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Prof. Dr. M. Th. Houtsma

1851 - 1943

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TAWADDOUDE

ou

LA DOßTE ES6LAVE

PAR

Victor CHAUVIN

Exbfaib cle la ffevue quot; LE WOUVE]VtEIS(T ,,

LIEGE

imprimerib: ciiarles gothier

Rue St-Leonaed, 203
1899

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Tawaddoude ou la docte esclave

Si tout le monde reconnaît que la morale ne s'enseigne jainais mieux
que par des contes qui mettent (quelque vérité en action, les meilleurs
esprits semblent cepcnulant d'accord pour doutei' de l'efflcacité, au point de
vue de l'enseignement, de ces récits ou de ces romans où l'on accumule des
chapitres d'histoire ou de sciences, rendant ainsi non l'étude attrayante
mais la distraction ennuyeuse.

Mais, en cela, les bons esprits pouri'aicnt bien se tromper; car ces
histoires sans charme ont leur public et jouissent, parfois, d'une étonnante
popularité. Ainsi, par exemple, les Mille et une nuits, où l'on ne s'attendait
guère à faite pareille rencontre, contiennent un conte dogmatique, parfai-
tement ennuyeux, qui a eu un succès extraordinaire.

Ce conte, c'est l'histoire de la docte Tawaddoude, dont il y a deux
formes. La plus moderiie, celle que nous ont conservée les Mille et une
nuits, peut se résumer comme suit :

Un riche marchand a enfin, dans sa vieillesse, un fils, auquel il lègue
une grande fortune. Mais le jeune homme l'a bientôt dissipée et, réduit à
la misère, ott're au calife Haronne le seul bien qui lui soit resté, un e
esclave savante. Soumise à un examen, elle répond à des questions portant

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sur toutes les scieuces uiusulniaiies et confond les docteurs, qui doivent
s'avouer vaincus par elle; elle gagne aussi à tous les jeux, tels «lue les
échecs et se montre musicienne consommée. Le calife enclianté lui fait un
présent et la rend à sou maitre, qu'il comble également de cadeaux
et qu'il admet au nombre de ses convives ordinaires, (i)

L'autre forme diffère par des détails, d(.)ut il est inutile de parlei' ici et
est beaucoup plus ancienne; on nous dit qu'elle remonte au deuxième siècle
de riiégire et on en ncnnne même l'auteur.
(2)

p]t l'on pourrait en cliejchei' l'oi'igine plus loin encoie : le conte
présente, en effet, de grandes analogies ;ivec la légende de Sainte Cathe-
rine (3) et, cette légende, à son foui', pouri'ait bien provenir de l'histoire
d'Hypatie d'Alexandrie.
(4)

Quoi qu'il en soit de cette (question, il faut bien reconnaître que le ca(h'(î
de l'histoire de Tawaddoude n'a rien de bien amusant et (jue ses savantes
dissertations ne peuvent présenter d'intéi'ét (jue pour l(gt;s s[)écialistes. l-.t,
malgré cela, le conte ne figure pas seulement dans la collection des Mille et
une nuits, mais il s'édite et se réédite à part encore de nos jours au Caire et
à Bombay et forme à lui seul le contenu de maint manuscrit aral)e de
Munich, de Vienne, d(gt;- Gotha, de
hi Bibliotheca Lindesinna.

Puis, devenu l'objet de beaucoup d'imitations, il a, sous ces nouvlt;!lles
foj'mes, eu un succès non moins étonnant.

La plus C(jnnae est celle qui se trouve dans la littéralui'e espagnole.
L'héro'ïne, désormais appelée Teodor , est chi-étienne et fait, i)0ui' les
sciences chrétiennes, ce ([ue Tawaddoude a l'ait,poui' les sciences musul-
manes.Knust a exposé en détail les modifications (pie le conte a subies, non
seulement en passant de l'ai'abe en espagnol, mais aussi dans les éditions
successives que l'on en a données ou (pie l'on en donni! encore en Espagne ,
et au Portugal. (5) Et, pour comble de popularité, f.ope de Véga en a tiré
un drame. (6)

(1)nbsp;Conies inéiiis dts Mille et une- nuits, extraits de Voriginal arabe par M.J. de H.^mmer...
Traduits en Français par M. G. S. Tkébutien... Paris, I, 81-141.

(2)nbsp;Knust, Aus dem Eshirial, 615

(3)nbsp;La légende dorés par Jacques de Voragine. Paris, 1S.Ô4, II, 20T-21.'3.

(4)nbsp;ReTue critique, 1890, II, 171.

(5)nbsp;Aus dem Eshurial, 613-630.
(s) La donzella Teodor.

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Plus nombreuses S(,)ut les imitations faites on Oi'ient; mais on ne les
avait pas encore signalées jusqu'à ce jour.

Tout (l'abord, on peut citer un autre conte des Mille et une nuits, où
une jeune tille défend la prééminence de la beauté des femmes sur celle des
honnues. (i)

Il y a, ensuite, un conte publié par M. Bertherand et dont M. Certenx a
l'endu compte dans la
Revue des traditions populaires, (2) en affirmant,
l.ùon à tori, qu'il n'a rien de connnun avec les Alille et une nuits; le jeune
homme savant qui est m:s en scène n'est évidemment qu'une transformation
de Tawaddoude.

Mais plus curieuse de beaucoup (!t de beaucouji jjlus inconnue est une
iiistoire persane, dont parle Malcolm, dans son histoire de la Perse. (3)
L'auteur a. emprunté, en le modifiant, le cadre de Tawaddoude et, metiant
son héroïne aux prises avec un grand savant en présence d'une assemblée
de qtuitie cents doctes personnages et du calife Haioûne lui-même, lui fait
demontrei', avec une subtilité parfois bien amusante, la supériorité de la
secte des cliiites, à laquelle appartieniieut les Persans, sur celle des
sounnites ou orthodoxes.

Ce (pii a pu donner' à l'auteur persan l'idée de faire de Tawaddoude
le (îlKunpion des chiites, c'est un passage du conte des Mille et une nuits,
où la jeune tille ((juiest du rite orthodoxe chaféite), affirtne qu'Ali et Abbas
ont, chacun, leurs mérites.
(4)

Si Malcolm avait su d'où venait le conte qu'il nous a fait connaitre le
premieiquot;, il se serait bien gardé d'afFirmer que raut(gt;ur persan quot;pour
marquer le niépi'is qu'il faisait de ses adversaii'es, introduit en scène une
fennne esclave.quot; Cette escla\e, au contraire, c'est la savante Tawaddoude,
si hautement honorée, dont l'auleui- persan a répété l'histoire en la
moditiant à sa façon et dans l'intérêt de sa polénnquc.

Victor Chauvin.

S.

(1)nbsp;Contes inédits, III, 400-408.

(2)nbsp;II, 236.

(s) Trad. française, Paris, 1821. IV, 70-85.
(4j Edition de Boùlàq de 1297, II, 309, 9 et suiv.

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