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Les notions les plas nécefTaires à ceux
qui veulent iuïvre les Leçons expé-
rimentales de cette Science,
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Arec Approbation j mt f^ivJiÉGS du Rox^
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-ocr page 11-4- -1-
PREMIERE LETTRE.
IntroduBion.
Ous defirez, Monfieur, que —
je vous faffe part des inftru-
dions que j'ai reçues des
deux plus habiles Phyficiens
de notre fiécle J'aurois pû efpérer
de vous fatisfaire , fi j'avois vu l'exé-
cution du projet que nous avions for-
mé de faire enfemble un Cours fous
chacun de ces Sçavants ; mais les de-
voirs de votre état, qui vous ont rap-
pellé dans votre patrie au moment
que nous y penfions Je moins , m'ont
privé de la douce fatisfâftion dont je
m'étois flatté , amp; m'ont empéthé de
* McflSeurs l'Abbé Nollcc Se Deloc,
-ocr page 12-1 Lettres Physiques.
: joindre vos idées lumineul'es à celleJ
' de nos célébrés Philofophes.^
Jamais je n'aurois hafardé de vous
communiquer mes Réflexions, fans le
motif dont vous vous fervez. Vous
voulez , dites - vous , donner à vos
chers enfants les premiers precipes
de la Phyfique Expérimentale , amp; les
préparer fur les caufes de ces Phéno-
mènes li fiirprenants qui naiffent cha-
que jour fous nos pas. Votre volonté
me détermine ; amp; monobéiffance ,qm
m'acquitte en partie de la reconnoif-
fance que, je vous dois , vous prou-
vera le retour fincère de cette vérita-
ble amitié , dont vous m'avez comblé
dès notre tendre jeuneffe.
N efpérez pas q\ie j'aille réveiller
les cendres de ces Philofophes de
l'antiquité. Quelque refpeû que m'in-
fpirent Ariftote, Platon, Démocrite,
Epicure , amp;c ; ces Illuftres ne me fer-
virent pas de modèles. Je puiferai
dans une fource toute nouvelle. Mef-
fieurs l'Abbé Nollet amp; Delor, m'ont
applani la route que je dois fuivre.
Vous n'ignorez pas combien Iç pre-
mier .irichi notre fiécle , tant par
fes Cours publics chez lui, amp; au Col-
lège de Navarre , que par fon Livrç
Introdu.
ftion.
I. L E T T R E.nbsp;5
de Leçons de Pkyjiqiu Expérimentak^
tntrodu-
qu'il diftribue avec iin fuccès égal à
celui que l'on doit attendre d'un ef-
prit aufîi éclairé que le fien.
M. Deîor eft , comme vous le fça-
vez , enpofieffion depuis long-temps
dans les Collèges , d'exciter ,amp; d'é-
chauiFer le germe de ces génies heu-
reux , de ces jeunes athlétçs qui ,
formés fur la force amp; la vérité des
Principes qu'il démontre avec la net-
teté qui lui eft naturelle , luttent à
l'envie pour fe mieux difpiiter un
jour la palme de l'immortalité.
Ce n'eft pas leur éloge que j'entre,
prends ; il perdroit trop d'être tracé
par une plume auffi fbible que la
mienne. Tout parle pour ces Pbilofo-
phes ; je ne fuis que l'écho public.
Rempli lt;le ce zèle que vous f^avez
fi bien animer , je vais vous préfenter
un extrait de ce que j'ai appris fous
ces dignes Maîtres. Je rappellerai les
phénomènes dont la Nature eft fi pro-
digue ; j'établirai leurs principes , amp;
je m'efforcerai d'en approfondir les
caufes en développant leurs effets. J'y
joindrai les Réflexions que j^ ^gerai
néceffaires , en fuivant en générid les
fyftêmes de mes guides ; amp; j'abir^ge-
A ij
-ocr page 14-4 Lettres Physiques.
■nbsp;rai autant qu'il fera en mon pouvoir gt;
inttodu- pour éviter à vos jeunes enfans des
calculs amp; des détails qui feroient aduel-
lement au-deffus de leurs forces.
La Phyfique eft une fcience qui
foumet à des loix amp; à des principes
certains , les caufes de ces phénomè-
nes que nous découvrons dans la
Nature. Cette fcience eft la connoif-
fance de la Nature elle-même ; amp; fon
objet s'étend fur tous les corps.
Jufques à Defcartes, ce n étoït qu'un
amas de fyftêmes entaffés les uns fut
les autres , donc le dernier détruifoit
celui qui l'avoit précédé. Un Philofo-
phe s'efForçoit d'établir un principe
puifé dans fon imagination , que fon
fucceffeur anéantiiToit par un autre
tout oppofé amp;-tout auffi ridicule.
Defcartes* , né pour l'immortalité,
reçut le jour en Touraine vers l'an
1596 , de parents nobles , amp; d'an-
cienne Famille. Ses Etudes, qu'il fit
avec célébrité , lui donnèrent tant de
août pour les fciences, qu'il quitta la
profeffion des Armes , qu'il avoit em-
braffée , pour fe retirer * *, amp; fe livrer
entièrement à l'étude.
* Abrège de la Vie de Defcartes.
*»Il fe retira en Hollande vers I'm 1^59.
-ocr page 15-I. L e t t r e.nbsp;5
Ceft de cette folitude que Ton vit
fortir tous ces différents ouvrages qui aion.
porteront fon nom jufques chez les
races les plus reculées. Son Livre des
Principes , fes Méditations, fa Méthode ^
fon Traité des PaJJions , fa Géométrie ,
amp;c. font autant de modèles d'un prix
ineftimable qui fleuriront dans les fié-
cles futurs.
L'ignorance amp; l'envie déchaînèrent
contre lui la craffe de la Philofophie
Péripatéticienne. Ceux qui, envelop-
pés amp; confondus dans cette immenfité
de fophifmes plus embrouillés les uns
que les autres , ne pouvoient com-
)rendre ni pénétrer les idées nouvel-
es amp; lumineufes de ce Philofophe, fe
rejettérent fur fa doctrine amp; fur fes
mœurs, en l'accufant d'héréfie : mais
il fit ceffer la calomnie en revenant
en France en 1647, où il reçut le plus
favorable accueil.
II pafla enfuite vers cette incom-
parable Chriftine , Reine de Suéde ,
qui le combla de bontés , jufqu'à lui
accorder l'honneur de s'entretenir avec
lui tous les jours dans fa Bibliothèque.
Ce fut dans fes Etats , amp; pour ainfi
dire fous fes yeux, que ce grand hom-
me paya le tribut à la Nature. Il mou-
A iij
-ocr page 16-6 Lettres Physiques:
rut âgé de 54 ans,le îoFévrier 1650,
entre les bras de l'Aumônier de l'Am-
baffadeur de France , avec les fen-
timens du plus parfait Chrétien. Son
corps, apporté en France , fut en-
terré dans l'Eglife de Sainte Genevié-
ve-du-Mont à Paris.
Ce rare génie arracha la Phyfique
des Ecoles où elle languiffoit dans l'i-
gnorance amp; dans l'oubli ; fa nouvelle
^Méthode fut goûtée par les Sçavans
de toutes les Nations. A fon imita-
tion , Gaffendi en France , Léibnitz
en Allemagne , Newton en Angle-
terre , ne s'occupèrent fucceffivement
qu'à étudier , fur des principes fo!i-
des amp; certains , les nouveaux phéno-
mènes qui fe préfentoienî en foule à
leurs yeux.
C'eft à ces Philofophes que l'on
doit la connoiflance exade de ces dé-
couvertes fi merveiileufes , qui exci-
tent avec tant de raifon , l'admiration
de tout le monde. Depuis , quantité
de Sçavans fe font rendus célèbres par
■ cette fcience ; aujourd'hui elle eft uni-
verfelle , amp; il n'y a pas un homme
raifonnable qui ne défire s'inftruire ,
amp; connoître la caufe de ces effets fans
nombre amp; fi furprenants qui étonnent
notre imagination.
lari
-ocr page 17-I. L e t t r e.nbsp;7
Pénétré de cette louable curiofité ,
j'entreprends cet Abrégé pour me fax- aionquot;° quot;
re un amufement utile , afin de pafTer
quelques heures dans mon Cabinet
avec des amis particuliers , à méditer
amp; à confidérer les effets de la Nature.
Mon deffein n'eft pas d'embraffer
fcrupuleufement les parties de cette
fcience dans leur totalité. Je ne me
fcns pas àflquot;ez d'étendue de génie ,
pour vouloir me mettre en parallèle,
amp; lutter avec les plus grands Philo-
fophes ; je ne veux que m'inftruire en
m'amufant. Pour cet effet, je choifi-
rai les Expériences les plus curieufes
dans le nombre de celles que j^ai vûes
dans les deux Cours de Phyfique que
j'ai faits chez MM. l'Abbé Nollet amp;
Delor ; amp; , à l'aide des lumières de
ces deux Sçavans , je tâcherai d'en
expliquer les effets.
En fuivant le plan que je me pro-
pofe , je commencerai par les quatre
Elémens. La Tern me préfentera des
phénomènes dont tous les corps font
fufceytibles, foit par leur figure , leur
pefanteur , leur mouvement, amp;c. J'i-
rai fouiller jufques dans les replis de
YOnde pour y puifer ceux que cet Elé-
ment peut nous procurer. L'Air m'en
8 Lettres Physiques.
fournira quantité dont la variété eft
Abtégé^^ auffi furprenante, que la caufe qui les
produit devient intéreifante. Le Feu
nous en montrera d'autres auffi nécef-
faires à connoître, qu'ils font effrayani
pour qui n'en a pas encore fait la dé-
couverte. Lumieri amp; fa décompofi-
tion viendront à la fuite du Feu.
Kfon projet eft vafte , je l'avoue,
amp; je douterois de la réuffite , fi je ne
eomptois fur votre indulgence , Mon-
lieur, amp; fur celles de mes amis ; mu-
ni de ces fecours , j'ofe me flatter de
pouvoir parvenir à mon but. Entrons
en lice , amp; commençons par la nàturè
des Corps qui font fur la terre.
Di la. Nature des Corps.
!nbsp;Tout corps eft matière. Toute ma-
Nature des (j^j-g gfl- étendue. Tout corps eft long^»
large amp; profond depuis la maffe la
plus énorme jufques à une ligne , uà
point. Mais la Nature des Corps eft
différente. On en diftingue de deux for-
tes , le corps fimple amp; le corps mixte.
Le corps fimple eft celui dont tou-
tes les parties font homogènes, c'ef^-
à-dire d'une feule amp; même nature,
cOHjme un des fept rayons des cou-
I. L e t t r e.nbsp;^ _
leurs primitives dont la lumière eft
compofée. L'eau dans fa pureté. cofpquot;quot;'
Le corps mixte efl celui dont les
parties font hétérogènes , c'efl-à-dire
qui différent entre-elles , comme cet-
te même lumière en total, les végé-
taux , les plantes , les animaux , amp;c.
Les qualités des corps font géné-
rales ou particulières.
Les générales regardent rétendue,,
la figure , amp; la mobilité.
Elles renferment aufîi en elles la fo-
lidité , la porofité , la comprejjîbilité, amp;
la divijihilité.
On appelle corps folïde celui dont
les parties font liées enfemble.
La porofité défigne les vuides qui
fe trouvent entre les parties folides d'un
corps.
La comprefiibilité dénote la diminu- - -
tion du volume d'un corps , en fup-
primant les vuides ou pores par le
. rapprochement de fes parties folides.
La divifibilité veut dire la féparation
ou la défunion pofïïbles des parties
de ce corps en dautres parties plus
petites.
Les qualités particulières des corps
■confifîent dans la dureté , la molejfe,
la fuidité amp; rélafiicité,
A y
-ocr page 20-Lettres Physiques.
r---— Le corps dur eft celui dont les par-
ti Nature des . ^ 'nbsp;„nbsp;/- -, '
çioifs. ties (ont tenaces , amp; ne le leparent
qu avec force. Exemple : La pierre ,
le marbre, amp;c.
Le corps mou eft celui dont les par-
ties font moins liées , plus faciles à di-
vifer , amp; fans reffort. La terre mouil-
lée , la cire , la terre-glaife.
Les corps fiuides amp; liquides font
ceux dont les parties propres fe fépa-
rent aiiément l'une de l'autre : telles
font l'eau , la fumée , la vapeur, amp;c.
Le corps élafiique eft celui qui après
avoir été comprimé fe rétablit , amp;
reprend fa première forme. Nous le
voyons dans l'y voire, amp; dans l'acier
par les folides , amp; dans l'air par les
fluides.
Solidité des Corps.
Solidité des L'affemblage de toutes les parties
dures amp; tenaces d'un corps, forme amp;
. conftitue fa folidité. Les corps font
plus ou moins folides , fuivant la qua-
lité des parties de ceux qui réîiftent
plus ou moins ; l'air amp; l'eau quoi-
que fluides , font des corps folides :
on eft moins afFeâé du premier, par
l'habltudè continuelle où l'on eft de
vivre dans cet élément»
I. L e t t r e.nbsp;ii
Rîen ne prouve mieux la folidlté
de l'air que le verre ou gobelet vuide,
que l'on defcend perpendiculairement, ::—r^^--
1.nbsp;1nbsp;rnbsp;r c T Expérience. J
1 onfice en bas , lur une lurrace u eau
contenue dans un autre vafe plus grand.
A mefure que l'on péfe fur le go-
belet renverfé pour le faire defcen-
dre, la furface de l'eau qui répond à
l'ouverture , s'abaifTe de même ; on
peut fe convaincre de ce fait, amp; s'af-
furer qu'il n'entre point d'eau dans le
gobelet, ou une très-médiocre quan-
tité , en mettant flotter fur cette fur-
face un morceau de liège , qui fuit le
mouvement amp; l'abaifTement du vafe.
La folidité de l'air efl fi grande , amp;
la colonne de cet être qui remplit le
vafe efl fi forte, qu'elle contraint l'eau
d'obéir à fa prefîion ; mais, comme ce
fluide efl. aufïï un corp élaflique , il
fe refferre dans la même proportion
que l'on voit monter l'eau dans le go-
belet ; amp; , fî-tôt que fes parties fe font
rapprochées autant qu'elles le peu-
vent être , nulle force n'efl capable
de le réduire davantage. Ainfi la preu-
ve qui nous le démontre folide , nous
le préfente flexible.
Cet Inflrument dont les Charlatans ael^rtmar
fe fçryent pour éblouir les yeux du ne incetcûc-
^nbsp;quot; A v;
iz Lettres Physiques.
ïïil^ïS; vulgaire ignorant ; cette fontaine
Solidité des intermittente , qu'ils font obéir à
leur commandement, fert encore en
Phyfique à prouver la foHdité de
l'air.
Au milieu de la figure qu'on lui
donne , fe trouve un canal ouvert
haut amp; bas. La partie inférieure de ce
canal qui porte fur le fond d'une cu-
vette , eft échancrée de deux lignes
pour laifler le paifage à l'air. Cette
cuvette eft percée au centre , d'un
trou de deux lignes auffi de diâmetre,
par lequel l'eau s'écoule. La partie
fupérieure du canal traverfe jufqu'ért
haut une boule qui forme le réfer-
voir , que l'on emplit d'eau aux^.
Vers le fond de cette boule fortent
«ne demi-douzaine de petits canaux ,
par lefquels l'eau s'écoule. Si l'on veut
donner un air de myftère à cette fon-
taine , on la décore d'ornemens, fur-
tout aux endroits oùfe fait l'écoule-
ment , afin de le cacher.
Ces deux expériences fuffifent pour
démontrer la folidité des fluides ; amp;
ce principe bien prouvé par Tair que
nous regardons comme le moins foli-
de peut nous faire juger de la folidi-
té des autres corps.
Cprps
I. L E T T R E.nbsp;IJ
Celle du, gobelet nous apprend
qu'on ne pquot;eut faire entrer aucune li-
queur dans un vafe quelconque , li
l'air qu'il contient ne trouve une iffue
^nbsp;• r-- 11nbsp;•nbsp;de 1 expenen-
pour en lortir. Si 1 entonnoir , par ce du Gobé-
exemple , dont vous vous fervez pour
introduire une liqueur dans une bou-
teille , bouche exaftement l'orifice du
goulot de cette bouteille , jamais la
liqueur ne pourra pénétrer dans le
vafe ; relevez un peu l'entonnoir pour
laifTer un petit jour entre lui amp; le gou-
lot , aulîi - tôt la liqueur plus pefante
chaffera l'air par ce jour , amp; elle en-
trera amp; emplira la bouteille.
On efl: obligé de chauffer une caf-
folette, dont le goulot eft très-étroit ,
qilSnd on y veut faire entrer une li-
queur odorante, pour que l'aftion du
feu chaffe l'air qui s'y trouve conte-
nu , fans quoi il feroit impoflible de
l'en faire fortir. On pré fente enfuite
le bec de ce vaiffeau qui n 'a qu'une très-
petite ouverture , à la liqueur qui
va prendre fa place. C'eft ce que nous
expliquerons plus amplement lorfque
nous parlerons de l'effet de l'Eolipile.
La preffion intérieure de l'air qui ^
pafTe par le canal de la fontaine inter-ce^rupoL'
miuente lorfqu'il eft ouvert, fait fon
*nbsp;'nbsp;mirtence-.
Solidité des
Corps.
_14 Lettres Physiques.
—nbsp;effet fur la furface de l'eau du réfer-
^soiidité des Qj,^ comme cette preffion, join-
te au poids de l'eau , eft plus forte
que la preffion que l'air extérieur exer-
ce fur les orifices des petits cananx ;
celui-ci eft obligé de céder à uns for-
ce fupérieure, amp; l'eau s'écoule par les
petits canaux.
Mais comme la quantité d'eau que
les petits canaux fourniffent dans la
cuvette eft plus grande que celle qui
peut en fortir , elle s'éléve , amp; bou-
che la rénure qui fert de paffage à l'air
intérieur : alors l'air extérieur qui pref-
fe avec avantage contre les orifices des
petits canaux empêche l'écoulement
qui ne recommence que lorfque la
rénure fe trouve débouchée.
Ainfi lorfque le bout inférieur du
grand canal par où pafle l'air dans
l'intérieur fe trouve bouché , l'air
extérieur , plus fort que le liquide ,
exerce toute fa force vers les orifices
des petits canaux, amp; empêche l'écou-
lement de l'eau, qui recommence cha-
que fois que la cuvette fe vuide , amp;
cefTe aufîi chaque fois que l'eau remplit
l'ouverture inférieure du grand canal j
c'eft ce ^ui cauie l'intermittençe.
Porojité des Corps.
Out folicle eft compofé de ma-
PoroGté de»
tière , amp; toute matière eft poreufe.
L'or, le marbre , les deux corps les
plus compads que nous connoiffions,
font extrêmement poreux. Si tout
corps eft matière , amp; que toute ma-
tière foit poreufe , il ne peut s'en
trouver totalement d'impénétrable ,
au moins jufqu'à un certain point.
Rien ne fe lailTe pénétrer plus aifé-
ment que les deux folides que nous
venons de citer.
Le Mercure s'introduit dans l'or en
un inftant. L'eau régale le diifoud en-
tièrement. L'efprit-de-vin , celui de
thérébentine , la cire fondue s'incor-
porent d'une façon fi intime avec le
marbre , qu'on le polit avec ces corps
étrangers qui y font incruftés , fans
que les couleurs fe perdent ; ce qui
forme des marbres artificiels , qui fur-
paffent fouvent les naturels.
La gravure en taille - douce eft de
même une pénétration de l'eau-forte
dans le cuivre. On enduit d'une cou-
16 Lettres Physiques.
T'^TTT^ che de vernis de compofition, une
^^rofiié des planche de cuivre mince amp; polie ,
dont on garnit les bords avec un pe-
tit cordon en talus de cire amollie.
Après avoir attaché aux quatre coins
de cette Planche le deffein. empreint
derrière , d'une couche de poudre de
crayon rouge , ou de pierre de mine ,
ou de craye de Briançon , avec une
pointe on fuit les traits du deffein qui
fe calquent fur le cuivre à travers la
couche du vernis : on coule enfuite
fur cette planche pofée horizontale-
ment une quantité fufEfante d'eaii-
forte afFoiblie , qui creufe le cuivre
découvert par la pointe , fans mordre
fur le vernis , de forte qu'il ne refte
plus au Burin que le foin de perfec-
tionner l'ouvrage.
Pour prouver la porofité des corps,
nous allons expofer quatre expérien-
ces auffi agréables qu'inflrudives, qui
nous feront connoître qu'ils le font
d'uigt;€ manière bien fenfible.
On nomme pores les vuides qui font
entre les parries folides des corps
comme nous l'avons d'éja dit.
îrpeiience Placcz fut la machinc pneumatique
de la poiofité canon de verre un peu long , tet-
quot;nbsp;miné en haut par un vafe de bois ten-
ILLETTRE.nbsp;17
dre , creufé fur fon fil amp; plein d'eau ,
dont le fond doit avoir quatre lignes
d'épaifleur : en faifant le vuide, on
voit l'eau filtrer , paffer à travers le
bois , amp; tomber par gouttes dans le
canon de verre.
Faire le vuide , c'eft raréfier l'air
qui fe trouve dans un récipient que
l'on met fur la platine de la machine
pneumatique , c'eft-à-dire purger ce
vaiffeau de tout l'air groffier qu'il con-
tient , mais non de tout l'air abfolu-
ment, car cela eft impoflîble ; ainfi il
ne peut y avoir de vuide parfait ni
abfolu ; il refte toujours une matière
fubtile , qui devient plus rare , amp; plus
divifée , à mefure que l'on veut la
fouftraire.
Un récipient eft un vafe de verre
blanc fait en forme de cloche , ouvert
par en bas , amp; fermé par en haut com-
me une voûte , que l'on pofe fur la
platine de la machine pneumatique en
plaçant entre deux un cuir mouillé ;
amp; fous lequel on met ce que l'on veut
éprouver dans la privation de l'air.
La machine Pneumatique eft im des ^achiKs
plus utiles inftrumens que l'on ait ima- Pneumaci-
giné. Elle eft indifpenfable dans la dé-
monftration de la Phyfique. Elle fut
i8 Lettres Physiques.
découverte en 16^4, par un ConfuI
Porofitédes Magdebourg , nommé Otto Gmrikc.
Porps.nbsp;Quelques années après Boyie , fa-
meux Phyficien Anglois, la perfeftion-
na. Tout grand Phylolbphe qu'il
étoit , il ola briguer l'honneur amp; le
mérite d'une invention qui ne lui étoit
pas dûe. Alors elle fut connue fous
le nom de La Machine du Vuide de
Boylc. Depuis » .Guillaume Homberg,
de l'Académie des Sciences, s'eft ap-
pliqué à lui donner de Texaditude-.
Enfin nos Phylofophes modernes l'ont
rendu d'un ufage fi commode , que
je penfe qu'il n eft pas poffible de la
perfedionner davantage ; amp; différens
Auteurs i'unt tant célébré , que je me
difpenfe d'en faire l'éloge , amp; d'en dé-
montrer le détail. Ceux qui feront cu-
rieux d'en voir un très-ample, amp; bien
circonftancié , le trouveront dans les
Mémoires de l'Académie des Sciences
de 1740 amp; 41 ; il eft de M. l'Abbé
Nollet.
M. Delor , dont le Cabinet eft
très-curieux par la beauté St l'excel-
lence de fes machines , qu'il compofe
amp; perfedionne lui-même , pofféde ,
felon moi, la machine pneumatique
la plus commode. Le pifton fe baiffe
amp; fe relève par une efpéce de cric, fansnbsp;—■
que Ion foit obligé d'employer le
mouvement de la jambe amp; du pied ,
ce qui devient très-fatiguant à la lou-
gue.
Préparez une liqueur claire amp; tranf- ^ Expérience
I I,-nbsp;01 • de 1 encre dt
parente , avec de la litarge amp; du vi- fympatie.
naigre diltillé. Ecrivez avec cette li-
queur fur un papier blanc , que vous
poferez lorfqu il fera fee dans les pre-
mières feuilles d'un Livre de 4 à 5 00
pages. Paffez enfuite fur la dernière
îèuille une éponge imbibée d'une au-
tre liqueur compofée d'orpiment , de
chaux-vive , amp; d'eau ; ouvrez le Li-
vre , après l'avoir tenu quelques mi-
nutes fous la preffe , vous trouverez
l'écriture d'une couleur brune, amp; vous
ne verrez nulle trace de la liqueur dans
le refte du Livre.
Mettez fous le récipient de la ma- Expérience
chine pneumatique , un œuf dans un '
. verre ou gobelet plein d'eau -, en
pompant l'air , la furface de l'œuf fe
couvrira d'une infinité de bulles d'air,
qui fe détacheront amp; gagneront la fu-
perficie de l'eau.
Ajuftez fur la machine pneumati- Expérience
que , un canon de verre pareil à celui quot;
de la première expérience rapportée
lo Lettres Physiques.
g—ci deffiis , au haut duquel le trouvera
Joroiîtédes ^afg ouvert dont le fond fera de
cuir de bufle , amp; dans lequel vous
mettrez du mercure à la hauteur de
deux doigts. Dès le fécond coup de
pifton le mercure palTera à travers la
peau de bufle , Sr tombera en forme
de pluye fur la platine.
Ces expériences nous font connoî-
tre que tous les corps , de quelques
efpéces qu'ils foient, font extrême-
ment poreux.
Implication On employe la prefîion de l'air
cedaVafe^dê extérieur dans la première de ces qua-
hois. tre expériences , parce que les vuides
ou pores du bois font fort petits amp;
que l'eau , par fon propre poids , ne
pourroit les pénétrer fur le champ j
ce ne feroit qu'à la fuite d'un temps
fort long , qu'elle exerceroit fa force
amp; fa péfanteur fans un fecours étran-
ger. Cette force de l'eau qui pénétre
les folides eft fi confidérable , qu'elle
peut vaincre les plus grandes réfiftan-
ces.
Explication L'union des deux liqueurs claires amp;
de i-experien- tranfpateHtes de la fécondé expérien-
delynipatTc! ce , dont la vapeur de celle que l'on
met fur la dernière feuille paffe à tra-
vers 4 à 500 pages , pour fe joindre à
l'autre liqueur qui lui eft propre , qui ■■■ ■ ; -
fe trouve couchée fur la feuille de pa- cÔTpT quot;
pier blanc,fans laiffer aucune trace fur
toutes les feuilles qu elle traverfe ,
•prouve l'extrême porofité du papier,
amp; donne le nom d'encre de fympathie à
ces liqueurs.
Depuis que les efprits font éclairés,
on n'admet plus ces mots de fympathie
amp; d'antipathie, que pour défigner que
telle amp; telle chofe s'accorde ou de-
vient contraire. Cette fameufe pou-
dre de fympathie , qui fait l'etonne-
ment de ceux qui ne la connoiflent
point, n'eft autre chofe que du vitriol
blanc dont la baze eft du Zinc calciné
au foleil, amp; pulvérifé : c'eft un aftrin-
gent qui defféche une playe en peu de
temps.nbsp;.
La troifiéme expérience nous mon-
tre l'extrême porofité de l'œuf. Elle ce de l'Œuf,
eft fi grande , qu'en peu de temps,
il perd une partie de fa fubftance ,
dont l'air extérieur prend la place.
Cet air une fois entré dans les pores
de l'œuf, n'en peut plus fortir natu-
rellement , parce qu'il eft retenu par
la preffion de celui de l'atmofphére ;
il faut donc avoir recours à des moyens
étrangers pour lui faire abandonner
fa prifon. C'eft ce qui s'opère par
le fecours de la machine pneumati-
que. On enlève l'air extérieur qui
péfe fur la coque de l'œuf; alors l'air
renfermé a toute fa hberté, il fait
effort, amp; découvre en fortant les
pores de la coque.
Cette expérience nous a conduit à
trouver le moyen de fermer les pores
des œufs , pour les conferver long-
temps bons amp; frais. Si avant de laif-
fer le temps à l'air de s'introduire amp;
d'en pénétrer les pores , on les bou-
che hermétiquement avec de la cire ,
ou graiffe fondue , dont on les cou-
vre entièrement , on empêche leur
fubftance de s'évaporer , amp; l'air d'y
entrer. C'eft une découverte dont nous
femmes redevables à M. de Réaumur.
Explication Par l'expérience du Mercure , nous
« d^Me'rcui fommes convaincus que les corps or-
te.nbsp;ganifés font auffi poreux que les au-
tres. On employe dans cette expé-
rience la preffion de l'air extérieur
comme dans la première , parce qu'il
faudroit une trop grande quantité de
*nbsp;mercure pour qu'il fe fit jour de lui-
même.
Les animaux tranfpirent naturelle-
ment , amp; c'eft par les pores de leur
peau , que les humeurs fortent. Si la
Porofité des
Corps,
II. Lettre. 13
tranfpiration eft forte , elle devient -nbsp;■
fueur ; c'eft ce qui arrive aux perfon-nbsp;quot;
nés qui font des exercices violens,
Ceft auffi un état qui fouvent devient
falubre aux malades.
Sanûorius prétend que de huit li-
vres de nourriture qu'un homme prend
en 24 heures , il s quot;en perd cinq par la
tranfpiration infenfible. Si l'on fait le
partage des trois livres qui reftent fur
toutes les parties groffiéres qui fe fé-
parent par la fecrétion , on trouvera
que le volume fubtil qui s'extrait du
chyle doit être bien peu de chofe.
Dans l'été la grande tranfpiration
relâche les fibres de l'eftomac , ce qui
donne moins d'appétit. Ceft le temps
cil il faut fe forcer de manger , pour
réparer la perte que l'on fait à chaque
moment.
Compnjjibilitl des Corps.
Puifque nous avons la preuve que ——^
les corps font poreux , nous devoî^'
néceflairement les regarder Cr ^ • Corps,
fibles ; car fi la porohtL, eft le vuide
qui fe trouve entre les parties folides
d'un corps , il s'enfuit que lorfque
l'on prefle ce corps , ces mêmes par-
ties fe rapprochent amp; fe compriment.
_14 Lettres Physiques.
La compreffion regarde les corps
biiurSef ■ Solides, la condenfation , les liquides.
Corps. L'une amp; l'autre s'opèrent de même ,
elles ne diffèrent qu'en ce que dans la
première on refferre le corps en un
plus petit volume. Preffez une épon-
ge , vous la réduirez dans un efpace
bien plus petit en comparaifon du vo-
lume qu'elle occupoit, c'efl la com-
preffion. Faites refroidir une liqueur
chaude , c'efl la condenfation.
Tous les corps folides amp; fluides fe
compriment. Nul n'en efl excepté.
L'air efl un de ceux qui fe compri-
ment le plus, amp; qui produit les effets
les plus furprenans.
On prétend que les liquides n'ont
jamais donné de figne de compreffion.
Pour moi je penfe qu'ils y font fujets
ainfi que les autres corps. Il efl vrai
que leurs molécules font fi petites amp;
û dures, que leurcompreflîonne peut
paroître fenfiblement. Une expérien-
ce très - curieufe que l'on rapporte
comme une preuve convaincante de
leur incompreffibilité, démontre que,
par l'extrême dureté de leurs parties,
ils réfiftent à des forces confidéra-
bles ; mais elle ne pourra jamais prou-
ver qu'ils ne puifTent céder à des for-
ces
ces bien fupérieures, conféquemment *—^
qu'ils foient incompreffibles.nbsp;biUt^^d'^quot;
On prend un tube de verre de 3 li- corps,
gnes de diamètre intérieurement , amp; Expétiencoquot;.
de fept à huit pieds de hauteur, re-
courbé par en bas jufquesà la hauteur
d'un pied. On verfe du Mercure dans
ce tube , affez pour qu'il fe mette de
niveau dans les deux branches un peu
au- deffus de la courbure ; on emplit
d'eau la petite branche que l'on ter-
me amp; que l'on bouche exadement.
On verië enfuite du Mercure dans la
grande branche, autant qu elle en peut
contenir.
La colonne d'eau f?tit tant de réfi-
ftance à la preffion du Mercure , que
la diminution de fon volume n'eft pas
fenfible à la vue ; amp; cette preffion eft
fi confidérable , qu'elle égale trois fois
le poids de rAtmofphère.
Si cette force ne faffit pas pour ren-
dre fenfible la compreffion du volume
d'eau contre lequel elle agit, c'eft bien
une preuve que les parties des li-
queurs font très - dures amp; peu flexi-
Wes , mais ce n'en eft pas une qu'elles
foient incompreffibles ; amp; l'on ne peut
douter qu'e! es ne cèdent à la pref-
, mais d'une quantité fi peu con-
B
-ocr page 36-a6 Lettres Physiques.
= fidérable , qu'on ne peut en apperce-
biiv^dcf'quot; l'efFet. Car tout liquide eft com-
çVips. quot; pofé de quantité de petites maffes ron-
des qui roulent fans - ceffe les unes fur
les autres. Tous ces petits corps, qui
font folides amp; de figure fphérique,
ne peuvent être affez intimement unis
pour qu'ils ne laiffent aucun vuide en-
tre eux. Or, quel eft l'effet de la com-
prefïïon ? Ceft de rapprocher les par-
ties folides les unes des autres, en fup-
primant les vuides qui fe trouvent en-
tre elles ; amp; fi tous les corps en géné-
ral , grands comme petits , folides ou
liquides , ont des vuides entre leurs
parties folides , la compreffion doit
avoir fon effet fur les uns comme fur
les autres, avec cette feule différen-
ce , qu'elle paroîtra moins fenfible-
ment fur ceux dont les vuides font
moins grands.
Ainfi on doit conclure que tout
corps en général, eft fujet à la corn»
preffion -, mais que la ténuité des par--
ties des liquides eft fi grande, qu'elle
les met en état de réllfter davantage,
ce qui rend leur compreffion imperce-,
ptible à nos fens.
m
-ocr page 37-V O u s êtes bien bon , Monfieur / ?
de m ecrii-e en termes auffi flatteurs,
Je vois que votre deflein efc de m'en- corps,
courager , amp; je reiTens , comme je le
dois, ce que vous me dites d'obligeant.
Je continuerai donc , f)uifque vous le
jugez à jpropos , amp; je fupprimerai le
cérémonial , en vous envoyant mes
Lettres de fuite , afin de ne point cou-
per notre fujet.
Figure des Corps.
La figure d'un corps eft l'arrange- 1
ment de fes parties. Cette figure fenbsp;quot;quot;
varie de tant de maniérés, qu'il n'e-
xifte pas deux êtres de même efpéce amp;
de même nature, dont la reffemblance
foit parfaite dans tous fes points.
Au premier coup d'ceii nous ju-
geons que les' animaux , les plantes ,
reflemblent à chacune de leur efpé-
ce. Si cependant nous examinons avec
fcrupule , nous ne trouvons ni les hom-
mes , ni les animaux , amp;c. avoir cette
égalité de traits qui dénote la parfai-
reffemblance. Deux feuilles, deux
Bij
-ocr page 38-iS Lettres Physiques.
■ ■ fruits du même arbre différent dans
Figure des jgut Conformation amp; dans leur figure.
Ce font ces différences particulières
qui nous font découvrir fur le champ
Tobjet que nous cherchons, tout con-
fondu qu'il eft , au milieu d'une mul-
titude d'autres de même forte.
Cette variété eft égale dans tous
les corps en général ; ceux que notre
vue ne peut remarquer n'en font pas
difpenfés. Cette immenfité de petits
êtres , qui ne font apperçtis qu'à la fa-
veur du microfcope, fubit les loix im-
pofées à toute la Nature, fans pouvoir
s'en écarter un inftant.
L'invention de cet inflrument eft
moderne : l'on en connoît de deux
fortes. Le fimple, amp; le compofé.
Pour faire un microfcope fimple , U
fuffit de faire fondre un petit morceau
de verre-blanc à la lumière d'une bou-
gie. En fondant il fe met en boule. On
place cette boule entre deux plaques
de métal percées au centre d'un très-
petit trou , que l'on adapte enfuite
au bout d'un petit tuyau de carton ,
dans lequel s'enchalTe un autre tuyau
de même efpéce qui porte un verre
plan fur lequel on met les objets in-
fenfibles que l'on veut voir. Le micro-
Microfcope
Jinsflc.
III. L E T T R e. 19
fcope fimple les groffit confidérable- '
raent, parce qu'il les préfente fous unnbsp;^^
angle plus ouvert.
Le microfcope compofé demande Microfcopn
plus d'attention
On prend trois verres convexes ,
l'un fe nomme Untilh objective, les deux
autres oculaires.
Le premier oculaire doit avoir 18
à 20 lignes de foyer. Le fécond 20
3 22 lignes. On place ce dernier à la
diftance du foyer du premier oculai-
re , amp; le fécond qui eft le verre du
milieu fe met environ à 4 pouces de
la lentille objedive.
Il faut obfeiver que la diftance du
premier oculaire à l'œil doit être à
peu-près la moitié du foyer antérieur
de cet oculaire à l'œil.
Le tout s'enferme dans un tuyau
qui fe monte fur une tige de cuivre
par le moyen de laquelle on l'éléve
amp; on l'abbaifTe pour placer la lentille
à la diftance convenable de l'objet.
Cette tige eft fixée folidement fur
une boete quarée percée defTus d'un
trou d'un pouce de diamètre pour
donner pafTage à la reflection d'ua
petit miroir qui s'incline à différents
degrés.
Bii;
-ocr page 40-■ ' quot;' quot;....... ■ Voilà ce qui établit le microrcope
Ccrflquot;quot;' compofé qui fait paroitre les objets
plus éclairés , en plus grande quanti-
té , amp; dans un efpace plus étendu que
le microfcope fimple ; mais dans une
fituation renverfce , parce que les
rayons qui en viennent fe croifent
avant de parvenir aux yeux du fpe-
dlateur.
Microfcopenbsp;^ avoHS cncore un troifiéme
Solaire, de l'invention d'un nommé Lkberkuin ,
de l'Académie de Berlin, qtù ampli-
fie davantage les objets , c'eft le rai-,
crofcope folaire.
On reçoit les rayons du foleil fut
un miroir plan expofé au midi qui les
réfléchit dans un tuyau mobile d'un
pied de long environ , garni à fon en-
trée d'un verre convexe de lo à iz
pouces de foyer. La réfleûion des
rayons paflTe au travers de cette lea-
'tille qui les réunit fur un porte-objet
couvert de pouffière de papillon ou
d'une goutte de liqueur , lequel fe
place un peu après fon foyer.
Devant ce porte-objet on met une
petite lentille d'un foyer très-court
comme de 4 à 5 lignes, qui, rece-
vant l'image des objets la tranfraet
dans une chambre obfcure fur un car-
ton blanc éloigné de 10 à 12 picds.
Plus on éloigne le carton plus les corpl
objets s'aggrandiffent , parce que les
rayons qui fe réunifient au foyer de
la petite lentille s y croifent,amp; en par-
tent avec une divergence d'autant plus
grande qu'ils s'éloignent davantage.
Pour avoir les connoiffances que
l'ufage du microfcope compofé nous
donne, on fait tomber le jour fur le
miroir placé delTous la lentille obje-
ftive , de façon que ce miroir éclaire
par réflexion le trou auquel cette
lentille répond. Si c efl: la nuit que
l'on veuille s'en fervir ; une bougie
baflè que l'on met devant le miroir
fait I'ofBce du jour.
Le microfcope met en évidence
des miracles fans nombre , mais qui
font enfévelis amp; cachés pour nos fens
trop greffiers.
Faites paffer fou^ ia lentille objec- Expédea«,
tive plufieurs portes objets , les uns
parfemés de différer :s !eis , d'autres
où l'on aura éparpi^i des grains de
fable ; ceux-ci c.iargés de pouffié-
res d'ailes de papillons; ceux-là fiir
lefquels on aura pofé une tranche
très - mince de petires branches d'ar-
bres ou de tiges des végétaux. Que
de beautés ! quelles richeffes s'étalent
Biv
-ocr page 42-i-nbsp;à nos yeux ! quel ordre, quelle fymé-
cofftrie on y découvre 1
Les infeftes les plus vils , les plus
abjefts , le rebut de la nature , dont
la vue amp; le nom feul font horreur au
préjugé de notre éducation , lorfqu'ils
font expofés fous le microfcope , de-
viennent le fujet de la reconnoiffan-
ce amp; d'un refpeû intérieur, dont l'a-
»ne ne peut fe laff^r d'être aiTeâée
pour l'Auteur de ces prodiges.
On y voit le fel marin former dif-
férents cubes. Le falpètre fe préfen-
te fous la figure d'aiguilles , amp; le fu-
cre en globules arondis.
L'ufage des fels eft très-utile. II em-
pêche la corruption, parce qu'en ver-
tu de fa prodigieufe divifibilité amp; de
fes parties anguleufes , il s'infinue amp;
pénétre aifément dans les corps dont
il bouche les vuides amp; les pores.
Le fabie paroit tranfparent comme
le criftal ; les grains font gros , angu-
leux , amp; différemment taillés. C'eft
avec le fable que l'on nétoye les mé-
taux , parce qu'il eft très-dur. Si vous
le m.êlez amp; le préparez avec de cer-
tains fels , vous en faites une pâte ,
qui après la cuiffon à un feu très-vio-
lent devient tranfparente , amp; forme la
porcelaine.
III. L ETTR I. 33
L'expérience qui nous refte à in- ^
diquer eft bien plus admirable. Les
précédentes nous ont découvert la fi-
gure des corps inanimés ; celle-ci va
nous offrir un peuple innombrable de
différente efpéce, dont on ignoreroit
encore l'exiftence , fi le microfcope
n'avpit été inventé.
Pour réuflir dans cette expérience,
on met infufer dans de l'eau pendant
7 à 8 jours , dans un temps chaud j
des fleurs , du foin , des Plantes de
plufieurs efpéces , que l'on a foin de
hacher. Lorfque l'on préfente un por-
te-objet , garni d'une goutte de cette
eau , on voit quantité d'animaux, les
uns faits en forme de petites boules,
d'autres de figure ovale un peu allon-
gée ,d'autres enfin avec des pattes qui
refl^emblent à des fang-fues, qui meu-
rent tous, amp; difparoifTent à mefure
que la goutte d'eau fe féche.
Si vous expofez au même air , amp;
pendant le même temps, du vinaigre
commun coupé avec de l'eau, il vous
rendra des infeftes qui refTemblent
parfaitement à des petites anguilles
très- vives.
Mettez fur le porte-objet une gout-
te d'eau d'huitre, gardée l'efpace de
34 Lettres Physiques.
ïcinqàlix jours, vous appercevrez
Figure des jeg animaux de même efpéce , même
figure, amp; d'un même mouvement. La
goutte d'eau paroît comme un baffin
rempli de poiflbns ; amp; ces animaux
font fi diaphanes , que l'on diftingue
aifément leurs parties intérieures.
La corruption n'a nulle part à la
naiflance de ces infeftes, comme on
le prétendoit anciennement. Ceft une
erreur contre laquelle nos Naturali-
ftes modernes fe font élevés avec tant
de vigueur , qu'ils ont eu la gloire
d'anéantir ce préjugé. Tous ces petits
corps ont été créés par l'ordre du
Tout-puiflant ; amp; cette produdion
. vient de chaque efpéce , à qui la fa-
culté de fe régénérer a été prefcrite.
Il eft aifé d'en avoir la preuv.e en
fermant exaftement les vaiffeaux qui
contiennent les liqueurs j jamais elles
ne produiront d'infeûes , fi l'air n'en
apporte les germes. Cependant les
liqueurs fe corrompent.
Divïjîbllitè des Corps,
Divilîbilité
des Corps.
Ce qu'il y a de furprenant, c'eft
que ces petits corps , que la vue la
meilleure ne peut appercevoir, font
Corps,
auffi divifibles que ceux que nous di- ...............
ftinguons amp; que nous faififfons facile- »'quot;fitiiité
ment.
Nous avons établi, comme princi-
pe confiant, que tout corps, que'que
petit qu'il fût, étoit matière : s'il efl
matière , il efl étendu i efl-il étendu ,
il efl divifible.
Je n'entre point dans cette grande
queflion qui fait tant de bruit dans les
Ecoles : Sçavoir,fi la matière efl divi-
fible à l'infini, ou non ; amp; fi c'efl idéa-
lement qu'il faut la concevoir ainfi ;
ou bien fi fa divifibilité efl phyfique-
ment pofTible. Je laiffe ces difputes à
des gens qui auront beaucoup de pei-
ne à s'entendre amp; à s'accorder fur cet
article : pour moi je la conçois divifi-
ble à l'infini ; amp; parce que je ne puis
exécuter ce que je conçois, il ne s'en-
fuit pas que la cliofe foit impoffible.
Je vois donc dans le plus petit corps
une multiplicité de parties féparables
les unes des autres. Si je les vois ainfi,
elles peuvent fe divifer, amp; celles qui
l'auront été , me repréfenteront cha-
cune la figure d'un petit corps, qui
pourra foufFrir la même opération.
, La vue fimple ne peut appercevoir
tous les corps qui font dans la Nature.
Bvj
-ocr page 46-_36 Lettres Puysiques.
Avant l'origine du Microfcope , poU-
Divifibiiicénbsp;fç ^y^jjg^ jg I'exiftence de ces
petits êtres qui viennent de paffer en
revue ? Mais, dira-t-on, ce petit corps
que vous divifez tant de fois, doit finir.
A force de le partager,il ne doit pi«
rien relier ; car tout prend fin, tout
périt. Donc la matière ne peut être
qu'idéalement diviiible à l'infini , amp;
non réellement.
Ce petit corps devient nul à mes
yeux , il eft vrai , mais il n'en exifte
pas moins. Cet atome eft caché à ma
vue, parce que mon organe n'eft ni
aflez délicat, ni affisz fenfible , pour
appercevoir les rayons de lumière qui
parviennent de lui à moi : mais quand,
à l'aide de cet Inftrument, dont la dé-
couverte eft fi précienfe , je l'apper-
çois ; je le vois revêtu de toutes les
parties effentielles à fa nature , amp; né-
ceffaires à fon exiftence : fi dans cet
état, je puis le divifer encore; amp; qu'à
force de le partager, je parvienne à
le rendre fi petit, qu'il échappe à ma
vûe , tout expofé qu'il eft fous le mi-
crofcope , eft - il alTuré qu'il ait ceffé
d'exifter ? U feroit abfurde de le pen-
fer. Que la Nature récompenfe le tra-
Tail d'un habile Artifte, en lui faifanî
^ea Corps.
Ill, Lettre. 37
trouver un nouvel Inftrument qui .,quot; quot;quot;„■quot;...
puiffe raffembler plus de rayons de
lumière , amp; rendre les objets plus gros
que le microfcope ordinaire ne peut
fairequot;, on verra renaître ce petit corps
qui pourra fe partager de nouveau en
une infinité de parties fenfibles.
La liqueur que l'on fait entrer dans
une cafTolette, pofée fur une lampe à odiun«!'quot;*
efprit-de-vin, qui parfume une cham-
bre par la vapeur odorante qu'elle ré-
pand , fans qu'il paroifTe de diminu-
tion fenfible à fon volume.
Le grain de carmin, ou le même Expéncnw
poids d'une difTolution de cuivre ro-
fette, par i'efprit de fel ammoniac , de'bditrolï
que l'on jette au fond d'un grand va- quot;quot;quot; '»i''*®'
fe de crifial, fur leiquels on verfe dix
a douze pintes d'eau avec laquelle ils
s'incorporent, amp; partagent leurs bel-
les 8r brillantes couleurs, l'une rouge,
fi c'efl le grain de carmin dont on fe
fert , amp; l'autre bleue , fi c'efl la dif-
folution de cuivre rolétte.
La pièce de monnoye dont on en- Expérience
lève des feuilles du métal qui la com-
pofe, par le moyen du foufre dont
on la charge deiTus amp; deffous auquel
on met le (w.
Et les diffolutions de limailles de
Divifibiiité cuivre amp; d'acier, qui fe font en ver-
!nbsp;fant deffus de l'eau-forte , font tou-
de Soiu- tes Expériences qui prouvent la pro-
tio.i du f-t ciigieufe divifibiiité des corps de toute
amp; du Cuivre. P ,
elpece.
L'eau - forte ronge les limailles, amp;
s'en empare avec une efFervefcence
amp; un bouillonement qui occafionnent
une forte vapeur. La limaille de cui-
vre rend une couleur verdâtre , amp;
celle d'acier une couleur tirant fur le
rouge. Quoique ces effets foient fem-
blabies , ils font plus violents , amp; s'o-
pèrent plus promptenient fur l'acier.
L'efprit - de - nitre eft compofé de
petites pointes très-aiguës qui vont fe
loger dans les pores de ces métaux,
pour en pénétrer les parties amp; les fé-
parer. Si l'acier fe diffout plus promp-
tement que le cuivre, c'eft qu'il eft
moins denfe , que fes pores font plus
ouverts , amp; que l'eau-forte mord avec
plus d'aàion fur fes parties.
C'eft le propre de l'eau - forte de
diffoudre les métaux ; la Nature les a
tous fournis à fon adion, à Texcep-
tion de l'or. Ce dernier, regarcie avec
raifon comme le roi des métaux, ne
fe diffout que par l'eau régale , qui eft
un compofé cl'eau-forte amp; d'efprlt de
fel marin bien deflegmé ou d'efprit de
fel ammoniac.
Dans la diffolution des minéraux
par l'eaii-forte , il fe fait une progref-
fion finguîière ; l'efprlt de nitre ne
s'empare que d'im minéral à la fois ;
amp; , comme il a plus d'analogie avec
les uns qu'avec les autres, il quitte
celui qu'il contient pour en prendre
un autre qu'on lui préfente , avec le-
quel il aura plus d'affinité. Jettez , par
exem )le , du cuivre dans une diifolu-
tion d'argent par l'eau - forte , cet ef-
prit abandonnera l'argent pour s'em-
parer du nouveau métal qu'on lui
donne. Si dans cet état vous lui don-
nez du fer , il dépofera fur le champ
le cuivre, amp; le laiffera tomber au fond
du vafe , c'efl: ce que l'on appelle pré-
cipité en Chymie.
Le feu dilatte le métal dont la piè-
ce de monnoye efl: compofée. Les
parties les plus fubtiles amp; les plus vo-
latiles du foufre, excitées par l'adion
du feu , s'infinuent, s'emparent amp; en-
trent dans les pores ouverts de ce
métal, ce qui l'oblige de fe défunir.
La divifibilité du grain de carmin ,
ou de celui de la diffolution du cui^
Divifibilité
des Corps,
w
40 Lettres Physiques.
î!!! vre par l'efprit-de-fel ammoniac, eil
des Corps!'quot; prcfque incompréhenfibie. Le rapport
qui fe trouve entre ce grain amp; dix li-
vres d'eau , efl: comme un , à quatre-
vingt douze mille cent foixante.
La vapeur odorante de la calTolet-
te efl: la partie la plus fubtile, par con-
féquent la plus évaporable de la li-
queur , que le feu divife d'une manièr
re infenfible.
Ces exemples ne font pas les feuls
qui prouvent l'extrême divifibilité des
Corps. Nous en trouvons une infinité
d'autres auffi évidents qui fe paffent
journellement fous nos yeux. L'habi-
tude qui nous familiarife avec les phé-
nomènes les plus extraordinaires, nous
ôte toute idée de furprife ; amp; nous
fommes tous les jours témoins de ces
miracles , qui ne captivent nullement
notre attention.
Ces Ouvriers, par exemple , qui
battent les métaux, leur donnent une
étendue que l'on a peine à concevoir.
Boyle a remarqué qu'un grain d'or
mis en feuilles, couvre une furface de
50 pouces quartés.
Si la grande dudilité d'un grain
d'or battu étonne l'imagination , cont
tien plus doit;elle être faifie amp; frap-^
pée , lorfque noi« voyons ces lames
d'or paffer à la filière. Avec une once
ou deux de feuilles d'or , on couvre quot;
un cilyndre d'argent de 21 pouces de
long , 15 lignes de diamètre , pefant
45 marcs : on fait paffer ce cilyndre
doré par des filières , qui vont tou-
jours en diminuant, de façon qu'il
s'allonge extraordinairement, amp; de-
vient auffi délié qu'un fil de ver-à-
foye. Ce fil doré fe nomme trait, paf-
fe enfuite entre deux morceaux d'a-
cier qui l'écrafent, amp; le mettent en
lame fort mince, dont on enveloppe
une foye pour les ufages des différen-
tes Fabriques.
IV. LETTRE.
Mouvement des Corps.
O u s avez vû, Monfieur , dans ——
les trois premières Lettres que j'ai eu
l'honneur de vous envoyer, l'exiften- quot;
ce , la nature , la figure des Corps en
général : le Souverain Etre , en les
créant, les a fournis à des loix invio-
lables , dont ils ne peuvent jamais fe
fouftraire : loix impofées à la Nature
~ quot;quot;quot;quot;' ..... entière au moment,quelle a été tirée
^Mo^vcment jy ni^aut, pour iublilter fans variation
■ quot;nbsp;jufqu'à celui oii la volonté de cet Etre
fuprême la replongera dans le Cahos.
C'eft ce que nous allons reconnoitre
dans cette quatiiéme Lettre , qui trai-
te du Mouvement amp; de fes proprié-
tés , ainii que dans les fuivantes.
Le mouvement eft l'aûion d'un
corps qui à chaque inftànt change de
place. Les corps mobiles font ceux
qui ont la faculté d'être mis en mou-
vement. Leur mobilité plus ou moins
grande dépend de la figure, de la fur-
iàce , amp; de la quantité de matière qu'ils
Metrez en mouvement fur un plaa
horifontal deux mafi'es , l'une plus
ronde que l'autre. Cette dernière per-
dra plus proniptement fon mouve-
ment. Mettez - les de même rondeur,
avec une furface plus polie à l'une
qu'à l'autre , la première fera plus mo-
bile ; amp; fi leur poli eft femblable , amp;
qu'elles difierent feulement en grof-
feur ou pefanteur , la plus petite ou
la plus légère aura fon mouvement
plus libre amp; plus continu.
Nous connoiflons deux fortes de
mouvements qui ont adion fur les
iv. lettre.
Corps. Le fimple amp; le compofé. Le'
- ' ,nbsp;^nbsp;1 • 11nbsp;jviouveuici
fimple efl: celm dun corps qui n o-^escorps,
béit qu'à une force, amp; le compofé ce-
lui de tout corps qui obéit à plufieurs
forces.
Newton, dans fon Livre des Princi- Trois loix
pes , établit trois Loix générales du
mouvement.
La première , que tout corps une
fois mis en mouvement , continue de
fe mouvoir dans la même diredion ,
amp; avec le même degré de vitefl'e qu'il
a reçu, à moins qu'une caufe étran-
gère ne les lui hffe changer.
La fécondé, que tout changement Deuxième
qu'éprouve un corps dans fon mou-
vement, efl: toujours proportionnel
à la caufe qui le produit, amp; fe fait
en ligne droite.
La troifiéme efl:, que la réadion Troifi^iot
eft égale à la compreflion.
Ces Icix regardent la direftion ,
la vitefl^e amp; la quantité de mouvement
que pofféde un corps hors du repos.
Deux caufes inévitables empêchent
l'entier eifet de la première loi du
Mouvement ; ce font les frottements
amp; la rcflftance des milieux. Ces deux
obftacles ramènent toujours au repos
les corps qui font dans le plus grand
mouvement.
MouvemeiK
vcmeiic.
Première
Loi.
Loi.
Le frottement efl: occalionné par
les furfaces des corps mis en mouve-
es orpj. ^gj^j ^ gj celles du plan fur lequel ils
paffent, ou du fluide dans lequel ils
fe meuvent. Ces furfaces de part amp;
d'autre, ne font jamais affez polies
pour qu'elles gliffent les unes fur les
autres fans fe nuire amp; s'engager.
La réfifl:ance des milieux provient
des fluides dans lefquels les corps font
mis en mouvement. Un corps qui s'y
trouve, fait perpétuellement des ef-
forts violents pour vaincre la réfifl:an-
ce amp; fe faire paffage : or ces efforts ne
peuvent fe faire fans qu'il lui coûte à
chaque inftant une partie de fon mou-
vement ; amp; quand il a tout employé ,
il efl: contraint de demeurer en repos.
Expliquons ces deux effets plus en
détail ; voyons ce qu'ils peuvent pro-
duire , amp; les réfultats que nous en don-
nent quelques Expériences.
Des Frottements.
nrnmammmm Lg frottement eft l'aûion des furfa-
ces des corps qui paffent les unes fur
les autres. Comme ces furfaces ne
font jamais d'un poli parfait, les par-
ties faillantes des unes entrent dans
les cavités des autres , ce qui les em-
Des i:ro:tc-
jnents.
pêche non-feulement de glifler libre-
ment, mais ce qui oblige fouvent d'em-
ployer la force pour les féparer.
On diftingue le frottement en deux
efpéces : celui de la première amp; celui
de la fécondé. Le frottement de la
première efpéce ell celui d'un corps
dont la furface s'applique fucceffive-
ment à la furface d'un autre corps.
Exemple : Faites gliffier deux planches
l'une fur l'autre. Le frottement de la
fécondé efpéce a lieu lorfque diffé-
rentes parties d'une furface s'appli-
quent à différentes parties d'une autre
furface. Exemple : Faites rouler une
boule, ou tourner une roue fur un
terrein.
Les Expériences des frottements, Machine det
• rnbsp;\nbsp;■ r /-nbsp;ftottcments.
qui lont tres-cuneufes , fe font avecnbsp;„
une machine compofée exprès , ap-
pellée Machine des Frottements , pofée
îiir une bafe ou plate-forme de 8 à 9
Jouces de diamètre , fur laquelle s'é-
évent verticalement deux montans de
métail de 4 pouces de hauteur , amp; éloi-
gnés l'un de l'autre de 5 : au haut de
chacun de ces montans , eff un trou
taraudé qui admet une vis dont le
bout eft creux. On fait entrer dans
ces deux vis les extrémités d'un axe
H
46 Lettres Physiques
d'acier qui (e trouve par ce moyen
Des troue-placé horifontalemcnt , lequel porte
une roue vers fon milieu. A cet axe eft
attaché par un bout un reffort fpiral
qui Je l'autre bout eft fixé à l'extré-
mité d'une tige qui tient folidement
fur la bafe de la machine , en forte
qu'en tournant l'axe fur lui-même d'un
fens , on tend ce relTort, amp; on peut
le contenir en cet état de tenfion au
moyen d'un échappement qui, lorf-
qu'il efl lâché, laiffe au reffort la li-
berté de ramener l'axe en fens contrai-
re , amp; de le faire ainfi aller amp; revenir
fur lui-même , jufqu'à ce que le frot-
tement qu'il éprouve dans les bouts
des vis oii il roule l'ait fixé au repos.
C'eft ainfi que l'on place l'axe d'acier,
pour éprouver la réfiftance du frotte-
ment de la première efpéce , en com-
ptant les vibrations que fait le reffort
fpiral, que nous admettons jufqu'au
nombre de 3 o pour cette première Ex-
périence.
En dedans des deux montans font 4
roues verticales de 3 pouces i de dia-
mètre , deux à droite, deux à gauche,
amp;placées de manière que fe croifant de
prefque la moitié de leur diamètre ,
l'angle que forment en haut la jondion
ments,
IV. Lettre. 47
leurs deux circonférences fe trouve de
précifément fous les extrémités de Ta-
xe d'acier fans y toucher : on lâche les
deux vis dans lefquelles on a d'abord
mis les bouts de l'axe , amp; cet axe , en
defcendant de quelques lignes pofe
fes bouts fur les angles des roues.
C'eft ainfi qu'il doit être poiy l'expé-
rience du frottement de la fécondé
efpéce , dans laquelle on compte un
nombre bien plus confidérable de vi-
brations que dans la première, puif-
qu'il excède quelquefois celui de 300.
Si après avoir placé im petit le-
vier pofé horifontalement fur l'axe du
grand rouleau qui le touchera par une
furface d'une grandeur connue , vous
comptez 10 vibrations ce qui fera la 3®
Expérience ; vous n'en compterez plus
que les|, c'eft-à-dire 15 fi vous ve-
nez à retourner ce levier pour lui fai-
re toucher l'axe par une furface dou-
ble de la première ; ce qui opérera
la 4® épreuve.
Sufpendez enfin à l'extrémité de ce
levier pofé fur l'axe du côté de fa
(impie furface , un poids qui double
la preflion j vous aurez alors les cinq
expériences qui fe font avec la Ma-
chine des Frottements, que l'on peut
Des frocte-
meiics.
........... rpgarflpr commc unc dcs plus ingé-
nieufes de la Phyfique Moderne.
L'axe d'acier fimplement pofé dans
les trous des deux vis qui ne fait com-
pter que }0 vibrations , dénote un
frottement de la première efpéce, dont
la réfillance eft plus forte que lorfque
Ton def«end les deux pivots de cet
axe fur les interftices des roues qui
conftatent un frottement de la fécon-
de efpéce, parce que les furfaces fe
quittent fucceftivement les unes amp; les
autres , ce qui rend le mouvement
plus libre gt; puifque l'on compte juf-
qu'à 300 vibrations au moins. De-là
on obferve que la réfiftance eft plus
grande dans le frottement de la pre-
mière efpéce que dans celui de la fé-
condé.
Du troifiéme amp; du quatrième effet
de la Machine des frottements qui
font qu'en pofant fur l'axe la pièce
ou le levier du côté de fa furface la
plus étroite on compte lo vibrations
amp; qu'en le retournant du côté de la
plus large on n'en compte plus que 15 ;
il réfuUe que le frottement augmente,
■à mefure que les furfaces fe multi-
plient.
Le cinquième effet, qui provient
meats.
I V. L E T T R E. 47
de leurs deux circonférences fe trouve
précifément fous les extrémités de la- i^^f™««^
xe d'acier fans y toucher : on lâche les
deux vis dans lefquelles on a d'abord
mis les bouts de l'axe, amp; cet axe, en
defcendant de quelques lignes , pofe
fes bouts fur les angles des roues.
C'eH ainfi qu'il doit être pour l'expé-.
rience du frottement de la féconde
efpéce, dans laquelle on compte un
nombre bien plus confidérable de vi-
brations que dans la première , puif-
qu'il excède quelquefois celui de 300.
Si après avoir placé un petit levier
pofé horifontalement fur l'axe du
grand rouleau qui le touchera par une
furface d'une grandeur connue, vous
comptés 20 vibrations, ce qui fera la
y Expérience ; vous n'en compterez
plus que les f ; c'eft-à-dire 15 fi vous
venez à retourner ce levier pour lui
faire toucher l'axe par une furface
double de la premiere ; ce qui opé-
rera la 4® épreuve.
Sufpendez enfin à l'extrémité de ce
levier pofé fur l'axe du côté de fa
fimple furface, un poids qui doubla
la preffion ; vous aurez alors les cinq
expériences qui fe font avec la Ma-
chine des Frottements, que l'on peut
Bxij
-ocr page 60-48 Lettres Physiques.
_: regarder comme une des plus ingé-
cs frouc nieufes de la Phyfique Moderne.
L'axe d'acier limplement pofé dans
les trous des deux vis qui ne fait com-
pter que 30 vibrations, dénote un frot-
tement de la premiere efpéce, dont
la réfiftance eft plus forte que lorfque
l'on defcend les deux pivots de cet
axe fur les interftices des roues qui
conftatentun frottement de la fécon-
dé efpéce , parce que les furfaces fe
quittent fucceffivement les unes amp; les
autres, ce qui rend le mouvement
plus libre , puifque l'on compte juf-
qu'à 300 vibrations au moins. De-là
on obferve que la réfiftance eft plus
grande dans le frottement de la pre-
mière efpéce que dans celui de la
féconde.
Du troifiéme amp; du quatrième effet
de la Machine des frottements qui
font qu'en pofant fur l'axe la pièce
ou le levier du côté de fa furface la
plus étroite on compte 20 vibrations ,
amp; qu'en le retournant du côté de la
plus large on n'en compte plus que 15 ;
il réfulte que le frottement augmente
à mefure que les furfaces fe multi-
plient.
Le cinquième effet, qui provient
de
Des
IV. L e t t r e. 49_
de la charge du poids fur cette pièce
pofée fur Taxe du côté de fa fimple „emsfquot;quot;quot;
lurface, qui ne fait plus compter que
1G vibrations, prouve que la réfiftance
des frottements devient plus confidé-
rable de moitié par la preflion que par
les furfaces.
Si par le poids ajouté , nous voyons,
eu égard au nombre des vibrations de
lo contre 20, que la preflion double
de moitié la réfiftance , tandis que le
double des furfaces ne diminue cette
rèflftance que d'un quart ; puifque le
levier pofé fur fa furface la plus étroi-
te l'on compte 20 vibrations contre i
lorfqu'il eft pofé fur la plus large ;
nous devons conclure que les frotte-
ments font plus forts amp; augmentent
plus par la preffion, que par les fur-
faces.
La conféquence que l'on tire de
ces Expériences , amp; du principe qui
les fait naître eft que le frottement
eft la caufe de la deftrudion du mou-
vement.
De la Réjijlance des Milieux.
La fécondé caufe qui fait obftacîe
au mobile, eft la réfiftance des mi- Réfiftance
lieux.nbsp;''
to Lettres Physiques.
.nbsp;.j On appelle Milkux les fluides que
Réfiitance jgj ^orps f'olicles traverlcnt leurs lur-
des mihcux. ^^^^^^ oppolént à la force de ces corps
une réfiftance qui leur fait perdre
continuellement une partie de leur
mouvement , enforce que ces folides
font obligés de ceder amp; de revenir
au repos.nbsp;.
Suipendeî a un point hxe par le
„pécicncc. moyen d'une foye une boule de mé-
tal du poids d'une once environ. Pla-
cez fous cette boule une cuvette de
manière que la boule réponde direc-
tement au milieu de la cuvette. Ecar-
tez la bou.e jufqu'au bord de cette
cuvette. Abandonnez - la alors à fon
propre poids ; vous compterez le nom-
bre des vibrations qu'elle aura fait
dans l'air pendant deux minutes.
Rempliffez enfuite la cuvette d'eau.
Répétiez la même opération avec la
boule ; vous verrez que dans le mê-
me efpace de temps , elle fera beau-
coup moins de vibratbns , amp; que fon
mouvement fera confommé.
Cette expérience nous préfente un
corps qui lt;e meut avec pefanteur éga-
le dans deux fluides dont 1 un eft beau-
coup plus denfe que l'autre.
Si ail bout de dem mmutes, on eft
-ocr page 63-IV. L e t t r e.
obligé d'arrêter les vibrations de la ——»
boule loriqu'elle ferment dans l'air , Réfiftance
pendant que dans le même efpace de
temps , elle confomme fon mouve-
ment lorfqu'elle eft dans l'eau ; c'eft
une preuve que l'eau eft un milieu
plus denfe que l'air. Or on f^ait que
leau eft près de 900 fois plus denfe
que l'air. Ainfi plus un fluide a de den-
fité , plus le corps qui s'y trouve en
mouvement eft expofé à la réfiftance.
L'expérience du double moulinet ,
ainfi que celle du coup de fufil , qui
porte plus loin chargé à balle feule
qu'avec un pareil volume de plomb ,
nous démontre que les réfiftances
qu'effuye un corps dans un même mi-
lieu , font plus ou moins confidérables
fuivant les furfaces que ce corps pré-
fente.
Le fufil chargé à balle feule, porte
plus loin que lorfqu'il eft chargé avec
un pareil volume de plomb , parce-
que l'air qui agit en raifon des furfaces
oppofe au volume du plomb,dont cha-
•que grain lui préfente la moitié de la
fienne, une réfiftance bien plus confi-
dérable que celle qu'il emploie contre
la moitié de la furface de la balle feule ;
«ette dernière effuye donc moins de
.Cij
-ocr page 64-52 Lettres Physiques.
■ ■■■■■ réfiftance, conféquerament fon effet
Réfiftance eft plus Violent, 6c elle doit fe porter
a« Milieux, pjyj loin^
Ïïpéricn- Le double moulinet doit avoir fes
et du double aifles en même nombre chacune , de
Moulinet.nbsp;^ ^^^^^^ volume , même
longueur , même largeur, avec la fa-
culté de pouvoir les faire tourner de
face ou de champ à volonté. Un ref-
fort les fait agir de manière qu'en le
détendant , elles commencent leur
mouvement dans le même moment
amp; avec la même viteffe. Si ces mouli-
nets préfentent leurs aifles de face,le
mouvement commence amp; finit en mê-
me temps, parce que les furfaces
égales déplacent le même volume
d'air 8f. éprouvent les mêmes réfiftan-
ces ; mais fi l'un des deux préfente fes
aifles de champ , pendant que l'autre
aura les fiennes de face , le premier
aura moins de réfiftance à vaincre de
la part de l'air, parce qu'il en déplace
yn moindre volume ; ainfi les aifles
qui préfentent une moindre furface à
l'air , perdent moins de leur force
tournent plus vite , amp; leur mouve-
ment dure plus long-temps.
Cette expérience , toute puérile
qu'elle paroît en elle - même, nous
1 /
IV. Lettre. 53
conduit à la découverte d'une Mé-
chanique admirable qui fe paffe dans def^Sw?.
la Nature. Elle nous donne la con-
noiffance des différents vols des oi-
feaux , amp; nous en démontre la caufe.
Cette caufe efl fi bien rapportée par
M. l'Abbé Nollet , que je paroîtrois
téméraire de vouloir en entreprendre
l'explication : mais comme je ne veux
pas m'écarter de la loi que je me fuis
impofée de prendre ce célébré Aca-
démicien pour modèle , qu'il me foit
permis en cette qualité d'en mettre
un extrait fous les yeux.
Lorfque l'on veut trouver un point
d'appui dans la réfiflance d'un fluide ,
il faut le frapper avec plus de force
amp; plus de vîtefTe, c'efl ce que nous
voyons faire aux nageurs avec leurs
bras , aux Bateliers avec leurs rames,
amp; aux Oifeaux qui volent dans les airs.
Les Oifeaux de proye , les Cor-
beaux , amp; en général ceux qui s'élè-
vent haut, déplacent un grand volu-
me d'air avec leurs ailes. Ces Habi-
tans de Pair ont attention de ménager
leurs forces pour fournir aux longs
trajets qu'ils ont à faire ; auffi ne leur
voit-on donner que de temps à autre
quelques coups d'aîles nonchalants
C iij
-ocr page 66-s?**! pour fe fraier leur route. La longueur
Réfiftance jg ig^rj aiIes, le peu de corps qu'ils
«smukux.nbsp;O 1nbsp;• - Inbsp;1nbsp;VI
ont , amp; la quantité de plumes qu ils
pofledent les rendent plus légers.
Les Canards fauvages , amp; autres
Oifeaux de paffage , qui changent de
climats felon les différentes faifons, fe
raffemblent par bande dès que le
temps de voyager arrive, vous voyez
ces animaux en troupe voler très-haut,
amp; former un triangle dont la pointe
fe préfente toujours en avant pour
couper l'air ; amp; fi - tôt que celui qui
s'eft mis à la tête fe trouve fatigué par
les efforts continuels qu'il fait contre
îa réfiftance de ce fluide, il abandon-
ne fon pofte , cède la conduite de
la troupe à celui qui le fuit , amp; va
fe mettre au dernier rang , jufqu'à ce
que fon tour revienne lorfque tous
fes camarades, à fon exemple, auront
tour à tour forcé l'air de leur ouvrir
le paffage.
Le Faifant, la Perdrix, le Moineau,
amp; tous Oifeaux de cette efpéce , font
le contraire. Pour trouver leur poi«t
d'appui contre la réfiftance de l'air,
ils font obligés àe donner un batte-
ment d'aile plus violent amp; plus préci-
pité. Auffi leur vol eft-il plus court amp;
fk
, V
i
h
IV. L e t t r e. 55
plus vif. Ces volatils ne peuvent vo-
ler long temps fans fe repofer, parce
qu'ils emploient une plus grande for-
ce , ayant le corps gros amp; les ailes
courtes.
Ceux qui planent, comme le Pi-,
geon, l'Alouette , la Caille, amp;c. font
encore plus d'efforts que ces derniers.
Leur point d'appui réfide dans l'extrê-
me promptitude avec laquelle ils forit
leurs vibrations par un battement d'aî-
les dont la vîteife eft fi prodigieufe ,
qu'il femble qu'ils foient immobiles.
Dans le nombre des Oifeaux qui
planent, l'Alouette obferve une mé-
chanique fingulière. Lorfque la belle
faifon s'annonce , cet Oifeau , que l'on
peut regarder comme une indication
du beau temps, s'éléve perpendicu-
lairement vers le Soleil jufqu'à perte
de vue, amp; là il plane très-long-temps,
en rendant hom.mage par fon chant, à
ce Père de la Nature ; amp; , lorfqu'il
veut defcendre fur terre , il plie fes
aîles, amp; fe laifle tomber comme une
maffe jufqu'à trois ou .quatre pieds de
terre ou environ, oit il le's déploie
alors pour fe garantir du choc qu'il
effuieroit. Le corps de, ce petit vola-
til eft mince amp; allongé , fes aîles font
C iv
h
56 Lettres Physiques.
: grandes ; ainlî il déplace un moindre
volume d air, ce qui lui donne plus
de légéreté amp; plus de facilité pour
s'élever amp; pour planer.
Tels font les effets des mobiles
qui traverfent des milieux tranquiles.
Mais fi ces milieux font agités, la ré-
fiflance augmente plus ou moins, fui-
vant les degrés d'agitation. Si le mo-
bile efl: en direâion contraire , il faut
qu'il ait plus de force, ou qu'il dimi-
nue fon volume pour vaincre la ré-
fiftance. Si le mobile amp; le mifieu font
en même direftion, la réfiftance doit
être nulle quand la vîtefle eft égale ;
mais fi l'un des deux pofféde plus de
vîteflê que l'autre, le plus foible prend
fur celui qui en a le plus, pour con-
ferver l'égalité qui doit fe trouver en-
tre eux.
Du Changement de DireUion.
c'h'àngemert La SECONDE loi du mouvcment
tie Dircaion. fimple cfi quc U changement' qui arrive
au mouvement d'un corps ejl proportion^
ml à la caufe qui le produit
«.eiidance
des Milieux.
V. L e t t r e.
Un corps en mouvement eft-il dé- I
tourné de fon chemin par une nou- ^j^oif^^l^^^
velle force qui, en l'obligeant de chan-
ger de diredion , eft capable d'aug-
menter ou de diminuer fa viteffe?
Cette nouvelle direâion fe fera tou-
jours en ligne droite , amp; la vîteffe de
ce corps fera proportionelle à l'aug-
mentation , ou à la diminution de la
nouvelle force , qu'il aura acquis,
La troijiémc loi du mouvement fimptc
efi que la réaSion , efi égale à Vaction
ou à la comprejjîon.
Plufieurs exemples prouvent ce
principe. Qu'un homme qui aura 50
livres de force, par exemple, porte un
fardeau qui ne pefera que z 5 livres, cet
homme n'employera que la moitié de
fa force pour faire équilibre au far-
deau. Mettez im poids de 5 livres dans
le baffin d'une balancé pour pefer 5
livres de marchandife qui feront dans
l'autre baffin , la balance fera en équi-
libre , parce que le poids de 5 livres a
fon aftion égale au poids de la mar-
chandife.
Un corps ne change point de direc-
tion , à moins qu'il n'y foit forcé..
C'eft la première loi du mouvement ,
que tout corps tend toujours^ à perfè-
Cy
-ocr page 70-58 Lettres Ph ysi q uEs.
Changementnbsp;dircftion daiis laquelle
de Direûion. OU le met en mouvement ; mais s'il fe
trouve obligé de fe détourner , ce
changement s'opère de deux maniè-
res , foit par la rifieBion , foit par la
réfraciion.
Quand un corps en mouvement
rencontre un obftacle affez dur, pour
l'empêcher de pénétrer à travers , amp;
pour l'obliger de retourner fur lui-mê-
me ; ce mouvement rétrograde s'ap-
Réfleâion, pelle RéfieHion. Une balle jettée fur
du marbre en donne l'éxemple.
Si ce même corps rencontre nn flui-
de qu'il pénétre, amp; dans lequel il con-
tinue fon mouvement, la nouvelle di-
reftion qu'il prend en entrant dans le
Wftaaion. fluide , fe nomme Réfraciion : tel eft
un corps dur jetté dans l'eau. Exami-
nons ces deux changements qui arri-
vent aux corps en mouvement , 8c
voyons les phénomènes qui en réful-
tent.
De la Refieciion.
I II IInbsp;La RéfieHion eft l'effet d'un corps
Réfleaion. lancé contre un obftacle impénétra-
ble qui le fait rejaillir après le choc.
Ce corps peut fe lancer de deux ma-
nières différentes, ou perpendiculai;
V. L e t t r ê. 5'9
rement, ou obliquement. Si le mobi-1
le tombe perpendiculairement fur un
plan élaftique, il fera renvoyé par la
même ligne perpendiculaire par la-
quelle il eft defcendu. Mais fi ce mê^
me mobile eft jetté par una ligne obli-
que , il rejaillira , amp; remontera par
une ligne oppofée à celle de fa pre-
mière direâion , en faifant un angle
de réfledion égal à celui de fon inci-
dence.
Qu'un corps fphérique, une bille , îxp^rfcnc«
par exemple, tombe fur une pierre ,
li cette pierre eft élaftique ; la bille
en tombant enfoncera les parties de
la pierre , amp; celle-ci par fon pouvoir
élaftique fe rétablira fur le champ ; amp;
le rétabliffement des parties qui ne fe
fait pas fans effort de la part de la
pierre , repouffera à fon tour celles
de la bille j ce qui la fera rejaillir en
avant, parce que les parties compri-
mées du plan , fe rétabhffant avec la
même force qu'elles ont été compri-
mées , doivent repoufTer'la bille dans
la même direâion.
Mais fi cette bille tombe oblique-
ment , elle ne touche la pierre que
par une de fes furfaces, alors les ré-
ûftances que la pierr« lui oppofe de-
Cvj
-ocr page 72-6o Lettres Physiques.
—. viennent inégales , amp; Ja forcent de
Refleaign. quitter fa première direftion , amp; de
remonter par ime route contraire. Les
refforts de la pierre qu'elle a détendus
fe déployant les uns après les autres ,
comme ellç les a comprimés, la re-
jettent par une ligne oppofée à celle
de la première diredion , parce que
ces reflbrts lui donnent poftérieure-
ment le même mouvement qu'elle
avoit en avant par la furface par la-
quelle elle les a touché : puifque cette
furface eft dans une pofition oblique,
la bille fe trouve forcée de décrire
une ligne contraire à celle par laquel-
le elle eft venue fur la pierre , amp; con-
féquemment de former un angle. Que
le plan fur lequel la bille tombe foit à
relfort., ou que la bille foit elle-même
à reftbrt, amp; le plan inflexible , ou que
tous les deux foi'ent élaftiques , la ré-
jfledion a toujours le même effet. On
peut remarquer l'affaiffement des par-
ties de la bille, fi avant de la laiffet
tomber , on imprime en afpirant fur
la pierre ou fur du marbre pofé hori-
fontalement , une légére couche de
fon haleine.
La bille y fera une tache ronde,
fi elle eft jettée perpendiculairement,
V. L E T T R E.
amp; oblongue fi elle tombe oblique- ———'
ment ; amp; le diamètre de cette tache K.éfleaion.
fera dautant plus grand dans l'un amp;
dans l'autre cas , que la bille fera lan,-
cée de plus haut.
Le reffort des corps efl: néceffaire
pour la réfledion. Un corps à reffort,
après avoir été comprimé , ne fe re- •
trouve dans fon premier état qu'après
un certain nombre de vibrations ifo-
chrones, c'efl - à - dire qui fe font en
temps égaux. Et plus un reffort aura
éprouvé de force pour être tendu ,
plus fes parties fe rétabliront avec vî-
teffe lors de fa détention. Prenez deux
lames élaftiques, dont l'une fera moins
flexible que l'autre j après les avoir
comprimées également , lâchez leur
reffort au même moment, les vibra^
tions de la dernière lame feront moins
étendues, mais plus fréquentes.
Si le reffort efi indifpenfable , pour
opérer la réfledion des corps, nécef-
fairement tout corps qui n'en a point
•ne peut être réfléchi. Faites tomber
dans quelque direftion que ce foit une
balle fur de la terre-glaife, ou fur de
la cire molle , elle y fera fon enfon-
cement , amp; perdra fon mouvement,
parce que les parties molles de ^a ter-
Lettres Physiques.
_îre ou de la cire qui la reçoivent y
Réiîeftioa. n'ayant pas une réfiftance afléz forte à
, lui oppofer, 'céderont à l'effort de ce
corps en mouvement.
11 eft bon de remarquer que l'en-
foncement de cette balle fe partage
en plufieurs temps égaux, amp; que fa
• force diminue à chaque temps qu'elle
déplace les parties molles qui lui cè-
dent , de forte qu'au fécond temps
ayant moins de force , elle trouve
plus de réfiftance.
Si l'on veut retenir dans la main un
corps qui tombe de haut , il faut que
la main aille à fa rencontre , amp; obéif-
fe à fa chute ; alors elle fait l'effet de
la cire molle, amp; amortit le coup. Si
au contraire on tenoit la main roide
amp; en place , elle deviendroit corps
élaftique , amp; 11 y auroit lors du choc
une compreffion confidérable, qui fe-
roit capable de bleffer, felon la maffe
du corps tombant.
De la Réfracîion.
Quand un corps mobile entre obli-
Réfraflion. qy^j^jg^j. flg^s un fluide , il éprouve
une réfiftance qui le force de changer
fa direûion ; c'eft ce que l'on nomme
Réfraction , amp; ce changement devient
V. L e T t r e.nbsp;63
d'autant plus confidérable que le nou-1
veau milieu à plus de denfité.
Qu'une boule tombe perpendicu-
lairement d'un fluide dans un autre ou
plus rare , ou plus dçnfe ; elle le pé-
nétre fans fouffrir de réfraûion , parce
que tout corps fphérique qui fort d'un
milieu pour entrer dans un autre , par
la ligne perpendiculaire, fuit toujours
la ligne de direction d'oii il eft parti ;
mais fi cette boule eft jettée dans le
même milieu par une ligne oblique,
elle fe réfraûera, amp; cette réfraâion
l'éloignera de la perpendiculaire, fi le
milieu eft plus réfiftant, comme elle
l'en approchera s'il eft moins réfiftant
que celui d'où elle fort, ce qui prou-
ve que la réfraftion exige obhquité
d'incidence de la part du mobile.
Le corps grave fphérique qui tom-
be dans l'eau par la ligne perpendicu-
laire , ne fe réfrafte pas , comme il le
fait par la ligne oblique, parce que les
réfiftances que ce milieu lui oppofe
font égales de toutes parts, comme
nous en avons vû l'effet dans ce que
nous venons de rapporter de la réfle-
âion ; au lieu que lorfqu'il tombe obli-
quement , il trouve plus d'obftacles à
furmonter d'un côté que de l'autre ,
Réfleaion.
64 Lettres Physiques.
-^^ amp; l'effort qu'il fait du côté où il troo-
Réfraaioii. ve plus de réfiftance l'oblige de fe ré-
fraâer.
Un corps qui tombe perpendiculai-
rement dans un fluide tranquille , fe
trouve au fond'au bout de la perpen-
diculaire par laquelle il eft entré. Mais
fi c'eft une chute d'eau, au moment
que ce corps entre dans l'eau , quoi-
que ce foit par la perpendiculaire , il
eft entraîné par le courant.
La réfraclion commence amp; augmen-
te avec l'-obliquité d'incidence, amp; elle
lui eft proportionnelle. Si l'incidence
eft trop oblique, elle perd fon nom
de Réfraciion , amp; prend celui de Réjlc-
cîion ; parce que dans ce cas la furfa-
ce de l'eau forme un corps liffe, dur,
amp; élaftique , qui fait réfléchir celui
que l'on lance deffus trop obhque-
ment ; les ricochets nous en donnera:
une preuve fimple amp; fenfible. La pier-
re tranchante que l'on lance très-obli-
quement fur la furface de l'eau , fe re-
féve plufieurs fois à proportion du
mouvement qu'on lui a imprimé. La
manière de la lancer fait qu'elle ne
touche que la furface fur laquelle elle
prend fon point d'appui, amp; en fe re-
levant elle forme un angle prefqu'égaJ
â celui de fon incidence.
V. L E T T R E. 65
Les phénomènes de la rèfraûion '
des corps qui pénétrent obliquement
les fluides nous avertiffent qu'il faut
être fur fes gardes tant pour ceux qui
tirent du poifl!quot;on dans l'eau, que pour
ceux qui fe trouvent au bord oppofé.
Les premiers doivent tirer d'un lieu
élevé amp; de près, fans quoi le plomb
court rifque de fe réfléchir , dès-lors
le coup devient nul amp; infrudueux, amp;
les fpedateurs qui font vis - à - vis au
bord oppofé , doivent s'écarter , par-
ce que le plomb les toucheroit infailli-
blement s'ils étoient à la portée , amp;
que le coup fût fort oblique.
Réftaaion.
Non-feulement la réfraftion a lieu
dans les fluides, mais encore dans les
corps folides, lorfque le corps qui les
pénétre trouve plus ou moins de réfi-
ftance. Que l'on enfonce un clou un
peu long dans du plâtre , ou de la
pierre, prefque toujours ceifer fe re-
courbe amp; ne peut entrer.
t.
-ocr page 78-66 Lettres Physiques.
Du Mouvement communiqué.
f——' Je vous ai prévenu, Monfieur, fe-
Mouvcment Ion VOS delirs, que je fuivrois les prin-
commmU-nbsp;^^ ^^^nbsp;^
dans cette partie que je m'éloignerai
moins que jamais de ces Phyliciens
pour vous donner l'explication du
Mouvement communiqué. Je diftin-
guerai dans cette communication le
corps à reflort d avec celui qui n'en
a point : j'examinerai leurs Phénomè-
nes, amp; , s'il m eft poftible, j'en appro*
fondirai les caufes.
Nous confidérerons dans ces effets
deux fortes de corps. Les uns fans
réadion , appellés Corps mois , amp; les
autres à report ou élapques. Nous de-
vons aufti diftinguer la vîteffe refpe-
dive qui vient du temps que mettent
deux corps à parcourir l'efpace qui fe
trouve entre eux , d'avec la vîteffe
abfolue. Cette dernière appartient à
chaque corps en particulier, amp; la vî-
teffe refpe£live eft celle que deux
corps fe'communiquent l'un à l'autre.
VI. L E T T R E. 67_
Que deux boules diftantes l'une de
l'autre d'nn pied viennent fe choquer
dans i efpace d'un temps donné , la qué.
vîteffe reipeâive fera la même ; fi l'u-
ne va chercher l'autre en repos, ou
fi cette dernière vient à la rencon-
tre de la première , pourvu que le
choc fe faffe dans le temps prefcrit.
Les maffes entrent auffi en graride
confidération dans la communication
du mouvement. Il ne fuffit pas de con-
noître les vîteffes refpeûives amp; abfo-
lues , il faut encore avoir égard aux
mafîes ; car le corps choqué oppofe
au corps choquant fa force d'inertie ,
qui eft le penchant propre à tout corp»
de refter dans l'état où il fe trouve. Or
cette force qui fe mefure par la maffe
apporte une réfiftance qui lui eft pro-
pcrtionnel. Ainfi deux corps qui fe cho-
quent , foit que l'un foit en repos, ou
qu'ils foient tous deux en mouvement,
fe communiquent l'un s l'autre de leur
mouvement fuivant le rapport de leur
maffe, amp; le degré de leur vîteffe.
Les Régies que nous allons établir
fuppofent un reflbrt parfait dans las
corps , ou qu'ils n'en eft point du tout ;
de plus que leur mouvement fe fait
dans un milieu fans réfiftance amp; fans
frottements.
68 Lettres Physiques.
Des Corps fans rejfort.
Nous regardons le choc de ces corps
k2T. foquot; 3'pelt;as différents qui for-
ment autant de régies.
Première La première eft que, lorfquun corps
en choque un autre en repos, le premier
doit partager fa viteffe avec le fécond^
fuivant le rapport des maffes.
Qu'un corps pefant deux onces, par
exemple , vienne avec fix degrés de
vîtefTe en frapper un autre de même
poids qui fera en repos, il lui com-
muniquera la moitié de fa vîteffe , amp;
tous deux continueront de fe mouvoir
avec trois degrés.
Ce corps qui rempliroit la loi qui
lui a été prefcrite dans fon mouve-
ment , lorfqu'on lui a imprimé fix de-
grés de vîteffe, s'il trouvoit le che-
min hbre, s'unit avec celui qu'il ren-
contre , amp; lui communique de fon
mouvement. Cette union devient une
double maffe de quatre onces, qui di-
minue le mouvement de moitié ; en
conféquence ces deux corps parcou-
rent enfemble trois degrés dans le
même fèns : ainfi lorfque les malTes
font égales, la vîteffe fe partage par
moitié.
VI. L E T T R E. 69
Mais fi les maffes font inégales , amp; ...............
que ce foit le corps qui choque qui
pofféde quatre onces double de maf- °
fe, la vîteffe fe réduira aux deux tiers,
donc fi le corps choquant de quatre
onces vient avec fix degrés de vîteffe
frapper celui de deux onces , tous
deux après le choc parcoureront qua-
tre degrés ; amp; au contraire fi le corps
choquant efi: de moitié moins fort, amp;
qu'il n'ait que deux onces contre le
choqué quatre onces , amp; qu'il vienne
avec fix degrés, la vîteffe ne fe trou-
vera plus que d'un tiers, amp; ils iront
tous deux avec deux degrés de vî-
teffe.
La fécondé Régie efl: que , dmx Deuxième
corps qui viennent fe heurter dans U
même direclion, après le choc , conti-
nuent de fe mouvoir enfemble avec une
viteffe commune, que leurs majfes foient
égales 4gt;u non.
Si l'un , par exemple, a fix degrés
de vîteffe, amp; l'aiure quatre, ils con^
tinuent leur mouvement dans le mê-
me fens avec cinq degrés chacun ,
moitié de dix, dont la totalité des
deux efl: compofée.
• Chacun de ces deux corps pofféde
les degrés de vîteffe qu'on leur don-
-iilli'l---ne II eft de loi que le corps qui en a le
ReSotf P'quot;® communique à l'autre amp; partage
avec lui celle qu'il a de trop , parce
que la communication du mouvement
fe fait toujours en raifon direâe des
mafles. Si le corps choquant vient avec
fix degrés trouver celui qui n'en a que
quatre qui lui eft égal en mafle, il doit
en partager avec lui, deux excès de
quatre , ce qui fait qu'après le choc ils
poffédent chacun cinq degtés, qu'ils
doivent parcourir enfemble, parce que
celui qui avant le choc en avoit deux
de plus, en a perdu un , quot;moitié des
deux , en faveur de celui qui en avoit
îe moins.
Lorfque les mafles font inégales ,
l'opération eft aiiée à faire. Dès que
l'on ne s'écarte point du principe que
le corps qi-i a le plus ou le moins de
vîteffe en communique, où en reçoit
en raifon direâe des maffes ; ainfi les
épreuves fe trouvent les mêmes que
celles qui ont été établies par la pre-
mière régie.
Troifiéme La troifiéme Régie eft que ,Ji deux
corps viennent fe heurter dans des fens
oppofés avec des vîteffes égales, Us
rejient immohiUs après leur choc
leurs majj'es font égales ; maisJi ces mê-
VI. L e t t r e, 71
mts majjis font inégales, ils continuent »
de fe mouvoir , amp; vont enfembk dans ^
la direction du corps le plus pefant,
tn partageant l'exch du mouvement
commun.
Cette Régie eft fimple, amp; fa pre-
mière partie n'a pas befoin d'explica-
tion. Si nous admettons deux corps
égaux en maffe amp; en vîteffe , à l'en-
droit du choc il ne doit rien refter,
donc ces corps doivent demeurer en
repos après le choc puifqu'ils ont
également perdu , amp; que leurs for-
ces égales fe font confondues ; mais
û l'on fait mouvoir ces corps l'un avec
douze degrés, l'autre avec huit, ils
continueront leur route après le choç
dans la direâion du plus fort, chacun
avec deux degrés qui font quatre, ex-
cédant de douze fur huit.
Ces mêmes Régies qui nous don-
nent la connoiffance du choc des corps
mous nous font auffi connoître la dif-
férence de leur applatiffement, qui fe
fait fuivant le rapport de leurs maffes
amp; de leurs vîteffes.
Elles nous montrent qu'un corps qui
fe heurte avec un autre , de force amp;
de maffe égaie , ne fe brife pas lorf-
qu'il fe met en pièce gt; contre un dont
72 Lettres Physiques.
m la maffe lui eff infiniment fupérieure.
Corps fans Une barquc , par exemple , réûfte à
«(Tort. yj^g autre de fon efpéce , tandis
qu'elle fe brife contre un vaiffeau,
qui échoue à fon tour contre un
rocher.
Elles nous apprennent encore que
lorfque Ton veut arrêter un corps en
mouvement, il faut y mettre moins
de force que l'on n'en employeroit fi
on vouloit, fans commencer par le
réduire au repos, Itii donner tout à
coup un mouvement rétrograde. De
ces expériences amp; de ces régies , il ré-
fulte que Ton connoît la fomme des
maffes par la vîteffe , amp; la vîteffe par
le temps qu'employe un corps à par-
courir un efpace.
Elafticité.
—■ L'Elafticité eft la propriété que pof-
Eiaftieité. féde un corps de pouvoir fe remettre
dans le même état où il étoit avant le
choc ou la compreffion. Une bille
d'yvoire , par exemple, jettée fur du
marbre fe comprime au moment du
choc 5 mais par fon pouvoir élaftique,
elle fe rétabfit fur le champ dans fa
première fituation.
Tout corps élaftique doit avoir
-ocr page 85-VI. Lettre. 73
deux qualités ; la flexibilité amp; la roi- î
deur. Il doit être flexible potlr pouvoir
fe comprimer, roide pour avoir la fa-
culté de fe remettre dans fon premier
état.
L'Acier amp; l'Ivoire font les corps
les plus propres à prouver l'élafti-
cité. Il n'en efl: pas de plus dur que
l'acier , amp; dont on augmente plus le
reflbrt.
L'Acier fe fait en mettant dans un
feu violent le fer le plus fin que l'on
mêle avec des fels amp; des foufres. Sa
grande dureté vient de hTrempe. Pour
lui donner cette trempe, on le jette
fubitement dans l'eau après l'avoir fait
rougir ; amp; l'on nomme Recuit le degré
de feu modéré qu'on lui fait prendre
après l'avoir trempé , qui eft le point
de pçrfeûion qui lui eft nécefl^aire.
L'Acier trempé a le grain plus gros
amp; plus dur. Il a plus de volume amp; d'é-
lafticité ; il dure davantage, amp; fe caf-
fe plutôt après qu'avant la trempe :
l'Acier recuit eft plus flexible, amp; moins
.caflant. Je ne m'étendrai pas fur l'u-
tilité dont eft ce métal. Tout le mon-
de fçait qu'il eft propre à tout, même
aux ufages les plus fins amp; les plus dé-
licats.
SUiicicii
f!
.1
74 Lettres Physiques.
I..II.IIWM1W. La Caufe Phyfique de l'Elafticlté
Eiafticité. jfe trouve probablement, amp; , fuivant
Matière fub. le fyftême de Newton, dans une ma-
liic Newto. tière plus déliée que l'air ordinaire
nienne. appeîlée Madère fubtile Newtonienne^oxi
autrement Ether. Ce Philofophe ad-
met cet Ether dans les efpaces célef-
tes, fans mouvement fenfible, d'Ocfi-
dent en Orient, 600 millions de fois
moins denfe que l'eau,amp; 700 millefois
plus rare que l'air, ordinaire. *
Ce grand homme obferve qu'un
Ether 700 mille fois plus rare que l'air
ordinaire oppoferoit aux corps foli-
des qui le traverferoient, une réfiftan-
ce plus de 600 millions de fois moin-
dre que celle de l'eau ; parce que l'air
de l'Atmofphère eft au moins S70 fois
' plus rare que l'eau, amp; qu'en midti-
pliant 700 raille par 870, le produit fç
trouve de 600 millions amp; plus. Il pré-
tend encore que cet Ether eft 700 mil-
le fois plus élaftique.; amp; c'eft de cette
prodigieufe élafticité dont on fe fert
pour donner la folutiqn de quantité
de phénomènes.L'Expérience va nous
découvrir comment cette matière fub-
tile s'infinue dans les corps élaftiques,
amp; en occafionne le reffort.
» Pi,tiq»e tie Newton, il' Quqftioa.
VI. L E T T R E. 75
Que Ton prenne les deux boiîts du-
re lame d'acier très - mince pour la
courber comme un arc ; les pores de
la furface conrexe s'ouvriront, tandis
que ceux de la furface inférieure fe
rétréciront ; amp;, h-tôt que vous lâche-
rez un des bouts , la lame reviendra
fur le champ dans fon état naturel.
C'eft cette matière fubtile qui, fe trou-
vant relTerrée dans les bouts rétrécis
de cette lame, fait tant d'eftbrt pour
fe rétablir, qu'elle lui fait reprendre
fon premier état, dés que l'on aban-
donne une de fes extrémités.
Elafticité.
Expérien««.
Corps à Ref-
forc.
Corps à Rejfort.
La Nature a impofé aux Corps
élaftiques , les mêmes loix qu'elle a
établies pour les corps ^s reftbrt.Ces
loix font la communi^on de mou-
vement d'un corps à un autre , amp; l'ap-
platiflement amp; l'enfoncement des par-
ties des corps qui fe choquent à l'en-
droit du contaâ , avec cette différen-
ce que l'applatifTement que le choc oc-
cafionne aux corps fans reftbrt, refte
imprimé fans fe rétablir , amp; que celui
que reçoivent les corps à refîbrt, fe
rétablit aufli promptement qu'il a été
Dij
-ocr page 88-impnmé.Trois principes appuyés d'ex-
périences fur les corps à reifort, vont
nous développer ce myiîère.
Le premier efl: que, lorfqu'un corps
élaflique en choque un autre égal en
majfe , il lui communique fon mouve-
ment direct.
Le fécond , que le corps choquant
refle en repos après h choc , parce qu^il
perd fa vîtefje , tandis que le corps
choqué efi mû en avant avec un degré
égal à celui avec lequel on a fait partir
lé corps choquant.
Et le troifiéme , que deux corps
élafiiques qui viennent à la rencontre
l'un de C autre , avec majfes égales ou
inégales , fe féparent après Le choc , amp;
retournent par où ils font venus, avec
une vîtejfe refpeclive , égale à celle qtiils
avaient tous^ux avant le choc.
Sufpendez à des fils de foye un peu
longs deux billes d'Ivoire de poids
égal,amp; faites-en choquer une avec 10
degrés de vîteflTe que vous donnerez à
la bille choquante ; cette dernière dé |
placera la première, amp; refl:era en re-
pos , tandis que la bille choquée ira
en avant avec les 10 degrés de vîtefle
imprimés à la choquante. Cet effet
prouve que la bille çhoquée a reçu
Corps à Ref.
fort.
Premier
Principe.
Deuxième
Principe.
Troifiéme
yiincipe.
ixpérienc(
%
-ocr page 89-VI. Lettre. 77
iine vîteffe égale à la bille choquante. ■■■ ' '
Dans le choc des corps fans ref-
fort , nous avons vû que , lorfque
deux corps font égaux en maffe, le
corps choquant qui vient heurter l'au-
tre lui communique moitié de fa vî-
teffe , amp; conferve l'autre moitié pour
continuer de fe mouvoir avec lui dans
la même diredion. Dans l'effet des
corps à reffort il en arrive autrement ;
le corps choquant donne tout, amp; ne
conferve rien ; ce qui le contraint au
repos. La bille choquante qui pof-
féde 10 degrés de vîteffe, en com-
munique 5 à celle qu'elle vient cho-
quer ; amp; cette dernière qui, lors du
choc, eft comprimée amp; applatie , en
vertu de fon élafticité , fe rétablit
avec 5 autres contre la bille choquan-
te ; amp; ce rétabliffement la porte en
avant avec autant de vîteffe qu'elle a
été comprimée ; ainfi la bille choquée
remonte en avant avec 10 degrés de
vîteffe, fçavoir 5 reçus par communi-
cation , amp; 5 autres acquis par réa-
ôion , abftraftion faite de la réfiftan-
ce des milieux, pour toutes ces Expé-
riences.
Cette expérience paroît fe contre-
dire avec l'exemple de deux billes qui
D iij
-ocr page 90-_ 78 Lettres Physiquês;
roulent fur iin plan horizontal. Qile
Corps àRef-l'une frappe l'autre en repos, fuivant
le principe ci-deffus, la bille frappée
doit feule fe mouvoir , amp; l'autre re-
flet en repos j cependant elles conti-
nuent toutes deux de fe mouvoir après
le choc. Ce cas eft différent en ce que
des billes fufpenduesn'ont.qu'un mou-
vement fimple , au lieu que des billes
qui roulent fur un plan horizontal en
ont deux, celui de la direûion qu'on
leur a imprimée , amp; un autre de rota-
tion fur elles-mêmes,
lïpctienc». Sufpendez 8 à 10 billes , dont le
centre fe trouvera dans la même di-
rection. Prenez la première, frappez-
en les autres avec tel degré de vîteffe
que vous jugerez à propos de lui don-
ner ; fi ces billes font près les unes des
tautres, amp; qu'elles fe touchent, après
le choc, la première frappante reftera
en repos, amp; la dernière ira feule en
avant avec la même vîteffe que la pre-
mière aura reçue : fi vous en prenez
deux ou trois pour faire le choc, vous
trouverez le même effet fur les deux
ou trois dernièreSi
ixpéc'mci. Si vous ôtez l'égalité de maffe , amp;
que vous faffiez choquer une bille plus
foible par une plus forte, elles iront
I ■
à
toutes deux en avant dans la même - ~
direttion , amp; le corps choquant, plus
fort en maffe , aura moins de vitefie
que le corps choqué plus foible ; amp; au
contraire, fi le corps choqué fe trou-
ve le plus fort en maffe , lui feul fe
portera en avant, amp; le corps choquant
plus foible retournera en arrière. Cela
prouve que le même pouvoir élafti-
que qui pouffe le corps choqué en
avant,repouffe le choquant en arrière.
On fe fert de cette expérience pour
donner la raifon du recul des armes.
La poudre eft regardée comme un
reffort qui, en fe détendant, exerce
fon aaion des deux côtés , mais plus
vivement fur la balle qui eft dans le
canon , que fur la culaffe du fufil
dont la maffe, par fa pefanteiir amp; foii
plus grand volume eft plus difficile à
mouvoir ; amp; c'eft fur cette maffe que
la poudre prend fon point d'appûi, amp;
bande fon reffort.
Les deux premiers principes étant
démontrés par ces expériences , paf-
fons à celles qui peuvent nous donner
la preuve du troifiéme principe des
corps à reffort qui viennent à la ren-
contre les uns des autres.
Faites choquer deux billes d'Ivoire, Expétisate.
-ocr page 92-So Lettres Physiques;
^^^ ,—! de maffe égale l'une contre l'autre, en
égalité de vîteffe : ces
billes retourneront fur leurs pas avec
les mêfnes degrés de vîteffe qu'elles
auront reçus.
Dans cette expérience les maffes amp;
les vîteffes propre^ font égales. Après
le choc, chaque bille retourne en ar-
rière avec les mêmes degrés de vîtef-
fe qu'elle a reçus, parce que la réa-
ction , nouvelle force égale à la com-
preffion , a mis ces billes en état da
reprendre leur mouvement primitif
qu'elles avoient perdu par le choc,
îxpéiience. Si VOUS faites choquer deux billes
en fens oppofé, l'une de 6 onces par
6 degrés de vîteffe , l'autre de 3 on-
ces par 11 degrés , voilà les maffes amp;
les vîteffes propres inégales, quoique
la vîteffe refpeâive foit de 18. Après
le chocjles billes remonteront au point
d'où elles font parties : dans ce cas les
maffes amp; les vîteffes ,propres confon-
dues enfemble font égales ; car 6 on-
ces multipliées par 6 degrés donnent
36 qui équivalent à 3 onces multi-
pliées par 12 degrés : mais la com-
preffion amp; la réaâion dans ces
deux billes, viennent de 18 degrés de
yîteffe refpediye, amp; c'eft cette vîtef-
I' '
; i I
I
I'- gt;
i
V I. L E T T R E.nbsp;81 _
fe refpeûive qui les fait remonter au îîïlîlïïS
point d'où elles font parties.nbsp;_
Si dans l'expérience des 8 à lo bil--—.
les fufpenjiues, vous prenez la pre-
mière amp; la dernière, amp; que vous les
faffiez tomber fur celles du milieu qui
font en repos , ces billes que vous au-
rez prifes pour frapper les autres re-
tourneront en arrière après le choc
avec les mêmes degrés de vîtelTe que
vous leur aurez donnés.
Tout corps rond élaftique s'appla- Expîicado»
tit dans le moment du choc , amp; perd
fa figure pour prendre une forme ova- lo bUUs.
le , parce que la partie choquée, ainli
que celle oppofée qui fe trouve dans
la même ligne , fe rapproche du cen-
tre : mais cet effet eft très - fubit ; car
le corps fe rétablit auffi tôt qu'il a été
comprimé , amp; avec des vîteffes pa-
reilles à celles de fa compreffion.
Si la fécondé bille choquée a pris
par communication amp; par réaûion une
viteffe égale à celle que lui a donnée
le choc , elle la communii^ue à la fui-
vante; celle-ci fait la même opéra-
tion fur celle d'après, amp; la dernière
eft la feule qui s'échappe, parce qu'el-
le ne trouve rien qui la retienne ; c'eft
jee que nous ayons Y» dans Fexpé^
Py
-ocr page 94-........ Si Lettres Physiques.
CQjps'àRef.nbsp;'nbsp;partir la dixième
^ ' bille en choquant la fécondé avec la
première. Dans le cas préfent où l'on
prend la première amp; la dernière, cel-
les du milieu qui ont reçu par com-
munication les degrés de vîteffe im-
primés aux billes choquantes , les
renvoyent par réa6tion , ce qui fait
retourner ces choquantes en arrière.
Expérience. Sufpendez un anneau d'acier avec
«n fil, frappez - le également de cha-
que côté avec des billes auffi ful^en-
dues à même hauteur ; les billes fe-
ront repouffées par le rétabliffement
de la compreffion qu'aura effuyé cet
anneau , amp; elles iront au point d'où
elles font parties fi elles font de maffes
égales, amp; plus loin celle qui .fera plus
légère. Comprimez cet anneau avec
une foye ; appuyez deux billes, une
de chaque côté de la compreffion ,
en coupant la foye , le même effet
arrivera, amp; les billes feront repouffées
à raifon de leurs poids.
T1 E Mouvement Compofé ejl celui d'un
corps qui obéit à plufieurs puiffances, ^ ^^^^^
Il eft de loi que tout corps qui fe poré.
meut par l'adioti de plufieurs forces qui
font dans des diredions différentes, pu
refte en équilibre , ou obéit à la puif-
fance fupérieure fuivant l'excès de fa
.force. -
Que deux puiffances égales foient
direûement oppofées , le mobile qui
fe trouvera au milieu reftera en équi-
libre, parce qu'il trouve égalité de for-
ce de part amp; d'autre. On en voit l'e-
xemple en chargeantchaquebaffin,d'u-
ne balance d'un poids égal. Cesppids
qui ont des forces égales empêchent k
balance de fe mouvoir ; amp;, tant que
cette égalité dure, l'équilibre fubfifte ;
mais, fi l'on charge un deshaflîns d'iui
poids de plus, le mobile qui eft le fleau
de la balance eft: obligé de céder au
poids le plus fort à proportion de fotï
excès fur le poids du bafîin oppofé-
Un batelier, un nageur quiypoîs:
Dvj
Sj
Du Mouve-
ment Coia-
S4 Lettres Physiques.
couper Je courant d'eau,font un grand
mw/'^com'nbsp;5 ^^^ bateaux d'avoine appellés
pofé. Margotats qui viennent par la Marne
qu'un feul homme conduit par le
moyen d'un petit aviron , amp; une infi-
nité d'autres méchaniques naturelles
amp; artificielles de cette efpéce , font
autant d'exemples du Mouvement
Compofé.
Tout corps mis en mouvement par
deux puiffances uniformes dont les di-
reûions forment «n angle , décrit
une diagonale,
expérience. Au haut d'un plan vertical d'un pied
en quarré , amp; le long de la ligne ho-
rizontale fupérieure, font tendus deux
fils de laiton fur lefquels pofe une pou-
lie mobile qui va d'un bout à l'autre.
Dans la rainure de cette poulie pafTe
une foie qui porte un poids, amp; qui va
aboutir à une autre poulie fixe qui fe
trouve à la tête de la ligne horizonta-
le. On tire cette foie par la dernière
poulie. Le poids remonte par la diago-
nale , parce qu'il eft mû par la perpen-
diculaire amp; par l'horizontale qui font
deux forces égales auxquelles il eft
obligé de céder en même-temps. Puif-
que ces deux forces font égales,il doit
parcourir une ligne commune à toutes
I)
i i
VII. Lettre. S5
deux. Et cette ligne commune aux ............
Tnbsp;. , ,,nbsp;11-nbsp;Du Mouve-
deux cotes d un angle droit ne peut ^^„^ com-
être autre chofe que la diagonale. pofé.
Tout mobile qui, en obéiffant à fa
pe/anteiir, eft obligé de céder à une
autre puilfance qui le porte en avant,
doit décrire une ligne courbe,nommée
Parabole, amp; l'expérience démonrre que
tout corps qui décrit cette ligne eft
follicité d'un côté par la force de pro-
jeûion uniforme amp; conftante , amp; de
l'autre par fa propre pefanteur qui le
porte toujours vers le bas. De ces
deux forces combinées, il fuit que le
mobile qui en eftaffefté décrit cette
courbe.
Il eft eflcntiel d'obferver qu'une
ligne courbe n'eft autre chofe qu'un
compofé fuccelTif de lignes droites
infiniment petites , jointes les unes
aux autres, dont chaque couple for-
me l'angle le plus obtus , amp; c'eft cette
continuité de petits angles û ouverts
qui détermine la ligne courbe.
L'eau qui tombe des goutières dans
des temps d'orage , amp; de grande pluie;
un cavalier qui en courant feroit affez
adroit pour recevoir dans fa main une
pomme ou une orange qu'il jetteroit
en l'air, amp; quantité d'autres exemples
86 Lettres Physiques,
pareils , repréfentent le mouvement
conv compofé en ligne courbe , amp; prou-
pp£é. vent que la force de projeâion jointe
avec la pefanteur des corps en chan-
ge la direûion ; amp; fi cet effet n^efr pas
fenfible, c'eft que la vîteffe eft fi gran-
de qu'il eft impoffible de i'apperce-
voir.
Des Forces.
,........■ ' ' La force d'un corps eft le produit
Oes forces, jg f^ jnaflg ^ multiplié par fa vîteffe.
Les principales font au nombre de
cinq. Sçavoir : la force motrice , la for^
ce projectile , la force £ inertie , la force
centrifuge , Se la force centripete.
. force Mo- La Force Motrice n'a befoin ni d'e-
«ti«:. xemple , ni d'explication : il fuffît de
la nommer pour fçavoir que c'eft elle
qui donne le mouvement à tous corps
en général.
Je paffe foiis filence les deux forces
que Léibnitz a voulu admettre dans la
force motrice : fçavoir celle que l'on
nomme force morte, qui s'anéantit à la
rencontre d'un obftacle , amp; celle que
l'on appelle force vive , affez puiffante
pour réfifter à l'obftacle qui fe pré-
fente. La maffe de la première , fe-
lon ce Philofophe amp; fes feûateurs y
Du Mouve-
ment
VII. Lettre. 87
doit fe multiplier par la vîteffe , amp; la
fécondé par le quarré de la vîteffe ;
de quot;Ibj-te que fi a vîteffe a 6 degrés
de mouvement, ils veulent mult^lier
la maffe par 36, quarré de 6 multipliés
par 6-
Je n'entreprendrai point de difcu-
ter ce fentiment. Je n'ai quot;pas deffein
d'entrer dans une queftion qui par-
tage les plus grands Philofophes.
l'on veut approfondir ce différend , il
faut confulter le Livre ë'Injîitutioat
Phyjîqius d'une Dame illuftre autant
par fon fçavoir que par fe naiffance.
On y verra ce qu'elle penfe fur les
forces vives dont elle prend la deffen-
fe avec vigueur. On aura enfuite
recours à la differtation de M. de
Mairan, fur l'eftimation des forces
motrices, où ce Sçavant Académicien
réfute l'opinion de Madame du Châ-
telet, avec toute la profondeur dont il
eft capable.
LaForcc ProjcaiU eft celle qui por-
te tout corps à fuivre conftamment la
diredion dans laquelle on lui a itn-
primé fon mouvement, à moins qu'il
n'en foit détourné par quelques obfta-
cles, amp; cesobftacles foatou les fret-
Des Forces.
Lettres Physiques;
Des Fo^ tements , ou les rélîftances des mi-
lieux , amp; notamment une autre force
viâorieufe qui eft celle de la pefanteur
qui oblige tous les graves de fe por-
ter vers le centre de la terre.
Qu'on lance une pierre perpendi-
culairement de bas en haut ; on dé-
termine ce corps à fuivre un mouve-
ment contraire à celui de fa pefanteur.
Ge mouvement eft la force projedi-
le qu'on imprime à la pierre lancée ,
qui continueroit à l'infini fi rien ne
s'oppofoit à fon aâion : mais la ré-
fiftance du milieu qu'elle eft obli-
gée de divifer , jointe à fa propre pe-
fanteur qui la porte fans cefle à fe
diriger en bas , rallentiflènt infenfi-
blement fon mouvement, amp; la font
defcendre amp; retomber par des vî-
teffes accélérées ; c eft - à - dire qu'en
obéiffant à fa pefanteur elle parcourt
des efpaces qui augmentent fuivant
îes quarrés des temps.
Si force projiciiU eft dirigée hori-
zontalement , elle agit fur le mobile
avec la pefanteur de ce dernier, amp; lui
fait décrire la courbe dont nous venons
de parler : mais ce mobile dans fa chute
fuit Iç5 mêmes vîteffes quç nous ve-
nons d'annoncer ; ainfi,après le fécond
temps, il perd 4 fois plus, au neuf
fois, ainfi du refte; parce que le quar-
ré de 2 eft 4 , amp; celui de 3 eft 9.
La Force cTLnertie eft celle qui réfidenbsp;d'J^
dans les corps graves , amp; qui les fol- ^
licite de fe conferver dans l'état où
ils fe trouvent, foit en repos foit en
mouvement, comme il a été déjà ob-
fervé. Elle diffère de la gravité ou
pefanteur, en ce que celle-ci n'exerce
fa force que de haut en bas , amp; l'iner-
tie au contraire exerce la fienne en
tout fens.
La force d'inertie d'un corps mobile
eft toujours proportionnelle à la maffe.
Si une boule, par exemple, vient cho-
quer une plus- pefante qu'elle, elle
la déplacera moins que fi elles fe trou-
voient toutes deux de même pefanteur.
Pourquoi ? parce que la boule en re-
quot; pos,plus forte,oppofe plus de réfiftan-
ce , à raifon de la plus grande maffe ;
donc tout corps qui a plus de maffe
ou de matière , a plus de refiftance
ou de force d'inertie.
Tout corps en général dans quel-
qu'état Vil puiffe être , tranquile ou
en mouvement, folide comme fluide j
pofféde conftamment cette force.
Des Forées.
90 Lettres Physiques.
La Foret Centrifuge eft l'effort que
fait continuellement un corps qui dé-
uffugquot;'^quot;quot;'nbsp;courbe, pour s'échapper par
la Tangente qui eft la ligne perpen-
diculaire au diamètre d'un cercle
qui touche fon extrémité fans le cou-
per.
*xpcucnce. Les expériences les plus communes
prouvent l'éxiftence de cette force.
La fronde , l'encenfoir en font • des
exemples familiers. Quand la fronde
eft en mouvement, la force centrifu-
ge qui caufe la tenfion de la corde
fait appuyer la pierre fur le fond où
commence la Tangente par laquelle
elle voudroit s'échapper. De même la
force centrifuge contraint le charbon
de l'encenfoir de fe porter vers le fpnd
du vafe qui le contient,
fxpérlenci. Faites tourner avec rapidité un go-
belet plein d'eau , c'eft la force cen-
trifuge qui fait effort contre le fond du
gobelet, qui empêche l'eau de fe ré-
pandre.
Ainfi l'on peut dire que tout corps
qui décrit une ligne courbe , tend à
s'éloigner du centre.de fon mouve-
ment , amp; que, s'il ne réuffit pf^ , c'eft
qu'il eft retenu par une force con-
traire.
Des forces,
w
r
La Force Centripete eft cette force
contraire à la centrifuge qui follicite
continuellement le mobile de fe rap- ForccCcn-
procher du centre commun. Ces deux
forces , combinées enfemble, fe nom-
ment Forces Centrales.
Les Forces Centrales agiffent fur tous
les corps en général, pourvû que le quot;quot;
mouvement foit en ligne courbe j amp;
les Expériences qui émanent de ce
principe nous démontrent que les mo-
biles qui en font affeûés fon^ fans cef-
fe deux efibrts oppofés, Tim pour s'é-
loigner tlu centre^ commua , l'autre
pour y revenir.
Le bled que l'on vanne, prouve que ExpérieM«.'
la force centripete d'un corps , peut
être occafionnée par la force centrifu-
ge d'une autre qui circule autour. Le
vaneur par un mouvement circulaire
oblige la paille , amp; les parties légères
de fe raflembler au centre , pendant
que le grain fe porte à la circonfé-
rence.
La force centrifuge fe mefure, amfi
que le mouvement, par la mafîe amp; par
la vîtefle. De deux mobiles égaux en
vîteffe , celui qui aivra plus de maffe
aura plus de »force centrifuge ; de
même, s'ils font 'égaux en maffe , la
■■■Î55S force centrifuge fera plus forte du
Eesfercet. ^oté de celui qui aura plus de vîteffe.
La vîteffe d'un corps en mouve-
ment circulaire fe connoît par la cour-
be qu'il décrit, que l'on nomme Révo-
lution ; amp; par le temps que ce corps
employe pour la faire, appellé Pério-
dique.
w
Gravité, ou Pefanteur des Corps.
J E vais, Monfieur , entamer une
matière donc les Phénomènes font aufli
interreffants que la caufe qui les pro-
duit efi: peu connue. La chute des gra-
ves , objet très-important va faire le
fujet de cette Lettre. Les Sçavans les
plus célébrés n'ont pû s'accorder fur le
principe, lorfqu'ils ont voulu l'appro-
fondir. Les Philofophes que j'ai pris
pour guides ne l'ont pas encore dé-
couvert, ainfi que quantité d'autres qui
ont imaginé des fyftêmes particuliers
fans pouvoir fe réunir fur Ja véritable
caufe. Les Tourbillons, (b) l'Attra-
dion , (c) l'Ecoulement d'une matière
(a) Syftêrae de Defcartes. .
(4) Syftênie de Newton.
(c) Syftêrae de Gaircndi,
Gravité des
Corps.
l
femblable à celle de l'aimant , la -■ . .
r -rrnbsp;11'nbsp;^ /nbsp;Gravite dcî
foumiffion aveugle d un corps a une corps,
puiflance qui le force d'obéir font au-
tant d'idées qui ne fervent peut-être
qu'à embaraffer l'efprit , fans donner
de folution confolante. Ne pouvant
pénétrer dans ce myftère, je me borne
aux loi(| de la pefanteur des corps,
découverte par Galilée , Philofophe
Italien, que fes fuccelfeurs ont pris
pour modèle.
La gravité ou pefanteur eft cette
force des corps qui les dirige toujours
vers le centre de la Terre ; qu'ils foient }
grands , qu'ils foient petits,cette force •
eft égale pour toutes les parties qui
tombent. Elle diffère du poids en ce
que celui - ci eft le volume de la ma-
tière propre à un corps , amp; plus ce
corps a de volume, plus il a de poids.
Qu'un corps qui torrÂe péfe 3 livres ,
je le fuppofe, fa chute fe fera à vî-
teffe égale ; que ce corps foit d'un feul
volume , ou partagé en deux ou en
trois, le poids fera différent, mais la
force de pefanteur fera la même.
Avant que l'on fût éclairéquot; on con-
fondoit le poids avec la pefanteur ,
parce que l'on voyoit une pierre de-
(quot;lt;) Syftéme d'Atiftote,
-ocr page 106-94 Lettres Physiques.quot;
fcendre plus vite qu'iuie plume ; mais
Gravité des ^^ même Galilée,que je viens de citer,
établie pour principe que cette force
étoit égale dans tous les corps , mais
que ceux qui avoient moins de ma-
tière étoient plus expofés à la réfiftan-
ce des milieux. C'eft ce qu'il eft facile
de prouver par une feule e^érience.
Expérience. L'on met fur la platine de la ma-
chine, pneumatique un tuyau de verre
de 2 pouces f de diamètre , fix pieds
de longueur-plus ouvert, amp; plus lar-
ge par les deux bouts, que l'on affure
dans deux montants de bois. Dans la
partie évafée fupèrieure font plufieurs
pinces-, qui retiennent des corps dif-
férents en efpéce amp; en poids , comme
des pièces de métal , de la plume,
du papier, mais d'un volume à-peu-
près égal ; amp; par le moyen d'un ref-
fort qui fait #uvrir les pinces , on
laifle tomber ces corps deux à deux ;
par exemple une pièce d'or avec une
plume , une pièce de cuivre , amp; du
papier, amp;c.
Si, avant de faire le vuide , on les
laifle échapper, leur chute fe fait avec
la vîtefle proportionnée à leurs maffes,
ainfi l'or, le cuivre font plutôt rendus
fur la platine que le papier , la plu-
VIII. Lettre. 95nbsp;_
me, amp;c, mais, lorfque l'air eft pom-
pé, amp; que l'on vient à lâcher la dé-
tente, on voit ces corps tomber avec
égalité de vîtefle , Se fe rendre fur la
platine en même-temps fans laifler de
diftance de l'un à l'autre ; ce qui prou-
ve que l'or , la plume , ainfi que tous
les corps ont même pefanteur.
L'Expérience nous démontre donc
qu'il n'y a aucun corps qui foit abfo-
lument leger , malgré le fentiment an-
cien qui établiffoit le contraire, fondé
fans dolite fur ce que l'on voit la va-
peur fe répandre en tous fens. Si l'on
avoit approfondi les circonftances ,
comme ont fait nos modernes , on
auroit changé d'opinion, amp; l'on auroit
vû qu'au moment que l'on interrompt
l'afcenfion de cette vapeur, elle tdm-
be comme les autres corps amp; prouve
l'exiftence de fa pefanteur..
Mettez fur la machine Pneumatique
un morçeau de papier allumé qui fu-
me beaucoup , couvert d'un récipient
de 4 pouces de diamètre fur un pied
d'élévation au moins. Raréfiez l'air
promptement en faifant le vuide le
plus parfait qu'il fe puifTe , vous ver-
rez la fumée du papier brûlé ijprès
s'être foutenue un inftant au haut du
Expérience^
^ Lettres Physiques;
;—recipient, retomber comme les corps
t-ravitp des graves , amp; s'étendre fur la platine.
Cette expérience,en nous prouvant
qu'il n'exifte aucun corps abfolument
léger, nous fait connoitre l'effet des
vapeurs qui fe répandent dans l'atmo-
fphère, en s'élevant continuellement
de la terre , amp; de quelle manière el-
les retombent. C'efl un objet interref-
fant dans la Phyfique qui fixe l'atten-
tion des Sçavans , amp; fur lequel il s'efl
élevé plufieurs fentiments.
L'avis qui paroît le plus unanime efl .
que le mouvement dans lequel la cha-
leur entretient les parties infenfible.s
des corps , oblige les plus fubtiles de
s'en détacher.
D'autres fe font arrêtés aux furfa-
ces auxquelles ils attribuent l'éléva-
tion de ces petits corps, en difant que
plus ils font divifés , plus ils ont de
îiirfaces j qu'ainfi l'air agiffant fur une
plus grande quantité de furfaces les
enlève plus facilement.
Ce dernier fentiment fe trouveroit
jufte s'il n'étoit queflion que de l'ex-
pliquer au moment où ces vapeurs
font enlevées , pour rendre raifon de
la manière dont elles fe répandent, amp;
fe foutiennent dans l'air j mais il n'efl
pas décifîf pour répondre à leur..... ^^
afcenfion , car le même frottement co'^rps!'quot;quot;'*
qui s'augmente, amp; fe multiplie par les
furfaces , amp; qui tient les vapeurs fuf-
pendues dans l'atmofphère lorfqu'u-
ne fois elles y font portées, les em-
pêche de monter , parce que plus il y
a de parties, plus il y a de furfaces ,
amp; plus il fe trouve de furfaces plus les
frottements ont lieu.
Quant à la première idée , elle eft ^
fpécieufe ; amp; elle trouveroit faveur li
l'air qui régne dans l'atmofphère étoit
toujours affez chaud pour occalion-
ner une dilatation continuelle. Il eft
certain qu'en cet état ces petits corps,
plus legers que l'air, feroient enle-
vés , amp; foutenus-par ce fluide plus
pefant qu'eux ; mais le degré de cha-
leur néceffaire à leur dilatation n'éxif-
te pas également dans tous les temps
de l'année amp; cependant les vapeurs
montent, amp; fe répandent dans l'air
en tout temps.
Je penfe , amp; je crois penfer jufte
en difant,qu'il faut s'en tenir au fenti-
ment de M. Nollet pour expliquer ce
Phénomène, comme étant le feul ap-
puyé fur des fondements qui paroif-
'«nt folides. Je vais le rapporter tel qu'il
E
-ocr page 110-çS Lettres Physiques.
l'annonce lui-même. Cet habile Phy-
^txavkédes ficiet, préteucl que l'air de l'atmofphè-
re fait l'office d'éponge , amp; de diffial-
vantfur les corps qu'il touche. » Com-
« ment conçoit - on, dit - il, page 119.
« de fon fécond volume de Leçons de
« Phyfique expérimentale , que l'eau
quot; douce devient falée , quand on la
« met dans un vaiffeau au fond du-
M quel il y a du fel ? C'eft que la li-
M queur s'infinuant dans les pores du
quot; corps folide , fe rejoint à elle mê-
w me de tous côtés deffous les pardes
M qui compofent la furface, les fou-
« lève enfin, amp; les divife à tel degré ,
« que ces parties elles mêmes entrent
M dans les pores del'eau , de la même
« manière, amp; par les mêmes caufes que
« celles de l'eau ont pénétré le fel.«
Le même effet arrive dans l'évapo-
ration des corps. Si ces corps foat
plongés dans un fluide fpongieux , il
enréfulte une grande quantité de va-
peurs , parce qu'il exerce une aâion
continuelle fur leurs pardes. Or l'ex-
périence démontre que l'éponge , le
fucre s'emparent des parties du liqui-
de dans lequel on les met. Ne voit-
on pas l'eau s'élever au-deffus de fon
niveau dans les tuyaux capillaires 2;
VIII. Lettre. 99
Dès que l'on regarde l'air comme une ^
fuite de petits tubes capillaires ; on ne cotpfjquot;^quot;
doit pas êtrefurpris de l'effet qu'il pro-
duit fur les vapeurs , amp; qu'il les attire.
Lorfque Ton fçait comment les va-
peurs font enlevées dans l'air , il efl:
aifé de déterminer la caufe qui les y
foutient , ainfi que celle qui les fait
retomber.
Ces petits corps par leur extrême
petiteffe font plus legers que l'air dans
lequel ils fe trouvent. Le frottement
que leurs petites furfaces effuyent les
tient fufpendus , amp; leur legéreté les
empêche de fe faire paffage au tra-
vers d'un aip , qui tout raréfié qu'il
lt;efl: fe trouve encore plus épais amp; plus
pefant. C'eft ce que l'expérience du
papier brûlé fous le récipient fait con-
noitre. On voit la fumée s'arrêter un
inftant an haut du récipient lorfqiie
le vuide eft fait, amp; y refter jufqu a
ce que fe raffemblant en un même vo-
lume , amp; devenant plus pefante que
l'air raréfié qui refte dans le récipient,
elle retombe fur la platine.
De même les vapeurs fe tiennent
fufpendues dans un air plus rare : elles
s'y raffemblent ; amp; lorfqu'àprès s'être
«féunies. Se ccndenfées à un certain
Eij
-ocr page 112-100 Lettres Physiques.
point, elles ont acquis un poids plus
Gravité des fort que celui de l'air dans lequel
elles nagent, elles retombent par leur
péfanteur fur la furface de la terre ,
foit en pluye, neige , amp;c.
Ainfi nous voyons que tous les corps
ont leur péfanteur ou gravité j amp; que
ceux qui paroiffent légers ne le font
que rélativement aux fluides dans lef-
quels ils font foutenus.
La Péfanteur abfolue propre à nn
corps efl: toujours la même. C'efl:-à..
dire, une livre pefe toujours une
livre ; niais la vitefl^e 'de ce corps
qui tombe lui donne une force qui
augmente à chaque efpace qu'il par-
court.
L'accélération des graves dans leur
chute fe fait fuivant les nombres im-
pairs 1,3, 5,7, amp;c. C'efl-à-dire,
qu'un corps en tombant qui parcourt
un certain efpace au premier temps ,
en parcourera trois fois autant au fé-
cond , cinq fois au troifiéme , fept
fois au quatrième , ainfi du refte.
Suppofons qu'un corps grave qui
tombe parcourt un pied dans une fé-
conde,à la deuxième il en aura parcou-
ru trois : fçavoir, un pour chaque fé-
conde, amp; un troifiéme que l'impulfion
Coli s.
F Pefanteur
abfolue.
^ VIII. Lettre. tor
accelerée lui aura donné dans la pre-
mière fécondé.
Voilà deux pieds de parcourus na-
turellement dans les deux premières
fécondés , un autre pour la troifiéme
ce fera 3 , amp; deux que ce corps a ac-
quis de viteffe dans les deux premiè-
res font. 5.
3 Pieds de parcourus dans les trois
premières fécondés, joints à un qua-
trième pour la quatrième fécondé,
font 4. Mettez-y les 3 autres de vîteffe
acquifes pour les trois premières fé-
condes.
Vous trouverez que les efpaces
parcourus répondent aux quarrés des
temps; à la fin du deuxième on trouve
4 quarré de z , à la fin du troifiéme
9 quarré de 3 , amp; à la fin du quatriè-
me 16 quarré de 4.
Mais fi le corps tombant rencontre
un obfiacle qui ne cede qu'infenfible-
ment, alors fon accélération eft pref-
qu'imperceptible.Une boule qui roule
fur un efcalier dont les marches font
larges amp; ont peu de pente , n'a pas plus
de viteffe à la fin de la dernière qu'à
la fin de première ; parce qu'à chaque
marche qu'elle parcourt, elle perd la
■*'îteffe qu elle a acquife en tombant
E iij
Gravité des
Corps.
ioiLettres Physiques.
Lnbsp;par le chemin qu'elle eit obligée de
foire horizontalement fur chacune de
Corps.nbsp;. ,
ces marches pour arriver a une autre.
Nous trouvons dans la péfanteur
des corps le mouvement à'ofcillation
du pendule.
Un Pendule eft une maffe de plomb
foutenue par un fil, qui décric un
arc autour d'un point fixe où elle eft
fufpendue.
Le mouvement ôl ofcillation eft le
balancement de ce pendule qui va de
côté amp; d'autre de fon point de fufpen-
fion en décrivant des arcs.
Il eft de principe que tout corps
attaché par un fil à un point fixe que
l'on écarte de fon point de fufpenfion
acquièrt dans cet écartement une vî-
teffe néceffaire pour remonter aulîi
haut que Fendroit d'où il eft parti,
»xpérience. Donnez le mouvement à'oj'cillation
à telle hauteur que vous le jugerez à-
propos à un pendule. Si ce mobile ne
trouve aucun obftacle , vous le verrez
remonter par le côté oppofé à une
hauteur égale à celle par laquelle il
eft defcendu. Mais la réfiftance de l'air
le ramènera infenfiblement au repos.
Le point de gravité du mobile qui
décrit les arcs, fe nomme Centre de vi-
m
hration ou A'of dilation ^ amp; celui autownbsp;^
duquel ce mobile fe meut Cmtrt du corps.
mouvement.
Quoiqu'on diftingue deux fortes de
pendules, 1 un fimple amp; l'autre com-
pofé ; le premier n'eft qu'imaginai-
re , attendu rimpoflibilité qui fe trou-
ve dans l'exécution. Car il faudroit
que toute la péfanteur réfidât au cen-
tre fans que le fil ou la verge auquel iî
eft attaché en eût aucune ; ainfi on ne
s'attache amp; l'on ne fait ufege que du
fécond qui péfe par tout les points de
fa longueur.
La^Féfanteur Spécifique eft celle ^^^^
qui regarde tout corps comparé a un
autre qui à volume égal, fe trouve
plus ou moins péfant. Prenez un vo-
lume de laine égale à un volume de
plomb j que ce dernier foit i oo fois ,
1 ooo fois plus péfant que le premier ;
on dira la péfanteur fpécifique de la
iaine à celle du plomb eft comme ««
à cent, on à mille. C'eft ce que l'hy-
droftatique nous fera connoître»
Eiv
-ocr page 116-Méchani- JL-J A Méchanique eft l'art que l'Iiom-
me a trouvé pour fe rendre maître
des plus grandes forces , en les affu-
jettiffant à des loix par des moyens
les plus fimples , amp; les plus profita-
bles pour lui.
Cette fcience embrafle la connoif-
fance de ces moyens avantageux qui
font compofés de corps deftinés à
oppofer aux puiffances des réfiftan-
fes capables de les égaler ou de les
vaincre.
Ces corps ce font les Machinei.\.çs
plus connues, amp; les plus ordinaires
font :
Le levier d'où dérivent la bafcule ,
la balance, la pince , les poulies, les
roues ^ amp;c.
Les cordes qui font tirées des trois
règnes dont la nature eft compofée.
Et le plan incliné qui produit les
coins, les vis, amp;«.
Le Levier.
le Levier, Le Lévier eft une machine compo-
fée de trois forces, la puiffance , la ré-
JîJlance, amp; le point d'appui.
IX. Lettre. 105
La Puijfance, eft une force qui fou-
tient l'effort d'une autre force qui lui
réfifte, amp; qu'elle cherche à vaincre,
comme la main qui monte le poids
d'un horloge.
La Rcfifianct, eft une autre force
qui s'oppofe à la puiffance, comme un
bloc de marbre qui réfifte aux efforts
qui veulent l'enlever.
Le Point d'appui, ou le centre du
mouvement , eft un point fixe au-
tpur duquel roulent amp; tournent toutes
les parties d'une machine. Comme l'axe
d'un cercle , l'efîieu d'une roue, amp;c.
Les Machines dont on fe fert le plus
communément, comme les pouliesJim-
pies , ou compofécs , dormantes ou mobi-
les, les balances égales, ou inégales ; les
inouffles ; les cabejiansj le treuil; la grue ;
les roues engrénées dans des pignons ;
les cordes , amp;c. Toutes ces machines,
dis-je, fe réduifent à la bafcule amp; au
fimple lévier.
On diftingue le lévier en trois gen-
res. Celui du premier , celui du fé-
cond amp; celui du troifiéme genre.
Le Lévier du premier genre , eft révicr du
celui dont la puiflànce eft d'un côté, quot;quot;quot;
la réfiftance de l'autre, le point
d'appui au milieu. Une balance ordi-
E v
Le Lévier.
ioôLettresPhysiques.
naire, la romaine, les cifeaux, la pin-
cLeviet. Q^J |g pied-de-chevre, la bafcule,.
font des iéviers du premier genre.
Dans la balance ordinaire , amp; dans
la romaine ; le poids que l'on met dans
im des baffins de la première , amp; le
poids mobile de la romaine forment la
puilfance, ce que l'on veut péfer,
que Ton place dans l'autre baffi«-, ou
que l'on attache au crochet de la ro-
maine fait la réfiftance, 8f le point
d'appui c'eft le c!ou de l'un amp; de l'au-
tre autour duc[uél tournent ces deux
balances.
On trouve la pui/Tance aux anneaux
d'une paire de cifeaux ; le point d'ap-
pui dans le clou qui joint les branches,
amp; la réfiftance dans le corps que l'on
coupe.
La puiffance eft à l'endroit du piéd-
de-chevre oil homme fait effort pour
foulèver le fardeau fous lequel il en
pofe le bout. La réfiftance eft le far-
deau, amp; le point d'appui fe*trouve
entre ces deux forces , précifément à
l'endroit oii le talon de l'a pince touché
la terré.
Levier du Le Levier du fécond genre, eft ce-
fecoadnbsp;la puifl-ance eft d'un côté, le
pomt d'appui de l'autre, amp; la réûftan-
-ocr page 119-ce au milieu. Comme le pied-de-che- I
vre ou pince , fert à deux ufages diffé-
rens , il devient auffi un.levier du fé-
cond genre dans Ui'.e des deux manières
de s'en fervir.
Lorfque l'on engage la pince, amp;
que l'on péfe fur l'extrémité pour
obliger le fardeau de s'élever affés
pour mettre delfous un corps étranger
comme une pierre, un rouleau , une-
corde, amp;c. c'eft un lévier du premier
genre ; mais quand on avance la pin-
ce fous le fardeau, amp; qu'aulieu de
péfer fur le bout, on la fouleve ; alors-
cette pince devient lévter du fécond
genre, parceque le fardeau qui fait ré'
fsftance fe trouve entre le bout de la
pince qui a fon point d'appui contre
terre , amp; la puiffance qui eft la force:
qui fouleve l'autre extrémité de cet^-
te pince.
Le couteau du boulanger, les ra*-^
mes d'un bateau font des léviers du:
fécond genre. La puiffance eft la maim
qui coupe , la réfiftance le pain, amp; lis:
point d'appui, l'anneati auquel le coiî^
teau eft attaché fur la table. De même-
la main du batelier eft îa puiffance,.
le point d'appui, l'eau fur laquamp;lle.Iesgt;
rames font ettort s. amp; la réfiftancc eâi
E v) ^
Le Lévier.
108 Lettres Physiques.
le bateau contre lequel la puilTance
porte fon effort à l'endroit où les ra-
mes font arrêtées.
Léviet du Le Lévier du troifiéme genre , efl: ce-
lui où le point d'appui fe trouve d'un
côté, la réfiftance de l'autre, amp; la
puiffance au milieu.
Les pincettes amp; les badines font des
exemples des léviers du troifiéme gen-
re. Ce font deux branches longues qui
fe joignent par une charnière ou un
reffort à l'extrémité de la partie fupé-
rieur. Cette jonâion fait le point d'ap-
pui , ce que l'on prend avec les extré-
mités de ces pinces eft la réfiftance ,
amp; la main que l'on porte au milieu
pour s'en fervir forme la puiffance.
Toutes les expériences qui fe font
fur les léviers, donnent pour principe
certain que les maffes, ou les poids
que l'on y met en équilibre font en rai-
fon inverfe de leur diftance au point
d'appui.
Mettez dans les baffins de la balan-
ce ordinaire deux maffes égales en
poids , vous les verrez en équilibres,
parceque ces deux maffes font non-
feulement de pefanteur égale , mais
auffi parceque leur diftance au point
d'appui eft égale de part amp; d'autre :
ainfi l'on voit que l'équilibre vient de
Le Lévier.
troilicme
genre.
IX. Lettre. 109
l'égalité de force qui fe trouve dans les
bras du fléau , comme de l'égalité de
diftance d'une mafl:e à l'autre ; mais fi
vous mettez un poids de trois livres
d'un côté , amp; un poids de fix livres de
l'autre , pour trouver l'équilibre, amp;
pour que les maflquot;es foient en raifon in-
verfe de leur diftance ; on doit mettre
lebaflinqui contientle poids le moins
fort à une diftance double du point
d'appui : c'eft-à-dire, fi le poids de fix
iiv. eft d'un côté à trois pouces de ce
point d'appui, le poids de trois livres
doit être de l'autre à fix pouces.
Dans cette pofition les deux maflquot;es
ont égalité de force, parceque 3 tnul-
tipliés par 6 donnent 18 qui font éga-
lité avec 6 multipliés par 3 ; toute
cette méchanique dérive du principe
établi à l'article des forces , que la
force d'un corps fe connoit en multi-
pliant fa maflTe par fa vîteflTe.
II en fera de même fi l'on attache
un poids à un des bras du fléau de la
balance, amp; que l'on double, triple, amp;c.
Celui que l'on place à l'autre bras de
ce fléau, à une diftance plus rappro-
chée du point d'appui du double , du
triple , amp;c. Exemple.
Si vous attachez un poids de i S îîv.
Le Lévier.
i r o L e t t r e s P h y s i q u e s.
à un pouce du point d'appui, pour-
te iéwer. f^jj-e équilibre avec un autre de 6 liv.
vous devez attacher celui-ci à 3 pou-
ces, parce que un pouce multiplié par
18 vaut î8 , comme 3 multip iés
par 6. Ces exemples font connoître
que les diftances des forces réfi-
ftantes , amp; des puiffances font entre
elles en rapport de 2 à 3 , 4, 5, amp;c.
Et dans tous les cas , on reviendra au
principe que des poids en équilibre
font eir rûifon inverlé de leur dutance
au point d'appui.
La romaine en fournitencore unau-
tre auffi fenfible. Ce lévier du premier
genre eft compofé de deux bras iné-
gaux, Attachés au crochet 25 liv. de
marchandife,ft le poids mobile qui eft
la puiffance péfe 5 liv. mettez le à
5 pouces du point d'appui, il fera
équilibre avec les liv. de marchsn-
diiés , qui n'en doivent être éJoignées
que d'un pouce. La preuve eft dans la
multiplication de 5 de maffe par 5 de
vîteffe où l'on trouve 2 5 qui équiva-
lent à îa marchadife. De cette maniè--
re on peut contre-balancer des forces,
bien fupérieures , commé'drx mille
avec mille , amp; plus encore. Quelavan-
tc'ige,amp; quelle reffourcepour l'homme.
XL Lettre. ÏIÎ
d'avoir Cçu tirer parti d'ufie opération
auffi fimple poûr^ affiijettir des forces
fi confidérab'les..
De ce que nous venons de dire il
réfulte pour principes :
iquot;. Que deux majfes égales m poids:
oppofées l'une à Vautre fur un levier à
dlBance égale du point d'appui, fe ferons
équilibre^
Que:fi ces mêrries maffes font d^-
poids inégal, elles ne pourront former
Véquilibre que. dans le cas où leur dijlancamp;
au point d'appui , fe trouvera, réciproque:
Vune à l'autre.
3°. (^ue plus le poids ejl: éloigné du:
point d'appui, plus il a d^: force.
Toute la Méchanique fe réduit à
ees trois principes. Paffons au détail:
des machines , amp; voyons comment ^
amp; de quoi elles font compofées..
Balance ordinaire..
La Balance commune eft compofée !
d'un fléau ou traverfin , de la chafle
qui foutient l'axe du fléau , de l'aiguil-
le , amp; de deux baffins ou plateauxfuf-
pendus par des cordes au fléau.
U faut que l'é^aiité des deux côtés
Le Lév-ier..
Ba'.a
comiaïuie..
iiiLettres Physiques.
' du fléau depuis l'aiguille jufqu'aux
bouts qui portent les baflîns foit par-
faite en longueur, groffeur, amp; péfan-
teur. On doit avoir la même attention
pour les baflîns, ainfi que pour les
cordes qui les foutiennent, afin que le
poids que l'on met dans un des pla-
teaux équivale la marchandife que l'on
pofe dans l'autre ; autrement l'erreur
tourneroit au défavantage ou de l'a-
cheteur ou du vendeur.
Une obfervation eflentielle à faire,
efl: que le point de fufpenfion qui fe
trouve aux extrémités du fléau, foit à
la hauteur du centre de l'axe, lequel
lui-même ne doit pas fe trouver dans
le centre du fléau, mais un peu au-def-
fus ; amp; il doit y avoir fous la chafl^is
un double crochet qui contre-balance
le poids de l'aiguille. Cette aiguille qui
fert à marquer quand le fléau eft hori-
zontal amp; de niveau,eft perpendiculaire
à la longueur du fléau, quand les bras
du fléau font parallèles à l'horizon, amp;
dans un parfait équilibre, l'aiguille eft
cachée dans la chafl:e ; mais s'il fe trou-
ve un peu plus de péfanteur d'un côté
que de l'autre, elle fe montre du côté
où le poids l'emporte.
Balance
pomœuiie.
Balance Romaine.
La Balante romaine , eft compofée
de deux bras inégaux qui mettent en Romainquot;,
équilibre deux quantités inégales de
matière. A l'extrémité du bras le plus
court eft un crochet où l'on attache
ce que l'on veut péfer. On prend la
longueur de ce petit bras depuis fon
exttêmité jufqu'au point de fufpen-
fion , amp; l'on porte cette mefure fur le
bras le plus long où l'on marque au-
tant de divifions que l'on peut en avoir
fur cette plus grande longueur. Il doit
y avoir un poids mobile qui s'appro-
che , ou s'éloigne jufqu'à ce qu'il tien-
ne le lévier dans fa pofition horizon-
tale. Le bras le plus lông a deux côtés
oppofés qui répondent à deux diftan-
ces du point de fufpenfion , l'une plus
longue, l'autre plus courte : l'on nom-
me im de ces deux côtés le foible, qui
fert à péfer les marchandifes légères ;
c'eft celui dont les divifions font plus
diftantes, amp; dont la chafle qui fert de
point d'appui eft plus éloignée de la
réfiftance. L'autre s'appelle le côté fort,
deftiné aux péfées plus confidérables.
La diftance de celui-ci à la chafl'e eft
plus rapprochée du lévier, amp; les divi-
sons font plus ferrées.
iquot;i4Lettres Physiques.
La Poulie.
La Poulie, eft de bois ou de mctail.
C'eft une roue creufée tout au pour-
tour dans fon épaiffeur en forme de
rénure pour recevoir une corde. Elle
tourne librement dans une chappe où
elle eft attachée par un boulen ou gou-
jon. La chappe eft'une efpece d'anfe,
le goujon eft un morceau de fer
qui la traverfe, amp; la contient dans fa
chappe.
La pouh'e eft ou fixe ou mobile.
Fixe lorfque la chappe eft dorman-
te , c'eft-à-dire, lorfqu'elle eft atta-
chée à un crochet, amp; quellen'a d'au-
tre mouvement lt;jue celui de tourner
fur elle - même ;nbsp;lorfque c'eft
une corde qui l'embrafTe, que l'on at-
tache par un bout, amp; que la poulie
fuit la direûion du poids fufpendu à
l'autre bout de la corde.
La poulie fixe doit être confidé-
rée comme lévier du premier genre ,
dont le point d'appui eft au milieu.
Lorfqu'un poids quelconque eft fuf-
pendu à l'extrémité de la corde d'un,
côté pour avoir équilibre , il faut
qu'il y ait un autre poids égal en pé-
fanteur à l'autre extrémité de cette
La- Poulie.
corde ; alors toutes les forces font -
dans des rapports conftans, ce qui
forme le parfait équilibre.
La poulk mobile doit être regardée
comme lévier du fécond genre, qui
donne plus de facilité parceque l'effort
de la réfiftance qui fe trouve au mi-
lieu , étant également partagé entre
la puiffance amp; le point d'appui, la puit
fvice ne doit employer que moitié
moins de force pour être en équili-
bre avec le poids. C'efl: l'avantage que
pofféde la poulie mobile fur la poulie
fixe.
Poulies Mouff.iiS.
Si les poulies mobiles font plus î
avantageufes que les poulies fixes,
quel fecours ne réfulte-t-il pas de plu-
fieurs poulies fixes, amp; mobiles join-
tes enlémble ? C'efl ce que l'on voit
dans les poulies moufflées , dont les
forces furpaffent confidérablement
celles des poulies mobiles.
Les mouffles font compofécs d'un
affemblage de poulies fixes, amp; de
poulies mobiles. L'on enferme dans
une feule chappe les poulies fixes,
amp; les poulies mobiles dans une autre,
peut les faire traverfer les unes
La Poulie.
Mouiile«.
ii6 Lettres Physiques.
: amp; les autres, foit par un boulon fépa-
ré pour chacune, foit par un feul bou-
lon pour les fixes, amp; un autre pour les
mobiles. On attache un bout de la cor-
de à une poulie fixe ou dormante , en
la faifant paffer enfuite fur une poulie
mobile, puis fur une fixe, amp; ainfi fuc-
cefîîvement jufqua la dernière.
L'ufage des moufîles efl: d'enlever
de grands fardeaux. Elles font très-
commodes en ce qu'elles occupent
peu de place, lorfque les poulies font
placées horizontalement.Pour les met-
tre en œuvre il faut attacher les mouf-
fles mobiles aux fardeaux que l'on
veut enlever, amp; les fixes au plancher
au- deffus. Avec une mouffle compofée
de trois poulies fixes amp; de trois mobi-
les , deux hommes peuvent enlever fa-
cilement 600 péfant. Chaque homme
put enlever 50 de poids, fi chaque
homme a cette force , celle de deux
hommes eft donc de 100. Or loo de
force font équilibre à 100 de poids :
fix poulies qui ont chacune une réfif-
tance de 100 à oppofer à une puiffan-
ce de loo équivalent 600 , puifque 6
multiplié par 100 font 600. Ainfi deux
hommes peuvent enlever 600 avec
le fecours des moufîles.
Mouffles.
Les Roues.
Lcs Roues,
Les Roues font des corps ronds amp; '
plats , qui fe meuvent fur leurs cen-
tres. On les diftingue en deux for-
tes , mobiles amp; fixes. On appelle Roues
mobiles celles qui ont deux mouve-
ments , l'un fur leur centre amp; l'au-
tre qui s'avance en droite ligne ; telles
font les roues des voitures : ce font
des léviers du fécond genre. Le terrein
fur lequel les rayons portent efl: re-
gardé comme le point d'appui, la ré-
iifl:ance efl: le centre où pafTe l'effieu
qui porte tout le poids ; amp; la puif-
fance ce font les animaux qui tirent amp;
mènent cette voiture.
Il efl: bon d'obferver que les voi-
tures font plus légères amp; plus faciles à
conduire amp; à traîner pour les che-
vaux , lorfque les roues font grandes
amp; égales, amp; dont le centre efl à la
hauteur du trait du cheval ; parce que
plus la circonférence d'une roue em-
braffe de terrein moins il y a de frot-
tement ; amp; nous fçavons que ce font
les frottements qui détruifent le mou-
vement.
' Les roues fixes font des léviers du
premier genre. Elles n'ont qu'un mou-
iiSILettres Physiques.
IL.....- vement fur leur axe fans changer de
Lesj^oucs. ]ieu . elles fervent à égaler deux puif-
fances entre elles , amp; a augmenter ou
diminuer la vîteffe .de l'une des deux
quand il elt néceffaire : telles font les
roues des moulins, des horloges, Scc.
Treuil ou Cabejlan.
- ' ■■ Le Treuil amp; le Cabefian font deux
CabeTiannbsp;différents, donnés à la même
machine (elon fa pofition. Si elle eft
placée horizontalement elle s'appelle
Treuil ; fi elle eft fituée verticalement
on la nomme Cabejlan.
Cette machine eft compofée d'un
rouleau appuyé horizontalement fur
des montans par les deux bouts lorf-
qu'elle fert comme Treuil, amp; placée
verticalement dans un bâti à jour, fi
on la fait agir comme Cabeftan.
Autour de ce cilindre tourne une
corde que l'on amene deffus par le
moyen de plufieurs rayons ou Iéviers
qui font attachés en croix à un des
bouts.Comme Treuil, elle s'employe
aux puits , carrières ; amp; en quahté de
Cabeftan, elle fert fur les vaiffeaux,
amp; fur les ports pour atdrer les far- »
deaux.
IX. Lettre.
X. LETTRE.
Cordes,
D
Eux objets bien intéreffans pour 1
la méchanique vont faire le fujet de
cette 10® Lettre. Ce font les cordes
amp; le plan incliné.
Vous touverez , Monfieur, dans les
Mémoires de l'Académie des Scien-
ces ( a ) que M- Amontons a traité la
partie des cordes avec toute la préci-
fion que l'on devoir attendre d'un
homme auffi profond amp; auffi fçavant.
C'efl: lui qui a réformé cette rou-
tine imparfaite que l'on fuivoit , qui
jettoit dans des écarts dangereux ,
pour la mettre ^jans un ordre afliiré,
en démontrant que très-fouvent la feu-
le roideur des cordes augmente la réfi-
ftance d'un tiers.
119
Cordes.
Les cordes fe tirent des trois ré-
gnes de la nature ; fçavoir , du régne
animal, du régne végétal amp; du régne
minéral. Les fils de foye, les cordes à
boyaux viennent des matières anima-
(aj 16^9. P- tiy.
-ocr page 132-iioLettres Physiques.
les ; les végétaux donnent les fils de
chanvre amp; de lin , dont on forme les
cordes de la groflTeur amp; de la longueur
que l'on défire , en les unifiant en-
femble : les fils de léton , les chaînes
mêmes repréfentent les cordes qui
viennent des métaux.
On fe fert des cordes pour faire
agir les machines fuivant le but qu'on
fe propofe. Elles font d'ufage pour en-
lever , conduire des fardeaux , les
changer de place , les lier enfemble :
elles augmentent de leurs propres
poids les réfiftances fur lefquelles elles
agiffent. Exemple, fi l'on tire de l'eau
d'un puits profond avec deux fceaux
attachés chacun à chaque bout de la
corde qui paffe fur le cilindre du treuil
ou de la rénure de poulie ; le poids
fera plus fort du côté où la cor-
de fera plus longue.
Les changemens dont les cordes
du régne végétal font très-fufcepti-
bles , lorfqu'elles. deviennent feches
ou humides, ainfi que les différentes
forces qu'elles acquièrent fuivant qu'el-
les font plus ou moins liées amp; tortil-
lées enfemble , font des défauts aux-
quels il efl: difficile de remédier.
Cordes.
Toutes les cordes fe gonflent amp; de- '
viennent plus greffes en fe racourcif-
fant lorfqu'elles font imbibées d eau; au
contraire elles diminuent de groffeur,
amp; s'allongent à mefure qu elles fe fe-
chent. Cela efl aifé à concevoir ; l'eau
qui pénétre les pores de la corde en
écarte les parties folides : or ces par-
ties ne peuvent s'écarter fans fe gon-
fler.
Attachez à un endroit élevé un cor- Expéticnee:
don, au bout duquel fera fufpendu un
poids confidérable , qui le tiendra
très-roide. Mouillez ce cordon d'un
bout à l'autre avec une éponge, il fe
détortillera , fe gonflera amp; fera mon-
ter le poids ; ce qu'il efl aifé de remar-
quer par la diftance plus grande qui
doit fe trouver entre le poids amp; le
plancher.
Cette expérience démontre l'effet
prodigieux que fait l'eau qui pénétre
amp; s'empare des pores de la corde.
C'efl un préjugé trop commun dont
il faut revenir, de penfer qu'une corde
que l'on rend plus groflè, par le tortil-
lement des fils qui la compofent ( a ),
acquiert au dépend de fa longueur une
force qui doit la rendre plus difficile à
Co) Mcmoirt de l'Acedémk dt 1711 , p. 6,
Cordes.
lia Lettres Physiques.
rompre. L'Expérience prouve que plus
Cordes, yne corcle efttortillée, plus elle perd
de fa force, loin de l'augmenter.
Tirez d'un écheveau de fil plu-
fieurs brins, autant égaux qu'il fera
poffible ; s'ils font capables, par exem-
ple , de foutenir chacun féparément
un poids,fuppofons-le d'une once ; tor-
tillez enfemble deux de ces brins pour
en former un cordon -, ce cordon caf-
fera fi vous y attachez un poids de
deux onces.
Cette épreuve démontre clairement
que le tortillement des cordes dimi-
nue leurs forces , parce que , plus
on tortille les fils, plus on les affoi-
blit par la diredion oblique qu'on
leur fait prendre, amp; que l'eftbrt fe fait
toujours fur toute la longueur , amp; non
fur l'obliquité.
Bu Flan Incliné.
Bu Plan In ^^ Flan Incliné eft celui qui fe trou^
.Jiné, ve entre l'horizontal amp; le vertical. Il
eft plus ou. moins incliné fuivant qu'il
eft plus approché , ou plus éloigné de
la perpendiculaire. La pente d'une
montagne, la rampe d'une terraffe ,
d'un efcalier , font autant de plans
içiclinés fur lefquels les corps qui glif-
X. Lettre.
fent en roulant de haut en bas,
en partie foutenus par ce plan , amp; le
font d'autant plus que le plan eft plus
incliné à l'horizon.
Lorfqu'un corps grave defcend par
un Plan Incliné , il eft mu par deux
puiffances dont les diredions font dif-
férentes , amp; il fuit le principe établi
précédamment dans le mouvement
compofé que je vais remettre fous les
■yeux : que tout corps obligé d'obéir
à deux puiffances dont les diredions
forment un angle , décrit une dia-
gonale.
Un corps qui fait fa chute par le
Plan Incliné , ne la fait jamais ai.ffi
vite que par la ligne verticale ; amp; plus
le plan eft incHné à l'horizon, plus la
chute eft retardée. C'eft ce que je
vous ai annoncé à la fin de l'article de
la gravité des corps, par l'exemple de
la boule, qui roule fur un efcalier
dont les marches font larges amp; pref-
que horizontales.
L'Expérience prouve que le temps
qu'emploie un mobile dans fa chute,quot;
par le Plan Incliné, eft à celui qu'il
3Uroit dans fa chute verticale , com-
la longueur du Plan Incliné eft à fa
^Weur : c'eft-à-dire,que s'il met deux
font
Du l'iaala-
cliiis.
ia4lettres Physiques.
minutes pour faire fa chute par Tin-'
cHnaifon, il n'en mettra qu'une par
la ligne verticale ; conféquerament la
ligne du Plan Incliné doit être dou-
ble de celle du Plan Vertical.
Delà on tire un principe général,
que tout corps qui deicend oblique-
ment par la corda quelconque d'un
cercle, met autant de temps à faire
fa chute qu'il en employeroit , s'il
tomboit verticalement par le diamètre-
entier de ce cercle. Pourquoi? parce-
qu'un corps grave fait toujours moins
de chemin en defcendant par la li-
gne perpendiculaire à l'horizon, amp; da-
vantage lorfqu'il tombe par une ligne
très-inclinée à cet horizon. La raifon
efl: fimple , qu'un mobile tombe par
une ligne verticale, il fuit fa direûion
naturelle ; s'il defçend par un plan in-
cliné , il décrit quantité de petites li-
gnes courbes, amp; plus le plan efl: in-
cliné , plus ces lignes qui font en nom-
bre 8z: plus petites, s'écartent de la
direûion verticale,
Si les corps font foutenus par le Plan
Incliné , les forces deviennent moins
grandes pour les faire monter par
ce plan qu'elles ne feroient fi on étoit
obligé de les élever par une ligne ver-t
Du Plan In.
cliné.
X. LETT r,E. 12.5
ticale ; amp; plus un plan eft incliné , ^^
moins on employe de force. C'eft une
Géométrie naturelle à la portée de
tout le monde ; amp; perfonne n'ignore
que pour faire monter un corps pé-
fant au haut d'un terrein élevé, il faut
le conduire par une pente douce , amp;
que plus cette r^^nte eft douce plus elle
donne de f-^.nité.
Si l'on veut atteindre le haut d'une
mo-iagne efcarpée , ou bien y faire
monter des fardeaux, on tourne au-
tour par un cheuùn que l'on pratique
en inclinaifon pref^u'infenfible j par
ce moyen l'on emplo) ^ moins de for-
ce que l'on ne feroit û on vouloit y
monter par une ligne droite, ce qui
fo'ivent fe trouve impraticable. A la
vér'té on y met plus de temps , mais
on le trouve dédommagé par l'épargné
des frais très-confidérables qu'il fau-
droit faire, fi l'on étoit dans l'inten-
tion de fe fervir du chemin le plus
court. Je laifl'e aux Géoiiiètres à ex-
pliquer le rapport des puiffances né-
ceffaires , pour vaincre les réfiftan-
ces, en faifant agir un corps de bas en
haut, fuivant finclinaifon du plan par
lequel on le monte.
F ii;
-ocr page 138-12(5 Lettres Physiques.
Le Coin.
Le Coin eft compofé de plans in-
clinés. C'eft un inftrument triangu-
laire , dont la'bafe eft large amp;le fom-
met finit en tranchant amp; en pointe.
On le conftruit de madère folide, d«
fer ou de bois : il fert à fendre amp; à
écarter les parties du ccfrps dans le»
quel on le fait entrer à force , foit par
des poids dont on le charge , foit à
coups de marteau.
L'écartement de l'ouverture que
fait le Coin répond à fa hauteur ver-
ticale, amp; à l'inclinaifon de fes côtés ; amp;
fon infinuadon à la longueur du plan.
Lorfque l'infinuation eft grande, amp;
l'ouverture petite, le bras qui le chaf-
fe éprouve moins de réfiftance.
Les outils tranchans , comme cou-
teaux , cizeaux , rafoirs , biftouris,
ainfi que les doux, les épingles, enfin
tout ce qui eft large par un bout, amp;
finit en pointe, ou en tranchant, font
autant de plans inclinés qui forment
des Coins. ^^
La Fis eft encore un plan incliné
La Vis. tourne autour d'un cilindre ; on la
diftingue en Intérieure amp; en Extérieure.
Ceùi.
X. Lettre. 127
La Fis Extérieure efl: un cilindre où !
l'on a fait un creux ou efpece de gor-
ge, qui tourne autour de l'axe en for-
me fpirale.
La vis poflTede un filet, amp; un pas.
Le filet efl: la vive-arrête de cette ef-
pece de fpire qui tourne autour du
cilindre : le pas efl la diftance qui fe
trouve d'une vive-arrête , ou d'un fi-
let à l'autre.
La Fis Intérieure a fes fpires , ou fi-
lets , amp; fes pas de relief lorfqu'ils en-
trent l'un dans l'autre, c'eft-à-dire,
que les fpires d'une vis embraflè les
pas d'une autre. Celle qui eft creufe fe
nomme Ecrou , amp; ce font deux plans
inclinés , dont l'un glilTe fur l'autre.
La vis eft propre à augmenter la for-
ce de la puiffance. Cette dernière for-
ce, qui s'employe pour ferrer, fait un
tour entier lorfque la réfiftance n'a-
vance que d'un filet à l'autre , c'eft à-
dire d'un pas. Auffi établit-on pour
principe, que la puiffance eft à la ré-
fiftance dans le cas d'équilibre , en rai-
fon réciproque des vîteffes.
Les preflbirs, les étaux, amp;c. St tous
inftrumens femblables qui font fans
ceffe devant nos yeux, font autant
de vis.
La Vis.
ii8Lettres Physiques.
i Les filets des vis font angulaires ,
ou quarrés ; les premiers fe font aux
vis en bois pour conferver leur force ;
les greffes vis de métal donc on fe
fert aux étaux, aux preffoirs, ont leurs
filep quarrés, parce quelles effuient
moins de frortemens.
Dans le nombre , amp; la quantité de
vis qui exiftent, il s'en trouve de deux
fortes que l'on confidere particulière-
ment , amp; que l'on met dans un rang à
part. Ce font les Vis fans Fin , amp; celles
d'Archimedes.
Vis fans La Vis fans FinÇoxt à vaincre de
grandes réîiffances,avec peu de force :
outre cet avantage , elle poffede ce-
lui de porter fon aâion à de grandes
diftances.
Cette machine 'eft compofée d'une
vis, dont le cilindre tourne fur deux
pivots, où elle eft pofée par chacune
de fes extrémités. Au-deffous eft pla-
cée une roue, dont les dents s'engren-
ner.t dans les fpires ou filets de cette
vis : au centre de la roue , eft un rou-
leau où pend une corde, à laquelle
eft attaché le fardeau que l'on dtfire
enlever.
Rien ne peut mieux repréfenter la
vis fans fin que l'horloge , ou le tour-
ne-broche. Le mérité de cette mach
u Vis.
X. L E T T R E. 119
ne eft de rallentir, amp; de prolonger le
fervice du poids par la lenteur de fa
chute. 11 faut que la vis fafle un tour
entier, contre le paffage d'une dent
de la roue , amp; toutes les dents de la
roue doivent faire leur révolution ,
pendant que le rouleau autour duquel
s'enveloppe la corde qui tient fufpen-
due la réfiftance tourne une feale fois,
de forte que pour faire monter la réfi-
ftance à la hauteur que donne le dia-
mètre du rouleau, il faut que la mani-
velle de la vis tourne autant de fois
qu'il y a de dents à la roue qui s'en-
grennent dans les fpires.
La Fis iTArchimedes eft très-ingénleu- Vis d'At-
fe. Elle eft compofée d'un cilindre in- «^l^'wdes.
cliné à l'horizon, qui tourne fur deux
pivots, amp; d'un canal qui l'enveloppe ;
de manière qu'un corps grave amp; rond
qui tombe par fon propre poids au bas
de ce tuyau, remonte de bas en haut,
en parcourant toute la longueur de la
vis , lorfqu'on la fait tourner.
Si vous plongez dans l'eau la partie
inférieure de cette machine,lorfqu'elle
eft en veloppée d'un canal propre à la
recevoir : l'eau montera à mefure que
l'on fera tourner la vis , amp; fortira par
Kouiverture fupériçijre.
F y
La Vis.
130LETTRES Physiques.
D Ans ma dernière Lettre, Mon-
fieur , j'ai fini l'examen des corps ter-
reftres ; je vais pafler aux Phénomè-
nes qui naiflent de l'élément liquide,
amp; je m'eftimerai heureux fi vous ap-
prouvez l'explication que je vous don-
nerai de leurs effets.*
L'Eau efl un élément répandu dans
toute la Nature.
Si nous parcourons les vaftes plai-
nes liquides, nous voyons ces mers
immenfes couvertes de villes mobiles
qui fe font lt;les routes fur les flots,
pour porter le commerce d un bout
du monde à l'autre.
Notre curiofité nous conduit-elle à
connoître ce qu'elles renferment dans
leur fein ? Que de richçfles on y dé-
couvre ! quel monde daktoute efpéce
deftiné pour nos ufages amp; pour nos
be foins.
Quelle joie faifit nos fens, lorfqu'à
la fuite d'une féchereflê arride, le Ciel
nous envoye des torrens d'eau qui
Ce l'£au.
XI. Lettré. 131
purifient l'air en chafTant de l'atmof- îî
phère les exhalaifons fulphureufes amp;
peflilentielles, qu'une chaleur excefîi-
ve fait fortir du fèin de la terre.
Rien n'annonce , amp; ne caraûérife
mieux la grandeur que ces vafles jar-
dins découpés par l'élérnent liquide ,
lorfque s échappant avec impétuolité
des digiies qui le tiennent reflerré ; il
s'élance dans les nues, Se vient en-
fuite en rampant baigner les murs de
ces Palais fuperbes, qui font la demeu-
re des plus grands Monarques.
Je ne finirois pas fi je voulois rap-
peller les avantages que l'on retire de
l'eau ; mais ce ne font pas fes agré-
mens que je dois dépeindre ; je ne
m'arrête qu'à fon utilité la plus effen-
tielle. Utilité qui regarde nos ufages
journaliers , amp; fur tout la boilTon ; ce
qui la rend û néceffaire à la vie, que
fans elle nulle Créature ne pourroit
exifler.
La grande fluidité de l'eau vient du
feu dont elle eft pénétrée , qui met
toutes fes parties en mouvement ; la
preuve fe trouve dans l'état de folidi-
té qu'on lui voit prendre au moment
que la matière ignée l'abandonne.
F vj
De l'Eau.
131LETTRES Physiques.
! L'eau s'éleve en vapeur dans l'at-
mofphère par l'aftion du Soleil, amp;
nous la voyons retomber en pluie ,
neige , amp;c. Nous la trouvons dans la
terre, dans les fontaines, dans les four-
ces , les rivières , les fleuves , d'où
elle va fe rendre à la mer ; lieu que
l'Auteur de la Nature lui a deftiné lors
de la création, en lui donnant des li-
mites qu'elle ne peut jamais enfrein- ~
dre fans fa volonté fuprême.
Les Philofophes ne font pas d'ac-
cord fur l'origine des fources , amp; des
fontaines. Deux fameitx fyftêmes fe
font élevés à ce fujet : celui des Car^
tefiens amp; celui de leurs Antagoni-
ftes.
Les Cariejicns prétendent que les
fources font formées de l'eau de la
mer qui fe rend par des conduits,
ou canaux fouterreins. dans l'inté-
rieur des montagnes qu'ils regardent
comme les réfervoirs de toutes les fon-
taines, que 1 on voit fur la furface de
la terre, que là elle s'épure amp; fe dé-
gage de fes fels par des dégrès de cha-
leur occafionnés par le feu qui fe trou-
ve deflbus, en la faifant élever en va-
peurs dans le corps de ces montagnes,
De l'Eau.
SentÎBiens
det Carte-
fieos.
XI. Lettre. 133
amp; qu'enliiite elle retombe en fe filtrant quot; ■
à travers les terres.nbsp;tem.
A l'appui de leur fiftême , ils rap-
portent le flux amp; reflux auxquels font
fujettes certaines fontaines, qui fe
trouvent aux énvirons de Calais , Ca-
dix , amp; dans d'autres endroits près de
la mer. Cette preuve eft fpécieufe,
elle pourroit conduire à un examen
fcrupuleux dufyflêmedes Cartefiens j
mais elle ne fera jamais autentique,
ni fufEfante pour nous convaincre que
c'eft l'eau de la mer qui forme l'o-
rigine des fources amp; des fontaines ,
en s'infinuant par des canaux fou-
terreins dans les cavités des mon-
tagnes.
Les Anticartefiens attaquent dire-
ûement ce fyftême de l'alembic , amp;
foutiennent qu'il n'y a nulle commu-
nication entre la mer amp; les canaux fou-
terreins des montagnes qui puiffe la
faire remonter ; qu'aucontraire toutes
les eaux de la terre vont fe rendre à
la mer par une pente amp; un écoulement
déterminés que l'on a obfervé, qu'el-
les ont vers ce lieu commun.
Sur l'objeâion qu'ils font à leurs
adverfaires, en leur demandant com-
ment il çft poffible que la mer fournif-
^^^^ 134lettres Physiques.
le de Feau à des fources qui font plus
DeUau. ^igy^gs ^yg f^^ . q^i leur répoud
que les fources communiquent à la
mer par des conduits capillaires; fi c'é-
toit une réponfe qu'il fa lut admettre,
elle me paroitroît fans répliqué. •
Sentiment Les Philofophes oppofés au fyflê-
fdLn quot;quot;quot;quot; ^ Defcartes , difent que ce font
les eaux de pluie , les neiges, les
brouillards, amp;c. qui entretiennent les
fontaines amp; les fources, en s'infinuant
par des ouvertures que ces météores
aqueux en tombant de l'atmofphére
trouvent dans les corps des monta-
gnes , amp; le long des colines, amp; qu'a-
près s'être repofés fur des lits de pierr
tes, amp; de glaize; ils paflènt dejcôté amp;
d'autre par les ouvertures qui fe pré-
fentent , amp; vont former ces fontaines
d'où naiffent les fleuves- amp; les rivières
qui fe rendent à la mer.
Ils autorifent leur fentiment fur des
preuves qui paroiffent convaincantes,
lis difent :
1°, Que les fontaines , celles mê-
me qui font le plus près de la mer, ta-
riffent dans des temps de féchereffe.
a°. Qu'il y a une pente naturelle
qui conduit toutes les eaux de la terre
vers la mer, amp; qui empêche celles de
la mer de remonter.
XI. Lettre. 135
3°. Que Ton trouve très-près de la ;
mer des puits, amp; des fources d'eau
très douce.
De-là ils concluent que les eaux
des fontaines amp; des fources provien-
nent des vapeurs que le Soleil attire
de la mer, amp; de la terre qui fe dé-
pouillent de leurs fels, avant de fe
répandre dans l'atmofphère , amp; qui
retombent enfuite fur la terre.
Si leurs adverfaires leur répréfen-
tent qu'il n'eft pas poffible que la
quantité d'eau exhorbitante de ces
fourcas, qui fe fuccede perpétuelle-
ment, vienne lt;ks pluyes, des neiges,
amp;c. qui ne ti^roent que par interval-
le ; ils rapportent la comparaifon qu'un
habile Phificien a faite de la quantité
d'eau qui tombe à Paris dans une an-
née , avec celle qui paffe en pareil
temps fous le pont royal. Ce
Sçavant a trouvé par fes obfervations,
qu'il'en tomboit beaucoup plus qu'il
n'en falloir pour former les fleuves,
les rivières , amp; toutes les fources de
la terre.
• 'Les Cartefiens réfutent, amp; nient
cette épreuve de M. Mariotte. Il efl:
(i ) M. Mariotte ^ Traité fm le momment des Eaux.
Partie , u« uifcours.
De l'Eaa.
136lettres Physiques.
: inutile d'en prendre la défenfe ; c'eft
un homme dont la réputation amp; la
probité font trop avérées, pour ima-
giner qu'il ait voulu en impofer.
D'ailleurs ce fait eft connu, amp; il fe-
roit aifé de le vérifier s'il étoit nécef-
faire pour les convaincre.
Sur cet expofé, je ne fais nul dou-
te , Monfieur, que vous ne préfériez
le fyftême oppoîé à celui de Defcar-
tes , comme étant le plus naturel, amp;
le mieux prouvé : c'eft auffi celui que
nouseftimons, devoir fuivre. En con-
féquence , nous penfons que l'eau qui
fe trouve dans le fein^ la terre vient
de ces météores aqueux^qui après s'ê-
tre élevés en vapeurs dans l'atmof-
phère, retombent en pluie, grêle, ou
neige fur cette même terre, fans pou-
voir jamais remonter de la mer dans
les cavitésquot; des montagnes.
Après avoir connu de quelle maniè-
re l'eau nous vient, il nous refte à
examiner les différens états par lef-
quels elle paffe : Qui font celui de li-
queur y celui de glau amp; celui de va-
peur.
L'Eau pure eft tranfparente , amp;
fans odeur , mais il n'eft pas poffible
de l'avoir naturellement dans cet état.
De l'Eau.
Elle nous vient toujours chargée de '
matières hétérogènes qu'elle ramaffe
dans fon cours, parce que ce liquide
pénétre au travers des pores des corps
îiir lefquels il paffe.
Lorfque l'on veut connoître la qua-
lité des eaux , il faut avoir recours à
l'art pour les éprouver.
Si l'eau fur laquelle on verfe de
l'huile de tartre par défaillance, de-
vient laiteufe , c'eft une marque qu'el-
le porte avec elle des matières falines
amp; nitreufes.
On peut affurer que celle que l'on
aura mêlée avec une infufion de noix
de galles, contient du vitriol de mars ,
fi lors du mélange on la voit devenir
opaque, amp; prendre une couleur rou-
geâtre.
La diffolution d'argent par l'efprit
de nitre trouble les eaux, amp; les chan-
ge de couleur.
Les matières falines amp; nitreufes fe
joignent avec l'huile de tartre par dé-
faiiiance, parce qu'elles ont plus de
rapport avec elle. Du mélange de ces
efpéces , il réfulte une effervefcence
qui rend l'eau laiteufe.
L'opacité amp; la couleur rougeâtre,
occafionnées par l'infufion de la noix
u« r£au.
13S Lettres Physiques.
quot; ' de galles fur Peau chargée de vitriol
DciEau. de mars, proviennent de l'union de
ces corps , qui par leur nouvel ar-
rangement ferment le palTage à la lu-
mière.
L'Eau fe trouble avec la diffolution
d'argent par I'efprit de nitre, parce
que les fels qu'elle contient ont plus
d'affinité avec l'eau-forte , qui aban-
donne le métal, pour s'unir à ce qui
lui eft plus analogue ; alors l'argent
tombe en précipité au fond du vale.
Avec ces épreuves on diftingue les
matières qui dominent dans les eauxj
l'infufion de noix de galles indique les
ferrugineufes ; amp; celles qui font char-
gées de madères falines amp; terreftres,
le reconnoiflént par l'huile de tartre
par défaillance, ou par la diffoludon
d'argent par l'elprit de nitre.
Les mines de foufFre amp; de bitume
chargent les eaux qui les traverfent
de parties graffes , fulphureufes amp; in-
flammables.
On prétend que dans le Palatinat de
Cracovie, il exifte une fontaine dont
la vapeur prend feu comme l'efprit-
de-vin ; fi l'on en approche un flam-
beau allumé.
Que l'on plonge certains bois po-
-ocr page 151-XI. Lettre. 139
reux dans une fontaine fituée près de l
Clermont en Auvergne , on les reti-
re pétrifiés j parce que l'eau de cette
fontaine eft chargée de graviers, amp;
de fucs pierreux qui s'identifient en
s'incruftant dans les pores de ces bois ;
ce qui les rend plus mafïïfs , amp; leur
donne la qualité de pierre.
On rapporte deux Phénomènes fîn-
guliers fur les eaux,qui fe chargent des
matières fur lefquelles elles paffent ;
l'un eft en Pologne, l'autre en Ir-
lande.
On prétend qu'en Pologne , il fe
trouve plufieurs fontaines dont les
eaux filtrent par des mines de cuivre,
amp; fe chargent tellement des petites
particules de ce métal, que fi l'on y
jette du fer, elles dépofent dans les
parties de ce dernier le cuivre qu'el-
les poffedent ; de forte qu'en tirant ce
fer de l'eau, il paroit être changé en
cuivre.
Celui d'Irlande eft plus extraordi-
naire. C'eft un étang, dans la boue du-
quel on enfonce un bâton, qu'il faut
oublier quelque temps ; amp; lorfqu'on
le retire, on trouve la partie erfon-
cée dans la boue changée en fer ; Se
celle plongée dans l'eau, changée en
De l'Eau.
140LETTRES Physiques.
' pierre. Si ces deux faits font vrais,ils
font furprénants.
Dans un Village près Chevreufe (c),
il exilte une fontaine dont les eaux font
perdre les dents fans douleur à ceux
qui en font ufage ; parce qu'elles con-
tiennent beaucoup de nitre.
Celles d'une autre fituée en Paphla-
gonie, ennivrent quiconque en boit
une trop grande quantité, par les ob-
ftruaions qu elles canfent au cerveau.
Ces exemples me paroiffent fuffifans
pour prouver que les eaux fe char-
gent des matières fur lefquelles elles
palfent.
C'eft l'agitation perpétuelle dans la-
quelle fe trouve l'eau courante , qui
fépare fes parties des matières hétéro-
gènes qu'elle entraîne avec elle, amp;
qui bù fait rejetter ce qu'elle a d'im-
pur. Ce mouvement qui la renouvel-
le à chaque inftant l'épure, amp; la rend
propre à la boiflbn.
L'on voit donc qu'en général toutes
les eaux font altérées. L'eau de pluie
même, la plus épurée de toutes, tom-
be fur la terre chargée des fubftances
étraïigères qu'elle receuille en paiTant
dans l'atmofphère mais comme ces
(c; SentilTes.
De l'Eau
petits corps font très - volatils , elle '
s'en ciébaraffe aifément.
De l'Eau.
Salure ds
XII. Lettre.
Salure de VEau de la Mer.
I Eau de la mer efl: la moins pure.
Il n'efl: pas poflible de s'en fervir dans
fon état naturel à caufe de fa falure ,
qui fe trouve être d'un 31'^, c'efl:-à-
dire , porter également 4 gros de fel
par chaque hvre d'eau.
Plufieurs Philofophes raifonnent
diverfement fur cette égalité de la fa-
lure de l'eau de mer, dont ils n'ont
pas encore approfondi la caufe. Exa-
minons f} leurs différents fentiments ne
peuvent pas nous conduire à des con-
jeûures vraifemblables.
La falure de l'eau de la mer , di-
fent quelques-uns, vient des parties
de iel, de nitre , de vitriol amp; de bi-
tume , dont elle eft chargée depuis le
commencement du monde. Quant à
la preuve, ils n'en rapportent aucune :
ils fte citent qu'un exemple », Met--
quot;tez, difent-ils, lix gros de fel marin
'»avec3.3 once»d'eau de citerne, amp;
141LETTRÊS Physiques.
^ »48 grains d'efprit de bitume, vous
de »vei-rez une eau l'aiée amp; amere , à-
^^ «peu près comme celle de la mer ».
D autres prétendent que fi l'eau de
la mer fe trouve plus falée dans les
Pays Méridionnaux que dans le Sep-
tentrion j c'eft une fuite de la volonté
Divine qui a mis davantage de fel dans
les endroits oil l'eau rifque plus de fe
corrompre.nbsp;^
Mais les Secateurs de ce fyfteme
n'ont pas penfé , fans doute , que les
eaux douces des pays chauds ne fe
corrompent jamais, amp; que l'eau de
la mer gardée dans des vaifteaux fe
corrompt au bout d'un certain temps.
Si ces Philofophes avoient fait atten-
tion à l'expérience de l'eau chaude ,
qui diffout plus de fel que l'eau froide ;
ils auroient indubitablement trouvé la
caufe de la plus grande falure de l'eau
de la mer dans le Midi, que dans le
Nord.
Un troifiéme fentiment, amp; c'eû le
plus commun, fuppofe, des mines de
fel dans le lit cfe la mer, pareilles à
celles que l'on trouve dans divers-au-
tres endroits de la terre ; amp; que c'eft
le mouvement continuel dans lequel
fe trouve l'eau de la^mer, qui fait
Salure
l'Eau de
Mer.
Salure d»
Voiià une fuppofition bien voifine de Ife^
la vraifemblance.
Un célébré Auteur du fiécle , nous
rapporte que la mer n'a pas été créée
inlipide , amp; que le fel n'eit pas venu
en altérer la douceur, amp; l'état natu-
rel par l'éxcavation fortuite de quel-
ques mines ; mais que Dieu à rendu
la mer falée , afin qu'elle fe confervât
toujours pure, amp; en état de nous fer-
vir ; amp; qu'il a voulu qu'elle chariât le
fel autour des Habitations des Hom-
mes , pour qu'ils trouvaffent fans pei-
ne un des éléments qui • leur eft le
plus néceffaire.
Voilà donc deux caufes pour lef-
quelles Dieu a créé la mer falée,
pour le befoin des Hommes , amp; pour
l'empêcher de fe corrompre.
Quant à celle-ci, je penferois plus
volontiers que le mouvement perpé-
tuel , amp; violent dans laquelle elle fe
trouve, a pour le moins, autant de
part que le fel à fon incorruptibilité.
Nous venons de remarquer que l'eau
de la mer fe corrompoit lorfqu'elle
étoit renfermée.
Pour rendre raifon de la première
XII. L E T T R E. 143
qu elle fe charge de cette falure égale I
4 gros par chaque livre d'eau.
de
-cauie , on doit penfer que s il n'y a
I'eIu quot;de Unbsp;^^nbsp;^^nbsp;' ^
Mer! ' ^ que fes eaux contiennent également 4
gros de fel par chaque livre d'eau i la
Providence a réfolu cette égalité, lors
de la création : mais cette égalité ne
doit-elle pas fe perdre à la longue, à
moins que Dieu ne faffe un miracle par
un remplacement continuel, qui rende
à la mer ce qu'elle perd.
Nous fçavons que chaque année ,
les marais falans {d) fourniffent au
Domaine 15 mille muids de fel qu'ils
enlevent à la mer, amp; qu'il en relie en-
core aux propriétaires une quantité
plus confidérable qu'ils vendent aux
Etrangers, qui préferent le fel de
France, comme étant le meilleur. Ad-
mettons qu'il ne leur en refte qu'une
quantité pareille à celle qu'ils diftri-
buent pour la confommation de la
France , cela fera 30 mille muids en
tout : le muids péfe 4800 liv. multi-
pliez 4800 par 30 mille , vous trouve-
rez 144 millions de livres de fel que
la France feule ôte à la mer par cha-
que année ,.fans compter le fel volatil
que le Soleil éleve en vapeurs ; amp; fi
la volonté de Dieu,comme nous l'an.
(d) rays d'Aunis 8c côtes de Bteugnc.
-ocr page 157-xn. lettre.
nonce ce fentiment, eft que le fel rou -:——
le autour des Habitations des Hom- j.Efu'quot;de ï
mes pour leurs befoins ; les autres Na- Met.
tiens doivent en faire un uiage fem-
blable à celui de la France.
S'il étoit poflible de calculer tout le
fel le plus fubtil qui s'évapore par
l'aâion du Soleil, en ajoutant la quan-
tité exhorbitan,te de celui que les Hom-;
mes retirent chaque année, amp; le nom-^
bre d'années écoulées depuis que cet-
te extradion fe fait : fila falure de la
mer n'étoit pas épuifée , elle devroit
Être confidérablement diminuée , amp;.
cependant cette égalité de falure a.
toujours été , fubflfte encore , amp; du-,
rera jiifqu'à la fin des fiéclçs. Corn-,
ment ia mer peut-elle la conferver? Il
eft certain qu elle donne, puifqu'eile
eft deftinée à fervir aux befoins des
Hommes; amp;{ piiifqu'ileftâfliiré qu'elle
difl'.pe , comment peut-elle reparer ?
Dira t-on que ce font les eaux douces
qui font ce remplacement, en appor-
tant ce fel continuellement avec elles,
lori'qu'elles viennent fe rendre dans
l'immenfe bafi!;n de la mejroù elles fe
raftemblent? Et cette circulation peut-
elle être affez e^alt;?ie pour qu'il n'entre
pas plus de fel qu'il n'en fort ? .
146 Lettres Physiques.
Si les eaux douces qui fe jettent
lt;)= continuellement dans la mer rappor-
n.au de unbsp;„
Mer, tent avec elles cette meme quantité
de fel que l'on en tire, elles doivent
néceffairement en augmenter le volu-
me ; puifque d'une part les eaux ont
ime adion continue qui rapporte fans
celTe , amp; que de la part de la mer, il
y a un repos qui eft le temps oii l'on
ne tire pas de fel. Or, dans ces temps-
là, la mer devroit fe trouver plus fa-
lëe. De plus, ces même eaux douces
devroient être falées elles-mêmes, ce-
pendant elks gardent leur douceur
jufqu'à ce qu'elles foient mêlées avec
les eaux de la mer ; amp; l'on rencontre
des fleuves très-rapides, qui s'élan-
cent bien avant en pleine mer fans
avoir encore rien perdu de leur infi-
pidité.
Pour répondre à cette égalité de 4
gros de fel confondus dans chaque li-
vre d'eau de la mer gt; que l'on fuppo-
fe devoir être plus confidérable , ft la
mer tiroit fa falure des mines qu'elle
auroit dans fon fein, puifque cette
même livre d'eau, dit-on, eft capable
d'en difToudre une plus grande quan-
tité : en rapportant tout à VEtre Sou-
verain, fa volonté feroitflôtre folu-i
tion. Mais fans vouloir approfondir ......
fes.fecrets divins , examinons fi nous
ne pourrions pas trouver une caufe m«!
narurelle , ou au moins une conjedu-
te vrai-femblable , qui nous fit con-
noître pourquoi chaque livre d'eau ne
fe charge que de 4 gros de fel, ce qui
fait une 3 z® partie. •
La mer eft dans un mouvement vio-
lent. Les molécules d'eau qui fe fuc-
cedent les unes aux autres avec une
fi grande rapidité, ne peuvent avoir
le temps de fe charger de beaucoup
de fel j à peine ont-elles celui de pé-
nétrer les parties les plus voifwes, qui
ont les pores les plus ouverts.
Si le fel fe dîflquot;out comme nous l'ap-
prennent nos Philofophes, par l'ana-
logie qui fe trouve entre les particules
du fel, amp; celles du diffolvant ; ces
particules communes s'infinuent réci-
)roquement, amp; entrent dans les pores
es unes des autres. Or pour cette opé-
ration , il faut un temps, amp; l'expérien-
ce de l'eau chaude qui agit plus vive-
ment , amp; plus efficacement que l'eau
froide fur le fel, nous le démontre.
Mettez dans un vafe autant de fel Eipcricuew
qu'une livre d'eau peut en diflbudre;
verfez cette livre d'eau deffus ; à l'in-
Gi;
-ocr page 160-ï4SXettres Physiques.
____: flant elle fe chargera de ce fel, mais
mf d la quot;quot;S partie médiocre, fur-tout fi le
M»- ' quot;fel forme une maffe compare, amp; fer-
rée i amp; il faudra un temps marqué amp;
affez confidérable pour qu'elle prenne
le refte.
On a de plus la certitude que dans
les pays ch»uds, lamer fe trouve plus
chargée de fel que dans nos climats,
à caufe de la chaleur qui en fait dif-
foudre davantage.
Ces deux exemples ne fuffifent-ils
pas pour prouver que lamer contient
plus de fel qu'on ne lui en attribue ,
amp; ne femblent-ils pas appuier amp; au-
thorifer notre conjeûure iur les mines
de fel que nous eftimofls réfider dans
fon fein, auxquelles nous rapportons
l'effet de ces 4 gros par livre d'eau
qu'elle nous deftribue ?
Ainfi, notre hypotcfe nous conduit
à penfer, que l'eau de la mer eft fa-
lée , parce que la mer renferme des
mines de fel ; amp; que cette même eau
ne fe charge que de 4 gros de fel par
livre , parce que cette^ quantité eft
fuffifante pour raffaiier l'eau qui paffç
fur cçs raines.
©
-ocr page 161-quot; Gautier , Médecin à Nantes ,
Eau coamw
ur.
amp; Halles en Angleterre, ont trouvé
îa manière d'épurer l'eau de la mer ,
■amp; de la rendre potable. Le premiei'
en a fait l'épreuve au Port de l'O-
rient , à bord du vaiffeau de guerre, le
Triton ; avec nm alembic où l'on met
le feu«au-deffus du chapiteau , pour
attirer les vapeurs de l'eau à l'imita-
tion du Soleil. Ce fait eft attefté par
les Procès-Verbaux du Contrôle de la
Marine du Port de l'Orient. Le fecret
eft admirable, mais il faut croire qu'il
ne peut fe mettre facilement en prati-
que , puifque l'on n'en fait aucun ufe-
ge.Outre qu'il eft difpendieux de pouf-
fer un feu violent pendant un efpace
de temps auftî long que 28 jours que
cette expérience à duré j il ne paroît
pas poffible d'embarquer dans un vaif-
feau la quantité de bois amp; de charbon
néceffaire pour fournir de l'eau, ainft
diftiilée , à tout wn équipage.
G ii)
-ocr page 162-1nbsp;On épure l'eau en la faifant filtrer ;
Jqueurquot;'nbsp;fontaines oii l'on met du
,—— fable à travers lequel l'eau paffe, amp;
ruitinoa. où elle dépofe les parties grolfieres
dont elle eft chargée ; foit en la laiffant
repofer dans des jarres ou pots de
grais , ou bien en la mettant dans de
certaines pierres dont elle pénétre les
pores qu'elle traverfe en fe déba-
raffant des parties hetérogenes qu'elle'
a ramaffées dans fa route.
Difiillation. DiflilUr l'Eau c'eft le meilleur moyen
pour l'épurer. Cette opération deman-
de de l'attention ; car fi les fubftances
qu'elle apporte avec elle font évapo-
rables , elles montent au chapiteau :
le grand foin eft d'empêcher que cet.-
te eau ne bouille,
de La Force de l'Eau eft fi grande qu'elle
occafionne quelquefois les plus triftes
effets. L'eau qui fe répand tout-à-coup
avec abondance, enlève des villages
entiers , innonde une campagne , dé-
fole tout un continent, détruit amp; fait
périr tout ce qui s'oppofe à fon paf-
fage.
Nous trouvons la preuve de la for-
ce de l'eau dans les carrières d'où l'on
lire les meules pour les moulins. Pour
Force
avoir les pierres deftinées pour cet - —
ufage ; on fait un vuide entre chaque
tranche que l'on ettiplit de bois ten-
dre amp; que l'on afperge continuelle-
ment avec deTeau. Lorfque les pores
du bois en font bien imbibés, il fe
gonfle, amp; l'îfligmentation de fon vo-
lume force la pierre de fe détacher
d'elle-même du noyau.
L'Eau qui chauffe dans un vafe ou- Ebulition
vert, eft expofée à l'aûion du feu qui '''
en s'infmuant dans fes parties,les divife
amp; les met en agitation. Elle fe trouve
refl^errée par les parties du vaifl'eau qui
la contient, de forte que le poids de
l'atmofphère efl le feul qui la prefTe
fur fa furface , tandis qu'elle eft rete-
nue des autres parts ; amp; par ce même
poids de l'atmofphère, amp; par les cotés
Se le deffous du vaiffeau. Dans cet état
l'eau le dilate peu à peu, jufqu'à çe
que le feu ait ouvert fes pores. Lorf-
qu'elle eft dilatée le fluide igné paflTe
librement à travers fa mafle, dont il
fouleve les parties de tous côtés, ce
qui forme l'ébulition. C'eft le plus
grand dégré de chaleur que l'eau puiffe
atteindre. L'eau qui bout fe dilate d'ijin
vingt-fixiérae.
A
ir i i i^iLettres Physiques.
£au comme L'Eau eft un diffolvant qui s'in-
liqueur. ttoduit. dans prefque tous les corps
Eaudiiroi- ^^ divifant, amp; féparant leurs par-
vînt, ' ficules.
'^Jjfsticnce. Verfez de l'eau fur du fel , vous le
verrez fe diffoudre, amp; l'eau s'en em-
parer d'une manière fi intime, que ces
deux corps n'en feront plus qu'un
£i vous vous fervez d'eatî chaude , la
difTolutîOn deviendra plus prompte à
proportion du dégré de chaleur de
l'eau, parce que la chaleur qui ouvra
davantage les pores du fel donne lieu
à une pénétration plus prompte amp;
plus facile.
Mais l'eau ne diftquot;out pas également
tous les fels ; elle en rencontre dont
• les pores plus ferrés font moins péné-
quot; trahies pour elle , par la difproportion
qui fe trouve entre leurs parties ; ce
qui prouve que la diffolution plus ou
moins forte, dépend de l'analogie des
parties qui doivent s'infmuer mutuel-
lement les unes dans les autres. L'Ex-
périence va le démontrer.
Jixpériencei Mettez dans deux vafes feparés
quantité égale de fel marin dans l'un,
amp; de falpêtre dans l'autre. Verfez auffi
fur chacun de ces fels une quantité
.égale d'eau, mais moins qu'il n'en faut
X I î I. L E T T R E. 153 ^^^
pour en diffondre la totalité , de for-
tre qu'il en refte au fond de chaque
vafe ; vous aurez plus de falpêtre que
de fel marin.
Les fels mêlés avec l'eau la réfroi-
diffent les uns plus que les autres. Le
fel ammoniac eft celui qui la réfroi-
dit davantage ; il eft aifé d'en faire la
remarque, par l'addition de ^ à 6 on»
ces de ce fel dans une chopine d'eau
froide : à mefure que le fel fe fond ,
on fent l'eau augmenter de fraîcheur
qui va prefque jufqu'au terme de la'-
congélation.nbsp;'
Une des grandes propriétés- de l'eau'
eft d'arrêter le progrès des plus grands
incendies , amp; de les éteindre ; mais il
faut qu'elle foit en quantité fuffifantev
pour qu'elle ne s'évapore point fur le-
champ;.
Ne jettez qîi'une foible partie d'eau;
fur un feu très-ardent, elle ne fervira-
qu'à le ranimer ; parceque cette eau»
qui fe réduit' en vapeurs, fe'iriêlant.
avec l'air, forme un milieu élaftique où;
le feu trouve un reffort qui augmert--
te fa vigueur amp; fon adivité : m.ais at-^
taoneî lui embrafement violent avec-
Une'quantité d'can capable dequot; cou-
vrir toutes les û.u-feces-embrafèeamp; j.k?
Y»
-ocr page 166-154lettres Physiques.
feu celTera promptement, parce que
liqueur, * torme plus qu un meme corps
avec lui.
XIV. LETTRE
De VEau en état de Glace.
P Eut - être auriez-vous fouhaité ,
Monfieur, que j^eufle commencé par
vous préfenter les propriétés de l'é-
lément liquide dans fon état naturel
de folidité ; mais j'ai cru qu'il conve-
noit mieux de le faire connoître dans
celui ôù il fe tient le plus communé-
ment , amp; le plus long-temps.
La folidité paroît être l'état naturel
de l'eau. Sans un agent étranger qui
met toutes fes parties en mouvement
en tous fens, nous ne la verrions ja-
mais dans cet état de liquidité , avec
lequel elle vient de paffer fous nos
yeux. Cet'agent^ c'eft la matière ignée
qui toute anthipatique qu'elle lui eft,
la pénétre fi intimement, que fitôt que
ce fluide fi perçant l'abandonne , elle
prend une confiftance folide, amp; de-
vient glace. C'eft dans cet état de gla-
ce, que nous allons la conûdérer,amp;
en examiner les phénomènes»
L'Eau cora-
nç CUcc.
XIV. Lettre. 155_
Si l'eau perd fa fluidité quand le feu «SSSSe
la quitte , c'efl que fes molécules ne^f^j^^^f*
pouvant plus conferver la mobilité
que leur donnoit cet agent fi aâif, s'u-
niffent enfemble.
On nomme Congélation la folidité
que l'eau acquiert par la perte qu'elle
fait du feu qu elle contient.
Moins l'eau conferve de matièi^e
ignée , plus elle devient froide , amp;
fon froid augmente à mefure que If s
fels , amp; le nitre s'emparent de fes po-
res pour occuper la place du feu qu el-
le perd.
Le Traité fur la Glaci [a) que M.
de Mairan nous a donné, eft un ex-
cellent Ouvrage qui démontre les cau-
fes Phyfiques, amp; les différents pro-
grès de la congélation. Effaions d'a-
près cet illuftre Académicien de con-
noître le méchanifme de l'eau qui fe
change en glace. Ce Sçavant le rap-
porte à plufieiurs caufes principales ,
d'où dérivent les phénomènes cm'elle
nous offre dans cet état : nous es ré-
duirons à trois principes.
Le premier eft que dans un temps
froid , il fort du fein de l'eau quantité
de parties ignées, qui fe répandent
(») Ce Traité acte téimptime en lyço.
G vj
-ocr page 168-1LETTRES Physiques.,
dans ratmo(j:)!ière, pour conferver l'é-
quilibre qui doit toujours y fubfifter.
Le deuxième, que là matière ignée
qui refte encore dans le fein dé l'eau
prête à geler perd beaucoup de fon
mouvement , amp; que cette perte vient
dè ce que lès particules fa'ines amp;
nitreufes'quc les vents apportent, en--
trent dans cette eau..
Et le troilîéme, que ces mêmes p.ir-
ticules falines , amp; nitreufes pénétrent
comme autant de petits coins dans léS:
pores des molécules da-l'eau , les bou-
chent exafîement, Sz^ que plus le froid
augmente , phis il s'évJipore de p:u--
^ ticules de feu du fein;de l'eau , amp;: plus
il s'y introduit de parties nitreufes à
la place.
L'Eau convertie en glace nous ofFre ■
un phénoméne'fingulier , c'eft fo'n au-
gmentation de volume. Nous fçavons
comme vérité conftante, que dans un
temps de gelée , i'atmofphère eft
moins rempli de la matière ignée..
Nous devons encore penfer que ie feu
qui régne dans l'eau cherche toujours
à fe mettre en équilibre avec celui
qui nâge dans l'air. Pour, cet effet, à
mefure que l atmofphère fe refroidit,
une partie du feu qui réfide dans-Feau
I-'Eau corn-
UK Glacé,
XÎV. L'e t t r' e.
pafTe dans l'air pour rétablir l'équilibre —
perdu ; amp; comme il n'eii refte plus
affez pour conierver aux parties de
l^eau, le mouvement qne lui donne fa-
liquidité ; ces mêmes ;)arties fe rap-
prochent amp; s'^uniffent. Alors l'air qui
n'a pas eu le temps de s'échapper , fe
ramaffeen globules dans la raaiïe qui.
l'environne ; amp; par l'erTort qu'il fait
contre chaque partie de cette maffe,
• ill'ernpccrie de fe réunir parfaitement,
amp; rend fon volume plus grand.
Mettez à l'air loriqu'il géle, de l'eau Expéricnco
danc un va!e de vere, ou de terre,
ou-de fiiyance , elle gelera, amp; occu-
pera un plus grand efpace, que dans
fonétiit de liquidité • amp; lorfqu'elie fe
- trouvera trop refferée, le volume plus
confidérable qu'elle aura acquis, fe-
ra caffer le vaiffeau. Prenez le mor-
■ çeau de glace qui proviendra de cette
eau gelée, mettez-ie dans de l'eau
froide , vous le verrez furnâger.
Dans cette Expérience, le morceau
de glace tient plus de place que l'eau
qui l'a formé. La preuve en eft évi-
dente , puiiqu'il caife 1© vafe dans Jà-
quel il fe trouve. 1! eft auffi plus legeiv
Pquot;is'qu'il furiià-
Ces deux effets ne peuvent venir:
-ocr page 170-que de l'augmentation de fon volu-
«is GUce!quot;^ me, amp; cette augmentation de volume
eft caufée par l'air qui fe trouve ren-
fermé dedans.
L'Eau devient glace lorfque la ma-
tière du feu fort de fon fein ; dans cet
inftant, l'air contenu dans fes parties
commence à fe dilater. Pour fe dila-
ter, il feut qu'il faffe effort, amp; cet
effort qu'il fait pour fortir , fouleve lès
molécules l'eau, amp; les agrandit ;
mais au moment qu'il eft prêt à s'é-
chapper , l'eau fe gele, devient folide
par la perte du feu qu'elle vient de fai-
re, amp; le renferme en globules dans
fon Volume. Plus le froid eft âpre,
plus l'eau gele avec promptitude,
conféquemment l'air a moins lieu de
. fortir.
Ainfi la glace augmente de volume
par la ^uandté d'air qu'elle tient ren-
fermée,cette augmentation de volume
lui fait faire des efforts prodigieux ,
qui vont jufqu'à fendre les pierres ,
crever les conduites d'eau , foulever
Jes pavés ; tels enfin que nul obftacle
ne peut les empêcher.
Congélation des Liquides^
L Es Liquides de la même nature -
que l'eau fegelent par le froid, foit
naturel, foit artificiel ; mais la congé-
lation eft différente fuivant la qualité
des fubftances avec lefquelles ils font
mêlés.
Expofiîz à une forte gelée trois tu- UfaUKt.
bes de verre mince de 7 à 8 lignes de
diamètre, fermés par un bout. Le pre-
mier plein de vin rouge , le fécond
d'un diffolution de fel commun dans
l'eau, amp; le troifieme d'eau pure.
Le vin fe gele par lames de la cou-
leur de pelinre d'oignon qui font infi-
pidcs, parce que tous les efprits fe
portent au centre.
L'Eau falée met plus de temps à fe
geler, amp; fe trouve auffi glus chargée
de fel au centre.
Et l'eau pure qui fe glace la pre-
nùère, eft plus dure.
Voici une autre Expérience qui Expéiico««,
donne la même preuve par l'inverfe.
159
ï6o Lettres physrooes.
quot;c^^û^ Prenez quatre morceaux de glace'
dcrifqlSsquot; égaux. Saupoudrez le premier de fel
-marinai'de ibrte qu'il fafle une croule
jfcusucc. ^g/j-^jj [g ijiorçeaii de glace.
Faites la même opération au fécond
morçeau avec du fel ammoniac.
Servez-vous de falpêtre pour fui-
vre le même procédé avec le troi-
fiéme.
Et laiffez le quatrième dans fon
état de glace.
Expofez ces quatre morçeaux, ainfi
préparés, à un degré de chaleur égal.
S'il eft comme celui des caves de
rOb.'ervatoire de Paris ; le premier
morçeau fera fondu en une heure ; le
fécond cinq à fix minutes après ; il fau-
dra deux heures pour le troifiéme ; amp;
cinq heures amp; demie pour le morçeau
de glace pure.
Ces denx Expériences nous don-
nent la même preuve , amp; nous font
connoître que l'eau gele plus complet-
tement amp; plus promptement feule,,
que lorfqu elle eft mêlée avec quelque
fubftance faiine ; parce que la matière
du.feu qui mettoitfes parties en mou-
vement n'exiftant plus, amp; n'y ayant,
rien qui puiffe y fuppléer, ces mêmes
jparties le fixentamp; s'uaiftent plus li--
XV. Lettre. i6r ^^^^
brement. C'eft cette même caufe qui
fait que l eau pure gelée met ^ plus de
temps à réprendre fa liquidité.
Le Vin eft chargé d'elprits amp; de fle-
gme. Cette dernière partie eft la feule
qui fe gele , parce qu'elle eft de la na-
ture de l'eau ; auffi voit-on les parties
fpiritueufes fe concentrer de plus en
plus à mefure que le froid agit fur la
liqueur.
L'Eau falée eft plus dificile à geler.
Les pointes des parties du fel font
comme autant de petits coins qui
écartent les particules de l'eau jufqu'à
ce qu'une force fupérieure les oblige
de ceder.
La même raifon démontre que les
morçeaux de glace faupoudrés de dif-
. iérents fels, dégèlent plus prompte-
ment que celui formé d'eau pure. Le
fel marin à des parties plus aiguës que
le fel ammoniac ; celles de celui-ci
font plus tranchantes que celles du
falpêtre : c'eft ce qui occafionne la
différence du temps plus ou moins long
que ces morçeaux mettent à fe dé-
geler.
C'eft par le mélange des fels avec
ia glace que l'on fait prendre les li-
ï(5a-Lettres Physiques.
----queurs que l'on fert fur table. On em-
Coagéiaaon pioyg jg fgi „uj^j,^ ^^ jg falpêtre : fans
ses iiquiaes. !, /,. . i. ^ ,nbsp;'
1 addition d un tel , on ne pourroit
réuffir, parce que la glace reçoit une
partie de la chaleur du liquide deftiné
à geler. Le Salpêtre eft moins cher
que le fel ordinaire , l'on peut fe fer-
vir encore d'une efpéce de foude que
l'on fait fur les côtes de Normandie ,
avec les cendres de différentes plantes
marines.
Cette congélation augmente par la
qualité des fels que l'on mêle avec
elle.
fcpftienci. Fixez le Thermomètre au dégré de
la glace. Pour cet effet, mettez en la
boule dans un vafe plein de glace pi-
lée ; jettez y enfuite une once ou
deux de fel, le vafe fe remplira d'eau,
amp; la liqueur defcendra au-deffous du
dégré où elle s'étoit d'abord fixée. L'on
voit par cette expérience le mélange
fe fondre, amp; cependant devenir plus
froid.
Il eft bien extraordinaire de voir
la glace fe fondre amp; fe liquifier en lui
donnant un réfroidiffement plus con-
fidérable.
Nous fçavons que l'état naturel de
-ocr page 175-XV. Lettre. 163
l'eau feroit d quot;être folide , amp; que c'eft ,, .......-
l'adion du feu qui lui donne la liqui-
dité en pénétrant fes parties , amp; en
les mettant en mouvement en tous
fens. Si pour devenir glace, l'eau doit
perdre la plus grande partie du feu
qu'elle contient, amp; fi cet agent fi fub-
til eft deftiné à lui rendre fa fluidité ,
il rentre donc dans fon fein pour la
faire fortir de l'état folide ; conféquem-
ment au moment que l'addition des
fels la liquifie , elle doit réprendre un
degré de chaleur égal à celui de l'at-
mofphère : il en arrive cependant au-
trement i car bien loin que le feu ren-
tre dans le fein de l'eau glacée, lors
de l'addition des fels , le peu de cha-
leur que cette eau conferve encore efl:
entièrement chafll'ée par les particules
falines amp; nitreufes, qui faifant l'office
du feu, font comme autant de petits
coins qui pénétrant les parties inté-
grantes de la glace, les brifent avec
éclat, amp; par l'écartement qu'ils leur
caufent rendent la liquidité à l'eau
glacée. C'eft ce que l'on reconnoît
par le pétillement amp; le craquement
que l'on entend dans le mélange, amp;
par la vapeur que l'on peut voir fortir
du vafe où il fe fait.
164 Lettres Physiques;
C'eft donc aux fels que l'on doit
attribuer la caufe de la fonte de la
glace, amp; cela d'autant plus que leurs
corpufcules font plus acides. Ainfi ce
font ces particules falines amp; nitreufes
qui forment cette nouvelle matière ,
qui faiiant l'office du feu à l'égard de
l'eau glacée, s'empare de fes parties,
les brife , les rend mobiles, les unes
envers les autres , amp; opere le plus
grand réfroidiffement en rendant la li-
quidité.
Les efprits de nitre, de vin, amp; au-
tres , augmentent de beaucoup amp; par
la même raifon le réfroidiffement de
la glace. Mêlez, par exemple , le pre-
mier bien rectifié avec de la glace, le
froid furpaffera de plus de 30 degrés
ïe terme de la congélation. L'efprit-
de-vin fond auffi la glace en la refroi-
diffant, parce qu'il contient des parti-
cules aqueufes, homogènes à celles de
la glace , amp; comme ces deux matières
fe pénétrent réciproquement, celles
de la glace qui enfilent les pores de lef-
prit-de-vin, chaffent la matière du feu
qui s'y trouve , amp; cette pénétration
réciproque opere la diffolution des
parties avec le plus grand réfroidifle-
ment.
CongéUtion
-des li;|uidet.
XV. Lettre.
II n'en arrivera pas de même, fi au
lieu de glace, vous mêlez cet etprit-
de vin avec de l'eau., les effets feront ......
oppofés, amp; le mélange de ces liqui-
des,.loin de le refroidir s'échaufiera au
point que le degré de chaleur de ces
liqueurs mêlées enfemble furpafTera-
celui qu'eiles avoient féparément
avant leur union. Cela vient de ce que
ces deux liquides font remplis de ma-,
tière ignée, qui dans leur pénétration
mutuelle forme une agitation amp; une
fermentation qui mettent toutes leurs
parties en mouvement.
P
Oun terminer les différents états
par où eau pafle, fl noiis refîe,Mon- '
î-nbsp;, ' . 'nbsp;,, ^ me Vapeur.
iieur, a examiner comment elle fe
transforme en vapeur . ce qui la porte
à fe fubtilifer ; amp; les effets qu'elle pro-
duit lorfqu'elle efl dans cet état.
La vapeur efl une fumée occafion-
née par les particules de l'eau qui s'é-
lèvent par raûion du feu. Cette va-
i66 Lettres Physiques.
peur eft plus ou moins forte , ou
f»e V»pc«r épaifle felon l'air qu'elle trouve plus
ou moins capable de la condenfer.
Ce fluide , qui n'eft pas plus chaud
que l'eau d'oii i! fort quand il fe trou-
ve expofé à l'air libre, peut caufer
les ravages les plus affreux lorfqu'il eft
renfermé. Perfonne encore n'a pu dé-
terminer le degré de dilatation de l'eau
en vapeur, l'on nous apprend feule-
ment qu'il peut être affez violent pour
fondre les métaux.
La caufe des Erruptions des Vol-
cans qui font treffaillir les entrailles
de la terre, de ces feux fouterreins qui
portent avec eux l'épouvante, amp; la
défolation , eft peut-être moins l'effet
des fermentations, amp; des effervefcen-
ces des matières fulphureufes amp; fali-
nes , qui font dans la terre , que de
îa prodigieufe dilatation des matières
inflammables, amp; de celle de l'eau qui
fe trouve dans les lieux voifms.
L'Eau réduite en vapeur fe dilate
fi confidérablement, qu'elle contient,
lorfqu'elle eft dans cet état, un vo-
lume treize à quatorze mille fois plus
grand.
Papin inventa en 1695» une Pompe
-ocr page 179-XVI. Lettre. xGJ
à feu, qui agit par le moyen de l'eau ....................
bouillante qui fe condenfe amp; fe di- com-
late alternativement : les avantages
de cette Pompe font très-confidéra-
bles. Je ne m'arrêterai point à en faire
la defcription : pour en avoir un détail
exaa, il faut confulter Belidor, dans
fon Traité Ôl ArchiteUun Hydraulique. Je
remarquerai feulement qu'elle deman-
de beaucoup de précaution pour le
fervice, étant une forte dilatation de
vapeurs , amp; qu'elle pourroit expofer
à des dangers confidérables , fi on n'y
apportoit pas l'attention néceffaire.
La Marmitte qui porte le nom de ce
même Papin, eft encore une preuve
de la force de l'eau reduite en vapeur,
e'eft une boëte cilindrique de métal
de 8 lignes d'épaiffeur au moins,
dont le couvercle fe tourne à vis.
On emplit ce vafe d'eau, environ à
moitié, amp; l'on y met cuire les os les
plus durs , amp; les plus épais. Après
avoir fermé hermétiquement ce vaif-
feau, on le met fur un trepied au-def-
fus d'un réchaut plein de charbons
ardens.
Quand ce qui eft dedans eft cuit,
ce que l'on reconnoît fi une goûte
d'eau que l'on jette deffus s'évapore
i68 Lettres Physiques.
fl'....... * dans l'inftant ; on la retire de defful
Eau corn- jg g,-, jjj laiffant rcfroidir quelque
ffie.vapeur.nbsp;1 ouvtant OU trouve les os
amollis fans confiftance, amp; le bouil-
lon en gelée. Si à la place de ces os
on met des écorces d'arbres ou de vé^
gétaus , l'eau s'empare des fucs du
bois , qui refte l'ec amp; lans lavéur.
C'eft l'humidité du moule dans le-
quel un Fondeur coule la matière qui
lui fait manquer fon operation, en
Texpofant lui amp; les fpeöateurs à un
très-grand danger ; parce que la gran-
de chaleur de la fonte convertit cette
humidité en vapeur , qui venant à
occuper un plus grand eipace, oblige
la matière , en s'élevant, de faire
éclater le moule , amp; de fe répandre
avec impétuofité.
La goute d'eau que l'on laiffe dans
ces petits pétards de verre , que l'on
attache à une bougie , les fait crever
avec bruit amp; avec violence par la mê-
me cauié.
Nous finirons ce qui concerne la
nature de l'eau, amp; fes propriétés par
deux Expériences que rapporte M-,
Nollet'fur la Lilitaùon de VEau nduite
m Vapeur.
; La première peut fervir à donner
l'explication
-ocr page 181-l'explication du recul des Ames àfeu.
Quoique nous en ayons deja parlé „/vapeuT
dans la 6® Lettre, à l'ArticIgi^/ei Corps
à FUfjort , elle démontrera que la
vapeur efl: le premier mobile de ce
phénomene.
La fécondé prouve ce que nous
ayons avancé , qu'une feule goutte
d'eau réduite en vapeur, prend un
volume 14 mille fois plus grand que
celui qu'elle avoit avant fa dilatation.
Ayez un vafe de métal fait comme Expérience,
une poire , monté fur un bâti léger
à trois roues^i^i milieu duquel doit
être une petite lampe à efprit-de-vin.
Mettez un peu d'eau dans le vafe
dont vous boucherez l'orifice avec un
bouchon de liege retenu par une fi-
celle : pofez enfuite cet inftrument
fur une table bien polie. Quand l'a-
âion du feu aura réduit l'eau en va-
peur , cette vapeur en fortant fait fau-
ter le bouchon amp; reculer la machine.
La vapeur dilatée dans ce petit
vaiffeau devient une efpéce de ref-
fort qui veut fe faire jour ; fon effort
fe porte vers l'endroit le plus foible,
qui eft le bouchon qu'elle fait fauter ;
amp; comme cet effort violent s'exerce
intérieurement fur toute la machine, il
170 Lettres Physiques.
la fait reculer, parce que cette ma-
rne Vapeur.quot; cliinc mobile ne trouve rien qui puilfe
lui réûâm-
Cette Expérience nous fait voir que
ce font les vapeurs qui occafionnent
le recul d'un canon , ou d'un fulil ;
car l'effet de la poudre vient moins
de l'air qui s'y trouve renfermé , que
de la manière dont elle fe dilate. Le
feu qui prend à la poudre convertit le
fouffre amp; le falpêtre en vapeurs :
ces vapeurs fe dilatent , amp; donnent à
la poudre l'efîort prodigieux amp; terrible
qu'elle produit. ^
Expérience. Faites entrer une goutte d'eau dans
la boule d'un tube de thermomètre.
Que le volume de cette goûte foit au
volume de la boule , comme un à
quatorze mille ; elle fe réduira en va-
peurs fi vous la chauffez fur un ré-
chaud plein de charbons açdens , en
tourr\ant doucement la boule pour
lui donaer un dégré de feu égal. Trem-
pez promptement le bout du tube
dans un vafe d'eau, cette eau montera
précipitament amp; remplira-prefque la
boule.
L'Eau monte fubitement dans le
tube, par deux raifons ; parce qu'elle
va occuper la place de l'air, dont le
XVI. Lettre. 171
tube fe trouve purgé par la dilatation
de la goutte d'eau, amp; parce que l'air
extérieur qui preife fur la furface de
cette eau lorfqu'elle eft dans le verre
ne trouve aucune réfiftance intérieur.
Si le diamètre de la boule contient
quatorze miile goûtes d'eau, celle qui
eft réduite en vapeur eft donc comme
quot;n a quatorze mille fois fon volume.
C eft de cette maniéré , amp; en fuivant
ce procédé que l'on emplit les vafes
dont les tuyaux font capillaires com-
me le thermomètre, l'éolipile, amp;c.
_ J2uand nous n'aurions pas quantité
d exemples auffi fenfibles que ceux
des Expériences que nous venons de
mettre fous les yeux, pour fkire con-
noître 1 extrême dilatation de l'eau ré-
duite en vapeurs , la caffolette qui
nous a fervi à expliquer la divifibiiité
des corps, fuffit pour l'éolipile. C'eft
un vaiffeau de verre ou de métal, fait
en forme de poire, dont la qneue
recourbée eft un canal fort étroit.
Quand on y veut faire entrer une
«queur fpiritueufeou odorante, il faut
«ire fortir l'air ; pour cet effet on le
chauffe à la flamme d'une bougie, ou
uir des charbons. On en préfente en-
luite le bec à la liqueur,, amp; lorfqu'elle
Hij
-ocr page 184-ifx Lettres Physiques.
; eft entrée, on met le corps de cet éoli-
£au corn- pjjg mig lampe à efprit-de-vin, ou
fur les mêmes charbons qui l'ont déjà
chauffé. Dès l'inftant que la liqueur a
gagné le degré de chaleur néceffaire
pour fe réduire en vapeurs, elle fort
avec impétuofité. Préfentez une bou-
gie allumée devant cette vapeur,vous
lui verrez éteindre la bougie i amp; fi la li-
queur eft inflammable en mettant un
flambeau allumé devant le bec de cet
inflrument, que l'on aura foin de ren-
verfer, elle formera un jet de feu.
Cette vapeur qui fait le même effet
de l'air , puifqu'eile excite amp; allume
le feu : a fait penfer à plufieurs Phi-
lofophes que c'étoit l'air qui fortoit,
amp; non une fimple vapeur dilatée.
Mais une feule Expérience donne la
preuve du contraire.
Expérience. Au moment que la vapeur fort de
l'éolipile , plongez-en le bec dans un
vafe plein d'eau froide, vous n'en
verrez pas fortir une bulle d'air,
mais un fluide qui trouble l'eau du
verre, amp; qui lui occafionne un fré-
miflfement femblable à une liqueur qui
commence à bouillir; amp; à mefure
que la vapeur fe répand dans l'eau,
cette dernière s'échauffe par degrés
jufqu'au point de bouillir elle-même.
XVI. Lettre. 171
tube fe trouve purgé par la dilatation
de la goutte d'eau,amp; parce que l'air ex-
■ °nbsp;. rr r ^ r c inbsp;me Vapsan
teneur, qui prelfeiur la lurrace de cet-
te eau lorfqu'elle eft dans le verre, ne
trouve aucune réfiftance intérieure.
Si le diamètre de la boule contient
quatorze mille gouttes d'eau, celle qui
eft réduite en vapeur eft donc comme
un à quatorze mille fois fon volume.
C'eft de cette manière, amp; en fuivant
ce procédé que l'on emplit les vafes
dont les tuyaux font capillaires com-
me le thermomètre, l'éolipile , amp;c.
^ Qu^d nous n'aurions pas quantité
d'Exemples auffi fenfibles que ceux
des Expériences que nous venons de
mettre fous les- yeux, pour faire con-
noître l'extrême dilatation de l'eau '
réduite en vapeurs, la cafTolquot; .le qui
nous a fervi à expliquer la divlfibilité
des corps, fuffit pour le prouver. L'sft '
un vaiffeau de verre ou de màa!, fait
en forme -îe poire, oont !a leuc, . e-
courbée eft un canal for: croir.
Quand on y veut faire entrer une
liqueurfpiiitueufeouudorante., il 'aat
en faire fortir i'.»;, , ponr cet effet on le
chauffr à la ilanv.na ^'''uie bougie, ou
fur des rh;' horv. On en préfence ei;-
^uiteiebecàla iiqueur , amp; icrfqu'elle
îyi Lettres Physiques.
eft entrée, on met le corps de cet éolî-
»e Vapew!quot;'nbsp;à efprit-de-vin7ou
fur ies mêmes charbons qui l'ont déjà
chauffé. Dèsl'inftant que la liqueur a
gagné le degré de chaleur néceffaire
pour fe réduire en vapeurs , elle fort
avec impétuofité. Prefentez une bou-
gie allumée devant cette vapeur,vous
lui verrez étindre la bougie ; amp; fi la li-
queur eft inflammable , en mettant un
flambeau allumé devant le bec de cet
inftrument, que l'on aura foin deren-
verfer, elle formera un jet de feu.
Cette vapeur qui fait le même effet
de l'air , puifqu'elle excite amp; allume
le feu , a fait penfer à plufieurs Phi-
lofophes que c'étoit l'air qui fortoit,
amp; non une fimple vapeur dilatée.
Mais une feule Expérience donne la
preuve du contraire.
Expérience. Au moment que la vapeur fort de
l'éolipile, plongez-en le bec dans un
vafe plein d'ep froide , vous n'en
verrez pas fortir une bulle d'air, mais
«n fluide qui trouble l'eau du verre ,
amp; qui lui occafionne un frémiffement
femblableàune liqueur quicommence
à bouillir; amp; à mefure que la vapeur
fe répand dans l'eau , cette derniere
s'échauffe par degrés jufqu'au point de
bouillir elle-même.nbsp;XVÏÏ.
De r Hydroftatique.
C Omparer des Liqueurs entrt-tlles ^foit 55ÎÎISS!
tiomogenes, foit Hetérogenes.nbsp;Hydtoftati-
Démontrer les différentes denjités de
Corps , en cherchant à connoître leur
S''avité, ou péfanteur fpécifique.
Mettre en équilibre des Corps Solides
quot;^vec des Liquides.
Ce font trois points de vue, fous
lefquels on embralfe une Science nom-
mée Hydroflatique, qui concerne la
péfanteur des Liqueurs.
Sur ce fimple expofé , Monfieur ,
cette Science doit vous paroître une
des plus curieufe , amp; des plus impor-
tante à traiter dans la Phj^ique. Nous
venons de parcourir la nature, amp; les
propriétés de l'Eau ; mais notre con-
noiffance fur cet Elément, refteroit im-
parfaite , fi nous ignorions les moyens
de le faire fervir pour nos befoins amp;
pour nos agréments.
L''Mydrofiatiquc nous procure cet
avantage ; le fruit que nous en reti-
H iij
-ocr page 188-174LETTRES Physiques.
rons nous met à portée d'employer
utilement les machines hydraidiques ^
par le moyen defquelles nous em-
belliffons nos jardins, nous fertilifons
nos prairies, amp; nous tranfportons les
eaux dans des endroits fouvent in-
acceffibles.
Par cette Science nous apprenons -
à nous oppofer aux forces fupérieures
de l'élément liquide qui nous defole-
roit fi nous ne trouvions chez elle,
les fecours nécelfaires pour nous en
garentir.
C'eft-elîe-encore qui nous met en
état_ de confl:ater l'équilibre entre les
liquides , amp; de faire la comparaifon
de ces mêrr.es fiquides avec les foli-
des.
Equilibre des Liquides Homogenes..
Les Liquides Honiogenes , font com-
d uoui'lesnbsp;reffemblent par-
Homogènes.
faitement. Cette partie de l'hydrofta-
tiqueefi foumife à des principes, que
nous reconnoiflbns être au nombre de
trois. Sçavoir :
««Principe. j». Que les liqueurs de même nature
fpnt toujours en équilibre , dans quelques
vuijfeaux qu'elles fe trouycnc contenues.
Hydrofta-
ti^uc,
XVIL Lettre. 17^
2.°. Que la majfe dune liqueur quel-1
cans.
conque a fa pefanteur propre, amp;■ que fes ^^^ «ijes
parties péfenf auffi fêparéinent, indépen- Homogenes.
damment les lines des autres.
3°. Que laprefjion qu'exerce une li-
Principe.
A jj---- 1----------------nbsp;quot;quot;
queur , i execute en tous fens , amp; que ce 3° Principe.
foit latéralement ou perpendiculairement,
elle fe fait toujours -en raifon de la hau-
teur amp; de la largeur de la baie du vafe
dans lequel elle efi contenue.
L'Expérience du Syphon renverfé , Preuve du
amp; celle des vaiffeaux communicants,
lournifTent la preuve du premier prin-
cipe.
Pour faire la première Expérience, Expérience
on fe fert d'un Syphon à deux bran-
ches égalés que l'on renverfe. On fait
couler dans l'une des deux branches
telle hqueur que l'on juge à propos ;
a l mitant elle s'éleve également dans
chaque branche, ce qui prouve que
les parties femblables d'une même li-
queur font en équilibre entre-elles.
Pour la fécondé Expérience, il faut Expérienca
le lervir d'un grand vafe pofé fur un vafes
pied , au bas de ce vafe doit être un
^etit canal horizontal, portant au mi-
'pu un robinet pour donner commu-
nication à fon extrémité à des tuyaux
quot;^°ntans , de différentes formes que
176 Le t tres Physiques;
•■ , .,.,■' l'on ajoute tour à tour, comme un
Equilibrenbsp;' ... .nbsp;; ,
des Liguides pecpendiculaire , un autre oblique ;
Homogène, amp; d'autres de différens contours. Si-
tôt que le vafe eft plein d'eau, on
ouvre la communication ; l'eau pafle
alors dans le vailfeau ajouté à l'ex-
trémité du petit canal, amp; s'éleve à la
hauteur de celle du vafe. Cet eftet
eft le même dans tous les tubes, ou
vafes communicans amp; montans, quel-
que figure amp; quelque forme qu'on
leur donne.
C'eft fur ce principe que font éta-
blis les embellifleniens des jardins par
les eaux jaillifl!antes ; il eft vrai que
ces fortes de jets ne montent jamais
auffi haut que leur fource , parceque
l'eau qui jaillit eft en bute à la réft-
ft:ance de l'air, qu'elle: fe trouve obli-
gée de divifer ; qu'elle s'afFoiblit dans
fa chute, par fon propre poid, amp; que
les frottemens qu'elle effuie dans les
canaux par où elle pafle lui font ob-
ftacle : conféquemment elle doit per-
dre une partie de fa force.
Preuve de La première partie du deuxième
dUquot;prfnci! Principe, ne nous offie^ rien que de
r^-nbsp;très-ordinaire. Perfonne n'ignore qu'un
vaifléau quelconque plein de liqueur,
péfe plus que lorfqu'il eft vuide. La
XVII. L E T T R E. 177
liqueur eft donc une matière péfante '
dans fa mafle : le batteau qui s'enfon-
ce par la péfanteur de l'eau qui le rem- Hoœogcp«!,
plit. Les bois flottés qui vont au fond
lorfque Teau à pénétré leurs pores,
amp; quantité d'autres exemples auflî fa-
miliers, nous prouvent tous les jours ^
que les liquides ont leur péfanteur
propre , amp; qu'ils ajoutent aux poids
des corps qu'ils pénétrent, que ces
corps foient entièrement plongés ou
non.
Diffèren? Exemples nous donnent Preuvs de
la preuve de la fécondé Partie du^,^
deuxième Principe, amp; nous démon-pë.'
trent que les parties des liqueurs ont
leurs poids particuliers féparés les uns
des autres ; cela vient de ce que les
parties des fluides font toutes de pe-
tites maflquot;es particulières , fans liaifon
entre-elles, amp; roulantes les unes fur
les autres.
^ Voulez-vous arrêter l'écoulement
d'une liqueur, qui fe fait par un trou
percé deflbus le vaifl'eau qui la con-
tient , vous ne trouverez de réfiftance
que celle de la colonne perpendicu-
laire de ce liquide , qui répond à la
largeur du trou.
Cette Expérience fe fait avec un Expérience
-ocr page 192-178 Lettres Physiques.
grand vafe de verre cilindrique, percé
par deffoiis d'un trou d'un pouce de
diariiêtre pour y mettre une virole. Orr
ferme ce trou avec un bouchon graif-
fé , pour qu'il puiffe fortir aifément,
amp; dans la virole on ajoute un tube de
verre de la hauteur du vafe, amp; d'un
diamètre d'environ un pouce.
On verfe de l'eau dans ce tube juf-
qu'à ce que la péfanteur du liquide
faffe partir le bouchon. Au moment
qu'il part on remarqtie à quelle hau-
teur fe trouve l'eau. Après cette re-
marque qui fe fait dans le grand vafe,
on ôte le tube , amp; l'on verfe de l'eau
dans le vafe : ce même bouchon ne
part que lorfque feau efl montée au
niveau de la marque, qui a été faite
lorfque celle du tube l'a fait partir ;
ce qui prouve que ce n'efl que la
colonne d'eau perpendiculaire au trou
qui exerce amp; fait fentir fa péfanteur.
Il efl aifé de fe convaincre de ce fait,
en mettant le doigt à la place du bou-
chon , on ne fentira amp; on ne foutien-
dra que le poids de la colonne per-
pendiculaire au trou, parce qu'elle efl
indépendante de la maffe totale.
Preuve de la La première Partie du troifiéme Prin-
;ri.dnci;è!quot; cipe nous préfente les liqueurs péfan-.
Equilibre
des Lftjiiides
Homogènes.
XVII. Lettre. 179
, non-feulement de haut en bas à '
Ja manière des autres corps, mais en- ^^^ Liquides
core latéraîemem, amp; fuivant toutes Homogènes-,
fortes de direöions. C'eft alors qu'el-
les cherchent à vaincre l'obftacle
qu'elles rencontrent, qui fouvent les
force de s'élever de bas en haut pour
trouver l'équilibre où elles tendent
toujours.
Si nous admettons, que les liquides
font compofés de petites molécules
imperceptibles à la vue , d'une extrê-
me dureté, roulantes les unes fur les
autres, dont chacune à fon poids par-
ticulier ; nous ne ferons pas étonnés
de voir une colonne de ces petites
maflquot;es fpheriques, preffer d'autres co-
lonnes montantes : alors nous con-
cevrons aifément leur preffion laté-
rale.
Cherchons la preuve dans l'Expé- îxpétienw^
rience. Plongez fucceffivement dans
un vafe plein d'eau colorée , trois
tubes de 7 à 8 lignes de diamètre ou-
verts par les deux bouts, l'un perpen-
diculaire , un autre fait en forme de
Syphon oblique, amp; le troifiéme coudé
à angle droit , vous verrez l'eau s'é-
lever dans chaque tube à la hauteur où
fera
HvJ
tes
iSoLettres Physiques.
■quot;quot;~.TT~; Que l'eau s'éleve perpendicuiaire-
Equilibre jjjgnj comme dans le tube droit, que
des Lujuiciesnbsp;. . ,nbsp;, ^ ,
HûnwgcBes. que cc ioit obliquement comme le pre-
fente le fyphon oblique , ou latérale-
ment , comme le fait voir celui qui eft
coudé à angle droit ; elle entre tou-
jours également dans tous les fens ,
amp; fe tient en équilibre avec celle du
vafe. La colonne d'air qui fe trouve
dans ces tubes, fait place à la colonne
d'eau plus péfante qu'elle , qui porte
l'effort de fa preflion jufqu'à ce qu'elle
foit élevée à la hauteur oii elle peut
faire équilibre.
Un Puits que l'on conftruit, fert de
preuve à la preftion latérale , ou in-
férieure des fluides. L'Eau que l'on
trouve en creufant remonte fouvent
fi abondamment,que les Ouvriers cou-
rent rifque d'être fubniergés, s'ils
n'ont foin de prendre des précautions.
Preuve de la La feconde Partie du troifiéme Prin-
Partie du ^jpg ^ donne lieu à des Expérience
3 Ptincpe. ^^^^nbsp;^^^^ très-curieux. On
les voit toujours conftamment les mê-
mes dans des vaiflèaux de différentes
formes , amp; de différentes capacités ,
pourvu que la hauteur, amp; la bafe de
ces vaiffeaux foient les mêmes. Re-
courons aux Expériences pour nous
XVII. Lettre, igi_
affurer d'un fait qui intéreffe l'hydrau- ^
lique.nbsp;^ Équilibre
/-» r ■nbsp;r • •nbsp;Liquide«
On fait ces Experiences avec une Homogenei.
grande cuvette doublée de plomb,plus quot;Expérience
longue que large,aux deux bouts de la-
quelle font deux montans creufés en
couliffeen dedans, pour hauffer amp;baif-
fer à volonté une pièce que l'on pofe
deffus. Cette pièce foutient deux petits
piliers fur lefques font deux léviers,ou
pendent deux petits baffins de balan-
ce. Au fond de cette cuvette , eft un
trépied de fer, qui porte un cilindre
creux de cuive propre à recevoir plu-
fieurs vafes : dans ce cilindre eft logé
un pifton qui a peu de frottement ; on
ajufte tour à tour au cilindre de cui-
ve trois vaiffeaux de verre cilindri-
que, de hauteur amp; de fonds pareils,
mais de forme amp; de capacité différen-
te i l'un d'un diamètre médiocre, l'au-
tre qui a le fien du triple au moins de
grandeur plus confidérable, amp; le troi-
fiéme fait en forme de cofne renver-
fé , qui peut contenir le quadruple
des deux autres
On emplit d'eau le premier vaiffeau
que l'on met fur le cilindre , amp; l'on
charge de poids les baffins des leviers
pour enlever le pifton. Alors l'eau s'é-
iSzLettres Physiques.
deslr/uides coîile, amp; le même effet arrive aux au-
Hamoçfeues. ttes vaifTeaux de capacité plus grande,
amp; de forme différence fans changer
les poids, pourvû que l'on ait foin de
mettre toujours l'eau à la même hau-
teur dans tous les vafes. Ainfi que l'on
fe ferve du vafe qui contient le plus
de liqueur, ou de celui qui en reçoit
le moins, la colonne d'eau qui répond
au pifton péfe toujours également fur
le fond du vafe.
Ces Expériences prouvent donc le
principe établi, que les liqueurs pé-
fent fur le fond du vaifî'eau , non en
raifon de la quantité , mais en raifon
de la hauteur perpendiculaire, amp; de
la largeur du fond du vafe qui les con-
tient. Cette preuve fe tire des poids
que l'on n'eft pas obligé de changer ,
lorfque l'on fubftitue un vaiffeau plus
grand à un plus petit.
Expérience, Si l'on met fur le trépied de fer qui
fe'trouve au fond de la cuvette , une
efpéce de lanterne de cuive garnie de
glace , à laquelle oh adapte un des
trois vafes ci-deffus, on reconnoît
que la preffion latérale des liqueurs
eft égale à la preffion perpendicular»
re à même hauteur, amp; même bafe.
Le jeu de cette machine eft dans le
, XVII. Lettre. 183
pifton qui a fon mouvement horizon-
tal : amp; ce qui prouve qu'il ne faut pas ae/^Sd«
plus de force pour tirer une colonne Homogènes,
d'eau horizontale,-qu'une perpendicu-
laire , c'eft que l'on fe fert des mêmes
poids pour les effets que l'on attend
de ces Expériences.
Ce font ces épreuves qui ont don-
né la connoiffance des pompes , dé-
couverte très-ingénieufe tant pour le
fervice amp; les embelliflémens des cam-
pagnes , que pour l'utilité des villes amp;
de leurs habitans.
Les trois principes de cette partie de
l'hydroftatique, amp; les Expériences qui
en refultent fe réduifent à une feule loi
que la nature à impofée à l'élément li-
quide , fans qu'il lui foit jamais permis
de renfreindre;que l'eau ainfi que tous
les liquides, dans quelque pofition ,
amp; à quelque hauteur qu'elle fe trou-
ve, remonte toujours à fon niveau,
pour fe mettre en équilibre avec elle-
même ; ce qui a donné q^iffïlnce aux
opérations hydrauliques les plus belles
amp; les plus curieufes.
XVIII. LETTRE.
Equilibre des Liqueurs Hété-
^^^^nbsp;rogenes.
Equilibre Es LiqueUTS Hétêrogcms qui font
hWo^Z i®nbsp;deuxième Partie de
' l'Hydroftatique , font celles qui ont
des denfités différentes les unes des
autres, comme le/nerc«/-e, Y eau, ïefprit-
de-vin, amp;c.
De quelque manière que la pefan-
teur ait lieu, elle fait fentir fa force,
amp; fon effet fur les liquides Hétérogè-
nes , comme nous venons de le voir
fur les Hermogenes, amp; elle exerce
toujours fes droits dans tous les fens.
il«:PMcipe, Mêlei mfimbu dis liqueurs hétéroge-
nts , vous les verre^^ fe féparer par la
différence de leurs poids.
Verfei des liqueurs hétérogènes dans
des vaiffeaux communicants , en leur
donnant même bafe , vous trouvere:^ leur
hauteur en raifon inverfe de leur denfité.
Voilà les deux Principes fur lefquels
font fondés la péfanteur, amp; l'équilibre
des liqueurs hétérogenes ; confirmons-
les par des Expériences amp; par des
Exemples.
t' Principe.
XVII. Lettre. jgj
pifton qui a fon mouvement horizon-
tal : amp; ce qui prouve qu'il ne faut pas
plus de force pour tirer une colonne tU^t
d eauhonfontale, qu'une perpendicu-
laire , c'eft que Ion fe fert des mêmes
poids pour les effets que l'on attend
de ces Expériences.nbsp;^
Ce font ces épreuves qui ont donné
la connoiffance des pompes , décou-
verte très-ingénieufe , tant pour le
fervice amp; les embelliftemens des cam-
pagnes, que pour l'utilité des villes Se
de leurs habitans.
Les trois principes de cette partie
de j'hydroftatique, amp; les expériences
qui en réfiiltent, fe réduifent à une
feule loi que la nature a impofée à l'é-
lément liquide , fans qu'il lui foit ja-
mais permis de l'enfreindre ; que l'eau,
ainfi que tous les liquides , dans quel-
que pofition, amp; à quelque hauteur
qu'elle fe trouve , remonte toujours
à fon niveau, pour fe mettre en équi-
libre avec elle-même ; ce qui a donné
naifl^ance aux opérations hydrauliques
les plus belles amp; les plus curieufes.
Equilibre des Liqueurs Hété-
__rogenes.
Equilibre L £ S Liqucurs Hétérogems qui font îe
Hférïrquot;fu}et de cette deuxième Partie de
i'Hydroftatique , font celles qui ont
des denlités différentes les unes des
autres , comme le mercure , Veau
Xefprit-de-vin , amp;C.
De quelque maniéré que la pefan-
teur ait lieu, elle fait fentir fa force
amp; fon effet fur les liquides hétérogè-
nes , comme nous venons de le voir
fur les homogenes , amp; elle^ exerce
toujours fes droits dans tous les fens.
jquot; Principe, Me/e^ enfemble des liqueurs hétéro-'
genes , vous les verre^ fe féparer par la
différence de leurs poids.
Principe. Ferfei des liqueurs hétérogents dans
dts vaifficiux communicants, m leur don-
nant même bafe , vous trouverez leur
hauteur en raifon inverfe de leur denfité.
Voilà les deux principes fur lefquels
font fondés la pefanteur amp; l'équilibre
des liqueurs hétérogènes ; confirmons-
les par des Expériences amp; par des
Exemples.
Verfez dans un
des fluides difFerens
_____________ ,en cet ordre:,,,
Sçavoir, du mtrcurt., de ïhuile de tartre, Hécérogeno.
de y efprit-de-vin, de V huile de pétrole ,
amp; laiffez de Vair pouf la cinquième
)artie, ils conferveront l'ordre dans
equel vous les aurez placé tant que le
tube demeurera en repos ; mais fi l'on
vient à les agiter en renverfant le tube
de bas en haut à plufieurs reprifes, ils
fe mêleront amp; ne reprendront leurs
places, que lorfque le tube fera refté
quelque temps tranquile. Le mercure
amp; l'huile de tartre, comme les plus
péfants, fe fepareront les premiers :
l'efprit-de-vin, amp; l'huile . de petrole
fe placeront enfuite , amp; l'air comme
le plus léger , reprendra fon pofl;e au
haut du tube.
Ayez un vafe compofé de deux ixempieda
parties l'une fur l'autre , qui fe corn-
muniquent par un petit tuyau étroit,
placé entre deux. Mettez du vin rouge
dans le vafe inférieur jufqu'à l'étrangle-
ment, amp; rempliffez le refl:e avec de
l'eau ; vous verrez le vin s'élever
par colonnes pour prendre la place de
l'eau, tandis que ce dernier liquide ira
fe précipiter dans le vafe inférieur.
Le vin amp; l'eau fe tiennent aifément
féparés lorfque l'on verfe ce premier
T T R E. iSÇ
tube de verre
cet ordre
isdlettres Physiques.
- ^ ^^^ liquide très-doucement fur le dernier,
dcs^Uqi'cutsnbsp;qu'en vertu de fa légereté ,
Hétérogènes, il fe foutient amp; nage fur le plus pé-
fant ; c'eft auffi parce qu'il eft beau-
coup plus léger que l'eau , qu'il re-
monte par le petit tuyau pour occu-
per la partie fupérieure du vafe ; mais
comme ces deux liquides ont entre
eux plus d'analogie, que les cinq flui-
des de l'expérience précédente, pour
peu qu'on les verfe promptement l'un
fur l'autre , ou qu'on les agite légère-
ment , ils s'nniflquot;ent fi intimement qu'il
n'y a plus moyen de les féparer.
Quantité d'Ex'emples nous font con-
noître les différentes denfités des flui-
des 5 l'huile fumage feau, la crème
monte fur la furface du lait que l'on
met repofer, amp;c. Ces Exemples nous
donnent la preuve du premier Princi-
pe , que c'eft la différence plus ou
moins grande des deîifités des liqui-
des hétérogenes qui les fépare lorf-
qu'on les mêle enfemble.
Ixpérleacc. L'Expérience du Syphon renverfé
en nous faifant voir le rapport qu'il
peut y avoir entre deux liqueurs hété-
rogenes,que l'on veut mettre en équi-
libre dans un vafe communiquant,nous
donne la folution du fécond principe.
Appliquez un Syphon renverfé fur
une planche graduée, verfez dedans ■ ' ' quot;
du mercure , affez pour qu'il entre ,,,
dans les deux branches amp; qu'il s'y Hétéiogenet.
mette à niveau un demi degré plus
haut que la courbure : verfez enfuite
de l'eau colorée dans une des deux
branches, vous verrez le mercure s'é-
lever un degré plus haut lorfque l'eau
colorée fera à 14 degrés, parce que
l'élévation du mercure fait équilibre
à la quatorzième partie de celle de
l'eau , c'eft-à-dire , que le poids du
mercure eft à celui de l'eau , comme
un eft à quatorze.
La même Expérience fe peut faire
pour toutes les liqueurs hétérogènes,
dont on veut connoître les denfités
différentes, amp; les comparer enfemble
comme l'eau, par exemple,avec l'hui-
le ou le vin , ou l'efprit de nitre, amp;c.
Des Corps Solides plongés dans
les Liquides.
efi de principe que tout Solide pion- i
h.....
gé dans un liquide en déplace un volume
„/nbsp;.nbsp;rj'i,nbsp;■ Squot; dans les'
P^us ou moins confiderabLe, proportion- Licjuides,
à la denfité du liquide.
i88 Lettres Physiques.
De ce Principe émanent quatre Loix,
fe trouve fondée cette
liquides. troifiéme Partie de XHydroflatique.
La première nous apprend que tout
corps folide plonge dans un liquide, qui
a autant de péfanteur fpécifique que lui ,
nt tombe au fond, ni ne fumage , mais
qu'il refle dans Vendrait où il a été placé.
La fécondé aucontraire, qu'wn corps
folide fumage , s'il a moins de gravité
fpécifiquc ,amp;fiU volume qui rejîe plongé
déplace un volume du liquide aufji pé-
fant que lui folide, entier.
La troifiéme démontre que lorfqu'un
corps folide a plus de péfanteur fpécifi-
que que k liquide dans lequel il fe trou*
ve plongé, il tombe au fond.
Et la quatrième , que le poids qut
perd un folide dans fon immerfion , efl
égal au poids du volume de la liqueur
qu'il déplace.
l;[plication Le corps folide de la première Loi
de la .«Loi. ne fumage, ni ne tombe au fond,
parce qu'il eft également prefle de
tous côtés,par le liquide dans lequel il
fe trouve. Les poiffons nous donnent
la preuve de cette régie ;ils montent,
deîcendent, amp; fe tiennent immobiles
au milieu de l'élément dans lequel ils
vivent : ils ont dans le corps une dour
iquot; Loi.
loi.
Loi.
4' Loi.
ble veflîe remplie d'air qu'ils dilatent,
amp; refferent à propos, ce qui leur ^ttlsZ
donne la facilité d'augmenter amp; de Licjuides.
diminuer leur péfanteur fpécifique.
Attachez à un tube une velfie plei- Expédencei
ne d'eau colorée, plongez cette vef-
fie dans un vafe rempli d'eau claire ;
l'eau colorée montera dans le tube à
proportion que l'on enfoncera la vef-
iie , mais elle fe tiendra toujours au
niveau de celle du vafe.
Plus on enfonce la veffie plus l'eau
monte dans le tube. Pourquoi ? parce
qu'à mefure que fe fait l'enfonce-
ment , la preflion que l'eau du vafe
exerce fur cette veffie , devient plus
forte par les colonnes d'eau , qui en
augmentant de hauteur proportion-
nellement , preflient avec une plus
grande force ;amp; contraignent l'eau de
s'élever dans le tube : l'équilibre fubfi-
fte entre les deux eaux, parce qu'elles
ont même denfité.
Le corps folide de la fécondé Loi
fumage , parce qu'il efl: plus léger
que le volume du liquide qu'il dé-
place.
Le péfe-fiqueur, autrement nommé
Aréomètre, nous fournit la preuve de
Principe.
a
Explicatîo»
delà Loi,
■• ,., , ■■ Cet inftrument fe fait avec un petit
Sohdcsplou- ,.11nbsp;.nbsp;n , ,,
gés dans les de verre mince , renfle par le bas
en forme de boule dont le col efl gra-
dué ; deffous cette boule doit être
petit réfervoir oii l'on met une
quantité de mercure propre à le tenir
droit dans un vafe rempli de liqueur,
cil il s'enfonce plus ou moins, fuivant
la denfité de la liqueur. Il defcend par
exemple plus dans le vin que dans
l'eau, amp; plus dans l'eau-de-vie que
dans le vin.
Mettez de l'eau jufqu'au deux tiers
dans un vafe de verre cilindrique,
qui communique par en bas à un tube
montant par un tuyau de cuivre gar-
ni d'un robinet. Faites une marque au
tube à l'endroit où fera l'eau : plongez
enfuite une boule de bois vernie ex-
térieurement prefqu'auffi groffe que
le vafe efl large, la furface de l'eau
s'élévera au - deffus de la marque :
ôtez alors par le robinet l'eau excé-
dente le niveau de cette marque ; re-
tirez enfuite la boule, amp; après l'avoir
effuyée , péfez-la contre l'eau retirée
du vafe, vous les trouverez en équi-
libre,
Par l'Expérience de l'Aréométre,
nous voyons que plus la liqueur efl
Explication
de l'Atéonié- UH
tre.
Expérience.
denfe , plus le corps plongé eft fou- —
tenu , amp; par celle de la boule , qu'un
„nbsp;.1 g« dans les
corps qui iurnage , a toujours une Liquides,
partie plongée qui jjéfe autant que le
volume de la liqueur que cette par-
tie déplace.
Dans le nombre d'exemples qui .
viennent à l'appui de ces principes,
je ne m'arrêterai qu'à un feul : c'eft à
celui de l'eau falée plus denfe que l'eau
douce, ce qui fait qu'une barque prend
plus d'eau dans la riviere qu'en pleine
mer.
Pour qu'un corps fumage, il n'eft
pas néceffaire qu'il foit plus léger que
l'eau. Ce corps ne fe loutient qu'en
vertu d'un volume plus grand, qui
repond à une quantité d'eau plus pé-
fante , amp; non en vertu de la matière
dont il eft compofé,
Nous tirons la preuve de la troifié- ExpHcatîo,
me Loi, dans l'exemple des nageurs, de la 3e toi
Ils péfent plus que le volume qu'ils
déplacent, amp; ils iroient au fond, s'ils
n'avoient l'attention de déployer les
pieds amp; les bras pour fe donner des
mouvemens contraires à leur péfan-
teur.
Tout animal qui fe noye, va d'à-
l^ord au fond de l'eau , parce qu'il a
plus de gravité fpécifique, amp; il ne
__S reparoît au-deffus que lorfque les fels
Solides pion- ayoit dans le corps font diffous.
ges dansles^ ^ .nbsp;_____J'^roî-o kra,
tiquides.
Expérience.
Sufpendez une bille d'ivoire au bras
d'une balance, que vous ferez plon-
ger dans un vailTeau plein d'eau, qui
fe trouvera delfous : l'on conçoit aifé-
ment que la bille defcendra jufqu'au
fond, fi l'on ne met rien dans l'autre
balance pour lui faire équilibre : mais
fi à cette bille on oppofé un poids
égale à la péfanteur qu'elle conferve
dans l'eau , ce poids fera toujours
moindre que celui qu'on lui oppofe-
roit, fi on vouloit avoir fa péfanteur
dans l'air libre, parce qu'elle eft fou-
tenue par l'eau. La bille eft plus denfe,
amp; plus péfante que le volume d'eau
qu'elle déplace ; aulfi voit-on ce der-
nier céder à la quantité du poids que
le folide a fur lui ; mais cette bille eft
foutenue par l'eau, il n'eft donc pas
néceffaire de lui oppofer un poids égal
au fien, pour l'empêcher d'aller à fond,
mais feulement la quantité fuffifante
pour égaler l'excès de celui qu'elle
conferve fur le volume d'eau , qui la
foutient, parce qu'un corps folide ne
s'enfonce jamais dans un liquide par fa
péfanteur abfolue , mais par l'excedent
du poids qu'il a fur le liquide.
Ayez (bus un large récipient une
balance exade amp; mobile , dont on P'®quot;'
-nbsp;.nbsp;1 ninbsp;»,nbsp;g^s dans Ici
puifie tirer le tleau. Mettez - y en Fluides,
équilibre une petite balle de plomb , ——7:
avec une greffe boule creufe de bois
léger , ou de caiton. Après avoir fait
le vuide , la boule de carton rompra
l'équilibre , amp; emportera la balle de
plûmb. Pourquoi ? parce que dans l'air
libre la boule de carton fe trouvatit
plus foutenue par les colonnes de ce
fluide qui exercent leur adion fur
une plus grande furface , amp; n'oppofe
à la balle de plomb que fa péfanteur
relpeûive ; amp; dans le vuide elle re-
vient à fa péfanteur abfolue. Et l'on
fçait que les folides qui font en équi-
libre dans les fluides par leur péfan-
teur refpedive, reprennent leur pé-
fanteur abfolue, dès qu'ils ceffent d'y
être plongés.
C'eft en vertu de cette péfanteur
refpeâive, que l'on conduit aifément à
bord avec la plus légere impulfion un
corps folide d'un volume confidéra-
ble qui flotte fiir l'eau , amp; fa péfan-
teur obfolue empêche qu'on ne puiffe
l'enlever du liquide fur lequel il na-
ge ; parce que ce corps qui dans l'air
Ordinaire péferoit 200, je le fuppofe.
_ »94 Lettres Physiques.
_ ne péfera pas 4 livres dans l'eau qui le
gét dans les foutient.
Les vaiffeaux , les barques , les
Explication batteaux, amp;c. donnent la démonftra-
deia 4e Loi, tion de la quatrième Loi, qui établit
qu'un corps folide dans fon immeriion
perd dans fa partie plongée , un
poids égal à celui du volume du
liquide qu'il déplace. Exemple, qu'un
corps folide plongé dans un fluide
péfe une livre, amp; le volume du fluide
déplacé une demi-livre; c'efl: une
autre demi - livre qu'il faudra oppofer
pour empêcher ce corps d'aller au
fond. Mais plus le corps folide aura
de volume, moins il perdra de fon
poids dans l'immerfion parce qu'il eft
plus foutenu, envertu de fa plus gran-
de furface.
sxpétience. Mettez en équilibre aux bras d'une
balance, une bille d'ivoire avec une
balle de plomb, plongez ces deux
corps en remplilTant d'eau deux vafes
qui fe trouveront deflôus. Lors del'im.
merfion l'équilibre ceflfera, amp; la balle
de plomb emportera la bille d'ivoire.
Plus la liqueur eft denfe amp; maté-
rielle , plus le corps plongé eft foute-
nu ; c'eft encore ce que l'expérience
démontre.
XIX. Lettre. 195
Attachez aux bras d'une balancenbsp;'
deux billes d'ivoire égales en grof- slt;gt;iilt;iquot;pion.
r onbsp;'/• X ° 1 ° g^' ^ans le»
leur, amp; en peianteur, vous les trou- Fluides.
verez en équilibre. Rempliffez deux-tt—quot;
vafes qui feront deffous l'un d'eau,
l'autre d'efprit-de-vin,amp; faites-y plon-
ger ces biH^s : celle qui fera dans
l'efprit-de-vin rompra l'équilibre , amp;
emportera l'autre, parce qu'elle eft
moins foutenue, attendu que l'efprit-
de-vin eft moins denfe que l'eau.
Pour faire ces Expériences, on fe BalanceHy-
fert d'une balance , nommée Hydrofla- «itoft«'!quot;quot;'
tique, compofée de trois vaiffeaux de
verre montés fur une cuvette garnie
de plomb. Celui du milieu percé par
le bas, qui eft plus grand amp; plus éle-
vé pour fervir de réfervoir, eft cou-
vert d'un chapiteau, qui porte un
fléau,où pendent deux petits baffins
qui répondent aux vaiffeaux de côté.
Au moyen d'une conduite qui commu-
nique dans la cuvette par deffous fon
couvercle, amp; des ouvertures qui font
fous les vaiffeaux de côté, on peut
les emplir amp; les vuider enfemble , ou
féparément par quatre robinets qui
font entre ces vaiffeaux , dont deux
fervent à les remplir, amp; deux à les
vuider.
lii
-ocr page 212-19(3 LETTREt Physiques.
=■nbsp;La deftination de cette balance eft
gls'dals'bs ^aire connoître la péfanteiir des
g'ii'rf'-s- fluides, amp; des folides. Son ufage em-
Ufagedeia brafle trois Objets :
Balance Hy- Premièrement. Elle développe la sra-
droftatique. • lt; j j r i- 1nbsp;t „ , °
vue de deux Jolides compares enfemble.
Secondement. Elle démontre celle des
corps folides avec celle des liquides.
Troifiémement. Elle mefure amp; com-
pare deux fluides.
Expérience. Pour connoître la péfanteur fpéci-
fique de deux corps folides, il faut
attacher aux bras de la balance , deux
corps inégaux en volume , m.ais de
péfanteur égale ; enfuite fiire venir
l'eau dans les vafes de deflbus. Lors
de l'immerfion, le plus petit empor-
tera l'autre, amp; ce qu'il faudra ajouter
pour remettre l'équiUbre , fera la dif-
férence de la péfanteur fpécifique des
deux. C'eft ce que nous a prouvé
l'expérience de la bille d'ivoire péfée
contre la balle de blomb.
ïxpêiiencc. Attachez aux bras de labafanc«,
un morceau d'or, mettez-le en équi-
libre dans l'air avec des poids ; plon-
gez-le enfuite dans de l'eau de pUue
diftilée ; vous lui trouverez un qua-
torzième de perte 4u poids qu'il avoir
dans l'air. Faites là même opération
XIX. L É 'T T R E. 197
fur un morçeau de fer de même poids . ... ■
que l'or , ce dernier ne perdra qu'un
huitième : ainfi en jugeant que l'or eft Fiuide^'s.quot;
dix-neuf fois plus péfant que l'eau,
tandis que le fer ne l'eft que huit fois,
vous conclurez que la gravité fpéci-
fique de l'or eft à celle du fer , com-
me 19 eft à 8.
^ C'eft ainfi que l'on a découvert que
l'or péfe 19 fois plus que l'eau , amp;
l'on prétend qu'Archimédes fe fer-
vit de ce moyen pour découvrir
que la couronne d'Hieron n'étoit pas
d'un or pur.
C'eft par la même opération , amp; eri
comparant différentes liqueurs avec
de l'eau de pluie diftilée, que l'on
Vient à bout de connoître leur péfan-
teur fpécifique.
On fe fert encore de l'Aréomètre ,
pour avoir la péfanteur fpécifique des
hqueurs ; on commence par plonger
cet inftrument dans le liquide le plus
léger , enfuite dans le plus denfe;
le poids dont on eft obligé de charger
le haut de fa tige, pour le faire def-
cendre dans le,dernier au même degré
où il étoit dans le premier, eft la dif-
férence de la péfanteur fpécifique des
liquides.
liij
-ocr page 214-Tant d'illuftres Philofophes ont
piiSrei.^^ échoué dans la recherche de la caufe
de ce Phénoméne lî contraire aux
loix de l'Hydroftatique, qui nous fait
appercevoir les liqueurs au-deifus de
leur niveau dans es Tubes Capillai-
res , que je me croirois téméraire
de vouloir en approfondir le prin-
cipe.
Les Opinions de la plupart de ces
Sçavans me paroiffent fe réunir en
faveur d'un fluide, que Newton à ré-
connu pour être un milieu plus fubßil
que Vair; qui fuivant ce qu'il en dit dans
ion Traité A'Optique, Livre 3® Que-
llion 18, reße dans le vuide aprh Pa-
voir purge d'air.
En regardant cet air fubtil comme
l'agent primordial de la nature dans
fes opérations miftérieufes , ainfi que
l'inftrument le plus propre pour en
dévélopper quantité de phénomènes ,
on peut lui rapporter la caufe immé-
diate de ce que l'on voit arriver aux
liqueurs contenues dans les tuyaux
capillaires.
Ces tuyaux font faits de toute ma-
-ocr page 215-XIX. Lettre. 199
tière propre à recevoir des liqueurs,
mais plus ordinairement de verre : on
leur donne deux lignes amp; demie au
plus de diamètre. Les corps fpongieux
comme le fucre, fd , le linge, le
fable, amp;c. font regardés comme au-
tant de tubes capilliaires , dont ils
ont la propriété.
Cette propriété confifte dans l'af-
cenlion des Ûqueurs au-deffus de leur
niveau ; amp; plus la liqueur eft denfe,
amp; le diamètre du tube étroit, plus
l'élévation augmente ; de façon que
fi l'on enfonce plus ou moins les tu-
bes dans la liqueur , celle-ci s'éleve
toujours proportionnellement à fa
denfité , amp; au diamètre du tube.
Un phénomène contraire, amp; fort
fingulier, eft celui du mercure dans ces
fortes de tubes. Ce fluide métallique ,
loin de participer aux effets ordinai-
res des autres liquides, en produit un
tout différent : il fe tient plus bas
que fa fource. La caufe viendroit-elle
de ce que le milieu fubtil n'auroit pas
de prife fur un fluide auflî péfant}
Ce que l'on peut conjeûurer fur
l'effet des liqueurs dans les tubes capil-
laires, fuivant les différentes opinions
liv
Tubes Ca-
100 Lettres Physiques.
■ quot; ■ qui tendent au même but ; c'eft que fi
pillagequot; loueur monte au-deflùs de fon ni-
veau dans les corps fporgieux , ce
peut être en vertu de fair fubtil qui
la preffe amp; la force de fe gliffer dans
des matières poreufes , où l'air natu-
rel amp; greffier ne peut pénétrer.
Mais cette opinion quelque vrai-
femblable qu'elle puiffe paroître n'eft
encore que vague , amp; conjeaurale ,
amp; l'on ne doit point négliger la re-
cherche plus exade d'une caufe qui
peut nous procurer des connoiffances
très-importantes.
Au furplus, fi la caufe immédiate
de l'afcenfion des liqueurs dans ces
fortes de tubes eft ignorée, les effets
qui en réfultent font très-curieux.
i.'Air.
XX. LETTRE.
LAir amp; fes Propriétés.
Haque pas que nous faifons dans
la Phyfique, Monfieur , nous conduit
infenfiblement à des matières plus inté-
reffantes les unes que les autres. Cel-
les que nous venons de quitter nous
ont rempli d'admiration. Notre furpri-
XX. Lettre. lOi
fe fera bien plus grande fi en portant
une attention férieufe fur l'élément,
dont l'examen va pafler fous nos
yeux, nous abandonnons notre efprit
à fes réfléxions.
Nul être vivant ne quitte le fein de
fa mère , qu'il ne fe trouve envelop-
pé dans un fluide fi néceflîiire à fon
exiftence, que l'infiant où il en eft
privé l'annéantit pour jamais. Ce flui-
de eft l'air dont l'aâion par fa viciffi-
tude perpétuelle fait paflêr les corps
dans différents états , fouvent très-
oppofés. C'eft un être dont les effets
qui influent généralement fur toutes
les produûions de la nature, méritent
d'être confidérés avec l'exaftitucle la
plus fcrupuleufe.
Son ufage le plus nécefl'aire eft ce-
lui de la refpiration ; c'eft-elle qui
donne la vie : la poitrine s'éleve amp;
s'abalfTe envkon 50 fois dans uîfie
minute.
Se dila-t-elle ? cette adion opère ce
que l'on appelle Refpiration ^ qui attire
l'air extérieur.
Au contaire elle fe rétrécit quand
elle forme l'Expiration, qui eft le mo
nient où elle cbaflTe celui qu'elle ne?
peut contenir.
îv
L'Ait.
î^*****^ Ainfi la poitrine infpire, amp; expirt
continuellement pour renouveller 4ns
celle l'air intérieur, qui doit faire équi-
libre avec l'air extérieur.
,nbsp;Mettez un Oifeau dans le vuide ,
rte 1 Oifeaunbsp;,nbsp;,nbsp;i /-
dans le vui- VOUS le verrez tomber en convulfion,
amp; périr après avoir efliiié quelques
coups de pifton.
Le défaut de refpiration dans un
air trop raréfié, empêche le cœur de
faire fes mouvemens alternatifs de fi-
ftole, amp; de diaftole ; conféquemment
la circulation du fang eft coupée : ainfi
l'air que l'animal mis fous le récipient
a dans le corps ne fe trouvant plus en
équilibre avec l'air extérieur, fe di-
late fi prodigieufement, qu'il lui caufe
des convulfions violentes , au mi-
lieu defquelles il meurt.
Expfrience Lg même effet arrive à peu près fur
du Poiflon -n ■/T'nbsp;nnbsp;inbsp;r
dans le vui- quot;quot; roiHon que 1 OU met dans un vale
de,nbsp;plein d'eau fous le récipient ; il réfifte
cependant plus long - temps que les
autres animaux , parceque cet aqua-
tique rend par toutes les parties de
fon corps des bulles d'air, que la dou-
ble veffie qu'il a lui fournit tant que
le vuide a lieu.
L'Air contenu dans cette vefïïe fe
dilate fi fort, que l'animal devient
plus gros amp; plus léger ; amp; cette dila-ï
tation le force de refter fur la furface
de l'eau , en vertu du plus grand vo-
lume qu'il a acquis ; mais à Uinftant
que l'air ordinaire rentre dans le ré-
cipient , comme le Poiflbn a fait un
trop grand ufage de celui qu'il avoit
dans fa veflie , le peu qui lui refte n'é-
tant plus capable de faire équilibre
zi^ec l'air extérieur, il fe trouve plus
jetit, par confequent plus péfant que
e volume qu'il déplacé, amp; fuivant
les principes amp; les loix de l'Hydro-
ftatique, il va au fond fans pouvoir
gagner la furface : enfin , il meurt
comme les autres animaux, mais plus
tard , parce que l'air lui eft moins
néceffaire.
Les Animaux, fans en excepter au-
cun , fubifent le même fort lorfqu'ils
ont éprouvé la raréfiraûion de l'air ,
par le moyen du vuide. Ils périffent
tous plutôt ou plûtard ; nul n'en peut
revenir ; Sz; ce feroit, je crois, le plus
cruel des fupplices , que d'être privé
de la vie de cette manière.
Puifque cet Elément nous eft fi pré-
tieux, il feroit fage amp; prudent de le re-
nouveller,amp; l'on ne doit point négliger
cette précaution, furtout à l'égard des
L'Air.
5 malades, pour la guérifon defquels le
rénouvellement d'air contribue au
moins autant que les remèdes.
Cq,fluide eft compofé de quantité de
parties qui font d'une fîneffe fi extrê-
me , que les yeux les plus perçants ne
peuvent l'appercevoir, quand même
ils feroient fecourus par les meilleurs,
inftrumens d'optique.
L'Air fe préfente à nous fous dif-
férentes qualités , qui entraînent fes
propriétés.
C'eft un ßulde folldi , exerçant fa
prejjion en tous fens fur tous les corps
indifféremment, grave , éluf ique, tran~
quille amp; agité.
Nous ne rappellerons point fa foli-
dité , elle a été prouvée dans la pre-
mière Lettre, par fExpérience du Go-
belet que l'on fait defcendre l'orifîee
en bas , fur une furface d'eau , amp; par
celle de la Fontaine intermittente.
Preffion de VAir.
îl n'y a guère plus d'un fiécle que
l'on eft revenu fur l'idée que l'on s'é-
toit formée de la légéreté abfolue que
l'on accorde à l'air : on admiroit fes
effets fans en trouver la caufe. Ce fut
Galilée qui penfa ce que fon difciple
i^'Vii.
Preffion de
l'Air.
XX. Lettre. 205
Toncelli , rendit public en iCi^^ ■ lt;»—
ce dernier eut l'avantage de démon-
trer par la première Expérience fur '
/a Preffion de ce Fluide, qu'une colonne
d'air ie met en équilibre avec une co-
lonne d'un autre fluide, quelconque
iorlqu ils ont même baze.
Pour y parvenir Toricelli prit un
tuDe de trois pieds da long , fermé Toricdii.
par un bout qu'il remplit de mercure.
J^l le renverfa enfuite en plongeant le
bout ouvert dans un verre qui conte-
noit d'autre mercure : le tube fe vuida
jufqu'à ce que le mercure refta à 27
pouces 1 de haut, ce qui le mit en
eqmhbre avec le poids de l'air.
A cette Expérience du Philofopbe
^ Ita.ien , tous les yeux s'ouvrirent.
Ceux qui étoientle plus attachés aux
anciens fyftêmes , revenants comme
a m autre monde,fe débarraflerent des
préjugés qu'ils avoient reçus de leurs
prédécefîeurs , fur la Preffion de l'Air,
pour entrer en foule dans la nou-
velle route que leur traçoit le difciple
de Galilée.
Par l'examen du Tube de Toricelli,
on apperçut des variations dansrair,amp;
Ion jug a que la colonne de mercure
Contenue dans le tube que l'onlvoioit
io6Lettres Physiques.
1—— hauffer 8e baiffer, étoit une indicatioti
Preffionde du poids de l'atmofphère. Ceft de là
que le Baromètre a prit naiffance j ce
Naiflance terme qui vient du grec,veut dire me-
duBaromc. ^^^^ poids de VAif, amp; Cet inftru-
ment eft très-utile pour annoncer les
changemens du temps,
sonuftge. Dans nos climats le poids de lat-
mofphère tient la colonne de mercure
à 17 pouces i pour fa hauteur moyen-
ne. Plus l'air qui regne dans cette
atmofphère fe trouve chargé de par-
ties hétérogènes, plus il eft denfe, par
conféquentplusil preffe la colonne de
mercure , amp; la fait élever : cette élé-
vation ne va pas plus loin qu'un pou-
ce ^ , amp; c'eft beaucoup ; fa plus gran-
de ^élévation , n'eft donc que d'envi-
ron 19 pouces , amp; c'eft en s'élévant
qu'il dénote amp; annonce le temps fee
amp; beau i fl aucontraire l'air fe trouve
dégagé de ces mêmes parties hétéro-
gènes , il devient plus rare Sz: plus lé-
ger , amp; preffe avec un moindre avan-
tage fur la colonne de mercure. Alors
ce dernier fe baiffe d'un pouce \ au-
deffous de fa hauteur moyenne, amp; c'eft
cet abaifferaent qui indique la pluie
amp; le mauvais temps.
Pafcal, plus que tous les autres, fai-
-ocr page 223-fit fi avidement l'expérience de Tori- '
celli, amp; la répetta avec tant de fiiccès
qu'il reconnut que cette élévation du
mercure à 2.7 pouces ^ au-deffus de
fon niveau, venoit de la preffion feule
de l'air fur la furface du mercure con-
tenu dans le réfervoir, amp; que celui
qui étoit expofé à deux preffions éga-
les retomboit amp; refioit à fon niveau.
Ce fut le réfultat qu'il eut de la belle
expérience qu'il imagina à ce fujet..
Ayez un Tube de verre de 60 pou- sxpiriener,
ces de haut au moins, recourbé dans
le milieu amp; renflé dans fa courbure ,
de façon qu'il paroiflquot;e former deux tu-
bes de 30 pouces chacun de hauteur,
l'un inférieur , l'autre fupérieur , à
compter pour le tube inférieur , de-
puis l'ouverture jufqu'à la naiflance de
la courbure, amp; pour le tube fupé-
rieur , depuis la fin de la courbure juf-
qu'à 30 pouces en haut. Il faut qu'il
y ait un petit canal couvert d'une vef-
fie trempée dans de l'eau, au haut de
la naiffance de la courbure du tube
inférieur.
Empliffez ce tube de mercure, ren-
verfez-le enfuite en plongeant fon ou-
verture dans un réfervoir plein d'autre
quot;mercure.
_ 2o8 Lettres Physiques.
• ■nbsp;Vous verrez le fluide métallique
l'Ak.quot;'^quot;'quot;'^''mettre à i-j pouces f de hauteur
dans le tube inférieur, amp; celui qui
étoit dans'le tube fupérieur defcendre
amp; fe mettre à niveau dans le renfle-
ment de la courbe , fi le tube efl; bien
purgé d'air.
Si vous piquez alors la vefiîe avec
l'aiguile la plus fine , l'air entrera dans
ces tubes par le trou imperceptible,
amp; contraindra par fa prefîion le tube
inférieur de fe vuider dans le réfer-
voir, tandis que la même preifion for-
cera le mercure reflé dans le renfle-
ment de la courbure,de monter jufques
à 27 pouces ~ dans le tube fupérieur.{ll
faut obferver de mettre le doigt fur
le trou de l'aiguile en la retirant , amp;
de ne laiflquot;er entrer l'air que peu à
peu , autrement on courreroit rifque
de tout caffer.
Voilà cette fameufe Expérience de
Pafcal, qui prouve que le fluide ex-
pofé à deux prefTions égales de l'air ,
retombe à fon niveau ; amp; que* lorf-
qu'il n'en éprouve qu'une , il s'éleve
à une hauteur déterminée qui le met
en équilibre avec le poids de l'atmof-
phère. Or cette hauteur dans nos cli-
mats eû de zy pouces ^ pout le mer-
XX. Lettre. 209
cure , amp; 3z pieds pour Teau. L'Expé- ,......
rience fuivante va prouver que les li- , Pf'^ffion«'«
quides de la nature de l'eau montent
juiqii'à cette élévation.
Sucez 1 air dans un tube ouvert par E^pértencc.
les deux bouts , dont un fera plongé
dans un vafe rempli d'eau colorée ;
l'eau prendra la place de l'air, amp; rem-
plira le tube li fa longueur n'excede
pas 31 pieds; la fuccion peut avoir
lieu en tirant de bas en haut un bou-
chon de liège, qui en remplilTant le
diamètre intérieur du tube , fait l'of-
fice d'un piiîon de pompe.
Nous voilà alfurés par ces Expé^-
riences , que la preffion de l'air exté-
rieur eft le mobile de l'afcenfion des
liqueurs : fuivons cette preffion dans
d'autres Expériences.
Couvrez avec la main un récipient Expérience;
ouvert par le haut, dont les bords
feront arrondis. Après le vuide, votre
main fe trouvera attachée, quel qu'ef-
fort que vous faffiez pour la retirer.
Tendez une veffie mouillée fur cet- Expérience;
te ouverture. Raréfiez l'air lorfquelle
fera feche , elle prendra la forme d'u-
ne calcte renverfée, amp; crevera avec
bruit, (a)
i' ) Il fout partager en deux la Veffie dans fou
-ocr page 226-p^^ 7 A la place de la veffie mettez un
eiuonde yg^g p^jnbsp;^nbsp;^^
-puiffe point paffer d'air entre ce verre
I^pcrience. amp; ig tranchant du recipient. Pom-
pez l'air , le verre fe brifera en mille
éclats. (6)
l*pétîcnce. ^ Placez une moitié de pomme fur
l'ouverture d'un autre récipient, dont
les bords feront tranchants. Au pre-
mier ou fécond coup de pifton la pom-
me fe coupera net.
La caufe de ces quatre effets eft la
même que celle des Expériences pré-
cédentes , c'eft la preffion de l'air ex-
térieur qui porte toute fa force fur
les corps qui couvrent les récipients.
Cet air ne trouvant plus de commu-
nication avec celui que le récipient
contient, exerce fur ces corps une
preffion proportionnelle à la raréfa-
ôion de l'air intérieur, de façon qu'il
attache la main , brlfe le verre ,
coupe la pomme, amp; fait éclater la
veffie.
Ces Expériences nous font con-
noître la preffion perpendiculaire de
épaiflcur , comme on fépare une carte i fant quoi elle
xeClleroit trop , amp; pourroit ne pas crever.
(i ) Cette Expérience »ft dangéraufeà faire par lei
éclats du verre qui fe jettent de »us côtés qui peu-
Tent eatret dans lelt; yeux.
l'air, fur les folides amp; fur les fluides » —*
prouvons par d'autres qu'à l'exemple î a!quot;quot;'quot;quot;'''
de tous les fluides, il a fur ces corps
la même aftion de bas en haut j laté-
rale ,amp; en tous fens.
Rempliflfez d' eau un gobelet plus Expétïencs
long que large , couvrez-en l'ouver-
ture avec un morçeau de papier ; ren-
verfez ce gobelet fans deflus deflbus
en mettant la main fur le papier : ôtez
la main fitôt qu'il fera dans une pofi-
tion perpendiculaire, l'eau reftera fuf-
pendue , amp; le papier attaché au go-
belet.
Cet effet eiî occafionné par la co-
lonne d'air, qui venant du plancher
preffe fur l'ouverture du vafe de bas
en haut, amp; ne trouve aucune réfi-
ftance de la part de la colonne fupé-
rieur.
Prénez un Syphon, dont une jambe E*péti«ncti
fera plus courte que l'autre, plongez
la plus courte dans un vafe plein d'un
liquide ; en fuçant l'air par la jambe
la plus longue pour le faire fortir : la
liqueur prendra fa place, amp; fe vuide-
ra entièrement du vafe où elle fera
contenue.
Pour que la liqueur puiffe couler
continuellement jufqu'à ce qu'elle foit
iiiLettres Physiques.
entièrement retirée du vale , il faut
que le Syphon ait une jambe phis
longue que l'autre ; autrement fi elles
étoient.égales, la liqueur que l'on au-
roit fait entrer dans le Syphon, par le
moyen de la fuccion , retomberoit
également par les deux branches, par-
ce que les colonnes d'air péfantes amp;
réfiflantes fe feroient équilibre : mais
lorfque l'excédent de la plus longue
branche fe trouve rempli, cette pe-
tite colonne de liqueur joignant fon
poids à celui de la preffion fupérieure,
occafionne un effort plus confidéra-
ble , qui oblige la liqueur de monter
par la plus courte branche, amp; de te-
nir le Syphon toujours plein tant que
cette branche plus courte fe trouve
plongée dans le vafe qui fe vuide par
ce moyen de tout ce qu'il contient.
Cet inflrument efl très-commode
pour tirer les liqueurs au clair.
lipétietice. Mettez fur la Machine Pneumati-
que un petit moulinet couvert d'un '
récipient , percé par un côté d'un
trou garni d'un bout de tuyau , que
vous boucherez lorfque ferez le
vuide.
En débouchant ce trou après le vui-
de«, vous entendrez un foufHe affez
Preiîioli de
l'Air.
fort, amp; vous verrez le moulinet tour-
\ ,nbsp;Preffion de
ner tres-vite.nbsp;i-^ir.
Ces deux effets font occafionnés
par la rapidité aveclaquellerair paffe
par le trou du tuyau , pour rentrer
dans le récipient.
L'expérience de Magdébourg eff
une preuve bien évidente de la pref- bourg,
fion de l'air en tous fens ; ce font deux
calotes hémifpheriques de cuivre de
6 pouces de diamètre , dont l'une ell
garnie d'un robinet à vis, pour l'ar-
rêter fur le trou de la machine pneu-
matique , amp; l'autre d'un anneau pour
les fufpendre. On joint enfemble ces
deux calotes avec un cuir mouillé en-
tre les deux joints pour qu'elles s'u-
niffent plus intimement,fans qu'il puif-
fe paffer une bulle d'air au travers.
Faites le vuide dans ce globe, atta-
chez-le enfuite au plancher j un poids
confidérable que vous mettrez au cro-
chet de la calote inférieure ne pourra
jamais la défunir, parce que le poids
de l'atmofphere comprime le globe
dans toute fa circonférence ; fi l'on
ouviw le robinet pour y laiffer entrer
l'air extérieur, alors ce globe fe fépa-
re aifément, attendu que Fair qui ren-
tre intérieurement fait autant d'effort
pour la défunion que l'air extérieur
^^^reffiondepour l'union de ces deux calotes :
ce qui rend l'équilibre.
ïxpériencenbsp;^^^^ s'opére dans le vuide
par la même caufe, fi l'air du récipient
eft bien raréfié, on leve fans peine
une des deux calotes avec un crochet,
dont le récipient doit être garni par le
haut. Si après avoir laiffé retomber
cette calote fur l'autre ; on laiffe
rentrer l'air dans le récipient, elles
s'attachent toutes deux' auffi forte-
ment qu'elles l'étoient avant l'expé-
rience.
11 eft bon d'obferver que fi les ré-
cipiens fubiffent l'épreuve du vuide
fans fe cafl'er , c'eft qu'ils font com-
pofés de parties qui fe foutiennent
mutuellement en fe portant vers le
centre commun, ce qui lesmet en état
de foutenir l'effort de la preffion de
1 air extérieur.
Ces Expériences nous prouvent
donc que l'air eft un fluide qui, à
l'exemple des autres , exerce fa pref-
fion de tous côtés, perpendiculaire-
ment , horifontalement, obliquement
amp; en tous fens.
Nous portons fur nous-mêmes à
chaque inftant de notre vie, la preu-
XX. Lettre. 215
ve de la preffion de cet être en tous
fens.
Par les calculs certains, (en admet-
tant qu'une colone d'eau d'un pouce
amp; ^ de diamètre , amp; de 32 pieds de
hauteur ,égaleunvolume d'air de mê-
me bafe ) on a trouvé que l'air qui
couvre la furface d'un homme péfe au
moins20milliers.il femble que ce
poids énorme devroit écraferles créa-
tures qui y font foumifes : elles le fe-
roient elFeclivement, li la fageffe de
l'Auteur de la Nature n'y avoit prévu
en les foutenant intérieurement par
le même fluide qui les prefle au-de-
hors.
Les animaux dont îa demeure eft
affignée fur la furface du globe ter-
reftre , ainfi que ceux qui, d'im vol
rapide, s'élevent amp; parcourent l'im-
menfité de l'atmofphere, refpirentun
fluide dont le poids extérieur les ac-
cableroit, fi le reflbrt de ce même
fluide ne lui étoit pas égal dans l'inté-
rieur ; car au moment de la refpira-
tion s'ii n'y avoir point équilibre en-
tre l'air intérieur, amp; l'air extérieur,
le mouvement de la poitrine ne feroit
pas libre , amp; cette partie fe trouve-
rait comprimée amp; oppreffée par ce-
l'relUoil dt
l'Aiu
ii6 Lettres Physiques.
?quot;quot;quot;quot; lui qui prefferoit davantage , comme
l'A^rquot;^quot;quot; arrive dans les fluxions de poitrine
amp; aux perfonnes qui font attaquées
du poulmon.
Les aquatiques éprouvent le même
effet. L'air qu'ilsrefpirent efl par fon
reffort en équilibre avec la portion
d'eau qui paffe continuellement avec
lui dans leurs corps.
L'Ait grave. l -A- folidité quc nous connoiffons à
l'air, la preffion qu'il exerce fur tous
les corps en tous fens , amp; que nous
éprouvons à chaque moment , nous
conduifent néceffairement à lui ac-
corder une péfanteur 8e une gravité
déterminées. Nous en ferons plus cer-
tains par l'Expérience du Ballon de
verre , qui le prouve fans que l'on
puiffe en douter.
Expérience Aycz un Ballou de verre garni d'une
îi p™!,°ve û virole par le bas, pour le mettre fur le
gravité de trou de la Machine Pneumatique , amp;
d'un robinet, afin d'avoir la facilité
Au
de le purger d'air.
-ocr page 233-XXI. Lettre. 117
Au moyen d un crochet qui tiendra
à fa partie fupérieure;vous l'attacherez
à une balance très-mobile amp; très-exa-
£le, oil vous le mettrez en équilibre
avec les poids néceffaires.
Lorfqu'il aura été péfé , raréfiez
l'air qu'il contient autant qu'il fera
poffible, attachez-le une fécondé fois
à la balance pour le péfer de nouveau.
Vous ferez alors obligé d'ôter partie
des poids pour le remettre en équili-
bre ; amp; fi vous ouvrez le robinet pour
laiffer rentrer l'air extérieur, il rede-
viendra plus péfant amp; ne reprendra
l'équilibre que fa péfanteur lui fait
perdre, qu'en rechargeant le baffin de
la balance avec les mêmes poids que
vous aurez ôté.
Quand nous n'aurions pas une preu-
ve auffi évidente fur la péfanteur de
l'air, que celle que nous fournit cette
feule Expérience, nous n'en pourrions
douter puifque nous le fçavons com-
pofé de pardcules matérielles , qui
quoiqu'infiniment petites , font des
Corps folides. Or on fçait que tout fo-
lide efl: matière, amp; qu'il a fa gravité
péfanteur à laque le il cède , amp; fa
^®ndance vers le ceniye.
L'Aie Gru
2i8Lettr£s Physiques,
L'Air Elaflique.
, . ■ Tout péfant qu'eft l'Air, il eft d'une
i/Air Ek- ^laftiçité extrême Lorlqu'il eft com-
^nbsp;primé , amp; qu'il trouve jour à s'échap-
per , il détend fon reflbrt avec une,
promptitude amp; une vivacité fi gran-
de , qu'il y auroit du danger de le coni
traindre dans certaines ôccafions. Ser-
vons-nous de plufieurs Expériences
qui nous découvriront les différents
dégrés de fon élafticité, amp; fon extrê-
me dilatation,
Sipéricnce Prçnez une phiole pleine d'eau où
i^Aii^ vous lailTerez une bulle d'air, Plon-
gez l'orifice de cette phiole dans un
vafe. Placez le tout fous le récipient,
La bulle occupera la partie fupérieu-
re ; faites le vuide, cette bulle fe dila-
tera amp; s'étendra de façon qu'elle chaf-
fera dans le vafe l'eau de la phiole :
faites rentrer l'air , l'eau remontera
dans la phiole, amp; la bulle reprendra
fa place.
ïxpéricnce Couvrçz d'un récipient une pomme
ic la Pom- ridée , faites le vuide , la pomme fe
gonflera amp; paroîtra auflî fraîche qu'el-î
le pourroit être fur l'arbre. Si vous
rendez l'air, vous la trouverez plus^
ridée qu'elle n'etoit avant de lui avoir..............
fait éprouver le vuide.nbsp;t-'Ak Ek-
Une ve/Tie flafque chargée d'un --
poids de 15 à 10 liv. fe gonfle amp; fou- J^fvTc^^^
levé ce poids quand on la met dans
le vuide.
Ces phénomènes viennent de ce
que l'ajr qui refte dans ces corps fe
dilate proportionnellement à la raré-
fadion de l'air contenu dans le réci-
pient. Ils prouvent aufîi que cette di-
latation a lieu lorfque l'équilibre cefTe
d'exifter entre l'air intérieur, amp; l'air
extérieur.
Cherchons encore l'élafticité de ce
fluide dans une compreffion plus
forte que celle du poids de l'atmof-
phère , amp; fervons nous pour cet effet
des Expériences du Fufil à vent, amp;
des Fontaines de Compreffion, amp;
d Hteron.
Le Fufil à vent eft une de ces machi- Expérîence
nés plus curieufes qu'utiles. II eft dé- ''''''' ^
fendu par le danger qu'il y a de s'ennbsp;'
lervir : il a la forme d'un fufd ordinai-
re. Avec une pompe foulante , on
^omprime l'air renfermé dans la crof-
le qui devient aflèz fort pour chaflér
Une balle qui peut tuer fans bruit à
70 pas.
m
-ocr page 236-iiolp.ttres Physiques.
—La Fontaine de Comprefjion eft faite
L'Air EU- cuivre ou de fer-blanc.C'eft un vaif-
ftique.
- feau plus large par le haut que par le
Expcrien« ^ jquot; p^j-j dounc la formc d'une
delafontai- rinbsp;igt;nbsp;i- nnbsp;■ r
ne de Corn-conlole que Ion empht deau jul-
f rcflioa. qu'aux deux tiers de fa capacité ; on
applique à vis à ce vaifeau un canal
garni d'un robinet dans le haut, qui
defcend jufqu'au fond à une ligne près.
Avec une pompe foulantejgarnie d'une
veiTie au bout on comprime l'air à
force , enfuite on met un ajutage :
fitôt que l'on ouvre le robinet, l'eau
preffée par le reffort de l'air s'éleve en
jet à la hauteur de 15 à 30 pieds dans
le commencement.
L'Air comprimé avec une force au«
ffi confidérable a une élafticité bien
plus grande que le poids de celui qui
régne dans l'atmofphère, qui preffe
fur l'orifice du canal : cette force s'é-
tend fur la furface de l'eau. Se la chaf-
fc par le canal ouvert.
Cet effet vient de ce que l'air in-
térieur étant extrêmement condenfé,
déploie toute fa force fur la furface
de l'eau ; amp; à mefure que le reffort de
ce mémd air fe trouve détendu par
l'évacuation de l'eau , le jet baiffe de
fa hauteur.
XXI, Lettre. ru
La meme raifon fert pour donner
l'explication de l'effet du fufd à vent, '
La Fontaine d'Hienh, eft compofée --
de deux boules de métal ou de verre, de ulSÏ
exaûement fermées à l'air extérieur ne d'Hieim.
par des plateaux de métal, garnis de
leurs viroles pareilles,qu'elles ont cha-
cune à leurs furfaces fupérieures amp; inté-
rieures où elles font biens maftiquées.
Le premier plateau de la boule fu-
périeure qui fert de cuvette eft percé
dans fon centre d'une ouverture qui
porte un écrou , pour y adapter à vis
im petit tuyau garni de fon ajutage,
amp; d'un robinet par où l'eau fort en jet.
Ce petit tuyau defcend jufqu'à une
ligne du fond de la boule fupérieure.
Le dernier plateau de la boule in-
térieure eft auffi garni d'un robinet
pour vuider l'eau.
Ces deux boules communiquent
I une à l'autre par deux autres tuyaux
de métal, dont l'un qui traverfe la
ooule fupérieure, eft foudé aux deux
plateaux de cette boule , amp; doit être
ouvert de la largeur de fon diamè-
tre extérieurement au haut du pre-
nuer plateau de la boule fupérieure ,
fait le fond de la cuvette deftinée
pour recevoir Teau du jet,
Kiij
-ocr page 238-azilettres Physiques.
.,..'' , Ce même tuyau qui paffe dans la
fliijuc.
boule inférieure eft pareillement foudé
au premier plateau de cette boule,
amp; defcend à 3 ou 4 lignes du fond in-
férieur du fécond plateau.
L'autre tuyau prend fa naiffance au
premier plateau delà boule inférieure
où il eft également foudé, amp; traver-
fant le deuxième plateau de la boule
fupérieure,s'éleve jufqu'à une ligne du
fond du premier plateau de cette boule.
Par l'ouverture du milieu on emplit
d eau aux ^ la houle fupérieure ; on
adapte enfuite le petit tuyau qui porte
Tajutage , après quoi l'on verfe de
l'eau dans la boule inférieure par le
tuyau qui fort extérieurement.
A mefure que l'eau defcend dans la
boule inférieure , une partie de l'air
qui y réfide reflue par l'autre canal
dans la boule fupérieure,amp; fe joignant
a celui qui s'y trouve, qu'il augmente
de denfité, il exerce une preffion affez
forte fur la furface de l'eau pour la
faire jaillir. Et cet effet fubfifle jufqu'à
ce que l'eau de la boule fupérieure
foir écoidée.
Par ces Expériences nous voions
de quelle façon le reffort de l'air aug-
mente à mefure qu'on le comprime.
La même raifon fert pour donner I
l'explication de l'effet du fufil à vent.
La Fontaine d'Hieron^aO. compofée —-—
de deux boules de métal ou de verre , a/iTvo'!!quot;
exactement fermées à l'air extérieur ^c lt;i'Hiciou.
par des plateaux de métal, garnis de
leurs viroles pareilles,qu'elles ont cha-
cune àleursfurfacesfupérieuresamp;infé-
rieures où elles fontbien maftiquées.
Le premier plateau de la boule fu-
pèrieure qui fert de cuvette eft percé
dans fon centre d'une ouverture qui
porte un écrou, pour y adapter à vis
un petit tuyau garni de fon ajutage,
amp; d'un robinet par où l'eau fort en jet.nbsp;,
Ce petit tuyau defcend jufqu'à une
ligne du fond de la boule fupèrieure.
Le dernier plateau de la boule in-
férieure eft auffi garni d'un robinet
pour vuider l'eau.
Ces deux boules communiquent
l'une à l'autre par deux autres tuyaux
de métal , dont l'un qui traverfe la
boule fupèrieure, eft foudé aux deux
plateaux de cette boule, amp; doit être
ouvert de la largeur de fon diamètre
extérieurement au haut du premier
plateau de la boule fupèrieure, qui
fait le fond de la cuvette deftinée
pour recevoir l'eau du jet.
!Kiij
-ocr page 240-_____Lettres Physiques.
quot;•liTEiTu , .'quot;l™.^nbsp;paffe dans h
quot;'-boule inférieure ell pareillement fon-
de au premier plateau de cette boule,
amp; defcend à 3 ou 4 lignes du fond in-
ferieur du fécond plateau.
L'autre tuyau prend fa naiffance au
premier plateau delaboule inférieure
ou I eft également foudé, amp; traver-
l^antle deuxième plateau de la boule
Supérieure,« eleve jufqu'à uneligne du
fonddupremierplateaudecetteboule.
Par 1 ouverture du milieu on emplit
d eau aux i la boule fupérieure : on
adapte enfuite le petit tuyau qui porte
1 ajutage, après quoi l'on verfe de
1 eau dans la boule inférieure par le
tuyau qui fort extérieurement.
A mefure que l'eau defcend dans la
boule inferieure, une partie de l'air
quiy refide reflue par l'autre canal
öans la boule fupérieure , amp; fe joi-
gnant a celui qui s y trouve, qu'Ü
mente de denfité, il exerce une pref.
fion aflez forte lur la furface de l'eau
pour la faire jaillir. Et cet effet fubfifle
jufqu a ce que 1 eau de k boule fupé-
rieure foit écoulée.
Par ces Expériences nous voyons
de quel e façon le reffort de l'air aug-
mente a mefure qu'on le comprime.
Mais
-ocr page 241-Mais fans avoir recours à quantité ^ 'p
d'Expériences pour prouver l'élaftici-
té de l'air, nous pourrions nous bor-
ner à une feule, fimple amp; familière ,
qui fe préfente naturellement.
L'on fçait que ce fluide efl le vé-
hiculé du feu, amp; que fa circulation
efl néceffaire à fon entretien.
Rien ne conftate donc mieux fon
reffort que la différence avec laquelle
il agit fur les matières combuflibles,
dans l'été amp; dans l'hyver.
Le feu dans cette dernière faifon
eft plus vif amp; plus piquant, parce que
l'air fe trouvant plus denfe agit avec
une élafticlté que la trop grande cha-
leur de l'été amortit ; ce qui rend fon
reffort moins tendu par une plus
grande raréfaâion.
XXIL Lettre.
V Oici Monfieur, les dernières qua-
lités fous lefquelles nous devons exa-nbsp;'
miner l'air, qualités qui l'affujettiffent
à autant de variations qu'il éprouve
d'états par lefquels il paffe.
Nous venons de le voir habiter par-
eil nous, pénétrer tous les corps , amp;
Kiv
-ocr page 242-2,14Lettres Physiques.
nous découvrir des phénomènes très-
^ ^Fluiditéde interreffants. Prenons un vol plus har-
di , allons le chercher jufque dans cet-
te immenfe atmofphère , vafte do-
maine où il regne en fouverain : c'eft-
là où nous le verrons fe transformer
en mille manières différentes, pour
nous préfenter quantité de nouveaux
phénomènes auffi curieux que ceux
qu'il nous a déjà fait connoître.
L'obfervons-nous comme tranquile ?
Nous trouvons l'atmofphère chargée
d'exhalaifons qui fe répandent fur la
furface de la terre pour fa fertilité.
Sous la forme du vent, nous le
voyons dans des agitations furieufes
fortir du fein de la terre, en fecouer
ïes entrailles , amp; ne s'en échapper
qu'avec des efforts violents qui cau-
fent les ravages Se les défordres les
plus terribles.
D'autres fois il vient par la douce
influence de fon haleine, favorifer la
navigation, amp; nous procurer les fe-
cours les plus agréables.
Enfin le fon , dont il eft l'ame,
nous le préfente dans un mouvement
agité, par fois trop bruiant , fouvent
égal, deftiné à établir le commerce amp;
la fociété entre les êtres vivants.
XXII. Lettre. 225_
Ce fluide qui ne fe gele point tout............quot;'
rempli qu'il eft de parties aqueufes ,
parce que les particules de la ma-
tière ignée dont il eft pénétré ne Fa-
bandonnent jamais eritièrement ; ce
fluide dis-je, eft chargé de vapeurs amp;
d'exhalaifons qui donnent lieu à des
phénomènes appellés wzeVeor«, que l'on
diftingue fous trois efpéces ; fçavoir,
ies ignis , les amms, amp; les aqumx.
Ces derniers dont il eft à préfent que-
ftion, défignent le brouillard^ les nua-
ges , la grêle , la neige y la pluie , la rofée
amp; le ferein.
Le Brouillard, provient d'une gran- BrouUted.
de quantité de vapeurs groffières qui
fe répandent dans la partie baffe de
l'atmofphère, amp; l'obfcurciffent, parce
qu'elles rencontrent un air froid qui les
condenfe, amp; les empêche de monter
plus haut.
Ces vapeurs font les participes les
plus déliées de l'eau que le Soleil attire,
amp; divife : fouvent il s'y joint des exha-
laifons que l'on reconnoît à leur odeur.
Si le froid qui lès empêche de mon- cinî,
ter , eft affez fort pour les geler, elles
s'attachent aux toits, amp; aux branches
d arbres ; on appelle cette nouvelle
transformationgiv« ou frimat,
226 Lettre s Physiques.
Lorfque ces mêmes vapeurs font
affez légères pour s'élever plus haut
dans l'atmofphére, il s'en forme un
alfemblage que l'on nomme Nuées ,
qui font plus ou moins épaiflés fuivant
les parties qui les compofent.
L'aûion des vents rapproche-t-elle
les vapeurs ^ ou bien viennent-elles
à fe condenfer par un air plus froid ?
Alors devenant plus péfantes que l'air
qui les tenoit en équilibre , elles ré-
tombent fur la terre foit en pluie,
neige , ou grêle.
En Pluie, lorfqu'elles fe ramaffent
en gouttes par la condenfation de l'air
qui les porte.
On appelle Bruine, une Pluie fine
occafionnée par une réunion infenfi-
ble des parties des vapeurs , dont les
gouttes font extrêmement petites.
Et Pluie fimplement , celle dont
les gouttes acquièrent plus de grof-
feur amp; de péfanteur en tombant, foit
par la rencontre qu'elles font d'autres
gouttes auxquelles elles fe joignent,
foit que la condenfation s'opère plus
promptement.
La pluie qui n'eft pas continuelle
produit des effets falutaires , elle
rafraîchit l'air dans l'été , elle le
Fluidicé de
l'Air.
'Nuées'.
»kie.
XXII. Lettre. 417
purifie de quantité d'exhalailbnsqu elie
entraîne avec elle, amp; de tout ce qu'il j./jJquot;
a de greffier ; de forte qu'après la
pluie les objets fe voient de plus loin ,
amp; font plus diftincls. Elle efl: nécef-
faire dans certaines faifons , elle pré-
pare la terre à recevoir les grains.
Les Nuées tombent en Neige , fi le
froid qui regne dans l'atmofphère at-
taque les vapeurs qui s'y trouvent
répandues avant qifelles aient eu le
temps de fe joindre.
La Neige a la propriété de bonifier
la terre par les fels qu'elle y dépofe.
L'eau de neige efl: un excellent re-
mède contre l'inflammation des yeux.
Enfin les nuées tombent en Grêle ,
quand les vapeurs ont eu le temps de
s'unir amp; de fe réduire en gouttes,
qui rencontrent une région de l'at-
mofphère plus froide, qui les conden-
fe en les glaçant.
Ce phénomène efl: plus fréquent eti
Eté, il vient de l'air qui fe trouvant
plus vivement agité dans la moyenne
région , en augmente le froid.
La Rofée, efl une vapeur fubtile mê-
lée avec les fubftances des minéraux amp;
des végétaux, que la chaleur qui regne
^^ns l'atmofphère attire du fein de la
Ktï
Fluidicé d«
Ncigït;
cm».
m
ai8 Lettres Physiques.
terre.quelque temps avant le lever
du Soleil.
Ce météore aqueux s'attache à
tout, excepté au métal poli.
Expofez à la rofée une pièce d'ar-
gent fur une affiette,ou de fayance ou
de porcelaine, la pièce reliera feche ,
amp; l'alTiette fe trouvera moulliée ; met-
tez du mercure à la place de l'ecu ;
la rofée s'étendra autour fans toucher
le métal.
Le Serein, vient des vapeurs fubti-
les que la matière du feu entraîne
avec elle, lorfqu'elle fort du fein de
la terre au coucher du Soleil, pour
fe répandre dans l'air, amp; entretenir
l'équilibre qui doit toujours s'y trou-
ver en tous temps. Ces vapeurs aqueu-
fes amp; fubtiles fe répandent dans la par-
tie de l'atmofphère la plus voifine de
la terre ; le froid les condenfe ; amp; de-
venant dans cet état plus denfes, amp;
plus péfantes que le volume d'air qui
les contient, elles tombent fur la ter-
re : c'efl: cette humidité que l'on fent
dans l'Eté fitôt le coucher du Soleil.
Z?es Fents.
........,, quot;!■ Après avoir vu l'air fluide comme
ix-s Veut!, atmofphère , nous allons le trouver
fluidité de
l'Air.
ietein.
XXII. Lettre. 2.29
mis en mouvement par quelque caufe
particulière ; cette fécondé difpofition
de la fluidité de l'air concerne les
Vents.
En général on définit le vent une
agitation , un mouvement violent de
l'air répandu dans l'atmofphère , dont
on connoitTeflet, fans en déterminer
précifement la caufe primitive. On
fçait que c'eft un défaut d'équilibre ,
mais on ignore les opérations phyfi-
ques de ce météore , amp; l'on n'en a
encore parlé que par conjedures. Paf-
fofis en revue les opinions qui nous
paroiflênt les plus vraifemblables.
On attribue quatre caufes primor- Quatre cïiï.
diales à l'effet du vent, amp; à fa naiffan- primor-
ce. Ce météore, dit-on, eft occafion- S.
né par la raréfaUion de l'air ; par fon
reffort ; par les fermentations amp; feux
foutereins ; amp; par la chute des Nuages.
Par la raréfaction,\or(c{ws l'air eft di- ,re
laté par l'adion du Soleil qui l'échauf- '-'l'onde i'aiï,
fe. Dans cet état de dilatation il occupe
plus grand volume , amp; pour s'em-
parer d'un efpace proportionné à ce
îiouveau volume, il chaffe l'air voifin
^vec une violence extrême , qui met
toute cette partie de l'atmofphère en^
agitation-cet effet arrive datas la Zone-
De» Vcsti,
i-jo Lettres Physïqùés,
^^^^ — Torride , amp; produit leâ vents généraux
amp; conjlans. •
2.'Par fon Vax fon reJfoTt, parce qu'il n'y a
aucun corps dans la nature qui foit fi
élaftique que Pair ; s'il fe trouve dila-
té dans une partie de l'atmofphére,
néceflairement il doit repoufl'er celui
qui l'environne -, amp; cette aftion fe com-
muniquant de proche en proche fe
tranfmet au loin , ce qui devient une
caufe phyfique du vent.
Par la Par la fermentation amp; les feux fouter-
Lquot;Souté- gt; lorsque l'ardeur du SoleiUttire
les exhalaifons de la terre qui s'amaf-
fent , amp; fe répandent dans la moyen-
ne région de l'atmofphére , amp; nous
donnent ces fecoufles amp; ces bouftees
produites par l'explolion que leur fer-
mentation occafionne , amp; par les ma-
tières graffes , fulphureufes amp; falines ,
qui viennent fe choquer les unes con-
tre les autres.
Par la chute des Nuages , lorfqu'une
nuée plus péfante que le volume d'air
qui la contient, fe convertit en pluie
abondante. Elle tombe avecimpétuo-
fité, amp; prefTe avec tant de force l'air
qui fe trouve entre elle amp; la terre ,
qu'elle l'oblige de s'écarter prompte-
ment , ce qui donne naiffance aux
tempêtes amp; aux orages.
Reirorc
l'Ait.
teins.
P»r la
chute des
Nuages,
m
XXII. Lettre. 251
Nous feparons les Vents en trois
claffes, fçavoir : les Généraux, les Pé-
riodiques , amp; les Variables.
Les Généraux, furnommés Conflans,
foufflent toujours dans une partie de
l'atmofphère. Ce font les vents alifés
qui fe trouvent entre les deux tropi-
ques,qui viennent continuellement l'un
du nord à l'orient, amp; l'autre de l'orient
au midi.
_ Les Périodiques, commençent amp; fi-
nilfent dans des temps amp; à des heures
marqués, comme les vents de mer amp;
les vents de terre qui s'élevent les pré-
miers au lever du Soleil, amp; les der-
niers à fon coucher.
Les Vînts Variables , n'ont rien de
fixe, en aucun temps ni en aucunê
faifon.
On divife amp; fubdivife les vents juf-
qu'à 31 fois ; mais les plus connus font
ceux qui viennent des quatre points
cardinaux de là Sphère. Sçavoir, du
^ord , du , Midi , du Levant, amp; du
touchant.
La vîtéjfe des Vents fe mefure par le
^cyen d'une machine nommée Ané-
momètre. Celle qu'avoit M. Pagiot ,
® Berny, eft dit-on, dans le Cabinet
Roi. Elle eft décrite fort au long
Des Vents.
Trois fortes
de Vents.
Vents Gé-
néraux,
Vents
ciodiques.
Vents V^^,
riables.
Divilîo»
des Vents,
Vîteffe d«»
Vents,
irz Lettres Physiques;
' ■ dans les Mémoires de l'Académie des
»quot;^'quot;quot;•Sciences de 1734; elle marque la
direaion du vent, fa durée , amp; la vi-
teffe.nbsp;.nbsp;. ,
Je ne terminerai point cet article
fans faire une réflexion fur l'utilité
des vents , qui n'a pas échappee aux
Philofophes qui ont traité cette parue.
Quoique ces Sçavans l'aient prefente
avant moi, avec le feu amp; 1 eloquence
dont ils font en poffeffion, je ne me dif-
penferai pas de la retracer aux yeux-.
Elle eft trop interreffante pour la paf-
fer fous filence.
Les Hommes trop accoutumes au
bien-être , amp; à la molleffe , fe plai-
gnent de la plus legère incoinmodite
qu'ils reffentent , fans faire réflexion
iie la même caufe qui la leur occa-
fionne , leur devient fouvent de la
plus grande utilité.
Leur délicateffe ne leur fait re-
marquer le vent que comme un mé-
téore qui caufe les plus grands dom-
mages , amp; qui à la douceur de
leur vie : ils ne s'arretent qu'a ce qu ils
s'imaginent leur être à charge , fans
examiner que ce meme vent contre
lequel ils fe déchaînent, leur eltaulit
favorable qu'indifpenfable.
Réflexions
fur les Vencs.
Nous féparons les Vents en trois '
claffes, fçavoir ; les Généraux, les
P-ériodiquts amp; les Farlabks.nbsp;Trois fortes
Les Généraux, (mnommés Conftans,
foufflent toujours dans une partie de Vents Gé-
l'atmofphère. Ce font les vents alifés
qui fe trouvent entre les deux tropi-
ques, qui viennent continuellement,
l'un du nord à l'orient, amp; l'autre de
l'orient au midi.
Les Périodiques , commencent amp; fî-
niffent dans des temps amp; à des heures
marqués, comme les vents de mer amp;
les vents de terre qui s'élevent, les
premiers au lever du Soleil, amp; les
derniers à fon coucher.
Les f^ents Variables , n'ont rien de
fixe , en aucun temps ni en aucune
faifon.
On divife amp; fubdivife les vents iuf .
,, - .nbsp;. , ,nbsp;J descents.
qu a 3 2 rois, mais les plus connus iont
ceux qui viennent des quatre points
cardinaux de la Sphère : fçavok , du
Nord, du Midi, du Levant , amp; du
Couchant.
La Fitejfe des Vents fe mefure par le
moyen d'une machine nommée Ane-
momêtre. Celle qu'avoit M. Pajot, à
Bercy, eft , dit-on, dans le Cabinet du
Roi. Elle eft décrite fort ' au long
* K viij
Dos Vents.
Vents Va-
riabLs.
VîtcCTe ctei
Vents.
dans les Mémoires de l'Académie des
o« Vents. Sciences de 1734; elle marque la
direftion du vent, fa durée , amp; fa
vîteffe.
fuHesVentquot;nbsp;terminerai point cet article
quot;quot;■fans faire une réflexion fur l'utilité
des vents , qui n'a pas échappé aux
Philofophes qui ont traité cette partie.
Quoique ces Savans l'ayent préfentée
avant moi, avec le feu amp; l'éloquence
dont ils font en poffefîîon , je ne me
difpenferai pas de la retracer aux
yeux. Elle eff trop intére'Tc ^te pour
la paffer fous filence.
Les hommes trop accoutumés^ au
bien-être amp; à la molleffe , fe plai-
gnent de la plus legère incommodité
qu'ils reffentent, fans faire réflexion
que la même caufe qui la leur occafion-
ne , leur devient fouvent de la plus
grande utilité.
Leur délicateflè ne leur fait remar-
quer le vent que comme un météore
qui caufe les plus grands dommages ,
amp; qui nuit à la douceur de leur vie :
ils ne s'arrêtent qu'à ce qu'ils s'ima-
ginent leur être à charge, fans exami-
ner que ce mêtne vent, contre lequel
ils fe déchaînent, leur eft auflî favora-
ble qu'indifpenfable.
-Q'-iel
-ocr page 253-XXII. Lettre.quot; 235
Quel autre que le vent apporteroit
ces nuages fi propices, 8c fouvent fi
defirés , qui viennent fondre fur nos
têtes pour la fertilité de la terre ? Qui
pourroit mieux que lui diffiper ces
mêmes nuages, dont la trop grande
abondance nuiroit à la produûion ?
N'efl:-ce pas le vent qui par l'impé-
tuofité de fon foufle, découvre le fein
de la terre aux douces influences des
rayons du Soleil, lorfqu'après ces dé-
bordements trop cruels , elle fe tr'ou-
ye englot '. amp; aflaiflquot;ée fous le poids
énorme de félément liquide, afin que
le Moteur univerfel ranime amp; virifie
par fa chaleur les tréfors immenfes
dont cette tendre mere nous comble
iàns ceflTe, amp; fans mefure.
Le vent purifie l'atmofphère.
Un vent leger rend la vigueur ab-
batue, par l'exceflîve chaleur.
Par le fecours du vent, les nations
»es plus éloignées commercent enfem-
ble ; par fon moyen l'on extrait les
farines des grains renfermés dans- les
plantes.
C'eft lui enfin qui nous donne les
Recours amp; les agrémens de la vie.
Dej Vents.
134 Lettres Physiques.
L nons relte encore, Monfieur ^
à faire l'examen de la propriété de
l'air qui concerne le Son. C'efl fous
cette dernière difpofition que nous
allons vous le préfenter.
Le Son qui naît du choc des corps
folides , confifte dans leurs vibrations
qui fe communiquent de proche en
proche, pour venir faire leur impref-
îion fur l'organe propre à le recevoir.
Cet organe , c'efl l'ouie, rivale de
la vue, qui tient en fufpens pour dé-
cider , s'il falloir perdre l'une ou l'au-
tre , amp; que l'on fut maître du choix.
fi on aimeroit mieux fe priver de voir
que d'entendre.
Par un détail fuccint des parties de
î'oreille, nous pourrons voir la pro-
greffion du fon, depuis le corps fonore
jufqu'à fon organe , amp; de quelle ma-
nière il efl: porté à l'ame pour en
juger.
Son.
Aux deux côtés de la tète font
deux chambres ou cavités nommées
/
-ocr page 255-Oreilles , garnies de membranes defti-
nées à recevoir le Ibn.
La partie extérieure amp; évafée de cha-
que oreille fe nomme Conque, c'eft à
l'entrée de cette efpece d'entonnoir
que feramaftent amp; viennent aboutir les
rayons fonores.
De la Conque part un canal qui va conque^
porter l'impreffion du fon fur une
membrane appellee le Tambour , ten-
due comme la peau de cet inftru-
ment.
Sous cette membrane fe trouve une
cavité , nommée Caijfe du Tympan , TambouSgt;
ou du Tambour, vers laquelle le cen-
tre de la membrane de ce tambour
s'enfonce un peix.
A l'entrée de la caifle du tympan
font quatre offelets nommés le Mar- LeMartcaus
teau, Enclume, VEflrier amp; VOs orbicu- Enclume.
laire , dont les mufcles des deux pre- o^ orbicuh.
miers font autant de refforts deftinés à laite,
faire parvenir le fon dans fa jufte pro-
portion , jufqu'au fiége du fentiment.
Le marteau amp; l'enclume fervent à
tendre amp; à relâcher la membrane du
tambour, amp; cette même enclume avec
l'eftrier ouvre amp; ferme l'entrée d'une
autre cavité , amp; porte le fon, fui-
vant la foibleffe ou la violence du
Son.
bruit qui fe fait entendre, amp; I'os orbi-
culaire qui unit les trois premiers olfe-
lets fait l'office de porte à la fécon-
dé cavité.
La première cavité ou cailfe du
tympan efl: remplie d'air qu'elle reçoit
par le trompe (TEuJlache, canal qui def-
cend jufque vers l'alluette ; amp; cet
air qui tend la peau du tambour , por-
te à l'organe de l'ouie les vibrations
qu'il reçoit de l'air extérieur avec le-
quel il fait équilibre. Car cette com-
munication de la trompe d'Euftache
avec l'alluette a fait connoître que
le fon paflè aufli par la bouche.
Au fond de la caifle du tambour fe
trouve placée une fécondé cavité que
limaçon, l'on nomme Labyrintc , à caufe de fes
détours dont les parties principales
Vcftibule. font le veflibule , amp; les trois canaux
Enuute fe prelente un colne évale
qui fe rétréciflquot;ant en forme de fpire ,
eft entouré d'un conduit féparé dans
fa longueur par une membrane nom-
mée lame fpirale. Ce conduit, que fa
forme fait appeller limaçon, à deux
ifl'ues dont l'une aboutit aux veftibu-
les du labyrinte , amp; l'autre à la caiffe
du ta mbour.
Son,
Trompe
^cuAachc,
C'eft dans ce limaçon garni de pe-
tites fibres nerveufes qui aboutiflent au
nerf auditif, que réfide l'organe de
l'ouie.
Voilà les parties de l'oreille d'efti-
liées à recevoir amp; à porter le fon à
l'ame. Ainfi lorfqu'un corps fonore
rend du fon, il reçoit un frémifiement
dans toutes fes parties qui les met en
mouvement ; ce mouvement fe com-
munique à l'air extérieur, d'où il paf-
fe dans la conque de L'oreille, pour fe
rendre au tympan : du tympan à l'air
contenu dans fa caijje, ou première
cavité-, de cet air à celui qui fe trou-
ve renfermé dans la fécondé cavité ,
qui forme le labyrinte ; de ce dernier
enfin aux houpes amp; fibres nerveufes
du limaçon , qui font l'organe de
l'ouie. Par cette progrefiîon , on voit
en peu de mots comment le fon agit
fur nous.
Corps Sonore.
Les corps élaftiques font les plus :
propres à former les corps fonores.
Le fon qui naît de leur collifion eft
clair amp; diftinû ; il dure proportion-
nellement à leurs vibrations , parce
que c'eft dans les vibrations c ç ces
corps qu'il conûfte.
Son.
Corps So-,
note.
t^g Lettres Physiques.
Tendez une corde à boyau , pin-
^ orps So- çg^ gj^ n^iijçy ^ prenez une clo-
che de A^erre ou de métal, dont vous
frapperez le bord en la tenant fiifpen-
due , la corde réfonnera amp; fes vibra-
tions deviendront un parallelograme :
celles de la cloche feront alternative-
ment ovales , comme l'anneau élafti-
que du choc des corps à reft'ort ;
vous entendrez les premiers fons de
la corde , amp; de la cloche plus forts
que les derniers, parce que les pre-
mières vibrations font plus grandes
amp; plus fortes que les fuivantes.Si vous
poîèz un corps folide fur la corde ou
fur la cloche , le fon ceflera , parce
que les vibrations feront interrom^
pues : le fon confifte donc dans les
vibrations du corps fonore.
Si le fon vient des vibrations quife
fuccedent les unes aux autres,il ne peut
être continu à caufe de Tintervale
marqué entre chaque vibration qui
doit former un filence nullement fen-
fible , à la vérité dans certains cas par
l'extrême vitelTe avec laquelle on fait
mouvoir ces vibrations. L'anche d'un
baffon nous en donne l'idée , les deux
lames qui la forment battent l'une fur
l'autre avec une vîtelTe fi extraordir
ÉxjJcticace,
XXIIl, Lettre, 239
naire que le fon paroît continu, mais ■ 'r.
il ne peut l'être puifque chaque lame „o^*;quot;^'
frémit l'une après l'autre : la même
opération a lieu fur le glotte qui for^
me la voix.
Milieu qui tranfmet h Son.
L'Air efl: un milieu qui tranfmet le
fon , mais il n'eft pas le feul qui pof-
/• ,nbsp;' 1,1/-^.nbsp;tranfinec la
lede cet avantage maigre le fentiment son,
de plufieurs Auteurs, L'Expérience
trouve que d'autres fluides ainfi que
es folides ont aufli bien que lui cette
propriété , amp; qu'ils participent à ce
phénomène.
Fixez fur une platine de plomb de Eipérien«»
l'épaiffeur de 5 à 6 lignes , un réveil
que vous couvrirez d'un récipient
dont les bords feront luttés avec de
la cire. Plongez dans l'eau cette ma-
chine fufpendue par des fils, vous en-
tendrez fonner le reveil.
Mettez l'oreille à l'extrémité d'une Expérience.'
longue poutre , vous entendrez le
choc d'un petit clou avec lequel on
frappera l'autre extrémité.
Ces deux Expériences prouvent
contre ceux qui prétendent vainement
lue l'air eft le feul milieu qui puiffe
tranfmettre le fon.
140 Lettres Physiques.'
mu......... Tout milieu qui tranfmet le fon doit
Milieu qui j-g amp; Uafliqm, qualités qui font
soiuquot;'quot; '' fl effentielles que fans elles, il ne pro-
duiroit point cet effet. Denfe, pour
que l'aftion qui occafionne le fon puif-
fe s'appuier. Elaftique , pour rendre amp;
repouffer cette aûion.
Imenfté du Son.
Le fon dans un air condenfé aug-
iHcenfité du mente fuivant la denfité de l'air, c'eft-
à-dire, qu'il eft proportionnellement
plus grand à chaque diftance : une fois
plus à «ne, deux fois à deux, trois
fois à trois, ainfi du refte ; de là on a
conclu que l'intenfité ou force du fon
doit augmenter comme le quarré de la
denfité ou de l'élafticité, ou comme
le produit de l'une multipliée par Pau-
tre.
Mais fl dans un air plus denfe le fon
fe tranfmet plus loin à proportion de
la denfité, il doit décroître de mê-
me , amp; par les mêmes régies dans un
air libre, amp; naturel. Ainfi le fon ve-
nant du corps fonore , qui fe trou-
ve au fommet du cofne , que forment
les rayons qui le portent à l'oreille ,
qui devient elle-même la bafe de ce
cofne gt; doit être quatre fois moins fort
3
-ocr page 261-à une double diftance, 16 fois mnjns'quot;quot;quot;quot;'quot;
à une quadruple, en vertu du principe
établi que les cercles font entre eux ° '
comme les quarrés de leurs diamètres,
parce qu'un cercle deux fois plus
grand qu'un autre renferme un efpace
quatre fois plus étendu : fi 4 eft le
quarré de 2. , amp; 16 le quarré de 4 ; le
fon doit décroître dans l'air naturel
comme le quarré de la diftance à me-
fure qifelle augmente.
Son Réfléchi.
Lorfque le fon rencontre des fur-.
faces polies, amp; impénétrables, fa dire- son Ririé-
aion change ; amp; loin de s'amortir il
eft renvoyé par ces furfaces qui de-
viennent autant de corps fonores qui
le réfléchiffent, amp; en augmentent la
force en fuivant la loi que la nature
impofe à tout corps réfléchifl'ant, qui
eft de faire fon angle de réflexion
égal à celui de fon incidence.
De cette loi réfultent plufieurs phé-
nomènes , la voix par exemple fe
fait mieux entendre dans un fieu fer-
^é que dans une plaine ; parce que
l'oreille reçoit le fon direft, amp; le fon
réfléchi de la muraille , amp; que les
Vibrations font plus repetées.
a4ilettre3 Physiques.
Plus le corps fur lequel le fon ré-
fléchi eft dur , amp; poli, plus l'augmen-
tation du fon eft fenfible. La trom-
pette , le cor-de-chafle , le porte
voix augmentent prodigieufement le
fon, parce qu'il fe joint aux rayons
direas qui ne fe diffipent poinU quot;ne
infinité de rayons fonores, réfléchis
fur une furface extrêmement polie.
Voilà leifet de laréfleflion du fon
qui fe fait de près ; mais quand les corps
réfléchift'ants font éloignés, la réfle-
xion qui parvient à l'organe répété les
premiers fons,ce quife nomme écho.
Les bois , les rochers , les monta-
gnes, amp; généralement tout obftacle
réfléchiftànt forme Vécho. Celui qui ne
répété qu'une fois, fe nomme fimple-
ment écho , amp; l'on appelle poliphonc,
celui qui répété plufieurs fois. M.
l'Abbé Nollet, nous rapporte im Phé-
nomene fingulier d'un écho qui fe
trouve à trois lieues de Verdun, entre
deux tours diftantes l'une de l'autre
de 36 toifes , quife renvoyent aher-
nadvement 11 à 13 fois un mot pro-
noncé dans leur ligne de dire^ion.
vîteffe du Une perfonne dont la voix portera
fur un obftacle éloigné, fera autant de
fécondés à entendre la répétition des
. Son Réflé
chi.
Écha,
Son,
XXIÎI. Lettre. 243
ions ou des mots qu'elle aura pronnn- ............
ces, qu'il fe trouvera de fois 17-j toi
fes à parcourir, parce que le fon em- '''''
ployé 173 toifes par iecondes pour
faire fon chemin.
Que d une difîance éloignée on re-
garde un ouvrier frapper avecuu mar-
teaufurun corps folide , ou que du
bord d'une riviere à l'autre on exa-
mine établir un pilotis ; on verra le
marteau de l'ouvrier remonter en l'air,
« le mouton qui fert à enfoncer le
pilotis fe relever de fa chute avant que
«avoir entendu le bruit.
En 1738 l'Académie des Sciences
députa plufieurs de fes Membres pour
confîater la vîteffe du fon , amp; d'après
leurs Expériences elle ftatua :
Que le fon parcourt 173 toifes par
feconde en tout temps.
. Que le bruit plus ou moins fort,
W 1 efpace plus ou moins grand n'ap-
portent aucun changement à la vîtef-
îe du fon, qui, dans ce cas eft toujours
égal de I ;^toifes par feconde.
Et que l^vîteffe du fon augmente,
ou diminue à proportion de la force
ou vent favorable ou contraire. C eft-
î|:dire, fi le vent fe trouve en même
le fon parcourt 173 toifes
Lij
144lettres physiques.
= par fecoiide, plus la vîteffe du vent ;
I'fl' ^ _nbsp;Toi-Anflf».moins
^ par lecuiiuc , piu» --------
son Réflé- de même 173 toifes par fécondé,moins
la vîteffe du vent,s il fe trouve en dire-
aion contraire. Ainfi l'on voit que la
vîteffe du fon fe mefure par le temps
amp; par l'efpace.
chi
XXIV. LETTRE.
Son Articulé.
^^ L E Articulé défigne la voix hit-
maine qui prend fa naiffance fur les
levres de la glotte.
La glotte eft l'ouverture d lin canal
nommé trachêe-artkc, donc la fonaion
eft de recevoir, amp; de rendre 1 air né-
ceffaire pour la refpiration.
Cette miverture,quife trouve vers
la racine de la langue, eft petite, ova-
le , amp; capable de contraûion , amp; de
dilatation.nbsp;,
Ses lèvres font formées de cordons
tendineux , qui tiennent à des cartila-
ges qui leur donnent differents degres
'^Srfque l'air qui
artère, preffe plus ou moins vivement
la glotti il en fait frémir les levres, amp;
ce frémiffement les fait refonner fui-
vant qu'elles font pins ou moins ten-
XXIV. L E T T R E. 145
due« : c'eft ce qui forme le fon.nbsp;^
Si la glotte^e rétrécit, le fon qu'elle J^quot;quot; A'quot;quot;
rend eft plus aigu^ il devient plus
grave au contraire à mefure qu'elle
s'élargit, amp; c'eft dans la bouche,amp; dans
le mouvement de la langue , des lè-
vres , amp; des dents, que le fon trouve
l'articulation : ainfi la glotte eft l'or-
gane de la voix.
L'Expérience faite par M. Ferrin
fur la trachée-artère d'un cadavre qui
venoit d'expirer, dont il tira desfons
après y avoir introduit de l'air par le
moyen d'un foufHet , a décidé que
le fon qui fort de la glotte ne relfem-
ble point à celui d'une flute , comme
on le prétendoit autrefois , mais à
celui d'une corde de violon qu'un
archet met en vibrations. Et c'eft d'a-
près cette Expérience que cet habile
Anatomifte a fait fes obfervations fur
tous les tons que peut fournir la voix
humaine.
Son Relatif ou Mufîque.
lut Son Relatif a. ^owr: objet cette
fcience enchanterefl^e qui fait l'amufe- ^„^f^'f
ment de l'univers entier. Il n'y a pas quot;
line feule partie du monde où la mu-
squé ne foit en regne. Qui voudroit
L iij
-ocr page 266-Lettres Physiques.
-—^—tt^tt. rcfnontGr à la fource , iroit jufqu'à
.u°Mu%e! la créadon des Anges. Dans quelle vé-
nération n'étoit-elle pas chez les an-
ciens ! £gt;avic/ la faifoit fervir pour ex-
primer fa réconnoiflance j les Grecs
i'employoient pour exciter l'émula-
tion. Quel dommage d'avoir perdu ces
modes fi admirables amp; fi variés, dont
les Lacédemoniensfçavoient faire ufa-
ge fi à propos , fait pour leurs plaifirs ,
amp; leurs fêtes dans les temps de paix ,
foit pour amollir, amp; énerver le cou-
rage de leurs ennemis , amp; relever le
leurlorfqu'ilsavoient à les combattre.
La Mufique a toujours attiré amp;
fixé l'attention des hommes, mais elle
n'étoit pas autrefois auffi univerfelle-
ment répandue ; quand une nation la
poflTédoit, d'autres en étoient privées.
U Italie efl la feule qui paroiffe l'avoir
toujours confervée ; auffi cette nation
l'a-t-elle portée à un dégré fi fupérieur,
qu'elle efl devenue l'éinule amp; la rivale
des autres. L'on peut, amp; l'on doit re-
. garder l'Italie comme la fource d'où
dérive le goût général, qui s'eft ré-
pandu pour la Mufique.
La France , qui dans fon origine
étoit dans la plus grande ignorance,
n'a commencé à la goûter que fous
XXIV. Lettre. 247
le dernier régne. Régne deftiné à illii-
ftrer tous les Arts , amp; à rendre cette o^Mufi^uequot;
belle partie du monde le modèle des
fciences , amp; du goût.
C'eft dans ce fiécle heureux que
parut le fameux Lulli, dont le génie
fi fécond vint enrichir notre patrie de
la Mufique , qui a fait l'étonnement,
amp; qui fait fadmiration générale. Com-
bien de grands hommes a produit l'é-
mulation qu'il a apportée avec lui en
Irance.
Que ne devons-nous pas à l'am-
phion de nos jours, {a) qiii à fçu
concilier le goût tendre, pathétique ,
amp; raifonné de la Mufique Françoife ,
avec la faillie heureufe\ amp; la vivacité
de la Mufique Italienne. A quel point
de perfedion n'a-t-il pas porté cette
fcience, jufqu'à la faire confidérer com-
me néceffaire dans l'éducation des
grands hommes } quelle harmonie,
quelle variété , quel feu , quels ta-
bleaux dans fes ouvrages !
Enfin, c'eft cet homme fi fublime
en ce genre , qui a élevé la Mufique
H un fi haut degré , que l'Italie même ,
toute jaloufe qu'elle eft defesdrois,
fe fait aûuellement honneur de pren-
M. Rameau.
-ocr page 268-24S Lettres Physiques.
_ 1 dre le goût de ce génie François, amp;
«Mitquot;^d'exécuter fes œuvres, {h) Cela feul
manquoit à la gloire de la France,
qui donne le ton à toutes les autres
Nations.
C'efl: la différence des fons qui
viennent des corps fonores , occa-
fionnés par la différence des vibra-
tions plus ou moins grandes dans un
temps déterminé , qui forme Tes tons.
Il s'en trouve deux principaux ; Yaigu,
amp; le grave. Le premier vient des vi-
brations plus fréquentes amp; plus nom-
breufes j le grave au contraire, efl:
produit par des vibrations plus lentes
amp; moins nombreufes.
Montez deux cordes à boyau d'é-
gale groflTeur amp; de même longueur fur
un inflrument quelconque, tendez les
^également, elles vous donneront l'u-
nilfon, parceque leurs vibrations fe-
ront ifochrones , c'efl:-à-dire , égales
en nombre : remontez une de ces cor-
des une fois plus que l'autre, de forte
qu'elle fafié deux vibrations pendant
que l'autre n'en fera qu'une, elle fon-
nera l'odave en haut. Si vous les
tendez toutes deux en rapport de trois
{h) En I7«0 , on a exécuté à Parme CAjlor amp;
Pollux, de M. Rameau.
XXIV. L e t t R E. 249
à deux, on aura la quinte ; fi l'on veut ____
la quarte, il faut entendre une quatre
r - ^nbsp;,,nbsp;.nbsp;■nbsp;OU Muliquc,
tois contre 1 autre trois , cinq contre
quatre de tenfion , donneront la tier-
ce majeure , amp; fix contre cinq la tierce ^
mineure.
Ces Remarques font les principes
fondamentaux de la Mufique,qui doi-
vent être connus de tout le monde ,
mais le degré de tenfion que doit avoir
une corde, pour rendre tel ou tel fon,
eft une démonftration géométrique ,
que nous allons tacher de dévéloper.
Les vibrations des cordes dépen-
dent de leur longueur, de leur grof-
feur amp; de leur degré de tenfion.
Nous connoilTons la différence des
vibrations fur deux cordes égales par
les différents degrés de tenfion qu'on
leur donne. Or ces vibrations, quant
au nombre, font en raifon des racines
quarrées des forces qui les tendent,
c'eft-à-dire , fi la force qui eft la che-
ville du violon qui tend la corde eft
une à une corde , contre quatre à une
autre corde, la racine quarrée de quatre
étant deux, amp; celle de un étant un, les
vibrations lont dars le rapport de i à
2., ce qui donne l'oftave, de même ces
cordes mifes dans le rapport de 3 à z
m
250 Lettres Physiques.
donnent la quinte , en faifant une ten-
oumS-quot; ^^ 9 contre 4, parce que la racine
quarrée de 9 eft 3 , amp; celle de 4 eft 2.
Les vibrations fe trouvent en raifon
réciproque des diamètres des cordes,
fl les cordes font différentes en grof-
feur. Dans ce cas, la plus grolfe fera
une fois moins de vibrations que l'au-
tre. Si les diamètres font entre eux
comme 3 eft à i, la plus groffe fera
deux vibrations contre l'autre trois.
C'eft ainfi que font montés les vio-
lons, les violoncelles, amp; les quintes
par des cordes égales en longueur ,
qui different en groffeur.
Et fl les cordes font également ten-
dues , mais de longueur différente ,
comme celles d'un clavecin ou d'une
harpe , les vibrations fe trouveront en
raifon inverfe de leur longueur : la cor-
de une fois plus courte , fera une fois
plus de vibrations , amp; celle qui fe
trouvera comme 2. à 3 , fera 3 vibra-
tions contre l'autre 2.
Ainfi nous voyons que la lon-
gueur , la groffeur, amp; le degré de ten-
fion des cordes une fois rég'és , nous
avons des rapports dans le nombre
des vibrations que donnent des cor-
des qui ne peuvent exifter fans ces
proportions.
-ocr page 271-XXIV. LETTRE. 249
a deux, on aura la quinte ; fi Ton veut ........ quot;'-
la quarte , il en faut tendre une qua-
^ V •nbsp;1,nbsp;• . T quot; ouMuiiquc.
tre fois contre 1 autre trois ^ cinq con-
tre quatre de tenfion , donneront la
tierce majeure , amp;fix contre cinq la
tierce mineure.
Ces R.emarques font les principes
fondamentaux de la Mufique qui doi-
vent être connus de tout le monde ,
mais le degré de tenfion que doit avoir
une corde, pour rendre tel ou tel fon,
eft une démonftration géométrique ,
que nous allons tâcher de développer.
Les vibrations des cordes dépen-
dent de leur longueur , de leur grof-
feur amp; de leur degré de tenfion.
Nous connoiffons la différence des
vibrations fur deux cordes égales par '
les différents degrés de tenfion qu'on
leur donne. Or ces vibrations, quant
au nombre, font en raifon des racines
quarrées des forces qui les tendent,
c'eft-à-dire ; fi la force qui eft la che-
ville du violon qui tend la corde eft
Une à une corde , contre quatre à une
autre corde,laracine quarrée de quatre
étant deux, amp;celledeunétantun , les
vibrations font dans le rapport de i à
ce qui donne l'oûave , de même ces
cordes mifes dans le rapport de 3 à 2
----donnent la quinte, en faifant une ten-
o. Mulîf '^f 9nbsp;parce que la racine
quarree de 9 ell 3, amp; celle de 4 efl: z.
^ Les vibrations fe trouvent en raifon
réciproque des diamètres des cordes,
fi les cordes font différentes en grof-
feur. Dans ce cas , la plus groflTe fera
une fois moins de vibrations que l'au-
tre. Si les diamètres font entre eux
comme 3 efl: à z , la plus grofiê fera
deux vibrations contre l'autre trois.
C'efl ainfi que font montés les vio-
lons , les violoncelles , amp; les quintes
par des cordes égales en longueur ,
qui diflérent en groflTeur.
Et fi les cordes font également ten-
dues, mais de longueur difré^ente ,
comme celles d'un clavecin ou d'une
harpe, les vibrations fe trouveront en
raifon inverfe de leur longueur : la
corde une fois plus courte , fera une
fois plus de vibrations, amp; celle oui fe
trouvera comme 2 33 , fera 3 vibra-
tions contre l'autre 2.
Ainfi nous voyons que la longueur,
la groflêur amp; le degré de tenfion des
cordes une fois réglés, nons avons
des rapports dans le nombre des vi-
brations qui donnent des accords qui
ne peuvent exifler fans ces propor-
tions.nbsp;C'eft
XXIV. Lettre. 251
C'eft dans ces principes que les
maîtres en l'art dequot; l'harmonie trou-
vent une fource féconde d'accords mé-
lodieux avec lefquels ils affedlent fl
agréablement notre organe, qu'ils fai-
liflént amp; enchaînent nos fens , fur lef-
quels ils portent tels degrés d'impref-
fion que ces habiles compofueurs veu-
lent nous donner.
XXV. LETTRE.
'Examen de cet être incompré- !
henfible, de ce fluide fi fubtil, uni-
verfellement répandu , prefent dans
tous les corps, qui les agite amp; les
met en mouvement j fon aûion , amp;
fes effets , vont faire Monfieur , le
fujet de cette quatrième Partie de la
Phyfique Expérimentale, dont nous
nous fommes engagés de vous en-
voyer l'analyfe.
La matière du feu eft partout. Je
dis matière , parce que c'eft un corps
qui s'étend , fe reftraint, qui reçoit amp;
donne du mouvement.
Il n'exifte rien que ce fluide ne pé-
Lvj
Le Ftu.
Lettres Physiques.
nétre, il réfide dans l'aftre qui nous
porte la lumière , il remplit l'atmof-
phère , il fe trouve dans l'élément li-
quide , il eft concentré dans les en-
trailles de la terre d'où fortant trop
fouvent comme un torrent impétueux,
il vient effrayer la Nature en immo-
lant autant de viûimes qu'il rencontre
d'obftacles à fon paflTage.
Si fes effets font funeftes amp; terri-
bles, lorfque contraint il trouve des
matines propres à exciter fa furie ;
quand il eft tranquille, fa préfence de-
vient fecourable , bienfaifante, amp; ne-
ceffaire pour les befoins , amp; pour la
régénération de tous les êtres, dont
il eft l'ame, le foutien , amp; la vie.
Le principe amp; la nature de cette
matière fluide font encore inconnus.
Les plus grands Philofophes, Defcar-
tes , Newton, amp; tout ce que les fié-
cles ont produits de Sçavans , n'ont
pu, malgré leurs recherches, parvenir
à définir fon effence : fçavoir, fi c'eft
une matière inaltérable dont l'adion
primitive amp; fimple diflquot;out les corps ,
ou fi cette aftion confifte dans la com-
munication du mouvement des parties
qui fe touchent amp; qui fe joignent.
L'on n'en a parlé que par conjecture ,
Le Peu.
XXV. Lettre. 153
amp; la Phyfique la phis lumineufe nquot;a '
offert jufqu'apréfent fur cet objet que
des doutes , amp; des incertitudes.
Mais que ce foit, comme le prétend
un Auteur célébré, un élément parti-
culier , différent des autres , féparé ,
amp; placé dans la plus baffe région , voi-
fin de la terre, logé dans fon fein,
amp; totalement dillintl de la lumière,
que ce même Auteur ne regarde que
comme un véhicule qui fert au feu
pour l'animer lorfqu'elle le rencontre.
Ou bien que ce fluide fubtil créé
dès le commencement du monde, foit
comme le penfent quantité de Sça-
vans , identique à la lumière , ou la
lumière elle-même fous des modifi-
cations particulières, fuivant telle ou
telle circonftance , ce qui paroît plus
vrai-lemblable, puifque le feu éclaire
amp; que la lumière brûle ; il efl certain
que cet être eft im fiuide élafiique,
aclif, dont les effets font par fois fu-
neftes , ce que l'on n'éprouve que
trop fouvent dans les incendies , qui
la plûpart du temps naiffent de la
plus légère étincelle.
Sa fluidité qu'il tient de la fîneffe , le Feu SaU
^ de la ténuité des parties qui le com-
Poient, fe connoît par le penchant
Le Feu.
m
254LETTRES Physiques;
: naturel qu'il a pour fe répandre en tous
fens dans tous les corps qu'il pénétre,
afin de fe trouver toujours en équilibre
avec lui-même. Qu'un corps chaud en
touche un autre qui fera froid ; le feu
qui réfide dans le premier fe répan-
dra en partie dans le fécond, pour
partager l'excès de chaleur qu'il a
fur lui, jufqu'à ce qu'il fe trouve en
parfaite égalité dans ces deux corps.
Si par exemple vous trempez un fer
rouge dans l'eau , elle s'échauffera au
dépend du fer qui perdra une partie
affez confidérable de fon feu , pour
la faire bouillir.
Non feulement cet être efl fluide,
il efl encore la caufe de la fluidité en
s'infinuant dans les corps dont il divife
les parties : alors ces corps perdent
leur folidité, amp; deviennent fluides ,
amp; le moment où il vient à les quitter,
efl celui où ces mêmes parties défu-
ïiies fe rapprochent amp; reprennent leur
confiftance.
Nous voyons ce fait journellement
dans les corps gras, comme le fuif, la
cire, amp;c. qui perdent leur confiftance
dès qtie le feu s'en empare, amp; dans
l'eau amp; les autres liquides chargés de
beaucoup de flegme , amp; de peu d'ef-
le Feu.
XXV. Lettre. 155
prits qui deviennent Iblides à l'inftant ïîf?
que cet élément les prive de fa pré- ^^
lence.
Nous trouvons l'élafticité du feu Le Feu éu-
dans fa diipofition à fe faire jour au
travers des corps qu'il pénétre, amp;
dans la force qu'il met pour s'étendre,
amp; pour fe dif j^erfer. Si vous verfez de
l'eau fur un feu très-ardent, il redou-
ble de vivacité en rejettant cette eau
avec violence.
L'union de l'eau , de l'air, amp; de
certains fels avec cet élément le rend
capable des plus grands efforts. Les
volcans en donnent une preuve ef-
fraiante.
L'or ne fulmine que l'orfqu'après
avoir avoir été diflbut dans l'eau réga-
le,cn le précipite par un alkdi : on fait
fécher doucement ce précipité , amp; on
l'expofe enfuite à un foible degré de -
chaleur.
Un compofé de falpêtre, de fel de
tartre, amp; de foufre , forme la pou-
dre fulminante. Ce mélange mis fur un
réchaud plein de charbons allumés fait
^ine explofion terrible quand il a
Acquis un certain degré de chaleur.
L'aftivité du feu eft extrême. Si Aaiyitédc
Vous le joignez à des corps combufti-
2.56lettres Physiques.
bles , il le communique de proche en
proche aux particules ignées qu'ils con-
tiennent , qui n'attendent que le mo-
ment d'être excitées pour fe déclarer.
Le vent efl; le véhiculé le plus sûr
pour animer le feu. C'eft une preuve
trop commimepour être ignorée. Elle
fe trouve également dans la main du
plus grand génie, amp; du fcavant, com-
me dans celle du ftupide amp; de l'ig-
norant ; mais il faut qu'il foit propor-
tionné au feu qif il doit exciter ; autre-
ment s'il fe trouvoit en plus grande
quantité que lui, amp; qu'il exerçât
toute fa force , il l'éteindroit, amp; le
forceroit de fe renfermer dans fes
envelopes.
L'aâion du vent dirigée fur le feu
en un feul point, l'anime, amp; l'augmen-
te confidérablement. Les Méteurs-en-
œuvres , les Emailleurs , fondent les
métaux , amp; travaillent le verre en réu-
niffant la flamme d'une lampe par le
moyen d'un chalumeau dans lequel
on introduit le vent d'im foufflet, ce
qui donne au feu un très-grand degré
d'aaivité , ^ ^rce que le vent en ra-
mafl^e toutes les parties.
On augmente encore l'adivité de ce
fluide en le concentrant par des obfta-
le Feu.
XXV. L e t t r e. 1517
des affez puiffants pour l'empécher
de fe répandre. Les étuves , les four-
neaux ordinaires, ceux des laboratoi-
res, l'alambic , les reverberes, font
autant de moyens que l'on emploie
pour concentrer le feu , amp; lui donner
des degrés de vivacité extraordi-
naires.
Mais û le feu s'unit amp; s'entretient
par les aliments qu'on lui donne, amp;
par l'air fans lequel il ne peut fub-
fifter, fitôt qu'on le prive de ce véhi-
culé , amp; de fa nourriture , on le ral-
lentit, amp; on l'éteint.
Séparez des bûches enflammées de
manière qu'elles ne fe touchent pas
complettement, le feu fe rallentira.
Que cette féparation foit totale,
c'eft-à-dire , que les br.ches faient
éloignées les unes des autres, amp; en-
tièrement ilblées; le feu s'éteindra peu
à peu faute de nourriture.
Et fi vous jettez fur du feu un vo-
lume d'eau plus confidérable que le
fien , ou fi vous fétouffez en le pri-
vant d'air , alors il s'éteint tout de
fuite , amp; les particules ir lées fe.ren-
ferment dans leurs envëlopes com-
me elles étoient avant que d'être ani-
mées.
Le Feu.
25slettres Physiques.
! Le feu s'excite auffi par le choc amp;
par le frottement. Le faifceau d'étin-
celles qui naît de la collifion de l'a-
cier amp; du caillou , l'amande qui s'é-
chauffe fous les coups du pilon qui l'é-
crafe pour en tirer l'huile elfentielle,
le grain de phofphore qui s'allume
lorfque mis entre deux papiers , on le
frotte avec le manche d'un couteau,
amp; quantité d'autres Expériences par-
teilles prifes dans les trois régnes de
la nature , le minerai, le végétal amp;
Vanimal, prouvent que tout efl rem-
pli de ce fluide igné qui brille au de-
hors , amp; qui manifefle fa préfence dès
qu'on l'excite.
Nous devons la connoiffance du
pho^hore à une de ces découvertes
dont la nature récompenfe fouvent
un Chimifte habile, qui malgré fes pei-
nes, fes veilles amp; fes dépenfes ne peut
parvenir à l'objet qu'il s'eft propofé.
Rien ne contient plus de particules
ignées que le phofphore. S'il eft expofé
à l'air libre , il s'enflamme de lui-mê-
me. Une chaleur doucè le fond , amp; il
fe diffout aifément dans les huiles.
ie Feu.
lohdes amp; liquides. C'eft une vérité
dont tout ce qui exifte fournit fans
ceffe la preuve. Cet être raréfie ce
qu'il pénétre , amp; défunit les parties
des corps fur lefquels il agit. Les dif-
férentes formes amp; les diiférens ca-
radlères que prénent les matières que
l'on expofe à ce fluide lorfqu'elles
s'y décompofent prouvent la grande
variété de fes effets. 11 n'eft rien
dans la nature c|u'il ne pénétre in—
timement. Tout fe refluent de fon
aûion ; le marbre , les métaux, le ver-
re , les végétaux , Veau , amp;c. tous les
corps en général y font afl'ujettis ; amp;
lorfqu'il entre amp; fe loge dans leurs
pores, il les dilate, amp; les échauffe
de même que fon abfence contraint
ces mêmes corps de fe refferrer, amp; de
fe condenfer.
Les métaux les plus durs, les plus
froids , le cuivre , le fer, augmentent
de volume lorfqu'ils font échauffés foit
par l'aftion du feu ufuel, foit par le
259
XXVL LETTRE.
Effets- du Feu.
E Feu s'infinue dans tous les corps I
160 Lettres Physiques.
frottement, foit par l'ardeur du foleiî.
Nous en avons l'exemple dans les
mouvements de la Machine de Marly.
C'eft pour remédier à cet inconvenient
que les aftemblages font percés de plu-
fieurs trous pour allonger ou racour-
cir les barres de fer fuivant le befoin.
Ixpétience. Quand on plonge la boule d'un
thermomètre pleine d'eau colorée dps
de l'eau prête à bouillir, pendant Tim-
merfion la liqueur s'abaiffe de quelques
lignes , amp; au moment que l'on retire
la boule de l'eau, cette même liqueur
remonte un peu plus haut qu'elle n'é-
toit avant l'immerfion.
Cette feide Expérience pourroit fuf-
fire pour faire connoître l'aftion du
feu fur les folides comme fur les liqui-
des. La liqueur ne defcend dans la
capacité de la boule que parce que
le volume de la boule devient plus
grand qu'il n'étoit avant l'immerfion ;
or ce volume ne s'augmente que par
i'aâion du feu qui dilate amp; écarte les
parties du verre en l'échauffant ; car
lorfque le feu ceffe d'agir fur ces par-
ties , elles fe rapprochent amp; reprenent
le premier volume qu'elles avoient, amp;
dans ce moment la liqueur remonte
mais au- deffus de la place qu'elle oc-
Iftets du
Feu.
XXVI. Lettre. 261
cupoit avant que d'être chauffée, par l^îîî:^!^
ce qu'elle reçoit auffi de la part du
feu une dilatation qui la fait augmen-
ter de volume.
Les liquides font affiijétis à l'aâion
du feu , amp; fe dilatent par la chaleur ,
mais plus ou moins, fuivant les degrés
différents de chaleur qu'on leur don-
ne , amp; fuivant la qualité plus ou moins
confidérable de matière ignée qu'ils
poffedent dans leurs parties. Le mer-
cure , par exemple, eft celui qui fe di-
late moins, parce que fes parties font
moins pénétrées de ce fluide ; amp; l'ef-
prit-de-vin qui paroît être celui qui
en poftquot;éde davantage , eft auffi celui
qui fe dilate le plus
Cette dilatation des liquides par l'a-
aion du feu a fait imaginer un inftru-
ment nommé Thermomètre, propre â
marquer la température de l'air oh il
fe trouvé. Son effet eft de s'accorder
avec le froid amp; le chaud qui regnent
dans l'atmofphére amp; d'en marquer les
degrés. Pour y faire des obfervations
exades , il faut l'expofer à l'air libre
au nord, de façon qu'il ne reçoive
point les rayons du foleil, amp; l'on doit
le confulter avant le lever de cet
aftre, amp; fur les deux ou trois heures
après-midi.
Tlietino-
métré.
mm
262 Let tre s Physiques.
Veut on élever des plantes, des
fruits, des fleurs dans une fgre, le
thermomètre efl indifpenfable pour
connoître le degré de chaleur nécef-
faire à cette culture ; dans une étuve
c'eft par lui que Ton connoît le degré
convenable pour la confervationdes
liqueurs , amp; des fruits fucrés.
La connoiflànce de cet inftrument
nous eft venue d'un nommé D rebel,
payfan de Northollande , on en a
fait quantité depuis ; mais le plus
fimple amp; le plus en ufage aujourd'hui
ell celui de M. de Reaumur.
Ce Phyficien commence la gradua-
tion du fien au terme de la glace,depuis
ce point fixe, il prend le rapport qui
fe trouve entre la capacité de la boule
amp; le tuyau ou tube du thermomètre.
Il divife ce tube de manière que cha-
que divifion puifl!^e contenir la millième
partie de la liqueur qiù eft dans la
boule , amp; dans le quart du tube , amp;
il marque léro à l'endroit où la liqueur
s'arrête en defcendant lorfque la boule
eft dans la glace. Les degrés de con-
denfation amp; de froid plus fort que ce-
lui de la glace,font au-deflbus de ^éro,
amp; ceux de chaleur amp; de dilatation
au - defl^'us.
■ Etfits du
Feu,
XXVI. Lettre.
C'eft à caufe de la dilatation des li-1
queurs par l'aûion du feu, amp; pour pré-
Venir l'accident qu'elle pourroit eau-
fer, que l'on expofe les orifices des
vafes fragiles à la vapeur du liquide
bomllant avant de le verfer dedans.
La Porcelaine eft la matière qui ré-
fifte le mieux à l'aûion fubite amp; vio-
lente du feu. On l'éprouve journelle-
ment par le thé , le caffé amp; les autres
liqueurs bouillantes que l'on verfe
dans des taffes , faites de cette com-
pofition. Elle feroit préférable fi elle
etoit plus commune amp; moins chere.
On prétend que M. de Reaumur a
fait une découverte qu'il a rendue pu-
blique , par laquelle on peut faire de
la porcelaine à bon marché. Il paroît
que l'on n'a pas faifi fes principes, ou
que la chofe n'eft pas pratiquable ; car
la porcelaine eft très-chere, amp; l'on a
bien de la peine pour en faire d'auffi
belle que celle des Indes amp; du Japon.
En Saxe on en approche pour la bonté
amp; on la furpafte en beauté, quand à
ce qui concerne les peintures amp; les
«rnements. Celle de Sève que notre
^^onarque fi chéri ne dédaigne pas
d'honorer de fa proteftion , furpaffe
toutes les autres en richefle, il eft
a64lettres Physiques.
vrai que la pâte n'eft pas encore por-
tée à fon degré de perfeûion ; mais on
doit attendre une prompte amp; entière
réuffite de l'habileté amp; du goût de
ceux qui font à la tète de cette entre-
prife.
XXVII. LETTRE.
A3ion du Feu.
Aaion du X-j'Aftion du feu ne produit pas fim-
plement la dilatation, amp; les effets que
nous venons de voir ne font pas les
feuls qui s'operent fur les corps que ce
fluide pénétre amp; anime.
Si l'on poufl'e ces mêmes corps à une
épreuve plus violente , à celle par
exemple qui tend à la défunion de
leurs parties, on les verra changer de
nature, les uns par l'évaporation d'une
partie de leurs principes, d'autres par
l'annéantiffement totale de leurs maf-
fes ; amp; d'autres par une dilatation
poufTée jufqu'à fon dernier période.
C'eft ce que le mercure porté juf-
qu'à l'ébulition , terme que les liqui-
des ne peuvent jamais paffer , la pou-
dre fulminante , amp; la fidion des mé-
teaux vont nous feire connoître.
Rempliffez
Feu.
XX vu. L 'e t t h e.
Rempliiîez de mercure jufqu'aux quot;quot;'quot;quot;quot;quot;quot;T*
lt;leiix tiers , Li boule d'un thermomé-
Ire d'un pouce de diamètre , dont le —^--
tube fera d'un pied de long. Nouez
au bout de ce tube une moitié de du Mcrcurc.
veiîie de poiffon ; mettez enfuite l'in-
Itrument chauffer fur un bain de fable
par degrés juiqu'à ce que de petites
lames de plomb puiffent s'y fondre.
Rétirez le tube du fable , amp; préfen-
tez- en la boule fur des charbons ardens
a un demi-pouce près , le mercure fe
foulévera en petits jets , amp; l'on verra
la maffe bouillir , tant que la boule du
thermomètre fera expofée fur les char-
bons.
Cette Expérience nous prouve que
les liquides les plus péfants ne font pas
exempts de l'ébulition , amp; que les bul-
les que l'on voit s'élever pendant le
temps du bouillement, ne font pas de
1 air qui fort de leur maffe. La preuve
fe voit dans la veffie qui devroit fe
trouver enflée pendant amp; après l'ex-
pénence, amp; qui paroît à peine dilatée
par la petite quantité d'air qui refte
dans le tube au-deffus du mercure.
Mais fi ce n'ef| pas de l'air qai caufe
l'effet de ces bulles, qu'eft-ce que ce
peut être ? De grands Philofophes, ne
M
-ocr page 288-m
266 Lettres Physiques.
voyant point jour pour expliquer ce
phénomène par la dilatation de l'air, fe
réjettent les uns fur un fluide élaftique,
ou milieu' fubtil répandu dans l'atmof-
phère qu'ils eftiment être de la nature
de l'air. Les autres fur Ja converfion
du liquide en vapeur occafionnée par
l'aftion du feu. Ce dernier fentiment
eft celui des Philofophes dont nous
fuivons les principes.
L'Ebulition, difent-ils, vient de la
converfion des parties des liquides en
vapeurs. Elle commence par celles qui
font les plus proches du verre , qui fe
dilatent fubitement en groffes bulles ;
amp; ces bulles , en montant vers la fur-
face , foulevent brufquement toute la
maffe qui fe trouve entièrement pé-
nétrée par l'aûion du feu.
Les pores du vafe s'agrandiffent
ainfi que ceux des liquides à mefure
que la chaleur augmente, amp; plus la
dilatation eft confidérable , plus les
pores font ouverts ; parce que le feu
eft dansune plus grande aftivitè. Cette
aOivité du feu qui agit fur les parties
du verre, amp; du liquide, dilate auffi né-
ceffairement celles de la matière fub-
ref-
trou-
Aûion du
Feu.
cenairement ceues ae la quot;wucre i
tile qui s'y trouve renfermée , qui
femble à de l'air , amp; celle-ci fe tr
XXVII. Lettre. 267
vant libre , remonte à la Aiperficie en
vertu de fa légèreté : cefl alors que
cette vapeur qui reffemble à de l'air,
part du fond du vafe, pour fe répan-
dre dans toute la maffe liquide , amp;
former le bouillonnement, qui efl le
plus fort dégré de chaleur que les li-
queurs puiffent avoir.
De là on doit conclure que les liqui-
des vont par degré jufqu'au terme de
l'ébulition qu'ils ne paffent jamais.
Voyons maintenant par l^Expérien-
ce de la poudre fulminante, l'adion du
feu fur un compofé de matière qui
bout pendant un certain temps , fe
confume, amp; s'évanouit avec éclat fi-
tôt qu'il eft réduit en vapeurs.
Mettez dans une ceuiller de fer fur Expérience
des charbons allumés, trois gros de
1 A^ r. ,nbsp;, ^nbsp;Fulminante:.
lalpetre fin, deux gros de fel de tar-
tre , amp; fix gros de fleur de fouffre
broyés emfemble. Ce mélange fe noir-
cit par les bords, fe liquifie enfuite,
fume un peu , jette quelque petite
flamme violette , amp; un moment après
fe diffipe avec une explofion confidé-
rable : cette poudre s'appelle Fulmi-
nante.
Pour que ce mélange ait fon entier
, il faut que les trois matières qui
M ij
AdHon «la
Feu.
^ a6S L E T T R E S PhysiqueS-
- le compofent foiçnt exactement mê-
quot; lées, qu'il foit expofé à l'atïion d'un
feu égal, fans être trop vif, pour qu'il
s'évanouiffe totalement amp; en même-
temps. L'explofion vient du fel de
tartre qui eft un alkali fixe qui en arrê-
tant la difîipation des autres matiè-
res , laiffe le temps aux parties de feu
qu'elles contiennent de brifer toutes
enfemble les enveloppes qui les ren-
ferment.
C'eft par l'évaporation des fels qui
compofent une diffolution d'or, amp; par
Î'addiîion des matières alkalines qu'on
y introduit, que l'on fait fulminer ce
métal, fi prétieux dont l'explofion eft
très-dangereufe.
l'oudre à Le falpêtre, le fouffre amp; le char-
bon de bois mêlés, amp; broyés enfem-
ble avec de l'eau forment }a poudre à
canon. Cette invention infernale fut
apportée dit on en Europe , par un
^ moine , vers le milieu du quatorzième
fiécle. On attribue fon effet à l'air con-
tenu dans les grains de cette poudre
qui fe dilate par l'adion du feu. Sans
doute cette raifon efl admiffible ; mais
efl-elle fuffifante } amp; cet effet ne vien-
droit-il pas également comme nous
venons de le remarquer dans l'Expé-
Feu.
Or fulmi-
i»uc.
rience de la poudre fulminante de fa ■......' quot;quot; 'Z
prompte converfion en vapeur , amp;
de la dilatation de cette vapeur par
i'adion du feu. C'eft l'avis des deux
Phyficiens que j'ai pris pour guides ,
que j'adopte d'autant plus volontiers
que je vois la poudre à canon amp; la
poudre fiilminante avoir les mêmes
effets étant compofées de matières
femblables.
Les effets de cette pondre font ter-
ribles, rien ne réfiffe à fon effort -, plus
elle eft refferrée amp; preflee, plus fon
aftion eft violente, amp; c'eft la violence
de cette aftion qui chaffe la balle ou îe
boullet qu'on lui applique, qui per-
ce amp; détruit ce qui fe trouve dans fa
direftion.
Quelque meurtrière cependant quel-
le foit , l'humanité doit de la récon-
Boiffance à celui qui en a trouvé l'in-
vention. Puis qu'il n'eft pas poffible
d'arracher du cœur de l'homme , îa
cupidité , l'ambition amp; la jaloufie,
trois monftres auffi cruels qu'infépa-
rables, qui le déchirent dès le ber-
Çeau ; au moins falloir-il chercher les
moyens de retarder ceux que ces furies
empioyent pour affouvir leurs rages
par d'autre« plus lents amp; moins de-
S'.' quot; ftruaeiirs. C'eft ce que l'on a trouvé
^^ Affion du gn quelque manière par l'ufage de la
poudre à canon.
Avant que l'on eût imaginé le fecret
de faire voler le falpêtre, les peu-
ples fe fervoient du trait, du javelot,
amp; de l'épée, pour deffendre leurs
droits prétendus, amp; fe faire raifon
des infultes le plus fouvent idéales
qu'ils croyoient avoir reçues. Rien de
fi meurtrier que ces fortes de batailles,
furtout lorfque l'on venoit à s'appro-
cher amp; à fe frapper avec le javelot
amp; avec l'épée : 100 mille hommes
reftoient fur la place fans que l'on en
fût étonné. Aujourd'hui une cano-
nade n'eft rien en comparaifon d'un
combat corps à corps , qui fe fait
avec la bayonnette. *( a ) Nous avons
vû de nos jours deux armées fe fu-
filler pendant près de douze heures
entières , qui n'auroient pas combat-
tlf deux heures à l'arme blanche fans
une perte 3 à 4 fois fupèrieure à celle
que l'on a faite. Autrefois les Villes
afliégées ne fe prenoient que par aflfaut
amp; à force de perdre des hommes ;
(a) Bataille de Parme du X9 Jquot;/quot; '7Î4, gagnée
par l'armée de France , commandée par M. le Ma-
réchal de Coigny ; contre l'armée de l'Empereur,
commandée par le Géaéral Mercy qui.y lue tué.
XXVII. Lett
à préfent c'eft l'ouvrage
100 bouches d'airain détruifent une
ville amp; confervent 20 mille hommes.
Si c'eft la deftinée des hommes de
tendre à leur deftruûion , c'eft donc
un avantage d'avoir inventé un fécret
qui rende leur perte moins confidéra-
ble.
C'eft encore par l'aGion du feu que
les matières fe fondent. Les métaux
les plus dûrs n'en font point exempts.
Cette aâion leur fait perdre leur foli-
dité , amp; les rend liquides ; l'or, ïar-
gent, le cuivre, le fer, \e plornb, X'kain ,
fubilTent ce fort. C'eft à la facilité ,
favec laquelle ce nniac cnunge ces
corps déformé, que nous devons l'u-
fage des métaux,qu'il rend pour ainfi-
dire , m.alleables ; amp; c'eft par fon
moyen que nous les faifons fervir pour
notre utilité , nos agrémens , amp; nos
parures.
Que de bijoux prétieux, l'or amp;
l'argent nous procurent ! de quelle re-
fource lafufion des métaux n'eft-elle L'Oramp;i'Ai:-
pas entre les mains de ces habiles Ar- scat,
tiftes, qui les travaillent avec tant
d'adreffe amp; de fuccès.
Nous mettons le cuivre en oeuvre
R E. 171
du cano'n.
Aélioii du
Feu.
Fufion des
Méccaux.
^^^ 171 Lettres Physiques.
■quot;quot;quot;' ■ pour quantité cl'ufaees différents. L'an-
Adtion du •nbsp;/ • / \ it r)nbsp;, .
cien préjugé ou 1 on eft encore de s en
fervir pour apprêter les mets qui nous
nounilfent devroit être aboli. Nous
avons prefque tous les jours fous les
yeux des exemples trop funeftes du
poifon le plus fubtil, dont ce métal
fe purge amp; fe dépouille, fans que la
fource fe tariffe. L'habitude empêche
de faire attention que le cuivre efl
extrêmement pernitieux : quelque foin
que l'on ait de le tenir propre , amp; de
le couvrir de couche d'étain , les fels
dont les matières que l'on y dépofe
font compofées, attirent le verd de
gris , poifon d'autant plus 4 craindre,
qtx'il efl toujours accompagné de coli-
ques violentes, amp; de déchirements
d'entrailles qui immolent aura'nt de
viftimes, qu'il attaque de perfonnes.
Il a tant de refîburces d'ailleurs, que
l'on devroit le priver entièrement de
cette deftination. Bornons - le donc
dans l'intérieur de nos rnaifôns, à l'em-
belliffement de nos appartements,
dont il fait une grande partie de la
décoration : que fon éclat rende nos
voitures leftes , amp; brillantes. Qu'il
porte à la poflérité les avions mé-
Feu.
Cuivre.
»Korables de nos Héros, --------- „ —
fous à tranfmi celles de ces hommesnbsp;''''
illuftres de l'antiquité. Ces fondions
font affez nobles fans le forcer de de-
venir notre deftruQeur.
L'ufage du fer eft-il moins pré- te Fer»
cieux ? ii n'eft pas un Ouvrier de quel-
que profeffion qu'd foit, qui ne i'em-
pîoye dans fon métier. Tout plie fous
fes coups , tout obéit à' fa domina-
tion.
Le plomb nous met à l'abri deî Lc?iomb.
i^ijures de l'air', amp; du temps. Il lért de
ibudure pour Iceller le fer avec la
pierre ; amp; il contribue à nos plaifirs
champêtres, en cela feul qu'il eft meur-
trier.
C'eft avec l'étain amp; le fer fondu
enfemble que l'on fait ce beau fer-
blanc , qui nous donne des ouvrages
ft agréables , qui fouvent trompent
amp; facinent les yeux.
Les foudures viennent des corps- soudure,
fohdes fondus à un dégré de feu affez
fort pour les faire changer de nature
amp; les mettre en état d'unir d'autres
corps. La colle-forte, par exemple fe
fait avec de la corne préparée , que
l'on fait fondre dans del'eau chaude.
Toutes les matières fufibles ne fe
Mv
r e. 273
comme il
Fer-B!aiic.
i74 Lettres Physiques.
....... fondent pas au même degré de feu.
^Uïion du Lgj métaux alliés font plus aifés à
prendre la fufion que les fimples.
Ceux-ci même different entre eux dans
leurs degrés de fufion , fuivant leur
dureté plus ou moins grande.
Le plomb , par exemple , eft celui
de tous qui fe fond le plus aifément,
fit le plus promptement. L'or eft le plus
dur à fondre , parce qu'il eft plus
denfe, amp; plus compaâ: dans fes par-
ties ; mais la ftjfion la plus forte, amp;
qui demande le degré de feu le plus
violent, eft celle des matières propres
à faire le verre, parce qu'elles font
extrêmement dures.
Toute matière qui fe fond, va juf-
qu'au terme de l'ébulition. Les métaux
fondus paroiffent exceptés de cette
regie. Comme on ne peut rapporter
cet effet à leur péfanteur, puifque le
mercure qui ne le cede en poids qu'à
l'or amp; à l'argent, bout quand il eft
chauffé à un certain degré ; on l'at-
tribue à là décompofition qui fe fait
de leurs fouffres, amp; de leurs parties
graffes dans le temps de la fufion.
Us ont cependant la faculté fouvent
dangereufe , amp; funefte de bouillir ,
ainfi. que les autres matières -, mais
XXVII. Lettre. 175_
c'eft lorfque le feu qui les pénétre
trouve quelque corps étranger capa-
ble de devenir vapeur.
Verfez, par exemple, une fufion de
métal dans un cteufet humide , la
malTe bouillira, amp; s'élencera fort au
loin du creufet.
Je pourrois rapporter quantité d'e-
xemples pareils fur faftion du feu,
mais je crois vous avoir alfez démon-
tré les effets de ce fluide fi pénétrant,
en le prénant depuis la diffolution
des parties des maffes qu'il attaque
avec tant de furie , jufqu'à l'évanouif-
fement total amp; fubit de fes mêmes
maffes qu'il change de nature amp; qu'il
annéantit avec-fracas au grand danger
de ceux qui s'y trouveroiéht expofés.
Mvl
-ocr page 298-276 Lettres Physiques.
XXVIIL LETTRE.
Chim'.e.
' Ij Es parties des liquides , toutes
pe ites qu'elles font ne lt;e n on vent pas
plus exemptes que les folides , de l'a-
ftion de ce fluide fi vif amp; fi pénétrant.
Le frottement que îears petites
maffes effuient les unes contre les au-
tres , va quelquefois julqu'à opérer
l'inflammation.
C'efl: ce que nous démontrerons
mieux par les phénomènes merveil-
leux que nous allons vous rapporter y
de la chaleur qui naît du mélange des.
liqueurs. Quoique la Chimie s'en foit
emparée préférablement à la Phyfique,
cette connoiflTance a tant de rapport
avec notre fujet, qu'il n'eft ni indif-
férent, ni hors damp; propos de déve-
lopper des effets auffi flnguliers que-
furprénants amp; interreiTants.
Les Chimiftes nomment fermenta-
tions , le mouvement intérieur produit
par la féparation des principes , qui
compofent un mixte, ou bien l'union
de ces mêmes principes néceflTaires
pour le former; ejfervefcence, la péné-
Cltireii.-
XXVIII. L E T T R E. 177
tration des parties de différentes fub- quot;
fiances, comme les acides avec
les alkalis {b)-, Su. ébuLition , lorfque
deux matières qui fe pénétrent mu-
tuellement , rendent nu très-grand
nombre de bulles. Voilà les trois di-
flincïions que font les Chimifles.
On connoît bien ces effets , mais la
caufe qui les produit amp; qui occafionne
la pénétration mutuelle de différentes
parties qui fe joignent amp; fe choquent
forme une contefiarion qui a donné
naiffance à différentes opinions.
Si Ton coïifulte un Carrefien , ce
font les impulfions d'une matière fub-
tile , dont le mouvement eu tous fens
pénétre les corps les plus durs , qui
font entrer les pointes des acides dans,
les alkalis.
SiJ'on en croit un Nevtonien , c'eft
un mouvement intérieur des parties-
infenfibies , occafionné par l'intro-
duâion des acides dans les alkalis:
l'orfque les parties font prêtes à fe
joindre , ajoute t-il, la vertu attra-
âive tend à les unir fi intimement que
les moiécules des acides qui font au-
tant de parties tranchantes , longues
amp; pointues, fe trouvent forcées d'eri?
( MUe , eft un fel aigre-
{k) Alliai,, uu fel plus dottX.
Chimie.
278 Lettré s Physiques.
-trer dans celles des alkalis qui ibnt
poreufes , fpongieufes amp; faites en
forme de guaines ou de foureauy.
Si j'ai recours à mes guides, ils efti-
ment que le diffolvant qui eft l'acide,
eft porté dans les molécules poreufes
du diflbluble qui eft l'alkali, non par
cette vertu attraftîvenewtonienne, ni
par l'impulfion de ce fluide par excel-
lence cartefien, mais par une puifian-
ce qui porte les liqueurs dans les corps
fpongieux comme dans les tuyaux
capillaires.
Nous ne doutons pas un inftant que
ce dernier fenfuhent n'ait la prefe-
rence. Au moins eft-il fondé fur un
exemple qu'on ne peut fe refufer d'ad-
mettre. Rapporter la fermentation à
l'impulfion de la matière fubtile ; c'eft
une idée dont il faut démontrer la
réalité. Prétendre que c'eft la vertu
attradive qui fait pénétrer le diffolu-
ble par le diffolvant, c'eft dire l'effet
fans la caufe ; mais regarder amp; confi-
derer les pores du difloluble comme
autant de tuyaux capillaires, c'eft
unir tous les fentimens, amp; les rappel-
1er à un feul, par un exemple qui n'a
point de répliqué. On connoit l'effet
de ces tube's capillaires ; à la véri-
Chimie.
XXV III. L E T T R E. 279
té la caufe n'en eft pas encore bien !
démontrée, mais c'eft un fau,amp; il
fufiit qu'il exifte pour pouvoir en pro-
duire un femblable.
Sous le nom général de fcrmen.
tation , on comprend la diffolution ,
Yibulition, les chaUurs, Veprvefcmce,
Vimfiammation.'^esprécipités-, les éxal-
tations, les evaporations , les coagula-
tions amp; les crifialifatians.nbsp;_
La difolution arrive lorfque les aci- D.iTolution.
des entrent dans les alkalis, dont ils
brifent les parties. Us ne peuvent les
brifer fans foulever la matière dont
elles fontcompofées, c'eft ce que l'on
appelle ébulition. Au moment que les Eb.lù.on.
alkalis font brifés , ils reçoivent un
mouvement en tous fens, qui produit
d'abord chaleur ; de ceûe chaleur ch,iear..
.nbsp;*lt; ^nbsp;-r CC_____r^^m
comme lon vuu en.
rendre inflammables deux liqueurs
froides de leur nature , lorfqu'on les
mêle enfemble.
Lorfque les parties des alkalis bri-
fés font plus péfantes , elles tombent
au fond du mélange , amp; forment ce
que l'onnbsp;précipité : fi elles font Précipité.
moins péfantes, elles s'élevent vers
Cliimie.
2.SoLettres Physiques.
' la partie fupérieure amp; donnent lesf
exaltations (k les evaporations j. mais
^'il arrive que les parties des acides
s'introduifent dans les guaiiies des al-
kalis fans les brifer, alors leurs-mole-
cules devenant trop péfantes pour fe
communiquer le mouvement en tous
fens qui forme la Ifquidité , pren-
nent confiiîance , amp; font la coagula-
tion , amp; ces parties coagulées fe con-
vertiffent en criftaux , ce qui donne
le nom de criflalifation. Voyons par
des Expériences les difîerents états
par oil paifent les liqueurs froides
mêlées enfemble.
Verfez de l'eljîrit de nitre fur de
Fétain ou fur du mercure , vous aurez:
diffolution, ébidition., chaleur, efervefcen-
ce, parce ^xe les acides de i'eau forte
qui entrent impétueufement dans les-
alkalis du mercure, ou.de l'érain , en
brifent Ifc molécules, amp; leur commu-
niquent uri mcuveirjent en tous fens,,
qui produit ces effets.
Jettez u.ne demi-once de bon ef-
prit de nitre flimant, fur trois onces
d'huile de gayac, vous verrez une
violente firmenturion accompagnée
de fumée, amp; en continuant de verfer
l'efprit de nitre - il s'élévera au milieu;
Ctiiîuîc.
Exaltation,
îvapora-
tion.
Coagula-
tion-
Cti.lali ra-
tion.
ïxpéilence
«le l'eau for-
te fur le injc-
c-ure cti l't-
Mia..
Expérience
du cliampig-
noii phi'o.o-
phitjue-.
un corps fpongieux environné de flam- !
me appellé champignon philofophique ;
qi;i lé forme des particules graffes amp;
huiieuiei du bois de gayac , qui étant
enlevées par les particules d'air, s'en-
veloppent d'ime couche très-mince de
la matière dont l'huile de gayac eft
compofée.
11 eft peu de corps plus propre à
finflammation que les huiles , en les
mêlant avec un acide bien rédiiié.
Telles font les huiles effentieîies de
gerofle , celles que nous venons de ci-
ter par les Expériences, amp; celles que
l'on retire par la diftilation ; ainfi que
les huiies graffes amp; péfantes , com-
me les Iniiles d'olives , de navette ,
de noix, amp;c. que nous retirons par
exprelîion qui contiennent une grande
quantité de feu, amp; de fouffre. L'acide
qui les pénétre dans leurs parties dé-
chire les enveloppes des petits ballons
de feu, dont elles font remplies, qui
fe trouvant exchés éclatent de toutes
parts , c'eft ce que l'on voit dans la
belle Expérience du mélange de I'efprit
de nitre avec les huiles de gerofle ou
de téréber.tine , amp;c.
Verfez un gros de bon efprit de ni- Expfticacci
tre mêlé avec autant d'huile de vi-
chimie.
iSi Lettres Physiques.
triol concentré , fur trois gros d'hui-
le ou de gerofle ou d'efprit de terre-
bentine dans un grand verre i à l'in-
ftant du mélange, ils'éléve une flam-
me jufqu'à la hauteur de 3 à 4 pieds.
Pour faire naître la coagulation, on
mêle enfemble de l'huile de tartre par
défaillance, avec de l'eau de fel amp; de
chaux. En agitant ce mélange avec un
petit bâton , les acides entrent dans
les alkalis de l'huile fans les brifer , amp;
les molécules trop péfantes pour céder
au mouvement que leur donne l'état
de liquidité, fe joignent, amp; forment
un corps opaque quife coagule. Cette
CGsgiilaîion fe perd aifcfncriî St \ on
rend la liquidité au mélange dès que
l'on verfe deffus un acide afléz puiffant
pour défunir ces mêmes molécules
qui fe font jointes, l'our cet eifet il
ne faut que verfer deffus la coagula-
tion , un peu d'efprit de nitre ; auffi-
tôt le mélange revient dans fon pre-
mier état de liquidité.
Ixpérience Verfcz brufqucment trois onces
du n;Êiange d'eau claire, amp; pure fur trois onces
'^rtd^vin'^' d'efprit-de-vin bien déflegmé. Le mê-
' ' lange fe troublera , fera louche , amp;
l'air fe manifeftera en bulles à la fur-
face.
Chimie.
îxpéricnêe
de la coagu
lation.
Quoique cette expérience n opère ï
pas rinflammation , fes effets font
les mêmes que ceux que nous venons
de mettre fous les yeux , ainfi que la
caufe amp; l'explication. La pénétration
fubite de ces deux liquides, donne
un mouvement brufque à leurs parties
qui occafionne l'ébu lition.
De cette Expérience , il réfulte un
phénomène très-curieux , amp; très-fin-
gulier ; c'eft que le poids de ce com-
pofé d'eau, amp; d'efprit-de-vin lorfqu'il
eft mêlé, eft plus fort que celui qu'a-
voient en total ces deux liquides
avant leur mélange , en les péfant fé-
Les Expériences que nous venons
de rapporer prouvent que le mélange
amp; la pénétration de deux liqueurs,
dont les molécules fe divifent, amp; fe
déchirent par le choc , Sz; le frottement
des parties de ces mêmes liqueurs,
occafionnent des dégrés de chaleur,
qui vont quelque fois jufqu'à l'embra-
fement : voyons fi le mélange eft tou-
jours néceffaire pour opérer cet em-
brafement, 8z; s'il ne fe trouve pas des
corps qui nous donnent les mêmes
phénomènes par des mouvemens qui
naiffent de la matière dont ils font
chimie.
Ï84LETTRES PHYSIQUES.
compofés. Le Pyropiiore va nous
fervir d'exemple
Le Pyropiiore eft comme nous l'a-
vons obfervé à l'article du Phofpho-
re, ainfi que lui une découverte heu-
reufe produite par le hazard. M.
Homberg i'a trouvé en travaillant fur
la matière fecale,amp; l'alun mêlés enfem-
ble , avec toute autre idée que celle
de le chercher. H s'api^erçut que le
caput mortuum de ce mélange pre-
noit feu à l'air libre , lorfqu'il étoit
refroidi, amp; c'eft à cet habile Chimifte
que la Phyfique eft redevable de
cette découverte.
La différence qui fe trouve entre
le phofphore amp; le pyrophore, eft
que le premier s'enflamme par le frot-
tement , amp; jette une lumière brillante ;
amp; le fécond s'embrafe à l'air libre
amp; fe met en charbon.
Le pyrophore eft une poudre noire
femblable à la poudre à'canon, dont
on jette quelques grains fur du papier
ou dans la main. Sitôt qu'elle eA ex-
pofée à l'air, elle s'embrafe, amp; chaque
petit grain montre à fa fuperficie une
petite flamme violette. Cette pondre
fe fait aulTi svec du miel, de la fari-
ne amp;: de l'alun.
Cliimie.
Pyrophore.
XXVin. -L E T T R JE.
M. rAbac Ivollvt a trouvé
que
M. Homberg rencioit raifon cic l'era-
iirafoment du pyrophore, d'une ma-
nière û fenfible , qu'il a rapporté l'ex-
plication entière que ce Chimifte en n
donnée : je ne crois pas elFedivement
que l'on puifîe s'expliquer d'une ma-
nière j)lus claire , amp; plus précife.
Le réfultat eft que cette ])oudre
s'embrafe, parce que la matière par
une calcination auffi forte que celle
qu'elle reçoit, perd tout ce qu'elle
contient d'aqueux, amp; la plus grande
partie de fon huile amp; de fon fel voLi-
lil, de forte qu'elle ne conferve plus
qu'une efpéce de tiffii fpongieux d'une
matière terreufe , qui a retenu tout
fon fel fixe, avec une partie de fon
huile fœtide, dont les pores vuides
confervent pendant quelque temps la
flamme qui les a pénétré pendant la
calcination. Ce fel fixe qui refte abfor-
be l'humidité de l'air qui le touche ,
amp; c'eft cette humidité qui en s'intro-
duifant fubitement dans les pores de
la poudre , produit un frottement ca-
pable d'exciter la chaleur, qui jointe
aux parties de la flamme qui y font
demeurées en forment une affez gran-
de , amp; affez forte pour donner l'em-
2s6lettres Physiques.
chimie.
seraux.
XXVIII. Lettre. 287
elle le charge en filtrant à travers les !
terres, parce qu'elle eft naturellement
compolée de parties homogènes.
Les plantes aromatiques contien-
nent beaucoup de matière ignée. Il
s'en trouve quantité dont les exhalai-
fons s'enflamment : fi vous approchez,
une bougie allumée d'une plante nom-
mée fraxindU, vous lui verrez prendre
feu amp; s'enflammer.
Il n'exifte rien dans la Nature qui
ne prouve que tout eft rempli de la
matière du feu. Les corps folides com-
me les fiquides, les minéraux , les
végétaux, les matières animales, tou-
te fubftance , enfin ; amp; ce n'eft que
par l'agitation , amp; le frottement que
cette matière, que les corps contien-
nent, fe met en mouvement, s'anime.,
s'allume amp; s'embrafe.
Météores ignés.
Qui nous démontre mieux la
difpofition fubite qu'ont les corps à
s'embrafer , lorfque leurs parties fui-
phureufes viennent à fe rencontrer ,
. amp; à fe choquer, que ces météores en-
flammés que nous voyons de nuit paf-
fer d'un côté de l'atmofphère, à l'au-
tre , connus du vulgaire fous les noms
Chimie.
Méccor«s ig1
Lettres Physiques.
»■^ijiii«^^ d'e'roi/« JUantes ou tombj.nus. Ce font
Mctcores ig- vapeurs inflammables qui s'élé-
— vent de terre , amp; qui rencontrent en
l'air d'autres matières propres à fer-
menter avec elles julqu'à l'inflamma-
tion. Ainfi ces feux que l'on voit cou-
rir , c'eft l'inftant où ces matières s'u-
niflTenc, fe mêlent amp; fe confondent.
Ces autres météores plus voifins de
la terre , qui caulènt fouvent plus de
frayeur que de curiofitié , par !es con-
tes fabuleux que Ton débite fur eux ;
ces exhalaifons nommées ftux follets,
font occafionnées par des matières
graflés , amp; pHr des vapeurs fulphureu-
ïes qui s'embraient par la fermentation
fous diflérentes formes. C'eft dans
fAutomne que l'on voit courir ces
feux , dans des endroits marécageux ,
où la terre eft graflquot;e amp; humide. Ce
font des matières agitées par le vent,
qui s'uniflTent, s'enflamment amp; volti-
gent au gré de ce même vent juiqu'à
ce qu'elles foient confumées.
Ce feroit ici le moment de parler
de ce phénomène fi terrible , de ce
météore qui étonne autant qu'il épou-
vante , qui frape , brille, confurrie ,
calcine, annéantit dans im inftant tout
ce qu'il rencontre. De ce tonnere qui
produit
Etoile
Uiues,
Fcux-fol-
icts.
Tonnere.
produit des effets li extraordinaires, amp;nbsp;--i
û étranges, jufqu'à exterminer , amp; .
faire périr fur le champ , hommes amp;
animaux, qui cependant reftent dans
leur entier , fans qu'il paroiffe aucun
yeftige de leur mort ; de cette foudre
enfin qui fond une lame d'épée fans
endommager le foureau , dans lequel
elle eft renfermée , amp; qui fait naître
une infinité d'autres prodiges plusfrap-
)ans, amp; plus effrayants les uns que
es autres ; pour cet effet nous con-
fulterions la fçavante differtation du
Pere Lozeran , nous chercherions à
nous inftruire en approfondiffant celle
de M. l'Abbé Nollet auffi judicieufe
qu'elle eft nettement expofée, fi nous
étions encore dans l'erreur, amp; dans
l'ignorance fur les effets amp; les caufes
de l'éleûricité. Adluellement que l'on
doit regarder comme certain amp; con-
ftant que le tonnere amp; l'éledricité par-
tent du même principe , je me réferve
d'en parler lorfqu'il fera queftion de
cette partie, une des plus étonnantes
amp; peut-être des plus intéreffantes que
puiffe avoir la Phyfique. Du moins fi
l'on n'en a pas encore démontré l'uti-
lité , eft-ce une des plus curieufes dé-
couverte qui jamais ait été faite.
i9oLETTRÉs PHYSIQUES.
XXIX. LETTRE.
M E voici parvenu , Monfieur, à
cette partie fi brillante de la Phyfique
à la démonftration de cet être fi agréa-
ble , amp; en même-temps fi néceÛ'aire
à l'homme, que l'orfqu'il fe trouve
privé de l'organe qui lui en procure les
avantages, il ne devient plus qu'une
machine fujette, amp; dépendante du
caprice des autres créatures, qui la
font agir amp; mouvoir à leur gré.
Les temps ne furent pas plûtôt
écoulés , où Dieu dans fon éternité
avoit réfolu de produire l'univers, que
cet Être Divin , commença par créer
le Ciel amp; la Terre , enCuite il fit la
Lumière 8r la fépara des Ténébres.
Quelle fublimilé dans les paroles
dont Moyfe s'eft fervi pour nous
îranfmettre la volonté de Dieu : Fiat
lux, amp; facla e-fi-, nul intervale entre
la penfée amp; l'aftion. L'ordre eft-il
donné, il eft exécuté : que la Lumière
foit , elle eft : quel tableau plus frap-
Da la Lu-
mière.
pant pour marquer l'obéiflance rhy
ordres du Tout-Puiffant. Cette Expref-
fion eft û merveilleufe, amp; fi divine ,
qu elle éléve lame autant quelle la
laifit de refpeû amp; d'admiration.
Plufieurs interprètes ont penfé que
la lumière étoit un corps lumineux,
qui a pu fervir de matière pour for-
mer les autres Aftres ; que pendant
les trois premiers jours delà création,
il avoit le même mouvement que le
Soleil, amp; que néceflairement il éclai-
roit en différens lieux, de même qu'il
formoit le jour amp; la nuit.
C'eft de ce fluide fi précieux, de
cet aftre lumineux , de cet élément
qui éclaire l'univers , de la lumière
enfin , qu'il faut traiter , en chercher
la caufe, amp; en démontrer les effets.
Pour parvenir au but que je me pro-
pofé , je diviferai cette partie de la
Phyfique en plufieurs objets.
^ Je chercherai d'abord quelle peut-
être fa nature ; d'où vient fa propaga-
tion. J'expoferai enfuite la defcription,
8c l'anatomie de l'organe de la vue
ftns lequel, il n'eft pas poffible de pé-
nétrer dans les phénomènes de la lu-
niière. La Méchanique de la vifion
naturelle, amp; l'optique fuivront de prè«
19iLettres Physiques.
: cette defcription ; après quoi, j'entre-
misse prendrai la Catoptrique, amp; la Dioptri-
que , lefquelles feront fuivies à leur
tour , de la décompofition de cette
lumière, dont avec le fecours des
plus grands Philofophes, je féparerai
les couleurs les unes des autres, pour
en faifir les propriétés.
La Lumière efl: un fluide incompré-
henfibie , que l'on mefure amp; que l'on
calcule cependant très-aifément. Tout
fubtil qu'eft ce fluide, c eft un être
matériel fur la nature duquel les plus
grands Philofophes varient dans leurs
fentiments. Je 'annonce matériel, par-
ce que toute matière communique ,
ou reçoit une modification qui lui eft
propre ; or la lumière vient frapper
Torgane de la vue , pour lui imprimer
l'objet éclairé ; de plus, on la mefure
comme nous venons de le remarquer,
on peut l'aggrandir, amp; la réduire dans
Vin très-petit efpace i donc la lumière
eft matière.
Newton prétend que la lumière eft
compofée d'une matière dont les par-
ticules infiniment pétites émanent en
droite ligr.e du corps lumineux, quj^
lance continuellement autour de lui V
des rayons de fa propre fubftance,
XXIX. L E T T R E.. 193
qui fe fuccedent avec une vîteffe in-
compréhenfibie.nbsp;mièie.
Gaffendi, Caffmi, Roemer, Brade-
ley, ont eu la même idée de la lumiè-
re ; ils avoient pitifé leurs fentiments
dans les opinions d'Epicure , amp; de
Démocrite.
Defcartes qui fe renferme dans îa
pétitefle inexprimable des parties de
la lumière , qu'il regarde comme une
fuite de petits corps globuleux , dit
que cette matière extrêmement déliée
remplit tout l'univers ; qu'elle eft ani-
mée , foit par le Soleil, foit par les
Etoiles, foit enfin , par tous les corps
qui s'enflamment fur la terre ou ail-
leurs , non par un mouvement de
tranflation,mais par un trémouflTemenî
qui l'agite , comme feroit celui du
fon , amp; que l'impulflon du corps lu-
mineux fe porte à la diftance la plus
éloignée en un inftant.
Un Sçavant Auteur (^î) fe confor-
me au fentiment de Defcartes ; il efti-
me la lumière un fluide intermédiai-
re , qui non-feulement s'étend du So-
leil jufqu'à nous, mais qui remplit
généralement tout l'univers, amp; qui
(.«) M. Pluche, SitSMle de U N-tmre. Torn. IV.
P'g«?}.
294lettres Physiques.
fans fe déplacer , tranfmet par une
«if«.'^ ^quot; preffion fucceffive, quoique très-rapi-
de jufquedans les fphères des étoiles
l'adlion de nôtre Soleil, ainfi que l'im-
pulfion des Etoiles dans la fphèredu
Soleil. Le corps lumineux, dit cet Au-
teur , eft un liquide immenfe , qui ré-
fide toujours autour de nous , prêt à
nous fervir amp; à nous avertir au premier
ébranlement qu'il reçoit du Soleil,
d'un incendie , d'un flambeau , d'une
étincelle : ce fluide,dit-il encore, efl:
pouflquot;é par les corps enflammés , dont
il n'eft ni la produdlion , ni l'effet.
Mais il fe trouve un obftacîe con-
fidérable à vaincre, pour quiconque
veut entreprendre la défenfe du fyftê-
me de Defcartes; obftacîe qui fera
toujours un écueil où pourroient
écheoir ceux qui s'attacheront à ce
parti, amp; c'eft lui fans doute, qui a dé-
tourné Caflîni, Roemer, Bradeley, amp;
d'autres Philofophes Modernes , de
fuivre les principes du Réformateur
de la Phyfique , pour embrafler le
fyftême du Philofophe Anglois.
Au commencement de cet article ,
nous avons remarqué que la Lumière
fe mefuroit, amp; qu'elle étoit foumife
au calcul j c'eft ce que les Philofophes
XXIX. Lettre. 295
que nous venons de citer ont reconnu, i-
Eniùj^, Caffini obferva que la Lu-
mière traverfoit le diamètre entier de
Torbe annuel de la terre en 14 minu-
tes , par conféquent que nous devions
recevoir celle du Soleil.en 7 à 8 rni-
nutes. Roemer amp; Bradeley ont ûiivi
cette opinion , amp; l'ont rendu fi fenfi-
ble à force d'obfervations, qu'aujour-
d'hui elle eit univerfellement reçue
pour confiante ; de manière que l'on
regarde le mouvement de la Lumière
comme progreffif, fans en faire aucun
doute.
Or, fi îe mouvement de la Lumiè-
re , eft un mouvement progreffif, fe
communiquant de proche 3n proche
par l'émanation du corps lumineux
qui fe porte depuis fa fource, jufqu'au
terme de fa tranflation ; le fyflème
des filets globuleux qui n'attendent
que la plus légere impulfion pour être
mis en mouvement s'évanouit.
De la Nature de la Lurn'àre,
Paffons à l'examen de la nature de
-------- . -nbsp;'nbsp;• /- r Nature de
cet être , qui nous tire pour ainli-clir« u minière,
du néant, en diffipant les épaiffes té-
nèbres , dans lefquelles nous nous trou-
De la Lu-
2.9(5Lettres Physiques.
N.cure denbsp;' POquot;quot;^
U imnècc. /louveller notre exiftence, amp; nous en
faire mieux fentir le prix.
II paroit que prefque tous les Philo-
fophes .quot;Dnt d'acord fur la nature de la
Lumière, amp; que les fentimens fe réu-
niffent pour décider quç la Lumière amp;
le feu font le même être, qui différé
feulement fuivant les circonftances.
Defcartes cependant ce génie créa-
teur à voiilu diftinguer la Lumière de
ïa chaleur amp; la mettre dans un ordre
• différent. Je ne puis comprendre com-
ment ce grand homme à pu fe refufer à
une démonftration qui fe pafle jour-
nellement fous nos yeux, amp; auffi évi^
dante que celle qui prouve à chaque
inftant l'unité de ce fluide. La flamme
brille , amp; éclaire ; nous fçavons que
les rayons du Soleil raffemblés en un
point, embrafent les matières les plus
dures. Si nous voyons la flamme éclai-
rer , amp; la Lumière brûler ; nous de-
yons conclure que la Lumière amp; le feu
ne font qu'un feul être préfent dans
tous les corps qui exiftent, amp; que cet
être eft répandu dans toute la Nature.
Deux Expériences vont fervir à nous
Jjrouyer que le feu amp; la lumière font
identiques.
XXIX. Lettre; 297
Celle delà traînée de Lumière,
qui fort d'une ferviette unie , que l'on ,
? .nbsp;, , .nbsp;Inbsp;, la Lumicre.
lait glilfer entre les doigts dans 1 ob-__
fcurité, après l'avoir fortement chauf-
r r 1 rnbsp;s . ^nbsp;, de la Setvicc-
tée a un feu tres-vif, prouve que la te.
chaleur prépare les parties du feu qui
font dans le linge, amp; que le choc ou
le frotement en les excitant anime la
Lumière, amp; la fait naître. Cette Lu-
mière efl donc un feu que la chaleur
met en aûion , qui s'allume fur le
champ , amp; qui fe dillipe de même.
Les lettres, lignes ou cafadlères Expérience-
que l'on trace avec un bâton de
phofphore de Kunkel, jettent une lu-
mière très-vive amp; brillante, qui dif-
paroit lorfque Ton foufle deffus; mais
qui l'inflant d'après redevient plus ani-
mée. Le feu qui fe trouve eh liberté
s'enflamme , amp; à mefure que les par-
ties extérieures fe confument, le feu
intérieur anime celles de deffous, qui
s'allument à leur tour , amp; ainfi de
proche en proche , jufqu'à ce que
toute la matière du phofphore foit
confumée. Ici la Lumière eft l'ailioti
d'une matière préfente partout, ais
dedans comme au déhors des corps î
^ quelle peut être cette matière,fc
ce n'eft le feu ?
Lettres Physiques.
'nbsp;^^ matière de la Lumière elï
/U iu^Tre/P'^éfente par-tout, amp; identique avec
le feu élémentaire ; le feu amp; cette
matière ne font donc qu'un même élé-
ment fous des modifications différen-
tes ; c'eft ce que nous venons de
voir, par les deux Expériences ci-
deffus , amp; ce que nous trouverons
dans la plus grande partie des corps
de toute efpéce.
Des Phofphorcs.
Phofphote
naturel.
—quot;Tl! On appelle Phofphore {h) tout corps
Phofphote. qui brille dans l'obfcurité. Nous en
connoiffons de deux fortes, l'un na-
turel , l'autre artificiel, qui fe trouvent
tous deux dans les trois régnés de ia
Nature , animal, végétal 8c minéral.
Le Phofphore naturel, eft celui qui
jette une lumière de fa propre fub-
ftance , fans avoir été préparé ; c'eft
ce que l'on reconnoît dans prefque
tous les corps , excepté les métaux,
amp; ceux de couleur brune.
La découverte des Phofphores na-
turels fur les Foffdes, a été faite par
Boyle , Philofophe Anglois , amp; par
M. Dufay. Le premier à fait un Traité
fur le Diamant, qu'il à trouvé lumi-
(4) Phofphore veut dice, Portc-lHmière.
-ocr page 321-neux : mais M. Dufay a trouvé que :
le diamant, le jaune fut-tout, amp; quan-
tité de pierres fines avoient la pro-
priété de briller. Enfin plus les recher-
ches ont été poufTées, plus on a re-
marqué d'efpéces différentes, comme
terre, fable, pierres dures amp; tendres,
briller dans l'obfcurité , après avoir
été expofées au grand jour.
Voulons-nous chercher ces portes-
lumières dans le règne animal, toutes
les parties du monde , nous fournif-
fent des exemples fans fin. La France,
Vltalie, l'Efpagne , le Nord, les In-
des fourmillent de ces petits phofpho-
res vivants , qui brillent amp; lancent
une lumière très-vive.
En France c'eft une petite mouche,
communément appellée ver-Inifant
femelle à\\ fcarabê, Aorà la peau fous
le ventre eft tranfparente, amp; renvoye
une lumière qui fort de fes inteftins.
En Efpagne, en Italie , c'eft iine
autre petite mouche nommée lucciola,
fi commune que l'athmofphère en eft
éclairée.
Dans les Antilles on trouve une
groffe mouche, qui fert de lumière
pendant la nuit, amp; que l'on renouvel-
le tous les quinze jours.
Phofphore.
Lucciola.
JooLettres Physiques.
PJiof herenbsp;inanimés font auffi phof-
phoriques que les êtres vivants, amp;
'on voit fouvent luire les viandes,
le fang, les urines , le» cheveux , amp;
jufqu 'aux immondices de cuiline.
Nous fouillerions encore dans le
regne animal , qui nous fourniroit
quantité d'autres exemples, s'ils nous
étoient néceffaires pour prouver ce
que nous avançons ; mais ceux que
nous venons de rapporter fuffifent
pour faire voir que prefque tous les
corps font capables de luire , dès que
la matière de la lumière qu'ils contien-
nent efi difpofée pour cet effet.
En parcourant le regne végétal
nous en avons raille à citer auffi fami-
liers que ceux du régne animal Les
farines, le fucre, le cotton, les écor-
fes de bois , des plantes, amp; quantité
d'autres s'allument au jour, amp; brillent
dans robfcurité.
On affure que Beccari, profeffeur
à Bologne,, s'enfermoit dans une
chambre très-noire, qu'il avoit fait
conflruire , amp; que par une efpece de
tour , il faifoit paffer du grand jour ,
à la plus parfaite obfcurité, les corps
qa'il voidoit éprouver, amp; qu'il les a
trouvé prefque tous Phofphoriques.
XXIX. Lettre. 301
On prêtent que les Guides du Nord
éclairent les voyageurs pendant la
nuit avec des morçeaux de bois lu-
mineux.
Phofphore.
Phorphoret
Atcihcielle«.
Lorfque les matières qui compofent
les trois régnés font préparées, foit
par une chaleur modérée, foit par la
diflblution de leurs parties , ou par la
calcination , elles deviennent toutes
des phofphores lumineux , amp; elles
devélopent dans l'obfcurité la lumiè-
re qu'elles contiennent. Les os, les
nerfs, amp;c.pour les matières animales ;
pour les végétales , les fèves , les
amandes , amp; fur-tout le papier qui,re-
tient l'empreinte lumineufe d'une pla-
que de métal chaude, que Ton appli-
que deffus 334 minutes ; amp; la pierre
de Bologne , amp; autres de cette nature
préparées par la calcination pour les
minéreaux, font autant de phofphores
arufïciels qui ont la même propriété
que les naturels. Ainfi tous les corps,
foit naturellement , Ibit artificielle-
ment par une préparation, font rem-
plis de ce feu élémentaire , de cette
lumière prête à éclatter dès qu'elle efl
mife enaftion.
if
-ocr page 324-502 Lettres Physiques.
XXX. LETTRE.
De la Vue,
A. Près avoir fait connoître autant
qu'il a été en notre pouvoir , la na-
ture amp; la propagation de la lumière,
nous allons palfer fes effets en revue :
mais avant de déveloper fes pro-
priétés, amp; les phénomènes, il eft né-
ceffaire de faire l'examen des parties
qui compofent l'organe deftiné pour
les appercevoir , fans lequel Thomme
ne peut admirer les miracles perpé-
tuels de la Nature.
Je ne fçais, Monfieur, fi vous pen-
fez comme moi. Je trouve que la vue,
le cinquième de nos fens, eft le plus
précieux de tous. Elle nous fait dé-
couvrir les beautés variables à l'infi-
ni , dont la Nature embellit l'univers.
Elle faifit dans un inftant l'objet qui
lui eft préfenté dune manière plus
vive que les autres fens. Son organe ,
ce font les deux yeux placés à l'anté-
rieur de la tête qui font comme deux
tranfparens, au fond defquels la lu-
mière va peindre l'image des ob;ets
La Vue.
XXX. Lettre. 30j
que la Nature lui repréfente. Ces !
yeux font logés dans deux ereux que____
Ton nomme orbites, amp; ils ont chacun Les deu*
fix miifcles qui les font mouvoir en
tous fens.
Le Nerf-optique fe répand en trois Ncrf-opti-
Branches qui compofent le globe de
l'œil. La première fe nomme dure-
mere^cpï forme l'enveloppe extérieure.
La fécondé s'appelle piemere , qui fert
de fécondé enveloppe, amp; l'on donne
le nom de moille à la troifiéme.
On diftingue auffi dans l'œil trois
timiques, amp; trois humeurs. Les tuni-
ques font la cornée, Vuvée amp; la rétine.
La cornée eft une expanfion de la
dure-mere , qui couvre le devant de
l'œil. Elle tire fon nom de fa tranf-
parence , qui la fait reffembler à de
la corne, amp; la partie qui s'enfonce
dans l'œil fe nomme fclerotique. Ainfi
nous voyons que îa cornée , la dure-
mere ,. amp; la fclerotique , font des
noms diiîérens attribués à la même
partie.
La fclerotique ou cornée-opaque , eft Sclérotique,
la partie de la dure-mere , qui fe trou-
ve dans l'intérieur de l'œil ; amp; la cor-
nue tranfparente eft la partie qui eft
a l'extérieur.
La Vue.
Dure-mere.-
Piemere.
MoeUe.
La Cornée.
L'Uvée.
La Rétine.
La Coruée.
304 Lettres Physiques.
L'£7vee réfide fous la cornée. Cette
fécondé enveloppe que nous avons
nommée pumere , eft opaque. L'ou-
verture circulaire qu'elle pofféde au
milieu s'appelle prumlU , qui fe ré-
trécit à la grande clarté , amp; s'élargit
dans l'obfcurité.
La partie de l'uvée qui s'enfonce
dans l'œil prend le nom de choroïde.
Elle eft très-noire, amp; très-opaque,
aufli fait-elle l'effet d'une chambre
obfcure. Cette choroide fe divife en
deux parties. Celle de devant forme
l'iris , celle de derrière la couronne-ci-
Uaire.
VIris eft le cercle coloré que nous
venons de défigner fous le nom de
prunelle.
La Couronne-Ciliaire tient vis-à-vis
la prunelle un corps tranfparent,
appellé crijîalUn.
La Récine eft une partie des fibres
les plus déliés du nerf-optique , qui
s'étendent derrière la choroide fiir la
totalité du fond de l'œiL
Les trois humeurs dont l'œil eft
rempli, font Vhumeur-aqueufe, Vhumeur-
vitrée amp;c Vhumeur- criflallijie.
U Humeur-Aqueicfe eft une liqueur
claire , qui occupe l'eipace qui fe
la Vue.
ruvée.
Prunelle.
Clioroide,
L'Itiî.
Couronne-
Ciliaire.
La Rétine.
Humeur-
Acjusufe.
XXX. Lettre. J05
trouve entre la cornée , amp; le cri-
ftallin.
VHumeur-Vitrée a plus de confiftan- i-quot;Humeur-
ce quoique diaphane. Elle réfide dans
la partie poftérieure de l'œil, amp; elle
eft diftinée à rafraîchir la rétine. •
Humeur Chrifialline fe trouve entre
l'humeur-aqueufe amp; l'humeur-vitrée,
dans une membrane nommée arachi-
noide. Sa figure eft lenticulaire , plus
convexe dans fa partie antérieure.C'eft
ce criftallin enchaffé dans la couron-
ne-ciliaire , fufpendu vis à vis la pru-
nelle , dont les petits fibres, qui font
à fa circonférence, viennent de la
choroide.
Voilà les parties principales defti-
nées à déterminer lesjonclions de l'œil.
Le criftallin reffembîe à un verre len-
ticulaire , qui placé dans des milieux
moins denfes que lui, raffemble dans
un foyer les rayons qu'il reçoit ; auîîi
les objets extérieurs qui viennent
tomber defliis, s'y refraûent, amp; vont
s'imprimer au fond de l'œil. La diop-
trique nous fera connoitre le détail de
ce méchanifme.
Mais fur quelle partie de l'œil ces
objets extérieurs vont-ils fe peindre ?
eft-ce fur la rétine , ou fur la choroi-
La Vue.
506LETTRÉS PHYSIQUES.
I de,? L'opinion la plus ancienne paroît
décider en faveur de la rétine ; cepen-
dant fi nous devons déférér à l'avis de
grands Anatomiftes , amp; aux expérien-
ces mêmes, nous placerons l'organe
de la vue fur la choroide ; ce^que nous
allons rapporter en décidera.
L'ingénieux M. Mariote, auffi grand
Phyficien qu'habile Anatomifte , en-
treprit de découvrir fur quelle partie
de l'œil s'accomphflbit la vifion ; pour
cet effet, il fit une expérience fimple
qui démontre que la rétine que l'on re-
gardoit comme la partie la plus nécef-
faire pour la vifion efl infenfible. Pour
s'affurer de ce fait, il attacha fur une
«9îlt;ricncc. muraille du papier blanc à la hauteur
de fes yeux ; puis à droite , à deux
pieds de diftance, il en mit un autre
morçeau un peu plus bas que le pre-
mier , afin qu'il vînt donner direâe-
înent fur le nerf - optique de l'œil
droit.
Cette préparation achevée , en fe
plaçant vis-vis le premier papier , amp;
fermant l'œil gauche, il vit les deux
papiers à la fois : alors il s'éloigna peu
à peu, amp; lorfqu'il fut environ à neuf
pieds d'éloignement, il perdit de vue
le fécond papier quoiqu'il vît encore
u Vue.
XXX. Lett RE. 307
îes objets qui étoient plus éloignés ï
fur la droite. De-là il coriclut que
l'image difparoit chaque foiamp; qu'elle
touche fur la rétine , amp; que cette
partie n'étant pas capable de peindre
les objets, il falloir que ce fût la eho-
roide qui reçut leurs images, (a)
. Le célébré M. le Cat, dans fors
Traité des Sens, pag. 385, ouvrage
fi précieux par fon utilité , amp; par îa
netteté avec laquelle il efl écrit, ap-
puyé le fentiment de M. Mariote ,
non-feulement par la même Expérien-
ce de ce Sçavant Anatomifte qu'il a
faite amp; réitérée, mais encore par plu-
fieurs autres de fa façon , amp; furtouî
par fes obfervation^ de forte qu'il
prouve que la choroide eft l'organe
immédiat de la vue.
Ainfi felon l'avis de ces Sçavans
Anathomiftes , nous devons regarder
la choroide comme la membrane de-
ftinée à recevoir les images des ob-
jets extérieurs.
Aduellement que nous connoifiôns
les parties qui conftituent la vifion ,
nous entreprendrons dans les Lettres
fuivantes d'expliquer les effets de la
(quot;) Journal d«s Sçavans leSo : Recueil det Ob-
▼rages ^^ ^^ Maxiotc-
La Vue.
^^ 308 Lettres Physiques.
^^ lumière ; ce font des connoilTances qui
dépendent de 1 optique.
Optique.
Optique. 'Optique efi: une fcience qui em-
braffe tout ce qui concerne la vifion
que nous diftinguons en trois autres
Sciences particulières.
La preaiière , nommée optique ou
vlfion dircUe , comprend les effets , amp;
le méchanilme de la vifion naturelle.
La (éconde qui regarde la réfleclion
de la lumière iiir les corps opaques ,
tels que les mifoirs, s'appelle catop-
trique.
E : la troifiéme eft connue fous le
nom de dloptrlque, qui dépend de la
réfradion de cette même lumière lorf-
qu'elle traverfe des corps tranfparents
ou diaphanes.
Optique ou Vifion direcie.
Par YOptique ou Vifion direcie , on
Yifon''^dke- entend la direûion des rayons de la
lumière affujettis à la loi invariable
que la Nature a impofée à tous les
corps qui font en mouvement»
La Vue.
öe.
XXXI. Lettre. 309
La lumière fuit conftamment fa pre- '
mière direûion ; amp; fi elle en change, vifion^quot;cU
ce n eft jamais qifà la rencontre de
quelqu'obftacle qui fe trouve à fon
paftage, qui la force de prendre une
nouvelle route , foit en fe réfléchif-
fant, foit en fe réfraâant.
L'optique nous apprend comment
les objets que nous appercevons vien-
nent iquot;e peindre , amp; fe repréfenter au
fond de nos yeux.
Déterminons un rayon de lumiè-
re par une émanation de la fubftance
du corps lumineux, qui fe communi-
que de proche en proche , par une
progreifion fucceffive qui conduit la
limiière au terme de fa tranflation.
Quelque petit que foit ce rayon ,
c'eft une gerbe qui contient une quan-
tité de rayons inîénfibles à nos yeux ;
amp; lorfqu'elle part du corps lumineux,
tous les rayons qui la compofent s'é-
cartent , amp; forment des piramides dont
l'œil eft la bafe. C'eft ce que l'on nom-
me Divergence , qui fe mefure par les Divetgencci
angles que font ces piramides en s'é-
loignant les unes des autres.
Si les rayons au contraire fe rencon-
trent comme il arrive, quand le corps
iumieux darde de toutes parts une
3ioLettres Physiques.
multitude de ces gerbes qui fe joi-
''dire- ' ^nbsp;croifent en tous fens,
ûe.nbsp;Cette jonâion s'appelle Convergence ,
Convergea-nbsp;auffi par les angles qui
ce.nbsp;fe trouvent au point de réunion.
Ainft les rayons de lumière font
divergcns , lorfque partant du point
rayonnant ils s'éloignent les uns des
autres , amp; convergens, quand ils vien-
nent fe réunir en un feul point quefon
nomme foyer.
Nous avons dans l'Optique diffé-
rents objets à confidérer , d'où naif-
fent les phénomènes de la vifion. La
rectitude des rayons de lumïhre , leur in-,
terruption , leur affoiblijjement, la ma-
nière dont les objets fe peignent dans U or-
gane ; leur fituation , leur figure , leur
grandeur amp; leur diftance.
Cherchons dans les principes des
Philofophes dont j'ai fuivi les cours,
ce qui peut nous fournir les preuves
amp; les explications de ces phéno-
mènes.
Faites pafi'er dans une chambre
Expérience.
obfcure un rayon folaire par un trou
pratiqué au volet, où vous mettrez
un tuyau de z pouces de long gar-
ni à fon entrée d'une lentille de i8
lignes de diamètre, dont le foyer fe
XXXI. Lettre. 311
trouvera au bout de ce tuyau,que vous quot;quot;'.......quot;'
couvrirez d'un diaphragme , pour ne
laifler à la himière que deux lignes ac.
de pafl'age ; par ce moyen vous aurez
des piramides de lumière divergente.
Oppofez au jet de lumière un car-
ton percé, d'un trou de fix lignes de
diamètre.
Si vous mettez votre œil derrière
ce trou , vous verrez le point rayon-
nant ; amp; autant de trous que l'on fe-
ra , autant de perfonnes verront com-
me vous ce même point par chaque
trou , parce qu'elles découvriront
toutes enfemble des gerbes de rayons
divergens,qui formeront des cônes lu-
mineux , dont le fommet fera le point
radieux, amp; l'œil la bafe.
Tout rayon de lumière qui d'im
point radieux arrive à l'œil dans un
miheu homogène, fe dirige en droite
ligne. C'efl: d'après ce principe que
l'on juge la diftance des objets juf-
qu'à un certain point ; que l'on décide
par exemple, l'éloignement du gibier ;
que l'on eftime le mouvement des
aftres, amp; quantité d'autres exemples
pareils.
Mais fi ce rayon de lumière af- interruption
fujetdà la loi qu'il ne peut tranfgrefler J.
Direâîon de
la lumière.
Lettres Physiques.
dans un milieu homogène , trouve à
.^TIZ fon paffage un obftacle tel qu'il puiffe
fte.nbsp;être ; alors fa direûion eft interrom-
pue , amp; change de cours, amp; cette
interruption forme ce que l'on appelle
ombre.
\20mbre , eft une privation de la
lumière qui contient l'efpace que rem-
plit le corps interceptant.
Prefentez votre doigt vis - à - vis
le rayon qui entre par le trou du
volet, la lumière fe trouvera inter-
ceptée , amp; cette interception fera
en raifon inverfe du quarré de la di-
ftance : ainfi le corps opaque inter-
ceptera à une diftance double quatre
fois moins de lumière , qu'il ne feroit
à la première : ce qui fait voir que
l'ombre s'affoiblit à mefure que le
corps opaque s'étoigne du corps lu-
mineux.
^a Lutni'è- La lumière s'affoiblit dans la même
re s'affoi''quot;'^ proportion , par la diftance qui fe
^ajj doigiK-nbsp;l'objet amp; l'œil, quand ce
dernier s'en éloigne ; parce que dans
un éloignement confidérable , il n'en-
tre dans la prunelle qu'une très modi-
que partie de rayons extrêmement
raréfiés, qui ne peuvent faire une im-
XXXI. Lettre- 513
preffion fuffifante fur l'organe qui s'en
trouve trop foiblement affefté.
Optique o«
Vous en aurez facilement la preu- Ae.
Exfédecce,
ve , en préfentant derrière le trou du
carton oppofé au jet de lumière , un
autre carton blanc à un pied de di-
ftance , puis à deux, à trois , à qua-
tre , amp;c.
Si à chacune de ces diftances vous
mefurez les cercles lumineux qui vien-
dront s'imprimer fur le carton, vous
jugerez par leur aggrandiÏÏement que
la lumière décroît en raifon inverfe
des quarrés de la diftance ; car après
l'avoir reconnu dans fa force à un
pied, vous la trouverez diminuée du
quadruble à deux pieds, parce que
2. fois 2. font 4, amp; que 4 eft 1 e quar-
ré de a ; à 3 pieds 9 fois plus foible ;
à 4 pieds 16 fois, ainfi du refte.
Mais l'éloignement n'eft pas la feu-
le caufe de I'affoibliffement de la lu-
mière. Les milieux diaphanes qu'elle
traverfe lui ôtent beaucoup de fa vi-
vacité en lui cauiant du déchet, parce
qu'ils rejettent une grande partie de
fes rayons, par les obftacles qui fe
préfentent
Regardez au travers des vitres quel-
qu'un qui palTe dans la rue, vous le
O
-ocr page 336-314Lettres Physiques.
verrez beaucoup mieux qu'il ne pour-
Optiqueo« j-a vous voir, parce qu'il eil entouré
v^iiion dite- imnière plus éclatante que celle
de la chambre où vous êtes , qui eft
interceptée par le verre qui fe trouve
entre vous, amp; celui que vous regatr
dez.
L'effet eft le même , amp; pra la mê-
me caufe, fi la nuit vous êtes dans
un falon bien illuminé. Les perfonnes
de dehors vous veront diftmftement,
lorfque vous ne pourez les apper-
cevoir.
Si les Aftres ne fe peignent point
dans nos yeux avec tout leur éclat,
c'eft que les corps hétérogènes ré-
pandus dans l'atmofphère en inter-
ceptent une grande partie.
Lorfque les Aftres fe levent amp; fe
couchent , ils paroiffent plus grands
amp; moins brillants que lorfqu'ils font
au Méridien.
Vhinomi' C'eft un Phénomène fur lequel fe
nés fut k' le- font élevées quantité d'opinions. Dans
lucfdLTr: le nombre des Philofophes qui font
entrés en lice pour en déterminer la
caufe , quatre fe font diflingués par
leurs obfervations qui méritent beau-
coup d'égard.
XXXI. Lettre. 315
'fient des réfraâions de la lumière oc- '-quot;quot;quot;quot;quot;''-!!!!'
•cafionnées par les vapeurs qui regnent viSli''^ dirT-
■en abondance dans l'atmofphére au ae.
travers defquelles nous voyons lever
les Aftres.
Le Pere Malkbranckc, attribue la
grandeur du Soleil, amp; celle de la Lune,
à leur lever, ou à leur coucher, à l'in-
terpolition des objets terreftres.
Le PcK Gouyc, dit que l'afpeâ des
corps étrangers que l'on voit autour
de la Lune, nous la fait paroître plus
grande que lorfqu'elle eft ifolée.
Smith Opticien Anglois , obferve
que les Aftres paroiftênt plus grands à
Yhorifon, parce que nous les croyons
plus près de nous, quoiqu'ils en foient
plus éloignés, que lorfqu'ils font en
Zénith, fa)
Les fentiments de ces quatre Phi-
lofophes repandent de grandes lumiè-
res fur la caufe de ce phénomène.
11 n'eft pas douteux, comme le pré-
tend Smith, que nous voyons le So-
leil amp; la Lune plus grands à l'horifon
qu'au lénith , parce que nous les
croyons plus près de nous ; mais cette
différence de diftance n'eft point réel-
, f quot; ) Le Zenith, eft le point perpendiculaire au-nbsp;•
«eilus ; lenbsp;jg pgjjjj £outraire.
-ocr page 338-3i5Lettres Physiques.
J-........quot;quot;quot;'- le ; elle ne vient que de l'interpo-
des corps qui fe trouvent entre
Ôe,'nbsp;i'efpace qui les fepare de l'œil, amp; qui
jrend les angles plus ou moins grands.
C'eft une vérité qu'on ne peut con-
tefter, amp; tout le monde penfe avec
le Pere. MalUbranche, que la diftance
des objets nous paroît plus grande
lorfqu'il y en a beaucoup d'autres en-
tre eux amp; nous , que lorfque ces
mêmes objets font ifolés : mais dans
l'hypothéfe préfente ce principe ne
peut avoir lieu , amp; fe trouveroit mal
appliqué ; car l'optique nous apprend,
comme nous le verrons dans peu,
que plus les objets s'éloignent, plus
les angles vifuels deviennent petits;
conféquemment fi l'interpolition des
corps éloigne l'objet , l'angle vifuel
devenant plus petit, nous deverions
voir l'Aftre plus petit, au lieu que
nous le voyons quelquefois d'une
grandeur déméfurée.
Je penferoisplus volontiers comme
le Pere Gouye, que l'afpeâ: des corps
qui accompagnent l'Aftre, le fait pa-
roître plus grand que lorfqu'il eft ifo^
Jé. C'eft un fait d'optique qui arrive
lorfque l'on voit des objets très-écH?
pés dans des lieux fombres.
Mais Regis nous conduit avec bien
plus de clarté dans la route qui nous
mène à la découverte de ce Phéno-
mène , lorfqu'il fait dépendre cette
grandeur apparente des rèfraûionsi
de la lumière augmentées par les va-
peurs qui font répandues dans l'at-
mofphère.
En effet, il ne parait pas que l'on
puiffe mieux attribuer cette caufe ,
qu'aux corps héterogenes , qui faifant
l'effet des verres lenticulaires dont on
compofe les lunettes, réfraûent les
rayons de lumière , amp; les raffemblent
dans des foyers qui aggrandiffent
les objets, amp; les rapprochent en di-
minuant leur clarté. Regardez un
objet, une orange par exemple , au
travers d'un verre plein d'eau , vous
la verrez plus groffe, felon les formes
différentes que poffédera le milieu ré-
fringent , parce que les rayons de
lumière qui partiront de l'orange fe
réfraderont en venant à l'œil amp; for-
meront des angles plus ouverts. C'efl
donc à la réfraétion de la lumière oc-
cafionnée par les vapeurs dont l'at-
mofphère eft remplie , que l'on doit
attribuer le peu de clarté , amp; la gran-
deur extraordinaire que nous trou-
Ojij
-ocr page 340-3iSLettres Phtsiques...
vons au Soleil amp; à la Lune , lorfque
ces Aftres fe levent amp; fe couchent ; par
la même raifon nous croyons les voir
plus clairs à mefure qu'ils montent
au zénith , parce que l'air étant plus
raréfié , les vapeurs font plus dilîi^
pées.
Ce n'eft point affez, Monfieur , de
connoître l'ordre que tient la lumière
dans fa marche, ni de fçavoir pour-
quoi tel objet qui fe préfente plus près,
ou plus éloigfré de nous , paroît plus
grand,ou plus petit dans telle ou telle
circonftance ; il faut encore s'affurer
comment les rayons de lumière qui
nous tranfmettent les objets éclairés ,
les portent amp; les peignent dans le
fond de l'organe deftiné pour les re-
cevoir.
Percez au volet de la fenêtre de la
chambre obfcure , amp; aux deux côtés
du trou de la première expérience »
à diftance égale,deux autres trous pa-
reils fur la ligne horizontale , garnis
auffi chacun de leur bout de tuyau
de deux pouces , avec une lentille à
leur entrée, plus un verre coloré de
Optiijue 01!
vifion dire
iic.
Expérience
XXXII. L e t t R É. 119' ..............
fouge au bout du tuyau droit, Si un --
autre verre coloré de bleu au bout ^iû^'^'^^Iife!
du tuyau gauche , celui du milieu ne
portant fimplement que fa lentille ,
avec^n petit entonnoir à chaque bout
de tuyau, pour ouvrir ou fermer à
volonté le palfage à la lumière.
■ Mettez à deux ou trois pieds de
diftance derrière ces tuyaux , un car-
ton de deux lignes d epailTeur percé
au milieu d'un trou rond de fix lignes
de diamètre, amp; préfentez derrière à ,
15 ou zo pouces , un autre carton
blancr
Lorfque vous ouvrirez les trois
trous, vous verrez trois piramides lur
mineufes paffer par le trou du premier
carton, pour venir fe peindre amp; fe
ranger fur la même lignç , amp; dans le
même ordre fur le carton blanc
placé derrière ; mais dans une fitua-
tion renverfée , c'eft-à-dire , que les
deux rayons ou piramides des côtés fe
croiferont au trou du premier carton ^
que le rayon rouge partant de la
droite, ira peindre fon cercle rouge,
à gauche , vis-à-vis le rayon bleu,
amp; que celui-ci partant de la gauche ,
ira également peindre le fien à droite ,
quot;«quot;is-à-vis le rayon rouge , tandis que
_Lettres Physiques.
f—'™'*^ le rayon de lumière naturelle amp; lans
yfiot'^^di^^. soldeur, fortant de la lentille foule
fe. ' du tuyau du milieu, ira marquer h.
piramide lumineufe îans fo croifer amp;
prendre fa place au milieu des deux
autres cercles croifés.
Le même effet s'opère dans l'œil.
Les rayons arrivent à la prunelle, s'y
raffemblent ; amp; fe croifant au paffage ,
'nbsp;vont fe peindre dans un ordre renver-
fé au fond de cet œil.
ïxpitieftce. Faites un trou d'un quart de pouce
en forme de cofne extérieurement
au volet d'une chambre obfcure ; les
objets de déhors viendront fe peindre
'nbsp;renverfés fur le plafond, avec leurs
inbsp;figures , leur5 couleurs;, amp; leurs mou-
vemens.
Quoique ces objets fe peignent ren-
j'nbsp;verfés au fond de l'œil, on ne doit
!,nbsp;pas croire qu'ils foient apperçus au-
{ ,nbsp;trement que dans leur fituation na-
Inbsp;tutelle, ni confondre le méchanifme
qui fe paffe dans l'organe, avec la na-
ture fage amp; prévoyante.
Les rayons de lumière qui partent
d'un même point, viennent en droite
ligne frapper le nerf-optique. Il eff
ilnbsp;bien effentiel de ne pas perdre de vue
cette vérité, c'eft-elle qui doit prou-
-ocr page 343-XXXII. L e t t r e. 3zi
ver ce que nous avançons,que quoique -■
les images fe peignent renverfées au
fond de fœil, nous les voyons dans a®,
leur fituation naturelle.
Avant que d'entrer en explication
fur ce Phénoméne , rappelions une
Expérience qui repréfente la vifion
naturelle ; elle fervira à faire con-
noître amp; à détailler ce qui fe paffe
dans l'œil. .
Prenez une boëte ronde, groffe Expéticnci;*
à peu près comme celles dont on fe
fert pour mettre les favonettes. Que
cette boëte foit percée de deux trous
oppofés l'un à l'autre, dont l'un aura
un pouce ^ de diamètre , que vous
couvrirez avec un velin fin, amp; l'autre
portera un petit tuyau mobile d'un
pouce de long, qui pourra s'allonger,
amp; fe racourcir comme celui d'une
lunette. Donnez à ce tuyau un pou-
ce de diamètre , amp; mettez à fon ex-
trémité une lentille dont le foyer fera
à la diftance du velin.
Plaçez-vous dans une chambre obf-
cure , amp; tournez le verre de cette
boëte fur une place bien éclairée ;
vous verrez fur le velin les objets
renverlés très-diftinûs, amp; avec toutes
leurs couleurs.
Ov
-ocr page 344-3iiLettres Physiques.
! Cette imitation artificielle de l'œil
prouve les effets de la vifion, amp; de
quelle manière les objets fe peignent
dans les yeux : mais pourquoi font-
ils dans une fituation renverfée ? Et
comment s'y trouvent-ils diflinâs amp;
fans confufion ? Ce font toutes que-
ftions naturelles dont les doutes font
aifés à lever.
Qu'un objet vienne fe.peindre dans-
l'œil, par trois points radieux qui par-
tent de fes deux extrémités, amp; de
fon centre. Le jet de lumière du cen-
tre paffera le criftallin en droite ligne ,
amp; ira occuper le fond de l'œil au
centre. Les objets des deux extrémi-
tés fe croiferont à la prunelle-; amp; à leur
point de réunion, celui de la droite ,
ou du haut, fe placera au fond de l'œil
à gauche ou en bas , amp; celui de la
gauche ou d'en bas, fera le même
effet, en s'imprimant fur le fond de
l'œil à droite ou en haut, ce qui ren-
^ verfe l'image.
C'eft la même opération que celle
des trois cercles lumineux de l'expé-
rience précédente , où l'on voit le
rayon rouge paffer le trou du premier
. carton , pour aller marquer fa cou-
leur à gauche fur le carton pofé der-
Optique
vilion
ko.
XXXII. Lettre. 321
riëre, amp; ie bleu venir de la gauche à
la droite , pendant que le rayon de
lumière du milieu fe place toujours ae.
au centre.
Puifque les rayons fe croifent à la
prunelle , néceflairement l'objet qui
fe préfente à l'œil, doit fe peindre
fur le fond de cet œil, la droite à la
gauche , la gauche à la droite, amp; Je
centre ou le point du milieu conferver
fa direûion naturelle. C'efl; ainfi que
l'œil en reçoit l'impteffion , amp; cela
doit être à caufe du croifement des
rayons. Mais comment le voit-il , amp;
comment le rend-il ?
Comme on juge l'objet de la vi-
fion au bout des gerbes lumineufes
qui s'impriment dans l'œil , cet orga-
ne doit donc rapporter le rayon de
lumière du milieu qu'il reçoit en droi-
te ligne, au bout de cette même ligne
de direâion. Or fi l'œil rapporte ainfi
ce jet de lumière au bout de la ligne
qui le lui a imprimé , il doit par la mê-
me raifon rapporter le rayon qu'il a
reçu à gauche , au bout de ce mêmer
■rsyon qui lui vient de îa droite ; amp;
de même le rayon qui s'imprime à
«roite au bout de la même ligne , qui
î'aaitiie de la gauche, parce aue ces^
- o
-ocr page 346-32.4lettres Physiques.
o ti ue ' rayons arrivent fur la choroide
vifiw^'Ve-nbsp;droite des points d'où ils
ûe.nbsp;font partis.
Nous fçavons comment les objets
fe peignent dans les yeux , amp; com-
ment ces organes les reçoivent amp; les
rendent ; mais comment s'y peignent-
ils fans confufjon , iorfcpie ces même
objets fe trouvent plus éloignés , ou
plus rapprochés ? Car en bouchant
le trou du miîieu , amp; en préfentant
à la place du carton percé un autre
carton noirci, avec une carte blan-
che au milieu , de 11 lignes de dia-
mètre , on voit cette carte peinte de
la couleur de pourpre , qui naît du
mélange des rayons rouge amp; bleu,
qui viennent fe confondre deffus : de-
plus , la dioptrique nous apprend que
le foyer ou point de réunion des rayons
fe determine plus près ou plus loin de
la lentille qui les reçoit, fuivant la di-
ffanoe de l'objet.
Pour répondre à la première ob-
fervation, nous dirons que le mélange
du rouge amp; du bleu , qui,viennent fe
confondre fur la carte, ne fait pas lé
même effet fur la vifion, amp; que deux
objets diverfement colorés qui fe pré-
fenteat à nos yeux,ne fontpoint apper-
XXXII. Lettre. 325
eus fous une couleur mixte , parceque -----
la prunelle fait l'office du rrou du pre-
mier carton de l'expérience des trois ac.
piramides lumineufes, amp; non celui de
la carte de cette expérience.
La fécondé obfervaîion demande
un peu plus de détail, amp; nous allons
entreprendre de vous en donner l'ex-
plication d'après les fentiments des
plus habiles Anatomiftes.
Soit un objet dont les rayons qiti
paffent fur le chriftallin , s'y réfraûent
autant qu'il eft néceffaire pour faire
leur reunion au fond de Fœil, alors
la vilion ne peut être confufe , amp;
l'objet fe peint diftirfûement. Mais fi
cet objet fe trouve trop près de l'œil
les rayons viennent-prendre leur point
de réunion plus loin que le fond de
l'œil , comme ils viendront fe réunir
en deçà delà choroide, au fond de
cet œil fi l'objet eft plus éloigné. Dans
ces deux dernières pofitions , la vi-
fion doit être confi.ifc.
Pour obvier à ces deux inconvé-
niens, il fe paffe dans l'œil une mé-
chanique fur laquelle differens avis
fe font formés.
M. le Cat , dont le fçavoir doit
être en vénérationamp; qui regarde
5i6Lettres Physiques,
avec raifon les yeux comme les té-
Optique OH lefcopes de l'ame , nous annonce que
ces mêmes yeux ont la faculté de s'al-
longer pour voir les objets voifms, amp;
de le racourcir pour diflinguer ceux
qui font éloignés par le moyen de
fix mufcles qui environnent le globe
de l'œil, dont quarrefe dirigent dans
des mouvemens droits en tous fens
amp; les deux autres dans des mouve-
mens oblîcines.
Traité de. » Les humeurs de l'œd , dit ce
fens. f. 48?. „ fçavant AnatomiUe , font 1 omce
„ d'une lentille, amp; la choroide eft la
„ toile qui reçoit l'image. Il faut donc
» pour voir diftinûement, lorfqu'on
„ regarde un objet très proche, qu'il y
« ait plus dediil^u'.ceentrclecriftalhn,
„ amp; la choroide ; amp; que, lorfque l'ob-
„ jet eft éloigné , le criftallin amp; la co-
» roide fiient plus proches l'une de
«l'autre, fans quoi l'image eft con-
„ fufe. C'eft pourquoi, continue-t-il
« quand on regarde un objet éloigné,
»•l'œil s'accourcit amp; s aplant;le fond
„ s'approche de l'entrée pour aller au
« devant du cofne lumineux qui re-
« çoit fes pinceaux pUgt;s près de leur
„ croifement. Que l'on vienne e.ifui-
» te à regarder un objet plus voiiin?;
XXXÎI. .Lettre. 317
» l'œil, de plat qu'il étoit , s'allonge '■
« pour reculer la choroide au point
« de réunion des pinceaux.quot;quot;nbsp;ae.
Plufieurs Opticiens ont attribué ce
méchaniime , les uns aux ligamens ci-
liaires qui tiennent au criftallin, qu'ils
regardent comme autant de petits
fiiufcles poffédants la faculté d'avan-
cer ou de reculer le criftallin ; les au-
tres à fuvée , à qui l'on donne le pou-
voir de (e relâcher , amp; de lé relferrer
fuivant les befoins.
Mais quelques différents que pa-
roiffent ces fentimens, ils fe rappor-
tent tous au point principal, ils con-
viennent que pour voir ciiftiuâement
les objets plus ou moins éloignés , le
criftallin le recule , ou fe rapproche ,
amp; ils ne different que dans la manière
dont s'exécute cette opération..
Les rayons qui fe croi'^^ent à la pru- ^ Grandeur
nelle forment des angles (embîables , quot;
amp; oppofés par leurs fomm.ets à ceux
qu'ils fonroient avant ie croifement.
Nous l'avons reconnu par la cjuatrié-
me Expérience : or, ces angles font
plus ou moins ouverts, fuivant la di-
ftance pius ©u moins grande de l'ob-
jet. Si l'angle optique eft ouvert, l'i-
mage occupe au fond de l'œil un plus
Lettres Physiques.
grand efpace , fuivant la grandeur de
foquot; ouvcrture ; s'il eft aigu l'elfet de-
«e. vient contraire.
A mefure que l'objet s'éloigne , fa
grandeur diminue en proportion égale
à l'augmentation de fa diftance, c'eft-
à-dire , qu'il paroîtra une fois plus
petit ft on le regarde une fois plus
loin ; amp; à force de s'en éloigner , on
le perd de vue , parce que forgane
ceffe de voir diftinilement lorfque
l'angle optique ne comprend pas au
moins une demi-minute de degré, (b)
Plus un objet eft éloigné, plus les
angles qui nous les préfentent font
aigus. Quand nous nous trouvons à
l'entrée d'une gallerie ou d'une longue
allée d'arbres, les deux bouts nous
paroiffent fe rapprocher , parce que
les angles optiques qui viennent des
derniers arbres amp; des bouts de la gal-
lerie , étaot plus aigus amp; plus reffe-
rés, occupent moins de place dans le
fond de l'œil. C'eft auffi par cette
raifon qu'un arbre dans un champ
vafte paroît beaucoup plus petit , amp;
fouvent comme un buifibn à propor-
tion de la diftance.
La figure des objets varie aufti fui-
(t) Selon le femimeat de Hoocfc,
-ocr page 351-vantleur pofition. Si voris découvrez —---
d'un lieu élevé une file defoldats ran-
gés en demi cercle, amp; que vous Toyez ae.
en face, cette file vous paroitra fous
une ligne droite,parce que fa courbure
eft vue fous un angle optique infen-
fible.
Quantité d'Exemples prouvent que
les objets que nous voyons varient
d'une infinité de manières, fuivant les
angles optiques qui nous ies préfen-
tent, ce qui fait connoître que les ap-
parences fonttrès-fouvent trompeufes,
amp; que nous ne devons pas affeoir no-
tre jugement fur ce que nous croyons
voir.
La vîteffe du mouvement fe mefure
par le temps qui s'écoule , amp; par l'ef-
paceque l'objet parcourt ; mais fi cet
efpace ne répond pas dans une fécon-
dé à un angle optique, au-deffus de
20 fécondés de degrés, le mouve-
ment n'eft pas fenfible. C'eft ce qui
nous fait juger les Aftres immobiles ,
quoique leur courfe foit de la plus
grande rapidité ; parce que le trop
grand éloignement occafionne une
confufion dans les pgles qui fe por-
tent au fond de l'œil.
C'eft à caufe de la grande rapidité
-ocr page 352-33oLettres Physiques.
fïîî^îîïûî avec laquelle les objets lé meuvenï
Optique 0» ^Q^js iç^r attribuons des figures
quot; ii'ils n'ont pas réellement.
Un charbon ardent paroît un cercle
lumineux, lorfqu'attaché au bout d'u-
ne corde, on le fait toiuner rapide-
ment.
Cela vient de la promptitude avec
lavqueîle l'objet fe meiu, amp; répète
fon adion, amp; de ce que les premiè-
res fenfations qui fe font fur les nerfs
n'ont pas le temps de s'effacer avant
que les fulvantes viennent les affe-
Ûer.
Nous jugeons de la grandeur appa-
rente d'un objet, par l'angle optique
fous lequel nous l'appercevons. Cet
angle efl formé par lesrayons qui par^.
tent de l'objet, amp; qui vont fe joindre y
Si fe croifer à la prunell«.
Dans un éloignementconfidérable,
îa grandeur apparente d'un objet efl
en raifon inverfe de fa diftance à fceil.
C'eft-à dire, que fi l'objet fe trouve
éloigné de l'œil d'une demi-lieue
par exemple, fa grandeur apparente
fera double de celle qu'il auroit eu s'il
eût été éloigné d'une lieue ; parce
qu'à une demi Ueue, il eft vû fous un
angle double de celui fous lequel il
feroit apperçu d'une lieue.
XXX IL L e t t r e. 351
Voilà les principes généraux d'après !
lefquels on détermine, amp; 1 on juge la vjfiojj'^ dû«.«
grandeur des objets éloignés.nbsp;ae.
Les corps étrangers, amp; les fian-
ces groffières dont l'atmolphere eft
chargée, trompent nos fens fur ia di-
ftance à laquelle nous eftimons les
objets.
Que nous appercevions la nuit un
feu clair amp; lumineux, nous le ju-
geons plus près de nous qu'il ne l'eft
effedtivement ; tandis que nous efti-
mons un feu fombre amp; obfcur pref-
qu'étouffé, plus éloigné qu'il ne l'eft
réellement.
Quand on regarde un objet, fon
image fe peint à la fois, amp; au même
inftant dans Jes deux yeux ; l'ame re-
çoit donc deux images du même ob-
jet. Dira-t'on ? non l'objet fe peint
à la vérité, fur la choroide de chaque
œil, fur laquelle s'accomplit la vifion i
mais cette membrane eft un aflquot;embla-
ge de petites fibres qui viennent dii
nerf-optique , amp; qui en font partie. Si
les deux choroides dans des yeux bien
conftitués fe refîquot;emblent parfaitement,,
foit par leur arrangement , foit pac.
leur reflbrt, les deux images s'unif-
ient en une, par le moyen du nerf-
_3 p le t t r e s physiques:
optique , amp; ne portent à l'ame qu'une
fte.nbsp;Mais fi ces parties n'ont pas la corref-
ponciance parfaite , amp; néceflaire que
nous venons de marquer , amp; qu'elles
ne fe reffemblent pas avec cette ana-
logie que donne une parfaite égalité ^
de manière que les images viennent à
tomber fur différens points de l'orga-
ne , elles ne fe confondent plus en
une ; chaque œil voit la fienne parti-
culière; or l'ame juge l'objet double,
parce qu'il lui paroît occuper deux
lieux différents. Ces fortes de vues
s'appellent Louches.
Il fe trouve dans la vue deux fortes
d'accidens. Ce font les yeux Myopes,
amp; les yeux Presbius, qui en font affe-
aés.
Œil Myope. VŒU Myope, eft celui dont la cho-
roide eft trop éloignée du chriftallin ,
qui lui-même eft trop convexe , de
manière que le point de réunion fe fait
en deçà de la choroide.
lt;Eil Près- UŒUPresbits, vient d'un effet con-
traire. La choroide eft trop voifine du
criftallin , lequel eft auffi trop aplati,
amp; n'a plus fa convexité ordinaire;
alors le point de réunion fe fait au-de-
là de îa choroide.
bits.
XXXII. L E T T R E. 335
Chez les Myopes la réfraûion fe
fait trop tôt, amp; l'image arrive au fond pP'-q^^.
^e l'œil avec une divergence que les J.quot;quot;
rayons prennent à leur point de réu-
nion en deçà de la choroide , qui
rend cette image confufe.Ces fortes de
vues font obligées d'allonger le foyer,
ce qui fait regarder de très-près.
Les verres concaves qniont la pro-
priété de rallentir le croifement des
rayons en augmentant leur divergen-
ce , fervent à remédier à ce défaut, amp;
l'âge le corrige.
Chez les Presbites, la réfradion fe
fait trop tard , amp; l'image fe peint au
fond de l'œil avant la réunion des
rayons , ce qui la rend confufe ; ceux
qui font attaqués de cet accident
aiment à regarder de loin ; ce défaut
vient avec l'âge, amp; eft ordinaire aux
vieillards.
Les verres convexes y remedient
en ce qu'ils ont la propriété de ren-
dre moins divergens les rayons qui le
font trop ; parconféquent d'augmen-
ter la réfraûion , amp; de racourcir le
foyer.
Ces fortes de verres concaves ou
convexes, qui fervent pour remédier
aux inconvénients de la vue, amp; pour
534 Lettres Physiques. ^
................ aider celles qui font foibles ik fatiguées
opcijjue ou p^j. vieilleffe, ou par incommodité ,
elion dite-nbsp;JcS CCrcleS d'écaillc ,
amp; font connus fous le nom de Lu-
nettes. On appelle monocles, celles qui
n'ont qu'un verre , amp; hinocUs , celles
qui en ont deux.
Dans l'un amp; l'autre cas que je viens
de citer,la vue eft confufe,amp; c'eft pour
la fecourir que l'on fe fert de ces in-
ftrumens. Un Cordelier d'Oxfort ,
nommé Bacon, paffe pour avoir eu
beaucoup de part à leur invention,
amp; leur ulàge n'a été connu qu'au com-
mencement du quatorzième fiécle.
Je ne m'arrêterai point fur les ma-
ladies des yeux. C'eft un fait d'Anato-
mie , fur lequel les plus habiles en
cet art ont écrit. Si l'on eft curieux d'é-
tudier cette partie, on peut confulter
MM. de la Hire , de Buffon , Jurin ,
où l'on trouvera'de quoi fe fatisfaire.
Voilà ce qui m'a paru de plus inté-
xeffantàdirefurce qui concerne l'op-
tique; dans la Lettre fuivante, il fera
queftion de la lumière réfléchie qui re-
garde la Catoptrique.
vvilion
/àc..
XXXIII. Lettre. 355
XXXIH. LETTRE.
Catopmque ou Lumière Réfléchie.
I
I A Catoptrique eft une fcience qui
nous inftruit des propriétés des corps
les plus propres à réfléchir la lumière ,
tek que les Miroirs plans, les Convexes
amp; les Concaves.
Nous n'ignorons pas le principe gé-
néral auquel tour rayon de lumière
eft fournis , amp; nous fçavons qu'il eft
obligé,ainfi que tout autre corps mis en
mouvement de fuivre conftament (a.
première direlt;aion,taiU qu'il fe trouve
dans un milieu homogene : niais fi dans
fon paffage ce rayon rencontre un
corps opaque qui lui réfifte , il fe ré-
fléchit , amp; revient fur lui-même, amp;
cette réfléûion de lumière appartient
à la Catoptrique; fcience dont nous al-
lons examiner les eflets.
Sans entrer dans la difpute qui s'eft
élévée, amp; qui n'eft pas encore déci-
dée ; fçavoir, fi ce font les parties pro'
près des furfiîces des corps qui font
^^jaillir la lumière, ou bien fi en fui-
vant le fyftême de Newton, la lumi|i?.
_33^ Lettres Physiques;
y ''.'......-re, eft fimplement repouffée parla
Cacopcriciae. matière qiù réfide dans les corps avant
de toucher leur furface. Je m'en tiens
aux effets, amp; je dis que la lumière fe
réfléchit à la rencontre d'un corps
opaque , dur, amp; poli, qui s'oppofe à
fon paffage.
Dans ce cas elle fuit les deux re-
gies de la réflexion des corps folides,
que nous avons rapporté dans la cin-
quième Lettre , amp; que nous remet-
tons fous les yeux.
La première, eft que lorfque la lu-
mière tombe perpendiculairement fur une
furface refikhlffante , elle fe releve, amp;
revient par la même direction, amp; par la
même ligne qu'elle a tracée en tombant fur
C^ette furface.
La deuxième , que ƒ elle tombe
obliquement toujours fur une furface ré-
fiéchiffante, elle rejaillit de l'autre côté,^
faifant un angle de réfleUion, égal à
celui de fon incide/ice.
Expérience. C'eft ce que VOUS verrez arriver,
fl dans une chambre fermée de tou-
tes parts, vous faites tomber fur un
miroir plan , un rayon folaire de la
groffeur du doigt environ , par un
trou pratiqué au volet , expofé ra
midi. Vient-il obliquement fur le mi-
roir }
XXXni. Lettre. 337
roir ? II rejaillit dans la partie oppo-
fée à celle par laquelle il a fait fon in- catopmque.
cidence, amp; il fe trouve autant éloigné
de la perpendiculaire , que left le
trou par où il a paffé, pour faire fa ré-
flexion. Si au contraire , vous le fai-
tes tomber perpendiculairement, vous
le verrez lors de fa réfledion rejaillir
de deflîis le miroir, par la même ligne
qu'il a tracée en tombant.
De ces opérations on tire ce prin-
cipe , que la lumière réfikhijfante fait
fon angle de reflection , égal à celui
de fon incidence. Cette loi confiante
eft le fondement de la catoptrique,
qui fert à expliquer les effets des mi-
roirs.
L'incidence des rayons de lumière
devient plus ou moins oblique fuivant
qu'ils arrivent, ou paralUles, ou diver,
gens, ou convergens, amp; fuivant la fi-
gure du miroir qui entre pour beau-
coup dans les effets de la lumière,
parce que les rayons varient dans leur
réfleûion,comme dans leur incidence ;
amp; c'eft de cette variété, que naiflquot;ent
'es phénomènes que nous allons vous
préfenter, qui dépendent de la catop-
trique ou lumière réflechie fur des mi-
roirs plans, convexes amp; concaves.
%
-ocr page 360-3 38 Lettres Physiques.
..............Le Miroir Flcm,eii celui dont: la
Catopcrique. f^j^face eft plate , égale amp; unie. Ces
Miroir Plan, miroirs font ou de verre ou de mé-
tal. Les premiers (é font avec une gla-
ce polie , étamée par derrière avec
l'étain, amp; le vif-argent. Les féconds
font compofés de cuivre amp; d'étain.
MiroirCon- Le AJiroir Convexe, eft celui dont
une de fes furfaces eft faite en forme
de lentille, qui occafionne la diver-
gence aux rayons de lumière après
leur réflexion.
MiroirCon- Le Miroir Concave, eû. celui dont
la furfice creufée en forme de calot-
te , donne la convergence aux rayons
réfléchis.
Expérience Q^g l'on faflquot;e tomber fur un miroir
Planquot;;quot;quot;'' plan des rayons paralleles, ou di ver-
gens , ou convergens ; leur réfle-
aion ne changera rien ni au paral-
lelifme , ni à la divergence , ni à
la convergence , parce qu'il eft de
principe immuable , que les angles de
réfleûion font toujours égaux à ceux
de l'incidence : or de ce principe , il
fuit que la réfleûion conferve le pa-
rallelifme aux rayons qui incideit
avec des inclinaifons femblables ; amp;
que la réflexion de ceux qui ne font
pas paralleles , les répréfente avec
/
leur divergence ou leur convergence, ..................
acquires fuivant les degrés différents Catoptiiiiuc.
qu'ils ont pris dans leur chute fur le
miroir. On obfervera que pour avoir
des rayons divergens, il faut mettre
un verre concave au trou du volet
par où ils paffent, amp; un verre con-
vexe lorfque l'on veut les avoir con-
vergens.
Faites-vous tomber fur un miroir ixpérjenca
convexe des rayons parallèles ou di-
vergensjou convergens ? Les premiers
deviendront divergens, les divergens
le feront pins dans leur refledion que
dans leur incidence, amp; les convergens
diminueront de leur convergence.
Ne perdons jamais de vue la loi
générale, qui ne déroge en aucun cas
à l'égalité de l'angle de réfledion
avec celui d'incidence. En ne s'ecartant
point de ce principe , on connoîtra
aifement que les rayons réfléchis s'ap-
prochent ou s'éloignent les uns des au-
tres plus qu'ils ne faifoient avant la re-
fledion.
Que deux rayons parallèles vien-
nent incider fur un miroir convexe,
l'un des deux fe réfléchira fur une
des petites lignes droites, dont il eft
compofé. (Or, nous fçavons que la
Pij
Convexe.
340 Lettres Physiques.
courbure ou convexité d'un pareil mi-
catopiri-iiie. j^Qj^ ^nbsp;a^jtre chofe qu'une fuite
de lignes droites infiniment petites ,
inclinées les unes fur les autres ) : ce
rayon , dis-je, fera fon angle de réfle-
xion égal à celui de fon incidence. Le
fécond rejaillira auffi fur une autre
petite ligne droite par elle-même, mais
un peu inclinée par rapport à la pre-
mière , amp; il fera comme le premier
rayon , fon angle de réfleftion pareil
à celui de fon incidence : mais les an-
gles que forment ces deux rayons de-
viennent obliques l'un à fautre eu
égard à l'inclinaifon des lignes du mi-
roir , fur lequel fe fait leur incidence,
amp; cette obliquité n'eft caufée que par-
ce que les angles font affujettis à l'é-
galité de réfleftion amp; d'incidence, que
la loi leur a impofée. Delà il fuit que
l'écartement de ces deux rayons de-
vient plus confidérable, s'ils tombent
plus obliquement fur la convexité du
miroir. C'eft donc l'écartement ou
divergence qni a lieu , lorfque des
rayons parallèles fe réfléchiffent fur
un miroir à furface convexe. Et c'eft
par la même caufe que les rayons
convergens perdent de leur conver-
gence , amp; que les divergens aug-
mentent en divergence.
XXXIII. L e t tue. 341
Si voiis faites refléchir fur un mi-
VOÜS ______ __________ _ ........
roir concave des rayons paralleles ,
ou convergens , ou divergens, les Expéri r.cc
premiers deviendront convergens, les côjKavl''
féconds îe feront davantage , amp; les
derniers auront moins de divergence
après la réfleûion.
La différence qui fe trouve entre
les miroirs concaves , les convexes amp;
les plans, vient de ce que les derniers
confervent le parallelifme aux rayons
après la réfleûion , les féconds leur
donnent la divergence , amp; les pre-
miers la convergence.
Le Miroir Concave eft compofé
de petites lignes droites inclinées les
unes vers les autres dont l'effet eft de
rapprocher les rayons de lumière dans
leur réfîeûion ; ainfi les paralleles qui
tombent deffus, doivent devenir con-
vergens , amp; les divergens doivent per^
dre beaucoup de quot;leur divergence; amp;
le point oîi les rayons incidens fe raf-
femblent iiir le miroir concave qui for-
me le foyer de ce miroir fe trouve
à trois diftances différentes.
Lorfque les rayons tombent paral-
leles , ils fe réuniffent après la réfle-
xion , amp; viennent converger à la di-
ftance du miroir en avant du quart du
P iij
-ocr page 364-_34^ Lettres Physiques.
■nbsp;diamètre de la fphericité du miroir.
Catoptric!«, c-eft.là le foyer.
S'ils viennent convergens dans leur
incidence , le foyer fe trouve plus
près du miroir , que celui des rayons
paralleles.
Et 11 ces mêmes rayons arrivent
divergens, leur point de réunion où
fe fait le foyer, eft plus éloigné du
miroir que celui des rayons paralle-
les.
Ainfi le foyer des rayons parallèles
fe trouve au quart du diamètre de la
fphericité du miroir en avant.
Le foyer des rayons convergens
plus près du miroir , environ de la
moitié de l'efpace , entre le miroir ôc
le foyer des rayons paralleles.
Et celui des rayons divergens plus
loin que celui des rayons paralleles
de cette dernière diftance environ.
XX XIV. LETTRE.
Propriété du Miroir Plan.
D
Propriété du jL-VAns'.i Lettre précédente , Mon-
Miroir Fhn. fienr, nous avons vu les effets des
différents miroirs qui fe rapportent à
XXXIV. Lettre.
la loi, qu'il ne faut jamais abandon-
ner de vue, dans celle-ci nous allons uiZt'Àla'!
reconnoitre leurs propriétés amp; le rap-
port quils peuvent avoir les uns avec
les autres , en obfervant l'ordre que
nous leur avons donné.
L'effet du miroir plan eft de ren-
voyer l'image de l'objet comme il la
reçoit , c'eft ce qui rend les apparte-
mens fi brillants, furtout aux lumiè-
res. Lorfque les glaces font placées
vis-à-vis*les unes des autres, elles re-
petent les objets, une infinité de fols,
jufqu'à ce que le déchet que fouftre
la lumière dans chaque repétition les
ait éteint dans la dernière.
Les images des objets repréfentés
devant un miroir plan , ont derrière
la glace un éloignement égal à celui
cil font ces objets devant la glace ;
que l'on fafle un mouvement devant
une glace, il fe répétera derrière à
une égale diftance.
La raifon de cette égale diftance fe
trouve dans la manière dont l'œil re-
çoit les objets. Or, l'optique nousa ap-
)ris que les piramides, ou rayons de
umière viennent en droite ligne fe
peindre fur notre organe , amp; que l'œil
reçoit la répréfentation des objsts,
P iv
344 Lettres Physiques.
i^ropriété dû reporte dans la même direction au
Miioù Plan, point d'oii ils font partis.
Cette regie eft ft fortement impri-
mée dans notre ame, que par habitu-
de nous fommes forcés de conduire
en droite ligne derrière la glace l'ima-
ge de l'objet repréfenté devant,
quoiqu'il revienne à nos yeux par
un angle de réflexion, égal à celui de
fon incidence.
Mais pour que la glace repréfente
en entier l'image de l'objet qui fe
trouve devant-elle, il faut qu'elle ait
en hauteur la moitié de celle de l'ob-
jetjparce que les deux rayons qui vien-
nent des deux extrémités de l'objet
repréfenté converger fur l'œil, font
coupés par la glace dans le milieu
de leur route fur cet organe, amp; que
l'écartement qu'ils ont dans cet en-
droit eft égal à la moitié de l'effigie de
l'objet, qui fe trouve au bout des
angles.
Un miroir plan ne produit point
de foyer , mais la réfledion de plu-
fieurs miroirs plans, portée fur un mê-
me corps, eft capable d'échauffer amp;
d'exciter l'embrafement.
îxpérhnce. Que l'on porte fur la boule d'un
thermomètre la réflexion d'une dou-
XXXIV. Lettre.
ru 1^*T^'lT'î^
Zaine de rayons folaires, par le moyen ■
d'une même quantité de petits miroirs wlStnquot;
pians de 3 ou 4 pouces de diamètre,
on verra la liqueur monter en peu de
temps, bien plus haut qu'elle ne feroit
par la réflexion d'un feul miroir plan,
qui ne peut échauffer comme un rayon
direa , parce que les imperfeâions de
la glace caufent une perte réelle à la
lumière ; ainfi ce ne peut être qu'une
multiplication de réflexions qui pro-
duife de la chaleur.
L'Hifl:oire rapporte que c'eft par le
moyen de ces réfleûions raffemblées,
qu'Archimedes mit le feu à la flotte
des Romains, qui faifoient le fiége de
Syracufe. Quoique l'on fe foit récrié
contre ce fait, en le traitant de Fable,
il ne nous paroit pas impoffible par
l'exemple que nous avons du miroir
de M. de Buffon, qui eft compofé de
quantité de petits miroirs plans , in-
chnés les uns fur les autres amp; montés
fur un bâti de bois, de manière qu'il
n'en forme qu'un , qui brûle le bois
à 200 pieds , fond l'étain à 150 , amp;
le plomb à 140. Or , il eft probable
lt;îu'Archimédes, ayant vu la flotte des
Romains à la portée du trait, qui n'ex-
cède pas 100 pieds , ait emprunté le
P V
345
346Lettr£S Physiques.
I fecours de plufieurs miroirs pour râf-
MirTrPiLlquot; ^ei^bler amp; réunir dans le même efpa-
ce quantité de réflexions du foleil ca-
pables d'y mettre le feu.
Propriété du Miroir Convexe.
■ Le Miroir Convexe fait voir l'image
Miroi'r^col^ pIus petite que fon objet, parce que
es rayons , après la réfledion fur un
miroir de cette efpéce, devenants plus
divergens qu'ils ne l'auroient été s'ils
euffent réfléchis fur un miroir plan ,
fe perdent en partie par leur trop gran-
de divergence , amp; que nous ne rece-
vons de cette réfleûion que les rayons
les plus rapprochés du centre de la
fphère, qui nous préfente l'objet fous
un angle plus petit.
Ce que le miroir convexe à de
commun avec le miroir plan , c'efl: de
repréfenter l'image derrière la glace,
avec cette différence , que le point
de réflexion fur le miroir plan rend
cette image à diftance égale derrière
le miroir comme l'objet repréfenté
l'eft devant, ainfi que nous venons de
l'obferver plus haut ; au lieu que celle
que rend le miroir convexe , fe trou-
ve plus ou moins rapprochée à pro-
portion de la courbure du miroir.
Miroir Con
vexe.
XXXIV. Lettre. 347
Le miroir convexe ne peut ren- quot; ■ ■ quot; quot;
tire rimage conforme à l'objet , par- P;opiiquot;fdu
ce que toutes les parties de cet objet vfxT.quot;'
ne fe préfentent pas dans une diftance
égale fur la furface réfléchiflante , amp;
que la courbure de cette furface dif-
perfe les angles dans des réflexions
inégales.
^ Que l'on fe regarde fur le deffus
d'une cueillere d'argent bien brunie ,
on verra fon image derrière, amp; près
la furface réfléchiffante, dans fa fitua-
fion naturelle , mais défeûueufe par
la raifon que nous venons d'alléguer.
Si la furface a peu de convexité,
amp; que l'on foit éloigné , la répréfen-
tation fera moins défigurée.
Le miroir convexe n'a point de
foyer, parconféquent ne peut rendre
aucune chaleur, parceque fa proprié-
té eft d'occafionner la àvergence des
rayons qui réfléchiffent defl^us.
Propriété des Miroirs Concaves.
Le Miroir Concave nous rend un ob- ^
jet de trois manières , ou derrière la ^^^
glace comme les miroirs plans amp; con- Concav quot;s'.quot;
^exes, pour lors fous un très gros vo-
lutne fi l'objet eft placé un peu plus
P'^^s du miroir que fon foyer ; ou foi:-
34S Lettres Physiques.
tant de la glace en avant amp; renverfé ,
fi l'objet eft éloigné du foyer du dou-
ble de fa diftance ; ou bien enfin, der-
rière la glace plus petit amp; renverfé, fi
l'objet eft au-delà de la double di-
ftance.
On voit l'image derrière une fur-
face concave comme dans les autres
miroirs, lorfque l'objet fe trouve placé
devant la glace, plus près que la diilan-
ce qui égale le diamètre de lafphericité
du miroir. L'image eft amplifiée par
ce que des rayons dans leur incidence,
deviennent divergens , lorfqu'ils font
réfléchis par un miroir concave.
L'Image femble fortir du miroir en
avant,quand l'objet eft placé au-defî'us
du centre du miroir concave; pour lors
elle s'apperçoit entre le centre , amp; le
foyer , parce que c'eft-là que fe fair
le concours delà réfledion, amp; que c'efi
à ce point de croifement, que l'image
fe fait voir.
L'Image paroît plus éloignée der-
rière la glace, plus petite, amp; renver-
fée, lorfque l'objet eft au-delà de la
double diftance du foyer ; plus éloi-
gnée , parce que les rayons qui vien-
nent de chaque point de l'objet, per-
dent une partie de leur divergence
l'ropriécé
des Miroirs
Concaves.
XXXIV. LET TRE. U9
dans la réflexion, ce qui rend le point
de réunion derrière la glace plus éloi- des m^ouT
gnée plus petit à caule de la concavi- concaves,
té de la glace, qui raffemble amp; rappro-
che davantage les rayons fur l'objet ;
amp; renverfée , parce que le concours
de la réfleûion ne fe fait qu'après le
croifement des rayons au foyer.
Les miroirs concaves ont la pro-
priété de raffembler dans ce foyer ,
dont nous venons de donner l'expli-
cation des rayons de lumière , qui
brûlent, fondent,amp; calcinent les corps
les plus durs.
C'eft avec la réunion des rayons, Expérience
par le moyen des miroirs concaves , '''
que l'on a fait à Prague la découverte
de la belle Expérience du char-
bon ardent, qui enflamme de l'ama-
doue , ou de la poudre à ime diftan-
ce de 20 à 30 pieds amp; plus.
Pour faire cette Expérience , il faut
avoir deux miroirs concaves de 153
18 pouces de diamètre, fur lefquels
les rayons parallèles doivent faire
leur réfledion à leurs foyers.
On met au foyer d'un de ces mi-
roirs , un charbon ardent que l'on ani-
ïiie , amp; que l'on excite avec le vent
tl'i-in foufilet à deux ames.
jçoLettres Physiques.
, ; Au foyer de l'autre miroir que l'on
l'roprme „1nbsp;• 1 • 1nbsp;• i ^
aes Miroirs P'^'^®. vis-a-vis le premier a 15 ou
Concaves. 20 pieds de diftance , on expofe un
corps combuftible , comme de l'ama-
doue , ou de la poudre à canon.
Si l'on fouffle le charbon bien éga-
lement , le corps combuftible prend
feu, même à 30 amp; 40 pieds de di-
ftance.
On peut dans cette Expérience fe
fervir de miroirs plâtrés ou de car-
ton doré ; ceux de métal font les
meilleurs amp; les plus furs : ils ne fe gâ-
tent pas fi aifément. Mais il faut que
les miroirs que l'on employe foient
exadement polis, pour rendre la ré-
flexion plus forte.
Deux perfonnes entendues doivent
être employées pour le fervice de cet-
te Expérience ; l'une pour fouffler éga-
lement , amp; l'autre pour tenir le corps
combuftible dans le foyer ; amp; l'obf-
curité vaut mieux que le plein jour
pour y réuffir.
La raifon de l'effet de ces deux mi-
roirs qui réciproquement raflêmblent
les rayons qui viennent de fun à l'au-
tre , eft fimple.
Rappelions-nous ce que nous ve-
nons de dire plus haut, en éîablifiTant
XXXIV. L e t t r 35Ï_
le point de convergence, à l'endroit où TTTTTT
les rayons paralleles fe ralTemblent. M^olrt'
Nous avons marqué le foyer des concaves,
rayons paralleles, qui fe réflechilfent
fur un miroir concave, au quart du
diamètre de la fphéricité de ce miroir;
cela fondé fur le principe qui ne varie
jamais de l'égalité de Fang e de réfle-
ûion avec celui de l'incidence. Si en
vertu de cette égalité , les rayons
paralleles réfléchis font leur point de
convergence à la diftance que nous
venons d'indiquer, les rayons du
charbon qui tombent parallèlement fur
une autre furface concave, font réflé-
chis de nouveau vont allumer la
poudre ou l'amadoue qu'ils trouvent
placés à ce même point de réunion du
fécond miroir.
Delà Dioptrique ou Réfraclion
de la Lumière.
X_iA Dioptrique eft un fcience qui Diopctï^ue.
nous démontre de quelle manière la
lumière fe réfrade en paffant d'un mi-
dans un autre, ou plus denfe, ou
plus rare.
___PHYSIQtfES.
' ' ■ On appelle Réfraciion de la Lunii 'trt ;
Dioptdque. jg pij q^jg foufFrent fes rayons , lorf-
qu'ils pénétrent des milieux tranfpa-
rents.
Je ne m'arrêterai point à vous rap-
porter les différentes opinions des
Philofophes fur la caufe de la réfra-
ûion de la lumière ; il me fufBra de
vous faire obferver que les deux plus
grands hommes que la Phyfique ait
eu , s'accordent parfaitement fur les
effets, amp; fur la vîteffe accélérée de la
lumière paffant d'un milieu rare dans
un plus denfe , mais qu'ils n'en ont
pu déterminer la caufe.
Les Nevtoniens , qui ne reconnoif-
fent que la vertu attraXive mutuelle
des corps , prétendent la trouver dans
l'attradèion.
Les corps , felon eux , s'attirent en
raifon direûe des maffes j ainfi difent-
ils , un rayon de lumière qui paffe d'un
milieu rare dans un plus denfe , doit
être pins attiré par ce dernier qui lui
fait recevoir dans ce moment, un
mouvement qui l'approche de la per-
pendiculaire.
Defcartes , qui le premier a dévé-
loppé le germe de la Phyfique , amp; à
qui nous fommes rédevables des con-
XXXV. Lettre.
noiffances que nous avons arguifes ..........*
depuis, nous annonce qu'un milieu
plus denfe, comme le verre eft plus
pérmeable à la lumière que l'air, par-
ce qu'une mafle d'air eft compofée
de parties rameufes moins propres à
laifler des paflages en droite ligne,
que le verre dont les furfaces font
liftes, par conféquent plus difpofécs
à recevoir la propagation de la lu-
mière.
Ne pouvant approfondir cette cau-
fe , nous nous en tiendrons aux effets
qui font immanquables , amp; aux loix
qui en réfultent ; amp; c'eft dans les Ex-
périences que nous devons chercher
les vérités que l'on pourra découvrir
fur cette matière.
Par les principes amp; par les loix de
la Catoptrique que nous venons de
quitter, nous avons vû de quelle ma-
nière la lumière fe réfléchit fur les
corps opaques : cherchons préfente-
nient à connoître comment elle fe ré-
fraûe lorfqu'elle entre , amp; qu'elle fe
répand au travers des milieux tranf-
parents.
Pour que la lumière fe réfrade , il
«ut deux circonftances. 1°. Qu'elle
paffe d'un milieu dans un autre»
354lettres Physiques.
2°. Que fa diredion foit oblique : de
Dioptnque. nous tirons trois principes.
Le premier , que fi la lumilre mtn
perpendiculainment dans quelque milieu
que ce foit, elle ne fouffre aucune ri-
fraciion.
Le fécond, que fî elle tombe obli-
quement d'un milieu rare dans un plus
denfe , comme de Vair dans l'eau , elle fe
réfraàe en s'approchant de La perpendicu-
laire.
Et le troifiéme au contraire, que
fa réfraSion l'éloigné de la perpendi-
culaire , fi elle fort obliquement d'un
milieu denfe pour entrer dans un plus
rare , comme de l'eau dans L'air.
Ces principes nous font connoître
que la réfradion de la lumière, n'a de
commun avec celle des autres corps
que le premier ; amp; que pour les deux
autres, elle fuit une route contrai-
re , amp; toute oppofée : car qu'une pier-
re tombe obliquement dans l'eau ,
elle fera fa réfraûion en s'éloignant de
la perpendiculaire, comme elle s'en
approcheroit fi elle fortoit de l'eau ,
milieu plus denfe, pour entrer dans
l'air, milieu plus rare , ce qui efl; op-
pofé aux loix de la réfraâion de la
lumière.
Recevez fur la furface d'un verre —Tî
plan , dans une chambre obfcure des
rayons folaires parallèles , par un Expérience
trou rond pratiqué au volet d'une fé- Jr^.u^fur
nêtre expofée au midi : amp; mettez der- une furfacc
rière le verre plan une cuvette , de
manière que le jet de lumière puilfe
entrer dedans.
Si l'incidence des rayons eft obli-
que , qu'ils entrent ou qu'ils fortent
de la cuvette ; que la cuvette foit vui-
de , ou pleine d'eau , vous les trou-
verez toujours également parallèles
entre eux -, ce qui prouve que la dif-
férence de denfité des milieux par lef-
quels ces rayons paffent, ne change
rien au parallehfme qu'ils ont danis cha-
que milieu qu'ils traverfent.
Tout jet de kimière qui paffe obli-
quement d'un milieu rare dans un den-
fe s'approche de la perpendiculaire
dans la réfraftion. C'eft la loi du fé-
cond principe. Ainfi le jet de lumière
des rayons parallèles, dont l'inciden-
ce eft oblique, qui paffe fur une fur-
face p ane , dans un milieu plus den-
doit fe réfrafler en s'approchant
fe
de la perpendiculaire.
Comme ce jet de lumière eft corn-
pofé d'une infinité de rayons qui font
356Lettres Physiques.
rquot; ' parallèles ; tous ces rayons qui le plient
Pioptrilt;iue. également lors de l'inflexion qu'il font
obligés de faire dans leur incidence en
entrant obliquement dans un milieu
plus denfe, confervent leur paralle-
lifme entre eux. On le voit par l'éga-
lité du diamètre de ce jet dans l'eau,
comme dans l'air.
Ce jet qui fe plie en entrant dans
l'eau, peut être reporté de ce milieu
dans celui d'où il eft parti. Dans ce
cas il elïuieune nouvelle réfraction,
amp; fe plie encore une fois en entrant
dans ce nouveau milieu ; mais c'eft en
s'éloignant de la perpendiculaire, par-
ce qu'il fort du milieu denfe pour en-
trer dans un plus rare ; de façon qu'il
reprend fa route parallele à celle qu'il
avoit avant fa première incidence i
alors il forme un fécond angle égal à
celui qu'il avoit en fe réfradant dans
l'eau, amp; continuant fa route, il traver-
fe deux furfaces parallèles entre elles,
qui font celle de l'air amp; celle de l'eau.
Puifque ces furfaces font parallèles
entre elles, les angles du jet de lu-
mière avant que d'entrer dans l'eau,
amp; après en être forti, doivent être
égaux ; amp; û ces deux angles font
égaux, le jet après fa fécondé réfra-
XXXV. Let T R E. 3^7
flion doit reprendre la direction pa-
rallele à celle qu'il avoit avant que de
la faire.
Si vous faites tomber les rayons Experience
paralleles fur la furface d'un verre con- JrraiiciesZ
cave, que vous mett,rez à la place du une furface
verre plan devant la cuvette pleine
d'eau , vous verrez le jet de lumière
cilindrique qui en proviendra s'élargir
dès fon entrée dans l'eau, amp; le cercle
lumineux augmenter de grandeur à
mefure qu'on le fera allonger en éloi-
gnant la cuvette de la furface réfrin-
gente.
Par cette Expérience nous décou-
vrons des rayons paralleles qui paf-
fant d'un milieu rare dans un plus den-
fe , terminé par une furface concave,
deviennent divergens.
Mais qui peut occaficnner la diver-
gence de ces rayons lorfqu'ils entrent
dans l'eau ? C'eft l'effet de la loi fon-
damentale du fécond principe , qui
force tout rayon oblique, paffant d'un
tnilieu rare dans un plus denfe , de fe
rapprocher de la perpendiculaire lors
de fa réfraûion. Or la furface concave
du verre qui forme intérieurement
une courbe fphérique , fe préfente
obliquement aux rayons paralleles à
Dioptri^iie.
_35slettres Physiques,
t-- ' caufe de fa courbure ; amp; ces rayons
öiopiriiiie. j-g partageant prennent une figure
conique , ce qui prouve leur diver-
gence.
Ixpêrisnce Si VOUS rcccvez CCS memes rayons
d« rayons paraltelcs fur la furface d'un verre con-
vexe que vous leur préfenterez devant
convexe. la cuvette , à la place du verre conca-
ve , vous les trouverez convergens
après leur réfraûion.
Le verre convexe eft compofé d'u-
ne quantité de petits plans infenfible-
ment inclinés les uns fur les autres ;
ainfi les rayons de lumière parallèles
qui viennent incider direûement fur
la furface convexe d'un pareil verre,
fuivent finclinaifon de ces petits plans,
amp; fe réfradent fur le rayon du milieu,
qui eft le feul qui fuive fa diredion
naturelle en droite ligne , fans fe ré-
frader. C'eft cette deviation ou pli
des rayons fur celui du milieu , qui
leur donnent la convergence qui ne
diminuenin'augmente , parce que ce
font tous rayons parallèles, dont cha-
cun le trouve vis-à-vis l'inchnaifon
d'une de ces petites furfaces courbes,
dont le verre convexe eft compolë,
fur laquelle il paffe en droite ligne.
Suivons les Expériences fur les
-ocr page 381-XXXV. Lettre. 359
rayons divergens amp; convergens, qui
viennent incider fur les furfaces pla-
nes,concaves amp; convexes. Les mêmes
principes nous fervirons pour en ex-
pliquer les phénomènes.
Pour avoir des rayons divergens, Expérîencs
vous ajufterez au trou du volet, un
bout de tuyau de fix pouces de long, furface.
environ d'un pouce ^ de diamètre ,
garni au bout qui rend dans la cham-
bre d'un verre concave, dont la pro-
priété eft de donner la divergence aux
rayons de lumière qui viennent s'y
rétraûer. Si vous faites paffer des
rayons de cette efpéce fur la fiu face
plane d'un verre pofé devant la cu-
vette pleine d'eau , leur divergence
diminuera dans l'eau, comme elle aug-
mentera fi vous l'en faites fortir pour
entrer dans l'air.
^ La raifon qui rend ces rayons moins
divergens dans la cuvette remplie
d'eau, que lorfqu'elle eft vuide amp; qui
les fait redevenir plus divergens en
fortant de cette eau pour rentrer dans
l'air, vient de ce que l'eau, milieu plus
denfe que l'air d'où ils fortent, réfifte
dava^itage, amp; que cette réfiftance les
oblige de fe plier en s'approchant delà
perpendiculaire, felon le fécond prin-
UiopccKjuo.
360 Lettres Physiques.
î. quot; quot; .; cipe , comme ils fe réfradent en fens
Dioptrique. contraire, felon la loi du troifiéme
principe , c'eft-à-dire , en s'éloignant
de la perpendiculaire, lorfqu'ils for-
tent de Feau pour rentrer dans Fair
milieu plus rare.
Expérience Faites paffer dans la cuvette par la
dquot;ergensTr futface d'uu vetre concave poié de-
une furface vant line piramide de rayons diver-
concave. ggj^j ^nbsp;}g p^jj^j jg réunion où
commence la divergence, fe trouvera
au centre de la concavité ; vous n'ap-
percevrez aucun changement de
grandeur, ni de forme dans la pira-
mide de lumière.
Ainli des rayons divergens, qui
viennent jufqu'au centre de la conca-
vité dans leur divergence naturelle ,
ne fe refraâent point.
Eloignez la cuvette de façon que
les rayons de lumière y entrent avec
beaucoup de divergence ; vous trou-
verez la bafe de la piramide lumi-
neufe moins large dans Pair qu'elle
ne Fétoit dans l'eau.
par ce procédé Fon voit que les
rayons divergens qui viennent de plus
loin que le centre de la concavité aug-
mentent de divergence.
Mais fi vous rapprochez la cuvette
pour
-ocr page 383-XXXV. Lettre. 361
pour que les rayons entrent dans l'eau '' '
au commencement de leur divergen-
ce, la bafe de la piramide s'élargira
plus que dans les autres Expériences.
Ceci prouve que les rayons diver-
gens qui viennent plus près que le cen-
tre de la concavité perdent de leur
divergence.
Si nous ne nous écartons point de
nos principes , amp; que nous ne les quit-
tions jamais de vue , nous trouve-
rons aifément la folution des effets de
cette Expérience.
Des rayons divergens qui viennent
du centre de la furface concave ne fe
réfradent point fur cette même fur-
face en entrant dans l'eau , parce
qu'ils tombent perpendicidairement
fur tous les points de la concavité ;
mais s'ils commencent a diverger plus
près ou plus loin que le centre de cet-
te concavité, ils fe réfradent indifpen-
fable.ment fuivant nos loix amp; nos prin-
cipes. S'ils font plus éloignés du cen-
tre ils divergent davantage, amp; au-
contraire ils divergent moins, s'ils en
font plus rapprochés.nbsp;^ E*pcrj'enc«
Faites incider des rayons divergens diVergensq«!
dans la cuvette pleine d'eau par la fur- P^flint fur
face d'un verre convexe que vous'quot;'
Q
une furfacç
toaveïc.
361lettres Physiques.
rquot;......... placerez devant cette cuvette au lieu
Diopcnque. .^g^re coucave.
Plus la piramide de la lumière que
formeront ces rayons s'allongera,
plus leur divergence diminuera, de
manière qu'ils deviendront parallèles,
amp; qu'ils pourront même paffer à la
convergence.
C'efl toujours la vérité de nos prin-
cipes csui donnent aux rayons de lu-
mière ^ les difFérentes formes qu'on
leur voit prendre dans ces Expérien-
ces , amp; tout vient de l'affujétiffement
où ils font aux loix de la réfraXion.
Ainfi l'on doit rapporter au fécond
principe l'effet des rayons divergens,
que l'on fait paffer par une furfece
convexe. Ces rayons perdent leur dir-
vergence à mefure que la piramide ou
cercle lumineux s'alonge dans la cur
vette , amp; on les voit paffer au parai-
lélifme , amp; même à la convergence ;
parcequ'en le réfraftant dans un milieu
plus depfe, ils fe rapprochent de l'axe
vers la perpendiculaire au point de
leur incidence, amp; cet effet devient
plus confidérable à mefure que le cer-
cle lumineux s'éloigne.
Finiffons les Expériences fur la
Dioptrique, par celles des rayons con-
XXXV. Lettre. 3(^3
Vergens qui paffent fur des furfecesyquot;quot;quot;......
planes, concaves amp; convexes.nbsp;Diopm^us.
Pour avoir des rayons convergens,
il faut mettre au bout du tuyau atta-
ché au volet un verre convexe , dont Expérience
la propriété eft de donner la conver-
gence ; faites incider enfuite les puffins far
rayons qui en proviendront fur la fur-
rnbsp;^nbsp;1nbsp;plane*
face plane du verre , que vous pofe-
rez devant la cuvette pleine d'eau.
^ Lorfqu^ils arriveront de l'air dans
l'eau, milieu plus denfe, vous les
verrez perdre de leur convergence;
amp; lî vous les faites repafTer dans l'air,
milieu plus rare que l'eau, leur con-
vergence augmentera.
Des rayons convergens ne font au-
tre chofe que des rayons droits
oppofés les uns aux autres , qui en-
trent obliquement dans un milieu ou
plus denfe , ou plus rare en fens con-
traire , ce qui occafionne la conver-
gence au point de leur réunion.
Si vous faites incider des rayons de
cette efpéce dans la cuvette vuide par
»ine furface plane, ils viendront fe ré-
unir au point où leur direûion les
conduit naturellement, en formant
une piramide de lumière dont la poin-
te entre dans la cuvette ; amp; fi vous
Qij
-ocr page 386-364 L E T T R E s Physiques.
____verfez de l'eau dans la cuvette , la
jjioiicticuie. piraniide s'allongera, amp; vous verrez
les rayons converger plus loin.
Cela s'accorde parfaitement avec
nos principes qui veulent que tout
rayon de lumière qui paffe oblique-
ment d'im milieu rare dans un plus
denfe , faffe fa réfradion en s'appro-
chant de la perpendiculaire amp; au-
contraire qu'il s'en éloigne s'il paffe
d'un milieu denfe dans un plus rare,
C'eft: la raifon pour laquelle la con-
vergence au point de réunion de ces
rayons fe trouve diminuée dans l'eau,
amp; augmentée dans l'air,
ixpéricncc Faites venir dans la cuvette pleine
d'eau des rayons convergens , qui
qurpXnt pafferont fur la furface d'un verre con-
fur une fur-nbsp;^nbsp;ygj-re plan,
iacc coiicaTc. ' . ,nbsp;'nbsp;,
Si les rayons convergent beaucoup
ce qui dépend de la convexité plus
forte dii verre attaché au bout du
tuyau , la piramide de lumière s'allon-
gera dès fon entrée dans la cuvette ,
amp; fa forme deviendra plus irrégulière.
Si les rayons convergent moins,
ils s'écarteront les uns des autres
jufqu'au point de devenir parallèles, amp;
enfuite divergens.
Cette Expérience prouve que des
-ocr page 387-XXXV. Lettre. 365^
rayons peuvent non-feulement dimi- ■ ' .
nuer de convergence,mais paffer au pa-
rallelifme, amp; même devenir divergens.
C'eft toujours en fuivant le fécond
principe que nous voyons les rayons^
convergens de cette Expérience , paf-
fans de Fair dans l'eau par une fur-
face concave , perdre de leur con-
vergence , amp; tendre à devenir paral-
leles à mefure qu'ils fe prolongent, le
devenir en effet j amp; même prendre la
divergence lorfque la prolongation eft
affez confidérable.
Faites incider des rayons conver- ^ i^périence
gens fur une furface convexe. Si le convcr^cnT'
point de réunion fe trouve au centre qiquot; paii^nt
de la fphéricité d u milieu refringent, f^^s convexe,
la convergence ne diminuera, ni n'aug-
mentera dans quelques milieux plus
denfes ou plus rares que ces rayons
fe trouvent.
Mais fi le point de réunion fe fait
plus près que le centre de -la conve-
2^ité, les rayons qui pafferont dans un
milieu plus denfe, diminueront de con-
vergence, amp; au contraire, la conver-
gence augmentera fi le point naturel
de réunion fe trouve au-delà du cen-
tre de la fphéricité.
Lorfque des raj^ons convergens
-ocr page 388-366 Lettres Physiques'
viennent prendre leur réunion en deçà
^^ g^j jgj,nbsp;J^ fphéricité
du verre convexe , ce qui leur arri-
ve felon les milieux plus on moins
denfes qu'ils traverfent, ils perdent
leur parallelifme en deviennent des
rayons obliques , qui foufFrent réfra-
âion dans leur incidence , en s'appro-
chant de la perpendiculaire , s'ils paf-
fent d'un milieu rare dans un denfe,
fuivant le fécond principe J amp; en s'é-
loignant de cette perpendiculaire, s'ils
viennent du milieu denfe dans le rare,
comme le troifiéme principe l'an-
nonce.
Ce qui fe paffe dans les Expérien-
ces fur la dioptrique , amp; dans les ef-
fets qui en réfultent, fe rapportent aux
principes qui forment la bafe de tous
les Phénomènes que nous fournit cette
fcience.
Quand on eft affuré de ces véri-
tés, on ne doic pas être étonné de
voir les objets dans l'eau différents de
ce qu'ils font réellement, amp; dans des
endroits où ils ne font pas.
Les pierres, les plantes, un bâton
dans un baftin , une cerife , une pru-
ne dans un verre plein d'eau ; en un
mot tous objets qui font au fond de
l'eau que la vue peut appercevoir , '
paroiffent beaucoup plus gros, amp; plus
élevés par la réfradion que fouffrent
les rayons de lumière qui vont de
notre œil à eux, amp; qui reviennent de
ces objets à notre œil, fuivant la
convergence, ou la divergence qu'ont
ces rayons foit en entrant, foit en
fortant d'un milieu dans un autre , amp;
cela toujours fondé fur nos principes
qui ne varient jamais, amp; qui fervent
de régies pour toutes les opérations
de la dioptrique.
Mettez un écu de trois liv. au fond Expérience,
d'un verre plein d'eau. Couvrez ce
verre avec une affi.ette plate, amp; ren-
verfez le tout fans deffus deffous avec
promptitude : vous verrez deux écns ;
un de fix liv. fur l'affiette, amp; un de
trois liv. à la furface fupèrieure de
l'eau.
L'écu paroit dans fa grandeur natu-
relle à la fuperficie de l'eau, parce
que fon image eft élevée de la furface
inférieure à la fupèrieure , par des
rayons parallèles.
11 paroit double, parceque l'œil
qui reçoit cette image la faifit par des
rayons obliques, qui dans leur refra-
dion s'écartent de la perpendiculaire
Dioptriti««.
lorsqu'ils fortent d'un milieu denfe
Ciaptnque. p^^^j. gj^j^g^ Jg^j „„ pJ^j j-^j-g^
Et l'organe le juge fur l'affiette
amplifié d'un double au moins de fon
volume naturel, parce qu'il l'apper-
çoit par la furface courbe amp; convexe
de l'eau qui prend la forme du verre
où elle eft contenue. Or la propriété
d'une furface convexe, eft de répor-
ter les objets qui la pénétrent avec
des angles plus ouverts amp; plus grands,
dont elle eft la bafe, amp; dont le fom-
met fe trouve à l'organe de la vue
qui les reçoit.
La réfraûion nous fait encore ap-
percevoir les objets dans l'eau au-def-
îiis de l'endroit oit ils font placés lorf-
que les rayons de lumière qui nous
les répréfentent , viennent oblique-
ment de ces objets à nous.
Experience. Mcttcz UHC piéce d'or OU d'argent
au fond d'une jatte de fayance , re-
tirez-vous en arrière peu à peu , juf-
qu'à ce que le bord de cette jatte
vous empêche de la voir : arrêtez-
vous alors, amp; faites verfer de l'eau
dans la jatte. Quand il y en aura une
quantité fuffifante , vous apperce-
vrez le louis d'or par chaque point
éclairé de cette piéce qui devient vi-
fible par un faifceau de lumière qui......—
paffe obliquement de l'eau dans l'air.
Or par nos principes nous fçavons
qu'un rayon de lumière c}ui pafle obli-
quement d'un milieu denfe dans un
plus rare , fe réfraûe dans ce dernier
en s'ecartant de la perpendiculaire j amp;
e'efl: à caufe de cet écartement qu'efliiie
la piramide de lumière qui vient du
louis d'or à l'œil, qu'on le voit
dans l'eau au deflfus de fon véritable
lieu.
Le lever du Soleil amp; de la Lune , Effcn des
dont les difques paroiffent fur l'hori- ^
zon avant que ces Afires y foient par-
venus , amp; que nous voyons dans un
lieu oii ils ne font pas effectivement ,
nous préfente un phénomène dont
l'explication devient fimple lorfque
l'on connoit les loix de la réfraftion.
L'atmofphére qui remplit l'efpace
des cieux, eft un milieu plus rare que
celle qui regne autour de la terre ,
que l'on nomme Atmofphin Terreflre.
D'après cette connoitiance dont on
ne peut douter , par toutes les Expé-
riences réitérées depuis tant d'années,
on eft: affuré que c'eft par la réfra-
âion de la lumière que nous apperce-
'¥ons les Aftrc-s fur 'horizoi-i, le maquot;-
quot;' ■'quot;quot; tin avant qu'ils y foient arrivés, amp; le
Dioptrigue,nbsp;^^^^^ ^^^vj^
Ainfi, lorfque nous voyons le So-
leil à fon lever , c'efi: fon image que
fes rayons nous apportent en entrant
dans l'atmolphère terreftre , milieu
plus denfe que celui d'oii ils fortent,
amp; cette différence de denfité qui les
oblige de fe réfraâer pour s'appro-
cher de la perpendiculaire , nous fait
appercevoir l'aftre où il n'eft pas en-
core.
Il eft effentiel d'obferver que les
rayons d'un Aftre qui fe réfraftent
pour venir à nous, ne fuivent pas une
ligne droite dans leur réfraâion, com-
me ils feroient dans un milieu d'une
denfité uniforme. Cela vient de ce que
l'atmofphère dans laquelle ils entrent
eft plus chargée de vapeurs, par con-
fequent plus denfe en approchant de
la terre. Or cette différence de denfité
contraint lesrayons de fe plier davan-
tage , ce qui fait fuivre à l'Aftre une
courbe qui diminue à mefure qu il s'é-
leve , jufqu'à ce qifil ait atteint le
zenith.
Ces Exemples prouvent amp; confta-
tent l'évidence amp; la vérité de nos prin-
cipes.
XXXVI. Lettre. 371
XXXVL LETTRE.
Cl
/E que nous venons de remarquer,
Monfieur, dans la Lettre précédente,
les Principes, les phénomènes de la
Dioptrique, leurs effets, amp; leur expli-
cation nous donnent la connoiffance
des propriétés des verres plans, con-
caves amp; convexes, qui font l'objet de
cette fcience , amp; dont nous allons
vous faire part des principales.
Le Verre Flan ne forme point de Propdftfdw
foyer, parce qu'il ne peut raffemblet
les rayons de lumière qui lui viennent
parallèlement, attendu que fes pores
font alignés, de façon qu'ils laiffent
paffer en droite ligne ceux qui vien-
nent les pénétrer.
Les verres plans répréfentent les
objets tels qu'ils font, amp; dans leur fi-
tuation lorfqu'ils ne font pas trop épais.
La réfraûion qu'ils occafionnent aux
rayons de lumière , comme milieux
plus denfes que l'air d'oii ces rayons
fortent, fe trouve corrigée par une fé-
conde qu'ils effuient à leur fortie de
ces fortes de verres pour rentrer dans
l'air, amp; qui devient parallèle à la pre^
Dioptriijue,
m
_jt^'Letrtes Physiques.
•'■' quot; mière , ce qui fait voir les objets tels
.nbsp;qu'ils font.
Propriété du Lcs propriétés du Vcm Concave font
Verre conca- différentes. Il n 3 de commun avec le
verre plan , que de ne pouvoir for-
mer de foyer poftérieur. Il diminue
l'objet de grandeur, amp; il eft proprei
ceux qui ont les yeux myopes.
Il n'eft point verre ardent, parce
que la trop grande divergence qu'il
donne aux rayons l'empêche de les
raffembler en un feul point, amp; lui en
fait perdre une grande partie.
Il diminue l'objet que l'on regarde au
travers parce qu'il le préfente fous un
angle plus petit. Cet effet vient de ce
que les rayons convergens qui entrent
dans le verre concave deviennent
moins convergens lors de leur réfra-
âion, amp;les rayons réfraûés , qui vont
fe réunir au centre de l'autre concavité,
fortent du verre fans foulfrir une fe-
conde réfradtion , ce qui rétrécit l'an-
gle fous lequel l'objet eft apperçu.
Ce verre eft bon pour les myopes
qui ont le criftallin trop convexe ,
parce que fa fonciion étant de rendre
les rayons divergens, il rapproche
amp; aggrandit l'angle fous lequel ces
fortes de vues faiiiiTent les objets.
XXXVI, Lettre, 37J
Les Propriétés des Ferres Convexes font '
oppofées à celles des verres concaves.
Ils embrafent les corps combuflibles Propriété
expofés à leurs foyers. Ils prefententnbsp;«
les objets éloignés dans des fituations i enticuUi-
renverfées ; ils les éclairciflTent, ils les
grolTiflênt, amp; ils fervent pour les in-
flruments d'optique.
Un verre convexe lenticulaire ré-
duit en cendre les corps combuflibles
que l'on expofe à fon foyer , parce
qu'il raffemble en un même point un
grand nombre de rayons folaires.
Vous voyez au travers d'un verre
lenticulaire , les objets éloignés dans
une fituation renverfée, parce que les
rayons de lumière qui viennent des
extrémités de ces objets fe croifent au-
foyer du verre.
Le verre convexe éclairât l'objet
que l'on regarde au travers , parce
qu'il rafl!ernble au fond de l'œil plus de
rayons de lumière, que l'organe n'en
recevroit fans fon fecours ; confé-
quemment la lumière diverge moins,,,
puifque les rayons font plus reflêrrés.
Le verre convexe groifit les objetsj,
parce qu'il les préfente fous un angle-
plus grand. Or l'optique nous apprend
qu'il eft de principe que la grandeur
■ apparente d'un objet s'eftlme par la
Uiopttique. ' ' , , ,, , ' r t 1 -1 • ^
grandeur de I angle ions iequelu vient
jufqu'à notre organe. C'eft par cette
raifon que l'on fe fert de verres lenti-
culaires pour les Lunettes, les Microf-
copes, amp; pour les vues presbites dont
le criftallin eft affoibli amp; aplati, ou
par infirmité , ou par vieilleffe.
Le verre convexe lenticulaire pof-
fede un foyer poftérieur, amp; un foyer
antérieur, fuivant fes deux convéxi-
tés ; ce qui le rend très-néceffaire
pour les lunettes de longue vue.
Lunettes de Les Lunuus de longue vue ou telefcopes
longue yue. ^^^^^ deux iffages. Ccs inftrumens fer-
vent pour la découverte, amp; l'examen
des Aftres , amp; pour voir les objets
terreftres. Dans le premier cas on les
nomm.e Telefcopes , dans le fécond on
les appelle Lunettes d'approche , ou de
longue vue, parce que leur effet eft
de rapprocher amp; de groffir l'objet.
C'eft depuis environ 300 ans qu'oa
les connoît. Du 14 au 1fiécle , un
Ouvrier de Midelbourg en Zélande,
regardant par hazard au travers de
deux verres , l'un convexe, l'autre
concave, découvrit que l'objet qu'il
voyoit grofliffoit confidérablement
fans fe confondre. A cette découverte
Galîlée joignit les régies de la diop-
trique, amp; fit conftrinre ces inftruments ^
fuivant les proportions néceffaires.
Les premiers étoient compofés de
plufieurs tuyaux qui s'emboëtoient
les uns dans les autres, dans lefquels
étoient renfermés ceux verres l'un
objeflrif convexe placé à l'extermité
du tuyau , l'autre oculaire concave
mis près de l'œil un peu au-deffus du
foyer du verre objeöif, ce qui r^
doit l'objet plus diftinû , plus net, amp;
dans fa fituation naturelle : plus net
parce que felon les principes de la
dioptrique, le verre lenticulaire raf-
femble les rayons de lumière qui vont
converger à un point de réunion, qui
forme le foyer de ce verre. Dans fa
fituation naturelle , amp; fans être ren-
verfé , parce que le verre oculaire con-
cave étant placé au-deffus du foyer
du verre objeöif convexe, les rayons
qui n'ont pas le temps d'arriver au
point de concours ne peuvent fe croi-
fer.
Mais l'ufage de ces Lunettes efi: d'un
foible fecours , parce que leur lon-
gueur amp; leur champ limité empêchent
î'œil d'embraffer beaucoup d'objets à
la fois : ce qui fit penfer à Kepler
376 Lettres Physiques.
d'ôter le verre concave, amp;deluifubfti.
Wopcriqwe. tuer un autre verre convexe oculaire ,
en plaçant ces deux verres de manière
que le loyer poftérieur de l'objeftif
concourût avec le foyer antérieur de
l'oculaire.
Par ce moyen la Lunette a plus de
champ , parconféquent l'œil embraffe
plus d'objets, qui font vus fous des
angles plus grands, mais dans une fi-
tuation renverfée , ce qui forme un
inconvenient pour l'examen des def-
feins, payfages, perfpedives , amp;c.
Pour remédier à ce défaut, on a
ajouté deux verres oculaires conve-
xes au premier, dont l'effet eft de
relever l'objet dans fa fituation natu-
relle par la convergence que prennent
les rayons au foyer du troifiéme au
fécond verre oculaire , qui forme en-
tre le premier , amp; le fécond oculaire
une feconde image en fens contraire
de la première , qui fe trouve renver-
fée entre robjeâ:if,amp;le troifiéme ocu-
laire ; alors l'œil placé au premier
oculaire , reçoit cette image dans fa
fituation naturelle par la raifon qu'il
la recevroit renverfée , s'il étoit placé
au troifiéme oculaire, comme il arrive
aux Lunettes compofées de deux ver-
res,.
XXXVI. L e t t r h. 377
On met des petits cercles de car- :
tons noircis, appelles diaphragmes, en- Diojttiq.ult;.
tre ces verres lenticulaires pour ab-
forber amp; éteindreles rayons de lumiè-
re qui nuiroient à la netteté de l'i-
mage.
Newton , ce Philofophe qui fçavoit
que plus il y avoit de verre à péné-
trer , plus ii fe perdoit de raj^ons par
le déchet que la lumière éprouve au
paffage de chaque verre; ce rare gé-
nie qui voyoit l'incommodité du Jer-
vice de ces Lunettes par leur extrême
longueur, conçut le deffein de refti-
fîer les verres lenticulaires, pour leur
faire raffembler plus de rayons ; mais
il abandonna fon projet, par l'inutili-
té de fes recherches, amp; fe rejetta fur
les miroirs. Ce fut d'après ce change-
ment , qu'il fit conftruire le Télefco-
pe qui porte fon nom.
Ce Télefcope eft compofê d'un Téicfcopc
gros tuyau ouvert entièrement par un ^^
bout, pour laiffer paffer les rayons
de lumière qui vont fe rendre fur un
miroir de métal plan , placé à l'autre
bout en dedans de ce tuyau.. Au mi-
lieu amp; vis-à-vis ce grand miroir plan ?
efl: un autre petit miroir de même mé-
tal un peu ovale, incliné de 45 dé-
378 Lettre s Physiques;
grés à Taxe du tuyau, qui reçoit ces
■ mêmes rayons qui viennent converger
en réflechiffant deffus , amp; qui les ren-
voyent fur une lentille placée fur le
côté du tuyau en avant où ils repren-
nent leur parallelifme , amp; reviennent
converger de nouveau fur l'œil qui
fe trouve placé à un petit trou vis-à-
vis cette lentille.
Ce Télefcope amplifie les objets
amp; les rend renverfés ; mais on les re-
dreffe avec trois lentilles que l'on met
clans le petit tuyau oculaire. Et l'on
approche amp; recule à volonté le petit
miroir plan avec une tige mobile fur
laquelle ii efl pofé.
Cet inflrument efl incommode en
ce que les objets ne fe préfentent point
en droite ligne , mais de côté comme
dans les Polémefcopes, qui tirent leur
nom de l'ufage auquel on les defline ;
car fans être apperçu , en s'appuyant
derrière un parapet ou les remparts
d'une ville, avec le fecours d'un Po-
lémefcope , on découvre fans rifque
les mouvemens des ennemis. Son effet
efl de repréfenter les objets de droite
amp; de gauche, lorfqu'il paroît qu'on les
examine en ligne droite.
Sa méchanique efl fimple. C'efl une
f
Dioptrique,
Poléœcf-
^pes.
XXXVL L E T T R E. 579 _____
place inclinée de 45 dégrés, mife au '. ' ' ' quot;
?bnd d'un tuyau vis-à-vis laquelle on
ouvre ce tuyau. L'angle de réfleftion
égal à celui d'incidence, que font les
objets qui vont fe peindre fur ce mi-
roir de côté , les ramène à l'œil qui
fe trouve à l'autre bout de ce tuyau
pour les réunir.
Un nommé Jacques Grégoiri, entre-
prit de corriger le Télefcopede New-
ton ; il en lit conftruire un, qui n'a
été porté à fa perfedion qu'en 17x6.
C'eft celui dont on fait aujourd'hui
le plus d'ufage.
Ce Télefcope à miroir percé, eft ^ «îefcope
compofe d un gros tuyau ouvert par
un bout, pour recevoir les rayons
de lumière qui vont fe réfléchir fur un
miroir concave de métal percé par
le milieu, qui fe trouve placé à l'au-
tre bout du tuyau.
Vis-à-vis le trou ouvert du grand
miroir, fe trouve en oppofition un
petit miroir de même métal plus con-
cave que le grand, dont le diamètre
eft un peu plus grand que ce même
trou du grand miroir , dk monté com-
me celui du Télefcope de Newton,
fur une tige mobile pour l'avancer j
ou le reculer felon le befoin.
__Lettres Physiques.
Les rayons réfléchis par le grand
DiopiiKjuc. jjijroir viennent converger au foyer
des rayons parallèles ; enfuite ils de-
viennent divergens jufqu'au petit mi-
roir qui les renvoye paffer au trou
du grand miroir , où ils font reçus par
un verre convexe, qui redreffe l'ima-
ge , amp; qui la porte à travers une len-
tille oculaire , à l'œil placé à un petit
trou rond vis-à vis cette lentille.
Ce Télefcope a l'avantage de groi-
fir confidérablement les objets, amp; de
les porter plus aifément à la vue, par-
ce que l'œil eft placé au bout du tuyau
comme aux lunettes d'approche. Il fait
l'effet d'une lunette de 6 à 8 pieds ,
s'il à 15 ou 16 pouces de long, amp;
il. en égale une de 3 0 pieds au moins y
lorfqu'on lui donne le double de lon-
gueur.
De la décompofition de la Lumière
amp; de la nature de fes Couleurs^
quot;^Jiiï^ L A partie qui me refte à traiter ,
Monfieur , pour fatisfaire à ma pro-
mefie, amp; remplir le plan que je me
XXXvu. Lettre, 3S1
fuis propolé clans cet abrégé , eft une -
des plus intéreffanîes, amp; des plus fédui-
fkntes que la Phyfique puifle avoir.
Si je porte mes regards fur ces
champs colorés amp; variés à l'infini. Si
je contemple la magnificence que la
nature répand fur fes productions , il
me femble qu'elle n'eft occupée que
du foin de s'épuifer , pour m'ofFrir le
fpedacle le pius refplendiffant, amp; le
plus fuperbe que l'imagination puiffe
enfanter.
Je fuis rempli d'admiration, en
voyant l'art fon émule, tirer parti des
tréfors dont elle nous enrichit. Avec
quelle adreffe, amp; quel avantage ce
rival ne fe fert-il pas des beautés fans
nombre dont elle fe décore ? De quel-
le envie amp; de quelle jaloufie n'eft-il
pas atteint lorfqu'il fait fes efforts pour
l'égaler, en voulant la furpaffer ?
L'un amp; l'autre ne nous préfentent
que des objets raviffants. Quelles ac-
tions de graces nous devons rendre à
l'Etre bienfaifant, qui n'a crée toutes
ces beautés que pour flatter plus agréa-
blement la vue , ce fens fi néceffaire
amp; en même-temps aufîi délicat qu'il
eft prétieux.
La décompofition de la lumière eft
Couleurs.
3s2lettres Physiques:
■ un des plus brillans phénomènes de la
Phyfique expérimentale , amp; je n'en
connois point de plus fatisfaiiant que
celui d'en extraire les couleurs dont
elle eft compofée ; couleurs dont les
nuances multipliées fourniflent perpé-
tuellement , par leur variété , de quoi
contenter le goût particuHer de cha-
que créature.
Il eft donc queftion de féparer les
couleurs de la lumière, amp; de traiter de
leur nature ; mais avant que d'entrer
en matière, qu'il me foit permis de
rendre hommage à filluftre Auteur de
cette découverte, au grand Philofo-
phe qui le premier à ofé pénétrer juf-
qu'au centre de l'aftre fi pur amp; fi
parfait qui les contient, pour y pui-
fer de nouveaux miracles.
Extrait de Ifaac Newton , ce génie immortel
^nbsp;en faveur de qui la nature a ouvert
ewion. ^^^ ^^^^ prodiguer ce qu'elle
à de plus rare , amp; de plus caché i cet
efprit créateur, qu'à peine un fiécle a
pu former, naquit à Volftrophe en An-
gleterre. Il fit tant de progrès dans
les Sciences , qu'à l'âge de 17 ans il
fut nommé ProfelTeur de Mathémati-
que dans la fameufe Univerfité de
Cambrige.
Coukuts
XXXVII. L E T T R E. 3S3
La Géométrie de Defcartes , amp; '-r!--------
l'Optique de Ivepier , lui fournirent
les premiers principes de cette Science.
En 1687, parut fon Livre des Princi-
pes Mathématiques de la Philofophie
Naturelle , Ouvrage dont M. de Fon-
tenelles fait tant d'éloges, en avouant
qu'il ne peut venir que d'un génie,
qui dans le fiécle le plus heureux ne
tombe guerre en partage quà trois ou
quatre hommes, pris dans toute Vétendut
des pays fçavans
Dix-fept ans après il donna fon Trai-
té d'Optique, modèle où les plus célé-
brés Phyficiens vont s'enrichir de?
plus belles connoilfances.
Enfin, ce grand homme, après quan-
tité d'autres Ouvrages auffi dignes
d'admiration , fubit le fort du mortel
le plus ordinaire. Il mourut âgé de
8 5 ans , amp; fut enterré dans l'Abbaye
de quot;Weftminfter, à Londres.
Jufqu'à Newton la Phyfique s'étoit
foutenue fans qu'il fïir queftion que
les couleurs fiffent une partie efl^en:-
tielle de la lumière. Vofcius paroît
être le feul qui prétendoit qu'elles ré-
fidoient dans cet être,
Defcartes donnoit différentes mo-
difications à la lumière, qu'il regardoiî
3s4lettres Physiques.
comme un fluide homogène, dont les
rayons globuleux tournoient fans cef-
fe fur leur centre. De là il prétendoit
que !e plus ou le moins de vîteffe dans
le mouvement de ces rayons, occa-
fionnoit au fond de l'organe les diffé-
rentes impreffions des couleurs.
Toutes les conjedures que les Phi-
lofophes ont porté fur cet important
article. L'opinion même de Defcartes
toute fpécieufe que'Ile étoit, n'a pu
fatisfaire Nevton. Il lui falloitdes faits,
amp; il n'étoit réfervé qu'à lui de les
trouver. C'eft d'après les connoilTan-
ces que ce Philofophe en a laiffé à la
poftérité , que nous en allons parler.
Prefque tout le monde eft affedé
d'un préjugé très-facile à détruire:
ceux qui n'ont nulle teinture de la
Phyfique, penfent que les couleurs
réfident dans les corps : à la vérité ils
en font bien afièûés , mais ce n'efl
point d'eux feuls que nous devons
attendre des édairciffemens contre
ce préjugé ; c'eft au contraire , dans
le corps même de la lumière que nous
devons fouiller pour trouver le lieu
de leur réfidence.
Qui peut nous faire appercevoir les
objets? fera-ce la nuit oi^ nous nous
Couleurs,
XXXVII. Lettre. 3S5
trouvons dépouillés de toute efpéce
de lumière. On ne peut juger des
corps que lorfqu'ils font vifibies, amp; qui
peut les rendre tels, û ce n'eft la lu-
mière ? L'optique nous apprend que
nous ne voyons les objets que par les
rayons de lumière qui venant tom-
ber defîiis les réfléchiflquot;ent amp; les pei-
gnent dans nos yeux, amp; c'eft à ce
moment que nous eftimons leurs cou-
leurs. Les couleurs dépendent donc de
la lumière, amp; c'eft dans cet être fi bril-
lant que nous devons les confidérer.
Imitons en cela Newton, amp; fuivons-le
dans les expériences qu'il à fait paf-
fer jufqu'à nous fur l'analife des cou-
leurs que la lumière renferme dans
fon fein.
L'on nous apprend que la décou-
verte que fit Newton de la décom-
pofition de cet être , n'eft point le
fruit de fon travail fur cet objet, mais
fimplement l'effet d'un pur hazard qui
le favorifa lorfqu'il s'occupoit de tou-
te autre chofe. 11 avoit entrepris de
perfeftionner les verres des Télef-
copes. Son intention étoit de les ren-
dre plus clairs, amp; de raffembler une
quantité plus confidérable de rayons
folaires fur le verte lenticulaire ; amp; ce
R
Couieucs.
3S6 Lettres Physiques.
fut en cherchant à mettre fon projet
en exécution, qu'il s'apperçut par des
Expériences décifives que la lumière
n'eft pas homogène dans toutes fes
parties.
Cette grande découverte fut la fo-
lution , amp; le réfultat de la belle Expé-
rience que fît ce Philofophe , qui lui
'nbsp;procura le plus brillant amp; le glus fu-
Expérience perbe phénoméne. Pour y parvenir ,
du Prifme Newton fît entrer un rayon folaire
Tofe laT- dans une chambre obfcure amp; bien fer-
Bjière. jnée, par un trou rond pratiqué au
volet d'une fenêtre.
A ce rayon il préfenta l'angle d'un
prifme triangidaire équilateral, amp; il
vit fur un carton blanc élevé vertica-
lement à 15 ou 16 pieds derrière le
prifme, fept couleurs rangées en cet
ordre en montant : Sçavoir, le rouge,
Ynbsp;orangé, le jaune , le vert, le bleu ,
Ynbsp;indigo Sz; le violet.
On nomme couleur , une qanlité
particidière de lumière fous laquelle
un objet fe préfente à notre organe,
Sz; l'on diftingue ce terme par des
noms différents, qui tous ont rapport
aux différents corps qui les répréfen-
tent fuivant l'arrangement de leurs
f.trfaces.
Couleurs.
XXXVII. LETTRE. 387
Un priCme eft un verre folide d'en-
viron 6 pouces de long , compofé de
trois faces dont chacune a ordinaire-
ment un pouce, ou un pouce ^ de large,
quireleve le rayon folaire dans une fi-
tuation prefque horizontale,amp; le dilate
en lui faifant marquer fur le carton une
image de figure longue, terminée des
deux côtés dans fa longueur par deux
lignes droites, amp; arrondie par les deux
bouts ; où font peintes les couleurs de
la lumière dans Tordre que nous ve-
nons de citer.La longueur de cette ima-
ge égale le diamètre du rayon folaire ,
amp; la lumière réfradée paroît par ban-
des colorées.
Cette Expérience de Newton prou-
ve que les couleurs au nombre de fept
réfident dans la lumière , amp; que cha-
que rayon a fa couleur primitive amp;
déterminée. Pour décider fi ces cou-
leurs font des modifications, ou des
propriétés inaltérables de la lumière,
appelions les Expériences à notre fe-
cours.
Recevez comme dans la première Expe'rience
Expérience , le rayon folaire fur l'an-
gle du prifme. Le but de celle-ciétant ^leuf ^equot;
de féparer chaque couleur en parti- %aret.
culier ; il faut préfenter à 4 ou 5 pieds
Rij
Couleurs.
jSS Lettres Physiques.
du prifme une planche mince cou-
couleiKs. verte d'un carton blanc d'un pied de
long , percée au milieu d'une fente
d'une ligne ^ de largeur, fur un pou-
ce 7 de long. Cette planche doit être
mobile par le moyen de deux anneaux,
dans lefquels palfe un bâton pofé fur
un guéridon qui fe hauffe, amp; fe baiffe
à volonté.
La figure des rayons réfraftes ve-
nant à tomber fur cette planche , On
fait paffer fucceffivement par la fente
chaque couleur qui va fe peindre fé-
parément fur un carton préfenté au
fond de la chambre.
Cette Expérience fait voir que l'i-
m.age colorée que donne le prifme efl
un afl'emblage de couleurs que l'on
peut féparer aifément.
Expérience Voulcz-vous counoître fi ces cou-
prouvenbsp;inaltérables,, faites paflTer
Hs fo«r' celui des fept rayons de couleur que
inaltérables, yQ^s jugerez à propos, parle trOU de
la planche. Ayez déplus, un fécond
prifme dont l'angle fera de 30340 de-
crés • un verre lenticulaire blanc de 2
à 3 pieds de foyer , fept autres verres
lenticulaires repréfentans les fept cou-
leurs , amp; des miroirs de difiérentes
Iformes.
XXXVII. Lettre. 389
Le rayon de couleur fimpie que
vous ferez pafler par l'angle du prif-
me fe réfraâera, amp; ira peindre fur
le carton blanc une tache de fa cou-
leur naturelle, comme il l'avoit avant
de rencontrer le prifme.
La raifon de cet effet vient de ce
que les parties de lumière de ce rayon
font homogènes , étant compofées
chacune de la couleur cjui lui efl: pro-
pre : dans ce cas l'image rendue fur
le carton, ne peut être que d'une feu-
le teinte, amp; ne peut fe faire voir fous
une figure oblongue , ni diverfement
colorée comme celle de la première
Expérience.
Si vous choififTez un rayon rouge,
par exemple, amp; que vous lui oppo-
iiez après fon paffage au fécond prif-
me , un verre lenticulaire bleu, ou
verd, vous lui verrez conferver fa
couleur rouge au foyer du verre.
Cela prouve, que les coiiîeurs appar-
tiennent à la lumière ; qu elles font inal-
térables de leur nature, Si ne font point
des modifications de ce fluide, comme
l'ont prétendu plufieurs Philofophes.
Si les couleurs ne réfidoient pas
dans la lumière, certainement le verre
coloré de bleu ou de vert oppofé
R iij
Couleurs.
390 Lettres Physiques.
au rayon rouge rendroit une couleur
bleue ou verte , mais nous voyons
que ce rayon réfradé par une nou-
velle lentille conferve fa couleur rou-
ge fans être altérée.
De cet effet, nous devons conclure
avec les Philofophes de qui nous te-
nons nos principes, que les corps dia-
phanes ne font pas capables de colo-
rer la lumière , mais qu'il faut les re-
garder comme des efpéces de tilfus
analogues à chaque rayon de couleur
fuivant l'arrangement des parties qui
compofent leurs furfaces , amp; qu'un
rayon de lumière homogène , qui fe
réfléchit fur une furface, doit peindre
de fa couleur propre l'endroit fur le-
quel il eft tombé , par la raifon qu'il
eft inaltérable.
Lorfque vous ferez paffer le rayon
de couleur homogène au travers du
verre lenticulaire de 2 à 3 pieds de
foyer, vous lui verrez former deux
cones oppofés l'un à l'autre, amp; les
miroirs de difFérentes formes fur lef-
quels vous ferez tomber ce rayon,
l'étendront ou le refferront fans le
changer de couleur.
Suivant les loix de la dioptrique,
tout rayon de lumière foit fimple ,
Couleurs.
XXXVII. Lettre. 391
foit compofé , qui part du point lumi-
neux pour fe réfraûer fur un verre
lenticulaire, arrive avec divergence
formant une piramide dont la bafe efl:
le verre : mais dans la réfraûion que
ce rayon eflquot;uie fur toutes les pétites
furfaces inclinées, dont le verre efl.
compofé , il eft obligé de fe plier en
s'approchant de la perpendiculaire ;
alors il fort du verre avec une con-
vergence qui réunifiant toutes fes par-
ties au foyer du verre, égale la di-
vergence qu'il avoit en venant, amp; le
fait paroître avec plus d'éclat.
La réflexion des miroirs ne peut
faire changer de couleur im rayon de
lumière fimple , parce que toutes les
parties qui le compofent font de mê-
me nature , amp; que fa couleur n'eft
point l'eflet d'une caufe accidentelle.
Les couleurs appartiennent donc à
la lumière, elles y réfident, amp; cela
fans aucune conteftation. Les faits
font trop clairs amp; les épreuves trop
averées pour les révoquer en doute.
Le hazard nous produit fouvent cette
certitude.
Lorfque dans les chaleurs de l'été
on ferme les volets d'un appartement,
on apperçoit un rayon du Soleil en-
Coiilems.
39zLettres Physiques.
trer par quelque fente qui fe trouve
au volet, amp; on lui voit former une
trace lumineufe garnie de petits filets
de couleur au bord, qui forment une
efpéce de frange.
Ces expériences nous afil'urent que
les couleurs ne font pas des modifica-
tions , mais des propriétés inaltérables
de la lumière.
Expérience
qui prouve
queles rayons
de couleurs
font réfran-
giblcs Se ré-
flexibles les
luis plus que
les autres.
XXXVIII. LETTRE.
_ . On feulement les couleurs qui
font dans la lumière font inaltérables,
comme nous venons de le voir dans
la Lettre précédente , mais elles font
réfrangibles amp; réflexibles les unes plus
que les autres , fuivant les différents
dégrés de leur force. C'eft ce que nous
allons tach'er de développer en fui-
vant les Expériences de Newton.
Faites tomber fur un des côtés d'un
prifme redangulaire un rayon fo-
laire qui viendra du trou du volet ;
la réfradion de ce rayon formera
une image colorée dans l'ordre ordi-
naire fur un carton que vous éleverez
verticalemant 5 à 6 pieds plus loin.
Faites enfuite tourner ce prifme fur
Cou'euts.
XXXVIII. LETTRE. 393
fon axe, jufqu'à ce que fa bafe faffe ;
avec le rayon un angle de 50 dégrés.
Vous verrez alors le rayon fe ré-
fléchir amp; les couleurs quitter le car-
ton pour aller fe peindre ailleurs. Le
violet comme le plus tendre fera ce-
lui qui fe féparera plutôt.
Si vous faites pafler ce rayon réflé-
chi par un fécond prifme , il fe réfra-
ctera de nouveau, amp; fe peindra fur
un carton blanc que vous lui op-
poferez. Dans cette nouvelle réfra-
âion les violets amp; les bleus fe feront
voir les premiers, amp; fe placeront plus
haut que les autres.
Une autre Expérience fimple amp;
curieufe prouve encore la réfrangibi-
lité plusou moins grande descouleurs;
amp; que les plus tendres font les plus
refrangibles.
Que l'on mette fur le plancher à 5
à 6 pieds d'une fenêtre bien éclairée, quot;ïquot;' . Pquot;^quot;quot;quot;-
un carton de 6 pouces de long, large
de X pouces, couvert par moitié d'un
drap gros bleu , amp; cramoifi. En le re-
gardant 8 ou 10 pieds plus loin au
travers de l'angle d'un prifme , dont
la longueur fera parallele à celle du
carton, amp; dont on tournera l'angle
réfringent en haut, on verra l'imaee
Couleurs.
Expérii
394LETTRES Physiques.
du carton s'élever , la partie colorée
en bleu plus haute amp;prelqiie détachée
de celle colorée en cramoifi.
Cette fimple Expérience prouve
que les couleurs qui font dans la lu-
mière , font plus réfrangibles les unes
que les autres.
La précédente donne la preuve
qu'elles font auffi plus réflexibles, amp;
que la lumière efl hétérogène en elle-
même , amp; compofée de parties dont
on voit la différence par leurs dégrès
de réfrangibilité, amp; de réflexibilité.
Que celles qui font les plus réfrangi-
bles , font les plus réflexibles. Que le
rayon violet comme le plus tendre efl
le plus réfrangible , conféquemment
le plus réflexible ; le rayon rouge le
plus dur de tous efl le moins réfran-
gible , Se le moins réflexible , amp; que
tous les autres le font plus ou moins
à proportion de ce qu'ils s'approchent,
ou s'éloignent de ces deux rayons.
Doute fi Mais les doutes que Ion a eu fur
l'orangé, h l'ora/zgé , le vert amp; Vindigo, ont été
roquot;f^ntquot;des pouffés jufqu'à réfufer de les regar-
couieurs pri. fig,- commc des couleurs fimples amp;
remyes,. primitives ; cette opinion s'efl fondée
fur ce qu'un mélange de rouge amp; de
jaune, produit l'orangé , comme le
Couleurs,
XXXVIII. Lettre. 395
Vert fe trouve formé par celui du jau-
ne amp; du bleu, amp; que le bleu mêlé
avec le violet fait une couleur pour-
pre ou indigo.
Donc a-t-on dit, il ne peut y avoir
que 4 couleurs primitives : fçavoir,
le rouge, le jaune, le bUu amp; le violet.
Newton à voulu s'affurer du fait, amp;
par l'Expérience que nous allons rap-
porter, il a trouvé que ïorangé, le
vert amp; ïindigo font des couleurs pri-
mitives, comme les quatre autres à
qui l'on n'a pas difputé ce privilège.
Pour parvenir au but de cette Ex- Expérience
périence , il faut faire coïncider les leruo^s
rayons de couleur les uns fur les au- couleursfoac
très, en introduifant dans une cham-
bre obfcure un jet de lumière que
vous ferez tombera 10 ou 12 pieds
au-delà fur un verre lenticulaire, der-
rière lequel vous préfenterez un prif-
me. Le fpedre ira fe peindre fur une
planche mince , percée dans fa ligne
verticale du milieu de 2 trous de 4
lignes de diamètre éloignés de 7 à 8
pouces l'un de l'autre , amp; pofée amp;
enchalfée dans un pied , de manière
qu'elle puiffe fe hauffer amp; fe baiffer
à volonté.
Vous prendrez un des rayons rou-
Rvj
Couleurs.
396lettres Physiques.
■ ge , jaune ou bleu pour le. faire palfer
par un des trous de la planche expo-
fée au foyer de la lentille , qui mar-
quera fur un carton blanc pofé derriè-
re , une tache ronde de fa couleur
propre.
Si vous choifilfez le rayon rouge,
faites-lecoincider avec lerayon jaune
par l'autre trou de la planche,pour qu'il
aille fe placer avec la tache rouge pein-
te fur le carton.
En regardant à travers un prifme,
ou à la vue fimple, les images de ces
deux rayons. Vous les verrez rondes,
amp; teintes de leur couleur, fi elles font
feules ; amp; fi vous les examinez fur la
planche après les avoir fait coincider
l'une fur l'autre, elles fe préfenteront
dans une figure un peu ovale, une
couleur débordant l'autre. Cet effet
fera le même en faifant coincider le
jaune fur le bleu,amp; le bleu fur le
violet.
Voilà l'Expérience que fit Newton
pour s'afl'urer que Vorangé, le vert, amp;
Vindigo, étoient des couleurs fimples amp;
primitives, comme les quatre autres :
effedivement puifqu'elles ne fe dé-
compofent pas , amp; qu'elles ont des
dégrès de réfrangibilité comme les au-
Couleurs.
XXXVIII. Lettre. 397
très, elles doivent être regardées de
même.
Lorfque l'on veut aggrandir l'image
des couleurs, amp; lui donner une figure
différente , au lieu de percer un trou
au volet on y fait une fente étroite
amp; taillée horizontalement, par laquel-
le on fait pafler le rayon folaire. En
mettant la longueur du prifme paral-
lele à la longueur de cette ouverture,
l'image prend la forme d'un tableau
quarré amp; les couleurs paroiffent ran-
gées par bandes très-vives, amp; très-
pures.
Newton prétend avec raifon, que
la lumière efl: un compofé parfait cleS
différentes couleurs mêlées dans une
jufte proportion , amp; que le brillant
éclat qu'elle répand vient de l'exaâi-
tude de ce mélange. Ainfi l'impreffion
que toutes ces couleurs font fur nous
lorfqu'elles font mêlées enfemble, ne
peut être la même que celle qu'elles
nous caufent en les voyant féparé-
ment.
Faites entrer par le trou du volet,
un jet de lumière que vous recevrez
fur un prifme. A quatre pieds plus loin
préfentez aux rayons réfraâés un ver-
re lenticulaire de 4 à 5 pouces de dia-
Couleurs.
Expérience
pour changer
la forme lia
fpeftre.
Expérience
lui prouve
que la lumiè-
re eft le mé-
lange des
couieiiïs.
mètre, amp; de 1 à 3 pieds de foyer, amp; re-
cevez l'image qui en proviendra fur
un carton placé derrière le verre.
Vous verrez les rayons en palfant
par la lentille former deux cones op-
pofés par leurs pointes au foyer.
Si le carton fe trouve au foyer du
verre , l'image qui fe peindra delTus
ne formera qu'un petit cercle de lumiè-
re brillante fans couleur, comme un
rayon qui vient du foleil fans l'inter-
polition du prifme. Si vous interceptez
une partie des rayons qui le forment
avec le bout du doigt ou un filet de
carton , le cercle perdra une partie
ée fon éclat, amp; fe colorera.
Et fi en pofant le carton immédia-
tement derrière la lentille, vous ve-
nez à le reculer jufqu'au foyer de ce
verre, l'image colorée qui fe peindra
deffus diminuera de grandeur, comme
elle augmentera amp; fe renverfera fi vous
lui faites paffer le foyer du verre.
Cette Expérience prouve que la
privation des couleurs dans U lumière
vient du mélange complet ^e toutes
les couleurs dont elle eft compofée.
L'image refferrée dans un très-pe-
tit cercle brillant , qui paroit fans cou-
leur , lorfque le carton eft précifement
Couleuis.
au foyer du verre, amp; à qui on voit I
reprendre fes couleurs lorfque paffé
ce foyer, les rayons divergent amp; s'é-
cartent les uns des autres après leur
croifement, prouve encore que les
couleurs réfident dans ce petit cercle,
amp; que ce qui empêche de les apperce-
voir au foyer eft leur réunion parfaite
amp; leur mélange proportionné.
Si l'on avoit le moindre doute fur
ce que j'avance, l'interception d'une
partie des rayons qui forment le petit
cercle lumineux par le filet de carton ,
qui occafionne une teinte à ce qui
refte au cercle de lumière , fuffit pour
le lever entièrement.
L'image repréfente toujours les mê-
mes couleurs , foit qu'elle fe reflère
en approchant le carton du foyer de
la lentille , foit qu'elle s'aggrandilfe
en réculant ce même cercle amp; le por-
tant au-delà du foyer du verre , par-
ceque la convergence qui reffere les
rayons de différente efpéce, ou la
divergence qui les écarte, ne peuvent
rien lur les couleurs qui les compo-
fent j mai^- ces deux effets différents oc-
cafionnenr à l'image un allongement,
amp; un rétréciffement fans fe décolorer,
amp; elle ne fait que changer de fituation
CoukBK.
'400 Lettres Physiques.
ï en le renverfant de haut en bas lorf-
qu'elle ell portée au-delà du foyer.
Ces Expériences procurèrent à Nev-
ton cette découvertefiheureufequ'au-
cun Philofophe ait jamais pu faire.
Après les avoir répété plufieurs fois
avec toute l'attention poflible, amp; après
avoir réfléchi fur les réfultats qu'il trou-
va conftament les mêmes, il décida :
Que la lumière eft un corps hétéro-
gène compofé de fept couleurs homo-
gènes , chacune dans fon efpéce , qui
different entre elles, amp; qui font défi-
gnées fous les noms de rouge, orangé ^
jaum, vert, bleu, indigo^ violet.
Que ces couleurs ont différents dé-
grés de réfrangibilité , ce dont on ne
peut douter par la forme de l'image al-
longée , amp; arrondie par les deux bouts
que prend la lumière réfradée , lorf-
qu'elle fort du prifme.
Allongée pour contenir fept images
particulières amp; circulaires colorées,qui
s'élévent les unes plus que les autres.
Arrondie par les deux bouts,parceque
ces fept images circulaires qui débor-
dent les unes fur les autres, en fe con-
fondant un peu , repréfentent chacu-
ne en particulier une gerbe de rayons
homogènes, d'un diamètre égal à celui
Couieiirs.
au foyer du verre , amp; à qui on voit re- 2
prendre fes couleurs, lorfque pafle ce
foyer, les rayons divergent amp; s'écar-
tent les uns desautres aprèsleur croife-
nient, prouve encore que les couleurs
réfldent dans ce petit cercle, amp; que
ce qui empêche de les appercevoir
au foyer efl: leur réunion parfaite amp;
leur mélange proportionné.
Si l'on avoit le moindre doute fur
ce que j'avance , l'interception d'une
partie des rayons qui forment le petit
cercle lumineux par le filet de carton ;
qui occafionne une teinte à ce qui
refte au cercle de lumière, fuffit pour
le lever entièrement.
L'image repréfente toujoursiesmê-
mes couleurs , foit qu'elle fe reffere
en approchant le carton du foyer de
la lentille , foit qu'elle s'aggrandiflfe
en recalant ce même carton amp; le por-
tant au-delà du foyer du verre , parce
que la convergence qui reflfere les
rayons de différente efpéce, ou la di-
vergence qui les écartes, ne peuvent
rien fur les couleurs qui les compofent;
mais ces deux effets différents occa-
fionnent à l'image un allongement amp;
«n rétréciffement fans fe décolorer, amp;
elle ne fait que changer de fituation
Couleurs.
402LETTRES Physiques.
^ tives inaltérables, réfrangibles, Sfré-
couieurs. flgxibles ; quc de ces fept couleurs
combinées amp; mêlées les unes avec les
autres fortent toutes les autres cou-
leurs compofées que l'art amp; la nature
varient à l'infini, amp; que le mélange
jufte amp; complet de ces fept couleurs
primitives, forme la lumière vive amp;
blanche qui nous éclaire , amp; qui jette
un fi grand éclat.
S Ewton vient de nous éclairer,
Monfieur, dans la décompofition de
la lumière. C'eft en le fuivant pas à pas
que nous avons cherché à prouver
que les couleurs appartiennent à cet
être , amp; qu'elles y réfident au nom-
bre de fept primitives. Mais il ne fuf-
fit pas de connoître comment on peut
les en féparer , il faut encore exami-
ner l'impreflion qu elles portent fur les
objets, amp; pourquoi tel corps paroit
fous une couleur particulière ; fi cet
effet vient de fa nature propre, ou de
l'arrangement des parties qui le com-
Couleurs
dans les
Corps.
XXXIX. Lettre. 403^
lofent. Ne quittons pas de vue ce fu- ............... '
jlime Philofophe. Ce fera le guide le aans°quot;'kquot;'
plus sûr pour nous remettre dans la corps. quot;
route, fi nous venions à nous en
écarter.
L'on ne doit point douter que les
corps ne contribuent aux couleurs fous
lefquelles ils fe préfentent à nos yeux.
Ils ont dans leurs pores certains ar-
rangements deftinés à nous faire ap-
percevoir celles qu'ils reçoivent. L'i.
négalité , la délicateflé, la ftruâure
du tifiîi qui forme leurs furfaces, font
comme autant de petits cribles qui
admettrent , ou repoufl'ent, ou ab-
forbent les rayons qui viennent les
frapper.
Les corps trafparents dont les pores
font plus ouverts, laifiênt pafiér cer-
tains rayons de lumière, qui les pé-
nétrent en retenant ceux qui leur font
propres , tandis que les corps opaques
dont les pores font plus relTerrés font
réjaillir en avant les couleurs qui leur
font analogues.
La furface blanche dont les pores
font extrêment ferrés, refléchit entiè-
rement la lumière , qui tombe deflîis
fans en rien laiflèr pafler.
Le noir au contraire a les fiens fi
-ocr page 426-404 Lettres Physiques. ^
ouverts qu'il donne l'entrée libre a
Couleurs, joutg efpéce de rayons qui viennent
coquot;;.'quot; s'y perdre, amp; s'y abforber
Newton trouve la caufe des phéno-
mènes des corps colorés dans la té-
nuité plus ou moins grande , amp; dans
les diflérents dégrés d'amincilfement
des parties qui les compofent fans les
rendre refponfables des effets quds
procurent.
Si la difference des couleurs lous
lefquelles nous voyons les corps vient
des différents arrangements , amp; des
dégrés de ténuité , plus ou moins con-
fidérables, qui fe trouvent dans les po-
res du tiffu qui compofe leurs furfa-
ces , toute furprife doit ceffer à l'af-
jed de ces phénomènes qui étonnent
'imagimation lorfque l'on n'en a pas
encore approfondi la caufe.
En effet, qui ne feroit tenté de crier
au miracle, envoyant l'écreviffe per-
dre à la cuifTon fa couleur verte pour
reparoître fous le rouge le plus vif
l'on ne fçavoit que la grande aûivité
du fluide qui la pénétre, change fa
contexture, amp; ne laiffe à découvert
qu'une furface propre à refléchir des
rayons rouges en abforbant tous les
autres.
XXXIX. Lettre. 405
Les métamorphofes des liqueurs
Expocienct.
colorées par leur mélange, dépendent
de l'arrangement des parties fuperfi- corps,
cielles des corps plus propres les unsnbsp;,
que les autres à recevoir la lumière
de telle ou telle efpéce.
Verfez quelques gouttes d'efprit de Expérience.
nitre fur une teinture de tournefol,
elle abandonnera fa couleur bleue pour
paroitre fous le plus beau couleur de
feu.
Pourquoi le firop de violette eft-il
changé en rouge par le mélange d'un
acide , amp; en vert par celui d'un alkali ?
C'eft que les acides qui font des fels
plus dévorents atténuent les parties de
cette liqueur, de manière qu'elle n'eft
plus capable , que de réfléchir les
rayons rouges, tandis que les alkalis
qui font aufli des fels pénétrants , mais
moins mordants que les acides , ne
changent l'arrangement de ces mêmes
parties de la liqueur qu'au point de
la mettre à portée de recevoir amp; de
réfléchir des rayons plus doux, tels
que les verts.
Les mêmes effets arriveront par la
même caufe dans une diflblution de
cuivre par I'efprit volatil de fel am-
moniac.
4o6Lettres Physiques.
rquot;quot; Si vous verfez un peu de cet efprit
J^couleurs volatil fur une diffolution légere de
Corps. quot; vitriol bleu dans de l'eau , de façon
-qu'elle n'ait que la teinte de couleur
Experjcnce. Hquot; ^ ^nbsp;Tnbsp;,
d'aigue-manne , vous la trouverez
du plus beau bleu du monde i verfant
enfuite iin peu d'eau forte, le bleu
difparoitra amp; la liqueur reprendra fa
couleur d'aigue-marine.
En voici une autre qui prouve
que l'air a beaucoup de part aux COU-
leurs que réfléchiffent les corps fur
lefquels il influe.
Expérience. Mettez de la limaille de cuivre ro-
fette, dans une phiole pleine d'efprit
volatil de fel ammoniac ; bouchez-la
promptement amp; exaûement, la li-
queur confervera fa couleur blanche;
mais au moment que vous lui ferez
prendre l'air , elle fe changera dans
un bleu fuperbe.
Newton nous apprend encore que
non-feulementle changement de poro-
fité des corps vient de ce qu'une li-
queur aténue les parties d'une autre,
comme nous l'avons annoncé plus
haut, mais encore de l'effet contraire,
c'eft-à-dire , que les parties de cer-
taines liqueurs que l'on mêle enfem-
ble font fl groffieres que dans leur
XXXIX. Lettre. 407
union elles bouchent amp; ferment le
palfage aux rayons de lumière, amp; for-
ment l'opacité.nbsp;coTps. quot;
Tirez à clair une infufion d'un peu ^
de fublimé corrofif dans de l'eau nette,
fur laquelle vous verferez de fhuile
de tartre par défaillance, il en naîtra
un mélange opaque de la couleur de
rouille defer. Répandez fur ce mélan-
ge quelques gouttes d'efprit volatil de
fel ammoniac, vous formerez un blanc
de lait parfait.
Voilà deux liqueurs très-limpides ,
qui mêlées enfemble en forment une
opaque amp; colorée, qui fe change à fon
tour dans une autre aulTi opaque amp; de
couleur différente , par l'addition
d'une troifiéme liqueur très-claire ;
mais qui reprendra bientôt fa première
limpidité, amp; perdra toute couleur ,
fi vous y joignez un peu d'efprit de
nitre.
Par ces Expériences on voit des
liqueurs claires , fe colorer lorfqu'on
les unit enfemble , amp; d'autres chan-
ger les couleurs qu'elles avoient natu-
rellement avant leur union.
Si des liqueurs fans couleur en for-
ment une décidée lorfqu'elles font mê-
lées , c'eft qu'au moment du mélange
à
40S Lettres Physiques.
I les pores de ces liqueurs changent de
nature , enforte qu'ils perdent leur
propriété d'admettre toute lumière ,
amp; qu'ils ne font capables que de laifler
paflTer de nouveaux rayons propres amp;
analogues à la nouvelle forme qu'ils
prennent.nbsp;,
Dès que nous fçavons que c elt le
difl'érent arrangement que prennent
les molécules des liqueurs dans leur
mélange , dont les pores des unes font
divifés par les acides qui donnent en-
trée à telle ou telle efpéce de couleur,
amp; que les pores des autres fe trouvent
bouchés par l'épaifl'eur qu'acquièrent
leurs molécules lors de leur union ;
on ne doit pas être étonné de voir ces
molécules groflieres empêcher toute
efpéce de rayon de lumière de les pé-
nétrer , amp; de former l'opacité, amp; l'on
doit s'attendre à voir renaître la hmpi-
dité dans ces mêmes liqueurs , fi l'on
y joint un autre véhicule qui foit en
état de divifer les parties trop unies,
amp; de leur rendre leur première té-
nuité ; ce que fait fefprit de nitre fur
le mélange de la diflfolution du fubli-
mé corrofif avec l'huile de tartre par
défaillance, ou avec l'efprit volatil de
fel ammoniac.
Couleurs
daas les
Corps.
XXXIX. LETTRE. 409
C'eft par ces caufes que nous ve-
nons d'expliquer que fon peut rendre
raifon d'une infinité de phénomènes corps,
de cette efpéce quife préfentent con-
tinuellement fous nos yeux.
Que je mêle une infufion de noix- Expérience
de-galles faite dans l'eau , avec une
autre infufion de vitriol de Mars , ou
de limaille d'acier faite aufli dans l'eau;
de ces deux liqueurs claires amp; tranf-
parentes, j'en compoferai une-opaque
amp; noire comme de l'encre ; amp; fi fur ce
mélange je verfe un peu d eau-forte,
je rends fur le champ à cette hqueur
la tranfparence amp; la limpidité.
Les parties gommeufes de la noix
de l'expérience, s'accrochent avec les
parties ferrugineufes du vitriol de
Mars, d'une manière fi intime qu'elles
ne forment plus toutes enfemble que
des molécules très-groffières, qui pré-
nant un arrangement irrégulier , laif-
fentpar cette nouvelle difpofition un
paflage libre aux rayons de lumière, qui
viennent s'éteindre amp; s'abforber dans
cette mafte informe , mais l'eau-forte
que je verfe fur ce mélange , eft plus
analogue avec les parties ferrugineu-
fes. Après les avoir divifé amp; détaché de
celles de la noix-de-galles, elle les ron-
S
-ocr page 432-410lettrês Physiques.
: ge amp; s'en empare avidement, ce qui
fait ceffer leur union, amp; ce qui difpofe
les liqueurs à réfléchir la lumière.
Cette Expérience nous fait connoî-
tre que Popacité vient d'un alfembla-
ge de parties hétérogènes, amp; d'une
porofité irrégulière amp; mal alignée.
Toutes les Expériences fur les chan-
gements de couleur que prennent dif-
férentes liqueurs dans leur mélange,
nous conduifent à penfer qu il n'éxifte
point de corps opaques, ou tranfpa-
rens , qui ne puifTent changer leur état
fuivant lés circonflances : car tel efl
tranfparent dans telle fituation qui
prend la plus parfaite opacité dans une
autre comme nous venons de le voir,
amp; cette même opacité difparoit parnm
nouvel arrangement, qui le fait reve-
nir dans la plus grande tranfparence.
Voilà, Monfieur , les tréfors que
Newton a laiffés à la poflérité, fur la
décompofuion de la lumière, amp; fur
les couleurs. La découverte des plus
brillans phénomènes étoit référvée à
cetilluftregénie:auffi a-t-il pouffé fes
récherches jufqu'au fcrupule, amp; il ne
nous a rien laiffé à défirer fur cet arti-
cle. J'ai l'honneur d'être, amp;C.
FIN.
Couleurs
dans
Corps.
les
f._______41 r
TABLE
A
,Ai BrÉGÉ de la Vie de Defcartes,
Leure , page 4.
Accélération des Graves dans leur
chute, Let. H, p. 100.
Acier , Let. 6,p. 73,
Acier trempé , ihid.
Aûion du Feu, Let. ij, p. 264.
Air, Let. io,p. 200.
Air Gta.\/e,Let. , p. 216.
Air Elaftique, Ze/. 21 , p. 218.
Air Fluide, Let. 22,/gt;. 223.
Analife des Parties de l'Oreille, Let. a j;
p. 223 amp;Juiv.
Analife des parties des Yeux, Let. 30,
p. 303.
Apparences trompeufes , Ltt. 32^
p. 329-330.
Aréométre ou Pefe-Liqueur, Let.
p, 1S9-190,
Sij
-ocr page 434-'41%nbsp;T A B L E ^
Aftres paroiffent plus grands à leur le*
ver amp; à leur coucher, Let, 31 ,
P' 314-
Avis de Sandorius fur la Tranfpiration,
Lit. X, p. 23.
B
Balance Commune, ie«. 9,/'. ni'
Balance Romaine, Let.^,p. 113.
Balance Hydroflatique , Let. 19
p. 195.
Baromètre, fa naiffance, fon ufage ;
Let, 2.0,/?. 206.
Brouillard, Let. xz, p.
Cabestan , Let.lt;^,p. nS-
Catoptrique, Let. 33,F- 33 5'
Caufe Phifique de FElafticitè , felon
Newton, Let. 6, p. 74-
Changement de Diredion , La. 5 ,
p. 56.
Chimie, let- ^^ ■gt; p-
le Coin, Lit. 10,p. ia6.
Compreffibilité , Let, x,p. 23,
Compreffion , Let. 2 , p. 24.
Çondenfation , ibid.
Congelation des Liquides , Let. i y l
des Matières. 413
Cordes , Let. 10 , p. 119.
Corps fans Reffort, Let. 6, p. 68.
jcre Règle de leur choc, ibid.
2® Regie, Let. 6, p. 69.
3® Regie , Z-Ê?. 6 ,70.
Corps à Reffort , Let. 6, 75.
3nbsp;Principes fur ces Corps , Let. 6;
F- 76-nbsp;. .
Corps Solides plongés dans les Liqui-
des , Let. 19, 187.
4nbsp;Loix qui en dépendent, La. 19 ,
p. 188.
Corps Sonores, Let. 23,/^. 237.
Couleurs dans la Lumière, Let. 37 ;
p. 386.
Couleurs Inaltérables, Let. -^-j^-p. 388.
Couleurs Réfrangibles amp; Réflexibles,
Let. 38,/;. 393.
Couleurs dans les Corps, Let. 39 ,
p. 401.
Courbe , appellée Parabole , Let. 7,
P-nbsp;D
Décision de Newton fur les Cou-i
leurs. Let. 38 ^/j. 400.
Décompofition de la Lumière, Let. 37,
p. 380.
Dioptrique0« Réfradiondelà Lumiè--
tQysLet. 35 j/'. 351'
3. Principes, I«^ 35,/'. 3H-
4^4 , Table
Direâîon de la Lumière , let. 31 ;
p. 311.
Diffolution des Minéraux par l'cau-
foTte, Let. p. ^c).
Diftilation de l'Eau, Let. it, ,p. 150.
Diftinâion des Corps moûs amp; des
Corps à reffort, Let. 6, p. 66.
Divergence, Let.nbsp;309.
Divifibilité , Let. p, 34.
Doute fur l'Orangé, le Vert amp; l'Indigo,
Let. 18 , p, 3 04.
Duâilité de l'Or, Let. 3 , p. 40.
Eau , Let. \ \, p. 130.
/'Eau n'eft point parfaitement pure gt;
Let. M, p. 1^6.
/'Eau courante propre à la boiffon ,
Let. Il , p. 140.
/'Eau arrête l'incendie, Let. 13, 153.
Eau diffolvant, Let. 13,/'. 152.
/'Eau en état de Glace, Ziif. 14, p. 154.'
/Eau convertie en Glace augmente
de volume. Let, 14, p. 156.
Eau falée plus difficile à geler, I^f. 15,
p. '162.
Eau comme Vapeur, Let. 16 ,p. 165.
Ebulifion de TEau , Let. 13 , f». 151.
Echo, I«/. 13 242.
-ocr page 437-(des Matières. 415
Effet du Microfcope Compofé, Let. 3 ,
p. 31.
Eflets du Feu, Let. i6, p. 259.
Effets des Aflres à leur lever, Let.'^s*
p. 369.
Elafticité , Let. 6 , p. 72.
Encre de fimpatie, Let. %,p. 19.
Eolipile, ï6,p. 171.
Epreuve fur les qualités de FEau,
let. Il , p. 137.
Equilibre des Liquides Homogènes ,
Let. 17,/;. 174.
3 Principes , ibid.
Equilibre des Liquides Hétérogènes i
Let. iS,/». 184.
2 Principes , ibid.
Etang en Irlande, qui change un bâ-
ton moitié en pierre amp; moitié en
fer , Let. 11 , p. 139.
Extrait de la Vie de Newton, Zef. 37,
p. 382.nbsp;p
Faire le Vuide, Let. 17.
Fermentation des Liqueurs , Let. 18»
p. 297.
Fermentation des Végétaux , Let.
j^. 286.
/« Feu, Let. 25, p. 251.
Aûif, Let. 25,255.
Elaftique, ibid.
-ocr page 438-1416nbsp;Table
U Feu Fluide, Ut. , p.
Feux Follets, La. iS, p. 288. ^
Figure des Corps , Let. 3 , p. 27.
Filtration de FEau, Let. 15,/'. i 50.'
Fontaine Intermittente, Let. 1, p. 11.
Fontaine de Cracovie dont la vapeur
prend feu, Im. i \ , p. 138.
Fontame en Auvergne, qui change Is
bois en pierre , Let. 11 , p. 139.
Fontaine en Pologne, qui change le
fer en cuivre , H''-^-
Fontaine près Chevreufe , qui fait
perdre les dents, Let. i \ , p. 140.
Fontaine en Paphlagonie, qui enni-
vre, ibid.
Force de l'Eau, Let. 13,/'. 150.
Forces, Let. j
Force Motrice , ibid.
Force Projedile, Let. , p. 87.
Force d'Inertie , Let. 7 89.
Force Centrifuge , Let. 7, p. 90.
Force Centripete, Let. 7 , p.
Forces Centrales , Ibid.
tvl!
Frotemens, Let-. 4, p. 44.
Fufion des Métaux, Let. 27,/. 271.
t'.
[■•l
II ^
a '
h
Givre , Let. 22, p. 225.
Glace donne un réfroidilTement plus
grand , en fe fondant par l'addition
des feIs,Z«;. 15,/. 161-163.
des Matières. 417
Gràrtdeiir de l'Objet, ler. 32 317.
Gravité fpécifique de fOr amp; du Fer ,
Let. 19,/'. 197.
Gravité des Corps , Let. 8 , p. 91.
Gravure en Taille Douce , Let. i ;
p. 15.
Grêle, Let. 21, jp. 227.
Hydrostatique , Xe?. 17, 173«
I
Intensité du Son, Let.^ 23 ,p. 240.
Interruption de la Lumière, Let. 31,
p.-^iu
Introduâion, Let. i,p.
Lévier du 1quot;, 2= amp; genre. Lit.
p. 104 amp; fuiv.
Loix de Newton fur le Mouvement,
Let. 4, p. 4i-
Lumière, Let. 29 , p. 190.
Lumière s'alFoiblit par l'éloîgnement,
let. 31,/». 312.
Lunettes de longue vue , Let. 369
Machine Pneumatique, Let. 2,/. 17;
Machine des Frotemens, Let. 4, 45.
Sy
-ocr page 440-4i8nbsp;table
M'armite de Papin, Let.
Wéchanique , Iet. 9, p. 104.
Météores Aqueux , Let. ii, p. 225.
Météores Ignés, Iet.nbsp;287.
Microfcope Simple , Let. 3, p. 28.
Micro'cope Corr pofé , Let. 5, p. 29.
Microfcope Solaire, Iet. ^ , p. 30.
Milieux qui tranfmet le Son, Let. 13,
239.
Miroir Plan,Ze/.nbsp;338.
Miroir Convexe, ibii.
Miroir Concave , iOld.
Mouvement de'i Corps, Let. p. 41.
Mouvement Communiqué , Let. 6 ,
p. 66.
Mouvement Compofé, Let. 7,/. 83.
Moyen pour épurer l'Eau de la Mer,
Let. 13,/. 149.
Nature des Corps,le/, i®^®,/». S.
Nature de la Lumière , Let. 29 i
p. 295.
Neige, Iet. ii,p. 227.
Nuées, XX, p. xx6.
O
Objets fe peignent à la fo'S dans îes
deux yeux, Let. 32,/». 331.
(Ell Myope amp; Presbi,te, le/, ^z ^
p. 33Z.
-ocr page 441-des Matières. 419
Oifeaii clans le vuide, La. 20, jp. 202.
Ombre , Let. 51 , 312.
Optique, let. 31,/'. 308.
Or Fulminant, Let.nbsp;268.
Origine des Fontaines, 1 1,/. 136.
Olcillation du Pendule, Let. 102.
à
Pesanteur Abfofue, Let. p. 100;
Péfanteur Spécifique, Let.% , p. 103.
Phofphores, Let. 29 , p, 298.
Naturels, ibid.
Artificiels, Let.nbsp;301.
Plan de cet abrégé, Let. i^'^^p. 7.
Plan Incliné, let. 10 , p. 122.
Pluie, Let. XI, p. 216.
Poiflon dans le vuide, Let. lo, p. 20i.
Polémofcope , j^et. 36, p. 378.
Pompe à Feu, Let. 16, p. 115.
Porcelaine, Let. 26 , p. 263.
Porofité des Corps , j. et. z , p. i y.
Poudre Fulminante, let. xj,p. 267,
Poudre à Canon , Let. 27 , p, 2.69.
Poulie Fixe, Let. 9,/^. 114.
Poulie Mobile, Let. 9 , i I 5.
Poulie Moufflée, ibid.
PrefTion de l'Air, Jer. lo , p. 104.
Preuves que les Bulles qu'on voit s'é-
lever dans l'ébulition du Meicurei
ne font pas de l'Air, let. 27,/, x6 jlt;,
420nbsp;Table
Propriété du Miroire Pian , Ze/. 34 J
p. 342.
du Miroire Convexe,;?,3 46.
du Miroir Concave, p. 347.
Propriété des Tubes Capillaires ,
La.nbsp;199-
Propriété des Verres Plans, La. 369
p. 371.
desVerres Concaves, /'.3 72.
desVerres Convexes,/7.373.
Pyrophore j La. 28 , p. 2.84.
Q
Qualités desCorps Elaftiques,1er.
P-nbsp;R
Rayons de Lumière peignent les ob-
jets : comment, La. 32,/'. j 18.
Récipient, La. 2 , p. 27.
Recul des Armes à feu, le?. 6, 16-,
PP'79^ 170.
Réflexion des Corps, le?. 5 ,p. 50.
Réfraâlon , La. p. 62.
Réflexion fur les Vents , La. zz ,
p. 231.
Reflîftance des Milieux, Let. 4, p. 49^
Reflbrt des Corps néceflaire pour la
Réfledion , Let. 5, 61.
Ro'ée^Ier. 22 ,227.
Roues, le/. ^yP' 117»
des Matières.
S
Salure de FEau de la Mer , let. 12,
p. 141-.
Avis différens Air cette Salure
Let. 11., p. 142 fuiv.
Réfiiltat, Let. 11, ƒgt;. 146 fuiv.
Sentiment fur la Divifibilité, Let. 3 ,
Sentimens fur l'effet des Vapeurs qui
s'élevent amp; fe répandent dans l'At-
tnofphère , amp; comment elles retom-
bent, 8,/'. 96 amp;fuiv.
Sentimens fur forigine des Fontaines,
Let. 11 , p. 132.
Serein , Let. 22 , 228.
Solidité des Corps, Let. p. 10.
Son , Let. 23 234.
Réfléchi, Ixt. 23 , Z'. 241.
Articulé en Voix Humaine, Let.
244.
Rélatifou Muflque,!«;. 24,/». 245,
Télescope de Newton, Lm. 36,
P- 377'
Télefcopede Grégon, Let. 36, p. 379.
Thermomètre , Let. 26 , 261.
Thermomètre de M. de Reaumur,
Let. 26162.
412 Table des Matières.
Tonnere, le/.nbsp;288.
Treuil, Let. 9 , 118.
Tubes Capillaires, Let. i^, p. 198.
V
Yapeur de l'Eau d'une force extrême,
Let. 16 , p. 169.
Vapeur qui fort de Téolipile n'eft point
de l'air , let. 16, p. 172.
Vents , Let. Il, p. 218.
Généraux, Périodiques, amp; Va-
riables, Let. ix,p. XI1.
Vis, Let. 10, p. 1x6.
Vis Extérieure amp; Intérieure, Ze/. 10.
p. 127.
Vis fans Fin , Let. jo , p. 123.
Vis d'Archimedes, Xe/. 10,p- 129.
Vîteife du Vent, Let. 22, p. 23 i.
Vîteffe du Son , Let. 23 , p. x^x.
Vol des Oifeaux, Let. 4,/. 53.
Ufage de la Balance Hydroftatique ,
Let. 19 , yP. 196.
Vue , Let. 30, p. 30i.
É
Fin de U Table des Matllres.
-ocr page 445-J'Ai lu par l'ordre de Monfeigneur
le Chancelier, un Manufcrit, qui a
pour titre Lettres Phyjîques , amp;c. dans
lequel je n'ai rien trouvé qui doit
en empêcher l'impreffion. A Paris le
27 Jui let 1763.
PRIVILÈGE DU ROI.
Louis, par la grace de Dieu Roi de
ïrance amp; de Navare : A nos A mes amp; Féaux
Confcillers les gens tenans nos Cours de Parle-
^ ment, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre
Hôtel, grand Confeil, Prévôt de Paiis , Bail-
lifs , Sénéchaux , leurs Lieutenants Civils amp;
autres nos Jufticiers qu'il appartiendra ;_Salut.
Notre amé LouU-GuWaume Dehanfy ^ Li-
braireàParis ; Nous a fait expofer qu'il défire-
roit faire irapriraer amp; donner au Public un
Ouvrage qui a pour titre T.ettres Vhyjîques
Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privi-
lège pour ce nécelTaires. A ces caufes , voulant
favorableroent traiter l'Expofant Nous lui
vons permis amp; permettons par ces Prefentes de
faire imprimer ledit Ouvrage autant de foiî
que bon lui ferablera , amp; de le vendre , faire
Vendre amp; débiter par tout notre Royaume pen-
dant le tefflS de frow années confécutives; à
compfcr ^^ jour de la datte des Préfentes : Fai-
fons defenfes à tous Imprimeurs j Libraires^
amp; autre« perfonnes , de qutkjue qualité amp; con-
,dition qu'elles foient d'en intioduire d'impref-
fion étrangère dans aucun lieu de notre obéif-
faiice ; comme aaffi d'imprimer ou faire impri-
mer , vendre, faire vendre , débiter ni contre-
faire le-iit Ouvrage, ni d'en faire aucun extrait
fous q'ielque prétexté que ce puiffe être, fans
la permiffion exprcffe Se par écrit dudit Ëxpo-
fant ou de ceux qui auront droit de lui, à peine
de confifcation des exempUi.cs com refaits,
de trois mille livres d'amende contre chacun
des contrevenants, dont un tiers à nous, un
tiers à l'Hôtcl-Dieu de Paris , amp; l'autre tiers
audit Expofant , ou à celui qui aura droit de
lui, amp; de tous dépens , dommages amp; intérêts :
A la charge que ces Préfentes feront enregif-
trées tout au long fur le Regiftre de la Com-
munauté des Imprimeurs amp; Libraires de Paris,
dar.s trois mois de la date d'icelles; que l'im- ?
preffion dudit Ouvrnge fera faite dans notre
Royaume amp; non ailleurs, en bon papier Se
beaux caractères , conformément à la feuille
imprimée attachée pour modèle , fous le con-
trc-fcel des Prefentes ; que l'Impétrant fe con-
formera çn tout aux réglemens de la Librairie
amp; notamment à celui du lo Avril 171J : qu'a-
vant de l'expofer en vente , le inanufcrit qui
aura fervi de copie à l'impreffion dudit Ou-
vrage , fera remis dans le même état où l'Ap-
probation y aura été donnée , ès mains
de notre très-cher amp; féal Chevalier , Chance-
lier de France, le Sieur de Lamoignon;
amp; qu'il en fera enfuite remis deux Exemplair
res dans notre Bibliothèque publique, un jaas
celic de notre Château du Louvre, Se un dans
celle dudit Sieur de Lamoignon, amp; un dans
celle de notre très-cher amp; féal Chevalier Garde
des Sceaux de France ledit Sieur Feydeau de
Brou ; le tout à peine de nullité des Préfentes;
du contenu defquelles vous mandons amp; enjoi-
gnons de faire jouir ledit Expofantou fesayanc
caufe, pleinement amp; paifiblement, fans foufFrir
qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêche-
ment. Voulons que Ja copie defdites Préfentes
qui fera imprimée tout au-long au commence-
ment ou à la fin dudit Ouvrage foit tenue pour
duement fignifiée , amp; qu'aux copies collation-
nées par l'un de nos amés Se féaux Confcillers
amp; Secretaires foi foit ajoutée comme à l'origi-
nal. Commandons au premier notre Huiffier
ou Sergent fur ce requis de faire pour l'exé-
cution d icelles tous actes requis amp; ncceffaires
fans demander autre permiflion, amp; nonobftanc
clameur de Haro, Charte Normande amp; lettres
à ce contraires 5 Car tel eft notre plailir. Donne
à Parts le dix - huitième jour du mois de Mai
l'an de grace mil fept cent foixante-trois , Sç
de nôtre Regne le quarante-huitième.
Par le Roy en fon Confeil,
Signée LE BEGUE,
Tiégifiré fur le 'Regifl re XF , de la Chambre
quot;Royale amp; Syndxale des Libraires amp; Imprimeurs
fie Paris^ N°. 84Î gt; fo'. 449 J conformément
àH règlement de 1713. AVaris CC ƒ Août ijôy^
Signé, LE BRETON, Syndic,
-ocr page 448-Pijffe 18 , ligne 15 , Pliylofophes, life^^ Philo-
fophes.
P.nbsp;15, lé amp; 17 j vitriol blanc dojit
la bafe eftdu zine calciné au foleil, amp; pul-
vérifé , lif. vitriol blanc calciné au foleil j amp;
pulvériCé donc la bafe cil du zine,
P. 34, %• 31 gt; 35 Se 34» fi les Mouches ne
trouvent point dejerme pour y dcpofer leurs
œufs, rependant, lif. finbsp;apporte les
germes ; cependant, amp;c.
P. 46 , hg. 30 j l'angle que fotment, lif. que
forme.
P. 47 5 L'ë-nbsp;circonférence fc
trouve Ai,lif. de leurs deux circonférences
fe trouve.
P. 61 ,lig. 18, qu'ils n'en eft pointn'en
ont point.
P. 6lt;) j lig. 3 o , qu'on leur, Uf qu'on lui.
P. %o, lig. 10, s. reçus , lif a reçu.
P. 87 , /zff. 19 , fon rrou , lif. fon: ou.
P. 114 5 hg.iquot;^ métail, lif métal.
P. 140, à la note, Sentill'eSj lif SenlifTes.
P.141, /i^.Zjverrez une eau,/?/: aurez une eau,
P. 143 , lig- 2'4 5 dans laquelle , lif. dans lequel.
P. 1 ^4 j lig. 6, forment cctte, lif. forment une.
p. IS9 , lig. z2., fait, lif. fera.
T.iji Jig.-^i , pour i'éclipile , lif pour le
prouver.
P.181I4,de cuive ,de cuivre.
Jdem. lig.l-j 1% cuive, lif. de cuivre,
P. 181,%. 14,de cuive, If. de cuivre.
P. 15 3 , 13, 8c n'oppofe , lif n'oppofe.
-ocr page 449-p. 101, lig. ly , rerpiration , Uf. inrpiration.
X , pour l'union , ajouiei , de ces
deux caljies,
P.tié ,lig y , eft pur, lif. eft par j lig. 6 ,
fon effet, lif. fon re/Torr.
P. zzi, lig. , d'Hienn , lif. d'Hieron; lig. 8
égt; 9 , in^étieuies , lif. inférieuresj lig. i8 amp;
19 , intéiieurc, lif inférieure.
P. 131 ^ lig. 18 , Pagiot, lif Pajot 5 lig. z? ;
Berny, lif lîercy.
P. 149 , lig. t, entendre , lif en tendre.
P. 2. j-o, lig. 25 3 o, que donnent des cordes,
iif qui donnent des accords.
P. 30J , lig. 9 (j -LO , arachinoide lif. ara-
chnoide
P. ; 16 , lig. 17 amp; 1 gj'qui reçoit^ lif qui réunit.-
p. 3 3 6, lig. 6, en deviennent, lif deviennent.
P-mJig 1 ; gt; ^ont, l'f- ont.
^ 119 y iig. 9 , Gregoiri, lif Gregori.
P. i 9 9 , lig 11, ce même cercle, lif ce même
carton
P.4ii^,lig. ijjarrengementj/jyrarrangement.
De ritaprimerie de LOTTIN, l'Aîné j 1763;
-ocr page 450-■ ■ ^
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