-ocr page 1-
LE PARFAIT
MARESGHAL
Qui Enfeigne à connoiftre la beauté, la
bonté, Se les défauts des
C H Ea V A U X
Les fignes & les caufès des Maladies : les moyens de
prévenir,leur guérifon., &c le bon ou mauvais ufage
de la Purgation & de la Seignée.
a Manierg de les conferver dans les Voyages , de les nourrir t
& de les f enfer félon l'ordre.
La Ferrure fur les defleins des Fers , qui rétabliront les
méchans pieds » & conferveront les bons.
tT                                    ENSEMBLE
lr*Ue du Haras, pour élever de beaux & de bons Poulains 5 & les Prc'ceptes
pour bien Emboucher les Chevaux : Avec les Figures neceffaires.
%eveu Avec exaÏÏitude £? augmenté methtdiquement.
HVITIEME EDITION.
D I V I S E' E N D E U X P A R T I E S.
&*r le Sieur de SolleiSel, Ecuyer, Sieur du Clapier > Pu»
des Chefs de l'Académie Royale, pèche l'Hôtel de Qondt',
TOME SECOND.
t,                                    A L A H A Y E,
ïz Hum van Euldeien, Marchand Libraire, dans le Pootcu,
à l'Enfeigne de M E 2 E R A Y.
U. DC. XCL
-ocr page 2-
LE PARFAIT
MARESCHAL,
SECONDE PARTIE.
ENtre tous les 'Animaux il rìen eft point qui apporte tant d'uütez
& de plaijìrs à PHomme que le Cheval : Il eft fuferbe dans les
pompes j adroit
£!> fier dans les combats les plus périlleux 3 Ç£
obufle dans le travail > le Cheval eft neceffaire dans toutes les gran-
T^-1" entreprijes de Guerre : l'on ria rien de plus utile dans le trafic}
~ dans F agriculture, ÊS> rien de plus agréable dans les dïvertiffemens :
*™ais tous les Chevaux qu'on choifit
Ö> pour la Guerre 3 & pour le
Wanége n'y reüjfiffent pas 3 & de ceux qu'on deftine au charroy beau-
COup Succombent fous un travail médiocre ; les Voyageurs me/me ne re-
vivent pas toujours la commodité
Çf> le plaifir qu'ils attendent d'un
Cheval de pas
; tous les avantages qu'on peut retirer des Chevaux ne
J°nt pas falies à rencontrer
; & ce qui eft de plus fâcheux pour ceux
qui les rec/jercfcent aVec foin
, c'eft qu'après avoir trouvé un beau &
0n Cheval
, vigoureux G) adroit, fouvent faute de le fçavoir gouver-
er» ou par la par effe du Palfrenier qui le pen Je mal, ou pour n'avoir
P#s réglé fon ordinaire
, ou pour l'avoir fait boire à contre-temps , ou
■Par queiqu''autre accident
, que le peu de connoiffance dans cet Art vous
afra cau/éy il tombe dans des ïncommoditez, qui le rendent hors d'état
e rendre fervïce. Ce malheur eft fouvent de grande importance,
Q>
Qujours dommageable ; il eft pourtant fi ordinaire, qu'à moins d'un
Peu d'expérience
, d'un foin tout particulier , Çf> d'une exacle précau-
i0TL> on ne peut éviter de perdre des Chevaux de prix.
Four commencer avec methode de vous ïnftruire dans les moyens
éviter tous ces de for dr e s > je commencer ay à vous faire connoifire
utes les parties d'un Cheval 3 les chiffres étans marquez fur la
K&e comme dans le âifcours.
A a                               Les
-ocr page 3-
LE PARFAIT MARESCHAL
Les Noms des Tarties qui compofent le Corps du Cheval,
LA tede étant le fiége de la faculté animale, lafourcede la docilité, & du caprice»
principe du mouvement & du repos, fait fans contredit !a plus belle & la plus notât
partie du Cheval ,• elle eft compofée de diverfes parties, qui dans leur jufté proporti
'e
le
e"
CHAP. X"
e
en forment la beauté & l'excellence ; nous allons les déduire toutes, les unes après lffS
autres, avecordre & brièveté, nous contentant le plus fouvent de les défigner dans la figufC
qui eft reprefentée, fol. i.
Les oreilles font une partie afTez connue.
Le front eft marqué I.
Les larmiers font les tempes ou temples, marquez z.
Les falieres font les creux au deflus des fourcils, qui étans trop enfoncées, rendent un Che'
val difforme le faifant paroiftre vieil, font marquées j.
Les fourcils font au deflus des yeux, & au deffous des falieres.
Les yeux ('par lef quels comme au travers d'un miroir on voit l'ardeur, le courage, la m*'
lice, la fanté, & la maladie d'un Cheval) doivent eftre examinez avec foin •• Ils contienne"'
deux parties, fans parler de la paupière, qui eft cette peau qui couvre l'œil, quand le Cheva
dort, ou qu'il les ferme.
La premiere partie de l'œil eft la vitre ou criftal tranfparent, qui enferme toute la fubftanc*
deî'ceil, luy donnant la forme d'un globe diafane. Je ne parle point des humeurs qui conft1'
tuent l'œil, le difeours en appartient aux Phyficiens.
La feconde partie eft le fond de l'œil, qui eft proprement la prunelle, que quelques »nS
apppellent la joye de l'œil. Il eft de confequence de faire attention fur cette divifïon afin de 'Vj
point confondre ces deux parties, & bien concevoir que la vitre eft ce qu'on appercoit de l'*1
d'abord qu'on le regarde, & le fond de l'œil ou !a prunelle, ne s'apperçoit qu'en y regardai11
de prés & au travers de la vitre, & lors on voit le fond ou le dedans de l'œil.
A côté des yeux tirant vers le gozier, au derriere de la tefte, eft la ganache, ou ganaffë»
qui eft cette partie de la mâchoire qui touche le gozier, ou l'encolure. Lorfque le Cheval3
la teîle en la pofture qu'il la doit avoir, elle eft mouvante, & fert au Cheval à remuer Ie'
dents, avec lefquelles il mâche les alimens : elle eft marquée 4.
Les nazeaux font les ouvertures par où le Cheval refpire.
Le nez eft au bout de la tefte plus bas que les nazeaux, marqué ç.
La bouche eft ainfi nommée feulement à l'Homme & au Cheval par un privilège f^'
ticulier , cette partie eft divifée en plufieurs autres, dont les unes font extérieures, *
les autres intérieures.
                                                                                                 .
Les parties extérieures de la bouche font les lèvres , qui font cette groiïe peau > aVe
laquelle les dents & les jancives du Cheval font couvertes : on appelle cette peau 'e
lèvres, quelques-uns les lippes, mais improprement.
                                                   .
La barbe eft la feconde partie exterieure de la bouche , c'eft le lieu de l'appuy de
gourmette, où elle fe repofe quand on tire la bride pour ramener le Cheval en fa bÊ'
pofture; marquée c.
                                                                                                 .
La troifiéme partie de la bouche eft le bout du nez, qui eft comme une continuation û
la lèvre, qui couvre les dents, & les conferve du froid, & des injures de i'air.
La quatrième partie extérieure de la bouche 1 eft le menton, qui eft auffi une part'
de la lèvre de deffous, qui encoure les dents, 7.
                                                        }
-ocr page 4-
-ocr page 5-
n                                    SECONDE PARTIE.                                         ç
Ton nS 'eS Part'es intérieures de la bouche, l'on confidere premièrement les barres, qui ç #
deft' U"e e(Pece 0l' portion de jancive fans aucunes dents , que la nature femble avoir
'nées pour fournir un lieu propre à l'appuy de la bride.                                                 I
8e î ^arres proprement font, le haut de la jancive ; car les cotez de dehors retien-
"t !e nom de jancives.
j a feconde partie eft la langue,
y* troifiéme, le canal qui eft l'efpace entre les deux barres où fe loge la langue,
les rai,c'Uai:ri^rne > crc 'e palais qui eft au haut de la bouche, c'eft l'endroit où l'on faigne
Pq. evaux avec la corne, ou la lancette > l'on dit vulgairement donner un coup de corne,
r rafraîchir le? Chevaux, & leur donner appétit.
j a cinquième & dernière font les dents qui (ont de cinq fortes.
,tt ?s premières lont les dents mâcheliers, qui font au nombre de ving-quatre, douze
ave î es * 'a macrioire iuperieure, & douze à la mâchoire inferieure, nommée ganache,
la ,5, Celles le Cheval mâche & brife la nourriture qu'il prend, par le mouvement de
ï'achoire inferieure, la fuperieure demeurant fixe,
leureS Cecor|des Iont ces petites dents qui viennent aux Poulains > environ trois mois apre's
«M' i?ai^nce» lefquelles à trente mois commencent à leur tomber, par le mefme ordre
les leur efloient creuè's : on les appelle à caufe de cela dents de lait,
ce f a tr°i^eme forte de dents font les crocs, que Monfieur de la Broüe appelle efchalions ;
au ntpes dents toutes feules, placées au deffaut des barres de chaque côté du canal, & deux
^ Pa'ais, prefque vis- à-vis celles de deffous ; les Jumens n'ont prefque jamais de ces dents-là,
Sluand elles en ont, elles font fort petites, & l'on croit mefme que c'eft un deffaut.
on] a1llatrit!me forte, font les dents de devant avec lefquelles les Chevaux paiffent l'herbe,
qu-e^n°mme les pinces, les métoyennes» &lescoings; les pinces font les premières dents
les ni Sent à un Cheval, les métoyennes font celles qui changent après, & les coings font
toy Procnes des crocs j où l'on connoift l'âge des Chevaux, on le connoift auffi aux mé-
F)nnes ' ^es ^encs ^e devant font au nombre de douze, fix deffous & fix deffus.
. e cecy l'on peut juger que les Chevaux ont quarante dents, & les Jumens trente-fîx.
tre 7 ant nommé & fait connoiftre les parties de la tefte qui tombent fous nos fens, je n'en-
j^Pi'endray point de faire la defeription des parties internes qui nous font cachées, comme
fat-c5?yeau & des nerfs, ceux qui auront la curiofité de les vouloir apprendre, pourront fe
praire dans l'Anatomie du fieurRuiny, qui en a traîné fort exactement.
par ■ encolure eft ce que nous appelions aux autres animaux le col, elle eft terminée ou bordée
-cnaut, du crin ou criniere, & par le deffous du gozier, elle eft marquée 8. 8.8.
Cr: .eëarot, ougallet, comme difent quelques- uns, commence à l'endroit où fe termine la
r ere,« & joint ou affemble les deux épaules parle haut, & fera marqué ?. <>.
dev eS ^Paulesnc au deffous du garot qui enferment la poitrine , & fe terminent au
nia ant< ^ü'on nomme le poitrail, & defeendent jufqu'à l'infertion du bras, & font
a!4ueesio. l0. IOt
que^a P^trine ou le poitrail eft au deffous du gozier, & au devant des épaules, mar-
raifoCS rfIns comrnencent au garot , &: font proprement ce que peut couvrir une felle
niiablement grande, marquez 12. 13.
c^t esjoignons font à l'endroit où finit le derriere de la felle , marquez ij. on nomme
Pro^n '* 'es roignons, quoy que les reins ne foient qu'une mefme chofe dans leur
fre %»ifkation.
j^es cotez commencent aux reins ; & entourent le coffre ou ventre marquez 14.14.
coiirf ^fntre eft aflez connu, il eft au deffous des reins > c'eft la partie où l'on donne les
UPS a éperons.                                                                   A 3                          Les
-ocr page 6-
6                            LE PARFAIT MARESCHAL               .           t.
Chap. ^es flancs tont à l'extrémité du ventre > & au deffaut des côtes prés des cuilTeS» i*1
quez i1». 15.
                                            .                                                              „y
I •         Les hanches commencent à ces deux os qui font au haut des flancs prés de la crouppe > qu '
qu'ordinairement on prenne pour les hanches tout le train de derriere.                             »,
La croupe eft environ depuis les roignons jufqu'à la queue, en comprenant tout
efpace en rond.
Les jambes de devant font compofées des parties fuivantes.                                    .
L'épaule de laquelle nous avons parlé » nottée 10.10.10. elle a quelque reflemh»0
à une épaule de mouton, & eft placée à peu prés de mefme.
                                  . s
Le coude eft un os au deffaut de l'épaule > placé contre l'endroit du ventre où portent
fangles lors qu'un Cheval eft fellé, marquée l<ï. Lors que ce coude eft trop ferré contre
corps du Cheval, & qu'on a peine à palTer la main entre le corps & le coude, c'eft u
difformité qui dénotte prefque toujours que le Cheval portera les pieds en dehors, 'a .^
marque eft bonne à faire aux Poulains j &quoy que cened'eût paseftre icy l'endroit"^
marquer , néanmoins la crainte que j'ay eu que cela ne m'échapât faute d'avoir °c
fion d'en parler, me l'a fait mettre en cet endroit.
                                           f
Le bras eft l'endroit où finit l'épaule & commence la jambe, continuant jufqu'au g
noiiil, marqué. 17. 17. 18.
                                                                                       e
A l'endroit ou commence le bras, au dedans prés de l'épaule au devant de la jambe eit
veine qu'on nomme l'ars, où l'on feigne les Chevaux pour plufieursinfirmitez, marqueel
Le genoiiil eft au deiTous du bras, & au ply de la jambe marqué 19.                . . [g
Le canon eft cette efpace de la jambe , qui eft entre le genoiiil & la feconde j°'
prés du pied, qu'on nomme boulet» ledit canon eft notté 19. 20.
                          . /j
Le boulet eft cette jointe ou mouvement donc je viens de parler , notté 20. qul
la dernière jointe la plus prés du pied.
Le paturon eft l'efpace depuis le boulet jufqu'à la couronne, marqué 21.             . .
La couronne eft le lieu qu'occupe le poil qui tombe fur la corne tout autour du P
marquée 22.
Voila les noms de toutes les parties de la jambe.                                                 vaj
Le pied comprend le fabot, qui eft tout ce qu'on void de la corne, lorfque le Che
a le pied pofé à terre, notté 23. 24.2Ç.
Les quartiers font les deux cotez du pied, depuis 23. jufqu'à 24.                            _.
Le talon eft le derriere, ou la partie pofterieure qui a deux cotez où finiiTentlesqu
tiers, notté. 24.
La pince eft le devant du pied , marquée 2Ç.
Il faut lever le pied de terre, pour voir les parties fuivantes.                            ,. ^
La fourchette qui eft placée au milieu du pied eft un endroit plus mol, & plus e'e
que le dedans du pied, laquelle aboutit au talon.
                                                       :t
La folle eft comme une femelle de corne qui eft au deflbus du pied , on la conn
facilement en ce que le fer ne doit point porter deffus, & n'y touche aucunement qua
il eft bien pofé.
Le petit pied, eft cet os qui fert de noyau au pied, il eft entouré de la corne , '°
chette & folle, on nelevoid pas même, lorfqu'on a deflblé un Cheval, puifqu'il eft t°
couvert par deftus & à collé de chair qui empêche de voir>l'os à nud.
                        . t
Il refte à nommer les parties des jambes de derriere , les principales defquelles »0
les os des hanches au haut de la croupe 16.
                                                               ci
Le grafîet nommé autrement le gros mufcle, eft cet endroit de la cuifTe, lequel aV*t,'s,
davantage contre le ventre quand le Cheval chemine, marqué 27. cet endroit eft tr« g
dangereux pour le coup de pied.
-ocr page 7-
SECONDE PARTIE.                                        7
. Les cuiffes commencent au grafiet , & contiennent tout cet efpace jufqu'au plis du ChAP.
'arret, la cuiffe contient depuis 27. jufqu'à 2?.
Le jarret eft le ply de la jambe de derriere, notte' 29. 29- 30.                                       
Le jarret comprend la tefte qui eft la pointe fur le derriere, marqué 30.
Lç plys du jarret où vient la follandre, notté 29-
L'efparvin eft l'endroit où il vient, marqué 31. & le jardon au mefme endroit où il
,lent, marqué 32. vis-à-vis de l'efparvin > lequel eft en dedans du jarret, & le jardon au
«ehors.
j Depuis le jarret jufqu'au boulet, eft la jambe, & le refte comme aux jambes de devant,
e Paturon, la couronne & le fabot avec fes parties.
Comme tes parties d'un Cheval doivent ejlre formées four eftre belles.
A Yant fimplement donné le nom des parties qui compofent le Cheval> il eft à propos C H a p.
de les reprefenter comme elles doivent eftre formées, pour eftre parfaitement belles. ~
n - La beauté en cet animal, eft prefque infeparable de la bonté, de forte qu'en con-
/ "ant le beau, on commencera à connoître le bon, parce que Omne pulchrum eft etiam
"."*» i & comme la définition que Ciceron donne de la beauté me femble curieufe, & qui
*„lent fort bien à noftre fujet, jelamettray en cet endroit : fulchritudo cor péris aptacom-
.^'one mtmbrorum , cum coloris quadam fuavitate movet oculos , & deleâat hoc ipfo,
j.8* mter fe omnes partes confentiunt. Si ce Latin & quelqu'autres paflages qui font dans ce
loir6 kmklent étranges à quelqu'un, qu'il fe confole en ce qu'il ne fera pas moindre con-
teur pour ne les entendre pas.
teft,
çju „b'wc, peui ralliement par ion propre puiuspcicr aia main, «. iucuiiiuiouer ie Dras
Cavalier allant par le pays^ outre qu'il ne fçauroit avoir beaucoup d'agreement, & ne
teft1 e^re n°ble avec une grolle tefte > s'il n'a l'encolure fort longue & relevée, & que la
d
b^^auté, fans laquelle il ne peut eftre agréable ; car quoi qu'il euft toutìe refte du corps
s'il -' ayant'a tefte tropgroffe ouquarrée * il feroit défectueux, & moins à prifer que
néc^ff1'-1 tluehu'autre partie qui fût plus mal bâtiej pour les jambes, elles font beaucoup plus
j- 'aires pour la bonté que pour la beauté,
nef ^ 9nevaux quiont la tefte grofle & chargée de chair > font fujets au mal des yeux : cela
8e.. u Pas entendre de toutes lesgroflesteftes, car il peut avoir la tefte grofle d'oflemens»
f0n 0n de chair, qu'il ne fera pas fujet aux maux des yeux : celles qui font chargées de chair,
celles que nous appelions telles grafles.
haquepartie de la tefte ayant fa beauté particuliere » il faut les déduire par ordre.
fi0e ^^ijles doivent eftre petites, étroites, droites, hardies, & toute l'oreille doit eftre
conn& déliée, c'eft à dire avoir peu d'épaifleur : elles doivent eftre bien placées, & pour le
«3ü»ei? ». e"es doivent avoir peu de diftance du bas d'une oreille à l'autre, c'eft à dire
enCo' es doivent eftre placées au plus haut de la tefte, les pointes des oreilles doivent eftre
talltreP us jointes &plusprés l'une de l'autre, &lors que le Cheval les porte en avant au-
Orejj?u en eft capable, & que s'il galoppe , ou va le pas » il a toujours les deux pointes des
ce qu'on appelle avoir l'oreille hardie: quand le Cheval chemine,
bas ..es tenir fermes, & s'il marquoit chaque pas, par un mouvement d'oreille de haut en
e ' aur°it cela de commun avec les cochons 5 ceux qui ont l'oreille baffe, ne l'ont pas pla-
haut de la tefte, mais elles font leur fortie plus basj & ordinairement ils l'ont trop
large
-ocr page 8-
8                               LE PARFAIT MARESCHAL                         Me
large & pendante, & font dits oreillards, ils font prefque tous bons : fur cette feule rnM
je ne voudrois pas acheter un Cheval, pais que c'eft un deffaut qui ne le rend pas meill y^
Pline a fait une aflez bonne remarque fur les oreilles d'un Cheval, car il dit que par u ^ jg
vement de fes oreilles, on peut juger de fon intention & de fon courage, de mefme q ,
connoît par le mouvement de la queue' d'un chien. La remarque eft bonne &tres'verUment
Et particulièrement aux Chevaux malins & colères, on connoift fouvent par le rr.ouv>e: ^
des oreilles s'ils ont delkin de fe porter dans quelque aciion de defefpoir, lorfqu'on le ^
mande ce qu'ils ne font pas capables d'exécuter, ou qu'on les contraint d'obeïrayect i
violence, & à force de les battre & tourmenter.
                                                    t qu'ui*
Le front doit eftre médiocrement large, quelques-uns le veulent avancé, & croye" ^o([i
Cheval en a plus de fierté, cette partie le faifant reffembfer aux béliers. J'eftime que ço0
égal eft plus beau ; les Chevaux qu'on appelle camus ; ont le front un peu plus bas 5^ „^
environ depuis les yeux en bas; où porte lamuferolle de la bride, & ces fortes de L
font ordinairement travailleurs; mais affez fiers & malins.
                             . , tforfl'
Ledevantde la telle, c'eil-à-dire le front, doit eftre étroit, tout au contraire des
mes; s'il eftait large ce feroit une difformité.
                                                    , i..oC
Le Cheval doftavoir une épie ou moulette au front; s'il y en a une couple pres jje,
l'autre ou qui fe touchent, ce fera une bonne marque, l'épie eft un efpece de frizure nat
ou bien un retour de poil qui fe forme comme le centre où commencent les autres poi ' ^,
Il y a des perfonnes dans l'erreur de croire, que lors que l'épie eft plus baffe que riencc
c'eft une marque de foiblelTe de veué, ou du contraire fi elle eft plus haute ; mais 1 exp
vous fera connoiftre l'incertitude de cette remarque.
                                      .         étoi"e
Si le Cheval n'cft ny gris, ny blanc, ny approchant de ces poils, il doit avoir une ja
au front, qu'on appelle communément une pelone, c'eft prefque un deffaut, & P
beauté & pour la bonté quand il ne l'a point, comme nous dirons en fon lieu.
             rmeSi
Lesfaheres doivent eftre élevées, fi elles font enfoncées & creufes, elles font dirlo ^
plus elles font enfoncées plus elles font paraître un Cheval vietyc; néanmoins lesC'heva tf6s
gendrezdevieilseftallons, ont ce deffaut dans leur plus grande jeuneffe, les uns plus les
moins.
                                                                                                                 . \ei
Les yeux clairs, vifs, pleins de feu, & médiocremenr gros» font les p'us eftirn • ja
plus gros ne font pas les meilleurs, ils doivent eftre à fleur & non hors delatefte, &a
prunelle grande.
                                                                                                'rre8ar'
Deplus, l'œil doit eftre réfolu , effronté ,& fier ; un Cheval pour eftre beau, doi.^,
der fixement, & fuperbement, ce qui fe prefente à luy , fans en d'étourner laveue, jerC,
terie fied admirablement bien au Cheval ; dans l'œil fe découvre fon inclination, »a
fa malice, fa fanté, & fa maladie, prufeâà in oculir animus habitat.
                . .. qUel-
Les petits yeux enfoncez font difformes, on les appelle des yeux de cochon, ils »°
quefois bons, mais il y faut prendre garde de prés.
                                                 enfleZ '
Quand les yeux font enfoncez, ou que les fourcils font trop élevez, & corxirne ^g f
c'eft une marque de Cheval malin & vicieux, ces fortes de Chevaux ont larencontr
mais ils font ordinairement de grande fatigue.
                                                     . % la
L'œil eft la partie la plus délicate du Cheval, la dernière formée dans la matrice,
premiere qui meurt.
                                                                                         , uX des
L'os de la ganaffe depuis le haut jufqu'au bas, doit eftre petit & maigre; l'entre ^ oU
os de laganafîe doit eftre ouvert, bienvuidé & creux , depuis le gozier jufqu'au ^^gjjre,
barbe, afin que le Cheval puiffe bien placer fa tête ; fi la ganaffe eft trop quarrée, c ^onïle,
fi elle a trop de diftance depuis l'œil jufqu'â l'endroit qui touche l'encolure, elle eft ai ,Qtt
& empêche le Che val de loger fascile i fi la ganafle eft quarrée, & de plus ferree, J° ^feIi
-ocr page 9-
t;                                        SECONDE PARTIE.                                         9
,r^ra la bride pour ramener le Cheval en fa belle pofture, l'os rencontrant le col, l'empê- chap.
"era de bienolacer fatefte; mais comme cen'eitoas icv l'endroit de parler des incornino-
2.
i il fe poirra, & pour pouvoir faire entendre comme cette partie doit eftremenue , on die
p" ^eval boiroit dans un verre.
Vp • ^u' contribuera beaucoup à rendre cette partie belle aux Poulains > fera de les faire e'ner-
',' celadefléchemerveilleufement lebasdelarefte, & empêche de groffir l'encolure, ace
"u °n dit.
*< faut de plus que la tefte pour eftre belle, foit courte, lesteftes trop longues font diffor-
eft K* °n 'es nomrne des teftes de vieille : ce qui contribue le plus à la belle tefte, eft lors qu'elle
bie n P^ac^e» fans cela la belle paroît difforme, & la defeciueufe fe fouffre quand elle eft
fi n P'acée. Un Cheval a la telle bien placée, lorsqu'il l'a placée haut, & larameineen fa
n ation naturelle, qui doit eftre en forte que le devant delà telle , c'eft à dire le front & le
. z tombent à plomb, Se que fi l'on pendoit un plomb au bout d'un fil, il rafât & fui vît tout
e^vantdelatefte.
l0r es nazeaux doivent eftre bien fendus &r ouverts, où l'on voye le vermeil qui eft au dedans
av . Vils s'ébrouent; les nazeaux ainfi ouverts ne contribuent pas peu àia facilité que doit
>f un Cheval pour refpirer.
çl e" pour cette raifon que lesEfpagnols & beaucoup d'autres fendent les nazeaux à leurs
jq wVaux ' pour leur augmenter la facilité de fouffler dans les courfes violentes j ce qui les fait
]a5er.P°urpou(nfs quand ils font en France, mais ils ne font jugez tels que par ceux qui n'ont
appo1' 'orti de leur village, quand mefmeils feraient nez dans Paris; Les nazeaux fendus
chçnrfnt "neautre utilité que de donner la facilité de refpirer aux Chevaux, car ils empé-
ajrj l 'es Chevaux dehannir, ce qui eft tres-commode à ceux qui vont en party , car lehan-
carr"?201 de leurs Chevaux ne les découvre pas, c'eft pour cela qu'on leur fend les nazeaux»
arernent ils hanniffent après cela,
luov ^\!'etnagne & dans le Nort, prefque tous les Chevaux courtaux ont les nazeaux fendus s
ferj^^'ils ayent l'haleine bonne. En France au contraire, on ne fend les nazeaux qu'aux mi-
La KS ^nevaux outrez de poulie,
bridp uche doit eftre médiocrement fendue, lors qu'elle Peft trop, il eft mal-aifé de bien
diffiJi Un Cheval qu'il ne boive la bride. Si le Cheval a la bouche petite ou troo peu fendue,
les Cr ^nt le mords fe pourra loger fans qu'il fafîe froncer la lèvre, ou qu'il ne porte fur
Ch^v°iCSj Ja bouche médiocre eft une qualité plus néceffaire à la bonté qu'à la beauté du
néan^ • ainn" des autres parties qui ne fevoyent que lorsqu'on ouvre la bouche du Cheval j
Vaiife llls Puis qu'elles font fi elïentielles à la bonté, & qu'elles fervent comme de timon au
en faaiI|P0ur le conduire bien ou mal, fans m'attacher fifeve'rement à mettre chaque chofe
k°Ucri! Cj 'e conc'nueray cette matière, qui fera une connoiffanec déjà acquife pour em-
Lg 5r les Chevaux,
fée paa]?Sue doit eftre menue, autrement on ade la peine à empêcher qu'elle nefoitpref-
fourj r ernbouchure, qui lafaitdébotderfur les barres & lesco'uvrir, ce qui rendl'appuy
gro(ïe*i ernpéchanc l'effet du mords, duquel la liberté n'eft jamais capable de contenir ces
Ont rar a,18ues > nonobftant que le canal foit ample. Les Chevaux qui ont la langue tres-grofTe
jl j,ernent & prefque jamais la bouche bonne, car ordinairement ils ont les barres baffes*
Cheva|^c ^?e 'e Cheval ait les barres tranchantes & décharnées : toute la fujetion que lé
ft"fiblCs°Uft?'e Par la b"de vie«t des barres > fi elles n'ont ces qualirez elles feront peu ou point
^»" aindua Cheval n'aura jamais bonne bouche, fi la barre eft baffe, ronde, & peu
-ocr page 10-
ie» r                  LE PARFAIT MARESCHAL                        -
Chap. fenfible, le mords n'aura aucun effet, & il fera égal de tenir le Cheval, ou par la queue
2.
par la,bride.
Le canal doit eftre aflez large pour contenir la langue fans qu'elle foit prelïée par une e
bouchure, laquelle aura une liberté médiocre.
                                                              u-
Lepalais doit eftre décharné, s'il eft gras, c'eft à dire plein & plus haut, ou tout ^
Hiôinségal aux dents, la moindre hauteur qu'ait la liberté delà langue, le choquera, <* ^
cet endroit fe trouve fenfible & chatouilleux » le Cheval pour fuir la couleur qu'il rC<?°%g fi
liberté qui le cho.jue, & le bleue en cet endroit, battra àia main, ou portera latei
balle, qu'outre la difformité il incommodera la main du Cavalier.
                            *
Les lèvres menues contribuent à la bonté de la bouche, au contraire fi elles font gr0 jjf„
La barbe ne doit eftre ny platte, ny relevée, haute, ou pointue ; fi elle a un de ces ^
faucs, elle eft mal-faite, & on ne peut faire porter la gourmette en fon lieu & place •" 'a ba
ne doit avoir gueres de chair, mais feulement la peau & les os, fans cicatrices, tiurer. *
ny callus ; toutes ces circonftances font la bouche bonne ; que fi une des fufdites partiesa gS
dans l'excès » la bouche ferait mauvaife, pout eftre trop bonne; par exemple, ^ ^e, bé-
eraient fi fenfibles & fi tranchantes, qu'elles ne pufïentfouffrir aucun appuy, & que <^,
val ne pût foufïrir qu'on luy fit fentir la bride pour le tenir en fujetion , ce feroit un gra° ^
faut ; les autres parties particulièrement la barbe ; ne font gueres dans cet excès de fenfibi >
quoi que Monfieur le Duc de Neucaftel afleure que dans la barbe, eft le principal fentim
de la bouche du Cheval.
                                                                                             gr
Les qualitez generales qui font une bonne bouche > font d'avoir l'appuy égal > ffrIÏ1^. \%
leger, Farreft ailé & ferme, de n'avoir ny callus, bleflures, ny meumifTures, ^'av3l,
bouche fraîche & pleine d'écume,- cette écume dénotte lebon temperament du Çne
qui ayant la bouche humeftée, ne fe l'échauffé, pasfi-toft, & le Cheval témoigne qu'da
l'embouchure, qui le fait écumer- & luy donne du plaifir,
                                         , , |j
Voila ce qui eft de plus confiderable & de plusnéceffaire pour connoïtre la beauté
tefte du Cheval. Je ne m'arrederà/ pas à dire le nombre des os qui la compofent, ny à deÇ
leurs noms, cela étant abfolument inutile â un Gentil-homme, & même à un Mareic»3 ' ju
L'encolure doit eftre déchargée de chair, pour eftre bien-faite, elle doiten f°,n?nt0ur
garot monter droit en haut, & aller en diminuant jufqu'à la tefte, prenant à peu prés le re'S
que prend un col decigne, il faut qu'elle foit longue, relevée, maigre & tranchantes ^
de la crinière, c'eft à dire qu'il ne faut point qu'elle aye de chair prés de la naiflànce des C
& que toute l'encolure confideréeenfemble, nefoir nytrop molle, ny trop tournée, Pa
que tous les deux donneraient occafion au Cheval de s'armer.
                                        /-or)t
Les Barbes & les Chevaux d'Efpagne qui ont l'encolure épaifie & un peu charnue en c
meilleurs> ils ont [abouche plus a(Turée> l'appuy meilleur, & ne font pas fifujets a ,jj
à la main. Pour moy j'eftime bien plusun Cheval d'Efpagne avec un peu d'encolure, ^ c0,
l'avoir fi effilée, outre qu'ils ne fe chargent pas de chair en vieillifiant, au contraire l
Iure d'un Cheval d'Efpagne diminue de fa grolîeur à mefure qu'il prend de l'âge.
           u£,
Pour les Jumens, c'eft une bonne qualité d'avoir l'encolure un peu épaifle & c f,e0cO'
car elles l'ont prefque toujours trop efilée ; & pour louer une Jument qui a un peu jj Qai
Iure, on dit qu'elle a le col fait comme un Cheval, ce qui eft une perfection ; car eue
prefque toutes ce deffaut d'avoir l'encolure trop fine ou trop mince.
                     ... cetie
Les encolures renverfées, font celles dont la chair qui devrait eftre au haut, qui fa'| fl(j
rondeur ou ce grand arc de la criniere y fe trouve audeffous prés du gozier, «c qu
l'encolure difforme, & fait porter plutoft la branche contre le poitrail.
On les nomme encolures de cerf, par la reffemblance qu'elles ont à celles des cerfs- ^;
Il y a d'autres encolures qui font penchantes, qu'on nomme encolures renverfées W^
-ocr page 11-
SECONDE PARTIE.                                   li
Purement, quoy que le haut de l'encolure-1penche & qu'elle fe renverfe, ce n'eft pas de q h
elies-là qu'on parle lorsqu'on dit une encolure renverfée, celles-cy font penchantes, pour '
Y
avoir trop de chair prés de la criniere qui tombe d'un côté, & les autres pour en avoir trop ~
au «effoiis.
~ * our connoiftre fi l'encolure eft bien faite , il luy faut ramener latefte avec la bride, & la
'ttJer en la plus belle poiture dontil eft capable: pour avoir l'encolure bien faite, il faut
•jUe ledeffous d'icelle ne tombe pas aplomb, celles qui tombent par défions & au long du
&02'et à plomb font fauffes , & celles defquelles le haut de la ganaffe, eft prés du gczier plus
"arrièreque lebasdtimefme gozierprés dupotrail font cesencolures renverfées dont j'ay
Çarlé ; la bien faite doit defcendre depuis la ganaffe jufqu'au poitrail au long du gozier en
0l'rne de talus, c'eftàdirc que le haut, prés de la ganaffe ; foit plus avancé que le bas: c'eft
e 9ue j'ay entendu en difantrru'elle vienne en talus, & non defcendre toute droite & à plomb.
. Le crin doit eftre délié, long, peu épais, s'il eftfrifé il fera plus beau, les groffes &
arges crinières chargent l'encolure, & la font pencher par fois, outre qu'elles déplaifent,
.font une véritable retraite de craffe & d'ordure à moins d'un foin extreme : ces larges
'nieres engendrent la galle aux Chevaux malpenfez.
La belle encolure eft encore plas neceffaire pour la beauté du Cheval que la petite tefte,
**, fi un Cheval a Pencolare fort longue, bien tournée, & tres-relevée, fans doute quoy
911 'lait la tefte un peu grolle, s'il fe ramene bien ; ilne Taillera pas de paraître beau, parri-
ul'erement s'il a la croupe large, fur tout eftant fous l'Homme.
Jean Tacquet qui a écrit du Haras, & de la connoiffance des Chevaux affezbien pour
°n temps, veut que l'encolure foit ronde & charnue depuis la ganaffe jufqu'aux épaules;
atlri>dit il, que le Cheval n'aye pas le deffaut des Chevaux Turcs, qui trop facilement plient
ec°l, maisl'ayant roide, & nullement flexible, il en tourne plus facilement à ce qu'il dit s
£ei'aifonnemenc eftoitbonily a deux cens ans que ce Cavalier vi voit, mais à prefent, nous n
enons pour un deffaut confiderable, lors que le Cheval a le col extrêmement roide, & qu'il
e le peut plier qu'avec difficulté. Je renvoyé ce Jean Tacquet.au Duc de Neucaftel, qui luy
era voir que l'un des plus grands deffauts qu'un Cheval puiffeavoir, c'eft d'avoir le col
0nd , roide & trop tendu.
,s Chevaux qui ont'une belle encolure, quoy qu'ils ayent la ganaffe quarrée, s'ils fc
„Piment bien & que le devant delà tefte foit étroit, paroiftront tres beaux ì & quoy qu'ur»
reyal ait la tefte belle, fi l'encolure eft difforme , il ne paffera jamais pour beau.
Y^ncolure outre l'agreement & la beauté qu'elle donne au Cheval, contribué aux bonnes
Miahcez qv'ildoit avoir, en ce qu'elle le rend leger, ou pefant à la main, félon qu'elle eft
enou mal faite; ce n'eft pourtant pas l'encolure feule qui rendra un Cheval leger, ou pc-
, nt a la main, ce feront les jambes, les pieds, & les reins bons oumechans, maisl'enco-
Ur^y a la principale part.
^ Au bas de l'encolure, c'eftàdire, de la criniere à l'extrémité, eft le garot qui doit eftre
,,eve i &c affez long, ce qui eft une marque de force & de bon Cheval ; de plus, ce garot
eve tient la felle en fa place, & l'empêche devenir fur les épaules, & fur le col, ce qui
j l£e d'abord un Cheval, & fion le veut empêcher., la croupière ne manquera jamais de
kl V.^Sai'ot élevé ne doit pas eftre charnu, car il ferait bien plus fujet àfebleffer, &c'tant
dfv'!e* tres difficile à guérir; que s'il n'a que la peau fur les os fans chair, il fera comme le
l.' avoir un beau & bon Cheval.
P'a Poitrine largage ouverte aux Chevaux de legere taille * eft toujours eftimée; mais aux
ouffins & gros Chevaux de Frize, elle eft prefque toujours trop large, ce qui les rend pe-
si cea'eftpas que pour les Chevaux deftinez au tirage, les épaules grofles nefoient tres-
B i                       bon-
-ocr page 12-
li                             LE PARFAIT MARESCHAL                        ,. rt.
Chap. bonnes ) car ils ont plus de facilité à tirer, & les harnois les bleflent moins,' nwenecna
ge ils font beaucoup plus pefans. Ayant par ce moyen lesqualitez d'un parfait Cheval
**• charette » lequel plus il eft attaché à terre meilleur il eft ,• & s'il a de !a gueule il fera a ie
rable •• tous les Chevaux qui ont méchante bouche, tirent bien la charette > mais non
caraffe» où il les faut légers, & qu'ils ayent la bouche bonne.
                                  . .,„-
Les épaules doivent eftre médiocres, plattes& déchargées de chair, la jointe qui
ne
poitrail petite, & toute l'épaule fort mouvante: un Cheval qui eft chargé d'épaules,
peut eftre agréable à la main, il fe laffera plûtoft qu'un autre » ilchoperaàrousmomens-
elles ne font bien mouvantes & qu'elles foient engourdies» (ce qu'on appelle des epau,
chevillées,) le Cheval n'aura jamais defoupleffe ny de gentillefle ; fur tout, s'il eft cha<g
d'épaules, les jambes en feront plûtoft ufées, fi avec ce defFaut il a encore l'encolure gr0''
parce que le poids de l'un & de l'autre uferabien toft les jambes qui fupportent toutCCI
deau continuellement dans l'écurie, comme en voyage.
                                               .
Les épaules font une des parties les plus considérables que le Cheval aye , puifqueeritC
ptant un Cheval, il faut y faire grande attention, & ne prendre pas pour une loûang?■ .
qu'on dit d'un Cheval qu'il eft large par tout : c'eft une louange pour la croupe ; mais s1'
trop large d'épaules» c'eft un très-grand deffaut.
                                                      -i fut:
Outre les moyens que jedonneray pourreconnoiftre un Cheval chargé d'épaules, » ts
remarquer celuy-cy : Le Cheval qui a trop de diftance d'un bras à l'autre tout au haut Ç°n.
les épaules; & qu'il y a plus d'undemy-pied fic'eft un Cheval de felle détaille ordina'
c'eft trop» & apurement ce Cheval fera chargé d'épaules. II peut auffi y avoir trop peU,
diftance, & le Cheval ferait ferré d'épaules, ce qui eft un notable deffaut; il faut q"
Cheval de taille ordinaire , aye environ un petit demy- pied, ou cinq pouces de diftance o
bras à l'autre, &que le Cheval eftant planté fur les jambes» ilyayemoins dediftance o
pied à l'autre qu'il n'y a au haut prés des épaules.
                                                            v£
Ceux qui cherchent les Chevaux les plus ouverts du devant ("qui eft avoir beaucoup
diftance d'un bras à l'autre prés des épaules) fe trompent bien fort, ils ont prefque roûj°u
trop d'épaules ; ce n'eft pasque jeconfeilled'en prendre de trop ferrez, car ils culbute" '
& tombent facilement dans lescourfes & mefme au pas » outre que la veuë en eft choqo£ »
& rend un Cheval difforme, & prefque tous (è croifent en marchant & s'entretaillent : n°'J
parlerons beaucoup de la connoifTance des épaules, en parlant de ce qu'il faut obferver qua
on achepte un Cheval.
Un Cheval doit avoir les reins doubles, qui eft lors qu'il les a un peu plus élevez auX£e
cotez de l'épine du dos, & paffant la main tout au long d'icelle on la trouve large, bien f°u '
nie & double par le canal qui s'y fait, que le dos foit ferme, point enfellé, depuis legar0
jufqu'aux hanches » mais égal, & bâti aprochant de la forme des reins de certains Mulets--
Les Chevaux quiont des reins bas font légers» &ont l'encolure haute, mais c'eft ur)de"
faut, on les nomme enfellez •' Outre qu'ils n'ont jamais grande force , ils font difficiles à b»e
feller, pour que la felle ne les bielle pas ; & de plus, ils ont ordinairement le flanc avalle »
qui les rend affez difformes.
                                                                                      .
Le tour des côtes amples & rondes, qui doivent prendre leur rondeur d'abord à Pep'
du dos» afin que les parties qu'elles contiennent qui eft lepoulmon & autres, ayent pw
d'efpacepour fe loger, & que les Chevaux ayent plus de boyaux & meilleur flanc.
         .
Il faut que le ventre fort médiocre aux Chevaux de légere taille, mais à ceux de car*0*
le plus grand eft le meilleur, pourveu qu'il ne foit pas entièrement avallé, comme celuy d un
Cavalle pleine, ou d'une Vache, maisqu'il foit épais» & comme enfermé dans les coi'es '
& qu'il s'étende aux côte?, plûtoft qu'en bas.                                                                   i
Les flancs doivent eftre pleins & au haut defquels il y a naturellement une épie eu m°
lette
-ocr page 13-
SECONDE PARTIE.                                       j?
«te de chaque codé, plus lefditcs épies s'approchenr l'une de l'autre par le haut des han- Chap.
cries c'eft d'autant mieux , & la marque fera meilleure fi elles fe voyent l'une l'autre.
2.
, De la dernière côte jufqu'àl'os de la hanche, qui eft proprement le flanc, il y doit avoir
ort peu <je dionee ( ies Chevaux qui en ont le moins, font ceux qui s'efflanquent peu ou point
flans le travail, &aucontraire :
La croupe doit eftre large Si ronde, les hanches tournées enforte que les deux os ne fe
Panent voir par le haut ; plus lefdits os font éloignez l'un de l'autre, meilleure en eft la
parque, & la croupe en eft plus large & plus belle ; mais c'eft un derfaut que ces deux os fe
n^yent, lors que cela eft le Cheval eft dit cornu par ceux qui ne font pas fort entendus, car
elevez que les autres Chevaux, &: même qui fe voyoient, mais finalement je les ay fort bien
ngrai(îez, & ils n'ont plus efté cornus.
. w croupe ne doit pas eftre avallée ny coupée, mais elle doit accompagner fa rondeur
Pqu'au haut de la queue, & eftre feparée en deux par un canal au Long d'icelle , où touche
13 «oupiere.
,f'faut q«e la queue foit ferme, forte, &fans mouvement, garnie de poil, le tronçon
°}t eftre groi & fetme , qu'elle foit placée haute, ceux qui l'ont trop ba'ie rarement ont les
je,nsbons, &nont jamais lacrouppe belle- il y a des Chevaux qui l'ont trop haute, ce qui
eur rend la croupe pointue, & en forme de prune, ce qui eft difforme.- Les Che vaux qui
fen,c,Peu<te poil àìa queue, font appeliez queues de rat, ils paffent pour bons , cette marque
Ule ne fuffic pas pour acheter un Cheval, pour la bonté il en faut bien d'autres, après atoir
'vi tout le corps du Cheval, il faut venir aux jambesde devant,
s^es jambes de devant ont différentes parties, chacune a fa beauté, le bras doit eftre large
nerveux, &lemufcle qui eft audeflous des arcs, marqué 17. hors de la jambe, eü gros,
rveux, & charnu d'autant mieux. Quoyque le canon foit menu, fi le bras eftfort, &
" ^.cemufcle foit fort gros, ilfuppléera en quelque maniere audeffaut du canon.
y ne autre obfervation pour le bras, eft qu'il faut qu'il foit long, les Chevaux felaflent
^oins, car comme la plus grande force de la jambe eft au bras, & lafoibleffe eft au canon
çjj au reftej il eft à préfumer que la partie laplusfoible étant la plus courte, il fera plus en
at dg refiler au travail, mais il n'aura pas un fi beau mouvement, c'eft à dire un fi beau plis
jambe au galop & au pas, ce grand mouvement efteequi fait laffer plutoft les Chevaux
' on deftine à courre ou à marcher le pas, mais c'eft ce qui les fait eftimer pour le manége.
our ]es chevaux de Manége tout au contraire, le bras le plus court eft le meilleur, puif-
le ulne^es plusbelles parties du Cheval eft d'avoir un beau mouvement en-cheminanr ; plus
ach raS e^ court> P^us ^ a de mouvement, qui eft unechofe fort à remarquer, quand on
tc)e^des Poulains, ou des Barbes au débarquer, lefquels on deftine au Manége, puis que
la v ■•eva' 1u' na Pas ce keau mouvement, ne peut jamais avoir de brillant ny donner daas
Il f '                                                         /
jjaau.Cun grand art, joint à une patience extrême pour leur former un air, la plufpart n'en
diffir?0!rit du tout de naturel: les Chevaux fans mouvement, quoy que dreffez, font tres-
c«es à tenir en école, c'eft à dire bien manians.
baiami-».» X. *"U_____1 1. _1.__I_____o-f___l.'_- —1_-
que 1 )àm^e du Cheval la plus large & la plus platte eft la meilleure, on leconnoiftra lors
'^Qul'f r fort détaché & éloigné de l'os, qu'il n'y a aucune humeur entre le dit nerf &
prefq" taJ!e paraître la jambe ronde: les Chevaux qui ont le nerf delà jambe petit, l'ont
I^bJi0u]0ur^présdel'0S' & font iujecs às'arondirlajambe : on appelle ces jambes là des
• « de bœuf, par la reffemblance qu'elles ont à celles du bœuf.
B j                               Le
-ocr page 14-
14                             LE PARFAIT MARESCHAL                           .
H A p- Le genoüil doit eftre plat & large, fans aucune gro'ïeur ny rondeur au deffus, le canon pIa '
court&large, & où l'on voye la réparation du gros os, &dunerf; & prés du boulet on o°
2" voir le petit os qui eft entre les deux, mais cela le void rarement, hors aux Chevaux de legsr
taille, comme Barbes & Chevaux d'Epagne; le gros nerf de la jambe doi teiere gros &fer'rl
fans eftredur. C'eft une des parties les plusconfiderables d'un Che. al que le nerf delà jarr)De>
les gros fans eftre enfiez font les meilleurs » toutes les jambes qui ont le nerf menu feront bifi .'
toft ruinées; le Cheval bronchera facilement, 8c par le moindre travail les jambes par°'
frront rondes; ce qui eft contre la beauté, encore plus contre la bonté.
Le boulet gros > pour fa taille, plat, & large fans enflure, couronne > ny groffeur > aya
un toupet de poil au derrière qu'on appelle le fanon.
Le paturon court ; fur tout aux Chevaux de legere taille, les pâturons trop longs font»0'
— ' bles, on les appelle longs-jointez > & ne réfiftencpas au travail ; les trop courts aux CheV'1
épaisfont qu'ils font bien toit buttez; s'ils ont avec cela le talon fort haut » les Chevaux N°"
mands font fort fujets à febouleter ; car ils font prefque tous trop court jointez.
Il y a des Barbes & des Chevaux échappez, qui font exceffivement long jointez, de >0^
qu'en cheminant ils portent le boulet prefque jufqu'à terre, qui eft une grande marque
foibleiTe en cette partie tout au moins, fi elle n'eft point univerfelle.
                                 i
Ce deffaut des Chevaux long jointez eft contre la beauté, mais plus effentiel contre la ^0^'
Il provient prefque toujours de l'eftalon qui a ce deifaut, ainfi il ne faut jamaisrhofîr d'ella*
de legere taiile long-jointe'.
                                                                                     ( ,
La couronne ncdoit pas eftre plus haute que le fabot, ny faire comme un rebord élevé1?
au tour, ce feroit une marque ou que le pied feroit defféché, ou que la couronne feroit p el
d'humeurs ,• ce qui engendre les peignes & autres maux qui viennent en cet endroit.
             .
Le fabot doit avoit la corne lurfante, haute & unie , la blanche eft ordinairement cafla0 ■ '
elle doit eftre de la couleur de celle d'un bouc pour eftre excellente, & tout le fabot doit av j
une figure comme ronde, un peu plus large en bas qu'en haut : il faut fuivre les parties du P
l'une après l'autre.
                                              .                                                    ., ^
Le talon haut & large, & l'un des quartiers du talon ne doit pas eftre plus élevé que
tre, c'eft-à-dire, qu'il ne monte pas plus haut dans le paturon.
                                       st
La fourchette bien nourrie quoy que menue', elle l'eft trop aux Chevaux encaftelez*
elle eft trop deffechée, c'eft un deffaut de l'avoir trop petite, comme c'en eft un de l'avoir £
groffe aux Chevaux qui ont le talon bas.
La folle forte & épaiffe > Se tout le pied Creux.                                                        J
Il faut de plus, qu'un Cheval fe plante bien fur fes membres, ce qui fait partie de fa ^ÊaUJ
&lors qu'il eft arrefté en une place, qu'ilyayt plus dediftance de l'un à l'autre des bra5,e[)
haut qu'aux deux pieds, c'eftàdire que les deux jambes fe doivent élargir plus enbaut<lu
bas; de cette forte le Cheval en eft plus afiuré fur fes membres, & beaucoup plus beau- ^
Ayant veu les jambes de devant, paflbns à celles de derriere, nous avons déjà parle
beauté de la crouppe, refte à examiner les autres parties du rande derriere.
                  ujf.
Les cuiffes doivent eftre longues & charnues, & tout le mufcle. qui eft au dehors de la .
fe y gros, épais & charnu : c'eft un défaut effentiel contre la beauté des Chevaux > l"rS Aj,
les cuifles ne font pas bien fournies de chair, & quoy que la crouppe foit admirablement ^£
le, files cuifles manquent de chaïrjfc fon feiches, un Cheval paroiftra ferré de derriere, °" fly
qu'il n'eft pas bien gigotté, on le connoift lors qu'on void une crouppe large, mais en de'
dant en bas les cuifles n'accompagnant pas > & manquant de chair font paroftre k<ierr u<
mal formé ; c'eft prefque toujours une marque de foibleffe au train de derriere. Les Chev
qui harpent font fort fujets à ce défaut, lequel me femble considérable.
                            el,%
Les jarrets grands & amples, étendus, point pliez ; fecs, larges, décharnez» oerV ^
-ocr page 15-
.                                         SECONDE PARTIE.                                       
* f°uples,. toutes lefquelles qualitez font autant pour faire de bons jarrets, que pour les avoir C h a p.
. La
jambe de derriere fera large & piatte, qui defcendra à plomb du jarret au boulet, les
'atnbes de derriere qui ne tombent tws à plomb, lors que le Cheval eft arrefté dans fa fituation
"burelle, dénouent qu'il y a foiblèfle dans les reins ou dans les jarrets; & lerefle doiteftre
eonfideré comme aux'jambes dé devant; aux unes & aux autres le moins de poil qu'il y peut
*voir 3 eft le meilleur, hors aux Chevaux de legere taille aufquels un toupet de poil au derriere
u boulet fied tres-bien , on appelle ce toupet le fanon,
                                            • • »
Un Cheval qui a les pieds de devant bons, ceux de derrière le font toujours, hors d'acci-
etlt ,Nc'eit pourquoy on ne les regarde que fuperficieiement & en paflant.
r Communément les pieds de derriere des Chevaux font bons quoy que ceux de devant foient
■oibles, lesfoyes ou pieds de bœuf font prefque lefeul deffaut qu'on y remarque» hors des
Pe'gnes à la couronne, des fies au dedans des pieds, & d'avoir la corne cattante,
j {1 notisrefte un deffaut à confiderer affez vifible, lors que les Chevaux font trop élevez fur
tes Jambes, c'eft-à dire, qu'ils ont les jambes plus hautes qu'ils ne les doivent avoir pour leur
a"'e ; leur beauté en eft diminuée, & font moins capables de bon fervice.
r Les anciens y ont déterminé unemefure, quoy qu'à mon fens il ne faille point-d 'autre me-
1 ruÊ ^Ue cc''e 1U' fejuge à l'œil, puifque toute perforine qui aura un peu d'habitude à voir des
nevaux, jugera facilement s'il eft haut monté : afin de fatisfaire les curieux fur ce point,
î1 peut prendre une ficelle & mefurer depuis le garot jufqu'au coude s il y doit avoir la mefme
'«ance depuis le coude jufqu'au bas du talon, s'il y en a d'avantage le Cheval aura les jambes
?P longues. Bien des gens mefurent les Poulains à l'âge d'un an, prenant-la dilfance qu'il y
u &as du talon au coude, & difent qu'ils croilTent du corps jufqu'à ce qu'ils foiènt autant éle-
j z au deiTus du coude, comme il y a de diftance du coude au talon ; parce qu'à un an les Pou-
Jnsont crû en hauteur de jambes ce qu'ils croiftront jamais ; c'eft ce que je n'ay pas trouvé
uJours véritable, quoy qu'il le foit à quelques-uns.
^marques curieufes Jur les Chevaux reprefenté^ en relief y ou en platte peinture.
Avant de commencer un autre Chapitre, où jetraitteray de la connoiffance des Che- CHAP.
vaux &■ des moyens qn'il faut tenir pour devenir ce qu'on appelle connoifïeur, je don-
jug»r neray quelques avis; qui pourront fatisfaire les Lecteurs qui aiment les Chevaux, car ils 3*
qu'il °"r m*e.ux c*'un Cheval peint ou reprefenté en ronde bofie , c'eft-à-dire en fculpture,
s ne feraient s'ils n'a voient par les lumières que je leur donneray.
curìrfr^ ^U' n'aura aucune connoiffance du deflein, & qui n'aura pas le goût de ces fortes de
prlte?' peut obmettre la leciure du Chapitre III. &pafleraufuivantquieftle IV.
bresn5tniere-ment' ceft une cho(2 certaine que tous les bons Peintres & les Sculpteurs cele-
Peut f^nt rien Cant à cœur que d'imiter l'Antique; ilsfonttous fort perfuadez qu'on neleur '
rePrenHlre^COnnoiftrc quils ayenC marKî> s'ils allèguent qu'on voit le deffaut duquel on les
Je Che 11anS 9uel<lue Piéce antiq,ie de ces excellens Maiftres ü célèbres : Par exemple, daDS
euxqu
          ^Empereur Marc Aurelle, & autres qui font à Rome & ailleurs. J'avoue avec
reçaLe"uxqiu ne fui vent par l'antique, n'ont pas le bon goût» particulièrement pource qui
les p' ^ corPs humain, mais en matière de Chevaux, quoy que les Anciens ayent obfervé
c;Uelqupor"?ns en beaucouo départies, ils ont manqué en quelques-unes, Et pour en donner
^quelle" ' Ie parleray dc I'attii:uclc ou de !a fituation, ce qui eft proprement la pofture en
<= «s oat placé les Chevaux qu'ils ont reprefenté, & je dis que la plufpart des attitudes
qu'ils
-ocr page 16-
I'.                 ,           LE PARFAIT MARESCHAL                          LeS
qu'ils ont donné aux Chevaux ne doivent pas eftre imitées au temps où nous fommes. ^
Chevaux des anciens n'a voient aucune écolle, & mefme tres-peu d'obeïffance, ils eitoie
plus étrangement bridez que les Cravates & les Turcs, ne le font en leur pais j & toutes}
actions qu'ils faifoient fous l'Homme, approchoient des mouvements de rage & de fufl^
parce que le Cavalier nefçavoit ce qu'il demandoit à fon Cheval, qui plein de fougue & u
deiespoir, faifoit des actions plus capables de faire remarquer fon emportement qu'aucu^
marque d'obeïflance &defubjedtion aux voiontcz du Cavalier: les brides mal-ordonnées ca-
pables de defefperer un Cheval, pouvoient beaucoup y contribuer, les Cavaliers n'eftai11 P ^
Hommes de Cheval, leursChevaux fans felles feulement couverts d'une houffe , les in?°"^
moloient eu forte qu'ils ne pouvoient fe tenir deffus, & fe tenant des éperons ils faii°ie"
faire à de tres-braves Chevaux des actions qui nous paroiftroient préfentement fi étrange*
fî extravagantes, qu'on ne pourrait fouffrir long-temps la veuë de pareils defordres > i0
contre toutes les règles de l'art.
Les Peintres & les Sculpteurs modernes s'attachent à imiter ces méchantes & épouvante"
bles poftures, parce que les Anciens lesontreprefentées, ilseftoient pardonnables» car/
n'en voyoient point de meilleures, ny qui fiftent paroifìre leurs Chevaux plas vifs , & P,
pleins de cœur, mais préfentement que l'art démonter à Cheval s'eft fi fort perfectionne»
& qu'on a trouvé les moyens faciles de réduire & de maintenir les Chevaux dans une entier
& parfaite obeiffance, &à n'avoir d'autre volonté que celle du Maître qui les monte : °
a veu & on connoift de plus en plus que les actions d'obeïflance dont le Cheval eft recherche »
luy font faire des poftures & beaucoup plus belles & infiniment plus agréables àia veue,
on trouve dans ces actions tant de giace & de beauté, qne tout ce qu'ils font au contraire'
déplaift » & ne fe peut fouffrir. De plus, comme l'art d'emboucher les Chevaux «'eftt0?
à fait perfectionné, les brides dont on fefertaujourd'huy outre qu'elles placent la tefte "
Cheval, & logent l'encolure dans la plus belle pofture dont le Cheval eft capable , fans &ir
ouvrir la bouche comme les mors des Anciens, qui déchiraient les barres & ne fervoie
qu'à leur faire faire les forces, & ouvrir une gueule épouvantable : car du moment qu u.
Cheval ouvre la bouche , l'action en eft fi déplaifante, & choque fi fort, qu'on dit qu
ouvre la gueule pardérifion &par moquerie, Et pourtant tous les Chevaux peints, ou e
fculpture des Anciens > l'ouvrent d'une fi étrange maniere, que c'eft la chofe du monde
plus horrible & la plus choquante, & enfin la plus méchante qu'un Cheval puiffe faire fc*3
l'Homme.
                                                                                                             . s
Tout cela fuppofé, je demande à tout Homme de bon fens, fi l'on doit imiter les ancI<V
en ce qu'ils ont fait de mal? S'ils n'ont peint que des Chevaux dans des poftures de rage >
dedefefpoir, ils n'ont pûfaire autrement, ils n'en voyoient point d'autres ■• mais pré'^nt j
ment de reprefenter fous un Roy, un grand Prince, ou un General d'Armée, un Che
dans ces actions de furie & d'emportement, ceferoit faire croire aux fpectareurs 1u^c.0jc
qui eft àCheval ou ne le peut faire obéir, ou n'a pas eu un Cheval obeïfîant; ce qu' a,
ridicule à penfer au temps où nous fommes, puifquelesperfonnes de cette condition ne m
tent que fur des Chevaux parfaitement bien ajuftez, & qui font dans une entière obéi!'30.'
avec la tefte, & l'encolure placée dans la plus belle pofture, dont le Cheval eft capable,
fant quelque belle pofade ou un beau paffage qui fait paraître le Cheval fier & fuperbe, >an
démentir de la parfaite obeiffance qu'il doit rendre àceluy qui le monte.
On me dira là deffus qu'un Cheval peint dans ces règles d'obeïffance, n'aura aucune gra >
& paraîtra mort fi on ne le reprefente faifant quelque action extraordinaire qui témoigne
nerf, & qui marque fon courage: il y a différence de reprefenter, c'eft à dire, de placer
Cheval dans une attitude qui le faffe paraître plein décourage, qui témoigne qu'il & e*l<e.
meraent nerveux: avec uue grande liaiibn dans fes mouvemens, & de le peindre dansîle ^
Chap.
-ocr page 17-
. .                                SECONDE PARTIE.                                   ff
le'Poir &dans la rage, comme ont fait les Anciens; & jecroy, &ily a apparence que je Chap.
e me trompe pas, que fi on le fait piaffer, ou qu'on le place bien fur les hanches, faifantune _
e"e courbette avec une aciion des bras, qui témoigne qu'il a un beau mouvement; avec cela 5'
1 ?n marque lesmufcles, les nerfs & les veines, chacun en fa place, il fera mille fois plus
*nifné, plusb.au &'plus agréable que ceux des Anciens avec leurs actions extravagantes > la
0l'c-he ouverte, ou faitant les forces, & l'encolure renverfée.
*~es Anciens ont mal placé la telle d'une partie des Chevaux qu'ils nous ont IaifTé en pein-
Ure ou en relief, il faut que la teffe tombe aplomb par le devant; quelque pofture qu'on
°nne au corps du Cheval fous l'Homme. Deluy faire étendre le nez en courant ouautre-
?ent comme ils ont fait, c'eft un deffaut confiderable ; il faut que l'encolure" prenne par en
5UC3 c'eft-à-direaulong de la criniere lemefme tour qu'un col decigne, qu'elle foittran-
a9te prés du crin , & que legozier vienne en talus jufqu'au poitrail, c'eft-à dire que le
S°2ier qui eft au deflbus de l'encolure, loitpour le moins quatre doigts plus avancé prés delà
eftr'k' I11'' ne ''eftPres du poitrail, & c'eft un deffaut s'il tombe à plomb, & l'encolure
1 ratifie j- que s'il eftplus en arrière en haut qu'en bas, c'eft une encolure renverfée ouen-
,-°'ure de cerf, que les Anciens ont prefque tous donné à leurs Chevaux peints ou gravez , &
°rtrnal, comme auffi de faire la criniere, c'eft-à-dire l'endroit d'où le crin fort, fort large;
.Particulièrement entre les deux oreilles, où l'encolure fera tropépaifle par en haut, ce
iUl cft un deffaut, il la faut plate aux deux cotez de la criniere en defcendant, & qu'il y
*ye peu de chair.
du' i Ur 'es oreiï'es' véritablement c'eft une belle action de les faire ferrer par la pointe plus
•jj e"es ne font vers le bas pour rendre l'oreille plus hardie, mais fi on les ferre trop, comme
^ aucoup de Peintres font, le Cheval fera orillar; ce que je ferois voir s'il n'eftoit ennuyeux
j | actacher à fi peu de chofe : il faut que la racine ou naiftànce des oreilles foit au plus haut
j ?ur les épaules c'eftla grande difficulté, les Sculpteurs difent que les grofTes épaules font
".P'usbelles: ce font les meilleures pour les Chevaux de tirage, mais tout Cheval de felle
j^'auroit les épaules larges, charnues, groPes & rondes, comme ils affectent delesrepre-
nter3 feroit un parfait Cheval de charette, car il feroit pelant, attaché à la terre > & ce qui
n f>P£He une grande carogne. Ils difent fur cela qu'il faut que lesmufcles paroiflent pour ani-
ci r u» Cheval, & s'ils ne font fort gros aux épaules, la jointe de devant fort avancée, un
épaeya!,"'aura aucune action, & paroiftra fansxforce; & je dis tout au contraire qu'une
jj0 e
r°rt chargée de chair ne fera paroiftre que^eu ou point de mufcles,- enparoît-il à un
une'1''112 ^ortoras? il en paraîtra auffi peu à ces groffes épaules fort charnues, & affurément
lui Caau'e f'are
a vec avec Peu de cnair * 1IU "'aura par maniere de dire que la peau fur les os ,
ils f COtnrr>e l'épaule d'un beau Cheval doit eftre , les mufcles & les nerfs paroiitront tous &
Cot eront naturels: que filon fait des mufcles & des nerfs à cette épaule ronde, ils feront
l'ap ,1,<YnptUTe
& peut eftre mal-placez, puifqu'on ne peut les appercevoir à un Cheval qui a
ipT11 e " charnue.
gVaneP'us> faifant ces groTes épaules avec la jointe qui touche le poitrail de la felle, fort
(Pépif' i'yatantdediftance&tantde largeur par le devant du Cheval, qu'il eft auffi large
carq." ^
de croupe, & c'eft encore la fuite de l'erreur des Peintres & des Sculpteurs
cule, °'V *lu'un Cheval pour eftre beau doive être ouvert devant; s'il l'efttrop, il eft défe-
fiancUXj & lent fon Cheval de charette : le devant des épaules du Cheval, c'eft-à-dire Jadi-
du de C'-U'1'
y a de '-'une * l'aiui'e > doit eftre feulement un peu plus de la moitié de la largeur
&T p0j'n^r,e,ou
des hanches : quand on veut parler d'un beau Cheval, on dit largede croupe,
^oy o
Paules ' c'etl a dire lesePaules avec peu de largeur de l'une à l'autre; c'eft pour-
' ricompare les épaules d'uri beau Cheval à celles d'un lie'vre: Jugez préfentement files
tomen.                                                                  c                        Peu.
-ocr page 18-
I*                          LE PARFAIT MARESCHAL                           &
Peintres ont raifonde faire de ïimonllreufes épaules quand ils ont deiTein de faire un beau
brave Cheval.
en ont jamais,- les boulets des jambes de devant ils les font ordinairement trop gros.
diroit à les voir qu'ils font enflez , & les pâturons trop longs, avec tout cela un pici tr°P.£ .^s
&" qui eft plus large que la jambe, ce qui eu défectueux entièrement. Pour les cuit es Us
font trop peu charnues, vous verrez à leurs Chevaux une croup e large , des feffes Çharnuf^
ce qui eft tres bien, & des cuiffes maigres & minces, ce qui eit mal ; le mufcle qui eit a c
doit eftre gros & charnu, lacuiffe bien fournie de chair ; il ne faut pas aller bien loin P .j
voir ce deffaut à un Cheval reprefenté en relief, dont l'on fait grand cas & avec raifon , ca
eft de la main d'un'éxcellent ouvrier ; ces deffauts de la cuiffe & du genoiiil que j'aymarq
y font tous vifibles
                                                                                                     • js
Lorfque le Cheval eft fur les hanches» qu'il fait une courbette oupoufïade; tout le p .
du corps s'appuye fur les jarrets : apurement en cet état tous les nerfs mulcles & veines
vent paroiltre, mais comme les Chevaux nereftent pas long-temps dans cette action»
Peintres au lieu de placer lesgroffeurs Si les enfoncemens où ils doivent eftre félon Ia natu »
en font trop > & reprefentent un jarret plein de coutbes, de jardons, ou d'efparvins »
melme font de gros plis au jarret, à l'endroit delafolandre jufqu'a deux & trois» ce1ulues
abfolument contre l'ordre: car ces gros plis font nommez des bourlets qui font des mari -
vifibles qu'un Cheval eft ufé, & fi un Cheval avoit ces grofleurs au plis du jarret, ilne fer
pasaflez fain & entier pour eftre reprefenté en relief, & s'ileftoit aftezbeau pour cela y j
moins il ne faudrait pas imiter fes deffauts » qui font les bourlets qu'il a au pus du jarret :
faut qu'un jarret foit large, ample, décharné & bien vuide; fi on y fait des grofleurs oU
n'y en doit pas avoir, au lieu de faire un beau Cheval on en fera un eftropiat.
                    i„3
Pour le boulet des jambes de derriere aux Chevaux que les Peintres reprefentent un' *'
hanches, ils font ce boulet, & la jambe de derriere tout d'une venue, & le paturon de me
me, comme fi le Cheval n'avoit point de plis au boulet, ce qui ne peut eftre > tout C"e
qui fait quelque action fur leshanches, par exemple; une coutbette > comme le boulet
la jambe de derriere peine fort, & que tout le poids du corps eft deflus, il faut qu'il p '
& qu'il plie fi bien que le derriere du boulet touche prefqu'à terrece qu'on peut voir tous
jours» & les Sculpteurs ne manquent jamais de faire les jambes de derriere, le boulet »
paturon tout d'une piece comme la jambe d'un chien, ce qui eft ridicule ; prefque tous
Chevaux que j'ayveus en ma vie peints ou en fculpture avoient ce deffaut.
                 ^          g
Les Peintres auront à me repartir que dans le naturel aux Hommes» ils aident à la'et
pour ainfi dire, parce que les corps les plus parfaits qu'ils choififlent pour leur fervir de m _
dele, ont des endroits ; que fi on les reprefentoit comme le naturel, ils ne feraient pastr
vez agréables, & on lescroiroit défectueux. J'avoue qu'il eft vray, mais ils le font P?j.e
que les Hommes parfaitement bien formez ont les parties comme ils les reprefentent ; les C
vaux de mefme fe trouvent rarement bien formez, & les plus beaux ne le font pas dans tou
leurs parties: ainfiil ne faut imiter que la belle nature & non pas ce qu'elle a de mal-far"1
& c'eft ce que font les. Peintres & les Sculpteurs, de groffir les épaules à un Cheval, &
luy faire des mufcles qu'il ne peut avoir, c'eft le rendre horrible, & d'un beau Cheval en fa
un Cheval de charette. Si ces Meffieurs les Peintres & les Sculpteurs lifcnt cecy, je croy qu ^
avoueront qu'il faut feulement copier l'Antique en ce qu'elle a de bon, & non pas en
qu'elle a de défectueux, car il ne l'eft pas moins pour eftre antique; beaucoup d'habiles ge.
-ocr page 19-
.                                         SECONDE PARTIE.                              , i?
■e leur art aufquels j'ay déduit ces raifons, font tombez d'accord avec moy de ce que j'ay dit. Chap.
Je fçay tres-bien que ce que le Grecs ont laiffé de bas reliefs & de manumens, font desMo-
*e les parfaits pour la Sculpture & pour la peinture, mais pour lesattitudes des Chevaux ce 3*
"eft pas cela, &c celuy que Monfieur Mignar a peint fous le Roy, l'année qu'il prit Mac-
ttric) & qui eft dans une des Salles de Verfailles, e'tle plus beau, le mieux deffigné, & le
'^eux 'ait, qui aye paru jufqu'à pielent,- car il eft placé dans les règles de l'Art eie la cavale-
*?e> &il eft dans la pure vérité comme il doiteftre; car il eft conforme àia belle Nature,
~ tout en eft iibïau, que celuy là peutfervir à jamais de modelle à tous les Peintres pour
étudier comment un beau Cheval doit eftre fait, qu'on l'examine à la rigueur fans preven»
l0n> ny entêtement, on avouera qu'on n'en a point veu de plus parfait.
*~î difgreffon eft un peu grande pour un Lecteur imparient & inquiet, qui ne fe metgue-
*eSenfoin que les Chevaux (oient bien ou mal peints, pourveu qu'il enayedebonsil luyfuf-
f}> peut-eiîre qu'il araifon, &que le fil du difeours m'a entraîné, je le prie deconfiderer
^tention quej'ay eu, & fi cela ne le contente, jeluydiray que j'ay eu plus de peine àl'é-
Cnre que luy à le lire, particulièrement perlonne ne l'obligeant à cette lecture l'en ayant
*vertî, ainfi nous voila quittes.
Nous allons parler de la bonté du Cheval & de fes deffauts, j'ofe efperer que tout homme
S1'1 fçaura ce que nous en écrirons, pourra fe dire connoifleur en cette matière : l'expérience
ay fera voir qu'avec facilité on y peut parvenir, s'il s'attache avec foin d'apprendre ce qui
j?' contenu dans les Chapitres füivans > ce n'eft pas affez de leslire une pu deux fois, il les
aut fçavoir, mefme après avoir leu , vifiter les Chevaux, & (uivre tous les articles qui vous
Ur°nt efté marquez, il faut du loin & de l'application à cecy, il y ade la peine à ceux qui
j\e l'aiment pas, lefquels peuvent s'affeurcr que difficilement ils deviendront bous connoifïeurs
s lls n'aiment les Chevaux.
■t-4 parfaite cennoijfance des deffauts du Cheval, ou ce qu'il faut obferver quand
on les achepte
, pour n'eftre point trompe'.
A Yant à traitter de la bonté des Chevaux, la principale chofe où l'on doit s'attacher, CHÀP.
còniìfte à bien examiner fi le Cheval que vous deftinez à vôtre ufage, a quelque deffaut, .
c
& s'il fera propre pour cet ufage ; car il faut d'autres qualitez à un Cheval de pas, qu'à *"
eluy qu'on delfine pour courre à la chaffe ; les qualitez d'un Cheval de manége font différen-
ts de celles d'un Cheval de voyage ; il eft donc de la prudence (outre les deflauts particuliers
chaque Cheval) de confiderer s'il eft propre à l'ufage où vous le deftinez. Il eft très-difficile
, donr
mer des préceptes par écrit qui paiftent enfeigner à connoiftre autre chofe que ce qui
^rrv-ìle Penderete i car pour acquérir une parfaite connoiffance du fond, ou de la reflource,
„ nerf & d'une certame Ûaifqq dans les mouvemens, de l'agilité, de la bouche, de la force,
Val 'a Sentilleffe d'u i Cheval, s'il fera pour un Maître, ou fi ce ne fera qu'un Cheval de
n .^ > peu de gens foin capable? de cetre déÜcatefle , & c'eft ce qui fait difeerner un bon con-
tusi jr d'avec un médiocre : tous ics deux peuvent juger de Penderete, c'eft à dire que le
la -^re deffaut ne leur échapera, ny à l'un ny à l'autre j mais l'un jugera de l'agrément, de
no&eptillefle . de la force 1 ante qüi-fe trouve dans fes mouvemens, oud'une force rude &
SejUeei enfin *'on difcern:ra qu'au Cheval fera pour le fervice d'un Prince, ou d'un grand
pin ^i5 & 1>autre j^ra feulement que le Cheval eft bon & fans deffaut» & ne pourra
Wfftr£u^re^e ' ö^ c'eit ce que l'on ne peut que difficilement mettre par écrit: il faut une
sue habitude, & avoir le goût fin; je vous en diray tout ce que j'en feay, qui eft peu de
C x                             cho-
-ocr page 20-
20                               LE PARFAIT MARESCHAL                            de
C H A P chofe » mais ile^ difficile de parvenir à cette délicateffe de connoif'ance fans eftre HomBie
' Cheval; avoir une grande expérience -, &avoirmontéune infinité de Chevaux: néanrtio
4* afin d'y proceder avec methode, quand voas aurez jette l'œil fur quelque Cheval qui vo
agrée, 8c dont la taille répond à votre delTein ou à vôtre humeur; car les uns veille1^
grands Chevaux, les autres de petits; quelques uns les veulent longs, d'autres les veuje
courts & ragots ; les tmsépais, les autres dé légere taille ; & cet amour qu'on a pour les din
rentes tailles doit eftre conforme à l'ufage qu'on en veut faire ; par exemple, un Cheval
aller fur le pavé doit eftre lar^e prés de terre, ce qu'on appelle écaché : un-Cheval de cet
taille ne feroit pas p-opre à courre à la chaffe; car il auroit apurement trop d'épaules, & tr J
peu d'haleine pour aller loin; & trés-peu de vïtefle : Vous devezentreraudeta.il, &^-û
ordre confiderer chaque partie en particulier, qui vous donnera une afluréeconnoifi*ance<ie ,.
bonté du Cheval que vous voulez choifir, afin qu'il foit pro; reàl'ufageoù vous ledetti n£Z-
ce qui eft le fuperfin de la connoiflance des Chevaux, puifqu'il va au nécefiaire.
Pour connaître l'âge des Chevaux..
CHAP. "OOur commencer, il faut examiner Page; & prendre l'une des branches de la bride av?c
ffla main gauche, crainte qu'il ne vous bleffe avec les pieds de devant, laquelle vous hal,. '
5* . rez & de l'autre main luy ouvrirez la bouche, luy prenant le menton, pourvoirla8
qu'il a, ce que vous connoiitrez en cette forte affez facilement.
Le Cheval a quatre fortes de dents, l'on contraili fon âge à quelques-unes, 'les autres le '
vent à mâcher les alimens, dont il fefubitente; les premières qui leur viennent, f°nC -
dents de lait, qu'il met bien-toft après qu'il eft né, ee font de petites dents fort blanches, ^11
ne font point creufes, & qui font faciles à difcerner des autres : les fécondes font les crochets,
&lestroifiémesfontlesdencsquicroiffentàla place des dents de l'ait; defquellés celleste
coins nous font connoiftre l'âge : les coins font placez prés des crochets, & aux deux core
des dents de devant; quelques-uns s'arreftent à regarder aux dents de deiïus, mais c'eft leu'e'
ment dans l'âge avancé, lors qu'on ne connoît plus rien aux autres.
                       -             .i
Peu de temps avant que le Cheval ait atteint environ trente moisiq'i eft deux ans &r demy.'1
encore douze dents de lait au devant de la bouche , fix deffus & fix defious f je ne parle po'"
des dents mâchelieres) à trente mois, ou peu de temps après les trente mois, il en tomo6
quatre, deux deffus & deux deffous; à quelques Chevaux elles ne tombent qu'à trois ans»
il n'eft pas fî jufte, nyfi réglé qu'elles tombent ou fe déchauflent à trente mois: il vient a la
place de ces quatre dents de lait qui font tombées, quatre autres qu'on appelle les pinces,
qui font les dents du milieu, ce font celles avec lefquelles ils paiffent l'hetbe ; vous noterez
que les dents qui viennent à la place des dents de lait, font beaucoup plus grandes, ?}aS
fortes & plus larges, auffi ce font celles que les Chevaux gardent le refte de leur vis»
n'en ayant jamais d'autres en cet endroit.
Lors qu'un Cheval n'a mis, c'eft à dire n'a changé qua deux dents deffus & deux deffoUS,
ces dents qu'il a pouffé à la place de celles de lait, on les nomme les pinces, il eft certa"1
que le Cheval n'a que trois ans tout au plus > & ordinairement il n'a que trente mois »
qui eft deux ans & demy.
A trois ans & demy, rarement à. quatre, il tombe encore quatre autres dents de la'^»
deux deffus & deux deffous à côté des pinces, il en revient à leur place quatre autres, auffi
groffes, auffi larges, & auffi fortes que les pinces ou à peu prés, que l'on nomme les dents
mitoyennes parce qu'entre les dentsdu'-eoin&: les pinces, elles font mitoyennes j lorsqu'un
-ocr page 21-
SECONDE PART/E.                                      21
V^eval a changé quatre dents deifus & quatre deflous , on peut dire qu'il a trois ans & Chap.
e"ny . Se fort Couvent quatre.                                                                                            c
ïl rette en cet e'tat au Cheval feulement quatre dents de lait aux quatre coins, lefquellesil J'
Change à quatre ans &demy, & c'eft le plus ordinaire : vous voyez à préfent par quel ordre
'es dents changent aux Chevaux, fçavoir à deux ans & demy , qui eft à trente mois, quatre
r5-nts» qui font les pinces; à trois ans & demy , celles d'auprès les pinces-, qui font les dents
?Vtoyennes entre les coins & les pinces; à quatre ans & demy celles des coins : il eft donc
S^ceGaïre pour bien commencer à connoiftre l'âge des Ch:vaux par les dents, de fe mettre
à°^emeiH dans ia mémoire deux ans & demy, trois ans & demy, quatre ans & demy ; c'eft
a dlre> quand ils ont mis feulement deux dents defius & autant deflous, qu'ils n'ont que deux
gS & demy, s'ils en ont mis quatre deffus, & autant deflous quüls ont ttois ans & demy : s'ils
115*nt mis fix deffus, & autant deflous, qui eft avoir tout mis ,-qu'ils ont quatre ans & demy.
j *' eft à noter que les deux dents des coins pouffent à la mâchoire d'en haut avant qu'à celle
,e deflous, & que les crochets pouffent & font hors delà jancive de deflous > avant que ceux
^f deffus; & fouvent les Chevaux font fort malades lors que les crochets de defllis leur percent,
,- Jamais ne le font lors que ceux de deflous percent ; il y a des Chevaux qui n'ont plus de
cpts de lait, & n'ont pas encore percé leurs crochets d'enhaut, quoy qu'il ayent mis les
°!,ls > (qui font celles qui reviennent à la place des dernières dents de lait,) & où l'on
wnnoift l'âge des Chevaux.
JU refte à parler des crochets ou crocs, qui ne font pas comme les autres dents; car ils
e 'ont pas précédez par les dents de lait, ils viennent tout d'abord environ à trois ans &
etny^ j c>eft une des p]us arfurées remarques que -celle qu'on fait aux chochets pour l'âge
eL^Chevaux : Nous en parlerons en fon lieu.
eii u moment que les pinces & les mitoyennes font déchaufiées ou (orties de la jancive,
les. font toute leur croiflance en quinze jours ; mais les dents des coins ne croiflent pas
" "peu de temps , ce n'eft pas que dés leur naiffance , elles n'ayent autant de largeur
i!e les autres ; mais elles n'ont de hauteur qu'environ l'épaifleur d'un écu blanc & font
anehantes ; il peut arriver que les coins paroiftront prefque en mefme temps que les
c^0chets, quelquefois avant , prefque toujours après, car le plus ordinaire eft que les
°5nets viennent avant les coins.
J ay vu en Allemagne, la guerre ayant confommé beaucoup de Chevaux, que lesMa-
1 'gnons leur arrachoient les dents de lait dés trois ans, pour obliger la nature à pouffer les
^ oiies plûtoft; & comme un Cheval de trois ans n'eft pas propre à la guerre, mais qu'à
pQatre & cinq on commence à s'en fervïr : eux afin de les vendre > ufoient de cette adrefîe,          . "
'ries faire paroiftre de l'âge de quatre & cinq ans, qui eft un âge où les Chevaux d'AUe-
p*.'CK allez rare qu'une Cavalle ayt des crochets. lorsqu'elle en a, ils font beaucoup pli
de^Its l1'6 ceu* d'un Cheval, ils ne fervent pas à faire connoiftre fon âge, il y a mefme
lir§etlS qui eftiment moins une Cavalle lors qu'elle a des crochets, & je fuis deleurfen-
at](5s Chevaux qui mangent du grain dés leur jeunefle, c'eft-à-direàdeuxans, où à deux
trg ,■ my» ou mefme de la paille, paroiflent à la dent plus âgez qu'ils ne le font; carou-
g.^1* ils mettent plutoftbas les dents de lait, ils les changent en d'autres dents qui s'ufent,
Par ce moyen la marque s'efface, comme nous expliquerons cy-après.
Poufl°rS ^-ue 'e Cheval n'a plus dedents de l'ait, & que fes coins commencent feulemçnt à
danler> ?! eft dans les cinq ans, c'eft-à-dire, qu'il en a environ quatre & demy, & mange
^ c'n4 j comme.on dit 1. & c'eft une commune façon de parler receuc de tout le monde,
C 3                              lors:
-ocr page 22-
li                              LE PARFAIT MARESCHAL                         ,,In»a
rHA.p„ lorsqu'on dit les coins rilant pouffez que le Cheval a cinq ans, & ils difent toujours q1 «^
° que cinq ans, jufqu'à ce que la dent foit auffi haute dedans que dehors, comme j
)• piiqueray.
                                                                                                     . anre's
Lors que les coins pouffent, il femble que la dent ne faiTe que border la janave > i ^
elle croît peu à peu, & à cinq ans faits » elle eft hors de la jancive, comme je ''ex',',ihan-e,
& la différence de cette dent aux autres qui font auprès, eit qu'elle eft comme lI*n,~ ■ " ,j
& le dedans eft encore tout plein de chair, enfuite àmefure que la denteroift, 'aC a ^
eftoit dedans fe retire, & il refte à la place un creux qui tient toutlededins deladeU ,
quelle n'eft point platte encore par le haut, c'eft-à-dtre qu'elle n'eft pas fi haute par
que par ledehors, comme elle eft un an ou environ après que le coin a pouffé. _
          -, je5
Je récapituleray le tout pour le faire entendre clairement: un Cheval qui a-pou ^
coins j d'abord la dent borde feulement la jancive par dehors > & le dedans eft gar ^
chair jufqu'à cinq ans 5 ainfi lors que la dent du coin eft pouffée, & que tout lededa
plein de chair, dites aifurément qu'il n'a pas encore cinq ans, parce qu'à cinq ans 'a -j,
qui eftoit au dedans de la dent, éft toute retirée -, de cinq à cinq &demy !a dent du
demeure toute creufe par le dedans, &cétefpace où eftoit la chair demeure vuide, el
de la forte jufqu'à cinq ans &demy; de cinq &demy àfîx, ce creux qui eiîoit au
s'emplit, la dent croift, Sz eft toure égale par le haut, dedans comme dehors, & P _ 0$
il ne refte qu'un creux au milieu » & elle eft auffi haute par lededans que par le dehors - ^
remarque le creux au deffus de la dent, qui eft formé comme le germe d'une fève feche, .
lors on dit que le Cheval entre dans les fîx ans : car tout auffi long-temps que la dent du
n'eft pas auffi haute par lededans comme par ledehors» on dit qu'il n'a que cinq ans» q'
qu'il en aye cinq & demy, &fouventfîx.
                                                                  . c£t
Cpmme la chofe eft de conféquence, fouvenez-vous qu'à deux ans & demy 1« Pin j.
viennent, à trois ans & demy les dents mitoyennes, & à quatre ans & demy les coins » H
lont pleins de chair par le dedans, & font feulement Pépaifleur d'un écu blanc hors u .
jancive, & cela dure de la forte jufqu'à cinq ans,- de cinq ans à cinq S: demy, la^jnLor5
coin refte toute creufe parle dedans, c'eftàdire, que le dedans n'eft pas fi haut que le "*jöy
qui fe trouve hors delà jancive environ l'épaiffeur dedeux éçusb'ancs; de cinq ans & ,.ji
à fîx, ce creux qui eftoit dedans fe perd, & la dent fe trouve égale parle haut à fîx ans > c*"-
à dire, auffi haute par le dedans que par le dehors, & demeure feulement creufe par '* .^
lieu, ce creux reffembJe au germe d'une fève féche» & la dent eft hors de !a jancive l£P
feur du petit doigt : voila l'âge expliqué fort clairement jufqu'à fîx ans» &peut eftre tr ^
au long. ''              ' .          V «                                                         • nnes
Depuis que le Cheval eft parvenu à cet âge, on ne regarde qu'aux coins, aux mitoyen .
& aux crochets, pour connoiftre fi un Cheval marque, parce que les premières dents q-^
viennent à un Cheval après les dents de lait font les pinces, comme ce font les PreItl!enrs
Venues, ce font celles dont la marque s'ufe &c s'efface pkirolt: enfuite viennent lfS 't s
metoyennes à côté des pinces» & celles là s'ufent auffi & la marque s'efface, les dern!eJ\j
qui viennent font les coins, & c'eft donc feulement à celles là qu'on regarde file ^„ ,_
marque» on n'a rien ou fort peu à voir aux auttes, puifqae lamatque eneftufée &eftace
horsque le Cheval fût begut, comme je l'exdliqueray cy après'
                                        e
Un Cheval eft dit marquer , lois que les coins font creux & noirs dans le milieu:
n'eft pas afîez qu'il foit noir, ii faut qu'il foit creux de l'épaiffeur environ d'un double &PIU '
& le noir eft au fonds du creux.
                                                                                      {
Le Cheval à fîx ans, marque de la fa çon que nous avons dit, & la di te dent du coin eft h°
delà jancive de l'épaiffeur du petit doigt, à quelques-uns davantage, mais de peu.
          .
A ëx ans complets, le Cheval aura les coins, le travers du peut doigt, hors de la.'a
-ocr page 23-
SECONDE PARTIE.                                       23
£lve> &r le creux noir fera dininué, & le crochet feta long autant qu'il le peut eftre ; nie,-. Chap.
ns la dent fera encore plus longue, environ comme le fécond doigt, c'eftàdire le doigt an
"'aire, &iecreux bien-fortdiminuéouufé.
                                                                        J' .
» ** à huit ani le Cheval aura razé, c'eftàdire que la dent n'aura plus de creux noir; &
Çra toute unie , ce qu'on appelle razé; &fera l'épaiiîeur dutroiftéme doigt hors delà jan-
lVe ■' il faut donc depuis que la dent du coin a poulie, remarquer fa hauteur hors delà jan-
'ye pour bien difeemer l'âge, outre le creux noir qui doit toujours eftre au milieu de la dent,
vous ferez cette obfervation en cette forte.
. A quarre ans & demy jufqu'àcinq, la dent du coin fera hors delajancive l'épaifTetird'im
,Cu blanc .- de cinq a cinq & demy, elle fera haute hors delà jancive environ l'épaiiîeur de
eux écu* blancs,- & à fix ans de l'épaifleur du petit doigt ; àfeptans dei'épaifiçur dufecond
j. !8r 5 à huit ans de l'c'paitTeur du troifiéme doigt ; ces épaifleurs font ainfi diftinguées pour
la jlr<*e mémoire 'oca'e à ceux qui veulent s'inftriiire : quand je dis épaifTeur ou hauteur de
çj. enc> c'eft-à-dire longueur; & quand je parle des doigts, j'entends les doigts delà main
'"Homme de taille ordinaire.
jupHuelque demy-feavant dira que voila bien des fois répeter une même choie , &• qu'il
Kiloit de l'avoir dit une; que l'âge n'eft pas unechofe fidirfxile àfeavoir pour qu'il faille
U'e & redire lifouvent; Je répondray à ceDoâeur, que jen'ay pas écrit pour luy, &
t ece'uy qui l'aura leu àdeflein d'en profiter, ny trouvera pas à dire; au contraire il s'en
•Pavera foulage & éclairai.
r7 eit une opinion commune &receuë de tout le monde, que les Chevaux ontabiolument
que. a huit ans, mais j'en ayveu grand nombre qui n'ont point encore razé à neuf, lef-
p sfelon la methode ordinaire, paffen t pour n'en avoir que fept, mais cela importe peu,
jlv^11 qu'on les croye jeunes, puifque la jeunefle ou vieillerie des Chevaux confiite un peu
huiS P'n'on » quoy qu'en France elle fafle partie de la valeur & du prix ; car au deffus de
kt ans>.''snc dans leur force & bonté, & en état debienfervir, & tres-fouvent ils ne
que°i"C P°'nt avant ' fur tout 'cs Chevaux de Breffe d'Auvergne & de Limofin ; & c'eft l'ors
Poin °n n en veut P'us en France » quand ils commencent à eitre bons, pourveu qu'ils n'ayent
"ceftéufez dans leur jeuneile.
qU)Ux Chevaux de Manége & aux Chevaux de Guerre» on ne s'attache pas lì fort à l'âge,
ac| n ei1 fafle une partie de leur prix : parce qu'il faut long-temps pour rendre un Cheval
ferv ""r ^0LIP'e> & aïté> lorsqu'on ne le veut pas ufer en le dreflant, & qu'on luy veut con-
p0l]er ^ gentillette : il eu mal-aifé qu'on les puifle trouver à fix ans en l'état qu'ils doivent eftre
dan« I» COnfirmez & capables de pouvoir donner du plaifir dans un Manége, ou pour fervir
s'ils 0cca^onàlaGuerre; ainfi quoy que les Chevaux ayenthuit ouneuf, mefme dixans,
qUen Ilc toutes lesqualitez d'un bon & brave Cheval, onnes'arreiiepas à ce qu'ils ne mar-
de (j/ P s » & on les achepte fort chers, fans faire confifter une partie de leur valeur à cet âge
ans, comme on fait aux Coureurs & autres Chevaux,
bon Uc,omPte des François, qui n'eftiment que les Chevaux de fix'ans» un Cheval neferoit
fond^UUnan' vovez je vous prie s il n'eftpas ridicule de fe foumettre à une opinion fi mal-
den C' ^ue den'eftimer un Cheval que pendant un an ; adieu tous les Chevaux deBrefîe,
eftj erSne>> deLimofin, &autreSqui ne font dans leur bonté qu'à huit ans; finousneles
fbttîf ns1u'a^xanSj jamais nous n'en aurons de bons : peut-on s'imaginer une plus grande
lors J ?ue ceHe là ? de ne vouloir les Chevaux que lors qu'ils ne valent rien, & les rebuter
çMu Us font bons & propres à fervir.
Cheva un affez grand abus de s'attacher fi fort àn'acheprer pour fonfervice que de jeunes
foraj "X: car outre que la jeuneile fait une partie du prix, fou vent quoy qu'ils foient bien
» & qu'on doive attenute qu'ils ferviront long-temps fans s'ufer, nous en voyons
-ocr page 24-
44                             LE PARFAIT MARESCHAL .          vent
Chap
quis'ufent les jambes dans un an de fervice, qui s'eftropient les jarrets, &qui n?P je
réfifter au travail, &mefme qui deviennent aveugles, quoy qu'on lesayeachepte a ^^
5* tres-bons yeux, &ainfio,i onperdabfolument la valeur, ou on les revend avec perte,^
lorsqu'on achepte des Chevaux à neuf òu à dix ans, qui ne font pas ufez , avec les ) 'eZ
bonnes, le flanc & les autres parties de m ;lme , on eft afluré que puifqu'ils fe f°nt con u011
jufques-là fanseftreruinez, qu'ils font bons, Se dureront long-temps, eftant dans leur ^
& force; Et ce que j'y trouve de meilleur, c'eft qu'on achette ces fortes de Chevaux u
& la moitié meilleur marché que les jeunes, & fouvenc ilsfervent plus long-temps >g
Je rifque n'en eft pas fi grand que d'achepter de jeunes Chevaux, dont vous etïïiyez ^^
l'incommodité & le méchant fervice, pendant qu'ils font jeunes, incertain que vous
s'ils reüffiront; néanmoins comme c'eft lepaneau dans lequel toutes lesperfonnes pe ..
vantes en ce metier donnent facilement > je confens qu'ils acheptent de jeunes Cn
fort chers, qu'ils ne les gardent qu'un an, & qu'ils y perdent la moitié, & fouvenc m fC
tout le prix, puifqu'il leur agrée de la forte: après ce que j'en ay dit, jelaiffe chacun
à fa mode.
                                                                                                    _           £I1S
Je diray encore qu'il en eft des Chevaux tout au contraire des Hommes: les jeunes g^
travaillent & fupportent incomparablement mieux la fatigue que les vieux, les ^"eaet)<c
tout au contraire tiavaillent mieux vieux que jeunes 5 les Hommes dans la jeunefle man» ^
& dorment mieux que les gens dans l'âge , les Chevaux tout au contraire mangent in _
parablement d'avantage eftant vieux que dans la jeunefle, &fe repofent mieux; ^. vaUjt
ment il faut faire fon compte que toute la fatigue de la Guerre ne fe fait qu'avec des ^ ear
de moyen âge, & qu'on n'en voit gueres mourir devieillcfle à la Guerre, mais toiij°lir '
des accidens qui feraient auffi bien arrivez à des jeunes.
                                                 ons
Il faut remarquer que les dents s'ulént à l'endroit de la marque, qui eft comme nous a
dit ce creux noir, comme eftant le lieu qui a beaucoup de peine, puifque c'eft de la 1*eflt
Cheval paift l'herbe, qu'il tire le foin & la paille duratelier; néanmoins elles ne lai
pas de croiftre infenfiblement : & comme avec le temps la jancivefe décharné, elles 'eS. -j
paroiftre plus longues; il eft certain que plus la dent eft longue, plus le Cheval eft v ^
dans cet âge avancé , elles amaflent delà rouille, & deviennent jaunes : il y apourtan
vieux Chevaux qui ont la dent courte & blanche, on dit d'eux qu'ils ont belle bouche p-
leur âge : Il faut encore remarquer qu'il y en a qui auront une marque notre tort long-te Y
après les huit ou neuf ans, mais elle n'eit point creufe; c'eft pourquoy on ne doit po>n
arrefter, quoy que fouvenc les Marchands la débitent pour bonne marque, dilant qu ", :t
l'ont pas faite, & qu'elle eft naturelle : mais quoy qu'elle ne (bit pas artificielle , on ne <■ ^
pas s'y arrefter ; car quoy que les Chevaux ayent cette marque noire fans eftre creute >
qu'elle foit naturelle, elle ne lignifie rien pour l'âge, & les Chevaux n'en font pas P
jeunes.
Pour (fonnoiftre l'âge d'un Cheval qui ne marque flus, ir edu-j qu'on appelle begu
comme aujfi ceux qui font contremarque %.
pas plus mal pour ceux qui le liront.                                _ .            .,                     . et
Lors qu'un Cheval a razé, que les Italiens appellent Cavallo ferrado : on ne peur jlI&^
-ocr page 25-
d                                         SECONDE PARTIE.                                      y
«a 8e qu'à la longueur des dents, ou au crochet; premièrement à celuy dedefïu?, lequel ChaP
itprefque vis-à-vis de celuy de deffous, il faut y toucher avec ie doigt; s'il fe~ trouve tout •
e & égal au palais, le Cheval a dix ans du moins: il n'eft pourtant pas fi afiur.i qu'il ne ",
T^nque quelques fois, principalement fi le Cheval dans fa jïunefie a porté une plus grafìe
rtiboüchnre qu'il neluyconvenoit, qui peut avoir nie lecrocou crochet avant le temps : je
ay veii cette remarque manquer que rarement.
Ou fait auffi une fort bonne remarque au crochet de deflbus, les jeunes ChevauxTont pointu
-u ajgu , médiocrement grand, tranchant des deux cotez, bc n'y ont aucune craffe ; en
'e!hiiïant les crochets grandiflent, s'émouffent, s'arondiffent, & deviennent craffeux,
o aux vieux Chevaux ils deviennent fort gros & ronds, & finalement ils paroiflent tout ufez
^ Jaunes.
Le crochet dedcffus dénotte auffi la jeuneffe : car fi le Cheval n'a que fix ans, il fera
- Peu canelé par le dedans, & creux en quelque maniere : lors qu'il paffe fix ans il s'ar-
°ndit par le dedans : cette remarque eli fi bonne qu'elle n'a jamais manqué ou trés-ra-
'errient.
_, *> faut donc s'attacher extrêmement à connoiftre les crochets, c'eft une des plus afîu-
es marques qu'on puiile avoir aux Chevaux pour connoiftre leur âge, & avec cette re-
çarque jointe à la dent du coin , il fera mal-aifé qu'on ne juge fort bien de l'âge du
on            ^ les crochets lont les plusafiurées marques pour connoiftre l'âge des Chevaux;
j Peut mefme connoiftre fi un Cheval eli fort vieil, en levant fa lèvre dedeflus : s'il a les
ej,nts exceffivement longues , c'eft une grande vieillefle : on remarque tout d'un temps fi
j f? font ufées dans le milieu; ce qui ferait connoître que le Cheval a le ticq, qui eft un
. ttaut : &hors de voir manger un Cheval on ne le peut connoiftre ; que fi onapperçoit les
ntsdont il appuyé contre la mangeoire pourticquer, ufées & pourtant longues aux deux
ez, on conclud avec aflurance quele.Cheval eft ticqueur & vieil.
Les autres remarques font prefques incertaines, comme eft d'avoir recours au noeud delà
jleu^î d'autres auply cle la lèvre de deflbus, & d'autres à différentes remarques , aufqueU
, Jen'ay jamais trouvé beaucoup de certitude. Ala queue, ildefcend ou tombe un noeud
j lx Cu douze ans; un autre fécond tombe ou defeend à quatorze, on leconnoift enpaflanc
c main au long du tronçon, depuis l'endroit ou porte la croupière en bas, ceux aufquels
pe remarque agréera, peuvent s'en fervir, pourmoy jel'eftimepeu.
"°ur la connoiltance qui fe 1......."
lltr?ic aflezheureufement l'âge par cette marque. II s'yprenoit en cette maniere, il re-
aV î^ c°mbien le Cheval a de plis, ou dérides à la lèvre de deffous, quand on la pouffe
._ ?c «Kiain en haut, & autant qu'il en remarquoit, autant d'années il donnoit au Cheval;
i 'voudra s'étudier à cette forte de connoiflance, il luy fera permis.
fi eli "^011 Part'cuuer ? J'ay recours aux jambes lors qu'un Cheval ne marque plus, pour voir
tin '0nt helles & bonnes: au flanc s'il efttroufle & non avalé, s'il eft frais, fans alrera-
m3. 'i aux pieds s'ils ne font point ruinez ; & finalement, fi le Cheval rru âge bien, & s'il
tach en 'a maiJ'ere que nous expliquerons cy-aprés : voilà les figues de jeuneffe où je ra'àt-
■Penr' nia's cotnrne en Che vaux plus qu'en toutes autres affaires, chacun à :onhunieur &fa
qj ee> je -vais déduire les plus affurées remarques qu'on peut faire pour connoître 1 âge des
evaux qui ne marquent plus.
*ieill0ff^Ue^es'a^eres(ont exceffivement creufes, c'eft prefque toujours une marque affurée de
l'an ^ ' W 4"e les Chevaux engendrez de vieu~ eftallons ayent lesfaliieres creufes des-
V\ e quatre ou cinq ans, comme auffi les yeux ridez & enfoncez.
f s, que l'os de laganache, trois ou quatre doigts plus haut que la barbe, tirant en haut,
T«me IL
                                                    6 v                       I)                           Cft
-ocr page 26-
16                          LE PARFAIT MARESCHAL                           
ChAP. e^ tranchant, c'eft à dire, qu'en paflànt la main deiîus on le trouve aigu , c'eft une "! **eS
6.
' affûtée de vieiîleffe ; que s'il eft rond c'eft une marque de jeunefle, il eft confiant qu aux■) ^_
Chevaux cet os eft toujours rond & aux vieux il eft tranchant ; lors qu'on y a un peu          £
tude avant de jamais ouvrir la bouche d'un Cheval, on juge à peu prés de fon âge en ma
cet os de la ganache : la remarque eft très-bonne.                                                             re
On tire la peau fur la ganache avec deux doigs, ou fur lépaule, & lors qu'elle dem
long-temps fans reprendre fa place , c'eft une marque que le Cheval n'eft pas jeune , p
elle demeure à s'en retourner plus il a d'âge : il ne faut pas faire un grand fond fur c
observation , car la peau d'un Cheval maigre quoy que jeune fera plus long temps à fe rem
en fa place que d'un vieil qui fera bien gras. Mais pour la {uivante elle eft très-bonne :
pinces de deffous, quand le Cheval vieillit, vont en avant, & dans l'extrême vieiîleffe » e^£
vont tout droit en avant, au lieu qu'en la jeuneiïe elles relèvent & font un creux fous la l3n°^e
en forte qu'elles font égales à celles de demis; il arrive quelquefois que ce font les dent
deffus qui pouffent en avant, mais il eft plus ordinaire que ce foient celles de deffous: c
remarque eft très-bonne pour les Chevaux extrêmement vieux.
                                    . ju
Une marque affurée de vieilleiTe eft lors qu'un Cheval fille; c'eft à dire qu'à l'endroit
fourcil il y vient la largeur d'un double plus ou moins de poil blanc mêlé avec fon poil n.aturoU'
Un Cheval ne fille jamais avant la quatorzième année, & tout au plus tard qu'à la qui"ze
feiziéme. Les Chevaux alzans rubicans, & les noirs Client plùtoft que les autres: onp
pourtant faire fond qu'un Cheval ne fille ordinairement qu'à quatorze ou quinze ans. _
Comme il eft facile de voir qu'un Cheval fille, melme fanseftreconnoiiTeur, les ■<&
chands arrachent les poils blancs avec des pincettes, aymans mieux qu'un Che val par°!
pelé que fille; & lors qu'il y a trop de poils blancs, & qu'on ne les peut arracher fans "in
mité, ils peignent ou barbouillent les fourcils, afin de cacher cette marque de vieillefïe. .j
On peut juger de l'âge des Chevaux en voyant le palais, car à mëfure qu'ils vieilli»*11
fe décharné, & commence à fe deffecher par le milieu: ces filions qui font fort élevez
charnus aux jeunes Chevaux, s'abaiflent peu à peu à mefure qu'ils augmentent en âge >P
exemple à fix ans, le palais eft plus charnu, & les filions plus élevez qu'à huit ; & a " '
douze &c treize il fera encore plus décharné qu'à huit ou neuf ans, & enfin le palais deme
aux vieux Chevaux avec la feule peau fur l'os. Cette remarque eft fort bonne, & e" ut
particulièrement aux Jumens lefquelles n'ont point de crochets.
                                   , ^
En Efpagne on a plus de certitude pout l'âge des Chevaux, car tous ceux qui ont oe " (
Haras, où il y a des Chevaux qui témoignent qu'ils vaudront un jour quelque chofe, s'en v
chez les Notaires en préfence de témoins, prendre une atteftation de l'âge de leurs Cheva Z
dans un temps où l'on en peut juger avec feureté ("qui eft lors qu'ilsont encore des àtfiï .
lait 0 le Notaire attefte qu'un tel Cheval» d'un tel poil, de tells marque, de telle taille,
tel haras, marqué de telle façon, a eu quatre ou cinq ans en tel temps, & le ligne avec
témoins, pour le remettre en main au mailtre du Che.val, lequel le voulant vendre, Pr0lre.
fon atteftation pour juftifier fon âge : fi on obfervoit cette methode en France, on n'y c011
marquerait point tant de Chevaux, & les fineffes de la Place-Maubert feraient inutiles. _
Les Chevaux gris deviennent blancs en vieillilïant > & à proportion qu'ils font plus vie >
ils blanchiflent par tout le corps : ce n'eft pas qu'il ne nailfe des Chevaux blancs , 1 j-
qu'affez rarement » mais on remarque ceux qui ont été gris à quelques extremitez > °
le font encore , comme aux genoiiils & aux jarrets.
                                                       ,ms
Il y a des Chevaux aufquels les dents demeurent belles & blanches, & auffi courtes que s
n'avoient que fix ans, qui fouvent en ont plus de douze ; fi ces Chevaux paffent par les ma
defrippons, ils les contre-marquent toujours, & les débitent comme âgez de fix ans.
Pour donc s'empêcher d'y eftre attrapé & le connoiftre» ilfautfcavoirpremierernefl
-ocr page 27-
SECONDE PARTIE.                                      27
^U un Cheval eft dit contre-marqué, lors qu'avec un burin on luy a creuféla dent du coin, & C H A
noirci ce creux, pour imiter le plus qu'il fe peut, la marque naturelle; on noircit le creux /•
Q abord qu'on l'a fait, en y mettant de l'encre double dedans, & la laiflant fécher, il dure
jutant que le creux j ceux qui raffinent davantage> brûlent avec un fer rouge un grain de
eigle dans le creux de la dent, qui la noircit parfaitement, car il fort de ce grain une huile
*1111 s'attache fort à la dent creufée de nouveau. Il y a d'autres moyens pour contre-marquer
Un Cheval, mais un homme d'honneur ne doit jamais ies mettre en pratique. Il fuffit d'a-
voir dit ce qui eft nécefiaire pour s'empêcher d'y eftre trompé.
.Vous connoiftrez un Cheval qui eft contre-marqué, à voir le creux de la dent; quin'i-
ttjucra jamais fi bien le naturel qu'avec un peu de pratique on n'en conneiffe la fauffeté: de
P'us il échape toujours quelque trait de burin qui raye la dent; parce que le Cheval ne donne
Point la patience qu'il faut: la dent eft dure, & la main échappe, cV. donnea côté quelque
coup de burin ; quand on remarque ces rayes à côté du creux, il eft contre-marqué: outte
Wl faut aufli voir'au crochet d'enhaut, qui doit eftre canellé, c'eftàdire, queparlede-
ptisdepuis le palais jufqu'à la pointe, il doit eftre creux avant l'âge de fept ans: outre que
les dents de deflus feront trop longues, inégales à celles de deffous, & jaunes, laganafle
PardeîTous tranchante, les crochets de deffous ufez, gros, crafïeux, au lieu que s'il n'avoir
1l'e fa ans, les crochets de deffous feront petits, pointus, & tranchans des deux cotez.
, Si le Cheval a plufieurs fignes de vieillerie, il y a apparence qu'il eft contre-marque; vous
^connoiftrez auffi en ce que la faufle marque n'eft jamais fi bien imitée qu'avec un peu d'ex-
Perience vous n'en découvriez la fabrique, outré que la dent (era plus longue bien fouvent
Su elle ne doit eftre, & le creux artificiel plus noir que le naturel. 11 faut un peu de pratique
P°ur connoître les Chevaux contre-marquez, & avoir pris garde exaclement comme un Cheval
niarqué de bonne marque à la dent faite ; après on ne peut gueres s'y méprendre.
"e croire qu'on lime ou feie les dents, pour les accourcir, c'eft ce que jen'aypûvoir
encore reüflir, quoy que j'aye apporté toutle foin poffible pour fçavoir fi cela eftoit faifable»
9uelques-uns le pratiquent aux Homrres: mais je n'ay vu perfonne qui l'ait pratiqué avec
cÇes aux Chevaux, c'eft une chofeaffurée qu'on ne contre-marque que ceux qui ont la dent
j-rie & jeune, c'eft à dire» courte & blanche: Tous ceux qui ont voulu entreprendre de
ccier les dents aux Chevaux, & les leur accourcir, n'en ont eu que de la con fufion, &jenc
j• °.y Pas qu'une même perfonne l'aye fait faire deux fois en fa vie,- car fi l'on lime ou feie
c u!ement les dents de deffous, qui font celles où l'on regarde l'âge, on peut remarquer que
eJ}es de deflus reftent plus longues que les autres qui ont été accourcies ; que fi on a limé ou
Ie celles de deflus & celles de deffous, il arrive que les dents machelieres étant longues
: .'^e elles le doiventeftre, les pinces ny toutes les dents qu'on a accourcies, nefe peuvent
j lnure, ce qui fait voir manifeftement la tromperie ; car la bouche du Cheval étant fermée,
s dents de devant feront éloignées l'une de l'autre, de Pépaiffeur de ce qu'on a ôté ; les
g."evaux aulquels on a fait cette opération , font long temps fans pouvoir manger à leur
e* & ne peuvent tirer le foin ny la paille du râtelier.
Pa Chevaux aufquels on a accourcy les dents» font aifez à connoiftre, non feu'ement
a £Ce lue j'ay dit, mais aux crochets, qui ne font pas faits comme nous les avons dépeints
jeunes Chevaux ; c'eft pourquoy je ne confeille à qui que ce foit de le faire, non feulement
rcç qu'il eft préjudiciable au Cheval, mais encore parce que cesfortes de tours de quelque
• 'jiere qu'on les nomme, font en vérité indignes d'un Homme de probité,
bçp y a certains Chevaux qui ont les dents trop longues & qui marquent, on les appelle
gr|lIts ^ qui marquent toute leur vie, au moins une partie; il arrive plus fouvent aux Hon-
Pûf ^u'* ceux qui font entiers j encore plus fouvent aux Cavalles ; la plufpart des Hongrois >
onois j Cravates & Tranflîlvains que j'ay Vus, étoient beguts.
P *                                Vous
-ocr page 28-
25                            LE PARFAIT MARESCHAL                        ,at!S
C H A P ^r°us 'e connoiftrez en ce qu'un Cheval begut marque à toutes les dent?, suffi bien q-^
x ' coins & à la dent d'auprès; & mêmes aux pinces: on le jugera par lesmefmes fig ^
Ö. nous avons donné pour les contre marquez > comme font la longueur des dents, les c
ufez, la mâchoire tranchante & autres décrits cy devant. ^                      _          euxdeS
Les Chevaux mettent les pinces les premières, Se dés l'âge de trente mois, le cr ^^
pinces s'ufe» & lors que les dents mitoyennes viennent, la marque dés pinces ei
          ^
ufée; finalement à fix ans le creux des pinces eit tout-à faitufé, ainfi elles ne marquent P^
celles d'auprès qui font les mitoyennes , ont le creux à demy ufé en ce tetnps-.à L^
aux Chevaux beguts les dents ne s'ùfent point, Ss la marque leur relie au (lì bien auxP ;
comme aux autres dents : ce qui fait que lors qu'on voit que les pinces marquent e ■
& les deux d'auprès âuffi , on conclud que le Cheval ed begut, & d'autant mieux lm*^(.
les dents font trop longues, & plus qu'elles ne doivent eftre à fix ans, avec les autres re
Il eft fans doute que les Chevaux beguts ont eu une fois en leur vie, cinq & fix ans,,
au'à lâge de cinq ou de fix ans, ils Ont marqué de bonne marque, & s'ils ne laifï°ie"cP
e marquer de plus à toutes les dents, & il ne falloir pas conclure , tes voyant marquer eg-
lement à toutes les dents, qu'ils fuiîent vieux> quoy que beguts, parce qu'ils aVoiêflu
autres lignes de jeunelîe > comme eft la dent courte, les crochets petits, pointus, oi cr
chans &c. c'eft à quoy il faut faire attention avant de décider.
                                 -rt-e
Ce n'eft pas qu'il n'y ayeauffi des Chevaux beguts qui marquent toute leur vie, & 1ul ^
marquent pas à toutes les dents; mais à ceux là onleconnoït à la longueur des dehts&a
crochets J & autres remarques de vieilhfîe que j*ay dit cy devant.
                    . n
Je croy quefî on s'attache exactement à remarquer tout ce que j'ay dit pour connoître 1 a«> '
& qu'on le pratique , prenant fóin de voir quantité de Chevaux à la bouche , & d'en rern ^
quer les différences, fans doute on ne s'y trompera jamais; fur tout, il faut s'attache
reconnoiftre les bonnes jambes, le bon pied, & le bon flanc : Si vous croyez que
connoiffance vous arrivé par la fimple lecture de ce Livre, c'eft ce qui vous trompe >^°^z
devez vous confirmer par l'ufage & l'expérience. Bien des perfonnes'fe font e^on(>e.^ae
ce que l'ayant leu & releu, ils ne fe trouvent pas bons connoiffeurs, tout au moins del"» '
& s'ils n'en avoient fouvent oui faire eftime, ils l'aureient aceufé d'avoir malente'g' £
'puis qu'il avoir fi mal reüiTi à leur égard : Je réponds avec fincerité à ces Meilleurs > ql'e.
connoiffance des Chevaux ne s'acquiert pas» fur une fimple lecture. Iifautfçavoir la tneÇ^ >^
mais il faut pratiquer ce qu'on a leu, voir des Chevaux, examiner les circonstances,/*
attacher fortement jufqu'à ce qu'on le fçache, & qu'on lepoffede. Les moindres f$'en
ne s'acquièrent pas fur une fimple lecture, il faut les étudier, & les ruminer; & celle- j
qui eft plus de pratique que de fpeculative à plus forte raifon, fi vous ne pratiquez, *P.:S
vôtre foin vous ne joignez la théorie à la pratique, en vain aurez vous un Livre, je lie .
pas feulement celuy-cy, mais le plus excellent qui fe puiffefaire en cette matière; fi dor»c c
Meffieurs ne font pas connoiffeurs par la feule lecture fans aucun ufage, qu'ils n'en accule'
qu'eux-mêmes : car fi on les interroge des defrauts qui y font fpeciriez > ils ne pourront ren ^
raifon d'aucun: il faut premièrement comprendre le fens, 1 apprendre en forte qu'il foi
familier > que tout d'abord qu'on nomme un deffaut > on le puiffe définir Se dire l'eff*1
où, il vient, enfuite le réduire en pratique : voila trois chofes pour devenir connoifle »
comprendre» apprendre & pratiquer, & fans pratique un mifcrable valet d'étable, v
fera voir qu'il en fçait plus que vous.
                                                                         r.
Ayant expliqué tout ce qui conçernoit l'âge, il faut fuivre les autres deffauts, je fuPf%
qu
'on s'eft rendu certain de l'âge autant qu'il eft poffible,laiffez fermer la bouche au ChÇv
une
le cherchez le s autres défauts» tenant pour maxime infaillible que lors qu'on appercoit'11"*
-ocr page 29-
SECONDE PARTIE.                                   29
tare ou un deffaut, il faut vous y attacher avec toute vôtre attention, pour le de'couvrir jufqu'au ç H _£>#
b°ut, & l'ayant découvert n'y plus fonger, mais s'attachera un autre, &ainfi proceder par •
0l'dte à chaque deffaut en particulier. Je ne parle pas icy pour unconnoiffeur, qui dans un °*
c'ein d'oeil voit tous les deffauts
; & d'abord qu'il regarde, s'il y a quelque chofe d'imparfait
°u quelque deffaut» c'eftia premiere chofe qui luy tombe fous Faveuë, &ilfemble qu'iln'a
°es yeux que pour voir ce deffaut : Les novices feuls en faveur defquels j'écris , n'en font pas
?ernefme, il leur faudra plus de ternes à éplucher un Cheval. & àie fuivre depuis la tefte
U'fqu'aux pieds, qu'il n'en faudra à un connoiiïeur pour envifîter quatre: car il luy fuffic
Pour vifiter un Cheval d'en faire le tout lentement & au petit pas, il voit dans ce temps-là
tQut ce qui s'y peut voir.
De la connoifîance des Chevaux.
ÂPrés avoir connu l'âge, il faut voir lesyeux, dont la connoifîance eftaffez difficile, CHAP.
& demande une fort grande & affiduëpratique, fans fe rebutter : au commencement ~
. qu'on les regarde, les bons &rhéchans parafent égaux, mais fi l'on s'obifine àregar-
r & a les confiderer attentivement, on verra la troifiéme fois ce qu'on n'appercevoit pas la
Cerniére, & la vingtième fois on verra ce qu'on n'avoir pas encore veu j & finalement a
i,rÇe de regarder on ouvre les yeux, cefémble, pour apperce voir clairement ce qui nefern-
,.
0lt au commencement qu'obfcurité & trouble : Ainfi ne vous ennuyez pas, perfiftez con-
'firrient & vous y reùffirez afïurément. Pour bien voir les yeux il les faut bien fituèr : on a
p'J$ "e facilité à bien connoiftre les yeux, quand on fait fortir un Cheval d'un lieuobfcur
K "r venir en un lieu clair: par exempie, enfortant de l'écurie, d'abord qu'il met la tefte
0rs, il faut voir les yeux & les confiderer tout au travers, & non vis-à-vis ; car au travers
«s appercevrez jufqu'au fond.
X"e fi vous elfes'en pleine campagne , dans un marché , ou dans une foire , il eft
a»-aifé de connoiftre des yeux au Soleil , il faut toujours chercher l'ombre ; & mef-
.
e afin de les mieux difeerner, mettre la main au defTus de l'œil pour rabattre le grand
UX: .ai'Soleil tous les yeux paroiffent plus beaux qu'ils ne le font en effet.
vui voudra apprendre à connoiftre , & à juger des yeux d'un Cheval , qu'il les re- '
^rde premièrement la nuit avec une fort petite bougie: il verra au fond de l*œil jufqu'à
lo rnoi"(^re tache , mais il faut que l'oeil du Cheval foit fitué entre vous & la lumiere
s qu'on les connoîftra bien avec la bougie , on les connoîtra plus facilement au jour :
. y qu'on voye parfaitement , ce femble , les yeux à la chandelle ou avec la bougie,
VQRe voudrais pas achepter un Cheval à cette condition, car j'y ferais trompé , je ne
Pou^
nne ^onc Pas ce moyen pour connoiftre parfaitement les yeux des Chevaux» mais
'vous donner facilité d'apprendre à les connoiftre.
qu>,
n Peuc bien apprendre à fituer le Cheval pour luy voir les yeux, fi on fait réflexien
par.eJ,ant m°nté deflus &febaiffant, on verra tres-bien les yeux j on les voit encore mieux
fes nt b'en ^cu^ "e Cheval, pour pouvoir commodément voir les yeux, nous confidererons
y a''arcies> 1ui bene dtjìinguit, bene docet ; afin d'éviter la confufion, nous dirons qu'il
den >X Par"es à-confiderer aux yeux, la vitre & le fond de l'œil, la vitre elicette ron-
^ 1u
on apperçoit d'abord, & qui eft la partie la plus apparente : elle doit eftre tres-claire
anfparente ainfi que du criftal de roche , en forte qu'on puifie voir au travers, & qu'elle
V> %                                 ne
-ocr page 30-
io                             LE PARFAIT MARESCHAL .            .fttroU.
ne foit couverte d'aucun nuage, obfcurité, tache, uy blancheur; car fi la vitre paroi jj
ble, obfcure>& que vousnepuiflezvoirau travers, c'eit une marque que l'ceil n'eu pas ^
ne faut pas non plus qu'il y aye aucun cercle blanc autour de l'œil ; il y a néanmoi ^
Chevaux qui ont le cercle, &ont bons yeux, mais il.vaut mieux qu'il n'y foit point. ^
confidération exade de la vitre dépend la connoiflance de l'œil , il faut donc rai ^
ftrepofììble pour reconnoiiire fi elle eft tranfparente : Quoy que les premières rois q ^
y regarde on nepuifle pas .s'en appercevoir, il ne faut pas fe rebutter, mais y re^ar£everre2!
tinuellement jufqu'à ce qu'on la connotile •• peu à peu vous vous délillerez les yeux <* ~,
clair. Cequieftcaufe que bien des gens neparviennent pas à la connoiflance des yeux»
qu'ils fe rebuttent d abord, difant, je ne puis rien voir à ces yeux, ils me femblef ^
égaux, bons & mauvais ; quoy que vousfoyez huit & quinze jours à ne rien difcerne >
que tout vous femble confus, ne vous rebuttez pas > continuez à regarder avec foin&
tion, enfin vous remporterez.
                                                                         .. .^e'e
Le Cheval peut avoir fur l'œil, c'eft à dire fur la vitre , une blancheur provenne « ^
d'un coup qui nelerend pas borgne, mais ileft befoin d'un peu d'expérience pour le g
ner, non point tant pour ledifcemer, car facilement onl'apperçoit; mais pour içav :t
cette blancheur peut nuire ou nonàfonœîl: aux novices tout tait peur, &fouvent unp ^
mal leur paroît un défaut confiderable, cV un grand défaut leur échape fans le voir • on a"f i,,.
ces novices dans la connoiflance des Chevaux des demy-connoifleurs, lefquels pour trop }^
cher un Cheval font incapables d'en achepter, car ils veulent trouver toutes les parties
Cheval de cinquante écus, auflì parfaites &auû"i bien-faites que celles d'un qui coûteroir
quante piftoles 5 fans faire réflexion qu'il y ade la marchandile à tous prix, & que hors
défaus eflénticls, il ne faut pas s'attacher à tant de particularitez pour des Chevaux t-eP
prix.                                                                                                   ,         , , qu'il
La vitre rougeâtre eft une mauvaife marque» quidénotte que l'œil eft échauffe > ou H
tient de la Lune.
                                                                                                ., ,£ je
La vitre feuille morte par le bas, & trouble par le haut, eft une marque infau» ' ,a
la L ine ; mais c'eft feulement dans le temps que la fluxion occupe actuellement Poe» > c ^,
fluxion étant paiTée j la couleur feuille-morte fe diffipe auffi ; c'eft pourquoy auxChevau
natiques en vain vous chercherez cette remarque, dans un temps où la fluxion ne fera p £
l'œil; vous connoiftrez que la fluxion yeft, enee que les yeux feront enflez» & '£^neval
beaucoup d'eau claire & fort chaude: ce mal eft de fi grande conféquence, que le ^ £
devient aveugle de l'œil fur lequel vient la Lune, & de tous les deux, fi la Lune lesgouv
tousdeux: c'eft la remarque laplusafiurée pour connoître les Chevaux lunatiques, <îue .
des yeux couleur de feuille-morte ou rougeâtre, comme fi l'œil eftoit plein d'eau (ang "e
Mais nottez que c'eft feulement dans le temps de la fluxion, & que le Cheval ne voit p ^
de cet œil dans le temps que la fluxion y eft : Pour connoiftre un œil lunatique lors q
fluxion n'y eft pas actuellement ; confiderez que s'il y a un œil atteint, il fera P.'us P?dr une
Pautre, & la vitre fera trouble, le fond de l'œil noir &brun,- onconnoît mieux la
à la vitre trouble qu'à toute autre remarque.
                                                               i]e,
La feconde partie del'œil qu'il faut confiderer eft le fond , qui eft proprement la Prun 0jr
qui doit eftre large: il fautqu'on l'apperçoive fans aucun empêchement, afin de P°Q^e.
confiderer s'il n'y a aucun dragon, qui eft une tache blanche au fond de l'œil, qui fa]t n\t,
val borgne, ou qui le fera devenir bien toft ; car un dragon dans fa naiifance eft fouvent p- ^
& ne paroift point plus gros qu'un grain de Millet, mais il croît & couvrira toute la PrV"rajre
& mefme fans trouver de remede, puis qu'on ne peut en porter fur le mal, le moyen de
pénétrer un médicament danslafubftance del'œil où le dragon eft limé-? Une foutPaSrap-
-ocr page 31-
SECONDE PARTIE.                                       31
j^Pporter à ce que difent les Marefchaux qui fe vantent de les guérir ; car ils font incura-
'es, & jamais on n'a guery de dragon du moment qu'il eft formé.
, Si toute la prunelle eft blanche d'un blanc verdâtre tranfparent, cela dénotte que la prunelle
,n eft pas naturelle, & cette prunelle un peu tranfparente eft ce qu'on appelle un cul de verre :
e Cheval n'en eft pas borgne, i! voit encore un peu; mais je n'en voudrais pas avec ce def-
-?ut j que pour un prix fort modique ; les Chevaux d'école ne laifi"e pas de rendre auffi bon
■* auffi agréable fervice que s'ils n'avoient point du cul de verre ; le prix en eft doux tk la
rerts médiocre quand il en mes-arrive.
1. Il faut prendre garde que quelquefois on regarde les yeux vis-à-vis d'une muraille
anche, la réfiection fait paroiftre le fond de l'œil blanchâtre, tirant un peu fur le verd
O'nme un cul de verre, quoy qu'il foit bon; quand on s'en appercoit, il faut le regar-
ni' eu un autre endroit , pour remarquer fi dans plufieurs fituatious on appercevra la
■^me chofe.
^vant que de parler aux autres deffauts, il faut remarquer fi on appercevra fort claire-
ent au deffus de la prunelle comme deux grains de fuye de cheminée qui y font arreftez ; car
^'and on les voit bien clairement, c'eft une marque que non-feulement la vitre eft claire,
aïs qu'on commence à bien voir les yeux : Et fi on continue à s'y attacher > on lecon-
-^'tra par le temps, car pour ces grains de fuye qu'on voit, ce n'eft pas à dire que l'œil
°!t bon : il fauc voir de plus fi on voit bien à plein le fond de l'œil , fans aucune tache
">'blancheur, & l'œil fera bon.
j, S-eux qui pour bien connoître un œil, regardent s'ils fe verront bien reprefenrez dans
i*1', comme s'ils fe regardoient dans un miroir , & fi leur vifage paroît bien net de-
faâlls> i's jugent que l'œil eft bon , ces Meflieurs là font fort trompez; car cetteconnoif-
ce ne vaut rien, & un méchant œil trouble, repréfentera plus naturellement vôtre
VI1^ge qu'un bon.
ca 1 ^°" au^ Prei,di'e garde fi un œil qui eft trouble & fort brun ; eft plus petit que l'autre y
le petit eft perdu fans reflburce , puis qu'il fe defféche & que la nature manque en
pat: o P^™e j ce 1IU 'e rend plus petit , & ordinairement ces fortes d'yeux font perdus
j, ' "Uxion ou Lune; il eft trés-dangereux que par le temps ce qui a perdu l'un ne perde
p Utre> mais il faut confiderer foigneufement qu'un œil peut paraître plus petit que l'au-
] r accident, & n'eftre pas perdu ; auffi ne fera-t'il trouble ny brun : par exemple,
]» Pepiere aura efté coupée ou fendue par une morfure ou coup , ou un heurt , &
pi ll n'en fera pas endommagé, la paupière venant à fe rejoindre, elle peut demeurer
fei)f ^err^e y ce qui feroit paroiftre l'œil plus petit, quoy qu'en effet il ne le fut, mais
paient l'extérieur de l'œil : je l'ay vu arriver plufieurs fois,
p y a quantité d'autres remarques génerales, qu'on peut faire pour connoître les yeux j
piejexemP'c> la démarche d'un Cheval aveugle eft toujours incertaine 5 n'ofant mettre les
le Jj à terre quand il eft mené en main; que s'il eft monté par un Homme vigoureux & que
fan ,a* 'e f°ic auffi, la crainte des éperons le fera marcher réfolument, & délibérément t
i^qu'on puiffe s'appercevoir s'il eft aveugle.
tlc .ne autre remarque pour ceux qui font abfolument aveugles ; eft qu'en entrant dans une
qü>:riIe » voyant les oreilles d'un Cheval fe dreffer, & tourner d'un côté & d'autre > lors
Çjj entend quelqu'un derriere luy, eft un témoignage qu'il a perdu les yeux, parce qu'un
au 2 - vig°ureux qui a ce deffaut , fe deffie de tout , & eft continuellement en allarme
il p10lndre bruit qu'il entend , ce qu'il donne à connoiftre par ce mouvement d'oreilles.
car^]Ut e^re cent *°'s m°ins que demy-connoifïèur > pour avoir befoin de ces remarques;
on ]ees yeu!ç qui ont perdu l'ufage de la veuë font fi aifez à connoiftre i que d'abord
e Juge fans grande expérience.
Las
-ocr page 32-
n                         LE PARFAIT MARESCHAL             ,mïfeveaÔ
r h a P Les divers poils peuvent aufli donner de trés-gvsnds indices de bonne ou "a"Lher>&'le
cîux qui font fu;ets à ce defaur.fom les gns-fales, les gns-étorneau,ober ou fleur a, pw ^ ^
7- rouhan affez fouvent : J'oubliois à dire que les yeux pleurans ou enflez det.ous »
          r la
l'autre, font une marque de fluxion ; fi actuellement elle eftfur l'œil, il taur Vf Ja(a0t'
maiüdeflïis, on le trouvera trés-chaud, quoy que cette chaleur puifle venir de coup
fore, donnant le même ligne: mais dans l'incertitude de quelle caule elle Peut^ je ù'
ne doit point prendre de Cheval qu'on ne vous guarantiffe l'œil bon, en preienc
moins
chang
ques-
viennent. »>•-«—,— ö-------------- —                   a —            SSSH^^^^^^^^H
plutôt au changement des dents des coins que des autres.                                       rfestfüi
j'ay vu fouvent des Chevaux qui pour avoir jette imparfaitement leur gourme lont ^.
aveugles: c'étoit des Chevaux d'Efpagne, Barbes & autres Chevaux ne* dans les fay
diona x.                                                                           ..                     ' ,,„„« paflre0t
Il y a des perfonnes qui pour connoitre les bons ou mauvais yeux des cne vau »y.| jeS
la main ou le doigt devant, & s'ils clinent ou ferment les yeux, ils les jugent bons, ^ je
tiennent ouverts , ils difent qu'ils n'y voyent pas : d'autres avec un doigt fembie e-lieS
repouffer dans l'œil pour voir s'il le fermera ; d'abord qu'une perfonne fair de p' %t.
grimaces, on peut s'affeurer qu'il ne fait ce qu'il cherche,& qu'il ne s'y connoit pas- <■ n'r
marque m'a attiré une fois un grand reproche de la part d'une perfonne,qm me dit que-Y j^ cti
voir ofé palier la main devant les yeux d'un Chevalf crainte qu'on ne lecrût pas connotile . vrt
iu il étoitduppe, raute eie connoiitre ics yeux, aucvuuMiuncuuut-iu."--- üa q° e -
J'ay fait lire cet article à celuy mefme qui a été caufe que je l'ay fait, il m avo uh ^,,
etoit faite fort à propos , il eft devenu bon œnnoiffeur depuis. Il y a bien des & bi\e$
ne fe fondent pas d'eftre connoiffeurs, pourveu qu'à force de jafer on les croye ro. r #
îl leur fuffiti Pour moy je fuis d'un autre goût, j'aimerois mieux eft re bon conne -^r
palier pour ignorant, j'en ferois bien-mieux mes affaires, que fi je paffois pour coi
& que je ne le fuîTe pas.
                                              .                              ^„e.te&P* '
Ceux qui commencent depuis peu> & fouvent ceux qui ont commence il y a long, ^„t
à connoiftre les yeux des Chevaux ayant confideré l'œil de bien prés, c'eft a dire» el)t
exactement qu'ils le pourront, encore n'y connoiitront-ilsgueres, mais fur tout ils rparaO-
deffier des petits yeux enfoncez ou noirs, & examiner fila vitre eft bien claire & "a "j^ir,
te, & qui vous permette de "bien voir au travers : remarquez bien enfuite le tona _ ^.
& fur tout fi la prunelle eft grande : à tous les yeux les petites prunelles étroites^ loQg, .]s çgçi
rent plus de rifquedefe perdre que les autres. Si les petits yeux ont tout ce que) ay dIt'• cjc)'j
bons. J'ay dit au Chapitre II. un mot des qualitez d'un bon œil, que je ne repererav y
c'eft en parlant de la maniere donc les parties doivent-eftrc.fbrmées, pour eftre belle-
Suit"
-ocr page 33-
SECONDE PARTIE.                                       33
Quitte de la connoijfancc des deffâuts d'un Cheval, is ci qu'il faut obferver quand
on l'achepte.
P 0«r continuer dans l'ordre que nous avons commencé , il faut s'appliquer à connoi-
ftl'e la ganache, les épaules, les jambes, & l'allure des Chevaux, qui eft une qualité
eftentielle pour le fervice qu'on en efpere
n ^Prés avoir conlfere 1 âge & les yeux, il faut palier la main entre les deux os de la ga-
^che prés du gozier , pointent» fi cela eft affez ouvert pour que le Cheval puiffe le ramener :
to h eftantbicn vuidez & ouverts depuis le haut de laganaüe jufqu'au menton, contribue-
"1; beaucoup à la bonré de la bouche.
, fcnfuitte il faut remarquer f: entre lefdits deux os, il n'y a aucune grofieur, dureté, ou
»ande mouvante, qui feroit unfigne fi le Cheval eft jeune, qu'il n'a pas jette la nomme,
pu'il Pajettéé imparfaitement'; s'il eft plus âgé, pourveu que les groffeurs ne (oient pas
^"sgroffes qu'un gros pois, quoy au'ily en aitplufieurs, elles ne font d'aucune conféquen-
e>Parce que le travail & les fueurs lesdiiï.pent avec letemps; fi néanmoins leCheval a
Vai x ans, il eft plus à craindre, quoiqu'elles ne doivent pas empêcher d'acheter unChe-
da' quand il agrée d'ailleurs; les glandes mouvantes peuveiit Venir de morfondetnent, ou
fee reiîe de gourme, qui aura laiffé les. grofi'eurs à l'endroit par où la nature s'eft déchargée de
fos "apurerez, & d'où fe font évacuées lesmauvaifes humeurs qui luy eiioient à charge,
''vent par la faute de ceux qui ont traitté ces Chevaux, n'ayant pas effayé à faire réfoudre
; foreurs & durerez. S'il a une glande fixe, douloureule & attachée a la ganache, c'eft
jj tique toujours un figne de morve, leCheval ayant pafié fept ans. Que fi c'eft au deflbus
-"x années, ce peut eftre la gourme, fur tout s'il n'y a point de toux conjointe, car or-
^"airement la toux eft un effet de la gourme : fi néanmoins il y ala moindre apparence de
°lve> il ne faut pas s'en charger ; puifqu'elle ne fe guérit prefque jamais, quoy qu'en pro-
cauftent les fccrets tant des Livres imprimez qu'autres fur ce fujer. Le morfondetnent peut
^ ler une glande attachée à la gariaffe, de mefme que font celles qui ont leur caufe delà
il drVe ' mais elle cé<ie aux remedes & fe r^out Par une deue application ; fi le ma! eft negligé,
^ «genere en morve prefque toujours : Le moyen dediffiper & réfoudre une pareille glan-
de etfouvera àia premiere partie, qui reüffira prefqüe toujours s'il n'y a point de principe
Pourriture dans le poulmon, ou point de malignité dans la caufe.
des des Cneva"x qui ont de groffes duretez fixes , c'eft à dire, attachées au dedans de l'un
que°S ^e la gauche, qui ne fout pas morve : ce font des fies qui ne tirent à aucune confé-
pr "Ce> °n les extirpe avec le razoir, puis on mange la racine avec des poudres, & plus pro-
fiel e^r en 'es ferrant dans leur racine, avecdelafoyecramoifydans le déclin de la Lune,
ail es V°rtant tous les jours avec du jus de pourpier : ces fies ne fignifient rien, & ne donnent
p ". lnd'ce que le Cheval ait la morve.
Val ^ nous enfommes fi avant fur les glandes fixes, je diray ce que j'ay vu à un Che-
fixe' ^ï" ayant razé & paffé neuf ans, en faìfant un voyage, il luy furvint une groffe glande
foien 'v^toit par les nazeaux & fut condamné par deux Marefchaux d'Amiens qui fe di-
Nrn asezcnacun de 60 & tant d'années dans leur certificat, où ils lecondamnoientcom-
''Riie °rVeUX ' qu°y qu'il Jettât peu par les nazeaux. On le fit féjourner, & dans quinze jours
('e'f0 "JP^'qiiedeluy-mefme, par troislavemens communs faus autre remède. La glande
Uve», i,neJJettapiBs, & n'eut de là en avant aucune apparence de morve. Sans doute les.
ens n'eftantpas fuffifans pour le guérir de cette maladie, il falloir que la nature feule
-ocr page 34-
• 34                            L- PARFAIT MARESCHAL.                            ot,
Chap euftproduit cette guéri fon : ceqiiimefit mieux connoiftre que ce n'eftoit que morfonw
n ' fut que fon mallüy tomb? <urles ïambes, lesquelles enflèrent extremen
                         aUX
"•         Quand vous voyez des glandes mouvantes ou autres, il faut avec la main ferrer les nâ . (
du Cheval, pour voir fi ayant efté long temps fans prendre haleine par le nez, il ne^fr^('cede
un effort pour fe moucher quand vous le lâcherez, & on verra fi le nez luy fluc, & s il V' ^,
l'humeur comme glaire d'oeufs cruds : ce qui n'eft pas à craindre quand elle eft en petite q
tité; que s'il jette ou en abondance ou de la matière d'apoftume , il eft à craindre » P?' 're-
lierement fi la matière qu'il jette eft gluante & s'attache aux nazeaux , dans lefquels il v -:
garder fi la matière n'a point fait ulcere : ce qui eft une marque de grande malignité Pull<l eS,
tre le foupçon que ce fou morve, il eft dangereux que cernai ne fe communique aux au ^
principalement fi le Cheval a huit ans, il ne faut point l'acheter , quoy qu'il puiiîe veni
morfondement. Etquandon voit une glande fixe, que le Cheval ne veut pas fouffrirq ^
manie par la douleur qu'il y fouffre, qu'il jette par un feulnazeau; ou encore que la glan
feroitpas douloureufe, fi elle eft extrêmement dure, quoyque le Cheval n'ait que lix
s'ilnetoufle pasdutout, je croirois avec beaucoup d'apparence qu'il eft morveux.
Pour conmiftre le; Efauht bien faites.
1 fl elfc5
CHAP. A Présavoir parcouru tout ce que je viens de dire, il faut venir aux épaules, n jg
/\ font grades, chargées de'chair & rondes , ce fera un deffaut confiderable •' \ °,Urott
P' *- connoïcrez fi l'endroit qui eft au haut des deux épaules qu'on appelle le garot eft
large, alors il faut au Cheval une felle plus ouverte d'arçons qu'aux autres : Ce difcours
fembler ridicule à bien des gens, qu'il faut aux Chevaux qui ont beaucoup d'épaules une ^
plus large du devant qu'aux autres, puis qu'on le voit fans le dire : c'est afin qu'on conç
qu'eftant befoin d'avoir une felle fort large du devant, il eft fans doute que le épaules {my^.
larges qu'à l'ordinaire, & par confequent qu'il y a beaucoup plus de chair qu'il ne ta ,
Vous verres de plus, fi depuis le garrot jufqu'au bas de l'épaule , il y a beaucoup de ena" _
elle a une forme ronde , fi la jointe de l'épaule où porte le poitrail eft fort grade jfe plus a.^
cée nue l'ordinaire, ce qu'on connoift facilement en confiderant la diftance qu'il y a depu- .
garot jufqu'à cette jointe fur laquelle porte le poitrail, & cette jointe graffe & avancée
d'abord juger l'épaule difforme: tout ce que deffus dénotte de grades eV vilaines epau ^
qui eft unlies plus notables deffaurs aux Chevaux François, car pour les Barbes & ^Jielan'
ri'Efpagne ils n'en font pas moins à eftimer, fi d'ailleurs ils ont les aualitez qu'on leur de ' js
de : mefme j'ay veu peu de Barbes & de Chevaux d'Efpagne avoir beaucoup d'épaules q
ne fufîent très-bons : fur eette remar que je ne les voudrais pas achepter, mais je ne les re
rois pas aufli.
                                                                                                    , r ^s
Au Chapitre II. parlant de la beauté des parties d'un Cheval, i ay dit quelque cnoi<-
épaules, afTeznécedaire à fçavoir, js vous y renvoyé crainte d'ufer de redites. ^
              r
En cheminant il faudra coniiderer fi le Cheval a l'épaule mouvante : s'il a les épaules g ^
fes, chargées de chair, & peu mouvantes ? jamais il ne fera agréable : Si c'eft un Cheva ^
c< ________________                    ____
vemens feront toujours contrains, quu         ----- ......                             .
les, & qu'il les ait fort délibérées & mouvantes, le deffaut n'eft pas grand, mais il cno4y
la veuë des connoi«teurs plus qu'autre choie ; fi au contraire le Cheval n'a point d'épaules, ^
qu'il nelespuiffe mouvoir les ayant toutes engourdies, il faut le rejetter, hors que le Pr,xy„
foie fort modique.
-ocr page 35-
SECONDE PARTIE.                                  . JJ
Un Chcal chargé d'épaules n'eft propre qu'au tirage, c'eft à dire au carrofle ou à la char- C H AP.
f.^e) il en fera inoins fujet à eitreécorché du collier, du harnois, oii des bricoües» cue q
- u n'avoir que la -esu & les os fur l'épaule, mais il n'eu trottera pas fi légèrement à la campa- *'
8r,e, &feraplütoft hirafle.
La raifon pourquoy un Cheval qui n'a pas l'épaule délibérée , cV qui n'a aucun mouvement,
pe.Peut marcher agréablement, mais fe laffe d'abord pour vigoureux qu'il foit, vient de ce qu'il
aic tout le mouvement avec la jambe , ce qui luy donne beaucoup de peine à ta hau"er quoy
2? "lahauilepeu, & s'il n'a de grands reins, il heurtera facilement aux mottes» gazons &
çres > faute de ce mouvement.                                                                                    ,
oiles épaules font groifes quoy que mouvantes, & que l'encolure en même temps foitforc
argée de chair , leur poids extraordinaire étant toujours fupporté par les jambes, foit qu'il
*iche, foit qu'il s'arrefte, fera qu'elles feront plutoft ufées & travaillées, que fi elles étoienr
^chargées de ce fardeau ; ces fortes de Chevaux péfent à la main en voyage, ils marchent fans
°ace> cjuaud ils font las ils bronchent au commencement & tombent à la fin de la
journée.
~nfin, jecroyquece n'eft pas une partie à négliger, & qu'on doit fort s'attacher à corr-
ltre les épaules bien ou mal bâties > car quoy qu'on enpuiffe dire > l'expérience fera voir
Suede là& del'encoulure, dépend en partie la gentillefiè d'un Cheval : ce n'eft pas qu'on
t) rç'k dégourdir des épaules liées & gourdes. & les rendre libres à certains Chevaux,
^ar l'art & i'exercice bien réglé ; mais comme c'eft une chofe qui n'eft pas faite > un Cheval
j, lt moins élire achepté : Je ne voudrais pas d'un Cheval de pais avec les épaules chevil-
i es ) c'eft à dire , qui n'ont aucun mouvement, parce qu'ils ne font jamais agréables & tom-
uent facilement.
*' y a des Chevaux qui n'ont aucun mouvement à l'épaule > qui lèvent la jambe plus hait-
j que ceux qui l'ont délibérée: les ignorans prennent cette action pour une marque d'épau-
t - enoüée quoy que le mouvement de.- j Ribes puiffe eitre fans celuy de l'épaule. Et cer-
j.^^Cheyaux ayant lépaule fort libre, trouveront auffi leurs jambes jufqu'au ventre, car
PourT^ " taUt del'exPenence Pour connoutre n î epauie eit libre, dégagée & mouvante '
aux j-, mcxivemenc des >ambes tout le monde s'en apperçoit facilement, le mouvement
au ni beS de devant d'un Cheval, eft une partie qui luy donne toute la grâce s'il eft defliné
pas Unanege.» 1u°y <lue fouvent on' trouve des Chevaux qui ont un beau mouvement & n'ont
j n giand fond de force.                       >
font /rpa des5-hevaiiX 1ui ont tr0P d'épaules > «1Y en a qui en ont trop peu, e'eft à dire qu'ils
touche, Z dudevant' que les deux jambes au deflous des épaules & au haut des jambes fe
c"antil r cesChevauxordinalrementnevaletugueres> car ils ont le devant foible enmar-
f°rt { lecr0lfent en danger de s'eftropier, & dans la coufe ils fe mêlent les jambes' & font
Ce deffiu? a Culbuter- J'aymerois mieux un Cheval qui aurait trop d'épaules, que s'iïavoit
^isiftftk*0"0 qU'Un bonchevalayeles épaules plates, petites, décharnées & mouvantes •
^libr^nr^el^sCh'vau;denrroffrW unPeu/épaulës, afin qu'ils puiffent donner
cement dans le trait . & qu ils ne fe bleffent pas fi-tôt»
E*                                  La
-ocr page 36-
S<                       LE PARFAIT MARESCHAL
La methode pour connaître les jambes dKun Cheval.
A
Yant obfervé exactement l'épaule, il faut venir aux jambes, qui font les pilî'ers
lesfondemens de l'édifice; elles fonça "ez faciles àconnoiitrefions'y prend avec
dre , & qu'on s'y attache avec foin & exactitude.
Les jambes de devant font fujectes à beaucoup de maux & de foiblefTes, qui les font
buter avec raifon à ceux qui les connoiiïent. C:eft la partie de tout le corps qui fouffre le p ü '
& c'eft touventla plus menue' & la plus foible; fuivons là avec ordre en toutes fes P
lies : Premièrement une marque de mauvaifes jambes, c'eft à dire ufçes& travaillées,1
fi elles font droites.
                                                                                                .
On die qu'un Cheval eft droit fur fes membres, quand il aies parties toutes dro'
c'eft à dire depuis le genoùil jufques à la couronne par le devant, le genoiiil, leboU>ei'
la couronne defcendent à plomb, & qu'il femble que le boulet foit plus ou toutau"5 ,a
auffi avancé que le refte. On peut comparer ces jambes à celles de chèvre, & l°rs Jj,,„
eft ainfi droit fur les membres il eft fujet à chopper & à tomber, Si parle temps leb
let fe poufle abfolument hors de fa place en avant, & le Cheval en demeure &f® r£
en cet état on l'appelle bouleté : il faut pour bien concevoir le deffauc d'eftre droit «J*
membres, que j'explique quels Chevaux y (ont fujets, 6i à quoy on le connoiftra >
           -.
Les Chevauxbas de terre ou court-jointez font fujets à fe bouleter, c'eft à dire à de<'e
droits lui" leurs membres • particulièrement fi on leur laiffe lé talon trop haut, il faut do
avoir foin'de le faire abatre fou vent, les long jointez au contraire plient fi fort le boulet?
arrière, qu'ils ne font pas fujets à devenir droits. Pour qu'une jambe foit bien plante '
ilfaut que le devant du boulet foit placé environ deux doigts plusen ai rire que la cou ron" /
c'eft à dire que fi l'on tiroit une ligie droite depuis le devant du genoüil jufqu'au devant de
couronne, le devant du boulet devrait eftre éloigné de cette ligne d'environ deux doigts, pl
ou moins félon la taille du Cheval,- au lieu qu'à un Cheval bouté ou droit fur fes membres,
boulet ferait placé fur cette ligne.
Les Chevaux droits fur les jambes font les contraires de ceux qui font trop long-jointe »
c'eft àdire, qui ont le paturon fi long & fi flexible, que le Cheval en marchant porte le
îetjufqu'à terre plus ou moins, cequieftungranddeftaut, plus à craindre que le précéder) »
auquel on peut apporter du remede; mais àceluy cy ilnyenapoint; aucontraire, c'eft u
figne de peu ou point de force , & ils ne (ont en aucune façon bons au travail.
                    .
Les Barbes & les Chevaux de légere taille, y font plus fujets que ie* autres, & fut toirt
échappez de Barbe, mais de quelque race qu'ils puiffent eftre; s'ilsontcedeflautde porter
boulet jnfqu'à terre en cheminant, ils en valent moins, & ne fatigueront point.
                 £
Il y a des Chevaux long-jointez, c'eft à dire qui ont le paturon trop long, qui ne por££
point le boulet bas en cheminant, mais le tiennent en la pofture qu'il doit eftre fans 'e tr ,'
plier; Ces fortes de Chevaux peuvent fervir, car ils font nerveux, puifque ce n'eft-que,
force & la vigueur du nerf qui foutient le boulet, & l'empêche de trop plier ; ce derïàut ;
paturon long en cette occaiion, choquera plûtoft la veuë d»u Cavalier qu'il ne portera prsj^*11
au Cheval.
                                                                                                               .
Les Chevaux qui ont la jointe courte &roide, c'eft à dire, nullement pliante ou flexîi"
font peu propres au Manége, parce qu'ils n'ont aucune gentilleffe : La jointe flexible eft °
des qualitez d'un brave Cheval de Manége, pourveu qu'elle ne foit pas trop longue.
          ..
Si la jointe eft longue & fort flexible, outre quii ne fera aucunement bon au trava1 »
-ocr page 37-
SECONDE PARTIE.                                       37
l« fera bien-toft molette : il y a même des Chevaux qui ne font point trop lon-jointez CHAP
î^ais qui ont le boulet fi menu & fi flexible, qu'ils n'ont pas fait deux journées qu'ils font
j10^ d'état de travailler, parce que les boulets leur enflent extraordinairement, eniuite il 10#
•eur refte des molettes.
C'eft donc une des remarques qu'il faut faire, de voir fi le boulet n'eft point trop mena
*?u trop roi de, ou bien s'il n'eft point trop pliant; & tout ce que nous avons dir delà jambe
droite , c'eft à dire d'un Cheval droit fur les membres, dépend de i'obiervation du bouler-,
LesChevaux Anglois qui ont des reins, c'eità due qui ont de la force , s'ils ont la jointe
1,11 peu plus longue qu'un connoiileur ne fouhattteroit, pourveu que le boulet ou la jointe
?e.ibic pas trop flexible, courra plus commodément pour le Cavalier qu'un Cheval court-
jointé. Ce font des Chevai.x propres aux Grands Seigneurs âgezqui ont dtquoy chercher
,eur aize, & l'agrément à un Cheval. Véritablement il ne fourniront pas fi long temps
a 'achafle que s'ils n'avoient pas cedeffaut ; mai- un Grand Seigneur qui en a plusieurs à
Changer, ne le doit point rebuter pour ce (euldeffaut s'il cherche fon 'aize, ces fortes de
Chevaux peuvent eftre comparez en quelque maoiste aux Caroffes qui eût des refforsqui les
endtnt infiniment plus doux. '
« Cedeffaut déplier trop le boulet» fedoit auffibien remarquer derriere comme devant,
;* meftneily en a qui plient trop le boulet derriere feule a.nt, -'-: non pas devant, ce qui dé-
otte qu'ils ont le derriere fort foible, qui eit un ne-, grand deffaur à quelque ufage qu'on
Csveuille mettre: s'il leur vient des mofettes, eiies îeront plusdangereufes derriere que
evant i car elles deviennent nerveufes par le travail : de plus fi vous les deftinez au
ar°fle, ils ne pourront reculer ny retenir dans les defcentes, ainfi ils ne feront pas pro-
pos à cet ufage.
•Le troifiéme deffaut eftdes jambes arquées, le Cheval étant en fafituatîon ordinaire, Je
|enouil demeure plié en avant, & la jambe prend la forme d'un arc plus ou moins : ce inai,
,eur vient par un travail exceffif, qui a fait que les nerfs fefont retirez, enfortequelesjam-
,^s font arquées, & leur tremblent, quand on les arrefte après avoir cheminé. Ces fortes
_f Chevaux ne font pas ablblument inutiles, puis qu'ils peuvent encore travailler, mais je
er> voudroispas pour quelque prix que ce fût, s'ils n'ont de grands reins, car ils peuvent
j.ncovebien fervir; maisce ne font pas des Chevaux de Maiftres, quoy qu'il y en aye qui'ont
ervn0lig.temps avec les jambes arquées, ils choquent laveuë, & on ne peut jamais efperer
es endeffaire, & peu de gens font d'humeur àlesacheter, quelque bonté qu'ils ayent.
ç ~es Chevaux d'efpagne lont la plufpart arquez, peu ou beaucoup, à proportion de ce
*l ."s font fortis vieux d'Efpagne, parce qu'ils les entravent dans les écuries : ce qui con-
elW' -e ^eval a ma^ fituer fa jambe, & avec le temps elle devient arquée, quoy que d'ailleurs
fee 'a'ne & entière; l'ufage des entraves leur plaiit fi fort, afin que les Chevaux puif-
fit demeurer paifibles, & qu'ils ne s'embarrent ou ne fe donnent des coups de pi:i ,
fe en mettent derrière comme devant à quelques Chevaux turbulens , quoy que dif-
ernmeiu: car derriere elles font féparées, & ne font pas aflemblées par une chaîne com-
piles de devant.
Ve. barbarie à Thunis, à Alger & ailleurs, leurs Chevaux font attachez par des entra-
Pré *j* ont aux pâturons devant & derriere, &arreftez à des picquets plantez exprésau>
j0 s .s ^eurs jambes en terre, & ne font prefque jamais attachez par la tefte, car prefque toû-
rs i-s n'ont de licol ny dans l'écurie ny dans les prez.
Pou ^ ac^es Chevaux quinaiffent avec les jambes arquées, &qui n'en valent gueres moins
éto'r'e ferv'ce3 on les appelle brafficours : j'en ay veuplufieurs qui nonobftant ce deffaur,
fidel?nt ^0ns. ^ vigoureux, & travailîoient bien par la campagne, ayant la jambe auffi
e que s'ils Peuflent eu bien formée: mais à moins que l'on n'en diminue beaucoup du
JE 3                              prixj
-ocr page 38-
33                             LE PARFAIT MAR.ESCHAL                       ftre af.
Chap.
iuré qu'ils le font, & qu'ils n'ont pas la. jambe arquée , j'ay vu des Chevaux de c
brafficours fervir tres bien, & long-temps.
                                                        „ . rrt gj
"Une perforine qui feait fort-bien ce que c'eft que des Chevaux & qui en connotile^" jnS
le foibie, m'a allure que les Poulains qui ont les veines des jambes fongroffes, '°^, n fa0g
bons, & d'un moindre fervice que les autres, parce que ces veines ferempliflent o
fuperflu, lequel par l'agitation que luycaufe le travail, degenere en pourriture, ou * «j^..
dre quelque forte de cortuption , très-capable de nuire aux ïambes en beaucoup de man
Je ne me fois pas encore attaché à cette remarque , quoy que depuis l'avis donne , ^
l'aye trouvée dans les Oeuvres de Xenophon, qui a bien écrit des Chevaux lelon le temps q
IO.
a vécu.
Ayant remarqué les trois defFauts précedens : Sçavoir, droits, long jaïntez Sr ar^Uja
(ce qui fe verra dans un clin d'oeil) il faut paffer la main au long du nerf au derriere de
jambe de devant, depuis leply dugenoiiil jufqu'au boulet; vous fendrez fi lei-erf eftgr°-|
ferme, & détaché de l'os; fi en coulant la main au long d'iceluy , il n'y a point Je dure
qui vous arrefte; fi entre le nerf & l'os vous ne rencontrez point de glaires mouvantes q
vous échappent fous le doigt, car tout ce qui empêche le mouvement du nerf, porte pr
judice au Cheval, plus ou moins, félon la quantité qu'il y en a; plus le nerf eft éloigne
l'os, plus la jambe en eft large, &c'eft ce qu'il faut chercher, puifqueles jambes plattes
larges font les meilleures, au dire de tous les connoiffeurs, avoir la jambe large Si plat[e»
c'eft avoir le nerf fort éloigne & feparé de l'os.
Il y a des Chevaux qui ont le nerf détaché de l'os, mais fi petit & fi peu éloigné dudit os »
que par un médiocre travail la jambe s'arrondit fort facilement, parce que pour peu db'
meur qui tombe fur cette partie, fi elle y refte & qu'elle durciffe, auflî-toft là jambe e^
ronde» ce qui n'eft pas, lors que le nerf eft fort éloigné de l'os; comme il y a grand efp2*
ce, l'humeur fe diffipe, & fe réfout facilement , la raîfon eft trop fenfible pour l'exp'1'
quer plus au long. Je diray feulement que ces jambes qui ont le nerf peu éloigne o
l'os, quoy que détaché , font appellées jambes de bœuf ou de veau, aufquels le nerf e
toujours trop petit pour la groiïeur de la jambe : tout ce que deffus, mérite une férieul
réflexion.
                                                                                                                  .
Vous prendrez garde enfuîte fi le nerf n'eft point failli juftement au deffus du pty d_
genoiiil, ce qu'on apperçoit en ce que legros nerf qui fait tout le mouvement delà ja31"
be, au delîous du ply diminue un peu de fa groiïeur: car dans la plufpart des jambes, quo-
que le nerf foit gros & ferme ailleurs, àfeavoir au long du bras, & du canon, il dimi"u^
audeffous duply dugenoiiil, mais à quelques-uns trop notablement ; apurement le nerf °
peut eftre fi gros au plis du genoiiil qu'au milieu du canon, mais il diminué fi notableme"
à quelques-uns, qu'il n'eft pas fi gros que le pouce en cet endroit, ou bien il eft fi atta<-n
à l'os, qu'on le voit très-petit ; c'eft un deffàut auquel tres-peu deperfonnes prennent g31;'
de, qui pourtant diminué la force d'une jambe, & les Chevaux qui ont le nerf fi menu au dro'
de ce plis, font fort fujets à broncher, ou tout au moins à butter.
                                    ,
A côté des boulets dedans & dehors il vient unegrofîeur molle comme undenay œuf"
pigeon plus ou moins, & quand on la touche on s'apperçoit qu'elle eft pleine d'eau, on aP'
pelle cette groffeur une Molette qui eft îcituée entre le nerf & l'os du boulet.
On connoift tres-bien les molettes à les voir fans y toucher, c'eft un figne que les Cheva"
ont beaucoup travaillé; elles ne leur portent pas un grand préjudice , quand elles nefo°
pas douloureufes ny endurcies, maisc'eft beaucoup que la molette nous falle connoiftre qu
la jambe a trop travaillé, & que fa force eft diminuée, puifque cet amas d'eau qui for"11
k molette dénotte foibleffe dans la partie; que fi les molettes font endurcies, elles eftr°'
pieroflt
-ocr page 39-
SECONDE PARTIE.                           .           39
feront bien toft un Cheval. Il vient fouvent aux Chevaux des molettes dans un voyage , ChaP
RUi fe perdent dans le i'éjour, cene font que de petites molettes, de quelque façon qu'el-
les (oient venues, elles ne font pas agcéables à laveuë; on dit qu'ils font molettez : elles *0#
*0tttconnoiirre qu'une jambe eli travaillée, mais toutes les jambes travaillées & «féesne
°nr- pasmolettées, cefontiesjmibes menues & long-jointées qui le font plutoftque lesau-
*res : quelques-uns de ceux qui fe mêlent deconnoiftre les Chevaux appellent les molettes
öeSeaux, à caufe que c'eft une eau enfermée dans une veffie entre cuir & chair, mais impro-
prement ; car les eaux font une autre forte de deffaut, duquel nous parlerons en fon lieu.
Des gens fçavent reflerrer les molettes pour un temps, afin qu'elles n'empêchent pas la
'vente des Chevaux, puisqu'il faut eftre moins quedemyconnoiffeur pour ne pas connoi-
re une molette ; & tout Homme conclud d'abord la voyant, que le Cheval a la jambe
favaillée, & conclud bien : Ceux qui vendent des Chevaux, tâchent par tous moyens de
es refferrer pour un temps : il faut tâcher de le remarquer par le poil, qu'il eft plus uni
n cet endroit qu'ailleurs, & par la jambe qu'on trouvera travaillée d'aileurs > quoy que
ans molettes, il n'y a point de meilleure remarque; j'ay vûrefferrer des molettes, pour un
ernps feulement, que les fins connoifleurs n'auroient pu reconnoiftre.
. Reprenons à prefent tout ce que nous avons dit du nerf de la jambe, il faut qu'il foit gros,
ans enflure, ferme fans eftre roide, & fort détaché de l'os: ceux qui ont le nerf petit,
°in bien-toit ufez, & au moindre travail la jambe paroît travaillée ou ronde, & jamais
ne jambe ne peut eftre large & platte avec un petit nerf, le nerf bien-fait, eft fans dureté
y enflure, quand on le prede avec la main, il faut que le Cheval témoigne de n'y fentir au-
cu«e douleur.
J'ay vu des molettes à des Chevaux de légere taille qui les faifoient boitter quand on
oyageoit dans la neige, & dans les grands froids ; d'autres qui groffiffent & couvrent le
f *> enforte qu'il n'y a jamais eu d'autre remède que le feu à ces dernières : ainfi il ne fe
Utgueres fier aux Chevaux moletez , puisqu'il en arrive afièz fouvent accident, &c'eftdes
J uibes de devant que je parle, car iln'eft pas extraordinaire qu'un Cheval foiteftropié des
jettes aux jambes de derriere.
«3e p tournant 'a ma'n vous manierez tout au long du canon, depuis le genoüil en bas au long
•'os, pour fçavoir s'il n'a aucuns fur-os, offelets, fufée, ou fur-os chevillez.
eji^' faut expliquer ces quatre deffauts : premièrement le fur-os comme le plus ordinaire,
ea Une g'offeur ou callus attaché àl'os, qui vient ordinairement au dedans ducanon : s'il
auffi au dehors, on les appellera chevillez ; car étant vis-à vis l'un de l'autre, ils traver-
^ Ïambe comme une cheville, & font allez dangereux.
n:res fur-os, qui font iïmplement attachez à l'os éloignez du genoüil fans toucher au nerf,
, lont pas beaucoup dangereux, ceux qui fontfcituez enforte qu'ils touchent le nerf, font
'ter avec le temps ; néanmoins les fur os par un long, & grand travail montent au genouïl,
?"'s en font proches on a fujet de les appréhender,
oç/^'^ues-unsdilent que le fur-os ne monte pas, mais qu'il s'allonge, & s'étend jufqu'au
fur0"''5 eB forte qu'il empêche le mouvement delà jambe j d'une maniere ou d'autre : un
s dans le genomi eftropie un Ch val.
Por °Ut ^eval 1U' a un fur os> doit valoir quelque chofe de moins s'il en a deux, à pro-
fa(î '0n : c'eft un deffaut, quoy que la plufpart des gens en veuillent dire, & qu'ils n'en
De ol' aucun capital ; véritablement pour un Cheval de carroffe il n'eft pas fi confidérable qu'à
"Cheval de felle.
nu ^s Chevaux ont au mefme endroit où viennent les fur-os des fufées, qui n'eft autre chofe
ksfu Xiur"os J0'1''^ enfemble, au deffus l'un de l'autre; les fufées font plus dangereufes que
rs j je n'acheterois pas un Cheval avec une fufée.
-ocr page 40-
4
,v                              L'C rrtivr/ni M A KtlSUH AL
II y » des Chevaux qiûontdesoffelecsauxgenouils, c'eft un deffaut qu'on voit rareWe0.^
1 eft d'autant plus difficile à connoître qu'il femble que c'eft la mefme fubftance du ge"01" J
pour s'en appercevoir, il faut eftre averti que l'offclet eft comme un tres gros fur-os.4
feroit dans le genoüil, & à moins que d'avoir un peu d'expérience, il femblequecefo"
fubftance de l'os du genoiiil qui defcende plus bas d'un côté que de l'autre , deux doigt*e' '
viron: Il faut, voyant cette diformité qui choque îa veuè', conclure que c'eft uft o"e'ïLJ
car on n'a jamais vu de genoiiil dont la fubftance defcende au long du canon plus d'un c°
que de l'autre ; ils viennent prefque toujours en dedans, & prefque jamais en dehors : '( ,5V,
des Chevaux qui en ont deux, un à chaque jambe; quand ori me rabattroit la ixio«t»e'"j
jufte prix avec ce deffaut, je n'en acheterois point: j'ayveu un Cheval avec de' ofîeletsl
n'en a jamais boitte, qui eftoit bon, vigoureux , & de fervice, le rifque y eft poufta
afTez grand.
Dans le Traité des Maladies premiere Partie Chapitre LX!X. j'ay exp'iqué
la matière & l'humeur qui caufe les (ur-os, où vous pourrez avoir recours, fi vous de"1*
eftre pleinement inftruit fur cette matière.
Voilà comme on peut connoiftre un (ur-os, & combien il y en a de fortes : lepre"1,1!,
eft le fur-os (impie, attaché fimplement à l'os, qui ne touche & ne tient point aunCyj*
qui eft éloigné du genoiiil : le fécond eit le fur os chevillé vis-à-vis l'un de l'autre , en
& en dehors; le fur-os dans le genoüïl qui eflropie le Cheval prefque toujours ; la fofr'e &L
deux lui os joints, & les oiielets : hors du fimple fur-os, tous les autres ne valent rie" > ,~t
diminuent de beaucoup, & fouyent de tout le prix d'un Cheval: Il me femble ente11 dr
gronder quelque Mifantrope de ces répétitions fi fréquentes fur le fujet des fur-os & des alItrL
deffauts; li cela le chagrine, de bonne amitié je luy confeille de ne pas lire davano
Livre, car il trouvera fou vent des redites,- ce deffaut n'eft pas feul, & Te mal pour luy eft 4U
apparemment je ne m'en corrigeray pas, car en vieilliffant on aime la redire.
                    I -
il vientauplisdugenouilunecrevaffequ'onappelle Malandre; fou vent elle rend h )irf-,
roide & engourdie au forcir de l'écurie , quelquefois elle eft fi douloureufe , qu'elle W
bouter j & aux vieux Chevaux elle leur tient toujours la jambe roide ; les Marchands croye"
donner une grande louange à un Cheval, de dire qa'iladesmalandres : ils ont raifoo en ^
point, car l'humeur acre & mauvaife s'évacue par cet égoût, qui feroit grand dom"13»
au Cheval, ii elle prenoit cours fur le nerf; mais ils font ridicules, en ce qu'il vaudroit bf,,
coup mieux qu'il n'euft pas l'humeur qui caule la malandre, & aìrifi il en (croit exempt. T°\
Cheval de prix qui a une malandre, en doit eftre moins eftimé, & un Cheval devenant ^
en a la jambe bien plus douloureufe, & en boitte au fortir de l'écurie.
                       <*
Quoy que jaye déjà parlé du boulet, en décrivant les jambes arquées je croy q11''1 «
néceffaire d'en dire icy un mot. C'eft une partie fort confiderable de la jambe, P°urI!- rr
faire connoiftre fi elle eft ufée ; car outre les molettes qui viennent à côté & qui font f°r
vifiWes, il faut remarquer s'il n'eft point enfléi & s'il paroift plus gros qu'il ne faut. c
fera une marque de jambes fort travaillées.
Le boulet eft aufli par fois couronné, c'eft à dire, que fans écorchure ny bleflure » î
a une groffeur, comme un cercle fous la peau, large d'un demy doigt : l'humeur s'y el
ramafîée par le travail, & s'y eft congelée en forme de cercle fous la peau qui dén°11
que le Cheval à la jambe ufée.
                -                                                             ■ *
Il vient au côté du boulet en dedans ou en dehors, & même au devant, uacg^ft
comme une demy noix qui eft molle, & cède fous le doigt quand on la prede, qui ne f*j
point boiter : on ne l'appelle point molette; & ce n'en eft pas une; car elle n'eft Poi\e
fcituée entre le nerf & l'os: mais fur le boulet. Eue n'eft pas non plus pleine d'eau com^
la molette, elle eft pleine d'une matière glaireufe : il ne la faut pas confondre aveÇ '
1 '                      ItlOl'"
-ocr page 41-
SECONDE PATRIE.                                             41
Colette, mais il faut fçavoir que c'eft une marque que la jambe eft travaillée , & partie de Chap
nunieur s'eft ramaffée au boulet qui aye cette groffeur, ne l'acheptez pas dans l'efperance de
,3Jiffiper, car vous auriez peine d'en venir à bout (ans le feu , ce qui marquerait le boulet, *0.
' ay donné des remèdes réfolutifs pour diffiper cette grofleur dans la premiere Partie de ce Li-
,re 5 je ne réponds pas pofitivement qu'il la diffipent entièrement, ce n'eft pas que cette grof-
eur.nuife beaucoup, car j'en ay eu qui Qnt fervi deux ou trois ans, fans que la groffeur leur
^ incommodé la jambe, ny qu'elle foit augmentée » mais elle nuit à la vente; & comme
°Ut fait peur aux demy connoiffeurs, ils l'appréhendent, quoy que d'elle melme ce ne foit
ttç chofe qu'une marque que la jambe eft travaillée.
J'ajoûteray encore icy de prendre garde foigneufement de ne point achepter de ces Chevaux
y" ont les boulets trop petits, car ils ne font pas capables de beaucoup travailler ; les boulets
ant foibles, le Cheval fe laffe tout d'abord par le peu de force qui eft en cette partie.
Au deîTous du boulet dans le paturon, il faut manier s'il n'y vient point de forme, qui eft
one groffeur fïtuée fur la fubltance du paturon, & non au cuir ; car il ne s'y faut pas méprendre »
J*trouve des groffeurs on durerez attachées au cuir feulement, lefquelles ne font aucune-
M1 des formes, mais font ou un bouton de farcin > ou autre groffeur peu considérable, puif-
y> elle n'eft point attachée.
de 1 ^0rme eu:tout autre chofe , c'eft un deffaut confiderable, qui l'eftropïe fi on n'y remedie
j.honne heure; & outre que par le temps elle fait boitter un Cheval, je crois que ce deffaut
vj abfolument le faire rebuter j quelque beauté & bonté qu'il aye d'ailleurs > les formes
IV nnent aux )amDes de devant, comme aufli à celles de derriere, car quoy que le deffaut ne
it pas ordinaire, il eft de conféquence, & pour tout remede il n'y a que le feu & deffoler,
le feu s'y donne extraordinairement & avec difficulté & péril. Pour eftre inftruit entiere-
tra'01' ^ conn°ime à f°n^ une forme : voyez le Chapitre Sz. de la premiere Partie où il eft
«te de leur guerifon.
jj, 'y a d'autres remarques pour corinoiftre fhin Cheval a les jambes ufées : Premièrement,
aUt voir fi éranr arrefté, il ne peut demeurer fur les jambes également planté, & s'il en avan-
ça tar>toft l'une, tantoft l'autre pour fe foulager j d'autrefois étant à l'écurie, il en avance une,
'terneure en cette pofture > ce qu'on appelle montrer le chemin de S. jaques.
Qu" 1 n'e^ Pas ^11'*' n'y a" ^es Chevaux qui font tantoft fur une jambe, rantoli fur une autre,
f0 , s ont tres bonnes > fi c'eft par inquiétude &: par ardeur > &quecenefoit point pour fe
ilv §er' commeront ceux qui les ont foulées, on ne peut rien conclure de cette pofture, car
foi ? Chevaux comme des Hommes, qui ne fe firuenr jamais bien, quoy qu'ils ne foient ny
our '^ ^ez-Cts Portes de Chevaux montrent toujours le chemin de S. Jaques ; il faut donc
abr rf Cette remarclue obferver les autres que j'ay dit cy-devant 3& non fur cette feule fe fonder
on'-i ent pour juger fi un Cheval eft foulé ou ufé. J'en ay vii plufîeurs fe fituè'r fort mal d'abord
tr ! s f0flt arrêtiez, c'eftàdire, qui foulagent une jambe de devant, l'avançant plus que l'au-
«Jer^UI av°ient la jambe fidelle, ne mettant jamais le pied en faute, ce qui eft digne de confî-
p0 atlQn '> & quand on voit faire cette action, il faut foigneufement obferver toutes chofes
t voir s'il a les jambes foulées, ufées ou travaillées qui eft à peu prés la mefme chofe.
p0uaut,resferepofent fur trois jambes, fans qu'ils ayent les jambes travaillées ny ufées, c'eft
rnar l0u,ager une de celles de derriere, s'appuyanr feulemenr fur la pince, qui peut eftre une
fjpn^Uedelaffitiide : que s'il tenoit en l'air une de celles de devant, ce ferait un tres-mauvais
mar ' & tes jambes luy feraient douleur j mais faifanr cette pofture fur rrois jambes, c'eft une
tierr^112 ^Ue *e Cheval Peuc e^re *asJ ^ans aucune mauvaife conféquence pour le 4er-
Tow« jj.
JF,                                          Corn-
-ocr page 42-
4i                            LE. PARFAIT MARESCHAL
Comme il faut connoijlre fi un Cheval cjl bien fitui m bien fiante, & s'il mârC''
bien.
CHAP A ^ant conn^eré toutes ces particularitez, qui font tres-néceffaires à bien &fo'g
' /\ fement examiner, il faut tâcher à connoiftre l'allure , comme une cies pièce? Jef:
II»
         ' importantes, & deplusnéceifaîresj car on achepte les Chevaux feulement pou' a >^
c'eft la fin pourquoy on les veut avoir, le refte n'étant que les moyens, pour venir à cett ^
Mais avant de {aire marcher un Cheval il faut remarquer s'il eft bien planté fur les Janl,jt,Z)
lors qu'il eft arrefté : car de leur bonne ou méchante maniere de fe fituer étant arre' 3jS
dépend non entièrement mais en partie la bonne ou méchante allure & démarche: -
la fituation naturelle des jambes doit eftre plus large en haut qu'en bas pour le devant, ^
à dire que la diftance qu'il y aura d'un pied a l'autre, doit eftre un peu moindre que i)C
qu'il y aura d'un bras à l'autre, en dedans, & tout au haut contre les épaules : les gen*7U u
doivent point eftre ferrez l'un contre l'autre, mais la jambe doit aller enligne droite juiq^,
boulet: les pieds étant pofezà terre ne doivent eftre tournez ny en dedans ny en a en
mais plantez les pinces direciement en avant ; étant fitué de cette forte, il le fera tres■»
& on peut fort bien l'obferver quand il eft dans l'écurie en repos.
                                   » n aP'
Pour le derriere, les jarrets ne doivent point eftre ferrez » s'ilslefontceferace qu ° ^e
pelle un Cheval crochu ; en termes de Maquignon ils difent qu'il eft un peu clos, la jaf v^e
derriere doit tombera plomb du jarret au boulet ; fi elle va en avant foos le ventre, ce" ,Z)
mauvaifefituation : files jambes viennent en arrière ("comme les Chevaux font caII1vârl-
lorsqu'ils veulent uriner) la fituation n'en eft pas mauvaife, mais fouvent ils ont les ç
ches trop longues , ce qui eft un défaut pour le manége , car ils ont grand peine a (
fembler& fe mettre fur les hanches > mais ils vont toujours bien le pas, quoy que le • ,^-
fe ruine plütoft : tout au contraire, les Chevauxqui ont les hanches, les jarrets £? refté j
bes toutes droites, c'eitàdire, que le jarret ne va pas affèz en arrière, quand il elt ari: ^
ces fortes de Chevaux ne peuvent que mal-aifément marcher bien le pas; de plus file o t
de derriere fe fituë comme s'il étoitdéboëté en dehors ou en avant, ces fuuations ne v^,j]g.
rien; il faut en outre qu'ils pofent les pieds plats, & non fur la pince, comme font les ^
vaux rampins. Il faut encore obferver s'il fe fituë les pieds fort en dehors, ce qui elt u' ^
fautconfidérable, en ce que dans lesdefcentes ils n'ont aucune force aux hanches & r
font deftinez au caroîfe, ils ne le fçauroient retenir du tout ; & pour vous en a ^
davantage, faites reculer en main le Cheval qui fe fituë de la forte, s'il porte les pie
derriereen dehors en reculant, ce ne fera qu'avec peine qu'il reculera, ainfi il ne îC
d'un grand fer vice, & plus il les portera endehors, plus vous aurez droit de conciar
c'eft un méchant Cheval, quelques quafitez qu'il aye d'ailleurs.
                              , 're(iz\c
Voila pour la fituation, en laquelle un Cheval doit eftre étant arrefté-, fuivonsà pre -p
refte > & voyons fa démarche : il faut faire marcher le Cheval pour voir s'il n'eft point ._
teux, car il eft inutile de l'examiner davantage , puis qu'on n'achepte gueres de
vaux boiteux.
                                                                                                                   /-eUl«-
11 faut faire cheminer le Cheval au pas, pour avoir le temps de confiderer non Q
ment s'il va bien ; mais encore fi les jambes font l'atìion qu'elles doivent faire : pour q^s
Cheval marche bien, il faut que fon pas foittride, c'eft à dire, qu'il ne faffe point de g; ^
pas dégingandez, mais qu'il remue fouvent les jambes, & fafle deux temps, ou bea «^
de Chevaux n'en font qu'un, il en marchera plus commodément, 5c il fe fatiguera "^Lôtn-
-ocr page 43-
j,                                         SECONDE PARTIE.                                       43
jnornme en fera foulage : après cette veuë generale il faut remarquer , que pour bien ChAp,
c"erniner il doit avoir le hauffer, ou lever de la jambe, le foûtien , & l'appuy bon ; je
II.
eu* expliquer le tout en détail, parce que c'eft un langage qui n'eft pas connu de tout le
^°nde. Le hauffer, ou le lever de la jambe quand il marche, fera bon, lors qu'il le fera
?c facilité & hardieffe, qu'il ne croifera point les jambes l'une fur l'autre, fans porter
e ^pied, ny en dehors > ny en dedans , & qu'il pliera le genoüil autant qu'il doit ; &
1U '1 en eft capable ; voilà pour le hauffer.
Le
foûtien eft bon, lors x\uc la jambe étant levée, il la foûtient en l'air le temps qu'il
aut » le refte du corps & la telle demeurant en bonne pofture ; on connoît que le Cheval
j?a pas le foâtien-éeîa jambe bon, lors qu'il laiffe promptement tomber fon pied à terre
r°Ur foulager l'autre jambe, à laquelle il fent de la douleur, ou parce qu'elle eft foible:
'. fernble mefme que quelques-uns vont tomber fur le nez; Et lors on peut dire que le foii-
le.n ne vaut rien, & que les jambes font foibles ou douloureufes, voila pour le foûtien
t^ft k feconde partie de la démarche du Cheval.
\ En troifîéme & dernier lieu, il faut confiderer l'appuy de la jambe, ou plûtoft du pied
terre,- pour eftre bon il faut qu'il foit ferme, nerveux &c droit, fans appuyer le pied plus
. Un- côté que d'autre, la pince ou le talon l'un avant l'autre , mais tout d'un temps, & que
6 Pied étant affis à terre, ne foit ny en dedans ny en dehors, mais droit, & que le boulet
,e porte point trop bas, ou demeure trop roide, car outre que le premier eft une marqua
c foibleffe dans cette partie, le Cheval fe laffe plûtoft , & eft fort fujet aux molec-
Cs ' s'il le tient trop roide il fera bien-toft bouleté 5 & s'il a tout ce que j'ay dit, l'ap,
'"uy fera dans les régies.
« le Cheval fait bien ces trois actions > la tefte demeurant ferme & élevée, c'eft une
aJ3ue rçu'il a 'es jambes bonnes & qu'il marche bien.
je5".e difeours du lever, du foûtien , & de l'appuy de la jambe, eft un jargon peu connu,
q)"IS l'inventeur de cette façon de s'énoncer, laquelle exprime allez bien les differens temps
i "faut obferver dans l'allure d'un Cheval; jufqu'à prefent on difoit feulement, un Cheval
JarÜk ^ro'£ : *' e^ P'11S clement expliqué par le lever, le foûtien , & l'appuy de la
rgfl .: Je croy que ceux qui veulent devenir connoiffeurs, doivent faire une particuliere
cm l°n *"r ces tro's ac^i°nsJ puisque de là dépend la véritable connoiflance de la bonne
ç, léchante allure, & même de fa force : Dans ces trois aciions, il faut obferver fi le
eft fVa' cro^e ies jambes de devant l'une fur l'autre en levant & baiffant la jambe, ce qui
dan i1 ^anëerei,x> non Seulement pour fe heurter, mais encore pour tomber & culbuter
p s 'a courfe. De plus fi le Cheval pofe le talon à terre le premier, & que la pince n'ap-
pre -^Ue Inique temps après, c'eft une marque qu'il a efté forbu : S'il pofe la pince la
3DDïller^' *' a c'r^ ^a c^arette' ^
faut donc pour que l'appuy foit bon, que tout le pied
Pjtye à terre en même-temps, & également.
V0 y a des Chevaux qui ont le lever, le foûtien, & l'appuy delà jambe bons, Srquine
fa c Pas bien le pas, c'eft pourquoy ce n'eftpas le tout de confiderer ce que deiïus, il
qu Vo'r s'il va le pas légèrement, feurernent, promptement, & commodément : voua
je vfe ac*vei'bes qui expriment tout ce que les plus difficiles peuvent fouhaiter au pas, &
H»p„ay expliquer le tout en faveur de ceux qui défirent d'apprenefre , car les Sçavans
Ali°nt que faire'
com Promptement, c'eft à dire, avancer extrêmement à fon pas : chacun eft juge
e pfjCant pour voir fi un Cheval eft diligent, ou s'il avance peu , c'eft pourquoy je
p diray pas davantage.
pUy °ur.aller légèrement le pas, il faut qu'il foit léger à la main, c'eft à dire qu'il n'ap-
Pointfurlemors, mais qu'il mâche continuellement fa bride, tienne la tefte haute, &
F %                                qu'il
-ocr page 44-
44                         LE PARFAIT MARESCHAL                        ,cS
Chap 1u'^ remu^ l'épaule ; on ne pourra pas dire de celuy qui marche de la forte qu'il foit fur
épaules, car il eft impoff.ble qu'il ne foit fur les hanches, s'il marche comme je viens
II. direi outre tout cela fi le Cheval n'a du mouvement aux épaules, & qu'il en loie enrr
pris» jamais il n'ira légèrement. ny commodément, & fera pefànt& mal-adroit, quoyfl
les Chevaux vigoureux qui ont l'épaule froide, c'eft à dire qui l'ont engourdie, lèvent fouve t
la jambe affez haute, & la plient beaucoup 5 ce ne font pas ces fortes de Chevaux qui y'°^s
bien le pas, car ils ne durent gueres, & ce n'eft paspromptement, ny commodément ;
ont tous une démarche tres-dure & incommode, provenantdece qu'ils trouffent les jain."
avecquelque violence, & de plus, ils felaffent bien-tort, par la raifon que j'ayditcy*
vant, parlant des épaules liées, &laffent fort l'Homme qui*eft demis. Dans ces qua
qualitez que j'ay fouhaitées au Cheval , d'aller légèrement, feurement , promptemeo
& commodément, il faut que fon pas foittride, afin qu'il aille légèrement & c?1*11^*
dement, car il n'ira jamais légèrement ny commodément, fi c'eft un pas alongé & ércn<j >
il faut qu'il remué fouvent les jambes fans trépigner & battre la poudre, car aller tride eft o
different de trépigner.
                                                                                                  £
J'ay oublié à dire parlant du lever, & du foûtien de la jambe, que les Chevaux qui 'eV ../
le plus haut la jambe, & qui la foûtiennent plus long- temps en l'air, ne font pas l?s n\nr
leurs pour aller le pas, ny ceux qui vont le mieux : car au contraire ils vont ordinaire^1,.
mal» lentement & rudement; on appelle ces Chevaux là des piaffeurs, en Efpag°e P'ai
dors; c'eft affarément une belle aciion pour un Cheval de Roy, de Prince, ou de ^en<; jj
d'Armée, qui fe montre aux peuples ou à fes Soldats un jour de pompe & de parade; <?
femble par ce foûtien de jambe du Cheval; qu'il foit fier & glorieux de porter fon ^a,tLj
& qu'il foûtiennefon pas, afin de donner le temps aux fpeébiteurs de le confiderei':
fortes de Chevaux font auflì fort bons pour le Manége, ils font brillans, leur galop 8:^,
airs font beaux, ils font admirables pour une entrée ou un caroufel ; mais pour l'ufage a
particulier qui ne demande à fon Cheval autre chofe que d'aller bien le pas, ils f°nC jg
commodes: un Cheval qui léve fi haut la "jambe, pofeenfuitelepied à terre avec plus
violence fur le dur, ou fur le pavé, & s'étonne & fe ruine plûtoft le pied ou le nerf de la J'
be; ainfiil devient inutile: il en arrive encore un autre inconvénient, tenant le pied j0'1.^
temps en l'air, avec des fers affez pelans ; pour l'ordinaire le nerf fe relient de ce poids, &'
jambes fe foulent plûtoft.
                                                                                            je
Le Cheval ira co nmodement s'il eft uni, c'eft à dire fi le train de devant & cjW/
derriere ne font qu'un en marchant, & files deux, pour ainfi parler, ne font qu'un »
me mouvement. 'Il y a des Chevaux dont le devant va bien , mais la croupe balance ça ^
là en cheminant, ce qui s'appelle fe bercer j onconnoît très-bien ce défaut quand le Cn
val trotte j car le trot eft comme à deux reprifes, parce que le derriere fe berce , cornoaS
je viens d'expliquer. C'eft une marque que le Cheval n'a pas grands reins, car à chaque P
un des osdes hanches baifle > & l'autre fe léve comme le fléau d'une balance, ces fortes
chevaux ordinairement n'ont pas de force.
                                                                    a
Pour aller commodément, il faut que le Cheval ne caufe aucun faux mouvement au ^a
lier qui eft deflus, on l'apperçoit quand le Cheval coule pays, fans que l'homme qui le rnon ^
foit tant foit peu ébranlé, quoy qu'il ne foit pas fort bon Homme de Cheval, & qu'il ne
ferve guère de fes cuilîes, pourfe tenir ferme & fans mouvement.
                                    »£j
Il refte à voir comme il faut que le Cheval aille pour marcher feurement, il Faut q ^
léve la jambe médiocrement haute : s'il ne 'la plioit pas affez , il feroit froid , ou at'roj.
les alleures froides, qui luy feroient rencontrer les pierres & le gazons : Cette allure ir
de eftle plu-- fouvent une marque que les Chevaux ont le.s jambes ruinées, quoy qu'ilyaye
Poulains qui ont les allures froides avant d'avoir travaillé j les Barbes en font fort accui »
i
-ocr page 45-
SECONDE PARTIE. _                               4c
car il n'a point Cha
Tf F'eft un des plus grands déf
ja'r3 c'eft le travail le plus ingrat qu'un Homme de Cheval paille entreprendre, que de
peiler des Chevaux qui n'ont poiut de mouvement, ny aucun air,- fi un Homme n'eit allez
Bvant pour former un air à fon Cheval, apurement il y échouera. Revenons au fujet &
Ql'ons que pour aller par le pays il n'y a aucune feureté à ces allures froides, de plus il faut
Ppur aller feurement qu'il aye l'appùy du pied bon &feur, & ainfi il ne bronchera point,
'ra feurement.
rour avoir ces quatre quaîitez , d'aller promptement, feurement, commodément,
/* légèrement, il faut que le Cheval foit un peu long, car les courts3 quoy qu'ils ayent
Meilleure force, & foient bons à autre chofe , ils ont le mouvement du pas plus dur , parce
Ue 'es mouvcmens fe font prefque fous la felle, & ainfi étant fi prés du Cavalier ils l'in-
Oitirnodent, au contraire des Chevaux longs qui donnent lieu & place au Cavalier de
etre point affis fur aucun des trains, ny fur celuy de devant, ny fur celuy de derriere 5
^ais entre les deux, & affez éloigné de l'un & de l'autre, ilreffentira moins lé mouvement
ü 'ceux.
u» piUSj un cheval long dans un temps qu'il fait au galop, avance plus qu'un court en
ei'x temps , & fait le double de chemin > fans fe peiner davantage, puis qu'ils ne font
5Ue le mefme mouvement ; néanmoins les Chevaux longs ont prefque toujours moins de
0rce, & s'éflanqnent plus facilement : enfin comme ils iont plus commodes quelescourts,
n Peut dire que ce font Chevaux de grands Seigneurs.
q,^'opinion de laplufpart des perfonnes eft admirable, enee qu'ils veulent connoiftre fi an
,
ne\'al ira bien le pas, lors que pofant le pied de derriere à terre, il avance un grand efpa-
j?P'l,s ou moins que l'endroit où ilavoitpofé le pied de devant: ce qui eft un abus tres ri-
n
C- „ e » 9'J'il faut mettre avec celuy de palier la main devant les yeux des Chevaux, pour con-
tre s'ils ont la veuë bonne,
dr P-u-fPai'c des Chevaux qui avancent de la forte le pied de derriere plus avant que l'en-
°'t où ils a voient pofé celuy de devant, s'ils l'avancent notablement, il tournent lacrou-
5?ï çà & là en marchant, &fe bercent, qui eft contraire à ce que nous avons dit, descon-
j tlons de bien aller le pas : De plus, cesfortes de Chevaux forgent, c'eft à dire que des fers
j£derriere ils attrapent ceux de devant, ils fe déferrent en chemin, & n'ont point de
gf^j voila ce que c'eltque forger & les qualitez de ceux qui forgent, ainfi vous voyez que
eft une afïez mauvaife remarque pour connoiftre fi un Cheval va bien le pas.
aii e n'eft pas que je veuille dire qu'un Cheval qui avance les pieds delà forte, ne puifle
r'er k pas avec diligeuce; mais rarement aura-t'il bons reins, & il ne fe trouvera gue-
gS l^'ü aille commodément, parce qu'il n'ira jamais un pastride, mais un pas allongé &
endu fort abandonné fur les épaules, qui fera f jjet à broncher, n'étant point foûtenu fur les
co          obfervation de ce que le Cheval en marchant pofe à terre le pied de derriere beau-
P plus avant qu'il n'avoit pofé celuy de devant, eft autant bonne pour connoiftre ceux
aff V°0t tres'^ien l'amble, qu'elle eft mauvaife pour ceux qui vont bien le pas 5 car il eft tres-
arnkf ^u'.un Cheval n'ira jamais bien l'amble fur les hanches, & ne le peut aller, fi lors qu'il
R, 'e> ilne porte à terre le pied de derriere un pied ou un pied & demi plus avant qu'il
t0 P°fé à terre le pied de devant, & plus il le pofera plus avant, & mieux il ira l'amble,
j»*^11 Contraire du pas: Awfi la maniere de remuer les jambes eft bien differente; car à
g^bleil leslévetoutesdeuxd'unmêmecôté, &lesatoutes deuxenl'airen mefme temps;
va uPasil lesléve en croix'de Saint André : Par exemple, illévela jambe du montoirde-
cesd' ^Ce"ers dumontoir derriere, &les tient en l'air en mefme temps, & pofant
% eux là à terre, il léye les deux autres en l'air > & toujours alternativement de la forte.
F 3                    Voi-
II.
-ocr page 46-
46                             LE PARFAIT MARESCHAL                      , tr0t,
Chap. Voilà le vray mouvement des' jambes du Cheval au pas, qui eft le mefme queceluy
quoique ce ne (oit pas la mefme alleure.                                                                 'il fait»
li* Le Cheval allant le pas, ne doit point porter 1er jarrets en dehors à chaque pas ^11 ^
ce ferait un fgne de.foiblefle > qui arrive plus fouvent aux Chevaux d'amble qu'à ceux t qU
&n'eft pas moins un deffaut aux uns qu'aux autres. Tout Cheval qu'on deftine à cour. 'ajS)
au Manége, s'il a ce deffaut en courant de porter les jarrets en dehors, n'y reufto ) |jre
car il ne pourra fouffrir d'êftre affis fur les hanches, & s'il n'eft fur les hanches, il ne pe
que tres defagréable.
                                                                                        Cheval
De plus, il ne doit point fe frotter les jarrets en cheminant» comme font^ lesV.orJs,
crochus, qui eft l'action contraire à la précédente : Les Chevaux crochus font vîtes IX ,
à ce qu'on dit; mais dans les pais de montagnes ils font fort incommodes, & pour lei
ils font tout à fait desagréables.
                                                                          ,, £ne-
Voilà toutes les conditions d'un Cheval de pas, qui ne font pas les mêmes que ° u"e[1t,
val qui galope, car allant le pas il doit pofer le pied ferme à terre » fans lepofer rude ^
cVtout au contraire un Cheval qui galope, doit prefquenepas toucher terre» c'e ^at",
galoper fi légèrement, qu'il femble dédaigner de la toucher, & fans doute ce fera un enC,
que qu'il ira loin au galop, car il ne fe peinera pas beaucoup : Ceux qui galopent pefam j
pofent les pieds tres rudement à terre, ceux qui font fur les épaules demefme, mais ce g
courrent fur les hanches, ne touchent prelque pas des pieds de devant à terre. H n'en. j-0pt
demefme du Cheval de pas, car ceux qui ont la meilleure jambe &la plus nerveufe, .js
ceux qui pofent le pied à terre ferme, & font aflez de bruit; il ne faut pourtant pas 4 cg
appuyent le pied rudement & pefamment à peu prés comme un Cheval de carroll ' ^
qui eft aifé à connoiftre, & mal-aifé à bien expliquer : en voilaaflez fur la Vernare »^
faut fuivre tous les autres deffauts, ce que nousverons au Chapitre fuivant, où J'.t.jgn-
à faire connoiftre fi le Cheval a de bons pieds : s'il n'avoit pas cette partie bonne, il fer01t
toft ufé ,& fon ferviçe ne ferait pas de durée.
                                                     . i»pas>
Il y a des Chevaux qui ont les hanches trop longues, qui vont ordinairement bien le le
mais le devant fe ruine facilement, car le derriere pouffe avec trop de force, & le deva ^
peut réfifter : ils font admirables pour monter les montagnes, ils grimpent comtn ,
bœufs; en échange àladefcente il n'y a pas trop defèureté, ils ont peine à plier les ja (il}
c'en eft une marque, de ce qu'ils ne galoppent qu'à toutes jambes, ne le pouvant lente ..
à caufe que ne pliant point les hanches fous eux, ils ne peuvent aller un galop eC0 \e
C'eft la pierre d'achopement pour les Chevaux qui ont la hanche trop longue, cjUjiao-
Manége , car quelques reins qu'ils ayent, on a grande peine à les affeoir iur les
ches; & fi un Efcuyer eft tres fçavant, qu'il ne l'entreprenne pas ; s'il y reüffit ce~^c.
par hazard, & une fois entoure fa vie, ou il fera deux ans à ce qu'il ferait en un autre
val en trois mois.
                                                                                         .           ieds
Vous connoiftrez que la hanche eft trop longue, en ce qu'étant fîtuée à l'écurie , ',."'ejje,
font campez plus en arrière que l'ordinaire, & le haut de la queue, ou la naiffance " ' ^e
ne tombe pas à plomb fur le bout ou la tefte des jarrets, comme aux Chevaux qui ont la »
de jufte longueur.
Suit'.
-ocr page 47-
SECONDE PARTIE.                                    47
Suine des deffauts d'un Cheval, qu'il faut obj'erver en l'adxftant.
rX Ans ce Chapitre nous enfeignerons àconnoiftre les pieds avec leurs dépendances, en CHAP
X^J? fuite le bon ou mauvais flanc, & tout ce qui appartient à cette connoillance. Dans les j 2,
j Chapitres précedens nous avons veu quelques deffauts par ordre; mondelîein n'eft pas
e parler ìcy da galop, de l'amble, & de la bonne oumauvaife bouche, & des moyens de
Onnoiftre tout le refte que' l'on doit confiderer dans la démarche du Cheval, comme eft
Viteffe & autres qualitezj ce qui m'oblige d'en ufer de la forte, eft que je vois prefque
j lljours que l'on considère les défauts que nous allons fuivre, avant que de faire courre & ga-
Per un Chenal; carceferoit peine perdue d'en venir là, fi on y appercevoit des deffauts qui
^pêchaffent de l'achepter : Et pourveu que je le faffe comprendre au Lecteur, il n'importe '
£as en quel endroit de ce Livre. Il y a quatre marques à tous les Chevaux dont peu d'Au-
.lI's ont parlé , elles font fituées au defTus des genoux en dedans de la jimbe ; & au
, "pus des jarrets prefque fur le derriere delà jambe toujours en dedans; ç'eft un petit en-
j °'t d'une efpece de corne fans poil, dur &fec> de la forme & du nom d'une chafteîgne,
Grecs nomment cette partie iichenes , & nous qui fommes François l'appelons chà-
gne à caule de la reiïembîance : plus petite eile eft , meilleure eft la marque , puif-
ï e c'eft une marque que la jambe eft plus féche & nerveufe. Il y en a aufquels cette par-
£ croit en vieilliflant, & devient dure comme la folle j on la coupe de temps à autre, &
°n l'arrachoit, le fang en viendrait, & i! y réitérait une playe. Ces chateignes nevien-
nt que d'humidité; il fe trouve des Chevaux qui les ont fi petites qu'à peine on lesapper-
p' ce ^ont tes meilleures.
d'i cte partie eft de peu de conféquence, mais il faut tout fçavoir: la nature n'a rien fait
eft!lut,'e» les Chevaux ont desergors aux boulets de devant» & à ceux de derriere, c'eftüne
de -ce de corne tendre,'graffe comme unenoifette, que prefque tous les Chevaux ont au
ar»nere ^u boulet, le poil de la jambe qu'on appelle le fanon, les couvres ces ergots ou
Jptsfont de mefme nature que les chateignes, dont je viens de parler; mais la chatteigne
'ordinairement plus féche, & par conféquent plus dure,
p. '-es Chevaux font fujets aux peignes, qui font comme une gratelle farineufe qui vient au
jpUiron prés de la couronne, & tient le poil heriffé & defuni fur la couronne qui eft enflée,
f^^de deux fortes: quelques unes font humides qui font fùinter au travers des pores des
't>a • ez' ce"es 'â croiffênt & montent quelquefois jufqu'au bouler, faifant tomber une
tr rtl? du poil de l'endroit où elles font, lorsque l'humeur eft trop acre, que fi le Cheval
faille dans les pais fecs, elles lèchent à quelques-uns enefté, de forte qu'on n'y conuoift
r us d'humidité ; mais fi le poil eft tombé la partie refte pelée & vilaine, cette dernière forte
a,, P.e'gnes qui font tomber le poil, ne fe voyent qu'à de vieux Chevaux de carofTe, rarement
xJeunes.
fg^utre forte eft féche & ne jette jamais d'humidité, maispouîTe cette gratelle farineufe,
l'u ;fr'n'er 'e poil & tient la couronne enflée: je ne voudrais pas d'un Cheval qui aurait
trav -f ces défauts, fi l'on ne diminüoitbeaucoup du prix, quoy qu'il ne l'empêche pas de
ave
         J &P°ur un Cheval de prix, il le fautabfolument rebuter &ne le point acheter
j0 c des peignes L'on connoît ce mal principalement à ce que la couronne eft prefque rou-
la crs enée > & pleine de l'humeur qui caufe les peignes ; on apperçoit cette enflure en ce que
Vai°u.ro»ne eft plus groffe & élevée que la corne, un Cheval oecarroffe avec des peignes ne
Hl «en dans une Ville.
Ce
-ocr page 48-
43                              LE PARFAIT MARESCHAL                            ,en
Ch AP. Ce mal efl: au(ïî fâcheux qu'aucun que puiiïe avoir le Cheval : premièrement lls.>es)e
gueri.Tent prefque jamais, & de plus'beaucoup de perfonnes les rebutent; arnfivouse l
* ^* dernier maître d'un Cheval. Lorfque des Marchands en ont , ils vous difeut que leurs ^^a0y
ont marché dans les terres fortes, ce qui leur a fait heriffer le poil fur la couronne: Je
. qu'il ne faut pas achepter ces fortes de Chevaux au deflus de cent livres.
                       j ffeut
Il faut voir enfuite fi le Cheval que vous voulez achepter, n'a point de forme ; ce ntj
n'eft pas ordinaire, & on le voit rarement aux Chevaux de campagne, maisfeu'e(Iie j.
ceux de Manége & de caraffe, comme il eft de très-grande conréquence, il le faut con
tre, j'en ay déjà parlé , & je crois que la redite ne fera pas tout à fait inutile, Pu's<îue/{ro-
Cheval qui a des formes peut ertre compte pour un Cheval qui court grand rifqued'eftre^ie
pié; la forme eft une groffeur qui vient au paturon des jambes de devant, & à ce|eoCe
* derriere , au deffus des quartiers au dedans & au dehors, durecommelereftedelafub; a^ ja
du paturon, & mefme comme l'os, & cette groffeur n'eft pas fur le cuir, ny attach e e.
peau, mais attachée à la fubftance du paturon: elle fait boitter le Cheval, & enfin le ' ^
pie ; dans fes commencemens elle n'excède pas la groffeur d'un demy œuf de P'»ec?/piuS
travail la fait croîrre avec le temps, jufqu'à la groffeur d'un demy oeuf de poule, <*r
la forme eft prés de la couronne, plus elle eft dangereufe.
Le moyen de connoùre les pieds des Chevaux.
Ile il
CHAP T ^ P'ec*s nt ^ con^erer comme une partie effentielle du bon Cheval > fans la ^^^
jL/e^ 'nu"'e & ne Peuc fervir. Et quoy qu'on ait des Chevaux avec de tres-bq'is P
13«
          il faut fouvent les laiffer de iéjour pour faire croître les pieds, afin de les pouvoir relc>e(i
s'ils ont marché nuds-pieds 1 & qu'ils fe le foient ufé ou que la corne (e foitcafléej :j
l'endroit du corps qui fouffre davantage, & un Cheval qui ne les a pas bons > .à qu°y P. 0>e(t.
eftre propre? fur tout en pays de montagnes, dans les pais rudes & parmy les pierres: 1 s
propre qu'au labourage, ou dans l'es pais où il n'y a point de pierres où il pourra fervir de j ^
entemps& fortmédiocrementj&auffipourlesconfinerdansuneécoletellequelle, 0l1 mCjes
rain fera extrêmement doux : c'eft toujours à bon marché » qu'on achette les Chevaux a^^e
pieds foibles ou défecT:ueux,& l'on fait encore un méchant marché affez fouvent:quoy qu * jf.
le vray il fe trouve des choies affez bizarres en matière de pieds, on voit des pieds qu1 P. ^
fent foibles qui font bons ; & le peu de corne qu'ils ont, eft doux & liant & caps0 ^
fervir. On en voit qui paroiffent bons & font douloureux pour eftre gras & pleins de chai ^
plus feur eft de les prendre d'une bonne forme, oùWn'aye rien à fe reprocher, & aveCt,
thode de les bienferrer > on amende ceux qui font mauvais & on maintient les bons en et • j
Il faut eftre bon connoiffeur pour bien juger de certains pieds fur tout aux Cneva^j
viennent de Hollande à l'âge de quatre ou cinq aus, car on a peine à juger fi des p^ " ]3
paroiffent bons à bien des gens, ne deviendront point méchans avec le temps cornm ^
arrive tous les jours, ou par la faute du pied, ou duMarefachalquileferre, ou de to
deux, ainfi le plus feur eft de les choifir comme nous allons dire.
                                   n $'é-
Commençons par le fabot, qui doit eftre d'une forme à peu prés comme ronde,_e ^
loignant de la longues particulièrement vers le talon; car les pieds longs ne valent rie •_
corne doit être douce, & liante, haute, unie & brune, s'il fe peut, fans ancuns ce.^\ss
L'on reconnoiftra la caffante, lors que le Cheval ayant efté fouvent defferré, s'e^^UsC\iée
pieds j où il manque beaucoup de morceaux de corne autour du pied, & la corne eft ebr en
-ocr page 49-
SECONDE PARTIE.                                      4?
p beaucoup d'endroits pre's du fer, ainfiellene fuit pas la rondeur du fer; les cornes caf- Chap.
a°tes éclattentà l'endroit où les clous font rivez , qui emportent la pie'ce de la corne :
J*11 'a connoît auffi en levant le pied, fi on voit un fer forgé exprés, c'eft à direqu'ilfoit \$*
Psrcé extraordinairement, & dans les endroits où il n'a pas accoutumé de I'eftre , pour
Pouvoir ferrer le Cheval, puis qu'il n'y avoit plus de corne à prendre aux endroits où l'on
°u brocher les doux, ainfi on eft contraint de les percer aux talons > quoy que ce foit aux
peds de devant > ne pouvant faire mieux : ordinairement on ne met point de doux aux
aïons des pieds de devant , & quand il y en a , il faut que la pince foit fi fort éclatée
jompnë qu'on n'y en puifle plus mettre,
i .Ces cercles aux pieds des Chevaux les font connoiftre pour eftre altérez , ils les font
- lter s'ils entourent le pied > & qu'ils foient plus haut que le refte de la corne : ils font
. fi-Jtrie fi on avoit mis exprés un cercle de corne pour lier Je pied. Lors qu'on voit un
j\ed cerclé, quoy que le cercle ne le fafie point boiter, ny feindre fur le pavé, ou il eft
f teié, ou la nature de la corne n'eft pas bonne: c'eft pourquoy il faut le confidererbien
PuY' ^ remarquer toutes les autres circonftances ; premièrement fi la corne eft épaiffè,
'lue les Chevaux qui ont la corne mince, font ceux, defquelson dit qu'ils ont les pieds
f s j on ne peut s'en appercevoir que voyant parer le pied ; car non feulement la corne
bof "^"^j rnais la toile le fera auffi, & aura fort peu d'épaiffeur : ces fortesde Chevaux
Ontftnt' & fe,gnentng-cernPs aPrés qu'ils ont efté ferrez avant que le pied foit raffermi, Se
?JJ contraint de les laifler féjourner quelques jours > lors qu'ils ont efté ferrez de nouveau.
g^ . ctt une des chofes les plus difficiles de la connoiffance, que de connoiftre les pieds gras,
be[Je Croy que peu de perfonnes en peuvent juger avec feureté, puifque la forme eft auffi
fa^ e Sue d'un autre pied, & la corne a la plus belle apparence du monde, hors qu'ils ont le
îi£ P- us gros que l'ordinaire, & qu'un Cheval de la taille dont ils font ne doit avoir.
lue I outre cela prendre garde qu'il n'y ait au pied aucune avalure, ce qui arrivelors
dig- e Cheval a fait quartier neuf y la corne nouvelle venant à croiftre , eft rabotetife,
eft rtïle> plus groffe & plus molle que le refte du pied; fi l'avalure eft notable & qu'elle
j. e un quart du pied > elle doit empêcher d'acheter un Cheval.
fout y a des chevaux
qui ont des atteintes d'un crampon fur la couronne, qui en gueriflànt
tien "Ue avalure , le trou defeend à mefure que la corne croît, on le voit fur le labot, il
H lr Point au Cheval quand il n'eft refté aucune groffeur fur la couronne.
c°Un/ a des ava^ures affez dangereufes , lors que des Marefchaux ont donné le feu fur la
tjnj j n,le > & qu'ils ont brûlé la corne, il fe fait une avalure ou un canal au long de la corne»
Parce ^'^ difforme, & dure tant que le pied dure , & luy porte un notable préjudice,
3iiCll ^'ordinairement elle fait retreffir le pied , & le defleche en cet endroit : Il n'eft
h coi.enierit dangereux de donner des rayes de feu fur la corne, pourvu qu'on ne brûle pas
beauco°nne,' ma's feu'ernent Ie labot, & bien loin d'eftre dangereux, il eft fort utile en
3ue ] UP ^'occafions de le faire: Par exemple, lors qu'un quartier ou un talon eft fi ferré
esravC°^ne Preu"e le petit-pied, on peut avec utilité, au lieu de renetter le pied > y donner
squ'eSQe^eu' de la maniere que j'ay enfeignée dans la premiere Partie; c'eft pourquoy
^U'ilpft0" lesverra fur un pied , il ne faut pas trop s'en fçandalifer, mais on peut conclure
î[ £°lt ferré, & qu'on y a donné ces rayes pour le faire ouvrir.
dire^ Ut enfuite lever le pied, le talon doit eftre haut, large, ouvert cV ample, c'eft à
fidererg3"' eftreencaftelé qui eft fans l'avoir trop ferré, comme nous allons dire; vous coll-
ie0? Pe^ en melrns temps fi la fourchette eft d'une largeur proportionnée au pied, fi elle eft
1 s tropUc ^ lroP'éche c'eft un deffaut, c'en eft un auffi fi elle eft trop large & trop groffe;
lalon           ^ troP defïechées font le partage des Chevaux encaftelez , par ce que
y s ^" fc rétreffiffant , empêchent que la fourchette ne foie nourrie , ainii elle
e '•
                                                                   G                               demeu*
-ocr page 50-
co                              LE PARFAIT MARESCHAL                            ..
C H A P. demeure petite & affamée> la fourchette trop grolle eli plus haute que la cor ne des fa'01 '
c'eft toujours une marque de tres méchand pied.
*3«
Laplufpart des Chevaux qui ont le talon bas, ont la fourchette graffe, ils ne fçauroie
marcher fans qu'elle touche contre terre, &fouvent les fair boitter; ce qui doit eftre rei*1
que fort foigneufement, parce que laplufpart desperfonnesqui entendent li ferrine, r°
abatrele talon à leurs Chevaux pour leur confërver le nerf de la jambe, ou pour d'autresr
fons, dont nous parierons cy-aprés : Les ignorans voyans un talon abattu & coupe de
forte, difent tout franc que le Cheval n'en a point, mais il faut prendre gardeàlafourch
te. qui étant médiocre, mal aifémentle Cheval a t'il le talon bas : le tour de la corne»
auffi connoiftre les talons bas à ceux qui ont un peu d'expérience.
                                    ^
Vous prendrez garde enfuite, faifant toujours tenir le pied levé, fi la foie c^f°rte/-he-
tout le pied creux, & éloigné du fer,- le pied creux eftune bonne remarque pour le? ^
vaux de caraffe : il faut fur ce nouer que ceux qui vendent les Chevaux, pour leur ^CrQ\e
roiftrele pied bon, lefontcreuferparleMarefchal le plus qu'ils peuvent , &laiffent a .f
trop foible, & là deffus on fe peut tromper, car le pied doit eftre creux fans que la f° oUr
trop affoiblie : pour louer un pied, on dit qu'il tiendroit dedans un demi feptier de vin , P
faire connoiftre qu'il eft bien creux.
                                                                             gj
Lors que la foie éft plus haute que la corne -, & que tout le pied eli pienti par le deffou? » .g(j
qu'au lieu que le pied foit creux, il eft ronden quelque maniere , on nomme cela u"£,eft
comble,- ces fortes de pieds font toujours par le deffus en forme d'écaillés d'huiftres,
à dire plats & difformes; & prefque toujours les pieds faits de cette maniere , ont le r f
quoyquebas, ferré prés du fer ; & fe rendent par le temps abfoîument inutiles, ne Pol| oS3
leur attacher des fers que fort mal-aifé ment, ny brocher lescloux quefort loin des ta
mais feulement à la pince: ils ne font bons qu'au labourage. Cen'eftpasquepar la" ^
ferrure, le foin & le temps, ces pieds combles ne fe puiffent en quelque maniere remettre, ^
mefme leur donner une paflablement bonne forme, s'ils ont les talons ferrez feulement p ^
du fer, comme ils les ont prefque tous > & qu'ils n'ayentpas la fourchette trop g'olje {S,
talon bas» A ces derniers il y a peu ou point demoyens de les rétablir, mais pour 'esP rC
miers defquels la corne du talon fe ferre feulement prés du fer, quoyque bas > la ^13 iS
déferrer les peut rétablir. Nous l'enfeignerons parlant de la ferrure, maison n/ac'iePt j.^..
ce qui eft à faire ; & comme il vient affez de maux aux Chevaux, je croy qu'il faut s ^
cher àchoifir les meilleurs pieds, puilque c'eft le fondement de l'édifice'; fur tout P0lYall.
grands & gros Chevaux de Hollande, & de Frife, leur voyan t peu de talon » & la fo'e rül
te, c'eft à dire, prefte à toucher le fer, ou la fourchette grofle & graffe, jamais il n ert >eft
achetter, car affurément on en reçoit du déplaifir les pieds venant à mtier, puifq^e ^oflS
une choie affurée que ces Chevaux muent, & changent de pied étant en France, & .r0iu-
deviennent médians, & s'ils font médians auparavant, en muant ils deviendront aD
• ment inutiles.
                                                                                                         t <Je
Il y a des pieds' qu'on nomme foibles, parce qu'ils ont premièrement médiocrerne ^
talon, &ont peu d'épaiffeur de pied, c'eft à dire , que vis-à-vis le bout de la fourche*
defïous, jufqu'à la corne au deffus du pied, il y a tres-peu d'épaiffeur ; & quoy qu'i»' ^e0t
lededans du pied, c'eft à dire la folecreufe, ils ont fi peu de force au pied, que 'aCV\jcer:
ils boittent, ils s'échauffent le pied fur le dur, qui enfuite étant douloureux les fait b0 je
] fouvent ces fortes de Chevaux font fur la litière, il faut y prendre garde, fur tout à ce
carroffe.
                                                                                              _ . îVoftauX
Tenant toujours le pied levé, vous pourrez voir s'il eft encaftelé, ce qui arrive pu«" ^
Chevaux de légere taille, comme Barbes, & Chevaux d'Efpagne, qu'aux autres, »u*
à ceux qui ont le talon haut avec la corne deffechée.
                                                       q&
-ocr page 51-
SECONDE PARTIE.                                      ci
,;On connoît I'encaftelure à ce que les talons ne prennent pas leur tour en rond , mais Chap.
s éftreffiflent auprès de la fente de la fourchette, &'de chaque coté de ladite fente il n'y
'Pas un doigt de large, & en tout le talon il n'y a pas plus de deux dojgts; au lieu qu'un *3«
Cheval en doit avoir quatre de largeur au talon, mais c'eft toujours félon fa taille & fclon la
8randeurde fon pied.
r Hy a des Chevaux encaftelez qui ont le talon haut, mais fi foible , qu'en preflant les deux
<j°te_z du talon l'un contre l'autre.:, ils obeïflent & branflent, & c'eft une marque de foiblefïc
06 Pied; quand ilneferoitpasencaftelé, file talon eli branilant il eft foible.
., Certains Chevaux encaftelez n'ont pas le talon haut, au contraire ils l'ont afïez bas, mais
sndroit où l'on fait porter le fer, aux talons tout au bas de la corne, eft beaucoup plus étroit
^u'au haut vers le poil, & c'eft cela qui les fait encafteler. A ces derniers les fers à pantoufflc
très-bien.
Il y a des Chevaux qui ont le derriere du paturon vers le talon, comme en appointant, &
Par ce moyen ont le pied trop long; car il outrepafle au talon fa rondeur ordinaire, & s'al-
jpnge trop en arrière} ordinairement ils ont tres-méchans pieds, & font prefque toujours en-
caftelez, ils ont cet endroit du paturon trop charnu, &fujets aux formes, c'eft un déffaut
£apable de faire rebutter un Cheval, & de ne le point achepter. Il faut vous régler là-deflus
P°ur la forme du pied, qu'elle doit eftre la plus approchante de la ronde qu'il fe pourra, &
^cux dont le paturon s'allonge & qui ont le pied prefque enovale, ont une méchante forme
e pied pour le fervice.
Outre I'encaftelure aux Chevaux de légere taille > ils font fujets à avoir dans le paturon un
escoftez du talon plus haut d'un poulce que l'autre: cedeflâut eft notable, mais il nel'eft
Pétant que I'encaftelure ; car outre que I'encaftelure faitfouventboicter c'eft une marque de
paiide fécherefle de pied. La mauvaife ferrure peut caufer ce talon trop haut d'uncofté :
,e. defFaut eft curable, mais il faut faire de la dépenfc pour le guérir ; il vient en partie d'ari-
'c^& fécherefle de pied, le moyen de l'empêcher eft déferrer & parer ces pieds tous les
ç?'.s, afin de les empêcher de prendre cette mauvaife forme : ce mal eft feulement pour les
, heyaux de légere taille, qui ont le talon étroit, & qui ne vont jamais dans les lieux frais &
u.mides, &ne s'humettent point le pied; jecroy qu'on ne doit pasachetterun Cheval de
Pnx avec ce défaut.
-Les Chevaux qui s'encaftelent, font fujets à avoir des feymes : ces deux défauts viennent de •
^efrne caufe intérieure, qui eft la fécherefle ou aridité de pied ; la caufe exterieure vient de
se ^e les Chevaux vont fur le dur, ou fur le terrain gelé, ou appuy ent trop rudement le pied
terre, comme font les Chevaux ruinez qui rrottentfurlepavé : ceux qui fautent fur un ter-
qji^dur, & fouvent ceux qui galopent trop de.haut, ou qui ont trop de mouvement ; il eft
?"e de s'appercevoif de ce derfaut à la démarche , car ils n'appuyeut plus le pied ferme
k ^re, & ainfi l'appuy du pied n'eftpas tel que nous l'avons décrit cy-devant, car ils en
, 'ttent prefque toujours; un pied bien formé & bien-nourry ne fera pas fujet à avoir des
yrnes , & rarement voit-on des fabots bien ronds , bien unis & bien nourris qui en
vent.
Pu i°n ^11110'1 'es feymes en regardant dans les quartiers de dedans qui font fendus de-
trJ^ le poil jufqu'au fer , tout au travers de la corne , & ces quartiers là font prefque
c>J/0Ul's ferrez, quelques feymes ne vont pas jufqu'au poil, & ne font pas fi manvaifes;
j * un très-grand derfaut quoy qu'il fe puifle guérir, mais il eft encore plus grand à des
Çii i ^ras 9U1 onc 'a corne ™ince > ou fouvent les feymes font un javar encorné , parce
cqJ2 , mariere qui s'y forme gâte le tendon & le corrompt, & ainfi caufe un javar en-
pg ?e : La différence qu'il y a de ces fortes de feymes » d'avec celles dont je viens de
er j (gui font plus ordinaires,,) eft"qu'il fe forme de la matière à celles-là, & qu'il
G 2                                   ne
/
-ocr page 52-
H                       LE PARFAIT MARESCHAL            % . ^e
ChaP, ne s>en £°tms Pom£ à celles-cy ,- on connoift que la matière s'eft forme'e à une '^^
en ce qu'au haut prés du poil il en fort de la matière, qui a fon origine dans le ten ,ull
*3* & cn ce 1ue k Cheval en boitte fort bas. Ces feymes font auffi difficiles à guérir q
javar encorné , car il faut les traitter de mefme maniere. Quoy que les Chevaux ,
yent que des feymes ordinaires, ils ne peuvent fervir que fur la velours : car lur le P jjs
ny fur le dur > ils ne font que tâtonner , & fouvent le fang fort pa, la feyme, qual1 ;.
cheminent. Les feymes font toujours un ligne affuré de pied defféché & d'une mal1 g,
fé temperature. Une feyme eft capable de faire rebuter un Cheval de campagne, ^
encore plus de carroffe , & je croy que le deffaut eft affez grand pour empêcher df,,eUÏ
cheter > hors dans les écoles où l'on peut les rétablir 5 mais on les doit acheter à me'
compte.
                        _                                                                           .. 1 fabo£
L'ongle le fend aux pieds de derriere depuis le poil jufqu'au fer tout au milieu du .^
à la pince; cette incommodité n'eft pas ordinaire, mais elle eft fort incommode, e''^g;
boitter un Cheval; on les appelle des pieds de bœuf, parce qu'ils font tendus de me ^ jeS
cette maladie arrive plus {ouvent aux Mulets qu'aux Chevaux, elle doit empêcher a ^
acheter, particulièrement fi la fente eft large, parce que le fable s'y mêle avec la boue;
fait boiter le Cheval par la douleur qu'il luy caufe.
                                                . c'eft
Il y a un autre mal qui tient de la corne & de la couronne > qu'on nomme crapaudine > q0
uneefpecc d'ulcere ou poireau qui vient audeflus de la couronne, il en fort une numellnII)e
pus, qui par fon acrimonie defiéché la corne audefious de la crapaudine , il fe ^zAc°\p3t
mi
canal au long de la corne jufqu'au fer, & ilfemble qu'elle feretreffit en cet endroi^
cette humeur > qui au lieu d'humecter la corne comme elle devroit faire , change de n
par la corruption qu'elle reçoit de la crapaudine, & caufe ce defordre.
                          -]s
Les Chevaux de Manége qui enpaffageant necroifent pasafîez les jambes» comme
devroient, donnant fouvent des atteintes en un mefme endroit, peuvent faire ven'r^SePe-
paudines, les Chevaux en boittent, fi on n'a pas le foin de les tenir nettes; c'eft un malo Y
tite conféquence, qui vient plûtoft aux pieds de derriere qu'à ceux de devant.
             . f0n
C'eft un grand deffaut que d'avoir les pieds trop gros ou trop grands, ou de les avoir .^
petits; ceux qui les ont trop gros &trop larges, fontprefque touspefans, & iarelTieaSiin
font légers avec ces gros & grands pieds, ils font fujets à le déferrer, & ne rendent p
fervice agréable.
                                                                                                     ol0
A Paris l'on debite fouvent des Chevaux pour la felle, qu'on nomme Flandrins, ûl oa,
de leur pais de Flandre, à caufe qu'ils font de belle taille , & qu'ils font bien leur »i
tre, quoy que dans le fond les bons foient rares, c'eft pourquoy on les fait palier pour
vaux Normands; & nous n'avons point de plus affuréemarqué pour connoiftre cesr'
drins que leurs gros & larges pieds ; car après dans le fervice on les reconnoift trop P ^
ce qu'ils font : car la plufpart au moindre travail rottent quand on leur appuv ^^
deux. Les trop petits pieds font beaucoup à craindre , parce qu'ils font fouvent ^
ìtìureux & fujets aux feymes, & autres deffauts , dont nous venons de parler ; IeS ^
gros pieds donnent auffi grande peine aux Chevaux à cheminer dans les pais ffl° 5js,
boueux» & ne fupportent pas la fatigue; la plufpart des Chevaux qui ont ces gros }P' nt
bronchent fouvent, & s'ils ont la jamble foible, & la jointe trop longue » ils n au
jamais grande force.
                                                                                                ;ed
Il y a d'autres pieds dont la forme eft extraordinaire, parce qu'ils ontefté forbus» ' [£(],
vers le milieu dufabot audeîîus de la pince eft ferré; il y a plufieurs cercles dans tout le P. ^
il paroift tres-alteré & fec, & le talon eft tout cerclé : le Cheval qui a ces fortes de p
qui empirent tous les jours, pofent le pied à terre le talon le premiere en trottant, ay ^
le fabot plus ferré au milieu qu'ailleurs, & le dedans du pied plein & approchant a
-ocr page 53-
SECONDE PARTIE.                                       ç3
forme des pieds combles: ilyamefme de grandes forbures tombées dans les pieds, qui les Chap.
rendent fi extraordinaires, quecequidevroit eftrefurlepied, eft au deffous, 8c les pieds font
tenverfez : toutes ces fortes de pieds doivent eftre rebutez.
                                                    *3 *
Pour connoiflre un Cheval a ajfe^ de corps.
AYant bien confideré le pied du Cheval que vous voulez achepter, il faut voir s'il a bon CHAP
corps, ou aflèz de flanc» ou s'il manque de boyau, le tout nefignifie que la même
ç choie: mais pour parler correctement, il faut fefervir feulement de ces termes, un 4*
he val manque de corps, ou il n'a pas affezdeflanc, carde dire qu'il n'a point de boyau,
* une maniere de parler qui n'eft pas receuë, quoy qu'on puiffe dire qu'un Cheval n'a point
fe ventre: pour me rendre plus intelligible à tout le monde, je m'en ferviray quelquesfois
«nsconféquence.
ji ]u'à la dernière còte; quoy que ces Chevaux ayent affez de corps, venant à travailler
gS 'e perdent abfolument , & ce font ces Chevaux là proprement qui n'ont point de
*~m Cheval manque aufiTi de flanc lorfque les côtes font trop ferre'es : on s'en apper-
,vr* facilement fi on tait comparaifon de la hauteur des côtes avec les os des hanches 5 car
es doivent eitre auffi hautes, ou avecpeu de différence lors qu'un Cheval eft bien en chair :
a?ÎJ!0ri9'->'il eft maigre, & qu'il n'y a point de chair fur les côtes, elles ne peuvent paroître
*Wu hautes que l'os de la hanche.
, .^edefFauc des côtes ferrées» outre qu'il empêche le Cheval d'avoir affez de corps, la re-
Piration n'en eft jamais bien libre, àcaufe que la dernière côte ferre & comprime trop les
oi les Chevaux qui ont la cofte ferrée font grands mangeurs le flanc s'avallerà, & leven-
fo ne P0uvarit contenir dans les côtes tombera en bas 1 & fera un ventre de vache, ce qui eft
(jrtdéplaifant : de plus, ces Chevaux qui ont les côtes ferrées, font difficiles à feller; il faut
to j'es exP1_és pour eux, ils manquent d'haleine & font fujets à la toux, mais ils ont prefque
^ae s reins,
à .^manque de ventre vient de maigreur, ou d'avoir beaucoup fatigué; il n'eft pas fî fore
3 rai'^dre, fi la cofle eft bien tournée ; le repos le peut rétablir en le nourriffant, rafraichif-
4^ «elanez le Cheval à courre, il lera plus léger & meilleur qu'avec un grand ventre,
ait Kn'eft pas une con^quence que tous les Chevaux maigres foient étroits de boyaux, il s'en
2n beauc*>up aufquels la maigreur caufe cedefordrc; mais il s'en void quantité quidevien-
* L 'na,'-?res » & ont du flanc & du corps autant qu'il en faut.
>rr>e v"'rarj'e moyen pour connoiftre un Cheval > .lequel ne peut que difficilement avoir du
s » eft lorfque vous le voyez gras avec beaucoup de chair fur les coftes, & point de flanc,
ïux-là on peut dire que naturellement ils n'ont point de flanc, & mal-aifément îeui
■)e
aVa-*on faire venir du corps, puifqu'ils ont pris delà graifîe & delachairftiffifammentj fans
ir pris du ventre.
G 3                                  S'il
-ocr page 54-
U                          LE PARFAIT MARESCHAL.                           as
S'il eftferré de flanc pour avoir les coftes mal-tournées, tiOf>ferrées, qui ne donner) y
lieu au ventre d'avoir place fuffifante pour fe loger, c'eft un deffaut notable, on leur vc?I^na.
flanc étroit, & les coftes prés des flancs fort ferrées : fi les Chevaux qui ont ce deffaut,
gent bien le foin & l'avoine, & boivent bien, ils font auffi bons que les autres pour la fé '
s'ils n'ont point d'ardeur; mais pour lecarro'le je n'en voudrois point; la plus Parl:
         ;ns
vaux qui ont les coftes ferrées » ont de bons reins» il n'y a qu'à voir les Mulets qui ont les r
les mieux faits, ils ont les coftes fort ferrées prés desflancs; & tous les Chevaux qui ont ^
reins fort élevez ont la cofte ferrée de mefme » ils n'ont pas la croupe fi belle > car elfé
toujours pointue , mais ils ont en échange les reins bons.
                                        a ! ien
Que fi le Cheval eft ferré de flanc naturellement, quoyqu'ilait les coftesamples&
tournées» s'il mange comme nous venons de dire, il fervila fans doute, s'il a le derriere
ge & bien ouvert, & qu'il (bit fans ardeur: C'eft une maxime infaillible, qu'on ne doit j
mais prendre de Chevaux qui manquent de corps & qui ont de l'ardeur, car ils le ruinen1
un moment.
                                                                                                       . njr
Si le Cheval qui manque de flanc a la cofte trop courte, quoyque vous luyayez fait .
du corps, il le perdra au moindre travail: on connoift la cofte courte en ce qn'on ne la
pas defcendre fi bas qu'ordinairement elle defcend.
                                                         a
Il faut remarquer avec foin û le Cheval qui manque de flanc a de l'ardeur, cars', c0ri-
quoy qu'il mange bien , il ne prendra jamais de flanc: je le répète parce que cela eft de
féquence.
                                                                                                                ja-
Beaucoup de gens confondent mal à propos l'ardeur avec la vigueur : L'ardeur eft u
fir violent & immodéré d'aller en avant, les Chevaux qui en font pofledez, s'inquie1 u,
trépignent; dancent&fe mettent tous en eau, par ce deiir qu'ils ont decourrir; ils°e ^Lf.
roient fouftrir qu'un Cheval marche ou qu'il galôppe devant eux, &ils le tourmenter) J _
qu'à ce qu'ils Payent devancé, enfin ils ne font propres qu'à fatiguer le Cavalier mal i P^
pos; & à fe laffer eux-mefmes fans fruit. Les jeunes gens étourdis & fans expérience ,c'^
mentleurs Chevaux d'avoir de l'ardeur, ils difent à deflein de louer leurs Chevaux qu'ij* <eS
un grand cœur & beaucoup de feu, & c'eft juftement dire qu'ils ne font bons à rien, »
louer de ce qui doit les faire rebutter : la vigueur ne confifte pas à avoir ce feu» ^yCef0ii
adtion turbulente,un Cheval vigoureux doit avoir beaucoup de iénfibilité,cramdre fort ^^rLjJ
efte froid dans fes acìions»& n'avoir de feu que ce qu'on ltiy en donne; en un mot un Ch ^
vigoureux eft un Cheval froid, qui a l'éperon fin, c'eft-à dire les coftez fort fenfibl**
■ n'eft pas que les Chevaux ardens ne foient la plufpart vigoureux , mais le mal eft qu'il»
avec ardeur.
                                                                                                          . jg
Les Chevaux qui ont quelque douleur au train de derriere ordinairement font ^'°xs
boyaux ; l'expérience nous fait voir tous les jours que pour un javar qu'ils auront aux 1
bes de derriere, ils deviendront efHanquez extraordinairement ; à'plus forte raifon
qu'ils auront douleurs aux jarrets, pardeséparvins, des jardons, ou des capelets, ^ r£ttt
fituezfur des partiesnerveufes fort fenfibles, & où par conféquent ces infirmitez eau ^
une douleur exceflive : c'eft pourquoy quand on vous préfente un Cheval, étroit de ^0.< ats
& fans^ corps, regardez d'abord aux jarrets, & infailliblement il aura un des trois delt
que je viens de dire, ou tout au moins quelque chofe de douloureux dansle train de dern
c'eft à dire en quelqu'une des parties. Ce n'eft pas qu'il n'y ait des Chevaux étroits de
yaux, qui n'ont point de mal aux jarrets, mais il n'y en a point qui ayent un de ce5.tlJC,
deffautsqui ne foit étroit de boyaux ; ces fortes de Chevaux ne réfiftent pas à ^ J3,11^ qM
ny à la felle , encore moins au carofle : Si la douleur qui eft au train de derriere ,^
eft caufe de cette perte de flanc , provient d'une caufe qu'on puifleguérirfacileme!1 ^
en peu de temps, elle ne doit pas empêcher d'acheter un Cheval, par exemple un Javaraj[i
-ocr page 55-
SECONDE PARTIE.                                       ç*
'r^n de derriere efflanquera quelquefois beaucoup un Cheval, on peut néanmoins le guérir Chàp.
'ojernent; il en éft<Jemefine des autres.
                                                                            ta
, Si le javareftfur le nerf à la jambe de derriere pîushaut que le boulet, quoy qu'on vous I4'
^"e que ce n'eftrien, c'eft une des plus fâcheufes maladies qu'un Cheval puifle avoir; j'ay
veu des chevaux en eftre malades pendant fix ,-huit & dix mois, d'autres en eftre eftropiez, &
autres enfin en font morts.
Laraifonpourquoy un Cheval eft tres-efflaiiquc , quand il ades maux de jarrets, outre ceux
1ue nous venons de dire', eft que les jarrets font tous compofez de nerfs, ligamens, & tendons j
'tifile moindre corps étranger , qui en cet endroit, caufera de rudes fymptomes, qui luy font
Perdre leflanc, & fou vent l'appétit. Puis qu'il eft icyqueftion del'achapt des Chevaux, je
lray que tout Cheval étroit de boyaux, par des maux de jarret incurables, doit eftre rejette
*j°rnme inutile , & dont je ne voudrais pour quelque prix que ce fût ; non parce qu'il eft étroit
veboyaux, maisparce que ce manque de flanc eu l'indice de la grande douleur des jarrets: Il
yacerains Chevaux avec des maux de jarret qui n'en font pas efflanquez, comme j'ay veu
ent fois un ou deux gros éparvins de bœuf qui n'avoient pas diminué le flanc aux Chevaux,c'eft
le marque ou que le Cheval n'eft pas fenfible, ou que les efparvïns ne font point douloureux :
°n°bitant cela je n'en voudrais point avec leurs efparvins, j'en parleray en fon lieu, & diray
°T?re 4u'ii V a des Chevaux moins fufceptibles des effets de la douleur que d'autres.
> *J y a un d'effaut affez ordinaire aux Chevaux dansles Provinces où l'on fait trop manger
■ *iom& trop peu de grain; enforte qu'on leur faitgroffirle ventre, & on leur donne la
ftriede celuy d'une vache pleine, ce qui eft non feulement difforme j mais de plus les Che-
Hx ne font jamais filégers, ny n'ont pastant d'haleine , comme auffi lors qu'on veut en-
8 ai"er un Cheval fort deffait & maigre, & que l'on luy laiffe manger beaucoup de foin, fans
£ °y il aura peine à engraiffer : le ventre s'avale, & puis par le temps il pafle à la croupe &
perd, & une partie des Chevaux maigres commencent à s'engraiffer feulement lorsqu'ils
^, "tient du ventre : pour remédier à ces ventres avalez & pendans, les Anglois fe fervent
Un°e tres"oonne methode > qui eli de faire coudre quelques fur-fais enfemble , & en faire
te e, ang'e large d'un pied & demy, ayant foin d'ajouter des couffinets auxdeux cotez des cô-
enS ' af?n ^112 'e ^05 nen ^°" Pas écorché, de laquelle ils ferrent le ventre avalé d'un Cheval,
c°ntinuant quelque temps, & de temps en temps ferrer les fur-fais d'un point, on voit ce »
Oiir"îre Pau*er a ^ crouPe bien plûtoft : mefme il y a des Chevaux qui ont beaucouq de ventre &
3 a croupe pointue, l'ufage de ce fur-fais ou fangle fait très-bien à ces fortes de Chevaux :
Par"1 ^'en avo'r veu épreuve j'avois eu peine à le croire , mais j'en fuis convaincu
flan01011 exPe"ence j Je '>ay voulu ajouter icy en faveur des curieux. Revenons aux
Des Chevaux ahet e% de flanc.
V. ïje Cheval a aflez de flanc, il faut prendre garde qu'il n'y ait du deffaut dans l'excès ; car ChAP
kj s t; a le flanc trop avalé, c'eft à dire, fi au droit de la cuifle & du graffet ou mufcle» mar- T -
Ponn*"6^7* ^ansla figurecy-devant, il delcend trop bas, c'eft un grand acheminement àia '"
S' ? f ^ le Cheval n>eft Pas Jeune-
la fejt la corde en refpirant, qui eft lors que tirant fon haleine par l'afpiration, il retire
teff ?.au "u ventre à foy au deffaut des côtes, enforte qu'il fe fait-là comme une corde, ou plû-
Sanc nvuide comme un canal au long des côtes, cette imperfection eft un commencement de
altéré ; ou tout au moins un ligne d'un Cheval fort échauffé dans lecoprs, quia efté
malade 3
-ocr page 56-
<)6                         LE PARFAIT MARESCHAL                . eü%
Chap. makde, ou qui le fera bien-toft. La corde paroill (ouvent aux Chevaux fort Vigo'
IJ.
qui ont été pouffez indifcretément, elle paraîtra aux Chevaux, qui ont fait de grands 1^
ges, & ce fera ligne non de pouffe actuellement, mais par le temps ils y pourraient ^
c'eft tout au moins ligne d'une grande chaleur, caufée par lafatigue précédente & rnal-
à éteindre, & fur tout aux vieils Chevaux.
                                                              r0rs
La pouffe eft un deffautaffez confidérable au Cheval pour empêcher de racheter- ,
que le Cheval eft outré il eli facile de le connoiftre, dans fon commencement il eft facile ,)e.
méprendre, la précaution dont on doit fefervir pour ne s'y pas méprendre, doiteftre t
Il faut remarquer l'âge, car les jeunes Chevaux font rarement pouffifs, voir fi le flanc el
avalé, c'eft à dire, s'il defcend prés du graffet ou mufcle fort bas, il faut fe déifier du .
tre, c'eft ainli que les Marchands de Chevaux ou Maquignons parlent ,• ils difentaufli; .
a affaire au ventre, c'eft à dire qu'il n'a pas le flanc frais, & qu'il y a commencerne»
pouffe; pour mieux s'en affurer, il faut ferrer legozier prés de laganafle & le faire tou »
cequife fait affez facilement > & écouter le fon de la toux, fi elle eft féche elle ne vaut r »
fi elle eft féche & fouvent réitérée elle vaut encore moins, mais fi elle eft humide, iln'yaP
beaucoupà craindre, s'il pette en touffant il eft prefque toujours pouffif: pourafleoir "l!1^
ment certain s'il a quelque reffentiment de pouffe, il faut leconfidererà l'écurie'quand U __
fait aucun exercice violent, & fi l'on peut après qu'il a bû, .ou en mangeant l'avoine : lef „.
le icy en faveur des gens qui n'ont pas une grande expérience, car lors qu'un homme eft ^
noifleur, que le Cheval foit échauffé, ou qu'il aye courru, illeconnoiftratout auffi bien 4^
froid: Pour ceux qui n'ont pas cette expérience > le plus feur eft de le prendre à froid, _
quand il a couru & cheminé, ou qu'il n'a point bû, on ne le peut bien juger, lors 1U' . ^Lp-
ge l'herbe non plus, elle eft très-contraire à la pouffe, quoy qu'elle (emble l'avoir gue« P j
danr qu'il en mange, d'abord qu'il fera remis au foin & à l'avoine, il fera beaucoup P , ,:oe,
qu'auparavant , car il fera preft à crever, fi fort il fera oppreffé, nepouvant avoir fon bau-'
C'eft pourtant l'abus ordinaire des Provinces, d'abord qu'ils ont des Chevaux altérez de fla^
de les mettre à l'herbe, & toûjoursonenadudéplaifîr. Je ne prétends pas de réformer1
les abus, mais je donne avis à ceux qui ont des Chevaux pouffifs, que l'herbe leur eft coni « .
re abfolument, parce qu'elle rafraîchit trop le Cheval, & incraffe & épaiflit les flegmes, y
bouchent les conduits & les veines qui aboutiffent au poulmon; ainfi elle augmentée la ,
culte de refpirer, & la toux ; c'eft où bien des gens font trompez, qui ayant des Chevaux p
fifs,ne fongent qu'à les rafraîchir, & la pouffe empire toujours.Quoy que ce ne devrait pa*ei
le lieu d'en parler icy, ji'ycrûdevoitledire, s'en chagrinera ; 8c en profitera qui v0i\ors
Toute la connoiffance delà pouffé conûfte à voir file filane redouble au Cheval , „
qu'ayant afpiré & tiré fon flanc à luy il le relâche tout à coup, & dans l'inftant & de la .
me rcfpiration, il redouble encor comme s'il refpiroit une feconde fois d'une mefme n
ne: Il faut remarquer aufîî quand le Cheval tire fon haleine à luy, fi le mouvement paroi
haut des côtes, c'eft une marque qu'il a le flanc altéré, & encore plus fi le flanc luy b*'l\^
qu'auprès de l'épine du dos, car ce fera un figne affuré de pouffe, comme auflî quand i .^
bat julqu'au plat de la cuiffe ; puifque le redoublement du flanc dans les commencemensel
ficile à obferver, il faut s'attacher à ces petites remarques»
                                              j.e-
Le redoublement ne fe peut remarquer qu'avec beaucoup d'attention , 1e Cheval n
muant i
oint du tout d'une place, vous avez les autres marques qui précèdent qui vous
connoître qu'il a le flanc intereffé, fçavoîr aux vieux Chevaux qui ont le flanc avallé, le ^£f
tre grand, & la toux de temps à autre, voilà les principaux indices : fur tout il faut kjd
a nC
des grands mangeurs, & des Chevaux qui rouffent. De ces derniers, quoy qu'avec le
frais il n'en faut jamais prendre s'ils font vieux.
                                                             -te*
Si les Chevaux font outrez, la toux y eft infaillible, mais une toux féche, fouvent r
-ocr page 57-
SECONDE PARTIE.                                         ç7
j*e j & pour lors ils font incurables, quoy qu'on vous promette des receptes, je vous af- c H A
jure que vous n'en trouverez point, s'il y en avoir j'en aurais, car je n'ay manqué ny de curie-
JJté ny de foin pour en avoir, & jamais )e n'ay vu guérir Cheval pouffif outré, non pas mefme * J
e pouffifs formez : Mettez cette maladie avec la morve » & tenez toutes les deux pour in-
stables, quoy qu'on vous promette le contraire. On m'a dit mille hiiloires là-deffus de
Chevaux guéris de la pouffe ou de la morve, & toutes font des brides à veau, fi les Chevaux
*n font guéris, ils n'étoient ny outrez ny véritablement morveux : quand je dis morveux,
'étends de ces morves où les parties intérieures font offénfées & ulcérées; de la pouffe de
frne j lors que le poulmon eft defïeché ou attaché aux côtes.
<> Les Chevaux qu'il y along-temps qui font outrez> prennent vent par le fondement,
** mefme on leur fait un trou pour leur faciliter la refpiration, ceux-làfoot rebutez de reni-
la terre.
II y en a de fi fort pouffifs, & outrez, que le flanc leur bat jufques fur la croupe, & faic
"'^.Partie du mefme mouvement que fait le flanc; ils ne valent pas leur nourriture, quoy
iUlls travaillent un peu.
,_ La pluipart de ceux qui achètent des Chevaux des Marchands , ne regardent point
y1 « flanceft bon ; car ils font obligez de le garentir, & font contraints par Juftice de
fes reprendre dans les neuf jours : mais fi le Cheval n'eft pas pouffif déclaré , & qu'il
ou feulement en chemin de le devenir > vous ne fçauriez obliger un Marchand de le re-
prendre, & vous en ferez la duppes ou fi vous avez eu le Cheval par un troc» ou qu'on
1 ail- .,__L_____: i- a___                  ___ j _/i--__ ____r____ _______1 _____i.a___ 1. r _._
».
^a'c pas garend le flanc , ou autre deffant , vous ferez mocqué", nonobftant la Loy
,e 'a Rédhibitoire, ir quanto minoris, qui oblige dans deux mois le vendeur à ren-
£fe 'e prix en rendant la befte , ou en rabattant une partie , fi l'achepteur confent
'a garder,; mais fans doute le monde eft plus fin, & meilleur connoiffeur qu'autrefois, puis
o,l>0n n'y a plus d'égard, le plus feur eft de ne point tant fe fier fur la garantie du Marchand,
qun" ne reSar^e avec 'e P'us de précaution qu'on peut, avant de donner fon argent, lors
îji'eft touché, il y abien des affaires pour le r'avoir * c'eft le plus fouvent ud procès, qui
te dans mon efprit pour une grande affaire,
«u j uc regarder enfuite fi le Cheval efteourbattu, ce qu'on connoift par les mefmes lignes
Xe 'a pouffe, toute la différence qu'on y peut mettre, eft que la courbature vient aux jeunes
nevaux comme aux vieils, & la pouffe n'arrive gueres aux Chevaux avant fix ans : tout au
t °ins c'eft une chofe tres-rare > qui arrive feulement lors que les Poulains ont la pouffe en he-,
agedel'éftalon ou de la mere.
féoKftCOU^attuie PeutProvenJrdecru^itezd,eftomac, ou d'autres infirmïtez , quionteau-
jjj, "ftruflion aux conduits du poulmon s d'où vient qu'ii s'altère enforte qu'on le croit pouf-
fon ^U°^ ^11"*1 nc 'e foic'pas j la différence delacourbatturCeft qu'il y a efperance de guéri-
a„„» & "on à la pouffe : l'herbe & beaucoup de rafraichiflemens gueriffent la courbatture, Se
Cément la pouffe.
p0:e* Chevaux malades battent du flanc comme s'ils étoient pouffifs, mais on n'acheté
aul Chevaux malades, ouonn'endoit point acheter, ainfi je ne m'étendray pas plus
j?ng fur ce point,
re ?jnS'e Traité desmaladiesj'ay expliquéau long ce que c'eft que pouffe & courbattu-
ïes' |- y a deux Chapitres exprés. Et pour en eftre bien inftruit, il n'eft pas mal à propos de
Suel-'2' 'a^ connu ^e jeunes gens qui avoient grande envie de devenir connoiffeurs, auf-
tioi-^ a7anc confeillédeliredansletraitté des makdies le Chapitre qui traittoit du deffaut
'riais 1i-sY0u'°ients>infti'iiire, ils m'ont dit qu'ils ne cherchoient pas le remède à ce défaut»
fei)j ' teulement fa connoiffance, néanmoins leur ayant fait connoître leur erreur, & que le
°yen de s'en bien inftruire étoit de lire le Chapitre entier où il étoit traité de fa guérifon j
T<"»e«.
                                                                 H                            par;
-ocr page 58-
S*                           LE PARFAIT MARESCHAL                         . s
ChaP parce que les lignes y étoient décrits bien plus au long, &plus particulièrement que 4 >
'
ce traité, ils ont fui vi mon avis & m'ont avoué que d'avoir leu bien attentivement le ^1%l
*J« des maladies, ils avoient acquis autant de lumiere pour la connoiflance que dansceluy-Ç/»
revenons à noftre fujet. Apres qu'on a reconnu que le flanc du Cheval eft bon > il 'â -
voir s'il n'eft point fouffleur ou chifïïeur, ce qui eft tres different de la pouffe, celuy .1
fera fouffleur ea le galopant où. trottant peu de temps foufflera extrêmement &' )
ques-là qu'il fait peur ; mais fi on l'arrefte & qu'on luy confidere le flanc , on le trou ,
fort peu agitté, & prefque comme un Cheval le doit avoir, retroctez ou galoppe2 1ue
que temps, vous voyez le Cheval fouffler furieufement , comme s'il alloit crever^ 3lt
ftezle, vous luy voyez le- flanc battre naturellement , en forte qu'il n'y a point d'af'P^
rence que ce foit le flanc du Cheval qui fouffloit fi fort il n'y a qu'un moment» ces ."s.
fleurs ou comme quelques uns les appellent, chiffleurs ne manquent pas autrement d'hai?,
ne; car file deffaut venoit du manque d'haleine, le flanc feroitémeu & furieufement ?g*
après le travail» mais cela n'eft pas, ils ont le flanc à peu prés comme les autres Cheva
Sui l'ont bon, & fournifient quafi autant que s'ils n'avoientpas cetre incommodité , &.
s foufflent d'une telle force & d'une (igrande violence, que ce s fortes de Chevaux ne a,
rent pas fi long-temps que les autres, & oncroiroit qu'ils vont crever fur la place » ,
ce fouflement fait peur & melme déplaît à tout le monde, qui difent qu'ils fot" P^,
iîfs. Ce deffaut d'eftre fouffleur ne vient d'aucun vice du poulmon ny des parties qui e° . f
pendent, mais des conduits de la refpiration qui aboutifïent aux nazeaux qui font trop étro'c
ce n'eft pas la peau des nazeaux qui eft trop étroite» cariln'yauroitqu'àles couper*, j.
fendre, mais cela ne le foulageroit point, ce font les os de la telle où paffe l'air qu'ils re»P
rent, qui font trop étroits, & ces conduits nefe peuvent élargir, c'eft ce qui fait les'*- jj
vaux fouffleurs ou chiffleurs qui eft un deffaut dont les Marchands ne font pas garands ; ca|: i
ne tient qu'à celuy qui achette, de le voir en lesfaifant trotter ou galoper, & ceuIL- je
ont jugé les fouffleurs, des Chevaux pouffifsont mal jugé, car ils na le font pas»J£
connois un Gentil homme qui a un caractère pour ettre juge de pareils différents, s . aS
bien l'efcrc, qui a jugé fort mal à propos un Cheval fouffleur pour eftre pouffif qui ne l'étoit p
& cela plûtoft par ignorance que par malice.
                                                                 ^,
Il y a d'autres Chevaux qui font gros d'haleine & qui foufflent en travaillant, u° ?|e
moins que les fouffleurs ; mais ils foufflent beaucoup & quoy que le flanc ne leur redo"
pas comme à un Cheval pouffif, il n'eft pas émeu ny plus agité que celuy d'un fouffleur>- J,
l'unny l'autre n'eft pas agréable, ny de bon fervice, en un mot un Cheval gros d'h a,e '
eft celuy qui à la refpiration un peu plus libre que le fouffleur; mais qui fourfle-be«
coup en travaillant, & l'un & l'autre ne doivent pas eftre achetez chers ; mais on P?u' /-
méprendre ; parce qu'ayant efté long-temps de fejour dans l'écurie fans eftre exercé, ü ^
quera d'haleine, quoy qu'il ne foit pas fouffleur.
                                                             e
Il y a des Chevaux fouffleurs, qui grommelent en galoppant comme s'ils avoient 3U V5
chofequi leur empêchât les conduits de la refpiration, cet embarras va & vient, ce f°nt gr
flegmes qui ne dénottent pas qu'un Cheval foit pouffif, car il ne redoublera pas du ^a9c,M^
n'aura pas mefme la toux > ainfi ne fera pas pouffif, mais feulement fouffleur : on voit' 0 ^
les écoles de ces fortes de Chevaux qui fervent,- mais le prix en doit eftre moindre > fi °n
achepte.
                     _                                                                                            .„t
Je croy qu'on ne doit- pisfe charger des Chevaux fouffleurs ny de gros d'haleine, a^ ^.
qu'on le peut; car quoy qu'ils fervent pafiablement, ils font déplaifans, &avec jufticeb^,
coup de gens les appréhendent. Quand on achete des Chevaux il eft fort à Pr0PoSoro-
faire attention : car s'ils foufflent extrêmement en courant, ils ne font aucunement P ^
pres pour la chafle, ny à courre long -temps > il lemble qu'ils doivent crever à chaq^jj
-ocr page 59-
,                                         SECONDE PARTIE.                                       <f9
rs qu'on îescourt; pour les Chevaux de campagne une des plus belles qualirez qu'ils puif- CHaf-
«nt avoir c'eft d'avoir bonne haleine, c'eftàdire, qu'ils travaillent fans beaucoup fouffler,
*5-
Pfrce qu'us font leschofes avec plus de plaifir, & pour l'Homme & pour eux-mefmes, &c un
^°eval qui n'a pas d'haleine, ne peut jamais avoir d'agreement en fon Manége: j'ay veû
**e.s Chevaux de Manége gros d'haleine qui chiffloient, on appelle chiffler ceux qui ayant
Peine à refpirer rallent en quelque maniere, & ces chiffleursavo:ent un grand fond de force, &
^Urniffoient leur Manége tres long-temps & tres bien, quoy qu'il femblât qu'ils deuffent cre-
Verauboutdelareprife , ils n'en avoient pas le flanc extraordinairementémeu, mais il eft ra-
red'en voir de la forte, & ce chifflement me feroit toujours rebutter un Cheval.
j Pour les Chevaux de caroffe on y eft fouvent attrapé, lors qu'on ne les voit pas tirer avant
|*e les payer, car il y en a qui fur la montre , trottent bien enfemble, les épaules libres avec
r"°eau mouvement de jambes, fituënt bien les pieds à terrei la tefte haute & ferme : ces
^efrnes Chevaux étant attelez à un carolTe, d'abord qu'ils ont peu trotté chifflent ou foufflent
0rr>me des bœufs, c'eftàdire, qu'ils font fouffleurs, on ne peut faire reprendre ces Che-
aüx aux Marchands, puis qu'il ne font pas pouflifs ; c'eft pourquoy aVantde payer des Che-
li?11* > voyez les toujours tirer au caroffe, pour connoiftre non feulement cela, mais auffî
'■s tirent bien: Tout Cheval deftiné pour le caroffe, doit baiiïerles hanches en tirant, le-
er ''encolure & la tefte, &>il cirera bien, mais sii leve les hanches & baiffe la tefte, il tire-
ra«tial.
                              \
nt*nuation de la eonneiffance des deffauts du Cheval, if particulièrement de ceux qui view
nent au train de derriere.
CE qui refte à examiner n'eft gueres de moindre importance que ce qui a precede ; en ce CHAP.
que les petits deffauts croiffent par le grand travail ou par la négligence ,• c'eft pourquoy j^
deff JCm>affujettiray à les fuivre fort exactement dans ce Chapitre, enfeignant tous les
Ce auts. du train de derriere, parce que ce font des parties effentielles à la bonté, qui fans
]€s Parties bien formées ne peuvent bien fervir, puis qu'ordinairement on void finir par là
d'il Chevaux> & particulièrement ceux de Chafîe & de Manége , je croy qu'il eft
JJ Parfait connoiffeurde les connoiftre tous jufqu'aux moindres.
e remieremenr il faut jetter l'œil fur la croupe, qui doit eftre large, ronde., point cou-
f0rc' ny avalée, la queue placée haut : ceux qui l'ont fit uéebafle, ont ordinairement peu tàs,
pe » .& ont la croupe avalée ou coupée.
joUr"mt:e'l faut lever la queue, pour voir fi elle eft ferme, car quoy que ce nefoit pastoû-
rent\un%ne de force, c'en eft un de vigueur prefque toujours ; les Chevaux vigoureux fer-
enlr a queue'quand on les preffe: il y en a qui portent la queue droite en arrière ou pliée
font /"5e î c? font de bonnes marques. Ayant levé la queue , il faut voir fi les cuiffès
«Voir amment élo'Snt<es l'une de l'autre, car c'eft un deffeut & manque de force de les
«îu'eiu?P ferrées; on le connoiften ce qu'il n'y a aucune diitance d'une cuiffe à l'autre, &
Si ]1 Preu^enc troP * ou fe joignent extrêmement.
Htidepf caiSes fontmai£r« & décharnées, quoy que d'ailleurs le Cheval foit gras, c'eft
lui fe }mi coni'dérable , il choque la veuè', on croit que la croupe large & mefme bien formée
«U rra-£rrie t0utà coupauxcuifles, manque de chair en cette partie, ce qui marque fo.'bleffe
^ dire1" ferriere, on diede ces Chevaux qu'ils font ma! gigottez; ceux qui harpent, c'eft
eflre \.cll"onidesefparvins fecs, font fu jets à ce defïaut: le mufcle de la cuiffe qui doit
°»Jours fort charnu, n'a point de grofleurj ce mufc
ft fitué au devant de la cuiffe, &
Hz
                                        le
-ocr page 60-
<r©                         LE PARFAIT MARESCHAL                   , ,;,*
ChAP. le derriere d'icelle vis-à-vis dece mufcle eft tranchant, au lieu qu'il doit eftre fort ep*1
> les cuiffes pleines de chair, & les épaules déchargées & maigres font les bonnes,
             . .
10. u faut auiïï remarquer fi le Cheval eft crochu, quoy qu'ordinairement les Chevaux croc nu •
foient bons, c'eft un deffaut affez incommode dans un pais de montagnes, car dans les deff e *
tes, ils fe frottent les jarrets l'un contre l'autre: outre cela, ils ont le derriere un peu roiö''
car comme un homme qui joindrait les genoux, ne lèverait pas de terre un fardeau fi Pe la.
que s'il écartoit un peu les jambes, de mefme un Cheval crochu a le derriere foi M e Par
mefme.raifon.
                                                                                                           .
Il y a des Chevaux de Manége un peu ferrez de jarret qui font bons & biens mamans, 1,s
roient encore meilleurs s'ils ne Feraient pas.
                                                                 i^
Les Marchands de Chevaux pour exprimer qu'un Cheval eft crochu, difentj qu*il euf.
par derriere, croyans de diminuer ce défiant en adouciflant le terme. Les Chevaux de » ,
nége qui font crochus ne peuvent faire aucune belle aciion fur les hanches, tout leur M» ^
ge déplaift à ceux qui les regardent , & à eux-mefmes par la difficulté qu'ils o"1 a
faire.
                                                                                                                       . .
Il eft très-facile de coniftre ce deffaut, les jarrers font plus prés l'un de l'autre q"e ^
pieds i & particulièrement les pointes des jarrets, & les jambes vont en élargiflant 'pH° ,^
bas de même qu'aux hommes qui font caigneux, qui ont les jambes comme un y grec renver ^
Ilfautenfuiteconlidererles jarretscomme unedes plus importantes parties" où tl'"7 ^
point dapetits défauts, & aufquels peu deperfonness'attachent, & mefme ont peine a
perluader que tels défauts foient véritablesj dans fes interefts chacun fe flatte aifément,
^-...^..j--------i-j-n--.^ , ,
                        ,.,„ ...              . ... jnatiort oc
,____,............__U*g
jarrets en dehors, il vient de foibleffe, & on ne peut afiujettir ces fortes de Chevaux fur
hanches, caria foibkffe les empêche de pouvoir s'y tenir, puifqu'en pliant les jal'rets'-eu3t
tournent en dehors, & font hors de force pour foütenir les hanches, j'aymcrois n'»e
un Cheval crochu que s'il avoir ce deffaut : les Chevaux d'amble y font plus M Ja
que les autres, &ceux qui l'ont, n'ont point de force. Pour garder un bon ordre ^nL
connoifîance , confiderez premièrement la forme & la maniere dont le jarret eft ra '
il doit eftre grand & ample, les petits jatrets ne peuvent avoir aucune force : il doit eftre n
veux & fec, ceux qui font charnus & enflez font deffeciueux, ils font fujcts auxdeffauts q"e fl0
expliquerons.
•Pourcommencer la déduction du jarret, vous devez confidererla pointe: s'ils des
pelets, c'eft un deffaut qu'on connoift à ce que la pointe du jarret eft mouvante & gr0"e P &i
que l'ordinaire, quand le capeleteft petit, il nuit peu au Cheval, il ne l'empéehe prefqlie P,tf
de travailler, & hors qu'il eft à craindre qu'il ne croifle, ce ferait le moindre des deffauts ^
jarret. Mais quand il eft gros, il eft douloureux, & par conféquent il fait perdre le coi?
& lors il doit empêcher d'acheter un Cheval ; j'oubliois à dire que quoy que le caPclf?La*
petit, s'il eft douloureux ( ce qu'on connoiftra s'il fait perdre le corps au Cheval) il eftaufl»a*
gereux qu'un gros. Souvent des Chevaux de carrofle nouvellemeut arrivez de Hollande à
des petits capelets, lefquels en fuite fe diffipeiît par le repos; la longueur du chemin .leu
caufé ces incommoditez.
                                                                                           e
Il faut conliderer tout d'un temps fi le Cheval a des veffigons, c'eft une groffeur co&
une demy- pomme j plus ou moins, compofé d'une chair fpongieufe & molle , croulant
ire cuir & -chair, placée entre le gros nerf & l'os du jarret, au deffous du capelet, u" Ple.
audeflus du pli du jarret, le vefîïgon ne paroift que lors que le Cheval s'appuye egfnff
méat fur les pieds de derriere j car lors qu'il plie le jarret, il ne paroift nullement,1^
-ocr page 61-
SECONDE PARTIE.                                       <?l
fa«pas fóuvent boitter un Cheval, mais ilgroffit par le temps ; & empêche le jarret defe CmAP.
pouvoir fi facilement : il vient au dedans & au dehors du jarret, & quelquefois il ne vient que /j
£"n feul codé, il eft marqué 28. dans la figure. Les veffigons qui font fituez" plus basque XXJ'
. endroit marqué 28. dans la figure ne font pas dangereux, & j'ay remarqué, que lorfque les
Jeunes Chevaux de carroflè en arrivant de Hollande en ont de fituez bas de cette forte, le temps
** un médiocre travail lesdiffipent.
J'ayveu des veffigons d'une fi prodigieufe grofTeur., qu'ils rendoient un Cheval incapable
le fervice & de vente , mais ils font rares.
11 vient au dedans du jarret un peu plus bas que leveffigon, une tumeur qu'on appelle
tourbe, laquelle eft plus à craindre que le veflîgon , & fait boitter par fois le Cheval, il en
rte toute la jambe roide, parce que le pli du jarret en eft empêché ;- & par conféquent le
Mouvement interrompu , ou fait avec douleur: ce defFauteft incurable, & pour tout remède
°n y donne le feu. Qui voudra voir plus au long ce que c'eit que courbe & veffigon > qu'il
'Je recours au Traité des maladies Chap. CLXXVIII. & fuivansde la premiere Par-
|le 5 où il verra au long la définition & les caufes dece mal. Lesignorans n'eftiment pas moins
tes Che
vaux qui ont des courbes» & ceux qui fe méfient de parler des maux du jarret fans en
'voir beaucoup de connoiffance, nomment tous les deffauts du jarret des courbes ; la courbe
elt fâcheufe en ce que le feu ne lareflerre gaeres, c'eft pourquoy on dit que les courbes fe
^ocquent du feu : comme en effet il eft vray, & j'ay toujours vu peu d'amandement aux
courbes pour y avoir mis le feu; véritablement elles ne croiffoient pas davantage, mail il y
'voir peu de diminution de leur grodeur.
Au dedans du jarret à côté de la courbe, il y a un os fort élevé > lequel eft à tous les jarrets,
*Ux uns plus élevé, aux autres moins, & cette élévation eft naturelle, &audeffousdecétos,
£ Partie enfle par un dégorgement qui s'y fait delà grofïe veine, qui s'élargit en cet endroit,
Ie forme une groffeur molle qui s'appelle varifie , de mefme qu'on en voit aux Hommes;
cette groileur ouvariflè choque laveuë, & ne fait point boitter le Cheval, mais elle nuit
*'' vente, & par fois elle croift beaucoup , aux autres elle diminue, l'enflure eft toujours
? ,,!e: onpeuteftre aifémentpris à ce défaut, car le repos la fait referrer fi on la frotte avec
jeJ.'efprit devin tous les jours, & je le donne aux plus raffinez d'y connoiftre quelque chofe
Qu'elle eft reffenée.
"lus bas que la courbe toujours au dedans & au deîibus de la varilïe, & au deffaut du ja rres
^ontrele plat de l'a jambe à l'endroit où elle commence r il fe forme des efparvins, notiez 31,
rn, . figure cy-devantj qui font de tres-fâcheux maux, qui enfin eftropient les Chevaux:
etparvin eft'de deux fortes, fçavoîr lefecj & l'efparvin de bœuf ; celuy-cyeft une tumeur
^""leufe, dure comme l'os, fi douloureufe qu'elle fait perdre le boyau au Cheval; on le
onnoift à lagrolfeur-qui eft au haut du plat delà jambe au dedans où commence à naître
i'irret; & cecte grofieur ou enflure endurcie eft grofle comme le pouce > quelques-fois
^avantage, fouvent elle fait boitter le Cheval; & comme j'ay dit, la douleur quecaufe
eiparviii fait fécher le Cheval & perdre le flanc ; que fi par le repos vous le remettez, dans
e journée de travail il fera fi extraqué que vous l'enfilerez avec une éguille , ayant le
^ "c comme celuy d'un lévrier ; il eft afTuré que tout Cheval avec un ou deux efparvins
e boeuf ne fervira jamaùbien à quelque ufage qu'on fernette, & particulièrement fi Pef-
j. rvin outre lagrofleur eft douloureux, enlorte qu'il falle boitter le Cheval quand il trotte.
qV er)a qui boittent feulement au fortir de l'écurie dans le commencement qu'ils les ont.
'i appelle efparvin de bœuf; car ordinairement les vieux bœufs en ont de tresgros,
de?1r ne 'eur portent point de préjudice , & aux Chevaux ils les eftropient. J'ay vu
1 ' Chevaux qui ont des efparvins de bœuf, gros ou petits, qui ne leur font point perdre
anc» & par conféquent qui ne font pas douloureux > qui trottent également,. &ne boir-
ii 1
                                  tent
-ocr page 62-
«?i                              LE PARFAIT MARESOHAL ^ .               dîS
Chap. teiu P°'nt : On vendoit tes fortes de Chevaux tout demefme que s'ils n'avoient pa ,1(jS.
.■y efparvins, &perionnene s'enappercevoit, car les maniant on les voyoit durs c0!lirn ,vais
JÔ. je ne confeillerois jamais à perfoane d'en prendre, ■ puifque toft ou tard ils font un rn
tour à leur Maiitre ; & beaucoup de demy-connoiiTeurs font d'avis conrraire, qu' A&*
ces enflures ne font pas des efparvins, mais les os qai ione plus gros aux uns qu'aux autres.- ^
cuna fon fentiment, le mien après un grand foin, & une grande expérience que) enaT.V0Iit
que c'eft un très-grand deffaut : Eorfque les efparvins de bœuf viennent aux Chevaux, i ■' ' ^
plus difficiles à remarquer, en ce qu'ils ne s'élèvent pas beaucoup plus haut que lajani
mais ils fontprefque toujours bouter quand ils percent, puis l'enflure ou lagroffeur - ^
parvin furvenant quelquefois ne font plus boitter ; mais rarement viennent-ils à tous les >■
jarrets égaux à la fois, ainfionen voit l'un plus gros que l'autre, ce qui fait remarque! <■
coup mieux le deffaut, lequel l'homme ouleconnoiffeur apperçoit plutoft étant fitue de ^
le Cheval à codé de l'épaule qu'étant derriere; car dans les commencemens ^e^ar^ipe[i
plus gros prés du plis du jarret qu'au derriere d'iceluy , enfuite ce melme efparvin croii p
à peu & eftropie enfin le Cheval.
                                                                               n(j
Le fécond eft l'efparvin fec, qui eft un deffaut que les plus ignorans connoiffeiit, car q
le Cheval en cheminant hauffe la jambe de derriere plus haut que l'ordinaire par un t»°u ^
ment violentqu'il fait, il eft dit avoir unefparvin, &il en a par fois aux deux jambes • g
Chevaux qui ont ces maux, ne font ce mouvement extraordinaire des jambes que de te r^
en temps, & non toujours, feulement au fortir de l'écurie, lorsqu ils ne font pase°':
dégourdis, & mefme en campagne après qu'on les a tenus aneftez en une place, les P
miers pas qu'ils font, ils harpenr, mais fi on fe fert de ces Chevaux au Manége, ils harpe
tousles temps, parce qu'on les afïujettit fur les jarrets.
                                                 t
La raifon de ce moment fi précipité que les Chevaux font, attirant la jambe en ha
vient de ce qu'ils n'ont pas le mouvement dujwret libre &aUé , ainfï ils font contrains"
faite tout avec la cuiiïe ou avec la hanche, c'eft pourquoy le mouvement en eft plus violen
precipite'.
                                                                                                      ( ^oli
Ce deffaut n'eft pas fi à craindre que l'autre, mais s'il a le train de derriere ferré, e" f
François s'il eft crochu; & qu'il ait des efparvins fecs, je n'en voudrais point du tout, P
quelque prix que ce fût, finon pour le dreffer à courbetes s'il en eftoit capable, car ces efpa
le feraient mieux rabattre, encore il faudroit qu'il ne fût pas crochu: les efparvins fecs
tient connoiflance qu'il y a de la foibkife au jarret, quoy qu'on n'eftime pas ce défaut pour f
grand, je le croy confidérable : Il y a beaucoup d'Efcuyers qui eftiment fort les Che vaux P ^
le Manége lors qu'ils ont des efparvins fecs, pourvu auffi qu'ils ayent les autres qualitez; ' .^
vray que ce mouvement eft beau dans les airs, ils rabattent plus ferme, mais en échange ^
lont bien-toftufez, & ne réfiftentgueres au travail quoy que médiocre, dans les écoles bie ^
glées. Lafoiblefle, qu'ont tous ceux qui ont des efparvins dans ces parties, eft la caule <1
font bien- toit à bout : fi avec des efparvins ils ont les cuifïes décharnées & féches» c'eft ce q .
appelle eftre mal gigottez, je n'en voudrais pour rien du monde» car ils feront bien-t°'
nez, hors qu'avec ces efparvins ils euffent les hanches excellentes, & fuffent capables d
bien aflîs fur les hanches; avec ces qualitez, ils orneront bien un Manége, puifqueleursc
bettes paroifîent des balottades > s'ils ont un beau mouvement aux jamt>es de devant.
          ü
Les efparvins fecs empêchent un Cheval d'avoir de la vitefi'e. & dans ce feul point font P ^
eftimez pour laguerre, car comme ils harpent en courant, Us perdent ce temps qu'il" '°n t
harper, & ne le peuvent employer à fournir la courfe. Les efparvins fecs dégénèrent 'oUV yC
en efparvins de bœuf, ainfi les Chevaux ont deux fortes de maux de mefme nom, q110/ jjje
differens enefpece, ils font aifez à connoirtre, & infailliblement ils eftropieront bien-t°.
Cheval : il ne faut pas héfiter à y mettre le feu le plùcoit qu'on le peut ; parce que mal lut
«'eft pas fante, &lefeu ne lesguérit pas toujours.
-ocr page 63-
SECONDE PARTIE.                             t%
, *t au dehors du jirret, au défions du veffigon, il y a unegroffeur plus'qu'à l'ordinaire, c
l,re comme l'efparvin , prefque àlamefme place que l'efparvin tient au dedans, hors que
e'uy-cy monte jufqu'au deffous de la place où naiflent les veffigons > & l'efparvin ne prend
Pas ii haut; cette grofieur s'appelle jardonou jarde: c'eft un deffaut autant 011 plus à craindre
jjUe l'efparvin, peu de perfo'nnes le remarquent, quoy qu'il foit auffi douloureux quel'ef-
ptvin, & qu'ii rende le Cheval étroit de boyaux, luy tenant le jarret roide, & le fai-
ant prefque toujours bouter , au moins quand il eft harraflé ; c'eft un deffaut avec le*
*jUei je ne voudrais point d'un Cheval, mais on void peu des Chevaux qui ayent des jar-
0ns> & comme il n'eft pas ordinaire d'en voir, peu de gens le connoiffent: il eft dur
Ottime l'os, & eftropîe le Cheval : il n'y a pas d'autre remede que le feu, qui n'y reüffit pas
uK>urs quand ils les ont long-temps i'upporté.
^. *Jn connoift ce deffaut feulement avoir cette grofieur extraordinoire que nous venons de
lej particulièrement au bas, marqué $i. dans la figure,
j, ' depuis le bas de l'efparvin jufqu'au basdu jardon, fur lenerf delà jambe, prenant de
«^'s l'efparvin au dedans du jarret, & le jardon au dehors > il y a comme un cercle, tout dt
e
Unejme Rue fi le jardon & l'efparvin fejoignoient & entouraient lenerf de la jambe, ce fera
■t deffaut notable, auquel les Chevaux font peu fujets, mais quand ils l'ont il eft incurable.
j^ n en ay vu qu'une .demy-douzaine qui eurent ce deffaut, qui avoient tous acquis cette
kr-t Pour avo'r e^ tenus tropfujets fur les hanches,- jamais je n'ay vu ce cercle fans
Ch °u e(Parvm conjoints, mais j'ay (ouvent vii les efparvins & les jardons tous feuls > un
sval qui a cci^ ^ rujné fans reffource.
au rUt cor|fiderer encore au jarret fi le pli eft enflé; ce qui feroit un" deffaut confidérable
quf va' Je caraffe: car c'eft unefoureequi fait une continuelle décharge furies jambes,
fe pCauft pourriture, comme poireaux , & autres vilainies, aufquelles les Chevaux de carol-
jar °nt 'uJets> celafeul doit empêcher d'acheter un Cheval de caraffe : mais comme tout le
eu, .enflé peut provenir par accident pours'eftre embarré ou bien encheveftréj on le peut
rjr nr> & pour lors il n'y a rien à craindre: Il faut que le Marchand garantiffe qu'il en gué-
ani °U ^u''' reprendra'fon Cheval; car j'ay vu dépareilles enflures plus que d'une, où il
ano mettre le feu , quoy que ce fuffent des Chevaux de légere taille.
thaï ?ndroit de cette enflure au pli du jarret, il y a quelques fois unecrevaffe (comme une
'andreaux jambes de devant,) qu'on appelle folandre; il vaut mieux quelle y foit l'enflure
Vaur?1"-' '>arce que c'e^ ^éëouc Par ou s'évacuera l'humeur qui fait cette enflure; niais il
f0j^olt encore mieux que cette humeur n'y fût point du tout, puii'qu'il ne faudrait point de
andre pour l'évacuer.
Co r. Ujre lesraifons que nous avens dites, pour faire connoiftre qu'il n'y a aucun endroit au
Part"S Chfival auquel il faille s'attacher davantage qu'au jarret, on remarquera que cette
°ù à f ^?rte 'a P'us grande charge du corps > quand il fait quelque belle action dans le Manége,
c0t] -ac!?aile> de forte que le Cheval ajoutera à fes incommoditez de nouvelles tares, fi on
tant'j111,^ * 'c faire manier ou à courre; & fi on luy demande autre chofe que le pas, Ten-
eri s' douleur aux jarrets j & ne les mouvant qu'avec peine, il tâchera à fe foulager^
rier aPPuyant le plus qu'il pourra fur les jambes de devant pour épargner le train de der-
foîu '" de maniere que celles de devant feront bien-toft ufées, & le Cheval deviendra ab*
s ,ent inutile, n'ayant ny jambes ny jarrets; outre que ne marchant que fur les épaa-
de t>a ca"^e de la douleur des jarrets, il fe trouvera que ce ne pourra eftre qu'une befte
fujttaSage, ou tout au moins dc'plaifante àlafelle; ce qui s'appelle un miferable Cheval de
Jervis' ^ue"e plus feur eft de fedébefter bien-toft: puifquel'on n'en peut avoir aucun boa
C' V £: 'e *-k£va' deviendra cou,- les jours plus carogne.
elt Un- régie infaillible où il faut s'attacher quand on veut acheter un Cheval, que
lors
-ocr page 64-
(
£4                             LE PARFAIT MARESCHAL
Ch a P. lors q»5™ des crains eft plus foible que l'autre il fera bientoft ruiné, & ne durera g"j*re-j
s
quand je dis un train, j'entends les deux jambes de derriere oude devant : &cettefoib'e
* • eft toujours piûtoitaux jambes de devant qu'à celles de derrière. Un grand indice pour co -
noiftre file devant eft foible, eft lors que le Cheval n'a que peu ou point de mouvement a
jambe de devant, & que fi on le poulie il forme de bons arrefts fur les hanches, ce qui 'e!j
une marque que le derriere eftbon & qu'il a des reins; defçavoir fila foibleffe eft nature
ou accidentelle, c'efteequ'onabien de la peine àdémêler, c'eftaffez deconnoiftre lede -
faut pour un demy fçavant fans pénétrer la caufe.
Si la foibleffe vient du train de derriere, il fera crochu , ferré, ou tout au contraire V°'
tera les jarrets en dehors ; ou bien il aura des deffauts confîdérables aux jarrets i comme eipa'
vins, courbes, jardons, ou autres; & fi c'eft devant , il aura les jambes ruinées, ayafl1
jambes rondes, les nerfs foulez > férus , des mollettes, des fur-os, & autres.
                 t
Si de plus il y a une jarnoe foible, les trois autres portant toute la charge pourfoi]»aê
celle là, fe ruineront bientoft. Si un train eft foible, par exemple celuy de devant, c 1,
de derriere ne durera gueres, car il fupportera tout le fardeau; ainfi il fera bien-toft aurf
ruiné que celuy de devant, excepté aux Chevaux de Manége, qui avec le devant f°''',*;£
quand le train de derriere eft excellent, durent encore long-temps : pourvu qu'on ajufte! .
auquel on les fait travailler; à leur foiblefîe,. & à la bonté & force du train de derriere, ?Vj(
le devant n'aura aucun mouvement, & le Cheval maniera fort prés du tapis, quoyqu'1 .
affis fur les hanches, i! femblera eftre fur les épaules, manque de plier les jambes de deva0 '
Si ies deux trains fe trouvent égaux en foupleffe, force & bonté, c'eft pour durer l°n»
temps.
                                                           \                                                                       ]a
Pour les Chevaux qu'on deftine au Manége, c'eft une imprudence d'en prendre aVec
moindre incommodité aux jarrets; car que peut on efperer de beau d'un Cheval qu'°!l ,â
peutaffeoir furies hanches? crainte de le ruiner d'abord, en augmentant le deffaut qu'» /
déjà, qui feroit tel qu'il luy cauferoit fi grande douleur qu'il ferendroit fec & étique,
ainfi tromperait fort l'attente qu'on aurait qu'il pût reiiffir à quelque chofedebeau.
          , ,
Enfin, je ne confeillerois point à ceux qui demeurent ou qui doivent foi/vent eftre û3
les pays de montagne, d'avoir des Che vaux aufquels il y euft quelque chofe à redire aux 1* '
rets, car ils n'y durent gueres, les montées & les defeentes les ruinent bientoft.
Il y a de jeûnes Chevaux qui étant travaillez fans diferetion avec excér dans les comme1"" ^
mens, ont les jarret enflez ; un peu de foin & beaucoup de repos rétablit cedefordre, Ç° ,
me nous avons enfeigné à la premiere Partie en parlant des maladies du jarret. Je fuis * '
'furé que bien des gens qui croyent d'eftre connoifïeurs, diront, ou tout au moins le ?e
ront, que c'eft faire un long difeours pour débiter deux ou trois deitàuts imaginaires, car J^
parlent dans ce ftile des choies qu'ils ne connoiflent pas : qu'ils les croyent imaginaires ou ree- '
ce n'eft pas mon foîn, j'en ay dit ce que mon devoir m'ebligeoit d'en dire, & je perfifte rf:e
•le fentiment, que les maux du jarret font les plus confîdérables du train de derriere, &'^
tâcheray toujours d'en perfuader l'importance à tous mes amis. Je ne fuis pas fi injufte ",
amoureux de ma penfée, que d'obliger qui que ce foit à croire là defius que ce qu'i'
plaira.
                                                                                                                                  jgS
Les efparvins& les jardons font maux héréditaires, c'eftàdire, que les Eftalons, ,ofl
Jumens poulinières ayant eu ces maux, leurs Poulins ont la mefme incommodité, <}u .
pourra nommer incurable , puis qu'elle a fon principe trop bien cimenté pour la dérac"1
mais le plus habile connoiffeur perdra fon eferime à juger fi le Cheval a ces maux de navÖ"1.'
ou par accident, & jamais il ne le difeernera : Les efparvins & les jardons font plus à era ^
dreaux jeunes Chevaux qu'aux vieux, parce qu'aux jeunes le travail les fait croiftre» ^, a
ceuxqui ontpaflè feptoubuitans, lorsque l'efparvin n'eft gueres gros, pourvu qu'ils^[-
-ocr page 65-
SECONDE PARTIE.                                      <f?
tent ny n'en feignent, & qu'ils ayent du corps & du flanc, il n'y a pa; tant à appréhender Chap.
Qu'aux jeunes; puifqu'ilsnecroiflentpasfitoft, mais aux uns & aux autres ils eftropienr enfin ■♦•
leCheva'.
®es deffautt des jambes de dei ri ere, du jarret en bas, où fontex}>lique\ les maux des jam-
bes des Chevaux de caraffe.
V\U jaret il fautpafler à ce qui refte de la jambe de derriere » laquelle doit eftre féche CHAP,
\_J & large ; lors que le Cheval eli tranquille & arre..é , i<our que la jambe foit bien fituée, j ~
, il faut qu'elle foit enforte que depuis la pointe du jarret jusqu'au fanon qui eft au derriere
Qupoulet, lenerftombeàplomb, c'eftàdire, que fi l'on ti roit une perpendiculaire de la
Pointe du jarret à terre , le fanon du boulet ne devroit eftre placé ny au deçà ny au delà de la
'gie > mais juftement fur la ligne.
. M vient le long du nerf de la jambe des queues de rat, autrement nommées arreftes, à cau-
-e qu'elles refiemblent à une arrefte de poiffon : quelques-uns les appellent des grappes, mais
^proprement. On connoift ce mal en ce que l'endroit où il eft ( qui eft de la longueur d'un
erriy pfed, c'eft à dire depuis deux ou trois doigts au defïous du genoûil ou du jarret, juf-
^u à la naiffance du boulet ) eftfanspoil: il eft queîquesfois fec, & fouvent humide , mais
.°ùjours avec des croûtes ou callus affez durs , & élevez plus que le refte de la jambe, quelque
ois de l'épaiffeur d'un demy doigt, & quelquefois moins. Quand les arreftes ou queues
oerat font humides, elles rendent plus ou moins d'humeurs acres : Il y a des Chevaux qui
"t des arreftes aux jambes de devant, & n'en ont point aux jambes de derriere, mais rare-
, e"?c- Ce mal n'arrive guère qu'aux gros Chevaux de caroffe qui ont les jambes chargées de
Llau", de poil, &' de mauvaifes humeurs. A Paris les Chevaux de caroffe de tempérament
^utaide & plein d'humeurs, y font fort fujets, parce que le Sel acr-e & mordicant desboiie$
e£,a"s> y contribué'beaucoup, particulièrement fi les Cochers font négligent _
*out le monde fçait qu'on appelle le Cheval queue de rat, qui a peu de poil à la queue, ce
? x n? peut paffer que pour une difformité peu notable : quoy qu'un Auteur depuis peu dans
\ n Livre ait voulu faire paffer cette difformité pour une maladie, il s'eft mépris 3 les queues
qy rat quand c'eft un deffaut, viennent aux jambes, & ne font pas des Chevaux nommez
ij^'^derat, qui ordinairement font très-bons, nonobftant cette difformité qui leur vient
le ün<3Uc, de poil à la queue qui refte pelée : j'en ay vu qui avoient fi peu de poil à la cjueuè' en
p-1 v'Mllefte, qu'il ne leur en refioit prefque point, & cette queue fans poilue reflembloit
'■t trop mal à la queue d'un rat, quoy qu'avec peu de rapport pour la taille.
lan ,^s iucommoditez fui vantes ne font que pour les Chevaux de carole qui viennent de Hol-
Ce ^e > Nort-Hollande, Frife, Holdenbourg, & autres femblables pais au Nord de la Fran-
JjUtr/orï bas & marefcageux : iltontle corps plein d'humeurs caufées par cette nourriture
UVa' ' 'l!'i leur tcHTibent fur les jambes; ce qui n'arrive pas aux Chevaux délégere taille,
aux ^îouffins nourris dans les montagnes, bien qu'lis ayent du poil aux jambes, ny mefme
Poir a*:x gouffaux ou ragotsj pourvu qu'ils ayent la jambe platte & le jsrret fec. Les
lils
iütS
^Pui ' & gag|,ent 'a jambe infenfiblernent, s'élargiffant par le grand nombre qui en iòrr,
irflpe s ,;lue la jambe en eft infectée, ils font mal aifez à guérir, car ils ont des racines qui font
K tcepnbies, & qui tircnt leur nourriture du nerf, ayant auffi féché le dehors, mefme.
t-omell.                                                                       ï                                 con-
-ocr page 66-
66                            LE PARFAIT MARESCHAL. .              lefe
C H A P. confommé tout ce qui paroift extérieurement du poireau, tant par des cauftics que P j;S
. ._• ces racines qui attirent ce fuc nerveux, les font pululler : les poireaux qui font au ae
         .|s
17.
pâturons font cachez fous le poil : il y en a de fi malins que le poil tombe tout au tour, ^^
croiffent comme des noix, il y a des poireaux qui font peu élevez fur le cuir, & f°nc Ppu^al,
gereux que les plusgros & élevez ; ce deffaut eft aifé à remarquer lors qu'on achete un
         -|s
car on voit une quantité de poireaux qui fe touchent tous, il n'y a aucun'poil par de a ' ull
font fouvent humides, & rendent de l'humeur, quoy qu'on les puiffe deffecher p
temps. ,
                                                                                                            aiiieft
Ilvientauffi quelques fois des poireaux, ou plûtoft des fies dans la fourc.nette',c-enlent
aifé à connoiftre, car ils en font détachez, & jettent de l'eau puante, paroiffent cIaK ~£üt
au milieu de la fourchette vers le talon, qui eft plein de pus ; ils excédent fouvent la ". j3p.
ordinaire de la fourchette, & font plûtoft des fies que des poireaux , quoy qu on
pelle des poireaux, parce qu'ils font nourris & abreuvez du mefmefuc nerveux que le
reaux.
                                                                                                          ,.. ,-o0cfbrt
Les fies viennent auffi à codé de la fourchette > quelquefois fous la folle, & s "f ^ uel-
cflevez fur la fourchette & qu'ils portent contre terre quand il chemine > ils font boi tu
que fois tout bas.
                                                                                             , >jjs ne
Les fies ont la forme extérieure des poireaux qui viennent aux pâturons, excepte q cQtL[è-
jettentpasdu pus au commencement comme les poireaux: ces fies font d'une tene ^
quence j qu'il ne faut pas acheter les Chevaux qui les ont > car la cure en eft l0Ij?avent
ennuyeufe, & celuy qui les fçaitbientraitter peutdirequ'ilfaitcequepeude gens S
bien faire, quoy qu'on s'y foit rendu habile depuis quelque temps.
                   . . eIneflt
L'on peut conuoiitre qu'un cheval a eu des fies, & qu'il en a efté guéri, particulie ^.
lors qu'il les a fiipportez quelque temps > à ce que ce pied eft plus grand que les autres, jce.
jours il refte de la forte,quoy que d'ailleurs il foit bien guéri,& que le Cheval rende bon ^q^
J'ayvûun beau Cheval de caraffe qu'il a fallu jetter, pour avoir negligé des fies;1'J! de-
dans les pieds ds derriere, lefquels les ont fi bien pourris que Tos du petit pied étoit to ^
couvert» & on le touchoit facilement avec la fonde au travers de la pourriture que yj»,
avoient caufée fur le petit-pied ; le Cheval en cet état cheminoit encore aflez-mal a
& fes pieds étoient larges au double des autres, auffi le fallut-il jetter.
                       . j|s ne
11 vient auffi quelquesfois par tout le corps da Cheval des fies en grand nombre, ma aI[â-
font aucun dommage, & comme ils «tu la racine plus mennë que le corps des fies ; o0 ". gnt f
che de la ficelle qu'on refferre tous les jours, & avec le temps ils féchent ^ to*'^^^
pourvu qu'on commence à les refferrer paflé le plein de la Lune, & dans le de ^
& qu'on les frotte tous les jours avec du jus de pourpier , ou du lait que 'es,ansuff
vertes rendent quand on les rompt, il n'y a gueres de ces fies que l'on n'extirpe ^,
déclin de Lune,il faut refferrer la ficelle de trois en trois jours:d'autefois ils tombent tou -ne
& le Cheval en eft délivré > fi ce n'eft certains gros fies qui font larges par la vive,
comme des écus blancs & plus. Ils paroiffent d'abord à fleur de peau, la place el geS,
& jette des eaux puantes: fi on néglige ces fies ils groffififent comme des derny-t>r^ rS.
& font fort vilains, on les defleche avec de l'eau jaune ; en les touchant tous les 1 ^,
& les poudrant avec l'os de féche pilé, & continuant on les amortit enfortequ'i» ^lg
îoiffent plus : il viennent au cçl à l'endroit de la faignée fouvent par une fa'ftnef. der-
avec lancette ou flàmc qui ne Sfera pas nette > il en vient auffi au plat des jambes <j ^^a
rieredansle milieu ; le meilleur remede que j'aye trouvé aux uns & aux autres ^ -^rs
jaune ou l*eau vulnéraire décrite au Chapitre CVII. premiere Partie: il faut tous le* ^£ja
laver le fies avec de l'urine: puis le toucher avec de l'eau vulnéraire, & par deliu ^
poudre d'os de féche > en continuant, dans un mois le fies fera deiîéché , comine ^
-ocr page 67-
SECONDE PARTIE.                                  g?
Point de racinesil ne reviendra plus : il peut arriver que le fies aura fait une efpece'd'ulcere qui CHAI».
fera longue à de(ïecher& a guérir, mais fi l'on continué jufqu'au bout, ellei'exdrpera; enfin
1Uoy que ce ne foit pas icy l'endroit où l'on doit voir les remèdes , i'ay toutefois ajoûtéceluy- ï/*
cy ) parce qu'il eft facile & qu'il ne vaut pas la peine d'en faire un Chapitre exprés.
Les Mulles traverïieres font des crevaffes qui entourent le derriere du boulet à l'endroit du
Pu d'iceluy, & fouvent au deffu:. de ce pli où rit la crevafle, il s'en foi me quelqu'autre; ort
appelle ce mal mulles traverfiercs 3 ou muller traverfines : cette incommodité eft plus doulou-
Cufequgla précédente, tar lors que le Cheval chemine, ce pli qui eft au boulet, s'ouvre Öc
e terme par le mouvement que fait le boulet, 1k ainfi luy caufe de la douleur. Difficilement
^•fialfe peut lécher, par la raifon du mouvement qui le tient ouvert, & qui entretient l'hu-
meur qui ie nourrit : Ceux qui ne connoiffe.;t pas ce mal, le nomment une crevaffe, c'eft une
revaffe en effet, qui fe nomme une mulle traverfiei e-
Cedefîâutnepeutempefchetd'achetter un cheval, fila jimben'eu pas gorgée ou enflée:
qöoy qu'aux Chevaux de carofl'e, les moindres maux de jambes foient à craindre par la fuite Ö-
, leufe qu'ils ont : fouvent ce mal fait boitter jufqu'a ce qu'on en ait òté l'acrimonie » la cha-
,c"t& l'enflure.
Outre les queues de rat, les poireaux & les mulles» il vient des eaux qu'on appelle de
} auva'feseaux, elles ne viennent prefque ja nais aux jambes de devant, mais plûtoft à cel'
,s de derriere ,• ces eaux font comme du pus ou de l'humeur puante, qui fortant au travers
a sres du cuir, l'amortiffent & le rendent blanchaftre: elles n'ulcèrent point fi ce n'eft
ç f ^u' e^ ^ans 'e P^turon > ou * celuy du boulet : Cette infirmité eft aifée à connoîtjre
fo ,ant 'es P'eds de derriere, & fouillant dans le paturon, ou trouve d'abord l'humidité
qu'S ^0'^ 1ui eft tres-puante, & croift autour du paturon & du boulet, & quelquefois juf-
(L au Jarret. Il faut remarquer que l'on lèche ces eaux pour un temps ; & allez facilement,
îro's e^es reviennent enfuite : ileitaifé à connoiftre lors qu'elles ont efté deflëchées, car on
Uia!pe ^ans les paturons des ordures, que les drogues qu'on avoitmis pour deffécher, ont ra-
çn es tfauvaifes eaux ne font pas grand chofe au commencement, parce que facilement on
iarnh^6 -e cours : el!es ^ont en8er^e boulct & Ie paturon affez fouvent , tiennent les
cor 10!des, amaigrifi'ent les Chevaux, & font feparer la chair, ou le vif, d'avec la
Ce "e au long de la couronne fur le talon. Prefque tous les maux de jambes commen-
ces P?r des eaux; ainfi elles font l'origine des poireaux, queues de rat, arreftes, mul-
Cl'ovj î autres m3ux qiri font perir les Chevaux parles jambes. Depuis que l'enflure a
Ce-''1 8 temps aux jambes de derriere, on y eft attrapé lors qu'on efpere de les défenfler,
pour aux ne dent pas facilement aux remèdes, l'humeur eft trop endurcie Se congelée : c'eft
VaujA110^ ^ans l'incertitude fi le mal eft recent, je croy qu'on ne doit point acheter des Che-
le caro.fte avec les jambes gorgées & dures, hors que le prix en fût doux.
u ne'aifterois pas d'acheter un jeune Cheval avec quelques eaux dans le paturon, pour-
c'e{^^Ue,.'e Jarret fut fec, & le pli de mefme , & que la jambe ne fût point gorgée,!
Ventée e
en^e : *es Marchands de Chevaux ne font pas fi greffiers de meure en
n'y a ? Chevaux qui ont des eaux, car ils les defféchent du foir au matin , lors qu'il
difent'10,.nt:jd'enflure5 mais lors que les jîmbes font gorgées^ quelque chofe qu'ils vous
curie &| "A*11 faut pas prendre, car ils font empelchez à les dégorger, ne bougeant del'é-
JLe' & tur tQut lors que les Chevaux ne fe couchent pas.
4 ceux maUX ^ 'am^es <*e derriere font tres-dangereux aux Chevaux de carofle, fur tout
»1 y a ,*1U1 ont les jambes fort chargées de poil, parce qu'ils travaillent dans les Villes où
tenir n,3u^ P'elne de nitre ou fel fort acre, à moins que d'un foin tres-exacì pour les
ettes, les boues enveniment tellement cette partie, qu'elle le rend lujette à des
2 a                                      mains
-ocr page 68-
*8                               LE PARF,AIT MARESCHAL                      qrfoni
ChAP maux rebelles aux remèdes; enforte qu on ne peut lesguenr: mefme les Chevauf^ ^
ChA beaucoup de poil aux jambes, fi on y Uiffe toner la boue &c la crafle qui sy'JJ oU-
17» cautérifent, & l'ouvetture étant faite la fluxion fe,ette deffus, qui entretient un egout
'
          te l'impureté du corps, qui pourrit la jambe du Cheval & luy calife tous les maux cç ^
venons de dire: c'eftpourquoy ceux qui achèteront des Chevaux avec beauœup je P flfi
jambes, qu'ils faflent en mefme temps provifion d'un Cocher ou d'un Palfrenier qu les
bien nettes, & qui n'épargne ny le temps ny fa peine, pour en fortir a fon honneur oc
         s
fitdefon Maiftreq Avec tout «!««>» jambe eft charge de chair & le jarret charnu,
n'en aurez jamais aucune fatisfaciion.
                                                     .              c-„t au"
En achetant un Cheval de carofle, la plus affuree remarque pour fçavoirsil ferai.J
maux de jambes qui les font perdre & qui les ruinent davantage cefi de les choux
qu'il fe peut avec peu de poil, tant pour e fçulagement de votre cocher que pour
fatisfaalon; quoy que ce nefoitpas le pod feul qui fait venir les maux, comme no. s )£g
expliqué, maïs il y aide, & eft comme une caufe adjointe: Il faut fur tout fiis%s,V
iarretsfecs, c'eft à dire , bien vuidez fans chair, point de veffigons, ny de varutf
d'autres deffauts notables, la jambe platte, nerveufe & déchargée de chair , fan se
au boulet, & hors d'accident, ils n'auront point de maux aux jambes J.aymerots d£S
pour mon compte que le Cheval de carote euft beaucoup de poil aux jambes q ^
jarrets gras & enflez. Car avec ce dernier deffaut il aura beaucoup Pius de «* h0*
jambes qu'avec l'autre, fuppofé qu'on tienne les jambes bien propres, & que le w>
U|i tous "entreprenez la cure de ces maux en hy ver, elle vous donnera beaucoup de P^.
mais dans le beau[temps d'efté, l'emmiellure blanche produira des effets que vousn auric
* PlTfaut voir outre ce que deffus f\ les boulets ne font point enflez ou couronnez >*~o^ ^
ceux de devant, s'il n'y a point de molette , fi le Cheval eftant arrefté, loge fon do ^
côté, le déboîtant comme s'il avoit une entorfe, ou en avant, ou s il le porte ii bas qa &]}
de la jambe difforme : U.y a des Chevaux qui ont cette foiblete au derriere y & ne 1 ont t
'Remarquez auffi fi la molette tient du nerf , car c'eft un des plus grands de a ^
d'un Cheval : ces molettes qu'on appelle nerveufes eftropient les Chevaux , « e(
point d'autre remede que le feu : une molette nerveufe feule doit empefeher a s
UnEnlukVil faut voir fi le Cheval eft rampiti,, cequevousconnoiftrez levant le P,ei*'ianc
ils ne marchent que fur la pince, & le fer eft tout ufé j le nerf de la jambe fe retire,
         &
plus le Cheval vieillit, c'eft toujours en empirant. On remedie a ces maux par ia
quand les Chevaux font jeunes.                                       . .         .           jo,Want,P0ur
Du refte il faut faire ksm:fmesobfervations que j'ay fait faire aux jambes de devanur
les erapaudines, javars, & autres maux qui leur font communs.                  .            cbev-al
Apres avoir con'ideré tout ce que je viens de dire, il faut encore voir ii ie         a
eft droit > c'eft a dire s'il ne boitte point : vous le connoiftrez au pas & au trot, %
galop on y connoitlpeu, fur tout au devant, à moins d'avoir une longue, experient
lucore moins, s'il eft galoppé par un Homme de Cheval                           #                 ont
Le meilleur pour connoiftre fi un Cheval boitte , eftdefe fervir de la methode ao fl
«fe pour les Chevaux de carote, qui eft de les faire trotter en main fur le pavé ; c eit u h {
nefcauroitdeguifer un Cheval quand il boitte;. & c'eft la véritable pierre de K^Atf,
s'y. eftre pas trompé, à toutes fortes de Chevaux, non feulement pour voir s ils bon
mais pour remarquer, leur force & leurs reins,                                                    Q^ai
-ocr page 69-
SECONDE PARTIE.
-. marquera
.«Mis les temps du trot avec la tefte. Lors qu'un Cheval fe berce (ce que j'ay expliqué
Parlant du pas) c'eft lors que la hanche d'un coté fe panche , puis de l'autre , tous les
lcrnps qu'il fait au trot : car il faut que fa croupe ne balance pas de la forte , ou il te-
igne qu'il n'a pas grande force.
Les Marchands de Chevaux font obligez à les garentir des défauts fuivans, de pou/Te,
^prve, droit, chaud & froid; c'eft à dire, que le Cheval ne doit non plus boitterétant
echauffé , que fortant à froid de l'écurie ; pour ces trois mots ou deffâuts, on leur fait
reprendre un Cheval dans les neuf jours à Paris, & prefque par tout.
Pour les autres deffâuts que nous avons expliqué dans les Chapitres précedens, il faut avoir
es.veux les plus clair-voyans qu'on peut ; car les Marchands» que le monde appelle Ma-
quignons, n'en font point garends, non pas mefme des yeux : car on fuppofe que vous l'avez
Pu regarder & vous en appercevoir. Mais fi vous achetez un Cheval d'un Gentilhomme
11 d'un Bourgeois qui vous fpécifie par exprés qu'il ne le garantit pas , vous devez avoir
^cours à beaucoup de foin pour tâcher d'en defeouvrir tous les deffâuts, lors qu'ui> Cheval
Payé, il eft difficile de le faire reprendre.
,, Quand on achete un Cheval â Paris, il eft bon de fçavoirdequi, crainte qu'il n'ait efté
erobé, puifqu'il eft permis à celuy qui a perdu fon Cheval , de le reprendre où il le
rouvera, & on eft à courre fans Ravoir où, pour trouver fon vendeur, cV fi vous ne le
pouvez, le prix eft perdu pour vous : il en eli de même des Chevaux qu'on achette
çj^lcs marchez i mais lors qu'on les achette en pleine foire > on n'eft pas fujet à ces recher-
ai J ^aut vo'r en otltre G un Cheval dans l'écurie fe plante &fefituè bien, ayant la pince des
P e«s de derriere pofée droit en avant, ne tournant pas la pince en dehors, ny en dedans >
avançant les deux pieds de derriere jufques fous le ventre, qui eft la plus méchante de
c)Utes les fituations , on dit que le Cheval a les deux bouts enfemble en cette pofture»
^e'tune marque de méchant Cheval, ou qu'il eft bien-harafle'•} qu'ilcherche les moyens
e ioulager fon devant , avançant les deux jambes de derriere pour leur faire fouftenir
^partie du poids du corps.
Vo r<^s avo'r ^en exart"né votre Cheval de tout ce que deflus, en un clein d'œil, lorsque
jj Us aurez un peu de pratique, s'il a un deffaut > c'eft la premiere chofe qui vous tombera fous-
eue, & qui vous choquera d'abord : il faut içavoir enfuite s'il a la bouche bonne.
De la, bouche d'un Cheval, le moyen de connaître fi eue eft Bonne & loyalle,
J. Cheval pour avoir bonne bouche doit avoir l'encolure relevée ; que s'il l'a large & cjjap
^- epaiffe, il faut qu'il l'aye tout au moins bien tournée, les reins bons & bien faits, les 0
b0UcJam^es & 'es Ple'ls au/Ti,- s'il a tout cela» fans doute à moins d'accident il aura bonne lu»
On »• ', ^°yez » ou plûroft touchez l'os de la ganache > qui eft proche de l'endroit d'où
le çîre 'es avives, un peu plus bas,- & vous fentirez s'il eft fuffifammentouvert, afin que
t0j. ^Va' puifle bien ramener fa tefte ; que fi cet os eft ferré, & qu'il ait l'encolure fort
^OUs cnarnuë, ne fe pouvant ramener, il feroit fort inutile qu'il euft bonne bouche, car
ne pourriez vous en.fervir, & cet ufage delà bouche eft feulement agréable * lors
I J                                   que
-ocr page 70-
7o                          LE PARFAIT MARESCHAL                 lesCra-
C H A P que,a teue eft ram2née en ft bonne pofture ; parce que nous n'en ufons pas comme - r :
o ' vatesqui font porter leurs Chevaux le nez auvent, mais auflî ils font fort fujets ato
I0» quand ils font en ce pais icy > les pierres les font broncher fréquemment.
                rhapitrc
Vous avez des remarques particulières pour voir fi la bouche eîl bonne, au fécond i^k ^
dece Traité, où je vous renvoyé pour éviter les redites. Mettez le doigt dans la bou j0(J-
Cheval, & appuyez fortement fur la barre: fi vous remarquez que cela luycaufe de c^
leur, c'eft une marque que la barre eft fenfible, & parconféquent que la bouche ^.^g
& li au contraire labarren'eft pas fenfible, la bouche eft mauvaife, car la bouche neit jJe,
qu'entant que le Cheval y a plus ou moins de fentiment, quoy que le trop la rende mauv
comme nous dirons.
                                                                                           - , efté
paflez les doigts au long desbarres pourvoir fi elles font hautes, fi elles n ont po»1 ^
rompues ou bleffées, ce que vous connoiftrez ou à la playe qui y fera, ou aux cicatrices, t.g
quetlesfont prefque autant à craindre qu'une mauvaife bouche ; car quoy que lap }a5'e^etn>
guérir • la cicatrice enfuite r*" "*»*«< '- ffl"M',T"'"f "•■" u
u*rro *»«•*«;» fi """ p" étoite
pte, &c<
mauvaife t
de.
fi fenfîble qu'auparavant, le mors ne peut que porter inégalement.                                j(-e r
Si la barbe de mefme eft bleffée > on.peut inférer, ou que le Cheval a laboucheraauv ^
ou qu'il s'appuye trop fur la main en voyage, ou que le Cavalier a la main rude, la n°.ur'?fatl£
mal-faite, comme font ouïes menues ou les quarrces, ou la barbe fort tendre ; n33!.5,'que
quand on les achete y conclure toûjouts contr'eux, fe croire qu'il a eu la barbe bleuee P
avoir eu la bouche trop ferme & peu fenfble.
                                                            raire
Enfin, pour connoiftre avec une entière certitude la bouche du Cheval, il le faut •
partir delà main & le faire arrefter ; au partir vous verrez s'il ne bégaye point, c'eft a »
s'il ne bat point à la main ; lors qu'ils ont la bouche trop fenfîble & chatoliilleufe, ne poU ^
fouffrir l'appuy, ils battent à la main, fur tout en partant; àl'arreft vous verrez s'il ar
facilement au moindre mouvement de main, avec la tefte ferme & en bon lieu.
               e
Il faut partir & arrefter tout court deux ou trois fois, s'il s'en acquitte bien, ce 1er ^
marque non feulement de bonne bouche > mais de bonne vigueur ; fi le partir eft PromPt.'caï'
les arrefts juftes, avec la tefte ferme, c'eft une très-bonne marque, & qu'il ades reins» t
après une action violente comme eft la courfe où le Cheval étend fon corps, s'il arre»e:a jg
court qu'on veut, c'eftune marque affurée de bonne bouche, qui par fa fenfibilité obl<S f
Cheval à raffembler dans un inftant toutes fes forces étendues & allongées par la courte P.[(g
fe mettre fur le cul ; s'il repart d'abord promptement fanshéfiter &' s'anefte tout court, ._
pourra inférer après deux ou trois fois de ces partis & arrefts, que le Cheval a tres ho,nncj,e'
gueùr, & bonne bouche & des reins : Il eft bien vray que f\ c'eft fous un bon Homme de ^
val & que le Cheval foit dreffé, ou tant au moins qu'on luy a j/e appris à former de bo ^
refis, autant qu'il en eft capable,. l'Homme de Che'val le ménagera enforte que plus ra ^
mentii fournira à ce que nous venons dedire; maîss'ilpart &arrefte tout court, d.e]£ur>
trois fois fous un Homme ordinaire, je croy qu'on peut dire que le Cheval a bonne vip ^
de la force & bonne bouche, puisqu'il eit parti avec preiteffe, &a fourni des arrelts
violents Si fort contrains par un mouvement de main fans violence.
                              <. -etlt
Remarquez, s'il vous plaift , qu'il ne faut pasfc perfuader que les arrefts pins courts i ^.
les meilleurs, aucontraire ce font les moindres & les plus dangereux, fi on n'en ufe m<j> ■ ^
ment & rarement, on aura bien-toft ruiné lesjarrefts d'un Cheval, & mis en defordee la t^
che: il ne faut qu'un mauvais arreft pour gâter un Chevai, & luy faire faire quelque en ^
-ocr page 71-
.                                          SECONDE PARTIE.                                     
^uquel il vaudra moins tout le temps de fa vie : mais quand on veut acheter un Cheval > on C H A P.
'I1 comme quand on achete une arme à feu, qu'on charge plus extraordinairement au pre- o
'fi'er coup que jamais on ne fera; demefme on(e fertde cette méthode desarrefts courts,
         *
Suiefttres-méchante &fauffe entouce autre occafion. Il faut outre ce que j'aydit de labou-
r\e., qu'elle foit pleine d'écume, ce qui fera s'il a ce qu'on appelle adiion de bouche, c'eft
^dire, s'il mâche continuellement fon mors, ou fe jouant avec la bride > qui eft une marque
pe bon Cheval, & peu de médians Chevaux ont cette aótion : Une faut pas eftre connoif-
J^ur pour jUger {j ia bouche eft bonne, il faut feulement fentir fi on arrefte facilement un
^"eval après unecourfe violente: foit dit pour les Chevaux communs, (urquoyon va par
Pays.
• Les Chevaux qui n'ont pas la bouche écumante & fraîche peuvent eftre mal-compofez dans
^c°rps; avec le foye trop chaud & fee; qui confume toute cette humidité, laquelle par Pa-
ssation dé la langue fe change en écume.
r, On peut remarquer fi cette écume eft trop coulante & fluide, ou pâle, grife, ou jauna-
,,rc' ce qui lignifierait un cerveau mal tempéré; fi elle eft blanche & épaiffe, s'attachant aux
tevfes& à la branche, il faut croire que la bouche eli bonne, & que le Cheval eft bien com-
5%> &bien fain dans le corps. Cette dernière remarque de la bouche écumante, &de la
"prence de l'écume ne plaira pas atout le monde, &fion nela juge mauvaife, ce qu'on
0'eroit faire, toutau moins on la croira inutile; mais comme j'ay entrepris de ne rien ob-
i ectre de ce qui regarde le Cheval ; je prie le Lecteur de recevoir les avis que je luy donne dans
^frne efprit que je les luy offre.
Pifjr peut enfuite prendre garde fila bride qu'il adans labouche, n'eft point fi rude qu'elle
!lfepar fesvioiens effets ob'iger le Cheval à former fesarrefts fi courts & contraints, ce
p 'pourtant eftmal-aifé à cacher; car avec une bride fi rude le Cheval fera grimace, il be-
en p3 5 ou ouvrira la bouche, ou fera les forces : que s'il ne le fait point, il aura la bouche
c ang > bleflée, ou fortécorchée; qui fera une marque infaillible ou de mauvaife bouche >
Qe bride trop rude, oude mauvais Cavalier, ou de tous les trois.
Pour juger de la vigueur ÌS de l'agilité d'un Cheval.
I » e" très-difficile de donner des règles certaines pour juger de la vigueur, de l'agreement,
CHAP,
de 'a force d'un Cheval : outre ce que j'en ay dit, le plus facile moyen pour connoiftre
des; P?r"Cl'lier fa vigueur, fera de pincer avec les éperons en une place, fans luy faire peur IO
perón s » P? '"intimider en aucune façon d'ailleurs ; il faut étant arrefté approcher les épe-
iH0~Saupoil feulement* qui eft ce qu'on appelle pincer : fi vohs voyez que le Cheval fetre-
je Cr e 'orc, c'eft un figne qu'il a l'éperon fin ; que s'il ne fe remué point trop pour le pincer,
traj y a^~ez à propos de fair,: appuyer vertement les deux talons, & de tenir la main» Je con-
tri^ ant de ne bouger d'une place : fi le Cheval femetenfemble & tâche à échapper de la
Ce rer^Vec a<Siondupied témoignant inquiétude, fans tendre le nez, & mâchant fon mors,
Sui a jwne marque de vigueur & de coeur : en un mot, on appelle un Cheval vigoureux celuy
gUent eperon fin ' c=ftàdire;
qui eft fort fenfible à l'éperon. Il y a des Chevaux qui témoi-
"atUrefranC*e v^ucuren les pinçant, mais ils en perdent d'abord la mémoire, &font d'un
kflfibi Pare^eux& fi écoutant, que quoy qu'ils ayent l'éperon fin, à caufe qu'ils ont le cuir
lVpç e' ''«ne font jamais agréables, n'employant pas leur force fi l'on n'acontinuellement
fibfes ;°n a" poil : Les Chevaux de cette forte font plurali chatouilleux que véritablement fen-
' <* inaad ils feraient fort fenfibles* s'ils font û pardTeux qu'ils oublieat d'abord le «oups
coca-
-ocr page 72-
71                        LE PARAIT MARESCHAL                 «• ,*' *
Chap. comme il arrive fortfouvent, on peut dire que le Cheval eft vigoureux, maisparefje" '^
conclure qu'il n'aura jamais d'agreement, ny au Manége, s'il en eft capable, ny a13
ïy* pagne.
                                                                                                       _         xdoic
Ileft à remarquer que la vigueur eft tres- differente de l'ardeur: un Cheval vïgoureu ^g
eftre eftimé , & un Cheval ardentn'eii bon à rien; un Cheyaf pour eftre vigoureux» ^
eftre froid, marcher fans inquiétude, & ne marquer qu'il a delà vigueur que lors ^.gy^I
recherche; un Cheval ardent, quoy qu'il témoigne & donne tous les lignes que leC
vigoureux donne, & comme en effet il le peut-eftre, eft néanmoins fort incommode» P ^
qu'il ne Te fertde fa vigueur que pour incommoder & déplaire à l'Homme qui le monte»
non pas pour lefervir enee qu'il luyeft néceffaire. Le defîrexceffif qu'il a d'aller en *^
turbulemment, &à contre-temps, &lors qu'on ne le veut pas, lui fait prendre tant ^
quiétude , qu'il eit fouvent preft de forcer la main , &de fe jetter furies talons fans° . p
fance •• Peu de gensfçavent faire la différence qu'il y ade la vigueur à l'ardeur; & j?/ce!a
part pour louer leurs Chevaux» difenr qu'ils ont la plus grande ardeur du monde; <*. (
s'appelle parmy les connoiffeurs, blâmer un Cheval au lieu de le louer. Pour "PrJjjre
cette ardeur, ilsdifent encore que leur Cheval a le plus grand feu du monde, &c'eua ,^a
qu'il 'neft bon que pour des jeunes étourdis qui ne feavent cequ'ils fouhaitent. Ja^-Sje
donné cet avis ailleurs, c'eft une méthode que je garde , d'avertir fouvent des choie ^
conféquence, afin que fi on n'y a pas fait réflexion la premiere fois, on s'y attache 13
conde, & je crois que la méthode eft bonne, particulièrement pour les jeunes genS/ieSj
Il ne faut pas traitter de la forte les Chevaux de force & d'efehine, ny les Chevaux no o
à la moindre action que le Cavalier fait; comme s'il ferre le gras des jambes, '^ tiot
quelque action de vigueur, voulant partir, Ou fautant en une place: que s'ils-ieotcfl>
foit peu le fer, ils doubleront des reins en une place, ou iront en avant en nouant l'éguiç
une couple de fois, pour avertir celuy qui eft deffus de ferrer lescuiffes, mais coniti
fortes de Chevaux ne font pas propres pour tout le monde, les gens qui les marchand ^
les connoiflènt affez , c'eft pourquoy je n'en dis pas davantage; n'étant pas à prop0 -
vouloir preferire des leçons fur la connoiflance des Chevaux à ceux qui continuel^01
les dreffent & qui en doivent connoiftre le fond.
                                                      uj'r
Il y a des carognes qui n'ont autre deffence quand on leur appuyé les eperonsquede
jufqu'au bout: un bon Bourgeois qui fera incommodé par dépareilles ruades, dira5 f
Cheval a grande force, & qu'il feroit bon pour faire un fauteur dans un Manége; rnalS ,.
meilleur avis, ;e tiens que la plufpart des Chevaux qui ruent nous font voir leur po'. ^,
îierie, efperant par là de fuir le travail: tout Cheval qui ne fait que ruer a plus de ge^-
ceté que de force, & tout Cavalier qui laiffe ruer un Cheval fous luy, peut-eftre H0* ^j
frayant, ce qu'on appelle un grand clerc, mais fur ma parole, il eft mauvais HotI1%0lie
Cheval, puifque c'eft toujours la faute du Cavalier quand le Cheval rué fousluypllisû
fois : les Hommes de Cheval fçavent fîje dis vray.
                                                        ai5
, Il y a des Chevaux à quj donnant des éperons, ils ne les veulent fouffrir ny avancer» j£j
s'y attachant ils ruent & reculent & fe font battre fans vouloir aller en avant : que ^°^.jfl«
preffe trop, ils piffent fans vouloir pafieroutre. On appelle ces fortes de Chevaux r, rC,
gués: fi c'eft un hongre, mal aifément perdra-t'il cette humeur, &furl'efperancede ent
duire je ne l'acheterois pas. Les Chevaux hongres quand ils ont pris un vice, mal-aile*11
le perdent ils , lors que l'habitude eft contractée :.: le mal enviei'ly : fi c'eft un Cheval e0\^
i He perdra peut-eftre pour un temps» s'il eft fous la main d'un bon Homme de Cheval» &
s'il a feulement une fois gagné fous quelqu'un , ce fera à recommencer de plus belle : On '^
pelle ces fortes de Chevaux ramingues, qui réfïftent & s'attach;nt aux éperons, au lie" i&j,
bonChevaldoit fuïrpour kséperons: Ce n'eft pas que les hongres ne fc puiffent aflez * f
-ocr page 73-
SECONDE PARTIE.                                      75
«ent réduire à l'obeïfTance, quand ils n'ont pas vieilli dans quelqu'autre deffautque celuy CHap.
\ eftre attaché aux éperons. particulièrement s'ils font fous un bon Homme de Cheval ; mais
*'*s font montez par quelque benaisj ils feront bien-toft pires qu'auparavant; en un mot
°ut Cheval hongre, entier, ou Jument, s'il ne fuît pour les éperons, & qu'il s'y attache
5vec opiniâtreté; n'eil: pas recevable, on doit les croire Chevaux de méchante nature, inca-
pables de fervir agréablement.
. Quand vous montez un Cheval pour l'efïayer s'il veut aller où il luy plaift, & refufe d'al-
ar ou vous voulez, & fe deffend de toutes les manières qu'il peut pour ne point vous obeïr,
yaut le rebutter comme un Cheval rétif le doit eftre, car il faut acheter des Chevaux qui
, ayent point d'autre volonté quecelle deceluy qui les monte, maisil ne faut pas confon-
de défaut d'eftreramingue, avec celuyd'eftre rétif: car le Cheval ramingue eftceluyqui
attache aux éperons, qui yre'ifte, & qui au lieu de fuir quand on luy donne des éperons,
arrefte, rue, faute, recule, & fait fon poffible pour n'y point obeïr: ces fortes de Che-
aiJx ne perdent jamais entièrement ce vice ; les Chevaux retifs veulent aller où il leur plaift,
"Candii leur plaift., refiftentau Cavalier, & fe deftendent pour ne pas obéir, il ne faut
P°int prendre de ces fortes de beftes.
j Enfin, fans ennuyer davantage le Lecteur, je croy que la meilleure règle eft dechoifir
,s Chevaux quand on le peut, qui appréhendent fort les coups > & craignent jufqu'au moin-
re. ligne du coup, quiaufeul ferrer de la jambe, ouplûtoftdescuifîesfont en alarme & en
ramce, & le tout fans ardeur, c'eftàdire, qui ne prennent du feu que ce qu'on leur en veut
j °nner. Voila comme je les cherche quand ils ont bonne bouche, & je croy que tout
k ^onde fera de mon fenriment. Un Cheval fans défaut notable, qui va le pas deli-
,eremenx Srfeurement &fansfe faire trop folliciter, &qui dupasfe met au galop fans ar-
^ Ur; du galop fe remet au pas, fans inquiétude, mâchant fon mors; qui trotte avec li-
terte d'épaules j galope aifément en s'ébrouanr: s'il galope aifément, il galopera long-
Î^Psô^ plaifamment puifque il a de l'haleine,- s'il eft bien affis, qu'il témoigne avoir des
j,'ns & du nerf, ayant la carriere vifte &unie, & l'arreft léger & jufte, la tefte ferme,
Ppuy de la bouche égal & fidele, il peut avec ces qualitez eftre achetté fans y plaindre l'ar-
ia nc car on trouve deb. marchandife à tout prix,- on n'achette pas les Chevaux, au poids,
tet, aêroiïeur comme les boeufs; la taille, la vigueur, l'agreement, lafouplefîe, lalége-
^; & la force font chofes rares, on les paye chèrement.
Pe f»n c'es£ens voudroient ti-ouver toutes les bonnes qualitez à un Cheval, & en donner
LU Cl'argent; il ne fe peut, ouxeluy qui levend avec toutes les qualitez cy-deffus à tres-
ca't:narehé, eft un médiocre connoifieur, ou bien le Cheval ne luy coûte rien, luy ayant
e donné, ou l'ayant volé,
s'i] ^ïc}onî!ei"iconfeil àmesamis, fur l'achat des Chevaux, de ne les jamais acheter chers,
fa-.n °nt l'éperon fin, il ne faut pas eftre connoifieur pour s'en apperce voir, car on fent
bot! en?ent ^ un Cheval répondaux éperons: il n'en faut non plus acheter de chers s'ils n'ont
aVa 'leuc^e ' ce °iaetout Homme le moins connoiffant du monde, peut facilement juger :
ljt "* Pouffé un ChevaLil eft aifé à juger fi on le peut arrefter facilement: quelques bonnes qua-
Pas C',U'un Cheval aycs'il n'a pas ces deux-là,que tout Homme eft capable de juger je ne croy
' j?U ?n doive Tacheter cher, & jamais il ne peut pafler 30. pifloles, de quelle taille qu'il fcir.
Otif n-^[PaSne fion achete desPoulains dans les haras, Je prix eft réglé pour chaque h?.ras,
lai,^ jU, „Pr'x ^'on vend ceux de deux ans, de trois, ou de quatre, vous y choifîrêz des Pou-
V0l) ' %c_ qu'il vous plaift, & vous les payez au prix que ceux de cet âge font taxez , ainfi
cjü'q, 'eSaffuré de n'eftré pas attrapé pour le prix; mais depuis qu'ils ontefté montez, &
glé n a Harris dans les écuries, ils augmentent infiniment de prix, lequel n'eft plus re-
mile félon le caprice deceluy qui les vend, & toujours fort chers.
Um<U-
                                                                       K                               De
*?-
-ocr page 74-
/
74                         LE PARFAIT MARESCHAL
De quelle maniere il faut monter un Cheval, qu'on veut acheter.
ne le peut enfeîgner, il faut s'eftre appliqué long-temps & avec foin à cela: je croy 1n?,üa
meilleure méthode pour connoiftre le fond de la vigueur, de la bonté & de l'agreement "
Cheval eft celle-cy.
Prenez le Cheval au fortir de l'écurie, qu'il n'ait point efté monté ce jour là « s'il fe Pe A
&Jans l'animer, ny luy faire peur ny des jambes ny de la gaule , luy lâcher quatre doigcS
bride plus qu'il ne faut pour le tenir dans l'appuy de la main, le laiffant aller le pas à'a u[i
taifie & fur fa foy, îa tefte baffe s'il veut, fans luy faire aucune peur ; fi vous avez patient
quart d'heure pour le laiflfer aller dans cette négligence, s'il doit broncher il bronchera p .j
d'une fois, &peut-eftredonneradunezenterre, s'il y eft fujet; s'il eftpefantà ^male,
ira entièrement fur le mors, & chargera la main ; s'il eftpareïfeux» il diminuera infei"»1
ment fon train, &s'arreftera enfin; pour le chafier en avant, il faut branler le corps ^
jambes, mefme les bras, comme font les valets quand ils vont à Pabrevoir, intauMible111 ,
vous connoiftrez mieux vôtre Cheval en demi-heure qu'en une demi journée : fi après cett
preuve vous le faites marcher un pas averti, & qu'il (bit dans la crainte des talons, il met -e
tout ce qu'il a de force &de vigueur enfemble pour vous fatisfaire, au lieu que fi vous K
fiez toujours aller négligemment & furfafoy, ilnes'aidera gueres à vendre, puis qu'o;'"in ,g
rement les Chevaux dansles cent premiers pas qu'ils font > témoignent de la vigueur, à ca
3u'ils ont encore la mémoire des coups receus; mais fié tans deffous vous, ils ont une fois p
u cette apprehenfion par la négligence que vous apporterez aies chaffer, &par 'a mole $
de vos cuilïes & de vos jambes, & que nonobftant ils marchent la tefte levée, mâchant
mors, le pas relevé & hardi fans broncher, ny rencontrer les pierres, fans doute cesf°'
de Chevaux feront vigoureux & bien allans : ce (ont ceux là que l'on peut acheter chsreii^17 >
car il y en a psu de cette fabrique.
                                                                                  ,
Pour les Chevaux d'amble, il faut qu'ils aillent rondement & uniment, c'eft à dire, 1
le derriere fuive bien le devant, non point comme ceux qui vont de deux pièces 5 & far t0 r
vous devez remarquer fi celuy qui eft deffus, eft fans mouvement : ce qui fera une marq
furée qu'il va bien, non feulement pour l'amble, mais auffi pour le pas.
Il faut en outre qu'il aille de mefme cadence > c'eft à dire* tous les temps de rnefme f
fure, non point comme aucuns entrais temps vîtes, & trois doucement, la tefte & * «
colure haute &les hanches baies, parce que leshacquenées qui vont les hanches haute5
roides, lont rudes à leur train, fe fatiguent extrêmement, &laflent l'homme. Il y a a
Chevaux d'amble quifecoüent la croupe à tous les pas qu'ils font, enforteque IeurcrouPc
comme la Mer par ondes, fe hauilaut ic baillant inceflamment. C'eft une fort méchante
Iure qui laffe les Chevaux, & les empefche d'aller bien loin, parce qu'ils ne marchent pas ^
hanches balles & pliées : Tout Cheval d'amble qui ne va pas de la forte , n'eft )aIïlJ6.
agréable ì il faut de plus qu'il aye 'du mouvement fuffifamrrteat aux jambes de
vant. _
                                                                                                                  -,
La meilleure remarque aux Chevaux d'amble, pour connoître s'ils vont bien , eft "' -
marquer fi en allant l'amble, ilspofent le pied de derriere à terre » un pied & demy oU
j^
-ocr page 75-
SECONDE PARTIE. i                             7?
Plus avant qu'ils n'ont pofé le pied de devant, &plus ils avanceront le pied de derriere en C HAP
avant, &lepoferont à terre au delà de l'endroit où ils avoient pofé le pied de devant, & __
^ieux ils iront l'amble, & au contraire, parce qu'ils ne fçauroient beaucoup avancer le pied *
**e derriere pour le pofer bien avant au dé!a de l'endroit où ils ont mis le pied de devant à terre,
'*ns püer les hanches » qui eft la perfection de l'amble.
. Si on n'a pas pris garde de prés au mouvement des jambes des Chevaux à l'amble, on fera
*"rpris comme il fe peut que les Chevaux d'amble qui lèvent le pied de devant & de derriere
~'un même côté & enmefme-temps en l'air, pendant que les autres deux del autre cète,
'Savoir de devant & de derrière font à terre, & ainfi alternativement, comment ces deux
Pieds d'un même côté fe peuvent-ils pofer àterre l'un après l'autre s c'eft uneaffaire défait,
°bfervez.[e 5 vous trouverez qUC ie pieti (]e devant fe pôle à terre le premier, enfuite, mais
auez preftement le pied de derriere fe mec àterre aufli-toft que celuy de devant eft levé > &
e*a d'un même côté, & ces deux icy étant àterre, les autres deux pieds de l'autre côtéfont
* mefme action > & ainfi alternativement.
j II y a beaucoup de Chevaux de pas > qui ont les hanches û roides > qu'en cheminant ils ne
^s plient point, &font fi rudes qu'ils fatiguent furieufement les reins du Cavalier allant le
™» ce qui arrive furtsut aux Chevaux qui fontàdemy ruinez à force déporter la malle :
1u»nd ils n'ont plus de malle ils marchent avec les hanches roides y & incommodent tres-fort
^ °y qui les monte; que fi vous les chargez > leur mettant une malle affez pefante, ils
juchent agréablement; car ils (ontobligez à plier les hanches, le remede eltbon, mais
eft un peu violent à en ufer à la longue. Tous les Chevaux qui ont le derriere roide,
Juchent mal, ilsnefe font pas tousenroidis à porter la valife, il y en a qui ne l'ont jamais
ï0rtée, mais cela peut eitre caufé ou par le travail, ou pour avoir les hanches trop courtes.
k es'hanches trop courtes font celles qui defcendent à plomb depuis l'os de la hanche jufqu'au
jj? eti comme ces Chevaux ne plient qu'avec peine le jarret en cheminant, il faut qu'ils
. archent roides derriere, fans eftre ruinez de travail, car-quoy que Poulains > ils marcheront
ela forte & divertiront celuy qui les montera.
j. Enfin , quelque train que le Cheval aille, s'il eft fur les hanches, il en fera plus agréa-
£-e: il y a certains Chevaux qui au fortir de l'écurie, plient fort les hanches, & vont le cul
°rc bas, ils ne peuvent guéres durer à ce train, parce que c'eft un mouvement trop cod-
ant. Le Cheval met toutes fes forces, enfemble pour foulager fes mauvaifes jambesdeda-
J|nr- Et comme toute adion violente ne peut durer > il ne peut long-temps continuer ceïle-
def *K rePrer>ai" fon train ordinaire, il va fecotiant la croupe à chaque pas, & marche fort
agréablement tout le refte du temps.
,.' y a pourtant des Chevaux, qui ayans de tres-bons reins, plient fort les hanches d'abord
? '1s font hors de l'écurie ; c'eft à ceux-là une marque de reins & de force, puifque s'ils
av C t?loncez pjr un Homme de Cheval, il les fera continuer leur train, fans intermiffon. ,
CqCC hanches b.ifles, ce qu'ils ne pourraient faire fans avoir outre les reins bons, beau-
UP de foupieffe & la bouche tres - bonne : ces fortes de Chevaux lont rares à fort
Q ,f internent il nous refte à parler des Chevaux qui aubinent, ou qui vont l'entre-pas,
Cq len 'e tr*q>-enart, & autres trains rompus > qui ne valent rien parlant généralement, car
'q .^Ces allures font mêlées & de l'amble & du pas» qui eft ce qu'on appelle l'entre-pas»
ç, "e l'amble & d ; galop qu'on appelle l'aubin , ils ne peuvent durer : ordinairement ces
tmT'auX °!'t de l'ardeur, ce qui les oblige au lortir de l'écurie de prendre cette allure :
re»» ^°*s auUi
cel' par ^*8"4 ^e ' e'-ns oa ^e lambes : que fi un Cheval n'eft jamais allé
jamb.e ^aS-' ^ qu'il s'y mette deluy rhefme, c'eft prefque toujours une marque qu'il a les
^ îs "fées ou quii a peu de force, & croit fe foulager par cette forte d'allure : Les Mal-
I\, a                               liers
-ocr page 76-
-,                              LE PARFAIT MARESCHAL            -           rraflï
liers dans les MelTageries, qui font ceux qui portent les paniers, prennent ce train * r
le bail:, & apprennent à marcher l'amble à mefure qu'ils fe ruinent.            r„mS!eavecde*
Quelques ambles forcez, c'eftàdire, les Chevaux qui ont appris a al.er lami» ^e
cordages fans y avoir aucune dnpoiition, ne fout pas agréables: ilsn ont au ort
               u
qu'un quart d'heure d'amble au plus; après quoy ils reprennent If^^1^' &e des
vont un petit pas, ou un méchant trot racourci : véritablement la plus granû^ - &il
Ch rvaüxAn-fois, vont un amble qui ne leur eie pas naturel, & qu'on leur a appris , r
Sïïonfof Chevaux au monde qui aillent mieux l'amble. L'on leurTorme leur a ^
avec beaucoup d'art ; & à d'autres à deux ans, ils leur mettent des cordes ou en r»ïes ^roii
les herbages: on leur laiTe ces entraves jour & nuit, rjfqu a quatre ans, quiof\ itudeil3
temps qu'on commence à les faire cheminer fousl'Homme. ^^ette long e h b«JJ^
contraitene une feconde nature, & vont l'amble quand on les preffe, & leur pas
quand on les lai(Te aller lentement.
                                                                   Ces Che'
le me fuis voulu mêler d'en mettre à l'amble, avec les cordes & fans cordes. ^ 0y
vaux ne font jamais venus à la perfection de quantité que je vois venir dAngleterr ,
;uë jineuiie' appris taméthode d'un des plus habiles qui le foitmeledendre|r, c ft
quinze jours lans cordes, il apprenoit & conformo» un Cheval a amble Mais ce* àe
arrivé aux Chevaux que j'ay vouludrefter, elt qu'ils fe font ufezles jambes, « - ,oS
les faire marcher cette allure contrainte, fouvent ils fe font eftropiez ; & enhn poi". ^,
srande partie ils ont efté en un eftat qu'ils étoient bons a tromper, mais non pas aie ^
fement : fi quelqu'un a ce deffein, je ne luy confeille pas de fe fervir d'autre methode qu
CdLors£qu'un°Cheval a naturellement un train rompu, & qu'il marche quelque «^
l'amble, & enfuite letrot ou le pas; il elt fort à proposée luy mettre les fff/ urle
daees, afin d'aider la nature à luy régler un train afluré, ce qut reuffira tort wen»
faire aller un bon amble, & qu'il continuera long-temps : Et fi on ne luy ^"^* mê-
les entraves i ce qui en arriverait de mieux, feroit qu'il iroit le traquenart, quieit
^Suandïn Cheval a inclination à l'amble, la méthode Angloife l'y fait très-bien ttjg
Le mouvement du pas eft allez oppofé au mouvement du galop, & les qualité, que a
          f
un Cheval pour bien aller le pas, font d.fferentes de celles qu'un Cheval doit axoi \
bien courre a la,chafle, & melme elles font en quelque maniere toutes contraires : » 'ftrt
bien saloper, à peine doit il toucher la terre, qui eft une maniere de parler dont o che.
Pour faire connoiftre qu'il doit galoper légèrement & facilement; de a vient que k ^ Je
vaux qui vont fort bien le pas, ordinairement ne galopent pas dans la perrectw» •■ r<,0.
meline ceux qui galopent très-bien, ordinairement ne vont pas fi bien le pas, u celuy
contre pourtant qui marchent bien le pas & qui ont un beau galop, mais cela elt rare.
oui n'ira point le pas, courra le mieux, s'il a de la vigueur.
                                        /c'eft
q ïfautPqu'un Cheval dechaiîe foit vigoureux, qu'il ràfe le tapis avec les hanches (
à dire qu'il calope affis fur les hanches) & qu'il ne leve pas trop haut es jambes dea ,-j
i e toTt fans fe peiner beaucoup; la telle & l'encolure haute, fans charger la mailu> i a
s'ébroue tous les temps, & s'il s'ébroue il fera de grande haleine : Lorsqu'on 1 euay . ,9
faut remarquer s'il fournit toujours également pendant le temps qu on c: monte,, ffoUr.
fin le faire partir pour connoiftre à l'arreft , s'il a encore de la force, ce qu on appelle rc
ce & s'il a l'éperon fin.
                                                                                     c vous
Voila ce que je vous avois promis de vous dire touchant les défauts des Chevaux : c,
avez bien remarqué tout ce que j'ay die, Se fi avec attention vous les fuivez l'un après ç&;
OH AP
10.
-ocr page 77-
. ^                            SECONDE PARTIE.                                       77
certainement vous ne ferez point trompé. Si vous n'eftes pas encore allez connoiflçur, Chap
Prenez garde à ceux que vous choifirez pour vous aider à les acheter, car ilfe faut deffier
de ceux qnibui prattr lusrum nihil eft dulce. Heft temps de finir ce Traité , qui ne peut ^ *
'«re trop long pour fon utilité: fi quelqu'un le veut augmenter il me fera un très-grand plai-
llr' J'ay encore à faire remarquer quelques circonftances necefiaires pourTachapt des Che-
naux, comme les poils, les'alfanes, lesefpics, & autres, que je décriray aux Chapitres
'"Wans, qui font allez curieux , & recherchez avec foin.
1-e Manege biin régit' ne f tut ufer, ny ruiner les Chevaux comme quelques gens
■veulent dire.
QUoy que ce foit ma profefîîon d'enfeigner à monter à Cheval à la NobleOe , & ^„ „ „
que bien des gens de qualité & de merite foient perfuadez (tout au moins ils me "*»*
l'ont fait croire ) que je m'en fuis acquité jufqu'à prelent avec honneur, je ne me fuis XI.
Point me|é d'écrire du Manége ; j'ajoûteray pourtant icy un mot , pour répondre à ces
'eflieurs, qui n'en ont qu'une mediocre teinture, & qui difent que le Manége ruïne &
e 'es Chevaux, ils tâchent de le perfuader à tous ceux qui veulentles écouter : ils cro-
(Tnt que s'ils peuvent décrier & détruire les bons effets qui pourraient venir d'un Manége
'en reg!é & bien entendu, ils éviteront la honte & la confusion qu'ils ont de n'y fçavoir
*jUe Peu de chofe, & de vouloir pa;Ter pour fçavans. C'eft pourquoy fouvent contre leur
V opre connoiiTance, ils blâment la bonne école, quoy qu'ils en ayent vu reüffir de tres-
ns effets, feulement parce qu'ils ignorent les moyens de la mettre en ufage : Pour ceux
ne fça vent rien du tout, on ne doit pas s'eilonner de ce qu'ils décrient le Manége, par-
, . --n.njii-c qu un Manége bien entendu puiffe ruiner un Cheval. Qu _.
v .«e vaux employez" à quelque ufage que ce foit, fervir vingt-cinq ans * comme on-en
q !c tres-grand nombre avoir fervi cetemps-lâ, avec force, & vigueur, dans des écolesj
^ °n confidere & examine les jambes, le flanc i & la bouche des uns & des autres, on trou-
j.Qracelles des Chevaux de Manége belles & nettes, & des antres, ou molettées, arquées,
jy. de,s, ou droites, le flanc alte ré & avalé, & la bouche ruinée , parce que tout le but du
atj^n.ege eft d'affouplir les Chevaux & delesaffeeir fur les hanches. Un Cheval fouple&
deh°IC(e peinera & fe fatiguera moins que s'ilétoit mal-adroit, gourd, & lié d'épaules &
Co at1chesj s'il fe peine moins, il durera plus longtemps j & s'ufera moins. De plus
«an ?e'es Chevaux fînifîent prefque tous par les jambes de devant, s'ilsfontbien affis furies
enti eS' 'esre'ns& 'e derriere porteront toute la peine, ainfiil fe conferveront faine Se
qu> j,re 'a partie la plus foible & qui fe ruine la premiere, qui eft le devant: en outre,
refij )Ce ^1" ^onne la foupleffe & l'adrefle aux Chevaux, qui les oblige de marcher & cour-
je[] ^ hanches, que le Manége bien réglé? Mefmepour le pas, on peut éprouver fi un
qu' Cheval qu'on aura trotté quelque temps dans les règles, ne Tira pas la moitié mieux
Fait ^aravanr ' plus vite, plus légèrement, & plus agréablement : c'eft une affaire de
ÇjjJjui ne reçoit point de réplique» que j'ay éprouvé cent fois, & mefme j'ay eu des
fajt a.ux ue dix ans qui n'avoient jamais efté le pas depuis qu'on s'en fervoit ; je les ay
t!ont3 tres-bienle pas. Véritablement ils avoient l'éperon fin , &la bouche paffable,
£uçv 1SU'D' ma's cIuan"t^5 ce^a fe peut-il faire fans Manége & fans art? Eft ce gâter un
al s'il n'a point de pas, de luy en donner ? & qui fait cela que l'école bien réglée ? Eft-ce
K ï                                  gâter
-ocr page 78-
73                             LE PARFAIT MARESCHAL                       Tries
•hap garer un coureur Anglois ouFrançois de le faire courre fur les hanches, d'abandonné W
épaules qu'il étoit > Pera-t-on cela fans art & fans élire Homme de Cheval ? non a»l,.re "„"j
*I * Meffieurs du Belair diront que cela fe fera à force de courre, je le veux encore . mais qu
à force de courre fera-t'il fur Tes hanches ? il y fera peut-eftre lors qu'il fera ruiné & "'alira£uë
de jambes. Pour le flanc perfonne ne doute que la trop grande quantité de foin ne contr
à rendre les Chevaux potions ; au Manége on ne leur en donne que ce qu'il en faut pour les
reboire, à la campagne on les en crevé, pour rétablir par cette grande nourriture les eip
& la gra'ifïe que le travail a confommé. Une marque que le Manége ne les peine & "e
travaille pas, eft qu'on y entretient les Chevaux gras à pleine peau, avec la moitié ro
de nourriture que ce qu'on donne aux Chevaux de campagne. Jecroy qu'on peut c"n£ ,al
ce difeours par une maxime véritable , quieft, que le Manége bien entendu eft au Ca
ce que l'art du Lapidaire eft au diamant brut, puifque d'une maniere de caillou il devient P^
l'art de l'ouvrier un ornement digne des Rois; & le fçavant Eicuyer par fon art ^oariC'r
foupleû*e& augmente la geutillefle au Cheval, luy facilitant les moyens d'employer ag
blement fa force & fon nerf, & le met en eftat de fervir à des Roys, de les tirer des plus gra
périls, & de les faire admirer dans les pompes & dansles caroufels; ce qui n'auroit Pfs j„
fans le'fecours du Manége, comme le diamant feroit demeuré un efpece de caillou fans 1 â»
Diamantaire. Il y aurait bien des chofes à dire fur cette matière , fi je ne fortois pas des I'
tes que je me fuis preferit: fi quelqu'un y prend gouft, & quefa curiofité lepoufleà.en Çj
voir davantage, qu'il life l'ouvrage de Monfieur de la Brouë, & celuyduDucde Nieuc*
quieft plus récent, il verra qu'il y a autant de différence d'un Cheval monté dans fa j;-u
fe par un Homme de Cheval , à un autre qui ne l'a pas efté, qu'il y en a d'un Maiftre a a
fer à un crocheteur. Et de plus le Cheval qui aura efté pris dans les bonnes règles, dur
& fe confervera au double de ce qu'il auroit fait.
«#?
Les noms di divers foils > avec les inHruBions qu'on en f eut tirer.
«y
CHAP f~*^ Omme le poil des Chevaux donne affez de connoiflance de leur temperament > ,
' y ^ de leur constitution naturelle, il eft tres-à-propos de déclarer ce que l'expérience m e,
%Z.
             a fait connoiftre, puis que fans doute du temperament & de la constitution du ^^
dépend fa bonté, & fon prix: Il faut donc commencer par les noms des poils, par leurs din
rences, & enfuite déduire ce qu'ils ont de bon & de mauvais.
                                          ,.
Quoyque l'on die communément & véritablement, de tous poils bons Chevaux, & ,
toutes marques bons lévriers > il y a néanmoins beaucoup à confiderer : Il faut premia
ment fça voir que pour parler en termes propres, on dit de quel poil eft un Cheval, ^-rn°rS
point de quelle couleur. Le plus ordinaire de tous les poils eft le bay , dont il y a de plufi^u
fortes; il n'y a perfonne qui ne fçache qu'un Cheval bay eftceluy qui eft de la couleur du°
châtaigne, plus ou moins claire ouobfcure; &rc'eftceque le peuple dir eftrerouge.
Il y a desbais-clairs, il ya des bais-dorez qui tirent fur le jaune, les bais- chaftainsapp1 -
client le plus delà couleur de la châtaigne; quel jues- uns font bais à miroir, c'sftà dire, 1
ontmarques plus brunes fur la croupe, qui rendent la croupe pommelée : on dit feulent
pommelé aux gris ; & pour les bais, on dit à miroir ou miroiietté.
                                     ,
Bay-brun eft celuy qui eft prefque noir, horsqu'i! a du feu au fianc &c au bout du ncZ'i|e
feu n'eit autre chofe que des poils tirant fur le roux aux flancs & au bout du nez, on les appel
bay-brun, oubrun-bay.
Tous ces bais, & msftne les bais-clairs, ont toutes les extremitez & les crins n°*r »
-ocr page 79-
. .                                     SECONDE PARTIE.                                       79
*. jamais il n'y a eu Cheval bay qu'il n'euft les extremitez > les crins & la queue Chap
«oires.
. Le poil noir eft connu derout le monde, il y en a de deux fortes : noir-more, qui eft ^*"
*eplus beau, c'eft un noir fort vif : & noir mal teint, quis'expiiquedefoy-mefme.
Il y a plusieurs façonsdegris: le gris étant un poil mêlé de noir & de bîanc, lesunsenont
Pjus les autres moins, & ditte rem ment placé, ce qui en fait la différence ; gris tifonné ou
Çharbonné, eft celuy qui a des marques tomes noires, éparfes çà & là fur le poil blanc, qui font
'arges comme la main ou environ.
Gris pommelé eu un poil tres-cotnmun j les Chevaux ont fur la croupe ou fur le corps du noir
^ du blanc mêlé comme des rouelles»
'..Gris argenté, eft un gris vif & beau, où il y a peu de noir mêlé, & feulement affez pour le
Qiltingucr du blanc.
Gris tourdille, eft un gris pommelé, car le mot de tourdille eft tiré de I'Efpagnol, qui fi-
S«ifie gris pommelé.
. Gris-fale, eft un poil gris-mêléprefque tout de noir; c'eft un poil aFez beau quand les ciins
°nt blancs: gris-brun eft le mefme qui à beaucoup de noir, & peu de blanc: gris-rouge, ce-
uyoùil yabay-mêléaveclenoir, qui eft tres-bon.
.Des Chevaux pies, il y en a de noirs, de bayes, &d'alzanes, leur nom vient delà refîêm-
ance qu'ils ont avec les pies ; ils on: du bîanc jufqu'au defîus du jarret ou du genomi, d'autres
,nont en d'autres endroits du corps: le moins de blanc qu'ils ayent, c'eft le mieux pour la
x Rouhan eft un poil affez bon & plus que les pfécedens: Il y en a de plufieurs façons,
a 'Çavoir :
j*ouhan vineux, qui a la couleur approchante de celle du vin.
an i U^îin cave^e ^e morc » e^ ce'uy 1U'a ^a te^e & 'ss extremitez noires : quelques-uns les
aPpel!ent cap de maure.
fer* ^°'' d'étourneau ' approche du gris-brun , ou du noir, hors des poils blancs qui font par-
£,,ez dru & menu par le corps du Cheval, qui l'empêchent d'eilre noir ; on l'appelle poil
fourneau , à !a refîemblance que fon poil a avec le plumage d'un étourneau.
Auber , mille fleur, ou fleur de pefcher , eftprefquelamêmechofe, ce font des poils ra-
,^ent fenfibles, mais ils foni beaux & plaiient, ilsapprochenr de la couleur des fleurs de pef-
ren •' e^ un ^ tu'3111 fur Ie roux ' c'eu^ comme roufleau aux hommes, avec cette diffé-
jc ^.W'iiya peu d'alzans qui ne foient bons, fur tout ceux qui ont les extremitez noires,
vY°>r queue, crin & jambes.
qu yaplufieurs fortes d'alzans, & la différence fe tire particulièrement des crins & de la
Ue > dont le poil eft différent du corps.
**'zan, poil de vache > avec les crins blancs, ou avec le crin de rnefme couleur.
^Jzan clair, a ordinairement les crins blancs» & ne vaut gueres.
9Uff j?" ordinaire, qui n'eft ny brun, ny clair, c'eft celuy qu'on nomme alzan, fans faire
A!         ,ion'
rCtft zan brûlé, eft un alzan fort brun, il doit avoir les extremitez & les crins noirs, ra-
p e'Jt les voit-on autrement, le poil eft bon & beau.
per ' 9ue tous les alzans, hors ceux qui ont les flancs lavez & les extremitez blanches > ont l'é-
».n "0, c'eit à dire qu'ils font tres-îenfibles, & ils font prefque tous colères.
HA
u
Poil blanc feméçà& là, fur tout aux flancs, on l'appelle rubican
hetai noir, ou alzan»
'
r°Mdefouris, s'ex
pliquc affez de luy meûne, il y en a avec la raye noire fur le dos-, d'au-
tres
-ocr page 80-
8o                            LE PARFAIT MARESCHAL.                     .. o5rs>
tres ont les jambes & les jarrets rayez comme certains Mulets, & lescrinsSr que«es -lît
d'autresnon, quelques-uns clairs, & les autres pbfcurs : cesderniers quiont lesexcrem
noires font de grand fer vice.
                        ;                                                         AxitS,
Louvet, eli un poil de loup, il efl clair aux uns& brun auxtiurres; & s'ils font tort.c- nt
ilsapprochent des liabeües, ils ontprefq'ue toujours la raye au long du dos, ou la
avoir, & les extremitez noires ; ils (ont ordinairement bons.
Tigres, ce font les tifonnez cy-devant, hors que les tâches font moins larges.           , (»,
Il y a certains Chevaux qu'on nomme porcelaine, pour avoir le corps blanc couvert 3 ^
ches bizares, comme on en voit fur les vafes de porcelaine , ces fortes de poils font rares' yr
font propres pour paroiftre dans les jours de pompe & d'éclat, fi le Cheval a les aunes q
tez pour fe faire remarquer.                                                                                   , 0jl
Du mélange de divers poils, il s'en fait de plufieurs façons ; mais on les nomme a« r
avec lequel ils ont le plus de rapport, & qu'ils approchent de plus prés en couleur.
         
Ayant donné les r.oms& la couleur du poil, il faut tirer des indices pour juger du «| ^
rament du Cheval, & de l'humeur qui domine; ce qui fera connoiftre s'il a du feu, s je
pefant, ous'ileft vigoreux; parce moyen connoiffant bien le poil, on pourra avec P%,0
certitude acheter un Cheval, faiiant toujours fonds fur les remarques précédentes, * ^
pourra mieux fe gouverner à purger & à traiter les Chevaux, fi on eft aflez mal heureux P -
en avoir de malades, bien que Monfieur le Duc de Nieucaftel traitte de ridicules ceti* h
s'attachent aux poils, & aux marques, pour tirer quelque connoiflànce de leur bonte. J
le croy feul dans cette penfée, quoy que d'ailleurs fort entendu aux Chevaux. MçXC'° v\c>
encore de ceux qui difent que les Chevaux font compofez & entretenus par les quatre ^
mens; il dit qu'on eft entretenu par le boire & par le manger; ileftvray, mais le bo»
le manger font compofez des quatre Elemens.
                               >                          . a.
Les Chevaux font compofez des mefmeshumeurs que les Hommes, par un certa' ^
port aux Elemens ; les Médecins en font de quatre fortes, fur lefquelles ils rc8v0us er»
temperamens, qu'ils appellent fanguins, bilieux, picuiteux, & mélancoliques. ^0"pre'
parlerons plus au long en traitant de la purgation à la fin de cette feconde Partie ; il »» yLj,
fentement de dire quelefangaduraportàl'air, labile au feu, la pituite ou flegme a i ^
& la mélancolie à la terre ; de forte que pour proceder à la connoiflànce de l'humeur «F g
mine , vous ne vous contenterez pas de remarquer la couleur du poil, vous ajouterez a c'■
remarque la conlideration des actions principales, & fi vous trouvez qu'elles convie'1 ^
avec le poil , vous pourrez conclure avec certitude du véritable temperammo
Cheval.
                                                                                                               •_ les
Suppofé cette conformité ou raportdes Elemens avec les humeurs, il faut KaV. r0ju-
poils où ces humeurs dominent, ce que je vay déduire, fans néanmoins m'en rendre ab» ^
ment garand; car cette obfervation pouvant manquer en di verfes rencontres, je ne pret
pas la taire paffer pour une démonstration infaillible, nyen établir une fcience afluree» J^
parle (elon l'expérience que j'en ay qui ne m'a gueres trompé ; mais puis qu'il y peut avo
l'exception, vous en uferez difcrecement. Les quatre poils principaux qui ont du ^P^j,
aux quatre humeurs, & de la conformité aux Elemens; font les-fui vans : Le noir e*l^* yil
nairementmelancholique, c'eft a dire, que la mélancolie domine dans le corps du ^D ^
fequent terreftre, pefant, & fouvent de deux cœurs, c'eft à dire, qu'il aura la volonté^
ble, uned'obeyr, ne pouvant reiuter, ayant efté gagné par les règles de l'art, & ' a |jer
de répugner à robdifance. Les Hongrois tiennent pour une chofe aflurée, que le Cav ^
-ocr page 81-
SECONDE PARTIE.                                     ti
•honte fur un Cheval noir> eft plus heureux à la guerre que fur un Cheval d'un autre poil, Chap^
Suoy que le Cheval fuft zam :je crois qu'ils fe fondent fur ce que les Chevaux noirs (ont très- rares
e" leur pays, & qu'on les voit moins de loin.                                                                      ■*
-Les Espagnols font un fi grand cas d'un Cheval zain, qu'ils ont un Proverbe qui dit ,
™°rfillo fin fennaL, muchos'lo quieren t y pocos lo ban, voulant elHmer bien heureux ceux
^ui ont un Cheval zdn.
En France on tient pour malheureux les Chevaux zains » & l'on croit que tout Cheval qui
Ö* pas marqué en tefte eft defeciueux > & ce n'eft pas lans raifon.
j L'alzan eft bilieux, & a du raport avec le feu : ïl fera donc colere, ardent, léger, &aura
Qe ladifpofition à fauter.
Les aîzans clairs &obfcurs font bilieux > plus ou moins à proportion du poil* s'ils ont des
jaques blanches, c'eft un bon fîgne, parce que le blanc eft une marque de flegme, quitem-
Pere par fa froideur l'ardeur de la bile, & rend le Cheval excellent.
S'il eft alzan obfcur, il a de la mélancolie mêlée, & d'autant mieux, parce que par fa
Pinceur elle fixe la bile, & rend le Cheval capable de concevoir ce qu'on luy veut enfeigner,
«it qu'il a ordinairement la mémoire bonne.
j. Le Cheval blanc eft plüegmatique & pituiteux, & par conféquent parefïeux Si mol:
es Chevaux de ce poil ont rarement de la difpofition , & fe chargent de chair devenans fort
«5 as. Il ne faut pas fur cette obfervation condamner tous les Chevaux blancs, carilen naift
|ei> de ce poil. J'ax vu beaucoup de Chevaux blancs, grands fauteurs, fort difpor- & agi-
s> mais ils avoient eftégris & font devenus blancs en vieillifTant, comme il arrive pref-
^ e toujours. Les Chevaux blancs mouchetez àlateîte, au col, & aux épaules font tres-
nsJ s'ils le font par tout le corps encore meilleurs, mais fi le train de derriere l'eft, & non
J?y de devant, ilsneieront que très-rarement bons,
dir ^0^ ^lanc °ù il y a du noir mêlé, fait une bonne difpofition , comme nous avons
n . e P°il de cerf s'explique allez parlareflemblance àceluy d'un cerf; s'il a les extremitez
le,'reSi Ravoir crin, & queue' & jambes, iiferabonj & s'il a la raye noire, encore meil-
oa- . Chevaux bais font fanguins, qui eft un tres-bon temperament, ils font ordinairement
'i.' ilsrnangent avecardtur, & marchent délibérément,
hle ' •Vn.(-^eva' fe trouve avec une jufte proportion participer de tous les Elemens enfem-
tei-.J " iera parfait; Je vais décrire les meilleurs de ceux qui participent de ce mélange de
'"Perament.
È
"e baychârain bien vif & bien coloré, tient du fang fon principal temperament, qui eft le
e . exce"er)t : ils ont toujours les extremitez noires, ce qui lignifie qu'il y a de la mélanco-
fi y Cerce vivacité du poil vient de labile; la plotte au front dénotte lephlegme : Ainfî
dan ll.s voyez que les quatre humeurs fe trouvent afîemblées avec un jufte temperament
*« icy.
i
des ,un Pei'd'expérience $r le bon jugement il eft facile de tirer lesmefmes conféquences
Peu ^.resn}élangesque je pourrais mettre icy, mais il iVroit long à expliquer, & peut eftre
I '"V il.fuffit deraportér quels font lesiiitillenrs poils en general.
j~e gris pommelé eft excellent.
j5 pori d'étourneau qui a les yeux bons, ne peut manquer d'eftre bon.
j f p°uhan cavelTe de more, ou cap de maure, eft tres-excelleuc j lier & hardi. -
a'Zan obfcur, qu'on dit alzan brûlé, n'a jamais manqué.
ona-uri abregé des plus excellens poils , qui font les mieux tempérez & les plus
-ocr page 82-
U                               LE PARAIT MARESCHAL                      . detou*
Chap. eftimez. Aprésceuxlà, ceux qui en approchent le plus, font les meilleurs, bienque"
' poils ils fe trouve de bons Chevaux.                                      ;                               . nttrop
^* Ce raifonnement avec un peu d'expérience vous fera connoître queles Ches'aux qui °" ,g^
de blanc, font ordinairement foibles, c'eft un poil que nous avons obmis, dont la couleur
plique d'elle-mefme.
                                                                                             ,feofi*
Les fleurs de pefcher, mille-fleurs» ouauber» &ceuxqui les approchent, fontpeu
bles, & fouvent de peu de valeur, quoy que leur poil foit beau.
                                  , cC
La raifonpourquoy le gris pommelé eft excellent, vient félon nôtre raifonnement, ^
que fon phlegme eft animé par la colere adufte, ou bile brûlée, & ainfi il eft moins pelant:i ^
de ce mélange de bile & de phlegme il refulte un excellent temperament» plein de eceur
force» quoy que peu fenfible aux éperons pour l'ordinaire.
                                          .„yfS
Il y aurait icy ample matière pour faire croiftre ce volume fur les iifferens poils, &'ur .v je
proprietez, on pourrait facilement faire icy l'habile homme, & le grand difeur, iri?
Lecteur tirera affez d'éclairciffement de ce difcours» pour eftrefatisfait fur cette m^ti
que nous quitterons pour expliquer les balfanes.
Det marques blanches que les Chevaux ont aux jambes, qu'on affette 'balfanes-
Il y a des connoiffeurs qui fond grand fondement fur les balfanes des Chevaux, & cr°YenS
ces'marques fi indubitables, que fur une bonne balfane, ils achèteront un Cheval» »
s'attacher aux autres remarques beaucoup plus effentielles. Les Espagnols quoy qu'ils n
yentpasd'eftime pour les Chevaux arzels, ne font pas tout leur fondement furlesbalfanf *
car ils difent en proverbe» que la bonté eft plus à prifer que les bonnes marques » bondad vtrl
fennal.
Tout le fondement & toute l'affurance qu'on prend des balzanes, vient de la feule
perience qui nous guide en ce rencontre : Cette expérience eft fondée fur le raifonnement»
quelque maniere, carlesmarques blanches tempèrent par leur flegme le feu de la coJ '
Se
lafubtilité dufang, & ainfi des autres; mais pour ce qui eft de leur fituation, e'eft'a r .
marque qu'on a fait, que les Chevaux avec une telle marque fituée en un tel endroit onte
fort bons, le long ufage l'a confirmé, la judiciaire dont bien des gens font enteftez, n'a P
un fondement plusatïuré que les balzanes. Quelques uns nomment le pied droit ou gaiic
d'un Cheval » quelqu'autres difent le pied de la lance ou de la main de la bride : nous &t0
le pied du montoir ou hors dumontoir, comme le plus commun &le plus connu: tous
termes font bons, pourvu qu'on s'entende ; & comme je n'ay autre but que d'être int
ligible à tout le monde, j'aychoifileplusufité: pour exprimer les pieds de devant, nçn;s
les mains du Cheval, mais je neme fervirai point de ce terme, quoy qu'il aye efté autrei
ufité dans le métier par quelques-uns.
                                                                          . j
Ce mot de balzan eft emprunté de l'Italien pour exprimer un pied blanq: le balzan du p .
hors du montoir de derriere » quoy que le Cheval ait d'ailleurs de bonnes qualitez, & 1'
foit tenu pour bon parles actions qu'il nous fait remarquer, eft rarement unebonnsma^l ,|
on le tient trial heureux pour un jour de bataille: que fi le Cheval ala plotte au front' ol'
chanfrain blanc ("qui eft la face,) elle diminuera fon peu de valeur, on nomme desCheva
arzels, cavallo ar^el, guardale del, dit Je proverbe Efpagnol, & j'ay connu de tres-haty
connoiffeurs qui n'auraient pas acheté un Cheval de prix qui aurait efté arzel, je ne ^ ..
refterois pas en fi beau chemin» quitte pour ne le mener point à la bataille; fi l'on a<re>e,
fuperitition qu'il y foit mal-heureux, du moins on le garderait pour la paix: que « .
CHAP.
*3-
-ocr page 83-
SECONDE PARTIE.                                    8?
«oh un Cheval d'un prix ordinaire, qui aurait toutes les bonnes qualite2 d'ailleurs, je Tache- c'h a P.
'erois, fans fonger feulement qu'il eft arzel.
                                                                         '
.Lechanfrain blanc eit un vieux mot fort en ufage, pour fignifier que la plotte ou l'étoile ^3*
Hui eft au milieu du front s'alonge jufqu'auprés du nez , làns toucher aux fourcils, ny aller à
{extrémité du' nez, on l'appelle belle-face, & la marque eft parlement bonne; que fî
'e blanc touche aux fourcils, ou continue jufqu'aùbôut du nez, ce fera une méchante mar-
que: L'on dit communément que l'étoile boit ou que ie Cheval boit dans fou blanc, ce qui
eft
mal parler.
Le balzan du pied du montoir leul eft bon» & s'il a la plotte au front, ce fera la meilleure
°e/tomes les marques; ttes rarement l'on l'aveu manquer; pourmoy j'ayveu tres-peu de
^ec«ans Chevaux avec cette marque. En Allemagne ils'font une telle eôkùe decettemar-
^Uej qu'ellefera enchérir debeaucoup un Cheval: s'il trouffe fort haut les jambes en trot-
st» c'eft à dire qu'il aye du mouvement avec cette irwrque, il doublera de prix dans les
-0|tes, mais je n'en donnerais pas une pillole davantage, s'il n'a tout ce qu'on luy doit
°ühaiter d'ailleurs. Quand un Cheval trou-île fort haut les jambes en trottant , on die
^Jj " a un beau mouvement, qui eft la plus belle aciion qu'on puiflê iouhaiter pour le Manége,
'e eft d'un mudiocre ufage pour le fervice.
Le balzan des deux pieds de devant tous feu's, eft une méchante marque, & qui eft affez
are> j'ayveu fort peu de Chevaux l'avoir, & ils ne valoient guéres » on léserait mal-heu-
.Uxi s'il avoient les deux pieds de devant blancs &un de derriere, avec la plotte au front»
e diminuerait en quelque façon famauvaife marque, mais non pas entièrement. Ceux
q, '.°nt trop de blanc àlatefte, on dit qu'ils ont le cerveau trop humide > &par conféquent
<j'l '"ontunefource debeaucoup dinfirmitez, fur tout de celles qui proviennent de froid &
Va           une maxime generale pour les balzanes, que tout Cheval qui aura plus de blanc de-
"Jt que derriere, fera mal marqué & défectueux en ce point.
doit placer
otte au front.
CneCheval qui a les deux pieds de derriere blancs, eft bien marqué, on
§,..re les bons, & letenir'pour heureux; particulièrement lors qu'il a la pl
Ü''alaface ou lechanfrain blanc, il fera paflable ; fiaveccela il avoit les tefticules petits,
l'^oit tres bon.
j^ *-e balzan des deux pieds de derrière & d'un de devant fans être marqué en tefte, fera mal
il d^11^ ' mais s'^ e^ «marqué en tefte, c'elt à dire, qu'il ait la plotte ou le chanfrain blanc,
Pourra pafler pour bon.
f.
e ces balzans de trois, marquez en tefte, l'Italien les appelle Chevaux de Roy, je ne
çj pourquoys car je nevoypas qu'ils ioient meilleurs que les autres : peut eftre qu'il dit
ba]
Va de Roy ; parce que dans les écuries des Roys, les Chevaux travaillent peu, &quele
an de trois étant de mediocre travail fera bon pour un Roy.
ex,,,- y
a des Chevaux qui ont des balzanes, qu'on appelle travat; d'autres traftravat, nous
puerons le tout.
detif an
du pied hors dumontoir de devant, &hors dumontoir de derriere > qui eft
eft.
elrne côté» s'appelle tra vat, parce que les deux pieds de ce même côté font blancs, qui
férr,!,12 mauvaife marque, &•: ces Chevaux, outre qu'ils font fujets à felaifter tomber fort ai-
j>ft 3 n e font pas tenus pour bons.
àcaUf
zan du pied du montoir de devant &hors dumontoir de derriere eft dit traftravat,
ilöe
e 1ue *es balzanes traverfent; il eft pire que l'arzel, &qu©y qu'il aye la plotte au front,
^Va"dra guéres mieux.
Core j
2an U ti pied hors dumontoir de devant» & du pied du montoir de derriere eftea-
raitrav»t, car il traverfe auffi bien que le precedent, il n'eft guéres meilleur que l'autre ;
JL z                                 beau-
-ocr page 84-
fcV                        LE PARFAIT MARESCHAL                    ont la
beaucoup deperfonnes croyent que la marque .efttres-bonne, fur tout fi les Une,            u
Chat>
nlotte au front, mais j'ay.VÛ le contraire dans tous ceux qui fonttraitravats de la io
%l. marque en tefte diminue un peu de la mauvaife marque , & non du tout •
                  de bon.
Le balzan des quatre pieds j c'eft à dire , qui a les quatre pieds blancs, eft toj « « ^
ne nature "maisU a peu de force, & les pieds de devant font cadans, a caule de la
bkC'eft une maxime que plus le balzan monte haut dans la jambe du Cheval, moi* «j*^
cadlap^ocîeplusd^lapxe, deiquellesil s'en trouve peu de bonnes ^jgff^Jw!
Si font chauliez trop haut; laraifon pourquoy les pieds ^balzans; ctoujfat P, qUl
font défectueux, vient de ce que le phlegme denotte par le poil blanc, cornine trop,
re^SS:ine:SS par le haut en dentelles ou bien qu'elles (oient mouchetée^ £*
filatane eftbonnemarque» la moucheture la personne; que h la ballane eAoK u
vaffe marque-, la moucheture la rendra moins mauvaife; la ratfon P«« r ÇUa
ni rfire ne: domine pas feule, & qu'elle, eft corrigée par quel qu'autre humeur quiluy
5mÌ vigueu^ mal la raifon de la bonté ou de la defkuofité dans y^J**^*
eft fort obfcure, ie meilleur eft de s'en rapporter a nos anceftres, ou d en croire ce
V°Lesabalfans herminez font ceux qui fur tebalfane ont des tâches noires auront d| ^
roane La marque eft excellente: fi la ballane eitbonne, elle ^ perfecbonne ; « . ^
deSueufe, elle la corrige; fi elle eft médiocre , l'hermine la rend bonne : cotai* F
fureraue tous les Chevaux herminez que j'ayvu, oncreuflï.
                                      &**'
S'ifyqudque raifon pour le travat ou traftravat qui nous faffeconnoiftrefo^ »
leur, c'elicne lesdeux pieds votons ne font pas d'égale torce. Ilyenaqu. vontplus J^lç
quidifent que les deux pieds blancs qui rendent le Cheval travat, font jotnt «ftmwe
Se de la Cavalle , quand le Poulain y eft : fi vous avez la cunohte d'en fçavoi a y ble
faut vofr une Cavalle qui foit morte étant pleine ; ces deux pieds blancs e'tans £™*L&A
dansïe ventre de la mere, par l'inclination & fympath.e qu'ont ces deux parties af e
le Cheval le mêle les jambes, & s'embaraîle plus facilement lors qu'il court avec b« ,e
de violence & de furie: S. cette ra.fon vaut pour le travat, elle eft encorep^neJ>
mft avat, où les pieds fe croifent, ce qui fait que dans la coorfe d ^™» '
            4
plus facilement. Cette raifon pour ces deux fortes de balfanes eft tirée de quelque lu ^
v a mefme des Allemans qui ont écrit fur cette manere, & qui conviennent en ce pou
vous paroiftra fans doute un peu delicate auffibien qu'a moy.
L'étoile ou plotte au front étant feule, palle pour tres bonne marque                  dorlt çH
Un deux, ou trois, ou deux en croix ; eft une maniere de parler allez eltime         a,.
fefertf'ortfoirvent, pour exprimer en peu.de mots, toutes les bonnes marqued u          0n-
vn fignifie la plotte au front qui eft une bonne marque ; deux, la plotte &1 ?'W fr0l)r,
îïïr de derriere blanc c'eft encore une très-bonne marque; trois, veut dire la p.otte a
- & es de. x pieds de derriere blancs qui eft une bonne marque ; & deux en ero x, et ^
ftravat duqSel le pied du montoir de derriere, & le pied hors du montoir dedev
blanc br'que vous aurez lu cet article, & qu'on vous dira pour les marque un, ls
ou trois? aï deux en croix , vous le feaurez peutertre mieux que celuy qui
dlLechanfrain blanc ou belle-face eftdemeftne; fi la marque blanche eftdifoontinue
le milieu de la face, le Cheval fera peut-eftre bizarre & fanrafque.                            bo„nS
Si la marque eft interrompue, & le pied de derriere du montoir blanc, ce fera un
marque3 qui amendera la precedente.
                                                                     1&
-ocr page 85-
SECONDE PARTIE.                                      8?
Les Chevaux mouchetez deWaoc fur le noir, fi c'eft par tout le corps font bons,- fi c'eft Chai».
feulement aux flancs, àlacroupe & au col, c'eft unfigne indiffèrent ; cette moucheture n'é-
tar>t nullement naturelle, mais feulement caufée par les mouches, lors que le Poulain étant 3'
er>core jeune & foible, ne fe pouvoit deffeodre de leurs atteintes, dansiesendroits'feù paroif-
fe.nt les mouchetures, de forte que par leurs picqueures elles luy ont entamé le cuir, & fait ve-
rrees taches blanches. •
Cette remarque eft feulement bonne pour les Chevaux nez aux pays chauds, comme en Ef-
Pagne , Barbarie, Italie, Turquie, & autre pays Méridionaux ; car pour ceux de la Fran-
ce Septentrionale , les Mouches n'y font pas fi vigoureufes. Le Cheval blanc tout moucheté
<je noir eft tres excellent, de grande fatigue , & dure ttes long-temps ; celuy qui eft moucheté
d'alzan ou de bay . -t'a auffi bon que le precedent, on l'appelle truitté.
                               _
Le Cheval qui fera feulement moucheté fur la mâchoire & fur le nez, ou autres endroits
"elatefte, fera fier, funerbe, 6c fouventtraiftreà ce qu'on dit.
Les Chevaux zains, font ainfi appeliez lors qu'ils font tout d'un poil, & n'ont aucune mar-
^e fur le corps, j'entends icy des poils obfcurs ; carun Cheval blanc n'eft pas dit zain pour
"'avoir point de noir, mai-de tout autre poil que blanc, & approchant de ce poil, ceux qui
n ont aucune marque blanche, naturelle , font dits zains.
plus le Cheval zain eft de poil obfcur, plus il eft defeâueux & moindre en valeur : on dit
c°tnrn nément que les zains font tous bons ou tous mauvais.
Les Chevaux a'zans ou de poil tirant fur le roux, ou qui dénotent une complexion bilieufe,
quand ils font zains ils font beaucoup colères ou tres ardents : parce que la nature du feu étant
,egere& volatile, s'il n'y a quelque phlegme pour la fixer, dénotté pat la balzane ou mar-
Ç^e blanche pour en modérer l'ardeur ; cette bile luy altere le fang ; & le Cheval de fa nature
étant de complexion chaude & féche , fi labile vient à excéder fans aucun frein: elle rendra
lîn Cheval ardent, fier & malin, & qui par un trop grand defir d'aller en avant, pourra man-
der de bouche.
Les Chevaux de Hollande, de Frize, & autres, qui font deftinez pour tirer fe rencon-
'rar'S zains, les Maquignons de ce pays là , font une étoile ou plotte artificielle, afin qu'on-
'espuiffe mieux appareiller avec ceux qui ont la plotte au front : mais il eft aifé de remarquer
lu'on a ufé d'artifice, en ce qu'au milieu de la plotte il y a un efpace fans poil, & les poils blancs
1U1 compofem la plotre ou étoile, font plus longs de beaucoup que les autres-
Je pourrais ajouter icy la maniere de la faire , mais j'ay jugé plus à propos de vous la don-
ner à la fin de cette feconde Partie, pour en parler fincerement elle m'a manqué plus fouvent
Qu'elle ne m'areüüi; il n'y a que les Hollandois qui feachent le tour de main pour bien faire
u"e plotte.
Après avoir difeouru des indices qui fe tirent des differens poils, & de la diverfité de leur
j^e'an^e, enfuit e des balzanes bonnes Si mauvaifes, il faut parler de la conjecture que les épies
n°us pourront donner.
Det t'pic! ordinaire;, & de -ceux qui font extraordinaires aux Chevaux*
UN épie fur un Cheval n'eft autre chofe qu'un certain retour de poil fait prefque à la CHAF.
fa çon d'un petit œillet : il y en a qui font communs à tous les Chevaux : il y en a d'autres ^d.
.
. qui font extraordinaires.& particuliers, &'c'eft de ceux cy dont je veux parler. Ces
eP'Çs ou retours de poil font causez par abondance de chaleur ou de froid ; fi c'eft par abondan-
ce de chaleur , le poil monte en haut ; fi c'eft par abondance de froid, le poil tourne en bas.
Lj                        Toas
-ocr page 86-
8<?                             LE PARFAIT MARESCHAL.                              -^
ChAP- Teus les ëpics qui naiflentextraordinairertjent avec le Cheval, quand il ne les peut:v • *
font de très-bonnes marques; que s'ils font fituez aux endroits où il les puifïe voir pl'a" '
•24« col , par exemple fur le cœur , c'eft un mauvais figne, de raifon à cela je n'en y /
point-
                                                                                                                . 0it
Si le Cheval a fur le front deux ou trois épies feparez ou joints enfemble (ce qui au
la forme de l'cpée Romaine» de laquelle nous parlerons incontinent ) il aura une t
bonne marque , & ttes- heureufe » qui feule eft capable de corriger toutes les autres tn
vaifes marques qu'il pourrait avoir; la dernière eft meilleure encore que la premiere ;ce "
qui portera cette marque > fera loyal & fidele à fonMaiftre.
                                      ,.„u
Si une pareille marque eft à l'endroit du pli de la cuiffe par derriere environ Ie *
où l'extrémité du tronc de la queue peut aboutir, la marque feratres-benne; & °0jt
me à la precedente , il avoir, quelques mauvaifes marques d'ailleurs , elle les• pouf
corriger.
                                                                                                                   ut
L'épée Ramaine eft la meilleure de toutes les marques, c'eft une épie qui s'allonge
au long du col contre le haut de l'encolure prés de la criniere; s'il y en a une de chaquec
de l'encolure, la marque en eft d'autant meilleure.
                                                         ,2
Il y a des Chevaux Turcs, Barbes, & dEfpagne, qui ont le coup de lance , toUtL
inonde fait grand cas de cette marque ; & les Chevaux qui l'ont, font extrêmement e»,n?,'"'
elle eft fituée à l'épaule ou à l'encolure, aux uns plus haute, aux autres plus baffe , qui eu
(toit où l'on dit que l'eftallon l'a receuë autrefois : & tant pour la fatisfaciion des cu.r,^j
que pour l'explication de cette marque, j'en rapporteray l'hiitoire qu'on eftime verità '
mais qu'elle le foit, ou fabuleufe , comme il y a beaucoup d'apparence » en voie/
teneur-                            -                                                                                      ,,ns
Un Cheval Turc des plus excellens du pays , fous un General d'armée , quelqi,es'
difent que c'eftoitun Barbe fous le Roy de Thunis , receut dans une bataille un cou?
lance à l'épaule » étant eftropié du coup, on le mit au haras pour en avoir race, conl
d'un tres-exceilent eftallon, tous les Poulains qui en font provenus, ont eu la me^7I-rn0Ûr
que du coup, qui a paffé à tous fes fils& petits fils, & la marque a depuis toujours paflcp
avantageufe.
                     v                                                                                       £c
L'on connoift ce coup à l'épaule ou au col où il y a un creux, fans aucune apparent
cicatrice , il femble qu'il y ait eu grande playe, à caiife de la caviteli eft reliée, le coup ^
void quelquefois au devant de l'épaule, quelquefois au bas de l'épaule, & <luekluC{01|a[)-
• l'encolure : il y en a qui aflTûrent que le coup traverfa. Voilà ce quej'ay appris du coup de
ce, &l'ayvû à des Barbes, à des Turcs, & à des Chevaux d'Êfpagne, tous tres excelle-^
En voilà fuffifamment pour l'initruûion des poiis, balfanes & épies: il femble q«e.n fl
ayons fait icy une longue digreflïon » je croy pourtant que cette connoiflance eft néceftaire
tout au moins curieufe à celuy qui veut acheter un Cheval, comme auffi à ceux qui les aIir'£
' ouiiu moins qui en veulent difeourir.
Four conneijlre fi le Cheval qu'on veut acheter munge bien ÌS s'il a le ticq.
QUand fur toutes les remarques que nous venons de décrire » vous aurez coni/
un Cheval en gros & en détail, a\'ânt que de conclure le marché , il faut voir
-nange bien; car de là dépend le bon travail : ce n'eft pas qu'il n'y ait de gr
iran^eurs qui travaillent médiocrement, d'autres qui ne travaillent point; mais il y a
peu de grands travailleurs qui ne mangent fort bien.
                                                     c
-ocr page 87-
SECONDE PARTIE.                                             87
On peut en quelque façon juger à avoir le Cheval bien-gras, & avec un bon ventre, Chap.
1"'il mange bien, mais il il s'y faut peu fier, on s'y trompe facilement : un Cheval peut
Jttfeempafté depuis long temps, parun tres-grand foin , dans un long-fejour à l'écurie un ^J'
Cheval engraifiera, qui d'abord fe dégoûtera par le moindre travail; maisfiluy ayant don-
ne une bonne médire d'avoine, il la mange continuellement fansintermiffion, & fans ja-
mais lever le nez de deffus qu'elle ne foit achevée, ce fera un ligne qu'il mange bien l'avoine,
Ce qui eft beaucoup.
Il y en a qui en mangeant l'avoine j lèvent la tefte hors de la mangeoire pour la mâcher,
& continuent fans interruption à la manger route, ceux-là mangent bien ; maisen levant la
eue hors de la mangeoire, ils répandent beaucoup d'avoine, & font fouveut cette action
Inquietude, fur tout s'ils regardent derriere eux: mais pour bien manger comme un Che-
^1 doit faite, i! faut depuis qu'il a mis le nez fur l'avoine, qu'il ne l'en retire point qu'elle ne
0lc mangée; quelque avidité qu'un Cheval témoigne en mangeant fon avoine, s'il la quitte
P°ur manger du foin, jafuppofe que l'avoine ne foit pas puante, apurement on peut juger
^ il ne mange pas bien.
Si le Cheval a peu de corps ou peu de flanc, on ne le doit prendre qu'à condition de le
,etenir une nuit dans l'écurie» pour avoir le temps de connoiite s'il mange bien le foin, &
, ,yen donner environ quinze ou vingt livres, s'il n'en reite point le lendemain > il mange
len : il faut outre cela prendre garde s'il boit bien.
Les Chevaux étroits de flanc, quoy qu'ils mangent bien l'avoine s en voyage ils mangent
ç.de foin pourlaplufpart, & ne boivent pas, il eft bon d'y prendre garde en les achetant 5
ar ils ont grande peine à fubfifter en voyage, puis qu'avec l'avoine feule, on les échauffe trop,
g and on elt obligé de leur en donner beaucoup, afin qu'elle fupplée au peu de foin qu'ils man-
j! nt- Si le Cheval étroit de boyauxa de l'ardeur, jamais il ne prendra de corps > qu'oy qu'il
ange & boive bien, & quoy qu'il aye la còte courte, c'eft encore pire,
s'il| > ut av'ant que de conclure le marché 1 voir fi le Cheval n'eft point ticqueur, c'eft à dire
, n>a point le tic j ce qui fe voit s'il a le dents de deffus ou de defibus ufées, & encore mieux
r Voyain manger s car il appuyera le haut des dents contre la mangeoire, & fera comme un
v | d" gozier, c'eft ce qu'on appelle le tic, & avec ce deffautje ne voudrais pas d'unChe-
pour beaucoup de raifons. Premièrement, un Cheval tiqueur perd une partie de fon
VoiMe en lamangeant 3 car il tique continuellement & ouvrant la bouche perd fon avoine;
<je e Ptemier inconvénient. Le fécond eft, qu'à force de tiquer, il fe remplit le corps
Jfer": j qui fouvent luy caule des tranchées qui le peuvent faire crever.
or -ntr°ifiéme lieu, un Cheval ticqueur étant devenu maigre, mal-aifémentle peut-on ea-
1 er, Se ordinairement ils ont peu de corps,
jeu "Soient ce mal fe communique, non par contagion, mais les Chavaux, fur tout les
Çjj es5 'e prennent les uns des autres: le tic a fouvent efte caufé pour avoir fait manger les
j,Vaux dans des mangeoires trop hautes, étant jeunes.
les y a des Chevaux qui tiquent avec les dents d'en haut qu'ils appuyent fur la mangeoire, ils
£Uront toutes ufées.
j es autres tiquent avec les dents de defious, qu'ils s'ufent pareillement-
n Sau£res tiquent appuyant le menton contre la masgeoire, ayant la bouche fermée ; ceux-
poj !|er'*ent point d avoine, & on ne le peut connoiftre qu'à les voir tiquer, car ils ne s'ufent
j^1'es dents,
fie (e S autres tiquent fur la longe du licol, la prenant avec les dents, & tiquant de la forte, on
c>aUtr0n"0'C P°'nc aux dents, mais à les voir tiquer, ce qui ne fe void point hors de l'écurie i
l°aui ei-fquent en l'air fans s'appuyer (ur quoy que ce foit : quelques Chevaux tiquent bridez,
e il arrive fouvent a ceux de carroffe qui tiquent fur le timon étant attelez au caroiie.
De
-ocr page 88-
■ o§                               LE PARFAIT MARESCHAL                           , de
r„-.p. De ceux qui tiquent avec les dents de deffus ou de deffous, les uns tiquent dans le t ,3
C H A la mangeoire ou crèche , & ne perdent point d'avoine, d autres tiquent fur le den .ere
IJ. crèche \ en perdent ;>eu : les troiiié nes tiquent fur le devant de la. mangeoire^ c eflen o
droit que la plufpart .nquent. -& perdent toute leur avoine, comme nou, avons dit, «
dernière maniere eftla plus mauvaiie.
                                          . .           „„roisc'efl'
Il y a des Che aux qui tiquent plus les uns que les autres, plus*i tiquent, tant pM.
' en mon particule je n'achetèray jamais de Cheval tiqueur, il eft defagreaWe de voir
ter une be -e continuellement, quand on va la voir dans l'ecune. J ay vu de Chevau
font guéris de cette iniirmité, avec" un peu de foin,
                                       /-„„wment ü
Après avoir bien recherché la raifon pourquoy un Cheval ncque, & quel foulage^
trouve dans ce rottemene jemefuisimagim: que c'etoit une pure fantaUte aux Cöev ^
qui leur donne unemefmefatisfactionqueles Hommes en trouvent a prendre du taD*
iUrEénfuitedeces confiderations l'on doit fe régler furie prix, hordes défauts notables ^
j'ay remarqué cy-devant, qui doivent abfolument empêcher d acheter un Cheval
          dg
aauin'étanspasconiiderabies, ne doivent point faire appréhender,- car ils ne aident <
rendre bon f-rvice, & on les a à meilleur marche que s ils n avoient rien a redire ; »■ £
coup de perfonnes ne laiflent pas de les acheter: ,e croy cette maxime bonne pour un L ^
STeflus de vingt piftolesi mais lors qu'il eft de prix, il y vient allez de défauts, W
aC^crof ^"meilleure methode qu'on puifle pratiquer achetcant un Cheval, «M^j!
'pas devenir amoureux: parce que du moment qu'on s'eft mis cette paillon dans 1 efpi» > 0
Eftplusenétat dejugerdefesdeffauts, * quoy qu'on les voye ^remarque , 1 envie q ^
a d'avoir le Cheval, fait qu'on fe perfuade, ou que les defFauts qii on voit, ny font:pas,
qu'on les 'guérira facilement; je vous donne cet avis, comme 1 ayant expérimente
Avant que d'acheter un Cheval ; il faut fe former un fujet de haine contre luy,, afe £■ £,
bi fe vere de tous (es manquemens ; & deflors que vous aurez achete il le faut am > ^
K
en vaut la peine; car fi vous n'aimez pas vo.-. Chevaux, les mazettes vous «roui ^-
meSeiV • Ceux qui ne demandent des Chevaux que pour le ferv ice bons ou mechans,B
S
bles ou deplaifans fanslesaimer, ny en avoir loin ,. K qui s en rapportent a leursv-
„e e mettent point en foin de lire, ny d'apprendre ce que ,'ay eent cy devant ou d
\ „ 4',;u»-.«nar la fréquentation de ceux qui lefçavent : Les mazettes & les ca»?^
Ertrï^
1ClE,urtcSon eftfouvent attrapé, comme-ediray, il eft important de s'en donneirdegg^
fi vous eues las d'à voir un Cheval, ou s'il ne vaut gueres & vousdeplaift, ££«£
a palon que vous avez de vous en défaire, ne vous en iaile prendre un plus méchant, Y'
qulledefir qu'on a d'eftre défait d'une mécha nte bette. « le pVaifir quel ou conçoitde^
îoireS un autre, fait qu'on n'eft pas capable de voiries défauts du C^vf q al
veut prendre en troc, & bien fouvent on change ton Cheval borgne contre un ^
1                                                                                                                                                               /Vf 0^
aV De plus, fi vous avez un Cheval qui ait quelque défaut; par exemple, qui toit poufi» '9
S'empê>he le plus qu'on peut de regarder le flanc du Cheval qu'on veut troquer , de ?^^i
ne regard' le votre, & amfi on prend fouvent coque, pour coque, ceux qui ont des «^
& qui troquent fouvent, fçavcnt fi l'avis eft néceffaire ou non.
                        rntlferver 'e
Après tout ce que deflusilreile à prendre leineilleut marche quon peut, de conie* qW
-ocr page 89-
SECONDE "PARTIE.                                       S?
Cheval, de le faire bien nourrir, & penfer fans négligence, ny de la ferrure, ny de le bien çHA$i
•eller& brider : nous en dirons les règles cy après.
Tout ce que j'ay dit, paroift long à obferver, mais tout Homme qui veut devenir bon con- 2-J»
n°iileur, ledokfçavoir fur peine d'eftre trompé, & enfuite moqué.
La vraye methode four entretenir les Chevaux foins if gaillards en vojagt.
8
L
A plufpatt de ceux qui voyagent avec de bons Chevaux, prennent beaucoup de foin '
pour les bien entretenir, & les conlerverfains & entiers ; & néanmoins ils y reuffiffe ni; CHAP.
fouvent tres^ma!, faute d'expérience &c de reflexion fur ce qui leur eft arrivé par le paffé, 2,0»
°u banque des avis fui vans, qui feront très-utiles & fort faciles à pratiquer, n'avançant au'
*:Une chofe que je n'aye éprouvée, & qui ne m'ait reüffi dans dive rs voyages que j'ay efté obligé
e «ire, où les Chevaux, avec de petites précautions & à peu de frais , au lieu d'eftre ruinez
^Prés deux ou trois cens lieues de marche, onteftégras, frais» & les jambes auflì belles que
le;iour du départ.
Ç'on a vii mefme de grands Chevaux, Barbes, Chevaux d'Efpagne & autres de legere
ai"5> dont l'on fefert dansles occafions, après quatre & cinq campagnes avoir les jambes
uffi faines que la premiere, & le tout par le foin & parles précautions que j'enfeigneray.
Avant que de parler de ce qu'on doit obferver pendant le voyage, je donneray quelques avis
P°ur s'y preparer, afin qu'on n'ait pas l'incommodité & la dépenfe qu'ont ceux qui les
"e8'!gent.
Je donne particulièrement cet avis à ceux qui commandent ou qui ont foin d'un equi-
J^£ej car manque de les avoir bien fêliez avant que de partir, ils feront bleffez, &
"
time en eftat d'en mourir : ceux qui ont fait la guerre en Italie & en Catalog:
e , ont
us nécef-
y.-. -~y\. a icuis utpcus vçuc vciiLc, ut uuiappris que i eu une ucs cìmjicsics pu
aires aux Chevaux qu'on mene à la guerre que d'eftre bien fêliez : la mefme raifoneft
Pour
* l<r ceux qui font de longs voyages; car c'eft une incommodité qui ne fe peut expri-
. er, d'avoir des Chevaux bleffez fous la felle. Je diray la methode exacte non feulement
e cela, mais de tout ce qui concerne le voyage.
f' faut faire ferrer voftre Cheval qu'il foie à fonaifë, que les fers ne (errent nyne con-
j-ai8nent le pied, fuivant les maximes que nous donnerons cy après pour la ferrure, ob-
f 'vane que les fers foient forgez de vielles déferres, ou d'autre fer fi doux qu'il nefecaf-
e Point.
fe ,c'eu en efté ,-& que le Cheval foit fort fenfible aux mouches > il eft à propos que les
cl s!:'e derriere ay ent un bec au milieu de la pince, qu'on appelle un pinçon; ce n'eit autre
?'s qu'un petit retour de fer qui fe rabat fur la pince, qui eft de tres-bonufage; iln'eft
f lnt de Marefchaux pour peu expérimentez qu'ils foient, quinelefçachent, à Paris on
fiii-'i6- avec un pinçon tous les Chevaux neufs de caroffe quand ils commencent à trotter
Repavé.
de h ^ fertdecebecou pinçon, parce que le Cheval portant à tous momens les pieds
aft- err?ere au ventre pour en charter les mouches, & pofant les pieds à terre, après cette
toù?" violente avec beaucoup de force, ilslédefferrentà tous momens de fe ruinent bien-'
"'es pieds.
p0,etnefme pinçon eft le fouverain remede pour empefeherdedefferrer les Chevaux, qui'
^Jr des démangeaifons ou autres chofes battent rudement des pieds contre terre dans l'efcurie,
Vu fe defferrent tres-fouvent, & le pinçon tient le fer droit & en fon affiette. ?
Ti"»e II.
                                                                        M                                II
-ocr page 90-
90                             LE PARFAIT MARESCHAL                    , „,.
Il eft yray qu'il n'eft pas fi dangereux aux Chevaux démarcher pour un temps a >â ^
ChaP. pagne déferrez du derriere que du devant, néanmoins fic'eft dans un pays pierreux, on ja.
%6, ruïneroit enfin le pied à force de les ferrer & referrer ; ontre que le pied s'ufc fi £>»* Ve j>£.
refchal n'a plus de place pour brocher les doux, & le Cheval peut refter inutile manqua
tre ferré.                                                                                                      (         ,■ _..
Le Cheval étant ferré comme nous venons de dire, il faut qu'il foit bien bridé. je Jj
pofe d'abord qu'il a l'embouchure qui luy convient le mieux, félon les règles que je donn 7
cy-après; enfiate dequoy il faut voir fi la bride porte un demy doigt au deffus du crochet, ^
*fi elle ne fait point froncer la lèvre; fi la gourmette porte en fa place qui eft fur la baive
'
defraut du menton, & qu'elle ne l'ofïence point écorchant la place où elle s'appuye, fi cela e '
il faut la garnir de cuir gras.
                                                                                       ^
Jecroy qu'il eft aflez important de prendre foin que tous les Chevaux, & fur toute
qui voyagent, ayent des mords qui les brident bien & foient affez 'egers; car ceux (\u\ ^
tant de fer, comme ceux qu'on fait en Allemaagne, lorsque le Cheval commencera a
laffer, ou que fon inclination naturelle luy fera porter la tefte baffe, comme il arrive t
fouvent, fans doute le mords trop pefant contribuera beaucoup à le faire charger 'ai??g'l
qui eft fi incommode à tout le monde, qu'un Cavalier allant de Paris à Orleans fur un y" ^
affez pefant à la main , rencontrant un de fes amis qui luy demanda où il alloit , re
fort ipirituellement, qu'il alloit porter la tefte de fon Cheval à Orleans.
                    , nC
La teftiere & les refnes doivent eftre de bon cuir, & fur tout que les porte-mords ^
foient point ufez ny brûlez,- quelques-uns les mettent de cuir de Hongrie pour plusae p ^^
caution, quoy qu'ils ne foient pas fi beaux : les autres mettent les porte-mords doubles >
qui n'eft pas mauvais.
                                                                                           r &.
Pour la guerre on fait mettre dans les refnes des chefnettes de fer : quoi que certerf.te
caution de la bride femble de peu de confequeace , j'ay vu perdre des Chevaux HLt
d'avoir une bonne teftiere; & fi vous eftes obligé de l'attacher en campagne (ceq111', je
s'empefeher de faire le plus qu'on peut) fi un oifeau, ou quelqu'autre chofe vie** a ^
furprendre inopinément, il ne manquera pas de tirer en arrière , & rompre fa Dl1^ 0es
enluitegagnera la campagne, cequ'onéviteroitfion avoir une bonne teftiere, de *
refnes, & fur tout de bons porte-mors, qui fe mouillans louvent & confervans long 'te
l'humidité en ce qu'ils touchent le fer font plus fujets à fe rompre. Il y a peu de te ^
res à l'épreuve d'un Cheval qui tire contre fa bride , hors de celles qui font de cuir
Hongrie & larges ; c'eft pourquoy fi on attache un Cheval , que ce foit avec
licol.
Ce qu'il faut oùferver pour bien feller un Cheval avant d'aller à Fax mie ou env<iySe'
CHAP T k ^aut aPres ces ob^erva"ons Pour les *ers 3 & pour la bride, voir s'il eft bien Ie
J_ enlorte qu'elle ne le puifle blefier.                                                                      , a[j
2-7«            Ce n'eft pas affez que la felle foit jufte au Cheval, il faut qu'elle foit comtnod ^
Cavalier; fi un Homme n'elt pas à fon aife fur une felle, il ne fera jamais égalemc"1
fur lç milieu , 6c quoy qu'elle foit jufte au Cheval, le chargeant plus en uh endroit 4 ^,
l'autre, elle le Méfiera à la longue ; ou tout au moins laffera plus le Cheval, que fi 1 **
me eftoit droit au milieu de la felle-
                                                                           flt,
Il faut qu'une felle pour ne point bléffer un Cheval , porte par tout éga,etI\.j^r
c'eft à dire, qu'elle ne prefle point plus en un endroit qu'en l'autre , fans t°u ny
-ocr page 91-
SECONDE PARTIE.                                       pi
ny au garrot j ny aux rognons, ny au long de l'épine du dos, qu'on appelle fur la longe. Chap.
Pour connoiftre fi elle porte bien par tout, il faut faire monter un Homme deflus,
^rc'eft feulement lots que la felle eft chargée qu'on le connoift. Si elle doit bieder le 7'
Cheval en quelque endroit, on s'en appercevra bien-tort, parce qu'en cet endroit elleprefïè-
ta plus qu'ailleurs j puisqu'elle doit porter également par tout; par exemple, fila pointe des
*rÇons preffe trop les paierons, - elle fera vuide aux mammelies, & n'y portera pasafféz , ainfi
arÇOn de devant fera trop étroit de pointes , & peut faire boiter le Cheval : que fi l'arçon
^trop large de pointe , il ne portera point en cet endroit, &: ne prefiera qu'aux mammel-
esj qui eli: l'endroit au deffaut du garot, & prefiera les épau'es» ou fera venir des cors en cet*
- "droit, qui font longs à guérir.
s>-i a 'elle aura le mefme deffaut fi l'arçon de derriere ne prend le mefme tour que le corps>&
u le preffe pi us en un endroit qu'en l'autre; car il prederà > ouàla pointe, auquel cas il ne
Pprtera pas affez au haut : s'il porte trop en haut , il ne portera point fur la pointe & blefféra
len-toft le Cheval à l'endroit que la (elle portera trop.
, Il a des Chevaux aufquels les felles vont bien devant & mal fur Ie derriere» il faut que les
e"x arçons portent également par tout.
^uand on aura remarqué que les deux arçons font propres &juftes au Cheval, en ce qu'ils
Portent également devant & derriere » il faut qu'il y ait affez de bourre dans les panneaux,
Pour qi,e ]a fei}e ne p0rtc pas [av ]e garot, fur le roignon, ny au long de la longe.
*' n'en faut pas trop, comme la plufpart des Selliers des petites Villes font, y mettant au-
"jt de bourre que dans un bail: il faut qu'ils n'ayent au plus que deux doigts d'épaiffeur, &
toi'6 ^°'c^e cerf, ou y mettre du crin, qui à la fueur s'edurcit moins que celle de bœuf: la
co ^ panneaux doit eftre déliée, lagroffe prend plus de fueur, & s'endurcit d'abord ; la
g, ucouline ou toile de coton bleue eft très-bonne pour faire des panneaux aux felles riches,
j] r Angleterre ils font des panneaux de velours aux belles felles, ce qui eft affez inutile :
fQ^a,fcsperfonnes qui font rambourer les panneaux de leurs felles avec delà moufle qu'ils
sVj'en 'écher avant de la mettre en œuvre a & difent qu'elle eft d'un bon nfage & qu'elle ne
eJaurcitpas.
rie c"e doit eftre placée juftement au milieu du corps, ny trop en avant, ny trop en ar-
Vore5 fi elle eft trop en arrière, & que le Cheval foit étroit de boyau , les fangles d'abord
nt toucher au fourreau; fi elle eft trop en avant, le Cheval pourra mal-aifément marcher
*n>à a^1,eiîlent 'e pas ; il faut afin qu'elle foit bien en fa place, que l'arçon de devant foit placé
Uj-^utdesépauiesi en un endroit qui paroift plus creux particulièrement aux Chevaux
res : quelques Selliers appellent cet endroit les falieres.
^p Ollsconnoiftrez encore que la Ielle eft trop en avant, en ce que la peau & la chair des
öipr Paroiîtra grofle au droit du bout des arçons, fur tout quand
rop ferré.
Enfin
hoie arrivera fi elle eft trop étroite devant, & fi l'arçon eft t
Val 5 *' ^auc te°irpour une maxime infaillible , qu'une felle ne blefféra jamais un Che-
(jr -clüe dans le feul endroit où elle le preflera trop ; il n'y a donc qu'a prendre garde à cet en-,
*, 't i & empêcher qu'il ne continué à le preffer en ce lieu ; en changeant l'arçon ; ou par quel-
?utre moyen.
<jei.e. °''°nois& Cravates fe fervent de felles où il n'y a aucuns panneaux, elles font toutes
ois par deffous, mais ils ont des couvertures de laine qu'ils doublent en trois tout au long,
fervn qUatre ' & !es a?jft
ent entre la felle & le corps du Cheval, en forte que ces couvertures
s'enenc ^e panneaux , & leun Chevaux étans deffellez, ils les en couvrent quelque temps, Se
tlej 5°UVrent eux mêmes dans ie froid, elles se s'endurciffent jamais comme les panneaux
laco ' l'ufege en elt excellent, leurs Chevaux ne font bleilez que rarement. Enefté
"vetture échauile un peu les Chevaux.
M 2                               
-ocr page 92-
9%                                LE PARAIT MARESCHAL                       . ;s
Chap- En Allemagne, toute la Cavalerie avoir pris cette méthode, non defeHes de bois, w-
de mettre des couvertes fous la felle, nonohïlant les panneaux qu'ils ont comme en FratV.-J
*/• & leur methode eft bonne : ces couvertures empéchoient les panneaux de durcir, & 'e lTlv
bleeft bon contre le froid en hyver.
Une autre invention pour les Chevaux qui ont le cuir délicat & qui fe ble(ïentfacîlelTie »
nonobîlant les foins qu'on y peut apporter : eft d'avoir une peau de chevreuil on de biche, ^
Ion la taille du Cheval, bien peine, & habillée en poil, autrement elle feroit trop rude-
faut ajufter cette peau fous les panneaux, & l'y coudre proprement, enfprteque lep° " . j-„
contre le poil du Cheval : elle ne durcit point àlafueur, & empêche extrêmement "e?/"e.
fer un Cheval & de le fouler : Cet ufage de peau de chevreuil reufïÎt admirablement au" ^ jâ
vaux qui font guéris desbleffures depuis peu; car ils fontfujets à febkiïer de nouveau, ,
peau étant encore tendre, &fans poil; elle eft facile às'écorcher & febleffer denouve
la méthode eft auffi fort bonne pour les Chevaux qui fuënt beaucoup & fe foulent aiiérne-
cette maniere démettre des peaux, de chevreuil eli fort en ufage dans la Cavallerie d
lemagne.                                                                                                                ja
Ayant examiné comme la felle doit eftre pour le Cheval, il ne faut pas vous ennuyer fl
vantage, puis qu'à prefent il y a tant d'habiles Selliers dans Paris, & ailleurs qui ont'1
imité lesfelles qui viennent d'Angleterre, qu'on peut fe fier à eux pour faire des fe.'es ^
foient commodes pour le Cavalier. Ils vous ferviront avec plus de foin , voyant quÇ -^
eftescapable deconnoiftre leurs deflfauts, fivousfçavez ce que vous lirez bien-roft : ll r> ' f)
à voir que le Cavalier foit à fon aife , ce que la plufpart des perfonnes ne fçavent pas c"^rfijers
&hors des grandes Villes, l'on void peu de felles commodes & bien faites, & les ï>eu ja
du commun fçavent rarement bien faire une felle qui foie prés du Cheval ; & fur t°lI!: ,jie
campagne > où apurement les Selliers fçavent mieux accommoder une fe'le poljr 1U refl
ne bleiïè point le Cheval, que dans les Villes ; mais pour mettre un Homme à fon aife, c
à quoy ils ne font pas encore parvenus.                                                                      ,£tt.
Une felle pour eftre commode au Cavalier, doit eftre prés du Cheval, c'eft à dire, 311 g[jt
tre le corps du Cheval & lescuifiTes du Cavalier, il y ait peu d'épailTeur. Une fcl'e Pg-;t
eftre commode ne doit gueres eftre plus haute fur le devant que fur le demere ; Pour ce[ C/|e-
il faut que les arçons de devant n'ayent point de colet, & que le garot de la felle foit Pf.V raUt
vé, s'il eft deux ou trois doigts au deflus du garrot du Cheval, iliufiit, c'eftà dire qu *' g,
que l'arcade de la felle foit élevée feulement deux ou trois doigts audeffus du garrot du ' ,tf
Val ; fi elles font plus élevées, elles le font trop ; car fi l'Homme eft fur me felle trop éleV- ^
devant, c'eft à dire d'où l'arcade de la felle eft exceffivement haute , il ne peut-eftre à fon -
& en eft tres-fatigué, & de plus il fatigue luy-mefme le Cheval, fesmouvemens fonte
gnez, ainfi en font plus grands & par conféquent incommodes.                                      „p
Le Cavalier étant éloigné du corps du Cheval, comme il eft lors que la felle a beane:
d'épaiffeur , & que le 'garot de la felle eft beaucoup élevé, il faut que le^nouVernen -;
l'Homme (bit plus incommode, puis qu'il eft plus grand ; cette incommodité lafiera oi -
guera notablement le Cheval, ce qu'il faut éviter autant qu'on le peut ; c'eft en quoy ceu t
font faire lesfelles avec l'arcade ou le garot élevé d'un demy pied, & quatre doigts de c \£
àleursarçonsdedevant, fe trompent extrêmement, c'eft «ne erreur fi vieille & fi i'lV^ 0t
dans les Provinces. que je ne prétends point de la détruire. On s'en eft abfolumentde»
dansles bonnes Villes : & tout Homme de bon fensconnoiftra la vérité de ce quej'ava
& en fera aif--'trient l'épreuve, pour enfuite s'en prévaloir s'il en eft convaincu.
                ,^y
Mon deflètti n'eft pas deconfeillerdes felles dont l'arcade du garrot porteà vif,' al,c°n,eile
re il faut qu'elle en f oir toujours éloignée de deux ou trois doigts, & lorsqu'on voi ti " ^
«ft trop prés du vif, il faut y donner ordre, enfaifant rembourrer &c garnir
les panne^.
-ocr page 93-
SECONDE PARTIE.                                       93
'endroit des mammelles; que le garrot de la felle foit élevé environ de deux ou trois doigts Chap
feulement, il ne bleflera non plus d'une façon que d'autre; le premieraura fesincommoditez _ -
Sui font grandes, & le dernier aura des commoditez bien considérables.
                                   *'/ *
Afin qu'une felle foit commode pour le Cavalier & pour le Cheval , il !a faut baffe devant
Pfefque comme derriere, c'eftàdire, qu'elle ne s'élève gueres plus lur le devant que fur
Je derriere : (icen'eit que la felle foit à l'Ecoflbife , qui eft une très bonne maniere défaire
fes felles; le devant en eft fait comme celuy d'une felle à picquer, mais les balles n'en font
Pas fi hautes, elles font plattes du côté du fiége , & le devant de la felle eft plat fur
le derriere du côté du fiége , comme les felles à picquer , ainfi le garrot de la felle fe
trouve élevé fur le garrot du Cheval, & l'Homme n'en eft point incommodé, carie fiége
£" tout plat fans élire élevé devant, ilfaboutit à l'arçon de devant comme celuy d'une
•file à piquer : l'ufage de ces felles à PEfcoflbife me femble meilleur que d'aucunes que
Ì aye jamais monté, & fi elles font de bonne tenue à caufe des baltes & de tout le devant qui
^it élevé ; elles font longues fur bande fi on le veut, & prés du Cheval, qui font les qualitez
üunebonne felle.
La railon pourquoy on fait les felles commodes longues fur bande, eft afin d'eftre affis
entre les deux arçons, & que les feffes ne foient point alììfes fur celuy de derriere , comme il
arrive aux felles courtes où Ton eft toujours durement, puis qu'on eft fur le bois: i! faut
4e Plus que la" felle foit prés du Cheval, & le fiége bien mollet : Il fera difficile de le perfua-
er à ceux qui n'ont jamais eu d'autres felles , que celles qui ont été faites au Vil'n-
'Re i mais qui voudra demeurer dans fon erreur > en vérité je ferais plus fou que luy de
^ y oppofer car il eft permis aux gens de fouffrir de l'incommodité pour leur plaiiir &
'ans fruit.
Pour avoir une felle baffe devant qui ne puiffe bleffer le Cheval fur le' garrot , il dé'
Pend de l'arçon en partie, qui outre qu'il ne doit point avoir l'arcade élevée fur le gar-
ot. P'us de deux ou'trois doigts, il ne doit avoir qu'un poulce de collet, qui eft l'épaifléur
j^11 eft au deiïïis de l'arcade , entre ledit garrot & le pommeau ; mais il ne fuffit pas entiere-
!j> car fi la feue eft trop hauflee de laine, de bourre ou de feutre, elle incommodera
f même le Cavalier , quoy que l'arçon de devant ne foit pas trop élevé de garrot, Si qu'il
a>'e point de collet.
^' vous voulez qu'une felle (oit prés du Cheval, il faut que le Sellier en mettant les ar-
S ns fur les bandes, foit qu'elles foient de fer ou de bois, prenne garde qu'elles foient prés'
^ljue de l'autre au haut de l'arçon de devant, c'eftàdire, qu'elles foient placées affez prés
j. 8ari"ot, &quecefoitraifonnablement ; car fi elles font attachées trop-bas, & éloignées
ne de i>aucre > jamajs on ne fera pre's du Cheval, parce que voulant ferrer les cuiffes »
ç., ^"contrera les bandes > & elles Méfieront l'Homme , & l'éloigneront du corps du
ne a'' ^uieft ce que nous appréhendons. Il faut de plus, que le Sellier avant que de
^j^f fes arçons s'ils ne lont bien dreffez, prenne la rafpe, pourrafper les bandes ( qui font
'CL °'s) à l5endroit où porte la cuifïe, afin qu'elle la rencontre platte } & non en tran-
ant par le haut, comme il [arrive fou vent; caraveclepeud'épai(Teurdelafelle,l'Hom-
fo"6 a0*1 mcommodé : Que fi l'es bandes font bien dreffées & bien tournées, il ne fera pas bê-
les'Cl 'eS rafPer ' car 'e Charpenteur l'auradéja fait ; & à Paris les Selliers n'ont pas ce foin, ■
^«arpenteurs font habiles pour la plulpart, quand on veut les bien payer.
c, ^eft un abus très-grand qui s'eft gliffé en France , que les Charpenteurs d'arçons,
^eit ainfi qu'on appelle ceux qui les font; car ne fajfant jamais les felles, comment peu-
^ent-ils fçavoir de quelle maniere il les faut , pour eftre commodes ? Les Selliers de-
vient Charpenrer eux-mêmes leurs arçons » comme j'en connois quantité qui le font.
cs Seilliers peuvent bien dire au Charpentier le défaut des arçons, mais il en faudrait
M 3                                         payer:
-ocr page 94-
94 "                        LE PARFAIT MARESCHAL                       ,-a
C H A p. Paver davantage, & quelques Selliers ne cherchent pas les Charpenteurs qui fçaven: tres o
leur meftier, mais le bon marché.                                                                      ,         /
2-7* Les Charpenteurs d'arçon* quilesfçavent bien tourner, entre lefquels les Angloisui'P
fenttous lesautves du monde pour les Telles rafes, donnent un tour aux bandes; eniorte H1-
l'arcade ne peut prefque bleiîer un Cheval fur le garrot.
                                             -cfat
Les Telles Angloifes étant polees fur le corps du Cheval, femblent d'abord porter à vu
le garrot, néanmoins quand l'Homme eftaffisdelïiis, lacharge étant au milieu fait »<
la felle Tur le devant ,.enforte qu'il eft tres-mal-ailé qu'elle puiiTeporterfur le garrot &b>" "
le Cheval, àcaufe des bandes bien tournées. Nos Selliers François Te font étudiez P0!"-nt
faire demefme, maisjufqn'à prefent peu y font parvenus. I! y en a pourtant à Paris qui K>
tres experts pour faire des fellesrafes commodes; & affurément les Angioisn'en font#
res de mieux, car leurs Telles Tont prés du Cheval, & fort mollettes, qui eft tout ce.t}tî- t
peut délirer à une felle raze : Mais ce n'eft pas à ceux qui ne font que des caroffes aufquek ',-a a
s'addrefier pour bien feller un Cheval, car fi vous leur commandez une felle , ils la font >a
aux autres, n'ayant ny l'ufage, ny les choies neceffaires pour y bien reiiffir: II faut poîff6
bien fervi s'addreffer aux Selliers qui ne font que des Telles &qui les font bien.
                . j-
Ceuxqui ont habitué l'ufage des Telles Angloifes , ont pourtant de la peine à fe/erVir.^5
nos Telles , quoy que bien faites ; & l'on peut dire en faveur des bons Selliers Anglo1-5, ^11
font les Telles razes plus prés du Cheval, plus légères & plus commodes que qui que ce'?'ns
& tout Homme qui s'en eft Tervi quelque-temps, ne peut s'accommoder des autres, a ^
grande incommodité ; car quoy que la pluipart Toient dures & petites, on Te tient miei'x 1
vec les autres, à caufe qu'on eft plus prés du Cheval, encourant àlaehaffe & melme W.P
fte ; ceux qui ont acoûtumé ces felles.ne s'écorchent jamais, comme ils feroient s'ils cour°
fur des Telles Frati coi fes, parce que les grands fîeges rembourrez de laine, déplume, 0f ƒ
cria s'échauffent, '&enfuite échauffent lesfeffès, & les cuiffes de l'Homme; la peau é&»*
échauffée s'écorche bien tôt : mais peu de perfonnes font de ce tentimene, quoy épis f ,&
ble, s'ils n'ont un long ufage des felles Angloifes : véritablement de la maniere qfu <jjj* n[
contrefait présentement à Paris, les plus délicats ont peine a les connoidre , particulière^*
celles qui ont le fiege rembourré & molet; chacun a fon goût en cette maniere comnK
toute autre.
                                                                                                               c
On trouve fort dures au commencement quelques-unes de ces felïes Angloifes f>,r ' ■?
celles à B iTque , & jufqu'à ce qu'on y foit accoutumé, on a de la peine, & les tede* Par
fent ; mais l'habitude gagnée & le cul endurci , jamais on ne les quitte, excède
gens fort maigres, qui ont la chair prés des os, ou ceux qui n'ont pas habitude à m"n
à Cheval.
                                                                                                                -js
Voyez tous les Marchands de Chevaux, qui font fermes & vigoureux à Cheval ; jamais
ne fe fervent d'autres felles que des Angloifes.
Pour les perfonnes qui ne s'en peuvent pas Tervîr, je leur confeîlle pour le voyage les de■ •)
Angloifes, qui étant rembourrées & molles duliége , baiïcsdevant prefque comme dc^K '
bien-faites, présdu Cheval, quoy qu'elles Toient Tur des cou ffinets, & bien étoffées, °n
commodité des AngloiTes Tans en avoir l'incommodité pour ceux qui ont la fefte molle # tC
dre ; on les fait mers eilleuTement bien à preTent..
                                                      . -,
Quelques uns pour leur incommodité veulent les Telles fort longues fur bandes, tt>3^^l
croy qu'on doit les proportionner à la taille du Cheval 8: du Cavalier; parce qu'un CaVa ,
ventru doit avoir la felle plus longue fur bande , &. un autre moindre a proportion de IaK
feur du ventre Se des feffes : ce n'eft pas que généralement parlant, les lelies longues fur "a
des, ne foient commodes pour toutes fortes de perfonnes, & far tout quand il faut coUrr '
par les raitons que nous avons déduites cy- devant.
                                                        ££j
-ocr page 95-
SECONDE PARTIE.                                       
Ces grandes felles fort hautes devant, qu'on appelle à la Koyaie, on comme il vous plaira, Chap
avec un gro,- fiége bien haut, & garni déplume, qui vous éloigne les cuisfes d'un dcmy-pied . _
^chaquecòté du corps du Cheval, font tres-incommodes, & ne valent rien pour l'ufage , /*
c'eft pourtant la mode de la Province; elles font incommodes, en ce qu'étant fort hautes
devant, elles font qu'un Homme eft affis entièrement fur le croupion > ce qui le lafie étrange-
ment, & caule grande douleur aux reins, au lieu qu'aux felles baffes devant &présduChe-
Va'j on eft affis fur les cuiffes, les reins ne peinent point, on marche à.fon aife, &quandle
Che val ruerait, i! n'incommoderait point le Cavalier.
Avec les felles hautes devant > quand un Cheval remue la queue , il jette d'abord un Hom-
tïlefur le nez, & quand on a fait une journée fur ces grandes felles , qu'on doit appeller des
chai(ès percées, l'Homme fe trouvant las & tres-incommodé, croit le plus fbuvent que
Cela vient faute d'habitude à voyager, oudefoibleiîedereins; mais c'eit prefque toujours de
j? felle mal- faite; néanmoins l'abus y eft fi grand, qu'on ne croit pas avoir une bonne felle,
^ elle n'efi un demy-pied trop haute fur le devant bien éloignée du Cheval , un fiége bien large
** toute la felle pefant cinquante & foixante livres, ces felles font de vrays bafts & non pas des
jolies, propres à laffer un Cheval & à fort fatiguer un Cavalier ; quelque felle qu'on aitchoi-
|1)e> pourvu qu'elle porte également, ne preiant en aucun endroit plus qu'en l'autre; car
1 endroit prefïe fe foulerait, & enfuite ils'entameroit ; il importe peu qu'elle foit Angloife
°uSuedoife, pourvu qu'on en foit content.
, On fait prefentement des felles qu'on nomme à la Hollandoife, qui ont un petit trouffequin
"arrière qui femble un boulet tout autour du fiege, ces felles font bonnes pour ceux qui veulent
,'re mollement : caroti n'eft jamais affis fur l'arçon derriere à caufe du trouffequin, le fiege
etant bien garni on eft fort commodément; de plus elles font aifées pour attacher fonmau-
eau derriere à la mode desAllemans, pour porter une valile qui s'attache ferme contre le
j,rüL1ffequin , & pour ceux qui ont le cul lourd & ont peine à monter à Cheval, ils prennent
a^°n derriere pour les aider, ce qui. leur eft un grand foulagement : Les felles Angloifes
1.1 en Angleterre on nomme à l'Efco Toife, font les plus commodes de toutes les felles, il ar-
'J^ rarement qu'elles bieflent les Chevaux, & le Cavalier eft fort à î'aife deffus ; l'ufage en
'* fort in troduit, & il y a apparence qu'à la Cour & à Paris, on ne fe fervira plus d'autres ieiles
"Ue de celles-là » car des à prefent on rebutte toutes les autres.
Dej- appartenances de la felle , comme -poitrail, croupier e 3 [angles, fur fais,
Ûrivieres.
LA felle étant propre au Cheval Se commode au Cavalier, il faut ajufter les autres pièces,
comme la croupière, qui ne doit eitre ny trop tirante ny trop Tâche : fi c'eft unecrou-
CHAP
ci P'ere à bm clehmple » il faut avoir loin que la boucle ne port pas fur le rognon; car en 28.
p0-j11Inant elle bleiTeroit le Cheval en un endroit tres-dangereux ; que fi elle coupe quelques
p .s y il faut ajufter un morceau de peau de veau ou de chevreuil ; au deffous de la boucle, le
jf contre le poil du Cheval, il ne le bleffera pas.
à L ? cröuP'eres dechaffe (ont celles qui n'ont que deux crampons de cuir pour les attacher
<3ue 1 e * e"esi°nc préférables à celles à boucle, elles n'en ont pas l'incommodité, pourvu
chafr CrasnPons nefoient pas trop gros, & qu'ils foient bien attachez: les croupières de
e ne font plus du tout en ufage.
\Q J1 ne fe fert que des croupières à l'Angloife : elles font meilleures que celles de chafîe, la
c'e eft au milieu de la croupière, & celle qui eft attachée à la felle dans laquelle elle paffe »
n'a
-ocr page 96-
06                            LE PARFAIT MARESCHAL                             .
rHAP n'a point d'ardillon: elles ont cela de commode qu'on lesaccourcit & allonge tres tac -
o ' ment, & c'efc la meilleure façon déroutes, ainfi elles ont banni toutes les autres «on
1°- fefert plus des autres du tout, & de cent felles qu'on fait à Paris, il n'y a pas une croupi ■
de chaffe, elles font toutes à l'Angloife.
                                                                    .]a
Les croupières qui ont deux boucles diftantesde feptouhuit poulces l'une de loutre <•
. vieille mode , c'eft à dire , chaque boucle éloignée de quatre poulces de l'endroit où l'on ta ■
ordinairement la croupière., font très-bonnes, & tiennent mieux une felle en raifon q« 3
cune forte de croupière pour les Jumensqui font balles devanti cette façon efttres-pen
ufage, & fort vilaine, quoy que rres-bonne.
                                                               ^
Leculeronde la croupière doit eft re plus gros que petit, fi la felle eft haute derriere,
bafie devant, comme il peut arriver quand l'arçon de devant fe trouve trop large, ou q"e
panneaux font trop rembourrez derriere, fans doute le Cheval s'écorchera fous la queue- _
Et fi le Cheval eft bas devant, toutes les croupières l'écorcheront bien-toft, fur tout en p J
de montagne, fi on n'a le foin d'y donner ordre mettant pied à terre aux defeentes.
            f
Les Jumens font plus fujettesque les Chevaux às'écorcher la queue, car elles (ont?
l'ordinaire baffes devant, mais aufli elles ont avantage à grimper les montagnes ; pour erup '
cher ce defordre lequel eft tres-incommode, particulièrement aux beftes qui fontchato.
leufes, il faut avoir une felle plus haute devant qu'à l'ordinaire, pour fuppléer par jg
hauteur audeffaut de la Cavalle, & mettre peu de bourre aux panneaux fur le derriere
la felle , avec une croupière à deux boucles, comme nous venons de dire; car elle "^j^
la felle beaucoup mieux, & ne fera point de force au droit du tronçon de la queue, ou -
Chevaux fe bleffent pour la mefme incommodité, on fe fert d'une invention commune > .V
eft de coudre une graffe chandelle dans le culeron de la croupière, le fuif fondant adouci
cuir, & le mal : je croy qu'il eft tout auffi bon de graiffer tous les jours le culeron de la cr jg
piere, & de laver fouvent le mal avec de l'eau de vie, ou de l'eau avec du fel, pour giierl
mal fous la queue, duquel on reçoit beaucoup d'incommodité en voyage.
                . jl
Que fi voftre Cheval eftoit fort bleffé fous la queue, & qu'il ne put fournir de croupie/e »
faut avoir recours à la croupière bade , de mefme que certains Médecins en ont à leurs Mu' t
Lors que vous eftes de féjjour , pour guérir le mal de deflous la queue', il faut bien netî%[j,
toutes les crouftes avec du vin chaud, mêlé avec le quart d'huile , d'olive ou de beurre, &.c
fuite jetter du charbon pilé deffus , & continuer jufqu'à guerifon , ou badiner fouvenr a -
de bonne eau dévie , qui eft le plus fouverain remede, au cas que le Cheval veuille le1
L'ufage des croupières à l'Angloife qu'on accou rei t & alonge comme on veut, eft c° ^
munàprefent partout; mefme dans les écoles on n^enyoit point d'autres, on a cofl"
commodité qu'il y a dans leur ufage, & l'incommodité des autres.
                                 e
Le poitrail n'eftgueres de moindre conféquence, il faut qu'il foit de jufte longue"r,^
les potences ne foient ny trop longues ny trop courtes ; étant trop longues, le .poi trai:
feendroit plus bas que le mouvement de l'épaule, & incommoderait le Cheval à chetnl ^
étant auffi trop courtes, le poitrail banderait trop , & couperait le poil en plufieu*5
droits.                                                                                               _.              a?\^
Il arrive ordinairement que le poil fe coupe à l'endroit desporte-piftolets, à caute ac
pefanteur ; pour l'éviter il faut mettre au de Jolis un morceau de cuir de chevreuil ou de V ^
comme nous avons dit, àlabouclede la croupière, ou bit n fourrer cet endroit avec d'J^
fort doux, & delà laine dedans; il faut particulièrement avoir ce foin aux Chevaux de % ^.
re. Depuis qu'en France on a l'ufage despiftolets courts, les Chevaux en font follla^âu
car par cy-devant on avoir des piftolets auffi longs que des carabines, qui blefîoient fouve'
poitrail.
                                                                                                                   Il
-ocr page 97-
Ilf                               SECONDE PARTIE.                             9?
forte u\dc P^us, que les boucles qui tiennent le poitrail attaché à la felle, foient pofées en- G h a p.
il fg ^u eAcs ne coupent pas le poil, & ne puillent bleflèr : que fi elles étoient trop avant, a&
irij-ei,5f0it ou 'es reculer entre l'arçon & le panneau, ou fur l'arçon, fi l'on ne pouvoir
Poil X rc' on mettra au deflòus un morceau de peau de veau ou de chevreuil, avec le
jj^ntre le poil du Cheval.
fi elle ^ vil"cr en^uii;e toutes les autres parties de la felle; à fcavoir les fangîes-, & voir
les gcS ut. larges & fortes, fi elles ont des nœuds ( comme les Palfreniers font pour
leso, C°Urcir> quand eiles font trop longues) ce qui foule & bleflè le Cheval ; il faut
1 LC^*
tootç saut ' .s'u **e Peut' qu'elles ayent des boucles à l'Angloife, ce font les meilleures de
T ' qui ne déchirent jamais la botte avec les ardillons.
que c'a cPui'tes: fangîes doivent élire bons & de cuir de Hongrie, qu'il y en ait deuxàcha-
biêj-, otc d'arçon, un bon fur-fais bien large; ceux de chaflè font tres bons; &fanglent
les éL • °nt deux boucles, dont l'une n'a point d'ardillon, & l'ufage en eft ordinaire dans
tapages.
«e-belle.& longue paire d'étrivieres, celles de cuir de Hongrie font le meilleures, &
ÀCillerieux bien forts à barre ou à grille par le bas, & $£** larges, pour s'en dégager faci
À nt en cas de chute.
')'eUè-eikUe^°'s ceux ^u' courent a la chaflè, ou qui branlent les jambes allant par pays,
^Ut J 'etj-toft avec l'eftriviere les côtes du Cheval s'il eli maigre, & l'écorchent au def-
d'tp -e 'a ièlle ; pour l'empêcher, il faut mettre une courroye, ou un vieux fourreau
PÉch„e' ^ePuis le bout d'un arçon à l'autre, & laifler tomber Feftriviere au deflus, il e m-
fc^edefordre.
te parns eftiiers doivent eftre grands & forts, étamés; ronds par tout, legers & à bar-
efttiy: bas; car on tient les pieds plus fermes deflus: il faut qu'il foient attachez au:<
Cuti a fiCs ' fans touiet, car ils s'ufent & palïènt au travers, hors ceux d'Angleterre ; cha-
<ÎU'0l 0u goût pour les eitriers. J'aydit ce qui me femblede plus raifonnable, pour vu
?neen^re& forte le pied facilement dans un enrier, quand il feroit fait d'un fabot, ébm-
ilne^vPaone à leurs bourriques, ou de bois fimple d'une feule piece comme en Suede ,
W UPP°rte pourvu qu'on ne nfoblige pas de m'en fervir.
toiiep e''"ers Ânglois font jolis & legers, les petits font bons pour une courfe ou por:
°nc raTrienac*e ' quelques-uns les improuvent pour l'ufage continuel, & je trouve qu'ils
^et & n' Comme on les fait prefentemént me'diocrèmant grands, tous ronds, efla-
d'o^avec des grilles au'dellbus, je les crois les plus excellens de tous pour toute forte
^e> & Us font à bon marché.
c
m*»e il faut ménager les Chevaux dans le commencement des voyages.
tri% avons employé le Chapitre precedent aux parties accidentelles du Cheval, com- qhAP
j*^ ^ font la ferme, la felle, la bride, & autres: prefentemént il refte à confiderer 2q
_j H faüfi n cctte i°rte.
** %jn j,c Premier jour faire faire à voiire Cheval une-'p'rpmenade d'une petite lieue', le len-
T une& demie, puis le laifler repofèr un jour ou deux; après vous le ferez recom-
me IL                                                     N                                        menées
N                                     menées
-ocr page 98-
I ,—„
oS                    LE PARFAIT MARESCHAL, . ,sceIa
Ch A.P. meneer une lieuë en forme de promenade, au fécond jour deux, puis trois, a?r^uand
aQ. vous luy donnerez un jour de repos, & le Cheval fera de cette façon en ertat de partir q .
onvoudra, & d'aller bien-loin, ayant les foins que nous dirons; & cecy doit particu- ^
ment ferv ir à ceux qui ont des équipages à conduire, qui ont iéjoarné des Hivers e
fans travailler.
                                                                                          ,• r'ren^'
Car il eft tres-dangereux pour un Cheval de commencer un voyage fans qu'il foi' jfa
leine, n'étant pas habitué à la fatigue: (i c'eft en Elle dés la premiere journée, ''? ^
le manger, ou aura les avives, & quelquefois il deviendra fourbu ou gras-fondu, oUtjr:
les deux enfemble; ainiì il eli de conséquence de le mettre en haleine avant que ûeP.j$en
Si ceux qui ont des équipages àconduire, n'apportent ces précautions, aiTurérncnt
auront dudéplailir dans les premières journées.
                                                    aUX°*
Si le Cheval étoit trop fatigué, las '6c maigre, ce feroit encore pis; carlesChev. jjje
coûtent rien pour amaigrir, & coûtent de la peine & delà dépenfe pour engraifïêr_> y0j{
ne voudrais pas commencer un voyage avec un Cheval fort fatigué & maigre, l*'1
tâché à le remettre, & fi je n'y avois pas reiiffi, en acheter un autre.
              __ «/aptes
Ayant obfervé cette précaution, il faut commencer par de petites journées, cCf
peu à peu les augmenter : par exemple, le premier jour on peut faire fix lieues ^c r p3ys
le fécond huit, & après dix ou douze, &mefme quatorze s'il eft nécelïaire: Sic'elt tre
où les lieues font plus grandes qu'elles ne font autour de Paris, le premierjour•}■ yQ$$
lieues fumfent, le fécond lix, écainfi vous augmenterezjufqu'a neuf: ou dix; que /g;0ur
avez le temps, il eft tres bon, particulièrement pour conferver tout un équipage, de Jut e
ner le trois ou quatrième jour du voyage; car les Chevaux reprennent force & vig rjs
ce jour, & comme on dit on recule pour mieux fauter, &enfuiteles Chevaux ayanuei-
cceur&force, feront voyage plus gayement; pareequefionneféjourne, on lai«e^_efqüC
ques Chevaux en chemin, ou on les mettra hors de fervice. Chacun peut bienJll& A$
dans un nombre de Chevaux, il eft difficile qu'il n'y en ait quelques-uns qui ne f°'e
en eftat de marcher dans les commencemens.
                                                      £îyver
Le long de la journée, paffé fix ou fept heures aux grands jours de l'Efté, & eI\eVoU*
palle huit ou neuf, vous laiiïerez boire vôtre Cheval dans la premiere
bonne eau qu" &
rencontrerez: nous appelions honne eau celle qui n'eft point trop vive & trop fralC»enips
celle qui n'eft point bourbeufe &corrompuë,hors que vous euffiez deflein d'aller l°n&' Qfi'
au galop après avoir fait boire, quoy que ce foitl'ufagedes Anglois de courre 'euru0ifî»
vaux après qu'ils ontbû, je croy cette methode capable de rendre les Chevaus P° etjtf
comme lors qu'on leur fait faire Manège, après qu'ils ont bû : ils ont en Angletf."'^%i
methode de courre les Chevaux après qu'ils ont bû pour les mettre en haleine "U^tit
qui eft la plus pernicieufe, & la plus nuifible aux Chevaux qu'on puiffe imaginer. 1 m$i
fi fort enteftez quoy que la plufpart de leurs Chevaux deviennent pouffifs par cette m -^e
qu'on ne leur peut perfuader que cela ne vaut rien, & qu'ils gâtent leurs Chevau- • jfiî
mal que jevoisàcela, eft que les ayant mis en chemin de devenir pouffifs, ''sfnleS, ^
vendent pour bons, & ils deviennent pouffifs entre nos mains; ainfi ils font les fo * ^glö
nous les payons. Il faut pendant que le Cheval boit, luy romprefouventl'eaU'eIîlps
lailTant pas boire tout à coup, mais luy lever la tefte cinq oafixfois, pendant^ efoit
qu'il met à boire : fi un Cheval avoit chaud, & qu'il fût fort en fueur, pourvu qü x . et 31I
pas hors d'haleine, & qu'il ait encore beaucoup de chemin à faire, avant que d arri ^j
lieu deftiné pour débrider, par exemple, une lieue ou deux, alTurément il s'en P »o0 K
mieux de boire, que de ne point boire: il eft vray que fi le Cheval a chaud, *^iejqtie*
fallè boire, au fortir de l'eau il faut un peu doubler le pas, ou prendre le petit trot <¥■
temps, pour échauffer l'eau qu'ilvient de prendre,
                                                      P
-ocr page 99-
SECONDE PARTIE.                                         99
ïl faut îaiffer boire ainfi le Cheval le long delà journe'e, parce qu'e'tant arrivé, s'il a C
wiaud, il faut eftre long-temps avant de le pouvoir Iaiffer boire, fans un danger évident de fa
£lei & même l'ayant débridé, lafoif l'empêche long temps de manger, de forte qu'une
"eure ou deux s'écoulent, qui eft le temps qu'il faut employer pour la dînéej de repartir en
5eteftat, fans que le Cheval ait mangé ny bu , il ne feroit gueres en effat de travailler,- Etle
'b°n fens condurrà pour moy que le plus affuré eft avant d'arriver au logis, qu'il aye bû en che-
^o, comme j'ay dit.
Dans les pays étrangers, où je ne fçay fi l'air, l'eau ou le climat contribuent; j'ay vu
Pratiquer le contraire : car en Hollande iescharetiers qui mènent les gens d'un lieu à l'autre
dans leurs chariots, attelez de bons Chevaux, portent un feau & les font boire par tout où
Rencontrent de l'eau, qu'ilsayent chaud ou froid, cela leur eft égal, Se mefme d'abord
S]* ils font arrivez, quoy que leurs Chevaux foient tous en écume de fueur, & même hors
^haleine, ils les font boire avant de les mettre à l'écurie : je croy qu'en France tous nos
^"evauxen mourraient.
Pn eft obligé de faire boire les Chevaux de caroflë avant que de partir, car après en che-
min étant attelez, difficilement peuvent-ils boire ; on les fait boire fouvent avant quatre-
"eures du matin, ils n'en valent pas mieux, & on ne peut pas mieux faire : fi en commen-
?a°t un voyage, c'eft à dire les premières journées, on donne peu d'avoine à un Cheval,
"s'en trouvera tres-bien quatre on cinq petits pjcotinsfuffifent: car fi on en donne trop,
"les dégoûtera d'abord, & quand ils font une fois en haleine, ils en peuvent manger juf-
°u a huit picotins fans fe faire dommage, au contraire, ils n'en valent que mieux.
Que fi vous voyez que voftre Cheval à la premiere & feconde journée, tâtonne fon avoî-
e j & ne la mange quefgrain à grain, il la luy faut ôter abfolument pour ce repas, & luy don -
J~* du fon mouillé, ou quatre ou cinq livres de pain bis, cuit de long-temps, fi vous en avez,
**« le Cheval en veut manger, à l'autre repas vous luy redonnerez,de l'avoine.
On peut aux Chevaux qui perdent l'appétit, & fe dégoûtent d'avoine, leur donner une
Va!Ce ^e tner'aclue délayée dans du vin ou del'orvietan en mefme quantité; que fi voftre Che-
j eft ardent & que vous le jugiez fort échauffé, une prife (qui eft deux onces ) de poudre
j Penale dans une pinte de vin, la poudre imperiale eft le foye d'antimoine j les tenir bri-
^Une heure enfiate : en les débridant ils auront recouvré l'appétit.
Ch ^es P^us fenn^les déplaifîrs qu'un Cavalier puiffe avoir en campagne , eft de voir fon
<J'a£Va' * décurie fans manger, & qu'il ne veut ny foin, ny avoine, n'y fon, & fans avoir
toUtrc Maladie que le dégoût, il demeure la tefte baffe fans vouloir manger: j'ay cherché
Roi>CeS 'es vo>'es de leur pouvoir donner de l'appétit, j'ay trouvé des pilules que j'ay nommées
ç, rrnandes décrites à la premiere Partie, lefquelles (ont portatives, on en met une à un
da eva' attachée à fon mors avec une linge : on le tient bridé deux heures, en le débri-
arri au"ure'ment il mange : on en peut attacher à fa bride une le matin avant partir, en
pet-Vant à la difnée comme il l'aura rongée tout le long du chemin, affurément il aura bon ap-
l\ ''a°n Peuc 'es re'terer plufieurs fois, elles ne peuvent que bien faire aux Chevaux,
fieli e- ^00 de cheminer fort doucement un quart ou demi-heure, avant que d'arriverà l'ho-
ì'e'cu l;le ' a^n iue 'e Cheval ne foit point échauffé, ny hors d'haleine quand on le mettra à
On|erie' pendant ce temps que vous irez fort doucement il reprendra haleine , comme fi
p0i0Pr°'nenoit exprés, & par ce moyen d'abord après vôtre arrivée, le Cheval ne battant
Q du flanc, vous le pourrez débrider, s'il n'a pas chaud.
$j jp5 " Vous eft es en compagnie de gens qui ne foient pas d'humeur à avoir cette patience i
parc ayent P'us de foin d'arriver promptement pour boire, que de rafraîchir leurs Chevaux
riveretCe promenade, comme il arrive ordinairement, ou fi d'ailleursvous elles pf effe d'ar-
P°nr d'autres raifons, il faut lorsque vous ferez arrivé, faire promener vôtre Cheval
N a                                est
-ocr page 100-
ìoo                           LE PARFAIT- MARESCHAL                     Ieaf;:
CHAP en main au petit pas, pour luy laiffer reprendre haleine, & paner doucement ialc •
s'il fait grand froid, il faut le promener bien couvert a labry du vent; & W! ^
%9> aucun endroit pour te promener à l'abry , il faui le mettre dans l'écurie, car le trcw ^
lent le perdrait, s'il a chaud, & le mouvement qu'il fart dans la promenade, quo/4 ^
luy euft mis une couverture, ne feroit pas fuffifant pour l'empêcher de le morfonde
venir forbii, c'eìt pourquoy il faut le mettre àl'ecune, &le bien efuyer avec de iaj
avec un couteau ue cuaieiu u vuu> eu «.^-^ ""•                                     . -„uran*
La raiforv pourquoy il ne faut pas fi toft mettre à l'écurie les Chevaux qui ont e r, ^
chaud, & qui font hors d'haleine,. eft que les humeurs venant à fe refroidir tout a coup ,
fe congeler par le repos qui fuccede au mouvement violent, tombent fur les jambes ou u" h $
oueoartie, & rendent le Cheval forbu, luy caufentles avives, ou un fr grand degou h
en vaut moins très-long temps, ce qui n'arrive pas quand par une promenade en main r^
titpas, on luy donne le temps de le refroidir peu a peu d'appaiferle battement a. a
que la chaleur & la fatigue luy auraient caufe, ou au pis aller, qu on 1 effuye bien, « H-
le frotte exadement par tout le corps.                                      '                               jans
II va des Chevaux de carofle fort gras ou gros d'haleine, mefme des fouffleurs q' v£jnC-
les grandes chaleurs de l'efté, ,ont le flanc fi ému & fi agit:, qu'on croirait qu »
crever, quand ils arrivent à l'écurie, quoy qu'on les ave menez doucement, m;. ;, ine,
me ils fout fort gras, ou qu'ils craignent la chaleur , ilsfe mettent fi fort borsd-M ,
o
qu'ils font fouvent une
il ne faut pas s'en étonner________________________________________________
leur donner du fon mouillé, & bonne litière , d'abord qu'ils auront pitie s ils îeruuj -f^
coup foulagez, & feront prefts à travailler comme les autres ,• il vient aux uns a
bielle pour ne pouvoir refiler a celuy qui tire a cote d eux , ou prefque toujours oc ^
d'ardeur donnant trop dans le trait, ou bien de craindre: trop la chaleur, ce qui ^.
fouvent à certains Chevaux gras, épais, pefans ou gouffaurs , chargez de cu*ne
öuels font bons dans la Ville , mais ils ne font pasaffez legers pour la campag-j
^ Ouand vous arrivez à l'Hoftellerie; fi voftre Cheval n'a gueres de chaud, &f*-.aer.
tîchîr & le foulager.
Faites-luy bonne littiere de paille fraîche pour l'obliger à uriner , la plufpart des D°
lievaux urinent en arrivant à l'écurie lors qu'ils trouvent de la littiere : jedonneray un ? ^
en pafîant qui femblera un peu extraordinaire , quoy que bon. Le long de la plirneeiy
faut laiffer uriner un Cheval toutes les fois qu'il témoigne en avoir envie, il faut mefme y
convier j tout au contraire des Jumensj lefquelles il faut empêcher de piffer Pcn<^antnS
journée > car en piffant elles diminuent de vigueur & de force : ceux qui ont des J,1"11^'
peuvent en faire l'épreuve > ils en reconnoiftront la vérité, qu'il faut laiffer piffer les ~ ç
vaux en chemin, &en empêcher les Jumens, elles ne s'en trouveront pas mal & rendr
meilleur fervi ce à leur Maiftre; je n'allègue pas cette expérience fans connoiffance de eau •
Oftez le vieil foin du râtelier, nettoyez bien la crèche devant luy de toute ordure, teeS
ou fiante de poulie, prenant garde fi la mangeoire eft percée, ce qui eft prefque dans toute>
Hôtelleries, afin que l'avoine qui y pâlie, foit la nourriture de leur volaille, que fi la cre
, sft trop fale on la fait lauer avec de l'eau chaude.
                                                            jâ
Une autre methode pour les Chevaux qui font pleins de feu & d'ardeur & qui vale' .
peine d'eftre {oignez, eft qu'arrivant au logis lors qu'on a couru, ou que le Cheval *P^
-ocr page 101-
SECONDE PARTIE.                                       loi
chaud, il faur d'abord en arrivant ledeiîeler & luy abattre l'eau par tout le corps avec un Chap
Morceau de faux, qu'on appelle un couteau de chaleur, après luy bien effùyer latefte avec
Bne épouiTette, & Cuivre par tout le corps avec de la paille fraîche, luy mettre une couver- ^*
lUreoucaparaflon3 & remettre la l'elle par deffus, puis le promener environ une demi-heure
*" petit pas avant que de le mettre à l'écurie. Cette méthode eft bonne pour ceux qui mènent
■*yec eux des Palfreniers qui doivent entendre à abattre l'eau & à fécher un Cheval ; car pour
•es valets d'Hoftelleries ils font allez habiles à demander & ne fçavent faire autre chofe,
°Q fe pourra fervir de l'autre maniere. Si onavoit une couple de pilules puantes, les faite
avaler au Cheval, on bien une chopine d'eau de vie, s'il a beaucoup couru; & qu'on craigne
?u'il ne d.. vienne malade, cela arrefteroit & couperoit tout accident & autres fuites facheufcs-
J en diray un mot cy-aprés.
^Siàunquart ou demy quart d'heure avant d'arriver à l'Hôtellerie, on rencontre de l'eau
Ou il yaye un beau gué > il eft bon de le faire pafler &repafTer deux ou trois fois dedans fan?
•"y mouiller le ventres ni le laiffer boire ; lorsque j'aydit mouiller le ventre, c'eft à dire
*lu'il ne faut pas faire entrer le Cheval fi avant dans l'eau que le ventre foit dedans : card'em-
Pecher que les jambes ne faftent rejaillir de l'eau contre le ventre & le mouillent , cela-
lefe peut, & mefme n'eltpas deconfequence ; outre que l'eau leur nettoyé les jambes de
aP°ué, étant froide, ellereflerre leshumeurs & empêche quecequi èft cmeu parle tra--
Vail de toute la journée, ne tombe furies jambes : comme étant la partie la plus biffe dis
corps, & la plus capable de la recevoir : ce qui les fait devenir roides > caufant des obîhuitions.
da"sles nerfs, & enfin les ruine.
Comment il faut trainar les Chevaux à la difni'e eu à la cauehi'e faifant voyagei
S Ic'eften efté queleseauès font chaudes, enarriyant àl'HortelIerie, le Cheval n'ayant CHAP.
pas chaud, il eft bon de le gayer fans le laifler boire ny mouiller le ventre, & mefme il 2q
eft bon à certains Chevaux qui ont lés jambes déjà un peu travaillées ou charnues &ftf- •>
.^ptiles d'humeurs; lors qu'on n'a point de gay pour leur mouiller les jambes, avant que
arriver au logis, ou à l'Hoftellerie, de les mener un petit quart-d'heure en main pour
attre la chaleur, puis arrivant leur laver ou baffiner les jambes avec de l'eau de puits > corn-
th6 4 e v'ent d'eftre tirée» elle empêche la chute des humeurs furies ;ambes, cette mé-
9de eft bonne particulièrement aux Chevaux qui ont eu quelque coup aux jambes ou jarrets s
" 'ne manquent jamais de s'enfler par le repos qu'ils ont à la dînée ou au foiiv
*' y avoit un Ecuyer Italien qui après fon Manége, que les Chevaux euftcnt chaud, ou
j n3 les faifoit d'abord palier &repafler à la nage une riviere grande comme eft la Seine
vant le Louvre à Paris, & enfui te leur faifoit bien abattre l'eau par le corps» & les bien
uvnr dans fon écurie , ne les laiflant manger d'une heure: Il l'a fait toute fa vie, & ja-
j a?s Cheval ne luy eft mort de tranchées, ny d'avivés, & toujours ilsavoient les plusbel-
ïambes du monde. Je croy que cet exemple -, quoy que tres- véritable, neperfuaderaper-
'°nne d'en ufer de la forte.
en °.rc Cheval étant attaché au râtelier, & en partie féché de la fueur ou moiteur qu'il avoit
flanarri.vanc au logis ;'quoy que bridé; s'il commence à tirer le foin & qu'il ne batte plus eu
iî'îtC' |' 'e faut débrider, & laver fon mords dans un fceau pour le pendre l'ayant efïuyé & :
Ì,°ye ,& enfuite vous luy laifferez manger du foin à fon aife.
Vaj~eu^ui d'abord qu'ils font arrivez à l'Hoftellerie laiffent débrider leurs Chevaux pardes
d'e'table comme c'eft l'ordinaire, fe trempent en ce qu'ils mangent un demy-quart-
N 3 .                  d'heu-
-ocr page 102-
loi                         LE PARFAIT MARESCHAL                       ide2)
d'heure, puis ne mangent plus du tout, au lieu que s'ils ont demeuré quelque temps131
quand il ne leur arriveroit autre commodité, que celle qu'ils mangent mieux après. nCore
On dira qu'ils ontefté affez long-temps bridez au long delà journée fans les laifier e
à l'écurie inutilement fans manger; àquoy je réponds outre ce que je viens dédire, q jg
a beaucoup de Chevaux aufquels il eftneceffaire de laifîér venir l'écume à la bouc he p ^,
moyen de la bride qui les oblige de mouvoir la langue, Se par ce moyen ils humectent ^
che pour avoir plus dégoût à ce qu'ils mangent, & s'ils n'avoient la bouche fraîche ^
forte ils ne mangeroienc gueres long-temps ; ainfi on gagne du temps au lieu de ^yi
dre, contre la maxime des valets d'Hoitellerie. Notez que fi le Cheval a eu grand c es
& que vous ne l'ayez pu faire boire au long delà journée, étant débridé il ne voudra g ^
manger, quoy que vous y ayez apporté les précautions que nous avons dit, parce qu jtt<
prefle de la foi f, lors on luy peut donner l'avoine la quantité que vous jugerez , pourtant
dre que s'il n'en nangeoit pas après avoir bû.
                                            _              ve ài
Quelques perfonnescroyent qu'on gâte les Chevaux de leur donner l'avoine avant q^
boire> & quePeau faitcouler l'avoine hors del'eitomac fansdigerer; jecroy que * ajene
eft bonne avant, & meilleure aprésboire, quoy que la coutume la plus ordinaire foie s
la donner qu'après boire. Les Meffagers & Cochers fur les grandes toutes la donnent t0lv'0jne
ayant & après boire. Ce n'eft pas toutesfois fans apparence de raifon qu'on donne * $ )
après boire> parce que l'eau ne féjourne pas fi long-temps dans l'eftomac, fe diftribue p pS
ainfi il n'en eft aucunement aftbibli : & l'avoine qui eft fpongieufe retient plus long- ^^
l'humidité de l'eau: Voila la feule raifon qui fait donner l'avoine aux Chevaux apre- j
bû, laquelle n'eft pas affez force pour empefeher de faire manger de l'avoine aux Chev<» ^>e(J
onr fore fué avant de les faire boire : & ils s'en trouveront beaucoup mieux & fans dang g f
eftre malades. Lors qu'on voyage en caroffe avec des relais, & qu'on coure & fait dn'g j3
les Chevaux étans arrivez tous en fueur, & hors d'haleine, il faut leur abaccre 'eâl ierni-
fueur, comme nous avons dit, & les bien.lécher j les couvrir, puis promener ufle^ci,a» #
heure pour leur laiffer reprendre haleine ,• pendant ce temps, on leur doit préparer <^ ^
cun un demi boiffeau de fon de froment, plus ou moins, qu'on mouille tres bien» ^flS
metdevanteux danslacréche, onlesdébridé enfuite, on les Iaiflebarbotter àleurai . g^
la crèche ou mangeoire, pour leur rafraîchir la bouche» qui eftdefiechée par la P01 ja|î.
le fable, qui fou vent pénètre jufqu'augozier, ce'fon détache cette poudre?, qui e " ^g^du
eue» &dans la bouche, &quoy que les Chevaux ayent chaud, il leur arrive rarem
mal par cette méthode.
                                                                                   rhevau*'
Cettepouffiere&ce fabledefféchentlfifottla langue, le palais & legozier des^" ^érc
qu'ils en perdent fouvent le goût ; parce que la langue devient aride &ieche» partii• aB,
ment aux Chevaux qui laiflent pendre la langue hors de la bouche en cheminant dans '^^jgu
des chaleurs, à ceux-là il faut donner du fon en arrivant » ou avec une éponge leur la
lalangue& la bouche pour les obliger à manger.
                                           r^vat» 4U*
On fefert 4e lamefme chofe pour les courreurs dechaffe, & pour tous lest, oev..w jeuf
ayant couru font hors d'haleine, & particulièrement s'ils font fort gras, le fon ^"^„.toft
fait très-bien, il faut gagner temps, puis on débride plutoft, & les Chevaux font ü ^^
erteftat de manger: dans les lieuxoùl'on trouve du fon, la méthode eft bonne, hors a ,jjS
ce on n'en trouve gueres, & en Hollande d'abord que les Chevaux arrivent .*Ja0'relIiar-
ayent chaud, ils les font boire» fans craindre qu'ils prennent du mal, comme )*?. t <jeS
que cy-devant que c'eftoit l'ufage des fourmans, c'eft à dire » de ceux qui condun £j_
chariots » mais leur eaux ne font pas vives »• étant toutes repofées & chaudes, %^cz,
les ne peuvent pas facilement nuire; & les Chevaux ne laiffenc pas d'en mourir en -„^ée
avant que d'avoir habitue cette maniere de vie fi dangereufe, qui ne fera jamais pt q%
par moy afîûremenr.
-ocr page 103-
SECONDE PARTIE.                                     Io?
On doit bien prendre garde aux eaux que les Chevaux boivent» & particulièrement en Chap
Pyage, car de là dépend la confervation de leur vie , ouleurdeflrudlion. L'eau la moins _
*l*e eft la-meilleure, s'il y a une riviere elle eft préférable aux fontaines» & les fontaines aux 5 '
PUlts : quand on eftcontraint de faire boirede ces eaux vives, il faut la tirer long- temps au-
P*ravant, la mettre au Soleil, ou en faire chauffer pour mêler parmy » ileft pîûtoft fait d'y
ettre du fon, ou du pain rompu &émié, àfautedequoy on corrige un peu la crudité de
eau en y trempant la main, ou en y mettant une poignée de foin. Si l'eau eft extrêmement
AVy' ny 'a main ny le foin n'empefcherontpas un Cheval de prendre les avives , il faut ou
ei.eai» chaude ou du fon mêlé parmi.
*'arrive fouyent qu'on pouffe fi fort les Chevaux & plus qu'il ne faut, qu'on les crevé, &
t. on les fait mourir ou devenir forbus, fi on n'y apporte les remèdes convenables : par
eoemPle>_onleraàlachafleducèrf, on manque'es relais parce que le cerf fe for longe. On
échauffé dans l'ardeur delachaffe, on ne fongepointà fon Cheval, & on le pouffe juf-
H au bout j s'il n'eft pas en haleine & n'a pas accoutumé de faire ces grandes courles, on les
e ve très-bien ; mais tous les bons Chaffeurs en aimeront mieux tuer leurs Chevaux à force de
eft^k ^'Ue ^e "manquer d'eftre à l'a queue des chiens ; Si à la chaffe ou autrement, vous avez
f -e OD'igéde faire une grande diligence avec péril de crever un Cheval, quand il fera arrivé
au e. accommoder comme j'aydit, luy abattant l'eau &reffuyant » puis le promenant
<i^ ^llt Pas s & demi-heure après fon arrivée donnez luy deux pilules puantes que nous avons
lu "c au Chapitre CLIII. premiere Partie, avec une pinte devin rouge, ou bien fans
iti\,?0n,ner des pilules, une chopine d'eau de vie, ou une pinte de bon vin avec une couple de
apr'-
         raP^es , pu'? le mettez à l'écurie bien couvert, & bonne litière, & une heure
aflif-5 Un ^avemenrJ demy- heure après le lavement le débridez, & luy donnez du fon mouillé,
arr:lcmentfi le Cheval n'eft outré, vous empefcherez tous les accidens de forbure, qui luy
Croient autrement.
de]A^rn,e(me chofe fepeut obferver aux Chevaux de caraffe quand ils ont'fait des courfes au
ny) -eur haleine & de leur force : mais il faut prendre garde de ne pas donner les pilules,
derrv *£" ^ 'es mufcades au deîfaut, que les Chevaux n'ayent repris leur haleine, c'eft à dire,
autr eure °u trois quarts d'heure au plus après leur arrivée, plus ou moins aux uns qu'aux
ne faut point frotter les jambes des Chevaux qui arrivent » quoy que ce [oit
l'ufage ordinaire.
J I P'ùfpart de ceux qui font voyage obfervent la méthode de faire frotter les jambes à
Urs Chevaux avec de la paille d'abord qu'ils font arrivez à l'écurie, & pretendent
beauco ^rot.tement de les délaller, de^Jeur déroidir les jambes, &ainfi de les foulager
Peut PrUfV - 'na*s c'e^ un des plus grands abus qui fe puiffe pratiquer, puis que cette atìion ne
lravail ï iIre ZulT,e e^ec' <iuz d'attirer fur les jambes les humeurs qui font émeuè's par le
^°Uche e Jou.rn^.si car en frottant les nerf on les échauffe, & par conféquent on lesdé-
^Tnee3 -i°e ^U' ^a'r ex^a'ier 'es efprits » & donne lieu aux humeurs émeuès le long de la
Su'occu - fe décharger deffus par leur pente naturelle , occuper les conduits infenfibles
^1 s'anP°jfnt'es efPr':s ' & à y faire des obftruciions, &ainfi les priver du mouvement, ce
bes écan i> ren4re 'es jambes d'un Cheval abfolument roides & inutiles j car les jam-
'^ernei-M- ren^ro^c *e plus bas de tout le corps, elles en font comme l'égoût , particu-
£ u on y attire les humeurs par la iriciio» qui fe fait avec la paille , outre que
cet-
-ocr page 104-
I04                       LE PARFAIT MARESCHAL
Chap cme Par"e des)a fat'gU{?e eft plus capable de les recevoir. L'humeur étant tombée nerÇ'
' monte plus, de' la refoudre il eft difficile car l'endroit n'a pas allez de chaleur, l'humeur 5e'
3°* paiffit, &r on gâte les Cheval ; & je m'étonne qu'on n'aye point fait de réflexion là delW»
. avant que j'en euiTe parlé. On pourra dire contre, que l'humeur qui tombe eftdifljpée ?&
jnfenfibie tranfpiration , & par les pores qui font ouverts dans le frottement des jambes-
je répons que l'humeur véritablement fe raréfie en quelque maniere; mais elle'ne fe peat
diffiperayant trop de corps pour cela , l'humeur s'infinuë dans les nerfs comme une vapeur'
qui eft enfiate réduite en eau par le froid: cette eau en bouillie & glaires, lefquellesnepe^
vent eftî e diffipées par aucun frottement, car ce frottement dans le temps que'toutes lesh*!
■meurs font émeuè'slesappelle* & au lieu defoulager, nuit extrêmement.
Ce frottement de jambes qu'on fait en arrivant, efteaufe que le lendemain on leur trou'
vêles jambes roides, & quand on ne s'en appercevroit pasfi toft; on s'en appercevra dan»
jambe fi difficile & fi pénible au Cheval, que toute la force ne iumra pas pour » _--
aider; ainfi les Chevaux choquent, bronchent, & fouvent tombent ; & par cette méthod.
on prend bien de la peine pour ruiner fon Cheval, & luy détruire les jambes. Ceux <lu^
ne fe voudront pas rendre à des raifons fi palpables, qu'ils en fafïent l'expérience, & a"u|
rement ils feront convaincus , comme quantité l'ont déjà elle , qui ne font plus fr°:t^
leurs Chevaux en arrivant , mais feulement quand ils font abfolument refroidis & rep0*
fez.
                                                                                                                       , rf
Vous éviterez tous ces inconveniens, pratiquant ce que jeconfeille, à fçavoir de me»?
un Cheval à l'eau au lieu de le frotter en arrivant; oude luy bien laver les jambes avec a
l'eau froide, pour empefeher la chute des humeurs, qui eft le contraire de ce que pratiq"2"
tous les jours la plus part des gens, lefquels n'ont jamais fait reflexion fur ce que je vie°s
dire.
                                                                                                                 . ,, _y
Ce n'eft pas que jedefaprouve qu'on frotte les jambes des Chevaux, au contraire ie»»r
prouve, leconfeille, & m'en fers; mais c'elt feulement lors que les Chevaux font refr°lcj..J
& que les humeurs que le travail de la journée a émeuës font raffifes; par exemple, fi 'el j
avant que de vous coucher vous faites frotter une heure entière les jambes àvoftre C"ep3 £
il en fera foulage , ou bien fi le matin l'ayant fait penfer vous faites divertir voftre tr
frenier avec un bon bouchon autant de temps qu'il vous plaira, il ouvrira les pores de >3F r
be , donnera lieu aux humeurs encore fubtiles qui font tombées depuis peu fur le . jS
de s'évaporer , & étant raréfiées par la friâion , de fe refondre , ainii la jambe fe ren,,a/ar-
fouple, & vous ferez un effet contraire à celuy qu'il feroii fi vous le faifiez frotter à voltre
rivée.
                                                                                                                  cue.
Vous pourrez encore dire que tout le monde le fait, & que les pins entendus en«- ^
vaux
le pratiquent ; il eft vray que beaucoup de gens .le font , mais les entendus n^
pratiquent pas : Si ces raifons ne peuvent vous fàtisfaire , je m'en rapporte à 1 e V^
rience, qui eft la maiftreffe des Arts : & finalement, comme je ne fuis pas fi ^°°n nS
de ma penfée* que je veuille obliger tout le monde de s'y rendre, je confens °P°^ \&
me croye pas, & qu'on ruine par piaifir fon Cheval plûcoft que de fe renore
xaifon.
Charge
-ocr page 105-
SECONDE PARTIE.                             105;
Charge four eonferver les jambes dis Chevaux, &" empêcher qu'elles ne s'ufent en voyage
ny ù la chajfe.
I vous avez un Cheval qui en vaille le foin Se la peine, pour luy eonferver les jambes CHAP.
S
apre's le travail. du moment qu'on le mettra à l'écurie, il faut démêler de
vache, ou de bœuf avec du vinaigre > enforte qu'elle foit comme une bouillie a!Tez clai-
5e 3 y ajouter une poigne de fel bien menu , & luy en faire charger les jambes de de-
vant3 les jarrets & celles de derriere , en le frottant à poil?: à contre poi!, pour faire en-
.r?r ie remede & s'attacher, enforte que toutes le! parties en foient bien ceuverres, & le
aifièr ain', fans luy moùilier les jambes, ny le forar hors de la place jufqu'au lendemain,"
e filant boire aufceau.
1 - ^ejourfuivant on le mene à la riviere» s'il y en a une, pour luy laver les jambes, ou
len on les luy décrotte avec un bouchon ou on les lave au puits, cequleit encore tres-bon.
Cerernede éftà peu de frais, & eft tres-bon, il eft adftringçant & fortifie !a partie, étant
continué il confervera les-' jambes fi belles à. entières , qu'à la fin d'un long vo-
yage il femblera que le Cheval ne foit pas forti de l'écurie. Il fera mal-aifé de faire
droite à certaines gens que fi peu de chofe puifle produire un pareil effet ; car ce remede eli
'Cile : tous ceux à qui je l'ay confeilié, s'en font tres -bien trouvez ; non feulemenr cette
c«arge delafle le Cheval, mais elle reflerre les enflures: elle vaut mieux que beaucoup de
charges que les Marefchaux vendent bien chèrement; lorsqu'on n'y met point de fel elle
n eft pas fi bonne > mais elle ne laiiTe pas de faire un bon effet, fouvent mefme que je n'ay point
eu de vinaigre je me fuis fervi d'eau à la place, & la charge a aiïéz bien opéré.
La methode de charger les-jambes de cette maniere a efté trouvée par un pur raifonne-
"^ent, & les premières fois que je m'en fervis, elle reiiffit encore mieux que je n'avois crû.
Si vous avez de grands Chevaux à conduire pendant un long voyage , foit en main ou au-
trement , il faut fe fetvir de ce remede, qui eft aifé & à peu de frais, il n'y faut qu'un peu de
°in, & vous connoifirez à la fin de voftre voyage combien il eft utile.
, I' faut grailler les pieds de devant aux Chevaux qui les auront cairans Si la corne féche&
I datante, & cela en arrivant, quandeeneferoit qu'avec du beurre /ans fel, de l'huile, de
.a graille douce, de l'onguent rolat encore mieux, afin que la fiante de vache leur tombant !ur
es pieds ne les defféchepas: car affurément, contre l'opinion de bien des gens, la fiante de
ache gâte le pied d'un Cheval, elle humecie la folle, mais eue defféche la corne , q-ji ef: de
"ferente nature que la folle; fi vous l'obfervez 3 vous vous en trouverez tres bien. Ceux qui
pour rétablir les pieds de leurs Chevaux font un trou qu'ils empliffent de fiante de vache
fouillée, & les tiennent un mois plus ou moins le pied dans ce trou, font tres mal, car
SUoy "qUe l'humidité continuelle qui eft parmy la fiante faiïe croiftre la corne , elle fe defféche '
tort t't&nt hors delà, qu'elle éclate & calle comme du verre, & enfuite le pied fe ref-
en'e, enfin lafiantede vache eft bonne pour la folle, mais elle altere, brûle & gâte la
ortie en la defféchant trop. Pour rétablir les pieds d'un Cheval, il faut au lieu de fiance de
ache emplir un trou de terre glaife mouillée, & obliger le Cheval d'y tenir les pieds de
evanr pendant environ un mois.
,. Je ne veux pasobmettre un autre remede, qui delaffe & defenfle la jambe > quiladéroi-
j,u & la rend belle : Il fuffit de le pratique, de fois à autre, c'eft à dire de trois ou quatre jours
un : mais pour la charge quand on la pratiqueroit tous les jours en voyage, on ne perd; oit pas
11 temps afiurément.
Cornell.                                                                          Q                             Les
-ocr page 106-
lo<$                        LE PARFAIT MARESCHAL                 herbe$
s*„ p Les bains, dont nous avons parlé à la premiere, avec de la lie de vin, & de bonne
'8c du miei, delafïent & déroidiffent beaucoup les jambes des Chevaux.         ^             . oU
XI' Commeauffi de les frotter en arrivant avec du vinaigre & du fel > oudePeau de vi » ^
mefme du vin chaud où l'on aura mis un peu de vieux oingt, tout cela deiafîe & ^v0\e iet'
jambes des Chevaux : Si elles font enflées ou gorgées, comme il arrive aux jambes ö^,£aU
riere des Chevaux fatiguez qu'ils ont les jambes gorgées en arrivant, il faut les laver - ^
froide» & une heure après les frotter avec du miel» & dans le moment que le miely ^
les frotter avec de l'eau de vie très-bien fans ôter le miel, & continuer tous les jours dei
te, on defenflera& fortifiera les jambes en travaillant.
                                     , •ntoU-
Vous ddaflerez fort voftre Cheval, fi vous luy chargez les jambes avec de la lie de vin
te froiiie : le remede eft bon > & à peu de frais.
Pour defenfler Us jambes d'un Cheval, & le delaflcr avec la cendrie
HAp TT L faut faire bouillir de l'eau dans un chaudron, & prendre des cendres du feu t0'
CHAr. j£ r0UgeS) faites du meilleur bois que vous pourrez avoir, comme du farmene du n°i ,ilS
33» duchefne, duheftre; les cendres de bois blanc ne font point bonnes pour cecy, »oö P;^
que celles de bois ilotté, fi néanmoins vouMi'en avez pas d'autres, il y faut mêler une d
livre de cendres gravelées ou de foude ( on la trouve chez les Efpiciers ou chez les 2
chiffeurs) jettez ces cendres toutes rouges dans de l'eau bouillante, plus vous en jett . f,
tant mieux > &leslaifïerez bouillir jufqu'àce qu'il ne relie que le tiers de l'eau > ôtcZ"e
fus le feu ayant écume les charbons.
                                                                          . 0;s
On ne met la cendre gravelée ou foude, que lors qu'on ne trouve que des cendres de
blanc, ou bois flotté, & non autrement; au contraire elle porterait préjudice.
          , .er.
De cette eau plus que tiède, frottez bien fort avec la maitfles jambes de devant & de ^.
riere & les jarrets j puis chargez-luy le tout avecles cendres ; &Iesy laifféz jufqu'au 'en
main fans le mener à l'eau, ny le fortir de fa place ; dés la premiere fois que vous ferez c ^
mede » affurément vous vous appercevrez de l'effet, & voltre Cheval le lendemain *uray
jambes plus fouples, & plus belles que vous ne les avez vu de long-temps, il fera p'uS ^jj
qu'il n'étoit le jour precedent s il faut continuer à en ufer de temps en temps, pour en a
l'entier contentement.
                                                                                             . ^
Voicy encore une merhode tres bonne : prenez deux pintes de vinaigre, rnettez-les.
unpoiflonoupotfurlefeiij d'abord qu'il commence à fumer, jettez parmy quatre P.,' u,
pelléesde cendres toutes rouges qui fbienr de bois neuf, faites les bouillir un demy quarc u n
re, puis ôtez du feu & laiflez refroidir la matière étant tiède > lavez-en les jambes de
vaux devant Sc derriere ; fi vous le faites de quatre jours l'un, ailurément vous conferveraz
Chevaux fains & entiers dans les grandes fatigues des voyages.
                                        at$
Si vous n'avez qu'un Cheval, une pinte de vinaigre fuâit ; ce remede diffipe les num(fellr
par refolution, il empêche leur chute, il maintient les jambes belles & nettes, fansgr0
ny enflure.
                                                                                          »                     e
Au retour d'un voyage ce remede peut eftre pratiqué avec fuccés, s'en fervant de qua» *•
quatre jours» ce bain delaflera le Cheval & luy rétablira les jambes.
                                 je
Quand on a extrêmement couru un Cheval, & qu'on craint qu'il ne devienne foutbu> ^
meilleur eft en le mettant à l'écurie, l'ayant promené, & traittéintérieurement aio» 3
nous avons dit > de prendre deux pintes de vinaigre, & deux livres de Jel » mêler le tont
femble, & à froid en frotter toute la jambe du Cheval devant & derriere, environ demi-*1 ^
-ocr page 107-
SECONDE PARTIE.                                       107
,ej luy fondre dans les pieds de devant l'huile laurier toute bouillante , fur l'huile des cen- Chàp,
res chaudes, & de la filafleavec deséclïffes par deflus la cendre pour arrefter le tout, &
Concentrer la chaleur : que fi vous ne trouvez pas de l'huile laurier, prenez de l'huile de noix, 3 3 *
e l'huile de navette, ou de poiffon, mais celle de laurier eft la meilleure.
Cette mefme recepteed bonne au Cheval laffe, les précédentes font meilleures : ces re-
£des font pour les Chevaux de prix » comme font les Barbes, Turcs, Chevaux d'Efpa-
°ne) les coureurs de confequence, leshaquenées, & Chevaux Anglois: l'onn'auroirgue-
fs d'affaires de prendre ce foin pour les mazettes, & toute la fiente des vaches de Flandres
j yjuSroit pas, encore moins les cendres particulièrement en Beauffè; & files mazettes &
s bidets font ceux qui font les fatigues & les voyages, témoins les Meffageries & les Po-
— , „ w.. pourquoy on ait communément que les grands Cftevaux n'aiment paslc
p?ndchemin , pour faire connoiftre que fi on leur fait faire voyage, ils feront bien-toft
"liez ; car en'effet, ce n'eft pas leur métier , ce font les Gentils-Hommes des Che-
Vaux.
                                     r
n J'ay vu un Cheval de prix qui ayantefté pouffé extraordinairement de Paris à Fontai-
nebleau , on eut en arrivant tous les (oins poffibles de le promener , & de l'effuyer plus
e "^ux heures entières j mais on ne luy mit rien dans les pieds, &onne luy donna aucu-
^s Pilules, eau de vie, vin, mufcades 3 ny lavemeat, il ne s'en fentit pas pour le coup,
n eftnç il fut monté au pas trois jours après feulement une lieuë, au bout de huit jours il fit
rj611* Petites journées au pas, &feportoit très-bien en arrivant, le troifiéme jour après Par-
J^j on le mena à la forge pour le ferrer, & on luy trouva les pieds de devant en quelque
^jj^'ere combles, depuis le bout de la fourchette, & la folle fi haute à l'endroit que 'j'ay
. Mqu'à la pince, qu'on ne luy put ajufter que des fers voûtez, quoy qu'il eut affez bon
P'cd auparavant, ne fe pouvrnt prefque foiitenir , comme un Cheval auquel la forbure
I tou tombée fur les pieds & qui avoir des croiffans. On luy fit barrer les veines dans
jf* Pâturons, comme j'enfeigneray parlant de la ferrure, & on le ferra à pantouffle, qui
*. la methode des fers que j'enfeigneray,- le Cheval dans fix mois fut remis en eftat defer-
ii U n'eut jamais le pied auffi bon qu'auparavant 5 mais on s'en fervoit : fi onavoitap-
rté les précautions que j'ay dit, de luy fondre de l'huile de laurier toute chaude dans les
Pieds, & de luy donner intérieurement quelque chofe, on en auroit efté quitte à meilleur
0rnpte, & cetre humeur qui luy tomba dans le pied, fe feroit diffipée ailleurs.
____
Continuation des préceptes pour conferver les Chevaux en voyage.
A Yant mis voftre Cheval dans l'écurie, &l'ayanr débridé» nous continuerons à pref- CHAP."
crire ce qu'il faut faire enfuite pour le traitter méthodiquement. Si vous voyagez en 2 A.
,v eft^. il faut l'ayant débridé le defleller d'abord, & le frotter très-bien fous la felle *^
dj1:^11 foin ou de la paille: il vaut mieux defleller le Cheval, quoy que ce ne foit qu'une
p* » & que peu de gens le pratiquent, pour n'avoir pas la peine de le reffeller.
lua A'eft en hyver *' ne
         pas le defleller fi toit, mais feulement lors qu'il eft fec, &
J*i il a bien mangé, & le frotter de mefme fous la felle.
Paii anc* vot!savez"ôté la felle à voftre Cheval, il faut la mettre au Soleil, afin que les
g, "eaux fe fechent, puis les battre avec une gaule, pour empêcher qu'ils ne durciQent,
0e bleffent je cheval. Ceux qui fc fervent de couvertures en double » & qui les
0 ^                                  met-
-ocr page 108-
IûS                            LE PARFAIT MARESCHAL
tent fous la felle, ne courrent pas ces rifques, & la memode en eft très-bonne.         ^
Si c'etl en hyver qu'on n'a gueres fouvent le Soleil propre, & que volte en^
beaucoup fué, ia felle étant mouillée au deffous il la faut fécher au feu, plutoil que de
ire le lendemain toute mouillée.
                      _ . "             .                           ,. p0Ur
l'oibliois à dire que voftre Cheval étant deffelle, il le faut manier par tout fous la iene, r ^
voir s'il n'eft point foulé ou bielle : s'il l'eft , il faut y donner remede , à la felle & au .mai, .,
felle en ôtant de la bourre à l'endroit qu'elle le bleffe ou foule, ou bien en la chambra» , ^
faut élire mauvais iellier pour ne le fçavok pas faire, & dans tous les Villages ils le fçavei >
au mal, en le traitant comme ila efté dit.
                                  .„ . , j „irsoùi'
Ouand le Cheval aura efté une heure ou deux deflellé, on connoiflra mieux les endi ou <
auraefté foulé; car étant refroidi la partie foulée s'enflera, au heu que dans le temps 4
feela felle» la chaleur avoir empêché d'enfler.
                                              , < ,4„lafelle'
Que fi voftre Cheval eft enflé fans eftre entamé, feulement pour avo;r elle foule de ia < e
il eft bon d'y remédier le plutoil que vous pourrez ; car pour negliger l'enflure, il s y 1
toe dureté qu'on appelle un cors, lequel tombe avec le temps, & il relie une grande pa^
ce qu'on peut éviter par le remede fuivant ; & ne jugeant pas à propos de renvoyer au *
des maladies pour fi peu de chofe, vous ferez le reftrainaif fuivant.
meftrainBifpaur reflerrer une enflure*
Prenez trois, quatre, cinq, oufix blancs d'oeufs, félon la grandeur de l'enflure, ^
tez les blancs d'oeufs dans un plat, &lei battez avec un gros morceau d'alun, juiqut
que le tout foit reduit en greffe écume , ce qui fc fera dans un uerru-quart-d heure , en» #
toujours, prenez cette grolle écume qui eft fort epaifle & en frottez 1 enflure bien-fort'
en mettez deffus le plus que vous pourrez frottant & refrottant pour faire entrer ',ec %ay
laiffez le de la forte jufqu'au lendemain , & infailliblement l'enflure fera reflerreç, ì s
énrouvé ce remede mille fois : il y a plufieurs autres moyens, mais celuy-cy eft le F -
prompt & le plus facile, fi néanmoins vous en fouhauez d'autres, ayez recours au «-' r-r
tre des Playes. Vous pouvez avoir continuellement un morceau d'alun avec vous,
fert toujours > le remede eli facile & tres-bon.
Autre four h mefme.
Frottez fort l'endroit enflé avec bonne eau de vie, encore meilleur avec de l'eipr'| $
vin- quand vous l'aurez bien frotté mettez le feu avec un papier allumé à l'eau de vie <]1 fS
reliée fur le poil, elle flambera aufïï long-temps qu'il y aura une goutte d'eau de vie, °
que le feu difparoillra, l'enflure difparoiftraauffi.
                                                      , Yey
Ou bien ayant frotté extrêmement la grofleur avec de l'eau de vie, frottez d anoo ^
droit avec du fa von noir pour faire venir en écume, qu'il fautlaiffer fecherfur lapar[ ^
fiée ce qui diffipera apurement l'enflure, s'il n'y a point de matière; ce dernier reme
parfaitement bon pour les Chevaux de caroffe que lesharnois ont foulé ; fi oa ne trouver
de favori noir, prenez du favon ordinaire.
                                                         „„ASCK
La plufpart des Chevaux voysgeans deviennenr maigres, particulièrement.lesgrana fi
vaux qu'on conduit avec des équipages, comme ils ne font qu'une traitte, ils font or
long-temps, qu'ils amai g vile ne, ,. la felle qui porioit fort également par tout quan»
commencé le voyage, le trou,vf trop large à caule de cette maigreur.
                                       Cê
Et le Cheval peut amaigrB euforçe que la felle portera fur legarrotoufurle roigno > eS
quicauferoit de facheut accidens. Il faut donc quand vous apercevrez que les P ^
-ocr page 109-
SECONDE PARTIE.                                     Io?
des arçons ne touchent point contre le corps du Cheval, & que la felle femWe trop large, C H \ P.
faire rembourrer les pointes, furlalonge, & aux mamelles avec de la bourre de cerf, oudu
crin s'il eft befoin -, quelquefo'sil eft mefme fort neceffaire de faire feutrer les bouts des arçons >i"
au cas que la maigreur fuit tres grande, 8? que le Cheval fuft fort diminué de corps.
Lors que vou<= avez donne l'avoine au Cheval, il eft bon de le laifler feul afin qu il mange
moins avidemmcnt & fans inquiétude; un Cheval vigoureux quand on eft derriere luy pen-
dant qu'il mange ; ne man que pas de regarder l'Homme de temps a autre, & ainfi il perdra
beaucoup de (on avoine qui tombera à terre ; pour l'éviter, il faut le laifler feul pourvu
que vous fovez en un lieu où l'on ne dérobe point fon avoine, ce qui arrive fouvent dans cer-
taines maifons, oùquoyque les Maiftresfoient gens de bien,, les valets fe dérobent 1 avoine
les uns aux autres, & en fonr galanterie enfuite, & s'en raillent.
           , , ,          ... .
On doit prendre garde avant que de fe retirer que le Cheval (oit attache enfortequ il fe <
puiffe coucher à fon aifc, & que fa longe ne (oit attachée ny trop longue, ny trop courte.
Si voftre Cheval a beaucoup fué le long de la journée, & qu'il fou bienfec, après avoir
mangé fon avoine, il eft tres-à-propos de le faire étriller un quart d'heure, afin de luy déta-
cher le poil que la fueur a collé l'un avec l'autre : ce qui luy rend le corps roide & l'empêche
de bien re pôle r outre qu'il bouche 'Si conftipe les po-es ; & durant la nuit les vapeurs & fu-
mées qu'on appelle excremens de latroifiéme codion, qui devraient s'évaporer, (ont
retenu's dan-fon corps, au grand préjudice de fafanté; car les Chevaux produifent beaucoup
de ces vapeurs qui doivent tranfpirer & s'évacuer infenfiblement au travers des pores, fur
tout la nuit, ce qui eft tres évident par la quantité de crafle qui fe trouve fur le cuir du Che-
Val , & qu'où luy ôte tous les jours avec l'étrille ; que fi vous empêchez cette tranfpirarior»
qui fe fait la nuit, vous luy nuifez, fur tout quand il a beaucoup travaillé, & Fatigué le long
de la journée, le coucluray donc que le Cheval qui a fué &qui eftfec, vaudra beaucoup,
mieux d'eftre'étrillé un quarc-d'heureou demi heure le foir, ous'il n'eftpasfec, luy bien
frotter le corps avec la paille autant de temps. _
                        .                     .
Te mettray icy une remarque pour les Curieux , &ceux qui veulent eftre înltruits des.
moindres panicuìaritez de ce qui concerne les Chevaux, ceUVcy leurfervira quand ils font
malades ouqu'iis font maigres, & qu'on les veut rétablir; elle peut auffibeaucoup fervir
dans un grand voyage., afin de couper chemin à toutes lesincommoditezqui pourraient etrï-
Pêcher voftre Cheval d'achever gayement fon voyage,
                                        _
Il faut donc prendre garde à la fiente de voftre Cheval, pourj.igerde fon interieur, afin:
de prevenir les maux qui luy peuvent arriver ; s'il fiente trop clair, ce peut eftre une marque
que l'eau qu'il a bù, eft trop froide, ou qu'il l'a bû trop avidemment: s'il y a parraf ia fiente-
des grains d'avoine tous entiers, peut eftre le Cheval ne la mâche pas, ou qu'il y a de la fot-
bkffe d'eifomac- fila fiente eft noire, & (écheou fort menue, il eft fort échauffe dans le
c°rps. Selon ce que vous aurez jugé par ces remarques, vous employerez ce que vous
croirez eftre neceffaire, qui vous eitenfeigné en beaucoup d'endroits de ce Livre : les An-
ciens en ufoient de la forte , car j'ay lu dans un fort vieil Auteur, Galenus ;■ Venen, iff Pra-
fini, ftudiofi fùeSatoret equorum , Jlercora, que inteJUigmt quemadmodum altmenu conce
xerint odorantur; tmnuamexetomnem eorumbonamhabttudinem cêgntturi.
farce mot,
oiorantur, il veut dire, comme je croy , qu'ils regardoient attentivement & foigneu.ement,
*non qu'ilsfentoient la fiente; car s'ils la flairaient c'éftoit de vilaines gens, quoy que en-
jeux
Lorsque les Chevaux font attachez au râtelier, avant que de les débrider, quand on eft
arrivé àl'Hoielleiie, il leur faut faire lever les quatre pieds, & voir s il ne manque rien aux
£*, s'il ne portent point fur la folle, & ôter avec un couteau ou autre cho.e la terre
&le gravier qui eft dans le pied, entre le fer & la folle, y mettre de la fiente de yache, quand
-ocr page 110-
ïfn                          LE PARFAIT MARESCHAL                     - uX
L Cheval en vaut la peine, comme j'aydit cy-devant, ou que le Maiftre eft aflcz foig
fusies abreuvez dehors, au retour de la riviere, ^^^^fj^%dé
«arhe eli- leur Ôtera la douleur, & tout l'étonnement du pied que leur POjrro/"7_ dalis le
ÏÏ^ÏÏSn» lesprerres,- fi c'eft au foir la fiente devache (cjoume toute la nu»
,1,1 & elle le luy tiendra doux & bon , & en ote la chaleur,
pied, «*He^^^Ul.lMW^ ^Iwdnu'ik fontdébridezl
c
E
jjuiiAi»- ^j" *•■-' -—y- » con-
' ",";„ rVftnouruuov il faut voir li le ter porte mr iaione, ce qui eft allez difficile a
Sftre fin"fcfiq* «vous les defferrez , regardez lededans da ^jJJ,,
oS: 'endroi où il porte fur la (olle, eft plus poli & luifant, qui'1 n'eft aux ««« enjr
3 faut fai e parer le pied en cet endroit, & r'attacher le fer lui graiffer le pied£V«Je ^
IW rozat ou autre, & luy emplir le dedans du pied ou le creux avec de la poix ^
fondue tout'e chaude;ou du tare"gaudron, ou bray, qui eft la mefme chofe , ■& 1 „c,
I* mur enfemble & on le garde pour s'en fervir.                                                     hien-*0"1
Schmux qui ont le pie'd foible, font ordinairement ceux qui fe couchent bie
Les ^nevaux M
             ^ H à f de la douleu'r du pied. . entends ceux qu . f,
SS basXaoatpeu Mondde pied, c'eft à dire, peud'épaiffeur depuK ta&JJJf,
c£i haut de fi orne environ deux doigts ou moins au deiïus de la pince ougremiteà*?
œuxquiontlepiedtrop petit, ouceuxquio«tdesfeymes, ou les encaftellez, les pie
w & faute d'humeur la corne s'éclatte & fe romp, ainfioneft fouvent en dang&s
ï ^1« ferdes Ch- vaux ; il faut à ceux-là, avant que d'aller à l'eau , leur graiffer les £
if/devant u Sulce auSir de la couronne, avec de l'onguent rozat, oude longue^
If dont noravons donné la deteription dans la premiere Partie, quequesto.«gg^
Eed eu foit altere, il faut auffi graiffer à midy ,. & c'eft à ces Chevaux annuels ^o0 a
coup de foin (puis qu'ils ont la corne fi éclatante) quancf on voyage en pays chaud, qu
^l^^Ctade^mmelefquels étant enflez fous la felle on leslaiffeooacggjg
hi y de oeuraue pédant la nuit le froid nefaffe enfler les parues foulées Qe le 1«?^
SneteSrStlâS : onlew laiffeauffi quelquefois le bait afin depre.ler contreien»^
f '! W^mede au'on a mis deffus ; c'eft une aflez méchante invention, de laifler cou
Z Che o^utbï S la felle, «1 eft bien plus à propos d'emplir un fie de bon cro^
b?en chaud & de le lier fnr l'enflure, non feulement il empêchera d'enfler davantage, «
'iiSS^VSSSSS^i^. nedébâtent jamais leurs *****
d'abord qu'on s'en appercevra, comme nous enfeignerons parlant de la krrure.             Çonf
Le■ aÏÏrTâvani que de feller ua Cheval il faut marner les arçons pou, von s ^
-ocr page 111-
SECONDE PARTIE.'                                    ni
décollez ou rompus, remarquer fi la bande du garrot eft déclouée ou rompue' en deux, fi Cha p.
les grandes bandes font déclouées ou roaipuès, fi la toile des panneaux eft trop roide, ou
s'ils font détachez des arçons: quand on a tant foit peu d'habitude au tout, on le parcourt Ìt"
dans un clein d'œil, après quoy l'on mettra la felle fur le dos du Cheval , ce qu'il faut
faire d'abord qu'il eft étrille long-temps avant l'heure du départ , parce qu'ordinaire-
ment, quand les Chevaux un peu âgez font fêliez , ils fe hâtent davantage de man-
ger.
Avant que de le brider, on peut de mefmevifîter les porte-mords, s'ils font pourris ou
r°mpus. Les Chevaux doivent toujours manger de l'avoine avant que de partir. Celuy qui
'le ventre vuidcn'eftgueres eneftatde faire grande fatigue: car comme ils font d'un tem-
perament chaud & fec, fi la chaleur naturelle ne trouve rien furquoy elle puifie agir, elle s'en
Prend à fa propre fub'tance, ce qui amaigrit bien-toft le Cheval, ou tout au moins l'échauffé
beaucoup intérieurement.
Il y a beaucoup de perfonnes plus curieufes de faire bonne chère que de la faire faire à leurs
Chevaux, & qui pourvu qu'ils ayent le ventre plein, fe mettent fort peu en foin d'autre
chofej ceux là particulièrement, & plurieurs autres indignes de monter fur un Cheval,
'yant lu ou oui lire toutes ces particularitez, ont dit qu'il faudroit n'avoir autre chofe à fai-
J,ej pour obfeiver toutes ces circonltances, & qu'ils aiment mieux uter leurs Chevaux que
Reprendre tantde foin & de peine. Ileftvray qu'il n'eftpas toujours befoind'obierver le
l°ut, mais feulement le plus neceffaire,- fi vous avez un peu d'habitude, vous le ferez fans
Peine, & mefme fans attention. Je confens de bon cœur que ceux qui n'en voudront rien
?'re du tout, fuivent leur inclination , j'écris feulement pour ceux qui lont bien inten-
^onnez, & me foucie peu de ce que les autres feront ou diront fur ce fujet. Voilà ce qu'il faut
°oferver avant & pendant le voyage,- prefentement il ne refte qu'à dire quelque chofe de ce
1Ü il faut faire après le voyage, & lors qu'on eft arrivé.
Ce qu'il faut obfervzr quand on efl arrivi de voyage.
LOrs que vous eftes arrivé de voyage, il faut d'abord ôter les deux clouds du talon de cha- CHAP.
«lue ipied de devant, fic'eft un grand fer il en faut ôter quatre > & deux ou trois jours
0 après l'arrivée, lefaigner du col, luy donner feulement du fon mouillé» pendant dix 35*
11 douze jours, fans avoine, &luy tenir bonne liniere tout le long delà journée. Laraifon
«furquoy on ôte les clouds des talons après un long voyage , eft que les pieds leur enflent, &
,?n ne lâchoit les clouds, le fer les prefleroit & contraindrait trop. Il eft bon de les leur em-
*j 'r avec de la fiente de vache, il y en a qui les font defferrer entièrement & mal, c'eft aufîi .
e mauvaife methode de leur parer les pieds ; car vous y attirez la fluxion.
çiAPrés avoir faigné le Cheval il faut le lendemain luy appliquer une emmielure décrite au
Pied^re k^*1, premiere Partie, & l'étendre & appliquer fur les quatre jambes, dansles
quel' devant, & fur les épaules, ou bien fefervir de la fiente de vache, qui coufte moins
         '
g. autre, ou de la cendrée, ou autre.
tef^yp"5 appliquez Pemmielure, il faut vingt^quatre heures après fon application la rei- '
er, r e lr>eune, & continuer toutes les vingt quatre fans ôter la vieille , jui'qu'à ce que vous
v0ri^ez appliqué trois ou quatre fois, au bout de ce temps préparez un b.un, comme nous l'a-
la c?enle'gné au Chapitre LXV. de la premiere Partie, avec de la lie de vin , & fan? ôter
ejj v:arSe ou emmielure, frottez tous les endroits cha.gez avec ce bain , de vingt-quatre
ngt-quaue heures jufqu'à trois & quatre fois : it voftre Cheval pour fatigué qu'il
puif-
-ocr page 112-
m                            LE PARFAIT MARESCHAL.                             .;
C H A P. Pu'^e eftre^n'eft remis, il faut le laiffer repofer. De luy mefme, il fe remettra, fans davanta-
ge luy faire deremede.
35* Le Che vai delafîé , il luy faut faire parer les pieds, le referrer, & le mener tous bsioi»
à l'eau courante une demi-heure le matin , autant le foir, fi c'eft en efté ; fi c'eft en hyver,
fuffit de l'y laiffer féjoumer le temps qu'il faut pour boire.
S'il n'eft pas beaucoup laffé, comme il ne le fera gueres fi vous en avez eu-fein par les cifi"
mins j il fuîfira de le faîgner, ayant ôté les clouds du talon aux pieds de devant, & receuo1
fon fang dans un vaitTeau, 8c remuer toujours le fang de peur qu'il ne fe fige, enfuite fur l}°\
livres de fang, quieft la quantité qu'on doit tirer, ajoutez une chopine d'excellent efp>'lc?
vin, mêlez le tout enfemble, & chargez à froid les jambes du Cheval, & le< ipauie;s>.'al '
fez le fang deux fois vingt-quatre-heures deflus, après quoy vous luy ferez un bain décrit a
Chapitre LXV. de la premiere Partie, avec lequel vous ôterez le fang qui eftoit enforlD
de charge fur fes épaules & jambes.
Ùiverfer maniâtes four delajfcr un Cheval qui vient de voyage.
Vous délaflerez extrêmement voftre Cheval fi vous luy chargez les jambes enlatnanie
fuivante : prenez une livre de fel commun, mettez-le dans une po;ile de fer, fricaffêz .
jufqu'à ce qu'il foit fec &. ne pétille plus, pour parler en termes j'euffe dit, decrepitezduf? »
& le jettez tout chaud dans un grand mortier & le pilez fort fin, ajoutez deux livres de «il »
mêlez bien le tout enfemble avec le pilon, & en chargez les jambes f quoy qu'il ait enfl^11
il la diruperà, & la refoudra, ôtera la douleur, & l'étonnement des nerfs que levoyag
peut avoir caufé : la methode eft facile &c à peu de frais.
Lesbainsdélaffentmerveilleufement un Cheval, & mefmedefenflentles jambes» "v°
les frottez aufli avec de bonne eau de vie > ou avec de Pefprit de vin.
Si vous mêlez deux parties d'eau de vie, & une partie d'huile de noix, battant bien le t°l
enfemble, & que vous en frottiez les jambes de voftre Cheval, c'elt un excellent remede > )
fuppofe toujours que la faignée precede.
                                                                       v>
Pour délaffer voftre Cheval à peu de frais, Vous pourrez après l'avoir faigné, faire chaun
de la lie de vin, jufqu'à ce que la chaleur l'ay e toute pénétrée, & mêler du miel environ ö
ou deux livres, puis delà farine de froment» 5c peui peu en remuant toujours la lie J"'^.-
ce qu'elle commence sPs'épaiffir l'ôter du feu, & en charger les jambes du Cheval toutes
vingt-quatre heures, fans ôter la vieile, leremede eft tres-excellent &reiilïit toujours. _ .fi
La lie du vin fort épaifïe, mife toute froide eft tres excellente, il en faut charger la ja*.
& réitérer fouvent, ce remede reüffit mieux qu'un plus compofé ; fi on y mêle le tiers
vinaigre avec les deux tiers delie, il defenflera une jambe, & ôtera toute la chaleur &
fluxion qui y feroit furvenuè' par la fatigue du voyage.
                                                    j.
Un remede allez facile pour délaffer un Cheval fans autre charge , niingredienS) 'e. fl
naigre & les cendres chaudes, il refoudra & fondra toutes les humeurs capables de x^üt6
qui incommodoient la jambe & empêchoient fon action. J'ayenfeigné la méthode de tâ
ce remede ci-devant.
                                                                                                  rS
Si vôtre Cheval eft fi fatigué qu'aucune de ces receptes ne le puiffe remettre, ayez reco
au Chapitre LX. premiere Partie où il eft parlé amplement de; jambes ufées, éiài\^°f -t
de les remettre: Si tous les remèdes que vous y aurez fait n'agifîent point, mon avis'e' .
de le laiffer en repos, lanature faitfouvent plusque tous lesremedesj ayez toujours
de luy faire bien frotter les jambes avec un bouchon, &bien penfer lerefte du corps ; Ç
eftre que les remèdes qui n'ont pas fait leur effet dans le tems de leur application le feront *•»*
la fuite, Se que le repos achèvera l'ouvrage.
                                                                ^
-ocr page 113-
SECONDE PARTIE.                               „3
Du moins vous pouvez pratiquer tous les remèdes precedens , avec alTurance qu'ilsCit A P.
ne peuvent altérer la jambe, quand il n'en recevroit aucunfoulagcment, cequieftiin- 3f.
Politele.
. H y a des remèdes qui ramoliiTent (î fort le nerf de la jambe à force de l'humecter, qu'ils
je font long-temps broncher, & quoy qu'ils ayentôté la douleur, pour avoir trop amolly
ie fierf, ils font broncher & fléchir la jambe, eniüite il faut plus de.temps pour rétablir
'es nerfs qu'il n'en auroit fallu pour les délaffer & les remettre abfolument, fionavoit
emPloyé des remèdes méthodiques, comme ceux que j'ay propoie.
De la Ferrure des Chevaux.
Ç\N doit élire perfuadé qu'un Efcuyer ou un Gentil-Homme ou autre perfonne qui a de CHAP.
beaux & de bons Chevaux, ne doit pas ignorer l'ordre & Ia methode qu'il faut tenir 36.
Pour ks bien ferrer, afin que s'il ne peut pas avoir commodément un bon Marefchai, il
PUill'e tout au moins ordonner de quelle maniere ils doivent eftre ferrez pour le bien eftre;
Je crois qu'il faut diftinguer deux methodes de ferrer, la premiere & la plus confiderà' .
le efi de terrer pour le profit du pied, & félon là nature & fa forme, luy ajurter des fers-
qui ie rendei meilleur qu'il n'eft, & s'il eft bon qui le maintiennent &Pempefchent de
e ruiner, la feconde eli celle qui déguifelepied&qui le fait paroiftre bon, quoy qu'il ■
j|e *c foit pas, & cette dernière eli la plus recherchée par les Marchands de Chevaux ;
3rquoy que cette dernière ferrure ruine abfolument les pieds- par le temps, ceux qui ne
herchent qu'à les vendre, ne s'en embaiaflent pas, pourveu qu'ils paroiffent bons c'eft
'Y Pour eux.
Je vous enfeigneray la premiere methode, c'eft à dire celle de faire ferrer un Cheval
ur le profit du'pied feulement, &quoy que beaucoup de uens courent & s'empreiîênt
j;°uF les faire ferrer de la feconde maniere; c'eft à dire pour déguifer le pied & le faire pa-
çj jre bon quoy qu'il ne le foit pas, par cette forte de ferrure enfin, ils ruineront les pieds
t? 'eurs Chevaux & c'eft ce que je n'entreprends pas de montrer. Pour s'empêcher de
jtnber dans cet abus, il ne faut pas negliger d'apprendre la bonne maniere de ferrer pour
ç.Pfofit de l'utilité d'un pied. On aveu de noftre temps des Roysfçavoir forger un fer de
fe a'j il eft peu de perfonnes de qualité qui ne fçachent brocher des clouds, pour s'en.
^ ^rdanslaneceflìtéì c'eft une maxime, qu'on ne peut enieigner cequ'onnefçaitpas,
av Ur cela j'ay eflàyé àfçavoir un peu forger un fer, & luy bien donner la forme qu'il doit
j0- ''î.^&fouvent que les Marefchaux ne l'ont pas forgé ny donné la tournure que je vou-
ie d' J'^y pris la tenaille & le ferreticr en maiw, &jeluyay donné le tour ou la forme que
Q, e«rois : il n'y a pas à prefent un valet d'étàblequineveiiilleordonnerfurlaferruredu
en'^a' ' dont il tient le pied; tous les Cochers en font des leçons à leurs Maiftres, &
parllIte au SarÇ°ri Marefchai, & toutes ces leçons font fort à contre-temps le plus fouvent,
ifo Ml_3ls font rainer, afioihlir & gâter les pieds des Chevaux. Pouf n en courir par le
luir ' ÏZY établydes maximes les plus utiles & les plus intelligibiles qu'il m'a eftépoffible
r
^ fervi,
v Cette
^_ X de prix abfolument inutiles, & on eft reduit prefque toujours àia diferetion d'un gar-
fa;
^es-bien, lors qu'il ruine peut-eftre les pieds de voftreCheval
Storne la ferrure eft un meftier qui f érable n'eftre qu'une pure pratique, ou plûtoft Bne
Tww. II.
                                               P                                             certaine
-ocr page 114-
114                  LE PARFAIT M.ARESCHAL,
Ch a p. certaine routine, que les garçons Marefchaux aprenuent chez, leurs Majores, (P*P*%L
,n
26. pas les véritables maximes qu'il faut obferver pour bien ménager uu pied, ili nepeuVX'
pas les enieigner, & quand ils tombent chez des Maiiires habilles qui veulent leur»1.
trer à terrer pour le profit du pied, ils allèguent pour raifon qu'ils out cité dans telle V-v ^
Boutique la plus employée qui lbit à Paris, & qu'on ny ferre pas de la forte; &,^*^!~L
itement pour leur 'routine elt fi grand, que fouventilsferendent incapables d'cibc 1 «
dans le bon chemin. Pour moy je me fuis attaché à la recherche des moyens dç.biefl «&1 ^
par la neceffité que j'en ay eu, pour maintenir de médians pieds en cftatdeierv>r>
pour n'avoir pas le déplailir de voir des Chevaux vigoureux & gentils, demeurer ulU\.et
tante d'avoir elle bien terrez dans les commencemens, & on ne pouvoit plaslesie
fans boitter à la fin.
                                                                 ..-                              ^
Je parleray non feulement-des Chevaux de felle, mais auffi des Chevaux de caro .»
qui requièrent un grand foin: car de bon pieds ou tout au moins de paiïàbles & en ella
Bien fetyir qu'Us «voient en arrivant des Pays-bas, fi le Marcfchai ne l'entend , ";iUScS
mois ou un an, ils auront les pieds combles, les talons terrez ou fi plats & dui"11'1^
qu'ils ne pourront fervir qu'avec difficulté; parce que dans le temps que les ^l'[V;cii-
muëiit de pieci, fi la ferrure ne leur donne une bonne forme, afleurémeut le pied à&
drahorsd'eilatdefervice.
                                                                                 a,fec$i
Je vois tous les jours auffi par la raefme ignorance, des pieds encaftelez, altérez « ^
des jambes arquées, des Chevaux rampins, & cent autres acddens, qui arrivent
Chevaux par le deffaut de ferrure, & pour ne fçavoir pas ferrer pour le profit du pied.
il y a quatre maxi mes ou règles principales qu'il faut neceffairement fçavoir; pour
faire ferrer toutes fortes de pieds.
La premiere comprend ce précepte general; piucedevaut, & talon derriere.            c
Pince devant, c'eft à dire, que quoy que la pince des pieds de devant foit bonne & *° '
capable de fupporter les doux qu'on y veut brocher, le talon a moins d'épaiifeur de -^
ne, ainii on n'y doit point brocher, fur peine d'encloüer un Cheval, & rencontrer
bord le vif; vous devez donc entendre quand on dit pince devant, qu'on peut hardim^
brocher les doux à la pince des pieds de devant ; car il y a beaucoup de corne à prenait
non au talon.
                                                                                             ? r ^
Talon derriere, que le Cheval aies talons des pieds de derriere forts, c'efi: "al*jS j
corne épaifié & capable de fupporter les clous, parce qu'il y a beaucoup decerne; BarL.
la pince de derrière, on rencontre d'abord le vif, puis qu'il y a peu de corne, même les i
rcichaux ne doivent point mettre du tout de doux à la pince des pieds de derriere. ,
11 y a beaucoup de Marefchaux dans les petits lieux qui ont peine à fuivre cette maxim
qui bronchent mal à propos aux pieds de derriere comme à ceux de devant.
                      ü
Brocher un clou, elt mettre un clou au pied d'un Cheval pour tenir le fer: le m3rL0-
dont les Marefchaux coignent les doux dans la corne pour tenir le fer, s'appelle un '
choir ; de fçavoir d'où vient ce mot de brocher, c'eft ce que je ne fçay pas & qu'il imp
peude fçavoir.
                                                                                                      fi
Il faut donc pour la premiere maxime fe reffouvenir que le talon des pieds de deyao fl
foible, & la pince des pieds de derriere de meline, parce qu'il y a peu de corne, «<? *
eftbientoftauvif; de forte qu'en brochant un peu trop haut en ces endroits on fcrr jjt
preife facilement une veine qui entoure le pied, ce qui fait boitter le Cheval, & °?0îié
alors que le Cheval eftencloùé; & fi on n'a le foin de chercher l'endroit blefîé & enc
ia matière s'y forme, & il s'enfuit de fâcheux accidens; il elt de mefme quand on[
chelcvif, qui elt la chair qui entoure le petit pied, entre la folle & le fabot.
                  0J
pn enclouë les Chevaux en deux manières, ou quand on rencontre le vif, onqu fl0
-ocr page 115-
SECONDE PARTII.                             itf
on ferre la veine, & ordinairement il arrive feulement aux talons des pieds de devant, &à Chap.
'a pince de ceux de derriere, j'ay donné les remèdes fort au long au Chapitre LXXIX. de 36,
'a premiere Partie.
La feconde maxime eft, de n'ouvrir jamais les talons aux Chevaux, c'cft le plus
pand de tous les abus, & qui ruine le plus les pieds: On appelle ouvrir les talons,
lors que le Marefchal en parant le pied coupe le talon prés de la fourchette, & l'em-
Porte jufqu'au haut à un doigt de la couronne, enforte qu'il fepare les quartiers du ta-
:°n, & parce moyen il affame le pied & le fait ferrer; ce qu'ils appellent ouvrir un ta-
•öïï eft proprement le faire ferrer, car la rondeur ou circonférence du pied étant cou-
Pee3 en failànt ce qu'ils appellent ouvrir les talons qui eft les couper abfolument, ils
*je font plus foûtenus de rien, ainfi il mut neceffairement s'il y a quelque foibieffe
pns le pied qu'ils fe ferrent & s'étreffiflent, & fi les Marefchaux étoient foigneux de
'eur réputation & de leur devoir, ils devroient faire un des principaux points de leurs
ùtatuts, de cette maxime.
. La troifiéme maxime eft, d'employer les doux les plus déliez de lame, puis que ce font
es meilleurs; les doux épais-de lame font un grand trou, non feulement en les brochant,
^ais lors qu'on les rive, étant roides ils font éclatter la corne, & l'emportent avec
?Ux> d'où vient que le Cheval mettant le pied entre deux pierres, ou en un endroit où
' raille faire violence pour l'en retirer, le fer fans doute y reliera, avec une partie de la
°nie, à fçavoir, tout ce qui eft au deiïous des clous: Il arrive d'autant plus facilement,
^e tous les trous que les gros doux ont .fait, tant en brochant qu'en rivant, ont déjà
~tfoibly & comme tout coupé en rond le fabot à l'endroit où ils font brochez ; outre que,
Q ne peut que difficilement ferrer un pied foible fans l'encloiier avec ces gros doux, par-
'Cuheremenr s'il y a peu de corne où l'on puiife prendre dequoy brocher. Pour éviter
e'a, les Marefchaux eftampent maigre leur fer, ce qui eft la ruine d'un pied par le temps.
j .Les doux de Limoges & ceux d'Argentines, excellent par delfus les autres, ceux de
^rnoges ne font doux que parce qu'on les fprge avec du charbon de châtaigner, qui a une
.pctuoiué qui adoucit le fer & le rend tel que nous l'éprouvons en nous fervant def-
?ts doux, car le fer dont on fe fert à Limoges n'eft pas meilleur qu'ailleurs: c'eft }e
Carbon qui le rend bon, & de plus ils font bien forgez, car ils font fort déliez de la-
»e: mais parce qu'ils font affez longs, tîceuxqui les brochent n'ont la main afïùrée,
que le pied foit un peu dur, ils les font couder à tout moment. Les Marefchaux igno-
Qs déclament fort contre ces fortes de doux, parce qu'ils ne fçavcnt pas les employer:
p..Up ^i ont le coup de brochoir aflùré & qui les fçavent bien affiler ne les coudent
j etque jamais &les brochent auffi bien que ces gros doux courts, qui ne valent rien
u tout.
fçi, .Sr°s fers pefans, comme font ceux des Chevaux de caroflè & de charrette» ne
^puroient eftre fupportez par des doux déliez comme je les confeille, car il faut de
P Proportion à toat; j'avoue qu'aux grands pieds il faut de grands & gros doux plus
Ce[ts Qu'aux petits, mais toujours les plus déliez en chaque forte font les meilleurs;
rnptC exceP^on nc détruit pas noftre maxime qui eft toujours vraye & plus particuliere-
™ pour les Chevaux de legere taille, & pour les pieds foibles.
ia f a 3uatnéme maxime eft de faire les fers les plus legers qu'on rv~. «„.«», itl yi^ ^
ja^ai^£ du Cheval, parce qu'outre que les fers pefans aux pieds, foulent les nerfs, &
terr?nt 'e Cheval; en faifant voyage il a prcfque toujours les pieds en l'air, car le
jou^S ^1''* demeure pofé en terre n'eft pas confiderable; de forte qu'il luy faut toû-
çjjers foutenir ce poids inutile, ou la pefanteur des fers étant grande, faitbien-toft Ur~
x ics clous sa moindre heurt contre les pierres; de plus, lors que le Cheval forge ,
-ocr page 116-
.uà                   LE PARFAIT' MARESCHAL,                   .
Ch A.P. c'erta dire, qu'avec les pieds de derriere il rencontre ceux de devant, les fers te p
36. dent plûtoft étans pefans; & le Cheval demeurant nuds pieds en campagne, co
rifque de fe perdre avant qu'on aye trouvé un Marefchal pour le referrer: & ceux 4
croyent épargner de faire ferrer peu fouvéht & de gros fers les Chevaux de felle, P
dent plus qu'us ne gagnent ; car les Chevaux fe foulent le nerf, & perdent plus ta .
ment leurs fers, que s'ils étoient légères, outre que les fers qui ne fecaftent pas j
rent toujours allez en pays doux, ou il y a peu de pierres.
Four bien parer let pieds , ajufler les fers Gr brocher les doux.
CHAP. \ TOI LA ce que je croy neceffaire à obferver pour la ferrure en general; v0\0n
37. V maintenant ce qui s'y doit pratiquer quand le Marefchal pare les pieds: Il ae ,eS
point fur peine de gâter les pieds, creufer dans les quartiers avec le bouttoinry couper
talons, ce qu'ils appellent ouvrir les talons. Le boutoir eft l'iuftrument avec lcquel je
pare le pied, fi on fait creufer les quartiers & 0 ou les ouvre, on les aftbiblit, ca &,
-rond du fabot étant coupé & ôté, les talons ne font foûtcnus de rien , & par ^0,,.^
quent fe ferreront, étant ferrez ils feront fort aftbiblis, & viendront bien-toft 'a *£.
caltelure, particulièrement fi le talon eft haut, & tant foit peu altéré, c'eft à dire'
féché, il faut laiffer les talons des pieds de devant forts, ôc tout le pied auffii Pa t
que venant à fe déferrer en campagne, ils fe gâtent les pieds par le chemin, « a fl.
que de trouver occafion de les referrer, fi on avoit affoibly lepiedjufqu'auvif ?. c°0j.
me quelques perfonnes font pour épargner de ferrer fi fouvent les pieds ^.^Lje
lent plus que l'ordinaire, ils feraient tous mangez & ruinez. Que fi l'on connoi" 4 ~
la corne foit douce & liante, on peut inférer de là qu'il ne perdra pas fes fers> a
on luy peut avec feureté parer les pieds raifonnablement.
                                       , ,. e
Le pied étant bien paré, il faut ajufter un fer qui foit demy à l'Angloife, c'eft a ' jüS
qu'il ne foit ny trop couvert, ny trop découvert ; qui ne doit avoir l'éponge gueres j>
* longue que le talon, & feulement accompagner juftement toute la rondeur du picdjulq ^
prés de la fourchette, les éponges ne doivent pas déborder beaucoup en dehors au ta ^
comme les Marefchaux qui veulent pafler pour habiles tâchent de nous perfuader qa^ c
: faut, dilant que cela garnit & foutientle talon, c'eft une imagination mal fondée 4 ^
cette prétendue garniture, & ce foutien, mais fans autre Philofophie, il faut qu ,e
milieu de l'éponge foit pofé juftement fur le milieu du bout du quartier qu'on appc' jj
talon qui touche la fourchette, fuppofé qu'on n'ait point coupé les talons, corn1 ,
ne faut jamais les couper, ce que les Marefchaux appellent ouvrir, ôcquifedcvroito ■ j
mer fermer & non ouvrir, le milieu de l'éponge étant pofé fur l'extrémité du quarti^.
forme le talon & touche prefque lafourchette, il faut que l'éponge ne foit pas plus^lons^,
& le Cheval fera ferré pour efire à fon aife, & pour le profit du pied, car il ne s en ^
lerajamais, &ne fçauroit forger qui eft lors qu'il attrape des pieds de derriere leS ,^
de ceux de devant, la meilleure & la plus fenfible raifon que je puiffe donner, e^4 \s
Cheval n'eft jamais' fi bien à fon aife, que lors qu'il eft fur la litière fans fers- r° . $,
maintenir dans cette aifance, faites luy appliquer des fers qui fuivent le rond de.fon P »e{l
& non pas qui débordent en dehors au talon, pour le garnir comme ils difent, car ce -(
point imiter la nature qui eft noftre guide, & qui eft plus fage que nous, mais c'eft vo
■ ja contre-carrer & la contraindre ; par exemple,
                                                          <etif$
Les Efpagnolsae font-ils pas chauliez plus commodément que nous, parce que ç0v
Vi
-ocr page 117-
-                                 SECONDE PARTIE.                               117
TOvriiers fuivent laforme & la figure de leur;pied, & font faits fur le modelle de leur pied, C H A P.
* les François fontdesfouliersdefquelsil faut que leurs pieds prennent la forme & s'y 57.
accommodent, qu'ils les incommodent ou non, il ne leur importe pourveu qu'ils
*Jj?M à la mode; appliquez cette comparaifon pour les fers des Chevaux, elle {era
aflcz jufie.
Ceux qui font forger à leurs Chevaux des fers avec ces éponges trop longues, outre qu'il
es font laffer & fatiguer, & mefme on leur donne lieu de s'attraper, leur ruinent le
Pied ou les encaftellent, les trop courtes les font marcher mal à leur aife, mais elles ne
lefpnt jamais trop courtes fi elles fuivent tout le rond du pied jufqu'au-bout du talon
Prés de la fourchette ; on appelle l'éponge cette partie du fer qui touche au talon du Che-
Va' 1 quand le fer eft appliqué.
Il faut que le fer ne porte point fur la folle, mais il doit porter de la largeur d'un
«eiriy doigt tout autour du pied juftement fur la corne & également, prenant garde
^,uefi le fer eft bordé par dedans, c'eftàdire s'il eft rebattu à froid fur la bigorne, &que
lonn'aplatifièpas cette bordure, pour tenir le bout du fer tout uny, & qu'il foit pofé
enforteque cette bordure porte fur la corne, il la ruinera fans doute, car comme la bor-
dure eft plus haute que le refte du fer, il n'y aura que cela qui portera & ruinera le pied -, la
c°rne autour du pied n'eft large tout au plus que d'un travers de doigt, & c'eri 1'épaÜfeur -j^
^u a ordinairement le fabot.
, Si le fer appuyoit ailleurs que furia corne, il feroit boitter le Cheval, &il faudroit Je
Serrer d'abord, comme il arrive fou vent quand il porte fur la folie, particulièrement
fl 'a folle eft mince .ou foible: mais fila folle eft forte & épaiffe, quoy que le fer porte
en quelques endroits , le Cheval n'en boittera pas, comme on le pourra remarquer
aux fers à pantouffle décrits cy-aprés, lefquels portent prefque toujours fur la fol leou fur
Ia fourchette, qui étant fortes, les Chevaux n'en boittent que rarement.
Ayant ainfi ajufté le fer, vous y mettrez deux doux , & lailïèrez aller le pied à terre,
pourconnoiftrefilefereftbien affis en la place qu'il doit eftre; puis vous brocherez les
ctopx également, non pas les uns plus haut que les autres, qui eft brocher en mufîque;
j^ais il faut brocher rondement, obfervant néanmoins que les doux des talons foient
°r°che2 affez bas, parce que d'abord on rencontre le vif, & tout au contraire aux pieds de
Prière.
„ Les doux étant brochez avant que de les river, lors qu'on les a coupez avec les triquoi-
.s» c'eftàdire, avec la tenaille, il faut prendre le rogne pied, qui eli un morceau d'a-
^erlong environ d'un demypied tranchant d'un côté & un dos épais d'un ou de deux
eçus-blancs, avec quoy l'on coupe la corne qui paffe au delLdufer, quand il eft bro-
cilé, en frappant avec le brochoir fur le dos du rogne-pied, jufqu'à ce qu'on aye coupé ce
tyi on veut de corne, les doux étant brochez & coupez avant de les river, prenez le rogne-
Pjed, & coupez le peu de corne que le clou a fait éclater au deflems, afin que les rivets
talent unis avec la corne ; Outre la beauté , les doux tiennent mieux, fans que jamais le
pUSvalfe puille couper avec les rivets, ce qui arrive tres-fouvent, fi on n'obferve cette
*aÇon de faire, fur tout au dedans du pied, particulièrement fi les doux font gros & épais
*je lame, les rivets étant trop élevez fur la corne font toujours couper un Cheval; & il eft
de grande confequence de bien river les doux, pour les raifons que nous avons dit.
A mefure que le fer s'ufe, les doux s'enfoncent dans le fer, ainfi les rivets font plus
§rands, fi on n'a le foin de les couper, ils eftropieront un Cheval; ainfi il faut beaucoup
Prendre garde aux Chevaux vieux ferrez, qu'ils ne fe coupent avec ces grands rivets.
Il y a des perfonnes qui obfervent de ferrer en nouvelle Lune, ce qui' eft bon quand ils
°ttt la coras douce, liante & bonne., & qu'il n'y a autre chofe à d'fireï finon que la cor-
P x                                                   ne
-ocr page 118-
uS                   LE PARFAIT MARESCHAL,            ., ftJt
Chap. necroiiïè: car de ferrer après le trois ou quatrième jour de la nouvelle Lune, eJ'e
37, croiitrelepied ; il cil vray auffi qu'il n'en a pas tant de fermeté. Ceux qui ont le P!„ , ,^
&bon, le doivent ferrer au plein de la Lune, la corne le tient unie, luifante & be l r.
mais elle ne la fait gueres croiitre : aux bons pieds je n'obferve gueres la Lune, q«*B d
en ont befoin je les fais ferrer, parce que la neceflitc de ferrer eit uu dcfïùs de l'obiervati .
de la Lune, un Cheval étant pied nud, il le faut toujours referrer, mais fi la Lune
bonne, on peut parer le pied & non autrement.
                                                          t
Pour les pieds cadans, & qui s'éclatent aifément, il faut les ferrer autant qu'on le pc '
depuis le plein de la Lune jufqu'à la an , mefme au dernier quartier, la pratique vou
en fera voir le bon effet, étant vray que les pieds ne eroifiànt que tres-peu, terreï
■vieille Lune, mais ils lé raffèrmiffent, & ne font pas fujets à le cafïer. Cefi à quo)' P^
de gens s'atiachent, croyant que c'eft allez pourveu qu'ils fanent ferrer leurs Chevaux
nouvelle Lune ; s'ils font cafiàns, il ne les faut jamais parer en nouvelle Lune, BJ*
toujourspaffé le plein, c'eftàdire, au décours: Qui s'attachera à cette remarque, a"
rément il rétablira les pieds, & quoy que caflans, la corne deviendra douce, à quo)'vo
aidera beaucoup la compoiitioniuivante.
                                                                    v
Prenez miel commun, grailfe blanche, & tare, autant de l'un que de l'autre, m| 1-
^ froid, & vous en fervez, pour graiffer les pieds caffans de deux jours l'un, il tiendra
pied humec~té& l'adoucira; li néanmoins il ne fait pas l'effet que vous en attendez, a)
recours aux onguents de pied, décrits au Chapitre LXXXV. premiere partie.
                ,1
Les Chevaux qui ont les pieds trop durs, aufquels on ne peut brocher un clou &BS 9U !
coude, à caufe de leur dureté, il faut les ferrer en nouvelle Lune, fi la corne n'eu P
calfante avec cette dureté, ce qui eft prefque toujours; fi elle eft dure & caflâute, '.
faut les ferrer après le plein de la Lune, & leur humecter la folle par de bonnes renio'a"
des, & la corne par des onguens de pied, ou leur pouffer leur fiente fous les pieds de «e~
vant, & la mouiller & leur tenir les pieds dedans, au long de la journée, & continuer»
cela profitera à quelque nature de corne, plus que laremolade, mais non pas à toutes-
Après avoir parlé en general de laferrure, fans m'eftre attaché à aucun deffaut pa"lCtt'
lier, il faut à prefent particularifer brièvement tous les differens pieds.
Des talons bas, des pieds foibles , 0* autres pieds defeBueux.
CHAP. A UX Chevaux qui ont le ta'onbas, en leur parant le pied, il faut feulement couper
2§. •**- la pince fans toucher en aucune façon au talon, & mefme il eli bon dene P0.111
toucher à la fourchette, à moins qu'elle ne fepourriffe, lors on la pare toute plate, il faut
ôterdelapinceavecle rogne-pied feulement & non avec Ieboutoir.
On fc fert du boutoir feulement pour faire porter le fer, quand on a coupé la pince ave
le rogne-pied de la longueur par exemple d'un doigt ou d'un pouce, fi le pied eft fort long
■en pince, il faut percer le fer maigre en pince crainte d'encloiier, & pofantleferdecette
maniere, on contraindra le trop de nourriture quifejetteà lapince, de fortifier le talon;
& en deux ou trois ferrures le pied prendra une bonne forme, &dans le temps qu'on J*Ç"
ftrrera lapince en la coupant, le talon fe fortifiera. Ces fortes de pieds ne pouffant que'
pince, toute la nourriture du pied fejette-là, & le talon diminue de plus en plus, &"e'
vient tous les jours plus foible, mais fi vous obfervezce que j'ay dit de couper la P'nC5
avec le roigne-pied, ayant feulement blanchi la folle fuperficïellement avec le boutoir, <*
reculer ou plûtoft pofer le fer plus en arrière de l'épaiffeur d'un doigt en pince, & quelque'
-ocr page 119-
SECONDE PARTÌ E.                               119
"i's d'un pouce félon que la pince eft trop longue, & qu'on lacouppe, apurement le pied C H A.
^Prendra toute une autre forme qui lèra beaucoup meilleure, & les talons fe rétabliront. 38.
Que s'il a les talons bas, ians les avoir ferrez, & que la fourchette ibit graffe, aflèzmal
•Cément empêchera-t'on la fourchette de porter à terre, & le Cheval lera en danger de
boitter, fur tout lors qu'il cheminera fur le dur.
^our l'empêcher, je croy au'ij n'y a point d'autre remede que de faire des crampons en
0reilles de lièvre, renverfant les éponges de toute leur largeur, & les mettre en guife de
Campons, ils ne font pas grand dommage au pied, &il lé tient plus ferme fur le pavé, &
Urie terrain griffant, l'on empêche par ce moyen la fourchette gialle de porter à terre ! ce
1 *ô pas que j approuve les crampons de quelque maniere qu'ils loient faits, les gros cram-
P°ns font les plus médians & ceux qui ruinent plus le pied, mais ceux en oreilles de lièvre
tout les moins dangereux, & lì on pouvoit s'enpaffer, on fcroit toujours très-bien.
Vue fi le Cheval qui a les talons bas,
talon quoy qu'il aye la fourchette graffe
les a ferrez prés du fer, c'eft à dire tout au bas da
(ce qui n'eli pas ordinaire) il ne luy faut point de
te S? nS en oreil!e àe ^vcc "Y d'autres, mais il le faut ferrer à.pantouifk l'éponge étroit-
Pan
          éPa'ffe en dedans; c'efi à dire qu'elle aille extrêmement eirtalus, cVpofer les
^ntouffles fur le talon, cnfortequerépaifleurde l'éponge entre dans le dedans du talon
ur le pouffer au dehors quand il viendra à croiftre, retrancher la pince avec le rogne-pied
.i ou beaucoup félon le befoin, & après qu'il fera ferré, luy tenir les pieds dans1" là fiente
a douleur aux
lier &iln'au-
touti| poFtc loug-temps ces fers qu'il y fera habitué, & dans trois ferrures les talons, &
j le Pied auront repris une bonne forme.
■épaifl-S Marchands de Chevaux pour couvrir ce deffàut de talon bas, font groffir & font
jQj l!r 'es éponges pouryfuppléer, mais c'eft une fort bonne invention pour achever de
fans r £alons 1 cllf n'e^ bonne qu'en ce point, que les ignorans acheptent un Cheval
'es f Prendre garde qu'il a le talon bas. Les Maquignons n'ont pas d'autre deffein quand ils
b0 ^ferrer de la forte: il eli allez bon à ceux qui ont le talon un peu bas, de rabattre les
fttal éPon&es avec !e brochoir pour les épaiffir, & quarrer par le deffous, il leur hauf-
lïiais a'on' & les ^era mieux marcher fur le pavé, pour un temps que le fer fera neuf;
che rc^'ane donnera pas une bonne forme au pied. En un mot les talons bas avec la four-
tïiç'ç, 0rt graffe, font des pieds qu'on ne peut rétablir par la ferrure, &jelesjugelesplus
nans de tous les pieds; car on n'y peut apporter aucun remede.
Des pieds plats , £r des pieds combles.
Vv (j , ^0' ont les pfeds plats, s'ils font jeunes, ils s'élargiront toujours & feront en CHAP»
tefperanprde avenir difformes, lIs doivent eftre ferrez de la methode fuivante pour leur 29
Ont ]e; . P'?dinfen'iblement, fi le Cheval en vaut la peine. Avant toutes chofes s'ils
k°Hne ^ s/ortP'*tsi ü leur faut barrer les veines dans les pâturons. Cette opération eli
ble ' ^ais elle n'eii pas abfolument neceffaireàmoinsque le Cheval n'aye le pied com-
té^ Cnpe^Pas que fi on la veut faire aux Pieds plats, elle ne contribué' beaucoup à les
^boòi s°"rI,a*aiie5 il faut fçavoirquedansle paturon, il y a deux veines, au deffous
chenï -ta
          l'une au dedans, l'autre au dehors, qu'il faut arrelter, afin de coupée
Qlef,'na ]a nourriture fuperflué', qui va au deffous du pied, & qui fait pouflèr la folle &
e le petit pied, ce qui par le temps le fait devenu- comble, les veines arreftées en
quatre
-ocr page 120-
120                 LE PARFAIT MARESCHAL _           és
Ch AP. quatre endroits, èclesplayes commençant à fe coniblider, qui fera fept ou huit jours ap
39. qu'on a barré la veine, il faut faire ce qui fuit.
                                                      r ür)
Pour bien barrer les veines des pâturons, il les faut feulement lier par le haut, avec
fil fort délié, afin de moins retarder la guerifon, un peu de foye fait très-bien à ce^a, P
couper la veine au défions & la laifter faigner ; lì ellefaigne trop long-temps, onpeut
l'ouverture avec une bande large, & une compreiTe.
                                                 ue
Si vous avez fait barrer la veine, vous viendrez plûtoft à bout de rétablir le pied plat q
fi vous ne le faites pas: ce n'eft pas que la methode fuivante ne foit très-bonne, quoy 1
vous n'ayez pas fait barrer la veine.
                                                                           1f-
ll faut faire forger, félon la figure fuivante, des fers, A. C. D. F. fort droits aux qu^
tiers, & qui n'aillent point en rond ; ne fuivant point la forme des quartiers du pied, 1 ^
qu'ilsayent les branches toutes droites, depuis la pince A-D-jufqu'à l'éponge C«r* ^e
les ràire percer fort maigre G. H. I.L. c'eft à dire, percer prés du bord du fer: HÌ?Uf de
plus que ces fers foient pofez enforte qu'on roigneavec le roigne-pied, de l'é>ameur
deux écus blancs, la pince A-D.& étant tous droits de branche, fans doute qu'il y a ^
beaucoup de corne à roigner aux mammel les avec le rogne-pied, en cette efpace A- o-
& D.E.F. retranchée de la forme ordinaire du fer.
—.......—»■»..
Ayant donc un fer forge de cette maniere toutplatavec les branches à peu prés dr01,inlI
fai
tes peu parer le pied, & ajuftez le fer defiùs quoy qu'il porte un peu fur la folle ; ilJ1 !
porte, car abfolumcnt il ne le faut point vouter,& ferrez avec des doux fort déliez de 'alT1ret'
prenant peu de corne crainte de ferrer la veine ou de toucher au vif, étant ferré avec }c ^
que je viens d'ordonner, mettez un reftrainciif dans le pied fait avec fuye de chern'"^
& therebentine cuits enièmble à très-petit feu, & remuant fans ceiTèjufqu'à ce que le £
foit lié, & appliqué chaud, de la filaiTe par deiïùs. .Et comme à des fers qui ne i& ^
point voûtez, ou ne pourra, y appliquer des édifies pour tenir le reftrainciif parce Q^f $
fer touchera prefque la folie, il faut mettre de la fiiafie fur le reftrainélif, & un bau
pour tenir le tout fous le pied ; ce reftrainciif aidera à reflerrer le deilous du pied , « c .• .
-ocr page 121-
SECONDE PARTIE.                               izi
Çnouëra extrêmement avec ce qu'on a barré les veines dans les pâturons, à couper chemin C H A p.
d toute la nourriture fuperfiuë qui v.enoit à la folie, &aupetit pied: Mettez l'ur la couron- 39
j?e une maniere d'emplâtre fait avec de l'onguent de pied fur delà filafle, appliquez ie tout '
lUr la corne & fur la couronne pour faire croiitre le pied, & renouveliez d'onguent fur le
|jeux tous les quatres jours, ce qui fait un bien meilleur effet que de Amplement grailler
- 5 P'ed tous les jours, puifque l'onguent féjournant fur la corne a plus de temps d'humecter
** de taire croître que de fimplement l'en frotter.
Il ne faut point travailler le Cheval de cinq ou fix jours pour luy laiffer accoutumer fes
e's, qui preffent le pied dans le commencement : lì après il faignok encore, il faut le laif-
ler encore quelques jours fe raffermir tout à fait: s'il boitte trop, il peut élire encloiié, à
Suoy il faut donner remede comme nous a.onsenicignéà la premiere Partie; il faut con-
tinuerà le ferrer de cette maniere toutes les nouvelles Lunes, reftreliillant toujours le fer,
j?°n pas beaucoup par les quarriers, mais particulièrement par la pince A. D. qu'il faut réf-
érer & retrancher par toutes fortes de moyens, comme vous voyez marqué au dedans du
~r Par la ligne circulaire A-D. marquée avec des points; dans trois ou quatre ferrures vo-
ltrc Cheval aura changé la forme de fon pied qui étoit déplaif ante, en une allez bonne : c'eft
uJ?e maxime affûtée qu'il faut pratiquer cette ferrure toujours le trois ou quatre de la Lune,
*uti de faire croître la corne, qui elt ce que nous cherchons.
Silespiedsquipouilènttropvers.lafolle, fe refferent les talons par embas vers le fer, il
"e faut pas leur retrefïir les mammelles, comme j'ay enfeignécy-devant; mais il faut les
ei'ter à pantouffie pour élargir les talons, ce qui fera qu'outre que le talon s'ouvrira, la folle
~lc Portiera point ìì fort en î>as, & le pied prendra une meilleure forme : il faut quand on
Crre à pantouffie, que le fer accompagne la rondeur du pied, & que les branches ne foient
Par droites, & laiffer la folle la plus forte fans en rien ôter, autrement le Cheval boitteroit:
'''fi il ne faut pas prefque ô.er de la folle aux talons ny ailleurs en le ferrant, & feulement
! 'Cr la croûte, ou celle qui fe crevé & fe leve comme des écailles, & toujours racourcir
a Pincé en la coupant avec le rogne-pied, peu ou beaucoup , félon que vous verrez: fai-
lle fer tout plat fans le voûter, quoy qu'il porte un peu fur la folle il n'importe; car il
^it la contraindre à fe refferrer : mettre les pieds de devant étant ferrez, dans fa fiente
oui liée tout le jour, ne les point faire travailler de huit ou dix jours, jufques à ce que les
*.'Çds foient habituez à cette ferrure, enfuite on les promené peu à peu fur la terre pour leur
'reraffermir les pieds.
c?
          un Pourquoy le pied reprend fa forme étant contraint & ferré de la forte, vient de
. 'lue les Chevaux qui ont le pied plat ou comble, ont trop de nourriture au deffous da
c .di &particulierementàlapince, & trop peu au haut, lesveines des pâturons fournif-
Ca'eUt Cett^ nourriture fuperfiuë, ce qui paroît évidamment lors qu'on deffole un Cheval ;
Pai^°Ur arreu~er 'e fang 9U' coule du dedans du pied en trop grande abondance, on lie le
(j.11100 avec une corde, c'eft à dire, onpreffeles deux veines que j'ay ordonné cy-devant
de 5r' & cette comprefïion arreffe d'abord le fang ; qui étant arrefté, & n'ayant plus
te ^a*^ge Pour aller au dcfìòus d a pied qu'il nourrifibit & humectoit trop, il faut fans dou-
o 4uelafol!eiereflèrre&fedefféche; àquoy contribuera auffi le fer à pantouffie, lequel
la]Vlailt 'e talon par le bas contraindra la nourriture fuperfiuë qui fe jettoit fous la folle & à
l'o » Ce ' ^e s'arre^er en naut Pour nourrir le talon qui eftoit defféché ; & par le moyen de
in. !SUentdepied, on l'humecte, & on y retient la nourriture, quieftee que nous avons
Cw 'ltn ^e e ' * cn meffne-temps le talon s'élargit, & la pince & la folle fe refferrent:
cf0 îc methode ed .bonne encore pour les pieds qui muent aux Chevaux de Hollande, elle
ille}ne une bonne forme au pied, mais fi elleeft déjà mauvaife, il y fout proceder autre-
Tomc U,                                                     Q                                                S'il
-ocr page 122-
122                   LE PARFAIT MARESCHAL,                   s
hap. S'il a le pied comble ayant la folle plus haute que la corne, ce qui arrive plus au '
^o, qu'aux autres; cnforte qu'à quelques-uns, le pied croît ii difforme qu'il reifemble a
écaille d'huitre, & il eft renverfé, cela fait qu'on ne le içauroit ferrer qu'en voûtant le!>.. s
pour le faire marcher mal à fon ailé : enfin par fuceelïion de temps le pied croît au del
comme une boule, qui elt proprement ce qu'on appelle pied comble.
                   . • rS
Leplusfeur & le plus court eft de barrerlesveinesdanslespaturonsfept ou huit)
après l'opération faite : Il faut faire forger des fers à pantouffle, les efponges eftro'tcs &
épaiffes en dedans, & le fer tout plat par tout ailleurs ; car il faut remarquer que Pre ?uX
tousles pieds combles fe ferrent les talons par en bas auprès des talons, & les Marelcn*"
croyant de faire marcher ces fortes des Chevaux à leur aife, leur font des fers voûtez y
portent fur la corne au dehors du talon > & par ce moyen font ferrer le talon par cette ^
traiiue du fer toujours de plus en plus; le petit pied qui elt trop ferré, poulie en bas ver ^
folle & à la pince, ainfi le pied devient comble, le talonfe ferre, la pince s'allonge»
les pieds deviennent difformes & tont hors de fervice. Pour donner ordre à tout cela,
fers à pantouffles étant forgez «percez maigre en pince, comme je l'ay dit, il faut .
per avec le rogne-pied plus ou moins de la pince, puisajufter bien les fers; queletaiu ^
l'éponge entre dans le coin du talon, & étant plat à la pince, qu'il porte fur la corDttre «
mefme fur la folle, il n'importe pas, & brocher avec des doux déliez de lame, ^l^
dans les pieds un reftraindtif avec fuye de cheminée, & therebentine cuits enfemble; ^
l'onguent de pied fur la couronne avec delà lilalTè & une enveloppe fur le tout, luy J* $
raffermir les pieds, «ceffer la douleur que cette nouvelle forte de ferrure luy a caule»
cela pendant une douzaine de jours ou plus, jufqu'àce qu'il ne boitte plus, & le f5ife rg
vaillerpeuàpeu, dans trois ou quatre ferrures; fi le Cheval n'eft pas vieil il a'}ra/fVnr
ïine bonne forme de pied : Ce n'eft pas par fpeculation ce que j'en dis, ceia eft fonde
ïine infinité d'expériences.
                                                                                    - e
C'eft un grand abus de voûter les fers quand on peut s'en palier (& on s'en peut Pre^u,
toujours palier) parce que le pied étant cloué au fer, il croît & en prend la forme; la0i
re trouvant ce chemin ouvert par la difpofition qu'elle a de fournir une nourriture fuper*'
àcedeffous de folle, pouffe toujours, '& eftaidéeparce fer voûté adonner cette for ^
ronde au pied: ce qui tend le Cheval inutile pour fervir fur le pavé «furie dur, 0llt
obligé de les envoyer au labourage, qui fans cette incommodité feroient bons & ferviro1
bien au carrofie.
                                                                                                    /.f
Il arrive aufli qu'ayant les fers voûtez en cheminant, il n'appuyé que fur le milieu du *»
car le fer ne peut portet à plat, puis qu'il eft rond, ce qui l'empêche de cheminer avec
reté, & ce qui le fait gliffer continuellement.
                                                             e,
La meilleure methode eft d'y donner ordre dans le commencement, & particuli
Lient dans le temps que les Chevaux muent'de pied, qui eft dans les fix premiers'-rnois 1
font à Paris, ou en France.
                                                                                     X
Suppofé que le Cheval ait encore les pieds en eftat'dc fe pouvoir remettre, il faut les
ferrer au deffous, comme nous avons dit aux pieds plats, ou s'ils ont les talons ferrez» ,g
ferrer à pantouffle, & de la même methode fans voûter le fer, il faut luy parer tort pe
pied & laiffer la folle forte, accourcir la pince & y mettre des fers à pantouffle. Si leta ^
fe ferre prés du fer, 11 faut mettre fous le p ied le reftrainâif quej'ay propofé cy-devant, ^
bien tenir les pieds ferrez de la methode que je viens de dire, dans de la fiente de Cn ^
bien mouillée, afin qu'elle ne s'échauffe pas, & continuer à les y tenir jufqu'à ce 9ulap'
boitte plus, «toujours bien mouiller la fiente; fur laquelle le Cheval aura les pieds- {
pliquez en mefme temps au tour du pieduue emmielureou remolade, mediocren»
chaude, ou de l'onguent de pied comme je l'ay ordonné ; il faut réitérer deux ou iio^
-ocr page 123-
1'anr
S E C O N D E P A R T I E.                             123
• application de cet adftringeant, & de l'emmiellure ou de l'onguent de pied, continuant C h A p,
? Ie ferrer de la forte,- lì le pied eft trop comble après la ferrure, il faut le laillér huit ou dix 20.
J°urs fur la litière.
                                                                                                            3
Si le Cheval n'avoit le pied qu'un peu comble, & qu'il ne fût pas encore abfolument rond
Par deffous, dans deux ou trois ferrures il fera remis; mais plus il fera mal-formé, &
J\Us il faudra de temps pour rétablir cette méchante forme. Il eft à nouer que les pied s
î ats j du moins la plus grande partie, ont les talons ferrez par en bas prés des fers, en
j ,rte que les Maréchaux en voûtant extrêmement les fers, les font porter fur le dehors du
fen \ auiu" 'es font ferrer davantage, & tout au contraire de cette methode, il faut les
ionCr ^ Pantoun^es » parce que faiiant élargir le talon, on contribuera a faire relïêrrer la
Ue & le pjed} par je kas comme j'av dit & ne le puis trop dire,
ba
         *es Chevaux qui ont le pied extraordinairement comble, il faut fans hefiter leur
f rrer les veines dans les pâturons, ce qui fera l'unique moyen de redonner une bonne
f rrrie à ces pieds tout plats, fans cette opération les fuivantes ne produiront pas grand ef-"
Pi ' Car tout le but eft de couper chemin à cette nourriture fuperfiuë qui va au deifous du
| d» & d'obliger la nature à fournir & donner cette nourriture au haut, la feule ferrure
PantoufHe fans retreffir le pied par les cotez fera cet effet fi on coupe la pince avec le ro-
| e Pied, fi vous laiffez toute fa folle fans en rien ôter, afin qu'ayant des fers qui ne foient
t 'nt voûtez, quoy qu'ils portent un peu fur la folle, ils ne feront pas boiter fort long-
Pas k k Cheval avec la ferrure à pantouffle: Après ajuftes-y le fer, pourveu qu'il ne foit
« abfoiUrnent fur la folk, c'eft affez, puis qu'on a laifié la folle forte exprés pour cela,
e ferrer avec des clouds bien déliez. Quand il fera ferré vous luy remplirez les pieds
^,le tare ou l'aftringeant cy-devant, ou le mettre fur la fiente mouillée.
jot1 ^ Sar^er un Cheval long-temps fans en tirer aucun fervice, mais manque dece fe-
0r .r *-* de ce foin, il deviendra inutile, commej'enay veu quantité, faute d'y avoir mis
jgtj1? ^Uand il étoit temps; il en eft quelques-uns qui peuvent encore fervir, mais félon
J befoin on y a apporté plus ou moins de foin,
.{j "res Marefchaux aufquels j'ay fait ferrer quelques Chevaux de cette methode, l'ont tait
%ke KCOmmencernent par pure complaifance, croyant qu'il eftoit permis à chacun de
rer^r lon Cheval, & de luy ruiner les pieds,- mais ayant veu reüffir cette methode de fer-
Ce a Pantoufle, & barrer la veine dans le paturon, ils m'ont avoué que la feule experien-
V0j^ac°nvaincus. Le meilleur eft de prevenir le mal, & d'empêcher les Chevaux d'a-
hUtfi -5 P'e<^ comble dans le commencement,. parce que les Chevaux nourris dans les pays
^lde k ^ mar^cageux 1 & plnfque les autres, ceux qui viennent de Hollande, Frifè,
tej-» 1Tl°Qurg, & autres pays circonvoifins, font fort fùjets à fe ruiner les pieds dans le
Ce afn ^a'^s mue'nt : car outre le naturel de la corne, les Marchands de Chevaux àParis,
quej^urs leur brûlenttout le pied avec quantité de fiante de vache: Pour empêcher donc
]es ace,sPie^s ne deviennent combles, il faut y donner remede, & ce n'eft pas le tout de
t leter avec de bons pieds quand ils arrivent en France, il faut les conferver bons-
qvje j Premiere ferrure des Chevaux de carroffe eft de confequence: il ne leur faut abatre
CeqJ1 c°rne touteplatte, ne point toucher à la folle que feulement pour la blanchir, pat-
Parce°nleilr avoit troP creufé le pied, ferrer jufte, & percer gras, mais brocher bas,
Criand^Ue ^ 0n Perce ma'gre, le clou éclatera la corne qui a efté trop affoiblie par le Mar ■_
doric ' ^ui n'a autre deffein que de faire paroiftre le pied de fon Cheval creux: Il faut'
cl0y Percer gras, afin que les doux ne faffent pas éclater le pied; mais crainte de les en-.
fer r' '1 faut brocher plus bas qu'on ne fait à l'ordinaire, & faire un pinçon au bout du
Pied- ^u.'^ demeure plus long-temps ferré fans s'ébranler, & refte droit au milieu du
5 ne Point du tout couper des irammelies, c'eft à dire des quartiers d'un pied neuf,
Q a                                             ne
-ocr page 124-
124                   LE PARFAIT MARESCHAL,               . ,e
Ch Al', ne point du tout ouvrir les talons, &queleferlùivele rond du pied, & par cette met»0
39. on confer vera les pieds & ils feront toujours bons.
                                                     f
Les Maréchaux qui pentént mettre ces Chevaux à leur aife, enleurélargiiTantlesre1
ou les voûtant un peu, infentiblement leur ruinent les pieds, car ils prennent la tonne
fer, &fe rendent difformes; plus vous élargiiiez un fer, à l'autre ferrure il le faudra e
core élargir davantage. C'eit le chemin de les perdre bien-toll : car dé leur remettre •
pieds en bonne forme, il elt bien plus mal-ailé que de les maintenir dans ce coninK"
ment que la corne mue & le change , quieft alors capable de recevoir la forme qu'on1 ;
voudradonner. Les Chevaux qui ont lé pied grand & ample, quoy qu'il foit haut, 1°
plus fujets à fe perdre les pieds que d'aucune autre forte, li on n'a le foin de les leur roe''e
rer à toutes les ferrures jufqu'à ce qu'ils ayent mué; voilaceq'uejecroyneceiiaire&b0^
de pratiquer pour ces pieds derfettueux : dans le Chapitre fuivaut nous continuerons
parler des rnéchands pieds d'une autre efpece que ceux-cy.
                                             5
Ceux qui ont de l'employ pour des Chevaux à la charrue', & qui font dans despaj^
doux, c'eit à dire où il y a peu de cailloux, doivent acheter feurement de ces Cheva
s'ils font jeunes qui ont les pieds d combles qu'on ne peut plus s'en fervir fur le pavé de 1 ^
ris, particulièrement s'ils portent coup eitant reltablis, carj'enay veu donner pour virj&
ccus; s'ils eulfënt eu des pieds ils auraient valu iix fois davantage. Ils n'ont qu'ara1'
barrer les veines aux paturons, les ferrer comme j'ay dit, leur laitlànt feulement un m"
fe raffermir le pied fans travailler, & guérir des playes qu'on leur a fait à barrer les ve"?eJ
enfuite leur tenant les pieds graillez, 'ils travailleront & gagneront leur dépenfe, & «a
fix mois ou un an, le rétabliront fi bien les pieds qu'ils feront en eitat de fervir à tous-O ^
ges; atïùrément ces Chevaux dans un an auront le pied beau; par cette methode;'' y
p'relèntement à Paris plufieurs Chevaux, aufquels j'ay rétably les pieds par cette fcrrUL
qui fervent très-bien, & travaillent tous les jours au carroffe fur le pavé, & ont les P;e
bons & bien formez de tres-méchans qu'ils avoient, car ils eftoiem faits en écaille d nu
ftre.
Comme il faut ferrer les Chevaux quifons encaflelez. ou qui ont les talons ferrez
/-IL/)»
CHAP. "fcTTOus commencerons ce Chapitre par les pieds cncaftelez, qui eu ledeffautdesO"
40. -L^ vaux de legere taille, comme des Barbes, Turcs, Chevaux d'Efpagne, <* *ta ' '
& d'Angleterre; des Rouflis & Chevaux de pays il y enaauffid'encaflelez, mais plus r
rement.                                                                                                            /rntfi
Nous avons déjà enfeigné qu'un Cheval encafielé elt celuy dont les talons pre»e"
fort le petit-pied, qu'ils font ou'boiter le Cheval, ou du moins l'empêchent de chern"
à fon aife,- pour y remédier l'on deffollc le Cheval & on luy fend la fourchette, deqi ^
H a eüé traité au Chapitre LXXXVIII. Premiere Partie, ou bien par le moyen de .
ferrure l'on le foulage; mais quand l'encaftelure elt grande, fouvent on gagne duternj?
delïoler un Cheval lors qu'on fend la fourchette pour le guérir, les gens ont de lape"1
s'y refoudre dans les commencemens.
                                                              _ ^jg
La caufe de ce mal elt diverfe, les Chevaux qui ont la forme du pied mal faite». s
pied trop long font lujets à s'encafteler : ordinairement ils s'encaitelent pour aV°irfef-
pieds trop arides & trop fecs, deftituez d'humeurs qui maintiennent la corne, ou » .
rure n'eitant pas ordonnée comme il faut, les talons fe ferrent, & le Cheval devient
çaflelé ; après quoy ils ne marchent plus tenne, le talon leur faifant douleur, ils ^ ea?
1*0,
-ocr page 125-
lawm t , - S E C O N D E P A R T I E.                               tij
ie re a P ïu5 quils peuvent, & ne vont que de la pince, le nerf fe racourcit ; &lajambeCH AP.
a-Tini aKluee ou bou£tée » «' on n'y donne ordre ils boiteront bien tot! tout bas : il eu parlé 40.
tanie"*^ de la Suenfon des Pieds encaftelez au Chapitre LXXXVIil. de la premiere
le °Ur empêcher & pour prevenir cette infirmité, il faut eu les ferrant abattre bien
Suoi ï • creuier les 9uart!e''s : & parer la fourchette platte, parce que tout Cheval
enr °a Ver,dra le talon abatu fort bas' non Seulement ne s'éncaftelera point, mais
cerc !! n>aura aucunesbleyrrtes, & le nerf de la jambe fe coniérvera , iuppofé que
*o« un Cheval de manége, qui danfe fur le velours,
con ,outre cette précaution ne point du tout ouvrir les talons avec le boutoir,
ils c mC ÌOni leS Mart'chaux 1ui affoibliflênt les quartiers en poufiant le bourrer tout droit,
Poil°U^Cat tout le bouc dudit Carrier & le coupent jufqu'au bas à un pouce prés da
pied' ? app,eIlent ccla, ouv'ir 'es talons, bien loin de cela ils ogeht toute la force du
g, ? « il faut la laitier toute entière, ce qui fe fera fi on n'ouvre point les talons,
loirpVec 1C boutoir on ne «eufepas, laifïant la folle forte & toute fa rondeur au ta-
ttiond a^ray ^ien des Sens contre m°y d'avoir avancé cette propofition, car tout le
Pelle
         ' aU moins tous les Mare'chaux, qu'il faut ouvrir les talons, ce qu'ils ap-
kien t\°UVnr C(t Juftement ôter ]a forée du talon , l'affoiblir& le mettre en eftat d'être
Oieth J enca?elé' Mais je demanderay à ces Meilleurs fi leurs Chevaux ferrez de leur
toûj Pes'encaftelent point; car j'en vois tous les jours d'encaftelez aufquels on a
taiio rS)t0rt ouvert les talons > & je foutiens que de tous ceux à qui j'ay fait abatre
Mn,,n !ement du taIön' & 1u'on a ferré en fuivaht avec le fer la rondeur du pied
Preuv PréSftde.Ia foui,chette' laiflànt la folle forte, pas un ne s'eft encaftelé. L'é-
Qiais enen c'l.aifée, & fi vous vous en trouvez mal reprenez vöftre vieille methode,
raitbne
            r ^UC vous cont'nüere? cette maniere: Ce que j'avance eli fondé furia
lie 1' Car la porne prend la forme du fer, puis qu'il eft plus folide que ladite cor-
que qUe le fer la contraint de prendre fa forme quand elle croît. Que s'ilyaquel-
toufflPPar?nce que Ie ta!on fc Veûilte ferrer,'le plus feur eft de le ferrer à demy-pan-
Pitre'f ^U' C^ de tourner la branche du fer en dedans comme il eft expliqué au Cha-
corne anj XLI. parce que ce fer luy tiendra ..les quartiers en eftat de s'élargir, la
Parce Cro nt 'e ta,on Couvre & il ne fe peut ferrer, le pied demeure bien formé,
Croîtr^*ae-le fer que vous luy aPPli(îueî deflus fera élargir le talon, ou le pied ne
lon &Pfi in^0U le talon s,éîarg'ra > car il faut que l'éponge du fer fuive le rond du ta-
Comrn M <T-aU b?ut da quartier: Puis donc que le fer donne la forme au faboft,
point flp ao 'ndubita'D,e; le rer ne prenant point de forme que celle qu'il a, n'étant
il s'en' X
         &-la Corne ctant ^^ceptible de forme par fa flexibilité, pourainfidire,
^0" &Ul'i necefia!rement ^116 !e rer étant endemy pantouffic, il ebaffe la corne aude-
l°ut il fC °n le taIon' comme je l'expliqueray. dans le Chapitre fuivant: mais fur.
touffe • j* Prendre garde, quand on ferre de cette methode, c'eft à dire à demy pan-
Qu Ì de IailIér la folle forte.
tant en1"UeS U'" d'^m<î0'i^ne ^ut point du tout couper de la fourchette, parceqù'é-
Veritabl ent,erî elle foûtient les quartiers, & empêche qu'ils ne fe puiifent ferrer;
femÇm ernent "' ne ^mt Pas creufer entre le quartier, & ladite fourchette, mais il faut
la fonreikt cooPer 'e h.aut: ayec le boutoir en le tenant tout plat, ce qui s'appelle parer
la fourCuette P'atte '' !' en arriverait cet inconvénient, on ne coupoit point du tout
gries & -,ite ^u'^'e fe pourriroit & deviendrait fort puante, ce qui engendre les tefir
Qijfe -' jj c °j revient aucun bien de la laiffer fi haute & hors d'œuvre par maniere de
3 Uaut donc conclure que toutes les fois qu'on pare le pied, il faut abattre les
Q. 3                                               talons
-ocr page 126-
126                  LE PARFAIT MARESCHAL,
Ch a p. talons tous plats fàns creufer, & que pour peu que le talon fe ferre il faut tourner 1Ç
40. éponges à demy pantoufle, comme il eft expliqué cy-aprés au Chapitre XLI- a 13
troifiéme figure, & les talons bien loin de fe ferrer s'ouvriront infailliblement. _ ,
Pour les Chevaux qui ont le talon ferré, après que vous aurez fait parer les pi^s
ferrez & laiffé la folle extrêmement forte au talon, il faut avoir des fers à pantourne
comme vous en verrez en la figure fuivante, qui font (à ce que je croy) de l'inven-
tion de Monfieur de la Btoué, l'un des plus habiles Ecuyers que nous ayons eii en
France dans le temps que l'exercice de monter à Cheval s'y eft étably, comme, on je
peut juger par le Livre qu'il nous a 'laiffé de la methode de dreffer les Chevaux, «
par le rapport avantageux que la tradition en a laiffé.
J'ay nommé ce fer à pantoufle, afin de le diftinguer d'avec les autres.
Pour forger un fer à pantoufle ; il faut faire le dedans de l'éponge BAE- CDa"'
plus épais que le dehors IE. LF. enforte que depuis A. G. ou D. H- il y aye deuxou
trois fois plus d'épaiffeur qu'en I. E. ou LF. comme on peut le voir par ia groflëitf
de l'éponge AB. DC ainfi il fe trouve que le fer va en talus depuis G. A. jufqu'à l'
E. & le fer fe trouve plus épais au dedans de l'éponge qu'au dehors, mefme l'épaiffe^
du dedans A. B. eft trois fois plus épaiffe que n'eft E. c'eft le dedans du fer, &cequl
touche au pied que nous voyons icy, prenant, garde néanmoins que ladite épaiflêur
Af3. CD. de l'éponge aille toujours en diminuant jufqu'à G. H. comme on le void en
la figure, & tout le refte du fer I. L. G. H. eft plat comme le dedans des autres î&&
jufqu'à la pince, afin que la pied du Cheval foit à fon aife. La figure du fer que
vous reprefente n'eft que le dedans du fer, & les éponges doivent eftre étroittes afi11
qu'elles portent peu fur le fourchette, & le dehors doit élire .plat & uny comme un
autre fer, & vous aurez une pantoufle pour un Cheval.
Il eft necelïàire appliquant les éponges juftement fur le bout du talon où finie 'c
quartier, que le dit quartier porte au milieu de AE. ou DF. qui eli l'éponge en '
-ocr page 127-
- ■
S E C O N D E P A R T I E.                             127
'Us, fans que pour cela le dedans de l'éponge AG. avec fon épaifïèur doive porter à Ch a t.
Plein fur la folle,. quoy qu'on l'ait laifle forte, ce qu'il faut toujours faire quand on fe 40.
*e.rt de ces fers, car quoy qu'on doive éviter autant qu'on le peut de faire porter les
lers fur la folle, on eft obligé quelquesfois d'y faire porter un peu ccux-cy aux talons,
? mefme le dedans de l'éponge touche prefque toujours la fourchette, c'eft pourquoy
Ji faut le plus qu'on peut lailfer la folle forte fur tout aux talons, grailfez enfuite les
Pieds du Cheval fené de cette maniere, avec l'onguent décrit au Chapitre LXXXV.
de ia premiere Partie, & tenez les pieds de devant dans leur fiente mouillée. Si vous
continuez de la forte, infailliblement les talons s'ouvriront; le Cheval au commence-
ment peut feindre avec ces fers, li vous avez trop affoibly la folle, mais il le raffer-
mira avec le temps & le repos; ces fers ne s'ajuftent pas fans temps & fans foin, &
5' ne faut pas que le Marefchal foit parefleux de remettre le fer au feu pour l'ouvrir
<* le ferrer félon la neceffité, car cela ne fé fait pas du premier coup; il n'y a point
p Marefchal qui puifie pofer deux fers de cette maniere en moins d'une heure, car
e fer doit fuivre juitement la rondeur du pied au talon comme à la pince. Et quoy
S^le dedans de l'éponge n'entre dans le talon que de l'épaifTeur de deux écus blancs
11 n'importe, dans un mois le talon en s'élargiffant la couvrira toute, quand les fers à
Pa'itouffle font forgez & ajuftez & prêts à les pofer, ils paroiffent aux ignorans fort
j^r°its de talon, car ils fuivent la forme du pied, & femblent ridicules à ceux qui
n en çonnoifïènt pas la bonté.
La
raifon pourquoy l'ufage de ces fers ouvre les talons, & les defencafleîle, eft que le
a'On croiffant eft pouffé en dehors par le fer, àcaufeque l'éponge qui eft plus épaiffeen
pdans empêche qu'il n'y pouffe, & au contraire le rejette en dehors, ainlî il faut que le
Pied ne croifïè point, ou que les talons s'ouvreiìt fi ces fers font bien ajuftez.
*1 faut continuer la ferrure de cette maniere jufqu'à ce que les talons foient beaux & lar-
çes> ce qui arrivera infailliblement dans deux ou trois ferrures, faites-les à la nouvelle
r"Une environ le quatre ou cinquième jour: l'ufage de ces fers eft admirable en ce qu'il ne
^'ejamaisaupied, & demeure ferme en fa place, étant arrefté en fa fituation par l'épaif-
e'lr du dedans qui eft à l'éponge.
g Le Cheval ferré de cette façon louvent ne pe ut fervir de quelques jours, cetemps luy
*ju neceffàire pour fe raffermir & raffiner les pieds dans la fiente mouillée,
p^nne doit pas prétendre de faire voyage avec ces fers, dans le commencement qu'un
le 5Val les porte, & avant qu'il les aye^habitué, car comme ils contraignent le pied ils
feroient boitter: mais on peut s'en fervir pour la promenade, pour le Manége, ou
. Ur un mediocre travail, fur un terrain qui ne foit pas dur; quand le Cheval aura les
j'a J accoutumez à ces fers, il les portera fans boitter, quoy qu'il faffè voyage; car
„Y fait faire de longs voyages fans incommodité à des Chevaux qui en portoient: je me
s,'sauffifervy de cette methode pour des Mulets qui avoient les talons fort ferrez, & qui
fe n font biert trouvez ; car quoy qu'ils portaffêntdes planches, ( comme on appelle leurs
îoit ^Uan^ 'lsnt &ns ouverture au talon, ) je les fai fois.forger enforte que la planche al-
* Çn talus & ouvroit les talons.du Mulet. x^
ne ,1Vousavezun voyage à faire avec un Cheval encaftelé qui ne boitte pas encore, il
Cy ,uyfaut point abattre ny abaiffer les talons en le ferrant, quoy que je l'aye preferit
che oVant' ma'sau contraire il faut laifTer les talons forts autant qu'on le peut, & bro-
f0llr\culement en pince; comme le talon fera haut il ne foufft ira pas, & le Cheval pourra
car[l}'r lechemin qu'on luy demande, véritablement ce ne fera pas le moyen de le defen-
gj er 5 au contraire il empirera, mais c'eft feulement pour faire fon voyage.
Voftre Cheval eft fi fort encaftelé qu'il en boitte tout bas, le meilleur & le plus
prompt
-ocr page 128-
12%                       LE PARFAIT MARES C HAL,                  de
C H. Ai', prompt remede eft de le deftoier, & de luy mettre des ters Iongsd'éponge, la m r£tS
40. de déflorer eft au Chapitre LXXXIX. de la premiere Partie: ce n'eft pas que ces t
ne le gueriflènt, & ne luy remettent les talons avec le temps, mais ce feroit dans 1^*
ou cinq mois, &enledeifollantil fera guerydans trois lêmaines ou un mois, P°ur ja
que vous preniez foin de luy élargir les talons quand il fera deffolé, en luy ^ndan
fourchette, ou en luy appliquant une édifie de 1er qui fera faite d'un vieux couteau
trille, euforie que cette écliffe tienne les talons plus élargis qu'ils n'étoient, avant a e
deflòlez, de plus de deux poulces-, ou environ, & cela en bandant cette édifie col\£.
les deux quartiers approchant du talon, parce que la fourchette qui eft plus molle? ce
ra& s'ouvrira, & fera qu'on pourra élargir les talons- Il eft plûtoft fait de donner
coup de biftori pour fendre & ouvrir le milieu de la fourchette jufques dans le pâturo »
afin que cette ouverture donne facilité de mettre force plumaffeaux dans la fente "e
fourchette pour la tenir fort ouverte: la folle reviendra, qui appuyera les quart'erS'elJ
fer qui fera forgé large pour convenir au pied élargy de cette façon, le maintiendra
eftat, & en croiffant les talons ne fe ferreront plus s'il eft bien ferré; ce que je yo
propofe eft fondé fur plufieurs expériences que j'ay faites, qui m'ont très-bien reIJ '
puilque la folle venant à croiftre, elle foûtiendra les talons, & s'il eft befoin on le ferre e
fuite à demy pantouffle.
                                                                                                   ..&
Il y a des Chevaux fi fort encaftelez, que quoy qu'on aye deflollé, on ne peut ta1
élargir les talons pour y pofer cette échue de fer, qui les doit tenir larges. A ces fot
de pieds il faut la folle étant levée, faire force avec les tricoifes pour ouvrir la corne
talons, enforte qu'à force delà tirer en dehors on les élargiffe très-bien, mais il faut prc
dre garde qu'en tirant de la forte on ne fepaie pas lacorne d'avec le talon, car on fer
faire quartier neuf, mais ayant ouvert les talons avec les tricoilès par force, on pofe ^
te édifie, qui bande les talons, & les tient ouverts jufqu'à ce que lafollefoit revenue
lesfoutienne. C'eftuu chemin bien plus court de fendre la fourchete jufques dans le Pa
turon d'abord qu'on a deflollé, & quand on a mis le fer à demeurer, & l'appareil *
la folle, on garnit extrêmement cette fente de fourchette avec quantité de plumaceau1
pofex & mis dans la fente par le dedans du paturon, & enfuite un bandeau autour
pied pour tenir le tout en eftat, & continuer à tenir cette fente de fourchette fort ouvert >
jufqu'à ce que la folle foit abfolument revenue, après quoy en ferrant le Cheval à demy Pa. %
tourne, ou lu^rendra le talon tres-Iarge& très-boni ce qui eft plûtoft fait qu'avec leCl
le, quoy que la methode de l'édifie foit très-bonne.
Comment il faut ferrer les Chevaux qui ont des fey m es.
CIIAP. pOU Ries Chevaux qui ont des feymes, que nous avons cy-devant enfeigné à co
41. ■*- noiftre, il faut faire forger desfers d'une maniere que j ay nommé à demy Pant0J? ,fr
l'ufage en étant bon, j'ay crû qu'il étoitàproposdelepropofer, la methode peuter
aufliaux Chevaux qui commencent à fe ferrer les talons, elle revient à la methode
fers à pantouffle ; parce que la branche eft tournée en dedans, qui fait le me fme talus
pantoufles; mais le dehors du fer n'eft pas de me fme, parce qu'il n'y a qu'un côté de .
ponge qui eft celuy de dehors qui porte à terre, ces fers ne contraignent pas tant le P
qu'une pantouffle, & font bous pour commencera rétablir le pied.
                                .3
Le fer icy reprefenté EF'GH. eft cette demy pantouffle qui eft pour appliquer fur Ie P1 j|
d'un Cheval qui aura-une ou pluiieurs feymes & qui a par conlequeut les talon» ferrée' t
-ocr page 129-
SEC ON DE PARTIE.
I2f
faut particulièrement faire forger toute la branche & mefme les éponges FB. DH. plus C h ap,
'ortes que l'ordinaire, puis le tourner enforte que le dedans AB. CD. foit plus haut que le 40,
dehors EF. GH ainfiil fe trouvera que depuis AB.jufqu'àE.F.celairaentaIus,demême
depuis G. D-jufqu'à GH. & le relie du fer EFGH. fera tout uny comme le dedans de tous
j^s fers ordinaires; carjevousreprefenteicy le dedans du fer; pour le dehors de ce fer
r-r • GH. il doit porter contre terre dans tout l'efpacc EF. GH. les deux éponges feront
out le contraire d'un fer que l'on voute, carceluy cy fera élevé en dedans 3 au lieu que
,, Les fers pour l'encaftelure ont le dedans de l'éponge plus épais que le dehors, ceux-cy
oritégal, mais fadreffeeft de tourner l'éponge pour y former un talus, & faire comme
Ijs étoient voûtez au dedans.
„ Pour l'application des fers à demy pantouffles, il faut faire parer le pied laiiîànt la folle
°rte aux-fcrlons, & ajuiler les fers en forte que le milieu du talon, qui fait l'extrémité du
Cartier, foit appliqué juûement fur l'éponge FB. DH. prenant garde toutesfois que le de-
ans defdites éponges ne porte pas tout à plein fur la folle & quoy qu'il y porte un peu il
importe ; puis brocher les fers délicatement avec des doux bien déliez.
. yuand le fer fera poié à demeurer, c'eft à dire broché &rivé, il faut fondre dans le
jpd5 fur la folle de la graillé & de la poix fondues enïèmble, de la filaiîè & des écliiîès
le lv ten'r le tout ' ^ ^lon a ^e l'huite laurier, il fera tres à propos de la mettre toute feu-
"îen chaude dans le pied, de la filarle & des écliiîès pour la retenir, car elle eft telle
^ il nous la faut pour pénétrer refoudre & fortifier la folle, qu'on veut contraindre par le
11: Précèdent à s'étendre; ou bien emplir le pied de tare tout chaud, ou bien fans tout ce-
£ % tenir les pieds dans fa fiente mouillée, èclaiiTer repolèr lé Cheval toujours dans fa
Oj11.18 mouillée, jufqu'à ce qu'il ne boitte plus, qui fera dans cinq ou fix jours, plus on
Q^-\ni' & toujours pendant ce temps luy graiffer les pieds prés de la couronne ; & bien
11 full boitteux auparavant, par la douleur que luy faifoit la feyme, ou le talon ferré.,
R                                                 cette
-ocr page 130-
I30                  LE PARFAIT MARESCRAL,                     e
H A p. cette maniere de demy pantoufle, l'empêchera de boitter de là en avant, & I* *T
41. fefouderaau poil, le Cheval en euerira; que li cette ferrure n'eft pas lù-ffifante , aye7,,r.
cours au Chapitre. LXXX VII. de la premiere Partie où il eft tranté de la guciilon
feytnes.
                                                                                                       /          ca
Il y a des Chevaux, particulièrement de legere taille, qui ont les talons inégaux,
ce qu'ils ont un côté qui hauiïè plus que l'autre, cequi s'apperçojt en regardant les ta l
à l'endroit du paturon: il n'y a point d'autre remede que de (è feesiir de cette maniere
ferrure à demy pantoutfle, ou deffoller & couper toute la fourchette jufqu'au fond, an»
la tenir égale quand elle reviendra.
                                                                              a
Quand les Chevaux condamnez au Manége pou: leur vie, ou ceux qu'on dreffe ntf r
terrain fort doux & mol, ontdesfeymes, félon la vieille routine on leur coupe le Ier 1
qu'au premier trou, & on retranche toute l'éponge, mais de faire travailler à la carnp^b
un Cheval ferré de la forte, ilnelépeut, nyàlavillehorsduMauégc.
                          j
Aux Chevaux de Manége qui fontencaftelez, on leur fait porter de mefme des >er. c
lunette : ce qui eft encore le vieux itile, ils ont les deux éponges coupéesjufqu'au preI.nl
clou, on pratique auffi de les faire travailler fans fers; tout cela fait un peu plus que r}a ^
les Chevaux qui n'ont point de fer, rfont aucun mouvement, il eft donc mieux de *
ferrer à demy pantoutfle, parce que le pied venant à croiftre, prend une meilleure rorII1;oj
& en le parant de cette maniere on peut le rétablir. Pour ceux qui pretendent de ne p0!
faire ferrer les Chevaux de Manége, j'en vois fi peu qui ayent eu cette penfée que je ne
crois pas foutenable: Il eft donc à propos de ferrer les Chevaux dans les Manéges,
c
ceux
qui ne l'ont pas fait, pour une tres-mediocre épargne, s'en font mal trouvez., J
croy qu'il ne faut defferrer un Cheval pour toujours, que lors qu'on l'envoyé à la voit1
J'ay connu un Homme de qualité qui vouloit que tous fes Chevaux de chaffe courufle1
fans fers, affurant que les pieds leur durciffoient enforte qu'ils alloient tout comme c
qui étoient ferez : mais les uns étoient fur. la litière, ne le pouvant foûtenir fur les pi£.,.
par ladouleur qu'ils y reffentoient; Jes autres avoient les jambes ruinées, voilà oùabou£1
lbit la fantaifie du Cavalier : Véritablement en Allemagne, dans les pays où il n'y a pas
moindre pierre, les Chevaux des Payfans ne font pas ferrez, mais je crois qu'ils n'en v
lent pas mieux, & qu'ils ferviroient mieux s'ils Tétoient, car ils ont les pieds tout de tr*
vers, parce que le Cheval en marchant pofe fouvent les pieds en dehors, les autres en 0.
dans, félon qu'ils appuyent le pied plus d'un côté que de l'autre, cequi les fait devenir"'
formes par le temps; mais les Payfans n'y font pas difficiles, pourveu que les Cheva
marchent le petit pas ce leur eft affez.
Des Chevaux droits fur leurs membres.
CHAP. tL y a des Chevaux droits fur leurs membres, aufquels il faut donner ordre dans le moYe
42. X de la ferrure, ou comme nous dirons cy-aprés, ce qui fe fait en abatant les talons i°_
bas jufqu'au vif fans creulèr dans les quartiers, afin de contraindre le nerf à s'étendre,
le boulet à fe retirer en arrière, pour fe remettre en la place où il doit eftre ; fi en ^3113^
les talons la jambe ne fe remet pas affez, & que le Cheval continue à porter fon boulet tr Y
*n avant, il faut faire déborder les-fers à la pince d'un demy doigt, & les faire plus épais
eet endroit que par tout ailleurs, &renmême-temps que vous luy ferez cette ferrure, *
grailler le nerf de la jambe avec l'onguent de Montpellier décrit à la premiere Partie, P0^,
le faciliter à s'étendre, &à fe remettre en l'eftat qu'il doit eftre; les Chevaux qui ont b6^
«ouf de talon y font plus fujets que les autres.
-ocr page 131-
SECONDE PARTIE.                               t3ï
Ghap.
Des Chevaux bouttez. oh boulettes.
                                            4i.
Le Cheval eftboutté, lors que l'os du boulet fort de là place, & fe pouffé trop en avant,
l'ùiut luy ajufter un fer qui déborde de deux doigts autour de la pince, comme on ferre les
Mulets, & luy grailler les nerfs de la jambe, avec l'onguent de Montpellier; car cette fer-
ite contraint le nerf, ce qui le fouleroit, & feroit quelque enflure, s'iln'eftoitadoucy
Par un onguent anodine* ramolitir'; & même au commencement qu'il portera ces fers, il
eità propos de le promener feulement en main, pour donner lieu à la jointe de retrou-
ver la place, & ne le point faire cheminer dans les montagnes; car en montant le nerf
Retend lì fort qu'aflùrément le Cheval boiteroit, pour s'élire eftendu le nerf trop à coup ;
11 faut au commencement lailiër étendre le nerf peu à peu dans la plaine, & en partie à l'é-
Cu,rje> que fi le Cheval eli abfolument bouté, & que la jointe foit tout-à-fait avancée, mal
dément en pourra-t'il guérir, fi ce n'elt en luy coupant le nerf un peu plus bas que les arts,
c°rnmej'enfcigneray cy-aprés.
On pratique cette invention de ferrure, non feulement aux Mulets, mais auffi aux Che-
aux de balls, particulièrement dans les pays de montagnes ; parce qu'eflant beaucoup
cl}argez en defeendant les montagnes, ils feraient fort fujets à le boutter ou bouletter fans
5-et aide du fer qui avance extrêmement & plus que le pied, ce qui tient le nerf étendu, ce
e boulet en l'a place, le contraignant à fe plier en arrière beaucoup plus qu'il ne feroit: oa
a!t déborder le fer de la forte à la pince, aux un plus, aux autres moins.
. Il y auneautreraifonpourquoyenpaysde plaines, auffi bien qu'aux pays de montagnes
JJ. fait fi fort déborder les fere à la pince des Mulets, ils ont le talon fort haut, & le pied
ugz loible, de lorte qu'on n'oferoit le leur abattre, parce que toute la force de leur pied y
oniifte ; le talon demeurant donc extrêmement haut, s'ils n'étoient ferrez de cette façon,
,s Croient bouttez dans quatre jours, & le talon haut feroit racourcir le nerf, &lbrtirl'os
e 'a jointe du boulet en avant,
^ Je diray en paifant qu'aux Mulets qui ont bon pied, on leur met des fers à la Fleurentine,
c^ux qui l'ont plus foible on met des planches.
fe . s Chevaux droits fur leurs membres, & mefme ceux qui font déjà boulettez, s'ils ne
r.etabliiTent par la methode de les ferrer, comme j'ay dit, il faut avoir recours aune ope-
at'onde la main, qui paroift perilleufe, & qui ne l'eft point. Fout la bien faire, il faut
.^rquer que les Chevaux extrêmement droits fur leurs membres ont un nerf qui eli plû-
,j>.'Un mufcle aux ars, au deffous de la veine où on tire du fang aux ars, juftementdans
•fo? rt'ondu bras avec l'épaule, ce nerf ou mufcle eft gros environ comme le petit doigt,
k ' f rendu, & roide, & va de haut en bas, c'elt ce mufcle ou nerf qui fait le mouvement du
t: et j & étant tendu de la forte il tient le boulet- avancé, ■ & l'empêche d'eflre en la fitua-
j a ordinaire; une marque alTurée de cela eft qu'aux Chevaux qui ne font pas droits fur
Pmft iïlem^res ■> nv en état d'eftre bouttez, ce mufcle ou nerf ne fe trouve pas tendu, mais
t0l *?R(*' enfotte qu'on a peine à le trouver, mais à ceux-cy d'abord on le rencontre au
rel a ' ^ '' Paro'rï très-évidemment qu'il eft trop tendu, & qu'il n'elt pas dans fon natu-
la ri yant trouvé ce nerf ou mufcle, ce qui eft très-facile, il faut avec un biftory ouvrir
ti'av aU en lon§ ^uatre doigts pins bas que la veine des ars, puis couper ce mufcle ou nerf en
, ets., non tous d'un coup, mais peu à peu, il faut tourner le'aiitory de l'autre côté, &
gpr?Ver de le couper toujours peu à peu, non tout d'un coup, mais il le faut tout couper,
]Cr?S(luoy il faut laver la playe avec de l'eau de vie, & y mettre du fe! dedans, & travail-
le^ Cheval dés qu'il n'y aura plus d'enflure où l'on a coupé, &que la playe fera guérie ;
°uiet reprendra là place naturelle peu à peu, & lì l'opération a cité bien faite, le Che-
li a
                                                      val
-ocr page 132-
131                     LE PARFAIT M ARESCHAL, ,hlesief-
C H a. p. val feignera tres-peu, & la playe fe guérira d'elle-mefme ; il y a des Chevaux fenll° faUt
42. quels iont huit & dix jours fans fe coucher après qu'on a fait l'opération, mais 11 ".Qnon
pas s'en étonner puis qu'il n'en mefarrivera pas : quelquesfois en faifant cette °P^raAueyal
coupe parmégarde la veine des ars, quand on la fait trop prés de la veine, & le pt;
faigne beaucoup; mais il n'y a aucun rifque à courre, laiflèî faigner abondam ^_
puis il faut arrefter le fang, empliflànt l'ouverture avec du poil de lièvre où de ^P111' ^
fuite coudre la peau avec une éguille & du fil en deux endroits, il s'y fera un petit a' ^
matière, en graiftant la partie, dans huit ou dix jours le Cheval fera guery, & Piut° r2veC
fouvent, avant de faire cette opération aux ars, il faut fort abattre les talons ,& terr *.
des fers qui débordent en pince comme aux Mulets, & leur faire porter ces fers trois 0 H ^
tre jours, & même cheminer avec eux pour les habituer, enluite on fera l'operati0 's
pour plus de feureté& ne pas couper la veine des ars, il faut faire l'opération quatre j_
plus bas que les ars ; elle fera un meilleur effet pour le boulet, &onne coupera pas ^
ne des ars, dans huit ou dix jours le Cheval fera rétably & la playe guérie, & il fera e
de travailler mieux qu'auparavant.
                                                                       -CTts a«
L'on fait cette mefme opération aux Chevaux abfolumentbouleteï, quatre doio ^
deffus du genoùil fur le devant, on coupe la peau fur le nerf qui eft fort tendu &
r0i /jôuS
devant de la jambe, on détache le nerf avec une corne de chamois, & on la pafte para .^
ledit nerf, puis on le coupe fur la corne de chamois avec le biftori, qu'il n'y rei te ^
On emplit le trou avec du fel & de la filalTe imbibée de therebentine chaude par deh_^eC
empêcher que le Cheval n'y porte ladent; pour faire tenir l'appareil, on le band -.
une envelope qu'il faut coudre, afin de ne point trop ferrer la jambe, ce qui lafero' ,&.
fier; le laiiler de la forte, &r ne le penfer de quelques jours, luy tirant du fang Ie -rw,
main, & chargeant tout le bras dés que l'opération eft faite, avec de l'onguent du *f ^
& continuer à luy charger le bras pendant huit jours : le Cheval marchera, & le b°u
e
remettra en fa place d'abord que la playe fera guérie : cette opération eft plus difficu H^e
l'autre, &reuffit bien aux Chevaux qui font tout à fait boulettez, c'eftà dire, ^"{vtout
boulet fort avancé, & comme hors de fa place, ce qui rend le nerf fi tendu qu'ile! gulj
détaché du bras, & s'avance bien fort: elle fe fait fans peine & fans péril; ,TÎ?Laché'
Cheval n'eft que droit fur fes membres, &quelenerfdèqueftionnefoit pas bien
d q^,
de l'os, & ne foit pas trop tendu, il en pourra mefarriver, comme je l'ay veu à
un , |e.
val qui eftoit boulette d'un côté, & droit fur l'autre, le codé boulette reiiffit ^'•"Igjjerf
ment, car le nerf eftoit fort détaché, mais pour le cofté qui eftoit feulement droit?
11'eftoit pas tout à fait détaché du bras, le Cheval fut deux mois à en guérir.
             -in'ei*
On recourt pas ce rifque faifant l'opération quatre doigts au deflbus des ars ; carl ^jti
peut point du tout mefarriver, quoy que le nerf foit peu avancé & détaché ; ainfi BOÏ -^
Cheval boulette, je ne confeillerois pas de couper le nerf au deflus du genoüil :
en
affez fur cette matière.
Des jambes arquées.
f HAP                                                                                                                         3 cc^
" ' A Ux Chevaux qui ont les jambes arquées, on peut couper le nerftout comme a ^
^' -^*- qui font droits fur les membres, & commençant par la ferrure comme je * ^s
décrit, la chofe reiiflira tres-bien, car après tout cela il faudra voir comme les J $
feront belles en les comparant à ce qu'elles eftoient auparavant, il faut conimene ^
-ocr page 133-
.                                  SECONDE PA R'T I E.                               133
ja ferrure, & on ne peut en les ferrant trop abattre le talon, afin d'obliger & de con- Chap.
Jtaindre les nerfs à s'étendre: au commencement que vous pratiquerez cette invention, 43,
ie Cheval en pourra boitter, il faut frotter le nerf avec quelque ramolitif& anodin , corn-
ue fera l'onguent de Montpellier de'crit à la premiere Partie, qui facilitera cette exten-
«on, duquel vous frotterez le nerf de la jambe trois fois la femaine, l'ayant bien échauffe
^Paravant avec la main à force de le frotter, ce remede adoucira le nerf, & ôtera ladou-
kur.
.Si pour a voi rabattu le talon, comme nous venons de dire, la jambe n'eft pas delà ma-
n'ere que vous le pouvez fouhaiter, comme eftant beaucoup arquée, il faut faire forger
J}n fer qui déborde en pince de deux ou trois doigts, & qui monte en haut, comme un
jet de Mulet, le luy appliquer, puis frotter le nerf avec l'onguent fufdit, Jelaifferdela
*°tte, le promenant feulement en main une heure tous les jours au petit pas: dans peu
v°us en verrez un bon effet.
Si néanmoins il ne produit pas ce que vous en pouvez attendre, faites-luy couper les
j^tfsaudefiousdesars, comme je l'ayenfeignécy-devant, & fi cela fait enfler lesjam-
Csj comme il arrive quelquesfois; il ne s'en faut pas étonner, mais graiffer avec un
0tlguent fait de populeum, miel .& favon noir, égales parties bien mêlées à froid & un
verre d'eau de vie, & continuer en promenant tous les jours le Cheval au petit pas en
ölain: mais il faut confiderer qu'il ne faut jamais couper ces nerfs qu'auparavant on n'ait
*°rt abattu le talon du pied duCheval, Si ferré avec des fers débordans en pince comme
les Mulets.
Des Chevaux rampins.
!" E s Chevaux rampins font ceux qui marchent feulement fur la pince des pieds de CHAP.
derriere, & n'appuyent point le talon à terre , ce mal n'eft pas ordinaire aux jeu- 44-,'
*|es Chevaux, mais aux vieux; cette incommodité fe rend incurable par le temps, il y
aut Pratiquer une partie du remede des Chevaux bouttez, mais c'eft aux jambes de der-
riere que ce mal vient, on commence de leur abattre fort les talons, leur faire les fers
J} Peu plus longs en pince que le pied, leur graiffer le nerf de la jambe de derrière, le
•cheval le remettra dans peu de temps, il faut continuer à luy abattre toujours extrême-
ment les talons, & à luy laiffer la pince fort longue, mefme s'il eft necëffaire, il faut
aire déborder les fers; c'eft le plus aflurédeleur faire déborder les fers à la pince, d'un
Poulceoudedeux.
Jl eft de confequence que l'écurie où vous établirez les Chevaux rampins, foitbien
Rie fur le derriere fans aucun creux, car s'il y a un trou, d'abord le Cheval aura les
P'eos de derriere dedans, & ce fera toujours à recommencer: cela eft de plus grande
tnportance qu'on ne croit, car de jeunes Chevaux pour avoir eftéeftablés dans des écu-
j'es des-unies où il plaçoient mal leurs pieds continuellement, fe font enfin rendus le
cernere fi difforme, qu'ils fembloient eftropiez: Il y a des gens qui voyant un Cheval
«wnpm, difent qu'il eft juché.
Pou? les Chevaux qui bronchent.
. Pour ferrer un Cheval qui bronche, il le faut ferrer tout au contraire d'un Cheval ram-
iV1'. luy fort abattre la pince & la luy accourcir; afin qu'il ne rencontre pas les gazons ny
Jes Pierres.
                                                           R3                                  ° Mais
-ocr page 134-
ï34 LE PAR-F AIT MAR E SCHAL,                   îeS
Mais fi ces Chevaux qui bronchent, ont le nerf foulé, les jambes travaillées,        _
Chap. épaules foibles, il faut avoir recours à autre chofe qu'à la ferrure, ce qu'on verra au      s
44. pitre LX. de la premiere Partie &fuivans, où vous trouverez des remèdes qui l°n
Si le Cheval forge, il faut le ferrer, que l'éponge fuive le rond du pied corri. ^
l'ay ordonné cy-devant: c'eii ordinairement une marque de foiblelle quand les Cnc
forgent, c'eitàdirequedespiedsdederriereirsattrapentceuxde devant,
                mon'
D'autres à la mode d'Efpagne geneftent les fers ,comme nous avons dit en pays ae -^
tagne, aux Chevaux de baft, l'invention n'en eft pas mauvaife, carilsfedeftérrentm■■
en forgeant; il eft certain qu'un Cheval forge fouvent par la faute du Cavalier, <1U1 ^ -
la main, & par la peur des talons, ne fçait pas tenir ion Cheval enfemble &^0U^>Jie
véritablement les chofes contraintes ne peuvent durer, & encore moins le long g
journée, quand la lafiitude arrive; mais on doit avertir un Cheval de temps à autre,
cela ne l'empêche de forger > on peut dire qu'il manque de reins, & de force, o* 1
eft ruiné.
De la ferrure des Chevaux qui ont ejié forhus,
CH \P T k y a Peu ^e Chevaux qui ayant efté forbus plus d'une fois, fans qu'il foit tombé fur •
•*- pieds quelque partie de l'humeurqui a caufé la forbure, aux uns plus aux aunes m01*^
■ '*'■ c'elt pourquoy il eft à propos de les faire ferrer dans l'ordre, afin de leur rétablir les P1
autant qu'ils font capables de l'eftre.                                                                           e.
J'ay parlé fort au long de la forbure dans la premiere Partie de cet Ouvrage où les rej*
des y font amplement décrits ; mais j'en ay obmis un par mégarde qui eft autant 0
qu'il eft aifé & toute la vertu de ce remede confifte au poil & à la peau d'une_ Berm".1
qai eft un petit animal tout blanc, hors qu'il a le bout de le queue noir; il eft fait coin
une belette hors la couleur du poil, on prend la peau de ces animaux qu'on fait 'eC éc-
rans les faire habiller nyaprefter, d'abord qu'un Cheval eft forbu, on prend de ^a.Peaot-
du poil environ la largeur d'un double tout au plus: on coupe cela en cinq ou lis m
ceaux, & on le fait avaller au Cheval avec du vin, de la bière,- ou autre liqueur. .
tient le Cheval bridé trois ou quatre heures après, & fouvent par une feule prifcleCne ^
fe trouve guéri, mefme lors que les Chevaux ont beaucoup fatigué, & qu'on apprehen
la forbure, il faut dans le fon, ou dans l'avoine mouillée, qu'on donnera au Che
en le débridant, luy faire manger une douzaine de poils d'une peau d'Hermine fcche,
cela le guarantira& préviendra le mal.
                                                                       jg
Mais il eft à remarquer que la peau d'Hermine prife en France, n'a pas gran,£S
vertu, il faut des peaux d'Hermine qui viennent de Mofcovie fans habillage, 0H,4k.
connoift en ce qu'elles font fort longues, & plus longues que les noftres: celles d A
lemagne font meilleures que celles de. France, mais non pas fi bonnes que celles
Mofcovie, & plus les Hermines font prifes vers le Nord, meilleures font leurs pe*
^poùr guérir les Chevaux fourbus. Et fouvent quoy qu'on aye de bons remèdes, s -
ne font appliquez à temps & que la forbure aye attaqué le Cheval long-temps ava
qu'on l'aye traité, il eft mal aifé que par une pente naturelle l'humeur qui caufo't
forbure, ne foit tombée, ou quelque portion d'iceÏÏé fur les pieds, plus ou moins
Ion l'intervalle du temps que le Cheval a efté fortwjjii&u'à ce qu'on l'aye traité ; <}a
quefois mefmes les remèdes mal ordonnez n'ont point fait d'effet, & toute le ft>r" ^
dì tombée fur les pieds.
-ocr page 135-
SECONDE PARTIE.                              I3f
Les pieds dans lcfquels la forbure eli tombée, font difformes;, parce que la pointe Cil A P.
u la partie la plus avancée de l'os du petit-pied s'abaiffe & pouffe la folle, & le mi- a<.
'eu du fabot au deffus de la pince fe relferre & s'étreffit, car il eft vuide ; & lors que '
0s du petit-pied elt defcendu de la force, & a pouffé la folle,, on dit que le Cheval
^des croifïans', quoy que ces croillàns foient véritablement l'os du pecit-pied qui s'eft
LyUié * a defcendu , & té deffous du pied en pince paroift comble, & le fabot au
'lus refferré, & il ne peut eftre autrement, car il eft vuide & creux: l'os du petit-
jj ed étant defcendu par le devant a laine l'efpace qu'il occupoit vuide, étant vuide la
"!e n'eri plus foûterirxê' en pince & le refferre.
Je faefrne choie arrive aux Chevaux qni ont eu un grand étonncment de fabot, &
, caufes. de ce dernier mal lont prefq.ue les mefmes que de la forbure, du moins ils
taltlneut ^es mefmes 'ignés qui font les croiffans, les Chevaux n'appuyent que fur les
fa'°nS en cheminant ? la pince vient long-temps après le talon, enfin leur démarche
^ Connoiltre que la pince eft tout à fait arîoiblie & fans nourriture, il n'y a que fur
talon où ils puiffent s'appuyer & encore allez foiblement : j'en ay raifonné ample-
f11 à la premiere Partie de ce Livre,
éto tOHtes ces Portes de maux quand la forbure eft tombée fur les pieds, ou qu'il y a
annnement de fabot, s'il eft grand, les Chevaux font long-temps à fe rétablir; & un
y ^y apporte gueres de foulagement, le plus feur eft de les donner fi on ne les peut
les e' ma's J'écris icy pour ceux qui n'ont pas efté II mal menez de la forbure: on
^errera en cette maniere.
il f neAdoit jamais gueres parer la folle à la pince des Chevaux qui ont efté forbus,
Poufr* toûj°urs la laitier tres-forte, afin que s'il y a apparence de croiflant il ne puifle.
abat ' & qu'il foit refout par la nature, ce qui ne fera pas fi toit; & il ne faut auffi
taU tre 'es ta'ons <lae médiocrement, car toute la force de ces fortes de pieds eft aux
ton °S " ^ auffi-toft que le Cheval eft ferré luy verter dans les pieds de l'huile laurier
to |e Pure, & toute bouillante, de la filaffe par deflus & des édifiés pour tenir le
ùJ' & continuer fépt ou huit t'ois de deux jours l'un, à luy fondre dans les pieds de
Teh'aile de laurier.
cun Chevaux, qui ont eu ces grandes forbures tombées fur les pieds, ne doiventaiv-
f0[;ement eftre deffolez de plus de trois mois après la forbure: & quand on les a def-
tig ! il faut brûler tout le ctoiffant, c'eft à dire, brûler toute la pointe de l'os dupe-
les ^u'- s'eft relâchée afin de le faire tomber, mais je crois bien plus à propos de ne
,1atit°rn-t ^eu"0,eri laiffer toujours la folle forte, & y fondre de l'huile laurier, pre-
touf
         d'acheter de véritable huile laurier, celle qu'on vend à Paris prefque par
c ce vaut rien.
Des Crampons.
1 y a des Villes en France dont le pavé eft fi rude, que tous les Chevaux qui ti- CJHAP
font f ' ne f9aur°ient s'y tenir à moins que d'être cramponnez; en Allemagne ils le 6
<)He h ' fans en excePter mefmc les Chevaux de Manége; auffi bien à la campagne "*
fuft ls les Villes: un Allemand ne fouffriroit pas un Cheval en fon écurie, qui ne
Cramponné, comme un François n'en fouffrira pas un qui le foit.
<jn> ^us eftes obligé de cramponner vos Chevaux par la rudefle du pavé, ou parquel-
a"C motif, comme j'ay dit parlant des talons bas, il faut pour faire les crampons,
tour
-ocr page 136-
136                       LE PARFAIT MARE SCHAL,                . de
Ch AP.tourner&renverferfur le coin de l'enclume l'éponge, & en faire un crampon en oreu
46. -lièvre, les gros crampons quarrez foulent étrangement un pied, & luy font venir ^
bieymes, au lieu que ceux-cy en oreille de lièvre, fi on a le foin d'un peu abattr ^
la corne au talon, incommoderont moins: l'ufage en eft aflêz pafiable, quand on
obligé de fe fervir des crampons, car il faut de deux maux choifir le moindre- >
L'opinion femble problématique, quoy qu'elle ne le foit pas : ceux qui veulent cr^
ponner les Chevaux, difent que quand ils marchent dans un pays tant foit peu a ■
Tant, comme font les pays gras, fur tout lors qu'il a pieu, ils fe peinent & fe.'g
gueat extrêmement pour s'empêcher de glifler, quand ils font ferrez tous urüS)
employent tout ce qu'ils ont de nerfs & de reins pour cela; & qu'un Cheval qul
s
fuëra point pour un travail mediocre, fi lentement qu'on le puifle mener dans les y )
gliflàns pendant l'Efté, eftant ferré tout uny, il fuëra plûtoft pour avoir chemine
heure, qu'il ne feroit pour en marcher trois dans un pays où il ne feroit point enû
ger de glifler, ce qui eft une marque aflurée qu'il fe travaille beaucoup.
              j-fetit»
Que li le Cheval avoit des crampons il fuëroit peut-eftre moins à ce qu'ils d'1. çc
parce qu'il feroit hors de l'apprehenfion de glifler, & ainfi il ne feroit pas oblige a ^
peiner lï fort, & le Cavalier & le Cheval s'en porteraient bien mieux : ceux qui
fendent les crampons, croyent cette raifon invincible, je la crois foible.
                   n-
Il eft hors de doute, qu'il faut cramponner les Chevaux lors qu'il gèle, fans e,
fiderer s'il nuira à la jambe ou aux pieds, car neceffité n'a point de loix: il vautm'^
que le Cheval s'ufe les jambes, que fi le Cavalier eftoit en péril continuel de
ca
les tiennes.                                                                                                                   , $,
Ceux qui tiennent le bon party, quin'eftpas celuy des crampons, Se qui les impr
vent, foûtiennent qu'ils foulent les pieds & les ruinent: & ils ont raifon félon moy ,
}
tre qu'ils racourciflènt le nerf de la jambe, qu'ils rendent les Chevaux droits fur le
membres, bouttez & rampais
3 qu'ils les font" broncher & tomber; ils difent encore r
véritablement que les Chevaux n'en vont point fi bien à leur aife: ilsaflurentque les era
pons étonnent le pied quand il n'eft pas fort, que tout au moins ils caufent des bley OV^
qu'ils travaillent & foulent les nerfs, & qu'ils ruinent un Cheval: C'eft auffi la pen lee
fieur Celar' Fiefchi Gentil-Homme Ferrarois, dans fon Traité des Chevaux , °lul. js
prouve toutes fortes de crampons. Mon fentiment eft que les crampons ruinent les P1
& foulent les talons & les nerfs, néanmoins en hyver & pendant les gelées & fur 'a y
ge, les crampons font utiles aux Chevaux qui n'ont aucuns deffauts aux jambes,
aux pieds.
                                                                              %                                              »eJl
Dans les bons & méchans pays, dans les ploufer ou dans les montagnes, je ne111
voudrois pas fervir.
                                                                                                              öj
Aux Chevaux de Manége ou d'école, on ne doit point parler de crampons, fi on
veut fe rendre ridicule.                                                                                                      oIÎ
Les Chevaux de Manége ne doivent pas eftre ferrez comme ceux de voyage, ^
leur met ordinairement des fers plus que demy Anglais : qui font meilleurs qae
e
fers François, trop couverts &trop lourds, ils chargent moins les jambes, & la ' ^.
ne s'amafle pas dans le pied qui les defleche beaucoup , outre que les fers demy jgS
glois ne font point fi fujets à porter iur la folle, ny à caufer des bieymes comme
autres.
                                                                                                               rhe-
On doit abattre le talon jufqu'au vif, fans creufer dans les quartiers à tous 'esy^
vaux qui fervent actuellement au Manége quand on les ferre ; que fi le pied eft »
teré qu'il foit fort dur, comme il arrive prefque toujours; il le faut humecier ave
la fiente de Cheval mouillée, ou une bonne remo lade.
                                          ^anj
-ocr page 137-
SECONDE PARTIE.                          137
Dans Paris, dans les grandes Villes, & aux pays pierreux, on ferre les Chevaux avecCliAP»
*?es fers afîèz couverts, à caufe du tracas des Villes, des clous des rues, & des pierres qui 46.
roulent le pied : & mefme dans Paris on feroit les fers tous couverts aux Chevaux de car-
£ofiè, pour éviter les grands accidens qui arrivent de* clous de rue; mais le gravier & le
*able s'enfermeroient entre le fer & la folle, fans qu'on les pût nettoyer, outre que la folle
** la fourchette fè pourriroient, faute d'air, & pour eflre trop enfermées.
Pour empêcher de prendre des clous de rue, ou plûtoft des chicots, il y a des gens qui
ne font jamais parer les pieds des Chevaux, & laiffent croiftre la folle autant forte qu'elle
Pfut l'eltre, afin que cette dureté refifte aux clous des rués, mais beaucoup mieux aux
chicots, que les Chevaux prennent dans les nouvelles tailles, quand ils courrent à la
gnaffe; & pour parvenir à cela on ne pare jamais la folle & on n'en ôte point du tout, le
Marefchal n'ayant autre foin que d'ôter un peu du pied pour faire porter le fer & le bien
aJufter fur la corne fans toucher à la folle.
_ Mais lors qu'ils voyent que la folle crève & qu'elle s'écaille, parce qu'il ie forme une
nouvelle folle au defious de la vieille, comme auffi une nouvelle fourchette, lors il faut
V^eflairement parer le pied pour ôter ce qui fe lepare de luy-mefme : & jamais autrement,
j* Par ce moyen ils pretendent empêcher que rien ne puifte pénétrer dans le pied. Quel-
^Ues chaiTèurs fe fervent fort de cette methode, qui n'eft pas mauvaife à certains Che-
Qaux> mais elle peut bien caufer des bleymes, qu'on a plus de difficulté à guérir fouvent
3U Un chicot, & laiiîànt trop de pied à un Cheval, il fe'peine fort, & peut broncher fati-
guent ; on pourra effayer Ci on veut cette methode.
. On ne fait point de planches aux Chevaux de carroflê comme aux Mulets, parce que la
Panche eft un fer tout couvert, qui n'a qu'une ouverture comme un écu blanc au milieu,
p ec la planche on pourrait éviter beaucoup de clous de rue', par où tant de Chevaux fe
rc*ent tous les jours: mais la différence eft grande en ce que les Mulets ont leur plus
Jl^de force du pied au talon, au lieu qu'aux Chevaux c'eft à la pince (parlant des pieds
c devant) de forte qu'on ne peut- laiiîèr les talons fi haut d'un Cheval comme on feroit
^üx d'un Mulet; outre qu'on laifte un efpace ouvert entre le fer& la pince aux Mulets,
orn"1 aPPel!e un "*fflet Par °ù l'eau s'écoule, ce qui ne fe peut faire aux Chevaux, car
v Ieuraffoibliroit toute la force du pied; puis qu'elle n'eft pas au talon, mais feulement
]e f Pince, au contraire de ceux-là : la principale raifon pourquoy on ne couvre pas tout
juf er aux Chevaux de carrofïe, eft que le pied des Chevaux eft plus humide que celuy des
(j> • ets) ainfi il fe pourriroiten hyver & fe deflecheroittrop enEfté, s'il n'avoit point
•pr> étant tout couvert,
j-pt de plus la planche conferve véritablement le pied, mais elle ruïne la jambe, ■& la
Jetsrantine confcrve la jambe & ruïne le pied : cecy foit dit en paftànt à l'occafion d es Mu-
fUr I sfersàl'Angloife, font legers & très-bons aux Chevaux qui ont le pied foible, mais
fol] e Pav^ ces fers f£ caftent bien-toft, & dans les pays pierreux les cailloux foulent la
àfn? & caufent des meurtrifïèures, aflurément les habiles Marefchaux Anglois forgent
lei)rveil!e un fer délié: il ne fe peut rien de mieux, nydeplusuny, & les font tres-ex'ccl-
^ p' Parce que leur fer eft meilleur que le noftre: dans leur pays où le terrain eft doux
■(jnans pierre, ces fers étroits font bons, mais en ces pays icy il n'y a pas d'apparence.
Ca,lsMarefchal Anglois tient le pied luy mefme, lepare, ajufte fon fer, & le broche
rCfe a"*e de perforine, il tient le pied du Cheval entre fes deux genoux, ledeffèrre &le
U'io.re tout feul, c'eft un affaire de fait que perfonne de ceux qui ont efté en Angleterre
î
es Turcs furpaiTent toutes les Nations du monde pour la ferrure, ils battent èWor-
-UM IL                                                          S
cent
-ocr page 138-
13?                 LE P A R F A IT M A R E S C H A L,                  .,afl
gent leur ferfans ouverture &pretque à froid comme on fait l'argent, les quatre »£* a
Cheval ne pèlent pas plus qu'un des noftres, & durent prefque autant : le fer qu'ilsel
pioyent contribue beaucoup à cela, & le pays où les Chevaux cheminent qui eit doux-
De la ferrure des Chevaux qui fe couvent.
C'Es t une incommodité affez notable quand un Cheval fe coupe, on qu'il s'en
taille, c'eftàdire, qu'il s'écorche & s'emporte le boulet. Les iVIarchauds de y ^
vaux de Paris difent qu'un Cheval déchire (es chauflès, qu'il gâte fon bas de foye > ' t
neceffaire de fçavoir les moyens d'y remédier. Avant de donner les remèdes qu'on P ,
pratiquer pour les Chevaux qui le coupent, j'ay remarqué qu'en acheptant des Cheva
s'ils croifent fort les jambes eu cheminant ou conclura qu'ils feront fujets à fe ^°??uc
Cela eft vray-femblahie, mais il y a encore quelque chol'e de plus considérable: c • ?3jt
ces fortes de Chevaux s'attrapent d'une jambe à l'autre en difterens endroits, ce ^ul u
qu'on ne peut remarquer s'ils fe coupent quand ils fe font heurtez de la forte; û°e r£û~
endroit douloureux &fen(ible, ils bronchent le pas qu'ils font après le coup, par 'er cel-
timent de la douleur on croit que le Cheval a les jambes ufées, quoy qu'il lesayee*e
lentes, mais la douleur qu'il fe fait en s'attrapant delà forte, le fait broncher. ^,gjà,
maniere de s'at-f râper eftpire que s'ils feçoupoient, car il n'y a pas de remede à cel
&àcelle-cy il y en peut avoir : pour s'empêcher d'y eftre attrapé, il ne faut point acneH ,
de Chevaux qui croifent de la forte, quoy qu'on vous falïè voir qu'ils ne fe (ont P°'ntlhllte'
pez, car étans las peut-eftre ils s'attraperont, broncheront enfuite, ou peut-eftre cul°
rontïic'eftdanslacourfe.
                                                                                   ,.,$y
La ferrure eft prefque l'unique moyen pour empêcher ceux qui fe coupent, il eft 3l1
donnerordre s'ils font jeunes & qu'ils fe coupent pour ne pas fçavoir marcher.
            . fe-
il y quatre chofes qui font que les Chevaux le coupent ; premièrement la lafîituo? > .
condement la foiblefle de reins: en troifiéme lieu, mal porter les jambes en cheffi' ' ^.
en quatrième lieu, & finalement, pour n'efere pas encore habituez à cheminer, ^J-^^i
rez dans leur allure : on guérit ceux-là, ou plûtoft on les empêche de fe couper ■ . 0.
pourroit ajouter la mauvaife ou trop vieille ferrure, mais je fuppofe que le Cheyaol
bien ferré à l'ordinaire, il (è peut donc couper de ces quatre façons, mais plus io
aux jambes de derriere qu'à celles de devant.
                                                        -{Terre'
S'ils fe coupent par laffitude, je ne fçache point de meilleur remede que de les lai e[lt,
•polèr,, & de les bien nourrir. Les Barbes qu'on mene en main, s'attrapent tres alie[iejjjr
& ils fe coupent prefque toujours, parce qu'ils marchent fort froidement, &avec û\eS
gence; c'eft le contraire de certains Chevaux qui fé coupent parce qu'ils lèvent tr
jambes en cheminant, ce qui les laffe & les fatigue bien-toft, enfuite ils fe coupent- glJ
Quand on void un Cheval qui fe coupe, il ne faut pas d'abord l'aceufer, ïàas av
fi ce n'eft point quelque rivet; ou que le fer déborde par trop.
                               hie&âr
Après un long voyage tout Cheval qui ne s'eft point coupé, donne une fevorao- , eau'
que de fa bonté, il en eft peu qui après de longs voyages, ne fe foient coupez peu o
Ce deffaut eft ai fé à connoiftre; car on void premièrement le poil coupé au de £
boulet, & l'endroit écorchéfouventjulqu'à l'os, & quelquefois le Cheval en bo
avoir le boulet enflé.
                                                                                          pie^s'
Si le Cheval s'eft coupé aux jambes de devant, il le faut déferrer des deux ^
-ocr page 139-
-------------------,--------------------:---------------------------------------------:---------
S E G O N D E P A R T I E.                                r3P
2 abattre fort Ie quartier de dehors de chaque pied, & ferrer l'éponge fort en de-CfiAp.
*S$6, afin qu'elle fuive le rond du pied , fans aller au delà du talon comme aux au- 47.
«es fers & couper ladite éponge aulii courte que le talon, river les cious dans lacor-
*Je fi juties qu'ils ne parojffeiit point au dehors; ou bien l'on peut pour les mieux river
aans la corne, brûler un peu avec un fer chaud, au dellbus des trous, & les river en dedans.
» Si le Cheval après cette ferrure continue à fe couper, il faut groffir les éponges par
fe dedans au double de celles du dehors, & toujours abattre les quartiers de dehors
JUlqu'au vjf3 & fans toucher à ceux de dedans, river les>clous fort julte.
«'il fe coupe aux jambes de derriere, il faut de melme déferrer & abattre lesquar-
lets de dehors jufqu'au vif, luy mettre des crampons en dedans, & les tourner e«-
Qrte qa'jis fùfvent le rond du pied fans déborder; & fur tout, bien river les clous,
ar un féal rivet fera un grand defordre.
Les grands Mulets qui fe coupent derriere, ne valent rien, & on les croit éreirt-
\y &; incapables de rendre bon fervice, hors que ce fût par une grande jeuneffe
^u'i!s fe coupaiïent.
Les crampons en dedans aux pieds de derriere, univerfellement parlant, font plus
Wcs, de meilleur fervice, & de meilleure grâce qu'en dehors, comme tous les met-
j ntî & fort mal à propos, excepté aux Chevaux qui portent mal les pieds & ufent
/°P leurs fers en dehors : un crampon en dedans fait inarcher un Cheval plus ouvert
^ieux à fon ailé, & la jambe a fon affiette plus naturelle, hors comme j'ay dit que
°Us remarquiez que voftre Cheval ufe fort les fers en dehors, car les crampons en
e^ans ne vaudraient rien, fentensaux pieds de derriere.
four les Chevaux de Manége, on ne leur met point du tout de crampons ny de-
?B! ny derriere; parce que comme on voudroit les faire paffager fur les voltes s'ils
'Pient turbulens ou qu'ils fulïènt fous des perfonnes qui ne feroient pas extrêmement
vivantes, en croifant les jambes, ils fe donneroient infailliblement des atteintes, ce
* ' feroit enfin naître quelque crapaudine ou javar encorné.
Si nonobftant toutes ces précautions, le Cheval fe coupe encore, fi c'eft parexem-
Pe un jeune Cheval de carroflè, il faut faire tout ce que nous avons dit, abattre le
c ?rtier dehors, mettre un crampe n dedans, ferrer fort jufte en dedans, & ne mettre
rO'nt du tout de doux au dedans du pied , mais un pinçon à la pince pour tenir le
r^n eftat, continuer quelque-temps de la forte, le Cheval apprendra à marcher &
fat 50QPera Plus' <îuoy qu'on le ferre à l'ordinaire après: ou bien le repos, s'il eft
çjgué le remettra, & pour dernière refource, il faut le ferrer à la Turque. Si vous
j. es en voyage, après l'avoir ferré de cette maniere, il faut avoir recours à l'inven-
tou'1 ^CS Meflaçcris de Normandie, qui mettent une botte de cuir, ou de feutre au-
pé r uu boulet, & l'y attachent pour garantir cette partie; la piece de feutre eft cou-
(,* Plus étroite par le haut que par le bas, & on l'attache feulement en haut, les
s^ev»ux^ont d'abord de la peine à cheminer, mais dans peu de teinps, ils peuvent
b^ acc°ûtumer, quoy que ce foit une tres-vilaine invention, qui fouvent fait enfler le
'ct; & du moins fait cheminer le Cheval de mauvaife grâce.
Iets V°US aveZl des Chevaux de main qui fe coupent, il faut leur entourer les bou-
Ufc- avec de la peau de mouton ou d'agneau, le poil contre le poil, quand elle fera
ei en mettre une nouvelle,
en Chevaux qui ont les pieds délicats," & qui par mal-heur viennent à fèdefferrer
pjjarnpagne, éloignés des Marefchaux, courent fortune de fe perdre & fe gâter le
}e* > il faut enveloper le deflous du pied du Cheval avec une piece de chapeau pour
"ener en maia, jufqu'à ce qu'on ait trouvé le moyen de le ferrer.
Sa                                                                II
-ocr page 140-
i4o                LE PARFAIT MARESCHAL,                    ,.
.CiiAi'. Il y a une invention de fers à tous pieds qui fe pofent fans clous, avec une borali
47. re qui lie & entoure la corne tout autour ; puis avec une vis on le ferre enforte qu
le pied fe trouve enclos là dedans, comme dans une boé'te, ces fers ne font d'aucun
fervice pour la campagne ny pour la Ville ; & le fieur Frédéric Grifon en fon L*^
de Cavalerie en a donné le delfein, quoy que fort imparfait & où il y a bien à retor*
mer & à ajouter.
                                                                                                   .
Un Homme de campagne voyant fon Cheval defferré, crainte qu'il ne s'ufaft j
pied, tira fa botte, mit le pied de fon Cheval dedans, & fit fon entrée de la fort
dans une grande Ville. J'ay veu un Cheval dans une des bonnes écoles de Franc
perter des fouliers dans le Manége, il n'avoit pas la corne allez, bonne pour porte
des fers. Les François ont negligé de traitter de cette matière, qui pourtant n'eft ?â
à inéprifer; les Italiens en ont écrit fçavamment: fi vous en eftes curieux, vous po
vez voir le Livre intitulé, II Trattato del Ferrare i Cavalli, con i ferri in deffegno di^~.
fare Fiafcbi nobile Ferrarese
, mais félon mon fens il en dit trop, & il en dit trop PeU'
J'efpere que le peu que j'en ay dit, fuffira pour voftre ufage, fi vous prenez le 1°'
de le lire & d'en fçavoir les methodes, beaucoup de gens voudraient de bon ces
fçavoir les chofes, mais il y en a peu qui fe veulent donner le foin de les apprendi •
Pour éviter le foin que donne un méchant pied à le ferrer dans l'ordre, il faut »
acheter avec de bons pieds & fi bons, que vôtre Marefchal quoy que fort ignorati1'
ne luy puifle ruiner les pieds.
Comme on doit nourrir Cr f enfer les grands Chevaux dans le fejour.
CHAP. f Eux qui cherchent le fecret d'engraiffer les Chevaux avec peu de nourriture, 'e*
48. ^-y maintenir en bon corps, leur tenir le poil bon, & leur conferver, &mefmeaug#
, menter la vigueur , ont raifon , puifque cela eft pofTible, s'il ne travaillent guere*j
ce n'eft que la methode de les bien nourrir dans les heures, & de les bien penferQ
les engraifie, & non pas l'abondance de la nourriture, ny lefeulrepos, qui mainte"
nent le Cheval gras & en cœur ; on ne doit pas fe mettre beaucoup en peine ?oaïJnS
couvrer certaine poudre qu'on croit pouvoir eugraiffer les Chevaux toute feule? *a
autre précaution que d'en donner, & la rendre ufuelle; fur ma parole, il n'eft P0)
d'autre fecret ny d'autre poudre que d'avoir une methode bien affurée, il n'eft P
befoin d'en chercher de nouvelles; & comme il y a beaucoup de perfonnes qui la Pr
tiquent avec fatisfaciion, il ferait inutile de la propofer icy, fi je ne croyois faire to
à ceux qui commencent; c'eft donc pour eux feulement que je décris la maniere do
il faut gouverner & nourrir les Chevaux de prix, comme font les Chevaux de MaI1
ge & les beaux Courreurs, où il faut apporter plus de précaution que pour les co*
muns, aufquels il ne faut pas tant de foin; on retranchera tout ce qu'on voudra,
on ajoutera de mefme.
                                                                                       .
Vous notterez que les Chevaux maigres ont befoin d'une plus grande nourrit^
«jue ceux qui font gras depuis long-temps outre les précautions que je diray : mais
puis qu'ils font une fois bien pleins & bien agrenéz on les nourrit pour la moitié, m el
les deux tiers de nourriture moins, qu'en les êngraiffant, pourveu toutefois qu'ils traV»
lent peu, car afrurément le grand travail confume tout.
                                          es
La nourriture des Chevaux de Manége eft en moindre quantité que de tous les 3U
Chevaux; ils n'ont qu'un travail mediocre, & qui n'eft pas de durée quoy que viole" ?s
-ocr page 141-
SECONDE PARTIE.                          141
jfcais plus le travail eft grand, plus grand doit eftre l'ordinaire d'avoine & de foin, &Chap.
le travail des Chevaux de Manége, s'il eft dans l'ordre, n'eft pas un travail, mais un 48.
e*ercice pour diffiper les mauvaifes humeurs & donner appetir.
Avant que d'en venir aux particularitez, j'établiray quatre maximes, qu'il elî ne-
cefiaire de fçavoir pour l'intelligence de tout le refte.
La premiere 'eft que le foin gâte ordinairement les Chevaux qui en mangent trop,
quand ils ont paffé iix ans, mais avant les fix ans, un Cheval ne valut jamais gueres
jpoins de manger du foin à fon aife, pourveu qu'il ne foit pas trop gras, & qu'il ne
J* charge pas trop de chair, on ne doit point appréhender que le foin les rende poul-
**«, ny qu'il leur altere le flanc.
Il y a des Chevaux fort gourmans, qui le long du jour mangent leur lattiere, c'ett
a «ire la paille qu'on met fous eux, il faut abfolument l'empêcner, lors que la litic-
re a fervy plus de deux jours, elle leur gâte l'haleine, & les fait fort fuër, & fi l'on
avoit à faire quelque travail extraordinaire, il deviendroient pourîifs; il eli aifé de les
^Pêcher.
L'autre maxime eft, qu'à tout Cheval qui eft gras, & qui eft de féjour, c'eft à dire,
iu.' ne travaille point ou très peu, la paille de froment qu'on appelle la gerbée fraîche bat-
Ue> luy eft meilleure que le foin, l'haleine s'en maintient mieux, le Cheval ne s'altère
Ç°"it le flanc, & la graille de paille eft toûjous plus ferme que celle de foin, & de plus de
urée ( on dit aufîi Cheval de paille. Cheval de bataille. ) Enfin un Cheval fera un an dans
o°e écurie deféjour, ne mangeant que de la paille & de l'avoine ou du fon fans fe gâter :
^e s'il avoit mangé du foin, il s'envieilliroit & fe rendroit trcs-lourd & pelant en trois
^ de féjour.
kj Quelques perfonnes qui n'auront qu'un Cheval à l'écurie, diront qu'ils l'empêcheront
^'deféjourner, & de demeurer fi long-temps fans rien faire ; mais s'il devient boitteux
j biefTé, ils y feront bien contraints; & ceux qui ont de grandes écuries, fçavent bien que
j■ P'usfouvent, fur tout au retour de la campagne, où ils ont efté fatiguez, il faut les laif-
ri*e féjour pour fe remettre, & bien long-temps.
.Les Chevaux étroits de boyaux, qui n'ont point le flanc altéré, valent mieux de man-
|Qf du foin que de la paille, auffi foflt-ils exceptez de la regie precedente, parce que le
,'U les fait boire, & l'abondance d'eau tempere ce feu qui les confume, & les empêche
bo ^renc^re du flanc ; le foin confideré comme foin, fembleroit devoir plûtoft ôter du
ta,^au qu'en donner : car par fa chaleur il cauferoit plus de mal que la paille qui n'en a pas
tût ' ^3'5 comme '' oblige le Cheval à beaucoup boire, à* caufe qu'il eft plein d'un fel
aiirT ? ^U' Prov°que la fctfj la quantité de boiffon éteint le feu, pour grand qu'il foit,
du nUn Cheval qui n'eft plus dévoré par ce feu qui luy ôtoit le boyau, eft capable d'avoir
foi, -nc ftffifamment, c'eft pourquoy on ne doit faire aucune difficulté de donner du
t0ftlaces Chevaux, & tout Cheval maigre qui mange bien, s'il boit beaucoup, ferabien-
l^gras& plein,
'eft,°ur les maigres vous ne les engraififerez pas promptement avec delà paille, le foin leur
p03uc°up meilleur, s'ils n'ont point le flanc altéré, car s'ils ont quelque fentiment de
]ap e' le foin ne leur vaut rien, pour des raifons que j'ay déduit fort au long parlant de
tiirie j ' car 1u°y qu'on die fort à propos, ce Cheval a le flanc altéré lors qu'il a reffèn-
cha]ilt "e Pouffe, il ne faut pas croire que cette altération vienne de chaleur, puifque la
9uif Ur n'eft qu'un accident, à la pouffe; & fa caufe eflèntielle vient d'un principe froid,
les Q^n\ ^es flegmes vifqueus, lents & pefants, qui obftruent & bouchent non feulement
ririg^uitsdelarefpiration, mais le paflàges par où le fang coule pour rafraîchir & nour-
Poulmon, & cela dans la circulation perpétuelle qu'il fait, parce qu'entre la veine
S 3                                                   arte-
-ocr page 142-
s4a                     L E PARFAIT M A R E S C H A L,               , ,
Ch AP.anerieufc & Fartere veneufe, il y a dans!eparanchunedupoulmondesanaiiomofesû
4&. veines aux artères, qui fouyent étantbpucheés, cauiéut cette chaleur accidentelle au P°u
mon par la chaleur que le fang leur communiqué.
                                                       .,
Les Chevaux qui font fujets à fe charger d'encolure, ne doivent pas trop mangerde pa' ^
le, puis qu'elle l'augmente, vous le connoiftrez par expérience, mais hors de ces ej^e?
lions, noftre maxime fubliûe, excepté aux Chevaux d'Efpagne, Lesquels vieillHian^
l'encolure diminue, tout au contraire des autres Chevaux; auffi ie crois qu'un CheV r
d'Efpagne qui a l'encolure épaifte& bien formée, eft meilleur que s'il n'en avoit pas, c
la bouche en eft plus affurée& ferme, iln'eftpasfifujet; à battre à la main, & par Cöiw
quent l'appuy en eft meilleur-
                                                                                             u
La paille de Langudoc eft tres-excellente, parce qu'étant foulée fous les pieds en
battant elle eft hachée, & adoucie par confequent, ainli elle eft plus appettante, ce n .
pas qu'on ne la puitïè couper auffi menue, mais on ne pourroit fans une peine extrême
doucir comme elle eft.
                                                                                                        t
Il ne faut pourtant pas bannir abfolument le foin, il en faut un peu aux Chevaux âV
boire pour les y inciter, & fans foin avec la paille feule on a de la peine à maintenir ce
tains Chevaux bien gras, je croy qu'il leur en faut tous lesjourslix ou huit livres, n°
qu'il y euft des raifons pour n'en point donner du tout.
                                                 . je
La troifiéme maxime pour l'entretien des Chevaux, eft de ne leur faire jamais boire
4'eau trop vive ou trop froide, comme nous avons remarqué en parlant de ce qu'il faut ^
ferver en voyage, parce que cette eau fi vive leur affbiblit f eftomach , engendre des er
direz, &caufedesobftruôionsdansletby.e, c'eft de là d'où proviennent lòuvent les tr ^
chées, & maux de ventre ; l'eau vive empêche le Cheval d'engraiflèr lors qu.'il eft ^f^J-
& étant gras le fait amaigrir; en un mot, elle luy eft tres contraire. L'eau des grandes fi
vieres eft très-bonne pour la boiffon des Chevaux ; quoy que celles qui font trop rap''"eSr jt
foint pas fi excellentes, l'eau des fontaines vaut mieux que celles de puits, quoyqu'°n jg.
contraint.de s'çq fervir en beaucoup d'endroits, ne pouvant mieux faire. L'eau rep°
& tirée du puits ou de la fontaine de long-temps, eft meilleure que celle qui vient d c
puifée, hors dans le grand froid où l'eau étant puifée eft chaude, &ainfi elle eft01
leure pour la boiffon des Chevaux que fi elle s'eftoit refroidie étant puifée depuis lo»»
temps.
                                                                                                                               ci-
Afiùrément la bonne eau contribue à tenir un Cheval gras, l'eau de la Seine eft n ex je
lente pour les Chevaux, qu'à Paris on void peu de Chevaux maigres, & dans les Pa^[£s
montagnes, où les eaux font vives, on en void peu de gras; cen'eftpas que l'eau feu' .^
engraillc à Paris, comme bien des gens croyent, mais elle ne lesfait pas amaigrir r ƒe P car
•c'eft qu'on n'y peut fouffrirdes Chevaux maigres, on n'y en amene point pour ven"'e'eu-
pn fçait que le débit ne s'y trouve que des Chevaux gras. Je connois un Homme qui deP
-fe dix écus tous les mois en eau de Seine pour faire boire fes Chevaux.
                            eUt
La quatrième maxime eft de maintenir le Cheval gras, car étant maigre, il ne. • \\
eftre fi beau,on n'en doit rien attendre de parfait, foit pour le Manege, foit pour le ^erVl^0nt
eft vray qu'il y a des Chevaux maigres qui fatiguent plus que ne fçaui oient faire des gras> g
il y en a quelques-uns qui ne valent gueres,& bien fouvent rien du tout pour le fervici*■ ^
ces maigres étoient gras,ils fèroient encore meilleurs, & fatigueroient avec plus de vig
& fi ces Chevaux gras qui ne valent gueres, étoient maigres, ce fèroit encore pire-
          ;.
Cette Maxime a quelques exceptions, il y a des Cravates qui fatiguent mieux étant
gres qu'étant gras, mais ils font en petit nombre.
                                                           tr3r
Je ne prétends pas que les Chevaux trop gras foient meilleurs que les autres, au e° . çe
reijs font moindres cV incommodes, fur tout dans les chaleurs, ilsfe laffent d'abof i^,
-ocr page 143-
^A.                     ' SECONDE PARTIE.                               ìjj.
®egoûtént facilement, fontfajetsà laforbure, gras-fondure ,& font peu capables de ren- Cita p.
jjrc du fervice, ils valent toujours mieux que les maigres, ils ne coûtent rien à maigrir, 48.
<* on n'engraiilé pas les Chevaux quand on veut.
On peut donc recevoir ces quatre Maximes pour véritables, non feulement pour lés
grands Chevaux, mais encore pour tous les autres, jufqu'aux moindres mazettes : Vous
reinarquerez qu'un Cheval fort gras, & agrené depuis long-temps, & qui ne fera qu'un tra-
vail mediocre & réglé, s'entretiendra: avec fi peu de nourriture, que ceux qui ne l'ont pas
*®fe, auront peine a fe le perfuader. J'ay veu les plus grands Chevaux de carofTe ne manger
°tislesjours chacun qu'une botte defoia, une botte de paille, & les deux tiers d'un boif-
**tt d'avoine, & eftre gras à pleine peau, avant que je les euffe réglé à ce,t ordinaire ils
e«oient toûjours.malades par trop de nourriture, & depuis ils fe font très-bien portez.
, De croire que fur ce pied on puiile nourrir de grands Chevaux de carroITe qui fatigueront
eaucoup, ou qui ne iéroient pas extrêmement gras & agrenez depuis long- temps,' c'eìì fe
tomper bien-fort, ainii il faut bien prendre fes mefures avant de rien déterminer là-deiïus.
De la necejfité qu'il y a d'étriller O" penfer les Chevaux.
À PRE'S avoir parlé de la nourriture des Chevaux, il faut enfeigncr la maniere de les CHAP;
*■ bien penfer, cette partie n'eftgueres moins neceffaire pour leur entretenement que la 49,
Precedente, ce que pourtant beaucoup de perfonnesne fçauroient'fe perfuader, pour-
^u°yil eft fi neceilàire & d'une fi grande utilité de bien penler les Chevaux, ils croyent
Pourveu qu'on les nourrilfe bien & amplement que c'eit alfez, fans s'attacher fi regulie-
erTlent à les tant étriller, & à les penfer tous les jours ; la raifon en-eft néanmoins allez clai-
e' & fi on prend la peine de l'examiner avec attention, jecroy qu'on fera demon fend-
ant, & qu'un Cheval avec moins de nourriture diftribuée méthodiquement, bien penfé
bien étrillé, s'entretiendra plus gras, plus beau, & plus agréable , qu'avec beaucoup
Plus de i-iourriture 5 s'il n'eft pas bien penle.
j v an-Helmon qui s'eft rendu celebre par fa methode de traiter les malades, recomman-
e.Preferablement à la nourriture, de bien penfer, & d'étriller les ânelles dont il ordon-
0lt le lait à ceux qui avoient quelque afféérion de poitrine, aflurant qu'on connoilToit au
^p^dulait, fil'âneffe n'avoitpointefté étrillée cejour-là. Sicelaeft, ilfautquel'ufage
j1 étrille falTe un notable changement dans les humeurs, voicy fes paroles, Afinapeclen-
ift inflar c quorum, quia ex lattis guftu dirnofcifètejl an afina pexafuerit iflo mane an non.
ç<l Ur expliquer la necefîïté de l'étrille, & combien il eft important de bien penfer un
p-^'aïj je commencerayunpeudeloin, mais l'on ne fera pas fâché de voir ieyen abre-
t0 œconomie naturelle qui fepallèdans l'intérieur des Chevaux. Le Cheval, comme
r tvivant, tient de la nature du feu, habet enim acidum innatum, qui a befoin d'aliment
$, , f0Ii entretien, faute de nourriture il fe diflipe par un écoulement continuel, H fe perd
aprS-eteint entièrement ; la nourriture du Cheval confifte dans fon boire & dans fon manger,
liveeS a.Voir mâché fortement les alimensfolides, &lesavoirpaîtrispar le moyen de la fa-
des ^V^t?rn'De ^e ^eux petits canaux, qui prennent leur origine entre les glandes paroti-
vern' ** s'inferent entre les deux mâchoires au deiïous du mufcle crotafite, d'où par le mou-
la la ent Rameur tombe peu à peu dans la bouche, & fe mêlant avec l'aliment, par l'aide de
jj^ ngue il les avale, & ce quìi prend par la bouche, va au fond de l'ettomach, qui eft com-
pir j APiarmi te du corps, où par la chaleur des entrailles, & particulièrement du foye, &
lecours d'une humeur acide penetrante & duTolvante fe fait la premiere co£tion qu'ï
-ocr page 144-
H4                     LE -PARFAIT MARESCHAL, u dc.
C h a p. digère les alimens, & les change en une matière blanche comme du lait, que les J\*
49- cins appellent chile.
                                                                                     _         câr
Que ce lue acide foit la principale caufe de la coâion des alimens il eft manifefte,
nous voyons que ceux aufquels il abonde le plus, ont plûtoft djgeré, & font plus gra s
mangeurs que les autres ; l'exemple aux Hommes mélancoliques eft clair, en ce qu °n_
void plus grands mangeurs que les autres, .& mefm-en quelques-uns, cefuc eft fi c\
dant qu'il fort'del'eitomach, &dés lorsileftnuifible, cani eft hors de fon lieu natui '
ainli il trouble les autres digeftions, il les empêche de faire leurs fonctions & ainii d'eiigr^ .^
fer, celafe void mefme dans les oifeaux& à la volaille, où ce lue acide eft lì penetra" ^
diiTòultde telle maniere le grain qu'ils avalent, que dans fort peu de temps il eft digerì
quiferoitimpoflible à la chaleur naturelle toute feule fans l'aide de ce lue. Gela le c°n, Q.
me en ce que vous voyez que la volaille (par un inftinct naturel que l'Auteur de toutes c
fes leur a imprime) avale tres fouvent du gravier,& de petites pierres lors qu'ils ne trouv
pas fuffifamment dequoy remplir leur ettomach pour émoufler &affoiblirce lue par 0y
matières dures, afin de l'arrefter qu'il ne forte de l'cftomach manque de matière fur 1
agir, ce qui empêcherait les autres digeftions & les amaigrirait.                              » hoir
Selon la quantité & qualité des alimens, &felonIadifpofîrionde l'eftomac, & lat> j
dance ou le defTaut de ce fuc acide, cette coction s'achève, ou plûtoft ou plus tardi qua s
elle eft parfaite, l'eftomac s'ouvre par en bas, cette matière digérée & blanche, paffe P . s
: plus lubnl & le mieux prepare ; ces veines par leur blancheur lont nommées laciez ^
les font répandues dans deux refervoirs qui font de la groilèur d'un petit œuf, fi[U rUf
milieu du mefme mefentere, entre les deux productions du diaphragme, & couche2 .
les vertebres des lombes; dc ces refervoirs fortent deux canaux qu'on appelle thoraciqUe
caufe de leur fituation, ou chylidocques à caufe de leur ufage, l'un eft au côté droit & 1
treaucôté gauche, ilsfont gros comme une bonne plume de Cigne, & font couchez
le corps des vertebres du dos, le long de la grande artère, & montant jufqu'aux üf \A
vieres, y laiflênt couler le chyle parmy le fang, quirevientdefejetter, felonl'ordreo ■
circulation, dans le ventricule droit du cœur pour eftre changé en fang. Cette n1^1^
blanche eft portée par des canaux qu'on appelle veines laâées, jufquesdans un tronc P
fpacieux, qui s'étend depuis les reins le long de l'épine du dosjufqu'au haut de la P°' ^
ne, &fe dégorge par plulieurs ouvertures dans les rameaux de la grolle veine, où en
fourche pour fe diftribuër dans le col, & dans les épaules.
                                       , |£-
Ces canaux ont efté heureufement trouvez il y aprésdefix vingts ans par Bartn1 ^
my Euftache Vénitien , dans l'anatomie d'un Cheval; ce n'eft pas un petit aVâ%^i
au Cheval d'avoir contribué le premier à trouver une partie inconnue aux Anciens, ~*
eft fi necelfaire pour fçavoir la julte & légitime difpenfation des humeurs dans noftte c0 jg5
Entre les modernes Thomas Bsrtholin eft le premier qui a trouvé ces canaux "^.^t
Hommes. Olaus Rudbek eft le premier qui l'a trouvé dans les chiens; &Jeanr ea
eft le premier qui en a écrit : mais il n'y en a pas un qui rapporte la gloire de cette découv g
à fon véritable Inventeur, qui pourtant merice bien qu'à fa confideration, on non ^
ce vaiffeau Euftachien , qu'on appelloit jufqu'à prefent aux Hommes Thoraciquc ^
Chylidoques: mais aux Chevaux ils doivent potter le nomdecetilluftre Anatoaiu
Chevaux.
                                                "»*                                                    "; ^ge
. Le Chyle ou cette liqueur blanche monte par les canaux Euftachiens, & fe de<jat;üii
dans les veines, & fe méfie peu à peu avec le fang, qui fuivant l'ordre de, la circu ^
découverte dans ce 'riccie par Harveus Anglois, defeend & fe porte dans le cœur P^.j
-ocr page 145-
SECONDE PARTIE.                               14f
e«re changé en fang, d'où enfuite il eft pouffé par le fyftole dans les poulmons au tra-Cït A
Vers de la veine arterieufe; des poulmons il eft rapporté au ventricule gauche, parl'ar- 49,
tere veneufè, qui a des anaftomofes, c'eft à dire, des communications avec la veine ar-
terieufe, là ii eft élaboré & rendu plus parfait, puis envoyé en la grofle artère, d'où il
<jûule par toutes les parties du corps afin de les nourrir, où il rentre par les anaftomofes
pus les veines, qui le rapportent par divers chemins au cœur; & par une fuite continuel-
'e « réitérée de tours & de retours, fè perfectionne ; ainfi le fang fe purifie de plutieurs
Parties fuperfluë's& inutiles que la nature fepare& rejette, & le fang bien purifié & fubti-
'fé, fournit des efprits qui font les premiers miniftres de la vie, & les inftrumens princi-
paux de toutes les aâions.
*1 n'y a pas d'apparence que ce fuc blanc pafîè tout entier dans les veines, & qu'il fc
OUrne tout en fang qui eft rouge, parce que les Chevaux font compofez de plufieurs
Punies blanches, qui ont befoin pour leur nourriture d'un aliment qui leur foi tfèmbla-
, e- Ceferoitbien travailler en vain de changer de la matière blanche en rouge, pour
, etechef la faire devenir blanche, la nature n'a pas accoutumé de fe former de tels em-
arras ; Par exemple, dans la. generation du laid aux Jumens , lequel vient du chyle
'reâement, fans avoir eftéfang, comme les anciens ont crû, que c'eftoit dufangblan-
e 'y par la vertu des mammelles, ce qu'on a bien reconnu n'eftre pas, & que le laici le
*0rmoit du chyle : quoy qu'il en foit, la perfection du fang paflé pour la feconde cotìion.
■La troüiéme cocìion que nous devons confìderer, fe fait dans chaque partie du corps,
^1 change l'humeur qui luy eft la plus conforme en fa propre fubftance, pour reparer
Jj Qu'elle perd à chaque moment; cette coâion s'appelle ammilation, qui eftpropre-
neJJt la nutrition,
j chaque coâion a fes excremens particuliers; ceux de la premiere font la fiente; ceux
■ ja feconde, font l'urine, qui fe coule dans les reins & fe porte dans la vefîie; l'on
J^ute la bile ou le fiel qui fe feparedans lefoye, & fe degorge dans les inteftins. L'on
tn^te de quelle coâion eft la pituite ou flegme qui flotte quelquefois dans l'elïomach, &
uJours dans les boyaux, l'on n'eft pas mieux aflùré de la mélancolie, qu'on diteftre
ferfrtee ^ans 'a ratte : ^n e^et l ^ans 'es corPs k'en ^a'ns on ne vo^ aucune excrétion
uble & confiderable de ces trois dernières humeurs.
10 esexcremensdelàtroifiéme coâion, à l'occafion defquels j'ay fait ce difcourstrop
tj, ^ Pour quelques-uns, & trop court pour les curieux, font de deux fortes, lesunsfub-
épj^i s'exhalent & s'en vont par infenfibletranfpiration; & les autres plus crafïès &plus
tvjf î?' Siui s'attachent & s'arrcftent fur la peau du Cheval ; & comme ils font falez na-
fes pfment' ils acquièrent une nouvellle acrimonie par le fejour qu'ils y font, ce qui tient
jou "evaux de cœur inquiets & triftes, fi l'on n'a le foin d'ôter foigneufement tous les
çXcrs cette craflè qu'on emporte avec l'étrille, & qu'on luy ôte de deffus le cuir; cet
les ^?161" de ]a troifiéme coâion, quoy qu'infenfible, abonde extrêmement dans tous
?;nirnaux, & particulièrement dans les Chevaux.
les ce ^u' a obl'g^ 'es Anciens, qui n'avoienf pas l'ufagedu linge, defefervirtous
^0jl°Urs du bain, & mefme pour fe decraflèr, ils fe fcrvoient d'un inftrument que les
torj ains appelloient Strigil, qui a donné le nom à nos étrilles: En effet, fi nous confîde-
Ce S,c°lnbien il fort d'humeurs par le cuir, nous en trouverons une prodigieufe abondan-
' la fupputation en eft facile.
tes 'efoin> l'avoine, l'eau, enfin tout ce qu'un Cheval avallc en vingt-quatre heu-
tçjJ Pef« pareillement les excremens du ventre & l'urine qui fortent dans le mefme
Une o yous trouverez qu'il fort infenfiblement plus de ving-cinq livres par jour, dont
Partie fort par la refpirationj & l'autre par le cuir, le calcul eft fort aifé, cependant
T"«e ff.                                                      T                                            peu
-ocr page 146-
>~~
146                   LE P A R F A I T M A R E S C H A L, ,           . i&
G H A p. peu de perfonnes y font reflexion, aufli la nature a efté fort prévoyante de faire le c ^^
49. Chevaux beaucoup plus ouvert que ceux des autres animaux à quatre pieds, afin
her facilité aux exhalaifons de tranfpirer, & de fortir hors du corps.                         eva^t
Ceux qui appreltcnt le cuir de Cheval ; le trouvent fi poreux & fi court, qu Ü «
du tout rien pour l'ufage des harnois.
                                                                     s &
Lors que cette craife fejourne trop long-temps fur le cuir, elle bouche les por '^
empefche les autres vapeurs acres de s'exhaler, & ainfi ces fuperfluitez qui reftent " $
le iàng, l'altèrent & le corrompent, qui étant corrompu, eft mal propre à bien n ^
"un Cheval, qui fans doute en deviendra maigre, ou tout au moins n'engraiflèra P* j»ôfl
il n'en faut chercher aucune autre caufe que cette-cy, ce qui s'évite par les foins 1U
apporte à les faire bien penfer; fi ces raifons ne font pas capables de perfuader la ne je
de l'étrille à certaines gens qui ne fongént qu'à crever des Chevaux avec force io
confens volontiers qu'ils demeurent dans leurs erreurs.
                                           ge%'
Sans cela, vous ne fçauriez avoir plaifirnyfervice d'un Cheval, j'ay donc /° IjLyerrf
pliquer ici jufqu'aux moindres chofes qui appartiennentà cette partie, ceux qui la 'î le
ne trouveront pas mauvais que j'inftruife ceux qui n'eu ont aucune teinture, & 1ul
fçavent pas.                                                                                                  félon1'0'
J'ay expliqué cy-devant la coétion des alimens, & leur formation en fang ■> }el. far
pinion des Modernes, qui eft aflùrement la plus probable, & la mieux appuyée te
fonnement & d'expérience ; mais fi quelqu'un eft fi fort attaché aux Anciens, qu'1 v0jt
tout ce qui eft nouveau, je propoferay pour fa fatisfa£tion l'opinion de Galien, Qj* <Jc
pafte juf qu'à prefent pour la plus probable, parce qu'on n'avoit pas les connoifla» ^cs
l'anatomie qu'on a prefentement ; & les anciens Anatomiftes s'étoient réglez £?r jpeiï
qu'ils avoient fait fur des finges & des cochons, comme ayant les parties difpolee ^
prés comme les Hommes; les Modernes ayant trouvé le chemin frayé ont penett
avant, comme il fevoid par les expériences journalières.                                  . coC'
Galien fur Hippocrate, a dit que le ventricule ou l'eftomac fait la Prernieraire Ie?
tion, par fon moyen & par la chaleur naturelle, & par cette vertu qu'il a <*? c s
alimens qui eft contenue en iceluy, comme dans fon lieu; car par tout au jayeff*
cette grande chaleur fe trouve, elle eft l'origine des maladies, parce que hors ü
tricule elle eft le principe de la corruption & de la chaleur étrangère : cette >jj
cocirice, aidée de fa chaleur naturelle, les cuit & les reduit en chyle, & aprf ^jeX'
a raiïafié fa faim animale, le piîore ou orifice inferieur de l'eftomac s'ouvre & qUj
te dans les inteftins, dont il eft fuccé & porté par les veines mafleratiques au foy i^^
le change en fang, & après s'en eftre nourry, pouffe le refte dans la veine cav > ^5
il eft diftribué dans les autres parties du corps pour leur nourriture ; Vous remarquerj,<je
coûtions, la premiere dans le ventricule, d'où les excremens font la fiente > 'aeft re"
dans le foye, où le fang prend fa forme & couleur, fes excremens fontla bile, <3U tI.jtic0
ceué dans la veflie du file ; & la troifiéme coâion fe fait dans chaque partie pour la n , jVent
de la partie , qui a les excremens qui font des vapeurs ou fuliginês, qui cfar
s'exhaler au travers les pores par infenfible tranfpiration, & comme il y en a pfpi-
fes ils s'arreftent & s'attachent fur le cuir & bouchent les pores , empêchant la ^^
ration defdites vapeurs, qui étant acres & falées altèrent le fang & l'empêchent         les
rir les parties, mefme le détruifentœ réchauffent: ainfi fi par l'ufage de l'ëtr 1*.^ej1ijf 4
jours on ne débouche & defobftruë les pores, quelque nourriture que le Cheval p ^ t0,j-
ïic peut s'eng'raifler ; au contraire, quand un Cheval eft bien penfé, bien nettoyé qt1 e
te facrafïè, avec moins de nourriture & d'alimens, il fera plus gras & P^'^Y^plus^
le fattgétantbïen feparé de fe's'excremens, qui font les vapeurs «fuliginês, fller r \fl
efìat, quoy qu'en moindre quantité de fervir de nourritures aux parties.
à
-ocr page 147-
SECONDEPARTIE.                             147
Les curieux feront bien aifes de voir icy une nouvelle opinion, laquelle me femble bel- C h a p»
u elle rPefl probable, quoy que je croye qu'elle a plus de fubtilité que de folidité. Nous 49^
ons parlé cy-devant des emuncioires ou glandes qui font fituées en differens endroits
j-u Cheval, lefquelles fervent comme d'une maniere d'épongé pour attirer les humiditez
"Perftuè's des parties voifines.
c~ePuis peu un nommé Warton Anglois, dit qu'elles font compofées de veines, de
P„ .' d'artères, & de vaiffeaux limphatiques, & qu'elles ont une correfpondance tres-
jjj Meulière avec les nerfs, aufervicedefquels elles font particulièrement employées: Il
jjoute de plus, qu'on peut aifément juger par leur fubftance rare & fpongieuie, qu'elles
rerv,ent a filtrer & épurer quelque matière, leur couleur blanche fait voir que cette matie-
çj,n °ft pas un fang fourny par les veines & les artères ; & comme les nerfs fe joignent avec
p es> il y a apparence que leur nourriture vient immédiatement du chyle, qui de fa plus
pur? & Plus fubtile partie leur fournit un fuc exquis pour la nourriture des nerfs, ce fuc fe
y jr?JJc dans ces glandes, paflànt au travers de leur chair comme au travers un tamis, &
t>.a.. e ce qu'il y a de plus impur > & de plus groflier, & de moins propre à la nourriture des
Mr»esnerveufes.
cett me^me Auteur dit que ce fuc nerveux efl: employé aux plus belles fondions du corps :
jn e °Pinion qui eft aujourd'huy receuë généralement de tous les Anglois, qui en font les
Oj Ct"eurs, roule toute fur ce principe tres-veritable, que comme il y a dans le corps hu-
îestf . xrtes de parties, il faut qu'il y aye deux fortes de nourriture, le fang pour
Parties rouges, & ce fuc nerveux pour les parties blanches.
auj n'ennuyray pas plus long-temps le Leéieur fur cette matière: s'il efl curieux de voir
%40n§ cette opinion, qu'il voye le Livre intitulé, Andenograj>bia, feu glandularum hu-
l("Orj>or;s defcripio
, AuthoreThomaJVartono. Noviomagi.
Comment il faut penfer les Chevaux.
E N on s à noflre matière, &difonsque neceffàirement il faut penfer les Che- CHAP.
qu'il VaU^ ' -^ ^ue Pour ^e k'en fa're un Palfrenier n'en peut penfer que iïx : G on delire fo.
maj enait bien du foin, il ne luy en faut pas davantage, carailùrementils'en acquitteroit
dans feuc?re lle doit-il avoir aucune autre chofe àfaire dans le logis, afin qu'il foit toujours
t) n ecurie.
Cheva frenier,. doit eftre difpos, adroit, fouple, nerveux, & hardy; qu'il aime les
doitb'UX' ^ ^u''lai£vo'onte de bien faire: quand on en trouve avec ces qualitez on les
hors denpCOncferVer ' cette marcha»dife, quoy que groffierc, eft aflèî difficile à trouver
Vaüx °£ Je 'ever de bon matin, & d'abord nettoyer la mangeoire devant fes Che-
Prés L? donner à chacun un bon picotin ou une mefure d'avoine, qui tient à peu
Il f" c,Sue la coupe d'un grand chapeau, qui eft deux picotins, dans le cabaret.
part p^^'^eve la litière avec une fourche de bois, feparer la paille nette, la mettre à
l°yer KUr lefoir' & Jetter "He qui eft fale fur le fumier ; après il faut balayer & net-
lc & ]e'Ln,toute l'écurie, & tout le long de la journée tenir la place nette avec la pel-
£n h ■ } car i] n'eft Pas feant de voir de la fiente fous un Cheval pendant le jour.
8c la]a11Zer dans les grandes gelées, il eft tres-bon de remettre la litière aux Chevaux,
Place f Ie Jon8' °ù jour : le foir venu la lever comme le matin, bien nettoyer la
> réparer la paille qui eft falie, & refaire la litière comme le matin ; elle tient les
■■                                            T z                                      Che-
-ocr page 148-
148                  LEPARFAITMARESCHAL,                    ,
Ch AP. Chevaux plus chauds le long de la journée , & leur poil le conferve plus beau dans ia
jo. rigueur du froid.
Le Cheval ayant mangé fon avoine, on luy mettra un filet ou un maftigadour, ^& le n"
rant de l'écurie, fi le lieu le permet, ou on l'attachera entre deux pilliers pour l'étriller»
dans l'écurie la pouffiere va fur les autres Chevaux, s'ils ne font pas couverts, mais lot
qu'on ne peut mieux faire, on les étrille dedans.
                                                          ..
Prenant l'étrille de la main droite, & la queue de la main gauche prés de la croupe» '
faut étriller légèrement au long du corps devant & derriere, & continuer jufqu'à ce 1u
l'étrille n'amené plus de craffe, il ne faut pas pefer avec l'étrille rudement, fur le corps»
mais à l'aife & légèrement, ce n'eft pas la force qui tire la poudre & la craffe, c'eft feule
ment l'addreffe avec laquelle on mene l'étrille qui fait la netteté.
LacralTe étant ainfi tirée de deiTous le poil: il faut prendre une épouffette, qui eft un
demi-aulne de toille ou une de drap, & la prenant d'un bout épouffeter tout le corps p°u
faire voler toute la poudre qui eft reliée fur le poil, &enfuiteaveclamefmeépQuiiött_
nettoyer les oreilles dedans & dehors, fous la ganache, entre les jambes de devant & en
trelescuiffes, & par tous les endroits où l'étrille ny la broilé ne peuvent aller: enfuit0 '
Palfrenier prendra la brollè, & pouffant la tcfticre du filet le plus qu'il pourra en arrier^
fur le crin, ous'iln'aquelelicolilleluyôteraabfolument, & prenant avec la main gaU'
çhe le deffous du menton, il luy brodera bien fort la telle, commençant par le front, a"L
ra foin des yeux & des fourcils, car en cet endroit la craffe s'y attache étrangement,
continuera par toute la tefte, unifiant toujours le poil à la fin, puis il le broflera par tou>-
le corps, mefme aux jambes quand le poil le permet, & continuera ainfi, en nettoya1?
la broffe avec l'étrille, jufqu'à ce qu'il ne voye plus de craffe, poudre, ny ordure fer
corps du Cheval.
De plus il faut broffer les crins deffus, deffous & dedans, pour ôter la craffe qui s'y *'?,
che; après il faut prendre le bouchon qui eft de la paille tortillée, dure, grofie comme1'
bras, & longue d'un pied qu'on humedera un peu avec de l'eau, les bouctions de foin fe"
meilleurs pour les Chevaux qui ont le poil fin; puis il faut le palfèr & repafler fur tout
corps &ïùr les jambes; c'eft en cet endroit où il faut demeurer un quart ou demi-heure
pafier le temps, & frotter les nerfs des jambes deffus, deffous le poil, dans le pâtur°°J
aux jointes, enforte qu'il n'y refte aucune craffe, & que le poil des jambes demeure flU
luifant que le crin ; il faut avec un autre bouchon, fi le premier eft ufé, frotter le nerf des j»111
bcs, dehautenbas, &debas en haut, pour le rendre toupie, le defopiler, & do»!ie
facilité pour le paflàge des efprits animaux qui tont le mouvement} aiufionnefçauro1^
trop les frotter au matin, & le bouchon eft le bon meuble de l'écurie : Le foin des bo
thons qui ont fervy quelque-temps, fi on le défait & qu'on le faffe bien fecher, donner
appétit aux Chevaux dégoûtez, à caufe du fel de la crafte qui s'eft attaché au foin & 1ul ,g
pénétré, je m'en fers fort fouvent, pourveu que le bouchon ne fente pas le pourry ny __
lelant. Il y a des Palfreniers qui ne veulent pas fefervir du bouchon, comme en Allern»
gne, où il n'eft point en ufage, mais c'eft bien penfer le corps, & mal pcnfer les jambe »
& le corps fans les jambes eft de mediocre ufage.
                                                         ■.
Quelques-uns enfuite, ont une piece de frife verte qu'ils humectent avec de l'eau, Pu
lapaffent&repaffentlelongducorps, pour bien unir le poil, & le rendre plus luifant ; c
la eft bon, néanmoins peu de François s'en fervent, les Allemans en ont introduit
methode qui en eft très-bonne. Les Anglois ont des épouffettes de crin, qui font tres b°
nes, elksfonttiffuësd'unfildecrain commede la grolle bure l'eft de laine. On en e-'u"
les Chevaux, elles emportent la craffe, nettoyent très-bien entre les jambes, entre
cuiffes, & tous les endroits où l'étrille ny la brofle ne peuvent atteindre. O» les lave aPr
-ocr page 149-
SECONDE PARTIE.                            i49
"ans un fceau, & on les laiffe fécher ; Je fuis étonne que l'ufage n'en foit pas en France, Ch a
Puis qu'il eft bon, & à peu de frais: il eft commun en Angleterre.
                                         fo>
Il y a des Chevaux fi lenfibles & fi chatouilleux ; qu'ils ne veulent point fouffrir l'étrille,
aPeinefouffrent-ils la broffe: ceux-là veulent eftre penfez avec la main, qu'on tient un
Peu humide, & qu'on paffe toute platte fur le corps du Cheval, comme fi on le broffoit;
^uand la main eft bien craffeufe, onlalave&onl'effuyeàdemy, continuant à la pafîèrà
c°ritre-poil, & au long du poil, jufqu'à ce qu'elle ne tire plus de craffe, & fur la fin il faut
toûjours unir le poil.
"* Cette maniere de penfer un Cheval eft longue, mais bonne, elle rend le poil très-beau, &
t'ent le corps fort ner : Il n'y en a pas de meilleure , & ceux qui ont des Chevaux qui ontic
P°il fort fin ne doivent jamais les taire penfer autrement.
Aux grands Chevaux qui ont le poil bien uny, il faut plus s'attacher à les faire penfer
^e la broflè, & avec la main qu'avec l'étrille ; car comme ils ont le cuir délicat, elle les
parque & écorche, ils fe débattent, & fe tourmentent, & fans fruit, & avec un peu plus
^ temps la broffe & la main, comme nous avons dit, les tiendront plus nets que ii vous le
tourmentiez avec l'étrille.
Quand le Cheval eft penfé de cette maniere, Peau en fort fort claire quand il fué'; fi on
iePenfe très-bien une fois avec la main, le lendemain on n'a prefque rien à faire; mais la
Premiere fois qu'on le penie de cette forte, il faut trois-heures pour le bien nettoyer, en-
suite une heure par j.our fuffit.
Après le Palfrenier doit le peigner, & démêler les crins bien doucement, commençant
toujours par le bas, & non par la racine, enfuite il prendra la queue à poignée un pied
Prés du bout à pleine main, & démêlera doucement avec le peigne en montant en haut
jufqu'à ce qu'elle foit bien démêlée. Ilyadesgensquinelaiffent jamais peigner la queue à
eurs Chevaux, crainte qu'on ne l'arrache en la peignant.
Le peigne étant craffeux on le lave, & tout Palfrenier en penfant fes Chevaux doit avoir
j1 fceau plein d'eau prés de luy, après on prend l'éponge de la main gauche, & le peigne de
^droite, & on commence par la racine à peigner les a ins, & mouiller avec l'éponge à
"aque coup de peigne, enfuite on peigne la queue commençant de mefme par la racine,
T-Uniiiànt avec l'éponge le poil en haut; puis il faut efluyer les crins & la queue, avec une
Pouffette féche pour en ofter l'humidité fuperfluë.
. Lors que la queue eli falle, ce qui arrive ordinairement aux Chevaux blancs, on la
empe dans un Iceau d'eau, & avec les deux mains on la frotte par tout : il y en a mefme
^11 fe fervent de favon noir, oudel'autreàfondeffaut; quelquesuns font laver tous les
yUfs la queue de leurs Chevaux , puis ils la trouifent afin qu'elle demeure nette allant en
'''e ou à la campagne ; fi c'eft enEfté on lave les quatre jambes du Cheval avec une épon-
<>e bien exactement.
p ^nfait faire des broffes larges de quatre doigts, & longues d'un demy pied & plus-,
f Ur Javer les jambes des Chevaux, & les bien nettoyer de toute la craffe qui s'y attache, il
j,ut que ces fortes de broffes foient de poil de fanglier & bien poiffées par deffus afin que
çj-j*u ne pourrifîè la ficelle qui attache le poil au bois: & ceux qui ne veulent pas faire cette
lieH0^ inoy que modique prennent la moitié d'une vieille broffe dont ils fe fervent com-
ic.^, l'autre, en cette maniere : on lave bien lesjambes d'un Cheval, & avec cette brof-
jaj °üillée on les broffe trempant a tout moment la broffe dans le fceau: l'eau qui fort de
^u^be en paffant la broffe eft au commencement blanche comme du lait, il faut conti-'
iövr"e mefme jufqu'à ce que l'eau forte toute claire, lors la jambe fera bien nette. Cette
lejre nt'°n eft tres bonne l'Efté, mais non l'Hyver : car l'eau froide morfond les Chevaux de '
5j^Je taille, qui font plus délicats que les autres: ceux quiOïK de bons Chevaux & qui les
*«, doivent fefcrvix de cette invention,                            T'3                       le-
-ocr page 150-
ijo                     LE PA R FAIT MARESCHAL,                 
Le Cheval étant penfé de la forte, on luy met fon caparaffon ou couverte avec la
niere, s'il en a une, on lafangle avec unfurfais large qui a deux couffinets environ gr
comme les poings attachez à demy pied l'on de l'autre, & pofez à côtezde l'épine duo •
ces deux couffinets donnent la facilité av/Cheval pour avoir fon haleine avec conimoai'
fans eftre ferré du furfais, après vous remettrez le Cheval à la mangeoire, & luy 4on,ier
du foin, qu'il faut avoir bien fecoiié pour ea faire fortir la pouffiere, & le bien déni'-
avant que dele mettre devant le Cheval.
                                                            _ >
Si l'on ne fait tomber la terre ou la poudre qui s'eft attachée à l'herbe dans le pre <luan.e
l'eau eft débordée & qu'elle pafïe par delTus pendant qu'elle eft en pied& debout, &1u,f rt
Cheval mange de cette herbe réduite en foin fans avoir efté bien iecoiiée, il le fera 1°
toulîèr, & luy nuira aux poulmons , comme encore fi l'eau vient à déborder dans
prairies lors que le foin eli coupé, cette forte de foin qui a elle couvert en partie de nî?°
par les eaux débordées , & puis féché quoy qu'exaâement fecoiié, eft tres nuifible aux Cn
vaux, & plus nuifible que le premier. Il faut laiiïèr manger le Cheval depuis qu'il eft Pe
fé jufqu'à neuf heures, & les derniers jufqu'à dix.
                                                     ,..ct
Quelques-uns au matin d'abord que les Chevaux ont mangé l'avoine les mettent au n
jufqu'à neuf heures, & cela eft fort à propos aux Chevaux fort gras; mais à ceux qui °
befoind'engraifler, on peut faire comme nous venons de dire, qui eft de les laiiTer ma
ger tout le matin, hors le temps qu'on employé à les penfer,
                  y.' .■                  -t
A dix heures ou dix & demie, on mene les Chevaux àia riviere, en Efté depuis les "
heures paflëes on peut les-y mener, fi on eft en lieu commode, cela égayé fort les 0»
vaux de boire dehors.
                                                                                          . ,je
Si on ne peut mieux faire, on les fait boire dedans, fi c'eft en hiver > il faut ayant tire
l'eau remarquer fi elle eft chaude, & mettre la mains dedans pour en eftre allure, & apr
y mettre du fon, ce qui eft tres à propos, &tresfain; fi c'eft en Efté qu'on foit oblige
faire boire de l'eau de puits aux Chevaux, il faut la tirer long-temps avant que de faire bo
re, & la mettre au Soleil dans des tonneaux deftbncez & nets, pour corriger par la chaie
du Soleil, la grande cruditéde l'eau, qui leur eft tres-nuifible.
Généralement parlant, l'eau de riviere n'eft pas fi bonne l'hiver que l'eau de puits, P
ce qu'elle eft trop froide, & fi le puits eft bon en la tirant on la trouve chaude & par con
quent meilleure que celle de riviere.
                                                                       ,.-t
Quand on les meine à la riviere pour boire, il faut y aller doucement au pas, & fi ce l
des Chevaux de carrofie revenir au petit trot, &mefmeaupasfionveut.
                      ^
Les Anglois au fortir de l'eau, courent leurs Chevaux une demi-heure d'une haleio
à toutes jambes, pour les maintenir encourfe; la methode eft bonne pour eux, ma^
courfe après le boire ne peut que nuire, & fi bien nuire que les Chevaux deviennent tolt
tard pouffifs par cette belle methode, fur laquelle les Anglois ne veulent point enten
de raifon contraire.
                                                                                             £V
Il ne faut pas s'eftonner fi j'apporte tant de précautions pour le boire; car fi vous obi
vez de prés & attentivement, vous cotinoiftrez qu'une partie des maladies des Chev
viennent de boire de mauvaifes eaux , ou hors de temps. La raifon eftque la chaleur
entrailles attire avec avidité, &promptement la liqueur qu'on boit: s'il fe rencontre h
l'eau foit chargée de quelque minerai acre, comme de l'alun ou bitume, ou autre,
doute que cette boiffon laniera quelque intemperie au dedans, avec impreffion-de cha
efttangere.
                                                                                                   . -
Si les eaux font vives ou.trop crues, elles laillent desobftruciions ou des crudirez c Y
bîes d'empêcher les fonctions neceflaires pour cuire & perfectionner le fung, qui par ce
yen donne occafioaà plufieurs forces de maladies.
                                                     ml
-ocr page 151-
SECONDE PARTIE.                               ift
, Au retour de la riviere, il faut avaller l'eau avec les deux mains à chique jambe, &en- Cha?,
*uite luy effuyer avec de la paille pour faire tomber l'eau.
5-0.
N Quelques-uns d'abord aaretour de l'eau, donnent l'avoine ; je croy que cela tl'eft pas
3 propos; car comme un Palfrenier, qui aura fix Chevaux ne les peut mener boire qu'en
trois fois, s'ils étoient habituez de manger de l'avoine d'abord au retour de l'eau, ils s'impa-
«enteroient attendant les autres, fe mordroient j fe battroient, & ne manger oient point
de foin pendant ce temps.
Les Marchands de Chevaux entendus en leur meftier, comme leur principal but elìde
raire paroiftre leurs Chevaux pleins, ronds, & ayant du flanc, les font boire en Efté dés
Jes fept heures du matin, &ne les font point boire le foir; afin que le matin ils boivent
^ieux ayant efté long-temps fans boire, après quoy fans doute ils mangent mieux & pa-
cifient ronds & pleins toute la matinée, puis ayant bû à deux heures après mïdy ils man-
ant, & paroifiènt pleins & ronds l'apréfdinée ; & comme ils ne les montrent point la
?uit, ils ne fefoucient pas qu'ils foient pleins, & les lâifTent avoir fbif, afin que le matin
''s boivent mieux; cela eft bon pour faire paroiftre des Chevaux à ceux qui n'ont autre
~&t que de les vendre ; mais ceux qui les nourrifïênt pour s'en fervir, affurement la mé-
thode que nous avons preferite eft meilleure.
Au retour de l'eau on leur donne du foin frais, & on les laiflè manger jufqu'à onze heu-
r,es ou onze & demie, ou midy, qu'on nettoyé bien la mangeoire, puis on leur donne
avoine bien criblée environ deux picotins, & on les laiffe manger en repos ; d'autres döa-
jtent deux picotins combles de fon de froment mouillé: la methode eft bonne pour les
Chevaux de Manége, car cela les rafraîchit après leur travail violent ; les grands Chevaux
önt befoin d'eftre humectez, étant d'un temperament chaud & plein de feu
r|s empêcher de manger, mais encore pour leur décharger le cerveau, leur faifant vuider
^antité d'eaux qui ne leur peuvent que nuire, & c'eft une chofe digne de remarque : car
°nobftant qu'il y aye eu anciennement de lì habiles Anatomiftes, ils n'ont jamais décou-
/ttjufqu'àprefentles Vaiflèaux par où la falive vient dans la bouche: la falive tombe de
eux petits canaux, qui prennent leur origine entre les glandes parotides, & s'infèrent en-
j'eJes deux mâchoires, audeflousdu mufclecrotaphite, d'où par le mouvement l'hu-
çur tombe peu à peu dans la bouche. Pas un Auteur n'a encore parlé de ces Vaiflèaux ou
aiiaux falivaux : la découverte en a efté faite depuis peu à Paris.
v. Cet efpace de temps que les Chevaux demeurent au filet fait un tres-bon effet, il fait bien
'8erer les alimens qui font dans l'eftomac fouvent en trop grande abondance , étans pris
^c avidité, & donne de l'appétit aux Chevaux qui en manquent.
oi le Palfrenier en tournant les Chevaux au filet, voit qu'ils n'ayent pas mangé toute leur
°«iefansaucune caufe manifefte, c'eft une marque qu'ils font dégoûtez, ou qu'ils font
Sad s' i'faut mettre ceux-là au maftigadour, au lieu de les mettre au filet. Ce mafti-
fak0llr eft un filet qui a deux grands pas d'afne l'un plus court que l'autre qu'on met dans
fi c °u,che pour le faire écumer, & luy décharger le cerveau : nous en donnerions la figure,
^n'eftoit une chofe trivialle, & tous les Efperonniers en font fournis-
Jnali^e Cheval qui n'a point mangé fon avoine eft Amplement dégoûté, fans apparence de
^esfii ' & ^11''! ait la tefte chargée, les yeux enflez, ou la bouche baveufe, qui diftille
(jg^'etsdebave ou de pituire, qui coulent jufqu'à terre, il faut prendre de l'afîà-fœtida
ferg^once i & l'envelopper dans un linge, puis l'attacher au milieu du maftigadour; il
aJetter des eaux au Cheval, & luy donnera bon appétit : à quatre heures ou quatre &
de-
-ocr page 152-
if*                   LE PARFAIT MARESCHA li,. „ he0.
C H a p. demie, tournez voftre Cheval à la mangeoire, luy laifiant mangerdufoin jufqu ah*"
fo. res ou fix& demie, qu'on le mènera boire comme au matin: à ièpt heures vous luy
nerez deux autres piccotins, ou trois, comme vous voudrez ; & félon le befoin qu ^
Cheval en a. Après que l'avoine eft mangée, donnez luy de la gerbée ou de la pai]|£
froment à manger tant qu'il voudra juïqu'au lendemain, oblèrvant de luy donner t0£i-
l'avoine, & de l'abbreuver tant que vous pourrez à melme heure, car la règle profite
tremément.
                                                                                                         ;ejs
A neuf heures du foir faites-luy bonne litière, l'avançant extrêmement vers les p-
de devant; car les Chevaux la nuit la pouffent toujours trop en arrière avec les pieds.
On donne de la paille aux Chevaux la nuit plûioft qu'au long de la journée, afin j*
quand ils ont mangé les épies, & ce qu'il y a de meilleur, en jettant la paille fcus e e.
elle leur ferve de litière; fic'eftoitdans le jour on ne fçauroit tenir les Chevaux P1?^
ment, y ayant inceffamment delà paille fous eux, de plus la fraîcheur de la nuit les ot> t>^
à la mieux manger, le foin qu'ils mangent pendant le jour les fait mieux boire, c'eft P^
quoyilleur en faut un peu pour les tenir gras s quoyqueles Chevaux d'Efpagne ^ en ^,
pays n'en goûtent point ; leur paille eft plus douce & plus fucculente, ou l'orge qu'ils rn ^
gentfuppléeaudeffautd'unpeude foin qu'on doit leur donner en France, quand c
feroit que fix ou huit livres par jour, aux uns plus, aux autres moins; je parle des y ^e
vaux d'Efpagne, Barbes, Turcs, & autres Chevaux de Manége de legere taille. Et ) e
fçaypourquoy bien des gens donnent de la paille le jour, & du foin la nuit: car outr .
quej'aydit, il feroit aliurément fort à fouhaiter que les Chevaux dormiffent la nu«t» jg
qu'ils ne feront pas fi-toft fi on leur donne de bon foin, duquel ils fout plus avides que £jl
la paille, s'ils en mangent trop ce ne fera pas le mieux: véritablement des Chevau-1 ^
voyage feraient mal régalez ayant cheminé tout le jour, fi on ne leur donnoit que . cC
paille la nuit au lieu de bon foin. Et ce n'eft pas pour ces fortes de Chevaux que j'écr1 .g.
Chapitre, c'eft pour les grands Chevaux & beaux courreurs qui travaillent peu & le
ment pour le plaifir.
                                                                                                ^-
Pour les Chevaux de carroflèqui font tout lejour fur le pavé & devant une porte, [g
me ils n'ont le temps de manger du foin que la nuit, étant bridez une partie du jour, ]
à propos de leur donner du foin la nuit & de la paille lejour.
                                      . eft
Attachez le Cheval la nuit à deux longes, afin qu'il ne puiffe fe battre avec celuy ^°,ar
auprès de luy, il faut qu'elles foient allez longues, pour qu'il puiffe fe coucher : -kes u.
res qui font entre les Chevaux doivent eftre de bonne hauteur, c'eft à dire un peu plu*! ja
tes que le jarret du Cheval, avec une corde qu'on puifle lâcher quand il eft embarré la"j,
couper ; fi c'eft une écurie d'importance ; on laifle une lampe allumée toute la nuit :cn'^,
la allez pour les Chevaux qui font gras, & en bon point; majs pour les haraflêz, ^eSii0iiS
gres, & étroits de boyaux , il faut obferver quelques particulaiitez que nous a'
.propofer.
Dœ la nourriture des Chevaux maigres, fatiguez, ©* étroits de boyaux.
CHAP. T^^^^ le Traité des maladies à la premiere partie, vous trouverez des reme°eS Pr;-
-I ' *-* les Chevaux malades d'avoir trop fouffert, n'étant icy queftion que de la n° ofl'
ture. Quand on revient avec une grande écurie d'un long voyage, ou de ]'arm€e'tlfeC
qu'onaacheptédes Chevaux maigres, harafTez, & étroits de boyaux, il faut les P ,
comme nous avons dit des autres; mais pour leur nourriture, il faut obferver PrenLeril;
à
-ocr page 153-
SECONDE PARTIE.                               If3
ïttent qu'il y a des Chevaux ( mefme des plus vigoureux ) qui font fi maigres que la peauCHAjf^
en eft attachée aux côtes, ils ont beau manger, ils ne fe remettent point; pour les en- <-It
grailler, il faut leur donner feulement du fon mouillé, & donner chaque jour deux lave-
°iens, comme nous avons dit au Chapitre CLXXXXV.de la premiere Partie & faivans,
1111 le matin & un le loir. Après leur faire des bains décrits au Chapitre LXV. delapremie-
tePartie, non feulement aux jambes, mais tout autour du corps, aux épaules, côtes,
Cr°upe, & cuifiès, lesétuvant long-temps avec ledit bain tiède, qui eft à proprement
Parler, leur faire une fomentation : étant bien baffmez&étuvez, on doit les couvrir avec
ütl.drap mouillé dans le bain bien chaud, & mettre par deflùs une couple de couvertures,
5Ul conferveront long-temps la chaleur. Il le faut laiflér de la forte jufqu'au lendemain qu'il
aut recommencer, & continuer jufqu'à fix ou fept fois; il faut cependant bien nourrir
voftre Cheval, le tenir en lieu chaud, fi c'eft en Hyver, & en Efté en lieu tempéré, &ily
'ira de l'amendement. Au bout de lept ou huit jours, ilfautdifcontinuërles bains & les
^vernens, continuer à les nourrir de ion mouillé, de bon foin & de bonne paille, leur
. pCr une couverture des deux qu'ils avoient, cinq ou fix jours après luy ôter l'autre couver-
te, & en remettre une plus legete, afin que le cuir qui a efté fort attendry par les bains
^Prennefaconftitution naturelle; car fi on n'apportoit cette précaution, un Cheval fe
J^orfondroit d'abord : pendant qu'on pratique les bains il ne faut point étriller le Cheval,
^ais feulement le bouchonner avec un bouchon de foin humecté dans le bain tiède, pen-
ant un quart d'heure avant de le frotter avec le bain; fi vous voulez pendant cetulàge da
airi luy faire manger tous les jours deux onces de foye d'antimoine en poudre dans du fon
jtoÜillé, aiìurémentil luy profitera & rejouyra l'intérieur, & mefme ouvrira les pores
Ucuir, pour mieux faire pénétrer le bain : voila la methode de détacher la peau des os.
ux Chevaux, & pendant qu'ils l'auront attachée jamais ils n'engraiiferont-
» ki c'eft au printemps, l'orge en vert eft admirable auxjeunes qui font harafïèz, maigres,
9^! ont le flanc encore bon, quoy qu'ils foient avieillis par le trop grand travail.
■Nouez qu'il y a de deux fortes d'orge en vert,- celuy qu'on fème avant l'hiver, qu'on
^Ppelle efturgeon, qui eft preft à manger dés la fin d'Avril, & l'orge qu'on feme au mois
a^Mars, &quin'eft propre à manger que vers la fin de May, ou plûtoft fi la faifon eft
y ancée; on ne donne ny l'un ny l'autre que lors qu'il commence à eftre en foureau, c'eft
. Qire qu'il noue, car les Chevaux en mangeroient trop, & il leur pafteroit trop vifte par
j0,r?s quand il eft fi tendre.
^ ■Lj éturgeon engraiffe plûtoft les Chevaux que l'orge, mais ce dernier les purge mieux,
^Ur fait un corps neuf, comme on dit.
luv ard que cet orge fera en foureau, & en eftat de couper, faignez voftre Cheval, &
^y en donnez tant qu'il en voudra, obfervantde la couper quand la rofée eft deffus; Par
luyl?Pk' avant le Soleil levé, pour toute la journée, & après le Soleil couché, pour
Vei i 0nner la mù '• il en faut donner peu & fouvent, car les Chevaux l'ayant foufflé n'en
eft npIus ) ü Ie faut mouiller avec de l'eau à chaque fois que vous en donnez, fi la rofée
u otté'e.
]e^n ^eme l'orge en difFerens temps, afin de l'avoir aufîl tendre à la fin du mois que dans
pa ommencement » car d'abord qu'il eft épié il ne profite plus : il eft donc à propos de
tie a^er v°ftre champ en quatre, .& de huit jout s en huit jours en femer une quatrième par-
feui Parce<îuele premier fera preft à manger quand le dernier ne fera que paroiftre, ou
jjj^^nr en trois, fi vous n'en donnez que trois femaines, ce qui fuffit à quelques-uns ;
faire ^aut ^emer extrêmement épais & trois fois plus que l'ordinaire, l'orge qu'on veut
e manger en vert ne peut eftre femé trop épais.
y en a qui ne veulent point étriller les Chevaux ; ny leur changer de littiere quand
Tome IL                     r                             V                                                           Ü5L
-ocr page 154-
15-4                     LEP' ARFAITMARESCHAL, . -^
Chap.üs mangent l'orge en vert & les lailìait dans leur urine & fiente huit jours entiers,
ji. procede eltaffezôon pour ceux qui ont la peau attachée aux os, ou qui l'ont trop û£
chée, car cette ordure débouche les pores du cuir, & enluite le corps tranlpire mieu *
mais palle huit jours il les faut nettoyer, leur relever tous les jours la Iutiere, & lestr
bienpenfer, car j'en ay vu plufieurs aufquels le cuir a elté cauterifé pour avoir eue tr r
long-temps dans leur fiante & dans leur urine, mêmeiioneft en lieu commode pour ^
envoyer à la riviere une fois le jour, il fera tres-bon. Les Palfreniers ne feront pas de
fentiment, car ils font bien aifes d'avoir autant de bon temps fans penfer leurs Chevan >
n'ayant autre foin que de leur donner à manger.
I,a maniere d'engraijfer les Chevaux avec de l'herbe ou de Y orge en vert.
ronàmidy. Et comme fouvent les Chevaux en mangeant l'orge s'agacent les dents, J 7
trouvé une methode qui les fera bien manger, les rafraîchira, leur purifiera le lang» .
refiftera à la corruption , qui engendre des vers dans le corps des Chevaux qui font an ve
il faut chaque fois qu'on leur donne du fon y mêler deux onces de foye d'antimoine en P°
die, fuppofé qu'on aye mouillé le fon avant d'y mettre la poudre, afin qu'elle n'aide P
au fond, & ainii le Cheval ne la mangeroit pas, & fupofé encore que le Cheval foit J
ne: continuez de la forte à en faire manger tout auffi long-temps que voftre Cheval ma
géra du vert ou de l'orge, il amendera plus en un mois qu'il ne feroit en fix.
              ,«r«r
'■ La maniere de faire le foye d'antimoine ou poudre imperiane, eitau Chapitre CX>k
de la premiere Partie.
Ne craignez pas ce remede, qui fait tant de peur aux gens, car il n'eu aucunement p
gatif, aux Chevaux il eli cordial, & quelquefois diurétique, & fait prefque toujours
effets par infenlibie traufpiration ; j'en connois fi bien les effets, l'ayant donné de tant
façons, que je vous puis alfurer que vous en recevrez beaucoup de fatisfaciion : JeIie ^
tendray pas icy fur le bon ufage de l'antimoine aux Chevaux fuivant les dirferentes preP,a.
lions, j'en ay parlé au long cy-devant, je fuis le premier qui l'ay mis en ufage pour les O
vaux, & qui ay découvert l'utilité qu'il leur apporte.
                                                ,. .
Il faut faigner les Chevaux qui ont mangé l'orge quand on les remet au fec, c'eu a ou
au foin & à l'avoine.
                                                                                                 v\
Je donneray icy avis à ceux qui font manger à leurs Chevaux de l'éturgeon en vert, s
y a des années oùil vient des biles froides qui font des vents du Nort pendant 1u'^s..lTlje-
gentlevert, & que fi on n'a le foin de les bien «ouvrir, & de bien fermer l'écurie, *£
viennent forbus: s'il vous en tombe de forbus en mangeant levert, faignez-les ^â°°W,
puis les traitez avec les pilules puantes du ChapitreCLV.de la premiere Partie, & ne
continuez pas de leur donner le vert, car affurément ils guériront & le rétabliront enWi1
ce que j'ay éprouvé plufieurs fois.
                                                                _             n-
J'ay veu des années qu'il y en a eu plus de cinquante de forbus dans un feul village n . j
mé 1a Vilette, où l'on donne le vert aux Chevaux prés de Paris, & cela par un vent o
qui furvient dans l'herbe après ce temps-là.
                                                              ^t
Si vouseltà en lieu pour herber vos Chevaux, ils en profitent extrêmement sus
jeunes ; il y en a mcfme qui fe trouvent bien après l'herbe de prendre l'orge{
               parj3
/
-ocr page 155-
SECONDE PARTIE.                               ìff
'- A Paris qu'on à de l'e'turgeon, on en peut donner avant l'herbe, car il eft beaucoup plus C H A ?.
avancé; mais quand ou n'apoint d'autre orge que celuy qui le feme au Printemps, l'herbe s1-
CÜ ibuvent en eltat d'eftre donne'e avant l'orge, car il vient plus tard.
Pour bien donner l'herbe à un jeune Cheval jufqu'àfept ou huit ans, il faut le faigner,
& l'y mettre deux jours après la faignée & prendre fon temps que l'herbe foit allez
grande, pour que le Cheval la puifle paiftre: vous l'y laiflèrez nuit & jour fans Iepen-
*er ny étriller pendant un mois ou davantage; ne luy donnant autre nourriture que
^ l'herbe.
L'herbe chargée de rofée purge le Cheval, & évacué toutes les mauvaifes humeurs
<3«'il peut avoir dans le corps, &ï'engraiireenfuite; la roféeoutre cela contribue à remet-
tre les jambes, defféchanc tout ce qu'il y peut avoir de fuperSu ; Se fi le Cheval a quel-
les démangeai fons, ou galles; l'herbe'le guérira: enfin il y a peu de maux aufqueis
herbe ne loit un fouverain remede pour les jeunes Chevaux, hors au farcin, à la
'ftorve &àlapoufîe, aufqueis elle eft fort contraire, comme l'expérience vous le fera
£°nnoiftre, contre l'opinion de plufieurs. L'herbe profite aux jeunes Chevaux, elle mor-
lond les vieux.
Quand le Cheval mange de l'herbe, il le faut faire boire à midy, & au foir.
, D'abord que les chaleurs font grandes l'herbe devient dure, & n'eft plus profitable, &
~ans les pays chauds les mouches les importunent fi fort dans les prez qu'ils n'y peuvent
Qe«ieurer; on ne laifle pas de donner de l'herbe à l'armée, mais on ne peut mieux faire,
Qütre que l'avoine avec l'herbe, eft une allez bonne nourriture.
Le reguain ou feconde herbe ne vaut rien pour les Chevaux, ny vert ny fec, ceux qui
eUren donnent font mal, & mefme il leur en peut arriver accident : c'eltune vieille ma-
,','Je, qui dit, que la rofée de May engrailîè le Cheval, & amaigrit le bœuf; & la rofée
AouftengrailTelebceuf, & amaigrit le Cheval.
■Tout Cheval qui a mangé le vert en orge ou en herbe, dbit manger du grain & du foin
ptle douzaine de jours, avant que de recommencer à le faire travailler rudement: il faut
.n fortant les Chevaux de l'herbe les faigner, puis les mettre en haleine tout doucement.
_vPrés l'herbe je trouverois fort à propos de ieur donner dans une livre de beurre frais demi-
fee de bon Mercure doux, ou fublimé doux en poudre, & deux onces poudre cor-
'ule, pétrir le tout, & en former des pilulïes, puis leur faire avalleravec pinte de vin
y ü8e> Pour leur chalTer les vers que le vert engendre fouvent, & laiffe après foy: fi
^Us ne trouvez pas facilement du fubümé doux, ou qu'il foit trop cher: donnez-luy
tec une livre de beurre, quatre onces de finabre en poudre, & de la poudre cordiale, fai-
s~endes pilulïes que vous ferez avaller avec une pinte de vin, cela donnera la chafte à
Ut« la vermine, qu'il aura dans le corps.
Continuation de la methode four rétablir les Chevaux défaits & maigres
après un long voyage.
1^ Plupart des Chevaux fatiguez, harafîèz & maigres, ont le flanc altéré fans eftre CHAP-
Q. pouflifs, particulièrement les Chevaux vigoureux qu'on a trop travaillez, fur tout les j^,
Hcr .a'"esyiontfujets. 11 n'y a point de meilleur moyen pour les guérir que de leurdon-
îetlrau lnatin demi-livre de miel dans fon chaud, quand ils mangeront bien la demi-livre,
jj;c e° donner une livre l'autrefois, & puis deux livres tous les jours, jufqu'à ce qu'à force
Ranger long-temps, vous voyez voftte Cheval bien purger & vuiderj lors qu'il ne
V z                                      vuidera
-ocr page 156-
ij-ö                   LE PARFAIT MARESCHAL,           donoet
Ch ap. vuidera plus du tout, ceffez Ie miei, & non plûtoft, oufivousneleurvouleipa» ion.
J3. du miel, donnez-leur de la reguelifie pilée dansdu fon long-temps; l'on peutleu ^eS
ner trois ou quatre lavemcns pour leur rafraichir le lang, & pour évacuer les m»
humeurs contenues dans les inteftins, ce qui leur donnera de l'appétit-                     iffifs,
Si le fang ne le remet pas, faites*leur prendre une poudre pour les Chevaux po g
décrite au Chapitre CXVlI.de la premiere Partie: tous les Chevaux ne doivent pas ^
mis au filet, mais il les faut laiffer manger plus que les autres, & lors qu'ils eeffent pet-
ger, il leur faut mettre le maftigadour, & le leur laiffer pendant une heure, puis les r
ire à manger.                                                                                                  maigteS
Quand le Palfrenier va fexoucher au foir, il eli bon de donner aux Chevaux fort rn» &
deux picotins de fon mouillé outre leur ordinaire d'avoine.
                                     oudtC
Il eli tres bon à ces Chevaux fi maigres de leur donner parmy leur avoine, de la p ^
décrite au Chapitre CXX- de la premiere partie: aux Chevaux qui font étroits de ^0^^
il faut donner une jointée de froment avant que de boire au matin, & continuer Pe (>
quelques jours, leur donnant du foin nuit & jour, & peu ou point de paille de frofl1
l'herbe eft très-bonne à ces fortes de Chevaux.
                                                  . relie
Sic'eftune Cavale qui foit étroite de flanc, il luy faut faire porter un Poulain, »
n'a jamais porté il luy élargira le flanc.
                                                                   r0jne
Enfin pour tous Chevaux qu'on veut engraiffer 3 il faut leur donner davantage da\
qu'aveux qui font gras & en bon point.
                                                                        <]c
Quelques uns difent que c'eft une très-bonne receptepour engraiffer un Cheval ^. e;
luy frotter la queue deux fois le jour de l'avoine qui relie devant luy dansla mange uj
mais entre l'excès & le defiàut, tant à la nourriture qu'au travail, -il y a un milieu
vaut mieux que les extrémités qui font toujours vicieufes.
                                      wcttr
Quelquesfois pour vouloir trop nourrir un Cheval, on luy fjiit plus de mal que de di £
&on les void fans travail ny aucune caufe manifefte fuer dans l'écurie, particulieren^.^
endormant, quoyque l'écurie ne foit point trop chaude, & que le Cheval ne foitp js
couvert, fi vous voyez que cela arrive à vos Chevaux, ce fera une marque affurée q ^
mangent trop: il en eft de même qu'aux Hommes, félon Hypocrate dans fes Ap"■ -,
mes: Sudormultusexfomno , citramanifefiamcaufamciem, corpus multo alimento uHJ^,
fie at.
Si après la nourriture retranchée, il continue encore à fuër, ilabefoind'eftrep B^
fuivant le mefme Aphorifme : Si vero cibum non capenti hoc fiat, fignificat quod evdcu s
opus hakt. Vous purgerez-donc & repurgerez, après quoy il profitera plus en quime J
qu'en un mois , s'il n'avoit point efté purgé.
                                                          eafi-
Quoy que j'apporte de grandes di fficultez pour purger les Chevaux fans neceffite, P,eril-
moins quand on connoirt évidemment qu'il eft necellàire, il faut palier fur ces con» ^
tions, & les purger avec les précautions que nous donnerons cy-aprés, parlant
purgation.
pour l'éviter il ne leur faut pas tant donner à manger tout a cour»
les faigner quelquesfois.
                                                                                       pjüS
Il eft à notter que tout Cheval qui boit beaucoup fera plûtoft rétably; & amenderai ^
que celuy qui boit peu, & lors que le Cheval commence à bien boire, c'eft un figue al
qu'il fera bien-toft remis.
                                                                                    TaV"''
Le meilleur moyen aux Chevaux qui mangent trop avidement eft de leur étendre ^
ne, &dela faire écarter dans la mangeoire, car ayant peine à la ramaffer, ils »e '
ïoien. fi fortie hâtec ny avaler l'avoine fans la mâcher.
                                               J>
-ocr page 157-
SECONDE PARTIE.                             ij7
La paille coupée menu elt une invention dont on fe fert beaucoup en Allemagne, qui Ch a p.
eft très-bonne ; ils ont en leurs pays des gens qui n'ont point d'autre meftier que de couper ƒ 3.
de la paille, pour la vendre au boiffeau comme de l'avoine dans les boutiques.
La paille coupée mêlée parmy l'avoine, eft tres bonne pour empêcher le Cheval delà
manger trop avidemment ; de plus comme la paille elt une bonne nourriture, elle leur
Profite.
Pour engraiffer un Cheval qui auroit un peu le flanc altéré, il faut fur un boiffeau de pail-
le coupée, mefler une poignée d'avoine, humeâerét mouiller un peu le tout, & de la
forte la donner au Cheval, cette avoine luy fera manger la paille, & ainfi il s'engraiffera
fans fe farcir le ventre de foin. Il y a plufieurs fortes d'inventions pour couper cette paille,
c'e(t pourquoy chacun en peut ufer à fa mode, mais la paille coupée la plus menue eft la
meilleure.
De la nourriture des Chevaux de Mavége.
O
Utre ce que nous avons déjà dit de la nourriture des grands Chevaux, qui font pro- CHAP.
prement les Chevaux de Manége, il y a encore quelque chofe à obferver lors qu'ils ƒ4*
travaillent actuellement, & qu'ils font Manége tous les jours.
La plufpart des Chefs d'Académie ne donnent point d'avoine le matin à leurs Chevaux
avant le Manége, & la donnent feulement en deux fois, àmidyôt au foir ; la methode
f ft bonne, elle épargne la bourfe, un Cheval a plus de gentillefle, à ce qu'ils difent, quand
''n'a point le ventre plein. Pour moyj'y trouve le contraire, particulièrement à ceux qui
l°nt obligez de travailler jufqu'àmidy; car pendant un fi long intervalle, la chaleur natu-
rile confirme les Chevaux qui ne peuvent eftre gras comme il faut qu'ils le foient pour eftre
c^cellens & beaux, &jecroy qu'il eft tres à propos de leur en donner le matin. Cette ma-
cere de donner l'avoine en deux fois eft fupportable pour des Chevaux ou qui travaillent
Peu dans le Manége, ou qui ne vont jamais à la campagne; mais à ceux qui font .obligez
de faire voyage ou fuivre l'Armée, on la doit donner en trois fois, puis qu'elle leur fait
Plus de profit, fe digérant mieux, & les dégoûte moins : Il eft vray que dans la fuite il y a
^inconvénient, qu'ayant pris par habitude d'en avoir trois fois, lors qu'ils vont au Ma-
Jîpge, n'en ayant point eu le matin, ils ont toute leur attention fur l'avoine, ainfi ils ont
imagination divertie ailleurs qu'à ce qu'on leur veut enfeigner ; de plus ils font trop vui-
öes pour pouvoir fournir à cet exercice violent : ceux qui n'en donnent point le matin font
une épargne tres-peu revenante, fuivant la maxime des Marchands, qu'à bien nourrir on
ne Sagne gueres, & à mal nourrir on perd tout.
Ç'eft pourquoy je trouve fort à propos à toute forte de Chevaux de la leur donner en
frois reprifes, mais il faut que la premiere fois foit dés quatre heures du matin, lì on a def-
letti de les faire travailler à fix, & dés les trois, fi on veut les travailler à cinq, afin que
Pendant ces deux heures d'intervalle, l'avoine foit à demy paffée.
■Enfin toute forte de Chevaux veulent avoir une nourriture réglée, les grands Chevaux
comme les plus nobles & les plus délicats, requièrent plus de foin. Il n'y a rien qui amai-
snile tant un Cheval , que d'eftre long-temps lans manger; cela luy diminue la vigueur,
a chaleur naturelle n'eft jamais oifive, elle agit contre les propres parties du corps, elle
esdeffeche, endiffipelafubftance, & en détruit le jufte temperament, quand elle n'a au-
c«n fujet fur lequel elle puiffe agir.
^ eft un inconvénient que fouffrent ceux qui ne font qu'une traite en voyage > comme
V 3                                                        on
-ocr page 158-
IS?,                  LE PARFAIT MARESCHAL,                   ,..
Ch ap. on 1'oblérve quand ou conduit une grande écurie, ou un grand équipage; mais ce qu'1
ƒ4. faut faire en ce rencontre, c'eft d'eitre ieulementiix ou Icpc heures en campagne, quan»
oh le peut pratiquer de la forte.
Ayant mangé de l'avoine le matin, il faut les penfer légèrement, leur ôtant feuleme"
la groflecralïequ'ils ont fur le poil, avec la broiiè & f'épouflétte : que iï néanmoins'
Palfrenier en a le temps, il eft tres bon de les penfer entièrement, après quoy on ieâ ,'
le proprement, prenant garde que la pointe de l'arçon de devant tombe à plomb fitt'
coude du Cheval, qui eft placé au detìàut de l'épaule contre le ventre.
                           *
On doit toujours mettre les felles à picquer plus avant que les (elles razes, parce qUeJj
elles font trop en arrière comme les /elles rafes, l'arçon des felles à picquer qui elt ff?yi
& qui embaraiïc fort le Cheval, empefche le mouvement de l'épaule ; le Cheval étant Ie'1
on le btide, prenant garde de n'arracher pas le crin du toupet, comme lesPalfren>er
mal adroits ont de coutume; & lors que voftre Cheval aura travaillé, s'il fuë beaucoup
il le faut d'abord ramener à l'écurie, fi vous en eftes prés, que fi vous en eties' éloigné, '
faut le mettre à l'abry du vent pendant quelque-temps, & luy bien abattre la fueur. A a
Que fi vous eftes prés de l'écurie, tournez d'abord voftre Cheval au filet, oup'ût0
au maftigadour, & luy ayant ôté la felle, prenez un couteau de chaleur pour luyabatn"
la fueur tout au long du corps, iuivant toujours le poil, & tenant le couteau à deux ma'11 »
& prendre garde de ne le point couper.
Luy ayant bien abattu l'eau ; eiïùyez-luy bien la telle avec une grande épounet
derïùs & dciïous ; parce que reliant humide elle eft fouvent l'origine des fluxions, eflùy£
aufîi entre les jambes de devant, entte celles de derriere, puis avec de la paille lro{.te
avec foin par tout le corps, & particulièrement fous le ventre; après couvrez-le tres b>£_
& le laiifez jufqu'à ce qu'il foit entièrement îec, au filet: Ceux qui aiment fort leurs C"?
vaux les font toujours frotter avec de la paille jufqu'à ce qu'Us foient fecs, & la met^"
en eft bonne-
                                                                                                        , r
, Le Cheval qui a bcauconp fué par un travail exceffif, étant bien couvert &eiîuye'
l'allée de l'écurie eu aiïèz large, promenez le un quart d'heure au petit pas; & fi c'en c
Efté, on le peut promener hors de l'écurie, que fi vous n'avez aucun end roit qui foit te'
peré, laifiez-le lécher à fa place.
                                                                        t -r
Les Chevaux de Manege qui ont extrêmement fué, ne doivent boire qu'après aVO-^
mangé l'avoine, j'en ayveu beaucoup, qui pour avoir bû trop toit, ou en iòne morts »
ont efté tres-malades.
                                                                                              -e
La plufpart des Palfreniers croyent que leurs Chevaux ont la mefme impatience de oo
qu'eux mefmes, c'eft pourquoy ils ont toujours hâte de leur en donner ; mais il *e ' ^
tenir à cette maxime, qu'un Cheval ne fera jamais malade d'attendre un deiny JoU -s
boire, & mourra pour boire une heure trop-toit, comme j'ayfouventdit, &nelep
trop dire.
De la nourriture Cr entretien des Chevaux de carrojfe.
CHAP. /~\ N ne nourrit pas les Chevaux de carrufîè comme on nourrit les Chevaux dontn ^
.j-j. " A-' venons de parler, car ils ne font que trop longtemps au filet quand ils font ieP fl;
huit heures devant une porte; c'eft: pourquoy il eft difficilede régler leur nourriture,
doit eitre bonne, &en abondance de foin & d'avoine comme nous dirons cy-aprés- ^,
Il y a dans Paris & aux carroiîès ordinaires des grandes routes des Chevaux quine
-ocr page 159-
scm             ,.               s EG ONDE PARTIE.                               IV0
doK^T^^^A8"5"110'5^^7'7'"^601^601 d'avoine, c'eft une vérité C h A-r
nt U elt tort aile de s eclaircir ; ces fortes de Chevaux ne durent pas loœ-temps car «■
« deviennent pouffifs, galeux ou meurent du farcin : les Chevaux des Laboureurs de
iàW
          Bnc & de Beaufle ne mangent point de foin déllors que les bleds font femez
J&4U au printemps: maisilsontdescoflasdeveffes, des menues de la paille de froment
oum' ,S -, le,ur donnenttoûjoursdubledunejointéeavantboire, foitfeigle, froment
font f" L ly regardeac pas' & ravoine après boire, & leurs Chevaux travaillent,
chinH * °m !e poJ[ bon' mais lls fom fujets à la galle cauiëe par cette nourriture trop
'uuae, & même au farcin.
                                      or                               r
n La plus grande précaution qu'il faut avoir pour les Chevaux de carrofïe, eft de leur te-
W i Jamt3eu nettes: Pour Y proceder avec methode, il faut au retour delà Ville leur
àlar Jambes Jusqu'à ce que l'eau en forte toute claire: ce n'eu pas affez de les mener
le]0repour,1!Ur,aver les Jambes, & pour en ôter'la boue qu'ils ont amaffée pendant
deDll -', mais l[ fauc eltaut au logis les leur laver derechefpourôter celle qu'ils ont amafle
quv larmc« jusqu'au logis, leur bien cflùycr les jambes avec de la paille; jefuppofe
i au matm on lesa penfez avec l'étrille , la broifè & le bouchon fort longtemps, qu'on
PoürH'tf-ettOVe US & deiïous Ie Poil' & qu'011 leur à frotté extrêmement les jambes
Voit ] perjeS humeurs Superflues qui s'accumulent en ces endroits ; & du moment qu'on
ünen "° e rrevaflc' ynner remede, parce que les grands maux commencent par
petite crevaffe, à laquelle fi on coupe chemin, on les évite tous.
eft o *i " P°urcïu°y 'û faut apporter tant de foins aux jambes des Chevaux de carroilè,,
W p5aireut Prefque tous par là, les boues croupiflantes fous le poil, comme elles
WnVJf sàci"Prdlcp-ntes ( fur tout à Paris ) elles brûlent & cauterifent le cuir comme fe-
totjte î S ,vefficatoires : cette peau corrompue étant au plus bas endroit du corps, où
iïientflS humeurs aboutiffent, les Chevaux de carroilè étant prefque tous d'un tempéra-
nt eSmatique, ayans eüé nourris en pays aquatiques, étans fort chargez de chair,
&J,- • egoutfurces parties mal artedées, le mal croulant par la négligence, perd enfin
r£jne les jambes du Cheval,
d'eu humeur qui fluë ordinairement fur les jambes qu'on appelle des eaux, font affez acres
riie s"me fines, puis qu'elles rongent la peau ou le cuir, ellesaugmentent leur acrimo-
PoUrar ceIles des boues, & enfin caufent de fi mauvais effets que les jambes enteront
^aris?5' & ^1 fe trouve avoir le corps impur, cette impureté trouvant plus de foiblciïè
d'opin-S pai?cs> & enfuite moins de refiftance, y prend fon cours & fa pente avec tant
duit p rete' ^uit eft maI"aifé de la divertir, & d'en faire rcvulfion, c'elt ce quipro-
^a-iv J gros Vl!ains poireaux, qui font prefque toujours incurables, & tous les autres
j** des jambes.
lUe rJS Chevaux qui ne vont point dans les boues s'ils ont les jarrets gras & charnus, quoy
dans]311^ les Pays fecs, ne laifîènt pas d'avoir des maux aux jambes ; mais s'ils alloicht
y es boues, les maux en feraient plus grands.
rnier^ tr°uverez dans les Chapitres CLXXXII. CLXXXIIL & CLXXXIV.de la pre-
Point if^.rt.'e' 'es remèdes convenables pour guérir ces maladies ; mais afin de n'avoir
frottç S f*11 ae ces remèdes, ïl faut apporter les précautions que nous avons dit, de bien
r * bouchonner les jambes des Chevaux de carroffe, & les tenir bien nettes.
Ve
-ocr page 160-
i6o                  LE PARFAIT MARESGHAL,
JDtf la quantité de nourriture qu'on doit donner aux Chevaux.
CHAP. "fL rcfte à voir l'ordinaire qu'on doit donner à toutes fortes de Chevaux pendant unj ^
f 6.
-*- naturel, qui eft de vingt quatre heures, nous réglant fur la botte de foin qui P ^
dix à douze livres & fur celle de gcrbée ou paille de froment, qui eft de huit à neut ^
le picotin ou mefure d'avoine, qui pefe deux ou trois livres ou environ, & le *ePcl allid
Paris a environ fix vingts picotins: puis qu'il a vingt boiffeaux, à fix picotins *e.?er0u
boiffeau, dont il y en a vingt au feptier, & vingt-quatre des boiffeaux du Chande
du Grenetier.
                                                                                               . c'eft
Un Cheval de Manége doit avoir pour fon ordinaire une botte de foin de Seine, ^
à dire, du foin qui croît au long de la riviere de Seine dans les prairies de Nogen' ^
une botte de ce foin nourrit mieux que deux de foin menu qui paffe trop prompteur ^er
le corps des Chevaux; ceux qui font éloigne! des rivages de la Seine, doivent c« ^
le gros foin pour lesChevaux, pourveu que ce ne foit ny jonc, ny lefche, qui 1. je
méchantes herbes, mais la ternué' & le rofelet font les meilleures herbes, c'e^, l0iòe,
petit rofeau qui eft ce qu'on appelle rofelet, une botte de paille, & trois mefures d a
/-eS}
dont il y en a fix au boiffeau, & deux picotins combles de fon à midy, pour toutes en
St la paille qu'il ne mangera pas fuffira pour fa litière.
                                                 f0n
Un Courreur ou Cheval de felle de bonne taille mangera plus de foin, quoyqu ,
travail ne foit pas fi violent, il eft plus long & les Chevaux pour aller à la chatte j£S
campagne, étans plus long temps fans eftre débridez; il faut plus de nourriture P° tjng
rétablir, on leur donne une botte & demy de foin, une botte de paille & quatre pi
d'avoine.
                                                                                                       Sottese
Un double Bidet, deux bottes de foin en trois jours, & tous les jours une d°
paille, deux picotins d'avoine, & de plus un picotin de fon à midy.
                        efures
Un Bidet, en trois jours deux bottes de foin & autant de paille, mais deux m
d'avoine fuffifent le jour, données en trois fois.
                                                 rTnaire»
Comme les Chevaux de carroffe font plus grands, il leur faut plus grand ordì ._
s'ils font très-grands, cinq bottes de foin pour les deux, trois bottes de paille, <*■ ^
cotins d'avoine à chacun, c'eft à dire, le feptier doit durer dix jours aux deux5 Je,jtaU'
pte fur le feptier comme il eft prefentement en l'année 1680. car il eftoit plus Pe ]}-
trefois, & les bottes de foin auffi; & prefentement les moindres font de dix à do g
vres vers la fin de Juin & neuf à dix à la Chandeleur, s'ils travaillent ordinajrem j^
ce font des Chevaux médiocres, quatre bottes de foin, trois de paille, & cinq rn
d'avoine pour chacun, quelques-uns n'en donnent que quatre, & c'eft trop peu si
vaillent beaucoup.
                                                                                          r ; [ra-
Enfin, je croy que c'eft une très-bonne maxime de bien nourrir les Chevaux h ^e
vaillent, &mefme qui ne travaillent pas; car le Proverbe eft véritable, qu'il n'y a
tel que de l'avoine repofée.
                                                                          ( -ne dU"
Les plus grands Chevaux de carroffe qui travaillent beaucoup, un feptier ^aVpi.eVau<
rera dix jours à deux, s'ils ne travaillent gueres: il durera douze jours, aux ^ ^
ordinaires le feptier dure douze jours à deux, & aux petits Chevaux de carroffe» j./i-jjjucC
re quatorze, il faut fe régler auffi fur le travail grand, mediocre, ou petit pour di
la nourriture.
                                                                                                    pS) ils
Du moment que les Chevaux font tres-gras, & bien agrenez depuis long-tenjP ea
fe nourriflent & s'entretiennent en cet eftat pour peu de chofe ; par exemple ? J ^paris
-ocr page 161-
I p .                           SECONDE PARTI E.                              i6i
_ "ans de très-grands Chevaux de carroflè qui ne mangent toutes les vingt-quatre heures C H A ?
Hue chacun une botte de foin & une botte de paille, le feptier d'avoine duroit quatorze jours $<S.
P°ur les deux, & s'ils étoient tres-gras & beaux, véritablement leur travail eftoit mediocre,
n eftoit lbuvent interrompu, c'eft à dire qu'ils avoient des jours de repos ; & avant qu'on
s eut reduit à ce petit ordinaire ils étoient malades à tout moment, écprefentementilsne
e lont jamais: Si quelqu'un vouloit regier fes Chevaux fur ce pied, fans confiderer qu'ils
e «)nt pas encore gras ny engrenez depuis long temps, affurémentil feroit attrapé; car il
„ y aque ceux qui font tres-gras qui puiflènt s'entretenir de fi peu de nourriture, & s'il ne
3ut Pas qu'ils travaillent rudement.
^e fon ne fe doit pas-compter pour nourriture aux Chevaux de carroflè, hors de ceux qui
anquentde boyaux, ou qui font tres jeunes, ou bien exceffivement échauffez dans le
5PS ì ce que vous connoiftrez, quand leur fiente eft dure & noire.
«ut ^a''le C0UP^e ^eur e^ bonne donnée parmy leur avoine, du refte comme aux
■1 outeperfonne qui a de bons Chevaux doit en avoir grand foin, puis qu'ils en valent la
l'h ne •' ?°ür cet e^ ' ** on Peut cn0'^r une écurie, il la faut bien aërée, point humide,
umidite eft ennemie des Chevaux & leur caufe beaucoup d'incommoditex, c'eft pour-
rie°^ors dans un
^ond làblonueux les écuries baffes feront humides, & ainfi ils ne vaudront
f0-n' lesfeneftresducôtédebife, s'ilfepeut, l'écurie bien fermée, & qui pourtant ne,
,
1C Point étouffée, & c'eft en quoy les voûtées trop baffes font malfaines, car elles font
PieHUC*es
comme des fours; la mangeoire haute d'environ trois ou quatre pieds, large d'un
ça, ^demy, & profonde d'autant, au casque la crèche foit haute de quatre pieds, qui
din a^'us haute qu'on doive faire pour les grands Chevaux de carroife ; pour les tailles or-
]aJ*lresj trois pieds & demy fufSlènt ; & pour les bidets trois pied s, dans cette proportion
Vo*rangeoire cil cenféeeftre fort profonde: Cela allonge l'encolure aux Chevaux qui en
fresi c^ercher le fond pour manger; unratellierpofé tout droit & à plomb, car aux au-
Q, 'a graine de foin gâte le crin, & le haut de latefte: Aux écuries où il y a nombre de
jn ev^uxlepluscertain eftden'y avoir point de rateUier, & les Palfreniers qui doivent
3e-]?iJarnrnenteftre derriere, leur donnent le foin peu à peu, parce qu'on lefecoüe ayant
3j peIa botte pour en ôter la poudre, ce qui ne fe fait pas ordinairement, car les Cochers
^ alrreniersjettent les bottes de foin toutes liées dans le râtelier, ce qui eft tres-mal, car
le d°US
le ^ecouez bien, & le faites donner peu à peu, il leur profitera davantage que de
onner tout à coup, comme font les Palfreniers faineans.
gc^?s pelures ccdimenfions de l'écurie font de dix-huit ou vingt pied dans œuvre, pour
i<se
riea un rang ; fçavoir, dix pieds pour les places des Chevaux; & huit ou dix pour l'al-
pi * ^ Proportion pour une à deux rangs; il faut fept pieds & demy pour la largeur de deux
qUe
es de Cheval, le refte dépend de la fantaifie de ceux qui les veulent bâtir. Ils ne man -
de fi*t Pas de beaux model es en France, comme celle deMerlou en Picardie, maifon
^curi ' jnce
des Conneftables de Montmorency, de la grande & petite écurie du Roy, les
ceu;lde Moniteur le Cardinal Mazarin, celles de Chilly, maifon de Monlieurüernat,
defo , Maifon qui eft d'une maniere fort extraordinaire & bizarre, &plufieurs autres,
Peud
s onPren^race qui agréera: Voila de très-beaux modèles; mais il eft permis à
-, p Sens de ks imiter par la trop grande dépenfe qu'il y a à faire,
feii^ Meubles de voftre écurie doivent eftre une étrille d'Angleterre pour les Chevaux de
gl^^loit forte & legere, avec un marteau au bout d'en haut, une brofle de poil de fan-
te de
Un Peigne de buys ou de corne, une broffê à laver les jambes, une grande épouffèt-
Unc t0!He, une petite de frife verte, un couteau de chaleur, un filet, un maftigadour,
Paraflbn, une criniere, &unfurfais, un fceau, une fourche, un bakt, une pelle,
T?»« IL
                                                     X                                                            bo.3
-ocr page 162-
i6i'                  L E P A R F A I T M A R E S C H A L,              rf
CHAP.bonfoin, bonne avoine, bonne pailje, bon Palfreaier, & l'œil du Maiffre, fans îeq
S6- tous ces meubles feront prefqué inutiles.
Pourquoy il faut couvrir les Chevaux dans V écurie.
CH AP. AVANT que de finir ce Traité, je mettray icy quelques raifons pour faire voir 1a ' ^.
j-y, •**■ qu'on retire de tenir les Chevaux couverts , douze mois de l'année & fur tout e j.
ver : perfonne ne doute que ce ne foit pour les garantir de la poudre & leur tenir le p01 ç.
mais on couvre en hyver les Chevaux pour les deffendre du froid , qui eli leur ennern?gerst
fi bien que de l'Homme ; de plus, le Cheval étant couvert a plus de chaleur pour <"&
les alimens qu'il prend, parce que la chaleur exterieure aide la chaleur naturelle-
          S)
Le froid condenfe le cuir, ferme les pores, & empêche la tranfpiration des vap
qui font les excremens de la troiliéme codtion, comme nous avons déjà expliqué. eVâj
Le grand froid engourdit la chaleur interne, & fait herifier le poil, ce qui rend un ^ ^
difforme, quelque agreement qu'il ait d'ailleurs ; une couverte tient le poil du Chev
&beau.
                                                                                                             ,^1'
Pour garantir un Cheval du froid, on bouche tout dans une écurie, ce qui 'are0ernâ-
faine, car le froid & l'agitation de l'air font propres à la purifier; s'ilyadoncquelqu £$
lignite, elle y croupit, ce qu'on évite, fi en couvrant un Cheval on luy donne afleï ^
pour n'eftre point étouffé. De plus, s'il y a quelque Cheval qui aye les yeux foible '
écuries chaudes achèveront de les luy gâter.
                                                            jfée
On couvre les Chevaux de prix en Elle avec un caparaffond'une efpece de toile c g
qu'on appelle du treillis à Paris, pour les deffendre feulement de l'importunité des m0
ik de la poudre.
                                                                                                    par
Les Anglois en hyver, aux Chevaux de prix, mettent un drap & une couvertur ^
deffus, & les laiiTent coucher ainfi : je trouve qu'ils font très-bien; mais comme0 ^
fermer une écurie plus exactement la nuit que le jour, je crois qu'il leur faut ôter 'eUj^cu-
verture quand ils ne font point malades, & le jour les bien couvrir; comme la nuit uJi
rie eft chaude étant bien fermée, & que les Chevaux dorment, leur corps tranfpire # jl
■que s'ils en étoient empêchez par le froid ; la methode des Anglois ne nuit pas à ce 5e$iS
femblc que la toille qu'ils mettent fur les Chevaux, & enfuite une couverture par jeDt
contribué'à cette tranfpiration, & fait évaporer les fuligines, dont les Chevaux abo
extrêmement.
                                                                                                  Aâ^e
S'il y a beaucoup de Chevaux dans une écurie, il les faut couvrir legcremeut pen ^jt
jour, à caufe que la quantité de Chevaux échauffe le lieu, pour lors la couverture ü,
que coucher le poil & le tenir uny. Le Proverbe Latin dit, Pili ftigore rigefcunt.^ Pour F^.
vede cela, qu'on n'étrille que médiocrement un Cheval en hiver , & qu'on lc^eüres
vre bien , il aura ie poil uny, quoy que fàle ; mais qu'on l'eiìrille deux ^c
tous les jours , s'il n'eft point couvert & que fon écurie foit froide, il aura 'eiLcVati*
rifle & droit, ce qu'on appelle avoir le poil planté: les hongres l'ont plûtoft que les O ^ ^g,
entiers, dans les écoles bien réglées on ne voit jamais de chevaux avoir le poil lc^g. pCut,
rifle, & quoy qu'il y ait quelques hongres, mais en petit nombre & le moindre qu il *
ils ont toujours le poil beau & uny, parce qu'ils font bien pcnfez & bien couverts.
         u',is
Voilà ce que jWss à dire fur la maniere de gouverner les Chevaux penda ^af'
font en fanté & en eftat de fervir : ceux qui ont le defir de s'inftruire, y trouverontae ^
qués utites & ncceffàires pour tous ceux qui ont des Chevaux, on lesfuivraet o ^teîr
-ocr page 163-
S E C O N D E P A R T I E.                          163
Intention fi on veut, &fionveuts'enfervir, leur pratique ne fçauroit nuire, fi on les ne-C H A F.
«"ge 5 il en peut arriver beaucoup d'accidcns, ces règles ou préceptes font fondez fur l'ex- 0,
Perience que j'en ay.
l'y a dans ce Livre des paflàges Latins qui ont embarraiîé des gens qui ne les entendent
ps 1 mais fans s'y arrefter il faut lire la fuite, le fens n'en eft pas moins clair, ils font pour
5p Curieux , & fans s'attacher aux paroles Latines, il n'y a qu'à lire comme s'ils n'y
Soient pas.
Ve la Purgation des Chevaux.
|j ^ N S toutes les chofès où l'on peut bien agir ou mal faire, il eft neceflàire d'avoir des ^g
j^ regies pour nous conduire, il faut connoiftre le bien pour le mettre en pratique, & le * '
tion H°Ur 1'^v'ter ' ^ns Préceptes l'on agit en aveugle ; & comme les fautes dans la purga-
Pre: h ^evauxnt tres-confiderables , l'on ne peut apporter trop de foin pour faire
ç ndre au Cheval une médecine à propos, il faut de l'addreftè pour la bien faire avaler au
ÎUv^a'' & de la fcience pour connoiftre s'il en a befoin, pour fçavoir quel medicament
jçje" convenable, écpouren régler la quantité, pour en choifir la forme, pourpiendre-
enips plus commode, & finalement pour obfcrver toutes les circonftances qu'il faut
mtIquer.
eft certain que le moins qu'on pourra purger un Cheval ce fera toujours le meilleur
Ci[ ' ? Pendre; jamais il ne le faut entreprendre làns grande necefïité, parce qu'ils font fa-
*ned'* Sen^ammer» d'autant plus qu'il leur faut donner une tres grande quantité de
ïeilr 'Camens pour les purger, il ne le peut qu'on n'imprime dans leurs corps une cha-
gen ttrangere, qui trouvant de la difpofîtion dans les parties & dans les humeurs dé-
fi-toaC auvent enfièvre, ou Iaifle une grande impreffion dé chaleur qui ne s'éteint pas
hecefr - 0IK*e ra'*°n P0UrquQy H ne faut point purger les Chevaux fans une extrême
ier 1Cc' eft que les medicamens font ordinairement vingt - quatre heures fans ope-
He hJ3611^11' ce temps ils échauffent & altèrent toujours quelque partie , puis qu'ils
Voit .rn.euIeat P°mt fans agir, fans échauffer , ou fans irriter la nature. Si l'on pou-
tion aS'[.fur les Chevaux conformément à la doctrine de ceux qui blâment la purga-
aPpo'rt' ment °n éviterait bien des defordres ; car quelque précaution qu'on puiflo
dres P°'r leS-y PreParer> on remarque fouvent après fon effet de fi notable def-
evac ' 1U purement on peut conclure que la nature fouffre beaucoup dans cette
tiger xJoa\ Si nous pouvions trouver des remèdes avec lefquels on pût tellement fof-
^'naire j ei^er.la nature , qu'elle fc déchargeait d'elle mefme par les conduits or-
lignes s de ce 9"i luy eft nuifible, & qu'elle pût abattre & détruire les humeurs ma-
geer'- °U 'eU/f ^ter 'a ^^goité ou les fixer, aifurément on ferait exempt de les
pas enc Pour moy quelque foin & quelque diligence que j'y aye apporté , je n'ay
rie le f e découvert ces remèdes : que fi quelques-uns font une partie de l'effet, ils
attach^ntp^st,outenticr' àiailfent des reftes d'humeurs plus difficiles à évacuer & plus
ees que l'humeur tout entière ne l'auroit efté-
^hevauYieCefli-ne reÇoit Point de précepte, on eft fouvent obligé de purger les
P'anett«' ima'S '* lc faut faire cn obfervant le climat, lafaifon, lesdifferensafpeéisdes
es, la maladie, le temperament, l'âge, & s'il fe peut le propre naturel du Cheval,
X 2                                                   qui
-ocr page 164-
r
164                 LE PARFAIT M A R E S G H A L,                   fae,
Ch a p. qui étant privé deraifon & de la parole, ne peut nous dire fon mal, ny moins fon
j8. foin.
                                                                                                                   r la
La troifiéme raifon qui nous doit faire obferver de grandes précautions pou r
purgation, vient de la difficulté de connoiftre l'eftat de la maladie, & de la difpo ^-^
des humeurs, qui eftant cuites & digérées par la nature, font faciles à évauer, 1°
étant crues font rebelles & n'obcïïTent point au remede : & comme il y en a de diver
fortes, ileft tres-à-propos d'en donner icy une legere teinture.
                                     .^
La divifion qu'Hippocrate fait des parties de l'Homme, fe doit obferver dans to
les animaux ; il établit des parties folides , comme les os & la chair ; & des par
liquides, comme le lang & les humeurs; & des parties fpiritueufes, qui font la l°
ce de la vie, le principal organe des aâions, & le premier reflort de tous les mo^
mens.
                                                                                                                         ,j£S
Les parties liquides font les humeurs qui n'ont point de confiftance fixe & ftabîej e ^
s'engendrent des atimens que l'on prend, & après diverfes préparations, une portion .
convertit en la propre fubftance des parties folides, ce qui s'appelle nourriture ou »u
tion : une autre portion repare la perte & la diffipation des efprits, le refte eu rejette co ^
me inutile: iî les alimens font convenables, bien choilis, pris dans le temps & 4anSalji
quantité necefiaire, fi la préparation s'en fait comme il faut, &que toutes les parties .9^
concourent à la digeftion s'acquitent de leur devoir, & fila portion inutile & fuperflue
jettée dehors par des voyes ordinaires dans le temps propre, &danslajufte quantité, ' ^
forme une fantéparfaite,qui eft rare dans les hommes, parce que les pallions & le f$i
glement du corps & de leur efprit produit bien du defordre, duquel les Chevaux 1° *
exempts, & je crois que les parlions & les deffrs déréglez des Hommes font en partie cj*
fe qu'ils n'ont pas une fanté fi bien eftablie ; & mefme beaucoup de Chevaux fans avoir '
û
pafîions par les travaux immodérés à contre-temps, & par la mauvaife nourriture, ncC
pas dans un parfait eftat de fanté, comme nous avons veu dans la premiere partie de
Livre.
                                                                                                                       v tre-
S'il arrive que les alimens foient mal propres, altérez & corrompus, & pris à con
temps, en trop grande & trop petite quantité, fi la digeftion eft détraquée , & fi les g,
cretions font en defordre, l'œconqmie du corps eft pervertie, les forces fe diminuent
les maladies s'accumulent, dans ce defordre il s'engendre des humeurs qui dégénèrent
la bonté du fang, & pour en faciliter l'intelligence félon les diverfes comparaifons,
l
en fait plufieurs fortes de divifions ■• Les uns les comparent au lait, & difent que le,^\
pur, pris dans l'intégrité de fa malle, repond à l'entière fubftance du lait, & 9U1 Jj3
trois parties qui le compofent; la bile répond au beurre, la mélancolie au fromage, Çf
pituite au petit-lait. Ceux qui comparent les humeurs aux élemens& aux faifons de ,
née, difent que le fang répond au Printemps & à l'air, & luy donnent les qualitezde en :
h
d'humide; que la bile répond à PEfté, & luy donnent les qualitez de chaude & ^^je
non formellement, mais virtuellement ; que la pituite a du rapport à l'Eau; elle eft n^
& humide, ainfielleadela conformité avec l'hyver & la Lune; que la mélanco» ._
froide & féche, & ainfi approche de la nature de la terre, à caufe du froid qui luy eft e."en
eS ;
Les Chimiques ont voulu trouver de la conformité entre les humeurs & leurs PrU]cl-r0ii-
mais comme ils n'en font pas bien d'accord entr'eux, il eft difficile d'établir rien de
de fur des principes conteftez; c'eft pourquoy nous n'y aurons point d'égard, nous n
arrefterons à ce qui eft de plus conforme aux fins de la purgation.
                                      &e
Il ne faut pas fonger à purger le fang, confideré comme fang: s'il eft en trop gr $
quantité, il demande la faignée ; s'il eft trop échauffe, de mefme, pour donner j° ,£i
faciliter le mouvement des efprits, & enfuite il fe peut clarifier & purifier par des rernbj6fl
-ocr page 165-
SECONDE PARTIE.                          i6f
*PProprieï, defquels j'ay parlé amplement en traitant des maladies qui ont leur origine Ch a p.
dans la corruption du fang ; car s'il cil altéré dans fes qualitez & corrompu dans fa lüb- ƒ8.
l'ance, il degenere en quelqu'autre humeur ; de forte qu'à confïderer les humeurs qui
le doivent purger, l'ona obfervé les évacuations que la nature a procurées au foulagement
Qes maladies.
L'on en remarque de quatre fortes, fans parler de l'évacuation du fang: la premie-
rs lors qu'il fort du corps des humeurs bilieufes, jaunes, vertes, acres & ameres, pè
gantes <k brûlantes; la feconde eft lors qu'il fort des humeurs pituiteufes, gluantes &
Pailles comme des blancs d'œufs; fouvent infipides , quelquefois aigres ou làlées; la
roifieme cft ]ors qU'jj çovt ^es humeurs noires, qui font aigres & aipres, & fouvent lì
^°tdicantes, qu'elles refïèmblcnt à l'eau forte; la quatrième forte d'évacuation quife
Peut rapporter à la feconde, f e fait quand il fort des humeurs claires & liquides, qu'on
aPPelle lérofkez.
L'expérience a fait connoiftre qu'il y a des remèdes qui purgent les humeurs, & mefme
^J ont cette propriété d'en faire fortir plûtoft de certaines que d'autres, d'où vient
^u°n en fait de quatre claffes; il y a des purgatifs deftinez pour évacuer la bile, d'au-
;res pour la pituite, & félon que l'on connoît 1 humeur prédominante, l'on ordonne des
emedes proportionnez à l'humeur qui caufe le mal : il feroit fort inutile de rechercher
a faifon pourquoy un remede purge, & comment fe fait cette évacuation, car foit qu'il
„Kire les humeurs du corps, comme l'aymant attire le fer, foit qu'il irrite la nature par
on acrimonie & par fa malignité, qui fentant quelque chofe d'odieux qui luy fait peine,
a't effort de le pouffer dehors, àquoy il y a quelque apparence, il importe peu pourveu
^u°n fçache qu'en donnant un remede, il en arrive l'effet qu'on en attend, ilfuffitpour
eux qui ne cherchent que la guerifon de leurs Chevaux, & non le fond du ràifonnement
e la Médecine, peu utile à bien des gens.
-, *~our ordonner une médecine purgative à propos, & pour y proceder avec methode,
'aut connoiftre le fujet, & fi le Cheval eft ou trop jeune ou trop vieil, s'il n'eft point
r°P fatigué, pour lors il aurait plus befoin de fe reparer que d'élire purgé, & s'il porte
Ve.c facilité la purgation.
le i ^aut couno'rtre la nature du mal; par exemple, dans l'ardeur de la fièvre, &dans
j,s «ouleurs de lacolique, il ne feroit pas bon de donner une purgation., car on aurait en
un & en l'autre bien-toft guery un Cheval de tous maux.
^ L'on doit auffi s'attacher à bien connoifire l'humeur qui pèche ; fi elle eft en abon-
f„ ..Ce> 'J faut un remede plus violent ; fi elle eft dans les premières voyes, e Heeft plus
Cile à évacuer ; elle eft trop acre , elle a befoin d'eftre adoucie ; fi elle eft trop
jpante & crafïè, il faut l'attenuër ; fi les pafïages font bouchez, il faut les ouvrir ; en-
n les humeurs ont befoin d'eftre préparées pour obeïr au remede : nous avons 1 irffifa-
«ent parlé de la nature des maladies dans tout le cours de cet Ouvrage, & nous avons
ta 'esoccafionsoùileftnecefîâiredepurger, & le peu que nous avons dit de lana-
te des humeurs, futura pour en donner une connoifiànce raifonnable, il eft temps de
parler des purgatifs.
fa n aPPeile un remede purgatif, celuy qui étant pris intérieurement, a la faculté de
Pu'rertir les numeurs qu'il rencontre par les voyes ordinaires du ventre ; il y en a qui
ragent feulement en lénifiant & adouciflànt, comme font les huiles, les grailles, &le<
^ Urre qui en humeâant & graiffant ili Ibperficie intérieure des inteftins , facilitent la
cente & évacuation des excremens & autres humeurs : il y en a qui par abondance d'hu-
bov è" détrempent les humeurs, & font couler tout ce qui fe trouve contenu dans les
/aux, comme le petit lait, les décoctions de bettes, de pariétaire, de choux, d'e-
X 3                                       fpinars,
-ocr page 166-
r
««6                      LE PARFAIT MARES C HAL, .. m.
Chap. d'efpinars, & autres; ainfi les herbes au mois de May purgent lés Chevaux, en detrern
ƒ8. pant&faifant par leur humidité couler les matières.
                                            f .
Toutes les choies acres & picquantes irritent pareillement, & excitent la faculté expu
trice, comme prefque tous les iels, la (êmence d'orties & beaucoup d'autres, tous c
remèdes font plûcoft laxatifs & deterfifs, que véritables purgatifs.
                                  ,
Les remèdes qui ont lafaculcéde purger félon l'humeur qu'ils évacuent font de quatf
fortes : l'on appelle Cholagogues, ceux qui purgent la bile ou la colere.
Phlegmagogues, ceux qui purgent le phlegme & la pituite.
Melanagogues, ceux qui purgent la melancholiek, la bile brûlée.                             .
Hydragogues, ceux qui purgent les eaux & ferolitea fuperfluës de tout
corps.
Il ne faut pas croire que les remèdes d'une clafîè ne purgent qu'une feule humeur'
quelque (impie que foit un medicament, il en purgera de toutes les fortes : le fené Pa
exemple , eftfi univerfel, qu'il n'eft point de médecine où il ne puiflèentrer, &P°'!\
d'humeur qu'il n'évacue'; ceux qui dilènt que les purgatifs agiflent par limilitude de lu0"
fiance, ont bien de la peine à faire vqir cette refïèmblance d'une drogue fi fimple, avec de^
humeurs fi différentes: ce que l'on doit principalement confiderer dans un remede purga"
tif, eft la force, ou la foiblefle qu'il a.
Dans un grand befoin, il ne faut pas croire qu'un remede leger faflê une grand ope*
ration ; auffi dans une legere occalion, il ne feroit pas à propos de fe (èrvir d'un reme'
de violent, s'il y a à manquer, il vaut mieux donner un remede trop foible qu'un trop f°rt. '
& comme tous les purgatifs ont de la malignité, ileftneceffairede les corriger: l'on"0'
encore fçavoir qu'un remede donné en fubftance, par exemple en poudre, doit eftre m1^
en moindre quantité, que lors qu'on le fait infufer dans quelque liqueur, & qu'on en te'
jette la fubftance.
                                                                                                   '
Univerfellement parlant l'infufion ne purgera point un Cheval de quelque drogue qu el"
le foit faite, il faut donner les remèdes en fubftance, parce que l'infufion paffe trop tort, *
ne s'arrefte pas aflèï long-temps dans le corps d'un Cheval pour le purger, il eft fi difficile a
émouvoir, qu'une drogue donnée en fubftance fera vingt quatre heures dans fon c°rf
avant que de le purger, & l'infufion qui n'ëft qu'une liqueur palle dans cinq & »\
heures, ainfiélle ne fait aucune opération; véritablement ou peut fe fervir d'une info"
(ion comme on fe fèrt d'une déco&ion pour mêler les drogues qui peuvent purger un Che
val, & donner le tout enfèmble pour augmenter en quelque maniere les vertus & non autre-
ment.
Des remtâts qui purgent la bile oh colere.
rHAP T ^ ca^ *"eu'e n'auro'1 Pas affei de force pour purger un Cheval quand oO
^
          .L/ jUy en donneroit trois livres , on la doit mêler avec d'autres medicamens Plu»
*"' foits, elle tempere & humeâe les parties trop échauffées, on la peut donner aux arrec
tions de reins, &delaveflie, on la corrige avec de la femenced'anis ou de fenouil étan
flatueufe.
                                                                                                                  t
La manne eft pareillement trop benigne ; on ne s'en fèrt aux Chevaux que lors qu us 0»
la toux, & on la doit mêler avec d'autres remèdes plus violents.
Le fuc de rofes pâles eft trop foible, il purge les ferotùez b'ieufes, onfefert de l'elee*
tuaire du fuc de rofes qui eft plus puiflànt, à caufe dudiagrede qui entre en &corii$£S
fition.
                                                                                                                   *^
-ocr page 167-
SECONDE PARTIE.                               167
Les Tamarins adouciiîènt la bile & la font couler, on ne les donne 'jamais feuls aux G h a
Chevaux, mais lors qu'il faut rafraîchir comme ils font froids on les y employé.
                   jo.
La rhubarbe eft une racine qui purge la bile en refferrant, cl le fortifie extrêmement, &
^ft buDi.,,; au cours de ventre, Ia doft lèra de quatre à cinq onces, mais ordinairement el-
te eft trop chère, ainfi fans neceffité on n'en donne gueres aux Chevaux, & on doit auiîi la
mêler avec d'autres medicamens, car elle eft foible.
L'aloë's eli an des medicamens le plus en ufage parmy les Chevaux, il ouvre & débou-
te, il purge la bile & pituite, il nettoyé l'eftomac & les inteftins feulement; il eft bon
Pour la tefte , pour les yeux & pour le foye, parla correfpondancc que ces parties ont
avec l'eftomac : il eft bon pour tuer les vers, auffieft-ilfort amer, il faut le corriger, à
caufe qu'il ouvre l'orifice des veines, avec la noix mufcade, les clouds de girofle & la ca-
^e'le, mais ia meilleure préparation qu'on luy puiffe donner5pour le bien corriger, c'eft
|je l'imbiber avec du fuc de rofès, & le taire fécher plufieurs fois; le lue de buglofe, de
~°urache, de chardon bénit, & autres font auffi très-propres, comme nous avons en-
leigné à la fin du ChapitreXXXIV. de la premiere Partie, on en donne de deux à trois
°nces, c'eft un des bons purgatifs que nous ayons pour les Chevaux, car il refifte fort à la
Corruption.
Les Mirabolans font de cinq fortes, Citrina, Chcbula, Inda, Emàtica, &Bellerica,
"s font foiples & n'échauffent pas, ils purgent en refferrant, on les donne dans de l'huile
°u dans du beurre: maison s'en fert tres-peu aux Chevaux, car il en faudrait trois ou
3U;ttre livres, mais on les peut mêler avec d'autres medicamens, pour refferrer aux flux
öe ventre.
La feamonée fe corrige à la vapeur du foulfre qui eft la meilleure préparation, comme
fìous l'avons enfeigné au ChapitreXXVII. de la premiere Partie, elle purge la bile des
Parties les plus éloignées, l'on crie fort contre fa malignité & fa violence, mais eftant bien
Préparée & donnée dans quelque chofe grafie qui adouciffe fon acrimonie, qui l'empêche
J*. adhérer aux inteftins, c'eft un tres bon purgatif pour les Chevaux: il m'a toujours tres-
kienreufîi: on le donnera en fubftance, depuis cinqdragmes jufqu'à fix & demie, il faut
ci!oifir toujours la plus belle & la plus claire, on fedeffait fi bien de l'averfion qu'on avoir
Pour la feamonée, qu'on l'ordonne tous les jours aux Hommes, préparée de cette forte :
^r il n'y a rien de plus commun que la poudre de Cornaçhini, dont elle eft la bafe.
Si vousavezdeffeindecompoferunpurgatifpourlabile, vous le pourrez faire en cet-
.e laniere: prenez aloé's deux onces & demie, fleurs de violettes, rofes-pâles, &demil-
e"Pertuis, de chacune une dragme, poudre de triaiàntaîi, maftic& canelle, de chacun
*jemy fcrupule, feamonée préparée à la vapeur du foulfre deux dragmes, pilez le tout en
Poudre paffée par le tamis de crin, qu'il faudra mêler avec demi-livre de beurre, &enfai-
*e des pilules: l'on trouve dans les boutiques d'Apoticaires les eleciuaires dits le Diapru-
'"s folutif, l'ele&uaire du fuc de rofes, dont l'on donnera de quatre à fix onces, & la
Pufgation reiifllra très-bien pour évacuer labile.
L'antimoine crudn'eft pas un purgatif, étant préparé comme nous l'avons enfeigné ny
autrement il ne l'eft pas non plus ; mais il ne laiffe pas d'eftre un excellent remede, lequel
|^e Peut fe ranger parmy les purgatifs aux Chevaux, puis qu'il agit par infenfible tranfpira-
!ori, & par fa vertu aftralle, qui confume les mauvaifes humeurs du corps des Che-
f3ux, refifte à la corruption, rectifie le fang, le clarifie, & leur donne fort bon appétit ;
aftant manger les plus dégoûtez, il poulie quelquefois par les urines, mais aflez rarement;,
j» débouche, rafraîchit les parties intérieures trop brûlantes, détruit les eaux, qui font la
ource de tous les maux, & agit dé fi bonne forte, qu'il rétablit un Cheval languif-
ant oc debile , & le remet en cœur & en corps. Dans la premiere partie de ce-
li-
-ocr page 168-
i68                LE PARFAIT MARESCHAL,                  - je,
C H a p. Livre j'ay enfeigné diverfes préparations fur l'antimoine , j'en ay donné l'ufage «
yo. bons effets, je vous y renvoyé pour éviter les redites, & finis enavcrtiifantlescuri^
que l'antimoine de quelque façon qu'il foit préparé n'eft aucunement cataretique ; c
à dire purgatif aux Chevaux, il ne fait pas connoiftre fes effets, mais il agit de f°rt£!L.
c'eft un des plus grands remèdes que nous ayons, & le plus amy du temperament des <j
vaux.
Les remèdes qui purgent le Flegme ou la Pituite.
CHAP T E Carthamus eft la graine dont on nourrir les perroquets, l'on en prend la moèle^.
60.
•*-' purge le flegme & les eaux, elle eft bonne aux poulinons, on la corrige avec 1*
lacanelle, &legalanga, feule elle eft foible, lacompofitiondediachartamieft tres-"
ne, on en pourrait donner à un Cheval ffx ou fept onces fi elle n'eftoit trop chère. . j0
L'agaric atténue, débouche & purge la pituite craifc, & même la bile, il attirfci-
cerveau, des nerfs &desmufcles, on peut dire que ce feroit un des meilleurs me Lf-
mens que nous ayons pour les Chevaux, s'il eftoit allez purgatif; on en fait des trC?caU-
ques qui le corrigent, on en donnera de quatre à cinq onces qui ne purgeront pas'~e 0*
coup ; ce qu'il y a de mal en ce remede s'il n'efl pas préparé en trochifques, eli qu'il eu
leSer-                                                                                                                          j nar'
Le turbith purge foiblement la pituite craffe, vifqueufe, & pourrie, il attire des p^
ties éloignées, on le corrige avec du gingembre, on en peut donner jufqu'à quatre o»
au plus.                                                                                                        _ - je5
Les Hermoda&es font une efpece de bulbe, ils purgent foiblement la pituite, ö jj
humeurs vifqueufes, & tirent puiffamment des iointures : on les corrige avec le fpicana
& lacanelle, on en donne de trois à quatre onces.
                                                   »aU
Le Mechoacan purge la pituite & les eaux, il eft bon à la vieille toux, à la colique <*
farcin: on le corrige avec la canelle, anis&maftic, fa dole eft de quatre onces.
           ç.
La coloquinte eft un fruit fort leger, qui purge la pituite & les autres humeurs c ^
fes & gluantes des parties les plus éloignées, comme du cerveau, des nerfs, ^eS?ujte
clés , des jointures, & des poulmons", elle eft excellente, pour emporter cettep'
vitrée, qui s'attache au dedans des boyaux, &caufe des coliques extrêmes, elle e lt
nemie de l'eftomac & des jnteftins quand elle s'y attache ; on la corrige en fr'^^jrje
trochifques, qu'on appelle Dalandal, ou avec l'huile d'amandes douces, & lago111
adragan.
                                                                                                              up(
C'eft jcy le purgatif ordinaire des Marefchaux, il ne coûte guère & opere bcauc? k^
j'ay propofé une bonne préparation pour la coloquinte , comme vous pourrez voi
Chapitre XLVI. de la premiere Partie.
                                                                     -0
La dote eft de quatre à iïx dragmes tout au plus, dans du beurre ou de la gr
de porc-
                                                                                        r                    j0j[i'
L'oppoponax purge la pituite vifqueufe des parties les plus éloignées comme des j
tures, il eft pourtant de foible opération, on le corrige avec le fpica, gingembre, ca
ou de la racine d'enula campana.
Ladofeeftdequatre onces.                                                                               p0lir
Le Sagapenum eft comme le precedent, plûtoft pour incifer & preparer que "
purger.
                                                                                                            :, $vec
l/euforbe eft un fuc d'un arbre, qui purge la pituite craffe, & les eaux, ma" j-jnt
/
-ocr page 169-
SECONDE PARTIE.                 tS9
J5nt de violence, queje n'en confeille pointl'ufage intérieurement par fon exceffi ve chaleur, p„,p
1 ce n'eft mêlé avec la caffè ; par exemple dans quatre onces de caffè deux dragmes d'euforbe
Preparé.
                                                                                                                      60.
- "ourle con iger> il faut le diffoudre dans du vinaigre diftillé, ou du fuc de limons aubain-
1 ar!c' puis tout chaud paffer la liqueur par un double linge , & l'évaporer jufqu'à ficcité .-
<jofe eft de deux ou trois dragmes, quand il eft préparé de la forte.
Pour compofer une remede qui purge la pituite ; vous pouvez prendre du diacarthami une
cnce, agaric trochifque deux dragmes, turbith tk hermodaétes de chacun une once, fpi-
ja nardi, canelle & gingembre de chacun une dragme , coloquinte une dragme &
ettiie, mettez-le tout en poudre , & mêlez avec une pintedevin blanc, & le donnez
40 Cheval.
On peut ufer des pilules, qu'on trouve toutes préparées chez les Apoticaires, en don-
ar)t une onc;& demie jufqu'à deux, les pilules qui purgent le flegme fonc, coccia, fètida
n"]°res Mefue, de agarico, de hiera cum agarico , de farcocolla, de colocbintide.
Si V0-
jre Cheval eft maigre, il fera plus à propos de luy donner les eleciuaires, que les pilu-
c s •* 'es eleâuaires font le diapbenic, le diacaname , benedicla laxativa Nicola/, bier* fi~
(jlï?4'""'' eUiiuarium indum majus Mefue i la dofe eft de quatre à fix onces : de tout ce que
A . > on pourra compofer des medicamens purgatifs, y mêlant ou des pilules ou des éle-
1. a,res» & d'autres medicamens folides, le tout félon les dofes & le jugement de ce-
cili l'ordonnera.
^^         — »•-■       t .■■■■ I>          H t                 t                                   II                  ....." ^ I ■ ■ ■!                   M'             «I          ■■ Il .....H)ll.l»<|liWlllMl)l llMI I.....f .. «
Des medicamens qui purgent la mélancolie.
J^^fené tient le premier lieuentre les fimples purgatifs, c'eft un petit Pancbimagogue;
Sa f ^edecins en font fi enreftez qu'ils le font entrer dans tous les medicamens pur- CHAP.
» tirs. Fernel Médecin de Paris, des plus fçavans depuis Gallien, en parle en cette ma- 61'
brûv aU ^ivre V. de fa methode , Chapitre X. Le fené purge l'humeur mélancolique
cl0- ,» 'a bile & la groffe pituite trés-commodemént, noti pas d'abord des parties
durées, mais principalement de la ratte, & auflì des autres vifeeres, deshypocondres&
re *~wtere, qui eft le vray cloaque de toutes les ordures du corps, car il n'y a aucun autre
jy? e<llu tire fi bien les humeurs pourries ou corrompues de ces parties-là, ou qui entrant
fpjp s dedans les petites veines, emporte leurs vieilles obftruciionsj on le corrige avec le
/'le gingembre, lescloudsdegiroffle, &c
a dofe (erade quatre onces tout au plus.
p0 er°Iypode eft plutoft un preparati f qu'un purgatif; on le corrige avec de la regliffe, &
ij, -1 a 'derfa vertu tardive, avec gingembre, anis&fenoüil, on en donne huit à dix onces,-
t ,on ne le donne jamais feul, car il ne purgeroit pas un Cheval.
f0n elebore noir eft une racine qui purge la mefancolie & les autres humeurs brûlées qui
î'e °Plniâtres, il eft excellentauxmélancoliques, on le corrige en le lavant bienavecde
feorT ' ^U'S *e ^a^an' 'nfufer quatre heures dans du vinaigre, après on le defféche à feu
8f d V*0^ el* de fix dragmes j ufqu'à une once i on y peut ajouter de la canelle, de l'anis
enAe lapis Arrnenus, eft une pierre qui fe trouve dans les mines d'argent en Allemagne &T
D,>r nïlenie■» d'où elle a pris fon nom : les Peintres s'en fervent, l'on broyé & on lave cette
r ?reavec eau de rofe & de buglofe.;
-^a d«fe eft de quatre à cinq onces.
?0W-W.                                                  Y                                                     Le
-ocr page 170-
,7o                 IE PARFAIT M A R E S C H A L,
les roeriTieS
Le lapis lazuli eft prefque le mefme dont nous venons de parler , &•
ChaP. vertus.                                                                   ,                 r -illude fenéuneon-
6 ì         Pour compofer une médecine qui purge l'humeur noire , prenez teu'ue; demi-once,
ce & demie, elebore noir lavé dans le vinaigre deux dragrr.es, cnttaïqetai &deïiniei
lapisarmeraislavélîx dragmes, anis fenouil & canelle, de chacun une d *g *£bourache,
pilez le toutgroffierement, & faites un breuvage dans une pinte de decocuon
bULesepilul'e?&eies"compofitions qu'on trouve chez les Apoticaires W? £/Hne
ger la mélancolie font, PiluU Uà* , de lapide laKuli, & M ""«"•j^T rfnq °n'
jufqu'à deux onces , les eleduaires diaftna , la confection bmtc .f^ , nl da-
ces, tous ces medicamens compofez feront plus commodes , mais us
Va La mélancolie eft une humeur fortopiniâtre ; qui ne cede pas &dlemen_lf*Jr-™% dep«is
gatifs, fi ce n'eft par une grande irritation de la nature; &j ay veupar «F» ^ évr
Quelque temps, quelesdiuretics, c'eftàdireies remèdes qui P^^J^^^U^
cuent plus agréablement la mélancolie aux Chevaux, ils en reçoivent moins de trou
toute l'oeconomie de la nature, & en font fort foulagez.
Des Meàicamens qui purgent les eaux.
s boutons
CHAP.
6z.
LE fureau & les hyebles font purgatifs legers, on en peut prendre au pnntempsles
pour en faire la deco&ion , & y mêler d'autres drogues.
                             nroaûf &'
La graine d'hyeble purge auffi fort les eaux , étant melee avec quelque purg ^
lide , qui augmente fa vertu tardive & lente ; on en peut donner ,»fqu a deux de
pliee OC U1IIC um» uu vin uiaiii. , u «-il.- f-cit
vertu ; demi-once infufée dans du vin blanc, puis paffée & exprimée
Homme.
La foldanellc eft une plante marine, qui rire les eaux puiffamment & la bile
e niiv „„
gera i"
la corn-
on
avec canelle öt gingembre; laaoïeeitaetroisaijuautwti.^.                                -1 flg
Le fuc de la racine d'iris, tire puiffamment les eaux, il fe corrige avec la canelle; J
purgera pas étant donné feul.
                                                                                  -.g
L'élaterium eft le fuc de concombre fauvage épatffi & mis en petites rouelles ;,on le c°r *>
-en le faifant tremper dans du lait avec de la canelle.
                                                -lent.
La clofe eft de deux dragmes à trois, on fe fert peu de ce remede, car il eft trop vio ^
Mais la racine léchée à l'ombre fe trouve fort bonne, il faut la réduire en poudre gr0 . 0je
& en donner une once dans une decoöion, ou dans du vin blanc, elle purgera affeZ alj.
Cheval : mais le remede en vieilliffant perd fa vertu, & ne dure que deux ans tou ^
plus, au bout du temps il n'a plus d'effet : mais comme on en peut trouver avec allez ^ ^
cilité, & qu'il ne luy faut aucune préparation que de la fécher à l'ombre, la perte n e
pasconfiderabW. .
                                                                                  j r ft de
Le Jalap eft une racine qui purge les eaux, on le corrige avec la canelle ; la doie e
deux onces.
                                                                                                     , <$ie
L'efula, eft une efpece de tithymale, qui purge les eaux, on en fait des extraits, m .^
ne confeillerois à perfonne de s'en fervir, car il y a quelque chofe de fort vénéneux <x e
my de la nature des Chevaux.
                                                                                  jge
La gomme-gutte ou de cambodie , purge puiffamment les eaux , on la co
avec le vinaigre, comme nous avons dit de l'^uforbe -, la dofe eft de fis dragmes» ^
-ocr page 171-
SECONDE PARTIE.'                         ï7i
B%e efl bon aux Chevaux, car elle fe peut donner en petite quantité', qui eft un grand avan- Chap.
Pour en faire une médecine, prenez deux onces de Jalap en poudre, Scdeuxdragmes
gomme gutre ; que vous mettrez dans une pintededecocìionde fureau& de racine d'iris,
c eft une des plus commodes & des meilleures purgationsque nous ayons : lufage vous en fera
connoiftre la bon , & l'utilité que vcftre Cheval en recevra fera grande.
Pour donnerune''Médecine kun Cheval t C?" en quel temps.
L
Ors que la neceffité le requiert , & qu'il eft abfolument necelTaire de purger un CHAP.
Cheval, après avoir découvert la nature , les qualitez , la quantité & le lieu de 65.
humeur qui pèche, remarqué la nature de la maladie , & connu le temperament du
Cheval, tant par fesaciionsque par fon poil > ii faut parcourir la lifte de vos remèdes purga-
tir^ & choifir ceux qui pourront fatisfaire à voftre intention.
, De plus, il faut obferver le temps de la purgation , car de là en partie dépend le
'On ou je noyais fuccés d'icelle, c'eft ce que peu ou point de ceux qui rxaittent les
Chevaux oblervent, quoy quej'aye temarqué fouvent que la mefme purgation donnée au
' lc(me Chtval en different temps, fait des effets fi differens l'un de l'autre, qu'il femble que
e't un autre medicament, & un autrt Cheval.
*1 faut purger tant qu'on le peut au déclin de la Lune, parce que la nature ne repu-
•|ne pasfi fore en ce temps-là, qu'au croifTant à ceder les'humeurs & en fouffrir Téva-
a'ion. elles fe dérachent avec moins de violence, puis que nous voyons dans les ani-
ni»rX
' ^u'^ ont moins de moëfle dans les os au déclin qu'en croiflànt, il en eft de
Çune des humeurs , lefquelles diminuant & cédant à la Lune, pour peu que le remede
ê'^e conjointement avec cet aftre, facilement & heureufement on purge les Chevaux.
-Non folcment il faut purger au déclin de la Lune: mais il faut choifir un jour pour
j n eftèroùellefoit dans un Signe d'eau, fçavoir dans le Cancer ni , le Scorpion 55, ou
j, "oiiTons)(, qui font Signes froids & humides, & cela toutautant que vous le pourrez.
j- eiTlarquez foigneufement enfuite que le purgatif ces jours-là caufera moins de foiblef-
••> moins de dégoût, &feraune meilleure évacuation j lecorirrairearriverafivousla don-
z dans le croiflànt & dans un ligne de feu chaud & fec, comme le Bélier :y, le Sagitaire
'*»='& le Lion „ci.
^ ^Jutre cela , il y a des temps de l'année pendant lefquels ils ne faut pas purger les
a evaux, fçav°ir dansles Eq: inoxes &r dans les Solftices ; les Equinoxesfonr environle
ìde' ars ^ 'e 2I Septembre: les Solftices le 22. Juin & le 22. Decembie, un jour ou
jou"* P'USOtlm°i|ls: Il «e faut point purger ny faigner fans une grande neceffité , deux
tj rs avant & de^ix jours après lefdits temps , parce que ce font comme des jour- cri-
Rues, où la narure fait un effort pour repo.ifler ce qui luy nuit,, & fi on luy.fait faire
Ce Mouvement contraire au fien par un medicament pu gatif, on l'empêchera de faire
r a1uoyeile eftoit préparée, & ce ne fera pas fans nuire & porter du préjudice au tempe-
jo len^J ^ * 'a ^3'11^ de l'animal,j il faut donc s'abftenir de purger non feulement ces
■<ta?S'^' rnaiScìue'<ìues jouis avant & après , fçavoir depuis le 18. Mars jufqu'au 25.
nQ "•> depuis le iS. Septembre jufqu'au25. dudit , qui font le te. ps des deux Ëqtri-
on,vs' & depuis le iB. Juin jufqu'au26. dudit, depuis iS Décembre jufqu'au %6. dudit,
^Jfnt les deux Solftices.
iw^e ces obfervations vous pouvez encore fi vous avez quelque connoiffance des Ephe-
v ldes 3 ne point purger lors que la Lune eft en conjonction ny oppofition ou quarré
Y 2,                                                         du
-ocr page 172-
îji               LE PARFAIT MA R£S'C HAL,                     f
CHAp.du Soleil ; & de mefmî de Mars , & de Saturne , defqaels elle eft ennemie •' ,P*t
<
j,t confequent la Lune qni agit fur les corps des Chevaux par fa qualité influentie'le etk
3' affoiblie par ces autres Planettes; ne manquera pas défaire un grand ravage dans le c0 t
des Chevaux, & rendra la purgation plus nuifible que profitable.
                                ,rf fe
Mais fi vous voulez avoir un bon fuccés de la purgation quand vous elles le mantie
choifir le temps, prenez-le lors que la Lune eft conjointe avec Jupiter ou avec VeR ?
& qu'elle eft en fon fextil, ou en fon trin, parce qu'étant amie de ces deux Planert-^
elle fortifiera la nature par fa qualité influentielle , & non par fa qualité dementa ^
qui n'a pas un grand pouvoir fur les corps & mefrne quoy que la Lune fuft en .°P,,{,
fition avec Jupiter ou avec Venus, elle ne laiffera pasd'ethe favorable : ceux 'F'J? ,£,
ront fe fervir de ces obfervations y trouveront de la farisfaòtion mefrne pour les ^1 js
mes; ceux qui ne connoiffent pas ce langage feront comme ils l'entendront, ma's.'ej-roS
qu'on ne peut apporter trop de précaution pour la purgation des Chevaux, & quand je dl .
des Hommes je diroisvray.
                                                                                  -          llX
Voila ce que j'ayobfervé de plus remarquable pour le temps qu'il faut purger les Che _
avec moins de péril, &plus d'utilité -, ceux qui les mettront en ufage reconnoiftr°nt "
c'eft avec connoiflance de caufe que j'ay donné ces avis.
                                                   ron
L'on eft fou vent obligé avant que de purger uu Cheval de preparer l'humeur 1
veut évacuer, parce qu'étant crue & mêlée avec les bonnes humeurs qu'on doitc°
ver pour le foûtien de l'animal, il feroit prefque impoffible de la faire fortir, fans beau
de travail, fans un granddefordre& beaucoup d'agitation.
                                              \.}
C'eft pourquoy il ne faut prefque jamais purger un Cheval au commencement°ü \f
1
              car l'humeur qui n'obéir pas au remede , s'échauffe , fe fermente &r augmente le
au lieu de le diminuer : & comme aux Chevaux nous ne pouvons obferver aucun »g
de cociion, & de feparation des maiivàïfes humeurs qui caufent le mal, car les ^ aS
font prefque toujours troubles, & peu diffemblables lès unes des antres , les 4eJ ery,
du ventre à peu prés égales ; l'on eft donc obligé d'attendre que le Cheval f°ÎC 8 >orS
ce qui fe doit entendre dans les maladies violentes ; quand le mal relâche , P°ur gt
l'humeur qui caufoit le mal eft cuite, puis qu'elle ne caufe plus aucun Symp/°m?j £aUE
d'autant que la nature neglige fouvent de rejetter l'humeur qu'elle a dompté , * ^te
l'évacuer par la purgation, de peur qu'il ne reverdiffe & ne faffe une rechute; Qtar
que dans les fièvres & autres maux violents, on ne doit point purger un Cheval, ny au
mencement, ny mefrnedansl'ardeur du mal.
                                                             «pro*
Après avoir bien confideré toutes, ces chofes, il faut choifir vos remèdes, & Ltce
portionner à vos intentions ; étant fouvent obligé d'en prendre diverfes fortes j P fl
que rarement unefeule humeur fait.le mal. Dans les maladies les plus_bilieules > .
s'engendre toujours des cruditez & des flegmes dans les corps les plus pituiteux , -^
toujours du fel & du foufïre, quand vous employez plufieurs drogues, il en &üt ^oüS
nuér la dofe à proportion du nombre dont vous vous fervez : Par exemple ,
           
prenez troispurgatifs,il ne faut que letiers de la dofe queje vous ay donnée de ^^S--ro'
il fe trouvera que les trois feront une véritable prife; n'oubliez pas leurs correeti
pres , environ jufqu'au quart du poids de toute la compofition.
                         t0U-
Vous trouverez que les médecines purgatives que j'ay ordonnées font preiq ,jj
tes foibles, parce que les temperamens des Chevaux font differens, ainfi j'ay cr <je
valoit mieux purger à deux fois , que de trop évacuer ; la premiere fervira coni ^^
préparation pour la feconde , & vous pouvez augmenter la dofe à la feconde s „. uïS
menter toujours la drogue qui eft en moindre quantité, parce qu'elle eft prefque t0"'rCjjfs.
plus forte de toutes "t ' & peut pouffer & faire agir les autres medicamens qui font plus ta jjj
-ocr page 173-
SECONDE PARTIE,                             17?
Chap,
Par exemple, à la fin des medicamens qui purgent h bile , 'ily aune médecine pour
l'évacuer où il entre deux onces & demie d'AIoes , & deux gros de fcamonée : fi 6x
avec cette médecine le Cheval n'a pas allez purgé, il faudra l'autre fois donner trois gros
de fcamonée.
Parmy ceux qui purgent le flegme, il y a une purgation où il y a une once dediacarthami,
agaric trochifqué deux dragmes, tur bit & hermodaftes de chacun une once, coloquinte
Une dragme & demie : Si ce remede n'opère pas allez ; il faut augmenter la moindre dofe,
1l» eli la coloquinte, & en donner deux dragmes ou deux & demie.
Et ainfi des antres , car on ne fait point de petites erreurs en donnant de purgatifs
trop violéns, depuis qu'il eft dans le corps d'un Cheval, on n'en eflplus le maifire ; il
a$it fouvent avec tant de defordre, que s'il ne tue le Cheval, il laiflè une fi grande in-
temperie dans les partes , qu'on ne peut de longtemps le rétablir ; . c'eft ce qui m'a
fait réduire les dofes en forte qu'on ne puiffe faire de defordre : que fi voftre Cheval
n'apasévacué polirla médecine que vous luy avez donnée, iln'yarien de perdu, elle a
difpùfé l'humeur, & redonnant la purgation plus forte, quelque jours après, vous en au-
t^z un bon fuccez.
Ayant la quantité des drogues, il les faut concafTer groffierement : fi c'eft pour des pila-
£s, mêlez les avec deux livres de gras de lard deilalé, ouavec autant de beurre, & ayant
bien pilé lé lard, le tout fera mêlé enfemble dans le mefme mortier, formez en des pilules
grofTes comme des balles de jeudepaume, pour les faire avaler au Cheval.
Si c'eft pour faire un breuvage, il faur les concaffer groffierement, & les mêler, partny
ur>e decoâion , ou dans du vin, & les laiflant tremper un quart d'heure, au matin on fait
avaller le tout au Che val avec la corne.
Si c'eft pour en faire une fimple infufion , qui ne reûflit gueres pour les Chevaux ,~
*es medicamens avant infufé dés le foir, on les coule le lendemain, puis dans la colatu-
re on délaye quelque eleâuaire ou poudre en allez grande quantité pour le purger fé-
lon que vous aurez déterminé , & ayant avalié le breuvage , il faut rincer la corne
avec la decociion , ou du vin ; & enfuite luy rincer la bouche pour luy ôter le
^auvaisgoûr.
Si c'eft des pilules, quand elles font avallées on donne du vin blanc pour les faire defeca-
le dans leftomach, les détremper, & pour nettoyer la bouche, &en ôter toute l'amer-
tume.
Il fauujuele Cheval qu'on veut purger, foit quatre, cinq, ou fix heures avant la prife
, la purgation fans manger, & autant après , vous luy donnerez un lavement pour
Plusde précaution lefoir du jouravant la purgation, que vous compoferez félon la nature da
<^ua»d le Cheval commencera à purger , il faut le promener de deux heures en
^eux heures , une demi-heure , & faire cela pendant une demie journée pour l'aider
avuider.
• Il faut éviter autant qu'il eft poflîble, de purger dans les rigueurs du froid , & dans
les grandes chaleurs ; fi pourtant l'on eft obligé de le faire, & que ce foit en hiver; ilfauc
tenir le Cheval bien couvert, & le mettre dans une écurie bien chaude, dont il ne forte point,
Parce que le froid empefclieTaCÎion du médicament; &fi c'eft enEfté, ilfautle tenir en
«eu tempéré & frais.
Quand le Cheval aura purgé, on luy peut donner un lavement fi on veut, pour ache-
ver d'évacuer ce que le medicament a ébranlé, après quoy on nourrit le Cheval à l'or-
dinaire.
Il eft à propos que le Cheval; depuis qu'il a pris fa purgation, jufqu'à ce qu'il ait ache-
Y 3                                                           
-ocr page 174-
174            .LE.PARFAIT M.ARESCHA L,            ^
Chap. védelarendre, ne mnnge point de foin, mais feulement du fon mouillé, ce qui 'era ljr
' ron pendant quarante heures, ayantiuin de le débrider de quatre en quatre heures, p
î" manger deux picotinsde fon mouillé.
                                                                         -r
Ayant ordonné quantité de purgations dans la ftfte de ce Livre, vous p°uvezya ^
,recours , j'en ay expérimenté !a plus grande partie , & ceiles qui ne l'ont pas e »
font compofées méthodiquement , & dans les règles ; on peut avec feU^£.f t s
.donner ; car elles ne cauferom aucune fuperpurgation , étant.prdfqûé toutes toi
£c
pour vous en faciliter la recherche , j'en feray icy comme une table : ^^lS\ iies
pie , vous trouverez une purgation pour le mal de tefte , Chapitre X V V I. ,.|l'Jj-
pourChevaux lunatiques, ChapitreXXXI V Une excellente huile purgative au *~; ?ïS
tre X L V I. Vous trouverez le policrei e qui prepare un corps à la purgat'on , au C"aP-
CXXVIJ & au Chapitre CXXVlII il y a le moyen de lâcher le ventre d'un Cheval""
gre & hi rafle, & enfuite la purgation j il y a au Chapitre CXXîX. un breu _&g
purgatif & confortatif pour un Cheval trop fatigue ; vous trouverez au C"aP j
CXXXVIII. unpurgaufuniverfelpour leslavemens, que j'appelle Catholicum, j^
vaut mieux que tous ceux dont on fe fert pour les Hommes, il eft propre'pour ton
temperamens de chevaux. Au Chapitre CXL. il y a des breuvages & des pillules P
gatives pour le farcin qui font tres-bien appropriez, pour lefarcin à cul de poule. ^
Chapitre CXLI V. ilyade très-bonnes pilules purgatives; & au Chapitre C Lv
ya des pillules purgatives pour la galle, & encore au Chapitre CLIX. on trol,vera.a(fs
piîulles purgatives pour tuer les vers qui font dans le corps des Chevaux : en chaque c ^
:«ies purgatifs on trouvera une médecine toute compofée pour évacuéi l'humeur à laque'
purgatif eft deftiné.
Tour preparer les humeurs des Chevaux qu'on veut purger.
CHAP. T?N beaucoup de maladies , on eft obligé de purger les Chevaux , fans que la ^La.
6 '
-*-■' ayt apporté aucune codiion aux humeurs , comme au farcin , àlagalle &■ a.P)IlC
T" iieurs autres : fi l'on veut purger par précaution , par exemple aux Chevaux q"1,.
cfté avec des Chevaux malades, ou au retour de l'armée, ou en des lieux infectez. ** . £.
que de l'entreprendre, il eft à propos de preparer les humeurs, afin que le medicarne*11
re moins le corps, & que la médecine fàflTe meilleure opération.
                            . jtC
Il neferoit pas raifonnable de tirer l'aportume d'une tumeur avant qu'elle il je
& louable 5 il en eft de mefme des humeurs qui caufent & entretiennent les maux sia
corps.
                                                                                                               ,. vs
Cette préparation ou codiion fe fera en la maniere fuivante , & nous aPPe."er0 'une
fimples qui ont la faculté de preparer les humeurs, desdigeftifs, puis que c'eft digère ^
humeur,. que de la preparer & rendre capable d'eftre évacuée, 6V: commencerons par la
Digeflif de la Bile.
Quelques-uns difent que la bile étant fubtile, & obligeant par fon acrimonie un c9JjrC
î'excretion, s'évacue' altez d'elle mefme, fans aucune préparation, puifquc par le m01 .
medicament d'abord ellerede ; il eft vray qu'elle n'a pas befoin d'élire préparée pour la ^
nequ'elleaàfortir maisàraufedefonfeu, de peur qu'elle n'enflame les bovaux, il? ,
de la rafraîchir & humecter, & de peur d'une trop grande purgation » il eft bon de l"1"
•fer & épaiifir.
                                                                                                      Ces
-ocr page 175-
SECONDEPARTIE.                           17?
■ Ces raifons font fans réplique: & les Médecins nomine tenus, qui difent qu'elle n'a befoin CahP,
d'aucune préparation, n'ont rien à y répondre, particulièrement ayant égard au tempera- 64.
aient des Chevaux", qui efï facile à s'enflamer.
                                          . ...
Les fimples qui incraflént& qui rafraichiffent, font;la buglofe, le piantili, les laitues,
Jfjourbarbe: les femences froides, & celles de plantin, pfillium, les fleurs de nymphéa ,
de violettes, & de mauves, les herbes de capilaire, l'endive, & les chicorées. _
De tous ces fimples, ou de quelques uns, vous ferez une decoclion d'environ trois
Çhopines, que vous donnerez tous les matins aux Chevaux aufquels vous voulez purger la
bl'e ; c'eft à fçavoir au Chevaux ardents , colères , qui font d'un poil alzan vif:
Pédant ce temps-là il ne doit point manger d'avoine , mais feulement du fon mouille.
Le Cheval demeurera deux heures à jeun devant que de prendre la décoction, & autant
aPrés ; il en ufera pendant huit jours, puis vous le purgerez félon le befoin que vous
Jugerez qu'il en a ; fi vous ne voulez point tant prendre de foin, ou que voftre Cheval ne foit
Pas de grande confequence, il faut donner quelques-uns des fimples precedens en bonne
quantité, hachez menu dans dufon mouillé.
, Le plus excellent digeftifpour la bile , c'eft le policrefte décrit à la premiere Partie, en
Q°nnant deux onces fept ou huit joursde fuite dans une pinte de vin chaque jour, il prepare-
ral humeur, tempérera fa chaleur, & fouvent mefme purgera, & évacuera l'humeur fans
aUtre médecine purgative.
,                        Digejtif de la Pituite ou Phlegme.
,.*l eft hors de doute que la pituite a befoin de préparation pour eftre évacuée: comme
.i'eett froide & humide, elle a befoin d'être préparée avec des fimples qui échauffent me-
jj^ement&deifechent, puis qu'elle eft craiTe, lente & gluante, il la faut atténuer fub-
"er & incifer : comme cette humeur ne cede pas facilement aux remèdes, ilfautlapre-
' rer par l'ufage des fimples fuivans.
far rac'nes aperitives, le pouliot, lecalamenr, la marjolaine, lamente, l'hyfope, la
d'l^ae' Ies femences d'anis , de fenouil , de chervis, & le fpica-nardi , les racines
«nitoloche, d'enula-campana, d'efqtn'ne, de galanga, d'iris, de falfepareille, de vale-
lj^ne? dezedoaria, les feuillesd'abfynthe, d'agrimoine, betoine, chamedris , fenouil,
^Pericum, laurier, melifîe, origan, romarin, rhué, fauge, Terpolet, &les quatresfe-
.ences chaudes, grandes & petites, avec celles de chardoh-benit, de coriandre, les bayes
de laurier & de genevre.
don V°US aVez Un CnevaI pelant j tardif, mol, de poiflavé, ou approchant, qui vous
tìécoA- ee d'eftre phkgmàtique, & qu'il y aye neceffité dele purger, il faut faire des
av-V
         avec ^"e^ues-uns de ces fimples, environ trois demy-feptiers , & les faire .
iriie saU Cheval Pédant àix jours, l'ayant tenu bridé une heure ou une heure & de-
fe; \& autant après la prife., puisvousluy donnerez la purgation comme nous l'ayons en-
preo e; ('ui^eüi9*ra tres-heureufement. Si vous jugez que la pituite foit falée, il la faut
Parer comme la bile, y ajoutant quelque apéritif & incifif.
nVn Peut mefme hacher les fimples, & les mêler dans fon avoine mouillée, quoy qu'avec
"«oins d'effet.
                                                                                         '         
Digefiif de la Mélancolie €r Atrabile,
tr a tnelancolie a autant & plus de befoin de préparation qneîephlegme, parce qu'elle eft
^adhérante, opiniâtre & fàcheufe à évacuer.
Si
-ocr page 176-
IfS                LE PARFAIT MARESCHAL,          ^
Si vousjugezvoftre Cheval mélancolique par fon poil noir, par fes actions, &aUtieija
marques crûtes & bizarres, vous vous fervirez des remèdes fuivans pour les preparer
purgation.
                                                                                                   . £,uC
Quelque rapport qu'on falle de la mélancolie à la terre & à 1 Automne, il ne i{e
pas croire qu'elle foit fi froide , qu'elle ait befoin de grande chaleur ; fi c'eft la ce"
des humeurs, c'eft une cendre où il y a bien du fel , & fouvent fort corrofif, ne'
la liedufang, c'eft une lie bien acre, c'eftun fromage bien fort, iin acide bien pivlua, '
& qui n'eft pas moins violent quelquefois que l'eau-forte : cette humeur fe doit ^,,^,
ger , les petits remèdes bénins ne l'ébranlent pas , les plus violens ne font que. ■*
riter : les remèdes chauds redoublent fa violence, les froids entretiennent fon op1 .
treté, auffi a t'elle toujours paffé pour le fléau des Médecins anffi bien que des m
des : Vous ne pouvez pas manquer fi vous vous fervez des fimples modérément c^U(re,
humecians & attenuans, comme font les racines de polypode, de fatyrion, de reg^1 .gS
de l'écorce du milieu de frefne , du fureau , & du fiel de terre ou perire centauri •'
feuilles de bourache , buglofe, ceterac , fumeterre, meliflè, fcolopandre : leS ^je
femenceschaudes, celles d'agnus-caftus, dechardon-benit, & les quatre fleurscordia^
fçavoir bourache, buglofe, rofes & violettes, & autres de cette qualité, qui ^°nr
grand nombre.
Vous en ferez une pinte de déco&ion, que vous donnerez pendant huit jours tous 'e'"^
tins, le Cheval ayant efté bridé deux heures avant & autant après, le faifant manger'e"
ment du fon pendant les huit jours qui précéderont la purgation.
                                 . -
Vous pouvez pareillement donner les fimples bien hachez ou pilez dans du fon, en'u
Vous donnerez une purgation convenable.
                                                                 .
Il y a des perfonnes qui ne plaignent rien pour leurs Chevaux, & qui ne regardent paj
dépe'nfe, pourveu qu'ils n'ayenc aucun foin, ils pourront prendre dans les boutique "
Apoticaires ce qui fuit,
Digejlifs de la Bile.
Pour préparer labilequand il la faut épaiffir3 prenez poudre de diatragant froid & de
penidion, oudupolicrefte.
De la Pituite.
Pour preparer la pituite} les poudres d'aromarîcum rofatum, & diarrhodon abbatté-
'Chap,
De la Mélancolie & Atrabile.
d'Ab*
Pour preparer la mélancolie, les poudres de LastificansGahni, lesTrochifquesa £
fynthio, Dialacca, d'Eupatorio: Voilà les poudres que vous donnerez au Chev
avanti
du fon ou de l'avoine fi c'eft pour le phlegme , pendant huit ou dix jours »■- ,
purgation,- ou bien vousles donnerez dans les décochions des fimples que nousvenon
propofer.
                                                                                                           , l|e
Voila ce que j'ay crû neceflàire pour preparer les humeurs à la purgation, de peurq"■ ~
ne foit nuifible au Cheval, qui a tant de répugnance aux remèdes purgatifs, qne sl'
bien préparé, il en reçoit fouvant de grands dommages.
                                     , . >eS}
J'ay mis icy un mot de ces purgations, qui avant moy jamais n'ont efté tr^]XCjc
afin qu'on en pût retirer de l'utilité, & par cet échantillon donner lieu aux curie
plus
/
-ocr page 177-
SECONDE PARTIE.                              i77
Plus approfondir qu'on n'a fait jufqu'à prefent la médecine desChevaux; laquelle eftextre- Chat».
dément négligée par ceux qui en font capables, puis qu'ils s'en fient abfolumentàdesgens g.
lui à peine fçavent lire dans leurs Heures; auffi perdent-ils fouvent des Chevaux par leur ne- ^'
8%ence, & faute d'un peu de réflexion & d'étude.
^^—-■         il ii lini.           i ■■.....» m i ii            'i ii           »....... y| Minili ii^*«w*<w^mi il g
Des lavemens C" Clifteres.
O Listere eft un mot tiré du Grec, qui fignifie laver, d'où nous difons lavement, CHAP.
Parce que le bas ventre eft lavé par l'inje&ion qu'on fait dans les inteftins: il eft propre ç-
Potir provoquer l'excrétion & la fortie des excremens, ou pour en amollir la dureté, ou pour '"
~?lrBer quelque intemperie, pourappaifer une douleur ou un grand battement de flanc,
naffer les vents, arrêter le cours du ventre immodéré, & pour tueries vers contenus dans
Iesmteftins-
Le lavement produit une infinité d'autres bons effets, parce qu'il n'y a prefqueaucune
Partie qui ne reçoive quelque foulagement d'un cliftere, parla correfpondance que toutes les
Pitiés ont avec le bas ventre, lequel étant dégagé de fes impuretez donne la liberté aux au-
e^ parties de fe décharger des humeurs qui leur font inutiles.
.L'on en compofe de différentes manières, comme bous avons dit parlant des maladies,
lirV 1UOn veut traiter un Cheval; ceux qui viennentleplusfouventenufagefontlesramo-
v lts ». qu'on appelle des lavemens ordinaires: onfaitune décoclion avec mauve, guimau-
; violettes, mercurialle, pariétaire , & branca-urfina, faïfant bouillir deux ou trois
P^'gfiees de chacune des herbes fufdites dans trois pintes & demie d'eau, avec deux onces
anis concafle en Hy ver ; fi c'eft en Efté on y peur ajouter pour rafraîchir les femences des
j I c°nibres, citrouilles, courges & melons, & une once ou deux de policrefte ; l'oncou-
='e tout, & félon l'intention que l'on a, l'on ajoute quelque eleciuaire, particulièrement
.p C;itho!icum pour les Chevaux, qui eft décrit au Chapitre CXXXVIII. de la premiere
aJtle5 ou miel, on autres chofes.
Labié
icor
(j:^"'"-1^! ouautre, ieion quon aura aeiiem aepurger; e
O'idra dedans des eleciuaires, ou ce qu'on jugera à propos,
ion donnerons icy des modèles de toutes fortes de lavemens, pour la facilité de ceux qui
Soient ces compofitions.
Clifiere carminatif.
herbeUr . ^sven-sducorps d'un Cheval on faitdes clifteres carminatifs avec quelques
8^ j sernollientes, aufquelles on ajoute de l'origan, ducalament, des fleurs de melilot,
on f -Camomi"e > de chacune deux poignéesavec une once & demie de policrefte en poudre:
^tiile'l1 C1"^ ch°pines de décoction, on la coule, puisòn y a ajoute un quarteron de bonne
Vailx launer, ^ & fi on veut au lieu de l'huile laurier, deux onces de catholicum pour les Che-
Jïjenr °" ^e ^'e'e<^ua're de bayes de laurier une once & demie, on compofe du tout un lave-
er d'r?1-?11 foane au Cneval: & au lieu de l'eleciuaire de Baccis, on peut prendre deux on-
M e d'anet, ou bien une chopine de vin émetique, au lieu de l'un & de l'autre,
dtjad - "rieursaucresrnani£resdecomPol[erâesclifteres carminatifs, defquels nousavons
mentoli a efcription dans diverfes maladies, anfquçlles ils font propres, particuliere-
tw T eIt crait^ des tranchées caufées des vents.
-ocr page 178-
ï78                   LE PARFAIT MARE SCHAL,
Lavement purgatif.
Faites une décoction ordinaire avec les herbes érnolliantes & le policrefte, diflolvez ^$
deux pintes de colature, & chopine urine de vache, du catholicum pour les Chevaux, _^
onces; demi-livre de miel mercùriel, & fi vous voulez augmenter fa vertu purgative»,^
tez parmy chopine d'infufion de foye d'antimoine , comme nous l'avons enfeigne : c 4
appelle vin émetique.
Compoftion du Miel Mercùriel.
g; qu'il
Comme ce miel eft tres neceffaire pour purger les Chevaux avec les lavemens, r'0js
entre dans beaucoup d'ordonnances, nous en enfeigrierons icy la compofition ; pren en
livres de fuc de mercuriale épuré, & quatre livres de miel, mêlez & faites cuire le ^js
écumant, jufqu'à ce qu'il devienne en confiftance de fyrop, il detergerà & P^rS ^vres
dans les lavemens, &l'on en met demi livre, ou plus fi on le juge à propos. k£ /jero0»
font pleins des vertus du miel mercùriel qui font en nombre, liiez du Renould, PaU
laFrambroifiere, &c.
                                                                                      ;j n'y
Vous notterez que quand on veut bien purger un Cheval par des lavemens» .^^
faut rien ajouter de gras, car les huiles & graiffes s'attachent aux parois de fa
ftins, & empêchent l'effet des purgatifs ;' au contraire on y ajoute du fel cornu1 ^ ^,
fel gemmé, dupolicrefte, & de l'urine toute chaude , le tout piccote & irrlt £C de
culte expultrice; c'eft pourquoy les Marefcbaux de village font des lavemens2 ^0|j
l'eau où on a deffalé la morue, ou les harans , qui ne coûte gueres & eft fa'ee'ia dé-
fait beaucoup vuider; on peut pour rendre un lavement purgatif faire infufer ranScoupée
coction toute la nuit une once de fené, ou bien une ou deux pommes de coloquinte t
fort menu, & faire prendre à ces drogues Un bouillon avant de couler !e tout quilC*
un lavement.
Lavement tour appaifer un grand battement de fane
Il faut prendre les herbes ordinaires des décoctions, mettre parmy une ou deux ?n. g£
licrefte en poudre, & dans deux pintes de décoction y ajouter demi-livre miel V1S. apitre
deux, trois, ou quatre onces catholicum des Chevaux , pour les lavemens du «^
CXXXVIIt. de la premiere partie, & donner le tout tiède au Cheval.
CliBere aftrinçent.
d faireS
Prenez une pinte & demie de l'eau où les Forgerons trempent leur fer chau > ^iS
bouillirdedansdeuxpoignéesde plantin, de centinodium, de tapfus barbatus, cou qU fept
décoction ? mêlez parmy pinte & demie de lait, dans lequel vous aurez éteint"* s f Si
fois de petits cailloux ardens, puisy ajoutez bol fin, & amidon de chacun deux °n^)anC,
demi-douzaine de jaunes d'œufs ; onpeutfefervirdes graines
de l'huile rofat, &de l'huile de coings, & plufieurs autres, & du tout faire un
plus ou moins fort >' félon l'intention que vous avez.
eu'
-ocr page 179-
SECONDE PARTIE.                          179
„,-n            j-                       '                                 Chap,
Clijtere anodin.                                                        £?
Lelavementanodineftceluy quiappaife la douleur par une temperature familière qu'il a
avçc la nature des parties.
.. Prenez trois chopines de lait & une pinte d'eau, mêlez parmy une livre de farine de
«n qu'il faut bien délayer, &lamied'un pain blanc d'un fol, avec fleurs de camomille &:
^e melilot, faites bouillir le tout cinq ou fix bouillons, paflez par un double lin-
p 3 & l'exprimez bien fort, diffolvez-y demy douzaine de jaunes d'oeufs , qua-
"■e onces d'huile rofat ou violât, demi-livre de beurre ; & fi vous avez de la
•Quelle de cerfs à la place du beurre elle fera meilleure, ou graifle de canard, d'oye
011 de poule.
j. On pourra faire un lavement anodin avec du bouillon de tripes, y ajoutant les herbes Se
'uolvant les anodins cy-devant dits.
Lavement diurétique.
. On appelle diurétique ce qui fait vuider les eaux & ferofîtez contenues dans le corps par
'4 Urines: vous ferez bouillir les cinq racines aperitives, fçavoir d'ache, de fenouil, d'af-
£ee> de perfil & de reffort, & de l'orge à poule, avec les herbes émolliantes, puis
plierez le tout & mettrez fondre dedans deux onces de fel prunelle, autrement criftal mine-
a ,'. ou plus à propos une once & demie de policrefte en poudre, demi-livre de therebentine,
^u'1 faut démêler avec trois jaunesd'œufs, puis vous ajourerez Un electuaire, comme le
«riolicum ou diaprunis environ trois ou quatre onces, &c chopine de vin émetique, qui fera
p ^f pïfier que tous les diurerics
s On pourracompofer plusieurs autreslavemenspar la connoiiTance que nous avons donnée
^sfiixiples, & de la maniere de s'en fervir: par exemple lors qu'on veut purger la bile, on
J*ec dans les lavemens les ele&uaires qui purgent labile, & ainfi des autres pour purger les
tr£s humeurs, tant des (impies que des eleciuaires, mis en lieu & ordre.
, .yous trouverez à la premiere Partie dans le Chapitre delafeconde efpece de tranchées une
"ile carminative & purgative pour mettre dansles lavemens, laquelle eli excellente ; & un
4tholicum fait exprés pour les Chevaux, décrit à la premiere partie.
—:—,—1------------
La maniere de donner un lavement k un Cheval.
J^Ës Marefchaux ne donnent aux Chevaux qu'une pinte ou trois chopines de dé- ru Ap
cociion pour un lavement, auffi ne font-ils pas grand effet, car outre qu'ils font 66 '
Ï€n^roP petite quantité de liqueur, ils épargnent les drogues , & n'y mettent ordinai--
_ «lent que de l'eau & du'fel, du miel & de l'huile 5 ce n-'eft pasque fion les vouloir
faJer comme ils le défirent, ilsneles fiffentpeut-eitre,bons; mon fgntiment eft qu'il y
c^lI^u'à deux & trois pintes de décociion, à moins de cela ils lavent & humectent peu.;
Pur COïrlm.e un Cheval boit dix fois plus qu'un Homme , & que l'on luy donne pour
^ gatif vingt fois la dofe d'un Homme , il s'enfuit qu?aux lavemens il faut augmenter
^«portion,                                                                       _ ,,
fien ^ «vement préparé de la forte ne fe doit donner qu'après avoir fait vuider'la
o ,te "u Cheval, en fourrant la main bien grafie dans le fondement, prenant bien
-.Re de ne point orfenfer le boyau avec les ongles : Ou bien y mettre gros comme un
Z z                                                      œuf
-ocr page 180-
i8ö             LE PARFAIT MARES C H AL,            ufie
Ghap.
demi-heure après le Cheval fe vuidera fans luy mettre la main danslefondement j^^s
tiré ou fait vuider les excremens comme j'ay dit, on fituè' le Cheval > la te"e e tjt
& la croupe en haut, on introduit la corne dans le fondement , puis on le.tr^JgVal
à petit le lavement parla corne , prenant garde qu'il ne foit que tiedequandle , n,
le reçoit; fi le lavement demeure dans la corne fans vouloir entrer, on fait remuer £i
gue au Cheval, & on frappe fur le roignon doucement avec la main plate, puis on
        t
le Cheval bridé à l'écurie fans le mouvoir, contre la pratique ordinaire; car ils pre01
les Chevaux avec un lavement dans le ventre.
                                                     ,., n'ajr
Il eft encore à propos avant que de donner un lavement à un Cheval qui ,_
mangé de deux heures, & qu'il ne mange qu'après l'avoir rendu , ou une heure
laprife.                                                                                                         firir)g°e
On doit donner les lavemens aux Chevaux autant qu'on le peut avec une nUie
comme aux Hommes, mais il faut qu'elle foit capable de les contenir, & que la car
ait un trou gros comme les doigts : Cette eft methode meilleure qu'avec la corn '^e.
l'on expédie plus promptement, & le Cheval le reçoit mieux & fans bouger del r0p
comme il s'agite moins après l'avoir receu , il a moins d'occafions de le .vul c'eft
toft ; & cette methode eft fort en ufage prefentement , & avec raifon puis q
la feule qui foit bonne.
                                                                                   „ ]e ren-
Ceux qui font promener un Cheval après avoir pris un lavement l'obligent a . iQflg
dre trop promptement , contre l'intention qu'on doit avoir de le faire garder al j'£
temps, Il fert de peu de boucher le derriere avec du foin , car il
nel'empécheroitr'-k,
le rendre fi le Cheval en a envie , & s'il le pouvoit garder une heure entière,
roit d'autant mieux.
                                                                                        i'glefr
Les purgatifs ordinaires qui entrent dans les lavemens, fontleDiaprunisfolutu >
de Pfillo, leDiafenic, la Benedice Jaxative.
                                                      Cj 8i
L'on ne met que deux onces de ces éleciuairës dans un lavement, au plus qua ofl,
il le purgera tres-peu ; fi vous avez intention de le purger, il en faut fept oU t{0iefit
ces, cequelesApoticairesne donneront pas avec peu d'argent, à moins que ce ,,â.0û-
•des drogues éventées, ou compofées peu fidellement ; c'eft poiirquoy il eu/ °ot^ e qui
ter au lavement, quand on a deffein d'évacuer, une chopine de vin émetiqu^- -^j-
fera plus d'effet & moins de dépenfe ; oudufelpolicrefte, oudesfcoriesde loye itj oU
ne j de l'urine d'un Homme en fanté, ou d'une vache fi on eft en un lieu cotnm ^
comme j'ay déjà dit, mettre infufer une once de fené dans la décoction, comme a £ flll
pomme ou deux de coloquinte coupée menu , & une once & demy de p°llC
des fcorie<: autant.
                                                                                        Livre ap-
Outreleslavemensquejevien^deprefcrire, ilyena nombre d'autres dans ce             s
propriezauxdiverfes maladies, vous y pourrez avoir recours fi vousen avez beloni. jne
repeteraypointicyles endroits où on les trouvera 3 car il eft fi facile d'en comp0
vaut pas le foin de les aller chercher.
                                                              - .^ gue-
Les lavemens font d'une fi grande utilité pour conferverla fanté aux Chevaux, <* ja0S
rir de leurs maladies, que nous n'avons aucun remede qui les égalle, car un,^avert|ntes, 'a
decertainsmomensfauveralavieàunCheval, mais il les faut au moins de deux p ^ ja
fièvre & le grand battement deflanc ne reçoivent gueres de foulagement que par les ^ ^
vemens fouvent réitérez, au moins on eft afleuré que s'il ne profite pas fenfiblerntnx,
îage & jamais lavement fait dans l'ordre n'a fait de mal étant donné à un Cheval.
66.
Pi
-ocr page 181-
SECONDEPARTIE.                      i8r
De ld faignée des Chevaux, & de fon utilité.
£A Nature fe trouvant oppreflee d'un mal violent/ fouvent fans autre fecours que de CHAP"
es propres forces, fe décharge dn fardeau qui luy eft nuifible, tantoft par Ie flux de #,
ntre5 tantoft par le flux d'urine , quelquefois par les fueurs, d'autres fois peu à peu ' '
P'r 1 infenfìble tranfpiration , mais il arrive auffi qu'elle fe délivre de fon mal par une
la Xt ^erce ^an§ » c'e^ ce *î* °kl'8e ^es Médecins de fuivre pas à pas les traces de
de i»ftU-re' ^ ^e Procurer tantoft une évacuation , tantoft une autre , félon la qualité
^} humeur qui pèche, & félon le lieu où elle croupit. Il eft certain qu'il n'eft point
„évacuation fi prefente, fi facile, fi agréable , & fi fmâueufe que la faignée, elle fe
jj c.Paruneincifiondeveine3 qui donne paffage libre au fang de fortir. Nous n'entendons
î\e lCu ?ar ce mot de ^an§ cette quatrième humeur choifîe & tempérée : comme la lancette '
g^ choifîe pas, il faut entendre toute la maffe de fang qui eft contenue dans les veines
dans les artères, cette maffe fe conferve quelquefois dans cet eftat, qui fait le tem-
£, ra«ient fanguin fans dégénérer en bile, pituite ou mélancolie, & ne laiffe pas de pé-
ti-^.en quantité , & d'eftre fujette à l'inflammation & à la pourriture , & de couler
jj P'entement, ou de fe porter avec précipitation fur une partie, & de la furcharger ; c'eft
ia d'où fe prennent toutes les raifons & indications de la faignée.
Pa iVant ^e dire les raifons qui nous obligent à la faignée 3 j'expliqueray icy en peu de
pi. ies comme fe fait le fang dans le corps des animaux , félon la plus probable & la
r-is belle opinion , quoy qu'appellée nouvelle par beaucoup de vieux Médecins ; j'ay
laq i"s^a're à la curiofité de bien des gens en inférant dans cet endroit cette opinion,
Co* c"e eft fondée fur beaucoup d'expériences les plus convainquantes du monde. Pour
ç,mprendre comme fe fait le fang , il faut eftre inftruit que la fubftance du corps du
fa eva' eft fujette à une continuelle diffipation, à caufe de la chaleur naturelle qui agit
s ceffe contre fon humide radical ; c'eft pourquoy la nature pour reparer cette di-
î>"utl?n de fa propre fubftance , a donné aux animaux un appétit naturel qui excite:
une e^n a'"mal > car ^ans 'a ^m » 'es parties s'entrefueçant & tirant leur aliment les
(j0 s des autres, il fe fait une divulfion , & par conféqueat un fentiment qui ne leur
ajjn^le point de repos que cet appétit ne foit aflòuvy ; dans cet eftat ils prennent des
ino enS' ^ 'es couPent j ils les mâchent avec les dents, puis ils les petriffent par le
8c yen de la falive, & les jettent avec la langue-dans le ventricule , pour y eftre cuits
gj onvertis en une liqueur blanche appellée chile. La faim animale étant raffafiée,
l'eaes bêches étant réparées, qui étoient faites par l'abftinence , l'orifice inferieur de
pa 0rnac , s'ouvre & laiffe couler le chile dans les menus boyaux, d'où, il eft fuccé
pa Vne infinité de veines blanches , pour leur blancheur dites laâées , qui iont ré-
d'u ^es ^ans rout 'e ttiefantere , portant le chile dans deux refervoirs de la groffeur
du j0511^ de P0ule, feituez au milieu du mefme meferuere entre les deux productions
deu laPhragme * & couchez fur les vertebres des lombes : de ces refervoirs fortenc
à c Jranaux qui s'appellent Toraciques , à caufe de leur fituation , ou Chilidocques
Une de leur utaSe' l'un eft au coté droit, l'autre au. côté gauche , & gros comme
des ^'°^e plume a écrire „ ils font le long de la grande artère couchez fur le corps
inv Vertebres du dos, & montant jufqu'aux fouclaviers, y laiffent couler le chile par-
trjç , *"ang.> qui revient du cerveau fe jetter félon l'ordre de circulation dans le ven-
les ^to^z du cceur pour y eftre changé en fang , d'où enfuite il eft pouffé dans
il P°ulmons par la veine arterieufe lors que le cceur fe comprime ; des poulmons
rapporté au ventricule gauche? par l'artère veneufe qui a des anaftomofes avec la
£ S                                                     veine
-ocr page 182-
îSi              LE PARFA'lT MARESCHAL,
CHA.P. veine arterieufe, là il eft élabouré & rendu plus parfair, puis envoyé en la grolle art ^>
6- d'où il coule dans toutes les parties du corps afin de les nourrir: Voila fuccinctement î
7 ' duâion de la nouvelle opinion de la fanguification, venons maintenant aux raifons qui P
ventnousobligeràlafaignée.
                                                               .             - >e{t
La premiere raifon qui nous oblige à faigner un Cheval, eft la plénitude, qui
autre chofe qu'une quantité de fang immodérée & exceffive : il y en a de deuxlo
l'une lors que les vaiffeaux font fi pleins de fang qu'à peine le- peuvent-ils c°nK
fans crever : l'autre eft, lors qu'il y a plus de fang qu'il ne faut pour l'entretien desp
ties , &: que fi la nature ne fe peut régir, omne tnim nimium natura inimicum ; ^jc
qu'il n'y ait pas de crainte de rupture de veine, il ne laiffe pas d'oppreffer le corps
l'échauffer.
                                                                                                         r^
La feconde raifon eft la chaleur du fang, qui pétille dansles veines; la faignee le ran
chit, & en appaife le bouillonnement.
                                                                    ^.
La troifiéme raifon qui nous oblige à faigner , c'eft pour ôter les humeurs corre>
pues dans les veines , qui par leur pourriture ne peuvent produire que de mau ^
effets , la nature étant foulagée par cette évacuation , digère plus facilemen
refte.
                                                                                                               ,-^tC.
La quatrième raifon eft lors que le fang n'a pas la liberté de couler & de fe porter nu
ment dans fes canaux, la faignée luy donne du jour, & facilite fon mouvement.
               ^
La cinquième raifon eft, pour faire revulfion en détournant ce qui coule d'une pan
l'autre avec impetuofité, &en trop grande abondauce, l'on tâche d'en fufpendre le co
oü d'en procurer un tout contraire. -
                                                              , r(7e'e
La fixiéme& dernière raifon de la faignée eft de foulager une partie qui fe trouve enarg
de fang, ce qui fe fait en faignant la partie affeciée.
                                            _ ^,
Encore que la maffe du fang, qui comprend tout ce qui eft contenu dansles veines, .j
genere en bile, pituite on mélancolie, on ne laiffe pas tirer du fang, car s'il eft bilieux,
îlafaefoinderafraichiffement, pour lorsfon en rire peu &fouvent.
                              -tC
Si les veines étoient pleines d'un fang mélancolique, il eft befoin de faigner en p
quantité j & rarement pour faciliter le cours du fang trop épais.
                                               ^,
Silefangeftpituiteux, crud, lent & froid, il faut moins tirer de fang qu'en aucune
tredifpofition.                                                                                                         ç0\a.
La faignée a auffi fes incommoditez quand elle eft faite mal a propos, car elle tau j ^
^ion des efprits, qui font la fource de la force & de la chaleur naturelle , elle ote aulii î
ment ordonné pour la nourriture des parties., d'où vient qu'il faut confulter les forces p
fçavoir fi elles peuvent fupporter la faignée, & voir fi le Cheval eft fort exténué, pour
il auroit plus de befoin de fe reparer que de perdre fon fang.
                                  . ,-$C
La faignée eft tres neceffaire pour la précaution à tous les Chevaux qu'on nourritL)1 nC
qu'on travaille peu : on la fera deux fois l'année pour les garentir des maladies qui vie
de cette plénitude qui leur eft à charge.
                                                 .             . aj]e,
La faignée eft fort profitable pour la guerifon des fièvres, pour le farciti, pour la h
les heurts, les coups, les fluxions fur les parties, excepté en celles des yeux, pour la
bure, vertige, maux de tefte, & pour une infinité d'autres maladies.
                    ,e fi °rt
Il y a quelques Autheurs qui n'approuvent pas la faignée par précaution, difantqu ^
l'obmettoitdans le temps qu'on a de coutume, on cauferoit quelque maladie au <-neV ^s
difent qu'il ne faut tirer du fang au Cheval par précaution que du palais. Phihppo Scv'
fon Traité diMefçdya, eft dece feminien*.
                                                     f - uCile
Puis que la faignée guérit plufieurs maladies, l'on ne peut douter quelle newi ^
pour preferver des mefmes maladies, fi vous l'omettejs dans un temps accoutum- 2
-ocr page 183-
SECO ND E PARTIE.                        i3j
avez tort de le faire, fi le Cheval eftpefant, tropnourry, & peu en exercice, autrement ÇHAP;
vous n'y eftes pas obligé.
                                                                                                   I '
En quel temps il faut faigner un Cheval»
J)Erfonne ne révoque en doute qu'il n'y ait des temps dans l'année où une humeur
, domine plus qu'en un autre : par exemple. , chacun convient qu'au Printemps CHAr.
* eft le fang qui domine , en Efté la bile , en Àutomme la mélancolie , & en Hyver 6 *•
* Pituite: Ce qui fe fait dans le cours d'une année, fe renouvelle de fix en fix heures, qui
e't le temps qu'il faut pour faire la circulation du fang, comme une infinité d'expériences
nt fait connoiftre. Et pour l'expliquer brièvement, on a remarqué que le cœur bat
SP viron quatre mille fois en une heure : ce mouvement ou battement de cœur eft nommé
Oiaftole .& fittole, 'comme qui dirait dilatation & compreffion. Par chaque diaftole le
^eeur attire à peu prés demi-dragme de fang des veines, & par chaque fittole il enren-
'oye autant dans les artères : le tout bien calculé le Chevaîaura environ cinquante livres de
angj lequel pallerà par les deux ventricules du cœur environ dans fix heures, en coulant
e'es veines dans les ventricules, & des ventricules dans la groffeartere, &en chaque tout
?u circulation que le fang fera, l'une des humeurs fera predominante, en la maniere que je
expliqueray tout à l'heure.
•   "epuislaminuitjufqu'àfixheuresaumatin, c'eftle fang qui domine, depuis fix heures
JWqu'àmidy c'eft le phlegme, depuis midyjufqu'à fix heures au foir c'eft la bile, depuis fix
u'oirjufqU'à minuit c'eft la mélancolie: Cequejeviensd'avancerfembleun vain difcours
ans fondement ; mais vous pouvez vous en écla'ircirpar une expérience facile en cette ma-
,. * achez à reconnoiftre le temperament de voftre Cheval , & fuppofons qu'il fok
j leux, tirez-luy du fang depuis midyjufqu'à fix heures du foir, c'eft à dire, environ
s quatre heures du foir , vous reconnoiftrez que comme vous avez fait l'évacuation
ns un temps où la bile predominoit vous aurez évacué beaucoup de bile, qui vous fera
nnoiftre la vérité de ce que j'avance, car ce fera prefque pure bile : que fi vous ti-
où^ r" k"£ au meftne Cheval environ à quatre heures au matin qui fera le temps
le fang predomine, vous trouverez fon fang beau & peu méfié avec la bile, & ainfi des
autres humeurs.
Ce changement dans le fang eft une marque affurée de fa circulation, & en effet s'il
fQnV°Ucemouvernentilfe corromprait de mefme que les eaux qui ne coulent pas, &qui
^ t-arreitées dans quelque partie du corps, qui font caufe par leur corruption de l'originè"de
Ci,aUc?uP de maladies • le fang fe corromprait d'autant plus facilement qu'il a en foy les prin-
'Pesde corruption, la chaleur & l'humidité.
le ce fondement, n'eft-iipasfortavantageux d'évacuer l'humeur qui nuit, ou caufe
^ eique maiadie au Cheval? On le fera fans doute par cette obfervation, en faignant dans
einps que l'humeur qu'on veut évacuer domine en plus grande abondance dans les veines;
^ tout au contraire la faignée !uy nuira fi on la fait dans un autre temps parce qu'on évacuera
e humeur qui ne péchera pas en qualité ny en quantité: 11 eft donc de la dernie-
Q, Co°fequence de bien obferver le temps &. l'heure à laquelle il faut tirer du fang à un
cipal
e * "otter que la circulation-n'étant pas règlement de fix heures, à caufe du prin-
^'Hai temperament du Cheval, qui peut-eftie fera flegmatiqu
ra "X heures, s'il eft bilieux elle fera faite à moins de fix 1
e , & en ce cas elle exce-
eures, Se ainfi des autres.
Pour
-ocr page 184-
i84           LE PARFAIT M A R E S C H A L, ^ ,$
Chap. Pour donc empêcher qu'on ne s'y trompe, j'ay ordonné la faignée quatre heures ap
>jg que 1 humeur qui doit dominer dans la circulation aura changé : par exemple , au .
lieux à quatre h'eures du foir, & cela afin de n'y point eftre trompé, & faire une faignée q
foit utile au Cheval.
                                                                                    , ,, â.
Je pofe donc pour une règle infaillible que le Cheval fanguin doit eftre faigne a <j
tre heures du matin , le flegmatic ou pituiteux à dix heures du matin, le bilieux ou P
de feu à quatre heures du foir, & le mélancolique à dix heures du foir; & fi jufqu a P ^
fent vous avez fait faire fouvent des faignées qui ont produit de médians effets • c
manque d'avoir fceu ces obfervations.                                                          .          ,. ne
La faignée fe doit faire au croiflant de la Lune, & jamais lors que la Lune eft dansle S
<lu Lion si ou de Taurus ~ti, lors que la faignée fe fait au col, fie 'eft en un autre endroit :, J
mais il ne fautfaigner la partie qui eft dédiée à quelque figne, lors que la Lune eft dans ce »6
par exemple aux ars lors que la Lune eft en Gemini ft.
                                                  -
La faignée fe doit faire un jour clair & ferein, fans nuages ny brouillards, car les
nes étant vuidées par la faignée , attirent d'abord dans leur capacité l'air qui eft c£t
prit univerfel, s'il eft pur & net, il ne fera pas en danger qu'il altere le fang, au c ^
traire il le remplira d'atomes purs qui le rectifieront , fi au contraire il eft humide: >
fera mettre dans le fang des ferofitez nuifibles , defquelles fouvent les veines abonde :
de plus que la Lune ne foit pas oppofée au Soleil,; c'eft àdire pleine Lune , n^.C°^e
jointe'qui cft nouvelle Lune, ny enquarré qui eft un quartier, dans ces temps la fâign
eft nuifible*
                                                                                                      . s
Sans vouloir faire le capable je puis vous afTeurer qu'avant d'avoir fait ces obfervati0^
j'ay tiré du fang des Chevaux qui ont failly à perdre la vie pour une feule faignée; &qlie ,-(
puisj'ay fait faire des faignées qui leur ont .manifeftement fauve la vie, pour les avoit1
faire dans le temps qui eftoit neceffaire.
                                                                     
J'efpere qu'ayant ouvert ce chemin, quelque Curieux penetrerà plus avant, & que ■n.
fur la véritable opinion qui tient pour la circulation du fang, il découvrira au Public des
crets qui ont efté ignorez jufqu'à prefent.
                                                                  «s
J'oubliois de dire qu'il ne faut jamais tirer du fang dans les Solftices ny dans
Equinoxes, ce font des temps, où la nature eft comme fouffrante & attendant que H
crife ou quelque effet extraordinaire ; il ne la faut point troubler, car il en peut
river de grandsaccidens, non feulement le propre jour, mais deux jours avant & fP/-aj-
Que fi vous connoiffez bien le temperament de voftre Cheval , obfervez de le
gner ^ s'il eft fanguin , quand la Lune fera dans les fignes de terre , qui f°nc
Taureau V > la Vierge^, &.le Capricorne^, & s'il eft colérique faignez" p°r,
,<que la Lune eft dans un figne d'eau , tel que le Cancer ©, le Scorpion m , ou 'es, ,ie
fons)(; s'il eft mélancolique faignez-lela Lune étant dans un figne Aérien » tel ^,-,
fontGeminin, Libra, ^&Aquarius«w, lesGemeaux, la Balance &leVerfe-eau; f
«ft flegmatique faignez-lela Lune étant dans un figne de feu, qui font le Bélier Y, leL'0^
£l&IeSagitaire+>. J'ay ajouté cette circonftance pour les Curieux qui s'en trouver011
fort bien.
Des endroits où l'on faigne le Cheval.
CHAP. ("VUand on faigne les Chevaux par précaution, il faut fi l'on peut, faigner les je ^
^ ' ^< au quatre ou au cinquième de la Lune , & les vieux au delà du plein
Lune»                                                                                                                  Il
1
-ocr page 185-
SECONDE PARTIE.                  ..Hf
„ïl ne Faut faigner les jeunes Chevaux que le moins qu'on peut, non plus que 'es CaHP
Vieux : J'en dis de mefme des Chevaux qui rendent les àlimens fans eftre cuits & di- 6$.
8erez , comme font ceux qui ont beaucoup -d'avoine entière dans leur fiente , fi ce
. n eft que ie Cheval avalle l'avoine fans la mâcher , comme fouvenc il arrive à beaucoup
"«Chevaux.
■ Il ne faut pas faigner les Chevaux froids & pleins de phlegmes, ny ceux qui tra-
vaillent en pays tres froid , non plus que dans les grandes chaleurs & dans les grands
"Qids , parce qu'un ce temps-là les corps ont plus befoin d'eftre fortifiez que d'eftre
aftoiblis.
Hyenaquiobferventexaifrernent&font tres bien lors qu'on eftmaiftre du temps, &
1«e c'eft par précaution de ne vouloir pas faigner un des membres dédié à un des fi-
|nes du Ciel lors que la Lune y entre, parce qu'en ce temps-là cette partie abon-
de en humidité, ce qui luy pourrait caufer quelque fluxion ; Et pour fçavoir quels mem*
°res font dédiez à certains fignes, le Relier qui eft notte de cette façon dans l'Alma-
«ach & ailleurs Y, gouverne la tefte ; le Taureau tt , gouverne le 'col & le gofîer;
esGémeaux J_v gouvernent les bras & les canons j le Cancer 25 gouverne le poitrail ; le
Mon;, gouverne le cœur j la Vierge^ gouverne le ventre & les boyaux; la Balance^
8<Hiverneoueftdediéeaudos&auxroignonsj le Scorpion V\ eft dédié à la nature des Che-
vaux ou Cavales ; le Sagitaire +* eft dedîéauX cuiiîès ; le Capricorne "")c eft dédié aux genoüils
jf aux jarrets ; le Verfeau tw eft dédié aux os des jambes & canons ; les Poiffons} ( font de-
dl£z aux pieds de devant & de derriere.
Sansavoirégatdàcesobfervationsdontlesfondemens peuvent eftre conteftez, lorsqu'il
f anecefficé on ne laifle pas d'agir fans confulter les Conftellations, quoy que fans une pref-
ante neceffité il ne faille pas le faire.
.Les Chevaux ont grand nombre de veines par tout le corps, comme on pourra voir dans
Anatomie del Signior Carlo Ratini, imprimée à Venifé.
Maisl'onfaigneordinairementauxveinesjugulaires, quifontaux deux coftez du col pre's
11 gozier, on y faigne par précaution, & jamais ce ne doit eftre quand la Lune eft en Tau-
l's ; avec cette obfervation autant qu'on la peut faire, on y peu t faigner pour plufieurs mala-
is, comme nous avons dit, fçavoir pour le farcin, la galle, les maux derepletion, &
"°yrpluheursautres.
5 L'on faigne aux temples ou larmiers pour les maux des yeux caufez par accident, fi la Lune
eft pas dans Aries°V% il faut que ces maux foient des coups, morfures & heurts, ondoie
aigner en cet endroit avec la lancette.
Poii S 'a *anSue Pour ies maux de tefte > Chevaux dégoûtez &r échauffez de travail,
'iFtrarichées&avives ; on a unepetitelancetteexpréspourfaigneren cetendroir.
■j,n . faigne au travers des nazeaux fans s'attacher à rencontrer la veine, en les perçant avec
., Poinçon ouunealeine, pour les tranchées & avives , & pour un Cheval fort échauffé
avoir exceflivement couru.
fin miheu du palais entre les crocs d'en-haut lors qu'un Cheval eft dégoûté, on faigne
Cet endroit avec la lancette plus proprement qu'avec la corne , l'on dit commune-
écr?" donner un coup de corne : elle cft bonne pour les Chevaux triftes , haraffcz Se
v"ettei'aignéeau palais eft pratiquée avec beaucoup de fuccez par des perfonnesqui ne,
JeuVent Pas pourquoy ils la font, tous les premiers Mardis de la Lune ils donnent à
]e p Chevaux un coup de corne, & font recevoir le fàng dans une mefure de fon que
^neval mange , & on voit ces Chevaux-là profiter à merlile } je n'en fçay point
-ocr page 186-
186"               LE P A R F A I T- M A R E S C H A L,                 ■•,»■
€*hap deraifon, la feule expérience m'a fait voir que la methode eft aflez bonne} qu°y °
■ * ignore la caufe.                                                                                        fteauCh£'
99' ' S'il arrive que le Cheval perde trop de fang par cette faignéej il faut lever Ia ten .rrC.
val attachant une corde aux pinces comme pour donner un breuvage, d'abord le lang
fteradeluy-mefme.
                                                                _           » r' « nyaveC
J;ay veu mourir un Cheval d'un coup de corne auquel on ne pût arrefter Ie lang, i £0l]t.
du vitriol, ny avec un bouton de feu, ny avec quoy que ce foit, le Cheval pe-'net,4.
fon fang & mourut : j'ayapris depuis un remede qui l'auroit fauve, & qui n eltq j. ■ ne'ele
gatelle: prenez lamoitié d'une coque de noix, & appliquez fur l'ouverture de la s ^art
vuide de la noix, preflèz-la avec le doigt, & le tenez fortement contre le ma ^Jes
d'heure, la coquille s'y attachera, & aflurément le fang s'atreftera, ce que tous les
n'auront pu faire.
             /                                                                        «ralleeft^
On faigne aux ars pour les effort» d'épaule très rarement, & mefme <luandlaS, cancer
ces parties-là, pourveu que la Lune ne foit pas dans les lignes des GemeauxH» <*
Se, enautretempsquandonpratiquecettefaigne'ec'eflaveclesflammes. '
         Ae<pe^
Aux pâturons pour les entorfes, maux de jarret & de genoiiil, prenant gat c£tte
Lune ne foit dans le VerfeauS^j on feignée en ces endroits-là avec la flamaie0U
li on veut.
                                                                                                . ueSj 8i
On faigne en pince pour les folbatures , maux de jambes, enflures de ;arr . ^
nerfs foulez; fi la Lune n'eft pas dans les Poifïons )(, on faigne icy avec le bot
la renette.                         .                                                                       ,,antque'a
Aux flancs pour tranchées, maux de ventre ,,.& par fois pourle farcin, oMerva» i
Lune ne foit pas dans la Vierge t^, on faigne en cet endroit avec la lancette.             ^ f0jc
Au plat des cuifles > pour heurts & efforts des hanches, prenant garde que la Lu»e
pas dans le Sagittaire +», on y faigne avec les flammes.
                                      . ^„j
Ala queue, pourîâ fièvre & la pouffe, maisil faut obferver que la Lune rtefoUP
le Scorpioni^, on faigne icy avec une longue lancette.
                                              £f
Quand on faigne un Cheval, il faut faire une grande ouverture à la veine? an"n ifagpée
-le fang le plus e'pais & terreftre ; quand elle eft petite il ne fort que le plus fubtil, &la
nuit plus qu'elle ne profite.
                                                                           a we^P*
J'ay fait ces obfervations des lignes qui font bonnes, au cas que le mal vous danne ^
de choifir le moment que vous voulez pour la faignée: mais fi le mal prefTe, il n'y a °
conftellationqui doive empêcher la faignée.
Des précautions quoti doit obferver pour la Jaignée.
CHAP. T E jour qu'on veutfaignerle Cheval s on doit non feulement encore le IaifférenfeF
70. *~-/maislejourauparavant& le jour d'après.                                                     'flàn1^
Le jour de la faignée doit eftre beau &ferein, comme je l'ay dit, & dans le croi ^c
la Lune s'il eft jeune, &paffé le plein s'il eft vieil, & en outre avoir eu le foi" J e01r
Cheval foit bridé dés le matin, & fans boire, & mefme fans l'étriller, de. crainte ce ^
& d'agiter trop les efprits; après on tire avec des flammes qui doivent
eftre fort larges r'
ron trois livres de fang, & on le laiffe bridé deux heures après.                   . ., &&&
Les ^llemans font courir leurs Chevaux avant la faignée, pour faire, 'difent;"s' ^.
le mauvais fang, qui eft comme la lie, & le tirer pefîe méfie avec le bon, mais as ^.^rd
pent, parce que le fang eft remplyd'efprits» qui agitez & émeus par cette courte, .£ je
qu'on ouvre la veine fortent en abondance, avec le fang le plusfubtil ; & la faignée 5,
cette maniere eft plus nuifîble que profitable.
-ocr page 187-
Si een* ■ • S E C ° N D E P A R T I E.                       \t7
fu»dez j^j^^P^qnenc de faire courir leurs Chevaux avant la faignee , e'toient per-CMAP,
,e feu? eft A CIr^uIation du Tang., ils ne feroient pas dans cette erreur, de croire que 7Q
«eau w„ , ,ns 'es veines avec la mefme tranquillité' que le vin qui e-ft dans un ton- *
°u UUQUel I-i li» *a _.. r___l o. <-_._•___ rr 7                J _ . i_        *«•_ J.. y-___ -
^expliqué;
celle |^uia"nent les Chevaux les font manger du fon le jour avant la faigne'e, le jour d't-
celuvdpi'Cr • y d'après, & ils doivent ces trois jours demeurer en repos, ou tout au moins
En ti jp~; & manger du fon ce jour là,
& felonrant i ' fa"S vous devez en régler la quantité, félon que le Cheval eft grand mangeur,
à;îaerar.HUelc,sveinesfontPeines & tendues, & félon l'impetuofité qu'ilforc, ayantégard
^anacurdelamafedie, aux forces, à l'âge, feàlafaifon.
Sondes jne Maxime generale, que fans de tres prenantes raïfons il ne faut point faire de
Valeftaft-^113"0115' parce qu'il fe fait une trop grande diffipation d'efprits.-dontleChe-
^racinp^ ï V & lcsfonaions ne fe font pasfibien, & il fe forme des cruditez, quifont
dtlne de plufieursfortesde maladies.
Pour juger de la quantité & de la qualité du fang.
Vi'a^dans12 °? "e ^- ?as Ia Pranclue ordinaire des Marefchaux d'e recevoir le fang du Che- CHAP.
^'oupuifl^ïf1 eTe ,valfieaucluandon Iuy ouvre la veine, ileft pourtant tres-neceffaire, afin 7*-
, Quand 2 gerae 6<l«amité, &enfuite de fa qualité.
e devoir A * °uvert £ ^einc au Cheval, au lieu de laiffer tomber le fang à terre, il faut '
Ç°Ur Savoir 1" valt[eaH ProPre J duquel on aura mefuré la contenue auparavant,
dans le meL ™- n " connetu de livres d'eau , pour tirer autant de livres de fang
,emefmeefbar rpaCe ' ParexemPle» on voit l'efpace qu'occupe deux pintes d'eau,
ayanttiréb n» '^jcmply par quatre livres de fang, car une chopine d'eau pefe une livre s
^""té, auoi iter efan§ 1"'on a deffdlï d'evacuër, on le biffera figer pour juger de f*
^'iïnefaurT1"0 $ fou pIus kZcr 1ue Vçm> la différence eft de fi petite confequence
°n obf P varrefter.                                                              r               * ;
Sciìte, &e'!5aen faignant fi Je fang fluë doucement & lentement fans aucune impe-
en8endrer de^ka 1"X doig" en le maniant, c'eft un figne qu'il eftvifqueux& propre à
rePletion. owtr"ttions : il faut fouventfaigner le Cheval j car ce fang eft une marque de
r p j~
tation d'efn^/0^? fort' receu dans une.diflance mediocre, témoigne chaleur & agi-
vail violent ou i °"lnfere<ie la qu'il eft échauffe, ou de nourriture fuperfluè', oudetra-
terer la faignee
          i ievaI eft d'utl temperament vigoureux; à ces Chevaux on doit rei-
k 9«and le fan Çourlemoins deux fois l'année par précaution.
rcs> c'eft uni^„^"Sf^roft&facilementapréseitre tiré, y ayant grande quantité de fi-
: fubtile.
SilelaSAfiec?ngekl> e"e eft plus tenue & _..
J* obftrulioa d"n^f' ?'eftadire,>. Plein d'eaux' il ^fiel'imbecillitédes roignons;
^ fa„te d'être hin ^*' °U b'e-n qUe leS Pores du cuir font bouchez par quelque
L10n.desfulJes oSfon^ Ì "^ Tf^ l'infenfîb^ tranfpiration & évapora-
partles< ces> «îwfonclesexcremensdeladermereco&on qui fe fait dans l'habitude des
Au                                            4e
-ocr page 188-
\
3ES            LE PARFAIT MARE S'C HAL,
£hAP. Le fang qui eft jauneenfafuperficie, & noir au deffous, témoigne eftre échauffé, &que
. lahileprédomine.
' ' Le fang plein de flegmes & d'eau, dénoue un Cheval de complexion froide & hum«"e'
& qu'il ne doit gueres eftre faigné fans neceflité.
              -                                          ,.,
- Le fang plombé & de couleur de terre, denotte que le Cheval eft mélancolique, &qu"
le faut faigner. Le fang des Afnes eft de la forte.
En un mot, fi le fangeft bien rouge, il fignifie qu'il eft bon -, s'il eft jaune, qu'il eft biliW* >
■s'il eft pâle & blanchâtre, qu'il h'ert pas cuit &qu'il.eft plein de pituite; niais s'il eft l'vl -.
'Hc verdatre , qu'il eft mélancolique & terreitre.
                                                          ..
Pourbien juger du fang étant receu dans un vaiffeau, il doit eftre mis en lieu où le So!eI
■neledefféche point, fanseftreexpofény à la fumée ny au vent, nyàlapouffiere, nyàqll°J
que ce foit qui en puiffe ôter le difcernemenr.
Si le" fang ne fe peut congelerei cailler; il témoigne que le Cheval ^ft plein de maiiva»eS
humeurs, & qu'il a befoin de réitérer la faignée en petite quantité, &d'eftre purgé, P°lL
©ter-la cacochymie, c'eft adire, les humeurs corrompues, qui par la putréfaction échauf-
fent le fang des veines, &caufenttoutes fortes de maladies, c'eft le pire fong de tous; &,
ne faut pas faigner abondamment ces Chevaux-là, mais peu à peu, & purifier le fang apreS
avoir fait preceder les purgatifs.
                                                                               .
"~ Quand le fang eft gluant & épais, & que le rompant avec les doigts d'abord il fé rejo'n
& demeure ferme avec bonne couleur, il dénotte plénitude, & ainfi qu'il faut fouveDt
faigner.
Si l'on vouloit goûter le fang, le doux eft le meilleur & le plus naturel ; s'il eft inüpicle,;
il fera pituiteux& flegmatique; s'il eft amer , il eft bilieux & colérique; s'il eft aciae pu
ftiptique , il eft terreftre & mélancolique ; mais s'il eft falé , il dénotte une pïwlt6
falée.
Il eft bon de remarquer lors que les Chevaux ont un égal befoin de la faignée & de la purga'^
tion, qu'il eftplus à propos de commencer par la faignée, parce qu'elle rafraîchit, & peut e*'
pêcher que la purgation qui échauffe n'enflamme les humeurs.
                                        *
Le plus fouvent un medicament purgatif émeut des humeurs qu'il n'évacue pas, & __
Vous faignez d'abord, dans cette agitation d'humeurs ébranlées, les vaiffeaux attirent à a-
bord dansleur capacité cette mauvaife humeur ébranlée & non évacuée, qui étant dans Ie
veines eft capable de gâter le bon fang.
La-faignée contribue beaucoup à faire connoiftre un Cheval, car elle découvre/0
temperament, & l'humeur qui prédomine , plus affurément que par un autre in ^1
ny de poils, ny d'autres chofes, mefme l'on peut juger de fa famé intérieure ? &
iTa vigueur.
■^.......                                                                                                                                                                           ' '. '                                                                     '
■ '.                           .Methode pour maintenir les Chevaux en famé.
CE n'eïl pas affez que de guérir un Cheval malade, il ferait plus glorieux & plus uti'Ç
de l'empêcher de tombet malade , ce que Vegetius dit très-bien , mtlius efi/' Â
72, genti fiudh cujlodirt famtatem, ,-jnàm agrnuàinibus prœjlart remedia, c'eft à dire, qu'il ei
plus à propos d'entretenir avec foin la fanté des Chevaux que de les guérir lors qu'ils font ma-
lades.
                                             _■ '                        ;                                        j-s
--■ Kous avons parlé de l'entretien des Chevaux en Voyage, ou quand on eft de fejour, 0=
précautions necefiaires, mais pour les medicarnens dont il faut ufer pour prévenir les rnau*»
nous n'en avons dit que peu de chofe. çe
-ocr page 189-
SECONDE PART TU.                          if$
Ce mefme Autheur employé les Chapitres LVII. LVIIÎ. LIX. à ordonner des
breuvages pour donner dans le Printemps , dans l'Efté , dans l'Automne , & dans
«Hyver, pour conferver en fanté les Chevaux toute Tannée , mais comme cela eft im-
portun -, je n'ay pas tenté ny éprouve ces remèdes.
Après avoir bien feuillette les Livres, après avoir bien tenté des remèdes de diver-
'^s façons, je n'en ay point trouvé de meilleur que celuy que je vous propofe, ilm'a
«té communiqué par un Lieutenant de Cavalerie Allemande , ce qui m'a obligé de
«onner fon nom à cette poudre. Il eftoit fi verfé dans la cure des Chevaux, qu'il en
achetoitdedefefperez, où il reiiiììfloit contre l'efperance des plus experts. Depuis mon
J^tour d'Allemagne j'ay trouvé le moyen de me fervir de l'antimoine préparé pour les
Chevaux, avec lequel non feulement j'ay prévenu les maladies, mais je les ay engraifîêz
|n peu de temps contre toute apparence , la peau étant attachée aux os : fi vous leur
raites mùnger tous les matins dans du fon mouillé deux onces de foye d'antimoine en
poudre , fait comme je Tay enfeigné cy-devant , pendant une quinzaine de jours,
Vous préviendrez les maladies , & mettez vos Chevaux en eftat de fupporter les
Ph>s grandes fatigues, par les raifons que j'ay expliquées au long parlant de fa compo-
sition. Je ne veux pas exagérer les utilitez de cette poudre , mais je puis répondre
^'elle ne m'a jamais trompé, &quec'eft le remede le plus efficace que j'aye veu pra-
tiquer pour prevenir les maladies des Chevaux , & mefme pour en guérir un grand
nombre : ce font les véritables moyens pour preferver les Chevaux des maux de tefte, ceux
*jui en ont pris en ont efté heureufement prefervez.
La préparation de la poudre du Lieutenaut eft difficile , c'eft pourqtioy il faut s'ad-
«tefier à un Apoticaire intelligent & fidele qui la compofe fans y épargner ny peine
ny diligence : fi vous fouhaitez qu'elle foit bien faite , ou faites-là vous mefme , ou
v°yez-la faire j ou foyez certain que celuy auquel vous vous confiez eft fidele. La
P°«dre eft telle.
Poudre du Lieutenantprefervative & curative deplujteurf
maladies.
.Cette poudre fe doit faire plûtoft en Efté qu'en Hyver : prenez feuilles de fauge
/ï de chardon-benit féchées à l'ombre , de chacune trois onces ', racines d'ariftolo-
,,"c longue & feuilles de Véronique , de chacunes deux onçés , auffi féchées à
ombre, mettez-les en poudre affez grofliere , & mettez le tout bien mêlé dans
:"Pe terrine de grais ou de terre vernifiee , vous les imbiberez avec bon efprit de
_*n> & remettrez fur la terrine une autre pour la couvrir , luttez bien les jointures:
^ettez ces deux terrines au Soleil fi c'eft en Efté , & en Hyver en lieu chaiid
Ottime eft la chaleur d'un poifle , ou au four lors qu'on a tiré le pain,
• Quand la poudre feta féche il faudra la reimbiber, avec de nouvel efprit de vin
Mqu'à trois fois, & la faire fécher toujours bien couverte comme nous venons de dire :
. n ttiefrne temps il faut preparer l'autre comme il fuir.
Prenez fuc de regliffc , racine d'enula campana , & du guy de chefne , ou Ta
fdoaire à fa place , de chacun trois onces, de gentiane quatre ences , bayes
u grains de laurier , anis & commin , de chacun deux onces , racines d'An-
Sehque de Boheme deux onces , de Cruciata ou Morfus Diaboli , fi l'on ne
ouve l'une de ces deux prenez de la racine d'efquine deux onces , pilez & mêlez
l'i l<u^l kienen poudre , &k mettez dans une terrine de mefme que là precedente pouç
•Wbrberavec ladeco&onfuivante.
A a 3                                                   Pre-
-ocr page 190-
*o                  L E F A R V A I T MARÈS C H A V, ^
Prenez gay de poirier , de pommier, ou de chefne, & des racines de va [({l0.
caffées, autant de l'un que de l'autre, puis la moitié autant de l'herbe nomme r yin
naireou celle de padafne fraifche , s'il fe peut, faites du tout une décocto' puis
blanc vieil , faites cuire pendant une demi-heure les racines avant les reull"\ ro0jtes,
ayant coulé le tout , imbibez-en vos poudres , enforte qu'elles foient toute ^^
puis couvrez la terrine avec une autre bien jufte , & luttez les jointurez , ,£Ï\S
cette terrine au grand Sokil, ou à une chaleur modérée de fourneau )u!<îuJ fofs aveC
foit defféchée , ou au four à la fonie du pain , rehumeciez la une ieconoe ^^
la mefme décoftion , & les laiflez fécher derechef , Je tout bien couve 11* ^,
à la troifiéme fois imbibez cette poudre avec de l'efpnt de vin , puis la lal" elle.cyS»
-toujours entre deux terrines., & mêlez la premiere poudre de l'autre terrine avec 0,
le tout bien fec, fera pilé & gardédans une fioleou unl'ac de cuir, la poudre menf
comme une chofe precieufe & excellente.
L'ufage de la poudre du Lieutenant.
Lors que l'on veut preferver un Cheval des incommoditez qui luy Pomrol^he^
venir; il faut de trois en trois mois, oude ftx«nfix mois au plus tard , domierau ^
dans deux mefures de fon deux cueilierées , ou une once & demie poids de m £I1.
cette poudre, ayant mouillé le fon avec de l'eau, afin qu elle s'y attache, & le W» ^^
fuite deux heures fans manger, & continuer cinq ou iix jours ; elle coupera cnemm *
coup de maladies.                                                                                  . c,ivaote:
Si un Chevalefldégoûté, donnez-luy une orifedecerre poudre en la maniere îuiv ^
faites le jeûner fix heures, & mêlez deux caeiüe^es ou une & demie de la pouarc, ^
demy-feptier de vin blanc, & autant d'urin : d'enfant fain, donnez-les au Cheval, H
cifre encore fix heures fans manger.                          ,                                       r o:ài'
Si le Cheval a l'œil mauvais,' lepoilheriiTé, & qu'il ne foit point guay contre wn
naire, donnez-luy une prife de cette poudre.                                                    , ofltre>
Elle eft excellente pour toutes tranchées, pour les avives, & pour les douleurs de v-
en donnant une prife quand on sapperçoitdumal.
Elleeftbonne pour les Chevaux morfondus, qui jettent, & qui touffentt.
Pour les rhumes, vrayes & fauffes gourmes.                                                   t,» cor»'
Pour les maux de tefte, elle les guérit infalliblement, fi elle eft prife tout dans le
mencementdumal, d'abord qu'on connoît que le Cheval perd le manger.         ^ nécU
Pour les Chevaux qui ont beaucoup fouffert à l'armée, ou qui ne peuvent s engra
elle leur fera des merveilles.
                                                                          j>eftions'
Finalement pour tous les maux qui viennent de caufe froide, de cruditez & d ™£?C ..^fe
On la donne dans l'avoine, dans le fon, ou plus à propos dans du vin blanc, « âéc0iy
ned'enfant, comme nous avons dit: cette poudre a plufieurs autres vertus que vous oc
vrirez par fon ufage.
Chap.
72.
CHAP.
73«
Des noms & vertus des Onguents, Emplâtres, Huiles er Eaux, âefauen
communément on Ce fert au Chevaux.
Zes qua-
                                                                            '                                                g*
ire on. y Es quatre Onguents chauds, font l'onguent Aregon, Martiatum , 1'Althéa >
-ocr page 191-
S E CO NDE PARTIE,                             191
t ongue jit Aregon a pris fon nom de fon effet, car Aregon lignifie en Arabie auxiliaire : Ch AP.
es vertus font d'échauffer, d'atténuer, & digérer; il eft tres-bon aux maladies froides des n->.
nerfs,
                           ■ ■■....                                                                 ' '
i-elVIartiatum porte le nomde celuy qui l'a inventéj il eft bon pour le cerveau refroidy,
particulièrement à ramollir les tumeurs dures} & aux affeciions froides des nerfs & join-
,*-althéa a pris fon nom de la bafe, qui eft la guimauve : il échauffe, humeóìe,lenir,
»^ere> chaffe l'intemperie froide, profite aux nerfs endurcis, corrige ce qui eft trop fec,
ï.emedie aux humeurs crues contenues dans les mufcles.
-j.fi agrippa a pris fon nom du Roy de Judée : il eft propre à amollir, il atténué & incife
•4 arr>ment, difcute les tumeurs œdemateufes, il eft propre à toutes les vieilles douleurs
ues nerfs.
jè^e£quatreOnguentsfroidsjfontrAlbumRhafis, le Rofat de Mefué, lePopuIeum, Se Lesqutti
^■ÇrrigerantdeGalien.                                                                                                 tre\On-
P Album Rhafîs, eft propre pour les échauffures & excoriations, & enlevuresdu çuir,g«»<*
Sottement & ulcères par chaleur, intemperie; & trop de chaleur d'une partie, & an-PÙit:
lI« vices, du cuir.
^'onguentRofatappaifelesinflammations, &lesherefîpelles.
, Lepopuieum ne dure qu'un an en fa bonté , car fa vertu rafraîcbiflànte fe perd par
temps , & la chaleur de la graifie qui entre furmonte la fraîcheur des autres ingre-
e'is: il provoque le fommeii, profite aux fiévreux , aux douleurs de tefte caufées de
cl • eur j fi on en frotte le front & les temples; il eft tres-bon dans les lavemens pour rafrai-
01r deux onces j ufqu'à quatre.
~ 0nguent Réfrigérant de Galien rafraîchit puiffamment.
] |J.yaencore des emplâtres& des cmguens fort en ufage parmy lesChevaux, à fçavoir
fiin ac^y'um Magnum, qui amollit les durerez, refout les enflures , ou les amene à
Ppuration : Le Nutritum , autrement Tripharmacum , lequel eft propre aux
g^es"u cuir & à deflecher les ulcères ; l'Unguentum de Bolo, lequel rafraichit, aftreinc
]e Corr°bore, il eft bon aux commencemens des fluxions chaudes fur tout aux herefîpel- "»
j,] 3 'e Pompholix pour les encloueures & clous de rue' , & outre cela il defïeche les
quCf es > l'onguent Stiptic, pour les Chevaux auquel le fondement fort par la violence de
^ '                                                                                                              ! 111                                                        1 _____]___ 11 - [ -- -—-*■
Des autres Onguents Cr Emplâtres pour les Chevaux.
Lj E jM P£A s T R e de Melilot ramollit toute dureté, & difciue les vents.                       CH AP.
LeBafilicum, quifaîtfuppurerendétergeant.                                                          74-v
r,^nguentumRubrumincarne, appaife la douleur, & fait guérir les playes.
öio g7Ptlac> qui deterge les ulcères & les fiftules, ôte la pourriture, & mange la chair
P ,1Puiflamment que l'Apoftolorum, & defleche les playes.
m,,. ^P*311^ divin eft bon pour les ulceresmaîins, il corifume leur pourriture » & avance h
"'«unte aux tumeurs.
Pieds Vousuenfc'oneray icy un emplâtre pour ôter la douleur que caufent les cors des
div- a"x. Hommes que j'ay vu. toujours très-bien reüffir ; prenez trois gros d'emplâtre
boucu0 j!l6s- ^endre dans, une cullier à pot de cuivre, avec plein une petite culliere de
dufJ?e
         e d'olive afin que l'emplâtre ne fe brûle pas en fondant, étant fondu ptez
j remuez jufqu'à ce qu'il fe lie en refioidifiànr. » lors ajoutez un gros de bon fubli-
-ocr page 192-
ttjt                LE fARFAIT MARESCHAL,                  fl
Ctî \p me' ^öux en Pouc*re ^ne » & rcmuez hors du feu jufqu'à ce que le tout foit froid,          $.
* ' petit emplâtre que vous lierez fur le cors, au bout de vingt quatre heures ayant oite ^g
74' tre, vous ôterez avec l'ongle ce que vous pourrez ôter du cors & remettez le tre
emplâtre, aiïurément le fécond jour vous n'aurez plus de douleur, au b°ut [£S les
jours , remettez un nouvel emplâtre & continuez à le gratter avec l'ongle 5t0 plus
vingt quatre heures , à la fin vous l'oterez entièrement & des le fécond jour vous n au
de douleur,
                                                                                                .,
L'emplâtre Oxïcroceum amollit les durerez, diffipe les douleurs de la caufe froide. ^
L'Aureum pour aglutiner & incarner, & pour appaifer la douleur, comme a11
faire croiftre la corne des pieds.
EmplaftrumdeBethonica, il eft propre aux playes & ulcères de la telle.             'rourdif
Le Diapalma, que les Apoticaires appellent Diachalciteos, un grand mot pour e
les gens ; il arrefte les fluxions & guérit les ulcères.
L'onguent de Montpelier, pour les groffeurs& pour fortifier.
L'onguent du Duc, pour inflammations avec chaleur, & pour les enflures.
• L'onguent Oppodeldoc, pour les épaules defféchées& Che val entr'ouvert.
Onguent de l'Hermite, admirable pour les playes des Ch evaux.
L'emplârredeMonfieurCurty, pour les encloüeures, doux de rué', &c
Onguent de plantin pour la corne cafiante, & faire croiftre le pied.
                , • £S à js
Ces fix dernières compofitions font le plus en ufage pour les Chevaux, & font dee ^ ^fl
premiere Partie de ce Livre, comme on pourra voir à la table Alphabétique, qiu e
. de ladite premiere Partie.
                                                                            , enlplâ-
Jemettfay icy le fa von noir, quoyqu'ilnefoitpasaurang ny desonguents nydes ^
tres, mais comme c'eft un puiffant refolutif pour les enflures &c tumeurs, &me_fmeCl- ^
excellent pour fécher les eaux des jambes desjChevaux , j'ay crû qu'il devoit avo
une place.
                                                                                            .           • f0nt
Ilyaplufieursantresonguents&emplâtres dansla premiere Partie de ce Livre? q^ ^
prefque tous de mon invention ; il y aune infinité descriptions d'huiles, d'ongle" '^j-
plâtres & autres dans Bauderon, deRenou, Scroderus, dans les Oeuvres:de la■*r \e\\S
fiere, & dans le nouveau. Difpenfaire du Zwelfer, & plufieurs autres, qui enfeigne
compofition & les vertus qu'ils contiennent.
i                               t i i ■■ il ni I              '.....                                       ■ ■                             i              ■- -..... - ... -                                     . -                                                         il —
Des Huiles desquelles onfefert aux Chevaux.
GHAP.T 'Huile de violettes ôte les inflammations, tempere la chaleur d'une afoftume, <x- t
• •
          ' *•** les douleurs
'i' L'huile de lys échauffe & refout, &digereleshumeursquiexcitentlesdouleurs. oett-a
L'huile d'iris appaife les douleurs froides, &aide la fuppuratoin des tumeurs, * P"
plus puiffamment, refout mieux que l'huile de lys, mais il eft moins anodin.
           arreftet
L'huile rofat eft bon 2ux inflammations, ilarrefteles fluxions, & eft bon pOur
î'impetueux mouvement des humeurs.
                                                              dotil£UfS
L'huile Rofat Omphecin, rafraîchit plus que le precedent, il eft excellent aux
de caufe chaude, il fortifie l'eftomac& les vifeeres, &eftaftringeant.
                  les do11'
L'huile de Camomille ou de Meliiot, échauffe & refont médiocrement, appaile
leurs de caufe froide, & fortifie merveilleufement les nerfs.
                               , D3rtie5
L'huile d'Hippericum, que nous appelions, Mille-Pertuis, eft le vray baume de p
nerveufes, il guérit les brûlures & les-encloueures, il eft anodin & fait piffer.
           jybuile
-ocr page 193-
SECONDE PARTIE.                            193
L huile de Laurier de la véritable, & non de celle qu'on vend à Paris, où il n'y a que G H A f »
j 1Uart d'huile Laurier, & les trois quarts de graiflè de pourceau, &luy donnent la cou- 7 y.
eUr verte avec un peu de vert de gris en poudre; ce n'eft pas de celle-là que je parle, mais
je la vraje huile Laurier, qui relbult puifTamment & qui foulage les indifpofitions froides
0e toutes les parties, & particulièrement des nerfs & des jointures.
L huile de fêmences d'Hiebles, appaile toutes les douleurs des jointures, &difïipela
L'huile de Lumbris eft bon pour les nerfs & pour toutes douleurs de jointures, il eft
an°din.
il rt'luiIe dc ^uèe1^ tefdîutif, il échauffe & atténué' Ieshumeurs craflès, chafTe les vents,
"Propre pour la colique & convulfion.
L huile de Marjolaine, pour les nerfs & affections froides du cerveau.
L'huile de Gabian efi un fuc huileux ou plûtoft un Bithume qui fort avec l'eau d'une
°UrceprésdeBeziersen Languedoc, il eft chaud comme font toutes les petrolles def-
H^ellesDiofcoridedif court amplement: celuy-cy eft bon pour les encloiieures, clous de
,g' &c. il fortifie, refout & atténue les humeurs vifqueufes, & craflès, il eli bon pour
es nerfs & toutes douleurs froides.
~ huile de Petroîle eft plus penetrante que le Gafcan, elle a les mefmes effets: mais elle
aufe pius d'inflammation & d'enflure; elle eft bonne pour les efforts d'épaule, dehan-
rne> & autres parties charnues, où il faut pénétrer les chairs & difliper les humeurs qui
r°»tramafrées.
! Loleo DyfafTo, eft une forte de Petroîle claire comme de l'eflènce, il fe trouve dans
c'Sfttats du "^uc dedene » on 'e vendau"^ communément à Parme comme à Modene;
&* une forte de Petroîle qui eft rare en France : mais il eft aufll penetrant qu'aucun,
Jej?nt compofé de parties fort fubtiles: il eft admirable pour toutes douleurs froides, il
°ut puiflâmment, mais il en faut ufêr avec diferetion, car il eft fort chaud.
_ eûènce de Therebentine eft excellente aux parties nerveufès, aux efforts de jointu-
s ' mais il n'en faut pas appliquer plufieurs fois en un endroit, car il brûleroit tout le cuir
»! feroit tomber par pièces.
je y a Plufieurs autres fortes d'huiles, mais comme il ferait ennuyeux d'écrire icy toutes
jjjj" v^rtus, fi vous defirez les fçavoir, & de plus les compofer ; voyez la table delà pre-
Ro"h nie de ce Livre, ou bien liiez, les Autheurs que je vousay citez, ou Joubert,
ndelet, & quelques autres.
Les eaux dijiilk'es four guérir les Chevaux.
* °fe!^IT^ldes y?ux ' on fe fert d€S eaux d'éclairé, d'euphraife, de fenouil, de ro- CHAP,
les, ôtdechevre-feuillc.
                                                                                           7Ó.
PanaUïnoTrne&ieJspou,mons' de .celles de bardana, de camomille,- d'enula-cam-
• » uepaaaine, & de violettes.
ïettesSe!UX^COr<îiales' for" celles de chardon bénit, debouroche, buelofe, rofes & vio-
g*' <lui font les quatre fleurs cordiales.
bicoftni2re,aî?ffi îfs ea?x de feorfonere d'Efpagne, Sulnutruoureynedes prez, de fea-
Leîl             dont ! u%e eft admirabledans les fièvres des Chevaux.
^«eauxpourlefoye, font celles d'agrimoine, &delapatumacutum.
lme U.                                                       Bb                                         L^
M
-ocr page 194-
194                   LE. PARFAIT MARESCHAL,
Les eaux qui font uriner, font celles de racines de perfil, dereffort, degrainesdcg
nievre, de pariétaire & de grenil.
Celles qui provoquent les fueurs, font celles de chardon bénit, d'ulmaire, & de pet
fîtes.                                                                                                                                      Antfrt'
L'eau vulnéraire & l'eau feconde, pour lesplayesbaveufes, car elles ôtent la den»1
geaifon.
                                                                                                               ,. t
Voilafommairement les onguens, emplâtres, huiles, &eaux, defquelleson ie /$
plus communément aux Chevaux, comme nous avons enfeigné, & celles qui font e*P*:£
appropriées au temperament des Chevaux; comme vous l'avez, veu ou vous l'avez PuV°
dans la premiere Partie de ce Livre.
Pour peindre les queues Cr crains des Chevaux en couleur de feu T
qui conferveront leur couleur fort long, temps.
DE p u i s la troifiéme Impreffion de ce Livre on a commencé à peindre les queue si*
les crins des Chevaux en couler» de feu, comme le pratiquent les Hongrois, »
Polonnois, & Cravattes, cette couleur rouge fait un allez bel effet fur le blanc J *
crû que le Leóteur n'aura pas dés-agréable d'en trouver icy la methode facile, laqu£l
j'ay fouvent expérimentée & à peu de frais; Il faut notter qu'il n'y a que les crins h'3n,^
qui puifîènt prendre cette couleur, & de quelque poil que foit le Cheval il n'importe? s^
a la queue blanche elle prendra la couleur, mais les poils noirs demeureront noirs?
ne prendront aucune couleur que la naturelle, le fecret eft tel.
Prenez deux onces d'une racine qu'on trouve chez les Epiciers nommée Rubea Tin»0*
rum, concafièz la groffiérement & la mettez dans un pot de terre neuf, avec trois denj/
feptiers de vin rouge, & un petit verre d'huile d'olive oude noix, mettez la queue ou
crin du Cheval dans le pot, & bouchez bien le haut avec des torchons afin que rien n e
halle, mettez un réchaud plein de braife fous le pot, fouflez& tenez la jufqu'à ce 1
la liqueur ait boüilly un quart-d'heure: & afin que le Cheval ne reiîènte pas la chaleur
feu, il faut tenir un aix entre les cuiffes du Cheval & le réchaud ou terrine, & prendre ga
de qu'il n'y aitque lepori de la queue dans l'eau, & nullement le tronçon: quand le t0
aura boüilly un quart-d'heure, ôtez lecrainoulaqueuë, & tout d'abord lavez-la dans
grand fceau d'eau, elle fera d'une belle couleur de feu, que fi elle n'eft pas allez haute
couleur, vous pouvez la remettre dans le melme pot, & faire bouillir encore un quar
d'heure, puis laver comme auparavant, cette couleur tiendra auffi long-temps que le P
durera, quoy qu'on lave la queue tous les jours.
                                                 / à
Je croy que la racine d'orcanette feroit le mefme effet : je ne l'ay pas éprouvé, r°
comme elle a la faculté de teindre en rouge tout comme le Rubea Tinâorum? il y a a"
parence qu'elle reùffiroit, il eft aifé d'en taire l'épreuve.
Pour teindre le crin O" la queue' en couleur iïor ou jaune.
Il y a une racine nommée Terra Merita, laquelle eftantmife en ufage comme la P
cedente, teindrait en jaune comme il y a apparence, néanmoins je ne-1 afïùreray PaSg ja
l'ayant pas mis en pratique l'eiTay n'en coûtera gueres, fi vous le pratiquez de même qu
precedente recepte avec le vino: l'huile.
                                                               conti
j'avois promis dans ce Livre de donner une invention pour faire une pelote au n _
-ocr page 195-
SECONDE PARTIE.                             i9f
OU une marque blanche: mais j'ayveu qu'elle reiifîiffoit fi mal, que je ne vous confeille Ch a p.
Pas d'en chercher des methodes; car les Hollaudois qui les pratiquent tous les jours pour 77.
rendre pareils leurs Chevaux Zains avec ceux qui ont la pelote, gâtent fort fòuvent leurs
Chevaux, plus qu'ils ne les embellùlènt; ainfi uns eftre'garand de quoy quecefoit, fi
Vous avez ce deflèin, je vous diray qu'ils font cuire un gros oignon fous la braife, étant
Prelque cuit ils le fendenti le trempent dans de l'huile de noix bouillante, & l'appliquent
tout à l'heure du côté qui eft plat fur l'endroit où ils veulent faire la plotte, ils laiiïènt l'oi-
gnon une demi-heure, puis ils l'ôtent & graillent l'endroit avec de l'onguent rofat, l'e-
carre tombe, & il revient quelques poils blancs, mais la cicatrice relie au milieu fans
P01* comme on le peut voir à tous ceux qu'on a voulu marquer de la forte. .
DISCOURS DUHARAS.
Et la maniere d'élever de beaux "Poulains.
CH'EST une chofe connue de tout le monde, que la bonté des Chevaux depend.en par- CHx\P.
^ tie d'une bonne race, & de la bonne nourriture qu'ils prennent dans leur jeuneffe ; 78.
°n fera une bonne race avec de beaux &bons Eftallons, & des Jumens Poulinières de
î^efme -, la bonne nourriture dépend de l'endroit où ils font nourris, & de la maniere dont
«s le font, & comme quoy ils font gouvernez dans leur jeuneffe.
Ces connoiffances font fondées en partie fur le raifonnement, mais l'expérience eft la
pandemaiftreffe, qui feule peut appuyer le raifonnement, & fans ce fonds d'expérience
.pute la feience y eft affez infruâueufè, elle ne peut eftre pofledée que par ceux qui ont des ,
j^aras, ou qui en ont gouverné, des uns ny des autres peu ou point, ont pris le foin d'en
Jaiffer quelque chofe au public, pour moy j'en fçsy ce que la curiolké de m'en informer
"^en a enfeigné, dans les endroits où il y a eudesHaras;. j'ay auffifait quelques remar-
ques des Poulains que j'ay veu élever, mais cette connoiffance n'eftant pas affez entière
Pour la donner au public, j'ay recherché avec foin les Auteurs qui en ont écrit en noftre
'anr-
brigue, entre lefquels il n'y en a aucun qui inftruife plus particulièrement que Monfieur le
j~ Uc de Newcaftle, l'un des plus accomplis Seigneurs d'Angleterre, lequel a toujours eu
.ne très-belle écurie, dans laquelle on aveu des Chevaux parfaitement manier à tous les
fus beaux airs ; depuis fort long-temps il a eu tout le foin imaginable pour avoir dans fes
aras des Chevaux excelens, «capables de reiiflir, & comme il en faifoit fon principal
^vertiffement, il n'a pas oublié d'y apporter toutes les précautions qui pouvoientluy don-
re^ P1.a'fir 5 & d'autant plus facilement qu'il n'a épargné ny dépenfe, ny foin pour y
ve r ■''dVolt Parn expérience la connoiffance des moyens pour y parvenir ; auffi a t'011
uiortir de fes Haras de tics beaux Chevaux , non feulement pour fournir fes écuries,
Puhr encorePour en gratifier fes amis; il eft donc à prefùmer que ce qu'il en a donné au
|l°uc ne peut manquer d'eftre excellent: mais comme fon Livre eft rare, & que diffici-
le^10 Peut-on recouvrer, tant [à caufe du prix exceffif qu'il fe vend, qu'à caufe qu'il
fenelt tiré tres peu d'exemplaires dans fon imprefîion, & que pour un petit difeours qui
ni^ne^,effa>te à ceux qui ont la cui iofité d'avoir un Haras., tout le monde n'eft pas <f hu-
ur dachepter un gros Volume qui traite de beaucoup de chofes belles pour un Efcuyer,
Ce 's Peu neceffiires à un particulier ; j'ay crû fervir utilement le public, fi je luy donnois
Wilnousen a écrit, comme une très-bonne chofe, fondée fur une expérience de lon-
S^sannces,
                                            Bb-2                                                   Jean
-ocr page 196-
196                    LE PARFAIT MARESCHAL,                u
Jean- Tacqnet a écrit aifex bien du Haras, où il a donné de tres bonne lenwq ^ajs
plui'part tirées desanciens Autheurs, comme d'Aïiftote, Pline , Xenopi>on , ieinent
cet ancien utages'eft perfectionné, comme onverraparcequejerapporteraynae '^
ce qu'en a écrit Monlieur le Duc de Newcaltle, & vous expliqueray l'ordre qui ..
pour inltruire fon Lecteur, déclarant que je ne prétends aucunement m'attribaer t>^
re de ce qu'il eu a dit; crainte de tomber dans le deffautd'un Autheur Modern ' üS
ayant eité blâmé de ce qu'il avoit donné au public un fraitté tiré mot à mot d un .£
Autheurs, fans avoir ditle nom dudit Autheur, ny dans quel Livre il l'avoit_ pris|'^ar,
s'exeufer il a voulu dire que j'en avoisfaic autant du Traître du Haras de Moniteur Je
quisdeNcwcaltle-i. mais le Lecteur pourra difeerner facilement la différence qu » i lCi
nommer de bonne foyl'Autheur, dont l'on a tiré ce qu'on a dit, & de luy en rapp ^-
tout l'honneur ou de donner un Traitté fans en nommer l'Auteur pour le l'attribuer >
débiter comme'une chpfe à uous: mais pour finir cette digreiuou:
                       le fori"
Moniieur le Duc de Newcaltle, commence par le choixdw bon Eftaloii) comme ^
dement du riaras& auquel beaucoup de gens manquent, en ce qu'ils ne les chercn ^^
bons ny beaux, mais teulemem à bon marché, Cins conlîderer s'il eft trop viel, o caC
jeune, c'eft jetrompér foy-mefme d'achepter quelque vieille roiTè qui n'en peut p1 'j Q6
après avoir attendu quaire ou cinq années le Poulainquien eftvenu, on connoiitq ^^
vaut pas là nourriture, puis qu'un méchant Cheval coûte à nourrir tout comme u t0n
C'eft le temps & la nourriture qui font cdhiiderables, on perd l'un & l'autre, achep ^&c
méchant Eftalon, duquel la dépenfe eftant faite pour une fois, on en retire fon arge^ ^
plailìr &uiure. On a très-bien reconnu cettevérité depuis quelque temps; if noftrea / , d0t
JMcnarque, duquel les feins s'étendent fur tout
, afait diftribùerdebeaux if bons Eftaf g/J^f
tous les endroits où il f a moien £ élever des Poulains , afn eu ayant par ce moyen peup^er J.0$
de bons Chevaux, il ne fait pas obligé d'envoyer chercher dans les pays étrangers des
^
qu'onpeut fort bien élever en France, pourveu qu'on eût de bons Eftdms
, if c'eftàquo) »
flemcntpourveu.
                                                                                                •»«#,
Par exemple, il fortdc labafléBretagneiôUS les ans huit a dix mille Chevaux affe^00'.^ ,
mais les meilleurs viennent de ces trois Evefche^, Triguer, Leon, & CöR*°^. Jartt
far tous Triguer eft la pepiniere
, car on tient pour ajfuré qu'il y a plus de vingt mitle ^AV'lrLev0*
ce feut Evefché ; juge^ de cela quefi on avait eu de beaux if bons EJlalons, au Heu des
          ^
qui fervent pour des chajfe-maréès if pour des fourgons, on y élèverait des Chevaux p*°P -culiél
jervir à la guerre
, àlacha(fe, if aux équipages des grands Seigneurs, defquels le ?A pouf
if le public tirerait un notable avantage, if au triple de celuy qu'il a eu jufqu à préfet • ^
parvenir audit choix de FEftalon, il nous explique la divertite des poils, & des m ^£(^
des Chevaux, & déclame extrêmement contre toutes les conjectures qu'on en peU eSfoi8
les faifant pafïër pour une pure refVerie, & une grande abfurdité , ilconfeilleto r0u-
deprendrel'Eftalon&laJumantPoulinière de bon poil, & de bonne marque, j^L'o»
vaut en ce point c,e qu'il condamne fi fort, s'attachant feulement à la connoiifaue^ J^n
peut avoir d'un bon Cheval, en le montant fouvent, & le faifant monter- Il eu vr açrie"
fe tromperoit bien fort, fi fur la conjecture feule du poil (Se des bonnes marques, ^£ ig:
toit un Eftalon, fans autre connoiiïànce de caule, & lans l'avoir efiayé ; mais aui ,ji
choifir tel qu'on le peut fouhaiter pour fa vigueur, en le montant & l'eflayant, W cjü
ait le bon poil & bonnes marques, c'eft ce qu'il ne confeille pas. Il faut dopc <.ens.e$'"
qu'après avoir bien déclaméfpar une humeur particuliere de paroiftre fingulier & P U '0o
du que les autres) contre les poils & les marques; il eft enfin obligé de cornern ^0nn3
prenne un beau & bon Eftalon, de bon poil & de bonnes marques, pour donne
teinture au Haras; file poil n'y faifoit rien, pourquoychercher cette bonne temtu v^
1
-ocr page 197-
v                             SECONDE PARTIE.                              Z07
v cms verrei ce qu'il en dit aux difcours fui vans, lefquelsquoy que d'un allez mau- Ciî_a p
, s engage, eftans traduits de l'Anglois, où il a eftécompoféparun Waloaquiafait 78.
oeaucoUD dp f;inrp«
^'."""-""'uuiiies, aie tout a une maniere qu'auuremciic .iviumieur ic x^uc iuy-ineirne
^ Jilant, advoué'roit que j'ay eu railon de le faire, n'ayant nullement changé le fens du
ucours, ny la force de la phrafe: il y a des endroits oùj'ayadjouté des remarques que
Jn^cru utiles au Lecteur, elles font en lettres Italiques, afin qu'on puiflëdiftinguer ce qui
taemoy, &cequieftdei'Autheur: il commence en cette maniere.
De la diverfté du poilt <y des marques des Chevaux.
JjLtj sieurs Cavaliers qui ont écrit fur cette matière, ont plus brouillé de papier CHAP,
a montrer leur Philofophie naturelle qu'à montrer leur Art en la Cavalerie, enfei- 79»
jT^'epoilo: les marques des Chevaux (arindeconnoiftreparicellcs leur temperament
dilpoiìtion. ) Eftant compofez de quatre Elemens; ils veulent que celuy qui a un tel
j^1} joint à un telle marque, participe plus de la terre, de l'eau, de l'air, ou du feu;
•"ats comme il y a des Philofophes qui dénient l'exiftance du feu élémentaire dans ce mon-
tef luna"'£> il ne refterok que trois elemens, ainfî le fondement qu'on a fait de la cor-
t P^fdancêXju'ilyades.poiis aux quatre elemens, demeurerait fort embaraffé; les au-
v^s difent que tout le monde n'eft qu'une matière mife dans le mouvement, ainfi le mou-
Pof1^nt^a'ttOUt' L^s Philosophes anciens difent que nome vie eli maintinuë par la com-
p itlon des quatre elemens, pourmoyjëcroyquenoftre vieeft maintenue par leboire&
j r le îTianger ; fi à ce boirc*>& à ce manger les quatre elemens contribuent, certes je le
r 'aille à difputer; les Chimiques difent que toutes chofes font compofées defel, de
laPv' ^^emercure' mais comme mon deiTein eft d'écrire des Chevaux, je laiiTeray
a _hl'°fophie naturelle, puifque dans toute ma longue expérience j'ay trouvé leurs règles
îtrompeufesquelesprognofticsdes Almanacs, qui dans le circuit de l'année fe trou-
0 n^auffi fouv'ent faux que véritables ; car je prends juftement le coutraire de tout ce qu'ils
Rat'n' ^'1^etrouveTaeJ'ayaun^^ouventrai^onclu'eux; ce ne font donc que pures ba--
PluT ^ ^au^es conjectures, d'où je conclus qu'il faut qu'un Cavalier monte un Cheval
j.a-pUrs fois, &j'oferay dire qu'il pourra en donner un meilleur jugement que celuy qui
fai ,ne en Philofophe par le poil, & par les Elemens, d'autant que c'ert; proprement
te le Charlatan, S'il m'efi permis de dire mon aivis fur ce qu'il dit des poils ir des marques,.
vaT°^ 1Ue '4 w"'*rf qu'on peut tirer d'iceux, jointe à ce qurilpre{crit pour connoiflre leChe-
■n }
?"donnera affburrmmt une plus entière connoiijance ; if Pour un Eftalon, il je faut indif-
rWablemttu attacher à l\n & à l'autre.
t-ies marques des Chevaux, foitétoille, foitépie, foit tout ce qu'onvoudra, ne font
„ autant d'abfurditez, comme encore de ce qu'on dit qu'il y a quatre bonnes marques,
pjjPtmauvaifes aux Chevaux qui ont les pieds blancs; la premiere eft de celuy qui a le
<3ui ] rs.<*umonto'rde devant blanc qui eft bonne, la feconde bonne marque eft de celuy
CejaiePieddumontoirderrière blanc, & les autres trop ennuyeufes à décrire, puifque
fi ce e'eunee^Pece "^conjuration ou de fortiîege, mais tres-ridicule, & tres-fauilè;
Pjjl s ^ar(îues fuccedenr par hazard, ce n'eft pas le piedblancquieaeftlacaufe, mais
il ndance d'efprits qui eft au Cheval. Monfieur le Duc a raifon de dire que ce n'ejlpa' le pied
1U> afait reujjir le Cheval ; mais ce pied blanc par une longue expérience nous a fait am-
is b
3
                                                noiftre
-ocr page 198-
I
,        _----------------__
io8                  LE PARFAIT MARESCHAL,                    ,
C H A p. noiftre que ceux qui f avoient ont tres-fouventfort bien ré'ùfft. La meilleure règle donc eli de Ie
79. monterà éprouver plufieurs fois avant qu'en donner lbn jugement, parce que le meilleU
Cavalier du monde, s'il n'a une expérience confommée peut eftre trompé, envoya0
un autre monter à Cheval: qui plus eft, il peut y eftre trompé en le montant luy meû^'
particulièrement ii c'eft un jeune Cheval, dautant que ia force & fes efprits le changc0
extrêmement avec l'âge; tout de mefme que fait un garçon lors qu'il devient Hornm »
excepté que le Cheval eft plûtoft parvenu à la perfection de la taille qu'un Homme, 3ul
eft-il plûtoft détruit.
                                                                                                .„
Confiderons qu'elles font les meilleures, ou pour le moins les plus belles divertite*
poil ; car on doit eftre tres-foigneux du poil d'Eftalon, pour donner bonne teinture *
Haras; les opinions du poil d'unCheval different autant qu'il y ade différents efprits,
s'en trouve pourtant quelques uns qui plaifent à la plufpart des Hommes ; comme P
exemple, le bay clair, avec le crin, la queue', les jambes ,& la raye noire, &ont°
tre cela l'étoile au front : lesbaychâtin, ou comme on dit le bay écarlat^e, ou bay ceni »
avec les deux pieds de derriere blancs, & la porte au front, le rouhan bien marqué &■.
core mieux le rouhan CavelTe de Maure ; le gris pommelle fort obfcur, lequel ne deyie
dra point fi toft blanc: le noir marqué en telte : j'ay veu un iiàbelle au crin, queue, J3I*L
bes, & raye noire, bien marqué en tefte, qui paroiffoit gentil, ' & un ifabelle aux crins
queue blancs bien marqué, qui eftoient tous deux très-bons & tres-braves Chevaux; 'â^
lezan n'eft pas un mauvais poil, pourveu qu'il foit bien marqué, & ait les crins, 'a<lu^-üJ
& les jambes noires: P alleman brûlé eft le meilleur de tous les pus .- les Pies ne méplat ~
pas ; une véritable Pie doit eftre blanche & noire : j'ay veu de très-beaux Chevaux blan.
qui avoient les yeux & les narines noires : le gris cendré n'eft pas un mauvais poil : ^$ce
moucheté eft très-beau: le gris truitte eft excellent. Il y en a peu de ces poils jufqu'à„ t
qu'ils viennent fur l'âge. J'ay veu de beaux Chevaux gris de fer, quoy que le poil nel°'
pas excellent ; le gris rouge eft tres bon : le fauve n'eft pas un mauvais poil , P°urVL
qu'il foit bieu marqué, avec le crin, la queue & les jambes noires. J'ay veu des Chevâ *
bien mêlez de poil blanc, qu'on appelle rubicans, & le crin mêlé de mefme, avec le et"
& la queue noire, qui font très-bons : le jugement du poil eft félon la penfee des Hof»
mes, parce que de tous les poil s il y a de bons Chevaux, comme aufli de toutes niar^,'
& des mechans tout de mefme, tellement que lefeulmoyendelesconnoiftre, c'eft"
les éprouver.
                                                                                                         ^
Perfonne en France de ceux qui connoï^èntiet-Cijevaux n'a jamais douté que le bon poil M J
un préjugé de la bonté d'unCheval, F'expérience nous fait voir cette vérité tous les jmrsj m'
comme il peut eftre trompeur, il faut la joindre avec les autres chofes qui nous font juger de U ""
té d'unCheval, if j'url une'fur l'autre ou pourra donner un jugement plus certain, quefion O
fldrroit tous les poils également bons.
                                                                            ,. c
Quelques-uns difent qu'il n'y eut jamais bon Cheval de mauvais poil, voulans di
qu'il importe peu du poil, pourveu que le Cheval foit bon, mais il eft certain qu'un 0
Cheval peut-eftre de mauvais poil: car on peut avoir un bon habit de velours qui fera .f
mauvaife couleur : Mais enfin, je conclus que le poil n'eft pas grande chofe : je délirer
pourtant qu'on choifit pour Eftallon une des premières fortes de poilijf avoir le b«j. c^MrÇ\v
le crain, laqueuï
, les jambes, la raye noire, ir la plot te au front ; le baj écarlatte, ou bay ceri) e,
bay châtain à miroiter, avec la jambe de derriere dumontoir blanche
, ou toutes les deux de f
fiere, iS' l'étoille au front ■■ le^otihanCaveffcdeMaure ; ou Cap de Maure, le noir marque
tefte, le gris pommelé tr es-brun , le gris rouge (pourmettre avec desCavallesgrift s ou "fn'^(
feulement} Palle ^an brulé avec la plotte au front
, l'isabelle aux crins, queue, jambes v .'
mire, micc la plotte ,jufront, peuvent paffir pour un excellent poil d'Eftallon', les attires
-ocr page 199-
                                  SECONDE PARTIE.                       : ._ io?
*"*'fintions, mais j'ejììme ceux cy les meilleurs pour l'excellence du poil : Je deffefre infini- Cu A p.
ew aufmtiment de Monfieur le Duc ■• maisj'ay toujours miy eftimer les Chevaux du poil que je 19-
Vle»sde dire pour Eft allons.
De la taille du Cheval, (f des Chevau * de divers pays.
_£^A taiHe parfaite d'un Cheval, comme plufieursAutheurs nous l'on décrite, eftfidif- CHAP.
ficile à trouver, qu'elle ne peut élire, eitant une chimere, puis qu'ils prennent cha- 80.
!\Ue Partie des Chevaux de divers pays, & lesmiettent toutes enfemble, pour en faire un
heval parfaitement bien fait, deforte qu'ils le compofent àleurmode, &fontun Che-
^ de leur façon, & non comme la Nature l'afait : Les Barbes font d'une forte de taille,
j*Oes autreSjles Napolitains ont une taille,les Frifons & Rouflins different de tous ceux-cy ;
Néanmoins les Chevaux de tous ces divers pays fon parfaitement bien faits chacun dans fa
aille & félon fon efpece: combien qu'il y en ait de diverfe taille en toutes ces efpeces diffè-
res : je jugeray d'abord fi un Cheval eft Barbe, s'il eft Cheval d'Efpagne, ou s'il cft Turc,
Napolitain, ou Rouflin. Plufieurs m'ont demande' quel e'toit le meilleur & le plus beau Che-
ai du monde; je leur ay répondu que jusqu'à ce qu'ils m'eufi'ent dit pour quel ufage ils le
euleut, jene pouvois leur donner d e réponfe; parce que la plulpart des Chevaux de tous
J;s différens pays font bons & beaux dans leur taille, & peuvent eftre appliquez félon leur
vece à l'ufage qu'ils font propres. Voyons donc en-particulier les bonnes & mauvaiies
•jüalitez qu'ils ont : jen'ay gueres veu de Chevaux Turcs , maisileneftdediverfesraces,
^autant que les Terres du Grand Seigneur font fort grandes &fpacieufes; le Turc eft
.jaut de terre, ayant la taille inégale : il eft très-beau, vifte, & de [bonne haleine, mais
a la bouche rarement aflurée.
HQy que les Terres dit Grand Seigneur fiaientfort différentes, non feulement pour le climat,
f a>5pour la fuuation, if d'une extrême étendue, les Chevaux Turcs que nous voyons en ce pays
J<>nt peu différents des Barbes, j'en ay veu quelques-uns en Allemagne if ailleurs
, mais d'une
"'lie comme eux, if les moins nobles, comme les Chevaux d'Efpagne des Montagnes, tous vi-
YUreux if'bons : mais comme a fortbien remarqué Monfieur le Duc, avec la bouche chatoilil-
,uJeoufoupçonneufe, & Jouvent difficile à ajfurer, àcaufe des brides àia genefle qu'ils ont por-
e en Turquie.
, *-et Chevaux Tur ss vivent long-temps, if ce n'eft pas une chofe extraordinaire en ce pays-là
£ voir des Chevaux agende trente ans, eftre vigoureux, difpos, fiains if nets de tous leurs mem-
cf •" le Gouverneur de Bude nommé Alibafcha , que h Grand Seigneur fit mourir -pour avoir
J ('joupçonnéd'intelligence avec les Noftres, avait les deux meilleurs Chevaux de fon Ecurie,
"ni'le plus jeune était'âgede trentefix ans, if n'en montoit point d'autre dans l'occafton, quoy
"' 'l en eût bon nombre de plus jeunes.
c Pn îcnt remarquer principalement de trois fortes de Chevaux qifon nomme Turcs fin ex-
ekns, if defquels peu parviennent jufqu'à nous; au rang defquels les Perfans feront, laplufi-
*"" viennent de Medie, où eft, Camptts Niçeus, d'où Hérodote dit qu'il vient de grands Che-
l"pX effronte%, larges de crouppe
, if qui ont force if vigueur, viftes if grands travailleurs,
y l^ely neje trouvent que dans les écuries des feuls Bajfas, if Grands de Turquie, & jamais par-
2 'etfimples Cavaliers, car ils fie vendent un prix fort grand.
I -Apés ceux-là, font ceux g Armenie if, d'Arabie, qui font de race de Perfie, leurs bons Efta-
! étant Per fans, if de ceux que je viens de parler
, if n'étant diftants les uns des autres que du
£° phe Pcrfique
■• ceux-cy Jontplus petits, if'n'ontpai la taille fi noble, maisplus larges de jam-
ss> moins fiers if colères;.mais pour leur hante, elle eft incomparable, if à caufe de cela
leur
-ocr page 200-
200                  LE PARFAIT MARESCHA L,                    .
Cil A 9.leur prix eft excejfif en Turquie ; ce font encore Chevaux four les jeuls Grands 'ài Tttrqt^
go.
        troisièmes Jont les Morifques vers k Midy de l' Afrique, ils font de taille mediocre ,J°
vijles; 'fufportant admirablement bien le travail, s"1 ils avaient la taille if la f erti des PcrjdMi
ce feraient des Chevaux parfaits : nom voyons de ceux-là quelques-uns en France
, mais ils &&
gnent fi fort lefroid que Ihyver les détruit
l'on ri''en a grandfoin.
                                         ,
Voilà ce que j'ay appris déplia a"; ,.ré des Chevaux Turcs ■• pour les deux premières fortes, j A®0
que c'ejlpar oiiy dire,
ir que je n'en ay jamais veu: Pour la troifieme jorte, f en ay veu vca
coup de fort ions.
                                                                                                        ,
Et généralement parlant, les Chevaux de Perfe font les meilleurs du monde, & i°'
bien fort recherchez en Turquie, , &dans l'Indoftan, defquels on en trouve quelque
unsàBabylone, qui viennent avec les Caravannes d'Hifpahan.
                                  .
Mais ce font ordinairement des Chevaux d'amble qu'ils nomment Alafcia, qui fontle
Chevaux du monde qui font le plus de diligence, quife confervent plus long-temps »?r
& entiers, & qui fatiguent moins le Cavalier: ce n'eft pas de ceux-là que jentends de p3
1er, quoy que daus l'Europe nous n'en ayons point de pareils, nyqui puiflènt fupporter
fatigue comme eux : Venons aux autres.
j'ay oüy faire grande eftime des Napolitains, & en effet ce font de braves ChevaU- •
ceux que j'ayveus, eifoient de grande taille, toutesfois de bonne force, & avoient bea**
coup d'efprits.
                                                                                                         ,.
Il y a de dijferens Haras dans le Royaume de Naples, quelques-uns ont une grande réputation •
ily en a pour tous ufages, pour la guerre, pour le manége par haut comme capriolles
, ifc-po11*
campagne, des Haquenees dans le Haras de Gravine, iSplufieurs autres,
                        ,
Présentement les Haras du Règne font fi fort abâtardis , que ce n'cji plus rien nui vaille, 1 "
veu beaucoup -de Chevaux qu'on a fait venir de ce pays -là, if qu'on a choifi dans les nieil':'u"'
Haras du Royaume, qui n'avaient rien d'afrochant des qualité^ que les Autheurs leur attrAue
dans leurs écrits, de greffes teftes
, des Chevaux fers & malins, U plufpart plus propres à "oi1i'
Jre un colicr qu'une lance.
j'ay veu des Chevaux d'Efpagne & mefme j'en ay eu quelques-uns, i ls font extrémemeo
beaux, & les plus propres de tous à eflre portraits d'un pinceau curieux, ou pour la montur.
d'un Roy, lors qu'en fa gloire & fa Majeûé il fe veut montrer aux Peuples : car ils ne font 0
ii déliez que les Barbes, ni fi gros que les Napolitains, maisils ont la perfection entre IP
deux : le Genet a un pas fuperbe & hardy,le trot relevé,ie galop admirable, & la carriere tres
ville; ils ne font pas très-grands pour la plufpart, ny exceffivement traverfez; s'ils io°
bien choifis il ne le trouvera peut-eftre aucun Cheval plus noble qu'eux: J'ay oiiy dire de
Hiitoires remarquables pour leur courage, car on en a veu par la quantité de blelîùres leBr |
boyaux pendre dehors du ventre, & perdre tout leur fang, & nonobftant cela avoir en}
porté celuy qui les montoit fain & fauve, avec le mefme courage & la mefme fierté qujl
l'avoientaporté, & crevoient enfuite, ayant moins de vie que décourage: les meilleûfÇ
races font à Andaloufie & fpecialement la race que le Roy d'efpagne a dans Cordoué' eft
meilleure ; celle de Cartonne eft très-excellente, comme auffi les Molina.
                .,
Quant aux Barbes, il faut que je confette qu'ils font mes favoris, c'eft peut eftre que jc
ay plus eu & veu que d'autres Chevaux : je n'ay jamais connu leurs pareils, pour l'exce
knce de leur taille, de leur pure & nerveufe force, de kur gentil naturel & docilité: 0$
dit que les Barbes meurent, mais qu'il ne vieiHiflent jamais,parce qu'ils confervent toâjou^
leur nerf, & kur vigueur ; il eft vray qu'ils n'ont ni k pas, ni le trot, ni k galop fi ^au^r
ks Genêts, mais lors qu'ils font bien recherchez, je n'ay jamais veu Chevaui^ al' g
comme ils font à toutes fortes d'airs, tant pour k manége de Soldat, paflâdes terre à tefl^
que par haut; ,& ce font les feuls bons Chevaux pourËtallon, poutvcu qu'ils foient cour
'J
-ocr page 201-
SECONDE PARTIE.                                  201
.'ointez. Un vieux Seigneur, qui eftoit Soldat fous Henry IV. m'a dit en France, qu'il aCHAft.
^euplufieursfois desLarbesrenverièr au choc de grands Chevaux de Flandres: prenez 80»
* os de la jambe d'un Barbe, ce que j'ay éprouvé, vous trouverez que c'eft tout os, & qu'il
n y a de vuide au mil ieu qu'un petit trou où Une paille ne fçauroit entrer, & l'os de la jam-
be d'un Cheval de Hollande a un trou où vous mettriez prefque le doigt.
Les Barbes font tres nerveux, forts &viftes, & ont tres bonne haleine; quelques-uns
*°nt mornes & mélancoliques, mefmes à la campagne, jufqu'àce qu'on les reveille, ou
lu'on leur demande quelque chofe. Le Barbe des Montagnes eft le meilleur, ileftde
grand courage, & plufieurs portent des marques des bleflùres qu'ils ont receuës des Lyons.
il efl certain que le courage des Barbes ejlremarquable, car à la guerre ils vont toujours yufqu.k
°* qu ils aient les os ca(fi%, eu qu'il leur refie une goutte\defiang dans le corps ; il retirent leur Mai-
Jtre d'une mêlée
, où [ans doute il ferait f ery fans le courage de fin Cheval', ainfi on ne les peut ache-
ter trop pour s'en firvir un jour d'occafion, quoy que d'ailleurs fi en leur fait jujlice
, hors de cela
"^ du manége, affurément ils n'aiment pas le grand chemin, if peu font capables de faire voyor
& feus l'Homme.
jay appris d'un Gentil-homme qui a cherché dans les deux Royaumes de Tunis if d'Alger,
tous Us endroits où l'on nourrit des Chevaux, if qui a veu tout ce qu'il y en a de bons dans tous cet
Pa)'s, ayant parcouru toutes les contrées lesplus éloignées de ces deux Royaumes, où il acheta en-
viron trente Chevaux
, n' en ayant pas acheté un,au marché qui fi tient toutes lesfimaines à Tunirt
*tma dit que tous les Chevaux font gras en ce pays-là, if marchent tous fans fers, leur nourriture efl
orge deux fois le jour if un peu depaille,ils les font boire feulement"une fois le jour if peu ',jl avait
^heté un petit Cheval de quatre ans,avec lequel ilfaifoient des quatre if cinq journées, trente licuër
*m«jourspeur le moins ,fanrfaire boire ny manger fon Cheval par chemin, que le matin, if le fait
%l luy donnait de Porge,if à boire la moitié fon fioul le fair,au retour f un voyage fin Cheval était gay
^ vigoureux fans témoigner d'ejlre fatigué, il a amené ce mefme Cheval en France, qui n'efl pai
capable défaire dix lieu'és fans eflre tres
- fatigué, enfine que le lendemain il n'efi pai en cjlat
d m faire autant
, il faut que le climat if la nourriture d'Affrique f affé ce changement extra-
°'rdinaire
; ils montent tous leurs Chevaux à dix huit mois , au plus tard à deux ans, if la
premiere fois qu'ils les montent ils les courent if les fatiguent des huit if dix jours de fuite ex-
i.ex' jufqu'à les morfondre, les faire j etter iftouffer, enforte que quelques-uns en meurent,
s 'lt rechapent, tant plus ils ont jette if touffe plus les efiimcnt-ils, difant qu'ils font à tou~
te épreuve après cela.
Ils ne fi fervent pas de la méthode d'attacher les Chevaux par la tefle , ils font feulement
nttache% par les quatre pieds
,• les Chevaux if les Rumens font pcjle-mefle fans qu'ils Ce difent
"iot à l'écurie, if on voit venir des Maures dans les foires ou dans les marche^ de Chevaux,
"u' mettent pied à terre au milieu du marché , abaiffent les refnes
, if leurs Chevaux de-
eureront des trois heures arrefle^ fans fi mouvoir d'un place , quoy que d'autres Chevaux
durent devant if der; ■1ère eux.
M* efliment infiniment plus les Jumens que les Chevaux , tant à caufe de leur viteffe,
"ue parce qu'elles font trois jours fans boire à ce qu'ils difent , if un Cheval n'en peut eftrt
"Jf- un ; quand leurs Chevaux font malades ils n'ont point d'autre remede que le feu qu'ils
onnent eux-mefmes : s'ils ont par exemple des tranchées, ils mettent le feu fur le ventre ; ont
. / 'es avives ? ils le mettent au deffaut de la ganaffe ; enfin à tous 1er maux toujours le feu,
1 s en fervent pour eux-mefmes aufji', s'ils ont mal à la tefle, ils fi brident le front, if pat
°ut ailleurs de mefme , à une feiatique la hanche if la f effe , if difent qu'ils en font fioul a*
Les gens de qualité tiennent leurs Chevaux à l'écurie, if les nourri fint. d'un-feu de paUls
wge ou de froment 1 if de forge deuxfois le jour ; les gens dn commun neprennem aucun filin
fonie U,                                                   CC                                                        fout.
-ocr page 202-
202                   LE PARFAIT MARESCHAL, A f.
1>. four faire couvrir les Jwnens, ils les laijfent avec les Chevaux au hasard dans les pâturer
où leurs Chevauxfont prej"que toute F année, car quoy qu'ils ne coupent point de foin ils ont de
futur âges en plufieurs endroits du fiais, ils élèvent mefme beaucoup de Mulets en Barbarli,
ils font tres cher s
&r de grand fervice, ce font les Mores chafe^ de l'Andaloufie qui élèvent
Mulets, & Us font dans un tres-bon pais.
                                                                                       ' );;
Chaque famille eflfoigneufe d'avoir un bon Cheval à r écurie, tant à caufe des guerres qu w
fouvent entr'eux , que pour les courfes qu'ils ont accoutumé de faire aux mariages &
au' -f
fèfies deréjoiiiffance ; ils ne f en mit point leurs Chevaux , à1 ce Gentil-homme dit que dep
qu'il fut arrivé en France, il remarquait vijlblement que tous les jours les pieds de fes Chev
je ferraient & s'encajlcloknt quelque foin qu'il prift pour cela, ce qui eft d'autant plus étonnât»
j
l'air & le terrain y font plia chauds à' fées qu'en France.
                                                                   /t>;
Ce qui eft caufe qu'il ne vient pas défi beaux Chevaux d''Affrique , c'eft que ceux qui ^ f
amènent de Barbarie font des Matelots qui prennent indifféremment tout ce que les M' .
leur amènent
, pourveu qu'ils fuient à bon marché cefi ttffe\ pour eux : mas fi c'efi01
connoifeurs qui les allafent chercher dans les endroits des Royaumes de Tunis & d'Mg&\
ui
aux lieux où l'on en nourrit de beaux, on auroit de très-beaux Chevaux ', mais comme i J
aller trois in" quatre journées dans le pays, loger dans les tentes Arabes , qui campent en [
campagne au hasard d'ejire affimme^, ou tout au moinspihif, peu de connoifeurs veulen'-■?
dre cette peine, if courre ces rifques, comme a fait ce Gentil-homme, qui a amené les pw "
Chevaux, qui f oient paffe^depuK cent ans enFrance.
                                                    ..v
PourcequieftdesFrifons&desRourlms, j'en ay veu de tres beaux dans leurrtarel0r
& qui alloient à toutes fortes d'airsaufii bien qu'aucuns autres , & quiavoient, Ie t
ble, plus de difpofition à fauter , puisqu'ils plioient extrêmement les bras en &u ,
qui eli la plus belle aótion qu'un Cheval puilTe jamais avoir à toutes fortes d'airs, la1
le les Chevaux de legere taille ont rarement.
                                                         n
Mais ils font contraires aux Barbes en une chofe , c'eft qu'ils veilliflent bien-t '.
& font long-temps avant que de mourir; de forte qu'ils font furieufement à charge a
maiftre en cet eftat là, au lieu que les Barbes meurent & ne vielliffent jamais.
              , on.
Vous trouverez mille Rouffins propres pour le tirage, avant que d'en trouver un
pour l'e manége : Vous pouvez voira prefent combien la chofe efl ridicule de repr_e .
ter la taille parfaite d'un Cheval, c'eft tout de mefme comme qui voudrait rePretjn.
celle d'un chien: car aflurément la taille parfaite d'un lévrier n'eftpas celled'unrna
ny celie d'un épagneul , ny celle d'un chien courant, quoy que les uns & les au
ibient tres-bien faits en leurefpece ; il en eft de mefme du Cheval, car pourveu 1U .*
Cheval aitlecol bien proportionné & bien placé, &-le rette félon la taille du pais o
L • \^1» VÌV-/1V L V.C.111 UWk .1«» *. VMt \iUV IVO t'IV.UJ i.vyivii>. w""- |                   „ /v
que c'eft le fondement, ou bien tout l'édifice fe renverfera ; fi les pâturons font coui: ^
rôides, le Cheval ne fera point agile ; s'ils font longs &foibles; le Cheval fera defect
en ce point, & ne peut bien travailler. Les Italiens difentque ces Chevaux-là vont a.
tC*.a.. ■ ™„:„ i_„ „a*____„ J„:.,„„* „a»» ^n,-,~rs, fl0„;ki„<. „„-/-o ,-,„» 1« PhevflUX l£ï
pieds ; mais les pâturons doivent eftre courts & flexibles, parce que les Chevaux
communément agiles & forts : Et feront bons Eftalons, car un Barbe long-jointe ne
droit rien pour le Harat, non plus que celuy qui a le pied trop large iy trop gros,
                     uy
Car ce feroit un travail fans fin que d'écrire des Chevaux mêlez, puis qu'il en ett de^re
fieurs fortes, &il s'en trouve de tres bons : Les Chevaux courts de reins femblent ^
les meilleurs pour le manége , d'autant que nous tâchons par l'art àTesracourcir» ^
nous les arrêtions, reculons & mettons enfemble pour les alTeoir furies anches :_' aujt
Cheval court eft plûtoft mis enfemble qu'un long ; j'ay néanmoins eu beaucop de C,n .
longs auiïl bons que des courts : tellement qu'à ceux qui ont peu d'art cela n y rai ^
-ocr page 203-
SECONDE PARTI E.
Vulieurs dirent qu'un Che val chargé de devant, c'eiïàdire, quialatefte, lecoî, &ksCnAP
paules greffes, eftpefantà lamain, quoy qu'il foit de taille déliée, car il s'appuycra fur 8o.
bât113111' comrnefur une cinquième jambe, de mefme qu'un boitteux s'appuye fur un
ton ou fur des béquilles," en ce cas-là c'eft le Marefchal qui doit l'aider, & l'air du Ca-
/'er Y eft inutile, s'il n'entend la Marefchalerie: D'autres difent qu'un Cheval chargé
tra Vant ' ^U0y qu'extrêmement fain, doit neceffairement pefer à la main, & qu'au coli-
la Un Cheval déchargé du devant doit eftre leger à la main; mais ce n'eli pas une règle
* curée que cela, carj ay veu des Chevaux prefques auffi peiàns du devant comme des
aureaux , qui efteieut plus legers à la main que ceux qui l'avoient extrêmement déchar-
pCe *"ont les reins fort ou foibles qui font la bonne bouche ou la méchante.
Cela donc ne confifte pas toujours à avoir le devant gros ou délié, mais en la feule for-
„ & bonté des reins : car la principale chofe en noftre art de Cavalerie eft de mettre un
nevai fur les hanches; &celuy qui a les reins bons, le peut endurer, par mefme mo-
fu'Y1 *èra leger à la main ; s'il a les reins mauvais, il fouffre& peine fi fort d'eftre mis
y es hanches, qu'il pefera fins doute à la main poiir s'en deffendre, ou onluy ruïne-
p,Ie jarrets ; ainfi on peut voir que c'eft les bons ou les mauvais reins qui rendent ua
Tevai leger ou pefant, & non le devant peu ou beaucoup charnu,
rei me temble entendre quelque ignorant qui dit que tant plus un Cheval eft ferme de
j.111sj tant plus il eft difficile à mettre fur les hanches : il eft difficile en effet à un Cava-
le ignorant, mais à celuy qui fçait, il fera tres-aifé, d'autant que la Nature nous four-
j ' en de tels Chevaux dequoy travailler, au lieu qu'aux autres nous n'avons rien du tout:
rs qu'on ade la matière de quoy travailler ce n'eftplusla faute du Cheval, mais lapu-
'gnorance & le manque d'art du Cavalier s'il ne reiiffit.
ent eA tre!'aS'uré que les Chevaux de grands reins qui ont leur for ce liée, iS" qui font roidefiff
',^re) fint très-difficiles à dreffér, c ejl à dire à ajfembler iff à mettre fur les hanches, farce
1 'ffe deffendent de leur force, {Ton ne peut les affouplir qu'avec une grande efface de temp ;
. ^ s Us le font une fois, comme affeurément celuy qui aura bien compris les leçons de Monfieur
"c en viendra à bout parfa methode, s'il la met bien en pratique, il fera de ces Chevaux-là
{'/ lUe c^°fi d'admirable, parce qu'ils ont le fond iff lareffburce, iff pourveu qu'ils ayent de
pleine on peut dire que c'eft une bonne étoffe, il ne faut que la bien mettre en ufage-.
*' eft vray que quelques Chevaux font tellement difpofez qu'ils veulent toujours fauter -,
ils r>.'e^avalier doit fuivre leur difpofition; mais s'il ne les met fur les hanches, jamais
8 iront jufte comme un Cheval doit aller, & l'air n'en fera jamais fi beau, & ne paroî-
li Point tant.
re ]^Ue'ques-uns croyent qu'un Cheval qui a le crin épais & la queue touffue', eft d'ordinai-
^,°Urd&pefant; neantmoinsj'ay eu des Chevaux qui avoient le crin & la queue épaiiïè
q °ngue, qui étoient auffi vigoureux & pleins d'efprits que j'aye jamais veu : tellement
p, 'eur régie eft auffi fauffe comme les conjectures qu'on tire du poil & des marques des
Chevaux.
; la bonté,
■hante marque
noiit'f......■"""> "=<"•••» j»«™jr;»mi »j«.w....»j.»,j-—.,»-............;------jUel expérience
on          vo'r » & de mefme il veut qu'ayant eu un Cheval bien marque qui ne valait rien,
Pou*0n£e ?asîeu^ment à toutes les conjeàures à" remarques qui ont f affé jufqu'à prefent
Peu fm ^mnes-> pMcc qu'elles ne font pai infaillibles'-, je tombe d'accord qu'elles manquent &
fy Vent faillir, mais qu'il ne faille point s'y arrefter, c'eft ce que je n'avoue pas, fuis que ces re-
(nr1ues avec les moyens qu'il donne pour bien connaître un Cheval mu! en font avoir une plus
Hreconnoifîancc.                                                                                          ' .
CCi                                                       Du '
-ocr page 204-
204                   LE PARFAIT MARESCHAL
Du Ion Efîalon, &" comme il le faut traîner: quelles Cavalles font les wiïM*
res
, O" comme on les doit mettre avec l'Etalon.
CHA.P. /^N ne fçauroit trouver un meilleur Cheval pour eftalon qu'un beau ck bon Barbe,
81. ^' beau poil & bien marqué : au deffaut du Barbe un beau & bon Cheval d'Eipagne >
bon poil, & bien marqué, qui puillé donner bonne teinture à voiire Haras : il ne *?'
rOit élire trop vigoureux ny trop courageux ; car affurémenî les Poulains qu'il cnéc,a „^-
dégenereront plûtoft que d'augmenter : Il faut outre le poil, prendre garde qu'il n'a!t
cuns des maux qu'on nomme héréditaires, c'eft à dire, dont les Poulains peuvent •
riter de luy : car la race le relient auffi-toft des imperfections, comme des bonj^
qualitez des Eftalons : les maux héréditaires font les maux des yeux, qui *.
fluxions, la lune., &c. les maux de jarret, fçavoirlesefparvins,jardons,veffigons,c0 ,;
bes, &c. J'ajeuteray à ces deuxprecedens les maux de flanc, cuinme pouffe, combattute i ~.
fiedsfiibles
, de mauvaifeforme, ou encaftele^, avec cette dijl'mftion que les maux is1 imper'y'f '
parvenus par accident ne font point cenfe^ héréditaires. De plus, on doit prendre garde 3 -
l'Eftalon foit d'une bonne nature, & qu'il foit docile en toutes chofes, ou fa race luyr
femblera: ce que j'ay éprouvé tres-fouvent.
                                                              „,
Les Barbes & les Chevaux d'Eipagne font les meilleurs, pour avoir des Chevaux "e, £
tes façons, tant pour voftre ufage que pour voitre plaifir, fi ce n'eft pour la charette, do
il en eli déjà grand nomhre. Ce qu'il y a à dire contre les Chevaux d'E'jpagne, eft qu'ils fintrp
Poulains pliapetits qu'eux, iff les Jumens ne retiennent pas fl-tofi que des Barbes,
ir de dt% y
mens couvertes d'un Cheval d'Efpagne, la moitié ne feront pas pleines : ce qui efl confiderdb'e "; ,
nn Haras, & des Barbes elles retiennent mieux
, pourveu qu'ils ayentpour témoinsflix ans, (ta
fins jeunes ils trempent les Jumens.
Quelques uns veulent dire que les Barbes & Genêts engendrent les Poulains trop Petl .g
dautant que la nature décheoit & s'envieillit tous les jours : premièrement, vous
devez pas craindre en Angleterre d'avoir des Chevaux trop petits, d'autant que la froide
& l'humidité du climat, jointes aux herbes fort nourriflantes, font que tous les Haras pr
duifent de grands Chevaux.
                                                                                   , nS
Quant à ce qu'on dit que la nature déchoit, je croy que le Soleil eft auffi chaud que d
l'inftant de fa création, & la terre auffi fertile; fi la Nature avoit toujours décheu
puis la Création; nous ferions plus petits que des fourmis, & depuis long-temps leS P. £S
vres fourmis feraient réduits à rien: C'eft pourquoyje conclus pour les Barbes & P°frr,/-
Chevaux d'Efpagne, comme les meilleurs pour Eftalons. Il fawfe dernier de garde «/.r
re couvrir de grandes Cavalles, avec un EJlalon beaucoup plus petitqu'elles fur l'opinione]' J
fus que le Barbe fer a un ajfe% grand Cheval étant accouplé avec de grandes Jumens ■
I' er ' »
* que les Chevaux feront grands, mais leur grandeur fera feulement aux jambes, quijeron y
élevées fur terre ht le corps fort petit, ce qui s'eft veu par expérience ; is" fur tout que-v o f reo
pour tirer race, ait lepaturon court, c'eft à dire, qii'ilfoit court-jointe
, b' le pied bienfw ■>
proportionné à fa taille.
                                                                                          ' üj
Quant aux Cavalles, je voudrais que vous choififfiez de belles Cavalles d'Efpagne p ^
faire race, quelques-unes du Royaume de Naples qui foient bien-faites; mais fi ^.oU„]j£s
pouvez avoir aifément de celles-cy, choifiiTez de belles Cavalles Angloifes, ^e^u^eS;
feront auffi bonnes qu'aucunes autres, pourveu qu'elles foient de poil & bien marqu ^
ce qui eft auffi neceflaire pour donner bonne teinture à vôtre Haras, comme le bon p°
l'Eftalon.                                                                                                           p0lir
-ocr page 205-
Pourceauief ■ ■ ^CONDE PARTIE.                               aoy
les faire couvrir p.eüon.uer 1'Eltalonaux Cavalles, je n'approuve en aucune maniere de Cu a i.
aciicn de la nature r '^'"r' les liant & garottant comme lì on les vouloit forcer: cette Si
tre leur volonté
                    e avec francnife & amour » & non avec répugnance , & con-
treslor?sPrT^epaSn0np?USlesobfervations des Mres' comirie de la Luiie & des au-
tres corDs 1 n ' *"cavo'r ö 'a Lune eft en fon décours ou en ion croiïïant; ou fi les au-
enornri e , ^nt en telle ou telle conjonction, comme fi les Poulains dévoient eûre
o^narez par 1 Aftronomie ou l'Almanac.
oud'atrlm]eaUf1C',0^erverdcquel cofté le vent foufle pour avoir un mâle ou une femelle,
mettre ?rete,^'cule gauche pour avoir un mâle, & le droit pour une femelle, ou de
delà r P ^'UnC telle couleur devant la Cavalle, afin qu'elle conçoive un Poulain
Jes c n\ me 5ou'eur : tout cela eft faux, & ne font que d es tours de Godcno pour amufer
fous ff ^Jefimple peuple, leur faifant croire qu'il y a quelque myftere caché là def-
de tou a %nt admirer comme de grands Philofophes, au lieu qu'ils ne font que joueurs
T xi Paffe-pafïè.
la sen -UrC eft tTes~&&e cn ?es propres ouvrages, entre lefquels le plus grand eft l'aéte de
de- ~Tratl0n> Par lequel elle preferve chaque efpece, & la continué jufqu'à la fin du mon-
qu'ell £oujLvons ^ue cette fage Nature eft fi circonfpecle en cet acte, que combien
enn *ou*"e,cluedeux efpeces ditferentes fe mêlent par la generation, toutes-fois ce qui
pecfrcjyient "'engendre point par après, ny ne produit en aucune façon, parce que les ef-
ner^f • Perdroieut : fuivons en cela les loix de la Nature qui eft la plus fage au fait de la ge-
stion, puis que c'eft elle qui les impofe, & non l'art.
doit c0S ^Ue voftre Eftalon eft bien préparé, trois mois pour le moins avant le temps qu'il
grosp uJrir' ayant efté nourry de bonne avoine, ou bons pois, bonnes fèves, ou de
l'abbrevnaVexPeUdefoin&beaucoupdepailledefroment' menez-le deux fois le jour à
haleine • ? 3U f°rtir de Promenez-le une heure fans le faire fuër ; afin de le mettre en
l'eu où iî ^Ulferaenv^r°ndeux heures tous les jours qu'on le promènera en quelque beau
couvrir pre"ne P'aifir. Si l'Eftalon n'eft pas mis en haleine de la forte avant que de le faire
n'açhever°U '! ^eviendra Pouflif, ou il en courra grande rifque ; s'il n'eft bien nourry il
^iierables^ atâche' & trompera vos Cavales, ou tout au moins les Poulains feront
toûiours nir treS folb!es' car 1u°y que vous le nourriffiez très-bien, vous le retirerez
Iong-temn ?rgre' vous luy donnez beaucoup de Cavalles il ne vous fervira pas fi
delaoeineM & fon crin & fa queue luy tomberont de mifere, & mefme vous aurez bien
adonner H e P?uvo,r rétablir & mettre en bon eftat pour l'année fuivante; vous devez
Vous d Cavalles félon fes forces, douze ou quinze, au plus vingt-
que vnpVe?'en Angleterre faire couvrir vos Cavalles au commencement de Juin, afin
ternps-làf °r>ains vieunent en May, lors qu'il y a grande abondance d'herbes, &ence
falle' syava!!esont beaucoup plus de lait pour bien nourrir leurs Poulains: Les Ca-
valle I °nCfft u^am once mois & autant de jour s quelles ont d'années; par exemple, uneCa-
jotirf
- ?Wl' Pétera fin Poulain on^e moisi? neuf'jours , i? une de fx ans, on^e mois i? fix
toond' 'jnf€t.ltJe reK^r'ià-dcjjtispour faire couvrir les Cavalles, afin que les Poulains viennent au
ans le temps qu il y a abondance d'herbes dans le pays où vous voulez^ faire un Haras,
dans apr.l,ve $uJ*1uef0ù qw les Cavalles tuent leursPoulains parmégarde
, ou s'étant embaraffées
jour nJCnr'f -cS- r5 ^onSe!
> «upar la difficulté de pouliner : puis que vous pouve^ fç avoir le
l"quil dmJaireJ™ Poupin, faites tenir un Homme prés d'elle pour l'aider en cas de befiin,
«u dehcemarïlilerafi c'eft '"anque de force ou de courage que la Jument ne puiffe poujfer le Poulain
tempr r
' ^T^ ^ 'US narr'ncf 1 elle fera un effort pour avoir fin haleine, i? poulinera dam ce
ïaidrl °£
, ver^ /uy dam les naicaux du vinküilh avec du fenouil if de l'huile, cela
""raauffi a faire fin Poulain,
                                           Ce 3                            Mais
-ocr page 206-
2cfx                   LEPARFAIT MARES CH AL,.             ^
C H A P. MaisJi par malheur il était mort dans le ventre de la mere, il faut tâcher àfatrejctter le*
8l. mort, &conjerver lamerepar leremedefuivant: prenez du lait de Jument oud' Ajnejjc,
dcffaut de shévrt, quatre livres
, qui eft deux pinte; de Paru, trou livres lesive forte, hutte
ver deux livres
, jus d'oignon blanc une livre, faites tiédir le tout, iff le faites avaller à la Ju
deux fois, une heure ou deux d'intervalle d'une prife à l'autre-
                                        Jif j.
Si ce remede ne fait pas affe^d'effet, une perfonne adroite s'oindra le bras avec de l huile ^
chera à tirer le Poulain ou entier ou par pièces. S'il ne peut avoir
, lie% au Poulain une forte if S
ficelle attachée au menton, & l'arrache^ le moins mal que vouspourre^.
                                 if
Quelquefois les Poulains viennent les pieds les premiers, il les faut remettre d'abord dedans,
tâcher avec la main défaire fortir la tefle
, ou tout au moins les narines, afin de faciliter a ja j .
ment fa délivrance '. J'ay eu ces remèdes d'un vieil Cavalier qui Us a Couvent pratique^ ? i «.
Haras qu'il a gouverné, c'efi à vous de vous en prévaloir dans la neceffiié, c'efl un Homme de t>
nefoy quim'amefmeaffuré qu'ilavoit conferve des Juments par cette methode, aufquelles aJ
arraché des Poulains morts
; elles n'ont pas laiffé d'en faire de fort beaux enfuite.
                   , $
Vous devez dans la faifon qu'il y a abondance d'herbes, mettre toutes vos Cavalle* o
un clos bien paliffé, ou enfermé de murs, capable de les bien nourrir tout le temps %
l'Eftalon eft avec elles, & qu'elles feront en chaleur, dans lequel herbage toutes leSwJ3-
valles doivent eftre, tant celles qui font fteriles que les autres, puis amenez voftre -t-1
Ion, luy ayant ôté feulement les fers de derriere, crainte qu'il ne bleflè les Cavalles
ruant, & que les fers de devant qu'on luy laiffe, luy confervent les pieds, faites-Wj'
avant de le lâcher parmy les Cavalles, en couvrir une deux fois pour le rendre plus Wg X
& d'abord luy ôtant la bride laiflez le aller librement aux autres Cavalles, il deviendra
familier avec elles, & les careffera en telle forte qu'à la fin elles luy feront l'amour, .fi ^1 .,
qu'aucune Cavalle ne fera montée qu'en fa chaleur; lors qu'il les aura toutes fervies,
les éprouvera encore l'une après l'autre, & couvrira celles qui voudront le recevoir-
connoift lors qu'elles ne veulent plus de luy, & qu'il a parachevé fon ouvrage, telleme'
qu'il fernet à battre la palifiade pour s'en aller; alors il faut l'ôter & changer vos Cava'"-
en un herbage nouveau.
                                                                                       . ,^
Ce font là les fages moyens dont fè fert la Nature, & affurémentde vingt Cavalles il n '^
en aura pas trois qui manquent, au lieu qu'il ne s'en trouvera pas la moitié de ple>neS'leS
vous les faites couvrir en main: Il faut qu'il y ait dans l'herbage où l'Eftalon fera avec
Cavalles une loge pour le retirer, t\ preferver contre la chaleur, dans laquelle il y a^
une mangeoire pour luy donner de l'avoine, des pois, des fèves moulues, du pain,
ce qu'il trouvera le plus à fon goût, & l'on aura toujours ce foin pendant qu'il fera aV ;s
les Cavalles, qui fera fix ou fept femaines. Il faut non feulement pour ce foin là, m*
afin qu'on vous rende compte comme vos Cavalles font fervies, qu'il yaitunhornni
nuit &jour avec elles, auquel il faut baftir une petite hutte ou loge dans l'enclos où eu
feront; il doit outre cela, prendre garde qu'il n'entre aucun autre Cheval avec elles, J
d'autres Cavalles avec l'Eftalon, & vous advertir s'il arrivoit quelque chofe d'extraot
naire, & fur tout avoir foin pendant la chaleur & le grand Soleil du jour ,de retirer l'Eu10
dans fa loge.
                                                                                                   , a i n
Il faut prendre garde lors qu'on fait couvrir des Cavalles en main ou autrement, que l -E/"*, ■
& la Cavalle mangent tout de mefme, par exemple, fi l'Eftalon eft au foin i?à l'avoine, au y
appelle manger jec, il faut que la Cavalle mangefec, ou elle ne retiendra pasfi-toft', de mefme s
mange de l'herbe , que tous les deux en mangent, if ce fer a un moyen facile de les faire retenir-
faut mtter auffi que les Cavalles fort graffes ont bien de lapeine à retenir, les médiocrement grild
conçoivent plus facilement.
                                                                                       , r,
]Lcs Cavalles retiennent beaucoup mieux quand elles font en chaleur, cette chaleurt%c} -A
-ocr page 207-
«w, . , r ,, SECONDE PARTIE.                                  207
«jWJ/? Jm cotfy™ *»«•ƒ% *«*» & de vigueur quand on la fait couvrir en mam, Cn A
d'où 1er
rtöffl7/"i>raeïï? ' *«* * /<* ƒ<"'« owwrflr, 98.'m place la Cavalle en lieu 81.
tmUA T, <-»«*/, è^V/ij /s t,^ tfa'«j /^ f/eK?2,> quelque temps , fcc/4 *»««
pr*',r) à11 a générât ion ne manquer a p ai.
zre our-fare entrer une Cavalle en chaleur & retenir, il faut luy faire manger de la «raine de chan-
^,autrement du chenevis, huit jours durant avant de la mener au Cheval, un picotin le (oir
noT anl
f mmn » fl cge refufi famine, mèleç la avec du fon ou de l'avoine, ou la faites jeû-
coul
; / mmWfa enfiate tres bien toute feule , isfi l'Eftalonenmange cela contribuir a beau-
/a la generation.
H
Pour
Vous
Rarb, ____________________________________________________________________
aiiant """JT l" MW"EJ' ü" queues ne retiennent pas, il jaut qu'ils ayentjixou \ep„„„>
les fai5*6 ^ OT eW de.Servir peur Eftalon ; pour l'âge des Cavalles, il ne faut pas
qu'elle couvnr avanc trois ans, ny après quinze: la bonté des Cavalles, & les Poulains
c*vÀ^^S.aprtero,ntvous y doit régler. C'eft une maxime qu'il ne faut pai fair e couvrir une
lu'ell
           m 1Ue^B mmrit fin Poulain, parce que le Poulain qu'elle nourrit de lait, à1 ce luy
forte? tï m vaudr6nt moim ■> & la Cavalle fera beaucoup plutofl perdue ; fi on luy fait
y aura iT
' m/ m Pmlnin t- m croir* de faire un ménage, èr les chofes bien lupputées', il
'faire/ afrdrc qu'à gagner. Comme c'eft i'ujâge ordinaire en Trance
, fi vous ave% deffetn de
Une mYr,rla Jument, Une faut pas que ce fait avant fept ou huit jours après qu'elle aurapou-
Jla/on 'li iUy donncrtemPde.Ie'bknpurger, ifmefme s'ilfe peut ne luy faut pas donner l'E-
tant b ^U ne le d°firc ^ luyfa,re naiftre cette envie par tous les moyens pofjibks, en la nourrift-
fuivrlT
' t0M/U mains le Poula'n Ideile allaite en vaudra mieux, &prendra ajfeg de force four
Ceux mm leS hexi" ' ^ U J"mm concevra plus facilement étant en amour.
ront PrafUt Veulcnt avotr j3* maM, q»°y que Monfieur le Duc n'en tombe pas d'accord, pour-
Vachis
%Wêr Ce ïm ■>','*> lue vous PuveK expérimenter avec d'autres animaux comme des
matint> Lhevresi Xrevn, &c. il faut que la Cavalle [óit bien en chaleur, la faire couvrir au
/e, fr"teUP'emkre, &que cefait depuis le quatrième jourde la Lum jujqu'au plein d'icel-
sonnoiflraemau audecliny elle nemanquerapat de concevoir unmajle, l'expérience vous le fera
"V"
r°ntdehPOUVe?foUrnirvoftreHarasdesPoulainescîuien Proviendront, comme elles fe-
Çu'elies f>
                e race ' elles feront de plus beaux Poulains que les autres, dautant
^nioMde°ntCn,geudréesd'unbelEft:llon' Puis que le mefme qui les couvrira les a mis
frué vcflr 'r, cPlm elles feront faites à lanature de l'herbe, -à l'air & au climat du pays, où fera
ferabien^f r^'Jmaisi!nefautpointprendrede vos Poulains Pour Eftalon, parce qu'il
Rendront IfinerSVrays^arbeS' & "" vous vous fervez toujours de l'un à l'autre ils de-
Prendrec en7n:f.emWab!esà la race du pays où ils feront, & vous n'auriez que faire de
roitunCh /y°mpouravoirdesbeauxPoulains, puifquelafource qui eli l'Eftalon fe-
aufìì desHV uPaYs- On en doit dire autant de toutes les Créatures du monde, mefme
"^'emanH °irimeS ' car<iu'un François demeure en Allemagne, fon petit fils fera vray
enefPrit& t0utde,mefmeciu'un Allemand vive en France, fon petit-fils fera François,
c'eitPou naSiuté' Ie climat, l'air & la terre opèrent de la forte fur tous les animaux;
Plûtoft g r^UOy Je voudrois que vous n'euffieï jamais d'Eftalon de voitre propre Haras, mais
Cheval d'Ff°US le chanSeaffiez en un beau Barbe, ou au deffaut du Barbe, en un beau
fifiëfctoû ^ne' ainfi vous aurez toujours une bonne & belle race de Chevaux: choi-
^m\ aJ0/1™ rCS pluS belIes Cavalles de vôtre Haras pour en tirer race ; <£r fur tout n'épar-
quir]JUcluefimmequecepui§eeftre, pour l'achat d'un brave Eftalon, il n'y a point d'argent
me mieux que celuy-cy,
£r ^»4»^ // coûterait cent cinquante fiftoles, s'il eft bon f beau,
il
-ocr page 208-
loS                  LE PARAFAIT M AR E S G II A L, .
Çhap.iï fera à bon marché ; c'efi Punique if le premier moyen d'avoir de bons Chevaux, if fans «/#ƒ"'"
81. tous les autres feront inutiles.
En quel temps les Poulains doivent ejire fevrez. Cr ôtez. d'avec leur mere9
Cr comme on doit les gouverner.
CHAP. TrOUS devez avo ir une loge allez fpacieufe pour contenir vos Cavalles dans l'herba*
82. V ge où vous les changerez-, comme auffi en toutes celle» où vous les nourrirez, an»
de les défendre contre l'injure du temps ; car il n'y a aucun animal à qui le froid ibit plu*
contraire qu'aux Chevaux, ils ont auflj beaucoup de peine à fupporter l'ardeur du Sok»»
vous devez auffi avoir bonne provifion de foin pour les nourrir l'hyver dans les écuries-
piuiïeurs lont d'avis de faire tetter les Poulains jufqu'à ce qu'ils ayetuun au ou deux, nialS
ils s'abufent grandement, dautant que cela les rend molaifes, & mal faits, & davantagc
vous fait perdre ce temps-là pour la fertilité de vos Cavalles.
Vous devez févrer vos Poulains au commencement de l'hyver lors qu'il commence a
faire froid, environ la Saint Martin, quieftfurle milieu du mois de Novembre, & *fs
féver trois jours avant la pleine Lune , & pendre au col du Poulain un morceau de
corne de bœuf, ou du plus vieil Cerf qu'on pourra recouvrer, & alors les amener, ^nt
les mâles que les femelles dans une écurie chaude & nette, où il y aura des mangeoires #
des râteliers allez bas: Ce qui eft caufe que la plufpart des Poulains font fi tardifs avenir, «^
qu'ilsnepetCvcntrendrcfcrvicc qu'ilsn'ayentfix oUtJept ans, eft qu'ils n'ont pas tetteaffe^ long"
temps , cela fe voitfenfiblement dans l'Evefché de Triguier en baffe Bretagne
, où ils f e vr ent &**'ƒ
Poulains comme l'ordonne Monfieur le Duc, auffi leurs Chevaux ne font de, bonfervice qu'à hv&
ans
; que s'ils avaient tette jufqu'aux herbes, c'eft à dire tout l'Hyver, dés l'âge de quatre ou ci»'!
ans il s feraient auffi bons qu'ils le font à huit, juge^ de cela fi c'efi eftre bon ménager de févrer fit®?
les Poulains
: ce que Monfieur le Dtic ordonne enfuite après les avoir fevré, eft tres'bon-
Il faut avoir foin que l'écurie des Poulains foit toujours nette, & que vos Poulains ayerrt
bonne litière, les laiflant détachez ; il faut les toucher le moins qu'on pourra, pendant '6
temps qu'ils font fi jeunes, de peur de les Méfier ou de les empêcher de croître il faut les
nourrir de bon foin, & de bon fon ce qui les fera bien boire, & par mefme moyen ils auront
îe corps bon ; donnez leur auffi de l'avoine, car ce n'eft qu'une folie de dire que l'avoine fai"
fedevenir les Poulains aveugles, ou falïè devenir les dents crochues. Je croy que l'avoir1
ieuruferoit les dents, if les leur feraitplûtoft changer if ra\er.
Le plus à propos eft de leur fat^
■moudre l'avoine, carfaifant effort avec les mâchoires pour la cafer if mâcher, ils s'étendent if
Ce fontgroffir les veines du larmier, if delaganaf', ce qui attire du fang if des humeurs enfi
grande abondance dans ces veines, que la naturi' tien peut eftre la maiftreffe, ces humeur; tombent
fur les yeux
, if Couvent les font perdre •• ainfi ce n'eft pas l'avoineparfes qualité^ de trop noUftlf
if de trop échauffer, comme on croit, mais par la difficulté qu'ils ont à la mâcher.
Ilfaut en outre remarquer que les Poulains murrts de grain, comme je viens de dke, ne croi)"
Cent point fi éleve^fur jambes, mais deviennent plus larges, if pins épais que s'ils n'avoie^
mangé que du foin, auffi font ils plus robuftes au travail
, if de meilleur fervice.
Lors qu'il fait beau-temps, faites-les mettre au Soleil rk à l'air dans quelque court, 0U
en quelque lieu fermé, afin qu'ils puifîènt fe réjouir & s'ébattre: mettez-les à l'herbe &r
la fin de May, & d'abord qu'il y eu a fuffifament pour les nourrir dans quelque clos,
qui ibit capable d'entretenir les Poulains d'un an, dans lequel il y aura une grande
loge;
-ocr page 209-
SECONDE PARTIE.                               209
*ege, capable de les contenir pour les defiéndre contre la chaleur du Soleil, la porte deCHA
'Quelle doit élire fort large, afin qu'ils ne fè bleffent en entrant ou en fortant.
                       82.
Il y. a des Poulains au deffous dejix mois, dut quoy que leur mere aye beaucoup de lait deperif-
Jent tous les jours
; if mefme prennent la toux far des pellicules qui s''engendrent dan: leur ejlomac*
Ce qui leur empêche larefpiration
, if finalement les f en absolument', le remède fera d'avoir la
ïfl'iculc dans laquelle le Poulain eft forty du corps de fa mere
, la fatte ficher, luy en donner dam
du lait ce qu'on en peut prendre avec trois doigts
, cela le guérira if le rendra jain if gaillard, if
°e remede cjî bon à tous les mau* qui leur arrivent au dejfous defix mois
, que fi vous ne pouvez
avoir de cette pellicule faites jecher lespoulmons d'un jeune renard
, if vous enferve^ à la place de
lapoudre cy-defus.
                                                                         *
B Au bout d'un an, en la melme faifon, qui ed environ à la Saint Martin, vous devez
oter derechef vos Poulains, qui auront un an & demy, & les mener en l'écurie, leur ton-
dant toute la queue afin de la faire revenir plus belle if plus touffue
, if fi on fe donnait le foin de la
tendre encore deux ou trois fois pendant qii'ilsfontjeunes
, elle deviendrait plus forte & plus belle,
rffifiant mieux au peigne
, lesaccommoder, attacher & ajuilcr comme le relie des Chevaux,
<* les rendre les plus aifez &autantfamiliers qu'on le peut; l'Elle enfuivant qu'ils auront
?euxans, vous pourrez encore les mettre dehors en quelque herbage, où il y aura toû-
Jpurs une loge allez ipucieufe pour les retirer pendant la chaleur du jour, ou bien les gar-
nir toujours en l'écurie , pour les rendre capables de fouffrir d'eûre montez: mais il ne
faut jamais les monter qu'ils n'ayent trois ans pour le moins.
Comme à deux ans, ou à deux ans if demy , les Poulains commencent à s'échauffer après les
•fonlines , il cji àpropos de les [eparer, car ils fe gâtent enfemble. Il y a des Poulains qui ayant
efié bien nourris jufqu'à Fige d'un an
, commencent à vouloir couvrir les 'Juments : fi l'on s'en ap-
perçoit il faut d'abord les f eparer
, car ils fe gâteraient ; il arrive rarement à un an, mais fort
ifuvent à un an if demy
, d'autres à deux, deux if demy, félon leur naturel, if qu'ils ont cjîé
bien ou mal nourris.
Il efl; bon de retirer tous les hyvers les Poulains dans les écuries, & tous les Eftez les inet-
te à l'herbe à la campagne, jufqu'à ce qu'ils ayent trois ans paifez, car ils en feront plus
fraies pour endurer lafatigue: il n'importe comme foit leur pâturage, pour-veu qu'il foit
lec, & qu'il y aye dedans un abreuvoir, s'ils remplilTent leur ventre une fois en vingt-qua-
tre heures c'eft allez, il n'eft. point necefîàireque vous ayez tant de raretez, comme lònt
rochers, montagnes, prairies, ou beaux herbages, pour-veu que vous fepariez lesPou-
'ainsd'unan, d'avec ceux de deux ans, & ceux de deux d'avec ceux de trois, &ainfides
autres,, vous les nourrirez où il vous plaira: on peut nourrir un très-beau Cheval dans fa
^ourt; carquifaitque les Barbes, les Turcs, les Napolitains, &lestìenets, font lì pp-
^.'s 1 fi nerveux, fi déchargez de chair fuperfiuë, & d'une taille fi belle, & li bien propor-
tionnée, fi ce n'eft qu'ils font élevez dans un pays fec, & confequemment avec une nour-
^'tureféche; le fecret donc de nourrir les Chevaux dans les pays froids, neconfille qu'à
ies garder chaudement en hyver, & leur donner de la nourriture féche, & l'Efté les inet-
te dans des herbages fecs.
Prenez deux Poulains également bien faits, de deux mères également belles & du
fosfine Cheval, faites en tenir un chaudement l'hy ver, & le nourriffez déchoies féches
Jufqu'à l'âge de trois ans, &j'afliireray qu'ilaura les jambesaufli belles', &feraaufliner-
. Veux^ aufli déchargé, &auffi bien fait que fon pere, que je fuppoleeftre Barbe, ou Che-
Val d'Efpagne ; laillèz courre l'autre dans les champs fans l'enfermer l'hy ver, jufqu'à l'âge
öe trois ans, il aura la telle & le col gros; les épaules charnues, & fera pour la taille un
^es-loutd & tres-parfait Cheval de Charrette, d'où vous pouvez voir l'effet de la nourriture
*eche,& des écuries chaudes, & comme l'une & l'autre contribuent à la beauté des Poulains.
Tom. II.
                                              Dd                                                Mon-
-ocr page 210-
. 2iò                L E P A R F A I T M A R E S C H A L,                  „,
G A P. Monfsur le Duc a oublié de dire que la temperature de 'Caie y fait beaucoup , joint au refle '<f* j*
'61. Aobfervé, car on ti'a jamais pu en France élever défi grand: Chevaux qu'il en vient de H0*»
de, n'-n jeul'm"nt à caufe des herbages hu-mid's, gras, $f abendans qu'ils ont enee pays''(*
»
(puifqu'ily enaen HijYrrtitnâic quantitéd'aufjibons, ipr avec les m-efmes qualité^, où les Cip
'vaux 7i-e d 'vi"hii~iit point ji grands
) niais à caufe de C humidité de Pair du lieu où ils jhit ItSUti » i
èr enfin du cl; mat 'de ce pays-là.
Avant de finir c-' 'irsute je vais domieray un remede Pour for tifs <-{ le; jambes menais d'un >-oU a
'lam contre le ira vati qu'il aura à fttppbriét, il le faut pratiquer avant qu'on le mente : prniCy:!,%
'iivr'kuile d'elice, un quart de livre Axungix Vari, qui n'eîf autre cho.e que ce quirejie
W t
fini du pet oii les Verriers wttent la matière pour faire les verres , c'cftleplui épais de ce fet T**
fait la matière du verre, en le vent chemie sDroguij'les , fous le nom d- le! de verre, ii'ejlaf'f
marché; Prene^ aujji demi-once de faitg d- Dr agni, quatre onces Cafioreum bien fec , fll',f
f Ax ungi a Vitn, meles{ le peut bien pilé, puis y ajoûse-^cfpritdevmunfi-te, lai
jqrVW f
une nuit letalità froid, ajoute^ r?ifuif une pinte fort vinaigre, isT une pinte d'urine /rien liàiW".
beiivant du vin pur
, faites bouillir le tout pendant un- heure, isT de : :
               chaud, floteKì
les j arabes foible- ou menue- de haut en bas bien fort, depuis l'épaule juf^'d la corne, & depila '
■gra'fct jufquau pied de derriere , ò' frott-r & re feester avec la m airi pour faire pénétrer , un f^'
d'heure dente fbis tous les jours, ief continuer pendant huit ou dix jours.
                                      .
ÎMeycnnant ce remede ces parties baffes prendront afe- de force pour refifièr au travail, f')'"n
mitinui d-ux foi' en un an, avant qu'on le mette au travail, iene fois au Printemps , ItP aut'ì] ^
en /luien/ie
, ii'fiire cela depuis deux ans^ufquà quatre, on aura :les Chevaux qui ne finiront]1
mais par les jambes.
                                                                                     ,                       ,
Quant aux jeunes Cavalles qu'on appelle Pouliches, vous les pouvez laiffer courre d
hors jafqu'à l'âge de trois ans, parcequ'elles ne font pas fi iiijeites à devenir charnues (prl1 _
cipaiemenr du devant) comme font les Chevaux; ii vous pouvez pourtant l'hyver metnI
les Poulines, aufii bien que les Poulains à couvert, ce fera pour le mieux, maisjecr3^
que la charge ne foit trop grande pour un particulier ; s'ilyanombre de jumens Poulin"^
.'Tes dans l'on Haras; je fçay bien par ma propre expérience que certe rîlerhode de n0'f!1l
les
Chevaux eft la meilleure; carj'ay éprouvé toutes fortes de manières, avec la p!'"'Prt_
'des Chevaux & Cavali es, qu'on peut avoir de divers pays ; il faut faite monter & pvort.
ner vosjeunes Cavalles, quelque temps avant de les faire couvrir, ou bien elles feront
farouches qu'elles feront en danger de te gâter,, & leurs Poulains auffi ; mats étant niOBft*,
' tour doucement, ce rendues dociles & familières, vous éviterez ce def <rdre.
                ,. r
1 '          ' Les fort grands Poulains, p~ tout forte dcgranàs Ch 'vaux, c eft a dire qui f m beaucoup^ Z
ve.? fur'jarnbes, fe les ruinent le? foulent extremem-nt en pai fins l'herbe, ou tout au moins l'f J ^
■    -tournent les pieds endehors pour pouvoir atteindre à l'herbe , ET in p slijt e e ave-              -":':i:C 'à'f,^
ticulierement s''ils Ont P'encolure courte ■■ cnP-ut fairepmidsfelevert a ces Ci:-vaux-là dans l cC
rie
, fi en veut lem domi r l'herbe le' les tfi/rzfhviT.
                                                               t -
îs prétendre contrcd:re Moniteur le Duc, ']'ay éprouvé, que pour avoir fc'fff ■
Poulains dans le temps qu'il l'a ordonné , & les avoir ô-ez tout à fait d'avec la mere a 1 e
tréede l'hyver, en un temps où ils changent leur nourriture de .
             fée, & du lpffa'
au dur ; car ils ion: tirez des herbes pour vivre dans l'écurie, 8tïb'iit               s temps lev ■.
de la mammelle, ce grand changement & la privation du lait leur a Fâît un fi notable 'f0
'mage, &iisétoienrfi amaigris, que l'Eité fuivant ils ont eu peine à Te remettre; il ^
femble plus à propos (puis qu'on ne doit faire couvrir les meres qu'au fî^^îirfit
de laiffer tetter l'es Poulains tout 'e relie de l'Hyver , affurément ils en vaau^r°en
mieux, puis qu'ayant la bouche encore tendre, ils Ont peine à manger le foin,^« .
■   mangent peu ; il eu vray que pour fuppleer à cela, il ordonne de leur donner du ton ^
-ocr page 211-
I - v .                       SECONDE PARTIE.                  .           zìi
fle 1 avoine, ce qu'il pretend fuppléer au deflaut de la mammelle; mais puifîjue laju- Cil A-F*
ïnent Poulinière eft inutile tout i'Hyvcr(carjc.fùppofe qu'on ne s'en fert ny au charoy ny 8a.'
a aucun ufage, que pour en avoir race) n'ett il pas plus à propos de laiiièr téter le Pou-
.amJufqu'à ce qu'il ioit accoutumé à la nourriture fécheôt dure? je m'en foûmets a vôtre
Jugement, c'eftà vous à faire le choix de ce qui vous femblera le mieux, afin de parvenir
.avosgfls.
voila ce que j'ay tiré du Livre de Monfieur le Duc de Newcaftle, je fouhaitte qu'il
vous foit fort utile, & qu'en France, où l'on peut élever d'auffi beaux & bons Chevaux
^u en lieu du monde, on prenne envie de travaillera cela, afin qu'on rétabliilè les Ha-
ras ruinez par les defordresdesiemps, &que fans aller quérir des Chevaux avec des frais
cxcéffifs dans les pays étrangers, on en élevé en ce pays, puis qu'alTurément les bons cou,-
reurs François font prêterez à tous les Chevaux du monde, quand ils font bien choiiìs,
Puis qu'ils ont plus de refource, plus de force, & durent plus long-temps que tous les
Chevaux étrangers. Avant l'année ióoo. on ne fe fervoit point en Frai/ce de Chevaux
^•nglois, l'uiageeftoit des eourtaux entiers, & le Roy Henry le Grand s'en fervoit à la
Sferre, àlachalïè, & pour tous les ufages, jufqu'àce qu'un nommé Qumterot Anglois
de nation, amena des Chevaux de fon pays à la Cour, où plus qu'en lieu du monde on
aime ce qui eft nouveau, l'ufage s'en eft introduit, enfortc que les perfonnes de qualité
nefecroyent pas bien montez s'ils ne font fur des Anglois, parce qu'ils ne trouvent pas
^s Chevaux François allez beaux, nyafiez fins pour leur fervice, & cela par la ruine des
^iaras de France: en Angleterre ils en ont grand foin', & les François leur payent ce iòin
Cachetant chèrement leurs Chevaux, parmylefquelsi! yabiendescarognes comme ait-
eurs, quoy qu'à dire les chofes dans la vérité, des Chevaux Anglois il y en a d'excellents,
•** qui font fort agréables; mais non pas fous.
ime ^u's acS'ftt!^ ^e cc que j'avois promis dans le commencement de ce Livre,& coni-
le il eft facile d'ajouter aux chofes inventées, je ne doute point qu'on ne falle mieux que
je n ay fait 5 & qU'0n ne donne d'orefnavant au public des Volumes entiers, fur toutes les
Ratières que j'ay feulement ébauchées, veu la neceffité que nous en avons en France, où
1 Y a les plus beaux Livresdu monde, & les plus profonds fur toutes les feiences, il n'y a
D hv °Ur *es Pauvres Chevaux, qui font fi utiles pour le piai (ir, & fi necefìaires pour le bien
Public, qu'on n'a rien écrit, puifquejufqu'à prefent on voit peu de choie mile au jour où
1 Y ait quelque methode; j'auray l'honneur d'élire de ceux qui auront commencé, jefou-
ante qu'on pourfuive, & que ceux qui ont ce talent ne l'enfoùnTent pas, & qu'ils prennent
«Peme de le mettre au jour. Adieu.
Hîi? "Mem noffè curai equorum cwcj'ccndumputet, citm optima lamenta habere^ìoriofium fit '
j'-pvitupcfMimidet^ jd.£gffè curare
', qiwdìaudiducitstrpojjìdereì quia natii ia curatimi non
mm honcÇtiJpMiis
, fed etiam dijcrti^nm convenu.
Préceptes pour Emboucher les Chevaux.
J7M.BOUCHER un Cheval , eli luy donner la bride qui luy eft la plus convenable CHAP.
Cc fP°W pouvoir gagner fon confentement aux actions qu'on demande de luy; fans ce 83.
Y If^"cment les Chevaux ne peuvent rien d'agréable, puisqu'ils répugneront toujours à
la eii nce' & fi la crainte du châtiment les empêche de fc defîendre, on remarquera à
pP°"ure contrainte de leurs corps qu'ils n'obeïffent qu'avec répugnance: mais û on peut
r rles bonnes leçons jointes à labonnebride gagner le confentement, on arrivera à la fin
D d 1                                                   que
-ocr page 212-
zîx                 .LE PARFAIT MARESCHAL,
Gh Al', que l'on s'eft propofée, qui eft d'affurer & refoudre les bouches trop fenlibles ou égarée ,
83. éveiller ou allegerir les lourdes & pefames, ramener ou allujettir celles qui font trop
fortes.
                                                                                                                   r.
Pour acquérir cette connoiffance-, il faut fçavoir quelques principes, &furiceux ont
détermine à donner une Embouchure plûtolt qu'une autre, & une branche d'une raç°
plûtoft que d'une autre, qui fera differente : Ces principes font ce qu'on appelle theorie»
laquelle jointe à un peu de pratique vous ouvrira le chemin, enforte que vouspourrez em-
boucher vos Chevaux fans confeil nyaide deperfoune, & parvenir à la fin-que d'abor
nous avons propofée. Pour parvenir à cette fin il faut non feulement connoiftre la boucn
& les reins d'un Cheval, mais encore fes jambes & fes pieds bons ou mauvais, & mettf1
s'il fe peut fon inclination naturelle.
                                                                      ;C
L'Embouchure des Chevaux, ou comme la nomment quelques-uns, la feience d t&
boucher les Chevaux, fediviiera en trois parties: fçavoiren celle qui conlîdere ce qt"
met ou le place dans la bouche du Cheval, que nous appelions l'Embouchure ou le m0.rS',a
La feconde, eÛ celle qui conlîdere la Branche, qui eft cette partie la plus longue de
bride que nous voyons extérieurement.
                                                                ^ #
La troUié'me, eft la Gourmette, qui eft une efpece de chaifne attachée à la Branche,
placée fur la barbe du Cheval-
                                                                                    ■iffon*
L!Emboucheure nous dorme ou" produit l'appuy de la main, duquel derive l'obein*
ce qu'on peut retirer d'un Cheval.
                                                                              -
La Branche a fon effet de faire agir l'Embouchure, & de placer la telle &TencO'u
du Cheval.
La Gourmette eft cette chaifne, fans laquelle la branche n'auroit aucun effet. . üS
Ainli vous voyez que ces trois parties ont tant de liaifon que l'Embouchure n'agit 4
par le moyen de la Branche, & la Branche n'a d'effet que par la Gourmette.
                  <ge
L'Embouchure le proportionne aux parties intérieures de la bouche: elle eft comp0
defescoftez, des chaperons des olives, desfonceaux, & de la liberté de la langue- .
La Branche fe proportionne à l'encollure, & au deffein qu'on a de ramener ou de re
ver: elle eft compofée de l'œil, du banquet, ducoud«, delabarbe, du ply dubanqu '
du jarret, du bas de la branche ou touret.                                                                   0
La Gourmette fe proportionne au deffein qu*on à de ramener ou de relever : enc
compofée de deux longs crochets qui tiennent à l'œil, de mailles & de groffes effes-
Comme nous avons dit que l'Embouchure avoit fes coltez: ils font faits decano
d'efeaches, d'olives, de berges, de tambours, campanelles, poires, balottes, melo
annelets, rouelles, patenoftres, &plufîeurs autres hors d'ufàge.
                              -c$
Entre les deux cotez de l'Embouchure il y a prefque toujours liberté de langue, 1ulfir
une ouverture ou efpace au milieu de l'Embouchure, tant pour donner place à la lang
que pour fortifier l'Embouchure.
                                                                       j'Dve»
La liberté eft faite par un Montant, une gorge de Pigeon, unPifton, un col d V)
■ 'un pied de Chat; une Pignatelle, une Bafculle, une Arcade, un- pas-d'Afne,- «n
çon,-& plusieurs autres, qui prefque toujours donnent le nom au mors.
                  , ^
Les Branches font de différentes façons, & la forme du bas de la Branche leur do
la dénomination ; les plus en ufage font les Françoifes fdemy Françoifes, les Gonne
feles, les Gigottes ou bas ronds, les cuiffes du Chapon, & celles à Piltolct, & P'u'
autres que nous avons renvoyées en Italie & enAllemagne.
$0.
-ocr page 213-
SECONDE PARTIE.
«3
Des Embouchures.
JL faut fçavoir que parlant d'un Mors on doit entendre non feulement l'Embouchure, CHÀP,
'nais la Branche, la-Gourmette, Chainettes., & tout ce qui rend un mors complet, g4.
K en eftat de fervir à un Cheval.
Je commenceray à faire l'anatomie de ce mors par l'Embouchure, &endcduiraytous
ies effets le plus brièvement qu'il me ferapoflible : enfuitejeviendray à la branche, puis
■a Gourmette, & atout ce qui en dépend.
^a plus douce & la meilleure de toutes les Embouchures, eft un fimple canon qu'on
aPpel!c un canon à couplet, plus il fera gros prés.du fonceau, plus doux il fera, carilfers
m°uis capable de contraindre un Cheval.
-Dans les Efcoles bien réglées on ne void peu ou point d'autres brides, ilsconfervent
toujours la bouche des Chevaux faine-& entière; & quoy que la tangue en fupporte tout
ett°rt, la partie n'eft pas fifenfible que les barres, lefqueilesontcefentiment fi fin qu'au-
gavers de la langue elles tentent lacompreflkmdumors, &rendentdel'obei(Iance aux
^oindres mouvemens de la main: Si donc le mors appuyoit fur les barres, ceferoitle
"pyende bien-toit defefperer une bouche. Enfin, il faut tenir pour une maxime affû-
te que tout autant qu'on le peut donner, c'eftàdire, que fi on peut retirer d'un Cheval
toute l'obeuiàncedont il eft capable avec un fimple canon, c'eft en vain qu'on fe peinera
«e-luy donner une autre bridei car celle-cy cft la meilleure de toutes; Vous en voyez icy
d AUre' vous le pourrez faire faire plus gros ou plus menu, félon la fente de la bouche
u Cheval, auquel vous le voulez ordonner.
Vn fimple Canon I..
«canoa à Trompe vient après, il eff propre à afTtirer les bouches qui battent a la mam
^ouj-eftretropfenfibles, chatoüilleafes. ' ou foibles : ces trois fortes de bouches ont peine
? souffrir l'appuy, & pour deffenfe ces Chevaux battent à la main: ce mors aflurem ces
juches, en ce qu'il porte toujours fur le mefme endroit. Ainfi il endort cette partie, il
n fait perdre l'àpprehenfion au Cheval, lequel par le temps goûte mieux cette Embou-
«Ure qu'un fimple canon, lequel comme il plie dans le milieu porte inégalement, tan-
toit d'un côté, tantoft.de l'autre, ce qui fait que ces bouches égarées n'y prennent pas
ant de créance qu'à la trompe, laquelle pourtant eft plus rude, puis qu'elle.ne plie point
^ans le milieu; la plus grande fineflè en forgeant le canon à trompe eft de jetter le milieu
udit canon un peu en avant, pour donner un peu plus de jeu à la langue, & le faire
Porter fur les jancives plûtoltque fur les barre j,
Dd 3,                                        €anm
-ocr page 214-
-----------------—----------------------------------------> ■
L E P A R F A I y; F A R E S C H i L,
Canon a Trompe. 2.
«4
Chap'
84.
Lors que les deux canons precedens ne font pas capables de tenir aîlêz fujet un Ch& ^
qui a pourtant les barres fort fenfibles& hautes, cela vient prefque toujours de ce quii a
langue trop grolle ; ainfi elle foûtient trop parfonépaiffeur le mors., eafortc qu'il neP'
faire allez d'eriét iur les barres: en ce cas là on luy pourra donner une gorge de Pige'
comme vous la voyez icy figurée; fa liberté dégagera un peu la langue, & l'Embouche
rencontrera & appuyera fur la jancive, ce qui rendra le Cheval plus leger à la main- k
Cette Embouchure eft pour un Cheval qui a la bouche très-bonne, mais qui PoUrf^une
ia langue un peu grolle, a l'appuy fourd: ce mors eu bon pour ceux qui le fervente ^
îefne; car fans crainte deblelïèrla barre au Cheval on la peut tirer, & plier le co
Cheval; ce qui n'eft pas avec les autres libertez, car les talons bleifent&emporten
barre, & cette feule commodité doit faire rechercher cette Embouchure. •
Gorge de Pigeon. 3,
Après le mors à gorge de Pigeon nous mettrons le canon Montant, lequel cft P0^
-ocr page 215-
SECONDE PARTIE
SÜCJUMÜli-fAK T I E.                              21?
"n Cheval qui a l'appuy fin, & par conlèquent la bouche excellante, avec la langue un Chap,
fy4 graffette ; car la liberté donne quelque efpace pour la loger: Son effet ferait 'fur les 84. \
evres, &fur lajancive ; & comme la langue eft dégagée, ce"mors peut tenir le Cheval
bie V-CS karres hautes & ténfiblesen quelque légèreté,, l'utageea eft excellent, & s'il eft
"liait, jamais il ne peut bieifer la buache du Cheval.
Canon Montant. 4.
, Comme le canon à Pifton ne differre du precedent qu'en ce qu'il y a des annelets à côté
e la liberté de la langue, on le donne à un Cheval indifféremment l'un ou l'autre; &
°rnme on fe le peut aifément figurer voyant le precedent, je n'enay pas mis icy le def-
-ein 1 il fuffk de le connoiftre, ce qui fera, en coiiaoilfant le canon Montant, & on en
Çaurafcrlet, car ii eft à peu prés comme le precedent, hors qu'on donne celuy-cy aux
Chevaux qui ont la bouche féche, car les annelets donnent quelque mouvement àia lan-
§ue, qui divertit les Chevaux, & leur rend lu byuche fraîcne.
v. Ce inors, comme ie precedent, fera peur un Cheval qui a la bouche bonne, l'appuy",
es barres hautes, & la langue un peu grofïette.
decano» à pied-de-chai, eftceluy duquel la liberté eli quarée par le haut: on pratique
Peü cetteEmbouchure.au x Chevaux de felle, ce n'eft pas qu'il ne foit de bon ufage; pour
ceiuy qui a l'appuy fin , la bouche bonne, la langue aiïezgroljfe, comme la liberté eft graa-
-, ei ilyaura-fuâîhîiiiemde la place pour la loger, le mors par ce moyen appuyera fur les
_ arres, ce qui en éveillera Pappuy : eues feront foulagées par les lèvres, lors que le canon
■pffas gros prés du fbnee.m qu"aux talons : eri uri mot, ce canon rient déjà les Chevaux
ujets; ainfîil faut avoirla main bonne, ou que les bouches ne foient pas lì fines comme
11 en trouve aux braves Chevaux.
Vient enluite'Te cold'Oye, duquel la liberté va en rond en forme du col d'un oyc, cet-
^e liberté eu grande, ainfi elle dégage puiflamment la langue . qui ne fera fupponéeque par
^barres: ce mors fera propre au Cheval qui a la bouche bonne, l'appuy mediocre, &
^u'; faut commencer, à tenir. Je n'en donneraypoint icy le deifein, car ifeftfort aile
w figurer le mors que c'eft, fans embaraffer ce papier en vain.^                         ' _
Comme mon deffein eft de fuivre une partie des mors qui font à prefent en ufage,, je les
j^s dans leur ordre , c'eft à dire , félon leurForceou foiblefiè. Apres ces câuohs qui plient
JG v«us aux Efcaches qui plient, car un mors qui plie dans le milieu eft plus doux que celuy
qui
fe
-ocr page 216-
LE PARFAIT MARESCHAL,
aio
"C h a p. qui ne plie point. Et de mettre icy les canons à Pignatelles, commeils tiennent de 1 en
84. ce feroit faire faute.                                                                                             ,ent
Ce n'elt pas que les Efcaches ne foient plus rudes que les canons, car elles apPr? ^
plus du tranchant ; mais cette rudeilè n'eft pas fi grande, qu'un canon à Pignateile loit p
rude qu'une Efcache montante.                                                                              eU
L'Efcache montante fera propre pour un Cheval qui a la bouche bonne, la langue un F^
groffette, & l'appuya pleine main, qui eft celuy qu'on veut pour la guerre, ^e1a,cic^^[-
pabledefoufïriruncoupdemain, & lequel pourtant ne s'abandonne pas parlalibertc
celle-                                                                                                            ,           „c bien
L'Efcache eft préférable au canon, en ce que les fonceaux ducanomi étant p»* ut
■rivez échappent, & vous elles reduit à la diferetion du Cheval, mais l'Efchachc ne '
échapper ainfi : clic eft plus feure quand on a des Chevaux méchans.
Efchache Montante. J.
hors
L'Efcache à Pifton eft peu differente en fes effets & en fa forme de la precedente
en ce qu'il y a des annelets à colte de la liberté, & à l'autre il n'y en a point, commeD
avons dit cy-devant du canon Montant, & du canon à Pifton.
                                           «)e
Cette Eliache ne peut gâter la bouche d'un Cheval, les talons étans bien arrondis : e •
porte afte?- à vif fur les barres pour contraindre le Cheval qui a l'appuy à pleine maini
ü <
beir avec facilité, s'il a la franchile qu'on fouhaite aux bons Chevaux.
                       . > 0"j
Les Olives à Couplet viennent enfuite, elles font peu en ufages: cefontdes 01iveSr^
font afîemblées comme un Canon firnple ; elles font bonnes pour les Chevaux qui o°
bouche peu fendue, & quifontbonne, ce qui eft allez rare ; c'eft le contraire des rc ,
mes, celles qui l'ont petite l'ont bien faite, & aux Chevaux ceux qui l'ont petite l'ont rn
Faite. Or comme les petites bouches ont fouvent les lèvres groftês, il les faut defartner ? _
morslesdefarmera, logera allez commodément la langue, & donnera quelque pla iX-
Cheval qui a l'appuy à pleine main ; car quoy qu'elles le tiennent fujet, le roulement
dites Olives Tégayera.
                                                                                                          . s f
Lefeuldeffautquejefçache aces petites Olives, eft qu'elles ferrent trop les janciv >
& que cela peut faire faire quelque grimace au Cheval ; mais comme il eft difficile de tr .
ver des brides qui ne rempliiTent point trop la bouche aux Chevaux qui l'ont peu fen" '
j'ay pafle fur ce deffaut qui n'eft pas fi confiderable que d'avoir un mors doux& rBettlJ
pour le pouvoir loger dans ces petites bouches.
ou**
-ocr page 217-
SECONDE PARTIE,
Olives à Couplet. 6.
ziy
Chap.
84.
j^Elèache & col d'Oye viendra enfuite : elle fera propre au
1 Cheval qui à la bouche
öu ne> 'a langue groflè, & l'appuy à pleine main; comme cette Efcaché va en dimi-
Cet nt' e^e ne portera que fur lajancive, quoyquela langue foit bien fort dégagée dans
ajnegrande liberté, «Sequelalèvre foitaiïez occupée à faire ce grand tour du banquet,
fon' arr^ ^trouve defarmée; & pourtant le mors ne le preffera point trop, parlarai-
elle^e iC viens de dire ' que efcaché eft beaucoup plus menue au talon qu'au banquet ;
tiendra pourtant le Cheval leger qui aura l'appuy bien à pleine main.
EJcache k Bavette. 7,
Fft
^ qUjaintC0~fîdcréavecune bavette, elle fera pour un Cheval qui a la langue ferpentinc,
Vetteln u
         Iemors, ce qui eft déplaifant à voir : cette roué'qui eft au bas de la ba-
vant unp°^lllel3langue' ilfePlaiftàcela) l'ayant f erpentine,& frétillante; & trou-
ve Par\§r e llbctté où elle eft logée fans incommodité, elle y demeure logée plûtoft
^
çeluy-cy.
iom. H,
0Up d'autrcs remedes Plus violens, qui produifent fouyent moins de fruit
Le
Ee
-ocr page 218-
iiS            v L E,;P A R. F A I T M A R E S G H A L, ,          é\
G H AP/ Le Canon à Compas Montant eli peu en ufàge, quoy que tres-bon, on l'a n0?vnje-
84. Compas, parce que le haut delà liberté eft àûèmblé-comme un Compas, par une cna ■
re laquelle fe peut caffer plus facilement que le couplet ordinaire des autres brides :
cela la bride eft très-bonne.
                       -                                                             caf
Les commoditez quLs'én retirent font plus confiderables" que ce petit roanqueiperii'^^
il iera propre au Cheval qui a la bouche bonne, la langue groilette, l'appuy à pleine ni
il tient affez fujet, car il approche de l'entier ; ce qui eft encore plaifant à ce mors c
le Cheval s'y peut jouer, quoy qu'il le tienne allez fujet.
                                   , rfespri
La liberté étant trop grande pour eftre ufée, ou autrement, en ferrant les chaioet
étreffit le mors, & fi elle eft trop étroite, en les elargiffant on l'ouvre : ce qui nc le f
bien faire aux autres Embouchures.
Canon à Compas. 8.
au
different
Ce Canon à Arcade eft le premier mors entier que nous ayons décrit, il eft
Pas-d'afne, qui eft plus haut que celuy-cy, & la liberté plus grande: celuy-cy eft bo ^
Chevaux qui ont la bouche foupçonneule, c'eltà dire, qui donnent trop, ou trop ^,
dans la bride, & battent àia main étant prefiez d'ôbeïr : ces Chevaux là font difficiles ^,
boucher hors avec ce mors, lequel l'afleurera, puis qu'ayant peu de liberté il tient~. „\t;
non à Trompe; il fait fon effet toujours aumefme endroit, lequel s'endort & s
al* ..M
lors qû
le Cheval pertl'apprehenfion que labrideluy caufoit: de plus, il le tient fujet loi ^
donne: trop, car il" tient du pas-d'Afne; ainfi il eft capable de tenir, mais avect0 tjie.
avantages, fans la bonne main & la fage conduite du Cavalier > la bride fera affez i
Je n en donne pas le deflëin, car ce mors eft le plus' commun du monde.
         . j»ap-
Le Canon à Pignatelle eft connu de tout le monde : il eft pour un Cheval qui -er,
puy à pleine main, la langue grolle, cela barre ronde; comme ce mors tient de l
le Cheval demeurera dans le refpedt : de plus, comme il approche de la ligne, » ":s qu'»^
fort à vif fur les barres, & quoy qu'elles foient rondes elles feront éveillées, Pu jeil5
n'eft point fupporté de la langue, mais feulement un peu des lèvres : il faut avec de V e,
mors ne fe point fervir d'un refne, car on emporterait abfolument & ruineroitla $
Ces mors font tres-en ufage à prêtent, on les donne indifféremment à toutes lp1 cy
Chevaux, mais fort mal à propos, car comptez combien de mors nous avons dceri ^
devant, tous plus douxque celuy-cy, carj'ay commencé par le plus doux, &toujo' ç^e
augmentant de force : Ce fera donc un abus étrange d'abord de débuter par celuy. ƒ' ^
Cheval a l'appuy fin, & qu'il ait la baire tranchante : caraiïurément les mors eütl^0^Ue
-ocr page 219-
nombre r , >         SECO N D E P A RT I E.                             n9
tes m Pmh lont les Pignatclles, ne font nullement deftinez pour les barres tranchan- C H A p.
donne aiSleü!ement P.wrles barrés rondes, quoy qUe.hktwçs ; ,& toutes les fois qu'on en «4,
Te m r° gatera la boucne d'un Cheval, ou on le fera battre à la main.
e»virone|UiSlerVyd'unCanonàPi8natellehaute' c'efl: a dire' 1ue la Pignatelle monte
dre ia. uxoutroIsdoigtsdehauc, pour les Chevaux qui ont inclination à laiffer pen-
i^aftie-HngUehorsdelabouc^e' cat comme un Cheval n'a jamais tiré la langue avec un
irnperf ft)Ur' ce!a a donnê ja penfée de faire de pareils pas-d'afne, pour leur ôter cette
ftrvvd'0^f10n ^e tirer la-langue. Mais comme celaleur importune la bouche, je me fuis
cte-h Pignatelle haute : fi vous l'approuvez vous vous en fervirez, mais l'ufage en
ont qn.on^m'ro"erou à double pas-d'afne, eft la feule invention que les Efpronniers
s'ent and^s ontun Cheval qui tire la langue, màis le mors ne vaut rien, & jamais onne
p rouvera bien, & l'invention ne peut bien reiiffir.
Vousn^ un Cheval qui tire la langue, s'il eft bien embouché, fans changer fon mors,
doUr Cj/\'C5:attac^er un pas-d'afne de gros fil derichar, comme eli celuy d'un maftiga-
pas-d' fau^'envir9adenïy.P'e4àiattanchefille4^mor.sen bridant le Cheval, mettre ce
ra Pohn Ci anS ia:':>ouc'ie en ^a.at » & affurément tout le temps qu'on s'en lervira il ne tire-
&rno'• a, gne- Et comme tous ' Chevaux ne s'accommodent .pas d'une pignatelle,
coud àp,une naute 1 comme eft celle que nous .venons de décrire, puis qu'il y a beau-
Ventio
           auX ^U'0nt !es batres hautes, tranchantes & qui tirent la langue, ceite jnyen-
eftre ° * Cela ^6 commode qu'elle s'ajufte à toute forte de mors, pour doux qu'ils puiifent
tousleThrOUVenydefapProuvel,'nvent'Qndes^'drchands, 'Cruelscoupent'a langues
abienéc HVauXlîuila,'a'flentPendre- EtMoniieur.leDuc.de Newcafde, qui d'ailleurs
gue &™ du Manége, femocque de toutes les inventions qui empêchent de tirer la lan-
jjep neconfeille autre chofe que de la couper.
qui t0 atlon fecret à Arçon, eft un chef d'eeuvre dans l'Epronnerie, à caufe de cet Arçon
Cheval"^autourûu Canon, étant ajuité deffus comme un Arçon l'eft fur le dos d'uri
fccret-N ft attaché Par dedans avant de river les fonceaux, c'eft dequoy on l'appelle
SUe tre'c- ^on pour un Cheval qui ala bouche afïèz borine, qui a la barre ronde, la lan-
Ï0'tlal:rO'^e' ^ lepalaisgras ; car comme il faut dégager cette graffe langue, fi on fai-
Val l ia -te ^ort naute ' elle choquerait le palais ; ce qui tout au moins feroit battre le Che-
luavoimain' °u l'obligerait à porter trop bas, pour peu qu'il y eût d'inclination; il a fal-
ce^ r rec°urs à cet Arçon qui gaone beaucoup de place fins monter bien-haut ( & de
Pour u rJfre le mors Porte * Wi^ les barres, fans eftre empêché de la langue : il fera bon
Ce C aI qui aura l'appuy plus qu'à pleine main, & qu'il faudra tenir fujet.
Pour'&rf'i^1'1 * Co1 ^'Cye gagne ou trouve fa 1 iberté dans les talons d'icelle : je l'ay inventé
ftra fn
        £ a^aP'ace du Canon cy-devant à Arçon, lequel étoit trop cher, & celuy-cy
jouera" m me e^E: & de Plus il donnera plus de plaifir au Cheval, lequel pourrafe
a
'a bo VChC CettC ^"mbouchure, puis qu'elle plie dans le milieu: Il eft propre.au Cheval qui
§ nu- uche niediocre, l'appuy au de là de la pleine main, la langue exceffivement graffe,
Place'f ffir:inat'onaPorterbas: comme la liberté eft gagnée dans les talons, il y a de la
toit le U 1 an,eUrloger'a'angue fans que la liberté lok trop élevée; ce qui chatouille-
barres ai^ ^ero'1 Porter bas, ou battre à la main ; de plus le mors -portera à vif fur les
U-Q
'peu e
Srl ^"era caPable de tenir le Cheval fujet qui les aura rondes, & qui aura l'appuy
ndormy.
Ee 1
Canon
-ocr page 220-
LE PARFAIT MARESCHAL,
Canon k col d'Oje la liberté gagnée. $.
UW
C H A P.
84.
Je ne prétends tirer aucune vanité de l'invention de cette Embouchure, nialS15:gr*J
ment elle épargne bien de la dépenlè à faire faire le precedent mors, & donne P'a
Cheval, quoy qu'elle le tienne fujet.
                                                                  ► & en
Le Canon à Bafculle eft different de la Pignatelle, car celle-cy culbute en avaru
arrière, & celle-là feulement en arrière: ce mor s fera pour un Cheval qui aura la » b
tres-grolTe, labouche mediocre, &l'appuy plus qu'à pleine main-
                       nratne
Ces bafculles font deftinées pour les Chevaux qui ont le palais chatouilleux, car c
ils culbuttent facilement, elles ne font point battre à la main.
                              * fort
Cette bride eft affei ferme: comme elle dégage abfolument la langue, elle portera
à vif fur les barres. C'eft pourquoy elle ne fera bonne qu'aux barres rondes, car ^°'^ky
les lèvres le fupportent, ce n'eft pas aifez pour empêcher que le Cheval n'en foit fort
jette.
Canon 4 Bafculle. 10,
icy
Les Efcaches à Pignatelle font fi communes, qu'il feroit bien fuperflu d'en <fonne eS
le deffein, les Boutiques font pleines de ce mors, les Efpronniers embauchent t t
fortes de Chevaux indifféremment avec ces mors, mais fort à contre-temps tres-lou
,10«
p
comme j'ay expliqué au Canon à Pignatelle; car à plus forte raifon l'Efcachc qui ci j^je
-ocr page 221-
SECONDE PARTIE.                              »«
Wde ne doit eftre donnée qu'aux Chevaux qui ont les barres rondes, la langue grolle, lap ^|af-
Puy au de là de pleine main, & la bouche médiocrement bonne.
                                            *
, Aux Efcolles bien réglées on a banny l'Eliache à Pign^teile aux Chevaux qu.onUes
ba«es hautes, car avec ce mors on leur defefpere la barre en peu de ^X.d.Totus rudes
aux bonnes leçons & à l'art pour tenir les Chevaux iujets, & non a des brides plus rudes
qUfeca"BafculleaPrefquele mefme effet que celle à Pignatelle: elle fera bonne
f°ut unChevalquiauralatouchemed.ocrement bonne, les barres^^fe^ fautes ki
la"gue grolle. & le palais gras, finalement qui a l'appuy au de la de P^r^ruJCorn
** cette Balenile culbutte fedlement en arrière, le palais gras n en era point imP°murc ,
f «'aura aucun fujet de battre à la mam, pour en eftre choque, le mors portera lut
barTres, ainfi il tiendra le Cheval dans le refpea.
                            „»„„«„, nni ne Dlieroit
„ Le Canon montant d'une piece eft juftement fait comme un ^11^™^^
*?«", mais qui fero.t d'une piece, ,1 a le melme effet que leoanona ^«v Je^nt,
*f« à dire, Jour une bouche ibupçonneufe, qui donne trop ou "°P l™^* S
fie donne trop étant plus contrainte qu'elle ne veut, le Cheval donne trop peulors^u^on
luY laiflè un peu de liberté: il y a différence de celuy-cy au Canon a arcade, en ce quelle
^&t^o^^^^ * fauftès, qui^tmal^esàbrKlet-c*
J»5 tientdelaTrompe&duPas-d'afnc, mais beaucoup plus de ce dernier que du pre
*"*• Ce mors ne laiffera d'eftre bon aux bouches médiocres qui ont 1 appuy au de la ne
Plejne main, la langue greffe, & lequel a befoind'eftre tenu fujet.
                    ,Vipcrov
a Le Canon à Pas°d'aïhe eft fort en ufage depuis qu'on en a connu le effets &:)tcroy
%°« un peu contribué à le mettre en vogue, comme auffi les Efcacnesa Pas d Aine. H
% P?F un Cheval qui a les barres rondes ce hautes, la langue fort■ S^'^Jj^gl
m^dl°cre, l'appuv au de-là de pleine main : cette bride tient un Cheval fujet, elle porta
Vlfl"r les ba-rSP ilSSae eft dégagée abfolument; ainfi fans ruiner la bouche a un Cne-
l*i onQ^;S^TvtÌ, ilfauttenirlePas-d'Afnebas, ainfi d ne fera pont
Da»releChevalàlamain, enluy choquant le palais.           , ff & on connoiftra
Sl les talons font bien arrondis, cette bride tera de tres bons effets ,K on connoutra
***** une des bonnes qu'on puiflê' pratiquer aux bouches ^diocremeni bonnes-
d,J Y a enfuite le Canon à Pas d'Afne à l'antique, celi a due ^jfj^% \\
â Afne a des anneaux pour égayer la bouche aux Chevaux quii ont fécr.e, du rei te i\ aie
Mme effet quê e precedei:yon Ü fat de ces Canons aux Chevauxqu,ont lesbar e
^ ™ heu ^'autrefois on fe fervoit pour les tenir de bndes étranges onn en -g ères
J autres à prêtent quedesPas-d'Afne, lequel quoy qu 'il ^'TXeYceEau fife
*a chercher les barres, parce que n'étant fouten* que des levre.spel'« ^'^a
**■ va chercher les barres, & fait autant d'effet que les mors le, plus rud.s, pourvea
^1 foit entre les mains d'un Homme qui ait de la fcience & de la ^"e.
,. LeSEfcachesà.Pasd'Afnefontunpeuplusrudesque les &«• œmme nos avons
^tquel'ELcacheapprochoitplusdutrenchant, le ierv.ee en eft plus allure, en ce que les
laperons n'échapent pas comme font les fonceaux aux Canons.
. Ce mors fera bon au Cheval qui a la bouche mediocrementborm^fsba™"Jnd^
ia anguegroflè, & tout i'appuy au delà de pleine main : .1 faut av<ì™ ^ à ]am3n
jomt le Pas-d'Afne trop haut" de peur de choquer le ?^£^\tSs\nm!^
P^veu qu',1 y ait une place furfante pour loger la langue ^ggJJ u" de „iers,
.Vous pouvez aux Canons & Efcaches, mais bien plus commodément au*_aer ,
^ defarmer la lèvre en cette maniere: il faut faire le banquet fort large, & taire duru
Ee 3
-ocr page 222-
LE PARFAIT M A R E S C H A L,
Ì21
la lèvre fera
nuër le mors félon lala-rgeur de-la bouche à l'endroit de l'appuy, comme
»- a-ptO
contrainte d'entourer ce% gros banquet, elle ne pourra armer la barre, ne pouvant e f
deux endroits ; ainfi elle'defarmera comme par accident ^ car il y a des mors expres \ ^
déformer, comme font les Canons coupez, Tambours, & autres; mais comme i
trop rudes, ils defefperent les bouches qui font bonnes; ainfi il n'y a point de aiei
moyen que de leur deiarmer la lèvre, comme je viens de propofer.
                                  ur,
Cette Etcache paroilt extraordinaire, elle l'eft en effet : Je croy en eftre l'Inven ._
auffi'bien que des Canons à col d'Oye, cy-dcvant, dont la liberté eft gagnée dans l^K^
leur dés talons, & ayant trouvé l'une il n'eft pas difficile de trouver l'autre, la diro
eft de les forger, mais nous en parlerons ailleurs.
                                                              oUp
Grf'pourra dire-là-dëlïùs que cette Efcache étant fi menue, & y manquant beau ..
de fer au deffas de l'endroit où fêtait l'appuy vis-à vis de la Pignatelle, elle peut facwe .
blcflèr un Cheval; mais toute perfonne qui aura la moindre teinture d'embouchure ' ^
géra d'abord que l'endroit qui porte fur l'appuy, quoy qu'il aye moins d'un demv P°, je
d'épais, qu'il importe peu, pourveu que l'endroit qui touche la barre foit formé &ngu
mefme que s'il avoit un poulce d'épais, & qu'il ne bleflèra point plûtoft.
                        ar il
Ce qu'il y a à obferver à ces Embouchures* foit à Pignatelle ou à Pas d'Afne i ta*
s'en fait de meline à Pas-d'Afne, eft que l'ouverture du bas de la liberté entre les den ^
Ions foit moins ouverte qu'aux autres Embouchures, afin qu'elle ne vienne point •
â rencontrer les barres, au cas qu'on tirati: une refne, comme on y peut eftre obug
t
quelque deffence du Cheval; outre que l'Embouchure en eft plus ferme, & aiTure
il y a fijffifament de liberté pour placer les groilès langues, fans s'attendre à cette ouver
entre les deux talons petite ou grande.
Efcache à Pignatelle s la liberté gagnée, il.
Cette Embouchure eft pour un Cheval qui a la bouche médiocrement bonne, la ' .
rond e & charnue, la langue tres-groffe, le palais gras, & l'appuy plus qu'à pleine m
aflùrément elle tiendra le Cheval fujet, car la langue étant dégagée l'Embouchure
tout fon effet fur les barres, ainfi toute la fenfibilité qu'il a y fera éveillée.
                   . . 0 \
Elle fera bonne auffi pour le Cheval qui a les qualitéz fufdites, &avec cela JncHnaO .
porter bas; ainfi on n'oferoit haufferla liberté crainte de luy chatouiller le palais, c/yerS
le feroit porter encore plus bas ; cette Embouchure luy logera la langue, & la liberté
bafjè : cet avantage ne s'eftoit trouvé jufqu'à prefent qu'aux Canons à Arçon.
           ceW
-ocr page 223-
Cdii» r a                  SECONDE PARTIE.                          223
deb»               °ncles^ualite2,ciel'Arcon' &n'ena Pas les-incommoditeï, qui étoient Chap
feire"aUCOUpC0Uter: & de plus, qu'on avoit peine | trouver des ouvriers capables de les 84.
d'alia Efcache à Pas-d'Afne eft jettée fur les talons, c'eftàdire, que la liberté au lieu
hau{Ter ^ p l ^e Jette^ur les talons, pour conferver toujours la melme liberté, & ne point
fouve d "^ ne" Avant quej'euffel'ufage de *a precedente Efcache, je me fervois
cours" e(S'le"cJ'comme très-bonne; mais fi la precedente n'eft afïex ferme, j'ay re-
me h ? UrC -^cache à Pas-d'Afne, dont la liberté eft de mefme gagnée fur les talons, com-
Cetr v a la PiSnaîelte cy'devant,
j^, embouchure eft pour un Cheval qui a la bouche un peu gaillarde, & qui com-
g^jn?.a Perdre la qualité de bonne bouche, qui a les barres rondes, la langue tres-grofiè,
Ions -?at'ona s'armer, ou à porter bas : Comme le Pas-d'Afne eft fort jette fur les ta-
ter b-' I]ft?uc'iera(3uedifficilement au palais, & par ainfi n'obligera pas le Cheval à por-
as j & fi la langue fera logée, ce qui rendoit i'appuy fourd au Cheval.
pes. Campanelles à col d'Oye ou autrement, ont bien perdu de leur credit; & les Ef-
Q .mers .ne fçavent de quoy on leur parle quand on leur nommç une Campanelle.
>c ique vieil Efcuyer qui ne voudra point fe départir de la methode ancienne, la deffen-
p • comme une bonne bride ; mais ceux qui ont goûté les brides modernes, tailleront en
gk ^s Campanelles : elles ont de bons effets, mais de grands deffauts, qui les ont fait
Uj ^%e des Campanelles étoit pour les Chevaux qui avoient les lèvres fort épaiflès, &
deiV-11 armo'ent' & afïùrément aux Chevaux qui ont les barres hautes, & qui s'arment
Vy ^ ,fv,rer' ^Campanelle eft très-bonne, & fait un bon effet, mais comme elle a fer-
un razn*U- *'eiK*r°'!: ^A^PP^ Pr^s des talons, enfuite cela cOuppe la barre comme
Les ni ■ °n '" a ^ültt^ a caufë de cela, & on quittera les Olives pour la mefme raifort,
entre d
         s a Pignatelie font bonnes, elles font pour des Chevaux qui ont la bouche
^ ,.uxi la langue groffe, les barres affeî hautes, .mais peu fenfibles, I'appuy au de là
liére'nema'n' ^ melmes tirant plus à la main qu'il ne convient, on les donne particu-
afj-™e'^Pour ceux qui s'arment de la lèvre; comme cette Embouchure roule, elle eft
feri- o^ai/^nte ^aus la bouche d'un Cheval, mais elle a le deffaut des Campanelles, on s'en
r Taux Chevaux de caraffe.
lesoi1ttrOUrel'u^a8e^onaux^ouc'ies ^0^-) c'cft à dire, qui ayant les barres hautes,
dgf-p Peu lenfibles, car fi on donne à ces bouches-là des mors au deffous de la ligne ils
quir'3erei0-n-t les barres, & on n'en retirera gueres plus d'obeïffance que de ces Olives,
ye .ünt P ai'"antes à caufe qu'elles roulent. Anciennement on étoit perfuadé que les Oli-
j^ a ?au/e qu'elles roulent étoient plus douces que les Canons : ce qui n'eft pas, fans dé-
rentjf'antiquité, car elles defarment la lèvre, elles font au deffous de la ligne des bar-
non'
         Sagent la langue, avec tout cela elles ne peuvent eftre auffi douces que les Ca-
inv ^anon â Pas d'Afne qui a la liberté gagnée dans l'épaiffeur du talon, eft de la mefme
ention que les deux precedens: vous voyez qu'il s'en peut faire de cette methode (ìx
vavoir trois Conons & trois Efcaches : le premier Canon que nous avons propofé eft à col
fa 1 'o°n P6111^6 l'Efcachede mefme : le fécond eft une Efcache à Pignatelle, on peut
't , -Panon de mefme, & de celuy-cy on peut faire l'Efcache de mefme.
•L mage de ce Canon eft bon pour les Chevaux qui ont la bouche qui n'eft pas mauvaife,
aïs qui ne peut porter le nom de bonne, lefquels ont la langue tres-groffe, enforte qu'a-
c une liberté ordinaire ils en couvrent les barres; ainfi la bride ne portant que furia lan-'
feue, ne peut produire qu'un appuyfort endormy ; on a de la peine à emboucher ces Che-
vaux
-ocr page 224-
îi4                LE PARFAIT MARESCHAL, .          üilleuX,
hap. vaux là, s'ils ont inclination à porter bas, à s'armer, ou qui out le palais c har o ^
84. il n'y a que cette feule invention, car avant cela il falloit fe fervir des Eicaches jet oft
les talons, qui n'a voient point tant d'effet, &av oient de grandes incoinmoditez »        e
eft contraint en ce qu'on ne peut élever la liberté pour donner place à la langue, crai ^ cg$
•!i elle chatouille le palais, elle ne faife porter plus bas: Il faut doue avoir recours ^g$
mors, qui apurement tiennent un Cheval tres-fujet, &plus que beaucoup d'autre
«•lus rudes.
Cmnon 4 Pas-d1 Afne la liberté gagnée. li.
La difficulté de cette bride eft qu'il faut la faire forger fans foudure: fi le Pas-d A"\ g
foudé, il ne vaut rien ; mais il y a un biais pour le forger à qui le fçait prendre , où i' n '
rien de plus ailé.
                                                                                                   /-^e
Cette Efcache à Pas-d' Afne,eft de la mefme invention que le Canon, elle eft ^ &$,
plus facile à forger, elle eft pour le même ufage, mais plus ferme de beaucoup : elle utl
pour un Cheval qui n'a plus ce qu'on appelle bonne bouche, mais qui l'a trop ferme 1 .
appuy qui tire à la main, ou qui pefe à la main, pour avoir les barres rondes, &.la 13.0
grotte: de plus elle defarmera celuy qui s'arme de la lèvre, elle eft fort capable de teni
Cheval fujet: il faut voir le Canon precedent, c'eft à peu prés le mefme effet-              QUj
Jufques icy nous avons parlé de toutes les brides qui peuvent fe donner aux Chevaux 4 ^
ont des bouches qu'on nomme bonnes, quoy que les trois ou quatre dernières foie"1 " ^
toft pour ceux qui l'ont mauvaife ; néanmoins comme il faut fouffrir quelque choie
Chevaux, & n'eftre pas fi exact à les condamner, paffonstout ce que nous avons ^
pour bonnes bouches, & venons aux méchantes, qui font celles qui donnent le P ç çx*
peine; car afturément hors des bouches égarées, qui battent à la main, par trop dei
bilité, pour eftre chatoiiilleulès, foupçonneufes, oufoibles, les autres font aifées a
boucher, car on peut retirer de l'obeïïlànce de ces Chevaux-là ; mais ceux qui feront
damnez à porter les brides que nous allons décrire, font aiïez infupportables ; car q $
que les Chevaux d'abord rendent quelque obeïfiance à ces mors rudes, d'abord <r
font endormis fur icelles, c'efttout comme avec les plus douces; auffi je ne (ni/fajs
prefque jamais des brides rudes, je fuis toujours pour les plus aifées qu'on peut avoir- 1
comme il fe rencontre plus de médians Chevaux que de bons, plus de mauvaises bou
que de bonnes, il eft neceflaiie deconnoiftre tous les mors que nous allons décrire)
de fçavoir le bon & le mauvais dans cette feience.
                                                - -t.
DutempsdeMonfieurdelaBrouc&de Monficur de Pluvinel , on n'étoit pas «>
çonfpecipour ne pas donner des brides rudes aux Chevaux; car on voyoit en ce tei y^
-ocr page 225-
làd ,                       SECONDE PARTIE.                               22/
fo Ves Manéges, des poires, des balottes, des melons, & melme des genettes; cesGHAP.
rtes de gens ne manquoient point d'art pour tenir les Chevaux dans le reipect avec les 84.
e Jînes *eÇons> mais leurs branches étoient fi flacques qu'ils étoient contrains d'avoir ces
oöuchures rudes, pour tenir un peu les Chevaux dans la fujection; mais à prefènt on a
fü'h?^ de metnoac 5 car on a abandonné toutes ces branches îiacques, comme écant trop
,'Wes pour pouvoir produire aucun bon effet: &on a fait des branches hardies avec des
noouchures douces on ne voit plus de branche nacque , tout eli hardy, auffi ne voit-
11 P'Us d'Embouchure rude comme autrefois, on ne palle guercs le Canon & l'Efcache
x bous Chevaux: Cequ'ilyaàdireences derniers temps qu'on fortifie la bride par le
°yen de la branche, eft que la barbe pâtit beaucoup, car il faut que la gourmette agiflè
peplus de force; mais il ed plus jufte de conferver le dedans de la bouche, qui eft
icn pius facile à bleffer, & à eftre entamée que la barbe, qui eft couverte de peau plus
apabiedefouftrirquelabarrc, outre qu'on peut bourrer les gourmettes, & fe fervir en
"ûbefoin de la chanterelle.
J ay dit ces deux mots avant depaftèr aux brides rudes, afin qu'on ne fut point étonné
5uand on verra le Livre de Moniteur de Pluvinel, & les écrits de Monficur de la Brouë,
elquels ont tous deux écrit fort bien de cette fcience, mais le dernier beaucoup plus au
u|ong; Venons au refte de nos Embouchures.
, Ee Canon à Pas-d'Afne roulant eft peu en ufage, mais bon aux Chevaux qui ont la bou-
^eaflez mauvaife; pous avoir les barres charnues, rondes, quoy qu'allez hautes, &qui
^flt outre cela la langue ferpentine, c'eft à dire, qui lapafîentpardellùsl'embouchure,
u a côté, cequitoutenfembleleardonneunappuyquitireàlamain; & comme la lan-
|Ue Spentine cherche à pafferfur l'Embouchure, le Pas-d'Afne les empêche, & trouvant
ette grande liberté de langue, ils la tiennent là contre leur inclination: outre cela cette
ri e tient un Cheval fujet, lors qu'il a la bouche ferme, & la liberté quoy que grande,
j^e elle roule n'offenlèra pas le palais, & ne fera point battre le Cheval à la main.
>e qu'il y a £ rec}ii:e à ces Pas-d'Afne roulans, eft que l'endroit qui roule eft juftement
ls fur le lieu de l'appuy; car quoy qu'on le fafle le plus égal au Canon qu'on le peut,
eanrnoins comme il s'ufe, la barre femet-là dedans, & fe trouve emportée par le moin-
re rude mouvement de main ; c'eft pourquoy il faudra plûtoft mettre en ufage le Canon
lvant, auquel onnetrouvepas lesincommoditezdeceluy-cy.
à ff ^an°n à Pas-d'Afne fecret eft pour le melme ufage que le precedent, il n'a pas le
te aut de couper les barres comme l'autre, mais comme il eft fecret, ailurémenf il coû-
0^a cher; celuy qui en voudra faire la dépenfe trouvera qu'il eft propre aux Chevaux qui
h] touche allez mauvaife, qui les oblige à tirer ou pefer àia main, ayant outre cela la
angue terpentine, qu'ils paiìènt à côté du mors; on peut lire l'effet du precedent mors,
fee qui eft bon pour l'un eft bon pour l'autre.
^- pkfcacheàPas-d'afnequarréeeftunpeuufitée, il y a un trebuchet attaché au haut du-
ro „ a,s"d'Afne, qui eft la raifon pourquoy on la fait quarrée : le dit trebuciiet eft attaché au
^d Afne par un ply, & il culbutte quand il rencontre le palais.
ç.'"P confidere l'Embouchure fans trebuchet, elle fera propre au Cheval qui a la bou-
eaffez mauvaife, pour avoir les barres rondes, charnues, peu fenfibles & la langue
^ s'grolTe, avec tout cela la bouche exceffivement fendue ; ce qui fera tout enfemble tirer
a main, ou y pefer dans un grand voyage,
(jgrï^ebucheteftàdeuxufages, pour les Chevaux cy-devant qui palTent la langue par
luslemors, il les arrefte, & quoy que ferpentine, elle ne peut trouver de paffage.
*q je fécond ufage eft pou ries encoulures fauffès, renverfées, & ganafles ferrées, auf-
^ els » vous donnez une branche hardie, avec l'œil haut pour les ramener, vous les met-
Twnell.
                                                      F f                                              tefe
-ocr page 226-
226                LE PARFAIT MARESCHAL,
tez dans le dcfefpoir par la trop grande contrainte, puis que la nature s'oppofe à l'obeiïïànce
que vous leur demandez: il faut donc avoir recours à quelque chofe qui leur puiile cha-
touiller le palais fans les fâcher, ce trebuchet eft dettine pour cela; il l'importunera feule-
ment avec cette roue qui efl au haut, & le Cheval pour fe deffaire de cette ivnportunité
baiiferalenez, & viendra cherche l'appuy, qui eft ce que. nous demandons; ainfi on ob-
tiendra fans le fâcher & fans violence le but qu'on s'étoit propofé, qui eftoit de îuy placer la
tefte au plus bel endroit où il la puiflè avoir.
Les Tambours à col d'Oye, & toutes fortes de Tambours, font des Embouchures qui
parmy les brides rudes m'ont femblé les plus raifonnables, preferablement à bien d'au-
tres , autant que la nature de la bouche que j'ay eu ì brider l'a pu permettre : Les Tambours
ont ces trois bonnes qualitez, ils font gros, roulans, & ronds, ces trois choies les ren-
dent plaifans dans la bouche d'un Cheval.
Venons au particulier, ceux-cy feront pour une mauvaife bouche, quoy que tres fen-
due, la langue grolle, s'armant de la lé vre, les barres rondes, pleines de chair & peu fen-
fibles, ce qui produira un appuy qui tirera à la main, ou y pefera, & la chargera allant par
pays.
•Or comme cette bride portera à vif fur le haut de la barre fans aucun empêchement, fr
non que ployant au milieu elle falflfie-l'appuy fort fouvent, cela fera trouver quelque
légèreté au Cheval, qu'il n'auroit point eu avec les autres brides, pourveu qu'il n'aye au-
cune débilité dans les membres; car fi les jambes, les pieds, ou les reins font fort foibles,
ufez ou fatiguez, ce qui empêchera le Cheval d'obeïr aux effets de la bride, il ne faut pas,
efperer ny s'attend re qu'elle puifïe rétablir tout cela.
Les Tambours à Pignatel le, au premier clein d'ceil fe jugent plus rudes que les prece-
dens; ainfi le Cheval qu'on ne pourra conduire ny tenir avec l'autre, fera leger avec celle-
cy: mefmé fi le Cheval allant par pays pefoit à la main, cette Embouchure pourra pour
quelque temps le tenir plus averty: cette bride fera pour une bouche mauvaife, quoy que
-bien fendue', & l'appuy tirant ou pefant à la main.
Prelentement on ne fait gueres plus de gros Tambours, comme on en faifoit autrefois,
on c'ert reduit aux Olives Tambours, l'ufage en eft bon, car les coins des autres peuvent
toucher les barres ; & ceux-cy étant rabattus ne peuvent que difficilement les blefTer.
Olives Tambours à Pignatelle. 13.
Ces Olives Tambours à Pignatelle feront pour un Cheval qui aura la bouche afïèz mau-
vaife , la barre ronde & charnue, la langue grolle, les lèvres dont il s'arme, & toute la
bouche peu fenfible , ce qui produira un appuy tirant à la main.
                               Cette
-ocr page 227-
SECONDE PARTIE.                            227
Cette embouchure étant plus menue que les précédentes fera plus rude, ainfi elle éveü- C H A p.
lera plus le fentiment du Cheval, c'eft à dire de la bouche; il eft vray qu'il faut prendre 84.
garde que la liberté 11c foit point trop grande, & que l'Embouchure ne plie pas dans le mi-
lieu; autrement le biais qui eft à l'extrémité des Tambours prés l'appuy porterait fur les
jancives, & fuirait le haut de la barre, ce qui rendrait l'Embouchure plus faible & dimi-
nuerait fon effet.
Les Poires droites à Pas d'Afne ou autrement, font fort abandonnées, à caufe de l'in-
commodité, qui leur eft commune avec les Campanelles, car elles en ont un peu la for-
ale, hors que celles-cy ne defarment pas fi exactement. Cette embouchure fera pour ua
Cheval qui aura la bouche fauflè, c'eft à dire, qui aura les barres hautes fans fentiment
contre tout ordre, ce qui s'appelle bouche fauffe; fi à ces Chevaux vous donnez quelque
chofe qui foit au deflbus de la ligne, l'œil montera fi haut que la gourmette ne portera pas,
outre que fans doute cela fera battre le Cheval à la main ; mais ces poires droites cherchent
l'appuy fans l'oflènier, defarment la lèvre, logent la langue, & pour donner quelque
Rayeté à la bouche, elles tournent & roulent, ce qui diminue en quelque façon de leur ru-
deilè, & feraient bonnes & excellentes aux bouches faulTes, hors du manquement que
j'ay expliqué aux Campanelles, fçavoir qu'étant un peu ufées: elles tranchent les barres
comme un razoir.
Les Efcaches à bouton, ou à melon, ou à ballottes font la mefme chofe, les bouttons
font les plus petits, les melons plus gros, & les balottes encore plus groffes; cette Em-
bouchure eft très-bonne pour un Cheval qui a les barres rondes, charnues, & peu fenfi-
bles, les lèvres menues toutesfois, & la langue grofïè; l'appuy tirant ou chargeant la
ïQain, & la bouche mauvaife.
Efcache k Bouton 14.
' Si un Cheval avoit les lèvres fort épaiflès, cette bride ne ferait pas bonne pour luy, car
les lèvres foûtiendroient une paitie du faix de la bride, ainfi les barres en feraient fou-
lées, & ne prêteraient pas l'obeïïïànce qu'on efpere de trouver dans le fentiment
Siu'on croit d'éveiller par le moyen des boutons ou melons, qui fe logent fur l'ap-
puy.
Cette bride fera bonne aux Chevaux qui ayant les deffauts cy-deffus pefent à la main par
Pa'!'s; car fi vous jugez ces boutons qui font contre la liberté trop petits, il les faut groffir
pour mieux chercher les barres baïïèz, & peu fenfibles.
F f 1                                                   Si
-ocr page 228-
228                     LE PARFAIT MARESCHAL,
Ch a v. Si cette Efcache eft trop large de banquet, pour la fente de la bouche que vous ^
84. lez emboucher, il la faut faire forger plus menue, & les lèvres la foutiendr
moins ; par confequent elle portera plus à vif tur les barres , & tiendra davai
ge le Cheval dans le refpeci : Les Efpronniers n'aiment pas cette Embouchure,
elle eft difficile à bien ajuiter, mais elle e(t bonne dans l'ufage.
                           |eS
Ce que bien des gens eitiment en cette Efcache à bouton, eli que ceux qui 'onje0t
fins, & ceux meirnes qui le font, voulant acheter ou troquer un Cheval, regar ^
l'Embouchure qu'ils porte, & ne la voyant que prés des banquets ou cnaPcr,°}jSpas,
jugent un Efcache, & par ainfi concluent que le Cheval a bonne bouche ; ce qui n en y
quoy qu'il rende tome l'obeïffance pofiible à cette bride.
                                 ]           j^.
Le Canon coupé à Pignatelle efl; ferme, & peut tenir les Chevaux fujets: c'en un
vention moderne, & depuis quelque temps en ufage: elle eft bonne parmy les ru
en ce que rarement elle bielle les Chevaux quand elle eft bien faite.
                               ieS
Elle eft propre au Cheval qui a la bouche mauvaife ou méchante, les barres ro ^
& charnues, qui s'arme de la lèvre , (car c'eft le propre de ces mors dedelarme _
Jévre,) qui a la langue tres grolle, .& par confequent qui a un appuy qui tire au)
d'huyà la main, & demain la veut forcer: la commodité qu'il y a en ce mort, ef H j
l'on fait la liberté allez grande pour loger les plus groffes langues, en reculant les P1'5 %Q
tiennent la Pignatelle; l'Embouchure defeend fort au deilòus de la ligne, a , eft
contraint beaucoup le Cheval , & cherche une partie du fentiment dont la bouen
capable ; & fouvent quoy que le Cheval pefe à la main, il fera trouvé leger en portant
te bride.
                                                                                                               ue
J'ay fouvent parlé de tirer & de pefer à la main fans l'avoir expliqué, & peut-elue 4
bien des gens n'entendent pas la différence de ces termes.
                                  _ ,, ..ej
Un Cheval tire à la main lorfque, ou par ardeur, ou par un defir exceffif qu'il a d a ^
en avant, il donne trop dans la main; cela arrive aufll manque de reins, lors qu°
veut obliger à demeurer fur les hanches, & que fes reins ne font pas baftans de foufttir ^
te pofture contrainte, en ce cas le Cheval croyant de fuir cette fujeétion va en avant,
tire à la main.
                                                                                                 mteur,
Peler à la main, c'eft lors qu'un Cheval fans ardeur, mais par fa propre peian .,e
pefe fur la main, s'y appuyé, & cherche comme on dit la cinquième jambe; cela ar
auffi manque de jambes, de pieds, ou de force.
                                                    rf-ye-
Les Chevaux ne tirent ny ne pefentgueres à la main quand ils ont la bouche exce
ment fine, ils y battront bien plûtoft que d'y tirer.
                                                  ,oU-
Jl fe void peu d'efeaches coupées, il s'en peut faire comme Canons : cette Eöj^ ç.
chure eft pour un Cheval qui a la bouche fort mauvaife, les barres baffes, la languee je
fe, qui s'arme de la lèvre, avec tout cela la bouche affez fendue, ce qui tout en'te -^
produit un appuy qui force la main, fi on le recherche de quelque chofe, ou pefe a la n
quand on va par païs.
                                                                                          ^ eti
Quoy que ce mors foit plus rude que le precedent, qu'il aille chercher la barre, ^e
éveille le fentiment, prelque autant qu'il le peut, je ne vous promets pas avec ce trio
rendre un Cheval leger à la main par païs, s'il y a quelque empêchement pour cela ,v^
exemple s'il eft fort fatigué, vous le tiendrez pour quelque temps leger, maiseniuite ^
pos feul fortifiera voftre embouchure : fi les jambes font ufées, & qu'il y ait forbici ' ye
furément il cherchera la cinquième jambe, qui eft la bride, pourfoulager la partie .
qui font les jambes ; ainfi il y a peu d'efperance aux Chevaux qui ont ces deftauts,
ver des brides qui les tiennent long-temps legers & obeïffans.
                                      ftje
La Bergé,à Pignatelle eft le mors des Chaffeurs, Monfieur le Marquis de New ^
-ocr page 229-
SECONDE PARTIE.                              ^9
approuve, &confeille dans fon Livre de Cavalerie, de remplir Je moins qu on peut lat?HA^
b°uche aux Chevaux , & de leur mettre peu de fer dedans ; quoy qu il foit excellent Hom- »4-
?e de Cheval il elt un peu hérétique pour l'Embouchure, le fiant ii fort en fon art de
d"=iTer les Chevaux qtfil méprife fort l'étude d'ajufter avec fou. 1« bride qa il convient
au* Chevaux : pour ion Manége je fuis de fon avis, mais pour 1 Embouchure je n en fe-
ray jamais, ou jechaneeray bien de fentiment.                            ...                   ____
. La Berge fera bonne pour le Cheval qui a la bouche peu fendue, & confequemment
fo" méchante, la langue greffe, les barres baffes, & l'appuy qu. force , étant recher-
ché, où chargé le bras aito par païs: je fuis fort perfuadé que ces mors ne va kn rien
^ Pour ruiner la bouche des Chevaux, comme elles font menues les Chatkur .les ay-
ment, parce qu'elles n'empêchent pas.les Chevaux de prendre haleine par hi bouche lors
f* la longueur delà courte les oblige à cela, au lieu qu'un mors qui emplit tort la bouche
dun Cheval ne luy donne pas cette commodité.
                                               ci„^Cr,0
Pour cette mefme raifon les Anglois ne donnent à leursChevaux que de petits filets que
n°us nommons filets à l'Angloife.                                         ,           , ., r ;„0-r„
, Ce n'ett pas qu'un Homme fage ne fe puiffe bien ferv.r de cette bride fans ruiner la
Couche à fou Cheval, mais fi elle tombe en la main d'une telle legere adieu la bouche
du Pauvre Cheval, particulièrement fi c'eft une Berge à Pas-d'Aine, de laquelle nous par-
ferons cy-aprés.
                                                                                 ,              « .
Les Poires renverfées font rudes, nous allons toujours de plus en plus dans les médian-
es brides, & les Chevaux aufquels on eft obligé d'ordonner celles qui fuivent en vente
»e font propres que pour des valets, quelques bonnes qualités qu'ils ayent d ailleurs, ai-
grement avec de pareilles bouches ils n'auront rien de plaiiìint.
Ges Poires font roulantes, ce qui en adoucit l'effet, elles font greffes, & ne tranchent
P°int fi-toti la barre, mais elles font pourtant rudes, car elles font fort chercher la barre
four baffe qu'elle foit; ainfi elles feront propre au Cheval qui a fort méchante bouene,
les barres bâtiez, la langue grotfe, & qui s'arme de la levée, avec un appuy qui force la
main.
■ Ces barres baffes ont ordinairement fi peu de fentiment, qu'à moins d'avoir des brides
£ui Portent deffus fort à vif, & qui les aillent chercher ; fansdoute on n y trouvera jamais
beaucoup de légèreté
. Ce Canon coupé àPas-d'Afne eft pour une fort méchante bouche & faute, ayant les
barres allez hautes, mais point feufibles, la langue greffe & qui s arme de la lèvre, ayant
beaucoup d'inclination à porter bas.
                                                              .,;,„,,,„
- Comme ce Pas d'Afne eft peu élevé, il ne l'obligera point a porter bas, &il y aura
deJa place luffifament pour loger la langue, comme autïi pour defarmer les lèvres,
enfin pour tenir k CheVal en S»elquefujeâion extraordinaire, lequel voudrait torcer
main                                                                                                                J j            a k-
Unavertiffementquej'ayàdonneràceuxqui ont la demangeaifon de donner des bn-
J* rudes à certains Chevaux dont ils ne font pas bien les maiftres, P^xempl :, s il
y°us force la main pour avoir une ardeur enragée, donnez-vous de garde de luy donner
** bride rude, ellene produire* autre effet que de luy ruiner la bouche, ayezrecours
aux bonnes leçons fagement pratiquées, & aux brides douces ou les Chevaux prennent
P'aifir, & vous en aurez plus de fatisfaétion'.
                         , . .         .j^.»^,»--
Ceux qui acheptent un Cheval avec une méchante bouche fous efperance de trouver
ìbride pour les bien emboucher, font fouvent & prefque toujours attrapez, car ceue
bride ne fe trouve pas, & le Cheval qui eft achepté force la main du Cavalier huit purs
après qu'il a porté une bride, pour rude qu'elle puiffe eftre*
I
-ocr page 230-
LE PARFAIT MARESCHAP»
CAnon coupé à Pas d'AJne. i J.
230
Les Annelets efl le mors des ignorans, d'abord qu'ils ont une méchante bouche
te bride ne leur manque pas: la feule raifon qui les peut obliger à cela, efl qu a ^_
méchante bouche ils donnent une méchante bride: jedisméchante avec raifon, car
tre fes méchans effets, à la confidereren elle-mefme, dans trois jours tout efl deten »
la bride n'a plus d'effet réglé, & tous ces effets font defordonnez.
                , ft'mi-
Cette bride étant donnée à un Cheval qui aura la bouche bonne, l'aura bien-toj ^
née avec icelle, car elle porte par tout, pince par tout ; enfin, jenefçacheguerephi
méchante Embouchure, quoy que fort en ufage chez, les Marchands de Chevaux.
          ^
Quand les gens fins qui font trafic de Chevaux, en ont qui ont méchante bouc >
ils les montent le matin avec des Annelets, les pouffent & arreftent fouvent, &
font fi bien retlèntir les violens effets de cette bride, que le Cheval demeure en que 9
foupçon extraordinaire des maux qu'on luy à fait fouffrir ; étant vendu fi on le poufle a
une bride ordinaire, Canon, ou Efcache, il paroift pendant que 1'apprehenfion
Annelets dure, avoir quelque légèreté & qu'il fe doive laiflèr conduire, mais à que:q
tempsdelà, qu'on le tienne ou par la tefle ou par la queue, celaeftégal. Je vous de
xxc cette groffiere fineflè, non pour en ufer, mais pour empêcher qu'on ne vous
donne par-là.
                                                                                                   „ »ter
Les Berges à Pas-d' Afne font affurément les brides les plus propres que je fçache a g
la bouche d'un Cheval; que Meffieurs les Chafîèurs s'en offenfent, & qu'ils ^'^ent'ner
c'eft l'unique bride pour des Coureurs, je perfifte & dis que c'eft l'unique bride pour ru
la bouche d'un Cheval.
                                                                               ^           re
Ce mors eftant menu couppe la barre, étant plus gros au droit de l'appuy il l'a c"^r '
il dégage la langue & la lèvre, il efl entier; fi la main fe trouve rude avec cela, faites
flre compte que le Cheval qui la portera aura bien-toft des trous dans les barres.
           . .$
Les Balottes à col d'Oye parmy les brides rudes me plaifent affez, elles portent de
fur lajancive, elles roulent & font groffes, ainfi elles ne font point fi méchantes qu0Il
juge d'abord: Les Efpronniers les nomment des Melons, fort mal à propos, car .a ng
re des melons efl fort differente, car ils font canelez ; les Balottes font fort en ufage P ^
les Chevanx de carrofîê, pour les Maliers, & avec raifon, car elles ne gâtent_P^
bouche d'un Cheval, & fi elles le tiennent fort fujet, & luy donnent quelques planir eta
roulantes,
                                                                                                            rre
Elles font propres aux barres baffez, charnues, peu fenfibles, qui ont la langue gir° '
& les lèvres épaiffes, defquelles ils s'arment, c'eft à dire, aux Chevaux qui ont une
-ocr page 231-
m«hantebnn h * SECO N T> E PARTIE.                          231
fow qualitez pcuerècherUchéPPUy ^f°rCC ^ m °U q"'ChargC k braS alIant Par Païs » 1ui Ch A p'
84.
Balottes à col d'Ojie. 16.
,Ï5« Tambc
qu'ils forfr UrS àPasd'Afiie font des brides rudes & fermes, mais ils ont cela de doux
boucha ntSros> r°nds, &roulans, l'Embouchure fera bonne pour une fort méchante
'appuv'à fn' 1 SUe fort groire' les barres for£ bafiès> les lévres fort épaiffes, &
^oritcherchi1 ,mmn du Cavalier: comme ils font beaucoup au deffous de la ligne ils
Cri car elle pli ur.....-■"»>-»» uaiivj/uuiuaucvjuciiciuu, laiiuigucuc xes einpecncra
Tambours fi t abIo,lurn,ent 8agée Par la grande liberté; à prefent on ne fait plus les
hauc°r
«, fi on f rr0Si q^n           olt autrefo's: premièrement, comme on fait l'œil p
'lus h l0ltl.elTambours fi gros avec cette hauteur d'œil, cela le feroit monter
us
en-
Les P v t ' ain"la Sourmette en feroit déplacée.
le font°mCSrenverfées rouIantes à Pignatelle font d'affez bonnes brides parmy les rudes ;
lent & tirent ► que le,s culs de baffm ; eIIes font bonnes aux barres baffo, car elles éveil-
Ces Po" l ceelles pèsent fournir de fentiment.
baflès, & dpSnrtdonilc'es aux Chevaux qui ont la bouche fortmauvaifes, les barres
sarme; avpr nnbles' la Iangue graffette, & le palais gras, fur tout des lévres dont il
•   commer u"aPPuya forcer lamain, ou tout au moins à la très-bien charger par pays.
lnflQirnentq,f^ <?nCSroulentellesblefferont moins la bouche que d'autres; mais eftant
,Le C-mon lious de la hSne »elIes feront tout autant d'effet qu'aucune bride puiffe faire,
fuyant BW <LCrUPe aVeC Un Pas"d'Afne exceffivement haut, fera pour un Cheval qui
efdites barre ' ntiment fur Ies barres, il faut chercher un nouvel appuy ailleurs, puis que
Ce nouvel an ne"fourniffentpas fuffifament pour retirerjquelque obeïflance du Cheval,•
Palais en tire Uy f feraavecle haut d'un grand ifïï me Pas-d'Afne, qui en rencontrant le
°n void i'rarqUel?uc (en;iment, & obligera le Cheval à obei'r en quelque maniere.
°n fe fert de h e pareilles brides aux Mulets, lefquels ayant la bouche fans fentiment,
getlt à bai(Te 1 UtS Pas"d'Ame pour lesarrefter, lefquels en choquant le palais les obli-
1 ^''nconve • neZ ' & à rendre l'obeïflânce qu'on leur demande.
f mors n'anniem ^1 arrivera de cctte bride, eft que fi les branches ne font pas hardies,
rdies ur?* effet que nousuhaitons qu'il ait contre le palais; fi elles font
fciitfi
°tt ferre ? eval ouvrira la bouche au lieu de ceder & le baiffer le net, auquel cas il
"eriamuferolle, afin de
:luy
ôter le
moyen (
'ouvrir la bouche.
II
-ocr page 232-
2Z2
LE PARFAIT M A R E S C H A L,             avaB-
H A p. 11 peut auiT; arriver que la muferolle étant fort ferrée les branches demeurent ^ ^.
84. cées, ceqùiferoituneacTnohfortmeûèante; mais il y a un remede à cela, qt"e a-s jj rie
verferunpeulePas-d'Afne eu arrière: véritablement il ne fera point ti ferme, ^ &t
caufera pas les defordres que nous avons dit,on ne peut les renverièr qu'en les rorg
àfroidonlesromproit.
                                                           ^                 . . eiiesfoot
LesPoires fecrettes font une des plus belles Embouchures qu'on puiffe voir, ^ g
admirables pour les méchantes bouches, & pour les Chevaux qui ont la langue gr
inclination à porter bas.
                                                                                  ^fai'
Celles-cy, comme vous les voyez figurées, feront pour une mauvaife, « treiLres, *
fe bouche, qui aura une exceffive langue,' les lèvres dures & épaulés, les barres b ^^ #
, - tres-peu de fentiment, & avec cela l'appuy à forcer la main, quand il fera reener
pour furcroü lequel a grande inclination à porter bas.
Poires Secrettes. 17.
dire»
Ces Poires font nommées fecrettes, parce qu'elles culbutent en arrière, c'en a
at-
lePas-d'Afnequi les affemble rencontrant le palais au lieu dele choquer tombe ^
riere, ce qui fait un tres bon effet, afin de ne point chatouiller ledit palais; ce?ulewcela
ou battre à la main le Cheval, ou'porter bas, afin de le défaire de l'importunile qu
luycaufe.
                                                                                                        tfr'ts'
Du relie le mors eli rude, & tient un Cheval fujet ; on trouve peu de ces mors ton t
mais ils font bons ; & quoy qu'ils coûtent, quand ils embouchent bien un Cheval 1 *
à bon marché.
                                                                                           t çietë'
Les Poirés à cul de baffin à Pignatelle font rudes, elles ont une commodité c°npj„na-
ble, qui eft que l'on donne un très-grand efpace à la langue, en reculant le ply de!3 Vi-
telle jufqu'au milieu des Poires,- cela ne gâte point la forme du mors, & augmente
ment la liberté.
                                                                                                -nes^e
Elles feront pour des Chevaux qui ont des bouches deteftables, les barres pie' e
chair, dépourveuës de fenfibilité, la langue grolTe, s'armant de la lèvre, unapP ;
nous appelions defefperé, c'eftàdire, fans efperance de le rendre leger.
                liteï *
Ces Poires font fort en ufage pour les gros Rouffins, lors qu'ils ont les bellesiqiw a
la bouche que j'ay expliquées; pour leur effet il a efté fi fouvent répété que le Lect. ^
doit cftre pleinement informé, & de plus prefque auffi ennuyé de le lire comme je
de l'écrire.
                                                                                                         jj'jjr
-ocr page 233-
L'invention de« Roi sr£CONDE PARTIE.
8Ue groiië ° ?«&" P?Ur une mécnante bouche, le palais gras, les barres baffi-, u i           8
eft gras
r1 gw
wLAt1 Porter bas ou battre a la main; c'eft pourauov nnftfe,, £,£?,' S "
^meons'eftfervvdefpnaSPOU ^ a la ""'f ^ Ç.our« onfeferrdSl&ottes
f Ï2^fontplusffi
          ' PU1S qUe t0UteS lesdeuxfontP™-unmefmeeffet; SS
de ^StoSS font kS derni€r,eS def°S^ & les Plus r»des, fi elles font à eu!
r?P«ficSni,Car °? P*? fa,re desPoiresâPas-d'Aiheroulantesquinefe
aba»e, ils n Sï^^T^ t0US,CeS mors vont
Pû'ffammentchercher
110it ces Pnîr« yaiejt^ue P0M le barres baffes, charnues & peu fenfibles- car finn non
^"bUrsaas^
f0lgde le faire plu"bâî               Pas que 1 œil ne montât trop haut à moins qu?on n'eût le
Poire1 ïovS1111 Petif ?m^e ur des braves Chevaux aufquels on donne des
Pas arrèfS ^SnftT11?Ia b°UChe bonne' s'lls ont de ^ur, ou qu'ils ne f™chen
tl^^SSS^ilCSrde bouche> d'ab0fd on ***£**
Car elles font vSaÌ PTS qUn appeUe vuidées ' cIIes font fort différentes des autres,
£°Uces ; cequieft 1 5"™^ PUIS qU e!les,font elo,§nees l une de !'autre Plos de deux
barieS neÏÏ 2Î ^ f°Ute bonne
methode> Puis que tout ce qui doit loger fur les
r Cette Emb F
el0I§né ^6 d'unuce & demy au PIus-
r"re' PourSS'ï ^^ Pour ^Chevaux qui n'ont plas de fentiment furla
r0l^Pu: ilfaU,T'r0lîmalufonnee' o" Pour les cals qui y font faits, ou pour avoir eu l'os
>e e eLroit nlerf^r,UnSSThaPPUyaUf°nddeSÌanCÌVes^«SSSvre
VCrTr q«eWdSb",ftia^ e- e UrCy Pa'arUCün a?pUy ' dément ce mors trou'
11 eft faci io" leilllblllte qu °n n a jamais trouve fur une barre defefperée
110115 à celle^a,JUSe,rc3u7ece mors n'eu pas pour une bonne bouche, puifque nous le deffi-
f^ : d^cÛîté âUdSete/entTnr fUrKla bfre ' & qU'n le faût chercher au L^i de a
?r0ltrao;7cul^effde bien ajufter l'embouchure, enforte qu'elle fe place bien à l'en-
ZloS -large i'à l'orïnàire ant           '" pIuS Sraildc ^ Je fi dit, au cas que le canal
^oeTuteflot^ Brouè>ous a donne' l'idée de cette bride, & mefme il dit s'eneftre fervy
ür un Qie " f m? P "S etrange ; ,Car aU liCU de Poires c'eftoit des roüc!ks.& s'e" eff fervy
eurs. l^6£alJu navoit point d'appuy, & ne pouvoit rien fouffrir fur les barres nyail-
3 e?tends ceux qTZ^TZT aUJ°"d, huy aUroien£ peine à Soûter un Pareü mors,
^ Poires
             r' ooucne, " aeHcase.qu ils ne peuvent fouffrir aucun appuv.
L31 ; Ie* MeE??/aUe r" nC font b'onnes ^u'a ruinec & Perdre Ia bouche d'un Che-
»? Chevaux QSn,nnmelTie; amfl t0Ut ce
^on Peut d>re de ces brides là, eu que
PUlle de ces deuxEeP°UmîP gouve,mer avec aucune Embouchure, qu'on leur donne
e V ai»fiJe S?, °n ÌeS mettr rb^n"t0ltf" eftat de n'efoe Pkîs bons ^la charet-
«VL Arçon ou L'Arcèw ^? m' "'' ' ufefhacun ea cela en Pcutufer félon fon goût,
ƒ nfèrt Pas wJ ^ f Ct
P»ailc pour ua chef-d'œuvre parmy les Efpronniers «Se fi on re
'S C«evauq"qu S fe 1 ";,C f "^ -me fait ' eJmer & Croire ^^11 eft ^rt propre pour
fe' WpXS»d?n^ fTe 'feS' ialanSucSrofIè' Ie PaIais gras, & l'appuy dcfefpe-
TÏÏXd une ^-méchante bouche: Comme cette piece qu'on nomme Arcelet
^S                                             murila
-ocr page 234-
234                  LE.PARFAIT MARESCH AL,
tourne, èlle culbutte en arrière d'abord qu'elle rencontre le palais, & par ce moyen ehc
bleiTe point, les Poires n'étant foûtenuésde neu vont chercher iabarre, & eu évcu»e
le fentiment pour endormy qu'il loit.
                                                                          ,
Et comme elles roulent, celaen adoucit de beaucoup l'effet : ce qu'il y a contre ce ino
cil qu'il eft trop cher, & qu'il y a peu d'Efpronniers capables de le dreflêr ny forcer.
        .
Refle à parler des Genettes, lelquelles étoient fort aboiies en F rance ; mais depuis qu
que temps elles font à la mode, & à la Cour quelques-uns s'en fervent: un voit eneo
quelques Genettes bâtardes dont la branche elt félon noiire ulage, encore s'en voit 1
peu, que peu d'Efpronniers en Içavent taire, on s'en lérvoit fort du temps de Moniteur r
Pluvinel&deMonlïeurdelaBroué, &je-kscroy fort bonnes, mais fart difficiles à aj
jerà un Cheval: elles n'ont point de gourmettes à l'œil de la branche comme lesaUtf.
mors, mais il eli au haut de la liberté où la gourmette eli attachée toute d'une piece,
quel le fortant de la bouche fe place fur la barbe.
                                                   ) ^
Ces mors tiennent forts fujets les Chevaux , & on s'en fert plus en .1 urquie qu'eu
pays icy ; car comme ces gens-là manquent d'art pour tenir leurs Chevaux dans I'obeilw"
par le moyen des bonnes leçons, ils ont recours aux brides rudes, entre lelquelles -la °
nette, quoy que bitarde.5 peut tenir le premier rang.
                                                ,£i
Voila fommairement l'cffetrfe toutes les Embouchures à prefent en ufage, & encore
dernières comme les plus rudes le font bien peu, car on ne donne gueres aux Cherauï:
mors plus rudes que les Canons & Efcaches ; & tout Efcuyer lequel ne drelfera pas un ** •
val avec un Canon ou une Efcache, ne le dreiTera pas avec d'aunes brides plus rudes-
11 eli à nouer que j'ay diibofé les mors dans cet écrit félon leur degré de rudeffe, aY
pi acé & dit l'effet des mors les plus doux les premiers, & enfuite des autres félon leurra"^
& là deflus on pourra juger de la force oufoibleflé d'une bride, en conlîderant l'endroit
elle eli placée.
Cü AP
84.
Toutes les Embouchures cy-devant décrites fuffifent, fans en rechercher une >n" j£S
d'autres pratiquées par les Allemansôt Italiens, qui ne fervent qu'à ruiner la bouche
Chevaux : car les brides recherchées avec tant d'artifice marquent allez que le Cavali"
- peu d'art pour réduire fon Cheval dans l'obeïfîànce.                                                    $.
Une des plus grandes tìnellés pour tenir les Chevaux legers àia main, c'elide leut
dre& lâcher fouveiit la bride, parce que lors qu'on la tient long temps ferme, le m°r ,^
puye fur les barres & fait retirer le fang & les efprits qui font le fentiment : que fi on ren
main, la bride n'appuyant plus fur la barre, d'abord le fentiment y reviendra, au H^u ÌL.
lì on tenoit toujours la bride ferme le lieu leroit demeuré fans fentiment : & on tirera la
de tant &(iIong-tems qu'on voudra, cela n'obligera pas le Cheval à obéir.
                --tef
Au lieu que l'ayant lâché, le fentiment y étant revenu, quand on tire la bride enl u,
on l'oblige à obeïr autant qu'il en eli capable, &ainfi il en demeure & plus leger, &'a £ll,
che plus fraîche; que fi on tient toujours la bride, le contraire arrivera: il faut donc ■ .
dre la main à toutes fortes de Chevaux le plus fouvent qu'on le peut, & parce moyen on
rera partie d'un Cheval, & ceux qui s'attacheront à la bride n'en tireront rien du tout- ^
Ce qu'il faut obferver exaclement eli de conlerver le plus qu'on peut les barres aux ■ .f
vaux, parce qu'elles font compofées de l'os de la mâchoire qui eli tranchant, & de la ,
qui couvre ledit os, laquelle fe trouvant prefïee entre deux chofes dures fera bien-toit ..
pée & rompue, car le mors & l'os la preffent entr'eux deux, fi la main n'efl extrême ^
douce: véritablement les Chevaux qui ont les barres charnues & rondes ne font po*
jets à cela.
Ci
-ocr page 235-
SECO ND E P A R t I E:
23 f
De la Branche.
•Lrf ranche eft la feconde partie da la divifion que nous avons faite tout au commance- pu »p
qu'elle f ' oun?USav°nsdit que fon effet éroit de placer le col & la telle du Cheval, & g?
La g Pr0jJ*Drtjann°it au defTèin qu'on avoit de ramener ou de relever.
                                * *
a'eftuu,ranCf n'e^ pas Ia Prem'ere cau(~e ^u' a8il: Poul' P'acer la telle & l'encolure, ce
Wpa ^1 econc^c<ffife, ou un aide à l'Embouchure: car 'comme la bride n'a d'action
s'éveillf> ,moven. du fentiment qui eft dans la bouche du Cheval, & que ce fentiment ne
'abran^11 aV/eC^m^ouc'lure' '1 s'enniitquepourfefervirdece fentiment, il faut que
Pour D a?'^e conJointemcnt avec lEinbouchure, & comme feconde caufe feulement,
Poftu
         n^ ProdtHre les effets que nous voyons qu'elle produit, en donnant une libelle
renH„r,eaux,<^ievaux' & les obligeant à porter au plus beau lieu, dont la nature les ait
*maus capables.
foibIefTgne dU banquet &it juger des effets de la Branche, & fait connoiftrefâ force ou fa
flaon«,rrianche hardie eft celle quialetroudutouretaude-làdelalignedubanquet; &Ia
«Joe celle qui l'aau deçà de ladite ligne.
&lafl ranc!lc nardie ramènera à proportion de ce qu'elle fera peu ou beaucoup hardie,
fantdn UenePeutaSirqueparfoibleffe, en diminuant l'effet de l'Embouchure', ou fai-
onner plus librement le Cheval dans l'appuy qui auroit peine-d'y venir,
naturel |aires effets de la Branche font de ramener, c'eft l'aètion qui luy eft la plus
^i feraV CartantP!useîîefera éloignée, tant plus elle aura de force à tirer; ainfi celle
fonne „„ .P j hardie ramènera davantage, pourveu qu'elle foit entre les mains d'une per-
' >■ qui s en tçache fervir.
cette aft-anCl>e peüt reIcver; mais cc ne fera Jarnais que du jarret au touret qu'elle aura
ourelpvJ°ì1,t,par latoumurequ'on luy donnera; car ce n'eu pas le nom qui fera ramener
Le rfr la Branche, mais fon tour feulement.
Comrne n fieS courtes lbnt Plus rudes que les longues, fi elles ont le mefme tour ; car
laquelle "^011^^"*-de loin, elle ne contraint pas lì à coup que celle qui eft courte,
ks Bran ?h"* la contraintc Plaift aux Chevaux. Nous donnerons le deffein de toutes
de chacn CS^qU1 font neceffaircsuremboucher les Chevaux; & en expliquant l'effet
Branche r ces,Branches en particulier , nous parlerons de toutes les parties de la
eftlbuv™?nSJ£rendre chaque partie en Particulier, & en faire un grand difeours, lequel
Il eft rr uffiennuYeux qu'inutile.                                            ?
1ue d'oH ma!~airé aux commencemens d'ordonner une Branche , il l'eft bien plus
°nauncmTCr '^«Aouchure, car l'Embouchure fe voit à l'œil & fe touche au doigt:
fe doit " Ureallur<-,c.P°ur fa largeur, mais la Branche n'en eft pas de mefme, car elle
d°nnant 1 pSrtlotmcr à la longueur de l'encolure, néanmoins on peut plûtoft faillir, or-
dner inc f, trop courre' <3ue troP longue: Sur les modèles que nous allons or-
dira elle hmeie,r,b,e qu'on ne peut faillir, &que d'abord qu'on verra une Branche, oh
tel'e Branchai rne^eI!cencolure' & envoyant l'encolure, d'abord ou dira, c'eftune
^«tutnequ u faut a cette encolur,e.
G g a                  .                        Bran-
-ocr page 236-
236
Branche droits k Piftolet. 1.
Cette Branche fe nomme à Piftolet, ou à la Caîabroife,
c'eft la forme du bas dricelle qui luy donne cette dénomi-
nation: elle eft nommée droite à caufe qu'elle eft fans cou-
de; on s'en fert aux jeunes Chevaux, & e'elt la premiere
qu'on leur donne pour leur former la bouche, & leur faire
goûter la bride.
Cette façon de Branche droite contraint beaucoup moins
qu'avec un coude , c'eft l'ordre qu'il faut obfervcr com-
mençant un jeune Cheval, de le peu contraindre, afin de
ne luy donner aucune occalion de relifter à l'obeïfîànce ,
pour fuir la contrainte qui luy déplaît; car de tous les cha-
.timens & remèdes que fart nous fournit, il n'y en a point
de moins naturels que les effets de la bride, & par confe-
quent très-difficiles à comprendre pour les Chevaux..
On fait ordinairement pour cette mefme raifon les Bran-
ches longues, afin premièrement qu'elles ne donnent au-
cun deplailir au Cheval: & de plus, parce que la Branche
longue &foible comme eft celle- cy, refout le Cheval qui a
la bouche trop fine au ferme appuy de la main, & meline
luy foûtient l'aótion de l'arreft, fans luy précipiter les for-
ces, à caulé qu'eue arrive facilement à la poitrine, & la-
bouche & barre en font foui âgées.
Cette branche pourra fervir à ramener & relever-un Che-
val , félon qu'on accourcira ou allongera la gourmette : ces
deux effets ne feront point faits avec la meline facilité, ny
avec i'avantage que. produifent les Branches, dont la tour-
nure & le coude font deftinées à cela.
Mais comme cette Branche eft celle qui doit faire gagner
le confentement avec facilité & plaifir pour le Cheval, on
ne fe fert pas des autres que celles-cy ne luy ait un peu gagné
: d'habitude.
On ajufte cette Branche avec un fimple Canon: comme
c'eft la plus douce de toutes les Embouchures, on la joint à
cette Branche, laquelle comme nous avons dit eft auffi tres
douce: que ^î voftre Cheval pour avoir la bouche trop fen-
fible, chatoùilleufeoufoible, ne vouloit pas donner le fim-
ple Canon, à caufe de l'incertitude de l'appuy, qui rend
ces Chevaux la incertains : il faut joindre cette Branche
à l'Embouchure à Trompe, laquelle refoudra le Cheval au
ferme appuy de la main, étant fecouruë par une bonne main,
& lafage conduite du Cavalier.
Bran-
-ocr page 237-
237
Branche k la Connétable, z.
C h a p.
8y.
- Cettte feconde Branche eftronde, com-
me le veulent ceux quineconnoiiîentrienà
l'ouvrage , car il n'y a point de lime dans
une Branche ronde comme on les fait à pre-
fent, & l'ouvrier ne montre pas-ce qu'il fçait
faire; il eft permis à chacun de felatisfaire,
pour mon chef les Branches rondes me fem-
blenttres-ridicules.
Celle cy eft fur la ligne du banquet, ainfi
elle fera propre pour un Cheval qui naturel-
lement porte la telle en bonne polture, &
autant belle qu'il en eft capable ; car fans
beaucoup de Philofophie, tout Cheval qui
porte en beau lieu il faut luy donner une
Branche fur la ligne : car il eli inutile de l'af-
fujettir par le moyen d'une Branche ferme,
fi avec une plus foible il vous donne d'abord
ce que vous pouvez délirer.
■ Cette Branche fe peut ajufter avec quelque
Embouchure que vous voudrez: mais com-
me elle eft pour maintenir le Cheval en fa
belle pofture naturelle , il y a apparence
qu'il a la bouche bonne, ainfi on ne luy don-
nera qu'un Canon ou une Efcache : Ce n'eft
pas qu'étant obligé pour des raifons de don-
ner une embouchure rude à un Cheval, vous
ne puiflïez y joindre cette Branche, feule-
ment dans l'intention d'affoiblir ou diminuer
la force de l'Embouchure, car c'efl une ma-
xime, qu'on peut fortifier ou affoiblir l'Em-
bouchure par le moyen de la Branche.
D'où il fuit que fans intention de ramener
ny de relever, je puis donner à un Cheval
une Branche hardie ou flaque.
. Ce que j'ay dit icy je ne le repeteray plus}
pour n'abufer point du loifir du Lccieur ,
ainfi on l'appliquera à toutes les Branches.
A\N\w\»r
Gg3
Bra/r-
-ocr page 238-
138
P-
            Branchi a, la Gigotte. 3.
La Branche eft fur la ligne, mais corn-
ine elle eft hardie dujarret d'un pouce &
de quatre lignes de plus, qu'elle eft melme
brilée en avant avec un faux jarretelle fera
propre pour les Chevaux qui portent en
belle pofture naturellement; mais comme
bien fouvent ou la foiblefiè des reins, ou
la laflitude peuvent obliger les Chevaux à
fe relâcher de cette belle poiture, & mef-
me porter bas, j'ay crû que cette Branche
feroit fort propre pour eux, en ce qu'elle
eft fur la ligne, ce qui eft capable de les
maintenir en belle pofture : de plus ce faux
jarret hardy, comme nous l'avons dit, les
relèvera, au cas qu'ils ayent les deftauts
que nous avons dit-cy-delîus.
Je croy mefme qu'on ne peut pas faire
de faute pour un Cheval qui naturellement
portera en beau lieu, de luy donner cette
Branche, que nous nommons à la Gigot-
te , parce que la laflitude peut furvenir, &
d'abord le Cheval ïera en danger de porter
bas, mais ayant cette Branche elle pourra
l'obliger à demeurer eu bonne pofture :
cette Branche peut s'ajufter à une Embou-
chure douce, par les mefmes raifons que
nous avons dit à la precedente : ordinaire-
ment on les met aux Canons & Efcaches.
Ce n'eft pas qu'il n'y ait des Chevaux qui
ont naturellement une aflex belle pofture
de col & de teûe, & néanmoins ont une
méchante bouche, dure, & qui requiert
une bride ferme pour les arrefter & les con-
duire; en ce cas il ne faut pas heiiter, &
faut donner l'Embouchure conformément
à l'intérieur de la bouche & à l'humeur du
Cheval, lequel pourra témoigner mau-
vaife bouche par ardeur, & par un defir ex-
ceffif d'aller en avant ; à ce Cheval une
Embouchure rude ne gagnera autre chofc
que de luy ruiner la bouche.
Hun-
-ocr page 239-
Branche à Genoüil 4,.
te)
O
-ocr page 240-
24o                     LE PARFAIT MARESCH A L,
Branche k Genoiiil. 4.
Certe Branche eft le modelle de celles qui relèvent, & eft propre pour les Chevaux^
s'avment, jecroy ne vous pouvoir confeiller une meilleure Branche: ellefemble
         •„
ridicale, étant d'une forme extraordinaire, mais elle eft la ièule, qui nous a fait c
lire qu'on ne içauroit relever un Cheval que par le moyen de la Branche hardie, quo 1 ^.
ce ne foit que depuis le jarret au touret qu'elle releve, le touret étant placé au delà de
gnedubanquet, il s'enfuit que la Branche eft hardie, & néanmoins elle releve. -e elle
Cette Branche eft hardie feulement de quelques lignes au bas de la Branche, ma' .
l'eft de trois pouces au jarret, & cela pour donner laforce au bas derelever: elle e' re0t
pre au Cheval qui s'arme de l'une des façons que j'expliqueray cy-deffous: le plus W ^
les Chevaux s'arment pour avoir l'encolure trop mole & trop fouple, de laquelle ils g
vent pour fuir la fubjeciion du mors,ramenant fi fort leur tefte que le bas delà Branche p £
contre le poitrail, & rend l'effet que la bride pourrait faire dans leur bouche abfolu ^
inutile, parce qu'il n'y a nulle acìion de la bride qui pouffe directement le nez du Chev
avant, & toutes le peuvent ramener.
                                                         _            tcje
Jufqu'à prefent il ne s'eft rien trouvé de meilleur ufage pour les Chevaux qui s'arme ^
la Branche à Genoiiil, je diftingueray deux façons ou manières de s'armer : la Prcnll(jrCp0i-'
que les Chevaux s'arment en portant, comme nous avons dit, les Branches contre .y ^
trine, l'ufage ordinaire eft de donner à ces Chevaux là une Branche courte, laque' ^
contraint davantage, & les oblige à s'armer encore plus qu'ils ne faifoient;^ fi on le ^
donne une longue, vous ne les pouvez tenir non plus qu'avec une flaque : il faut donc
recours à la Branche à genoiiil, laquelle quoy que longue eft tournée enforte qu'elle 11
vera pas fi-toft contre le poitrail qu'une Branche qui n'aura que fîx pouces de longueur, _
furant depuis le bas de l'Embouchurejufqu'au touret, parce qu'au lieu de tirer en bas Ç ^
me font les autres Branches elle les releve, fi elle eft de dix pouces de longueur, ain»
devroitplûtoftjoindre la poitrine.
                  .                                                         eUt
La feconde façon de s'armer eft de ceux qui tournent fi fort le col d'abord qu'on 'esran-
contraindre qu'ils touchent du menton contre le gozier, & rendent l'effet de toutes les p
ches inutile ; à ceux là il n'y a point d'autre remede que de leur placer une boule fous la 8^
nache paffée dans la fous-gorge : C'eft l'invention que Monfieur de la Brouë nous a
née, laquelle eft affiirément le feul remede qu'on puiffe apporter à cette incommodité- ^
Lagroffeur de cette boule fe doit proportionner félon l'échancrure de la plus haute
tance des mâchoires, parce qu'étant trop petite elle demeurerait du tout enelole&i'^
entre les deux os de la mâchoire: fi elle eft trop grafie, outre qu'elle ferait trop appare ^
elle tournerait de coffe & d'autre délogeant de fa place, mais étant ajuftée, enforte qu
moitié de la boule entre dans le creux que font les deux os des mâchoires, & que le g ^
rencontre l'autre moitié, elle demeurera en cette place , àcaufeque les deux os des
choires font faits en étreffiffant par bas, ainll elle ne pourra (c déplacer, & de plus elle
péchera tout Cheval de s'armer.
Br.!"'
-ocr page 241-
24r
Branche Françoife- j.
Tous les Chevaux ne s'arment pas ,
& beaucoup portent bas„ celi une cho-
fe des plus di fticiles que nous ayons que
de relever un Cheval, ou en ramènera
cent quand on en relèvera un ; néan-
moins les deux Branches que nous al-
lons propofer l'une après l'autre ferout
cet effet, l'une plus, l'autre moins.
La premiere eft la Branche Françoi-
fc , qui eft hardie du touret environ
quatre lignes, & du jarret d'un pouce
& demy, & trois lignes au delà, l'œil
un peu plus haut que la mefure ordi-
naire; pour donner quelque force à la
Branche, qui eft peu hardie : elle fera
bonne pour relever le Cheval qui por-
terait bas, car le touret revenant en ar-
rière a emprunté affeï de force du jar-
ret fort hardy pour relever.
Cette Philofophie ne fera pas approu-
vée de tout le monde, car elle a efté
peu connue jufqu'à prefent, & on avoir,
de la peine à fe figurer qu'une Branche
hardie pût relever; mais comme c'elî
une chofe de fait à laquelle la raifoneft
conforme , & quand elle ne le feroit
point, il ne faut pas diiputer des chofes
de fait, néanmoins j'expliqueray com-
me quoy cela fe peut : Le plus grand &
le plus notable effet d'une Branche eft
du coude au jarret, du jarret au touret
l'effet eft moindre ; en cette Branche
le coude a aflez de force de luy, & en-
core davantage, elle en prend jufqu'au
jarret, & le bas fe fert avantageufement
de cette force pour relever en revenant
en arrière, où il demeure pourtant har-
dy; & noftre propofition fubiïfte, que-
les Branches hardies relèvent.
Tornili.            H h             "Bun-
-ocr page 242-
!
Branche à la Connétable. 6.
Les Chevaux portent en différentes
manières leur tefte,& par confequent la
potturedeleur col auffi: j'ay propofé
cy-devant la Branche Françoife qui a
fon effet de relever, mais de peu, puis
qu'elle n'eft hardie que de quatre li-
gnes, celle-cy l'eu de huit, & environ
de deux pouces au jarret ; ainfi elle fera
propre pour relever un Cheval qui por-
tera fort bas,le faux jarret ou bril'ure luy
donnera un grand avantage, puis qu'il
augmente la force du bas de laBranche,
l'œil qui eft de bonne hauteur donne de
la force à la Branche pour fon effet, le
eoude qui eft proportionné enforte
qu'il ne contraint point trop, aidera à la
Branche à relever.
Et comme il eft tres-difficiîe de rele-
ver la tette à un Cheval qui a inclina-
tion à porter bas , j'ày propofé trois
Branches : la premiere eft la Gigotte
marquée 3. laquelle quoy qu'elle ne foit
que fur la ligne, & qu'il femble qu'elle
ne doive que maintenir un Cheval en
belle pofture, comme elle eft fort har-
die du jarret elle peut relever.
Lafeconde eft la Françoife marquée
5. laquelle releve davantage que la pre-
cedente, puifque fon propre effet eft ce-
luy-là , néanmoins avec peu de force,
puis qu'elle n'eft hardie que de quatre
lignes, quoy que fes autres parties foient
bien proportionnées.
Il y a celle que nous venons de dé-
crire laquelle relèvera davantage, puis
qu'obfervant fes autres proportions elle
eft hardie de huit lignes au touret : on
pourrait la faire relever encore davan-
tage en avançant le jarret au double de
ce qu'on la rendra hardie du touret, &
on peut en faire de mefme à la prece-
dente.
3ran'
-ocr page 243-
M3
Branche k la Gigotte. 7.
Comme les Chevaux ont différentes façons
de porter le col & la tefte, il faut aufli diffé-
rentes tournures de Branches pour remédier
à tous ces deffauts : celle-cy e('t hardie du tou-
ret environ huit lignes, avec un faux jarret,
c'eftàdire, qu'elleeltbrifée en avant, l'en-
droit le plus avancé de cette Branche eli envi-
ron un pouce & neuf lignes.
Le principal effet de cette Branche eft de
ramener, étant hardie jufqu'en bas, le faux
jarret luy augmente fa force, le bas qui re-
vient en arrière relevé un peu, ainfi elle fera
bonne pour un col étendu droit en avant xjui
a peine à revenir en labelle poûure où il doit
effre.
Cette Branche ramene beaucoup & relevé
peu, c'eft ce qu'il faut à ces cols étendus,
car les ramenant beaucoup on les oblige à
tourner leur col étendu & droit en forme
d'arc ; mais comme il y auroit du danger de
les ramener trop & de leur tirer la tefte entre
les jambes, on a tourné cette forte de bas qui
revient en arrière, & les releve en la plus bel-
le pofture de laquelle ces encolures foient ca-
pables.
Ce n'eftpas que ces Branches ne puiflènt
«ftre employées à des Chevaux qui tendront
knez, comme j'expliqueray à la fuivante.
H h z                "Bxtti>
-ocr page 244-
n
ooSS
►o
Branche Frdnçoïfe, 8.'
tri
-ocr page 245-
S E C O N D E P A R T I E,                            145
Chap,
Branche Françoife. 8.                                                    %5-
auxaffionl0115 parC0Uru une Partie des encolures différentes, & des Branches qu'il faut
Branche p que cefs encolures font faire à la tefte des Chevaux, refte à voir l'effet de cette
lignes • fo ranel'e e^ hardie d'environ un pouce & deux lignes, qui eft quatorze
Prefque ^f™01^1^1^ de ramener étant hardie du jarret, & du bas de la Branche
haute & r h ent ' £lle ^era ProPre Pour 'cs Chevaux lefqugls portent l'encolure afiez
amenante 'in le neZ' comme ^ n'y a qu'à ramener elle aura affez de force pour cela;
blige à baiff trfmemeUt fi °n fe fert bieu des&m'oos ' li n'y a Point dc ^neval 1ue 1>on n'°'
^efmeVff -S ^ 'a Prece^ente Branche à la Gigotte, ne puiflè eftre propre pour faire le
Puisrelevet' ^uoy3ue'^ kas revienne en arrière, & qu'ellenefoit pas purement hardie,
Plusfoihie,£rCela empêche pas fon effende ramener, il y afeulementà dire qu'elle eft
Voila t m0mS caPable de contraindre que celle-cy.
Premiere RteS 1CS manieres différentes de porter l'encolure aux Chevaux expliquées. La
Peut-eft f anchee^Pourtoutes,1es encolures & pour les Chevaux qui commencent: elle
quinnf^J°rt; b°nne en particulier, pour les Chevaux qui ont l'encolure trop molle, ou
Lafi : ?ltéàvoul°ir donner dans la main.
La troT' ' eft P0Ur un Cneval le1uel naturellement porte beau.
irianvoT L P16' Pour un qui porte beau, mais qui a inclination manque de force, ou par
^aile habitude à porter bas.
Laciîftrié-me' P0Urles Chevaux qui s'arment contre la poitrine.
Lafixj}Uleme' P°urles Chevaux qui portent bas.
Lafenf-1?6' Pourceux qui portent encore plus bas que les precedens.
Et la h -en?e ' Pour 'es encolures étendues droit en avant,
lene^ iéme' Pour les Chevaux qui portent l'encolure aflèz haute, mais qui tendent
yJc°mnie les Cravates,
font n!^toutes tes différentes manières de porter l'encolure & la tefte, & quelles Branches
^Propres à ces Chevaux-là.
avons d"1 *CS encol-ures troP molles, & qui ne veulent pas donner dans la main: Nous
Branche^ <?U^ *a Preiruere Branche eft propre à cela, mais comme on ne veut pas de ces ,
neftable;S<lteSîmx Chevaux de campagne, on peut en ce cas-là prendre la 2. à la Con-
ia c ' ^ la rendre flaque de demy pouce au touret, elle fera propre pour ces Chcvaux-
Coxnsn ^,n'aura aucune force, qui eft ce que nous cherchons. Pour la longueur il faut,
qUevo^Je 'av dit cy-devant, la proportionner à la longueur de l'encolure, &audeiTein
raifonnS^VezdePeuoubeaucoup contraindre: Je les ay deffignées d'une longueur allez
lîiefme
          on Pourra en augmenter & diminuer félon le belbin; pour les tournures de
l'Bnn'iCar on Peut ^es rendre plus fortes ou plus foibles félon qu'on avancera-^ rendra
«nene hardie, & plus foibles en les reculant.
Peur ordonner f Embouchure.
SU
p p<^,s^' îaconnoiflance de l'effet des Embouchures & les Branches que nous avons ÇH^.P
On         '         az a ordonner une bride a un Cheval.                                             
Wet au Cheval qu'on veut emboucher une bride à la bouche, car fans cela onna
"
H h 3                                        feut
-ocr page 246-
245                   L E P A R F A I T M A R E S C H A L,                . „
Ch a p. peut juger de l'Embouchure qui luy eft la plus convenable, & luy faut mettre celle qu
86. ajugé qui luy eft la plus propre; que ii vous n'en avez, pi ufieurs, il luy faut mettre Pluc
une douce qu'une rude, la bien placer dans la bouche, prenant garde qu'elle ne ^"y r
trop haute, ce qui feroit froncer la lèvre, ny trop baffe, ce qui feroit porter la bride
le crochet.                                                                                                     . „•a
Un Homme étant monté fur le Cheval doit ajufter fes refnes dans fa main; Puise Lt
à faire reculer le Chevax deux ou trois pas en arrière ; vous connoiftrez en ce recule^
fi la bouche eft ferme, & fi le Cheval a de la franchile, ou s'il obéît avec répugnant'
afin de luy donner une bride qui aide à gagner fon confentement, fans le fâcher ny Ie °
fer dans la bouche.                                                                                                  ■l.
I tombe
a
s
il n'y a qu'à luy gagner l'habitude.
Faites enfuite cheminer le pas, que le Cavalier fente fon Cheval dans la main, P°
l'obliger à placer fa tefte dans la plus belle pofture de laquelle il eft; capable avec cet
bride-
                                                                                                                 ' p
Il faut d'abord s'attacher à connoiftre s'il a trop ou trop peu de fer dans la bouche, letr £
«n ce que laiévre froncera, & en meline temps le crochet la preffera, le trop peu en
qu'il boira fa bride.
                                                                                                .
Jugez enfuite de la longueur de la Branche, cequife connoift avec un peu d'experl, /j.
ce: fi elle eft trop longue ou trorveourte , & cela avec un peu de raifonnement, car fi c
un Cheval que vous connoiffiez qu'il faille beaucoup contraindre , il la faut plus cour'
s'il le faut peu contraindre, il la faut plus longue, &particulierérements'ilbatà la ^3, A
ou bien s'i 1 a l'encolure trop molle, car en ce cas il la faut fort longue, parce que venant "
loin elle étonnera moins la barbe, les épaules & les jambes duCheval.
Faites encore marcher le Cheval au pas, au galop, partir & arrefter, vous jngere '
luy voyant faire ces aétions, s'il a labouche bonne ou mediocre: fi vous jugez par les &
refts faciles qu'il ait la bouche très-fine, donnez-luy un Canon (impie, car quand on Pe
bien fe fervir d'un Cheval avec un canon fimple, il ne fautrien chercher de meilleur.
Ouvrez enfuite la bouche à voftre Cheval, l'embouchure en fa place, vous connoittr
s'il a la langue grolle, & s'il a befoin d'avoir une pareille ou plus grande liberté que ce
qu'il a, ce que vous aurez pu remarquer s'il a l'appuy un peu fourd, car en ce cas il faut
gager la langue. S'il s'arme de la lèvre, de mefme ; car s'il avoit les barres hautes
tranchantes, & qu'il eût l'appuy fourd pour s'armer de la lèvre, il la faut defarmer, ffla
feulement par accident, comme nous avons dit.
                                                          j
Si le Cheval a inclination à porter bas, il ne luy faut pas donner de liberté de langue <\
puiffe monter trop haut, car cela luy feroit venir la tefte entre les jambes en luy chatou
Jant le palais.
                                          i                                                         . ,,eS
Vous manierez les barres pour voir comme elles font formées, car c'eft en partie ei ^
qui font la bonne ou méchante bouche ; fi elles font tranchantes il faut des mors doux,
ne jamais parler feulement de pignatelle, laquelle n'eft que pour les barres rondes- ,
Si le Cheval les a fort charnues & baffes, il faut avoir recours aux mors qui vont en
cher la barre.
                                                                                                       , „.
Si voftre Cheval a les barres hautes & point du tout fenfîbles, c'eft ce qui s'appelle ^
che fauffe, en ce cas vous luy pouvez donner des embouchures à pignatelles, ou à ?të-&\
ne, car pour les mors qui font au deffous de la ligne aux bouches fauffes, ils font une fl»
«.hante grimace, & un pins méchant efieu
                                                            Apr^s
-ocr page 247-
Anr, .                  SECONDE PARTIE.                             ±47
tir& fT0lrremarclu^ ce quedeiiüs, il faut encore faire marcher voftre Cheval, par-C H AP/
iamhpcrl!fr' recüler, repartir enfuite, allerlepas, pour juger s'il a desreins, s'ilades 80.
C « S piec*Sj fi le tiain de derriereeft plus fortqueceluyde devant.
tud,vo"re Cheval pour avoir fourny de méchans arrefts par ignorance, mauvaife habi-
lour ' ouPararJeur, fouvent manque de reins, ou pour avoir les jarrets toibles ou dou-
teux ; ce n,eft pas la b[ide rude ^ui donnera remede à ces deffauts là , ce fera les bon-
« leçons bien pratiquées; & la bride rude produira plus de dcfordre&de contufion que
ruin ffetS' carPtefque toujours le fond de la bouche eft bon, mais les mors rudes fa-
ll peut arriver que le Cheval que vous voulez emboucher a fait du defordre avec la bài
equ il porte, parce qu'elle eft trop rude il eft ailé de luy en donner une plus douce.
aile Cheval bat à la mairi, il faut tâcher à découvrir le motif qui l'obligea cela; le re-
.neaeurnverfelàces Chevaux eft le Canon à trompe, pourveuquele mal ne vienne pas
uCavalier, qui ait la main trop rude, ou qu'il s'attache trop à la bnd e.
lorsque vous voulez emboucher un Cheval que vous n'avez veu qu'un moment, &
Sue vous ne pouvez fçavoir fes deffauts, il faut s'en informer; fçavoir s'il pelé à la main,
f js chauffe la bouche, s'il eft retenu ou çamingue, s'il a de l'ardeur & du feu, afin que
on cela vous puiffiez prendre vos mefurés.
fc voftre Cheval eft foible du devant, il faut une bride qui le tienne plus fujet quon ne-
eroit ; s'il a le derriere foible avec quelques deffauts, comme jardons, efparvms, &c.
«ut une bride qui le contraigne moins qu'on ne feroit s'il n'avoit ces défauts-là.
fJe tout ce que deffiis, &delâ connoiiïànce de l'effet des embouchures cy-devant de-
es, vous ferez voftre projet pour luy ordonner une embouchure.
effç enons à prefent à la Branche, je fuppofe mefme que vous avez connoiflànçe de divers
mai • Sncnesi comme nous l'avons enfeigné, & félon cela il faut confiderer de la
lezd °Ùilrte l'encolure, afin de vous déterminer à la Branche que vous luy vou-
da^fautnotterque l'embouchure, c'eft à dire, ce que vous avez deflein de luy mettre
tifie °0UCne> vous doit regieren partie par la bouche , car l'embouchure fepeutfor-
Co roPaffoiblir par la Branche; ainfi il faut que vous fçachiez fi vous avez deflein de
ordni n v°ftre Cheval par le moyen de l'embouchure ou de la Branche, car on peut
oui,?ner une Branche hardie au Cheval qui fe ramene aftez j on peut donner à un Cheval
oouch PaS befoinde relever, une Branche qui releve, & cela pour fortifier ou affoibhr l'em-
neteamaniere d'emboucher moderne eft fort differente de l'ancienne; car autrefois oa
qued°ltleS Chevaux fujets qu'avec des brides rudes, mais à prefent on ne met en ufage
les étn-SCmbouchures douces, en échange les Branches font plus fortes, car autrefois el-
tifep' prei:<lue toutes flaques, & à prefent on n'en voit plus de celles-là : on les a for-
tit Un non Seulement du touret, mais auffi de l'œil & dujarret ; véritablement la barbe pa~
g.nPeu, maison y peut donner plûtoft remede qu'au dedans de la bouche,
drnit re Cheval Porte beau, uneGigotteou demy-Françoifc fur la ligne le maintiens
^ en cette pofture.                         °
aude'-p0itebas' "neConeftable hardie de jarret extrêmement laquelle demeure avancée
S'il t a la '^!ie ^u touret environ un pouce plus ou moins.
„ tend le nez, une Branche Amplement hardie.
s, s arme, la Branche à Genoüil.
EnfiPOrte 1,encolute droite en avant, une Gigotte qui ramene beaucoup & releve peu.
■'Hefeî •?' Je Croy avoir expliqué ii clairement l'effet des Branches, que ce que j'en dirois
ton que des répétitions inutiles.
                                                                            &
-ocr page 248-
a48              'LE PARFAIT MARESCHAL,
il faut particulièrement prendre garde que le mors que vous ferez faire ne foit point trop
large, car celafait faire l'aille aux Branches, &que la gourmette porte en fa place, car
fans cela le mors n'aura pas l'effet que vous deviez attendre.
La liberté de langue ne doit avoir qu'un pouce de large entre les deux talons de Ternbou
chure; ce n'eft pas un pouce de douze lignes, mais un pouce ordinaire quieftenviro
neufou dix lignes.
L'œil ne doit avoir au deffus de l'Embouchure que trois pointes de doigts au plus, ou
vingt deux lignes.
                                                                                                , -
Le Banquet doit tomber à plomb, s'il revient en arrière , comme c'eft l'ufage des ig"0"
rans, il vous diminuera l'effet de votire Branche de plus de la moitié: quand il ne vico
droit en arrière que d'une ligne cela portera bien loin.
Le coude ne doit prendre jamais fa naiffânee plus haut que le milieu du Banquet.
Et ne doit avoir de tour que la hauteur de l'œil pour les plus hardis.
Les greffes gourmettes étant rondes font les plus douces ; la plus grande partie des gens
qui ont des Che vaux croyent qu'il n'y a point de plus grande fineiie pour les emboucher
que d'effayer toujours des brides jufques à ce qu'dls ayent trouvé celle qu'ils cherchent, c eu
la methode la plus certaine, difent-ils.
Je croy qu'il eft avantageux d'avoir beaucoup de mors tous faits chez foy, à ceux 9.u|
n'ont pas une grande expérience dans l'Embouchure, pour s'en fervir comme je vay dire-
Lors que vous voulez emboucher un Cheval, mettez-luy celuy de vos mors que vous au-
rez jugé luy mieux convenir, après avoir obfervé exactement ce que nous venons de dire,
&fur celuy-là vous prendrez des mefures très-certaines delà bride quii luy faut, car vous
verrez ce qu'il y a de trop ou trop peu dans labouche ; cequiyaàdire à la tournure de W
Branche, fi elle eft trop longue ou trop courte, fi l'œil, le coude, ouletouret, ont les
proportions qui leur conviennent, & enfuite vous faites faire une bride convenable.
Mais fans connoiffance, d'effayer des brides d'une rude à une douce, d'une courte a
une longue, & ainfi fauter de branche en branche, fans deffein & fans connoiffance, corn*
me qui chercheroit à yeux clos, c'eft faifmer la bouche de Ion Cheval ; s'ill'adélicate,
c'eft le rendre incertain, & fouvent on luy met la bouche £n defordre, au lieu de l'accorn-.
inoder.
Ce n'eft pas qu'aux fort bonnes bouches, comme font les appuis à pleine main, ler^"
mede ne reùffiiîe par fois, & ceux qui n'en ont point de meilleur ne font point trop mal de
s'en fervir, mais je croy que c'eft le remede de ceux qui n'ont aucune teinture en cet Art,
auquel affurement il faut beaucoup d'application & un peu de pratique : Mais l'affaire n elt
pas fi difficile, avec un peu d'étude, puifque dans Paris on voit une infinité de perfonnes
qui embouchent à merveilles des Chevaux, difent-ils, & ils ne fçavent ce que c'eft que d un
Cheval, n'ont aucune connoiffance de fes qualitez, & n'ont jamais monté à Cheval en-
quelque maniere que ce foit •• & fi ces Meffieurs là ont fi bien re affi fans monter, ny c°°"
noiftre les Chevaux, les Cavaliers en faveur defquels j'écris ces lignes, peuvent efperer
qu'ils y reiiffiront, puis qu'il femble qu'on ne peut avec certitude ordonner une bride le^
ionlestegles, fionneconnoiit les jambes, les pieds, les reins, la vigueur, & la lege'
retédu Cheval. C'eft une connoiffance que les Hommes de Cheval ont ; qui les ferabie0
flûtoft reiiffir, que ces Meffieurs qui ne connoiflent que la barre & la ganafle du Chevab
pour l'avoir manié dans l'inftant.
Metile
-ocr page 249-
SECONDE PARTIE.
2,49
■Methode pour noitrrir Qr preparer les Chevaux , enforte qu'ils pui feu t fournir
des courfes extraordinaires.
jp N Angleterre ils ont des Chevaux deftinez feulement pour faire de grandes courfes, CHAP.
ils font fi curieux de ce divertiffement qu'ils les nourriiTent exprés pour cela, & leurs g^/
Chevaux qui font naturellement de grande haleine, & qui ont une extrême vîteffe font
nus en un tel eiiat par cette forte de préparation qu'ils fourniflènt & font des courtes in-
croyables, non pas au petit & au grand galop comme les noitres, mais à toutes jambesi
enforte que ceux qui ne l'ont jamais veu, ont peine à feperfuader comme un Cheval peut
tefifter à la violence de leurs courfes pendant cinq & fix milles ; & on en voit beaucoup en
ce pais-là fournir des carrières de cette longueur.
Je n'ay jamais mis en pratiqué cette methode, je l'ay inferrée à la fin de ce Livre, fur
la bonne foy d'un brave Cavai ier, qui m'a afliiré l'avoir eu en Angleterre d'un Homme qui
ne faifoit autre profeiïïon que de preparerei entretenir des Chevaux de courfe , lefquels
ne font point chargez de graiife, ny de trop de chair; mais font lì vigoureux & fi pleins de
cœur qu'on n'en voit point de pareils : fi la curioììté vous poulie à l'éprouver, j'efpe-
re qu'obfervant exactement ce qui fuit vous en aurez contentement.
Pour choifir un Cheval de courfe, il le faut long de corps, nerveux, de grande refour-
ce, & fort vide, lequel outre la bonne haleine doit avoir l'efperon fin, & eftre grand man-
geur. Le Cheval avec tout cela doit élire Anglois, Barbe, ou au moins de legere taille,
|a jambeaiTezmenue, mais le nerf détaché de l'os, court-jointé, & le pied bien-fait,
les pieds larges n'ont jamais reiiffi à ce métier.
■rour preparer le Cheval de courfe, il ne luy faut point donner d'avoine, ny de foin:
rnais luy taire faire du pain moitié orge, moitié fèves, le faifant bien cuire en forme de gâ-
teau plat, & n'en donner jamais au Cheval qu'il ne foit raffis, &plûtoit dur que tendre,
trois livres à midy& trois livres au foirfuffifent pour fon ordinaire, & cela au lieu d'avoi-
ne, de lagerbée de froment au lieu de foin, de l'eau tiède à boire, où vous mettrez fur
n lceau une jointée de farine de fèves & d'orge, le tenir bien couvert avec un drap &
_ ne couverture, dans une écurie où il n'y ait aucun jour, bonne litière nuit & jour, &
ou] ours couvert & l'ayantnourry quatre jours de la forte, le cinquième au matin l'ayant
tenu bridé trois heures; donnez-luydespilulles compofées d'une livre de beurre frais, qui
naît pas efté lavé, c'efl; à dire, d'abord que lacrelme elf changé en beurre, fans le la-
ver mêlez parmy vingt-cinq ou trente gouffes d'ail concafïëes, du tout faites pilules grof-
es comme des greffes noix, que vous ferez avaller au Cheval avec un pinte de vin blanc,
Puis le tenir trois heures bridé, la telle fort haute, enfuitele traiter à l'ordinaire avec fon
Pam> fon eau, &dela paille médiocrement, car il ne le faut pas engraiiler, mais au
ontraire en l'amaigrilTant luy augmenter l'haleine & la vigueur.
-Lefeptiémejour, c'elfàdire, un jour franc après la prife des pilules, promenez-le au
jnatin une heure avant Soleil levé & une heure au foir après Soleil couché, au pas & au ga-
sp- Si le Cheval demeurait trop gras, il le faut promener une heure après Soleil levé,
«une heure avant Soleil couché, puis le ramener à l'écurie, l'effuyer & le bien couvrir,
lé nourrir à fon ordinaire, & continuer à le promener tous les jours, & luy donner tous
ics cinquièmes jours'les pilules de beurre obfervant le jour de la prife, ny le lendemain
Qene le point promener.
Quandil aura pris trois prifes de pilules, c'eftà dire, quinzejours après qu'on l'a com-
mence , il le faut promener au matin deux heures, & autant au foir au galop, à toute
Tome IL
                                                    U                               &           bride>
-ocr page 250-
ifo.                 LE. PARFAIT MARESCHAL,
Ch A.P. bride, & au pas, pourluy laillèr reprendre haleine de temps en temps, obfervant tou*
87.
jours de ne le point courre les jours des pilules, ny le lendemain; il le faut remener efl
main au petit pas bien couvert, lebieneilùyer, le frottant jufqu'à ce qu'il foit fec, ratta-
cher la tette haute, le laillèr bride' trois heures, puis luy donner à boire de ion eau plus que
tiède, puis le nourrir à l'ordinaire: il le faut nourrir un mois entier de cette methode >
prenant les pilules toujours après les quatre jours, & les cinq ou iïx derniers jours du moi»
le courre tant qu'on juge que fon halame peut fournir, le galopant pour le laiiièr ibuflef»
ne le travaillant néanmoins que deux heures au matin, & deux heures au foir, le reIïîf
nant au petit-pas en main bien couvert d'un drapée d'une couverture, puis l'effuyant &
fai fane boire, commej'àenfcigné.
Au bout de tout ce temps, (ila fiente eft encore gluante ou humide, il n'eft pas b»e
préparé, il faut conti nuè'r jufqu'à ce que la fiente s'e'mie fans aucune humidité, lors
Cheval fera en état de faire les courfes que* vous voudrez.
XJ n jour avant de faire la courfe, il lèra bridé toute la nuit : à deux heures au matin, 1°*
faire avaler trois chopines vin d'Efpagne, dans lequel on aura délayé vingt ou vingt-cr"»
jaunes d'œufs, le rebrider deux heures entières après la prife, puis le monter au petit ga
lop d'abord ; puis à toute bride, autant que fon haleine pourra fournir, enfuite au pÇ**
galop pour prendre haleine, & après à toute bride, & cela pendant ttois heures, le bie/j
couvrir, le remenef au petit pas, le bien effuyer, puis le laillèr trois heures bridé,
tefte haute, & après luy donner fon eau, mais il la faut la plus chaude qu'il la pourra bo»e »
puis le traiter à l'ordinaire.
Le jour de la courfe, il fait qu'il ait avalé le vin d'Efpagne & les jaunes d'œufs deux heu-
res avant la courfe, & qu'il ait cfté bridé fix heures avant de prendre du vin d'Efpagne.
Vous notterex que le jour avant la courfe, & le jour d'icelle il ne doit manger queJ
moitié de fon pain à chaque repas, & la moitié de la paille qu'on avoit coutume de lu;
donner.
                                                                                                         ^         
Les jours que les Chevaux ne font pas les courîes, & lors qu'on ne s'en fert pas à cela, '
les faut toujours nourrir & promener comme j'ay dit, hors que depuis qu'ils font prepara■»
on ne donne les pilules qu'au bout de huit jour feulement.
                                       -. <• nt
Si le Cheval étoit dégoûté & fort refferré, pendant cette préparation ou après, il ta
luy donner de bons lavemens avec deux pintes de lait & une chopine d'huile d'olive,
tout tiède.
                                                                                                             ,
On ne doit courre ces Chevaux qu'avec des filets fort menus, afin de ne leur ôter lfl
leine, comme feroit un de nos mors, fe courber fur le col en courant pour empêcher qtt
le vent ne vous prenne, avoir des habits fort joints au corps ; point decafaque volante, u
bonnet au lieu de chapeau, de petits éperons fort aigus, & picoter le Cheval aux flanc »
ks grands coups arreftent les Chevaux, & ne les font pas courre, point de croupière n7
poitrail, une felle fort legere, & le Cavalier auffi.
                                                 , -^,
Voila ce que ce Cavalier m'a appris de la courfe des Chevaux Anglois. En voila au _
pour fatisfaire la curiofké de ceux qui auront envie de preparer des Chevaux, comme on
pratique en Angleterre ; pour moy j'aime mieux drefier un Cheval pour la Guerre, ou po
k Manège, que de le preparer à de pareilles courfes, où le foin & la peine font plus gran"
que le plaifir qu'on en retire. Adieu.
Fin de la fesmde Partie,
-ocr page 251-
çjT> mi an on Ç(T> or» ori ?<r> c/r> -<r>. <jT> w> ty> o7> w~> qr»
l:. t t-t 'f f f f. f f'f ? t T.f-f
A B
DES
L E
M A T I E R E
GENERALES.
S
quec'eft.                                           . 49„
Quand elles font les plus dangereuses. U-me(me.
Auher.
Mule fleur ; ou fleur de pefcher prefque
le mefme.                                              7.9.
Poils d'Auber rarement fenfibîes.        /■»-;-!?/)»?,
Aubiner. Des Chevaux qui Aubineut » ou qui
vont l'entre pas.                                      75.
Avoine. Si les Chevaux doivent manger l'avoine,
avant que de boire,                                 io*.
*
B Aprale. Canon à Bafcule.                  iva.
Sultanes. Des marques blanches que les
Chevaux ont aux jambes qu'on appelle
Balfanes-
                                                 8i.
Bal fan. Du pied du montoir feul, bon. 85.
Des quatre pieds de bonne nature.
                 84.
Ballottes. Secrettes quelles, & pourquoy inven-
te'es.
                                                      155.
Sarte. Quelle doit eftre la Barbe du Cheval. 10.
Barres. Parties intérieures de la Bouche du Che-
val.
                                                        15.
Quelles doivent eftre.
                                    9.
Bay. Le plus ordinaire de tous les Poils. 78.
Bays clairs. là-mefme.
Bays bruns. là-mcfme,
Bays dorez qui tirent fur le jaune. là-mefme.
Bayschaftainsou de chaftaigne. là-mefme.
Bays à miroir. là-mefme.
Ii s, Begti,
A-4f'. Comment il &ut«onnoiftre l'âçe
des Chevaux.
                          ,n J>
acheter T„        ii              , *° &c*
puifièp,^,           «««Heure methode qu'on
£"llle Piquer en achetant un Cheval. 8 6.
79-
ld-mefme.
li-mtfme.
là-mefme,
là-mefme.
Id-meÇme.
^".^'""^«nefoieacbons.
-ftzan poü de vache.
A zan clair quel.
A 2an ordinaire.
Amble rwiì A'z?nfo»brun.           
Sw-SS*4 la mcükure «^ ** èhe-
ï*«àl"An?Ioife quels                           94'95'
' chezlesEplit?311"11 *«***■■«
^vtgTe™ Un Cheval combien dtfFerente delà'
Si"eEfiaqUKrdeaUreneUX-          'W-
? '-Et jambes Arquées, ccquec'eft. ,,.
ero/rP nUe f?nt Ies Arrcûes 1ui arrivent aux
c > qui. arrive aux pied s du Cheval, & ce
-ocr page 252-
M A TIEP.ES/ •         . cbe.
Carrojfe. Pourquoy la premiere ferrili ed ^
vaux de Carroile eft de conséquence. ... ;eSr
Cavalles. Quelles Cavalles font lesfflfp%oi).
& comme on les doit mettre avecl t
104. &c.
                                             j ede-
Cercle. Que font les Cercles aux pieds des ^
vaux.
                                                           %y
Ch.;nfrain blanc, vieux mot fort en ulage- ,(>
Cequ il lignine.                             k                §4.
Chanfraiublancoubelkfacedemêine.^ ^
Charpetueurs. d'Arçons quels , Scd'oualU
peliez.                                                . • /j ap-
Chaftatgne. Quelle partie du Cheval ett a»1
Pe"ee'                                              r-\ al 3"
Cheval. Belle & ample delcriprion du Cheva^ ^
Les noms des parties qui compofent le Chev ^I(.
Comment les parties d'un Cheval doivent ^
formées, pour eft re belles.                     i:.,ers
De la taille du Cheval, & des Chevaux de^ ^
Pays.                                                         j,j.
Quels Chevaux font de plus grand ufage.
Remarques curieufes furies Chevaux repre e
en relief, ou en platte peinture.               „ <•.£,
Clyftere, ce que c'eft, & d'où cemotelt
Clous. Pour empêcher de prendre des clovts
• rue.
                                                            bje9
Les plus déliez de lame, les meilleurs ?oai lt <.
ferrer les Chevaux.                                    ,[,ns
Clous de Limoges & ceux d'Argentines «c .
pardeflus les a r es.                           ^■"'JiSal
Clous. Eftant btechez; ce qu'il faut car6* -
que de les river.                                       , s !l
En quel temps il faut ferrer & de quels clog<
fe faut fervir.                                    II'^fdurs
Ce qu'il faut faire quand les pieds font » ^
qu'on ne peut brocher un clou fans qu ' Jjg.
de.                                                             j ai-
Col d'Oye. Canon à Col d'Oye , la lib^te ^.
guée.                                                          ijts.
Coml-le. Des pieds Combles > & des pieds p
Pour les Chevaux qui ont les pieds extreme
combles.                                                        ^.
A qui ces Chevaux peuvent eftre propres-
TABLE DES
SJegu. Ce que c'eft qu'un Cheval Begu. 17.18".
Eerge.Cz que c'eft que la Berge à pignatelle, 118.
119-
Btte. DigeftrFde!aBiIe_ouFh,legme.             175.
BUnS. Chevaux qui ont trop de blanc ordinaire-
ment foibks.
                                                83..
Bine. Comment il faut faire boire un Cheval.
98.9 9.
Tour connoiPrre fi les. Chevaux boivent bien. 87.
Si l'on doit faire boire les Chevaux , avant que
leurdonner l'avoine..
                                 101.
Boiter. Le vray moyen de connoiftre fi un Che-
val Boitte.
                                                     68.
Bouche. Aiiifi noiimiée aa Cheval par un Privile-
ge particulier.
                                                4.
Parties extérieures de la Bouche.          là-mefme.
Qualitez generales qui font une bonne Bouche.
10.
De la Bouche d'un Cheval, le moyen de connoi-
ftre fi elle eft bonne & loyalle.
                  9. 69.
Boucles. Qui tiennent le poitrail attache'à la (el-
le, quelles doivent eftre.
                       90.97-
Boulet. Du Cheval ce que c'eft & à quoy fujet. 6.
14. 40.41.
Boulettez. Quelle opération il faut faire aux
Chevaux Boulettez.
                           151.131.
Bouton. Efcache à Bouton.                   117.118.
Bautte. Des Chevaux Bouttez ou Boulettez. 131.
131.
Brun. Bay-brun Brun-bay , quel poil c'eft. 78.
Branche. Ce que c'eft , <& quels font les effets.
Branche droite à Piftolet.                              136.
Branche à laConneftable.                 . 137.141.
Branches à la Gigotte.                           13 8.143.
Branche a Genomi.                               139. 240.
Branche Françoife.                                         141.
Bras. Du Cheval ce que c'eft.                    6. 13.
Brocher. Ce que c'eft que Brocher un clou. 114.
Broncher. Pour les Chevaux qui Bronchent.
133-1'34-
Ctnal. Du Cheval, quel doit eftre.         10.-
r:anon. Du Cheval où placé , & ce que
c'eft.
                                                    6.
Canon (impie.                                                113.
Canon à trompe.                                            114.
Canon montant, &c.                                      215.
Carogne. Quelles deffenfes ont les Carognes, 7 2.
Commodément. Ce qu'il faut pour aller coin'
44
45'
îiî
Compas. Canon à Compas.                         roîi'
Connotjfcur. Ce qu'il faut fçavoir poare»re '
noiiieur des Chevaux.                            '9 ' ,,,.
Co*"
-ocr page 253-
rw              ~ TABLE DES
contrem^me. Quand un Cheval doit eftre dit
Contremarque.
                                      M. ly>
^•^ m°ye« de voir fî un Cheval a bon corps,
coff î de<fianc ou s'l! man ,ue de b°yau- 5 3 •
Si uè rt aut des Cortes ferre'«- b-mJme.
'es Chevaux qui ont la Cofté ferrée , font
c£ n ,!'°C"IS-                             ù-mefme.
pofte           Panie du Cheva! & ic cluoy cotn*'
C°pent' DC Ia ferrure des Chevaux qui fé cou-
^ent Ch0feS qU' font qUe Ies Chevaux le cou-
b^a7-,Q,!elle dlffercnce *J y a entre la Cour-
bature & la Poufle.
                 '                     ,-
£««*«. *" un Cheval ce que c'eft.                  «î'.
£7""'da Cheval ce quec'eft.          ,            6.
ÙT0nn? du, Cheval ne-doit pas eftre plus
*u«tc que le Sabot.
                                        i4.
"bas'ïfr ' JHé Chevaux Court - jointez, ou
CaZÌ£"if°'S- ^eh doivent eftre lesCoJre-
la"glos, ouCourte-fanêlots.
                     97
C\J ^T & Pourquoy il faut couvrir les
Chevaux dans l'écurie.
                               I(r,
rZ°r C0mmeiK '' faut Gresles Crampons"!
J, J nPOnMr des Chevaux.
         , 35. &c.
enon'           al crocllu en termes de Maqui-
9upeuc!os.                                           r ' f*%'
un di? Cllevai,x crochus foteot bons , c'eft
ttaut affez incommode dans un Pays de
lv»ontagnes.
ommentles Marchands adoucifTent ce mot. /1'
DnX'P" C^evaI clueI,e & que comprend. <î 13.
Quelle don eftre la Crqaped'un bon Cheval 59.
Chef" ^2"6 doit eftreIa Croupierç dun
chair ' & tlUelks folU ks CrouPieres de
Cr ' ' *
                                                     Q c'
Chaff"* a ^"S'0'^ meilleuresqoeceîles dé
ryn„i j '■ „                                          l -mePme.
Vuel doit eftre le culeront de la Croupière. 9 S.
i/f-'-Du Cheval, & Ce qu'elles eontieniient. 7.
D.
D-^v/. La patfaiteconnoifTance des Def-
fauts du Cheval, ou ce qu'il faut obiér-
ver quand on l'acheté pour n'eihe point
MATIERES.
Dents du Cheval , de combien de fortes.            <'•
En quel nombre.                                    û-ùiejme'.
Derriere. Du Chevalquel doit eftre.               42,,
Et àquoy o les peut connoiftre.                       ^ ;
Quds font les Deffauts du train de derrière. 5 9,
Diuée. Commentii faut traiter les Chevaux à la
Dînee, ou à la couchée , faifant voyage, rot.
Drcit, Des Chevaux Droits fut leurs membres.'
130.
E Au. Mauvaifes eaux ne font pis confîdera-
bles au commencement.
                     67,
Quels font leurs effets.                ù-mefme.
Combien la bonne eau contribué'à tenir un Che-
val gras.
                                                       141;
Emboucher. Préceptes pour Emboucher les Che-,
vaux. .ni.
Pour ordonner l'Embouchure. - MS-
Encdflelc. Comment il faut ferrer les Chevaux
qui (ont Eneaftelez ou qui ont les talons (errez.
Ce que c'eft qu'un Cheval Encaftelé , & quelle eft
la caule de ce mal.                              û-mejme.
Pour empêcher & pour prevenir cette infirmité.
Enclouer. En combien de manières on Encloüc
les Chevaux.
                                                114.
El-ach?.. Efcache montante.                          i 16.
Efcache à bavette.                                           117.
Encvlftre des Chevaux ce que c'eft.                     5."
Ce qu'elle contribué aux bonnes qualirez du Che-
val.
                                                                11.
L'encolure doit eftre déchargée de chair pour
eftre bien faire.
                                              10.
Diverfes fortes d'Encolures.                      10. 11.
Enflures très fâcheux maux & comment ils vien-
nent.
                                                      61. &c.
Reftrainétlfpour referrer une enflure.           10S.
Autre pour le mefme effet.                    I --m- ime.
E&gtteijjfir. D_'la naniere d'Engraiffet des Che-
vaux , avec de l'herbe ou de l'orge enverd.
■ 'M4- .
Enfil:. Quels Chevaux l'on appelle Enfellez. 11.-
Epaalesdes Chevaux différentes.
                , ri.
Quelles doivent eftre les Epaules de Chevaux. Aì-
me\rne.
Et comment placées.
                             ù-mefme.
Les moyens de reconnoiftre un Cheval chargé
d'Épaules.
              •'                           U-me(me.
I i }                        POUE
-ocr page 254-
TABLE DES
PoarconnoiftreîesEfpaulesbien faites.           54.
Epée , Romaine bonne marque au col & au front
d'un Cheval-
                                            86.
Epie. Des Epies qui font ordinaires aux Che-
vaux, & des extraordinaires.
                    85.
Etj-apagc. Avis à ceux qui commandent ou qui
ont foin d'un Equipage.
                           89.
Ergot. Ergots des Chevaux aux boulets de de-
vant.
                                        ,               47.
jEfparvin. Au Cheval ce qne c'eft.                 61.
Efponges. En quel endroit il faut appliquer les
Efpongesdu fer.
                                     ité.
Ejlailon. Du bon Eftallon ; & comme il Je faut
traiter.
                                                  104,
Quelles Cavalles luy font les meilleures & com-
me on les luy doit donner.
               U-mefme.
Efloille. Dire commun que l'Eftoille boit> ou que
le Cheval boit dans fon blanc.
                    83.
Seule au front bonne marque.                       84.
Etriller. L>e la neceilité qu'il y a de penfer Se
ERrillerles Chevaux.
                              143.
Etoumeau. Poild'Etourneau fur les Chevaux,
quel.
                                                       79,
Ejh-iviéres. Quellesdoiventeftre.                95.
Eftroit. De la nourriture des Chevaux Eflioits de
Boyaux.
                                                 1 1.
MATIERES.                       55.
Chevaux altérez de Flanc. ,..    20-
Si un Cheval n'a pas allez de Flanc, ou s U      , _
que de corps.                                         t ie
Lavement pour appaifer un grand battem   ^
Flanc. '                                         uireàP*'
FUndnn. Chevaux Flandnnsqu'on deDU t.
ris pour la felle quels.                        , ters<
Forger. Comment il faut faire forger des
110.                                                       ,roB('ü
Forme. Ce que c'eft qu'une forme au p*tU j.
Cheval.                                                  4g.
Et à quelle forte de Chevaux arrive.              efté
Forbu. De la Ferrure des Chevaux qui °n 4,
Forbus.                                         Li-'en'*
Remede pour les Chevaux Fourbus oublie >
premiere Partie.           (                      /14*
Fourchette. Du Cheval où place'e.            /eill.
Front, Du Cheval quel doit eftre pour eftre
Frotter. Qu'il ne faut point Frotter 'es'a"f0it
des Chevaux qui arrivent j quoy que c .,
I'ulàge ordinaire.
,'eft
Anaffe Ou Ganache du Cheval ce que
4-                              , , rhe.v2$L
OsdelaGanafleouGatiachedes ^" g/
S
G
quel
FAnon. Poil des jambes des Chevaux. 47.
Fatigue. De la nourriture des Chevaux
Fatiguez.
                                     151.
Ferrure. De la Ferrure des Chevaux.           113.
Feri. La quatrième maxime pour bien Ferrer les
Chevaux eft de faire les Fers les plus legers que
l'on peut félon leurs tailles.
                115.116.
Il faut que le Fer ne porte point fur la folle. 117.
Quelles Efponges il leur faut.
                      116.
Si le Fer portoit ailleurs que fur la corne. 117.
Comment il faut faire Ferrer les Chevaux. 1 %o.
Combien il faut de jours au Cheval pour luy faire
accoûtu mer les Fers.
                               m,
ïers à Pantoufle quels.                               1 z6.
Point voûter les Fers.                                 111.
Fiente. Il faut prendre garde à la Fiente du Che-
. val pour juger de fon inteneur.
                109.
fies. En quels endroits les Fies viennent aux
Chevaux.
                                                 66.
Ç,omment on peut connoiftre qu'un Cheval a eu
des Fies.
                                         lh-mefme.
Flancs Du Cheval où placez.                          4i
Garrot ou Gallet de Chevaux où Comrnenc • ^
Genoùil. Du Cheval où place'.                   ^.
QueldoiteftreleGenoiiildu Cheval.             4,
GUnies. Des Chevaux de plufieurs fortes.5 yl
Gorge.
Mors à Gorge de Pigeon.
                 ^ott
Gourmand. Pilules Gourmandes portatives ,
remede pour faire manger les Chevaux. ^
Gras.
Combien il eft difficile de connoil*1 ^
pieds Gras des Chevaux.                      rhe**'
Que la bonne Eau contribue à tenir un
Gras.                                                       (,.
Grafiet Du Cheval ce que c'eft.                    „y.
Gris Pommelé'poil tres commun.                ?i.
Excellent & pourquoy.                               '«q.
Gris argenté', Gris-vif & beau,            . une-
Gris-fàlequcl.                                ij'0J
H.
d'tiî'
pleine. Des Chevaux qui font gros .
leine.                      ^                   . 6-
Hanches Du Cheval ou commence'^..
H
-ocr page 255-
MATIERES.
haras. Difcours du Harai.
U6.
Langue Du Cheval quelle doit eflre. ~ «.,
Lavement. La maniere de donner un La-
vement à un Cheval.
                       17 ij,
Légèrement. Ce qu'il faut pour aller Légère-
ment.
                                                     4j,
Zever Du Cheval quel doit eftre.              43.44.
£evre.r Du Cheval quelles doivent eftre pour con-
tribuer à la bonte' de la bouche.
                 1 s.
Lichene*. Quelle partie du Cheyal eft ainfi ap-
pelle'e.
                                                    47,
Lieutenant. Poudre du Lieutenant prefervative
& curative de plufieurs maladies.
             189.
Ufage de la poudre du Lieutenant.               190.
Long. Quels font les meilleurs Chevaux dei
Longs ou des courts.
                                4 5.
Lo:ng-jointé. Chevaux Long-jointez. Pourquoy
ainfi appeliez.
                                           ?<>.
Louvet. Quelle forte de pou,                         89.
M
M-ÂÎgre. De la nourriture des Chevatn'
maigres, fatiguez, ou étroits de bo-
yaux.
                                             151.
M.dandre. Au Cheval cequec'efr.                 40,.
Mallters. Quels fout les Maliiers des Meflagi-
ries.
                                                     75-7*-
Manége. Que le Manege bien règle' ne peut ufer,
ny ruiner les Chevaux.
                             77.
Les avantages du Manege.                   là-mefinn
Comment ks Chevaux de Manege doivent cftrc
ferrez.:
                                                 136-
Dela nourriture des Chevaux de Manege. 157.
Manger. Pour connoiftre fi le Cheval qu'on veut
acheter Mange bien , &s'ilale ticq.
         8<ï.
Marques. Combien il y a de Marques aux Che-
vaux, & quelles font.
                             47.
Marquer. Quand le Cheval cil: dit Marquer. 2.2..
Pour connoiftre l'âge d'un Cheval qui ne Marque
plus, & celuy qu'on appelle Begut comme
auffi ceux qui font contre-Marquez. 14. Sec.
Médecine. Pour donner une Médecine a un Che-
val.
                                                      171.
Mélancolie. Digeftifdela Mélancolie ou atra-
bile.
                                                     171.
Mercuriel, miel Mercuriel & fa compoiïtion,
178.
Medicarne»s qui purgent le flegme ou la pituite.
191.
                            Kk                     les
™ «ilfets pour guérit te chamx. i,,.
as
un
^gdoivemefttcles Jambes de derriere d
<*geft Ie vray mouvement des Jambes au $
•^SeSîsÎS frotter Ies >mbes des cl-
dinaire             nt ' ^ <3ue ce &« 1'nfage or-
clSSKÈISksJa7besdesCh--'
àlachafTe q           ne S "fcnt en vo>'aSe > "7
RKfy* ddlafle * Renfle % jJJï
Jardon O.i i,.j ,/^              .              106.
*fï%S>           ^UC PlUS à CraÌndre 9UC
Wal hereditaire.                                          *3'
iaraiZ mIclud' & « qu'il comprend 7
worr.
7T;0idsetSrauxcïai °» ,a **» «»™
. ssîSâr*"que ks chevaux à svc°':
Tome, tl,                                               96-
-ocr page 256-
TABLE DES
Les Medicarnens qui purgent la Mélancolie. 169.
Des Medicamens qui purgent les eauës. 170.
Pour preparer le corps des Chevaux qu'on veut
purger.                                                  174-
Mtrouctê, Ou Bay à Miroiier quelle forte de
poil.                                                       78.
Les Molettes qu'on appelle nerveufes eftropient
les Chevaux.                                            68.
Msnter. De quelle maniere il faut monter un
Cheval que l'on veut acheter.                    74.
Mords. Que tous les Chevaux particulièrement
ceux qui font voyage » ayent des Mords qui
les bri dent bien , & forent affez, legers. 50.
Mors. Appelle'olives à couplet.
                  117.
Moucheté. Chevaux Moucherez quels.          85.
Mulet. Quelie forte de fers il faut aux Mulets.
131.
Mules. Quelles font les Mulles , traverfieres des
Chevaux.                                                67.
MATIERES.                       , ,■
Venfer. De la neceiïite' qu'il y a de Penfer & errl
1er les Chevaux.                                     '45-
Comment il faut.penfer les Chevaux.           **''
Pituron. Du Cheval quel efpace.                  ,'
Pantoufle. Comment & quand il faut forger of
fers à Pantoufle.                             iW' .'
Vas. Le Cheval allant le Pas, ne doit porter l
jarrets en dehors à chaque Pas.                 .*'
Paid'Afiie. Canon à Pas-d'Afne, la liberté g '
gaêe.                                        n4- **;>,'
Peigne ou galle farineufe des Chevaux.         47*
De combien de forte.                    l\0^fi
Ce que font les Peignes aux Chevaux, ^'.'lei
Peindre.
Pour peindre les qaeuës Se crins
Chevaux en couleur de feu, qui conferver
leur couleur fort long-temps.                  ^j"
Peintres , Et fculpteurs modernes à quoy s »tc*
client particulièrement,                    ^ J_'
S'ils doivent eftre imitez en tout.        là-m^J
Pourquoy ils ont mal placé les telles de la plu
part des Chevaux.                              17* '
Repartie des Peintres aux objections qu'on 'eur
fait.                                                   1^i é'
Pied. Du Cheval quel ; & ce qu'il comprend- '
Petit-fiei. Du Cheval ce que c'eft.
                 ,j
Pied De derriere autrement formez que ceux
devant.                                                    " ''
Le moyen de connoiftre les Pieds des Chev2u '
48. &c.                                                      j
Quelle doit eftre la fîtuation du pied du Cnev
pour eftre bonne-                                     *''
De bien parer les pieds , ajufterles fers, & bt ,
cher les clous.                                        \s.
Maximes ou règles principales qu'il faut neceil
rement fçavoir pour bien ferrer routes
de Pieds.                                    lU X
Des pieds plats & des pieds combles.            I '
Pieds de forme extraordinaire.                     . ' (
Pies, Des Chevaux Pies, & d'où ce nom '^
vient,                                                 jL,
Pignatelle. Efcaches à Pignatelle fort connu
6.
N
NAzjaux. Du Cheval quels doivent eftre
Nerf. Quel doit eftre le Nerf de la jam-
be.
                                                          39.
Noir. Poil Noir de deux fortes Noir more , &:
Noir fort vif. 79.
Nourriture. De la Nourriture des Chevaux mai-
gres fuiguez ou étroits de boyaux. 151.
Des Chevaux de carofle. 158.
O
O E//. De l'œil du Cheval & de fes parties
4.8.
Onguent des quatre onguents chauds
dont on fe ferrpour les Chevaux.
              190.
Oreille. Comment doivent eftre les Oreilles d'un
Cheval pour eftre belles.
                             7,
Oflèlets. En quel endroit fe trouvent aux Che-
vaux.
                                                      40.
Outré. Cheval outré incurable.
                     57.
Pince. Du Cheval ce que c'eft.
Pince Devant, talon derriere premier PnllC1\i
■ general pour bien ferrer les Chevaux. ll%.
Pinçon.
Invention pour ferrer un Cheval 1lUfi.i
fort fenfibîe aux moufehes.                        /s
Souverain remede pour empêcher de déferrer
Chevaux.                                      ^'K
P Aille. Comme il la faut donner aux Che-
vaux.
                                             141.
Paille de Languedoc très-excellente. 14*.
Palai/. Comment on peut juger de l'âge des Che-
vaux à voir le Palais.
                                16.
Pianelle. Ce que c'eft qu'une Planche.
p0
-ocr page 257-
-   ,             p TABLE DES
lourquoy on ne fait point de Planche aux Chc-
vauxdecaroirccommeaux Mulets. là-mefme.
riat Des p ds Plats & dcs comblcï- J
Vcjtrtne ou Poitrail du Cheval.                        5.
Fo't- Les noms de divers Poils, avec les inftruc-
nans qu'on en peut titer.
                     78. &c.
Poireau. En quels eudroits les Poireaux vien-
nent aux Chevaux.
                                   66.
vi"', S!5lettes pourqnoy ainfi nommées, ij t.
SCr P*. Cheval de quelleconfequence. 9<f.
Quelles doivent eftre les boucles qui le tiennent.
PortcmerAs Quel doit eftre, & qu'il ne faut
P«qu ils foientufez ou brûlez.                 90.
fJe la maniere d'élever de beaux Poulains. 195.
„J? ^"f,1 temPs les Poulains doivent eftre fevrez &
wtezd avec leurs mères, & comme on les doit
gouverner.                                            lo8<
Xfp. Défaut combien confiderabie au Che-
val.
                                                          6
Quand il eft facile de le connoiftre. H-ntejmc'.
•ttenquoyconfifte toute cette connoiffance. là-
mefmc.
Quelle différence, il y a entre la Pouflè & la
Courbature.
                                            ._
Tromperont. Ce qu'il faut au Cheval pour mar-
cnerpromptement.
                                  45
Pttrgdtion. De la Purgation des Chevaux. 163'.
•^es Remèdes qui ont la faculté de Purger.
Des Remèdes qui purgent la bile ou la colere.
CL
QU-trtiers. Du Cheval quels.                g.
Q>?euë. Des Chevaux quelle doit élire.
M-
2«e»f ferme prefque toujours ligne de
fo'-ce au Cheval.
                                     59.
1-our guérir le mal qui vient fous la Queue du
Cheval.
                                         7*1 9fi.
R
RAmmgüe. Quels font les Chevaux que
l'on appelle Ramingues.
                  j%.
fmnptn. Ce que fait le Cheval Rampili, &
comment il fc fait connoiftre.■
                   68.
"«ChevauxRampins.                              13 3.
- <». Queues de Rat ou arreftes viennent au long
MATIERES.
du nerf delà jambe du Cheval.                   65.
Redoublement, Du flanc au Cheval fe peut con-
noiftre en un Cheval.
                                j£,
Reins. Du Cheval où commencent.               5.
Ce que c'eft qu'avoir des Reins en un Che%ral. 3 7.
Rejiablir. Methode pour reftablir les Chevaux
de'faits & maigres après un long voyage. 155.
Rouhan. Poil Rouhan de plufîertrs façons. 79.
Rouhan vineux qui a la couleur approchante de
celle du vin.
                                   li-mefi»e.
Rubican. Quelle forte de poil.            la-piejme.
LE Sabot du Cheval doit avoir la corne lui -
fante.
                                              14.
Quelle doit eftre la forme du Sabot. 4S.
Saignée. De la Saignée des Chevaux & de fon
utilité.
                                                  18 r.
En quel temps il faut Saigner un Cheval. 18;.
Des endroits où l'on Saigne le Cheval.         184.
Des Précautions qu'on doit obferver pour la Sai-
gnée.
                                                    18 g.
Pour juger de la quantité & de la qualité du Sang.
187. 188.
Saia. La vraye Methode pour entretenir les Che-
vaux Sains & gaillards.
                           '89.
Saillieres Extrêmement creufes quelle marque à
un Cheval.
                                              2.5.
Sangles doivent eftre larges & fortes.             9 7.
Santé. Methode pour maintenir les Chevaux en
Santé.
                                                   188.
Science. Comment les Sciences s'acquièrent. 10.
Sculpteurs. Coutume des Sculpteurs Se bons-
peintres.
                                                  ié.
Seller. Ce qu'il faut obferver pour bien Seller
un Cheval, avant d'aller à l'Armée, ou en
voyage.
                                                  90.
Comment une Selle doit eftre pour eftre bien fai-
te.
                                                          9U
Et pour eftre commode au Cavalier.              91.
Elle doit eftre longue fur bande.                   93,
Comment il faut faire en forte qu'une Selle foit
prés du Cheval.
                              u-mefme.
Selle à la Royale quelle.                                9 rf,
Des appartenances de la Selle comme poitrail \
croupière, fangles , furfaits, & étnvieres.
Id-mefme,
Serré. Quel défaut à un Cheval d'être Serré de
flanc.
                                                      53.
S/lkr. Lors qu'un Cheval Siile quelle marque
Kki
                         C'eft.
-ocr page 258-
MATIERES.            1. ' .
Diverfes manières de Ticqueurs.         /Ujwt;^1
Comment ce mal fe communique.      li-mefme-
Tigre. Poils Tigres ou Tifonnez.                 %°'
Trdquenart.
Ce que c'eft que le Traquenart. 75*
Tr.rjat Et Traftravat, ce que c'eft.   * 8 3 • S4-
Trebuchet A deux ufages.                            '■ 1 * S '
TABLE DES
• c'eft.                                                      OS.
Ce que c'eft que Siller.                       la-mefme.
.Set&cment. Ce qu'il faut que falTe le Cheval pour
marcher Seurement.                                 44.
Situation d'un Cheval étant arrefté, quelle doit
eftre.                                                      41.
Quelle doit eft la Situation bonne & quelle eft la
pire de toures les Situations.                      69.
Comme il faut connoiftre fi un Cheval eft bien
Situe' , ou bien plante', & s'il marche bien. 41.
Solœndre. Quelle maladie aux Chevaux.
        6].
.Volle Du Cheval ce que c'eft;                            6.
Quelle doiteftre.                                         14.
Soufleur. Comment l'on peut connoiftre fi un
Cheval eft Souffleur ou Chifleur.                5 j.
Souris. Poil de Souris, ce que c'eft.             79.
.S'Atiin. Quand c'eft que le Soutien du Cheval
eft bon.                                                   4;.
•Sur-os. Ce que c'eft que le Sur-os des C nevai: «,
VZntre du Cheval quelle partie.                  j'
Si l'on peut dire qu'un Cheval n'a pointe5
ventre.
                                          55'
Vttjigon. Ce que c'eft & de quoy compofe'. 6°'
yigueur.
La difFerence qu'il y a entre la vigueur
d'un Cheval, & l'ardeur.                    54-7îr
Uni. Cheval Uni, fi le train de devant & celuy"
de derriere ne font qu'un en Marchant. 44'
Vclonté. Chevaux ne doivent point avoir d'autre
volonté que celle de celuy qui les monte. 75"
Voyage. Comme il faut ménager les ChevauS
dans les commencemens des Voyages. 97'
Pour conferver les Chevaux en Voyage. i°7*
Ce qu'il faut obferver quand on eft arrivé d£
Voyage.                                                I11.'
Diverfes manières pour dclaflèr un Cheval qui
vient de Voyage.                                   il1'
TAlon Du Cheval ce que c'eft.                6.
De n'ouvrir jamais les Talons féconde
maxime pour bien ferrer.
             115.
"talon, Derriere, maxime pour bien ferrer les
Chevaux comment doit eftre entendue'. 114.
Aux Chevaux qui ont le Talon bas, en leur pa-
rant le pied, il faut feulement couper la Pin-
ce.
                                                        118.
S'ils ont les Talons bas fans les avoir ferrez. 119.
L'un des quartiers du Talon ne doit pas eftre plus
élevé'que l'autre.
                                    119.
T#mbour. Tambours à col d'Oye.               2.2.6.
Tambours à Pignatelle.                    116. izj.
Tefte Des Chevaux quelle doit eftre pour la dire
belle.
                                                       9.
'Tefttere, De quel cuir doit'eftre.                   90.
Combien neceflaire.                          ù-mejme.
Tir. Ce que'c'eft, & comment on peut connoi-
ftee fi le Cheval eft Ticqueur.
                   87.
Eux. De la connoiflan.ee des Yeux <3«5
&c
Chevaux.
19
Y
Vitres des Yeux des Chevaux diverfes-
50. &c.
                                                    ^
Pour connoiftre les bons ou mauvais Yeux. 'A*
. mejme.
Ain, ce que c'eft qu'un Cheval Zain.
D'cùainfi appelle.
Proverbe Efp.tgnol du Cheval Zain.
z
Si-
Si'
Fin de la Table du fécond Volume
mdi