Le Gouvernement de la R�publique Espagnole
a approuv� la d�claration suivante qui a �t� lue au micro par son President M. Alvaro de Albornoz
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'EQUILIBRE qui �tait � la base des coalitions existantes
Lau sein des deux Gouvernements pr�c�dents ayant �t�
momentan�ment rompu, le Gouvernement que j'ai l'hon- neur de pr�sider est une concentration des partis r�pu- blicains nationaux : la Gauche R�publicaine, l'Union R�publi- caine et le Parti F�d�ral. Il jouit �galement de l'appui moral et parlementaire de la Gauche R�publicaine de Catalogne et du Parti Nationaliste Basque. Malgr� la restriction circonstan- tielle du nombre des composants de notre Gouvernement, ce- lui-ci est loin d'�tre symbolique, dans le sens p�joratif du mot. Au contraire, le fait de se baser sur le centre r�publicain cons- titue la garantie d'un r�publicanisme clair, in�quivoque et fer- vent, dou� d'un esprit qui repousse toute mystification- Il reste ouvert � des incorporations successives dans le cadre d'un r�- publicanisme homog�ne, tant que les circonstances qui ont conseill� sa formation ne lui permettent pas de plus vastes �largissements. Son d�sir le plus ardent et son but le plus fer- me sont d'obtenir la conciliation r�publicaine, d'emp�cher que les diff�rends des �l�ments qui ont contribu� � la d�fense de la R�publique ne s'approfondissent et d'essayer de les vaincre afin de forger l'instrument d�finitif pour la lib�ration de l'Es- pagne. |
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De m�me que ses pr�d�cesseurs, notre Gouvernement
repr�sente la l�gitimit� r�publicaine incarn�e par les Institu- tions reconstitu�es au Mexique par les Cortes de la R�publi- que, principe dont nous sommes les d�positaires incorruptibles. Loin d'�tre guid�s par une obstination sectaire ou partidiste, ce fait repr�sente essentiellement le respect que l'on doit � la volont� nationale et les Institutions r�publicaines n'iront ja- mais � son encontre. Tant que la volont� nationale ne d�cidera le contraire, et en vertu des ordonnances juridiques qui �ma- nent de sa Constitution, le r�gime l�gitime de l'Espagne est la R�publique. Notre devoir essentiel est de la servir sans mar- chandage et pr�ts � tous les sacrifices, sans fermer les yeux, la sensibilit� toujours tendue. Nous sommes pr�ts � consid�- rer les r�alit�s qui puissent surgir aussi bien dans 1 a pect international que dans le national. Mais notre Gouvernement refuse toutes les 'man�uvres de l'ennemi, qu'elles soient habi- les ou subtiles, tendant � nous diviser et � nous affaiblir. D�fendue avec une r�solution unanime par toute l'�mi-
gration et montrant h�ro�quement sa pr�sence � l'int�rieur de la P�ninsule par un peuple tyrannis�, la l�gitimit� r�publicai- ne de l'Espagne compte avec un Status international qui re- pose sur la reconnaissance successive des Institutions r�publi- caines par.de nombreux et importants Etats de l'Am�rique et de l'Europe, dont le premier est celui des Etats Unis du Mexi- que. Guid� par la solidarit� de race et de destin�e, l'Am�riqus de notre langue et de notre culture vibre chaque jour avecun plus , grand enthousiasme en d�fense de la libert�. espagnole. Elle est pr�te � r�aliser un nouvel effort en notre faveur dans la prochaine conjoncture internationale. Quant aux d�mocra- ties europ�ennes, m�me celles qui ne nous ont pas officlelle- memt'reconnus, mais o� l'opinion publique se prononce ardem- ment, en faveur de la cause r�publicaine espagnole, nous offrent de nouveaux encouragements. L'aide s'accro�tra au fur et � mesure que nous intensifierons notre labeur et que notre exem- ple sera plus �lev�- Nous devons � tous ces pays, Etats et peu- ples, notre gratitude la plus profonde. Nous retendons cordia- lement � la France pour son hospitalit� g�n�reuse. Fort de la conviction de sa l�gitimit�, des v�ux du peu-
ple espagnol subjugu�, et de la solidarit� d�mocratique inter- nationale, notre Gouvernement se dispose � d�fendre la cause de l'Espagne devant l'O.N.U. lors de sa prochaine Assembl�e G�n�rale, poursuivant ainsi l'action des Gouvernements pr�c�- dents. Les probl�mes que doit consid�rer es grand Congr�s sont ardus. Mais tout en tenant compte du profond caract�re |
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dramatique de quelques-uns d'entre eux, le n�tre se dresse par-
mi tous car le r�gime de Franco persiste encore comme une monstrueuse survivance, plus de deux ans apr�s l'�crasement du nazisme et du fascisme sur les champs de bataille. Au mo- ment de reprendre les d�marches des Gouvernements pr�c�- dents, celui que j'ai l'honneur de pr�sider plaidera en faveur de l'obtention des mesures pratiques et efficaces. Il ne suffit pas d'avoir condamn� � plusieurs reprises le r�gime de Fran- co. Il faut lui refuser les ressources �conomiques dont il a be- soin pour subsister, h�tant ainsi son renversement. Il est n�- cessaire �galement de s'interposer � tout r�gime qui ne serait pas le reflet de la libre expression de la volont� nationale. Dans l'aspect international, l'action du Gouvernement
ne se bornera pas � obtenir des buts �minemment politiques qui'sont principalement de son ressort en fonction de sa pro- pre, signification- A part la question du r�gime et bien qu'elle y soit intimement li�e, le Gouvernement n'oubliera pas qu'il exis- te une Espagne qui souffre et qui court le danger d'aboutir � une ruine irr�parable. Le devoir les plus �lev�s de notre Gouvernement est de veiller sur les int�r�ts permanents de l'Espagne, en d�truisant, dans la mesure du possible, l'ab�me d'un ibulement international qui est uniquement imputable au r�gime de Franco. Dans cette intention, il s'efforcera de pren- dre contact, malgr� les difficult�s que personne ne peut igno- rer, avec toutes les manifestations, telles que la Conf�rence �conomique pour la mise � ex�cution du plan Marshall, qui puissent avoir une influence bienfaisante sur l'organisation fu- ture de l'Europe et, partant, des destin�es de notre Patrie. Une fois remplie sa mis:ion devant l'O.N.U., le Gou-
vernement se pr�sentera ensuite devant les Cortes avec le d�- sir que celles-ci ne seront pas les ar�nes minuscules de rancu- nes et de disputes des partis politique?, devenant ainsi une sc�ne mesquine indigne du drame de l'Espagne. Le Gouverne- ment esp�re que le patriotisme et la responsabilit� p�seront sur tous ; que le d�bat atteindra l'�l�vation qu'exige l'heure pr�sente ; que tous les Partis rivaliseront en amour pour la r�publique et pour l'Espagne et que tous les D�put�s auront l'�lan magnifique, l'inspiration g�n�reuse et le d�sint�resse- ment sublime des glorieuses Cortes Constituantes de 1931. Il d�pendra de ces conditions que sa prochaine r�union atteigne les proportions d'un �v�nement historique de grande transcen- dance. Le Gouvernement rend publique la D�claration pr�sente
au moment o� l'ex�crable terreur redouble d'inten.it� dans |
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toute l'Espagne franquiste. De nouvelles ex�cutions capitales
s'ajoutent � la s�rie interminable des crimes atroces � l'aspect l�gal. Ces faits r�affirment, renforcent et consacrent une fois de plus la solidarit� de l'�migration r�publicaine avec les mou- vements de la r�sistance int�rieure. Le sentiment d�mocrati- que du respect � la Loi, l'�uvre de tous, et le sentiment hu- main d'amour � la justice, embl�me des Institutions r�publi- caines, se renforcent dans l'esprit du Gouvernement, hostile � toute vengeance. Les liens qui unissent les Institutions r�pu- blicaines � la douleur du peuple s'intensifient et deviennent plus �troits- Et le Gouvernement, qui est son organe ex�cutif, d�clare qu'il veut devenir, chaque jour davantage, et au mi- lieu de l'�migration, le Gouvernement de l'Espagne. ALVARO DE ALBORNOZ.
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Paris, le 2 septembre 1947.
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