333 SAUSSURE,H.B.de. Essais sur I'Hygronxetne. Neuchat'el. 1783
Saussure's invention of the hair hygrUeternbsp;liygrometry, containing Dc
UBRAlRlt
dr. l.oilis LICIERC
UTRECHTS
UNIVERSITEITS
MUSEUM
No^j'S'^
.ff
)
CT
l
SUR
L'H Y G RO M É T RI E,
-ocr page 6--y ■
■g
gt; r
(ri.»
ijà.
B
• «ï- rquot; r:T% V'^Tnbsp;r
(nbsp;vnbsp;--. .V.
V-
- ) ■ .
-ocr page 7-ESSAIS
SUR
ï.'HYGmOBfÉTmïEo
ESSAI. DefcripHon âun nouvel Hygrometre comparable.
ï I. ESSAI. Théorie de Vhygrométrie.
III.nbsp;ESSAI. Théorie de Vévaporation.
IV.nbsp;ESSAI. Application des théories précédentes à quelques phénomènes
de la météorologie.
Par Horace-Bénédict de SAUSSURE, Profefleur
de Philofophie à Geneve.
Siqiiis hujufmodi rebus ut nimium cxilibus amp; minutis vacare nolit,
imperium in 'Naturam nec obtincre nec regere poterit. Bacon.
Che2 Samuel FAUCHE Pere et Fils, Imprimeurs, Libraires du ROI.
___
-ocr page 8-4
1\ G
C
XT
:
.ilnbsp;-V l \
gt; /
«
quot; i
enbsp;*
N fera peut-être furpris de voir, qu'au lieu de
publier le fécond volume de mes voyages dam les Alpes,
quiauroit déjà dû paroître, j'aie travaillé fur un
_lu)et dun genre auffî d.flFérent. Mais on mexcufera,
) elpere, quand on faura comment j'ai été acheminé k
la va^Hnbsp;qui bordent
bvallee de Chamouni. Je les avois fouvent obfer-
pour les decnre, ,e fentis que je ne pourrois en don-
ner une defcription qui me fatisfit moi-même, û je
ennbsp;Je retournai donc à Chamouni
mes obfcvations, que je fus furpris à l'improvifte amp;
fur la cime même d'une montagne très-éievée, par
une violente fièvre, dont les accès répétés m'obliL
rent a revenir à Geneve. Cette fiewe ceffa
après mon retour, mais elle me laiflà une foibleflc
qui ne me permit pas de fonger , de tout le reftc
de l'été, k entreprendre de nouvelles courfes fur les
hautes Alpes.
Me voyant forcé à renvoyer ces courfes à l'été
fuivant, amp; ne voulant point décrire ces montagnes
avant de les avoir revues , je penfai à profiter de
cet intervalle pour mettre la derniere main k mes
recherches fur les hygromètres amp; fur l'évaporation.
J'aVOIS comm_encé ces recherches bien des années
auparavant, mais je ne m'en étois occupé que par
intervalles, tantôt attiré par l'importance du fujet amp;
par l'efpérance d'y découvrir des vérités nouvelles j
tantôt rebuté par fa difficulté.
L'invention d'un hygromètre comparable m'a-
voit principalement occupé 3 j'avois efïayé différens
corps amp; différentes méthodes , mais rien ne m'avoit
fatisfait, lorfque j'eus en 1775 l'idée d'employer le
cheveu k la conftrudion de cet inftrument. Je m'en
occupai pendant tout l'hyver de 1776, amp; je me
croyois afïliré du fuccès , lorfque je découvris , que
les cheveux, tels que je les employois, fouffi'oient
au bout de quelques mois une altération qui les
rendoit abfolument impropres k cet ufage, amp; cc
VI
défaut me parut alors fans remede. Mr. Senebier
mfera dans u„ mémoire qu'il envoyoit au Journal
ae i-hyiique, une lettre dans laquelle je lui commu-
mquo.s le réfultat de ces recherches. Voyez le
Journal de Ptyfii^e annéi 1778. Tom. h p. 45
_ Des lors jufqu'à la fin de l'année 1780, tou-
jour, occupé de mes travaux fur les montagnes.
avois entièrement perdu de vue l'hygrométrie ; mais
interruption forcée de ces mêmes travaux m'invita
il fnbsp;^ cheveu amp; à tenter de
ies perfeaionner. J'y travaillai tout l'hyver amp; le
printems de l'année 178, , j'eus le bolheur d
découvrir la caufe du défaut qni me les avoit fS
Jan^nner, de trouver un relde à ce défaut,!
mesnbsp;P^^'fi™ 1« ter.
me dhumidité amp; de féchereife extrême que j'avois
mens une forme commode amp; portative.
J'en fis alors conftruire quatre pour pouvoir les
comparer entr'eux,- mais àplne étoient-ife Zs Jl
Mut partir pour aller achever dans les Aines quot;e.
nnee precedente avoit interrompues. Te nenfai
amp;re cette comparaifon dans le vo/age mVmfrtm!
T,ortai avec moi ces quatre hygromètres, amp; ils me
Cent aux obfervations que Ion verra dans le
ÎV= cL. Jeus lieu d'être fatisfait de ces mftru-
mens leur accord entr'eux, leur extrême promp-
d^ude gt;a fuivre les variations de l'air, leur commo-
d tf la —re dont ils réfîfterent à dive« petits
Wens inévitables en voyage, me perfuad-ent
J'ils pouvoient être réeUement utiles aux phyfl-
ciens.
Avant de partir, j'avois déjà ébauché leur def-
■ .-ion • ie crus à mon retour que je pourrois
S ver' ei peu de jours amp; me livrer enfuite tout
entier Scelle des montagnes que je venois dobf«-
ver Mais comme je defirois de pouvoir tirer quel-
on« œnféquences générales des obfervations hygro-
m tnïïes V« l'-ois faites ïi de grandes hauteurs
ffS! abfolument trouver je, ^rL'^yX?,^;
rer entr'elles des obfervations faites a des degres de
chale« différens. C'eft ce qui m'engagea a trav^
er aux tables de corredion que renferme le II •
effii. Je nimaginois point que ce travail put me
foûter beaucoup de ten^s , mais ilnbsp;-^nê
prouvent fi fouvent les phyficiens ^ e^ ^^^
Lrérience en entraîne une autre 5 .1 fo'^ent des
Es, onveut les éclaiixir.^ d'autres .per^^^^^^
-ocr page 13-deviennent encore néceffaires. Souvent auffî une
connoiflance nouvelle vous met fi fort à portée d'en
acquérir d autres qui paroiffent encote plus intéref-
fantes , que l'on ne peut pas rélîfter au defir de les
chercher. Lors, par exemple, que j'eus achevé les
tables de correction, je fouhaitai de connoître k
quantité d'eau diflbute dans l'air amp; de déterminer
cette quantité pour tous les degrés de l'hygrometre
amp; du thermometre. Ainfî de recherche en recher-
che amp; d'expérience en expérience, je fuis venu au
point de voir , qu'en y confacrant, comme je l'ai
fait, le refte de cette année j je pourrois donner une
théorie a peu près complete , amp; j'oferois même
dire nmvelle de toute cette branche de la phyfique.
En effet , quoiqu'on fe foit beaucoup occupé
des hygrometres , on n'avoit prefque pas fongé k
ip'grométrte ou à l'art de mefurer la quantité abrolue
d eau qm fufpendm dans lair. Le célébré Lambert,
qui le premier a donné un nom à cet art ou k
cette fcience, eft je crois le feul qui s'en foit occupé ^
amp; même ce grand géometre , confidérant cet objet
ious fon point de vue favori, femble s'être occupé
du fom de tracer géométriquement la marche de
1 hygrometre k boyau amp; les progrès de févaporation
de [cm, plutôt que de l'hygrométrie propremein
b
-ocr page 14-dite. D'ailleurs le haut degré de perfe6tion auquel
on a porté la chymie dans ces derniers tems, la fa-
cilité que l'on a acquife de l'appliquer aux différen-
tes branches de la phyfîque, répandent flir la théo-
rie de l'hygrométrie des lumieres dont ce grand
homme n'a point pu profiter, amp; k l'aide defquelles
il auroit indubitablement traité ce fujet avec beau-
coup plus de profondeur d'exaâritude.
♦ Je crois donc pouvoir dire que la théorie de l'hy-
grométrie , que je donne dans le IF. effai eft abfo-
lument nouvelle , de même que la plupart des expé-
riences fur lefquelles elle eft fondée. Mais elle eft
par cela même très-imparfaite amp; je fens fort bien
qu'elle n'eft comme le porte fon titre , qu'un eflài
ou une premiere ébauche.
Quant k l'évaporation, dont la théorie fait le
fujet du IIP. elfai, les principes fur lefquels elle
repofe ne font certainement pas nouveaux : la con-
verfion de l'eau en vapeur élaftique a été connue ,
pour ainlî dire, de tout tems 5 la diflblution de l'eau
dans l'air l'a été par Mr. Le Roi 5 les véfîcules qui
compofent les brouillards amp; les nuages ont été ima-
ginées parHALLEY amp; mifes fous les yeux par Krat-
2enstein. Mais aucun phyficien n'avoit, k ce que
a
}e crois , bien nettement diftingué les différentes mo-
difications des vapeurs. Les auteurs fyflématiques
s'étoient tous efforcés de réduire toutes les vapeurs
à une feule amp; même efpece, tandis qu elles exiflent
réellement fous des formes abfokiment différentes.
On n avoit pas vu non plus que l'eau ne fe difîbut
dans l'air qu'en fe convertifîànt en iin fluide élafîi-
que : or c'eft un fait que j'ai démontré par les expé-
riences les plus précifes, qui font en même tems
connoître, jufqu'k quel point les vapeurs en fe dif-
folvant dans l'air diminuent fa pefanteur fpécifîque.
Enfin les loix fuivant lefquelles varie l'humidité dc
l'air à mefure qu'il fe raréfie ou fe condenfe étoient
un fujet tout neuf, fiir lequel on n'avoit que des
idées ou vagues ou fauffes, amp; que je crois avoir
ébauché d'une maniéré fatisfaifante dans le IF. amp;
dans le IIP. effai.
L'application de ces principes k la météorolo-
gie, qui fait le fujet du IV'. eflai, établit certaine-
ment quelques vérités nouvelles 5 mais elle fait pour-
tant voir combien cette fcience effc éloignée de la
perfection dont elle efl fufceptible : amp; les nombreu-
fes recherches qui reftent encore k faire , dont l'é-
numération termine» cet ouvrage , démontrent com-
bien peu je me flatte d'avoir épuifé mon fujet.
b 2
xî
XÎI
Je me feroîs fait un plaifîr de l'approfondir davan-
tage 3 mais la vie entiere du phylîcien le plus aétif
ne fufîîroit pas pour l'épuifer. Il me fufRt d'avoir
tracé le plan de l'édifice ^ d'en avoir jeté les premiers
fondemens.
Je vais maintenant eonfàcrer ce qui me refte de
loilir amp; de forces k remplir de mon mieux les enga-
gemens que j'ai contra6tès relativement k la def^
cription de nos montagnes amp; k la théorie de leur
formation.
table
des chapitres et des sommaires-
je:s s.A
DESCRIPTIOxAJ D'UN NOUVEL HYGROMETRE COMPARABLE.
chapitre l Structure de nygrometr,, pag. I.
t ÎTuInbsp;'nbsp;Moyen de rendre cette
extenfion plus fenfible, p. Defcription de l'hygrometre à arbre, ihid..
^tendue des var.atior.s de cet hygrometre, p. Defcription d^ l'hy-
grometre portatif, p. 6. Etendue dc fes variations,, p. loV
chap. il Préparation du cheveu, ^. ï2,
Tetux ffnbsp;préférable,.nbsp;Choix des
kffivSà' ■nbsp;''nbsp;P-nbsp;^^^ ^»^^venK.
leiuves a propos, p. 14..
CHAP. m. Détermination du terme de Vhumidité extrêm, p.
Moyen de la conferver,
Effets de cette humidité fur le cheveu , p. 16. Cheveux rétrogrades ibid
quot;nbsp;^^o^
mion, p. 1.9, ta chaleur ne change point le terme d'humidité, p. zi
CHAP. IV. Détermination du terme de fée herejfe extrême, p. 23,
Defféchement produit nar lès feU ,7,-^ c
la même, fto Caradere du f 'nbsp;^^
V Wia. I^ontiaction du cheveu par un très-grand frdd^
-ocr page 18-p. 28. Signes d'une opération manquée, ibid. La même tôle peat ref-
fervir, p. 29. D'autres moyens ne donnent pas le même degrs de le-
chercffe, ibid.
CHAP. V. Des variations pyrométriques du cheveu, p. 30-
On peut les apprécier dans un air complètement defféché, ibid. Mefure de
oes variations, ibid. Leur rapport avec les variations hygrométriques, p. JT.
Gradations dans l'étendue de ces variations, p. U- Réponfe à une ob-
jedion, p. Jî- Ce qu'il faut entendre par féchereffe extrême, ibid.
Les mêmes recherches tentées dans l'humidiaé extrême, p. 56.
CHAP. VI. Graduation de l'hygrometre, p. 38.
Échelle de cent degrés, ibid. Pourquoi les degrés eroiffent avecl'humi-
dité, ibid. Différentes maniérés de marquer les degrés, p. 39- Gradua-
tion par comparaifon, p. 41- Précaution qui rend cette opération plus
fûre, p. 43. Raifonde cette précaution, ibid. Accord obfervé entre
les hygromètres à cheveu, ibid.
CHAP. I. Frincipes généraux de cette théorie, p. 44.
Définitions, plan de cet effai, ibid. Divers-moyens de mefurer l'humidité
de l'air, p. 45. Théorie des Tiygrometres de la premiere claffe, p.
Affinité de l'eau avec les corps qui l'abforbent, ibid. Cette affinité n'eft
pas la même dans tous les corps , p. 47- Elle croît dans un même corps
en raifon de fa féchereffe, p. 48- Expérience qui le prouve, p. 49-
L'affinité l'hygrométrique différé à cet égard de l'affinité chyraique, p. ço.
Diftribution de humidité entre différens corps, ibid. Limites du deffé-
chement, p. gt;3- Réfultat général de la théorie des hygrometres delà
premiere claffe, ibid. Ce qu'il refte à faire pour perfeâloflner cette théo-
rie, p. ç?. Seconde méthode de mefurer l'humidité, p. S4. Principe
fur lequel elle repofe, ibid. Cette méthode à fouvent induit les phyfi-
ciens en erreur, ibid. Principes d« la troifieme méthode, p.nbsp;Hy-
gromètre de l'Académie delCimento, ibid. Hygromètre de M. l'Abbé
Fontana, p. s6. Hygrometre de M. Le Roi, ibid. Inconvénient des
hygrometres de ce genre, p. 57.
CHAP. IL Examen des hygrometres à cheveu, p. s
Néceffité de cet examen, ibid. Qiialités que devroit avoir un hygromètre
pour être parfait, ibid. Moyens d'augmenter la fenfibilité de l'hygrome-
tre, p. 60. Par la leffive, ibid. Par des moyens mécha-niques, ibid.
Inconvéniens des hygrometres pareffeux , p. 61. Quels cheveux font les
plus mobiles, p. 62. Et dans quelles circonftances, p. 6j. Ils font
plus lents dans des vafes clos, ibid. Senfibilité de l'hygrometre à cheveu,
p. 64. Confiance ou durée de ces hygrometres, p. 65. Leur compara-
bilité, p. 66. Précaution à prendre, p. 68- Les cheveux n'ont une mar-
che parallèle que quand ils font également leffivés , ilnd. Autre précau-
tion à prendre, p. 69. Pourquoi l'on n'a pas comparé ces hygrometr«s
avec d'autres, ibid.
CÎIAP. m. La vapeur aqueufe eft elle la feule qui allonge le cheveu ? p. 71.
Introdudlion, ibid. Appareil employé dans ces expériences , ibid. Expé-
rience préliminaire, p. 72. Expérience avec de l'eau ou des corps qui
en font imprégnés, ibid. Huile éthérée de térébenthine, p. 75. La
même huile foigneufement deflcchée , ibid. Le camphre , p. 74. L'é-
ther, ibid. Le même éther dépouillé de fon eau furabondante , p. 7^^
L'efpric de vin, p. 78. Huile d'Olives, zWc?. Cire molle, zZizc/. Alkali
volatil concret, ibid, Réfultat de ces expériences, p. go.
CHAP. IV. Des effets hygrométriques de la chaleur fur Vair B fur k
cheveu, p.
quot;f.xpofition du fujet, ibid. Utilité de ces recherches, ibid. Elles doivent
être fdites dans des vafes fermés, p. 8}. Procédé mis en ufage, ibid.
Table des différentes variations qu'un degré de chaleur produit dans l'hy.
grometre à cheveu, fuivant le degré d'humdité qu'il indique, p. 87.
Ufage de cette table, p. 8 9- Autre table fervant à des ufages ana-
logues , p. 90 amp; 92. L'ufage de ces tables difpenle de toute autre
corredion, p. 9}. Pourquoi le cheveu eft plus afFedé par la cha-
leur quand il eft plus humide , ibid Limites de cette augmentation ,
P- 94- Ces tables ne peuvent fervir que pour l'hygrometre à cheveu ^
p. 95-
CHAP. V. Qriel rapport y a-t-il entre les degrés de Ihygrometre Sf h
quantité d'eau contenue dans l'air? p. 96.
Introdudion , ibid. Recherches fur la quantité d'eau que peut diffoudre
-ocr page 20-un pied cube d'air, p. 96. Idée générale dn procédé à fuivre dans ces
recherches, ibid. Premiere précaution à prendre, p. 97. Seconde pré-
caution, ibid. Troifieme précaution, p. 98. Réfultat de mes premieres
expériences, p. 99^ Réfultats difFérens obtenus par M. Lambert., ibid.
Réponfe à un doute qui pourroit s'élever, p. 100. Réponfe à un autre
doute, p. loi. La quantité d'eau diflbute eft peut-être encore plus pe-
tite à l'air libre , ibid. Ballon employé aux recherches les plus exadles,
p. 102. Manometre inféré dans ce ballon, p. 103. Réfultats généraux
de ces expériences, p. 104. Détails de l'appareil, p. loç. Sels employés
au defféchement de l'air, p. 106. Détails d'une expérience faite fuivant
ces principes, p. 107. (*) Note fur la dilatation de l'air par la chaleur,
p. log. Réfultats de cette premiere opération, p. no. Seconde opé-
ration du defféchement, p. ni. Fin du defféchement, p. 113, Pro-
duction des vapeurs dans un air defféché, p. 11}. Premiere immerfion
d'un linge humide dans un air fee, p. 114. Seconde immerfion, p. 11 lt;;.
Troifieme, ibid. Qiiatrienie, ibid. Cinquième, p. 116. Sixième amp;
derniere immerfion, ibid. Tableau de toutes ces expériences, p. 11 g.
Table de la quantité d'eau contenue dans l'air de 10 en 10 degrés de
l'hygrometre, p. 119. Réfultats relatifs à l'hygrometre, ibid. Réfultats
relatifs au manometre, p. 120. Réfultats relatifs au poids de l'eau éva-
porée, p. 132. Réfultats des expériences troifieme amp; quatrième, p. 12J.
Vapeur élaftique produite par la glace , p. 124.
chap. vi. Quel eft fur l'hygrometre l'effet de la raréfaBion ^ de la
condenfation de tair, p. 127.
Différentes opinions des phyficiens fur cette queftion, ibid. L'hygrometre
à cheveu peut fervir à la réfoudre , ibid. Phénomene fingulier de mes
premieres expériences, p. 127. Defcription de l'appareil, p. 128. .Dé-
tails de ce phénomene, p. 129. Conféquences qui en réfultent, ibid.
Source de la vapeur qui fe développe dans l'air raréiié , p. 130. Soupape
deftinée à empêcher l'entrée de cette vapeur, p. iji. L'effet de cet
inftrument, p. 132. Les mêmes expériences faites dans un air raréfié
condenfé par le mercure, p. 153. Raifon générale de ce phénomene,
ibid. Premier appercju fur les loix qu'il doit fuivre, p. 154- La théorie
de M. Lambert n'eft pas conforme à l'expérience, p. 15 5. Il faut recourir
la quantité dont cette abforption diininiie fon
volume; mais il a renoncé à cette el'pece
d'hygromètre à caufe de fa trop grande len-
teur.
(») M. le Chevalier l'Amlriani avoit déjà
oWervé avant moi, que les lels Alkalis en
abforbant les va-peurs difiToutes dans l'air di-
minuent fenfiblement fon élafticité. Il avoit
même peiifé à mefurer l'humidité de l'air par
au
au principe des affinités hygrométriques, p.nbsp;Expériences fur les
progrès du defTéchement dans un air qui fe raréfie, p. 1^6. Explica.
tion de la table, ibid. Explication des loix du defTéchement dans un
air raréfié, p. 138. Application de ces principes à l'expérience trot-
fieme, p. 159. Tableau comparatif des réfuicats du calcul avec ceux'
dc l'experience , p. 142. Conféquences météorologiques de ces expé-
riences , p. I4V Nouvelle épreuve fur le terme de féchereffe e«trême,
p. 144-
ciiap. vii. Quel effet Vagitation de Vair produit-elle fur Hygromè-
tre? p. 146',
État delà queftion, ihid. Obfervation qui lui adonné lieu, ihid. Con-
jecture fur la caufe de ce fait, p. 147. Expérience qui vient à l'appui
de cette conjedure, ihid. Expérience plus exade qui la renverfc,
p. 148. Explication de l'effet des coups de vent, p. 150. Conclu-
fion, p. 151.
chap. viii. CojnmentThygrometre ejl4l affecté par l'éleBricitél
Introduélion, ibid. Hygromètre fournis à l'aétion de l'éledricité, ibid.
L'éleétricité ne le fait point varier, p. 155. L'électricité entraine l'eau
furabondante amp; non pas l'eau combinée, p. 154. Expérience qui le
prouve, p. 155. Conclufion, p. 157.
chap. ix. Lair inflammable amp; lair fixe ont-ils avec les vapeurs les
mêmes rapports que l'air commun 1 p. 158.]
Introduction, ibid. Difficultés à furmonter, ibid Détails de l'expérience,
p. IS9. La même expérience répétée amp; variée, p. idi. Réilexioa
fur ces expériences, p. 162. Doute amp; expérience fur le mélange des
deux efpeces d'air, p. 165. L'air inflammable diflbut l'eau comme
l'air commun, ibid. Effets de l'air inflammable fur divers métaux,
P- 164. Mêmes expériences amp; mêmes réfultats avec l'air fixe, p. 165!
chap. x. Projet amp; exemple de tables générales deftùiées à évaluer les
indications de thygrometrè dans toutes les modifications
de l'air qui peuvent influer fur lui, p. 1^7,
latroduition, ibid. Principes généraux, p. 168. Idée générale de ces
C
-ocr page 22-tzhhs, ibid. Maniere de les conftruire, p. 169. Méthode plus courte
mais moins exade, p. 171- Table auxiliaire , ibid. Table du poids
des vapeurs aquÉufes contenues dans un pied cube d'air i , 16 dn
thermometre amp; à chaque degré de l'hygrometre, p. 172. Principes div
calcul de la table générale , p. 17 3- Ufages de cette table, p. 177- H
faudroit d'autres tables pour d'autres degrés de denfité de l'air, p. 178.
Table des expofans de la diminution que fouffre la force difToIvante de
l'air à mefure qu'il fe raréfie, p. 179- Table du poids des vapeurs aqueu-
fes contenues dans un pied cube d'air à différens degrés de l'hygrometre
amp; du thermometre , p. 181 •
j!^ jr. oxsjcjeimje: jel s s ^
Introdudion, p. 18?. Définition des vapeurs, ibid. Différens fyftémes
fur leur formation, p. i84-
çhap. i. De^ vapeurs élajîiques amp; de leur diffdutim dam l'air ^
p. i8f.
Vapeur élaftique produite par l'éolipyle, ibid. Origine de cette vapeur^
ibid. Degré de liberté néceffaire pour fa production , p. i87- Phéno-.
menes des tubes où la chaleur de la main fait bouillir de l'eau, ibid^
Froid produit par l'évaporation, p. 189- tapeur élaftique pure., p. 188-
bis ) Vapeur élaftique mêlée d'air, ibid. L'eau na s'évapore qu'en
fe changeant en vapeur élaftique , p. 189 bis. Cette diffolution doit
être favorifée par l'agitation de l'air, p. 192- Belle expérience de Mt.
l'Abbé Fontana, ibid. Explication de cette expérience, ibid Expé- '
rience nouvelle qui confirme cette explication, p. 193- Pourquoi las
vents augmentent l'évaporation, p. 199- Divers égards auxquels la
chaleur favorife l'évaporation, p. 19lt;5- Nuance entre la vapeur mêlée
d'air amp; la vapeur élaftique pure, ibid.
CHAP, lî- I^es vapeurs véficuJaires amp; des vapeurs concretes, p,.-i98.
Condenfation de la vapeur élaftique contre des corps folides,. ibid. Con-
Je marque hi! parce que par une î amp; 189 ont été répétés an lieu de 190
îaiite d'imprcllion les numéros des pages liiii l 191.
denfatioa de U vapeur élaftiqu« au mille« de l'aîr, p.nbsp;Varier
nr ' Mnbsp;'nbsp;- ^
-forme, furvam Mr. Kratzenftein. p. ,05. Coafcquence que Mr.K.
tire de cette epa.ffeur, p. 204. Les brouillards amp; le. nuages fônt cont-
Pofes de ces veficules, iöiä La 4umiere n'eft pas divifée ^ les nuage,
comme par des gouttes plemes, p. 205. Ces véfioules font auffi légercà
que la^,nbsp;Refutation des calculs de Mr. Kratzenftein, p. 20,.
Atmofphere de ces véf.cules, p. 210. Quelle eft h nature de cette at,
mofphere?p 211. Q.u'y a-t-il dansleur conea^té? p. Comment
le forment-elles ? ibid. Condenfation de ces véficules , p. 214 Modi
facations fucceffiyes des vapeurs, ihid. eonfidérations ultérieures fur les
vapeurs veficuluires, fô/rf. Doute fur leur forntation. p. Nuages
dont la production eft inftantanée, p. 217.
chap. iii De Pcvapomtion dans un air raréfié ou condenfé, p. 219.
La vapeur élaftique fe forme plus aifément dans un air rare , ibid. Mais
un a rnbsp;^^ ^^^^^^^ ^nbsp;Phénomènes de l'hygro.
d.ns xm air qui fe condcnfe, p.nbsp;y^pe^^ véfîculaire dan un réci
Piei^^t qu'on purge d'air, ibiä. LAbbé Nollet croyoit qu'elle f^félarc
de l'a. mnbsp;f., p, aa,. Sourcc de cetL errlr,
P^.«on dela formation, de cette, vapeur dan, le récipient, p. 22 .
P ^^nbsp;^^nbsp;lequel cette IL
Wenbsp;'-l'nbsp;l'expérience,nbsp;Les dif-
m fl quot; Tnbsp;' P-nbsp;difficile de
mefurer ces veficules, p. 2 j o. Vapeurs produites par k raréfadion d'u,
«ir condenfe,nbsp;Explication de ia baiffe du thermometre dans le
vuide,,p. 2}i,
chap. îv. u paffage du feu d'un lieu dans un autre eft-il une des
caufes de Nvaporatioij. ? p. 234.
Examen°dè ct^fait^'^'quot;!^'nbsp;^ queftion, ifnd,
Ifiguc au prem-er 'nbsp;explication, ibid. Second fait ana-
ponfe à cerh« '. .' Pquot;^ Objedlion tirée de la diftiliation, ibid. E é-
^uane auiü ta meme réponfe, p. 23g.
C s
-ocr page 24-CHAP. V. De la qtiantité de I evaporation, p. 240.
Conditions defquelles dépend cette* quantité, ibid. Théoreme général,
p. 341. Preuves tirées de la théorie. Vafes égaux en tout, ibid. VafeJ
d'orifices égaux mais de hauteurs inégales, ihid.. Vafes inégaux en tout,
p. 242. Éxpérience de Mufchembroëk qui paroît contraire à la théo-
rie , p. 245. Expérience amp; explication de Richman, p. 244. N.Wal-
lerius'confirme cette explication , ibid. Expériences de Lambert con-
formes à la théorie, p. 249. Mefure de l'évaporation relative à la mé-
téorologie, p. 246. Atmidometre pour la quantité de l'évaporation an-
nuelle, ibid. Autre atmidometre pour l'évaporation momentahée, p. 347.
CHAP. VI. De l'évaporation delà glace, p. 249.
La glace eft fujette à l'évaporation, ibid. Mais le froid diminue cettff-
evaporation, p.,249. Affertions contraires de Mr. Gauteron, p. 2çq..
Examen de l'une de ces affertions, ibid. L'autre ne paroit pas misux
fondée,, p. zçi. Expériences très-exactes de N. Wallérius, ibid.
chap. vii. De l'évaporation de l'eau mélangée d'autres fubjiances ;
p.
Principe général, ibid. Expériences fingulieres de N. Walfâius, p. 2^4.
Recherches à faire fur ce fujet, ibid. Les fels fixes retardent l'évapo-
ration, p. 2ÇÎ. Halier l'a prouvé par des expériences diredes, ibid.
CHAP. VIII. Réfumé général de cette théorie, p. 25-7.
Introdudlion, ihid. Vapeur proprement dite, ibid. Vapeur élaftique
pure, ihid. Vapeur élaftique diffoute, ibid. Vapeur véficulaire, ibid^
Vapeur concrete, p. 258. Généralifation de cette théorie, ibid.
APPLICATION DES THÉORIES PRÉCÉDENTES A QUELaUES PHÉNOMÈNES
DE LA MÉTÉCi^OLOGIE.
Bitrodaâtion, p. 2 5 9..
-ocr page 25-CHAP. I. De la diftribution des vapeurs dans latmofpherc, p. aS'o.
La théorie eft ici notre unique guide, ibid. Comment les vapeurs fe dif-
tribueroient dans un air parfaitement fee, p. 26r. Accumulation amp;
diftribution des vapeurs furabondantes dans un air faturé , p. sôjv
Différentes quantités de vapeurs dans les différentes couches d'une co-
lonne d'air faturée, p. 264. Il n'y a aucune limite abfolue à l'éléva-
tion des vapeurs, p. 26ç. C'eft le froid des hautes régions de l'air
qui retient l'eau fur notre planete, p. 266, Différens degrés d'humidité
à différentes hauteurs, p. 267. Les nuages augmentent la quantité
abfolue de l'eau fufpendue dans l'atmofphere, p. 268. A quelle hau-
teur peuvent s'élever les nuages, p. 270. Différences hygrométrique.s.
entre différentes couches verticales, p. 272.
Les vapeurs élaftiques peuvent s'élever à de très-grandes hauteurs, ihid.
Liberté amp; adtion du fluide éleétrique dans les hautes régions de l'air,
p. 174. Les vapeurs établiffent une communication entre la terre amp;
les hautes régions de l'air, p. 275. Application générale de ces prin-
cipes à différens météores, p. 276. Explication détaillée d'un ouragan,,
p. 277. Vents produits par la formation des vopeiws, p. 280. Grains,,
p. 281.
CHAP. IIÎ. Des variations du barometre , p. 2 83.
Introduction, ibid. Syftéme de Mr. de Luc, ibid. Expérience deftinéequot;
à vérifier ce fyftéme, p. 28 3- Cette explication eft infuffifante, ibid,.
Objeâion prévenue, p. 28Autre objection, p. 2Slt;5. Troifieme
Objection, ibid. Autres argumens contre le même fyftéme, p. 287.
Hypothefe de Mr. Pignotti, p. 289. Vues générales, ibid. Pourquoi
ces variations font plus petites fous l'équateur, p. 290. Parce que là
température y eft moins variable, ibid. Les vents conftans, p. 29
Le décroiffement de la chaleur cn montant plus gradué, ibid. Objec-
tion générale contre l'influence des modifications chymiques de l'air fur
1« barometre, p. 292. Comment la chaleur fait baiffer le barometre,,
p. 293. Caufes qui'diminuent les effets de la chatcur. amp;emiere caufe,.
ibid. Seconde, p. 294- Cas où la chaleur influe le plus fur le baro.-
metre, p. 29,. Influence des vents fur la température locale de l'air,,
p. 296. Ils changent cette température à une grande hauteur, p. 25)7..
Reponfe à une objection, p. 293. Influence méclianiqjue des vents fur
la denfité de l'air, p. 299. Violence des vents dans les hautes régions
de l'air, p. 300. Rapports des mouvemens du barometre avec la pluie,
p. 305. En hyver, ibid. En été, ibid. Autre objection, p. jo^..
Solution de cette objeclion, p. jof. Inccrtitiidc des prédirions du ba-
romètre, p. 306. Conclufion, p. 307.
chap. iv. Comment il faut Jîtueramp; obferver l'bygr.ometre^ p. 305!.
Fautes à éviter, ibid. Maniéré d'obferver dans la campagne, p. Jio.
Dans une maifon, ibid. Obfervatîons en voyage, p. 311.
CHAP. V. De raamp;ion des rayons du foîeil fur l'bygrometre à cheveu, p. 313-
L'aaion d^un foleil pâle n'affedte point l'hygrometre , ibid. Mais un foleil
vif le fait aller au fee, ibid.
CHAP. VI. Des hmres du jour où regnent la plus grande humidité amp;
la plus grande fécherejfe, p. 3 15.nbsp;,
L'heure la plus feche du jour eft entre J amp; 4, ibid. Confidérations fur
ce phénomene, p. 316. Conféquence qui en réfulte, ibid. Le moment
le plus humide eft une heure après le lever du foleil, p. 317.
CHAP. VIL Des caufes qui produifent dans latmofphere les plus grandes
fécherejfes ^ la plus grande humidité, p. 319..
Citconftanees des plus grandes féchereffes que j'aie obfervées, ibid. Pre-
niier exemple, p. 320, Second exemple, p. 321. Humidité extrême,
1°. dans les brouillards amp; les nuages, p. 322. 2quot;. Pendant une forte
Tofée ou une nuit calme, après la pluie, p. 32J. jquot;. Pendant les
pluies qui tombent de nuit par le calme , p. 334.
CHAP. VIII. Différentes applications des tables qui fervent à réduire au
même degré de chaleur ks ohfervations hygrométriques,
Introdudion, ibid. Diminution de l'humidité apparente amp; augmentation
de la réelle, ibid. Diminution réelle amp; apparente de l'humidité, p. 3 s6.
Diminution de l'humidité apparente tandis que la réelle demeure la même,
p. 327. La même comparaifon faite dans le cas où la chaleur diminue,
ibid. Comparaifon des faifons différentes, p. 338- La méthode de
p.3.9. Ran
chap. ix. Otfermtiorn météorologiques faites en voyageant dans les
^kes , p. 3 3 2.
But de ce voyage, ihid. Explication de la table dobfervatîons métécrolo-
g:ques, p 555. Table de ces obfervations, p.nbsp;R^pultats. Corn-
para^)n des hygrometres, p. 342. Comparaifon des obfervations ig,
19 (Si 20, p.nbsp;Comparaifon cfcs obfervations 28 amp; 20 n
Delà 29 amp; delà 50e., p. D^^^e, ilnd. Cmnparaifan de la
m ne.,nbsp;De la 40e. avec,a 44. , ihid Réponfe à ce do '
6\ % , ; 'nbsp;-ec 1;
tec LI .nbsp;Comparaifon de la 6ie. avec la 63e. amp; de la 55e.
Sï Ohf ' f'nbsp;Comparaifon de la 79e. avec lu 76e.
tsc,? TZVnbsp;Autres exceptions. ObfervatLs
Obfervatmns95amp;96, p.no. Obfervations 98, 9 9v
moins ahnn^ T'r'Y ,nbsp;paroiffent
Ts ofc sT les hauteurs, ihid. Premiere raifon de iLmidité
Sut.Il 7 'nbsp;P-nbsp;Seconde raifon, ihid,
Caut. dé h grandeur des variation, drmnes de Phygrometre, p. 5 p.
chap. x. mxions générales fur les pronojîics météorologiques, p. 3
^^^ connoiffent mieux, que les phyf.iens,
Î Lnbsp;du phyficien-font plus générales, p. ,,,
11 fout combiner amp; reumr plufieurs pronoftics, ihid. De Fhy, „metre
comme pronoftic, ilnd. Détails fur l'état du ciel , p. , J TaX
«nce de l'atr, g. 3,7. Couleur des nuages qui paffent fous le foleil
P;nbsp;Lune baignante, halo, p. j.,9. Efpérances de la-météorolo-
gie, p. 360.
chap. xi. De ce qui refte à faire pour perfeclionner l'hygrométrie.
p. 3^1.
nef 1 rki ^nbsp;^nbsp;ibid Mais il faudra perfection-
de la ftnbsp;réduétion, p. 3.63. Drelfer une table des diilances
laturation fuivant Mr. Le Roi, ibid Éprouver la quantité de va-
peurs qp attire le yene à différens degrés d'humidité , p. 3 é 3- Dreff«
table des cimfîtres et dès sommaires.
XXIT
m tabkau de comparaifon des différens hygrometres connus, ibid.
Approfondir les rapports des différens airs avec les vapeurs, Jörn-
dre l'eudiometre aux inftrumens météorologiques, p. j64. E^^^ier la
nature de la vapeur élaftique dans le yuide, ibid. Recherches a faire
furies vapeurs véficulaires, p. 365. Sur les nuages, ibid Sur laquan.
tité d'eau qu'ils contiennent, ibid. Trouver un diaphanometre, p. J 66.
Étudier la nature de la vapeur bleue que l'on voit flotte, dans l'air quimd
il eft fec, ibid Autres recherches à faire fur les vapeurs, ibid. Oene-
ralifer la théorie de l'évaporatîpn, p. 367. Conclufion.
errata.
Pag. 32. lig. 17 de la colonne de la note, . ou du .
p ^ s, 1 s de la 2e. colonne delà note, au-deffus .
g.........Feau dair
'29 de la note,......quot;7 ;
'nbsp;. lî centieme 16 degres
1Îamp;12. ■ ■.....au Sentiment
Sommaire du §. 132. • ■ -pourfervir
f.^iTz.'l pénultième. .......
Lyie'qui'fui;i;,.S9^ eft numéroté; l x88 •
La fuivante eft numéroté . • • • • ;nbsp;•
1'. 224. L.6amp;7 • • • • ■ ,^bfaveesrAbbe
v. r62. Le Sommaire du 349 a ete oublie
P. 98. 1-
P. 1W9. L
P. 122. 1.
P. 127. 1.
Ibid
^nbsp;• ________^^ Phuarnn
ûOlUllltm'^nbsp;7T7 ---
variations diurnes de t hygrometre.
li fuit lenbsp;eft numérotée % • 4
Xa page qui
lifeznbsp;•nbsp;ou de
lif.nbsp;.nbsp;au-dejjbus.
lif.nbsp;.nbsp;deau tair.
lif.nbsp;.nbsp;§. 107.
lif.nbsp;.nbsp;IS degres lôcentkmes.
lif.nbsp;.nbsp;à celle.
lif.nbsp;.nbsp;peut fervir.
lif.nbsp;.nbsp;61, 7.
lif.nbsp;.nbsp;entrer.
lif.nbsp;.nbsp;190-
lif.nbsp;.nbsp;191-
lif.nbsp;.nbsp;obfervées par ÏAbbe.
lif.nbsp;.nbsp;Vaufe de la grandeur des
4S4 . lif. . ÎS4.
chapitre premier.
structure de v h t g r 0 m e t r e.
I. Le cheveu s'alonge quand il s'humefle, amp; fe contrade Exteniïo«i
ou fe raccourcit quand il fe deffeche. La différence entre le
1,1nbsp;^nbsp;P^f 1 nuniî-
pius grand alongement que puiffe lui donner l'humidité, amp; la dité.
plus grande contraction qu'il puilTe recevoir de la féchereffc
»
eft, dans un cheveu convenablement leffivé amp; chargé d'un poids
de trois grains, de 2:4 ou 2 s millièmes de fa longueur totale ;
ce qui revient à trois lignes amp; demie ou trois lignes deux,
tiers par pied. Les variations du cheveu crud ne vont qu'au
quart ou même à la cinquième partie de cette quantité : mais
dans l'un amp; dans 'l'autre elles font trop petites pour que l'on
puille fe contenter de les obferver immédiatement, à moins
que l'on ne nouât bout à bout un grand nombre de cheveux
pour obtenir une longueur de plufieurs pieds ; mais il y auroit
divers inconvéniens à cette conftruaion , qui d'ailleurs ne don-
neroit pas un inftrument portatif amp; commode. J'ai donc
cherché les moyens de rendre cette variation fenfîble, fans
rendre l'inftrument yolumineux amp; embarraffant,
f
Moyen de §• Le pîus efficace de tous eft d'accrocher à un point
rendre cette ^^e un dcs bouts du chevcu, amp; d'attacher l'autre h, la circon-
extenfionnbsp;cylindre OU d'un arbre, qui porte à une de.
plus fenfi-
Me
fes extrémités une aiguille légere , qui marque fur un cadran
tous les mouvemens. de l'axe. Le cheveu çft tendu par un,
contre-poids de 3 à 4 grains, fufpendu à une foie très-fine,
qui eft roulée en fens contraire autour du. même cylindre.
Defcription
de l'Hygro-
metre à. ar-
bre.
La figure premiere de la planche premiere repréfente un-
Hygrometre conftruit fur ee principe. L'extrémité inférieure du.
che'veu a b eft retenue par la mâchoire de la pince à vis b.
Cette pince repréfentée à part en B ,fe termine en une vis qui
entre dans l'écroue à rondelle C, amp; cette écroue qui tourne
fans fin dans la piece qui le porte, fert à faire monter ou def-
cendre à volonté la pince B.
L'autre extrémité a du cheveu eft retenue par la mâchoire,
-ocr page 31-infeneure de la double piuce „.obile a, repréfentée à part en A.
Cette pince faifit par en-bas le cheveu, amp; par en-haut une lame
d argent tres-fîne amp; foigneufe.ent recuite^ui fe roule auto^^
de 1 arbre 0« cylindre d, dont la figure féparée fe voit en D F.
^ Cet arbre . qui porte l'aiguille . marquée E dans la fic^ure
feparee , eft entaillé en forme de vis, amp; les pas de cette vis
ont leur fond plat amp; coupé quarrément, pour recevoir la lame
d'argent qui eft engagée dans la pince a, amp; liée ainfi avec le
cheveu. J'ai été forcé à placer là une lame d'argent, parce que
lorfque le cheveu étoit fixé immédiatement au cylindre amp; fc
rouloit autour de lui , il fe frifoit amp; contrafloit une roideur
que le contre-poids ne pouvoit point furmonter; au heu qu'une
lame d argent très - fine amp; bien recuite conferve toujours la
meme fouplelfe. Et il a fallu entailler l'arbre en forme de vis
pour que cette lame, en fe roulant fur elle-même autour du
cyhndre, n'augmentât pas l'épaiiTeur de ce cvlindre , amp; „e prit
jamais une fituation trop oblique amp; variable. Cette lame eft
fixee à l'arbre par une petite goupille F.
fl ƒ 'nbsp;^nbsp;^ '^Vielle
eft f^fp^du le contre . poids marqué ,, d.„s 1, pande
figure amp; G dans h figure détachée. Ce contre-poids, deftiné
a tendre le cheveu , agit dans une direûion contraire à celle
du cheveu amp; de la pince mobile à laquelle eft fi.xé ce chevet,
il donc-on veut que le cheveu foit chargé d'un poids de quatre
gratns, i, ^t ,„e le contre.poids pefe quatre grains de p
que la pince.nbsp;a o uc puii
Ce même arbre paffe d'un côté par le centre du cadran, amp;
A 3
-ocr page 32-roule là dans un très - petit trou fur un pivot bien cylindrique
amp; bien poli. L'autre extrémité a aulfi un pivot femblable, qui
eft reçu dans un trou pratiqué au bout du bras h de la double
équerre i, H L Cette double équerre eft fixée par derriere au
cadran, par le moyen de la vis L
Le cadran kee k, divifé en trois cents foixante degrés, efi:
porté par deux oreilles l l ; celles - ci font fondées à deux
canons, qui embralTent les colonnes cylindriques m m, m m;
l'es vis de preffion n , n, traverfent ces canons amp; fervent à
fixer le cadran amp; l'arbre qui lui eft adhérent, à la hauteur que
l'on fouhaite.
Ces deux colonnes qui portent le cadran, font fermement
liées avec la bafe de l'Hygrometre , qui repofe fur les quatre
vis 0, 0 î 0 5 0, à l'aide defquelles on peut le caler amp; le placer
dans une fituation verticale.
La colonne quarrée p p qui repofe fur la traverfe poftérieure
de la bafe de l'Hygrometre, porte une boîte q , à laquelle
tient une efpece de porte - crayon z, dont le vuide a pour
diametre l'épaiOTeur du contre - poids cyhndrique g. Lorfqu'on
veut tranfporter l'Hygrometre d'un lieu dans un autre, amp; que
l'on craint le dérangement que pourroient occafionner les ofcil-
lations du contre - poids, on fouleve la boîte q amp; fon porte-
crayon r, de maniéré que le contre-poids entre dans le vuide
de celui-ci ; on le fixe là par le moyen de la vis de preffion s,
amp; la boîte même fe fixe par une autre vis t. Quand on veut
mettre l'Hygrometre en expérience, on dégage le contre-poids,
amp; on abAiffe la boîte comme elle eft dans la figure.
Enfin, on voit au haut de l'inftrument une piece de métal
recourbée x, y, ^, qui lie entr'elles les trois colonnes que je
viens de décrire. Cette piece ell percée en y d'une ouverture
quarrée , qui fert à accrocher l'Hygroraetre lorfqu'on veut le
fufpendre.
§. 3. Les variations de cet Hygrometre font, toutes chofes Étendue
d'ailleurs égales, d'autant plus grandes que l'arbre autour duquel
s'enveloppe la lame d'argent qui tient au cheveu, a un plus STgrote-
petit diametre, amp; que l'inftrument, par fa hauteur, eft capable
de recevoir un cheveu plus long. J'en ai de quatorze pouces
de haut, mais un pied fuffit,'amp; c'eft la grandeur de celui qui a
fervi de modele à la figure premiere. Quant à fon arbre, il a
trois quarts de ligne de diametre dans le fond des entailles fur
lefquelles fe roule la lame. Ses variations , lorfqu'on lui adapte
un cheveu convenablement préparé , font de plus d'une circon-
férence entiere ; l'aiguille décrit environ quatre cents degrés ea
allant de la féchereffe extrême à l'humidité extrême.
Mais cet Hygrometre a l'inconvénient de ne pas revenir bien
exadement au même point lorfqu'on l'agite un peu fortement,
ou qu'on le tranfporte d'un heu dans un autre , parce que le
poids de trois grains qui tient la lame d'argent tendue, ne peut
pas la ployer affez exaâement pour la forcer à fe coller tou-
jours avec la même précifion contre l'arbre autour duquel elle
fe roule. Or, on ne peut pas augmenter fenfiblement ce poids
fans des inconvéniens plus grand s encore.
Cet inftrument eft donc très-bon pour demeurer fédentaire
dans un obfervatoire ; il peut auffi fervir à diverfes expériences
hygrométriques, puifque l'on peut fubftituer au cheveu tous les
corps que l'on veut éprouver, en les tenant tendus par des
contre-poids plus ou moins forts, foivant que leur nature
l'exige ( I ) ; i^sis il ne convient pas pour être tranlporté , ni
même pour des expériences qui l'expofent à de fortes fecouffes.
ïïefcription §• 4- PouR le remplacer dans les cas où il ne peut pas
de l'Hygro- feryir^ j'en ai fait conftruire un autre,.plus portatif, plus com-
mode , amp; qui, s'il n'a pas des variations .auffi étendues, eft en
revanche très-folide, amp; ne rifque point d'être dérangé par l'agi-
.tation amp; le tranfport.
La figure II de la planche premiere repréfente cet Hygro-
luetre, que je nomme Hygrometre portatif ., pour le diftinguer
.du précédent que j'appelle ^ra^/c? Hygrometre ou Hygromètre
il arbre.
La piece effentielle de cet inftrument eft Ton aiguille a amp; c
On voit la coupe horifontale de cette même aiguille amp; du bras
qui la porte dans la figure détachée G B D E F.
Cette aiguille porte à fon centre D un canon percé de part
en part, amp; faillant en avant amp; en arriéré. L'axe qui le traverfe
amp; autour duquel tourne l'aiguille, eft aminci au miUeu de fa
longueur amp; renflé par fes extrémités, afin que le canon cylin-
( i ) M. DelUC , à qui j'avois fait
vsir ces Hygrometres il y a plufieurs
années , vient d'adapter le même mé-
chanifme à des lames très - minces de
fanon de baleine, dont il croit pouvoir
faire de bons Hygrometres. Le feul chan-
gement de quelqu'importanee qu'il ait
fait à cette conftrudion , c'eft d'em-
.ployer un reffort au lieu d'un poids
pour tenir fon ruban tendu. J'avois aufli
eu cette idée, amp; j'en avois même fait
divers effais, mais les refforts les plus
foibles étoient encore trop forts pour le
cheveu ; amp; d'ailleurs je craignois les
variations que le froid, la chaleur amp; le
tems font nécelTairement fubir à la force
des relTorts.
drique qu'il traverfe ne le touche amp; ne frotte que par fes
extrémités.
La partie a D E de l'aiguille fert d'indice amp; marque fur
le cadran les degrés d'humidité amp; de féchereffe ; la partie op-
pofée f? è D B fert à fixer amp; le cheveu amp; le contre-poids. Cette
partie qui fe termine en portion de cercle, amp; qui a environ
Hne ligne d'épaiffeur , eft creufée fur fon champ d'une double
rainure verticale, qui rend cette partie femblable à un fegment
d'une pouhe à double gorge. Ces deux rahiures qui font des-
portions d'un cercle de deux lignes de rayon, amp; dont lé centre
eft le même que celui de l'aiguille d, fervent à loger, l'une le
cheveu , amp; l'autre la foie à l'extrémité de laquelle eft fufpendu-
le contre - poids. Cette même aiguille porte verticalement au-
deffus amp; au-deffous de fon centre, deux petites pinces à vis,
fituées vis-à-vis. des deux rainures ; celle d'en-haut a vis-à-vis de la-
rainure poftérieure, fert à fixer la foie à laquelle eft fufpendu le
contre-poids amp; celle d'en-bas b , fituée vis-à-vis de la rainure
antérieure, fert à tenir une des extrémités du cheveu. Chacune
de ces rainures a fes parois évafées, comme on le voit dans
leur coupe en B, amp; fon fond plat, pour que le cheveu amp; la
foie s'en dégagent, avec la plus grande liberté. L'axe de l'ai-
guille D D traverfe le bras g fG¥, amp; il eft fixé dans ce
bras par la vis de preffion ƒ F. Toutes les parties de l'aiguille
doivent être parfaitement en équilibre autour de fon centre
tellement que quand elle eft fur fon pivot fans contre-poidsgt;
elle refte indifféremment dans toutes les pofitions que l'on peuamp;;
lui donner.
On comprend maintenant que quand ie cheveu eft fixé, par
uiie de fes extrémités dans la pince e, amp; par l'autre dans la
pince y, fituée au haut de l'inftruraent, amp; qu'il pafTe dans une
des gorges de la double poulie b , tandis que le contre - poids
dont la foie eft fixée en a, paffe dans l'autre gorge de la même
poulie ; ce contre - poids, fert à tenir le cheveu tendu, amp; agit
toujours dans la même direction amp; avec la même force quelle
que foit la fituation de l'aiguille. Lors donc que la fécherelTe
contrade le cheveu, il furmonte la force de gravité du contre-
poids , amp; l'indice defcend : lorfqu'au contraire l'humidité relâche
ce même cheveu, il cede au contre - poids, amp; l'indice monte.
Ce contre-poids ne doit pefer que trois grains , amp; ainfi il faut
que l'aiguille foit légere amp; très-mobile , pour qu'une force auffi
petite la gouverne amp; la ramene toujours à fon point lorfqu'elle
en a été écartée.
Xe cadran b e b eft une portion de cercle dont le centré
eft le même que celui de l'aiguille , amp; qui eft divifée, comme
je l'expliquerai, §. 34, ou en degrés du même cercle ou en
Centiemes de l'intervalle qui fe trouve entre les termes de féche-
refte amp; d'humidité extrême. Le bord intérieur du cadran porte
à la diftance b i une efpece de bride faillante i i, formée par
un fil de laiton courbé en arc amp; fixé dans les points i i. Cette
bride maintient amp; préferve l'aiguille, en laiffant à fon jeu toute
la liberté néceffaire.
Là pince à vis y , dans laquelle s'arrête l'extrémité fupérieure
du cheveu , eft portée par un bras mobile qui monte amp; def-
cend à volonté le long du cadre K K. Ce cadre, qui eft cylin-
drique par - tout ailleurs, eft applati par derriere dans cette
partie, jufqu'à fa demi-épaifteur, pour que le coulant à reflTort
qui porte le bras, ne faffe pas de faillie pardeffous, amp; que ce
8
de vh t g r o m e t re. Effhi i, Chap. l 9
^ras ne puiffe pas tourner. On l'arrête à la hauteur que l'on
fouhaite au moyen de la vis de preffion
Mais comme il importe quelquefois de pouvoir donner des
«louvemens très-petits amp; très-précis, afin de faire tomber l'ai-
guille précifément fur le point où on la veut, la coulilTe / qui
porte la pince y à laquelle eft fixé le cheveu, eft conduite par la
vis de rappel m.
Au bas de l'inftrument eft une grande pince n op q, qui fert
-à fixer l'aiguille amp; fon contre-poids lorfque l'on veut tranf-
porter l'Hygrometre. Cette pince tourne fur un axe n, terminé
par une vis qui entre dans -le cadre; en ferrant cette vis, on
fixe la pince dans la pofition que l'on veut lui donner. Lorfque
on defire d'arrêter le mouvement de l'aiguille , on donne à
cette pince la pofition défignée par les lignes ponduées; le long
bec p de la pince faifit la double poulie â de l'aiguille , amp; le
bec plus court 0 faifit le contre-poids; la vis de preffion q ferre
les deux becs à la fois. Il faut, en affujettilTant l'aiguille, la
placer de maniéré que le cheveu foit très-lâche; afin que, iî
pendant le tranfport le cheveu venoit à fe deffécher , il puifTe
le contracter avec liberté. Lorfqu'enfuite on veut mettre l'inf-
trument en expérience, on commence par relâcher la vis ,
amp; l'on fait reculer la double pince avec beaucoup de précau-
tion, en prenant bien garde de ne point tirailler le cheveu; il
convient pour cela de retenir d'une main l'aiguille auprès de fon
centretandis que de l'autre main on dégage amp; la poulie amp; le
contre,poids des pinces qui le. tiennent alfujettis. Le crochet r
fert a fufpendre un thermometre; il doit être de mercure , à
bou enue, tres-petite, afin d'indiquer le plus promptement poflî-
fele les variations de l'air, 11 doit encore être monté en métal, amp;
B
-ocr page 38-afTujetti de maniéré à ne pas faire des ofcillations qui puiflTent
venir déranger le cheveu.
Enfin , on voit en ^ une coche faite au - deflbus du cadre ,
pour marquer le point de fufpenfîon autour duquel Tinftrument
eft en équilibre, amp; fe tient dans une fituation verticale.
Tout l'inftrument doit être de laiton : l'axe de l'aiguille amp;
fon canon donnent cependant des frottemens plus doux , fi oti
les confiruit de métal de clocke ou de matiere dure ( i ).
§. ^ L'étendue des. variations de cet Hygromètre n'effi
guere que la quatrième ou la cinquième partie de celle deamp;
Hygrometres à arbre ; on pourroit l'augmenter en donnant un
plus petit diametre au fegment de poulie auquel eft fixé le
cheveu ; mais alors le cheveu, en fe roulant autour d^elle , fe-
friferoit amp; contradteroit une roideur qui le feroit adhérer au
fond de la gorge. Je ne crois donc pas que l'on doive donner
à cette poulie un rayon plus petit que deux lignes, à moins,
que l'on n'y adaptât une lame d'argent ou quelqu'autre mécha-
nifme -, mais alors l'Hygrometre deviendroit trop difficile à conf-
truire , amp; il exigeroit trop d'attention amp; de foins dc la part de
ceux qui l'emploieroient. J'ai cherché à en faire un inftrument
d'un ufage général, amp; d'un emploi facile amp; commode. On
Étendue
de fes va-
riations.
(O M. Paul, l'vm des Artiftes les
plus diftingués de notre ville, amp; qui eit
capable, non - feulement d'exécuter les
inftrumens les plus délicats , mais de
perfectionner même les idées du Phyfi-
den qui les fait conftruire, a fait pour
îiîoi un grand Hygrometre à arbre amp;
'slulieui-s portatifs, qui ont toute la per.
fedîon dont leur conftruétiôn les rend
fufceptibles.
Le prix de ceux à arbre eft de trois,
louis. Les portatifs coûtent quarante-
deux livres de France avec leur étui, Sl
quinze francs de plus fi l'on fouhaite-
qu'il y joigne un thermometre de mercure
monts fur une plaque d'argqnt,.
rgt; E VHTGROMETRE. EJfai I, Chap. L U
pourra fe fervir de l'Hygrometre à arbre pour les obfervations
qui exigeroient une extrême fenfibilité.
On pourroit auffi augmenter les variations de cet inftrument
en le faifant plus haut, parce qu'alors on pourroit lui adapter
des cheveux plus longs, mais il feroit moins portatif. D'ailleurs
ïî le cheveu eft trop long, le vent, lorfqu'on obferve en plein
air, a trop de prife fur lui, amp; communique ainfi à l'aiguille des
ofcillations incommodes. Il ne convient donc pas de donner à
rinftrument plus d'un pied de hauteur. Lorfqu'il a cette mefure amp;
qu'on lui adapte un cheveu convenablement leffivé, fes varia-
tions , de la fécherelfe à l'humidité' extrême, font de quatre-
vingt amp; même de cent degrés, qui, vus fur un cercle de trois
pouces de rayon , forment une étendue fuffifante pour des obfer-
vations de ce genre. J'en ai même fait conftruire de beaucoup
plus petits pour porter habituellement dans la poche, amp; pour
faire des expériences dans de petits récipiensj ils n'ont que fept
pouces de hauteur fur deux de largeur, amp; cependant leurs va-
riations font encore très-fenfibles.
B 2
-ocr page 40-CHAPITRE IL
préparation du cheveu:
Onduofitc §. 6. Les cheveux ont naturellement un« efpece d'onduofité
Seul^'^quot; qui les préferve jufqu'à un certain point de l'adion de l'humi-
dité , ou qui du moins ralentit beaucoup cette adion..
On peut §. 7. Pour l'es dépouiller de cette onfluofité , amp; l'es rendre
ave^Palkali P^quot;® fenfibles aux alternatives de l'humidité amp; de la fécherelTe,.
j-'employai d'abord du fel alkali cauftique ; mais je trouvai de la-
difficulté à en fixer la dofe : pour peu qu'il y en ait trop , ce-
fel difTout entièrement les cheveux ; amp; s'il y en a- trop peu, ils
ne deviennent pas alfez fenfibles. Ce qui augmente cette diffi-
culté , c'eft que la force de ce fel varie beaucoup, fuivant qu'il
a été plus ou moins bien préparé , amp; que l'on a été plus ou;
moins foigneux à le préferver du contad de l'air qui diminue-
fa caufticité, en l'humeftant amp; en lui rendant de l'air fixe..
Mais le fel §. g. PouR détourner ces fources d'incertitudes.,nbsp;re-
FcféraWç ^ cours au fel de foude cryftaUifé , qui, fous cette forme, contient
conftamment la même quantité d'eau amp; d'air fixe, amp; j'ai: trouvé,,
après bien des tâtonnemens, qulfc^ l'on prend de l'eau pure-
qtt-'on y ajoute fix grains de ce fel par once, cette leffive a:.
mi degré de force tel, qu'en vingt-cinq ou trente minutes,
d'ébullition, elle donne aux cheveux toute la mobilité que l'on:
peut fouhaiter.
Cnoix des §. 9. Les cheveux deftlnés à former des Hygromètres doi;
clweux. ^^^^^ ^J^g ^ ^Jçyj^ ^nbsp;^ couleur eft ijidifférente ^
«î^ cependant paru qu'ea général les blonds réuffilTent mieux
que les noirs; mais ce qui eil: effentiel, e'eft qu'ils aient été
coupés fur une tête vivante amp; faine ; car ceux qui tombent
d'eux - mêmes, ou que l'on coupe après de longues maladies,
tels que la plupart de ceux que les perruquiers achètent dans
les hôpitaux , font fujets à un vice dont je parlerai dans le
Chapitre fuivant. Il eft inutile que les cheveux aient plus d'un
pied de longueur ; il eft même rare qu'on en emploie d'aufli.
longs..
§. 10. Il ne convient pas de leffiver a la fois un volume Détails de
de cheveux qui furpafle l'épaiiïbur d'une plume à écrire. Pour
les alTujettir, pour que l'agitation de l'eau ne les mêle pas, amp;
qu'ils foient également expofés à tadion de la leffive prendf
une bande de toile fine, large d'environ quinze lignes, amp; un
peu plus longue que les cheveux;fTles couà^ dans cette toile
eomme dans un fac, fans les ferrer amp; fans que la toile faffe-nbsp;./ /
plus d'une révolution autour d'eux {-t^l/^pTonge ces cheveux
ainfî renfermés dans un maîras à long col, qui peut contenir
quarante ou cinquante onces d'eau ;■nbsp;à-io^nbsp;'y/i-.-cé^
afin qu€ i'ébullition ne produife pas.une trop grande évapora-
tion^joe-xoncentre-pas-fenfiblement la liqueur.-Je^e^ dans
ce matras trente onces d'eau, dans laquelle4?'fai^^diffoudre
cent quot;quatre-vingts grains trtr-%t--tkntersnbsp;fel de
foude cryftaUifé. Alors ^ fail'chauflfer ce matras jufqu'à l'ébul-
lition de la hqueur ; ^foutien^cette ébullition doucement amp;
/Û*
( i ) Je me contentois d'abord de
1er les cheveux, fans les renfermer ainfi
dans un fac, mais alors leurs extrémités
qui flottoient librement dans la leffive,
amp; ceux qui fe féparoient des autres en
^out. ou en partie, fe trouvant, entour«,
de tous côtés par cette-leffive amp; expofés
immédiatement à fon adion, étoient-
toujours trop leffivés, amp; fouvent le même-
cheveu qui l'étoit trop dans une plaça,,
l'étoit trop peu dans une autre..
uniformément pendant trente minutes, au bout defquelles ^fW
retire le fac amp; les cheveux qu'il renferme, amp; $^les lave foi-
gneuferaent en les faifant bouillir^Weux reprifes pendant quel-
ques minutes dans de l'eau pure.|g découd|( enfuite la toile, amp;
après en avoir retiré les cheveux les agite en divers fens
dans un grand vafe rempli d'eau froide amp; claire pour achever
de les laver amp; pour les détacher les uns des autres. Enfin
les fufpend| amp; les lailfe fécher à l'air.
II. Ce n'eft que quand ils font fees que l'on peut juger
de la réuffite de cette opération. Ils doivent paroître nets, doux,
brillans, tranfparens, bien détachés les uns des autres. S'ils
étoient rudes, crêpés, ternes , opaques, collés enfemble , ce
feroit une preuve certaine que l'on a employé trop de fel en
les leffivant. Il faut bien fe garder de conftruire des Hygrome-
tres avec des cheveux qui aient ces caraderes. Leurs variations
font à la vérité très-grandes ; mais ils s'alongent trop amp; d'une
maniéré irréguliere, fur-tout lorfqu'ils approchent du terme de
l'humidité extrême ; leur état eft prefque celui d'une gelée qui
perd tout fon reffort dans un air humide. Il vaut mieux un peu
moins de fenfibilité amp; un peu plus de foHdité amp; de force.
Il eft rare que l'adion de la leffive ait été la même fur tous
ies cheveux que l'on a préparés en même tems : on reconnoît
à leur plus grande tranfparence ceux qui en ont été le moins
affedés. Si donc le premier qu'on efTaie fe trouvoit trop exten-
fible, il faudroit en chercher un de la même cuite qui fût plu«
tranfparent, amp; vice-venâ.
Caradleres
■des cheveux
leffivés à
propos.
DÉTERMINATION DU TERME, amp;c. EJfai I, Chap. III.
I^ÉTERMINATION DU TERME DE VHUMIDITÉ EXTRÊME.
% Au moment où je commençai à m'occuper de l'Hy- jvio «
grometrie, je vis que , pour obtenir le terme de l'humidité ^'obtYnk
extrême, il falloit plonger l'Hygrometre, non pas dans l'eau, Sdité'quot;
dont l'aâion peut être fur certains corps. fort différente de
celle des vapeurs ; mais dans un air complètement faturé d'eau
amp; par cela même auffi humide qu'il peut l'être. Le moyen le
plus fîmple me parut être de mouiller exaftement toute la fur-
tace mtérieure d'une cloche de verre ou d'un récipient, amp; de
pofer cette cloche fur un plat rempli d'eau. II eft clair qu'un
Hygrometre fufpendu dans ce récipient fe trouve placé dans un
air entouré d'eau de toutes parts • que cet air doit fe faturer de
cette eau , amp; produire fur cet Hygrometre l'effet de la plus
grande humidité poiTible.,
cette cloche , xl arrive quelquefois, fur-tout lorfque l'air du lieu laconferv«.
dans lequel on opere vient à fe réchauffer, que les parois inté-
rieures de la cloche fe deffechent, du moins en partie, qu'alors
1 Hygrometre n'indique plus l'humidité la plus grande poflible,
amp;quil peut même s'en écarter de trois ou quatre degrés. Il faut
donc de tems en tems lever la cloche, l'humefler intérieurement
avec une éponge , amp; la replacer bien vite fur l'Hygrometre • il
marche de quelques degrés vers la féchereffe pendant cJtte
opération, avec quelque dihgence qu'on l'exécute la fit on
niême, comme cela eft poffible, en dix fécondes; mais au
bout de trois ou quatre minutes il retourne à fon terme d'hiK
inidité extrême. Quelquefois auffi, pour éviter ce deOTéchement
momentané , j'humede les parois intérieures de la cloche en
paffant pardelfous fes bords amp; fans les dégager de l'eau dans
laquelle ils trempent, la pointe recourbée d'une feringue rem-
plie d'eau, amp; j'arrofe ainfi toutes les parois intérieures de la
cloche ; mais en employant cette méthode, on court le rifque
de jeter de l'eau iur l'Hygrometre amp; de le déranger ; ainfi je
préféré ce qui eft plus fimple amp; fans inconvénient, de lever la
cloche amp; d'y paffer de l'eau ou de l'humeder avec une éponge.
Effets de §. 14. Le cheveu que l'on a laiffe fécher à l'air après l'avoir
St? furquot;quot;c ^eflTivé, fe trouve ordinairement tortueux ; le poids deftiné à le
cheyeu. tendre ne fauroit le redrelTer tant qu'il eft fee; mais dans un aie
faturé d'humidité , .ce même poids , quoiqu'il ne foit que de
trois grains, le redreffe amp; l'étiré autant qu'il eft néceffaire. A la
vérité, il faut une heure ou deux de féjour dans cette humidité
pour qu'il y prenne tout i'alongement dont il eft fufceptible. Il
faut donc laiffer l'Hygrometre fous la cloche, amp; y entretenir
une humidité conftante jufqu'à ce qu'il ceffe de s'alonger.
Mais fî au bout de cinq ou fix heures de féjour dans cette
humidité extrême, le cheveu ne ceffquot;oit point de s'alonger, ce
feroit une preuve qu'il a été trop fortement leffivé, que l'adion
du fel l'a dépouillé de fon nerf amp; de fa force organique ; il
fàudroit l'ôter pour en fubftituer un moins cuit.
Cheveuxnbsp;Si au contraire on voyoit le cheveu, après s'être
«rétrogrades, plongé jufqu'à un certain point, fe raccourcir fenfiblement,
enforte que l'aiguille, après avoir marché vers l'humidité, rétro-
gradât vers la fécherelTe malgré l'eau amp; les vapeurs que l'on
introduit dans la cloche, cela prouveroit que le cheveu a
été
-ocr page 45-^ '■•quot;VUIDITÉ EXTREME Effa,,,a«,.n, ,,
été trop fortement tiraillé , foit avant- r v ' r /
amp; .1 fandroit également le
que^I^quot;!quot;'quot;'™nbsp;foi,
que je lobfervai: je croyoïs toujours que Pair f. ^ rr' u •
ans Knténenr de la clocKe. i'en,p.oyoisLie'I^uƒ ^^^
pour hunreaer cet air, amp; p,us je le rendois hutnide, Z Z
Cheveu fe contradoit; mais je reconnus enfin que l'on n'obferve
ce vtce que dans les cheveux que Pon a fortement étirés, foit
n s feparant les uns des autres. foit en les nouant, foit enfin
en les chargeant d'un poids trop confidérable.
«a'ntaeîequot;fnbsp;quot;nbsp;quelque
a peu les plaies qu'avoit faites le tiraillement, réunitles panies
eparees amp; raccourcit le cheveu à-peu-près au point où il auroir
f rnbsp;°Péré par rhumidité
ce ^nbsp;^^nbsp;fervir; mais
donc f r ''quot;nbsp;parties; celles-ci
nouveanbsp;^^
comn quot; ' ^^nbsp;humidité furabondante. Or.
fur iTnbsp;«louvemens contraires répandent de l'incertitude
due rnbsp;hygrométriques, il faut rejeter les cheveux
S'être !rnbsp;quot; ^'^ft-à-dire, ceux qui, après
aïonges jufqu'à un certain point dans l'humidité extrême,
raccourciffent dans cette même humidité , lors même que
rempht de vapeurs le lieu où ils font renfermés. Si cependant
C
-ocr page 46-cette contradion ne pafTe pas un degré , on peut bien ne pas
y prendre garde , d'autant qu'il eft très - rare d'en trouver qui
en foient entièrement exempts, amp; que ce défaut produit des
eftéts beaucoup moins fenfibles en plein air que dans des vafes
fermés.
§. tS. Si l'on charge le cheveu d'un poids trop grand rela-
tivement à fa force, mais pourtant pas excelfiffi, par exemple,
un feul cheveu eft chargé d'un poids de douze grains, le tirail-
lement caufé par ce poids ne fe manifefte pas d'abord, l'Hygro-
metre conftruit avec ce cheveu a dans les premiers tems une
marche aflez régulière, mais au bout d'un ou deux ans, amp;
même de quelqaes mois, il s'^étire trop amp; devient fujet à rétro^
grader dans rhiumidité extrême..
C'est ce défaut qu'avoient mes premiers Hygrometres, Se
dont j'ignorois la caufe, qui me fit défefpérer de pouvoir em-
ployer le cheveu à la conftrudion d'un inftrument durable ;
mais depuis que j'en ai reconnu l'arigine , que j'ai trouvé dans
la diminution du poids le remade à ce défaut; depuis fur-tout
que j'ai vu, comme je l'ai dit dans k préface, que des cheveux
confervés pendant cinq ans- dans un lieu fee, étoient exaftement
auffi bons qu'au moment où ils furent préparés, j'ai repris ce
travail avec confiance.
Une autre précaution que j'ai cru devoir employer, c'eft
d'arrêter les cheveux par des pinces à vis, au lieu de les nouer
comme je faifois autrefois, parce qu'il eft bien difficile de ferrer
un nœud fait avec un corps tel que le cheveu, fans courir le
rifque de l'étirer amp; de déranger fon organifation intérieure.
Une chaîne
trop forte
leur donne
ce défaut.
I.ill . -
'i 11.!
■''M-
l'-.i'
'^'ii.-
DE VHVMIDITÈ EXTREME. FJf.ù 1, Chap. Ill
§. 17. Mais il convient de réfumer en peu de mots le pro-
cede que j'emploie pour obtenir le ter,ne d^ l'humidité extrême.
J^ un récipient cylindrique de quinze à feize pouces de
hauteur, far fix à fept de diametre. Pour tenir les Hygrometres '
luipendus dans ce récipient prendinbsp;.ve«=e
pour que W Hygrometre^ fufpendu^ à ce/ crochet/ ne tou-
che« point le plat fur lequel doit repofer le ^-eba^d^lier , amp;
pourtant alTez bas pour que chandelier cha^gi'Mygrome
tre; puiffe entrer dans le récipient; ce fupport-eft très-com
mode, parce que l'on peut y fufpendre quatre Hygrometres à
tois, amp; obferver leur marche à tous en même tems.
Lorsq.u^ veu:t'déterminer le point , d'humidité extrême
dim pMeut^Hygrometre^,^ id accroche .^-ee chan-
delier. qu4»4e place enfuite fur un plat, dont le fond eft cou-
vert de quelques lignes d'eau ; î^mouille bien complètement
avec une éponge tout l'intérieur de la cloche de verre, amp;
fur-le-champ je-Touvre le efe'ndelier amp; Hygrometre/de c'ettc
Cloche, dont le bord inférieur eft ainfi plongé dans l'eau.
Bientôt Id cheveux commenceat à s'alonger, amp; les^Hygro-
«letr^ a marcher à l'humide : je le« obferve au moins de quart
en quart d'heure, en donnant quelques légeres fecouffes à l'ap-
Pareil, pour favorifer le mouvement de l'aiguille, amp; ^note à
c aque fois le degré amp; la fradion de degré qu'elle indique dans
chaqtre Hygrometre.
Si les cheveux ne font pas trop fortement leffivés, au bout
d'une heure. amp; même quelquefois d'une demi - heure, ils ont
Réfumé ne
l'opération.
►y 'Hit^iJi-.cJ
/
: i
. fi' jl
atteint leur plus grande exteniion, amp; par conféquent le terme
de l'humidité extrême : alors on les voit demeurer au même
point, tant que l'intérieur du récipient demeure parfaitement
hmuide. iVIais comme il feroit poffible que les parois inférieures
fe fuffent un peu deffechées, il faut, lorfqu'on vcit les Hygro-
mètre^ ftationnaire.^ , injeder de l'eau dans le récipient, ou le
lever, le mouiller intérieurement amp; le replacer fur les Hygro-
mètres avec toute la diligence poffible. Si le cheveu s'étire tou-
jours de plus en plus, amp; qu'au bout de deux ou trois heures
de féjour dans l'air humide , il ne ceffe point de s'alonger, il a
été trop leffivé, il faut le rejeter amp; en adapter un autre. Si au
contraire il rétrograde de plufieurs degrés vers la féchereffe,
malgré l'humidité foigneufement entretenue dans l'intérieur de
la cloche, il-a-le défaut dont -j'ai parlé plus haut, §. if , il eft
rébrùgaée l il faut encore le rejeter : mais s'il demeure fixe, ou
à-peu-près fixe autour du même point, il eft bon, amp; le degré
le plus élevé auquel l'aiguille foit ailée , eft le terme de l'hu-
midité extrême.
Si l'on defire un inftrument qui mérite la plus grande con-
fiance , il faut, après cette opération , le tirer de deftbus la
cloche , lui faire fubir pendant quelques jours diverfes alterna-
tives d'humidité amp; de fécherelTe, amp; le remettre enfuite fous
la cloche remplie de vapeurs. Si alors il revient au même point,
ou même s'il ne s'en écarte que d'un demi degré, on peut
être affuré que le cheveu adapté à l'Hygrometre eft de la
meilleure quaHté, amp; que le terme le plus haut qu'il ait atteint,
indique bien la plus grande humidité que l'on puilîe jamais
obferver.
^ La chaleur §. i8. Je fais toute cette opération avec de l'eau froide,'
«e change
-ocr page 49-c'eft-à-dire, à la température du lieu dans lequel je me trouve; point le ter.
amp; l'on ne doit pas craindre que les réfultats foient différens Jdté^'^''quot;'''
lorfque l'air eft plus ou moins chaud. Car on peut verfer de
l'eau chaude dans le plat qui fupporte la cloche fous laquelle
font les Hygrometres , fans que les vapeurs chaudes qui s'en
exhalent amp; qui rempliffent la cloche, relâchent le cheveu plus
que ne le faifoient les vapeurs de l'eau froide.. Quelquefois
même, au contraire, on voit les vapeurs chaudes contraflier le
cheveu, amp; faire faire à l'aiguille quelques pas vers la fechereffe.
Mais cela n'arrive qu'aux cheveux viciés par le tiraillement ou
par quelqu'autre caufe, amp; qui par cela même font fujets à rétro-
grader : ces vapeurs abondantes les pénètrent de toutes parts,
les nourriffent, pour ainfi dire , amp; leur rendent pour quelque
tems le nerf qu'ils ont perdu ; ces mêmes cheveux qui éprou-
vent cet effet dans les vapeurs chaudes, l'éprouvent auffi dans
les froides, fi, en injeflant continuellement de l'eau dans la
cloche, on la tient conftamment fuperfaturée de vapeurs. Seule-
ment les vapeurs chaudes produifent-elles cet effet avec plus de
promptitude. Mais des cheveux bien fains amp; leffivés à propos,
ne font nullement contradés par les vapeurs de l'eau , même
bouillante, elles ne produifent pas fur eux plus d'effet que celles
de la froide. Et lors même que les vapeurs, foit chaudes foit
froides, produifent fur un cheveu quelque rétrogradation, je
ne le rejette pas, pourvu que cette rétrogradation ne foit que
d'une moitié ou des trois quarts d'un degré, l'erreur qui peut
réfulter de lù pouvant être négligée dans un inftrument de ce
genre.
On ne doit donc point craindre que la chaleur plus ou moins
grande, foit de l'eau, foit des vapeurs, foit de l'air ambiant,
produife un changement fenfible fur le terme de l'humidité extrême.
Ce n'eft pas que la chaleur ne dilate le cheveu comme elle
dilate tous les corps connus. Nous déterminerons môme, dans
le chapitre V de cet effai, la quantité de cette dilatation , amp;
nous verrons que , bien qu'elle foit aflTez petite pour que l'on
puilTe la négliger fans rifque, on peut cependant en tenir comptç
fl l'on veut employer une exaftitude très-fcrupuleufe.
Mais quant aux vapeurs, elles ne pénètrent, ou du moins
elles n'alongent pas plus le cheveu lorfqu'elles font chaudes que
lorfqu'elles font froides, amp; c'eft-là une propriété du cheveu
bien remarquable , amp; qui le rend bien précieux pour VHygro-
mettie.
DE SECHERESSE EXTRÈ M E, Fßi I, amjgt;. IF. 23
DÉTERMINATION DU TERME DE SÉCHERESSE EXTRÊME.
§. 19. J[l ne fuffit pas d'avoir trouvé un point fixe d'hu- Deffécbe-
midité, il en faut un de fechereffe. On a depuis long-tenis duitparles
penfé à l'obtenir par le moyen des fels qui attirent l'humidité fels.
de l'air. M. Senebier en a fait le plus heureux ufage pour la
graduation des Hygromètres à boyau ; j'avois même auffi em-
ployé ces fels dans le travail que je fis il y a fix ans ; mais je
ne m'étois pas encore pleinement fatisfait, parce que je n'avois-
pas trouvé de critere ou d'indice fur amp; infaillible auquel on
pût reconnoitre fi le point de féchereffe que l'on avoit obtenu,
étoit un terme confiant amp; invariable.
En effet, les alkalis cauftiques, les acides concentrés , les quantité
neutres déliquefcens, dellechent toujours très - fortement l'air pas
dans lequel on les renferme ; mais j'ai cependant éprouvé, que Se.*^^ ^^
fuivant que cet air eft plus ou moins fee dans le moment où
l'on y introduit les fels, fuivant que la quantité de ces fels eft
plus ou moins grande relativement au volume de l'air qu'ils
doivent deffédier, amp; enfin fuivant qu'ils ont été préparés amp;
confervés avec plus ou moins de foins, le degré de fécherefle
qu'ils produifent varie d'une maniéré très - fenfible, Ainfi lors
même que j'avois employé les plus grandes précautions pour
deffécher complètement l'air qui entouroit mon Hygrometre, il
me refloit toujours quelque doute fur le fuccès, amp; fur-tout fur
l'uniformité des effets de mon operation. Mes derniers travaux
ont été plus heureux , j'ai trouvé pour l'Hygrometre à cheveu
un caradere fur de fon delTéchenient parfait, ou du moins d'un
degré de defféchement bien déterminé, amp; qui eLl en même
tems, à ce que je crois, le plus grand dont cette fubltance
foit fufceptible fans fe détruire.
Caradere §. 20. Voici le .fondement de ce critelre : les belles expé-
dudefféche-nbsp;jyj Le Roi ont fait voir que l'air eft un vrai dilfol-
^rnbsp;vant des vapeurs, amp; que la chaleur augmente fa force diOTol-
vante. S'il pouvoit refter quelque doute fur cette vénté, l'Hy-
^ grometre en fourniroit la preuve, aue l'on en renferme un fous
une cloche de verre feche, dans laquelle il ne fe trouve ni eau,
ni aucun corps d'où la chaleur puiffe en faire fortir ; qu'on
obferve le degré auquel l'Hygrometre fe fixe dans cette cloche,
amp; qu'on l'expofe enfuite aux rayons du foleil, ou à une autre caufe
quelconque de chaleur, on verra l'Hygrometre marcher au fec;
qu'au contraire on le porte dans un lieu froid, on le verra aller
à l'humide. Cet effet a Heu tant qu'il refte dans l'air une quan-
tité fenfible d'humidité, amp; lors même que l'adion des fels abfor-
bans l'a delféché à un degré fort fupérieur au plus haut degré
de féchereffe où nous puiffions jamais le voir dans l'athmof-
phere : mais lorfqu'enfin ces fels l'ont totalement dépouillé de
l'eau qu'il tenoit en diffolution, alors l'Hygrometre renfermé
dans cet air ne va plus au fec quand on le réchauffe, ni à l'hu-
mide quand on le refroidit, amp; même, au contraire, la chaleur
agit alors fur le cheveu comme elle feroit fur un corps métal-
lique • elle le dilate, le froid le contrade, il ceffe d'être Hygro-
metre', il devient pyrometre. Mais il faut voir les détails de
cette obfervation.
Détails de §. 21- J'EMPLOIE toujours, pour le defféchement de l'air, le
l'opération, procédé 'que j'ai décrit dans ma lettre k M. Senebier. {Journal
de phyficiue, i778 , Tome J, page 43.) Je choifis un récipient
de
-ocr page 53-be sécheresse extrême. EJfai i, Chap, m gy
de forme à-peu-près cylindrique , le plus petit poffible relative-
ment à l'Hygrometre qui doit y être renfermé; je fais enfuite
courber une feuille de tole en forme d'un demi cylindre, dont
les dimenfions foient telles, qu'il puiffe entrer dans le récipient,
amp; qu'il occupe toute fa hauteur amp; la moitié de fa largeur. Je
place cette tole fur des charbons ardens, je l'échauffé jufqu'à ce
qu'elle commence à rougir, je l'afperge alors de tous côtés,
tant dans fa concavité que fur fa convexité, d'une poudre com,
pofée de parties égales de nitre amp; de tartre crud; je fais enfortc
qu'après la détonation , l'alkaU fixe, qui en eft le réfultat, couvre
toute la furface de la tole, amp; foit également répandu fur elle ;
je calcine ce fel en continuant de tenir la tole à peine rouge
pendant le premier quart d'heure, pour laiflfer au fel le tems
de perdre fa trop grande liquidité qui le feroit couler amp; aban-
donner la tole; mais à mefure que le fel devient moins fufible,
j'augmente la chaleur , amp; je la pouffe jufqu'à ce que le fer amp;
le fel qui le couvrent foient d'un beau rouge de cerife ; j'entre-
tiens ce degré de chaleur pendant une bonne heure ; après
quoi je retire la tole du feu , amp; je la lailTe refroidir jufqu'au
point de ne pas courir le rifque de faire fendre le récipient
dans lequel elle doit être infmuée ; je la place alors encore
chaude dans ce récipient, que j'ai tenu auflî chaud amp; parfaite-
ment fee ; j'y renferme en même tems l'Hygrometre ( i ) amp; ua
thermometre monté en métal, amp; j'empêche la communication
( I ) Pour que l'aiguille aie la liberté
d'aller au fee, il faut, avant cette opé-
ration, lui donner, pjr le moyen de la
vis de rappel m fig. 3 , une pofition
telle, que le terme de rhumidîté extrême
tombe tout près du point le plus élevé
du cadran ; alors le cheveu, en fe con-
tlt;'aa;ant, peut lui faire parcourir toute
l'étendue de ce mé.me cadran.
Qiiand on a plufieurs Hygrometres à
graduer, on peut, comme en détermi-
nant le point d'humidité extrême, les
fufl^endre à un chandelier de verre ou
de métal, amp; en placer ai;ifi trois ou
quatre fous la même cloche.
avec l'air .extérieur, par du mercure, ou ea lutant avec de la
cire molle les bords du récipient.
Au moment où l'Hygrometre eft renfermé avec la tole alka-
lifée, on le voit marcher au fee avec une très-grande rapidité;
quot; je l'ai vu faire, dans les dix premieres minutes, vingt - quatre
degrés: ce qui eft prefque le quart de l'intervalle compris entre
les deux extrêmes d'humidité amp; de lechereOTe; mais peu à peu
fa marche fe ralentit, amp; fur la fin il fait à peine un quart de
degré en vingt-quatre heures. Je laide cet appareil fans y tou-
cher , jufqu'à ce que l'aiguille foit demeurée au moins douze
heures fans faire aucune variation ; feulement ai-je foin de donner
de tems à autre de légeres fecoudes à l'appareil, pour faciliter
le mouvement de l'aiguille amp; lui aider à furmonter les frotte-
' mens amp; la roideur du cheveu. Si la tole a été bien garnie amp;
l'alkali bien préparé, l'Hygrometre fe fixe au bout de deux ou
trois fois vingt-quatre heures.
Alors , comme il feroit poffible que cette fixité vint de ce
qu'il fe feroit établi un équilibre entre la force attraftive du fel
amp; la force dilTolvante de l'air, fans que pourtant celui - ci fût
dépouillé de toute fon humidité , pour écarter ce doute , je
place l'appareil au foleil ou devant le feu ; dans ce dernier cas ,
je le mets à une diftance telle qu'il ne rifque pas d'éclater , amp;
que pourtant il puiflTe s'échaufter jufqu'à quarante ou cinquante
degrés : amp; pour qu'il s'échauffe également de tous côtés, j'ai
foin de le tourner régulièrement, en lui faifant faire un quart de
tour de deux en deux ou de trois en trois minutes , enforte que
toutes les dix minutes l'appareil faiTe un tour entier fur lui-même, (r}
( I ) Au refte , la régularité de ces on veut obferver avec beaucoup d'eiiac-»
révolutions n'cfl néceffaiie que quand titude les effets de la chaleur fuj;
DE SÉCHERESSE EXTRÊME. Ejjhil, Chap. IV.
Ordinairement le premier coup de chaleur, fur-tout fi elle
efl vive amp; brufque, alonge le cheveu amp; fait marcher l'aiguillle
du côté de l'humidité , d'un quart amp; même d'une moitié de
degré, lors même que l'air n'eft pas encore parfaitement def-
féché ; ftins doute parce qu'il faut moins de tems pour que la
chaleur pénétré amp; dilate un corps aufli mince qu'un cheveu ,
qu'il n'en faut pour qu'elle réduife en vapeurs l'humidité qu'il
contient encore , amp; pour que l'air ambiant puilFe abforber ces
vapeurs. Si donc il refte de l'humidité, foit dans le cheveu, foit
dans l'air, fi l'un ou l'autre eft éloigné, ne fût-ce que de trois
ou quatre degrés du point de deflTéchement extrême, on verra
la même chaleur, foutenue pendant deux ou trois heures, faire
rebrouffer chemin à l'aiguille, amp; la faire marcher vers la féchereffe.
Si au contraire le cheveu amp; l'air qui l'entoure font parfaite-
ment fees, on verra le cheveu s'alonger conftamment amp; même
proportionnellement à l'intenfité de la chaleur qu'on lui appli-
que ; amp; fi on tranfporte l'appareil dans un lieu froid, on verra
le cheveu fe contraéler avec la même régularité. Cependant,
comme un cheveu ifolé fe réchauffe amp; fe refroidit incompara-
blement plus vite que le thermometre même le plus fenfible ,
fes dilatations amp; fes contradions devancent toujours de beau-
coup celles du thermometre.
Mais ce qu'il faut fur-tout foigneufement obferver, c'eft que
quand le cheveu eft parfaitement defféché, fî, après l'avoir for-
tement échautfé, on le fait palfer à une température moyenne,
il retourne toujours précifément au même degré ; au lieu que
s'il lui refte encore de l'humidité, cette même température le
cheveu ; car fi l'on n'a d'autre but que
^e graduer l'Hygrometre , il n'y a aucun
inconvénient à ce que l'un des côtés de
l'appareil s'échauffe plus que l'autre,
ramene à des degrés de féchereffe contmuellement plas grands.
Je reviendrai à ce fait dans le §. 30.
Contrac- §• 2 2. Il m'a paru intéreffant de favoir fi cette contradion
tionduché- pyrométrique du cheveu, s'obferveroit encore dans des degrés
trTs -^grand de froid qui pafferoient le terme de la congélation. J'ai placé
tout l'appareil, c'eft-à-dire, l'Hygrometre renfermé dans fa
cloche avec fa tole alkalifée, fon thermometre amp; fon air par-
faitement defféché ; j'ai placé , dis-je , tout cet appareil fous une
grande cloche de verre, amp; j'ai couvert amp; entouré cette cloche
d'un mélange de glace amp; de fel marin. Lorfque le froid a eu
bien pénétré tous ces corps, j'ai retiré l'appareil de deffous la
cloche , amp; j'ai trouvé que le mercure dans le thermometre
s'étoit condenfé jufqu'au douzième degré au-deffous de la glace
fondante, tandis que le cheveu, en fe contradant auffi, avoit
fait marcher l'aiguille d'un demi degré vers la féchereffe. Lorf-
que l'appareil fe fut rechauffé amp; fut revenu à la température
qu'il avoit avant d'être plongé dans la glace , c'eft-à-dire, à dix
degrés au-deffus de la congelation, le cheveu fe dilatant aufîl,
ramena l'aiguille exadement au point où elle avoit été.
Signe.s _ §,23. L'alongement du cheveu par la chaleur eft donc le
d'une opé- . ^^ defféchement parfait : ainfî le degré qu'indique l'ai-
ration man..nbsp;^nbsp;,nbsp;,nbsp;.
laéc,nbsp;guille dans cet état du cheveu amp; a une temperature qui appro-
che du tempéré, eft, dans mes Hygrometres, le terme de la
féchereffe extrême.
Qjjand on a fuivi avec foin le procédé que je viens de dé-
crire , on obtient infaiUiblement amp; ce terme amp; fon critere. Mais
lorfque l'on a commis quelque négligence, on voit le cheveu
renfermé avec la tole alkalifée conferver toujours quelque ten-
dance à s'alonger par le froid amp; à fe contrader par la chaleur.
Si au bout de fept ou huit jours cette tendance ne diminue
pas fenfiblement, il eft inutile d'attendre plus long-tems, l'opé-
ration eft manquée, il faut la recommencer.
§. 24. La même tole, une fois qu'elle eft bien garnie de
fels, peut fervir à un grand nombre d'opérations ; mais il fart
chaque fois la calciner de nouveau pour lui enlever l'humidité
qu'elle a reprife. On peut alors lui donner une chaleur plus
forte amp; plus brufque, parce que le fel a perdu la grande fufî-
bilité qu'il a d'abord après fa détonation. Et fi l'on veut con-
ferver pour long-tems cette tole garnie de fels, il faut la ren-
fermer dans une cloche de verre luttée avec de la cire , fans
quoi i'alkali fe détache par plaques ou fe réfout en hqueur.
§. J'aurois defîré de rendre cette opération plus facile^
amp; d'éviter aux Phyficiens qui voudront conftruire des Hygro-
metres d'après ces principes , la peine de cette calcination. J'ai
effayé l'huile de vitriol concentrée, amp; la terre foliée de tartre
qui abforbent l'humidité de l'air avec une très - grande force,
amp; même avec plus de promptitude que le fel de tartre ; mais
je n'ai point pu obtenir avec ces fels le degré de fécherelfe
extrême que j'obtiens fûrement avec le fel de tartre calciné ;
amp; les Hygrometres gradués avec le fel de tartre , lorfqu'on les
expofe à l'adion de ces fels reftent toujours de trois ou quatre
degrés en-deçà du terme de la féchereffe extrême.
Au refte, cette opération n'a rien de bien embarralTant, il n'eft
befoin d'aucun fourneau ; on peut la faire avec du charbon fur
l'âtre d'une cheminée ordinaire ; amp; quand une fois on a un Hy-
grometre gradué diredement par cette méthode, il peut fervir
comme je le ferai voir dans le chapitre VI, à en graduer
d'autres par comparaifon.
La même
tole pent
reffervir.
D'autres
moyens ne
donnent pas
le même de-
gré de fér
chereffc.
so des variations PTROMÉTRIdÜES
CHAPITRE V.
DES VARIATIONS PTROMÉTRIQUES DU CHEVEU.
§• 26quot;. Le procédé que je viens de décrire nous fournit donc
un des extrêmes des variations de l'Hygrometre ; mais il a
encore un autre avantage , c'eft qu'il nous met en état de
connoître amp; de mefurer même les effets de la chaleur fur le
cheveu ; effets que l'on ne peut point déterminer lorfqu'il n'eft
pas entièrement defféché. Car tant que le cheveu, ou tout autre
corps de ce genre , contient de l'humidité , la chaleur produit
fur lui tout à la fois deux effets contraires, les particules du
feu s'infmuent entre fes parties élémentaires, les écartent amp;
dilatent le cheveu , pour ainfî dire , pyrométriquement ; mais
dans le même tems la chaleur volatilife amp; entraine hors de lui
des particules d'eau, qui laiffant vuides les places qu'elles occu-
poient, lui permettent de fe contraéler hygrométriqucment. Or,
les eftets de ces deux caufes , qui fe croifent amp; fe modifient
mutuellement, ne peuvent point être appréciés, à moins qu'on
ne les fépare pour les obferver indépendamment l'un de l'autre.
Et c'eft ce que l'on peut faire, lorfque le cheveu eft. complè-
tement defféché , parce qu'alors la chaleur ne produit plus fur
lui de contradion hygrométrique.
§. 27. Ainsi, puifque dans l'expérience que j'ai rapportée à I3
fin du chapitre précédent, un cheveu parfaitement defféché,
en paffant d'une température de dix degrés au - deffus de la
congelation à un froid de douze degrés au-deffous de ce même
ternie, s'eft contradé de maniéré à faire décrire un demi degré
de cercle à l'aiguille qui lui eft attachée, il fuit de-là qu'un degré
On peut les
apprécier
dans un air
complète-
ment deffé-
ché.
Mefure de
ces varia-
tions,
DU ClH E V I^U. Effai 1, llMf. F.nbsp;3,
de chalem-. n,ef„ré par le thermometre de mercure, dilate le
cheveu d-u„e qualité q„i fait parcourir h l'aiguille la quarante-
quatneme partie d'un degré, o„, ce qui revi;„t at, même . ce
degré de chaleur dilate le clieveu d'ettriron dix-neuf millionie-
nies dc fa longueur totale.
Lt calcul en eft facile. Le cheveu s'enveloppe autour d'une
portion de poulie à laquelle eft fixée l'aiguille de l'Hygrometre-
tnbsp;quot; quot;quot;quot;quot;nbsp;'■quot;Squot;«'-,
qnenbsp;amp; po„,ie d,.„ive„t toujours des arcs de cercle
f^r T Pquot;quot;'nbsp;d'un degré, il
h t que la poulie fe meuve auffi d'un degré, amp; que par coufé.
q .ent le cheveu s'alonge ou fe raccourciffe de la longueur d'un
ploti ^nbsp;''Hygrometre que j'en,-
p oy . a ces expeneuces. avoit trois lignes de rayon ; donc fon
laïuil e Tnbsp;quot;ïquot;'»
ong CI n,o,tte de cette quantité, c'eft-à-dire . de o.c.rg
liLÏI d - Tquot;quot;' quot;nbsp;foixante. trois
d tloT:nbsp;™nbsp;quot;quot;'iioniemes
2 fa longueur: cet alongement a été l'effet de vingt-deux degrés
d chaleur; d'où il fuit que C les dilatations pyrométriques du
eveu lont toujours proportionnelles aux diiKrens degrés de
na eur qu',1 éprouve, un cheveu pareil à celui-là, amp; monté
maniéré, fe dilateroit d'environ dix-neuf millio
n.emes de fa longueur totale pour chaque degré du thermometre
Znbsp;^ b -
^ante eft divife en quatre-vingts parties.
çgg Leur rap-
port avec les
38. Mais ce qu'il y a de plus intéreffant à déduire de
-ocr page 60-. . calculs, c'eft la determination précife de la corredion qu'il faut
variationsnbsp;i rr^ / vnbsp;r
hygrométrU employer pour la chaleur. Un cheveu lelhve a propos, en pai-
fant de la féchereffe extrême à l'humidité extrême , s'alonge de
0.024Î de fa longueur totale. Or, comme je divife cet alon-
gement en cent parties qui forment les degrés de l'échelle
hygrométrique , un degré de l'Hygrometre indique une varia-
tion de o,ooo24V de la longueur totale du cheveu. Donc ,
puifqu'un degré de chaleur alonge ce même cheveu de 0,000019
de fa longueur, l'effet de ce degré de chaleur, exprimé en degrés
de l'échelle hygrométrique , eft égal à environ à ij, ( i )
3S
ques.
( I ) Pour donner à ces calculs tout®
l'exadicude dont ils font fufceptibles, il
faudroit tenir compte ds la dilatation
du métal ou de la matière quelconque
qui forme le cadcc de l'Hygrometre,
puifque les variations du cheveu font
nécelTairement modifiées par celles du
cadre qui le porte. Si le cheveu n'étoit
ni alongé ni raccourci par la chaleur, amp;
que le' cadre feul fût affecté par cet
agant, il eft clair que ce cadre, en fe
dilatant, tireroit le cheveu amp; feroit mar-
cher l'aiguille du côté de la fécherelTe ;
fl au contraire amp; le cadre amp; le cheveu
étoient dilatés parla chaleur précifément
de la même quantité, l'action exercée
fur le cheveu compenferoit exadement
celle qui feroit excrcée fur le cadre ; amp;
par conféquent on n'obferveroit dans
l'Hygrometre aucune variation pyro-
métrique. Si enfin, amp; c'eft ce qui arrive
cn effet, le cheveu étoit affecté par la
chaleur, plus que le cadre qui le porte,
il pavoitroit s'alonger par la chaleur amp;
fe raccourcir par le froid ; amp; fon alon-
gement vrai feroit la fomme de fon
alongenisnt apparent, amp; de celui qu'é.
prouveroit la partie correfpondante de
fa monture. Si l'on veut donc connoître
la quantité dont un cheveu eft réelle-
ment alongé' par un degré de chaleur,
il faut ajouter aux dix - neuf m.illionie-
mes de fa longueur dont ce degré le
dilate, la quantité dont le cadre fur le-
quel il eft monté s'alonge par cette
même chaleur. M. Herbert , qui paroit
avoir fait fur la dilatation des métaux
les expériences les plus exactes, luppofe
dans fa diflertation fur le feu, p. 14 amp;
I ^ , que de la glace fondante à l'eau
bouillante l'étain fe dilate d'une quatre
cents foixantc dix-feptieme de fa lon-
gueur; cc qui donne environ vingt-fix
millionièmes pour un degré du thermo-
metre. H fuit de - là que la dilatation
réelle du cheveu pour un degré de ther.
mometre eft de 19 26, ou d*.qua-
rante - cinq millionièmes de fa lon-
gueur.
Une conféquence pratique qui découle
de ces confidérations, c'eft que les va-
riations pyrométriques apparentes du
cheveu, étant proportionnelles à l'excès
de fes variations réelles fur celles de fa
monture, plus cette monture fera affec-
tée par les variations du froid amp; du
chaud, amp; moins le cheveu paroîtra af-
feaé par ces variations, fi, par exemple,
comme nous l'avons vu plus haut, il
faut treize degrés de chaleur pour dilater
C'eft-
-ocr page 61-DU CHEVEU Efail, Chap. V.nbsp;33
C'eft-à. dire, qu'un degré de chaleur alonge le cheveu d'une
quantité qui équivaut à-peu-près à la treizieme partie d'un degré
de l'echelle hygrométrique, quantité que l'on peut négliger dans
les obfervations courantes, amp; dont on pourroit aifément tenir
compte dans des obfervations déhcates amp; importantes, fi du
moins il eft permis de fuppofer que la chale.ur dilate toujours
le cheveu fjivant la même loi, dans les divers degrés d'humi-
dité dont il eft fufceptible. Mais je confidérerai de nouveau les
effets de la chaleur fur l'Hygrometre dans le chapitre V du
llà effai, amp; je donnerai là une table qui difpenfera pour l'ordi-
naire de l'ulage de ces corredions.
La même épreuve , répétée à d'autres degrés de chaleur, a
aonne a-peu-près les mêmes réfultats. Une fois, par exemple, le
même Hygrometre, en paftant de trois degrés au-deffus de zéro
a trente-fix au-deffus du même terme , varia des trois quarts
d'un degré du cercle que décrit l'aiguille , ce qui revient à un
degré de cercle pour quarante-cinq de chaleur, amp; dans l'expé-
nence qui a fervi de bafe h nos calculs, quarante-quatre degrés
avoient produit le même effet.
le cheveu d'un degré de l'échelle hy-
grométrique , lorfque l'Hygrometre efl
nionte fur de l'étain, il ne faudra que
«« degrés un tiers de chaleur pour le
dilater de la même quantité lorfqu'il
lera monté fur du laiton, parce que la
dilatation du laiton par un degré de
chaleur n eft que de vingt-deux milh'o-
memes. De même il ne faudra que huit
degrés de chaleur pour alonger le che-
■^■eu d'un degré lorfqu'il fera monté fur
fer, amp; enfin il n'en faudroit que fept
étoit monté fur du verre. L'étain
eroit donc le métal le plus convenable
pour fervir de montar- à un inftrument
de ce genre; mais comme il eft trop
flexible, j'ai confeillé l'ufage du laiton,
qui réunit toute la folidité néceffaire à
une dilatabilité affez grande pour que
dix degrés un tiers de chaleur ne pro,
duifent qu'un degré d'écart fur l'Hygro.
metre. .J'ai répété les expériences oui
fervent de bafe à ces calculs avec des
Hygrometres montés, les uns en fer amp;
les autres en laiton, amp; j'ai trouvé les
memes réfultats avec une prédfion que
je n aurois pas ofé efpérer dans un fujet
de ce genre.
E
-ocr page 62-§. 29. Mais il faut bien obferver que les variations pyro-
métriques du cheveu n'atteignent la plus grande étendue dont
elles foient fufceptibles, que lorfque le cheveu amp; l'air- qui l'en-
toure font parfaitement deiféchés. Car tous ces changemens
fe font par gradations. Lorfque le delTéchement eft encore,
éloigné d'être parfait, la chaleur contrade le cheveu ; fi la féche-
reffe augmente , le cheveu devient de moins en moins fufcep-
tible d'être contradé par la chaleur ; amp; il arrive ainii peu à peu
au terme où la chaleur ne le contracte plus. Ce degré eft environ
le cinquième de mon échelle. Là l'Hygrometre demeure pen-
dant quelque tems ftationnaire , amp; ne fait aucune variation lors
même que la chaleur augmente fenfiblement, parce qu'il refte
alors précifément affez d'humidité pour que la contradion que
caufe la chaleur en., defféchant le cheveu , compenfe exade-
ment la dilatation, produite, par cette même chaleur , ou en
d'autres termes-, parce que le volume des. particules, de feu qui
entrent alors dans le cheveu, eft égal à celui des particules
d'eau qui en fortent. Enfin, lorfque l'humidité eft encore plus
diminuée, la dilatation pyrométrique commence à. l'emporter,
fur la contradion hygrométrique , amp; cette dilatation s'accroît
jufqu'à ce que le cheveu amp; l'air dans lequel il eft renfermé
foient parvenus au plus haut point de féchereffe où notre pro-
cédé puiffe les conduire. ( i )
Gradations
dans l'éten-
due de ces
variations.
( I,) Quand je dis que l'Hygrometre,
lorfqu'il eft defféché jufqu'au cinquième
degré, ne fait pendant quelque tems-
aucune variation par la chaleur, il faut
fe rappeller ce que j'ai dit amp; expliqué
dans le 21 , que quand il approche du
terme de la iechereffe extrême, le pre-
mier effet de la chaleur eft toujours de
l'alonger. Lors donc qu'il eft environ à
dnq degrés, iS: qu'on lui applique fubi-
tement quinze ou vingt d«grés de cha«
leur, il s'alonge d'abord de près de trois-
quarts de degré, puis, fi la chaleur fe.
foutient fans relâche , il retourne peu k
peu au point d'où il eft parti, amp; y de-
meure ftationnaire pendant une heure,
ou deux ; après quoi il commence de
nouveau à marcher au fee, comme.je-
viens de, le dire.
DU C H E V E U. Efai I, Chap. r.nbsp;3f
30. Mais on obfervera peut-être que toutes ces nuances Réponfe à
doivent rendre incertain le figne que j'ai indiqué pour recon-
noitre le point de la fécherelTe extrême, puifqu'il en réfulte
que le cheveu peut être dilaté par la chaleur, fans être pour-
tant parvenu au terme d'un defféchement parfait.
Je répondrai à cette difficulté, que Terreur qui peut réfulter
de là, n'excédera jamais un ou deux degrés au plus , amp; que,
comme le terme du delféchement que j'obtiens par mon pro-
cédé va fort au-delà du plus haut degré de fécherelTe que l'on
«bferve jamais à l'air libre, cette erreur n'a que peu d'influence
fur les obfervations météorologiques auxquelles l'Hygrometre
eft principalement deftiné. D'ailleurs ü l'on eft curieux d'une
exaditude extrême, on peut toujours éviter cette erreur, en
examinant fî la dilatation pyrométrique du cheveu a bien
atteint fon maximum, tel que je l'ai défîgné §. 21. Mais un
moyen plus fûr encore, eft de faire fubir à l'Hygrometre ren-
fermé avec les fels, plufieurs alternatives de chaud amp; de froid,
amp; d'obferver fi en revenant a une température moyenne il
retourne toujours exadement au même point. Car s'il refte
encore de l'humidité dans le cheveu , la chaleur la volatilife amp;
fur-le-champ les fels s'en emparent pour ne la rendre jamais, fî
du moins ils font bien préparés ; amp; ainfi l'Hygrometre , en fe
refroidifTant, Te trouve plus au Tec qu'il n'étoit avant qu'on l'eût
réchauffé. Ces alternatives de chaud amp; de froid fervent donc
en même tems amp; à connoître fî l'Hygrometre eft bien parvenu
au terme de la féchereffe extrême, «amp;; à le conduire à cet extrême
lorfqu'il ne l'a pas encore atteint.
§. 31. Au refte , lorfque j'emploie les expreffions àt féchereffe ce qu'il
extrême, ou de defféchement parfait, je ne prétends point que
E 2
-ocr page 64-dré par fe- l'air foit abfolimieut dépouillé de toute i'eatj qu'il peut contenir;
chereffe ex- indépendamment de celle qui conftitue vraifemblafclemient
traîne.nbsp;^
un de fes éléments, il pourroit en refter encore quelque por-
tion , tellement unie avec lui, que les fels abfoibans n'auroient
point la force de la lui enlever ; Se je ferai même voir dans la
théorie que je donnerai de l'Hygrometrie, qu'un abforbant ,
quelle que foit fa puilfance, ne peut jamais dépouiller un corps
de toute fon humidité. J'emploie donc ces expreffioiis pour
défigner la féchereffe la plus grande que Ton puiffe produire
par le moyen des fels, amp; celle que j'ai obtenue par leur moyen
eft efiédivement la plus grande que l'on ait produite, ou du
moins obfervée jufqu'à ce gt;our.
Les mêmeamp; §. 3 z. Ces recherches fur le deffifchemenî m'ayant acheminé,
tenLwaL comme on vient de le voir, à des expériences fur les varia-
l'humidité tions pyrométriques du chevett, dans un état de féchereffe
parfaite, j'aurois defîré de répéter ces mêmes expériences fur le
cheveu parfaitement faturé d'humidité ; mais j'ai rencontré de
très-grandes difficultés. Il feudroit pour cela tenir l'Hygrometre
dans un vafe rempli de vapeurs, amp; l'expofer alors fiîtceffive-
ment à l'adion de la chaleur amp; à celle du froid. Or, première-
ment , en réchauffant ce vafe, il eft très - difficile, pour ne pas^
dire impoffible , de le tenir conftamment faturé de vapeurs, amp;
pour peu qu'il s'écarte de la faturation parfaite , la chaleur fait
fur-le-champ marcher l'Hygrometre vers la féchereffe, amp; trouble
ainfî l'expérience ; enfuite , fi on laiffe refroidir ce même vafe,
rinftrument fe couvre d'une abondante rofée qui gêne les mou-
vemens de l'aiguille, amp; rend même fes indications infideles à
caufe du poids dont elle la charge.
J'AI bien effayé de tenter ces mêmes épreuves, en plongeant
oxtreme.
îe cheveu dans de l'eau à laquelle je faifois fubir différentes
températures. Cette opération fe fait très-commodément avec un
de mes grands Hygrometres à arbre. (77. I, jig. x.) 11 n'y a
qu'à prolonger jufqu'au-deffous du cadran la lame d'argent qui
fe roule autour de l'arbre, amp; alors on peut plonger le pied de
l'inttrumentamp; tout le cheveu dans l'eau, fans mouiller ni l'arbre
ni le cadran. Mats j'ai rencontré ici un nouvel obftacle ; l'eau
qui entoure, mouille amp; pénétré le cheveu, fait, pour ainfi dire,
corps avec lui, amp; par fa vifcofîté elle le retient amp; gêne fes
mouvemens, de maniéré que l'aiguille de l'Hygrometre demeure
indifférente Bc fe fixe où on la place , dans une latitude de dix
ou douze degrés de cet Hygrometre, qui répondent h un amp;
demi ou deux degrés de l'Hygrometre à pouHe , amp; par confé-
quent on ne peut répondre de la précifion de ces expériences
que dans cette latitude.
Il paroît naturel de penfer que le cheveu faturé d'eau doit
fubir des variations pyrométriques à-peu-près auffi grandes
que celles qu'il épreuve lorfqu'il eft complètement dépouillé
d'humidité Cependant je puis alfurer ce que j'ai déjà affirmé
18 , que la plus ou moins grande chaleur du vafe dans lequel
on fixe le terme d'humidité extrême d'mi Hygrometre à cheveu,
fte chànge point fenfiblement la place de ee terme.
CHAPITRE VI.
graduation de r h t g r o m et re.
Échelle de §.3 3- A^R^s avoir déterminé les termes extrêmes d'humi-
«ent degrés, jjité amp; de féchereffe , il ne refte plus qu'à divifer leur intervalle
en un nombre conftant de parties égales, pour avoir des degrés
correfpondans d'humidité ou de féchereffe. J'ai adopté le nombre
cent parce que je crois que dans les divifions abfolument
arbitraires, il faudroit autant qu'il eft poffible prendre des puif-
fances de dix, à caufe de la facilité qu'elles donnent dans les
calculs.
Je place le zéro au terme de la féchereffe, amp; le nombre cenÉ
à celui de l'humidité extrême. Lors donc que l'aiguille monte
amp; pai-vient à des degi'és plus élevés, ou plus yoifins du nombre
cent, elle indique l'accroiffement de l'humidité.
pourquoi Je me fuis écarté en cela de la notation admife dans la plu-
nart des autres Hygrometres, où les degrés en croiffant indi-
rfSu- quent l'augmentation de la féchereffe. En général, je n'aime pas .
les innovations dans les fignes arbitraires mais j'ai cru devoir
fuivre ici l'analogie la plus générale amp; la mieux raifonnée, qm
prefcrit de marquer par des nombres croiffans l'accroiflfement
Lue fubftance réelle. Or l'eau fufpendue dans l'air ou renfermee
dans les pores du cheveu, eft une fubftance pofitive , au heu
que la féchereffe qui n'eft que la privation d'humidite , eft une
quantité purement négative. D'ailleurs le nom meme de linftru-
Lnt indique qu'il eft la mefure de l'humidité amp; non de la
féchereffe. La raifon qui a, je crois, déterminé a marquer en plus
DE r H r G R 0 M E T R E. Efai I, Cîmp. VL
les accroiffemens de la féchereffe. c'eft que, comme le baro-
metre amp; le thermometre montent ordinairement par le beau
tems, on a voulu que dans ,1a même circonftance l'Hygrometre
marchât auÛÎ dans le même fens. Mais cette raifon eft trop foible
^pour balancer, du moins à mes yeux, celle que je viens d'allé-
guer , d'autant plus que le barometre amp; le thermometre font
aufli fournis à l'analogie générale qui m'a déterminé ; leurs nom-
bres croiffans indiquent les accroiftbnens de deux fubftances
pofitives , l'air amp; le feu.,
§. 34. Lors donc que l'on a obfervé les points fur lefquels Différentes
tombent les extrêmes d'humidité amp; de féchereffe, il faut placer
le zéro au terme de la féchereffe, le nombre cent à celui de l'hu- Sï'
midité, amp; divifer en cent parties égales l'arc de cercle compris
entre ces points. Mais , comme il feroit impoffible de tracer
cette divifîon fur le cadran tandis qu'il eft fixé à l'Hygrometre,
fans courir le rifque d'ofFenfer le cheveu , le cadran ne doit être
affujetti au cadre que par des vis, de maniéré que l'on puifle
le dégager fans déranger le cheveu, amp; il ne faut graver aucune
divifion fur ce cadran avant d'avoir déterminé les extrêmes
d'humidité amp; de féchereffe ; mais comme on a pourtant befoin
de quelque marque à laquelle on puiffe reconnoitre les points
du cadran fur lefquels tombent ces extrêmes, il faut, avant de
polir amp; de blanchir la furface du cadran, tracer fur cette furface,
avec un crayon , des divifîons quelconques, fixer à I Hygrometre
le cadran ainfi divifé, déterminer, comme nous avons enfeigné
à le faire, les termes extrêmes d'humidité amp; de féchereffe amp;
îîOter à quels points de ces divifions poftiches répondent 'ces
termes; feparer alors,le cadran- de l'Hygrometre , marquer d'un
trait indelebile les points extrêmes, polir enfuite le cadran,,
graver fur lui des divifions permanentes qui foi-nt des centiemes
de l'intervalie entre les deux extrêmes , amp; le fixer etifin pouc
toujours à l'Hygrometre. En te plongeant pour quelques mo-
mens dans les vapeurs, on verra bientôt fi- l'on a bien placé le
terme de l'humidité, amp; ii le cheveu n'a point été dérangé par
ces opérations.
Pour moi, comme je changeois fouvent les cheveux de mes
Hygrometres, amp; que plus fouvent încore les expériences variées
Se les violentes épreuves auxquelles je les expofois mettoient
les cheveux hors d'ufage, il eût été trop embarrailant de faire
graver pour chacun d'eux des divifions nouvelles ; ainfî je lailTe
toujours le même cadran-, divifé comme celui de la fig. 2 en
cent d'egrés du cercle dont l'aiguille eft le rayon , amp; lorfque
j'ai- obfervé ceux de ces degrés auxquels répondent les termes
de féchereife amp; d'humidité extrêmes , je dreffc une table qui
m'apprend quel eft pour chaque degré de ce cadran perpétuel
le degré çorrefpondant de la divifion en cent parties. Si, par
exemple, j'ai obfervé que le terme de la féchereffe extrême tombe
furie dixième, amp; celui de l'humidité fur le quatre-vingt-cinquieme,
je marque fur ma tablé que le dixième degré de ce cadran
répond au zéro de la divifion générale, que le quatre - vingt-
cinquième répond au centieme ; amp; divifant cent par foixante-
quinzé, je vois que chaque degré du cadran vaut un degré amp;
un tiers dè la divifion en cent parties, qu'ainfi le treizieme du
cadran correfpond au quatrième de la divifion générale ; le fei-
zieme au huitième, le dix-neuvieme au douzième, amp; ainfî des
autres.
Les grands Hygrometres à arbre , fig. i , peuvent auffi être
divilés fuivant la premiere méthode, en fàifant le cadran amo-
vible , amp; rétentiue de leur marche permettra de marquer les
quarts
-ocr page 69-quarts ou même les cinquièmes des degrés de la divifîon en
cent parties. On peut auffi , comme je le fais , laifler toujours
le même cadran divifé en trois cents foixante degrés, amp; dreifer
une table qui indique à quel degré amp; à quelle fradion de degré
de ia divifion en cent parties répondent les degrés de ce cadran
perpétuel.
§. 3T. Lorsclu'une fois on a un Hygrometre bien conflruit, Graduation
rien n'eft plus facile que d'en graduer d'autres par comparaifon.
Comme le point d'humidité extrême eft très - facile à déterminer
amp; n'exige aucun appareil •embarraUant ; que d'ailleurs il faut
îiéceffairement que le cheveu, après avoir été adapté à l'inftru-
ment, féjourne dans un air faturé de vapeurs pour y prendre
toute l'extenlîon dont il eft fufceptible , ce terme doit toujours
être déterminé immédiatement; mais celui de la fécherelfe qui
exige une opération plus pénible peut s'obtenir par comparaifon.
Il faut pour cela attendre un tems ou choifir un lieu où l'air
foit le plus fee poifible, parce que l'erreur que l'on pourroit
commettre dans la comparaifon, aura d'autant moins d'influence
que les inftrumens feront plus voifms du terme que l'on veut
obtenir. L'Hygrometre que l'on veut graduer doit être placé à
côté de celui qui l'eft déjà, fous une cloche de verre dont
l'entrée foit interdite à l'air extérieur par du mercure ou de la
cire molle, amp; il faut les laifter ainfi plufieurs heures de fuite
dans la même température jufqu'à ce que l'on n'apperçoive plus
dans l'un ni dans l'autre aucune variation. Ce point commun
bien obfervé dans les deux inftrumens, fuffira pour déterminer
tous les autres par de fimples proportions.
On peut même fe difpenfer de renfermer les Hygrometres
F
-ocr page 70-dans une cloche, amp; les expofer fimplement en plein air on an
foleil l'un a côté de l'autre , pourvu que ce foit dans un tenw
où l'Hygrometre foit à-peu-près ftationnaire, parce que s'il fs
faifoit des variations rapides-, amp; que l'un des deux fût plus
mobile que l'autre, ils n'indiqueroient pas dans le même moment
des points correfpondans de leur échelle..
§. 35. Pour faire cette opération avec plus de fûrete, if
convient de commencer par placer les deux Hygrometres dans
un lieu trèamp;-hnmide , amp; de les porter enfuite de là tous deuï
en même tems dans l'air fee; ce féjour dans Pair humide leur
donnera à tous, deux une égale mobilité, amp; mettra une parité
parfaite dans les effets que l'air fee. produira fur eux.
§; 37. Car c'eft un défaut commun k Ik plupart des Hygrd-'
metres, de perdre un peu de leur fenfibilité lorfqu'ils féjournent
pendant long-tems dans un air très-fec ; il femble que leurs parties
rapprochées par l'abfence de l'eau qui les féparoit, s'uniifent
entr'elles avec plus de force , amp; contraélent une adhérence qui
les rends moins promptes à admettre où à laiffer échapper de-
nouvelles molécules d'eau. Mais un quart-d'heure ou une démit
heure de féjour dans un air très-humide , fuffit au cheveu pour
perdre cette adhérence amp; pour recouvrer toute- fa. mobilité.-
Précaution
qui rend
cette opé-
ration plus
fîjre.
Kaifon de
cette pré-
caution.
Cette précaution eft fur- tout néceffaire lorfque le cheveu
vient d'être porté au terme de la fécherefle extrême ; alors, avant
de l'employer .à des obfervations, il convient de le placer dans
un air faturé de vapeurs, jufqu'à ce qu'il foit retourné au poiiït
de l'humidité extrême^
Accord ob-
§. 38. Des Hygrometres à cheveu, cdnftruits avec foin fur
-ocr page 71-DE r H T G R 0 M E T R E EJfé I, Chap. VI. 43
ces principes, marchent toujours d'une maniéré à très-peu près fervé entre
uniforme ; je ies ai rarement vus différer de plus de deux ou
trois degrés de la divifion en cent parties , j'en ai même conf-
truit dont la différence ne pafToit pas un degré, même en
paffant de l'air le plus humide dans le plus fee, amp; réciproque-
ment. Or, je ne connois aucun Hygrometre avec lequel on
puifle fe flatter d'une plus grande précifion, amp; fûrement n'en
€Xifte-t-il aucun fufceptible d'une graduation réguliere, amp; dont
les variations foient à beaucoup près auffi promptes.
Mais il faut le voir en adion ; c'efl à quoi font deftinées les
expériences que renferme l'effai que l'on va lire, amp; c'eft d'après
ces expériences que l'on pourra juger du mérite de cet inftru-
ment.
F 2
-ocr page 72-Définitions-..
Plan de cet
effai.
CHAPITRE PREMIER.
principes généraux de cette THÉORIE.
§. 39- On entend communément par humidité, la difpo-
fition d'un corps à mouiller les corps qui le touchent, ou à leur
communiquer une partie de l'eau dont il eft imprégné. L'i^'-
grométrie en général feroit donc la fcience de mefurer cette
difpofition dans un corps quelconque. Mais je ne prends point
ce terme dans une acception aufli étendue ; je me borne à;
confidérer ici l'humidité de l'air amp; des corps qui fervent à la;
connoître.
L'air eft fufceptible d'humidité ; il peut s'imprégner d'eau ?
abandonner enfuite cette eau amp; mouiller les corps qui font en
contad avec lui. Cette difpofition de Pair à abandonner l'eau
dont il eft chargé paroît au premier coup - d'œil ne pouvoir
être l'effet que de la quantité de cette eau ; mais ellë peut venir
de caufes abfolument différentes : car un air très-fec en appa-
rence devient humide par le feul refroidilTement ; il le devient
par fa condenfation, amp; il le deviendroit encore fi on lui offroit
des vapeurs avec lefquelles il eût plus d'affinité qu'avec celles
de l'eau.
THÉORIE DE UHTGROMÉTRIE, EJfai H, Chap. I. 4Ç
Il ne fuffit donc pas d'avoir des inftrumens qui nous appren-
nent que l'air eft humide, puifque cette difpofîtion peut dépendre
de caufes fi différentes ; il faut encore apprendre à démêler les
caufes de fon humidité ; Se dans les cas où elles agiffent toutes
en même tems, il faut favoir attribuer à chacune d'elles l'effet
qui lui appartient. C'eft la connoiffance de ces caufes amp; la
mefure de leurs effets qui doit faire l'objet de l'Hygrométrie, 8c
tel a été le but que je me fuis propofé dans cet effai.
Pour procéder avec ordre , je commencerai par faire un
examen fuccinâ: des différentes méthodes qui peuvent fervir à
mefurer la quantité d'eau que l'air renferme, amp; j'expoferai en
même tems la théorie générale des rapports de l'eau avec l'air
amp; avec les autres corps qu'elle pénétré. J'étudierai enfuite la
marche de l'Hygromètre à cheveu ; après quoi je cherclierai à
connoître, par la voie de l'expérience, comment les indications
de cet inftrument font modifie'es par les difFérens agens qui
peuvent influer fur l'air que nous refpirons ; amp; comment cet
inftrument peut fervir à connoître la quantité réelle amp; abfolue
de l'eau contenue dans l'air.
§. 3 9- Ci- Les différentes méthodes imaginées jufqu'à ce jour Divers
pour mefurer l'humidité de l'air, peuvent fe réduire aux trois quot;^oj®quot;®
„ .nbsp;^nbsp;mefurer
imvantes.nbsp;l'humidité
de l'air.
P'®- Faire abforber l'eau contenue dans Pair par des corps
capables de l'attirer, amp; eftimer enfuite la quantité qu'ils en ont
abforbée, par les changemens furvenus dans le poids, les dimen-
fions, la figure, ou quelqu'autre qualité de ces corps.
La IP méthoue , qui eft i'inverfe de la premiere , confifte
-ocr page 74-à plonger dans l'air que l'on veut éprouver, ou de l'eau, ou
un corps qui en eft imbibé, amp; à eftimer la quantité d'humidité
de cet air par la quantité plus ou moins grande qu'il abforbe
de cette eau, ou par la plus ou moins grande rapidité avec
laquelle il l'abforbe.
La IIP eft de faire condenfer par le froid les vapeurs
fufpendues dans l'air, amp; d'eftimer fon humidité , ou par la quan-
tité abfolue d'eau qui fe condenfe, ou par l'intenfité du froid
néceifàire pour opérer un commencement de condenfation vifible.
Théorie « Voici les principes généraux fur lefquels repofe la
des Hygro- » ^nbsp;, ,nbsp;■ , rr
metres de la théorie des Hygrometres de la premiere claue.
premiere
claffe.nbsp;,
1®. L'eau, ou en fubftance , ou reduite en vapeurs, tend a
pénétrer certains corps, ou à s'unir avec eux par une affinité
femblable à celle que l'on nomme affinité chymiqiis.
2®. Cette tendance eft différente en différens corps fuivant
leur plus ou moins grande affinité avec l'eau.
3Enfin, dans un même corps cette tendance eft d'autant
plus forte , que ce corps eft plus fee ; pourvu du moins que
fon deiféchement n'aille pas jufqu'à changer fa nature.
Affinité de §. 41. Lorsque le fel de tartre ou l'acide vitriohque con-
l'eTcorpIqui centré s'emparent des vapeurs invifibles qui nagent dans l'air,
Tabforbent. perfonne ne doute que ce ne foit en vertu de l'affinité chymique
de ces matieres falines avec l'eau ; mais il n'eft pas également
reconnu, que quand ces vapeurs pénètrent la corde, la plume,
ou le cheveu d'un Hygrometre, ce foit par une affinité propre-
DE VHrGROMÉTklE. Effaill, Chap. L 47
ment dite de l'eau ou de la vapeur avec ces différens corps On
eft plutôt difpofé à regarder l'humidfté que ces corps contrac-
tent , comme dépofée ou Amplement abandonnée par l'air.
lorfqu'il en eft faturé amp; qu'il ne peut point en contenir davantage.
Mais ceux qui penchent pour cette opinion, y renonceront
i'efpere, s'ils confiderent que les cordes, les cheveux amp; toutes
les matieres de ce genre s'imprègnent des vapeurs contenues
dans l'air, lors même que l'air n'en contient point encore autant
qu'il pourroit en abforber. Nous voyons quelquefois les Hygro
metres conftruits avec ces corps, aller à l'humide dans des tems
que l'on jugeroit d'ailleurs être fees, dans lefquels l'évaporation
fe fait encore avec force à l'air libre, amp; où par conféquent cet
air bien loin d'abandonner l'eau qu'il renferme, eft au contraire
«Hpofe a en abforber de nouvelle.
Comment donc les Hygrometres peuvent-ils donner alors
des fîgnes d'humidité ? Pourquoi l'air, s'il eft capable d'abforber
encore de l'eau, en laifFe-t-il prendre à ces corps amp; ne s'ern-
pare.t.il pas même de celle qu'ils contiennent? C'eft qu'alors
^es corps étant plus fees que l'air, ont avec l'eau plus d'affinité
que lui. Mais il convient de développer un peu mieux cette
theorie.
42. Je dis premièrement, que les différens corps ont une Cette ^ffi,
aptitude différente à fe charger des vapeurs qui font contenues
dans l'air, amp; qu'ils s'en chargent en raifon de leur affinité avec
ces vapeurs, ou avec l'eau dont elles font formées.nbsp;les corps.
Exposez dans le même air des quantités égales ^de fel de
tartre, de chaux vive , de bois, de linge, amp;c. que tous ces
corps foient, s'il eft poffible, parfaitement deflecliés; quelques-
uns d'entr'eux imbiberont de l'eau amp; augmenteront de poids,
mais en quantité inégale; le fel en prendra plus que la chaux,
celle-ci plus que le bois , d'autres corps n'en prendront point
du tout.
Or ces différences ne peuvent venir que des différens degrés
d'affinité de ces corps avec l'eau ; car elles ne tiennent ni à la
forme, ni au volume dc ces corps, ni même à la nature de leur
aggrégation, puifque des corps déjà liquides , tels que l'acide
vitrioHque , attirent l'eau contenue dans l'air avec la plus grande
force. Ce qui prouve encore que cette abforption des vapeurs
dépend d'une affinité, c'eft que l'union des vapeurs condenfées
avec ces corps, eft vraiment celle qui réfulte d'une affinité
chymique; cette eau eft chez eux dans un état de combinaifon,
elle ne peut leur être enlevée par aucun moyen méchanique,
elle eft intimement liée avec leurs élémens ; les moyens chy-
miques peuvent feuls la féparer de ces corps, en lui offrant
des combinaifons auxquelles elle tende par une affinité plus forte.
Elle croitnbsp;§. 43. Je dis enfuite que, toutes chofes d'ailleurs égales;
dans un mê-nbsp;^e ces corps avec l'eau eft d'autant plus grande qu'ils
SHefanbsp;.en contiennent moins, amp; qu'ils font, pour ainfi dire, plus for-
féchereffe.nbsp;^^érés.
L'alkali fixe parfaitement defféché attire l'humidité de l'air
avec une force extrême ; placé dans le baffin d'une balance, on
voit fon poids augmenter fenfiblement de minute en minute ;
mais à mefure qu'il boit des vapeurs, fa foif, ou fa force attrac-
tive diminue, amp; enfin fa pefanteur n'augmente que par degrés
infenfibles.
It
-ocr page 77-DE UHrGROMÈTRiE. EJfai II, Chap. i. 49
Il en eft de même des autres diffolvans chymiques ; ils agif-
fent d'abord avec la plus grande -célérité amp; la plus, grande force,
amp; leur adivité diminue à mefure qu'ils approchent du point de
faturation. Mais ce qu'il y a de particulier dans l'affinité qui
exifte entre les vapeurs amp; les corps qui les abforbent, ou laf~
finite hygrométrique, fi l'on me paffe ce ternie, c'eft que non-
feulement leur adivité , mais le degré même de leur affinité
diminue à mefure qu'ils approchent de la faturation. Ainfi, lors
même qu'un corps n'a que très - peu d'affinité avec l'eau , ce
défaut d'affinité peut être compenfé par un plus haut degré de
féchereffe, amp; réciproquement celui qui en a le plus, tombe au
niveau de celui qui en a le moins, lorfqu'il approche beaucoup
plus que lui de fon point de faturation.
§. 44. On verra dans le chapitre V de cet effai la preuve Expérience
de fait de cette vérité, je renferme une ou deux onces de fel J^'^'^Pro«-
alkali fixe très-cauftique amp; très - fee dans un ballon de quatre
pieds cubes de contenance rempli d'un air médiocrement humide,
mais fans aucune humidité furabondante ; ce fel abforbe le poids
de vingt-quatre ou vingt-cinq grains d'eau qu'il tire de ces
quatre pieds cubes d'air. Alors le fel, par l'imbibition de cette
eau, fe trouve avoir perdu un peu de fa force attradive, amp; en
Tevanche celle de l'air s'eft tellement augmentée par la déper-
dition qu'il a faite de ces vingt-quatre grains d'eau , que bien
qu'il en contienne encore, le fel ne peut plus la lui enlever,
parce que l'air la retient avec une force égale à celle avec
laquelle le fel la demande. Et ce n'eft pas que le fel foit faturé ,
ni près de là ; car dans un air. humide amp; renouvellé il en
abforberoit encore pour le moins deux cents fois autant; mais
c'eft que cette quantité, toute petite qu'elle eft, a diminué fa
force abforbante. En effet, fi l'on introduit dans ce même ballom
G
-ocr page 78-deux nouvelles onces du même fel parfaitement defféché, elles
enleveront encore à l'air renfermé avec elles quelques portions
d'humidité , amp; ainfî fucceffivement , jufqu'à ce que l'extrême
defféchement ait mis la force attradive de l'air en équiUbre avec
celle de l'alkali fixe.
l'affiniténbsp;§. Ce genre d'affinité différé donc en cela des autres
hygrométii-nbsp;chymiques dont la nature ou le degré ne change pas
à cet égardnbsp;en approchant de la faturation. Car fi plufieurs menftrues dont
de l'affiniténbsp;affinités avec un certain corps font inégales entr'elles , fe
c yraïque.nbsp;^ portée d'agir tous à la fois fur ce même corps, le
plus puiffant commencera par attaquer ce corps; amp; quoiqu'il
marche continuellement vers la faturation, la fupériorité de fes
forces fur celles des autres diffolvans ne diminuera point pour
cela ; il ne laiffera rien diffoudre aux autres menftrues qu'il ne
foit lui - même complètement faturé , ou fi dans les premiers
momens ils s'étoient emparés de quelques portions du diffol-
vende, il les leur reprendroit jufqu'à fa complete faturation. Si,
par exemple, on projettoit peu à peu de la craie dans un mélange
d'acide vitriolique, d'acide nitreux amp;: de vinaigre , il faudroit
que l'acide vitriolique fût complètement faturé de craie , avant
que l'acide nitreux amp; le vinaigre puffent s'en approprier un
atome ; l'acide nitreux fe fatureroit enfuite, amp; enfin le vinaigre
n'en prendroit qu'après la parfaite f^ituration des deux autres.
Biftrîtu, §. Au contraire, fi dans un efpace donné il ne fe trouve
tîond«.rhu- pgg m^ig quantité d'eau ou de vapeuts fuffifante pour faturer
difféîenT'^ d'humidité tous les corps qui font renfermés dans cet efpace^
aucun d'eux ne fe faturera complètement ; tous en auront un
peu ; cette eau fe partagera entr'eux, non pas, à la vérité , en
parties égales, mais en parties proportionnelles au degré d'affi-
nité que chacun de ces corps a avec elle. Ceux qui l'attirent le
plus fortement, cn prendront alfez pour que cette quantité
rabailTe leur force attradive au niveau de ceux dont l'attradion
eft la moindre; amp; il s'étabhra ainfi entr'eux une efpece d'équiUbre.
C'est par l'intermede de l'air que fe fait cette répartition ; il
en prend à ceux qui en ont trop, il en rend à ceux à qui il en
manque, amp; il en conferve lui - même la part que lui aflfigne le
degré de ion affinité avec l'eau.
Si dans le tems où cet équifibre eft complètement établi, il
s'introduifoit tout-à-coup dans l'air même de nouvelles vapeurs,
dont la quantité ne fût pas affez confidérable pour faturer amp;
i'air amp; les corps renfermés avec lui, ces corps ne permettroient
pas à l'air de les garder toutes pour lui feul; il faudroit qu'il
leur en cédât, pour ainfi dire, leur quote - part ; amp; alors les
Hygrometres, s'il y en avoit dans cet efpace, iroient à l'humide
quoique l'air ne fût point encore rafiTafié. Une nouvelle portion
de vapeurs fe répartiroit de la même maniéré, amp; ainfi fucceffi-
vement jufqu'à la parfaite faturation de tous ces corps.
Enfin, fi après leur faturation on continuoit de faire entrer
des vapeurs dans cet efpace, cette eau furabondante s'attache-
foit à leur furface, les mouilleroit, amp; quoique retenue fur cette
furface par une adhérence qui appartient peut - être encore aux
affinités chymiques, elle pourroit être efluyée ou féparée de ces
corps par des moyens purement méchaniques.
Introduisez alors dans cet efpace une nouvelle fubftance
plus avide d'eau que les corps qui y font renfermés , cette
fubftance commencera par s'emparer de cette eau furabondante
qui mouille la furfiice de ces corps, fans être combine'e avec
leurs élémens : puis fi cette eau ne fuffit pas pour la faturer,
elle en dérobera aux corps qui font renfermés avec elle, jufqu'à
ce qu'elle ait diminué fon altération amp; augmenté la leur au point
qu'elles deviennent égales, amp; qu'il leur r à tous une égale
tendance à s'unir avec l'eau.
' De même fi la chaleur ou quelqu'autre caufe augmentoit la
tendance de quelqu'un de ces corps à s'unir avec l'eau , fans
augmenter proportionnellement celle des autres, il s'empareroit
auffi d'une portion de l'eau contenue dans les autres , fuffifànte
pour réduire fa force attradive au niveau de la leur..
§, 47. De là fuit ce que j'ai dit §. 31 , que les fels abfor-
bans ne peuvent jamais dépouiller ni l'air ni aucun autre corps
de toute fon humidité , parce que, quelle que foit l'affinité de
ces fels avec l'eau, lorfqu'ils ont dépouillé à un certain point les
autres corps de celle qu'ils, contiennent, k force attraftive des
fels diminue , amp; celle des corps dépouillés augmente dans le
même rapport; d'où réfulte un équihbre en vertu duquel k-s
corps les moins abforbans retiennent toujours quelque portion
de leur humidité. Mais fi l'on fait ufage de fels très - attradifs.
par leur nature , très - fortement delléchés, qu'on les emploie à
grandes dofes, qu'on les renouvelle lorfque l'eau qu'ils oiit
abforbée a diminué leur force , oa, pouffera le defféchement auffi
loin qu'on le voudra , affez loin du moins pour pouvoir , fans
erreur fenfible, négliger la quantité qui demeurera eu arriéré.
§. 48, Il exifte donc des rapports déterminés entre ks degrés
d'affinité qu'ont avec l'eau ou avec les vapeurs ks différens corp-«
qui font capables de ks -abforber ; amp; c'ett fur l'exiftence de ces
Limites,
du delTé-
çiiement.
Réfultat
général de la
théorie des
Hygrome-
tres de la If®
skffc.
igt;e vhrgromètrli. ejjlù ii, chap. l 53
rapports qu'eft fondée l'Hygrométrie , celle du moins qui em-
ploie les Hygrometres de la premiere clalfe dont nous nous
fommes occupés jufqu'ici.
Un Hygrometre à corde, par exemple, n'indique, à propre-
ment parler, que l'état de la corde qui fait mouvoir fon aiguille J
mais comme il y a un rapport certain entre la force attraflive
de la corde amp; celle de l'air, i} s'enfuit que l'état de la corde
dépend nécelfairement de celui de l'air dans lequel elle eft
plongée , amp; que par conféquent on peut, avec fûreté, de l'état
de la corde, déduire celui de l'air.
§• 49- Tous ceux qui ont fait ufage des Hygrometres de la Ce qu'î
premiere claffe , ont tacitement fuppofé ce rapport ; mais per- pourpl^c!
fonne, aTe que je crois, n'avoit encore déterminé la nature amp; tionner cet^
les loix de cette affinité; tout comme on n'a pas encore examiné
quels font, pour un Hygrometre donné, les changemens qu'in-
troduifent dans ce rapport les différentes modifications de l'air,
fa chaleur, fa denfité^ fon agitation, amp;c. amp; l'on n'a même fait
que des effais très - imparfaits amp; très - fautifs pour favoir fi les
changemens que l'humidité de l'air,produit dans l'Hygrometre,.,
font proportionnels aux quantités effedives d'eau qui font conte-
nues dans l'air. Or il eft évident qu'il ne fauroit y avoir d'Hy-
grométrie proprement dite , que toutes ces queftions ne foient
réfolues. ( i ) ,
_ _ ( I ) .Je ne m'arrête point à examiner
ici les effets que produifent lés vapeurs
fur les difFérens corps qu'elles pénè-
trent , comment elles liquéfient les fels
Concrets, raccourciflent les cordes végé-
tales , aloiigcnt les fibres animales, amp;c.
Ces faits bien connus ont été expliqués
par d'autres phyficiens, amp; quoiqu'il reftât
des eonfidérations intéreffantes à faire
fur ce fujet, elles n'appartiennent point
directement à l'Hygrométrie.
m. Butîni , à la fuite de l'excellenè
ouvrage qu'il vient de publier fur la
magnéfie , a donné un petit traité fur
les affinités chymiques, dans lequel il
explique de la maniéré la plus précife.
§ fo La premiere méthode de mefurer l'humidité de l'air;
dont nous venons d'examiner les fondemens généraux, juge
donc de la quantité de cette humidité par fes effets fur les corps
qui font capables de l'abforber. Elle juge par conféquent de
cette humidité d'une .manière , fi non immédiate du moms
direae;aulieu que la fécondé méthode procédé indireftement,
amp; juge de l'humidité de l'air par fa plus ou moins grande aptitude
à fe charger d'une nouvelle quantité d'eau.
ß ci La bafe fur laquelle repofe cette méthode , c'eft que
l'air'eft fufceptible de faturation ; c'elU-dire , que lorfqu^ s'eft
pénétré d'une certaine quantité d'eau, il ne peut plus en abforber
davantage : d'où il fuit que toutes chofes d'ailleurs égales. fon
humidité aduelle eft en raifon inverfe de la quantité d'eau
néceffaire pour le faturer.
S Ce principe qui a été bien développé amp; démontré
par M Le Roi , femble fournir des moyens très-faciles d'eftimer
l'humidité de l'air ; mais ces moyens fe trouvent peu fürs dans
la pratique, k caufe de la difficulté de reconnoitre amp; de faifir
le vrai point de faturation de l'air; amp; cette difficulté, ou plutôt
l'oubli total de cette condition effentielle, a jeté dans des erreurs
énormes ceux qui ont tenté d'employer ces moyens. On a , par
exemple, renfermé une quantité d'eau bien déterminée dans un
vafe exaâement luté ; au bout d'un certain tems on a mefuré
la diminution de cette eau, amp; l'on a cru que l'air contenu
dans le vafe s'étoit chargé de tout le déficient, fans penfer que
cette eau avoit toujours continué de s'évaporer, même après la
amp; la plus Claire, les phénomènes qui gieufe force expanfive que déploient
Tefultent de la pénétration de l'eau dans certains corps tandis que 1 eau les pe-
les corps , amp; en particulier la prodi- netre.
Seconde
méthode de
mefurer
rhu rai dite.
Principe fur
lequel elle
repofe.
Cette mé-
thode a fou-
vent induit
les phyfi-
ciens en er-
reur.
parfaite faturation de l'air, parce que les vapeurs fe condenfant
contre les parois du vafe, il fe faifoit une vraie diftillation, qui
auroit pu confommer à la longue» une quantité d'eau, pour ainfî
dire illimitée.
On ne peut donc employer cette méthode, que l'on n'ait
préalablement établi des caraderes bien fùrs de la faturation; amp;
il faudroit même enfuite déterminer, comme pour les Hygro-
metres du premier genre, quelles font fur le terme de cette
faturation les influences de la chaleur, de la denfîté amp; des autres
modifications de l'air.
§. n. La troifieme méthode qui confîfte à rendre fenfibles Principe»
par le refroidiOTement les vapeurs fufpendues dans l'air, eft aufli Jg^rmét
fondée fur le principe de la faturation ; le froid condenfe les thode.
vapeurs amp; diminue la force diffolvante de l'air; d'où il fuit, que
de l'air qui par fa chaleur tenoit en dilfolution une certaine
quantité de vapeurs, commence à les abandonner au moment
oil le refroidiffement lui ôte le pouvoir de les diflToudre. On peut
donc juger de la quantité de vapeurs que cet air contenoit, ou
par la quantité d'eau qu'un degré de froid déterminé lui fait
dépofer fur une furface déterminée, ou par la quantité du
refroidiflement nécefl^aire pour opérer un commencement de
précipitation.
54. Les académiciens del Cimento, ces reftaurateurs de Hygroifte-
Ja phyfique expérimentale, mirent en ufage le premier de ces
Jnbsp;»nbsp;J onbsp;demie delgt;
deux moyens. Ils prirent un vafe de verre de forme conique, Cimento.
qu'ils tinrent conftamment plein de neige ou de glace pilée ;
ils fufpendirent ce vafe en plein air la pointe en-bas ; les vapeurs
tinrent fe condenfer à la furface de ce verre , amp; diftiller goutle
à goutte de la pointe du cône : la plus ou moins grande
fréquence de ces gouttes leur indiquoit le degré d'humidité
de l'air.
' H' rome-nbsp;^ ^^ célébré Abbé Fontana , digne à tant d'égards de
tre T m' féconder les vues du grand grince qui occupe aujourd'hui la
Ïana.^'quot;'' place du fondateur de cette académie , ( i ) a tiré du même
principe un Hygrometre moins volumineux amp; plus commode.
Il prend une lame de verre bien nette amp; bien polie, dont
il connoît exadement le poids ; il la refroidit à un degré déter-
miné, puis il l'expofe à l'air pendant un tems auffi déterminé,
amp; l'augmentation de fon poids lui indique le degré d'humidité
de l'air. Voyez Saggio del real gabinetto di Firenze, p. 19.
Hygromè-
tre de M. Le
Roi.
ÏNFiN, M. Le Roi employant des moyens plus fimples
encore, prefcrivoit de tenir dans l'air un verre plein d'eau, amp;
dont la chaleur fût la même que celle de cet air ; de refroidir
lentement cette eau par une addition graduée amp; fucceffive d'eau
à la glace, amp; de noter le degré de froid auquel on commen-
ceroït à voir à la furface du verre cette légere rofée qui indique
la précipitation des vapeurs, amp; par conféquent la fuperfaturation
de l'air contigu au verre. Il jugeoit l'air d'autant moins humide,
qu'il falloit un degré de froid plus confidérable pour opérer
cette précipitation.
( I ) On dit que ce Pnnce , toujours
occupé du bonheur de laTofcane, veut
faire refleurir les fciences amp; les arts dans
ce pays qui fut jadis leur berceau, amp;
penfe à rétablir avec un nouveau luftre
l'académie del Ciraento. J'ai même vu à
Florence une magnifique collection d'inf-
trumsns de phyfîque, perfectionnés par
l'Abbé Fontana amp; exécutés fous fes
yeux , pour fervir aux expériences dont
cette académie doit faire fa principale
occupation.
§. T 7.
-ocr page 85-DE VHYGROMÉTR IE. Efai II, Chap. li SI
§. lt;) 7. Ces procédés ingénieux font honneur aux phyficiens
qui les ont imaginés, amp; peuvent même quelquefois être utiles ;
mais fl l'on confidere qu'on ne peut guere en faire ufage dans
des vafes clos ; qu'on ne peut jamais les employer lorfque l'air
eft pins froid que le terme de la congélation, ni lorfqu'il eft
très-fee, amp; que d'ailleurs la moindre particule d'une matiere
gralfe, ou d'autres obftacles difficiles à éviter, peuvent troubler
la précipitation de cette rofée , amp; répandre de l'incertitude fur
les réfultats, ( i ) on conviendra fans peine qu'il eft bien difficile
qu'aucun moyen de ce genre puilfe tenir la place d'un Hygro-
metre univerfel.
Inconvc-
niens des
Hygrome-
tres de ce
gem-c.
Ce font donc les Hygrometres de la premiere amp; de la fécondé
claffe, dont il faut attendre les plus grands fecours pour mefurer
l'humidité de l'air. Il ne faut cependant négliger aucun des
moyens que la nature ou l'art peuvent nous fuggérer pour par-
venir à la connoiffance de la vérité. Il faut, au contraire, les
combiner entr'eux , comparer leurs rapports, amp; les contrôler,
pour ainfi dire, les uns par les autres. Ainfi le phyficien qui
voudra, dans quelque circonftance particulière, connoître avec
la plus grande précifion le degré d'humidité de l'air , pourra
plonger dans cet air des Hygrometres proprement dits, à corde,
a plume ou à cheveu , amp; confulter leurs indications. Il pourra
auffi renfermer des fels abforbans dans un volume donné de cet
sir, amp; connoître la quantité d'eau que ces fels font capables
( I ) J'ai fouvent effayé d'employer
le procédé de i\I. Le Roi ; avec cette
différence que , pour refroidir l'eau con-
tenue dans le verre , au lieu de me fervir
d'eau à la glace, qu'il feroit difficile de
porter avec foi en voyage, j'employois
du iel ammoniac en poudre, que j'in-
ieélois peu à peu dans l'eau, amp; qui, lorf-
que l'air n'étoit pas très-fec , produifoifc
un froid fuftifant pour ternir le verre ;
mais lorfqre je répétois plufieurs fois dc
fuite la même épreuve, je ne trouvois
pas que la rofée commençât toujours à
paroLtre au même degré dé froid, quoi-
que dans l'intervalle l'air n'eût foufll-rt
aucun changement fenlibk.
THÉORIE DE VHTGROMÉTRIE, EJfaî II, Chap. L
d'en extraire. Il pourra encore, en fuivant la méthode inverfe gt;
chercher quelle eft la quantité d'eau qu'une portion donnée du
même air fera en état de diftbudre. Et il pourra enfin éprouver
quel eft le degré de refroidiffement néceffaire, pour que cet air
commence à abandonner l'eau dont il eft chargé , ou quelle
quantité de cette eau un degré de froid déterminé lui fait aban-
donner. Nous verrons dans la fuite de cet ouvrage divers exeni-.
ples des combinaifons. de ces différentes méthodes,.
examen des htgrometres a cheveu.
§• l'Astronome commence par vérifier les inftrumens
dont il doit faire ufage dans le cours de fes obfervations ; com-
mençons auffi par éprouver les Hygrometres dont nous allons
nous fervir dans les expériences fondamentales de l'Hygromé-
trie; nous réglerons fur ces épreuves le degré de confiance que
nous devons accorder amp; à l'inftrument amp; aux réfultats de les
indications.
§. T9. Un Hygrometre feroit parfait, premièrement, fi fes va- Qi,alités
riations étoient alfez étendues pour rendre fenfibles les plus devroic
petites différences d'humidité amp; de féchereflTe. 2'. Si elles étoient Hygr'omi
affez promptes pour fuivre pas à pas toutes celles de l'air, amp; trepourêtre
pour indiquer toujours exaflement fon état aduel. 3°. Si l'inf-
trument étoit toujours d'accord avec lui-même, c'efl-à-dire
qu'au retour du même état de l'air , il fe retrouvât toujours au'
même degré: 4°. s'il étoit comparable, c'eft-à-dire, fi plufieurs
Hygrometres conftruits féparément fur les mêmes principes, in-
diquoient toujours le même degré , dans les mêmes circonf-
tances : s'il quot;n'étoit affedé que par l'humidité ou la féche-
reffe proprement dites; c'eft à-dire, que les vapeurs aqueufes
fulfent le feul agent qui pût influer fur fes variations : 6°. en-
fin, fl ces mêmes variations étoient proportionnelles à celles dê
l'air, enforte que dans des circonftances pareilles, un nombre
double ou triple de degrés indiquât conftamment une quantité
«ouble ou triple de vapeurs.
Ncceflitc
de cet exa-
men.
Ces deux dernieres conditions exigent un examen appro-
fondi, amp; feront traitées dans des chapitres féparés; les quatre
premieres formeront le fujet de celui-ci.
Moyensnbsp;§. ^o. La fenfibilité ou l'étendue des variations, dépend dans
d'augmen-nbsp;Hygrometres à cheveu de deux caufes diiférentes, premié-
Siténbsp;rement de la force de la lelfive dans laquelle a été lavé le che-
l'Hygrome.nbsp;^^^ . ^ ^^^ ^^^^^^ de la longueur du bras de levier auquel
eft fixée une des extrémités de ce même cheveu.
ÉO
§. 51. J'ai confeillé, §. II, d'ufer avec réferve du premier
de ces moyens, c'eft-à-dire, de ne pas leDTiver le cheveu trop
long-tems, ni dans une liqueur trop cauftique. Il y a cependant
des cas où l'on peut être moins févere ; lorfque, par exemple ,
on ne veut comparer l'inftrument qu'avec lui-même , amp; qu'on
cherche à connoître par fon moyen les variations momentanées
amp; journaheres de l'air, fans fe foncier de faire correfpondre fa
marche avec celle d'autres Hygrometres , on peut fans fcrupule
lui donner par une leflive plus forte ou par une cuitTon plus
longue, une plus grande fenfibilité.
§. 62. Quant au fécond moyen d'augmenter cette fenfibilité,
en diminuant la longueur du bras de levier auquel fe fixe le
cheveu, on peut le pouffer très-loin dans l'Hygrometre à ar-
bre. Si l'on ne donne à cet arbre que trois quarts de hgne de
diametre, un Hygrometre d'un pied de hauteur aura des varia-
tions dont l'étendue ira au-delà d'une révolution entiere de
l'aiguille, amp; même de 4°° degrés du cercle qu'elle décrit, amp;
cela fans employer des cheveux trop leffivés.
Mais dans les Hygrometres portatifs à pouUe, où le cheveu
Parlalef-
iîve.
Par des
.moyens me-
vhaniques.
k roule immédiatement autour de l'extrémité cylindrique du
levier qu'il fait mouvoir, on ne pourra pas diminuer à beau-
coup près autant le bras de ce levier; parce que le cheveu
roulé pendant long-tems autour d'un trop petit cylindre con-
trade un roideur qui devient difficile à furmonter. Ainfi je ne
crois pas que l'on doive donner moins de deux lignes de rayon
à la poulie dont il embralfe la circonférence. Or, en employant
Urfe poulie de cette grandeur, amp; en donnant un pied de hau-
teur à^ l'Hygrometre, le cheveu fans être trop cuit , pourra
donner à fon aiguille des variations d'environ 80 degrés d'un
cercle de trois pouces de rayon, ce qui fait tine échelle d'en-
viron quatre pouces deux lignes; amp; cet efpace divifé en 100
degrés donne des degrés de demi-ligne chacun, que l'on peut
aifément fubdivifer à l'œil, au moins en quatre ou cinq parties,
amp; cela fuffit pour les obfervations les plus délicates.
§. 63. La promptitude des variations d'un inftrument me- inconvé-
téorologique quelconque eft une qualité plus importante encore
que leur étendue ; parce que l'on peut fouvent fuppléer à cette
étendue par des moyens méchaniques , ài^ en obfervant les
variations avec de fortes loupes ; au heu que l'on ne peut ap-
porter aucun remede aux inconvéniens qui réfultent de la len-
teur ou de l'inertie d'un tel inftrument. Car ce que nous de-
mandons à un thermometre ou à un Hygrometre, c'eft de nous
apprendre quel eft l'état de l'athmofphere dans le moment
même où nous l'obfervons. Or, fi l'inftrument que nous em-
ployons a befoin de plufîeurs heures , pour que fon état cor-
refponde à celui de l'air ; il eft clair qu'il n'indique point, ni
même à beaucoup près, l'état aduel de l'athmofphere, fi ce n''eft
dans les cas bien rares où l'air demeure pendant plufieurs heures
fans faire aucune variation. Et s'il fe fait, comme cela arrive prêt
que toujours, des changemens fucceffifs dans l'air, l'inftrument
n'indique jamais qu'une efpece de moyenne entre les différens
états par lefquels a palfé l'athmofphere pendant les heures an-
térieures au moment où l'on obferve : je dis une efpece de moyenne,
parce que la nature de cette moyenne varie fuivant l'époque
à laquelle fe font faits ces changemens, fuivant leur promp-
titude , leur grandeur, leur durée, toutes chofes qui nous font
abfolument inconnues, quand nous n'employons qu'un inftru-
ment lent amp; parelfeux.
Or, de toutes les variations de l'air, il n'en eft peut-être
aucune qui £e faffe avec plus de promptitude, que celles qui
font relatives ,à l'humidité. La chûte de la rofée, par exemple
fe détermine quelquefois avec tant de précipitation , que j'ai
vu dans cette circonftance, mon Hygrometre fufpendu en plein
air, varier en vingt minutes de quarante degrés de fon échelle,
cîeft-à-dire des deux cinquièmes de la totahté de fes varia-
tions. Les coups de vent apportent auflî des changemens inf-
tantanés, amp; qui font entièrement perdus pour des inftrumens
parelfeux.
Cette mobilité paroît moins nécelfaire dans les vafes clos ;
dont nous pouvons à ce qu'il femble, prolonger l'état à vo-
lonté ; on verra cependant par les expériences que j'ai faites
dans un air raréfié, par celles qui m'ont fervi à connoître la
nature des vapeurs de diflférens corps, amp;c. combien, même
dans des vaifl'caux fermés, la trop grande inertie d'un Hygro-
metre déroberoit de connoilTances intéreffantes.
Quels che- ' §. Mais les cheveux ne fuivent pas tous avec la même
veux font promptitude les variations de l'air, les plus fins doivent natu-
ïellement être plus mobiles ; ceux qui ovit été moins forte-
ment leffivés le font auffi davantage , amp; leur promptitude com-
penfe avantageufenxent la moins grande étendue de leurs va-
riations.
Tous ont leurs variations d'autant plus promptes, que l'air eft Et dan^
plus humide. Ceux qui font leffivés à propos , lorfqu'on les
plonge dans un air voffin de l'humidité extrême , atteignent dans
deux ou trois minutes le point où ils doivent fe fixer; mais à
mefure que l'air devient plus fee, il leur faut plus de tems pour
fé mettre à fon niveau. Cependant fî un Hygrometre, après
avoir féjourné dans un air très - humide, eft tranfporté dans un
air très-fec, il fera en très-peu de tems, c'eft-à-dire, en
deux ou trois minutes, la plus grande partie, environ les fept
huitièmes de toute la variation qu'il doit faire; mais il reftera
dix à douze minutes à faire la derniere huitième. Le cas dans
lequel fa marche eft la plus lente , c'eft lorfque l'air amp; le cheveu
qui l'environne étant déjà très-fees, ils fe delFéchent encore
davantage. Cependant je puis aflTurer qu'en plein air, même^
lt;3ans les plus grandes féchereffes, je ne l'ai jamais vu exiger
Pius de douze ou tout 9u plus quinze minutes pour parvenir
a'd terme où il devoit fe fixer..
S. Je dis en plein air, parce qu'en général les Hygro- n^fcntpfe
êtres exigent plus de tems pour fe fixer dans les vafes clos dans
qu'à l'air libre; amp; la raifon en eft fort fîmple. Lorfque le cheveu
eft plus fee ou plus humide que la couche d'air qui le touche,
il faut qu'if pompe une partie des vapeurs que contient cette
couche ; ou que cette même couche abforbe les vapeurs que
le cheveu contient de plus qu'elle ; enfuite il faut que l'équihbre
le retabliffe entre cette couche d'air amp; les couches plus éloigt;
les plus mt.
biles.
gnées, amp; comme il y a peu de mouvement amp; de circulation
dans un vafe clos, il faut affez de tems pour qu'il puiffe s'établir
un équilibre général. Biais à l'air libre, qui eft dans une agita-
tion continuelle , le cheveu toujours baigné de nouvelles parties
d'air, n'a d'autre caufe de retard que l'inertie amp; l'adhérence dc
fes propres élémens.
Senfibifité §. Les Hygrometres à arbre- bien conftruits , ont une
des Hy^ro- j^^gb^ité fi grande qu'elle eft prefque incommode; il faut les
metres anbsp;onbsp;inbsp;. j,nbsp;Too fair/»
cheveu. plus grandes précautions pour s'approcner deux lans ies taire
varier. Si l'on ne retient pas fon haleine , à l'inftant même
où elle les touche ils marchent de deux ou trois degrés vers
l'humide ; amp; la chaleur du corps, fi on le tient trop près de
l'inftrument, deffeche le cheveu amp; le fait marcher à vue d'œil
du côté de la féchereffe ( i ). Il eft fur-tout intéreffant de les
expofer en plein air, par exemple, fur la tablette d'une fenêtre,
amp; de les obferver au travers de la vitre qui les préferve de
l'aftion du corps de l'obfervateur. On les voit dans un mou-
vement prefque continuel, principalement lorfque l'air eft très-
humide; ils marchent quelquefois auffi vite qu'une aiguille à
fécondes, amp; il eft très-rare qu'ils reftent au même point pen-
dant trois minutes de fuite. Cette mobilité eft moins apparente,
mais tout auffi réelle dans les Hygrometres à poulie ; enforte
que je ne crois pas que l'on puiffe efpérer , ni prefque fouhaiter
cette qualité dans un plus haut degré qu'elle n'eft dans l'Hy-
grometre à cheveu.
( I ) Qiielques phyficiens ont cru que
la tranCpiratlon infenfible devolt faire
marcher à l'humide un Hygrometre fi-
tué dans le voilinage de la peau. Mais
j'ai toujours obfervc le contraire ; l'ap-
proche du viiage, des mains , le fait
marcher très-promptemcnt au fee, fans
doute parce que la chaleur du corps
augmente la force diffolvante de l'air
plus que la tranfpiration ne le raffafie.
Il en feroit peut-être autrement fi le
corps étoit baigné de fueur.
§. S'y. On n'a fans doute pas eu de peine à accorder au che- Conftaace
Veu le mérite d'une prompte fenfibilité i fa finelfe amp; la leflïve
qui le dépouille de la grailfe qui pourroit le rendre moins îetre^f quot;
pénétrable à l'humidité, paroilfent devoir lui donner éminem-
ment cette propriété. Mais on fera tenté de lui refufer le mé-
rite de la confiance ; car au phyfique comme au moral , une
mobihté qui rend acceffible à toutes les impreffions, étrangères
femble exclure la confiance. On craindra fur-tout que le poids
dont le cheveu efl chargé, ne l'étire amp; ne l'alonge continuel-
lement. Mais l'expérience m'a prouvé qu'un cheveu d'une bonne
quahté, qui n'eft pas trop leffivé, amp; qui n'eft chargé que d'ua
poids dc trois grains ne s'étire pas . même au bout d'un an,
d'une quantité qui puiffe produire une erreur fenfible : amp; o»
ne s'en étonnera pas fi l'on obferve que le cheveu eft un corps
très-fort, relativement à fa grofreur,amp; de plus très-élaftique.
Un cheveu fin, même après avoir été leffivé, pourvu qu'il ne
l'ait pas été avec excès, peut porter fans fe rompre au-delà
d'une once amp; demie: or, une once amp; demie efl près de trois
Cents fois le poids des trois grains dont je le charge , amp; il eft
bien naturel qu'un corps porte fans fatigue la trois-centieme
partie du poids qu'il peut porter fans fe rompre. D'ailleurs le
cheveu eft un corps organique entier, deftiné par la nature à
être expofé à l'air, amp; même à défendre la tête de l'homme
contre les injures de cet élément ; il lui réfifte , comme je l'ai
dit dans la préface, pendant un tems dont on ne connoit pas
les limites, il furvit à la deftruclion, ou du moins à l'altération
de toutes les autres parties du corps; amp; c'eft peut-être par
cette raifon que les Américains ont imaginé d'en faire leurs
trophées. On ne doit donc craindre, au moins pour plufieurs
années, ni fa deftrudion, ni fon alongement indéHni, ni même
l
-ocr page 94-un degréquot; d'altération qui change fenfiblement fes qualités hy,
grométriques.
i
Je dois cependant avertir que les cheveux qui ont été trop
leffivés, amp; ceux que j'ai nommés rétrogrades, §. i T gt; c'eft-à-
dire. qui dans un vafe rempli de vapeurs fe raccourciffent
après s'être alongés, foat fujets k s'étirer avec le tems ; enforte
qu'après quelques mois de fervice on les voit quelquefois, par
exemple, dans un brouillard épais, palier d'un, de deux, amp;
même de trois degrés le terme de l'humidité extrême. Mais
il ne réfulte de là qu'un inconvénient très-léger ; pour remettre
ces inftrumens en regie il fuffit de faire agir la vis de rappel
amp; de ramener l'aiguilleau point de f humidité extrême; ou de
lui faire faire du côté de la féchereffe autant de degrés qu'elle
en faifoit de trop au-delà du terme de l'humidité. Un Hygro-
metre ainfi corrigé eft auffi jufte qu'au moment où il a été
conftruit.
Ainsi dans un cours d'obfervations délicates, fl convient
d'expofer de tems en tems les hygrometres à l'humidité ex-
trême , foit dans un vafe remph de vapeurs , foit, ce qui eft
plus efficace encore, dans un brouillard épais. On les emploie
avec plus de confiance fi on les trouve juftes, amp; on les ré-
pare fi le tems les a un peu altérés.
§. Quant à la comparabihté ( qu'on me paffe ce terme
devenu néceffaire) des Hygrometres conftruits avec cette fubf-
tance , je puis dire que deux- ou plufîeurs de ces inftrumens,
faits avec des cheveux femblablement préparés, gradués fur les
mêmes principes, amp; expofés enfuite aux mêmes variations
d'humidité amp; de féchereffe, ont des marches que l'on peut
Compara-
bilité de ces
Hygrome-
tres.
A C Ê E V E V. EJfai U, Chap. II.nbsp;(jJy
nommer parallèles. Je ne dirai cependant pas qu'ils indiquent
toujours tous le même degré , mais- que leurs écarts vont ra-
rement au-delà de deux degrés, ou d'une cinquantième de l'in-
tervalle entre leurs variations extrêmes ; amp; ce degré d'exaditude
peut, à ce que je crois, fuffire pour des obfervations de ce
genre. Ils s'accordent fur-tout très-bien dans les termes d'hu-
midité ou de féchereffe extrêmes, amp; dans les points limitro-
phes, lors même qu'ils font partis de termes très-éloignés les
uns des autres. Ils ne s'accordent point mal non plus, lî l'un
venant d'un lieu très-humide amp; l'autre d'un heu très-fec , on
les porte tous deux dans un lieu d'une humidité moyenne.
Mais le cas où il y aura entr'eux le plus grand écart, c'ell
celui où après que tous deux auront féjourné pendant long-
tems dans un air très-fec, par exemple, au quarantième degré
de ma divifîon, on en porte un dans un air encore plus fee,
qui le falfe venir, je fuppofe à trente, amp; que, pendant ce tems-
là, l'autre Hygrometre ait été porté dans un air un peu moins
fee, par exemple, à cinquante degrés ; qu'enfuite on les replace
tous les deux dans l'air où ils étoient d'abord , ils ne revien-
dront ni l'un ni l'autre à quarante ; celui qui vient de l'air le
moins fee reftera à quarante-deux ou quarante-trois; amp; celui
qui vient de l'air le plus fee ne montera qu'à trente-fept ou
trente-huit ; enforte que leur différence fera d'environ cinq de-
grés , c'eft-k-dire , d'une vingtième de l'échelle totale. Mais cette
différence s'évanouira, amp; ils reviendront tous les deux à qua-
rante , fl on commence par les plonger tous deux dans un air
dont l'humidité foit extrême, amp; qu'enfuite on les rapporte tous
deux dans l'air fee. C'eft pour cette raifon que j'ai prefcrit,
§. 3 f , de commencer par plonger dans les vapeurs les Hy-
grometres que l'on veut graduer par comparaifon ; amp; j'ai donné
en même tems la raifon de ce phénomene.
I 3
-ocr page 96-J'AjouTEKA.1 feulement ici, que lorfqu'on n'aiiroit pas fous
fa main un vafe de verre qui pût fervir à plonger l'Hygrometre
dans les vapeurs, en voyage par exemple , amp; que l'on crain-
droit que dans un tems très-fec, cette caufe n'empêchât l'Hy-
grometre d'accufer fidelement l'état afluel de l'air, on pourroit
prendre la précaution d'humeder un peu l'intérieur de l'étui
dans lequel on le porte ; fai éprouvé que le cheveu après avoir
féjourné pendant quelques minutes dans cet étui humide y re-
prend toute la mobilité que l'on peut fouhaiter.
§. (79. Mais la condition la plus indifpenfable pour obtenir
des Hygrometres dont la marche Ibit bien parallèle , c'eft de
les conftruire avec des cheveux qui aient été également leffi-
vés. Ceux qu'on a fait bouillir trop long-tems ou dans une
leffive trop cauftique, ont le défaut de continuer de s'alonger
après avoir atteint le terme de l'humidité extrême. Quoique ce
prolongement ait des limites qu'il ne paffe point, amp; qu'ainfi iî
ait toujours le mérite de donner un terme fixe, il a cet incon-
vénient , c'eft qu'il peut induire en erreur, en faifant croire
qu'un air déjà faturé d'humidité ne l'eft pas encore ; amp; on com-
prend que fi l'on a deux cheveux dont l'un foit plus leffivé
que l'autre, celui qui l'eft le moins marquera fes cent degrés
ou le terme de faturation , tandis que l'autre ^e l'aura point
encore atteint : amp; comme ce défaut fe fait fentir par gradations
en approchant du terme de l'humidité extrême, l'Hygrometre
auquel eft adapté le cheveu trop leffivé indiquera toujours
dans un air humide un degré moins élevé,.«u plus éloigné de
l'humidité extrême. Il eft vrai que leur différence fera tou-
jours moins grande à mefure que îair fera plus fee, amp; s'éva-
nouira même au terme de la féchereffe parfaite; mais comme
il eft très-rare que l'on faffe des obfervations dans un air auffi
Précaution
à prendre.
Les che-
veux n'ont
une marche
parallele ,
que quand
ils font éga-
lement lef.
fivés.
Tec, il vaut mieux éviter cette caufe d'erreur en employant
des cheveux également leffivés.
§. 70. Une attention qu'il faut toujours avoir en faifant Autre pré-
ufage de ces Hygrometres, c'eft d'examiner fi des araignéesnbsp;^
n'ont point tendu leurs fils fur l'aiguille ou fur le cheveu. Quand
on laiffe ces inftrumens en plein air, amp; fouvent même dans les
chambres les plus propres, des araignées viennent accrocher
leurs fils à l'aiguille amp; la her avec le cadran ; elles prennent
auffi le cheveu pour point d'appui, l'uniffent par des hens re-
doublés au cadre de l'Hygrometre amp; gênent ainfi fes mouve-
mens. Et quelquefois ces infedes font fi petits amp; leurs fils fî
déhés, qu'il faut beaucoup d'attention amp; un jour favorable
pour les appercevoir.
Il faut auffi examiner de tems en tems s'il ne s'eft point
accumulé de pouffiere qui puiffe gêner le mouvement de l'ai- ,
guille fur fon pivot, ou fi fa pointe ne frotte point contre le
cadran. Pour s'en affiirer, il fuffit d'obferver avec attention le
degré auquel correfpond l'aiguille , amp; de la faire enfuite def-
cendre avec le doigt de dix à douze degrés; fi tout eft en bon
ordre, elle doit, lorfqu'on la relâche , revenir exactement au
même point.
Il convient enfin de laver quelquefois le cheveu avec un
pinceau bien net amp; humeélé d'eau pure ; on le promene déli-
catement fur le cheveu dans toute fa longueur pour le débar-
ralfer de la poulfiere qui peut s'être attachée à lai.
§. 71. J'AUROis pu,amp;on trouvera peut-être que j'aurois dû , Pourqtroî
foumettre les principaux Hygrometres connus aux mêmes épreu- eomiÏÏé.^^
7®
rts Hygfo. ves que les miens, pour mettre les phyficiens en état de juger
metres avec de leur mérite refpediif ; mais la difficulté d'en avoir de bien
d'autres. ^onftj-uits, la longueur de ce travail amp; la crainte de paroître
prévenu en faveur de mon ouvrage m'en ont détourné : je
fouhaite qu'un phyficien qui en aura le loifir, se qui fera par-
faitement défintéreffé, veuille s'en donner la peine.
chapitre iii.
la vajpeur aqveuse est-elle la sevle alonge
le cheveul
§. 72. J'ai dit, dans le Chapitre précédent, qu'un Hygro- introdu
metre parfait ne feroit affeâé que par les vapeurs auxquelles ap- tion! °
partient éminemment le nom àbumides, c'eft-à-dire, par les va-
peurs aqueufes. En effet, fi d'autres vapeurs, des vapeurs hui.
leufes, par exemple, ou des exhalaifons falines pouvoient faire
varier l'Hygrometre, on ne fauroit quel eft le genre de vapeur
qui auroit opéré telle ou telle variation que l'on a obfervéa
J'ai donc cru devoir foumettre mon Hygrometre à ce nouveau,
genre d'épreuve ; je dis nouveau, parce que je ne crois pas
qu'on l'ait jamais tenté fur aucun Hygrometre. Voici le pro^
cédé que j'ai fuivL
Appareil
employé
dans ces ex-
pérrences.
§.73. Je prends un récipient de verre, de forme cylindri-
que, d'un pied de hauteur fur quatre pouces de diametre ; amp;
je fufpends au-dedans un de mes Hygrometres avec fon ther-
mometre. Enfuite je fufpends le récipient lui-même, de maniéré
que fon bord inférieur foit à deux pouces au-deflbs d'une aflîette
de verre couverte de mercure bien net à la hauteur de trois
ou quatre lignes. Je laiffe cet appareil tranquille pendant une
ou deux heures dans une chambre fermée, amp; dont l'air ne
foufïre pas de changement fenfible. Au bout de ce tems l'Hy-
grometre amp; le thermometre indiquent exaflement le degré
d'humidité amp; de chaleur , tant de l'air contenu dans le réci-
pient que de celui qui l'entoure. Alors je place au milieu de
l'afliette un petit gobelet de verre, qui contient le corps dont
7» t/i VAVEUn AdVEUSE EST-ELLE LA SEULE
5e veux éprouver les vapeurs, Se j'abaiffe le récipient, de ma-
niéré que fes bords repofeiit fur le fond de l'alfiette, amp; foient
entourés de mercure. Ainfî l'Hygrometre fe trouve renfermé
avec le corps que l'on veut éprouver ^ amp; le mercure empêche
toute communication avec l'air extérieur.
On comprendra fans que j'en avertiffe , que fi l'air renfermé
dans le récipient vient à fe refroidir, l'Hygrometre ira à l'hu-
mide par la feule diminution de la force dilfolvante de l'air,
lors même qu'il ne fe fera développé aucune vapeur nouvelle ;
tout comme , fi cet air fe réchauffe, l'Hygrometre ira au fee
fans qu'il fe foit abforbé des vapeurs. C'efl pourquot; cette raifon
que je joins un thermometre à l'Hygrometre , Se avant que de
prononcer fur la nature des vapeurs du corps renfermé dans
le récipient, j'attends le retour du degré de chaleur qui régnoit
au moment où j'ai commencé l'expérience.
Expérien- §. 74. Mais avant de procéder à ces expériences, j'ai com=
ce prélimi- ^encé par éprouver le mercure feul, fans ajouter aucun corps
étranger, pour voir fi l'air emprifonné pendant plufieurs jours
avec du mercure ne fouffriroit aucune altération hygrométrique.
J'ai vu qu'il n'en fouffroit aucune lorfque le mercure étoie
parfaitement pur ; mais que l'Hygrometre alloit d'un demi degré
ou d'un degré à l'humide dans l'efpace de quatre à cinq jours,
lorfque le mercure étoit mélangé de quelque matiere métal-
lique capable de ternir fa furface. J'ai donc toujours eu foin
d'employer du mercure le plus pur poffible.
Expérien- §• 71- Si l'on place fous le récipient de l'eau , ou un corps
ce avec de chargé d'une humidité furabondante , comme une carte mouillée
SpTquitn ou une plante verte, l'Hygrometre marche k l'humide, jufqueg
ALONGE LE CHEVEV. Efm II, Chip. HL 75
à ce qu'il foit arrivé à quelques degrés près au terme de l'hu- font im,
midité extrême ; car il n'atteint pas tout-à-fait ce terme, parce -»''^^S'^cs.
que l'air n'étant pas entouré de toutes parts par des corps im-
prégnés d'eau , ne fe fature pas uniformément dans toute k
capacité du récipient.
§. 76quot;. Après ces expériences prélimîilaires , j'ai fait mes ^ Huiic
premieres épreuves fur un corps très-volatil, amp; d'une nature très- téaïeLhi
différente de celle de l'eau , l'huile éthérée de térébenthine; j'en ne.
ai mis dans un petit verre environ deux deniers, amp; j'ai placé
ce verre fous le récipient. Bientôt après l'Hygrometre a com-
mencé à aller à l'humide, d'une quantité très-petite à la vérité,
mais pourtant fenfible, amp; au bout de deux heures, quoique
la chaleur de la chambre qui alloit en croiffant eût fait mon-
ter le thermometre d'un degré, amp; que par conféquent l'Hy-
grometre eût dû aller au fec, il étoit cependant encore un peu
plus vers l'humide qu'avant rintrodudion de l'huile. Enfin, au
bout de vingt-quatre heures le thermometre étant revenu exac-
tement au même point où il étoit au commencement de l'ex-
périence, l'Hygrometre s'eft trouvé avoir marché vers l'humi-
dité d'un degré se fix dixièmes ; je l'avois placé à quarante-neuf,
il s'eft trouvé à cinquante se fix dixièmes.
§. 77. CoMxME cette huile de térébenthine avoit été diftillée La même
Iluilc foi
fur de l'eau, j'ai foupçonné que peut - être quelques particules neufement'
d'eau fe feroient combinées avec elle, dans une quantité petite defféchée.
fans doute, mais qui pouvoit être rendue fenfible ^ar des ex-
périences aufli délicates.
Pour vérifier ce foupçon, j'ai mis environ deux onces de
la même huile dans une petite cornue de verre avec une once de
K
-ocr page 102-74 la vafeur a^uevse est-elle la sèule
fel de tartre calciné amp; delféché très-foigneufement ; j'ai diftillé
à un feu très-doux, je n'ai recueilli que la premiere moitié de
l'huile elfentielle, qui eft paifée parfaitement claire amp; fans cou-
leur , amp; j'ai répété l'expérience avec cette huile redifiée. L'effet
de fes vapeurs fur l'Hygrometre a toujours été fenfible, mais
plus petit de moitié que dans le premier cas ; l'Hygrometre n'eft
allé à l'humide que des huit dixièmes d'un degré. Cette dimi-
nution produite par la diftillation fur le fel alkah, me feroit
pencher à croire que ce font quelques parties aqueufes déve-
loppées par l'évaporation, qui produifent cette variation dans
l'Hygrometre. 11 ne feroit cependant pas impoftible que les
vapeurs huileufes ne pénétraffent amp; ne dilataffent elles-mêmes
le cheveu de cette petite quantité ; ou ils fe pourroit enfin, que
ces mêmes vapeurs diminuaUent la force par laquelle l'air tient
l'eau en diffblution, amp; caufaffent ainfî une efpece de précipi-
tation d'une partie de l'eau fufpendue dans l'air^
Au refte, l'air renfermé dans le récipient étoit tellement fa-
turé des vapeurs de l'huile de térébenthine , qu'on voyoit ces
-vapeurs condenfées fur la furface intérieure de ce vafe , elles
étoient là fous la forme d'une rofée compofée de gouttes
exceflîvement petites ; amp; de même que les vapeurs aqueufes,
fî l'on réchauffoit par dehors la portion du vafe fur laquelle
elles s'étoient condenfées , elles en délogeoient pour aller fe
fixer fur la place la plus froide de l'intérieur du récipient.
fjcasa-
fhre.
§. 78. Le camphre a produit un elFet plus petit encore ;
il n'a augmenté que d'un demi degré l'humidité apparente de
l'air renfermé dans la cloche.
L'écher. - §• 79- L'ether m'a préfenté de finguliers phénomènes: j'eai.
-ocr page 103-^Vî ALONG E LE CHEVEU, nifn 11', Chap. IH.
ployai d'abord de l'éther redifié par la fîmple diftillation , je
pris les parties les plus volatiles , les plus pures, celles qui
paffent les premieres dans la redification. J'en plaçai environ
deux deniers fous mon récipient avec les précautions que j'ai
décrites. Bientôt après cette liqueur volatile commença à-fe ré-
foudre en vapeurs élaftiques qui fortoient du vafe par bouffées
en foulevant le mercure qui entouroit fes bords, amp; répandoient
dans la chambre l'odeur qui eft propre à ce fingulier produit.
Dans l'efpace de quatre heures, les trois quarts de mon éther
étoient évaporés. Pendant ce tems-là l'Hygrometre avoit tou-
jours marché vers l'humidité, lentement d'abord, mais plus ra-
pidement enfuite ; il n'arriva cependant pas à l'humidité extrême,
il fe fixa neuf degrés au-delTous.
Je trouvai au fond du petit verre le réfidu de l'éther encore
inflammable, mais qui après avoir brûlé , laiffa en arriéré une
matiere ondueufe qui exhaloît une odeur très-forte d'acide ful-
fureux. Un crochet de cuivre jaune que j'ai fixé au fommet dc
la voûte intérieure du récipient, pour y fufpendre les Hygro-
metres, étoit auffi couvert d'une matiere ondueufe qui étoit
devenue verte en corrodant le métal.
§. 80. Pour purger ce même éthef de l'acide amp; de l'eau Le même
qui l'accompagnoient, j'en redifîai deux onces en les diftilfant «her dé,
fur un poids égal de fel alkah fixe parfaitement defféché, amp; fon'eauquot;^^
j'employai un feu bien doux ; car la chaleur du foleil me fuffit iurabon,
pour cette opération. Je plaçai ma petite cornue dans l'inter-
valle des deux vitre? d'une fenêtre à double chaflis, amp; je fis paffer
le récipient dans la chambre même, au travers d'un carreau qui
ferme à couliffe ; au bout d'une demi heure l'éther commença
^ boutonner, amp; bientôt il vint à diftiJler, en donnant pref-
K 3
-ocr page 104-7« la vapeur aq^veuse est-elle la se v le
qu'une goutte par fécondé. Lorfqu'il en eut palfé environ lar
moitié, je retirai cette premiere moitié, amp; je m'en fervis à ré-
péter mon expérience,
J'EN mis le poids de quarante-fept grains dans le petit verre ;
amp; au bout de trois ou quatre minutes, la vapeur élaftique com-
mença à fe faire jour au travers du mercure, qui furpaffoit
pourtant de plus de trois lignes les bords du récipient. Les
bouffées de cette vapeur fe fuccédoient de demi minute en
demi minute , amp; l'odeur qu'elles répandoient étoit fi péné-
trante , que toute la maifon en étoit remplie. La chaleur de la
chambre n'étoit cependant que de douze degrés amp; demi. Peu-
à-peu les bulles devinrent plus rares, amp; cependant au bout de
trois ou quatre heures l'éther fut tout évaporé, amp; le verre qui
le ccntenoit demeura parfaitement fee.
L'Hygrometre dans les premiers tems, lorfque l'évaporation
étoit la plus forte, marchoit lentement, mais uniformément au
fee, quoique le thermometre reftât conftamment au même point.
Au bout d'une heure amp; demie il avoit fait quatre degrés amp; une
huitième vers la féchereffe; mais dès-lors il commença à re-
tourner à l'humide, amp; vingt-quatre heures après il fe trouva de
cinq degrés amp; un tiers plus à l'humide qu'il n'étoit en com-
mençant l'expérience.
Je foulevai alors le récipient, amp; n'y trouvai aucun indice
d'acide fulfureux, le cuivre ne paroiffoit point avoir été atta-
qué , amp; le récipient exhaloit l'odeur qui eft propre à l'éther ;
cependant lorfque j'eus introduit dans le récipient une petite
bougie allumée , pour voir fi l'air n'étoit point vicié , il en
fortit une odeur fufTocante d'acide fulfureux , quoique la bougie
jQUI ALONGE LE CHEVEU. EJfai II, Chap. IIL 77
eût donné pendant quèjques inftans dans cet air une fianim«
plus grande amp; plus vive qu'elle ne faifoit à l'air libre.
Les Chymiftes verront par cette expérien ce combien M. Mac-
Q1JER eft fondé à ne point regarder l'éther comme une huile
pure amp; honiogene;puifque celui-ci, redifié avec tout le foin pof^
fible, a donné des indices ii manifeftes des différens principes dont
il eft le mélange, amp; peut-être feront-ils quelquefois un heu-
reux emploi de ce nouveau genre d'analyfe.
Ce qu'il y a ici de fmgulier relativement à l'Hygrometre ,
c'eft que la vapeur de Téther le faffe aller au fee. On feroit peut-
être tenté de fuppofer dans cette vapeur une force aftringente,
capable de contrader le cheveu, mais je croirois plutôt que les
preiîiieres vapeurs dans lefquelles fe convertit la partie la plus
pure de l'éther, font un fluide élaftique parfaitement fee, qui
n'a aucune adion direde fur le cheveu, mais qui entraîne avec
lui hors du récipient, une partie de l'air contenu dans ce même
récipient amp; des vapeurs aqueufes fufpendues dans cet air ; qu'alors
le cheveu n'étant plus entouré de cet air amp; de ces vapeurs
iaiffe échapper une portion de fon humidité, jufques à ce que
l'éther appauvri par la déperdition de fes parties les plus vo-
latiles^ commence à entraîner avec lui l'eau qu'il contient, amp;
^ue cette eau mêlée avec les vapeurs de l'éther, pénètre le
-cheveu amp; l'alonge de nouveau,
Ce qui confirme cette explication, c'eft que quand je répétai
cette expérience en mettant quarante-fept autres grains du même
éther dans une petite bouteille à col étroit, au lieu de les mettre
^dans un verre , l'Hygrometre n'alla au fee que de deux degrés
deux cinquièmes , c'eft,à-dire, d'environ un degré Irois-quarts
-ocr page 106-7S LA VAPEUR AQ^UEUSE ÈST-ELtE LA SEVLE
de moins que dans l'expérience précédente, amp; cela parce que
l'évaporation fut plus lente amp; entraîna moins d'air hors du
récipient ; car la vapeur ne fortoit point par bouffées, mais en
s'infiltrant peu-à-peu entre le mercure amp; le verre. L'évapora-
tion fe fit pourtant continuellement , l'éther diminuoit dans la
bouteille, amp; l'odeur de la vapeur qui s'échappoit hors du récipient
étoit fi pénétrante qu'elle m'incommodoit, amp; que je fus obligé
de porter l'appareil dans une chambre éloignée de la mienne.
§. gi. L'esprit de vin parfaitement redifié n'a fait pendane.^
les premieres heures aucune impreflion fur l'fiygrometre ; fans
doute parce que les premieres vapeurs qu'il exhale font pure-
ment fpiritueufes amp; ne contiennent point d'eau libre, mais
celles qui fuivent font marcher l'Hygrometre vers l'humidité ,
d'abord avec lenteur, enfuite avec plus de vîteffe, amp; enfin au
bout de vingt-quatre heures je le trouvai tout près du terme
de l'humidité extrême, il fortit dans les commencemens quel-
ques bulles d'air imprégné de l'odeur de l'efprit de vin ; amp; ces
bulles étoient produites par l'expanfion de la vapeur fpiritueufe
amp; non par une dilatation thermométrique de l'air ; car le ther-
mometre renfermé dans le récipient ne varioit point dans cc
moment là. Ces bulles furent trop peu nombreufes pour que
l'air qu'elles entrainoient produifit l'effet de celles de l'éther,
fit aller l'Hygrometre au fec.
Le cuivre de l'îîygrometre fe trouva terni amp; noirci par les
vapeurs de l'efprit de vin ; la petite bougie allumée que j'intro-
duifis après cela dans le récipient y brûla fort bien ; mais il en
fortit enfuite une odeur acide fuffocante, femblable à celle de
l'efprit de Vénus. Dans toute cette expérience le thermometre
fe foutiut entre quatorze amp; quinze degrés. Il paroît donc qu'à
L'efprit de
jrin.
5.17/ ALONGE LE CHEVEU. Efai HI, Chap, m
ce degré de chaleur, il fe fait auffi r.ne décompofition fpoii-
tanée de l'efprit de vin.
§• 82. Quant aux huiles graffes, les vapeurs qui s'en élc- HuiledV
vent à ce même degré de chaleur, ne m'ont paru affeder l'Hy.
grometre en aucune maniéré. De l'huile d'olives fine ren-
fermée pendant vingt-quatre heures avec lui dans un récipient
n'a opéré aucune variation fenfible ; amp; cependant quand j'ai
levé le récipient, je l'ai trouvé rempli de l'odeur de cette huile.
§. 83. La cire molle que j'emploie pour luter mes ré,ci- Cire molle:
piens, amp; qui eft un mélange de quatre parties de cire vierge,
de deux de poix réfme amp; d'une d'huile d'olives, ne paroît pas
non plus donner des exhalaiforis qui agilfent fenfiblement fuç
l'Hygrometre.
aet.
§. 84- Enfin , j'ai éprouvé, amp; toujours de la même maniéré Alkali vo:
les exhalaifons de l'alkali volatil concret foigneufement defféché.nbsp;^
Comme la chaleur de la chambre augmentoit un peu pen-
dant l'expérience, l'Hygrometre marchoit au fee; mais d'une
quantité exadement correfpondante à l'accroiffement de la cha-
leur; enforte que l'alkali volatil ne paroiffoit produire aucun
changement dans les modifications, hygrométriques du cheveu
Cependant l'air renfermé dans le récipient étoit tellement rem,
pli des vapeurs de ce fel, que les divifions de l'inftrument qui
font gravées fur une plaque de cuivre jaune , commencèrent à
paroître d'un beau bleu , amp; peu-à-peu il fe forma mie effloref-
cence, ou plutôt une efpece de malachite liffe amp; folide, fur
toutes les parties de rinftrument où ie cuivre étoit liffe amp;
exempt de vernis. Enfin, au bout de neuf heures de féjour
%é ZA VAPEUR 'AQUEUSE EST-ELLE LA ^EULE, ^cl
dans le récipient, l'aiguille de l'Hygrometre perdit entièrement
la liberté de fe mouvoir, parce què la vapeur avoit attaqué le
pivot fur lequel tourne cette aiguille , amp; l'avoit couvert de cette
même malachite. Mais comme elle avoit confervé toute fa liberté
pendant les premieres heures, j'en vis affez pour être affuré que
la vapeur de l'alkaU volatil ne pénétré point ïe cheveu, ou du
moins n'opère fur lui ni dilatation ni contradion fenfibles.
lléfuîtat § Je crois pouvoir conclure de ces expériences, que
deccsexpé- dimenfionsdu cheveu ou du moins fa longueur, ne font fen-
fiblement affedées par aucune vapeur, fi'ce n'eft par la vap^r
aqueufe. Car je crois avoir rendu raifon d'une maniéré fatisfai-
fnnte du defféchement produit par l'éther, amp; à l'égard du demi
degré ou des trois quarts de degré dont l'huile de térében-
thine redifiée amp; le camphre ont fait varier l'Hygrometre, on
doit les attribuer,«« à quelques particules d'eau que l'evapora-
tion dégage de ces fubftances, ou à quelqu'inexaditude dans
l'expérience même. Car il eft bien difficile de concevoir, que
fi ces fubftances avoient réellement le pouvoir d'agir fur le che-
veu, leur adion fe bornât à un effet auffi minime , tandis que
leur! vapeurs renfermées avec lui pendant! plufieurs heures l'en-
tourent amp; le preffent de toutes parts.
Nous pouvons done fans danger d'erreur regarder les vana-'
tiohs de l'Hygrometre à cheveu comme dépendantes bien réel-
lement de l'eau, amp; de l'eau feule ou de fa vapeur.
Mais ces variations font-elles proportionnelles à la quantité
d'eau oui eft contenue dans l'air ?C'eft ce que nous exammerons,
dès que nous aurons confidéré les effets de la chaleur fur l'air amp;
fur rHvprometre deftiné à mefurer fon humidité.
-ocr page 109-8:r
DES ÈFFETS HYGROMÉTRIQUES DE LA CHALEUR SUR VAlR
ET SUR LE CHEVEU.
§. 86quot;. Dans le Chapitre V du précédent Effai, j'ai fait
voir que la chaleur produit en même tems fur le cheveu deux
effets contraires ; qu'elle le dilate par l'infinuation des particules
du feu entre fes élémens, amp; qu'elle le contrade en volatilifant
amp; en expulfant hors de lui des parties d'eau qui augmentoient
fon volume. J'ai tâché dans le même chapitre d'évaluer l'effet
pyrpmétrique. U s'agit dans celui-ci de déterminer l'effet hygro-
métrique, effet qui eft prefque toujours modifié par l'attgmen-
tation que la force diffolvante de l'air reçoit de la chaleur. Je
commencerai par faire fentir l'importance de cette détermination.
§. 87- Après une forte rofée, qui à couvert la furface de la Utilité de
terre d'une humidité abondante, amp; qui a fait aller les Hygro-
metres à l'extrémité de leur échelle ; le foleil fe leve, l'air fe
réchauffe, les Hygrometres vont au fee, il ne paroît plus, ni
fur la terre, ni dans l'air aucun veftige d'humidité. Qii'on dife
à un homme qui n'eft pas phyficien, qu'alors au milieu du
jour, quand un foleil ardent defféche amp; brûle les campagnes,
l'air contient réellement plus d'eau qu'il n'en contenoit dans
le moment où il diftilloit cette rofée bienfaifante ; cet homme
croira qu'on veut fe jouer de fa crédulité ; il faudra bien des
notions préhminaires pour le mettre en état de comprendre
que cet-air animé par la chaleur eft devenu capable de fe charger
d'une plus grande quantité d'eau; que l'eau de la rofée n'a pas
été anéantie par la chaleur ; mais qu'elle a été repompée par
L
Expofition
du fujet.
DES EFFETS HYGROMÉTRIQUES DE LA CHALEUR SUR
l'air , qui contient par conféquent une quantité de vapeurs d'à«:
tant plus grande.
Mais fi cet homme, tout en avouant ces principes, répon-
doit au phyficien, qu'il a régné dans la matinée un petit vent
de nord, qui peut-être étoit alfez fec par lui-même pour ba-
layer amp; entraîner toute cette rofée , amp; lailfer ainfi un air moins
aqueux, moins chargé d'eau que celui du matin; comment le
phyficien réfoudroit-il ce doute ? Il ne le pourroît certainemeat
qu'en employant un grand appareil d'expériences, telles que
celles que j'ai décrites au commencement du Chapitre III. Ce-
pendant la feule infpeâion de l'Hygrometre amp; du thermometre
lui donneroit fur-le-champ une réponfe fatisfaifante, fi la marche
de l'Hygrometre amp; la maniéré dont elle eft modifiée par la
chaleur, lui étoient parfaitement connues.
C'est fur-tout en montant amp; en defcendant de hautes mon-
tagnes que j'ai defiré la folution de ce problême. Je voyois fou-
vent, à mefure que je montois, l'Hygrometre aller à l'humide amp;
le thermometre au froid, amp; je me demandois fans celfe à moi-
même, cette humidité croiflTante eft-elle uniquement Telfet du
refroidilTement de l'air, ou l'air eft-il réellement plus chargé
d'eau fur ces hauteurs qu'il ne l'eft dans les plaines ? ou bien
ne feroit-il pas encore poffible, que malgré cette humidité ap-
parente , il contint moins d'eau que l'air des vallées ?
Il eft évident, que fi l'on favoit, combien dans tel ou tel
état de l'Hygrometre, tel ou tel degré de chaleur doit, indéw
pendamment de toute autre caufe , faire aller cet Hygrometre au
fec, il fuffiroit de voir, fi dans une circonftance donnée, il a
fait vers la féchereife plus ou moins de chemin qu'il ne devoit
L'AIR ET SUR LE CHEVEU. EJfai II, Chap. ir. 8î
faire par la feule aâion de la chaleur; le réfultat de cet exa-
men indiqueroit fur-le-champ, fi c'eft la chaleur feule, ou bien
un changement réel dans la quantité des vapeurs qui a fait va-
rier rinftrument
88. Il faut donc, pour trouver par la voie de l'expé- Ellesdoi-
wence la folution de ces problèmes, fituer un Hygrometre de
maniéré que cet inftrument amp; l'air qui l'entoure n'éprouvent des^vafîquot;^
d'autre changement que celui de la chaleur : il faut 'qu'aucune
vapeur nouvelle ne puiffe venir fe mêler à cet air, amp; qu'au-
cune de celles qu'il contient ne puiffe l'abandonner.
Il eft donc indifpenfable de faire ces expériences dans des
vafes clos; amp; certes malgré le mépris qu'un phyficien célébré
a témoigné pour les expériences faites fur l'air dans des vafes
clos , je crois que nous n'aurons jamais de bonne théorie des
modifications de l'air qu'on n'en ait étudié tous les principes
dans des vafes fermés. Car ce fluide fi mobile, fi facilement re-
nouvellé , fufceptible de fe mêler avec tant de fubliances diffé-
rentes , ne peut être bien étudié que quand on le tient fous fa
main renfermé dans des vafes, amp; avec des corps dont on con-
noît bien la nature ; c'eft un prothée, qui ne nous révélera les
vérités qu'il cache , que quand il fera foigneufement garotté.
§. $9' Mais j'avoue qu'il faut faire ces expériences dans les Procédé
vafes les plus grands poffibles, auffi quoique j'aie fait un grand mis en ufa,
nombre d'épreuves dans de petits vaiifeaux , je ne leur ai ac-
cordé un certain degré de confiance que quand elles ont été con-
firmées par celles qui ont été faites dans un ballon de quatre
pieds cubes de contenance, amp; fi j'euffe pu m'en procurer un
plus.grand, je l'aurois employé avec encore plus de plaifir.
84 DES EFFETS HTGROMÈTRIQUES DE LA CHALEUR SUR
Le procédé eft fort fîmple; il ne ne s'agit que de fufpendre
dans un ballon ou dans un récipient, un ou deux Hygrometres
avec un ou deux thermometres bien fenfibles ; de les renfermer
îk de maniéré qu'il ne puiffe ni entrer, ni fortir, nife produire,
ni s'abforber aucune vapeur aqueufe ; de faire enfuite fubir à ce
ballon des alternatives de chaud amp; de froid, amp; d'obferver avec
foin la marche correfpondante des Hygrometres amp; des ther-
mometres, Mais fl l'on veut de l'exaditude, ces recherches
■coûteront du tems amp; du travail; premièrement parce qu'il faut,
comme je l'ai dit, §. , beaucoup de tems à l'Hygrometre,
quot;pour fe mettre en équilibre avec un air renfermé; le même inftru-
ment qui, dans moins d'un quart d'heure, vient à exprimer
exaftement le degré d'humidité de l'air hbre, demeure plufieurs
heures à indiquer le degré précis d'humidité d'un air renfermé (i),
.au moins lorfque cet air eft defféché à un certain point; car
lorfqu'il eft très-humide il fe met très-promptement à l'unif-
fon avec lui. J'ai donc toujours eu foin dans chaque expérience
de laiffer l'appareil dans un lieu dont la température ne changeât
pas d'une maniéré fenfible, jufqu'à ce que j'euffe vu l'Hygro-
metre demeurer fixe au même terme pendant plufieurs heures.
Et je ne tenois pas une obfervation pour bonne, que le paf-
fage du froid au chaud ne m'eût donné dans les mêmes cir-
conftances la même variation que le paffage du chaud au froid.
Cette attention eft fur-tout importante lorfqu'on a introduit une
très-petite dofe d'humidité dans un vafe qui contient de l'air
très-fec, par exemple au vingtième, trentieme amp; même au qua-
rantième degrés de mon échelle. Alors dans les premiers tems
le paffage du .chaud au froid fait marcher l'Hygrometre plus à
variations avec une promptitude fingiî-
liere , comme nous le verrous dans le
Chapitre VI de cet Elfai
^ I ) Ce qui prouve que cette len-
teur doit être attribuée à l'air amp; non
point à l'inftrument, c'eft que dans le
vuidfi l'Hygromètre à che.veu fait fes
VAin ET SUR LE CHE V EU EJfaî U, chap. IV. 8f
l'humide, qu'un femblable palfage du froid au chaud ne le fait
marcher au fee; mais peu-à.peu l'égalité s'établit, amp; enfin
quand l'humidité eft uniformément diftribuée entre l'air amp; le
cheveu, ces effets devieitnent parfaitement égaux.
Enfin, il ne fuffit pas de faire cette expérience pour tel ou
tel degré d'humidité; car l'influence de la chaleur n'eft point
la même dans les différens degrés d'humidité amp; de fécherefTê.
La chaleur n'opere que de petites variations fur l'Hygrometre
lorfqu'il eft très-fec ; elle en opere de très-grandes quand il eft
humide.
J'ai donc commencé par deffécher l'air du ballon jufqu'à ce
que l'Hygrometre defçendît environ au vingt-cinquieme degré
de mon échelle (i). Lorfqu'il s'eft bien fixé à ce terme, j'ai
éprouvé les variations que quatre ou cinq degrés de chaleur
tantôt en plus, tantôt en moins lui faifbient fubir dans cet air
defleché. Je dis quatre ou cinq degrés , parce que les erreurs dç
l'obfervation amp; les défauts des inftumens, produiroient des écarts
trop confidérables, fî l'on prenoit des différences beaucoup plus
petites, amp; que d'un autre côté l'on ne faifîroit pas bien la loi
que fuivent les variations, fîl'on faifoit ces différences beaucoup
plus grandes.
Après avoir ainfî obfervé Içs variations de l'Hygrometre dans
»n air très-feç, lorfque j'ai voulu obferver jcelles qu'il fait dans
( 1 ) Je n'ai fait ces recherches que
•pour les degrés d'humidité fupérîeurs au
vingt-cinquieme, à caufe de l'opiniâtreté
avec laquelle l'air retient le peu d'hu-
midité qui lui refte à ce point de def-
féchement , amp; du tems qu'il faut pour
•9«c cette humidité fe dilirihue égale-
ment entre lui amp; le cheveu. D'ailleurs,
ces recherches auroient été à-peu-près
inutiles ; car fûrement on ne verra ja-
mais l'Hygrometre indiquer en plein air
un degré de féchereffe au,-delTus du
vingt-cinc^uieiue.
-ocr page 114-DËS IFFETS BrGROMÈTRiQUES DE LA CHALEUR SUR
un air moins fec ou plus humide, j'ai introduit dans le ballon
Une carte légèrement humedée, que j'ai retirée dès que j'ai vu
l'Hygrometre commencer à être affedé par fon humidité;
alors j'ai fcellé de nouveau le ballon, j'ai laitfé à ces nouvelles
vapeurs le tems de fe diftribuer bien également, amp; de fe
mettre en équilibre dans l'air amp; dans le cheveu; amp; celai-ci
ayant aihfi fait quatre ©u cinq pas vers l'humidité, j'ai de nou,
veau éprouvé la variation que lui feroient fubir quatre ou cinq
degrés d'augmentation ou de diminution de chaleur. J'ai pro-
cédé ainfi graduellement jufqu'à la faturation parfaite. Après
avoir répété diverfes fois ces épreuves , j'ai rejeté le petit nom-
bre d'obfervations, dont les écarts majeurs prouvoient quel-
qu'erreur ou quelque négligence, j'ai pris des moyennes entre
celles dont l'accord infpiroit plus de confiance , amp; j'ai tâché
de faire paGTer des Hgnes régulières par tous les points quf
j'avois ainfî déterminés par des obferv^ions immédiates.
VAIJL ET SUR LE CHEVEU. EJfai H, Chap. IV, 87
§. 90. Table des dîfiérentes variations qWun degré ( i ) rfe
chaleur produit dans VHygrometre à cheveu , fuivant le degré
ihumidité quHl indique.
Je dois auffi obferver , que l'influen-
ce d'un degre de çhaleur fur PHygro.
metre eft la même dans toutes les tem.
peratures, du moins depuis le feptieme
degré au-deflbus de la congélation, jiit.
qu'au vingtiepie au-dclfus,
Begris |
Variations four |
Degrés |
Variations pour UU degré de |
Degrés |
Variations pour |
l'Hygr. |
chaleur. |
l'ffygr- |
chaleur. |
l'ffgr. | |
as |
0, 4^0 |
50 |
I, 283 |
75 |
Z, I4f |
26 |
0, 483 |
il |
I, 315 |
76 |
2, X96 |
27 |
0. ^17 |
3^0 |
77 |
2, 2fl | |
28 |
0, f^O |
I, 3,83 |
78 |
311 | |
29 |
0, f83 |
I » 416quot; |
79 |
2, 374 | |
30 |
c, 616 |
îf |
I, 4fo |
80 |
2, 44 |
31 |
0, 6')0 |
I. 483 |
8i |
2, 494 | |
0, 6-8 3 |
S7 |
I, ^16 |
82 |
2, ht | |
33 |
0, 71^. |
î8 |
no |
83 |
2gt; SS4 |
34 |
0, 7ÎO |
^83 |
84 |
2, 542 | |
3î |
0, 783 |
60 |
1, 61.6 |
2, ff89 | |
3^ |
0, 81^ |
61 |
S6 |
2, 734 | |
37 |
0, 8fo |
62 |
i, lt;5- 8 3 |
87 |
2, 777 |
38 |
0, 883 |
^3 |
88 |
3, 819 | |
39 |
0, 91 ff |
I» 7TO |
89 |
Sô^O | |
40 |
0, 9S0 |
783 |
90 |
2, 899, . | |
41 |
0, 983 |
66 |
I, 81^ |
91 |
2, ^37 |
42 |
I , OI(î |
67 |
ij 8îo |
92 |
; 2, 973 |
43 |
I. OfO |
6% |
r, 883 |
93 |
3, 008 |
44 |
I, o83 |
69 |
I, 916- |
94 |
3, 042 |
4T |
1, 116 |
70 |
. I. 9ÇO |
9f |
, 3, 074 |
4^ |
I, I^O |
71 |
I. 983 |
96 |
2, 427 |
47 |
1, 18 3 |
72 |
3, 016^ |
97 |
r , 780 |
48 |
î, ZI 6 |
73 |
2, Of4 |
98 |
I, TT2 |
I, 25:0 ■ |
74 |
098 |
99 100 |
I, 324 |
N - / 4P- ----------cijuuic uvcrcir
ici, que le thermometre auquel ces de-
grés fe rapportent eft celui qui porte
le nom de M. de Reaumur ; c'eft-à-
dire, un thentiometre de mercure, dans
lequçl la glace fondante eÇ marquée o,
amp; l'eau bouillante à vingt-fept pouces
du baromètre, quatre-vingt.
-ocr page 116-n I^ÈS EWEfS HTGROMÉTRIQUËS DE LA CHALEUR SUR
On voit dans cette table que lorfque l'Hygrometre eft
au 27 e degré de fon échelle j un degré de variation dans la
température de l'air fait varier cet Hygrometre d'environ un
demi degré ; qu'au 42«. degré les variations font égales dans
les deux inftrumens ; c'eft-à-dire, qu'une différence d'Un degré
dans le thermometre, produit aufli une difference d'un degré
dans l'Hygrometre ; mais que les variations de celui-ci devien-
nent doubles au degré Se triples au 9 3«.
Et fi l'on obferve les gradations par lefquelles fe font les
accroilfemens des variations hygrométriques, on verra que depuis
le jufqu'au 72e. degrés ils croiifent en progreflion arithmé-
tique , amp; que dans cet intervalle , la difference entre deux ter-
mes qui fe touchent eft par-tout de la trentieme d'un degré :
que du 72e. au cette difference n'eft plus la même; mais
qu'elle croit d'un terme à l'autre en progrelfion arithmétique ^
que fon accroilFemenî le plus rapide eft de 72 à 80 degrés;
qu'il l'eft moins entre go amp; 89, amp; moins encore entre 89 amp;
qu'enfin à 9T degrés fe trouve le maximum de Ces varia-
tions, qu'elles diminuent brufquement à 96,6c diminuent enfuite
graduellement jufqu'à 100.
Il eut été plus élégant de faire pafTer une courbe unifor-
me amp; réguliers par toutes Ces variations ; mais ici , comme
par-tout ailleurs, je me fuis impofé la loi de fuivre pied à pied
l'expérience, fans prétendre l'affujettir à des idées métaphyfi-
ques de régularité amp; de fymmétrie. Or, de tous les nombres
exprimés dans cette table depuis 2f jufqu'à 98 » il n'en eft pas
un feul qui s'écarte d'une dixieme de degré de la moyenne entre
les expériences faites à ce même degré. Mais je n'ai pu faire
aucune expérience exade pour le 99 amp; le 100e. degrés, parce
que
-ocr page 117-VAIR ET SUR LE CnÈVEU. Efain, Chaf. m
que l'Hygrometre ne vient à ces termes que quand les parois du
Yafe qui le renferme font abfolument mouillées ; or, on fenfc
très-bien que dès qu'il y a de l'humidité fuperflue dans un vafe,
il n'eft plus propre à une expérience de ce genre. J'ai donc
fuppofé que la variation décroilfoit de 98 à 99 amp; de 99 à 100
de la même quantité que de 97 à 98 , quantité que je con-
noilTois par l'expérience ; amp; quelques épreuves, imparfaites à la
vérité , que j'ai tentées à ces ternies, me donnent lieu de croire
que les nombres que j'ai fuppofés ne different pas beaucoup
des vrais.
Ufage de
cette table.
§.91. Pour faire ufage de cette table, il faut fe reiïbuvenir
de fa deftination, qui eft de rappeller à une commune mefure
des obfervations hygrométriques faites à des degrés de chaleur
différens, ou de faire connoître les degrés qu'euffent indiqué
les Hygrometres, fi le degré de chaleur eût été le même dans
les différens lieux où ils ont été obfcrvés. Ainfi. je fuppofe que
dans la plaine , l'Hygrometre fût à 80 degrés amp; le thermometre
à If ; tandis que fur la montagne l'Hygrometre feroit à 96quot;
amp; le thermometre à 7 ; amp; qu'on voulût favoir de quel côté
l'air contient réellement la plus grande quantité d'eau ; il faudroit
pour le connoître , chercher le degré auquel viendroit l'Hygro-
metre fur la montagne , fi l'air fans fubir aucun autre changement
que celui de fa température s'élevoit du 7e. au ife, degré de
chaleur ; ou bien le degré auquel viendroit l'Hygrometre de la
plaine , fi l'air fe refroidifibit au point de faire defcendre le ther-
mometre du içe, au 7e. degré. Je vois parla table, que quand
l'Hygrometre eft à 80 degrés, le premier degré de refroidilTement
le fait haulTer de 2 amp; 44'- 5 ou le fait venir environ à 82 - , que
le fécond degré de froid le fait venir à ,1e troifieme à 87
le quatrième à 90 le cinquième à 93 ? ; le fixieme k U
M
-ocr page 118-§0 DES EFFETS HYGROMÈTRIQVES DE LA CHALEUR SUR
là, le feptieme le fait venir un peu au-delà de'98 ; enfin le
huitième amp; dernier degré de refroidiflTement le ramene tout
près de 100 ou du terme dc faturation ; d'où il fuit que quoi-
que l'Hygrometre marque 16 degrés d'humidité de plus fur la
montagne, l'air qu'on y refpire contient réellement moins d'eau
eu de vapeurs que celui de la plaine.
On peut de la même maniéré comparer entr'elles des obfer-
vations faites dans le même lieu en différens tems.
On voit encore par ce même exemple, qu'au moyen de cette
table, l'Hygrometre à cheveu peut fervir à indiquer la diftance
à laquelle l'air fe trouve du point de faturation ; c'eft-à-dire , de
combien de degrés il faudroit qu'il fe refroidît pour commen-
cer à donner de la rofée, ou à dépofer une partie des vapeurs
dont il eft chargé.
Autre tanbsp;P®^'^ abréger amp; faciliter encore davantage les
fcle fervant calculs de ce genre , j'ai conftruit la table fuivante , dont la
Lîogu^r^ premiere colonne contient les degrés de l'Hygrometre ; la fécondé
qui eft l'inverfe de la table précédente , indique pour chacun
de ces degrés la quantité dont il faudroit que la chaleur variât
pour faire varier l'Hygrometre d'un degré; amp; la troifieme, dont
chaque terme eft la fomme de celui qui lui correfpond amp; de
tous ceux qui le fuivent dans la fécondé colonne, indique le
degré de faturation de l'air.
Ainsi, lorfque l'Hygrometre fera à 71 degrés, fî je confulte
cette table, le nombre o, Ç04, qui dans la fécondé colonne eft
vis-à-vis de 71 , m'apprend qu'à ce degré d'humidité, un demi
degré d'augmentation ou de diminution dans la chaleur de l'air
VAIR ET SUR IE ^nEvm Ejrallh'CUJ.lv. n
fuffit pour faire varier l'Hygrometre d'un degré entier ; amp; le nom,
bre 12 , 33 3 qui lui correfpond dans-la troifieme colonne,
m'apprend qu'à ce même terme, fi Pair fe refroidiffoit de la
degrés amp; l'Hygrometre viendroit à loo, amp; l'air feroit fur Iff
point de dépofer de la rofée.
De même, je vois qu'à 40 degrés, qui eft le terme de la plus
grande féchereffe que j'aie jamais obfervée à l'air libre, il faut
ï degré amp; une 20e. de changement dans le thermometre,
pour opérer un degré de variation dans l'Hygrometre, amp; qu'il
faudroit que l'air fe refroidit de 34 degrés ^ pour arriver au
point de faturation.
M 2
-ocr page 120-des effets hygrométriques de la chaleur sur
Table des différentes augmentations ou diminutions de chaleur
ncceffaires pour faire varier l'Hygrometre d'un degré, fuivant le
point oh il'fe trouve; amp; du nombre de degrés de refroidiffement
néceffaires pour l'amener au point de faturation.
L |
ÎI. |
III. : |
I. |
IL |
IIL |
L |
IL |
IIL |
Beg. ie t} |
''ariat. du |
Biftance L |
hg.\t de \tl |
''ariat. du |
Biftance I |
yeg. l de t d |
'■■''ariat. du |
Biftance |
25 |
2, 222 |
57= 712 |
50 . |
0, 779 |
25, 534 |
7S |
0, 455 |
10, 370 |
25 |
2, 070 |
55, 490 |
0, 750 |
24, 7n. |
0, 45 5 |
9 gt; 904 | ||
27 |
I, 934 |
53, 420 |
52 |
0,741 |
23, 995 |
77 |
0, 444 |
9 , 449 |
28 |
I, 818 |
51, 485 |
53 |
0, 723 |
23, 254 |
78 |
0, 43 3 |
9 , 005 |
29 |
I, 715 |
49, 558 |
54 |
0, 70^ |
22, 531 |
79 |
0, 421 |
8, 572 |
30 |
I, 623 |
47, 95 3 |
55 |
0, 590 |
21, 825 |
80 |
0, 410 |
8 , 151 |
31 |
I, f38 1,454 |
4^, 330 |
5^ |
0, 574 |
21, 135 |
81 |
0, 401 |
7 , 741 |
32 |
57 |
0, 55o |
20, 451 |
82 |
0, 393 |
7 y 340 | ||
33 |
I, 397 |
43, 328 |
T8 |
0, 545 |
19, 801 |
83 |
0, 385 |
5, 947 |
34 |
I, 333 |
41, 931 |
0,532 |
19, 155- |
84 |
0, 379 |
5, 551 | |
35 |
I, 277 |
40, 598 |
50 |
0, 519 |
18, .5 24 |
85 |
0, 372 |
6, 182 |
36 |
i, 325 |
39, 321 |
5i |
0, 5o5 |
17, 905 |
85 |
0, 355 |
5 , 810 |
37 |
I, 175 |
38, 095 |
52 |
0, 5 94 |
17, 299 |
87 |
0, 350 |
T , 444 |
38 |
I, 133 |
35, 920 |
53 |
0, 583 |
15, 705 |
88 |
0, 35 5 |
5 , 084 |
39 |
I, 092 |
3 5, 787 |
54 |
0, 571 |
16, 122 |
89 |
0, 350 |
4, 729 |
j40 |
r, 053 |
34, ^95 |
^5 |
0, 551 |
15, 551 |
90 |
0, 345 |
4, 379 |
41 |
I, 017 |
33, 542 |
55 |
0, 551 |
14, 990 |
91 |
0, 340 |
4 , 034 |
42 |
0, 984 |
32,52^ |
57 |
0, 540 |
14, 439 |
92 |
0, 335 |
3 , 594 |
43 |
0, 952 |
31, 541 |
58 |
0, 531 |
13, 899 |
93 |
0, 332 |
3 , 358 |
44 |
0, 923 |
30, 589 |
59 |
0, 522 |
13, 358 |
94 |
0, 328 |
3 , O25 |
45 |
0, 89^ |
■ 29, |
■ 70 |
' 0, 5 T 3 |
12, 845 |
95 |
0, 325 |
2 , 598 |
46 |
■ 0, 859 |
28, 87c |
1 71 |
0, 504 |
12, 3 33 |
95 |
©, 412 |
2 , 373 |
47 |
' 0, 845 |
28, 001 |
72 |
, 0, 495 |
IT, 829 |
97 |
0, 552 |
I , 9^1 |
4? |
1 0, 822 |
l 27,156 |
• 73 |
0, 487 |
II, 333 |
98 |
0, 544 |
I , 399 |
4S |
) 0, 80c |
) 25, 334 |
- 74 |
■ 0, 47d |
' 10, 846 |
■ 99 |
0,75 5 |
0 , 755 |
VAlR ET SUR LE CHEVEU. EJfai 77, Chap. IV. 93
§.93. Ces tables ont encore l'avantage de difpenfer de toute
correélion pour les dilatations amp; contraélions pyrométriques du
cheveu. On a toujours craint, que dans les Hygrometres de
ce genre , la chaleur n'agît fur la matiere de l'Hygrometre ,
comme fur un corps métalhque ; qu'elle ne la dilatât, ne Talon-
geât, amp; que cette dilatation, effet de la chaleur, ne fût attri-
buée à l'humidité. Dans le Chapitre V, du premier Effai, nous
avons confidéré le cheveu fous ce point de vue, amp; nous avons
déterminé la quantité de fon alongement pour un degré de
chaleur donné. Mais li en comparant des obfervations faites à
différens degrés de chaleur, on emploie les corredions tirées
des deux tables précédentes, on pourra négliger entièrement
ces confidérations, parce que chacune des obfervations qui a
fervi à former ces tables étoit Texpreffion de la différence entre
i'adion pyrométrique êc Tadion hygrométrique de la chaleur,
amp; donnoit par conféquent le réfultat final de l'adion du chaud
amp; du froid fur l'Hygrometre. Ainfi, lorfque j'ai obfervé que
quand l'Hygrometre étoit à 41 ou 4a degrés , un degré de
chaleur le faifoit marcher d'un degré vers la féchereffe ; je fais
que dans ces circonftances la contradion produite par l'éva-
poration furpaffe tellement la dilatation produite par la cha-
leur , que l'effet final qui en réfulte , eft une contrac-
tion d'un degré. Je n'ai donc befoin d'aucune corredion ulté-
rieure.
L'ufagc de
ces taWes
difpenfe de
toute autre
correétioB.
Pourquoi
le cheveu
eft plus af-
fedé par
chaleur
quand il eft
plus hum,i*
de,,
§. 94. Avant de terminer ce Chapitre , il nous refte à con-
fidérer la raifon de l'inégalité des variations de l'Hygrometre.
Pourquoi les influences de la chaleur deviennent-elles plus
grandes à mefure que le cheveu eft plus humide ? Ce phéno-
mene paroît dépendre de la nature de cette affinité , à laquelle
j'ai donné le nom d'affinité hygrométrique, §.41 , 43, 43. La
94 DES EFFETS HYGROMÈTRIQVES DE LA CHALEVR SVR
force avec laquelle le cheveu tend à abforber les vapeurs qui
nagent dans l'air ou à retenir l'eau dont il eft lui- même péné-
tré , eft d'autant plus grande , qu'il en contient moins ; d'autant
moins efficace, qu'il eft plus près d'en être faturé.
Lors donc que le cheveu eft très-humide., il ne retient que
foiblement l'eau dont il eft abreuvé, enforte que la plus foible
chaleur fuffit pour lui en enlever une portion confidérable , amp;
pour la réfoudre en vapeurs élaftiques. Mais à mefure qu'il fe def-
féche, fon affinité avec l'eau qui lui refte prend des forces plus gran-
des, amp; il faut un jplus haut degré de chaleur pour la féparer de lui.
Squot;). Pourquoi donc cette influence de la chaleur dimi-
nue-t-elle palfé le Tfc degré; c'eft que les derniers degrés
d'extenfîon que le cheveu reçoit de l'humidité paroiffent
exiger une ,plu« grande quantité d'eau ; il faut qu'il foit gorgé
d'humidité amp; prefque mouillé, pour arriver exadement au terme
de l'humidité extrême , Se par conféquent il faut un degré de
chaleur plus confidérable pour volatilifer toute cette quantité
d'eau ; c'eft-là une iinperfedion que le cheveu tient de fa lo-
tion dans les fels alkahs ; car dans ceux qui ont été trop forte-
ment leffivés, ce défaut eft beaucoup plus fenfible; ils exigent
pour arriver à leur terme d'humidité un féjour beaucoup plus
long dans les vapeurs, amp;; une abondance d'humidité beaucoup p-lus
grande ; amp; auffi la diminution des effets de la chaleur dans le
voifinage de ce même terme eft-elle plus confidérable chez eux.
C'ett une des raifons qui m'a engagé à déterminer avec beau-
coup de foin la maniéré dont j'ai leffivé les cheveux qui ont
fervi à toutes mes expériences, amp; qui les approprie le mieux
à l'H.ygrometrè. J'aurois même préféré de me paffer entièrement
de cette opération ; amp; quelques moyens méchaniques auroient
Limites de
cette aug-
mentation.
r'AlK ET SUR LE C H E V E U. Efai 11, chap. ly.
pu fuppiéer à la fenfibilité qu'elle donne au cheveu ; mai. elle
a le grand avantage de le corriger delà rétrogradation, §. xc
qui eft toujours plus ou moins fenfible dans les cheveux cruds '
amp; qui peut produire des erreurs proportionnellement plus grande^
iorfque les variations direfles font moins étendues.
§. 5? 6quot;. Au refte, je dois avertir que ces tables ne peuvent
fervir que pour l'Hygrometre à cheveu; du moins feroit-ce un quot;e pe?vtït
bien grand hafard fi d'autres corps fuivoient les mêmes loix ^^
dans des variations qui font les réfultats des effets réunis de grometrfà
l'eau amp; du feu; il faudroit pour cela qu'il y eût entre ces corps
amp; le cheveu une identité d'affinités amp; de ftrud^ure qu'il eft bien
difficile d'efpérer,
^ Et ce qui rend plus probable encore, que ces lorx font dif-
îerenies dans des corps différens, c'eft qu'elles ne font point
cxadement les mêmes dans les cheveux inégalement leffivés
Ceux qui le font trop font plus affedés par la chaleur dans les
degrés-compris entre le 70 amp; le 97=. de mon échelle, amp; ik
le font moins dans tous les autres termes. Mais ceux qui ont
ete leffivés, en fuivant exadement le procédé décrit dans le
Chapitre-II du premier Effai,, fuivent tous la loi exprimée dans
la table ci-jointe, ou ne s'en écartent, du moins, que d'une
quantité peu confidérable. Les Phyfîciens qui voudront ou faire
ufage de cette table telle qu'elle eft, ou vérifier les expérfen.
^es dont elle donne les réfultats, doivent donc commencer
par s'affurer que le cheveu de leur Hygrometre a été leffivé au
Jiiéme point que les miens, ou ce qui revient au même que
de la féchereffe à l'humidité extrême , il s'alonge de 3 lignes
I par pieds, ou plus exadement de la o, 0^4je. ^e fa,
^on^ueiir.
55 '^m rapport t a-t-il ertre les degrés
^UEL RAPPORT r A-T-IL ENTRE LES DEGRÉS DE^VHYGRO^
METRE, ET LA QUANTITÉ D'EA U CONTENUE DANS VAIR ?
§. 97. i
Introdlfc-
I' ^ij
It :
tité d'eaa
que peut
diffoudre
un pied cu-
Ije d'air.
irli
If' ■
- o us avons vu, %. qu'une des propriétés d'un
Hygrometrl parfait, feroit d'avoir une marche exadement pro-
portionnelle à la quantité d'eau ou de vapeurs que l'air renferme.
Mais un Hygrometre pourroit encore être très-bon fans cette
propriété, fl l'on venoit à bout de déterminer par des expé-
riences exades, le rapport de tous fes degrés avec la quantité
des vapeurs. C'eft ce que j'ai tenté de faire pour mon Hygro-
metre : mais on verra que ce travail difficile eft encore bien loin
de fa perfedion,
Recherches §.98. J'ai cru devoir commencer par rechercher quelle efl
fur la quan- ^.peu-près la quantité d'eau néeeffaire pour faturer un volume
donné , par exemple,un pied cube d'air; afin de divifer enfuite
cette quantité en un certain nombre de parties égales, d'introduire
fuccefllvement ces parties dans un volume d'air connu ; de con-
duire ainfi cet air par des pas égaux depuis la féchereffe jufqu'à
l'humidité extrême, amp; d'obferver en même tems la marche
de l'Hygrometre.
, - .nbsp;0 9. Ce problême préliminaire, celui de déterminer Ta
Idee eene-nbsp;01 ^ ynbsp;trnbsp;1 j '
lalc du pro- quantité abfolue d'eau qui eft contenue dans un volume donne
céde^à fui. ^ .nbsp;néceffairement un Hygrometre très-fenfible, amp; dans
=vre dans ces quot;nbsp;°nbsp;1 rr r ■ j.
ïcchgrches. igqirel les points extrêmes d'humidité amp; de fecherelle ioient
très-exadement déterminés. Or, l'Hygrometre à cheveu poffede
ces
-ocr page 125-DE VHYGR^Mir-kl, m Effai II, Chap. V. 97
ces qualités dans le degré le plus eminent. Il femble donc
qu'avec fon fecours ce problême doit être très-facile à réfou-
dre; qu'il fuffit d'avoir un grand vafe. de renfermer dans ce
vafe un Hygrometre à cheveu, de deffécher parfaitement l'air
de ce vafe, d^ introduire enfuite une quantité connue d'eau
d'épier la marche de l'Hygrometre, de faifir l'inftant où il aura
atteint le terme de l'humidité extrême, amp; de voir alors la dé-
perdition qu'aura fouffert l'eau que fon avoit introduite ; cette
déperdition indiquera la quantité d'eau que l'air a diffoute, amp;
le rapport de la capacité du vafe avec un pied cube étant connu,
on connoîtra la quantité d'eau contenue dans un pied cube
«i'air faturé d'humidité.
Mais cette expérience doit être faite avec les précautions
les plus réfléchies, fi l'on veut pouvoir en conclure quelque
chofe de certain.
§. 100. D'abord il faut que, ni la fubftance même du vafe, Premier»
ni aucun des corps qui s'y trouveront renfermés ne foient ca-
pables ou de donner ou d'abforber des exhalaifons aqueufes ;
car fl des vapeurs fortant de ces corps fe joignoient à celles
de l'eau que l'on introduira dans le vafe, il faudroit d'autant
moins de cette eau pour faturer l'air qui y feroit contenu. Et
fi au contraire, il fe trouvoit là quelque corps capable d'en
abforber, l'air paroîtroit avoir coniumé plus d'eau qu'il n'en
auroit réellement abforbé. 11 faut donc n'y laiffer ni bois, ni
papier, ni cuir» amp; fur-tout fî l'on defféche l'air par le moyen
des fels abforbans, il ne faut pas qu'il refte dans le vafe le
moindre atome de ces fels.
Seconde
■caution.
§. loi. Il faut enfuite une extrême attention à ne pas laiffer ;
N
-ocr page 126-58 QJJEL RAPPORT r A-T-IL ENTRE LES DEGRÉS
l'eau dans le vafe au-delà du terme de faturation; car quoique
l'air foit faturé , elle continue de s'évaporer amp; va s'attacher
fous la forme de rofée contre les parois du vafe. Il faut mêmamp;
employer les plus grand foins, pour que le vafe foit environné
d'un air dont la température foit bien par-tout la même ; car
fi quelqu'une des parties de ce vaiffeau étoit plus froide que les
autres, ne fût - ce que d'un degré, on ne parviendroit jamais à
faturer l'eau d'air qu'il renferme, les vapeurs iroient continuel-
lement s'attacher à eette partie froide, dans le tems même ou
l'Hygrometre témoigneroit qu'il eft encore éloigné de lo à
12 degrés de fon terme de faturation. Le feul moyen d'é-
viter cet inconvénient, c'eft de placer ce vafe dans un lieu où
il ne vienne ni froid ni chaleur d'un côté plutôt que de l'autre»
amp; il faut même ou le fufpendre dans l'air, ou le placer fur un
fupport qu'il, ne touche que par un petit, nombre de points ;
autrement les parties du vale contigues au fupport fuivent tour
jours plus lentement que les autres les variations de l'air extégt;.
rieur, il en réfulte nécelTairement des inégahtés de température,
amp; par conféquent cette rofée que l'on veut éviter. Et même
avec tous ces foins, il ne faut pas fe flatter de pouvoir amener
l'air au point de faturation parfaite, fans que les vapeurs com-
mencent à fe dépofer quelque part fur les parois intérieures du
vafe ;, il vaut mieux refter de 4 ou 5 degrés au - deffous
de ce point, amp; juger par analogie de la quantité d'eau qu'il
aurait fallu pour compléter fa faturation.
TroiGemc
»récaution.
§.102. Il faut enfin que l'Hygrometre quot;renfermé dans 1«
vafe où fe fait cette expérience porte avec lui un thermometre
très - fenfible monté fur métal, amp; obferver avec beaucoup de
précifion, le degré de chaleur qu'indique ce thermometre dans
le moment où l'on juge l'air fuffifarament faturé , parce que la
DE V HT GEO METRE, Efaî II, Chaf. V. 99
quantité d'eau que l'air peut diffoudre varie beaucoup fuivant le
degré de chaleur de cet air.
Les autres précautions, comme d'employer un vafe parfaite-
ment propre, de le tenir exadement fermé, de faire ufage de
balances très-mobiles amp; très-juftes, d'opérer avec la plus grande
célérité poffible, amp;c. amp;c. annoncent d'elles-mêmes leur néceffité.
§. 103. J'ai fait mes premieres épreuves dans des ballons Réfultat de
de verre, les uns d'un pied , les autres de i f à 15 pouces premic-
^nbsp;' ^ ^nbsp;res exp»
de diametre gt; amp; la moyenne entre plufieurs experiences m'a rlences,-
donné 11 à i a grains par pied cube ; c'eft-à-dire, que de l'air
deffédié autant qu'il pouvoit l'être dans cet appareil, environ
à 8 ou 10 degrés de mon échelle, n'exigeoit pour fa par-
faite faturation qu'une quantité d'eau équivalente environ à 11
grains par pied cube, amp; cela à 14 ou if degrés du thermo-
metre divifé en 80 parties.
• §. 104. Ce réfultat étonnera beaucoup ceux qui auront lu Réfultats
les expériences de M. Lambert. Ce célébré mathématicien a obtenuquot;*par
cru que l'air pouvoit abforber à-peu-près la moitié de fon poids M. Lam-
SËIvT'
d'eau, c'eft - à - dire, jufqu'à 34® grains par pied cube. Mais
malgré la confiance que méritent en général les affertions d'un
homme tel que lui , je crois pouvoir affurer qu'il a été
induit en erreur par la raifon que j'ai donnée plus haut, §. loi ,
e'eft qu'il n'a pas fait attention que l'évaporation continue même
après la faturation complete de l'air, lorfque la vapeur, à me-
fure qu'elle fe forme, fe condenfe contre quelqu'une des parois
du vafe qui la tient renfermée. Or, la plus légere inadvertance
de ce genre pouvoit entraîner une erreur très-confidérable,
parce que le vafe dans lequel M. Lambert faifoit cette épreuve,
loo QUEL RAPPORT r A-T-IL ENTRE LES DEamp;RÉS
n'avoit que 39 pouces cubes de contenance, c'eft-à-dire,^
la 44e. partie .d'un pied cube ; enforte qu'une erreur d'un
feul grain dans l'expérience en produifoit une de 44 fur
le pied cube ( l'Académie de Berlin, 1759. Eifai d'Hygrométrie
de M. Lambert 60, 6i\.. ) Quand on fait cette épreuve
avec, un Hygrometre à cheveu renfermé dans le vafe ,
il eft très-aifé d'éviter cette erreur ; l'aiguille en s'approchant
du terme de l'humidité extrême vous avertit de vous tenir fur
gt;os gardes, amp; de ne pas lailTer trop long-tems dans le vafe
l'eau ou le corps qui fe réduit en vapeurs ; au lieu que la corde
de boyau de l'Hygrometre qu'employoit M. Lambert ne mar-
quant point le terme de l'humidité extrême , amp; ne ceffant point
de fe détordre quand l'air eft complètement faturé, induit l'ob-
fervateur en erreur, amp; lui fait croire que l'humidité augmente,
lors même qu'elle n'eft plus fufceptible d'augmentation.
§. 10^. Et fl l'on avoit quelque doute fur le terme d'hu-
midité de l'Hygrometre à cheveu, fî l'on foupçonnoit que peut-
être l'Hygrometre l'indique avant que l'air foit parfaitement fa-
turé, je leverois entièrement ce doute, en aifurant que j'ai fou-
vent elfayé de laiffer l'eau dans le vafe, depuis que l'Hygro-
metre étoit venu au terme de faturation , amp; que conftamment
j'ai vu, quand le ballon étoit bien net amp; bien clair, des gouttes
de rofée commencer alors à fe dépofer fur quelque point de
la furface intérieure du ballon. Qr, cette rofée prouvoit que
l'air étoit complètement faturé , puifqu'il abandonnoit des va-
peurs à mefure qu'il s'en formoit de nouvelles. Si par le contaél
ou le frottement de la main, je réchauffois doucement par de-
hors la partie du vafe à laquelle ces petites gouttes étoient
adliérentes, je les faifois difparoître, mais quelque inftans après.
Képonfe à
lan doute
qui pourroit
s'élever.
DE VHTGROMETRE, amp;c. Efai II, Chap. K loi
je les voyois de nouveau condenfées dans quelqu'autre partie
plus froide de la furface intérieure.
Réponfe à
un autre
doute.
La quanti-
té d'eau dif-
foute eft
peut-être
encore plus
petite à l'air
libre.
§. io6. On pourroit foupçonner encore, que l'opération par
laquelle je tâche de ramener l'air au terme de la féchereffe ex-
trême, lui caufe quelqu'altération qui le rend fufceptible d'être
faturé par une quantité d'eau moins confidérable. Mais je leve,
rai encore ce doute, en affurant que j'ai fait un grand nom-
bre de fois ces mêmes expériences, avec de l'air pur amp; intaéî,
pris fur une terraflTe élevée , amp; qui n'avoit fubi aucune opéra,-
tion quelconque. Les réfuîtats ont toujours été proportionnel,
lenient les mêmes. Je dis proportiormelkment, parce que cet air
nioins fec que celui-ci, que j'avois artificiellement deaquot;éché , fe
chargeoit d'une quantité d'eau moins confidérable.
lt; §, 107. Le refped que j'ai amp; que tout phyficien doit avoir
pour les affertions d'un philofophe tel que M. Lambert, ne
fauroit donc me donner aucun doute fur mes expériences. Mais
il y a plus encore : je dois croire d'après ces mêmes expérien-
ces , qu'en plein air une quantité d'eau plus petite encore, fufîîc
Pour faturer complètement un pied cube de ce fluide. Car j'ai
conftamment obfervé, qu'il falloit proportionnellement plus d'eau
pour faturer l'air dans un petit vafe que dans un grand ; fans
■doute parce que, même avant la parfaite faturation de l'air, la
Surface intérieure du vafe fe charge d'une portion de l'eau qui
s'évapore au-dedans de lui. Or, cette furface eft proportion-
nellement plus grande dans un petit vaiffeau. Et peut-être
l'extrême petiteffe des vafes qu'employoit M. Lambert eft-elle
-une des caufes de la quantité d'eau qui s'y évaporoit
On pourroit en faifant dans ce deffein des expériences corn-
-ocr page 130-los QJJEL RAPPORT 'i* A-T, IL ENTRE LES BEGMS
paratives dans de très-grands amp; de très-petits vaiffeaux, par-
venir à connoître la quantité d'eau dont fe charge une furface
donnée de verre , fuivant le degré d'humidité de l'air qui la
touche. Mais il eft vraifemblable que l'on ne trouveroit rien de
conftant, amp; que cette quantité feroit différente en différentes
efpeces de verre ; plus grande, par exemple, dans les verres ten-
dres 8c fahns que dans ceux qui font durs amp; bien cuits.
Au refte, on peut démontrer par des expériences éledriques
la réalité de l'exiftence de cette vapeur invifible qui s'attache
à la furface du verre , long-tems avant que l'air ait commencé
à dépofer la rofée grofTiere qui fe forme lorfqu'il eft fuperfaturé.'
Tout homme qui s'eft occupé d'éledricité a du voir fré-
quemment des fupports de verre laiffer infiltrer le fluide élec-
trique le long de leur furface à la faveur d'une humidité qu'ils
avoient contradée, même dans un air qui n'étoit point en-
tièrement faturé de vapeurs. Certains verres paroiffent plus que
d'autres fujets à ce défaut , amp; c'eft pour y remédier que l'on
prefcrit d'enduire ces fupports d'une couche de vernis ; en effet,
les vapeurs aqueufes ne s'attachent point aux corps réfîneux:
auffi aifément qu'au verre, parce que l'eau a moins d'affinité
avec les corps gras, qu'avec les terres amp; les fels dont eft com-
pofé le verre.
io8. Lorsque ces épreuves m'eurent convaincu de la
petite quantité d'eau néceffaire pour faturer un pied cube d'air,
je vis que fi je voulois fubdivifer cette quantité , il faudroit
néceffairement employer de plus grands vafes. J'eus le bonheur
de me procurer un grand ballon, d'un beau verre tranfparent
lt;Sc d'une forme régulière. C'eft un ellipfoïde alongé dont le
Ballon em-
ployé aux
recherches
les plus
exactes.
Igt;E V HT GROMETRE,EJfai U, Chap. V, 10?
grand axe a 25 pouces 5 lignes amp; le petit 23 pouces
.î lignes amp; dont par conféquent la contenance eft de
104 pieds cubes. En retranchant les o, 00104 pour l'efpace
qu'occupent les petits inftrumens que j'y renferme, il refte une
contenance de 4 pieds cubes amp; 5, ce qui eft bien fuffi-
fant pour diminuer au »loins beaucoup le danger des erreurs
grofîieres, amp; pour affimiler autant qu'il eft poffible ce qui fe
palfe dans l'intérieur de ce ballon avec ce qui fe palfe à l'ai?
libre.
§, 109. En faifant ces recherches fur la quantité d'eau que
peut diffoudre un volume donné d'air, outre l'Hygrometre amp; .^^quot;pmetre
,nbsp;.nbsp;inlere dans
le thermometre, j'avois introduit dans mes ballons un barometre, ce ballon.j
pour favoir fi, comme on l'a fuppofé , les vapeurs dilatent l'air
en le pénétrant, amp; quel eft le rapport entre cette dilatation amp;
la quantité de vapeurs qui l'opèrent:.
On comprend aifément que e'eft fur-tout dans cette épreuve
qu'il importe de donner la plus grande attention au therma-
metre; car un barometre renfermé dans un ballon bien luté
n'eft plus fenfible qu'à l'élafticité de l'air, amp; cette élafticité croif-
lant avec la chaleur , la moindre variation dans cette chaleur
doit opérer fur lui un changement confidérable. J'eus donc foin
de tenir dans ces ballons des thermometres de mercure à gran^
des divifions, tellement que je pouvois répondre avec la plus,
parfaite certitude de la lOe. amp; même de la 20e. partie
d'un degré je m'efForçai de tenir autant qu'il étoit poffible leamp;
ballons dans la même température, depuis le commencement
jufqu'à la fin de l'expérience , amp; lorfque malgré nies foins, il fe
io4 QUEL RAPPORT T A-T^IL ENTRE LES DEGRÉS
trouvoit quelque variation dans la chaleur , j'en tenois compte
comme je l'expliquerai dans la fuite.
expe-
riences,
Le mercure du barometre que j'ai employé da'^^s ces épreu-
ves amp; que je nommois jjiammetre, parce qu'il mefuroit ici, non
la pefanteur, mais l'élafticité de l'air, avoit bouilU dans le tube.'
Ce tube eft abfolument nud dans toute la partie qui plonge
dans le ballon, pour que fa monture ne trouble point l'expé-
rience; il paffe au travers d'une plaque de métal qui ferme l'o-
rifice fupérieur du ballon , il eft foigneufement luté avec cette
plaque, comme celle-ci l'eft avec le ballon lui-même, amp; il porte
des divifioas très-exades dans la partie faillante hors du ballon.
RéMtats §. iig. Avec cet appareil, j'ai trouvé qu'a une tempé-
^ rature de 14 à if degrés, l'élafticité de l'air augmentolt
environ d'une f4e. , lorfque les vapeurs en le pénétrant,
le faifoient paflTer de la féchereffe extrême à l'humidité ex-
trême ; car le manometre qui étoit à 27 pouces avant l'ex-
périence , fe trouve environ à 27 pouces 6 lignes quand
elle eft achevée. J'ai obtenu le même réfultat en faifant l'inverfe
de cette expérience: j'ai commencé par faturer, ou à-peu-près,
l'air que renfermoit le ballon, enfuite j'ai fait abforber par
des fels les vapeurs qu'il contenoit, amp; fon élafticité a diminue
aufli d'une 54e. Nous verrons dans le IVe, Effai les confé-
quences météorologiques de cette expérience.
Mais je ne me fuis pas contenté de ce réiultat fommaire ;
j'ai cru qu'il feroit intéreffant de connoître , non feulement la
quantité totale de l'accroiifement que reçoit l'élafticité de l'air,
lorfqu'il paOTe de la féchereffquot;e à l'humidité extrême , mais encore
les progrès de cette augmentation relativement à la quantité
d'eau
-ocr page 133-rgt;E u HYGROMETRE, ^c. Èjfai H. Ckap. V. lOf
d'eau ou de vapeurs qui s'introduifent dans l'air. J'ai donc adapti
le manometre à mon grand ballon, amp; j'ai éprouvé de ligne en
ligne la quantité d' eau qu'il falloit pour le faire varier. Je vais
donner les détails de ces expériences, dès que j'aurai décrit
quelques parties de mon appareil dont je n'ai pas encore parlé.
§. iii. Une plaque d'étain de forme circulaire amp; de f pouces Détails de
de diametre ferme l'ouverture de mon grand ballon; le bord
de cette plaque eft percé d'un trou, qui laiife paffer , comme
je l'ai dit, le tube du manometre; elle eft lutée bien foi-
gneufement avec le ballon ; le manometre l'eft de même
avec elle, amp; l'un amp; l'autre demeurent fixés là dans tout le
cours de l'expérience. Mais au centre de cette plaque eft une
ouverture circulaire de 3 pouces de diametre, qui fert à in-
troduire les fels deftinés à deffécher l'air du ballon : cette ou-
verture fe ferme avec une plaque plus petite, qui fe lute par
deffus la grande. Et cette petite eft elle-même percée à fon cen-
tre d'une autre ouverture auffi circulaire de fix lignes de dia-
metre , laquelle fert à infinuer dans le ballon le linge humide
ou le tube plein d'eau qui doit produire des vapeurs dans l'in-
térieur du vafe. J'ai pratiqué ainfi des ouvertures de différentes
grandeurs, afin de ne jamais ouvrir que précifément autant
qu'il le falloit pour introduire les différens corps que je devois
taire entrer dans le ballon, amp; de donner ainfi le moins d'ac-
cès poflible à l'air extérieur. Toutes ces ouvertures font lutéés
avec la cire dont j'ai donné la compofition §. 8 3, amp; dont les
exhalaifons, comme je l'ai dit dans le même paragraphe, n'af-
fedent point du tDut Thygrometre.
Ce ballon ainfi fermé amp; luté contient, outre le manome-
tre, deux Hygrometres placés à un pied de diftance l'un de l'au-
tre , affez près de la furface du ballon, pour que je puiffe lire
O
-ocr page 134-xoG QVEL BJPTORT T A-T-IL ENTRE LES DEGRÉS
leurs divifions avec une loupe de deux pouces amp; demi de foyer,
amp; il renferme enfin le grand thermometre dont j'ai déjà parlé,
qui eft aufu à portée d'être obfervé avec la même loupe.
§. 112. Dans mes premieres expériences, pour deffécher
l'air renfermé dans le ballon, j'avois fait ufage d'huile de vi-
triol concentrée, parce qu'elle agit avec plus de célérité que
le fel de tartre. Mais j'obfervai, que quand le defféchement étoit
parvenu à un certain terme, environ aux | de la quantité to-
tale, le phlogiftique, ou de l'air ou des exhalaifons de la cire:,
fe combinoit avec l'huile de vitriol, la bruniffoit, amp; engendroit
nn fluide élaftique, qui, à la vérité, n'aft'edoit nullement les
Hygrometres, mais qui faifoit monter le manometre amp; troubloit
ainfi mes expériences fur l'élafticité des vapeurs. Dès-lors j'ai
employé le fel de tartre bien defféché, qui, n'eft point fujet à
cet inconvénient.
Sels em-
ployés au
defiéche-
ment. de
l'air..
Je prépare ce fel moi-même avec un mélange de parties
égales de tartre crud amp; de falpêtre piles amp; mêlés enfemble.
J^ai un grand creufet de fer que je place dans le foyer d'un
fourneau de fufion ; je réchauffe ce creufet jufques à ce qu'il
commence à rougir, alors j'y injefle peu-à-peu le mélange
de fels. Lorfqu'ils ont achevé leur détonation, j'augmente par de-
grés la chaleur jufques à ce que le creufet foit d'un rouge ce-
rife, amp; je l'entretiens dans cet état pendant une bonne heure,
de maniéré que le fel bouillonne continuellement; après quoi
je fais piler ce fel tout chaud, je dirois prefque encore hquide,
dans un mortier chaud amp; fee, amp; je le conferve dans une
fiole de verre lutée avec de la cire.
J^aî auffi employé avec fuceès la terre foliée de tartrequii,.
-ocr page 135-DE VHTGROMETRE, ^c. Efai U, Claf. V.nbsp;107
après avoir été brûlée amp; calcinée, a une force defficcative en-
core plus grande que le fd de tartre calciné. /Mais comme les
Apothicaires la vendent à un très-haut prix, ceux qui voudront
répéter ces expériences , pourront la préparer eux-mêmes en
diOTolvant de la potaffe dans du vinaigre amp; en faifant évaporer
l'humidité fuperilue. La dépuration par l'efprit de vin qui efl la
caufe de la cherté de cette drogue, n'eft nullement néceîîjare
pour ces expériences.
Je mets deux ou trois onces de quelqu'un de ces fels dans
une talTe de verre de forme applatie, fufpendue par trois fils de
métal déhés amp; alfez longs pour que la boucle qui les réunit,
étant accrochée à la plaque qui ferme le ballon, la talfe fe trouve
H-peu-près au centre de ce même ballon.
§. 113. Açres tous ces préparatifs amp; ce long apprentiftage. détailsd'u-
je commençai une opération, digne, à ce que jè crois, de quel- neexpcrien-
que confiance, le 37 juin de l'année derniere 1781.
J'avois lailfé pendant deux jours mon grand ballon ouvert
amp; expofé au vent auprès d'une fenêtre ouverte; j'avois même
foufflé dedans à plufieurs reprifes avec un grand foufliet pour
renouveller entièrement l'air qu'il contenoit. Les Hygrometres
renfermés alors dans ce ballon étoient au même point que ceux
de la chambre; l'un défigné par R marquoit 79 degrés amp; 26quot;
centiemes (*) , l'autre marqué Q, go degrés amp; 40 centiemes;
vant ces
principe».
(*quot;) Je n'ai pas la prétention de diC.
tinguer dans mes Hygrometres des cen-
tiemes de degrés, mais bien des dixiè-
mes ; le fecours d'une loupe amp; une lon-
gue habitude m'en donneat la facilité.
Ces centiemes viennent donc du cal-
cul par lequel je réduis en degrés de
îa divifion générale en. ci-nt parties, les
degrés de cercle tracés fur le cadran.
( Voyez le 5 4. )
Qiiant au thermometre , c'eft celui
dont j'ai dit què je diftinguois des
vingtièmes de degré, amp; j'exprime ces
vingtièmes en centiemes pour l'unifor-
mité amp; la commodité du calcul.
O
-ocr page 136-io8 'QUEL RJPFORT Y A-T-IL ENTRE LES DEGRES
enforte que la moyenne étoit 79, 8 3- Quant au thermometre î
il étoit à 14., G') , amp; le manometre à 25 pouces, 10 lignes,.
031.
Tel étoit donc l'état de l'air dans l'intérieur du ballon, lorf-
que le 27 juin, à neuf heures du matin, j'y introduifis la talFe de
verre, qui conjointement avec fes fils amp; le fel fixe qu'elle con-
tenoit, pefoit 3 onces, 3 gros, 9 grains; la taffe elle-même
amp; fes fils pefoient une once 6 gros | de grain ; amp; par con-
féquent le poids du fel fixe étoit i once, ^ gros, 8 grains,
3 quarts.
Lefnrlendemain 29 juin à midi, les Hygrometres ne paroif-
fant plus aller au fee, je notai le degré auquel je les trouvai
fixés, iî étoit à 38, 3o, 0 à 39, , amp; par conféquent la
moyenne étoit de 38 , 87. Donc les Hygrometres étoient allés
au fee de 40, 95.
La taife pefée au moment même où elle fortit du ballon fe
trouva augmentée de 24 grains 88 centiemes.
Q.uant à rélafl:icité de l'air, la condenfation de cette quan-
tité de vapeurs l'avoit diminuée au point de faire defcendre le
manometre de 25 pouces 10 lignes, 031 à 25, 7, 94, ou
de 2 lignes, 937. De plus, pendant la durée de cette expé-
rience, le thermometre étoit monté de 14, 5î à 15, 20, ou
de o, ')'). Or comme j'ai appris par un grand nombre d'ex-
périences , qu'un degré de variation dans le thermometre fait
varier le manometre de 2 2 feiziemes, ou de i, 37^ de ligne,
(1) je vois que je dois ajouter à la dépreffion du manometre
grande; il conclut de fes expériences
qu'aux environs du içe. degré dti ther-
mometre divifé en 8° parties , ou au
1nbsp; M. le Colonel Roy {Fhihf. Tran-
facî. 1777 5 P- 7attribue à la cha-
leur une force expanfive beaucoup plus
degré de celui de Farenheit, un
* ^gre de chaleur du thermometre de
^aREnheit, dilate l'air de 2,58090
^^•Uiemes de fon volume. Or, il refaite
miennes que ce même degré de
^haleur ne dilate l'air que de 1,8861?.
pouces, qui expriment l'élafti ci té
^JJ^yenne de l'air dans lequel j'ai fait mes
^^Periences, équivalent à 324 lignes,
_nbsp;feiziemes de ligne. Or , ? i g 4
nt a 22 comme 100034,2458?. Donc
vant mes expériences, im degré de
^naieur du thermometre de Reaumur ,
allant monter le manometre de 23 fei-
'■'emes de ligne, dilate l'air de 4,245 8 3
^'iilliemes de fon volume ; mais un degré
de la divifion de Farenheit eft à un
degré de celle de Reaumur , comme
: 9. Donc dans mes expériences un
^egré de Farenheit n'auroit fait mon-
'^^rle manometre que des 5 de 4,245 § j,
1,8861 î millièmes. La différence
eft entre les réfuîtats de M. le Co-
^onel Roy amp; les miens équivaut donc à
de'nbsp;' ^ P''quot;^ conféquent à un tiers
® « quantité que j'ai obfervée. Or,
eft ^ '^'fférence eft fi confidérable,qu'il
quot; abfolument impoffible qu'un obfer-
^«eur_ auffi exad que M. le Colonel
OV ait commis une erreur auffi grande,
je ne puis pas non plus en fufpeder
quot;es propres^ expériences , puifque les
Plus grands écarts que j'aie trouvés en-
tre mes nombreufes obfervations, ne
*pnt jamais allés à 2 feiziemes de
jgne, c'eft-à-dire, à la onzieme partie
^ la totalité, amp; que ces écarts ont été
moins tout auffi fouvent qu'en plus.
Il faut donc nécefiiurement attribuer-
cette différence à celle des appareils dont
nous nous fommes fervis. Le vafe qui
renfermoit l'air dans les expériences de
M. Roy , étoit une poire de verre fem-
blable à la boule d'un barometre ordi-
naire. M. Roy ne donne pas les dimen-
fions de cette poire;niais puifque les tubes
qui lui étoient annexés n'avoient qu'une
I ou une 2 çe. de pouce de diametre, U
faut que cette poire n'eût guereplus d'un^
pouce de diametre, fans quoi les varia-
tions du volume de l'air qu'elle renfer-
moit euffent exigé des tubes d'une lon-
gueur exceffive. Mais fuppofons qu'elle
eût un pouce amp; demi de diametre , fa
capacité auroit encore été environ quatre
mille fois plus petite que celle de mon
ballon. Or, il n'eft point étrange que
l'expanfion de l'air ne foit pas la même
dans des vafes dont les capacités font
fi prodigieufement différentes, parce
que l'air doit néceffairement être modi-
fié d'une maniéré particulière par la.
furface intérieure du vafe qui le ren-
ferme, amp; que cette furface eft plus
grande dans les petits vafes relative-.
ment à leur capacité, qu'elle ne l'eft.
dans les grands. ( Voyez le § Il7.^
Un autre point fur lequel mes obfer-
vations manométriques s'écartent beau-
coup de celles de M. Roy , c'eft la dif-
férence qu'il peut y avoir entre l'air
fec amp; l'air humide relativement à leur,
expanfibihté thermométrique. M. Roy
a introduit ou de l'eau en nature, ou
de la vapeur aqueufe dans l'air quo
renfermoit la poire du manometre ; il
105gt;
DE VHTGROMETRE, ^c. Efai II, Ömf. V.
e, de ligne, dont il fe feroit trouvé plus bas, fi le ther-
mometre n'eût point varié pendant l'expérience. Il fuit de là
que le fel alkah, en abforbant une partie des vapeurs contenues
'^ans le ballon, doit être cenfé avoir fait baifi^er le manometre
3 lignes 693 millièmes.
no QUEL RAPPORT T A-T-IL ERTRE LES DEGRÉS
Réfultats §. 114. Il s'agit à préfent de réduire au pied cube les ré'fuî-
decettcprc- j-^fg ^jg cette expérience. Ainfi comme le ballon contient
Son.nbsp;pieds cubes, il faut divifer le poids de 24 grains 8 8 cen-
tièmes par 4, 25 ; ce qui donne f ,nbsp;pour le poids de la
quantité de vapeurs qui fe feroient abforbées fi le ballon n'eûl^
a enfuite expofc ce mélange à différens
degrés de froid amp; de chaud, amp; il a
trouvé que, fur-tout dans des degrés de
chaleur un peu confidcrables, cet air
mélangé d'eau ou de vapeur tendoit à
fe dilater avec beaucoup plus de force
que l'air pur. Mais il me femble que
dans ce procédé , M. lloY a confondu
deux chofes qu'il convenoit de féparer,
favoir , la converllon de l'eau en vapeur
élaftique, amp; la dilatation de l'air uni
à cette vapeur. Les expériences qui font
le fujet de ce chapitre, démontrent que
l'eau en fe réduifant en vapeurs fe chan-
ge en un fluide élaftique, qui, confiné
avec l'air dans un vafe clos, le com-
prime comme le feroit un corps étran-
ger qu'on introduiroit forcément dans
le même vafe. Lors donc que cet air
mêlé d'eau eft expofé à l'aftion du feu ,
îa force avec laquelle il comprime le
mercure dans le manometre, n'eft pas
l'eifet de l'expanfion thermométrique
pure amp; firaple de cet air devenu plus
expanfible par fon humidité ; mais cette
force eft le produit de deux diiféren-
tes caufes, favoir 1®. de la preffion
tiu'exerce le nouveau fluide élaftique
engendré dans le vafe; des dila-
tations thermométriques réumes de 1 air
amp; du nouveau fluide. Pour pouvoir
attribuer à fiî-.acune de ces deux
caufes l'effet qui lui eft propre, il_ fal-
ioit les feparer amp; c'eft 'ce que j'ai tâ-
ché de faire. J'ai commencé par faire
naître des vapeurs dans un vafe clos
fans changer du tout ia température,
ft j'ai connu ainfi la quantité de pref-
fion produite par ia généi'ution du nou-
veau fluide élaftique. Enfuite j'ai ré-
chauffé , amp; toujours dans des vafes clos,
des airs inégalement humides, en pre-
nant garde que dans le cours de l'ex-
périence il n'y eût ni produdion d'une
nouvelle vapeur, ni condenfation d'une
vapeur déjà exiftante, amp; j'ai ainfi étu-
dié l'influence de l'humidité feule fur
l'eSpanfion thermométrique de l'air.
Mais comme je ne faifois ces expérien-
ces que dans le but de perfectionner
mes recherches hygrométriques, je ne les
ai fuivies que depuis le 6 c degré du
thermometre de Reaumur , jufqu'au
22e. de la même échelle, mes principales
épreuves s'étant faites dans cet inter-
valle. Or je puis affurer que dans ces
limites entre lefquelles j'ai fait, amp; avec
beaucoup de foin, un très-grand nom-
bre d'épreuves, l'air le plus exacte-
ment defféché, bien loin d'être moins
expanfible par la chaleur, m'a paru plu-
tôt plus dilatable que l'air humide, Se
même que l'air le plus voifin duterma
de l'humidité extrême.
Au refte je ne prétends point, pat
ces obfervations, diminuer le mérite du
mémoire de M. le Colonel Roy ; ce
mémoire renferme les recherches les plus
profondes amp; les plus intéreffantes faites
avec une intelligence amp; une exactitude
dignes des plus grands éloges. Je vou-
drois au contraire pouvoir l'encourager
à répéter dans de grands vafes, celles
de les expériences qui en feroient fuf-
ceptibles ; celles fur-tout qui peuvent
fervir à déterminer les loix de la dila-
tation de l'air dans les degrés de cha-
DE VHYGROMETRE, ^c. Effai II, ihap. V.
eu qu'un pied cube de contenance. Nous voyons donc par Ih,
que quand l'humidité de l'air eft exprimée par 79 , S3 degrés de
l'Hygrometre , amp; que l'on fouftrait d'un pied cube de cet air
quot;ne quantité de vapeurs du poids de 5 , 8 grains, l'hygro-
nietre va au fec de 40 , 95 degrés; amp; l'élafticité de l'air,\ui
auparavant étoit exprimée par 26 pouces 10 lignes i de ligne ,
en réduifant tout en lignes amp; en fradions décimales de lignes
P^r 3 22 , 03125, eft réduite à 318,33825, amp; diminue par
Conféquent de 3 , 593 , environ d'une 88«..
I^uis donc qu'en abforbant un poids de vapeurs équivalant k
8546quot; grains, nous avons détruit une quantité de fluide
^ aftique capable de foutenir 3 , ^9 3 hgnes de mercure, on peut
conclure que chaque grain d'eau, quand il étoit fous la forme
e vapeurs renfermé dans un pied cube d'air étoit un fî-uid'e
^iaftique dont la force pouvoit être repréfentée par o, 593 lignes
«e mercure, amp; dont la denfité, comme nous le verrons dans le
iVe. Eflai, étoit plus petite que celle de l'air, environ dans le.
rapport de 3 à 4.
De même, puifque l'âbforption de ces 5, g^^g- grains ds
pPeurs a fait marcher l'hygrometre de 40, 95 degré^'s vers la
echerefl-e , je vois que dans ces circonftances , un feul grain
^ eau dans un pied cube d'air fait fur l'Hygrometre une impreflioa
'équivalente 37, 23 degrés..
115. Pour poufl;er plu« loin le deflechement, j'introduifis
^e nouveau dans le ballon du fel récemment calciné. On a vu
qu'à la fin de la premiere opération Pétat moyen des hyoro
^etres étoit, 38,87; mais quand j^ouvris le ballon , il y rentra
l'air qui vint remplir le vuide qu'avoient. laiff^é les vapeurs
entre lefquels peuvent tomber les abférvations du barometre,.
li I
à
Seconde
opération
du deiréchs-
ment,.
î 12 QJJEL RAPPORT T A . T. IL ENTRE LES DEGRÉS
abforbées par le fel, amp; cet air moins fec que celui du ballon
fit venir les Hygrometres à 39 » 91-
La taffe pleine de fels laiffée pendant trois fois vingt-quatre
heures dans le ballon , dont la température moyenne fut de
IS , , fe trouva pefer 4 grains 98 centiemes de plus qu'avant
d'être plongée; l'Hygrometre iî vint à 29,3^,amp;2à30, 30,
dont la moyenne eft 29,98. 11 baiffa donc de 9 , 93 par l'effet
de 4 , 98 grains , qui divifés par 4, 25, capacité du vafe , donnent
I 1718. Or 9 , 9 3 , effet total produit fur l'hygrometre, diviie
par I , 1718 , donne S , 47 , nombre de degrés , dont l'ab-
forption d'un grain pefant de vapeurs , fait dans ces circonftan-
ces marcher l'hygrometre vers la féchereffe.
Quant au manometre, il fe trouva à la fin de l'expérience
exactement au même point où il étoit avant l'introduflion du
fel - mais comme dans l'intervalle l'air s'étoit réchauffé d'un denii
de-ré , amp; que par cela même le manometre auroit dù monter
de^i de ligne , c'eft une preuve que l'abforption des vapeurs a
diminué l'élafticité de l'air de cette quantité, ou de o , 687^
lignes, amp; ce nombre divifé par i, 1718, donne 0,^87'
portion de ligne dont un grain d'eau réduit en vapeurs dans un
pied cube d'air, foutient le mercure à la température de 15 degré«
centiemes.
§ 115 Par deux autres opérations femblables, je pouffai
defféchement jufques k 9 , 29de l'Hygrometre iî, amp; 9, oT de
l'Hygrometre La moyenne étoit donc 9,17. Je ne pefai p
les fels dans ces deux dernieres opérations, pour les laiffer mmn
long-tems à l'air amp; parce que l'augmentation de poids eft
petite dans ces circonftances, que les moindres erreurs produifej
L très-grands écarts. Je n'effayai pas non plus de^pouff. 1
Fin du def-
iéchemcnt.
DE UmGROMETRE, ^c. EJJUL II, Chap. V. 115
^elTéchement plus loin , parce que cela n'eft guere poffible dans
de fl grands vafes; je fortis la talfe amp; je lutai le ballon pour
Venir à l'inverfe de cette expérience , c.'eft-à-dii-e, la produflion
des vapeurs,
117. Je fais cette opération avec plus de confiance que la ƒ
précédente, parce que lorfque j'emploie des fels pour le delféche- dan/urair
^ent de l'air , je crains toujours que ces fels n'abforbent ou ne pro- defféché,
duifent quelque fluide élaftique, amp; qu'ainjî les réfuîtats relativement
à l'élafticité des vapeurs ne foient erronés ; au lieu qu'ici, où le
ballon ne contient abfolument aucun corps fufped, où je me
Contente d'y introduire un petit rouleau de linge blanc du poids
de 25 à 30 grains, humedé avec de l'eau pure , je fuis fur,
autant qu'on puifte l'être en phyfique, que les cliangemens fur-
'^^enus dans le ballon font uniquement les effets de l'évaporation
de cette eau. Et cependant la conformité des réfuîtats obtenus
par ces deux méthodes prouve que les fels que j'ai employés
n'ont agi que fur les vapeurs amp; n'ont engendré ni abforbé aucun
autre fluide élaftique.
•
J'introduïs donc par une ouverture qui n'a que 6 lignes de
diametre, ce petit rouleau de linge humedé (1), je l'effiiye
lîîêaie avant de l'introduire , pour qu'il ne puiffe point en tomber
de gouttes, amp; que fon humidité ne s'attache pas aux corps qui
peuvent le toucher. Je l'accroche à un fil de laiton recourbé qui
le tient iulpendu à-peu-près au centre du ballon , amp; je fcelle
fur le champ l'ouverture par laquelle je l'ai introduit après avoir
le tems le ballon dass une tempéra-
ture^ à-peu-près uniforme, amp; je roule
le linge fur lui-même, parce que s'il
étoit déployé l'évaporation iroit trop vite,
P
1nbsp; J'emploie im linge humide plu-
tôt que de l'eau en nature, parce que
*=elle-ci s'évapore fi lentement qu'il fe-
roit bien difficile de tenir pendant tout
JI4 Q.VEL RAPPORT T A-T-IL ENTRE LÉS DE$RÉS
noté l'état du manometre , du thermometre amp; des Hygromètres
à l'inftant du fcellé.
Premiere
immerfion
d'un linge
humide
dans un air
fcc.
§. 118- Dans le moment où j'introduifis le lingela moyenne
entre les Hygrometres étoit, comme je l'ai dit plus haut 9,17»
le thermometre étoit à 14, 75 1« manometre à 2 5 pouces,
10 lignes IX feiziemes. Comme je ne voulois faturer l'air que
graduellement par fix opérations fuccelfives, je defirois de faifir
le moment où le manometre feroit monté d'une hgne , parce
que l'eifet total des vapeurs à ce degré de chaleur eft, comme
nous l'avons déjà vu , environ de 6 lignes ; mais l'évaporation
fe fit un peu plus vite que je ne l'aurois cru ; au bout d'une
heure je trouvai le manometre hauifé de 19 feiziemes de hgne,
amp; le thermometre baiffé d'une 20« de degré. Je retirai amp; je
pefai bien promptement le linge, il avoit perdu 9 grains amp; 6
centiemes, qui, divifés par 4, 25 capacité du ballon, donnent
3 , 1318 grains par pied cube.
Le manometre avoit monté de 1,1875, a quoi il faut ajouter
pour la baiffe du thermometre, o, lt;3^5875 ; ce qui fait en tout:
I., 25525 , qui divifés par 2, 1318 donnent, o , ^89 pour la:
portion de ligne dont un grain d'eau a fait monter le manometre
en fe changeant en vapeurs..
LoRsauE les Hygrometres fë furent mis en équilibre avec
l?air, ils fe fixèrent, jR.à 39 ,nbsp;39,45; moyenne 39,
71 ; d^où retranchant 9 , 17 il refte 30 , 54 , pour la variation
qu'ils ont fubie. Or fi l'on divifé ce nombre par 2 , 1318 nombre-
de grains évaporés dans chaque pied cube d'air, il en réfulte-
€],ue dai^s. ces circonftances, un. grain d'eau en s^évaporant dans-
DE VHTGROMETRE. EJfm IL Chap. K
lin pied cube d'air, fait faire aux hygrometres 14, 37 degre's
Vers l'humidité.
§. 119. En opérant amp; calculant de même , une fécondé im- Seconde
merfion du linge réduifit en vapeurs 8, 29 grains, ou r
par pied cube. Le manometre monta d'une ligne jufte, amp; comme mouillé,
îe thermometre defcendit de 14, 8T» à 14, 70 ou de o, 17,
ce font o, 2o62lt;) de ligne à ajouter; donc cette quantité de
vapeurs produifît i, 206-27 . amp; l'effet d'un grain d'eau réduit
en vapeurs fut de o ,
Les Hygrometres vinrent de 39, 7iàf8,7i. Leur variation
moyenne fut donc de 19 degrés, qui divifés par i, 9517 don-
J^cnt 9,73. pour l'effet d'un grain d'eau fur l'Hygrometre ren-
fermé dans un pied cube d'air.
§. r2o. Le linge mouillé plongé pour la troifzeme fois dans Xroifiemc
le ballon y perdit 7, 8T grains, ou i , 847 par pied cube. immerûon.
Le manometre monta précifément d'une ligne ; mais comme
J^e thermometre baiffa de i 5 , do , à i ç , n , ou de o , o^ , ce
ïont o ,nbsp;à ajouter; fa variation fut donc de i, 06-877,
d'où il fuit qu'un grain d'eau fe changea en un fluide élaftique
Hui fit monter le mercure de o, 578 de ligne.
Cette quantité de vapeurs fit marcher les Hygrometres , de
t7, 17^58, dr; c^'eft-à-dire, de 11, 44, ou de 5, 19 pour
«n grain dans un pied cube.
§. 121. Dans la 4e. opération le poids de l'eau réduite en duatrîemc
^peurs fut de 6, 79 grains, ou de 1,597^ par pied cube. '«quot;merfion.
iif
ii6 QUEL RAPPORT r A-T-IL ENTRE LES DEGRÉS
Le manometre monta d'une ligne, mais le thermometre étant
auffi monté de 15 à ï6 , 05, ce font o, 20^25 de ligne
à retrancher. Il refte donc o, 79 37Î . ce qui donne pour chaque
grain d'eau o, 497 de ligne.
Les Hygrometres étoient à 58 , ta, ils vinrent à 77, 53 ;
différence 9,51; amp; pour un grain d'eau dans un pied cube
d'air s . 95-
§. 122. L'opération que je viens de calculer donna du fluide
élaftique en moindre quantité que les précédentes; celle-ci en
revanche en fournit ou du moins parut en fournir une quantité
plus grande ; car le poids de l'eau réduite en vapeurs fut de 6,
25 grains, ou de i , 47 par pied cube, amp; cehe quantité fit
haufferle manometre d'une ligne moins une trente deuxieme ou de
o, 9^87T gt; ce qui revient pour un grain à o , 5^9 ; car comme
le ^thermometre demeura fixe à 14, 90 il n'y eut aucune cor-
redion à faire pour la chaleur.
Les Hygrometres qui étoient à §3 , 82 vinrent à 93 , S7t
dont la différence 10, of divifée par i, 47 , donna 5, 83 , effet
d'un grain d'eau fur un pied cube d'air.
§ 123. Ici comme les Hygrometres indiquoient que l'air étoit
près du point de faturation, j'épiai le moment où le manometre
ne monteroit plus: car comme je l'ai dit plus haut, il ne faut
point attendre que les Hygrometres arrivent au terme de l'hu-
midité extrême, ils n'atteignent ce terme que dans des brouil-
lards ou dans un air fuperfaturé d'humidité. Le manometre donne
donne donc ici un indice plus fùr, laceffation de fon mouvement
prouve qu'il ne s'engendre plus de vapeur élaftique, ou que da
Cinquième
immerfion.
Sixieme amp;
derniere im.
merfion.
m VHYGROMETRE , Ejfai H, Chap. V. 117
moins la quantité de cette vapeur n'augmente plus dans le vafe,
qu'elle ne fait plus qu'y circuler, ou qu'il ne s'en forme qu'autant
qu'il s'en condenfe contre quelqu'une des parois du vafe C1)-
Comme cependant je ne voulois pas finir l'expérience fans m'être
bien affuré que le manometre ne raontoit plus, j'attendis, je crois,
un peu trop amp; il s'évapora en pure perte quelques portions
d'humidité; car 2, 58 grains, ou en les réduifant au pied cube ,
o, 5305 de grain ne firent monter le manometre que de o, 25 ;
ce qui ne donne pour un grain d'eau queo, 395. quantité fort
inférieure à la moyenne entre les précédentes.
Les Hygrometres montèrent de 94, 55 à 98 gt; 02, amp; par
conféquent un grain d'eau dans un pied cube les eût fait varier
de f , 49.
Le thermometre ne fit aucune variation pendant cette opéra-
tion ; il demeura conftamment à if , of.
Tables des
réfultats de
ces expé-
riences.
§. 124. J'ai rédigé en forme de tables les réfultats de ces
deux expériences, pour rendre leurs rapports plus frappans amp;
plus faciles à faifir. Les neuf colonnes qui compofent ces tables
portent chacune l'indication de ce qu'elles renferment, Se les
nombres féparés par une hgne à la fin de chaque expérience j
font ou les fommes des nombres fupérieurs de la même colonne,
«U^^fes ijioyeni^es entre ces nombres.
fon échelle amp; que les deux derniers de-
grés 99 amp; 100 font des degrés de fu»^
perfaturation,
1nbsp; Cette expérience fembleroit
prouver que l'air eft déjà faturé quand
l'Hygrometre a atteint le 98e degré de
Frewiere Expérience, %. 113 , 114- Mforption des vapeurs.
I X.
Éffctd'i
gr. pef.
de vap.
f. le maru
o,lt;;92
O,S87
50,89
0,589
Seconde Expérience, §
I.
J^iime'ros des
opérations.
N°. I.
n 2.
11. |
III. |
I V. |
V. |
VI. |
VIL |
Vin. |
Poids des |
Degré |
Effet d'un |
Hauteur |
Hauteur du |
Variai ion manometre | |
vap ahf. ou |
Variation |
grain pef |
moyen, du |
bar avant | ||
mgend. dam |
avant |
de L'Hygr. |
de vap. fur |
ther. pend |
l'opération | |
un p. c. d'air. |
l'opcr. |
l'Hygrom |
l'opération |
p. l. 12« | ||
5,8546 |
79,83 |
40,96 |
7,23 |
14,70 |
26,10,1 |
5,6950 |
1,1718 |
39,91 |
9,9 3 |
8,47 |
15,45 |
27, 3,5 |
0,6875 |
7,0264
7,8$nbsp;27,oi9 4,}8os
117, 133. Génération des vapeurs.
3 |
2, |
1318 |
9, |
17 |
30, |
54 |
14, |
37 |
14, 72 |
26, |
10, |
22 |
I, |
2562? |
0, |
589 | |
n |
4 |
I, |
9515 |
39, |
71 |
19, |
00 |
9, |
73 |
14, 77 |
26, |
Il, |
I, |
2062s |
0, |
614 | |
55 |
5 |
I, |
8470 |
57, |
17 |
II, |
44 |
6, |
19 |
15,57 |
27, |
0, |
25 |
I , |
06875 |
0, |
578 |
55 |
6 |
I, |
5976 |
68, |
12 |
9 , |
51 |
5 , |
95 |
1 5 , 97 |
26, |
10, |
27 |
0, |
79375 |
0, |
497 |
55 |
7 |
I, |
4700 |
83, |
82 |
10, |
05 |
6, |
83 |
14, 90 |
26, |
10, |
5 |
0, |
96875 |
0, |
659 |
55 |
S |
0, |
6306 |
94, |
,3 , |
46 |
5 , |
49 |
15 , os |
26, |
9 , |
29 |
0, |
2ÇOOO |
0, |
396 | |
6285 |
84, |
00 |
8, |
90 |
15,16 |
26, |
10, |
29 |
S, |
54Î75 |
0, |
55S |
9
» 10
I, 8752 |
3 3, 44 |
3 5, 84 |
19, 12 |
4, 50 |
s6, II, II |
1, 00000 |
05 îîî |
1, 3060 |
69, 28 |
18, lt;56 |
14, 29 |
5 , 00 |
27, 0, 6 |
3 , 1812
54, 50 16,70 4, 75
Quatrième Expérience, §. 129.
I, 1859
1, 275?
1, 2447
16, |
91 |
26, |
45 |
22, |
30 |
6, oî |
27, |
3, |
8 |
70625 |
0, | |
43, |
36 |
20, |
53 |
16, |
10 |
6, os |
27, |
4, |
î9 |
0, |
93750 |
0, |
63, |
89 |
18, |
30 |
14, |
70 |
6, os |
27» |
3, |
27 |
0, |
50000 |
0, |
8i , |
83 |
II, |
60 |
10, |
88 |
lt;5, 57 |
27, |
I, |
14 |
0, |
65625 |
0, |
76, |
88 |
15, |
99 |
6, 18 |
27, |
3, |
12 |
2, |
80000 |
0, |
595
735
402
587
N«». lï
„ 12
53
V
I4
4, 7718
BE rnrGRaMETRE, ^c. Efai II, ebap. r:
Tables calculées d'après la féconde amp; la quatrième Expériences,
§. I 2 9.
119
Poids de Peau
contenue dam
un Pi d'air,
Serrés
de
VHygr.
''i.6
100
dU
à Iî d
Poids de Feau
contenue dans
un p. c. d'air,
IS
du
XUUnbsp;lUU
thermometre. 1 thermometre.
6 d
Rapports entre
les nombres
contenus dans
les 2 colonnes
pt e'cedentes.
4^93
0926
7940
5654
4852
6514
9,nbsp;7250
II, 0690.
10
20
30
40
so
60
70
80
90
98
0.
1.
I.
y,
4.,
6,
2 5 4';.
6J49
0,8? 3
5 317
0947
7159
07 n
4v 9198
6549
o
o
o
° ;
O,
O,
O)
O,
O,
O ,
S 54
î8ï
604
5 97
601
530
Ç06
ç 06
SU
§. 12^ Si l'on fixe d'abord fes regards fur les nombres réfuîtats:
renfermés dans la Vme. colonne, on verra que d'après la fe-nbsp;à
conde expérience Phygrometre fait, pour la même quantité de
vapeurs, des variations graduellement moins grandes à mefure
qu'il s'approche davantage du terme de faturation , feulement
paroifl^ent-elles s'augmenter dans l'opération No. 7mais il eft
vraifemblable que j'ai commis quelqu'erreur dans cette opération
en déterminant le poids des vapeurs, amp; que j'ai trouvé ce poids
plus petit qu'il n'étoit réellement, car le nombre correfpondant
des variations du manometre dans la, IXquot;-^ colonne eft aufli ma-
mfeftement trop grand. D'ailleurs deux autres expériences, dont
la même table contient les réfuîtats, s'accordent à prouver que
le nombre de degrés dont l'hygrometre varie pour une quantité
donnée de vapeurs eft très-grand auprès du terme de la féche-
reife extrême, mais diminue enfuite graduellement iufques au
ternie de la faturation..nbsp;n
Pour rendre raifon de ce phénomene, if faut je crois
imer, que lorfqu'ua cheveu ou toute autre fibre aniinale paife.
120 QUEL RAPPORT r A-T-lL ENTRE LES DEGRÉS
de l'état de féchereffe à celui d'humidité ; l'eau qui s'infmue en-
tre fes particules ne produit pas I'alongement ou la dilatation
de cette fibre, uniquement en raifon de la quantité dont fes
parties écartent celles de la fibre ; mais plus encore par la di-
minution de l'élafticité de cette fibre ou de la cohérence de fes
parties entr'elles. Or ce font les premieres portions d'humidité
qui diminuent le plus cette élafticité amp; cette cohérence. Voyez
Réfultat« quel point un parchemin bien fec eft ferme, élaftique, fonore,
manLtre. peu extenfible, amp; comment il devient mou, amp; pour ainfî dire.
ductile dès que l'humidité commence à le pénétrer. Il en eft
de même du cheveu; lorfqu'il eft très-fec. les premieres par-
ticules de l'eau qu'il abforbe produifent fur lui un double effet,
elles l'alongent, pour ainfi dire méchaniquement, en écartant
les parties entre lefquelles elles s'infinuent, amp; elles l'allongent
encore en lui donnant une fiexibifité qui le fait céder à la force
du contre poids : à mefure que l'humidité lui ôte fon reffort,
ce fécond effet devient moins fenfible ; amp; enfin lorfqu'il eft tout
près d'être faturé, l'eau ne produit plus fur lui que le feul alon-
gement méchanique.
§. 12 6. Les nombres que renferme la IXme. colonne amp;
qui expriment les variadons du manometre ne préfentent point
la même progreffion; leur inégaUté ne paroît foumife à au-
cune loi conftante , amp; femble n'avoir d'autre caufe que les inexac-
titudes des expériences mêmes, inexaftitudes bien difficiles à évi-
ter, amp; dont la principale caufc eft la chaleur du corps de la per-
fonne qui opere fur le ballon en fcellant fes ouvertures amp; en
obfervant les inftrumens qu'il renferme. Quelle que foit la di-
ligence avec laquelle on.fait ces opérations, quelqu'attention
qu'on ait à s'en tenir le plus éloigné poffible, l'air eft fi promp-
tement affeclé par la chaleur, que quand on obferve les va-
riadons
DE VHYGROMETRE, Efai H, Chap. V: 121
Mations du manometre de ligne en ligne, k moindre augmen-
tation ou diminution de chaleur produit une différence confidé-
rable fur cette petite quantité.
La 4e. expérience que j'ai faite avec tous les foins poffibles
dans l'efpérance d'obtenir des réfultats plus uniformes que ceux
de la 2de. a même donné de plus grands écarts, parce que l'air
étant plus froid, la chaleur du corps avoit une plus grande in-
fluence (*). Cependant comme ces caufes agiffoient tantôt en
plus, tantôt en moins, la moyenne entre les réfultats de la 4e.
expérience efl: exadement la même que celle de la 2de ; car pour
obtenir celle-ci il faut rejeter la fixieme opération, qui correfpond
au N®. 8 . parce que fur la fin de cette opération , il s'exhala,
comme je l'ai dit plus haut, de l'humidité en pure perte.
La premiere opération donna auffi un nombre très-voifin de
ces deux moyennes, enforte qu'il paroit bien vraifemblable qu'un
grain d'eau en s'évaporant dans un pied cube d'air produit un
fluide élafl:ique capable de foutenir ,0,587, ou les 587 millièmes
d'une hgne de mercure.
Quant à la fomme des vapeurs élafl;iques néceffaire pour
faturer un pied cube d'air; aux 5 , 54375 lignes, qui réfultent
de l'addition des nombres de la Vlle. colomne, il faut ajouter
0,25035 pour les 9 degrés 17 centiemes qui manquoient au
C*3 Ces inégalités pourroîent don-
ner des doutes fur les expériences que
j'ai faites pour déterminer les variations
thermométriques de l'air. [Voyez la note
■du § I n • ] Mais il faut obferver que
dans celles-ci je changeois de ç à 6
degrés la température du ballon, ce
qui me donnoit des variations de 7 à
8 lignes dans le manometre ; quantité
confidérable amp; fur laquelle de petites
erreurs n'ont que peu d'influence. D'ail-
leurs comme dans ces expériences je
n'étois obligé, ni d'obferver les hygro-
metres ni de fceller le ballon, les obfer-
vations étoient inftantanées amp; parfai-
tement d'accord entr'elles.
a
-ocr page 150-122 QUEL RAPPORT T A-T-IL ENTRE LÉS DEGRÉS
parfait defféchement de l'air dans le commencement de l'expé-
rience , amp; onaura f , 79411 , ou en nombre ronds fix lignes à
If degrés de chaleur amp; le barometre étant à 27 pouces; d'où
il fuit que dans ces circonftances un air faturé de vapeurs doit
à ces vapeurs environ la 54e. partie de fon élafticité.
Réfultats
relatifs au
poids de
l'eau évapo-
rer.
§. 127. Quant au poids de l'eau nécefTaire pour produire
cette quantité de vapeurs élaftiques, la fomme des nombres con-
tenus dans la lie. colomne de la 2^®. expérience donne 9 , ^28 î '
auxquels on doit ajouter d'après l'analogie des premieres opéra-
tions o, 4072 pour les 9, 17 degrés qui manquoient à la fé-
chereffe parfaite, lorfque je commençai l'expérience. Mais dc
plus il faut confidérer , qu'entre la 4e. amp; la 5e. opération mar-
quées Nos. 5 amp; 7, les Hygrometres, foit par le refroidiffement
du ballon qui perdit un degré de chaleur , foit par la rentrée
de l'air extérieur que produifit la condenfation opérée par le re-
froidifTement, vinrent de 77, à 83,§2; enforte qu'il faut
ajouter encore la quantité d'eau qui eût été néceffaire pour pro-
duire ces 6, 19 degrés de variation dans les hygrometres. Iî
eft vrai qu'il y a à déduire une rétrogradation d'un peu plus de
2 degrés produite par le réchauffement du ballon dans l'in-
tervalle de deux autres opérations. En tenant ainfi compte,
aufli exadement qu'il eft poffible, de toute l'eau néceffaire pour
faire venir l'hygrometre de o à 98 degrés dans la température
moyenne de if centième degrés, je trouve le poids de cette
eau équivalent à 11 grains ^9 miUiemes.
Je ne crois donc pas que l'on s'écarte beaucoup de la vé-
rité en affignant onze grains d'eau par pied cube d'air faturé
à la température de i f degrés ; amp; fî l'on croit devoir faire quel-
que dédudion pour la quantité d'humidité qui s'attache à la fur-
D5 VETGROMETRE, ^c. ^ai. II, Omp. V. ,23
îace intérieure du ballon, il reftera en nombres ronds dix grains
par pied cube à l'air libre.
§.128. Je ne détaillerai point la IIIe.amp; la IVe. expériences Réfuîtats
«3ont j'ai rapporté ks réfuîtats dans la même table; je dirai rÎLelTrti
feulement que dans la fécondé opération de la Illme. qui cor- fieme amp;
refpond au N* 10, la vapeur élaftique s'échappa du ballon par
«ne ouverture imperceptible que j'avois laiffée parmégarde; en-
forte que je ne pus point appercevoir la variation du mano-
metre.
Ces deux opérations montrent combien la même quantité de
vapeurs produit un plus grand effet fur l'hygrometre quand
l'air eft plus froid, amp; combien il en faut moins pour faturer '
l'air à mefure qu'il perd de fa chaleur. Si l'on complète par
analogie ces deux expériences, comme je viens de compléter
la fécondé, on trouvera que dans la Ille. le poids de toutes
les vapeurs aqueufes que contenoit un pied cube d'air faturé à
la température de 4 dg. |, ne furpaflbit pasnbsp;grains,
amp; que dans la IVe. dont la température étoit un peu plus chaude,
favoir de 8, ce poids n'alloit qu'à f ,
§. 125. D'après les réfuîtats de la fécondé amp; de la qua- Table des
trieme expériences, j'ai calculé de 10 en 10 degrés de l'hygro- Teaf Ion-
nietre, les quantités d'eau correfpondantes dans un pied cube [fquot;quot;« dans
d'air. Mais je reviendrai à ce fujet amp; je l'approfondirai davan-
tage dans le dernier chapitre de cet Eftài.
J'observerai feulement ici, que les nombres, qui d'après ces
lt;leux expériences expriment les quantités d'eau contenues dans
^ pied cube d'air à 15 amp; à ^ degrés de chaleur, confervent
QL^
-ocr page 152-124nbsp;rapport r a~t-IL ENTRE LES DEamp;RÉS
entr'eux à-très-peu-près lé même rapport, favoir celui des quan-
tités nécelfaires pour la faturation complète.
J'ai dreOTé la table de leurs rapports, en divifant chaque nom-
bre de la quatrième expérience par fon correfpondant de la fé-
condé, amp; l'on voit par cette table que l'inégalité de ces rap-
ports qui n'eft pas bien coniidérable, ne vient que des imper-
feftions inévitables des expériences dont ils expriment les
réfultats.
§ I30 II ne me refte plus pour terminer ce long chapi-
eiamque tre quot; qu'à rapporter une expérience du genre des précédentes ,
^'aflaïace. mais faite pendant le froid amp; avec l'eau fous la forme de
glace.
Depuis que j'ai conftruit des Hygrometres à cheveu, j'ai eu
fouvent occafion d'obferver que le gel amp; même les plus grands
froids ne dérangent leurs fondions en aucune maniere.
On fait d'ailleurs que la glace eft fujete à l'évaporation. H
étoit donc bien naturel de penfer. qu'en faifant dans un air plus
froid que la fongélation amp; avec de la glace, les expériences
que j'ai faites avec de l'eau dans une température plus chaude,
le réfultat en feroit le même.
Te defirois cependant beaucoup de vérifier cette analogie par
une expérience direde, d'autant que M. Baron en -duifant a
leur jufte mefure les obfervations exagerees de M. Gauteron
fur l'évaporation de la glace, avoit foutenu que la glace ne
fouffroit aucune évaporation dans des vafes fermés, amp; que cel
qu'elle éprouvoit en plein air n'étoit qu'une ^efpece derofio^
produite par le frottement méchanique de l'air en mouvemen
Vapeur
élaftique
produite
Tgt;E L'HYGROMETRE. Ejfai H. Chaf. V.
amp; non point une folution ou une evaporation proprement dite.
(iFoyezks mém. de l'Acad. des Sienc. pour Vannée 175 3
250 amp; fuiv.')
Comme il importoit pour le fuccès de cette expérience que
pendant fa durée la température de l'air ne foufFrît prefque
aucun changement, j'y deftinai une nuit, celle du 3 au 4 fé-
vrier de cette année 1782. Cette nuit fut heureufement très-belle,
trés-uniforme amp; fi calme que je fis toute l'opération en plein
air fans que les lumières fouffriffent la moindre agitation. Je
plaçai à cinq heures du foir fur une terraffe découverte un bal-
lon d'un pied cube amp; un quart de contenance, qui renfermoit
de l'air defféché, un thermometre, un Hygrometre amp; un ma-
nometre. Je pratiquai une petite ouverture dans la cire qui te -
noit ce ballon fermé, afin que l'air extérieur entrât dans te baL
Ion à mefure que celui qu'il contenoit fe condenfoit en fe re-
froidiffant, amp; que le mélange de cet air avec celui du ballon
produifit fur l'Hygrometre tout l'effet qii'ilpouvoit produire.
A minuit 24 minutes je commençai moiî expérience; l'Hy-
grometre renfermé dans le ballon étoit à 3^. 70, le thermo-
metre à 2 degrés 7 dixièmes au deffous de zéro amp; le mano-
metre à 2d pouces 7 lignes 10 feiziemes. J'y introduifis alors
un petit rouleau de linge humedé amp; enfuite parfaitement gelé ^
qui pefoit 27 grains 3 centiemes , amp; je fcelM fur le champ
avec de la cire molle amp; la petite ouverture par laquelle j'avois.
introduit le hnge amp; celle que j'avois pratiquée auparavant.
Peu de momens après l'Hygrometre commença à mar-
cher du côté de l'humidité ; au bout de 24 minutes il avoit
déjà fait plus de 4 degrés ; au bout d'une heure il en avoit fait
18, amp; enfin après trois heures il vint à 8^ degrés 22 centie
325
'JZ6 QVEL KAPFOnT T A-T-IL ENTRE LES DEGRÉS
mes, c'eft à dire , qu'il fit en tout vers l'humidité 49 degrés
53 centiemes.
Pendant ce tems-là le manometre ne ceffa point de mon-^
ter quoique l'air fe foutint au même degré de froid ; amp; enfin
il fe trouva d'une ligne amp; une 3 s«- plus haut qu'au moment
où j'avofe plongé le linge glacé. Celui-ci fe trouva plus legec
d'un grain amp; 78 centiemes.
Cette expérience démontre donc, que la glace eft fujete à
une véritable évaporation, qu'elle fe convertit même par le froid,
en une vapeur élaftique qui augmente l'élafticité de l'air amp; qui
agit fur le cheveu précifément comme la vapeur qui s'éleve de
l'eau dans fon état de liquidité, amp; qu'ainfi les loix de l'hygro-
métrie s'obfervent dans tous les degrés de froid amp; de chaud
lt;iont notre Athmofphere eft fufceptible.
QUEL EST SUR V HYGROMETRE V EFFET DELA RARÉFACTION
ET DE LA CONDENSATION DE VAIR?
S 13 r. L E s Phyficiens ont été très partagés fur cette queftion; j)-^-
les unsj amp; c'eft le plus grand nombre, croient d'après l'Abbé opinions des
Nollet, que l'air en fe raréfiant laiffe tomber les vapeurs qu'il P^^^'^^ns
tenoit fufpendues amp; qu'il doit par conféquent régner une très- queftions
grande humidité dans un récipient dont on épuife l'air : d'autres
comme le célébré Lambert ont cru , que dans un récipient com-
plètement purgé d'air il régneroit une féchereife parfaite. . .
Je difcuterai dans le IIIe. Effai l'opinion de l'Abbé Nollet, parce
qu'il la fonde fur des faits que je dois analyfer. Qpant au fenti-
ïnent de M. Lambert, les expériences que renferme ce chapitre
feront voir jufques à quel point elle peut être regardée comme
Vraie.
§. 132 L'Hygrometre à cheveu fenible fait pour ces expérien- t,tt
11'nbsp;r 1- 1 .nbsp;^ Hgrome-
ces; parce que le cheveu étant un corps lohde qui ne ren- tre à cheveu
ferme point d'air élaftique, la diminution de la preffion de l'air
, .nbsp;r- . , . /nbsp;.nbsp;refoudre,
exteneur ne lauroit le deranger en aucune mamere ; au lieu que
la plupart des autres Hygrometres ne pourroient point y être
employés; amp; M. Lambert dit lui-même que quand il voulut
éprouver dans le vuide un Hygrometre à corde de boyau , il fe
dérangea fur le champ ; fans doute par le développement de
l'air élaftique emprifonné dans le boyau même ou engagé entre
fes révolutions.
§. 13 3.Dès que j'eus conftruit un Hygrometre à cheveu pro- phénemene..
-ocr page 156-128 Q.U2L ETSSUR VHrGROMETRE VEFFET
pre à être place'^fous un récipient, j'en fis l'épreuve dans le
vuide amp; je vis d'abord un fait très - remarquable.
L'Hygrometre , à mefure que je pompois l'air, marchoit avec
beaucoup de célérité vers la féchereffe -, lorfque je ceffois d'a-
giter les piftons, il continuoit encore pendant quelques inftans
à marcher du même côté ; enfuite il demeuroit flationnaire pen-
dant deux ou trois minutes, après quoi il commençoit à rétro-
grader, faifoit ainfi des progrès lents, mais continuels vers l'hu-
midité pendant deux ou trois heures, amp;fe fixoit alors fans faire
d'autres variations. Si j'achevois d'évacuer k récipient, le même
phénomene reparoiffoit. Cependant aucune de ces rétrograda-
tions ne rendoit à l'Hygrometre toute l'humidité que lui avoit
enlevée la raréfadion de l'air ; il finiffoit toujours par fe trouver
plus au fec qu'il n'étoit avant l'expérience.
Les circonftances de ce phénomene n'étoient jamais plus mar-
quées , que quand en agitant promptement les piftons, je pom-
pois l'air avec toute la diligence poffible, amp; que je l'amenois
ainfi fans relâche au plus haut point de raréfadion que ma
pompe put produire. Je vais en donner un exemple après avoic
dit un mot de l'appareil que j'emploie dans ces expériences.
Defcrip-nbsp;134. Un récipient de verre parfaitement propre Se fee
tion del'ap-nbsp;un Hygrometre à cheveu avec fon thermometre monté
pareil. ^^^ niétal ; ce récipient eft luté fur la platine qui eft auffi très-
propre
Se très - feche avec la cire dont jai donné la recette §. 83'
L'intérieur du récipient communique avec un tube de verre quî
plonge dans une taffe pleine de mercure ; la preffion de l'air
extérieur fait monter ce mercure dans le tube à mefure que le
récipient s'évacue. Se fa hauteur, comparée avec la hauteur
aduelle
fingulier des
premieres
expériences
faites fur ce
fujet
BE LA RAREFACTION ^c. ÈJfat II, Chap. VL 129
aduelle du mercure dans le barometre, indique le degré de
raréfaâion de l'air dans le récipient
mene.
§. L'Hygrometre renfermé dans ce récipient rempli d'air Détail de
s'étoit fixé à 53 , 3 amp;le thermometre 16quot;, 6; alors en agitant
les piftons pendant 3 minutes je raréfiai l'air au point que
le barometre de la pompe n'étoit que de fix lignes plus bas
que le barometre extérieur, amp; dans ce court efpace de tems
l'Hygrometre marcha d'environ if degrés au fec, c'ell - à - dire,
qu'il defcendit 348,3, quoique le thermometre fût defcendu
de 16quot;, 6, a. if, 2f, comme cela arrive toujours lorfque l'on
évacue promptenient le récipient (*). Jeceffai alors de pomper,
amp; pendant la minute fuivante l'Hygrometre alla encore au
fec d'environ 3 dixièmes de degré. Il parut demeurer-là fta-
tionnaire pendant une minute, après quoi il marcha vers l'hu-
midité , tellement qu'au bout de deux autres minutes il avoit fait
près d'un demi degré dans cette diredion.nbsp;II marcha ainfi
alfez uniformément à l'humide pendant trois heures, au bout
des quelles ilfe fixa k , le thermometre étant à 16, 2. Il
rétrograda donc en tout de 8 degrés vers l'humidité , amp; de-
meura cependant de 7, 3 degrés plus au fec qu'iln'étoit avant
la raréfadion de l'air.
§. 136quot;. Il réfultoit de cette expérience; d'abord, quelara- Conféquen^
réfadion de l'air defiféchoit le cheveu ; enfuite, que quand l'air
étoit raréfié à un certain point, il fe développoit dans le réci-
{ * ) Je confidérerai dans le Ille.
Effai, ce fmgulier phénomene , que M.
( ** ) Qu'on me permette de deman-
der f) de tous les Hygrometres connus,
i'hgrometre à cheveu n'eft pas le feul ca-
Cullen a , je crois , obfervé le pre-
mier.
pable d'indiquer des variations en fenS
contraire qui fc fuccedent avec tant de
rapidité.
R
-ocr page 158-Î30 QUEL EST SUR L'HYGROMETRE VEFET
pient une certaine quantité de vapeur qui détruifoit une partie
de la féchereffe produite par la raréfadion.
Car j'avois la preuve du développement de cette vapeur »
en ce que , fi je laiffois rentrer l'air dans le récipient , l'Hygro-
metre indiquoit un degré d'humidité plus haut qu'avant l'expé-
rience. A la vérité cette humidité fe repompoit en partie; mais
il en reftoit toujours une portion équivalente à trois ou quatre
degrés de l'Hygrometre.
Cette augmentation d'humidité amp; tous les autres phénomè-
nes que préfente cette expérience étoient d'autant plus confidé-
rables que Fon avoit pouffé plus loin la raréfadion de l'air ;
car lorfqu'il n'étoit raréfié que de trois ou quatre pouces, c'eft-
à-dire, lorfqu'il avoit encore les fept ou huit neuviemes de fa
denfité, l'Hygrometre alloit bien au fee d'une quantité propor-
tionnelle à cette raréfadion, mais il ne rétrogradoit point en-
fuite. La rétrogradation ne devenoit fenfible que quand l'air
étoit raréfié de 9 ou 10 pouces, ou lorfque fa denfité étoit
diminuée à-peu-près d'un tiers.
, §.13 7- Comme je n'avois employé que de l'huile d'olives
goures ciCnbsp;•nbsp;1 1 ^ '1. 'M
la vapeur pour graiffer les cuirs des piftons de ma pompe, qu il n etoit
quifedéve- .nbsp;leg tuyaux, amp; qu'il me fembloit que le
loppe dans rquot;'nbsp;, , , .nbsp;,nbsp;j -.l
i'ak raréfié, paffage Continuel de l'air au travers de ces tuyaux devoit en
enlever toute l'humidité fuperflue, je ne crus pas d'abord que
ce fût d'eux que venoit la vapeur qui fe développoit dans le
vuide ; j'accufai la cire, la furface intérieure du verre , celle
de la platine; mais ces différens corps ayant été fucceffivement
juftifiés par des épreuves décifives, je fus acheminé à conclure
par voie d'excMon, que c'étoit bien de l'intérieur de la pom-
-ocr page 159-DE LA RARÉFACTION, ^^ EJfal II, Clap. FL l^î
pe que venoit cette vapeur amp; je fis une expérience qui le prou-
va d'une maniéré indubitable,
§. 13 8. J'imaginai d'adapter à l'ajutage delà platine une Soupape
petite bouteille , qui contiendroit du mercure , dont la pofition
feroit telle , qu'il permettroit bien à l'air du récipient d'en for- dè œïrvt!
tir pour entrer dans les corps de pompe, mais qu'il ne laiife-
roit point à celui qui feroit dans ces corps ou à tout autre fluide
élafl:ique contenu dans les tuyaux de communication , la li-
berté d'en fortir pour entrer dans le récipient.
La fig. 2 de la planche IR repréfente cet infl:rument. C'eft
un tube de verre recourbé dans lequel on a foufflé les deux
boules A amp; B. Ce tube eft ouvert d'un bout à l'autre, amp; il y a
par conféquent une libre communiation depuis l'ouverture in-
férieure C, jufques à l'ouverture fupérieure D.
Je commence par faire entrer peu - à - peu du mercure bien
pur dans la boule A, jufques à ce qu'il y en ait feulement une
ou deux lignes de hauteur dans le fond de cette boule; ce
mercure, lorfque l'inftrument eft dans une fituation verticale,
remplit la courbure du tube, amp; occupe l'efpace e f g.
Lorsque le mercure eft logé dans cette boule , j'infinue l'ex-
trémité inférieure C du tube dans l'ajutage de la platine par le-
quel l'air fort du récipient pour entrer dans les corps de pompe
amp; je lute là ce tube de maniéré , que l'air ne puiffe point paffer
des corps de pompe dans le récipient, ni du récipient dans ces
corps, fans paffer par l'intérieur du tube.
Maintenant il eft aifé de comprendre, que quand par l'é-
îévation du pifton l'air eft raréfié dans les corps de pompe,
R 2
-ocr page 160-il fe raréfie auffi dans la boule A qui communique avec euXpaï
le moyen du tube C A, amp; alors l'air contenu dans la boule B amp;
celui du récipient qui communique avec lui tendent à palfer
dans la boule A, le feul obftacle que cet air ait à vaincre eft
de fou'ever le mercure qui eft en efg ; or fi furmonte aifément
ia réfiftance de 2 ou 3 lignes de mercure , il le fouleve donc
amp; pafle de là dans le corps de pompe. Mais fi au contraire oa
l'air, ou quelque vapeur élaftique contenue dans la boule A,
ou dans le tuyau C A , ou dans les corps de pompe avec lefquels
il communique , tendoient à palfer de la boule A dans boule B,
il faudroit qu'ils commençaflTent par chanquot;er dans le tube GB ,
tout le mercure e f contenu dans le fond de la boule A, amp;
comme ce tube a trois ou quatre pouces de hauteur, une co-
lonne de mercure de cette dimenfion forme une réfiftance que
des vapeurs fugitives amp; peu denfes ne peuvent nullement fur-
monter. Cette réfiftance n'eft cependant pas telle , que l'on ne
puilfe , fi on le juge convenable , laitfer rentrer l'air dans le réci-
pient , par le robinet qui communique avec l'ajutage auquel
eft fcellée l'extrémité C du tube ; l'air chaffe alors tout le mer-
cure dans la boule B, amp; rentre ainfi par le bec D dans le ré-
cipient. La fituation de cette boule eft telle , que l'air , avec quel-
que impétuofité qu'il rentre, ne court point rifque de lancer da
mercure fur la platine de la pompe.
£ffetdecet §. 15^- Ce petit inftrument a parfaitement répondu à fa def-
inftmment. ^jf^ation ; lorfque j'en ai fait ufage il n'eft plus forti de vapeurs
des tuyaux de la pompe ; la rétrogradation a été à - peu - près
nulle , amp; la force defficcative de l'air raréfié a été beaucoup
plus grande. Car dans des circonftances à peu - près pareilles à
celles de l'expérience dont j'ai donné les détails §. 135, l'Hy-
grometre, qui dans le récipient plein d'air fe tenoit à 7 eft
venu par une raréfadion de l'air, égale aulfi à celle de la mènie:
BELA RARÉFACTION DE VAIR, Iffai U, chap. VL 33
expérience, il eft venu dis - je 327,9 , ce qui fait un deffé-
chement de 3 f, 8 , an iieu de i f qu'avoit produit la pre-
miere expérience.
Et même comme cet effet de la raréfadion eft d'autant plus
fenfible, que l'air eft plus humide, j'ai obtenu'dans d'autres ex-
périences que nous verrons bientôt, un defféchement de plus
de 6quot;7 degrés.
Au refte je dois avertir, que ces expériences , celles fur-
tout qui concernent la rétrogradation produite par les vapeurs
lt;îui fe dégagent des tuyaux de pompe, font fujettes à de très
grandes variations ; car fi l'on emploie une pompe dont les tuy-
aux amp; les corps aient été nouvellement nétoyés amp; foigneufe-
ment deflquot;échés, elle eft très - peu confidérable: mais s'il y a long-
tems qu'elle fert , lors même qu'il n'y feroit point entré d'eau,
le frottement des piftons, ou peut - être la diffolution du cui-
vre , décompofent l'huile amp; la rendent capable d'exhaler des va-
peurs dans un air raréfié.
§. 140. Enfin pour écarter les doutes qui pourroient naître tes mêmes
•ie l'influence que peut avoir le jeu des piftons fur l'Hygrometre expériences
renfermé dans le récipient de la machine pneumatique, j'ai ra- dïïerLl?
ïéfié amp; condenfé de l'air par le moyen du mercure , amp; j'ai
obtenu des réfultats abfolument femblables : l'Hygrometre a tou-
jours marché au fee dans l'air que je raréfiois, amp; à l'humide
d^ns celui que je condenfois.
§. 141. Après avoir ainfî fondement établi ce fait, amp; I'avnfr „ -
r)^ , ,nbsp;. ,nbsp;.nbsp;,nbsp;^quot;ïuii. Ration ge-
quot;egage des accidens qui peuvent le modifier ou le reftreindre, quot;éraie de ce
^^ refte encore à trouver amp; fa caufe amp; fes loix.nbsp;' phénomeae..
La raifon du fait même confidéré fous un point de vue gé-
néral eft tout à fait évidente. Lorfque l'air fe dilate, les vapeurs
qu'il tient en diflTolution fe dilatent avec lui, elles fe raréfient
comme lui, amp; par conféquent leur adion fur les corps qu'elles
peuvent a^eder doit être par cela même diminuée.
§. 142. Il fembleroit même au premier coup d'œil que ces
deux diminutions devroient marcher du même pas ; que l'adion
des vapeurs fur l'Hygrometre, ou ce qui revient au même, les
degrés d'humidité qu'il indique, devroient décroître en même
raifon que la denfité de l'air.
En effet, fuppofons qu'un pied cube d'air parfaitement faturé
d'humidité foit renfermé dans un vafe, dont on puifTe à volonté
changer la capacité, fans y admettre aucune vapeur nouvelle amp;
fans laiffer fortir aucune de celles qu'il contient. Que l'on dou-
ble tout - à - coup la capacité de ce vafe, l'air qu'il renferme fc
dilatera par fon élafticité, remplira tout cet efpace ; les vapeurs
qu'il contient devront auffi néceffairement fe diftribuer unifor-
mément dans ce même efpace ; amp; par conféquent chaque moitié
de ce vafe , chacun des deux pieds cubes qu'il contient aduelle-
nient ne contiendra plus que la moitié des vapeurs qu'il con-
tenoit avant fon expanfion. Donc un Hygrometre renfermé dans
ce vafe ne devroit plus, à ce qu'il femble d'abord, indiquer que
la demi - iaturation , ou le degré qu'il marque lorfque l'air n'eft
abreuvé que de la moitié des vapeurs qu'il peut difllaudre. De
même fî l'on quadruploit la capacité du vafe , l'Hygromtere ne
devroit plus indiquer que le quart des vapeurs ; amp; enfin fî on
le dilatoit infiniment, ou ce qui revient au même , fî l'on pom-
poit tout l'air que contient ce vafe , l'Hygrometre devroit mar^quot;
quer une féchereflTe parfaite.
Premier ap-
perqu fur les
loix qu'il
doit fui vre
DE LA RARÉFACTION, Efai II, chap. VL ijr
^ C'est fans - doute d'après un raifonnement pareil, que le grand
géometre Lambert aOuroit que dans un vuide parfait l'Hygro-
®ietrp marqueroit une féchereife extrême.
§. 143. Mais l'expérience n'a point confirmé ces raifonne-
inens. A la vérité l'on ne peut pas dire que l'on ait fait aucune ex-
périence de ce genre dans un vuide parfait ; puifqu'aucune pom-
Pe n'efl: capable de le produire : mais on peut au moins aflïr.
quot;1er, que l'on s'approche beaucoup plus du vuide parfait, que
l'Hygrometre renfermé dans le recipient ne s'approche de la fe-
chereffe parfaite, puifqu'il eft aifé de raréfier l'air des ^es amp;
que l'on eft bien éloigné d'amener l'Hygrometre à la même pro-
Xtmité du terme de la fécherefl^e. On a vu que malgré les plus
grandes précautions, l'Hygrometre fe tenoit encore dans le vui-
à degrés de la féchereflfe extrême.
J'AI même pouffé ces précautions encore plus loin , car
dans la crainte que le vuide en favorifant l'évaporation, neper-
niît à la cire molle d'exhaler quelques vapeurs aqueufes, j'ai pofé
Un récipient fur une plaque de verre parfaitement nette, je l'ai
cimenté fur cette plaque avec de la cire d'Efpagne qu'on ne peut
gueres foupçonner de donner des vapeurs aqueufes; amp; j'ai en-
uite retiré l'air au travers d'une des foupapes à mercure que
J'ai décrites plus haut. Cependant le deflTéchement n'eft pas allé
plus loin.
§. 144. Pour expfiquer ce phénomene amp; la loi que fuiventnbsp;ïïfautre.
les defféchemens progrefTifs d'un air qui fe raréfie, il faut avoirnbsp;«urirau
recours à un autre principe , favoir à celui des affinités hygrométri-nbsp;SiE hquot;
^ues ; amp; c'eft ce que l'expérience confirme de la maniéré la plusnbsp;S'^o^^étriquea
f^tisfaifaîite. Voici cette expérience.
Cette thé-
orie n'eft pas
conforme à
l'expérience«
Experiences J'adapte à une bonne pompe la foupape mercurielle que-
^Tès'du def- j'ai décrite §. 13 8 ; je renferme un Hygrometre à cheveu dans
îéchement un récipient bien propre amp; bien fec ; je conduis l'air de ce ré-
cipient tout près du point de faturation en prenant bien garde
cependant qu'il ne refte en arriéré aucune humidité furabon-
dante , amp; je le lute avec de la cire bien féche. Enfuite je raré-
fie par gradations l'air de ce récipient, en pompant d'abord un
quart ou une huitième de l'air qu'il contient, puis un autre quart
ou une autre huitième, amp; ainfi fucceffivement jufques à ce que
j'aie épuifé le récipient autant que ma pompe me permet de
le faire. Chaque fois que j'ai tiré une de ces parties ahquotes
de l'air contenu dans le récipient, avant de commencer un nouvel
épuifement, je laiffe à l'Hygrometre le tems de parvenir au plus
haut point de féchereffe où ce degré de raréfadion puiffe le
conduire.
Explica-
tion delà
table.
§ i4f. J'AI raffemblé dans la table ci-jointe les réfultats de
quatre expériences faites fur ce plan. Dans les deux premieres
l'air à été raréfié de i en |, dans la Ille. amp; IVe. il l'a été de | en
les colonnes verticales fituées au deffous des numéros de ces ex-
périences préfentent les quantités des defféchemens ou les nom-
bres de degrés dont chaque opération ou chaque épuifement par-
tiel a fait marcher , l'Hygrometre vers la féchereffe. La premiere
ligne horizontale au deffous des chiffres romains, celle qui eft
intitulée hwnidité initiale indique le degré où étoit l'Hygrome-
tre quand j'ai commencé à pomper. La premiere colonne
verticale indique les hauteurs auxquelles le barometre annexé à
la pompe s'élevoit à mefure que je raréfiois 1 air ; amp; les nom-
bres correfpondans des Ugnes horizontales, indiquent le nom-
bre de degrés dont chaque raréfadion partielle faifoit marcher
l'Hygrometre vers la fécherffe. Enfin la derniere ligne horizontale
contient
qui
fie.
DE LA RAREFACTION Fjfai II, Chap. VL .137
contient les fommes de tous ces defféchemens fucceffifs Se
indique la quantité totale dc fécherelTe quia été produite dans
chacune de ces expériences.
Table des d'efféchemens produits par la raréfa£lion graduelle .
Hauteur iu |
1 |
IVmt. exp. | |||
bm-oinctre. |
lere.expér. |
lime. exp. |
Ilhm. exp. | ||
fonces: lis- | |||||
Ilitir-niité initiale. |
54. TO |
94 =74 |
97» 37 |
97, 49 | |
' Jre. opération. |
3,45 |
4. 7-» |
3, 6S | ||
2'w. |
9 =98 |
9 , 00 |
4=98 |
4,51 | |
5 |
5 ,70 |
S , 94 | |||
13,6 |
11,40 |
I I , 87 |
6,6S |
d, d^ | |
eVie V • • |
Id,Jo| |
7, 37 |
8 , 20 | ||
30, 3 |
16, 14 |
M » 91 |
9, 70 |
9 , 87 | |
23 ,7 1 |
I I , Id |
11,88 | |||
. |
24 , 47 |
2lt;; , T^l |
17, d9 |
17 ,45 | |
i Sommes Acs deféchemcns f |
t |
61 , 9^ |
1 61 gt; 80 |
68,l6l |
Ces nombres préfentent au premier coup d'oeil des fuites très_
irréguheres. Il femble pourtant que chaque épuifement entraînant
hors de la pompe une quantité égale amp; d'air amp; de vapeur, dé-
troit produire un effet égal ; que le premier devroit faire bailler
l'Hygrometre d'une huitième , le fécond d'une autre huitième,
ou du moins d'une quantité égale à la premiere , amp; ainfi jus-
ques au dernier qui n'extrayant jamais toute la derniere huitième
d'air qui refte dans le récipient, fembleroit devoir produire un
'effet moins confidérable. Et au contraire ces effets vont en croif-;
S
-ocr page 166-fant, les premiers font beaucoup plus petits qu'une huitième
amp; les derniers beaucoup plus grands.
Explication §•nbsp;irrégularités apparentes que préfentent
desloixdu . ^es expériences amp; les nombres qui en expriment les réfultats,
^nbsp;s'exphquent, comme je l'ai annoncé, de la maniéré la plus fimple
amp; la plus heureufe par la théorie générale des affinités Hygro-
métriques expofée dans le premier Chapitre de cet EflTai.
J'ai prouvé dans ce Chapitre , que quand un efpace limité-
ne contient qu'une quantité Kmitée d'eau ou de vapeurs , les
corps renfermés dans cet efpace, s'ils ont quelque affinité avec
cette eau ou ces vapeurs, fe les difputent en quelque maniéré,
amp; que chacun d'eux en abforbe une quantité proportionnelle
à fon affinité ou à la force avec laquelle il les attire. J'ai fait
voir auffi que l'air amp; le cheveu exercent fur les vapeurs cette
même attradion amp; tendent mutuellement à fe les enlever. Or
d'après les loix générales de l'attraction , l'air doit attirer les
particules des vapeurs avec moins de force lorfqu'il eft rare,
lorfque les molécules font en petit nombre , que quand il eft
denfe. Par conféquent le cheveu , auquel la raréfadion de l'air
n'ôte rien de fa force attradive, doit avoir une force d'attrac-
tion relativement plus grande dans un air rare que dans un air den-
fe; amp; par cela même il doit alors abforber une plus grande quan-
tité de vapeurs, amp; indiquer une humidité plus grande qu'il ne
feroit, toutes chofes d'ailleurs égales, dans un air plus denfe.
Ainfi lors même que l'air en fortant du récipient a entraîné
avec lui une moitié des vapeurs, la moitié reliante, plus forte-
ment attirée par le cheveu que par l'air raréfié qui refte , affede
ce cheveu plus qu'elle n'auroit fait fî l'air eût confervé toute
ment dans
im air raré-
fié.
DE LA RARÉFACTION, EJfm II, Chap. VL 139
fa denfité ; amp;; ainfî l'Hygrometre indique plus de vapeurs qu'il
n'en refte réellement dans le récipient.
Lors donc que l'on épuife un récipient par gradations, les
premieres opérations delféchent le cheveu dans une raifon moins
grande que celle âe la raréfadion de l'air. Mais les opérations
fubféquentes produifent des effets continuellement plus grands
parce qu'elles entraînent des parties ahquotes continuellement
plus grandes des vapeurs adives qui font reftées dans le réci-
pient.
§. 147. Pour déterminer ces raifonnemens avec plus de pré-
cifion , amp; les rendre par cela même plus clairs, appliquons
îes à la IIR expérience de la table précédente. Je choilis cette
expérience, parce que comme le thermometre ne fubit aucune
variation dans mon laboratoire pendant que je la fis, la mar-
che de l'Hygrometre fut beaucoup plus régulière.
Quand je commençai cette expérience, l'Hygrometre étoit
quot;à 91, 3 7- Je pompai d'abord la huitième partie de l'air con-
tenu dans le récipient ; cet air entraîna avec lui la huitième
partie des vapeurs que contenoit ce récipient amp; ainfi l'Hygro-
metre auroit dû aller au fec d'une 8e; (*) c'eft - à - dire , qu'il
auroit dû defcendre de is degrés amp; 17 centiemes, qui font
la 8e. de 97 , 37. Au heu de cela il ne defcendit que de 4,
75 ; ce qui prouve que la raréfadion diminua tellement la force
attradive de l'air, qu'il laiffa prendre au cheveu la valeur de 7
degrés 42 centiemes d'humidité de plus qu'il n'auroit dû faire;
Application
de ces prin-
cipes à l'ex-
périence
III.
C *1 Je fais ces calculs , comme fi les
âegrés de l'Hygrometre étoient réelle-
ici de l'effet produit fur le cheveu , ou
delà quantité dont les'vapeurs le dila-
tent proportionnels aux quantités d'eau tent,, plutôt que de la quantité abfolue
^ntenues dans l'air, parce qu'il s'agit de ces mêmes vapeurs,
S 2
-ocr page 168-enforte que bien qu'il ne reliât réellement dans le récipient
que la valeur réelle de gf, 2o de vapeurs, cette quantité agit
fur l'Hygrometre , précifément comme l'auroient fait dans un
air naturel 92, 62 degrés d'humidité. Les phénomènes furent
donc exaélement les mêmes que fî , au lieu de tirer du réci-
pient la des vapeurs qu'il contenoit, on en eût tiré le | de
cette ge. ou Je dis pour abréger le tiers au Heu des quot;
qui font la véritable expreffion du rapport.
Dans la fécondé opération , j'extrais de nouveau une hui-
tième de l'air qui étoit originairement dans le récipient, mais
cette 8®. eft réellement une 7e. de celui qui y refte dans le
moment où je commence cette opération. L'Hygrometre devroit
donc defcendre d'une 7e; mais comme l'opération précédente
vient de prouver, que la raréfadion diminue la force attradive,
de l'air, amp; que le detréchenient du cheveu n'eft que le tiers de
ce qu'il devroit être, l'Hygrometre au lieu de bailler d'une 7®,
ne baitfe que du tiers d'une 7e. ou d'une 2ie,
De même dans la troifieme opération où l'on extrait la 5®.
partie de l'air qui refte dans le récipient, l'Hygrometre qui de-
vroit baiffer d'une 6e. ne baifTe réellement que d'une 18®.
En continuant le même raifonnement, on verra que les quan-
tités de vapeurs indiquées par le cheveu , ou plus exadement
les degrés de contradion de ce même cheveu après chaque opé-
ration forment une fuite dont le premier terme eft le nombre
de degrés de l'Hygrometre avant le premier épuifement , le fé-
cond eft égal au premier moins une 24c. de ce même premier,
ie troifieme eft égal au 2e. moins une 2id de'ce même fécond ;
25
Iî, 17'
DE LA RAFxÉFACTION, ^c. Fffai II, Chap. VI 141
amp; ainfi de flute jufqu'au dernier , qui eft égal au pénultieme ^
moins un tiers de ce même pénultieme.
J'ai calculé fur ce principe la IIK expérience, à cela près
qu'au lieu du nombre 3 que j'avois pris pour exemple, j'ai em-
ployé celui de 2 , 5 6quot; ~ —^ , qui eft le véritable expoiant du
rapport que la premiere opération donne entre le deflechement
réel amp; le defféchement apparent.
La table fuivante préfente le tableau des réfultats de ce cal-
cul mis en comparaifon avec les réfultats de l'expérience-.
La premiere colonne contient les divifeurs par le moyen defl
quels ont été obtenus les nombres de la fécondé amp; de la troi-
fieme. Je fuis parti de 97, 37, degré d'humidité qu'indiquoit
l'Hygrometre avant la premiere opération ; ce nombre divifé
par 2, 55X8 a donné 4, 75 degrés de defféchement qui font;
rapportés dans la troifieme colonne ; amp; cette même quantité
de defl^échement ayant été retranchée de l'humidité initiale 97,
37 » il eft demeuré le refte 92, 52, qui eft dans la fécondé
colonne amp; qui exprime le degré d'humidité qu'indiquoit l'Hy-
grometre après l'extraftion d'une premiere huitiçme de l'humi-
dité réelle. Ce même refte 92 , 52 , divifé par 2,55x7, a
donné le defféchement 5, 15, lequel retranché de 92, 52, il eft
demeuré le refte 87 , 46 ; humidité que l'Hygrometre auroit
dû, fuivant le calcul, exprimer après l'extraâion de la fécondé
huitième ; amp; ainfi des autres, jufqu'au dernier divifeur, qui
auroit été 2, 55xi , fi la pompe eût été capable d'extraire en
entier l'air du récipient, ou de faire monter fon barometre
au niveau de celui de l'air libre qui étoit alors à 27 pouces ;
mais comme elle ne put l'élever qu'à 2 5 p. 9 %nes I amp; qu'ainfî
au lieu d'extraire la derniere huiti'eme elle n'en fit fortir que
les If,.le divifeur a dû être 2, fd x Vis-à-vis de ces ré-
fultats du calcul, j'ai placé ceux de l'expérience amp; la derniere
colonne verticale, que j'ai intitulée écarts des différences, préfente
les diflférences qui fe font trouvées entre les defféchemens déduits
du calcul, amp; ceux qui ont été les réfultats de l'expérience dans
chaque opération.
résultats
du calail.
r és ulta t s
de l'expérience.
■-V-——■
Di-vifeuYS |
iLejles en |
Différence |
Rejles en |
Différence |
Ecarts | ||
partant de |
ou quantités |
partant de |
ou quantités |
des | |||
97, 37 |
du defécb. |
97,37 |
du defféch. |
defféch. | |||
îe. Of. |
2, |
92, 62 |
4,75 |
92,62 |
4 , 75 |
0,0 | |
2,5^x7 |
87,46 |
5, 16 |
87, 64 |
4 , 98 |
-0,18 | ||
81, 77 |
5 , 69 |
81,94 |
5 ,70 |
4-0, 01 | |||
2 , 56 x7 |
75 , 39 |
^,3 8 |
75 , 29 |
6 , 6lt;; |
0, 27 | ||
t^me^ |
2, 7^X4 |
68, 02 |
7, 37 |
67, 92 |
7 , 37 |
0 , 0 | |
^me. |
2, 5^X3 |
59 , 16 |
8 , 8d |
58 , 42 |
9 .50 |
4-0, d4 | |
'quot;Jme, |
2, 56X2 |
47 , 61 |
11,55 |
47 |
II , Id |
-0, 39 | |
2, T^rxfi |
30, 18 |
7ï ,43 |
|29,57^ |
71, 69 |
4-0, 2d | ||
Sommes |
67, 19 |
67 5 80 |
4-0, dl |
Comme j'avois fait cette expérience avec les plus grands foins ,
je pouvois raifonnablement m'attendre à quelque régularité dans
fes réfultats. J'avouerai cependant, qu'après l'avoir achevée, lorf-
que je vins h comparer les réfultats que j'avois obtenus avec
ceux que me donnoit le calcul, je fus étonné de leur accord,
qui eft en effet très - remarquable, puifque le plus grand écart
même la fomme des écarts n'atteint pas les | d'un degré.
DELA RARÉFACTION, EJfai II, Chap. Vli 14?
Cet accord femble former un préjugé favorable amp; à l'explica-
tion que j'ai employée pour rendre raifon de ces phénomènes,
amp; à l'inftrument qui a fervi à les obferver.
§. 148. Il y auroit bien des confidérations à faire fur ces
expériences; mais je me bornerai aux deux fuivantes, qui ont
le plus de rapport avec la météorologie.
4
PREMIEREMENT , que les mênies degrés de l'Hygrometre qui
dans nos plaines indiquent une certaine quantité d'eau contenue
dans l'air, en indiquent une quantité fenfiblement moins grande
fur les hautes montagnes. On peut même déterminer la diffé-
rence dc ces quantités ; mais ici , comme il ne s'agit plus de
rapports abftraits, nous confidérerons les degrés de l'Hygrometre
fuivant la valeur que leur donnent les expériences du Chapitre
précédent, amp; en particulier la table §. 129, qui eft îe réfultat:
de ces expériences. 11 fuit de cette table, que quand l'air con-
tient les I des vapeurs néceffaires pour le faturer , l'Hygromè-
tre qui eft à l'unilTon avec lui fe fixe environ à 81 degrés |. Or
je viens de faire voir, §. 147, que quand j'avois extrait d'un
récipient les deux huitièmes ou le quart de l'air amp; des vapeurs
contenues dans ce récipient, amp; que par conféquent il ne ref-
toit plus que les | de ces vapeurs , f Hygrometre, au lieu de
defcendre à gi 5 ne defcendoit qu'à 87, 6'4. Mais l'Hygro..
metre, quand il eft à ce degré, indique d'après la table du §. 129,
les cinq fixiemes,ou plus exadement les o, 8428 de la quan-
tité totale des vapeurs néceffaires pour faturer l'air. Donc lorf-
que l'air eft raréfié à ce point, une quantité de vapeurs telle
que o , , produit fur l'Hygrometre l'effet que produiroit dans
un air non raréfié, une quantité telle que o, 8438; ou en
d'autres termes, li l'Hygrometre étoit au bord de notre Las.
Conféquen-
ces météoro-
logiques de-
ces expéri-.
ences..
au degré 87, de fon échelle , amp; le thermometre à if iquot;
cela prouveroit que l'air contient environ 9 grains ~ d'eau par
pied cube, tandis qu'à la hauteur du S. Bernard, ce même
degré de l'Hygrometre au même degré de chaleur ne prouve-
roit que 8 grains 3 dixièmes.
Une autre confidération, qui eft un corollaire de la précé-'
dente , c'eft qu'à mefure que l'air devient plus rare, il faut une
quantité d'eau moins confidérable pour le faturer. Par exemple,'
puifqu'à la hauteur du S. Bernard, 8 grains, 3 dixièmes pro-
duifent l'eff'et qu'auroient produit 9 | dans la plaine., il ne fau-
dra , toutes chofes d'ailleurs égales, pour faturer l'air du S. Ber-
nard , que les m de la quantité qu'il eût fallu dans la plaine.
Et en appliquant les même raifonnemens aux mêmes expériences,'
on verra, que fi i'air étoit raréfié au point de ne foutenir que
deux lignes | de mercure, il ne faudroit pour le faturer que
la 206. partie de ce qu'il faut quand il foutient le barometrç
à 27 pouces.
Mais je reviendrai encore à ce fujet dans le IVe. EU'ai.
Nouvellesnbsp;§• ^49- Je terminerai ce Chapitre en rendant compte d'une
épreuves furnbsp;épreuve que j'ai faite pour favoir fi l'on ne pourroit point
féchereffenbsp;pouffer le deflTéchement plus loin encore que je ne fais par l'o-,
extrême.nbsp;p^ration qui fert à fixer le terme delà féchereflTe extrême.
J'AI renfermé fous un récipient un Hygrometre avec la pla-
que de tole chargée d'alkali nouvellement calciné amp; encore très-
chaud, fuivant le procédé décrit §, 21. J'ai luté ce récipient
avec de la cire fur la platine de la pompe , à laquelle j'avois
adapté la foupape mercurielle §. 138. J'ai fait ainfi venir l'Hy,
grometre au plus haut degré de fécherefie où il pût atteindre,
amp;
-ocr page 173-RARÉFAC. ET DE LA CONDEN. EJfai 11, Chap. VL 145
5c alors j'ai pompé l'air : mais l'Hygrometre n'a point varié,
n'a pas fait le moindre pas vers la fécherelfe.
Cette experience femble bien completer la preuve de ce
que j'ai dit dans le premier Effai, que le terme auquel j'ai
donné le nom de féchereffe extrême .quoiqu'il ne mérite peut-
être pas ce nom dans toute fa rigueur, eft pourtant un terme
fixe amp; que vraifemblablement nous ne pafferons jamais ; puif-
qu'un moyen auflî puiffant que celui du total épuifement de
l'air, moyen qui dans certains cas a fait faire à l'Hygrometre
plus de 67 degrés vers la féchereffe, ne fait pas la moindre im-
preflion fur lui quand il eft parvenu à ce terme.
CHAPITRE VII.
flUEL EFFET VAGITATION DE VAIR PRODUIT-ELLE SUR
VHTGROMETRE?
Etat de la §. i^o, Personne n'ignore, qu'un air agite'eft, toutes chofes
queftion, d'ailleurs égales, plus defficcatif qu'un air tranquille ; amp; on n'i-
gnore p^s non plus que cette différence vient, de ce qu'un
air qui fe renouvelle entraîne les vapeurs à mefure qu'elles fe
forment ; au heu que celui qui croupit autour d'un corps hu-
mide fe fature bien tôt amp; perd ainfi fa force diftblvante. Mais
ce n'eft pas là ce qui fait le fujet de ce Chapitre.
Il ne s'agit pas non plus ici de mefurer la quantité amp; la
rapidité du deflTéchement , entant qu'il.dépend du plus ou du
moins de vîteffe amp; du plus ou du moins de féchereflTe du ventî
cette mefure feroit bien du reflïbrt de l'hygrométrie, mais elle
exigeroit une longue fuite d'expériences délicates, compliquées
amp; qui n'ont point encore été faites.
Le problème que je me fuis propofé de réfoudre, c'eft de favoir
fi l'agitation de l'air n'augmente point fa force diffolvante ; telle-
ment que le même air exigeât plus de vapeurs pour fa fatu-
ration lorfqu'il eft agité, que lorfqu'il eft tranquille.
Obfervation
qui lui a
donné lieu.
§. I f I. Voici l'obfervation qui a fait naître ce doute, Ilm'eft
fouvent arrivé de fufpendre un de mes Hygrometres à 4 ou ^
pieds au deffus du fol, au milieu d'une grande plaine uniforme,
d'attendre là qu'il eût pris exadement le degré d'humidité qui
régnoit alors dans l'air, amp; d'obferver enfuite fes variations mo-
mentanées ; lafenfibihté de l'Hygrometre à cheveu le rendoit pro-
pre plus ^qu'aucun autre, À ce genre d'obfervatwns.
SUR Vhygrometre. Eßi H, Chap, VU.
On fait qu'il y a des jours, où l'air eft en géne'ral calnie''^
où aucun vent violent amp; décidé ne l'agite, mais où pourtant,
dans un lieu parfaitement découvert il s'éleve de tems en tems
quelques petites brizes, cjui lui donnent une agitation momen-
tanée. Je remarquois, que conftamment ces petites brizes, de
quelque côté qu'elles vinlfent, faifoient aller l'Hygrometre au
fee d'un degré amp; quelquefois même de deux ; après quoi,
lorfque l'air s'étoit calmé il revenoit peu-à-peu au point où
il étoit auparavant. ( 1 )
§. 172. Je me difois à moi-même en réfléchiiïaiit fur la caufe Conjedure
de ce phénomene ; ce petit vent qui s'eleve tout-à-coup au mi- decl^fair^quot;^
lieu du calme, ne vient furement pas de loin , c'eft l'air de la fur-
face de cette même plaine , qu'une rupture d'équihbre momen-
tanée obhge à changer de place; cet air, lorfqu'il étoit tran-
quille dans la place d'où il eft parti, avoit vraifemblablement
le même degré d'humidité , qui régnoit ici pendant le calme
amp; il n'a pas pu fe deffécher en route, puifqu'il a toujours fùivi
la furface uniforme de cette plaine. Seroit ce donc fon agita-
tion qui, par elle - même amp; indépendamment de toute autre
caufe, le rend fufceptible d'abforber plus de vapeurs, ou aug-
mente fon affinité avec elles ?
§. 173. De retour chez moi, je fufpendis le même Hygro- Expérience
metre au milieu de ma chambre, je fermai les portes amp; les fenêtres,nbsp;«
'nbsp;^nbsp;1 appui de
■147
ce;te con*
mon chapeau, ou de quelqu'autre ma-
niere. d'ailleurs la fécherefle produite
par une bouffée de vent, ne cefToit pas
immédiatement avec elle, l'Hygroraeir®
employoit quelques momens à revenir au
point d'où il étoit parti.
1nbsp; Je n'ai pas befoin d'avertir,
lt;îue je me gardois bien de prendre
pour une preuve du defféchement le
gouvernent méchanique que le vent
imprime à l'aiguille de l'Hygrometre eii
Soufflant contre le cheveu ; je le pré-
f«rvois de l'impulfion du vent avec
je m'affis à cinq ou fix pieds de diftance de l'Hygrometre après
avoir placé auprès de lui un grand écran ; je demeurai là trail-
quiUe jufques à ce que je pulfe croire que l'Hygrometre amp; l'écran
avoient pris le degré d'humidité qui régnoit alors dans la cham-
bre , amp; qu'ils avoient reçu du voifinage de mon corps toute
l'influence qu'il pouvoit avoir fur eux : alors fans changer de
place je me mis à agiter l'écran avec vivacité comme un évan-
tail auprès de l'Hygrometre : au bout de huit ou dix minutes
je ceflTai ce mouvement, amp; je trouvai que l'Hygrometre étoit
allé au fec d'environ les trois quarts d'un degré. La même ex-
périence répétée plufieurs fois donna toujours le même réfultat.
Expériencenbsp;If4. CEPENDANT cette épreuve ne me fatisfaifoit pas pleî-
plus exacte ne^^jg^j. jg craignois que cette agitation n'eût amené auprès
t|Ui rciiquot;nbsp;*
verfe. de l'Hygrometre un air plus fec, ou du haut de la chambre ou
du voifinage de mon corps. Pour trancher la quefl:ion par une
expérience décifive, je fis faire une efpece de moulinet, dont
les 4 afles, d'acier fort mince, chacune d'un pouce amp; demi de
rayon fur 6 pouces de hauteur, étoient mifes en mouvement
par un reffort femblable à celui d'une groflfe pendule qui les
faifoit tourner pendant dix minutes avec beaucoup de rapidité.
Je renfermai dans un vafe de verre cylindrique ce moulinet
avec un Hygrometre fitué de façon, que le cheveu étoit bien
expofé au vent produit par le moulinet; amp; je lutai foigneu-
fement toutes les jointures du vafe , enforte que l'air qu'A con-
tenoit n'eût aucune communication avec l'air extérieur. Cette
petite machine étoit confl:ruite de maniere, que je pouvois à
mon gré, remonter le reflTort, faire mouvoir les ailes, ou les
arrêter fans déluter le vafe Se même fans ouvrir aucune commu-
nication entre lui amp; l'air de la chambre.
Après avoir tout ainfi difpofé, je laiffai l'Hygrometre pren-lt;
-ocr page 177-SUR UH'TGROAfJ^TRE. Efai II, Chap. VII.
149
dre bien fon afliette dans le vafe, j'obfervai le degré auquel il
s'étoit fixé, c'ctoit le 82e; alors je lâchai le relfort, amp; au
moment où le moulinet s'arrêta j'obfervai de nouveau l'Hygro-
metre ; je le trouvai à 81, 2 5 le thermometre joint à l'Hy-
grometre n'avoit point varié pendant l'expérience ; enforte que
je ne croyois pas pouvoir attribuer cette variation à aucune autre
caafe , qu'à un accroiflement de la force diffolvante de l'air pro-
duit par l'agitation de ce fluide.
Je répétai fur le champ l'expérience en remontant le refi^ort
amp; le laiffant écouler immédiatement après ; mais à ma grande
furprife l'effet ne fut plus le même, l'Hygrometre ne continua
pas d'aller au fec amp; pourtant le thermometre monta d'une cin-
quième ou d'un quart de degré. Je laiffai alors l'apparefl tran-
quille pendant quelques heures amp; je vis de nouveau, que la pre-
miere révolution du moulinet faifoit aller l'Hygrometre au fec,
mais que les fuivantes n'augmentoient point l'effet de la pre-
miere.
Après avoir bien réfléchi fur la caufe de cette bizarrerie,,
il me parut évident, que le frottement des roues amp; des pivots
du moulinet produifoit un certain degré de chaleur, qui agif-
fant immédiatement fur l'air, augmentoit fa force diffolvante
amp; affedoit ainfi le cheveu avant de faire mouvoir le thermo-
metre , qui eft beaucoup moins fenfible que l'Hygrometre lorf-
que celui-ci approche du terme de la faturation. Or une fé-
condé expérience n'augmentoit point la chaleur que ces rouages
étoient fufceptibles d'acquérir, parce que cette chaleur a bien-
tôt atteint fon maximum: la chaleur ne s'accroiffant pas l'Hy-
grometre ne continuoit pas d'aller au fec, amp; cependant la con-
tinuité de cette même chaleur faifoit enfin monter le mercure
dans le thermometre.
§. Iff. PouRauoi done les petits coups de vent que j'ai
décrits plus haut, font ils marcher l'Hygrometre d'un ou deux
degrés vers la féchereife ? C'eft parce que l'agitation qu'ils pro-
duifent mêle à l'air que le voifinage de la terre tient toujorus
un peu humide, un air plus élevé 8c plus fec.
En effet j'ai reconnu par diverfes expériences , que l'Hygro-
metre par un tems calme fe tient d'autant plus à l'humide qu'il
eft plus près de la furface de la terre, amp; qu'il marche vers la
fécherefife à mefure qu'on l'éleve, à moins que la différence de
chaleur produite par la réverbération des rayons du foleil ne
foit très - confidérable , ou que le fol ne foit un roc ou un fa.
bie abfolument aride.
Voici une de ces obfervations. Le mars 1781, à midi,
par un beau foleil 'amp; un air de bize à peine fenfible, je fus-
pendis mon Hygrometre le plus près de terre poflible fur un
pré ftérile amp; pierreux dont l'herbe n'avoit point encore poufl^e.
11 fe fixa là à 55^. le thermometre étant à 14 J'élevai enfuite
l'Hygrometre à trois pieds 8 pouces de hauteur au deffus de
cette même place , amp; il marcha de 2 degrés | vers la féche-
reffe, quoique le thermometre defcendît à 12, 7. De-là je le
portai fur le bord d'une petite colHne qui dominoit de fo à
60 pieds le lieu où j'avois fait cette obfervation, je le fufpendis
à 3 pieds 8 pouces au deflTus de terre, amp; il fe fixa à fo , c'eft-
à-dire qu'il fit encore 2 degrés | vers la féchereffe, quoique le
thermometre defcendît à 12. Les réfuîtats euffent été bien plus
fenfibles, fi le terrein avoit été humide, mais le fol étoit fec,
pierreux , amp; il faifoit depuis plufieurs jours un tems très - beau
amp; très - fec.
Explication
de I'effe-t
des coups
de vents.
SUR VHYGBJOMETRE, ÈJfcd II Chap. VU.nbsp;151
§.nbsp;L'agitation de l'air eft donc une caufe de fécbe- Cofia^ufiop^
reffe , lorfqu'elle mêle aux couches inférieures de l'air abreu-
vées de l'humidité de la terre, les couches fupérieures qui en .
contiennent une moins grande quantité. Mais cette agitation feule
n'augmente pas par elle - même la force diffolvante de l'air ,
comme on auroit pu être tenté de le croire.
CHAPITRE VIII.
COMMENT VHTGROMETRE EST-IL AFFECTÉ PAR
V ELECTRICITE?
§• 157- La Nature fait fouvent aux qucftions que lui pro-
pofent les phyficfens, des réponfes fort diffe'rentes de celles qu'ils
attendoient. Combien de fois le philofophe n'eft - il pas féduit
par de faulTes apparences d'analogie , par des théories défeftu-
eufes, ou trompé par les méprifes amp; les faulfes obfervations
de ceux qui l'ont précédé !
Après les expériences par lefquelles on a prouvé que l'élec-
tricité augmente l'évaporation, n'auroit-on pas cru qu'un Hy-
grometre expofé à fon adion marcheroit au fee avec la plus
grande rapidité ? J'étois fî prevenu en faveur de cette opinion gt;
que lorfque je vis l'Hygrometre demeurer immobile malgré
l'éleélricité la plus animée, je crus que mes yeux me trom-
poient, ou que l'inftrument étoit dérangé: ce ne fut qu'après
avoir répété amp; varié l'expérience de mille maniérés amp; avec dif-
férens inftrumens, que je reconnus enfin qu'on n'avoit pas cir-
confcrit cette opinion dans fes juftes Umites,
Hygromc-nbsp;procéder avec exactitude, je plaçai dans mon
tre fournis à laboratoire amp; dans des fîtuations auifx femblables qu'il étoit pof-
fékïtdcitï fible deux Hygrometres à cheveu , qui pouvoient à volonté
être ou n'être pas éledrifés en établilTant ou en fupprimant des
communications avec le, condudeur d'une machine éleélrique de
la plus grande force, Lorfqu'ils fe furent mis en équilibre avec
l'air du laboratoire , j'éledrifai l'un des deux fans éledrifer l'autre.
Sur
Introduc-
tion.
PAR VGLkCTRIClTÈ. EJfai II, Chap. VIII. IfJ
Sur le champ la re'piilfion produite par le côté KK du cadre,'
Pî. I. f. a. écarta amp; agita fi vivement le cheveu qui l'avoifîne
qu'il me fut impoffible de connoitre fi l'eledricité le defféchoit
oa non. Tour parer à cet inconvénient , j'affujetis'fymmétri-
quement des trois autres côtés du cheveu, des fils de métal
femblables à celui qui forme le cadre, amp; à la même diftance du
cheveu, de maniere qu'également repouHé de toutes parts le
cheveu ne pouvoit plus fe jeter d'un côté plutôt que de l'autre.
Je réledrifaî de nouveau muni de cet appareil ; mais alorsnbsp;L'éledricit^
l'éledricité ne produifit plus fur lui aucun effet, quoique cesnbsp;yaj-ie^i.^y*^
fils ne gênaffent point fon mouvement, amp; qu'ils fuffent eux-nbsp;grometre.
mêmes, ainfî que toutes les parties de l'Hygrometre très-for-
tement éledrifés. J'éledrifai l'autre Hygrometre avec les mêmes
précautions, amp; le rélultat fut le même.
Je répétai encore ces épreuves avec un grand Hygrometre
à arbre extrêmement fenfible Pl. L f. i. Comme dans celui-ci
le cheveu eft fitué entre trois montans, leur répulfion le jetoit
en avant, mais lorfque j'en eus placé fur le devant un quatirieme
à la même diftance que les trois autres, cette répulfion ceffa amp;
l'Hygrometre demeura fixe au même point, fi ce n'eft que l'ai^
guille avoit une efpece de frémiffement occafioné par quel-
ques mouvemens que le fluide éledrique imprimoit au cheveu;
niais ces ofcillations n'alloient qu'à un ou deux degrés amp; auflî
fouvent du côté de l'humidité que de celui de la féchereflfe.
Je penfai alors que l'effet de l'éledricité feroit peut-être plus
fenfible dans un air humide , j'attendis un tems très-humide,
je tins toutes les fenêtres ouvertes, l'Hygrometre vint à 85gt;
mais l'éledricité n'eut pas pour cela plus d'effet fur l'Hygro-
metre,
Enfin j'imaginai'de produire un courant de fluide éledrique
8c de le forcer à traverfer continuellement un Hygrometre placé
dans un lieu très-humide ; je penfois que peut-être ce courant
entraîneroit avec lui une partie de l'humidité du cheveu. Je fuf-
pendis un Hygrometre dans un cylindre de verre percé de part
en part ; je couvris fes deux extrémités avec des plaques de mé-
tal, mais je ne les lutai point avec le verre, afin que l'air ex-
térieur pût avoir quelque communication avec celui qui étoit
renfermé dans le cylindre. Avant de l'éledrifer, je l'ifolai amp;
j'infmuai dans fon intérieur une carte mouillée : cette carte fit
marcher l'Hygrometre à l'humide amp; je la retirai lorfqu'il fut
parvenu près du 94^- degré. La carte n'y étant plus, amp; le cy-
lindre n'étant point luté , l'air humide qu'il renfermoit com-
mença à fe deffécher amp; l'Hygrometre à marcher doucement
amp; uniformément vers la féchereffe. J'obfervai attentivement avec
une montre à fécondés le tems qu'il falloir à l'aiguille pour faire
un certain nombre de degrés ; alors j'établis fubitement une
communication entre la plaque fupérieure du cyhndre amp; le con-
duffeur; amp; tandis que le cyhndre étoit ainfi électrifé , je tirois
des étincelles delà plaque inférieure, enforte que l'Hygrometre
lié par des communications métaUiques avec les deux plaques,
fe trouvoit expofé à l'adion d'un courant de fluide éledrique ,
qui traverfoit tout l'intérieur du cyhndre. Cependant je ne pus
point obferver que ce courant accélérât le defléchement du
cheveu ; amp; cette expérience variée amp; répétée de différentes ma-
niérés faciles à imaginer donna toujours le même réfultat.
ueiead. §• Faut-il donc accufer d'erreur ces Phyficiens célé-
-ocr page 183-PAR r ÉLECTRICITÉ, EJfai II, Chap. VIILnbsp;iff
ires, qui ont cru démontrer par leurs expériences que l'éledri- entraine
lt;^ité augmentoit beaucoup l'évaporation ? Je ne faurois le pré- bondante amp;
fumer, mais je crois qu'il faut foigneufement diftinguer l'eau en tion pas
nature ou les corps chargés d'une humidité furabondante d'avec
ceux qui ne font point fuperfaturés amp; qui ne contiennent que
de l'eau combinée jufques à un certain point avec leurs élémens
amp; unie avec eux par ce genre d'affinité que j'ai nommée affinité
^hygrométrique.
Vraisemblablement c'eft cette eau libre amp; furabondante que
îe fluide éledrique entraîne , foit en fe combinant avec elle, foit
plutôt en produifant un courant d'air à la furface des corps qui
la contiennent ; amp; c'eft efi:edivement fur de l'eau libre ou fur
des corps fuperfaturés d'eau qu'ont été faites toutes les expé-
riences par lefquelles on a prouvé l'influence de l'électricité fur
l'évaporation.
§. tSo. Voici une expérience-très fimple que j'ai faite pour Expérience
qui le prou-
ve.
éprouver la vérité de cette conjedure.
J'ai pris deux cartes parfaitement égales entr'elles amp; pour
le poids amp; pour la grandeur : leurs dimenflons étoient doubles
de celles d'une carte à jouer ordinaire, elles avoient 3 pouces
de largeur fur 4 ç de hauteur; leur poids étoit de 4f grains.
Le laboratoire dans lequel j'ai fait cette expérience ne conte-
noit point de feu, les portes amp; les fenêtres étoient fermées, en-
forte qu'il ne pouvoit furvenir dans l'air aucun changement fen-
fible. Là j'ai fufpendu ces deux cartes dans des fituations fem-
blables , à cela près que l'une étoit éledrifée tandis que l'au-
tre ne l'étoit pas. Après quinze minutes d'éledrifatîon je les ai
repefées, elles étoient encore parfaitement égales. Peut-être foup-
V a
-ocr page 184-çonnera-t *on que ces cartes qui paroiffbient féches au toucher
ne contenoient pas affez d'humidité pour qu'une déperdition
partielle de cette humidité fût fenfible à la balance. Pour lever
ce doute, je voulus voir l'effet que produiroit fur elles un fé-
jour de quelques minutes dans un air plus fee. L'Hygrometre
dans le laboratoire où j'avois fait cette épeuve amp; dans lequel
je les avois laiflées pendant deux heures pour qu'elles fe mif-
fent en équilibre avec l'air qu'il contenoit; cet Hygromètre,
dis - je , étoit à 8 3 , amp; le thermometre à 4 Mais dans la cham-
bre où je les tranfportai,l'Hygrometre étoit à 58 amp; le ther-
mometre à 9 i. Au bout d'un quart d'heure les cartes fe trouvèrent
plus légeres, Jhacune d'un quart de grain, amp; lorfque je les eus ex-
pofées pendant quelques momens devant le feu à un degré de
chaleur fuffifant pour les réchauffer , mais non point pour chan-
ger le moins du monde leur couleur, elles le trouvèrent avoir
perdu trois grains amp; demi chacune.
Le fluide électrique n'a donc point comme le feu, le pou-
voir de convertir en vapeurs l'eau que les corps retiennent dans
leurs pores amp; qui eft unie avec leurs élémens par fon affinité
avec eax.
Mais il peut leur enlever l'eau furabondante; car lorfque j'eus
également humedé ces deux cartes , en faifant boire précifé-
ment I o grains d'eau à chacune d'elles ; celle qui fut éledrifee
enfuite pendant un quart d'heure perdit deux grains de fon poids^
amp; celle qui ne le fut pas n'en perdit qu'un amp; demi, quoi
qu'elle fût d'ailleurs fituée précifément de même ; d'où il fuit
que le fluide éledrique enleva en 15 minutes un demi-grain
d'eau à la carte qui étoit foumife à fon adion.
PAR rÉLECTRICITÉ , EJfai II, Chap. VIIL 151
§. léTi. Ces expériences prouvent donc qu'il faut mettre Conclufio».
une reftridion à la théorie qui affirme trop généralement que
l'éledricité favorife l'évaporation. Elle augmente celle des corps
fuperfaturés, mais elle n'en produit aucune dans ceux qui ne
contiennent point d'eau furabondante.
Il n'y a donc aucune corr^dion à faire aux obfervations
hygrométriques relativement à la quantité plus ou moins grande
d'éledricité qui peut fe trouver dans l'air.
l'AIR h^FLAMMABLE ET VAIR FIXE ONT-ILS AVEC LES
VAPEURS LES MEMES RAPPORTS QUE VAIR COMMUN ?
152. Cette queftioti curieufe amp; furement bien nouvelle ;
m'a paru intérelTer l'hygrométrie, depuis que l'on a prouvé que
ces deux fluides aériformes pouvoientfe rencontrer en très grande
quantité, l'un dans les régions les plus élevées amp; l'autre dans
ies couches les plus baffes de l'atmofphere. J'ai donc fouhaité
de connoître leurs rapports avec les vapeurs, foit lorfqu'ils
font purs ou à-peu-près tels, foit lorfqu'ils font mélangés en
diverfes dofes avec l'air commun.
Difficultés à
_____________ §. 153. Ces expériences n'étoient pas fans difficulté. Il s'a-
furmonter. gj{roit d'abord de fe procurer ces fluides élaftiques fees, amp; de
s'affurer même par des épreuves très-exaéles du degré de leur
féchereffe. Or tous les moyens que l'on peut employer pour
obtenir ces fluides, le feu même lorfqu'il les dégage des corps
qui les contiennent, dégage auffi en méme-tems uiie certaine
quantité d'eau qui les accompagne ; enforte que, amp; ces fluides
amp; les vafes qui les reçoivent font toujours humides au moment
de leur produdion ; il falloit cependant pour ces expériences,
fmon deffécher complètement ces fluides, du moins les rame-
ner à un état pareil à celui de l'air atmofphérique avec lequel
je voulois }es comparer.
J'y parvins par un moyen fort fimple. On fait déjà que l'air
inflammable peut fe conferver pendant long-tems dans des vef-
fics fans y fouffrir d'altération fenfible. On fait aufli qu'une veffie
Introduc-
tion.
AVEC LES VAPEURS LES MEMES, Effai II, Chap. IX. if?
tien remplie d'un fluide aériforme quelconque, lorfqu'elle efl:
expofée à l'air s'y defleche , tant intérieurement qu'extérieure-
nient ; amp; que par conféquent d'après les principes établis dans
le premier chapitre de cet elfai , la veflie elle - même amp; l'air
qu'elle renferme fe mettent hygrométriquement en équihbre
avec l'air extérieur.
Je pouvois donc en renfermant dans une veffie mon air in-
flammable , le deflTécher au même point que l'air atmofphérique
mais il falloit enfuite le faire paffer de cette veflie dans un vafe
de verre qui contint un Hygrometre. Ici la machine pneu-
matique vint à mon fecours, amp; me fervit à opérer cette tranC.
fufion.
§. 16'4. Pour mettre entre mes expériences de comparai- . details dt
l'expé-
ricncffi
îon la plus grande parité poffible , je préparai deux veffies
femblables; j'adaptai à chacune d'elles un robinet, qui entroit à
Vis dans une ouverture qui efl; au-deffous de la platine de ma
pompe; enforte que, par cette ouverture , je pouvois en ou-
vrant le robinet, faire entrer dans le récipient l'air renfermé dans
la veffie.
Je remplis l'une de ces veflies d'air inflammable tiré du fer,
par le fecours de l'acide vitriolique, amp; l'autre d'air commun ;
je les fufpendis l'une auprès de l'autre au milieu de mon labo-
ratoire, amp; je les laiffai-là pendant plufieurs jours, jufques à ce
qu'elles ne paruffent plus imbues d'aucune humidité furabon-
dante.
Alors je pris un petit récipient ; j'y logeai un Hygrometre,
^ je lutai le récipient fur la platine de la pompe. Avant de
faire le vuide , j'adaptai fous la platine la veffie qui contenoit
l'air commun ; afin d'éprouver premièrement cet air amp; de lai
comparer enfuite l'air inflammable. Je notai alors le degré de
l'Hygrometre renfermé dans le récipient ; il étoit à ; puis
je pompai l'air du récipient, tandis que le robinet de la veflTic
étoit fermé, amp; qu'ainfi l'air qu'elle contenoit ne pouvoit point
entrer dans le récipient. L'Hygrometre marcha au fec pendant
que l'air fe raréfioit, comme cela arrive toujours, amp; au bout
d'une demi-heure il fe fixa à 40 degrés. (*) Alors j'ouvris le
robinet de la veflie , la preffion de l'air extérieur chafl'a dans
le récipient l'air commun que contenoit cette veffie ; amp; le réci-
pient étant ainfi rempli d'air, l'Hygrometre retourna, non pas
précifément à 6i degrés où il étoit avant l'expérience, mais à
59 degrés H**)'
Connoiflant ainfl les affquot;edions hygrométriques de l'air com-
mun renfermé dans une veflie , je paflquot;ai à l'air inflammable. Pour
cela je détachai de la pompe la veflie qui contenoit l'air com-
mun , amp; j'adaptai à fa place celle qui renfermoit l'air inflam-
mable. Alors , tenant le robinet fermé, je fis fortir du récipient
l'air commun dont fl étoit rempH, ce qui fit revenir l'Hygro-
metre à 40 degrés; après quoi en ouvrant le robinet de la vef-
fie, le récipient fe remplit d'air inflammable. L'introduction dc
{*) Ce defféchement qui n'eft que
de ZI degrés, eft beaucoup moins con-
fidérable que celui que j'avois obtenu
dans les expériences du chap. VI ; pre-
mièrement , parce que je fuis parti dans
celles-ci d'un terme beaucoup plus fec ;
enfuite , parce que la pompe dont je me
fuis fervi étoit meins bonne, amp; qu'en-
fin les foins que j'ai employés dans celles-
«i tendoient à mettre la plus grande
parité entre les épreuves, amp; non à ob-
tenir le plus haut point de defféchement.
(**) Cette différence prouve que l'air
dans la veffie étoit fenfiblement plus
fec que celui que contenoit le récipient
avant fon évacuation ; car s'il eût été au
même point, l'Hygrometre, lorfqu'on
rendit l'air, au lieu de revenir à I i degré
de plus au fec, feroit revenu à 2 ou î
degrés de plus à l'humide. Voyez §. 1?
cet
-ocr page 189-les vapeurs les memes, Efflii II, Chcip. IX. I6i
^et air fit , comme celle de l'air commun , marcher l'Hygro-
metre à l'humide, amp; même de quelques degr és de plus, car
vint à 3. Il y eut donc cette différence entre l'air in-
flammable amp; l'air commun , c'eft que rintrodudion de celui-ci
fie marcher l'Hygrometre de 2 degrés ^ de plus à l'humide ,
T-i'il n'étoit avant que l'on eût fait le vuide ; au lieu que l'air
Commun, en rentrant, avoit ramené l'Hygrometre à x degré l
de plus au fee. La diffquot;érence totale entre leurs effets fut donc
4, 3.
Après cette épreuve , le récipient fe trouvoit rempli d'air
Inflammable, mêlé feulement d'une 74e. partie d'air commun
9ue l'imperfection de ma pompe laiffe en arriéré dans le réci-
pient ; mais cette quantité étant bien peu confidérable , j'étois
très-curieux de voir fi lorfque je raréfierois cet air inflammable ,
l'Hygrometre marcheroit au fee comme il le fait dans l'air com-
mun. Je pompai donc cet air , amp; l'Hygrometre alla au fee de
I 9 degrés ~ , précifément comme il avoit fait dans la précédente
épreuve oil il étoit defcendu de 59 5 à 40 degrés.
La mêma
expérience
répétée amp;
variée.
§. id^. Pour obtenir, dans mon récipient, de l'air inflam-
mable encore plus pur, j'ouvris pendant qu'il étoit vuide , le
robinet de la veiïïe , amp; il fe remplit de nouveau d'un air in-
flammable , dans lequel la portion reftante d'air commun , fa-
voir, la 74e. d'une 74®. ou une 2916®. , eft une quantité que
l'on peut regarder comme nulle dans des épreuves de ce genre.
La rentrée de cet air fit monter l'Hygrometre à f 9 gt; 7 ; c'eft-
à-dirè, à 2, lt;? plus au fee qu'il n'étoit avant qu'on épuifât
l'air ; car on a vu plus haut que l'air inflammable en entrant ,
pour la premiere fois , dans le. récipient , l'ayoit fait venir
à 52 , 3.
-ocr page 190-Cette épreuve répétée une troifieme fois , me donna exade-
ment les mêmes réfultats ; l'évacuation du récipient fit faire à
l'Hygrometre 19 degrés \ vers la fécherelTe , amp; la rentrée ds
l'air inflammable le fit revenir à l'humide , mais de 2 degrés \
de moins qu'il n'étoit avant que l'on fît le vuide . c'eft-à-dire,
à 2.
Réflexions §. 166. CoMME ces phénomenes font à très-peu près les
mêmes que ceux que préfentoit l'air commun renfermé dans
une veflîe femblable , il femble que l'on eft bien en droit de
conclure que , dans ces circonftances, l'air inflammable agit
fur l'Hygrometre, comme le fait l'air athmofphérique.
La feule difference un peu notable a paru la premiere fois
que l'air inflammable eft forti de la veffie, pour paffér dans le
récipient ; il a fait faire alors à l'Hygrometre , environ 4 degrés
de plus vers l'humidité que n'avoit fait l'air commun. Mais en
coiiparaafc cette épreuve avec les fuivantes , on eft bien porté
à croire que cette différence vient de quelque portion d'hu-
midité qui fe fera nichée dans le trou du robinet ; car il eft
clair que s'il en refte dans ce trou lorfqu'on ferme le robinet,
elle ne peut point en fortir jufqu'à ce que le robinet étant ou-
vert, l'air en entrant dans le récipient la chaffe amp; l'entraîne
avec lui. Or , ce qui paroît prouver que c'eft bien là la caufe
de ce phénomene , c'eft que dans les deux répétitions fuivantes
de la même épreuve , l'air inflammable , en rentrant dans le
récipient, n'a point, comme dans la premiere , ramené l'Hy-
grometre plus à l'humide qu'il n'étoit avant la raréfadion de
l'air ; fans doute , parce que l'air, en traverfant avec force ce
paflTage étroit, l'avoit entièrement deffTéché dès la premiere
opération.
fur CCS ex-
périences,
LES VATEVnS LES MEMES, ^c. EJfai II, Chap. IX. 1^3
§•nbsp;Cependant il me reftoit encore un doute, je pen- Doute ^
fois que cette humidité pourroit être venue du mélange de l'air quot;^^quot;^Jg®quot;^®«
mflammable avec cette partie d'air commun qui étoit reftée lange des
dans le récipient; amp; je fouhaitois d'autant plus d'éclaircir ce deux efpc,
doute, que dernièrement un Phyficien ItdMen i Pignotti, Con-
Setture Meteorolegiche ) a fuppofé que des vapeurs phlogifti-nbsp;'
ques , amp; fpécialement l'air inflammable, pourroient avoir la
propriété de précipiter l'eau que l'air tient en diflblution, amp; il
a prétendu expliquer ainfi, comme je le dirai dans la fuite, les
Variations du barometre. J'ai donc cru devoir obferver les effet«
du mélange de l'air inflammable avec l'air athmofphérique.
Pour opérer ce mélange , tandis que mon récipient étoit
encore plein d'air inflammable , dans lequel l'Hygrometre fe
noit à f 7 , 6 , j'ai pompé la moitié de cet air , amp; j'ai remplacé
cette moitié par de l'air commun. L'Hygrometre que l'extradion
de cette moitié avoit fait venir environ à fo degrés , eft remonté
par la rentrée de l'air commun à ^6,9; ce qui eft à très-peu-
près proportionnel à l'effet que l'air inflammable avoit produit
dans les expériences précédentes.
Le mélange de l'air inflammable avec l'air commun ne pré-
cipite donc, en aucune maniéré, les vapeurs que celui-ci tient
en diflîjlution ; ces deux airs fe mêlent paifiblement amp; agiflTent
l'un fur l'autre, du moins relativement à l'hygrométrie , préci-
sément comme le feroient deux portions de la même efpece quot; -
d'air.
comme l'air
commun.
L'air în:
§. ilt;?8. Enfin, pour faire encore un pas de plus dans la
Comparaifon de ces deux efpeces d'air, j'ai voulu voir, fi un diffout l'eau
fuperfaturé d'humidité amp; renfermé dans un vafe rempli de
cet air, y fouffriroit une évaporation femblable à celle qu'il
fouffre dans l'air atmofphérique , amp; feroit femblablement mar-
cher l'Hygrometre vers fhumidité. Four cela, j'ai remph le re-
cipient d'air inflammable pur , j'y ai infinué , par le trou de la
platiné, une carte huraecfée , mais effuyée enfuite amp; roulée fur
elle-même ; fur le champ l'Hygrometre a commencé à marcher
du côté de l'humidité , amp; il eft venu tout près de l'humidité
extrême par les mêmes gradations, amp; à-peu-près dans le même
tems qu'A auroit employé s'il eût été plein d'air commun. (*)
Au refte , je dois avertir que , pour favoir fi cet air ne s'étoit
point dénaturé pendant ces expériences , avant de lever le ré-
cipient , j'en remplis une petite feringue , amp; je l'injectai dans,
la flamme d'une bougie , où il s'enflamma avec beaucoup de
vivacité.
Effet denbsp;J^nbsp;P^® P^quot;® oubher de faire obferver
l'air inflam- un effet affcz remarquable que produifit cet air fur les corps
divers raé ^létalliques renfermés dans le récipient. Il agit d'abord fur la
taux.nbsp;lame d'argent fur laquelle eft monté fe thermometre annexé à
l'Hygrometre ; la furface de cette lame devint d'un beau rouge,
brfllant amp; changeant en pourpre. Le laiton de l'Hygrometre,
de même que le mercure logé dans la boule du tube , qui in-
terdit aux vapeurs de la pompe l'entrée du récipient, demeu-
rerent intads , jufqu'à ce que j'euflTe introduit la carte mouillée
pour faturer d'humidité l'air inflammable renfermé dans le réci-
eût peut-être fallu , pour
compléter le parallèle , rechercher en-
co.re , fi l'air inflammable exige, pour
fa faturation , la même quantité d'eau
çiu« l'air atmofphérique ; mais cette
qncûion ne m'a pas. paru mériter la
peme que donneroient les expériences
néceilàires pour la refoudre , amp; j'ai
cru avoir, au moins pour ma part j
affez approfondi ce fujet.
LES VAPeVRS Les mêmes ^ ^c. ejhi II, Chap. IX. Ifff
pient. Mais dès que cet air fut faturé , fon affivité en devint
plus grande, le cuivre fe noircit, amp; toute la furface du mercure
devint d'un beau bleu tirant fur le pourpre.
Pendant toutes ces expériences, le thermometre fe foute-
^^oit, dans mon laboratoire, entre 20 8c 21 degrés.
§• 170. J'employai pour l'air fixe les mêmes procédés que
pour l'air inflammable , avec cette feule différence , qu'avant périences^amp;
d'introduire l'air fixe dans la veffie , j'eus foin de la faire fé-nbsp;quot;quot;é-
'^her amp; de l'imbiber bien complètement d'huile d'olives ; fans l'air fisel'^''
eette précaution , l'air fixe paffe par la veffie comme au travers
d'un crible , mais l'huile le retient fans l'altérer en aucune ma-
'^'ere, amp; n'empêche cependant pas que l'humidité furabon-
dante ne s'échappe peu à peu , amp; qu'ainfi l'air renfermé dans
cette veflie ne fe mette hygrometriqucment en équilibre avec
l'air ambient (*)
Les réfultats de mes expériences avec l'air fixe furent les
'blêmes qu'avec l'air inflammable ; ou s'il y eut quelque diffé-
rence , ce furent des différences minimes amp; purement acci-
dentelles.
Je crois donc pouvoir afl^urer que , malgré l'énorme diffem-
) Il eft trèp-commode de renfer-
ainfi 1 air fixe dans des vefTies
quot;'lees , lorfque l'on veut l'injefter
j^l^ns des plaies cancéreufes. Il feroit
à fouhaiter que les Chirurgieris
^lt;iiaireiit avec foin les effets de ce
^quot;ouveau remede. Je l'ai effayé deux
5 amp; toujours il a dimiiîuc conlidé-
rahlement les douleurs amp; détruit pref-
qu'entièrement )a fétidité de ia pljie;
il a même donné les plus grandes ef-
pérances ; mais malheureufeinent , dans-
l'un amp; l'autre cas, le m^l avoit fdt de-
trop grand progrès pour qu'a
mede pût opérer fa gucafo'n.
blancc dc ces fluides aëriformes , foit relativement à la ma-
tière qui les compofe , foit par rapport à leur denfité , ils le
comportent amp; dans le vuide amp; dans le plein, amp; purs amp; mêles
Rvec l'air commun , de la même maniéré que l'air que nous
refpirons ; enforte que leur mélange avec l'air de l'atmofphere,
ne peut certainement apporter aucun changement fenfible à fes
jpodifications hygrométriques.
LES VAPEURS LES MEMES, '^c. Efai II, Chap. IX. iGf
CHAPITRE
Projet et exemple de tablés gêmèrales déstinées
a evaluer les indications de vhygrometre dans
- coutes les modifications de vair q^ui peuvent
influer sur lul
UU
171. plupart de ceux qui confultent un Hygrometre,
^^ le propofent d'autre but que de connoître , par fon moyen ,
^^ degré de faturation de l'air ; ils veulent favoir fi l'air eft dif-
Pofé à abandonner les vapeurs dont il eft chargé, ou bien s'il
feroit au contraire avide d'en abforber de nouvelles. Et il faut
Avouer que c'eft bien-là le point qui intéreffe le plus la géné-
ralité des hommes par rapport à la fanté, à l'agriculture ou à
l'économie. Or , l'Hygrometre fatisfait, à cet égard , notre cu-
riofité, fans le fecours d'aucune table ; la fimple connoilfance
'lu degré qu'il indique , fi fes termes d'humidité amp; de féche-
reffe extrêmes font bien connus amp; bien déterminés , nous ap-
prend combien l'air eft éloigné du terme de faturation , amp; par
Cela même, combien il eft difpofé à dépofer ou à abforber des
tapeurs.
Mais cette connoiffance ne fuffit pas au Phyficien ; ce n'eft
affez pour lui que de favoir quelles font les difpofitions ac-
tuelles de l'air ; il veut, outre cela , connoître les caufes de ces
difpofitions ; fouvent même fes fpéculations exigeroient qu'il
Connût la quantité abfolue de l'eau qui eft contenue dans
C'eft à cet ufage que font deftiaées les tables dont je doime
^ans ce chapitre , la conftrudion amp; un premier effai
X.
Principes §. 172. J'AI prouvé, dans les chapitres précédens, que c
généraux. jj^g^.^^ ^^ faturation d'un volume donné d'air ne peut dépendre
que de la quantité de vapeurs aqueufes contenues dans cet air,
de fa chaleur amp; de fa denfité. 11 fuit de-là, que ces trois con-
ditions déterminent le degré de faturation , amp; que réciproque-
ment le degré de faturation amp; deux quelconques de ces trois
' conditions, déterminent néceffairement la troifieme. Or , comme
nous connoiifons, par l'Hygrometre , le degré de faturation de
l'air ; par le thermometre, fa chaleur ; amp; par le barometre, fa
denfité; il n'y a que la quantité d'eau qu'il contient que nous
ne connoiffions pas immédiatement, amp; pour laquelle nous ayons
befoin du fecours de l'expérience. 11 faut donc faire ces expé-
riences., amp; les employer à conftruire des tables qui préfentent
toutes les combinaifons poffibles de ces quatre condition«
réunies.
Idée géné- ■ §. 173. Le but que l'on doit fe propofer, eft donc d'ob-
rale\le cesnbsp;de denfité de l'air; par exemple, pouC
chaque pouce du barometre , une table h double entrée , do«t
la premiere colonne horifontale contienne les degrés du ther-
mometre , amp; la premiere colonne verticale , les degrés de l'Hy-
grometre , tandis que les cafes correfpondantes contiendront de«
nombres, qui exprimeront en grains amp; en fraftions de grains gt;
le poids des vapeurs diffoutes dans un pied cube d'air. Lorfqu'oi^
auroit cette fuite de tables, je fuppofe que, dans un momen^^
donné, le baromètre fût à 27 pouces, le thermometre à
degrés'amp; l'Hygrometre à , je prendrois la table conftnut^
pour 27 pouces,. amp; -je chercherois, dans cette table , la ca ^
qui correfpond à lod. du thermometre amp; à 85 de ^'HySj;^^'^
metre ; le nombre 7, 2 que je trouverois dans cette ca e '
m'apprendrûi
-ocr page 197-DÊSTINE'ES A EVALUER ^c. EJfai II, àap X.
^n'apprendroit que dans ces circonftances chaque pied cube d'air
contient 7 grains 2 dixièmes d'eau reduite en vapeurs. Et ré-
ciproquement fi je favois que dans une certaine occurrence
contenoit 7 grains 2 dixièmes d'eau par pied cube, le ther-
mometre étant à 10 degrés amp; le barometre à 27 pouces, la
table m'apprendroit que dans ce moment là, l'Hygrometre a dir
^•^re à 8 T degrés. Je pourrois de la même maniere trouver le
degré du thermometre, amp; même la hauteur du barometre, fî
les trois autres conditions m'étoient connues.
Manière
de les conf-
§. 174. L^ méthode la plus réguliere de conftruire ces ta-
^les par la voie de l'expérience, feroit de commencer par faire truire.
fon fquelette, c'eft. à-dire, de marquer feulement les degrés
du thermometre amp; ceux de l'Hygrometre dans leurs colonnes
^Êfpedlives amp; de laifter en blanc toutes les cafes qui doivent
Contenir l'expreflion des quantités d'eau , pour les rempfir en-
fuite peu - à - peu à mefure que l'expérience les feroit connoitre.
Voici le plan de cette expérience. Prendre un grand bal.
Ion, y renfermer un Hygrometre amp; un thermometre, delfé-
cher parfaitement l'air qu'il contient, y introduire enfuite une
petite quantité d'eau, par exemple , un demi - grain pour chaque
pied cube de fa contenance ; expofer enfuite ce baUon au plus
Srand degré de froid jufques auquel on veuille étendre ces tagt;.
^les , par exemple au 15c. degré au deflbus de la congélation,
^iors quand l'Hygrometre fe feroit fixé à un certain degré«,
chercheroit la cafe qui correfpond à — 15 du thermome.
'^'e amp; à a de l'Hygrometre;. on ecriroit j ou o, 5 dans cette
^'^fe, ce qui indiqueroit, que dans ces circonftances un pied
cube d'air contient i grain d'eau. Enfuite on diminueroit le
l'oid amp; on feroit venir le ballon à un degré de chaleur égal
Y
-ocr page 198-à — 14 ; ce qui feroit venir l'Hygrometre à un autre degre,
tel que b ; alors dans la cafe correfpondante à— 14 du ther-
mometre amp; k b de l'Hygrometre on écriroit encore puis-
que cette diminution de froid n'auroit-point changé la quantité
de l'eau contenue dans le ballon. On conduiroit ainfi graduel-
lement ce même ballon jufques au plus haut degré de chaleur
que l'on voulût faire entre dans la table, par exemple , jufques
au 35 e. amp; on écriroit fucceffivement ce même nombre 5 dans
chacune des cafes correfpondantes aux degrés du thermometre
amp; à ceux que ces différens degrés de chaleur feroient mar-
quer à l'Hygrometre.
Cela fait, on introduiroit dans le ballon un fécond demi-
grain d'eau pour chaque pied cube de fa contenance , amp; on re-
froidiroit de nouveau tout l'appareil jufques au 15 c. degré aa
deflous de la congélation, pour le réchauffer enfuite graduel-
lement] jufques au 35e. au deffus, en plaçant une unité dans
toutes les cafes correfpondantes aux degrés de chaleur amp; d'hu-
midité qui fe préfenteroient fucceffivement.
On procéderoit ainfi de demi - grain en demi - grain, juf-
ques à ce que l'on eût introduit la quantité d'eau néceffaire
pour faturer l'air au 3 7«- degré de chaleur; amp; l'expreffion de
cette quantité ne fe trouveroit que dans la derniere cafe de
la table.
Ainsi à mefure qu'on avanceroit, les opérations deviendroient
moins longues, parce que dès que l'air contiendroit une cer-
taine quantité d'eau , un degré de refroidiffement un peu con-
lidérable le feroit venir au terme de la faturation amp; l'on feroit
ainfî difpeufé de faire les obfervations pour les degrés de ùoià
inférieurs à celui qui rameneroit ainfi l'air à la faturation.
DÈSTINFES AEfJlUFR ^ô. EJfai IIChap. X. 171
Cette table pour être faite avec exaditude amp; dans un auffi
grand détail, exigeroit un travail très-long amp; très - pénible ; amp;
^ors même qu'au lieu d'introduire l'eau par demi - grains on en
f'eroit entrer à chaque fois un poids d'un grain par pied cube,
^ qu'au heu d'obferver de degré en degré du thermometre
n'obferveroit que de f en f degrés, la peine feroit encore
très-grande. Et que feroit-ce fi on vouloit une table pareille
chaque pouce où l'on peut voir le barometre depuis le
^^■^d de la mer jufques aux plus hautes fommités acceflibles
des
Table au-
xiliaire.
niontagnes ?
i7f. Pour moi, comme je ne pouvois point confacrer Méthode
^ ces tables tout le tems qu'il eût fallu pour les conftruire avec
Cpt/- ' 1 • /nbsp;r- /nbsp;/nbsp;moins
quot;-•■ce régularité , j'ai profite des experiences amp; des tables con- exade.
dans les Chapitres IVe. amp; Ve. de cet effai, amp; je fes ai
fait fervir à la conftudion de la table annexée à la fin de ce
Chapitre. J'ai cru devoir la publier quelqu'imparfaite qu'elle
fût, pour en donner au moins un modele amp; pour fixer fur cet
lt;gt;bjet les regards amp; l'attention des phyficiens.
§. 1^6. Voici la route que j'ai fuivie: j'ai commencé par
Conftruire avec le plus grand foin, d'après la IR expérience
Chapitre Ve. §. 117--124, une table, qui indique pour
chaque degré de l'Hygrometre, la quantité d'eau contenue dans
pied cube d'air à rf degrés 16quot; centiemes du thermometre.
I® n'avois pour cela que fix obfervations diredes dans une
^^helle de 9 8 degrés, mais j'ai tâché d'interpoler dans leurs
^'quot;»tervalles des nombres qui fuiviffent, autant qu'il étoit poffi-
^^^ ' la loi que ces mêmes obfervations paroiffoient indiquer.
joint ici cette table , qui fera peut - être utile à quelques
Phyficiens occupés des mêmes recherches.
Y 2
-ocr page 200-Table du poids des vapeurs aqueufes contenues dans un pied cube^
d'air à 15 degrés 16 centiemes du thermometre ^ à chaque degre
Deg- |
Poids des vap.'Deg. |
Poid des vap. |
Deg. de |
Poîd des vap. |
Deg. de |
Psid des vctp. | ||||
de l'IIy. |
1 ae |
l'Hy. |
l'Hy. | |||||||
i |
0 , |
0304 25 |
1, 50')3 |
51 |
3, |
5902 |
75 |
7 |
, 3730 | |
2 |
0, |
0543 37 |
I , 57lt;^4 |
52 |
3, |
5975 |
77 |
7 |
, 54ïo | |
0 |
0, |
ioi7 |
28 |
I ,5483 |
53 |
3, |
8072 |
78 |
7 |
, 7090 |
4 |
0 , |
1425 |
39 |
r,7208 |
54 |
3 . |
9192 |
79 |
7 |
, 877lt;gt; |
5 |
0 , |
1870 |
30 |
i,7940 |
55 |
4. |
0335 |
80 |
8 |
,0450 |
6 |
0, |
2349! |
31 |
i,8579 |
55 |
4. |
i 502 |
81 |
8 |
,2130 |
7 |
0, |
2853 |
32 |
r,9424 |
57 |
4, |
2692 |
82 |
8 |
, 38io |
8 |
0, |
3412 |
33 |
2,0177 |
58 |
4 gt; |
390s |
83 |
8 |
5 5490 |
9 |
0, |
3995,34 |
2,0935 |
59 |
4» |
5141 |
84 |
S |
, 7170 | |
10 |
0, |
4592'35 |
2,1702 |
5q |
4. |
5534 |
85 |
8 |
,8850 | |
î i |
0, |
n9ç'35 |
2,2475 |
5l |
4gt; |
8021 |
85 |
9 |
, 0530 | |
12 |
0, |
5804 |
37 |
2,3254 |
52 |
4» |
9597 |
87 |
9 |
,2210 |
13 |
0, |
5421 |
38 |
2,4041 |
53 |
5' |
i 271 |
88 |
9 |
,3890 |
14 |
0, |
7044 |
39 |
2,4834 |
54 |
5 , |
3031 |
89 |
9 |
, 5570 |
m |
0, |
7574 |
40 |
2,5534 |
55 |
5, |
4873 |
90 |
9 |
, 7250 |
15 |
0, |
83ii |
41 |
2,5451 |
55 |
5, |
5775 |
91 |
9 |
, 8930 |
17 |
0, |
8954 |
42 |
2,7291 |
57 |
5 , |
8 595 |
92 |
10 |
, o5io |
18 |
0, |
9505 |
43 |
2,8155 |
58 |
5, |
0329 |
93 |
10 |
,2290 |
19 |
i , |
0252 |
44 |
2,9042 |
59 |
5 = |
1971 |
94 |
ro |
, 3970 |
20 |
i , |
0926 |
45 |
2,9952 |
70 |
5,3551 |
95 |
10 |
, 5550 | |
21 |
i , |
159': |
45 |
3 ,0885 |
71 |
5, |
5331 |
95 |
10 |
, 7330 |
22 |
i , |
2274 |
4-7 |
3,1842 |
72 |
5, |
7011 |
97 |
10 |
,9010 |
23 |
i , |
2959 |
48 |
3,2822 |
73 |
5, |
8591 |
98 |
11 |
, 0590 |
24 |
. i , |
3550 |
49 |
3,3825 |
74 |
7, |
0370 | |||
25 |
4348 |
50 |
3,4852 |
75 |
7, |
3050 |
DESTINÉES A EVALUER amp;c. Efai II, Chap. X. 173
§. 177. Ensuite en combinant cette table avec la table de principes
correftion du §.nbsp;j'ai cherché le rapport qu'il y a entre la du calcul de
quantité d'eau que contient un pied cube d'air à if degrés de „vale/
chaleur amp; celle qu'il contient à 20. J'ai dit, un pied cube
d'air réchauffé à if degrés (car j'ai négligé les \6 centiemes,
qui auroient trop comphqué ces calculs ) lorfqu'il eft faturé
Ou lorfque l'Hygrometre eft à 9 8d- contient 11 grains 69
quot;liUiemes de vapeurs , 1 r , 069. ©r d'après la table de cor-
l'eclion du §.92, lorfque l'Hygrometre efl à 98 amp; que l'air fe
l'échauffé de s degrés, fans qu'il fe produife ni s'abforbe au-
cune vapeur nouvelle, l'Hygrometre vient à 84 degrés 43 cen-
tièmes; (1) donc de l'air réchauffé à 2 0d. contient 11 grains
^■9 miUiemes de vapeurs lorfque rHygroraetre eft à 845 45-
Mais je vois d'après la table précédente , que quand l'air n'eft
réchauffé qu'à i f degrés, S; que l'Hygrometre eft à 84=43 ,
line contient qu'un poids de vapeurs équivalent à 8 , 78924
grains. Donc fi l'Hygrometre fe tient à 84. 43 dans deux vo.
lûmes d'air égaiïx, mais dont l'un foit réchauffé à ifd. amp; l'autre
à 20 , le poids des vapeurs contenues dans l'air réchauffé à i f
de plus pour le ramener à ce même
terme de faturation ; d'où il fuit que
ces ç degrés de chaleur doivent faire
venir l'Hygrometre à un terme qui cor-
refpande àl, 399-]- ç ou à 6, 599.
Je cherche donc le degré de l'Hygro-
metre qui répond à 6, 3 99 ! je vois
que ce degré eft entre le 84 amp; le 85.
amp; que la différence des nombres qui
correfpondent à ces deux degrés eft,
o, 579 gt; taillis que la différence en-
tre 6 , amp; 6, J99 eft o , 162.
Doncle degré correfpondant à 6 , 5^99
eft84 ilî ou 84, 43.
1nbsp; Voici les détails de ce calcul.
L'Hygrometre eft à 98 ; je veux favoir
précifément à quel degré il viendroit,
f' fans fubir d'autre changement, l'air fe
réchauffoit de ç degrés. Je prends la
table de correction §. 92 : dans lallle.
colonne ds cette table , vis-à-vis de 98''.
fe trouve le nombre i, 599 ; ce nombre
Signifie que quand l'Hygrometre eft à 9 8,
faudroit que l'air fe refroidit de i,
399^!. pour conduire l'Hygrometre au
^ernie de faturation: mais fi l'air au
lieu de fe refroidir fe réchauffe de ^
degrés, il faudra néceffairement ç degrés
fera au poids des vapeurs contenues dans l'air réchauffé à20,
comme 8 , 78924 : 11 , 069 , ou comme i : i ,25938.
Maintenant s'il nous étoit permis de regarder comme cer-
tain le réfultat de la comparaifon des expériences U amp; IV. du
Chapitre V. §. 129 ; ou s'il étoit prouvé que les quantités de
vapeurs contenues dans deux volumes d'air inégalement réchauffés,
confervent à peu près le même rapport lorfque l'Hygrometre
fe tient au même degré dans l'un amp; dans l'autre ; ce rapport
de I à I , 25938 que nous venons de trouver pour le 84«=.
degré pourroit être fuppofé le même dans toute l'étendue de
l'échelle hygrométrique ; d'où il fuit , qu'en multiphant par i ,
25938 les nombres qui dans la table précédente expriment
pour chaque degré de l'Hygrometre le poids des vapeurs con-
tenues dans l'air à 15d.de chaleur, nous obtiendrions des nom-
bres qui exprimeroient les quantités d'eau contenues dans l'air
aux mêmes degrés de l'Hygrometre, mais à une température
de 20 degrés.
Un moyen fort fîmple de vérifier cette fuppofition, c'eft
d'effayer, fi en partant de quelqu'autre degré on obtiendroit le
même expofant que nous venons d'obtenir en partant du 98e-
Cette recherche donne des réfultats curieux amp; inattendus. Ces
expofans, fans différer confidérablement les uns des autres,
fuivent dans leurs différences des loix très - remarquables. Le de-
gré le plus bas que l'on puiffe calculer au moyen de la table
de corredion du §. 92 gt; favoir le 28e. donne le plus petit
expofant qui eft 1,1185: les nombres fuivans donnent des ex.
pofans qui croiffent graduellement jufques au 70e. degré où
eft le maximum i, 3213: de là ils décroiffcnt de notiveau
jufques au 98qui donne, comme je l'ai déjà dit, i, 2594-
mSTIRFES A EVALVER ^c. EJfaî 11, Chap. X. 17jquot;
Si au lieu de chercher ces expofans pour une augmentation
f degrés dans la chaleur» on les cherche pour une augmen-
tation de JO, on voit ^de même croître ces expofans, mais
ici le maximum eft environ au degré.
J'AUROis pouffé plus loin ces recherches , amp; j'aurois effayé
d'approfondir les loix amp; les raifons de ces rapports qui recè-
lent fûrement des vérités phyfiques très - intéreifantes; mais les
expériences du Chapitre V qui ont fervi de fondement à la
table auxihaire fur laquelle repofent tous ces calculs , font
trop peu nombreufes pour que l'on ofe conftruire un grand édi-
fice de raifonnemens amp; de calculs fur une bafe auflî peu folide.
Je me propofe de reprendre ce travail dès que j'aurai rempli
les engagemens que j'ai contractés relativement à mes voyages
t^ans les Alpes, engagemens dont ces recherches n'ont déjà que
trop différé l'exécution.
Pour donner en attendant, non point un modele, mais fim-
plement un exemple des tables qui font le fujet de ce Cha-
pitre, je me fuis fervi de l'expofant i, 2337 qui m'a paru à
peu près moyen entre ceux que j'ai calculés.
Je confidéré donc ce nombre, comme l'expreffion du rap-
port qui régne entre les quantités d'eau contenues dans deux vo-
Wies d'air égaux, dans lefquels l'Hygrometre fe tient au même
«îegré , mais dont l'un eft réchauffe à 15: degrés tandis que
l'autre l'eft à 20. Or comme l'effet de la chaleur fur l'Hygro,
îiietre eft le même dans tous les degrés de température que
l'on peut éprouver en plein air ; puifque j'ai éprouvé cette identité
par des expériences direfles depuis le 7e. au deffbus de la con-
gélation, jufques au 20e. au deflTus, cette même moyenne qui
exprime le rapport entre les quantités d'eau contenues au i f
amp; au soe. degré , doit exprimer le rapport entre le 20 amp; le
25e. amp; entre le 25 amp; le 30e. Et par la même raifon, ces quan-
tités doivent décroître fuivant le même rapport du au loe.
du lOe. au 5 e- amp; ainfi de fuite.
C'est d'après ces principes que j'ai calculé de 5 en 5 de-
grés , tant du thermometre que de l'Hygrometre , la table qu^
termine ce Chapitre. J'ai pris pour bafe les nombres que l'ex-
périence Ile. du Chapitre précédent m'avoit donnés à la tem-
pérature de 15 degrés, §. 176, pour avoir les nombres cor-
refpondans aux mêmes degrés de l'Hygrometre, mais à 20 de-
grés de chaleur, j'ai multiplié ces nombres par i , 2337. Après
avoir ainfi obtenu les quantités de vapeurs contenues dans l'air
à la température de 20 degrés, j'ai multiplié ces mêmes quan-
tités par I , 2337, ce qui m'a donné les nombres correfpon-
dans aune température de 25 degrés, amp; ceux ci multipliés
par le même expofant ont produit ceux qui correfpondent à 30-
De même pour avoir les quantités de vapeurs contenues dans
i'air à des températures inférieures a 15 degrés , j'ai multipUé
parc, Siod les nombres que l'expérience m'avoit donnés à if
degrés, parce que ce nombre o, giod eft à i , comme i
eft à I , 2337; amp; j'ai ainfi obtenu les nombres correfpondans
à i o degrés de chaleur ; ceux-ci multiphés par le même ex-
pofant m'ont donné ceux qui correfpondent à 5, amp; ainfi de
fuite jufques à io au deffous de o. D'où il fuit, que dans cette
table les quantités de vapeurs qui correfpondent à un même
degré de l'Hygrometre, mais à des degrés de chaleur qui croif-
fen^
-ocr page 205-DÎSTINEES A F VALVE Fx, Ejjlù IL Chap. X.
feiit de f en f font exprimés par les termes d'ime progr^ffion
géométrique croilfante dont l'expofant eft 1,3337.
§. 178. On peut voir à préfent, combien une table de ce ufages de
genre, fi elle étoit conftruite avec une extrême ex-aditude amp;
de degré en degré tant du thermometre que de l'Hygrometre
feroit utile amp; commode. Car non feulement elle indiqueroit
les quantités abfolues d'eau contenues dans l'air à tous les de-
grés de chaleur amp; d'humidité , mais elle donneroit encore la
plus grande facihté pour comparer entr'elles les obfervations
faites à différens degrés de température ; on n'auroit befoin
d'aucun calcul; la feule infpeftion de la table feroit connoître
dans quel cas l'air contenoit la plus grande quantité d'eau.
Ainfi je fuppofe que dans une matinée d'été, le thermometre
eût été au lever du foleil à if degrés amp; l'Hygrometre à 98;
amp; qu'à deux heures de l'après-midi le thermometre montât
à 30 amp; l'Hygrometre à 70 ; la feule infpedion de la table
m'apprendroit que l'air tenoit à deux heures plus de vapeurs
en diffolution qu'au lever du foleil; puifque dans la table, le
nombre correfpondant à 30 degrés du thermometre amp; à 70
de l'Hygrometre' eft 11,9158; tandis que celui qui corref-
pond à I f du thermometre ■amp; 9 8 de l'Hygrometre n'eft que
ÏI,06'90.
177
§. 179. Malheureusement la petite table que je donne Défaut de
ici par forme d'exemple , amp; qui eft fondée fur les réfuîtats ^'^llequi c.lt
de la Ile. Expérience du Chap. V. n'eft pas bien d'accord avec ci Chap.
les réfuîtats des autres expériences rapportées dans le même
chapitre : la table indique pour les degrés de chaleur qui font
au-deflbus du i fe. des quantités de vapeurs plus grandes que
l'expérience ne les donne.
Z
-ocr page 206-Il faudra donc perfedlionner amp; , compléter cette table en
fuivant la route longue, mais fûre que j'ai tracée au com-
mencement de ce Chapitre ; ou fi l'on préféré la route abré-
gée que je viens de fuivre , il faudra du moins répéter avec,
beaucoup de foin les expériences du Chapitre V. amp; à des
degrés de chaleur fort différens les uns des autres, amp; calculer
enfuite la table, non point comme je l'ai fait par un expofant:
moyen, mais par chacun de ceux que le calcul fondé fur
l'expérience indiquera pour chaque degré de l'Hygrometre. Si
l'on veut en attendant fe fervir de la petite table que j'ai conf-
truite, il faudra fe rappeller que les nombres qu'elle contient
font un peu trop grands pour les degrés de température au-
deffous de 15, amp; pour, les degrés de l'humidité au-deffus.
de 70.
B faudroit §• 180. Màis ce n'eft pas tout; nous avons vu dans le
d^autres ta- Chap. VL que les quantités de vapeurs indiquées par les té-
d'autrL°de- moignages réunis , de l'Hygrometre amp; du thermometre varioient
grcsde den- jj^^g j^g différens degrés de denfité de l'air. Donc lors même
fitedelair. ^^^ ^^ ^^^^^ ^^^^ ^^^^ venons de conftruire amp; d'examiner auroit
toute la perfedion dont elle eft flifceptible, elle ne feroit jufte
que pour le degré de denfité de l'air dans lequel ont été faites
les expériences qui lui ont fervi de bafe , amp; il faudroit tout
autant de tables pareiUes pour les degrés de denfité fenfible--
ment différens.
On pourra fe difpenfer du travail immenfe qu'exigeroit là :
conftruâion de toutes ces tables par des expériences diredes,
ii l'on dreffe une table des diminutions que fouffre la force dif-
.folvante de l'air à mefure qu'il fe raréfie. J'en ai donné l'idée.
DESTIKÈES A ÉVALVER ^c. EJfai II, Chap. X.
dans le §. 148, amp; j'ai fuivi la route tracée dans ce même pa-
ragraphe pour dreiTer la petite table fuivante.
Cette table contient ies expofans des diminutions de la
force dilfolvante de l'air de trois en trois pouces ( ou plus
exactement de 3 g en 3 |) depuis 27 pouces, jufques à 2 hgnes i,
c'eft-à-dire, que fi la quantité de vapeurs contenues dans l'air
à un degré quelconque du thermometre amp; du barometre eft
-repréfentée par l'unité lorfque le barometre eft à 27 pouces,
il faudra diminuer cette quantité dans le rapport de 0,9^28
à I lorfque le barometre fera à 23 pouces | ou ce qui eft la
même chofe, il faudra multiplier par 0,9528 le nombre quel-
conque qui exprimera cette quantité. De même quand le baro.
metre fera à 20 pouces 9 fignes, la quantité de vapeurs que
l'air tiendra en diflTolution ne fera plus, toutes chofes d'aifteurs
«gales , que les 0,8899 de ce qu'elle étoit quand le bar©-
;înetre fe foutenoit 327 pouces , amp; ainfi des autres.
Hauteurs du |
Expojans |
Barometre. |
des |
Pouces, lignes. |
Diminutions. |
27. . . . |
i , 000.0 |
23,, 7| |
0, 9 5 28 |
2o„ 3 |
0, 8899 |
l6„ 101 . |
0, 8254 |
r3„ 5 |
0, 7629 |
0, 5887 | |
9 |
0, 6230 |
3„ 4i |
0, 4311 |
0» |
0, 0485 |
Pour rendre plus utile une table de ce genre, il faudroit
répéter de pouce en pouce les expériences du Chap. Vf.
Z 2
-ocr page 208-qui ont fervi de bafe à celle-ci ; amp; donner de pouce ea
pouce ces mêmes diminutions.
Cette table , jointe à celle qui fuit, lorfqu'elles feroient
l'une amp; l'autre complétées amp; perfedionnées , donneroit, comme
je l'ai déjà dit , amp; les quantités abfolues des vapeurs amp; la
facilité de réduire à une commune mefure les obfervations qui
auroient été faites dans des airs d'une température amp; d'una
denfité différentes, amp; l'hygrométrie feroit alors portée au plus
haut point de perfedion qu'elle puiffe atteindre.
i8t
TABLE du poids des vapeurs aqueufes contenues dans un pied cube d'air à différens
degrés de l'Hygrometre amp; du thermometre. § 173 amp; fuivans.
^ therm. |
— 10 |
- 5 |
0 |
T |
10 |
If |
20 |
25 |
30 |
40 |
0,8971 |
1,1067 |
1,3653 |
1,6843 |
2,0779 |
2,5654 |
3,1625 |
5,9016 |
4,8154 |
1,0676 |
1,317^ |
1,6248 |
2,0045 |
2,4729 |
2,9952 |
3,6952 |
4,5 5 88 |
5,6243 | |
fo |
1,2197 |
1,5047 |
2,2900 |
2,8351 |
5,4852 |
4,2997 |
5,5045 |
6,5442 | |
1,4.116 |
1,7414 |
2,1483 |
2,6503 |
3,2696 |
4,0335 |
4,9761 |
6,1590 |
7,J737 | |
60 |
1,6411 |
2,0246 |
2,4976 |
3,775 7 |
4,6554 |
5,7434 |
7,0856 |
8,7415 | |
1,9204 |
2,3691 |
2,9226 |
3,6055 |
4,4480 |
5,4873 |
6,7697 |
8,5518 |
10,5056 | |
70 |
2,2277 |
3,3905 |
4,1824 |
5,1596 |
6,3651 |
7,8526 |
9,6878 |
11,9518 | |
7quot;! |
2,^215 |
3,1107 |
5,8375 |
4,7542 |
5,8404 |
7,2050 |
8,8888 |
10,9661 |
13,5289 |
80 |
3,4734 |
4,2850 |
5,2862 |
6,5213 |
8,0450 |
9,9251 |
12,2446 |
15,1062 | |
85 |
5,109s |
3,8361 |
4,7324 |
5,8581 |
7,2022 |
8,8850 |
1 10,9614 1 13,5231 |
'16,6834 | |
90 |
5,4035 |
4,1987 |
6,3900 |
9,7250 |
11,9977 |
14,8016 |
18,2607 | ||
• |
5,6946 |
5,6227 |
6,9420 |
8,5640 |
10,5650 |
13,0340 |
16,0800 |
19,8379 | |
98 |
5,8739 |
4,7790 |
5,8956 |
7,2731 |
8,9725 |
11,0690 |
15,6558 |
16,8472 |
20,7844 |
D E
Définition
des vapeurs...
181. C3n donne en général le nom de î^apm'i'ou dVx-
^Jalaifons à ces émanations des corps, qui, par leur extrême
f^btilité ou par quelqu'autre raifon, s'élevent ou fe foutiennent
dans l'air : elles demeurent ainli unies avec lui, jufqu'à ce que
'^es caufes contraires les obligent à fe réunir entr'elles amp; à fe
%arer de l'air fous des formes plus denfes amp; plus grolTieres..
Le nom iexbalaifon défigne plutôt les émanations des corps
f^^Udes, amp; celui de vapeur celles des fluides. Ces deux termes font
Cependant quelquefois pris indifféremment l'un pour l'autre, amp;
Celui de vapeur, dans une acception générale, comprend aufîiles
^^halaifons.
Nous ne connoiffons aucun corps que là nature ou l'art ne
Puiffe réduire en vapeurs, amp; on diftingue ces différentes va-
leurs par les noms des corps dont elles émanent, ou plutôt:
'^e ceux qui doivent réfulter de leur condenfation. C'eft ainfigt;
l'on dit des vapeurs acides, aïkalines, fpiritueufes, amp;c, Jç:
ne m'occuperai dans cet EflTai que des vapeurs aqueufes ; mais
les principes que j'établirai pourront aifément s'appliquer à tous
les autres genres.nbsp;. ■ *
Différensnbsp;§• ^82. L'ÉvAPORATiON OU la réduffion d'un corps en vapeurs
fyftêmes fur eft depuis long-tems l'objet de l'étude des Phyficiens , amp; ils ont
leiir forma-nbsp;différens fyftêmes pour en rendre raifon. Mais, comme
aucun de ces fyftêmes n'exphque tous les phénomenes, le pro-
blême ne paroît pas encore complètement réfolu.
Ce n'eft pas que toutes les caufes de l'évaporation ne foient
bien connues, mais c'eft que l'on n'a pas encore fu diftinguet
les différens phénomenes, pour apphquer à chacun d'eux la
caufe qui lui appartient. Chaque Pliyficien trop attaché à fon
hypothefe n'a vu dans la nature que ce qui étoit relatif à cette
hypothefe , amp; a voulu contraindre tous les faits à venir fe
ranger fous fes étendards. Ariftote n'a vu dans la formation des
vapeurs que l'adion du feu (a); Defcartcs, l'agitation des
particules de l'eau (b); Halley, des véficules C^^); Défaguiliers,
l'éledricité (c?); Le Roy, des diffolutions chymiques (e).
Je ne m'arrêterai point à donner l'hiftoire amp; la critique de
ces différentes hypothefes, mais je ferai voir que la Nature nous
préfente les vapeurs aqueufes fous des formes très-différentes »
amp; je tâcherai d'établir les caraderes de ces différentes efpe-
ces amp; d'exphquer leur origine.
(a) Ariftotelis meteorologicoruni L. 1. C. IX.
ib) Les météores IL Bifcours.
(c) Philofophical Tranfactions. Nro. 192.
(rf) Experimental l'hilofophy. T. IL Leâ. X.
(c) Acad. des Sciences. 1751. p. 481.
tgt;es wjpeurs Élastiques , Efai in. a. i. ig^
DES VAPEURS ELASTIQUES ET DE LEUR DISSOLUTION
DANS VAIR.
HP
§•183. J. O u T le monde connoît les phénomènes denbsp;Vapeur
l'éolipyle; on fait que l'eau renfermée dans un vafe à col étroitnbsp;^rodu^te
^ réchauffée jufques à une forte ébulhtion, fe change en unnbsp;parl'Eoli-
fluide fembfable à l'air, qui fort avec beaucoup de force par
l'orifice ou par le bec de ce vafe.
Si ce fluide en fortant de l'éolipyle fe mêle avec l'air froid
de l'atmofphere , il fe condenfe , foit en gouttes d'eau qui
tombent par leur pefanteur, foit en une matiere nébuleufe qui
environne l'extrémité du jet amp; qui difparoît en fe mêlant avec
i'air.
Mais , fî ce même fluide efl: reçu dans un vafe , dont la
chaleur égale ou furpaffe la chaleur de l'eau bouillante , il y
demeure tranfparent, élafl:ique amp; doué de toutes les propiétés
niéchaniques (a) de l'air.
§. 184. Les détafls de cette opération de la Nature, par origine
^aqueUe un corps auflî denfe que l'eau amp; auflî peu compref- t'e cette
Vapeur.
Ca] Il eft fouvent commode de ment de la texture ou de l'arrange-
-tinguer les propriétés d'un corps en ment des parties du corps ; au lieu
'^'■yhcini(]ues amp; chymiques : celles-là que les propriétés chymiques dépen-
font du reffort des Mathématiques dent de la nature propre de ces mêmes
la Méchanique proprement dite, parties, de celle des élémens qui les
^quot;nime l'élafticité, la denfité , la du- compofent, de leurs affinités, amp;c.
) femblent dépendre principale-
fible eft changé en un fluide fi léger amp; doué d'une fi grande
élafticité , font abfolument inconnus aux Phyficiens ; ils favent
feulement que le feu eft l'agent immédiat amp; même un des in-
grédients de cette métamorphofe ; amp; ils regardent la vapeur
élaftique de l'eau comme un mixte particuher, produit par la
combinaifon d'une certaine quantité de feu élémentaire amp; de
particules d'eau.
Les belles eTrpériences de M. Lavoifier (Acad. des Sciences.
1777. p. 420 B fuiv. ) femblent même prouver , que cette
.théorie eft beaucoup plus générale qu'on ne l'avoit cru avant
lui ; amp; que tous les fluides aëriformes ne doivent leur force
expanfive qu'à une certaine quantité de feu élémentaire com-
biné avec leurs autres élémens. Il a prouvé du moins, que la
formation de ces fluides, de même que celle des vapeurs ,
confomme toujours une quantité confidérable de feu principe ^
amp; que ce même feu reparoît amp; fe manifefte par des effets très-
marqués lorfque ces fluides perdent leur élafticité.
Mais la vapeur élaftique différé effentiellement de tous les
autres fluides aëriformes connus, en ce que le feul refroidif-
fement fuffit pour en féparer le feu, amp; pour faire reparoître ,
fous une forme denfe amp; non élaftique, le corps , l'eau , par
exemple, qui s'étoit métamorphofée en vapeur. Il fuit de-là que
le feu contrade une union plus intime avec les corps qu'il
chano-e en fluides aëriformes qu'avec ceux qu'il convertit en
vapeurs. Peut-être même l'intimité de cette union eft-eUe l'uni-
que diff'érence générale qu'il y ait entre ces fluides amp; les va-
peurs élaftiques.
§. 18 y.
-ocr page 215-DE LEUR DISSOLUTION. EJfai Ilh Chap. I. jg^
§. 18 5. Il y a encore ceci de remarquable dans la forma- Degrade
tion de la vapeur élaftique, c'eft que fa produdion exige le
J,nbsp;, -,nbsp;,nbsp;bnbsp;ceîTiiire pour
concours dun certam degre de liberie avec un certain degré fa produc-
de chaleur; amp; que l'une de ces conditions doit exifter dans
un degré d'autant plus éminent , que 1 autre fe trouve être
plus en défaut; c'eft-à-dire, que moins une certaine malfe d'eau
eft libre , amp; plus il faut de chaleur pour la convertir en va-
peurs élaftiques; amp; réciproquement moins il y a de chaleur amp;
plus la liberté eft néceflaire. Ainfi nous voyons que l'ébullition ,
celle que les Phyficiens nomment la vraie ébullition qui eft
produite parla converfion de l'eau en vapeur élaftique, exige
un degré de chaleur d'autant plus grand que cette eau eft
comprimée par une colonne d'air plus pefante; amp; d'un autre
côté, on voit cette même eau fe réduire en vapeurs élaftiques
amp; bouillir par la feule chaleur de la main, lorfque n'étant com-
primée ni par l'air ni par une colonne d'eau confidérable, elle
a, pour fc former, la plus grande Hberté poflible,
§ \%6. Ces phénomenes s'obfervent de la maniéré la plus phénome-
commode amp; la plus élégante dans ces tubes qui portent à leurs
Jnbsp;....nbsp;, ,nbsp;bes où la
aeux extremites de petites ampoules de verre vuidées d'air , chaleur de
amp; à moitié pleines d'eau ou d'efprit de vin. Voyez la figure [^^jjjj!quot;
premiere de la Planche Iknbsp;Peau.
Le célébré Francidin eft le premier qui ait donné la def-
cription de cet inftrument dans la LXe, de fes Lettres phi-
lofophiques.
Si l'on faifit des deux mains les deux ampoules à la fois '
on ne verra aucun mouvement, ni aucune ebullition dans l'une
ni dans l'autre : mais fi l'on n'en tient qu'une feule qui foit ainfi ré-
chauffée par lamain tandis que l'autre demeure froide, on verra fur
le champ l'eau s'enfuir de celle qui fe réchauffe amp; jaillir dans celle
dont la température demeure la même. Lorfqu'enfin toute l'eau aura
été chaffée dans celle-ci, cette eau commencera à bouillir avec
force amp; pei-fittera dans cette ébullition pendant long-tems, pour-
vu que l'on continue de tenir dans fa main l'ampoule qui eft vuide.
Ces phénomènes s'exphquent très-facilement en fuppofant
que la chaleur de la main convertit en vapeur élaftique la lame
d'eau qui mouille l'intérieur de l'ampoule que l'on tient em-
poignée. Si les deux bouteilles font également réchauftquot;ées , la
preffion étant égale de part amp; d'autre, la vapeur élaftique ne
peut point fe former, ou ne peut du moins pas agir amp; fe dé-
velopper.
Mais fi Pune des bouteilles eft chaude amp; l'autre froide, là
vapeur fe forme en plus grande abondance dans celle qui eft:
chaude, pouff-e l'eau qui eft au deffous d'elle amp; la chaffe dans
l'autre ampoule; cependant la vapeur continue de fe former^,
elle pafle au travers de l'eau, la fait bouillonner , amp; va fe
condenfer contre les parois de h bouteille froide. Cette ébul-
lition eft donc produite par la chaleur de la main , qui change
en vapeur élaftique la couche d'eau qui mouille l'intérieur de
l'ampoule. U eft aifé de le démontrer. Que l'on tienne conf-
tamment cette boule ferrée dans la main amp; dans une fituation
telle, qu'il ne puiffe point y rentrer de nouvelle eau, fes pa-
rois intérieures fe deffécheront, amp; alors l'ébullition ceflquot;era en-
tièrement: mais on fera fur-le-champ. recommencer l'ébullition i
fi l'on fait rentrer une goutte d'eau dans la boule.
-ocr page 217-DE LEVE DISSOLUTION. EJfai IIL Ch. L
§. 187. Un autre phénomene bien remarquable que pré-
fente ce petit inftrument, c'eft que tant que l'ampoule contient
de l'humidité qui fe convertit en vapeurs, elle demeure très-
fraichc malgré la continuelle application de la main qui la tient
étroitement ferrée ; parce que tout le feu qui fort de la main
fe combine avec l'eau pour la changer en vapeur élaftique:
mais au moment où l'évaporation amp; l'ébullition ceflent, on fer/t
la boule fe réchauffer d'une maniere tout-à-fait fenfible.
On peut encore d'une autre maniere démontrer avec cet
inftrument le froid produit par l'évaporation. Qti'on le faifilfe
par le milieu du tube , en le tenant dans une fituation horizon^
taie , de maniere que les deux boules confervent la même teiiî-
pérature amp; contiennent à-peu-près la même quantité de liqueur;
qu'alors on mouille à deux ou trois reprifes l'une des deux
boules avec un pinceau trempé dans de l'eau , ou , ce qui feroit
mieux encore, dans de l'efprit de vin, on verra bientôt toute
la hqueur palfer dans la boule mouillée amp; y bouillir enfuite
avec force. La raifon de ce phénomene eft très-fimple; Peau
dont on a mouillé la furface extérieure de cette boule s'éva-
pore ; cette évaporation refroidit cette même boule en entrai
nant une partie du feu qu'elle renferme ; par ce refroidilfe-
ment la vapeur invifible qu'elle contient fe condenfe , amp; de-
vient incapable de faire équilibre à celle de l'autre boule qui
a confervé toute fon élafticité ; celle-ci donc chaffe l'eau, de-
vant elle amp; palfe enfin au travers de l'eau même en la faifant
bouillonner..
Je ne m'étendrai pas davantage fur le'froid, produit par Fé-
vaporation. Ce phénomene intéreff'ant que^ Mr. Cullen a ob.»-
18.9
Froid pro-
duit par l'é-
vaporation,.
Essays sur rhygrometrie
U-mus: C 11 sau 1 #Oud
p. 190-191 ontbreekt
p.190-191 missing
Essays sur Thygrometrie
U-mus: C 11 sau 1 #Oud
p. 190-191 ontbreekt
p.190-191 missing
mier qui ait prouvé cette vérité intéreffante. Foye% les Mênh
de fAcad. des Sciences de Paris pour Tannée 1751.
Mais je ne penfe pas comme Mr. le Rov , que l'air difTolve
l'eau immédiatement; je crois qu'il ne la diffout que lorfque
l'adion du feu l'a convertie en vapeur élaftique.
€eUc difTo- §•nbsp;Cette diftblution ne peut même pas s'exécuter com-
lution doit plétement fans le fecours de quelque mouvement ou de quel-
fîpan'-agiquot;- qu'agitation qui favorife le mélange de l'air amp; de la vapeur,
tation de Et c'eft par cette confidération jointe aux principes établis dans
les paragraphes précédens, que je crois pouvoir rendre raifon
des fingulieres expériences de Mr. l'Abbé Fontana.
Belle expé-
rience de M.
î'Abbé Fon-
tana.
Explication
de cette ex-
périence.
Cet ingénieux Phyficien a fait voir {Journal de Fbyjîque
1779, Tom. L pag. 22.) par des expériences nombreufes amp;
pouffées aufli loin qu'il étoit poffible , que dans les circonftances
les plus favorables à la diftillation , c'eft-à-dire, lorfque la cor-
nue eft le plus fortement réchauffée amp; le récipient le plus for-
tement refroidi, il ne fe fait cependant aucune diftillation, il
ne paffe pas une goutte de hqueur , fi la cornue n'eft jointe
au récipient que par un col long , étroit amp; fcellé herméti-
quement.
§. 193. Il me paroît évident, que l'air renfermé dans cet
appareil, preffe la couche fupérieure du Hquide contenu dans
la cornue amp; qu'il la preffe d'autant plus fortement que la
chaleur augmente fon élafticité. Cette compreffion s'oppofe
donc à la formation ou au développement de la vapeur élafti-
que ; au lieu que fi l'appareil n'eût pas été fcellé hermétique-
ment
DE LEVR DISSOLUTION. Effai III Chap. 1. 153
®quot;'ent, la vapeur auroit pu fe former en expulfaut au-dehors
Une partie de l'air , cette même vapeur, fe feroit dilatée. amp;
auroit palfé dans le récipient dont le froid l'auroit fucceffive-
«îent condenféc.
catioa.
§. 194. Je puis prouver par une expérience direfle que Exp. nou-
c'eft bien l'air qui par fa compreffion s'oppofe à i'élévation des confi m^
tapeurs amp; ainfi à la diftillation; car je puis faire voir une cette expli-
'^l'aie diftillation qui s'opere dans des vaiifeaux fcellés herméti-
quement, comme ceux de M. Fontana , amp; qui ne different des
fîens qu'en ce qu'ils font purgés d'air.
J'emploie à cette expérience les tubes que j'ai décrits. §. ig^.
Si l'on fait paifer toute la liqueur dans l'une des deux boules,
par exemple, dans la boule A. Pl. II. f. i. amp; que l'on tienne
la main appliquée fur celle qui refte vuide, jufques à ce qu'elle
foit tout-à-fait fcche ; qu'alors on renverfe l'inftrument de ma-
niéré que les deux boules A amp; B foient fituées plus bas que le
tube C D , la Hqueur occupant la partie la plus balfe de ia boule
A fe trouvera toute renfermée dans l'hémifphere A G F. Qii'on
abandonne alors la boule B , amp; qu'en tenant toujours la ma-
chine renverfée,on ferre dans fa main la boule A dans laquelle
^ft ia liqueur , la boule B perdra la chaleur que la main lui avoit
Communiquée; la boule A, au contraire fe réchauffera , amp; la
liqueur qu'elle contient fe réfoudra peu-à-peu en une vapeur
élaftique, qui paffant fans obftacle par le tuyau C D dans la
boule B , fe condenfera fuccefllvement contre les parois de cette
Inouïe refroidie. Or cet appareil eft exadement celui de l'Abbé
î^ONTANA ; A eft la cornue, B le récipient, amp; le tube CD
repréfente les deux cols foudés hermétiquement l'un à l'autre.
B b
-ocr page 222-Cette ope'ration eft même fi bien une diftillation , que fi les
boules font remplies d'efprit de vin eoloré avec de l'orfeille »
amp; que l'on falfe l'épreuve avec les attentions qu'elle exige .
l'efprit de vin qui fe condenfe dans la boule B s'y trouve to-
talement décoloré , parce que la couleur qui n'eft pas vola-
tile 5 ne fe réduit point en vapeurs. Ainfi lorfque la diftil-
lation eft à moitié faite , la liqueur paroit parfaitement claire
amp; fans couleur dans l'une des boules , amp; d'un rouge fonce
dans l'autre, (h)
La diftillation fe fait donc ici, parce que dans ce vafe vuid^
la vapeur élaftique fe forme avec une parfaite liberté, amp; palfc
avec la même liberté, de la coinue dan« le récipient.
Au contraire, lorfque l'air eft renfermé amp; que fon reflbrt
eft augmenté par la chaleur, comme dans l'appareil de M»-
l'Abbé Fontana, cet air réprime la vapeur amp; l'empêche de
s'élever amp; de palfer immédiatement dans le récipient. Or d'a-
près nos obfervations fur la vifcofité de l'air, cette vapeur ne
peut pas non plus paffer par fon intermede. Car l'air renfermé
dans le paffage étroit du tube qui joint la cornue au récipient,
ou des cols mêmes de ces deux vafes ne peut pas y circule?
amp; s'y mouvoir avec la hberté qui lui feroit néceffaire, pour fe
mêler avec les vapeurs, pour les diffoudre amp; pour les tranf-
porter de l'un des vafes dans l'autre. Puis donc que dans cet
ib) Comme il feroit trop ennuyeux
de tenir la boule A dans la main , pen-
dant tout le tems néceffaire à l'expé-
péiience, on peut la placer ou dans
l'eau tiede ou au foleil, tandis que la
boule B fera au frais ; amp; fl l'on veut
que la liqueur diftillée fe trouve pa^'
faitement décolorée , il faut laver a
deux ou trois reprifes la boule qui fe'^*'
de récipient, avec les premieres gout-
tes d'efprit de vin qui diftillent.
BE LEUR DISSOLUTION. EJfai IIL Ch. I. ipj-
appareil les vapeurs ne peuvent palTer ni immédiatement, ni
Pat^ l'intermede de l'air, il faut bien qu'elles ne paffent point
du to^ut, amp; qu'ainfi il n'y ait aucune diftiliation. On peut prou-
^'er d'ailleurs que ce n'eft pas la cloture de l'eau dans le vafe,
niais la gène ou la ftagnation forcée de l'air dans le col de
^a cornue qui s'oppofe à la formation amp; à la tranfmiifion des
^'apeurs, En effet tous les Phyficiens favent, amp; Mr. Fontana
^ lui-même confirmé par de nouvelles expériences , que les
^'apeurs fe forment amp; circulent dans l'intérieur des vafes,
niême les plus exaélement lutés, lorfque l'air renfermé dans
Ces vafes peut s'y mouvoir avec affez de hberté pour fe mêler
intimement avec elles, (c)
§. ï9ç. Il eft aifé de concevoir d'après ces principes. Pourquoi
pourquoi les vents favorifent fi fort le defféchement, car il eft augmentât
clair que fî l'air demeuroit dans un état de ftagnation parfaite l'évapora-
■Autour d'un corps imprégné d'eau , dès que les couches d'air
Contigues à ce corps fe feroient faturées de fon humidité, elles
cefferoient de deflecher le corps, à moins que fa chaleur ne l^t
affez grande pour faire bouillir l'eau qu'il contient. Mais fi
-l'air fe renouvelle continuellement autour du corps humide,
(c) La néceffité de ce mouvement
l'air pour la dilTolution des vapeurs,
doit point empêcher de la regarder
^omme une vraie diflblution chymique;
•^'le prouve feulement un certain de-
§'■£ de vifcofité dans l'air ou dans la
'^'ipeur; ou que l'aflinité qui eft entre
'es parties de l'air amp; celles de la va-
Psquot;r,ne furpulTe pas de beaucoupl'af-
d'adhérence qui unit les parties
'^e l'air avec les parties de l'air amp; les
parties de la vapeur avec celle de sla
vapeur. Combien ne voyons-nous pas
de diffolutions chymiques proprement
dites, qui ne peuvent s'opérer qu'avec
des fecours que l'on peut appeller mé-
chaniques, tels que l'agitation , la di-
vifion, la trituration , l'évaporation ;
moyens qui tendent tous à diminuer
l'adhérence mutuelle des parties des
corps que l'on veut diffoudre.
B b 2
-ocr page 224-de nouvelles couches d'air viennent fucceffivement pomper amp;
entraîner avec elles l'eau dont il eft imprégné.
Diversnbsp;^^ chaleur favorife donc à bien des égards la for-
égards aux- mation des vapeurs; car premièrement c'eft le principe de la
leufftvorffê chaleur ou le feu élémentaire , qui par fa combinaifon avec
3'évapora- peau produit la vapeur élaftique §. 18-4; enfuite ce même feu
en augmentant la chaleur de l'air augmente fa force diftblvante,
comme il augmente celle de preique tous les menftrues ; ( (i)
amp; enfin la chaleur produit dans l'air une agitation qui favo-
rife le mélange néceffaire à la dilfolution des vapeurs.
Nuances §• 197- Si donc la chaleur de l'air amp; celle de l'eau ou
entre la va- j^s corps fuperfaturés d'humidité qui font en contad avec, lut
peur mêleenbsp;• nnbsp;■ r ,nbsp;/
d'air amp; la augmente contmuellement, cet au* fe chargera d'une quantité
vapeur élaf- jg vapeurs toujours plus grande ; amp; comme ces vapeurs font
que puie, ^^ fluide élaftique, le volume réfultant du mélange de l'air amp;
des vapeurs croîtra dans la même proportion; il fuit de là , que
fi ce fluide mêlé d'air amp; de vapeurs a la liberté de s'étendre gt;
une mefure donnée , un pied cube, par exemple, de ce mélange
contiendra d'autant plus de vapeurs amp; d'autant moins d'air '
qu'il aura été expofé à une plus grande chaleur , amp; que s'il
parvient enfin à la chaleur de l'eau bouillante , il fera pref-
qu'entiérement compofé de vapeurs, amp; formera ce que j'ai sp-
pcllé Vapeur élafiique pure.
(d) Je dirois de tous les menf-
trucs, fl Mr. ButINI n'avoit pas trouvé
une exception à cette regie générale ,
sn démontrant par des expériences
nouvelles amp; très-exadies , que la magné-
fie fe diffout en plus grande quantité
dans l'eau froide que dans l'eaU
chaude. Noiivelles obfervations Ëf re-
cherdies analytiques fur la magnéfie
du fd d'Epjbm , iijr P. Bun^''-
Geneve 1781-
BE LEUR DISSOLUTION. Effai III Chap. I. J5.7
Il n'y a done pas de limites tranchées amp; précifes entre la vapeur
élaftique pure, qui fort du bec de l'éolipyle , amp; celle qui s'éle-
vant par une chaleur moins forte , fe mêle paifiblement avec
l'air amp; eft diifoute par lui; il y a au contraire une infinité de
nuances entre ces deux genres, enforte que malgré la grande
différence qui fe trouve entre les extrêmes, on peut dire que
ces deux genres de vapeurs font un feul amp; même fluide élaf-
tique produit par la combinaifon du feu élémentaire amp; de l'eau.
DES VAPEURS VÉSICULAIRES ET DES VAPEURS CONCRETES.
§. 198. Examinons à préfent les phénomènes qui fe
préfentent, lorfqu'ùn air déjà faturé de vapeurs, en reçoit en-
core de nouvelles ou lorfque cet air faturé vient à perdre par
le refroidilfement ou par toute autre caufe une partie de la
force par laquelle il tenoit ces vapeurs en diffolution.
Si cet air, qni ne peut pas diffoudre toutes les vapeurs qu'il
renferme eft contigu à un corps dont la chaleur foit ou plus
petite , ou égale , ou peu fupérieure à la fienne , ces va-
peurs fe condenfent à la furface de ce corps. Elles prennent
la forme de gouttes ou de rofée , lorfque la chaleur eft affez
grande pour tenir l'eau dans un état de fluidité ; mais lorfque
la chaleur defcend au deffous du terme de la congélation, les
vapeurs en fe dépofant fe cryftaUifent en aiguiUes ou en écail-
les d'une forme réguhere. Elles ne fe dépofent pas en égale
quantité fur tous le« corps ; cette quantité paroit dépendre ,
foit de l'affinité de la furface de ces corps avec l'eau , foit de
leur état relativement à réledricité. (a)
Condenfa-
tion de la
vapeur élaf-
tique contre
des corps fo-
lides.
(a) Je dis que l'état des corps rela-
tivement il l'électricité influe fur leur
affinité avec la rofée ; parce que j'ai
éprouve qu'un carreau de verre qui fe
charge de rofée lorfqu'il eft nud, n'en
prend point du tout fi l'une de fes
furfaces eft armée d'une feuilie métal-
lique. Or il eft évident que cette feuille
de métal ne peut agir ainfi au travers
de répaiffeur du verre, que par fon
influence fur fon éledtrLcité. Ce fait
déjà obfervé par Mr. Du Fay , mais
pourtant peu connu pourroit être le
fujet de recherches bien intérelfantes.
DES VAPEURS COxSlCERTES. EJfai III. Chap. IL - 299
§. 199. S'il n'y a aucun corps contigu à l'air fuperfaturénbsp;Condenfa-
de vapeurs, amp; auquel elles puiffent s'attacher , alors les élé-
niens de l'eau fe réunilfent les uns aux autres amp; forment, ounbsp;tique aumi-
des goutteletes fphériques amp; pleines, ou de petites aiguillesnbsp;^^^l'air,
congelées, ou enfin des fpheres creufes.
§. 200. Ces petites gouttes fohdes dont la réunion forme Vapeurcgiv.
la pluie, amp; ces aiguilles glacées qui font les premiers rudimens
de la neige, pourroient bien n'être pas confidérées comme des
vapeurs; cependant, comme leur ténuité eft fouvent telle qu'el-
les demeurent pendant long-tems fufpendues dans l'air amp; qu'el-
les produifent alors difterens météores, je crois devoir les laifler
dans la clalfe des vapeurs, amp; je leur donne ie nom de vapeur con-
crete.]t dirai un mot dans le §.207, de ces météores amp; je ne m'ar-
rête pas ici à prouver l'exiftence de ce genre de vapeurs, qui n'eft
certainement révoqué en doute par aucun Phyficien.
n
'1-1
§. 201. Quant aux Spheres creufes qne je nomme vapeur Vapeurs vé-
véfîculaire, fl paroît qu'à leur égard la conjeflure a dévancé
l'obfervation, amp; que l'on a fuppofé leur exiftence pour expli-
quer la formation des vapeurs , avant de favoir qu'on pou-
voit les faire tomber réellement fous les fens. Car Desagui-
liers dans fon Cours de Phyfique Expérimentale T. IL LeçonX.
combat par des raifonnemens abftraits les Phyficiens de fon
tems qui admettoient ces véficules amp; s'efforce de réfuter cette
opinion comme une hypothefe purement gratuite, ou qui du
moins ne repofe point fur une obfervation immédiate. On peut
cependant rendre ces véficules vifibles aux yeux même ies moins
exercés.
Voici la maniere la plus fimple amp; à mon gré la plus inf-
-ocr page 228-truâive de les obferver. Expofés aux rayons du foleil ou du
moins à un très-grand jour, amp; dans un lieu dont l'air ne foit
point agité, une taffe remplie d'un liquide aqueux très-chaud,
amp; d'une couleur noire ou très-obfcure, du cafe par exemple,
ou de l'eau mêlée d'un peu d'encre. Il fortira de ce liquide
une fumée plus ou moins épaiffe qui s'élevera jufques à une
certaine hauteur amp; qui y difparoîtra enfuite. Un œil attentif
reconnoîtra facilement que cette fumée eft compofée de petits
grains arrondis, blanchâtres Se détachés les uns des autres. Mais
fl l'on veut acquérir des lumieres plus certaines fur la nature
de ces petits grains, il faut s'armer d'une loupe d'un pouce
ou d'un pouce amp; demi de foyer amp; obferver avec cette loupe
la furface de la liqueur, mais en ayant foin de tenir la loupe
hors du courant des vapeurs qui s'élevent de la taffe, pour
que ces vapeurs ne s'attachent pas à elle amp; ne lui ôtent pas
ia tranfparence.
En obfervant ainfi attentivement ce qui fe pafle à la fur-
face de la liqueur, on verra des bulles fphériques de différen-
tes groffeurs fortir de cette furface avec un mouvement plus
ou moins rapide. Les plus déliées s'élevent avec rapidité, tra-
verfent bien vite le champ de la loupe amp; fe dérobent ainfi
aux regards de l'obfervateur, mais les plus groffieres retom-
bent dans la taffe , amp; fans fe mêler avec le liquide dont elles
fortent elles roulent fur fa furface comme une pouffiere lé-«
gere , qui obéit à l'impulfion de l'air amp; que'J'on peut avec le
fouffle chaffer à fon gré d'un bord à l'autre. Même dans les
momens où rien ne paroît agiter l'air, on voit ces globules
fe mettre tout à coup en mouvement, on voit même les plus
petits d'entre ceux qui repofoient tranquillement fur la furface
du
-ocr page 229-ET DES VAPEVRS CONCRETES. Efai III, Chap. II. 201
du liquide foulevés par une agitation de l'air que nos, fens ne
fauroient appercevoir , s'envoler amp; difparoître , tandis que les
plus gros demeurent à leur place ou roulent fur la furface fans
l'abandonner, d'autres fois on en voit qui étoient fufpendus
en l'air, defcendre à la furface du liquide, s'y pofer pour ainfi
dire, comme un vol de pigeons fur un champ nouvellement
femé , amp; s'envoler de nouveau quand un fouffle vient les fou-
lever. On les voit auffi quelquefois difparoître en fe mêlant avec
la liqueur.
La légereté de ces petites fpheres , leur blancheur , leur
apparence abfolument différente de celle de globules folides,
leur parfaite reffemblance avec les bulles plus volumineufes que
l'on voit nager à la furface du hquide, ne laiffent aucun doute
fur leur nature; il fuffit de les voir pour être convaincu que
ce font des fpheres creufes , femblables , à la groifeur près,
à celles que l'on forme avec l'eau de favon.
§. 202. Mr. Kratzekstein , qui s'efl beaucoup occupé de
ces véfîcules amp; qui a même prétendu réduire à elles feules
tous les genres de vapeurs, a tenté de les mefurer, il les
a comparées avec un cheveu , amp; il a cru pouvoir affurei que
leur diametre étoit douze fois plus petit. Ce cheveu , fuivant
Mr. Kratzenstein avoit pour diametre une 300®. de pouce,
amp; par conféquent les véfîcules de vapeur une s^^'co®. de la
même mefure.
Grandeur
de ces Vcfi.
cules.
{b) Theorie de Vélévation eks
'Oapeurs des exhalaifons dc'montrcc
mathcniatiquemnt, qui a remporté le
prix au jugement de VAcad Royale
des Belle s-Lettres, Sciences ^ Arts ,
par Mr. Gottlieb KratzenstÈin.
■Bordeaux i74î'nbsp;'nbsp;. '
Ce
-ocr page 230-Comme cette évaluation faite à l'eftirae, ne me paroifToi^
pas aOTez exade, j'ai elfayé d'obferver ces véficules , avec un
niicrofcope armé d'un micrometre ; mais je n'ai jamais pu ap-
porter à cette mefure toute l'exaditude que j'aurois fouhaitée,
à caufe de l'agitadon continuelle de ces petites fpheres, agita-
tion qui paroit d'autant plus grande que le microfcope grolfit
davantage. J'ai pourtant cru pouvoir évaluer les plus petites de
ces véficules aqueufes à une 380«. de ligne, ou une45(îop. de-
pouce, amp; les plus grolTes de celles qui pouvoient fe foutenic
«n l'air, au double de ce diametre, c. à d. à une 190®- de ligne,
ou une 2780e. de pouce. La moyenne entre ces deux dimen-
fions revient à peu près à celle de Mr. Kratzenstein.
Maniéré
i e les obfer.
ver.
§. 203. Voici comment je m'y fuis pris pour les obferver
j'ai fait fouffler une efpece d'éolipile à deux boules Pl. 2. f. 3.
C'eft un tube de verre fcellé en A amp; ouvert en D , les deux
boules B amp; C communiquent entr'elles amp; avec l'ouverture ou
le bec D. Je fais entrer quelques gouttes d'eau dans la boule
B amp; je la place fur la flamme d'une lampe à efprit-de-vin ;
j'emploie l'efprit-de-vin pour qu'il ne fe forme point de fui«
qui faliffe les boules de l'éolipyle. Dès que l'eau efl fenfible-
ment réchauffée dans la boule B i tandis que la boule C eft
encore froide, on voit les vapeurs qui fortent de la boule B,
entrer dans la boule C amp; s'y condenfer fous la forme d'un
nuage qui eft entièrement compofé des véficules dont nous
nous occupons. Mais quand l'eau en condnuant de fe réchauf-
fer vient à bouillir dans la boule B , le torrent de vapeurs
élaftiques qui entre dans C réchauffe cette boule, les vapeurs
«e s'y condenfent plus, on n'y voit plus ni nuages, ni véfî-
culej, elle eft parfaitement tranfparente , comme Je l'ai dit
ET DES VAPEURS CONCRETES. Efai III, Chap. U. 303
183- amp; le jet fort par le bec D comme d'une éolipyle fim-
Ple. Mais fî l'on éloigne l'éolipyle de la flamme, amp; qu'avec un
peu d'eau fraiehe on refroidiffe la boule C, on verra fur le
champ reparoître la vapeur véfîculaire. En plaçant alors cette
uiéme boule fur le porte-objet d'un microfcope , on pourra
obferver ces vapeurs avec la plus grande commodité; la rapi-
dité de leur mouvement empêchera pourtant comme je l'ai dit,
qu'on ne puiflTe les iuivre amp; les mefurer avec de fortes lentilles.
§. 204. Mr. Kratzenstein ne s'eft pas contenté d'avoir Epaî/Tc®
ïnefiiré le diametre de ces petites fpheres creufes, il a voulu la lame
encore déterminer l'épaifl-eur de la lame d'eau dont elles font ïj/Svai
formées. La méthode qu'il a employée pour la folution de ce Mr.^K.
problême eft très-ingénieufe. Il a cru voir que ces vapeurs ex-
pofées à un rayon du folefl dans une chambre obfcure tranf-
ûiettent ou réfléchiffent une couleur uniforme tant que l'air dans
lequel elles nagent conferve le même degré de chaleur ou d'é-
lafticité amp; qu'ainfî la lame d'eau qui les forme conferve ia même
épaiffeur ; mais que leur couleur varie, lorfque cet air par fa
eompreflîon ou par fa dilatation change l'épaiflTeur de cette lame,
ou lorfque le fluide élaftique renfermé dans ces véficules aug-
niente ou diminue! leur volume par l'accroifl^ement ou la dimi-
nution de fon élafticité. Or l'immortel Nevi^ton ayant déter-
niiné , dans les grandes bulles que l'on fait avec l'eau de favon,
i'épaifleur d'eau néceflTaire pour tranfmettre teUe ou telle cou-
leur, Mr, Kratzenstein a cru que par cela même, lorfqu'il
obtenoit telle ou telle fuite de couleurs par les rayons tranfmis
'U travers des véficules vaporeufes, il falloit que la lame d'eali
qui les forme eût telle ou telle épaiffeur déterminée. 11 con-
clut de là que l'épaiffeur de cette lame dans l'état naturel dc
Ce«
-ocr page 232-Vm eil environ la cinquante-miUieme partie d'nn pouce an-
Confé- §. 205. La conféquence importante qu'il déduit de la de-
qiience que termination de cette épaifleur , c'eft que ces véficules , lors
même qu'on les fuppoferoit abfolument vuides , ne fauroient
être plus légeres qu'un pareil volume d'air, amp; ne fauroient par
conféquent fe foutenir, ni à plus forte raifon s'élever dans l'ait
par leur légereté fpécifique. Il démontre que fi elles font réel-
lement compofées d'une lame auffi épaiffe qu'il la fuppoie , il
faudroit que leur diametre fût trois fois auffi grand que celui
d'un cheveu pour s'élever dans l'air par leur légereté. Or leur
diametre étant beaucoup plus petit , il s'enfuit fuivant Mr.
Kraïzenstein que chacune de ces véficules eft plus denfe
qu'un pareil volume d'air. Alors pour expliquer leur fufpenfîon
dans l'air, il emploie la vifcofité de ce fluide ; amp; pour leur
afèenfion , il a recours, tantôt h l'afcenfion de l'air lui-même,
qui dans certains cas les entraîne avec lui ; tantôt à une efpece
de diffolution , qui n'a rien de commun avec la diffolution
chymique, amp; qui m'a paru, je le dis avec franchife , auflt
obfcure , que le refte de l'ouvrage eft clair amp; mgénieux.
Ltsbrouil-nbsp;§• 206. Pour moi, je crois, que fans s'arrérer à l'épaiffeur
lards amp; lesnbsp;^^ jg^ie qui forme ces véficules, on eft forcé de reconnoitre
quot;mpodr'nbsp;qu'elles font auffi légeres, amp; quelquefois même plus légeres
de ces véfi-nbsp;^^^ Qeft ce qui paroîtra évident fi l'on eft une fois bien
perfuadé, que les brouillards amp; les nuages, même les plus
Mr. K. tire
de cette
épaifleur
C t) Leibnitz s'eft auffi occupé des
vapeurs véficuhures, amp; il quot;a donné l'ex-
preilion générale de l'épaiffeurque doit
avoir leur pellicule , pour qu'elles foient
aufli légeres que l'air clans lequel elles
nagent, en les fuppofant remplies d'un
fluide d'une denfité donnée, mais plus
petite que celle de ce même air. Leib-
mrz op. oim. T. IL Part. u. p- 82.
ET DES VAPEVRS CONCRETES. Ejjlxi III, Chap. II. 20gt;'
élevés, ne font autre chofe qu'un alfemblage de ces véfîcules.
Or il fuffit pour s'en convaincre, d'obferver les particules dont
eit compofé un brouillard dans la plaine, ou un nuage fur
une haute montagne. On y reconnoîtra , comme je l'ai fait
tant de fois , des véfîcules parfaitement femblables à celles
que nous avons vues s'élever de l'eau chaude ou fe former
dans la fécondé boule de l'éolipyle; même grandeur, même
couleur, même forme, mêmes mouvemens, en un mot la plus
parfaite reffemblance.
Voici comment je les obferve. Debout au milieu du nuage,
je tiens d'une main tout près demon œil une loupe d'un pouce
amp; demi à deux pouces de foyer , amp; de l'autre une furface
noire, plate amp; polie, telle que le fond d'une boïte d'écaillé;
j'approche cette furface de la lentille, jufques à ce qu'elle foit
tout près du foyer, mais qu'elle ne l'atteigne pourtant pas en-
tièrement ; amp; là'comme un chalfeur à l'alFut, j'attends que l'a-
gitation de l'air chalfe quelque particule du nuage dans le
foyer de la lentille. Si le nuage eit épais, je n'ai pas long-
tems à attendre; je vois ces particules rondes amp; blanches paf-
fer , les unes avec la rapidité de l'éclair , d'autres plus lente-
ment , quelques-unes rouler fur la furface de l'écaillé, d'autres
la frapper obUquement amp; réjaillir comme un ballon lancé contre
une muraille ; d'autres enfin s'y aiïèoir amp; s'y fixer en prenant
la forme d'un hémifphere. On voit aufli de très-petites gouttes
d'eau venir fe pofer fur l'écaillé, mais la pefanteur de leur
marche amp; leur tranfparence les font aifément reconnoitre.
Meme fans le fecours d'une lentille , fi l'on fe trouve dans
un brouillard ou dans un nuage, qu'il foit fuffifîunment éclairé,
Se qu'on obferve fous un jour favorable, on verra à l'œil nud,
les particules dont il eft compofé, flotter dans l'air amp; voltiger
avec une légereté qui prouve bien qu'elles font vuides ; car des
parties d'eau affez groflieres pour être diftinguées par les yeux
fans le fecours du microfcope, ne fauroient, fî elles étoient
pleines, être foutenues dans l'air par fa feule vifcofité.
Là lumiere §. 207. D'AILLEURS les nuages ne forment point d'arc,en-
n'eftpas di, j^j comme le font des gouttes folides; amp; lorfqu'ils ne font
vifee par lesnbsp;'nbsp;r, •. -inbsp;,
nuages çem- pas dans un état de refolution aduelle, ils ne changent pomC
me par de ^ forme apparente des aftres que leur tranfparence permet
gouttesnbsp;^^nbsp;,nbsp;, 1 .nbsp;ru
pleines. d'appercevoir , parce que les rayons de lumiere en traveriant
des ménifques infiniment minces ne fouiTrent pas de déviation
fenfible. Mais dès que les nuages commencent à fe réfoudre
en gouttes folides; ou même, fi, fans nuages, de telle gouttes
commencent à fe former dans l'air, les aftres vus au travers
paroifTent mal terminés ; on les voit entourés d'une lumiere dif-
fufe, de cercles, de halos. C'eft pour cela que ces météores
font, les précurfeurs de la pluie; car la pluie n'eft autre chofe
que ces petites gouttes augmentées ou réunies.
Cesvcficunbsp;^^^ qu'une fois il eft prouvé que les nuages font
les font 'nbsp;compofés de véficufes aqueufes, il eft par cela même démontre
donc auflinbsp;qyg véficules font d'une légereté fpécifique, égale à celle
kgeres quenbsp;^^ ^ même quelquefois plus grande.
Car fi elles étoiont plus denfes que l'air, elles feroient en-
traînées par leur poids, amp; les nuages dans les tems calmes
defcendroient peu à peu jufques à la furface de la terre. Dans
les pays de plaine on ignore la hauteur à laquelle fe trouvent
les nuages, on peut croire que cette hauteur varie fans ceffe
ET DES VAPEURS CONCRETES. EJfai lU, Chap. //. 307
amp; que c'eft la violente agitation de l'air qui fontient leurs
petites parties. Mais dans les vallées , on voit quelquefois par
des tems parfaitement calmes les montagnes coupées parallèle-
ment à l'horizon par des nuages dont le bord inférieur eft ter-
miné avec tant de précifion, qu'ils ne peuvent pas changer de
hauteur fans que l'on s'en apperçoive ; amp; on les voit quelque-
fois pendant plufieurs jours confécutifs fe foutenir exadenient
à la même élévation.
On les voit même s'élever quand le barometre monte.;
parce que l'air étant devenu plus denfe, ils font forcés à cher!
cher dans une région plus élevée une couche d'air qui foit
en équihbre avec eux. Tous les voyageurs qui ont fait quel-
que féjour à Naples ou à Catane favent, que la fumée amp; les
vapeurs qui entourent la cime du Véfuve amp; de l'Etna mon-
tent amp; defcendent en même tems que le mercure dans le ba-
rometre : les mouvemens de ces vapeurs fervent même de pro'
noftic dans ces pays où le barometre eft encore peu en ufage'
Il faut d-onc que ces véficules foient à peu près en équilibre'
avec l'air, amp; qu'elles foient même quelquefois plus légères
que lui dans les couches inférieures de l'atmofphere.
209. Mais comment répondre aux calculs de Mr. Kratzen- Réfutatio«
stein , qm démontrent, fuivant lui, que ces véficules font beau-
-eoup plus denfes que l'air?nbsp;de air. k.
Je dirai d'abord , que je n'ai point apperçu les mêmes phé-
nomènes , quoique j'aie fuivî exadement le procédé qu'il indi
que. Voici fon obfervation , comme il la rapporte dans le §.XIvquot;
i« fa Differtation.
DES VJPÈURS VÉSICULAIRES '
« J'AI pris, dit.il, un globe de verre qui avoit pouces
de diametre : à fon orifice étoit adapté un robinet. En fout-
flant dans le globe , j'ai comprimé l'air qui y étoit. pms
ayant fermé le robinet, j'ai expofé le globe aux rayons du
foleil dans la chambre obfcure ; mais je n'ai pu appercevoir
aucune des vapeurs que j'avois fait entrer en foufflant. Ayant
ouvert le robinet pour faire fortir l'air comprime, j'ai vu
d'abord une grande quantité de vapeurs qui tomboient; mais
elles ont encore difparu lorfque j'ai comprimé de nouveau
l'air qui étoit dans le globe. Regardant ces vapeurs de ma-
niéré que mon œil fît avec le rayon du foleil un angle en-
tre 5 amp; lo degrés; j'ai apperc^'u avec grand plaihr une
fuite de très-belles couleurs qui fe changeoient peu a peu
en d'autres, à mefure que l'air comprimé fortoit de la boule.
Voici la fuite des couleurs telle que je l'air remarquée,
quot; rou-e, verd, bleuâtre, rouge, verd. Ayant mis l'œil en-
quot; tre °le foleil amp; les vapeurs, amp; les ayant regardées fous les
;; mêmes angles que je viens de dire, j'ai apperçu les mêmes
„ couleurs que donnoit la réflexion , mais elles etoient dans un
„ ordre renrerfé. „
Dans les paragraphes fuivans, l'Auteur rapporte diverfes
expériences du même genre , amp; dans les §. §. 47 amp; 48 , ƒ
affimile ces expériences à celles de Newton fur les boules de
favon amp; comme Newton a déterminé l'épaiffeur de la lame
d'eau ' qui dans telle ou telle iuite de couleurs donne telle
ou telle nuance, Mr. Ktratzenstein a cherché dans les fui-
tes de couleurs obfervées par ce grand phyficien , celles qui
correfpondoient aux fuites des couleurs des quot; véficules renfer-
mées dans le balfon; amp; il en a conclu PépaiCfeur des lames de
ces véficules.
Ce
.208
■53
n
»
33
3!
33
3»
ET DES VJPÈURS CONCRETES. EJfai III, Chap II. 209
Ce qu'il y a donc ici d'effentiel c'eft de déterminer la fuite
ou la fucceffion des couleurs que donnent les véfîcules ; or
c'eft ce que je crois abfolument impoflîble, foit à caufe de la
briéveté de la durée de ces couleurs, foit plutôt parce qu'elles
font lîmultanées amp; non pas fucceflives.
En prenant pour exemple l'expérience que fai rapportée plus
haut d'après Mr. Kratzenstein , expérience très-facile à ré-
péter amp;; en même tems très-curieufe ^ j'ai vu comme lui, que
tant que le robinet fermé tient l'air dans un état de condenfa-
tion, on n'apperçoit aucune véficule dans le ballon; amp; qu'il
faut même qu'il fe foit échappé une quantité d'air alfez con-
fidérable pour qu'elles commencent à paroître. Alors on voit
des véficules, d'abord en petit nombre , amp; qui dans ces pre-
miers momens donnent des couleurs peu diftincles ; mais l'air
continuant à fortir, leur nombre augmente rapidement, amp; leurs
rayons réunis donnent des couleurs très-vives. Dans cette pé-
riode tout le rayon de lumiere qui traverfe le globe , paroît
teint à la fois de toutes les couleurs de l'arc en ciel, dif-
pofées par tranches diftindes amp; parallèles comme dans l'image
du prifme , amp; qui varient fuivant l'angle fous lequel on les
Voit. Ces couleurs ne demeurent ainli vives amp; diftindes que
pendant deux ou trois fécondés ; bientôt tout fe brouille , les
couleurs fe mêlent fans aucune régularité, les véficules de-
viennent fi peu nombreufes qu'on ne peut plus diftinguer leurs
couleurs amp; enfin elles difparoiftent entièrement.
J'ai cherché à prolonger la durée de ce beau phénomène
en fermant le robinet à l'inftant où je voyois les couleurs les
plus vives , ou même un peu auparavant, mais ces tentatives
ont été infrudueufes, il ne dure jamais qu'un inftant ; amp; fi
D d
-ocr page 238-on retarde la fortie de l'air en n'ouvrant le robinet qu'en par^
tie, les vapeurs véliculaires ne fe forment qu'en petite quantiîe
à la fois amp; les couleurs ne font ni brillantes ni diftindes.
Cependant quelque paiïager que foit ce phénomene, il
dure alfez pour renverfer le fyftéme de Mr. Kratzenstein.
Car dès qu'il préfente à la fois un grand nombre de couleurs,
on ne peut pas dire que ce foit la dilatation des véficules amp;
l'aminciffement de leur écorce qui leur fait prendre fucceflîve-
ment des teintes différentes : toutes les couleurs exiftantes à la
fois, il faut qu'il y ait tout à la fois des lames de toute épaif-
feur. Et en effet , puifque chacune de ces véficules efl une
bulle femblable à une bulle d'eau de favon , elle doit aufli être
plus épaiffe par en bas, plus mince par en haut, amp; avoir fur
fes flancs des épaiffeurs intermédiaires. Peut-être même ne font-
ce que les parties les plus épaifles, celles qui font au bas de
chaque goutte , qui donnent des couleurs. Je ne crois doac
pas que l'on puiffe déduire de ces couleurs une connoiffance
certaine de l'épaiffeur des parois des véficules vaporeufes,
Atmofph. §. 2io. Mais lors même qu'on leur attribueroit une écorce
decesvéftc. gufl^ épaiffe que le veut Mr.. Kratzenstein ; il faut confidérer
que la légèreté de ces véficules ne dépend pas uniquement du
peu d'épaiffeur de leur enveloppe.
La plupart des Phyficiens croient que prefque tous les corps
font environnés d'un fluide beaucoup plus rare que l'air , que
ce fluide leur eft adhérent amp; forme autour d'eux une efpece
d'atmofphere. Un nombre de phénomènes de l'optique amp; de
l'éleftricité femblent venir à l'appui de cette opinion. Nos veU-
cules mêmes donnent un indice très-frappant de l'exiftence de
ET DES VAPEURS CONCRETES. EJfai III. Chap'. II. zii
ieur atmofphere, amp; cela par la liberté avec laquelle elles
roulent fur la furface de l'eau fans fe mêler amp; fans contraflec
aucune adhérence avec elle: car il eft évident que fî elles étoient
en contadl immédiat avec la furface de l'eau elles y feroient
retenues par une attradion très-forte. En effet fî I'oat répand
fur l'eau une pouffiere légere , amp; qu'enfuite on fouffle fur
cette pouffiere , on verra que les particules qui ont été en
contact réel avec l'eau lui adhérent amp; ne font point entraî-
nées par le fouffle ; celles-là feules, qui foutenues par les autres
ou par quelqu'autre caufe n'ont point touché à l'eau, cèdent à
l'impulfion de l'air.. Mais on voit, comme je l'ai dit plus haut,
les véficules aqueufes flotter à la furface de la taffe de hqueur
chaude-, que l'on obferve au grand jour ; on voit ces particules
non feulement rouler fur cette furface , mais l'abandonner même
amp; s'envoler dès que le plus foible vent les fouleve.
Jl paroît donc bien certain qu'elles ne font point en con-
tad immédiat avec l'eau , amp; qu'une enveloppe légere Se invi-
fible les empêche de la toucher.
§. 211. Mais quelle eft la nature de cette atmofphere qui Quelle eft
les environne.? Si c'eft du feu , il faut qu'il foit là dans un quot;»^ure de
^ ^nbsp;cette at-
etat de combinaifon qui mafque plufieurs de fes propriétés con- mofphere.
nues ; car le froid feul ne fuffit point pour dérober à ces vé-
ficules l'enveloppe légere qui les foutient en l'air, on voit
flotter des nuages dans les hivers même les plus rigoureux,
amp; les nuages ne font autre chofe que des amas de ces véfi-
cules. Cependant la chaleur, ou du moins la diminution du
froid , qui en hiver accompagne toujours la pluie , fembleroit
indiquer, que ces véficules en fe réfolvant en eau ont rendu
D d 2
-ocr page 240-la liberté à une certaine quantité de feu, qui étoit auparavant
employé à les foutenir. Et fi la pluie rafraîchit le tems en été,
c'eft que d'un côté elle apporte avec elle la température froide
des hautes, régions dans lefquelles elle s'eft formée, amp; de l'au-
tre elle produit une grande évaporation amp; par cela même du
froid en tombant fur la terre échauffée. Ces deux caufes de
refroidiffement peuvent donc compenfer amp; au-delà l'augmenta-
tion de chaleur que produiroit fans elles le feu devenu libre pa?
la réfolution des nuages..
Seroit-ce le fluide élcdrique ? Sans doute au premier coup-
d'œil rien ne paroît l'indiquer; il femble même que fon affi-
nité avec l'eau devroit le dérober bien vîte à ces véficules quand
elles nagent à fa furface. Mais ce fluide eft fi varié dans fes
modifications amp; dans feseffets, on auroit fî peu foupçonné qu'il
pût s'accumuler au miUeu des eaux dans les organes intérieurs
d'un poiffon amp; lui fournir une arme meurtriere contre fes enne-
mis , qu'il ne doit point paroître impoflible qu'il ne joue ici
quelque rôle ; je donnerai même plus bas un indice afifez frap-
pant de fon influence fur ce genre de vapeurs.
Seroient-ce enfin les élémens de cet air fubtil que divers
phyfîciens ont diftingué de l'air groflier ; les parties les plus
ténues, les plus légeres de l'air que nous refpirons, ou quel-
qu'autre fluide aëriforme qui ne nous eft pas encore bien
connu? Mr. Priestley a découvert des airs de tant d'efpeces
différentes, qu'il femble que les phyficiens foient en droit d'en
fuppofer de telle nature amp; de telle denfité , que les phéno-
mènes de la nature paroiffent l'exiger.
et des VAPEVRS CONCRETES. EJfai III. Chap. II. 213
^ S- 212. La même queftion fe préfente lorfque l'on vient
^ examiner l'intérieur de ces véficules. Seroient-elles parfaite-
^lent vuides ? Je ne faurois le croire ; elles paroilfent manifefte-
'Went plus grolfes lorfqu'elles font fortement réchauffées ; ff
faut donc qu'effes contiennent un fluide expanfible par la cha-
leur. Leur légéreté écarte l'idée de l'air groflîer. Qiiel eft donc
ce fluide ? C'eft le même , fans doute, qui forme leur atmof-
Phere, amp; fur la nature duquel je n'ai point affez de lumieres
pour ofer faire un choix entre les opinions, que j'ai pro-
Pofées.
Qu'y a-t-iî
dans leur
concavité.
Comment
fe forment»
elles?.
§. 213. Quant à la raifon dc leur formation; quant à la
caufe qui peut obliger les particules d'eau à s'arranger entr'el-
les de maniéré à former ainfi des fpheres creufes ; fans doute
JS n'entreprendrai pas d'en exphquer les détails : nous fommes
encore bien éloignés d'avoir des notions diftinéles fur ce qui
tient d'aufli près à la ftrudure intime amp; élémentaire des corps ;
je dirai feulement que la plupart des hquides ont une difpofi-
tion marquée à prendre cette forme amp; qu'elle paroît être le
réfultat de leur vifcofité ou de l'attradion mutuelle de leurs
parties élémentaires amp; de la figure propre à ces mêmes par-
ties : c'eft une efpece de cryftallifation, la feule dont l'eau foit
lulceptible, tant qu'une chaleur fuffifànte la maintient dans un
état de hquidité. Il paroit même que l'eau fous cette forme a
la force de réfifter à la congélation ; car on voit, comme je
^'ai dit, des nuages ou des brouillards compofés de ces véfi-
cules fe foutenir dans l'air même dans les tems où le thermo-
'Wetre eft de plufieurs degrés au-deflbus du terme de la glace.
je ne crois pas que l'eau qui forme ces véficules foit là
dans un état de congélation , parce que le givre qui réfulte
de leur condenfation ne préfente point au microfcope un amas
214
de particules fphériques ; mais de cryftaux en aiguilles très-dé-
liées ; ce qui prouve qu'avant de fe geler amp; de former le givre
elles ont perdu leur forme véfîcnlaire amp; fe font changées en
goutelettes d'eau qui fe font cryftallifées au moment de leur
congélation.
§. 2 r 4. Lors donc que les vapeurs véficulaires fe conden-
fent par un tems froid , l'eau qui formoit leur enveloppe fe
cryftallife, tantôt en givre, quand elle s'attache à des corps
fohdes ; tantôt en neige quand cette condenfation fe fait au
milieu des airs amp; qu'il ne fe trouve aucun corps folide dont
l'attradion détermine les particules d'eau à fe réunir à fa furface.
Mais s'il ne gele pas, les petites gouttes qui réfultent de la con-
denfation des véficules fe réuniffent en rofée ou en une pluie
que fon poids entraîne vers la terre. Quelquefois aulfi leur
extrême ténuité , leur rareté qui les empêche de fe réunir,
l'agitation de l'air, ou quelqu'autre caufe leur permet de fe
foutenir amp; de flotter pendant quelque tems dans l'air. Alors
quoi qu'elles ne méritaffent peut-être pas le nom de vapeurs,
puifque ce n'eft que de l'eau réduite , pour ainfi dire , en pouf-
fiere; cependant, comme on comprend fous le nom général
de vapeurs, tous les corps légers qui fe foutiennent dans l'air,
je donne à ces petites gouttes le nom de vapeur concrete.
§. 21 f. Nous avons donc vu la combinaifon de l'eau amp; du
feu former la vapeur élaftique ; celle-ci fe diflbudre dans l'air;
amp; lorfque l'air en eft fuperfaturé, nous avons vu cette même
vapeur fe condenfer en véficules ; amp; celles-ci enfin, daift cer-
taines circonftances fe condenfer encore plus amp; fe changer en
gouttes folides, ou en vapeur concrete.
Condenfat.
de ces véfic.
Modificat.
rfucceflives
des v?peurs.
ET DES VAPEURS CONCERTES. EJfai III Chap. IL 21)quot;
Mais ces gradations ne s'obfervent pas toujours : la vapeur
élaftique furabondante dans l'air paroît quelquefois fe condenfer
immédiatement en gouttes fans paffer par l'état de véficules.
Nous en avons la preuve dans le ferein amp; la rofée de l'été,
qui pour l'ordinaire, n'occafionnent aucun brouillard , amp; par
conféquent aucune vapeur véficulaire , amp; qui réfultcnt donc
d'une condenfation immédiate de la vapeur élaftique qui avoit
été forméediffoute dans l'air par la chaleur du foleil.
§. 216-. Il paroît donc qu'il y a ici quelque condition à Confidérat.
nous inconnue ; qui eft requife, tant pour la formation que
pour la deftruflion de ces véficules.nbsp;peurs véfîc.
Nous voyons bien qu'elles n'exiftent jamais, que dans un
air faturé de vapeurs ; je m'en fuis très-fouvent affuré par des
expériences diredes, tant fur les brouillards de la plaine que
fur les nuages les plus élevés qui s'attachent aux montagnes;
l'Hygrometre que l'on y plonge indique toujours l'humidité
extrême. Et nous voyons tout auffi clairement, qu'auffi-tôt que
i'air reprend une force diffolvante, qui le met au-deffus de cette
humidité extrême, ces véficules difparoiflTent amp; fe changent en
une vapeur élaftique qui fe diffout dans l'air.
Mais pourquoi dans certains cas ces véficules fe condenfent-
elles en vapeurs concrètes, tandis que dans d'autres elles con-
fervent leur forme véficulaire ? Le froid ne fuffit pas pour les
condenfer , puifqu'on les voit réfifter à la congélation.
Leur approche mutuelle ou leur rencontre ne fuffit pas non plus ;
car elles peuvent rouler fur l'eau même fans fe confondre avec
elle, amp; fans changer de forrne.
Il faut donc chercher la raifon de leur exiftence dans ce
fluide à nous inconnu qui remplit leur concavité amp; qui forme
leur atniofphere.
Seroit-ce , je le demande encore, le fluide éledrique , qui raf-
ferablé dans l'intérieur amp; autour de ces véficules les fouleve amp;
leur donne le pouvoir de nager dans les airs? Nous trouve-
rions dans cette hypothefe la raifon de ces à-verfes qui fui-
vent fl fouvent les explofions éledriques des nuées. H feroit
évident, que le fluide éledrique, toutes les fois qu'il abandonne
une nuée permet la condenfation des véficules qu'il tenoit dila-
tées amp; dont il formoit la légere enveloppe. On diroit alors
que ces véficules privées toutes à la fois, par une explofion fu-
bite, des ailes qui les foutenoient , fe changent en gouttes maf-
■fives, tombent par leur poids, fe réuniffent en grolTes gouttes
amp; forment ces pluies terribles que le vulgaire attribue à des
tonnerres tombés en eau, ou à des nuages qui fe crevent.
Doute fur §• 217- Ici on demandera peut-être, fi, comme les vapeurs
leur forma- concretes peuvent fe former immédiatement de la vapeur élaf-
tique, fans paifer par l'état de vapeur véficulaire , de même
aufli la vapeur véficulaire ne pourroit point être le produit
immédiat de quelqu'opération de la nature , amp; fortir toute for-
mée des corps qui s'évaporent.
Pour répondre à cette queflion, il faut d'abord obferver ï
que ces véficules ne peuvent exifter que dans un air déjà fa-
turé de vapeurs , puifque s'il ne l'eft pas, i) les diflbut k l'inf-
tant même amp; les change en vapeurs élaftiques. Si donc de l'eau,
ou un corps qui en eft pénétré fe réfout en vapeurs , on ne
pourra
-ocr page 245-ET DES VAPEVRS CONCRETES. EJfai III, Chap. IL 217
1)ourra voir flotter autour de ce corps aucune véficule aqueufe,
que l'air qui l'entoure n'en foit premièrement faturé. Enfuite,
fl l'évaporation continue , les vapeurs furabondantes fe change-
ront en véficules. Or les phénomènes de l'éohpyle me perlua-
dent que les vapeurs aqueufes fortent toujours des corps fous
îa forme élaftique amp; ne prennent que dans l'air la forme véfi-
culaire. En effet nous voyons dans l'éolipyle à deux boules
§. 203. cette vapeur élaftique parfaitement tranfparente , rem-
plir la boule extérieure , fortir par le bec fous cette même
forme , 8c ne fe changer en véfîcules que dans l'air amp; même
à une certaine diftance du bec.
Il femble bien quelquefois, que ces véficules fortent toutes
formées des corps qui s'évaporent, lorfqu'on les voit ramper
fous la forme d'un léger brouillard à la furface des eaux, des
prairies , amp; même fur une taffe de Hqueur échauffée ; mais je
crois qu'elles fe forment alors tout près de la furface amp; non
pas dans l'intérieur, ni même dans la premiere lame du liquide
qui s'évapore.
§. 2T8- J'ai fouvent obfervé un phénomene bien remarqua- Nuages
tjle , amp; qui paroît propre à répandre quelque jour fur cettenbsp;^JJ*'
queftion. Arrêté par un tems pluvieux fur la cime ou fur le inftantanée.
penchant de quelque haute montagne , je cherchois à épier la
formation des nuages que je voyois naître prefqu'à chaque inftant
fur les forêts ou fur les prairies fituées au-deflbus de moi. Nul
brouillard ne couvroit leur furface, l'air qui l'environnoit étoit
parfaitement net amp; tranfparent; mais tout-à-coup , tantôt ici tan-
tôt là, il paroiflbit quelqu'un de ces nuages fans que jamais je
îgt;uffe faifir le premier inftant de fa formation. Dans une place que
E e
-ocr page 246-îiion œil ne faifoit que de quitter., où deux fécondés auparavant
il n'en exiftoit point, j'en voyois tout-à-coup un, déjà grand,
du diametre de deux ou trois t_oifes pour le moins. N'eft-il pas
naturel de croire , que dans l'air faturé de la vapeur élaftique*
amp; tranfparente qui couvroit la furface où naiiToient ces nuages,
il ne manquoit qu'une certaine condition, pour changer cette
vapeur, en véficules, amp; que du moment où cette conditioa^
exiftoit, ces véficules fe formoient amp; produifoient un nuage.
Lorsque lé tems alloit au beau, ces nuages s'élèvoient i
diminuoient en montant, Se fe dilfolvoient entièrement dans-
l'air; fi au contraire le tems fe difpofoit à la pluie, ils augmen-
taient de volume , tantôt dans la même place, tantôt en mon^;^
tent amp;. quelquefois même en defcendant le long de la montagne..
m vÈvAt ORATION, amp;c. efni III. Cl. m. st!?
CHAPITRE III
DE L'ÉVAPORATION DANS UN AIR RARE'FIF OU
CONDENSEE
S. 219. I jES raifonnemens amp; les faits expofés dans le Lavapeut
Chap. VI du -précédent Elfai amp; dans le premier Chapitre de forln'rpiys
Celui-ci, prouvent que l'évaporation, entant qu'elle dépend de aifément
la converfion de l'eau en un fluide élafl:ique, s'opere beaucoup
plus aifément amp; à un moindre degré de chaleur dans le vuide
ou dans un air rare que dans un air denfe ; parce que toute
preffion réfifte au développement amp; à l'expanfion de ce fluide
élaftique.
L'iNTENsirè du froid produit dans le vuide par l'évapora-
tion de l'éther, prouve auffi la promptitude avec laqueUe cette
liqueur fe convertit en vapeur élaftique lorfqu'elle eft défivrée
du poids de l'atmofphere.
La vapeur élaftique fe forme donc plus aifément dans un
5ir rare , amp; à cet égard la rarefàclion de l'air facilite amp; aug-
lUente l'évaporation.
§. 220. Mais d'un autre côté, îair, quand il eft rare , dif-nbsp;Mais
fout une moins grande quantité de vapeurs que quand il eftnbsp;^^^^
^-nfe; amp; nous avons même tâché d'évaluer le rapport dans de^apTurs^
lequel cette quantité diminue à mefure que l'air fe raréfienbsp;*
dans un ak
rare.
L'ÉVAPORATION produite par la fîmple diflolution de l'ea«'
dans le fluide qui l'entoure eft donc moins grande dans le
vuide que dans l'air , amp; c'eft ainfi que l'on peut rendre raifon
de quelques expériences dans lefquelles de l'eau renfermée iou^
un récipient purgé d'air a fouffert dans un tems donné unequot;
moins grande évaporation qu'un pareil volume d'eau expofé
pendant le même tems k l'air libre. Fbilofoph. TranfaB. fol-
LIX. pag. 255.
Il y a cependant un cas dans lequel l'évaporation feroit^-
beaucoup plus grande dans le vuide qu'à l'air libre ; c'eft ce-'
lui où l'eau dont on confidere l'évaporation, feroit fenfiblement
plus chaude que les parois du récipient dans lequel elle fe-'
roit renfermée ; car alors les vapeurs élaftiques produites pa^^
la chaleur fe condenfant continuellement contre les parois in-
térieures de ce récipient, feroient continuellement remplacées
par d'autres, amp; il fe feroit ainfî une vraie diftillation qui pour-
roit être très-abondante (fl). Il y a même des fluides tels qu^
l'Ether dont la volatilité ou la tendance à fe convertir en fiui'
des élaftiques ne peut être répriméequot; que par une compreiliofi
très-forte amp; qui foufl'rent une évaporation beaucoup ph'®'
grande dans le vuide que dans l'air, lors même qu'ils fou^-
beaucoup plus froids que le récipient qui les renferme.
(a) On trouve dans les ABes litté-
raires de Suede p. Tannée 1738 Art. /.
«n mémoire de N. Wallérius , qui prou-
ve par des expériences directes amp; nora-
breufes , que l'évaporation peut être
Confidéiable dai\s un récipient parfai-
tement purgé d'air. On peut auflî'voiî
des expériences très - euritufes fur f®'
laftlcité des vapeurs dans le vuide j
les unes du célébré Daniel BernouHir
les autres de Mr. mirne ,,
Tranjacl. 1777 pag,. 614.
§. 221. Quant à I'HygrOnietre, nous avons examine fort Phénom.-
en détail dans le CKap. VI du précédent Effai les phénomènesnbsp;.
dans un aip
qu'il préfente dans un air rarehe ou condenfé- Nous avons vu , qui fe ta«
que li un Hygrometre à cheveu eft renfermé fous le récipient
d'une machine pneumatique qui ne contienne aucun corps
aqueux, chaque coup de pifton fait marcher cet Hygrometre
vers la féchereffe , parce que l'eau renfermée dans le cheveu amp;
qui étoit auparavant retenue par la prefljon de l'air, fe réfout
en vapeurs amp; abandonne le cheveu à mefure que cette prei--
Gon diminue..
Mais fî un récipient pùrgé d'air contient de l'eau ou lin^
corps qui en foit imprégné, l'Hygrometre marche très-promp-
tement a l'humide , parce que cette eau fe réfout en une va-
peur élaftique abondante , qui remplit bientôt toute la capa-
cité du récipient amp; humede les corps qu'il renferme.
CEPENDAîïr fi fon extrait avec beaucoup de diligence l'air
renfermé dans ce récipient qui contient un corps imprégné
d'eau , l'Hygrometre commencera par aller au fec ; parce qu'il
fera. defféché parla raréfaction de l'air, avant que l'eau ait eu
îe tems de fe réduire en vapeurs amp; que ces vapeurs foient
venues rendre au cheveu l'humidité qu'il ne ceffe de perdre. ^
Mais fi l'on arrête le jeu des piftons pendant quelques inftans,
on verra bientôt l'Hygrometre rétrograder vers- l'humidité, amp;r
il atteindra même le terme de l'humidité extrême beaucoup-
plutôt qu'il ne fauroit fait dans ce, même récipient remglë
d'aiLquot;
2 21
■phénom.de §• 2 22. Si au contraire on condenfe l'air dans un récipient
l'Hygromet. qui contient un Hyrometre , cet Hygrometre ira à l'humide »
dans un air 'nbsp;, ,,nbsp;, ^nbsp;i i / • • i.
qui fe con- parce que l'air que l'on fait entrer de force dans le recipient
d^enfe. ■ apporte avec lui les vapeurs qu'il contient ; amp; comme fa force
diifolvante ne croît pas en railon de fa denfité , les vapeurs
fe trouvent moins fortement retenues amp; ie cheveu en ablorbe
une partie ; ou pour employer une image plus palpable , la
condenfation exprime en quelque maniéré la vapeur élaftique
renfermée dans l'air, la condenfe , amp; la force à s'infînuer dans
les pores des corps qui ont quelqu'aflinité avec elle.
Vap. véfic. §.223. La vapeur véfîculaire, fe forme auffi dans un air
dMsunréci- raréfié ; mais les circonftances dans lefquelles elle s'y manifefte
Burge'^d'X. amp; phénomènes qu'elle préfente méritent d'être développés
avec quelque détail.
Tous ceux qui ont fait ufage de la machine pneumatique
ont obfervé, que fouvent après les premiers coups de pifton
X3n voit paroître dans rintérieur du récipient une efpecc de
vapeur ou de nuage, qui tombe ou fe condenfe au bout de
quelques inftans , foit que l'on ceffe, foit que l'on continue de
faire agir la pompe. Mais fi on laiiTe rentrer l'air amp; qu'on'
ie raréfie enfuite de nouveau, on la voit de nouveau repa-
roître.
Dès que je me fuis occupé de l'évaporation , j'ai cherché à
çonnoitre la nature de cette vapeur, amp; je me fuis bientôt con-
vaincu que ce n'étoit autre chofe qu'une vapeur véficulaire.
Pour s'en alfurer , il fuffit de placer fa pompe dans une chani-
|?re obfcure, amp; de faire j^paffer au travers du récipient un rayoïj
^ foieil d'un pouce ou d'un demi-pouce de diametre alors
au moment où cette vapeur fe manifefta on voit clairement
foit à f'œil nud foit à l'aide d'une loupe, des véficules arrondies^
parfaitement femblables à celles qui s'clevent de l'eau bouit
les brillantes couleurs dont elles fe parent ne laiiTent
3Kcun doute fur leur nature..
§• 224. Lorsque j'eus reconnu que ces vapeurs étoient desnbsp;t'AbWNoîi-
Véficules aqueufes, je voulus voir quelle avoit été fur leur na-nbsp;'^''oyoït
ture l'opinion des phyficiens. Je. confultai l'Abbé Nollet, amp;nbsp;pare de kk.
je vis qu'il ibufiient dans fes Leçons, Tome III, m^. 26± amp;
Jnbsp;plus j?£C#
dans un Mémoire qu'il a écrit exprefl~ément fur ce fujet, (Alé-
boires de PAcad. des Sciences 1740, pag. 243.) que ces vapeurs
fe féparent de l'air, même le plus foigneufement defféché, amp;
dans un récipient parfaitement fec. Je fus très-étonné de cette
afiertion.;. car la vapeur véficulaire ne pouvant fë former que
dans un air parfaitement faturé, il-feroit bien étrange de la
Voir naître dans un air fec, amp; ce qui eft plus encore, dans ce
fiiéme air devenu plus fec par fa raréfadion.-
§• 22f. Je foupçonnai donc que l'Abbé Nollet avoit com- ^Source de-
«lis dans fon expérience quelqu'inexaditude , amp; je réfolus de erreur,
la .répéter avec le plus grand fOin. J'employai une pompe dont
tout l'intérieur avoit été récemment nettoyé , dont les cuirs amp;
les piftons a voient été graiftés avec de l'huile fans aucun mélange*
eau ; je pofai fur la platine de cette pompe qui étoit patr-
faitement féche, un récipient auffi très fec amp; je le lutai avec^
de la cire propre amp; féche. Lorfqu'après avoir pris ces précau--
^ons , je raréfiai Pair contenu dans le récipient, ii ne s'y form»!
le. moindre atome de vapeur. Je délutai le récipient, jp:
i'expofai à l'air libre, qui étoit alors environ au 70° degré de
mon Hygrometre, j'en pompai l'air de nouveau après avoir
bien pris garde de n'y introduire aucune humidité, amp; je n'y
vis encore paroître aucune vapeur : je changeai de récipient,
même réfultat. Enfin j'introduifis fous ce récipient une carte
humedée , amp; alors, alors feulement je,vis les vapeurs obfervées
i'Abbé Nollet. Je retirai bien vîte la carte de peur que l'hu-
midité qu'elle ex:haloit ne faturât l'air amp; ne mouillât l'intérieur
de ma pompe , amp; je répétai de nouveau à deux reprifes les
mêmes expériences : le fuccès fut confi:amment lé même , je
n'apperçus des vapeurs que lorfque je plaçai fous le récipient
'la carte humedée.
«
CoMMEKT donc ce Phyficien célébré a-t-il pu voir cette
vapeur fe former dans des vafes fees ? C'c4t qu'il y avoit dans
les tuyaux,de fa pompe une humidité cachée, qui fe changeant
en vapeur élaftique lorfque l'air fe raréfioit; s'élançoit avec force
dans Tintérieur du récipient amp; même de plufieurs récipients;'
lorfqu'il en employoit plufieurs amp; qu'il les faifoit communiquer
entr'eux. En effet nous avons déjà vu §§.13^, 137, des
expériences qui démontrent l'exiftence de ces vapeurs qui fe
dégagent des tuyaux amp; des pift.ons de la pompe. Et ce qui
acheva de me pcrfuader que c'étoit bien de là que venoient
les vapeirrs qui ont caufé l'erreur de l'Abbé Nollet c'eft 'que
quand j'eus fait un grand nombre d'expériences avec la
.carte humedée, amp; que l'intérieur de ma pompe fe fut ainfî
imprégné d'humidité, toutes les expérience^ de ce Phyficien (é)
{ ()''■ Ces expériences mal faites oat
Jervi de fondement à une faulfe théorie
^jr formation des rmages, fur les
caufes de la pluie ,amp;. fur uii nombra
d'autres phénomènes météorologiques.
La plupart des phyficiens, fe fiant aux
me
-ocr page 253-ou COMDmSF. [failli, Chaf. lU.
nie réunirent comme à lui ; j'avois beau employer les récipiens
les plus fees, les premiers coups de pifton y faifoient toujours
paroitre des vapeurs.
§. 2 25. Mais comment ce te vapeur véficulaire fe forme- fepiication
t-elle dans un récipient lorfque l'on raréfie l'air qu'il contient? «^elafonna-
.nbsp;tion de cette
Nous avons dcja vu que cette vapeur ne te lorme pomt dans vapeur dans
le récipient à moins qu'il ne contienne de l'eau en nature ou recipient,
un corps qui en foit imprégné. Or au moment où l'air fe ra-
réfie , la furface de cette eau délivrée d'une partie de !a pref-
fion de l'air, fe réfout en vapeur élaftique; cette vapeur fature
d'abord les couches d'air les plus voifines de b furface dont
elle fort, amp; le furplus, .que ces couches ne peuvent pas dif-
foudre , fe change en vapeur véfîculaire : ces véficules, entraî-
nées par le mouvement que la fuccion de la pompe imprime
à l'air du récipient, s'y agitent amp; y tourbillonnent jufqu'à ce
qu'elles aient été difiToutes par l'air s'il n'eft pas faturé, ou
condenfées contre les parois du récipient, fî l'air ne peut plus
Èn dififoudre. Plus l'air contenu dans le récipient eft humide j
plus cette vapeur eft facile à produire, abondante amp; durable;
lorfqu'il eft faturé d'humidité un feul coup de pifton en remplit
le récipient. Si au contraire l'air eft fec , amp; que le corps qui
doit fournir cette vapeur foit peu volumineux ; il faut plus
expériences de l'Abbé NOLLET amp; adop-
tant les conféquences qu'il en tire ont
cru que la fimple raréfadion de l'air
peut lui faire abandonner les vapeurs
^u'il tient en dilTolution ; enforte qu'in-
dépendamment de tout changement de
température, le même air qui eft /ec
dans la plaine deviendroit humide s'if
s'élevoit au fommet d'une montagne,
ce qui eft abfolument contraire à toute
bonne théorie, amp; aux expériences di-
recT:es que nous avons faites dans un air
raréfié.
d'effort pour la faire paroître, les véficules qui la compafent
fout rares., amp; elles dilparoiflent au moment même.
Solution §• 227, Mais il paroîtra peut-être difficile de concilier cette
explication avec le phénomène'que préfente l'Hygrometre. Cet:
inftrument marche à la féchereife dès que l'air fe raréfie, dans-
le moment même où- il fe for-me de la vapeur véficulaire. Si
donc cette vapeur ne pouvoit fe former que dans un air fa-
turé, comment la verroit-on paroître au moment où il fe def-
féche ? Je réponds, que ces vapeurs fe forment dans les cou-
ches faturées qui entourent les corps aqueux contenus dans le
récipient .; amp; que lorfqu'elles font une fois formées , il leur faut
pour fe diftoudre plus de tems- qu'il n'en faut à l'air pour def-
fécher le cheveu par fa raréfadion: cependant leur durée n'eft
que d'un petit nombre de fécondes, parce que bientôt elles
fe réfolvent de nouveau en vapeurs élaftiques-amp; fe mêlent avec
l'air. C'eft ainfi qu'un vafe plein d'eau chaude exhale , même
dans fair le plus fVc , des vapeurs véficulaires qui. fe forment:
dans les couches d air fiUurées qui repofènt fur la furfice de
cette eau, amp; ces véficules flottent dans l'air juf.ju'à ce qu'elles
î^ient été. diffoutes..
C'est par la même raifon, c!eft-à-dire,, par un- effet de la-
lenteur avec laquelle 1 'air diffout les vapeurs, que fi l'on a un:
récipient purgé d'air amp; faturé d'humidité amp; qu'on biffe rentrer '
brufquement un air fec dans - ce récipient , on. verra fes parois
fe ternir amp; fe couvrir d'une abondante rofée , dans le moment :
même où un^ Hygrometre qui y aura été renfermé,, marchera
au fec de 10 ou 12 degrés. Cette rofée n'èft autre chofe que
la vapeur élaftique qui rempliOToit le r:écipient lorfqu'il étoit;
ou CONDENSE. Efai III, Clap. III.
^uide, mais qui a été forcée à fe condenn:r fubitement contre
fes parois lorfqu'elle a été expofée à la compfeffion de .l'air.
Or avant que l'air contenu dans le récipient ait repompé ces
■vapeurs amp; qu'il s'en foit faturé, l'Hygrometre qui indique tou-
jours la modification a^uelle de l'air, témoigne qu'il n'ed pas
quot;encore arrivé au terme de la faturation; mais ce même Hygro-
metre retourne à l'humide à mefure que cet air fe charge des
Vapeurs condenfées dont il eft entouré, '
§. 228. Il m'a paru întérefiant de favoir jufqu'à quel point Rareté de
î'air pouvoit être raréfié fans que la vapeur véficulaire celfât de q^eitettequot;^quot;
s'y former. L'Abbé Nollet dit que la vapeur paroit dès que vapeur peut
l'air commence à fe dilater, amp; qu'enfuite elle difparoît pour
toujours , lors même que l'on continue de pomper , à moins
qu'on ne fafle rentrer de nouvel air dans le récipient. Il fem-
bleroit donc qu'elle ne peut exifter que dans un air médio-
crement rare , amp; cela m'avoit paru d'abord naturel amp; très-
facile à expliquer; mais à force de répéter amp; de varier mes
expériences, j'ai vu qu'en cela encore l'Abbé Nollet s'étoit
trompé, amp; que l'on peut faire paroître cette vapeur lors même
que l'air eft tellement raréfié qu'il ne fupporte plus que i y fignes
de mercure. II fuffit pour cela d'interrompre pendant quelques
i^iinutes failion de la pompe , pour donner à l'air le tems de
s'humeder,; parce que fî l'on pompe l'air fans interruption ,
la grande raréfaclion le defiTéche tellement, que les vapeurs véfî-
culaires ou ne s'y forment point du tout ou fe dilfolvent à
^^.efure qu'elles fe forment.
229. Mais je crois devoir donner les détails denbsp;cette t)ét;ù!s damp;
lt;^xpérience , qui eft très-belle amp; très-curieufe. J'ai unnbsp;réci- ^
pient bien tranfparent étroit par en-bas, il n'a là, que deux
Ff S
227
pouces amp; demi de diametre; mais il s'élargit par le haut Q^
il a environ dix pouces, amp; fa hauteur eft d'un pied. Je Ip
iute fur h platine avec de la cire molle, après y avoit log«
un petit Hygrometre à cheveu amp; une carte à jouer imbibée
d'eau. Je ferme les volets de mon cabinet amp; je n'y laifle en^
trer d'autre lumiere que celle d'un rayon du foleil , .qui vient,
ou diredement ou réfléchi par un miroir, traverfer mon récir
pient dans fa partie la plus large. Dès que , par l'adion de la
pompe , Pair fe raréfie, l'Hygrometre marche au fee , amp; ce-
pendant après quelques coups de pifton., plus ou moins comme
je l'ai dit , fuivant que l'air du. récipient eft plus ou moins
humide , le rayon de lumiere qui traverfe le récipient fe rem-
plit d'une vapeur femblable à une fine pouflîere, dont les grains
arrondis fe colorent des plus brillantes couleurs. Mais peu-à-
peu , foit que je continue, foit que je ceffe de pomper, ces
véficules brillantes deviennent plus rares fk difparoiffent entiè-
rement. J'interromps alors l'adion de la pompe-, l'Hygromè-
tre marche à l'humide, j'attends qu'il foit venu tout près du
terme de l'humidité extrême ; je recommence alors à raréfier
l;air, fur le champ l'Hygrometre rétrograde vers la féchereflTe,
Se bientôt les vapeurs reparoilTent avec le même éclat amp; la
même abondance, pour s'évanouir au bout d'un petit nombre
de fécondés. En procédant ainfi par alternatives de mouvement
amp; de repos, j'ai produit des vapeurs véfîculaires bien vifibles
amp; colorées, lorfque l'air étoit raréfié au point de ne pouvoir
plus foutenir que i S lignes de mercure. Paffé ce terme je n'ai
pas pu parvenir à les rendre vifibles; amp; je dois même aver-
tir que depuis que l'air n'a plus foutenu que 4 ou 5 pouces
dte mercure, elles ibnt devenues graduellement plus rares, amp;
par cela même elles ont donné des couleurs moins brillantes,
OV CONDENSE'. EJfai HI, Chap. 111.nbsp;229
fans doute parce qu'elles fe décompofoient avec une très-grande
promptitude. Cependant je les ai vues encore très-brillantes
lorfque: l'air ne foutenoit que 8 pouces de mercure.
Si pour completer l'expérience on acheve de raréfier l'air
autant que la pompe permet de le faire amp; qu'alors elle de-
cieure exadement fermée, on voit l'Hygrometre marcher à
l'humide amp; arriver enfin au terme de l'humidité parfaite ; on
Voit enfuite une rofée s'attacher aux parois intérieures du réci-
pient Se former ainfî une efpece de diftiliation , comme cela
arriveroit fi le récipient étoit plein d'air. Alors fi on permet
à l'aip extérieur ds rentrer brufquement dans le récipient , cet
air fec fait, comme je l'ai dit dans l'avant - dernier paragra-
phe, marcher l'Hygrometre vers la féchereffe, d'environ 10
Qu 13 degrés, amp; dans le même moment les parois du réci-
pient fe couvrent d'une rofée fî abondante qu'elles en font pref-
qu'entiérement ternies ; mais bientôt l'air repompe une partie
«le cette rofée, amp; l'Hygrometre retourne au terme de l'humi-
dité. Lorfque l'air eft ainfi complètement faturé, fî l'on pompe
de nouveau, le premier, cxadement le premier coup de pif-
ton remplit le récipient de vapeurs véficulaires, qui brillent
^es couleurs les plus éclatantes, amp; l'on peut ainfi répéter cette
belle
expérience amp; obtenir les mêmes réfultats que la pre-
quot;^iere fois.
QaAKD on emploie ce procédé pour obferver les ^^Les^^-ffi-
sapeurs véficulaires, on voit bien clairement que les dineren-
couleurs qui brillent fur ces véficules ne ^ ^uccedent pas fe~
^ mefure que l'air fe raréfie, comme le pretend Mr. Kratzen-
§. 209, mais qu'elles exiftent toutes en même tems
le même rayon. Ou ne voit pas non plus l'ordre que
ces couleurs obfervent entr'elles dans ce rayon , varier fuivant
quot;le degré de rareté de Tair. '?'quot;ous les calculs que ce phyficien
fonde fur ces deux principes , pour déterminer i'épailfeur de
la lame d'eau qui forme ces véiicules, font donc abfolument
incertains amp; arbitraires.
231. J'ai fouvent elfayé de mefurer le diametre de ces
véficules dans des airs inégalement denfes, pour favoir fi le
fiuide élaftique dont on Jes fuppofe remphes les dilate en rai-
fon de la diminution de la prefiion de l'air qui les entoure ;
mais leur apparition amp; leur difparition font fi brufques amp; 11
promptes dans un air raréfié , amp; il eft fi difficile de les faifir
avec une loupe un peu forte , dans un récipient où elles font
agitées Se entraînées par le mouvement de l'air qui en fort,
qu'il m'a été impoflible de les mefurer exadement; j'ai pour-
tant cru voir qu'elles étoient plus grolfes lorfque l'air étoit
plus rare.
Vapeurs §• 3 3 2- Les mêmes principes qui expliquent la formatibii
produites_nbsp;^Q ces vapeurs dans un air que l'on raréfie, rendent aufli
par la rare-nbsp;' ^ , ,nbsp;-
II eft diffi.
■die deles
mefijrer.
fadion d'un raifon de leur apparence dans un air condenfé qui retourne à
air condenfé.nbsp;naturel.
J'ai rapporté §. 209. l'expérience de Mr. Kratzenstein;
il condenfe l'air dans un ballon remph d'humidité , amp; on ne
voit aucune vapeur dans ce ballon ni pendant que l'air fe con-
denfe ni pendant qu'il demeure continuellement condenfé; mais
fi l'on ouvre une iffue par laqueUe l'air puiffe s'échapper, dès
qu'il eft forti une certaine quantité d'air, on voit tout-à-coup
U baUon fe remplir de vapeurs véficulaires,
■ GU CONDEmÈ. Effixt HI, Chaf Ilji:.
Ici donc , comme dans le recipient de la pompe ; l'air fd
raréfie ; cette raréfadion favorife la formation d'une vapeur
élaftique amp; cette vapeur fe change en vapeur véficulaire. Leamp;
détails amp; les preuves de cette explication font les mêmes que
»quot;^our l'expérience que nous venons de voir danj^ la machine
pneumatique. Plus le ballon efl: rempU d'humidité , plus les-
vapeurs font abondantes amp; promptes à paroître : on peut les
reprodiiire en fufpeiidant pour quelque momens la raréfadion
de l'air , amp;c. amp;c..
§. 233. Je terminerai ce Chapitre par que^ues confidéra- Explication
tions fur une expérience que l'on a tenté d'expliquer par l'éva- ^^ ^^
, , . , T • .nbsp;r 1 rnbsp;jjj thermo-
poration dans le vuide. J'ai dit, §.. 13^, qu'un thermometre metre dans
tenfermé dans un récipient rempli d'air defcendit de 16 degrés ^^
6 dixièmes à i ^ degrés i , pendant que je pompois l'air de
ce récipient, amp; que Mr. Cullen avoit le premier fait cette-
obfervation-
quot; Un thermometre fufpendu,- dit ce favant phyficien, dans
„ le récipient d'une pompe pneumatique, defcend toujours de
5, deux ou trois degrés, (de Farenheit) lorfque l'on épuife
5, l'air. Qiielque tems après le thermometre dans le vuide re-
„ vient à la température de l'air de la chambre ; amp; lorfqu'on
„ laifle rentrer l'air dans le récipient, le thermometre monte-
» toujours dé deux ou trois degrés au-defliis de l'air.extérieur.
iffais de. ht Société d'Edimbourg, Tome II, p. i
L'Auteur de cette- expérience la rapporte conjointement ave'G
plufieurs autres qui font deftinées à prouver que l'évaporation
eft- plus grande amp; produit, un. phjs grand froid, dans le, vuide.
que dans l'air. Mr. Cullen femble done croire que ce refroi-
diffement eft l'effet de l'évaporation d'une couche invifible d'eaii
attachée à la furface dc la boule du thermometre , ou de celle
qui eft répandue dans l'air ambient.
Le grand géometre Lambert rapporte cette même expé-
rience dans fa pyrométrie, §. 492; amp; il ajoute, que l'expé-
rience réuffit plus fùrement ik donne une différence de cha-
leur plus grande lorfque l'on pompe l'air avec diligence amp;
que le récipient n'eft pas trop petit. Quant à la caufe de cc
phénomene, il fuppofe, qu'en même tems que l'on pompe
l'air d'un récipient, on pompe auffi les parties de feu qui fe
trouvent dans cet air , amp; que par conféquent la denfité du feU
dans le récipient diminue dans le même rapport que celle de
l'air. Et il fait voir que fi la diminution de la chaleur n'eft
pas auffi grande qu'elle devroit l'être d'après ce principe, cela
vient de ce que les parois du récipient amp; la platine de la
pompe contiennent auffi des parties de feu qui s'empreffent
de remplacer celles que l'air entraîne avec lui. C'eft pour-
quoi fl l'air fe raréfie avec affez de lenteur, pour que le feu
qui vient du dehors ait le tems de fuppléer continuellement
à celui qui fort avec l'air, le refroidiffement du thermom«-
tre devient abfolument infcnfible.
Cette-explication de Mr. Lambert paroît très - naturelle »
conforme aux principes de la bonne phyfique amp; à ceux ea
particuHer qui nous ont fervi à expliquer le defféchement du
cheveu dans un air qui fe raréfie (§. 141 , 142.) Je defîrois
cependant une expérience direde, qui décidât fi l'évaporation
pe çontribuoit point aulji à ce refroidiffement. Pour m'en
affurer »
-ocr page 261-alurer, je plaçai fur la platine de ma pompe un récipient qui
renfermoit un thermometre , un Hygrometre amp; une feuille de
tole couverte de fel AlkaU fixe nouvellement calciné amp; encore
chaud ; je lutai avec de la cire ce récipient fur la platine amp;
je fermai le robinet de la pompe. Au bout de fix jours, lorf-
que l'Hygrometre fut venu à marquer la fécherelfe extrême,
j'ouvris le robinet, je pompai l'air avec beaucoup de dihgence ;
le thermometre defcendit de 8 à 9, c'eft-à-dire , d'un
degré amp; une dixième de la divifion de Reaumur , tandis que
l'Hygrometre ne fit abfolument aucune variation. Or quand je
répétai l'expérience fous le même récipient, avec le même Hy-
grometre, le même thermometre, mais fans tole alkalifée amp;
arec de l'air qui n'étant point delféché faifoit venir l'Hygro-
metre à 80 degrés, cet Hygrometre, qui n'avoit point fait
de variation dans l'air fec en fit ici une de 24 degrés vers la
fécherelfe , amp; cependant le thermometre ne fit pas une varia-
tion fenfiblement plus grande que dans l'air defféché, il ne
baifla que de 9, à 8, 4; c'efl - à - dire, de i, rç. Puis
donc qu'une humidité de 80 degrés, qui occafionne une éva-
poration égale à 24 degrés de l'Hygrometre , n'augmente le
refroidiflement que de o, 05 ou d'une vingtième de degré,
il faut fe ranger à l'avis de l'Académicien de Berlin, amp; recon-
noitre, que l'évaporation n'a aucune part ou du moins une part
infiniment petite au curieux phénomene obfervé par le Profef-
feur d'Edimbourg.
C H A P I T R E I V.
LE PASSAGE DU FEU D'UN LIEU DANS UN AUTRE EST-
IL. UNE DES CAUSES DE VÉVAPORATION ?
Introduc-
tion.
§. 234. X) A N S toute la théorie que je viens d'expofer
far la formation des vapeurs, je n'ai point mis au rang des
caufes de l'évaporation le palfage du feu d'un lieu dans un
autre. Divers phyficiens amp; même du premier mérite ont pour-
tant regardé ce palfage comme un des principaux moyens que
la nature emploie pour volatihfer les corps ou pour les ré-
duire en vapeurs. Mais j'ofe efpérer que fi ces mêmes phyfi-
ciens veulent examiner attentivement avec moi les faits fur
lefquels on a fondé cette opinion, ils reconnoitront qu'elle
n'avoit point été fuffifamment approfondie.
Premier fait §-2 3 5. LORSQUE le foleil fe couche après avoir fortement
qui adonné réchauffé l'air amp; la terre, cet air par fa rareté amp; fa mobihté
queftion^quot;^ perd fa chaleur avant que le fol fur lequel il repofe ait perdu
la fienne; alors, comme le feu tend toujours à l'équihbre, iî
paffe de la terre dans l'air ; en même tems il s'éleve de la
terre une quantité de vapeurs, qui forment la ' rofée afcen-
dante, amp; qui même fouvent fe condenfent à nos yeux fous
la forme de brouillards.
VoiLiv donc, dit-on, des vapeurs qu'entraîne le feu lorf-
qu'il paffe de la terre chaude dans l'air froid.
EST-Il UNE LES CAUSES EJfai III, Chap IV. 23?
Mais peut-on croire que les vapeurs qui forment cette rofée ekamen ds
, ,nbsp;1 1nbsp;1 r ce tait.
amp; ces brouillards ne s'élevoient pas également de la terre lorf-
que le foleil réchauffoit encore l'air qui l'entoure ? N'eft-il pas
évident au contraire, que le refroidiftément de l'air, bien loin
d'augmenter l'évaporation , l'a confidérablement réprimée amp;
n'en voit-on pas la . preuve dans cette même rofée qui lorf-
qu'elle eft abondante , s'attache non feulement aux plantes,
mais à la furface même de la terre ? N'eft-ce pas une chofe
indubitable qu'un toile humide apphquée fur la furface de la
terre, fe delféchera beaucoup plus promptement au miheu du
jour., lorfque la terre amp; l'air font également réchauffés, qu'a-
près le coucher du foleil ?
Comment donc le refroidiflement de l'air fait-fl paroître tant son expU-
cation.
d'humidité ? C'eft qu'A rend vifibles , amp; pour ainfi dire , palpa-
bles les vapeurs que l'air renfermoit. Lorfque la chaleur les
maintenoit fous la forme d'un fluide élaftique elles étoient
tranfparentes comme l'air , amp; n'affectoient point nos organes
différemment de l'air lui-même: mais condenfées par le froid,
elles impriment à nos corps la fenfation de fhumidité , amp; fe
montrent à nos yeux fous la forme de véflcules groffieres,
qui troublent la tranfparence de l'air.
C'est ainfi que l'haleine des animaux eft inviflble lorfque l'air
-eft chaud ou fec, parce que l'humidité qu'eUe entraîne eft fin-
ie champ convertie en une vapeur élaftique amp; tranfparente;
au lieu que quand fair froid amp; humide n'a pas la force de
la diffoudre, efle fe condenfe en vapeur véficulaire amp; lorme un
véritable brouillard.
Enfin s'il étoit vrai que les vapeurs fufTent formées par le
feu, lorfqu'il les entraine avec lui en palfant d'un corps chaud
dans un corps froid, il s'enfuivroit de là cette conféquence ab-
furde, c'eft qu'à l'iffue de l'hyver, lorfque la terre eft froide
amp; humide, s'il vient à fouffler un vent chaud , ce vent bien
loin de deffécher la terre devroit augmenter fon humidité ; car
alors le feu feroit en plus grande quantité dans l'air que dans
la terre ; il pafferoit donc de l'air dans la terre amp; il entraîne-
roit avec lui vers la terre les particules d'eau qu'il ticndroifc
en diffolution.
Et s'il arrive en effet, qu'un air cbaud dépofe de l'humi-
dité à la furface d'un corps froid , cela vient, comme l'a fort
bien démontré Mr. le Roi, de ce que le contad de ce corps
froid prive l'air de la chaleur néceffaire pour tenir en diffolu-
tion l'eau dont il eft chargé, (a) §. 198^
Il eft donc permis de conclure , que le refroidiffement Je
l'air peut bien augmenter l'humidité apparente en condenfant
les vapeurs ; mais que la quantité réelle de l'évaporation eft tou-
jours plus grande lorfque l'air eft plus chaud, quelle que foit
d'ailleurs la chaleur de la terre; car, je le répété, la chaleur
de l'air favorife la formation de la vapeur élaftique amp; donne
à ce même air la force néceffaire pour abforber diffoudre
cette vapeur. La rupture de l'équilibre entre la chaleur de
l'air amp; celle de ia terre ne contribue donc nullement à l'éva,-»
p oration.
-a) C'est auffi la raifon des nua-
ges qui entourent les Isles de glace que
l'an voit flotter fur les mers circonpo-
laires, amp; de cette efpece de fumée que
l'on obferve quelquefois en été autouE
d'un morceau de glace.
EST. IL UNE DES CAUSES ^c. Efai III, Chap. If. 237
§ 236quot;. De même fî l'on met du feu fous une chaudiere Sccond faît
pleine d'eau, l'évaporation ne fera pas produite par les parti-
cules du feu qui après avoir traverfé l'eau entraîneront avec
elles les parties les plus voifines de la furface ; car li l'orifice
de la chaudiere entroit dans une fournaife auffi ardente que le
feu qu'on a mis fous le fond de cette chaudiere , amp; que l'air
fe renouvellât avec liberté dans cette fournaife , l'évaporation
feroit fans contredit bien plus grande que fi cet orifice en-
troit dans une glaciere ; amp; pourtant dans le premier cas le feu
ne tendroit point à fortir de l'eau, au heu que dans le fécond
il en fortiroit en grande abondance.
§ 237. On m'objectera fans doute, que dans des vafes clos, Objeclron
pour accélérer la diftillation, on fait ufage de réfrigérens, afin dSuiïiii
que le feu paffant d'une cucurbite réchauffée dans un chapi-
teau refroidi entraîne avec lui toutes les parties volatiles du
corps renfermé dans la cucurbite.
Mais les diftillateurs en grand répondront pour moi, que Réponfe â
h. o . .nbsp;1nbsp;• .nbsp;„nbsp;cette objec-
pratique n'efl point d'accord avec ce principe , puifque c'efl tion ; théo..
Un fait, que fi l'on tient le chapiteau trop froid la diftillation riedeladif.
rrnbsp;rnbsp;rnbsp;tiilatio-n,
ne le fait qu'avec une lenteur extrême ; amp; que fi dans le mo-
ment où un alambic difiiille à fil, on remplit tout à coup fon
réfrigèrent d'une eau très-froide , la diftillation s'arrête fur le
champ , pour ne recommencer qu'à mefure que le Chapiteau
fe réchauffe. La raifon en efl: fort fimple ; fi le chapiteau efl
très - froid , l'air qu'il contient efl: denf? , incapable de diffoudre
beaucoup de vapeurs, amp; tant ^que cet air demeure froid amp;
denfe fl s'oppofe à l'élévation amp; même à îa formation des va-
peurs; au heu que fi le chapiteau eft chaud, toute fa capacité
fe remplit de vapeurs élaftiques. Cependant pour que la diftil-
lation fe fafîe, il faut que ces vapeurs puiflfent fe condenfer
quelque part, fans quoi elles réfifteroient tout aufli bien que
l'air à la formation de nouvelles vapeurs. Il faut donc leur
donner une ifl'ue , qu'elles puilTent fortir du chapiteau amp; paflTer
librement dans des canaux, dans un ferpentin , par exemple,
qui fe refroidifle graduellement à mefure qu'il s'éloigne du
chapiteau, qu'ainfi les vapeurs fe condenfent graduellement,
enforte que celles qui fe condenfent cedent leur place à celles
qui les fuivent. Il s'établit ainfî un courant continuel de vapeurs
depuis l'intérieur de la cucurbite jufqu'au bec du ferpentin ,
amp; la Hqueur qui réfulte de la condenfation de ces vapeurs
doit fortir de ce bec la plus froide poffible. C'eft par les alam-
bics conftruits fur ces principes que l'on obtient la diftillation
la plus abondante. L'art d'augmenter les produits de la diftil-
lation ne confifte donc point à oppofer immédiatement le corps
le,plus froid au hquide le plus chaud, quoique cette méthode
fût bien la plus propre h contraindre le feu à entraîner dans
fon paflTage la plus grande quantité de ce Hquide ; mais cet
art confifte à form-er la plus grande combinaifon poffible du
feu amp; du corps que l'on veut convertir en vapeurs ; à avoir
pour cet effet au - deffus de ce corps un Heu rempH d'un air
chaud amp; rare, amp; à favorifer enfuite la condenfation fucceffive
de la vapeur élaftique produite par cette combinaifon.
la tîiéoiie § 238. D'AILLEURS Cette efpece d'enlèvement méchanique
répMfe des parties de l'eau par les élémens du feu n'expliqueroit nul-
végative. ^ kment la fufpenfion des vapeurs, leur expanfion dans le vuide
amp; tous les autres phénomenes qu'elles préfentent. Ces molé-
cules d'eau retomberoient fur le champ , à moins qu'elles ne
s'uniffent chymiquement au feu ou à l'air amp; qu'elles ne for-
EST-IL VNE DES CAVSES Sc. ÈJfai III. Ch. IF. 239
niaffent un mixte proprement dit par leur combinaifon avec
l'un ou l'autre de ces élémens. Or cette union ne fauroit fe
faire fans une affinité de l'eau avec le feu ou avec l'air ; amp; lî
cette affinité exifte , il n'eft nul befoin que le feu traverfe l'eau
pour s'unir avec ces molécules, il fuffit qu'il foit en contaâ;
avec elles amp; qu'elles puilfent fe dégager des liens qui les en-
travent.
Le feu n'a donc pas befoin de fortir de l'eau pour s'unir
avec elle, cette union peut fe former à fa furface, même en
y entrant, comme cela arrive quand les rayons du foleil pé-
nètrent, réchauffent amp; convertiflent en vapeurs les eaux d'un
étang ou d'un lac.
DE LA Q^UANTITS DE V É V AP 0 R A TI 0 N.
Çondidonsnbsp;239. Da PRÈS les principes que nous avons pofés^
dépend'Stt» il eft évident, que la quantité de l'évaporation de l'eau dé^
quantité. pend de la chaleur de cette eau, de la grandeur de la fur-
face qu'elle préfente à l'air, de la chaleur de ce même air,
comme auffi de fa féchereffe, de fon renouvellement amp; de
fa rareté. Mais il ne fuffit pas de favoir que ces conditions
influent fur l'évaporation, il faudroit encore favoir cxadenient
dans quel rapport §c fuivant quelles loix chacune d'elles l'aug-
mente.
j'ai tenté dans le précédent Effai de déterminer ces rap-
ports amp; ces loix relativement à la chaleur de l'air , à fa féche-
reffe amp; à fa denfité : j'ai fait fentir , §. 150, que pour ce qui
concerne le renouveflement de l'air, il faudroit un grand nom-
bre d'expériences difficiles amp; déhcates fî l'on vouloit détermi-
ner avec précifion fon influence fur l'évaporation. j'en dirai
autant de la chaleur même de l'eau : le Profeffeur Richman ,
ce célébré martyr de l'éledlricité, a fait une fuite d'expériences
intéreffantes fur la quantité de l'évaporation de l'eau fuivant
qu'elle eft plus chaude ou plus froide que l'air environnant.
(Novl Comment, Fetrop. T. I. 198. amp; T. IL p. 145.)
Mais comme il n'a eu égard dans ces recherches qu'à la cha-
r amp; à I3 denfité de l'air , fans dpnner aux autres conditions
effentielles,
-ocr page 269-®JÇ LA QUANTITÉquot; DE VEVAP. Ejjai IIL Chap. y. 241
effentielles, telle que fa fécherelfe amp; fon renouvellement, l'at-
tention qu'elles méritoient , il ne paroît pas que l'on puilfe
compter fur la généralité 8c la certitude des réfultats qu'il a
trouvés.
Théorème
général.
§. 240. Il n'en efl: pas de même de la queftion des fur-
faees, elle a été bien difcutée amp; nous avons des données fuf-
fifantes pour la réfouàre. On peut à ce que je crois prouver,
que quelle que foit la forme amp; la grandeur des vafes qui con-
tiennent de l'eau, fi la chaleur amp; toutes les autres conditions
font abfolument les mêmes pour tous, la quantité de l'évapo-
ration , au moins d'une évaporation lente amp; tranquille , fera
dans chacun de ces vafes en raifon de la grandeur de la fur-
face que l'eau qu'il coHtient préfente à l'air libre.
§, 241. D'abord il eft évident, que deux vafes parfaite- peuvesti-
ment égaux amp; femblables, qui feront entièrement remplis d'eau [héorie. Va-
pure amp; dont la chaleur amp; la fituation feront abfolument les les égaux en
mêmes, doivent fubir en tems égaux des évaporations parfai-
tement égales.
242. Enswite il n'eft pas moins certain , d'après les prin- Vafes d'ori.
cipes que nous avons pofés , que des vafes pleins d'eau pure amp; malsd^ehau-
dont les orifices feront égaux amp; femblables, mais dont les hau- teurs inéga-
teurs amp; les formes feront diflférentes doivent auflî, lorfque leur
ehaleur amp; leur fituation feront abfolument les mêmes , fubir
des quantités égales d'évaporation. Car, excepté le cas de l'é-
bullition que nous ne confidérons point ici, l'eau ne fe réduit
en vapeurs qu'à fa furface amp; dans les points où cette furface
eft en contai avec l'air: en effet , s'il fe formoit dans l'inté-
rieur de l'eau des vapeurs élaftiques ou véficulaires, ces vapeurs
produiroient dans l'eau une efpece d'ébullition ou troubleroient
du moins fa tranfparence : or l'eau qui s'évapore par la feule
chaleur de l'air qui l'entoure demeure parfaitement tranquille
Se tranfparente. Par conféquent, la quantité d'eau qui eft au-
delfous de la furface, ou ce qui revient au même, la profon-
deur du vafe au-deflbus de fon orifice n'influe nullement fus
la quantité de fon evaporation.
Vafes iné- §, 243. Enfin par la même raifon, la quantité de l'évapo-
toutquot;nbsp;ration dans des vafes pleins dont les oriftces font inégaux dois
être proportionnelle à la grandeur de ces orifices, quelle que
foit d'ailleurs la forme amp; la hauteur de ces vafes; pourvu que
îa chaleur Se toutes les autres conditions foient les mêmes
pour tous.
Il faut cependant reftreindre cetta: aflertion à des vafes
dont les différences ne font pas infiniment grandes ; car fine
furface d'eau d'un pied pied quarré fouflTriroit une plus grande
evaporation au miheu d'une plaine découverte Se aride, qu'au
miheu d'un grand lac, lors même que la chaleur, l'état du
ciel, les vents amp; les autres circonftances extérieures feroient
en apparence les mêmes. La raifon en eft évidente ; cette pe-
tite furface feroit entourée par un air beaucoup plus- fec au
miheu de la plaine aride qu'au mflieu du lac, amp; fouSiriroit par
conféquent une plus grande évaporation dans cette plaine. On
s'eft donc un peu trop preflTé , lorfqu'on a voulu juger de la
quantité d'eau que l'évaporation enleve de la furface de la mer „
par la quantité d'évaporation que fouffre un vafe ifolé au nù-
lieu d'un jardin ; ii faudroit, pour avoir un terme de compa*
DE ^LA QUANTITE' DE VÈVAP. Efai III Chap. V. 243
ïaifon jufte, faire cette expe'rience dans un vafe flottant fur la
furface même de la mer , amp; dont l'eau feroit à-peu-près au
même niveau.
Maïs fi, les orifices des vafes que l'on compare entr'eux
ne différent que de quelques pouces ou même de quelques
pieds, le produit de l'évaporation fera toujours fenfiblement
proportionnel à la furface de ces orifices. En effet, l'air libre
dans lequel nous fuppofons ces vafes, fe renouveffe avec tant
de facffité amp; de promptitude, que la petite différence qu'ff peut
y avoir reladvement à Thumidité entre l'air qui repofe fur le
grand amp; celui qui repofe fur le petit, ns fauroit produire des
effets fenfibles.
§. 244. Mais voyons fi l'expérience eft en cela d'accord Expériettoc
. , .nbsp;de Muf-
avec la tneorie.nbsp;chembroëk
qui paroit
MuscHEMBROEk rapporte dans fes addidons aux Mémoires de ti^éorie.
l'Académie del Cimento T. II. p. 6%. une expérience qui fem-
bleroit prouver le contraire. 11 fit faire deux vafes de plomb
ouverts par en haut de forme parallélépipède quarrée de fix
pouces de largeur, amp; qui ne différoient entr'eux , qu'en ce
que l'un avoit 12 pouces de hauteur , amp; l'autre 6 : il rem-
plit d'eau ces deux vafes amp; les expofa en plein air au miheu
d'un jardin à 3 pieds au-deffiis du fol ; il nota chaque jour
la déperdition que chacun de ces vafes fouffroit par l'évapo-
ration , amp; il, trouva cette déperdition toujours plus grande dans
le vafe le plus profond. Le réfultat de cette expérience conti-
h'uée pendant plufieurs mois fut, que les quantités d'évaporation
étoient entr'elles , à-peu-près comme les racines cubiques des
hauteurs de l'eau dans les deux vafes; en forte que l'évaporatioa
dans un vafe de huit pouces auroit été double de celle qu'au-
roit foufferte un vafe qui n'auroit eu qu'un pouce de hauteur,
quoique leurs orifices amp; toutes leurs autres déterminations
eulfent été exaflement lel mêmes.
Mais le même Phyficien ajoute , que quand il répéta cette
expérience dans l'intérieur de fon cabinet, il ne put obferver
aucune différence notable entre les quantités qui s'évaporoient
dans ces différens vafes.
Expérience
amp; explica-
tion de Rich-
man.
N. WaUé.
rius confir-
ine cette
explication.
§. 24f. Richman a trouvé, comme MuschembroeIï:, l'éva*
poration plus grande dans les vafes les plus profonds : mais
voici la raifon qu'il en donne ; il fuppofe que l'évaporation
dépend, en grande partie de la différence de température entre
l'eau amp; l'air, amp; que cette différence eft plus grande amp; plus
durable dans les plus grands vafes, parce qu'ils font plus lents,
à fuivre les variations de l'atmofphere , ( Novi Comment. Petro-
pol. T. IL p. 134. fegq.} Ce principe fait comprendre, pour-
quoi les vafes de Muschembroek ne donnèrent point dans foa
cabinet la même différence que dans le jardin; fans doute la
température de ce cabinet n'éprouvoit que des variations très-
petites amp; très-lentes.
§. 246. Mais un Phyficien Suédois, N. Wallérius a con-
firmé par des expériences direétes cette exphcation de Rich-
man; car il a éprouvé, que des vafes dont les orifices étoient
égaux, mais les hauteurs inégales. donnoient même en plein
air, des quantités égales d'évaporation , lorfqu'il les nîaintenoit
tous conftamment dans la même température , en les tenanj;
DI LA QJJANTITE' DE VE'VAP. EJfai III, Chap V. 24Ç
enfoncés dans de I'argille jufques à leur orifice. Mém. de M-
cad. de Suede pour Vannée
Expériences
de Lambert
conformes à
la théorie.
§. 247. Enfïn le célébré Lambert, ce philofophe auffi bon
obfervateur que grand mathématicien, rapporte dans fon Mé-
moire fur l'Hygrométrie , CAcàd. de Berlin 17^9.) un grand
nombre d'expériences continuées pendant plufieurs mois , à
divers degrés de chaleur, dans des expoiîdons différentes, dans
des vafes très-inégaux amp; en hauteur amp; en diametre; Se il réfulte
de ces expériences , que , toutes chofes d'ailleurs égales , Ja
quantité de l'évaporation eft toujours proportionnelle à la gran-
deur de la furface du liquide qui eft en contaft immédiat avec
l'air extérieur: il n'a trouvé d'autre exception à cette lot, que
quelques petites anomalies qui ont paru dépendre de la plus
ou moins grande promptitude avec laquelle des vafes inégaux
en maffe fuivent les variations de température de l'ait qui
les entoure.
Je crois cependant que c'eft avec raifon que le Pere Cotte
fe plaint dans le Journal de phyfique du mois d'Odobre 1781,
de ce que tous les météorologiftes ne fe fervent pas de vafes
égaux pour mefurer la quantité de l'évaporation. Il réfulte du
moins de fes expériences, qu'il y a réellement de très-grandes
différences entre les quantités de vapeurs qu'exhalent des vafes
de forme cubique amp; de grandeurs différentes. Ces différences
ne paroiffent point fuivre le rapport des furfaces, fans doute
par la raifon qu'ont alléguée Wallérius amp; Richman , modifiée
peut-être encore par quelques pardcularités du lieu dans lequel
font fitués les vafes du Pere Cotte.
Mefure de
l'évapora-
tion relati-
§. 248. Mais fi c'eft relativement à la météorologie que
l'on s'occupe de la quantité de l'évaporation, il faut obferver
Tement à la que l'on peut fe propofer deux buts différens amp; qui exigent
aufli des appareils totalement. différens. Car on peut fe pro-
metre
vapeur,
gie,
pofer pour but, ou de connoître la quantité abfolue des va-
peurs qui s'élevent en différentes faifons amp; en diflférentes années
des étangs, des lacs, de la mer, amp; en général des eaux ftag-
nantes à la furface de la terre ; ou de connoître par la quan-
tité de l'évaporation dans un moment donné, la force diflTol-
vante de l'air dans ce même moment, amp; d'obtenir par - là une
efpece d'Hygrometre du genre de ceux que j'ai placés dans
la fécondé claffe 50.
Atmidorae- §. 249. Dans le premier cas, lorfque l'on veut connoître
quantité ^^ quantité de l'évaporation des eaux ftagnantes , il convient
l'évapora- que le vafc plein d'eau qui fert à mefurer l'évaporation (1)
*uelle^quot;' foit, autant qu'il eft poffible, dans la même fituation que les
eaux auxquelles on le compare. Il faudroit donc à la rigueur,
comme je Pai dit plus haut, §. 243 , que ce vafe flottât fur
l'eau amp; y fût enfoncé jufques à la hauteur de celle qu'il ren-
ferme ; mais au moins faut-il qu'il foit enfoncé dans la terre
jufques au niveau de Peau qu'il contient, amp; qu'il foit comme
les eaux des lacs amp; de la mer, expofé au foleil, aux vents amp;
à toutes les injures amp; les viciffitudes de Pair extérieur. 11 faut
enfin avoir un udometre placé auprès de ce même vafe amp; tenir
compte de la quantité d'eau qu'il reçoit du ciel, afin d'ajou-
1nbsp; On a donné aux vafes deftinés à cet ufafe k nom d'Atmo-
tre ou à'Atmidometre du grec «twoV» «TAta ou aAïAii, «TfAticq
'm LA QVAKTITE DE VFVAT. EJfai III, Chap. V. 247
ter cette quantité à la fomme de celle qui fe dilfipe par l'é-
vaporation.
Richman confeilloit amp; avec raifon de faire communiquer le
vafe qui fert d'atmometre , avec un fautre vailfeau d'une capa-
cité plus grande fermé par-delfus 8c rempli d'eau, afin que
l'évaporation ne diminuât pas trop fenfiblement la hauteur de
l'eau dans l'atmometre, amp; que les pluies ne l'augmentalfent
pas non plus exceflivement. Aniiqui Comm. Petropol. T. Xlf.
p. 273. fm-
§. 250. Mais lorfque l'on fe propofe de connoitre la quan- Autre at.
tité momentanée de l'évaporation, il faut un vafe petit amp;
^nbsp;^nbsp;pour l eva-
leger, qui préfente à l'air une grande furface 8c qui foit fuf- poration
pendu à une balance très-jitfte amp; très-mobile, afin que l'on
puiffe faifir les plus petites variations dans le poids de la
hqueur. On pourra expofer cet inftrument à l'aétton des vents
^ à celle du Soleil pour étudier leur influence fur l'évapora-
tion; mais pour les obfervations journaheres, il conviendra
mieux de le placer dans un Heu couvert acceflîble à l'air ex-
térieur amp; pourtant à l'abri de l'adion immédiate de ces caufes
trop puiflântes amp; trop variables. Si l'on veut enfin rendre ces
inftrumens comparables pour en tirer des induélions fur la
force relative de l'évaporation en différens tems amp; en différens
lieux , il faut que les vafes dont on fe fervira foient exade-
ment de la même forme, de la même matiere, qu'ils contieni.
nent la même quantité d'une eau également pure amp; que leur
pofition foit la même autant qu'A fera poflîble. Richman avoit
décrit un inftrument de ce genre dans les Novi-Comme?ît. Pir-
348 DE LA QVAKTITF DE ViVAFOKATlON.
trop. T. H p. 121 feqq. mais le célébré phyficien amp; anato-
mifte M. le profeffeur Moscati a donné dans une petite lettre
imprimée à Milan qu'il m'a fait l'honneur de ra'adreffer, la
defcription amp; le deffin d'un atmidometre de cette efpece très-
ingénieufement imaginé , amp; tout à la fois plus exad amp; plus
commode.
DE VEVAPORATION, ^e. EJJai III. Ch. VL 249
CHAPITRE VI.
DE UE'VAPORATION DE LA GLACE.
^ 2?i. Vv'Est un fait connu de tt)ut le monde, que Lagîaceefi;
'nbsp;. ^ .nbsp;fujete à ré-
ia glace eft fujete à l'évaporation. On voit par un tems con«- ^aporation.
tinuellement fec amp; froid diminuer peu à peu amp; difparoître
enfin les glaçons qui s'étoient formés dans les ornieres des
grands chemins. La neige, qui n'eft autre chofe qu'un amas
de petites aiguilles de glace , diminue auflTi très - rapidement,
même par un tems froid amp; calme, pendant lequel fa diminu'-
tion ne peut être attribuée ni au dégel ni aux vents.
Enfin Pexpérience que j'ai raportée à la fin du Chap. V.
du précédent elfai met la chofe abfolument hors de doute ;
puifque l'on voit la glace renfermée dans un vafe clos amp; dans
un air plus froid que la congélation, perdre de fon poids amp;
fe convertir en un fluide élaftique , qui fait monter le mano-
metre , amp; qui affede PHygrometre en fe mêlant avec l'air.
2f2. Cependant les détails de cette même expérience Mais le
amp; toutes celles qui m'ont fervi à déterminer l'influence du chaud
amp; du froid fur la force diffolvante de l'air, prouvent qu'au, évaporation.
deflquot;ous du terme de la congélation, tout comme au-deffus,
plus l'air eft froid, plus il eft promptement faturé par les va-
peurs, foit de l'eau, foit de la glace, qui ne font qu'une
feule amp; même chofe : d'où il fuit, que l'évaporation de la
glace, de même que celle de l'eau, doit être, toutes choies
Ii
-ocr page 278-d'ailleurs égales, d'autant moins grande que le froid eft pîus
grand.
«
§. 2 5 3' On lit pourtant dans les mémoires de l'Académie
des fciences pour l'année 1708. p. 451 amp; fuivantes , que
M. Gauteron a fait à Montpellier des expériences dont il
conclut quot; que les liquides perdent plus de leurs parties pen-
„ dant la plus forte gelée , que pendant que l'air eft dans
, l'état que l'on appelle tempéré. „ On lit de plus dans, ce
mémoire, qu'une once d'eau convertie en glace dans un verre
de deux pouces de diametre a fouffert en 24 heures une di-
minution de 100 grains par l'évaporation ; amp; qu'enfin quot; le
» grand froid amp; les vents ont toujours produit une évapora-
5, tion plus grande que le moindre froid amp; le tems calme.,.
.Affertions
contraires
de M. Gau-
teron.
Examende §, 254. Mais de deux chofes l'une, ou Mr. Gauteron a
l'une de cesnbsp;. gt; gt; , /ri ^ rnbsp;/ •nbsp;1 ,
afltuions. exagere les réfultats de fes experiences , ou la bue qui porta
ce grand froid à Montpellier étoit d'une féchereffe extrême amp;
favorifoit l'évaporation d'une maniéré tout-à-fait extraordinaire.
Car Krafft a obfervé, qu'un pouce cube de glace du
poids de 293 grains i n'a perdu en 28 jours par l'évapora-
tion que 115 grains I ce qui ne fait qu'environ 4 grains en
24 heures ( Krafftius de vaporum origine §. 17.) Et ce qui
eft plus encore, Muschembroek , ce Phyficien fî recomman-
dable par fon exactitude, dit que le 11 Janvier 1729 il ex-
pofa à un froid très-rigoureux un cube de glace du poids de
4 6nces, qui ne perdit non plus que 4 grains; en 24 heu-
res. Tcntamina /icad. del Cimenta, T. IL p. 180.
BE VFVAFORATOK, ^c. Efai III, Chap. VI.
§. 2ÇÇ. J'ÉLEvERAi le même doute, fur l'autre affertion de L'autre ne
Mr. Gauterok; il paroit croire que l'intenfité du froid aug- f,iieuxCa.
mente l'évaporation de la glace. Or il faut obferver qu'il con- dée.
fond ici l'effet du froid avec celui du vent; effets totalement
difparates amp; même contraires, puifque le vent augmente l'é-
vaporation amp; l'augmente d'autant plus qu'il eft plus fec amp;
plus violent ; tandis que le froid la diminue en raifon de fou
intenfîté.
Et fi quelqu'un pouvoit douter que le froid ne réprime non
feulement l'évaporation de l'eau , mais auffi celle de la glace,
j'alléguerois l'autorité de Muschembroek qui dit expreffément,
(Introd. ad Fhilof. natiir. T. IL p. 597-) que l'évaporation
de la glace diminue, à mefure que le froid devient plus rigou-
reux. Je m'appuierois encore des expérience« de Mr. Baron.
Ce Phyficien, dans un mémoire que j'ai déjà cité , §. 130,
amp; qui paroît prefqu'entiérement deftiné à relever les inexaâi-
tudes amp; les exagérations de Mr. Gauteron , prouve, que tou-
tes chofes d'aifieurs égales, l'évaporation de la glace diminue
à mefure que le froid augmente. Acad. des Sciences 17^3.
zlt;)6. Mais perfonne, que je fâche, n'a fait fur ce fujet Expérieni
des recherches plus fuivies amp; plus exaéles que Mr. N. Wal-
lérius. Il réfulte à la vérité de fes expériences, que l'eau, N. Wallé.
pendant qu'elle fe convertit en glace , perd plus par l'évapo-
ration que quand elle étoit encore fiquide , amp; que ce fur-
croît d'évaporation eft d'autant plus grand, que le froid eft plus
âpre amp; la congélation plus rapide. iV'Iais cette exception à la
regie générale n'eft, pour ainfi dire, qu'inftantanée ; car des
que l'eau eft complètement gelée, la glace produite par cette
congélation , rentre fous la regie, amp; le froid , à mefure qu'il
augmente, diminue fon évaporation. Jldém. de PAcad. ds Suede
174^.
Muschembroek a fait auffi la même obfervation : quot; l'évapora-
„ tion de la glace eft, dit-il la plus grande dans le moment
55 où elle commence à fe former, amp; elle diminue lorfqu'elle
„ eft entièrement formée. „
Il eft donc permis de conclure, qu'excepté le moment
de la congélation , où l'air en fortant de l'eau entraine avec
lui quelques unes de fes molécules , la glace dans fon évapo-
ration eft foumife aux mêmes loix que l'eau dont elle a été
formée.
DE VFVAPORAT, DÉ'VEAV, ^c, EJfai III, Ch. VIL 2Ç3
DE L'EVAPORATION DE L'EAU m'LANGE'E D'AUTRES
§■ 2^7- X!LNtre les différens corps qui peuvent fe dif-
Principe
foudre dans Peau amp; altérer fa pureté , il en eft qui ont plus S^tiéral.
d'aptitude qu'elle à fe réduire en vapeurs Se d'autres qui en
ont moins. Or Pétat de diffolution de ces corps fuppofe né-
ceffairement un certain degré d'union ou d'adhérence entre
leurs élémens amp; ceux de Peau dans laquelle ils font diftbus.
Ceux donc qui font plus volatils que l'eau, comme Pefprit de
de vin , les alkah volatils, doivent entraîner avec eux quel-
ques unes de fes molécules amp; facihter ainfi fon évaporation :
au contraire ceux qui font plus fixes, comme la plupart des
fels doivent retenir ces mêmes particules amp; retarder leur éva-
poration.
Je ne connois point d'expériences diredes qui ayent été
faites pour mefurer la quantité dont le mélange des ma-
tières volatiles augmente Pévaporation de Peau ; d'autant que
les procédés des différens arts qui traitent les eaux mélan-
gées avec des corps de ce genre , ont pour objet la fépara-
tion de ces corps amp; nofi point la quantité d'eau qu'ils laiffent
en arriéré.
3r4 de vetaforatîon de veau mëlargee
§. 2f8. Mais on a fait des recherches fur les obftacles que
les fels fixes apportent à l'évaporation de l'eau. Mr. N. Wal-
LÉRius , ce phyficien Suédois que j'ai déjà fouvent cité avec
éloge, a obtenu des réfultats fort finguhers. Il a trouvé que
certains fels fixes , tels que le fel marin amp; le falpétre retardent
l'évaporation de l'eau pendant les premieres 24 ou 48 heu-
res qui fuivent leur mélange avec elle, amp; qu'enfuite, l'évapora-
tion continue fur le même pied que celle de l'eau pure. Il
attribue avec alTez de vraifemblance ce retardement dans l'éva-
poration au froid que produifent ces fels par leur diflTolution
dans l'eau. Cependant le vitriol verd, le vitriol bleu amp; l'a-
lun augmentent l'évaporation pendant les premiers tems , quoi-
qu'fls produifent aufli un refrodiflemcnt de deux ou trois de-
grés. Le fucre qui refroidit l'eau d'un degré amp; demi ne pro-
duit qu'un changement infenfible, qui tend à retarder plutôt
qu'à accélérer l'évaporation. Enfin la chaux éteinte augmente
confidérablement l'évaporation , même le huitième jour après
fon mélange avec l'eau. Mém. de l'Acad. de Suede 174^.
Expérien.
ces fingulie-
res de N.
Wallérius.
Recherches
à faire fur ce
fujet.
§. 2^9. Que conclure de toutes ces anomalies ? C'efl: que
quoique les loix générales de l'évaporation paroiflént afl^ez bien
étabhes, il refte cependant encore un grand nombre de recher-
ches à faire pour rendre raifon de tous les détafls ; amp; qu'il
eft vraifemblable que ces recherches conduiroient à des réful-
tats curieux amp; intéreflTans.
Mais fi quelque phyficien veut s'occuper de ces recherches,
amp; nous donner fur les fujets traités dans ce chapitre amp; dans
les deux précédens des lumieres plus fûres que celles que nous
D'AUTRES SUBSTANCES. EJJai 111. Chap. VII. 255
avons, on ne fauroit trop lui recommander , d'obferver tou-
jours avec le plus grand foin le degré de l'humidité de l'air
dans lequel fe fera l'évaporation , amp; de mefurer avec autant
d'exaditude qu'il fera poffible amp; le volume 6c la rapidité du
renouvellement de cet air.
§. 260. Je crois cependant que l'on en fait affez pour Les feis
pouvoir décider que M. Wallérius s'eft trompe , s'il a ff,'^^'quot;-
^nbsp;tient 1 eva-
cru pouvoir conclure de fes expériences que l'évaporation poration.
des eaux chargées de fels fixes, de fel marin , par exemple,
marchoit d'un pas égal avec celle de l'eau pure. Car c'eft un
fait connu de tous les Chymiftes, que quand on veut concen-
trer une folution d'un fel fixe quelconque, l'évaporation fe
ralentit en raifon de la concentration, amp; que les dernieres
portions d'eau ne peuvent être expulfées que par un feu très-
adif amp; long-tems continué.
§. 2(?i. On a même fur la plus ou moins grande évapo- Halleri'a
ration des eaux plus ou moins chargées de fel marin, un
beau travail du célébré Haller. Ce grand Homme qui a tou- rirnces^di-
jours confacré fes connoilfances amp; fon génie à des études uti-
les à l'humanité., effaya de retirer par l'évaporation fpontanée
des eaux falées de Bevieux en Suiffe , le fel que l'on en retire
à grands fraix par la graduation amp; l'ébullition. Il fit pour cet
effet conftruire en plein air des réfervoirs très-étendus amp; peu
profonds, il les fit; remplir d'eau falée, amp; à mefure que cette
eau fe concentroit par l'évaporation, ii la faifoit paifer dans
des réfervoirs fucceffivement plus petits , jufqu'à ce qu'enfin
la chaleur du foleil fît cryftallifer le fel gemme qu'elle tenoit
en diiïblution. Ces opérations lui donnèrent la facilité de me-
furer exadement la quantité de l'évaporation relativement au
degré de falure de l'eau, amp; lui firent voir, conformément à
la théorie, que l'évaporation diminuoit en raifon de la falure.
Il rendit compte de tous les détails de ces obfervations inté-
reffantes dans un mémoire qui a été inféré dans ceux de l'Aca-
démie des Sciences pour l'année
CHAPITRE VIIL
RrSUME' GENERAL DE CETTE THEORIE.
np
§. 262. i Er minons cet Effai par un expofé fucciud Introduc-
des principes qui nous ont fervi à expliquer la formation des
vapeurs.
L'évaporation proprement dite, efl; le réfultat ou plutôt Vapeur
l'effet dc l'union intime du feu élémentaire avec l'eau. Par
cette union l'eau amp; le feu réunis fe changent en un fluide
élaftique plus rare que l'air amp; qui mérite éminemment le nom
de vapeur.
263. Cette vapeur, lorfqu'elle fe forme dans le vuide, Vapeur
ou que fon abondance amp; fa chaleur foutenue lui donnent la
force d'expulfer l'air qui la comprime, fe nomme vapeur élaf-
trque pure, §. 183 - 188.
254, Mais lorfque cette même vapeur ne peut pas fur- Vapeur
monter entièrement la force compreffive de l'air, elle le péne-
tre, fe mêle avec lui, fubit une vraie diffolution amp; prend le
nom de vapeur élajiique diffout e, §. 189 ~ 19 a.
Vapeur
véficulaire.
§. 26^. Lorsciu'ensuite l'air faturé laiffe précipiter l'eau
qu'il contient, cette eau prend quelquefois k forme dc véii-
cules ou de petites bulles : ces véficules rempfies amp; envelop-
pées d'un fluide rare amp; léger fe foutiennent dans l'air amp; s'éle-
vent même quelquefois par une légéreté fpécifique plus grande
K k
-ocr page 286-que la fienne. Ce font donc des corps étrangers à l'air amp;
d'une nature abfolument différente du fluide élaftique auquel
nous venons de donner le nom de vapeur. Cependant pour
me conformer à l'ufage , je les ai rangés dan? la claffe des
vapeurs, amp; je les ai diftingués par le nom de vapeur véjîcu-
laire, §. 201 amp; fuivans.
Vapeur
eoncretei
Gcnéralifa-
tion de cette
théorie.
§. 266. Ekfin lorfque la vapeur élaftique ou les véficules
elles-mêmes fe condenfent en gouttelettes pleines , qui ne
different des gouttes de pluie que par leur extrême^ petiteffe,
ce font encore des corps bien différens de la vapeur propre-
ment dite. Cependant comme ces corps flottent dans l'air
amp; peuvent même y être foutenus pendant quelque tems par
fon agitation amp; fa vifcofité, je les claffe auflS parmi les vapeurs
amp; je leur donne le nom de vapeur concrete.
§. 257. Je crois qu'il n'y a aucune vapeur ou exhalaifon
de corps foit fiuides, foit fofides qui ne vienne fe ranger fous
Tune de ces quatre efpeces amp; dont la formation ne puifle amp;
ne doive s'expfiquer par les mêmes principes. Seulement faut-il
obferver que fouvent l'impulflon méchanique de l'air extérieur,
ou celle des fluides élaftiques qui fe dégagent de l'intérieur
des corps, ou enfin les vapeurs élaftiques mêmes, entraînent
dans l'air des molécules de différens corps, qui par eux-mê»
mes n'étoient point fufceptibles d'évaporation.
DES THRORIES FRE'CE'DENTES
A Q.ÜELQ.ÜES PHÉNOMENES
Je n'entreprends point de donner ici un traité complet de
Météorologie ; cette fcience offre un grand nombre de phéno-
menes fur lefquels nous n'avons point affez de données, amp; je
ne veux pas non plus retracer des chofes déjà fuflifarament
connues amp; exphquées : mon unique but eft d'analyfer un petit
nombre de phénomenes, auxquels les théories précédentes
m'ont femblé pouvoir heureufement s'appliquer.
Dk LA DlSTRlBVtlOR DES VAPEURS
DANS V ATMOSPHERE.
On ne connoît encore à ce que je crois, aucune
fuite d'obfervations diredes, qui puiffe nous donnef quelques
lumieres fur la quantité des vapeurs contenues dans notre at-
mofphere à différentes hauteurs. Car avant que je portaffe
l'hygrometre à cheveu fur les Alpes, on n'y avoit encore
porté aueun hygrometre comparable amp; affez fenfible pour
pouvoir fe mettre parfaitertrênt en équilibre avec l'air pendant
le court féjour que l'on fait ordinairement dans ces hautes
folitudes.
Et lors même qu'On en auroit porté, comme on ne con-
noiffoit , ni la quantité abfolue de l'eau qu'indiquent les diffé-
rens degrés de ces hygrometres , ni l'influence du froid amp;
de la chaleur fur la forcequot; diffolvante de l'air , ces expériences
n'auroient donné que des lumieres bien incertaines.
Nous ne pouvons donc avoir ici d'autre guide que îa
théorie aidée de quelques faits généraux ; mais je crois cette
théorie affez folide amp; affez étendue peur nous conduire à des
réfultats fatisfaifans ; amp; mes obfervations hygrométiques fur
les Alpes, dont je donnerai le précis dans le dernier cha-
pitre de cet effai, pourront fervir à vérifier quelques uns de
ees réfultats.
La théorie
eft ici notre
unique
guide.
§. 269. Examinons d'abord le cas le plus fimple. Suppo- C)ramc!u
fons que la malfe entiere de l'air, depuis fes couches les Jf^ribue-
plus baffes jufqu'à fes régions les plus élevées foit parfaitement loicnt dans
feche : qu'au contraire la terre , que je confidere ici comme quot;emenf fee.^'
une immenfe plaine , foit abreuvée d'humidité. Au lever du
foleil , les premiers rayons de cet aftre qui viendront frapper
la furface de la terre convertiront en vapeur élaftique une par-
tie de l'eau dont elle eft pénétrée , amp; l'air qui repofe fur elle
dilToudra avidement cette vapeur. En même tems cet air dilaté
par la chaleur amp; augmenté par la vapeur qui fe mêle avec
lui, occupera un beaucoup plus grand efpace ; il s'étendra fur*
tout du côté du couchant, oti le mouvement progreflif du
foleil le détermine , amp; où l'air qui n'eft pas encore réchauffé
ne lui réfifte pas avec force. De là naîtra , pour les païs fitués
à l'occident, ce vent d'orient qui précédé ordinairement le lever
du foleil. En même tems, ce même air raréfié par la chaleur
amp; allégé par le mélange de la vapeur qui eft plus rare que
lui, tendra aufli à s'élever ; il entraînera avec lui les vapeurs
à mefure qu'elles fortiront de la terre , amp; il les diftribuera dans
des couches plus élevées. Mais il doit être remplacé à mefure
qu'il s'éleve, amp; il doit l'être par l'air le plus froid parce que
cet air eft en même tems le plus denfe. 11 le fera donc par
celui du nord : car ceux du midi amp; de l'orient font plus
chauds , amp; le courant déjà déterminé du côté du couchant
empêche que celui-ci ne rebrouffe en arriéré. Ainfî à mefure
que le foleil s'élevera au-deffus de cette vafte plaine , qu'il ré-
chauffera la terre amp; l'air qui la couvre , amp; qu'il remplira cet
air de vapeurs, cet air amp; ces vapeurs monteront dans les ré-
gions fupérieures de l'atmofphere, amp; feront continuellement
remplacés par un vent de nord. Il s'établira ainfi un courant
perpétuel, qui empêchera la ftagnation des vapeurs amp; favori-
fera leur difperfion dans l'air. C'eft ce vent de nord connu des
phyficiens fous le nom d'étéfien amp; chez nous fous le nom de
féchard, qui dans les beaux jours de l'été fe leve régulière-
ment le matin vers les huit ou neuf heures. Ce vent fe ren-
forcera [à mefure que le foleil réchauffant plus fortement la
terre en fera fortir une plus grande quantité de vapeurs, amp;
dilatera davantage amp; ces vapeurs amp; l'air qui les reçoit. Mais
peu-à-peu le foleil venant à déchner, cette afcenfion ceflTera,
le vent de nord s'affoiblira, il y aura une heure ou deux de
calme amp; enfin vers le foir le foleil dilatant l'air des terres fur
lefquelles il paffe excitera un vent de couchant. Ce vent s'ob-
ferve aufli réguhérement en été, après des jours fereins amp; lors
qu'aucune caufe locale ne s'oppofe à fa formation.
Le courant d'air vertical que produit le foleil à mefure qu'il
réchauffe les heux fur lefquels il paflfe porte la chaleur amp; les
vapeurs dans les régions les plus élevées de l'atmofphere : les
colonnes d'air réchauffées deviennent plus hautes que celles
qui les entourent ; elles refluent donc fur celles-ci principa-
lement du côté du Nord, où l'atmofphere moins réchauffée
eft auffi conftamment moins haute. Il s'étabfit donc dans le
haut de l'atmofphere un courant du Sud au Nord, qui rem-
place continuellement celui qui vient par le bas du Nord au
Sud; c'eft ainfi que la feule chaleur du foleil établit une cir-
culation perpétuelle amp; falutaire dans l'air qui nous environne.
Si l'air étoit parfaitement fec comme nous l'avons fuppofé,
un feul jour , même de la canicule, ne produiroit point affez
de vapeurs pour le faturer ni même pour l'approcher du terme
âe la faturation. Car à mefure que les vapeurs fe formeroient,
la circulation produite par la chaleur didribueroit ces vapeurs
jufques dans les régions les plus hautes de Fair. Il ne fc forme-
roit donc nulle part ni nuages , ni rofée , Févaporation conti-
nueroit même pendant la nuit ; le retour du foleil ranimeroit
fes forces, amp; ce ne feroit qu'au bout d'un tems alfez confidé-
rable que Fair viendroit au terme d'une faturation parfaite.
§. 270. Supposons-LE dans cet état; qu'un matin avant
le lever du foleil Fatmofphere entiere depuis les plus hautes
régions jufques à la furface dc la terre fût complètement fa-
turée de vapeurs, amp; que la terre elle-même fût couverte ou
du moins imbibée d'eau. Dans ce cas, au moment où le foleil
commence à réchauffer la terre , cette chaleur engendre une
certaine quantité de vapeurs élaftiques , car le feu en produit
même dans un air parfaitement raffafié. JVIais cet air refufe
d'abord de les diffoudre ; ces vapeurs fe changent donc en
véficules amp; il fe forme ainfi un léger brouillard à la furface de
la terre. Cependant Fair fe réchauffant à fon tour devient ca»
pabk de diffoudre amp; ces véficules amp; la vapeur élaftique qui
continue de fe former. Ce même air dilaté par la chaleur amp;
pat la vapeur élaftique commence à s'élever vers le haut de
Fatmofphere. Là il rencontre des couches plus froides, car
la chaleur que le foleil excite dans Fair diminue à mefure que
Fon s'éloigne de la terre. Ces couches , quoiqu'un peu ré-
chauffées n'ont donc pas acquis affez de chaleur pour diffquot;oudre
les vapeurs que leur apporte Fair qui s'éleve continuellement
après s'être réchauffé dans le voifinage de la terre. Ces vapeurs,
fe condenfent donc dans cet air plus élevé amp; plus froid, amp;
s'y changent ou en gouttes folides qui retombent en pluie ,,
AccumuTa.
tion amp; diftri.
bution des
vapeurs fur-
abondantes
dans un ak
faturé.
ou pîus fréquemment en véficules qui forment des nuages.
L'épaiffeur amp; la denfité de ces nuages augmentent continuel-
lement par l'afcenfion continuelle des nouvelles vapeurs qui
fe forment à la furface du fol. Mais enfin ces nuages inter-
ceptant la lumiere du foleil aux couches inférieures , celles-ci
fe refroidilfent dc proche en proche, leurs vapeurs fe conden-
fent, amp; la maffe entiere de l'air ne paroit plus qu'un nuage
épais qui traîne jufques à terre ; ou plutôt les véficules fe
réfolvent en gouttes, amp; forment une pluie qui rend à la terre
toute l'eau que la chaleur du foleil lui avoit enlevée. Ceft ce
qui arrive toutes les fois que le foleil luit avec force immé-
diatement après une pluie ; l'air eft alors faturé de vapeurs,
la terre eft imbibée d'eau, on voit cette terre s'échauffer, fumer
pour ainfi dire au foleil ( terraque turn fumms humorem tota
rehalat. Lucret. L VL v. y2a.) En peu d'heures ces fumées
ou ces vapeurs fe raffemblent, le tems fe couvre , amp; bientôt
il recommence à pleuvoir, à moins qu'il ne s'éleve un vent
fee qui diffblve les vapeurs ou diflîpe les nuages à mefure qu'ils
fe forment.
§. 271- Fixons maintenant nos regards fur l'état d'une
colonne d'air faturée d'eau depuis la furface de la terre juf-
ques à fa plus grande hauteur; amp; pour que rien ne trouble
fon état pendant que nous l'obfervons, fuppofons qu'elle n'eft
agitée par aueun vent, ni réchauffée par le foleil; mais qu'il
refte pourtant à chacune de fes couches le degré de chaleur
moyenne qui lui eft propre en raifon de fon élévation. Il eft
clair que les couches inférieures étant tout à la fois plus chau-
des amp; plus déniés contiendront la plus grande quantité d'eau.
Car noDs avons vù que ia chaleur amp; la denfité de l'air
augmentent
Différentes
quantités dc
vapeurs
dans les dif-
férentes
couches d'u-
ne colonne
d'airfaturée
augmentent fa force diffolvante , ou ce qui revient au même, le-
rendent capable d'abforber une plus grande quantité de vapeur
élaftique. Si donc on fuppofe l'atmofphere divifée du bas en
haut en couches également épailTes, on verra que chacune
de ces couche« contient une quantité d'eau plus grande que
la couche qui repofe fur elle, quoique l'hygrometre indique
dans toutes le même degré, favoir, celui de l'humidité extrême.
On pourroit même , fi l'on connoifibit la loi fuivant laquelle
décroit la chaleur à mefure que l'on s'éloigne de la terre , Se
fi l'on pouvoit regarder comme certains les principes que nous
avons pofés dans le fécond effai, fur les loix que fuit la force
diffolvante de l'air lorfque fa chaleur amp; fa denfité varient, on
pourroit, dis-je, en déduire la progreffion fuivant laquelle dimi-
nue la quantité d'eau à mefure qu'on s'éleve dans des couches
également épaiffes amp; également faturées , Se l'on pourroit
connoître ainfi la quantité totale de l'eau contenue dans une
colonne d'air faturé d'un diametre amp; d'une hauteur quel-
conque.
Il n'y a au.
eu ne limite
abfolue à ré-
lévation des
•vapeurs.
27a. Mais quelles font les Umites de la hauteur à la-
quelle parviennent ces vapeurs élaftiques ?
Sans-DOUTE ce n'eft pas le terme où le froid de l'air fur-
paffe celui de la congélation: car même dans, les plus grands
froids l'eau amp; la glace fe réfolvent en vapeurs élaftiques,
l'air diffout ces vapeurs, le cheveu les abforbe, amp; toutes let
affinités hygrométriques s'exercent avec la plus grande régu«
larité.
Ce n'eft pas non plus l'extrême raréfaction de l'air qui limita-
l'élévation des vapeurs ; car nous avons détruit cette fauffe opi'
nion trop généralement adoptée, que l'air en fe raréfiant laiife
tomber l'eau qu'il tenoit en dilfolution ; on a même prouvé
que l'eau amp; tous les corps volatils fe réfolvent en vapeurs,
élaftiques plus aifément dans le vuide que dans l'air, amp; nous
avons fait voir que la faturation amp; tous les phénomenes hygro-
^métriques s'obfervent également dans le vuide.
Noua ne connoiffons donc aucune limite abfolue amp; tran».
chante , qui s'oppofe à l'élévation des vapeurs. Nous favons
pourtant que ce fluide élaftique engendré par l'union de l'eau
amp; du feu eft, toutes chofes d'ailleurs égales , d'autant moins-
abondanfc que k: chaleur eft moindre ; qu'ainfi fa quantité doit:
continuellement diminuer à. mefure que l'on s'éleve à des ré-
gions plus, élevées Se plus froides, amp; que cette quantité doit:,
êtrepar conféquent très-petite k des hauteurs où. le froid eft;
extrême,.
E'éflrle fi-oid
flc.^ hautes
régions de
Taif qui re-
tient l'e.uj
fur notre
sJa.netç.
§. 273. C'est donc le froid des hautes régions de l'atmof-
phere, qui retient Se empriibnne fur notre globe amp; autoue,-
de lui toute l'eau qu'il renferme. Si la nature n'avoit pas em^-
ployé ce Hen pour l'aft-ujétir, fi la même chaleur eût régné à.
toutes les hauteurs, l'eau changée en vapeur élaftique dans les,
hautes régions où, l'air eft extrêmement rare, fe feroit répan-
due dans le vuide immenfe qui fépare les corps céleftes amp; au-
roit lailTé notre terre abfolument aride amp; déferte. Cependant;
il n'eft pas impoffible que malgré ce lien , il ne s'en échappe,
encore quelques portions qui fe mêlent avec l'éther Se qui;
abandonnent ainfi notre planete. Ces. |)ertes accumulées penç-
Sant une longue fuite de fiecles pourroient même produire
enfin , on avoir déjà produit une dimin^ution fenfible dans les
eaux de notre globe. On entrevoit ici comment des recher-
ches amp; des expériences minutieufes au premier coup d'œil,
peuvent conduire à tout ce qu'il y a de plus relevé amp; de plus
étendu dans le fyftéme de nos connoilfances.
§. 274. Mais les différentes couches dont efl corapofée différer.»
une colonne d'air verticale ne font pas toujours également J^SfSi?:
feches ou également faturées; elles peuvent être à des dii- férentes
tances très - différentes du point de faturation. Souvent les hy-
grometres fitués près de terre témoignent que l'air efl éloigné
de 30 ou 40 degrés de l'humidité extrême, tandis que des
nuages fufpendus au-deffus de nos têtes prouvent qu'à cette
hauteur il eft parfaitement faturé. Alors fi l'on s'éleve dans l'at-
mofphere , à mefure que l'on s'approche des nuages, l'hygro-
metre marche vers l'humidité amp; il arrive enfin au terme de
l'humidité extrême lorfqu'il y eft entièrement plongé. C'eft ce
que j'ai fouvent éprouvé en montant, l'hygrometre h lamain
fur une montagne dont^ la fommité étoit entourée de nuages.
L'air peut auffi être faturé dans le bas d'une colonne amp;
ne l'être pas dans le haut.
C'est ce qui arrive lorfque des brouillards couvrent la plaine
S. fkurent l'air qui repofe avec eux fur cette plaine, tandis
qu'un beau foleil éclaire les parties plus élevées de l'atmof-
phere amp; leur donne une chaleur qui les tient au-deffus du
point de faturation. On voit auffi des bandes de nuages qui
nattent entre des couches d'un air nécefrairemcnt moins hu-
LI 2
-ocr page 296-niide que celui des nuages eux-mêmes. Enfin lorfqu'il regne
à différentes hauteurs des vents différens ou même contraires.,
comme cela eft encore très-fréquent „ il eft bien vraifembla-.
bie que le degré de faturation. n'eft point le même dans ces,
différens çourans.
Une colonne d'air verticale eft donc fouvent compofée de
tranches ou de couches dont les unes font faturées tandis que-
les autres ne le font pas amp; fout plus ou moins, éloignées dm
point de faturation. ( i }
§., 275. La quantité d^eau qui peut exifter dans une cou-
che donnée d.'air fous la forme de vapeur élaftique eft donç
limitée par le degré de la chaleur de cet air. Il n'en eft pas
ainfi de la vapeur véfîculaice ; nous ne connoiffons point de
terme au-delà duquel l'air ne puiffe plus en admettre , fî ce_
n'eft celui du contad des, véficules ou. du moins de leurs at-,
niofpheres^
C'est un moyen bien admirable qu'à employé ta Nature:
pour , former des réfervoirs d'eau dans les couches hautes amp;:
froides ds l'atmolphere amp; pour traniporter promptement cette
eau à des diftances confîdérables. Car fî l'air ne pouvoit con-
tenir que l'eau qu'il peut diffoudre, cette quantité d'environ-
dix grains par pied cube eft û. minime qu'elle n'auroit jamais
P'4 fournie de pluie un peu. confidérable.. Cette quantité eftt
les nuages
aiigmentenc
la quantité
abfolue de
l'eau fufpen-
due dans
ïawîQfphere
Ci) Ix n'eft. pas néceffaire de- faire-
©bierver ,, que toutes ces différences,
peuvent influer fur le poids des diffé-
îi^ates. colonnes d'air,, fur celui des diC-,
ferentes trancties d'un même colonne^
amp; ,par conféquent fur la mefure. des;
hauteurs par le baroiuetre,-.
même encore moindre dans les couches élevées où l'air eft
plus froid; amp; d'ailleurs l'air qui fournit la pluie ne fe delfaifit
point de toute l'eau qu'il contient, il ne lâche que fon humi-
ditée fuperflue , amp; fl doit en conferver aflez pour être encore
parfaitement faturé. Aufli les pluies fans nuages font elles un
phénomene infiniment rare. Les météorologiftes en ocr cepen-
dant noté quelques exemples ; mais ces pluies n'ont jamais
donné qu'une très-petite quantité d'eau, précipitée fans doute
par le refroidilTement fubit d'une colonne faturée , dans tm mo-
ment qui n'étoit pas favorable à la formation des véficules.
La rofée que l'on peut regarder comme une efpece de pluie
fans nuages, s'explique de la même maniéré ; elle eft cepen-
dant quelquefois accompagnée de broufllards , amp; même cette,
vapeur qui rend l'air un peu louche dans le moment où la
rofée tombe , provient vraifemblablement de quelques véfi-
cules qui fe forment lorfque l'air refroidi dépofe fon hu-
midité fuperflue. Mais je laiflfe à Mr. Pictet les détails de
l'explication de la rofée amp; des phénomènes thermométriques
nouveaux amp; finguliers qu'il a. obfervés dans le moment de fa»
formation..nbsp;,
Je reviens aux nuages :. je dis que nous ne connoiflbns
aucun terme à l'accumulation des véficules qui les forment, fi:
ce n'eft celui de leur contad mutuel. On a vu des nuages
d'une denfité telle , qu'en plein raidi ils interceptoient totale-
ment la lumiere du foleU amp; qu'ils couvroient la» terre des téne-
bres de la nuit ; on voit quelquefois- en. Hollande des brouil-
lards fi épais qu'en plein jour un homme debout ne peut past
diftinguer k terrein fur lequel il marche , amp; que de nuit oiv-
n'apperçoit pas un flambeau ardent à la diftance dc quelque«
pas. Nous favons cependant que puifque ces nuages amp; ces
brouillards fe foutiennent dans l'air , leur poids ne peut ja-
mais furpaCTer celui d'un parefl volume de la couche d'air dans
laquelle ils nagent. D'ailleurs puifque les animaux y refpirent
avec hberté, puifque la flamme y brûle, il faut qu'fl refte en-
core bien de l'air hbre entre les véficules. Il eft donc diflicile
de fuppofer que dans le nuage ou le brouiUard le plus denfe,
il y ait une quantité d'eau qui furpalfe le tiers ou le quart du
poids de l'air dans lequel il eft fulpendu, c'eft-à-dire, plus
de SCO ou de 2^0 grains par pied cube: mais c'eft encore
une quantité bien confidérable , amp; qui dans un grand nuage,
fi elle tomboit tout à la fois en pluie , produiroit de terri-
bles effets.
A quelle §. 376quot;. On a demandé à quelle hauteur pouvoient s'élever
peuvent s'é ^^^ nuages. RicciOLi a niefuré fréquemment leur élévation par
lever les des opérations trigonométriques, amp; fl afliire n'en avoir jamais
.nuage». ^^ qui • parvinffent à la hauteur de ^000 pas géométriques
ou de 4t6quot;7 toifes. Iouguer refte même d'abord en deçà
de ce terme , car fl met au rang des nuages les plus élevés,
ceux qu'fl a vus pafl^er au-deflûs du Chimboraço à une hau-
teur qu'if jugea furpaflér de 3' ou 400 toifes la cime ds cette
montagne. Or le Chimboraço eft élevé de 3217 toifes au-
deffus de la rtiér; donc ces nuages n'auroient eu- au plus
que 36T7 toifes d'élévation. Mais il ajoute un peu plus bas,
quot; il faut augmenter confidérablement cette hauteur , s'il eft per-
55 mis de confondre avec les autres nuages ceux que forme
„ quelquefois la fumée des Volcans, car je l'ai vue monter à
„ 7 ou 800 toifes plus haut,,, Voyages au Férou p, L.
La hauteur de 4300 ou de 4400 toifes perpendiculaires au-
deffus de la mer, ^eff: donc fuivant ce favant académicien, le
terme au-deffus duquel les nuages ou les vapeurs ne peuvent
point s'élever.
Mais j'ai deja fait voir que les vapeurs élaftiques peuvent
amp; doivent s'élever incomparablement plus haut : amp; quairt aux
véficules qui compofent ks nuages, je crois que Bolguer a
auffi fixé leur terme beaucoup trop bas.-
Car quand je confidéré ces fines pommelures , qui après
plufieurs jours de beau tems commencent à couvrir d'une gaze
blanche amp; tranfparente la voûte azurée des cieux, amp; qui an-
noncent ainfi long-tems à l'avance le retour de la pluie , je
fuis porté à croire qu'elles occupent une région bien plus éle-
vée : on les voit furpaifer de beaucoup les cimes des plus
hautes montagnes;; amp; lorfqu'on: eft foi-même perché fur les;
fommets les plus élevés que l'on puiffquot;e atteindre, elles paroif-
fent tout auffi hautes que du fond des vallées. Ce ne font fù^
rement point des. nuages de ce genre dont Riccioli amp; Bou-
guer ont mefuré l'élévation. Ce voile léger eft fi univerfelle-
ment répandu , fon tiffa eft fi uniforme, qu'ff feroit à-peu-près-
impoffible de déterminer quelqu'un de fes points d'une raanicre
affez précife pour prendre fa hauteur par deux obiervations;
faites en même tems aux deux extrémités d'une grande bafe„.
Enfin les expériences que j'ai rapportées, §. 228, prouvent que-
des véficules femblables à celles qui compofent les nuages , fe:
forment encore dans, un récipient dont l'air ne foutient plus,
que I lt;) lignes de mercure , amp; qu'eUes peuvent par conféquent
exifter à 1350Q toifes au-deffus de la fuiface de. la mer..
273 BE -LJ DISTRIBUTION DES VJPEURS,
DifFérences §, 277. Après avoir étudié les differences qu'il peut y avoir
hygrométri.nbsp;1 tr /
ques entrenbsp;les différentes couches d'une meme colonne , nous de-
diiTérentes yrions examiner celles qui peuvent fe rencontrer entre diffé-
couches ver.nbsp;,,
ticaies. rentes colonnes , amp; determiner ainfl l'influence des climats
'nbsp;fur l'humidité foit réelle foit apparente de l'air. Mais ces dé-
tafls nous meneroient trop loin. Se ils découlent fi clairement
des mêmes principes, que leur expofition me paroît abfolu-
ment fuperflue. Je me hâte d'en venir, à un fujet plus difficile
ôc plus problématique.
§• 278. IjEs principes que nous avons pofés fur la na-nbsp;Les vapeurs
ture des vapeurs, fur leur élafticité , fur la poffibiiité de leurnbsp;pe'uvenrs'é-
exiftence dans l'air le plus raréfié , facilitent l'inteUigence des à de
plus grands phénomènes de la météorologie.nbsp;huuîS^'^^
Car les phyficiens qui ont pofé pour principe, que la
raréfaction de l'air mettoit un obftacle à l'élévation des vapeurs,
n'ont pas pu , fans fe contredire, fuppofer que les vapeurs
pulfent s'élever à de très-grandes hauteurs; les vents mêmes
ne pouvoient pas les fervir ; car quelle force impulfive peut
avoir un courant d'air quand il eft réduit à une rareté extrême.
Si au contraire on confidere les vapeurs comme un fluide
élaftique femblable à l'air , capable de fe foutenir par fes
propres forces , n'ayant befoin que de chaleur pour fe dilater
fans bornes, même dans le vuide le plus parfait, leur diffu-
fion amp; leur élévation ne font plus que des conféquences légi-
times de ces mêmes principes.
En effet, puifque le froid eft fuivant ces principes, la caufe
la plus efiicace de la diminution des vapeurs dans lesquot; couches
les plus élevées de l'atmofphere, fî la chaleur vient à monter,
les vapeurs élaftiques la fuivront à quelque élévation que ce puiOTe
être amp; leur quantité abfolue dans un efpace donné, pourra
274'
Liberté amp;
action du
fluide élec-
trique dans ,
les hautes
r.égions de-
l'air.
égaler amp; furpafTer même celle qui fe rencontre en certains tems
à la furface de la terre.
§. 279. Un autre principe météorologique , qui n'eft pas
comme les précédens appuyé fur des faits indubitablas, mais
qui me paroît avoir le plus haut degré de probabilité auquel
puifte atteindre une hypothefe phyfique , eft celui de la pré-
fence amp; de l'adion hbre amp; continueire du fluide éledrique
dans les couches les pîus élevées de tiotre atmofphere. ( i )
Les phyficiens reconnoiflent tous , que le fluide électrique
eft répandu dans toute l'atmofphere : ils reconnoiffent égale-
ment que ce fluide gêné dans fes mouvemens tant qu'A eft
contenu dans un afr denfe, fe meut avec la plus grande liberté
dans le vuide ou dans un air raréfié , par exemple dans l'inté-
rieur d'un récipient bien évacué. Donc à une très-grande hau-
teur , là où l'air eft réduit à la même rareté qu'A a dans nos
récipiens, amp; même à une rareté plus grande , le fluide élec-
trique doit avoir les mouvemens les plus libres. Il doit être ,
par cela même, capable des plus grands effets, parce qu'il
peut fe porter d'un heu dans un autre en très- grande quan-
tité amp; avec l'extrême rapidité qui' lui eft propre. Et lî, comme
un grand nombre de phyficiens le croient, l'éther ou la ma-
îiere fubtfle qui rempfit les intervalles des planetes, n'eft autre
( i ■) J'ai êxpofé ce principe amp; quel-
ques-unes dc fes conféquences dans des
thefes fur féledîricité publiées en 1767.
Jai vu depuis que Mr. Fkancklin avoit
eu avant moi la même penfée Mais je
n'en avois ni ne pouvois en avoir au-
«uiie connoiifance lorfque ces thefes
furent publiées. Car la lettre dans la-,
quelle cet homme célébré communique
cette idée à la Société îloyale de Lon-
dres, n'a été imprimée pour la pre-
miere fois qu'en 1769 dans la colleffio»
ds fes œuvres.
chofe que le fluide éledrique , quelle ne doit pas être la force
de cet agent répandu dans ces efpaces inimenfes ? Mais nous
n'avons pas befoin de cette fuppofltion : il nous fuffit que les
couches les plus élevées amp; les plus rares de notre air foient
remplies de ce fluide amp; qu'fl puiffe s'y mouvoir avec une
grande liberté.
§. 2 80. Car on fait que l'eau foit en fubftance, foit ré-
duite en vapeurs, eft un condudeur de l'éledricité ; que l'air
à mefure qu'fl s'en charge, devient moins coërcent, moins pro-
pre à refifteu à la diffufion amp; aux mouvemens du fluide élec-
trique. Par conféquent, fi les vapeurs peuvent s'élever jufqu'à
une grande hauteur , elles peuvent fervir de condudeur , de
canal de communication entre cet immenfe réfervoir, cet océan
de fluide éledrique libre, amp; ia malfe entiere de notre globe.
Si donc le fluide éledrique vient à être dans quelque partie de
notre globe i plus ou moins tendu que celui qui fe trouve
dans la partie correfpondante des hautes régions de l'air, les
vapeurs feront le milieu au travers duquel fe rétablira l'équfli-
bre. Or cet équihbre ne fera pas de longue durée : car cet
immenfe océan quot;éledrique ne doit-fl pas être fujet à des flux
amp; à des reflué, à des courans amp; à d'autres influences qui
produifent de grandes différences dans fa denfité locale ? £t le
fluide contenu dans notre globe même peut-il être toujours
uniformément difleminé dans . toute'fa maffe ; n'y a-t-il pas
mille amp; mille agens qui peuvent l'accumuler ou le raréfier
dans tel ou tel point de la terre? Un équilibre parfont entre
des forces indépendantes, amp; qui peuvent être modifiées par
des caufes diflférentes, étant donc très-peu probable amp; par
cela même très-rare, il ai'arrivera prefque jamais que les va^.
Les yapem-s
établillénc
une comtnUT,
nication en-
tre la terre
amp; les hautes
régions de
l'air.
27^
Application
générale de
ces princi-
pes à difFé-
rens météo-
res.
peurs montent depuis la furfacs de la terre jufqu'aux régions
élevées de l'atmofphere, fans fervir de véhicule amp; de paffage à
la quantité de fluide électrique néceffaire pour rétablir l'équili-
bre entre l'éledricité terrefl;re amp; l'éleamp;icité aérienne.
§. 2 8i. Cette théorie efl: une conféquence fi immédiate
des principes les plus certains de l'éledricité , qu'il femble fu-
perflu de la confirmer par les phénomenes qu'elle explique»
J'obferverai cependant, qu'elle efl; fûrement la feule qui rende
raifon de ce fait général, c'eft que jamais les vapeurs ne s'é-
levent à une grande hauteur fans produire, les plus terribles
météores. Toutes les éruptions volcaniques un peu confidéra-
bles font accompagnées d'éclats de tonnerres , les feux qui
s'élevent de la terre femblent allumer ceux du Ciel, la colonne
vaporeufe qui fort des entrailles du Volcan efl: continuelle-
ment foudroyée par des éclairs qui tantôt femblent venir des
plus hautes régions , tantôt femblent fortir de la colonne
même. (2) La grêle, qui fuppofe nécefl^airement l'afcenfion
des vapeurs à une hauteur confidérable efl: toujours accompa-
gnée d'éledricité ; je n'ai du moins jamais obfervé ni grêle ni
grefil, fans que mon condufteur éleârique donnât des fignes.
très-décidés d'une électricité aérienne ou pofitive ou négative..
Les aurores boréales font aufli accompagnées de fignes d'élec-
tricité ; amp; leur lumiere , qui à la hauteur où elles brillent ne.
fauroit être l'effet d'un embrafement, paroit être, produite par
Pline le jeune obferva déjn ces-
eelairs dan,s la fameufe éruption qui
coûta h vie à fon Oncle. Mr. le Che-
valier Hamilton les a obfeivés lui-
Jnème plufieurs fois, amp; il a raffcniblé
plufieurs Gbfervatîons analogues dans
fa belle defcrlption dc l'éruption d»
Ycfuve de 1779. Voyez fon Supple'-^.
ment aiLx Campi plüc^rxi, Naples 1775-
folio..
le fluide élscînqus dans îc moment où il fe condenfe en «'in-
filtrant dans des colonnes de vapeurs extrêmement élevées.
Les trombes, les ouragans amp; même quelques tremblemens
de terre font en grande partie les eff'ets des torrens de ma-
tiere éledriquc attires par des torrens de vapeurs du haut des
régions les plus élevées de l'atmofphere. Enfin l'éleélricité des
nuées, ce phénomene fi fréquent amp; aujourd'hui fi générale-
ment reconnu, peut il être attribué à une caufe plus naturelle
amp; plus vraifemblable ?
§. 2g 2. Il ne refte donc plus qu'à expliquer comment amp; dans. Explication
quelles circonftances les vapeurs peuvent s'élever dans ces hau-
tes régions. La condition effentielle eft un calme parfait, ou gan.
du moins l'abfence de tout vent horizontal d'une force amp; d'une
étendue un peu confidérables. Nous le favons par expérience:
les orages les plus terribles, les grêles, les trombes, les ou-
ragans font toujours précédés par de longs calmes. ( 3 ) En
effet, pour que les vapeurs puiffent s'élever à une grande hau-
teur, il faut qu'aucun vent horizontal ne puiffe les entraîner
par fon mouvement ou les condenfer par fon froid. Il faut
enfuite un foleil affez ardent pour que fa chaleur favorifée par
( ; ) Si quelquefois on voit des ou-
ragans précédés par des vents ; c'eft
dans les lieux fitués fur les bords de
la colonne orageufe. L'air afcendant
doit être remplacé ; ce remplacement
eft effectué par des courans d'air qui
viennent d'abord de la plage la plus
froide amp; qui font enfuite le tour de
l'horifon en fe dirigeant toujours vers
la plage la plus chaude. C'eft pour cela
g^ue fur notre htmifphcrc, fi des caufes .
locales ne modifient pas la regie géné-
rale, le vent paffe du nord à l'eft, de
l'eft au fud, amp; ainfi de fuite ; au lieu,
que fur l'hémifphere auftral il corn-,
mence amp; tourne en fens contraire^
Voyage dc Mr. Ls Gentil T. IL
p. 70!.
Mais vers le centre de b bafe de las
colonne , l'air ; avant l'ouragan ,
toujours prjoifje ea}n;egt;
le calme rechauffe confidérablement la furface de la terre. Î1
faut enfin que cette furface contienne affez d humidité pour four-
nir des vapeurs , mais qu'elle ne foit pourtant pas abreuvée
d'eau au point de faturer l'air amp; de refroidir amp; lui amp; la terre
par une évaporation trop abondante.
Lorsclue ces trois conditions fe réunifient il fe forme né-
ceffairement un vent vertical, car amp; la chaleur amp; le mélange
des vapeurs élaftiques rendent l'air plus rare, plus léger amp;
l'obligent ainfi à s'élever. Ce vent vertical porte la chaleur dans
les couches fupérieures de l'air amp; les rend capables de diffou-
dre les vapeurs qu'il entraîne peu-à-peu avec lui. Âinfi l'air
n'étant nulle part affez froid pour condenfer les vapeurs amp;
pour en former des nuages qui puiffent empêcher les rayons
du foleil de parvenir jufqu'à la terre amp; de la réchauffer, ces
vapeurs fe répandent à-peu-près uniformément dans toute la
maffe d'une colonne verticale extrêmement élevée. Cependant
les petites inégahtés locales qui fe trouvent dans leur diftri-
butifm amp; l'agitation qu'imprime à l'air le vent vertical qui l'en-
traîne , lui donnent ce tremblotement qui diminue fa tranfpa-
rence amp; la colonne devient par cela même fufceptible d'être
plus fortement réchauffée par les rayons du foleil. Cette cha-
leur dilate donc toujours plus la colonne, la rend plus légere 8c
augmente la force du vent vertical , qui éleve les vapeurs à
une hauteur toujours plus grande en portant toujours avec
elles une chaleur capable d'empêcher qti'elles ne fe condenfent.
Alors les malheureux habitans du milieu dc la bafe de cette
colonne éprouvent une chaleur fuffoquante ; le foleil dont les
rayons traverfent à peine ces vapeurs accumulées leur paroit
rouge amp; dépourvu de rayons ; bientôt le haut de la colonne
de vapeurs atteint les régions où la rareté de l'air donne au
fluide éledrique la liberté de fe mouvoir, ce fluide commence
à traverfer la colonne avec un bruit fourd amp; redoutable ; la
mer attirée par ce fluide amp; par la fuccion du vent vertical fe
fbuleve, lailTe h fec certaines plages amp; en inonde d'autres.
Ekfin lorfque les vapeurs ont atteint une hauteur où regne
un froid trop grand pour que le vent vertical puiffe le vaincre,
elles fe condenfent , retombent en eau ou forment des véfî-
cules ; iîopacité de ces vapeurs condenfées cache le foleil au
refte de la colonne; elle le refroidit fubitement; convertit
en neige ou en glace l'humidité qu'elle contenoit : ce volume
immenfe de vapeurs perd fubitement fon élafticitéquot;, l'air lui-
même fe condenfe, de là réfultent un vuide énorme, des vents
de la plus grande violence , [un foulevement de la mer pius
grand encore que le premier , amp; des inondations de tout
genre.
Cependant le fluide éledrique continue de traveifer cette
maff'e mélangée d'air, d'eau, de glace amp; de vapeurs, tonne,
éclate amp; acheve de détruire par le feu ce qui avoit échappé à.
la fureur des autres élémens. ( 4 )
(4) MM. Francklin, Du Caria
Se d'autres phyficiens avoient dcja tiré
un grand parti de ces colonnes afcen-
dantcs pour l'explication des grands
météores ; je crois cependant que là
théorie diftinfte des vapeurs amp; de l'é-
lectricité augmente beaucoup la clarté
amp; la précifion de» idées que nous pou-
vons nous en former. Qiiant à Mr.
Du Caria , il a fait une application,
infiniment heureufe de ces mêmes co-
lonnes alcendantes , aux pluies amp; aux
féchereffes périodiquesquot; dans eertains
pays , à la contrariété dès faifons qui
regr.ent des deux côtés d'une même-
chaîne de montagnes amp; à- d'autres phé-
nomènes de ce genre. Et quoique cet-
ingénieux phyficien ait admis pour priiv
;nbsp;Je n'entrerai pas dans de plus grands détails : ces traits gé-
néraux fuffifent pour faire voir que cette théorie rend raifon
des principaux phénomenes des ouragans amp; des grands orages.
Elle explique la defcente du barometre, le calme, la chaleur,
îa couleur du foleil amp; l'opacité de l'air qui les pronoftiquent ;
les mouvemens de la mer amp; le bruit fourd de l'air qui les pré-
cèdent immédiatement; amp; les vents, les inondations, les ton-
nerres amp; le froid qui les accompagnent.
dlksquot;''arîânbsp;feulement, que s'il y a des cas dans
formation icfquels la vapeur élaftique produit des vents par fa condenfa-
Cks vapeur«, tion fubite, il en eft aufli où elle en occafionne en dflatant
l'air au moment où efle fe forme. C'eft même un phénomene
très - connu , mais dont on n'avoit pas donné d'explication
fatisfaifante.
On voit quelquefois une colonne de pluie fe promener ;
pour ainfl dire, dans une plaine ou dans une vallée, le vent
la précédé , it ceflfe quand elle arrive , il renaît quand elle eft
panquot;ée , amp; toujours fl part du centre de l'efpace qu'elle occupe.
Le peuple dit que ce font les gouttes de pluie qui par leur
chute chalfent l'air dc tous cotés.
L'aesurdîtÉ de ce raifonnement faute aux yeux. La chute
ds cette eau produit un petit déplacement, pour ainfi dire in-
280
cipe la faufTe théorie dc Nollet fur
la chùce des vapeurs dans un air raréfié ,
cette erreur n'infirme nullement les con-
i^queaces qu'il en tire ; parce oue le
froid des hautes régions de l'air fuffit
feul pour rendre raifon de la chute des
vapeurs qu'il attribue aux forces réu-
nies du froid amp; de la rareté de l'air.
teftin
-ocr page 309-ttflin , des parties de la colonne d'air que trayerfe la pluie,
amp; ne fauroit chaffer au loin une portion de cette même co-
lonne. Quant au volume de la pluie, il eft rare qu'en demi-
heure il foit d'un demi-pouce de hauteur amp; l'addition d'une fi
petite quantité ne fauroit produire un vent fenfible à une cer-
taine diftance. Ce n'eft donc pas la pluie elle-même; c'eft
ia vapeur élaftique dans laquelle elle fe convertit en partie.
En effet la pluie en tombant du haut des nues arrive dans un
air qui n'eft point encore faturé, elle tombe fur une terre
fouvent chaude amp; feche. Il doit donc fe former une quan-
tité confidérable de vapeur élaftique , dont le volume mille
fois plus grand que celui de l'eau dont elle eft née, doit cau-
fer dans l'air une dilatation fenfible. Et l'humidité même du
vent, qui vient de cette colonne pluvieufe annonce la vapeur*
à laquelle il doit fon origine.
2 84- Ce même principe rend raifon de ces coups de vent Grains,
brufques amp; violens, que les marins appellent des gmins amp; qui
femblent produits par la chute d'une pluie ou d'un nuage. Si
les couches inférieures de l'air fortement rechauffées, amp; deve-
nues ainfi avides de vapeurs, font tout-à-coup traverfées par
une quantité d'eau très - divifée amp; par cela même fufceptible
d'une évaporation très-prompte, il doit fe produire fimufta-
nément une quantité de vapeur élaftique affez confidérable pour
donner à l'air une fecouffe violente amp; pour produire une bou-
rafque ou une tempête momentanée. Et fî deux ou trois de ces
colonnes de pluie tombent à la fois à une petite diftance l'une
dc l'autre, un navire expofé au conflid de ces courans impé-
tueux fe trouve dans le plus grand danger.
Nn
-ocr page 310-CilAPITRE IIL.
DES VARIATIONS DU BARO METRE.
Introduc.
lion.
§• 2 8lt;v. IVIr. de Luc a donné dans le premie?, volume
de fon ouvrage fur les modljîcaticns de l'atmofphere, une hif-
toire amp; une critique très - intérelfante des opinions des phyfi^
ciens fur les caufes des variations du barometre. Et dans la
fécond volume du même ouvrage il propofe un nouveau
fyiléme pour expliquer ces variations.
Ce fyftéme appuyé fur la , réfutation de tous fës Gompéti,
teurs amp; fur une foule de raifons très - fpécieules m'avoit fé^
duit comme fi j'en eulfe été l'auteur amp; je fouhaitois vivement:
de. le voir confirmé par quelqu'expérience direfre. Car dans
toutes les queftions problématiques de la phyfique, je tâcha
toujours, d'imaginer quelqu'épreuve décifive amp; péremptoire qui
mérite le nom ^expermentum cruUi confacré par. l'iinmortei
Bacon.
Syftcffiede
Mt, de. Luc.
§. 2 8^. Mr. de Luc fuppofé, que Pair pur eft plus pe»
fant qu'un air mêlé de vapeurs aqueufes ; ou ce qui revient
au même, que les vapeurs aqueufes en fe mêlant avec l'air
le dilatent tellement,, que malgré leur admiffion qui. femble?
roit devoir augmenter fan poids, il devient, fenfiblement plus
léger qu'un pareil volume d'air pur, amp; fc.c. Cette fuppofition
exphque très-bien pourquoi la baiffe du barometre eft un in,
ace de pluie. Ea effet,. Il les vapeurs rendent l'air plus léger: '
BU BAROMETRE. EJJai IV. Chaf. III.nbsp;283
fa légéreté indiquée par la bailfe du barometre prouve l'accu-
mulation des vapeurs amp; préfage par cela même la pluie.
Mr. de Luc n'avoit point déterminé avec précifion la ma-
niéré dont les vapeurs augmentent le volume de l'air ; mais
ma théorie fur l'évaporation Tend raifon de ce phénomene en
■expliquant la formation des vapeurs par la converfion de l'eais
en un fluide élaftique. Cependant cela ne fuflîloit pas ; il fal-
loit encore que la quantité de ce fluide élaftique dont l'air
■peut fe charger fut fuflîfantc pour expliquer les variations du
-barometre, amp; qu'elle n'entraînât pas un augmentation de poids
proportionnelle,
§. 287- C'étoient donc ces deux queftions que devoit Expcticnct
décider une expérience direde. C'eft aufli pour les réJbudre quenbsp;^
'nbsp;' veriasrco
je fis l'expérience décrite dans les §§. log amp; fuivans. Je ren- fyilèine.
fermai dans nn ballon un hygrometre amp; une efpece de baro-
metre auquel on donne le nom de manornctre parce que n'ayant
plus de communication avec i'aiî extérieur il meiure non la
.pefanteur, mais l'élafticité dc l'air renfermé avec lui. Je def-
féchai enfuite cet air par le moyen des ftls amp; je vis le mano-
inetre baifler à mefure que les vapeurs «'abforboient, en forte
t]ue l'élafticité diminuoit environ d'une 54c. lorfqu'U paflbit
de l'humidité à la fécherefl'e extrême. Je rendis alors à cet
air toute l'humidité dont i! pouvoit fe charger amp; je le vis repren»
dfe précifément cette même qu'il avoit perdue.
§, 2 §8. Cette expérience répétée dans différens vafes ennbsp;Cette
différentes circonftances m'a donné conftamment le même rc-nbsp;fu^g^^fantl'quot;*
. fultat on du moin-s des réfuîtats proportionnels. Lorfque la cha-
leur étoit d'environ iS degrés amp; que le barometre fe foutenoit
à 27 pouces, le paffage de l'humidité à la féchereffe extrême
finlbit varier le manometre d'environ 6 lignes qui font la 54®.
de 27 pouces.
Or cette variation de S lignes ne fuffit point pour expli-
quer celles que fouffre le barometre, puifqU'elles vont jufqu'à^
3 pouces dans le nord, amp; à 20 ou 22 fignes chez nous.
Mais il y a plus encore ; lorfque les vapeurs en fe mêlant avec
l'air augmentent fon élafticité, elles ajoutent leur propre poids
h celui de l'air amp; quoiqu'elles foient fous la forme d'un fluide
élaftique plus léger que l'air, leur poids ne fauroit cependant
être entièrement négligé. Car en fuppofant qu'un pied cube
d'air ne puifTe dilfoudre que 10 grains d'eau, amp; que ces
10 grains changés en fluide élaftique augmentent le volume
dc l'air d'une 54®.; ce mélange d'air amp; de vapeurs égal à
d'un pied cube pefera le poids d'un pied cube d'air plus^
10 grains, ou, en fuppofant le barometre à 27 pouces Se le
thermometre environ à 16 degrés, 7^14-10== 7^1 grains. Or
un pareil volume d'air pur)auroit pefé 75 i grains, plus la
partie de 751 , ou 751 14 ~ Donc le poids de la
vapeur eft à celui de l'air comme 10 à 14, amp; le poids d'un
volume donné d'air pur eft à celui d'un volume égal d'air fa-
turé de vapeurs, comme 76^ à 761 , rapport qui ne donne
pas même deux lignes de différence entre les hauteurs aux-
queUes fe fouriendroit le barometre, fi l'atmofphere entiere pat
foit d'une féchereflTe extrême à une faturation complete.
D'autres confidérations diminuent encore cette différence:.
-ocr page 313-La chaleur moyenne d'une colonne -verticale de l'atmofphere
«ft fort inférieure à degrés amp; par conféqnent la quantité
réelle des yapeurs fufpendues dans cette colonne eft fort au-
deffous de celle que nous avons fuppofée. L'air rare des cou-
ches élevées de l'atmofphere tient en diffolution une moins
grande quantité de vapeurs. Enfin l'air libre ne fe dépouille
jamais de toutes les vapeurs qu'il tient en diffolution ; l'hygro-
metre expofé en plein air ne vient jamais à Zéro amp; par con-
féquent il n'arrive jamais qu'il paffe de ia féchereffe extrême
à l'humidité extrême comme il le fait dans le vafe qui a fervi
à l'expérience fondamentale.
La. différence de denfité entre l'air fee amp; l'air humide ne
nous explique donc pas même deux lignes de variation dans
Le baronietre, amp; il faudroit en expHquer 21 ou 2Z k Ge-
neve amp; plus de 30 dans le Nord de l'Europe.
§. 289- Etonné de ce réfultat, car j'étois, comme je l'ai objedîoiï
dit, prévenu en faveur de ce fyftême , j'ai répété amp; varié l'ex- prévenue,
périence, je l'ai faite par gradations amp; à différens degrés de
l'hygrometre amp; du thermometre, comme on peut le voir dans
îe Chap. V. du II''. Effai , mais l'iffue en a toujours été. la
«néme.
Je me fuis enfuite demandé s'il ne feroit point poffible que
te ne fuffent pas les vapeurs diffoutes qui augmentaffent le
plus le volume de l'air , mais celles qui fe joignent à lui
après qu'il eft faturé. Pour éclaircir ce doute, j'ai effayé d'in-
troduire des vapeurs dans un ballon après que l'air en avoit
été faturé, j'y ai verfé de l'eau furabondante , j'y ai fufpenda^
des linges mouillés que j'agitois^en tout fens ; mais -du mo-
ment oà l'Hygrometre a marqué la faturation complete , le
manometre n'a plus fait le moindre mouvement , il eft de-
meuré fixe amp; n'a- plus varié- que par l'augmentation ou la di-
minution de la chaleur. Cependant l'évaporation-^continuoit dans
cet air faturé ; parce qu'il fe faifoit ^ comme je l'ai dit plus d'une
fois, une efpece de diftiliation; la vapeur fe condenfoit contre
quelqu'une des parois du vafe à mefure qu'elle fe détachoit
de la furface du hnge mouillé ; mai^ comme ia quantité
de cette vapeur demeuroit ainfi conftamment la même , le
degré de tenfion qu'eUe produifoit dans l'air demeuroit auflî
le même-
§. 290. Dira-t-on que c'eft la vapeur véficulaire qui preJ
duit dans l'air cette dflatation extraordinaire ? Mais fur quels
faits appuieroit-on cette opinion. Ce ne feroit pas fur ce qui
fe pafle dans des vafes clos ; car fon apparition n'y eft jamais
qu'inftantanée amp; dans des circonftances où on ne peut point
obferver fon aétion fur ie manometre. Ce ne feroit- pas non
plus fur les faits obfervés en plein air, car on voit le baro-
metre defcendre confidérablement par des vents de Sud amp; de
Sud-Oueft parfaitement clairs, tout comme on le voit monter,
amp; par les brouillards amp; par de petites bifes noires pendant
lefquelles le Ciel eft couvert de nuages.
§. 291. Peut-etre objelt;f]era-t-on que tous ces phéno-
mènes fe pafl'ent à l'air libre tout autrement que dans des vafes
clos; mais cela feroit difficile à foutenir, à moins que l'on ne
fuppofé à l'air libre des quafités occultes dont nous ne pouvons
nous former aucune idée : car la marche de l'hygrometre eft la
Autre ob-
iedion.
Troifieme
^bjedion.
même , ' celle du thermometre eft la même amp; la dilatationde -rair
par la chaleur amp; fa condenfation par le froid font à très-peu près
les mêmes (^ug celles que Mr. dë Luc a obfervées en plein air.
La feule chofe que Ton pût fuppofer avec quelque vrai-
femblance, c'eft que la furface intérieure du ballon s'empare,
d'une partie de l'eau que nous fuppofons réduite en vapeurs
amp; diffoute par l'air; qu'ainfi tandis que nous croyons qu'il a
fellu lo grains d'eau , pour dilater un pied cube d'au'd'une
54®. de fon volume, cet éffet a été produit par 7 ou 8
grains, amp; que par conféquent la denfité de la vapeur au
Meu d'être à celle de l'air dans le rapport' de 10 à 14, n'a
réellement avec elle que le rapport de 7 ou de 8 à
14. Mais quand on accorderoit cette fuppofition, quand on
iroit même à fuppofèr que l'air ne s'eft chargé: que de la;
moitié de l'eau introduite dans le ballon,, on auroit- encore
de la peine à étabhr que la mafle entiere de l'air, en paffani
de la plus grande -humidité à la plus grande féchereffe, puiffe^
faire varier le barometre de trois ou quatre ligneSv ^ '
• §. 292. LoRsauE ces expéri-ences amp; ces raifonnemetis m'èù- Autres argn-
ïent convaincu que la dilatation de l'air par l'admiffion des vapeurs^ îriimequot;quot;quot;^^
étoit abfolument infuffifante pour expliquer ks variations du ba-' îyUm.^.
rometre , d'autres confidérationVfvInrent encore me eoniirmeri
dans cette perfuafion..
Un des phénomènes l'es- plus frappans des- v^iriations' du:
barometre , celui- dont la. folution doit, à ce qu'il femble,
donner la clef de tous les autres pa^ce qu'il §ft auffp graadv,
qu'il efl:- certain' 8c inwiablec'efl la dîmiKutioa qu'éprouveafc
ces variations à mefure que l'on s'approche de l'Equateur, amp;
leur augmentation graduelle en s'avançant vers les Poles. Ce-
pendant les païs litués fous l'Equateur font fujets à des alter-
natives d'humidité amp; de féchereffe, de pluie amp; de beau tems.
amp; quoique les faifons y foient plus conftantes que dans les
climats tempérés, elles changent pourtant, amp; dans le moment
des mutations, il y a des orages, des tempêtes amp; des alter-
natives d'humidité amp; de féchereffe plus grandes amp; plus
promptes que chez nous. Cependant ces alternatives ne font
prefqu'aucune imprelEon fur le baromètre.
Mais fans aller fi loin chercher des exemples, ne voit-oa
pas par-tout, après le plus beau jour d'été, pendant lequel
l'air a paru très-pur amp; très-fec, tomber une abondante rofée,
qui fait pafTer l'air d'une féchereflTe confidérable à une humidité
extrême, tandis que le barometre ne fouflTre aucune variation,
ou du moins une variation fi peu confidérable , qu'on peuï
l'attribuer uniquement au changement de température. Et ce-
pendant les rofces fe font fentir à une très-grande hauteur;
on fait afl'ez dans les païs de montagnes que les gelées blan-
ches font le fléau des paturages les plus élevés. Ce n'efl: par
niéme feulement dans les prairies qu'on voit tomber la rofée
elle fe fait fentir fur les rocs les plus arides amp; les plus inca-
pables de fournir cette humidité. L'obfervation d'accord ett
cela avec le raifonnement prouve donc que le refroidiffement
produit par le coucher du foleil , précipite les vapeurs qiù
étoient diflToutes dans l'air, par-tout où ce refroidiffement ra-
mene l'air au terme de la faturation. Puis donc que les alter-
natives ds développement amp; de condenfation d'une fî grande
quantité de vapeurs ne produifent fur le barometre qu'une
variation
-ocr page 317-lU B ABC MIT EE. Jp.i W, Cht^f- HL
variation nulle , ou du moins minime , ne faut-il pasquot; avoueu
qu'elles n'ont point fur lui une influence fuffifante pour être
œifes au rang des principales caufes de ces variations.
§. 293. Depuis l'impreflion de l'ouvrage de M. de Luc,
unïavant phyficien Italien a propofé une nouvelle hypothefe
pour expliquer les variations du barometre. Il fuppofe que les
exhalaifons phlogiftiques lorfqu'eUes fe mêlent avec l'air, di-
minuent la force par laquelle il tient l'eau en diffolution amp;
qu'elles caufent ainfi la précipitation des vapeurs aqueufes. Or
comme ces exhalaifons amp; fpécialement l'air inflammable font
beaucoup plus rares que l'air commun, leur mélange avec
l'air le rendroit plus léger en même tems qu'il le rendroit hu-
mide , §c expliqueroit ainfi l'accord de la baifl'e du barometre
avec l'humidité amp; la pluie. Fignotti congetture meteorologiche.
Ce fyfl:ême eft certainement très-ingénieux , mais il a con-
tre lui les expériences que j'ai faites pour lui fervir en quelque
maniéré de pierre de touche. Ces expériences que l'on a vuei
dans les chap. Ill amp; IX du fécond eflquot;ai prouvent que les
exhalaifons les plus phlogiftiques , telles que celles de l'éther,
des huiles graûTes amp; des hufles effentieUes ne féparent de l'air
aucune humidité fenfible, amp; que l'air inflammable, bien loin
de précipiter de l'humidité, eft capable de diflbudre lui-même
des vapeurs tout comme l'air commun.
§. 294. Sans prétendre donner une folution complete ^yuesgéné-
d'un problême ù difficile amp; que de fî grands phyficiens ont
inutilement tenté de réfoudre, je me contenterai de propofer
quelques vues générales.
Hypothefe
de M. Pi-
gnotti.
^ Pourquoi Je poferai d'abord pour principe, que la premiere condition
tionsTnt ^ laquelle doit fatisiaire l'hypothefe qui rendra raifon des va-
fousrl'quot;''nbsp;barometre, c'eft d'expliquer le grand phénomene
teur,nbsp;dont j'ai parlé plus haut, la pctitefle de ces variations fous
l'Equateur amp; leur accroiiftment graduel à (iielùre que l'on s'ap-
proche des Poks.
Parce que
la tempéra-
ture y eft
moins varia-
ble.
Or en comparant les variations que fubit l'atmoiphere elle-
même fous la zone torride avec celles q'uelle éprouve fous les
zones tempérée amp; glaciale, je trouve trois différences elfen-
tielles..
I Les variations de température font beaucoup moins gran-
des fous la zone torride : la différence entre le moment le plus-
chaud amp; le moment le plus froid de l'année n'excede nulle-
part 2f degrés du thermometre de Reaumur; amp; en pleine
mer, comme dans plufieurs isles même très-voifines de la
ligne, cette différence ne va qu'à lo ou 12 degrés, (i)
( i ) Mr. Miller a tenu pendant
plus d'une année la note des degrés
du thermometre au fort Malbro' fitué fur
la côte occidentale de l'isle de Suma-
tra à environ 4 degrés, de latitude
fud. Le point le plus bas où il Tait
vu a été 69 de Far. ou r6| de Reau-
mur amp; le plus haut , où il n'eft même
arrivé qu'une feule fois 90 de F. ou
S'il de R. enforte que toute la varia- j
tion fe réduit à Çj de R. Mi/qf Tranf.
V. LXVIII. pag. 162.
Le P. de Biizt; dit qu'à Malaque
©u Malacca, fituée à 2d. 12' de la
îigue la oh-aleux eft très- modérée amp;
prefque toujours la même ; que pert-
dant 7 mois entiers qu'il y a paffés la
liqueur du thermometre a toujours été,
entre le 60 amp; la 71^. degrés; or ces
degrés par la c.omparaifon que j'ai faite
de diverfes autres obfervations répon-
dent au 13e. Si au 24e de R. ; la va-
riatian n'a dont été que de 11 degrés--
de R. Mc'm. de tAcad. 1695 T. Vll^
P. II. p. 216.
A IVlanille la variatxan eft de j ji à.
ou de 2ii de R. A Pondichéri-
de 15 à }8 ou de Voyage de Mr..
le Gentil.
EnJia ir Madere (poi^^ue fituée , iioïs-
-ocr page 319-ïci au contraire de même qu'à Paris elle va à 43 ou 44 ,
8c jufqu'à 60 dans des païs plus feptentrionaux.
2°. Les vents font plus re'guliers fous la zone torride, amp; 2°. Lei
.nbsp;rnbsp;■ r ' i.nbsp;'^eî^ts plus
par confequent leurs vanations lont moins trequentes.nbsp;conftans.
C'est par ces deux confidérations que deux grands phyfi-
ciens , Caflini amp; Halley ont expliqué la petiteffe des variations
du barometre fous l'Équateur ; mais j'en joindrai une troifieme ,
qui me paroîc aufli y contribuer.
L'atmosphere doit être plus élevée fous la ligne équincc- 5°-Le dé.
„ , , „ .nbsp;.pnbsp;■ croilTement
tj^ale , non feulement par un eff^et de la force centrifuge; mais
9 mois n'a jamais vu le thermomè-
tre plus bas que 60 de F. ou I2|
de R., ni.plus haut que 80 de F, ou
24 de R. Philqf. Tranf. Vol. XlFUli
p.
Oo 2
des Tropiques , la température ne varie
que de 20 degrés de F., ou de 8|
de K. Car Mr. HÉBErden qui a tenu
à Funchal un régitre exact d'obferva-
tions météorologiques pendant 4. ans amp;
lUt
encore parce que le foleil réchauff'e l'air à une beaucoup plus en montant
V ,, /, r l'C plus gradue,
grande hauteur. La ligne des neiges éternelles s eleve ious IH-
quateur jufques à la hauteur dc 2400 toifes , amp; s'abaiffe gra-
duellement jufques à l'horizon qu'elle atteint dans le voifinage
des Poles. Cependant l'air, dans les païs circompolaires fe ré-
chauflfe auprès de la terre, en été par la continuelle préfence
du foleil, amp; en hyver, parce que la communication de la cha-
leur moyenne de notre globe tempere fon extrême froidure.
Il y a donc toujours auprès des Poles une diff'érence de chaleur
très-grande entre la couche d'air la plus baff'e amp; celles qui lui
font prefqu'immédiatement fuperpofées ; fous la zone torride
au contraire, la chaleur décroit par des gradations très - lentes
S) JE S VARIATIONS
29-2
depuis le niteau de la mer jufques à une hauteur de deux oii
trois mille toiles. Ici donc, le mélange accidentel des couches
froides avec les chaudes amp; par cela même les grands chan-
gemens dans la denfité de l'air étant beaucoup plus difficiles.,,
le barometre doit être fujet à des variations moins grandes.
Ces mêmes principes expliquent parfaitement pourquoi' les
variations du barometue font dans nos climats fenfiblement plus
grandes ®n hyver qu'en été^
Objedlîon
générale
contre l'in-
fluence des
changemens
chymiques
for k B.
§. 29T. C'EST encore par la confidération de la petiteffc
des variations du barometre fous la zone torride, que je ne
ferois pas difpofé à accorder aux changemens chymiques dont
l'air eft fufceptible, beaucoup d'influence fur ces variations. Car
où les fermentations, les putréfadions, les exhalaifons de tout
genre font-elles plus abondantes que dans ces chmats brûlans ?
Où doit-il fe dégager plus d'air fixe , plus d'air inflammable ,
plus de phlogiftique? où c'oit-il fe faire plus de mélanges amp;
de combinaifons de tous ces différens mixtes ? amp; puifque
malgré cela les variations du barometre y font fi peu confidé-
rable», comment pourrions - nous attribuer une grande efficace
à ces caufes dans des païs où elles ont beaucoup moins d'ac-
tivité ? ( 2 )
( 2 ) Mr. SkneBîER a donné k la fin
du premier volume de fes Mcmeires
jphyftcochymiques fur l'influence des
rayons folaires une explication des va-
riations du barometre par des moyeus
purement chymiques. 11 a même rendu
raifon de la petiteilé de ces variations
fous la zone torride, par la perpétuité
de la végétatiq,n fous cette zone.
Comme les'idées qui fervent de bazc
à cette ingénieufe hypothefe font ab-
folu ment nouvelles., leur difcuffion exi-
geroit une fuîte de raifonnemens amp;
d 'expériences diredes que je n'ai point
le loifir d'entreprendre. C'elt ce qui m'a
déterminé à^ne faire a cun changiei^isnt:
aux idees que j'avois précédeihment:
adoptées fur ce fujet..
Les Yariatious dans la chaleur, les vents amp; l'inégale denfite'
des couches condgues de l'air me paroiffent donc être les
principales caufes des variadons du barometre. Mais il faut en-
trer dans quelques détails.
lt;5 295 T'ai prouvé, §. ii3 » que quand le barometre eft Comment la
. J , ,nbsp;' • 1 . Vnbsp;chaleur fait
à 27 pouces, une augmentation de chaleur équivalente a un baiffer le ba-
degré du thermometre de Réaumur fait monter le manometre rometre.
de 22 feiziemes de ligne. Il fuit de là que fi une colonne ver-
ticale de l'athmofphere fe réchauffoh: d'un degré dans toute
fa hauteur, amp; que l'air eût la liberté dc fe verfer à droite amp;
à gauche à mefure qu'il fe dilate, cette colonne deviendroit
plus légere amp; le mercure foutenu par fon poids baifferoit de 22
feiziemes de ligne; d'où il fuit encore, qu'une variation de 16
degrés datis la température de cette même colonne, fuffiroit
pour produire une variation de 22 hgnes dans le baromètre.
Cette caufe feroit donc fuffifante pour expliquer les va-
nations du barometre, elle pafferoit même de beaucoup le
but, fl fes effets n'étoient pas limités par deux raifons très^
efficaces.
s 29gt;. La premiere de ces raifons , c'eft que les change- Caufes= qtf
X J 1 rnbsp;ornai nuent
xaens dans la chaleur que nous éprouvons auprès de la lurtace
de la terre ne fe font point fentir dans le même, degré jufques k chaleur,,
au haut de ratmofphere. L'influence des rayons folaires dimi-
nue progreffivement à mefure que l'on s'éleve. Lu différence
de haleur entra le jour amp; la nuit, entre l'été amp; l'hyver, en*re-
^Equateur :cs Poles n'eft donc point auffi grande à deux
ou trois mille toifes de hauteur, qu'elle l'eft au niveau de la
mer.
Seconde.
§. 298. La fécondé caufe, qui diminue l'influence de Is
chaleur fur les variations du baromètre, c'eft la fîmultanéité
des changemens de température dans des païs contigus amp;
d'une grande étendue. La dflatation de l'air dans une colonne
verticale , ne diminue le poids de cette colonne qu'autant
qu'elle jouit de la liberté de s'enfler à droite amp; à gauche ou
de s'allonger par en-haut amp; de fe reverfer enfuite fur les co-
lonnes voifines. Si donc la mafle entiere de l'atmofphere fc
réchauffoit en même tems amp; au même degré , toutes les co-
lonnes s'élêveroient en même tems amp; à la même hauteur, au-
cune d'elles ne pourroit s'enfler ni refluer fur fes voifines, leur
poids demeureroit le même, iS: il ne fe feroit aucune variation
dans le barometre.
C'est pour cela, que malgré une diff-érence de plufieurs
degrés entre la chaleur de la nuit amp; cefle du jour amp; une
différence plus grande encore entre celle de l'hyver amp; cefle
de l'été , on n'apperçoit qu'une petite inégal-té entre les hau-
teurs moyennes du barometre à cee diverfes époques. La cha-
leur augmentant amp; diminuant fur tout un hémifphere à la fois,
les colonnes s'allongent amp; s'accourciftent enfemble , fans que
la maffe d'aucune d'elle« augmente ou diminue confidérable.
ment. Comme cependant ces augmentations amp; ces diminu-
ions de chaleur ne font point abfolument égales amp; fimultanées
à caufe du mouvement de rotation de la terre , amp; parce que
ïe lolefl réchauffe toujours moins les colonnes qu'il frappe plus
DU BAROMETRE. FJfm IV, Chap. HL S^f
obliquement, cette fucceffion amp; cette inégalité produifent les
vents alifés, les moulfons , les vents diurnes amp; une plus grande
hauteur du barometre pendant la nuit Se pendant l'hyver.
§. 299. C'est donc dans les cas où une caufe locale fait Cas où la
éprouver à une feule colonne une chaleur ou un froid particu-
her que l'on obferve des variations fubites amp; irréguUeres du fur k bare«,
barometre.
LoRsauE, par exemple, en été, une pluie locale rafraîchit
l'air de plufieurs degrés , on voit dans le lieu où elle eft
tombée, le barometre monter fur le champ d'une demi-ligne
ou même d'Une figne, fans que ce mouvement tienne à au-
cune caufe générale. C'eft qu'une feule colonne ayant été
condenfée par le froid , les colonnes voifines qui ne l'ont
point été refluent fur eUe amp; augmentent fa. maflîe. ( 3 )
( 5 ) On peut même en fuppofant
des cas qui ont dû fe prdfcnter natu-
rellement plus d'une fois, calculer la
quantité de. ce mouvement du. baro-
metre.
Je fuppofe que la pluie tombe d'un
nuage élevé de mille toifes, que la tem-
pérature de l'air dans ce nuage foit de
ç degrés, tandis qu'elle eft de 2ç à la
furface de la terre, amp; qu'ainfi la tem-
pérature mo-yenne de la maffe d'air in-
terpofée entre la terre amp; le nuage foit
de degrés;, fi le barometre auprès
de la terre eft à. 27 pouces, le poids
de -cette malfe d'air équivaudra envi-
ion à 5 pouces 7 lignes de mercure.
Que la pluie refroidiffe l'air dans le
kas de 6 degrés,, comme la tempéra-
ture dii nuage fera demeurée la même ,
la chaleur moyenne fe trouvera réduitev
à 12 , amp; le refroidilTement moyen aura
été de I degrés-. Si la tetalité de l'at-
mofphere avoit fubi- ce refroidiffement
l'air auroit perdu de fon relfort une
quantité équivalente à 5 fois 22 fei-
ziemes de lignes ( f. 115.) ou à 4 li-
gnes i. Mais comme ce ne font que
ces mille toifes qui en ont ete aftec-
tées, amp; que leur poids n'eft que de
67 lignes, tandis que. l'atmoljîhere en-
tiere pefe 27 pouces ou 324 lignes, iE
ne doit y avoir que les de ce chan-
gement , c'eft-à-dire, 85 centie-.
mes de ligne; l'air refroidi n'ayant,
donc perdu de fon relfort amp; ne s'é-
tant condenfé ^que d'une quantité coiv-
in^'l^ii ïilf 1'gt; I' I i
refpoadante à cette fraélion, les colon-
nes voifines ne réflueront fur lui que
d'une quantité proportionnelle amp; le
barometre qui exprimera le poids de
cet air ne monte que- de cette même
quantité ou de de ligne.
On objectera peut-être, que le baro-
metre ne doit pas même faire une aulfi
grande variation à caufe de la diminution
que les vapeurs apportent à la denfité
de l'air. En effet la pluie doit faturer ou
à - peu - près l'air fec qu'elle traverfe en
tombant, amp; cet air en fe pénétrant
de vapeurs doit devenir plus léger qu'il
né rétoit auparavant. On peut encore
en faire le calcul dans un cas donné.
Je fuppofe que l'air ait auprès de la
terre le plus haut degré de fécherelTe
que j'aie obfervé, qu'il foit à 40 de
mon hygrometre; amp; que fon humidité
augmente en progreffion ai-ithmétique
jufqu'au nuage, dans lequel il eft nécef-
fairement faturé, fon humidité moyenne
fera de 70. Je fuppofe encore que la
pluie en traverfant cette colonne d'air
la ramene au point de faturation, cha-
que pied cube , qui fuivant la table
(p. igi.) ne contenoit à 70 degrés
d'humidité amp; i ^ de chaleur, que 6, j 6 s 1
grains d'eau réduite en vapeurs , en
contiendra après la pluie (en fuppo-
fant pour un moment qu'elle ne change
pas fa température) 11,0690, amp; par
conféquent chaque pied cube fe char-
gera d'une nouvelle quantité d'eau
équivalente 34,7039 grains. Mais cette
cjiu fe changera en vapeurs élaftiques
amp; chaque grain en produira (§.126)
une quantité capable par fon élafticité
de foulever o,lt;;S7 lignes de mercure.
Donc la force élaftique engendrée dans
chaque pied cube d'air fera égale à
2,7612 lignes de mercure. Mais une
quantité d'air capable de foutenir pat
fon élafticité cette quantité de mercure,
péferoit 6,4002 grains. Donc, en fup-
pofant que le pied cube d'air pefe 751
grains, le poids d'un volume quelcon-
que d'air à 70 de l'hygrometre, eft au
poids du même volume d'air faturé,
dans k rapport de 751 -f- 6,4002 :
7SI 4,7019 ou de 757,4002:
75 55?° 3 9- Donc lorfqu'une fois le
fluide élaftique engendré par l'évapo-
ration de la pluie fe fera écoulé, amp;
que l'air faturé aura pris fon alTiettc,
les 67 lignes de mercure, qui expri-
moient le poids des mille toifes d'air fe
trouveront diminuées dans le rapport
de ces deux nombres. Elles feront dons
réduites à 66, 8Si d'où il fuit, que
fl une colonne d'air de 1000 toifes dc
hauteur paffoit toute entiere du 70e,
degré de l'hygrometre au looe., 0«
au terme de faturation, la diminution
de denfité de l'air qui réfulteroit de
cette humidité ne feroit baiffer le bara-
metre que de i ç centiemes de ligne.
Influence
des vents fur
la tempéra-
ture locale
de l'air.
Trois degrés du thermometre, font
donc fur la denfité de l'air un effet
beaucoup plus grand que. 30 de l'hy-
grometre ; ceux - là caufent une varia-
tion de 8$ centiemes, tandis que ceux-
ci n'en produifent qu'tine de 15. Bt
§. 500. Mais les vents tiennent certainement le premfer
rang entre les caufes qui peuvent opérer des changemens lo-
caux dans la température de notre atmofphere. Et les vents
qui foufflent dans les païs tempérés, quoiqu'ils regnent fouvent
fur de grandes étendues de païs , peuvent être appelles des
caufes locales, en comparaifon des vents alifés, des moulTons
amp; des viciffitudes de chaleur amp; de froid qui afferent tout à
la fois un des hémifpheres.
L'influekce des vents fur la température amp; par cela même
fur le poids de l'air eft d'autant plus grande, que fouvent
leur propre température eft contraire à celle qui convient
au moment ou à la faifom ; amp; par conféquent! à la tem-
pérature qui regne dans les païs voifms des lieux où ils
fouflent. Ainfi s'il foufle un vent chaud à une heure ou dans
une faifon où l'air eft froid par-tout où ce vent ne regne
pas, l'air réchauffé amp; dilaté par ce vent aura toute la liberté
poffible de fe reverfer fur les colonnes voifmes, il deviendra
d'autant plus léger amp; le barometre defcendra d'une quantité
confidérable.
§. 30r. D'ailleurs les vents changent la température de ils changent
l'air à une hauteur beaucoup plus grande que ne le font les rayons '^SeTunê
direfts du foleil. Nous voyons au printems le foleil briller pen- grande hau-
dant plufieurs jours de l'éclat le plus vif amp; réchauffer confi-
dérablement nos plaines, fans que nos rivieres alpines s'enflent
d'uue maniéré fenfible ; ce qui prouve qu'il ne s'eft point fondu
de neiges fur les montagnes amp; que la chaleur n'eft point par-
venue jufqu'à elles. Mais s'il s'éleve un vent chaud du fud ou
du fud oueft, douze ou quinze heures après qu'il a commencé
7 dixièmes de ligne, dont cette pluie
froide amp; locale aura fait [monter le
barometre.
PP
pour en revenir à la queftion qui a oc-
calionné ces calculs, l'f fFet final du re-
froidiflement diminué par celui de l'hu-
raidité, iéra dans le cas fuppofé, de
à foufler, n^us voyons l'Arve groffir à vue d'œil amp; quelquefois
raéme fe déborder amp; caufer de très-grands ravages. Tous les
habitans des Alpes confirmeront cette vérité ; même au milieu
de l'été, s'il ne ioufle pas un vent chaud, non feulement il fe
fond peu de neigesmais il en tombe de nouvelles fur les
cimes élevées, au lieu que s'il regne un vent de fud, les nei-
ges fe ramolliffent Se fe fondent jufques fur les plus grandes
hauteurs.
Réponfe à
une objec-
tion..
§. 302. Le favant M. de Luc, qui à mon gré a trop ex
ténué l'influence des vents amp; de la chaleur fur la denflté de
l'air, obferve qu'en été les vents de fud ne peuvent pas ré-
chauffer l'air de nos chmats, parce que dans cette faifon nous
éprouvons des chaleurs à peu près égales à celles des païs les
plus voifins de l'Equateur. Cette obfervation efl: parfaitement
jufte pour la furface de la terre au niveau de la mer , pour
k's couches baffes de l'atmofphere, mais efle ne l'eft plus pour
les couches élevées. Quelques jours de nos étés peuvent, il eft
vrai, être comparés à ceux de Lima ; mais les étés du grand
S. Bernard reffemblent-ils à ceux de la fertfle amp; riante vallée
de Qiiito fituée à peu près à la même élévation ? 11 faut le
demander à ces pieux fofitaires que f amour de l'hofpitafité
fait féjourner dans cette trifle demeure , où le thermometre
même en été defcend prefque tous les foirs lorfque le tems eft
calme tout près du terme de la congélation , amp; plus bas fi le
vent eft au nord ; où je l'ai vu au - deflTous de o le premier
d'août à une heure après midi malgré le folefl qui perçoit à
tous momens au travers des nuages ; où le meifleur abri peut
s peine favorifer l'accroiffement tardif de quelques laitues amp; de-
BU BAROMETRE. ÈJfai IV, Chap. III. 299
quelques choux les plus petits de leur efpece amp; qui forment
l'unique relfource de leurs pauvres potagers.
Et fans entrer dans de plus grands détails, n'eft-il pas
conftant que, malgré l'égalité de la chaleur extrême que l'on a
obfervée en différens chmats, la hgne des neiges perpétuelles
qui s'éleve, comme je l'ai déjà dit, à 2400 toifes fous l'Equa-
teur , vient rafer la furface de la terre dans le Spitzberg amp;
dans le Groenland,
L'égalité de chaleur dans le tems des folftices n'eft donc
que momentanée 8c fuperficielle : les couches élevées de l'air
font conftamment amp; dans toutes les faifons beaucoup plus
chaudes dans les païs méridionaux. Par conféquent, les vents
du fud, lors même que dans les grandes chaleurs ils nous
paroiffent refroidir les couches inférieures de l'atmofphere ,
réchauffent indubitablement les couches plus élevées corref-
pondantes à celles qui font plus chaudes dans les chmats d'où
ils viennent»
§. 303. Mais ce n'eft pas feulement en changeant la tempéra-nbsp;,
ture de l'air , que les vents doivent influer fur les variations ^ents
du barometre. Car feroit-il raifonnable de penfer qu'il puiftquot;e fenbsp;;
former dans un fluide élaftique des courans d'une étendue amp;
d'une vîteffe confidérable , fans que ce fluide fuit condenfé ou
raréfié par ces courans?
Je fais bien que ce qùe je prends ici pour l'effet doit çtre
auffi très-fouvent la caufe, amp; que les vents eux-mêmes fonC
prefque toujours produits par des changemens locaux dans à
denfité de l'air. Mais fans nous occuper dans ce moment de
leur caufe , confîdérons - les comme exiftans , amp; fuppofons
qu'une grande malfe d'air vienne tout à coup à fe porter
vers »n fieu dont l'air étoit tranquille , je dis que cet air
tranquille réfiftant par fon inertie à l'impulfion de celui qui
le choque doit néceffairement fe condenfer dans toute fa
hauteur , s'élever ou fe gonfler en quelque maniéré par en-
haut ; amp; que fa maflTe, fon poids doivent être augmentés par
là d'une maniéré fenfible. Cette augmentation fera bien plus
grande encore fî deux maiïes d'air viennent à fe heurter dans
des diredions oppofées. (4)
Si au contraire un grand volume d'air eft tout à coup
déterminé à abandonner une certaine plage pour fe porter vers
une autre , il fe formera dans cette plage un vuide , une
diminution de denfité qui fera bailfer le barometre.
Enfin le mouvement vertical de l'air de bas en haut ; occa-
fionné par la chaleur, par la rencontre des montagnes ou par
quelqu'autre caufe que ce foit, doit auflî néceflairement dimi-
nuer la preflion qu'il exerce fur la bafe qui te porte.
Tiolencedes §• 304- On fentira mieux encore l'inflirence que doivent
JesTautrnbsp;^^nbsp;^^ l'on réfléchit à la force
régions de avec laquelle ils fouffîent dans les hautes régions de l'atmof-
phere. C'efl: un fait avéréque plus on s'éleve fur les montagnes
vier 1779 , par Mr. Va» SwindEN »
Franeker _en Frize.
(4) On ne fauroit expliquer d'une
«utre maniéré la hauteur parodigieufe
dtt baromètre obfervée. le 1er de Jan-
DU BAROMETRE. Ffai IV, Chap. III. 301
amp; plus on trouve les vents impétueux. J'ai éprouvé très-fré-
quemment que des vents qui paroiffoient réguliers amp; d'une force
modérée dans la plaine , des vents de nord-eft, par exemple,
qui fe foutiennent quelquefois chez nous pendant plufieurs
jours avec beaucoup d'uniformité, étoient fur les montagnes
d'une violence telle que l'on avoit la plus grande peine a y
réfifter. J'ai parlé de la violence des vents fur le Mole amp; ce
n'eft point une particularité propre à cette montagne; j'ai éprouvé
la même chofe fur plufieurs autres fommités, les académiciens
François l'éprouverent fur les Cordillieres amp; tous les voyageurs
font d'accord fur ce point. Mais ce qui m'a le plus frappé ,
c'eft de voir les neiges dures amp; compadcs qui couvrent en
été les cimes inacceftibles des Alpes râpées en quelque ma-
nière par la violence des vents amp; enlevées à des hauteurs con-
fidérables. C'eft un phénomene connu de tous les habitans des
Alpes: on le voit fouvent fur la cime du Mont-Blanc, amp; quand
le foleil couchant donne une teinte rouge à ces neiges, il
femble que ce font des flammes qui fortent de la cime des
montagnes. Cette illufion eft fur-tout frappante amp; forme un
■beau fpedacle quand on eft au fud-eft des Alpes, par exem-
ple , fur les montagnes des environs de Cormayor. Après que
le foIeU s'eft'couché derriere le Mont-Blanc, la face que pré-
fente la montagne eft en entier dans l'ombre amp; l'on voit ces
neiges rougies que le vent fouleve à une grande hauteur au-
deffus de fa cime, briller dc l'éclat le plus vif, amp; fortin de
cette maffe oblcure comme la flamme d'un volcan. -Ces débris
de neige retombent du côté oppofé au vent, fe lient entr'eux
par la congélation amp; forment ces avant-toits faiilants au-deffus
des précipices que l'on obferve au bord de toutes les fommi^
tés couvertes de neiges éternelles.
Et il faut bien obferver, que les grands effets que produi-
fent les vents à cette élévation prouvent une vîteffe beaucoup
plus grande que s'ils les produifoient dans la plaine ; car l'air
devenant plus rare à mefure que l'on s'éleve, il faut une viteffe
plus grande pour compenfer la diminution dc fa maffe.
Cette prodigieufe vîteffe des vents dans les hautes régions
de l'air amp; leur influence fur les variations du barometre peu-
vent fervir à expliquer la correfpondance de ces mêmes va-
riations dans des païs éloignés. En effet, on obferve fouvent,
fur - tout dans les grands mouvemens du barometre, que le
moment du plus grand abaiffement ou de la plus grande élé-
vation coïncide à peu d'heures près , dans des places qui font
à plus de cent Heues de diftance.
Ce qui fortifie encore cette conjedure, amp; qui fait voir du
moins , que fouvent la caufe des variations du barometre com-
mence par agir fur les couches les plus élevées, c'eft la con-
fidération de ces fines pommelures qui accompagnent la baiffe
du barometre , amp; qui par le tems le plus beau amp; le plus fe-
rein annoncent plufieurs jours à l'avance le retour de la pluie.
Leur grande élévation, (§. 275), ne femble-t-elle pas prouver
que c'eft du haut de l'atmofphere que viennent les eaux dont
elles nous prédifent la chûte.
D'ailleurs j'ai fouvent obfervé, que mes hygrometres expo-
fés en plein air fe foutenoient même pendant la pluie, à plu-
fieurs degrés au-deffus de l'humidité extrême; amp; cela prouve
qu'alors ce ne font point les couches inférietires de l'atmof-
phere qui verfent leur eau par l'excès de leur faturation, mais
que ce font celles d'en-haut qui feules font fuperfaturées au
point de laiffer tomber la leur.
§. 30î. Il me refte maintenant à faire voir, comment en Rapports
attribuant aux vents les principales variations du barometre , on ^^gnsTii^ba-
peut encore rendre raifon de leurs rapports avec la pluie amp; rometre
avec la
En hyver,
le beau tems.
Déjà tout le monde convient, qu'en hyver les phénomè-
nes ne cadrent point mal avec cette caufe ; parce que les vents
qui viennent à nous chargés de vapeurs amp; qui nous appor-
tent la pluie, font pour l'ordinaire des vents de fud amp; de
fud-oueft, qui par leur chaleur peuvent en même tems dila^
ter l'air amp; le rendre plus, léger..
Et s'il eft vrai, comme le dit Mr. de Luc, qu'il y a des:
vents chauds qui font monter le barometre, j'obferverai d'a-
bord que c'eft un cas linguliérement rare : je dirai enfuite,
que ce phénomene ne prouve autre chofe, fmon que la cha-
leur n'eft pas la feule caufe qui faffe baiffer le barometre. Car
il eft évident que fi dans le moment où la chaleur tendroit
à le faire defcendre , plufieurs autres caufes viennent à con-
courir pour le faire monter; elles pourront quelquefois con-
trebalancer amp; même furmonter l'adion de la chaleur.
§. 30^. Quant à l'été , les argumens de Mr. de Luc con-
tre l'influence de la chaleur font beaucoup plus fpécieux. En
effet les vents de fud amp; de fud-oueft: qui font baiffer le ba-
rometre , font auffi quelquefois baiffer le thermometre ; amp; il
femble que fi l'influence de la chaleur eft auffi grande que.
En été..
pluie.
-ocr page 332-je le dis, l'air en fc refroidiflant devroit auffi fe condenfer Se
qu'ainfi le barometre devroit monter au lieu de defcendre.
Mais dans quel cas les vents méridionaux font-ils froids en
été ? C'eft quand ils font accompagnés de pluie. Or c'eft alors
la pluie qui refroidit l'air amp; non point le vent ; amp; la pluie
le refroidit parce qu'elle nous apporte la température froide
des couches élevées de l'atmofphere. Ces mêmes pluies ,
quoiqu'elles nous paroiftent froides en été , viennent pourtant
d'un air réchauffé par le vent m.éridional qui a apporté l'humi,
dité qu'elles ont verfée. On peut donc établir comme un fait
certain, que même en été les vents méridionaux augmentent
la chaleur moyenne de l'atmofphere.
§. 507. Mais il femble que l'on pourroit faire une objec-
tion bien plus fpécieufe encore contre l'explication que j'ai
adoptée pour rendre raifon de l'accord qui fe rencontre quel-
quefois entre les variations du barometre amp; l'humidité ou la
fécherefl-e de l'air. Et cette objedion paroîtroit une conféquence
des principes mêmes que j'ai pofés fur la nature amp; la forma,
tion des vapeurs.
Ce feroit de dire, que s'il étoit vrai que ce fût la conden-
fation de l'air par le froid , qui fï^ monter le barometre, ce
même froid devroit diminuer la force diffolvante de l'air, con-
denfer les vapeurs amp; produire la pluie : que, par conféquent,
la hauffe du barometre étant l'effet du froid , elle devroit être
l'indice le phis certain de la phiie amp; non celui du beau tems.
La chaleur au contraire augmentant la force diffolvante de l'air,
devroit
Autre objec.
tion.
devroit en rendant l'air plus léger amp; en faifant baiffer le baro-
metre , annoncer avec certitude un teras clair amp; ferein.
§. 30g. J'AVoi/B que cette objeclion , quand elle fe fut
préfentée nettement à mon efprit m'embarraffa pendant quel-
que tems. Enfin en méditant profondément fur ce fûjet amp; en
fuivant pied à pied la marche de la Nature dans cette opération,
je fuis venu à réfoudre cette difficulté d'une maniéré qui m'a
paru fatisfaifante.
Les vents les plus froids qui regnent en Europe, font les
vents de Nord. Ils font auffi pour l'ordinaire monter le baro-
metre. Mais ces vents font en même tems les plus fees. Or
un air qui paroit fec malgré le froid , eft par cela même plus
fec encore qu'il ne paroît l'être. Ces vents étant donc très-
fees par eux-mêmes, c'eft en vain qu'ils refroidiffent les cou-
ches fupérieures de l'atmofphere, la féchereffe qu'ils y appor-
tent leur donne la faculté de retenir les vapeurs que le refroi-
diffement tendroit à en féparer. D'ailleurs ces vents chaQent
devant eux l'air qui étoit au-deffus de nos têtes avant leur
arrivée, amp; lui fubftituent Tair froid, fec amp; denfe dont ils font
eux-mêmes compofés, Ainfî nûus avons tout à la fois le ba-
rometre haut, amp; un tems clair amp; ferein.
Mais fî un vent de Nord en même tems qu'il eft froid étoit
auffi humide, alors nous aurions tout à la fois la pluie, amp; le
baromehre élevé; amp; on diroit, comme on le dit fî fouvent,
que le barometre nous trompe. Si même , fans être humide ,
un air froid furvenoit tout-à-coup, dans un tems où l'atmof-
phere feroit rsmplie de vapeurs, cet air commenceroit par les
O n
SoîutioH de.
cette objec-
tion.
^ ^D È^s^ f A r i a f ' i o n s
condenfer amp; il pleuvroit jufqu'à ce qu'il les eût entie'rement
balayées. C'eft précifément ce que Musschembroek a obfervé en
Hollande; Fenti orientales in Belgio frigidi, g élu adve-
hunt.....foient ejfe Jîcci cum fereno ccejo , inprimis (f diutiùs
fpire'nt, fed fi ceïeriter poft ventos occidentales adventent, nu-
bes ab occidentalibus adlatas revehunt ; tùm in prineipio f mit
pluviofi fcepè mo alterove die pofieà tamen ficci ^ falubres. In*
trod. ad. PhiloC T; IL §. 3 5
306
Les mêmes raifonnemens s'appliquent aux vents méridio-
naux ; ils font en même tems chauds amp; humides, amp; prodi-
gieufement humides s'ils paroilfent tels malgré leur chaleur. Si
donc un tel vent s'éleve à une grande hauteur , en même tems
qu'il réchauffe l'air froid, qu'il y trouve , if fe refroidit lui-
même:, 8c dépofe ainfi une partie des vapeurs qu'il tenoit
en diffolution ; ces vapeurs ' s'accumulent amp; produifent enfin
de la pluie. Si ce mênle veut étoit fec , il feroit bien éga^
le ment baiffe r le baromètre., mais alors le barometre nous trom-
peroit, car il ne furviendroit point de pluie amp; ce. feroit un de
ces, vents, que nous appelions, de,s vents blancs qui font en
été le fléau des campagnes, parce qu'ils deffechent amp; brûlent
tout ce qui fe trouve fur leur paffage.
îlTceîtitude.
des prédic-
tions du ba-
rcroetre.
§. 309. Au refte l'hypothefe qui expliquera les variations
du barometre dólt pour quot;être d'accord avec les phénomènes,,
ne point donner au beau tems amp; à' la pluie , ni aux caufes
dont ces météorés dépendent: une trop grande influence fur
ces variations. Car on fait que le marquis Poléni fur quot;ii7f
pluies qui font tombées- à^ Padoue pendant iz. ans, n'en a
trouvé que 7^8, qui aient fait baiffer le barometre ; c'eft-à-
DV BAROMUTM: Ejfèi IV, .Chap. III.
dire, que fur 1000 prédidions du barometre il n'y en a eu
quenbsp;de vraies. Or il faut obferver, que lors-même que
les mouvemens du barometre n'auroient abfolument aucun rap-
port avec la pluie, fur mille fois qii'il plcuvroit, le barome-
tre defcendroit 500 fois; ce qui réduit à bien peu de chofé
Tinfluence qu'a eu la pluie fur les variations du barometre.
Les obfervations de Mr. Van Swinden àpraneker en Frife',
confirment Celles du marquis Poléni amp; Vont même pluâ loin
encore, car il a vu une, année (1778) pendant laquelle les
prédirions du barometre ont été auffi fouvent faulfes que vraies.
Cependant ce célébré phyficien , en calculant fes obfervations
fuivant la méthode de Mr. Horsley a prouvé l'influence réelle
qu'a la pluie fur la hauteur du barometre. Car il réfulte de
fes calculs qu'en 1778 amp; 1779 la hauteur moyenne du barp-
metre pendant qu'il pleuvoit a été moins grande que la moyenne
delà totalité de l'année: la différence en 1778 a été dc 2,5 9f
lignes du pied de Rhin, amp; en 1779 , i , 7T i- Et cela doit
bien être ainfi fuivant les principes que nous avom pofés d'après
les expériences fur la denfité des vapeurs.
§. 310. Je n'entrerai point dans de plus grands détails ; mais concmon.
je crois devoir avertir de nouveau, que quoique j'attribue à la
chaleur amp; aux vents le^s principales variations du barometre ,
je ne nie cependant point l'influence des vapeurs : je l'ai au
contraire démontrée par des expériences diredes, Se je n'ai fait
que reffreindre fes effets d'après ces mêmes expériences. Je ne
nie point non plus l'influence des modifications chymiques de
l'air, telles que l'abforption ou la génération d'une certaine quan-
tité d'air pur , le mélange de quelques efpeces d'air dont îa ■
aq ^
307
pefanteur fpécifique eft plus grande ou plus petite que la pefan-
teur moyenne de l'air commun, amp;c.
Je dirai même plus, il me paroît vraifemblable que les phy-
ficiens découvriront quelque nouvelle caufe des variations à^
barometre: au moins eft-il certain que celles que nous con-
noilfons font infufKfantes pour expliquer tous les phénomènes.
Pourquoi, par exemple , les vents d'Eft, quoique froids amp; fees,
font-ils ordinairement bailfer le barometre en Angleterre amp; en
Hollande, fuivant les obfervations de Mrs. Horsley amp; Van
SwiNDEN ; tandis que les vents d'Oueft, qui font humides amp;
tempérés le font communément monter ? C'eft ce dont aucune
hypothefe à moi connue ne peut donner une raifon fatisfaifante.
COMMENT IL FAUT SITVER ET OBSERVER
V HT G ROM ET RE.
Fauîes »
éviter.
§. 311. Il y a long-tems que les phyficiens ont fenti
combien il étoit abfurde d'obferver le thermometre dans l'inté-
rieur d'une chambre lorfqu'on vouloit connoître le degré de cha-
leur de l'air extérieur. Sans doute on fendra auffi qu'on ne peut
juger de l'humidité de l'air extérieur qu'autant que l'on dent
fon hygrometre expofé à toutes les influences de cet air. Il faut
donc pour des obfervadons météorologiques tenir l'hygrometre
en dehors d'une fenêtre, mais cela même ne fuffiroit pas fi l'on
étoit curieux d'une très-grande exaélitude. Car fi l'hygrometre
efl; fufpendu même à un pied de diflance en dehors dune fenê-
tre quot;expofée au foleil, l'aftion direde du foleil, amp; bien plus
encore la réverbération de la chaleur qu'il imprime à la face de
la maifon dans laqueUe cette fenêtre eft fituée , fait indiquer à
l'hygrometre un degré d'humidité fort inférieur à celui qu'il iu-
diquèroit au miheu de la campagne. Et fi au contraire l'hygro-
metre efl; fufpendu à l'ombre d'une maifon, ii indiquera une
humidité plus grande que celle de l'air libre, fur-tout fi la mai»
fon eft grande, amp; fi la fenêtre donne fur des cours fombreS:^
humides, où l'air ne joue pas avec liberté.
§. 312. La maniéré la plus exade de connoître avec ceC
inftrument l'état précis de l'air eft de le fufpendre en rafe cam-
pagne au haut d'une canne ou d'un pieu dont le diametre n'ex-
cede pas de beaucoup l'intervalle compris entre le cheveu amp; la
boule du thermometre joint à l'hygrometre. On peut tourner
la canne de maniéré qu'elle tienne à l'ombre le cheveu Se l'hy-
grometre , qu'elle les garantiffe ainfi l'un amp; l'autre de l'action
immédiate des rayons du foleil, fans produire une malfe d'ombre
qui rendre l'air fenfiblement plus froid Se plus humide.
Maniéré
d'obferver
dans la cam-
pagne.
Cette méthode eft aufli la feule de connoître au jufte la
chaleur de l'air extérieur : car les thermometres fitués auprès
des maifons foit au foleil foit à l'ombre font plus ou moins
affedés par ces malfes qui font toujours lentes à fuivre les
modifications variables de l'atmofphere.
§. 313. Cependant on ne peut pas raifonnablement exiger
que l'amateur de météorologie qui veut obferver de jour k
jour Se d'heure à heure les variations de fes inftrumens aUle à
chaque fois les confulter au mifieu de la campagne. : On peut
donc réferver ces précautions pour les cas où fl importe d'avoir
avec une extrême précifion l'état de l'air extérieur ; amp; dans le
cours ordinaire des obfervations fe contenter d'écarter fes inf-
trumens des grandes mafles qui font manifeftement plus chaudes
ou plus froides , plus feches ou plus humides que l'air ex-
térieur.nbsp;:
Dans une
«laifon.
Je tiens mon hygrometre d'obfervation fufpendu en dehors
amp; en face d'une fenêtre amp; je l'obferve au travers de la, vitre
avec une loupe de 6 pouces de foyer. Le foleil ne frappe
jamais cette fenêtre , ou du moins il ne l'éclairé qu'oblique- .
ment amp; pendant peu de momens , amp; la rue fur laquelle elle
eft fituée étant percée du nord-eft au fud-ouell, les vents les
plus fréquens dans notre vallée y renouvellent l'air continuel-
lenient.
.Mais fi l'on ne pouvoit pas trouver dans le lieu qu'on ha-
bite une place où l'hygrometre fût toujours à l'abri des rayons
du foleil, amp; dont l'air fe renouvellât avec facitité; il faudroit,
lorfque le loleil viendroit frapper la face de la maifon fur la-
quelle eft l'hygrometre, le porter amp; l'obferver fur la face op-
pofée. Il faut auffi avoir ia précaution de ne pas le laiffer fuf-
pendu à une fenêtre contre laquelle la pluie ou les orages
viennent battre avec violence, il courroit le rifque d'en être
dérangé. 11 faut enfin fe rappeller les précautions indiquées
dans les § §nbsp;, amp; 70.
•
§. 314. Au refte on peut avec l'hygrometre à cheveu ob- obferva.
ferver fans s'arrêter en marchant, amp; même à cheval l'humi- tjons ^en
dité de l'air. Il fuffit d'avoir l'attention de tenir l'inftrument
éloigné de fon corps, pour qu'il ne foit pas affedé par fa
chaleur, amp; de le pencher un peu, pour que la foie qui porte
le contre-poids s'enveloppe en partie autour de la pouhe amp;
ne faffe pas des ofcillations qui la dégagent de la gorge de
cette même poulie. On le redreffe amp; on l'approche brufque-
ment de l'œil dans le moment où on veut l'obferver : je dis
brufquement; car c'eft toujours ainfî qu'il faut approcher cet
inftrument, fans quoi la chaleur du corps le fait marcher
fenfiblement au fee. C'eft une chofe très-curieufe que de porter
ainfi cet inftrument lorfque l'on fe promene, on le voit faire
des variations fenfibles fuivant la fituation des lieux par lefquels
on pafle,
J'AI pour le voyage de petits hygrometres, dont les dimen-
fions font les mêmes que celles de la figure 2®. de la planche
premiere, un petit thermometre monté en métal eft fixé au
miheu de l'efpace Vuide qui fépare les deux montans du cadré;
le tout fe renferme dans un étui plat de bois mince amp; léger,
amp; peut fa porter â la poche fans le moindre embarras. Lori:.
qu'on veut connoître l'état de l'air , on fort l'inftrument de
fon étui, on le fufpend avec une épingle à une canne ou à
un arbre , ou bien on le porte à la main, amp; après qu'il eft
refté I o ou tz minutes en expérience il indique amp; la chaleur
amp; l'humidité du heu dans lequel on l'a placé. Dans ces obfer-
vations j'emploie toujours une loupe ; on en retire deux avan-
tages , d^ggrandir les divifions amp; d'aider à éviter les erreurs
qui peuvent naître de la parallaxe.
CHAPITRE
-ocr page 341-CHAPITRE V.
DE UACTION DES RATONS DV SOLEIL SUR
V HT G ROMETRE A CHEVEU.
31Ç. Je doutois d'abord qu'un corps aufli délié que le L'adioa
cheveu amp; tranfparent comme lui fût aftefté par les rayons du
foleil. En elfet fl femble qu'un corps très-mince amp; environné te point
d'un air qui fe renouvelle fans cefl'e ne doit pas s'échauffer fen- l'hjgrome.
fiblement plus que cet air , amp; les rayons du folefl ne me paroif-
foient pouvoir contribuer à la formation des vapeurs amp; au def-
féchement d'un corps, que par la chaleur qu'ils lui impriment.
Mes premieres expériences confirmèrent ce foupçon ; un de
mes hygrometres expofé au foleU ne marchoit point à l'humide
lorfque je faifois tomber fur lui l'ombre d'un carton dont la
grandeur n'excédoit que de très-peu celle de l'inftrument amp;
que je tenois éloigné de lui k la diftance de 4 pieds au
moins : fl ne marchoit pas non plus au fec lorfque je lui ren-
dois la lumiere.
3 iff. Mais ces expériences, répétées un jour où le folefl
étoit plus brillant amp; plus vif me firent voir une variation d'en- aUeraufec!
viron a degrés. Le treizienie mai 1781 à une heure après midi
l'hygrometre au foleil étoit à , 3 amp; le thermometre à 21.
L'ombre du carton fit faire à l'hygrometre i, 7 vers l'humide.
amp; au thermometre i , 3 vers le froid. En rendant le folefl
l'hygrometre retourna au fec de 2, 2 amp; le thermometre monta
de 3 2. Ces effets étoient, comme on le voit irréguhers amp;
variables amp; il y en eut d'autres qui le furent encore da-
vantage.
C'est pourquoi , comme il paroît impoffible de trouver une
maniéré fûre de tenir compte de l'aftion des rayons direéls du
foleil fur le cheveu de l'hygrom.etre, j'ai confeillé de le placer
à l'ombre lorfque l'on fait des obfervations qui exigent de k
parité amp; de l'exaditude.
t)ES HEURES DU JOUR OU REamp;NENT LA PLUS GRANDE
HUMIDITÉ ST LA PLUS GRANDE SÉCHERESSE.
§• 317. O N feroit tenté de croire, que l'heure la plus L'heure 1«
chaude de la journée doit aulfi être la plus feche. Cependant P'quot;® ^^
cela n'eft point ainfi. Si le tems eft pendant tout le jour par- j amp; 4.
faiteraent uniforme , c'eft-à-dire, ou toujours clair ou toujours
également couvert, ou toujours calme ou avec un vent régu-
lier amp; également foutenu , l'hygrometre va au fec à mefure que
l'atmofphere fe réchauffe par l'adlion du foleil, amp; il continue
d'aller au fec lors même que la chaleur de l'air commence à
diminuer : la féchereffe n'atteint fon plus haut terme que deux
heures ou deux heures amp; demie après que la chaleur a palfe
le fien.
Le moment le plus chaud de la journée étant donc commu-
nément dans nos chmats entre mie heure amp; demie amp; deux heures
de l'après-midi, le moment dc la plus grande féchereffe eft en
«té vers les quatre heures. En hyver les termes fe rapprochent
un peu davantage ; cependant le même phénomene eft toujours
très-feniible , le moment le plus fec eft vers les trois heures
amp; même quelquefois plus tard.
I r
-ocr page 344-§. 3 f 8- Si cette obfervation eût été faite avec un inftrument
parefteux , on pourroit en attribuer la caufe à la lenteur même
de l'inftrument. Mars comme l'hygrometre à cheveu fuit les
variations de l'humidité auifi vite que le thermomètre fuit celles
de la chaleur] il faut néceffairement que la caufe de ce fait fe
trouve dans la nature même de l'air Se des vapeurs.
Ce phénomene eft d'autant plus remarquable, qu'il faut que
l'air fe deffeche beaucoup pour que l'hygrometre marche au fec
pendant que le tems fe refroidit, Car ff faudroit déjà que l'air
fe deflTéchât pour que l'hygrometre demeurât ftationnaire tandis
que cet air perd de fa chaleur ; en effet un hygrometre ren-
fermé dans un vafe plein d'air amp; exactement luté marche au
fec tant que le vafe fe réchauffe amp; retourne à. l'humide dès
qu'il commence à fe refroidir.
§. 319' Cette obfervation prouve donc, que les vapeurs
que la chaleur du foleff faft fortir de la terre ne s'arrêtent pas
dans les couches inférieures de l'air, mais qu'elles s'élevent
continueUement amp; fe difperfent dans les hautes régions de l'at-
mofphere.
«
Cette même conféquence eft confirmée par un autre fait,
c'eft que dans les tems même les plus calmes, fi la terre eft
humide Se que le foleff briffe pendant plufieurs jours confécu-
tifs, cette terre fe deffeche continuellement, quoique les rofées
lui rendent foir amp; matin une grande partie des vapeurs dont
les couches inférieures de l'air s'étoient chargées.
Confidéra-
tions fur ce
phénomene.
Conféquence
qui en réfulte.
3 20. De même que le moment delà plus grande féche. Le moment
^ ^nbsp;'nbsp;J u 1nbsp;le plus humi-
reffe ne coïncide pas avec celui de la plus grande chaleur , ^e eft une
celui de la plus grande humidité ne tombe pas non plus fur
celui du plus grand froid. Dans un tems parfaitement uniforme,
le moment le plus froid du jour eft celui du lever du foleil.
Or il arrive fouvent que le foir après la chute d'une abondante
rofée l'air dépouillé en partie dc fes vapeurs laiffe revenir l'hy-
grometre un peu au-deffous du terme de l'humidité extrême,
tellement que pendant la nuit amp; au moment qui precede le lever
du foleil, il eft à 94 oquot; degrés. Enfuite lorfque le foleil
fe leve , fes rayons en tombant fur la terre, qui alors eft couverte
de l'humidité de la rofée, en font fortir des vapeurs ; amp; la
quantité de ces vapeurs eft telle , dans les premiers momens,
que quoique l'air commence à fe réchauffer, amp; devienne ainfî
capable d'en diffoudre davantage, cependant il s'en éleve affez
pour le faturer, ou du moins pour augmenter amp; fon humidité
réelle amp; fon humidité apparente. Mais enfin une heure ou une
heure amp; demie après le lever du foleil, la partie de la rofée la
plus difpofée à l'évaporation fe trouve diffipée amp; la chaleur de
l'air eft augmentée au point que les vapeurs qui s'élevent n'aug-
mentent plus fon humidité apparente. Dès lors l'hygrometre mar-
che continuellement à la féchereffe.
La rofée du foir eft quelquefois affez abondante pour faire
aller l'hygrometre au terme de l'humidité extrême. Elle pro-
duit cependant cet effet beaucoup plus rarement que celle
du matin.
Au refte, on doit aifément comprendre, que des circonf-
-ocr page 346-tances locales amp; particulières. Se les variations que fubit quel-
quefois l'atmofphere par des caufes accidentelles amp; qui échap-
pent à nos fens» peuvent fouvent modifier ces regies gé-
nérales.
DES CAUSES PROD, y ^c. Efai IV, Chap. ViV 319
XiES CAUSES QUI PRODUISENT DANS VATMOSPHERE LES
PLUS GRANDES SÉCHERESSES ET LA PLUS GRANDE
HUMIDITÉ-
§. 3 21. C 'Est «ne chofe très - remarquable , que le vent Circonftan-
de fud-outft qui en général eft chez nous un vent humide amp; gîLJesfé!
qui nous amene ordinairement la pluie, foit cependant celui chereffesqu«-
qui a fait deux fois defcendre l'hygrometre au point de la plus Îles.
grande fécherelfe où je l'aie jamais obfervé à l'air hbre.
Mais en examinant attentivement les circonftances qui ont
accompagné ce phénoaiene, j'en ai trouvé , à ce que je crois,
ia caufe.
Le vent, qui eft communément le plus fec dans notre pays
eft la bize ou le nord-eft. Si ce vent regne pendant plufieurs
jours par un tems ferein, ( i ) il defteche réellement l'air à
ïin très-haut degré ; mais comme il eft ordinairement frais, fa
fraîcheur tempere ou cache du moins fa féchereffe réelle. Si
donc après que l'air amp; la terre ont été ainfi réellement def-
féchés par le vent de nord-eft, il faute tout-à-coup au fud-
oueft , le tems continue d'abord d'être clair amp; ferein , fe ré^
chauffe confidérablement, Se cependant l'air que nous apporte-
(i) Jï disbar z« tems ferein, parce qu'elle peut être très-iuunider fi, e!ls;
feuffie par un ciel cowert de nuages peu élevésk
ce vent au commencement de fon regne, n'eft pas encore l'air
humide de la Méditerranée dont nous fommes éloignes d'en-
viron heues en hgne droite ; c'eft un air fec qui vient des
terres fituées au fud amp; au fud-oueft de notre pays. Mais fî
le même vent continue, il nous amene bientôt l'air chargé des
vapeurs de la mer amp; alors l'hygrometre va à l'humide quoique
la chaleur augmente , le ciel fe couvre de nuages, amp; la pluie
vient ordinairement le troifîeme jour après que ce vent a com-
mencé à fouffler.
Premier
exemple.
§. 322. C'est ce que j'obfervai au mois de mars de l'année
derniere 1781. Le tems avoit été beau amp; fec plufieurs jours
confécutifs pendant lefquels la bize avoit régné, au moins de-
puis neuf heures du matin jufqu'au foir.
Le 2î à 3 heures minutes, qui fut le moment le plus fec
de la journée, l'hygrometre vint a 44 degrés amp; le thermometre
à i^. Le lendemain 26 le vent dans la matinée tourna au fud-
oueft, amp; dans l'après-midi l'hygrometre vint à 41 amp; le ther-
mometre à I
Le vent de fud-oueft augmenta donc la féchereffe de 3 de-
grés , mais ce fut par fa chaleur amp; non par fa fécherelTe : en
effet il faut que l'air fût déjà un peu plus chargé de vapeurs
qu'il n'étoit la veille, puifqu'au point où il fe trouvoit, une
augmentation de 4 degrés dans la chaleur auroit dû en pro-
duire une de 4 dans la féchereffe, amp; le changement ne fut
que de 3. Le lendemain 27 l'humidité monta à 5© au moment
le plus fec de la journée amp; le 28 il plut.
LES HUS GRANDES SffCH., EJfai IV, Chap. VIL 321
323. Je fis au mois de juillet de la même année une ob-
fervation du même genre, mais bien plus frappante encore.
J'étois allé palfer quelques jours dans la vallée de Chamouni
pour revoir quelques montagnes dont la defcription doit en-
trer dans le fécond volume de mes voyages. Le tems étoit
beau, fec, la bize fouffloit depuis plufîeurs jours: cependant
je n'avois pas vu mes hygrometres defcendre au-delfous du
62e. degré, le thermometre étant autour du i^e. Le 2f du
mois, le vent fauta tout-à-coup au Sud-Ouefl: amp; à 3 h. dc
l'après-midi l'hygrometre vint 341, 2. Ici donc l'hygrometre,
de l'heure la plus feche d'un jour à la plus feche du lende-
main fit une variation d'environ 20 degrés vers la féchereife.
Hais comme le thermometre ne monta qu'à 19,3 amp; qu'au
terme où étoit l'hygrometre une variation d'environ 4 degrés
dans la chaleur ne peut point en expliquer une de 20 dans
l'humidité , il faut nécefiairement recourir à quelque autre
caufe-
Or ici je ne vois rien de plus naturel que de fuppofer,
fuivant les principes de Mr. du Carla , que ce vent en traver-
fant les hautes montagnes des Alpes qui fe trouvoient fur fa
route au-deflTus de la vallée de Chamouni, avoit dépofé une
partie des vapeurs qu'il tenoit en diffolution. En effet les hau-
tes cimes étoient alors enveloppées de nuages. Ce même vent
dépofoit auffi fon humidité dans les hautes régions de l'air ; le
ciel étoit uniformément couvert de grandes pommelures beau-
coup plus élevées que le Mont-Blanc amp; même que le nuage
dont fa cime étoit coiffée. Il plut dès le lendemain matin.
Ces deux cas font ceux où j'ai obfervé les plus grandes fé-
S s
Second
exemple.
cherefTes depuis le mois de janvier 178r, tems auquel mes
hygrometres furent alfez perfedionnés pour que je puflTe comp-
ter fur leur graduation,
§. 3 24. Quant ,à l'humidité extrême, on a de fréquentes
■ occafions de l'obferver. Premièrement toutes les fois que l'hy-
grometre elt plongé, foit dans les brouillards, des plaines,
foit dans les nuages qui entourent les cimes des hautes mon-
tagnes. En effet j'ai fait voir que les véficules aqueufes qui
compofent les brouillards amp; les nuages ne peuvent demeurer
permanentes que dans un air complètement faturé. Si l'air con-
tient moins d'humidité qu'il n'en faut pour le faturer, ces vé-
ficules s'y diffolv.ent amp; fe changent en vapeurs élaftiques tranf-
parentes. C'eft ce que Ton voit lorfqu'on ouvre la fenêtre d'une
chambre chaude dans le moment d'un brouillard épais, le brouil-
lard entre avec l'air extérieur, mais il fe fondamp; difparoit à
mefure qu'il pénétré dans la, chambre.
Cepenbant fî l'air n'eft pas bien éloigné du point de fatura-.
tion amp; que la maflfe du brouillard ou du nuage foit un peu confî-
dérable, il lui faut quelque'tems pour fe diffoudre, amp; l'air peut
ainfi pendant quelques momens contenir du brouillard fans être
complètement faturé. C'eft ce que j'ai obfervé fur le haut du
M ont-Bre vent le 23 juillet 1781 entre 9 amp; 10 heures du matin.
Il y avoit eu ce ,même matin dans toute la vallée de Chamonui,
que domine cette montagne amp; fur toute la pente de la montagne
même, une gelée blanche très-abondante, Lorfque le foleil fut
levé, il commença à fondre amp; à vaporifer cette rofée tandis qu'il
îéchauflToit les rocs nuds amp; taillés à pic dont eft compofée la
s;biie de cette montagne. 11 fe forma bientôt , comme cela.
Mumidité
extrême i®..
dans les
brouillards,
amp; les nua,^
LES nus GRANDES SE'CH., ^c. ÈfailV, Cîmp. VH. 325
arrive toujours dans ces cas là, un vent vertical contre la face
orientale de la montagne, amp; ce vent amenoit de tems en tems
au Commet, de petits nuages qui s'étoient formés dans les fo-
rêts amp; les prairies fituées au-delfous des rocs. Mes hygrometres.
étoient fufpendus à 4 pieds au-delfus de la cime du rocher
à l'ombre d'une petite croix. Lorfqu'il ne palToit point de nua-
ges, ils fe tenoient autour du 87e- degré, mais pendant que
le nuage palToit ils venoient environ aunbsp;Le thermometre
à l'ombre de la même croix fe tenoit à 5 degrés au-deflus de o.
Ces nuages palfagers, minces amp; criblés par les rayons du fo-
leil ne pouvoient donc pas faire venir l'hygrometre au terme
de la faturation, comme ils auroient fait s'ils euffent été per-
man ens.
^ 5 2? T'-^i déjà dit que les fortes rofées ramènent l'hy- Pendant
.nbsp;„nbsp;in- une forte ro*
grometre au terme de l'humidité extrême , U que queiqueîois
fée ou une
après y avoir été conduit par la rofée du foir, il s'en écarte
un peu pendant la nuit, pour y revenir après le lever du
foleil.
J'ajouterai, que fouvent dans les nuits fraîches amp; calmes
qui fuccédent à des jours pluvieux, l'hygrometre fe fixe au terme
de l'humidité extrême fans s'en écarter ; lors même que le tems
eft parfaitement clair amp; que les aftres paroiffent étincelans de
la plus brillante lumiere. Et rien ne prouve mieux la diffo-
lution des vapeurs dans l'air, que de voir qu'il peut en être
faturé , amp; jouir en même tems de la plus parfaite tranfpa»
rence.
-ocr page 352-pluies§• 3 26. J'ai obfervé avec affez de furprife, que dans notre
toniLn^de P^Y^ ^u moins, l'air eft très-rarement faturé d'humidité dans
ïïmenbsp;^^ moment de la pluie. Je n'ai jamais vu l'hygrometre venir
de jour par la pluie au terme de l'humidité extrême, à moins
que l'air ne fût en même tems chargé de brouillards, ou que
les nuages ne fuffent fufpendus au-deffus de nos têtes à la
diftance d'un petit nombre de toifes. S'il pleut dans le miheu
du jour, l'hygrometre fufpendu à ^ ou pouces cn dehors
de la fenêtre amp; garanti du contad même des gouttes par un
petit avant-toit, fe tient communément entre 90 amp; 95 degrés.
Je vis même le 23®, du mois de mars dernier (1782) entre
onze heures amp; midi une pluie à verfe ,. pendant laquelle l'hy-
grometre ne vint qu'à 84 degrés |, ( i ) le thermometre étant
à 8|. Il eft vrai qu'il fouffloit un vent de fud extrêmement
fort, amp; je l'ai déjà remarqué ailleurs, les vents violens tien-
nent toujours l'air éloigné du point de faturation.
JVIeme pendant la nuit, la plus forte pluie „ fi elle eft accom-
pagnée de vent, ne fait point venir l'hygrometre au terme de
l'humidité extrême. Ce ne font donc que les pluies accompa-
gnées de brouillards , ou celles qui tombent pendant la nuit amp;
par le calme qui raffafient d'humidité l'air que nous refpirons.
la neige n'a pas à cet égard plus d'efficace que la pluie.
( i ) Le peu d'influence de cette
pluie fur l'humidité de l'air étoit d'au-
tant plus remarquable , qu'il avoit
beaucoup plu la veille , amp; que dans
îe moment de l'obfervation , à 11 h.
40' du matin , le barometre appro-
chait du point le plus bas où on le
voie à Geneve. Il étoit à 26 pouces
1 ligne Le même jour vers les
I il defcendit encors d'une ligne
demie plus bas.
-ocr page 353-DIVERSES APPLICATIONS DES TABLES QUI SERVENT A
RE'DUIRE AU MEME DEGRE' DE CHALEUR LES
OBSERVATIONS HTGROMFTRIQUES.
§• 337- On peut faire divers ufages inte'reffans des tables introdue..
deftinées à comparer entr'elles des obfervations faites à des tion.
degrés de chaleur différens. J'ai promis d'en donner des ex-
emples amp; c'eft à cela qu'eft deftiné ce chapitre.
Il importe fouvent de comparer entr'elles des obfervations
faites dans un même lieu à différentes heures d'un même jour,
pour voir fi l'humidité réelle, c'eft-à-dire, la quantité abfolue de
l'eau contenue dans l'air augmente ou diminue. Car, on ne
fauroit trop le répéter, l'hygrometre ne nous montre que
l'humidité apparente, c'eft-à-dire la difpofition plus ou moins
grande de l'air à fe deffaifir des vapeurs dont il eft chargé.
Et fouvent par un effet de la chaleur, l'hygrometre va au fec,
amp; par conféquent l'humidité apparente diminue , lors même
que la quantité d'eau dilfoute dans l'air ou l'humidité réelle
augmente fenfiblement.
§. 328. Ainsi le fe. Avril de cette année 1782, à 9 heures Dîmmntian
du matin l'hygrometre étoit à 80 amp; le thermometre à 4 i
L'après midi un peu après 4 heures le même hygrometre vint augmenta-
à 75, 5 amp; le thermometre à 8- Les deux inftrumens varièrentnbsp;^^
donc l'un amp; l'autre de 3 degrés Mais en confultar
-ocr page 354-la table du § 513, je vois que quand l'hygrometre eft à ZO
degrés , une augmentation de 3 i degrés dans la chaleur
doit, fl la quantité des vapeurs demeure la même , le faire
venir à 72, 3 s ( J ) c'eft-à-dire, lui faire faire une varia-
tion de 7 degrés 6lt;; centiemes. Puis donc que l'hygrometre
a fait 4, degrés vers la fécherefte de moins qu'il ne devoit
faire par l'effet de la chaleur, c'eft une preuve que l'air s'eft
chargé de nouvelles vapeurs, amp; que par conféquent l'humi-
dité réelle a augmenté quoi que l'humidité apparente ait
diminué.
Diniîniit;ion
réelle amp; ap-
parente de
i'immidité.
§• 329. Quelquefois au contraire, amp; c'eft ce qui arrive
lorfque le tems eft beau amp; doit l'être encore , les vapeurs
s'élevent, l'air s'en dépouille amp; la fécherefle réelle augmente
en même tems que la féchereffe apparente. Par exemple le 17
Avril 1781 à f heures l du matin l'hygrometre étoit à 93
amp; le thermometre 33^. A 4 h. de l'après midi l'hygrometre
vint à , 2 amp; le thermometre à 15 i La chaleur augmenta
donc du matin au foir de 12 degrés, amp; l'hygrometre alla au
fee de 34, 8. Si l'air n'eût fubi d'autre changement que celui
de la chaleur; l'hygrometre ne feroit venu qu'à , 3f,
c'eft-à-dire, qu'il n'auroit varié que de 27 , 6-5. Il a donc
fait 7 , ïS degrés vers la féchereflTe de plus qu'il n'eût fait par
la feule augmentation de la chaleur : la quantité abfolue des
vapeurs que l'air contient eft donc moins grande qu'elle n'étoit
le matin , amp; cette diminution doit être d'environ i grain |
par pied cube, fi l'on en juge par les proportions qu'indique
îa table du §. 176.
C I ) J'ai détaillé dans la Note du parag. 177 la maniéré de faire ce calcul
-ocr page 355-§. 330. D'autrefois on trouve la variation de l'hygrometre Diminutio»
proportionnelle à celle du thermometre. Ainfi le ^ mars de fppa^emf
cette année l'hygrometre à 7 h. du matin étoit à 97 amp; le tandis que la
thermometre à i. Le foir à 4 h. l'hygrometre vint à 72 „^eu^e k'
amp; le thermometre à 11. Je dis que la quantité des vapeurs même.,
diiloutes dans l'air demeura la même amp; que la variation de 2?
degrés que fubit l'hygrometre doit être confidérée comme
l'effet de la feule chaleur. Car fi l'on prend la table , on
verra qu'au 97 degré répond dans la troifieme colonne le
nombre i, 961-, ce nombre augmenté de 10 dont le ther-
mometre monta du matin au foir donne 11, 561 , qui eft
à très-peu-près égal à 11 , 829 , vis-à-vis duquel eft écrit
le 72 degré.
§. 331. Nous avons jufques ici confidéré les cas dans lef- Ea même
quels la chaleur augmente entre la premiere amp; la fécondé ob-
fervation : mais on peut avec la même facilité confidérer ceux cas oùlacha-^
dans lefquels elle diminue. Par exemple, le 16 mars de cette leur diminue-
même année à 3 h. | du foir l'hygrometre étoit à 67 amp; le
thermometre à 5 , 2. Le même jour à 11 h. du foir le ther-
mometre defcendit à — i , 8. Donc la variation dans la
chaleur fut de 7 degrés. Or le nombre qui dans la table
répond à 67 degrés de l'hygrometre eft 14, 339. Donc par
le feul changement de température l'hygrometre eut dû venir
au nombre qui correfpond à 14, 339 — 7 ou à 7 » 339,
c'eft-à-dire, à 82. Mais il ne vint qu'à 77; il varia done de 5
degrés de mains qu'il n'auroit dû faire par l'effet du refroi-
diffement , ce qui prouve que dans l'intervalle des deux obfer-
vations il perdit une partie des vapeurs dont il étoit chargé.»
environ un demi - grain par pied cube..
§. 332. Mais fi l'on compare entr'elles des obfervations
faites dans des faifons différentes; on verra des différences bien
plus confidérables encore entre l'humidité apparente ou celle
qu'indique l'hygrometre amp; l'humidité réelle, ou celle qui eft
exprimée par la quantité abfolue des vapeurs que l'air tient en
diffolution.
Le 10 d'août 1781 à midi l'hygrometre étoit ï 66 degrés,
amp; le 18 de février de l'année fuivante à 91. L'humidité ap-
parente ou celle qu'indique l'hygrometre étoit donc de 25 de-
grés plus grande le 18 de février que le 10 d'août. Mais fi
l'on confidere qu'au 10 d'août le thermometre étoit à -f- 22,
5 amp; qu'au 18 de février il étoit à — 9 , 3 , cc qui fait une
différence de 3 i, 8 gt; on verra qu'il eût fallu que l'hygrometre
fit une variation d'environ 26 degrés plus grande pour fe
proportionner à une aufli grande différence de température.
Car fi au nombre 4 , 034 qui dans la table répond à 91 de-
grés, on ajoute 31 . 8 , on a . 834 gt; auquel répond à
très-peu près le 39® degré. Si donc l'air n'eût pas contenu au
mois d'août plus de vapeurs qu'il n'en contenoit au mois de
février, le degré de chaleur qui régnoit alors auroit fait venir
l'hygrometre environ à 39 degrés. Puis donc qu'il n'a été
qu'à 55 , c'eft une preuve qu'il étoit plus chargé de vapeurs
d'une quantité qui répond environ a 26 degrés de l'hygro-
mètre compris entre le 39 amp; le Or par la derniere table
du ll'i, effai ces degrés là indiquent une différence d'environ 2
grains | par pied cube.
Je renvoie au chapitre fuivant les exemples de comparai-
fons entre des obfervations faites dans des lieux différens.
Comparaifon
de faifons
diifcrentes.
QUI SERVENT A RED. , amp;c. Efai IV, Chap. VIIL 3Z9
§. 333. Mais , comme je l'ai déjà dit plufieurs fois, les cal-
■^uls faits d'après ces tables doivent être regardés comme des
approximations amp; non point comme des réfultats exaéts amp;
précis. Je ne diflimulerai même pas , que la diftance du point
de faturation obtenue par la méthode de Mr. Le Roi , §.
rie s'accorde pas toujours avec celle que donnent mes tables.
La furface extérieure d'un verrs renph d'eau froide commence
à fe couvrir de rofée lors même que cette eau n'eft pas auflî
froide qu'elle devroit l'être d'après les nombres exprimés dans
ma table, amp; cela fembleroit indiquer que ces nombres font
trop grands. Ainfi, quand l'hygrometre efl à 70 degrés, il
faut, fuivant ma table , un refroidiffement de i a degrés pour
ramener l'air au terme de la faturation ; amp; cependant j'ai éprouvé,
qu'un jour où l'hygrometre étoit à 70 amp; le thermometre à 10,
la furface extérieure d'un verre commençoit a fe couvrir de
rofée, lorfque l'eau contenue dans ce verre n'étoit que de 8 de-
grés l plus froide que l'air, c'eft-à-dire, quand le thermome-
tre plongé dans cette eau fe tenoit à li
Je penfai que peut-être ce phénomene feroit propre au verre
feul, mais j'obtins le même réfultat dans un gobelet d'argent.
Et cette expérience répétée dans d'autres circonftances a tou-
jours donné des réfultats à peu près proportionnels à celui que
j'ai rapporté.
Cependant les expériences qui ont fervi de fondement à raa
table ont été faites avec tant de foin , amp; fi fouvent répéteés ; les
phénomènes météorologiques font d'ailleurs fi bien d'accord
avec elles, que la différencie quot;qui fe trouve entr'elles amp; les ré-
Tt
La métlioJc
de Mr. Le Roi
ne donne pas
exadenienc
les mêmes ré-
fultats.
fultats de la méthode de Mr. Le Roî ne me paroifTent point
prouver l'inexaftitude de cette table.
§. 334. Je croirois plutôt que les corps qui ont une malTe
ou une denfité confidérables attirent l'humidité de l'air, la lui
dérobent amp; l'accumulent à leur furface même avant qu'il en
foit complètement faturé. Ainfi l'on voit certaines pierres, que
l'on a nommées fort à propos des hygrometres naturels, s'hu-
ineder à leur furface , dans des tems où l'air eft à la vérité
humide, mais où il n'a pourtant point encore atteint le terme
de l'humidité extrême. J'ai de même fouvent obfervé de la
rofée, lorique les hygrometres n'indiquoient pas un air com-,
plétement faturé.,
J'ai fait enfin une expérience qut eft bien d'accord avec ees^
principes. J'ai appliqué verticalement contre une glace de mi-
roir un de mes petits hygrometres: il s'eft fixé à 66 degrés;,
j'ai foufflé contre cette glace au travers du cheveu, de manicre
que la refpiration humide ternit toute la partie de la glace con-
tre laquelle étoit appliqué l'hygrometre. J'ai continué fans- in-
terruption jufqu'au point de mouiller tout à fait la glace, amp;
cependant l'hygrometre n'a, jamais pafle le 87quot;. degré. Or, ce
n'étoit pas par parelfe qu'il s'arrêtoit à ce point, car au mo-
ment où je ceflTois de foufiîer il rétrogradoit vers la fécherelfe
avec une extrême promptitude. Le cheveu n'attire donc pas
l'humidité de l'air comme le fait un corps mafllf amp; denfe ; il:
fuit amp; avec la plus grande célérité les variations de l'air; il
E'eft faturé que quand l'air l'eft lui-même; amp; cet avantage;
qu'il doit h fa grande ténuité eft un des plus précieux pouî.
l'hygrométrie..
Raifon de
cette diffé-
.xsace.
Il feroit cependant curieux de dreifer aufïï fuivant la mé-
thode de Mr. Le Roi une table des différens degrés de refroi-
diffement néceffaires pour produire de la rofée, fuivant les dif-
férens degrés d'humidité de l'air. 'Mais il faut employer à ces
expériences des vafes de métal, parce que les verres, fuivant
qu'ils font plus ou moins falins, attirent avec plus ou moins
de force l'humidité de l'air. Je m'en occuperai un jour fi je
puis en avoir le loifir.
Tt 3
-ocr page 360-C H A P I T R 'E IX.
mSERFJTIONS M£TE'OROLOGIQUES FAITES EK
VOYAGEANT DANS LES ALFES,
Butdc ce
toyago,
§• 3 3f-nbsp;mois de juillet dè l'année derniere
j'allai faire une courfe de trois feinaines dans les hautes Alpes»
Le but principal de cette courfe étoit de vérifier quelques ob-
fervations importantes fur la ftruéture des roches primitives »,
de vifiter quelques montagnes que je n'avois point encore vues.
amp; d'autres que je n'avois pas alfez exactement obfervées. Mais,
je faifîs avec empreiTement cette occafion de faire avec mon:
nouvel hygrometre quelques expériences fur l'humidité de l'air
à de grandes hauteurs. Ges expériences euffent été plus inté-.
ïelfântcs fi j'avois pu avoir dans la plaine des obfervations cor-,
refpondarites ; mais ne poffédant alors que quatre de ces int.
trumens fur l'exaflritude defquels je puffe compter, je crus
devoir les emporter tous, foit pour comparer leur marche
foit pour ne pas demeurer dépourvu fi quelques uns d'entr'eu^;
lenoient: k fe déraoger.
m VOYAGEANT DANS LES AIE. Effiii IV, Ch. IX. 353
^ 3 31?. Te préfente ici fous la forme de table les obferva- Explication
^^nbsp;^nbsp;, . ,nbsp;de la table
tions que j'ai faites pendant les 22 jours qu'a dure ce voyage, d'obfem-
Comme les différentes circonflances d'une même obfervation tions_ météo-
rolosi^UQS«.
ne pouvoient être rapportées dans une ligne de ce format,
j'ai confidéré les deux pages fituées vis-à-vis l'une de l'autre,,
comme n'en faifant qu'une feule : ainfi la premiere ligne dc
la page à droite doit être confdérée comme la prolongation
de la premiere de la page à gauche; amp; pour qu'il n'y eût
pas d'incertitude, j'ai répété le numéro de chaque obfervation.
Ainfl le Nquot;. 2 de la page 337, 339, 34^. eft la conti-
nuation de celui de la page 33^, 3 3 8, 34Q gt; amp; ainfî
4es autres.
J'aurois voulu pouvoir donner pour chaque obfervation la.
hauteur du barometre comme j.'ai donné celles de l'hygrome-
tre amp; du thermometre; mais fouvent je n'ai pas eu le tems
de les faire ; d'autres fois le robinet de mon barometre a été
dérangé amp; alors je ne pouvois pas en faire ufage qu'il n'eût
été rajufté. Les nombres qui expriment les hauteurs font des
pouces, des lignes, des feiziemes de ligne amp; des dixiemes-
de ces feiziemes. Ainfi dans la quatorzième obfervation le baro-
metre étoit à 2 s pouces , une hgne, quatre feiziemes de ligne
amp; fix dixièmes de feiziemes. Toutes, ces hauteurs ont été cot-
ligées fuivant la méthode de Mr. de Luc , c'eft-à-dire „ qu'eL
les ont été réduites, à ce qu'elles, auroient été fi le mercure eût
eu conftamment la température de 10 degrés du thermometrfi:
ôe BiAuMun,
Les hauteurs des heux qui forment la fécondé colonne de
la page à droite, font exprimées en toifes de France amp; ont été
. calculées, les unes fur des obfervations du barometre , les au-
tres àPeftime; j'ai diftingué celles - ci par des aftérifques.
Celles donc qui ne font précédées d'aucun aftérifque font, ou
des moyennes entre les réfultats de plufieurs obfervations ba-
rométriques faites foit dans ce voyage foit dans d'autres , ou
le réfultat de lobfervation même que préfente cette table,
comparée avec celle que faifoit en même tems Mr. Pictet
dans des lieux fitués aux environs de Geneve amp; dont il con-
noilfoit la hauteur au-delfus du Lac. (i) J'ai fait le calcul fuivant
la méthode de Mr. de Luc , amp; pour avoir la hauteur au-deifus
de la mer, j'ai ajouté à chaque hauteur I87j qui eft le nom-
bre de toifes dont notre lac eft élevé au-defl]js de la Médi-
terranée, fuivant les obfervations de ce même favant phy-
ficien.
La colonne fuivante marquée hygrometre donne la moyenne
entre les degrés qu'indiquoient mes hygrometres fufpendus à
l'ombre, ou en plein air comme je l'ai dit §. 312, ou en
dehors d'une fenêtre.
Les thermometreg ont auffi toujours été expofés en
plein air amp; à l'ombre comme les hygrometres auxquels ils
étoient attachés: ils font de mercure, leur boule eft: petite.
( i ) .T'emploie auffi à dej. compa-
railbns de ce genre des obfervations
aiétéorologiques faites avec autant de
régularité que de précifion par Mr,
Berguer , Doct, en Médecine à Mer-
ges.
ihue ; la divifion eft celle qui porte le nom de Réaumur , c'eft-
à-dire, qn'elle eft en 80 parties entre la glace fondante amp;
l'eau bouillante quand le barometre eft à 27 pouces ; les nom-
bres font, comme pour l'hygrometre, des degrés Se des, dixièmes
ée degrés.
20
21
24
r. Heure. |
Lieu^ |
7 h. ;o\ m. |
Route de Geneve à la Bonneville. |
9 h. 17'. m. |
Grand chemin jirès de la Bonneville. |
10 h. 2 . m. |
Bonrteville, fenêtre fur la place. |
12 h. 47'. f. |
Clufe, fenêtre fur vergers amp; fur l'Arve. |
5 h. 5 5'. f. |
Sallenche, jardin découvert. |
6 h. 10'. f. |
Ibid. Galierie ouverte fur le jardin. |
ioh. f. |
. . . Ibidem. |
5 h. 25'. m. |
.... Ibidem. |
S h. 40'. m. |
P.oate de Sallenche à Chamouni. |
4 h. 20'. f. |
Prieuré de Chamouni à la fenêtre. . |
11 h. f. |
.... Ibid. |
6 h. 15'. in. |
.... Ibid. |
11 h. 40'. m. |
Forêt au-deffus del'Arveiron. |
3 h. f. |
Prieuré de Chamouni à la fenêtre. . |
11 h. 5'. f. |
.... Ibid.. |
7 h. ç\ m. |
.... Ibid..... |
9 b. m. |
.... Ibid. |
11 h. 50'. m. |
.... Ibid..... |
2 h. 20.. f. |
A mi-côte entre le Prieuré amp; Plianpra. |
4 h. 22'. f. |
Chalet de Plianpra...... |
6 h. 17'. f. |
.... Ibid. |
7 h. 30'. f. |
.... Ibid. |
8 h. f. |
.... Ibid. |
9 h. I 0 . f. |
.... Ibid, |
5 h. m. |
..... Ibid. |
5 h. 1 |
.... Ibici. |
S h. 5 0'. m. |
.... Ibid. |
Slî. s s', m. |
.... Ibid. |
de 9 à 10 h. |
Sommet de Mont-Brévan. ... 2 |
3 11. 3 0'. m. |
Chalet de Plianpra. |
4 h. 30quot;. m. |
Prieuré de Chamouni à la fenêtre. |
7 h. ni. |
.... Ibid. |
3 h. f. |
• ■ . . Ibid..... : |
6 h. f. |
.... Ibid. |
7 h. ^ f. |
.... Ibid. |
7 h. 50'. f. |
.....Ibid. |
9 h. 40'. f. |
.... Ibid. |
10 h. 3 0 . f. |
.... Ibid, |
11 h. r. |
.... Ibid. |
6 h. m. |
.... Ibid. |
6 h. 15'. m. |
.... Ibid. |
Mautcnr du
Barometre,
25. o. 8, 9-
25. I. 4, 6.
I. 6, s.
2Î. I. O, 4.
2 2. 3. O, 6.
20. 10. II, 7
2 o. o, o.
.Urs!
ohfcrva- !
1 i,:ns. I
Mois.
1
2
3
4
5
6
7
S
9
10
11
12
n
14
I?
16
17
18
19
30
21
2Z
3
24
3 9
26
27
28
29
31
32
33
34
36
37
38
39
40
41
19
22
23
25
Num.
Elévation du
lieu fur la
mer.
» 220
» 226
. 238
•
. 276
. 278
Idem.
. Id. ,
» 400
. S2Ö
. Id.
. ld.
» 700 ,
. 526,
. ld. .
. Id. ,
. ld.
. Id.
•nbsp;84,0
. 86,7
■ 96, 4
. Id.
•nbsp;99, 4
100, lt;i
86,8
.94,6
•nbsp;7S, 2
•nbsp;96, 3
•nbsp;9Î, S
. 63, 8
. 66,4
. 80, 4
•nbsp;98, S
. 98, O
f 790
1046
Id.
Id.
1306 .
1046
Num. dit
thferva-
tioii!.
I
a
î
4
5
6
7
8
9
JO
II
It
M
14
»S
17
i-g
19
20
31
«2
24
2î
26
27
2g
29
JO
51
Î2
H
Î4
IS
n
38
39
40
41
Hygrom.
Thermom.
■IhS
68, s
' 70-. 2
72,1
6^, o
Id.
78, 2
87, 9
80, 6
70, î
86, 2
92, 6
65,8
62, J
o
•nbsp;9Î, î
86, I
•nbsp;80, 6
, 81, I
•nbsp;82, s
. 81,1
•nbsp;83, 8
15,nbsp;S ■
19, O .
18. O .
18, 3 •
17, S •
Id. .
14, O .
9, S ■
6, 2 ,
16,nbsp;O ,
9, 3 •
10, 7
12, 3
14, 6
10, 8
7, 7 '
6, î
6, 2
6,nbsp;o ,
S, 6
3, 3
Id.
3, 7
3,«
7,nbsp;o .
M, 7 •
10, 7 ,
9, I .
6,nbsp;7,
6, o ,
5,nbsp;6 ,
4, o
4, S
. Id. ,
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
Id.
État du Ciel.
Bize foible, foleil pâle.
Calme, foleil vif, nuages éparî.
.....Idem.
Soleil pâle, nuages épare, bize folble.
Couvert, bize foible.
.....Idem.
Clair amp; calme.
Soleil, nuages épars, calme.
Couvert par places, calme.
Soleil, calme, nuages épars.
Parfaitement clair amp; calme.
. . . . . Idem.
Soleil, bize foible.
Couvert, bize.
Couvert amp; calme.
Nuages peu au-dellus dc nos têtes.
Nuages plus élevés.
Soleil, nuées à 400 tbif. au.deffu8»dï nous.
Gouvcrt, bize foible.
.....Idem.
......Idem.
......Idem.
nbsp;•.....Idem.
Clair-amp; calme.
Qair amp; calme, forte gelée blanche.
Le foleil fc leve.
Beau foleil.
Soleil, il comm ence à fe former des nuages.
Soleil fans nuages.
Nuages qui enveloppent k fommet dc la moftt.
Soleil, nuages épars.
Clair amp; calme.
Soleil, calme , nuages à çoo toifes.
Soleil pâle-, bize foible.
Clair, bize foible.
Clair amp; calme.
.....Idem
.....Idem.
•nbsp;. , . . Idem.
.....Idem.
Parfaitement clair amp; calme.
•nbsp;• • . . Idem.
-ocr page 366-Heure.
9 h. 17'
12 h. }o',
3 h.
6 h.
6nbsp;h. ^0',
7nbsp;h. 20'.
8nbsp;h. 50'.
11 h. 40quot;.
7nbsp;h. 4°'.
10nbsp;h. 40'.
2 h. 45'.
8nbsp;h. 10'.
11nbsp;h. 10'.
6nbsp;h. $0quot;.
I h. 3 5'..
4h. 3 5'.
7nbsp;h- 25quot;.-
.7 h. 23'.
9nbsp;h. 30'.
11nbsp;h. rç'.
12nbsp;h.
fih.
6nbsp;il.
0nbsp;h. 10quot;.
1nbsp;h. 10'.
I h. 42'.
5 h. 20'.
6.h.
10 h. joquot;.
1nbsp;h. 30'.
5 h.
2h. 8'.
9 h. 15'.
8nbsp;h. 30'
2nbsp;h.
10 h.
Kum.Ass
ohf^réci-
tions.
■42
44
45
46
47
48
49
50
sa
n
54
55
56
57
58
59
60
(5i
62
65
64
65
66
67
68
69
70
71
72
7?
74
75
,70
77
78
79
80
81
82
83
J/Oi^.
Jour.
Juillet.
ra-
in,
m,
f.,
f,
m.
m.
. f.
f.
/f.
m.
m.
m.
m.
f.
m.
m.
f.
f.
m.
m.
m.
f.
r.
f.
f.
m.
f.
f.
30
31
Août
Lieu.
Bois-de-Planet carriere calcaire.
Prieuré à la fenêtre.
, Ibid.....
, Ibid. . , . .
. Ibid.
Ibid. ,
. Ibid..
. Ibid.
. Ibid,
. Ibid..
• Ibid. . , .
. Ibid.
. Ibid.
. Ibid.
. Ibid. . . . .
Barometre.
25. o. I,, 2.
«4.. II. i Sî I
Î4. II- 75°
24-.It. 4,0
24. Il.IOj 5
25.nbsp;o. 9,7.
ti. 5. 5,5.
23. 7- 5,2.
26.nbsp;9.14,7.
I., Î.7
23.nbsp;8.13,0
21.nbsp;î. 4,0.
20'.nbsp;1.12,6.
30.nbsp;1,11,1.
2 3'nbsp;7-14,5-
a 6. 0.14,4
23. 3.10,0,
m.
f.
f
f.
f.
r.
f.
£.
m.
m.
f.
f.
f.
VAITES EK VOYAGEANT DANS LES ALPES.
339
Vsw. des |
\ EléDation du |
Hygrom. |
Thermom. |
43 |
. » 660 • |
.61, 0 . |
. 14, • |
4Î |
. . 526 . |
• 44, 4 • |
. 19, 7 . |
44 |
. . Id. . . |
• 41, 3 . |
. 20, 2 . |
4Ç | |||
46 |
. . Id. . . |
• n, 5 . |
. 15, V. |
47 |
. . Id. . . |
. 69, s . |
. n, 8. |
48 |
. . Id. . . |
. 74, i . |
. 12, 8 • |
49 |
. . Id. . . |
. 80, ç . |
. 10, î. |
50 |
. . Id. . . |
. 94, 2 . |
. 12.0. |
SI |
. . Id. . . |
. Id. . |
. iî,2 . |
ça | |||
Sî |
. . Id. . . |
100, 2 . |
• II, 5 • |
54 |
. . Id. . . |
.99, 2 . |
.11,2. |
55 |
. . Id. . . |
. Id, , |
. 10, 0 . |
56 |
. . Id. . . |
. 95, 0 . |
. ii, 3 . |
57 |
. . Id. . . |
.90. 6 . |
. 11, ? . |
58 |
. . Id. . . |
• 87, 9 • |
. 10, 8 • |
59 |
. . Id. . . |
100, 2 . |
• 7, 0 ■ |
60 |
. . Id. . . |
100, Î . |
• 5, 5 . |
61 |
. . 1181 • |
. 87, 8 • |
. 7, 8 . |
6z |
. 1 1000. |
• 85, 2 . |
• 9, 5 • |
lt;J, |
. . 778 • |
• 90, 5 • |
• 9,5- |
64 |
. . «45 . |
. 78, 2 . |
. 15, i . |
65 |
. . Id. . . |
• 84, 9 • |
• M, Î • |
66 |
. . 241 ■ |
.... . |
. i6, 5 . |
67 |
. . Id. . . |
• 79, 9 • |
. Id. . |
68 |
. . Id. . . |
• 7?, |
• 17, 7 • |
69 |
• . 558 . |
. 88, 6 . |
• |
70 |
. . Id. . . |
• 9Î, 4 ■ |
. ii, î . |
71 |
• * 400 . |
. 66, i . |
. 19, 0 . |
72 |
• . 767 . | ||
7Î |
. - Id. . . |
. 68, 7 • |
• 17,7 • |
74 |
• • 1175 • |
. 84, 2 . |
.6,7. |
75 |
. . Id. . . |
• 85, 4- |
.6,7. |
76 |
• • 1466. |
■ 95, 5 • |
• 5, I • |
11 |
- • 1459- |
. 70, 7 . |
- 12, . |
78 |
• • 1175- |
• 87, î • |
• 9, 7 • |
79 |
. . 762 . |
- 74, 8 ■ |
.16,7. |
80 |
• • H8 . |
• 98, 3 • |
• th6. |
81 |
. . Id. . . |
• 9?, 4- |
• I?,? • |
82 |
, . Id. . . |
• 85, 7 • |
. 16, 0 . |
8î |
. . 859 • |
100, 7 . |
. 7,3. |
État du Ciei.
Soleil, vent de Sud-Oueft.
. . . - . Idem.
Couv. grandes pommel., nuag. au M. Bl. ^.0.
Couvert, 0. S. 0. en haut, calme en bas.
.....Idem.
Idem. Mais les nuages fe diffipent.
Idem. La lune s'eft baignée.
Parfaitement clair amp; calme.
Couvert, S. 0. foible, il a plu de bon matin.
Pluie à verfe, brouillards tralnans.
Très-couvert, mais fans pluie.
Pluie, brouillards traînans.
Pluie, mais brouillards plus élevés.
Pluie commentante,brouillards un peu élevés.
Pluie , les nuages s'élevent.
Il pleut encore, mais les nuages font à 400 toifes.
Soleil par places , bize foible.
Grands nuages épars , bize foible.
Clair, brouillards fur l'A rveamp; à mi-cô te, calme.
Soleil, nuages épars, petit igt;. 0.
• . . . . Idem.
Couvert, vent de S. 0. foible.
.....Idem.
Clair, vent d'Eft foible.
Clair, l!Ï.E. foible.
.....Idem.
. , ..... Idem.
Clair amp; calme,
. . . . . Idem,
. • . • . Idem.
. . . . . Idem.
.....Idem.
Clair, vent de S., foleil levé, mais non pas ici,
.....Idem.
Beau foleil, petit vent de Sud.
.....Idem.
Il a plu amp; il va pleuvoir.
Couvert par intervalles. Vent de S. ù.
Couvert.
Il a plu, mais la pluie a ceffé , nuages bas.
.....Idem.
Brouillard épais, bize foible. .
-ocr page 368-Num. des
ehferva-
tions.
84
86
Mois. |
Jour. |
Heure. |
Lieu. |
Barometre. | |||
Août. |
• 4 • |
7 h. |
m. |
Chalets de Ferret | |||
9 h. |
m. |
.....Ibid...... |
23- |
2. |
7,0. | ||
. i gt; |
I h. IÇquot;. |
f. |
Au plus haut point du Col Ferret. |
20. 11. |
% S | ||
f |
3 h. 10'. |
f. |
Chalets du pré de Bar. ..... |
22. |
2. |
S- | |
. . . |
10 h. I 5 . |
f. |
Cormayor à la fenêtre, z^. étage. | ||||
7 h. |
m. |
..... Ibid. | |||||
II h. 30'. |
m. |
.....Ibid......gt;4. |
Ç- |
12. | |||
S h. 15«. |
f. |
Jondion des fchiftes amp; des granits. |
2-2. |
6. |
0, 6. | ||
9 h. |
f. |
Cormayor à la fenêtre. | |||||
. Ö . |
6 h. 30'. |
m. |
......Ibid. | ||||
». » » |
12 h. |
f. |
Milieu du glacier deMiage. . . . |
22. |
q. |
3,2. | |
. . . |
4 h. } |
f. |
Sommet du Col de la Seigne. . . . |
21. |
0. |
1,3- | |
6 h. 5 0'. |
f. |
Chalet du Motet. ....... |
22. |
8. |
6,2. | ||
• 7 • |
S h. 40'. |
m. |
.....Ibid. | ||||
6 h. |
m. |
..... Ibid. | |||||
10 h. |
m, |
Sommité au quot;N. E. du paffage des Fojûrs. |
2 a. |
4' | |||
. . i . . . |
II h. 15'. |
m. |
...... Ibid. | ||||
! |
12 h. 38quot;. |
f. |
Croix dn paffage du Bon-hommé; | ||||
4 h. 401. |
L |
Entre Notre-Dame amp; les Contamines, | |||||
8 h. 26'. |
r. |
St. Gervais à la fenêtre. | |||||
. 8 |
çb. |
m. |
.....Ibid. | ||||
7 h. |
m. |
.....Ibid...... | |||||
I h. jo'. |
f. |
Sallenche à la fenêtre. | |||||
. . . |
îli.30'. |
f. |
..... Ibid. | ||||
. . . |
II h. |
f. |
Bonneville à la fenêtre. | ||||
• . |
• 9 • |
s h- ?o; |
m |
......Ibid. | |||
6 h. 50, |
m. |
.....Ibid. | |||||
• • • |
12 hi. |
m. |
Frontenex à l'omlire d'un grand arbïe. | ||||
3 h. îov |
. f. |
.....Ibid. | |||||
! • |
• • • |
11 h. 20quot;, |
. f, |
Genthod à 15 pieds du |
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
10£gt;
101
102
loî
Ï04
ïo^
106
107
108
109
110
JII
Jüan, àes
t^erva
tiens.
EN VC Ètévttiandu |
\rAGEAN Ilygrom. | |
. 8Ç9 • |
• 99, S | |
. Id. . |
• 9Î, 9 | |
100, 7 | ||
• II9S • |
. 97, | |
. loço . |
. 87, I | |
629 . |
• 77, 0 | |
Id. . |
• 98, 3 | |
. Id. . |
• 70, 9 | |
. 980 • |
• 77, 9 | |
. 629 • |
. 78, 17 | |
. Id- • |
. 90, î | |
1076 . |
. 81, I | |
1262 . |
100, . | |
. 9Î9 ' |
. 90, î | |
Id. |
. 96, 0 | |
. W- |
. 97, I | |
. 1596 |
i. 8?, 9 | |
Id. |
. 82, 8 | |
1067 |
. 92, 7 | |
» 600 |
. 63, 7 | |
. 408 |
. 78, 2 | |
. Id. |
. 88, 6 | |
. Id. |
. 39, I | |
. 376 |
. 76, 7 | |
. Id. |
. 66, 8 | |
. 228 |
. 83, 7 | |
. Id |
. 96, 1 | |
. U. |
. 94, 6 . | |
* IJO |
. 72, 6 . | |
. Id. |
. 65, 8 • | |
.. 190 |
. 87, 6 • |
Therm-
, 16,0
État du Ciel.
Brouillard, à quelques toifes au-deffus-de nous.
Nuages à iço toifes aM-deffus de nous.
Momens de brouillards amp; de calme.
Momens de foleil amp; de bize.
Soleil, bize , nuages fortant du col Ferret.
Couvert par places.
Nuages très-bas. Vent de S. E. foible.
Vent de Sud très-fort.
Demi-couvert.
Calme, nuages atttachés aux hautes cimes.
Couvert, vent de S. E. foible.
Couvert, bize foible.
Nuages tout près de nos têtes, S, 0. foible.
Calme en bas, S. 0. en haut, nuages aux cimes.
Calme, foleil levé, mais non pas ici.
— ... Idem.
Soleil iar intervalles. Vent de S. E. alTez fort.
Soleil plus fréquent, vent un peunbsp;^ort._
Nuages ambulans près de nos têtes. S. S. O. toibie
Soleil, calme.
Clair amp; calme.
Nuages épars, Sud-Oueft foible-
.......Idem-
Soleil, nuages épars, même veut..
Couvert, même vent.
Clair amp; calme.
. . . Idem.
. . . Idem.
. . . . Idemi
. . . . Idem.
. . . J Ident
7,7-
9, 4•
. 7, î •
10, O .
17, 7 •
10,nbsp;7 .
16, 7 .
. 11, z •
I î, S •
11,nbsp;S •
10,6-
•nbsp;7, î •
•nbsp;9gt;8 •
■ S,2-
. Id. .
. 6, ç.
. 10, 0 .
- 9, S ■
•nbsp;18, •
. 14, 4 '
.13,0
. 12, O .
•nbsp;17,0
. 20, 2
84
is
86
«7
88
89
90
91
92
9Î
94
95
96
97
98
99
100
ïoi
102
lOj
Ï04.
105
106
J07
Ï08
109
110
Jii
ïia
ït}
§. 337. Dès que je fus arrivé à Chamouni mon premier
foin fut de comparer entr'eux mes quatre hygrometres, pour
voir lî le tranfport ne les auroit point dérangés. Pour procé-
der avec exaditude, je commençai par prendre la précaution
toujours néceffaire dans' ces cas là ; je les humedai tous, les
uns en les plaçant fous une cloche de verre mouillée que j'a-
vois portée pour cet ufage ; les autres en les tenant pendant
quelque tems renfermés dans leur étui mouillé intérieurement
Je les fufpendis enfuite en-dehors de la même fenêtre amp; ils
fe fixèrent.
Comparai-
fon des hy-
grometres. J
à 70 ; iV. à 71, -y ; 0. à , 8 ; à 70 , 9.
La moyenne entr'eux tous étoit 70, ^ Ils étoient donc
à très-peu-près d'accord, puifque celui qui différoit le plus
de la moyenne ne s'en écartoit que d'un degré, amp; que les
deux qui différoient le plus l'un de l'autre n'étoiènt éloignés que
de I , 7.
Mais pour faire voir combien de pareils écarts font peu im-
portans, je rapporterai une obfervation que je fis à Chamouni
même le ai juillet. Les hygrometres 0 8c S, fufpendus en-dehors
dc la fenêtre tout près l'un de l'autre amp; obfervés au travers de
la vitre étoient à 6 heures précifes du matin, 0. à 91 , 7. ^S. à
93, niais ils varioient d'un moment à l'autre dans l'étendue
d'environ 2 degrés, quoique le tems fût clair amp; en apparence
parfaitement calme : fans doute que des ondulations impercep-
tibles à nos fens japportoient un air tantôt plus, tantôt moins
humide. Cependant les variations des deux inftrumens fe fai-
foient toujours dans le même fens amp; dans des quantités à-peu-
près égales. Mais lorfque je les éloignois l'un de l'autre autant
que le permettoit la largeur de la fenêtre, leurs variations n'é-
toient plus fimultanées. Il eft donc clair, qu'il feroit abfolunient
illufoire amp; inutile de fe flatter de réduire les écarts des hygro-
metres à moins de deux ou trois degrés fur une échelle totale
de cent ; puifque l'air lui-même peut varier de cette quantité
d'un inftant à Tàutre amp; à la diftance de deux ou trois pieds. A
la vérité on ne voit des variations dr ce genre que quand l'air
eft très-humide. Les vapeurs dans un air fee font diftribuées
avec plus d'uniformité amp; de conftance.
On verra par cette table que mes hygrometres ont quelque-
fois paffé le terme de l'humidité extrême. (Obfervations 53,
83 amp; 8^.) Mais ce n'a jamais été d'un degré entier, amp; c'efî
encore une de ces légeres imperfedions que l'on doit excufer,'
d'autant mieux que l'on peut y porter très-aifément remede'
Voyez le §. 67.
§. 3 3 8. La queftion la pîus intérelfante dont lep obferv.,cions Comparai,
hygrométriques faites fur les montagnes puifl'ent dor^-er la To- foquot;desob-
lution eft^ celle de la quantité abfolue d.s vapeurs diffoutes
dans l'air à différentes diftances de h terre. 11 faudroit pour la
réfoudre, des obfervations faites, l'une au fommet de la mon-
tagne , l'autre à fon pied, dans le même moment amp; s'il étoit
poflible dans la même ligne verticale. Cependant fi les tems amp;:
les heux qui féparcnt les obfervations ne font pas très.éloignésj,
on pourra toujours en tirer quelques lumieres.
Si, par exemple, on compare entr'elles les obfervations 18
29 amp; 50, on verra que dans la premiere des trois l'hygrorae--
1 :
:
Isliri
tre à Chamouni à n heures 30^ du matin étoit à 80, 6, amp;
le thermometre à 14, C : que 3 heures après environ à 2 5o toi-
fes plus haut, le thermometre n'étoit plus qu'à i o ^ 8 . c'eft-
à-dire qu'il avoit bailfé de 3,8. Si donc la quantité des vapeurs
eût été la même à cette hauteur qu'à Chamouni, cette quan-
tité de refroidilTement auroit du, fuivant ma table, ramener
l'hygrometre à 90, 8; c'eft-à-dire, lui faire faire plu« dc 10
degrés vers l'humidité : or il ne vint qu'à 81» i ; ou ce qui
revient au même, il ne fit qu'un demi - degré vers l'humidité.
Donc les vapèurs étoient beaucoup plus abondantes dans la
vallée de Chamouni qu'à 260 toifes plus haut.
En continuant de monter, j'arrivai au Chalet de Plianpra,
plus élevé auffi d'environ 260 toifes. Le thermometre defden-
dit encore de 3 , i ; ce ^ui auroit dû faire venir l'hygrometre
de 8t . I à 89 , 4 •■ or il ne vint qu'à $2, Donc ici
encore la quantité abfolue des vapeurs étoit moins graade que
dans la vallée amp; moins grande encore qu'à mi - côte.
§. 339. Le lendemain 23 vers les 6 h. du matin, (obfer-
vation 28 ) l'hygrometre au Chalet de Plianpra étoit au terme
de la faturation amp; le thermometre 33,6quot;. Trois heures après
au fommet du mont-Brcvent élevé encore de 26'o toifes au-
delfus du Chalet, l'hygrometre dans les momens où il rie paf-
foit point de nuages, fe tenoit environ à 87 degrés, c'eft-à-
dire , qu'il avoit fait i 3 degrés vers la féchereffe , quoique le
thermometre qui n'étoit qu'à f n'eût monté que de i , 4 ,
quantité de chaleur incapable de produire une auffi grande
variation.
^^Comparai-
fon des ob-
fervations
2-8 amp; 99.
EM VOTAG. DAMS LES ALPES. Ejfai IV, Omp.lX. 34^
§. 340. Au contraire, en redefcendant au Clialet (obferva-
tions 29 amp; 30 ) la chaleur augmenta de 7 degrés, ce qui
en partant de 87 de l'hygrometre auroit dù produire fur cet
inftrument une variation de 17, 8 degrés ; amp; cependant îa
variation ne fut que de 11, 6quot;; ce qui prouve encore que les
vapeurs étoient plus abondantes dans les lieux moins élevés.
§. 341- Il eft bien vrai, comme je l'ai déjà obfervé, que
fouvent dans un même Heu la quantité des vapeurs varie, amp;
que l'hygrometre fait communément par le beau tems entre le
matin amp; l'après-midi plus de chemin vers la fécherelTe qu'il
ne devroit en faire par l'adion de la chaleur feule.
Delà 2Qamp;
dé la 50e.
Doute.
Cette table en fournit même des exemples. En comparantnbsp;Comparai-
a 31e. obfervation avec la 33®, nous voyons l'hygrometrenbsp;fiV'avec la
venir de 96quot;, 3 à lt;f3gt; 8; tandis que l'augmentation de cha-nbsp;^le.
leur qui eft de n , 2, n'auroit dù le faire venir qu'à lt;^8, 8
amp; produire par conféquent une variation de f degrés plus
petite.
De h 40c
avec lu 44e.
Ex la chofe eft bien plus frappante encore quand on com-
pare entr'elles la 40 amp; la 44^ obfervations. Le 2^ juillet
à 6quot; h. du matin, l'hygrometre étoit à 98 , ^ amp; le thermo-
metre à 4, A trois heures de l'après-midi du n^ême jour l'hy-
grometre vint à 41 , 2 amp; le thermometre à 20 , 2. L'hygro-
metre fît donc une variation de S7, 3, tandis que la chaleur
augmenta de 16, 2; mais fi l'air fût demeuré chargé de la
même quantité de vapeurs cette augmentation de chaleur n'au-
roit fait venir l'hygrometre qu'à 62, amp; auroit produit par con-
féquent une variation de près de 21 degrés plus petite. Mais
auffi, comme je l'ai remarqué plus haut, §. 333. il fe pafTa
ce jour là dans l'air quelque chofe de très-extraordinaire.
Cependant, comme en comparant les obfervations faites
dans les vallées avec celles qui ont été faites furies montagnes,
on voit prefque toujours l'hygrometre placé fur la montagne
aller plus au fec ou moins à l'humide qu'il n'eût dû le faire
par la feule aéfion du changement de température, on a peine
à croire que cette différence foit purement accidentelle amp; qu'elle
ne tienne pas en effet à une loi générale.
Réponfe à
ce doute.
âutre doute.nbsp;342. Je me fuis encore demandé à moi-même , fi cette
différence ne viendroit point de quelque défaut de la table qui
fert à corriger les effets de la chaleur , fi par exemple cette
table ne- donnoit point à la chaleur moins d'efficace qu'elle n'eu
a réellement. Mais les obfervations elles-mêmes ont levé ce doute,
parce que dans plufieurs cas la variation de l'hygrometre a été
plus petite que la table ne l'indiquoit. Un exemple rendra
gt; cette idée plus claire..
Exemple.
Comparaifon
de ia 60e.
avec la 61«.
Le 2 8 juillet à 5 heures du matin les hygrometres indi-
quoient à Chamouni la faturation complete, amp; le thermome-
tre étoit à s degrés Le même jour à midi au haut du col
de Balme, c'eft-à-dire, à toifes au-deffus de Chamouni,
l'hygrometre fe fixa à 8 7 , 8 amp; s'éloigna par conféquent de 12,
2 du terme de faturation, quoique l'air ne fût que de 2 , 3 plus,
chaud qu'à Chamouni. Or fuivant ma tabie, fi la quantité des
vapeurs eût été auffi grande fur la montagne que dans la val-
lée , ce degré de chaleur n'eût éloigné l'hygrometre que de-
4 ou 5 degrés de la faturation. Mais on objedera que peut-
être cette table eft elle mal conftruite, qu'elle attribue trop
EN VOTAG. DANS LES ALPES. Efd IV, Chap. IX. HT
peu d'influence à la chaleur; amp; qu'une augmentatio» de 2, 3.
eft bien réellement capable de faire varier l'hygrometre de 12
degrés.
Les deux obfervations fuivantes me préfentent la réponfe à ^l^jponf-
cette difficulté; car au paffage de la Forclaz, plus bas de 403 fouTT
toifes que le coi de Balme, l'hygrometre fit 2, 7degrés du côté 6ie. a.cclft
de l'humidité, quoique l'air fe fût réchauffé de i,7- Et enfin
de là à la viffe de Martigny fituée 5 37 toifes plus bas que là
Forclaz, l'hygrometre qui auroit dû faire une vafiation de 14
degrés i à caufe de l'augmentation de la chaleur ne varia que
de 12 i, parce que les vapeurs étoient plus abondantes 2 Mat-
tigny que fur la Forclaz.
La comparaifon des obfervations 79 amp; 80, 87 amp; 88,
amp; 91 , 93 amp; 94 donne auffi des variations hygrométriques
moins grandes que ceffes qui font indiquées par la table.
Ce ne peut donc pas être un dé-faut de la table de correc-
tion, qui eft la fource des différences que nous avons obfer-
vées entre l'air de la plaine amp; celui de la montagne. Car lorf-
que l'air a été plus chaud dans la vallée que fur la montagne,
la variation hygrométrique s'eft trouvée plus petite que celle
qui, fuivant la table , auroit eu lieu par l'acTion de la ftule cha-
leur ; amp; au contraire cette variation a été plus grande dans
les cas où la chaleur a été plus grande fur la montagne que
dans la plaine.
§. 343. Il y a eu cependant trois cas où îa quantité abfo-
lue des vapeurs a paru plus grande dans le lieu le plus élevé, fon de la
Le I août à ^ h. du matin, l'hygrometre obfervé en plein air
348 observations METE'OROLOGIQVES faites
auprès des Chalets de Chanrion étoit à 8 T » 4 amp; le thermo-
metre à 6-, 7. Mais à lo h. au mihcu du glacier d'Hautéma
C r ) élevé de 291 toifes au-delfus des Chalets de Chanrion»
rhygroraetre vint à 9^, f amp; marcha par conféquent de 10, 1
vers l'humidité , quoique le thermometre ne fût defcendu que
de 1, 6, n'eût dû par conféquent produire qu'une variation
de 4 degrés L'hygrometre amp; le thermometre étoient fuf.
pendus à 4 pieds au-deffus de la glace, amp; c'étoit vraifem-
blablement cette glace amp; la neige à demi-fondue dont elle
étoit couverte qui fourniffoient cette humidité extraordinaire.
Car fur un rocher peu éloigné du glacier amp; à peu près auffi
élevé ( a ) où je mis enfuite njes inftrumens en expérience
(i) C'est le vrai nom du Glacier
que Mr. Boukrit a le premier fait
connoître fous le nom de Glacier de
Chermotane amp; qu'il a décrit d'une ma-
niéré très-poédque, mais à mon gré
un peu exagérée dans- fa defcription
des Alpes Pennines Rhétiennes. Le
nom à'Hautéma que les gens du pays
donnent à ce Glacier eft vraifembla-
blement une corruption de haute mer,
( 2 ) Du haut de ce rocher je re-
connus diftinclement la place du Gla-
cier fur laquelle je m'étois arrêté pour
faire mes obfervations. Je vifai à cette
place avec un niveau à bulle d'air
îrès-jufte, amp; je vis que je me trouvois
au-deffous de cet endroit du Glacier,
d'une quantité que j'évaluai à ç ou 6
toifes. Cependant le barometre étoit de
de ligne plus bas fur le roc que fur
îa glace: j'en conclus que l'air étoit
devenu plus léger pendant les jh. 20'.
qui s'étoient écoulées entre les deux
obfervations, amp; effectivement le baro-
.metre.ifidentaire.avoit baiffé à.Geneve
dans le même intervalle de 11, Le cal-
cul auroit donc dû être eonforme.au
nivellement, amp; donner le rocher plus
bas que le Glacier. Cependant quand
je fis ce calcul fuivant la méthode de-
M_. De Luc. , je trouvai le roc de 26
toifes plus élevé que le Glacier. La
raifon en eft fort fimple ; l'air qui re-
pofoit fur le milieu de cette large val-
lée de glace entourée d'autres Glaciers-
plus élevés qu'elle, avoit un froid qui
lui étoit propre amp; auquel ne partici-
poit point le refte dc la colonne ver-
ticale dont il faifoit le fommet ; le
thermometre ne fe foutenoit là qu'à
5,nbsp;I, tandis que fur le rocher il s'é-
levoit à 12. 11 eft vrai que dans l'in-
tervaUe des ; h. qui s'écouIerent entre
les deux obfervations, le thermometre
dut montrer, mais non point d'une
auffi grande quantité ; il monta à Ge-
nevequot; de 3 ^ degrés, amp; non pas de
6,nbsp;9 comme il fit en paflant du gla-
cier au rocher. La correction que pref-
crit M. De Luc. pour les cas où la cha-
EN VOTAG. DANS LES ALPES. 'EJJkî IV, ihnp. IX. 349
(obfervation 77): la quantité abfolue des vapeurs fe trouva
moins grande qu'aux Chalets de Chanrion.
94.
§. 344. Cependant la glace ne produit pas toujours cet Obferva-
effet : car fî l'on compare entr'elles les obfervations 93 amp; 94 twns93 amp;
on verra qu'à Cormayor à h. 30 ' du matin l'hygrometre
étoit à 90, 3 ; amp; que tranfporté de là au miheu du glacier
de Miage , élevé de 447 toifes au-deffus de Cormayor, il vint
agi, I amp; fe trouva par conféquent de 9 , 2 plus au fec qu'à'
Cormayor, quoique le thermometre fût de près d'un degré,
favoir de o, 9 plus bas fur le glacier que dans la vallée. Mais
on n'ofe point infifter fur les conléquences d'une comparaifon
faite entre des obfervations féparées par une intervalle de 6 h.
par une diftance horizontale affez confidérable. Il faudroit,
comme je l'ai déjà dit, des obfervations fimultanées aux deux
extrémités femblablement fituées d'une ligne à peu près ver-
ticale.
§. 34f. La même journée me fournit un fécond exemplenbsp;Autres e?^.
d'une quantité abfolue de vapeurs plus grande au haut qu'aunbsp;oTfèrva'
bas de la montagne. L'hygrometre que nous venons de voirnbsp;tions 94 amp;
à 8 I , I fur le glacier de Miage vint à 100 fur le col de la
leur moyenne de l'air eft au. deffous
du o de fon thermometre eft donc ici
beaucoup trop grande , puifque ce froid
étoit abfolument local amp; n'affedoit
point le refte de la colonne compris
entre les deux ftations. J'ai donc cru
devoir donner dans la table de mes
ebfervations, N°. 76 amp; 77 , les hau-
teurs telles qu'elles réfultent de la
fimple comparaifon des logarithmes ,
fans aucune correétion pour la cha-
leur de l'air; amp; ainfi leur différence
s'eft trouvée exadtement égale à celle
que m'avoit donnée le nivellement.,
M. Tkembley a communiqué der-
niérement à l'Académie des Sciences'
un Mémoire dans lequel il prouve par
un grand nombre d'obfervations, que
cette correction écarte de la véritable
hauteur beaucoup plus fouvent qu'clle-
n'en rapproche.
Seigne élevé de i26 toifes au-delfus de ce glacier; amp; il fît
ainfl i8 , 9 vers l'humidité, quoique le refroidiffement ne fût
que de 3 , 3 amp; n'eût dû, fuivant la table faire venir l'hygro-
metre qu'à 89. 9-
Obferva-
tions 95 amp;
96.
Obferva-
tions 98 ,
99 , loo^
loi, 102.
De même en defcendant du col de la Seigne nu Chalet
Motet, fitué à 323 toifes au-deffus de ce col, l'hygrometre
vint de 100 à 90, 3 ; quoique l'augmentation de la chaleur
qui ne fut que de 2, ç n'eût dû le faire venir qu'à 9 5 au
plus.
Il efl donc clair , que ce jour là les vapeurs étoient réelle-
ment plus abondantes au fonimet de la Seigne que dans les
deux vallées que ce col domine. Il eft vrai que dans le mo-
ment où j'obfervois fur le haut du col, les nuages pouffés par
le vent de Sud-Oueft paffoient tout à fait près de ma tête
amp; remphffoient par conféquent l'air d'une humidité extraor-
dinaire.
Le lendemain les réfultats furent différens amp; même oppofés;
la comparaifon entre les obfervations 98 amp; 99 donna plus de
vapeurs dans la vallée que fur la montagne. La 100®, comparée
avec la ici®, prefente encore le même phénomene ; mais la
looe. amp; la ICI«', comparées féparément avec la io2^ donnent
l'une amp; l'autre plus de vapeurs fur la montagne.
En généralnbsp;346-. CEPENDANT comme les exceptions ne font pas nom-
dTffouteTpa-nbsp;amp; quelques-unes d'entr'elles peuvent être expli.
roiffentnbsp;quées par des circonftances particulières , je crois pouvoir con-
danïsSrquot;'nbsp;' général la quantité abfoKie des vapeurs diffoutes
les hauteurs,nbsp;dans l'air eft moins grande dans les lieux élevés.
-ocr page 379-Ce réfultat eft d'ailleurs conforme à l'opinion générale : l'air
des lieux bas paffe généralement pour humide amp; l'on regarde
comme vif amp; fec celui des lieux élevés. Et quoique cette opi-
nion n'eût pas encore été confirmée par des expériences préci-
fes Se dans lefquelles on eût tenu compte des effets de la cha-
leur, elle repofe cependant fur des faits bien connus ^ fur des
raifonnemens tout-à-fait fnnples Se frappans.
§. 347- En eftet toutes les vapeurs qui fe trouvent dansnbsp;^■'emiere
l'air viennent originairement des eaux qui coulent ôu qui fé-nbsp;lîumiditë
journent à la furface de notre globe Se de celles dont la terrenbsp;des couches
même eft impregnée. Ces eaux font plus abondantes dans lesnbsp;II de^l'ut.'quot;
lieux bas où leur poids les entraîne, les terres y font plus
abreuvées ; il eft donc naturel que les vapeurs y foient plus,
abondantes amp; l'air en général plus humide.
§. 348. Cependant cette raifon ne fufîîroit pas feule pour Second«
rendre les vapeurs conftamment plus abondantes à la furface
de la terre. Car comme la vapeur élaftique eft un fluide plus
léger que l'air, amp; que celui-ci devient plus léger par fon mé-
lange avec elle, fi la chaleur demeuroit conftamment la même,
la terre fe deflTécheroit enfin , amp; les vapeurs s'accumuleroient
dans les régions élevées. Mais le froid de la nuit,. celui des
vents feptentrionaux , viennent condenfer ces vapeurs amp; les
forcer à redefcendre fous la forme de pluie ou de rofée, amp;
rendent ainfî aux couches inférieures ee que la légéreté des
vapeurs Se les vents verticaux leur avoient enlevé. Enfuite
lorfque les couches fupérieures de l'air fe réchaufl-ent de
nouveau , elles fe trouvent dépourvues d'humidité, Se fl faut
bien du tems avant que les vapeurs venant de la terre aient
furmonté la vifcofité de l'air pour veoir faturer ces régions
élevées. L'air inférieur au contraire, à l'inftant où il fe réchauffe,
pompe des vapeurs à la furface des eaux , il diffout la rofée,
la tranfpiration des plantes, amp; il en tire de la terre même qui
eft prefque toujours abreuvée d'humidité. La quantité abfolue
des vapeurs diffoutes dans l'air ( 3 ) doit donc être communé-
ment plus grande dans le voifinage de la terre.
§. 349. Ces mêmes eonfidérations expliquent pourquoi dans
les jours calmes amp; fereins la variation que fait l'hygrometre
entre fa plus grande humidité du matin amp; fa plus grande fé-
chereffe de l'après-midi, de même que fa variation entre cette
raéme féchereffe amp; l'humidité du lendemain matin font ordi-
nairement plus grandes qu'elles ne le feroient, fi l'air ne fubif-
foit d'autre changement que de fe réchauffer depuis le matin
jufqu'à l'après-midi amp; de fe refroidir depuis l'après-midi juf-
qu'au foir. Car du moment où le foleil fe leve jufques vers les
3 ou 4 heures du foir, la quantité des vapeurs diminue con-
tinuellement dans le voifinage de la terre, parce qu'elles mon-
tent vers le haut de l'atmofphere , foit par leur légèreté pro-
pre , foit par le vent vertical que produit la chaleur du foleil.
Et au contraire , depuis les 3 ou 4 heures du foir jufqu'au len-
demain matin leur quantité s'accroît dans les couches inférieures
( ; ) Je dis les vapeurs diffoutes,
parce que les .vapeurs véficulaires qui
compofent les nuages font plus fré-
quentes dans les régions élevées amp;
peuvent augmenter prefqu'indéfini-
ment la quantité de l'eau fufpendue
dans l'air. Ces mêmes nuages font
encore la fource d'un autre exception
à la regie générale que nous venons
d'établir; parce qu'ils fournifTent une
humidité abondante aux couches d'air
qui les avoifment comme le prouvent
les obfervations î9 amp; 9s-
de
-ocr page 381-^VOYAGEANT DANS LES ALPES. Ejfai IV, 03. IX. ^f?
de l'air, parce que celles des couches plus élevées redefcen-
dent à mefure qu'elles fe condenfent.
Si ce raifonnement eft jufte, ce doit être l'inverfe dans les
hautes régions de l'air, la quantité abfolue des vapeurs doit
augmenter depuis le lever-du foleil jufqu'à 3 ou 4 heures, amp;
diminuer de ce moment là jufqu'au lendemain matin. La véri-
fication de cette conjedure fera difficile a faire, il faudroit pour
cela trouver au milieu d'une plaine humide un roc très - élevé,
dont le fol ne pût fournir par lui-même aucune humidité , amp;
obferver fur la cime de ce roc l'hygrometre amp; le thermometre
à différentes heures; car fur des montagnes couvertes de ver-
dure , de neige ou de glace, l'obfervation ne feroit point con-
cluante.
Au refte toutes ces règles générales font fujettes à des mo-
difications amp; à des exceptions fréquentes produites par les vents
amp; par le concours des agens divers qui influent fur notre
atmofphere.
CHAPITRE X.
RE'FLEXIONS GE'NVRALBS SUR LES PRONOSTICS
ME'TF OROLOGIQUES.
3 50. Il n'eft rien dans la météorologie qui Intépeffe
plus la généralité des hommes, que les préfages qu'elle peut
fournir fur les changemens de tems. La théorie ne pique la
curiofité qu'autant qu'on efpere qu'elle perfeétionnera la connoif-
fance de ces préfages. La plupart de ceux qui fouhaitent d'a-
voir de bons inftrumens de météorologie ne le défirent pas
tant pour connoître l'état afluel de l'air dont nos fens nous
inftruifent affez, que pour s'en fervir à prévoiries changemens
qu'il doit fubir. Il eft donc fort humifiant pour ceux qui fe
font beaucoup occupés de cette fcience , de voir que fouvent
un battelier ou un laboureur , qui n'a ni inftrument ni théorie,
prédit plufieurs jours à l'avance amp; avec uns précifion éton-
nante des changemens de tems qu'un phyficien armé de tous
ies fecours de la fcience amp; de l'art n'auroit pas même pû foup-
çonner. Ces bonnes gens, toujours en plein air, l'efprit tou-
jours occupé dc cet objet qui les intéreffe infiniment plus que
nous, doués d'une vue perçante, d'une heureufe mémoire,
raflémblent une foule de petits faits dont fouvent ils ne fauroient
pas rendre compte , mais dont l'enfemble leur donne un pref-
fentiment confus, quelque chofe d'analogue à l'inftind des ani-
maux, qui font encore leurs maîtres dans cet art. Ils joignent
à cela quelques fignes locaux, un brouillard qui s'éleve à telle
ou telle heure dans telle ou telle place, un certain nuage à
Les payfans
amp; les batte-
iiers s'y
connoiffent
mieux que
les phyC,
ciens.
îa cime de telle ou de telle montagne, le chant ou le palTage
de certains oifeaux, amp;c. Auffi tranfportez-les fur un autre ho-
rizon , ne fût ce qu'à dix lieues de leur habitation ordinaire ,
les voilà totalement dépaïfés, amp; alors ce feront eux qui con-
fulteront le phyficien.
^ i. En effet les connoiffances du phyficien fur cet objet mafs 1«
' 'nbsp;.nbsp;„ r .. ' ' connoiilan-
ne font pas bornées à un horizon particuher: elles font gene- ^^^ ^u phy-
rales comme la théorie qui leur fert de baze : fes idées font
diftindes, il peut exprimer amp; développer les fignes qui le fj,
dirigent. Il a donc cet avantage fur le laboureur, amp; il en au-
roit de bien plus grands encore s'il avoit le tems amp; la volonté
de mukipher ces fignes amp; de les rendre moins équivoques en
les combinant amp; en les rendant plus précis.
352. Je dis d'abord qu'il faut les multipher, parce que
ce n'efl: que leur combinaifon amp; leur concours qui peut lever nir plufieurs
l'incertitude inféparable de chacun d'eux en particulier; nous Fo^oftics.
avons déjà vu que le barometre feul ne donne que des indices
peu fùrs ; on peut en dire autant de l'hygrometre , du ther-
mometre , des vents ; mais fi tous ces fignes font d'accord fls
ne tromperont pas une fois fur dix , amp; que fera-ce fi l'on y
joint plufieurs autres fignes qu'A eft tout auffi facfle d'obferver.
§. 353. Aussi ai-je vu avec bien de la peine, que par un
amour extrême pour une perfedion idéale , un obfervateur tel me prouof-
que Mr. van Swinden ait rejetté l'hygrometre de fes obferva-
tions météorologiques. Pour moi j'aimerois mieux qu'A fe fût
fervi de l'inftrument le plus imparfait, d'un fil de chanvre
tendu par le poids d'une pierre, que d'avoir négligé un indice
Y y a
-ocr page 384-d'une auffi grande conféquence ; d'autant que même des coiî-
noiffisnces vagues, telles que celles que l'on attache aux mots
très-fec, très-humide, médiocrement fee, médiocrement humide,
peuvent donner des lumieres importantes fur l'état de l'atmof-
phere.
C'EST fur-tout en comparant ia marche de l'hygrometre avec
celle du thermometre que l'on peut en tirer des indudions amp;
des pronollics : car quoiqu'il y ait des exceptions, amp; que
l'en aie noté moi-même une très-remarquahle , §. 322, en géné-
ral pourtant, c'eft un indice de beau tems qui trompe rare-
ment, que de voir l'hygrometre faire entre fa plus grande
humidité du matin amp; fa plus grande féchereffe de l'après-midi
une variation plus grande qu'il ne devroit la faire en raifon de
l'augmentation de la chaleur, amp; le contraire eft auffi un des
indices les plus furs de la pluie.
(
§• 3 H- Je voudrois auffi que l'on détaillat avec plus de
précifion les diverfes obfervations qui concernent l'état du ciel
amp; des nuages. Que m'apprennent les mot% couvert, demi-cou-
vert] rien, abfolument rien „ parce qu'il y a tel ciel, couvert
qui annonce prefque fàrement le beau-tems , amp; tel autre qui
préfage indubitablement la pluie. On fe pique d'avoir un ther-
mometre qui ne trompe pas l'obfervateur d'un quart de degré •
de mefurer jufqu'à une feizieme de ligne de la pluie qui tombe
amp; on fe tait fur la tranfparence de l'air, fur les rofées , ftir
l'élévation, la forme, la grandeur, la difpofition, la couleur,
la denfité des nuages, chofcs faciles à obferver, faciles à dé-
figner , même en très-peu de mots, amp; qui n'auroient d'autre
Détails fur
l'état du
eieL.
inconvénient que d'exiger des tables météorologiques de deux
ou trois pouces plus larges.
3n- Un phénomene que je viens d'indiquer, auquel on
fait communément peu d'attention, amp; qui efl: cependant pour
les habitans des montagnes un des pronoftics les plus fürs, c'efl:
la tranfparence de l'air. Lorfqu'fls voient l'air parfaitement tranf«
parent, les objets éloignés d'une diftinftion parfaite, amp; le ciel
d'un bleu extrêmement foncé, ils regardent la pluie comnre
très-prochaine, quoique d'aflleurs fl n'en paroiffe pas d'autre
figne. En effet j'ai fouvent obfervé que, quand depuis plufieurs
jours le tems efl: décidément au beau, l'air n'efl: point parfaite-
ment tranfparent, on y voit nager une vapeur bleuâtre qui n'eft
pas une vapeur aqueufe, puifqu'efle n'aff'ede pas l'hygrometre,
mais dont la nature ne nous efl point encore connue.-
Voici à ce qu'fl me femble, la raifOn de ce phénomène.
Les vapeurs hufleufes, amp; en général toutes cefles qui ne font
point aqueufes, amp; qui dans un tems beau amp; fec troublent
feules la tranfparence de l'air y exiftent alors fous la forme de
véficules ; lés conditions néceffairès pour la formation amp; pour-
la durée de ces véficules non aqueufes font vraifemblablement
les mêmes que pour les véficules aqueufes. Lors donc que ces
vapeurs bleuâtres non aqueufes flottent dans l'air amp; troublent
fa tranfparence , c'eft une preuve de l'exiftence aéluefle des
conditions néceflTaires pour la formation des véficules ; d'où il
fuit, que lors même que l'air viendroit à être fuperfaturé d'hu-
midité, cette humidité furabondante ne tomberoit point fous
la forme de pluie, mais qu'efle demeureroit fufpendue dans
l'air fous la forme de nuage ou de brouillard. Car pour qu'il
pleuve, il ne fuffit pas que l'air foit fuperfaturé , puifque l'air
eft fuperfaturé dans le fein des nuages amp; qu'il ne pleut pour-
tant pas toutes les fois que le tems eft couvert; mais il faut
outre cela l'abfence des agens ou des conditions néceffaires
pour la formation ou pour la durée des véficules aqueufes. Or
la tranfparence de l'air prouve l'abfence des véficules non aqueu-
fes amp; par cela même l'impoffibifité de la formation 8c de la
fufpenfion des véficules aqueufes. Cette tranfparence indique
donc cet état de l'air, qui eft la premiere condition nécefifaire
pour l'exiftence de la pluie: elle prouve, que s'il vient une
quantité fuffifante de vapeurs, fous quelque forme qu'elles vien-
nent , ailes fe réfoudront en pluie.
La confidération de la tranfparence de l'air doit donc fer-
vir de complément aux pronoftics tires de la confidération dc
l'hygrometre. Car l'hygrometre combiné avec le thermometre,
§. 3 5 3, nous apprend bien fî la quantité des vapeurs en dif-
folution dans l'air augmente ou diminue ; mais il ne nous ap-
prend point fî ces vapeurs font difpofées à fe réfoudre en
pluie où à demeurer fufpendues fous la forme de brouillard
ou de nuage.
Couleur des §.nbsp;Un autre phénomene auquel je n'ai pas vu non plus
nuages qm , a r •nbsp;•nbsp;.
pailent fousnbsp;1 attention qu'd mérite, ce font des couleurs
le foleil. que l'on obferve quelquefois dans les nuages blancs qui palfent
immédiatement fous le foleil. En obfervant avec foin ces nuages,
on y découvre quelquefois des teintes bien prononcées, des
couleurs de l'iris, fans qu'il y ait pourtant ni pluie, ni arc en
ciel ; ce font des couleurs vives, parfemées fans ordre dans les
parties du nuage les plus fortement éclairées., C'eft un figne dc
pluie prefqu'infailUble ; je ne me rappelle pas qu'il m'ait jamais
trompé , il m'a même une fois rendu un très-grand fervice. Le
juillet 1777 j'allois obferver les montagnes qui font au
fond de la mer de glace du Grindelwald : le tems avoit la
plus belle apparence , amp; je marchois avec la fécurité que donne
au voyageur la certitude d'une belle journée , lorfque je vis
palfer auprès du foleil un petit nuage blanc , qui me parut
fouetté par places de rouge amp; de verd. Averti par ce figne
je hatai ma marche , je ne perdis point de tems amp; je fus de
retour avant un orage terrible, qui s'il m'avoit furpris fur le
fentier étroit amp; fcabreux qui domine le glacier, m'auroit certai-
nement mis dans un très-grand danger.
Ces couleurs prouvent, que les véficules dont le nuage eft
compofé fe réfolvent en gouttes folides , car les nuages qui
ne contiennent que des véficules laifl-ent pafler la lumiere fans
la rompre ou du moins fans féparer fenfiblement fes couleurs.
3^7. C'est par la même raifon que les halo amp; la lune L^e^au^
qui fe baigne font des fignes de pluie. H faut cependant faire à Squot;quot;'quot;'quot;'
l'égard de ces pronoftics une obfervation que l'on néglige affez
communément: c'eft qu'ils ne font point de fi mauvais augure,
quand ils ne paroiffent que le foir, au moment où la rofée
fe forme , du moins ne prouvent-ils alors que l'abondance de
cette rofée. En effet les fortes rofées produifent fouvent une
vapeur concrete, compofée de gouttes très-petites, mais pour-
tant pleines amp; capables par cela même de divifer les rayons.
Mais quand ces météores fe montrent dans d'autres momens
que celui de la rofée, ils prouvent alors une difpofition géné-
rale de l'air amp; des nuages à abandonner leurs vapeurs fous la
forme qui produit la pluie.
§. 3f8. Je ne m'étendrai pas davantage fur ce fujet, mon
deffein n'étoit point de l'approfondir; nous avons encore trop
peu de données. Mais il y a lieu d'efpérer que le zele avec
lequel on s'applique aduellement aux obfervations météorolo-
giques, les beaux inftrumens inventés par Mr. le Chevalier Lan-
briani, les grands travaux de Mr. van Swinden amp; fur-tout
l'etabhffement d'une Académie ( i ; uniquement deftinée à l'étude
de cette fcience, les excellentes diredions qu'elle donne à fes
collaborateurs, l'envoi gratuit qu'elle leur fait d'inftrumens com-
parables, contribueront puiffamment à perfedionjier la météoro-
logie amp; en particuher la branche curieufe amp; piquante des pro-
noftics.nbsp;^
Efpérânces
de la météo,
-rologie.
re^nsi^S. « Scrcniffimo ElcBorc Carolo Tkcodoro
-ocr page 389-jye ce qui reste a faire, ^c. tjfai iv, Chap. xi.
CHAPITRE XI.
de ce qui reste A faire pour perfectionner
vhtgwmetrie
§•nbsp;indiqué çà amp; là dans le cours de cet ou-
vrage quelques-unes de fes imperfeélions, foit relativement aux
objets qui auroient pu être mieux traités, foit relativement
à ceux qui ne l'ont point été du tout amp; qui pourtant auroient
dû l'être. Il me paroit cependant utile d'en préfenter ici un
tableau ; d'autant mieux que j'ai omis dés chofes qui ne doi-
vent point être palfées fous lîlence.
Il n'efl: pas
probable
que l'on
faire de
grands chan-
gemens à
l'hygrome-
tre à che»
veu.-
§. 3^0. Quant à l'hygrometre lui'-même, j'avouerai ingé-
nument que je ne crois pas que l'on ajoute beaucoup à fa
perfedion. Déjà je fuis perfuadé qu'après avoir tout effayé on
finira par revenir au cheveu. Sa foibleffe étoit le feùl défaut
que l'on pût raifonnablement craindre ; or en le préparant
comme je le fais, en ne le chargeant qué du poids de trois
grains, ce défaut eft prefque nul: j'ai des hygrometres conf-
truits depuis deux ans, que j'ai portés en voyage avec moi,
qui font continuellement en expérience, qui ont même foaffert
quelques chocs affez vifs amp; qui pourtant font toujours juftes,
fl ce n'eft que le cheveu s'eft allongé d'un degré ou d'un degré
amp; demi de la divifion en loo degrés, erreur légere, dont
on peut tenir compte , fi l'on n'aime pas mieux la corriger en
ramenant l'îiguille à fon point par le moyen de la vis de rappel.
Z z
But de cè
chapitre.
3ö2 m ce qui Reste a faire pour perfectiomer
D'ailleurs ils font toujours d'accord entr'eux Sa n'ont fouffert
aucune altération fenfible.
Je ne crois pas non plus que l'on trouve une meilleure ma-
niéré de les graduer, ni des extrêmes d'humidité amp; de féche-
relTe plus fürs que les miens. Si donc on perfedionne cet inf-
trument, ce fera dans fa conflrudion méchanique; je doute
cependant beaucoup qu'on puiflTe y faire des changemens avan-
tageux fans le rendre ou ^embarraflant, ou compofé amp; cher,
ou fujet à fe déranger..
Maisilfau- §.nbsp;Mais c'eft la fcience même de rhygrométric qui
tionnef ksnbsp;éloignée de fa perfedion. Elle n'y fera parvenue que
tables de ré- quand on aura une table générale telle que l'exige le §. 173 ;
en forte qu'à l'aide de cette table, quelles que foient la den-
fîté amp; la chaleur de l'air, l'hygrometre indique fur le champ
avec la plus grande précifion, la quantité abfolue de l'eau que
l'air tient en diObludon.. J'ai indiqué dans ce même chapitre la
méthode qui me paroît la meilleure pour conftruire cette table,
amp; c'eft là que doivent principalement fe diriger les travaux de
ceux q^ui voudront perfedionner l'hygrométrie.
Il faudra pour compléter cette table étudier avec un nou-
veau foin les diminutions qu'apporte la rareté de l'air à fa force
diffolvante,. de maniéré qu'on puifle évaluer ces diminutions de
demi-pouce en demi^pouce ou au moins de pouce en pouce du.
barometre..
DrefTerune §. 353. Jt faudroit aufli dreffer une table des diftances du
table des du- ^nbsp;a n
tances de lanbsp;^^ faturation pour ks differens degrés de l'hygrometre
-ocr page 391-amp; du thermometre conformément à la méthode de Mn Le Roi,
Le Roi.
332.
§. 353. Une recherche analogue à celle-là amp; intérelfante à
bien des égards feroit d'éprouver la quantité d'humidité qu'atti- ^'humidité
rent différentes efpeces de verre avant que l'air foit parvenu au
point de faturation. §. 107
Il faudroit pour cela pefcr à une balance très-fenfible une
grande plaque dc verre mince après l'avoir defféché e foit par
la chaleur foit par un féjour dans un air artificiellement défle-
ché ; amp; la repefer enfuite après l'avoir expofée à un air dont
un bon hygrometre indiqueroit le degré d'humidité. Ces re-
cherches devroient même précéder les expériences néceffaires
pour la conflrudion des tables générales dont nous venons de
parler; amp; cela en confidération du doute élevé dans le §. 291.
§. 354. Pour tirer parti des obfervations hygrométriques fai-nbsp;^^^
tes jufqu'à ce jour, il feroit à fouhaiter que l'on fe donnât la
peine de former un tableau de comparaifon des hygrometres JesdiW
rnbsp;1nbsp;»nbsp;J J hygromeucs
dont on a fait le plus d'ufage , comme de ceux a corde de
boyau, amp; de ceux.à plume ; mais il faudroit en même tems
étudier Hes influences de la chaleur fur ces divers hygrometres,
comme je l'ai fait fur l'hygrometre à cheveu.
§. 36s. Il feroit auffi intéreflànt amp; curieux d'approfondir Approfon-
plus que je ne l'ai fait les rapports des diflférentes efpeces d'air p^m de?'
avec l'eau amp; les vapeurs, la quantité qu'ils peuvent en diffbu- diîFétens airs
, , ,nbsp;. avec les va-
dre ; fi la marche de l'hygrometre plonge dans ces differens ait^
eft la même quand la chaleur ou la denfité de l'air augmen-
verre a (
rens degrés
d'humidij^
tent ou diminuent ; û les phe'nomenes des vapeurs véfîculaires
y font les mêmes que dans l'air atmofphérique, amp;c. amp;c.
§. 366. Il conviendroit de joindre aux obfervations météo-
rologiques, celles de l'eudiometre ; mais il ne fuffiroit pas de
noter la plus ou moins grande diminution que fubiroient par
leur mélange l'air nitreux amp; l'air atmofphérique: il faudroit
encore déterminer quelles font les efpeces d'air, qui dans telle
ou telle circonftance alterent la pureté de l'air atmofphérique,
fî c'eft de l'air fixe, de l'air inflammable, de l'air phogiftiqué,
amp;c. Ce feroit là le feul moyen dired de connoître jufqu'à quel
point les changemens chymiques de l'air influent fur les varitfe.
tions du barometre.
§. 557. Voici une belle expérience, mais bien difficile à
faire avec exaditude.
Placer un thermometre, un hygrometre amp; un manometre
dans un grand récipient , defîecher l'air de ce récipient, en
retirer les fels qui auroient fervi à le deflTécher, le purger enfuite
d'air le plusexadement poffible ; voir alors quelle quantité d'eau
il faudroit pour faire venir l'hygrometre au terme de la fatura-
tion , amp; à quelle hauteur monteroit le manometre; faire en-
fuite éprouver à ce même appareil des alternatives de chaud
de froid amp; voir quelle iafluence ces changemens de tempéra-
ture auroient fur l'hygrometre amp; fur le manometre. On con-
noîtroit ainfi la denfité de la vapeur élaftique pure, fon élafti^
cité, fa dilatabihté par la chaleur, amp;c. amp;c.
Joindre l'eu-
dionietre
aux inftru-
mens météo-
rologiques.
Etudier la
nature de la
vapeur élaf-
tiqne dans
ie vuide..
^________
3^8. U y auroit auffi bien des recherches h faire fur la
vapeur véficulaire, fur la nature du fluide dont les véficules vapeurvéfi.
font reniphes, fur leur atmofphere, fur l'épaiffquot;eur de la lame
d'eau qui les forme , fur leur dilatation dans un air raréfié amp;
principalement fur la nature des conditions qui décident les
vapeurs furabondantes dans l'air, tantôt à prendre ou à confer-
ver la forme de véficules, tantôt à fe réfoudre en pluie.
amp; 3 69. Et combien de chofes à étudier dans les nuages ! surfesnua.
très-
Pourquoi les uns ont-ils leurs bords pour ainfi dire fondus, tan-
dis que d'autres ont leur circonférence arrondie amp; tranchée
comme les corps les plus folides amp; les plus denfes ? Pourquoi
ces plumes, ces étoflFes chinées qu'ils femblent quelquefois imi-
ter font efles des indices de pluie? Pourquoi font-ils, quel-
quefois diftribués par flocons détachés, amp; forment-ils d'autres
fois un voile parfaitement uniforme? amp;c. amp;c.
s 3 70 Pour parvenir à connoitre la quantité d'eau fuf- Surlaqmn.
^ 'nbsp;^nbsp;' •nbsp;r tite d eau
pendue dans les nuages, fl faudroit faire des experiences lur qu-jigcon-
celle que contiennent les brouillards; rempfir un grand vafe tiennent,
d'un air qui en feroit chargé amp; éprouver enfuite par le moyen
des fels abforbans la quantité d'eau que contiendroit cet air.
Il faudroit enfuite effayer de déterminer la denfité des brouil-
lards par leur plus ou moins grande tranfparence , par la dif-
tance à laquelle ils permettent de diftinguer un objet donné
avec une quantité donnée de luniiere , amp; étudier enfin par la
voie de l'expérience le rapport de la quantité d'eau avec la dan-
fité ainfi déterminée.nbsp;'
§. 371. A cet égard amp; . à bien d'autres un diaphanometre,
c'eft-à-dire, un appareil ou un inftrument qui ferviroit à me-
furer ia tranfparence de l'air feroit une addition importante
aux inftrumens dc météorologie amp; à laquelle, je ne crois pas
que l'on ait encore penfé.
Trouver un
diapkano-
metre.
Etudier la
vapeur bleue
que l'on voit
dans des
tems fecs.
La force ré-
fringente
des vapeurs,
amp;c.
§. 372. Cet inftrument ferviroit à eftimer la quantité amp;
aideroit peut-être à connoître la nature de cette linguliere efpece
d'exhalaifon qui diminue la tranfparence de l'air amp; qui lui donne
une couleur bleuâtre même dans des tems très-fecs ( i ) amp; où
il n'y a certainement dans l'air aucune vapeur aqueufe fous la
forme véficulaire.
§. 373. Il y a un nombre de recherches qui dépendent
de diverfes branches de la phyfique Se qui mettront au jour
diverfes propriétés des vapeurs aqueufes. On pourra, par exem-
ple , remplir un prifme creux, tantôt d'un air parfaitement def-
féché , tantôt d'un air faturé d'humidité amp; comparer ainfi leurs
forces réfringentes. On pourra de même, comparer leur per-
méabilité à la chaleur, au fluide éleélrique, amp;c.
( i ) C'est vraifemblablement de va-
peurs de ce genre, qu'eft compofé le
brouiilard qui accompagne conftamment
ce fmgulier vent de terre, qui regne
fur certaines côtes de l'Afrique amp; auquel
les naturels du pays donnent le nom
A'Hwrnattan. Au moins, eft-il bien cer-
tain que ce brouillard n'eft pas compofé
d« véficules aqueufes, puifque le vent
qui regne én même tems que lui eft
d'une fl grande féchereffe qu'il brûle
pour ainfl dire la peau des hommes ,
les feuilles des arbres, amp; qu'il deffeche
en peu d'heures Thuile de tartre pat
défaillance. C'eft même par fa féchereffe
proprement dite amp; non point par fa
chaleur que ce vent produit ces effets ,
car fa chaleur eft très-modérée pour ces
climats ; elle n'excede pas 80 degrés de
Farenheit ou 21 i de Réaumuf.
Philofophical Tranfacî. V. lxxi. p. 46 ,
amp; Journal de Phyfiquenbsp;Tom. II.
n
îtf ■
\
■Sfnbsp;^^
■ 'I'
i-
f-
. * '
'0-,
-ï ' '
r« i
■ ■ 1
; ' ^
■.•ilJf^i-
-ocr page 397-i :
-ocr page 398-I
h
574. Ekfin il faudroit généralifer la théorie de l'évapo-
ration ; voir fî tous les corps qui en font fufceptibles fe redui- r^vapora-
fent en vapeurs élaftiques, fi ces vapeurs peuvent fe diflToudre tion.
dans l'air , fî elles y prennent une forme véficulaire , ou fi au
contraire la nature a employé des moyens différens pour vola-
tilifer les différens corps.
Mais il fuffifc d'avoir indiqué les recherches les plus impor-
tantes à faire fur ce riche amp; fertile fujet. Le génie aélif des
phyficiens étendra bien cet agenda : la folution de chacun de
ces problèmes développera de nouvelles idées amp; ouvrira de
nouvelles carrieres; amp; lors même que cet ouvrage recevroit
aujourd'hui un accueil favorable , on trouvera bientôt que s'il
eût exifté un titre plus modefte que celui d'effai, c'étoit celui
qu'il falloit lui donner.
$ ■ '
- ! ^
ÎV--
lt;
A.
Ä
-ocr page 402-