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3 ff
f
INSTRUCTIONS
S U R
LES MOYENS DE S'ASSURER DE L'EXtSTENCfi
DE LA MORVE,
SuR ceux propres a prevenir Vinvaßon de cetti
Maladie, a en priferver les CHE VA UX>
& d definficler les Ecuries oü eile ä regne.
Par P. Chabert & J.-B. Huzard,
de l'Inftitut National, de la Societe de Medecing
de Paris » 8cc,
IMPRIMEES PAR ORDRE Du GOUVERUEMEKT.
QUATRIEME EDITION
A laqudk on a ajoute la derniere Loi für ks Maladks
contagieufes*
A PARIS,
De 1'ImPIUMERIE & dans la LlBRAIRIE VfcTfiKIWAtSS
de M.-R. HUZARD, ruede l'Epcron, N°.iif tjuank?
Saint-Andre-des-Arts.
An V, (1757 v-.ß')
-ocr page 2-
AVERTISSEMENT.
N ö u S avons re'uni dans cette nouvelle
Edition :
i °. L'Inßruclion re'dige'e par le C*
Chabert, imprimee par ordre du Gouverne-
ment en
1785 , reimprimee en 1790, & en
Frimairc de Van II
(1794 vieux fiyle)M
traduite en Allemand.
20. U Inßruclion re'dige'e parle C. Huzard8
imprimee par ordre Ju Comite de Salut Public,
Van II
, reimprimee l 'anne'e fuivante, &fac-
ceßivement dans prefquetous les Dipartemens,
traduite cn Allemand, en Hollandois , (je.
30. L 'Inßruclion que le Confeil Executlf
provifoire fit rediger en Frimaire de Van II,
pour les Veterinaires charges d'injpecler & de
v'ifiter les Chevaux fufpeclis de Nlorve, ou
affecle's de cette maladie ; cette Inßruclion
leur indique la marche quils doivent fiuivre
avec les Autorlte's conßituees, les Proprie-
taires, &c. eu e'gard aux vifites de Chevaux
morveux ou fufpecls.
A 2
-ocr page 3-
49. Enfin laLoi dui6Juillet 1784,(v.fl.)
für les Maladies contagieufes en general, 0
für la Morve en particulier. Cette hoi, qui
neß pas rapporüe j que les circonfiances nont
encore que modißee, neß pas connue de tous
les Tribunaux & des Autorites conßituies qui
doivent en faire X application, quoiqu'elle foit
reflee jufqu'd prefent um des prinzipales
fauve-gardes des propriites rurales-
II nous a paru d'autant plus important de
riunir & de reimprimer ces diß'erentes Inflruc-
tions, que la Morve, compagne Gfuite ordi-
naire de la Guerre , exerce en ce moment [es
ravages dans plußeurs Dipartemens, & quun
ajfe^ grand nombre de Poßes en fönt infecle'eSj
de maniere d iveiller la follicitude du Gouver-
nement , qui a charge l'un de nous de parcourir
les lieux oü eile regne, & de prendre toutes
les mefures propres ä la jaire cejfer.
Paris, le Ier. Meffidor, an Ve.
/
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INSTRUCTIONS
S U R
LES MOYENS DE S'ASSURER DE L'EXISTENCE
DE. LA MORVE,
SvR ceux propres a privenir V'mväfion de
cette Maladie* ä en pre'server les Chevaux,
& d deßnfecler les Ecuries oü eile a regne'. /
Article Premier.
Signes auxquels on reconnoit l'exifiencs
de la Morve.
JljES fignes de la Morve ne fönt pas
toujours les memes ; ils varient fouvent
dans les differens individus, & fur-tout aux
diverfes epoques de la maladie : on en
diftingue ordinairement trois, que Ton
connoit fous le nom de premier, fecond
& troifieme degre.
A 3
-ocr page 5-
in
Slgnes du premUr degri.
Les fignes qui annoncent le premier
degre fönt :
1°. L'ecoulement, par un nazeau feule-
ment, d'une humeur blanchätre 8c fluide,
qui n'eft bien fenfible que lorfque l'animal
a ete exerce pendant quelque temps.
2°. L'engorgement Bc rinflämmation ca-
xa&erifes par la rougeur de la membrane
qui tapiffe l'interieur du nez, pres de la
partie, fur-tout, qui fep'are les deux na-
zeaux.
3°. Le gonflement des vaiffeaux fanguins
de cette meme membrane, vaiffeaux qui
fönt prefque inappercevables dans les ani-
maux fains, fur-tout dans le repos.
4°. L'engorgement d'une ou de plufieurs
glandes de la ganache, du cote du nazeau
par lequel l'ecoulement a lieu.
5°. Le poli, le brillant du poil, qui eft
du au defaut de tranfpiration.
6°. Lebon etatapparentde L'animal avec
les fignes precedens.
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C73
7°. La crudite & la tranfparence des
urines.
Les fignes de la Morve produite par
la communicätion, ne fönt pas toujours
les rnemes que ceux de la Morve qui pro-
vient de mauvais föurrages, d'exercices
outres, &c.
Dans le premier cas, c'eft-a-dire dans
celui de la communicätion , le flux effc
toujours plus ou moins copieux par un
nazeau : tous les fignes que noüs venons
d'indiquer exiftent fans toux. Dans le fe-
cond cas, au contraire, unetoux, ou grafie,
ou feche, accompagne la maladie, que pre-
cede le degoüt ou la trifteffe.
Signes du ficond aegre.
Les fignes du fecond degre fönt:
i°. L'epaiffuTement, la couleur jaune &
verdatre du flux, favifcofite, fon adherence
aux bords de l'ouverture des nazeaux.
2°. Le froncement & le retrouffement de
la partie fuperieure du bord de l'orifice du
nazeau, par lequel l'ecoulement a Heu.
A 4,
-ocr page 7-
C 8 ]
5®. Enfin, la fenfibilite des glandes en-
gorgees & leur adhefion aux os de la mä-
choire pofterieure.
Signes du troifieme degre.
Les fignes du troifieme degre fönt:
i°. La couleur grifatre ou noiratre & la
fetidite de la matiere qui flIre par les nazeaux.
2,°, Les trainees de fang qu'on y apper-
501't communement.
3°. Les hemorrhagies frequentes de la
rnembrane interne du nez.
4°, L'ecoulement etabü par les deux na-
zeaux ä la fois.
                 . ._
5°. Les ulceres chancreux qui corrodent
Ja membrane interne du nez.
6°. La fenfibilite exceflive des glandes
tumefjees, & leur plus forte adherence a
l'os de la machoire,
7°. La chaflie des yeux ou de l'ceil re-
pondant au nazeau quiflue, lorfqueleflux
n'a Heu que par un feul.
8°. La tumefaöion de la paupiere in<-
ferieure.
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Ü9l
9°. Le bourfouflement&le foulevement
des os du nez oudu chanfrein.
io°. Le degoiit, l'abattement, la toux,
l'enflure des jambes Sc des tefticules.
io°. Enfin ia claudication fans aucune
Caufe apparente; lorfqu'elle furvient apres
lesautres fympt6mesci-deffus,elleannonce
le plus fouvent la. fin prochaine du fujet,
' Les fignes qui viennent d'etre indiques ,
ne fönt pas tous particuliers ä la Morve;
il en eft plufieurs qui fönt communs a d'au-
tres maladies, avec lefquelles il eft tres-
dangereux & malheureufement trop ordi-
nale de la confondre.
Ces maladies fönt la Gourme, la fauffe
Gourme,laPeripneumonie, la Morfondure
& la Pleurefie.
L'ecoulement par les nazeaux, d'une hu»
meur plus ou moins epaiffe; l'engorgcment
des glandes fituees fous la ganache ; les
chancres für la membrane interne du nez,
fönt des fymptomes communs a plufieurs
de ces maladies & a la Morve; mais ce qui
les diffeuencie effentiellement , c'eft que
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[ xo 1
dans la derniere, ces trois fymptomes exif-
tent le plus fouvent a la fois, ce qui n'ar-
rive jamais dans les premieres. Celles-ci
fönt töujours aigues, inflarnmatoires, des
]es premiers jours de leur invafion ; elles
ont le caraftere le plus alarmant ; elles
parcourent leurs periodes en peu de jours;
leflux, lorfqu'il exiße, diminue peu-ä-peu,
le fang fe depure, les fonäions fe reta-
büffent, & l'animal guerit.
Celle-lä au contraire ne parcourt fes pe-
riodes qu'avec une extreme lenteur ; les
ßgnes qui l'annoncent, ne s'aggravent que
par gradation; l'animal qui en eil: atteint,
paroit jouir de la fante la plus integre, fur-
tout jufqu'au deuxieme temps; ce n'eil que
vers la fin de celui-ci , ou au commence-
tnent du troifieme, que commencent or-
dinairement ä fe manifefter exterieurement,
les lefions internes produites par cette
Hialadie,
Ces cara&eres , 8c fur-tout le dernier,
c'efl-a-dire , l'apparence de l'etat le plus
fain avec le flux, ou l'engorgement des
-ocr page 10-
C » ]
glandes, ou les chancres de la raembrane
dunez, etabliiTent entre ces maladies des
differences auxquelles il n'eft pas poflible
de fe meprendre , pour peu qu'on y faffe
attention."
A R T. I I.
Ouvertüre des anlmaux atteitts de la Morve.
Quelque facile qn'il foit , pour For-
dinaire, de reconnoitre Texiftence de la
Morve, dediftinguer ce.it e maladie de Celles
qui ont de la reffemblance avec eile, il eit
des cas cependant cü cetre diftinöioh n'efl
pas auffi aifee. II n'eit pas rare, par exem-
ple, quedans les ecuries ou il ya beaucoup,
de chevaux, & fur-tout dans les regimens
de cavalerie, plulieurs fe trouvent ä la fois
atteints d'un flux leger qu'accompagne le
plus fouvent, rengorgement prefqueinfen-
fible d'une ou de plulieurs glandes logees
fous la ganache; le peu de gravite de ces
lymptomes femble devoir infpirer,& n'inf-
pire que trop fouvent en effet, une fecurite
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dont les fuites fönt prefque toujours fu-
neßes.
Pour ne laififer aucune incertitude für la
nature de la maladie, & für celle des pre-
cautionsa prendre dans/cette circonfUnce,
le parti le plus sür eft, fans cont|edit, le
facrifice d'un ou de plufieurs chevaux at-
teints, & l'infpeftion attentive des vifce-
res : on doit etre sür que les defordres
qu'on decouvre dans les animaux facrifles,
exiftent dans tous ceux en qui on recon-
noit les meines fymptomes.
JLtißons interieures produltes par la Morve.
Les poumons fönt affez ordinairement
les vifceres les plus grievement affe&es. On
les trouve fouvent tumefies, couverts d'hy-
dstides, de tubercules & d'obftruftions. Les
glandes bronchiques fönt le plus ordinai-
rement tumefiees h abcedees ; eette lefion
eft meme quelquefois la feule qu*on apper-
coive dans cet organe.
La membrane qui tapiffe les bronches &
la trachee-artere, eft affez fouvent enßam-
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C'5]
mee Sc ulcetee; les premieres fönt remplies
d'une humeur epaiffe St alTez fouvent fem-
blable a celle que l'animal jette par les na-
zeaux. La face interne des os fervant de
parois aux differentes cavites du nez } Sc la
cloifon cartilagineufe qui les fepare, fönt
fouvent carriees & couvertes de pus. La
membrane qui les tapiffe, eil ulceree. La
rate, le foie & les reins eprouvent auffides
lefions, quelqusfois corifiderables ; on re-
connoit celles des derniers, par le pus dont
les urines fönt chargees.
On trouve fouvent ä l'ouverture de la
tete, le cerveau plus mou St plus fiafque que
dans un animal fain, uneplus grande quan-
tite d'eau dans les cavites de ce vifcere; le
plexus choro'ide engorge, obflrue & fouvent
garni de concretions plus ou moins volu-
mineufes; les glandes engorgees & lecryf-
tallin terne, fans confifiance & comme de-
compofe.
Ce feroit une erreur de croire que tous
ces defordres exiftent ä la fois,8c que leur
reunion feule doiye faire prononcer afHr-
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[*4]
mativernent Zur Texiflence de la Morve ;il
ne faut que quelques uns d'eux joints aux
fymptomes exterieurs dont nous avons
parle, pour ne laiffer aucun doute für la
prefence de cette cruelle maladie.
Akt. III.
Caufes de la Morve.
Les caufes ies plus ordinaires de la
Morve fönt :
i°. La communication deschevaux fains
avec des chevaux morveux , ou l'ufage de
quelques uns des objets qui leur ont fervL,
commebrides, feiles, harnois,couvertures,
feaux , etrilles, eponges, brofies, epouf-
fettes,&c. Cette caufe eil plus ou moins
aclive, fuivant le caraöere du virus & les
difpofitions des fujets expofes a fes effets.
2°. Les tourbillons de vapeurs fournies
parlatranfpiration de tous les chevaux d'un
regiment dans les manceuvres des efca-
drons , vapeurs qui fönt introduites dans
les poumons par l'infpiration.
30. La mauvaife nature desalimens dont
-ocr page 14-
[ *5 3
les chevaux fönt nourris: tels que les foins
des pres bas; ceux qui ont ete xouilles,
vafes , ou mal recoltes ; les avoines qui
ont fejourne trop iong-temps dans les
bateaux, ou qui ont ete foumifes ä Ja pra-
tique pernicieufe dujavelage; enfin,toutes
les efpeces d'alimens echauffans continues
pendant long-temps.
4°. La trop petite quantite d'alimens :
cette caufe efi tres - frequente dans les
regimens ou Ton a la pernicieufe habi-
tude de retrancher une partie de la ration
d'avoine deßinee a chaque cheval. Ce re-
tranchement qui a fouvent Heu dans le
temps meme oü les chevaux travaillent le
plus , appauvrit les liqueurs , 8c precipite
les folides dans l'atonie. Les chevaux epuifes
par la fatigue & l'abilinence , fönt remis
a la ration ordinaire; ils ne reprennent pas
leur embonpoint aufli vite qu'ils l'avoient
perdu ; plufieurs meme renent toujours
maigres & valetudinaires , 8c le plus grand
nombre ^prouvent des flux par les nazeaux
qui degenerent tres-fouvent en Morve,
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[i6]
<j°. Varret fubit de la tranfpiration,\or[~
que l'animaleft expofe ä un air froid, apres
im exercice qui a mis les humeurs en mou-
vement, eft la caufe la plus ordinale de
la Morve.
6°. Une gourme, une morfondure, ou
touteautre maladie interne negligee.
70. Des javards, des crapauds, des poi-
reaux,des eaux ou autres maux externes
gueris par l'application des remedes pure-
inent locaux , qui ne fönt difparoitre la
maladie , qu'en la faifant paffer dans le
fang.
8°. Le reflux fpontane dans la maffe du
fang , de l'humeur morbirlque , dans des
maladies qui fembloient n'avoir aucune
analogie avec la Morve, comme la gale ,
le farcin, & toutes les autres maladies de
la peau.
On doit biea obferver que la Morve qui
paroit ä la fuite du farcin, eft prefque tou-
jours incurable , 8c qu'on doit beaucoup
efperer au contraire,quand c'eft la Morve
qui degenere en farcin.
Art»
-ocr page 16-
■[i7 J
Art. IV.
Reßexions für la curabllite de la Morve.
La Morve n'efl pas Incurable; maisfon
traitement a ete jufqu'ä prefent long , &
par confequent difpendieux. II eil encore
tres-incertain , fur-tout dans les chevaux
chez lefquels eile a fait des progres; mais
ce qu'il y a de sür, c'eft la perte enorme
qu'elle peut occafionner, en fe propa-
geant d'un individu ä l'autre, meine pen-
dant le traitement. Ce feroit donc en-
tendre mal fes interets, que de ohercher a.
la guerir, fur-tout lorfqu'elle efl ancienne;
& ii eile ne 1'eft pas, lorfque le virus a fait
en peu de temps des progres tres-rapides;
ainfi, la eure de cette maladie ne doitetre
entreprife , qu'autant qu'elle fera dans fon
principe , ou tout au plus a fon fecond
Periode; 8c il faut encore que les animaux
qu'on fe propofe de traiter, foient en bon
etat, d'un bon temperament, exempts de
tous autres vices, 8c d'une valeur qui puiiTe
couvrir la depenfe.
B
-ocr page 17-
[ i8 ]
TT (         
Ar t. V.
Examen & feparation des chevaux affeclis t
ou fufpecisi.
L A Morve & toutes les maladies qu'ac*
compagne le flux par les nazeaux , etant
contagieufes, la premiere indication qui fe
prefente a remplir, c'efl la feparation de
tous les chevaux fains, d'avec ceux at-
teints de quelques-unes de ces maladies; la
feconde , la definfeäion des chevaux qui
ont communique avec les chevaux mor-
veux ; la troifieme , raffainiffement des
ecuries ; la quatrieme, la puriikation des
harnois.
La feparation des chevaux fains d'avec
les malades doit etre precedee d'un examen
attentif de tous les animauxquicompofent *
l'equipage. Celui qui pretendvoir toutd'un
feul coup-d'ceil, ou ne voit pas, ou voit
mal. II n'eft pas bien difficile de reconnbi-
tre un cheval decidement rnorveux , mais
II n'efl pas aufii aife de juger de ceux
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chez lefquels la Morve n'a fait encore qus
tr'es-peu de progres.
Pour proceder avec methode a cet exa-
men , il faut faire fortir par ordre tous
les chevaux, tant fains que rnalades. Afin
qu'aucun n'echappe ä l'infpedlion , eile fe
fera ainfi i l'animal detache & forti de fa
place, on le fera conduire fous la porte de
l'ecurie, & dans un jour qui foit tel que
toutes les parties de la tete foienteclairees,
de maniere qu'aucune d'elles ne puiSe fe
derober aux regards.
On commencera par les yeux; on com-
parera la tranfparence des humeurs de Tun
avec celle des humeurs de l'autre; on verra
ü les paupieres, fur-tout l'inferieure ,Tont
egalement minces & applaties: on prome-
nera enfuite fes regards Air la furface du
front & du chanfrein;on verra fi ces par-
ties fönt bien egales, ou s'il eft un poinc
de la furface de l'une, ou de la furface de
l'autre, qui faffe faillie : il arrive, mais
le cas eft rare , que l'une des parties de
cette furface, eft enfoncee & fraäuree par
B 2
-ocr page 19-
[20]
des accidens exterieurs , ou que la voute
ofieufe des nazeaux efl enfoncee Scecrafee
par des coups de pied, des morfures, &c.
Dans tous ces cas, la membrane pituitaire
efl tumefiee , ainil que les glandes logees
dans Tauge; il y a flux par les nazeaux ou
par un feul; on reconnoit enfin tous.les
fymptomes de Ja Morve, mais il faut pren-
dre garde de s'en laiffer irnpofer par cette
fauü'e apparence; il n'y a aucun danger :
il fuffit de remedier ä ces maux exterieurs,
pour faire ceffer tous les accidens.
On fera enfnite lever le nez de l'animal;
on lui ouvrira les nazeaux; on confiderera
tres-attentivement l'etat de la membrane
pituitaire ; eile peut etre ulceree , bour-
fouflee, relächee, enfiammee, & l'orifice
des nazeaux dans l'etat naturel; s'il eil fronce
Sc ride , c'efl une preuve qu'il y a !ong-
lemps que l'animal jette.
On comparera encore l'etat de la mem-
brane qui tapiffe le nazeau gauche , avec
l'etat de celle qui tapiffe le droit.
Cell au moyen du taö, qu'on s'affurera
-ocr page 20-
[21 ]
de Petat fain ou malade des gkndes lojreeu
dans -lauge. II faut prendre garde que la
ganache des jeunes chevaux eft toujours
plus pleine que celle des chevaux adultes.;
il faut encore faire attention que la bafe
de la langue forme .une eminence quel-
quefois tres-faillante dans l'auge, & qu'il
importe de ne pas prendre eet etat, qui eil
naturel , pour un etat maladif. Il eft £a-
cile de s'en affurer, en mettant les doigts
für la barre, & en faifant remuer la langue
de l'animal; alors, fi c'eft la bafe qui fait*
faillie, eile s'evanoüit fur-le-champ ; mais
fi c'eft une glande tumeliee, eile reue dans
la meme place. Qaoi qu'il en foit , les
glandes tuinefiees feront ramenees 6c fer-
rees legerement contre la branche de la
mächoire qui les avoifinera; & c'eft par cette
compreffion, q-u'on jugerade leur fenfibilite
ou de leur infenfibilite , de leur plus cu
nioins d'adherence & de leur degre de
durete. Une autre attention äavoir danscet
examen, & qui eft de la plus grande impor-
tancepour ladeäfion", c'eft de s'afiursr ß
B 3
-ocr page 21-
[22 ]
h glande tumefiee eft ou n'efl pas en fluc-
tuation, c'eil-a-dire■■■; fi|l'humeur qui Ja
tumefie, eft convertie en matiere fupuree,
ou, ü eile ne l'eft pas. Dans le premier cas, Je
centre eft mou ; od Tent par le tacl l'exif-
tence d'un liquide, qui.n'eft autre chofe
que du pus, dont l'evacuation feule fuffit
quelquefois pour fauver le malade. Dans
le fecond, la tumefadion prefente lememe
degre de durete dans toute fon etendue,
& ce genre de tumefaöion eil toujours celui
'de la Morve.
II irnporte encore d'examiner la bouche
de lanima! & de foumettre , fur-tout ä une
infpeflion rigoureufe, les dents machelie-
res de la mächoire anterieure; elles peuvent
etre fendues, cariees & ouvertes jufques dans'
le finus maxillaire; alors le fourrao-e quia
penetre par cette Ouvertüre de la dent dans
le finus, peut etre, 8c eft effe&ivement le
plus fouvem, la caufe de tous les fympto-
mes qu'on prend pour ceux de la Morve;
Je mal n'eft abfolument que local, puifqu'il
fi'eil queilion pour le guerir, que d'extraire
\
-ocr page 22-
1*3]
Ja dent & de deterger parlaitement & exac-
tement le finus, apres en avoir retire le
fourrage qui s'y etoit introduit.
II nous refte maintenant a comparerces
fymptömes , pour en tirer des induöions
capables de nous guider, dans le jugement
a porter, für ce qu'on doit craindre ou ef-
perer des animaux infpeftes. La gravite de
chacun de ces fymptömes en particulier,
n'tft pas toujours une raifonpourcondam-
ner les chevaux. La tumefaaion tres-forte
d une glande, toutes les autres parties etant
faines', n'ell pas ordinairement dan^ereufe.
II en efl de meme des lefions de la mem-
brane pituitaire, d'un ceil, des paupieres ,
&c, lorfque l'une de ces parties fera af-
feäee feparement, quel que foit d'ailleurs
le degre d'intenfite de cette affeftion; mais
on ne doit pas avoir la-meme fecurite, fi
l'on remarque une filiation dans la lefion
de chacune des parties que nous avons exa-
minees, & que cette lefion s'obferve für ün
feulcote de latete; c'eil-ä-dire, que/fi Ton
rencontre les humeurs du globe de Toeil
B 4
-ocr page 23-
[24]
droit, par exemple, legerement troubles,
Ja paupiere de cet ceil bourfouflee, lamem-
brane pituitaire du nazeau droit engorgee,
& 'es glandes de deffous la ganache da
meme c6te droit, tumefiees, tous ces'fymp-
tomes, quelque legers qu'ils foient d ail-
leurs, doivent jetter dans la plus grande
deftance, & faire regarder l'animal comme
reellement affeße de la Morve. Et fi ä ces
fymptomes ie Joint un flux leger par le
nazeau repondant au cöte malade , il ne
refle plusaucun pretexe de douter de l'etar
vicie de ce fujet. II eft encore plus irre-
vocablement perdu , fi ä tous ces accidens
fe Joint l'exuberance de Tos du front ou
du nez. Le froncement & la crifpation de
l'orifice des nazeaux indiquent toujours un
flux tres-ancien , cet etat ne provenant
que de l'irritation longue 8c continuelle
qu'a produite für la membrane pituitaire
J'humeur de Ja Morve,
]i faut prendre garde que la plus grande
partie des chevaux , quelque bien deve-
Joppee que foitla Morve, ne jettent prefque
-ocr page 24-
[ *5 1
pas dans le repos; cette circonfiance doit
determiner l'Expert ä un fecond examen.
II fera fortir l'animal; quelque legers que
foient les fymptomes qui l'auront frappe
Jors de fon premier examen , il le fera
trotter fous l'hcmme ou en main, pendant
Fefpace de vingt a vingt-cinq minutes.
C'efl apres cet exercice , que le cheral
etant agite & fes humeurs mifes en mouve-
Hient, la matierede.lamembrane pituitäire
& des finus fortira par un ou par les deux
nazeaux, avec plus ou moins d'abondance;
ce n'eft qu'alors qu'il pourra juger par la
qualite de cette matiere, du degre de ma-
lignite de cette cruelle maladie. L'humeur
qui fluera , fera ou uniforme ou grume-
leufe , blanche ou fanguinolente. Lorf-
qu'elle eil blanche Sc uniforme, fon ca-
raßere efl moins mauvais que lorfqu'elle
eft grumeleufe & coloree; plus cette cou-
leur approche de celle du fang , plus on
doit redouter fes effets, relativement,d'une-
part, au degre de deterioration qui s'eft
dperee dans l'interieur du fujet affefle, &
-ocr page 25-
[26]
de l'autre, au degre de malignite de Ja
eontagion dans les autres chevaux.
Ce degre de malignite de la eontagion,
fera encore relatif a la difpofition des fu-
jets qui auront ete expofes a fes coups. Les
juites de cette communication feront d au-
tant plus h redouter , que les chevaux fe-
ront plus jeunes, que leurs humeurs de
gourme feront plus en mouvement, qu'ils
pecheront par exees de maigreur, que leur
temperament fera plus altere ouvicied'une
maniere quelconque ; que leur nombre
fera plus con/iderable, que l'ecurie qui Jes
aura reunis fera plus etroite, & que le fer-
viee qu'ils auront rendu , exigeoit qu'ils
fuffent plus raiTembles & plus meles les
«nsavec les autres; & ce n'eft que par cette
raifon que la Morve fait des progres aufli
prompts & auffi etendus dans les Regimens,
chez les Maitres de Poftes, & generalement
dans toutss les ecuries qui contiennent
beaueoup de chevaux.
En refumant, le Veterinaire ne doit
condamner que les chevaux chez lefquels ü
-ocr page 26-
C 27 ]
fe reuniraplufieurs fymptomes de la Morve:
tels que le flux Joint ä la tumefaöion des
glandes, le trouble des humeurs du globe,
le gonflement de la paupiere inferieure, Ig
bourfouflement des os du nez ou du front.
Au defaut de ces derniers fymptomes ,
le froncement de l'oriflce des nazeaux ; &r
au defaut de Tun & de l'autre de ces der-
niers, les ulcerations de la membrane pi-
tuitaire fuffiront, etant reunies avec la le-
fion des humeurs du globe 8c de la tume-
faftion des glandes fituees dans Tauge. En
ce qui concerne le flux grumeleux par Tun
des nazeaux, quand meme il feroit le feul
fymptöme maladif , il n'en faudroit pas
moins condamner l'animal; mais pour que
ce jugement foit equitable, il faut necef*-
fairement que ce flux n'ait lieu que par
un nazeau; car s'il avoit lieu par Jes deux ,
°n pourroit prefumer qu'il feroit le produit
d une vomique ou abces dans les poumons,
qui affez fouvent, par le feul effort de la
nature , s'ouvre, fe vuide 8c n'a aucune
fuite facheufe.
-ocr page 27-
[28]
Mais ü ces fymptomes ne fubfirlent pas
avec les conditions que nous venons de de-
crire , l'Artifte regardera I'animal comme
fufpeclfeulement; il regardera auffi comme
tels tous les chevaux dont l'examen le plus
exacr. ne lui auroit fait eonnoitre aucun
veftige des fymptomes deerits ; parce que
toutcheval quia communique avec des che-
vaux morveux , doit etre regarde comme
fufpeft, par la raifon qu'il eft impoffible de
iavoir jufqu'ä quel point les fujetsibnt fuf-
ceptibles de ce virus, les effets qu'il peut
produire dans ceux qu'il a penetres, & le
temps qu'il peut mettre pour annoncerau-
dehors fon exiftence au-dedans. Tous ces
effets variant dans les divers individus, ainfi
que nous^ l'avons dit; formidables & mor-
tels dans ceux-ci; peu dangereux 6c lenrs
dans ceux-la; enfin, nuls dans le plus grand
nombre.
II eft bien important dansTexamenqu'on
fait, pour s'affurer de 1'exilt.ence de la Morve
chez les particuliers, de ne pas perdre de
Tue, qu'ils cherchentprefque toujours a de-
-ocr page 28-
[29 3
rober leurs chevaux malades aux regards des
Experts. II yaplufieurs moyens de recon-
noitre cette fouflra&ion, dont les fuites ne.
fönt que trop fouvent funeftes.
i°. Onvifite tous les lieux de lamaifon,
propres ä receller des chevaux , comme
granges, etables, bergeries, toits, &c.
2°. On confidere avec attention toutes
les places de 1'ecurie; s'il y en a de vuides ,
on en examine bien Fetat; ou elles fönt
nouvellement netoyees , 8c alors on doit
foupconner qu'elks ont ete occupees par
des chevaux infeöes; ou elles ne fönt pas
netoyees, alors on y trouve des traces evi-
dentes de l'exifience de cette maladie, dans
les animaux qui les occupoient; le mur de
face, les fufeaux & le montant du ratelier„
les parois, tant internes qu'externes, de
Tauge, fönt couverts d'une couche noire-,
epaiffe , quelquefois avec des teintes. de
^ang; dans cq cas, on interroge les parti-
culiers, & on reconnoit facilement, ä leur
embarras, s'ils ontfouflrait leurs chevaux;
alors on doitregarder comme fufpeös, tous
ceux' qu'on trouve dans' recurie.
-ocr page 29-
[3° 3
Art. VI.
Maniere de claffer les chevaux affeBes ß
ou fujpeBs,
Qüoiqu'il en foit, cet examen fait,
TArtifte fera trois claffes de malades. La
premiere fera compofee de ceux chez lef-
quels la Morve fera entierement declaree,
& qui feront dans le cas d'etre abattus ,
conformement aux Ordonnances concer-
nant cette maladie.
La deuxieme claffe fera compofee des
animaux qui n'auront que quelques fymp-
tömes de la maladie.
Enfin, la troifieme, de ceux qui ne feront
regardes comme fufpefls, que parrapport ä
leur commerce avec des chevaux morveux-,
Art. V I L
Premiere claffe.
animaux ä abattre.
Les chevaux compofant la premiere
claffe etant reconnus decidementmorveux,
& irrevocablement perdus, feront abattus
-ocr page 30-
[3* ]
fans delai , conformement a l'efprit des
Ordonnances.
L'Expert y procedera de la maniere fui-
vante : il prendra le fignalement de l'ani-
mal; il en decrira le poil, fes nuances, fes
marques, la taille, l'äge & les qualites; il
procedera enfuite ä l'abattage, qui doit ö
faire au bord de la foffe dans laqueile le ca-
davre fera enfoui.
II eft plufieurs manieres d'oter la vie ä
l'animal , & le choix n'eft pas indifferent,
L'Artifte devant decrire 2< configner dans fon
proces-verbal, i'etat dans lequel il trouvera
lesvifceres, il importeque les partiesinte-
rieüres ne foient ni offenfies, ni akerees,
qu'elles fe montrent a fes regards aufli entie-
res qu'il foit poffible. La piqure ou la feftion
de la moelle allongee , entre la premiere
& la feconde vertebre du col , doit erre
profcrite, en ce qu'elle produit des epan-
chemens fanguins dans le cerveau,'des ec-
chymofesdans le cervelet, & occsfionnela
vacuite de la ferofite renfermee dans les
ventricules; il en eft de meme de cctte ou*
-ocr page 31-
[ 30
verture enorme que les ecarifieurs prati*-
quent au poitral; ils ouvrent les grosvaif-
feaux & offenfent les poumons 8c le coeur.
L'infuflation de l'air expire dans l'une des
jugulaires, apres qu'elle aura ete ouverte,
comme dans la faignee, eil un moyen für
de tuer l'animal, & qui n'eil fuivi d'autre
changement, dans les vifceres, que de la
diftention des parois du coeur 8c de globu-
les d'air intercales dans les globules fanguins
des petits vaiffeaux , du cerveau fur-tout.
L'ouverture d'une ou des deux carotides ,
pratiquee ä la partie moyenne de l'enco-
lure , n'eft pas moins füre 8c moins facile :
on laifie couler le fang für la terre qui aete
retiree de la foffe, oc on a foin de l'enfouir
avec le cadavre.
L'animal abattu par l'une ou l'autre de
ces deux dernieres methodes, l'Expert pro-
cedera ä f examen des vifceres de la maniere
fuivante : la peau enlevee, il ouvrira l'ab-
domen par deux grandes incifions qui fe
croiferont dans Ieur milieu ; apres avoir
cxarnine fuperficjellement le paquet intef-
tinaj
-ocr page 32-
C33 j
tvnal & l'eftomac, il les retirera de cette
cavite, il les ouvrira dans toute leur eten-
due : ces parties renferment quelquefois
une qnantite prodi'gieufe de vers de toutes
cfpeces, dont il impörte d'avoir connoif-
fance pour l'avantäge des chevaux ä prefer-
ver; il infpeflera enfuite les autres viiceres
renfermes dans cette cavite-; le foie, h
rare , le pancreas'M les reins & les autres
parties ayant ete vifijtes exterieurement ,
feront ctuverts & examines interieuremeht:
cette Operation faite, il ouvrira lapoitrine,
& , pour cet effet, il enlevera toutes les
vraies c6tes d'un feul cöte, en preferant
cependant le c6te repondant au nazeäu ma-
lade; les mufcles intereoftaux coupes en-
tre chaqüe cote, en dirigeant rinciiion du
ilernum aux vertebres dorfales, il les de-
farticulera du ilerntim , & il les frafturera
,pres de leur articulation aux vertebres dor-
fales; le thorax ainfi ouvert, & les vifeeres
qu'il rer.ferme pouvant etre examines fa-
cilement, il les paffera fuccemvement en
revue avant que d'en offenfer aueun. Lt
C
-ocr page 33-
t 34 3
plevte, le mediaßin , la furface exterieure
des poumons, les, glandes bronchiques ,
thorachiqu.es, &c ayant ete infpedees, &
leur etat decrit, l'Expert arrachera les pou-
mons apres les avoir detaches de la trachee-
artere & des gros vaiffeaux ; il ouvrirales
bronches depuis leur principe jufqu'a leurs
demieres ramifications, & decrira exaöe-
lneot le vice dont elles pourroient etreaf-
feftees. La trachee-artere fera egalement
ouverte dans toute fon etendue, depuis fon
infertion dans la poitrine jufqu'a. fon prin-
cipe dans la bouche ; il examinera i'etat de
fa membrane interieure, qui eft tres-fou-
vent le meme que celui de la membrane
pituitaire; de cet examen, il paffera a celui
de latete; les mufcles qui la recouvrent
enleves, il s'armera d'un rogne-pied & d'un
brochoir, il coupera & enlevera avec pre-
cautian les os-du crane, du front ßtdunez,
pour mettre le cerveau, le cervelet, les fmus.
frontaux , ethmoidaux, zigomatiques., ma-
xillaires & les foffes nazales ä decouvert;
il les fcrutera avec foin; & comme ces
-ocr page 34-
[35]
parties fönt doubles , il comparera celles
d'un cote avec Celles de l'autre ; il ouvrira
le cerveau; rengorgement du plexus cho-
roide, l'eau contenue dans les ventricules,
la laxite ou la mollelTe des glandes pitui-
taires & pineajes, l'engorgement des corps
glanduleux du cervelet, l'hydropifie des
ventricules olfaöifs, enfin , la/mollelTe de
la maße cerebrale, fönt des accidens tres-
frequens dans la Morve; ces parties doivent
donc etre examinees avec foin, & leurs le«
fions appreciees.
Touies les parties du fujet, ainfi vues,
examinees & decrites, feront enfouies, ainfi
que le refte du cadavre, comme il eil; pref-
crit par les Ordonnances.
Art. VII I:
Deuxieme Claffe.
Animaux d traiur.
Les Chevaux compofant la deuxieme-
claffe fönt, ainfi que nous l'avonsobferve,
ceux chez lefquels on a reconnu quelques
Ca
-ocr page 35-
C 3* 3
fympt6mes de Morve; quoiqu'ils ayent
paru ä Ja fuite de h communication des
chevaux de cette clafle avec ceux de Ja pre-
cedente, on ne doit pas fe croire en droit
d'en conclure, qu'ils foient tqujours dus a
cette ünique caufe ; edle qui les avoit de-
•veloppesdansles premiers, a bien pu aufli
ie,s faire naitre dans les feconds; nous avons
icconmi en effet( an. IIJ.) plufieurs caufe»
de la Morve : la mauvaife qualite des ali-
mens, les fautes commifes dans le regime
l'exces d'exercice, les e-curies mal-faines,
&C. II. Importe-donc au Veterinaire' d'exa-
aoüiner avec toute l'attention dont il eft ca-
pable, toutes ces caufes, & de voir s'il n'en
exifte aucune ä laquelle il puiffe attribuer
le developpement de cette cruelle maladie,
par la raifon que taut que Ja caufe fubfif- •
tera, il eft impoffible d'efperer la ceflation
de ce fieau, Ton doit au contraire s'atten-
dre ä le voir fe renouveller fans ceffe, quel-
qi:e foient les facrifices que Ton £eray& les
moyens medicinaux que l'on rnettra en
Ufäge pouren operer Testinfilon. Cette
-ocr page 36-
[ 37 2 x
condition , dont l'importance eit evidente,
ayant ete remplie, l'Arttfte reflechira en-
core für le genre de Iefion que cetrc caufe
peut avöir öccafionne ; fa nature& faduree,
l'etat des animaüx für Iefquels eile a agi,
doivent neeeifairement donner lieu ä des
modifiqrtions dans le plan du regime & du
träitement ä preicrire; celui que nous al-
lons tracerici, ne fauroit etre convenable
a toutes les circonftances qui peuvent fe
rencontrer dans tous les cas; mais lesprin-
cipes generaux que nous allons etablir a cet
egard, fuffiront aux Veterinaires pour l'ap-
pücation particuliere qu'ils fönt dans lecaj
d'en faire.
A R T. I X4
Sqlns & Regime.
FAITES panfer les animaux deux fois
le jour, 8c tenez-les dans la plus grande
proprete.
Faites evaporer matin & foir dans l'ecii-
rie une chopine d'eau 8c autant de vinaigre
rneles enfemble; fupprimez un tiers de k
Co.
-ocr page 37-
[38]
tfourriture ä ceux qui feront cn bon £tat;
ji'en ötez qu'un quart ä ceux qui le feront
moins; faites-les boire a l'eau blanche ou
ä l'eau pure, fuivant qu'ils- prefereront l'une
ou l'autre de ces boiffons ; mais ne leur
otez pas l'avoine, eile eft preferable au fon.
Dans cette circoriflance oit il Importe de
jie pas affoiblir i'efiomac, contentez-vous
de ne la donner qu'aux deux tiers de la ra-
tion ordinaire ; il feroit dangereux de Jes
nourrir trop fortement, il fuffit qu'ils foient
entretenus dans l'etat oü ils ibnt. Us ne
doivent point travailler , mais feulement
etre promenes une demi-heure le matin ,
& autant le foir , lorfque le temps fera
beau.
Le foin fera fupprime entiererr.ent aux
chevaux dont la poitrine fera foible, irri-
tee, enflammee, & on fubftituera ä la ra-
tion de ce fourrage, une botte de paille
de la meilleure qualite : fi les animaux la
mangentmal, on y joindra une ou deux
livres de bon foin :.on melera un peu
d'orge ä leur avoine, ou on leur fera man-
-ocr page 38-
t39:
get feparement ce grain, apres qu'il aura
ete grue ou macere dans un peu d'eau,
pendant'fix a huit heures.
A l'egard des chevaux tres-charnus, mous
& d'un temperament lache , on ajoutera
une jointee de feveroles ä leur avoine. Cet
aliment cordial & fudorifique öpere le plus
grand'bien, il vivifie le poil £c retablit
l'excretion de l'infenfible tranfpiration.
Art. X.
Traltement prejervatlß
Il confifte, en general, dans la ßigrieft
& l'adminiftration des delayans, des adou-
ciffans, des bechiques 8c des incififs donnes
en breuvages ou fous la formed'opiat jcette
derniere forme efi la moins avantap-eufe i
l'eau chargee de fubfiances medicinales par
la decoction ou l'infufion, paflant plus fa-
cüement 8c plus promptement dans le fang,
agit plus fürement : auffi Fopiat.ne doit-ii
etre prefere, qu'autant que l'animal refufe
conftamment d'avaler les liquides donnes
avec la corne, ou qu'autant qu'une toux
C4
-ocr page 39-
C 40 ]
forte & opiniätre iuit Ja deglutition du
liquide verfe dans la bouche. Loriqu'on eft
dans Ja neceflite de donner ces fhblxances
avec une fpatule, apres Jes avoir incorpo-
rees dans le miel, il eil ä propos d'injecler
plu/ieurs fois dans Ja, bouche de l'animal,
un liquide analogiie aux poudres qui ont
compoie Topiat, & dont le miel ä iervi
d'excipient. ,
Faites prendre unecliopine dedecoflion
de viperine, de bourrache & de chicoree
fauvage , apres avoir coupe cette Jiqueur
«vecpartie egale d'eau de chaux preiiüere(iz)?
'" •■ i ' ■                                                                                       ' ..... ■*■                                                     ■»
(a ) On prepare ainfi I'eau de chaux prermere : pier.ez
une Iivre de chaux vive, fraichement cuire ou foigneuie-
flitnt pre'ieryec de l'air & de l'eau ( ce qui le fait en prenant
de la chaux encore cliaude, dont on remplit proniptemeni:
des bocaux que l'on a fait prealablciiien1: ciiaußer, & que
l'on a bouche le plus exa&ement polfible); mettez-]a dans
une terrine de gres; vsrfez deffus douze pintes d'eau de
riviere la plus pure , ou d'eau diftillee que rous aurez fait
chauffer; remuez le tout jufqu'ä ce que toutc U chaux
foit dela'yee & e'teinte ; paffez & flltrez enfuite dans une
«hauffe ; mettez la liqueur dans des cruches; emplifitz-lcs
& boucliez-les comtne il faur, pour les garder. Ondoit
jemuer iöuvent la liqueur, csr h chaux qui £■ de'pyfsau
-ocr page 40-
[4i 3
& y avoir ajoute deux ou trois onces de
miel.commun & deux gros de fei de nitre;
donnez incontinent apres , un lavement
emöllient fait d'une decoöion de feuilles
de mauve, ä laqueile vous aurez ajoute
deux onces de fei commun. Promenez l'a-
nimal pendant une demi-lieure, faites-Ie
etriller, bouchonner, brofi'er ä fond, Sc
faites-lui departir Je tiers de la ration fixee
de "fourrage; reiterez le foir, une heure
avant que de donner ä. föuper , le breu-
vage, le lavement, Ja promenade & le pan-
fement de la main; contmuez ce traitement
pendant dix a douze jours, ce qui fuffira, fi
vous avez la precaution de faigner l'animal
ä la jugulaire, & de lui tirer quatre livres
de fang, oudeux pintes, mefure de Paris :
ces proportions fönt celies fixees po'urun
fond du vafe , peut s'echiuffer au point de le faire caffer.
L'eau de riyiere , l'e?u de pluie & i'eau diliiliee, fönt
preferab'es ä l'eau de puits, en ce que celle-ci conüent
fouvent de b felenite, & msaie du falpetre, &c. Au
refte, ks viiflTeaux dans lefquels.on garde i'enu dechaux,
doivent etre-foigneufement taucHj.
r
-ocr page 41-
[ 42 3
cheval de moyenne taille; vous aurez k
augmenter les dofes ou ä les diminuer, fui-
vant que Tanimal fera de la grande ou de
Ja petite efpece. Si la poitrine eftdelicate,
enflammee & irritie, fubftituez l'infufion
de fleurs peflorales, telles que Celles de
mauve, de violette, de pied-de-chat & de
bouillori-blanc, aux plantes ameres nom-
liiöes ci-deffus-
Si la toux elr graffe 6c que I'humeur
bronchiale alt befoin d'etre incifee, vous
ne faignerez point, mais vous ferez ufage
de racine d'aunee, que vous donnerez eri
opiat, a la döfe de deüx onces, apres l'a-
voir incorporee dans le miel, avec addition
de deux gros de fleurs de foufre, & d'urj
demi - gros de kerroes mineral ; donnez
par-deflus la decoflion des plantes ameres
preicrite.
La iaignee doit £tre encore profcrite
dans les fujets qui ont des eaux aux jamr
bes, qui fönt d'un temperament pituiteux,
qui font mous, See Ils exigent de plus, que
le premier breuvage preferit, foit aiguife
-ocr page 42-
[43]
de deux gros de vitriol de mars, Sc autant
de fei ammoniac ; il eft tres-hon de leur
paffer un feton au poitrail, a moins que
les eaux ne coulentabondamment, alorson
fe contentera d'entretenir & de faciliter cet
ecoulement par descataplafmes faits de mie
de pain & d'eau, ou d'ofeille cuite avec le
vieuxoing, ou le bafilieum, ou les vefica-
toires, 6cc.
Teiles fönt les nuances a obferverdans
la methode prefervative : il feroit inutile
de nous etendre davantage für cet objet,
mais cotume nous avons etabü que les
chevaux qui compofoient cette claffe,
etoient affeöes de quelques fymptomes,
nous allons prefcrire ce qu'il eil: neceflaire
de faire de plus a chaque animal, relative-
ment aux fymptomes particuliers qu'on lui
reconnoit.
Si la membrane pituitaire eft engorgee,
on lavera & on baffinera la tete de l'ani-
nal, 8c fur-=tout le chanfrein, avec de Teau
vinaigree , fept ä huit fois le jour ; cette
liqueur fera employee tiede pendant les
-ocr page 43-
; C 441
quarre ä cinq premiers jours feulement, on
Femploiera froide enfuite ; on effuiera &
on broffera toutes les parties mouillees ,
jufqu'a ce qu'elles foient entierement fe-
ches; on fera humer ä Tanirnal, matin &
foir, lavapeur de refine que l'on fera brüler
für une pelle chauffee au point de rougir,
& on aura foin de couvrir la pelle & la
refine d'un entonnoir qui raffemblera les
vapeurs & les dirigera. dans les nazeaux.
Si cette membrane eft enflammäe, on
faignera l'animal au palais, entre les qua-
trieme& cinquieme fillons, avec le biftouri
courbe ou la corne de chamois; on fera
humer les vapeurs d'eau chaude vinaigree,
la tete du cheval & le vafe contenant la
liqueur, etant enveloppes d'une couver-
ture capable de retenir ces vapeurs; on
pratiquera de plus, les lotions & ablutions
d'eau vinaigree prefcrite ci-devant.
S'il y a flux par un ou par les deux na-
zeaux , on paflera un morceau. de fublime
corrofif au poitrail de l'animal : on prefe-
rera de le placer für le cote du poitrail qui
-ocr page 44-
[45]
reppnd au nazeau par lequei I'ecoiilement a
Heu; s'il exifte par les deux, on en pla-
cera un de chaque cdte ; il fera de la grof-
feur d'une amande, enveloppe d'une toile
tres-fine & tres-claire , fixe.e par le moyen
d'un brin de fll ; on Tintroduira au-deli
de la peau & dans l'epaifieur des mufcles
pecloraux; on l'y laiffera fejourner pen-
dant trois ou quarre jours, jufqu'ä ce qu'il
ait pröduit un fort engorgement; on en
fera l'extra&ion,&on fera.fuppurer le plus
promptement 6c le plus Jong-temps qu'il
. fera pofiible la turheur qu'il aura etablie;
foi& en y paffant uri feton. foit en y appli-
quant les veficatoires , foit en panfant
avec le bafilicum , le*tout fuivast que la
fuppuration fera abondante ou rare; on
jotionnera le chanfrein pendant quatre ä
cinq jours avec l'eau tiede vinaigree, corttme
il a ete indique precedemment.
Le lendemain du dernier jour de ces
Jotions, on friöionnera ce meme chan-
frein avec de la teinture de cantharides(£),
(Z>) Cette teinture fe fe'pare ajnfi : prenez une. once de
-ocr page 45-
& on Ie couvrira d'un large plumacea»
qui en fera imbibe, & que l'on fixera par le
inoyen d'un bandage. L'effet de cette liqueur
etant de produire vingt-quatre heures apres
fon application, des veficules für la partie,
de l'engorgement 6c de la fuppuration; c'eft
un veritable veficatoire dont il faut fuivre
reffer ; s'il eil: foible ou infuffifant , on
en appliquera de nouveau ; fi.au contraire
il eft trop confiderable , on le moderera
par des lotions. de lait tiede 6c par des
onclions d'onguent populeum ou de beurre
frais; la fuppuration que ce medicament
opere , dure huit a dix jours, & ce n-'eft
que lorfqu'elle eil bien etablie , qu'on lave
Ja partie journelleme'nt avec de l'eau tiede.
II eil une attention tres-importante ä
avoir dans l'emploi de ce veficatoire, c'eft
d'eviter d'en mettre pres des yeux, &c d'em-
csntharides en poudre grofftere, mettez-]a dans une bou-
t;ille, verfez defius une Jivre d'efprit-de-vin, boucliez le
vife, laiffez en digeftioa für les cendres chaudes pendant
vingt-quatre" heures, fiJtrez , cxprimez & gardez pour
i'ufage.
-ocr page 46-
[473
pecher qu'il ne s'introduife entre les pau-
pieres & für le globe, dans la crainte qu'il
n'endommage l'organe & qu'il ne detruife
meme la vifion ; mais pour prevenir ces
accidens, il ne fiiffit pas que ibn applica-
tion foit eloignee de l'ceil, il fäut encore
attacher l'animal avec deux longes, Sc de
maniere qu'il ne puiiTe frotter la partie
contre les corps" voifins , Sc etendre par
cette aäion, le remede au-delä des bornes
qu'on lui a fixees.
Nous obferverons que le flux par les
nafeaux augmente pendant les efifets de- ce
topique, & que ce n'ell: que lorfque fon
aclion eil entierement cefiee, que le flux
diminue & qu'il difparoit; mais cette dif-
parition n'a pas lieu tout-ä-coup , eile
s'opere infennblement & par degres j
d'autre fois le flux fubfifte tel qu'il etoit,
& il arrive encore ( mais ce cas eil plus
rare) que cet ecoulement augmente, que
le carafiere de la matiere qui le conrlitue,
change, que de blanche, douce & homo-
gene qu'elle etoit ? eile devient rougeatre,
-ocr page 47-
C 43 3
coloree, &c. Dans le premier cas, on paffe
quatre fetons für la,partie laterale de l'en-
colure repondant au nazeau malade ; & fi
]e flux a lieu par les deux nazeaux , on
pratique' la meme Operation du cöte op-
pofe; mais clans ce cas, il importe fur-tout,
pour les chevaux fins & delicats , de la
pratiquer en deux temps, c'eft-a-dire, de
he proceder a l'infertion des fefons du
fecond cote de l'encolure, que lorfque la
fuppuration fera bien' etablie für la partie
oppofee ; mais ü le cheval efr. d'une tiffure
lache, on peut & il eft neceffaire d'ope-
rer für les deux cotes ä la fois.
Ces fetons que l'on paffe direöement
fous la peau , doivent s'etendre de la cri-
ftiere ä la jugulaire exclufivement'; cette
fituation fait que la matiere que ces corps
etrangers etabliffent le deux ou le troilierr.e
jour, ne rencontre point d'obffacle dans
fon cours, qu'eile fejourne peu , qu'iJ e/l
facüe de la faire couler &. de deterger ä
fond les ulceres qu'ils ont etablis. Les ef-
fets des fetons fönt, de fufciter pendant
■ les
-ocr page 48-
C 49 1
3es deux premiers jours une fievre plus ou
moins forte ; cet etat febrile bientöt
fuivi de la fuppuration, & ceile-ci de la re-
folution des glandesceTinterieur de Tauge,
& de la ceffation du £fu>: (c); lorfque cet
effet n'a pas lieu, que le fiux & Ja turne-
(c) Que'ques pcrfonnrs, tres-infixuite» d'ailleurs, ont
bläme l'ufage des fetons, qui r.e kur ontprcfentc d'autres
efiets qu'une fuppuration degoutante , & fejon dies fort
inutüe. Sans doute, elles les auroient juge' plus ftvorable-
blement, ü elles avoient remarque que la nature portc
fouvent d'elle-nieme far des parties eloigne'es de la täte,
l'humeur fixe'e für la membrane pituitaire; nous avons
obferve' que c'etoit prafque toujours für les faces laterales
de l'encolure, que ces depöts avoient lieu : de-lä, l'indica-
tion de cette partie pour la place des fetons , l'irritation
qu'ils e'tabiiffent , calme prefque toujours celle que l'lm-
nieur morbifique avoit caufife für la membrane pituitaire *
i"s ope'rent affez promptement la fönte des glandej en-
gorgees, la diminution , & aflez fouvent la ceffation totale
du fiux par les nazeaux; effet qui fuit ordinairement de
tres-pres la fievre que fufeite leur infettion ; la fuppura-
tion qu'ils e'tabiiffent, met bientöt fin ä la fievre, &diffipe
tous. ies autres aeeidens produitft par le vice Morveux.
Nous r.e pretendons point affurer, au refte, que tous les
clievaux afFeöe's eprouvent des effets auffi heureux de ce
traitement, mais nous pouvons affurer qu'un tres-grand
fWmbre lui ont du leur guerifen,
D
-ocr page 49-
C 50
■fa&ion des glandes fubfiftent, il eft inu-
tile de perfifier plus iong-temps dans l'em-
ploi des moyens curatifs quelconques, il
faut neceffairement facrifier les animaux
au bout de deux decades de ces tentatives;
mais IH'evaciiation dont il s'agit avoit opere
la refolution des glandes, 8c qu'il ne refta
plus qu'un flux leger , on chercheroit a
jafferrnir, ä confolider la membrane pitui-
taire, & Ton y parviendroit par des raies
de cautirifation tracees für le chanfrein :
elles feroiit dirigees longitudinalement de
la partie fuperieure du front au bout du
nez.
On cauterife cette partie , comrne on
a coutume de le pratiquer, für les jambes '
gorgees ou aÄbiblies. On trace par le moyen
du cautere cutelaire, chauffe au point de
arougir, des raies longitudinales; on les
traverfe par d'autres raies dirigees oblique-
ment & de maniere qu'il en refulte des
lofangesde dix-huit ä vingt lignes de cote.
Les efTets du feu paffes, il,efi extremement
rare que la membrane pimitaire ne foit
-ocr page 50-
£5*3
pas entierement retablie, & le flux abfo-
lument cefle. Dans le cas contraire , Ta-
nimal doit etre mis au nombre des che-
vaux de la premiere claffe, 8c facrifie coinme
eux. Les lotions frequentes des nazeaux,
la proprere des rateliers, des mangeoires,
des murs de face, fönt d'une tres-grande
confequence, pour eviter que Ja matiere
du flux ne fe repande dans le fang par la
yoie de la deglutition ; l'omiffion de. ces
foins a tres-fouvent ete la caufe des pro«
gres de la Morve & de fon incurabilite.
Si les glandes de deflbus la ganache fönt
tumefiees ,& que cette tumefaclion ne foit
accompagnee ni d'adherence., ni de dou-
. leur , on les broflera trois a quatre fois
le jour, on les bafiinera ,8c on les lotion-
nera avec de l'eau tiede , on les frpttera
jufqu'a. ce qu'elles foient feches,. & on les
couvrira d'une peau d'agneau ou de mou-
ton , la laine tournee du cote de la partie
malade.
Si elles fpnt dures & adherentes, on.
les recouvrira de cataplafmes emollients,
P 2
-ocr page 51-
C 5* ]
faits de feuüles de mauve & de violette
cuires dans l'eau,qu*on renouvellera matin
& foir, Sc'qüe l'on continuera jufqu'ä. ce
qu'elles foient ramollies; alors on aura re-
cours au traitement ci-deffus.
Si elles fönt douloureufes, on emploiera
ces meines cataplafmes, auxquels on ajou-
tera une partie de feuilles de morelle ;
la douleur paffee on les lavera , broffera
& couvrira, comme il eft dit dans le cas
de leur engorgement fimple; mais il faut
obferver que la tumefaßion de ces glandes,
lorfqu'eÜe eil accompagnee de douleur ,
fetermine affez fouvent par la fuppuration ,
fur-tout apres un certain temps de l'ufage
des cataplafmes precedents; lorfque cette
circonftance, qui ei! tres-avantageufe, ar-
rive, on ouvre la tumeur avec le bouton
de feu, & on fait fuppurer, Je plus Jong-
temps puffible , Tulcere qui en refulte, en
le panfant journellement avec Tonguent
bafiiicum..
Nous ajouteTons qu'il arrive quelquefois
que la tumefadion de ee& glandes reMe k
-ocr page 52-
C 53 3
tous ces moyens, alors la douleur & h du-
rete etant diflipees, il faut avoir recours
i la teinture de cantharides ; & dans le
cas de fon infuffifance, ä la cauterifation,
teile que nous l'av.ons indique pour le
chanfrein.
Art. XI.
Tro,ßkme Chffc.
Chevaux qui ont communiquc avtc ceux aitaquis.
LES Chevaux compofant la troifieme
clafle , ne devant etre regardes comme
fufpects que parce qu'ils ont communiquc
avec des chevaux affedes de Morve , ils
n'exigent pas un traitement auffi cotn-
plique que les precedens ; mais, quelque
fimple qu'il foit, il y auroit le plus" grand
danger ä le negliger, parce que l'on doit
tout craindre des effets des particules du
virus Morveux, qui peuvent s'etre intro-
duites dans le fang , & circuler avec ce
fluide; il eft donc de la detniere impor-
tance de le depurer par des medica«iens
D 3
-ocr page 53-
C54]
tapables d'augmenter les fecretions 8c les
excretions.
Les (ubflances medicinales, par le moyeri
defquelles on fe propofe de remplir cette
indication , doivent etre relatives ä Tetat
des humeurs des fujets a träger , & ä la
temperature de l'ätmofphere dans les diffe-
rentes faifons de l'annee; la chaleur excef-
jfive affoiblit les folides, & donne au fang
moins.de confiflance ; le froid opere un
effet contraire.
Dans le premier cas, on fe contentera
d'abreuver les animaux d'eau acidulee &
nitree, c%fi-ä-dire, für un feau de la-
quelle on aura mis un plein verre de vi-
naigre & fait diffoudre quatre gros de fei
de nitre. Oh aura l'attention de faire prendre
ces fubfiances en breuväge , partie le ma-
tin & partie le foir, ä ceux des animaux
qui refu'feroient de les prendre volontaire-
"ment ; mäis aiors on he les etendra que
dans deux pintes d'eau, für chacune def-
quelles on äfauterä encore deux onces de
miel commun. Cette bolffon ou ces breu-
-ocr page 54-
[55 3
vages feront continu&ä pendant une quin-
zaine de jours; mais fi la chaleur ou la fe-
chereffe de l'atmofphere fönt confiderables,
on les continuera pendant trois femaines 9
& meme pendant un mois.
Ce traitement ne s'oppofera pas au tra-
vail des animaux , mais il importe tres-
effentiellement qtie celui qu'on en exigera
foit au-deifous de leurs forces, Dans le
fecond cas, on adminiftrera tous les ma-
tins, a l'animal, ä jeun, pendant dix ou
douze jours, une chopine d'eau de chaux
premiere, avec addition d'un gros & demi,
me'me deux gros d'aikali-volatil concret,
fuivant la force des fujets; au defaut d'al-
kali, on aura recours au Tel ammoniac,
mais la dofe de celui-ci fera quadruple de
celle du premier.
Ce traitement n'exige, ain/i que le pre-
cedent, aucun regime,8cpermetauffiqu'on
fe ferve des animaux, fur-tau* fi le tems
n'eft ni trop froid ni trop humide ; on
obferve cependant que ce remede pouffant
fortement ä la peauouaux urines , on doli
D 4
-ocr page 55-
C50
tenir Ies chevaux couverts, 8c donner im
peu de repos a ceux qui fönt de grandes
rieperditions par l'une ou l'autre de ces
evacuations; on doit encore les broffer &
les etriller au moins deux fois par jour.-
Art. XII.
Procede-s ä fuivre pour privetür l'invaßon
de la Morve ; en preßrver les Chevaux;
definfecler les ecuries , oü cette maladle
aura regne , & les uflenfiles qui auront
fervi caix chevaux Morveux ou fufpecls.
i.
Les caufes les plus ordinaires de la Morve
etant j i°, La commurjication des chevaux
fains avec des chevaux Morveux. i°. L'u-
fäge de quelques-uns des objets qui leur
ont fervi, comme brides, feiles, hamois,
couvertures, feaux , etrilles , epoulTettes,
eponges , brofles , peignes , 8cc. 30. Les
vapeurs fournies par ]a tranfpiration , 8c
qui penetrent immediatementpar les pores
de la peau, ou par la refpiration. 4*. L'ac-
-ocr page 56-
C57 3
tion , enfin , de manger enfemble , Tun
avalänt la bave, ou le flux que l'autre a
repandu für les alimens; on fentira com-
bien les precautions qui vont etre indiqüies
fönt importantes.
2.
Ces precautions fönt de plufieursefpeces;
elles embrafient : i°. Les foins qu'on doit
prendre für les routes, relativement aux
ecuriesdes auberges, des pofies, des etapes
ou des fejours, & relativement aux che-
vaux qu'on y löge. 2*. Ceux qu'on doit
avoir dans les depöts pour empecher la
Morve de s'y propager. 30. Les moyens de
definfeflion particuliers aux ecuries. Et
40. enfin, ceux des meubles'&. uftenfiles a.
leur ufage.
Precautions d prendre für les routes.
3- •
Tous les convois & tous les equipages
qui fönt für les routes, bivouaqueront juf-
qu'a ce que les ecuries aient ete parfai-
-ocr page 57-
CS*]
fcement netoyees, & auffi long-tems que
le permettra ia temperafure de la faifon.
Les capitaines ou chefs de convois ou
«i'equipages , choifiront Je lieu le plus
commode a cet effet; foit par la proxi-
snite du lieu du fejour, foit par la Joca-
Ihe ; s'il y a des arbres, ou un abri quel-
eortque , iJs le prefereront.
5-
Si le convoi eft compofe de voitures f
il en formeront une efpece de parc, oü
als ne laifferont qu'une forde, & dans le-
quel ils renfermeront les chevaux, qui fe-
ront attaches aux voitures.
6.
Si les chevaux fönt für deux rangs, il
legnerä une allee au milieu , affez grande
pour empecher les coups de pieds.
' 7-
Si le convoi n'eft compofe que de che-
vaux , le chef fera muni de piquets & de
cordes; les chevaux fexont attaches aux pi^
-ocr page 58-
C!9 3
quets, & autant qu'U fe pourra tete-i-t§te,
s'il y en a deux rangs.
8.
II y aura toujours plufieurs hommes de
garde au bivouac, & parmi eux , deux of-
iiciers.
9-
Si le convoi eft conüderable , la muni-
cipalite fournira un detachement de gardes
nationales pour le furveiller.
10.
Les condußeurs ou charretiers auront
conftamment avec eux des fachets ou facs-
ä-bouche, propres ä faire manger leurs che-
vaux feparement, en cas de befoin.
II.
Ils auront auffi plufieurs paniers-a-nez9
pour ceux qui viendroient ä jetter enroute.
12.
Lorfque la faifon ne permettra plus de
bivouaquer, les condu&eurs reclameront,
autant qu'il fera poffible, dans les iieuK
des etapes ou des fejours, des ecnries fe~
-ocr page 59-
[6o]
parees & uniquem.ent. deßinees pour leurs
equipages.
. 13-
Lorfqu'ils arriveront dans une auberge,
avant de mettre leur chevaux ä 1'ecurie,
avant de les attacher dans les cours , Sc
meme avant de les deteller , ils s'informe-
lont fi eile a ete definfeöee depuis peu ,
& dans le cas ou eile ne l'auroit pas ete,
ils prendroient les precautions fuivantes.
14.
Ils feront fortir töut le furnier 8c toute
la litiere; feront balayer & netoyer ä fond
les ^curies ; "frotteront avec des bouchons
de paille, & laveront a grande eau les ra-
teliers , les murs de devant & de retour,
& fur-tout les auges , dans toutes les par-
ties en dedans & en dehors. Si l'ecurie eft
pavee, on lavera le pave de la meme ma*
liiere, ainfi que les barres s'il y en a.
15.
Dans aucun cas ils ne remettront pas
l'ancienne litiere dans Tecurie; mais de la
paille fraiche, s'il le peuvent.
-ocr page 60-
[ 6i ]
16.
Ils ne laifferont communi-juer leurs che-
vaux avec aucun autre , fous quelque pre-
texte que ce foit, 8c ne per nettront pas
qu'ils foient pan&s oa foigies par des
etran^ers.
Ils ne fouffriront pas qu'il foient con-
duits aux mares & abreuvoirs, ni qu'ils
boivent dans les auges ou pierres, avec,
avant ou apres d'autres chevaux ; ils les
feront boire dans uri feau, & auront Fat-
tention de puifer l'eau chaque fois; ils jet-
teront celle que chacun a,ira JailTee; & ü.
Tun d'eux avoit bave ou jene dans Je feau,
on Ie rinceroit avant de faire boire urj
autre cheval.
18.
Si les chevaux nepeuvent pas etre dans
un ecurie feparee , les conducteurs auront
l'attention de ne pas en laiiTermettre d'autres
trop proche des Jeurs; ils y aura toujours,
au moins , une place d'iutervaüe, & les
ehevaux qui fe trourerout de ce cote, fe-
-ocr page 61-
[ 621
ront attaches affez court , pour ne pou-
voir fe flairer ou fe lecher.
19.
lis feront manger leur chevaux fepare-
ment, c'eß-ä-dire, qu'ils donneront ä cha-
cun fa portion de nourriture devant lui ;
parce que, fi Tun d'eux avoit quelque ten-
dance ä la maJadie, il la communiqueroit
beaucoup plus facilement aux autres, en
iriangeant enfemble.
20.
S'ils s'appercoivent que Tun de leurs
chevaux vienne ä jetter, quelque foit Ja
xiature de l'humeur qu'il jette , il faudra
le faire manger au fac , & nullement dans
Tauge avec les autres, parce qu'en s'e-
brouant, il peut jetter de ia morve für fes
vmfins, & donner lieu ainfi , comme on
Vlent de le dire dans l'article precedent,
ä la contagion.
11.
- Ils ne fouffrirom pas que les inarechaux,
ou tous autres qui vifiteroient leurs che-
-ocr page 62-
vaux, fourrent Ies doigts da-ns Ies nafeaux,
fous le pretexte de s'affurer , s'il y a des
chancres plus haut que la vue ne peut
porter ; l'homme inftruit 8c connoifleur
n'a pas befoin d'employer ce moyen pour
juger la maladie, 8c l'ignorant ou Je mal-
yeillant peut ecorcher avec fes ongles, la
membrane pituitaire , inoculer aina* la
Morve, ou faire paffer pour Morveux, ou
faire devenir tels , des chevaux qui ne
Tetoient aucunement. Ces exemples ne fönt
malheureufement que trop multiplies,
22.
Les conduöeurs ne fe ferviront, fous
aucun pretexte, des etrilles, broffes, epouf-
fettes, ou autres uflenfiles d'ecurie desau-
berges; ils en auront qui ne ferviront que
pour leur chevaux, & ils ne fouffriront pas
egalement, qu'aucun autre le ferve de ce
qui eil a leur ufage.
Dans le cas oü un de leur chevaux pa-
roi'troit avoir quelque difpofirion a la ma-
-ocr page 63-
[64]
ladie , ils continueront pour I.ui, de fe
fervir de leurs etrilles 8c broffes; mais ils
ne s'en ferviront que pour lui feulement,
& ils en prendront de nouvelles pour ceux
qui fe portent bien.
24.
Ils auront auffi la plus grande attention»
en route , de mettre au nez du cheval qui
jerteroit, le panier qui ieur a ete recotn-
mande par l'article 11. Ce panier fera gar-
ni, en dedans, de toile ciree, & les con>
duöeurs auront foin de la laver, ou de la
renouveller , iorfqu'il en fera befoin. Ils
cfiuverpnt auffi tres frequemment le nez
de ces fortes de chevaux , & ils laveront
ciiaque fois l'eponge dont ils fe feront
fervis.
25.
•Ils' ne fe ferviront aucunement pour leurs
autres chevaux, de ce qui aura ete a Pu-
fage de celui affcöe ou fufpeöe de la ma-
Jadie, comme etrille, broffe , bride, har-
nois, facs, &c, qu'auparavant le tout n'ait
ete lave , leffive ou paffe aa feu , felon
leut
-ocr page 64-
t*5 3
leur nature, comrae il fera deraille plus loin ;
ils ne laifferont trainer dans les auberges
aucun ufienfile .apres eux, dans Ja crainte
que quelques autres n'en faffent ufage.
26.
Les chevaux fufpeös de Morve, qui era«
cueront les camps ou les depots, pour etre-
conduits & traites dans les infirmeries OU
aux ecoles veterinaires, ne pourrout, fous
quelque pretexte que ce foit, etre recus
dans aucune ecurie für la route. II bivoua-
queront toujours , ou feront abrites fous
des remifes, ou dans des endroits oü il
neieftepas ordinairementd'autres chevaux.
27.
Pour l'execution de cet article, les agens
des communes fe feront reprefenter le
controle des chevaux, dans Jequel leur ma-
ladie fera toujours defignee. Les conduc-
teurs qui eluderoient cette precaution, ou
quienfreindroient cette mefure, feront pu*
nis fuiyant les Ordonnances,
E
-ocr page 65-
[ 66 3 ' - . -
Pricautlons generales äprendre dans les depou
de chevaux.
28.
II fera fait des vifites frequentes dans
tous les depots de chevaux, & dans toutes
les ecuries publiques & particulieres, ä ref-
fet de furveiller les chevaux qui y arrivent,
& qui y fejournent , & les clafler fuivant
leur etat.
29.
Ces vifites ieront töujoufs faites , en
prefence des autorites confiituees, par des
artiftes veterinaires, ou par des marechaux-
experts, en l'abfence des premiers; ils fe-
ront abattre ou feparer les chevaux Mor-
veux ou fufpe&s, comme il a ete dit art. 7.
30.
Auffitot qu'on s'appercevra qu'un cheval
jette par un des nafeaux ou par les deux,
il fera place hors de toute communication
avec les chevaux fains ; & la place , qu'il
vient de quitter, fera netoyee immediate-
irient apres, comme il va etre dit plus loin»
-ocr page 66-
[673
Les artiftes veterinaires, les irarechaux"
expertSj, 8c autres qui vifiteront des che-
vaux.Morveux ou fufp< &s, & tous ceux qui
äuront occafion de les touchet, ainii que
tous autres chevaux queJconques* fe lave*
ront frequemment les mains.
32.
Les palfrenier's employes au panfement
des chevaux affefles de Morve ou d'autres
jmaladiescontagieufes, feront revetus d'un
iarreau ou d'une bloufe de toile, qui fera
liee aux poignets, Sc qui defcendra jufqu'au
deffous des genoux.
33-
Cette bloufe fera chanpee & leffivee tous
les huit jours, 8c meme plus fouvent, s'il
eft neceffaire.
34.
Ceux qui feront trouves faifant leur fer-
vice fans etre revetus de cette bloufe, fe«
ront punis d'un jour de retenue de leurs
appointemens , pout Ja premiere fois, d#
JE 2
-ocr page 67-
I
C 68 ]
trois jours pour la feconde , & renvoyes
pdur la troifieme.
35-
II eft expreflement defendu aux palefre-
niers \employes au fervice des chevaux
Morveux ou affeöes de maladies conta-
gieufes, de frequenter les ecurieS ou fe
trouvent les chevaux fains, fous pein'e
d'une retenue de trois jours d'appointe-
mens, pour la premiere fois, & de renvoi,
en cas de recidive.
36.
Ils feront renvoyes fur-le-champ, s'ils
fonttrouves dans ces ecuries avec la bloufe
qu'ils doivent porter dans Celles oü ils fönt
leur fervice.
37- ■
Les palfreniers auront le plus grand foin
de netoyer, eponger les nafeaux de leurs
che'vaux, en les panfant , & de n'y laiffer
ni ctoutes ni ordures. Toute negligence,
a cet egard, feroit d'autant plus coupable,
que ces croutes peuvent, en fe fechant,
exciter de l'irritation 6c de 1'inflammation
-ocr page 68-
IH1
dans la membrane pituitaire , 8c donner
lieu ainfi au developpement de la Morve.
38.
L'abattage & l'ouverture des chevaux
Morveux, fe fera toujours für le lieu meme
ou l'animal doit etre enfoui, afin d'evlter
les traxnees de fang & de matieres aai-
males, qui ont lieu lors du tranfport des
debris des cadavres, 8c qui peuvent donner
lieu a la communication immediate de la
maladie.
39.
Les ecarifleurs charges de l'abattage des
chevaux Morveux, auront egalement foin
de fe laver frequemment.
40.
Les chefs de depots 8c les furveillans
ne les fouffriront pas vaguer dans les ecu-
ries, oü ils peuvent, en touchantles che-
vaux fains, propager la contagion.
41.
On ne fouffrira ni chiens ni aucuns au-
tres animaux dans les ecuries qui renfer»
E 3
-ocr page 69-
C?o3
«nent des chevaux fufpeös ; ils peuvent
s'impregner, en ie couchant für lautiere,
du flux Moiveux qu'y depofent les che-
vaux , & i(' reporter, par la meme voie,
dans des ecuries, 8c ä des chevaux fains.
42.
Dans touies les in firmen es des depAts
de la Republique, excepte celles etablies
aux ecoles veterinaues, aucun cheval fuf-
peöe de Morve, ou affefle d'autres mala-
dits contagieufes, ne fera garde plus de
deux mois ; h" au bout de ce tems il n'efl
pas en voie de guerifon , il fera abattu ,
ou conduit aux ecoles veterinaires.
Precautions pour la dißnfeclwn des Ecuries.
V
43.
Les precautions ä prendre, relativement
eux ecuries, aux equipages, & ä'tous les
tsfterifiles, qui ayant fervi aux chevaux Mor-
veux ou fufpefts, auroient pu fe charger
des particules du virus morbifique , ibnt
plus importantes pour l'extinclion de la
-ocr page 70-
C 7* ]
Morve,que tous les remedes prefcrits cort*
tre cette maladie ; cn effet , les foiris ä
donner aux chevaux quJon veut preferver,
le regime auquel on doit les foumettre s
radminirtfation des fubfiances mediana-
les , les plus propres a s'oppofer aux ef-
fets de Ia Morve, feroient des moyens in-
fuffifans, fi Ton negligeoit ceux capables
de mettre les aiiimaux ä l'abri de l'in-
flüerice des particules de.ce virus.
4^4 ■
Les ecuries qui ont befoin d'etre ne-
toyees & retablies,. fönt celles dont'-lös
murs de face Sc de retour, fönt plus ou
moins degrades & couverts , ainfi que les
rateliers & les auges , de croutes ou de
trainees noires , epaiffes, qui deviennent
gluantes lorfqu'elles fönt mouillees,- & qui
qui quelquefois fönt melees de trainees
de fang; celles , dont le fond des auges
mal Joint, retient les alimens, le flux, k
bave qui y fermentent , s'y putreiient ,
exhalent une mauvaife odeur, & fe melent
e 4
-ocr page 71-
[72j
aux nouveaux alimens qu'on y remet , &
jfont airjfi avales par Ies chevaux ; Celles ,
dont le fol eft irregulier, qui fönt mal pa-
vees; enfin ^ ceiles qui ont ete blanchies
ä la chaux , ä la port.ee ou. les animaux
peuvent atteindre.
45-
Le plafond , les fenetres , feront bien
netoyees: on n'y laiffera ni pouffiere, ni
toiles d'araignees , ni rien , enfin , qui
puiffe fe charger des particules virulentes,
46.
On decrepira & recrepira les murs de
face & ceux de retour; iis feront recrepis
depuis le fol jufqiu la hauteur de fept pieds ?
au moins,
47.
Le fond ou le fol de Tecurie , s'il eft
en terre , fera renouvelle a un pied de pro-
fondeur; on preferera, pour la remplacer,
s'il eft poffible, les gravas, ou le mache-
48.
Si l'ecurie efi pavee, & que le pave foit
-ocr page 72-
C 73 D
fixe ä chaux & ciment, il fuffira de laver
ä grande eau, de bien balayer & racler
les paves, & fur-tout leurs interftices : fi
les paves ne fönt fixes qu'avec la terre,
on les lavera ; il feront laves , ön 6tera
la terre qui les entouroit & on les replacera
avec de nouvelle terre.
49-
On aura Tattention, dans ce deplacement,
de conferver au pave la pente qu'il doit
avoir pour l'ecoulement des eaux, &fi le
ibl de l'ecurie etoit trop bas, on profite-
roit de cette circonfiance pour le relever.
5°*
Les murs de dehors de l'ecurie , aux
endroits ou Ton attache ordinairement les
chevaux, feront auffi laves, racles, ou grat«
tes, recrepis s'ils en ont befoin, & les an-
neaux paffes au feu avec un brandon de
paille allumee.
Les autorites conftituees feront faire ,
toutes les fois qu'elles le jugeront necef-
-ocr page 73-
C74D
faire , de pareilles Operations, au-devant
des boutiques des marechaux de leur com-
mune, qui, tous fönt, für cet objet im.-
,portant,d une apathieoud'unenegligence,
qui ne peuc etre que dangereuie, parce
<ju'ils recoivent & attachent indiitinfle-
ment toutes fortes de chevaux , fains ou
malades,
52'.
Des qu'une tommune aura commence
ä netoyer les ecuries publiques, & des au-
berges qu'elJe renferme, aucun cheva-1 n'y
fera recu que ce netoyement ne foit en-
tierement acheve,
53.
Les communes placees für les routes ,
oü dans lefquelles il paffe des convois',
ou de la cavalerie, feront executer, fan3
delai, dans les ecuries de leur arrondifle-
ment, tout ce qui eft contenu dans la
prefente Inftruäion.
Les corps adminiftratifs ^furveilleront
cette execution.
\
-ocr page 74-
[ 75 1
54-
Les Operations du netoyement Sc des re-
parations des ecuries etant entierement fi-
nies, il fera fait unederniere vifite par l'a-
gent rnunicipal, affifte d'un magon & d'un
artifie veterinaire, ou d'un marechal-ex-
pert; ils conftateront , par un proces-ver-
bal, fi le netoyement eft parfait, & fi Fe-
curie eft en etat de recevöir des chevaux.
55-
Toutes ces precautions prifes, on laiffera
iecher les ecuries avant d'y mettre des
chevaux. Le tems neceffaire pour cette ex-
fkcation , doit etre relatif a la faifon, ainfi
qu'au genre d'enduit, dont on fe fera fervi
pour recrepir les murs,
Pricautions relatives aux ufienßles &
meubles d'ecuries.
Le s auges ou mangeoires, les rateliers*
& les barres, feront demontes , rabotes,
planes ä blanc, Sc remis en place.
-ocr page 75-
L?6 1
II en fera de meme des coffres ä avoine,
lits, fupentes , 8c de tout ce qui fera en
bois.
57-
Les Cordes qui portent les barres, les
longes de cordes des Jicols, & toutes celles
employees dans les ecuries, feront leffivees
8c feche.es, fi elles en meritent la peine.
58.
Les boucles 8c les annaux des Iicols ,
ceux des barres, feront paffes au feu; il
fuflfira pour ces derniers, de les expofer ä
la chaleur d'un brandon de paille allumee,
pour calciner les parties virulentes, qui
pourroient y etre adherentes.
59-
Les feaux, baquets, augets 8c tinettes ,
feront racles 8c laves ä l'eau bouillante.
60.
Tout ce qui n'aura que peu de valeur,
ou qui fera en mauvais etat, tels que les
objets ci-deffus, les eponges, les broffes,
& les manches des etrilles, fera brüle.
-ocr page 76-
[77]
<5i.
Lesetrilles, fi elles fontencorebonneSj
feront paffees au feu, les mors de bridons,
d'abreuvoirs, de brides & de filets, toutes
les boucles & ardillons, feront paffes au feu
& etames ; les etriers feront egalement
paffes au feu & bronzes.
62.
On enlevera les panneaux des feiles; on
en fera bouillir le crin dans une forte lef-
five de cendres; Ia toile de ces panneaux,
celle du couffinet, ainfi que Ia bafanne für
laquelle ils fönt fixes, feront jetees au feu ;
leculeron, les feutres,& lestrouffes-etriers,
feront renouvelles; les fontes feront lavees,
raclees & paffees ä Teau feconde.
Les epouffettes, les facs ä avoine, les
fangles, Ja houffe, les chaperons & les
toiles , feront leffives ou renouvelleä, s'ils
fönt en mauvais etat, & dans ce derniet
cas, ils feront jetes au feu.
-ocr page 77-
[78]
64.
Les teueres des licols, des brides , des*
bridons, les renes, les bricoles, les longes
de cuir, les courroies du porte-manteau,
les etrivieres , le poitrail,le porte-mouf-
queton,le porte-croffe, lescontre-fanglons,
8c toutes les parties de l'equipage faites de
cuir , feront lavees , raclees , paffees k
l'eau feconde, & enfuite ä I'huile graffe.
Pre'cautions genirales,
65.
On aura pour regle generale dans le ne-
toyement des harnois 8c uftenfiles d'ecu-
rie. i°. De paffer au feu, etamer ou bron-
2er tout ce qui eft en metal. 2°. De leffiver
tout ce qui eft en cordes , ou en toile.
30. De racler, laver, paffer a l'eau feconde
& a I'huile graffe , ,tout ce qui eft en cuir*
40. De blanchir au rabot, tout ce qui eil
en bois. Et 50. enfin, de bnuler tout ,ce qui
nc merite pas Ia peine d'etre conferve«
-ocr page 78-
C 79 3
66.
On joindra ä toutes ces precautions, 5t
lorfqu'elles feront prifes, celle de parfumer
les ecuries avec leparfum fuivant :
Mettez dans une terrine de gres, une
livre de fei marin ou decuifine; pofez cette
terrine für un fourneau, plein decharbons
allumes ; portez-le dans l'ecurie > dont vous
aurez 6te ^toutes matieres combuftibles ;
remuez le fei avec un baton , pour qu'il ne
fe grumele pas; lorfcju'il fera echauffe ä ne
plus pouvoif y tenir lesdoigts, vous ver-
ferez dans la terrine, promptement , rnais
avec preaution , une demi-livre , environ ,
debon acide vitriolique, ouhuile de vitriol;
vous vous retirez für le champ1, pour ne pas
jefpirer la vapeur blanche & tres-abondante
qui s'eleve dumelange; fermez exaöement
les portes 8c les fenetres, Sc ne rentrez que
lorfque les vapeurs feront entierementcef-
fees. Si l'ecurieeflgrande, on fait lameme
Operation en deux ou trois endroits a la,
fois, en rrietrant les dofes moindres.
-ocr page 79-
£8o]
67.
Si on ne peut fe procurer d'huile de
Vitriol, on fe bornera ä faire evaporer du
vinaigre dans l'ecurie , für un fourneau,
ayant foin de teniregalement les portes 8c
les fenetres fermees, pendant tout le tems
que durera l'evaporation. On la repetera
matin 8c foir, pendant quatre ä cinq jours.
68.
Üepuis Iong-tems on complete la defin^
feäion des ecuries fufpe&es, en les blan-
chiffant a la chaux, foit en detrempe, foit
ä k colle.
Ce moyen qui a paru fbnde für les bohs
effefs qu'on attribuoit a l'eau de chaux ,
pour la guerifon de la Morve , ne produit
aucun bien pour la purification desecuries,
& peut , par l'efpece de confiance qu'il
infpire, propager la contagion de cettema-
ladie, ou la developper.
Les prepofes au netoyement desecuries,
perfuades d,e la vertu pretendue fpecifique
<ie la chaux, negligent, les autres moyens
de
-ocr page 80-
[8i]
de proprete , & la coiuhe de chaux reecra*
vre fouvent le fluxmorveux, depofe & err-
croute für les murs, les äuges & les rate-*
liers; mais cette couche, bientot enlevee
par.lafalive, la bave, Ja boiik>n,ou le frof-
tement, laifle ces croutes adecouvert, les
chevaux ne tardent pas ä les lecher, & ä
s'inoculerainfi la maladie; d'uneautrepart,
les particules irritantes 8c caufliqies de la
chaux,detachees, 8c devenues pulverultntes
par le frottement, portees dans les jafeaux
par l'infpiration, s'attachent für la merri-
brane pituitaire, peuvent, en excitant de
l'inllamrnation & de Tirritation dans cette
membrane , faire naitre lä Morve, fi eile
n'exifte pas, ou la developper plus ou moins
rapidement, fi les chevaux y ont quelques
difpofitiöns ; il ne faut, fans doute , pas
chercher ailleurs la caufe del'opiniätrete de
cette maladie, dans certäines ecuries , par-
faitement netoyees & blanchies ä la chaux.
69.
D'apres ces obfervations, confiatees pas:
des experiences, nous invitons, non-ieule-
F
-ocr page 81-
mentane pas blanchirlesecuriesä lachaux,
mais encore ä laver, Tacler ou broffer les
murs, 4es auges & les rateliers de Celles qui
auroient ete blanchies, jufqu'a ce que la cou-
leurdechaux foit entierement difparue.
Le gouvernement attend du patriotifme
de ies agens , qu'iis ne negligeront rien
pour le bien du fervice en particulier, 8c
pour le bien public en general. Les pre-
cautions qui leur fönt indiquees dans ces
inflruÖions, tendent non^feulementä pre-
ferver les equipages de la republique, des
atteintes de la Morve , mais elles tendent
encore, dans le cas oü un de fes chevaux
s'en trouveroit affefle, ä preferver tous ceux
avec lefquels il pourroit avoir quelques
Communications direktes, ou indire&es; 8c
fous ce point de vue, il efpere tout de la
furveillance des corps adminiitratifs, aux-
quels les inflruflions ont ete envoyees.
-ocr page 82-
[83]
INSTRUCTION
Sl/R la conduitc que les Artifles Vetinnaires
envoyes par les Autontis Conßituies t
dolvent tenir für les Routes
, O dans les
Communes qu'ils parcoureront.
JLje confeil executif provifoire etant in-
forme des ravages qu'occafionne für diffe-
ferentes routes a la republique, la maladie
contagieufe de la Morve; confiderant que
cette maladie fecommunique & fe propage
par toutes fortes de voies ; que l'ecurie ou
le cheval atteint de la Morve n'a fait que
paffer, les harnois & tout ce qui lui a fervi,
recoivent & communiquent Ja maladie qui
ne tarde pas ä fe developper; qu'une des
caufes principales de la contagion ne peut
etre attribuee qu'ä la negligence, ä l'igno-
rance & ä un interet mal entendu de Ja
part des proprietaires , entrepreneurs, au-
F 2
-ocr page 83-
>
f-84]
bergiftes, voituriers & maitres de poltes,
qui, au Heu de declarer le mal des fon prin-
cipe, cherchent ä le deguifer, jufqu'ä ce
«jue les animaux qui en fontatteints, foient
abfolument hors de fervice; que des eca-
lifleurs & autres , apres avoir achete des
chevaux affedes, fous pretextedelesguerir,
ou de les abattre, en fontun trafic funefte,
meine dans la vente des parties mortes, a
cru devoir s'occuper des moyens de repri-
mer des abus auffi contraires a l'agricul-
ture, au commerce, & fur-tout au fervice
des armees, & prevenir les effets de la
Morve qui deviendroit bien-töt un verka-
ble fleau, fi on ne le hatoit d'en detruire
les caufes; & par la deliberation du 15 fri-
maire, an 2, il a charge les miniftres de
Ja guerreSc del'interieur deprendre,chacun
dans leur departement refpeftif, lesmefures
convenables , pour arreter les progres de
cette maladie. En confequence , il a ete
redige une Inftruclion particuliere par le
citoyen Chahert, direöeur de I'ecole vete-
rinaire d'Alfort, für les moyens ä employer
-ocr page 84-
[ 85 3
pour preferver de la contagion les chevaux
fains, 8c traiter ceux qui en etant dejä
atteints , feront neanmoins juges fufcep-
tibles de guerifon ; 8c il a paru neceflaire
d'envoyer en meine tems des artißes ve-
terinaires für les routes 8c dans les divers
endroits oü la Morve s'eft manifeftee, pour
y infpeöer 8c vifiter tous les chevaux, fans
aucune exception quelconque; illeuraete
prefcrit ce qui füit.
ARTICLE PREMIER.
Ces artiiles vifiteront tous les equipages?
convois, remontes, relais, poftes, auberges,
8c autres qu'ils reneontreront für les routes,
Ces vifites feront faites quoiqu'avec at-
tention, le plus brievement poffible, pour
ne pas retarder le fervice.
Art. II.
S'ils trouvent für les routes quelques
chevaux fufpefts ou morveux, ils les feront
für le champ oter d'avec les autres , 8c
conduire a part, derriere la voiture, juf-
qu'au premier e'ndroit.
F 3
-ocr page 85-
£86]
11s fe retireront a!ors devant J'autorite
conflituee qui s'y trguvera , iJs lui feront
part de leur miflion, & demanderont ä etre
affifte de commißaires, ßcd'un ou plufieurs
experts nommes pour agir contradiftoiie-
ment avec eux. IIs demanderont tous les
renfeignemens relatifs aux lieux qu'on peut
foupconner de receler des chevaux, s'y
tranfporteront, examineront avec foin les
ecuries, auberges, pofles, &c.
Art. III.
Si apres ces vifites faites, quelques che-
vaux fönt juges fufpefls & fufceptibles de
traitement, les artifles veterinaires les feront
clafier conformement ä rinftrutftion, 8c in-
diqueront le traitement qu'il y aura ä leur
faire, qui fera fuivi fous la furveillance des
agens nationaux.
11 en fera drefie proces - verbal, lequel
contiendra letfignalement exaö: du cheval,
la nature des fymptömes, 8c le traitement;
il fera figne par toutes les parties prefentes.
-ocr page 86-
C 87 1
Art. IV.
Les chevaux juges Morveux & deflines ä
etre tues, feront auffi fignales, conforme-
ment ä l'Infiruftion, & en prefence des
commiflaires.
Art. V.
Tous ces proces-verbaux feront envoyes
en original au miniftre de l'interieur; une
copie certifiee reftera entre les mains de
l'agent national, & une autre copie egale-
ment certifiee, fera remife a l'artifte vete-
rinaire.
Art, VI.          r
Si quelques chevaux faifoient l'objet d'o-
pinions differentes entre les experts, il en
feroit dreffe un proces-verbal particulier,
dans laquel chacun articuleroit fesdires;
ce proces-verbal feroit envoye für le champ
au miniftre de l'interieur; les chevaux ref-
teroient depofes dans le lieu qu'indique-
roient les commiflaires, & fous leur für-
veillance immediate , pour, für le vu da
proces-verbal, etre ftatue ce qu'il paroitroit
F4
-ocr page 87-
[88]
Je plus convenable au bien de Ia republique,
dans le plus court delai poflible.
Art. VIT.
Ces artiftes auront Ja plus grande atten-
tion ä ce que les depouilles de Tanimal
abattu , foient enfouis für le champ &tres-
profondement, pour que les chiens n'em-
portent & n'entrainent pas au loin, les
portions de ces depouilles.
Art. VIII.
S'il s'agit d'un cheval qui appartienne a
quelque adminiftration publique, ils l'indi-
queront dans le proces-yerbal, 8cy ajouteront
le nom du direfteur, du condußeur ou du
cocher ; ils noteront tres-exaflement les
!N0S. que ces chevaux pouvoient avoir iur
chacune des cuifles, & quelquefois ä Ten-»
colure,
A R T. IX.
Si ce cheval n'eft que iufpeä, & que
fendroit oü il fe trouvera , ne foit pas pro-
pre au traitement dont il auroit befoin ,
jlsle feront reconduire ä Paris, derriere h
-ocr page 88-
C »9 1
premiere voiture de l'adminiflration qui
pallera für la route, en recommandant au
cocher de fe con former exaßement ä ce
qui eil prefcrit, art. XII. de ri.nftruäion
precedente, dpnt chacun des artiftes vete-
rinaire fera muni'd'un exemplaire.
Si Ja miflion de ces artiftes, ü leur patrio-
tifme , ü Je bien de Ja repubhque enfin
exigent de leur part beaucoup d'exa&itude,
de defintereffement, de furveillance 8c
meme de feverite dans les examens, ils
doivent auffi avoir toujours prefent ä l'ef-
prit 8c dans Je coeur, les prineipes de li-
berte 8c de fraternite qui lient aujourd'hui
tous les Francois ; ils doivent fe conduire
avec la prudence 8c l'amenite neceflaires,
pour faire fentir aux proprietaires que les
facrifices qu'ils exigent d'eux, fönt des fa-
crifices faits au bonheur general; Sc que le
travail des uns, comme le devouement &
la refignation desautres, tendent a la prof-
perite de la Republique.
-ocr page 89-
C 90 J
ARRÄT
DU CONSEIL D'fiTAT
DU ROI,
Po UR prevenlr les dangers des maladies
des Ariimaux , & particulieremint de la.
Morve.
Dil 16 juilkt 1784.
Extrait des Reglßres du Confeil d'Atat.
J_jE Roi etant informe des ravages qu'oc-
cafionnent für les animaux, dans differentes
provinces de fon Royaume, les maladies
contagieufes dont ils fönt attaques, no-
tamment celle de la Morve ; & confiderant
que cette maladie, contre laquelle on n'a
trouve jufqu'ä prefent aucun remede cu-
ratif, fe communique , fe propage & fe
perpetue par toutes fortes de voies; que
Fecurie oü un cheval attgint de la Morve
-ocr page 90-
I90
n'a fait que paffer, les harnois & tout ce
qui lui a fervi, recoivent& communiquent
ce vice epidemique , qui ne tarde pas a
fe developper; qu'une des caufes principales
de la contagion ne peut etre attribuee qu'a.
Ia negligence & ä un interet mal entendu
des proprieraires , marchands de chevaux
& befiiaux , qui , au lieu de declarer le
mal des fon principe, cherchent a le de-
guifer, jufqu'ä ce que les animaux qui en
fönt atteints foient abfolument hors d'etat
de fervice; que des Ecariffeurs & autres,
apres avoir achete des chevaux & betes
frappes de mal, fous pretexte de les gue-
rir ou les abattre , en fönt un trafic fu-
nefle , meme dans la vente des parties
mortes. Sa Majefte jugeant neceffaire de
reprimer des abus auffi contraires ä l'agri-
culture & au commerce, & voulanty pour-
voir : Oui le rapportdu fieur deCalonne,
Confeiller ordinaire au Confeil royal, Con-
troleur generaldes finances, Le Roi ETANT
EN SON ConseIL , a ordonne 8c ordonne
ce qui fuit :
-ocr page 91-
E#"3
ÄRTICLE PREMIER.
Toutes perfonnes, de quelque qualite
& condition qu'elles foient , qui auront
des chevaux & beftiaux atteints ou foüp-
^onnes de hMorve ou de toute autre ma-
ladie contagieufe, teile que le charbony Ja
gale, la clavelie, le farcin & la rage, feront
terms, ä peine de cinq cens livres do-
rnende , d'en faire für - le - champ leur
declaration aux Maires, Kchevins ou Syn-
dics des villes, bourgs & paroiffes de leur
refidence, pour etre lesdits chevaux & bef-
tiaux vus & vifites fansdelais, en laprefence
defdits OfHciers, par les Experts veterinaires
les plus prochains, lefquels fe tranfporte-
ront a cet effet dans les ecuries, etables &
faergeries, pour reconnoltre & conftater
exaöement l'etat des chevaux & animaux
qui leur auront ete declares.
I I.
Autorise SaMajefle les fieurs Intendans
&CommifTaires departis dans les differentes
-ocr page 92-
[93 J
provinces du Royaume a nommer autant
d'Experts qu'ils le jugeront a pröpos r>our
lefditesvifites, choifis par preferenqe parmi
les eleves des Ecoles veteriniures , ä ieur
defaut parmi les Marechaux oa autrc; qui'
auront les certifieats d'etude §; de c-'.'acite
duDireöeur de 1'EcoIe ve'ivinaire« oa qai
auront fubi un examen für les jemandes
qui leur feront hites en preience dudit
fieur Commiflaire par deux Artijtes veteri-
naires du departement.
III.
Seront tenus lefdits Experts de preter
leur miniftere toutes fois & quantes ils en*-—-
feront requis par les Officiers . de Mare-
chauffee , Subdelegues , Officiers munici-
paux &Syndics, pourexaminer leschevaux
& befiiaux fufpe&s; comme auffi de fe tranf-
porter ä cet effet dans les marches pubiics
& dans les ecuries des Maitres de pofte,
des Entrepreneurs de meffageries ou rou-
läge, & loueurs de chevaux, meme auCfi
dans les ecuries , bergeries & etables de
-ocr page 93-
fl 94 3
particulfers, für les declarations & denon-
ciationsde mal eontagieux qui auroient ete
faites ä Jeur egard, en fe faifant toutefois,
audit cas, autorifer par le Juge du lieu, &
accompagner d'un Officiermunicipal oudu
Syndic de la paroiffe. Fait defenfes Sa
Majefte a toutes perfonnes de refufer l'en-
tree de leurs ecuries, etables 6c bergeries
auxdits Experts ainfi affiftes, & d'apporter
aucun obftacle a ce qu'il foit procede ,
conformement ä ce que deiTus, auxdites
viiites, dont il fera drefle proces-verbal,
]ors duquel, en cas de difficulte, les parties
intereflees pourront faire tels dires & re-
quifitions qu'elles aviferont , & il y fera
flatue provifoirement & fans aucun delai,
par le Jage qui aura autorife la vifite.
I V.
DeFENSES fönt faites a tous Marechaux,
Bergers & autres, de traiter aucun animal
attaque de la maladie contagieufe & pefti-
lentielle , fans en avoir fait la declaration
aux Officiers municipaux ou Syndic de leur
-ocr page 94-
L 95 1
refidence , lefquels en rendront compte
fur-le-champ au Subdelegue, qui fera appli-
quer fans delai für le front de la bete malade,
un/Cachet en cire verte portant ces mors:
Atümal fofpecl; pour des cet inflant etre
les chevaux ou autres animaux qui auront
ete ainfi marques, conduits 8c enfermes
dans des lieux fepares & ifoles. Fait pareil-
lement defenfes Sa Majefte a toutes per-
fonnes de les laifler communiquer avec
d'autres animaux, ni de les laifler vaguer
dans des pärurages communs, le tout ibus
la meme peine d'amende.
V..
Les chevaux qui auront ete attaques de
Ja Morve, 8c les autres befiiaux dont la
maladie contagieufe aura ete reconnue in-
curable par les Experts, feront abattus fans
delai, enfuite ouverts par lefdits Experts,
lefquels appelleront a i'abattage 8c Ouver-
türe defdits animaux un Officier municipal
ou Syndic, qui en dreffera proces-verbal,
pour etre envoye audit fieur Commiflaire
-ocr page 95-
departi, ou a fon Subdelegue; & ce proces-
verbal contiendra en detail le genre & le
caraötete de Ja maladie de l'animal, & les
precautions pour eviter la contagion.
VI.
Les chevaux & beftiaux morts Sc abattus
pour caufe de Morve , ou de toute autre
malagie contagieufe peftilentielle, feront
enteires ( chairs & olTernens)dans des foffes
de dix pieds de profondeur, qui ne pour-
ront etre ouvertes plus, pres de cent toifes
de toute habitation, &. les peaux en feront
tailladees; les ecuries dans lefquelles au-
ront fejourne des chevaux Morveux, ainfi
que les eubles 8cbergeries qui aurontfervi
aux animaux attaques de maladies conta-
gieufes, feront, ä la diligence des Officiers
municipaux ScExperts, aerees 8c punflies;
lefdits lieux ne pourront etre occupes par
aucuns autres animaux que lorfqu'ils au-
ront ete purines, 8c qu'il fe fera ecoule un
temps fuffifant pour en oter l'infeäion; les
equipages, harnois, Colliers, feront brüies
ou
-ocr page 96-
C 97 3
ou echaudes, conformement a ce qui fera
prefcrit par le proces-verbal d'abattage qui
aura ete dreffe, & don«: fera laiffe copie ,
pour par les proprtetaires ou autres s'y*
Conformer,ainß qu'atoutes les precautions
qui auront ete indiqüees par les Experts,a
1'efFet d'eviter la contagion, le tout fous
Ja ineme peine de ciaq cents livres d'a-
inende.
VII.
FAIT Sa Majefie defenfes, fous les memes
peines , a tous. Marchands de chevaux 8c
autres, de detourner, fous quelque pretexte
que ce foit, vendre ou expofer en vente
dans les foires & marches ou par-tout ail-
leurs, des chevaux U befiiaux atteints ou
fufpeöes de Morve ou de maladies conta-
gieufes, Sc aux Hoteliers, Cabaretiers ,
Laboureurs & autres, de recevoirdansleurs
ecuries ou erables ordinai.es, aucuns chevaux
ou animaux ioupgonnes de fembiables ma-
ladies ; auquel cas ils feront renus d'ea.
G
-ocr page 97-
£98 J
faire auffi-töt h ded.aration ci-de/Tus preß»
crite (i).
VII I.
- Autorise Sa Majefle lefdits fkurs Gom-
miffaires departis, & Jeurs Subdelegues, k
commettre dans les vüles, bourgs & ■vil-
lages de leurs generalites , teJ nombre d'E-
cariffeurs qui fera juge neceffaire , lefquels
feuls pourroht faire Penlevement & ecarif-
fage des animaux morts dans les arrondif-
femens qui leur feront prefcrits, auxqueis
ilTeradclivre fans frais, tine commiffion par
lefdits fieurs Intendans h Suhdelegues, fan*
qu'aucuns autres puiffent s'inimifcer dans
(i) Ilre'fultebieneVidemmentde cet article, non-feulement
que la Morve & les autres maladies eontagieufes fout placees-
au rang des cas redhibitoires, rnais encore que les animaux
feulement fufpeftes de ces maladies, foit pour avoir habite
avec ceux qui en etoient infeftes, foit parce qu'ils en ont
quelques-uns des fympiömes, ne fönt egalement pas ven-
dabies , & doivent etre repris par les Vendeurs, lorlque I*
demande en garantie eft formee dans le deiai d'ufage, &
que la maladie ou la fafpicion eft conftatee par proces-
verbal d'Experts nommes d'office. (Note des £dheurs.y
\
-ocr page 98-
I 99 1
Fecariflage des chevaux & beftiaux, a peine
de prifon.
IX.
Les Ecariffeurs ne pourront, fous peine
d'etre dechus de leur commiffion, d'amende
ou de teile autre punition qu'il appartien-
dra, vendre &c debiter aucune viande qui
proviendra des chet'aux ou aaimaux qui,
fuivant l'article 11, auront ete abattus pour
etre enterres.
X.
AüTORlSE Sa Majefle toutes perfonnes ä
denoncer les contraventions qui pourront
etre faires aux difpolitions du prefentarret;
& lorfqu'elles auront ete bien & duement
conftatees, le tiers des amendes qui auront
ete prononcees, 6t qui feront payables fans
deport, appartiendra au denonciateur, au-
quel il fera en outre accorde une recom-
penfe proportionnee au merite de la denon-
ciation.
X I.
Seront tenus les Maires & Echevins
dans les villes, & les Syndics dans lescarrt-
G 2
-ocr page 99-
pagnes, d'informer, au premier avis qu'ils
en auront, Jes Intendans & leurs Subdele-
gu^s,des maladies contagieufes ou epizooti-
ques qui ie manifeßeront dansl'etenduede
leur arrondiffement, ä peine d'etre rendus
perfonnellement refponfables de tous dom-
mages qui pourroient refulter de leur ne-
gligence.
X I I.
TOUTES les amendes encourues, aux
termes des articles ci-deffus, feront payees
fans deport, & les contrevenans y feront
contraints par toutes voies dues & raifon-
nables, meme par emprifonnement deleurs
perfonnes.
X I I J.
Et-feront lesOrdonnances rendues pour
Ja police du marche aux chevaux,& notam-
ment celle du 8 juillet 1763 , executees en
leur contenu.
X I V.
ORDONNE Sa Majefie que , conforme-
ment aux attributions ci-devant donnees ,,
tant au fieur Lieutenant general de Police
-ocr page 100-
C ioi 3
de la vllle de Paris, qu'aux fieurs Commif-
iaires departis dansles provinces duRoyau-
me, chacun en droit ioi , ils continuent
d'avoir, exclufivement ä tous autres Juges 9
la connoiffance des conteftations quipour»
roient furvenir für Texecution du prefent
Arret, ainfi que des precedens Reglemens &
Ordonnances intervenus au meine fujet,
fauf l'appel au Confeil: leur enjoint, ainfi
qu'aux Maires , Echevins & Syndics, de
tenir la main a l'execution du prefent
Arret, & aux Officiers & Cavaliers de Ma-
xechautTee , & tous autres , de preter la
main-forte & Taffiflance neceffaires a cet
effet. FAIT au Confeil d'Etat duRoi, Sa
Majelie y etant, tenu ä Verfailles le feize
juillet mil fept cent quatre-vingt-quatre«
Signe le Baron de Bueteuil.
F IN.
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TABLE
DES MATIERES.
Pages
jtvEKTISSEMEKT ,                              3
Art. Ier. Signes auxquels on reconnoit
l'exiflence de la Morve ,                      5
Signes du premier degri,                           6
Signes dufecond degre ,                            7
Signes du troifleme degre                          8
ART. II. Ouvertüre des animaux atteints
de la Morve,                                     11
Leßons intirieures produites par la
Morve,                                             12
ART. III. Caufes de la Morve,                 14
ART. IV. Reflexions für lacurabilite de
la Morve,                                         17
Art. V. Examen & feparation des che-
vaux affecte's oufufpecls,
                   18
ART. VI. Maniere de claffer les chevaux
affecles oufufpecls,                            30
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ART. VII. Premiere claße.— Animaux ä
ahattre,                                             30
ART. VIII. Deuxieme clajfe. — Animaux
ä rr-aiter,                                           25
ART. IX. Soins & regime,                       37
Art. X. Trahement prefervatiß,             29
ART. XI. Troißeme claße. Chevaux
qui ont communique avec ceux at~
taquis,
                                              53
ART. XII. Proce'de's a fuivre pour pre-
venir l'invaßon de la Morve; en
prißrver les chevaux; dcßnfecler les
e'curies, oü cette maladie auraregne,
& les ußenßles qui aurontßrvi aux
chevaux Morveux ou fujpeBs,
         56
Precautions ä prendre ßr les routes, <^j
Precautions pour la dißnßclioii des
~
e'curies J                                             70
Precautions relatives aux ußenßles &
meuhles d'ecuries,
                             75;
Precautions gene'rales,                      78
Instruction ßur la conduite que
les Artißes veterinäires envoye's par les
autorites conßhuies doivent tenir ßr
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C io4 ]
les routes, 0 dans les commune* qu'ils
parcoureront
,
Arret du confeil d'etat du Roi, pour
prevenir les dangers des maladies des
animaux , & particuUerement de la
Morve
,
Fin de la Table des Matieres.