini la fusion des deux équitations, celle de course et celle de manège. Un che- val pour être réellement mis doit réaliser ce desideratum. C'est la grande supériorité de l'école moderne sur toutes celles qui l'ont précédée, c'est celle qui laisse bien loin der- rière elle l'équitation anglaise, par l'excellente raison que celle-ci n'est, pour ainsi dire, qu'un seul des deux chapitres qui doivent être réunis pour faire le livre complet. « Le cheval de course rentrant à l'intérieur y doit deve-
nir le cheval de manège le plus docile... L'officier doit pou- voir maintenir les allures ralenties d'une colonne de route, par exemple, aussi bien que produire le maximum de vi- tesse de l'attaque... pourtant, dans les deux cas, le cheval doit être conduit aisément, sans efforts ni fatigues inutiles |
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fcï V.r: v* ■
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pour le cavalier, deux
nécessités contraires auxquelles il faut égale- ment satisfaire. Voyez le ^^^^^^^^^^^^^^^ cheval de course galo- pant sur l'hippodrome, son encolure est basse, elle est droite, elle est complètement allongée; la tête elle-même tend à se placer dans son prolongement. Ces deux positions opposées sont absolument néces- saires pour que l'animal puisse, au manège, donner des allures brillantes et cadencées, et sur la pelouse, le maximum de sa vitesse : sa conformation l'exige. |
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242 LE CHIC A CHEVAL.
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soit pour allonger le jeu de la machine. »
C'est ainsi qu'un des plus brillants élèves de Dutilh, le capitaine Sieyès, commente la
méthode de ce remarquable professeur, dans une brochure parue en 1885 et qui prenait ce modeste titre : « Dressage du cheval de guerre et du cheval de chasse suivant la mé- thode de feu M. le commandant Dutilh, par un de ses élèves ». En effet, le seul reproche qui a pu être fait à Dutilh, c'est de ne pouvoir guère être compris que par les initiés. M. Sieyès entreprit de combler cette lacune en vulgarisant cette admirable méthode. J'ai eu l'honneur, en 1875, de monter à l'ancien petit manège, sous les ordres de
M. Sieyès, à cette époque, sous-lieutenant-écuyer. A tous tant que nous étions, cavaliers- élèves, gamins à peine échappés du collège, nul mieux que M. Sieyès n'a su inspirer, en même temps qu'une grande et respectueuse admiration pour son talent, un vif amour des choses du cheval. Notre professeur représentait pour nous, jeunes enthousiastes prêts à vibrer à toutes
les belles choses, l'idéal le plus complet que nous nous faisions de l'écuyer; tenue toujours absolument correcte et de l'élégance la plus raffinée, politesse exquise, patience à toute épreuve (et il en fallait), manières de la plus parfaite distinction, montant admirablement et professant avec la plus grande simplicité, en un mot, gentilhomme et gentleman, c'est tout dire. Le livre du capitaine Sieyès est une merveille de clarté et de précision; je ne connais
pas de meilleur traité d'équitation. Il n'entre pas dans notre cadre de parler du Règlement de 1876 qui modifia absolu-
ment l'aspect des manœuvres de cavalerie ; nous ne citons donc qu'à titre de mémoire les noms des membres de la commission à laquelle on dut ce nouveau règlement. |
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LE CHIC A CHEVAL. 243
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Général du Barrail, président; généraux Thornton, Cornât, de Vouges de Chanteclair,
L'Hotte; colonels Savin de Larclause, Grandin; lieutenants-colonels de Jessé, Robert d'Orléans, duc de Chartres; capitaines Ghis et Meynier. En 1877, le lieutenant-colonel A. Gerhardt publie un livre justement apprécié :
« Traité des résistances du cheval. » Le sous-titre de cet ouvrage le résumera admi-
rablement : « Méthode raisonnée du dressage des chevaux difficiles, donnant la solu- tion de tous les problèmes embarrassants qui peuvent se présenter dans le dressage du cheval de selle, et en général dans la pratique de l'équitation,et philosophie hippique déduite de la physiologie et de la mécanique animale. » En 1880, M. Gaume, déjà connu par ses « Causeries chevalines » et ses « Remarques
sur les chevaux de guerre », publie un livre plein de vérités et d'humour intitulé « Recher- ches sur l'équitation militaire par un ancien soldat ». M. Gaume a, comme nous, comme tous les gens qui aiment vraiment le cheval pour le cheval, une opinion bien arrêtée sur l'équitation des Anglais. Cette manière de voir est trop près de celle que nous avons nous-même pour ne pas citer les quelques lignes qui suivent. « Il nous paraît urgent de mettre une sourdine à notre anglomanie, ou plutôt de la
réduire à ses véritables proportions. Nous aimons des Anglais la façon de produire, d'élever, de soigner les chevaux, de les entraîner et de les monter en course ou derrière les chiens; mais il y a des bornes à tout. Nous détestons, en général, la tenue des An- glais à cheval en dehors du turf; à force de vouloir poser pour la nonchalance, ils ressemblent à des gens qui ont dîné trop copieusement et que la digestion incommode. Quant à leurs chevaux de selle (nous ne parlons pas ici du mérite intrinsèque du cheval, mais de l'équitation du cavalier), ils n'ont, montés par eux, rien de gai, de souple ni de brillant; ils sont raides, moroses et aussi peu gracieux que leurs maîtres. « L'équitation d'école, académique, classique, est aujourd'hui à peu près tombée en dé-
suétude, elle n'est plus de mode; le temps est à la vitesse en toutes choses. Or, un cheval de haute école n'est pas vite, et un cavalier capable de le dresser est encore plus lent... à former. « C'est saltimbanque, dit-on. (Il y a un siècle, c'était encore l'occupation des princes.)
Saltimbanque, pourquoi? Parce que, dit La Bruyère, dire d'une chose qu'elle est bonne demande du bon sens. Il est plus court de prononcer d'un ton décisif, et qui em- porte la preuve de ce qu'on avance, qu'elle est exécrable. « La loyauté serait de dire que l'équitation d'école n'est
plus dans nos goûts ni dans nos habitudes, qu'elle de- mande un apprentissage long et pénible auquel personne ne veut plus s'astreindre, parce que les résultats n'en sont ni compris ni appréciés; mais la trouver ridicule, . Selles' anglaises modernes, avee
c est agir sottement. » et mns avances.
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Mais, cher M. Gaume, ceux qui vous lisent sont convaincus à l'avance; quant aux autres,
les anglomanes indécrottables, comment les convaincre... ils ne lisent jamais! M. Gaume n'est pas, du reste, le seul écrivain hippique qui voudrait qu'on regar-
dât Un peu en arrière, de temps en temps. M. le baron d'Étreillis, dont personne, je pense, ne niera la compétence en équitation, soutient la même thèse dans son livre paru en 1883, « Écuyers et Cavaliers, autrefois et aujourd'hui ». Le seul reproche que nous ferons à ces deux auteurs, dont, du reste, nous partageons
absolument la haine de l'anglomanie, le seul reproche, dis-je, c'est de ne pas s'être assez rappelé qu'à Saumur on professe encore, qu'on y monte encore avec des principes, et que toute la hardiesse du steeple, si nécessaire aux cavaliers, s'y concilie fort bien avec une tenue et une méthode impeccables. Il nous faut citer, en cette année 1884, le raid exécuté par plusieurs officiers du
2e de chasseurs, sous les ordres du colonel de Lignières. Nous allons de nouveau retrouver des noms bien connus : MM. de Cahouet, Grellet,
Des Francs, d'Harambure, de Fleury, de Moracin et Caillau, partis de Tours le 30 juin à 2 heures du matin, y rentrèrent le 3 juillet à midi, après avoir fait, sans changer de chevaux, un trajet de 400 kilomètres en 82 heures, entre Châtellerault, Poitiers, Bres- suire, Angers, Saumur. Voilà un exploit hippique bien digne d'hommes de cheval comme M. de Lignières
et comme les officiers qui l'accompagnaient. Le général Boulanger, ministre, faillit porter un coup funeste à l'équitation militaire, en
supprimant pour les officiers de cavalerie l'autorisation de participer aux concours hip- piques, mesquine mesure qui étonne peu quand on sait que le général était un cavalier |
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très ordinaire, et si l'on se
qu'avait, aux yeux des con- séduisait tant les ignorants C'est par ce ministre éga-
à Saumur les aiguillettes qui Aciers du cadre de Saumur nège, pas bien coûteux pour- tant à Saumur, par tradi- une marque distinctive spé- |
souvient du peu de valeur
naisseurs, le cheval noir qui des choses du sport, lement que furent supprimés relevaient la tenue des of- et le petit chapeau de ma- tant, et auquel on tenait tion, et parce qu'il était bien ciale à l'école. La tenue des distinction et d'élégance sé- modifiée; à la place de la |
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écuyers, tenue admirable de
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Selle de cavalerie légère; modèle 1874.
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vère, fut en même temps
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tunique noire qui seyait merveilleusement à cheval et qui, avec les aiguillettes
d'or et le petit chapeau en bataille, constituait un costume absolument unique au monde, donnant à son homme un léger cachet Louis XVI très approprié au manège, on a affu- blé les pauvres écuyers de l'inévitable dolman noir, et comme coiffure absolument prati- que pour monter à cheval on leur a donné quoi? un shako à plumet rouge. Impossible, |
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n'est-ce pas, de choisir avec un
plus mauvais goût et une igno- rance plus absolue de l'esthétique équestre. Quel est donc le spiri- tuel chroniqueur qui a dit que c'était une tenue de major hollan- dais? Avec la barbe, le costume |
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A
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serait absolument complet. Mais pourquoi ne pas donner tout de suite à ces pauvres
officiers, auxquels on semble faire un crime de leur élégance et de leur distinction, le charmant petit veston coin de feu en drap gris bleu que portent les officiers d'infanterie? Avec cela, un bon bonnet grec, et on sera à son aise, au moins. Ah! nous sommes loin des houzards, des grenadiers et de tous les brillants soldats du
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premier Empire ; ceux-là se battaient en grande tenue, plumets au vent, et je ne sache pas
que les grognards de la vieille garde aient retiréleurs hauts bonnets à poil pour accomplir ces fameuses marches forcées de la Seine à la Marne en 1814. N'a-t-on pas écrit mille fois que nos pauvres soldats étaient les plus mal habillés de l'Europe? Il faut n'avoir jamais voyagé pour ne pas être persuadé que cela est absolument juste. Le suprême de- sideratum en France, c'est qu'un homme ait un uniforme fait pour une taille supérieure à la sienne; alors, voilà un homme bien habillé, et qui doit être fier de ce qu'il porte! Aucune grande nation militaire, ni la Russie, ni l'Allemagne, ni l'Autriche, ni l'Angleterre, n'a voulu de l'horrible et incommode pantalon de cheval. La France seule garde le monopole de ce vêtement lourd, disgracieux, coûteux et insupportable à por- ter. On a bien mis en essai dans différents régiments la culote demi-collante et les hautes bottes jaunes. Cela suffisait pour changer l'aspect des troupes du tout au tout; le soldat dégagé, mieux à cheval, reprenait un peu de l'allure pimpante de ses prédécesseurs. C'était fort joli, très commode, d'un entretien peu coûteux et passionnément souhaité par les sous-officiers et tous les hommes. Tous les avis des officiers ont été favorables, mais il y a les rapports, sous-rapports, commissions, sous-commissions, comités et sous- comités, toute la paperasse, enfin! C'est assez dire que ce ne sera jamais adopté et que nous verrons, longtemps encore, nos pauvres cavaliers porter ce misérable pantalon dont le seul et unique mérite est d'avoir été inventé par un officier de cavalerie à coup sûr très brillant général, mais sans cloute pas très cavalier. |
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On ne saurait trop le répéter, et tous les grands capitaines ont été de cet avis, la cava-
lerie étant une arme d'effet moral et se recrutant forcément parmi les classes supérieures de la nation, doit être très soignée comme tenue; les chamarrures ne sont du reste pas né- cessaires pour cela : le choix judicieux des couleurs, le goût présidant à la coupe des vête- ________ ments, remplacent avantageusement toute
espèce de clinquant. Et qu'on n'aille pas
objecter le fameux « pratique ». D'a- |
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bord les hommes ont besoin
d'être maintenus un peu , sous \ peine de les voir glisser dans le ' i . - \ négligé; ensuite je ne sache pas
,/ ( "U ' \ que le haut plumet de son col-
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back ni sa brillante pelisse rouge
aient empêché le maréchal des logis Guindet de. si bien occire certain prince, à certaine bataille, en 1806. Tout cela, il faut bien le dire, c'est encore l'influence des modes an- glaises , non pas de leurs modes mi- litaires qui sont fort belles, mais de leurs horribles modes civiles ; n'est- il pas du dernier chic, de l'élégance la mieux entendue, d'avoir un pale- tot qui semble avoir été fait pour un monsieur deux fois gros comme celui qui le porte? La si gracieuse |
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Paper-hunt donné en juin 1890 par les officiers
du 8e de dragons dans les environs de Meaux. |
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culotte anglaise (que du reste les officiers anglais se gardent bien de porter en uniforme)
ne doit-elle pas, pour être portable par un homme qui se respecte, ressembler à un caleçon de gâteux? Et qu'on n'aille pas croire que je préconise la culotte extra collante. Certes non ; pour
monter à. cheval il faut être à son aise, mais il n'est pas nécessaire d'être ridicule. Certainement si le goût changeait (et il changera lorsque quelque jeune prince
ou quelque homme élégant aura le courage de porter des effets taillés pour lui et non pour le voisin), chacun hausserait les épaules quand on lui montrerait les culottes actuel- les. C'est assurément aussi laid que l'était la crinoline sous l'Empire. Et n'y aurait-il pas un moyen bien simple, pour un ministre un peu... gaulois, de
faire tomber cette vilaine mode? Tout simplement : circulaire portant défense formelle d'user de la culotte dite an-
glaise ; les chefs de corps, cependant, pourront en autoriser le port aux officiers dont la mauvaise conformation naturelle doit être soigneusement cachée aux yeux du public!! La culotte anglaise aurait vécu. On a beaucoup crié aussi contre le grand képi qui s'enfonce jusqu'aux oreilles. Cela,
c'est à tort et sans connaissance de cause; il est absolument nécessaire à l'homme qui monte à cheval, galope, saute les obstacles, d'avoir une coiffure qui tienne sur la tête, or le petit képi nécessite l'emploi si laid et si incommode de la jugulaire de cuir; le képi un peu grand et tenant bien est donc indispensable. Tous les gens qui montent à cheval ont des coiffures emboîtant toute la tête, exemple :
les chasseurs, les jockeys; le grand képi est donc absolument nécessaire, en outre il n'est pas disgracieux et se rapproche beaucoup par la forme nouvelle qu'on lui a donnée de la casquette autrichienne, laquelle est fort jolie. Ce qui, par exemple, est la continuation de ce mauvais goût qui voulait imposer le
veston même à la garde municipale (dernier reste de régiments composés de vrais soldats et ayant gardé une apparence de belle tenue), c'est d'avoir cru faire d'une casquette de négligé, car au fond ce n'est que cela, une coiffure distinctive en y ajou- tant de mesquins attributs. Regardez un peu si les Allemands,à qui cependant on ne saurait reprocher le sens militaire pratique, ne conservent pas avec soin colbacks et schapskas, plumets et fourragères. Toutes ces suppressions, tous ces enlaidissements de la tenue,
surtout dans celle de la cavalerie, ont bien une raison. Je ne puis la dire ici, craignant d'être accusé de parti pris, mais elle est bien connue de ceux qui en font partie. Pour terminer, examinons, en quelques lignes rapides, les
différents peuples qui s'occupent du cheval. J'ai dit à plusieurs reprises, dans le cours de cet ouvrage, ce 1878 ; boite Chantilly à tige
en drap. qU 'il faut penser de « l'Arabe et son coursier ». Les Arabes grands,
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CIRCASSIENS DE L'ESCORTE DU CZAR.
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d'une fort belle race guerrière, ayant conservé un costume très
pittoresque sont, évidemment, fort curieux à voir lorsqu'ils Se Espagn livrent, en l'honneur de quelque grand mariage ou de la récep- tion de quelque général, à leurs légendaires « fantasias » ; leurs chevaux, très jolies bêtes (jolie est le mot), aux al- 0 XJ ' Hollande
lures brillantes, doués d'une grande souplesse et de très
gracieux mouvements, sont tout indiqués pour un semblable exercice. Mais, à coup sûr, si on retirait manteaux flottants et les selles richement |
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les grands
brodées; si |
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Belgique
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de ce pays,
drait pas grand morte. étrier emboîtant le
bon sens, éperons un fauteuil , voilà bes. Si on ajoute à cela réactions à peu près nulles dressés en naissant, on com- comme le sont générale- pas grand mérite à dompter |
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surtout on voilait le soleil, grand magicien
on serait fort désillusionné et on ne pren- plaisir à un exercice où l'équitation est lettre Instrument de torture comme mors,
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Italie
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pied et raccourci au delà de tout
criminels, selle ressemblant fort à tout le bilan de l'équitation des Ara- que leurs chevaux ont des |
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et sont, pour ainsi dire,
prendra que des géants ment les Arabes, n'aient leurs petites montures. J'ai dit plus haut,
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ieterre
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du reste, quelle triste mine faisaient
voyés des spahis à Saumur lorsqu'on anglaise sur un cheval de carrière, terium auquel il n'y a rien à ajouter, nées passées sur les hauts plateaux algériens |
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les cavaliers en-
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A llemagne
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les mettait en selle
Cela est un cri- Trois an- |
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m'ont ab-
T r es avec un vaux de bien au- Russie
France |
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Autriche
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solument confirmé dans cette idée,
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cavaliers, au contraire, les Cosaques, qui,
simple bridon dans la bouche de leurs che- chétive apparence, exécutent des tours de force trement difficiles et des fantasias bien autrement cu- rieuses que celles des Arabes. Les Cosaques, en effet, sont un peuple cavalier par excel-
lence, et comment en douter lorsqu'on connaît quelques- unes de leurs pensées hippiques : « les chevaux demandent a dieu de les faire aimer par leurs maî-
tres. » « le cheval marche avec la nourriture de la veille et non avec
celle du jour. » CHIC A CHEVAL. 3'2
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Coiffures d'officiers
de cavalerie (petite tenue). |
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250 LE CHIC A CHEVAL.
« LES PLUS GRANDS ENNEMIS DU CHEVAL SONT LE REPOS ET LA GRAISSE. »
On connaît aussi la légende du lion et du cheval.
Le lion et le cheval, nobles bêtes entre toutes, se disputaient un jour pour savoir
lequel des deux avait la vue la plus perçante; on attendit la nuit obscure, et le lion vit, à travers les ténèbres et à une grande distance, un poil blanc dans du lait; le cheval fit mieux encore : il distingua un poil noir dans du goudron. Le cheval était vainqueur. De même que les anciens,
et que tous les peuples orien- taux, les Cosaques attachent une grande importance à |
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la robe du cheval et à ses particularités.
Ainsi, la pelote brodée irrégulièrement est un signe peu estimé. Comme nous,
ils apprécient peu le cheval belle face, celui qui boit dans son blanc et les quatre balzanes. Nous connaissons tous le proverbe français : « Balzane un... balzane deux, cheval
de gueux; balzane trois, cheval de roi; balzane quatre, cheval à abattre. » Les Cosaques disent qu'un cheval qui a trop de blanc porte son linceul avec lui.
Les chevaux qui ont pelotes, listes ou balzanes se vendent infiniment moins chers que les autres dans leur pays. A quatre ans les jeunes Cosaques sont mis à cheval, et pour de bon; aussi, arrivés
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LE CHIC A CHEVAL. 251
à l'adolescence, sont-ils tout à fait extraordinaires, exécutant sur le cheval lancé à fond
de galop tout ce que le gymnasiarque exécute sur une barre fixe, tout ce que le fan- tassin le plus dégourdi peut faire sur « le plancher des vaches ». L'homme et le che- val semblent n'avoir qu'une seule volonté, l'animal se couchant pour abriter de son corps le cavalier qui tire son coup de fusil, puis tous deux se relevant, repartent au triple galop ; le Cosaque montant debout sur la selle, se couchant, se collant aux flancs du cheval, ramassant à toute allure son fusil ou même une pièce de monnaie. Un cheval tué, deux, trois Cosaques montent sur le même et continuent à com- battre. Ils ont une haine invétérée pour l'Allemand auquel ils infligent le nom de « Nie-
metz », terme le plus méprisant dont on puisse flétrir un coquin. On sait quelle remarquable course à travers la Sibérie vient d'accomplir un officier
russe, le lieutenant des Cosaques de l'Amour, Dmitri Peschkoff. Parti le 7 nov. (V. S.) 1889 de Blagoveschtchensk , ville de la Sibérie Orientale, il est arrivé à Saint-Péters- bourg le 19 mai 1890 après avoir parcouru à cheval 8,283 verstes (8,829 kil.) en 1,109 heures; voyageant souvent par un froid de 50° centigrades et se frayant quel- quefois un passage avec son sabre à travers les masses de neige durcies. Son che- val, hongre gris âgé de 15 ans, était sa monture ordinaire, au régiment, et il ne lui avait fait subir aucun entraînement préalable; l'illustre ataman des Cosaques, le grand-duc Nicolas, a fait placer dans ses propres écuries la brave bête, qui, durant ce tour de force hippique, a franchi jusqu'à 93 kil. en 9 heures par un froid des plus rigoureux et à travers des routes presque impraticables. En un mot, la Russie possède une fort belle et fort nombreuse cavalerie. Les uni-
formes, quoique bien simplifiés depuis le dernier règne, ont cependant gardé une cer- taine originalité, et quelques régiments, tels que les admirables chevaliers-gardes et les brillants hussards n° 1 et 2, ont conservé leurs riches tenues. Quant à l'escorte de l'Empereur, elle est légendaire, et aucun souverain n'en peut avoir une semblable. Il est malheureusement superflu de dire que l'Allemagne, elle aussi, revendique une des premières places, sinon la première, parmi la cavalerie européenne. Les offi- ciers, bien moins sportmen que chez nous, montent un peu raides mais très militaire- ment, et leur tenue est généralement irréprochable, quoique d'une élégance qui n'est pas la nôtre. Les Autrichiens, dont la cavalerie, bien souvent battue, a tou-
jours joui d'une grande renommée, ont, depuis plusieurs années déjà, perdu les splendides costumes dont ils semblaient avoir le monopole. Je dois même dire que ceux actuellement en usage sont assez disgracieux. Cependant leurs officiers, très distingués de race et de manières, s'efforcent de conserver le renom d'élégance Botte moderne, dite, « chan-
tuiy ». qu ont eu jadis les troupes austro-hongroises.
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Les Italiens sont fort laids de tenue, montant mal de très vilains chevaux, et d'une
élégance dont on laisse dans les autres pays la spécialité aux garçons coiffeurs. Rien de plus à en dire, n'est-ce pas ? Les Anglais, superbes ! ! chevaux magnifiques , quoique quelquefois un peu lourds.
Les uniformes, du plus grand luxe et surtout de la coupe la plus élégante qu'on puisse désirer; les hommes, très beaux et très fiers avec juste raison de leurs beaux costumes, ont une très belle et très grande allure. On se demande comment un peuple ayant aussi peu de goût, a pu trouver une réunion d'aussi beaux uniformes (je ne parle que de l'armée régulière). Tout militaire qui a vu, à la parade de White-Hall, les Horse-guards relever le poste de Life-guards peut se dire qu'il a admiré les plus beaux soldats et les plus beaux chevaux du monde. Voilà ce que les anglomanes devraient bien tâcher de copier. L'Espagne a bien baissé, en équitation comme dans tout le reste, depuis les
beaux temps de la monarchie espagnole. Il est juste de dire, cependant, qu'elle ren- ferme encore quelques fort bons cavaliers ; les Parisiens ont pu admirer de quelle façon montent certains caballeros en plaza. J'ai donné, page250, un dessin de ce qu'on appelle dans le pays du Cid : Derribar in
campo abierto. C'est, en d'autres termes, ce qui sert d'épreuves pour le choix des novillos (jeunes taureaux). Deux cavaliers, bien montés, et armés de lances ayant dix ou douze pieds de long,
foncent en plein champ sur le novillo, qui, généralement, s'enfuit en droite ligne avec une vitesse surprenante, et telle que les cavaliers ne le rattrapent qu'au bout de deux ou trois kilomètres. Piqué et renversé par la violence du coup, le novillo est d'abord étonné, puis s'il charge sur ses agresseurs, il est immédiatement classé comme bon pour la course, sinon on en fait immédiatement un bœuf, et il finit ses jours à l'abat- toir. En somme, tout cela est assez brutal, et on ne peut qualifier d'ami du cheval un peuple qui met son plus grand plaisir dans l'éventrement de malheureux chevaux hors d'état de se défendre. Nous donnons également, mais à titre de simple curiosité, un cavalier japonais du
temps où, ayant conservé leur grande originalité artistique, ils étaient intéressants. Aujourd'hui que l'imitation des Européens leur a ôté tout cachet, ils n'ont plus aucun intérêt. |
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Nous voici arrivés à la fin de cette courte étude sur le cheval et ce qui s'y rapporte
comme équitation. Loin de moi la prétention d'avoir traité à fond ce sujet inépuisable. Je n'ai fait que l'effleurer: il faudrait cent volumes pour tout dire sur le cheval, et |
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LE CHIC A CHEVAL.
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il faudrait surtout une autre compétence que la mienne pour le bien dire, car : « pas
UN SENTIER BATTU DE L'HISTOIRE OÙ SON SABOT N'AIT LAISSÉ SON EMPREINTE ET FAIT JAILLIR UNE
ÉTINCELLE. » |
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LE CADRE D'OR
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COMPOSITION
DU MANÈGE DE L'ÉCOLE DE CAVALERIE
DEPUIS 1872.
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1872.
Lenfumé de Lignières.......................| Chef d'escadron, écuyer en chef.
Laforgue de Bellegarde...................... ]
De Benoist.......... ....................... f „ . .
DeBriey................................. Capiten.es écuyers.
JOANNARD .................................. I
De Marcé.................................... ) T .
_, . _ > Lieutenants sous-ecuyers.
D AVIAU DE PlOLANT........................... ( J
1873.
Lenfumé de Lignières....................... I Chef d'escadron, écuyer en chef.
De Benoist................................ i
De Briey...................................j Capitaines écuyers.
Laforgue de Bellegarde..................... j
D'Aviau de Piolant..........................
De Marcé..................................
Gay de Nexon..............................
Pinot........................................y Lieutenants sous-écuyers.
Frévols d'àubignac.......................
De Ribains................ ..................
Tremeau...................... .............
1874.
Lenfumé de Lignières........................ I Chef d'escadron, écuyer en chef.
De Benoist.................................
Laforgue de Bellegarde....................
Joannard.....................................\ Capitaines écuyers.
D'Aviau de Piolant...........................
De Witte...................................
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256 LE CHIC Â CHEVAL.
De Marcé..................................... i
Gay de Nexon................................ > Lieutenants sous-écuyers.
Pinot........................................)
De Frevol d'Aubignac de Ribains............
|
|||||||||||||||||
De Damas...................................
|
Sous-lieutenants sous-écuyers.
|
||||||||||||||||
Laperrine................................
Baroux.....................................
|
|||||||||||||||||
1875.
|
|||||||||||||||||
Dutilh...................................... I Chef d'escadron, écuver en chef.
JOANNARD................•...................
D'AVIAU DE PlOLANT........................
De Sesmaisons...............................) Capitaines écuyers.
De Witte...............................|
De Lamerville...........................,'
De Damas...............................| Lieutenant.
Picot de Vaulogé.........................\
Sieyès...................................j
De Cahouet.............................■ f „
^, ^ > Sous-lieutenants sous-ecuyers.
Froger-Deschekes.....................1
Carbonnel de Canisy....................j
D'Espinay Saint-Luc...................../
|
|||||||||||||||||
1876.
|
|||||||||||||||||
Dutilh..............................I Chef d'escadron, écuyer en chef.
D'AVIAU DE PlOLANT..................
De Sesmaisons........................
> Capitaines ecuyers.
De Witte........................... De Lamebville.......................
Mallet.............................
De Lur-Saluces......................
Picot de Vaulogé....................../ Lieutenants sous-écuyers.
Sieyès...............................I
De Cahouet . . . . ,...................../
Froger Deschênes......................I „
; Sous-lieutenants sous-ccuyers.
Leddet.............................. |
|||||||||||||||||
1877.
|
|||||||||||||||||
Piétu...............................I Chef d'escadron, écuyer en chef.
D'AVIAU DE PlOLANT....................
De Sesmaisons.......................
De Witte............................[• Capitaines écuyers
Heurtaut de Lamerville................
Renouard de Bussières.................
|
|||||||||||||||||
MONSIEUR DE B***n, SOUS-MAITRE DE MANÈGE,
MONTANT SON SAUTEUR, ARISTOPHANE, EN.LIBERTÉ; 1875.
|
|||||
L
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|||||
LE CHIC A CHEVAL.
Mallet.............................
De Lur-Saluces......................
Picot de Vaulogé.....................
Sieyès.............................../■ Lieutenants sous-ccuyers.
De Cahouet..................•.......
Froger-Desckênes.....................
Leddet ............................
1878.
Piétu...............................j Chef d'escadron, écuyer en chef.
d'aviau de piolant....................
De Sesmaisons.......................
Heurtaut de Lamerville.................j* Capitaines écuyers.
Rexouard de Bussières.................
Mallet............................
De Lur-Saluces.......................
Picot de Vaulogé......................
^ „. > Lieutenants sous-ecuyers.
De Cahouet .........................
Leddet ............................
Gay de Nexon......................... \
Cousté............................. \ Sous-lieutenants.
Chrestien de Poly...................... )
1879.
Piétu..............................| Chef d'escadron, écuyer en chef.
D'Aviau de Piolant....................
De Sesmaisons.......................
De Lachoue de la Mettrie...............^ Capitaines écuyers.
isle de bauchaine....................
Mallet............................
De Lur-Saluces......................
Picot de Vaulogé......................
_ „ > Lieutenants sous-ccuyers.
De Cahouet..........................{
Leddet ............................
Gay de Nexon.........................)
Chrestien de Poly......................> Sous-lieutenants.
Le Moine des Mares....................)
1880.
Piétu...............................I Chef d'escadron, écuyer en chef.
D'Aviau de Piolant....................
De Sesmaisons........................
Isle de Bauchaine......................\ Capitaines écuyers
Mallet............................
Marette de la Garenne.................
CHIC A CHEVAL.
|
||||||
257
|
||||||
33
|
||||||
l-WW
|
||||
^r
|
||||
258
|
||||||||||||||||
LE CHIC A
|
CHEVAL.
|
|||||||||||||||
Picot de Vaulogé . .
Sieyès..........
De Cahouet ......
Leddet .........
Gay de Nexon ....
Chresties de Poly . Le Moine des Mares |
||||||||||||||||
) Lieutenants sous-écuyers.
. . . j Sous-lieutenants. . . . ]
1881. . . . I Chef d'escadron, écuyer en chef
> Lieutenants sous-écuyers.
. . > Sous-lieutenants. 1882.
. . ] Chef d'escadron, écuyer en chef.
' Capitaines écuyers. . . > Lieutenants sous-écuyers.
Sous-lieutenants. 1883.
. . j Chef d'escadron, écuyer en chef.
> Capitaines écuyers.
. . > Lieutenants sous-écuyers.
|
||||||||||||||||
PlÉTU ............
D'AviAU DE PlOLANT . .
isle de beauchaine . . .
Mallet...........
Marette de Lagarexne
Picot de Vaulogé .... De Cahouet ........
Leddet ...........
Lhuillier.........
moreau de bellaing . .
André ............
De Gontaut-Biron ....
|
||||||||||||||||
De La Forgue de Bellegardb
D'AVIAU DE PlOLANT......
Durand de Villers.......
De Merval.............
Carbonel de Canisy.......
De Scourion de Beaufort . .
Voisin................
Moreau de Bellaing......
André ................
De Gontaut-Biron.......
|
||||||||||||||||
De La Forgue de Bellegarde
De Merval..............
De Carbonnel de Canisy . . . .
De Lestatts.............
Charlerie de la Masseliére .
Peter .................
Hache.................
Taîipé.................
JOCHAUX DU PlESSIX........
André Joubert...........
|
||||||||||||||||
LE CHIC A CHEVAL.
|
|||||||||||||||
De Beaurepaire de Louvagny
Laparre de Saint-Sernin .... |
|||||||||||||||
Sous-lieutenants.
1884.
. . | Chef d'escadron, écuyer en chef.
> Capitaines couvera.
> Lieutenants sous-écuyers.
1885. •
. . [ Chef d'escadron, écuyer en chef.
. . > Capitaines écuyers. > Lieutenants sous-écuyers.
Sous-lieutenants. 1886.
. . j Chef d'escadron, écuyer en chef.
. . J> Capitaines écuyers. > Lieutenants sous-écuyers.
1887.
| Chef d'escadron, écuyer en chef.
> Capitaines écuyers.
|
|||||||||||||||
De la Forgue de Bellegarde
Carbonnel de Canisy......
De Lestapis............
Charlerie de la Masseliere. .
De Ferluc .............
Picot de Vaulogé........
jochaud du plessix.......
Peter ................
Hache ................
Tampé ................
De Lizaranzu...........
|
|||||||||||||||
De la Forgue de Bellegarde
Carbonnel de Canisy......
De Lestapis............
Charlerie de la Masseliere .
Picot de Vaulogé........
jochaud du plessix.......
Durand de Mareuil......
De Lizaranzu...........
De Contades-Gizeux......
Doynel de Quincey.......
|
|||||||||||||||
De la Forgue de Bellegarde
Carbonnel de Canisy......
Charlerie de la Masseliere.
Picot de Vaulogé........
jochaud du plessix.......
DoMENECH DE CELLES......
Durand de Mareuil......
De Lizaranzu...........
De Contades-Gizeux......
Doynel de Quincey .......
|
|||||||||||||||
D'Aviau de Piolant
Carbonnel de Canisy Picot de Vaulogé . . Mahot..........
jochaud du plessix .
|
|||||||||||||||
l;e chic a cheval.
|
||||||||||||||||||||||||||
260
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||||||||||||||||||||||||||
De Lizaranzu........................j
Doynel de Quincey.....................> Lieutenants sous-écuyers.
L'Hotte.............................)
Champion............................I Sous-lieutenant.
1888.
|
||||||||||||||||||||||||||
D'AVIAU DE PlOLANT .
Carbonnel de Canisy
Picot de Vaulogé . . Mahot..........
|
| Chef d'escadron, écuyer en chef.
)
> Capitaines écuyers.
|
|||||||||||||||||||||||||
jochaud du plessix
domenech de celles De Lizaranzu.....
|
||||||||||||||||||||||||||
doynel de quincey .
L'Hotte.........
Champion........
Morgon .........
|
1 Lieutenants sous-écuyers.
I Sous-lieutenant. |
|||||||||||||||||||||||||
I Chef d escadron, écuyer en chef.
> Capitaines écuyers. • Lieutenants sous-écuyers.
Sous-lieutenants. |
||||||||||||||||||||||||||
D'AVIAU DE PlOLANT .
Carbonnel de Canisy
Picot de Vaulogé . . Mahot..........
jochauddu plessix .
domenech de celles doynel de quincey . Champion........
De Marcieu......
Morgon.........
|
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noblemaire......
1890.
Carbonnel de Canisy....................| Chef d'escadron, écuyer en chef.
Mahot..............................\
Voisin................................I
Tampé..................................> Capitaines sous-écuyers.
jochaud du plessix........................\
domenech de celles.......................'
doynel de quincey
|
||||||||||||||||||||||||||
L'Hotte .........
|
Lieutenants.
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GaBORIT DE MONTJON
Morgon.........
Noblemaire..............................| Sons-lieutenant.
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PRINCIPALES SOURCES CONSULTÉES
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Girard de Nevers (XVe s.).
Mirouër historial (XIVe s.).
De Goncourt. — Madame de Pompadour. — La
Femme au XVIIIe siècle. — La Société sous te Di- rectoire. Le comte d'Hezecques. — Souvenirs d'un page de
la cour de Louis XVI. Baron d'Eisemberg. — Description du manège mo-
derne dans sa perfection. Montfaucon de Rogles. — Traité d'équitation.
G. Demay. — Le Costume au moyen âge, d'après les
sceaux. Baron de Rohan. — Principes pour monter et dresser
les chevaux de guerre. Ed. Détaille et J. Richard. — L'Armée française.
BauCHER. — Méthode d'équitation.
Comte d'Aure. — Traité d'équitation.
Cordier. — Traité d'équitation.
Baucher. — Souvenirs équestres.
Debost. — Traité d'équitation rationnelle.
De Pons d'Hostun. — L'Écuyer de* Dames.
Comte de Montigny. — L'Équitation des Dames. —
Manuel. Pichard. — Manuel des Haras.
Bourgelat. — Le Nouveau Newcastle.
Comte Savary de Lancosme-Brèves. — Théorie
de la centaurisation. Vallon. — Cours d!Hippologie.
Capitaine Picard. — Origines de l'École de cavalerie.
Dictionnaire des science* (XVIII0 s.).
|
|||||||
Homère. — Iliade.
Xénophon. — De VEquitation. Traduction Talbot.
— Du commandant de cavalerie. Traduction Talbot.
Plutarque. — Vie d'Alexandre.
Pol Nicard. — Les anciens ont-ils connu la ferrure
à clous. Colonel Carrion-Nisas. — Histoire générale de
l'Art militaire. Codex Theodosianus.
Discovery oferrors in the Catalogue of noiilily.
Vegèoe. — Passim.
René d'Anjou. — Traité de la forme et devis d'ung
Tournois. Ephrem Houel. — Histoire du cheval.
Froissard. — Chroniques.
Penguilly l'Haridon. — Catalogue du Musée d'ar-
tillerie. Viollet-Leduc. — Dictionnaire raisonné du Moliilier
français. Roumans d'Alexandre (XIII0 s.).
Histoire du roi Artus (XIIIe s.).
Roman de Tristan (XIV s.).
Le Livre de Guyron le Courtois (XVe 3.).
Lancelot du Lac (XVe s.).
Girard de Nevers. — Miroir historial (XVe s.).
Général Susane. — Histoire de la cavalerie.
Jehan de Vicnay. — Le Livre des escèts.
Tristan et IseuU (XVe s.).
Le Livre de Guyron le Courtois (XVe s.).
Le Roman d'Amadas cl Tdoine (XIIIe s.).
|
|||||||
262
|
||||||||||
LE CHIC A CHEVAL.
|
||||||||||
De la Bboue. — Le Cavaleries François.
De Pluyinel. — L'Art de monter à cheval. Newcastle. — Méthode nouvelle pour dresser les chc vaux (Anvers, 1658). — Nouvelle Méthode pour
dresser les chevaux (Londres, 1667).
De la Guéeinièbe. — École de cavalerie. Du Paty de Clam. — Pratique de l'èquitation, 1769. — La Science et l'Art de l'èquitation démontrés d'après
nature (1775). — Différentes parties de l'èquitation
(1781).
Thiboux de Mondésib.—Manuel du Dragon (1781). Fbeudenbeeg. — Monument du costume physique et moral à la fin du XVLIL0 siècle.
Cabinet des Modes (1786). La Mésangèbe. — Le Costume parisien. Racinet. — Le Costume historiqiee. |
||||||||||
Armeria reçu de maana.
— de Turin. Cil. Aubby. — Histoire pittoresque de l'èquitation.
La Cuene de Sainte-Palave. — Mémoires de l'an-
cienne chevalerie. Le Roman de Cari le Loherain (XIIIe s.).
Le Roman de la Charetle (XIIIe s.).
Merangis de Portlesguez (XIIIe s.).
Les Romans dou chastelain de Goucy (XIIIe s.).
Le Livre du roy Modus et de la rogne Racio (XIVe s.).
Des déduis de la chasse des lestes sauvaiges et des ogseaux
de proye (Gaston Phœbus XIVe s.). Laueentius Rusius. — Hippiatrica sive marescalia.
César Fiaschi.
Claudio Coete. — Gloria del Cavallo. — Le Cava-
lerice. L'Ecurie du sieur Griscm.
|
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Bride de l'époque de Louis XV.
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TABLE DES ILLUSTRATIONS
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PLANCHES HORS TEXTE.
Pages.
PI. 1. Officier du 5e de hussards, compagnie d'élite; 1806..................... Frontispice.
PL 2. Un Centaure............................................ 4
PI. 3. Amazone............................................. 8
PL 4. Wlasta; amazones de Bohême; 735............................... 16
PL 5. Cavalier grec; vers 850 avant J.-C................................ 25
PL 6. Les Huns.................................:........... 86
PL 7. Cavalier romain......................................... 44
PL 8. Chef gaulois........................................... 52
PL 9. Brunehaut, reine d'Austrasie................................... 60
PL 10. Cavalier normand; XIe siècle................................... 64
PL 11. Richard Cœur-de-Lion....................................... 68
PL 12. Chevalier du XIIe siècle..................................... 72
PL 13. Gendarme du XIVe siècle, en harnais de guerre.......................... 76
PL 14. Châtelaines du milieu du XIVe siècle............................... 80
PL 15. XV0 siècle. «... En tête, le destrier du seigneur monté par un très petit page....... » — Entrée
dans la ville des tenants d'an tournoi.............................. 84
PL 16. Armure maximilienne du XYI siècle............................... 88
PL 17. César Fiaschi........................................... 92
PL 18. Jeune gentilhomme de la suite de Charles-Quint......................... 100
PL 19. Seigneur allemand du XVIe siècle................................ 108
PL 20. Homme d'armes du XVIe siècle.................................. 112
PL 21. Cœsar-Auguste de Bellegarde, marquis de Termes........................ 116
PL 22. Philippe IV; armure flamande.................................... 124
PL 28. Marquise de Newcastle...................................... 132
PL 24. Un élève du marquis de Newcastle............................... 140
PL 25. Guerrier japonais........................................ 144
PL 26. Un maréchal de France; 1712................................. 148
|
|||||
264
|
LE CHIC A CHEVAL.
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|||||||
Pages.
PI. 27. Le « passège » à la Napolitaine ; 1727.............................. 156
PI. 28. La courbette; 1750....................................... 160
PI. 29. Manège ouvert; 1751...................................... 164
PI. 80. En l'an YIII.......................................... 168
PI. 81. La rencontre; 1805....................................... 172
PL 32. Paysanne des environs de Caen ; commencement du siècle.................... 176
PL 33.' Officier des chevau-légers lanciers ; 1813............................. 180
PL 34. Le pantalon ce à la Cosaque » ; 1817............................... 184
PL 35. 1834............................................... 188
PL 36. Le trot à l'anglaise; 1835.................................... 192
PL 87. Habillée par Humann !..................................... 196
PL 38. Amazones d'Humann ; 1837.................................... 200
PL 39. Au manège Pellier; 1836.................................... 204
PL 40. Officier des guides de la garde impériale ; second empire..................... 208
PL 41. Trompette des cuirassiers de la garde impériale.......................... 212
PL 42. Cosaque de la garde........................................ 216
PL 48. Sur les hauts plateaux; 1881................................... 220
PL 44. Officier du 9e de chasseurs en colonne; Sud-Oranais, 1881.................... 224
PL 45. Un piqueux........................................... 228
PL 46. En route pour le drag...................................... 282
PL 47. A la campagne.......................................... 236
PL 48. Promenade au bord de la mer.................................. 240
PL 49. Circassien de l'escorte du czar.................................. 248
PL 50. Monsieur de B****n, sous-maître de manège, montant son sauteur, Aristophane, en liberté;
1875............................................. 256
|
||||||||
Chanfrein du cheval de Louis, dauphin de Viennois; 1409.
|
||||||||
GRAVURES DANS LE TEXTE
|
|||||
CHAPITRE PREMIER.
NEPTUNE. — BELLÉROPHON. — LES CENTAURES. — LES AMAZONES.
Pages.
Fig. 1. Lettre ornée......................................... 1
Fig. 2. Amazone.......................................... 5
Fig. 3. Penthésilée , reine des Amazones............................... 7
Fig. 4. Equiéas; buste de la déesse protectrice des cochers et des chevaux............... 8
CHAPITRE II.
LES ASSYRIENS ET LES BABYLONIENS.
Fig. 5. Lettre ornée......................................... 9
Fig. G. Bride assyrienne...................................... 10
Fig. 7. Chasse à courre. Bas-relief assyrien de Ninive......................... H
Fig. 8. Longue épée des cavaliers assyriens.............................. 12
CHAPITRE III.
LES GRECS; HOMÈRE, XÉNOPIION, LES MACÉDONIENS.
Fig. 9. Lettre ornée...................................... . . 13
Fig. 10. « Il est bon de les exercer à sauter un mur ». — Xénophon.................. 15
Fig. 11. Cavaliers grecs traversant un gué.............................. 17
Fig. 12. En éclaireurs..................................... 19
Fig. 13. Trophée grec........................................ 22
Fig. 14. Eperon de cavalier grec................................... 27
Fig. 15. Bride grecque....................................... 29
Fig. 16. Peinture de vase grec. Collection du chevalier Coghill.................... 31
CHAPITRE IV.
LA FERRURE.
Fig. 17. Lettre ornée........................................ 33
Fig. 18. Fer saxon ; fer germain ; fer du moyen âge.......................... 34
CHIC A CHEVAL. 3i
|
|||||
LE CHIC A CHEVAL.
|
|||||||
266
|
|||||||
Pages.
Fig. 19. Fer gaulois; fer celtique; fer gallo-romain........... . . . . ..... 35
Fig. 20. Hipposandales ....................................... 35
Fig. 21. Fers Scandinaves et romains................................ 37
Fig. 22. Soleœ ferrese........................................ 38
Fig. 23. Mors romains, celtes, gaulois et visigoths.......................... 39
Fig. 24. Fers du moyen âge..................................... 40
CHAPITRE V.
LES ROMAINS.
Fig. 25. Lettre ornée........................................ 41
Fig. 26. Cavalier romain....................................... 43
Fig. 27. Bride romaine antérieure à l'empire............................. 45
Fig. 28. Eperon en fer de la fin de l'empire romain.......................... 46
Fig. 29. Bride romaine en usage en France jusque vers le XIIe siècle.................. 47
CHAPITRE VI.
LES NUMIDES, LES PARTHES, LES SARMATES, LES SCYTHES, LES HUNS.
Fig. 30. Lettre ornée........................................ 49
Fig. 31. Trophée barbare...................................... 51
Fig. 32. Les barbares........................................ 53
Fig. 33. Cavalier sarmate ; d'après la colonne Trajane.......................... 55
Fig. 34. Étriers antiques; Musée de Naples............................. . 57
CHAPITRE VII.
LES GAULOIS ET LES FRANCS.
Fig. 35. Lettre ornée........................................ 59
Fig. 36. Mors ayant appartenu à l'empereur Constantin........................ 60
Fig. 37. Selle du VHP siècle..................................... 61
Fig. 38. Eperon de chevalier recueilli sur le champ de bataille d'Azincourt; éperon d'un chef mérovingien ;
éperon du commencement du XVIe siècle........................ »
Fig. 39. Éperons des IXe, Xe et XIe siècles............................... 62
Fig. 40. Selle normande du XIe siècle..................... . ......... 03
Fig. 41. Fouet dont se servaient les dames du moyen âge pour monter à cheval.............. 64
Fig. 42. Cavalier franc....................•.................. 66
CHAPITRE VIII.
LA FÉODALITÉ, LES CROISADES, LA CHEVALERIE.
Fig. 43. Lettre ornée........................................ 67
Fig. 44. Selles d'armes, d'après VHistoire du roy Artus; ms. du XIIIe siècle............... 68
Fig. 45. XIIIe siècle; éperon de roussin; éperon d'armes........................ »
Fig. 46. Étrier en usage du Xe au XIIIe siècle............................. »
Fig. 47. Trophée d'armes; XIIIe siècle................................ 69
Fig. 48. Cavalier chargeant; d'après un ms. de 1360......................... . 70
Fig. 49. Chanfrein du XIVe siècle.................................. »
Fig. 50. Trophée XIVe siècle...................................• . 71
|
|||||||
LE GHIG A CHEVAL. 267
Pages.
Fig. 51. Chien employé contre la cavalerie ; XIV0 siècle........................ 72
Fig. 52. Mors d'armes du XVe siècle................................. »
Fig. 53. Bride du cheval de Barnabo Visconti; 1354.......................... »
Fig. 54. Figure du milieu du XIV0 siècle donnant la position d'un chevalier chargeant dans un tournoi . . 75
Fig. 55. Éperon d'armes du commencement du XIV0 siècle...................... »
Fig. 56. Etrier du XV0 siècle..................................... »
Fig. 57. Heuses de chasse du XIV0 siècle............................... 76
Fig. 58. Selle avec le hourd; d'après le « Roman de Tristan » ; fin du XI0 siècle............ »
Fig. 59. Etrier ajouré pour recevoir un coussinet; fin du XIVe siècle................... »
Fig. 60. Tournoyeur du XVe siècle ; ms. du roi René......................... 77
Fig. 61. Éperon du XVe siècle.................................. . »
Fig. 62. Soleret avec l'éperon fixe.................................. »
Fig. 63. Plan d'un champ clos réservé à un tournoi; d'après les indications du roi René; XVe siècle ... 78
Fig. 64. Cimier d'un tournoyeur; XV0 siècle.............................. 79
Fig. 65. Chanfrein ; XVe siècle................................... »
Fig. 65. Etrier à fenêtres; XVe siècle................................. »
Fig. 67. Botte en cuir souple ; ms. de Girart de Nevers........................ 80
Fig. 68. Selle de la seconde moitié du XV0 siècle............................ »
Fig. 69. Etrier à grille ; fin du XV0 siècle............................... »
Fig. 70. Encadrement de page; XVe siècle.............................. 81
Fig. 71. Mors des XIV0 et XV0 siècles................................. »
Fig. 72. Harnais de cheval ; XVe siècle................................ 82
Fig. 73. lieuse de chasse ou de voyage du XV0 siècle; (Livre de chasse de Gaston Phœbus)....... 83
Fig. 74. Selle hourdée; XIV0 siècle.................................. »
Fig. 75. Bride du XV0 siècle..................................... 84
Fig. 76. Harnais de tête du cheval de Charles VI ; d'après une tapisserie de la cathédrale de Reims .... »
Fig. 77. Mors du milieu du XVe siècle................................. »
Fig. 78. Botte de postillon; XVe siècle................................ 85
Fig. 79. Etrier du XIV0 siècle.................................... »
Fig. 80. Etrier de la fin du XV0 siècle................................. »
Fig. 81. Selle en ivoire du XIV0 siècle................................ 86
Fig. 82. Cul-de-lampe........................................ »
CHAPITRE IX.
XVIe SIÈCLE.
L. RUSIUS. — C. FIASCHI. — FT. GRISON. — LA BROUE.
Fig. 83. Lettre ornée........................................ 87
Fig. 84. Mors du XVIe siècle..................................... 88
Fig. 85. id.................................... »
Fig. 86. François Ier en harnais de guerre, à Marignan; d'après un des bas-reliefs de son tombeau, à Saint-
Denis ........................................ 89 Fig. 87. Etrier de François Ior ; musée de Cluny............................ »
Fig. 88. Etrier en bois; XVIe siècle.................................. 90
Fig. 89. Mors de la première moitié du XVIe siècle ......................... »
Fig. 90. Selle d'armes allemande.................................. »
Fig. 91. Selle italienne; commencement du XVIe siècle........................ 91
Fig. 92. Selle de joute; époque de Henri II .............................. »
Fig. 93. Mors décrits par Rusius ; 1530................................ 92
Fîg. 94. id. ............................... 93
Fig. 95. Bride de la première moitié du XVIe siècle......................... . »
Fig. 96. Etrier à grille ayant appartenu à Maximilien Ier, empereur d'Allemagne ............. 94
Fig. 97. Le marquis d'Ascoli, seigneur de la suite de Charles-Quint................... »
|
||||
268 LE CHIC A CHEVAL.
Pages.
Fig. 98. Armure à la romaine de Charles-Quint........................... 95
Fig. 99. Mors du milieu du XVIe siècle; les branche sont Om,38..................... 96
Fig. 100. Harnais de cheval; XVIe siècle............................... 97
Fig. 101. Harnais du cheval de Charles-Quint. ............................ »
Fig. 102. Chanfrein du XVIe siècle. .............'..................... 98
Fig. 103. Bride de parade du cheval de Henri II............................ 99
Fig. 104. Bottes du XVIe siècle................................... »
Fig. 105. « Mors descripts par F. Grison » ; 1560............................ 105
Fig. 106. Eperon bavarois; première moitié du XVIe siècle...................... 106
Fig. 107. Éperon bourguignon ; commencement du XVIe siècle..................... »
Fig. 108. Chevalier en harnais de guerre; fin du XVIe siècle et commencement du XVIIe siècle..... 107
Fig. 109. Chanfrein; commencement du XVIe siècle......................... 108
Fig. 110. • Etrier de Wolfgang de Neubourg, prince de la maison de Bavière............... 109
Fig. 111. Plaque de devant d'une selle du XVIe siècle......................... »
Fig. 112, Chanfrein du XVIIe siècle................................. 110
Fig. 113. Fer à oreilles de chat, ou à l'aragonnaise; fer à sous-pieds et à crampons........... 111
Fig. 114. Étriers du XVIe siècle.................................... »
Fig. 115. Bottes du XVIe siècle.................................... 112
Fig. 116. id....................................113
Fig. 117. Etriers allemands..................................... »
Fig. 118. Selle de la mule d'un prélat................................. 114
CHAPITRE X.
DIX-SEPTIÈME SIÈCLE. — PLDVINKL ET SES SUCCESSEURS.
Fig. 119. Lettre ornée........................................ 115
Fig. 120. Selle de l'Armeria real de Madrid ; fin du XVIe siècle..................... 116
Fig. 121. Selle à la Pluvinel..................................... 117
Fig. 122. Le Quintan; mannequin qui frappait de son sabre celui qui le touchait autre part qu'au front. . »
Fig. 123. Botte à la Pluvinel . .................................... 118
Fig. 124. Eperon de l'armure de Louis XIII..................• ........... 119
Fig. 125. Louis XIII rompant en lice; 1617...............................»
Fig. 126. Façon de la chambrière ou fouet; XVIIe siècle........................ 120
Fig. 127. Selle de l'Armeria real de Madrid.............................. 121
Fig. 128. Lance de joute et lance pour la course de bague ; règne de Louis XIII. . ......... . 123
Fig. 129. Canon à la Pignatelle; XVIIe siècle.............................. 124
Fig. 130. Bottes de l'époque Louis XIII................................ 125
Fig. 131. Embouchure à la Pignatelle; XVIIe siècle.......................... 126
Fig. 132. Un cavalier léger; Louis XIII................................ 127
Fig. 133. Cavalier; 1638....................................... 128
Fig. 134. Étriers de Wallenstein, duc de Friedland; 1600 à 1634.................... 129
Fig. 135. Mors avec des escaches à la Pignatelle............................ 130
Fig. 136. Muserolle allemande datée de 1604; collection A. Jubinal................... 131
Fig. 137. Embouchure garnie d'annelettes avec le campanelle; XVIIe siècle........... ... 132
Fig. 138. Selle de postillon de l'attelage du pape Paul V........................ 134
CHAPITRE XI.
LOUIS XIV. — LE MARQUIS DE NEWCASTLE.
Fig. 139. Lettre ornée...................................... . 135
Fig. 140. Fonte de pistolet; XVIIe siècle................................ 137
Fig. 141. Bottes Louis XIV...................................... 138
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LE CHIC A CHEVAL. 269
Pages.
Fig. 142. « Voicy la plus excellente selle qui puisse être ». — Comte de Newcastle........... 139
Fig. 143. Cul-de-lampe....................................... 141
CHAPITRE XII.
GASPART DE SAUNIER. — LA GUÉPJNIÈRE.
Fig. 144. Lettre ornée....................................... 143
Fig. 145. Selle anglaise ; 1740..................................... 144
Fig. 14G. Selle anglaise à la Ragotski................................. 145
Fig. 147. Masticadour........................................ 140
Fig. 148. Mors vers 1755....................................... 147
Fig. 149. Selle à la royale ; 1740................................... 148
Fig. 150. Botte de postillon..................................... 149
Fig. 151. Selle de postillon..................................... >>
Fig. 152. Trousse-queue........................................ 150
Fig. 153. Fer de chef-d'œuvre.................................... 151
Fig. 154. Bottes Louis XV . . .'................................... »
Fig. 155. Selle à piquer....................................... 153
Fig. 150. Sac qui servait à enfermer la queue du cheval........................ 154
Fig. 157. Bride italienne; XVIIIe siècle................................ »
Fig. 158. Cavalier de la grande fauconnerie......'....................... 155
Fig. 159. Selle-rase; 1751...................................... 150
Fig. 100. Étriers à grilles; XVIIIe siècle............................... 157
Fig. 101. Eperon arabe en acier incrusté............................... »
Fig. 102. Selle arabe « à la genette »................................. 158
Fig. 163. Fers à cercle, à demi-cercle, à tous pieds, etc................ ....... 159
Fig. 164. Fers anglais, espagnol, allemand, à la turque, etc...................... 160
Fig. 165. Fer à écrou inventé par le comte de Charolais.................... . . . • 102
CHAPITRE XIII.
LES SUCCESSEURS DE LA GUÉRIiNIEKE.
Fig. 100. Lettre ornée........................................ 103
Fig. 107. Fer à planche ; fer à sous-pieds ; 1770........................... 104
Fig. 108. Selle orientale, prise à Belgrade, par Max-Emmanuel..................... 105
Fig. 169. Bride « à la Nestier »................................... 160
Fig. 170. Fer pathologique à pince tronquée............................. »
Fig. 171. Mors de l'École de Versailles................................. 107
Fig. 172. Costume de cheval à l'anglaise; 1786............................ 108
Fig. 173. Selle de poste; XVIIIe siècle................................ 169
Fig. 174. Monsieur de Nestier, écuyer ordinaire de la grande écurie du Roy; 1751............ 170
Fig. 175. Cavalier vêtu » à l'Espagnole »; XVIIIe siècle......................... 171
Fig. 176. Étrier sarrazin....................................... 172
Fig. 177. Selle orientale....................................... 173
Fig. 178. Selle mauresque « à la genette » ; Armeria de Madrid.................... . 174
Fig. 179. Selle orientale prise à Belgrade par Max-Emmanuel...................... 175
Fig. 180. Bottes de la fin du XVIIIe siècle............................. . 178
CHAPITRE XIV.
LA RÉVOLUTION, LE PREMIER EMPIRE.
Fig. 181. Lettre ornée. ....................................... 179
Fig. 182. Selle anglaise du commencement du siècle.......................... 180
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270
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LE CHIC A CHEVAL.
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Pages.
Fig. 183. France ; coiffures de la cavalerie légère ; 1789-1830....................... 181
Fig. 184. Cavalier de la garde impériale en petite tenue........................ 182
Fig. 185. Trophée de drapeaux.................................... 183
Fig. 186. Bride de cavalerie légère ; premier Empire.......................... 184
Fig. 187. Paysan du commencement du siècle............................. 185
Fig. 188. Bottes d'officiers de cavalerie légère ; premier Empire..................... 186
Fig. 189. Amazones premier Empire.................................. 187
Fig. 190. Selle de postillon...................................... 188
Fig. 191. Bride de Cosaque...................................... »
Fig. 192. Uniforme de cuirassier russe. ............................... 189
CHAPITRE XV.
LA RESTAURATION. — LOUIS-PHILIPPE.
Fig. 193. Lettre ornée........................................ 191
Fig. 194. Jeune sportman; 1833......................'............. 192
Fig. 195. Amazone; 1840.......................................193
Fig. 196. id. ; 1835....................................... 194
Fig. 197. En promenade; 1840.................................... 195
Fig. 198. Étrier japonais........................................ 190
Fig. 199. Etrier d'Indien Pahuenche; Patagonie............................ »
Fig. 200. Lance de carrousel ; Saumur................................. 197
Fig. 201. Chevauchée; 1840.................................... 199
Fig. 202. Amazone; 1841...................................... 200
Fig. 203. Pari gagné en 1844 par un petit cheval anglais de demi-sang appelé Kob, et qui a précédé pendant
cent milles (33 lieues) la malle-poste de Boston...................... 201
Fig. 204. Éperon des Indiens du Chili................................ 202
Fig. 205. Éperon brésilien...................................... »
Fig. 206. Jockey.......................................... 203
Fig. 207. Cavalier espagnol...................................... 205
Fig. 208. Élégants de 1841...................................... 200
Fig. 209. Le départ......................................... 207
Fig. 210. Cul-de-lampe....................................... 208
CHAPITRE XVI.
LE SECOND EMPIRE.
Fig. 211. Lettre ornée........................................ 209
Fig. 212. Amazone; 1850....................................... 210
Fig. 213. Costume de chasse ; 1853.................................. »
Fig. 214. Officier de cavalerie légère; petite tenue........................... 211
Fig. 215. Bride de cavalerie; garde impériale, 1859......................... . 212
Fig. 216. Lances ancien modèle et modèle 1889............................ 213
Fig. 217. Fers sans clous maintenus avec une bande de caoutchouc, employés pendant la guerre de Crimée
pour les chevaux déferrés. ............................... 214
Fig. 218. Trophée d'armes russes.................................. 215
Fig. 219. Russie ; chevaliers-gardes.................................. 216
Fig. 220. Un des chevaux du shah de Perse et son gelodar ....................... 217
Fig. 221. Piqueur d'attelage de l'empereur Napoléon III; livrée à l'anglaise................ »
Fig. 222. Selle de dragons, en usage avant le modèle actuel...................... 218
Fig. 223. Le prince impérial en 1866................................. 219
Fig. 224. Le polo-game........................................ 220
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CHIC A CHEVAL.
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LE
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271
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Pages.
Fig. 225. Aux Indes anglaises. — Courses d'officiers « Ponies races ».................. 221
Fig. 226. Joueur de polo...................................... . 222
Fig. 227. Bride d'officiers de hussards allemands........................... »
Fig. 228. Fera cheval; chambrière et gants............................. 223
Fig. 229. Monsieur Loyal !...................................... »
Fig. 230. Trophée de la cavalerie allemande.............................. 228
Fig. 231. Selle allemande......... . '............................ 229
CHAPITRE XVII.
CONTEMPORAINS.
Fig. 232. Lettre ornée......................................, . 231
Fig. 233. Filet de course...................................... 232
Fig. 234. id........................................... 233
Fig. 235. Bride moderne, dite « bride anglaise »........................... 234
Fig. 236. Bride de la cavalerie anglaise..........■...................... 235
Fig. 237. Selle de voltige et chambrière modernes........................... 236
Fig. 238. « Going to the meet.................................... 237
Fig. 239. Jeune anglaise..................................... . . 238
Fig. 240. Promenade du matin. ................................... 241
Fig 241. En plaine!. ........................................ 242
Fig. 242. Selles anglaises modernes, avec et sans avances....................... 243
Fig. 243. Selle de cavalerie légère; modèle 1874............................ 244
Fig. 244. Aux manœuvres...................................... 245
Fig. 245. Carte d'invitation du 8e de dragons....................... ..... 246
Fig. 246. « Paper hunt » donné en juin 1890 par les officiers du 8e dragons dans les environs de Meaux. . . 247
Fig. 247. 1878; botte Chantilly à tige en drap............................. 248
Fig. 248, Coiffures d'officiers de cavalerie (petite tenue)........................ 249
Fig. 249. « Derribar in campo abierto »................................ 250
Fig. 250. Botte moderne, dite « Chantilly »..........................• . . . . 251
Fig. 251. Cul-de-lampe........................................ 253
Fig. 252. Bride Louis XV (principales sources consultées ; cul-de-lampe)............... 262
Fig. 253. Chanfrein du cheval de Louis, dauphin de Viennois; 1409 (table des planches hors texte; cul-
de-lampe)........................................ 264 Fig. 254. Harnachement de mule, d'après un dessin du Musée du Louvre attribué au Pisan; fin du
XVe siècle (table des gravures dans le texte; cul-de-lampe)................ 271
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Harnachement de mule, d'après un dessin du Musée du Louvre
attribué au Pisan; fin du XV" siècle. |
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TABLE DES MATIÈRES
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Pages.
Lettre de M. Henri Lavedax.................................... vu Symphonie du cheval.......................................... ix
CHAPITEE PEEMIER.
Neptune. — Bellérophon. — Les Centaures. — Les Amazones..................... 1
CHAPITRE II.
Les Assyriens et les Babyloniens...................................... 9
CHAPITRE III.
Les Grecs ; Homère, Xénophon , les Macédoniens............................. 1 :î CHAPITRE IV.
La Ferrure................................................. 3:î
CHAPITRE Y.
Les Romains........................."....................... 41 CHAPITRE VI.
Les Numides, lesParthes, les Sarmates, les Scythes, les Huns....................... 49
CHAPITRE VIL
Les Gaulois et les Francs........................................... 59
CIHC A CHEVAL. 35
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274
|
LE CHIC A CHEVAL.
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CHAPITRE VIII.
Pages
La féodalité, les croisades, la chevalerie.................................. 67 CHAPITRE IX.
XVI0 siècle. — L. Rusius. — C. Fiaschi. — Fr. Grison. — La Broue.................. 87 CHAPITRE X.
XVIIe siècle. —Pluvinel et ses successeurs................................ 115
CHAPITRE XL
Louis XIV. — Le marquis de Xeweastle.................................. 135 CHAPITRE XII.
Gaspart de Saunier. — La Guériaière................................... 1-13
CHAPITRE XIII.
Les successeurs de La Guérinière...................................... 103
CHAPITRE XrV.
La Révolution; le premier Empire.................................... 179 CHAPITRE XV.
La Restauration. — Louis-Philippe................................... 191
CHAPITRE XVI.
Le second Empire.............................................. 209
m
CHAPITRE XVII.
Contemporains............................................... 231 Le livre d'or. — Composition du manège de l'École de cavalerie depuis 1872............. 255
Principales sources consultées........................................ 261
Table des illustrations............................................ 263
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