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COMPTE RENDU
L'ANATOMIE CLASTIQUE DU DR AlIZOUX,
L'IIIFLCBNCE QU'ELLE DOIT AVOIR Sl'H L'INSTRUCTION DE LA
CAVALERIE,
$kii M. JAGQUEMIN,
IBUT&JÇT-COI.O»                       'K roVAI.lî ïtV. CAYALEBIir.
Rappelons d'abord quelques ventés bien élémentaires:
Les notions d'anatomie sont la base de l'instruction de la cavalerie.
C'est de l'anatomie comparée de l'homme et du cheval que se dédui-
sent la position à cheval et les principes d'équitation; c'est par l'ana-
tomie que l'on arrive plus sûrement à la connaissance du cheval ;
c'est par la physiologie que l'officier est guidé dans les prescriptions
hygiéniques qui assurent la conservation du cheval. Toutes ces con-
naissances sont exposées dans un traité spécial appelé Cours d'équi-
tation militaire
et ordonnancé par le Roi.
Ceci posé, considérons l'anatomie élastique au point de vue du pro-
grès qu'elle doit faire faire aux études anatomiques, base de l'instruc-
tion équestre.
D'abord, qu'est-ce que l'anatomie élastique?
Ce mot nouveau vient de K),âw, je brise, je romps ; futur, xXàuu,
je romprai. Anatomie élastique doit s'entendre de modèles composés
d'un assemblage de pièces pouvant se démonter une à une, dans un
ordre donné, pour se remonter ensuite dans un ordre inverse.
'L'anatomie limitative n'est point un art nouveau. Pausanias nous
apprend que les Grecs faisaient des statues anatomiques en marbre et
en bronze, et il existe encore aujourd'hui, au Musée du Vatican, un
fragment mutilé d'une de ces statues ; c'est une charpente osseuse de
poitrine humaine, due à un ciseau grec.
La plastique se substitua ensuite à la sculpture, puis on remplaça
l'argile et le plâtre par la cire; dès lors on eut la possibilité de com-
pléter l'illusion par l'artifice de la couleur.
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Ce fut un Français, maître Jacques, d'Angoulême, qui fit faire ce
grand pas à l'anatomie imitative. Vers le milieu du seizième siècle,
on voyait de lui, à Rome, trois statues qui faisaient l'admiration des
artistes du temps; elles eurent le mérite d'apprendre l'anatomie à
Michel-Ange Buonarotti.
Après maître Jacques, ce sont les Italiens qui font progresser l'ana-
tomie imitative. Zumbo, de Syracuse, qui mourut à Paris, vers la fin
du règne de Louis XIV, exécuta plusieurs pièces remarquables, entre
autres une tête humaine, pour l'étude de l'œil, de l'oreille et du cer-
veau; tête qui existe encore aujourd'hui.
En 1750, Galli applique la cire colorée à l'histoire des phénomènes
de la grossesse ; peu d'années après, Lelli et Manzolini consacrent spé-
cialement leurs travaux à la reproduction des parties génitales des deux
sexes; puis Gautier d'Agoty et Thérèse Biheron ramènent en France
le goût de l'anatomie imitative. Ils sont auteurs de plusieurs prépa-
rations conservées à l'école vétérinaire d'Alfort.
En 1794, Laumonier, de Rouen, et Pinson, de Paris, fournissent
à l'École de Médecine beaucoup de pièces remarquables, et rendent
compte, avec leur cire savante, des ravages et altérations causés par
diverses maladies.
Enfin, Bertrand et Dupont, venus après eux, ont rendu, avec une
vérité effrayante, tous les désordres causés par certains virus. Je ne
sache pas de meilleure leçon de continence, que la seule vue de leurs
effroyables collections.
Cette esquisse fort incomplète prouve suffisamment que l'anatomie
imitative n'est point une invention nouvelle. Rendons compte du pro-
grès que le docteur Auzoux lui a fait faire.
J_,e marbre, dont se servirent les anciens, ne pouvait fournir que de
rares exemplaires, d'un prix et d'un poids énorme. L'argile, le plâtre,
le carton-pierre ne peuvent rendre tous les détails anatomiques; ils
sont d'ailleurs d'une grande fragilité; la cire, enfin, a le triple incon-
vénient de coûter cher, d'avoir peu de consistance et de s'altérer à la
longue: il fallait donc trouver une composition qui fût à la fois lé-
gère, ductile, solide, élastique et inaltérable.
Je ne puis révéler les recherches et les essais curieux qui ont con-
duit le docteur à la solution d'un problème difficile; qu'il suffise de
dire que la réussite ne pouvait être plus complète.
C'est vers 1820 que M. Auzoux commence ses travaux, et dès 1822,
l'Académie de Médecine, l'Institut, la Société médicale d'émulation,
s'émeuvent en présence des résultats obtenus.
Les sommités de la science, les Béclard, les Broussais, les Duméril,
les Cloquet, et cent autres, proclament les avantages de l'anatomie
élastique. L'étranger ne reste point en arrière, et les produits du doc-
teur se répandent rapidement dans le monde entier. L'Angleterre
surtout les recherche avec avidité, et les nouvelles pièces anatomiques
y amènent un résultat fort curieux : elles font révoquer, comme à ja-
mais inutile, la loi sur la vente des cadavres (l'anatomy bill), loi qui
avait donné naissance à la plus hideuse des industries, celle de ces
lâches assassins, de ces violateurs de tombeaux, connus sous le nom
de résurrectionnistes.
Nous allons indiquer sommairement les procédés de fabrication ,
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l'extension qu'elle a prise au profit des sciences naturelles, et, comme
conclusion, nous énumérerons les avantages qu'en doit retirer l'étude
de l'équitation militaire.
C'est au moyen d'une pâte spéciale, qui n'a rien de commun avec
le carton-pierre, que M. Auzoux fait ses préparations. Cette pâte, à
l'état frais, se coule dans des moules, y prend les empreintes les plus
délicates, et acquiert ensuite, par la dessiccation, de la légèreté, de
l'élasticité et une solidité égale à celle du bois.
M. Auzoux a établi ses ateliers à Saint-Aubin d'Écroville, sa com-
mune natale ; de vastes bâtiments y ont été construits, et soixante à
quatre-vingts ouvriers y sont occupés.
Indépendamment de leur travail habituel, qui participe de la sculp-
ture et de la peinture, ces ouvriers sont soumis à d'autres enseigne-
ments qui développent rapidement leur intelligence et leur moralité.
La philanthropie est à l'ordre du jour, personne ne la raisonne et ne la
pratique mieux que le savant docteur.
Quiconque arriverait inopinément dans cette commune, éloignée
des villes et des grandes routes, et s'enquerrait de l'usage des grandes
constructions qui s'offriraient à sa vue, serait étrangement surpris en
apprenant que là, au milieu des champs, de simples paysans s'occu-
pent du travail le plus savant et le plus extraordinaire. Entré dans les
ateliers, il n'entendrait que le langage correct de l'anatomiste, et il
serait émerveillé en présence de ces enfants, expliquant, avec une lu-
cidité parfaite, les phénomènes les plus surprenants de l'existence.
Aussi, dans cette population jadis grossière et misérable, les idées
justes succèdent aux préjugés séculaires, les expressions exactes aux
locutions vagues et fausses que les gens du monde eux-mêmes n'em-
ploient que trop souvent; enfin, le bien-être remplace la misère.
Certes, au point de vue philosophique, ce n'est pas là le résultat le
moins intéressant obtenu par Fanatomie élastique. Suivons ses progrès
dans l'intérêt direct des sciences naturelles.
Après avoir reproduit, de grandeur naturelle et réduite, toute l'ana-
tomie humaine, M. Auzoux voulut mettre à même d'étudier ses détails
microscopiques, inappréciables à l'œil nu, et cela, pour les organes les
plus curieux à explorer; il fît donc, dans des proportions gigantes-
ques, l'appareil de chacun des sens.
Pour la vision, il confectionna un œil d'un diamètre énorme, dans
lequel on observe, comme grossis par une puissante loupe, tous les
ramuscules les plus ténus de l'angéiologie, tous les filets nerveux les
plus déliés, les membranes et humeurs; les voies lacrymales, etc., etc.,
etc.; tout cela se voit, se démonte, se palpe. Une seconde pièce com-
plète la précédente : elle représente le même œil, divisé dans toute son
étendue par une coupe verticale. Eh bien! il suffit d'avoir vu, pendant
cinq minutes, ces deux préparations, pour être fixé à toujours sur la
situation respective de toutes les parties principales et accessoires de
l'œil, cet organe si compliqué.
L'appareil de l'audition n'est pas moins merveilleux. M. Auzoux en
a représenté tous les détails dans un temporal cyclopéen. Après avoir
exploré le pavillon ou oreille externe, on pénètre dans l'oreille moyenne
ou caisse du tympan; là, on s'explique de suite le renouvellement de
l'air dans cette caisse, on y suit à merveille l'enchaînement du mar-
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teau, de l'enclume, du lenticulaire et de l'étrier. Pénétrant enfin dans
l'oreille interne ou labyrinthe, on parcourt toutes les anfractuosités
dû vestibule : voici sa fenêtre ronde et sa fenêtre ovale, ses canaux
semi-circulaires, l'aqueduc de Fallope; voici le limaçon, ses trois spi-
rales, ses deux rampes, etc.; remarquons enfin la pulpe nerveuse bai-
gnant dans le liquide qui remplit l'oreille interne, et, après cette
exploration, nous nous rendrons compte, à l'instant, de la marche des
ondes sonores, car tout cet appareil est exécuté de manière à faire crier
d'admiration.
Là ne se sont point arrêtés les travaux de l'infatigable anatomiste.
Pour faciliter l'étude des accouchements et de ce qu'on appelle Xovo-
logie,
il a créé une femme sur laquelle se reproduisent, au moyen de
quatorze utérus de rechange, toutes les phases de la gestation. On y
suit pas à pas le produit de la conception, les transformations des en-
veloppes de l'œuf, les modifications que subit l'appareil génital fé-
minin , depuis la fécondation jusqu'à la parturition, détail du plus
haut intérêt et où se trouvent parfaitement indiqués la circulation
du fœtus, le trou de Botal, la valvule d'Eustachi, le canal arté-
riel, eUN
Pour rendre compte de. cette circulation fœtale, il faut de longues
descriptions qui ne laissent souvent dans l'esprit qu'une idée fort
obscure ; un seul coup d'ceil donné sur le cœur du fœtus humain,
exécuté par le docteur, et tout s'éclaircit comme par enchantement.
A peine le docteur Auzoux en a-t-il fini avec l'anatomie humaine,
qu'il donne une extension immense à ses travaux en abordant l'ana-
tomie comparée.
Pour montrer comment s'opèrent les principales fonctions dans les
différents animaux, depuis l'homme jusqu'au zoophyte, M. Auzoux
a créé, dans de vastes proportions, les différents appareils de la di-
gestion, de la circulation, de l'innervation, chez des mammifères,
des oiseaux, des reptiles, des poissons, des insectes, des mollus-
ques, etc.
Au moyen de cette précieuse collection, on fait l'étude comparée la
plus attrayante et la plus rapide de tous les appareils physiologiques.
La sphère des idées grandit, la pensée s'élève. En comparant tous les
cerveaux aux différents degrés de l'échelle des êtres, cerveaux qui de-
puis l'homme jusqu'au dernier échelon vont toujours diminuant, s'af-
faissant et s'éparpillant de manière à disparaître complètement et à ne
plus former que quelques centres nerveux isolés, on arrive à cette ré-
flexion : Nous avons été jetés sur la terre, nus, sans armes et dans un
état d'infériorité relative; mais le Créateur nous a dotés d'un cerveau
proéminent avec le secours duquel nous avons su nous vêtir, nous
loger, inventer la poudre, la boussole, l'imprimerie, la vapeur, con-
naître et remercier Dieu.
L'anatomie élastique, au point où l'a portée le docteur, vulgarisera,
avant longues années, l'une des sciences qui font le plus d'honneur à
l'esprit humain, l'anatomie comparée, avec laquelle il suffit d'une
dent et d'un fragment d'os pour reconstruire, sans errer, le squelette
d'un animal inconnu, et dire son organisation, ses mœurs, ses ins-
tincts. Cette science a immortalisé Cuvier, ce numismate sublime qui
a tracé d'une main sure les annales de notre globe en prenant les fos-
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siles pour médailles. Les hommes les plus éminentsi qui se sont occu-
pés d'éducation, Descartes, Bossuet, Montesquieu, Dumarsais, ont tous
souhaité que l'anatomie fît partie de l'instruction publique. M. Auzoux
a rendu très-facile la réalisation de ce vœu. Mais rentrons plus spé-
cialement dans notre sujet.
Le cheval réclamait à son tour une large part dans les travaux du
docteur, non-seulement en ce qui se rattache à la médecine vétéri-
naire, mais encore dans l'intérêt connexe de l'agriculture, de l'équi-
tation et la défense du pays. M. Auzoux l'a bien compris, et en 1844
il a exécuté un premier modèle qui lui a valu les suffrages de l'école
d'AIfort.
Il y a quelque soixante ans, un homme célèbre qui fut d'abord
mousquetaire, puis avocat, et devint le fondateur des écoles vétéri-
naires, Bourgelat, avait pressenti le cheval Auzoux, alors qu'il faisait
exécuter sous ses yeux, par Vincent et Goiffon, cette belle collection
de planches anatomiques publiée en 1779. Reverchon, professeur à
l'école de Lyon, fit à son tour, vers 1822, une série de dessins coloriés
de l'ostéologie et de la myologie du cheval. Mais celui qui, le premier,
fît faire un grand pas à l'anatomie imitative du cheval fut le modeste
et consciencieux Brunot. Après des études approfondies, il moula en
plâtre, avec une grande supériorité, des écorchés de cheval de diffé-
rents modules et des membres de grandeur naturelle, qui ont été
d'un grand secours à tous les officiers de cavalerie qui ont étudié le
cheval.
Triste rapprochement : Houdon et Salvage s'illustrèrent en faisant
l'écorché de l'homme; Brunot, qui les égalait en mérite, vécut obscur
et mourut de misère. Quoi qu'il en soit de l'importance des travaux de
Brunot, les préparations du docteur Auzoux leur sont incomparable-
ment supérieures, ainsi qu'aux études faites par Chazal sous la direc-
tion de Leblanc et d'une célébrité médicale qui me touche de près, Je
professeur Trousseau, mon frère utérin.
Le modèle de M. Auzoux représente un très-petit cheval au repos
(1 mètre 16); l'enveloppe cutanée a disparu, mais les muscles'peaus-
siers ou pannicule charnu ont été conservés. La moitié latérale droite
ne forme qu'une masse sur laquelle se dessine l'écorché; la moitié
latérale gauche seule se démonte pièce par pièce.
Disons tout de suite qu'il est regrettable que ce cheval ne soit pas
mieux proportionné; il est trop large de poitrine, les membres sont
trop volumineux, les muscles des régions postérieures sont surtout
trop massifs, ce qui rend le sujet lourd et d'un aspect disgracieux :.
ajoutons que dans les premiers exemplaires la pupille était ronde au
lieu d'être elliptique, et que la face interne de la choroïde était noire
au lieu d'être d'un vert azuré. Cette part faite à la critique, poursui-
vons notre examen (1).
(l) Note du Dr Adzoux. Depuis la présentation faite à l'Académie le 26 avril 1844
de cette première épreuve du modèle du cheval, j'ai enregistré avec soin les omissions F
les imperfections qui m'ont été signalées par MM. les commissaires et par les nombreux
savants français et étrangers à l'examen desquels cette préparation a été soumise : je les
prie d'agréer ici l'expression de ma gratitude; ils verront, par les exemplaires que j'exé-
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Aussitôt que le pannicule charnu est enlevé, apparaissent tous les
muscles superficiels : interstices, reliefs, tendons, aponévroses, vais-
seaux, nerfs, rapport de juxtaposition, couleur, tout est merveil-
leusement reproduit. Les différents muscles se détachent ensuite suc-
cessivement et montrent, avec une précision inouïe, leurs connexions,
leurs origines et insertions, les artères, veines et nerfs qui les pé-
nètrent.
On avance ainsi de couche en couche jusqu'au squelette. Alors se
révèle la position respective des ligaments d'après le mode d'articula-
tion, les cartilages de prolongement, etc.
Ces études terminées, d'autres tableaux plus curieux encore vont
s'offrir à notre admiration; nous allons pénétrer dans les grandes ca-
vités splanchniques.
Une coupe verticale met d'abord à découvert l'intérieur du crâne.
Nous pouvons y démontrer, fragment par fragment, le cerveau et le
cervelet, suivre leurs circonvolutions, sonder leurs veniricules. Dans
Parrière-bouche se présente cette particularité, qui n'appartient qu'aux
monodactyles : je veux parler de ces grands sacs membraneux, annexes
des trompes d'Éustachi, et dont l'usage est encore inconnu. Un sim-
ple coup d'œil suffit ensuite pour se rendre compte des conséquences
que doit avoir la disposition du voile du palais; au lieu de ne présen-
ter qu'un rudiment comme chez l'homme, nous voyons que ce voile
forme une large expansion s'interposant entre la bouche et le pharynx ;
dès lors les matières rejetées doivent enfiler les fosses nasales, au lieu
de passer par la bouche.
Nous ne quitterons pas la tête sans explorer ces fosses nasales, où
nous étudierons la muqueuse qui les tapisse, et sur laquelle viennent
se révéler les symptômes les plus accusateurs de la morve.
Une coupe horizontale et une charnière adaptée à l'arrière du bas-
sin permettent à toute la partie supérieure du corps de se relever,
absolument comme le couvercle d'une boîte. Alors on reste extasié
devant un tableau en relief d'une vérité saisissante, présentant, dans
leur position respective, tous les organes et viscères contenus dans
les cavités thoracique et abdominale, et cela avec une telle perfection
de teinte, de forme et de couleur, que l'illusion est complète.
Je ne sache rien qui puisse approcher de la valeur scientifique et
artistique de cette partie du sujet; mais ce n'est pas tout, nous pou-
vons démonter, un à un, les viscères et organes, les isoler pour les
étudier plus à l'aise, comme nous l'avons fait des muscles; enfin des
coupes particulières, pratiquées dans l'estomac, le cœur et le poumon,
nous révèlent tous les mystères de leur organisation intime.
Le pied, cet organe si éminemment important, mérite une étude
spéciale : une coupe verticale nous montre les replis si nombreux et si
variés de la boîte cornée ; les foyers de production, d'accroissement
et d'entretien de l'ongle, les moyens merveilleux par lesquels la nature
a garanti la sensibilité si exquise du tissu podophilleux, de la com-
pression douloureuse des corps durs entre lesquels il est pour ainsi dire
suspendu.
cute aujourd'hui, que j'ai tenu compte de leurs observations : tout ce qui a pu être rec-
tifié l'a été. La préparation de l'anneau inguinal , de la moelle épinière, ne pouvant être
faite sur un même modèle, fera le sujet de prix séparés.
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Toutes les pièces ayant été démontées et rangées suivant leur ordre
numérique, on les remonte ensuite comme une sorte de mosaïque,
pour recomposer le sujet complet. La double manœuvre du démon-
tage et du remontage est tellement simple qu'on l'apprend en une seule
leçon; puis, avec un peu d'habitude, huit ou dix minutes suffisent pour
l'exécuter sans confusion possible, et cependant il y a plus de deux
cents pièces séparées, portant au moins trois mille numéros de ren-
voi à des tableaux synoptiques qui facilitent l'étude.
Tel est l'aperçu sommaire des travaux de M. Auzoux. Un dernier
mot sur l'utilité de ses préparations en ce qui concerne le cours d'équi-
tation militaire.
Personne n'ignore que les officiers de cavalerie ne sont pas des ana-
tomistes, suivant sur le cadavre, le bistouri à la main, les détails les
plus minutieux de l'organisation; là n'est point notre mission; elle
se borne à avoir des idées générales sur la corrélation des diverses
parties.
Nous étudions les articulations, la marche des tendons, la position
précise des ligaments, afin de pouvoir apprécier les conséquences de
certaines tares, d'après la position qu'elles occupent.
Nous n'apprenons de la squelettologie et de la myologie que ce qu'il
nous en faut pour raisonner catégoriquement des formes et contours,
des mouvements et du rhythme des allures.
Nous ne nous occupons de physiologie que dans l'intérêt de l'hy-
giène et aussi pour être à même de nous assurer du libre exercice
des sens et de vérifier l'état d'intégrité des organes et viscères les
plus utiles à la vie; hors de là, tout est superflu ; nous empiétons sur
le domaine vétérinaire, où nous ne pouvons que nous fourvoyer.
Eh bien ! les préparations Auzoux sont tout ce qu'il est possible
d'imaginer de mieux pour nous donner les notions générales qui nous
sont indispensables; elles nous évitent les dégoûts de toute nature et
les obscurités de dissections faites à la hâte par nos vétérinaires. Au
lieu de rares et insuffisantes autopsies, nous pouvons en faire autant
qu'il nous convient; notre cadavre est toujours là, nous offrant,
quelle que soit la température, toutes ses régions admirablement pré-
parées, toujours propres, toujours dans un état normal qui ne se
rencontre que bien rarement dans des sujets soumis aux dissections,
sujets dont presque toujours le marasme ou la maladie ont flétri les
organes.
Au lieu de cette étude littérale des textes qui cause tant de dégoût
et rétrécit les idées, le cheval Auzoux permettra de faire aux officiers
et sous-officiers des théories instructives, attrayantes, qui répandront
rapidement la connaissance et le goût du cheval et contribueront puis-
samment à sa conservation.
C'est par les veux plus que par les oreilles que l'on arrive à l'intel-
ligence :
Segniiis irritant animai demissa per aurem,
Quam quee sunt oculis subjectajidelibus__
Horace.
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Ce précepte dit comment, avec le cheval Auzoux, on peut apprendre
très-bien en deux mois ce que l'on apprenait autrefois fort mal et à
grand'peine en deux ans. C'est un immense progrès.
Un homme éminemment pratique, qui, il y a quelques mois, mourait
en soldat au Champ de Mars, à cheval, au milieu d'une évolution de
cavalerie, le brave, digne et regrettable général de Sparre, avait très-
bien entrevu les avantages que l'instruction devait retirer de l'anatomie
élastique.
De son côté, le général Oudinot, dont le nom est inséparable de tout
progrès, a émis une idée complémentaire d'une très-grande portée. En
juin 1845, dans le cabinet d'anatomie du savant docteur, et en présence
de l'auteur de cette notice, il réclamait l'exécution de collections de
tares et de mâchoires, dont tous les officiers de cavalerie apprécieront
les avantages.
M. Auzoux fécondera l'idée du général, il nous montrera toutes les
tares depuis leur principe jusqu'à leur maximum de développement;
il nous fera des séries de mâchoires accusant nettement les phases des
deux dentitions; il nous fera suivre les transformations régulières et
périodiques des dents; il s'attachera surtout à indiquer avec précision
toutes les modifications que subit l'émail central, d'après les belles
observations de Pessina; enfin, il nous présentera ^quelques-uns des
cas anormaux qui viennent intervertir l'ordre des phénomènes. Un
spécimen de mâchoire de sept ans, que nous avons sous les yeux,
nous est garant que l'habile anatomiste nous donnera pleine satis-
faction.
Conclusion. Celui de nos princes qui s'occupe plus spécialement
des progrès de notre arme et le comité de la cavalerie sont d'accord
avec les hommes spéciaux sur l'utilité de l'anatomie élastique au point
de vue de la connaissance du cheval ; S. £. le ministre de la guerre est
parfaitement édifié sur la question, car il l'a fouillée alors qu'il était
directeur du personnel ; nos masses d'entretien de harnachement et
ferrage sont dans l'état le plus prospère; tout porte donc à croire que
les garnisons de cavalerie seront bientôt dotées d'un cheval Auzoux et
d'une collection de tares et mâchoires :-ce sera la réalisation d'un très-
grand progrès, nous l'appelons de tous nos vœux.
Jacquemin, lieutenant-colonel à l'École
y royale de cavalerie.
Modèle de cheval complet.......................................  4,000 1.
— — moins complet..................................   2,000
3o mâchoires accusant nettement l'âge du cheval aux différentes époques e la vie.     200
Tares osseuses, mootrant, depuis le principe jusqu'au maximum de développe-
ment, les.affections connues sous le nom de courbes, jardes, éparvins, formes,
suros, osselets..................................................       200
Chez le docteur Auzoux, rue de l'Observance, 2.
PARIS.—TÏPOGRAriUK PE FIRHIN D1D0Ï FRÈRES, RUE JACOB, 56.
lu %